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Etant donné qu'il s‘agit de la consommation de long terme, Y, peut étre considéré comme le revenu permanent, et c’est pourquoi on écrit c= ky? 3.4. Explication du paradoxe de Kuznets a partir de la théorie du revenu permanent A partir des fonctions de consommation de courte et de longue période, la théorie du revenu permanent fournit une bonne explication au paradoxe de Kuznets. A court terme, la propension moyenne a consommer sera bel et bien décroissante, car C, = KAY, + (1-A)C.. SG (1-A)C., PCy = Ge = a SN Cette expression diminue lorsque le revenu augmente. Mais la PMC sera supérieure a la propension marginale a consommer puisque : a, on™ Pm, = A long terme (c,=4y,"),!a propension moyenne & consommer est constante et égale a la propension marginale a consommer CG, dc, PMC = Fe =k 5 PMC yy = Meg a Mais la propension marginale 2 consommer est plus élevé a long terme qu’a court terme puisque 4 étant compris entre 0 et 1, Ak. 4, La théorie du cycle de vie de Modigliani, Ando et Brumberg En 1954, Franco Modigliani et Richard Brumberg? ont également donner une explication a la contradiction entre la théorie keynésienne et les vérifications empiriques de Kuznets. Leur analyse se rapproche de celle de Milton Friedman car, elle s'appuie aussi sur la théorie du choix inter- temporel de Fisher, ol! l'on suppose que la consommation d'une période dépend du revenu de toutes les autres périodes. L'hypothase centrale de la théorie du cycle de vie est que étant I’individu (ou le ménage) a la possibilité de transférer une partie de ses revenus des années de « vache ? Modigliani, F. and Brumberg, R. (1954). “Utility analysis and the consumption function: an interpretation of croos-section data.” In K.K. Kurihara (ed), Post-Keynesian Economics, New Brunswick, Rutgers University Press. 14 grasse » vers les années de « vache maigre », l’objectif de ce transfert étant d’avoir une consommation relativement stable tout au long de sa vie. Tout comme chez Friedman, le ménage cherche donc a lisser sa consommation. C'est pourquoi on parle de life-cycle/permanent income hypothesis ou hypothése du cycle de vie/revenu permanent. La théorie du cycle de vie peut avoir deux formulations : une formulation microéconomique et une formulation macroéconomique. Au niveau microéconomique, elle considére que le ménage a un horizon de finie fini et cherche a lisser sa consommation tout au long de sa vie, sans ne rien \éguer comme héritage & sa descendance, Mais au niveau macrogconomique, elle considére que I’horizon de vie du ménage est infini du fait de Valtruisme intergénérationnel qui pousse les ascendants a léguer un héritage & leurs descendants. 4.1. Le modale microéconomique du cycle de vie = revenu salarial Jeunesse Activité Retraite ‘patrimoine net consommation lendettement désendettement accumulation désaccumulation On suppose un individu qui vit essentiellement trois périodes et meurt. La seule motivation de I’épargne est de se protéger contre les baisses inattendues de revenu. Tout comme I'hypothése du revenu permanent, 'hypothase du cycle de vie suppose que toute modification des ressources totales du ménage, va causer une variation proportionnelle des plans de consommation de toutes les périodes futures et non pas seulement de la 15 consommation présente comme le pensait John Maynard Keynes. Les trois périodes sont les suivantes : = «la jeunesse » (0-30 ans) oti les besoins de consommation sont supérieurs aux ressources. L'individu s‘endette pour financer sa formation et faire face aux dépenses diinstallation (électroménager, automobile, etc.) lors de son départ du domicile familial qui intervient aux alentours de 25 ans environ. Son patrimoine net est négatif et décroissant durant cette période. - «activité » (30-60 ans). Cette période se caractérise par une hausse du revenu qui permet a l'individu de se désendetter dans un premier temps. La valeur de son patrimoine net commence alors & croitre pour se approche de zéro. Dans un second temps, individu accumule un patrimoine sous forme d’achats immobiliers, de prises de participation, d’assurance retraite, etc, - «la retraite » (60-75 ans). Ici, le revenu d’activité qui avait déja commencé a diminué parce que I’individu n’est plus en mesure & un certain Age d'offrir le méme nombre d’heures sur le marché du travail, disparait. A partir de ce moment, il couvre ses besoins de consommation en vendant les différents éléments de son patrimoine et en désépargnant, ce qui fait diminuer son patrimoine net progressivement qui va s’annuler & sa mort qui survient autour de 75 ans. Le niveau de la consommation de chaque période dépend a la fois du revenu observé de cette période ¥, et du patrimoine Waccumulé tout au long de la vie, Ainsi, deux ménages disposants de revenus périodiques identiques pourront ne pas avoir la méme consommation si le montant de leur patrimoine est différent. La fonction de consommation s’écrit alors sous la forme : C=c¥+bW En 1963, Albert Ando et Franco Modigliani’ ont estimé cette fonction de consommation pour les ménages américains et obtenu les résultats suivants C=0,7¥ +0,06W Sur le court terme, le patrimoine W peut étre considérée comme exogéne car une variation ponctuelle du revenu courant n’a que trés peu d'influence sur le patrimoine de ‘individu. En séries temporelle, on aura done > Ando, A. and Modigliani, F. (1963). “The ‘life-cycle’ hypothesis of saving: aggregate implications and tests.” American Economic Review, vol. 53, No. 1, pp. 55-84. 16 C,=0,7¥,+0,06W Par conséquent, la propension moyenne & consommer (Cc 0,06W\ £9,742 06W \y y est décroissante & court terme, et la propension marginale 4 consommer est stable, ce qui correspond & la fonction affine et explique le résultat de Kuznets, Par contre, sur le long terme, c'est a dire sur la durée de vie entire de Vindividu, le revenu sera entigrement consommé, le consommateur ne désirant Iéguer aucun héritage 4 sa descendance. La propension moyenne sera donc égale & la propension marginale et égale & l'unité. 4,2. Le modéle macroéconomique du cycle de vie ‘Au plan macroéconomique, le modéle du cycle de vie s‘interpréte comme un modéle 4 générations imbriquées, c'est-a-dire que les générations sont interdépendantes. Dans une société on a trois générations qui cohabitent : les jeunes, les actifs et les retraités. La consommation globale résulte des interactions entre ces trois générations. L’épargne des actifs s‘effectue sous forme de préts accordés aux jeunes pour leur consommation (qui rembourseront plus tard lorsqu'ils deviendront a leur tour des actifs), et de rachat des biens aux retraités. 4.3. Impact d'un rajeunissement ou d’un, sur la propension @ consommer illissement de la population Un rajeunissement de la population engendrera une augmentation de la population et donc, de la propension 4 consommer de la nation puisque les nouveaux nés feront apparaitre des besoins supplémentaires. Inversement, un vieillissement de la population (allongement de Vespérance de vie) provoquera par anticipation, une augmentation du volume global de I’épargne pour faire face a une retraite plus longue et la propension a consommer va diminuer 4.4, Impact de la croissance économique sur la propension 4 consommer Une augmentation du taux de croissance économique se traduira par un accroissement du revenu des individus et donc, une augmentation de 'épargne nationale puisque les actifs désireront épargner une part plus importante de leur revenu. Les retraités ne désépargneront pas plus puisque leur patrimoine s’est constitué sur la base des revenus passés. Ainsi, lorsque le revenu national augmente du fait de la croissance 7 économique, la propension moyenne a consommer va diminuer. Mais sur le long terme, lorsque la société parvient a |’état stationnaire ol la Population et les revenus croissent 4 un méme taux constant, le taux d’épargne devient nul, et la propension moyenne & consommer est constante. 5. Les autres théories explicatives de la consommation La théorie du revenu permanent et celle du cycle de vie donne des explications pertinentes au comportement réel de consommation des individus. Elles expliquent pourquoi des diminutions temporaires des taxes semblent avoir des effets moins prononcés sur la consommation des ménages que les augmentations permanentes. Néanmoins, il existe aussi d'autres faits marquants du comportement de consommation que ces théories ne parviennent pas a expliquer. Ces limites de /‘hypothése du cycle de vie revenu permanent ont motivé le développement de nombreux travaux pour trouver des théories alternatives, Nous présentons I'hypothése de la marche aléatoire, la théorie de I’épargne-tampon, et I'hypothase des contraintes de liquidité. 5.1, L'hypothase de la marche aléatoire Uhypothése de la marche aléatoire a été initiée par Robert Hall en 1978* suite au développement de /a théorie des anticipations rationnelles, et en réaction a /‘hypothése du cycle de vie/revenu permanent qui soutient que Vindividu cherche & lisser son niveau de consommation. Si les individus font des anticipations rationnelles, c'est-a-dire quills utilisent de maniére optimale toute l'information disponible pour faire leurs prévisions, alors ils ne peuvent @tre surpris que par des événements qui étaient complétement imprévisibles. Par conséquent, les changements du niveau de consommation ne peuvent pas étre prévisibles du tout. Lorsque les anticipations sont rationnelles, les consommateurs prospectifs qui souhaitent lisser leur consommation durant leur vie entiére, doivent réagir immédiatement et pleinement & toute information qu’ils possédent sur Vavenir. Si la consommation ne réagit pas immédiatement et pleinement, elle finira par réagir & une date venir, ce qui signifie un échec de I’individu a lisser la consommation entre la date présente et la date future, et remet totalement en cause I’hypothése du cycle de Vie/revenu permanent. Ainsi, la seule raison qui pourrait justifier un changement de niveau de consommation est |’arrivée de nouvelles * Hall, R. (1978). "Stochastic implications of the life-cycle-permanent income hypothesis: theory and evidence.” Journal of Political Economy, vol. 86, No. 6, pp. 971-987. 18 informations jusque 1a inattendues, inconnues et complétement imprévisibles. Les changements de la consommation ne dépendant ni du revenu, ni de tout autre facteur prévisible, on dit que /a consommation suit une marche aléatoire. La différence entre la consommation a la période t et la consommation & la période t +1 dépend de la différence dans l'information sur le revenu entre la période t et la période t+1. Autrement dit, quelle que soit information a la disposition de |'individu, il ne peut pas prédire sa consommation future. La meilleure prévision de la consommation future est ce qu’elle est aujourd'hui, c'est a dire : ElCes)- Cc Cur Oe +o OCG Ou «, est un terme aléatoire d’espérance nulle (E,(c) = 0). Limplication principale de 'hypothése de la marche aléatoire est que si les ménages obéissent & I’hypothése du cycle de vie/revenu permanent et quills font des anticipations rationnelles, alors, seuls des mesures de politique économique non anticipées peuvent influencer la consommation. Autrement dit, la politique économique (baisse des impéts ou hausse des dépenses publiques) ne peut étre efficace que si elle surprend les agents économiques et modifie leurs anticipations. Seules les nouvelles informations sur les mesures de politique économique peuvent affecter le revenu permanent des individus. 5.2. La théorie de I’épargne-tampon (Buffer-stock saving) La théorie du Buffer-stock consumption a été développée par Christopher Carroll en 1992 et 1994.° Selon cette théorie, le profil de I’épargne sous forme de cloche présenté dans la théorie du cycle de vie s’efface en raison de limpatience et de la prudence des consommateurs, au profit d’un autre comportement d’accumulation dans lequel I’épargne joue plutét un réle de «tampon » contre les fluctuations de moyen terme. Cette réserve de précaution est constituée par un consommateur impatient qui réagit aux 5 Caroll, C. D. (19922). “The buffer-stock theory of saving: some macroeconomic evidence." Brookings Paper on Economic Activity, pp. 61-156. Caroll, C. D. (1992b). “The buffer-stock saving and the life-cycle permanent income hypothesis.” The quarterly Journal of Economics, vol. 112, No. 1, pp. 1-55. Caroll, C. D. (1994). “How does future income affect consumption?” The quarterly Journal of Economics, vol. 109, No. 1, pp. 111-147, 19 fluctuations du revenu courant, ce qui est de nature a créer des situations contraignantes dans le futur (contraintes d’endettement, chémage) - Le comportement de prudence modifie le profil de la consommation tout au long du cycle de vie. I! entraine logiquement un lien entre la consommation courant et le revenu courant. Le comportement d’impatience domine celui de prudence lorsque le stock de richesse accumulé est suffisamment élevé, et dans ce cas, la consommation et le revenu courant ne sont plus étroitement liés. Le comportement d’épargne-tampon répond a un horizon plus court que celui décrit par la théorie du cycle de vie. 5.3. Contraintes de liquidité et consommation L/hypothése du cycle de vie/revenu permanent suppose que les individus peuvent s’endetter a un taux d’intérét identique a celui auquel ils épargnent tant qu’ils remboursent leurs dettes, Pourtant, le taux d’intérét que les ménages payent sur les emprunts est généralement plus élevé que celui qui rémunére leur épargne. De plus, comme |’a souligné en 1989, certains individus sont méme incapables d’emprunter pour n'importe quel taux d’intérét & cause des contraintes de liquidité. Cette analyse a été initiée par Angus Deaton en 1991 et poursuivie par Christopher Caroll. II y a contrainte de liquidité lorsque les ménages sont rationnés sur le marché de la liquidité parce que V'offre de liquidité est inférieure & la demande de liquidité. Les contraintes de liquidité peuvent affecter la consommation des ménages de deux maniéres - Lorsque la contrainte de liquidité est contraignante, les ménages sont obligés de consommer moins que ce quills auraient fait en Vabsence de contrainte ; - Méme lorsque la contrainte de liquidité n’est pas contraignante, le fait quills puissent @tre contraints dans le futur réduit la consommation courante. Le fait de savoir qu’il peut exister des contraintes de liquidité pousse le ménage a utiliser ’épargne comme une sorte d’assurance contre les effets d'une future baisse du revenu © Deaton, A. (1991). "Saving and liquidity constraints.” Econometrica, vol. LIX, pp- 1221- 1248. Caroll, C. D. (2001). “A theory of consumption function, with and without liquidity constraints.” Journal of Economic Perspectives, vol. 15, No. 3, pp. 23-45. 20

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