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Droit Commercial

Semestre 4
Sciences économiques et gestion
Professeur : Farouk ZERHOUNI

Leçon n°4 : Les obligations du


commerçant

Les commerçants obéissent à des obligations légales particulières et supportent


le poids de la responsabilité de leur activité. Sans préjudice de la nécessité de
conditions susceptibles de garantir la régularité du marché et la sauvegarde de
l’ordre public économique.

L’entreprise commerciale exerce son activité dans un contexte économique et


social qui l’influence et sur lequel réciproquement elle agit. Afin de protéger
l’entreprise et les tiers qui traitent avec elle contre les risques du commerce, la
loi a prévu des protections légales qui créent pour l’entreprise commerciale des
obligations diverses émanant de la nécessité d’informer correctement tous ceux
qui peuvent avoir des relations commerciales avec elle, les particuliers,
l’administration et la justice.

Si l’immatriculation de l’entreprise au niveau de divers organismes dont


notamment au niveau du registre de commerce et autres fait partie des
obligations de publicité légale obligatoire (I), il en va aussi pour les obligations
comptables par la tenue d’une comptabilité appropriée conforme aux exigences
légales (II) sans oublier d’autres obligations (III) qui sont elles aussi d’une
importance capitale tel que l’ouverture d’un compte bancaire.

I. Les obligations de publicité légale

Tout commerçant dans le cadre de l’exercice de son activité est en contact


permanant avec sa clientèle mais aussi avec les différentes administrations
publiques. Il devient donc nécessaire que ces derniers aient un minimum
d’informations concernant ce commerçant pour pouvoir pérenniser leurs
relations.

Ces obligations sont destinées à fournir aux tiers des informations sur
l’entreprise. Elles consistent en des formalités qui s’effectuent essentiellement
lors de la création de l’entreprise, mais aussi au cours de sa vie, si certains
éléments initialement fournis sont modifiés.

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A. Le registre de commerce

La publicité a pour objet de faire connaître aux tiers l’identité du


commerçant, à son domaine d’activité. Elle se fait principalement par une
inscription au registre du commerce. Il est public et toute personne intéressée
peut le consulter.

Le registre du commerce est un service du greffe du tribunal de commerce qui


regroupe certains renseignements concernant les commerçants individuels et les
sociétés. Son organisation repose sur une structure qui comprend l’ensemble du
territoire national et qui étend la portée de sa publicité sur toutes les entreprises
qui y sont installées. Il est au cœur du droit commercial vu qu’il est un passage
obligé pour intégrer le monde des affaires.

Le registre de commerce peut être défini comme étant le registre qui regroupe
différentes informations légales auxquelles sont tenus les commerçants (qu’il
s’agisse des personnes morales ou des personnes physiques). Il s’agit en quelque
sorte du casier judiciaire du droit des affaires, qui reçoit et diffuse certaines
informations légales. Son rôle est d’informer les différents protagonistes du
monde des affaires sur la situation des commerçants. Ces informations sont
traitées afin d’être fiable sur la base des déclarations du commerçant tout au long
de la vie de l’entreprise, que ça soit au niveau de l’immatriculation (1), qu’il
s’agisse de déclaration modificatives (2) ou de déclarations de radiation (3).

1. Les déclarations au niveau du registre de commerce

Le registre de commerce est alimenté par les déclarations imposés aux


assujettis conformément aux lois en vigueur. Ces déclarations ont pour finalité :

o L’immatriculation (a) ;
o La modification (b) et ;
o La radiation (c).

a) La déclaration aux fins d’immatriculation.

La déclaration d’inscription au registre de commerce est d’une importance


capitale vu qu’elle confère une présomption de commercialité aux personnes
physiques et la personnalité morale aux sociétés.

De ce fait, tout nouveau commerçant doit fournir des renseignements qui

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concernent :

▪ La situation juridique du futur commerçant, son état civil, sa forme


juridique, sa durée, l’identité des dirigeants pour les sociétés ;
▪ L’origine du fonds de commerce, l’enseigne, l’identité des fondés de
pouvoirs ;
▪ L’objet de la société
▪ L’adresse du lieu d’exploitation, du siège social, des succursales ;
▪ Le montant du capital social, la forme juridique de la société ;
▪ La nature de l’activité.

En conséquence à cela, un numéro d’immatriculation au registre de commerce


est attribué à l’entreprise.

L’inscription au registre de commerce a des conséquences juridiques :

✓ Le numéro d’inscription au registre de commerce doit être mentionné sur


tous les documents de l’entreprise : facture, lettres, publicité… afin que
les tiers le connaissant puissent obtenir du registre de commerce les
renseignements qui leurs sont utiles.
✓ Les sociétés ont la personnalité morale à dater de leur inscription au
registre de commerce.

En dernier il y a lieu de signaler que les personnes assujetties à


l’immatriculation, ou leurs mandataires, encourent une amende de 1.000,00 à
5.000,00 MAD s’ils ne remettent pas la déclaration d’immatriculation ou
d’inscription à l’expiration du délai d’un mois à compter de la mise en demeure
adressée par l’administration, et une peine d’emprisonnement d’un mois à un an
(en plus de l’amende) si l’indication inexacte en vue de l’immatriculation ou de
l’inscription au registre du commerce est donnée de mauvaise foi.

b) Les déclarations modificatives.

Le principe général de fonctionnement du registre de commerce est qu’il


est déclaratif. En conséquence, c’est au commerçant qu’incombe toute
modification, survenant dans les caractères de l’entreprise1.

1
Article 50 du code de commerce dispose : « Tout changement ou modification se rapportant aux faits dont
l'inscription sur le registre du commerce est prescrite par les articles 42 à 48 doit faire l'objet d'une demande
d'inscription modificative. »

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Cette modification doit donner lieu à une déclaration modificative au niveau du


registre de commerce, il s’agira par exemple du changement de gérant d’une
SARL, le changement de siège social, etc….

c) Les déclarations de radiation.

Il en va de même pour la déclaration de radiation qui est également déclarative.


Elle consiste à rayer l’immatriculation du commerçant du registre de commerce.

Toute entreprise cessant son activité doit demander sa radiation du registre de


commerce dans le mois qui suit la cessation d’activité ou la liquidation.

La radiation peut être requise par le commerçant, par ses héritiers, par le
liquidateur, par les gérants ou les membres des organes d'administration, de
direction ou de gestion de la société en fonction au moment de sa dissolution.

2. Structure du registre de commerce

Le registre du commerce est constitué par des registres locaux (a) et un registre central
(b).
a) Le registre local

Le registre local est tenu par le secrétariat-greffe du tribunal compétent. Toute


inscription au registre du commerce d’un nom de commerçant ou d’une dénomination
commerciale doit être effectuée au secrétariat-greffe du tribunal du lieu de situation de
l’établissement principal du commerçant ou du siège de la société.

b) Le registre central

Le registre central est destiné à centraliser, pour l’ensemble du royaume, les


renseignements mentionnés dans les divers registres locaux, à délivrer les certificats
relatifs aux inscriptions qui y sont portées. Ce registre est tenu par l’Office Marocain de
la Propriété Industrielle et Commerciale (l’OMPIC).

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B. Les autres obligations de publicité

1. Information des organismes sociaux

L’entreprise doit s’affilier aux différents régimes de la sécurité sociale :

➢ Régime général pour les salariés de l’entreprise ;


➢ Régime de retraite.

2. Information des services fiscaux

Le commerçant doit se faire connaître de l’administration fiscale pour payer les


impôts directs et indirects. Au cours de la vie de l’entreprise, il devra informer
le centre des impôts de toute modification des caractères de l’entreprise qui le
concerne (changement de siège social, de forme juridique, par exemple), et de
sa volonté de modifier son régime d’imposition.

II. Les obligations comptables

L’entreprise commerciale doit tenir une comptabilité conformément aux


règles énoncées par la loi comptable2 mais aussi au niveau du code de commerce
dont notamment les articles 19 à 26. Ces dispositions imposent la tenue de
certains livres comptables et des procédures d’enregistrement et de contrôle.

A. Objet et justification de l’obligation comptable

Le lien de cette réglementation avec le respect des obligations fiscales des


entreprises donne à l’obligation de comptabilité une tournure technique stricte
en rapport avec les intérêts qu’elle comporte. A travers l’article 1er de la loi n°9-
88, il apparait clairement que les commerçants doivent procéder à
l’enregistrement comptable des mouvements affectant le passif et l’actif de
l’entreprise commerciale. Ces mouvements doivent être inscrits
chronologiquement opération par opération et ce, de manière journalière.

Sur le plan fiscal, la comptabilité est directement utilisée pour déterminer


l’assiette des impôts et le montant de la redevance.

B. Les supports comptables


2
La loi n° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants publiée au Bulletin officiel du 30 décembre
1992, telle que modifiée et complétée par la loi n° 44-03 ;

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1. Les livres comptables obligatoires

Trois livres doivent obligatoirement être tenus par les commerçants :

➢ Le livre journal sert à enregistrer toutes les opérations effectuées par


l’entreprise au jour le jour.
➢ Le grand livre permet de classer méthodiquement dans des comptes
ouverts les écritures portées chronologiquement au livre journal.
➢ Le livre inventaire sur lequel on reporte chaque année l’inventaire, le
bilan le compte de résultat et l’annexe.

2. Tenue des livres de commerce

Le livre journal et le livre d’inventaire doivent être tenus chronologiquement,


sans blanc, ni altération. Ils doivent être cotés et paraphés par le greffier du
tribunal de première instance. Ces précautions permettent d’éviter des
modifications frauduleuses de comptabilité qui pourraient être faites soit pour
tromper le fisc, soit pour tromper la justice, les livres comptables servant de
preuve aux commerçants.

3. Les documents de synthèse

A partir de ses livres comptables, l’entreprise doit établir des documents annuels
à la fin de son exercice. Ces documents comprennent le bilan, le comte de
résultat et une annexe.
➢ Le bilan : il décrit séparément les éléments actifs et passifs de l’entreprise,
et fait apparaître, de façon distincte, les capitaux propres.
➢ Le compte de résultat : il récapitule les produits et les charges de
l’exercice et permet donc, par différence, de déterminer le résultat de
l’exercice.
➢ L’annexe : elle complète et commente les informations fournies par le
bilan et le compte de résultat.

En dernier, il y a lieu de préciser que la comptabilité est d’une importance


capitale dans les procès ; elle est admise par le juge pour faire preuve entre
commerçants à raison des faits de commerce. En cas de litige entre commerçants
à propos de leurs affaires commerciales, chacun peut invoquer ses propres
documents comptables pour faire preuve contre l’autre.

De plus, il y a lieu de préciser que tout commerçant doit conserver les documents
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comptables et de la correspondance pendant 10 ans, car ce sont des moyens de


preuve valables en droit commercial et ce, en application de l’article 211 du
code général des impôts.

III. Obligations fonctionnelles

A. L’obligation d’ouverture d’un compte bancaire

Tout commerçant doit obligatoirement utiliser un compte-chèques pour


recevoir ou effectuer certains payements. En effet, les règlement importants
(supérieur à 20.000,00 MAD) doivent légalement être payés par chèque. Cela
permet à l’administration fiscale d’opérer un contrôle plus sûr que si les
règlements étaient réalisés en espèces.

Le commerçant a l’obligation d’ouvrir un compte dans un établissement


bancaire ou dans un centre de chèques postaux et ce conformément à l’article
18 du code de commerce qui dispose : « Tout commerçant, pour les besoins de
son commerce, a l'obligation d'ouvrir un compte dans un établissement
bancaire ou dans un centre de chèques postaux. »

B. Obligations de mentionner le numéro et le lieu d’immatriculation

Les commerçants sont tenus de mentionner dans les factures, lettres, bons
de commande, tarifs, prospectus et autres papiers de commerce destinés aux
tiers, le numéro et le lieu de son immatriculation au registre.

A défaut de mentionner ces données, une amende de 1.000,00 à 5.000,00 MAD


peut être prononcée lorsque les commerçants ne mentionnent pas sur les papiers
commerciaux le numéro et le lieu d’immatriculation de commerce. L’amende
est prononcée par le tribunal dans le ressort duquel se trouve l’intéressé. La
même sanction peut être prononcée lorsque les commerçants de mauvaise foi
insèrent dans les papiers de commerce des fausses indications.

C. Obligations fiscales

En sus, de ces obligations, l’entreprise commerciale doit s’acquitter de plusieurs


types d’impôts sur les bénéfices (IS, IR) ; la patente ; la TVA.

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