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LES LIVRES SAPIENTIAUX Introduction On donne le nom de « livres sapien- tiaux » a cing livres de I'Ancien Testa- ment : Job, les Proverbes, I’Ecclésiaste, TEcclésiastique et la Sagesse ; on y joint improprement les Psaumes et le ‘Canti- que des Cantiques. Ils représentent un courant de pensée qui se retrouve aussi dans une partie des livres de Tobie et de Baruch. Cette littérature sapientielle a fleuri dans tout I’Ancien Orient. Au long de son histoire, I'Egypte a produit des écrits de sagesse. En Mésopotamie, depuis T’époque sumérienne, on a composé des proverbes, des fables, des poémes sur la souffrance qu 'on a compares a a Job. Cette sagesse _mésopotamienne pénétra en Canaan : on a retrouvé a Ras Shamra des textes sapientiaux écrits en akkadien. Des milieux de langue araméenne pro- vient Ja Sagesse d’Ahigar, qui est d’ori- gine assyrienne et qui a été traduite en plusieurs langues anciennes. Cette sa- gesse est internationale. Elle a peu de préoccupations religieuses et s‘exerce sur Je plan profane. Elle éclaire la destinée des individus, non par une réflexion phi- Josophique a la maniére des Grecs, mais en cueillant les fruits de l’expérience. Elle est un art de bien vivre avec une marque de bonne éducation. Elle apprend 4 Vhomme a se conformer 4 Vordre de l'univers et devrait lui donner Je moyen ve ‘étre heureux et de réussir. Mais ce n’est pas toujours le cas et cette expérience justifie le pessimisme de cer- tains ouvrages de sagesse, en Egypte comme en Mésopotamie. Cette sagesse a été connue des Israé- lites. Le plus bel éloge que la Bible pense faire de la sagesse de Salomon est quelle dépassait celle des fils de l’Orient et celle de I'Egypte, 1 R 5 10. Les sages arabes et édomites étaient renommés, Jr 49 7 ; Ba 3 22-23 ; Ab 8. Job et les trois sages, ses amis, vivent en Edom. L’auteur de Tobie connaissait la Sagesse d’Ahigar et Pr22 17 - 23 11 suit de prés les maximes d’Amenemopé. Plusieurs psaumes sont attribués 4 Héméan et a Etéin, qui sont des sages de Canaan, d’aprés 1 R5 11. Les Proverbes contiennent les Paroles d’Agur, Pr 30 1-14, et les Paroles de Lemuel, Pr 31 1-9, tous deux originaires de Massa, une tribu du nord de l’Arabie, Gn 25 14. I n'est pas étonnant que les premieres ceuvres sapientielles d'Israél ressemblent beaucoup 4 celles de ses voisins : elles sortent du méme terroir. Les parties anciennes des Proverbes ne donnent guére que des préceptes de sagesse humaine. Si l'on excepte l’Ecclésiastique et la Sagesse, qui sont les plus récents, Jes livres sapientiaux n’abordent pas les grands thémes de I’Ancien Testament : Ja Loi, Alliance, I’Election, le Salut. Les sages d’Israél ne s'inquiétent pas de l’his- toire et de l'avenir de leur peuple, ils se penchent sur Ja destinée des individus, comme leurs confréres orientaux. Mais ils Tenvisagent sous une lumiére plus haute, celle de Ja religion yahviste. Mal- gré une origine commune et tant de res- semblances, il y a de ce fait, au profit de Ja sagesse israélite, une difiérence essen- tielle qui s'accentue avec le progrés de la Révélation. L'opposition sagesse-folie 799 INTRODUCTION AUX LIVRES SAPIENTIAUX devient une opposition entre justice et iniquité, entre piété et impiété. La vraie sagesse est en effet la crainte de Dieu, et la crainte de Dieu est la piété. Si la sagesse orientale est un humanisme, on pourrait dire que la sagesse israélite est un « humanisme dévot ». Mais cette valeur religieuse de la sagesse ne s’est dégagée que peu a peu. Le terme hébreu a une signification complexe, il peut désigner I’habileté manuelle ou professionnelle, le sens poli- tique, le discernement, et aussi I’astuce, Je savoir-faire, l'art de la magie. Cette sagesse humaine peut s’exercer pour le bien et pour le mal, et cette ambiguité justifie les jugements défavorables que Jes prophétes portent sur les sages, ainsi Is521;29 14; Jr8 9. Elle peut expliquer aussi gu‘on ait mis si longtemps a parler de la sagesse de Dieu, bien que celui-ci Ja donne aux hommes et que, 4 Ugarit déa, la sagesse soit l'attribut du grand dieu El. C'est seulement dans des écrits postexiliques qu'on dira que Dieu seul est sage, d'une sagesse transcendante que Vhomme voit a l'ceuvre dans la création, mais qu'il est impuissant a scruter, Jb 28 ; 38-39; Si 1 1-10; 16 24s; 39 12s: 42 15 - 43 33, etc. Dans le grand prolo- gue mis en téte des Proverbes, Pr 1-9, la Sagesse divine parle comme une pet- sonne, elle est a la fois présente en Diew des I’éternité et agissante avec lui dans la création, surtout Pr 8 22-31. Dans Jb 28, elle apparait comme distincte de Dieu, qui seul connait oti elle se cache. Dans Si 24, la Sagesse elle-méme se dit issue de Ia bouche du Trés-Haut, habitant dans les cieux et envoyée en Israél par Dieu. Dans Sg 7 22-8 1, elle est une effusion de la gloire du Tout-Puissant, une image de son excellence. Ainsi, la Sagesse attribut de Dieu se détache de Jui et devient une personne. Dans 1a foi de I’Ancien Testament, ces expressions si vives excédent les limites d'une per- sonnification littéraire, mais elles gardent leur mystére et préparent la révélation des Personnes Divines, Comme cette Sagesse, le Logos de saint Jean est a la fois en Dieu et hors de Dieu, et tous ces grands textes justifient le titre de « Sagesse de Dieu » que saint Paul donne au Christ, 1 Co 1 24 La destinée des individus étant la préoccupation dominante des sages, le probleme de la rétribution avait pour eux une importance capitale. C’est dans leur milieu et par leur réflexion que la doc- trine évolue. Dans les parties anciennes des Proverbes, la sagesse, c'est-a-dire la justice, conduit nécessairement au bon- heur, et la folie, c’est-a-dire l'iniquité, méne a Ja ruine. C’est Dieu qui récom- pense ainsi les bons et qui punit les méchants. Telle est encore Ia position du prologue des Proverbes, 3 33-35; 9 6 et 18. Cette doctrine est alors le fondement de l'enseignement de sagesse et se conclut du gouvernement du monde par un Dieu sage et juste. Elle prétend faire appel a l’expérience, cependant lexpé- rience la contredit souvent. C'est ce qu’expose d'une maniére dramatique le livre de Job, ot Jes trois amis défendent Ja thése traditionnelle. Mais, 2 la question du juste malheureux, il n'y a pas de réponse satisfaisante pour l’esprit, si 'on s’en tient aux rétributions terrestres; i n’y a qu’a adhérer & Dieu dans la foi, malgré tout. Si différent que soit son ton, J'Ecclésiaste ne donne pas une autre solu- tion ; il souligne également I’insuffisance des réponses courantes, il refuse qu’on puisse demander des comptes a Dieu et réclamer_le bonheur comme un di. L’Ecclésiastique reste fidéle 4 la méme doctrine, il vante le bonheur du sage, 14 20- 15 10, mais il est hanté par I’idée de la mort et il sait que tout dépend de cette derniére heure, il dit qu’« il est aisé au Seigneur, au jour de Ja mort, de ren- dre 4 chacun selon ses ceuvres », 11 26, cf. 1 13 ; 736; 286; 41.9. II pressent la doctrine des « fins derniéres » mais il ne Texprime pas clairement. Peu aprés lui, Dn 122 explicitera la foi en une rétribu- tion outre-tombe, et cette foi sera chez Jui liée a Ia foi en la résurrection des morts, la pensée hébraique ne concevant pas une vie de Iesprit séparé de Ja chair. Dans le judaisme alexandrin, le progrés se fera selon une voie paralléle et ira plus avant. La philosophie platonicienne, par sa théorie de I’ame immortelle, ayant libéré la pensée hébraique de ses entra- 800 INTRODUCTION AUX LIVRES SAPIENTIAUX ves, le livre de la Sagesse affirme que « Dieu a créé l'homme pour Timmorta- lité », 2 23, et qu’aprés la mort l’ame fidéle jouita d’un bonheur sans fin auprés de Dieu, tandis que les impies recevront leur chatiment, 3 1-12. Au grand probleme des sages d'Israél, la réponse est enfin donnée. La forme Ia plus simple et la plus ancienne de la littérature sapientielle est le mashal. Tel est, au pluriel, le titre du livre que nous appelons les « Prover- bes ». Le mashal est plus exactement une formule frappante qui retient ’attention, un dicton populaire ou une maxime. Les collections anciennes des Proverbes ne contiennent que de courtes sentences. Puis le mashal se développe, il devient parabole ou allégorie, discours et raison- nement, Cette évolution, sensible déj dans les petites sections annexes des Pro- verbes et plus encore dans le prologue, Pr 1-9, se précipite dans les livres sui- vants : Job ou la Sagesse sont de grandes ceuvres littéraires. Au-dela de toutes ces formes littérai- res, méme les plus simples, ’origine de Ja sagesse doit étre cherchée dans la vie de famille ou de clan. Les observations sur la nature et sur les hommes, accumu- Iées de génération en génération, se sont exprimées en sentences, en dictons pay- sans, en courts apologues, qui avaient une application morale et qui servaient de régles de conduite, La méme origine peut étre attribuée aux premiéres formu- lations du droit coutumier, qui se ren- contrent parfois, dans le contenu et pas seulement dans la forme, avec les senten- ces de sagesse. Ce courant de la sagesse populeire s'est continué parallélement a Ja formation des collections sapientielles. De lui viennent, par exemple, les prover- bes de 1S 24 14; 1 R20 11, la fable de Jg 9 8-15 et celle de 2 R 14 9, et les ‘prophétes eux-mémes Iui ont emprunté, ainsi Is 28 24-28 ; Jr 17 5-11. La briéveté des sentences, qui s’imp! ment dans la mémoire, les destinait a Tenseignement oral. Le pére ou la mére Jes apprend a son fils, Pr 18; 41; 311; Si3 1, et le maitre continuera d’appeler «son fils » le disciple qu’il forme, car ie sages tiennent école, Si 51 23, 26; Pr7 1s;9 1s. La sagesse devient un pri- vilége de la classe instruite, de celle par conséquent qui sait aussi écrire ; sages et scribes apparaissent céte a cote dans Jr 8 8-9, et Si 38 24-39 11 exalte, en Topposant aux métiers manuels, le métier du scribe qui lui permet d’acqué- tir Ja sagesse. Les scribes fournissaient au roi ses fonctionnaires, et c’est a la cour que se développérent d’abord les doctri- nes de sagesse. Tous ces traits ont des paralléles exacts dans les autres milieux de la sagesse orientale, en Egypte ou en Mésopotamie, Un des recueils salomo- niens des Proverbes a été rassemblé par «les gens d’Ezéchias, roi de Juda», Pr 25 1, Mais ces sages n’¢étaient pas seu- lement des collecteurs de maximes anti- ques, ils écrivaient cux-mémes. Deux ceuvres littéraires composées, probable- ment a la cour de Salomon, I’histoire de Joseph et celle de la succession au tréne de David, peuvent étre considérées comme des écrits de sagesse. Le milieu des sages est donc bien dif- férent de ceux d’oui sont sortis les écrits sacerdotaux et les écrits prophétiques, ct Jr 18 18 énumére comme trois classes les prétres, les sages et les prophétes. Leurs préoccupations sont différentes : les sages ne s'intéressent pas spécialement au culte et ils ne paraissent pas émus par les malheurs de leur peuple ni travaillés par la grande espérance qui le soutient. Mais, a partir de I’Exil, ces trois courants confluent. Le prologue des Proverbes prend le ton de la prédication prophéti- que, I'Ecclésiastique, 44-49, ct la Sagesse, 10-19, médicent longuement sur I'His- toire Sainte ; I’Ecclésiastique vénére le sacerdoce, il est un fervent du culte, enfin il identifie la Sagesse et la Loi, Si 24 23- 34 : c'est I'alliance entre le scribe (ou le sage) et le docteur de la Loi, qu’on retrouvera aux temps évangéliques. Crest, dans I’Ancien Testament, le terme ‘d'un long chemin au début duquel on plagait Salomon. Ici encore se retrouvent les paralléles orientaux : deux écrits de la sagesse égyptienne passaient pour étre les enseignements qu’un Pharaon avait donnés a son fils. dircicg 1R 5 9-14, cf. 3 9-12 et 28; 10 1-9, jusqu’a Si 47 12-17, Salomon fut 801 INTRODUCTION AUX LIVRES SAPIENTIAUX Joué comme le plus grand sage d'Israél, I'Ecclésiaste, la Sagesse et le Cantique. et les deux recueils les plus importants Tout cet enscignement dispensé gra- et Ies plus anciens des Proverbes, 10-22 ducllement au peuple choisi préparait et 25-29, lui sont attribués, ce qui expli- la révélation de Ia Sagesse Incarnée. que le titre donné a tout Ie livre, Pr 11. Mais «il y a ici plus que Salomon », On mit également sous son nom Mt 12 42. LE LIVRE DE JOB Introduction Le chef-d’ceuvre littéraire du mouve- ment de Sagesse est le livre de Job. I commence par un récit en prose. Il y avait une fois un grand serviteur de Dieu, nommé Job, qui vivait riche et heureux. Dieu permit 4 Satan de I’éprouver pour voir sil resterait fidéle dans I’infortune. Frappé d’abord dans ses biens et ses enfants, Job accepte que Dieu reprenne ce qu'il lui avait donné. Atteint dans sa chair par une maladie répugnante et dou- loureuse, Job reste soumis et repousse sa femme qui lui conseille de maudire Dieu. Alors, trois de ses amis, Eliphaz, Bildad et_Cophar, viennent pour le plaindre, 1.2. Aprés ce prologue s’ouvre un grand dialogue poétique, qui forme le corps du livre. C’est d’abord une conversation a quatre : en trois cycles de discours, 3-14, 15-21, 22-27, Job et ses amis confrontent Jeurs conceptions de la justice divine ; les idées progressent d'une marche assez libre, plutét par un renforcement de Jumiére sur des principes posés dés le début. Eliphaz parle avec la modération de I’ge et aussi avec la sévérité que peut donner une longue expérience des hom- mes, Gophar suit les emportements de la jeunesse, Bildad est un sentencieux qui se tient dans une gamme moyenne. Mais tous trois, ils défendent la thése tradi- tionnelle des rétributions terrestres : si Job soutfre, c'est qu'il a péché, il peut Paraitre juste 4 ses propres yeux mais il ne I’est pas aux yeux de Dieu. Devant les protestations d’innocence de Job, ils ne font que durcir leur position. A ces consi- dérations théoriques, Job oppose son expérience douloureuse et les injustices qui remplissent le monde. II y revient Sans Cesse, et sans Cesse se heurte au mys- tére d'un Dieu juste qui afflige le juste. II n’avance pas, il se débat dans Ja nuit. Dans son désarroi moral, il a des cris de révolte et des paroles de soumission, comme il a des crises et des répits dans sa souffrance physique. Ce mouvement alterné atteint deux sommets : I'acte de foi du chap. 19 et la protestation finale diinnocence du chap. 31. C'est alors qu’intervient un nouyeau_personnage, Elihu, qui donne tort a la fois a Job et @ ses amis et, avec une éloquence verbeuse, 32-37, essaye de justifier la conduite de Dieu. Il est interrompu par Yahvé lui- méme qui, « du sein de Ja tempéte », c'est-a-dire dans le cadre des antiques théophanies, répond a Job. Ou plutot il refuse de répondre, car I’homme n’a pas Je droit de mettre en jugement Dieu, qui est infiniment sage et tout-puissant, et Job reconnait qu'il a parlé sans intelli- gence, 38 1 - 42 6. Un épilogue en prose conclut le livre : Yahve blame les trois interlocuteurs de Job et rend a celui-ci des fils et des filles et le double de ses biens, 42 7-17. Le personnage principal de ce drame, Job, est un heros des anciens temps, Ez 14 14, 20, qui est censé vivre a I'épo- que patriarcale, aux confins de ’Arabie et du pays d "Edom, dans une région dont Jes sages étaient célébres, Jr 49 7; Ba 3 22-23 ; Ab 8, et d’oui viennent aussi ses trois amis. La tradition le tenait pour un grand juste, cf. Ez 14, qui était resté fidéle 4 Dieu dans une épreuve excep- tionnelle, L’auteur s'est servi de cette 803 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOB vieille histoire pour encadrer son livre et, malgré les différences de style et de ton, Je dialogue poétique n'a pas pu exister sans le prologue et |’épilogue en prose. Dans le dialogue lui-méme, on a contesté I’authenticité de certains passa- ges. Le poéme sur la Sagesse, 28, ne peut pas étre mis dans la bouche de Job : il contient une notion de Ia sagesse qui n'est pas celle de Job ni de ses amis ; en revanche, il a des affinités avec le dis- cours de Yahvé, 38-39. Mais c'est une ceuvre qui provient du méme milieu, et qui a été composée en marge du livre ; on ne saurait dire pourquoi elle a été insérée précisément a cet endroit, oii elle n’a pas de lien avec le contexte. On a douté aussi que les discours de Yahvé, 38-41, appartinssent au poéme primitif, mais on méconnait ainsi le sens du livre : précisément parce qu’ils ne tiennent pas compte de la discussion qui a précéde ni du cas particulier de Job, parce qu’ils transportent Je débat du plan humain au plan purement divin, ces discours don- nent au probléme Ja seule solution qu’entrevoyait l’auteur : celle du mystére des actions de Dieu. A l’intérieur de cette section, certains voudraicnt au moins retrancher le passage sur I’autruche, 39 13-18, et les longues descriptions de Béhémoth et de Léviathan, 40 15 - 41 26. Si Ton supprime ces descriptions de deux animaux exotiques, il ne reste 4 peu prés rien du second discours de Yahvé : il n’y aurait eu d’abord qu'un seul dis- cours qui aurait été augmenté et divisé en deux par une premiére et bréve réponse de Job, 41 3-5. L ‘hypothése est attrayante, mais il n’y a aucun argument décisif en sa faveur, et I’affaire est d'une importance secondaire. II y a enfin dans Je troisiéme cycle de discours, 24-27, un désordre certain qui peut s’expliquer par des accidents de Ja tradition manus- crite ou par des remaniements rédac- donnels. L’authenticité des discours d’Elihu, 32-37, est plus sérieusement contestable. Le petsonnage intervient subitement, sans avoir été annoncé, et Yahvé, qui Vinterrompt, ne tient pas compte de lui. Cela est d’autant plus étrange qu’Elihu a anticipé sur les discours de Yahvé; il donne méme I’impression de youloir les compléter. D’autre part, il répéte, sans utilité, ce qu’ont dit les trois amis. Enfin, le vocabulaire et le style sont différents et les aramaismes sont beaucoup plus fré- quents qu’ailleurs. I! semble donc que ces chapitres aient été ajoutés au livre, et par un autre auteur. Mais ils apportent eux aussi leur contribution doctrinale. L’auteur de Job ne nous est connu que par le chef-d’ceuvre qu'il a composé. On y reconnait qu’il était certainement un Israélite, nourri des ceuvres des prophé- tes et des enseignements des sages. Il habitait probablement la Palestine, mais il a da voyager ou séjourner a I'étranger, particuliérement en Egypte. Sur la date ou il vécut, nous ne pouvons faire que des hypothéses. Le ton patriarcal du récit en prose fit croire aux Anciens que le livre était, comme la Genése, I’ceuvre de Moise. Mais I’argument ne vaudrait, en tout état de cause, que pour le cadre du poéme, et ce coloris s’explique assez comme un héritage de la tradition ou comme un pastiche littéraire. Le livre est postéricur a Jérémie et a Ezéchiel, avec Jesquels il a des contacts d’expression et de pensée, et sa langue est fortement teintée d’aramaismes. Cela nous reporte apres l'Exil, 4 un moment od I’obsession du sort de Ja nation fait place au souci des destinées individuelles. La date la plus indiquée, mais sans raisons décisi- ves, est le début du v* siécle avant notre ére. L’auteur envisage le cas d'un juste souffrant. Pour la doctrine courante des rétributions terrestres, un tel cas serait un paradoxe irréel : homme regoit ici- bas la récompense ou le chatiment de ses actions. Sur le plan collectif, la régle est posée clairement par les grands textes de ‘Dt 28 et Lv 26; Ie livre des Juges et ceux des Rois montrent comment le principe s’applique dans le déroulement de I'his- toire, et la prédication prophétique le suppose constamment. La notion de la responsabilité individuelle, latente déja et parfois exprimée, Dt 24 16 ; Jr 31 29- 30; 2 R14 6, est exposée nettement par Ez 18, Mais Ezéchiel s’cn ticnt lui-méme aux rétributions terrestres et, par 1a, il encourt le démenti flagrant des faits. 804 INTRODUCTION AU LIVRE DE JOB Dans une perspective de solidarité, on peut accepter que, les péchés de Ia col- Jectivité P’emportant, les justes soient punis avec les méchants. Mais si chacun doit étre traité selon ses ceuvres, comment un juste peut-il souffrir ? Or il y a des justes qui souffrent, et cruelle- ment, témoin Job. Le lecteur sait, par le prologue, que ses maux viennent de Satan et non de Dieu, et qu'ils sont une épreuve de sa fidélité. Mais Job ne le sait pas, ni ses amis. Ceux-ci donnent les réponses traditionnelles : le bonheur des méchants est de courte durée, cf. Ps 37 et 73, le malheur du juste éprouve sa vertu, cf. Gn 22 12, ou bien la peine chatie des fautes commises par ignorance ou par faiblesse, cf. Ps 19 13 ; 25 7. Cela, tant qu’ils croient a l'innocence relative de Job, mais les cris que Ini arrache la douleur, ses emportements contre Dieu Jeur font admettre chez lui_un état d'injustice beaucoup plus profond : les maux qu’endure Job ne peuvent s’expli- quer que comme le chatiment de péchés graves, Les discours d’Elihu approfon- dissent ces solutions : si Dieu aftlige ceux qui paraissent justes, c'est pour leur faire expier des péchés d’omission, ou des fau- tes d'inadvertance, ou bien ~ et c'est Yt ‘apport Je plus original de ces chapitres — c'est pour prévenir des fautes plus graves et guérir de J'orgueil. Mais ju main- tient, comme les trois amis bien qu’avec moins de dureté, Ja liaison entre la souf- france et le péché personnel. Contre cette corrélation rigoureuse, Job s'éléve avec toute la force de son innocence. II ne nie pas les rétributions terrestres, il les attend, et Dieu les lui accordera finalement dans l’épilogue. Mais c’est pour Iui un scandale qu’elles Jui soient refusées présentement et il cherche en vain le sens de son épreuve. I! lutte désespérément pour retrouver Dieu qui se dérobe et qu’il persiste 4 croire bon, Et lorsque Dieu intervient, c'est pour dévoiler la transcendance de son étre et de ses desseins et réduire Job au silence. Telle est la lecon religicuse du livre : I’homme doit persister dans la foi alors méme que son esprit ne recoit pas d’apaisement. A cette étape de la Révé- Jation, l’auteur du livre de Job ne pouvait pas aller plus loin. Pour élairer le mys- tére de la douleur innocente, il fallait attendre d avoir l’assurance des sanctions d’outre-tombe et de connaitre Ja valeur de la souffrance des hommes unie a la souffrance du Christ. A la question angoissée de Job répondront deux textes de saint Paul : «Les souffrances du temps présent ne sont pas a comparer a Ja gloire qui doit se révéler en nous », Rm 8 18, et : «Je compléte en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est I'Eglise », Col 1 24. EM cals; 02:64 isis Gable IRBIBD Gable Z312 UDI JOB I. Prologue’ Satan met Job a l’épreuve. 1 Tl y avait jadis, au pays de Ug un homme appelé Job : un homme int8- gre et droit qui craignait Dieu et se détournait du mal. ? Sept fils et trois filles Tui étaient nés. >I possédait aussi sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de beeufs et cing cents anes- ses, avec de trés nombreux serviteurs. Cet homme était le plus fortuné de tous les fils de I’Orient P. + Ses fils avaient cou- tume d’aller festoyer chez l'un d’entre eux, a tour de réle, et d’envoyer chercher leurs trois sceurs pour manger et boire avec eux. > Or, une fois terminé le cycle de ces festins, Job les faisait venir pour les purifier ¥ et, le lendemain, 4 Paube, il offrait un holocauste pour chacun d’eux. Car il se disait : « Peut-étre mes fils ont- ils péché et mauditF Dieu dans leur ceeur ! » Ainsi faisait Job, chaque fois. Le jour ot les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé ©, le Satan 4 aussi s’avancait parmi eux. Yahvé dit alors au Satan : «D’oi viens-tu? » — « De parcourir la terre, répondit-il, et de m’y promener. » *Et Yahvé reprit : 4) Laueat a gardé& ce réci en prose son caractée de 5) Sans doute au sud d’Edom. Cf. Gn 36 28; Lm 421. ©) Ce terme désige tous ceux qui fabjtaent 2 Vest de , plus it en pays édomite et arabe, cf Nb 2 Sie. Lit. «sancifir». 1 ag des es Gcartant les sui Jures qui rendent inapte & la vie cultuelle, of. Lv 11 1+. ¢) Lihgor. porte «beni». De meme en i 11 et 25. 9, yobs paged, emendic, «bisphénc», « ft tio pour éviter la présence d'un terme sail sup de nom de Diew aan 1 Dien resoit ou donne audience & certains jours, fait un monarque. ~ Sur les « Fils de Dieu », £2 1558 7; Gn6 14, Ps 29 1 €2 1,89 7. Usagi 'eites’supéricurs 4 Phomme, qui forment Ia’ cour de ‘Yahvé et son conseil. On les identifie avec les anges (Ia Septante traduit : «les anges de Dieu », cf. Tb 544). g) Précédé de l'article, comme en Za 3 1-2, le terme ‘est pas encore un nom propre et Je devient Seulement en 1 Ch 21 1. D’aprés 'étymologie hébraique, il designe « As-tu remarqué mon serviteur Job ? I n’a point son pareil sur la terre : un homme intégre et droit, qui craint Dieu et se détourne du mal ! » ’Et le Satan de répliquer : «Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? 'Ne I’as-tu pas entouré d'une haie, ainsi que sa maison et son domaine alentour ? Tu as béni toutes ses entreprises, ses troupeaux pullulent dans le pays. !! Mais étends la main et touche a tout ce qu’il posséde ; je gage qu’il te maudira en face ! » — 2 « Soit ! dit Yahvé au Satan, tout ce qu’il posséde est en ton pouvoir. Evite seulement de porter la main sur lui.» Et le Satan sortit de devant Yahvé. ® Le jour oi les fils et les filles de Job taienten train de manger et de boire chez leur frére ainé, ¥ un messager vint dire 4 Job : « Tes boeufs labouraient et les anes- ses paissaient 4 coté d’eux % quand les Sabéens! ont fondu sur eux et les ont enlevés, aprés avoir passé les serviteurs au fil de 'épée. Moi seul, j’en ai réchappé et je suis venu te l’annoncer. » "II parlait encore quand un autre survint et dit :« Le feu de Dieu/ est tombé du ciel ; ila brilé «Vadyersaire », cf. 2S 19 23; 1R5 18; 11 14, 23, 25, ai fee cotn serie he celui d'un espion. C’est un personnage tinct des Fils de Dieu, sceptique 4 'égar. deSrens dee owes en Sebo canal de decane? sur lui toutes sortes de maux et méme de le pousser atu ‘mal, cf. aussi 1 Ch 21 1. Sil n'est pas délibérement hos- tile & Diew, i! doute de la réussite de son ceuvre dans la création de Thomme. Au-dela du Satan cynique, 4 Tiro- nie froide et maleillante, se profile limage d'un étre pessimiste, qui en veut a parce qu'il a des rai- sons de l'envier. Mais le texte ne's'appesantit pas sur les ‘motifs de son attitude. A tous ces titres, il sera rapproché d res bauches on figures de Vespit du mal en par- ticulier du serpent de Gn 3, avec lesqueles il finira par se fondie, 9g 2 24, Ap lz 9:20 3, pour incammer Ia puissance diabelique, ef. Le 10 18. 4) Sabéens et Chaldéens (v. 17) sont ici des tribus de ‘nomades pillards. ) La foudre. C2 1 10, 12, 14. 807 1RI01 6027319 PABSIS Qos Sid Qo518 sila 164 117 les brebis et les patres jusqu’a les consu- mer. Moi seul, j'en ai réchappé et suis venu te l’annoncer. » !7 Il parlait encore quand un autre survint et dit : « Les Chal- déens, divisés en trois bandes, ont fait un raid contre les chameaux et ils les ont enlevés, aprés avoir passé les serviteurs au fil de l’épée. Moi seul, j’en ai réchappé et suis venu te l’annoncer. » '8I1 parlait encore quand un autre survint et dit : «Tes fils et tes filles étaient en train de manger et de boire du vin dans la maison de leur frére ainé. ° Et voila qu’un vent violent a soufflé du désert. Il a heurté les quatre coins de la maison et elle est tom- bée sur les jeunes gens, qui ont péri. Moi seul, j'en ai réchappé et suis venu te Pannoncer. » 20 Alors Job se leva, déchira son véte- ment et se rasa la téte*, Puis, tombant sur le sol, il se prosterna ?! et dit : « Nu, je suis sorti du sein maternel, ‘nu, j'y retournerai >, Yahvé avait donné, Yahvé a repris : que le nom de Yahvé soit béni ! » 2En tout cela, Job ne pécha point et il n'imputa rien d’indigne 4 Dieu. 2 1Un autre jour ot les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, Je Satan aussi s’avangait parmi eux. ?-Yahve dit alors au Satan : « D’ou viens- tu?» - « De parcourir la terre, répon- dit-il, et de m’y promener, » > Et Yahvé reprit : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? n'a point son pareil sur la terre : un homme intégre et droit, qui craint Dieu et se détourne du mal ! Tl persévére 8) Ce double geste, exprimant la douleur ou le deuil, st mentionné souvent par la Bible. Cf, dans le premier teas, Gn 37343 Jos 7-6; 28 111; 3 31, ete. : dans le second, jr 7 29 | 48 37; Fz 7 16; Bsd 9 3, etc. b) La terre mere semble assimilée au sein’ maternel. ) L’bébr. ajoute : « pour se présenter devant Yahvé», manquant en 1 6 et omis par le grec. : 4d) Locution proverbial, sans doute vulgaire, qu’on doit interpréter d/aprés la phrase suivante, Jouant su le mot « peau», susceptible de désigner des vétements de peau (Gn 3 21; 27 16) ou le cuir, elle semble signifier que homme consent ase lasses dépouler progressivement de ce qu'il a sur lui ou de ce qu'il posséde, pour éviter qu'on touche a sa propre peau. Atteint alors dans son tre physique et individuel, i révéle ce qu'il est vraiment. (On peut aussi traduire « peau pour peau », et compren dre que Thomme est prét & sacrifier la peau des autres pour sauver la sienne, @) Lemor qui désigne proprement une inflammation est applique ailleurs a la sixiéme plaie d’Pgypte, Fx 9 9-11, JOB dans son intégrité et c’est en vain que tu mas excité contre lui pour le détruire. » 4Bt Satan de répliquer : «Peau apres peau 4, Tout ce que I’homme posséde, il le donne pour sa vie! ° Mais étends la main, touche a ses os et a sa chair et je gage quill te maudira en face!» — « Soit ! dit Yahvé au Satan, il est en ton pouvoir mais respecte pourtant sa vie. » 7Er le Satan sortit de devant Yahvé. Il frappa Job d’un ulcére malins, depuis la plante des pieds jusqu’au som” met de Ja téte. *Job prit un tesson pour se grater et il s’installa parmi les cen- dres. ’ Alors sa femme lui dit : « Pour- quoi persévérer dans ton intégrité? Maudis donc Dieu et meurs ! » Job lui répondit : « Tu parles comme une folle. Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accep- ter de méme le malheur ! » En tout cela, Job ne pécha point en paroles. "Trois amis de Job apprirent tous les malheurs qui !’avaient frappé. Is arrivé- rent chacun de son pays, Eliphaz de Téman, Bildad de Shuah, Cophar de Naamat£ Ensemble, ils décidérent d'aller le plaindre et le consoler. 2 De loin, fixant les yeux sur lui, ils ne le reconnurent pas. Alors ils éclatérent en sanglots. Chacun déchira son vétement et jeta de la poussiére sur sa téte #. 8 Puis, s’asseyant a terre prés de lui, ils restérent ainsi durant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui adressa Ja parole, au spec- tacle d’une si grande douleur. 2,un mal endémique en Faypte, Dt 28 27, a Ja maladie d'Exéchias, 2 R 20, 7, ou au début possible de la Iepre Ly 13 18-20, 23. 1 s‘agit ici d’un mal pernicicux, ralisé sur tout le corps, ce méme Dt 28 35, mais difficile 2 identifier de manitre précise, Pourtant, comme la lepre, ce mal tend Job impur, puisqu'il doit aller s'ins- taller « parmi les cendres > (v. 8), Cest-A-dire Td of on allait déposer les immondices, hors du village 1 Les trois ville se localisent dans la région iduméenne et arabe, Edom et I'« Orient», cf. 13+, étaient consi- dérés en Istaél comme des patries de la sagesse URS 10-11; 101-3; Pr 301 ;Jr 497; Ab 8; Bad 22-23 ) Rite de pénitence et surtout de deuil, cf. Jos 7.6 3's 1319; Bz 27 30, Les tois aus considérent deja Job Comme mort. ~ Le texte ajoute «vers le ciel», glose ‘omise par le grec, peut-ére inspirée de Ex 9 8, 10, et ‘qui ferait du geste un signe dindignation prenant le ciel A témoin pour attrer sa vengeance ou se couvrir contre elle, cf, Ac 22 23, 808 ‘Thats 263) us21d JOB 313 II. Dialogue 1, PREMIER CYCLE DE DISCOURS Job maudit le jour de sa naissance. seaonsis ' Enfin Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 21 prit la parole et dit : > Périsse le jour qui me vit naitre et la nuit qui a dit : « Un garcon a été congu *. » 4Ce jour-la, qu’il soit ténébres, que Dieu, de la-haut, ne le réclame pas, que la lumiére ne brille pas sur lui ! > Que le revendiquent ténébre et ombre épaisse, qu'une nuée s’installe sur lui, qu’une éclipse en fasse sa proie® ! Oui, que l’obscurité le posséde, qu'il ne s’ajoute pas aux jours de l'année, n’entre point dans le compte des mois ! 7 Cette nuit-la, qu'elle soit stérile, qu'elle ignore les cris de joie ! ® Que la maudissent ceux qui maudissent les jours ¢ et sont préts a réveiller Léviathan ¢ ! 3 Que se voilent les étoiles de son aube, qu’elle attende en vain la lumiére et ne voie point s’ouvrir les paupiéres de l’aurore ! ‘© Car elle n’a pas fermé sur moi la porte du ventre, pour cacher a mes yeux la souffrance. "Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein, n’ai-je péri aussitét enfanté ? '2 Pourquoi s’est-il trouvé deux genoux pour m’accueillir, deux mamelles pour m’allaiter ? 3 Maintenant je serais couché en paix, je dormirais d'un sommeil reposant, SBM M2624 101819 a) Deux malédictions , celle du jour de la nais faoce et cxle deh mu dei concep, 5) sombre épaisse» alma con}; « ombre dela mort » galmewethébr. — « éclipse » kamrir yom conj. ;« comme Qls'amemames da jout » Kimerire yan heb ©) « Oui» tiré du v. 7, et on supprime « cette nuit di a une contamination du méme v. ~ « sajoute» syr., Vulg. ; «se réjouisse » hébr. 4) Soit es ennemis de la lumiére, ceux qui agissent dans les téndbres, cf. 24 13s: 38 15: soit ceux qui, comme Job, maudissent le jour de leur naisance; soit plutot ‘des sorciers ou jeteurs de sorts capables, croyait-o, Par leurs imprécations ct sortléges, de changer les jours fas: tes en jours néfastes, ou bien cater les éclipss, lors- aes Lecathen > ‘engloutissait_ momentanement le sol ¢) Léviathan (ou encore le Dr: ., le Serpent Fuyard), 5 ety SOE ON AST 104 6, état dans la mythologie phénicienne un monstre du chaos primitif cf. 7 12+ 5 ‘Timagination popu pou- vait toujours craindre quill ne se réveillit, attiré par une malédiction efficace contre l'ordre existant. Le dragon de Ap 123, qui incarne la résistance 4 Dieu de la puis- sance du mal, revét certains traits de ce serpent chao- tigue 809 1s 911 E32 1832 2063 2 Ap96 8 Pra 189 18167 ag r024 Peto 314 JOB Mave les rois et les grands ministres de la terre, qui se sont bati des mausolées *, ou avec les princes qui ont de l’or en abondance et de I’argent plein leurs tombes *. ‘6 Ou bien, tel l’avorton caché, je n'aurais pas existé, comme les petits qui ne voient pas le jour. 17 La€ prend fin l’agitation des méchants, la se reposent les épuisés. 18Les captifs de méme sont laissés tranquilles et n’entendent plus les cris du surveillant. 19 La voisinent petits et grands, et l’esclave est libéré de son maitre. 20 Pourquoi donner 4 un malheureux la lumiére, la vie 4 ceux qui ont l’amertume au cceur, 21 qui aspirent aprés la mort sans qu'elle vienne, fouillent 4 sa recherche plus que pour un trésor ? 22s se réjouiraient en face du tertre funébre ¢, exulteraient de trouver la tombe. 2 Pourquoi ce don a l'homme dont la route est cachée et que Dieu entoure d’une haie ? Pour nourriture, j’ai mes soupirs, comme l’eau s'épanchent mes rugissements. 2 Toutes mes craintes se réalisent et ce que je redoute m’arrive. 26 Pour moi, ni tranquillité, ni paix, ni repos : rien que du tourment ! Confiance en Dieu«, 4 !Eliphaz de Témén prit la parole et dit : 2Si on t’adresse la parole 4, tu vas perdre patience ? Mais qui pourrait garder le silence | 3 Vois, tu faisais la legon 4 beaucoup, tu rendais vigueur aux mains défaillantes ; 4tes propos redressaient l’homme qui chancelle, fortifiaient les genoux qui ploient. 3 Et maintenant, ton tour venu, tu perds patience, atteint toi-méme, te voila tout bouleversé ! Ta piété n’est-elle pas ton assurance, ton espérance, n’est-ce pas une vie intégre ? 4), Litt, « qui batissent des ruines (horabé) pour eux ». Lexpression pourra , la lumidre d'ls $8 12 ‘es rls de Babylonie et a'Assytie se glorifient souvent de V'avoir fait, Mais le pronom «pour eux renvoie pluie a des demeures éraires édifiées a I'avance dans des lieux déserts ou ites, C'était tout spécialement le cas en 1 sg peut due le mor horabot ait suf dsanet, chet ies Hébreax, les mastabas ou les pyramides. ) Litt «leurs maisons », cest--dire leurs « maisons dérernité», cf, Qo 12 5, ou demeures, funcraires, cf. aussi Ps 49°12. De fait, les fouilles archéologiques (notamment i Ur et en Egypte) ont révélé les richesses soli accumulées dans les tombes royales ou princitres, ©) Au shéol, cf, Nb 16 33+. d) «(en face du) tertre funébre» gal ou golel conj. ; « (iusqu’a jubilation) » gil hebr. ©) Cette réponse d’Bliphaz exprime en la durcissant la doctrine traditionnelle de la rétribution : doctrine qui est avant tout une affirmation de foi en la justice prov dentielle du Dieu de l’Alliance, Doutant de son efficacité dans tous les cas, le podte la rappelle néanmoins avec beaucoup de chaleur. 1 «Si on adresse» Aq, Sym,, Théod.; «a-ton essayé » hébr. 810 JOB 7 Souviens-toi : quel est innocent qui a péri? Oa donc des hommes droits sont-ils exterminés ? J'ai bien vu : ceux qui labourent le malheur et sement la souffrance, les moissonnent. Sous I’haleine de Dieu ils périssent, au souffle de sa colére ils sont anéantis. 10 Les rugissements du lion, les cris du fauve, Jes crocs des lionceaux sont brisés. "Le lion périt faute de proie, et les petits de Ja lionne se dispersent. !2y’ai eu aussi une révélation furtive *, mon oreille en a percu Je murmure. BA Pheure od les visions nocturnes agitent les pensées, quand une torpeur tombe sur les humains, ‘un frisson d’épouvante me saisit et remplit tous mes os d’effroi. '5Un souffle glissa sur ma face, hérissa le poil de ma chair. '6 Quelqu’un se dressa... je ne reconnus pas son visage, mais l’image restait devant mes yeux. Un silence... puis une voix se fit entendre ; 7 «Un mortel est-il juste devant Dieu, en face de son Auteur, un homme serait-il pur ? 18 A ses serviteurs mémes, Dicu ne fait pas confiance, et il convainc ses anges d’égarement®. Que dire des hétes de ces maisons d'argile, posées elles-mémes sur la poussiére ? On les écrase comme une mite ; % un jour suffit a les pulvériser. A jamais ils disparaissent, sans qu'on y prenne garde, 21 Les cordes de leur tente sont arrachées, et ils meurent dénués de sagesse «. » 1 Appelle maintenant ! Est-ce qu’on te répondra ? Auquel des saints 4 t'adresseras-tu ? En vérité, le dépit fait mourir l'insensé et la jalousie fait périr le sot. > Moi, j’ai vu un insensé prendre racine, 53 2) Lit «A mel ne parle vot furvement.» 1a ‘une parole célewe, proférée par un personnage mys tétieu, cv, 16, communiguée au milew d'un semmel pprofond (méme terme en Gn 221; 15-12) et visant Drovoguer le frssen du sacre. Ce mode de connaissance Sumaturel contraste avec le caractere rationnel de la Goctrine des sages et ateste une evolution de celle-ci ‘du moins dans cenains cerdes. Mais la revélation dont Se réclame Eliphiz ne correspond exactement. Pexpérience habituelle des prophétes, lesquels rec to ordnaemet la Parke 3 eat deel, 2 Tevendiquers plus tard le Siracide, BSS oo eles spat pluOt aux song OL von pocures, Za 8 mane roe erin Soulignée volontiers parle genre lttéraire apocalyptique, of Dn42;5 5-6. a By Sec de Dieu» nes sont emg. S ces étres qui approchent Dicu gardent pourtant Une infinite radial, & plus fore ratson Thomme chained et perissible. ©) demas de sgese» it «af non avec cgtse» on pourrait aussi comprendre « faute de set cen'estpaslafaute dela sagessem, Mais fe contexte immédiat, qui insise sur la fragilité de homme en géné- tale a Grieve de son existence, unpre pludtPidée que cel pas ou ne sait pas trouver le temps {GE Ps 90 12) d'soquédr Ia sagese, ou encore que 52 Science limitée ne peut ren contre lt mor od) Les anges, cf. 15 15 (A éclaier par 4 18) ;Za 145; Dn 4 10, 14, 20; 8 15. Leur intercession est encore mentionnée 4 33 23-24. c. Za ¥ 12: Tb U2 12. La question d’Eliphaz est formulée sur un ton ironique : 81s anges euxmémes sont jugés ar Diu, i ne set | rien de compter sur leur appui contre Dieu. Mai suppose précisément la courume de recourit intercession de cette nature, coutume qui pourrait avoi de lointaines attaches polyihestes “le dieu dun indi vi internat dans Vase des Giewx poor defen ‘son client ine 81l por Pri22i $210 2p29 ems st Pres B72; 242 IRVRB B82 Joie Big B46 BIG 2c0$1 Pas 1339 esta 910 SOR 1s278 BBS 23e 219 jam3s PSI nti 3238 x61 BBD 13918 ss; 3121; 2R91925 152.1168 3220 54 JoB Et soudain j’ai maudit sa demeure : 4« Que ses fils soient privés de tout salut, accablés a la Porte * sans défenseur ; > Que sa moisson nourrisse des affamés, car Dieu la lui dte d’entre les crocs *, et des hommes altérés en convoitent les biens. » ©Non, la misére ne sourd pas de terre, la peine ne germe pas du sol. 7 Mais l'homme est né pour la souffrance comme les étincelles* s’envolent vers le haut. S Quant a moi, j’aurais recours 4 Dieu, a lui j'exposerais ma cause. 4 ° Il est I'auteur d’ceuvres grandioses et insondables, de merveilles qu’on ne peut compter. 11] répand la pluie sur la terre, envoie les eaux sur les campagnes. "S'il veut relever les humiliés, pousser les affligés au comble du bonheur, 124] déjoue les desseins des gens habiles, incapables de mener a bien leurs intrigues. Tl prend les sages au piége de leurs habiletés, rend stupides les conseillers retors. 14En plein jour ils se heurtent aux ténébres, ils tatonnent 4 midi comme dans la nuit. 151] arrache de leur gueule "homme ruiné¢ et le pauvre des mains du puissant. 16 Alors le faible renait 4 l’espoir et injustice doit fermer la bouche. 17 Oui, heureux ’homme que Dieu corrige ! Aussi, ne méprise pas la lecon f de Shaddai# ! 18 Lui, qui blesse, puis panse la plaie, qui meurtrit, puis guérit de sa main, 9 six fois de l’angoisse il te délivrera, et une septiéme le mal t’épargnera4. 20 Dans une famine, il te sauvera de la mort ; a la guerre, des atteintes de l’épée. !Tu scras a l’abri du fouet de la langue, sans crainte a l’'approche du pillage. 2Tu riras du pillage et de la famine et tu ne craindras pas les bétes sauvages. 2 Tu auras un pacte avec les pierres des champs’, les bétes sauvages seront en paix avec toi. 24 Tu trouveras ta tente prospére, 4) La porte principale de la ville, lew des rassemble- ments et de la justice. . b) «Dieu», “el, conj.; Thébr. a la préposition ‘el «vers»; «d'entre les crocs», sens possible du mot hébr. ginnim qui signifie habituellement « épines ». ©) Litt «fils de Reshep », dieu de la foudre et de éclair. 4d) Aprés sa question ironique du v. 1 (cf. note explica- tive), Eliphaz semble opposer & ceux qui recourent aux anges, ceux qui, comme lui, n'ont pas peur de s'adresser directement & Dieu. Parla méme, il invite Job & rectifier son attitude vis-i-vis de Dieu et & Se comporter avec plus de loyauté & son égard. ©) «ruin » mohorab conj. ; « del épée » meherebhébr. 1 Les maux de Job sont done une correction, une legon oulgurewse mals salir. ainsi die encore thu, ®) Ce nom divin de l'époque patriarcale, cf. Gn 17 1, fst employé dans Jb avec une intention d’archaisme. }) Eliphaz s'exprime a la fagon des « proverbes numé- riques ». cf. Pr 6 16-19; 30 15s. 1) Dont il faut_débarrasser, en Palestine, les champs cultivés. Cf, Is 52; 2R3 19, 25. 812 JOB ton bercail au complet quand tu le visiteras. 2 Tu verras ta postérité s’accroitre, tes rejetons pousser comme l'herbe des champs. 6Tu entreras dans la tombe bien mir‘, comme on entass¢ la meule en son temps. a ye ce que nous avons observé : c’est ainsi ! A toi d’écouter et d’en faire ton profit. Vhomme accablé connait seul sa misére. 6 1Job prit la parole et dit : 20h! Sil’on pouvait peser mon affliction, mettre sur une balance tous mes maux ensemble ! > Mais c’est plus lourd que le sable des mers, voila pourquoi mes paroles bredouillent. 4 Les fléches de Shaddai en moi sont plantées, mon humeur boit leur venin et les terreurs de Dieu sont en ligne contre moi. >Voit-on braire Ponagre auprés de I'herbe tendre, Je boeuf mugir a portée ed fourrage ? Un aliment fade se mange-t-il sans sel, Je blanc de I’ceuf® a-t-il quelque saveur ? 7 Or ce que mon appétit se refuse a toucher, est la ma nourriture de malade*. 80h ! que se réalise donc ma priére, que Dieu réponde 4 mon attente ! * Que Lui consente a m’écraser, qu’il dégage sa main et me supprime ! 1y’aurai du moins cette consolation, ce sursaut de joie en de cruelles souffrances, de n’avoir pas renié les décrets du Saint. ¢ 11 Ai-je done assez de force pour attendre ? Voué a une telle fin, 4 quoi bon patienter ? Ma force est-elle celle du roc, ma chair est-elle de bronze ? » Aurai-je pour appui le néant et tout secours n’a-t-il pas fui loin de moi ? 4 Refuser ‘Ia pitié a son prochai C'est rejeter la crainte de Shaddai «, 15 Mes fréres ont trahi comme un. torrent, comme le cours des torrents qui débordent. La glace assombrit leurs eaux, au-dessus deux fond la neige*, 616 4) Litt « dans (a) vigueur », of, 302, cest-A-dire « dans (ta) maturité» : non pas diminué par une vieillese péni- ble, mais au temps convenable, comme il en va pour la moisson du blé mir. ) «blanc de Poeuf » selon une interprétation du Targ. ddautres songent a une plane : le suc du pourpier ou le jus de la mauve. ¢) Le v. 7, trés difcile, est interprété daprés la Vulg. {ui tattache les deux hémisiches en une seule Phrase =" «de malade», lit. «dans-ma maladie» con}. ‘comme une maladie » hébr. ~ La répugnance de Job devant sa misérable nourrtare (ila fois éelle et symm- bolique) traduit son dégodt de la vie. Ses amis bien nnourtis sont incapables de comprendre. )_En faisant acte de tévolte contre la Providence. Le a Suit» désigne ici Vabue, Ts 63+ Ha 33 ) « secours » grec, svt; «sagacité » hébr. 1 « Refuser » mss hebr.; « fondre » TM. ®) La bonté pour autrui est le signe d'une religion ‘authentique, 1h) Texte difficile : litt. « noircis (ou : troublés) & cause de la glace, sur eux disparait la neige ». 8B De284.11 12,68 Pd ps 1 NOLL TRIS wit 6+ 2B 511620 1317 js aud 1R101¢ jetsi0 Mis sills 0225 $3017 pe2867 63812 P7839, 948 617 JOB mais, dés la saison brilante, ils tarissent, ils s’évanouissent sous I’ardeur du soleil. 18 Pour eux, les caravanes quittent les pistes, s'enfoncent dans le désert et s’y perdent. Les caravanes de Téma les fixent des yeux, en eux espérent les convois de Saba. 2 Leur confiance se voit décue ; arrivés prés d’eux, ils restent confondus *. 21 Tels vous étes pour moi a cette heure > ; ala vue du fléau, vous prenez peur. 2 Vous ai-je donc dit : « Faites-moi tel don, offrez tel présent pour moi sur vos biens ; 2 arrachez-moi 4 |’étreinte d'un oppresseur, délivrez-moi des mains d’un violent ? » 4 Instruisez-moi, alors je me tairai ; montrez-moi en quoi j'ai pu errer*, 25 On supporte sans peine des discours équitables, mais vos critiques, que visent-elles ? 2 Prétendez-vous censurer des paroles, propos de désespoir qu'emporte le vent ? 27 Vous iriez jusqu’a tirer au sort un orphelin, a faire bon marché de votre ami ! 28 Allons, je vous en prie, tournez-vous vers moi. vous mentirais-je en face ? 2) Retournez-vous, je vous en prie, pas de fausseté ; retournez-vous, car je reste dans mon droit. 30 a-t-il de la fausseté sur mes lévres ? Mon palais ne sait-il plus discerner l'infortune ? 7 ' N’est-ce pas un temps de service qu’accomplit Yhomme sur terre, n'y méne-t-il pas Ja vie d'un mercenaire ¢ ? Tel I’esclave soupirant aprés l’ombre ou l'ouvrier tendu vers son salaire, 5j’ai en partage des mois d’illusion, a mon compte des nuits de souffrance. ‘+Etendu sur ma couche, je me dis : « A quand le jour ? » Sitét levé : « Quand serai-je au soir? » Et des pensées folles m’obsédent jusqu’au crépuscule. 5 Vermine et crofites terreuses couvrent ma chair, ma peau gerce et suppure. ¢ Mes jours ont couru plus vite que la navette et disparu sans espoir. 7 Souviens-toi# que ma vie n’est qu’un souffle, que mes yeux ne reverront plus le bonheur ! 8 Désormais je serai invisible a tout regard, 4), « Leur confiance > ltt. « ils ont espéré », sy. Tar, § ‘cil a espéré’» hébr. ~ « prés deux » con}.; « prés de lui» hébr. a b) «Tels» ken conj,; «car » kthébt. ~ « pour moi» Ii onj. ; «pas » lo’ hebr, ©) Par-inadvertance “ou par ignorance, cf. Ly 45 Nb 15 22.29; Ps 19 13. ) Au sens du service militaire, cf. 14 14, a la fois lutte et corvée. Grec traduit « épreuve »; Vu, militia, €) Le mercenaire, payé le journée, Dt 24 15; Mt 208, peine chaque jout pour les autres du matin au soir. De méme I'esclave, Lv 25 39-40. 4) le jour » gree; omis per hébr. — « quand sera-je au gpity mi itn ‘ereb con; middad ‘ereb heb, inintel- #) Solidaire de 'humanité souffrante, résigné \ mourit, Job ébauche une priére, pour demander a Dieu quelques instants de paix avant $2 mort 814 JOB 84 tes yeux seront sur moi et j’aurai disparu. ° Comme la nuée se dissipe et passe, qui descend au shéol n’en remonte pas *. ‘01 ne revient pas habiter sa maison et sa demeure ne le connait plus. “Et c'est pourquoi je ne puis me taire, je parlerai dans l’angoisse de mon esprit, je me plaindrai dans l’amertume de mon ame. ” Suis-je la Mer, moi, ou le monstre marin +, pour que tu postes une garde contre moi ? 3 Si je dis : « Mon lit me soulagera, ma couche atténuera ma plainte », ‘alors tu m’effraies par des songes, tu m’épouvantes par des visions. 4 Ah! je voudrais étre étranglé< : Ja mort plutét que mes douleurs ¢! 16Je m’en moque, je ne vivrai pas toujours ; aussi, laisse-moi, mes jours ne sont qu’un souffle ! 17 Qu’est-ce donc que l'homme pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention ¢, 8 pour Pinspecter chaque matin, pour le scruter a tout instant ? ‘9 Cesseras-tu enfin de me regarder, pour me laisser le temps d’avaler ma salive ? asi ‘ai péché, que t’ ai-je fait, a toi 'observateur attentif de Phomme ? Pourquoi m’as-tu pris pour cible, pourquoi te suis-je 4 charge# ? 1 Ne peux-tu tolérer mon offense, passer sur ma faute ? Car bientét je serai couché dans la poussiére, tu me chercheras, et je ne serai plus*, sald 3843913; 622 Cl Pulsed P85; 1485 pws Le cours nécessaire de la justice divine. 8 ' Bildad de Shuah prit la parole et dit : ?Jusqu’é quand parleras-tu de la sorte, et tiendras-tu des propos semblables 4 un grand vent ? slow > Dieu peut-il fléchir le droit, _ Shaddai fausser la justice‘? 4Si tes fils ont péché contre lui, 2) Selon opinion courant, que auteur semble parta- wer ict 10215147, 22; 1622 cf. 28 1229 Ps Sei est inpouble ‘de reenter ‘da aco CL Nb’16 33+. b) Selon les « babyloniennes, Tiamat (la Mer), aprés avoir contribué a donner naissance, aux deux, avait été vaincue et soumise par'un d’eux. L'ima- ination populaire ou poétique, reprenant cette image- tic, atribuat & Yahvé cette victoire, antéricure orga nisation duu Chaos, et le voyait maintenit toujours en sujétion la Mer et les Monstres ses hates, Cf. 3 8+ 9 13 5 26 12; 40 25s; Ps 65 8; 74 13-14; 77 175 89 10-11 93 3-41; 104 7, 26 ; 107 29, 148 7; 15.27 1;'519. c) A Vencontre du «lassé de la, vie» éaypticn, Job envisage pas le suicide, C'est d’ailleurs un acte qui est rapporté qu'exceptionnellement dans I'AT, cf. 2S 17 234. 4) «mes douleus»‘apgebétay con; «mes o> agm- tay hebr, ¢) Lauteur semble reprendre avec une ironic améce des expressions du Ps La sollicitude de Dieu pour homme devient ici une surveillance exigeante. L’auteur du Ps 139 y trouvait un moti de confiance. Job, lui, se sent traité comme un ennemi par le Dieu qui observe. ‘Se débattant contre une notion juridique de la religion et du péché, i cherche en titonnant le Dieu de miséel corde, v. 21. 1 Dieu ne peut etre atteint par le péché, 1 sls» are; « me sje» heb ) Ces derni }0t8, inattendus, réintroduiseat l'image d'un Dieu incliné mystérieusement vers l'homme. 4) eefausser » grec, Vulg. ; hébr. répete « fléchir» 815 bu24 19 432527 589 M2 pod Prit2s 8 Me72627 Pséll Pri 85 JOB il les a livrés au pouvoir de leur faute. > Quant a toi, si tu recherches Dieu, si tu implores Shaddai, ®si tu es irréprochable et droit, dés maintenant, il veillera sur toi et il restaurera ta place et ton droit. 7 Ta condition ancienne te paraitra comme rien, si grand sera ton avenir. 8Interroge la génération passée, médite * sur l'expérience acquise par ses péres. ° Nous, nés d’hier, nous ne savons rien, notre vie sur terre passe comme une ombre. 1 Mais eux, ils t’instruiront, te parleront, et leur pensée livrera ces sentences> ; 1 « Le papyrus pousse-t-il hors des marais ? Privé d’eau, le jonc peut-il croitre ? ” Quand il est encore dans sa fraicheur et non cue’ avant toute autre herbe il se desséche. » Tel est le sort de ceux qui oublient Dicu, ainsi périt l’espoir de l'impie. Sa confiance n’est que filandre, sa sécurité, une maison d’araignée. 5 S'appuie-t-il sur sa demeure, elle ne tient pas ; sy cramponne-t-il, elle ne résiste pas. 16 Plein de séve au soleil, au-dessus du jardin il lancait ses jeunes pousses. 17 Ses racines entrelacées sur un tertre pierreux, il puisait sa vie au milieu des rochers 4. 18On l'arrache de son lieu ; son lieu le renie : “Je ne t’ai jamais vu !” 1 Et le voila pourrissant* sur le chemin, tandis que du sol, d'autres germent. 2 Non, Dieu ne rejette pas l'homme intégre, il ne préte pas main-forte aux méchants, 2.Le rire peut de nouveau‘ remplir ta bouche, la joie éclater sur tes lévres. 2 Tes ennemis seront couverts de honte, et la tente des méchants disparaitra. » La justice divine domine le droit. 9 ‘Job prit la parole et dit : 2En vérité, je sais bien qu’il en est ainsi : l'homme pourrait-il se justifier devant Dieu ? >A celui qui se plait a discuter avec lui, il ne répond méme pas une fois sur mille. 4Parmi les plus sages et les plus robustes qui donc lui tiendrait téte impunément ? 4) « médite » bénen con}; « affermis » kénen hébr. b) La tradition des ancetres est la base de I'enseigne. ‘ment sapientiel. La loi du chitiment des impics y appa- fa us rigoureuse et veiable qu'une lot de naar, w. Ils, ¢) «le sort » grec; « les sentiers » hébr. 4), ail usa sa vie» grec; il voyat heb. ~ «au milieu des » bén conj. ; « maison » bét hébr. @) Traduction conjectural. 1) «de nouveau » ‘od con. ; « jusqu’ » ‘ad hébr. 816 JOB 923 $I déplace les montagnes @ leur insu et les renverse dans sa colére. 6 Il ébranle la terre de son site et fait vaciller ses colonnes*, 7A sa défense, le soleil ne se léve pas, il met un sceau sur les étoiles *. 8 Lui seul a déployé les Cieux et foulé le dos de la Mer*. °Ila fait ’Ourse et Orion, les Pléiades et les Chambres du Sud 4, 1071 est l’auteur d’ceuvres grandioses et insondables, de merveilles qu’on ne peut compter. "$'il passe sur moi, je ne le vois pas et il glisse imperceptible. 12 $'il ravit une proie, qui I'en empéchera et qui osera lui dire : « Que fais-tu ? » 3 Dieu ne renonce pas 4 sa colére : sous lui restent prostrés les satellites de Rahab *, ‘Et moi, je voudrais me défendre ‘ je choisirais mes arguments contre luis ? ‘5 Méme si je suis dans mon droit, je reste sans réponse ; c'est mon juge qu'il faudrait supplier. \6Et si, sur mon appel, il daignait me répondre, je ne puis croire qu'il écouterait ma voix, 17 Jui, qui m’écrase pour un cheveu 4, qui multiplic sans raison mes blessures 18 et ne me laisse méme pas reprendre mon souffle, tant il me rassasie d'amertume ! 19 Recourir a la force ? Il 'emporte en vigueur ! Au tribunal ? Mais qui donc Passignera‘ ? 20 Si je me justifie, sa bouche’ peut me condamner ; si je m’estime parfait, me déclarer pervers. 21 Mais suis-je parfait ? Je ne le sais plus moi-méme, et je rejette ma vie ! Car c'est tout un, et j’ose dire : il fait périr de méme homme intégre et le méchant. ® Quand un fléau mortel s’abat soudain, a) La terre repose sur des «colonnes >», que Dieu Saagige Peg semble deere 3489 3108 5; . Les wv. 5- lent les images cathaolagiqus couranes, & Am #5 ) Pour les empécher de paraitre et de briller. Ba 3 34 De phtnntarsplyerocs aol, °) coméncs actuels, 'auteur remonte aux origines de la création. Dieu alors « foula le dos de la mer », ’esti-dite lui imposa son empire, la maitrisa aux origines : méme expression dans Dt 33 29. Sur la ersonnification de la mer, cf. 7 12+. 4) Grec: « celui quia fait ies Piciades et Vénus ct Arct: turus et les Chambres du Sud»; Vulg. : « Arcturus et (Orion et les Fiyades et les Chambres du Sud ».~ L'iden- tification de ces constellations n'est que probabl ©) Rahab, monstre du Chaos, alternant avec Léviathan ‘ou Tannin, est la personification mythique des eaux Dagves, Met (Tiamat). Pour firmer ls mainee ve, et poétique le célébrait comm: le vainqueur ou le pourfendeur de Raha, cf 7 12+ t 26 12+; Ps 89 11; I 519. Ee conteyte historique, Rahab personnifie la mer Rouge, puis l’Egypte, cf. Is'30 7 ; Ps 87 4. ) Litt. « lui répondre », mais ce verbe a souvent un sens judiciate : prendre la parole comme témoin ou pour Plsider sa propre cause 8) En face de-ce Dieu tout-puissany, i la fois juge et partie, Job ne peut recourir aux formes ordinaires de Is procédure humaine. (En d'autres passages du Dialozue Se retrouve ce désir d'une justification selon les formes Iga) Job en vient 3 dower de on innocence, w. 20: 21. Plut6t que la sagesse infinie des jugements de Dieu (que défendra gpoaret cv #8) « pour ua cheveu» syr, Tarp; « dans un tourbil- lon» heb. ) « con} «ma bouche » hébe. ops, 11), i en considee Tarbitrare 817 BBD 210, 415516 957 Bus 3435 Peio2 WM2:R5 383132 ‘4n58 39 B89 Psa 932; Bs, Us:B17 92021 19 2 Psd 1s118 jan e610 Ba TUS 18167 JAD e339 S165 924 JOB il se rit de la détresse des innocents. 24 Dans un pays livré au pouvoir d'un méchant, il met un voile sur la face des juges. Si ce n’est pas lui, qui donc alors? > Mes jours passent, plus rapides qu’un coureur, ils s'enfuient sans voir le bonheur. 26 IIs glissent comme des nacelles de jonc, ‘comme un aigle fond sur sa proie. 2 Si je décide d’oublier ma plainte, de changer de mine pour faire gai visage, 28 je redoute tous mes tourments, car, je le sais, tu ne me tiens pas pour innocent *! Et si j'ai commis le mal, 4 quoi bon me fatiguer en vain ? 30 Que je me lave avec de la saponaire, que je purifie mes mains 4 la soude*? 31 Tu me plonges alors dans l’ordure 4, et mes vétements mémes me prennent en horreur ! 32 Car lui n’est pas, comme moi, un homme : impossible de lui répondre, de comparaitre ensemble en justice. » Pas d’arbitre entre nous pour poser la main sur nous deux, 4 pour écarter de moi ses rigueurs, chasser ’épouvante de sa terreur ! Je parlerai pourtant, sans le craindre, car je ne suis pas tel A mes yeux! ' Puisque la vie m’est en dégoit, je veux donner libre cours 4 ma plainte, je veux parler dans I’amertume de mon ame. 2Je dirai 4 Dieu : Ne me condamne pas, indique-moi pourquoi tu me prends & partie. > Est-ce bien, pour toi, de me faire violence, de rejeter I’ceuvre de tes mains et de favoriser les desseins des méchants ? 4 Aurais-tu des yeux de chair et ta maniére de voir serait-elle celle des hommes ? > Ton existence est-elle celle des mortels, tes années passent-elles comme les jours de l'homme? 6Toi, qui recherches ma faute et fais une enquéte sur mon péché, 7 tu sais bien que je ne suis pas coupable et que nul ne peut me soustraire a tes mains ! 4) Parce quil croit sans restriction & la Providence uni- verselle, Job ne craint pas de rejeter directement sur Dieu la responsabilité de ces faits « scandaleux ». ) Eliphaz et Bildad recommandaient a Job la docilité, 5 17; 8 5-6. Mais Job sait que cette attitude forcée ne peut changer ni son état réelni les dispositions de Diew Pour lui. ‘¢) Diew seul peut effacer le péché: le pécheur y est impuissant, mais trouve une issae dans un appel a la miséricorde divine, ainsi Ps 51. Job, qui n'a pas conscience d'un péché, partage ce sentiment dimpuis- sance sans pouvoir partager cet élan @) «dans lordure » grec, Vulg. ; « dans la fosse » hébr. @) Job ne veut pas reconnaitre une culpabilité doat i Best pas convainey ; ) Dieu connait le fond des cccurs et n'a pas besoin de torturer Job pour éprouver son innocence. v. 4, cf vw. 67a; Dieu gui domine le temps n’a pas besoin dassouvir tout d'un coup sa vengeance et peut se mon- tuer longanime, v.5, cf v. 7b. 818 JOB u4 8 Tes mains m’ont fagonné, créé ; puis, te ravisant*, tu voudrais me détruire ! °Souviens-toi ; tu m’as fait comme on pétrit l’argile et tu me renverras A la poussiére. 1 Ne m’as-tu pas coulé comme du lait et fait cailler comme du laitage *, "yétu de peau ct de chair, tissé en os et en nerfs ? 2 Puis tu m’as gratifié de la vie, et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle. 3 Mais tu gardais une arriére-pensée* ; je sais que tu te réservais 14 de me surveiller si je péche et de ne pas m’innocenter de mes fautes. 5 Suis-je coupable, malheur @ moi! suis-je dans mon droit, je n’ose lever la téte, moi, saturé d’outrages, ivre de peines 4! %6 Fier © comme un lion, tu me prends en chasse, tu multiplics tes exploits 4 mon propos, ” tu renouvelles tes attaques, ta fureur sur moi redouble, tes troupes fraiches se succédent contre moi‘ '8Oh ! Pourquoi m’as-tu fait sortir du sein ? Jaurais péri alors : nul ceil ne m’aurait vu, '9 je serais comme n’ayant pas été, du ventre on m’aurait porté a la tombe. 20Et ils durent si peu, les jours de mon existence ! Place-toi loin de moi, pour me permettre un peu de joie, 21 avant que je m’en aille sans retour au pays des ténébres et de |’ombre épaisse, 2 oii régnent lobscurité et le désordre, oii la clarté méme ressemble a la nuit sombre. La sagesse de Dieu appelle Paveu de Job. 1Gophar de Naamat prit la parole et dit : 2 Le bavard restera-t-il sans réponse ? Suffit-il d’étre loquace pour avoir raison ? 3 Ton verbiage rendra-t-il muets les autres, te moqueras-tu sans qu’on te confonde ? 4Tu as dit : « Ma conduite est pure‘, je suis irréprochable a tes yeux. » piepuis, we swvsant» grec; «ensemble autour» quelle i voudrit 'appuver Sous une forme négative Job évoque le drame méme de la foi. r. 'b) Lascience médicale antique se représentait a forma- tion ‘de Pembiyon comme une coagulation du sang ‘maternel sous influence de I'élément séminal ©) Cette sollicitude de Dieu dissimulait donc des exi- gences redoutables, L’homme est responsable de tous ses, actes devant Dieu. La plainte de Job traduit une vérité tragique, L’homme devrait pouvoir, en usant spontanément de sa liberté, vivre en paix avec Dieu, en hharmonie avec les étres et les choses. Or il se sent dépen- dant d'une volonté mystérieuse et exigeante qui le laisse dans T'incertitude sur Iui-méme et sur Dieu, met sa conscience i 'épreuve et lui refuse les garanties sur les- 81 ¢) «ivre de peines » tireweh ‘ont coni. ; « et voyant (?) Ina peine » die’eh ‘onyt hebr. il est fier » ha fi «tes attaques>, ltt. « ton hostilité », ‘edyeka conj.; ‘«tes témoins» ‘edéka hébr. - On suit le gree pour ie emier stique ; hébr. « reléves et armée avec moi ». &) «les jours ide mon existence » yemé heldi conj.; ‘« mes jours, qu'il esse » yamay yahadal hebr. — « Place toi» weshit geré; «il place » yashit ketib. 1) Le shéol. cf. Nb 16 33+. ~ U’hébr. ajoute: « comme la nuit sombre, ombre épaisse». i) «Ma conduite » grec; «ma doctrine » hébr. 9 on27 36 S72 DADS az? su Mh; 1 Ps NbI633+ us rmil33 7 EDS 358 Goll jabize JOB 5 Si seulement Dieu voulait parler, ouvrir les lévres a cause de toi, s'il te dévoilait les secrets de la Sagesse, qui déconcertent toute sagacité, tu saurais que Dieu te demande compte de ta faute*. 7 Prétends-tu sonder Ia profondeur de Dieu, atteindre la limite de Shaddai ? SElle est plus haute que les cieux* ; que feras-tu ? Plus profonde que le shéol : que sauras-tu ? ° Elle serait plus longue que la terre 4 mesurer et plus large que la mer. 10$'jJ intervient pour enfermer et convoquer I’assemblée, qui l’en empéchera ? "Car lui connait les faiseurs d’illusion ; il voit le crime et y préte attention *. ” Aussi ]’écervelé doit-il s’assagir : 4non sauvage que l’homme a sa naissance ! 1 Si tu redresses tes pensées, et tends tes paumes vers lui 4, 14 si tu répudies le mal dont tu serais responsable et ne laisses pas l’injustice habiter sous tes tentes, Stu léveras un front pur, tu seras ferme et sans crainte. 1Ta souffrance, tu n’y songeras plus, tu en souviendras comme d’eaux écoulées. 1 Alors débutera une existence plus radieuse que le midi et 'obscurité méme sera comme le matin. 18Confiant car il y a de lespoir, méme aprés la confusion ¢, tu te coucheras en sécurité. 19 Lorsque tu reposeras, nul ne te troublera, et bien des gens rechercheront ta faveur. 2° Les méchants, eux, tournent des yeux éteints, tout refuge leur fait défaut ; leur espoir, c’est de rendre I’ame La sagesse de Dieu se manifeste surtout par les ravages de sa puissance. 1 2 ‘Job prit la parole et dit : vz 2 Vraiment, vous étes la voix du peuple, avec vous mourta la Sagesse. > Moi aussi, j'ai de Vintelligence, tout comme vous, je ne vous céde en rien, et qui donc ne sait tout cela? 4 Mais un homme devient * la risée de son ami, quand il crie vers Dieu_pour avoir une réponse. On se moque du juste intégre. 2) «te demande compte» yish’alka conj.; «te faite) «aprés la, confusion », lit. « (méme si) ra as été ‘ublier » yashsheh leka heb. Confus », wehupparta coni.; «tu épicas » webaparta 5) «plushaute que les ceux » Vulg. :« les hauteurs des hebr. cieux » hébr. ) Ainsi de Job qui n’espére plus que la mort, 3 21; 6 ©) «y (16) préte attention » con. ; «ne préte pas (lo) 9; 10 21. attention » hébr. d) Cézait le geste de la priére suppliante, cf. Ex 9 29, ) Texte obscur ; lit. « en vérité, c'est vous le peuple». F) ec devient», lit. «i est», grec. sy. «je suis » hébr. 33; 1R 838; Is 1 15. 820 Jos 12.25 5« A l’'infortune, le mépris ! opinent les gens heureux, un coup de plus a qui chancelle! » 6Cependant, les tentes des pillards sont en paix pleine sécurité pour ceux qui provoquent Dieu et pour celui qui met Dieu dans son poing ! 7 Interroge pourtant le bétail pour t’instruire, les oiseaux du ciel pour informer. ®Parle a la terre, elle te donnera des lecons, ils te renseigneront, les poissons des mers. > Car lequel ignore, parmi eux tous, a que la main de Dieu® a fait tout cela ! 107] tient en son pouvoir l’me de tout vivant NOIR et le souffle de toute chair d’homme+. ed 1 Lorelle n’apprécie-t-elle pas les discours, 0 comme le palais gotite les mets ? 2La sagesse est I’affaire des vieillards, 9 le discernement le fait du grand age. 3 Mais en Lui résident sagesse et puissance, sit? a lui le conseil et le discernement *. P84 ‘4$'il détruit, nul ne peut rebatir, im) sil emprisonne quelqu’un, nul n’ouvrira. nn 5 $'il retient les eaux, c’est la sécheresse ; s'il les relache, elles bouleversent la terre. *En lui vigueur et sagacité, 4 lui appartiennent légaré et celui qui P’égare. ‘771 rend stupides les conseillers du pays 4 et frappe les juges de démence. 18] délie la ceinture des rois et passe une corde 4 leurs reins *. Il fait marcher nu-pieds les prétres et renverse les puissances établies. 70 6te la parole aux plus assurés, ravit le discernement aux vieillards. 21 Il déverse le mépris sur les nobles, Ps740 dénoue Je ceinturon des forts. 2 I] dévoile les profondeurs des ténébres, améne a la lumiére l’ombre épaisse. » Il agrandit des nations, puis les ruine : cli il fait s'étendre des peuples, puis les supprime ‘ 2411 ote l’esprit aux chefs du peuple du pays, les fait errer dans un désert sans routes, Psi % tatonner dans les ténébres, sans lumiére, et tituber comme sous I’ivresse. 4) « Dieu» 7 mss hébr. ; « Yahvé » TM, mais le potted) Au début du v., on supprime « il fait marcher», vite panout ce nom divin parce qu'l fait parler des cf. v. 19 B) Si Dieu, au témoignay universelle, wv. 7-10, ¢' Qui donc vous imposera le silence, la seule sagesse qui vous convienne ! 6 Ecoutez, je vous prie, mes griefs, soyez attentifs au plaidoyer de mes lévres*. 7 Est-ce pour Dieu que vous proférez des paroles injustes, pour lui ces propos mensongers ? 8 Prenez-vous ainsi son parti, est-ce pour Dieu que vous plaidez ? ° Serait-il bon qu'il vous scrutit ? L’abuse-t-on comme on abuse un homme ? 1011 vous infligerait une sévére réprimande pour votre partialité secréte. MN Est-ce que sa majesté ne vous effraie pas ? Sa terreur ne fond-elle pas sur vous ? 12 Vos lecons apprises sont des sentences de cendre, vos défenses, des défenses d’argile. 3 Faites silence ! C’est moi qui vais parler, quoi qu'il m’advienne. 44 Je prends ma chair entre mes dents, je place ma vie dans mes mains®, 54] peut me tuer ; je n'ai d’autre espoir que de défendre devant lui ma conduite « ‘6 Et cela méme me sauvera, car un impie n’oserait comparaitre en sa présence. 17 Ecoutez, écoutez mes paroles, prétez loreille 4 mes déclarations. 18 Voici : je vais procéder en justice 4, conscient d’étre dans mon droit. '9 Qui veut plaider contre moi ¢? D’avance, j’accepte d’étre réduit au silence et de périr ! 20 Fais-moi seulement deux concessions /, alors je ne me cacherai pas loin de ta face 21 carte ta main qui pése sur moi et ne m’épouvante plus par ta terreur. 22 Puis engage le débat et je répondrai ; 4) Job revient a la procédure juridique, cf. v. 18 et 9 144. 11 veut interroger Dieu lui-méme, écartant les faux sages qui se font audacieusement ses avocats. ) On supprime les deux premiers mots, dittographie de la fin du y. 13. - Ces locutions d’allure proverbiale signifient qu'on risque sa vie, qu'on joue le tout pour le tout, cf Jg 123; 1S 195; 38 21. ©) Plutot que de voir restaurer son bonheur, Job veut Venger son honneur aux yeux des hommes et Surtout de Dieu. @) Job imagine un procés entre Dieu et lui. I! oublie CRITE lene pea Tartare av desis des par ties, 9 32-33. Il réduit maintenant son juge au rdle adversaire. ola 6) Job reroume conte Dieu le défi juridique que Yah, Is 1 18; Os 2 4; Mi 6 1-2, ou son Serviteur, Is 50 8, langait 4 son peuple. Le second stique, litt. « car dés maintenant je me tairaiet je périrai, peut étre encore une formule juridique. Clu qu dete es contacicteurs accepie d'avance d étre confondu et de subir la peine. Job. sar de son droit, y consent. sae ot 1 Diabord, rencontrer Dieu sur un pied désalité et recouvrer sa liberté. Ensuite un ordre du débat : Job parlera le premier. 822 14 JOB ou plutét je parlerai et tu me répliqueras. 2 Combien de fautes et de péchés ai-je commis ? Dis-moi quelle a été ma transgression, mon péché ? 24 Pourquoi caches-tu ta face * et me considéres-tu comme ton ennemi ? 2 Veux-tu effrayer une feuille chassée par le vent, poursuivre une paille séche ? % Toi qui rédiges contre moi d’améres sentences et m’imputes mes fautes de jeunesse, 2 qui as mis mes pieds dans les ceps, observes tous mes sentiers et prends I’empreinte de mes pas ! Et lui? s‘effrite comme un bois vermoulu, | ou comme un vétement dévoré par la teigne, ©1 homme, né de la femme, qui a la vie courte, mais des tourments 4 satiété. ?Pareil a la fleur, il éclét puis se fane, il fuit comme l’ombre sans arrét. > Et sur cet étre tu gardes les yeux ouverts, tu I'aménes ¢ en jugement devant toi ! “Mais qui donc extraira le pur de Pimpur ? Personne ¢! > Puisque ses jours sont comptés, que le nombre de ses mois dépend de toi, que tu lui fixes un terme infranchissable, * détourne de lui tes yeux et laisse-le, tel un mercenaire, finir sa journée. 7L’arbre conserve un espoir, une fois coupé, il peut renaitre encore et ses rejetons continuent de pousser. 8 Méme avec des racines qui ont vieilli en terre et une souche qui périt dans le sol, ° dés qu’il flaire l'eau, i] bourgeonne et se fait une ramure comme un jeune plant. 1 Mais 'homme, s’il meurt, reste inerte ; quand un humain expire, ot donc est-il ? 1 Les eaux de la mer pourront disparaitre, les fleuves tarir et se dessécher “Phomme une fois couché ne se relévera pas, Jes cieux s’useront f avant qu’il ne s'éveille, ou ne soit réveillé de son sommeil s. 14:12 4) Dieu « cache sa face » lorsqu’il refuse les signes de sa présence gracieuse et favorable. b) L’homme dont patle le v. suivant; c'est pour: Gertainseriques proposent de ire ce ¥.aprés 14 2 0u ©) Elégie sur la misére de 'homme. Job, cf. 7 1s, voit dans son infortune personnelle toute’ la condition humaine, et son plaidoyer en tire argument : contre cette créature chétive, les rigueurs divines ne se comprennent tu Taménes » versions; «tu maménes » hébr. ¢) Job reconnait limpureté fonciére de "homme, mais iI fallégue ici comme une excuse. ~ L’accent est mis sur Vimpureté physique (et donc rituelle) Thomme contracte des sa conception, cf. Ly 15 19s, et st nals: sance, cf. Ps 517; mais cette impureté entraine une faiblesse morale, une propension au péché, et Iexégese chrétienne a vu dans ce passage au moins une allusion = péché originel, transmis par la génération. Cf. Rm 5 . f) «s'useront » syr., Vulg. ; hébr. corrompu. 8) Ces images eschatologiques, en oignant a V'infini toute possibilté de révei, servent ici & souligner que homme disparait sans espoir de rezour. L’attente d'une résurrection ala fin des temps semble encore en dehors des perspectives de V'autenr, ef. 19 25+, 823 Peale: PB 2287 1309 BIL; 10227 S110; a4 Se21 58+ BS72 Qosi2 85,149 417,950 1.254 BIT 1B sat Psi 161955516 132420 ‘m9 1 6 143 JOB 8 Oh! Si tu m’abritais dans le shéol, si tu m’y cachais, tant que dure ta colére *, si tu me fixais un délai, pour te souvenir ensuite de moi : ‘4— car, une fois mort, peut-on revivre ? — tous les jours de mon service j'attendrais, jusqu’a ce que vienne ma reléve, Tu appellerais et je te répondrais ; tu voudrais revoir I’ceuvre de tes mains. 1 Tandis que maintenant tu comptes tous mes pas, tu n’observerais plus mon péché, tu scellerais ma transgression dans un sachet et tu couvrirais ma faute. 18 Hélas ! Comme une montagne finit par s’écrouler *, le rocher par changer de place, ?T’eau par user les pierres, Paverse® par emporter la poussiére du sol, ainsi, espoir de homme, tu l’anéantis. * Tu le terrasses pour toujours et il s’en va; tu le défigures, puis tu le congédies. 2! Ses fils sont-ils honorés, il n’en sait rien ; sont-ils méprisés, il ne s’en rend pas compte. 211 n'a de souffrance que pour son corps, il ne se lamente que sur lui-méme 4, 2. DEUXIEME CYCLE DE DISCOURS Job se condamne par son langage. 15 ' Eliphaz de Téman prit la parole et dit : 2 Un sage répond-il par des raisons en l’air et se repait-il d’un vent d’est ? 5 Se défend-il avec des mots inutiles et des discours sans profit ? ‘Tu fais plus : tu supprimes la piété, tu discrédites les pieux entretiens * devant Dieu. 5 Ta faute te dicte de telles paroles et tu choisis le langage des gens habiles. °Ta propre bouche te condamne, et non pas moi, tes levres mémes témoignent contre toi a) 1 n'est pas dit expressément que ce séjour au shéol ‘suivrait la mort et que Job reviendrait ensuite a la vie. ‘Seule la situation imaginée Srocns par clle-méme cette rossibilité. Job aux abois se prend a espérer un abri dans. fe seul sejour auquel | puisse penser en dehors de la tar le ciel est réserve & Dieu, cf. Ps 115 16, Si Job ‘se cacher quelque part, le temps que se décharge fr fureur divine dt rencontrerit ensuite de nouveau le se d'un Dieu favorable, Cette situation est dévelop- ve aux W. 14-17 : d'un céré Job attendant sa « reléve » ; Ue Tautre Diew qui, st colere passé, de revoir Job. Ex il ne serait plus question de péché, aprés le pardon rude fates poles, «finit par s'écrouler » grec, syr.; «en tombant se Bet ibe ) «averse » schipah con. ; hébr. sepihéha doit re cor rompu. 4) Litt. «sa nephesh se lamente sur lui» cf. Ps 6 54. = Lhomme, au shéol, garde done une certaine conscience de soi, CE: Nb 1633+, Ou bien T'auteur veut dire que cette ombre n'a de pensée et de peine que pour elle.méme ; ou bien qu'elle se souvient avec regret de son existence charm ¢) On tracluit ainsi un mot qui scion Taplin, de Vcsprit aux réalités religicuses tout en gardant la notion de parole : la méditation et l'étude de la Loi se faisaient en murmurant les mots du texte. f} Job se trabit, pat son langage +. es protestations innocence teahissent le souci de dissimuler une faute. 824 JOB 1528 7 Es-tu né Je premier des hommes? sor Est-ce qu’on tenfanta avant les collines*? P85 8 As-tu écouté au conseil de Dieu HBB; et accaparé la sagesse ? mi ° Que sais-tu que nous ne sachions, que comprends-tu qui nous dépasse ? . 101] y a méme parmi nous une téte chenue, un vieillard, chargé d’ans plus que ton pére. \\Fais-tu peu de cas de ces consolations divines et du ton modéré de nos paroles ? 2 Comme la passion t’emporte ! Et quels yeux tu roules, 5 quand mu tournes contre Dieu ta colére en proférant tes discours ! Comment I’homme serait-il pur *, 418 resterait-il juste, l'enfant de la femme ? coal '5 A ses Saints mémes Dieu ne fait pas confiance, et les Cieux ne sont pas purs a ses yeux. ‘6 Combien moins cet étre abominable et corrompu, Thomme, qui boit Piniquité comme I’eau ! M7 7 Je veux t’i instruire, Ecoute-moi, et ce que j’ai vu, je vais te le raconter, 18 ce que disent les sages, ce qu’ils ne cachent pas, et qui vient de leurs péres, 88:10 194 qui seuls fut donné le pays, mars sans qu’aucun étranger fut passé parmi eux. ?« La vie du méchant est un tourment continuel, seis les années réservées au tyran sont comptées. 21 Le cri d’alarme résonne 4 ses oreilles, Bn en pleine paix le dévastateur fond sur lui. 211 ne croit plus échapper aux ténébres car on le guette pour l’épée, 2 assigné en pature au vautour. Il sait que sa ruine est imminente *. L’heure des ténébres **]’épouvante, la détresse et I’angoisse l’envahissent, comme lorsqu’un roi s’appréte a I’assaut. 1] levait la main contre Dieu, il osait braver Shaddai ! 6Tl fongait sur lui la téte baissée, avec un bouclier aux bosses massives. 7 Son visage | s’était couvert de graisse, Psi710 Je lard s’était accumulé sur ses reins. Tl avait occupé des villes détruites, des maisons inhabitées et prétes a tomber en ruines ; a) La premiére question oppose & Job le premier homme, qui aurait pu, lui, se poser en maitre ie oe La seconde, en a fortiori, semble lui opposer la Sa clleememe, enfantée avant les collines, Pr 8 25, et des lors présente au conseil de Dieu, Pr 8 22-31; cf. Jb 28 (23-37; Sg 8 3-4. 5) Eliphaz reprend son propos antérieur, 4 17, et celui de Job, 14 4, mais dans un autre sens. L’impureté radi- cale de homme nest plus regardée comme la raison de son instabilité, 4 17-19, ni comme Texcuse de fautes inévitables, 14 1-4, mais comme la racine de péchés gare, gal shousiient & Teka» " ©) «assigné» mé'ad conj «il ere» noded Bee dvemours geet b weeding © Tae te fautive. - «sa ruine » grec ; « sa main » hébr. 825 67 567 BID P28 a68 7039 ids 1529 JOB 2° mais il ne s’enrichira pas, sa fortune ne tiendra pas, il ne couvrira plus le pays de son ombre*, °°(i n’échappera pas aux ténébres), la flamme desséchera ses jeunes pousses, sa fleur sera emportée par le vent *. 31 Qu’il ne se fie pas 4 sa taille devées, car il se ferait illusion. 32 Avant le temps se flétriront ses palmes 4 et ses rameaux ne reverdiront plus. > Comme une vigne il secouera ses fruits verts, il rejettera, tel l’olivier, sa floraison. 4 Oui, l’engeance de l’impie est stérile, un feu dévore la tente de l'homme vénal. > Qui congoit la peine engendre le malheur et prépare en soi un fruit de déception ©. » De Y’injustice des hommes 8 Ia justice de Dieu. 16 1Job prit la parole et dit : 2 Que de fois ai-je entendu de tels propos, et quels pénibles consolateurs vous faites ! 3«Y aura-t-il une fin a ces paroles en lair ? » Ou encore : « Quel mal te pousse a te défendre ? » *Oh ! moi aussi, je saurais parler comme vous, si vous étiez 4 ma place ; je pourrais vous accabler f de discours en hochant la téte sur vous #, 5 vous réconforter en paroles, puis cesser d’agiter les lévres. © Mais quand je parle, ma souffrance ne cesse pas, si je me tais, en quoi disparait-elle * ? ? Et maintenant elle me pousse a bout ; tu as frappé d’horreur tout mon entourage Set il me presse, mon calomniateur’ s'est fait mon témoin, il se dresse contre moi, il m’accuse en face ; %sa colére déchire et me poursuit, en montrant des dents grincantes. Mes adversaires aiguisent sur moi leurs regards, 1 ouvrent une bouche menacante. Leurs railleries m’atteignent comme des soufflets ; ensemble ils s’ameutent contre moi. 1 Oui, Dieu m’a livré a des injustes’, entre les mains des méchants, il m’a jeté. 2) » grec; Phébr, a un mot inconnu. ) Le premier répétition partielle du v. 22a, doit ‘corruption d'un autre texte. - « st sera emportée » prime nit‘ah litt. «il est €garé d)_ «se flétriront » versions; « sera rempli » hébr.— « ses palmes > : en lisant timoraté le mot temiiraté en surplus dans le v. précédent. ¢) Le méme principe est formulé sous une forme iden- tigue en Is 59 4, presque identique en Ps 7 15; il ex Gnoncé avec une image difiérente en 4 8; 5 6; Pr 22 8. CE aussi, mais avec un élargissement eschatologique, 5 Sent a son cas qu’en parol FH eaccabler»‘kbidah con; «disposer »‘ahbfah her. 8) Geste, soit de e, soit de mépris ou de Imoquerie. 1) Ala différence de ses consolateurs qui ne s'intéres. paroles, Job soutfre sans répit, qu'il parle ou qu'l staise I justifie ainsi le ton de ses propos, CL 6 26, contre Bliphaz, ef. 15 5-6. 1) «mon calomniateur > lit. cmon menteur », kehasht cconj.; «ma maigreur » kahashi hébr. ~ Les wy. 7-8 sont tes dificiles ; la traduction suit de prés le TM (sauf la core signals), mais celui est peut re contom j) «des injustes », litt, «un injuste» ( ver~ sions; « un gamin > hébr. 826 JOR 7 "Je vivais tranquille quand il m’a fait chanceler, saisi par la nuque pour me briser. Ila fait de moi sa cible : Dil me cerne de ses traits, transperce mes reins sans pitié et répand a terre mon fiel. 447] ouvre en moi bréche sur bréche, fonce sur moi tel un guerrier. 15J’ai cousu un sac sur ma peau, jeté mon front dans la poussiére. 16 Mon visage est rougi par les larmes et l’ombre couvre mes paupiéres. 17 Pourtant, point de violence dans mes mains, et ma priére est pure. 180 terre, ne couvre point mon sang *, et que mon cri monte sans arrét. ApB4 19Dés maintenant, j’ai dans les cieux un témoin, Ja-haut se tient mon défenseur. 19+ 2 Interpréte de mes pensées auprés de Dieu, devant qui coulent mes larmes *, 21 qu’il plaide la cause d’un homme aux prises avec Dieu, comme un mortel défend son semblable. 22 Car mes années de vie sont comptées, et je m’en vais par le chemin sans retour‘. 2 17 1Mon souffle en moi s’épuise et les fossoyeurs pour moi s’assemblent “. ony 2Je n'ai pour compagnons que des railleurs, dont la dureté obséde mes veilles. > Place donc toi-méme ma caution prés de toi, car lequel voudrait toper dans ma main *? 4Tu as fermé leur cceur a la raison, aussi tu ne les laisseras pas triompher ‘ Tel celui qui invite des amis a un partage, quand les yeux de ses fils languissent, 6je suis devenu la fable* des gens, 09 quelqu’un a qui l’on crache au visage. 7 Mes yeux s’éteignent de chagrin, tous mes membres sont comme l’ombre. a) Le sang crie vengeance vers Dieu tant qu'il Sin pes ‘é recouvert par la poussiére du sol, Gn 4 10; 37 26; Is 26 21; Ez 24 8. Job blessé & mort veut que subsiste un appel permanent a la vengeance de sa cause, cf, Ps 5 1, son sang sur la terre et pres de Dieu le cri de sa priére. Celle-ci est ée et, d ce titre, peut devenir aupris de Dieu « le témoin » et le « défenseur » de Job, vy. 19. Mais on peut aussi appliquer ces termes a Diew Ini-méme, le Dieu de fidélité et de bomté a qui Job en appellerait dans un sursaut d’espérance. On peut encore penser qu’il s’agit d'un médiateur de Job. Le contexte semble plutdt en faveur de la premigze inter- pretation. ) « interpréte » melig_ conj rim hébr. — «s'essemblent », niz'agd conj.; «ste. fgnent » niz‘aka hébr. L’hébr. pourrait se comprendre litt, « mon souffle s'épuise, mes jours s’ételgnent, pour ‘moi les tombes ». ¢) Usage juridique, Par ce geste, cf. Pr 6 1; 17 18; 22 26; Si 29 14-20, le garant se substituait & "homme endetté pour arréter la saisie, et tune caution. Devant lindifférence de ses amis, Job semble demandet a Dieu de se faire lui-méme son garant. Le verbe hébr. a ici une forme contractée (teromem our teromemem). : 8) fable» versions; « pour dominer »hébr. (woea- sation fautive). 827 178 WRI 31726: 867 LT Jn8l2+ JOB SA cette vue, les hommes droits restent stupéfaits *, Tinnocent s’indigne contre l'impie ; ° le juste s’affermit dans ses voies, homme aux mains pures redouble d’énergie. 1 Allons, vous tous, revenez a la charge, et je ne trouverai pas un sage parmi vous ! '! Mes jours ont fui, avec mes projets *, et les fibres de mon coeur sont rompues. 2Qn veut faire de la nuit le jour; la lumiere serait plus proche que les ténébres. ‘5 Or mon espoir, c’est d’habiter le shéol, @étendre ma couche dans les ténébres. NJe crie au sépulcre : « Tu es mon pére! I» a la vermine : « C’est toi ma mére et ma sceur! » ‘5 Od donc est-elle, mon espérance ? Et mon bonheur, qui l'apersoit ? '6Vont-ils descendre 4 mes cétés au shéol, sombrer de méme dans ma poussiére 4? La colére ne peut rien contre ordre de Ia justice, 18 mrs 169.10 313510 nbz P1837 Prd P3578; 106 1521 sei7104 'Bildad de Shuah prit la parole et dit : 2Jusqu’a quand mettrez-vous des entraves aux discours ? Réfléchissez, puis nous parlerons ¢. } Pourquoi nous considéres-tu comme des bétes, Passons-nous a tes yeux pour des gens bornés !? +O toi qui te déchires dans ta colére, la terre a cause de toi sera-t-elle abandonnée et les rochers quitteront-ils leur place ? > La lumiére du mechant doit s’éteindre, sa flamme ardente ne plus briller. La lumiére s’assombrit sous sa tente, sa lampe au-dessus de lui s’éteint. 7 Ses pas vigoureux se rétrécissent, ses propres desseins le font trébucher. 8 Car ses pieds le jettent dans un filet et il avance parmi les rets. ° Un lacet le saisit au talon et le piége se referme sur lui. 10 Le nceud pour le prendre est caché en terre, une trappe l’attend sur le sentier. 1! De toutes parts des terreurs I’épouvantent et elles le suivent pas a pas. "2 En pleine vigueur, il est affamés, le malheur se tient a ses cétés. 1 Le mal dévore sa peau, le Premier-né de la Mort‘ ronge ses membres. a) Expression biblique du saisissement que provoque le cchitiment divin des coupables chez ceux qui en sont ‘témoins. Ainsi les amis de Job : a la vue de ses maux, ils s'édifient sur la justice de Dieu, selon les idées regues, Job raillecerte sagesse et cette piécé convenes ‘b} «avec mes projets » con). ; Vhébr. fait de « projets » Je sujet du verbe suivant. ¢) «mon bonheur » grec; hébr. répéte «mon espé- ance». 4) «mes cétés » grec ; « aux verrous (du shéol) » hébr. = « sombrer » grec: «le repos » hébr. (simple corr. voc lique). ¢) Ce'v. doit s'adresser & Cophar et a Fliphaz, A) Litt, « bouchés», d’aprés, Phebe teens «En plenevigueur » bend, con): ond heb } « Le mal dévore » yeakel bidway conj.; « il dévore des morceaux (de la peau) » yo'kal badde hebr. ‘) Sans doute la plus grave des maladies : la peste. 828 JOB 1914 On Tarrache & 'abri de sa tente, et tu le traineras chez le roi des frayeurs * Tu peux habiter la tente qui n'est plus la sienne, et Pon répand du soufre sur son bercail *, payer © En bas ses racines se desséchent, mus en haut se flétrit sa ramure. 17 Son souvenir disparait du pays, BGM son nom s’efface dans la contrée. 18 Poussé de la lumiére aux ténébres, il se voit banni de la terre. 1911 n’a ni lignée ni postérité parmi son peuple, Psy728 aucun survivant en ses lieux de séjour. 20Sa fin frappe de stupeur ]’Occident et ’Orient est saisi d’effroi. 21 Point d’autre sort pour les demeures de I’injustice. Voila ce que devient le lieu de quiconque méconnait Dieu. Le triomphe de la foi dans l’'abandon de Dieu et des hommes. 19 1Job prit la parole et dit : 2Jusqu’a quand allez-vous me tourmenter et m’écraser par vos discours ? 3 Voila dix fois que vous m’insultez et me | malmenez sans vergogne. + Méme si je m’étais égaré, mon ¢garement resterait cn moi seul 5 Mais, en vérité, quand vous pensez triompher de moi et m’imputer mon opprobre, ®sachez que Dieu lui-méme m’a fait du tort et enveloppé de son filet ¢. 7Si je crie a la violence, pas de réponse ; Lns79 si j’en appelle, point de jugement. STl a dressé sur ma route un mur infranchissable, mis des ténébres sur mes sentiers. °11 m’a dépouillé de ma gloire, au 6té la couronne de ma téte. alle 101] me sape de toutes parts pour me faire disparaitre ; MisITS il déracine comme un arbre mon espérance. "Enflammé de colére contre moi, il me considére comme son adversaire. 3310 ” Ensemble ses troupes sont arrivées ; elles ont frayé vers moi leur chemin d’approche, campé autour de ma tente. > Mes fréres, il les a écartés de moi, PBL, mes relations s'appliquent 4 m’éviter. oe 44 Mes proches et mes familiers ont disparu, cf. Dt 29 22; Is 349; Ps 11 6, et peut-étre ici 42) Personnage de la mythologie orientale et grecque (Nergal, Pluton, etc.) qui semble ici commander a des cesprits infernaux, sortes de Furies qui s'achament sur ccriminels, déj 5) Traduction lit. (On pourrait érre : tente » (toshkan mabbel au lieu de tishkan mibleli 16), & cause du parallélisme avec le soufre, symbole de sté desinfectant. ©) Un égarement qu'excuserait la souffrance, cf. 6 24=. Gree ajoute : « en pronongant des mots qui ne convien~ nent pas, avec des paroles qui s'égarent et sont intem- Pestives ». d) Ex non pas Job qui se prend lui-méme au filet de ses fautes, cf. 188. 829

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