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Ostéopathie

pédiatrique
Dans la même collection
L’anneau pelvien
T. Liévois
ISBN : 2-84299-738-7

Diagnostic ostéopathique général


A. Croibier
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Le thorax : manipulations viscérales


J.-P. Barral
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Ostéopathie. Principes et applications


ostéoarticulaires
O. Auquier
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Du même auteur
L’Odyssée de l’iliaque. Paris : Spek éd., 1985
Le B.A.BA du crânien. Paris : Spek éd., 1986
La thérapie craniosacrée chez l’enfant, Paris : Spek éd., 1988
C0, C1, C2, Données physiologiques et normalisations. Paris :
Spek éd., 1989
Normaliser la colonne sans « manipulation vertébrale ». Paris :
Spek éd., 1994
Approche ostéopathique des plagiocéphalies avec ou sans torticolis.
Paris : Spek éd., 2004
Ostéopathie
pédiatrique
Nicette Sergueef

Préface
Harold Magoun Jr
Nicette Sergueef
Kinésithérapeute, Ostéopathe,
Associate Professor,
Midwestern University, Chicago College of Osteopathic Medicine
Department of Osteopathic Manipulative Medicine
555 31st Street
Downers Grove, IL 60515 USA

Ostéopathie pédiatrique
Responsable éditorial : Marie-José Rouquette
Éditeur : Peggy Lemaire
Chef de projet : Aude Cauchet
Conception graphique et maquette de couverture : Véronique Lentaigne
Illustrations de couverture : © Nicette Sergueef
Illustrations et dessins intérieur : © Éléonore Lamoglia, en pages : 6-9, 17, 20, 23, 24, 26, 28, 51, 84, 85, 90-
93, 95, 97, 99, 100, 106, 107, 120, 121, 129, 132, 134, 136, 137, 139, 173, 259, 271, 284, 294, 332, 405, 408
Photographies : © Nicette Sergueef, en pages : 29, 55, 123, 141, 150, 156, 157, 158, 162, 163, 164, 167, 168,
169, 171, 172, 183, 184, 190, 200-248, 258, 261, 290.
Les illustrations et dessins intérieur sont aussi extraits et adaptés des livres suivants : Gray’s Anatomie pour
les étudiants. Paris : Elsevier 2006. Gray’s anatomy, 38th ed. Edinburgh : Churchill Livingstoneþ; 1995.
L’encyclopédie médico-chirurgicale. Paris : Elsevier. The Journal of Bone and Joint Surgery (Br) en page 268.
Bosma J, Oral and pharyngeal development and function, J Deut Res 1963, en page 49. Toutes les illustra-
tions sont reproduites avec l’aimable autorisation des éditeurs.

© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


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Photocomposition : MCP, 45774 Saran cedex (France) ISBN : 978-2-84299-917-9


Imprimé en Italie par Printer Trento, 38100 Trento ISSN : 1768-1995
Dépôt légal : janvier 2010
Avant-propos
Dans l’écriture de cet ouvrage, je me pas encore perturbés par la multiplicité
suis appliquée à présenter au lecteur une des dysfonctions, traumatismes et sché-
approche logique du traitement ostéopa- mas de compensation que la vie distribue
thique des nourrissons, des enfants et des à chacun d’entre nous. Dès lors, les
adolescents. Ce texte représente trente modèles de ces jeunes patients sont plus
années de pratique clinique complétées faciles à comprendre que les modèles ren-
par une revue minutieuse de la littérature contrés chez les adultes où le temps a
scientifique. J’ai essayé de fournir les bases favorisé l’accumulation de dysfonctions
anatomiques qui permettent d’expliquer surajoutées les unes aux autres. Si le pra-
les dysfonctions somatiques, afin que le ticien comprend ce qui se passe chez
lecteur comprenne le raisonnement logi- l’enfant, il peut alors comprendre plus
que conduisant à l’application efficace des facilement le corps de l’adulte.
procédures ostéopathiques dans les traite- L’usage des principes de l’ostéopathie
ments pédiatriques. crânienne dans le traitement des bébés,
L’ostéopathie propose une approche des enfants et, à un moindre degré, des
holistique du patient, et ce livre, bien que adolescents est particulièrement appro-
centré sur les principes de l’ostéopathie prié. Anatomiquement, ces sujets n’ont
crânienne, suit cette philosophie : tous pas terminé leur croissance. Leurs sutures
les tissus du corps sont fonctionnelle- n’ont pas fusionné et leurs os ne sont pas
ment reliés. Par conséquent, le praticien complètement ossifiés. Leur anatomie est
ne traite pas seulement le crâne. Chaque dans un tel état de vitalité que non seule-
partie du corps où est identifiée une dys- ment les dysfonctions somatiques peu-
fonction somatique doit être traitée. vent être normalisées, mais les effets
De nombreux modèles sont déve- provoqués chez le patient par ces dys-
loppés et enseignés dans l’approche thé- fonctions sont souvent réversibles. Par
rapeutique manuelle. Toutefois, il n’y a conséquent, chez ces sujets, l’issue à long
qu’une vérité, et cette vérité est la vérité terme d’un traitement adapté revêt une
du corps ; elle est basée sur l’anatomie. En importance primordiale. Le fantastique
fait, dans la pléthore des modèles mani- potentiel de croissance des os, des articu-
pulatifs, une analyse attentive révèle que lations, et des structures myofasciales
les différents modèles représentent des doit démarrer sur de bonnes bases pour
descriptions des mêmes processus dys- une fonction optimale pendant l’en-
fonctionnels. La particularité de l’ostéo- fance, puis le reste de la vie.
pathie pédiatrique est que l’enfant De surcroît, en tant que patients, les
présente des modèles fonctionnels et dys- bébés et les enfants sont psychologique-
fonctionnels fondamentaux qui ne sont ment uniques. Ce ne sont pas de simples
versions réduites des adultes. Ils n’ont qu’ils répondent rapidement au traite-
pas encore développé d’espoir sur ce que ment. En fait, cette qualité renforce la
le thérapeute peut leur apporter. En nécessité d’une réévaluation du sujet qui
revanche, ils sentent leur malaise et sont ne répond pas rapidement au traitement.
parfaitement conscients de ce qui est Cela dit, il faut aussi reconnaître que les
tenté pour les soulager. Instinctivement, procédures ostéopathiques peuvent être
ils sentent ce qui est juste, et sont de ce employées pour traiter des dysfonctions
fait les meilleurs professeurs pour qui somatiques qui souvent compliquent des
veut bien être attentif à leurs réponses. conditions médicales spécifiques et sou-
Rien dans ce livre n’a pour but de rem- vent chroniques. Dans ce cas, le traite-
placer un avis et un traitement médical ment de la dysfonction somatique doit
adéquat. L’ostéopathie n’est pas une être considéré comme un adjuvant au
panacée. Les procédures ostéopathiques traitement médical habituel.
traitent les dysfonctions somatiques et Mon souhait est que ce texte facilite la
seulement les dysfonctions somatiques. compréhension de l’impact significatif
L’élimination des dysfonctions permet des dysfonctions somatiques sur la popu-
aux capacités d’autoguérison du corps lation pédiatrique, et que son contenu
humain de fonctionner de manière opti- aide le lecteur à traiter efficacement ces
male. Quand le traitement est efficace, la jeunes sujets. L’ostéopathie offre aux jeu-
réponse est rapide et unéquivoque. Une nes patients la capacité de répondre le
absence de réponse indique au praticien plus efficacement possible aux dysfonc-
qu’il doit reconsidérer son diagnostic et tions et de développer un corps d’adulte
chercher la consultation et le traitement sain et fonctionnel.
adéquats
L’approche ostéopathique est bien
indiquée chez les jeunes patients, parce Nicette Sergueef
Préface
Enfant, William Garner Sutherland était rement bien implantée en France. Mon
encouragé à « creuser » dans la parcelle père, l’auteur de Osteopathy in the Cranial
familiale où poussaient les pommes de Field fut l’un des premiers à enseigner en
terre. Il s’est rendu compte que plus il France il y a plus de quarante ans, et il eut
creusait, plus il était récompensé de creu- la satisfaction d’observer le fruit de ses
ser. Sa vie entière, il a conservé cette phi- efforts. Les ostéopathes français ont une
losophie. À l’école d’ostéopathie, en compréhension enthousiaste de l’ensei-
observant un crâne désarticulé, le Dr gnement à la fois de Still et de Suther-
W.-G. Sutherland est frappé par l’idée land, et à leur tour ils ont « creusé ». Non
que les surfaces articulaires sont con- seulement ils pratiquent l’ostéopathie,
çues pour le mouvement. Ne trouvant mais ils l’enseignent, et contribuent à la
aucun support pour cette idée, avec littérature ostéopathique. Nicette Ser-
beaucoup de bravoure, il expérimente gueef pratique et enseigne l’ostéopathie
sur sa propre tête, « creuse » et prouve depuis une trentaine d’années, à la fois
son « mouvement crânien ». Au début, en Europe et au Chicago College of
il ne traite que les adultes, mais devant Osteopathic Medicine. Elle est l’auteur de
son grand succès, les demandes affluent nombreux ouvrages d’ostéopathie en
pour traiter les nourrissons et les français, dont plusieurs ont été traduits
enfants. Il se porte volontaire pour tra- en allemand et en italien.
vailler dans un centre pour enfants han- Ostéopathie pédiatrique est la plus
dicapés, ce qui l’expose à de nombreux récente contribution de Nicette Ser-
cas cliniques, avec là encore beaucoup gueef. Elle traite de la totalité du sujet,
de succès. W.-G. Sutherland a minimisé depuis le processus de la naissance, du
sa contribution en disant qu’il « avait développement de l’enfant, au concept
seulement tiré de côté un rideau ». Mais crânien et à son application chez nos
quelle vue fantastique ce rideau a révélé ! jeunes patients ; elle va au-delà des limi-
L’ostéopathie craniosacrale a large- tes habituelles des considérations cranio-
ment contribué au domaine de la santé et sacrales pour aborder les nombreux
son impact le plus grand est certaine- problèmes cliniques qui peuvent affecter
ment l’aide apportée aux nourrissons et l’ensemble du corps lorsque ses différents
aux enfants pour leur permettre d’attein- constituants ne sont pas en harmonie.
dre leur plus grand potentiel, sans pour Cela constitue une importante contribu-
autant minimiser les bénéfices que peu- tion à la littérature ostéopathique.
vent retirer les adultes de cette thérapeu-
tique. Harold Magoun Jr.
L’ostéopathie s’est répandue à travers D.O., F.A.A.O., F.C.A., D.O. Ed. (Hon)
de nombreux pays ; elle est particuliè-
Abréviations
AOS apnées obstructives du sommeil OM otite de l’oreille moyenne
AP antéropostérieur OMA otite de l’oreille moyenne aiguë
ATM articulation temporomandibu- OME otite de l’oreille moyenne avec
laire épanchement
CCK cholécystokinine OO muscle orbiculaire de l’œil
CV4 compression du quatrième ventricule ORL oto-rhino-laryngologie
DDH déplacement développemental PBVE pied bot varus équin
de hanche PNS plagiocéphalie non synostotique
DT muscle dilatateur tubaire RGO reflux gastro-œsophagien
EIAS épine iliaque antérosupérieure RPS muscle releveur de la paupière
EIPS épine iliaque postérosupérieure supérieure
EVP muscle élévateur du voile du palais RVA rib-vertebra angle (angle
GALT gut associated lymphoid tissue costovertébral)
(tissu lymphoïde associé au tube SAS syndrome des apnées du sommeil
digestif) SCM muscle sternocléidomastoïdien
GI gastro-intestinal SIA scoliose idiopathique de l’adolescent
Ig immunoglobuline SIO sphincter inférieur de l’œsophage
IRC impulsion rythmique crânienne SNA système nerveux autonome
IRM imagerie par résonance magnétique SNC système nerveux central
MEO muscles extraoculaires SSB synchondrose sphénobasilaire
MRP mécanisme respiratoire primaire TMC torticolis musculaire congénital
NO nitric oxide (monoxye d’azote) TVP muscle tenseur du voile du palais
OIDA occipito-iliaque droit antérieur VIP vasoactive intestinal peptide (poly-
OIDP occipito-iliaque droit postérieur peptide intestinal vasoactif)
OIGA occipito-iliaque gauche antérieur VRS virus respiratoire syncytial
OIGP occipito-iliaque gauche postérieur
Chapitre 1

La naissance
et le nouveau-né

Fœtus à terme

Bassin maternel

Naissance
La naissance et le nouveau-né 3

Chapitre 1

La naissance
et le nouveau-né

The baby of today represents the man viscérocrâne, et le reste de la tête ou neuro-
of tomorrow. (B.E. Arbuckle) [1] crâne. Le viscérocrâne est beaucoup plus petit
que le neurocrâne. Il représente 1/8e du
(Le bébé d’aujourd’hui est l’homme
volume total de la tête, alors que, chez
de demain.)
l’adulte, il en forme la moitié.
Naître est à l’évidence l’un des événements les L’ossification est incomplète et les os de la
plus importants de la vie. C’est aussi parfois le base crânienne sont séparés par des espaces
moment où certaines de nos dysfonctions pri- cartilagineux nommés synchondroses. En
maires voient le jour, installées peut-être pour revanche, les os de la voûte crânienne ou
le reste de la vie. Un rappel des caractéristi- calvaria sont séparés par des espaces membra-
ques essentielles du fœtus à terme, du bassin neux, nommés sutures quand ils séparent
maternel, de l’environnement dans lequel le deux os, et fontanelles quand ils séparent trois
fœtus évolue, avec ses causes potentielles de ou quatre os. Les fontanelles sont au nombre
dysfonction et, finalement, de la description de six, deux médianes et quatre latérales, aux-
de l’accouchement est indispensable pour quelles peuvent s’ajouter des fontanelles
comprendre les dysfonctions somatiques accessoires.
pédiatriques, leur diagnostic et leur traite- La fontanelle antérieure, parfois nommée
ment. grande fontanelle, ou fontanelle bregmati-
que, est losangique et située entre les sutures
sagittale et coronale. Avec un diamètre d’envi-
Fœtus à terme ron 25 mm à la naissance, elle est la plus
grande. La fontanelle postérieure, encore
Tête fœtale
nommée petite, ou lambdatique, a la forme
À 40,5 semaines d’aménorrhée, le fœtus a fini d’un petit triangle placé au carrefour des sutu-
son développement et le terme est atteint. Il res sagittale et lambdoïde. Des pulsations sont
pèse en moyenne 4000 g, et le périmètre crâ- palpables au niveau de ces fontanelles média-
nien est d’environ 36 cm. La tête fœtale est nes au travers du sinus sagittal supérieur ; il
particulièrement importante, tant du point de est logé juste sous la suture sagittale dans un
vue obstétrical que du point de vue ostéopa- dédoublement dure-mérien. Les fontanelles
thique. Une de ses caractéristiques est la dis- antérolatérales ou sphénoïdales séparent de
proportion entre la partie faciale de la tête, le chaque côté la grande aile du sphénoïde, le

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Ostéopathie pédiatrique
4 Ostéopathie pédiatrique

frontal et le pariétal, alors que les fontanelles – diamètre bitemporal : 80 mm ;


postérolatérales ou mastoïdiennes sont pla- – diamètre occipitomentonnier : 135 mm ;
cées entre le pariétal, l’occiput et la partie – diamètre sous-mentobregmatique : 95 mm ;
mastoïdienne du temporal (figures 1.1 et 1.2).
– diamètre sous-occipitobregmatique : 95 mm.
Les deux fontanelles sagittales sont des
Le diamètre occipitofrontal correspond au
points de repère importants pendant l’accou-
plan de la grande circonférence de la tête,
chement, car leur palpation permet de situer
normalement trop grande pour passer au tra-
la position de la tête fœtale. Puis, dans les
vers du bassin maternel. La tête fœtale doit
mois suivant la naissance, la taille des fonta-
donc modifier son orientation pour présenter
nelles permet d’évaluer l’ossification progres-
un diamètre plus en rapport avec le bassin
sive de la calvaria. Normalement, les fontanel-
maternel. La flexion cervicale complète, avec
les postérieure et sphénoïdales sont fermées
rapprochement du menton contre la poi-
vers le 6e mois, et les fontanelles antérieure et
trine, permet ce changement d’orientation
mastoïdiennes vers 2 ans [2].
(figure 1.5). En présentation du sommet, cela
Le volume de la tête fœtale peut être appré- constitue la présentation la plus favorable. Par
cié par ses diamètres (figures 1.3 et 1.4) : ailleurs, la tête fœtale doit accommoder sa
– diamètre occipitofrontal : 110 mm ; forme et ses dimensions aux formes du conte-
– diamètre bipariétal : 95 mm ; nant, le bassin maternel. Cela est possible

Épine nasale antérieure


Os nasal Suture frontale
Maxillaire
Bosse frontale

Os frontal

Suture coronale

Fontanelle antérieure

Bosse pariétale

Os pariétal
Suture sagittale

Fontanelle postérieure

Os occipital Suture lambdoïde

Figure 1.1. Crâne du nouveau-né. Vue supérieure. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 4.13, p. 356.)
La naissance et le nouveau-né 5

Os frontal
Os pariétal

Os ethmoïde
(lame orbitaire)
Os lacrymal

Os nasal

Maxillaire
Os occipital
(partie squameuse)
Os (partie latérale)
zygomatique

Mandibule Os temporal (partie squameuse)


(partie tympanique)
(méat acoustique externe osseux absent)
(partie pétreuse) (processus mastoïde absent)
(partie zygomatique)
(processus styloïde) (cartilage)

Os sphénoïde (grande aile)


(processus ptérygoïde)

Figure 1.2. Crâne du nouveau-né. Vue latérale. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 4.15, p. 358.)

grâce à la malléabilité des os et à leur chevau- plus grande distance séparant les deux acro-
chement au niveau des sutures. Diverses mions, le diamètre bisacromial, passe de
déformations plastiques de la tête fœtale en 120 mm à 95 mm. Le diamètre antéroposté-
résultent, en fonction de la présentation et rieur (AP) au niveau des épaules, ou diamètre
des particularités du bassin maternel. La césa- dorsosternal, ne fait que 95 mm (figure 1.6).
rienne peut être indiquée dans les cas de dis-
proportion fœtopelvienne importante.
Présentations fœtales
La position fœtale par rapport au canal pel-
Tronc fœtal
vien détermine l’aisance relative ou la diffi-
Bien que représentant la plus grosse partie du culté avec laquelle le mobile fœtal va chemi-
mobile fœtal, le tronc est en réalité plus petit ner dans la filière pelvigénitale. Normale-
que la tête au moment de la traversée du canal ment, le fœtus est replié sur lui-même, et pré-
pelvigénital, du fait de sa compression. La sente une convexité postérieure. La tête est
6 Ostéopathie pédiatrique

Sous-mentobregmatique

Occipitomentonnier

Occipitofrontal

Sous-occipitobregmatique

Figure 1.3. Diamètres sagittaux de la tête fœtale.

Bitemporal Bipariétal
80 mm 95 mm
fléchie sur le sternum, et les bras sont croisés
ou proches l’un de l’autre sur la poitrine. Les
membres inférieurs sont fléchis, avec les
genoux proches des coudes et les pieds près du
siège. Les pieds sont en dorsiflexion et en
légère inversion (figure 1.7).
La présentation fait référence à la partie de
l’enfant qui est la plus engagée dans le canal
pelvien, ou la plus proche. De la sorte, lorsque
l’enfant est positionné selon une direction
longitudinale, la présentation est soit la tête
pour une présentation céphalique, soit le
siège pour une présentation caudale. Pour
chaque possibilité, il existe des variantes.
Dans les présentations céphaliques, la tête
peut être plus ou moins en flexion ou en
Figure 1.4. Diamètres transversaux extension. Dès lors, les parties identifiant les
(bipariétal et bitemporal) de la tête fœtale. présentations sont respectivement le sommet,
le bregma, le front et la face.
La naissance et le nouveau-né 7

A B

Figure 1.5. Orientation de la tête fœtale pendant l’engagement.


A. Flexion cervicale modérée. B. Flexion cervicale complète.

Les présentations du siège sont classées occipito-iliaque gauche antérieur est abrégée
selon la position des jambes fœtales. Le siège OIGA. La présentation du sommet ou vertex
est dit complet lorsque le fœtus est placé « en est la plus fréquente (95 %), suivie du siège
tailleur » ; le siège est décomplété lorsque les (3 %), de l’épaule (0,4 %), et de la face (0,3 %).
hanches sont fléchies, les genoux sont déflé- Parmi les présentations du sommet, la variété
chis et les pieds arrivent à hauteur de la tête OIGA est la plus fréquente (57 %) [3] (fi-
fœtale (figures 1.8 et 1.9). gure 1.10).

La position fœtale définit le rapport entre


des zones fœtales conventionnelles et le bas- Bassin maternel
sin maternel. Le point de référence pour les
Bassin osseux
présentations occipitales est l’occiput, pour
les présentations de la face, le menton, et pour La ceinture pelvienne est formée de quatre
les présentations du siège, le sacrum. De plus, pièces osseuses et de quatre articulations.
l’occiput, le menton ou le sacrum peut être Les deux os coxaux (iliaques) s’articulent
soit sur le côté droit (D) soit sur le côté gau- avec le sacrum au niveau des articulations
che (G) du bassin maternel, et dans un place- sacro-iliaques, et entre eux, en avant, à la sym-
ment soit antérieur (A), soit postérieur (P). Les physe pubienne. Le coccyx s’unit au sacrum
différentes présentations sont ainsi définies ; pour former l’articulation sacrococcygienne.
par exemple, une orientation de la tête en La stabilité de la ceinture pelvienne repose en
8 Ostéopathie pédiatrique

Bisacromial
120 mm

Figure 1.6. Tronc fœtal en vue postérieure


(diamètre bisacromial : 120 mm).
Figure 1.7. Position fœtale typique :
tête fléchie sur le sternum, avant-bras croisés
sur la poitrine, jambes fléchies.

Figure 1.8. Présentation du siège. Figure 1.9. Présentation du siège.


Siège complet. Siège décomplété.
La naissance et le nouveau-né 9

OIGA OIDA

OIDP OIGP

Figure 1.10. Présentations céphaliques.


OIGA : occipito-iliaque gauche antérieure. OIDA : occipito-iliaque droite antérieure.
OIDP : occipito-iliaque droite postérieure. OIGP : occipito-iliaque gauche postérieure.
10 Ostéopathie pédiatrique

Articulations sacro-iliaques

Ligament sacro-
iliaque antérieur

A Symphyse pubienne

Ligament sacro-iliaque interosseux

Ligament sacro-iliaque postérieur


recouvrant le ligament interosseux

Figure 1.11. Bassin osseux. A. Vue antérieure. B. Vue postérieure.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 5.24 B, C, p. 400.)

partie sur la puissance de ses ligaments, en sur la partie supérieure de la symphyse


particulier les ligaments sacro-iliaques pos- pubienne. Le petit bassin est situé sous ce plan ;
térieurs et les ligaments de la symphyse il est limité en arrière par la face antérieure du
pubienne [4]. sacrum, qui est concave, et le coccyx. Les côtés
Le bassin représente la cavité contenue à sont limités par les parties iliaques et ischiati-
l’intérieur de l’anneau pelvien osseux. Il est ques des os coxaux, et l’avant par les branches
d’usage en obstétrique de faire la différence et la symphyse pubiennes. Au-dessus du petit
entre le vrai ou petit bassin et le faux ou grand bassin, les limites sont en arrière la base du
bassin. La ligne de division est arbitraire ; elle sacrum et les vertèbres lombales, latéralement
part en arrière du promontoire du sacrum, suit les fosses iliaques, et en avant la partie infé-
les lignes innominées et se termine en avant rieure de la paroi abdominale.
La naissance et le nouveau-né 11

Ouverture supérieure
circulaire du pelvis

80–85o

Figure 1.12. Détroit supérieur. (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 5.27 A, p. 402.)

Le petit bassin peut être décrit comme un et le point rétropubien de la symphyse


cylindre tronqué avec une ouverture supé- pubienne. Il mesure en moyenne 10,5 cm ou
rieure, le détroit supérieur, et une ouverture plus. Le diamètre transverse est la plus grande
inférieure, le détroit inférieur (figures 1.11 à distance séparant les lignes innominées et
1.13). Ce cylindre courbé suit la concavité mesure normalement 13,5 cm. Les deux dia-
antérieure du sacrum et du coccyx. En posi- mètres obliques vont d’une éminence iliopec-
tion anatomique, la partie supérieure du canal tinée à l’articulation sacro-iliaque hétérolaté-
pelvien regarde vers le bas et l’arrière, et la rale. Ils mesurent environ 12,5 cm et sont
partie inférieure se courbe vers le bas et nommés droit ou gauche d’après le côté de
l’avant. Le cadre osseux rigide du canal pel- l’éminence iliopectinée d’origine (figures 1.14
vien va déterminer la voie suivie par la pro- et 1.15).
gression fœtale. Les mouvements possibles
entre les articulations pelviennes permettent Détroit inférieur
quelques petits ajustements, à condition que Le détroit inférieur est losangique. Il est formé
ces articulations soient libres de toute dys- en arrière par le sacrum et la pointe du coccyx,
fonction somatique. latéralement par les tubérosités ischiatiques et
les ligaments sacrotubéraux, et en avant par le
Détroit supérieur bord inférieur des branches et de la symphyse
Habituellement, chez la femme, le détroit pubiennes. La forme de ce détroit varie en
supérieur a une forme plus ronde qu’ovale. fonction de la position du coccyx. De plus,
Ses dimensions sont essentielles d’un point de l’élasticité des ligaments qui participent à sa
vue obstétrical ; elles doivent permettre le formation en réduit la rigidité. Trois diamètres
passage de la tête fœtale. Quatre diamètres sont habituellement décrits : sagittal, trans-
sont décrits : sagittal, transverse et obliques verse et sagittal postérieur. Le diamètre sagit-
droit et gauche. Le diamètre sagittal sépare le tal est la distance séparant le bord inférieur de
promontoire du sacrum de la symphyse la symphyse pubienne de l’apex coccygien ; il
pubienne. Le conjugué obstétrical diffère légè- mesure entre 9,5 et 11,5 cm. Le diamètre
rement et prend en compte la distance entre transverse sépare les bords internes des tubé-
la face antérieure de la première pièce sacrale rosités ischiatiques et mesure en moyenne
12 Ostéopathie pédiatrique

Symphyse pubienne
Corps du pubis
Arcade pubienne

Tubérosité ischiatique

Ligament sacrotubéral
Coccyx

Figure 1.13. Détroit inférieur.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 5.32, p. 406).

11 cm. Le diamètre sagittal postérieur est la – Le type gynécoïde est le plus fréquent ; avec
partie du diamètre sagittal située en arrière du un diamètre transverse égal ou légèrement
diamètre transverse ; il est normalement supé- supérieur au diamètre AP, le détroit supé-
rieur à 7,5 cm (figure 1.16). rieur présente dans ce cas une forme ovale
ou arrondie.
Formes pelviennes – Le type androïde est un bassin de forme
Une connaissance approfondie du bassin per- triangulaire dans sa partie antérieure. Le
met de comprendre la physiologie de l’accou- diamètre sagittal du détroit supérieur est
chement, comment la structure affecte la beaucoup plus court dans sa partie posté-
fonction, et dans ce cas, comment la forme rieure que dans sa partie antérieure.
pelvienne détermine la voie pour la progres- L’espace pour la tête fœtale est réduit, et le
sion fœtale. pronostic réservé pour une naissance par
La classification des formes pelviennes de voie basse.
Caldwell et Moloy est toujours d’usage. Ces – Le type anthropoïde est caractérisé par un
derniers ont identifié quatre types de bassin détroit supérieur de forme plus ovalaire,
féminin : gynécoïde, androïde, anthropoïde avec un diamètre AP plus grand que le dia-
et platypelloïde (figure 1.17) [5]. mètre transverse.
La naissance et le nouveau-né 13

transverse
13,5 cm
ob
it liq
e dro u
12 e ga
u cm ,5 u
liq cm che
ob 2,5
1
10,5 cm
sagittal

Figure 1.14. Diamètres sagittal, transverse et obliques droit et gauche du détroit supérieur.
cm
,5
10

Figure 1.15. Diamètre sagittal du détroit supérieur.


14 Ostéopathie pédiatrique

transverse
sagittal

Figure 1.16. Diamètres sagittal et transverse du détroit inférieur (position gynécologique).

– Le type platypelloïde est moins fréquent ; il du sacrum sont nommés nutation et contre-
présente un diamètre transverse important nutation. Ces mouvements sont également
et un diamètre AP beaucoup plus petit. décrits dans la littérature ostéopathique et
Par ailleurs, en plus des influences généti- sont nommés respectivement flexion anato-
ques, la forme du bassin féminin semble mique (extension craniosacrale) et extension
influencée par les activités athlétiques de anatomique (flexion craniosacrale). Cette dif-
l’adolescence ; des activités physiques inten- férence entre la nomenclature anatomique et
ses prédisposent au développement d’un bas- la nomenclature craniosacrale pour décrire les
sin de type androïde [6]. mouvements du sacrum est regrettable ; elle
Dimensions et configuration pelviennes correspond toutefois à la terminologie actuel-
sont maintenant appréciées plus précisément lement utilisée. Pour cette raison, et afin de
quand cela se révèle nécessaire, avec les pelvi- communiquer, les termes anatomiques sont
métries par scanographie et l’imagerie par utilisés dans ce chapitre suivis, quand cela est
résonance magnétique (IRM). Dès lors, les fac- nécessaire, des termes de la nomenclature cra-
teurs de dystocie des anomalies pelviennes et niosacrale placés entre parenthèses.
disproportions fœtopelviennes sont détectés L’axe de mouvement hypothétique pour la
[7]. flexion-extension anatomique du sacrum est
un axe transverse horizontal passant à travers
Mouvements pelviens la partie antérieure du sacrum, au niveau du
Les mouvements pelviens sont décrits dans la deuxième segment sacral [10]. La localisation
littérature médicale [8,9], où les mouvements précise d’un tel axe fait l’objet de débats ; elle
La naissance et le nouveau-né 15

A B C

Figure 1.17. A. Bassin de type gynécoïde.


B. Bassin de type androïde. C. Bassin de type anthropoïde.

varie probablement en fonction des modifica- détermine un axe sacral oblique droit. Les
tions survenant dans la distribution des lignes torsions sacrales, rotations du sacrum autour
de force [8]. des axes obliques, sont définies par le côté
Pendant la flexion anatomique (extension vers lequel se produit la rotation sacrale. Une
craniosacrale), la base du sacrum se déplace rotation sacrale vers la gauche est donc une
vers l’avant, et l’apex du sacrum vers l’arrière. torsion gauche (figure 1.19). En l’absence de
Lors de l’extension anatomique (flexion cra- dysfonction, les os iliaques suivent les mouve-
niosacrale), la base du sacrum se déplace vers ments du sacrum. Par conséquent, lors de la
l’arrière, et l’apex du sacrum vers l’avant. Les torsion sacrale gauche, l’os iliaque gauche se
os du coccyx suivent le mouvement du déplace en rotation interne et l’os iliaque
sacrum (figure 1.18). droit en rotation externe [12].
Les autres mouvements du sacrum sont les En fait, les dysfonctions somatiques du bas-
mouvements de torsion décrits autour d’un sin, comme les dysfonctions somatiques pos-
axe de mouvement hypothétique, oblique, turales, affectent les dimensions du petit bas-
reliant le sommet du petit bras de l’articula- sin. La dysfonction de flexion anatomique
tion sacro-iliaque d’un côté avec le sommet (extension craniosacrale) diminue le diamètre
du grand bras de l’articulation sacro-iliaque AP du détroit supérieur, et augmente le diamè-
hétérolatérale [11]. L’axe est nommé par le tre AP du détroit inférieur. À l’inverse, la dys-
côté du sommet du petit bras d’où part l’axe, fonction anatomique d’extension (flexion cra-
soit droit, soit gauche. Le sidebending (incli- niosacrale) augmente le diamètre AP du
naison latérale) de la colonne vertébrale détroit supérieur, et diminue le diamètre AP du
située au-dessus détermine le côté de l’axe détroit inférieur. Les dysfonctions de torsion
oblique. Ainsi, un sidebending vertébral droit affectent asymétriquement les deux diamètres
16 Ostéopathie pédiatrique

Figure 1.18. Mouvements pelviens. Flexion anatomique (extension craniosacrale) ;


la base du sacrum se déplace vers l’avant, et l’apex du sacrum vers l’arrière.

Figure 1.19. Mouvements pelviens. Torsion sacrale gauche :


rotation sacrale vers la gauche autour d’un axe oblique gauche.
La naissance et le nouveau-né 17

obliques du bassin maternel reliant une articu-


lation sacro-iliaque à l’éminence iliopectinée
hétérolatérale. Dans l’exemple précédent de
torsion sacrale gauche, le diamètre oblique
gauche du détroit supérieur diminue.

À noter
Le diamètre oblique du détroit supérieur
ne doit pas être confondu avec l’axe obli-
que du sacrum.

À l’inverse, avec une torsion droite, le dia-


mètre oblique droit du détroit supérieur dimi-
nue.
Ces déplacements pelviens sont essentiels
en obstétrique, car ils facilitent ou compli-
quent le cheminement du mobile fœtal, avec
parfois des contraintes sur l’enfant. Le plus
souvent, la tête fœtale s’engage dans le détroit
Figure 1.20. Engagement de la tête fœtale
supérieur, avec son diamètre AP orienté dans
la direction de l’un des deux diamètres obli-
dans le détroit supérieur
ques du bassin maternel. Une dysfonction de selon le diamètre oblique gauche.
torsion sacrale qui diminue l’un des diamètres
obliques va rendre difficile l’orientation de la
Tissus mous du bassin
tête fœtale dans ce diamètre, et par consé-
quent gêner le déroulement de l’accouche- Le petit bassin osseux complété par les tissus
ment (figure 1.20). mous que sont les muscles, fascias et liga-
Pendant la grossesse, un relâchement des ments forment un « bassin ». Les parois et
tissus de la symphyse pubienne et des articu- plancher de ce « bassin » constituent de véri-
lations sacro-iliaques résulte des changements tables guides dans les phases d’engagement et
hormonaux avec un pic de relaxine vers la de descente du fœtus. Deux groupes de mus-
12e semaine de gestation [13]. Dès lors, les cles sont essentiels ; ce sont d’une part les
mouvements de ces articulations sont facilités muscles piriformes et obturateurs internes, et
pour adapter les contraintes causées par l’aug- d’autre part les muscles élévateurs (releveurs)
mentation du volume utérin, les modifica- de l’anus et ischiococcygiens, qui participent
tions de transmission des lignes de force dues aussi à la constitution du diaphragme pelvipé-
à la gravité, et l’imminence de l’accouche- rinéal.
ment. En présence de dysfonctions somati- Les muscles piriformes forment une partie
ques sacrale et lombale, ces changements des parois postérolatérales du petit bassin. Ils
adaptatifs sont restreints, source potentielle prennent leur origine sur la face antérieure du
de douleur pendant la grossesse et l’accouche- sacrum, sortent du bassin par la grande échan-
ment. Tout ce qui contrarie le bien-être mater- crure sciatique, et se terminent sur le grand
nel affecte le bien-être de l’enfant. L’ostéopa- trochanter du fémur. Les muscles obturateurs
thie est une pratique holistique qui doit internes forment une partie des parois antéro-
prendre en considération l’environnement de latérales du petit bassin. Ils s’insèrent sur la
l’enfant, et dans ce cas, la mère. membrane obturatrice et le pourtour du fora-
18 Ostéopathie pédiatrique

SII Foramens
SIII sacraux
Muscle piriforme SIV antérieurs

Muscle obturateur interne

Figure 1.21. Tissus mous du bassin : muscles piriforme et obturateur interne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 5.30, p. 404.)

men obturateur. De là, les fibres convergent ment dans la région fessière, irradiant sur la
vers la petite échancrure sciatique, se réflé- partie postérieure de la cuisse et ressemblant à
chissent à angle droit autour de l’ischium et se une sciatique. Cependant, dans la plupart des
terminent sur le grand trochanter du fémur cas, la douleur n’irradie pas en dessous du
(figure 1.21). genou, et les réflexes tendineux sont nor-
En l’absence de dysfonction somatique, le maux, excluant de la sorte une pathologie
sacrum est en équilibre entre les deux muscles radiculaire. Les déséquilibres posturaux
piriformes. Pendant la grossesse, le fœtus se maternels doivent être impérativement nor-
développe suivant une position asymétrique, malisés, pour améliorer le confort maternel,
et il entraîne avec lui l’utérus maternel dans mais aussi parce que les dysfonctions pelvien-
une orientation oblique. En conséquence, des nes de la mère affectent le déroulement nor-
tensions asymétriques s’exercent sur le mal de la grossesse et de l’accouchement.
sacrum qui résultent en une torsion accom- Le diaphragme pelvipérinéal est un hamac
modative. Le muscle piriforme est alors sou- musculotendineux formé d’un plan pro-
mis à des contraintes plus grandes du côté de fond comprenant les muscles élévateurs de
la rotation sacrale, ce qui peut affecter le nerf l’anus et ischiococcygiens, et les ligaments
sciatique. En effet, ce nerf quitte le bassin par sacrotubéraux ; et d’un plan superficiel avec
la grande échancrure sciatique et le plus sou- les muscles et fascias superficiels du périnée.
vent se dirige vers l’arrière en passant sous le Les muscles élévateurs de l’anus forment la
bord inférieur du muscle piriforme où il peut plus grande partie du plancher pelvien. Ils
être atteint. présentent plusieurs parties, décrites en fonc-
Les femmes enceintes se plaignent souvent tion des zones d’insertion ; ce sont les fais-
de douleurs du bas du dos, localisées latérale- ceaux pubococcygiens, puborectaux et ilio-
La naissance et le nouveau-né 19

Muscle obturateur interne


Arcade tendineuse Muscle
Canal obturateur coccygien
Muscle Ligament
iliococcygien sacroépineux
Élévateur Muscle Ouverture anale
de l’anus pubococcygien
Muscle
puborectal
Hiatus urogénital

Figure 1.22. Tissus mous du bassin : muscles élévateur de l’anus et ischiococcygien.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 5.34, p. 408).

coccygiens. Les muscles ischiococcygiens bassin et les viscères intrapelviens équilibrés,


forment la partie postérieure du diaphragme comme doivent l’être les muscles abdomi-
pelvien ; ils s’insèrent sur les tubérosités naux et la colonne lombale. Toute dysfonc-
ischiatiques, se mêlent aux ligaments sacroé- tion somatique de ces régions résulte en une
pineux, et se terminent sur le sacrum et le fonction altérée de leurs « structures squeletti-
coccyx (figure 1.22). Le centre tendineux du ques, arthrodiales et myofasciales, et des élé-
périnée est une masse fibromusculaire située ments vasculaires, lymphatiques et neuraux
sous la peau entre le vagin et le canal anal, où qui leur sont rattachés » [14], affectant de la
convergent les fibres tendineuses de la plupart sorte le développement fœtal et la naissance
des muscles des plans superficiel et moyen du de l’enfant. La pratique de l’ostéopathie pré-
périnée. Lors de l’accouchement, la présenta- natale chez la mère améliore les circonstances
tion comprime et étale ce centre. Le périnée de l’accouchement [15].
doit alors s’adapter ou se déchirer. Les fibres
des muscles élévateurs de l’anus sont considé-
rablement étirées et le périnée s’amincit pro- Naissance
gressivement. Pour autant, le périnée offre en Fréquemment, l’utérus est tourné vers la
même temps une résistance contre la tête droite, avec sa face antérieure regardant en
fœtale qui facilite la déflexion céphalique. avant et à droite, et sa face postérieure regar-
En fait, pour faciliter la grossesse et l’accou- dant en arrière et à gauche (figure 1.23). De la
chement, le périnée doit être fonctionnel, le sorte, le plus grand diamètre de la présenta-
20 Ostéopathie pédiatrique

Figure 1.23. Rotation droite de l’utérus.

tion fœtale repose le plus souvent le long du l’autre et le processus d’accommodation


diamètre oblique gauche du détroit supérieur, résulte en un alignement des diamètres fœtal
avec la colonne vertébrale du fœtus dirigée et utérin. À terme, dans des conditions nor-
vers l’avant et vers le côté maternel gauche, males et en l’absence de disproportion fœto-
ou vers l’arrière et donc le côté maternel droit. pelvienne, la présentation typique du som-
Il semble que la position de l’utérus soit met est considérée comme physiologique. Elle
influencée par la position du côlon pelvien et est attribuée, en théorie, aux effets de la gra-
de son méso. La position fœtale semble aussi vité [17], et à la nécessité pour le fœtus de
déterminée par la position droite du foie bouger et d’étirer les jambes, utilisant de la
maternel [3]. En revanche, le placement du sorte au mieux l’espace intra-utérin [18].
placenta semble n’avoir aucune influence Les dysfonctions somatiques de l’enfant
[16]. Les muscles iliopsoas peuvent réduire le peuvent survenir avant l’accouchement. La
diamètre transverse du bassin et affecter la présence de certaines affections intra-utérines
position fœtale ; dans les présentations du comme les fibromes, une insuffisance de
sommet, ils guident la tête fœtale dans une liquide amniotique, oligoamnios, ou à
direction oblique. À l’évidence, l’utérus et la l’inverse un excès de liquide amniotique,
présentation fœtale sont influencés l’un par hydramnios, associés à une augmentation de
La naissance et le nouveau-né 21

la pression intra-utérine, limitent les mouve- ment, la descente et l’expulsion de la présen-


ments du fœtus, le contraignant à prendre tation. Elle dure de 1 à 2 heures. La troisième
une position dysfonctionnelle. Les grossesses étape s’étend de la naissance de l’enfant
multiples produisent les mêmes effets jusqu’à l’expulsion du placenta ou délivrance.
lorsqu’un fœtus comprime l’autre. Ajoutons Durant le travail, plusieurs mécanismes influ-
les contractions utérines intermittentes, dont encent l’accouchement et déterminent la
la force et la fréquence augmentent avec le meilleure voie pour le cheminement du mo-
déroulement de la grossesse. En plus de leur bile fœtal dans la filière pelvigénitale.
effet sur la pression intra-utérine, elles exer- Les phénomènes d’accommodation et
cent une poussée en direction caudale sur la d’orientation de la présentation fœtale sont
tête fœtale, vers le segment utérin inférieur, et essentiels au déroulement normal de l’accou-
par conséquent le détroit supérieur. Normale- chement. Par l’accommodation, le volume
ment, la résilience des tissus fœtaux permet fœtal diminue, facilitant ainsi son passage à
une adaptation à ces pressions. En revanche, travers la filière pelvigénitale. Cela peut résul-
lorsque cela n’est pas possible, ou lorsque la ter de changements dans la position du corps
pression est trop importante, la tête fœtale fœtal, ou de mouvements dans les fluides cor-
peut être comprimée. porels. Avec l’orientation, la présentation
Du fait de la position de la tête fœtale, la fœtale se positionne pour s’adapter le mieux
région frontopariétale est particulièrement possible aux formes du canal pelvien.
sensible aux forces compressives, et ce bien L’augmentation de la fréquence et de l’inten-
avant le déclenchement de l’accouchement. sité des contractions utérines pousse le fœtus
Habituellement, le fœtus repose sur le côté vers le bas, en direction du détroit supérieur.
maternel gauche, et donc le dos tourné vers la Pendant ce temps, les ajustements position-
gauche de la mère. De la sorte, le côté gauche nels du fœtus sont constants. Par cette dyna-
de la tête fœtale subit plus de contrainte que mique, il s’adapte au canal pelvien. La com-
le côté droit, par le contact du bassin et de la préhension des mécanismes du travail, avec
colonne lombale maternels. En fait, la région un passager, le fœtus, un passage, la filière
frontopariétale est en appui sur une partie du pelvigénitale, et des forces expulsives, est très
bassin osseux, habituellement le promontoire utile pour appréhender la complexité des dys-
du sacrum. Dès lors, le frontal gauche, ou la fonctions somatiques du nouveau-né et par
région frontopariétale gauche, subit une force conséquent du futur enfant.
compressive dirigée vers la base crânienne. Si Le modelage de la tête fœtale est un autre
le fœtus reste longtemps dans cette position, processus d’accommodation survenant pen-
ou si les forces compressives sont importan- dant le travail. Des déformations plastiques
tes, il en résulte un frontal bas et une diminu- avec dépressions ont été associées aux forces
tion du volume de la cavité orbitaire de ce appliquées sur le crâne lors de l’usage des
côté. forceps, de pressions digitales de la main de
Le début du travail est marqué par l’appari- l’obstétricien, et plus fréquemment de la com-
tion de contractions utérines régulières, pression de la tête fœtale sur la symphyse
intenses, accompagnées de la dilatation du pubienne ou sur le promontoire du sacrum
col utérin. Le travail peut être divisé en trois [19]. Du fait du modelage, un déplacement
étapes. La première étape dure depuis le début des os de la calvaria est aussi communément
du travail jusqu’à la dilatation complète du décrit, associé au chevauchement des parié-
col de l’utérus, en moyenne de 6 à 18 heures taux, des frontaux et de l’occiput au niveau de
chez la primipare et de 2 à 10 heures chez la leurs sutures. En fait, dans les cas importants,
multipare. La deuxième étape se termine avec les déformations plastiques peuvent être
la naissance de l’enfant et comporte l’engage- source de tension potentielle, notamment sur
22 Ostéopathie pédiatrique

la grande veine cérébrale (veine de Galien), et survenir au début de la deuxième étape du


ce jusqu’au point de rupture [2]. Les descrip- travail, ce qui arrive fréquemment chez les
tions de chevauchement des os les uns sur les femmes multipares.
autres concernent le plus souvent les parié- Normalement, dans l’engagement, la su-
taux qui chevauchent le frontal et l’occiput ; ture sagittale de la tête fœtale s’aligne le long
des deux pariétaux, celui qui repose postérieu- du diamètre transverse pelvien ou, plus sou-
rement dans le bassin et qui est toujours celui vent, sur l’un des deux diamètres obliques
qui reçoit la plus grande pression est aussi pelviens. Théoriquement, les fœtus de taille
celui qui glisse sous le voisin [20]. normale n’orientent pas leur tête dans l’axe
Pour autant, le chevauchement des parié- du diamètre sagittal, le plus petit. En revan-
taux au niveau de la suture sagittale est moins che, pour faciliter l’engagement, la tête fœtale
fréquent qu’on le pense [21]. Un mécanisme doit se positionner dans une direction per-
de verrouillage au niveau des sutures de la pendiculaire au plan d’engagement du détroit
calvaria semble agir pour protéger le cerveau supérieur. Ce phénomène est nommé syncli-
fœtal. Les membranes dure-mériennes de ten- tisme. En conséquence, l’asynclitisme est le
sion réciproque font partie de ce mécanisme degré d’inclinaison latérale de la tête fœtale
de verrouillage. Dès lors, le changement de la par rapport au plan du détroit supérieur.
forme crânienne le plus fréquent consiste en L’asynclitisme est antérieur lorsque la tête
une diminution du diamètre sous-occipito- fœtale est inclinée vers le sacrum maternel et
bregmatique, et une tendance à l’aplatisse- la suture sagittale proche du sacrum ; dans ce
ment des pariétaux [21]. Toutefois, lorsque le cas, le pariétal antérieur proche de la sym-
travail est prolongé, les membranes dure- physe pubienne est palpable de manière intra-
mériennes subissent des contraintes impor- vaginale. Inversement, l’asynclitisme est pos-
tantes. Des dysfonctions avec déséquilibres térieur lorsque la tête fœtale est inclinée vers
des tensions membraneuses peuvent résulter la symphyse pubienne maternelle, et le parié-
qui, en l’absence de traitement, persistent tal postérieur palpable. D’ordinaire, il existe
toute la vie, se comportant comme une trame un faible degré d’asynclitisme ; cependant,
à partir de laquelle d’autres schémas dysfonc- une trop grande inclinaison de la tête fœtale
tionnels prennent naissance. peut rendre l’engagement difficile et causer
Engagement, descente et expulsion de la une disproportion fœtopelvienne.
présentation se produisent essentiellement En fonction du degré d’asynclitisme, diver-
pendant la deuxième étape du travail. Toute- ses pressions sont appliquées sur les deux
fois, l’engagement peut commencer avant le côtés de la calvaria, sources potentielles de
début du travail, en particulier chez les primi- dysfonction. Une pression plus forte d’un
pares. côté induit un déplacement en sidebending-
rotation de la synchondrose sphénobasilaire
(SSB). De plus, les forces compressives peu-
Engagement
vent se propager au niveau de la charnière
Le passage de la tête fœtale à travers le détroit craniocervicale, de la colonne cervicale, voire
supérieur définit l’engagement (figure 1.24). plus bas. La compression peut aussi causer des
La référence est le plan du diamètre transver- dysfonctions intraosseuses, en particulier au
sal bipariétal, le plus grand diamètre de la tête niveau de la base crânienne et du temporal
fœtale en flexion. Dès lors, la tête est dite ipsilatéral. Normalement, dans sa progression
engagée lorsque ce plan est situé sous le vers le détroit inférieur, la tête fœtale se
détroit supérieur. Chez les femmes nullipares, déplace alternativement en asynclitisme anté-
l’engagement peut commencer dans les der- rieur et postérieur, comme le battant d’une
nières semaines de la grossesse. Il peut aussi cloche (figure 1.25).
La naissance et le nouveau-né 23

A - Présentation non engagée

B - Présentation engagée

Figure 1.24. Engagement de la tête fœtale. Signe de Farabeuf.


A. Présentation non engagée. B. Présentation engagée.

Descente À noter
Véritables forces motrices de l’accouchement, Dans ce cas, le terme « rotation interne »
les contractions utérines poussent le fœtus fait référence à la rotation du fœtus dans
vers le bas, et le sollicitent en flexion cervicale la cavité pelvienne, et le terme « rotation
avec rapprochement du menton vers le ster- externe » s’applique à la rotation fœtale
num. Cela fait partie du processus d’accom- survenant à l’extérieur la cavité pelvienne.
modation. De la sorte, le diamètre le plus Ces termes sont utilisés dans le contexte
court de la tête fœtale, le diamètre sous- obstétrical, et ont un sens différent de
occipitobregmatique, devient le diamètre de celui utilisé dans le reste de ce livre.
la présentation facilitant ainsi le passage à
travers le canal pelvien. Normalement, une Après l’engagement de la tête fœtale, un
rotation interne suit. arrêt dans la progression ou une descente
insuffisante peuvent se produire. Il s’agit
24 Ostéopathie pédiatrique

A B C
Synclitisme Asynclitisme antérieur Asynclitisme postérieur

Figure 1.25. Synclitisme et asynclitisme.


A. Synclitisme. B. Asynclitisme antérieur, engagement de la bosse pariétale antérieure.
C. Asynclitisme postérieur, engagement de la bosse pariétale postérieure.

généralement de malposition de la tête fœtale sommet, et un engagement en occipitoanté-


ou de contractions utérines inefficaces. Par rieur, la descente qui suit est facile et rapide.
exemple, une malposition de la tête fœtale À l’approche de la symphyse pubienne, le
peut suivre une présentation du front où le fœtus doit tourner la tête pour aligner la
diamètre de la présentation est plus impor- suture sagittale le long du diamètre sagittal du
tant. Dans de tels cas, le fœtus continue à détroit inférieur ; c’est la rotation interne. En
subir les contractions utérines qui le poussent même temps, la progression de la présenta-
contre le bassin maternel. Les forces compres- tion tend à rétropulser le coccyx, augmentant
sives sont transmises le long de la colonne ainsi la tension du plancher pelvien, en parti-
fœtale, du siège à la base crânienne et calvaria. culier dans la partie postérieure du périnée.
Certaines zones sont soumises à plus de pres- De ce fait, les muscles élévateurs de l’anus et
sion. C’est fréquemment la partie antérieure les tissus adjacents forment une gouttière, et
de la calvaria, cause potentielle d’une dys- agissent comme un fulcrum et un guide pour
fonction de strain vertical, ou d’une dysfonc- la tête fœtale. Si la rotation interne fœtale n’a
tion de l’os frontal, avec impaction de la pas encore eu lieu, elle peut se produire à ce
suture fronto-ethmoïdale. Les pressions appli- moment. La contribution des muscles du
quées dans l’axe du diamètre AP de la tête plancher pelvien maternel est primordiale.
fœtale peuvent causer une compression de la Tout d’abord, ils offrent un support résistant à
SSB. La charnière craniocervicale et la colonne la pression de la tête fœtale, et lui servent de
thoracique supérieure subissent également guide dans sa progression vers la vulve. Puis
des contraintes, ce qui explique la présence dans un deuxième temps, les muscles pelviens
éventuelle de dysfonction somatique à leur doivent se laisser distendre pour l’expulsion.
niveau avec respectivement une hyperactivité À ce stade, un diaphragme pelvipérinéal
des systèmes parasympathique et sympathi- hypotonique n’offre pas suffisamment de
que. Normalement, dans une présentation du résistance, et ne joue pas un rôle de guide
La naissance et le nouveau-né 25

efficace. L’application de manœuvres instru- conséquence, les dysfonctions sont le plus


mentales, comme les forceps, peut alors se souvent asymétriques, avec un condyle occi-
révéler nécessaire pour assister la rotation de pital plus comprimé que l’autre, ou un côté de
la tête fœtale. Inversement, un périnée hyper- l’écaille de l’occipital plus antérieur, ou supé-
tonique se laisse mal distendre par le mobile rieur, ou inférieur, par rapport à l’autre. Cela
fœtal, et cela peut nécessiter la réalisation constitue un terrain propice pour le dévelop-
d’une épisiotomie pour éviter des déchirures pement de futurs désordres du squelette axial,
périnéales. plagiocéphalies ou scolioses par exemple.
Chez la mère, la liberté des structures pel-
viennes est fondamentale pour faciliter Expulsion
l’accouchement. Les os du bassin doivent Progressivement, et avec une augmentation
pouvoir répondre aux sollicitations de l’enga- de l’extension occipitale, la tête émerge du
gement et de l’expulsion fœtales. Tout coccyx bassin. Après avoir glissé le long de la gout-
dysfonctionnel, refusant de se déplacer vers tière périnéale, le front, le nez, la bouche et le
l’arrière, et dans les cas extrêmes, crochu peut menton apparaissent. Durant cette phase, la
provoquer des dysfonctions crâniennes chez tête et le squelette facial subissent des forces
le fœtus. Dans les variétés en OIGA, la face et dirigées vers le bas, en direction du menton
particulièrement le nez sont vulnérables. fœtal, ce qui peut produire une dysfonction
En fin de descente, et après le glissement de de strain vertical de la SSB, ou tout autre dys-
la tête vers l’avant, l’occiput se trouve calé fonction du frontal et/ou des os de la face. Les
sous la symphyse pubienne. Du fait de l’orien- sutures fronto-ethmoïdale et frontonasale,
tation de l’orifice vulvaire en avant et en haut, ainsi que les maxillaires sont particulièrement
la colonne cervicale et la charnière craniocer- vulnérables. Conformément à l’asymétrie du
vicale du fœtus doivent passer d’une position cheminement fœtal, les dysfonctions qui en
de flexion à une position d’extension pour résultent ne sont jamais parfaitement symé-
faciliter le passage de la tête (figure 1.26). La triques.
déflexion céphalique se fait alors autour du Après son dégagement, la tête effectue une
pivot constitué par la symphyse pubienne. De rotation de restitution spontanée qui la
fait, cette phase est fondamentale dans l’étio- ramène dans le prolongement du dos. Dans
logie de nombreuses dysfonctions crâniennes. une présentation en OIGA, la tête tourne vers
La déflexion se réalise au niveau des condyles la droite, se plaçant ainsi dans l’axe du diamè-
occipitaux, mais aussi au niveau des synchon- tre transverse. Une rotation interne du tronc
droses intraoccipitales. Dans le mouvement fœtal suit. Habituellement, les épaules s’enga-
d’extension de la charnière craniocervicale, gent dans le détroit supérieur selon un diamè-
les condyles occipitaux se déplacent vers tre oblique opposé à celui utilisé par la tête
l’avant sur les surfaces articulaires de l’atlas et fœtale. De la sorte, pendant l’accouchement,
un mouvement trop exagéré peut causer une le corps fœtal se déplace suivant un trajet en
dysfonction d’extension occipitoatloïdienne. spirale où les tissus sont forcément sollicités
De la même façon, lorsque la résilience des pour accommoder ces déplacements. Toute-
tissus est dépassée, les synchondroses de la fois, il existe une limite dans la résilience des
base crânienne, en particulier intraoccipitales, tissus, et cette limite peut être dépassée avec
peuvent être le siège de dysfonctions intraos- production de schémas dysfonctionnels de
seuses de compression. torsion entre les ceintures pectorale et pel-
Le plus souvent, la déflexion de la tête ne se vienne. Ces dysfonctions impliquent tous les
produit pas dans un plan sagittal pur, mais en tissus du corps, fascias, membranes, muscles
associant des mouvements plus ou moins et articulations. Elles sont fréquentes chez le
importants de rotation et de sidebending. En nouveau-né.
26 Ostéopathie pédiatrique

26A 26B

26C 26D

27

Figure 1.26. Dégagement de la tête fœtale dans la présentation du sommet.


Figure 1.27. Dégagement de l’épaule antérieure.
La naissance et le nouveau-né 27

Une fois les épaules engagées dans le matomes. Le caput succedaneum, ou bosse
détroit supérieur, le diamètre bisacromial sérosanguine, est une collection sérosanguine
s’oriente pour se placer dans l’axe du diamètre localisée au-dessus du périoste et résultant des
sagittal du détroit inférieur. Puis l’épaule anté- variations de pression subies par la calvaria
rieure est dégagée en passant sous la sym- fœtale. La bosse est généralement localisée à
physe pubienne, suivie du dégagement de la partie postérieure et supérieure de la voûte.
l’épaule postérieure (figure 1.27). Le reste du En présentation OIGA, elle est située sur le
corps suit. Toute difficulté survenant lors du côté droit, mais elle peut s’étendre au-delà des
dégagement des épaules peut produire des lignes de suture. En présentation occipito-
déséquilibres myofasciaux et ligamentaires iliaque droite antérieure (OIDA), elle est située
des régions cervicale et thoracique supérieure. à gauche. Habituellement, son épaisseur est
Dans les cas les plus sévères, ce sont des arra- de quelques millimètres, parfois plus dans les
chements du plexus brachial et des fractures accouchements difficiles. Les bosses sérosan-
de clavicule. guines disparaissent le plus souvent en quel-
Fréquemment, l’enfant s’engage en OIGA. ques jours.
Après l’expulsion, typiquement, il présente Un céphalohématome (figure 1.29) est un
un aplatissement de la zone située entre le hématome sous-périosté de la calvaria, causé
front et la fontanelle antérieure. La voûte est par la rupture de vaisseaux. Ils surviennent
asymétrique et le pariétal situé du côté engagé dans environ 1 à 2 % des cas et sont associés à
est bombé, alors que l’autre pariétal est plus l’usage des forceps [22]. Typiquement situés
aplati. Selon l’asynclitisme présent, d’autres sur un pariétal ou sur l’occiput, ils sont fermes
déformations plastiques peuvent être visibles à la palpation et ne dépassent pas la ligne de
(figure 1.28). Une pression du côté droit de suture. Toutefois, en raison de la lenteur du
l’occiput fœtal contre la symphyse pubienne saignement sous-périosté, les céphalohémato-
maternelle, et du frontal gauche contre le mes peuvent ne pas apparaître tout de suite
sacrum provoque un méplat occipital droit et après la naissance. Ils sont unilatéraux ou
frontal gauche. Inversement, un méplat occi- bilatéraux, et disparaissent normalement en
pital gauche et frontal droit accompagne une quelques semaines, bien qu’ils puissent par-
présentation en occipito-iliaque gauche pos- fois se calcifier, s’intégrant alors dans la calva-
térieur (OIGP). Dans les présentations en occi- ria [22].
pitoantérieur, en fin de descente, lorsque la De fait, lorsque l’on considère la naissance
tête tourne pour caler l’occiput sous la sym- par voie basse et les dysfonctions crâniennes
physe pubienne, le côté droit de l’occiput et la potentiellement associées, cet événement
zone occipitomastoïdienne peuvent être sou- semble indésirable. Néanmoins, le stress de la
mis à de fortes pressions résultant en méplats naissance présente des aspects bénéfiques par
dans ces régions. Des méplats occipitaux peu- la production de catécholamines qui stimu-
vent aussi provenir de la pression exercée par lent la capacité de survie de l’enfant, sa respi-
la symphyse pubienne pendant l’expulsion. ration, son métabolisme et sa circulation san-
Du fait de la plasticité crânienne, une guine [23]. En fait, ce stress semble aussi
déformation en cône est généralement visible bénéfique à la santé de l’enfant, en partici-
sur la partie la plus caudale de la présentation pant au développement de son système
qui est expulsée la première. Typiquement, immunitaire [24].
dans la présentation en OIGA, le sommet du
cône correspond à l’angle postérosupérieur,
Dystocies
ou occipital du pariétal droit, au niveau du
lambda. C’est aussi fréquemment la localisa- Par définition, un accouchement dystocique
tion du caput succedaneum et des céphalohé- démontre des difficultés voire des impossibili-
28 Ostéopathie pédiatrique

A B

C D

Figure 1.28. Déformations plastiques.

tés d’accouchement par voie basse. À l’oppo- the pelvis and spine of the mother, to ascertain if
sé, un accouchement eutocique se déroule they are normal in shape and position » [25] (« Le
sans difficulté. Fréquemment, les dystocies premier devoir de l’obstétricien est d’exami-
sont les conséquences d’une combinaison de ner attentivement les os du bassin et de la
facteurs fœtaux et pelviens. Les structures colonne maternels, pour s’assurer de formes
pelviennes maternelles sont primordiales, et positions normales »). Lors de l’engage-
comme le souligne Still : « The first duty of the ment fœtal, pour augmenter le diamètre du
obstetrician is to carefully examine the bones of détroit supérieur, la base du sacrum doit se
La naissance et le nouveau-né 29

quement utilisée. Cette position peut aug-


menter le diamètre du détroit inférieur de 15 à
20 mm, mais en même temps le déplacement
vers l’arrière de la base du sacrum, dans
l’extension anatomique (flexion craniosa-
crale), est freiné par la résistance de la table.
Par ailleurs, cette position est la moins effi-
cace pour pousser. Si possible, la parturiente
doit être encouragée à rechercher une posi-
tion de confort lombopelvien, ce qui contri-
bue au relâchement des tensions pelviennes
et facilite l’accouchement.

Présentation en occipitopostérieur
Toutes les présentations du sommet suivent
les mêmes principes et mécanismes que les
présentations en occipitoantérieur. Les pré-
Figure 1.29. Céphalohématomes. sentations en occipitopostérieur, soit occi-
pito-iliaque droit postérieur (OIDP), soit
déplacer vers l’arrière en extension anatomi- occipito-iliaque gauche postérieur (OIGP),
que (flexion craniosacrale), alors que l’apex représentent 15 % de toutes les présentations
du sacrum doit se déplacer vers l’avant. Pen- [28]. Elles peuvent être associées à un temps
dant l’expulsion, pour augmenter le diamètre de travail plus long. La rotation interne de la
du détroit inférieur, le coccyx et l’apex du tête fœtale est plus importante, car la tête doit
sacrum doivent se déplacer vers l’arrière et la tourner de 135°, pour déplacer l’occiput d’une
base du sacrum vers l’avant, en flexion anato- position postérieure, près de l’une des articu-
mique (extension craniosacrale). De tout lations sacro-iliaques maternelles, vers une
temps, la nécessité d’une mobilité sacrale pen- position antérieure, près de la symphyse
dant l’accouchement a été reconnue [26]. pubienne.
De toute évidence, les dysfonctions somati- Lorsqu’elles sont présentes, les bosses séro-
ques ou les disproportions du bassin maternel sanguines illustrent par leur position le type
peuvent conduire à des dystocies en influen- de la présentation. En présentation OIDP, la
çant la position fœtale. Peuvent s’ensuivre des bosse sérosanguine est localisée au niveau de
contractions utérines inefficaces, conduisant l’angle antérosupérieur du pariétal gauche,
à une augmentation des doses d’ocytocine, et mais peut s’étendre au-delà de la suture coro-
à l’instauration d’un cercle vicieux qui peut se nale. En OIGP, la bosse sérosanguine est située
terminer par la nécessité de pratiquer une sur l’angle antérosupérieur du pariétal droit,
césarienne [27]. avec un recouvrement fréquent de la suture
Depuis toujours, les femmes ont essayé coronale.
diverses positions pour accoucher, comme les Parfois, la tête ne tourne pas, aboutissant à
positions accroupie, assise sur des sièges de une présentation en occipitopostérieur persis-
naissance ou bien en décubitus dorsal ou laté- tante. Cependant, dans 62 % de ces cas,
ral. La position gynécologique, où la femme l’échographie réalisée en début de travail
est en décubitus dorsal, avec le bassin en bor- montre que la présentation initiale se fait
dure de la table d’accouchement, les hanches dans une position antérieure, suivie de malro-
et genoux fléchis, et les jambes, ou pieds sup- tation pendant le travail [28]. La persistance
portés et maintenus dans des étriers, est typi- de la position postérieure est associée à un
30 Ostéopathie pédiatrique

travail déclenché, à l’administration d’ocyto- L’expulsion de la tête survient dans une posi-
cine pour l’augmenter, et à l’analgésie péridu- tion en occipitoantérieur avec le menton
rale [29,30]. Cette présentation est aussi plus fœtal, la bouche, le nez et le front glissant le
traumatisante que la présentation antérieure long de la face antérieure du sacrum et du
[31]. De fait, dans cette variété, les interven- coccyx maternels. De ce fait, des dysfonctions
tions obstétricales sont plus fréquentes, et faciales peuvent survenir, en particulier au
chez la primipare l’accouchement par voie niveau des maxillaires, et des sutures fronto-
basse ne se produit que dans 26 % des cas [30]. nasales et fronto-ethmoïdales.
L’accouchement par le siège fait l’objet de
Présentation du siège nombreux débats, car le fœtus en siège est un
Dans environ 3 % de tous les accouchements, fœtus à risque. De plus grands risques de mor-
la présentation à terme est en siège [32], avec talité et de morbidité néonatales semblent
un facteur de risque de prématurité [3]. En exister lorsque l’on compare les résultats des
fait, l’augmentation des pratiques de version accouchements par voie basse des enfants se
externe à 37 semaines de gestation réduit la présentant en siège à terme, à ceux des
fréquence de cette présentation à terme. Tou- enfants nés par césarienne [33,34]. Pour
tefois, ces manœuvres doivent être réalisées autant, lors d’une présentation en siège, la
dans un contexte où le fœtus peut être pratique d’une césarienne augmente les ris-
contrôlé et par des praticiens expérimentés. ques de complications maternelles [32].
Un toucher ostéopathique compétent peut
Présentation de la face
faciliter cette procédure, qui ne doit en aucun
cas être forcée, un circulaire du cordon ou un Les présentations de la face sont associées à
cordon ombilical trop court pouvant limiter une hyperextension de la colonne cervicale
la version fœtale. fœtale. De ce fait, l’occiput fœtal est au
La présentation en siège est classée selon la contact du dos, et la présentation est le men-
localisation du sacrum fœtal ; c’est-à-dire ton. Classiquement, quatre variétés sont
variétés sacro-iliaque gauche antérieure décrites.
(SIGA), la plus fréquente, sacro-iliaque droite – Les deux variétés mentopostérieures avec le
postérieure (SIDP), sacro-iliaque gauche pos- front fœtal comprimé contre la symphyse
térieure (SIGP), et sacro-iliaque droite anté- pubienne maternelle : l’accouchement est
rieure (SIDA). De plus, selon la position des difficile et nécessite une césarienne.
jambes fœtales, il existe deux sortes de présen- – Les deux variétés mentoantérieures : l’ac-
tation en siège : complet lorsque les jambes couchement peut être effectué par voie
sont fléchies et le fœtus placé comme « en basse, avec toutefois des déformations
tailleur » ; ou décomplété lorsque les jambes impressionnantes. Typiquement, l’enfant
sont défléchies et les pieds à hauteur de la tête présente un aspect en « gargouille » avec
fœtale. Les mêmes principes et mécanismes tuméfaction et œdème des tissus de la face
que ceux décrits pour la présentation du som- [35]. Les dysfonctions somatiques crânien-
met s’appliquent pour l’engagement et la des- nes sont fréquentes, affectant le viscéro-
cente. crâne, la colonne cervicale et la charnière
Pendant l’accouchement, quand le siège occipitoatloïdienne.
atteint le pubis, le tronc fœtal s’incline latéra-
lement, suivi par la délivrance des hanches. Dystocie de l’épaule
Cela peut être cause de dysfonction somati- Selon les auteurs, une dystocie de l’épaule est
que articulaire ou intraosseuse pour l’enfant, présente entre 0,2 et 3 % de tous les accouche-
au niveau des articulations coxofémorales, ments [36,37]. Le plus souvent, les facteurs de
os coxaux, sacrum et colonne vertébrale. risque sont attribués à des modifications cor-
La naissance et le nouveau-né 31

porelles du fœtus, comme l’augmentation du diverses complications néonatales allant de la


poids de naissance, la disproportion entre les paralysie faciale et des fractures du crâne aux
épaules fœtales et le bassin maternel, et l’aug- hémorragies intracrâniennes, l’usage des for-
mentation du diamètre bisacromial. Pendant ceps est décrit comme une procédure relative-
la descente fœtale, l’épaule postérieure peut ment sûre dans les mains de praticiens expéri-
aussi se retrouver coincée contre le promon- mentés [41,42].
toire du sacrum maternel, et après le dégage- Pour autant, les forceps peuvent être une
ment de la tête, l’épaule antérieure peut buter source potentielle de dysfonction crânienne.
contre le pubis maternel. De ce fait, les accou- En fait, les forces compressives appliquées par
chements avec dystocie de l’épaule requièrent les cuillers peuvent être de différentes intensi-
l’usage de manœuvres spécifiques pour libérer tés. De plus, le dégagement de la tête peut
l’épaule bloquée. La manœuvre de McRoberts nécessiter des forces de traction, d’inclinai-
réoriente le bassin, en ramenant les genoux de son, et de rotation transmises aux structures
la mère vers sa poitrine ; la manœuvre de crâniennes. Habituellement, les cuillers sont
Barnum dégage d’abord l’épaule postérieure, placées de chaque côté de la tête, mais
alors que d’autres procédures visent à libérer l’emplacement dicté par la présentation peut
les épaules en mobilisant le tronc fœtal. varier. Des dysfonctions crâniennes s’instal-
La dystocie de l’épaule est associée à une lent lorsque les forces de compression et de
seconde étape de travail supérieure à 2 heures traction sont importantes. Les membranes
et à plus d’extractions instrumentales [38]. dure-mériennes, le frontal, les grandes ailes
Elle augmente aussi les risques de morbidité du sphénoïde, les os zygomatiques et les arti-
néonatale. Lors de l’expulsion, une inclinai- culations temporomandibulaires sont le plus
son latérale importante est parfois nécessaire souvent concernés.
pour dégager l’enfant ; c’est une source poten-
tielle d’obstruction du retour veineux en pro- Ventouse obstétricale
venance de la tête, d’hémorragie intracrâ- La ventouse obstétricale est une extraction
nienne et d’anoxie. La traction appliquée à instrumentale alternative. Il en existe plu-
l’enfant peut aussi être responsable d’une sieurs modèles, mais le plus souvent une
atteinte du plexus brachial ; dans la variété cupule en métal ou en plastique est appliquée
OIGA, le bras droit est le plus souvent affecté. sur le scalp. Pendant la traction, une pression
Les fractures de clavicule en bois vert sont négative est créée à l’intérieur de la cupule. La
aussi possibles. De fait, les forces responsables ventouse obstétricale est indiquée dans les
pour ces blessures sont aussi responsables de arrêts de progression de la présentation, et
dysfonction somatique de la colonne thoraci- dans les cas de malposition. Elle assiste la
que supérieure, des côtes associées, de la cein- mère fatiguée et permet le dégagement de
ture scapulaire et de la charnière cervicothora- l’enfant dans les cas où une anesthésie pré-
cique. vient un accouchement spontané.
De toute évidence, les expulsions assistées
Forceps par forceps et ventouse obstétricale présen-
L’usage des forceps survient dans 5 à 10 % des tent des avantages et désavantages. La ven-
accouchements [39]. Ils peuvent aider la mère touse obstétricale semble moins traumati-
qui est épuisée, ou chez qui une anesthésie ne sante pour la mère, mais elle est associée à une
permet pas un accouchement spontané. La plus grande incidence d’hémorragie sous-
condition du fœtus est aussi parfois l’indica- arachnoïdienne et de céphalohématome [43].
tion ; bradycardie et malposition fœtales sont Les extractions instrumentales par ven-
des exemples où le dégagement fœtal doit être touse produisent parfois des lacérations du
rapide et/ou assisté [40,41]. Bien qu’associé à cuir chevelu. Les structures sous-jacentes, les
32 Ostéopathie pédiatrique

os de la calvaria et les membranes intracrâ- 7 Sporri S, Thoeny HC, Raio L, Lachat R, Vock P,
niennes peuvent également subir des Schneider H. MR imaging pelvimetry : a useful
adjunct in the treatment of women at risk for
contraintes. Un côté est plus souvent affecté,
dystocia ? AJR Am J Roentgenol 2002 ; 179 (1) :
résultant en une asymétrie des pariétaux. Les 137-44.
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12 Sergueef N. L’Odyssée de l’iliaque. Paris : Spek ;
leur de la dilatation cervicale sans influencer
1985.
les contractions utérines, et ensuite, lorsque
13 Kristiansson P, Svardsudd K, von Schoultz B. Serum
l’expulsion est imminente, elle produit une relaxin, symphyseal pain, and back pain during
anesthésie périnéale. Pour autant, elle ralentit pregnancy. Am J Obstet Gynecol 1996 ; 175 (5) :
parfois le travail, diminue la poussée abdomi- 1342-7.
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péridurale semble aussi prédisposer à une RC, ed. Foundations for Osteopathic Medicine.
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durant la descente. De fait, l’analgésie péridu- p. 1249.
rale est associée à une augmentation des pré- 15 King HH, Tettambel MA, Lockwood MD, Johnson
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Chapitre 2

Croissance
et développement
de l’enfant

Neurocrâne

Viscérocrâne

Développement postnatal

Développement psychomoteur
Croissance et développement de l’enfant 37

Chapitre 2

Croissance
et développement
de l’enfant

Théoriquement, le terme « croissance » est vésicules cérébrales primitives. Bien que la


employé pour décrire une augmentation de la plupart des os du système squelettique pas-
taille du corps ou d’une partie du corps. Le sent par les stages mésenchymateux et cartila-
terme « développement » fait communément gineux avant leur ossification, certaines par-
référence aux changements dans les fonc- ties du crâne ne suivent pas cette séquence et
tions, prises au sens large, et comprenant les ne passent pas par la phase de chondrifica-
fonctions musculosquelettiques, tout autant tion. Ainsi, les os de la voûte et certaines
que les fonctions soumises à l’influence des parties des os de la base s’ossifient à partir de
conditions environnementales, émotionnel- la membrane du tissu mésenchymateux pri-
les ou sociales. mitif ; on les qualifie parfois d’os membra-
Le crâne est composé de deux parties : le neux. Les autres os qui forment la base crâ-
neurocrâne, qui entoure et protège le cerveau, nienne passent par les stades mésenchyma-
et le viscérocrâne ou splanchnocrâne, qui teux, cartilagineux puis osseux ; on les quali-
forme la face. Le neurocrâne est par ailleurs fie d’os cartilagineux.
divisé en une base et une voûte (ou calvaria). À la fin du 1er mois de gestation, les cellules
La croissance du crâne est complexe ; les dif- mésenchymateuses qui entourent les vésicu-
férentes parties qui le forment ont plusieurs les cérébrales primitives augmentent en nom-
origines et différentes fonctions. Bien que bre et se condensent. Elles forment le desmo-
complexe, l’étude de cette croissance est pri- crâne, d’où dérivent les os membraneux et
mordiale pour la compréhension et le traite- cartilagineux. À ce stade, les cellules mésen-
ment des dysfonctions s’installant durant chymateuses localisées entre la partie crâ-
cette période. nienne du tube neural et l’intestin primitif
s’épaississent et s’organisent pour constituer
le basicrâne primordial.
Neurocrâne
Au début du 2e mois, l’arrangement des
Le neurocrâne humain se développe à partir cellules mésenchymateuses génère la meninx
du mésenchyme qui se condense autour des primitiva, ou méninge primaire. De ce tissu,

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Ostéopathie pédiatrique
38 Ostéopathie pédiatrique

dérivent deux couches qui vont se différencier Lorsque le développement continue, le


en une couche interne, l’endoméninge (lep- chondrobasicrâne primitif s’étend vers l’avant,
toméninge), et une couche externe, l’ecto- dans la région de la future selle turcique,
méninge (pachyméninge). L’endoméninge autour de la glande pituitaire en développe-
donne l’arachnoïde et la pie-mère, alors que ment, pour former les cartilages polaires et
l’ectoméninge se différencie en une lame pro- hypophysaires. Ces derniers, en association
fonde pour la dure-mère, et en une lame avec les cartilages trabéculaires, participent à
superficielle pour le futur neurocrâne cartila- la formation du corps sphénoïdal primordial.
gineux et le futur neurocrâne membraneux. En même temps, de chaque côté, les cartilages
de l’orbitosphénoïde et de l’alisphénoïde se
développent. Ils deviennent plus tard, respec-
Chondrocrâne tivement, les petites et les grandes ailes du
À la fin du 2e mois, vers la 7e semaine, de sphénoïde.
nombreux centres de chondrification se déve- La chondrification continue sa progression
loppent dans le desmocrâne. Ils s’organisent vers l’avant, autour des placodes nasales, pour
en amas de tissu chondroïde ressemblant à former les capsules nasales, ébauches des
des plaques. Les premières plaques cartilagi- futurs labyrinthes ethmoïdaux et cornets
neuses qui apparaissent sont localisées en nasaux. La partie centrale génère le septum
avant de la notochorde, près de son extrémité nasal qui reste cartilagineux après la nais-
rostrale. Elles forment les plaques parachorda- sance, et joue un rôle important dans la crois-
les et prennent part dans le développement de sance faciale en tant que « matrice fonction-
la plaque basale, dans la zone du dos de la nelle » [1,2].
selle de l’os sphénoïde. La chondrification Vers la 5e semaine, les capsules otiques se
progresse dans la région occipitale pour for- développent bilatéralement autour des vési-
mer le cartilage occipital. Ce cartilage incor- cules auditives, ébauches des futurs canaux
pore les sclérotomes des somites occipitaux et semi-circulaires et cochlée. Elles vont fusion-
forme la future partie basilaire de l’occiput. En ner avec les cartilages parachordaux pour for-
raison de cette incorporation, le nerf acces- mer les futures parties pétreuse et mastoï-
soire (XI) et le nerf hypoglosse (XII), initiale- dienne de l’os temporal. Ce faisant, elles
ment extracrâniens, sont aussi incorporés. En entourent la veine jugulaire interne et les
même temps que cette progression, de chaque nerfs glossopharyngien (IX), vague (X) et
côté, les condensations mésenchymateuses accessoire (XI) ; ce hiatus deviendra le fora-
augmentent, engendrant les parties condy- men jugulaire.
liennes de l’occiput. Elles se développent en Environ à la 8e semaine de gestation, au
entourant le XII, et forment l’ébauche du niveau de la base crânienne, le chondrocrâne
canal de l’hypoglosse et la circonférence du a presque totalement remplacé le mésen-
foramen magnum (figure 2.1). chyme du desmocrâne [3]. Il forme une fon-
On retiendra que les nerfs ne traversent dation stable, une sorte de tuteur pour le cer-
pas les os. Plutôt, les nerfs et les structures veau. Les os occipital, sphénoïde, temporal,
vasculaires sont présents avant le début du frontal et ethmoïde, qui forment la base crâ-
développement squelettique, et le crâne car- nienne ou basicrâne, se développeront par
tilagineux primordial se développe en les ossification endochondrale. Cependant, à
entourant, tout en établissant un rapport l’exception de l’ethmoïde, tous ces os ont
étroit avec les tissus conjonctifs de leur péri- aussi des parties membraneuses qui ne pas-
nèvre (perineurium) et de leur adventice. De sent pas par la phase de chondrification. En
fait, il y a continuité entre les différents tissus effet, l’ethmoïde comme le cornet nasal infé-
du corps. rieur se développent complètement à partir
Croissance et développement de l’enfant 39

Branches des III, IV, V (ophtal.), VI

Figure 2.1. Développement du crâne. Vue supérieure du crâne d’un embryon humain
(40 mm). Os cartilagineux : A : capsule nasale ; B : orbitosphénoïde ; C : présphénoïde ; D :
postsphénoïde ; E : basiocciput ; F : capsule otique ; G : exocciput ; H : supraocciput ;
I : alisphénoïde ; J : cartilage de Meckel ; K : malléus ; L : styloïde ; M : hyoïde ; N : thyroïde ;
O : cricoïde ; P : aryténoïde. Os membraneux : 1 : frontal ; 2 : nasal ; 3 : écaille du temporal ;
4 : écaille de l’occipital ; 5 : pariétal ; 6 : maxillaire ; 7 : lacrymal ;
8 : zygomatique ; 9 : palatin ; 10 : vomer ; 11 : lame médiale du processus ptérygoïde :
12 : anneau tympanique ; 13 : mandibule. (Source : Gray’s Anatomy, Fig 3.137, p. 272.)

d’une ossification endochondrale [2]. En tion progressive du postsphénoïde autour de


comparaison, les os de la calvaria sont formés la selle turcique, du présphénoïde autour de la
principalement par ossification intramembra- zone du sillon chiasmatique (sulcus chiasma-
neuse (figures 2.1 et 2.2). tis), et en dernier de l’ethmoïde. L’ossification
se déroule constamment selon cette progres-
Ossification sion.
De nombreux centres d’ossification com-
Précisément à 12 semaines et 4 jours de gesta- posent la plupart des os du crâne. Certains
tion, l’ossification commence au niveau de auteurs ont identifié jusqu’à 110 centres
l’os occipital [4]. Elle progresse alors vers d’ossification dans le crâne embryonnaire [3].
l’avant dans la base crânienne, avec l’ossifica- La complexité de ce processus d’ossification
40 Ostéopathie pédiatrique

Figure 2.2. Développement du crâne. Vue latérale du crâne d’un embryon humain (80 mm).
Voir légende figure 2.1. (Source : Gray’s Anatomy, Fig 3.137, p. 272.)

repose en partie sur la multiplicité des termes le foramen magnum. Il y a un centre primaire
employés pour décrire ces centres. On retien- pour la partie basilaire antérieure de l’os occi-
dra que ces centres d’ossification se dévelop- pital ou basiocciput, un pour chacun des seg-
pent dans la trame du chondrocrâne et s’éta- ments pairs latéraux des exoccipitaux, et deux
lent vers la périphérie pour joindre leurs pour la partie inférieure de l’écaille. Ces diffé-
homologues. Ainsi, des relations intraosseuses rentes parties cartilagineuses n’ont pas
cartilagineuses s’organisent entre les divers fusionné à la naissance.
centres d’ossification qui, en fonction de l’os Le sphénoïde est une structure plus com-
considéré, peuvent être ou ne pas être totale- plexe, avec de multiples centres d’ossification
ment ossifiées à la naissance. qui s’unissent pour former les cinq unités
La partie cartilagineuse de l’os occipital habituellement décrites. Ce sont une struc-
dérive de cinq centres primaires d’ossification ture médiane, le corps du sphénoïde compre-
qui entourent la moelle épinière pour former nant les centres des pré- et postsphénoïde, et
Croissance et développement de l’enfant 41

deux structures paires, les petites ailes ou orbi- frontal, pariétaux, les parties squameuses des
tosphénoïdes et les grandes ailes ou alisphé- os temporaux et la partie supérieure de
noïdes. Le présphénoïde constitue le corps du l’écaille de l’occipital (supraoccipital). Les
sphénoïde en avant du tubercule de la selle et sutures qui séparent ces os sont la suture sagit-
du sillon chiasmatique. Le centre du posts- tale entre les os pariétaux, la suture métopi-
phénoïde s’ossifie autour de la selle turcique que entre les os frontaux, la suture coronale
pour former le dos de la selle et le corps du paire entre les deux frontaux et les deux parié-
sphénoïde en arrière du tubercule de la selle. taux, la suture lambdoïde paire entre les par-
Les présphénoïde et postsphénoïde s’unissent ties supraoccipitales et les pariétaux, et les
à la synchondrose intrasphénoïdale qui s’ossi- sutures squameuses entre les pariétaux, tem-
fie habituellement vers le 8e mois de gesta- poraux, et le sphénoïde. Le neurocrâne mem-
tion. braneux est sous l’influence du cerveau en
Le cartilage du mésethmoïde est la partie développement qui exerce un stimulus très
médiale de la base crânienne antérieure, for- significatif sur la croissance de la calvaria pen-
mée partiellement par le cartilage du présphé- dant la période fœtale. Le neurocrâne mem-
noïde. Il deviendra la lame perpendiculaire et braneux présente aussi un rapport très étroit
la crista galli de l’ethmoïde [4]. À la naissance, avec la dure-mère qui agit sur la régulation des
le mésethmoïde reste cartilagineux. Il joue un sites de croissance calvariale, dont une grande
rôle très significatif dans la morphogenèse partie s’effectue sur les bords des sutures [7].
faciale [5].
Vers la 17e semaine, l’ossification de la Viscérocrâne
condensation mésenchymateuse débute au
niveau des os temporaux, de leur partie squa- Plusieurs origines sont démontrées pour le
meuse et du processus zygomatique, et viscérocrâne, avec des interactions complexes
approximativement à la 21e semaine, la entre la migration des cellules de la crête neu-
cochlée et le canal semi-circulaire latéral attei- rale et le déplacement embryonnaire du tissu
gnent leur taille adulte [6]. Ils sont enfoncés associé à la neurulation, c’est-à-dire la forma-
dans la capsule otique cartilagineuse, où les tion de la plaque neurale et sa fermeture pour
centres d’ossification de la partie pétromastoï- constituer le tube neural [8,9]. De plus, pen-
dienne apparaissent pendant le 5e mois. La dant toute la croissance, il existe un rapport
partie tympanique des os temporaux se forme étroit entre le cerveau, les organes des sens et
aussi dans le mésenchyme. le développement du viscérocrâne. Les crêtes
Rappelons que la base crânienne du neuro- neurales proviennent de la partie dorsale du
crâne se développe à partir d’une double os- tube neural. Elles migrent et se différencient
sification endochondrale et intramembra- en différents types de cellules, comme les cel-
neuse. L’occiput, le sphénoïde et les os tem- lules sensitives des ganglions des nerfs crâ-
poraux démontrent les deux types d’ossifica- niens trijumeau (V), glossopharyngien (IX) et
tion pendant que l’ethmoïde et le cornet vague (X), et aussi une partie des méninges et
nasal dérivent entièrement de l’ossification du crâne.
endochondrale [3]. Au cours de leur migration, à partir de la
L’ossification du neurocrâne membraneux 4e semaine, les crêtes neurales forment plu-
donne la voûte crânienne ou calvaria. Les cen- sieurs proéminences ou bourgeons. De ce fait,
tres d’ossification du mésenchyme desmocrâ- les ébauches de la face sont constituées par un
nien se développent vers la périphérie, séparés bourgeon frontonasal médian, et par deux
par des tissus membraneux devenus sutures. structures paires dérivées du premier arc pha-
Le développement des centres d’ossification ryngien, les bourgeons maxillaires et mandi-
forme les os de la calvaria . Ce sont les os bulaires. Le bourgeon frontonasal se divise
42 Ostéopathie pédiatrique

Proéminence nasale médiale


Proéminence mésencéphalique

Narine primitive antérieure

Proéminence nasale latérale

Stomodéum

Proéminences maxillaires

Sillon naso-optique
Proéminences mandibulaires

5 semaines, 9 mm

Figures 2.3. Développement du viscérocrâne. Vues frontale et latérale à 5 semaines, 9 mm.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 3.142, p. 278-279.)

plus tard, de chaque côté, en proéminence ment par le cerveau antérieur et caudalement
nasale médiale et proéminence nasale laté- par la proéminence cardiaque. Entre le stomo-
rale. Le bourgeon frontonasal façonne le déum et le thorax, la région mandibulaire et le
front, le milieu du nez, le philtrum de la lèvre cou se développent à partir de six paires d’arcs
supérieure et le palais primaire, pendant que pharyngiens. Le premier arc pharyngien est
la proéminence nasale latérale constitue les tout à fait différent des autres arcs. Il présente
côtés du nez (figures 2.3 à 2.6). une proéminence dorsale ou maxillaire et une
Après la plicature craniale, le stomodéum, proéminence ventrale ou mandibulaire. Une
ou future cavité orale, est délimité craniale- partie cartilagineuse, le cartilage de Meckel,
Croissance et développement de l’enfant 43

Fusion

Éminence auriculaire
6 semaines, 12 mm 7 semaines, 19 mm

Opercule

Sinus cervical

Crête épipéricardique Méat acoustique externe


Figures 2.4. Développement du viscérocrâne. Figures 2.5. Développement du viscérocrâne.
Vues frontale et latérale à 6 semaines, Vues frontale et latérale à 7 semaines,
12 mm. (Source : Gray’s Anatomy, 19 mm. (Source : Gray’s Anatomy,
Fig. 3.142, p. 278-279.) Fig. 3.142, p. 278-279.)

se développe bilatéralement dans les premiè- viennent des deuxièmes arcs. Le cartilage du
res paires des arcs pharyngiens ; le malléus et deuxième arc, ou cartilage de Reichert, engen-
l’incus pourraient en être dérivés [10]. Cepen- dre le stapès, le processus styloïde de l’os tem-
dant, c’est dans le mésenchyme des premiers poral, le ligament stylohyoïdien, la petite
arcs que l’ostéogenèse membraneuse de la corne et une partie du corps de l’os hyoïde.
mandibule et des maxillaires s’organise [9,11]. La migration médiale des proéminences
De chaque côté, les os zygomatiques, les par- maxillaires, et la fusion des deux côtés, forme
ties squameuses des os temporaux, l’anneau le toit de la cavité orale ou palais primaire. Elle
tympanique, les os lacrymaux et nasaux déri- résulte aussi dans la formation du philtrum de
vent aussi du mésenchyme du premier arc par la lèvre supérieure. Vers la 6e semaine de ges-
une ossification membraneuse. Les muscles tation, le palais secondaire apparaît. Il dérive
masticateurs dérivent également des premiers de la fusion sur la ligne médiane des processus
arcs, alors que les muscles de la mimique pro- palatins ou lames palatines développés à par-
44 Ostéopathie pédiatrique

trois premiers mois. En comparaison, à la


naissance, l’enfant mesure 50 cm, et 75 cm à
la fin de la première année ; à 4 ans, la taille de
l’enfant est normalement le double de celle de
la naissance.
À la naissance, la plupart des os n’ont pas
complété leur ossification et ils sont formés
d’une ou de plusieurs parties. Les dysfonc-
tions crâniennes somatiques peuvent déjà
être présentes, représentées par une fonction
altérée des structures crâniennes et des élé-
ments myofasciaux, vasculaires, lymphati-
Philtrum ques et neuraux qui leur sont rattachés.
8 semaines, 28 mm N’importe quelle contrainte crânienne pen-
dant la période fœtale ou traumatisme pen-
dant la naissance peut en être la cause (voir le
chapitre 4). Chacun des os du crâne peut être
impliqué, résultant en une dysfonction inte-
rosseuse ou articulaire. Les dysfonctions peu-
vent aussi être situées entre les différents
constituants d’un os, résultant alors en une
dysfonction intraosseuse.

Base crânienne
Les différentes articulations de la base crâ-
nienne sont nommées synchondroses. Par
définition, ce sont des articulations cartilagi-
Figures 2.6. Développement du viscérocrâne. neuses dans lesquelles deux os sont unis par
Vues frontale et latérale à 8 semaines, un fibrocartilage. En fait, l’union cartilagi-
28 mm. (Source : Gray’s Anatomy, neuse est un vestige du chondrocrâne. Dès
Fig. 3.142, p. 278-279.) lors, les os ne doivent pas être considérés
comme séparés par des fibrocartilages ; ils doi-
vent plutôt être envisagés comme les parties
tir des proéminences nasales latérales. Un
d’un continuum tissulaire formé par les
défaut de fusion des processus palatins résulte
méninges, les parties cartilagineuses, mem-
en fentes palatines et labiales. Pendant la for-
braneuses et osseuses des os.
mation du palais, les proéminences frontona-
sale et nasale médiale forment le septum Par leur moyen d’union cartilagineux, les
nasal, qui s’étendra vers le bas pour rejoindre synchondroses sont localisées dans la base
le palais [3]. crânienne. Elles peuvent être interosseuses,
entre deux os adjacents, ou intraosseuses,
entre les constituants d’un même os. À la
Développement postnatal naissance, les principales synchondroses
Normalement, la circonférence de la tête est sont :
de 35 cm à la naissance. Elle doit atteindre – la synchondrose sphéno-occipitale (syn-
47 cm à la fin de la première année, avec une chondrose sphénobasilaire [SSB]), entre le
croissance d’approximativement 6 cm les basisphénoïde et le basiocciput ;
Croissance et développement de l’enfant 45

– la synchondrose pétro-occipitale, entre la d’une partie supérieure qui se développe dans


partie pétreuse de l’os temporal et le basioc- le crâne membraneux. De fait, lors de l’accou-
ciput ; chement, lorsque la partie inférieure de l’occi-
– la synchondrose sphénopétreuse, entre le put est calée sous la symphyse pubienne, la
sphénoïde et la partie pétreuse de l’os tem- ligne nuchale supérieure peut servir de char-
poral ; nière autour de laquelle se déroule la
– la synchondrose sphéno-ethmoïdale, entre déflexion de la tête. Une dysfonction peut
le corps du sphénoïde et l’ethmoïde ; résulter entre les parties supérieure et infé-
– la synchondrose intraoccipitale postérieure, rieure de l’écaille de l’occipital. Par ailleurs,
entre l’écaille de l’occiput et l’exocciput ; dans les plagiocéphalies non synostotiques,
– la synchondrose intraoccipitale antérieure, les enfants présentent parfois un méplat pos-
entre l’exocciput et le basiocciput. térieur médian, qui est localisé au niveau de la
partie membraneuse de l’écaille de l’occipital,
Os occipital la partie la plus malléable.
À la naissance, l’occiput consiste en quatre Entre 2 et 4 ans, l’écaille de l’occiput s’unit
parties, le basiocciput, les deux exocciputs et de chaque côté aux exocciputs, au niveau des
l’écaille (figure 2.7). C’est toutefois à partir de synchondroses intraoccipitales postérieures.
cinq centres cartilagineux primaires que sont Les exocciputs et le basiocciput fusionnent
développées ces différentes parties, c’est-à- entre 7 et 10 ans au niveau des synchondroses
dire un pour le basiocciput, un pour chaque intraoccipitales antérieures [12]. En fait, à la
exocciput et deux pour la partie de l’écaille naissance, les condyles occipitaux sont sépa-
située en dessous de la ligne nuchale supé- rés en deux parties par la synchondrose
rieure. L’écaille de l’occipital est complétée intraoccipitale antérieure. À ce stade, les
condyles sont relativement plats ; ils ne pren-
dront une forme convexe que plus tard pen-
dant l’enfance. Ils sont particulièrement sen-
sibles aux traumatismes infantiles ; des
dysfonctions intraosseuses peuvent en résul-
ter qui affectent la forme des condyles et celle
Partie supérieure de l’écaille de l’occipital.
de l'écaille
Ligne d'union
entre les parties Os sphénoïde
supérieure
et inférieure À la naissance, neuf synchondroses sont iden-
de l'écaille
tifiées dans le sphénoïde ; la plupart sont dans
Partie inférieure
de l'écaille un état intermédiaire d’ossification [12]. De
fait, à cette période, le sphénoïde présente
Centre de Kerckring
trois parties principales : une partie centrale
formée par le corps et les petites ailes, et deux
Partie latérale parties latérales, chacune consistant en une
(Exocciput)
grande aile et un processus ptérygoïde (fi-
Partie basilaire gure 2.8). L’essentiel de la fusion entre les
(Basiocciput) différentes parties du sphénoïde se produit à
la fin de la première année. Les grandes ailes
Figure 2.7. Os occipital à la naissance. fusionnent avec le corps en entourant le nerf
(Source : Gray’s Anatomy, vidien et structurent ainsi le canal ptérygoï-
Fig. 6.167, p. 585.) dien.
46 Ostéopathie pédiatrique

Petites ailes cartilagineuse. Les parties squameuses et tym-


paniques sont d’origine membraneuse. Le
processus styloïde dérive de la partie cartilagi-
Grande Foramen
aile neuse du deuxième arc pharyngien. Les par-
rond
ties tympanique et squameuse se réunissent à
Foramen
ovale la suture squamotympanique, les parties
pétreuse et squameuse à la suture pétrosqua-
meuse, et les parties pétreuse et tympanique à
Lingula Os palatin, Hamulus de la lame
lame ptérygoïdienne médiale la suture pétrotympanique.
perpendiculaire
La suture squamotympanique se ferme
Figure 2.8. Os sphénoïde à la naissance. juste avant la naissance [10]. La suture pétros-
(Source : Gray’s Anatomy, quameuse peut s’ossifier après la naissance,
Fig. 6.172, p. 588.) bien que chez quelques personnes une fissure
reste présente jusqu’à 19 ans. La suture pétro-
tympanique s’ossifie avant la fin de la pre-
Postpartum, le sphénoïde subit des change- mière année. Les sutures pétrosquameuse et
ments significatifs. La surface dorsale du sphé- pétrotympanique participent à la constitu-
noïde suit le même modèle de croissance que tion de la fosse mandibulaire qui est le toit de
celui du neurocrâne. La plupart de cette crois- l’articulation temporomandibulaire (ATM). À
sance s’accomplit dans les dix premières la naissance, la fosse est peu profonde, et son
années de la vie. En revanche, la surface ven- tubercule articulaire absent. La fosse mandi-
trale du sphénoïde continue son développe- bulaire se creuse en même temps que se déve-
ment pendant la puberté, comme les os loppent les fonctions de succion-déglutition
faciaux dont elle forme la limite postérieure et plus tard de mastication. Toute dysfonction
[13]. Les lames médiales des processus pté- entre les parties pétreuses, squameuses et tym-
rygoïdes s’allongent et forment les limites panique peut affecter la fosse mandibulaire et
latérales du nasopharynx. Leur allongement donc, plus tard, la fonction de l’ATM.
est soumis aux tractions musculaires. Les Le tiers antérieur de la région mastoïdienne
muscles tenseurs du voile du palais stabilisent se développe à partir de la partie squameuse,
l’action des muscles ptérygoïdiens médiaux et les deux tiers postérieurs à partir de la partie
insérés pour leur plus grande partie dans les pétreuse. Le processus mastoïde est incomplè-
fosses ptérygoïdes et qui exercent une force tement formé à la naissance ; il se développe
descendante et latérale. Les muscles ptérygoï- à la fin de la première année. La traction
diens latéraux s’insèrent sur la face latérale de du muscle sternocléidomastoïdien lorsque
la lame latérale du processus ptérygoïde sur l’enfant commence à redresser la tête contri-
lesquelles ils exercent une force latérale. Les bue à ce développement. Les cellules aériques
actions de ces muscles structurent le processus mastoïdiennes sont très petites pendant
ptérygoïde. De ce fait, son développement est l’enfance ; elles ne se développent pas entière-
dépendant des activités orofaciales telles la ment avant la poussée de croissance de la
succion et plus tard la mastication. puberté. Leur rôle est prépondérant sur l’équi-
libration des pressions de l’oreille moyenne
Os temporaux et, de ce fait, leur développement est primor-
À la naissance, les os temporaux comportent dial. Les compressions occipitomastoïdiennes
chacun quatre parties : les parties squameuse, résultant en un hypodéveloppement de ces
pétreuse, tympanique, et le processus styloïde cellules, comme dans les plagiocéphalies, pré-
(figure 2.9). La partie pétreuse est d’origine disposent aux otites.
Croissance et développement de l’enfant 47

Partie Processus
squameuse zygomatique

Suture squamomastoïdienne

Fosse mandibulaire
Partie mastoïdienne

Tegmen tympani
Foramen stylomastoïdien
Anneau tympanique

Dépression Fenêtre vestibulaire


pour la partie tympanique
du processus styloïde

Figure 2.9. Os temporal à la naissance. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 178B, p. 593.)

Os ethmoïde du volume cérébral et les changements postu-


L’ethmoïde dérive de la capsule nasale cartila- raux. La croissance cérébrale est la plus impor-
gineuse et consiste en trois parties, la lame tante pendant la première année postnatale
perpendiculaire médiale et un labyrinthe de [16]. Cela entraîne des changements qui par-
chaque côté. À la naissance, les labyrinthes ticipent à la flexion de la base crânienne au
sont partiellement ossifiés. Pendant la pre- niveau des synchondroses sphénobasilaire,
mière année, un centre d’ossification apparaît intrasphénoïdale et sphéno-ethmoïdale, avec
pour la lame perpendiculaire et sa crista galli, une augmentation de l’activité chondrogéni-
dans la partie supérieure du septum nasal car- que dans la partie supérieure de ces synchon-
tilagineux [14]. La lame perpendiculaire s’unit droses. Cette activité chondrogénique semble
aux labyrinthes vers 6 ans [10]. être la plus active au niveau de la SSB [17]. En
La partie antéro-inférieure du cartilage du avant du neurocrâne, en réponse à la stimula-
septum nasal reste cartilagineuse et devient le tion de la croissance cérébrale, la croissance
cartilage septal, pendant que la partie postéro- de la synchondrose sphéno-ethmoïdale con-
inférieure forme le vomer. L’orientation du tribue secondairement au développement
vomer change entre la naissance et l’adoles- facial, et ce jusqu’à l’âge de 8 ans où le cerveau
cence. Par une croissance progressive vers a presque atteint sa taille adulte [18]. L’allon-
l’arrière, son bord supérieur couvre complète- gement de la partie antérieure de la base crâ-
ment la crête sphénoïdale inférieure pour nienne dû à la croissance de la synchondrose
atteindre la synchondrose sphénobasilaire sphéno-ethmoïdale est achevé en même
[15]. temps que celui des sutures sphénofrontale et
fronto-ethmoïdale.
Synchondroses Le basiocciput et le basisphénoïde s’articu-
La croissance de la base crânienne répond à lent au niveau de la SSB en formant le clivus.
diverses influences, comme l’augmentation L’ossification de la SSB peut commencer à
48 Ostéopathie pédiatrique

Os sphénoïde Os temporal
(Grande aile) (Partie pétreuse)
(Corps)
(Processus ptérygoïde) (Partie squameuse)
(Petite aile) Os pariétal
Os frontal
(partie squameuse)
(Partie orbitaire)

Os ethmoïde
(lame criblée)
(Partie labyrinthique) Os occipital
(Partie squameuse)
Os nasal
Os lacrymal (Partie latérale)
Maxillaire (Partie basilaire)
(processus frontal) Os palatin (Lame perpendiculaire)
(Processus alvéolaire) (Lame horizontale)
Cornet nasal
(Processus palatin) inférieur

Figure 2.10. Section sagittale de la base crânienne à la naissance.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 4.16, p. 358.)

l’âge de 8 ans [12]. Cependant, pour la plu- Pendant les deux premières années de la
part des auteurs, la SSB commence à fusion- vie, la croissance de la base crânienne est asso-
ner juste après la puberté, et cette ossification ciée aux changements importants des structu-
se prolonge approximativement jusqu’à res adjacentes, tels le pharynx, le larynx et les
25 ans [10,17,19–21]. Par conséquent, c’est organes sensoriels. À la naissance, la base crâ-
probablement avant l’adolescence que le nienne est légèrement fléchie, mais la syn-
potentiel pour affecter la SSB par des procédu- chondrose sphéno-occipitale et le basion
res ostéopathiques crâniennes est le plus (point le plus antérieur du foramen magnum)
grand. sont alignés sur le même plan (figure 2.10). De
Sur les côtés, les synchondroses pétro- surcroît, chez le nouveau-né, la langue est
occipitales ne s’ossifient jamais, et les parties totalement contenue dans la cavité orale. Le
pétreuses des temporaux et le basiocciput res- larynx est situé dans une position haute, et
tent toute la vie séparés par un vestige cartila- l’épiglotte et le palais mou (voile du palais)
gineux du chondrocrâne [12,20]. Les sutures sont en contact pendant la déglutition et la
occipitomastoïdiennes entre l’écaille de l’os respiration [24]. Graduellement, le larynx des-
occipital et les deux parties mastoïdiennes des cend de cette position haute, entre C1 et C3,
os temporaux démontrent de grandes varia- pendant les 2 années et demie à 3 premières
tions dans leur comportement [20]. Le plus années de vie, vers une position plus basse, où
souvent, l’ossification commence lentement il est compris entre les bords supérieurs de C4
vers 30 ans, et s’arrête complètement vers et C7 chez l’adulte [25]. L’os hyoïde situé au
70 ans, bien que ces sutures soient incomplè- niveau de C1–C2 chez le nouveau-né est à
tement ossifiées [22,23]. En avant de la base hauteur de C3–C4 chez l’adulte (figures 2.11
crânienne, les sutures sphénofrontales com- et 2.12). Ces changements se déroulent en
mencent à s’ossifier vers 5 ans ; elles fusion- concomitance de la croissance de la colonne
nent vers 15 ans [12,20]. cervicale et de la traction du système aérodi-
Croissance et développement de l’enfant 49

Basiocciput
Os nasal

Muscle palatopharyngien

1re vertèbre cervicale

Dent de l'axis
Muscle génioglosse Muscle palatothyroïdien
Proéminence aryténoïdienne
Muscle géniohyoïdien Muscle aryténoïdien
Pli vocal
Muscle mylohyoïdien Muscle cricoaryténoïdien postérieur
Os hyoïde
Partie antérieure du muscle œsophagien
Muscle platysme Épiglotte
Cartilage thyroïde Muscle sternohyoïdien
Cartilage cricoïde

Figure 2.11. Section sagittale des régions orale et pharyngienne chez le nouveau-né.
(Source : Bosma J. Oral and pharyngeal development and function. J Dent Res 1963 ;
2 : 375-80. Fig. 1A : Anatomic studies of human infant at term birth.
1 : Sagittal section, p. 376.)

gestif. Lorsque le larynx descend, la partie Calvaria


postérieure de la langue est tirée vers l’arrière
et le bas, participant à la constitution de la Alors que les os de la base crânienne sont
paroi antérosupérieure du pharynx pour for- séparés par les espaces cartilagineux que sont
mer l’oropharynx. En même temps, le cons- les synchondroses, les os de la calvaria ou
tricteur supérieur du pharynx, qui s’insère sur voûte sont séparés par des espaces membra-
le tiers inférieur des bords postérieurs des neux ; ce sont les sutures. Carrefours entre
lames ptérygoïdiennes médiales et de leur plusieurs sutures de la voûte, les fontanelles
hamulus, participe par sa traction au dévelop- sont aussi des intervalles membraneux, non
pement inféropostérieur des processus pté- encore ossifiés et situés aux angles des parié-
rygoïdes. Cette différenciation pharyngienne taux. Il y a six fontanelles : deux sont médiales
se produit pendant les quatre premières et impaires, la fontanelle antérieure ou breg-
années de la vie. En fait, c’est un moment où matique et la fontanelle postérieure ou lamb-
toutes les fonctions de succion-déglutition, datique ; quatre sont latérales et paires, deux
mastication et phonation sollicitent les mus- de chaque côté, les fontanelles sphénoïdales
cles pharyngiens, linguaux et orofaciaux qui et mastoïdiennes (figure 2.13). Normalement,
sont ainsi des facteurs essentiels dans le déve- les fontanelles se ferment avec la croissance
loppement normal de la base crânienne. Réci- des os qui les entourent. Les fontanelles pos-
proquement, toute dysfonction de la base crâ- térieure et sphénoïdales sont généralement
nienne affecte ces fonctions et donc leur fermées vers l’âge de 6 mois, alors que les
développement. fontanelles antérieure et mastoïdiennes se fer-
50 Ostéopathie pédiatrique

Torus tubaire
Tonsille pharyngienne
Récessus pharyngien
Cavité nasale
Torus de l’élévateur
(repli soulevé par l’élévateur
du voile du palais)
Repli recouvrant
Arc palatoglosse le sphincter
(rebord de palatopharyngien
l’isthme du gosier) Pli salpingopharyngien
Tonsille palatine
Arc palatopharyngien
(repli soulevé par le muscle
palatopharyngien)
Langue
Ouverture du larynx
Tonsilles linguales
Vallécule

Nasopharynx
Oropharynx
Laryngopharynx Œsophage
Trachée

Figure 2.12. Section sagittale des régions orale et pharyngienne chez l’adulte.
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.192 A, p. 987.)

ment dans la deuxième année [10]. Au niveau l’ossification de ces sutures est complète entre
des sutures sagittale et métopique, quelques 35 et 47 ans [22,23]. En fait, la fusion suturale
fontanelles accessoires peuvent être présentes. peut survenir sur une longue période qui varie
Parfois, à l’inverse, des centres d’ossification d’un individu à l’autre. Diverses méthodes
surnuméraires se développent dans les su- d’évaluation sont aussi utilisées, ce qui peut
tures. expliquer les différences entre auteurs. Un
Aussi longtemps qu’elles restent non ossi- exemple extrême peut illustrer ces différences.
fiées, les sutures de la voûte crânienne, comme En scanographie, la suture sphénosquameuse
les synchondroses, représentent des sites est décrite par certains comme commençant à
majeurs de la croissance osseuse. En revanche, fusionner entre 2 et 6 ans [12,20], alors que
une fusion prématurée des sutures empêche la l’examen de spécimens osseux identifie l’âge
formation d’os à cet endroit, comme c’est le cas de début de fusion à 40 ans, avec rarement la
pour les craniosynostoses, avec dysmorphose présence d’une fusion complète [22,23]. Théo-
craniofaciale [7]. Le plus souvent, l’oblitération riquement, la fusion d’une suture ne signifie
des sutures de la voûte crânienne commence pas que les procédures ostéopathiques crânien-
entre 20 et 40 ans, tout d’abord sur la face nes ne puissent être employées pour affecter la
endocrânienne, et 10 ans plus tard sur la face compliance osseuse. Bien sûr, le concept crâ-
exocrânienne. La fusion démarre ordinaire- nien ne saurait être réduit à des mobilisations
ment dans la partie postérieure de la suture articulaires, mais de toute évidence, le poten-
sagittale vers 22 ans, puis dans les sutures coro- tiel le plus grand pour les meilleurs résultats est
nale et lambdoïde à 25 ans. Habituellement, au plus jeune âge possible.
Croissance et développement de l’enfant 51

Fontanelle antérieure
ou bregmatique

Fontanelle postérieure
ou lambdatique

A
Fontanelle antérieure
ou bregmatique
Fontanelle sphénoïdale

Fontanelle postérieure
ou lambdatique

B Fontanelle mastoïdienne

Figure 2.13. Fontanelles. A. Vue supérieure. B. Vue latérale.


52 Ostéopathie pédiatrique

Comme pour les os de la base crânienne, la sance et la 7e année, le neurocrâne grandit


morphogenèse des os de la calvaria est le rapidement, et la plupart de sa croissance est
résultat de forces intracrâniennes et extracrâ- alors effectuée. À cet âge, le foramen magnum
niennes. Les forces internes exercées par le et les parties pétreuses des os temporaux ont
cerveau en croissance sont équilibrées par les atteint leur taille maximale. Vers 5 ans, la
forces musculaires externes. Ces forces exter- croissance du cerveau est presque terminée,
nes proviennent des muscles qui s’insèrent alors que la face n’a seulement atteint que la
sur le crâne, en particulier les muscles postu- moitié de sa taille adulte [5]. Une deuxième
raux en arrière et les muscles du système aéro- phase de croissance démarre à la puberté, et
digestif en avant. Modulant les influences implique principalement le viscérocrâne qui
musculaires, les membranes durales de ten- continuera de grandir au-delà de l’adoles-
sion réciproque maintiennent l’équilibre cence, jusque dans la vie adulte. L’éruption
entre les parties antérieures et postérieures du des dents déciduales et plus tard des dents
crâne. Toute dysfonction dans les membranes permanentes, ainsi que la pneumatisation des
durales, les muscles posturaux ou les muscles sinus paranasaux contribuent à un agrandis-
du système aérodigestif résulte, cependant, en sement conséquent de la face et des mâchoi-
un déséquilibre de la croissance crânienne. res (figure 2.14).
Normalement, lors de l’acquisition de la Typiquement, la morphogenèse du viscéro-
position debout, plusieurs caractéristiques crâ- crâne s’étale sur une longue période se pro-
niennes associées à l’hominisation apparais- longeant jusqu’à la 3e décennie de vie. Les os
sent. Pendant que la base crânienne subit une du viscérocrâne subissent un mécanisme de
flexion, la voûte crânienne augmente de vo- croissance par apposition, résultat de l’addi-
lume, les bosses frontales et pariétales devien- tion de nouvelles couches, et résorption de
nent plus proéminentes, et le diamètre biparié- l’os précédemment produit. Bien que, dans le
tal augmente. En même temps, les os frontaux neurocrâne, une partie des sutures fusionne,
se verticalisent et l’écaille de l’os occipital se dans le viscérocrâne, typiquement, une union
développe postérieurement [26]. fibreuse persiste entre les os de la face jusqu’à
la 7e ou 8e décennie de vie [7]. Dès lors, la
morphogenèse faciale est sous la double
Viscérocrâne
influence de facteurs génétiques et épigénéti-
À la naissance, le crâne est beaucoup plus ques tels la succion, la déglutition, la mastica-
grand proportionnellement que les autres par- tion, la respiration nasale et le langage. Les
ties du squelette, et dans la tête, le neurocrâne facteurs épigénétiques et les forces qui leur
est beaucoup plus grand que le viscérocrâne. Il sont associées modulent l’héritage génétique,
égale les 7/8e du volume crânien total, en et de cette façon la croissance osseuse et car-
comparaison à la moitié du volume chez tilagineuse. Les forces en cause régulent
l’adulte. En fait, les maxillaires et la mandi- l’expression, les prolifération, différenciation,
bule n’ont pas fini leur croissance, les dents maturation, et synthèse cellulaires, avec
ne sont pas encore sorties, et les cavités nasa- comme résultat la croissance et le développe-
les et sinus paranasaux sont encore immatu- ment [27].
res, ce qui explique la petite taille de la face La croissance faciale est associée à la crois-
chez le bébé. L’ouverture nasale antérieure sance orbitaire et maxillaire. Les os de la
infantile est très légèrement au-dessous du cavité orbitaire, les os frontaux, lacrymaux,
niveau du plancher orbitaire. palatins, zygomatiques, maxillaires et sphé-
Il y a une grande différence dans le rythme noïde se développent dans la membrane et
de la croissance du neurocrâne comparative- sont très réactifs à n’importe quelle force qui
ment à celui du viscérocrâne. Entre la nais- peut stimuler leur croissance. Ainsi, la crois-
Croissance et développement de l’enfant 53

Figure 2.14. Développement du viscérocrâne. La croissance du neurocrâne


et celle du viscérocrâne suivent des rythmes différents.
(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 4.28 A, B, p. 372.)

sance de la cavité orbitaire est le résultat glo- différencie en une partie centrale, le méseth-
bal de l’augmentation de volume du bulbe moïde, dont l’ossification et la croissance
oculaire, et de l’activité des muscles extraocu- commencent dans la première année et
laires associée aux mouvements oculaires. durent au moins jusqu’à la fin de l’adoles-
Chez le nouveau-né, les bulbes oculaires de cence, et deux parties latérales, les ectethmoï-
grande taille se projettent au-delà du bord des. Toutes ces structures cartilagineuses sont
orbitaire, et la hauteur de l’orbite représente réunies par l’aponévrose faciale et les tissus
55 % de sa taille adulte. À 3 ans, elle est de mous de la face. Le mésethmoïde forme le
79 %, et à 7 ans, d’environ 94 %, bien que la septum nasal et agit comme une « matrice
hauteur de la face ne représente que 80 % de fonctionnelle » poussant et positionnant la
sa taille définitive [1]. partie inférieure des frontaux, les os nasaux,
Les changements morphologiques de et les prémaxillaires [1,2,5]. Par conséquent,
l’orbite sont associés à la modification du les traumatismes du nez, fréquents pendant
foramen optique. Il évolue d’un foramen à un l’accouchement et les activités normales de
canal d’environ 4 mm de long, pendant la l’enfance, peuvent résulter en une dysfonc-
première année, et d’une position horizontale tion, qui pourra affecter ultérieurement le
à une inclinaison d’environ 15 à 20° vers développement et la croissance du viscéro-
l’avant avant la cinquième année [28]. Ces crâne ainsi que la dentition.
changements vont de pair avec les change- Par suite de la propulsion du mésethmoïde
ments structuraux des ailes du sphénoïde et et du développement orbitaire, le complexe
ceux de la croissance de la base crânienne. maxillaire est déplacé vers le bas et vers
Parmi les facteurs qui influencent la mor- l’avant. Simultanément, sa dimension trans-
phogenèse faciale, le développement des cap- versale augmente, en partie à cause de la
sules nasales cartilagineuses est prépondérant. croissance survenant au niveau des sutures
Les forces multidirectionnelles que ces capsu- internasales, frontomaxillaires, zygomatico-
les exercent sont considérées comme ayant le maxillaires, ptérygopalatines, et surtout de la
même effet sur le viscérocrâne que celui de la suture palatine médiale. L’expansion des pro-
croissance cérébrale sur le neurocrâne [5]. Les cessus ptérygoïdes vers le dehors et le bas
capsules nasales forment le chondro-eth- contribue aussi à cet élargissement. Par
moïde, véritable squelette facial des deux pre- ailleurs, la dimension sagittale augmente par
mières années de vie. Le chondro-ethmoïde se la croissance osseuse au niveau de la suture
54 Ostéopathie pédiatrique

palatine transversale, entre les lames palatines maxillaires, des processus ptérygoïdes et des
des maxillaires et les lames horizontales des muscles adjacents. Chez le nouveau-né, sa
palatins, et par la croissance survenant au longueur est la moitié de celle de l’adulte et,
bord postérieur des os palatins. L’augmenta- vers 7 ans, elle a atteint 97 % de sa longueur
tion de la dimension sagittale des maxillaires définitive. À la naissance, la trompe auditive
correspond aussi à l’expansion du nasopha- est presque horizontale, alors que chez
rynx [28]. Les sutures palatines ne sont jamais l’adulte elle est oblique vers l’avant et le
totalement fusionnées avant la troisième dedans en direction du nasopharynx.
décennie [29].
Développement psychomoteur
Sinus paranasaux
De grandes différences existent dans le Du fait des multiples facteurs qui contribuent
rythme auquel se développent les sinus para- au développement moteur de l’enfant ou
nasaux. Les sinus maxillaire et sphénoïdal se interfèrent avec lui, de multiples théories ont
développent les premiers, au 4e mois de gesta- été proposées. Une première théorie est fon-
tion. Vers le 6e mois, ils sont suivis des sinus dée sur la maturation progressive du système
frontaux et ethmoïdaux. nerveux central et l’existence de modèles
À la naissance, les sinus paranasaux sont préétablis qui règlent le développement de
tout petits. Le sinus maxillaire mesure envi- l’enfant. Dans les théories écologiques,
ron 7 mm de long sur 4 mm de large, et les l’accent est mis sur les divers facteurs qui
cellules ethmoïdales, 2 à 5 mm [30]. Ces der- modulent l’héritage génétique comme l’envi-
nières atteignent leur taille adulte entre 12 et ronnement intra-utérin ou familial. Enfin,
13 ans. La forme pyramidale des sinus maxil- plus récemment, on accepte l’existence à la
laires se dessine entre 5 et 8 ans, et leur taille naissance d’une myriade de réseaux neuro-
adulte vers 15 ans. Les sinus sphénoïdaux naux modulables par migration, division et
commencent leur pneumatisation vers 5 ans mort cellulaire, choisis par tâtonnement et
[31]. Vers l’âge de 6 ans, le développement des renforcement des expériences les plus positi-
sinus frontaux permet de les observer radiolo- ves [33].
giquement. À cet âge, la croissance cérébrale Pendant la vie embryonnaire, le dévelop-
ralentit, et la table interne de l’os frontal se pement du système musculosquelettique
stabilise. En revanche, la table externe conti- inaugure des actions qui apparaissent dès la
nue d’être sollicitée vers l’avant par la crois- 7e semaine de gestation comme de simples
sance nasomaxillaire, ce qui agrandit l’espace mouvements d’extrémités ou d’extension du
sinusal entre les deux tables du frontal. cou [10]. Ces mouvements simples, le plus
Normalement, les sinus paranasaux conti- souvent des torsions et des étirements, peu-
nuent leur développement jusqu’à l’adoles- vent aussi impliquer le reste du corps. Ils sti-
cence et parfois au-delà. Les forces masticatri- mulent la croissance et la souplesse de la peau,
ces combinées avec l’action des hormones de tout en participant à l’organisation neurophy-
croissance semblent stimuler ce processus siologique et au développement du système
[32]. Inversement, les dysfonctions somati- musculosquelettique. Deux semaines plus
ques de la base crânienne, ou des os du viscé- tard, le fœtus démontre des mouvements
rocrâne peuvent affecter le développement d’un seul bras ; c’est le premier signe de laté-
sinusal. Ajoutons les dysfonctions posturales ralité [34,35]. Dans les semaines suivantes, des
et vertébrales qui affectent les fonctions oro- mouvements de mâchoire avec déglutition
faciales et indirectement les sinus paranasaux. rythmique sont visibles dès la 11e semaine, et
La trompe auditive subit aussi de grands des mouvements de langue après 14 semai-
changements corrélés avec la croissance des nes. Typiquement, lorsque le fœtus approche
Croissance et développement de l’enfant 55

la main des lèvres, un réflexe de succion du


pouce apparaît [36]. De plus, entre 15 semai-
nes et le terme, l’échographie montre une
préférence fœtale pour sucer le pouce droit
dans environ 90 % des cas [37], et cette préfé-
rence est corrélée avec la latéralité postnatale
[38]. Entre 12 et 16 semaines, on peut obser-
ver des mouvements plus complexes, avec
l’action combinée des membres, du tronc et
de la tête, et vers la 20e semaine des mouve-
ments bilatéraux comme l’extension des jam-
bes, la flexion des bras, les deux mains bien
souvent placées près de la face. Normalement,
les mouvements de flexion et d’extension
sont plus fréquents entre 28 et 31 semaines, Figure 2.15. Position de sommeil
alors que les mouvements de rotation du en décubitus. La tête est souvent
tronc le sont vers les 40e et 41e semaines [39]. tournée vers la droite.
Typiquement, à la naissance, un nouveau-né
a développé un comportement moteur suffi-
samment élaboré pour survivre, avec la capa-
38 semaines de gestation [44], comme plus
cité de sucer, de têter ou d’avaler, et des
tard chez le nouveau-né placé en décubitus
réflexes protecteurs comme cligner des yeux
dorsal, qui a tendance à tourner la tête vers la
ou tousser.
droite et à utiliser la main droite dans les
Tous les mouvements fœtaux, activités oro- tâches visuellement dirigées à 19 semaines
faciales ou autres, sont essentiels pour le déve- (figure 2.15) [45]. D’autres facteurs comme les
loppement de réseaux dans le système ner- dysfonctions somatiques lombosacrales ma-
veux. Cependant, des facteurs environne- ternelles peuvent entraver le positionnement
mentaux peuvent entraver cette maturation. du fœtus et sa capacité de se déplacer. Par
L’amplitude et la vélocité des mouvements exemple, une torsion sacrale gauche chez la
fœtaux peuvent être altérées par des contrain- mère affecte le diamètre oblique gauche du
tes intra-utérines [40], et les viscères mater- détroit supérieur pelvien, diamètre qui relie
nels comme le foie [41], le rectum ou la vessie l’articulation sacro-iliaque droite maternelle à
[42] peuvent influencer la position fœtale. l’éminence iliopectinée hétérolatérale. En
D’habitude, le fœtus est dans une position conséquence, un ajustement de la position
jambes croisées et dans une présentation du fœtale est nécessaire, ce qui implique une asy-
sommet, le plus souvent en occipito-iliaque métrie.
gauche antérieur (OIGA). Typiquement, il
repose sur le côté gauche maternel, avec le dos À noter
placé à gauche de la mère et la tête contre le
pelvis [43]. De ce fait, la plus grande stimula- Le diamètre oblique du détroit supérieur
tion de l’utricule gauche résultant de l’asymé- pelvien ne doit pas être confondu avec
trie fœtale prédispose à une asymétrie du l’axe oblique sacral.
développement neurologique de l’oreille et
du labyrinthe, et à une prédominance otoli- Après la naissance, les activités motrices de
thique gauche à la naissance [42]. La présenta- l’enfant participent au développement du
tion du sommet OIGA est aussi associée à une tonus musculaire. Normalement, les premiers
préférence pour la rotation droite de la tête à jours, les extrémités inférieures et supérieures
56 Ostéopathie pédiatrique

sont fléchies ; les amplitudes de mouvement schémas dysfonctionnels, dans les périodes
doivent cependant être symétriques. Les initiales du développement. La charnière cra-
extrémités sont capables d’extension entre 3 niocervicale, la colonne thoracique supé-
et 5 mois. En même temps, la musculature rieure et le bassin doivent être examinés avec
axiale se développe ; elle permet l’acquisition soin. Dès les premiers jours, un enfant doit
progressive d’une posture verticale stable de la pouvoir accepter une rotation de tête des
tête et du tronc contre les forces de la gravité. deux côtés et une asymétrie doit être considé-
Pour acquérir le tonus axial nécessaire pour rée comme une anomalie. Quand il y a une
ensuite s’asseoir, se tenir debout et marcher, préférence, habituellement du côté droit [49],
l’enfant doit être stimulé. elle doit disparaître vers 12 semaines [50]. Une
asymétrie dans la rotation de la tête prédis-
La campagne inaugurée en 1992 par l’Ame-
pose aux plagiocéphalies, associées au déve-
rican Academy of Pediatrics (AAP) recom-
loppement de dysfonctions musculosqueletti-
mande que « les nouveau-nés en bonne santé
ques [51], de scoliose [52], et de retard psycho-
soient placés sur le côté ou sur le dos pour
moteur [47].
dormir », afin d’empêcher le syndrome de
mort subite du nourrisson [46]. Toutefois, La période des 3 mois est une période de
lorsqu’un enfant est placé en décubitus dor- transition neurologique majeure où la qualité
sal, la partie supérieure du tronc, les muscles des mouvements a une valeur prédictive pour
des membres supérieurs et de la ceinture sca- le développement [53]. Habituellement, à ce
pulaire sont moins stimulés. De ce fait, depuis moment-là, l’enfant peut tenir la tête en équi-
cette campagne, des retards de développe- libre et il fait de plus en plus souvent face à
ment psychomoteur sont observés, en parti- des situations où il doit contrôler et stabiliser
culier dans l’acquisition du passage de la posi- la tête comme le corps contre les forces de la
tion à plat ventre à la position sur le dos, et gravité. De ce fait, des ajustements posturaux
dans l’acquisition de la position assise en tri- se mettent en place, régulés par les informa-
pode, du ramper, de la marche à quatre pattes, tions visuelles, vestibulaires et somatosensiti-
et dans la capacité de tirer pour se tenir ves. La vision est essentielle au développe-
debout [47]. Le choix de la position de som- ment moteur. Elle fournit des informations
meil est aussi associé à l’acquisition de la mar- primordiales aux systèmes vestibulaire et pro-
che ; les enfants qui dorment en procubitus prioceptif, et au développement des fonctions
ont tendance à marcher 1 mois et demi plus cérébelleuses. Cette importance est confirmée
tôt que les autres [48]. On retiendra cepen- par l’observation d’enfants aveugles, où la
dant les recommandations actuelles concer- coordination visuomotrice initiale, comme la
nant la position décubitus pour le sommeil, coordination œil–tête présente dans les pre-
tout en encourageant les jeux sous sur- mières semaines de vie, disparaît après plu-
veillance en procubitus, pour produire la sti- sieurs semaines ; de plus, ces enfants présen-
mulation axiale nécessaire. En fait, le dévelop- tent des retards développementaux, en
pement moteur et les capacités intellectuelles particulier dans l’acquisition spontanée des
de l’enfant s’améliorent lorsqu’il peut explo- postures et de la locomotion [54].
rer l’environnement. La répétition des mou- Pratiquement, la stabilisation de la tête et
vements et des activités fournit des informa- du tronc et le contrôle postural sont sollicités
tions sensorielles visuelles, vestibulaires et dans chaque activité motrice. Normalement,
somatosensitives indispensables au dévelop- dans la petite enfance, la fréquence d’activa-
pement psychomoteur et postural. Dès lors, tion des muscles dorsaux est plus importante
les dysfonctions somatiques devraient être que celle des muscles ventraux, et les latences
recherchées et traitées le plus tôt possible, afin du début d’activation plus brèves pour les
d’éviter l’intégration sensitive et motrice de muscles dorsaux du tronc et des jambes que
Croissance et développement de l’enfant 57

pour les muscles ventraux [55]. Les synergies postural satisfaisant, les normalisations
posturales se développent rapidement dans devraient être effectuées le plus précocement
les muscles du tronc, où l’oscillation du corps possible. Cela peut aussi présenter des effets
vers l’avant résulte en une synergie des mus- cognitifs supplémentaires, puisqu’un déve-
cles dorsaux extenseurs, et l’oscillation du loppement rapide durant la première année
corps vers l’arrière, en une synergie des mus- de vie est corrélé avec une plus grande proba-
cles ventraux fléchisseurs [56]. bilité d’acquérir une éducation supérieure
ultérieurement [58].
Habituellement, avant de pouvoir s’asseoir
tout seul, le plus souvent entre 6 et 12 mois, Les capacités d’interaction avec l’entourage
un enfant peut tenir assis avec un appui des et le développement du langage se dévelop-
bras à 3 ou 4 mois et sans appui vers 5 ou pent en même temps que l’acquisition des
6 mois, tout en contrôlant les transferts de compétences motrices grossières et fines. À
poids associés aux rotations de la tête et du 3 mois, quand un enfant est assis, la tête
tronc, et sans asymétrie posturale significa- immobile, il peut aussi joindre les mains, les
tive. La plupart du temps, l’enfant rampe sur observe, commence à imiter des sons et
le ventre entre 6 et 8 mois avant de marcher à engage des jeux cognitifs. À 6 mois, assis sans
quatre pattes. Ainsi, quand l’enfant marche à soutien, il prononce des syllabes, et à 9 mois,
quatre pattes vers 9 ou 10 mois, il est aussi quand il commence à tirer sur ce qui l’entoure
capable de prendre la position assise et d’en pour se tenir debout, il combine des syllabes
changer. Cette étape développementale est et réalise une pince entre le pouce et les
primordiale, et nécessite une fonction satisfai- doigts.
sante des structures pelviennes, vertébrales et Classiquement, dans l’étude du développe-
appendiculaires. Tout retard ou défaut dans ment de la petite enfance, « naturel » et
l’acquisition du ramper ou de la marche à « acquis » sont toujours source de débat. Des
quatre pattes peut être associé à une dysfonc- indications neurophysiologiques montrent
tion somatique de l’articulation coxofémo- cependant que le contrôle postural peut être
rale, de l’os iliaque, de la colonne thoracique, amélioré par l’entraînement quotidien. Par le
lombale ou sacrale. L’observation attentive de jeu d’essais et d’erreurs, le renforcement des
l’enfant dans ses activités permet de préciser réponses les plus positives permet à l’enfant
la ou les zones dysfonctionnelles. Parfois, cer- de sélectionner les meilleures connexions
tains enfants restent assis par terre, et se parmi les multiples réseaux neuronaux d’un
déplacent en avançant sur les deux fesses ; répertoire génétiquement prédéterminé [59].
d’autres essaient de marcher à quatre pattes L’entraînement à un « moment opportun »
avec une jambe fléchie, toujours la même, affecte le développement des schémas
pendant que l’autre jambe reste dans une moteurs impliqués dans le contrôle postural,
position plus ou moins étendue sans flexion et par le biais d’interactions multisensorielles,
alternée avec l’autre côté. Dans ce dernier module les divers systèmes sensoriels.
exemple, une dysfonction somatique de l’os Se tenir debout est un accomplissement
iliaque en rotation externe (antérieure) est majeur dans une vie d’enfant. Cela arrive pro-
très souvent présente, responsable de la res- gressivement, commence vers 9 à 10 mois,
triction de flexion de jambe. En fait, toutes les avec des oscillations significatives du corps
dysfonctions doivent être normalisées, car par suite de l’instabilité posturale. La colonne
ramper et marcher à quatre pattes est une vertébrale réagit à cette nouvelle posture par
expérience primaire d’importance suprême le développement d’une lordose lombale et
dans le développement des systèmes senso- d’une protrusion abdominale. Les enfants
riels et des acquisitions motrices [57]. Pour évoluent de l’instabilité posturale au contrôle
optimiser les chances d’un développement de l’équilibre par maturation du système ner-
58 Ostéopathie pédiatrique

veux, quand la stabilité de la tête et le déve- les premiers mois de vie, tout ce qui interfère
loppement de la coordination apparaissent, avec un mouvement de tête symétrique, ou la
modulés par les indications sensorielles capacité de s’asseoir ou de ramper, peut ralen-
visuelles, vestibulaires et proprioceptives. Puis tir le développement de fonctions motrices
la marche, à son tour, enrichit l’intégration qui sont, à leur tour, nécessaires pour des
sensorielle [60]. De cette façon, à 18 mois, la acquisitions motrices et cognitives ultérieu-
plupart des enfants marchent sans assistance, res. De plus, lorsque l’enfant grandit et que se
deviennent plus autonomes, avec la possibi- développe la conscience du soi, les gênes
lité de s’approcher ou de s’éloigner des gens fonctionnelles peuvent encourager des senti-
qui les entourent. La coordination pendant la ments d’infériorité. Aussi, les dysfonctions
marche s’améliore considérablement pendant somatiques, qui sont réversibles et répondent
les premiers mois de cette expérience, avec facilement aux procédures ostéopathiques
une augmentation de la longueur du pas et de correctement appliquées, doivent être identi-
sa fréquence, et une diminution des mouve- fiées et traitées le plus tôt possible.
ments oscillatoires de la tête et du tronc. En
présence d’un développement moteur nor-
Références
mal, l’enfant doit démontrer la capacité de
garder l’équilibre dans une position statique 1 Scott JH. The growth of human face. Proc Roy Soc
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Croissance et développement de l’enfant 59

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60 Ostéopathie pédiatrique

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Chapitre 3

Le concept crânien

Anatomie

Insertions durales

Mouvements du concept crânien


Le concept crânien 63

Chapitre 3

Le concept crânien

Anatomie latérale, antérieure et inférieure. L’aspect


interne du crâne peut être décrit en deux par-
Le crâne est divisé en deux parties : le neuro- ties : la voûte et la base crânienne.
crâne, formé de 8 os qui entourent et protè-
gent le cerveau, et le squelette facial ou viscé- Vue supérieure du crâne
rocrâne, formé de 13 os. À ces 21 os, il faut
ajouter la mandibule qui n’appartient ni au Quatre os composent la voûte crânienne ou
neurocrâne ni au viscérocrâne, les trois osse- calvaria, et sont d’avant en arrière (figure 3.1) :
lets pairs de l’oreille moyenne, et l’os hyoïde, – le frontal qui s’articule avec les deux parié-
impair, suspendu sous la base crânienne, pour taux au niveau de la suture coronale ou
un total de 29 os. bregmatique ;
Ainsi, pour récapituler, le crâne est com- – les deux pariétaux qui s’articulent l’un avec
posé des os suivants : l’autre au niveau de la suture sagittale et
avec l’os occipital au niveau de la suture
– le neurocrâne, 8 os :
lambdoïde ;
• 4 os impairs et médians : l’occipital,
– l’os occipital.
l’ethmoïde, le sphénoïde et le frontal ;
Les sutures coronale et sagittale se croisent
• 2 os pairs et latéraux : les pariétaux, les
au bregma. Les sutures lambdoïde et sagittale
temporaux.
se croisent au lambda. Quelques petits os
– le squelette facial ou viscérocrâne, 13 os : suturaux ou os wormiens peuvent être pré-
• 12 os pairs et latéraux : les maxillaires, les sents au lambda ou à proximité, comme l’os
palatins, les os zygomatiques, les os « interpariétal » ou os de l’Inca.
lacrymaux, les os nasaux et les cornets
inférieurs ; Vue postérieure du crâne
• 1 os impair et médian : le vomer.
– la mandibule ; L’os occipital et les deux pariétaux sont visi-
bles en vue postérieure (figure 3.2). De chaque
– l’os hyoïde ; côté, et sous les pariétaux, une partie des tem-
– les 3 osselets de l’oreille moyenne : le mal- poraux est aussi visible.
léus (marteau), l’incus (enclume) et le sta-
pès (étrier). Os occipital
De surcroît, le neurocrâne peut être divisé La partie squameuse de l’os occipital est visi-
en deux parties : la voûte ou calvaria, d’ori- ble au centre. Légèrement convexe, elle pré-
gine membraneuse, et la base, d’origine car- sente en son centre l’inion, sommet de la
tilagineuse. L’aspect externe du crâne peut protubérance occipitale externe, et deux
être considéré en vue supérieure, postérieure, lignes courbes de chaque côté, les lignes

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Ostéopathie pédiatrique
64 Ostéopathie pédiatrique

Os frontal

Suture coronale
Bregma

Suture sagittale
Os pariétal

Foramen pariétal

Suture lambdoïde

Os occipital Lambda

Figure 3.1. Vue supérieure du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.21, p. 806.)

nuchales supérieure et inférieure. L’os occipi- temporale. Le bord pariétal du frontal s’arti-
tal s’articule à sa partie supérieure avec les cule avec le pariétal au niveau de la suture
deux pariétaux au niveau de la suture lamb- coronale. À sa partie inférieure, le frontal
doïde. De chaque côté, il s’articule avec les s’articule avec la grande aile du sphénoïde, au
deux parties mastoïdiennes des temporaux au niveau d’une articulation en forme de L.
niveau des sutures occipitomastoïdiennes.
Os pariétal
Vue latérale du crâne La face externe de l’os pariétal est totalement
La vue latérale (figure 3.3) montre partielle- visible. Le bord frontal du pariétal s’articule
ment le neurocrâne et le squelette facial, ou avec le frontal pour former la moitié de la
viscérocrâne, et la mandibule. Le neurocrâne suture coronale. Le bord occipital s’articule
comprend les os frontal, pariétal, temporal, avec l’os occipital pour former la moitié de la
sphénoïde, occipital et ethmoïde. Le squelette suture lambdoïde. Le bord squameux s’arti-
facial inclut les os maxillaire, zygomatique, cule en avant avec la grande aile du sphénoïde
lacrymal et nasal. pour former la suture sphénopariétale, au
milieu avec la partie squameuse de l’os tem-
Os frontal poral pour former la suture squameuse, et en
Une seule partie du frontal est visible sur la arrière avec la partie mastoïdienne de l’os
vue latérale du crâne. La surface temporale du temporal pour former la suture pariétomastoï-
frontal forme la partie antérieure de la fosse dienne.
Le concept crânien 65

Suture sagittale

Os de suture

Os pariétal Os pariétal

Partie squameuse
Suture lambdoïde
de l’os occipital

Protubérance
Suture
occipitale externe
occipitomastoïdienne
Incisure
mastoïdienne

Processus mastoïde
Ligne nuchale supérieure
Ligne nuchale inférieure
Crête occipitale externe Inion

Figure 3.2. Vue postérieure du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.20, p. 805.)

Le pariétal a une forme quadrilatère avec point de rencontre des sutures lambdoïde,
quatre angles. L’angle antérosupérieur ou pariétomastoïdienne et occipitomastoïdienne
angle frontal est au niveau du bregma. L’angle est nommé l’astérion.
antéro-inférieur ou angle sphénoïdal est situé
entre le frontal et la grande aile du sphénoïde. Os temporal
Le point où la grande aile du sphénoïde ren-
contre l’angle antéro-inférieur du pariétal est L’os temporal est primitivement composé de
le ptérion. À ce niveau, la suture sphénoparié- trois parties qui sont les parties squameuse,
tale entre l’angle antéro-inférieur du pariétal tympanique et pétromastoïdienne. Pour faci-
et le bord apical de la grande aile du sphé- liter sa description, la partie pétromastoï-
noïde forme la ligne horizontale d’un H. Les dienne est fréquemment divisée en une partie
os frontal, pariétal, sphénoïde et la partie mastoïdienne et une partie pétreuse. Toutes
squameuse de l’os temporal se rejoignent au les parties de l’os temporal sont visibles sur
niveau de cette zone. L’angle postérosupérieur une vue latérale, sauf la partie pétreuse visible
ou angle occipital du pariétal est au niveau du sur une vue inférieure.
lambda. L’angle postéro-inférieur ou angle La partie squameuse ou écaille correspond
mastoïdien s’articule avec la partie mastoï- à la partie antérosupérieure de l’os temporal.
dienne de l’os temporal et l’os occipital. Le Elle participe à la constitution de la face laté-
66 Ostéopathie pédiatrique

Suture sphénosquameuse
Suture sphénopariétale Suture squameuse
Portion squameuse (de l’os temporal)
Suture coronale

Os pariétal
Ptérion
Suture
Os frontal pariétomastoïdienne

Grande aile (de


l’os sphénoïde)

Suture
Os lacrymal lambdoïde

Os nasal Astérion
Foramen
zygomaticofacial Os occipital
Os zygomatique
Suture
occipitomastoïdienne
Maxillaire Partie mastoïdienne
de l’os temporal
Processus mastoïdien

Portion alvéolaire Os tympanal (de l’os temporal)


(de la mandibule) Processus styloïde
Foramen mentonnier Processus condylaire
Angle
Branche de la mandibule
Corps de la mandibule Processus zygomatique (de l’os temporal)
Processus temporal (de l’os zygomatique) Processus coronoïde

Figure 3.3. Vue latérale du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.19, p. 803.)

rale du crâne. Le bord supérieur est biseauté le processus zygomatique s’articule avec le pro-
vers l’intérieur et recouvre le pariétal pour cessus temporal de l’os zygomatique pour for-
former la suture squameuse. Le bord antéro- mer la suture temporozygomatique.
inférieur est biseauté vers l’intérieur dans sa La partie tympanique de l’os temporal est
partie supérieure, et vers l’extérieur dans sa située sous la racine longitudinale du proces-
partie inférieure ; il s’articule avec la grande sus zygomatique et en avant du processus
aile du sphénoïde pour former la suture sphé- mastoïde. Elle est en forme de cône entourant
nosquameuse. le méat acoustique externe.
Le processus zygomatique de l’os temporal La partie mastoïdienne est la partie posté-
présente deux racines, antérieure et postérieure, rieure de l’os temporal. Elle se prolonge vers le
qui entourent la fosse mandibulaire. En avant, bas par le processus mastoïde qui n’est pas
Le concept crânien 67

totalement développé chez l’enfant de moins situé en avant du sphénoïde ; son bord posté-
de 2 ans, et est de petite taille chez la femme. rieur s’articule avec la grande aile du sphé-
Le bord postérieur de la partie mastoïdienne noïde pour former la suture sphénozygomati-
s’articule avec l’os occipital pour former la que. L’os zygomatique est placé en dehors du
suture occipitomastoïdienne. En avant et en maxillaire, avec lequel son bord antéro-infé-
dedans du processus mastoïde, le processus rieur s’articule pour former la suture maxillo-
styloïde descend vers l’avant et le dedans vers zygomatique. L’os zygomatique est situé en
le bord postérieur de la branche de la mandi- dessous du frontal avec lequel le processus
bule. frontal du zygomatique s’articule pour former
la suture frontozygomatique. En dehors, le
Os sphénoïde processus temporal du zygomatique s’articule
Une partie de la face latérale de la grande aile avec le processus zygomatique de l’os tempo-
du sphénoïde est visible en avant de l’écaille ral pour former la suture temporozygomati-
du temporal. C’est la surface temporale ou la que. Les processus temporal et zygomatique
partie supérieure de la grande aile. La partie forment ensemble l’arcade zygomatique.
inférieure, non visible sur une vue latérale,
située en dedans du processus coronoïde de la
Maxillaire
mandibule, regarde vers le bas ; elle est conti- Les deux maxillaires constituent les pièces
nue avec le processus ptérygoïde. Une seule essentielles du squelette facial et forment la
partie de la face latérale de la lame latérale du mâchoire supérieure. À leur partie inférieure,
processus ptérygoïde est visible sur une vue les dents supérieures sont logées dans les
latérale du crâne. alvéoles du processus alvéolaire. À leur partie
supérieure, le maxillaire participe à la consti-
Os occipital tution des bords inférieur et médial de la
cavité orbitaire . Le processus zygomatique du
La moitié de la partie squameuse de l’os occi-
maxillaire s’articule avec l’os zygomatique. Le
pital est visible. Le bord pariétal présente de
processus frontal du maxillaire s’articule en
nombreuses dentelures et s’étend de l’angle
haut avec l’os frontal, en avant avec l’os nasal
occipital supérieur à l’angle occipital latéral. Il
et en arrière avec l’os lacrymal. La face latérale
s’articule avec le pariétal pour former la moi-
du processus frontal est divisée verticalement
tié de la suture lambdoïde. Inférieurement, le
par la crête lacrymale antérieure, en arrière de
bord mastoïdien s’articule avec la partie mas-
laquelle se trouve le sillon lacrymal, qui forme
toïdienne de l’os temporal au niveau de la
avec le sillon analogue de l’os lacrymal la
suture occipitomastoïdienne.
fosse du sac lacrymal.
Os ethmoïde Os lacrymal
Une partie de la face latérale d’un labyrinthe Le plus petit des os crâniens est situé sur la
ethmoïdal est visible. C’est la lame orbitaire paroi médiale de l’orbite. Le bord postérieur
de l’ethmoïde qui forme la majeure partie de s’articule avec la lame orbitaire de l’ethmoïde,
la paroi médiale de l’orbite. Elle s’articule en le bord inférieur avec la face orbitaire du
haut avec le frontal, en avant avec l’os maxillaire, le bord antérieur avec le processus
lacrymal, en bas avec le maxillaire et le pala- frontal du maxillaire, et le bord supérieur avec
tin, et en arrière avec le sphénoïde. le frontal. La face latérale ou orbitaire est divi-
sée verticalement par la crête lacrymale posté-
Os zygomatique rieure, en avant de laquelle se trouve le sillon
La face latérale de l’os zygomatique forme la lacrymal qui participe à la constitution de la
proéminence de la joue. L’os zygomatique est fosse du sac lacrymal.
68 Ostéopathie pédiatrique

Os nasal temporaux. À la partie inférieure, cette vue


L’os nasal est un petit os allongé. Le bord montre le squelette facial « suspendu » sous
supérieur s’articule avec le frontal, le bord l’os frontal.
latéral avec le processus frontal du maxillaire,
le bord médial est accolé à l’os nasal opposé Os frontal
pour former l’arête nasale, et le bord inférieur L’os frontal forme le front et le toit des cavités
répond au cartilage latéral du nez. orbitaires. De chaque côté, sur l’écaille du
frontal, deux bosses asymétriques sont visi-
bles. Au-dessus des sourcils, les arcs supraci-
Mandibule liaires se rejoignent au niveau d’un relief
Une seule moitié de la mandibule est visible médian, la glabelle. Ces arcs représentent la
sur la vue latérale. L’hémicorps mandibulaire localisation des sinus frontaux ; ils sont
forme un coude presque à angle droit avec absents chez l’enfant et peu marqués chez la
une des deux branches mandibulaires. L’angle femme. Les bords supraorbitaires se terminent
de la mandibule et son sommet, le gonion, de chaque côté par un processus zygomatique
sont formés par le bord inférieur du corps articulaire avec le processus frontal de l’os
mandibulaire et le bord postérieur de la bran- zygomatique. En dedans, les bords nasaux for-
che mandibulaire verticale. Le bord supérieur ment une échancrure en V renversé articulaire
du corps mandibulaire est creusé, de chaque avec les os nasaux et les processus frontaux
côté, de huit alvéoles pour les dents. La partie des maxillaires.
supérieure de la branche mandibulaire verti-
cale présente deux processus : le processus Os zygomatique
condylaire en arrière qui s’articule avec la
Les os zygomatiques forment de chaque côté
fosse mandibulaire de l’os temporal pour for-
la proéminence des pommettes. La face orbi-
mer l’articulation temporomandibulaire, et le
taire de chaque os zygomatique participe à la
processus coronoïde en avant. Les deux sont
constitution des parois latérale et inférieure
séparés par l’incisure mandibulaire.
des cavités orbitaires. Le processus frontal
répond à sa partie supérieure au frontal, et son
À noter bord postérieur à la grande aile du sphénoïde.
Le bord antéro-inférieur de l’os zygomatique
Un petit os en forme de U, l’os hyoïde, est
s’articule avec le processus zygomatique du
situé sous la mandibule dans un plan pres-
maxillaire.
que horizontal. Le corps de l’os hyoïde est
placé en avant et forme la base du U. Les
deux grandes cornes forment les deux Os nasal
bras du U. Le sommet de la grande corne Les deux os nasaux sont situés au-dessus de
est situé au niveau de l’angle de la l’orifice antérieur de la cavité nasale ou orifice
mandibule. piriforme. Leur bord postérieur s’articule avec
le processus frontal du maxillaire. Le bord
médial répond à l’autre os nasal et le bord
supérieur au bord nasal du frontal. Le nasion
Vue antérieure du crâne correspond au carrefour des sutures frontona-
L’os frontal est visible à la partie supérieure de sales et internasale.
cette vue (figure 3.4). De chaque côté, en des-
sous de l’os frontal, une partie des os parié- Maxillaires
taux et de l’os sphénoïde est visible, et en Les deux maxillaires sont les os les plus volu-
dessous des os pariétaux, une partie des os mineux du massif facial, situés entre les cavi-
Le concept crânien 69

Arc supraciliaire
Os frontal
Incisure
supraorbitaire (foramen)
Glabelle
Processus zygomatique
Nasion (de l’os frontal)
Os nasal

Ouverture piriforme Processus frontal (du maxillaire)


Os zygomatique
Cornet nasal inférieur Foramen infraorbitaire
Crête nasale

Épine nasale antérieure


Processus zygomatique Processus alvéolaire
(du maxillaire)
Ligne oblique
Branche de la mandibule
Maxillaire Partie alvéolaire de la mandibule
Angle de la mandibule Mandibule
Corps de la mandibule
Foramen mentonnier
Protubérance mentonnière Tubercule mentonnier

Figure 3.4. Vue antérieure du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.18, p. 801.)

tés orbitaires et la cavité orale. Ils s’articulent Orifice piriforme


ensemble au-dessous de l’orifice piriforme L’orifice piriforme est limité en dehors et en
pour former la suture intermaxillaire, bas par les maxillaires, et au-dessus par les os
au-dessus de laquelle les maxillaires dessinent nasaux. Un septum vertical divise la cavité
la large incisure nasale. À la partie supérieure, nasale en deux ; la lame perpendiculaire de
chaque maxillaire présente une face orbitaire l’ethmoïde en forme la partie supérieure, et le
qui constitue l’essentiel de la paroi inférieure vomer la partie inférieure. Le bord inférieur
de l’orbite. Le processus frontal s’articule avec du vomer repose sur la crête nasale constituée
l’os frontal, et latéralement, le processus zygo- par l’union des processus palatins des maxil-
matique s’articule avec l’os zygomatique. En laires en avant et des lames horizontales des
bas, le processus alvéolaire porte les dents palatins en arrière.
supérieures.
70 Ostéopathie pédiatrique

Mandibule Partie moyenne


La mandibule forme la mâchoire inférieure, et L’orifice postérieur des cavités nasales est
sur vue une antérieure du crâne, elle repré- limité à sa partie supérieure par le corps de l’os
sente l’os le plus inférieur. Le corps, en forme sphénoïde, en dessous par les lames horizon-
de fer à cheval, se continue sur les côtés par les tales des os palatins, et latéralement par les
deux branches mandibulaires verticales. La lames médiales des processus ptérygoïdes du
symphyse mentonnière est au centre ; une sphénoïde.
crête verticale inconstante indique la fusion
des deux ébauches primitives de l’os ; elle se À noter
prolonge vers le bas par la protubérance men-
tonnière avec de chaque côté un tubercule et Dans ces descriptions, les termes font
un foramen mentonniers. Au-dessus, l’arcade référence à la position anatomique.
alvéolaire contient les dents. Le corps de l’os sphénoïde est donc tou-
jours au-dessus du palais dur et des cavi-
tés nasales.

Vue inférieure du crâne L’os sphénoïde a un corps, deux petites


ailes, deux grandes ailes et deux processus
Cette vue est complexe, et habituellement
ptérygoïdes. La vue inférieure du crâne nous
divisée en trois parties qui sont les parties
montre seulement le corps, les grandes ailes et
antérieure, moyenne et postérieure (figure
les processus ptérygoïdes. Chaque processus
3.5). La partie antérieure est formée du palais
ptérygoïde comporte une lame latérale, la
dur et des arcades alvéolaires. La partie
plus large, et une lame médiale dont l’extré-
moyenne est localisée entre le palais dur et le
mité inférieure se prolonge par un crochet,
foramen magnum. La partie postérieure va
l’hamulus ptérygoïdien. En dehors des proces-
jusqu’à la protubérance occipitale externe et
sus ptérygoïdes, les grandes ailes du sphé-
la ligne nuchale supérieure.
noïde participent à la constitution de la base
crânienne et se projettent vers le dehors et le
haut pour former une partie des parois latéra-
Partie antérieure les du crâne. De chaque côté, les bords posté-
Le palais dur consiste en l’union des processus rieurs de la grande aile sont unis à la partie
palatins des maxillaires en avant et des lames pétreuse de l’os temporal, pour former la syn-
horizontales des palatins en arrière. Les pro- chondrose sphénopétreuse. Le bord latéral
cessus palatins des maxillaires se réunissent s’articule avec la partie squameuse de l’os tem-
pour former la suture intermaxillaire ; les poral, pour former la suture sphénosqua-
lames horizontales des palatins forment la meuse.
suture interpalatine. Au carrefour des deux En arrière des cavités nasales apparaît la
tiers antérieurs et du tiers postérieur du palais partie basilaire de l’os occipital. Celui-ci
dur, la réunion des os palatins et des maxillai- forme, avec la surface postérieure du corps
res constitue la suture palatine transverse. Le sphénoïdal, la synchondrose sphéno-occi-
palais dur sépare les cavités nasales de la pitale, ou sphénobasilaire (SSB), et avec la par-
cavité orale. En arrière du palais dur, l’orifice tie pétreuse de l’os temporal, la suture pétro-
postérieur des cavités nasales ou choanes est occipitale ou pétrobasilaire.
visible. Les deux cavités nasales sont séparées Les parties pétreuses des temporaux ou
en arrière par le vomer qui se continue vers rochers ont la forme de pyramides quadran-
l’avant par la lame perpendiculaire de l’eth- gulaires, logées en dehors et en avant de la
moïde pour former le septum nasal. partie basilaire de l’os occipital, et en dedans
Le concept crânien 71

Épine nasale postérieure Fosse incisive


Palais dur (os maxillaire)
Arcade alvéolaire Palais dur (os palatin)
Ouverture nasale postérieure (choane) Foramen grand palatin
Hamulus Foramen petit palatin
Processus pyramidal de l’os palatin Corps de l’os sphénoïde
Lame médiale du processus
Fosse ptérygoïde ptérygoïde
Lame latérale du processus
Vomer ptérygoïde
Grande aile Fosse scaphoïde
(de l’os sphénoïde)
Orifice du canal Foramen lacerum (déchiré)
ptérygoïdien
Tubercule articulaire Foramen ovale
Fosse mandibulaire Foramen spinosum
Sillon de la trompe auditive (épineux)
Canal carotidien
Processus styloïde
Foramen jugulaire Foramen stylomastoïdien

Processus mastoïde

Incisure mastoïdienne
Partie basilaire de l’os
occipital
Canal hypoglosse
Tubercule pharyngien
Condyle occipital
Foramen magnum

Crête occipitale externe Ligne nuchale inférieure


Ligne nuchale supérieure
Protubérance occipitale externe

Figure 3.5. Vue inférieure du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.23, p. 807.)

et en arrière de la grande aile du sphénoïde. cavités s’articulent avec les condyles de la


Chaque partie pétreuse présente un orifice mandibule et forment les articulations tem-
pour le canal carotidien, et forme latérale- poromandibulaires.
ment, avec la grande aile du sphénoïde, un
sillon pour le segment cartilagineux de la Partie postérieure
trompe auditive. Ce sillon se prolonge dans la La vue inférieure montre les quatre parties de
partie pétreuse de l’os temporal par le canal l’os occipital. La partie basilaire est en avant
osseux de la trompe auditive. du foramen magnum, les deux parties latéra-
les sur les côtés, et l’écaille en arrière. La partie
Les fosses mandibulaires sont visibles de basilaire a déjà été décrite. Les parties latérales
chaque côté en arrière des tubercules articulai- présentent les condyles occipitaux, surfaces
res des écailles des temporaux, et en avant des convexes articulaires avec les faces supérieures
pores des méats acoustiques externes. Ces des masses latérales de l’atlas. Leur grand axe
72 Ostéopathie pédiatrique

Crête frontale
Os frontal

Sillon de la branche antérieure


Sillon du sinus sagittal de l’artère méningée moyenne
supérieur

Bregma Suture coronale

Sillons pour l’artère Fossettes granulaires


méningée moyenne

Suture sagittale

Os pariétal

Os occipital Suture lambdoïde


Lambda

Figure 3.6. Vue interne de la voûte crânienne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.24, p. 810.)

est oblique vers l’avant et le dedans. En avant supérieure de l’écaille de l’occipital. Plusieurs
et en dehors se trouve l’orifice du canal du sutures sont visibles : en avant la suture coro-
nerf hypoglosse. Le bord latéral des parties nale, le long de la ligne médiane la suture
latérales montre un processus jugulaire, en sagittale, et en arrière la suture lambdoïde. En
avant duquel l’os occipital forme avec le bord avant, sur la ligne médiane, la crête frontale
postérieur de la partie pétreuse de l’os tempo- correspond à l’insertion de la faux du cerveau.
ral le foramen jugulaire. Latéralement, les par- Les berges de la crête bifurquent à la partie
ties mastoïdiennes, les parties pétromastoï- supérieure de l’écaille de l’os frontal pour for-
diennes et les processus styloïdes de l’os mer le sillon du sinus sagittal supérieur. De
temporal sont aussi visibles. Les lignes nucha- chaque côté du sillon se trouvent des fossettes
les supérieures et, au milieu, la protubérance granulaires, où sont logées les granulations
occipitale externe ou inion sont les repères les arachnoïdiennes.
plus postérieurs.

Vue interne de la voûte crânienne Vue interne de la base crânienne


La surface interne de la voûte crânienne La vue interne de la base crânienne est nette-
(figure 3.6) est concave et inclut l’essentiel des ment divisée en fosses antérieure, moyenne et
os frontal et pariétaux, ainsi que la partie postérieure.
Le concept crânien 73

Crête frontale
Crista galli Foramen cæcum

Partie orbitaire Foramens de la


de l'os frontal lame criblée

Lame criblée

Petite aile du sphénoïde Corps (du sphénoïde)


Processus clinoïde antérieur

Figure 3.7. Vue interne de la base crânienne : fosse antérieure.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.25, p. 812.)

Fosse antérieure Le corps du sphénoïde forme la partie cen-


La fosse crânienne antérieure (figure 3.7) trale du plancher de la fosse crânienne
est située au-dessus des cavités nasales et moyenne. La selle turcique derrière le sillon
orbitaires. L’os frontal forme l’avant et les chiasmatique présente une profonde excava-
côtés de cette fosse. Les parties orbitaires de tion, la fosse hypophysaire, pour l’hypo-
l’os frontal, la lame criblée de l’os ethmoïde physe. En avant, la selle turcique est limitée
et la partie antérieure du corps et des petites par le tubercule de la selle, et en arrière par
ailes du sphénoïde forment le plancher de une lame osseuse quadrilatère, le dos de la
cette fosse. La crista galli de l’os ethmoïde se selle. Le bord supérieur de ce dernier se pro-
projette vers le haut, en arrière de la crête longe latéralement par les processus clinoïdes
frontale, et donne attache à la faux du cer- postérieurs où s’attache la grande circonfé-
veau. En dedans, chaque petite aile se joint rence de la tente du cervelet.
au corps sphénoïdal par deux racines qui Latéralement, la fosse moyenne consiste
entourent le canal optique. Le bord posté- en les faces cérébrales de la grande aile du
rieur de la petite aile se continue vers le sphénoïde, l’écaille de l’os temporal, et la face
dedans et forme le processus clinoïde anté- antérosupérieure de la partie pétreuse du
rieur, insertion de la petite circonférence de temporal. La fissure orbitaire supérieure est
la tente du cervelet. limitée au-dessus par la petite aile du sphé-
noïde, au-dessous par la grande aile, et en
dedans par le corps sphénoïdal. Elle fait com-
Fosse moyenne muniquer la fosse moyenne et la cavité orbi-
La fosse crânienne moyenne (figure 3.8) est taire. Les foramens rond, ovale et épineux
plus profonde que la fosse antérieure. Elle est sont formés par les racines de la grande aile
limitée en avant par les bords postérieurs des du sphénoïde. Le foramen déchiré est
petites ailes du sphénoïde, les processus cli- l’espace cartilagineux présent entre le sphé-
noïdes antérieurs, et le bord antérieur du noïde et l’apex pétreux.
sillon chiasmatique qui s’étend entre les deux
canaux optiques. Postérieurement, elle est Fosse postérieure
limitée par les bords supérieurs des parties La plus grande et la plus profonde des trois
pétreuses des os temporaux. fosses est délimitée par les faces postérosupé-
74 Ostéopathie pédiatrique

Processus clinoïde moyen


Canal optique
Sillon chiasmatique Foramen rond
Tubercule de la selle Fissure orbitaire supérieure
Grande aile (du sphénoïde)
Orifice du canal
carotidien
Fosse
hypophysaire Sillon de l’artère
méningée moyenne
Processus
clinoïde Dos de la selle
postérieur
Foramen lacerum
Sillon
et hiatus Foramen ovale
du nerf Fossette trigéminale
Foramen
petit pétreux Tegmen tympani épineux
Sillon et hiatus
Éminence arquée du nerf grand pétreux

Figure 3.8. Vue interne de la base crânienne : fosse moyenne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.26, p. 813.)

Clivus
Tubercule jugulaire
Sillon du sinus pétreux inférieur Méat acoustique interne
Bord supérieur de la partie pétreuse Foramen jugulaire
de l’os temporal
Sillon du sinus sigmoïde Canal hypoglosse

Sillon du sinus transverse


Foramen magnum

Crête occipitale interne Protubérance occipitale interne

Figure 3.9. Vue interne de la base crânienne : fosse postérieure.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.27, p. 814.)

rieures des parties pétreuses des os temporaux, selle et la partie postérieure du corps du sphé-
les parties mastoïdiennes, les angles mastoï- noïde (figure 3.9). Le basiocciput et la partie
diens des pariétaux, l’os occipital, le dos de la postérieure du corps du sphénoïde avec le dos
Le concept crânien 75

de la selle forment le clivus, qui est légère- une couche interne, l’endoméninge (lepto-
ment incliné, concave transversalement et en méninges). L’arachnoïde, l’espace sous-arach-
avant du foramen magnum. La SSB, l’articula- noïdien et la pie-mère dérivent de l’endomé-
tion entre la partie postérieure du corps du ninge, alors que l’ectoméninge devient la
sphénoïde et le basiocciput, est visible sur le dure-mère ainsi que les futures parties cartila-
clivus. De chaque côté, le clivus est en rapport gineuse et membraneuse du neurocrâne.
avec les parties pétreuses des os temporaux Vers la fin du 2e mois gestationnel
par les sutures pétro-occipitales (pétrobasilai- (57e jour) [2], l’endoméninge recouvre une
res). Les foramens jugulaires sont situés en partie significative des vésicules cérébrales
arrière de ces sutures. Les pores des méats primitives ; elle devient l’arachnoïde et la
acoustiques internes sont au-dessus des fora- pie-mère. Sécrété par le plexus choroïde, le
mens jugulaires, sur les parties pétreuses des liquide cérébrospinal envahit et remplit les
os temporaux. Les fosses cérébelleuses sont espaces sous-arachnoïdiens en développe-
séparées par la crête occipitale interne qui ment ; des trabécules de collagène se forment,
donne insertion à la faux du cervelet. Les réunissant l’arachnoïde et la pie-mère. À ce
sutures occipitomastoïdiennes et pariétomas- stade, la pie-mère a investi très intimement la
toïdiennes sont aussi logées dans la fosse pos- surface cérébrale ; elle épouse les circonvolu-
térieure. tions qui se forment, recouvre chaque sillon
Foramens du crâne (sulcus), et se propage jusqu’au toit des ventri-
cules où elle participe au développement du
Le tableau 3.1 liste le contenu et indique la
plexus choroïde.
localisation des différents foramens du crâne.
Dès le stade initial de son développement,
la matrice mésenchymateuse ou méninge pri-
Insertions durales mitive entourant le cerveau ressemble à une
capsule. Alors que la partie interne de la cap-
sule devient l’endoméninge, la transforma-
All these parts of bones are held together by the tion progressive de la partie externe de la
dura mater, “mother dura”, functioning as an capsule constitue l’ectoméninge. En même
intraosseous membrane. (W.G. Sutherland) [1] temps, la croissance cérébrale considérable se
Toutes ces portions osseuses sont mainte- produit excentriquement et sollicite forte-
nues ensemble par la dure-mère, « mère ment la capsule. Cette dernière grandit avec
dure », agissant comme une membrane le cerveau, totalement réceptive aux deman-
intraosseuse. des d’accroissement spatial dans les différents
plans de l’espace. Toutefois, des différencia-
Chez le fœtus, un mésenchyme lâche entoure tions biodynamiques se manifestent, et cer-
la masse neurale. Ce tissu nommé « meninx taines parties du cerveau grandissent plus vite
primitiva » ou méninge primitive est à l’ori- que d’autres. La base de la capsule mésenchy-
gine des différentes couches méningées [2]. mateuse s’épaissit plus qu’ailleurs ; c’est la
D’après Arbuckle, dans ses premiers cours, future base crânienne. C’est aussi l’endroit où
Sutherland faisait référence à ces couches en le cerveau s’expanse le moins. Pendant ce
parlant de la dure-mère et de la « dure- temps, l’évolution morphologique du tube
père » [3]. Cette image met l’accent sur l’ori- neural continue, et les vésicules cérébrales
gine commune et les rapports de toutes les primitives se différencient en cervelet, et en
structures dérivées de la méninge primitive. segmentation occipitale, temporale et fron-
Deux couches dérivent de la méninge pri- tale des hémisphères cérébraux. Au fur et à
mitive. Elles se différencient en une couche mesure que ces parties s’expansent, le mésen-
externe, l’ectoméninge (pachyméninge), et chyme qui les sépare se densifie, s’épaissit, et
76 Ostéopathie pédiatrique

Tableau 3.1
Contenu et localisation des foramens du crâne
Foramen Contenu Localisation
Canal optique Nerf optique (II) Entre les racines de la petite aile
Artère ophtalmique du sphénoïde
Fissure orbitaire Nerf oculomoteur (III) Entre la grande et la petite aile
supérieure Nerf trochléaire (IV) du sphénoïde
Nerf ophtalmique du nerf trijumeau divisé
en branches nasociliaire, lacrymale et
frontale (V1)
Nerf abducens (VI)
Veine ophtalmique
Foramen rond Nerf maxillaire du nerf trijumeau (V2) Entre les racines antérieure et moyenne
Veine émissaire de la grande aile du sphénoïde
Foramen ovale Nerf mandibulaire du nerf trijumeau (V3) Entre les racines moyenne et postérieure
Rameau méningé accessoire de la grande aile du sphénoïde
Foramen Artère méningée moyenne En arrière du foramen ovale
épineux Rameau méningé du nerf mandibulaire
Foramen Nerf du canal ptérygoïdien Entre l’apex du rocher et le corps
déchiré sphénoïdal
Pore acoustique Nerf facial (VII) Face postérosupérieure des rochers
interne Nerf vestibulocochléaire (VIII)
Artère labyrinthique
Canal Artère carotide interne Face inférieure du rocher
carotidien Plexus sympathique carotidien interne
Plexus veineux
Foramen Nerf facial (VII) Entre les processus styloïde et mastoïde
stylomastoïdien Artère stylomastoïdienne
Foramen Nerf glossopharyngien (IX) Entre les parties pétreuses de l’os
jugulaire Nerf vague (X) temporal et la partie basilaire de l’occiput
Nerf accessoire (XI)
Sinus pétreux inférieur
Bulbe supérieur de la veine jugulaire
interne
Canal du nerf Nerf hypoglosse (XII) En avant et en dehors des condyles
hypoglosse Branche méningée de l’artère occipitaux
pharyngienne ascendante
Plexus veineux
Foramen Moelle allongée et ses méninges En arrière de la partie basilaire de l’os
magnum Artères vertébrales occipital
Nerfs accessoires
Rameaux sympathiques ascendants
Le concept crânien 77

constitue des bandes d’étirement dural [4]. orbitaires, et la crista galli qui évolueront pour
Cinq bandes sont ainsi formées : donner respectivement les arêtes des parties
– deux bandes orbitaires, entre les lobes fron- pétreuses des os temporaux, les petites ailes
taux et temporaux ; du sphénoïde et la crista galli ethmoïdale.
– deux bandes otiques, entre les lobes occipi- Ce rapport développemental entre le cer-
taux et le cervelet ; veau et la dure-mère est très intime. Les gaines
– une bande ethmoïdale, entre les deux lobes durales se développent en même temps que le
frontaux. cerveau grossit, avec une continuité entre tou-
Ces bandes d’étirement dural et la dure- tes les couches et les régions de la dure-mère.
mère qui les relie forment de véritables gaines À la partie antérieure et inférieure, au niveau
[4], où les bandes d’étirement servent de des cellules primordiales de la base crânienne,
baleine de renforcement. La dure-mère située les cinq bandes convergent et forment le
entre les bandes d’étirement offre moins de diaphragme de la selle, à l’emplacement de la
résistance et permet facilement l’expansion future selle turcique de l’os sphénoïde. Cauda-
cérébrale à ce niveau. lement, elles se continuent avec la dure-mère
Au niveau de la voûte, les bandes d’étire- spinale.
ment dural sont partiellement responsables C’est dans la capsule mésenchymateuse
de la création des sutures qui se développent qui entoure le cerveau que se développe
le long des lignes d’étirement. Alors qu’entre l’ossification du crâne. Cela explique le rap-
les bandes d’étirement dural, au sein de cha- port étroit entre la dure-mère et le crâne
cune des zones les moins résistantes de la osseux. Dure-mère et neurocrâne aussi bien
capsule, des plaques membraneuses s’organi- cartilagineux que membraneux dérivent de
sent en réponse à la traction produite par la l’ectoméninge. Au niveau de la base, le des-
croissance cérébrale. Ces plaques membra- mocrâne apparaît dans l’ectoméninge à
neuses forment l’emplacement des futurs cen- 4 semaines de gestation. Du fait de la
tres d’ossification des os crâniens, et pendant chondro-ossification, à 8 semaines, le desmo-
l’ossification, la dure-mère participera à la for- crâne est remplacé par du cartilage, et l’ossifi-
mation du périoste. Entre les plaques mem- cation commence dans le chondrocrâne à
braneuses, les lignes d’étirement dural devien- 12 semaines et 4 jours, tout d’abord au niveau
dront les sutures. Leur fonctionnement de l’os occipital [6]. Durant cette période, la
biologique est sous le contrôle de gènes de partie interne du chondrocrâne qui est la
développement et de facteurs de croissance. dure-mère se différencie en deux couches,
Pour autant, la tension dure-mérienne joue une couche interne méningienne et une cou-
un rôle primordial dans l’émission de signaux che externe ou endostéale.
modulant la fusion des sutures [5]. Au niveau de la voûte, les os ne sont pas
Au niveau de la base crânienne, les bandes préformés dans le cartilage, mais se dévelop-
d’étirement dural exercent des influences pent directement par ossification du mésen-
similaires. Elles se laissent moins étirer que les chyme. À ce niveau aussi, un rapport intime
zones adjacentes en réponse aux forces biody- existe entre les os de la voûte et la dure-mère.
namiques de la croissance. Cela forme des L’adhérence de la dure-mère aux os du crâne
duplications durales où les zones d’étirement est la plus forte dans les régions des sutures, de
représentent les bords les plus internes de la la base crânienne, et autour du foramen mag-
tente du cervelet et des faux du cerveau et du num où la couche endostéale est continue
cervelet. Dès lors, la chondrification des cinq avec la dure-mère spinale. Ce lien est particu-
bandes d’étirement dural s’organise au niveau lièrement important dans le concept de
des cellules primordiales ostéoformatrices de l’ostéopathie crânienne. La connexion de la
la base. Ainsi sont formées les ailes otiques, dure-mère spinale entre l’os occipital au
78 Ostéopathie pédiatrique

niveau du foramen magnum et le pelvis est Faux du cerveau


nommée par W.G. Sutherland le core-link
(lien central) [7]. La faux du cerveau en forme de croissant des-
cend verticalement dans la fissure sagittale
Du fait de la présence des fibres durales entre les hémisphères cérébraux. Son bord
dans les sutures, la couche endostéale de la supérieur est courbé, en harmonie avec la
dure-mère est en continuité avec le péricrâne. convexité interne de la voûte crânienne. Elle
Elle l’est aussi par l’intermédiaire des fora- s’étend de la crête frontale, à la protubérance
mens crâniens. Par la fissure orbitaire supé- occipitale interne, appliquée de chaque côté
rieure, la dure-mère est continue avec le de la ligne médiane du crâne. À cet endroit,
périoste orbitaire. En fait, le crâne osseux est les deux couches de la faux du cerveau parti-
organisé autour des structures nerveuses et cipent à la formation des parois du sinus sagit-
vasculaires préexistantes, et il ne devrait pas tal supérieur. Le bord inférieur est concave et
être considéré comme ayant des orifices et des peut être divisé en trois parties :
fissures pour permettre le passage de ces struc- – antérieurement, il est fixé sur la crista galli
tures. Plutôt, il faut se souvenir que lorsque les de l’os ethmoïde ;
nerfs se développent, ils entraînent avec eux – en arrière, sa partie libre repose au-dessus
une enveloppe tubulaire protectrice prove- du corps calleux, où il enveloppe le sinus
nant de la couche méningienne de la dure- sagittal inférieur ;
mère. Puis, lorsque le crâne osseux s’organise
– postérieurement, il s’élargit et se connecte
autour de ces structures, des foramens appa-
au fulcrum de Sutherland, au sommet de la
raissent, avec des adhérences résiduelles entre
tente du cervelet. Le sinus droit est situé le
le foramen et l’enveloppe durale protectrice.
long de cette ligne, entre les couches dura-
Hors du crâne, les fibres durales s’unissent
les ; il reçoit le sinus sagittal inférieur et la
avec le périnèvre.
grande veine cérébrale (veine de Galien)
La dure-mère consiste en un dense réseau (figure 3.10).
fibreux, avec des fibres organisées en fascicu- En fait, la faux du cerveau est un lien entre
les, ou fibres de contrainte. Constituée de col- les parties antérieure et postérieure du crâne.
lagène et de fibres élastiques, elle est riche- Elle représente aussi une connexion entre le
ment innervée, essentiellement par les trois neurocrâne et le viscérocrâne par son ancrage
divisions du nerf trijumeau, à l’exception de sur la crista galli de l’os ethmoïde. Ainsi,
la dure-mère de la fosse crânienne postérieure, quand le viscérocrâne présente une dysfonc-
innervée par des rameaux méningés prove- tion, cela peut être associé ou secondaire à
nant des trois premiers nerfs cervicaux. une dysfonction du neurocrâne ; ce rapport
entre le crâne antérieur, le crâne postérieur
Bien que, pour faciliter la description, la et la face, par l’intermédiaire de la faux du
dure-mère soit divisée en deux couches, la cerveau, doit être envisagé. De surcroît,
couche méningienne et la couche endostéale, l’os occipital sert d’interface entre les forces
ces deux couches sont intimement unies, à exocrâniennes postérieures des structures
l’exception des emplacements où se sont myofasciales qui s’y insèrent, et les forces
développés les sinus veineux. Les duplications antérieures transmises vers l’arrière par la faux
dure-mériennes qui résultent en tente du cer- du cerveau. Par conséquent, les déséquilibres
velet, et faux du cerveau et du cervelet ont la entre le crâne antérieur et les structures myo-
forme de trois faucilles. Elles sont réunies au fasciales postérieures peuvent résulter en ten-
niveau du sinus droit, nommé le « fulcrum de sions dysfonctionnelles reflétées dans la
Sutherland » où se manifeste la tension réci- forme externe de l’os occipital ou de celle du
proque entre les trois duplications [8]. viscérocrâne.
Le concept crânien 79

Sinus pétreux supérieur


Faux du cerveau Nerf trochléaire

Sinus Nerf trijumeau


sagittal
supérieur

Diaphragme
de la selle

Bulbe olfactif

Nerf optique
Artère carotide
interne
Nerf oculomoteur

Sinus droit Tente Sinus Nerf Nerfs facial Nerf abducens


du cervelet sigmoïde hypoglosse et vestibulocochléaire Nerf trochléaire
Grande veine
cérébrale Nerfs glossopharyngien,
vague et accessoire

Figure 3.10. Dure-mère crânienne. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 8.317, p. 1210.)

L’équilibre postural, en particulier dans la phères cérébraux. Son bord antérieur, ou


région thoracique supérieure et la colonne petite circonférence, est libre et concave. Il
cervicale, est sans aucun doute relié à la bio- forme une grande ouverture ovale, l’incisure
mécanique du crâne et du viscérocrâne. Dans tentoriale, où est localisé le cerveau moyen.
ce rapport, la faux du cerveau est une pièce Le bord externe, ou grande circonférence, est
maîtresse. convexe ; il s’insère postérieurement sur la
face interne de l’os occipital, sur les lèvres des
Tente du cervelet sillons des sinus transverses ; la tente du cer-
velet contient ces sinus dans son insertion. De
Dès la 8e semaine de gestation, la tente du chaque côté, la tente du cervelet est fixée à la
cervelet est reconnaissable, et vers 3 mois les suture pariétomastoïdienne, la couche supé-
côtés droit et gauche se réunissent au sinus rieure sur l’angle postéro-inférieur de l’os
droit [9]. Classiquement décrite comme une pariétal, et la couche inférieure sur la portion
tente, comme son nom l’indique, la tente du mastoïdienne de l’os temporal. Puis, les deux
cervelet couvre la surface supérieure du cerve- couches s’insèrent sur les arêtes supérieures
let, et supporte les lobes occipitaux des hémis- des parties pétreuses des os temporaux, où
80 Ostéopathie pédiatrique

sont situés les sinus pétreux supérieurs. Près utilisé pour localiser le niveau de l’insertion
de l’apex du rocher, la couche inférieure de la tente du cervelet. Elle est presque locali-
forme le cavum trigéminal (cavum de Meckel) sée au même niveau que la protubérance
qui entoure la racine et le ganglion du nerf occipitale interne, point de rencontre des
trijumeau (V). Au sommet de l’apex, les deux sinus veineux contenus dans la dure-mère, les
circonférences de la tente se croisent l’une sinus droit, sagittal supérieur et transverses.
l’autre, de telle façon que les bords libres de la Au-dessus de la tente du cervelet, l’écaille de
petite circonférence se prolongent vers l’avant l’os occipital est d’origine membraneuse, alors
pour s’insérer sur les processus clinoïdes anté- qu’au-dessous elle est d’origine cartilagineuse.
rieurs du corps du sphénoïde, et les extrémités La différence entre ces deux parties peut
de la grande circonférence sur les processus être palpée chez le nouveau-né. Cette zone
clinoïdes postérieurs. Le bord postérieur de la d’insertion de la tente du cervelet sur l’os
faux du cerveau rejoint le toit de la tente du occipital peut servir de pivot dans la produc-
cervelet au fulcrum de Sutherland. Le sinus tion de dysfonctions occipitales intraosseuses,
droit est contenu dans cette jonction (figure en particulier pendant la naissance. La partie
3.11). supérieure de l’écaille occipitale, plus flexible,
La tente du cervelet est en rapport étroit peut être poussée vers l’avant, avec comme
avec les nerfs crâniens oculomoteur (III), tro- résultat un méplat postérieur au niveau de l’os
chléaire (IV), trijumeau (V) et abducens (VI). occipital. Dans le traitement de telles dysfonc-
Par conséquent, elle peut constituer une tions, la normalisation de la dure-mère est
contrainte potentielle pour ces nerfs, et doit essentielle.
être considérée dans le diagnostic et le traite-
Latéralement, la tente s’insère de part et
ment des dysfonctions trigéminales et oculai-
d’autre des sutures pariétomastoïdiennes.
res [10]. Selon les mêmes principes, d’autres
À cet emplacement, elle contient le sinus
emplacements sont potentiellement critiques,
transverse, là où il devient le sinus sigmoïde.
comme la partie antérieure de la tente du
Pendant l’accouchement, le processus d’ac-
cervelet, où elle participe à la constitution du
commodation avec ses déplacements poten-
toit du sinus caverneux. Les fibres situées
tiels du pariétal peut mettre ce sinus veineux
entre la petite et la grande circonférence de la
sous tension. Parfois, des hémorragies crâ-
tente du cervelet s’enroulent, et passent d’une
niennes se produisent qui, comme les problè-
direction oblique à une direction plus hori-
mes de drainage veineux, peuvent être asso-
zontale. Les nerfs oculomoteur (III) et tro-
ciées à des dysfonctions durales [11].
chléaire (IV) traversent la dure-mère à ce
niveau et passent à travers le sinus caverneux
avant d’entrer dans la fissure orbitaire supé-
rieure. Le nerf abducens (VI) est particulière- Faux du cervelet
ment vulnérable. Il passe au-dessus de l’arête La faux du cervelet est un petit repli de dure-
pétreuse selon un trajet nettement courbé, mère triangulaire, localisé au-dessous de la
avant de passer sous le ligament pétrosphé- faux du cerveau. Elle s’insère en arrière sur la
noïdal, pour rejoindre le III et le IV dans le crête occipitale interne où elle contient le
sinus caverneux. Le ligament pétrosphénoï- sinus occipital. Parfois, elle se divise en deux
dal, une bande fibreuse qui relie le sommet de replis plus petits qui s’insèrent sur le pourtour
l’apex pétreux des os temporaux au bord laté- du foramen magnum. À sa partie supérieure,
ral du dos de la selle est un site où le VI peut elle est fixée à la partie postérieure de la tente
être vulnérable [10]. du cervelet, alors que son bord antérieur est
La protubérance occipitale externe, ou libre, localisé entre les deux hémisphères céré-
inion, est un repère palpable qui peut être belleux.
Le concept crânien 81

Artère ophtalmique
Nerf optique Nerf oculomoteur
Sinus pétreux supérieur Tente du cervelet, bord libre

Attache périphérique
de la tente du cervelet

Sinus transverse gauche Tente du cervelet

Foramen magnum Sinus transverse droit

Confluence des sinus Sinus droit

Figure 3.11. Vue supérieure de la tente du cervelet.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 8.318, p. 1211.)

Diaphragme de la selle Dure-mère spinale


Le diaphragme de la selle est un petit repli de La dure-mère crânienne est adhérente sur le
dure-mère, horizontal, arrondi qui recouvre pourtour du foramen magnum. La couche
la fosse hypophysaire de la selle turcique de externe ou endostéale se termine à ce niveau ;
l’os sphénoïde. Au centre du diaphragme, elle devient le périoste qui revêt le canal ver-
une ouverture permet le passage de la tige tébral. La couche dure-mérienne interne ou
pituitaire et des vaisseaux sanguins reliant méningienne se prolonge par la dure-mère
l’hypophyse (glande pituitaire) à la base du spinale, séparée du périoste du canal vertébral
cerveau. par l’espace épidural ou extradural. Ce tube
dural adhère au ligament longitudinal posté-
rieur sur les faces postérieures des corps verté-
braux de C2 et C3.
82 Ostéopathie pédiatrique

Espace subarachnoïdien
Artère spinale postérieure
Pie-mère

Rameaux méningés récurrents

Ligament dentelé

Arachnoïde

Artère spinale antérieure

Dure-mère

Figure 3.12. Dure-mère spinale.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 2.56, p. 71.)

Tout au long de la colonne, au niveau de avec le périoste. Il est nommé le ligament


chaque foramen intervertébral, la dure-mère central de la moelle épinière pour son rôle
spinale entoure les nerfs spinaux en formant dans le maintien de la position médullaire
un manchon tubulaire qui se mêle au périnè- spinale pendant les mouvements de la
vre dans ou après le foramen intervertébral colonne. Chez le nouveau-né, le sommet du
[12]. Le manchon dure-mérien peut être adhé- cône médullaire est situé au niveau du bord
rent au périoste, en particulier au niveau des supérieur de L3, plus bas que chez l’adulte, où
nerfs spinaux C5–C6 [13] (figure 3.12). il est localisé entre L1 et L2.
Au tiers moyen [14] ou au bord inférieur de On retiendra que toutes ces structures, bien
S2 [2], la dure-mère spinale fusionne avec le que décrites séparément, sont en fait en conti-
filum terminal, un mince filament de tissu nuité. Le plus souvent, la tente du cervelet est
conjonctif investi par la pie-mère, qui pro- visualisée comme une cloison relativement
longe le cône médullaire i. e. le sommet de la horizontale, et la faux du cerveau considérée
moelle spinale. Le filum terminal descend au comme un lien antéropostérieur. Pour autant,
milieu des nerfs spinaux qui forment la queue il faut se souvenir que la dure-mère de la tente
de cheval, et se mêle à la dure-mère au niveau du cervelet se réfléchit de chaque côté pour
de S2. Il se prolonge alors sur la face dorsale du couvrir les temporaux, et en arrière l’écaille de
premier segment coccygien, où il fusionne l’occipital, pendant que la faux se prolonge de
Le concept crânien 83

chaque côté de la suture sagittale pour couvrir base crânienne inclut des parties de l’os occi-
les os pariétaux et retrouver latéralement la pital, la plus grande partie du sphénoïde,
tente du cervelet. Vers l’avant, au niveau du l’ethmoïde et les parties pétreuses des os tem-
sinus caverneux, les fibres de la tente du cer- poraux. Ces éléments crâniens s’organisent à
velet sont en continuité avec celles de la cou- partir du chondrocrâne ; ce sont des sites de
che supérieure du diaphragme de la selle, et développement et de croissance précoces. Le
dans la selle turcique elles se mêlent intime- basicrâne fournit un support pour le cerveau,
ment à la capsule hypophysaire. Postérieure- et présente de nombreux foramens livrant
ment, les duplications durales se prolongent passage à d’importantes structures vasculo-
par la dure-mère spinale. nerveuses. Il peut aussi être considéré comme
Toutes ces structures continues constituent une interface entre les unités craniofaciales
les membranes de tension réciproque, un élé- que sont la voûte du neurocrâne et le viscéro-
ment significatif du concept crânien. Elles crâne. Dès lors, une interaction peut être envi-
unissent les différentes zones du crâne et le sagée entre ces différents constituants, où la
crâne au bassin ; elles forment le core-link. Les morphogenèse de la base impacte la face, et
dysfonctions de la tension membraneuse peu- où inversement les fonctions et dysfonctions
vent être intraspinales et/ou intracrâniennes, du viscérocrâne affectent le basicrâne. Ajou-
et survenir aux périodes prénatales et/ou pos- tons à cela l’environnement où tout ce qui
tnatales. Chez l’enfant, cela revêt une impor- influence les comportements affecte aussi la
tance particulière, car les os incomplètement structure. Ainsi, l’évolution du crâne reflète
ossifiés peuvent se développer selon des aussi les activités déterminées par l’environ-
modèles membraneux dysfonctionnels. De nement des primates non humains et des
plus, chez tous, l’incapacité de reconnaître les êtres humains.
dysfonctions durales peut résulter en une Si une créature ayant une structure corpo-
impossibilité de traiter efficacement les dys- relle parfaitement à l’horizontale, comme le
fonctions somatiques des autres parties du crocodile, essaie de passer de l’horizontale à
corps. une position redressée verticale, ses yeux se
retrouvent dirigés vers le ciel. De ce fait, pour
regarder devant et conserver le regard vers
Mouvements du concept crânien l’avant, une flexion de la tête est nécessaire.
Tout d’abord, la flexion se produit dans les
Évolution phylogénétique vertèbres cervicales et la charnière occipitoat-
Les études d’anatomie et d’anthropométrie loïdienne. Puis, pour compléter le processus
comparées entre les primates non humains et d’orientation des yeux, une flexion vers
les êtres humains modernes sont très utiles l’avant des synchondroses de la base crâ-
pour comprendre non seulement l’évolution nienne est nécessaire. Cette adaptation à la
du crâne, mais aussi celle des dysfonctions posture bipède est la raison la plus communé-
crâniennes au fil du temps. Durant les diffé- ment proposée pour expliquer la flexion de la
rentes phases de l’évolution depuis les pre- base crânienne chez les humains. En fait, la
miers primates aux anthropoïdes, puis finale- flexion de la base crânienne est une des carac-
ment à l’Homo sapiens, les changements dans téristiques les plus significatives de l’évolu-
la forme de la base crânienne semblent avoir tion phylogénétique du crâne, avec une
été extrêmement importants [15]. En fait, une flexion de la base crânienne plus importante
des différences fondamentales entre humains chez les êtres humains que chez les autres
et autres primates est l’augmentation de la primates [16] (figure 3.13).
flexion de la base crânienne dans le sens de la Une autre différence significative entre les
longueur chez les humains. Le basicrâne ou humains et les autres primates est la crois-
84 Ostéopathie pédiatrique

Figure 3.13. Flexion de la base crânienne associée à l’acquisition de la posture bipède.

sance du cerveau ; cette croissance est consi- chez l’Homo sapiens, et 1400 ml chez l’Homo
dérée comme l’un des facteurs significatifs res- sapiens sapiens [18]. Classiquement, la crois-
ponsables des changements dans la forme de sance du cerveau humain est considérée
la base crânienne. À la naissance, le cerveau comme une force expansive qui stimule le
humain est loin d’avoir fini sa croissance. Il développement du crâne osseux. En réponse,
présente alors 25 % de sa taille adulte, en les dimensions de la base crânienne augmen-
atteint 50 % vers la fin de la première année, tent, et dans ce processus, le rôle des synchon-
et 95 % à 10 ans [17]. En comparaison, le droses est essentiel. Pour augmenter encore
cerveau des chimpanzés atteint 80 % de la plus efficacement le volume de la boîte crâ-
taille du cerveau adulte vers la fin de leur nienne afin d’accommoder un cerveau tou-
première année de vie. jours plus gros, une autre possibilité consiste
Au regard des processus évolutionnistes, en l’accroissement de l’angulation de la base,
l’encéphalisation, l’augmentation du volume et par conséquent, la création d’une flexion
du cerveau humain, est une autre caracté- basilaire. Ainsi, le développement de la base
ristique qui explique les différences mor- crânienne humaine commence prénatale-
phologiques de la base crânienne entre ment et continue après la naissance. Vers l’âge
humains et autres primates. À travers l’évolu- de 2 ans, la flexion basilaire est bien établie,
tion humaine, le volume de la boîte crâ- bien que la croissance cérébrale ne soit pas
nienne a progressivement augmenté. Ainsi, le pour autant complétée. En revanche, le pri-
volume crânien est de 500 ml chez l’Australo- mate non humain démontre une flexion de la
pithecus afarentis, 700 ml chez l’Homo habi- base crânienne avant la naissance, puis une
lis, 1000 ml chez l’Homo erectus, 1230 ml extension après la naissance.
Le concept crânien 85

Figure 3.14. L’angle de la base crânienne est ouvert vers le bas et l’avant, et mesure environ
120° chez les humains et 140° chez les anthropoïdes.

L’angle de la base crânienne est l’angula- – la synchondrose intrasphénoïdale, entre le


tion entre le clivus (dos de la selle du sphé- pré- et le postsphénoïde ;
noïde et basiocciput) et le planum sphénoïdal – la synchondrose sphéno-ethmoïdale, entre
(plan de la surface supérieure du sphénoïde). la partie antérieure du sphénoïde et la partie
Il est ouvert vers le bas et l’avant, et mesure postérieure de l’ethmoïde ;
environ 120° chez les humains et 140° chez – la synchondrose sphéno-occipitale ou sphé-
les anthropoïdes (figure 3.14). nobasilaire (SSB), entre la partie basilaire de
Les changements dans la base crânienne l’os occipital et le corps de l’os sphénoïde.
qui résultent dans la flexion se produisent au Ces synchondroses agissent comme des
niveau des trois synchondroses : charnières, et l’augmentation de l’activité
86 Ostéopathie pédiatrique

chondrogénique dans la partie supérieure de Cependant, il y a une limite au degré de


la synchondrose produit une flexion, alors flexion basilaire possible sans interférence
que l’augmentation dans la partie inférieure avec les fonctions et les rapports entre le basi-
de la synchondrose produit une extension. crâne et le viscérocrâne, le pharynx, et le
Chez les primates, la SSB semble être la plus larynx. De ce fait, d’autres modifications sur-
active [19]. La synchondrose intrasphénoï- viennent pour accommoder l’expansion céré-
dale participe à la flexion crânienne pendant brale. Ainsi, concomitamment à la flexion
la période prénatale, et la plupart du temps est basilaire et au développement de l’écaille de
complètement ossifiée à la naissance. La syn- l’os occipital, la taille des os temporaux aug-
chondrose sphéno-ethmoïdale reste un site mente, et les parties pétreuses ajustent leur
actif de croissance basilaire pendant la crois- orientation. Elles se déplacent vers le bas et le
sance cérébrale jusqu’à 6 à 8 ans, où l’essentiel dehors, avec un plus grand déplacement à
de la croissance est atteint. La synchondrose leur partie postérieure, ce qui augmente la
sphéno-ethmoïdale joue aussi un rôle primor- largeur postérieure du crâne [21]. En fait,
dial dans le développement de la face. l’augmentation du volume de la boîte crâ-
nienne évolue toujours parallèlement à
La croissance du cerveau stimule le proces-
l’accroissement du cerveau. De complexes
sus de déposition ostéoblastique suturale et le
interactions se produisent également dans les
remodelage périosté, phénomènes fondamen-
autres parties du crâne, comme l’expansion
taux dans la croissance osseuse crânienne.
latérale des écailles des temporaux [22], la
Simultanément, une résorption ostéoclastique
verticalisation de l’os frontal, et l’augmenta-
se produit aux différents sites, modulant la
tion du diamètre bipariétal. Dans le crâne
déposition osseuse et résultant en une crois-
humain moderne, les dimensions sont modi-
sance apparemment différente selon les zones
fiées dans les trois plans de l’espace pour don-
de la base crânienne. Ces phénomènes se
ner un crâne plus sphérique [23].
retrouvent également entre les diverses parties
d’un os, donnant l’apparence d’une croissance Avec sa localisation au centre de la base
inégale entre les différentes parties. Ainsi chez crânienne, l’os sphénoïde occupe une place
l’humain, parmi les quatre parties de l’os occi- prépondérante ; il connecte le basicrâne et les
pital, le basiocciput ou partie antérieure os du viscérocrâne. Il contient de multiples
démontre la plus faible croissance. En revan- foramens et fissures où logent de nombreuses
che, l’écaille est la partie qui grandit le plus. Ce structures vasculonerveuses, et il s’articule
différentiel de croissance entre ces deux parties avec plusieurs os de la face situés devant lui.
explique pourquoi le foramen magnum sem- De surcroît, la longueur de son corps influence
ble être plus antérieur chez l’humain que chez le degré de la projection faciale par rapport à la
les primates non humains. L’augmentation de fosse crânienne antérieure. En fait, le sphé-
taille de l’écaille de l’os occipital semble pous- noïde humain démontre une diminution de sa
ser le foramen magnum vers l’avant. Une rota- dimension antéropostérieure, ce qui diminue
tion postérieure de l’os occipital ou rotation la projection faciale et peut expliquer la forme
« positive » apparaît, dans le sens des aiguilles moderne du profil humain [24]. Les humains
d’une montre en regardant le crâne du côté présentent des orbites plus fléchies vers l’avant
gauche [20]. Cette modification de la forme que les autres primates [22]. En même temps,
occipitale est le résultat à la fois des forces leur bloc facial a fait une rotation antérieure
intracrâniennes engendrées par le cerveau en par rapport à la base crânienne postérieure ;
croissance, et des forces extracrâniennes cela est associé à une denture beaucoup plus
engendrées par les muscles qui s’insèrent sur réduite et à une diminution de la longueur
l’écaille et se contractent pour maintenir la antéropostérieure de la branche verticale de la
tête dans une position verticale. mandibule. Cette rotation antérieure du bloc
Le concept crânien 87

facial diminue la longueur antéropostérieure dial. Lors de la succion et de la déglutition, les


du nasopharynx [25], ce qui pourrait contri- muscles du pharynx et du palais mou tractent
buer à l’organisation structurale nécessaire les processus ptérygoïdes vers le bas et le
pour le langage [24]. dehors. En entraînant le sphénoïde dans une
rotation antérieure, cette action participe
aussi à la flexion de la base crânienne. Du fait
Développement ontogénétique des tractions qu’elles exercent, la succion et la
Le développement ontogénétique de la base déglutition contribuent au développement de
crânienne suit le même modèle séquentiel l’hamulus ptérygoïdien qui double presque de
que la phylogenèse décrite ci-dessus. À la nais- taille entre l’enfance et l’âge adulte [27]. En
sance, la base crânienne décrit une ligne légè- fait, lorsque l’enfant grandit et que les hamu-
rement courbée, et la synchondrose sphéno- lus ptérygoïdiens se déplacent vers le bas et le
occipitale et le basion, le point le plus dehors, le palais dur s’élargit, et la hauteur des
antérieur du foramen magnum, sont placés orifices postérieurs des cavités nasales, les
sur une ligne presque rectiligne. Le larynx est choanes, augmente. En même temps, le bord
en position haute dans le cou, près de l’os supérieur du vomer se développe vers l’arrière
hyoïde, et la langue est totalement contenue pour atteindre le niveau de la SSB [28].
dans la cavité orale [26] (figure 2.11). Le cerveau humain grossit rapidement pen-
La flexion basilaire initiée pendant la dant les premières années de la vie, stimulant
période fœtale continue après la naissance la croissance du neurocrâne qui est très rapide
jusqu’à la période de l’adolescence [15]. Là les deux premières années de la vie. Vers
encore, les différentes synchondroses de la 2 ans, le périmètre crânien peut atteindre
base crânienne sont sollicitées pour produire 90 % de sa dimension adulte [16]. Vers 3 ans,
la flexion basilaire. Ce sont aussi des sites de la flexion basilaire est pratiquement accom-
croissance ; la synchondrose sphéno-occi- plie [29]. À la même période, les structures
pitale est l’un des plus actifs, ce qui contribue aériennes supérieures ont changé de position
à l’allongement du clivus. La synchondrose [26]. L’os hyoïde et le larynx sont plus bas. La
sphéno-ethmoïdale entre le présphénoïde et langue qui était totalement contenue dans la
la lame criblée contribue à l’allongement de la cavité orale à la naissance descend de telle
partie antérieure de la base crânienne. La façon que, maintenant, sa partie postérieure
croissance s’arrête entre 6 et 8 ans, et cette définit la paroi antérosupérieure du pharynx.
synchondrose fusionne entre la puberté et Un nouvel espace se crée sous la concavité de
l’âge adulte [15]. La base crânienne atteint la base crânienne ; c’est le nasopharynx dont
90 % de sa taille adulte vers 13 ans [16]. la voûte est la synchondrose sphéno-occipi-
En arrière du crâne, la traction exercée par tale. Ce nouvel espace aérien supralaryngien,
la musculature postérieure développe la partie combiné avec la position basse du larynx et
squameuse de l’os occipital lorsque l’enfant avec la mobilité de la langue, permet la pro-
essaie de relever la tête. Plus tard, lorsqu’il duction des sons nécessaires au langage. La
rampe et se redresse, cette action musculaire descente de la langue et du larynx est conco-
est maintenue pendant des périodes plus lon- mitante du changement d’orientation des
gues, ce qui continue à former l’os occipital. muscles constricteurs du pharynx qui tendent
En avant du crâne, les structures myofas- à se verticaliser. Le muscle constricteur supé-
ciales contribuent aussi au développement rieur du pharynx s’insère en partie sur la base
des pièces osseuses sur lesquelles elles sont crânienne, sur la lame médiale des processus
fixées. En effet, les fonctions du viscérocrâne, ptérygoïdes du sphénoïde et sur le raphé pha-
telles que la succion, la déglutition, la masti- ryngien médian qui se prolonge sur le tuber-
cation et le langage, jouent un rôle primor- cule pharyngien de la partie basilaire de l’os
88 Ostéopathie pédiatrique

occipital. En fait, le développement et l’orien- crâne, basicrâne, voûte et viscérocrâne. Il


tation de ces structures par rapport au basioc- démontre aussi l’interdépendance du crâne et
ciput laissent à penser qu’elles contribuent du reste du corps. Ce même modèle de flexion
peut-être aussi à la flexion basilaire [26]. basilaire, couplé à l’expansion latérale des
Ainsi, la base crânienne subit de multiples écailles des os temporaux et à l’augmentation
influences. La traction des muscles posturaux du diamètre bipariétal, est aussi celui décrit
postérieurs combinée avec celle des structures pendant les mouvements crâniens de la phase
myofasciales antérieures participe au proces- inspiratoire du mécanisme respiratoire pri-
sus de flexion basilaire. Pour autant, ces forces maire (MRP).
musculaires externes sont équilibrées par la
résistance interne des membranes de tension Description des mouvements
réciproque que sont la faux du cerveau, la
tente du cervelet et la faux du cervelet. La La description suivante des mouvements
tension membraneuse répartie sur les surfaces osseux du mécanisme craniosacral est un
internes des os du crâne limite efficacement modèle mécanique simple, fondé sur les prin-
les forces exercées par les muscles externes. cipes proposés à l’origine par Sutherland [33].
Les reliefs crâniens, les processus et les crêtes Le but de cette présentation est de décrire la
sur les surfaces externes autant que sur les base hypothétique d’une modalité qui a mon-
surfaces internes reflètent à l’évidence ces for- tré son efficacité durant de nombreuses
ces de traction. années, dans son application clinique sur des
La projection externe du viscérocrâne patients innombrables.
s’exprime dans les traits de la face, caractéristi- À travers tout le corps, il est possible de
ques essentielles dans l’identification d’un palper un micromouvement rythmique, le
individu. Le profil humain comme la position MRP de Sutherland. Le MRP est un phéno-
de la mandibule sont corrélés avec la forme de mène cyclique divisé en deux phases, nom-
la base crânienne [30]. Le profil humain résulte mées l’inspiration et l’expiration crâniennes.
de l’interaction entre les structures nasales, Durant la phase inspiratoire, les structures
oculaires, orales et pharyngiennes incorporées médiales impaires du crâne et du bassin se
au viscérocrâne, et la base crânienne. La pos- déplacent dans la direction de la courbure
ture de la colonne cervicale participe aussi à la fœtale, ce qui est nommé flexion craniosa-
morphogenèse craniofaciale. Une posture avec crale, alors que les structures paires font une
inclinaison cervicale vers l’avant tend à aug- rotation externe. Dans la phase expiratoire,
menter la dimension verticale antérieure de la les structures médiales se déplacent dans la
face ; inversement, une inclinaison cervicale direction opposée, ce qui est nommé exten-
vers l’arrière diminue cette dimension [31,32]. sion craniosacrale, et les structures paires dans
De ce fait, les influences épigénétiques sont le sens de la rotation interne. On retiendra
extrêmement importantes dans l’élaboration que la flexion et l’extension craniosacrales
des structures, fonctions et dysfonctions. À ce décrites ci-dessous diffèrent parfois, et ne doi-
titre, les différentes activités humaines doivent vent pas être confondues avec la flexion et
être évaluées, en particulier celles des premiè- l’extension anatomiques. La description des
res années de la vie. mouvements osseux qui suit est une descrip-
Les influences multifactorielles qui s’exer- tion du mouvement en l’absence de dysfonc-
cent pendant la phylogénie résultent dans tion somatique. Les mécanismes dysfonction-
l’hominisation et la flexion basilaire. Ce mo- nels, précurseurs de la dysfonction somatique,
dèle fondamental de flexion basilaire est sont décrits dans le chapitre 4.
répété pendant l’ontogénie. Il démontre La colonne, la cage thoracique, comme les
l’interdépendance des différentes parties du structures des membres supérieurs et infé-
Le concept crânien 89

rieurs démontrent un mouvement biphasique


Typiquement, chez l’individu qui se repose
associé aux phases inspiratoires et expiratoires
paisiblement, la respiration pulmonaire est
du MRP. Chaque segment vertébral démontre
entraînée au rythme du MRP.
une flexion et une extension craniosacrales.
Le mouvement global de la colonne, en syn-
chronie avec le MRP, entraîne une diminution Mouvement des structures impaires
des courbures antéropostérieures (AP) pen- dans la flexion-extension crânienne
dant la phase d’inspiration et une augmenta- Les structures impaires sont le sacrum et le
tion des courbures pendant la phase d’expira- coccyx, les segments vertébraux de la
tion. Le sternum, en tant que structure colonne, l’os hyoïde, le sternum, l’os occipi-
impaire, démontre un mouvement de flexion tal, l’os sphénoïde, l’os ethmoïde et le vomer.
dans la phase inspiratoire et un mouvement La discussion suivante décrit le mouvement
d’extension dans la phase expiratoire. Les des structures médiales impaires, la flexion
structures paires, les côtes, la ceinture scapu- pendant la phase de l’inspiration crânienne
laire, les membres supérieurs et inférieurs du MRP et l’extension pendant la phase de
démontrent une rotation externe pendant la l’expiration crânienne. La flexion se produit
phase inspiratoire et une rotation interne dans le plan sagittal, autour d’un axe transver-
pendant la phase expiratoire. Ces mouve- sal ; l’extension est le mouvement contraire à
ments sont essentiels dans une approche glo- la flexion.
bale du corps, en particulier dans le traite-
ment des problèmes du système appendi- ■ Sacrum et coccyx
culaire chez les nourrissons et les enfants. L’axe du mouvement pour la flexion-
Lorsque le MRP est palpé par un praticien extension craniosacrale du sacrum est un axe
expérimenté, un mouvement cyclique est hypothétique, transversal et horizontal, qui
perçu, l’impulsion rythmique crânienne est décrit comme passant par la pointe du
(IRC), avec une fréquence de 4 à 14 cycles par processus épineux du deuxième segment
minute [34,35]. L’IRC est différente de la res- sacral [37]. L’emplacement exact de cet axe est
piration pulmonaire et des pulsations cardia- débattu. Pendant la flexion craniosacrale, la
ques. Elle est démontrée concomitante de base du sacrum se déplace vers l’arrière, et
l’oscillation de basse fréquence de Traube- l’apex du sacrum vers l’avant. Pendant
Hering-Mayer, une manifestation du tonus l’extension craniosacrale, la base du sacrum se
sympathique dans le système nerveux auto- déplace vers l’avant, et l’apex du sacrum vers
nome. l’arrière. Les segments sacraux n’ont pas
fusionné chez les nourrissons et les enfants
prépubaires, de telle sorte que la courbure
« Cette oscillation a été mesurée en asso- sacrale normalement convexe vers l’arrière
ciation avec la pression artérielle, la fré- diminue pendant la flexion craniosacrale et
quence cardiaque, la contractilité myocar- augmente pendant l’extension craniosacrale.
dique, le flux sanguin pulmonaire, le flux Le coccyx suit le mouvement du sacrum dans
sanguin cérébral et du liquide cérébrospi- la flexion-extension craniosacrale (figure 3.15).
nal, et les flux sanguins périphériques pre-
nant en compte les activités thermorégu- ■ Vertèbres
latrices. Ce phénomène impliquant tout le
Les mouvements vertébraux peuvent être
corps, avec une fréquence le plus souvent
envisagés segmentairement et par groupe de
légèrement inférieure, et indépendante
vertèbres. L’axe du mouvement pour la
de la respiration présente une ressem-
flexion-extension craniosacrale des vertèbres
blance frappante avec le MRP. [36] »
est un axe transversal horizontal. Pendant la
90 Ostéopathie pédiatrique

Figure 3.15. Mouvement du sacrum. A. Flexion crânienne. B. Extension crânienne.

flexion craniosacrale, la colonne vertébrale jacent. La lordose lombale diminue lorsque


démontre une diminution des courbures AP chaque segment lombal, y compris L5 sur la
dans la phase inspiratoire du MRP. Donc, la base du sacrum, s’incline vers l’avant par rap-
lordose cervicale diminue lorsque chaque seg- port au segment sous-jacent. À l’inverse, pen-
ment cervical, y compris l’occiput sur l’atlas, dant l’extension craniosacrale, la colonne
s’incline vers l’avant par rapport au segment démontre une augmentation des courbures
sous-jacent. La cyphose thoracique diminue AP dans la phase expiratoire du MRP. Donc, la
lorsque chaque segment thoracique s’incline lordose cervicale augmente lorsque chaque
vers l’arrière par rapport au segment sous- segment cervical, y compris l’occiput sur
Le concept crânien 91

styloïdes des os temporaux ; il est donc


influencé par le mouvement des temporaux.
Pendant la flexion craniosacrale, l’os hyoïde
démontre un mouvement où le corps, qui est
la partie centrale, se déplace vers le bas et
l’arrière, et les grandes cornes vers le haut et
l’avant. Pendant l’extension craniosacrale, le
corps se déplace vers le haut et l’avant, et les
grandes cornes vers et le bas et l’arrière. Ces
mouvements sont concomitants de ceux de la
mandibule et de la colonne cervicale.

■ Sternum
Pendant la flexion craniosacrale, tout le ster-
num se déplace vers l’avant, et l’angle sternal
de Louis augmente. Pendant l’extension cra-
niosacrale, le sternum se déplace vers l’arrière,
et l’angle sternal diminue.

■ Os occipital
L’axe du mouvement pour la flexion-exten-
sion crânienne de l’os occipital est un axe
B
transversal horizontal localisé au-dessus du
foramen magnum, au niveau des processus
A jugulaires. Pendant la flexion crânienne, la
surface articulaire antérieure de la partie basi-
laire de l’os occipital se déplace vers l’avant et
Figure 3.16. Mouvement des vertèbres.
le haut, le lambda se déplace vers l’arrière et le
A. Flexion craniosacrale : diminution des bas, et les angles latéraux vers l’arrière et le
courbures vertébrales sagittales. dehors. Pendant l’extension crânienne, la sur-
B. Extension craniosacrale : augmentation face articulaire antérieure de la partie basilaire
des courbures vertébrales sagittales. se déplace vers l’arrière et le bas, le lambda
vers l’avant et le haut, et les angles latéraux
vers l’avant et le dedans (voir ci-après le para-
l’atlas, s’incline vers l’arrière par rapport au graphe « Remarques ») (figure 3.17).
segment sous-jacent. La cyphose thoracique
augmente lorsque chaque segment thoraci- ■ Os sphénoïde
que s’incline vers l’avant par rapport au seg- Nul ne peut comprendre les subtilités du
ment sous-jacent. La lordose lombale aug- mouvement de l’os sphénoïde et ses rapports
mente lorsque chaque segment lombal, y au reste du crâne sans se rappeler que cet os
compris L5 sur la base du sacrum, s’incline consiste en trois parties distinctes à la nais-
vers l’arrière par rapport au segment sous- sance. Le corps et les petites ailes forment la
jacent (figure 3.16). partie centrale, alors que de chaque côté du
corps, les parties latérales sont chacune créées
■ Os hyoïde par la combinaison de la grande aile et du
L’os hyoïde est suspendu par les ligaments processus ptérygoïde. Habituellement, l’ossifi-
stylohyoïdiens aux extrémités des processus cation des synchondroses entre ces trois par-
92 Ostéopathie pédiatrique

Figure 3.18. Mouvement du sphénoïde


dans la flexion crânienne.
Figure 3.17. Mouvement de l’occiput
dans la flexion crânienne.

ties est terminée entre la première et la


deuxième année de la vie. Néanmoins, ces
zones charnières conservent un certain degré
de flexibilité. Pour cette raison, le corps du
sphénoïde est considéré comme une structure
impaire, et les deux unités grande aile–pté-
rygoïde comme des structures paires qui
seront décrites ci-après (voir « Mouvement
des structures paires dans la flexion-extension
crânienne »).
L’axe du mouvement pour la flexion- Figure 3.19. Mouvement de la synchondrose
extension crânienne de la partie centrale du sphénobasilaire dans la flexion.
sphénoïde est un axe transversal horizontal
localisé en avant et en dessous de la selle
turcique. Pendant la flexion crânienne, la par-
tie antérieure du corps se déplace vers le bas,
et le dos de la selle vers le haut, réalisant une
rotation antérieure du corps sphénoïdal dans
le plan sagittal. Pendant l’extension crâ-
nienne, la partie antérieure du corps se
déplace vers le haut, et le dos de la selle vers le
bas, produisant une rotation postérieure du
corps dans le plan sagittal (figures 3.18 à
3.20).

■ Os ethmoïde
Comme l’os sphénoïde, l’os ethmoïde con-
siste en une partie médiale, la lame perpendi- Figure 3.20. Mouvement de la synchondrose
culaire, qui se comporte comme une structure sphénobasilaire dans l’extension.
Le concept crânien 93

Figure 3.22. Mouvement du vomer


dans la flexion crânienne.

Figure 3.21. Mouvement de l’ethmoïde


dans la flexion crânienne. postérieure se déplace vers le bas. Pendant
l’extension crânienne, la partie antérieure du
vomer se déplace vers le bas, et la partie posté-
impaire, et deux parties paires, les labyrinthes, rieure vers le haut (figure 3.22).
qui seront décrites ci-après (« Mouvement des
structures paires dans la flexion-extension ■ Remarques
crânienne »). Le vomer est dans le prolongement caudal à la
L’axe du mouvement pour la flexion- fois de la lame perpendiculaire de l’os eth-
extension crânienne de la partie médiale de moïde et du septum sphénoïdal sagittal. Ce
l’os ethmoïde est un axe transversal horizon- septum sagittal divise le corps du sphénoïde
tal, perpendiculaire à la lame perpendiculaire en deux cavités sinusales. Cet ensemble sagit-
ethmoïdale. Pendant la flexion crânienne, la tal peut être considéré comme une cloison
partie antérieure de la lame perpendiculaire se verticale continue avec la faux du cerveau
déplace vers le haut, et la crista galli, le point au-dessus et le cartilage septal en avant et
de l’insertion antérieure de la faux du cerveau, au-dessous, qui sépare les structures paires et
se déplace vers le haut et vers l’arrière. Le bord unit le neurocrâne et le viscérocrâne.
postérieur de la lame criblée se déplace vers le L’os frontal consiste en deux parties avant
bas, accompagnant ainsi la partie antérieure l’ossification de la suture métopique. Cette
du corps sphénoïdal. Pendant l’extension crâ- origine, et l’insertion de la faux du cerveau sur
nienne, la partie antérieure de la lame perpen- la partie inférieure de la suture métopique
diculaire se déplace vers le bas, et la crista galli entraînent l’os frontal à se comporter comme
vers le bas et l’avant. Le bord postérieur de la une structure paire. Le mouvement de cette
lame criblée se déplace vers le haut avec la structure est décrit dans le paragraphe suivant.
partie antérieure du corps sphénoïdal (figure La mandibule consiste aussi en deux os
3.21). avant la fin de son ossification. Son mouve-
ment est décrit dans le paragraphe suivant.
■ Vomer Tout os vivant consiste en une trame de
L’axe du mouvement pour la flexion-exten- tissu conjonctif calcifié de plus ou moins
sion crânienne du vomer est un axe transver- grande densité selon l’âge et la santé de l’indi-
sal horizontal, perpendiculaire au vomer. Pen- vidu. Durant toute la vie, cette matrice
dant la flexion crânienne, la partie antérieure ouverte permet un certain degré de flexibilité.
du vomer se déplace vers le haut, et la partie Cette flexibilité est évidemment présente
94 Ostéopathie pédiatrique

dans les structures osseuses des nourrissons et Les mouvements des structures paires sont
des enfants. Dès lors, en plus des mouvements décrits par rapport aux trois plans de l’espace.
de flexion-extension crânienne décrits ci-des- Le mouvement majeur, celui de la plus grande
sus, une expansion latérale est aussi palpable amplitude, se produit dans l’un des plans ; les
au niveau des os impairs. C’est le cas des mouvements mineurs d’amplitude variable
angles latéraux de l’occiput, où un déplace- sont situés dans les deux autres plans. On
ment postérieur et latéral peut être palpé dans retiendra que, bien que ces mouvements
la flexion crânienne, et un déplacement anté- soient désignés comme majeur et mineurs,
rieur et médial dans l’extension crânienne. Ce cette désignation est fondée sur l’amplitude
mouvement est mis en évidence dans l’appli- du mouvement et non pas sur l’importance du
cation de la procédure de la compression du mouvement dans le traitement de la dysfonc-
quatrième ventricule (CV4) chez les adoles- tion. En fait, dans le traitement des dysfonc-
cents et les adultes. tions somatiques, tous les aspects du mouve-
ment doivent être considérés également.
À noter Dans chaque cas, les rotations externe et
interne peuvent être décrites comme la résul-
CV4 n’est pas une procédure appropriée tante des mouvements combinés dans les
chez les nourrissons, les enfants, et plus trois plans de l’espace [38]. Cela est un modèle
généralement, avant que l’ossification proposé pour faciliter la visualisation de mou-
occipitale ne soit terminée, en raison du vements autrement complexes. Dans de nom-
risque potentiel de créer des dysfonctions breux cas, le mouvement véritable est la rota-
intraosseuses. tion autour d’un axe qui n’est pas fixe, mais
qui se déplace constamment dans les trois
dimensions de l’espace. De plus, les asymé-
Mouvement des structures paires tries anatomiques résultent en des variations
dans la flexion-extension crânienne de mouvement lorsque l’on compare une
Les structures paires sont les os coxaux, com- structure avec son homologue.
munément nommés iliaques, les membres Ainsi, un axe fixe ne peut être décrit pour
inférieurs, les membres supérieurs, les côtes, aucune des structures paires, puisque cela ne
les os temporaux, les os pariétaux, les deux permettrait qu’un mouvement dans un seul
moitiés de l’os frontal, les parties latérales de plan de l’espace. De ce fait, il est plus satisfai-
l’os sphénoïde (grandes ailes et processus pté- sant de discuter de centres du mouvement qui
rygoïdes), les parties latérales de l’os eth- sont des manifestations de l’interaction entre
moïde, les os zygomatiques, les maxillaires, les différents axes. Ces centres du mouvement
les deux moitiés de la mandibule, les os pala- peuvent se déplacer en fonction des os et des
tins, lacrymaux, nasaux et les cornets. La des- changements dans la posture. En outre, cette
cription suivante indique la rotation externe combinaison des trois composantes du mou-
et la rotation interne des structures paires vement peut varier d’une personne à l’autre et
associées aux mouvements de flexion et chez le même individu d’un moment à
d’extension des structures impaires, pendant l’autre, en fonction des contraintes musculai-
le MRP biphasique. La rotation externe, le res et gravitationnelles, et de la capacité de
mouvement synchrone à la flexion des struc- l’individu de compenser. L’âge, les habitudes
tures impaires, se produit pendant la phase alimentaires, le degré de fatigue, l’état psy-
d’inspiration crânienne ; la rotation interne, choémotionnel, la santé physique et l’exis-
le mouvement synchrone à l’extension des tence de dysfonction somatique sont autant
structures impaires, se produit pendant la de facteurs qui affectent la capacité de com-
phase d’expiration crânienne. penser.
Le concept crânien 95

En raison de la flexibilité des os vivants,


surtout chez les nourrissons et les enfants, les
différents points d’un os ne bougent pas dans
les mêmes amplitudes, ou dans les mêmes
directions. Des zones de résistance variable
sont palpables en fonction des travées osseu-
ses qui résultent des forces de tension. Les
différentes parties d’une structure ne subis-
sent pas les mêmes influences. Ainsi, la des-
cription du mouvement est relative ; c’est tou-
tefois un modèle permettant la visualisation A B
du système, et qui incorpore une convention
Figure 3.23. A. Pendant la flexion-rotation
de langage facilitant la communication entre
les ostéopathes.
externe crânienne, les dimensions
transversales du crâne augmentent et les
dimensions verticales diminuent.
■ Aperçu général
B. Pendant l’extension-rotation interne
Pendant la flexion-rotation externe crâ- crânienne, les dimensions transversales
nienne, tout le crâne s’élargit sous l’influence
du crâne diminuent et les dimensions
du mouvement vers le dehors de la rotation
externe des os pairs. L’arrière du crâne s’élargit
verticales augmentent.
plus que l’avant.
La voûte du crâne descend avec une des-
■ Os iliaques
cente plus importante en arrière du crâne
qu’en avant. Pendant la rotation externe craniosacrale,
chaque os iliaque (ou coxal) démontre un
Les voûtes pariétale, orbitaire et palatine mouvement complexe qui peut être décrit
démontrent des mouvements similaires. dans le contexte des trois plans de l’espace.
Pendant la flexion-rotation externe crâ- Dans le plan sagittal, il démontre une rotation
nienne, globalement, les dimensions trans- antérieure, où l’épine iliaque antérosupé-
versales du crâne augmentent, et les dimen- rieure (EIAS) se déplace vers le bas, le tuber-
sions verticales diminuent. cule pubien vers le bas, l’épine iliaque posté-
rosupérieure (EIPS) vers le haut, et la
Pendant l’extension-rotation interne crâ-
tubérosité ischiatique vers l’arrière et le haut.
nienne, les dimensions transversales du crâne
Ce sont les composantes majeures de la rota-
diminuent, et les dimensions verticales aug-
tion externe.
mentent (figure 3.23).
Les mêmes remarques peuvent être faites Les composantes mineures de la rotation
au niveau du pelvis. externe des os iliaques se produisent dans les
plans coronal (frontal) et transversal (hori-
– Pendant la flexion-rotation externe cranio-
zontal). Dans le plan coronal, l’os iliaque
sacrale, les dimensions pelviennes transver-
démontre une abduction de la crête iliaque et
sales augmentent, et les dimensions vertica-
une adduction de la tubérosité ischiatique.
les diminuent.
Les EIAS et EIPS se déplacent vers le dehors.
– Pendant l’extension-rotation interne cra- Dans le plan transversal, tout l’os iliaque se
niosacrale, les dimensions pelviennes trans- déplace vers le dehors, mais à un degré plus
versales diminuent et les dimensions verti- important au niveau de l’EIPS que de l’EIAS
cales augmentent. (figure 3.24).
96 Ostéopathie pédiatrique

Le mouvement complexe résultant de la une composante majeure et deux composan-


rotation externe de l’os iliaque consiste en la tes mineures tout aussi importantes. En fait, la
combinaison des trois composantes. Cela se rotation externe craniosacrale dans le pied
manifeste comme un mouvement net de peut être comparée à une miniaturisation des
l’EIAS vers le bas, et un mouvement net de mouvements d’inversion du pied, alors que la
l’EIPS vers le haut et le dehors. rotation interne est similaire à une miniaturi-
À l’inverse, pendant la rotation interne cra- sation de l’éversion.
niosacrale, chaque os iliaque démontre un Pendant la rotation externe craniosacrale,
mouvement en sens inverse à ce qui a été dans le plan sagittal, les os du pied démon-
décrit précédemment. La composante trent une flexion plantaire. Cela représente le
majeure est toujours dans le plan sagittal, et mouvement majeur de la rotation externe.
les composantes mineures dans les plans Les composantes mineures de la rotation
coronal et transversal. Le mouvement com- externe surviennent dans les plans coronal et
plexe résultant de la rotation interne de l’os transversal. Dans le plan coronal, les os du
iliaque consiste en la combinaison des trois pied démontrent une supination. Dans le
composantes, et se manifeste comme un plan transversal, les os du pied démontrent
mouvement net vers le haut de l’EIAS et un une adduction.
mouvement net vers le bas et le dedans de Pendant la rotation interne craniosacrale,
l’EIPS. dans le plan sagittal, le mouvement majeur
Le mouvement biphasique des deux EIPS des os du pied est une dorsiflexion. Les com-
est synchrone avec l’action du MRP, et accom- posantes mineures se produisent dans les
mode la flexion et l’extension craniosacrale plans coronal et transversal, et consistent res-
du sacrum. Pendant la phase d’inspiration du pectivement en pronation et abduction.
MRP, lorsque les os iliaques se déplacent en
rotation externe, le déplacement latéral des ■ Membres supérieurs
EIPS ouvre les deux articulations sacro- En synchronie avec le MRP, chacun des os des
iliaques, permettant à la base du sacrum de se membres supérieurs démontre une rotation
déplacer postérieurement pendant la flexion externe et interne. Là encore, les mouvements
craniosacrale. Pendant l’expiration de MRP, des os longs sont relativement simples. Pen-
lorsque les os iliaques se déplacent en rotation dant la flexion craniosacrale, ils démontrent
interne, le déplacement médial des deux EIPS une rotation externe, et pendant l’extension
ferme les articulations sacro-iliaques, accom- craniosacrale, une rotation interne.
pagnant la base du sacrum dans son déplace- Les mouvements des os de la main sont plus
ment antérieur pendant l’extension craniosa- complexes. Ils consistent en mouvements
crale (figure 3.25). combinés dans les trois plans de l’espace avec
une composante majeure et deux composan-
■ Membres inférieurs tes mineures également importantes.
Chacun des os des membres inférieurs démon- Pendant la rotation externe craniosacrale,
tre une rotation externe et interne biphasique les os de la main réalisent une extension dans
en synchronie avec le MRP. Les mouvements le plan sagittal ; c’est le mouvement majeur.
des os longs sont relativement simples ; ils Les composantes mineures se produisent dans
présentent une rotation externe pendant la les plans coronal et transversal. Dans le plan
flexion craniosacrale, et une rotation interne coronal, les os de la main démontrent une
pendant l’extension craniosacrale. abduction, et dans le plan transversal, une
Les mouvements des os du pied sont plus supination.
complexes et consistent en mouvements Pendant la rotation interne craniosacrale,
combinés dans les trois plans de l’espace, avec dans le plan sagittal, le mouvement majeur
Le concept crânien 97

Figure 3.24. Mouvement des os iliaques dans la rotation externe.

Figure 3.25. Mouvement du bassin dans la flexion-rotation externe craniosacrale.


98 Ostéopathie pédiatrique

des os de la main est la flexion. Dans les plans Pendant la rotation interne crânienne, les
coronal et transversal, les composantes mi- os temporaux réalisent les déplacements
neures consistent respectivement en adduc- opposés. La composante majeure est toujours
tion et pronation. dans le plan sagittal, et les composantes
mineures dans les plans coronal et transver-
■ Côtes sal. Le mouvement de rotation interne qui en
Chaque côte présente un mouvement bipha- résulte consiste en la combinaison des trois
sique synchrone avec le MRP, de rotation composantes, où le bord supérieur de la partie
externe et interne. Ainsi, la rotation externe squameuse se déplace vers l’arrière, vers le
craniosacrale des côtes est similaire à une dedans et vers le haut, et la pointe du proces-
miniaturisation du mouvement produit pen- sus mastoïde vers l’avant, vers le dehors et
dant l’inspiration thoracique. Inversement, vers le bas.
pendant la rotation interne, le mouvement Le mouvement biphasique des temporaux
est similaire à une miniaturisation du mouve- est synchrone avec le MRP, et accommode la
ment de la côte pendant l’expiration thoraci- flexion et l’extension crânienne de l’os occipi-
que. tal. Pendant la phase d’inspiration du MRP,
lorsque les temporaux se déplacent en rota-
■ Os temporaux tion externe, le déplacement latéral de la par-
Pendant la rotation externe crânienne, les os tie postérieure des temporaux ouvre les articu-
temporaux démontrent un mouvement com- lations occipitomastoïdiennes et pétrobasi-
plexe qui peut être décrit dans le contexte des laires, permettant à la partie squameuse de
trois plans de l’espace, similaire au mouve- l’os occipital de se déplacer en arrière et en bas
ment des os iliaques. Dans le plan sagittal, ils pendant la flexion crânienne (figure 3.27).
réalisent une rotation antérieure, où le bord Durant la phase d’expiration du MRP, lorsque
supérieur de l’écaille du temporal se déplace les temporaux se déplacent en rotation
vers l’avant et vers le bas, le processus zygo- interne, le déplacement médial de leur partie
matique se déplace vers le bas, et la pointe du postérieure ferme les articulations occipito-
processus mastoïde vers l’arrière et vers le mastoïdiennes et pétrobasilaires, accompa-
haut. Le mouvement dans ce plan sagittal est gnant la partie squameuse de l’os occipital
la composante majeure de la rotation externe. dans son déplacement antérosupérieur pen-
Les composantes mineures de la rotation dant l’extension crânienne.
externe de l’os temporal se produisent dans
les plans coronal et transversal. Dans le plan ■ Os pariétaux
coronal, le temporal démontre une abduction Pendant la rotation externe crânienne, l’os
du bord supérieur de la partie squameuse et pariétal démontre également un mouvement
une adduction de la pointe du processus mas- qui peut être décrit par rapport aux trois plans
toïde. Dans le plan transversal, l’ensemble du de l’espace. Le mouvement majeur se produit
temporal se déplace latéralement mais à un dans le plan transversal. L’ensemble du parié-
plus grand degré au niveau de sa partie posté- tal suit la partie squameuse de l’os temporal
rieure que de sa partie antérieure. dans son déplacement latéral. Ainsi, les bords
Lors du mouvement de rotation externe médial et latéral de l’os pariétal se déplacent
qui résulte de la combinaison des trois com- latéralement, à un plus grand degré en arrière
posantes, le bord supérieur de la partie squa- qu’en avant. Dans le plan coronal, l’ensemble
meuse se déplace vers l’avant, vers le dehors et du pariétal se déplace vers le bas mais à un
vers le bas, et la pointe du processus mastoïde plus grand degré au niveau du bord médial
vers l’arrière, vers le dedans et vers le haut que du bord latéral. Dans le plan sagittal, le
(figure 3.26). bord médial se déplace vers l’arrière avec la
Le concept crânien 99

Figure 3.26. Mouvement des os temporaux dans la rotation externe.

partie squameuse de l’os occipital. Le mouve- ■ Os frontaux


ment de rotation externe des pariétaux parti-
cipe ainsi à l’augmentation de la dimension Les deux moitiés de l’os frontal démontrent
transversale du crâne pendant la flexion- aussi un mouvement qui peut être décrit par
rotation externe. rapport aux trois plans de l’espace. Pendant la
À l’inverse, pendant la rotation interne crâ- rotation externe, dans le plan transversal, la
nienne, le mouvement majeur dans le plan suture métopique se déplace postérieurement
transversal consiste en un déplacement mé- pour répondre à la traction de la faux du
dial du pariétal, avec un plus grand déplace- cerveau. Les processus zygomatiques du fron-
ment au niveau du bord postérieur qu’au tal se déplacent vers l’avant et le dehors. Les
niveau du bord antérieur. Dans le plan coro- bosses frontales s’effacent et l’incisure eth-
nal, l’ensemble du pariétal se déplace vers le moïdale s’élargit. Dans le plan sagittal, la
haut, mais à un plus grand degré au niveau du suture métopique se déplace vers l’arrière et
bord médial que du bord latéral. Dans le plan légèrement vers le haut, accommodant la
sagittal, le bord médial se déplace vers l’avant traction de la faux du cerveau ; le bregma se
avec la partie squameuse de l’os occipital. Ce déplace vers l’arrière et vers le bas, et le bord
mouvement des pariétaux contribue à la postérieur des faces orbitaires et de l’incisure
diminution de la largeur crânienne. ethmoïdale légèrement vers le bas.
100 Ostéopathie pédiatrique

Figure 3.27. Mouvement de l’occiput et des os temporaux


dans la flexion-rotation externe crânienne.

Dans la rotation interne, dans le plan trans- rotation autour d’un axe transversal, et le
versal, la suture métopique se déplace anté- frontal, dont le mouvement autour d’un axe
rieurement, et les processus zygomatiques en similaire est une rotation en sens inverse. Lors
arrière et en dedans. Les bosses frontales sont des tests d’écoute, les deux mouvements ne
plus proéminentes et l’incisure ethmoïdale doivent pas être confondus. Par ailleurs, les
plus étroite. Dans le plan sagittal, la suture parties inférolatérales du frontal reposent sur
métopique se déplace vers l’avant et légère- les grandes ailes du sphénoïde qu’elles restrei-
ment vers le bas, le bregma vers l’avant et le gnent, et qui, de ce fait, ne se déplacent pas
haut, et le bord postérieur des faces orbitaires inférieurement autant que le corps sphénoï-
et de l’incisure ethmoïdale légèrement vers le dal dans la flexion-rotation externe.
haut.
■ Parties latérales du sphénoïde
■ Remarques
Les faces latérales des grandes ailes du sphé-
Les articulations frontosphénoïdales et les noïde peuvent être considérées comme des
processus zygomatiques du frontal sont des prolongements antérieurs des parties squa-
zones charnières importantes entre le sphé- meuses des os temporaux. Le sphénoïde est
noïde, dont le mouvement simplifié est une souvent comparé à un oiseau. Les processus
Le concept crânien 101

ptérygoïdes représentent les pattes de l’oiseau les de la grande aile donne une sensation de
et les grandes ailes, les ailes de l’oiseau qui se déplacement médial lorsque le corps du sphé-
déplient lorsqu’il prend son envol. noïde se déplace vers l’arrière. Simultané-
Les parties latérales du sphénoïde consis- ment, les extrémités inférieures des processus
tent, de chaque côté, en une grande aile et un ptérygoïdes se déplacent vers l’avant, le
processus ptérygoïde. Pendant la rotation dedans et le haut.
externe crânienne, ces parties démontrent un
mouvement complexe qui peut être décrit ■ Labyrinthes ethmoïdaux
dans le contexte des trois plans de l’espace. Les labyrinthes ethmoïdaux sont suspendus
Dans le plan sagittal, les grandes ailes et les sous les bords de l’incisure ethmoïdale du
processus ptérygoïdes se déplacent en rotation frontal et s’articulent à leur partie inférieure
antérieure en suivant le corps du sphénoïde, avec les maxillaires ; ainsi, ils subissent
mais ils sont restreints par le frontal. Ainsi, ils l’influence des deux. Pendant la rotation
sont maintenus dans une position haute par externe crânienne, les labyrinthes ethmoï-
rapport au déplacement vers le bas du corps daux démontrent un mouvement dans les
sphénoïdal dans la flexion crânienne. Dans le trois plans de l’espace. Dans le plan sagittal,
plan coronal, les grandes ailes se déplacent ils font une rotation postérieure, accompa-
latéralement avec les parties squameuses des gnant la lame perpendiculaire de l’ethmoïde.
os temporaux, comme les processus ptérygoï- Les parties antérieures des labyrinthes eth-
des qui se déplacent latéralement avec les os moïdaux se déplacent vers le haut, comme la
palatins. Dans le plan transversal, les faces crista galli, et les parties postérieures vers le
externes des grandes ailes se déplacent vers bas. Dans le plan coronal, les labyrinthes
l’avant et le dehors, « remplissant » les fosses s’écartent l’un de l’autre, comme les bords de
temporales. Bilatéralement, l’angle entre les l’incisure ethmoïdale et les maxillaires, parti-
faces orbitaire et temporale des grandes ailes cipant ainsi à l’élargissement global du crâne.
augmente. À la palpation, la partie supérieure Le mouvement des labyrinthes ethmoïdaux
des faces temporales de la grande aile donne est plus grand au niveau inférieur. Dans le
une sensation de déplacement latéral lorsque plan transversal, les labyrinthes se déplacent
le corps du sphénoïde se déplace vers l’avant. de telle sorte que la face latérale se dirige vers
Pendant ce temps, les extrémités inférieures l’avant et la face médiale vers l’arrière. Les
des processus ptérygoïdes se déplacent vers parties latéropostérieures présentent le plus
l’arrière, le dehors et le bas. grand déplacement.
Pendant la rotation interne, dans le plan Pendant la rotation interne crânienne dans
sagittal, les grandes ailes et les processus pté- le plan sagittal, les labyrinthes ethmoïdaux
rygoïdes du sphénoïde se déplacent en rota- font une rotation antérieure. Les parties anté-
tion postérieure en suivant le corps du sphé- rieures se déplacent vers le bas et les parties
noïde, mais dans une amplitude moindre, en postérieures vers le haut. Dans le plan coro-
raison de l’influence du frontal. Dans le plan nal, ils se rapprochent, comme les bords de
coronal, les grandes ailes se déplacent média- l’incisure ethmoïdale et les maxillaires, parti-
lement avec les temporaux, et les processus cipant à la diminution de la largeur du crâne.
ptérygoïdes se déplacent médialement avec Le mouvement est plus grand au niveau infé-
les os palatins. Dans le plan transversal, les rieur. Dans le plan transversal, les labyrinthes
faces externes des grandes ailes se déplacent ethmoïdaux se déplacent de telle sorte que la
en arrière et en dedans, creusant les fosses face latérale se dirige vers l’arrière et la face
temporales. L’angle entre les faces orbitaire et médiale vers l’avant. Les parties latéroposté-
temporale des grandes ailes diminue. À la pal- rieures démontrent le plus grand déplace-
pation, la partie supérieure des faces tempora- ment.
102 Ostéopathie pédiatrique

■ Os zygomatique par conséquent, les dents présentent une ves-


Les os zygomatiques sont des structures essen- tibuloversion ; l’espace interincisif s’élargit.
tielles qui équilibrent les forces entre le sphé- Dans le plan transversal, les parties latérales se
noïde, les temporaux et les maxillaires. Pen- déplacent en avant et les parties médiales en
dant la rotation externe crânienne, les os arrière. Les parties latéropostérieures présen-
zygomatiques démontrent des mouvements tent le plus grand mouvement et le palais
dans les trois plans de l’espace. Dans le plan s’élargit.
sagittal, ils se déplacent de telle sorte que les
bords orbitaires vont vers l’avant et le bas, et À noter
les bords inférieurs vers l’arrière et le haut. Les
Il existe une similitude avec les pariétaux,
pommettes, qui sont le reflet des parties infé-
la voûte pariétale démontrant le même
rieures des faces latérales des os, sont donc
déplacement que la voûte palatine.
effacées. Dans le plan coronal, les os zygoma-
tiques contribuent à l’élargissement général
Les faces latérales des processus frontaux se
du crâne et des cavités orbitaires. Leurs bords
frontalisent.
supérieurs se déplacent latéralement, et les
bords inférieurs médialement. Dans le plan Pendant la rotation interne crânienne,
transversal, tout le zygomatique se déplace dans le plan sagittal, la partie antérieure des
latéralement, avec un plus grand déplacement maxillaires se déplace vers le bas, la partie
de la partie médiale que de la partie latérale. postérieure vers le haut, et le palais se creuse.
Pendant la rotation interne, dans le plan Dans le plan coronal, les parties latérales vont
sagittal, les bords orbitaires des zygomatiques vers le dedans et le bas, et les parties médiales
se déplacent vers l’arrière et le haut, et les vers le dedans et le haut. Là encore, le mouve-
bords inférieurs vers l’avant et le bas. Les ment est plus important au niveau inférieur
pommettes sont alors plus marquées. Dans le des maxillaires, et les dents sont, par consé-
plan coronal, ils participent à la diminution quent, en linguoversion ; l’espace interincisif
de largeur du crâne et des orbites. Leur bord est resserré. Dans le plan transversal, les par-
supérieur se déplace médialement et leur bord ties latérales se déplacent en arrière et les par-
inférieur latéralement. Dans le plan transver- ties médiales en avant. Les parties latéroposté-
sal, tout le zygomatique se déplace médiale- rieures présentent toujours le plus grand
ment, avec toujours un plus grand déplace- mouvement. Dès lors, le palais est plus étroit,
ment de la partie médiale que de la partie et les faces latérales des processus frontaux se
latérale. sagittalisent.

■ Maxillaires ■ Hémimandibules
Les maxillaires sont des structures primordia- Les deux hémimandibules sont réunies à la
les dans le viscérocrâne. Pendant la rotation symphyse mentonnière. Elles subissent
externe crânienne, ils démontrent des mouve- l’influence du viscérocrâne et des temporaux
ments dans les trois plans de l’espace. Dans le à leur partie supérieure. Elles sont influencées
plan sagittal, la partie antérieure des maxillai- par diverses structures, comprenant la langue,
res se déplace vers le haut, la partie posté- l’os hyoïde, les muscles hyoïdiens, et les élé-
rieure vers le bas, et le palais descend. Dans le ments myofasciaux de la région cervicothora-
plan coronal, les parties latérales vont vers le cique à leur partie inférieure. Pendant la rota-
dehors et le haut, et les parties médiales vers le tion externe crânienne et le déplacement
dehors et le bas, et la concavité palatine dimi- postérieur des fosses mandibulaires tempora-
nue. Le mouvement est plus important au les, le corps de la mandibule recule et le men-
niveau de la partie inférieure des maxillaires ; ton est donc en retrait.
Le concept crânien 103

Pendant la rotation interne crânienne, le le bas. Dans le plan coronal, le bord inférieur
corps de la mandibule avance et le menton se déplace vers le dehors et le haut, et le bord
devient plus proéminent. supérieur vers le dehors et le bas ; le déplace-
ment latéral est plus important au niveau du
■ Os palatins bord inférieur. Dans le plan transversal, le
Les os palatins sont localisés en arrière des bord antérieur se déplace vers l’arrière et le
maxillaires et en avant du sphénoïde. La réu- bord postérieur vers l’avant, avec un déplace-
nion de leurs lames horizontales forme la par- ment plus important au niveau postérieur.
tie postérieure du palais dur. Les os palatins Pendant la rotation interne crânienne,
suivent les mouvements des maxillaires dans dans le plan sagittal, le bord antérieur se
la rotation externe et la rotation interne crâ- déplace vers le bas et le bord postérieur vers le
niennes. Pendant la rotation externe, ils haut. Dans le plan coronal, le bord inférieur se
démontrent un mouvement dans les trois déplace vers le dedans et le bas, et le bord
plans de l’espace. Dans le plan sagittal, ils se supérieur vers le dedans et le haut ; le déplace-
déplacent vers le bas, la partie postérieure ment est plus important au niveau inférieur.
avec une plus grande amplitude que la partie Dans le plan transversal, le bord antérieur se
antérieure. Dans le plan coronal, ils se dépla- déplace vers l’avant et le bord postérieur vers
cent comme les maxillaires, la partie latérale l’arrière, avec un déplacement plus important
vers le dehors et le haut, et la partie médiale au niveau postérieur.
vers le dehors et le bas. Ce mouvement est
plus grand au niveau de la partie inférieure ■ Os nasaux
des os palatins. Dans le plan transversal, Les os nasaux sont localisés en avant des pro-
comme pour les maxillaires, les parties latéra- cessus frontaux des maxillaires, eux-mêmes
les se déplacent vers l’avant et les parties placés juste en avant des os lacrymaux. Par
médiales vers l’arrière. Par conséquent, conséquent, les os nasaux démontrent un
l’arrière du palais s’élargit. mouvement dans les trois plans de l’espace
Pendant la rotation interne, dans le plan similaire à celui des processus frontaux des
sagittal, les deux os se déplacent vers le haut, maxillaires et des os lacrymaux, comme décrit
la partie postérieure avec une plus grande ci-dessus. Chez les nourrissons et les enfants,
amplitude que la partie antérieure. Dans le bien que petits, ces os contribuent d’une
plan coronal, la partie latérale se déplace vers manière significative à la physiologie nasale.
le dedans et le bas, et la partie médiale vers le
dedans et le haut, avec un plus grand mouve- ■ Cornet nasal inférieur
ment à la partie inférieure des os palatins. Chacun des deux cornets inférieurs s’articule
Dans le plan transversal, les parties latérales se latéralement avec la face nasale de l’os maxil-
déplacent vers l’arrière et les parties médiales laire homolatéral. À la partie supérieure, le
vers l’avant. Par conséquent, le palais est plus processus ethmoïdal du cornet s’articule avec
étroit. le processus uncinatus de l’ethmoïde, et le
processus lacrymal s’articule avec le bord infé-
■ Os lacrymaux rieur de l’os lacrymal. Leur mouvement dans
Les os lacrymaux sont de petite taille. Pendant les trois plans de l’espace est similaire à celui
les rotations externe et interne, ils présentent des os maxillaires, comme décrit ci-dessus.
le même mouvement dans les trois plans de
l’espace que les faces latérales des labyrinthes Autres mouvements physiologiques
ethmoïdaux. Pendant la rotation interne, La flexion-extension craniosacrale et les rota-
dans le plan sagittal, leur bord antérieur se tions externe et interne sont perceptibles
déplace vers le haut et le bord postérieur vers comme une succession de micromouvements
104 Ostéopathie pédiatrique

qui se répètent rythmiquement et sont palpa- sacrale vers la gauche est nommée torsion
bles à travers tout le corps s’il n’existe pas de gauche. En l’absence de dysfonction, les os du
dysfonction. Ce mouvement existe durant bassin suivent le mouvement du sacrum.
toute la vie d’un individu. Cependant, des Donc, avec une torsion sacrale gauche, l’os
facteurs endogènes aussi bien qu’exogènes iliaque gauche démontre une rotation interne,
peuvent affecter le modèle du MRP décrit où le mouvement postérieur est le déplace-
ci-dessus. Par exemple, lors de l’inclinaison de ment majeur ; et l’os iliaque droit démontre
la tête, le maintien du regard à l’horizontal une rotation externe, où le mouvement anté-
pour fixer les yeux sur un objet produit une rieur est le déplacement majeur.
contraction des muscles extraoculaires qui, à
leur tour, agissent sur le sphénoïde, l’empê- ■ Colonne vertébrale
chant de suivre l’occiput dans l’inclinaison Les autres mouvements physiologiques
craniocervicale. Le point d’équilibre entre le démontrés par les vertèbres de la colonne sont
sphénoïde et l’occiput est localisé à hauteur de le sidebending et la rotation, similaires aux
la SSB, qui est par conséquent placée dans une mouvements décrits par Fryette [40]. Le side-
torsion compensatrice. Cela constitue une bending se produit autour d’un axe antéro-
réponse secondaire à un changement de posi- postérieur horizontal et est défini par le côté
tion et, parce que cet état n’est pas fixé, cela de la concavité. Le processus transverse du
n’est pas une dysfonction. Ainsi, un individu côté de la concavité est rapproché du proces-
fonctionnellement équilibré doit pouvoir sus transverse sous-jacent, alors que du côté
assumer de telles compensations bila- de la convexité, ils sont séparés. Le processus
téralement et symétriquement tout en mainte- épineux est incliné du côté de la concavité.
nant le rythme biphasique du MRP. Dès lors, La rotation se produit autour d’un axe ver-
en plus de la flexion-extension crânienne et tical ; elle est définie par la direction vers
des rotations externe et interne, d’autres mou- laquelle la partie antérieure du corps vertébral
vements peuvent être identifiés au niveau du a tourné. Le processus transverse du côté de la
sacrum et du bassin, de la colonne et du crâne. rotation est postérieur, alors que de l’autre
côté il est antérieur. L’extrémité du processus
■ Sacrum et bassin épineux est déviée du côté opposé à celui de la
Les autres mouvements physiologiques rotation.
démontrés par les vertèbres sacrales sont le Ces mouvements sont le plus souvent cou-
sidebending (inclinaison latérale) et la rota- plés et peuvent se produire dans la même
tion. Le sidebending se produit autour d’un direction ou en direction opposée. Lorsqu’un
axe antéropostérieur horizontal, et la rotation individu est dans une position d’inclinaison
autour d’un axe vertical. Bien que les seg- et de rotation, le MRP biphasique est toujours
ments sacraux ne soient pas totalement ossi- palpable, reflétant toutefois la position prise
fiés pendant l’enfance, en l’absence de dys- par le sujet. De ce fait, ce qui est senti n’est pas
fonction, le sacrum s’incline et tourne comme une flexion-extension pure, mais un mouve-
une seule unité. La combinaison du sideben- ment biphasique consistant en une combinai-
ding et de la rotation sacrales résulte en une son de flexion-extension, et de sidebending et
torsion, comme si les mouvements se produi- de rotation positionnels. On retiendra que ces
saient autour d’un axe oblique [39]. Le side- modèles mécaniques ne sont pas dysfonction-
bending de la colonne sus-jacente détermine nels. En l’absence de dysfonction somatique,
le côté de l’axe oblique ; ainsi, une inclinaison cette asymétrie dans ce qui est palpé redevient
droite engage l’axe oblique droit. La torsion une flexion-extension pure lorsque le sujet
sacrale est nommée par le côté vers lequel la retourne à une position anatomique symétri-
rotation sacrale se produit ; ainsi, une rotation que.
Le concept crânien 105

■ Crâne se déplace vers le bas. En l’absence de dysfonc-


Pendant toute la vie, le crâne conserve une tion somatique crânienne, ce mouvement
certaine flexibilité, permettant des mouve- existe symétriquement, avec les déplacements
ments de flexion-extension et des ajuste- en torsion droite et gauche démontrant les
ments compensateurs. Cette capacité de mêmes quantité et qualité.
micromouvement qui diminue avec l’âge est La torsion est accompagnée de mouve-
en revanche incontestable chez les nourris- ments au niveau des os pairs, avec une ten-
sons et les enfants. Les autres mouvements dance vers la rotation externe du côté de la
physiologiques crâniens consistent en torsion torsion, et vers la rotation interne de l’autre
et sidebending-rotation de la SSB. Ces mouve- côté. Ainsi, avec une torsion droite, le tempo-
ments surviennent lors d’activités physiologi- ral droit suit l’occiput dans son déplacement
ques, telle la mastication, et comme accom- vers le bas, et a tendance à tourner en rotation
modation au mouvement vertébral sous- externe. Le temporal droit, cependant, s’arti-
jacent. Ces mouvements sont traditionnel- cule aussi en avant avec la grande aile droite
lement décrits comme se produisant au du sphénoïde, qui se déplace vers le haut pen-
niveau de la SSB, mais le reste du crâne accom- dant la torsion droite. Donc, le mouvement
mode tout autant. Afin de comprendre ces du temporal droit, dans cet exemple, n’est pas
mouvements, on doit se souvenir de la com- une rotation externe pure, mais modulée. La
pliance des os vivants et de leur capacité de modulation survient principalement au
s’adapter aux contraintes qu’ils subissent. niveau de la partie membraneuse de l’os tem-
Ainsi, avec la torsion et le sidebending- poral. Cette torsion intraosseuse squameuse
rotation, les mouvements se produisent non est particulièrement possible dans un crâne
seulement au niveau de la SSB, mais aussi à flexible comme chez un nourrisson ou un
travers tout le crâne, avec des manifestations enfant.
suturales et intraosseuses.
Sidebending-rotation
Torsion Le sidebending-rotation de la SSB se produit
La torsion de la SSB se produit comme un comme un mouvement complexe qui
mouvement autour d’un axe antéroposté- consiste en deux composantes, impliquant
rieur. Cet axe est la ligne qui joint le nasion et chacune des axes de mouvement différents.
l’opisthion. Lors de la torsion, le sphénoïde et L’occiput et le sphénoïde tournent dans la
l’occiput tournent autour de cet axe, en direc- même direction autour d’un axe antéroposté-
tions opposées. Ainsi, lorsque le corps du rieur. Cet axe est la ligne qui joint le nasion et
sphénoïde tourne autour de cet axe, un côté l’opisthion. Ainsi, lorsque le corps du sphé-
est plus haut que l’autre. La grande aile du noïde tourne autour de cet axe, un côté est
sphénoïde est déplacée vers le haut de ce côté, plus haut que l’autre. La grande aile du sphé-
pendant que la grande aile de l’autre côté est noïde est déplacée vers le haut de ce côté,
déplacée vers le bas. En même temps, l’occi- pendant que la grande aile de l’autre côté est
put tourne, se déplaçant vers le bas du côté de déplacée vers le bas. En même temps, l’occi-
la grande aile haute et vers le haut de l’autre put tourne avec le sphénoïde, se déplaçant
côté (figure 3.28). vers le haut du côté de la grande aile haute et
La torsion est nommée du côté où la vers le bas de l’autre côté.
grande aile du sphénoïde se déplace vers le Simultanément, l’occiput et le sphénoïde
haut. Par exemple, lors d’une torsion droite, la se déplacent dans des directions opposées
partie latérale droite du corps du sphénoïde et autour de deux axes verticaux, un pour cha-
la grande aile droite se déplacent vers le haut, que os, un passant par le centre du corps du
alors que la partie latérale droite de l’occiput sphénoïde, l’autre par le foramen magnum.
106 Ostéopathie pédiatrique

Figure 3.28. Mouvement de la synchondrose sphénobasilaire dans la torsion droite.

La grande aile du sphénoïde et l’occiput ment, avec les déplacements en sidebending-


s’écartent l’un de l’autre d’un côté, la grande rotation droit et gauche démontrant les
aile se déplaçant vers l’avant et l’occiput vers mêmes quantité et qualité.
l’arrière. De l’autre côté, la grande aile et
l’occiput se rapprochent l’un de l’autre. Cela Le sidebending-rotation est accompagné de
produit un sidebending entre le sphénoïde et mouvements au niveau des os pairs. Sur le côté
l’occiput au niveau de la SSB, avec comme du sidebending-rotation, où la grande aile se
résultat une convexité d’un côté et une conca- déplace vers le bas, les os influencés par le
vité de l’autre (figure 3.29). sphénoïde ont tendance à démontrer une
rotation interne. Sur ce même côté, il y a une
Le sidebending-rotation est nommé du tendance vers la rotation externe de l’os tem-
côté où la grande aile et l’occiput sont dépla- poral qui suit l’occiput. Le temporal s’articule
cés vers le bas. Par exemple, dans un aussi en avant avec la grande aile du sphé-
sidebending-rotation gauche, la partie latérale noïde qui se déplace vers le bas et vers l’avant.
gauche du corps du sphénoïde et la grande Deux influences affectent le temporal, une
aile gauche se déplacent vers le bas et vers l’entraînant vers l’avant, l’autre vers l’arrière.
l’avant, alors que la partie latérale gauche de Le temporal est au milieu, et bien qu’il suive
l’occiput se déplace vers le bas et vers l’arrière. l’occiput, sa partie antérieure de l’écaille est
En l’absence de dysfonction somatique crâ- aussi affectée par le sphénoïde. Si l’influence
nienne, ce mouvement existe symétrique- postérieure est plus importante que l’influence
Le concept crânien 107

Figure 3.29. Mouvement de la synchondrose sphénobasilaire


dans le sidebending-rotation gauche.

antérieure, alors le sphénoïde sera affecté par niveau de la partie membraneuse des os, telle
le temporal. Un compromis doit survenir, soit que la partie squameuse de l’os temporal ou la
au niveau de la grande aile du sphénoïde, soit grande aile du sphénoïde. Les espaces anato-
au niveau de la partie squameuse de l’os tem- miques comme la fissure orbitaire supérieure
poral. Dès lors, ici encore, le mouvement de permettent aussi un certain jeu.
l’os temporal n’est pas une rotation externe
pure. De nouveau, pour comprendre le Remarques
sidebending-rotation il faut se souvenir de la Les mouvements de torsion et de sidebending
modulation des mouvements des os pairs. peuvent être comparés aux mouvements ver-
Cette modulation, qui est extrêmement pro- tébraux. La SSB peut être considérée comme
bable dans les crânes flexibles des nourrissons une articulation intervertébrale modifiée,
et des enfants, se produit essentiellement au dont l’orientation comparée à celle du reste
108 Ostéopathie pédiatrique

de la colonne, par rapport à la position anato- Références


mique, a changé. Bien que l’orientation des
disques intervertébraux soit d’une manière 1 Sutherland WG. Teachings in the science of Osteo-
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termination of the spinal cord and the dural sac : a
ment présents à l’esprit lors du diagnostic et magnetic resonance study. Clin Anat 1999 ; 12 (3) :
du traitement des dysfonctions somatiques de 149-52.
n’importe quelle partie du corps. L’ostéopa- 15 Lieberman DE, Ross CF, Ravosa MJ. The primate
thie crânienne n’est pas, comme son nom cranial base : ontogeny, function, and integration.
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Chapitre 4

Les dysfonctions

Définitions de la dysfonction

Schémas des dysfonctions

Étiologies de la dysfonction
Les dysfonctions 113

Chapitre 4

Les dysfonctions

Définitions de la dysfonction variation du mouvement normalement perçu


dans l’état sain. Cela se manifeste dans le
In describing spinal lesions, I prefer the term corps par une dysfonction somatique définie
ligamentous articular strains ; for lesions in the comme :
cranium, membranous articular strains. The
spinal lesions include the ligaments as well as the la fonction perturbée ou altérée des com-
joints. The cranial lesion includes the intracranial posantes associées au système somatique
membranes as well as the articulation. (W.G. (la structure de corps) : squelettiques,
Sutherland) [1] structures arthrodiales et myofasciales et
éléments vasculaires, lymphatiques et ner-
(Dans la description des lésions vertébrales, veux qui leur sont rattachés. [2]
je préfère les termes de tensions articulaires
ligamentaires ; pour les lésions dans le crâne, Une dysfonction somatique peut être clas-
tensions articulaires membraneuses. Les sifiée selon :
lésions vertébrales incluent les ligaments
– les tissus impliqués : dysfonctions osseuse,
autant que les articulations. Les lésions crâ-
articulaire, ligamentaire, membraneuse,
niennes incluent les membranes intracrâ-
fasciale, musculaire, viscérale, ou vascu-
niennes autant que l’articulation.)
laire ;
– l’étiologie de la dysfonction :
Chaque créature vivante doit pouvoir s’adap- • physiologique, qui se produit dans les
ter à l’environnement. La santé peut être défi- amplitudes normales du mouvement ;
nie comme la capacité de subir différents • traumatique, par suite de forces exogè-
stress, et de répondre favorablement, avec une nes ;
dynamique appropriée, quel que soit le • réflexe, par une réponse neurologique
niveau de référence (articulaire, myofascial, venant d’autres parties du corps.
vasculaire, cellulaire, etc.). – le mouvement impliqué : dysfonction de
La vie est le mouvement. Le terme « mou- flexion, d’extension, de rotation, de side-
vement » s’applique à des conditions dynami- bending, de rotation externe, de rotation
ques multiples. Cela peut impliquer les mus- interne, et de torsion ;
cles, fascias, os, viscères, fluides et une – la chronologie dans le temps : dysfonction
multitude de phénomènes, parfois nommés primaire si elle existe indépendamment, ou
bioénergétiques, qui lient le corps, l’esprit et secondaire si c’est une compensation à une
l’âme. dysfonction adjacente ou à distance ;
Une dysfonction est la perte de ces dynami- – la durée : dysfonction aiguë, subaiguë, et
ques. L’ostéopathe apprécie cela comme une chronique quand elle dure plus de 3 mois.

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Ostéopathie pédiatrique
114 Ostéopathie pédiatrique

Dans la pratique, les dysfonctions soma- tion. Souvent, la solution pour un traitement
tiques peuvent être identifiées en utilisant efficace réside dans la reconnaissance de la
plusieurs de ces classifications. Par exemple, contribution d’un mouvement mineur.
immédiatement après une blessure athléti-
Ces schémas mécaniques descriptifs des
que, un adolescent peut présenter une dys-
dysfonctions sont des modèles fondamentaux
fonction traumatique, aiguë, primaire, de
pour le diagnostic et le traitement. On retien-
rotation externe, du calcanéus, et de l’articu-
dra cependant que les os des enfants ne sont
lation subtalienne (sous-astragalienne). Sans
pas totalement ossifiés et sont souvent consti-
traitement, ce même sujet peut présenter des
tués de plusieurs parties. Ils démontrent ainsi
mois plus tard une dysfonction myofasciale,
des mouvements et potentiellement des dys-
secondaire, chronique, de torsion du sacrum.
fonctions entre ces différentes parties autant
De ce fait, il est prudent de ne pas se focaliser
que dans la compliance de chacune de ces
sur un seul aspect de la dysfonction, comme
parties. De ce fait, les dysfonctions de n’im-
les déséquilibres myofasciaux, les tensions
porte quel os, tels l’occiput, le temporal, ou le
ligamentaires articulaires, ou les tensions arti-
sacrum, ne peuvent pas toujours être simple-
culaires membraneuses, perdant ainsi de vue
ment décrites par rapport aux trois plans de
la globalité complexe de la dysfonction soma-
l’espace à cause des dysfonctions intraosseu-
tique.
ses potentielles.
Les dysfonctions somatiques peuvent être Le facteur temps, la quatrième considéra-
considérées dans le contexte de quatre dimen- tion, est l’inspiration ou l’expiration crâ-
sions, les trois plans de l’espace et le temps. nienne du MRP. Chez un individu en bonne
Toutes les parties du corps doivent se déplacer santé, le mouvement démontre les deux pha-
librement, chacune d’entre elles dans son pro- ses respiratoires crâniennes. En revanche, une
pre schéma spatial plus ou moins complexe. restriction de l’une de ces deux phases est
La compréhension des dysfonctions dans ce présente dans la dysfonction.
contexte peut être simplifiée en les définissant
en termes des trois plans de l’espace. Dès lors, La dysfonction est nommée selon la direc-
pendant l’examen physique, nous apprécions tion du mouvement le plus libre. Considé-
le mouvement d’une structure dans les trois rez le mouvement d’une structure médiane.
plans de l’espace et dans son rapport au temps En l’absence de dysfonction somatique, elle
avec le mécanisme respiratoire primaire démontre un équilibre entre la flexion et
(MRP) biphasique [3]. l’extension craniosacrales, avec un point cen-
tral d’équilibre entre les deux. Si la structure
Habituellement, dans la description d’une ne peut se déplacer librement que dans une
dysfonction par rapport aux trois plans de direction, vers la flexion craniosacrale par
l’espace, une composante présente la plus exemple, avec une restriction du mouvement
grande amplitude. Cela définit le mouvement vers l’extension craniosacrale, alors par con-
majeur. Les deux autres composantes, d’am- vention, la dysfonction est nommée dans la
plitude variable, dans les deux autres plans direction du mouvement le plus libre : dans ce
sont les mouvements mineurs. Bien que ces cas, dysfonction de flexion craniosacrale. De
mouvements soient identifiés comme majeur plus, le MRP biphasique n’est pas régulier,
et mineur, cette classification indique l’ampli- comme il le serait en cas de non-dysfonction ;
tude du mouvement, et pas nécessairement il est plus évident dans une phase, celle de la
son importance dans le traitement de la dys- dysfonction, et dans ce cas l’inspiration.
fonction. En fait, dans le traitement d’une Ainsi, une dysfonction peut aussi être décrite
dysfonction somatique, tous les aspects du comme une dysfonction d’inspiration ou
mouvement doivent être pris en considéra- d’expiration.
Les dysfonctions 115

Souvent, les dysfonctions somatiques sont l’amplitude normale du mouvement. Par


associées à un malaise physique. Typique- exemple : l’os temporal droit est en dysfonc-
ment, ce malaise est une manifestation neuro- tion de rotation externe quand il se déplace
logique de la nociception. L’activité afférente, librement vers la rotation externe et ne peut
nociceptive, de la zone dysfonctionnelle pas se déplacer vers la rotation interne. Ce
atteint le système nerveux central (SNC). De type de dysfonction peut résulter de
ce fait, un état d’irritabilité est entretenu au n’importe quel traumatisme subi par une
niveau anatomique du SNC où les neurones structure, mais qui ne dépasse pas l’amplitude
nocicepteurs sont activés ; c’est l’état de faci- physiologique du mouvement de cette struc-
litation. Cette irritabilité est la source des ture. De tels traumatismes peuvent survenir
manifestations réflexes neurologiques viscé- prénatalement, pendant la naissance ou à
rosomatiques, somatoviscérales, somatoso- n’importe quel moment de la vie.
matiques et viscéroviscérales des dysfonctions
somatiques. Par des voies ascendantes plus Dysfonctions physiologiques
compliquées, la facilitation segmentaire ver- de la synchondrose sphénobasilaire
tébrale de la dysfonction somatique peut se Les dysfonctions physiologiques de la syn-
manifester par une réaction somato-émo- chondrose sphénobasilaire (SSB) consistent
tionnelle, résultant dans l’irritabilité qui en flexion crânienne, extension crânienne,
affecte souvent les nourrissons et les enfants torsions droite et gauche, et sidebending-
[4,5]. rotation droit et gauche. Cependant, ces dys-
Les dysfonctions craniosacrales peuvent fonctions ne peuvent pas exister seules sans
affecter : affecter les autres parties du crâne et du corps.
– les structures membraneuses et donc les élé-
ments vasculonerveux associés ; ■ Dysfonctions de flexion crânienne
– les structures osseuses : une dysfonction et d’extension crânienne
peut modifier la forme osseuse et les rap- Une dysfonction de flexion crânienne est pré-
ports interosseux ; sente lorsque la SSB démontre un mouvement
– les structures articulaires : une dysfonction de flexion crânienne et une absence d’exten-
dans une articulation produit un état de sion crânienne. Par conséquent, le crâne
déséquilibre de tension qui interfère avec le entier peut être dans un état de flexion-
mouvement normal ; rotation externe crânienne. Le MRP est facilité
dans la phase d’inspiration. Une dysfonction
– le mouvement des fluides : une dysfonction
d’extension crânienne est présente quand la
ralentit les drainages veineux et lymphati-
SSB démontre un mouvement d’extension
que, ce qui résulte en une congestion et une
crânienne et une absence de flexion crâ-
diminution de la perfusion tissulaire ;
nienne. Par conséquent, le crâne entier peut
– la physiologie neurovasculaire – de cette être dans un état d’extension-rotation interne
façon, toutes les régions du corps peuvent crânienne. Le MRP est facilité dans la phase
potentiellement être affectées ; d’expiration.
– les viscères. Les dysfonctions de flexion et d’extension
crâniennes de la SSB peuvent affecter l’excur-
Schémas des dysfonctions sion du diaphragme thoracoabdominal. Une
dysfonction de flexion de la SSB peut résulter
Dysfonctions physiologiques en une restriction de la fin de la phase expira-
toire de la respiration pulmonaire, alors
Une dysfonction physiologique est une res- qu’une dysfonction d’extension peut limiter
triction de la mobilité dans les limites de la phase inspiratoire de la respiration pulmo-
116 Ostéopathie pédiatrique

naire. De la même manière, la flexion et haute, est dans une rotation externe relative.
l’extension crâniennes de la SSB peuvent La fosse temporale droite est plus haute que la
affecter les mécaniques vertébrale et appendi- fosse temporale gauche. La cavité orbitaire
culaire. La colonne, en tant que structure droite est plus large et le bulbe oculaire droit
médiane, démontre une diminution des cour- plus proéminent que le gauche. La narine
bures antéropostérieures (AP) cervicale, thora- droite et le passage nasal droit sont plus
cique et lombale avec la flexion de la SSB, et ouverts. La moitié droite du palais est plus
une augmentation des courbures avec l’exten- large et plus basse, et les molaires supérieures
sion. Les extrémités, en tant que structures présentent une vestibuloversion sur la droite.
paires, démontrent une rotation externe pen- L’os temporal droit suit l’occiput dans son
dant la flexion de la SSB et une rotation déplacement inférieur, avec une tendance à la
interne pendant l’extension. Par conséquent, rotation externe ; il entraîne l’oreille avec lui,
un enfant qui présente une augmentation de et provoque ainsi de ce côté un écartement de
la lordose lombale avec un genu valgum bila- l’oreille plus important.
téral démontre un schéma d’extension- En présence d’une dysfonction de torsion
rotation interne crânienne, qui peut être en droite, les ceintures pectorale et pelvienne,
relation avec une dysfonction d’extension de comme les extrémités supérieures et inférieu-
la SSB. En fait, les dysfonctions de flexion et res, ont tendance à présenter une rotation
d’extension crâniennes pures ne sont pas externe à droite. Par conséquent, l’os iliaque
ordinairement rencontrées, à cause de la ten- (coxal) droit est plus en rotation externe, et le
dance à l’asymétrie des dysfonctions somati- genou et le pied droits dans une position pré-
ques. Il est plus commun de trouver un férentielle de varus. Du côté gauche, les struc-
schéma de flexion ou d’extension crânienne tures du crâne et du corps ont tendance à
associé à une des dysfonctions asymétriques présenter une rotation interne. L’inverse est
décrites ci-après. observé dans le cas d’une dysfonction de tor-
sion gauche.
■ Dysfonctions de torsion
Une dysfonction de torsion est présente ■ Dysfonctions de sidebending-rotation
quand la torsion n’est possible autour de l’axe
Une dysfonction de sidebending-rotation est
AP que dans une seule direction. Normale-
présente quand l’os occipital et le sphénoïde
ment, la torsion peut se produire autant à
tournent ensemble dans une seule direction
droite qu’à gauche. En cas de dysfonction, la
autour de l’axe AP, et simultanément s’incli-
torsion est identifiée par le côté vers lequel la
nent en se déplaçant dans des directions
grande aile du sphénoïde est haute. Donc,
opposées autour des deux axes verticaux. Nor-
quand une torsion se produit seulement dans
malement, le sidebending-rotation se produit
une direction, vers la droite par exemple, avec
également des deux côtés. Une dysfonction
une restriction de torsion en sens inverse,
de sidebending-rotation est définie par le côté
dans ce cas vers la gauche, le sujet présente
où la grande aile du sphénoïde et l’occiput se
une dysfonction de torsion droite.
déplacent vers le bas. Donc, quand un
Des mouvements associés au niveau des os sidebending-rotation se produit d’un seul
pairs accompagnent une dysfonction de tor- côté, vers la droite par exemple, avec une
sion, avec une tendance vers la rotation restriction de l’autre côté, dans ce cas vers la
externe du côté de la torsion, et vers la rota- gauche, le sujet présente une dysfonction de
tion interne de l’autre côté. Avec une dysfonc- sidebending-rotation droite. Dans une telle
tion de torsion droite, la moitié droite du dysfonction de sidebending-rotation droite,
crâne, du côté de la grande aile du sphénoïde l’occiput et le sphénoïde sont plus bas à droite
Les dysfonctions 117

et la convexité de la SSB est également à ■ Autres dysfonctions crâniennes


droite. Ainsi, du côté droit, la grande aile du physiologiques
sphénoïde se déplace vers l’avant et l’occiput
En dehors de la SSB, les dysfonctions somati-
vers l’arrière. Cependant, la combinaison
ques crâniennes peuvent affecter n’importe
contraire peut arriver occasionnellement, où
quel os. Les structures impaires démontrent
le sphénoïde et l’occiput sont atypiquement
des dysfonctions de flexion ou d’extension
en position basse du côté de la concavité de la
crâniennes. Les structures paires démontrent
SSB [3].
des dysfonctions de rotation externe ou de
Les os pairs accompagnent une dysfonc- rotation interne.
tion de sidebending-rotation par des mouve- Selon un modèle similaire à celui décrit
ments associés. Du côté du sidebending- pour la SSB, une dysfonction de flexion crâ-
rotation, à droite dans l’exemple ci-dessus, les nienne de n’importe quelle structure impaire
os influencés par le déplacement de la grande est présente quand cette structure se déplace
aile du sphénoïde vers le bas à droite ont facilement dans la flexion crânienne, et ne
tendance à démontrer une rotation interne. peut pas se déplacer dans l’extension crâ-
Au niveau de la face, du côté du sidebending- nienne. Le MRP est alors facilité dans la phase
rotation, à droite, le frontal droit est plus bas d’inspiration. Inversement, une dysfonction
et plus antérieur, la cavité orbitaire est plus d’extension crânienne est présente quand le
petite et le bulbe oculaire moins proéminent. mouvement est plus libre dans l’extension, et
En arrière du crâne, l’os temporal influencé limité dans la flexion, avec le MRP facilité
par l’occiput a tendance à se déplacer vers la dans la phase d’expiration.
rotation externe. La partie droite de l’écaille Les dysfonctions de rotation externe et
de l’occipital est plus basse et le processus interne peuvent exister unilatéralement, ou
mastoïde droit est déplacé vers le dedans et bilatéralement, et impliquer n’importe quel
vers le bas. La rotation externe du temporal os pair du crâne. Une dysfonction de rotation
droit déplace la fosse mandibulaire droite vers externe est présente lorsqu’une structure se
l’arrière, alors que la rotation interne du tem- déplace librement dans la rotation externe
poral gauche déplace la fosse mandibulaire pendant la flexion crânienne, et ne peut se
gauche vers l’avant. En conséquence, le men- déplacer dans la rotation interne, pendant
ton est déplacé vers la droite. À l’inverse, du l’extension crânienne. Le MRP est alors faci-
côté gauche, en avant du crâne les structures lité dans la phase d’inspiration. Inversement,
tendent à démontrer une rotation externe, et dans une dysfonction de rotation interne, la
en arrière, une rotation interne. L’inverse est structure se déplace dans la rotation interne
observé dans le cas d’une dysfonction de pendant l’extension crânienne, est limitée
sidebending-rotation gauche. dans la rotation externe pendant la flexion
crânienne, et le MRP est facilité dans la phase
On retiendra que tout le crâne, membranes d’expiration.
comprises, est impliqué dans les mouvements
de flexion, d’extension, de torsion ou de Dysfonctions physiologiques
sidebending-rotation. C’est ce qui est senti des autres régions du corps
lors d’une palpation globale du crâne. Chez N’importe laquelle des régions du corps peut
les nourrissons cependant, avant l’ossifica- démontrer une dysfonction selon des princi-
tion, un mouvement articulaire de la SSB est pes similaires à ceux décrits pour le crâne. Une
présent. Pour autant, seule une bonne visuali- dysfonction physiologique de ces régions est
sation mentale des structures et fonctions de une restriction de la mobilité dans les limites
la SSB permet la précision du diagnostic et du de l’amplitude normale du mouvement, et
traitement. consiste en la restriction des mouvements
118 Ostéopathie pédiatrique

décrits dans le chapitre 3. Cela inclut la Les dysfonctions de torsion du sacrum se


flexion, l’extension, la rotation droite et gau- manifestent comme un sidebending et une
che, le sidebending droit et gauche pour les os rotation couplés dans des directions oppo-
médians, et la rotation externe et interne pour sées. Habituellement, chez les nourrissons,
les os pairs. Ces dysfonctions n’existent pas tout le pelvis suit le schéma de la torsion
isolées ; elles affectent et sont affectées par les sacrale. Ainsi, une dysfonction sacrale de tor-
autres parties du corps. sion gauche survient lorsque le sacrum se
déplace facilement dans la rotation gauche
■ Dysfonctions physiologiques couplée au sidebending droit, et ne peut se
du sacrum et des os iliaques déplacer en rotation droite et sidebending
Une dysfonction de flexion craniosacrale du gauche. Dans cet exemple, l’os iliaque droit
sacrum est présente quand le sacrum se accompagne la torsion gauche, avec une rota-
déplace librement dans la flexion craniosa- tion externe où le mouvement majeur est la
crale, et ne peut se déplacer dans l’extension rotation antérieure, et l’os iliaque gauche
craniosacrale. Par conséquent, tout le pelvis démontre une rotation interne où le mouve-
peut être dans un état de flexion-rotation ment majeur est la rotation postérieure. Dans
externe craniosacrale. Du fait du core-link, la un schéma de torsion sacrale droite, le sacrum
connexion de la dure-mère spinale entre se déplace facilement dans la rotation droite
l’occiput, au niveau du foramen magnum, et couplée au sidebending gauche, et ne peut se
le sacrum, le MRP est facilité dans la phase déplacer en rotation gauche et sidebending
d’inspiration. Une dysfonction d’extension droit. L’os iliaque gauche démontre une rota-
craniosacrale du sacrum est présente quand le tion externe avec une rotation antérieure
sacrum se déplace librement dans l’extension significative, et l’os iliaque droit démontre
craniosacrale, et ne peut se déplacer dans la une rotation interne avec une rotation posté-
flexion craniosacrale. Par conséquent, tout le rieure significative.
pelvis peut être dans un état d’extension- Ces modèles d’accommodation pelvienne
rotation interne craniosacrale, et le MRP est sont extrêmement communs et persistent
facilité dans la phase d’expiration. toute la vie lorsqu’ils ne sont pas traités.
Les dysfonctions de flexion et d’extension Ce sont alors les fondations sur lesquelles
craniosacrales du sacrum peuvent affecter la d’autres dysfonctions peuvent s’installer.
colonne sus-jacente, et par l’influence de la L’existence de cette asymétrie primaire est
colonne lombale et des piliers du diaphragme, souvent source de confusion dans le diagnos-
l’excursion du diaphragme thoracoabdomi- tic des dysfonctions somatiques iliosacrales
nal. Les dysfonctions de flexion craniosacrale et sacro-iliaques, plus tard dans la vie du
du sacrum sont associées à une diminution de sujet.
la courbure lombale AP, et à une limitation de Fréquemment rencontrées chez le nourris-
la fin de la phase d’expiration pulmonaire. son et l’enfant, les dysfonctions iliosacrales
Inversement, les dysfonctions d’extension illustrent la relation entre l’os iliaque et le
craniosacrale du sacrum sont associées à une sacrum. Ici, l’os iliaque présente un schéma
augmentation de la courbure lombale AP, et à dysfonctionnel, qui est sans rapport avec la
une limitation de la fin de la phase d’inspira- mécanique sacrale. Les dysfonctions iliosacra-
tion pulmonaire. Les flexion et extension cra- les se produisent comme des dysfonctions de
niosacrales du sacrum peuvent aussi affecter rotation externe ou de rotation interne de l’os
les extrémités inférieures paires qui démon- iliaque. Dans la dysfonction de rotation
trent une rotation externe avec la flexion cra- externe, l’os iliaque peut se déplacer en rota-
niosacrale du sacrum, et une rotation interne tion externe, et ne peut pas aller en rotation
avec l’extension craniosacrale du sacrum. interne. Dans la dysfonction de rotation
Les dysfonctions 119

interne, l’os iliaque peut se déplacer en rota- grande liberté de mouvement dans la direc-
tion interne, et est limité dans la rotation tion de la dysfonction. La phase inspiratoire
externe. du MRP est associée à une diminution des
Le mouvement du MRP est manifesté dans courbures vertébrales AP, alors que la phase
le modèle dysfonctionnel iliosacral. Du côté d’expiration est associée à une augmentation
d’une dysfonction de rotation externe de l’os de ces courbures. Donc si la dysfonction des
iliaque, la phase d’inspiration du MRP est segments vertébraux résulte dans une dimi-
libre, et la phase d’expiration limitée. Du côté nution de la courbure vertébrale AP, à ce
d’une dysfonction de rotation interne, la niveau, la phase inspiratoire du MRP est libre
phase d’expiration est libre, et la phase d’ins- et la phase expiratoire limitée. Inversement,
piration est limitée. lorsque la dysfonction résulte dans une aug-
mentation de la courbure vertébrale AP, la
■ Dysfonctions physiologiques phase expiratoire est libre et la phase inspira-
des segments vertébraux toire limitée.
Une dysfonction de flexion craniosacrale
d’un segment vertébral est présente quand ce
segment se déplace librement pendant la ■ Dysfonctions physiologiques
flexion craniosacrale, et ne se déplace pas des membres
pendant l’extension craniosacrale. Dans ce Dans une dysfonction de rotation externe de
cas, le MRP est plus libre dans la phase d’ins- n’importe laquelle des composantes des
piration. Une dysfonction d’extension cranio- extrémités supérieures ou inférieures, cette
sacrale est présente quand ce segment se composante se déplace librement dans la
déplace librement pendant l’extension cra- rotation externe pendant la flexion craniosa-
niosacrale, et ne se déplace pas pendant la crale, alors que pendant l’extension, elle ne
flexion craniosacrale ; le MRP est alors plus peut aller dans la rotation interne. Dans ce
libre dans la phase d’expiration. cas, le MRP est facilité dans la phase d’inspi-
Les dysfonctions vertébrales se manifestent ration. Inversement, dans une dysfonction
aussi comme un sidebending et une rotation de rotation interne, la composante se
couplés soit dans la même direction, soit dans déplace facilement dans la rotation interne
des directions opposées. Comme pour toutes pendant l’extension craniosacrale, est limi-
les autres dysfonctions étudiées, la dysfonc- tée dans la rotation externe pendant la
tion somatique vertébrale est nommée par la flexion craniosacrale, et le MRP est facilité
direction du mouvement libre. Le plus sou- dans la phase d’expiration.
vent, chez les enfants, les groupes de vertèbres
démontrant un sidebending et une rotation
couplés dans des directions opposées sont
Dysfonctions non physiologiques
trouvés en association avec des dysfonctions
de la base crânienne, de l’occiput et de l’atlas, Habituellement, une dysfonction non physio-
ou du sacrum et du pelvis. logique est associée à une perte totale de la
Le MRP biphasique est palpable, mais il est mobilité, à la suite d’un traumatisme impor-
modifié par la dysfonction vertébrale. De ce tant. Cela survient quand une structure est
fait, il ne démontre pas les phases d’inspira- déplacée au-delà des limites normales et phy-
tion ou d’expiration pures présentes lors de la siologiques du mouvement. On retiendra tou-
flexion-extension crânienne, mais plutôt un tefois qu’une force traumatique qui déplace
modèle de mouvement comprenant la com- une structure dans son amplitude normale et
binaison dysfonctionnelle de flexion-exten- physiologique du mouvement produit une
sion et de sidebending-rotation avec une plus dysfonction physiologique.
120 Ostéopathie pédiatrique

Dysfonctions non physiologiques


crâniennes
N’importe quelle région du crâne peut être
affectée par une dysfonction non physiologi-
que. La liste suivante présente les cas les plus
fréquemment rencontrés.

■ Compression de la synchondrose
sphénobasilaire
La compression de la SSB peut résulter d’une
naissance difficile, ou de n’importe quel trau-
matisme qui resserre le crâne et la SSB, le long
de son axe AP. Les contraintes externes, telles
que les bandeaux, peuvent aussi produire une Figure 4.1. Dysfonction de la synchondrose
compression. À la suite d’une compression sphénobasilaire : compression.
traumatique, la SSB perd toute mobilité, et le
MRP diminué démontre moins d’amplitude
et de puissance (figure 4.1).

■ Strains de la synchondrose
sphénobasilaire
Les strains résultent de forces qui déplacent
les surfaces articulaires de la SSB entre la partie
basilaire de l’occiput et le corps du sphénoïde.
Ils se produisent dans le plan des surfaces
articulaires de la SSB, qui dans la position
anatomique est incliné vers l’avant et le bas.
Ainsi, la surface articulaire antérieure de la
partie basilaire de l’os occipital regarde en
avant et en haut, alors que la surface articu-
laire postérieure du corps sphénoïdal regarde
en arrière et en bas. Les forces de strain se Figure 4.2. Dysfonction de la synchondrose
produisent soit verticalement avec un dépla- sphénobasilaire : strain vertical
cement supérieur ou inférieur, soit latérale- supérieur (haut).
ment avec un déplacement droit ou gauche.
Les strains sont nommés par la direction du
déplacement de la surface articulaire posté-
noïdal est élevée et la surface articulaire anté-
rieure du corps sphénoïdal, et se produisent
rieure du basiocciput est basse (figure 4.2).
avant l’ossification complète de la SSB.
Inversement, un strain vertical inférieur (bas)
Le strain vertical résulte de l’application est présent quand l’arrière du sphénoïde est
d’une force ascendante ou descendante sur bas et la surface articulaire antérieure du
l’avant ou l’arrière de la SSB. De ce fait, un basiocciput est élevée.
changement dans la relation verticale entre
l’occiput et le sphénoïde apparaît. Un strain Le strain latéral résulte de l’application
vertical supérieur (haut) est présent quand la d’une force latérale sur l’avant ou l’arrière de la
surface articulaire postérieure du corps sphé- SSB. Il en résulte un changement dans la rela-
Les dysfonctions 121

déplacement de la SSB donne la sensation


d’une liberté de mouvement dans la direction
du strain, et d’une restriction en sens inverse.
De telles dysfonctions de strain peuvent être
considérées comme les mouvements mineurs
d’autres dysfonctions de la SSB ; elles présen-
tent cependant une grande importance dans
le diagnostic et le traitement.

Remarque
Les dysfonctions crâniennes sont des dysfonc-
tions articulaires membraneuses. Dans la pro-
duction de la dysfonction, le déséquilibre
membraneux est combiné avec une modifica-
Figure 4.3. Dysfonction de la synchondrose tion du mouvement dicté par l’anatomie arti-
sphénobasilaire : strain latéral droit. culaire. Chez les nourrissons et les enfants, la
composante membraneuse domine ; cepen-
dant, l’anatomie articulaire dicte toujours les
tion latérale entre l’occiput et le sphénoïde. mouvements disponibles. De ce fait, se focali-
Un strain latéral droit est présent quand la ser sur l’influence membraneuse plutôt que
surface articulaire postérieure du corps sphé- sur l’influence articulaire, ou vice versa, est
noïdal est déplacée vers la droite et la surface naïf. Comme l’a dit Sutherland, « the cranial
articulaire antérieure du basiocciput est dépla- lesion includes the intracranial membranes as
cée vers la gauche. Inversement, pour un well as the articulation » [1] (« la lésion crâ-
strain latéral gauche, l’arrière du sphénoïde est nienne inclut les membranes intracrâniennes
déplacé vers la gauche, et la surface articulaire autant que l’articulation »).
antérieure du basiocciput est déplacée vers la
droite. Dans les deux cas, en vue supérieure, le ■ Autres dysfonctions crâniennes
déplacement latéral entre le sphénoïde et non physiologiques
l’occiput produit une déformation du crâne en Par définition, les forces qui produisent une
parallélogramme (figures 4.3 et 4.12). dysfonction non physiologique ne respectent
Lorsque les dysfonctions de strains résul- pas nécessairement les amplitudes du mouve-
tent de forces traumatiques importantes, la ment. Ainsi, après un traumatisme important,
restriction du mouvement de la SSB est pro- une dysfonction non physiologique crâ-
portionnée à ces forces. Cependant, des nienne peut s’ensuivre dans n’importe quelle
strains mineurs de la SSB peuvent compenser région du crâne. Typiquement, des dysfonc-
d’autres déséquilibres ou peuvent suivre un tions de l’os zygomatique et des articulations
traumatisme mineur. De plus, les strains de la frontosphénoïdales sont très communes après
SSB peuvent être rencontrés conjointement à des traumatismes faciaux.
d’autres dysfonctions, comme la torsion et le
sidebending-rotation de la SSB. De ce fait, la
combinaison d’un strain latéral et d’une tor- Dysfonctions non physiologiques
sion, ou d’un sidebending-rotation résulte en des autres régions du corps
une sensation palpable d’un déplacement ver- N’importe laquelle des régions du corps peut
tical ou latéral du sphénoïde associé à une être affectée par une dysfonction non physio-
élévation ou à un abaissement de la grande logique. La liste suivante présente les cas les
aile du sphénoïde sur un côté. Dans ces cas, le plus fréquemment rencontrés.
122 Ostéopathie pédiatrique

■ Dysfonctions non physiologiques multiples noyaux d’ossification joints par du


de la base crânienne tissu cartilagineux ou membraneux flexible,
site potentiel de dysfonction jusqu’à leur ossi-
Bien qu’impliquant le crâne, les dysfonctions
fication.
de la base crânienne sont décrites ici en raison
de leur relation avec la colonne cervicale. Ces Ainsi, une dysfonction intraosseuse résulte
dysfonctions peuvent être le résultat de tout en la perte de la flexibilité normale des fibres
traumatisme dans lequel la base du crâne est constituant la matrice du tissu osseux, ou des
comprimée directement ou indirectement sur zones cartilagineuses ou membraneuses non
la colonne cervicale supérieure. Cela peut être encore ossifiées. L’ossification squelettique
un coup direct sur la tête ou une chute brutale n’est pas complètement terminée avant 20 à
sur le derrière. Dans ce cas, le mouvement 30 ans et, par principe, une dysfonction
entre l’occiput, l’atlas et un os temporal ou les intraosseuse peut survenir dans toute struc-
deux est bloqué, et la sensation palpable du ture qui n’est pas complètement ossifiée. Le
MRP dans la région de la charnière cranio- plus souvent, ce type de dysfonction survient
cervicale est diminuée, avec moins d’ampli- pendant la vie intra-utérine, ou pendant
tude et de puissance. l’accouchement lorsque le crâne est particu-
lièrement vulnérable. Pour autant, les trauma-
tismes subis pendant l’enfance peuvent aussi
■ Dysfonctions non physiologiques
produire ces dysfonctions, et n’importe quel
du sacrum et des os iliaques os peut être concerné, avec pour résultat une
Les dysfonctions non physiologiques du modification de sa forme et de sa fonction.
sacrum et des os iliaques peuvent résulter de Les dysfonctions intraosseuses doivent être
n’importe quel traumatisme affectant directe- différenciées des dysfonctions interosseuses.
ment ou indirectement le bassin. Les exem- Une dysfonction intraosseuse se produit dans
ples sont divers : une chute brutale sur le la structure d’un seul os, alors que les dysfonc-
derrière, des forces traumatiques appliquées tions interosseuses se produisent entre des os
bilatéralement ou unilatéralement sur les adjacents.
membres inférieurs, ou même un coup impor-
tant sur le sommet de la tête. En conséquence,
le mouvement entre le sacrum et un os iliaque Dysfonctions intraosseuses crâniennes
ou les deux est limité. La sensation palpable
du MRP dans la région du bassin est diminuée ■ Dysfonctions intraosseuses
dans son amplitude et sa puissance. Cela peut de l’os occipital
secondairement affecter le mécanisme crâ-
À la naissance, l’os occipital consiste en qua-
nien par le core-link, et l’ensemble du corps
tre parties : la partie basilaire, deux parties
par la relation entre le MRP et le système
latérales, et postérieurement, la partie squa-
nerveux autonome (SNA).
meuse. L’ossification entre la partie squa-
meuse et les parties latérales est complète vers
Dysfonctions intraosseuses 2 à 3 ans, et entre les parties latérales et la
partie basilaire vers 7 à 9 ans. Les condyles
Tout os vivant consiste en un réseau de tissu occipitaux sont situés à la jonction entre les
conjonctif calcifié, de plus ou moins grande parties latérales et la partie basilaire. La partie
densité, en fonction de l’âge et de la santé de antérieure de chaque condyle est localisée sur
l’individu. En l’absence de dysfonction soma- la partie basilaire, et la partie postérieure sur la
tique, cette matrice ouverte conserve une cer- partie latérale. Leur fusion s’organise autour
taine flexibilité toute la vie. La plupart des os du nerf hypoglosse et forme le canal de l’hypo-
des nourrissons et des enfants présentent de glosse.
Les dysfonctions 123

Les dysfonctions intraosseuses de l’os occi-


pital résultent de forces compressives ou de
forces de traction, qui affectent les zones entre
les différentes parties de l’os et/ou la matrice
osseuse de chaque partie. De ce fait, des modi-
fications de la circonférence du foramen mag-
num, de la forme des parties condyliennes et
de l’écaille de l’occipital peuvent apparaître.
La déformation de l’os occipital rencontrée
dans les plagiocéphalies non synostotiques
est un exemple de dysfonction intraosseuse
facilement visible, où l’asymétrie des forces
compressives résulte en une asymétrie des
moitiés gauche et droite de l’écaille de l’occi-
pital et des synchondroses intraoccipitales [6].
En raison des changements de la structure
occipitale et des modifications consécutives
dans la mécanique vertébrale, les dysfonc-
tions intraosseuses de l’occiput peuvent être
un facteur étiologique dans le développement Figure 4.4. Une dysfonction intraosseuse
des scolioses infantiles. En fait, scolioses résulte en une modification
infantiles et dysfonctions intraosseuses sont de la forme osseuse.
souvent associées [7,8], comme le sont aussi
les plagiocéphalies non synostotiques et les
scolioses [9]. La structure membraneuse qui constitue la
En plus des conséquences sur la colonne couche externe de la dure-mère est intime-
sous-jacente, les rapports occipitaux sont ment associée au périoste et contribue à la
potentiellement affectés. Les structures ner- cohésion crânienne avant l’ossification. La
veuses incluent les nerfs crâniens IX, X, XI, couche interne de la dure-mère forme les
XII et la moelle allongée. Les dysfonctions duplications que sont la faux du cerveau, la
intraosseuses occipitales peuvent résulter, faux du cervelet et les deux parties de la tente
entre autres, de difficultés dans la déglutition du cervelet. Ces quatre cloisons, toutes fixées
(IX), de problèmes gastro-intestinaux fonc- sur l’os occipital, peuvent par conséquent être
tionnels, de dysfonctions cardiovasculaires affectées par les dysfonctions intraosseuses
telles les irrégularités du rythme cardiaque, de occipitales. De plus, la circonférence du fora-
désordres respiratoires (X), de difficultés dans men magnum est une zone essentielle d’inser-
le développement des acquisitions comme tion pour la dure-mère, qui se prolonge
relever la tête (XI), et de difficultés de succion ensuite comme le manchon dural vertébral,
(XII). s’insère sur le sacrum et le coccyx, et forme le
Les structures vasculaires peuvent aussi être core-link. N’importe laquelle des dysfonc-
affectées par les dysfonctions intraosseuses tions intraosseuses occipitales peut affecter
occipitales. Le site du foramen jugulaire loca- des zones à distance par le core-link. Les dys-
lisé entre l’os occipital et la partie pétreuse de fonctions intraosseuses occipitales sont parmi
l’os temporal est considéré comme un site les dysfonctions intraosseuses crâniennes les
potentiel pour la compression des sinus vei- plus fréquentes (figure 4.4).
neux.
124 Ostéopathie pédiatrique

■ Dysfonctions intraosseuses nasale et pharyngienne. De ce fait, les dys-


de l’os sphénoïde fonctions intraosseuses entre le corps et les
grandes ailes du sphénoïde peuvent résulter
Le sphénoïde se développe à partir de multi-
en complaintes fonctionnelles des yeux, du
ples centres d’ossification. Jusqu’à 12 syn-
nez, de la bouche et du pharynx.
chondroses ont été identifiées à la naissance
dans le sphénoïde. En raison des diverses éta- Le sinus caverneux repose de chaque côté
pes de l’ossification de ces synchondroses, le du corps du sphénoïde, au-dessus de la syn-
sphénoïde est habituellement décrit comme chondrose ali-basi-postsphénoïdale. Ce ré-
consistant en trois parties. Le corps et les seau veineux entoure l’artère carotide interne
petites ailes forment la partie centrale. Les et les nerfs crâniens III, IV, V1 et VI. Dès lors,
deux parties latérales, une de chaque côté du les dysfonctions intraosseuses du sphénoïde à
corps, sont créées par la combinaison de la ce niveau peuvent affecter fonctionnellement
grande aile et du processus ptérygoïde. De le drainage veineux de l’orbite, l’artère caro-
surcroît, le corps sphénoïdal consiste en une tide et son plexus sympathique, ainsi que les
partie antérieure, le présphénoïde, et une par- nerfs crâniens énumérés ci-dessus.
tie postérieure, le postsphénoïde, typique-
ment fusionnées vers le 8e mois fœtal. Typi- Le processus ptérygoïde, une composante
quement, les synchondroses entre la partie de la partie latérale du sphénoïde, sert d’ori-
centrale et les parties latérales sont ossifiées gine aux muscles ptérygoïdiens, et par ses rap-
entre 1 et 2 ans. ports myofasciaux influence les muscles oro-
Le sphénoïde exerce une influence impor- pharyngiens. Par conséquent, une dysfonc-
tante sur la région orbitaire. Six des sept mus- tion intraosseuse impliquant la synchondrose
cles extraoculaires s’insèrent sur le sphénoïde. ali-basi-postsphénoïdale peut affecter la fonc-
Parmi ceux-là, les quatre muscles droits sont tion des muscles oropharyngiens. Récipro-
fixés postérieurement à un anneau tendineux quement, une dysfonction de ces muscles
commun, près du canal optique. La fissure peut résulter en une dysfonction intraosseuse
orbitaire supérieure, l’espace entre la petite et de cette région du sphénoïde.
la grande aile, fait communiquer la cavité
crânienne et la cavité orbitaire. Le drainage
veineux de la région et tous les nerfs du ■ Dysfonctions intraosseuses
contenu orbitaire, sauf le nerf optique, pas- de l’os temporal
sent par la fissure orbitaire supérieure. Dès L’os temporal résulte de la réunion des parties
lors, les dysfonctions intraosseuses du sphé- squameuse, pétromastoïdienne, tympanique
noïde peuvent affecter de nombreuses fonc- et styloïdienne. L’anneau tympanique s’unit
tions oculaires. avec l’écaille juste avant la naissance ; par
Les grandes ailes et les processus ptérygoï- conséquent, ce n’est pas une zone où les dys-
des s’unissent bilatéralement avec le corps du fonctions intraosseuses sont habituellement
sphénoïde au niveau des synchondroses ali- identifiées. La suture pétrosquameuse entre
basi-postsphénoïdales, et forment les deux les parties pétromastoïdienne et squameuse
canaux ptérygoïdiens. Entre le foramen n’est pas ossifiée avant la fin de la première
déchiré et le ganglion ptérygopalatin, chaque année de vie. Cette suture est ainsi potentiel-
canal laisse passer le nerf du canal ptérygoï- lement sujette aux dysfonctions intraosseu-
dien (nerf vidien). Ce nerf comporte les raci- ses. Du fait des structures contenues dans la
nes sympathique et parasympathique du gan- partie pétromastoïdienne des os temporaux, à
glion ptérygopalatin. Les branches de ce savoir l’organe de l’audition dans la cochlée,
ganglion sont distribuées à la région orbitaire, et l’organe de l’équilibre dans le vestibule et
la glande lacrymale, la bouche, les régions les canaux semi-circulaires, toute dysfonction
Les dysfonctions 125

intraosseuse à ce niveau peut perturber les la naissance que chez l’adulte [11]. Elle passe
récepteurs sensoriels de l’audition et de l’équi- d’une inclinaison de 10° par rapport au plan
libre. horizontal à 45° chez l’adulte. Ainsi, une dys-
La partie postérieure de l’os temporal est fonction intraosseuse du complexe temporal
d’origine cartilagineuse ; la partie antérieure peut compromettre les fonctions de la trompe
est d’origine membraneuse. La partie cartila- auditive et de la cavité tympanique. Chez les
gineuse postérieure suit l’occiput, alors que la enfants qui présentent des otites séromuqueu-
partie antérieure d’origine membraneuse est ses, la partie osseuse de la trompe auditive, la
plus influencée par la grande aile du sphé- partie verticale du muscle tenseur du voile du
noïde. Dans les mouvements crâniens comme palais et les cellules aériques mastoïdiennes
la torsion, où la grande aile est déplacée vers le sont plus petites que chez les enfants sans
haut du côté de la torsion, et l’occiput déplacé otites [12].
vers le bas, les parties antérieures et postérieu- Les parties pétreuses des os temporaux sont
res de l’os temporal sont soumises à des forces anatomiquement et fonctionnellement reliées
opposées. Une dysfonction intraosseuse peut l’une à l’autre par la tente du cervelet et, de ce
en résulter, selon la sévérité des forces de tor- fait, toute dysfonction de l’une affecte l’autre.
sion et la résilience de la suture pétrosqua- Un rapport dysfonctionnel peut secondaire-
meuse. ment affecter l’équilibre global du crâne.
Le plus souvent, une dysfonction intraos-
seuse apparaît comme la conséquence de for-
■ Dysfonctions intraosseuses de la voûte
ces exogènes affectant asymétriquement le Les os pariétaux présentent le plus grand
développement de l’os temporal. Les proces- potentiel d’accommodation pendant la nais-
sus mastoïdes se développent bilatéralement à sance. Par conséquent, ils sont très souvent
partir des parties pétromastoïdienne, en sujets aux dysfonctions intraosseuses. Ces
réponse à la traction des muscles sternocléi- dysfonctions se présentent sous la forme de
domastoïdiens. Ainsi, toute asymétrie muscu- déformations plastiques, parfois associées à
laire résulte en une asymétrie des processus d’autres affections, tels les céphalohémato-
mastoïdes. Les pressions appliquées plus fré- mes (figure 4.5) et le caput succedaneum
quemment sur un côté du crâne, comme dans (figure 4.6), et à certaines procédures comme
une position de sommeil chroniquement asy- l’usage de la ventouse obstétricale et des for-
métrique, responsables du développement ceps.
des plagiocéphalies non synostotiques, affec- Le sinus veineux longitudinal repose entre
tent tout autant la croissance des os tempo- les deux pariétaux, en dessous de la suture
raux. sagittale, dans le dédoublement dure-mérien
Entre la naissance et l’âge adulte, un grand que forme la faux du cerveau. Une dysfonc-
nombre de changements se produisent dans tion intraosseuse unilatérale du pariétal
la base crânienne. La flexion de la base crâ- résulte dans des tensions asymétriques entre
nienne est couplée à une expansion latérale les deux pariétaux et la dure-mère associée.
des parties squameuses des os temporaux, et à Ces tensions pourraient affecter le flux vei-
une rotation externe des parties pétromastoï- neux du sinus sagittal [13].
diennes. Cela affecte la position des structures
associées aux os temporaux. Bien que les osse- ■ Dysfonctions intraosseuses
lets aient atteint leur taille adulte vers le des os frontaux
milieu de la gestation, les méats acoustiques Les dysfonctions intraosseuses des os frontaux
externe et interne ainsi que l’aqueduc du ves- sont fréquentes, car dans la présentation du
tibule continuent à grandir après la naissance sommet, ce sont souvent les premières struc-
[10]. La trompe auditive est plus horizontale à tures à contacter le bassin maternel. Par suite
126 Ostéopathie pédiatrique

monasal, par son rapport entre le bord supé-


rieur de l’os lacrymal et l’os frontal, est une
autre zone potentiellement affectée par les
dysfonctions intraosseuses frontales.
Les os frontaux présentent d’étroites rela-
tions avec de nombreux os du viscérocrâne.
Les dysfonctions intraosseuses frontales doi-
vent donc être prises en considération pour
résoudre les dysfonctions de la face. Par exem-
Figure 4.5. Céphalohématome. ple, la fonction des voies respiratoires supé-
(Source : Encycl Méd Chir [Elsevier, Paris]. rieures peut être affectée. En fait, comme l’eth-
JP Schaal, D Riethmuller, A Menget. moïde est suspendu dans l’incisure ethmoïdale
Ventouse obstétricale, 5-095-A-30. 2004.) entre les deux os frontaux, n’importe quelle
dysfonction intraosseuse frontale affecte les
sutures fronto-ethmoïdale et frontonasale. La
respiration nasale est gênée du côté de la dys-
fonction. De surcroît, le rôle de l’ethmoïde est
primordial dans la croissance faciale, et toute
dysfonction intraosseuse frontale peut poten-
tiellement affecter la croissance faciale.
Du fait de leur articulation avec le frontal,
les maxillaires peuvent aussi être affectés par
les dysfonctions intraosseuses frontales. Les
sutures frontomaxillaires sont des sites impor-
tants du développement maxillaire. Leur dys-
Figure 4.6. Caput succedaneum. fonction est souvent associée à un défaut de
(Source : Encycl Méd Chir [Elsevier, Paris]. ce développement maxillaire.
JP Schaal, D Riethmuller, A Menget.
Ventouse obstétricale, 5-095-A-30. 2004.) ■ Dysfonctions intraosseuses
des os maxillaires
Le maxillaire consiste en deux parties, un pré-
de l’asynclitisme, une plus grande pression est maxillaire, parfois nommé l’os incisif, et un
souvent appliquée sur un côté de la région maxillaire. La suture entre les deux est parfois
frontale. L’usage des forceps pendant l’accou- observable après la naissance, en avant sur le
chement peut aussi potentiellement appli- palais, reliant les deux canaux incisifs. Les
quer des forces asymétriques sur l’os frontal. dysfonctions intraosseuses du maxillaire peu-
Ces influences résultent en une asymétrie qui vent se produire in utero après toute pression
peut modifier la forme du front, de l’orbite directe sur la face, pendant l’accouchement
autant que de l’œil. Un fibrocartilage localisé avec par exemple la pression de la face contre
à l’angle médial et supérieur de la partie orbi- le sacrum maternel dans les présentations du
taire du frontal sert de trochlée pour le muscle sommet en variété occipitoantérieure, en
oblique supérieur. Toute dysfonction intraos- postpartum associées à un usage exagéré de la
seuse frontale peut affecter la position de la sucette ou du pouce, ou après un traumatisme
trochlée et, donc, la fonction du muscle obli- de la face.
que supérieur, avec pour conséquence des Durant l’enfance, les maxillaires ne sont
déséquilibres de l’axe visuel. Le canal lacry- pas entièrement développés ; leur potentiel de
Les dysfonctions 127

croissance est considérable. Par conséquent, en « entonnoir »), le pectus carinatum (thorax
les dysfonctions intraosseuses des maxillaires en « carène ») et le pectus arcuatum (« cuvette
ont un impact primordial qui peut se révéler sternale ») sont les dysfonctions intraosseuses
plus tard, lors de la croissance osseuse. Les les plus souvent décrites. Le pectus excavatum
conséquences de telles dysfonctions incluent peut être associé à un déséquilibre du dia-
les problèmes orofaciaux comme la maloc- phragme ou d’autres structures myofasciales
clusion, et les difficultés dans la respiration internes. Il peut aussi résulter d’un choc direct
nasale. sur le sternum, sur l’interligne entre deux ster-
nèbres.
Dysfonctions intraosseuses des autres L’ossification des côtes suit une séquence
régions du corps tout à fait similaire à celle du sternum. Les
N’importe quel os formé de plusieurs parties adaptations posturales et les traumatismes
séparées par du cartilage avant son ossifica- sont responsables des dysfonctions intraos-
tion peut être le site d’une dysfonction seuses costales. Cela est bien illustré dans les
intraosseuse, lorsque la jonction cartilagi- scolioses, où les côtes peuvent changer de
neuse est placée sous tension avant l’ossifica- forme pour accommoder les dysfonctions ver-
tion. De telles dysfonctions peuvent aussi tébrales.
résulter d’une perte de la flexibilité normale
des fibres osseuses.
Dysfonctions membraneuses
■ Dysfonctions intraosseuses Les membranes durales consistent en un
des os iliaques et du sacrum réseau fibreux dense arrangé en fascicules, ou
À la naissance, le sacrum consiste en cinq en bandes de tension. Les os crâniens se déve-
segments vertébraux non ossifiés, et les os loppent dans un rapport très étroit avec la
iliaques en trois parties chacun, l’ischium, le dure-mère, et l’équilibre et le déséquilibre des
pubis et l’ilium. Ces différentes parties sont forces de la trame durale influencent directe-
séparées par du cartilage. Les accouchements ment leur développement. Plus tard dans la
par le siège ou les chutes sévères sur le derrière vie, après l’ossification complète des os crâ-
peuvent être à l’origine d’une dysfonction niens, cette trame durale relie les différentes
intraosseuse pelvienne. parties du mécanisme craniosacral, sur les-
Les dysfonctions intraosseuses pelviennes quelles elle exerce toujours son influence.
peuvent affecter le mécanisme craniosacral, la Pour autant, elle peut être affectée par les
posture, et par les systèmes sympathique et dysfonctions somatiques de n’importe la-
parasympathique, l’équilibre du SNA [14]. quelle des pièces du mécanisme. En fait, le
système est global, et chacune des pièces est
■ Dysfonctions intraosseuses interdépendante des autres. Ainsi, les dys-
du sternum et des côtes fonctions membraneuses affectent le MRP.
Le corps sternal consiste en quatre sternèbres Pendant les dernières semaines de gros-
qui s’ossifient entre la puberté et l’âge de sesse, le fœtus est soumis aux contraintes des
25 ans [15]. Tout traumatisme avant cette contractions utérines. Si, dans une présenta-
ossification peut être responsable de dysfonc- tion du sommet, la tête fœtale est engagée, les
tions intraosseuses. Celles-ci peuvent aussi forces transmises le long de la colonne arri-
résulter de déséquilibres posturaux et myofas- vent sur la base du crâne. Secondairement,
ciaux, comme une attitude cyphotique avec cela peut comprimer le crâne et résulter en des
enroulement des épaules, ou des dysfonctions déséquilibres de tension membraneuse.
occipitocervicales avec déséquilibres des fas- Pendant l’accouchement, les forces des
cias cervicaux. Le pectus excavatum (thorax contractions utérines que subit le fœtus aug-
128 Ostéopathie pédiatrique

mentent considérablement, et s’opposent à la tion est une démonstration de l’holisme,


résistance du pelvis maternel contre la tête l’interdépendance de toutes les parties du
fœtale. Même dans l’accouchement le plus corps.
facile, les stress appliqués sur la tête fœtale Une dysfonction crânienne résulte en des
peuvent résulter en des déséquilibres de ten- réponses compensatrices au niveau des struc-
sion, de compression ou d’étirement des tures membraneuses et fasciales du corps.
dures-mères. Ces schémas membraneux dys- Ainsi, un enfant avec un schéma de flexion-
fonctionnels fournissent une trame pour rotation externe craniosacrale dominant est
l’installation de futures dysfonctions mem- enclin à s’installer dans un schéma postural
braneuses. Du fait du rapport intime entre les de flexion et de rotation externe. De ce fait, la
membranes durales et les os crâniens, flexion sacrale associée est combinée avec une
l’empreinte est donnée pour les dysfonctions diminution de la lordose lombale. Les jambes
articulaires, lors de la maturation du crâne, de et les pieds peuvent être en rotation externe et
la colonne et du bassin. présenter genu varum et pieds creux. Selon les
La circulation intracrânienne peut être mêmes principes, un schéma crânien asymé-
gênée par les dysfonctions membraneuses, en trique comme la torsion, avec une rotation
raison du rapport entre les dures-mères et les externe d’un côté du crâne et une rotation
sinus veineux. De plus, ces dysfonctions peu- interne de l’autre côté, peut être associé à un
vent résulter en des neuropathies par com- schéma postural asymétrique.
pression des nerfs crâniens [16]. Les dysfonctions pelviennes peuvent aussi
À cause du rapport intime entre la dure- résulter en des dysfonctions de compensation
mère et les os crâniens, les schémas des dys- membraneuses et fasciales. Certes, il est facile
fonctions membraneuses sont le miroir des de comprendre comment une dysfonction
schémas dysfonctionnels osseux qui les pelvienne peut affecter les extrémités infé-
accompagnent. Pour cette raison, les dysfonc- rieures ; pour autant, cette dernière peut aussi
tions membraneuses sont nommées comme affecter des régions à distance comme le
les dysfonctions articulaires qui se dévelop- crâne.
pent par suite des déséquilibres de tension
membraneuse. Étiologies de la dysfonction
Période fœtale
Dysfonctions de compensation
Pour comprendre la dysfonction somatique, il
Quelle que soit sa localisation, une dysfonc- faut tout d’abord faire la différence entre la
tion somatique résulte en une modification déformation et la malformation. Une défor-
de tension tissulaire, et en déséquilibres qui mation survient quand la forme ou le contour
affectent des régions du corps à distance du de structures, par ailleurs normalement déve-
site de la dysfonction primaire. Le sujet est loppées, est affectée par des facteurs mécani-
obligé de répondre à ces déséquilibres, et la ques durant la vie fœtale [17]. Les procédures
réponse entraîne souvent des compromis ostéopathiques peuvent être employées pour
fonctionnels. Ces dysfonctions de compen- améliorer de telles déformations, et plus tôt le
sation se manifestent comme des déséqui- traitement débute, meilleur est le potentiel
libres dans la tension des tissus mous. Typi- pour une issue positive. Les erreurs dans la
quement, ceux-ci permettent un mou- morphogenèse, qui peuvent survenir au stade
vement dans toutes les directions, avec embryonnaire ou pendant les deux premiers
cependant des changements qualitatifs dans mois de vie, causent des malformations fœta-
le mouvement disponible. Cette compensa- les, et ne font pas l’objet de ce chapitre.
Les dysfonctions 129

Depuis Hippocrate, une description existe


de l’effet potentiellement déformant des for-
ces mécaniques qui agissent sur le fœtus pen-
dant la vie intra-utérine [17]. En fait, la pres-
sion peut être directement appliquée sur le
fœtus par suite d’une constriction anormale
de l’environnement intra-utérin. Cela peut
résulter d’une augmentation de la pression
intra-utérine, comme dans l’hydramnios. Ou
bien cela peut être causé par une contrainte
physique, par exemple un utérus unicorne, la
présence de fibromes utérins ou les grossesses
multiples, quand un fœtus appuie sur l’autre.
Une compression fœtale peut aussi résulter de
contraintes extra-utérines telles la pression
des organes abdominaux voisins, ou l’hyper-
tonicité de la sangle abdominale, comme chez
les mères athlétiques, en particulier chez les
primipares. De plus, les dysfonctions somati-
ques maternelles sacrale et lombale peuvent
influencer la position fœtale, entraver le
déplacement du fœtus et par conséquent son
développement. Ainsi, le déplacement anté-
rieur de la base du sacrum maternelle, dans Figure 4.7. Position fœtale typique.
l’extension craniosacrale, peut contraindre la
tête fœtale. Chaque partie du corps fœtal peut
subir une compression. Les pieds sont le plus ces mouvements fœtaux dès le 4e mois de
souvent déformés, dans une position de varus gestation. Pour autant, une constriction anor-
équin, de talus ou de calcanéovalgus exagérée. male de l’environnement intra-utérin,
Fréquemment, les torsions tibiales sont asso- comme nous l’avons décrit, peut gêner ces
ciées à des déformations des genoux. En fait, mouvements. Une diminution de la quantité
les subluxations congénitales de la coxofémo- du liquide amniotique associée à l’hyperten-
rale, les dysplasies acétabulaires, les torticolis sion maternelle, ou oligoamnios, a les mêmes
congénitaux, les scolioses congénitales et les effets, et favorise la déformation fœtale
plagiocéphalies sont souvent décrits comme [17,19]. La capacité du fœtus de changer de
la conséquence des contraintes subies pen- position est d’une importance suprême, car
dant la vie utérine [17–21]. Les recurvatums une position statique prolongée prédispose
congénitaux du genou, les orteils qui se che- aux déformations.
vauchent, les déformations du thorax et des
Typiquement, la position fœtale est une
membres supérieurs, ou les asymétries de la
posture avec les jambes croisées (figure 4.7).
mandibule se voient également, mais moins
Dans la présentation du sommet (variété en
fréquemment.
occipito-iliaque gauche antérieur [OIGA]), le
Normalement, le fœtus doit pouvoir se fœtus repose le plus souvent sur le côté mater-
déplacer, tendre les jambes et les bras, et don- nel gauche, avec le dos fœtal à gauche de la
ner des coups de pied. Ces mouvements sont mère [22]. Cette position fœtale est attribuée à
critiques pour le développement de l’appareil l’emplacement droit du foie maternel [23], et
locomoteur. La plupart des mères remarquent à la position du rectum et de la vessie mater-
130 Ostéopathie pédiatrique

nels [24]. Par conséquent, lorsque le fœtus est obliquité pelvienne. Les corrélations obser-
en OIGA, l’utérus de la femme enceinte vées entre ces déformations supportent leur
s’oriente en torsion droite, sa face antérieure origine mécanique. Dans les scolioses infanti-
regardant le côté maternel droit, et sa face les, le pelvis est habituellement plus haut du
postérieure, le côté maternel gauche. De ce côté de la concavité de la courbure vertébrale
fait, plus d’espace est disponible sur le côté lombale latérale, et de la hanche en adduction
gauche maternel pour le tronc et la tête du avec restriction de l’abduction du côté de la
fœtus. Le côté gauche du tronc fœtal est alors convexité [27]. Lorsqu’une plagiocéphalie est
comprimé en arrière contre la colonne mater- présente, le méplat frontal est du côté de la
nelle, pendant que la tête fœtale est contre le restriction de l’abduction de hanche [25], tou-
bassin maternel. Cela peut expliquer la plus jours du côté de la dysplasie de hanche et de la
grande fréquence des déformations gauches, convexité thoracique de la courbure scolioti-
telles les dysplasies de la coxofémorale qui se que [20], et du côté de la tuméfaction ou
voient deux fois plus souvent à gauche qu’à « olive » du muscle sternocléidomastoïdien
droite [17,18,25], la hanche gauche étant dans les cas de torticolis congénital [18].
comprimée contre la colonne lombale mater- N’importe laquelle des parties du neuro-
nelle. Selon les mêmes principes, une adduc- crâne et du viscérocrâne peut être déformée
tion prolongée de la jambe gauche peut résul- par malposition fœtale ou compression. La
ter dans des déformations en varus du genou main fœtale, le bras, l’épaule ou le pied peu-
gauche, ou en torsion tibiale gauche [19]. vent tout autant comprimer une partie de la
Bien évidemment, la position fœtale varie tête, et déformer le nez, la mandibule, ou la
d’un fœtus à l’autre. Cependant, la reconnais- région frontale. Dans le dernier trimestre de la
sance des forces mécaniques qui agissent sur grossesse s’ajoutent les contractions utérines,
le fœtus et limitent leur capacité de changer facteurs additionnels de compression [32]. Les
de position permet de comprendre une partie circulaires du cordon ombilical affectent plus
des dysfonctions présentes à la naissance. De particulièrement la colonne cervicale et la
surcroît, les facteurs mécaniques jouent un base crânienne.
rôle primordial dans l’histogenèse osseuse Les déformations sont 10 fois plus fréquen-
fœtale et néonatale, et toute contrainte appli- tes dans les présentations en siège que dans
quée sur le squelette fœtal peut être responsa- les présentations du sommet [17]. Dans la
ble de déformations congénitales ou perturber position en siège, le pelvis et les membres
la future croissance [26]. inférieurs sont sous contrainte, surtout si les
En fait, de multiples auteurs ont décrit les jambes fœtales restent étendues, sans la possi-
malpositions fœtales et leurs conséquences. bilité de donner des coups de pied pour per-
Les épithètes sont nombreuses : le « bébé mettre au fœtus de se retourner. Dans ce cas,
moulé » [25], le « syndrome du bébé moulé » les genu recurvatum sont fréquents. De plus,
[27], le « bébé comprimé » [28], le « bébé en la tête maintenue dans le fond utérin peut
coup de vent » [17], le « défaut d’emballage » être moulée dans une forme oblongue [19].
[29], l’« emballage fœtal défectueux » [30]. Outre les déformations plastiques, les asy-
Dans de tels cas, à la naissance, le nouveau-né métries de position affectent aussi le dévelop-
présente une position qui reflète sa position pement neurologique. En fait, la position
fœtale. Quand on replace le nouveau-né dans fœtale la plus fréquente, la présentation du
cette position fœtale, il se détend, appréciant sommet en OIGA où le fœtus repose sur le
la « position de confort » [31]. Classiquement, côté maternel gauche, est associée à une théo-
plusieurs déformations sont associées à ce rie de prédominance gauche des statoconies
syndrome positionnel ; ce sont le plus sou- (poussières acoustiques ou otolithes). Pen-
vent des plagiocéphalie, torticolis, scoliose et dant l’accélération linéaire de la locomotion
Les dysfonctions 131

maternelle normale, les cellules sensorielles supérieur, elle oriente son diamètre AP le long
des utricules fœtaux sont stimulées avec une de l’un des deux diamètres obliques mater-
force d’inertie dirigée vers le côté fœtal gau- nels. Dans une présentation du sommet, en
che, donc postérieurement dans le bassin OIGA, cette orientation se fait le long du dia-
maternel. Cela résulte dans une plus grande mètre oblique gauche, entre l’articulation
stimulation de l’utricule gauche [24]. Par sacro-iliaque droite et l’éminence iliopectinée
conséquent, à cause de l’asymétrie de la posi- gauche. Dès lors, une dysfonction sacrale
tion fœtale, une asymétrie dans le développe- maternelle de torsion diminue le diamètre
ment neurologique des oreilles et des labyrin- oblique, et rend plus difficile l’orientation de
thes peut s’installer, avec la prédominance à la la tête fœtale le long de ce diamètre, et par
naissance des statoconies gauches. Cela pour- conséquent la naissance. Une base du sacrum
rait aussi contribuer à la préférence du maternelle proéminente ou n’importe quelle
nouveau-né pour une rotation droite de la disproportion fœtopelvienne peut avoir les
tête en décubitus dorsal [33]. Les fœtus se mêmes effets. La tête fœtale doit accommoder
présentant en siège, avec plus de liberté pour la forme du détroit supérieur ; elle peut cepen-
bouger leur tête, démontrent une latéralisa- dant se heurter à la résistance du bassin
tion vestibulaire moins distincte [22]. osseux. Dans une présentation du sommet, en
OIGA, l’os frontal gauche est comprimé
contre le sacrum, pendant que le côté droit de
Naissance l’os occipital est contre la symphyse pubienne
La liberté fœtale pour se déplacer et se posi- maternelle. La position fœtale au niveau du
tionner influence la présentation à la nais- détroit supérieur conditionne le chemine-
sance. Dans 97 % des accouchements, le ment de la présentation.
fœtus est dans une présentation du sommet Lors d’un obstacle à la descente, le fœtus
[34]. L’environnement maternel, l’utérus, les continue pour autant à subir des forces com-
tissus mous lombopelviens, le bassin osseux pressives, et des déformations plastiques du
et la colonne lombale jouent un rôle essentiel crâne peuvent apparaître. La direction des for-
dans ce processus. En outre, les dysfonctions ces et la position de la tête fœtale déterminent
somatiques maternelles, en particulier sacrale le type de la déformation. N’importe quelle
et thoracolombales, peuvent affecter les articulation peut être touchée, ce qui produit
contrôles respectivement parasympathique et une dysfonction somatique de compression
sympathique de la contractilité normale du crânienne. Chacun des os crâniens peut être
myomètre. Pendant l’accouchement, les comprimé, et présenter ensuite une dysfonc-
périodes prolongées de contraction utérine tion intraosseuse. Cependant, en raison du
augmentent d’autant les forces mécaniques tissu fibreux présent entre les deux pariétaux,
appliquées sur l’enfant. Une compression de un chevauchement au niveau de la suture
la colonne fœtale peut se produire, en particu- sagittale n’est pas fréquent [32]. Plutôt, les
lier au niveau des charnières occipitocervicale deux pariétaux s’aplatissent, perdant leur
et cervicothoracique, engendrant des dys- forme convexe, pendant que la partie supé-
fonctions somatiques. rieure de l’écaille de l’occipital avance fré-
Pendant la grossesse, la détente ligamen- quemment, verrouillée entre les deux parié-
taire de la symphyse pubienne et des articula- taux. Cela peut arriver bilatéralement, ou
tions sacro-iliaques maternelles se produit en unilatéralement, et résulter en une dysfonc-
raison de modifications hormonales. Les tion somatique crânienne de la suture lamb-
mouvements disponibles dans ces articula- doïde, ou une dysfonction intraosseuse de l’os
tions sont donc augmentés. Typiquement, occipital. La ligne d’insertion de la tente du
lorsque la tête fœtale pénètre dans le détroit cervelet sur la face interne de l’occiput sépare
132 Ostéopathie pédiatrique

Figure 4.8. Pendant le travail, les forces compressives résultent en déformations plastiques.

la partie inférieure de l’écaille de l’occipital assurant une cohésion satisfaisante entre les
d’origine cartilagineuse de la partie supérieure différents os du crâne pendant l’accommoda-
qui est d’origine membraneuse. Cette ligne, la tion de la naissance. Les déséquilibres de ten-
charnière obstétricale de Budin, sert de char- sions dure-mériennes sont fréquents après
nière dans l’accouchement ; elle peut être sol- l’accouchement. Des fibres durales spéciales
licitée dans les déformations plastiques du sont organisées en bandes de renfort et agen-
crâne. cées pour faire face pendant l’accommodation
Globalement, le crâne a tendance à chan- à des schémas de contrainte [36]. Néanmoins,
ger de forme et, le plus souvent, on peut cons- des étirements duraux exagérés peuvent se
tater une diminution du diamètre sous- produire, et résulter en déchirures, en particu-
occipitobregmatique [32]. Cette diminution lier au niveau de la jonction entre la tente du
de la dimension AP affecte la SSB, avec cervelet et la faux du cerveau [36]. Quand cela
comme résultat une dysfonction somatique se produit, la grande veine cérébrale (veine de
crânienne de compression de la SSB. Les Galien) est mise en tension et le flux sanguin
nouveau-nés examinés 24 à 72 heures après restreint ou obstrué. La rupture de la veine ou
l’accouchement démontrent un méplat posté- de ses branches peut survenir avec une
rieur ou latéral dans 13,1 % des cas, et des hémorragie cérébrale subséquente [36].
formes de tête insolites dans 11,5 % [35] L’hémorragie sous-arachnoïdienne est la
(figure 4.8). blessure intracrânienne la plus communé-
En fait, la dure-mère joue un rôle protec- ment identifiée après la naissance [37]. Les
teur primordial du contenu crânien, tout en hémorragies intracrâniennes semblent surve-
Les dysfonctions 133

nir plus fréquemment lorsque les enfants sont souvent, cela inclut les céphalohématomes,
accouchés avec l’usage des forceps, d’une ven- fractures de clavicule, paralysie faciale, étire-
touse obstétricale, ou la pratique d’une césa- ment du plexus brachial, et fracture des os
rienne. Cependant, dans ce dernier cas, les longs. Les atteintes du nerf phrénique ou du
difficultés du travail sont en cause, car les nerf laryngé, et les fractures du crâne se pro-
hémorragies intracrâniennes sont moins fré- duisent moins fréquemment. Pendant le tra-
quentes lorsque la césarienne est programmée vail, être du sexe mâle est un facteur de risque
[38]. pour une plus grande détresse fœtale, et les
Pendant la descente de la tête fœtale, extractions instrumentales sont plus souvent
l’asynclitisme résulte en des forces de sideben- pratiquées chez les garçons [39,40]. Le fœtus
ding asymétriques sur le crâne (figure 4.9). mâle démontre une activité métabolique plus
Peu après, ou en concomitance avec ce side- importante qui pourrait accroître sa vulnéra-
bending, la tête tourne, probablement pour bilité [39]. Chez ces sujets, la deuxième étape
répondre à la résistance du bassin maternel. du travail peut être prolongée, ce qui est aussi
Cette combinaison peut produire une dys- associé à l’usage d’analgésie péridurale, d’ocy-
fonction de sidebending-rotation de la SSB. tocine et à l’induction du travail, comme le
En plus, une extension de la colonne cervicale sont les facteurs de macrosomies et de nulli-
survient lors du passage de la tête sous la parité [41].
symphyse pubienne maternelle et pendant Parmi les traumatismes de naissance les
l’accouchement. Cette extension a lieu au plus communs, le céphalohématome est
niveau des condyles occipitaux et dans les causé par une rupture subpériostée des vais-
synchondroses de la base crânienne. Toute seaux et résulte des frictions causées par
exagération de la tension appliquée sur la base l’accouchement [37]. Les céphalohématomes
crânienne peut affecter les structures asso- se produisent dans approximativement 1 à
ciées. Les canaux de l’hypoglosse situés bilaté- 2 % des cas et sont associés à l’usage des
ralement dans les synchondroses intraoccipi- forceps [30]. Habituellement, les fractures de
tales antérieures, entre le basiocciput et les clavicule se produisent avec les dystocies
exocciputs contiennent les nerfs hypoglosses d’épaule, les macrosomies, et peuvent être
qui donnent l’innervation motrice à la lan- associées à l’usage de la ventouse obstétricale.
gue. La congestion tissulaire associée à un Normalement, après la délivrance de la tête, et
accouchement difficile affecte les nerfs hypo- la restitution à sa rotation d’origine, l’épaule
glosses et la fonction motrice de la langue, antérieure passe sous la symphyse pubienne,
avec pour conséquence des difficultés de suc- puis l’épaule postérieure est délivrée. Cepen-
cion. Les nerfs glossopharyngien, vague et dant, en cas de résistance au passage des épau-
accessoire localisés dans le foramen jugulaire les, une traction de la tête et du cou peut être
peuvent également être affectés, avec une nécessaire, avec un risque de dysfonction
large étendue de symptômes potentiels com- somatique de la colonne thoracique supé-
prenant dysautonomie, colique et régurgita- rieure, des premières et deuxièmes côtes, de la
tion, tout comme des déséquilibres musculai- colonne cervicale, des clavicules, et de toutes
res associés aux torticolis et plagiocéphalie. En les composantes myofasciales de l’anneau
fait, les synchondroses de la base crânienne thoracique supérieur. Les articulations entre
sont très fréquemment compactées, le plus les condyles occipitaux et les surfaces articu-
souvent unilatéralement. laires supérieures de l’atlas, et celles entre
Des blessures de naissance se produisent l’atlas et l’axis sont particulièrement sollici-
chez 3 % de tous les bébés vivant à la nais- tées, avec la survenue potentielle d’une dys-
sance, et les traumatismes de la tête et du cou fonction somatique à ce niveau, elle-même
dans 9,56 pour 1000 naissances [37]. Le plus facteur de risque pour les torticolis congénital
134 Ostéopathie pédiatrique

Figure 4.9. Pendant le travail, le crâne, la charnière craniocervicale et la colonne cervicale


sont soumis à d’importantes contraintes.

et plagiocéphalie [42]. Dans les cas les plus glissent le long de la gouttière périnéale. Cela
sévères, cette traction peut produire une frac- peut produire une dysfonction somatique de
ture claviculaire, et une paralysie obstétricale la face entre le frontal, les os nasaux, l’eth-
du membre supérieur. Typiquement, un trau- moïde et les maxillaires, qui peut être à l’ori-
matisme du plexus brachial suit l’application gine d’une respiration bruyante et de rhinite
de manipulations et tractions péjoratives avec chronique. En fait, le nez est la structure de la
inclinaison latérale de la colonne cervicale. face la plus vulnérable pendant l’accouche-
Les lésions des racines C5–C6, la paralysie ment ; par conséquent, les déformations nasa-
d’Erb, représentent la majorité des paralysies les sont très fréquemment rencontrées. La
du plexus brachial en postpartum [37]. Moins compression de la pointe nasale est commune
fréquente, la paralysie de Klumpke résulte de et peut causer des œdèmes des muqueuses
l’atteinte des racines C5–C7. nasales. Normalement, la lame perpendicu-
En plus du neurocrâne et du tronc, la face laire de l’ethmoïde, le vomer, et le cartilage
peut aussi être sujette aux lésions et dysfonc- septal forment un septum nasal médian. Pour
tions. Très fréquemment, le viscérocrâne est autant, une asymétrie du septum nasal est
soumis à contrainte pendant la naissance. trouvée chez 1 % des nouveau-nés [43], et
Dans une présentation en OIGA, lors de la plus fréquemment dans les cas où l’expulsion
descente de la tête fœtale, le front et le nez est spontanée que dans les naissances par
Les dysfonctions 135

césarienne [44]. Dans les cas sévères, la dislo- appliquent des forces compressives et de trac-
cation du septum cartilagineux de son sillon tion, combinées avec une rotation. Dès lors,
vomérien peut nécessiter le recours à une pro- selon le placement des lames des forceps, dif-
cédure spéciale de réduction très rapidement férents types de dysfonction peuvent suivre.
après la naissance. Le plus souvent, elles sont positionnées sur les
La première respiration du nouveau-né parties latérales du crâne, dans la région du
doit être complète et sans encombre. En ptérion. La compression de l’os frontal peut
revanche, lors d’une obstruction nasale, le produire une dysfonction intraosseuse avec
diaphragme thoracoabdominal doit exercer proéminence de la suture métopique. Les
une plus grande force inspiratoire, ce qui peut lames des forceps peuvent être placées plus
conduire à une dysfonction somatique de ce basses, au niveau des os temporaux, la pres-
muscle. On se rappellera aussi que les dys- sion s’appliquant éventuellement sur le fora-
fonctions somatiques du diaphragme crânien, men mastoïdien, ou sur l’os temporal au
de la tente du cervelet, et de n’importe quel os niveau du segment vertical du canal facial. Les
sur lequel ce diaphragme crânien est fixé se deux emplacements sont des facteurs de ris-
répercutent inévitablement sur la fonction que pour une atteinte du nerf facial. La région
diaphragmatique thoracoabdominale. Dès occipitomastoïdienne peut aussi être compri-
lors, toute dysfonction de l’os temporal, sur mée, ce qui affecte le foramen jugulaire. Par-
lequel la tente du cervelet est fermement atta- fois les lames des forceps sont placées au
chée, peut affecter le diaphragme crânien et la niveau des articulations temporomandibulai-
fonction diaphragmatique thoracoabdomi- res (ATM), avec un risque de dysfonction
nale. intraosseuse de la mandibule, de l’os temporal
Classiquement, les présentations en siège et de l’ATM (figure 4.10).
sont associées à des contraintes lombales et L’usage de la ventouse obstétricale peut
pelviennes pour l’enfant, et à des dysfonc- produire un céphalohématome local au site
tions intraosseuses potentielles du sacrum et où la cupule est appliquée sur le scalp [45].
des os iliaques. Pendant la naissance, la L’étirement important de la faux du cerveau
colonne lombale est habituellement inclinée et de la tente du cervelet est aussi cause de
latéralement avec un risque de dysfonction déséquilibre de tension dure-mérienne, qui
somatique lombosacrale. Puis, lorsque le siège peut se transmettre au pelvis par l’intermé-
et le tronc sont dégagés, la tête, moins com- diaire du core-link (figure 4.11).
pressible que le reste du corps, peut présenter En fait, les extractions instrumentales par
des difficultés à l’expulsion. De ce fait, les forceps et ventouse ont été associées aux pla-
enfants nés en siège peuvent également pré- giocéphalies [42]. Le placement de ces outils
senter des dysfonctions somatiques crânien- peut résulter en l’application de forces asymé-
nes. Fréquemment, le viscérocrâne est plaqué triques sur le crâne, et la traction employée
contre le sacrum maternel, avec un risque pour l’accouchement peut non seulement
potentiel de dysfonctions affectant le déve- affecter le crâne, mais aussi la colonne cervi-
loppement de la face. cale. Les dysfonctions de rotation de l’occiput
Parmi les différentes contraintes subies sur l’atlas comme de strain horizontal de la
par le crâne fœtal, l’usage des forceps est sou- SSB sont associées aux plagiocéphalies non
vent mentionné. L’extraction instrumentale synostotiques [42].
répond à plusieurs impératifs que nul ne peut Théoriquement, tout enfant né avant
remettre en cause. Théoriquement, ils corres- 37 semaines de gestation est prématuré. La
pondent à la pratique la moins nocive pour la plupart du temps, le nouveau-né prématuré
mère et l’enfant et, le plus souvent, face à une est petit, avec un poids inférieur à 2,5 kg.
situation d’urgence. Pour autant, les forceps L’immaturité du système nerveux central peut
136 Ostéopathie pédiatrique

Figure 4.10. Forceps.

être responsable de plusieurs troubles, tels les qui s’ossifie à 8 mois de gestation est à risque,
épisodes apnéiques, ou les défauts de coordi- proportionnellement au degré de prématu-
nation dans la succion et la déglutition. La rité. En raison de leur fragilité, ces bébés doi-
naissance prématurée peut affecter de nom- vent être approchés avec une extrême délica-
breuses fonctions neurologiques, avec des tesse.
symptômes qui vont des troubles cognitifs
légers [46], aux handicaps neurologiques plus Enfance et adolescence
sévères, retards mentaux ou infirmités motri-
ces cérébrales. Les enfants nés prématurément Après la naissance, la position de sommeil est
présentent aussi une plus haute incidence de un facteur important qui affecte la forme du
déformation crânienne, avec une tête de crâne du bébé comme la forme des autres
forme dolichocéphalique typique. En fait, les parties de son corps. Chez l’enfant toujours
synchondroses de leur base crânienne sont placé dans la même position, le jeune sque-
plus vulnérables pendant l’accouchement. En lette peut être déformé par la pression cons-
particulier, la synchondrose intrasphénoïdale, tante qu’il subit. Cela est particulièrement
entre le présphénoïde, et le postsphénoïde, vrai chez les prématurés où le crâne s’aplatit
Les dysfonctions 137

Figure 4.11. Ventouse obstétricale.

lorsque l’enfant est toujours couché du même nourrisson. Le nourrisson démontre une
côté. La position en procubitus peut affecter le diminution de fréquence de la déglutition et
frontal, la mandibule et l’ATM, et donc du rythme respiratoire en dormant en procu-
l’occlusion plus tard dans la vie. En revanche, bitus, ce qui représente un facteur de risque
dans la position de sommeil en décubitus dor- pour ce syndrome [49]. La campagne com-
sal, la pression du matelas sur la tête du nour- mencée en 1992 par l’American Academy of
risson peut modifier la forme de l’os occipital Pediatrics (AAP) recommande que « les nour-
[47], et aplatir l’arrière du crâne quand cette rissons en bonne santé soient couchés sur le
position est maintenue constamment. Actuel- côté ou sur le dos pour dormir » [50]. De toute
lement, la position de sommeil en décubitus évidence, cette recommandation ne s’appli-
dorsal est communément proposée comme que pas à certains cas comme les prématurés,
une étiologie pour les plagiocéphalies posté- les nourrissons avec des reflux gastro-
rieures [35,48]. Cela est confirmé par leur aug- œsophagiens, ou des apnées obstructives du
mentation depuis la recommandation de cou- sommeil.
cher les enfants sur le dos pour réduire la Les plagiocéphalies postérieures peuvent
prévalence du syndrome de la mort subite du être médianes ou unilatérales, selon la posi-
138 Ostéopathie pédiatrique

tion de la tête de l’enfant, qui peut être cen- est appliquée sur son hémithorax droit ;
trale ou tournée sur un côté. En fait, l’asymé- l’hémithorax gauche, sous l’influence de la
trie de la position fœtale pourrait être un des gravité, a une propension à se développer
facteurs qui contribuent à la préférence du librement vers l’arrière avec une rotation gau-
nouveau-né pour tourner la tête vers la droite che des vertèbres thoraciques [51].
dans la position de décubitus dorsal [33]. De Au niveau pelvien, la position de décubitus
plus, lors d’un accouchement difficile, une dorsal semble jouer un rôle important dans la
dysfonction de la charnière occipitocervicale formation de la courbure sacrale. À la nais-
peut survenir, renforçant le maintien de la sance, le sacrum consiste en cinq vertèbres
tête sur un côté. En raison de cette préférence, sacrales. Bien que l’union des arcs vertébraux
la pression du poids de la tête du nourrisson avec les corps apparaisse dans les segments
sur le matelas est asymétrique et une pla- sacraux inférieurs dans la deuxième année,
giocéphalie s’installe. Les forces compressives cela ne se produit pas dans le segment supé-
aplatissent la zone occipitopariétale du côté rieur avant la cinquième ou la sixième année.
vers lequel la tête est chroniquement tour- Chez les êtres humains, comme chez les
née ; le côté opposé, à l’inverse, se développe animaux possédant une queue, la courbure
davantage. Une corrélation significative a été sacrale semble être minimale à la naissance, et
identifiée entre les dysfonctions de rotation sa formation fortement influencée par le posi-
de l’occiput sur l’atlas et le côté de la pla- tionnement de l’enfant [52]. Dans le décubi-
giocéphalie postérieure [42]. En avant, le tus dorsal, les segments inférieurs du sacrum
crâne présente une bosse frontale du même et le coccyx subissent une pression qui les
côté que le méplat occipital, avec un aplatisse- pousse vers l’avant, créant ainsi une courbure
ment frontal du côté opposé. Quand la tête est sacrale qui augmentera dans l’enfance. Dès
vue d’en haut, elle a une forme en « parallélo- lors, une asymétrie constante dans le décubi-
gramme ». Cela est corrélé avec une dysfonc- tus dorsal peut influencer la forme du pelvis.
tion de strain latéral de la SSB [42]. Pour La position de sommeil de l’enfant, avec une
autant, une déformation plastique avec asy- préférence pour dormir toujours sur le même
métrie crânienne qui serait présente dès la côté – le « syndrome du décubitus latéral » –
naissance peut gêner la rotation de tête bilaté- est décrit comme un facteur de risque pour les
rale, renforçant ainsi l’asymétrie (figure 4.12). luxations congénitales de hanche [53].
Dès l’instant où les pressions asymétriques La symétrie de l’anatomie humaine est
du matelas sont appliquées longtemps ou idéalement associée à une symétrie fonction-
pendant une période critique de la croissance, nelle. Les systèmes neurologiques responsa-
elles peuvent tout autant créer des asymétries bles du maintien de la tête dans une position
sur la colonne vertébrale. Une hypothèse centrale, bien que présents à la naissance, ne
explique l’association entre plagiocéphalie et sont pas encore fonctionnels en raison du
scoliose par la préférence pour tourner vers le manque de force dans les muscles cervicaux
côté droit dans la position de décubitus dor- [54]. Normalement, un nourrisson doit tour-
sal ; dans ce cas, le thorax immature suivrait le ner la tête avec autant de facilité des deux
même modèle de déformation que le crâne. côtés à 12 semaines [55]. Pour autant, la symé-
Quand un nourrisson présente une rotation trie du mouvement cervical peut être altérée
chronique de la tête, l’arrière de la tête s’apla- par la présence d’une dysfonction somatique
tit du côté de la rotation et le crâne se déve- crânienne ou cervicale. De la même façon,
loppe du côté opposé. De même, dans une une dysfonction vertébrale ou pelvienne peut
position de décubitus dorsal, quand le nour- influencer la posture de l’enfant. Ces dysfonc-
risson préfère tourner vers le côté droit, la tions peuvent être consécutives à une nais-
pression du poids de son thorax sur le matelas sance difficile, mais résultent parfois aussi
Les dysfonctions 139

Sphénoïde

Occiput

Figure 4.12. Plagiocéphalie postérieure : la tête vue de dessus a la forme d’un


« parallélogramme ». Une dysfonction de strain latéral est associée aux plagiocéphalies.

d’un maniement ou d’un positionnement supérieure peut souffrir de malposition. Sou-


agressif pour l’enfant. La colonne cervicale vent, l’enfant est aussi placé sur le côté du
d’un nourrisson est particulièrement malme- pelvis de l’adulte qui le porte, à cheval sur la
née dans les sièges autos, où des positions de crête iliaque, afin de libérer le bras du côté
latéroflexion et de rotation exagérées sont opposé. Cette position encourage souvent les
maintenues trop longtemps. On retiendra que asymétries infantiles et, quand elle est main-
les positions asymétriques constantes doivent tenue longtemps, renforce des dysfonctions
être évitées chez le nourrisson et l’enfant, et pelviennes ou vertébrales déjà présentes.
qu’en présence d’un refus de position, une
Théoriquement, toutes les stimulations des
dysfonction somatique peut être suspectée et,
activités quotidiennes doivent être bilatérales.
si besoin, être traitée.
Dès les premiers jours, l’allaitement est un
En fait, diverses méthodes de transport des événement primordial ; il peut être maternel
nourrissons peuvent causer des dysfonctions ou artificiel. En principe, l’allaitement mater-
infantiles. Le portage en kangourou, le bébé nel est spontanément pratiqué des deux côtés.
contre la poitrine de l’adulte, est vanté pour De la même façon, le biberon doit être donné
les effets positifs du contact intime offert à du côté droit et du côté gauche. Cette alter-
l’enfant. Cependant, la colonne cervicale nance est cruciale pour les nourrissons dans le
140 Ostéopathie pédiatrique

développement de réflexes orofaciaux bilaté- pour le développement d’une malocclusion


raux et d’une rotation cervicale symétrique. que le type d’allaitement des premiers mois.
Pour de multiples raisons, l’allaitement En revanche, lorsque cette activité est associée
maternel est un moyen privilégié pour nourrir à un allaitement artificiel, le risque d’occlu-
le nourrisson pendant les premiers mois de sion inversée est plus que doublé [57]. Pen-
vie. L’enfant fournit des mouvements plus dant la petite enfance, le prémaxillaire peut
élaborés dans la tétée de l’aréole maternelle être facilement influencé par la succion non
que dans la tétine du biberon. De plus, l’odeur nutritive et poussé vers l’avant. L’usage d’une
du lait maternel stimule la fréquence des sucette est particulièrement incriminé [58].
mouvements de succion et leur puissance, et Jusqu’à l’âge de 2 à 3 ans, le risque de dévelop-
l’expression du lait maternel est plus forte que per une malocclusion est réduit proportion-
celle des laits pour nourrissons ou de l’eau nellement au temps de succion, et dans ces
[56]. En retour, cette activité musculaire sti- conditions, les arcades dentaires doivent être
mule la croissance des os sur lesquels les mus- régulièrement évaluées [59]. À l’âge de 4 ans,
cles sont attachés. Toutefois, l’allaitement une corrélation significative existe entre les
peut présenter des difficultés. L’ankyloglossie, habitudes de succion et les malocclusions
la présence d’un frein lingual trop court, peut [60,61], et les classes II d’Angle ou les occlu-
être en cause. Plus fréquemment, une dys- sions inversées semblent alors persister
fonction somatique de la base crânienne est au-delà de l’arrêt de la parafonction de suc-
présente, dérangeant les rapports entre les cion [62].
structures sur lesquelles les muscles maxillofa-
Le développement facial suit des séquences
ciaux ou ceux de la langue sont fixés. Le nerf
génétiquement déterminées, pour autant
hypoglosse qui innerve les muscles de la lan-
influencées par les facteurs environnemen-
gue peut aussi être affecté au niveau de la
taux ou épigénétiques. Le modelage fœtal est
synchondrose intraoccipitale antérieure.
parmi les premiers, suivi de l’impact de la
Quand de telles difficultés apparaissent, les
naissance sur le viscérocrâne. Leur influence,
parents ont souvent recours à l’allaitement
avec la présence éventuelle de dysfonctions
artificiel. Quand les difficultés persistent, une
somatiques, peut être observée dès les pre-
solution fréquente consiste à augmenter la
miers jours de vie par l’ostéopathe entraîné à
taille du trou de la tétine, ou à utiliser une
cette observation. Les fonctions orofaciales de
tétine nécessitant moins d’effort de succion.
succion, déglutition, mastication, respiration,
En conséquence, les efforts musculaires et leur
et du langage sont des facteurs environne-
variété sont réduits, et la stimulation du déve-
mentaux d’importance suprême dans le déve-
loppement maxillofacial limitée. En revan-
loppement du squelette facial. Ces fonctions
che, nourrir au sein semble prévenir le déve-
contribuent également au développement
loppement d’une occlusion inversée en
d’une bonne posture, tout autant qu’elles
denture déciduale [57].
sont influencées par l’équilibre postural du
Le besoin de succion peut ne pas être satis- sujet. La respiration nasale contribue au déve-
fait par une alimentation normale. Alors, une loppement du maxillaire. En revanche, la res-
succion non nutritive se développe, sous la piration buccale est associée à un déplace-
forme d’une succion de pouce, de sucette ou ment inféropostérieur de l’os hyoïde, un
de « doudou ». Généralement, cette habitude positionnement antéro-inférieur de la langue
est associée à divers schémas de malocclusion [63,64], et une rotation mandibulaire vers
ou modification de l’articulé dentaire, comme l’avant [65]. La mobilité linguale et la mastica-
les classes II d’Angle ou les occlusions inver- tion doivent être sans encombre pour déve-
sées [57]. En fait, une succion non nutritive lopper des praxis orales satisfaisantes. Tout
semble être un plus grand facteur de risque traumatisme direct sur la face peut interrom-
Les dysfonctions 141

pre cet équilibre. À la naissance, les maxillai-


res consistent en deux parties, les maxillaire et
prémaxillaire. L’ossification de la suture qui
les sépare se produit entre 6 ou 7 ans [66] et
12 ans [67]. Les chutes, en particulier sur les
dents supérieures, peuvent causer un progna-
thisme maxillaire par rotation postérieure des
prémaxillaires. Un impact sur la mandibule
peut produire une dysfonction somatique de
l’ATM, responsable de schémas occlusaux et
masticateurs dysfonctionnels.
Parmi les facteurs épigénétiques, le mode
alimentaire moderne est corrélé avec la crois-
sance faciale. Normalement, les efforts mus-
culaires de la mastication d’aliments fermes
sont nécessaires à l’enfant, car ils contribuent
au développement des os de la face. La masti-
cation d’une nourriture trop molle réduit la Figure 4.13. Ramper et marcher à quatre
stimulation de la croissance périostée, et pattes stimule la musculature paravertébrale.
résulte en des faces plus petites [68,69].
Les facteurs culturels ont une place prépon-
dérante parmi les facteurs épigénétiques qui ment et segmentairement, autant que celle des
affectent la croissance squelettique. Les exem- membres inférieurs. Les enfants qui présentent
ples extrêmes incluent les pratiques de défor- une légère dysfonction de rotation cervicale
mation de la tête ou des pieds. Le plus sou- peuvent équilibrer leur posture avec des com-
vent, les âges et séquences des acquisitions de pensations thoraciques ou lombopelviennes.
l’enfant répondent à des normes et espérances Ces tendances sont plus importantes si
culturelles. L’acquisition de la marche en est l’enfant est encouragé à se mettre debout rapi-
un parfait exemple. Normalement, l’activité dement. En revanche, les enfants qui rampent
physique et quotidienne du bébé ou de et marchent à quatre pattes stimulent le tonus
l’enfant augmente la minéralisation osseuse postural de la musculature paravertébrale
et la croissance. En revanche, une activité avant d’assumer les contraintes de la gravité
excessive ou prématurée peut contribuer à la associées à la position debout (figure 4.13).
création de dysfonctions. Ainsi, la forme du Pour autant, des dysfonctions pelviennes peu-
pelvis est influencée par l’âge d’acquisition de vent décourager un enfant qui essaie de ram-
la marche, qui est en moyenne 14 mois. per ou de marcher à quatre pattes.
Quand cela se produit plus tôt, le pelvis tend à Les dysfonctions intraosseuses de l’os ilia-
développer une forme platypelloïde ; à que ou du sacrum peuvent être associées à un
l’inverse, sa forme est anthropoïde pour une traumatisme impliquant le membre inférieur,
acquisition plus tardive [70]. En cas d’activité ou survenant lors d’une chute sur le derrière
physique ardue pendant l’adolescence, les pendant les premières années de la vie. Dans
bassins féminins sont de forme plus androïde. tous ces cas, l’enfant peut présenter une dou-
Ces variations peuvent exercer un effet signi- leur de la hanche, un « rhume de hanche » et
ficatif sur l’avenir obstétrical du sujet. une boiterie.
L’équilibre entre la colonne et le bassin dans Pendant l’enfance, les traumatismes des
les plans sagittal et coronal reflète l’influence membres inférieurs sont fréquents. Ils affec-
de toute la colonne, globalement, régionale- tent la relation entre les os iliaques et le
142 Ostéopathie pédiatrique

sacrum autant que les structures sus- et sous- dysfonctions potentiellement primaires pour
jacentes. Les appuis sont modifiés, asymétri- les traiter.
ques à une phase critique du développement. Bien que la prévalence des dysfonctions
Inversement, les dysfonctions posturales peu- somatiques de l’adolescent se rapproche de
vent aussi accommoder des déséquilibres celle de la population adulte, ces jeunes sujets
supérieurs. présentent moins fréquemment que les adul-
Les traumatismes thoraciques supérieurs tes des problèmes musculosquelettiques ver-
surviennent très souvent, dans les chutes, tébraux. De ce fait, lorsqu’un adolescent se
roulades au sol, activités sportives. Les trau- plaint de douleurs du squelette axial, la région
matismes mineurs de la tête ne sont pas plus douloureuse doit être examinée avec le plus
rares pendant l’enfance. Dans les premières grand soin pour exclure toute pathologie
années de vie, ils peuvent résulter en dysfonc- organique ou une étiologie réflexe viscéroso-
tions intraosseuses autant qu’interosseuses. matique. Le plus fréquemment, à cet âge, les
Ainsi, les dysfonctions somatiques crâniennes déséquilibres associés à des réflexes viscéroso-
peuvent produire des douleurs, des change- matiques proviennent du système gastro-
ments posturaux accommodatifs de l’ensem- intestinal, auquel s’ajoutent, chez les filles, les
ble du corps, ainsi que des régions visuelle, organes pelviens. Les influx nociceptifs du
orofaciale, et de l’équilibre, avec des effets sur viscère en dysfonction entrent dans la matière
le comportement de l’enfant et son dévelop- grise de la moelle épinière où un état d’irrita-
pement cognitif. bilité segmentaire vertébrale s’installe ; c’est
l’état de facilitation qui résulte en une
À l’évidence, les activités asymétriques, tel- réponse en rapport avec ce segment (réflexe
les que le tennis ou la pratique du violon, viscérosomatique). La dysfonction somatique
présentent le risque d’une accommodation associée peut à son tour créer une boucle
posturale asymétrique. De même, porter un réflexe qui maintient ou aggrave l’affection
objet lourd d’une manière asymétrique, viscérale (réflexe somatoviscéral) (voir ta-
comme un gros cartable, ou des habitudes bleau 7.1).
posturales néfastes, comme les positions assi- En fait, lorsque les dysfonctions de l’enfant
ses dans l’étude, peuvent résulter de dysfonc- ou de l’adolescent restent sans traitement, le
tions somatiques préexistantes ou les aggra- sujet peut être prédisposé à des désordres de la
ver. Les habitudes posturales de l’enfant, physiologie viscérale soit par une relation
comme les épaules enroulées vers l’avant, anatomique directe, soit par un mécanisme
peuvent être mises sur le compte de sa timi- réflexe somatoviscéral. Par exemple, une dys-
dité, ou de son manque de motivation pour se fonction somatique du sacrum peut affecter la
tenir droit, alors qu’en fait, elles sont bien position de l’utérus par l’intermédiaire du
souvent la conséquence de dysfonctions ligament utérosacral qui participe au posi-
somatiques. tionnement de l’utérus. En même temps, une
Au fur et à mesure que l’enfant grandit et dysfonction somatique lombale supérieure
entre dans l’adolescence, les mécanismes dys- peut affecter le système nerveux autonome
fonctionnels se rapprochent de ceux rencon- sympathique, et de cette façon affecter la phy-
trés dans la population adulte. Les dysfonc- siologie normale de l’utérus, avec un risque de
tions font souvent suite à des traumatismes, dysménorrhée.
qui impliquent fréquemment les extrémités, L’examen minutieux du dos est impératif,
avec des entorses. Le schéma global initial du même en l’absence de douleur, car les scolio-
sujet prédispose certaines zones à plus de fra- ses idiopathiques qui débutent typiquement
gilité. Dès lors, en présence d’atteintes récidi- dans l’adolescence sont rarement associées à
vantes, un examen attentif doit rechercher les des douleurs. Un bilan ostéopathique préven-
Les dysfonctions 143

tif du dos et de la posture de l’enfant par un findings of the developing temporal bone in fetal
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Chapitre 5

Examen du patient

Anamnèse

Examen

Examen du nourrisson

Examen de l’enfant

Examen de l’adolescent
Examen du patient 149

Chapitre 5

Examen du patient

La description des procédures de l’examen mique, car chaque patient est unique, offrant
médical pédiatrique n’est pas proposée dans une direction particulière à l’interaction.
ce chapitre. Nous décrivons plutôt ce qui est En plus, dans ces circonstances, le rapport
particulier à l’approche ostéopathique du dia- soignant–soigné est une relation à trois par
gnostic et du traitement des dysfonctions nécessité, impliquant l’enfant, le thérapeute,
somatiques chez le nourrisson et l’enfant. Cet et le ou les parents. Avec les très jeunes bébés,
examen a pour but de compléter et non pas de le lien entre la mère et l’enfant est normale-
remplacer l’examen médical. ment très intense, et de ce fait l’établissement
La séquence décrite ci-après, à savoir de la relation de confiance entre le bébé et le
l’anamnèse suivie de l’examen clinique, est thérapeute doit inclure la participation de la
un modèle qui fournit les informations né- mère (figure 5.1).
cessaires pour poser un diagnostic de dys-
fonction somatique. Dans la pratique, avec Anamnèse
les bébés et les jeunes enfants, cette séquence L’anamnèse du nourrisson ou de l’enfant
est artificielle ; en réalité, elle doit être dictée commence, comme avec tout autre patient,
par les besoins de chaque patient. Avant par les questions concernant le motif de la
toute chose, il est nécessaire d’établir un consultation et ses caractéristiques. Puis une
rapport de confiance, particulièrement avec anamnèse complète doit être obtenue. Les
les nourrissons et les jeunes enfants. Cela informations suivantes présentent un intérêt
suppose que le praticien interagisse avec particulier pour le praticien ostéopathe. Chez
l’enfant, avec tact et empathie. Souvent, pré- le nourrisson et l’enfant, les informations
senter à l’enfant un jouet, ou tout autre objet relatives à l’accouchement et à la période
susceptible de l’intéresser permet d’établir un périnatale sont essentielles ; l’anamnèse com-
contact. mence donc par des questions sur la gros-
Le rapport soignant–soigné avec les adul- sesse.
tes est souvent dirigé par le thérapeute. En
traitant les bébés et les jeunes enfants, ce Informations maternelles et
rapport est plus efficace si le thérapeute per- sur le déroulement de la grossesse
met au sujet de diriger l’interaction, en appli-
quant par essence les principes des techni- – Âge au moment de l’accouchement.
ques indirectes au rapport soignant–soigné. – Parité.
Le praticien ostéopathe est bien préparé pour – Passé obstétrical avec les antécédents de
comprendre cette approche. En fait, l’analo- complications d’accouchement, temps
gie avec les principes des techniques indirec- écoulé depuis le précédent accouchement,
tes s’applique totalement à leur aspect dyna- poids de naissance des précédents enfants.

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Ostéopathie pédiatrique
150 Ostéopathie pédiatrique

Naissance
– Accouchement eutocique ou dystocique ?
– Modalités de l’accouchement : spontané,
programmé ou provoqué ? Si induit, motif
de cette induction.
– Délivrance d’ocytocine pour augmenter les
contractions utérines.
– Usage et type d’analgésie ou d’anesthésie.
– Variété de la présentation : sommet, siège
complet ou décomplété, transversale, face ?
– Présence d’un circulaire du cordon ombili-
cal.
– Durée et difficulté du travail.
– Complications pendant l’accouchement,
disproportion fœtopelvienne.
– Extraction instrumentale – forceps, ven-
touse obstétricale –, ou opération césa-
rienne.
– Épisiotomie.

Figure 5.1. Avec les nourrissons, Période néonatale


la relation praticien–patient doit inclure
la participation de la mère. – Sexe.
– Poids de naissance.
– Longueur.
– Périmètre crânien.
– Grossesse multiple, dépassement de terme
ou prématurité, hydramnios ou oligoam- – Apgar.
nios. – Pratique d’une intubation.
– Étirement du plexus brachial, paralysie
– Informations sur le système musculosque-
faciale.
lettique avec description des douleurs verté-
– Ecchymose, caput succedaneum, céphalo-
brales et pelviennes pendant la grossesse.
hématome.
– État psychoémotionnel : la grossesse a-t-elle – Hémorragie.
été stressante ? – Déformations plastiques.
– Présence ou absence de mouvements – Fracture de clavicule, du crâne.
fœtaux ? À quel moment ? – Dysplasie de hanche.
– À partir de quel moment l’enfant s’est-il
positionné ? Dans quelles positions ? Période postnatale et de l’enfance
– À quel moment le fœtus s’est-il engagé ?
– Allaitement maternel ou artificiel ? Si ma-
– En fin de grossesse, existait-il des zones de ternel, jusqu’à quel âge ?
pression fœtale : au niveau du bassin ; de la – Efficacité de la succion et de la tétée.
région costale inférieure ; du diaphragme – Alimentation et problèmes digestifs, régur-
thoracoabdominal ? gitations, coliques.
– Des contractions précoces ont-elles été pré- – Usage de tétine : forme (aplatie, arrondie),
sentes ? matière (silicone, latex).
Examen du patient 151

– Parafonctions : suçage du pouce, d’autre(s) Période de l’adolescence


doigt(s), d’un doudou ? Si suçage de doigt,
lequel ou lesquels, de quelle main, placé de Les informations ci-dessus, relatives aux bébés
quelle manière dans la bouche ? et aux enfants, doivent aussi être obtenues, si
– Type respiratoire : nasale, buccale ; possible, pour les adolescents. Ces sujets
bruyante ou silencieuse (normalement consultent souvent pour des troubles de
nasale et silencieuse dès la naissance) ? l’appareil locomoteur ou du développement
– Régurgitation. orofacial ; pour cela, des informations supplé-
– Irritabilité. mentaires doivent être recueillies.
– Qualité du sommeil, position préférée et
positions refusées. Cauchemars ? Troubles de l’appareil locomoteur
– Jeux préférés. Dans quelles positions ? – Durée et progression du problème ? Cela
– Liberté de mouvement des extrémités. a-t-il commencé dès la naissance, avant ou
L’enfant bouge-t-il autant, et dans toutes les après la marche, ou récemment ?
directions, les deux bras et les deux jambes ? – Antécédents familiaux d’asymétries ou de
Les mouvements doivent être normaux dès déformations des membres, et problèmes
la naissance. Existe-t-il des difficultés avec posturaux.
les mouvements passifs, comme enfiler une – Traumatismes ; chutes sur le derrière, coups
manche de vêtement ? sur la tête. Détails des forces traumatiques :
– Présence de bruits articulaires (souvent au direction, zone d’impact, conséquences.
niveau des hanches ou des épaules, rare- – Douleur associée, qualité, intensité, locali-
ment au niveau de la colonne cervicale) ? sation et facteurs aggravants.
– Présence de tics ou de manies, comme se – Latéralité.
tirer l’oreille, se cogner la tête, se balancer,
– Positions habituelles, activités sportives.
d’avant en arrière ou d’un côté sur l’autre ?
– Fatigabilité physique.
– Âge de sortie des dents.
– Malocclusion, interférences occlusales.
– Bruxisme.
Troubles d’origine nerveuse
– Type de la déglutition : infantile ou ma- – Fatigabilité psychologique.
ture ? – Troubles de mémoire.
– Acquisitions majeures : – Nausées, problèmes digestifs.
• suivre du regard (vers 4 à 6 semaines) ; – Troubles visuels .
• sourire (avant 3 mois) ; – Troubles de l’olfaction.
• tenir sa tête (vers 2 mois) ;
• tenir bien assis (entre 6 et 9 mois) ; Déséquilibres du développement facial
• ramper (vers 6 mois) ;
• se déplacer à quatre pattes (vers 9 mois) ; – Fonctions et parafonctions orofaciales de
• tenir debout (vers un an) ; l’enfance décrites ci-dessus.
• marcher (vers 14 mois). – Respiration nasale : obstruction nasale uni-
– Maladresse psychomotrice. latérale ou bilatérale.
– Positions habituelles, comme s’asseoir en – Respiration buccale.
W. – Latéralité dans la mastication.
– Premières paroles et maîtrise du langage. – Onychophagie (rognage des ongles), besoin
– Acquisitions cognitives. de mordiller (chewing-gum, crayons).
– Maladies de l’enfance. – Position de sommeil.
– Hyperactivité, difficultés de concentration. – Activités impliquant la sphère orale, com-
– Performances scolaires. me faire de la flûte.
152 Ostéopathie pédiatrique

Examen permet d’observer les éventuelles différences


entre les points de repère étudiés et les confi-
Therefore, first instruct his fingers how to feel, gurations et positions normales. Durant cette
how to think, how to see, and then let him touch. phase, on peut aussi observer les signes physi-
(W.G. Sutherland) [1] ques tels que la respiration, les caractéristi-
ques cutanées incluant pâleur, rougeurs,
(Donc, tout d’abord instruis ses doigts à lésions, cicatrices, et la distribution du sys-
comment sentir, comment penser, com- tème pileux (duvet, poils, cheveux).
ment voir, et alors permets-lui de toucher.)
L’observation dynamique est l’étude de la
L’examen physique consiste en trois parties : qualité et de la quantité des mouvements
l’observation, la palpation des structures et la majeurs et mineurs dans la zone examinée.
palpation des fonctions. L’observation est très Elle exige une connaissance fonctionnelle du
importante, car une évaluation visuelle du mouvement normalement possible dans la
sujet bien maîtrisée permet d’obtenir de nom- zone observée. Durant l’observation, il est
breuses informations utiles au diagnostic. De recommandé de noter comment le sujet
plus, commencer par l’observation fournit le bouge et verbalise. Ses activités sont-elles
temps nécessaire à l’enfant pour développer symétriques, exécutées dans toute l’amplitude
une relation de confiance avec le praticien. La du mouvement, ou bien asymétriques avec
palpation peut alors suivre. Pour autant, dans raideur ou manque de coordination ?
la pratique, lorsque la connexion est établie Pour l’interprétation de ces observations
avec l’enfant, les séquences de l’examen sont statiques et dynamiques, il peut être utile de
bien souvent exécutées simultanément, tou- faire une analogie. Quand vous regardez un
jours dictées par l’enfant. arbre, vous pouvez voir comment celui-ci
La palpation peut être divisée en apprécia- subit ou a subi des influences externes
tion tactile des structures et en appréciation comme le vent, et votre observation vous
tactile des fonctions. L’appréciation des fonc- informe quant à la force et à la direction de
tions peut encore être sous-divisée en tests de ces influences. De telles informations exis-
mobilité et en tests d’écoute fondés sur l’éva- tent dans toute structure et sont accessibles
luation du mécanisme respiratoire primaire par l’observation de la forme et du mouve-
(MRP), plus spécifiques de l’ostéopathie crâ- ment.
nienne.
L’observation, la palpation des structures et
la palpation des fonctions sont décrites dans Palpation des structures
ce chapitre d’abord pour les nourrissons, puis La palpation des structures exige le contact
pour les enfants, et finalement pour les ado- physique. Cela nécessite le respect de la com-
lescents. Les principes du traitement applica- plaisance du patient à être touché, tout autant
bles aux trois tranches d’âge sont développés que des mains chaleureuses et propres. Tout
dans le chapitre suivant. d’abord, palper la peau et noter ses caractéris-
tiques. Est-elle douce, lisse ou rugueuse, grasse
Observation ou sèche ? Noter la température de la peau.
Puis, palper en profondeur à travers la peau
L’observation peut être statique, comme dans pour sentir les tissus sous-cutanés, avec un
l’observation des structures, ou dynamique, contact aussi léger que possible. Chez les jeu-
comme dans l’observation des fonctions. nes enfants, la sensation de la qualité des
L’observation des structures exige une con- tissus diffère de celle d’individus plus âgés. Les
naissance minutieuse de l’anatomie, ce qui tissus sont normalement plus flexibles et plus
Examen du patient 153

souples, car la matrice des tissus conjonctifs ciation des tensions tissulaires et de la
est encore ouverte. Par conséquent, le fascia mobilité articulaire. Les tests d’écoute sont
n’est pas dense, et normalement ne donne pas employés pour évaluer la qualité et la quantité
une sensation de rigidité. du mouvement disponible, et la puissance du
Une palpation plus profonde permet MRP dans la zone examinée. La dysfonction
d’apprécier les muscles. Palper leur texture, somatique, qui peut se manifester comme une
tonus, volume et forme. Rechercher des zones restriction du mouvement anatomique, est
d’inconsistance tissulaire qui pourraient indi- toujours accompagnée d’une modification du
quer des hématomes ou des tuméfactions. MRP.
Plus de pression appliquée au travers des cou- Dans la pratique, il est recommandé
ches tissulaires permet d’apprécier les os et d’appliquer les tests d’écoute avant les tests de
leurs rapports articulaires. En fait, une pres- mobilité comportant des recherches de gran-
sion augmentée graduellement permet de des amplitudes articulaires. Théoriquement,
déterminer les différences palpables entre la dans tout examen physique, il est toujours
peau, les tissus conjonctifs, les muscles, les os préférable de commencer par les procédures
et les articulations. Il est aussi possible, par les plus délicates, pour passer ensuite aux pro-
une palpation statique, de discerner les forme, cédures plus agressives, parce que les informa-
taille et position de la structure considérée. tions des premières peuvent être influencées
Dès lors, ces informations sont comparées par les secondes. En fait, avec la pratique, la
avec les normes pour un sujet du même âge, reconnaissance des subtiles modifications du
tout autant qu’avec la même structure du côté mouvement identifiées par les tests d’écoute
opposé, dans le cas de structures paires. élimine le besoin d’effectuer d’autres tests.
Dans la dysfonction, il existe une modifica- Dès lors, la palpation des fonctions com-
tion des paramètres étudiés, forme, position mence par les tests d’écoute. La visualisation
et texture du tissu. La reconnaissance tactile du mouvement peut aussi être employée,
des qualités de ces tissus permet de comparer associée aux tests d’écoute. Lorsque l’écoute
le normal à l’anormal, et l’état de santé à la ne fournit pas d’information suffisante, ou
dysfonction. lorsque le praticien est incertain quant à la
sensation éprouvée, il peut enchaîner avec des
tests de mobilité plus dynamiques. Les tests
Palpation des fonctions
avec recherche des amplitudes de mouvement
Les informations obtenues par l’observation permettent, si nécessaire, de confirmer les
et la palpation des structures peuvent être informations obtenues par les tests d’écoute
complétées par la palpation des fonctions. Au et la visualisation.
final, le diagnostic ostéopathique est fondé Il est important pour le lecteur de com-
sur la présence ou la restriction du mouve- prendre que les termes « écoute » et « visuali-
ment. En fait, l’amplitude du mouvement dis- sation » sont employés au sens figuratif.
ponible se situe sur un continuum du mouve- « Écouter » fait référence à la forme la plus
ment, depuis les plus grandes amplitudes des passive de la palpation pour la fonction, qui
grosses articulations jusqu’à la plus subtile est non invasive. Quand une visualisation est
motilité inhérente à tout tissu vivant. employée en association avec cette palpation,
La palpation des fonctions consiste en le praticien imagine mentalement l’anatomie
l’usage de tests de mobilité et de tests de la zone palpée. Ces termes sont utilisés à
d’écoute. Les tests de mobilité sont employés maintes reprises à travers ce texte, dans ce
pour évaluer l’amplitude et la liberté du mou- contexte, et ne doivent pas être confondus
vement présent entre des structures anatomi- avec les sensations obtenues par les oreilles et
ques adjacentes. Cela peut inclure une appré- les yeux.
154 Ostéopathie pédiatrique

Tester un mouvement, c’est comparer les biphasique en concomitance avec les phases
réponses d’une structure anatomique à une d’inspiration et d’expiration du MRP. En pré-
demande de mouvement dans des directions sence de dysfonction somatique, la symétrie
opposées ; par exemple, la flexion comparée à et la puissance de cette fonction biphasique
l’extension, la rotation droite comparée à la sont perturbées.
rotation gauche. Il est impératif, dans la prati- Le premier contact dans les tests d’écoute
que des tests, qu’après chaque évaluation, la doit être effectué avec le toucher le plus léger
structure considérée retourne à la position possible, permettant au praticien d’observer le
neutre avant de procéder à l’évaluation sui- MRP, par palpation de la motilité inhérente
vante. La qualité du mouvement observé pen- des tissus, sans la perturber. La sensation du
dant le retour à la position neutre est aussi MRP peut être comparée à celle du mouve-
importante que celle du mouvement initial. Si ment de la cage thoracique pendant une res-
une composante du mouvement est dysfonc- piration tranquille. Les tissus semblent
tionnelle, la dysfonction se manifeste comme s’expanser pendant la phase d’inspiration du
une restriction de ce mouvement avec aisance MRP, avec un retour à la position de départ
dans le retour à la position neutre, alors que le pendant la phase d’expiration. L’amplitude de
mouvement dans la direction opposée est ce mouvement est aussi grande que l’ampli-
libre avec résistance dans le retour à la posi- tude observée dans la palpation du pouls arté-
tion neutre. riel périphérique, mais la fréquence corres-
Le placement des mains pour le diagnostic pond à peu près à 1/10e de celle du pouls.
par palpation est le même que celui utilisé Lorsqu’elle n’est pas affectée par une dysfonc-
pour le traitement. Pour le placement de main tion somatique, cette basse fréquence est per-
pour toutes les procédures diagnostiques sui- çue à travers l’expansion très lente de la phase
vantes, le lecteur peut consulter les descrip- d’inspiration et le retour tout aussi lent de la
tions des procédures de traitement dans le phase d’expiration. Afin de percevoir le MRP,
chapitre 6. le thérapeute doit apprendre à se poser et à se
concentrer dans l’aisance.
Tests d’écoute La fréquence du MRP varie entre 4 et
Les tests d’écoute fournissent au praticien les 14 cycles par minute, avec la majorité des
informations concernant le mouvement dis- fréquences rapportées, observées par palpa-
ponible, tout autant que la puissance du MRP. tion, qui tendent vers la moitié inférieure de
Là où les tests d’amplitude induisent active- cette gamme [2]. Cette fréquence, bien que
ment le mouvement, les tests d’écoute obser- distinctement différente, et habituellement
vent passivement. La zone examinée est plus lente que la fréquence de la respiration
observée dans le contexte du MRP, pour savoir pulmonaire, coïncide occasionnellement avec
comment les mouvements de cette zone se cette dernière, par laquelle elle peut être
produisent en association avec le MRP. Toutes entraînée [3].
les informations nécessaires, la qualité, l’asy- Une fois le rythme observé et apprécié, le
métrie et la restriction de mouvement, ainsi praticien détermine l’influence du MRP dans
que le changement de texture tissulaire, peu- une structure donnée en augmentant douce-
vent être évalués en écoutant la motilité inhé- ment la pression du contact palpatoire,
rente dans la zone examinée. jusqu’à ce que le mouvement inhérent de la
Le MRP est considéré comme l’impulsion structure spécifique soit palpé. En fait, les dif-
rythmique crânienne (IRC) quand il est palpé férentes couches anatomiques doivent être
sur la tête. Ce rythme est, cependant, palpable mentalement visualisées jusqu’à ce que le
à travers tout le corps. De ce fait, chaque niveau de la structure examinée soit atteint.
structure du corps manifeste un mouvement Cela est accompli tout en continuant d’appli-
Examen du patient 155

quer le toucher le plus léger possible à tests d’écoute est par conséquent le même que
l’endroit où le mouvement inhérent est le placement des mains pour le traitement, et
apprécié. L’utilisation, entre autres, de la le lecteur est renvoyé aux descriptions du trai-
conscience proprioceptive des muscles longs tement dans le chapitre 6.
fléchisseurs des pouces et fléchisseurs pro-
fonds des doigts fournit l’information recher- Tests de mobilité
chée. Les tests de mobilité consistent en l’évalua-
Lorsque le mouvement palpable est diffi- tion des amplitudes passives du mouvement,
cile à percevoir, il peut être utile de visualiser entre deux structures anatomiques adjacen-
mentalement le mouvement normal de la tes. Ils sont habituellement décrits en termes
structure évaluée, flexion crânienne, exten- de mouvements anatomiques : flexion anato-
sion crânienne, rotation externe et rotation mique, extension anatomique, sidebending
interne – ce mouvement est ainsi décrit dans droit, sidebending gauche, rotation droite,
le chapitre 3. Dans ce cas, imaginer mentale- rotation gauche, abduction, adduction, rota-
ment, tranquillement les mouvements à éva- tion externe et rotation interne. Ces mouve-
luer sans aucune induction active de ces mou- ments sont couplés dans des directions oppo-
vements. Cette visualisation éveille une sées, comme la flexion et l’extension, ou
conscience palpatoire subtile. La direction du l’abduction et l’adduction. Il existe un point
mouvement libre du MRP est plus facilement neutre d’équilibre fonctionnel, entre chacun
appréciable que celle du mouvement dysfonc- des mouvements couplés. Les mouvements
tionnel. sont limités par les barrières physiologiques et
L’appréciation des schémas dysfonction- anatomiques. Une dysfonction somatique
nels dans le MRP – sa fréquence et la puissance entre deux structures anatomiques adjacentes
des forces biodynamiques d’une structure se manifeste par la présence d’une barrière
donnée, ou entre différentes structures – exige dysfonctionnelle, qui limite le mouvement
une écoute calme. Le temps et la patience sont dans une direction entre les barrières physio-
souvent nécessaires pour obtenir l’informa- logiques existantes. De ce fait, quand le mou-
tion désirée. Ce toucher conscient, et non vement est évalué en présence d’une dysfonc-
seulement mécanique, se prête particulière- tion somatique, il existe une limitation du
ment bien à l’examen des nourrissons et des mouvement dans une direction, avec un nou-
enfants. Ces derniers sont aussi conscients, et veau point d’équilibre, le point neutre dys-
parfois plus conscients, de l’interaction palpa- fonctionnel.
toire entre eux-mêmes et le thérapeute. La Les tests de mobilité en terme de diagnostic
direction opposée à la dysfonction est une ostéopathique ne doivent pas être confondus
direction de malaise, alors que la direction avec les tests de mobilité employés dans les
dans l’aisance les apaise. Ils réagissent en diagnostics orthopédiques. Les amplitudes de
conséquence et immédiatement ; dès lors, les mouvement évaluées sont similaires, mais les
nourrissons et les petits enfants sont les forces employées pour produire le mouve-
meilleurs professeurs pour cette forme de dia- ment doivent être très légères, en particulier
gnostic palpatoire. avec les nourrissons et les enfants. Typique-
Pendant les tests d’écoute, le praticien ment, les mécanismes dysfonctionnels limi-
ostéopathe apprécie, « écoute », les forces tent les mouvements mineurs entre deux
inhérentes des tissus. Après avoir employé ces structures anatomiques adjacentes, comme
tests de diagnostic, le traitement peut suivre l’abduction et l’adduction entre l’ulna (cubi-
par la normalisation de ces forces inhérentes tus) et l’humérus. Pour autant, en raison de
sans séparation entre les phases de test et de l’immaturité squelettique et de la forte pré-
traitement. Le placement des mains pour les sence de fibres élastiques dans le tissu
156 Ostéopathie pédiatrique

conjonctif du jeune sujet, la sensation de la


barrière dysfonctionnelle à la fin du mouve-
ment est moins distincte chez les nourrissons
et les enfants que chez les adultes. Pour ces
raisons, les tests de mobilité doivent être
employés en utilisant le toucher le plus léger
possible, fournissant cependant la perception
du mouvement et de la barrière. Habituelle-
ment, le praticien comprend vite que les for-
ces subtiles utilisées dans les tests de mobilité
et employées de la façon la plus légère possi-
ble le guident vers la subtilité du toucher des
tests d’écoute discutés ci-dessus.

Examen du nourrisson
Observer le mouvement et la posture sponta-
nés du nourrisson couché sur la table de trai-
tement, dans les positions de décubitus dorsal
et de procubitus. Observer son aspect global,
harmonieux, ses proportions. Chercher des
asymétries de forme et de position significati-
ves. Observer l’alignement de la tête et du
tronc, et noter la présence d’hypotonicité ou
d’hypertonicité. Les nouveau-nés démontrent
normalement une flexion des coudes et des Figure 5.2. Observer les mouvements
mains, ainsi qu’une légère flexion et rotation et la posture spontanée, l’alignement
externe des membres inférieurs. En procubi- de la tête fœtale avec le tronc
tus, observer la capacité de soulever la tête, en et la présence d’hypotonicité
fonction de l’âge de l’enfant. Ces observations ou d’hypertonicité.
comme celles qui suivent peuvent identifier le
besoin de faire un examen neurologique ou
orthopédique plus minutieux ; elles ne sont
pas censées remplacer de tels examens (fi- Observation et palpation
gure 5.2). de la ceinture pelvienne
Repérer un schéma global du corps. Un et des membres inférieurs
schéma de torsion ou de spirale entre le pelvis
et la tête est très commun. Étudier soigneuse- Placer le nourrisson dans une position de
ment les différentes parties du corps pour voir décubitus. Observer les positions spontanées
si elles s’intègrent dans le schéma global du et les asymétries de la ceinture pelvienne et
corps. Généralement, la tête est inclinée et des membres inférieurs ; observer leur mobi-
tournée dans des directions opposées ; les par- lité active spontanée. Normalement, un
ties cervicale et lombale de la colonne sont nouveau-né présente une légère flexion et
inclinées du même côté que la tête, et le bas- rotation externe des hanches due à la position
sin est tourné en sens inverse de la tête. Les fœtale. Repérer les différences dans les plis des
informations observées peuvent être confir- cuisses, les asymétries de volume des cuisses.
mées par les tests d’écoute, une main placée Chercher une différence apparente dans la
sous le sacrum et l’autre sous l’occiput. longueur des membres inférieurs qui peut
Examen du patient 157

ou plus fléchie dans le cas d’une rotation


interne (postérieure), alors que l’autre cuisse
bouge librement dans les deux directions. Ces
observations peuvent refléter une dysfonc-
tion unilatérale de la hanche ou des rapports
iliosacraux.
Palper les os iliaques, et comparer leur taille
et leur forme. Comparer la symétrie des points
de repère, les épines iliaques antérosupérieu-
res (EIAS), les crêtes iliaques et les grands tro-
chanters. Évaluer les amplitudes articulaires
des hanches, flexion, extension, abduction,
adduction, et rotations interne et externe.
Normalement, lorsque le bassin repose à plat
sur la table d’examen et que les hanches sont
fléchies 90°, l’abduction doit être non doulou-
reuse, comprise entre 70° et 85°. Si l’abduction
Figure 5.3. L’asymétrie du pli interfessier est inférieure à 60°, il existe une restriction du
est fréquemment associée mouvement qui peut être associée à un rac-
à une dysfonction somatique courcissement des muscles adducteurs, ou à
intraosseuse sacrale. une dysfonction des articulations coxofémo-
rale et sacro-iliaque. Le tableau clinique du
nourrisson qui présente une abduction limi-
indiquer une dysplasie congénitale de la han-
tée d’une hanche et de l’autre côté une restric-
che. En procubitus, observer la symétrie de la
tion de l’adduction est un signe d’instabilité
musculature fessière (figure 5.3).
des articulations coxofémorales.
Noter la présence d’une torsion pelvienne
globale, incluant les deux os iliaques ; noter le Procéder aux tests d’écoute du bassin. Lors
côté de la rotation externe iliaque et celui de des mouvements de l’enfant, noter la pré-
la rotation interne. Dans ce cas, la jambe est sence de bruits, indicatifs de dysfonction des
plus étendue du côté de la rotation externe, et os pelviens. Toute restriction significative des
plus fléchie de l’autre côté. Cette relation peut mouvements ou toute douleur à l’examen
aussi bien être observée quand l’enfant est indique la nécessité d’un examen orthopédi-
tranquillement allongé, que pendant les mou- que plus complet.
vements actifs des membres inférieurs. Noter Observer les jambes et les pieds ; comparer
ensuite si ces observations sont logiques par les deux côtés. Repérer des asymétries de plis
rapport au schéma global du corps. Si c’est le ou de marques sur la peau. Noter la présence
cas, le traitement doit considérer une appro- d’une incurvation ou d’une torsion des mem-
che globale du corps avec autant d’attention à bres qui peut être totale ou partielle, comme
la région pelvienne qu’à la région crânienne. dans le cas d’une torsion tibiofémorale ou
Si le schéma pelvien n’est pas conforme au d’une torsion intraosseuse tibiale ou fémo-
schéma global du corps, alors le traitement rale. Évaluer les genoux, repérer les asymé-
doit être dirigé sur la région pelvienne dys- tries. Typiquement, du fait de la fréquente
fonctionnelle. position fœtale associée à la présentation du
La dysfonction peut impliquer un seul sommet en occipito-iliaque gauche antérieur
côté, avec une cuisse plus étendue du côté de (OIGA), le genou gauche démontre une ten-
l’os iliaque en rotation externe (antérieure), dance à la déformation en varus. Les tests
158 Ostéopathie pédiatrique

d’écoute peuvent être employés ; si nécessaire,


évaluer les amplitudes articulaires des ge-
noux : flexion, extension, abduction, adduc-
tion.
Observer les pieds pour repérer des anoma-
lies de position comme les chevauchements
d’orteils. Noter la présence d’un calcanéoval-
gus où le pied semble plat et en dorsiflexion.
Palper les pieds et apprécier la configuration
anatomique ainsi que la qualité des tissus
mous, noter toute spasticité. Les tests d’écoute
peuvent être pratiqués ; puis les tests de mobi-
lité articulaire pour évaluer l’inversion et
l’éversion passives des pieds. Le bord latéral
des pieds du bébé peut être stimulé pour éva-
luer l’abduction active. La plupart des nourris-
sons présentent un petit degré de metatarsus
adductus ; cependant, le bord latéral du pied
doit être relativement droit. Une convexité
reflète un metatarsus adductus significatif. Un
metatarsus varus associe un schéma d’inver-
sion au metatarsus adductus. Dans ce cas, il
est fréquent de trouver un genu varum et une Figure 5.4. Dépression sternale
torsion de tout le membre, en raison de la ou pectus excavatum.
position fœtale. Dans un tel cas, le traitement
doit être pratiqué sur l’ensemble du membre
inférieur, y compris l’os iliaque ipsilatéral. l’expiration faciles et d’amplitudes égales.
Appliquer les tests d’écoute sur le sternum, les
côtes et le diaphragme.
Observation et palpation Avec l’enfant en position de procubitus ou
assis, observer l’aspect de la colonne verté-
de la région thoracoabdominale
brale. En position assise, observer la cyphose
Avec l’enfant en position de décubitus, repé- infantile normale de la colonne lombale et
rer d’éventuelles asymétries, en faisant atten- thoracique. Noter d’éventuelles asymétries de
tion à la position de l’ombilic, qui devrait être la musculature paravertébrale. Palper les mus-
sur la ligne médiane de l’abdomen. Palper cles pour évaluer leur tonus. Avec l’enfant sur
l’abdomen, à la recherche de distension et de le côté, palper la forme et l’alignement des
zones de tension. Observer l’aspect du bord processus épineux des vertèbres. La présence
inférieur et de la partie antérieure de la cage d’une inclinaison vertébrale thoracique doit
thoracique. Rechercher une dépression ou être évaluée à la recherche d’une scoliose
une proéminence sternale (figure 5.4). Obser- infantile. La cause peut être une dysfonction
ver le mouvement respiratoire pulmonaire au intraosseuse, interosseuse ou membraneuse,
repos ; les nourrissons démontrent habituelle- localisée au niveau de la courbure thoracique,
ment une respiration abdominale. Noter la ou de la charnière craniocervicale, avec com-
fréquence et l’amplitude des mouvements res- pensation dans la courbure vertébrale sous-
piratoires. Le mouvement de la cage thoraci- jacente. Les déséquilibres de tension membra-
que doit être symétrique, et l’inspiration et neuse intracrânienne ou intraspinale doivent
Examen du patient 159

aussi être recherchés. Procéder aux tests sence de pathologies qui ne doivent pas être
d’écoute des zones qui semblent dysfonction- directement palpées ou manipulées.
nelles. Procéder avec respect aux tests d’ampli-
tude. Les épaules sont évaluées en abduction,
adduction, flexion, extension, rotation
Observation et palpation interne, et rotation externe ; les coudes en
de la ceinture scapulaire extension, flexion, abduction et adduction ;
et des membres supérieurs les avant-bras en supination et pronation ; les
poignets en flexion, extension, abduction,
Regarder la position et la symétrie de la cein- adduction et circumduction ; et les doigts en
ture scapulaire et des membres supérieurs. flexion et extension.
Comparer la position et la forme des clavicu-
les, et repérer une éventuelle asymétrie des
plis axillaires. Observer le tonus musculaire, la Observation et palpation
taille et la mobilité des deux bras. Même le des régions cervicale
tout jeune bébé étend les doigts et ouvre les et thoracique supérieure
mains de temps en temps. L’incapacité d’exé-
cuter cette action ou son asymétrie peut faire Avec l’enfant en position de décubitus, obser-
penser à une atteinte du plexus brachial ou à ver la position spontanée de la tête. Noter la
une fracture de la clavicule. Typiquement, présence d’une rotation et/ou d’une inclinai-
dans l’atteinte du plexus brachial la plus fré- son de la colonne cervicale. Si présentes, déci-
quente avec lésions des racines C5–C6, der si elles résultent d’une dysfonction cervi-
l’enfant maintient le membre supérieur en cale isolée ou si elles font partie d’un schéma
adduction, avec l’épaule enroulée en rotation plus global du corps. Lorsque la rotation de la
interne, tout en conservant cependant la tête se produit du côté opposé à celui de
flexion du poignet et des doigts. Quand il y a l’inclinaison, la dysfonction est souvent au
atteinte des racines C7, C8 et T1, les muscles niveau de la charnière craniocervicale. Quand
de l’avant-bras et de la main sont touchés, la tête est tournée du même côté que celui où
avec paralysie de la main et du poignet. elle est inclinée, la dysfonction est souvent au
niveau de la colonne thoracique supérieure.
Palper la partie supérieure de la cage thora- Dans de nombreux cas, lorsqu’une dysfonc-
cique et la région de l’épaule, avec une atten- tion thoracique supérieure est présente, un
tion particulière pour les clavicules. Une ano- schéma coexistant d’asymétrie dans le mou-
malie de texture des tissus et des crépitements vement des membres supérieurs correspond à
le long de la clavicule indiquent une fracture cette dysfonction. Ainsi, avec une rotation
claviculaire. Palper les bras à la recherche thoracique droite, l’enfant présente le mem-
d’une hyper- ou hypotonicité musculaire. bre supérieur gauche étendu et en rotation
Utiliser les tests d’écoute pour évaluer le interne, et le membre supérieur droit fléchi et
mouvement au niveau de l’épaule et aux en rotation externe. Dans ce cas, la tête est
niveaux sternoclaviculaire, acromioclavicu- tournée vers la droite et sucer un doigt de la
laire, ulnohuméral, radio-ulnaire proximal et main droite est plus facile ; une telle habitude
distal, du poignet et de la main. Une dysfonc- renforcerait le schéma dysfonctionnel et la
tion somatique est inconfortable, mais pas position de rotation de la tête.
nécessairement douloureuse. En revanche, Observer la tonicité de la musculature cer-
une rupture traumatique des tissus, comme vicale et le port de tête de l’enfant. Si l’enfant
une fracture claviculaire, est très douloureuse ; apparaît avoir des difficultés à soulever la tête,
le comportement de l’enfant pendant l’exa- la cause peut être une dysfonction somatique
men informe le praticien attentif de la pré- craniocervicale. Une tendance à jeter la tête
160 Ostéopathie pédiatrique

en arrière, particulièrement quand l’enfant est Observation et palpation


porté dans les bras, peut être causée par une de la voûte crânienne
dysfonction d’extension localisée à la char-
nière craniocervicale, au niveau de la colonne Observer la forme de la tête, habituellement le
thoracique supérieure, ou occasionnellement reflet de la présentation lors de la naissance.
au niveau du sacrum. Si la dysfonction est Les enfants nés en présentation du sommet
située au niveau thoracique supérieure, les ont tendance à présenter une forme de tête en
deux bras seront en abduction et en rotation « pain de sucre », plus étroite que ceux nés par
externe. opération césarienne programmée, chez qui la
tête est plus arrondie. Noter l’asymétrie de la
Palper la région cervicale à la recherche
tête. En la présence d’une plagiocéphalie, la
d’une modification de la texture des tissus.
tête vue de dessus a la forme typique du
Un enfant qui a eu une naissance difficile
« parallélogramme ». Observer la forme et la
présente souvent des tissus de texture œdéma-
symétrie des oreilles.
teuse dans la région sous-occipitale, parfois
avec des nodules. Bilatéralement, palper les Observer l’apparence générale du scalp.
muscles sternocléidomastoïdiens (SCM), sca- Noter la présence de « croûtes de lait » ou
lènes, trapèzes, semi-épineux et splénius de la d’atopie plus sévère. Noter aussi toute hyper-
tête ; rechercher des déséquilibres de la ten- sudation ; de telles conditions peuvent être
sion des fibres musculaires. Chercher un associées à une dysfonction crânienne. Obser-
hématome ou une tuméfaction dans le SCM, ver l’implantation des cheveux et rechercher
déterminer sa taille et son emplacement. Se des zones chauves indicatives d’un frottement
souvenir qu’une tuméfaction du SCM est sou- chronique du cuir chevelu sur le lit. Ces zones
vent associée à un torticolis et, par consé- peuvent refléter une posture de sommeil asy-
quent, présente un risque accru de développe- métrique, peut-être causée par une dysfonc-
ment d’une plagiocéphalie non synostotique tion de rotation des régions thoracique supé-
et d’une scoliose infantile. rieure ou cervicale supérieure, une dys-
fonction crânienne, souvent un strain hori-
Avec l’enfant, si possible, dans la position zontal de la synchondrose sphénobasilaire
de décubitus, palper les vertèbres cervicales et (SSB), ou une combinaison de ces schémas.
la région thoracique supérieure. Palper les Chez un nourrisson né à terme, la plus
processus épineux, noter leur forme et leur grande circonférence de la tête, le périmètre
alignement. Évaluer les premières côtes. crânien, est typiquement de 35 cm à la nais-
Les tests d’écoute peuvent être employés sance. La croissance de la tête est contrôlée
afin d’identifier des dysfonctions somatiques pour suivre la croissance du cerveau et
membraneuses, myofasciales, ligamentaires et l’absence de pathologie suturale du crâne,
interosseuses. Si nécessaire, procéder aux tests comme une ossification prématurée. Pour
d’amplitude des mouvements actifs et passifs. autant, cette mesure est insuffisante en cas de
À cause du risque de torticolis, la rotation et craniosynostose avec déformation où le péri-
l’inclinaison latérale doivent être soigneuse- mètre peut sembler normal, car plus une sur-
ment évaluées. L’amplitude normale de la face est déformée, plus grand est son périmè-
rotation est d’au moins 90° bilatéralement. tre [4].
Une inclinaison latérale libre doit bilatérale- Observer les œdèmes et/ou ecchymose du
ment permettre de toucher l’épaule avec scalp (caput succedaneum). Le caput succeda-
l’oreille. Suivre les principes des normalisa- neum est une accumulation sérosanguine
tions fonctionnelles pour traiter les dysfonc- localisée au-dessus du périoste, mal définie,
tions somatiques thoraciques supérieures et qui peut déborder au-delà des lignes de suture,
cervicales. et qui résulte des forces compressives de la
Examen du patient 161

naissance. Il est associé à une dysfonction tétricale, qui le plus souvent implique un os
membraneuse crânienne. Bien que l’infiltra- pariétal. On doit se souvenir que bien que la
tion des tissus mous se dissipe dans les jours bosse soit la plus apparente, la dysfonction
qui suivent la naissance, le schéma membra- implique aussi les membranes dure-mé-
neux dysfonctionnel peut persister. À la suite riennes, et par le core-link, le déséquilibre de
d’un travail prolongé, une affection plus tension peut être transmis au sacrum et au
sévère peut se développer : le céphalohéma- bassin. Dans les plagiocéphalies postérieures,
tome, un saignement sous-périosté qui ne tra- une bosse peut se former du côté opposé au
verse pas les lignes de suture. Il est facilement méplat. Dans ce cas, le traitement de la bosse
palpable avec des bords clairement définis. Il est associé au traitement de la plagiocéphalie.
apparaît le 3e ou le 4e jour postpartum, et Les méplats peuvent se développer sur les
disparaît en 4 à 8 semaines, à moins qu’il ne se os occipital, pariétal et frontal. Ils peuvent
calcifie. La zone de l’hématome peut être asso- être bilatéraux ou unilatéraux. L’apparence
ciée à une dysfonction intraosseuse ; toute- d’une zone de méplat fournit des indices
fois, cette zone ne doit pas être directement quant à son étiologie. Le méplat de la partie
manipulée avant la résolution de l’héma- supérieure de l’écaille de l’occipital peut résul-
tome. ter de la compression directe de cette zone par
Caresser doucement la voûte de la tête de le bassin maternel dans les dernières semaines
l’enfant, évaluer les anomalies dans la texture de grossesse ou pendant l’accouchement.
tissulaire et toute augmentation de la sensibi- Quand la déformation est associée à un
lité. Les zones qui ont été traumatisées, schéma de strain latéral de la SSB et/ou à une
comme les contacts des lames des forceps ou dysfonction de rotation occipitocervicale, cer-
d’un circulaire du cordon, et les parties asso- vicale ou thoracique supérieure, le méplat
ciées à une dysfonction somatique crânienne peut s’étendre pour inclure tout le côté de la
peuvent être extrêmement sensibles. De ce tête. Un méplat du côté droit de l’occiput est
fait, le toucher le plus léger est impératif pen- habituellement associé à une bosse occipitale
dant l’évaluation. La sensibilité est habituelle- gauche, alors qu’à la partie antérieure du
ment augmentée proportionnellement aux crâne, l’inverse se produit avec un méplat de
forces compressives responsables de la dys- l’os frontal gauche et une bosse à droite. Dans
fonction. cet exemple, un strain latéral droit de la SSB
Évaluer le contour crânien et sa symétrie. peut être présent, associé à une dysfonction
Rechercher les déformations, bosses, ou zones somatique axiale qui maintient la tête dans
de méplat. Les os de la voûte sont facilement une rotation droite.
accessibles à la palpation, et doivent être éva- Palper les fontanelles. Leur taille peut être
lués attentivement. La déformation peut ré- contrôlée pour évaluer l’ossification progres-
sulter de forces compressives appliquées in sive de la calvaria. Les fontanelles postérieure
utero, comme dans une grossesse multiple où et sphénoïdale sont le plus souvent fermées
un fœtus repose sur l’autre, ou lorsque la tête vers l’âge de 6 mois, alors que les fontanelles
fœtale est comprimée contre le bassin maternel antérieure et mastoïdienne se ferment dans la
osseux, ou dans les cas de présentations en deuxième année [5]. La fontanelle antérieure
siège contre les côtes maternelles. Un décro- est en forme de losange. Sa taille diffère d’un
chage entre les os frontaux et les pariétaux peut enfant à l’autre et peut être proportionnelle
être observé. Cela peut être un strain vertical de au degré de compression crânienne subie in
la SSB, résultant de la pression appliquée sur la utero ou pendant la naissance. Sa palpation
partie supérieure des os frontaux. fournit une évaluation de la tension durale et
Les bosses sur la voûte crânienne peuvent de la pression intracrânienne. La fontanelle
être consécutives à l’usage de la ventouse obs- postérieure triangulaire est plus petite et peut
162 Ostéopathie pédiatrique

vitablement associée à un déséquilibre de ten-


sion dure-mérienne.
La motilité inhérente et le mouvement glo-
bal de la voûte, autant que celui de chacun
des os peuvent être appréciés par les tests
d’écoute. Ils permettent également l’évalua-
tion des membranes durales.
L’os temporal appartient à la fois à la base
crânienne et à la voûte. Sa partie squameuse
fait partie de la voûte, et peut être visuelle-
ment observée par son effet sur les oreilles.
Noter la position, la taille et la configuration
des oreilles (figures 5.6 et 5.7). Comparer la
taille de l’hélix. Bien que les plis et déforma-
tions de l’oreille puissent être associés à des
pathologies congénitales, les asymétries résul-
Figure 5.5. Chevauchement sutural. tent souvent d’une compression chronique
des oreilles. Cela peut se produire in utero, ou
après la naissance avec la position de som-
être fermée à la naissance. Une fermeture pré- meil. Cette observation doit conduire le prati-
maturée des fontanelles peut être associée à cien à rechercher une dysfonction intraos-
une synostose suturale prématurée, alors seuse ipsilatérale de l’os temporal, tout autant
qu’un retard dans la fermeture peut être indi- que d’éventuelles dysfonctions responsables
catif d’une augmentation de la pression intra- d’une posture de sommeil asymétrique.
crânienne et d’autres pathologies comme Une oreille peut être déplacée antérieure-
l’hypothyroïdisme, ou la trisomie [6]. ment ou postérieurement. Dans une pla-
Évaluer les sutures, la qualité de leur tissu, giocéphalie non synostotique, l’oreille du
leur motilité inhérente et la présence de che- côté du méplat occipital est déplacée antérieu-
vauchement osseux. L’appréciation du MRP rement par rapport à l’autre oreille (figure
au niveau de la suture peut être faite en pla- 5.8). Si l’oreille est déplacée postérieurement
çant deux doigts d’une main de part et d’autre du côté aplati, une évaluation diagnostique
de la suture. Les sutures qui ont été compri- supplémentaire est indiquée, car de tels dépla-
mées sont moins résilientes. Les synostoses cements d’oreille peuvent être associés à une
suturales démontrent la plus grande perte de plagiocéphalie synostotique [8]. Toutefois, ce
flexibilité. Les chevauchements de sutures signe n’est pas un indicateur exclusif des pla-
peuvent se produire n’importe où dans la giocéphalies synostotiques, qui présentent
voûte, mais sont plus fréquents au niveau des aussi parfois une position d’oreille antérieure
sutures coronale et lambdoïde, et moins sou- du côté aplati [9,10]. Cela illustre l’impor-
vent rencontrés dans les sutures sagittale, tance de l’évaluation palpatoire de la com-
squameuse et sphénosquameuse (figure 5.5). pliance suturale, et dans de tels cas, du dia-
La séparation de la suture est un signe d’aug- gnostic par imagerie médicale.
mentation de la pression intracrânienne, et Pour autant, de grandes variations existent
une suture squameuse plus large est considé- dans la position des auricules, même chez des
rée comme un signe d’hydrocéphalie [7]. nouveau-nés parfaitement normaux [11]. Ces
Les fibres dure-mériennes contribuent lar- variations sont importantes pour l’ostéopa-
gement à l’anatomie de la suture. Dès lors, the, car l’oreille externe est le miroir de l’os
n’importe quelle dysfonction suturale est iné- temporal. L’oreille peut être décollée, habi-
Examen du patient 163

Figures 5.6 et 5.7. Asymétrie de position, taille et forme des deux oreilles.

tuellement en association avec une rotation


externe du temporal ipsilatéral (figure 5.9), ou
plaquée contre le côté de la tête avec une
rotation interne. De plus, l’observation de la
position relative des attachements supérieur
et inférieur de l’auricule permet d’évaluer la
rotation de l’os temporal dans le plan sagittal.
Une rotation antérieure de l’os temporal est
probable lorsque l’attachement supérieur est
plus antérieur que l’attachement inférieur.
Inversement, un attachement supérieur plus
postérieur qu’un attachement inférieur laisse
penser à une rotation temporale postérieure.
La rotation antérieure ou postérieure de l’os
temporal dans le plan sagittal est, respective-
ment, la composante majeure des rotations
externe et interne. Bien que le décollement
relatif de l’oreille soit facilement observable,
Figure 5.8. Dans les plagiocéphalies la position relative des attachements supé-
rieur et inférieur de l’auricule est un indica-
non synostotiques,
teur plus fiable de la dysfonction somatique
l’oreille du côté de l’aplatissement occipital de l’os temporal. Les signes visuels doivent
est déplacée vers l’avant. être confirmés par les tests d’écoute, comme
décrits dans le chapitre 6.
164 Ostéopathie pédiatrique

Noter l’aspect de la fosse temporale. Elle


renseigne sur la face latérale de la grande aile
du sphénoïde. La fosse temporale est pleine
dans la flexion-rotation externe et creusée
dans l’extension-rotation interne. Un schéma
de torsion de la SSB du côté de la fosse tempo-
rale haute peut être présent lorsque l’oreille
ispsilatérale est décollée, avec une combinai-
son inverse de l’autre côté. Un schéma de
sidebending-rotation de la SSB du côté de
la fosse temporale basse est suspecté lorsque
l’oreille ispsilatérale est décollée, avec
l’inverse de l’autre côté.
Le processus mastoïde, la partie mastoï-
dienne et la partie pétreuse de l’os temporal
Figure 5.9. Oreilles « décollées » associées participent à la constitution de la base crâ-
à une rotation externe des os temporaux. nienne. Les processus mastoïdes ne sont pas
présents chez le nouveau-né. Ils se dévelop-
Observation et palpation pent pendant la première année de vie et peu-
vent seulement alors être évalués. Observer et
de la base crânienne palper leur taille et leur position. La pointe du
La base du crâne n’est pas totalement accessi- processus mastoïde se déplace postérieure-
ble à l’observation ou à la palpation directe. ment et médialement avec la rotation externe
Les parties latérales de l’occiput, ou exocci- de l’os temporal, et antérieurement et latérale-
puts, et la partie basilaire de l’occiput, comme ment avec la rotation interne. La palpation
le corps et les petites ailes du sphénoïde, l’eth- pour la fonction permet de faire la différence
moïde, et les parties pétreuses des os tempo- entre une position du processus mastoïde
raux sont évaluées indirectement. associée à une dysfonction de l’os temporal et
Observer et palper la forme, la position et la celle résultant de la rotation et/ou de l’incli-
flexibilité intraosseuse de l’écaille de l’occipi- naison vertébrale. Des asymétries de la taille
tal au-dessous de la ligne nuchale supérieure des processus mastoïdes peuvent résulter
et de la protubérance occipitale externe. Faire d’une dysfonction intraosseuse temporale ou
particulièrement attention à la partie la plus de la traction asymétrique des muscles sterno-
inférieure de l’écaille de l’occipital. Un dépla- cléidomastoïdiens.
cement antérieur d’un côté par rapport à Palper bilatéralement les parties mastoï-
l’autre peut refléter une compression du diennes des os temporaux. Chercher une dif-
condyle occipital ipsilatéral. La palpation férence dans leurs position, taille et densité.
d’une asymétrie peut aussi indiquer une dys- Une asymétrie peut refléter une dysfonction
fonction intraosseuse ou une accommodation intraosseuse de l’os temporal, ou l’accommo-
occipitale à une dysfonction somatique de la dation à une autre dysfonction somatique.
SSB ou de la colonne cervicale. La palpation Fréquemment, la dysfonction de la suture
pour la fonction, comme décrite ci-après, per- occipitomastoïdienne est la cause d’une telle
met d’évaluer les rapports intraosseux entre asymétrie.
les parties occipitales, et les rapports interos- Les parties pétreuses des os temporaux ne
seux entre l’occiput, le sphénoïde et la sont pas visibles ou directement palpables.
colonne, pour différencier les causes de l’asy- Comme les parties latérales et basilaire de
métrie occipitale. l’occiput, l’ethmoïde, le corps et les petites
Examen du patient 165

ailes du sphénoïde, ces parties peuvent être sa coopération. Comme pour l’étude de la
évaluées par les tests d’écoute. Pour ce faire, SSB, les prises fronto-occipitale ou par la voûte
une connaissance complète de l’anatomie de peuvent être utilisées ; elles sont particulière-
la région et sa visualisation mentale pendant ment satisfaisantes pour évaluer la faux du
l’écoute sont essentielles. cerveau, alors que la prise temporale à cinq
Pratiquer les tests d’écoute pour évaluer les doigts peut être utilisée pour évaluer la tente
mouvements de la SSB. Utiliser la prise fronto- du cervelet.
occipitale ou par la voûte pour identifier la
Employer les tests d’écoute pour évaluer les
flexion, l’extension, les torsions, les sideben-
schémas globaux des membranes de tension
ding-rotations, les strains et compressions.
réciproque. Une tension dysfonctionnelle du
Pendant la palpation de l’occiput, écouter
système membraneux peut entretenir une
sa motilité inhérente et son rapport aux struc-
dysfonction inter- ou intraosseuse, et son
tures environnantes. La présence d’une dys-
diagnostic est primordial. On retiendra que
fonction se manifeste par une diminution de
l’ossification du crâne du nourrisson n’est
la motilité. En même temps, visualiser menta-
pas complète, et que l’ossification s’achève
lement l’occiput et ses synchondroses intraoc-
influencée par les directions des déséquilibres
cipitales antérieure et postérieure. Les condy-
de tension présents dans les membranes dura-
les occipitaux sont localisés au niveau des
les. Par conséquent, l’identification et le trai-
synchondroses intraoccipitales antérieures et
tement de ces déséquilibres membraneux
sont souvent le site de dysfonctions intraos-
sont impératifs. Une attention particulière
seuses. Une compression condylienne donne
doit être accordée aux pôles d’insertion de la
une sensation de tension et de restriction de la
dure-mère : la faux du cerveau sur l’écaille de
motilité de ce côté de l’occiput.
l’occipital et la crista galli de l’ethmoïde, et la
Le rapport entre l’occiput et les os tempo-
tente du cervelet sur les arêtes supérieures des
raux peut être apprécié avec différentes prises.
parties pétreuses des os temporaux et les pro-
Examiner la suture occipitomastoïdienne et,
cessus clinoïdes du sphénoïde. Avec les tests
indirectement, le foramen jugulaire. La suture
d’écoute, définir les zones de tension dysfonc-
pétro-occipitale doit aussi être évaluée.
tionnelle dans la dure-mère. Les membranes
Comme elle reste non ossifiée toute la vie,
durales participent à la formation de struc-
c’est normalement une zone où une liberté de
tures primordiales comme le sinus caver-
mouvement devrait toujours exister.
neux, ou le ligament pétrosphénoïdal, et leur
Écouter la motilité inhérente des tempo- dysfonction peut impacter ces structures.
raux, visualiser mentalement leurs synchon- Comme toujours, pour le diagnostic, « a
droses. Visualiser les structures associées à l’os knowledge of anatomy with its application covers
temporal, telles que l’artère carotide ou le nerf every inch of ground that is necessary to qualify
trijumeau, et définir les éventuelles dysfonc- you to become a skillful and successful Osteo-
tions affectant ces structures. path... » [12] (« une connaissance de l’anato-
Les principes décrits ci-dessus peuvent être mie et de ses applications couvre tout ce qui
appliqués au sphénoïde et à l’ethmoïde. Le est nécessaire afin de vous qualifier pour deve-
diagnostic est réalisé par les tests d’écoute et la nir un Ostéopathe habile et efficace... »).
visualisation mentale des synchondroses
sphénoïdales et ethmoïdales, autant que celle
des rapports de ces os avec les structures envi- Observation et palpation
ronnantes.
du viscérocrâne
L’évaluation des membranes dure-mé-
riennes peut être réalisée à tout moment de Observer l’apparence et l’expression de
l’examen, selon la tolérance du nourrisson et l’enfant. Semble-t-il heureux ou exprime-t-il
166 Ostéopathie pédiatrique

un malaise ? La dysfonction somatique est nation de la musculature linguale et orofa-


souvent inconfortable et cause divers degrés ciale, la fréquence et la puissance de la
de malaise. succion ainsi que la facilité de l’éructation.
L’expression faciale du bébé fournit égale- S’intéresser à la succion non nutritive, et
ment des informations quant à la présence et éventuellement au comportement de l’enfant
à l’origine des asymétries de la face. Recher- à la présentation d’une sucette. Les enfants
cher les asymétries des structures et des fonc- qui démontrent une position de langue anté-
tions. Les asymétries structurales, déforma- rieure rejettent les sucettes en les repoussant
tions et non pas malformations, peuvent être avec la langue. Si l’enfant refuse une tétine de
le résultat de dysfonctions intraosseuses. Dès biberon ou de sucette, il est important d’iden-
lors, elles peuvent être traitées par des procé- tifier la forme de cette tétine, qui ne convient
dures ostéopathiques. Pour éviter une évolu- peut-être pas à sa morphologie, ou d’identifier
tion irréversible, ces asymétries structurales les dysfonctions somatiques responsables du
devraient être diagnostiquées et traitées le défaut de succion.
plus tôt possible. Cela est particulièrement Observer la respiration de l’enfant au
important dans le viscérocrâne, où toute dys- repos. Les nouveau-nés présentent normale-
fonction des premières semaines de vie affecte ment une respiration nasale et cette respira-
un potentiel de croissance encore extrême- tion doit être silencieuse. Si la respiration est
ment grand. bruyante, sans pathologie des voies aériennes
Les asymétries fonctionnelles peuvent être supérieures, le site d’origine du bruit doit être
le résultat de dysfonctions interosseuses ou identifié. Les sons de la région nasale supé-
myofasciales ; elles peuvent aussi suivre des rieure qui ressemblent à une congestion
asymétries structurales. Bien que la structure nasale peuvent refléter une dysfonction du
et la fonction soient intimement associées, la frontal, des os ethmoïde ou nasaux. Les sons
reconnaissance de la cause primaire de l’asy- stertoreux, de ronflement nasopharyngien
métrie est utile pour le traitement. peuvent refléter une dysfonction de la base
Les asymétries musculaires peuvent aussi crânienne, ou des maxillaires. Les sons avec
être dues à des paralysies, comme la paralysie tendance au stridor laryngien peuvent être
du nerf facial. Une paralysie subtile de ce nerf associés à une dysfonction de la base crâ-
peut être reconnue en observant la motricité nienne, de l’os hyoïde et de la colonne cervi-
fine des lèvres, qui doit normalement être cale.
symétrique.
L’observation faciale doit être faite avant de Os frontal
toucher l’enfant. La face des nourrissons est
Observer le front. Rechercher une proémi-
extrêmement sensible, et son toucher exige le
nence de la suture métopique, signe d’une
contact le plus délicat. Il est donc important
dysfonction interosseuse entre les deux os
d’obtenir le plus d’information possible par
frontaux avec compression bilatérale, comme
l’observation.
cela peut arriver avec l’usage des forceps.
Observer l’asymétrie des os frontaux. Un côté
Fonctions orofaciales peut être comprimé vers le bas ou l’arrière par
Observer les diverses fonctions orofaciales, rapport à l’autre. Cette déformation de l’os
comme la respiration, la succion, la dégluti- frontal peut résulter d’une compression
tion, et la production de sons. Si les circons- directe ou d’une compensation associée à la
tances le permettent, observer l’enfant pen- dysfonction de strain latéral de la SSB, comme
dant la tétée. Noter l’agitation de l’enfant, dans les déformations du crâne en parallélo-
noter l’aisance avec laquelle l’enfant posi- gramme des plagiocéphalies postérieures non
tionne le cou et la mandibule, noter la coordi- synostotiques.
Examen du patient 167

de la hauteur orbitaire, est associée à une dys-


fonction intraosseuse ou de rotation interne
de l’os frontal. De ce côté, l’œil semble plus
petit et, chez le nouveau-né, au réveil, cet œil
peut s’ouvrir moins vite que l’autre.
Les changements dans la dimension du
diamètre orbitaire, entre les angles supéromé-
dial et inférolatéral de la cavité orbitaire, peu-
vent être le reflet d’un schéma unilatéral de
rotation externe ou interne des os qui consti-
tuent la cavité orbitaire. La flexion-rotation
externe crânienne augmente le diamètre orbi-
taire et produit une cavité orbitaire plus large.
L’extension-rotation interne diminue le dia-
Figure 5.10. Palpation du front pour évaluer
mètre orbitaire, et la cavité orbitaire est plus
la suture métopique. étroite.
Le bord postéro-inférieur de l’os zygomati-
que forme le relief de la pommette. Dans la
Toute dysfonction de l’os frontal se mani- rotation interne zygomatique, la pommette
feste dans la face sous-jacente. Dès lors, obser- semble proéminente, alors qu’elle paraît effa-
ver le rapport entre le frontal et les os de la cée dans la rotation externe. Observer la posi-
face. La face doit être symétriquement suspen- tion de l’os zygomatique, et noter son effet sur
due en dessous des os frontaux, et non déviée le diamètre orbitaire, qui est augmenté dans la
d’un côté ou de l’autre. Le bloc facial ne doit rotation externe et diminué dans la rotation
pas être comprimé sous les os frontaux. interne. La palpation pour la fonction con-
Palper doucement le front (figure 5.10). firme l’observation ; si nécessaire, traiter toute
Noter la forme et la compliance des os fron- dysfonction identifiée.
taux. Appliquer les tests d’écoute pour recher-
Pour évaluer la fonction des muscles
cher des dysfonctions interosseuses et intraos-
extraoculaires, tenir un jouet ou tout autre
seuses frontales. Pendant cette procédure, la
objet brillant devant l’enfant afin d’attirer son
visualisation mentale est utile pour évaluer
attention. Déplacer l’objet horizontalement,
précisément les zones de restriction. Une dys-
verticalement et dans les deux diagonales.
fonction de rotation interne des os frontaux
Noter et comparer la vitesse et l’aisance avec
est importante, car cela diminue la largeur de
lesquelles les deux yeux se déplacent pour
l’incisure ethmoïdale, limite les mouvements
suivre l’objet. Relever toute asymétrie dans ces
de l’os ethmoïde sous-jacent, et affecte le
mouvements, et dans la position neutre de
mouvement biphasique du MRP des cavités
l’œil au repos. Des degrés variés d’asymétrie
nasales.
peuvent être observés, depuis le plus insigni-
fiant au strabisme le plus évident. Ils peuvent
Cavité orbitaire et œil résulter d’une dysfonction crânienne des os
Un frontal en dysfonction peut affecter les de l’orbite. Les deux formes de strabisme les
yeux. Observer la forme des sourcils, la forme plus ordinairement rencontrées sont les
et la taille des cavités orbitaires et des bulbes déviations médiale et supéromédiale. La dé-
oculaires. Chez le bébé, le globe oculaire est viation médiale de l’œil peut être associée à
normalement important et se projette légère- une dysfonction ipsilatérale de l’os temporal,
ment au-delà du bord orbitaire. Une ligne de affectant le nerf abducens (VI) lors de son
sourcils déplacée vers le bas, avec diminution passage sous le ligament pétrosphénoïdal. La
168 Ostéopathie pédiatrique

déviation de l’œil dans la direction oblique


supéromédiale peut refléter une dysfonction
ipsilatérale de l’os frontal, et de son rapport au
muscle oblique supérieur au niveau de la pou-
lie de réflexion attachée sur la fossette tro-
chléaire de l’os frontal. L’identification d’ano-
malies fonctionnelles de l’œil nécessite un
bilan ophtalmologique pour éliminer toute
autre pathologie. La présence d’un épican-
thus, un pli de peau vertical qui s’étend de la
paupière supérieure vers le bas et couvre la
partie médiane de l’œil, peut donner l’appa-
rence d’un strabisme convergent. Pour
autant, le plus souvent cette caractéristique
normale dans certains groupes ethniques
n’exige pas de traitement. L’épicanthus peut
être parfois un signe de désordre génétique
comme la trisomie 21, et dans ce cas d’autres
évaluations sont nécessaires. Figure 5.11. Observation du nez.
Observer le bébé de profil. Regarder les
Noter la présence des asymétries.
yeux. La proéminence du globe peut être aug-
mentée du côté de la rotation externe crâ-
nienne. Inversement, du côté de la rotation
interne, l’œil est moins proéminent. quemment. Très souvent, le nez est comprimé
Des cernes sous les yeux peuvent être asso- en rotation postérieure sous les os frontaux,
ciées à une dysfonction de l’os frontal et reflè- ce qui résulte en une dysfonction au niveau
tent une diminution du drainage vasculaire de la suture frontonasale, et un sillon à hau-
de la région. Une obstruction du canal lacry- teur du nasion. Typiquement, une respiration
monasal est aussi associée à une dysfonction bruyante accompagne cette dysfonction, et la
de l’os frontal avec les os lacrymal et maxil- palpation de la zone de la suture frontonasale
laire. Dans les cas sévères, un larmoiement montre une texture tissulaire plus œdéma-
excessif est présent, alors que dans les formes teuse.
plus légères, seuls quelques débris sont parfois Comparer la taille et la forme des narines.
visibles au coin interne de l’œil. Les principes Avec la plus grande délicatesse, palper la
des normalisations indirectes doivent être pointe du nez. Le plus doucement possible,
employés avec grande délicatesse pour traiter introduire un déplacement latéral gauche et
l’obstruction du canal lacrymonasal ; le plus droit, et comparer la compliance. Une
souvent, le résultat est excellent. réponse asymétrique peut résulter d’une asy-
métrie du septum nasal. Cela peut aussi reflé-
Nez ter une dysfonction somatique des os eth-
moïde, maxillaires, nasaux, et des cartilages
Ensuite, observer la symétrie globale du nez
nasaux. Les parents peuvent décrire une aug-
(figure 5.11). Des sillons horizontaux peuvent
mentation des sécrétions nasales et la pré-
être présents à la racine du nez. De toutes les
sence de quelques croûtes du côté dysfonc-
structures faciales, le nez, par sa proéminence,
tionnel.
est la plus vulnérable ; par conséquent, pen-
dant l’accouchement, une compression Les rapports entre le vomer et les os sphé-
nasale ou une subluxation se produit fré- noïde, ethmoïde, maxillaires et palatins, tout
Examen du patient 169

autant que l’articulation entre les deux maxil-


laires doivent être évalués. Les cartilages
nasaux doivent être contrôlés dans leur rap-
port avec les os nasaux et la lame perpendicu-
laire de l’ethmoïde.
La columelle est l’ancrage des cartilages du
nez et des tissus conjonctifs qui les entourent.
Cet ensemble de tissus mous est dans la
continuité des tissus situés autour des ouver-
tures narinaires. Les narines fonctionnent
comme des soupapes qui s’ouvrent pendant
la respiration nasale. Cette action valvulaire
est réglée par les muscles dilatateurs des nari-
nes. La respiration nasale stimule ces structu-
res. En revanche, la respiration buccale est
associée à une hypotonicité palpable au
niveau de la columelle. Cette hypotonicité
est aussi associée à une dysfonction du sep- Figure 5.12. Le déplacement antérieur
tum nasal.
de la langue est fréquemment associé
Appliquer des principes des normalisations
indirectes pour traiter les dysfonctions myo-
à une dysfonction somatique de la base
fasciales de la région nasale. Utiliser les procé- crânienne et de la charnière craniocervicale.
dures crâniennes indirectes pour traiter les
dysfonctions identifiées entre le vomer et les
os adjacents, entre les deux maxillaires, et sont tranquilles. Si l’enfant présente une bou-
entre les cartilages nasaux, les os nasaux et la che ouverte avec la langue positionnée vers
lame perpendiculaire de l’ethmoïde. l’avant, voire sortie de la cavité orale, il faut
suspecter une dysfonction de la base crâ-
Maxillaires et cavité orale nienne probablement associée à une dysfonc-
tion de la mandibule et de l’os hyoïde (fi-
Évaluer la proportion de la partie inférieure de
gure 5.12). Cette position linguale prédispose
la face par rapport à l’ensemble de la face.
l’enfant à baver.
Chez le nouveau-né, cette partie du viscéro-
crâne est normalement plus petite que chez L’intérieur de la bouche doit être soigneu-
l’adulte, car les sinus ne sont pas entièrement sement examiné. Évaluer la longueur du frein
développés et les dents ne sont pas encore de la langue. Un frein de la langue trop court
sorties. peut nécessiter une frénotomie pour redonner
Observer les maxillaires, et comparer leur à la langue toute sa mobilité. Les effets sur le
taille et forme. Comme le nez, les maxillaires langage, la croissance et le placement normal
semblent souvent comprimés et en rotation des dents sont significatifs. Examiner les
postérieure sous les os frontaux. Observer la dents, leur position et éruption en rapport
position de la mandibule ; noter l’emplace- avec l’âge de l’enfant. En même temps, obser-
ment du gnathion qui peut être déplacé. Nor- ver la forme et la symétrie du palais. Un palais
malement, un nouveau-né est rétrognathe. aplati et large est associé à la rotation externe
En observant la zone de la bouche, regarder des maxillaires, et un palais étroit et ogival à la
tout d’abord les lèvres. Normalement, les rotation interne.
bébés respirent par le nez ; ils gardent la bou- La palpation pour la fonction et le traite-
che fermée et les lèvres rapprochées lorsqu’ils ment des dysfonctions identifiées devraient
170 Ostéopathie pédiatrique

suivre. Parfois, la normalisation des restric- être tendu aux plus jeunes. Il peut contenir
tions de mouvement et l’amélioration de la des objets non dangereux mais fascinants par
motilité inhérente relâchent les tensions pré- leurs formes insolites et leurs couleurs brillan-
sentes dans la matrice osseuse, ce qui peut tes, de même que des objets plus complexes
améliorer un retard fonctionnel dans l’évolu- avec différentes parties à démonter et à assem-
tion du développement. Ainsi, la normalisa- bler. Dès l’instant où l’enfant commence à
tion de la SSB, des os de la voûte et de la face jouer, cela fournit au praticien l’occasion
peut faciliter l’éruption dentaire. d’évaluer le niveau d’interaction parentale, la
personnalité de l’enfant, son caractère timide,
Examen de l’enfant prudent, soucieux ou curieux. Le discours, la
maîtrise verbale et les capacités cognitives,
Les principes fondamentaux de l’examen de comme la maîtrise de la motricité fine et
l’enfant et l’interprétation des résultats sont d’une bonne coordination peuvent être aussi
similaires à ceux décrits chez le nourrisson. La évalués durant ces jeux. De plus, lorsque
différence est que, normalement, le système l’enfant commence à jouer, les parents, par-
musculosquelettique de l’enfant a grandi et fois aussi inquiets quant au déroulement de la
est plus développé. Les zones qui étaient non séance, se relâchent, ce qui en retour conforte
ossifiées chez le bébé sont maintenant pro- l’enfant. La plupart des enfants s’impliquent
ches de leur ossification, ou entièrement ossi- dans le jeu, ce qui permet au praticien d’éta-
fiées. Le tonus et la coordination musculaires blir le contact physique nécessaire pour le
ont progressé. L’enfant a atteint certaines diagnostic et le traitement. La création d’un
phases du développement psychomoteur et a tel environnement de confort et de détente
acquis la position bipède. Cela conduit donc à est totalement conforme aux principes indi-
ajouter un examen structurel et fonctionnel rects et accroît l’efficacité du traitement ostéo-
de la posture debout. pathique.
Le savoir-faire dans l’établissement du rap- La description suivante suit une séquence
port soignant–soigné avec les jeunes enfants arbitraire. L’ordre peut varier en fonction de la
est essentiel afin de gagner leur confiance et coopération de l’enfant, et de la zone dysfonc-
leur coopération. En fait, les plus jeunes tionnelle. Il est parfois préférable, si cela n’est
d’entre eux peuvent déjà présenter une his- pas inconfortable à palper, de commencer
toire personnelle de rencontres mal vécues l’évaluation en examinant la zone dont se
avec des praticiens de la santé. Ils ont proba- plaint l’enfant, pour communiquer l’idée que
blement subi des injections et les visites médi- l’intention du traitement est d’alléger sa souf-
cales sont associées à des souvenirs désagréa- france. L’examen doit être exécuté de telle
bles. Il est donc nécessaire de diminuer leurs façon que l’enfant perçoive que le praticien
craintes. Dès lors, laisser l’enfant près du est fiable et maître de la situation. Cela définit
parent et l’approcher lentement. L’échange des limites pour l’enfant, et l’encourage à coo-
commence à travers les expressions faciales et pérer. Bien que cela semble paradoxal, il est
le langage du corps. Donner du temps à entièrement possible pour le praticien d’être à
l’enfant pour établir une sensation de sécurité la fois doux et joueur, et pourtant ferme et en
territoriale. En dehors de situations d’urgence, contrôle de la procédure. L’examen ostéopa-
nous nous refusons à toucher un enfant avant thique et le traitement du patient sont plus
qu’il n’accepte le contact. que de simples palpation et manipulation.
En fait, les jouets sont le secret d’une Cela nécessite un échange dynamique entre le
approche réussie. Offrir à l’enfant la possibi- sujet et l’ostéopathe. Il est important d’expli-
lité de jouer facilite considérablement le quer simplement à ces patients ce qui est fait
contact. Un panier de jouets à découvrir peut et pourquoi cela est fait.
Examen du patient 171

Observation et palpation
en position debout
Quelle que soit la plainte principale, l’examen
doit toujours commencer par l’évaluation de la
posture debout, à moins que l’enfant soit inca-
pable de prendre cette position. Cela donne
une perspective globale du corps du sujet.
Pour ce faire, il est intéressant d’avoir
l’enfant si possible dévêtu pour pouvoir obser-
ver le dos et les jambes. Les jeunes enfants ne
sont pas toujours volontaires pour un examen
statique. Pour autant, leur posture dynamique
et leurs mouvements peuvent être évalués en
observant leurs déplacements. Ce type d’exa-
men dynamique est particulièrement riche en
informations pour les membres inférieurs. Lors
de la marche, l’alignement des pieds est facile-
ment évalué, ce qui permet de définir si le pied Figure 5.13. Observer l’alignement
tourne vers le dehors ou le dedans. Un pied qui des extrémités inférieures et noter tout valgus
rentre est commun, fréquemment dû à une ou varus. Observer ici une torsion tibiale
torsion tibiale interne et/ou à une augmenta-
droite et un valgus du pied droit.
tion de l’antéversion fémorale. Les pieds sont
également observés pour rechercher une inver-
sion ou une éversion. Typiquement, les jeunes et des crêtes iliaques. Une différence de hau-
enfants ont un coussinet plantaire qui donne teur entre ces points de repère peut indiquer
l’apparence de pieds plats. En fait, l’arche plan- une croissance inégale des os longs des mem-
taire longitudinale n’apparaît qu’entre 2 et bres inférieurs, ou une dysfonction des os du
6 ans [13]. Néanmoins, si l’enfant se met sur la pied, de la jambe ou du bassin. Observer le
pointe des pieds, avant que l’arche ne soit bassin à la recherche d’une augmentation de
complètement développée, l’arche longitudi- sa bascule antérieure, souvent en rapport avec
nale médiale peut être observée. une extension craniosacrale du sacrum, une
Observer l’alignement des membres infé- lordose lombale augmentée ou une distension
rieurs et noter la présence de valgus ou varus abdominale associée à une dysfonction gas-
des pieds et des genoux (figure 5.13). Typique- tro-intestinale. Inversement, une diminution
ment, les enfants de moins de 2 ans présen- de la bascule antérieure normale du bassin est
tent un varus des genoux et, après 2 ans, une en rapport avec une dysfonction de flexion
apparence de valgus jusqu’à 5 ou 6 ans. Cher- craniosacrale du sacrum ou du coccyx.
cher aussi une rotation interosseuse entre le Évaluer l’alignement de la colonne verté-
tibia et le fémur, et une torsion intraosseuse brale et ses courbures. En étant placé derrière
de l’un ou l’autre. Noter le placement de la l’enfant, observer la symétrie des repères ana-
rotule. Sa déviation médiale est associée à une tomiques, les angles scapulaires, la hauteur
torsion fémorale ou à une dysfonction de l’os des épaules et des processus mastoïdes (fi-
iliaque. Vérifier la capacité de l’enfant de gure 5.14). Noter le niveau de la pointe des
s’accroupir, sauter et courir. doigts lorsque l’enfant tient ses bras dans une
Puis observer le bassin, son asymétrie et position relâchée sur les côtés. Les courbures
l’inégalité de hauteur des grands trochanters vertébrales avec inclinaison latérale résultent
172 Ostéopathie pédiatrique

peut être facilement observée avec l’enfant


dans une position fléchie vers l’avant. Les
courbures d’inclinaison latérale de la colonne
vertébrale peuvent être des dysfonctions
somatiques primaires. Elles peuvent aussi être
secondaires à une dysfonction craniocervicale
qui affecte la colonne sous-jacente, ou à une
inclinaison pelvienne qui affecte la colonne
sus-jacente. Comme chez les nourrissons, les
dysfonctions responsables de la courbure peu-
vent être intraosseuses, interosseuses ou
membraneuses.
En se plaçant sur le côté de l’enfant, obser-
ver les courbures vertébrales antéropostérieu-
res (AP). Typiquement, une lordose lombale
est présente chez les jeunes enfants, jusqu’à
l’âge de 7 ans. Une augmentation de la cour-
bure limitée à une partie de la colonne verté-
brale peut refléter une dysfonction dans la
courbure, dans une courbure adjacente ou
aux charnières situées entre les courbures ver-
tébrales. Une projection de la tête vers l’avant
est souvent associée à une respiration dys-
fonctionnelle, comme dans les cas de rhinite
chronique et de respiration buccale. Théori-
quement, l’enfant présente alors une augmen-
tation des courbures AP cervicale et thoraci-
que supérieure, associée à une dysfonction
somatique de la charnière craniocervicale
et/ou des vertèbres thoraciques supérieures.
Une augmentation de toutes les courbures
peut être le résultat d’une dysfonction cranio-
sacrale et/ou du sacrum. Les courbures AP
sont diminuées avec une flexion craniosa-
crale, et ces courbures sont augmentées avec
une extension craniosacrale (figure 5.15). La
détection précoce d’une augmentation ou
Figure 5.14. Observer la symétrie d’une diminution des cyphoses et lordoses est
des repères anatomiques. essentielle pour un traitement efficace.
Noter l’inclinaison latérale droite de la tête. Évaluer les mouvements de grande ampli-
tude normalement présents dans la colonne
en une asymétrie de ces repères. Rechercher vertébrale en demandant une participation
une proéminence paravertébrale asymétrique, active de l’enfant, dans la flexion, l’extension,
en rapport avec la rotation d’une courbure l’inclinaison et la rotation de chacune des
vertébrale. Une telle proéminence est locali- portions vertébrales, pour confirmer les obser-
sée sur le côté de la convexité de la courbure et vations précédentes. Les tensions musculaires
Examen du patient 173

de ses compensations. Le traitement doit


autant inclure une prise de conscience avec
rééducation proprioceptive, que des normali-
sations ostéopathiques.
Observer la partie antérieure de la cage tho-
racique, rechercher la présence de pectus
excavatum (thorax en « entonnoir »), de pec-
tus carinatum (thorax en « carène ») et de
pectus arcuatum (« cuvette sternale »). Re-
chercher une protraction ou une asymétrie de
la ceinture scapulaire.
Palper la forme et l’alignement des proces-
sus épineux des vertèbres. Les tests d’écoute
peuvent être pratiqués pour compléter l’exa-
men ; si nécessaire, effectuer des tests de
mobilité articulaire. En raison de la flexibilité
de leurs structures myofasciales, les barrières
dysfonctionnelles des jeunes enfants diffèrent
de celles des adolescents et des adultes, et ne
sont pas rencontrées avec autant de résistance
au mouvement.
Un schéma global du corps, avec tendance
à l’éversion des pieds, voire des pieds plats, un
genu valgum bilatéral, et des courbures AP
augmentées, particulièrement la courbure
A B lombale, peut correspondre à un schéma cra-
niosacral dysfonctionnel d’extension-rota-
Figure 5.15. A. Une diminution tion interne. Inversement, une inversion des
des courbures sagittales accompagne pieds avec une augmentation de l’arche longi-
la flexion craniosacrale. tudinale médiale, un genu varum bilatéral
B. Une augmentation des courbures et des courbures sagittales diminuées peut
sagittales accompagne l’extension être associé à un schéma de flexion-rotation
craniosacrale. externe.
La palpation pour la structure et la fonc-
tion peut être également pratiquée avec
des groupes antérieurs et postérieurs diffèrent
l’enfant dans la position de décubitus. De
selon la réponse compensatrice exigée par la
cette façon, l’examen des zones douloureuses
courbure vertébrale présente. L’enfant hyper-
peut être accompli plus en détail.
lordotique présente une hypertonicité des
muscles ishiojambiers et fléchisseurs de han-
che, en même temps qu’une hypotonicité des Observation et palpation
muscles abdominaux. Lorsque l’on demande de la ceinture pelvienne
à un tel sujet de se pencher vers l’avant, il et des membres inférieurs
compense en fléchissant les genoux. Lorsque
l’âge de l’enfant le permet, cette partie de Avec l’enfant en position de décubitus dorsal,
l’examen est idéalement exécutée devant un observer les pieds. Rechercher des défauts
miroir, pour qu’il puisse prendre conscience d’alignement des orteils. Pratiquer les tests
174 Ostéopathie pédiatrique

d’écoute pour définir la présence d’éventuel- dysfonction lombosacrale ou, moins souvent,
les dysfonctions des os du tarse. Si nécessaire, une dysfonction intraosseuse de l’os iliaque.
palper la position et rechercher les amplitudes Chercher les asymétries des repères anatomi-
articulaires des os du pied, particulièrement ques, les EIAS, les crêtes iliaques et les grands
des calcanéus (calcaneum), talus (astragale) et trochanters. Palper les os iliaques, et comparer
cuboïde, afin d’obtenir les informations leur taille et leur forme.
nécessaires sur l’état fonctionnel des articula- Pratiquer les tests d’écoute sur les os ilia-
tions subtalienne, calcanéo-cuboïdienne et ques, puis procéder à l’évaluation de la
cunéo-cuboïdiennes. Les entorses de cheville colonne lombale et du sacrum. L’évaluation
des enfants ne doivent pas être sous-estimées. du bassin en décharge fournit d’autres infor-
Typiquement, la douleur post-traumatique ne mations que celles obtenues en charge. Si une
dure pas chez ces jeunes patients ; en revan- dysfonction pelvienne observée durant l’exa-
che, les mécanismes dysfonctionnels peuvent men en position debout persiste en décubitus,
persister avec des effets à long terme sur leur l’origine de la dysfonction est pelvienne.
équilibre postural. Inversement, si cette dysfonction n’est plus
Comparer les deux genoux. Souvent, le présente, elle représente une accommodation
genou dysfonctionnel démontre une malposi- du pelvis à une dysfonction somatique locali-
tion visible entre le tibia, le fémur et la rotule. sée ailleurs dans le corps du patient. Pour
Observer l’alignement du tibia et du fémur, autant, il n’est pas rare de trouver des dys-
rechercher un genu valgum ou un genu fonctions sacro-iliaques chez les enfants. Elles
varum qui persiste dans la position de décubi- peuvent avoir des conséquences fonctionnel-
tus. Palper les genoux pour évaluer la rotation les et sont fréquemment présentes dans les cas
tibiofémorale, les glissements latéraux et de constipation chez l’enfant. De même, une
l’abduction ou l’adduction. dysfonction de la colonne lombale et du
Observer de quelle façon les cuisses repo- sacrum peut être responsable de troubles
sent sur la table. Noter la présence d’une asy- abdominaux fonctionnels.
métrie dans la flexion de hanche et dans les Le traitement des zones dysfonctionnelles
rotations externe ou interne. Si la rotation des suit les principes indirects. Si les zones dys-
cuisses est asymétrique, déterminer si cette fonctionnelles ne répondent pas complète-
rotation implique seulement la cuisse, ou tout ment au traitement, rechercher les déséquili-
le membre inférieur. Une rotation de toute la bres de tension des régions adjacentes. Le
jambe indique une dysfonction de l’os iliaque traitement de ces dysfonctions avec des procé-
ipsilatéral, où la rotation externe du membre dures de relâchement myofascial facilite sou-
inférieur suit la rotation externe de l’os iliaque vent une réponse plus complète au niveau de
et où la rotation interne démontre le même la zone dysfonctionnelle primaire.
rapport couplé.
Évaluer toute l’amplitude articulaire des Observation et palpation
mouvements de rotation interne et externe
dans les articulations coxofémorales. Les jeu-
de la région thoracoabdominale
nes enfants démontrent une rotation approxi- Observer la cage thoracique. Noter l’aspect
mativement égale dans les deux directions, de des côtes et du sternum. Évaluer le mouve-
45° ± 20°. ment respiratoire pulmonaire au repos, sa fré-
Observer le placement du bassin sur la quence et son amplitude. Ce mouvement doit
table d’examen, les extrémités inférieures impliquer symétriquement toutes les parties
sous-jacentes et le tronc sus-jacent. Une de la cage thoracique. L’abdomen s’élève pen-
déviation latérale du bassin sur la table, par dant l’inspiration pulmonaire et descend
rapport à la ligne médiane, peut indiquer une pendant l’expiration, proportionnellement à
Examen du patient 175

l’importance de la respiration diaphragmati- Une augmentation de cette tension avec une


que. Si l’excursion diaphragmatique est libre, tendance à la restriction de l’extension com-
la partie inférieure de la cage thoracique et plète des coudes, des poignets et des doigts
l’abdomen se déplacent de manière syn- peut être associée à un schéma craniosacral
chrone pendant tout le cycle respiratoire. En d’extension-rotation interne n’importe où
présence d’une dysfonction diaphragmati- dans le squelette crânien et axial.
que, ce mouvement est limité à la fin de l’ins- Comparer la symétrie des deux extrémités
piration ou de l’expiration selon la dys- supérieures. Regarder l’angle des coudes.
fonction diaphragmatique. Une dysfonction Noter les différences dans les torsions entre le
diaphragmatique d’expiration s’observe par bras et l’avant-bras. Observer l’activité des
une restriction de l’inspiration pulmonaire, mains qui peut refléter le niveau de nervosité
alors qu’une dysfonction d’inspiration s’ob- de l’enfant. Si l’enfant semble agité, il est
serve par une restriction de l’expiration pul- nécessaire de le rassurer.
monaire. Noter la participation des muscles Procéder ensuite à la palpation pour la
accessoires de la respiration présente dans les fonction, avec les tests d’écoute. Si cela est
dysfonctions respiratoires telles que l’asthme. nécessaire, documenter les amplitudes actives
Ensuite, observer le contour de l’abdomen. et passives des mouvements articulaires. Trai-
Noter l’existence d’une obésité abdominale ter les dysfonctions identifiées.
et, si c’est le cas, profiter de l’occasion pour
discuter des bonnes habitudes diététiques
avec l’enfant. Rechercher la présence d’une
Observation et palpation
légère dépression sur la paroi abdominale des régions thoracique et cervicale
immédiatement au-dessous du processus Avec l’enfant en décubitus, observer la posi-
xyphoïde, souvent signe de troubles digestifs tion spontanée de la tête. Rechercher une
associés à une dysfonction diaphragmatique. inclinaison latérale ou une rotation domi-
Utiliser les tests d’écoute sur la cage thora- nante, noter leur niveau : cervicothoracique,
cique pour préciser une éventuelle dysfonc- cervical moyen, ou cervical supérieur. Si la
tion au niveau des côtes, du sternum et/ou du tête présente une inclinaison latérale et une
diaphragme, et normaliser les dysfonctions rotation dans la même direction, la dysfonc-
identifiées. Palper la paroi et le contenu de tion est probablement située au niveau de la
l’abdomen. Les tests d’écoute peuvent être colonne cervicale ou thoracique supérieure. Si
employés pour évaluer les dysfonctions myo- l’inclinaison latérale et la rotation sont dans
fasciales et les altérations de la motilité inhé- des directions opposées, l’origine peut être au
rente des viscères, autant que la paroi abdomi- niveau de la charnière occipitocervicale.
nale. Appliquer les principes indirects pour Palper les régions thoracique supérieure et
traiter les structures dysfonctionnelles. cervicale et rechercher une modification de la
texture tissulaire. Palper les vertèbres, et noter
Observation et palpation la forme et l’alignement des processus épi-
de la ceinture scapulaire neux. Une dysfonction somatique vertébrale
est souvent associée à une augmentation ou à
et des membres supérieurs une diminution de l’espace interépineux. Exa-
Observer le contour et la symétrie générale miner les premières côtes.
des épaules et des clavicules. Au repos, la dif- Les dysfonctions somatiques thoraciques
férence dans les rotations des extrémités supé- supérieures sont très fréquentes et leur dia-
rieures est souvent due à une dysfonction gnostic ne doit pas être négligé. Non traitées,
somatique thoracique supérieure. Noter le elles peuvent engendrer de nombreux problè-
degré de tension myofasciale des extrémités. mes chroniques. D’un point de vue mécani-
176 Ostéopathie pédiatrique

que, elles affectent la tête et la colonne cervi- quant à leur rapport au mécanisme crânien.
cale sus-jacentes ainsi que les extrémités Une connaissance des positions et des rap-
supérieures ; par les compensations postura- ports normaux des éléments crâniens est
les, elles affectent également le sacrum. Neu- impérative pour reconnaître les dysfonctions.
rologiquement, elles exercent une influence La liste suivante est le minimum fondamental
significative sur le système nerveux sympa- de ce qui doit être palpé.
thique et, par conséquent, sont la source de – L’écaille de l’occipital est plus basse dans la
réflexes somatoviscéraux et somatosoma- flexion-rotation externe et plus haute dans
tiques multiples. l’extension-rotation interne.
La région thoracique a été évaluée tout – La fosse temporale est pleine dans la
d’abord pendant l’examen en position de- flexion-rotation externe et creusée dans
bout. Si une dysfonction somatique a été l’extension-rotation interne. Sa palpation
identifiée, dans les régions thoraciques renseigne sur la face latérale de la grande
moyenne et inférieure, elle peut également aile du sphénoïde.
être évaluée avec l’enfant en position assise – La pointe du processus mastoïde est posté-
ou en procubitus. L’observation, les tests rieure, médiale et haute dans la rotation
d’écoute, la visualisation et, si nécessaire, les externe, et antérieure, latérale et basse dans
tests de grande amplitude articulaire sont pra- la rotation interne.
tiqués. – Le bord médial de l’os pariétal est aplati
Après l’examen approfondi des régions dans la rotation externe, saillant dans la
thoracique et cervicale, utiliser les tests rotation interne.
d’écoute pour identifier les dysfonctions – L’angle latéral de l’os frontal est latéral dans
somatiques membraneuse, myofasciale et la rotation externe, médial dans la rotation
ligamentaire. Traiter toute dysfonction soma- interne. La proéminence de la suture méto-
tique identifiée. Commencer par les dysfonc- pique indique une rotation interne.
tions thoraciques supérieures, puis traiter les En raison de la position fœtale et à cause
côtes et la colonne cervicale. des forces de la naissance, tout le monde pré-
sente une certaine asymétrie. Tous les fascias,
Observation et palpation les membranes craniosacrales et les matrices
des futures structures osseuses sont marqués
du neurocrâne
par cette asymétrie. Donc, il n’est pas insolite
Observer l’apparence générale du crâne. Il de trouver un côté du patient en rotation
devrait être en équilibre sur la colonne verté- externe, et l’autre côté en rotation interne.
brale. Globalement, observer son asymétrie, Pour autant, seule la palpation pour la fonc-
et les indications de flexion-rotation externe, tion permet la différenciation entre un état
ou d’extension-rotation interne. Regarder la asymétrique fonctionnel, avec une quantité et
peau. Les modifications de l’aspect cutané du une qualité satisfaisantes des mouvements, et
visage et du cuir chevelu peuvent indiquer une dysfonction somatique qui démontre une
une dysfonction somatique crânienne sous- mobilité restreinte.
jacente. En utilisant la prise par la voûte, la palpa-
Confirmer les indications précédentes en tion pour la fonction avec les tests d’écoute
palpant tout ce qui peut être ainsi apprécié commence par l’appréciation de la qualité
plus facilement qu’avec une simple observa- globale des tissus de la tête. Ceux-ci peuvent
tion. Les surfaces et les proéminences osseuses donner une sensation de lourdeur et de com-
du crâne sont facilement identifiées par la paction. Ou, à l’inverse, le MRP peut être
palpation. La palpation de la position des dif- facilement perçu, avec des mouvements
férentes structures fournit des informations d’expansion du crâne pendant l’inspiration
Examen du patient 177

crânienne et la flexion-rotation externe, et de même en la présence d’une compression de la


contraction pendant l’expiration crânienne et SSB. La palpation des composantes superfi-
l’extension-rotation interne. En fait, cela peut cielles du sphénoïde et de l’occiput doit être
être comparé aux mouvements de la cage tho- complétée par la visualisation pour interpré-
racique pendant la respiration pulmonaire, ter la fonction de la SSB.
mais à une fréquence beaucoup plus basse. Dans la torsion de la SSB, la grande aile du
Comparer les sensations perçues sur les sphénoïde se déplace supérieurement d’un
côtés droit et gauche de la tête. Idéalement, le côté et inférieurement de l’autre, et le mouve-
crâne devrait démontrer une motilité libre et ment inverse se produit au niveau de l’écaille
symétrique. En la présence d’une dysfonction, de l’os occipital. Dans le sidebending-rotation
la restriction de motilité peut affecter l’ensem- de la SSB, la grande aile du sphénoïde et
ble du crâne ou être limitée à un côté. Une l’écaille de l’occipital se déplacent inférieure-
dysfonction de la SSB est associée à une res- ment du même côté, et s’écartent l’une de
triction globale de la motilité, se manifestant l’autre le plus souvent de ce côté.
des deux côtés du crâne, alors qu’une dysfonc- Dans le strain vertical ou latéral de la SSB,
tion unilatérale, comme la compression des les mouvements perçus dans la partie anté-
sutures occipitomastoïdienne ou sphénosqua- rieure du crâne sont contraires à ceux perçus
meuse, est associée à une restriction limitée au postérieurement. Ainsi, dans un strain verti-
seul côté de la dysfonction. Pour préciser une cal supérieur, on perçoit que le sphénoïde se
dysfonction unilatérale, comparer la sensa- déplace vers le haut alors que l’occiput se
tion des moitiés antérieure et postérieure du déplace vers le bas. Dans le strain vertical
crâne sur le côté dysfonctionnel. Comme tou- inférieur, le mouvement contraire est palpa-
jours, la restriction de la motilité indique ble. Dans un strain latéral droit, on perçoit
l’emplacement de la dysfonction. que le sphénoïde se déplace avec la plus
Pour évaluer la SSB, palper pour la fonction grande aisance vers la droite, et l’occiput vers
les parties latérales des grandes ailes du sphé- la gauche. Dans un strain latéral gauche, le
noïde et l’écaille de l’occipital. Noter la pré- mouvement contraire est palpable. En la pré-
sence de mouvement particulièrement domi- sence d’une compression de la SSB, très peu
nant. Évaluer la flexion et l’extension. Dans la ou pas de mouvement biphasique est pal-
flexion, les parties latérales des grandes ailes pable.
du sphénoïde s’expansent latéralement, alors La palpation doit aussi apprécier l’état de
que les parties supérolatérales de l’écaille de tension des membranes intracrâniennes et
l’occipital se déplacent vers l’arrière et le intraspinales. Pour s’intéresser spécifique-
dehors. Pendant l’extension, les mouvements ment aux membranes, il est impératif de
contraires se produisent. La palpation de la connaître leur anatomie. La tête, comme tout
SSB pour la fonction peut aussi être évaluée en autre partie du corps, comporte différentes
utilisant une prise fronto-occipitale. Dans ce couches tissulaires. Le placement des mains
cas, le mouvement est palpé à un plus grand sur les côtés de la tête est suivi d’une visualisa-
degré dans le plan sagittal. tion pour se positionner mentalement au
En fait, il est très facile de commettre niveau des membranes. En touchant la tête,
l’erreur de palper le mouvement superficiel et visualiser mentalement la couche la plus
de supposer que ce qui est perçu est le mouve- superficielle du scalp, ce qui est associé à un
ment de la SSB. Il faut se souvenir que les contact très léger. Puis, visualiser la couche
points de contact sur le sphénoïde et l’occiput osseuse ; le toucher est alors légèrement plus
sont sur des parties osseuses d’origine mem- ferme. Maintenir cette quantité de pression
braneuse, qui à cause de leur flexibilité peu- palpatoire, et visualiser la couche plus pro-
vent démontrer quelque degré de mobilité fonde des membranes qui donnent une sensa-
178 Ostéopathie pédiatrique

tion moins rigide. Évaluer la sensation des que une dysfonction de la SSB. Une interrup-
différentes zones des membranes de tension tion angulaire de cette ligne médiane peut
réciproque et la qualité du MRP transmis à refléter une dysfonction du viscérocrâne
travers ces membranes. Noter les zones de affectant les os à cet endroit. Observer la face
tension intracrânienne. Noter le point d’équi- et noter la symétrie du front, des sourcils, des
libre au centre de ces tensions. Les dysfonc- yeux, des narines, des joues, des lèvres, ainsi
tions d’une région à distance, la colonne ver- que la forme des mâchoires. Noter la qualité
tébrale ou le sacrum, créent la sensation que de la peau, la présence de rougeur ou de
les membranes sont entraînées dans cette pâleur, sa sécheresse, des dartres, éruptions ou
direction. Cela peut être ressenti en la pré- excoriations.
sence de scoliose où les membranes intraspi-
nales sont sous contrainte. Os frontal
À un niveau plus profond, apprécier la Bien que la suture métopique soit ossifiée
motilité du liquide cérébrospinal. Évaluer la chez la majorité des individus vers l’âge de
fréquence et la puissance de l’impulsion ryth- 6 ans, elle peut être identifiée comme la ligne
mique crânienne. Noter la régularité et les médiane de l’os frontal, et les caractéristiques
modèles dominants parmi les oscillations, de chaque côté peuvent être comparées pour
tout autant que la présence de stase. Utiliser leur symétrie. Observer les lignes des sourcils,
les principes indirects pour traiter les dysfonc- les processus zygomatiques et les tubérosités
tions identifiées. Un protocole de traitement frontales. Un effacement de la tubérosité fron-
possible pour les dysfonctions somatiques du tale et le déplacement latéral de n’importe
neurocrâne consiste au départ en un relâche- lequel de ces repères sont associés à une rota-
ment des déséquilibres de tension membra- tion externe de l’os frontal de ce côté. Inverse-
neuse. Puis la SSB peut être traitée, suivie de ment, une proéminence de la tubérosité fron-
tout autre dysfonction de la base et de la tale et le déplacement médial des repères
voûte. indiquent une rotation interne. Palper l’os
frontal et employer les tests d’écoute pour
Observation et palpation confirmer les observations. Palper chaque
moitié frontale pour évaluer la résilience
du viscérocrâne osseuse et la dure-mère sous-jacente. Cette
Observer la forme globale de la face. Elle est zone devrait conserver sa flexibilité intraos-
plus large dans la flexion-rotation externe, et seuse chez l’enfant. L’os frontal est particuliè-
plus étroite avec l’extension-rotation interne. rement important à cause de son influence
Cela ne doit pas être confondu avec les varia- sur le viscérocrâne suspendu au-dessous de
tions ethniques des formes faciales. Chez un lui. De manière anecdotique, la restriction de
individu dont la face est large à cause de son l’os frontal est associée aux comportements
ascendance, une flexion-rotation externe du difficiles de l’enfant. Les tests d’écoute et les
crâne résultera en une face qui est déjà plus procédures de normalisation indirecte
large. Seule la palpation pour la fonction per- s’enchaînent pour traiter toute dysfonction
met au praticien de reconnaître ces diffé- de l’os frontal.
rences.
Repérer la ligne médiane du visage qui Cavité orbitaire et œil
consiste en la suture métopique, le nez et la Observer les orbites osseuses, leur taille et leur
symphyse mentonnière. Ces structures doi- symétrie. Noter si leur schéma correspond au
vent être alignées sur une ligne droite. Une schéma du crâne. Une orbite plus large est le
courbure de cette ligne, avec la face relative- reflet d’une flexion-rotation externe. Lorsque
ment plus petite du côté de la concavité, indi- le crâne du sujet est aussi plus large, l’orbite
Examen du patient 179

osseuse est ajustée au modèle global du crâne, Nez


et la SSB devrait être testée pour éliminer une Regarder la taille, la forme et la position du
dysfonction à son niveau. Si le schéma de nez. Observer l’alignement de la crête nasale
l’orbite n’est pas ajusté au schéma global du avec la ligne médiane de l’os frontal. Puis,
crâne, examiner les os constituant l’orbite observer l’alignement des différentes parties
pour trouver une dysfonction. du nez : les os nasaux, les cartilages nasaux
Regarder les yeux, noter toute différence de latéraux et la pointe du nez. Évaluer les deux
taille, de forme et de position. Observer la narines et comparer leurs taille, forme et posi-
symétrie et la qualité des mouvements oculai- tion. La déviation du nez vers un côté est
res. Noter la position neutre de repos de cha- souvent accompagnée d’une asymétrie de la
que œil, et toute tendance à dévier de l’ali- taille des narines. Le site de la dysfonction
gnement oculaire bilatéral. Examiner les responsable de la déviation doit être identifié.
extrémités médiales des bords supraorbitaires Il peut être externe au niveau de la suture
du frontal et comparer leur symétrie. Ces frontonasale, ou de l’articulation entre les os
structures sont localisées juste en avant de la nasaux et les cartilages latéraux, ou bien
trochlée du muscle oblique supérieur. Une n’impliquer que la pointe du nez. Il peut être
dysfonction de l’os frontal affectant cette interne et impliquer des structures plus pro-
zone affecte aussi la fonction de ce muscle. fondes dans le viscérocrâne, y compris le car-
Évaluer les pommettes, leur position et leur tilage septal, le vomer ou la lame perpendicu-
proéminence. La proéminence de la pom- laire de l’ethmoïde. La zone entre la base de la
mette reflète une rotation interne de l’os columelle et le philtrum reflète la position du
zygomatique. Le bord orbitaire de l’os zygo- septum nasal, et devrait être conforme au reste
matique est éversé dans la rotation externe et du nez. Palper très délicatement la pointe du
inversé dans la rotation interne ; alors que le nez avec un doigt. Le soulever dans la ligne
bord postéro-inférieur de l’os zygomatique est médiane et noter l’aisance avec laquelle cela
inversé dans la rotation externe et éversé dans est possible. Observer la position du septum
la rotation interne. Toute dysfonction de l’os nasal pendant cette manœuvre. Laisser le nez
zygomatique affecte le muscle droit latéral et retourner à sa position originale et, très douce-
l’équilibre des muscles extraoculaires. Exami- ment, essayer de déplacer latéralement la
ner ensuite les fosses temporales pour obser- pointe vers la gauche et la droite, en notant
ver la position des grandes ailes du sphénoïde. l’asymétrie du mouvement. La déviation du
Une fosse qui est plus haute ou plus basse, septum nasal résulte en des perturbations du
profonde ou pleine renseigne sur la position flux aérien et du drainage mucociliaire.
de la grande aile du sphénoïde de ce côté. Le nez doit aussi être observé dans le
Demander à l’enfant de fermer les yeux, et contexte de sa fonction, pendant la respira-
noter l’obliquité des lignes de cils. Ces lignes tion. Cela est particulièrement important
peuvent refléter la position de la grande aile chez les enfants parce que la respiration
du sphénoïde ipsilatéral. nasale est un facteur dynamique de la crois-
Les informations obtenues par l’observa- sance du viscérocrâne. Évaluer la voie respira-
tion doivent être vérifiées par la palpation toire, nasale ou buccale. Si l’enfant est respira-
pour la fonction. Utiliser les tests d’écoute teur buccal, déterminer si cela est ponctuel ou
pour confirmer la présence éventuelle de dys- chronique. Si la respiration est nasale, noter
fonction somatique à traiter selon les princi- les asymétries dans l’ouverture et dans la
pes indirects. Après avoir normalisé les dys- fonction des narines ainsi que des ailes du nez
fonctions des os sphénoïde et frontaux, traiter pendant le cycle respiratoire. Noter la pré-
les dysfonctions des autres os constituant la sence de sécrétions nasales ou de croûtes bila-
cavité orbitaire. térales ou unilatérales. Si elles sont unila-
180 Ostéopathie pédiatrique

térales, demander au parent si cela est schéma fonctionnel des maxillaires, alors que
chroniquement du même côté. la lèvre inférieure reflète la mandibule. Noter
L’ouverture narinaire et le passage du flux l’alignement des lèvres et leur rapport l’une à
aérien peuvent être évalués en demandant à l’autre. Quand la mandibule est rapprochée
l’enfant de participer à des « jeux » respiratoi- des maxillaires, les lèvres doivent être en
res. Le thérapeute ou l’enfant comprime dou- contact sans pincement, rétraction ni proémi-
cement la narine du côté opposé à celui de nence, et sans tension des muscles périoraux.
l’évaluation. La force compressive doit être Regarder le menton. Noter la contraction des
suffisante pour occlure la narine, mais insuffi- muscles mentonniers. Rechercher la présence
sante pour déplacer le septum nasal. Deman- de cicatrices sur le menton, indiquant une
der à l’enfant de respirer par le côté libre, puis chute ou un coup, source potentielle de dys-
répéter le test de l’autre côté. L’exécution de fonction pour la SSB, l’articulation temporo-
ce test ne doit causer aucune gêne, et le flux mandibulaire et/ou de dysfonction d’exten-
aérien doit démontrer la même aisance des sion de la charnière occipitocervicale.
deux côtés. La force de ce flux peut être éva- Comparer la profondeur et l’obliquité des
luée en tenant quelques fibres d’un morceau sillons nasolabiaux. Une augmentation de
de coton sous le nez de l’enfant pour observer leur profondeur indique une rotation externe
leur déplacement pendant l’expiration. ipsilatérale du maxillaire et/ou de l’os zygo-
L’enfant peut aussi expirer par le nez sur un matique, alors qu’une diminution est associée
miroir refroidi tenu en dessous des narines. à la rotation interne. Observer le philtrum,
L’asymétrie du flux nasal expiratoire est obser- qui est le sillon situé au-dessus de la lèvre
vée dans la condensation résultante. supérieure, et ses berges. L’orientation des
L’observation décrite ci-dessus doit être sillons nasolabiaux tout comme celle des ber-
confirmée par les tests d’écoute. L’obstruction ges du philtrum suit le schéma des maxillai-
fonctionnelle nasale peut être la conséquence res. Plus ces repères s’horizontalisent, plus la
de dysfonctions crâniennes somatiques com- rotation externe est probable ; plus ils se ver-
prenant la torsion ou le sidebending de la SSB. ticalisent, plus la rotation est interne. La
Elle peut aussi résulter de dysfonctions affec- majorité des enfants démontrent quelque
tant l’os frontal, comme la rotation interne degré d’asymétrie, avec un maxillaire en rota-
unilatérale qui réduit la largeur de l’incisure tion externe et l’autre en rotation interne. Du
ethmoïdale ou la dysfonction de la suture côté de la rotation externe, le maxillaire sem-
fronto-ethmoïdale. Finalement, l’obstruction ble plus large, le palais plus bas et aplati, et les
fonctionnelle nasale peut être la conséquence dents présentent une vestibuloversion. Tandis
de dysfonctions des os du nez, avec le plus que du côté de la rotation interne, le maxil-
souvent une dysfonction des os nasaux au laire apparaît plus étroit, le palais plus haut et
niveau de la suture frontonasale, de l’eth- ogival, et les dents présentent une linguover-
moïde et du vomer, limités dans leurs rap- sion.
ports entre eux ou avec le sphénoïde. Les dys-
Observer la position de la mandibule.
fonctions identifiées peuvent être traitées
Noter l’alignement de la symphyse menton-
avec les procédures indirectes. Toute dysfonc-
nière avec le reste de la face sus-jacente, et
tion du basicrâne doit être traitée ; cela est
l’encoche suprasternale sous-jacente. Si la
suivi du traitement des dysfonctions du fron-
ligne médiane de la mandibule n’est pas ali-
tal, puis du viscérocrâne.
gnée avec les maxillaires, comparer la taille et
la forme de chaque moitié mandibulaire. Une
Maxillaires et cavité orale asymétrie de taille ou de forme peut être la
Observer la symétrie et la tonicité de la bou- conséquence d’une dysfonction mandibulaire
che et des lèvres. La lèvre supérieure reflète le intraosseuse, ou d’une fonction orofaciale
Examen du patient 181

asymétrique, comme la mastication unilaté- se situer sur le palais dur, en arrière des incisi-
rale. Cela peut résulter aussi d’une malocclu- ves supérieures. Une déglutition immature est
sion. Typiquement, l’asymétrie de position présente quand, à chaque déglutition, la
résulte de l’asymétrie des os temporaux. La pointe de la langue passe entre les dents supé-
rotation externe de l’os temporal est associée rieures et inférieures. De ce fait, chaque fois
au déplacement postérieur de la fosse mandi- que l’enfant déglutit, une pression est appli-
bulaire du temporal, où le condyle mandibu- quée sur les incisives, favorisant le développe-
laire s’articule. La rotation interne de l’os tem- ment d’un surplomb incisif. Une déglutition
poral résulte en un déplacement antérieur de toujours immature après l’âge de 5 ans néces-
la fosse mandibulaire. De ce fait, le menton site une rééducation.
est déplacé vers le côté de la rotation externe Avec l’enfant toujours bouche ouverte,
du temporal. observer le développement dentaire. Deman-
Évaluer la position et la fonction de la lan- der au sujet de serrer les dents et observer
gue. Demander à l’enfant d’ouvrir la bouche. l’occlusion dentaire. Les lignes séparant les
Observer la position de la langue dans la incisives supérieures et inférieures doivent
cavité orale. La langue doit être contenue être alignées. Les incisives supérieures doivent
dans l’arcade mandibulaire, et ne doit pas déborder légèrement en avant des incisives
recouvrir les dents inférieures. Demander à inférieures, et les molaires supérieures doivent
l’enfant de tirer légèrement la langue et noter reposer sur les molaires inférieures. Noter la
la présence d’empreintes dentaires sur les malocclusion ou les défauts d’alignement,
bords latéraux de la langue, indiquant une de même que la présence d’encombrement
malposition linguale et/ou une malocclusion dentaire. Un encombrement dentaire peut
dentaire. Rechercher les déviations de la lan- être associé à une dysfonction crânienne
gue, ou la limitation de ses mouvements. Exa- d’extension-rotation interne. Un encombre-
miner la longueur du frein lingual. Pour ce ment asymétrique suit la rotation interne ipsi-
faire, si l’enfant est assez grand, lui demander latérale. Cela peut être associé à une respira-
de toucher les incisives supérieures avec la tion nasale plus difficile de ce côté et/ou à une
pointe de la langue. Si l’enfant est plus jeune, mastication dysfonctionnelle.
l’encourager à sourire et à rire, et profiter des Les tests d’écoute et le traitement des
moments où la langue est soulevée pour maxillaires et de la mandibule suivent. Les
observer la surface ventrale de la langue. Un dysfonctions orofaciales impliquant les maxil-
frein trop court amarre la langue sur le plan- laires et la mandibule sont fréquemment asso-
cher buccal et interfère avec les mouvements ciées à une dysfonction de la base crânienne
et la position de la langue. Dès lors, les risques et de la charnière craniocervicale, qui doit
de respiration buccale et de malocclusion aussi être considérée.
dentaire sont potentiellement accrus. Les
enfants avec une posture linguale dysfonc-
tionnelle démontrent souvent une tonicité Examen de l’adolescent
diminuée et une éversion de la lèvre infé- Les principes d’examen de l’enfant, comme
rieure. décrits précédemment, peuvent s’appliquer à
Observer la déglutition de l’enfant, et l’adolescent, bien que ces patients soient pro-
noter, si possible, l’action des muscles lin- gressivement de plus en plus comme les adul-
guaux et périoraux. On peut demander aux tes. La croissance et la maturation de leur
plus grands enfants de décrire l’emplacement système musculosquelettique font qu’ils sont
de la pointe de leur langue pendant la déglu- moins malléables que les nourrissons et les
tition. Normalement, vers 4 à 5 ans, la déglu- jeunes enfants, bien que toujours plus flexi-
tition est mature, et la pointe de la langue doit bles que les adultes. Leur capacité de com-
182 Ostéopathie pédiatrique

prendre et de coopérer pendant l’examen et le doit se projeter sur un point au sol équidistant
traitement ressemble davantage à celle de des deux talons. Évaluer la position de la tête,
l’adulte. Pour autant, c’est une période sou- les articulations sternoclaviculaires, les clavi-
vent associée à une grande tension psycholo- cules, les articulations acromioclaviculaires,
gique, où l’individu cherche à s’identifier et à les processus coracoïdes, les plis axillaires
définir son rôle dans la société. L’évaluation antérieurs, le contour thoracique, les flancs,
du comportement de l’adolescent dans le les crêtes iliaques, les EIAS, les malléoles
contexte émotionnel (humeur, amour-propre, médiale et latérale, et les arches plantaires.
rapports, comportements) et le développe- L’asymétrie de ces structures peut être en rap-
ment cognitif (travail à l’école, planification port avec le motif de la consultation ou peut
de l’avenir) est importante [14]. C’est aussi représenter une dysfonction résultant d’une
une période de changements physiques qui blessure oubliée et qui est maintenant respon-
les rendent particulièrement sensibles à leur sable d’une dysfonction secondaire (figure
corps. De ce fait, le praticien doit être très 5.16).
respectueux de ce qui est dit et de la façon Se placer sur le côté du patient, et noter les
dont il examine l’adolescent. Ces patients courbures AP de la colonne vertébrale. Une
cherchent progressivement à contrôler leurs diminution de la lordose et de la cyphose
propres vies. Pour cette raison, les conseils vertébrales est associée à une flexion craniosa-
thérapeutiques doivent être plus dirigés à leur crale et à une inspiration crânienne, alors
attention qu’à celle des parents, comme c’est qu’une augmentation des courbures est asso-
le cas pour les bébés et les enfants. Comme ciée à une extension craniosacrale et à une
avec les enfants, il est important de leur expli- expiration crânienne. Noter si toutes les cour-
quer ce qui est fait et pourquoi cela est fait. bures vertébrales suivent un modèle global,
La séquence suivante est organisée dans un ou si les changements dans les courbures AP
but descriptif. La pratique clinique nécessite sont localisés sur une partie isolée de la
que la réalisation de l’examen et du traite- colonne. Observer l’alignement du méat
ment soit fluide. Le motif de la consultation et acoustique externe, du milieu de l’épaule, du
la variabilité des patients déterminent la grand trochanter, du condyle latéral du
séquence adaptée à chaque individu. genou, et de la malléole latérale. Ces points de
repère doivent être alignés sur une même
Observation et palpation ligne.
en position debout Observer le patient de dos, regarder l’ali-
gnement des structures médianes : la protubé-
Noter le comportement et le langage du corps rance occipitale (inion), les processus épi-
du patient. Une posture est l’expression d’un neux, le pli interfessier. Comme précédem-
état psychologique, mais les bases de la pos- ment, ces repères doivent être alignés, et la
ture sont déterminées par la mécanique du ligne qui les relie doit se projeter sur un point
corps. au sol équidistant des deux talons. Regarder la
De face, de dos et de côté, observer la pos- ligne inférieure d’implantation des cheveux
ture, en observant les asymétries et la trans- qui reflète la position de l’occiput et du basi-
mission des lignes de force de la gravité. crâne. Bien souvent, des dysfonctions somati-
En étant placé devant le sujet, regarder ques crânienne ou cervicale supérieure sont
l’alignement de la ligne médiane : mandibule, présentes depuis la naissance, avec typique-
symphyse mentonnière, larynx et trachée, ment un schéma de sidebending et de rota-
encoche suprasternale, processus xyphoïde, tion dans des directions opposées de l’occiput
ombilic et symphyse pubienne. Ces structures sur l’atlas. Observer la position des différents
doivent être alignées, et la ligne qui les relie points de repère, les oreilles, les processus
Examen du patient 183

xité des courbures latérales vertébrales mineu-


res et de la gibbosité dans les scolioses (cour-
bure > 10°).
Enchaîner avec la palpation et les tests
d’écoute. Ces tests sont particulièrement
intéressants pendant l’évaluation posturale
debout, car de nombreuses dysfonctions
somatiques présentes dans le squelette axial
résultent de l’adaptation du corps à la gravité,
et dans la position verticale liée à l’hominisa-
tion. Les tests d’écoute peuvent être appliqués
de partout. Pour autant, lorsqu’ils sont appli-
qués sur le pelvis d’un patient en position
debout, ils fournissent des informations
quant aux accommodations pelviennes aux
forces sus- et sous-jacentes.
En étant placé derrière le sujet, placer les
pouces sur les EIPS, et les mains bilatérale-
ment sur les crêtes iliaques (figure 5.18). Pal-
per le MRP. Idéalement, les deux os iliaques
doivent chacun démontrer une rotation
externe et une rotation interne libres, avec des
composantes de mouvement dans chacun des
trois plans de l’espace. En plus, une sensation
d’unité de la ceinture pelvienne doit préva-
loir, où les deux os iliaques suivent d’une
manière synchrone le MRP biphasique.
Pour autant, en raison du modèle asymétri-
que établi par la posture fœtale et les forces de
Figure 5.16. Observer la symétrie la naissance, ou à la suite d’une dysfonction
des repères anatomiques. Noter le valgus vertébrale survenant pendant l’enfance, la
du genou et le pied plat à droite. sensation perçue dans ce test est un mouve-
ment de torsion de l’ensemble du pelvis. Un
os iliaque se déplace plus facilement dans la
mastoïdes, les plis axillaires postérieurs, les rotation externe et revient pour démontrer
acromions, les angles inférieurs des scapulas, une phase de rotation interne moins mar-
le contour du torse, les crêtes iliaques et les quée. Simultanément, l’autre os iliaque se
épines iliaques postérosupérieures (EIPS) déplace facilement dans la rotation interne,
(figure 5.17). Observer aussi tous les signes avec une phase de rotation externe moins
cutanés, l’hyperhémie, les changements de la marquée. Il faut remarquer à ce stade que la
pigmentation, les pétéchies et les manifesta- sensation d’unité dans le mouvement de la
tions acnéiques, souvent visibles au niveau ceinture pelvienne est toujours présente [15],
d’une dysfonction somatique des régions tho- c’est-à-dire la sensation que, lorsqu’un os ilia-
racique supérieure et lombosacrale. Deman- que se déplace, l’autre côté bouge aussi en
der au sujet de se pencher en avant. Recher- synchronisme, bien qu’en sens inverse. Habi-
cher des proéminences paravertébrales tuellement, ce schéma asymétrique est le
asymétriques, trouvées du côté de la conve- résultat d’une dysfonction dans le squelette
184 Ostéopathie pédiatrique

Figure 5.18. Test d’écoute pelvien.

dysfonction primaire ; la sensation perçue


reflète une accommodation à une dysfonc-
tion sus-jacente. En règle générale, plus
grande est la sensation de torsion, plus basse
est localisée la dysfonction dans le squelette
axial [16].
En revanche, si la sensation d’unité dans la
ceinture pelvienne est absente, avec l’impres-
sion que les deux os iliaques se déplacent sans
synchronisme, la dysfonction est dans les
membres inférieurs, os du bassin ou articula-
tions sacro-iliaques inclus [15].
Les schémas de torsion pelvienne ordinai-
rement rencontrés chez les adultes ont sou-
vent leur origine dans l’enfance ou plus tôt.
Bien que fréquemment douloureux chez les
adultes, ils le sont rarement chez les enfants et
les adolescents, à moins que ces schémas fon-
Figure 5.17. Observer la symétrie
damentaux soient compliqués par des surme-
des repères anatomiques. Noter l’inégalité nages articulaires, des traumatismes, ou des
de longueur des membres inférieurs réflexes viscérosomatiques.
et l’inclinaison pelvienne. L’organisation structurale du corps est éta-
blie précocement. Les asymétries de structure
axial sus-jacent, y compris la base crânienne. peuvent être normalisées avant cette phase,
Le pelvis n’est pas, dans ce cas, le site de la en parallèle à la normalisation de la fonction.
Examen du patient 185

Plus tard, la structure répond progressivement verses et des angles des côtes. Vérifier l’aligne-
moins bien au traitement, et l’objectif est ment des processus épineux, comparer les
alors de normaliser essentiellement la fonc- espaces interépineux, et chercher les irrégulari-
tion. tés. Les tests d’écoute peuvent alors, si néces-
Les adolescents démontrent des schémas saire, être suivis des tests de grande amplitude
dysfonctionnels qui, progressivement et de articulaire de ces régions. Traiter les dysfonc-
plus en plus, ressemblent à ceux des adultes, tions somatiques vertébrales identifiées.
exigeant que le traitement soit concentré sur
l’équilibre de la fonction. Pour autant, la Observation et palpation
croissance musculosquelettique et le dévelop-
de la ceinture pelvienne
pement ne sont pas totalement complets, et il
est donc approprié d’essayer d’équilibrer la et des membres inférieurs
structure comme la fonction. De plus, un trai- Dans la position de décubitus, évaluer la lon-
tement efficace qui rétablit l’équilibre fonc- gueur des jambes. S’assurer que le patient soit
tionnel améliore l’impact de l’activité physi- allongé correctement sur la table d’examen.
que sur le développement structurel de Saisir les deux pieds avec les mains de telle
l’adolescent. La réponse musculosquelettique façon que les talons du patient reposent dans
réflexe à la proprioception peut encore être vos paumes. Comparer les niveaux des mal-
modelée. L’instauration de bonnes habitudes léoles médiales. Avec des petites inégalités de
posturales et d’un équilibre myofascial fonc- longueur, cette méthode ne permet pas de
tionnel, avant que les schémas adultes ne différencier efficacement les différences de
soient définitivement intégrés, est un inves- longueur de jambe fonctionnelles et anatomi-
tissement pour l’avenir. ques. Une inégalité de 1,5 cm, ou plus, est
Avec le sujet en position debout, les tests considérée comme significative et comme un
d’écoute peuvent être employés pour évaluer facteur de risque pour une déviation posturale
la réponse de la colonne aux forces de la gra- comme la scoliose. L’évaluation clinique des
vité. Avec l’expérience, les tests d’écoute four- différences de longueur de jambe est contro-
nissent aussi des informations relatives au sta- versée et, si une différence est soupçonnée,
tut fonctionnel de chaque segment vertébral. une évaluation radiologique peut être
Palper avec l’index et le médius de chaque conseillée [17]. Typiquement, les plus petites
côté du processus épineux de la vertèbre éva- différences de longueur de jambe, bien que
luée, tout en visualisant l’ensemble de la ver- produisant un déséquilibre fonctionnel, ne
tèbre et ses articulations avec les segments résultent en des symptômes cliniques que
adjacents. Écouter la motilité inhérente du beaucoup plus tard dans la vie [18]. L’impact
MRP dans ce segment, identifier s’il se déplace fonctionnel de ces inégalités relativement
plus facilement dans la flexion ou l’extension, mineures ne doit cependant pas être négligé.
en inclinaison droite ou gauche, et en rota- Les extrémités inférieures peuvent être exa-
tion droite ou gauche. minées dans la position de décubitus. Utiliser
Si nécessaire, l’examen de la colonne peut se les tests d’écoute pour évaluer la motilité
continuer avec le patient en position assise. inhérente du MRP dans les différents os.
Cela permet au sujet de se relâcher davantage, Comme tous les os pairs, ils démontrent indi-
sans l’interférence des membres inférieurs, viduellement une rotation externe et interne
comme tel est le cas avec une inégalité de lon- biphasique.
gueur de jambe. Rechercher un changement Le mouvement des os du pied est com-
dans la texture tissulaire au niveau lombal et plexe, et démontre une combinaison de mou-
thoracique, au niveau des processus épineux, vement dans les trois plans de l’espace. Typi-
et latéralement au niveau des processus trans- quement, il consiste en une composante
186 Ostéopathie pédiatrique

majeure avec deux composantes mineures, cette position, l’adolescent peut voir ce que le
tout autant importantes ; l’ensemble ressem- praticien fait. Cela permet une interaction
ble à une inversion du pied dans la rotation verbale, et donne au patient une impression
externe craniosacrale et à une éversion pen- de contrôle, ce qui lui permet d’être plus relâ-
dant la rotation interne craniosacrale. ché.
Appliquer les tests d’écoute sur les os des En fait, les dysfonctions somatiques des
pieds. Identifier la restriction dysfonction- régions lombale, sacrale et pelvienne chez
nelle dans les composantes majeures de rota- l’adolescent ne doivent pas être négligées
tion externe ou interne, et dans les compo- même quand il n’y a pas de douleur associée.
santes mineures d’adduction et de supination La croissance rapide et les changements phy-
ou d’abduction et de pronation. Procéder aux siologiques qui se produisent dans cette tran-
tests de grande amplitude si nécessaire, et trai- che d’âge rendent les adolescents vulnérables.
ter les dysfonctions en utilisant les principes Les dysfonctions lombopelviennes résultent
indirects. souvent des activités athlétiques ou, parado-
Avec les tests d’écoute, évaluer la motilité xalement, du manque d’activité physique.
du MRP dans les os longs qui démontrent une Chez les filles, la menstruation peut survenir
rotation externe et interne craniosacrale avec des irrégularités menstruelles et des dou-
autour de leur axe long. Écouter le mouve- leurs associées à des dysfonctions somatiques
ment entre le tibia et la fibula à la recherche lombale, sacrale et pelvienne. Les réflexes vis-
de dysfonctions dans les articulations proxi- cérosomatique et somatoviscéral associés jus-
male ou distale. Évaluer le glissement posté- tifient un traitement ostéopathique. En
rieur ou antérieur de l’extrémité proximale de l’absence de traitement, les dysfonctions lom-
la fibula par rapport au tibia, qui doit être bale, sacrale et pelvienne chez l’adolescent
associé à un mouvement opposé de sa partie sont le terrain propice au développement des
distale. Écouter les mouvements du genou, maux du bas du dos chez l’adulte.
évaluer le tibia par rapport au fémur dans la
rotation externe ou interne, l’abduction ou Observation et palpation
adduction, le glissement latéral ou médial. Si
nécessaire, utiliser les tests de grande ampli-
de la région thoracoabdominale
tude. Selon les principes indirects, traiter les Observer la cage thoracique, et l’aisance avec
dysfonctions. Dans la plupart des problèmes laquelle le sujet respire. Noter la symétrie et la
du genou ou du pied, la fibula doit être le coordination du mouvement respiratoire
premier os à considérer. Fréquemment, les entre la cage thoracique et l’abdomen. La res-
douleurs du genou proviennent de dysfonc- piration diaphragmatique doit être libre, avec
tion de la cheville sous-jacente ou de la han- une alternance coordonnée entre l’ascension
che ou bassin sus-jacents. L’examen d’une et la descente de l’abdomen pendant l’inspira-
douleur de l’extrémité inférieure doit inclure tion et l’expiration pulmonaires. Une dys-
l’évaluation de la posture du patient et ne pas fonction diaphragmatique restreint la liberté
se limiter à la zone douloureuse. de ces mouvements comme cela est décrit
L’évaluation du bassin peut être complétée dans le paragraphe « Examen de l’enfant ».
dans la position de décubitus. Les dysfonc- Une dysfonction diaphragmatique peut
tions des articulations sacro-iliaques peuvent survenir comme une dysfonction primaire du
être testées et traitées avec les procédures indi- diaphragme. Cela peut aussi être le résultat
rectes, comme elles sont décrites dans le cha- d’une dysfonction de la partie inférieure de la
pitre 6. La charnière lombosacrale et les vertè- cage thoracique, de la colonne lombale ou des
bres lombales peuvent aussi être évaluées et os temporaux. Les dysfonctions des côtes infé-
traitées dans cette position. En plus, dans rieures (6 à 12) peuvent affecter le diaphragme
Examen du patient 187

au niveau de ses insertions, et ces côtes peu- l’ombilic ou au-dessus reflète l’état fonction-
vent être dysfonctionnelles à la suite de dys- nel de la colonne lombale. La déviation de
fonctions vertébrales thoraciques inférieures. cette ligne médiane peut indiquer une dys-
De plus, une dysfonction de la colonne lom- fonction lombale somatique au même niveau
bale affecte le diaphragme par son impact sur transversal. Palper la paroi abdominale et le
les piliers diaphragmatiques ; inversement, contenu de l’abdomen. Employer les tests
une dysfonction diaphragmatique contribue d’écoute pour évaluer la tonicité et la symétrie
à la raideur de la colonne vertébrale lombale des composantes myofasciales de l’abdomen.
supérieure. Ajoutons la dysfonction des os Écouter la motilité inhérente de l’abdomen
temporaux qui affecte le MRP et le dia- globalement, puis des différents viscères. Les
phragme crânien, ce qui peut secondairement zones où la motilité est restreinte peuvent être
limiter l’amplitude de l’excursion du dia- traitées.
phragme thoracoabdominal. Enfin, une dys-
fonction somatique de la colonne cervicale Observation et palpation
moyenne peut aussi affecter la fonction de la colonne cervicale
diaphragmatique par ses rapports avec le nerf L’observation diagnostique, la palpation et le
phrénique. traitement de la région cervicale doivent être
Palper la cage thoracique ; chercher les dys- réalisés avant de traiter les dysfonctions
fonctions costales en inspiration ou en expira- crâniennes. Typiquement, une dysfonction
tion. Évaluer le sternum, les articulations ster- somatique cervicale, qui résulte en douleur
nocostales, et traiter toute dysfonction, en du cou et/ou mal de tête, est fréquente chez
employant les principes indirects. Écouter le les patients adolescents. Cela peut résulter
diaphragme, comparer ses différentes parties, d’une tension posturale chronique, comme
noter les différences dans la tension et la les postures prises en étudiant ou devant
liberté de mouvement entre les deux côtés, l’ordinateur, ou bien d’une blessure athléti-
comparer de même les parties postérieures et que. Les dysfonctions somatiques sont fré-
antérieures. Normaliser la ou les dysfonc- quemment trouvées dans la région cervicale
tion(s) diaphragmatique(s) présente(s). supérieure et au niveau de la charnière cra-
Observer le contour abdominal et son niocervicale.
mouvement pendant la respiration. Le con- Cette région est le plus facilement exami-
tour et le mouvement doivent être réguliers et née chez les adolescents dans une position de
symétriques. Noter le tonus musculaire de la décubitus. Observer la position de la tête.
paroi abdominale : abdomen ferme et plat Noter la présence d’inclinaison et de rotation.
chez l’adolescent athlétique, ou inversement, La combinaison d’inclinaison et de rotation
présence de tissu cellulograisseux et hypoto- dans des directions opposées est conforme à
nicité de la musculature abdominale. Dans ce une dysfonction occipitoatloïdienne, alors
cas, discuter diététique et exercice, en insis- que l’inclinaison et la rotation dans la même
tant sur le fait que les bonnes habitudes de direction sont associées à une dysfonction des
l’adolescence posent les bases de la santé chez vertèbres cervicales typiques ou thoraciques
l’adulte. supérieures. Les dysfonctions myofasciales
Observer l’emplacement de l’ombilic qui des muscles sternocléidomastoïdiens ou scalè-
doit être centré. Une déviation peut indiquer nes peuvent être aussi présentes.
une dysfonction intra-abdominale ou une Rechercher les différences dans la qualité
dysfonction somatique au niveau de la des tissus superficiels et profonds. Évaluer les
colonne lombale moyenne. Chez les garçons, tensions myofasciales. La palpation diagnosti-
plus rarement chez les filles, la ligne des poils que de la colonne cervicale, particulièrement
ou duvet qui s’étend des poils pubiens jusqu’à sa région supérieure, exige une grande préci-
188 Ostéopathie pédiatrique

sion palpatoire. En examinant l’occiput et d’un crâne morphologiquement plus large ou


l’atlas, les mouvements introduits sont trop plus étroit, mais dans lequel le mouvement
souvent transmis au niveau de C3 ou plus bas est libre.
à cause du manque de précision et de l’utilisa- La plupart du temps, la palpation est faite
tion de force et d’amplitude trop grandes. avec le patient en décubitus et le thérapeute
En évaluant le mouvement occipitoatloï- assis à la tête de la table. Observer l’asymétrie
dien, il est nécessaire de visualiser l’emplace- du crâne. Puis, avec les tests d’écoute et la
ment des condyles occipitaux. Avec les mains visualisation, évaluer la SSB. Comparer le
sous l’occiput, les condyles ne sont pas loca- schéma identifié dans le crâne avec celui du
lisés caudalement par rapport aux pointes reste du corps. L’observation et la palpation
des doigts, mais plutôt antérieurement. La de l’adolescent sont en grande partie similai-
même précision palpatoire est exigée dans res à ce qui est décrit dans le paragraphe
l’examen de l’atlas. Les pointes des processus « Examen de l’enfant ». Seuls les points pré-
transverses de l’atlas sont palpables, environ sentant un intérêt particulier sont discutés
1 cm au-dessous et en avant du sommet des ci-après. Le tableau 5.1 présente un résumé
processus mastoïdes. Les processus transver- des caractéristiques principales de l’observa-
ses de l’atlas peuvent être à peine palpables tion.
chez les jeunes patients et sont extrêmement Tout le crâne, y compris les membranes,
sensibles. Cela exige une grande délicatesse est impliqué dans le schéma de flexion-exten-
dans le toucher. Le reste de la colonne cervi- sion, et de torsion ou de sidebending-
cale doit être évalué avec le même niveau de rotation. Chez les adolescents, la SSB com-
sensibilité. Utiliser les méthodes indirectes mence à s’ossifier, et les mouvements
pour traiter les dysfonctions somatiques peuvent donc sembler moins importants que
identifiées. chez les jeunes enfants. La compliance
osseuse est normalement toujours présente.
Observation et palpation Les mouvements perçus reflètent à la fois le
du neurocrâne mouvement disponible au niveau de la SSB et
ceux dictés par les schémas des membranes
Commencer en observant la forme globale de crâniennes. Dans les tests d’écoute, essayer de
la tête. Différents types crâniens peuvent être discerner la couche osseuse du crâne et la
définis par l’index céphalique obtenu en mul- couche membraneuse des membranes dura-
tipliant le diamètre transverse maximal par les. Évaluer toute restriction de mobilité et
100 et en divisant le total par le diamètre toute asymétrie dans la tension des membra-
sagittal maximal : nes.
Diamètre transverse × 100/diamètre sagit- Il est facile de commettre l’erreur de palper
tal = index céphalique le mouvement superficiel et de supposer que
Le type brachycéphalique, avec une tête ce qui est perçu est le mouvement de la SSB. Il
large, a un index > 80, et le type dolicho- faut se souvenir que les points de contact sur
céphalique avec une tête allongée a un index le sphénoïde et l’occiput sont sur des os d’ori-
< 75. gine membraneuse, capables de rester flexi-
La flexion crânienne produit une aug- bles longtemps après que le cartilage de la SSB
mentation de la largeur du crâne qui donne s’est ossifié (entre 8 et 25 ans) [5,19–23]. Il est
une apparence de brachycéphalie, alors que essentiel de se souvenir de cela en évaluant le
l’extension diminue la largeur du crâne, avec sphénoïde. La première sensation dans la pal-
une apparence de dolichocéphalie. Seuls les pation du sphénoïde est celle des grandes
tests de mobilité peuvent différencier une dys- ailes ; ce qui est senti est le mouvement des
fonction avec restriction du mouvement, grandes ailes, et pas nécessairement le mouve-
Examen du patient 189

Tableau 5.1
Observation des points de repère
Points de repère Rotation externe Rotation interne Remarques
Voûte Basse Proéminente
Suture sagittale Effacée Saillante
Front Large Étroit, plus vertical
Bosse frontale Effacée Marquée
Sillon supranasal Lisse Creusé
Sillon frontal Large Étroit Reflète la position
transverse du sphénoïde
Sourcil Long Convexe, court
Orbite Large Petite Diamètre orbitaire :
de l’angle supéromédial
à l’angle inférolatéral
Bulbe oculaire Saillant Enfoncé
Narine Ouverte Fermée Des antécédents
traumatiques peuvent être
en cause
Sillon nasiolabial Creusé Lisse
Pommette Effacée Marquée
Palais Large, bas Étroit, ogival Possibilité de dysfonction
intraosseuse maxillaire
Incisives Séparées Rapprochées
supérieures
Molaires Vestibuloversion Linguoversion
Mandibule Déplacée Déplacée Rotation interne bilatérale
de ce côté du côté opposé des temporaux
= protrusion mandibulaire
Oreille Décollée Plaquée

ment du corps sphénoïdal. Une fois encore, sente. Le diagnostic et le traitement sont par
une bonne visualisation de l’anatomie est conséquent plus dirigés vers les dysfonctions
indispensable pour se projeter mentalement interosseuses, y compris les sutures occipito-
au niveau de la SSB (figure 5.19). mastoïdiennes et pétro-occipitales, et les syn-
Après la palpation pour la fonction de la chondroses sphénopétreuses. Fréquemment,
SSB, évaluer les autres articulations de la base la suture occipitomastoïdienne est en dys-
crânienne. À l’adolescence, toutes les syn- fonction après un traumatisme occipital
chondroses intraosseuses des os occipital, comme lors d’une chute en arrière sur la tête.
temporal et sphénoïde sont ossifiées, mais la Le patient peut présenter une restriction de la
compliance osseuse doit toujours être pré- mobilité cervicale, avec des céphalées, des ver-
190 Ostéopathie pédiatrique

tal sont associées aux difficultés scolaires et


aux problèmes de comportement. Les dys-
fonctions du frontal jouent aussi un rôle pri-
mordial dans les déséquilibres du viscéro-
crâne.
Traiter les dysfonctions identifiées dans la
SSB, la base crânienne, la voûte et les membra-
nes durales. De telles dysfonctions peuvent
affecter le neurocrâne, le viscérocrâne et, par
le core-link, le reste du corps. Le traitement du
crâne peut aussi relâcher les tensions des
membranes durales intraspinales. Cela peut
être utile dans le traitement des scolioses, lors-
que les membranes intraspinales sont sous
Figure 5.19. La palpation pour la fonction contrainte. Pour autant, le traitement des sco-
du sphénoïde est réalisée à partir d’un lioses doit aussi comporter le traitement de la
contact sur les grandes ailes ; la visualisation colonne vertébrale, et la pratique d’exercices
du corps sphénoïdal permet de compléter appropriés.
cette évaluation.
Observation et palpation
du viscérocrâne
tiges ou, parfois, une dysfonction vagale en
raison des contraintes possibles sur le nerf Les caractéristiques faciales comme celles de
vague dans le foramen jugulaire. la base crânienne sont déterminées par les
facteurs génétiques. Le développement de la
Des perceptions incohérentes peuvent être face, cependant, est aussi fortement influencé
obtenues dans la palpation de l’os temporal, si par les facteurs épigénétiques. Citons, parmi
le praticien ne se rend pas compte que la ces facteurs, les fonctions musculaires des
partie mastoïdienne suit l’occiput pendant sphères orale, respiratoire et visuelle. Ainsi, la
que la partie squameuse est significativement face et le viscérocrâne sont une manifestation
influencée par le sphénoïde. Une dysfonction de l’impact fonctionnel des structures myo-
intraosseuse au niveau de la suture pétrosqua- fasciales.
meuse produite prénatalement ou dans la pre-
Observer l’expression faciale de l’adoles-
mière enfance peut aussi être responsable de
cent. Ses expressions faciales les plus habituel-
dysharmonie. Dans ce cas, les composantes
les sont inscrites dans les tissus mous faciaux.
mineures du mouvement des parties squa-
Cette empreinte est l’ébauche du futur mas-
meuses et pétreuses de l’os temporal donnent
que de l’adulte. En fait, l’état émotionnel du
la sensation de déplacements opposés.
sujet devient progressivement et de plus en
Comme toujours, la solution réside dans la
plus imprimé dans la structure faciale. Les
visualisation de l’anatomie.
émotions négatives et les tensions de la vie
Évaluer le rapport entre la base et la voûte. tendent à inscrire un schéma de rotation
Palper les sutures sagittale, lambdoïde et coro- interne dans les tissus mous, alors que les
nale pour la structure et la fonction, et identi- événements émotionnels positifs et un envi-
fier les restrictions de mouvement. Évaluer la ronnement confortable participent à la pro-
compliance intraosseuse de l’os frontal. Éva- duction d’un schéma de rotation externe.
luer le rapport entre le frontal, les os sphé- Habituellement, un adolescent très sûr de lui
noïde et pariétaux. Les dysfonctions du fron- démontre une apparence de rotation externe
Examen du patient 191

avec des yeux grand ouverts, et une bouche Références


large et souriante. Ces observations sont
1 Sutherland WG. Contributions of thought. Fort
conformes à ce qui est observé dans le corps
Worth, TX : Sutherland Cranial Teaching Founda-
au repos, mais sont plus évidentes au niveau tion, Inc. ; 1998. p. 1.
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7 Amiel-Tison C, Gosselin J, Infante-Rivard C. Head
ment humide présente une structure nasale growth and cranial assessment at neurological exa-
différente de celle d’une personne vivant dans mination in infancy. Dev Med Child Neurol 2002 ;
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tion sur la structure peut aussi être observé 8 Huang MH, Gruss JS, Clarren SK. The differential
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9 Mulliken JB, Vander Woude DL, Hansen M, LaBrie
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Tenter de modifier la structure devient pro- 19 Irwin GL. Roentgen determination of the time of
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192 Ostéopathie pédiatrique

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21 Mann SS, Naidich TP, Towbin RB, Doundoulakis SH. 1996 ; 17 (1) : 117-20.
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1969 ; 27 (1) : 73-90. (6) : 974-9.
Chapitre 6

Traitement du patient

Les grands principes


Normalisation des membranes intracrâniennes et intraspinales
Procédures myofasciales
Procédures de modelage
Procédures de la synchondrose sphénobasilaire
Procédures occipitales
Procédures sphénoïdales
Procédures temporales
Procédure frontale
Procédures de la voûte
Procédures faciales
Procédures pelviennes
Procédures vertébrales
Procédures appendiculaires
Procédures viscérales
Procédure diaphragmatique
Amplification de l’impulsion rythmique crânienne (IRC)
Traitement du patient 195

Chapitre 6

Traitement du patient

Listen through the hands, not with the hands. Les principes fondamentaux de l’ostéopa-
R.E. Becker [1] thie peuvent être résumés de la façon sui-
vante.
(Écoutez au travers des mains, non pas avec
les mains.) – Le corps est une unité. Toute dysfonction de
n’importe quelle région du corps impacte
les autres régions par des interactions mem-
braneuses, myofasciales, articulaires, osseu-
Les grands principes ses, neurologiques et vasculaires, et par le
Les procédures décrites ci-après sont destinées mécanisme respiratoire primaire (MRP). Par
aux ostéopathes, pour leur présenter un conséquent, le traitement ostéopathique
ensemble de techniques qui peuvent être des dysfonctions somatiques affecte le
employées pour traiter les bébés, les enfants et corps entier.
les adolescents. Ces procédures suivent les – Le corps a la capacité de s’autoréguler. C’est
principes fondamentaux de l’ostéopathie clas- l’homéostasie, qui est le maintien d’un
sique, et comme toujours, sont fondées sur la équilibre physiologique résultant d’un état
connaissance de l’anatomie. Selon Still, « an dynamique d’équilibre entre différentes
osteopath reasons from his knowledge of ana- fonctions interdépendantes du corps. La
tomy. He compares the work of the abnormal body dysfonction somatique altère ce méca-
with the work of the normal body » [2] (« un nisme.
ostéopathe raisonne à partir de sa connais- – La structure détermine la fonction et est
sance de l’anatomie. Il compare la fonction influencée par la fonction. La dysfonction,
d’un corps anormal avec celle d’un corps nor- qui est un obstacle à la fonction normale,
mal »). résulte au fil du temps en une structure
Ces procédures doivent être considérées anormale. La particularité du traitement des
comme une trame à partir de laquelle chacun bébés et des jeunes enfants est que cette
peut développer sa propre pratique. On se structure présente chez eux une grande rési-
doit d’insister sur le fait que l’ostéopathie est lience et peut par conséquent être affectée
le traitement du malade et non pas d’une par les procédures ostéopathiques. Toute-
pathologie. Dès lors, considérer ces procédu- fois, lorsque le sujet grandit, le potentiel de
res seulement comme une liste de recettes modification de la structure diminue pro-
pour le traitement des troubles qui affectent gressivement.
les bébés, les enfants et les adolescents est Le corps a la capacité inhérente de s’auto-
insuffisant. Pour les employer efficacement, le guérir, laquelle peut être altérée par l’incapa-
diagnostic précis du schéma dysfonctionnel cité de compenser le vieillissement, la maladie
du patient doit être formulé au préalable. et la dysfonction somatique. La progression

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Ostéopathie pédiatrique
196 Ostéopathie pédiatrique

de temps est permanente, alors que la maladie par une conscience rapide qui offre un moyen
peut être plus ou moins traitée par les moyens efficace de diagnostic. Les tests d’écoute per-
médicaux standard, et la dysfonction somati- mettent une identification rapide de la dys-
que normalisée par le traitement ostéopathi- fonction, avec un respect total du patient. Le
que. Le traitement efficace de la dysfonction plus souvent, ils sont exécutés dans la posi-
somatique, par la capacité inhérente du corps tion de confort du sujet, et comme le toucher
de s’autoguérir, facilite les traitements médi- le plus léger possible est employé, les bébés et
caux standard de la maladie. les enfants ne sont pas dérangés, ce qui
Dès lors, l’objectif de la pratique ostéopa- confère de gros atouts à ces procédures.
thique est d’identifier et de traiter les dysfonc- Il y a autant de méthodes pour traiter un
tions somatiques aux niveaux fluidique, patient qu’il y a d’ostéopathes, et les prati-
membraneux, myofascial, ligamentaire, intra- ciens expérimentés ont régulièrement d’excel-
et interosseux, et viscéral pour améliorer de lents résultats. De ce fait, aucune catégorie de
cette façon la capacité du corps de rétablir et procédures thérapeutiques ne devrait être
maintenir l’état de santé. considérée comme une panacée. De multiples
L’identification de la dysfonction somati- formes de traitement peuvent être employées
que est le résultat de l’observation, de la pal- pour traiter les bébés, les enfants et les adoles-
pation pour la structure et de la palpation cents. Elles couvrent un spectre large, depuis
pour la fonction. La palpation pour la fonc- les techniques articulaires énergiques aux pro-
tion est également sous-divisée en tests de cédures crâniennes indirectes. Les méthodes
mobilité et en tests d’écoute. La maîtrise des plus agressives peuvent être employées en
tests d’écoute fournit souvent suffisamment traitant les adultes et jusqu’à un certain point
d’information, éliminant le besoin d’autres les adolescents les plus grands. En revanche,
tests de mobilité. Pour employer efficacement les procédures plus légères se prêtent parfaite-
l’écoute par le toucher, le praticien doit être ment au traitement de tous : les bébés, les
attentif au MRP et à la motilité inhérente des enfants et les adolescents.
tissus, telle qu’elle est exprimée dans la struc- En fait, toutes les procédures de traitement
ture examinée. Chaque structure du corps manipulatif peuvent être classifiées en techni-
manifeste le mouvement biphasique du MRP. ques directes, indirectes ou combinées. Les
La flexion-rotation externe et l’extension- sous-groupes existent mais les grands princi-
rotation interne sont respectivement conco- pes restent les mêmes. L’objectif d’une mani-
mitantes avec les phases d’inspiration et pulation est l’amélioration de la dysfonction
d’expiration du MRP. En présence d’une dys- somatique. Un identifiant numérique est assi-
fonction somatique, la symétrie et la puis- gné au diagnostic de la dysfonction somati-
sance de ce phénomène biphasique sont alté- que (739) dans la Classification internationale
rées. Cela résulte en une motilité diminuée, des maladies (International Classification of
ou restriction, dans une phase du mécanisme, Diseases [ICD] 9) [3]. La classification est sous-
et la sensation d’équilibre qui est normale- divisée, selon la région anatomique où la
ment perçue entre les deux phases glisse vers dysfonction est diagnostiquée, avec les dys-
la phase la plus libre. fonctions somatiques crânienne 739,0, cervi-
Écouter pour percevoir la dysfonction dans cale 739,1, thoracique 739,2, lombale 739,3,
le MRP, de sa fréquence et de sa puissance sacrale/pelvienne 739,4, iliaque/pelvienne
dans une structure donnée, ou entre des struc- 739,5, des membres inférieurs 739,6, des
tures, nécessite d’être attentif pour obtenir membres supérieurs 739,7, des côtes 739,8 et
l’information désirée. Puis, lorsque le prati- de l’abdomen/autre 739,9. La dysfonction
cien maîtrise cet art de l’écoute, le temps et la somatique est presque universellement iden-
patience nécessaires au novice sont remplacés tifiée dans le contexte d’une gêne dans le
Traitement du patient 197

mouvement normal de la structure dysfonc- niveau palpatoire, cela se traduit par un « still
tionnelle. La restriction du mouvement qui point » ou « point calme », la cessation tempo-
en résulte peut être traitée par l’utilisation de raire du mouvement rythmique du MRP, mais
procédures directes, indirectes ou combinées. la suite de la réponse du MRP, normalement
Les procédures directes déplacent la struc- d’une profonde intensité, est dans ce cas res-
ture dysfonctionnelle dans la direction vers treinte. Pour les très jeunes enfants, qui ne
laquelle le mouvement est limité, avec peuvent pas être instruits de respirer profon-
l’intention de dépasser cette restriction. Les dément, le praticien doit être patient, et
procédures indirectes éloignent la structure quand ce « point calme » est atteint, attendre
dysfonctionnelle de la restriction. Le plus sou- la réponse du MRP. Un « point calme » ne doit
vent, en traitant les bébés, les enfants et les jamais être maintenu ou contraint. Cela est
adolescents, l’usage de procédures indirectes contraire aux principes des traitements indi-
est plus approprié. Dans ces techniques, par- rects.
fois aussi nommées fonctionnelles ou senso- La perception des mouvements peut être
rielles, l’opérateur accompagne la structure améliorée en employant une visualisation de
dysfonctionnelle et l’éloigne de la restriction la zone anatomique traitée, et en faisant
jusqu’à un point d’équilibre. Cet équilibre est attention aux couches anatomiques, depuis
obtenu en recherchant par l’écoute la direc- les mouvements et tensions les plus superfi-
tion des mouvements les plus libres, puis en ciels de la peau, jusqu’aux mouvements des
accompagnant dans les plages d’aisance ces structures les plus profondes. Le contact pal-
composantes majeures et mineures du mou- patoire est toujours léger, en harmonie avec
vement. Cela conduit à un point d’équilibre les principes indirects ; la fermeté du toucher
où, souvent, une coopération respiratoire pul- est dictée par la profondeur de la dysfonction
monaire spontanée se produit. Normalement, traitée. On retiendra que l’objectif du traite-
après cette séquence, la structure normalisée ment doit être l’optimisation de la qualité, de
est libre dans toutes les directions des mouve- la puissance et de la fluidité du mouvement,
ments majeurs et mineurs, et la motilité inhé- plus que de sa quantité.
rente du MRP est optimisée. De surcroît, chez les bébés et les enfants, la
Typiquement, la respiration pulmonaire se flexibilité des tissus résulte en des schémas de
déroule à une fréquence légèrement plus mouvement, qui sont potentiellement très
grande que celle du MRP. Lorsque les procédu- fluides à la palpation. De la sorte, la descrip-
res indirectes sont employées en harmonie tion d’axes de mouvement autour desquels se
avec le MRP, une relaxation du patient sur- déplacent les os est une construction artifi-
vient. Il en résulte une diminution de la fré- cielle utilisée pour la communication. Les
quence respiratoire, qui se rapproche alors de modèles décrits dans ce texte sont des descrip-
celle du MRP. La mise en phase de ces deux tions globales de schémas dysfonctionnels. Ils
rythmes indépendants résulte en un entraîne- sont destinés à fournir au praticien un modèle
ment qui est fréquemment annoncé par un avec lequel il peut interpréter ses observa-
profond soupir du patient. Chez les sujets tions. Dans la pratique, il est important de
plus âgés, cela peut être intentionnellement suivre le schéma que présente le patient, et
accompli, en leur demandant de respirer len- non pas de tenter d’entraîner le patient dans
tement et profondément à un point stratégi- quelque modèle préconçu. L’utilisation des
que du traitement. C’est le cas lorsque, après tests d’écoute et des procédures de traitement
avoir suivi les mouvements les plus libres indirect nécessite que le praticien ait
dans les composantes majeures et mineures, confiance en ses perceptions.
un point d’équilibre est atteint, mais les tissus L’ostéopathie crânienne s’intéresse à tout
ne sont pas pour autant prêts à se relâcher. Au le corps, et non seulement au crâne et au
198 Ostéopathie pédiatrique

sacrum. La dysfonction crânienne est tout rience harmonieuse pour toutes les personnes
autant associée au schéma fonctionnel du impliquées, et l’enfant, dans la mesure du
corps que la dysfonction du corps peut être possible, ne devrait pas pleurer. Parfois, pleu-
associée au schéma crânien. Pour cette raison, rer est décrit comme une forme de coopéra-
et en accord avec les principes indirects, le tion respiratoire dans le traitement manipula-
patient doit avoir la possibilité de se placer tif, mais cela ne doit être en aucune façon une
dans une position facilitant l’aisance et la excuse pour rester insensible à l’enfant. Essen-
détente totale. Il doit aussi pouvoir se reposi- tiellement, dans chaque cas, le traitement
tionner spontanément, si cela est nécessaire peut être accompli avec succès sans faire pleu-
dans le cours du traitement. Ce principe peut rer l’enfant.
être facilement observé en traitant les bébés et Pour employer efficacement les procédures
les jeunes enfants qui, contrairement aux de traitement indirect, le praticien doit aussi
adultes, ne s’installent pas consciemment être détendu et à l’aise. Il devrait être assis sur
dans une position supposée appropriée pour un tabouret avec une hauteur ajustable et des
le traitement. Tout au contraire, ils se dépla- roulettes, ce qui permet facilement de chan-
cent au fil du traitement et les relations entre ger de position. Les mains doivent être relâ-
les diverses parties du corps sont facilement chées et chaudes. Les doigts s’adaptent au
apparentes. contour des zones traitées. Toute tension des
Traiter tout le corps signifie que toutes les doigts inhibe la perception des informations
pièces anatomiques impliquées, les membra- proprioceptives des articulations interphalan-
nes, les ligaments, les fascias, les muscles, les giennes et métacarpophalangiennes, néces-
os, les articulations et les viscères, tout autant saires pour suivre le MRP et la réponse du
que le MRP doivent être pris en compte pen- patient au déroulement du traitement.
dant le traitement. Les traitements manipula- L’attention palpatoire doit être bilatérale. Il
tifs utilisant le modèle crânien affectent le est facile de se concentrer sur les données
patient par leur effet sur l’anatomie et la phy- proprioceptives de la main dominante. De
siologie de la région. De surcroît, ils entraî- plus, le placement de la main ne doit pas être
nent une réponse globale par leur action sur le limité à la position du contact initial ou à
système nerveux autonome (SNA). Tout trai- celui conseillé par la description d’une techni-
tement qui influence le MRP influence le que formelle. Le praticien doit se sentir libre
SNA. Dès lors, les forces biodynamiques inhé- de changer la position de sa main selon la
rentes à l’individu sont sollicitées, encoura- réponse de la zone traitée.
geant une autorégulation globale, tout autant Une variation dans le traitement par une
que locale, à savoir le niveau précis de la dys- approche indirecte est l’application de pom-
fonction considérée. page et de modelage. Cette modalité est parti-
Pour le traitement des bébés et des jeunes culièrement indiquée pour les dysfonctions
enfants, il peut être plus efficace de les laisser intraosseuses et chroniques. Cela consiste à
dans les bras de leur mère ou de leur père, ou suivre les mouvements majeurs et mineurs les
dans le cas d’enfants un peu plus grands, de plus libres dans les plages d’aisance de la zone
les asseoir en face de jouets pour les mettre à dysfonctionnelle, au rythme biphasique du
l’aise. Afin de suivre les principes indirects, MRP. Puis, après la phase d’aisance dans le
l’enfant doit être en confiance et accepter le mouvement, lors du temps respiratoire pri-
toucher du praticien. Il est important de se maire qui correspond à la restriction, on
rendre compte que si l’enfant se sent bien, les incite très doucement le mouvement en asso-
parents le seront aussi, ce qui, en retour, ren- ciation avec le MRP dans la direction de la
force le confort de l’enfant. La recherche de restriction, puis on retourne dans l’aisance et
l’équilibre fonctionnel devrait être une expé- ainsi de suite, réalisant un pompage tissulaire
Traitement du patient 199

de la zone traitée. Cela n’est pas au sens pur Dans ce cas, on commence plutôt par des
une procédure directe, car la barrière imposée procédures de relâchement myofascial global
par la dysfonction n’est jamais engagée. Le pour faciliter la détente, pour progresser
pompage se produit dans l’aisance, mais uti- ensuite sur des interventions plus spécifiques.
lise le rythme et la puissance du MRP pour Souvent, il est utile de traiter les zones qui
normaliser la restriction dysfonctionnelle. entourent la région dysfonctionnelle pour
L’opérateur continue ce pompage jusqu’au obtenir une détente.
point de relâchement. Cette procédure est très Il est conseillé de commencer par le traite-
efficace quand les mouvements mineurs et le ment du bassin et de la colonne vertébrale,
MRP sont employés spécifiquement, conjoin- particulièrement des parties thoracique et cer-
tement avec les mouvements majeurs plus vicale supérieures, avant de commencer le
facilement identifiables. traitement du crâne. L’utilisation des procé-
Les techniques de modelage peuvent être dures et des principes indirects s’applique par-
appliquées pour normaliser les dysfonctions faitement au traitement des nourrissons, des
intraosseuses d’un os. Elles consistent en la enfants et des adolescents. Dès lors, lors-
normalisation des parties de l’os qui consti- qu’une zone en dysfonction somatique ré-
tuent la dysfonction, conformément aux siste, il est préférable de ne pas insister, mais
principes des techniques indirectes et des plutôt d’essayer de traiter les zones sus- et
pompages décrits ci-dessus. Très souvent, les sous-jacentes, ou tout autre dysfonction à dis-
deux procédures sont associées, définies alors tance, puis de revenir sur la zone initiale.
comme « pompage-modelage ».
En traitant le crâne, commencer par nor-
Par les tests d’écoute, les sites de plus
maliser les déséquilibres de tension membra-
grande restriction peuvent être identifiés.
neuse, puis la base crânienne, avec une atten-
Cela doit être traité en premier. Mais souvent,
tion spécifique pour la synchondrose sphéno-
les thérapeutes moins expérimentés sont
basilaire (SSB). Lorsque les membranes et la
incertains sur la zone par où commencer et
SSB sont normalisées, traiter toute dysfonc-
apprécient les protocoles de traitement. De
tion interosseuse entre l’occiput, le sphénoïde
telles recettes ont une valeur limitée parce que
et les os temporaux, à moins de rencontrer
deux malades ne sont pas identiques, même
une résistance à ce traitement comme évoqué
s’ils partagent la même anatomie. Par consé-
ci-dessus. Puis, traiter les dysfonctions intra-
quent, des protocoles de traitement, au sens
osseuses de l’occiput, des os temporaux et, si
large, peuvent être identifiés, mais ils doivent
le sujet est assez jeune, du sphénoïde.
seulement être utilisés comme des modèles
imparfaits, et l’application d’un traitement Si les symptômes sont en rapport avec une
doit toujours d’abord prendre en considéra- dysfonction du viscérocrâne, normaliser les
tion les variations individuelles du patient. rapports entre les os sphénoïde et frontal, et
Commencer le traitement par la zone entre les os frontal et du viscérocrâne. Les
ayant motivé la consultation peut sembler dysfonctions de l’articulation temporomandi-
indiqué, sans oublier toutefois que le pro- bulaire (ATM) peuvent être traitées après la
blème peut être secondaire à une dysfonction normalisation de la base crânienne et une
adjacente ou à distance. Pour autant, chez les attention particulière aux os temporaux.
nourrissons et les jeunes enfants, s’il existe La durée du traitement est toujours dictée
une douleur, il est préférable de ne pas com- par la réponse du patient. Lorsque la réponse
mencer par cette zone. Il est important de survient, il est conseillé de s’arrêter, même si
créer un climat de confiance, et commencer la cette réponse n’est pas la résolution complète
rencontre avec ces patients en manipulant de la dysfonction. Le praticien doit doser
une région douloureuse n’est pas judicieux. l’intervention et apprécier ce que les tissus
200 Ostéopathie pédiatrique

peuvent accepter à cet instant ; si nécessaire,


une autre zone peut être normalisée.
Le placement des mains pour les procédu-
res décrites ci-après est le même que celui
employé pour le diagnostic avec les tests
d’écoute. Avec un peu d’expérience, ces posi-
tions de mains présentent l’avantage de pro-
céder dans la continuité au diagnostic et au
traitement. Bien que les procédures les plus
utiles soient décrites ci-après, les meilleures
techniques sont celles que le praticien crée
selon l’anatomie, le mouvement physiologi-
que, les dysfonctions du patient, et selon sa
propre condition et ses compétences techni-
ques. Le praticien doit avoir la capacité de Figure 6.1. Normalisation des membranes
s’adapter et d’être créatif. Aucune technique intracrâniennes avec la prise par la voûte.
ne peut être répétée identiquement d’un
patient à l’autre, ni souvent chez le même
sujet d’une visite à l’autre.
■ Procédure
Idéalement, un enfant devrait être norma-
Patient en décubitus (figure 6.1).
lisé au moment de la naissance. Cela suppose
de l’expérience, tout autant qu’une grande Praticien assis à la tête du patient pour une
patience et la capacité d’établir un contact prise par la voûte, ou sur le côté de la table
respectueux avec le bébé. La récompense est pour une prise fronto-occipitale.
que, chez les enfants, les réponses sont rapi- Pour la prise par la voûte, les pouces sont
des, et parfois avec des résultats qui pour- l’un sur l’autre au-dessus de la suture sagittale,
raient paraître miraculeux pour qui ne sans la toucher ; les mains contactent les par-
connaît pas les principes ostéopathiques de ties latérales du crâne, de telle sorte que la
traitement. pulpe des index soit sur le sommet des gran-
des ailes du sphénoïde, celle des médius sur
l’écaille du temporal en avant du méat acous-
Normalisation des membranes tique externe, celle des annulaires sur les os
temporaux en arrière du méat acoustique
intracrâniennes et intraspinales externe, et celle de l’auriculaire sur l’écaille de
l’occipital.
Normalisation des membranes Le contact du crâne se fait avec la pression
intracrâniennes la plus légère possible. Un placement de
mains confortable est indispensable pour la
Normalisation globale relaxation du patient. Cette condition facilite
la perception des impulsions rythmiques crâ-
■ Indications niennes.
L’équilibration des membranes intracrânien- Pour la prise fronto-occipitale, une main
nes fait partie de chaque traitement crânien, est placée transversalement sous l’occiput.
quelles que soient les autres procédures utili- L’autre main est placée sur le frontal du
sées. C’est souvent la première procédure crâ- patient, de telle façon que la pulpe du pouce
nienne à employer. Elle facilite le drainage des soit sur le sommet d’une des grandes ailes du
sinus veineux. sphénoïde, et la pulpe du médius sur le som-
Traitement du patient 201

met de l’autre. Chez les bébés et les jeunes


enfants, veiller à ne pas couvrir les yeux avec
la main frontale.
Visualiser les membranes, écouter et suivre
leur mouvement dans la direction de
l’aisance, en harmonie avec le MRP, jusqu’à ce
qu’un relâchement se produise. Fréquem-
ment à cet instant, une coopération respira-
toire spontanée survient, sous la forme d’une
profonde respiration. Si cela ne se produit pas
ou si le relâchement est incomplet, on peut
demander aux patients qui sont assez grands
pour suivre des instructions de respirer pro-
fondément, en prolongeant l’inspiration pour
faciliter le relâchement d’une dysfonction de
flexion-rotation externe, ou en prolongeant Figure 6.2. Normalisation de la tente
l’expiration pour une dysfonction d’exten- du cervelet par les os temporaux.
sion-rotation interne.

■ Remarques Visualiser la tente du cervelet, écouter, et en


Selon les besoins, les prises peuvent être harmonie avec le MRP, suivre les mouvements
modifiées au fur et à mesure du relâchement, des temporaux et de la tente du cervelet dans
pour toujours suivre les tensions membraneu- les directions de la plus grande aisance jusqu’à
ses et les mouvements mineurs de la dysfonc- obtenir un relâchement. Une coopération res-
tion. Quand le relâchement se produit, il piratoire peut être sollicitée. On demande au
s’accompagne d’une sensation de chaleur et patient d’inspirer profondément et de mainte-
de souplesse dans les tissus. Le relâchement nir l’inspiration pour faciliter le relâchement
complet des dysfonctions membraneuses du temporal en rotation externe ; l’expiration
nécessite la normalisation des dysfonctions facilite la rotation interne.
inter- et intraosseuses.

Normalisation de la tente du cervelet ■ Remarques


Les jeunes enfants peuvent ne pas apprécier
■ Indications cette procédure si le méat acoustique externe
Dysfonctions des os temporaux, des nerfs crâ- est obstrué ; dans ce cas, le praticien peut
niens III, IV, V, VI, drainage des sinus veineux, placer les médius juste en avant des méats.
normalisation de la loge hypophysaire.
Pendant cette procédure (figure 6.3), le pra-
■ Procédure ticien peut en plus contrôler le sphénoïde en
Patient en décubitus (figure 6.2). déplaçant les pouces pour contacter les faces
Praticien à la tête du patient, avec une prise latérales des grandes ailes. Cela permet de
temporale bilatérale : les pouces et les index focaliser l’attention sur les parties et les inser-
de part et d’autre des processus zygomatiques, tions antérieures de la tente du cervelet, en
les médius en contact avec les méats acousti- particulier le toit et les parois latérales du si-
ques externes, les annulaires sur les pointes nus caverneux, en rapport avec le sphénoïde.
des processus mastoïdes, et les auriculaires sur Le ligament pétrosphénoïdal peut aussi être
l’occiput en arrière de l’astérion. normalisé avec cette prise.
202 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.4. Normalisation de la faux


du cerveau.

■ Remarques
Cette procédure peut être associée à la norma-
lisation de la SSB. Elle est facilitée si les dys-
fonctions craniocervicales, cervicales et thora-
ciques sont normalisées, et si le patient est
Figure 6.3. Normalisation de la tente placé dans sa position de confort.
du cervelet par les os temporaux
et le sphénoïde. Normalisation
des membranes intraspinales
Normalisation de la faux du cerveau
■ Indications
■ Indications Harmonisation des trois diaphragmes : crâ-
Dysfonction de la SSB. Strains membraneux. nien, thoracoabdominal et pelvien. La nor-
Drainage des sinus longitudinaux. Dysfonc- malisation des membranes intraspinales fait
tions de l’os frontal et du viscérocrâne. partie de chaque traitement vertébral.

■ Procédure Procédure à un praticien


Patient en décubitus (figure 6.4).
Le praticien est assis à la tête de la table. Une ■ Procédure
main est placée transversalement sous l’occi- Patient en décubitus (figure 6.5).
put, et l’autre main sur le frontal, en direction Praticien assis à la tête du patient avec les
opposée. Faire une écoute. Visualiser la faux du deux mains placées confortablement sous
cerveau et suivre les mouvements perçus en l’occiput, de telle façon que la pulpe des
direction de la plus grande aisance. Les mains doigts contacte l’écaille de l’occipital juste
frontale et occipitale accompagnent les mou- au-dessous de la ligne nuchale supérieure.
vements respectifs du frontal et de l’occiput Pendant la palpation de l’occiput, visualiser
pour faciliter la normalisation de la faux. les insertions durales intracrâniennes et le
Traitement du patient 203

interne pour un schéma d’extension. Les sché-


mas de torsion et sidebending présentent d’un
côté une rotation externe, et de l’autre une
rotation interne. Cette procédure peut donc
être réalisée en demandant une dorsiflexion et
une rotation externe du côté de la rotation
externe, et une flexion plantaire et une rota-
tion interne de l’autre côté. À ce point, une
coopération respiratoire spontanée peut se pro-
duire sous la forme d’une profonde respiration.
Si ce n’est pas le cas, on peut demander au
patient d’inspirer profondément et de mainte-
nir l’inspiration pour faciliter la flexion, ou
d’expirer pour accroître l’extension.
Figure 6.5. Normalisation des membranes
intraspinales ; procédure à un praticien. Procédure à deux praticiens

■ Procédure
core-link, la continuité entre la dure-mère Patient en décubitus (figure 6.6).
intracrânienne et la dure-mère intraspinale, et Un praticien est assis à la tête du patient
ses relations avec le sacrum et le coccyx. Écou- comme décrit ci-dessus. L’autre praticien
ter et, tout en suivant le MRP, accompagner les estplacé à hauteur du bassin et place une
tissus dans la direction de la plus grande main sous le sacrum du patient, les doigts
aisance, jusqu’au point où une sensation dirigés céphaliquement vers la base du
d’équilibre est perçue. Cet équilibre peut être sacrum, le médius en direction du processus
facilité en demandant aux plus grands de faire épineux de L5. La pulpe de l’index et celle de
une dorsiflexion des pieds et/ou de placer les l’annulaire sont placées de part et d’autre sur
jambes en rotation externe pour faciliter la les articulations sacro-iliaques. Les deux pra-
flexion sacrale, et donc faciliter le relâchement ticiensemploient les principes indirects et
d’un schéma de flexion, ou de faire une flexion accompagnent les tissus jusqu’à ce qu’un
plantaire et/ou de placer les jambes en rotation relâchement se produise.

Figure 6.6. Normalisation des membranes intraspinales ; procédure à deux praticiens.


204 Ostéopathie pédiatrique

■ Remarques
Cette procédure permet une normalisation
craniosacrale très efficace, mais les deux prati-
ciens doivent coopérer. Avec l’expérience, il
est possible pour un praticien d’apprécier
l’effet exercé par l’autre praticien sur le méca-
nisme craniosacral.

En traitant les nourrissons, un seul prati-


cien peut exécuter cette procédure en plaçant
une main sous le sacrum et l’autre sous la tête
(figure 6.7). Le sujet peut être en décubitus sur
la table, ou sur les genoux du praticien. Cette
procédure peut être employée pour normaliser
les dysfonctions associées à la position fœtale.

Procédures myofasciales
Figure 6.7. Normalisation des membranes
Procédures myofasciales intraspinales chez les enfants.
des membres inférieurs
■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.8).
Procédure myofasciale globale
Praticien assis à côté du patient, du côté de
la dysfonction. Saisir le pied avec une main,
■ Indications de telle façon que le pouce soit sur la partie
Pieds qui tournent latéralement ou médiale- latérale du pied et les autres doigts sur la partie
ment, déformations des genoux en varus ou médiale. Placer l’autre main sur la crête ilia-
en valgus, syndromes rotuliens et marche sur que, avec le pouce sur l’épine iliaque antéro-
la pointe des pieds. supérieure (EIAS) et les doigts dirigés posté-

Figure 6.8. Procédure myofasciale globale du membre inférieur.


Traitement du patient 205

Figure 6.9. Procédure myofasciale segmentaire du membre inférieur.

rieurement. Faire une écoute et, avec le MRP,


accompagner les structures myofasciales de
Procédure myofasciale segmentaire
tout le membre inférieur dans leur position ■ Indications
d’aisance. Le plus souvent, cela correspond à
Torsions intraosseuses tibiale et fémorale.
un schéma de torsion sur l’axe long du mem-
Troubles de la marche, pieds qui tournent
bre inférieur, et nécessite le positionnement
latéralement ou médialement.
de la cheville, du genou et de la hanche pour
faciliter le relâchement. Les schémas myofas- ■ Procédure
ciaux impliquent l’ensemble du corps ; dès
Patient en décubitus (figure 6.9).
lors, il est aussi nécessaire de positionner tout
Praticien assis à côté du patient, du côté de
le corps dans une position de confort.
la dysfonction. Saisir avec les mains les extré-
■ Remarques mités proximale et distale du segment à trai-
ter, le plus souvent le tibia, occasionnelle-
La position de confort est le plus souvent la ment le fémur. Écouter et, avec le MRP,
position que les nourrissons et les enfants accompagner les structures myofasciales dans
prennent spontanément en s’installant sur la leur position d’aisance. Un schéma de torsion
table de traitement. Il est donc important de le long de l’axe long du segment se dessine le
ne pas tenter d’imposer une position précon- plus souvent. Attendre le relâchement.
çue à ces patients.
Cette procédure est la plus efficace Procédure myofasciale du pied
lorsqu’elle est employée chez les nourrissons
et les enfants. Chez les adolescents, la taille du ■ Indications
membre inférieur nécessite que la procédure Metatarsus adductus, pieds creux, pieds plats ,
soit faite en deux temps, ou par deux prati- marche sur la pointe des pieds, et chez les
ciens. adolescents, fasciite plantaire.
206 Ostéopathie pédiatrique

torsion, avec une rotation interne de l’extré-


mité distale du pied. Attendre le relâche-
ment.

Procédures myofasciales
des membres supérieurs

■ Indications
Atteintes du plexus brachial, préparation à la
normalisation des subluxations de la tête du
radius , crampes de l’écrivain.

■ Procédure
Figure 6.10. Procédure myofasciale du pied.
Patient en décubitus ou assis (figure 6.11).
Praticien assis à côté du patient, du côté de
la dysfonction. Saisir le poignet avec la main
■ Procédure caudale, de telle façon que le pouce soit sur les
Patient en décubitus (figure 6.10). extenseurs et les autres doigts sur les fléchis-
Praticien assis à côté du patient, du côté de seurs juste au-dessus du poignet. Placer la
la dysfonction et au niveau du pied. Saisir la main céphalique sur l’épaule, avec le pouce
partie distale du pied entre le pouce et les sur la clavicule et les doigts dirigés postérieu-
doigts d’une main et empaumer le talon avec rement. Faire une écoute et, avec le MRP,
l’autre main. Faire une écoute, et accompa- accompagner les structures myofasciales de
gner les structures myofasciales du pied dans tout le membre supérieur dans leur position
leur position d’aisance. C’est souvent une d’aisance. Un modèle de torsion le long de

Figure 6.11. Procédure myofasciale du membre supérieur.


Traitement du patient 207

du corps, toujours dans le sens de l’aisance


pour faciliter la détente. Attendre le relâche-
ment.

Procédure sterno-occipitale

■ Indications
Dysfonctions sternales. Torticolis. Troubles
respiratoires.

■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.13).
Praticien assis à la tête du patient, avec une
main empaumant l’occiput, et l’autre main
placée sur le sternum de telle sorte que la
Figure 6.12. Procédure occipitoscapulaire. paume soit sur le corps sternal et les doigts
dirigés caudalement. Faire une écoute et, en
l’axe long du membre est présent le plus sou- suivant le MRP, accompagner le sternum et
vent, ce qui peut nécessiter diverses combi- l’occiput dans leur position d’aisance. Une
naisons de positionnement du poignet, de coopération respiratoire spontanée sous la
l’avant-bras (pronation ou supination), du forme d’une profonde respiration indique une
coude et de l’épaule pour faciliter le relâche- mise en phase des rythmes respiratoires pul-
ment. Là encore, les schémas myofasciaux monaire et crânien. Si cela ne se produit pas,
sont des phénomènes impliquant l’ensemble ou si le relâchement est incomplet, on peut
du corps ; il est donc nécessaire de positionner demander au grand enfant d’inspirer profon-
le patient dans une position de confort. dément, et de maintenir l’inspiration pour
Attendre le relâchement. faciliter le relâchement d’un schéma dysfonc-
tionnel de flexion, ou d’expirer et de mainte-
Procédures myofasciales axiales nir l’expiration pour faciliter l’extension.

Procédure occipitoscapulaire Procédure sternosacrale


■ Indications ■ Indications
Tensions myofasciales trouvées en association Dysfonction diaphragmatique. Troubles diges-
avec les atteintes du plexus brachial, des torti- tifs.
colis ou des plagiocéphalies.
■ Procédure
■ Procédure Patient en décubitus (figure 6.14).
Patient en décubitus (figure 6.12). Praticien soit assis, soit debout, avec une
Praticien assis à la tête du patient avec une main sur le sternum et l’autre sous le sacrum,
main enveloppant l’occiput, et l’autre sur paume tournée vers le plafond, et les doigts
l’épaule. Les bébés peuvent être traités sur les dirigés céphaliquement vers la base du sa-
genoux du praticien. Faire une écoute et, crum, le médius en direction du processus
avec le MRP, accompagner les structures épineux de L5. L’index et l’annulaire sont pla-
myofasciales dans la position d’aisance. Il cés de chaque côté sur les articulations sacro-
peut être nécessaire de changer la position de iliaques. Faire une écoute et, en suivant le
l’épaule, ou de solliciter les autres régions MRP, accompagner le sternum et le sacrum
208 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.13. Procédure sterno-occipitale.

Figure 6.14. Procédure sternosacrale.

dans leur position de plus grande aisance, piration. Comme décrit dans la procédure
jusqu’à obtenir une coopération respiratoire précédente, le patient peut coopérer active-
spontanée, sous la forme d’une profonde ins- ment si nécessaire.
Traitement du patient 209

Figure 6.16. Procédure de modelage sacral.

■ Remarques
Figure 6.15. Procédure sternovertébrale. Une procédure similaire peut être employée
pour normaliser les relations myofasciales
entre la scapula et la colonne thoracique, en
■ Remarques plaçant une main sur la scapula et l’autre sur
La normalisation complète facilite le synchro- la colonne thoracique.
nisme des mouvements entre les différents
diaphragmes : crânien, thoracoabdominal et
pelvien. Procédures de modelage

Procédure sternovertébrale
Modelage sacral
■ Indications
■ Indications Dysfonctions somatiques intraosseuses sacra-
Tensions myofasciales trouvées en association les, facilitation du relâchement des membra-
avec les dysfonctions respiratoires et de la nes intraspinales, normalisation de la fonc-
cage thoracique. tion autonomique splanchnique pelvienne
dans le traitement des dysfonctions viscérales
■ Procédure comme l’énurésie, la constipation et les dys-
Patient en décubitus ou assis (figure 6.15). ménorrhées.
Praticien assis à côté du patient avec une
main sur le sternum, et l’autre en contact avec ■ Procédure
la colonne thoracique supérieure. Faire une Patient en décubitus (figure 6.16).
écoute et, avec le MRP, laisser les structures Praticien debout ou assis à côté du patient,
myofasciales thoraciques s’installer dans leur au niveau du bassin et du côté de la dysfonc-
position d’aisance. La plupart du temps, les tion. Placer une main sous le sacrum, la
fascias antérieurs et les fascias postérieurs ont paume tournée vers le haut et les doigts diri-
des déplacements en sens contraire. Attendre gés céphaliquement. Noter les mouvements
un relâchement. présents, flexion-extension craniosacrales,
210 Ostéopathie pédiatrique

torsion et/ou sidebending sacraux. Selon les


principes indirects, suivre les mouvements
perçus, accompagner le MRP et écouter la
motilité intraosseuse du sacrum pour identi-
fier les restrictions du mouvement. Accom-
pagner les mouvements majeurs et mineurs
du sacrum, et employer les forces inhérentes
du MRP pour réaliser un pompage doux de
la dysfonction intraosseuse et modeler le
sacrum.

■ Remarques
Cette procédure est très relaxante. Elle facilite
la fonction parasympathique et peut être
employée au début du traitement.
Figure 6.17. Procédure
Modelage occipital de modelage occipital.

■ Indications
Dysfonction somatique intraosseuse occipi- de faciliter le modelage de l’occiput. Ce
tale, comme c’est le cas dans les plagiocépha- modelage peut être employé seul ou en
lies. Facilite la normalisation des membranes association avec d’autres procédures, telles
dure-mériennes intracrâniennes et spinales. que la normalisation de la SSB. Comme dans
Participe à la normalisation de la fonction toutes les procédures, employer les forces
vagale du système autonome. inhérentes du MRP facilite le relâchement
tissulaire et, dans ce cas, le modelage intra-
■ Procédure osseux.
Patient en décubitus (figure 6.17).
Praticien assis à la tête du patient. Placer Modelage de la voûte
une main sous la tête du patient, paume tour-
née vers le haut et envelopper l’occiput. Noter ■ Indications
les schémas de flexion-extension crânienne,
torsion et/ou sidebending présents au niveau Dysfonctions somatiques intraosseuses des os
de l’occiput, et le rapport entre l’occiput et de la voûte : pariétaux, frontaux et écailles
l’atlas. Accompagner ces schémas selon les des os temporaux et occipital. Entre autres
principes indirects, ce qui en retour facilite choses, les dysfonctions intraosseuses parié-
l’écoute du MRP, permet d’évaluer la motilité tales sont associées aux troubles du sommeil
intraosseuse de l’occiput et d’identifier les res- et aux troubles cognitifs comme la dyslexie ;
trictions. Suivre les directions les plus libres et celles des frontaux aux troubles du comporte-
employer les forces inhérentes du MRP pour ment ; et celles des temporaux aux troubles
modeler tranquillement les dysfonctions occi- du langage.
pitales intraosseuses.
■ Procédure
■ Remarques Patient en décubitus (figure 6.18).
Les dysfonctions importantes de la base crâ- Praticien assis à la tête du patient. Placer la
nienne doivent d’abord être considérées, afin main dominante sur la partie de la voûte à
Traitement du patient 211

Figure 6.18. Procédure


de modelage de la voûte.

Figure 6.19. Prise fronto-occipitale.


modeler et l’autre main sur le crâne pour le
tenir d’une façon confortable. Noter les mou-
vements crâniens de flexion-rotation externe
et d’extension-rotation interne. En accord Prise fronto-occipitale
avec les principes indirects, accompagner ces
mouvements crâniens, écouter le MRP et éva- ■ Indications
luer la motilité intraosseuse du pariétal, des Dysfonction de la SSB. Tensions membra-
frontaux, et des écailles des os occipital ou neuses.
temporaux pour identifier les restrictions de
mouvement. Accompagner les mouvements ■ Procédure
les plus libres, et employer les forces inhéren- Patient en décubitus (figure 6.19).
tes du MRP pour modeler tranquillement l’os Praticien assis à la tête de la table, sur un
dysfonctionnel. côté. Placer une main transversalement sous
l’occiput, paume tournée vers le haut. Placer
l’autre main sur la partie antérieure du crâne
Procédures de la synchondrose du patient, de telle sorte que la pulpe du
sphénobasilaire pouce et du médius soit sur la partie supé-
rieure des grandes ailes du sphénoïde. Écou-
Les trois procédures qui suivent permettent de ter la SSB et déterminer le schéma dysfonc-
normaliser une dysfonction de la SSB. Cepen- tionnel. Utiliser les principes indirects et les
dant, les points de contact palpatoires sur le forces inhérentes du MRP pour normaliser ce
crâne sont à distance de la SSB. Par consé- qui est trouvé.
quent, il est facile de palper le mouvement Pour faciliter l’expression des forces inhé-
superficiel des membranes crâniennes et de rentes du MRP, il est parfois nécessaire
commettre l’erreur de penser que ce qui est d’introduire un pompage léger de la SSB.
perçu est le mouvement de la SSB. De ce fait, Pour cela, l’occiput et le sphénoïde doivent
la palpation superficielle du crâne doit être être accompagnés dans leurs positions de
associée à une connaissance minutieuse de plus grande aisance, tout en sollicitant déli-
l’anatomie concernée et à l’usage de la visua- catement et rythmiquement les mouvements
lisation pour interpréter le mouvement en de flexion-extension du MRP, jusqu’à ce
profondeur du crâne, ou le manque de mou- qu’un relâchement se produise. Cette appro-
vement de la SSB. che est surtout recommandée dans les dys-
212 Ostéopathie pédiatrique

fonctions chroniques de la SSB et la com-


pression.
La réponse peut être facilitée en plaçant le
patient dans une position de confort. Sou-
vent, la colonne cervicale du patient présente
une dysfonction d’extension qui doit être
normalisée avant la SSB. Si cela n’est pas pos-
sible, la région cervicothoracique doit être
placée dans la position d’aisance. De même, le
positionnement des structures caudales
accommode la position du sacrum et facilite
le relâchement.

■ Remarques
Figure 6.20. Prise par la voûte.
Le praticien peut placer la main droite ou
gauche sous l’occiput, et l’autre sur le sphé-
noïde. En fait, le confort du praticien et du
patient doit déterminer le choix de la posi- Prise par la voûte
tion. Cependant, chez le nourrisson, quand
la main qui palpe le sphénoïde est placée de ■ Indications
telle façon que la paume cache les yeux, cela Dysfonction de la SSB. Tensions membra-
est moins bien accepté. neuses.
En revanche, si la main qui palpe le sphé-
noïde est placée avec la paume sur le front du ■ Procédure
sujet, cela permet de contrôler aussi le sphé- Patient en décubitus (figure 6.20).
noïde par l’intermédiaire de l’os frontal. Il
Praticien assis à la tête du patient. Contac-
faut se souvenir que les bords postérieurs des
ter le crâne avec la pression la plus légère
lames orbitaires de l’os frontal s’articulent
possible. Les pouces sont l’un sur l’autre
avec les petites ailes du sphénoïde. Les petites
au-dessus de la suture sagittale, sans la tou-
ailes et le corps sphénoïdal font partie de la
cher. Les mains contactent les parties latérales
base crânienne cartilagineuse. Dès lors, visua-
du crâne, avec :
liser le rapport entre l’os frontal et les petites
ailes, et considérer cette zone comme une – la pulpe des index sur le sommet des gran-
unité fonctionnelle, permet une approche des ailes du sphénoïde ;
plus précise de la fonction du corps sphé- – les médius sur les angles sphénoïdaux des
noïdal. pariétaux et les temporaux en avant des
Le placement des mains peut être modifié méats acoustiques externes ;
avec la paume d’une main placée longitudina- – les annulaires sur les angles mastoïdiens des
lement sous l’occiput, les doigts allongés en pariétaux et les temporaux en arrière des
direction caudale. L’autre main, également méats acoustiques externes ;
orientée longitudinalement et les doigts
allongés en direction caudale, est placée sur – les auriculaires sur l’écaille de l’occipital.
l’os frontal, de telle sorte que la pulpe du Faire une écoute de la SSB. Déterminer les
pouce et celle de l’auriculaire soient sur la schémas dysfonctionnels et, en utilisant les
partie supérieure des grandes ailes du sphé- principes indirects et les forces inhérentes du
noïde. MRP, traiter ce qui est trouvé.
Traitement du patient 213

Utiliser les principes indirects et les forces


inhérentes du MRP ; traiter la dysfonction
identifiée.

■ Remarques
Cette procédure fournit une alternative à la
prise par la voûte. Elle offre des avantages
similaires dans le fait que l’enfant peut être
traité dans de multiples positions, y compris
dans les bras des parents, ou si nécessaire, en
position assise. De plus, de nombreux prati-
ciens trouvent ce placement de main plus
ergonomiquement satisfaisant que celui de la
prise par la voûte.
Figure 6.21. Prise en berceau.
Procédures occipitales
■ Remarques
Un bébé ou un enfant se détend si les mains Décompression condylienne
du praticien sont confortables, ce qui permet
bilatérale
une palpation optimale de l’impulsion ryth-
mique crânienne (IRC). Cette procédure a
■ Indications
l’avantage de positionner le praticien hors de
la vue de l’enfant. Elle peut être facilement Restaurer des rapports fonctionnels entre les
exécutée avec le patient dans les bras des condyles occipitaux et l’atlas.
parents. Pour ces raisons, cela constitue une
excellente approche si l’enfant a des difficul- ■ Procédure
tés à se détendre en présence d’un théra- Patient en décubitus (figure 6.22).
peute. Praticien assis à la tête du sujet. Placer les
deux mains sous l’occiput, paumes tournées
Prise en berceau vers le haut, de telle façon que la pulpe des
index, médius et annulaires soit en contact
■ Indications avec la partie squameuse de l’occiput, le plus
caudalement possible. Ces doigts doivent
Dysfonction de la SSB. Tensions membra- impérativement rester sur l’occiput, médiale-
neuses. ment aux sutures occipitomastoïdiennes.
Aucune force compressive ne doit s’exercer
■ Procédure sur ces sutures. Les condyles occipitaux ne
Patient en décubitus (figure 6.21). sont pas accessibles par une palpation directe ;
Praticien assis à la tête du patient, les dès lors, leur rapport avec l’atlas doit être
mains sous l’occiput de telle façon que la visualisé pendant toute la procédure. Visuali-
pulpe des index, médius et annulaires sont ser chaque condyle, et faire une écoute pour
en contact avec l’écaille de l’occipital en des- définir son mouvement sur l’atlas. La pré-
sous de la ligne nuchale supérieure. Les bords sence d’une compression condylienne résulte
latéraux des phalanges distales des pouces en la limitation du mouvement. Définir s’il
contactent bilatéralement les grandes ailes existe une compression unilatérale ou bilaté-
du sphénoïde. Faire une écoute de la SSB et rale. Définir s’il existe un schéma occipitocer-
déterminer les restrictions du mouvement. vical de flexion-extension, sidebending et
214 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.23. Expansion de la base.

■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.23).
Figure 6.22. Décompression condylienne Praticien assis à la tête de la table avec les
bilatérale. mains sous l’occiput, de telle façon que les
annulaires et les auriculaires contactent
rotation, et accompagner les mouvements l’écaille de l’occipital, le bout des médius soit
dans l’aisance. Employer la motilité inhérente au niveau de C1, les index en arrière des pro-
du MRP pour accomplir un pompage léger de cessus mastoïdes, et les pouces placés de cha-
la compression jusqu’à ce qu’un relâchement que côté de la tête. Faire une écoute, identifier
se produise. les mouvements occipitoatloïdiens de fle-
xion-extension, sidebending-rotation, et sui-
■ Remarques vre ces mouvements dans la position de la
plus grande aisance. Puis, dans cette position,
Il faut se souvenir que, chez les nourrissons, faire une écoute des rapports entre l’occiput et
les condyles occipitaux ne sont pas ossifiés et les temporaux, et avec les index, accompagner
consistent en deux parties séparées par le car- les mouvements des temporaux, toujours
tilage de la synchondrose intraoccipitale anté- dans la plus grande aisance. Employer la moti-
rieure. Cette procédure doit être réalisée sans lité inhérente du MRP pour faciliter et renfor-
force, pour éviter l’introduction d’une dys- cer cette normalisation, et attendre le relâche-
fonction condylienne intraosseuse. Pendant ment.
cette procédure, l’enfant ne doit en aucun cas
La décompression du foramen magnum
manifester un inconfort.
peut être accomplie à ce stade de la procédure,
en utilisant le MRP biphasique pour pomper
Expansion de la base tranquillement et modeler le foramen mag-
num et les tissus qui l’entourent.

■ Indications ■ Remarques
Dysfonction entre l’occiput et l’atlas, l’occi- L’expansion de la base est potentiellement
put et les temporaux, et compression du fora- bénéfique pour presque chaque patient, car
men magnum et des foramens jugulaires. elle améliore l’équilibre postural.
Traitement du patient 215

L’exécution de cette procédure exige un


usage harmonieux et simultané de tous les
doigts. Le médius, au niveau de C1, permet de
contrôler la normalisation qui doit se dérouler
au niveau de la base crânienne et de l’interli-
gne occipitoatloïdien, et ne pas diffuser dans
la colonne sous-jacente.
Par ailleurs, le praticien doit être constam-
ment conscient de la position de confort du
patient ; l’erreur la plus fréquente est d’anté-
fléchir exagérément l’occiput sur l’atlas. De
nombreux patients présentent une dysfonc-
tion de postflexion, avec déplacement anté-
rieur des condyles occipitaux sur l’atlas. Pour
autant, le praticien ne doit pas aggraver la
position occipitoatloïdienne dysfonction- Figure 6.24. Procédure intraosseuse
nelle afin d’éviter des réactions telles que nau- occipitale.
sées, vomissements et maux de tête.
Très souvent, les patients se placent sponta- meuse. Il est important de n’avoir qu’un
nément dans une position de sidebending- contact sur l’occiput et d’éviter les sutures
rotation de l’occiput, c’est-à-dire sidebending occipitomastoïdiennes. Les synchondroses
d’un côté et rotation du côté opposé. On se intraoccipitales ne sont pas accessibles à une
doit de respecter cette position de confort, ce palpation directe, et doivent donc être visuali-
qui permet un relâchement des tensions sées pendant toute la procédure. Visualiser les
intracrâniennes, des membranes intraspinales différentes parties de l’occiput et faire une
et des fascias. C’est le praticien qui se déplace écoute de leurs mouvements respectifs par
pour s’adapter à la position du patient. rapport au mouvement global de l’occiput.
Cette procédure peut être modifiée pour Identifier les compressions éventuelles des
inclure le diagnostic et le traitement de la synchondroses, unilatéralement ou bilatérale-
SSB ; pour cela, placer le bord latéral des pou- ment, et toute restriction de la motilité inhé-
ces sur les parties supérieures des grandes ailes rente du MRP au niveau de l’écaille de l’occi-
du sphénoïde dans un placement de main pital. Les dysfonctions intraosseuses de
similaire à ce qui est décrit ci-dessus dans la n’importe laquelle de ces parties occipitales
procédure « prise en berceau ». résultent en une limitation du mouvement.
Par les tests d’écoute, identifier les paramètres
Procédure intraosseuse occipitocervicaux de flexion ou d’extension,
de sidebending et de rotation, et les accompa-
gner dans la position de la plus grande aisance,
■ Indications pour réduire les tensions myofasciales et dura-
Dysfonctions des synchondroses intraoccipi- les qui s’exercent sur l’occiput. Employer la
tales et de l’écaille. motilité inhérente du MRP pour faire un pom-
page délicat de la zone en dysfonction intraos-
■ Procédure seuse et faciliter la normalisation.
Patient en décubitus (figure 6.24).
Praticien assis à la tête de la table. Soutenir ■ Remarques
l’occiput dans les mains avec les index, les On doit se souvenir que toutes les structures
médius et les annulaires sur la partie squa- myofasciales, à savoir les muscles, les aponé-
216 Ostéopathie pédiatrique

vroses, les membranes durales et spinales, se


mêlent et sont en continuité avec le périoste
sur leur site d’insertion. De ce fait, toute ten-
sion dysfonctionnelle présente dans ces tissus
interfère avec la normalisation des dysfonc-
tions intraosseuses. Par conséquent, les désé-
quilibres de tension des tissus environnants,
autant que les déséquilibres intraosseux doi-
vent être considérés pour un traitement effi-
cace de ces dysfonctions. En fait, chaque tissu
du corps doit et peut être normalisé, et un des
avantages des procédures indirectes est qu’en
respectant la position de confort du patient
l’effet de ces procédures peut être à la fois
global et local. Figure 6.25. Procédure de la suture
sphénozygomatique.
Procédures sphénoïdales

Os sphénoïde et zygomatique
■ Remarques
Cette procédure peut être réalisée bilatérale-
■ Indications
ment ou unilatéralement.
Dysfonction interosseuse entre les os sphé-
noïde et zygomatique. Habituellement, cette
dysfonction est le résultat de coups sur la face Os sphénoïde et frontal
survenant pendant les jeux et les activités ath-
létiques. Elle est fréquente chez les patients ■ Indications
qui présentent des dysfonctions oculaires et Dysfonction interosseuse entre les os sphé-
des sinusites maxillaires. noïde et frontal. Également le résultat de
coups sur la face, et présente dans les dysfonc-
■ Procédure tions oculaires.

Patient en décubitus (figure 6.25). ■ Procédure


Praticien assis à la tête de la table avec les Patient en décubitus (figure 6.26).
mains contactant bilatéralement le sphénoïde Praticien assis à la tête de la table avec les
et l’os zygomatique. Les bords latéraux des mains contactant bilatéralement les os sphé-
pouces contactent le sommet des grandes noïde et frontal. La pulpe des médius contacte
ailes du sphénoïde, et les index et les médius le sommet des grandes ailes du sphénoïde, et
contactent respectivement les bords orbitaire la pulpe des index contacte les processus
et inférieur des os zygomatiques. Faire une zygomatiques des frontaux. Écouter le mou-
écoute du mouvement du sphénoïde et des os vement des os sphénoïde et frontal dans leur
zygomatiques, noter leur motilité inhérente rapport interosseux, et noter la motilité inhé-
et leur rapport interosseux. Accompagner les rente du MRP. Utiliser les principes indirects
mouvements dans la direction de la plus pour accompagner les mouvements dans la
grande aisance pour traiter toute dysfonction direction de l’aisance et attendre un relâche-
identifiée. ment.
Traitement du patient 217

Figure 6.26. Procédure de la suture


frontosphénoïdale.

■ Remarques
Cette procédure peut être réalisée bilatérale-
ment ou unilatéralement.

Os sphénoïde et temporal (écaille) Figure 6.27. Procédure de la suture


sphénosquameuse.
■ Indications
Compression de la suture sphénosquameuse.
l’accouchement a été difficile, la sensation de
densité qui accompagne la compression est
■ Procédure palpable.
Patient en décubitus (figure 6.27).
Praticien assis à la tête de la table avec les Os sphénoïde et temporal
deux mains opposées l’une à l’autre le long de (partie pétreuse)
la suture sphénosquameuse. La pulpe des
index et des médius d’une main est placée sur ■ Indications
le bord antérieur de la partie squameuse de Compression des nerfs crâniens III, IV, V, VI.
l’os temporal, et la pulpe des index et des Dysfonction de la synchondrose sphénopé-
médius de l’autre main sur le bord latéral de la treuse et de la suture pétrosphénoïdale. Nor-
grande aile du sphénoïde. Écouter la qualité malisation de la tente du cervelet. Normalisa-
de la motilité inhérente au niveau de la tion de la trompe auditive.
suture, réduite dans les cas de compression.
Utiliser les forces inhérentes du MRP pour ■ Procédure
faire tranquillement un pompage jusqu’au
Patient en décubitus (figure 6.28).
relâchement.
Praticien assis à la tête du patient, les mains
contactant bilatéralement le sphénoïde et les
■ Remarques os temporaux. Les bords latéraux des pouces
La localisation précise de la suture sphénos- contactent la partie supérieure des grandes
quameuse est parfois compliquée. Cependant, ailes du sphénoïde. Les autres doigts sont sur
chez le nouveau-né, lorsque le travail de les temporaux avec les index sur les processus
218 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.28. Procédure bilatérale


de la synchondrose sphénopétreuse. Figure 6.29. Procédure unilatérale
de la synchondrose sphénopétreuse.
zygomatiques, les médius au niveau des méats
acoustiques externes, et les annulaires sur les
pointes des processus mastoïdes. Écouter, et ■ Variante unilatérale
visualiser le mouvement du sphénoïde et des Praticien assis à la tête du patient, légèrement
os temporaux. Évaluer la motilité inhérente du sur le côté (figure 6.29). Une main est sur l’os
MRP, et noter les restrictions au niveau de la temporal, avec le pouce au-dessus, et l’index
synchondrose sphénopétreuse et de la suture au-dessous du processus zygomatique, le mé-
pétrosphénoïdale. Utiliser les principes du trai- dius au niveau du méat acoustique externe, et
tement indirect et attendre un relâchement. l’annulaire sur la pointe du processus mas-
toïde. L’autre main est placée sur la partie
■ Remarques antérieure du crâne du patient, de telle sorte
que la pulpe du pouce et du médius soit de
Cette procédure exige une visualisation pré- part et d’autre du crâne, sur les parties supé-
cise des sutures impliquées dans la dysfonc- rieures des grandes ailes du sphénoïde. Cette
tion. Le médius est orienté dans l’axe de la main crée une unité fonctionnelle entre l’os
partie pétreuse du temporal, ce qui permet frontal et le sphénoïde. Visualiser comme
d’identifier les composantes majeures et ci-dessus, utiliser les principes du traitement
mineures du mouvement crânien de rotation indirect et attendre un relâchement.
externe et interne. Visualiser la partie pétreuse
du temporal dans le prolongement du médius
facilite l’identification des dysfonctions au Procédures temporales
niveau de la synchondrose sphénopétreuse et
de la suture pétrosphénoïdale.
Normalisation des os temporaux
Le nerf crânien VI passe sous le ligament
pétrosphénoïdal, situé à l’extrémité antérieure
du rocher. Le médius doit être continuelle- ■ Indications
ment réorienté pour accompagner la partie Déséquilibres entre les os temporaux, souvent
pétreuse du temporal et faciliter la normalisa- associés à une dysfonction de la tente du cer-
tion des structures en rapport. Ici encore, la velet. Dysfonctions vestibulaires. Affections
visualisation de l’anatomie est essentielle. ORL.
Traitement du patient 219

Figure 6.30. Normalisation


des os temporaux.
Figure 6.31. Normalisation
des os temporaux ; variante.
■ Procédure
nécessaire. De plus, il est facile de commettre
Patient en décubitus (figure 6.30). l’erreur d’interpréter les petits mouvements
Praticien assis à la tête de la table, avec les actifs de la rotation de tête de l’enfant comme
pouces et les index sur les bords supérieur et étant les mouvements de l’os temporal.
inférieur des processus zygomatiques, les
médius si possible au niveau des méats acous-
tiques externes, les annulaires sur les pointes Normalisations interosseuses
des processus mastoïdes, et les auriculaires sur Temporal et occiput :
les parties mastoïdiennes. Après une période suture occipitomastoïdienne
d’écoute, accompagner les mouvements per-
çus dans la direction de la dysfonction ■ Indications
jusqu’au point d’équilibre et attendre un relâ- Restriction entre le temporal et l’occiput au
chement. La coopération respiratoire peut niveau de la suture occipitomastoïdienne.
être employée pour faciliter le relâchement, Dysfonction du foramen jugulaire et de son
avec une inspiration pour une dysfonction de contenu. Souvent le résultat d’une chute sur
rotation externe et une expiration pour une l’arrière de la tête.
rotation interne.
■ Procédure
■ Remarques Patient en décubitus (figure 6.32).
Chez les bébés et les jeunes enfants, la posi- Praticien assis à la tête de la table, une
tion du médius peut déranger le sujet. Une main placée transversalement sous l’occiput,
variante de cette prise temporale consiste à paume orientée vers le haut, la pulpe des
contacter la partie squameuse de l’os temporal index et des médius contactant la partie squa-
avec le pouce et à enrouler l’index au-dessous meuse de l’écaille de l’occipital, en dedans
de l’oreille de telle sorte que la partie latérale de la suture occipitomastoïdienne. L’autre
de l’extrémité de l’index soit sur la partie mas- main est placée sur l’os temporal avec le
toïdienne (figure 6.31). Il faut se souvenir que, pouce et l’index respectivement au-dessus et
chez les bébés, le processus mastoïde n’est au-dessous du processus zygomatique, le
pas entièrement développé. La précision est médius si possible au niveau du méat acousti-
220 Ostéopathie pédiatrique

■ Procédure
Patient en décubitus.
Praticien assis à la tête de la table, comme
décrit ci-dessus dans la procédure pour la
suture occipitomastoïdienne. Dans cette pro-
cédure, focaliser l’attention sur la partie
pétreuse de l’os temporal et visualiser la suture
pétrobasilaire. La position du médius au
niveau du méat acoustique externe et son
orientation dans l’axe du rocher permettent
d’écouter la qualité de la motilité inhérente au
niveau de la suture pétrobasilaire. Suivre les
principes indirects, et si nécessaire, réaliser
doucement un pompage avec les forces inhé-
rentes du MRP jusqu’au relâchement.
Figure 6.32. Procédure de la suture ■ Remarques
occipitomastoïdienne.
La suture pétrobasilaire reste non ossifiée à
l’âge adulte. Dès lors, elle devrait toujours
que externe, l’annulaire sur la pointe du pro- démontrer une motilité. La partie supérieure
cessus mastoïde, et l’auriculaire sur la partie du pharynx est fixée partiellement de part et
mastoïdienne. Écouter la qualité de la moti- d’autre de cette suture.
lité inhérente de la suture. Utiliser les princi-
pes indirects, accompagner les mouvements Temporal et pariétal
dysfonctionnels et, si nécessaire, employer
les forces inhérentes du MRP pour faire un ■ Indications
pompage doux de la région jusqu’au relâche- Chevauchement de la suture squameuse à la
ment. naissance.

■ Procédure
■ Remarques
Patient en décubitus (figure 6.33).
À cause de l’importance du contenu du fora-
Praticien assis à la tête de la table, avec une
men jugulaire, cette procédure doit être exé-
main placée transversalement sur la voûte, la
cutée avec beaucoup de délicatesse, afin d’évi-
pulpe des index, médius et annulaire contac-
ter des réactions telles que nausées, vomis-
tant le bord inférieur de l’os pariétal, juste
sement et mal de tête.
au-dessus de la suture squameuse. L’autre
main est placée sur l’os temporal, avec le
Temporal et occiput : suture pouce reposant au-dessus de l’oreille de telle
pétrobasilaire façon que le bord latéral contacte l’écaille du
temporal au-dessous de la suture squameuse.
L’index est sur le bord inférieur du processus
■ Indications zygomatique, le médius est en avant du méat
Restriction entre l’os temporal et l’occiput au acoustique externe, l’annulaire est sur la
niveau de la suture pétrobasilaire. Dysfonc- pointe du processus mastoïde, et l’auriculaire
tion affectant les foramens jugulaire et est sur la partie mastoïdienne. Écouter la
déchiré et leurs contenus. Dysfonctions pha- motilité de la suture. Utiliser les principes
ryngiennes et du palais mou. indirects pour accompagner les mouvements
Traitement du patient 221

Figure 6.33. Procédure de la suture


squameuse. Figure 6.34. Procédure de la suture
temporozygomatique.

jusqu’au relâchement. S’il existe un chevau-


chement au niveau de la suture, pratiquer Temporal et mandibule
doucement un pompage, tout en utilisant les
forces inhérentes du MRP, jusqu’au désenga- ■ Indications
gement de la suture. Lorsque cela est néces- Dysfonction de l’articulation temporomandi-
saire, la normalisation peut être faite sur une bulaire (ATM). Dysfonctions orofaciales et
partie précise de la suture. problèmes orthodontiques associés.

Temporal et os zygomatique ■ Procédure


Patient en décubitus (figure 6.35).
■ Indications Praticien assis à la tête de la table, du côté
Dysfonction de la suture temporozygomati- opposé à la dysfonction. Une main est placée
que, fréquemment à la suite de chocs sur la sur l’os temporal avec l’extrémité des pouce,
face. index et médius au-dessus de la fosse mandi-
bulaire. L’extrémité des pouce et index de
l’autre main est placée de part et d’autre de la
■ Procédure
branche mandibulaire près du condyle. Faire
Patient en décubitus (figure 6.34). une écoute de la motilité de l’ATM et, selon les
Praticien assis à la tête de la table, légère- principes indirects, accompagner les mouve-
ment sur le côté. Le pouce et l’index d’une ments dysfonctionnels jusqu’à la position
main sont placés au-dessus et au-dessous du d’aisance et attendre le relâchement. En cas
processus zygomatique de l’os temporal. Le de dysfonction chronique, employer les forces
pouce et l’index de l’autre main sont placés inhérentes du MRP pour faire un pompage
au-dessus et au-dessous du processus temporal doux.
de l’os zygomatique. Écouter et accompagner
les mouvements dans la direction de l’aisance ■ Remarques
jusqu’au point d’équilibre et attendre un relâ- La paume de la main caudale permet de jouer
chement. sur le corps de la mandibule.
222 Ostéopathie pédiatrique

sent ne pas présenter de douleur, cette dys-


fonction constitue le terrain pour des troubles
ultérieurs.

Procédures intraosseuses

■ Indications
Dysfonctions intraosseuses entre les parties
squameuse, pétromastoïdienne et tympani-
que de l’os temporal, comme dans les pla-
giocéphalies. Otites.

■ Procédure
Figure 6.35. Procédure de l’articulation Patient en décubitus (figure 6.36).
temporomandibulaire. Praticien assis à la tête de la table, avec les
pouces et les index sur les bords supérieur et
inférieur des processus zygomatiques, les
L’importance des dysfonctions de l’ATM médius si possible au niveau des méats acous-
chez les enfants et les adolescents ne doit pas tiques externes, les annulaires sur les proces-
être sous-estimée. Bien que ces patients puis- sus mastoïdes, et les auriculaires sur les parties

Figure 6.36. Procédure intraosseuse temporale.


Traitement du patient 223

mastoïdiennes. À travers la visualisation, por-


ter l’attention sur la zone à traiter. Faire une
écoute pour définir les restrictions de la moti-
lité inhérente intraosseuse de la zone dysfonc-
tionnelle. Utiliser les forces inhérentes du
MRP et accompagner les parties squameuse,
pétromastoïdienne et tympanique de l’os
temporal vers le point d’équilibre et la norma-
lisation.

■ Remarques
La partie mastoïdienne se développe à partir
des parties squameuse et pétreuse de l’os tem-
poral ; dès lors, elle est sujette aux dysfonc-
tions intraosseuses. Elle est fréquemment
comprimée chez les nourrissons, ce qui favo-
rise les troubles fonctionnels ORL. Des pom- Figure 6.37. Procédure de Galbreath.
pages intraosseux peuvent être pratiqués sur
la partie mastoïdienne pour améliorer le drai-
nage des cellules mastoïdiennes. ■ Remarques
Cette procédure fut décrite en 1929, avant la
publication par Sutherland de The Cranial
Procédure de Galbreath [4] bowl [5]. Elle ne représente pas, au sens pur,
une procédure « crânienne ». Les principes des
■ Indications manipulations crâniennes peuvent cepen-
Améliorer la fonction de la trompe auditive et dant lui être associés, donnant ainsi à cette
le drainage de l’oreille moyenne. approche classique une autre dimension.

■ Procédure Procédure frontale


Patient en décubitus avec la tête légèrement
surélevée et tournée de telle sorte que le côté ■ Indications
dysfonctionnel soit vers le haut (figure 6.37). Dysfonction de la faux du cerveau, du viscéro-
Praticien sur le côté de la table, devant le crâne, des yeux et des cavités nasales. Troubles
patient. Avec la main céphalique, stabiliser la du comportement.
tête du patient, de telle façon que les pointes
des doigts soient proches de l’ATM. Avec la ■ Procédure
main caudale, empaumer la mandibule avec Patient en décubitus (figure 6.38).
les index et les médius de part et d’autre de la Praticien assis à la tête de la table. Placer les
branche mandibulaire près du condyle, la deux index de chaque côté de la suture méto-
paume reposant sur le corps mandibulaire. pique, les médius et les annulaires reposant
Tracter et relâcher doucement et rythmique- sur les os frontaux de telle sorte que les annu-
ment la mandibule pendant environ une laires contactent bilatéralement les processus
minute. La traction doit être légère mais zygomatiques. Faire une écoute des mouve-
ferme, dans une direction inféromédiale. ments intra- et interfrontaux. Apprécier la
Cette procédure peut être répétée par les motilité inhérente du MRP et la présence
parents à la maison. éventuelle de restriction. Suivre les principes
224 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.38. Procédure frontale.


Figure 6.39. Procédure
de la suture sagittale.
indirects de pompage et de modelage pour
obtenir un relâchement.
■ Procédure
■ Remarques
Patient en décubitus (figure 6.39).
Cette procédure très relaxante est générale-
ment appréciée par les patients. Elle peut Praticien assis à la tête du patient, avec les
constituer le début du traitement chez les pouces entrecroisés de part et d’autre de la
sujets qui présentent des troubles du compor- suture sagittale, le plus postérieurement possi-
tement ou des troubles cognitifs. C’est aussi ble, les autres doigts reposant légèrement sur
une excellente préparation aux normalisa- les os pariétaux. Faire une écoute et noter les
tions faciales. Les procédures pour les os de la mouvements des deux pariétaux, le MRP et
face sont décrites ci-après. tout déséquilibre de tension membraneuse.
Suivre les principes indirects pour obtenir un
relâchement. Les principes des pompage et
Procédures de la voûte modelage peuvent être appliqués dans les dys-
Suture sagittale fonctions chroniques, ou pour les stases circu-
latoires.
■ Indications
Drainage du sinus sagittal supérieur. Dysfonc- ■ Remarques
tion de la suture sagittale, souvent en com- Le pompage de la suture sagittale facilite la
pression. Dysfonction de la faux du cerveau. circulation veineuse dans le sinus sagittal
Traitement du patient 225

Figure 6.41. Procédure


de la suture lambdoïde.

Praticien assis à la tête du patient, avec les


Figure 6.40. Procédure de la suture coronale. pouces de chaque côté de la suture sagittale,
aussi antérieurement que possible, le bout des
doigts placés en avant de la suture coronale,
supérieur. Il est indiqué pour augmenter le sur les parties latérales de l’os frontal. Les pou-
drainage veineux de la voûte. Toutefois, avant ces du praticien peuvent être ou non croisés.
d’améliorer la circulation veineuse crânienne, Faire une écoute, suivre les schémas dysfonc-
il est important de normaliser les dysfonc- tionnels, et si nécessaire, faire un pompage en
tions du foramen jugulaire. utilisant la puissance du MRP pour augmenter
le mouvement présent dans la suture.
Décompression
des sutures coronale et lambdoïde
■ Suture lambdoïde
■ Indications Patient en décubitus (figure 6.41).
Restriction du mouvement dans les sutures
comme cela peut être observé dans les pla- Praticien assis à la tête du patient, avec les
giocéphalies non synostotiques. pouces de chaque côté de la suture sagittale, et
le bout des doigts placés sur les parties latéra-
■ Suture coronale les de l’écaille de l’occipital. Normaliser en
Patient en décubitus (figure 6.40). utilisant les mêmes principes que ci-dessus.
226 Ostéopathie pédiatrique

■ Remarques
Un placement de main alternatif pour toutes
les procédures ci-dessus consiste à placer la
pulpe des doigts de chaque main de part et
d’autre de la suture à normaliser. Dans ce cas,
le praticien est assis sur le côté du patient.
Dans les dysfonctions crâniennes sévères,
une raideur est observée dans tout le crâne, et
une normalisation des dysfonctions de la
voûte peut faciliter un relâchement global des
tissus. Il faut se souvenir des biseaux des sutu-
res coronale et lamddoïde, car aucune pres-
sion ne doit être appliquée sur un biseau à
table interne. Les bords antérieurs et posté-
rieurs des os pariétaux ont les mêmes biseaux,
à savoir une table externe dans leurs parties
médiales et une table interne dans leurs par- Figure 6.42. Normalisation faciale globale.
ties latérales. Les bords pariétaux du frontal et
de l’occiput démontrent une table interne
dans leurs parties médiales et une table
zygomatiques avec le pouce d’un côté et
externe dans leurs parties latérales. Ainsi, afin
l’index et le médius de l’autre côté. Faire une
de désengager un os de l’autre au niveau
écoute et visualiser les rapports entre le frontal
d’une suture, l’appui doit être placé sur l’os à
et les os du viscérocrâne sous-jacent. Il peut
table externe. Noter que les rapports sont les
exister une torsion, un sidebending ou une
mêmes chez les nourrissons, bien que les
compression entre ces deux blocs. Selon les
biseaux ne soient pas encore présents.
principes des procédures indirectes, accompa-
gner les mouvements jusqu’au point d’aisance
Procédures faciales et attendre le relâchement. Cela peut être faci-
lité en utilisant la motilité inhérente du MRP
Procédure globale pour faire un pompage entre les deux blocs.

■ Indications ■ Remarques
Dysfonction de tous les constituants du viscé- Le praticien doit pouvoir changer la position
rocrâne. Sinusite. Préparation au traitement de ses doigts en réponse aux schémas dysfonc-
orthodontique. tionnels présents. Cette procédure est très
relaxante ; elle facilite aussi le drainage des
■ Procédure sinus paranasaux, et améliore les échanges
Patient en décubitus (figure 6.42). sanguins et lymphatiques du viscérocrâne.
Praticien assis sur un côté de la table, à la
tête du sujet. Placer la main céphalique trans- Procédure
versalement sur le frontal, de telle sorte que la
pulpe de l’index et du pouce soit placée bilaté-
fronto-maxillo-zygomatique
ralement sur les processus zygomatiques de
l’os frontal. La main caudale contrôle les ■ Indications
maxillaires sous le nez avec l’articulation Sinusites. Rhinites. Obstruction fonctionnelle
métacarpophalangienne de l’index, et les os des voies nasales.
Traitement du patient 227

Figure 6.44. Procédure frontomaxillaire.


Figure 6.43. Procédure
fronto-maxillo-zygomatique.
Procédure occipito-fronto-faciale
■ Procédure ■ Indications
Patient en décubitus (figure 6.43). Restriction du mouvement au niveau des
insertions antérieures de la faux du cerveau
Praticien assis à la tête de la table, avec les
affectant l’ethmoïde et les structures environ-
deux mains placées de telle sorte que les pou-
nantes. Préparation aux normalisations facia-
ces reposent sur la glabelle, les extrémités des
les.
index sur les os nasaux, les médius sur les
maxillaires, et les annulaires et les auriculaires
■ Procédure
sur les os zygomatiques. Faire une écoute en
visualisant les mouvements entre les os fron- Patient en décubitus (figure 6.45).
tal, nasaux, maxillaires et zygomatiques. Sui- Praticien assis à la tête de la table. Empau-
vre ces mouvements, dans tous leurs paramè- mer l’os occipital avec une main, et placer
tres. Utiliser les principes indirects et le MRP l’autre main sur le frontal, les doigts allongés
jusqu’au relâchement. en direction caudale, de telle façon que le
médius soit sur la suture métopique et les
autres doigts répartis de chaque côté. Faire
■ Remarques une écoute, visualiser le mouvement au
Le bout des index peut être placé sur les pro- niveau de l’occiput et du frontal, et entre les
cessus frontaux des maxillaires, si nécessaire, deux os. Visualiser la faux du cerveau et tout
pour évaluer le rapport entre le frontal et les déséquilibre de tension à son niveau. Accom-
maxillaires. Une variante dans le placement pagner les mouvements des os frontal et occi-
des mains consiste à placer une main trans- pital dans les plages d’aisance pour relâcher
versalement sur le frontal, alors que les maxil- toute tension membraneuse au niveau de la
laires sont contrôlés entre le pouce et l’index faux. Ensuite, accompagner les mouvements
de l’autre main. Cette procédure permet du frontal dans son rapport aux os de la face.
d’avoir un effet plus spécifique sur le pré- Cela peut être accompli en déplaçant légère-
maxillaire (figure 6.44). ment la main frontale, pour que les extrémi-
228 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.45. Procédure


occipito-fronto-faciale.
Figure 6.46. Procédure des os zygomatiques.
tés des doigts contactent les os de la face.
Utiliser les principes indirects et le MRP, suivre
les mouvements dans les plages d’aisance ■ Procédure
jusqu’au relâchement. Patient en décubitus (figure 6.46).
Praticien assis à la tête de la table. Placer
■ Remarques bilatéralement les index sur les bords orbitai-
Le deuxième temps de cette procédure n’est res et les médius sur les bords inférieurs des os
pas forcément possible chez les bébés et les zygomatiques. Écouter les mouvements des os
jeunes enfants car le placement de main peut zygomatiques et les accompagner dans les pla-
couvrir les yeux. En revanche, cette procédure ges d’aisance. En cas de dysfonction chroni-
est très efficace chez les enfants plus âgés et les que, un pompage au rythme du MRP peut
adolescents. Elle permet la normalisation des faciliter le relâchement.
membranes intracrâniennes en même temps
que celle des os de la face. Elle facilite aussi le ■ Remarques
relâchement de tensions cervicales récalci- Un placement de main alternatif peut être
trantes. employé. Les pouces et les index sont placés
respectivement sur les bords orbitaires et sur
les bords inférieurs des os zygomatiques
Procédure des os zygomatiques (figure 6.47).
Les os zygomatiques peuvent être considé-
■ Indications rés comme des prolongements antérieurs des
Dysfonction des os zygomatiques, résultant grandes ailes du sphénoïde et, de la sorte,
fréquemment de coups sur la face. Dysfonc- peuvent être utilisés comme leviers pour
tions oculaires. affecter le sphénoïde.
Traitement du patient 229

Figure 6.49. Procédure frontozygomatique ;


variante.
Figure 6.47. Procédure des os
zygomatiques ; variante.

Procédure frontozygomatique Praticien assis à la tête de la table, du côté


opposé à la dysfonction. Placer le pouce et
■ Indications l’index de la main céphalique de chaque côté
Dysfonction frontozygomatique, comme cela du processus zygomatique de l’os frontal.
peut se voir dans les dysfonctions oculaires. Le pouce et l’index de la main caudale sont
placés de chaque côté du processus frontal
■ Procédure de l’os zygomatique. Faire une écoute, et
Patient en décubitus (figure 6.48). accompagner les mouvements dans la direc-
tion de l’aisance, fréquemment dans le sens
d’une compression entre les deux os. Si
nécessaire, faire un pompage et attendre le
relâchement.

■ Remarques
La même procédure peut être effectuée en
utilisant l’index et le médius au lieu d’utiliser
le pouce et l’index. Dans tous les cas, les
doigts sont placés le plus près possible de la
suture frontozygomatique.
Une autre variante consiste à placer bilaté-
ralement les index sur les processus zygo-
matiques de l’os frontal, et les médius sur
les processus frontaux de l’os zygomatique
Figure 6.48. Procédure frontozygomatique. (figure 6.49).
230 Ostéopathie pédiatrique

Procédure du complexe ■ Remarques


fronto-sphéno-zygomatique La dysfonction de cette zone peut être non
physiologique, avec compression ; cela peut
précéder le développement d’une dysfonction
■ Indications oculaire.
Dysfonction entre les os sphénoïde, frontal et
zygomatique. Fréquemment la conséquence Procédure de l’ethmoïde
de traumatismes sur la face.
■ Indications
■ Procédure Dysfonction de l’ethmoïde. Sinusite. Rhinite.
Obstruction fonctionnelle des voies nasales.
Patient en décubitus (figure 6.50).
Respiration bruyante. Obstruction du canal
lacrymonasal.
Praticien assis à la tête de la table, du côté
opposé à la dysfonction. Placer la main cau-
■ Procédure
dale sur l’os zygomatique de telle façon que
l’index soit sur le bord orbitaire, et le médius Patient en décubitus (figure 6.51).
sur le bord inférieur. La main céphalique est Praticien assis à la tête du sujet, sur le côté
sur l’os frontal, avec l’index sur le processus de la table. Placer la main céphalique sur les os
zygomatique et le bout du médius au sommet frontaux, avec le pouce et l’index de chaque
de la grande aile du sphénoïde. Faire une côté du bord nasal. Le pouce et l’index de la
écoute et accompagner les mouvements main caudale sont placés de part et d’autre de
majeurs et mineurs de l’os frontal, du sphé- la racine du nez. Visualiser l’ethmoïde localisé
noïde et de l’os zygomatique dans les plages en arrière des os nasaux, faire une écoute et
d’aisance. Attendre le relâchement. Dans les accompagner ses mouvements dans les plages
cas de compression, un pompage au rythme d’aisance, au rythme du MRP, jusqu’au relâ-
du MRP peut être utilisé. chement ; une compression sous le frontal est
fréquente.

Figure 6.50. Procédure du complexe


fronto-sphéno-zygomatique. Figure 6.51. Procédure de l’ethmoïde.
Traitement du patient 231

Figure 6.53. Procédure


Figure 6.52. Procédure de l’ethmoïde ;
des os nasaux.
variante.

Praticien assis à la tête de la table, sur le


■ Remarques
côté. Placer le pouce et l’index de la main
Avant de traiter l’ethmoïde, s’assurer que l’os caudale sur les os nasaux. La main céphalique
frontal soit libre de toute dysfonction, en par- est placée sur le frontal, les doigts dirigés cau-
ticulier au niveau de l’incisure ethmoïdale. dalement. Le médius est sur la suture métopi-
La normalisation de l’ethmoïde peut être que et les autres doigts reposent confortable-
effectuée par l’intermédiaire du septum nasal. ment de chaque côté. Faire une écoute et
L’extrémité des index et des médius de la accompagner les mouvements dans le sens de
main caudale est placée sur l’arête du nez, et l’aisance ; effectuer un pompage sur le rythme
l’ethmoïde est visualisé en arrière du cartilage du MRP, jusqu’au relâchement.
nasal (figure 6.52). Les deux prises doivent
être aussi délicates que possible. ■ Remarques
Cette procédure n’est pas une traction des os
nasaux. La dysfonction la plus fréquente est
Procédure des os nasaux une compression des os nasaux sous le fron-
tal, associée à des mouvements mineurs dans
■ Indications les autres plans de l’espace. Selon les principes
indirects, nous accompagnons les tissus dans
Dysfonction des os nasaux. Obstruction fonc-
le sens de l’aisance jusqu’à obtenir une
tionnelle des voies nasales. Respiration
détente tissulaire.
bruyante. Obstruction du canal lacrymonasal.
La rotation externe des os frontaux peut
être facilitée en exerçant une légère pression
■ Procédure sur la suture métopique avec le médius de la
Patient en décubitus (figure 6.53). main céphalique.
232 Ostéopathie pédiatrique

Procédure des maxillaires Dans le cas d’un palais étroit, une procé-
dure intraorale peut être pratiquée entre les
■ Indications deux maxillaires. Le praticien place les index
fléchis en contact avec les surfaces palatines
Dysfonction des maxillaires. Sinusite maxil- des maxillaires, au niveau des processus alvéo-
laire. Éruption dentaire douloureuse. Maloc- laires des molaires. Aucune pression ne doit
clusion. être exercée directement sur les molaires.
Écouter la motilité inhérente des deux maxil-
■ Procédure laires. Accompagner les mouvements dans les
Patient en décubitus (figure 6.54). positions d’aisance selon les principes indi-
rects ; faire un pompage sur le rythme du
Praticien assis à la tête de la table. Placer la
MRP.
pulpe des pouces sur la glabelle ; les autres
doigts sont allongés caudalement de telle
sorte que l’index, le médius et l’annulaire Procédure du vomer
soient sur les processus alvéolaires des maxil-
laires. Faire une écoute et accompagner les ■ Indications
mouvements dans les plages d’aisance, en res- Dysfonction du vomer et du sphénoïde. Diffi-
tant attentif à la motilité intraosseuse inhé- cultés de succion. Obstruction fonctionnelle
rente des maxillaires et aux mouvements des voies nasales. Respiration bruyante. Sinu-
mineurs. Procéder à un pompage. site. Dysfonctions des maxillaires.

■ Remarques ■ Procédure
La pression sur la glabelle facilite la rotation Patient en décubitus (figure 6.55).
externe du maxillaire. Praticien assis à la tête de la table, sur un
Typiquement, les deux maxillaires ont des côté. La main céphalique est placée sur les os
mouvements différents. La procédure vise à frontaux, avec la pulpe du pouce et du médius
retrouver une motilité intraosseuse, une sur les parties supérieures des grandes ailes du
symétrie fonctionnelle et, chez les plus jeu- sphénoïde. Placer la pulpe de l’auriculaire de
nes, une symétrie structurale. la main caudale dans la bouche du patient, en

Figure 6.54. Procédure des maxillaires. Figure 6.55. Procédure du vomer.


Traitement du patient 233

Figure 6.57. Procédure pelvienne globale.

Procédures pelviennes
Figure 6.56. Procédure
de la suture intermaxillaire. Procédure pelvienne globale

■ Indications
contact avec la suture intermaxillaire. Visuali- Dysfonctions somatiques pelviennes. Dys-
ser le vomer orienté vers l’arrière et vers le fonctions viscérales pelviennes, y compris la
haut en direction du corps du sphénoïde. constipation, l’énurésie et les dysménorrhées .
Faire une écoute et noter les mouvements dys- Troubles fémoropatellaires. Inégalités fonc-
fonctionnels. Accompagner les mouvements tionnelles des longueurs de jambe.
des grandes ailes du sphénoïde, autant que
ceux du vomer. Utiliser les principes indirects
en association avec les forces inhérentes du
■ Procédure
MRP, et normaliser ce qui est trouvé. Un pom- Patient en décubitus (figure 6.57).
page entre le vomer et le sphénoïde peut faci- Praticien debout, face à l’enfant, à hauteur
liter le relâchement. du bassin. Placer les mains bilatéralement sur
le bassin de l’enfant de telle façon que les
pouces soient sur les EIAS, les index sur les
■ Remarques crêtes iliaques, et la pulpe des médius, si pos-
Cette procédure, comme toute procédure sible, sur les épines iliaques postérosupérieu-
intraorale, exige une grande délicatesse de res (EIPS). Faire une écoute des os pelviens.
toucher. Le placement de la pulpe du doigt en Sentir la rotation interne ou externe dans le
avant de la suture intermaxillaire favorise la contexte des mouvements majeurs et
flexion ; un placement plus postérieur favo- mineurs. En accord avec les principes indi-
rise l’extension. rects, accompagner les mouvements dans les
plages d’aisance. Les dysfonctions pelviennes
Lorsque l’enfant est suffisamment grand sont le plus souvent asymétriques, avec une
pour le tolérer, il est possible de placer l’index plus grande restriction du mouvement sur un
et le médius de la main caudale de part et côté. Le relâchement de la restriction peut être
d’autre de la suture intermaxillaire ou de la facilité par un pompage sur le rythme des
suture interpalatine et de réaliser un pom- forces inhérentes du MRP. L’objectif du traite-
page. Cela peut être indiqué dans le cas d’un ment est d’obtenir que les deux côtés se dépla-
palais trop étroit (figure 6.56). cent le plus librement possible, dans la rota-
234 Ostéopathie pédiatrique

le nécessite. Faire une écoute, définir si le


mouvement sacral est symétrique lorsque la
base du sacrum se déplace vers la main dans la
flexion craniosacrale ou vers l’avant dans
l’extension craniosacrale. Noter la présence de
schémas asymétriques tels que la torsion avec
des composantes de sidebending et de rota-
tion. Accompagner les mouvements dans la
direction de l’aisance et, avec l’utilisation des
principes indirects, traiter les dysfonctions
présentes. Une coopération respiratoire peut
être demandée aux enfants suffisamment
grands et aux adolescents, avec une inspira-
Figure 6.58. Procédure sacrale. tion pour accroître la flexion craniosacrale, et
une expiration pour l’extension craniosacrale.

tion externe et la rotation interne, et en ■ Remarques


synchronie avec le mouvement biphasique du
Le placement de la main sous le sacrum peut
MRP.
être modifié en utilisant seulement trois
doigts pour traiter les nourrissons et les très
■ Remarques
jeunes enfants.
Si une dysfonction des articulations coxofé- Si une restriction plus grande est palpée
morales est identifiée, elle doit être normali- d’un côté entre le sacrum et l’EIPS, cela indi-
sée avant le bassin (voir les procédures décri- que la présence d’une dysfonction sacro-
tes ci-après). iliaque qui doit être normalisée comme décrit
Le diagnostic et la normalisation globale ci-après.
du bassin devraient toujours précéder le trai-
tement des dysfonctions vertébrales.
Procédure sacro-iliaque
Procédure sacrale ■ Indications
Dysfonction sacro-iliaque. Dysfonctions vis-
■ Indications cérales pelviennes, y compris la constipation
Dysfonction somatique sacrale. Scoliose. Dys- et l’énurésie. Dysfonction du système auto-
fonction du système autonome pelvien. nome pelvien.

■ Procédure ■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.58). Patient en décubitus (figure 6.59).
Praticien debout face à l’enfant, à hauteur Praticien debout ou assis face à l’enfant, au
du bassin. Placer la main dominante sous le niveau du bassin sur le côté de la dysfonction.
sacrum de l’enfant, paume tournée vers le Placer la main caudale sous le sacrum de
haut, de telle façon que les doigts soient diri- l’enfant, paume tournée vers le haut, de telle
gés céphaliquement. L’index et l’auriculaire façon que les doigts soient dirigés céphalique-
contactent les EIPS, et les médius et les annu- ment ; l’index, le médius et l’annulaire
laires sont sur la base du sacrum. Placer l’autre contactent la base du sacrum. Placer la main
main transversalement, en avant du bassin, céphalique sur l’iliaque du côté de la dysfonc-
en utilisant l’avant-bras si la taille de l’enfant tion, avec le pouce sur l’EIAS, l’index sur la
Traitement du patient 235

Figure 6.59. Procédure sacro-iliaque. Figure 6.60. Procédure sacro-iliaque ;


variante.

crête iliaque, et la pulpe du médius sur l’EIPS.


Écouter et suivre les mouvements majeur et
mineurs dans la direction de l’aisance, jusqu’à
sentir une normalisation, à savoir une moti-
lité inhérente libre de toute restriction.

■ Remarques
Le membre inférieur peut être employé
comme levier pour déplacer l’os iliaque par
rapport au sacrum, dans les plages d’aisance.
Dans ce cas, une main est placée sous l’articu-
lation sacro-iliaque pour sentir les réponses
articulaires (figure 6.60).
Les jeunes enfants peuvent être traités dans
la position assise sur les genoux du praticien
(figure 6.61). En utilisant les principes indi-
rects, le praticien ajuste la position relative de
ses cuisses pour affecter le rapport entre les
iliaques et le sacrum du sujet. Il contrôle les
mouvements avec les pouces placés sur la base
du sacrum et les EIPS, et les index et paumes
de main placés sur les iliaques. Figure 6.61. Procédure sacro-iliaque ; variante.

Procédure intraosseuse iliaque ■ Procédure


Patient en décubitus (figure 6.62).
■ Indications Praticien debout ou assis face à l’enfant,
Dysfonction intraosseuse de l’os iliaque. Dys- au niveau du bassin, du côté opposé à la
plasie de l’acétabulum. dysfonction. Placer la main céphalique pour
236 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.62. Procédure intraosseuse iliaque.

pouvoir contrôler l’EIAS du côté de la dys-


fonction. Avec la main caudale, fléchir la Figure 6.63. Procédure lombale.
hanche du côté de la dysfonction, dans une
position confortable, et utiliser l’avant-bras
pour soutenir la jambe. Placer la main cau-
dale sous l’iliaque avec la pulpe de l’index ou Procédures vertébrales
du médius sur l’EIPS et l’éminence hypothé-
nar sur la tubérosité ischiatique. Écouter la Procédure lombale
motilité inhérente respective des trois parties
intraosseuses de l’os iliaque. Accompagner les ■ Indications
mouvements intraosseux en suivant les prin- Dysfonctions somatiques lombales. Dysfonc-
cipes indirects et en utilisant les forces inhé- tions du diaphragme thoracoabdominal. Dys-
rentes du MRP pour obtenir une normalisa- fonctions intestinales. Dysménorrhées.
tion.
■ Procédure
■ Remarques Patient en décubitus (figure 6.63).
Chacune des trois parties de l’os iliaque, Praticien debout, près de l’enfant à hauteur
l’ilion, l’ischion et le pubis, peut démontrer du bassin, lui faisant face. Fléchir les jambes
une dysfonction intraosseuse. Dès lors, le pra- du patient bilatéralement, les entourer avec le
ticien doit avoir une bonne connaissance de bras caudal et les maintenir contre la poitrine
leur rapport anatomique afin de diagnosti- du praticien. Placer transversalement la main
quer et de traiter cette dysfonction. céphalique sous la colonne lombale, la paume
tournée vers le haut, de telle façon que la
Dans le traitement des dysplasies de la han- pulpe des index, médius et annulaires soit en
che, il est important de traiter également les contact avec les processus épineux de la zone
dysfonctions fémoro-acétabulaires (voir « Pro- dysfonctionnelle. Faire une écoute des seg-
cédure de la coxofémorale » ci-après). ments vertébraux, et identifier toute restric-
tion de la motilité inhérente du MRP, indica-
tive d’une dysfonction somatique. Si
nécessaire, compléter l’évaluation des dys-
fonctions lombales en introduisant les mou-
vements de bas en haut par l’intermédiaire
Traitement du patient 237

des jambes. Augmenter et diminuer douce-


ment la flexion de hanche pour produire une
flexion et une extension lombales. Utiliser les
jambes comme un levier pour produire le
sidebending et la rotation lombaux. Accom-
pagner les mouvements dans les plages
d’aisance, jusqu’au relâchement.

■ Remarques
Cette procédure est très douce et relaxante.
Elle doit être réalisée lentement pour appré-
cier les informations palpatoires en prove-
nance de la zone dysfonctionnelle.

Procédure thoracique

■ Indications
Dysfonctions somatiques thoraciques. Dys-
fonctions de la respiration pulmonaire, du
diaphragme thoracoabdominal. Dysfonction Figure 6.64. Procédure thoracique.
du système autonome thoracique.

■ Procédure ■ Remarques
Patient assis (figure 6.64). Une variante aux procédures lombales ou tho-
raciques peut être accomplie avec le patient
Praticien assis derrière le malade ou à côté. en position de procubitus. Une normalisation
Placer une main transversalement sur la intersegmentaire est alors effectuée en plaçant
colonne thoracique de telle façon que la les index et les médius de chaque main de
pulpe de l’index, du médius et de l’annulaire part et d’autre des processus épineux de deux
soit en contact avec les processus épineux de segments vertébraux adjacents. Écouter et
la région dysfonctionnelle. Faire une écoute suivre les principes indirects pour traiter (fi-
des segments vertébraux, et identifier les res- gure 6.65).
trictions de la motilité inhérente du MRP,
indicatives de dysfonctions somatiques. Si
nécessaire, évaluer également les dysfonc- Procédure cervicale
tions thoraciques en introduisant le mouve- et thoracique supérieure
ment d’en haut, par les épaules et la tête.
Augmenter et diminuer doucement la flexion ■ Indications
cervicale pour produire la flexion et l’exten- Dysfonctions somatiques thoraciques supé-
sion thoraciques. Utiliser les épaules comme rieures et cervicales. Maux de tête. En raison
un levier pour produire le sidebending et la de l’importance des réflexes sympathiques
rotation thoraciques. Accompagner les mou- thoraciques supérieurs et des réflexes para-
vements et positionner la zone dysfonction- sympathiques cervicaux supérieurs, cette
nelle dans la position d’aisance. Attendre le zone présente une myriade de dysfonctions
relâchement. viscérosomatiques et somatoviscérales.
238 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.65. Procédure vertébrale ; variante.

Figure 6.67. Procédure cervicale et


thoracique supérieure ; variante.

une grande précision. Augmenter et diminuer


doucement la flexion occipitale pour produire
la flexion et l’extension cervicale ou thoraci-
Figure 6.66. Procédure cervicale que supérieure. Utiliser la tête également pour
introduire le sidebending et la rotation. Selon
et thoracique supérieure.
les principes indirects, accompagner les mou-
vements dysfonctionnels et, avec le bras de
■ Procédure levier supérieur, positionner la zone en dys-
Patient en décubitus (figure 6.66). fonction dans les plages d’aisance. Attendre
Praticien assis à la tête de la table. Placer la un relâchement.
pulpe des index, médius et annulaire d’une
main en contact avec les processus épineux de ■ Remarques
la zone en dysfonction. Empaumer l’occiput Si, pendant le traitement, une résistance au
avec l’autre main. Faire une écoute des seg- relâchement est rencontrée, évaluer les seg-
ments vertébraux, et identifier les restrictions ments vertébraux sus- et sous-jacents à la zone
de la motilité inhérente du MRP, indicatives en dysfonction et essayer de normaliser les
de dysfonctions somatiques de ces segments. dysfonctions trouvées à ce niveau, avant de
Si nécessaire, évaluer les dysfonctions cervica- retourner sur la zone initiale.
les ou thoraciques supérieures en introduisant Une variante pour le traitement des nour-
le mouvement d’en haut, par la tête. La plu- rissons consiste à tenir l’enfant sur les genoux
part du temps, la visualisation du mouvement du praticien avec une main sur les processus
à introduire est suffisante, car l’introduction épineux de la zone dysfonctionnelle et l’autre
de mouvements trop grossiers ne permet pas main qui soutient l’occiput (figure 6.67). Faire
Traitement du patient 239

une écoute et suivre les principes indirects de rotation externe ou interne, et les compo-
comme cela est décrit ci-dessus. Cette posi- santes majeures et mineures du mouvement.
tion offre l’avantage de pouvoir déplacer Accompagner les mouvements présents et
l’enfant dans une combinaison presque infi- faire un pompage au rythme du MRP pour
nie de positions pour recréer la position relâcher les dysfonctions myofasciales.
fœtale. De plus, comme le nourrisson fait face
au praticien, cette position permet d’établir ■ Remarques
un contact interpersonnel, et d’adapter facile- Cette procédure doit s’intégrer dans une
ment l’intervention à la réponse du sujet. approche globale du corps, considérant le bas-
sin et le reste de l’extrémité inférieure, tout
Procédures appendiculaires autant que le pied.

Procédures des membres inférieurs Procédure fibulaire


■ Indications
Procédure globale du pied
Dysfonction du genou et de la cheville. Cram-
pes des jambes. Entorses de cheville.
■ Indications
Metatarsus adductus. Pieds qui tournent ■ Procédure
médialement. Pieds creux ou plats. Patient en décubitus (figure 6.69).
Praticien assis du côté de la dysfonction.
■ Procédure Placer un petit coussin sous le genou pour
Patient en décubitus (figure 6.68). fléchir légèrement la jambe. Saisir entre le
Praticien assis au pied de la table. La main pouce et l’index de la main céphalique la par-
céphalique saisit le calcanéus entre l’index tie proximale de la fibula, et de la main cau-
médialement et le pouce latéralement. La dale, la malléole latérale. Utiliser les tests
main caudale saisit l’avant-pied entre le pouce d’écoute, visualiser les tissus qui entourent les
et les autres doigts. Le pouce repose transver- articulations tibiofibulaires supérieure et infé-
salement sur la face dorsale du pied. Écouter le rieure, et la membrane interosseuse entre le
mouvement global du pied, noter la présence tibia et la fibula. Accompagner la fibula dans

Figure 6.68. Procédure globale du pied. Figure 6.69. Procédure fibulaire.


240 Ostéopathie pédiatrique

la position d’aisance et, si nécessaire, faire un pied, et contrôle le col du talus entre le pouce
pompage au rythme du MRP pour faciliter le et l’index. Faire une écoute et visualiser les
relâchement. rapports entre le talus et le calcanéus. Noter la
présence de dysfonction de rotation externe
■ Remarques ou interne et les composantes mineures de ces
Cette procédure peut être employée pour nor- mouvements. Accompagner les mouvements
maliser globalement le rapport entre le tibia et dans les plages d’aisance, selon les principes
la fibula. La membrane interosseuse entre les indirects, et sur le rythme du MRP, faire un
deux os est presque toujours impliquée. pompage pour faciliter le relâchement.
Cependant, dans la pratique, c’est fréquem-
ment l’articulation tibiofibulaire supérieure ■ Remarques
qui démontre la plus grande restriction de Bien que cette procédure puisse être incluse
mouvement. Dans les entorses de cheville, dans la normalisation globale du pied, elle
l’expérience montre que cette articulation doit être exécutée précisément entre le talus et
doit être manipulée en premier et, lorsque les le calcanéus.
rapports tibiofibulaires sont normalisés, le
traitement de la cheville peut suivre. Procédure intraosseuse tibiale
■ Indications
Procédure subtalaire
Torsions tibiales intraosseuses. Troubles de la
marche, pieds qui tournent médialement ou
■ Indications latéralement.
Entorses de cheville. Pieds creux ou plats.
■ Procédure
■ Procédure Patient en décubitus (figure 6.71).
Patient en décubitus (figure 6.70). Praticien assis à côté du patient, du côté de
Praticien assis au pied de la table. La main la dysfonction. Saisir les extrémités proximale
céphalique empaume le calcanéus en le saisis- et distale du tibia avec les mains. Écouter et
sant dans la paume de la main ou en plaçant visualiser le schéma dysfonctionnel intraos-
l’index médialement et le pouce latéralement. seux du tibia, typiquement une torsion.
La main caudale repose sur la face dorsale du Employer une procédure indirecte, accompa-

Figure 6.70. Procédure subtalaire. Figure 6.71. Procédure intraosseuse tibiale.


Traitement du patient 241

gner les tissus dans la position d’aisance et Praticien assis devant le patient, sur le côté
faire un pompage sur le rythme du MRP pour de la dysfonction. Placer une main sur les
faciliter un relâchement. condyles médial et latéral du fémur débordant
sur l’interligne articulaire, et l’autre main sur
■ Remarques l’extrémité proximale du tibia. Écouter et
Cette procédure est plus efficace si elle est visualiser les mouvements présents au niveau
pratiquée avant la marche. du genou, en étant très attentif aux mouve-
ments mineurs. Employer les principes indi-
rects et accompagner les déplacements dans la
Procédure du genou position d’aisance. Si nécessaire, effectuer un
pompage, au rythme du MRP.
■ Indications
Dysfonctions du genou. Entorses du genou. ■ Remarques
Cette procédure est confortable pour le
■ Procédure patient et le praticien.
Patient assis dans une position confortable, La position genou fléchi et jambe pendante
sur le côté de la table de traitement (figure permet de modifier facilement la position du
6.72). genou et de retrouver assez précisément celle
dans laquelle la dysfonction est survenue.
Une variante consiste à placer le patient en
décubitus ou en procubitus avec divers degrés
de flexion du genou, et à procéder comme
décrit ci-dessus.

Procédure de la coxofémorale

■ Indications
Dysfonctions de la hanche.

■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.73).
Praticien debout ou assis, à hauteur du bas-
sin du côté de la dysfonction. Saisir le genou
du patient avec la main caudale et fléchir la
hanche dans une position où les tissus périar-
ticulaires sont complètement relâchés, sou-
vent autour de 90°. Placer la main céphalique
sur le côté ipsilatéral du bassin, de telle sorte
que le pouce contacte l’EIAS, que l’index soit
sur la crête iliaque et la pulpe du médius sur
l’EIPS. Écouter et visualiser le rapport entre le
fémur et l’acétabulum. Accompagner les mou-
vements dans la direction de l’aisance.
Employer les forces inhérentes du MRP et
Figure 6.72. Procédure du genou. attendre un relâchement.
242 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.74. Procédure de l’épaule.

l’opérateur. Écouter les mouvements de


Figure 6.73. Procédure de la coxofémorale. l’épaule et les accompagner dans les plages
d’aisance. Employer le MRP pour faciliter le
relâchement.
■ Remarques
■ Remarques
Cette procédure devrait être employée dans
Dans le traitement de l’atteinte du plexus bra-
l’approche globale du traitement de la dyspla-
chial avec cette procédure, les mouvements
sie de la hanche. Elle permet de recentrer et de
doivent être les plus fins possibles. Toute trac-
stabiliser la tête fémorale. Cela est facilité par
tion doit être impérativement évitée.
la flexion de la hanche qui réduit la tension
Dans le traitement des adolescents, les
du muscle iliopsoas, muscle fréquemment
mêmes principes s’appliquent, mais les ampli-
raccourci par la position fœtale chez le nour-
tudes des mouvements sont proportionnelle-
risson.
ment plus grandes.
Il est recommandé d’identifier et de traiter
Procédure des membres supérieurs les dysfonctions cervicales et thoraciques
supérieures avant de traiter l’épaule.
Procédure de l’épaule
Procédure du coude
■ Indications
Dysfonctions de l’épaule. Atteinte du plexus ■ Indications
brachial. Blessures athlétiques et surmenage Dysfonction du coude. Subluxation de la tête
de l’épaule. du radius .

■ Procédure ■ Procédure
Patient en décubitus ou assis (figure 6.74). Patient assis (figure 6.75).
Praticien assis face à l’enfant, à hauteur de Praticien devant le patient. Saisir le poignet
l’épaule du côté de la dysfonction. Placer la du patient du côté dysfonctionnel avec le
main céphalique sur l’épaule dysfonction- pouce contactant l’extrémité distale du radius
nelle, avec l’index ou le médius à hauteur de et le médius sur l’ulna. L’autre main est placée
l’épine de la scapula et le pouce sur la clavi- sous le coude de telle sorte que le pouce
cule. Avec l’autre main, saisir doucement le contacte la tête du radius. Écouter et visualiser
bras de l’enfant au-dessus du coude, l’avant- le rapport entre les radius, ulna et humérus,
bras de l’enfant reposant sur l’avant-bras de tout autant que le ligament annulaire et la
Traitement du patient 243

Figure 6.76. Procédure


gastro-œsophagienne.
Figure 6.75. Procédure du coude.
■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.76).
membrane interosseuse. Accompagner les
Praticien debout ou assis à côté du patient à
mouvements dans les plages d’aisance, entre
hauteur de l’abdomen. Placer la main caudale
la flexion ou l’extension, l’abduction ou
sur l’abdomen, avec l’éminence thénar sur la
l’adduction, et la pronation ou la supination.
ligne médiane et le pouce sur le processus
Employer le MRP pour faciliter la normalisa-
xyphoïde. Les doigts sont dirigés latérale-
tion de la tête du radius et du coude.
ment ; de la sorte, la main recouvre l’estomac
■ Remarques et l’œsophage est contrôlé par le pouce. La
main céphalique contacte le grill costal avec
Typiquement, les subluxations de la tête du
le pouce sur le sternum, et les doigts dirigés
radius sont d’origine traumatique. Dès lors, et
latéralement sur la cage thoracique et le
parce que les tissus des enfants sont élasti-
diaphragme thoracoabdominal. Écouter et
ques, les procédures indirectes sont particuliè-
visualiser l’estomac ainsi que la jonction œso-
rement bien adaptées à cette pathologie. Posi-
gastrique, noter la présence d’une torsion
tionner l’articulation dans la position
entre l’estomac et l’œsophage dans les trois
d’aisance réconforte l’enfant, libère ses crain-
plans de l’espace. Accompagner les déplace-
tes et diminue les résistances. Normalement,
ments selon les principes indirects et attendre
il n’est pas nécessaire de forcer pour traiter
un relâchement. La main caudale est utilisée
effectivement cette pathologie.
pour normaliser la jonction œsogastrique
pendant que la main céphalique normalise le
diaphragme thoracoabdominal.
Procédures viscérales
■ Remarques
Procédure gastro-œsophagienne Une variante consiste à tenir le nourrisson sur
les genoux, face au praticien, avec la main
■ Indications gauche sous l’occiput (figure 6.77). La pulpe
Reflux gastro-œsophagien. Régurgitations. des doigts de la main droite est sur les proces-
244 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.77. Procédure


gastro-œsophagienne ; variante.

sus épineux de la colonne thoracique infé-


Figure 6.78. Procédure
rieure, et le bord ulnaire de la main sur les
côtes inférieures gauches de l’enfant, au
gastro-œsophagienne ; variante.
niveau des insertions costales postérieures du
diaphragme. Cette main contrôle la colonne
thoracique inférieure, le diaphragme et l’ori- Procédure des coliques
fice œsophagien. Écouter la relation entre les
deux mains et accompagner les mouvements ■ Indications
dans la position de la plus grande aisance. Coliques, douleur et distension abdominales.
Suivre les principes indirects, attendre un relâ-
chement. Cette position permet au praticien
■ Procédure
d’observer la face du bébé et ses réactions
quant au confort de cette normalisation. Patient en décubitus (figure 6.79).
L’enfant peut aussi être tenu verticalement, Praticien assis à côté du patient, à hauteur
dans les bras du praticien, de telle sorte que de l’abdomen. Placer la main caudale sur
l’avant-bras céphalique du praticien sou- l’abdomen avec la paume localisée sur la
tienne l’enfant sous les aisselles, tout en région périombilicale. Écouter et visualiser le
contrôlant la cage thoracique, le diaphragme contenu abdominal. Les différentes couches
et l’estomac avec la main (figure 6.78). de l’abdomen doivent être appréciées par le
L’avant-bras caudal placé entre les jambes de contact palpatoire. Identifier les zones de plus
l’enfant soutient le siège, et permet le posi- grande tension. La main céphalique est placée
tionnement lombopelvien facilitant le relâ- sous la colonne, paume tournée vers le haut,
chement des fascias situés autour de la jonc- avec la pulpe des doigts sur les processus épi-
tion œsogastrique. Les principes sont les neux des vertèbres thoraciques inférieures et
mêmes que ceux décrits ci-dessus. lombales. Écouter, évaluer la texture des tissus
Traitement du patient 245

Figure 6.79. Procédure des coliques. Figure 6.80. Procédure de la constipation.

et leurs mouvements, repérer les dysfonctions de plus grande tension dans le côlon descen-
somatiques vertébrales. Normaliser selon les dant et le côlon sigmoïde. La main caudale
principes indirects. En utilisant les deux repose sur l’iliaque gauche avec les doigts diri-
mains, accompagner les tissus dans leur posi- gés postérieurement. Écouter et visualiser la
tion de plus grande aisance et attendre un motilité inhérente de l’iliaque. Selon les prin-
relâchement. cipes indirects, accompagner l’iliaque et le
côlon vers une position d’équilibre et attendre
■ Remarques le relâchement.
On se souviendra que les régions vertébrales
associées aux réflexes viscérosomatiques et ■ Remarques
somatoviscéraux de l’intestin grêle sont Il est impératif d’identifier et de traiter les
situées dans la région thoracique inférieure, et dysfonctions somatiques des iliaques et du
que celles associées aux réflexes des intestins sacrum avant d’effectuer la procédure
sont dans la région thoracolombale et la moi- ci-dessus.
tié supérieure de la colonne lombale [6,7].
Procédure diaphragmatique
Procédure de la constipation ■ Indications
Dysfonction du diaphragme thoracoabdomi-
■ Indications nal. Affections respiratoires, bronchiolite,
Constipation. asthme. Dysfonctions des voies aériennes
supérieures, sinusite, respiration buccale.
■ Procédure
Patient en décubitus (figure 6.80). ■ Procédure
Praticien assis ou debout sur le côté droit Patient en décubitus (figure 6.81).
du patient à hauteur de l’abdomen. Placer la Praticien assis sur le côté du patient, à hau-
main céphalique sur l’abdomen avec les teur de l’abdomen. Les deux mains sont pla-
doigts au contact du quadrant inférieur gau- cées de telle sorte qu’elles entourent bilatéra-
che. Écouter et visualiser le contenu abdomi- lement la partie inférieure de la cage
nal. Avec la pulpe des doigts, identifier la zone thoracique. Les pouces contactent les cartila-
246 Ostéopathie pédiatrique

côtes 7 à 12 et les segments vertébraux respec-


tifs, le sternum et le processus xyphoïde.
Le nerf phrénique qui innerve le dia-
phragme naît essentiellement à partir du qua-
trième nerf cervical et il reçoit une branche
des troisième et cinquième nerfs cervicaux.
Dès lors, toute dysfonction des vertèbres cer-
vicales correspondantes devrait être normali-
sée.
Chez les nourrissons, une variante consiste
à tenir l’enfant assis sur les genoux du prati-
cien, regardant vers l’avant. Les mains du pra-
ticien entourent la cage thoracique inférieure,
les pouces sur les zones costotransversaires et
Figure 6.81. Procédure diaphragmatique. les doigts dirigés vers l’avant reposant sur les
côtes inférieures. Le diaphragme peut être
alors traité comme décrit ci-dessus.
ges costaux de part et d’autre du processus
xyphoïde. Les doigts reposent sur les côtes Amplification de l’impulsion
inférieures, dirigés vers l’arrière. Dans cette
procédure, le placement des mains peut varier
rythmique crânienne (IRC)
et s’adapter aux dysfonctions. Chez les sujets Dans toute manipulation crânienne, le prati-
les plus grands, il peut être nécessaire pendant cien doit impérativement employer les forces
la normalisation de déplacer les mains vers inhérentes du MRP pour le diagnostic et pour
l’arrière pour que les doigts contactent les arti- le traitement. Par ailleurs, des procédures spé-
culations costotransversaires. Le praticien cifiques peuvent être employées pour aug-
peut aussi placer une main sous la charnière menter l’amplitude de l’IRC, la manifestation
thoracolombale, et l’autre sur le processus palpable du MRP [8–10].
xyphoïde et l’épigastre. Dans tous les cas,
appliquer une force compressive très légère,
juste la pression nécessaire pour atteindre le
Approche sacrale
niveau du diaphragme. Évaluer le mouve-
ment du diaphragme pendant la respiration
■ Indications
pulmonaire. Écouter et noter les asymétries Basse amplitude de l’IRC. Approche initiale
ou les restrictions de mouvement. Accompa- des dysfonctions pelviennes, dans le traite-
gner l’excursion diaphragmatique dans les ment de l’énurésie, la constipation et les dys-
positions d’aisance, selon les principes indi- ménorrhées, par exemple.
rects, et attendre le relâchement. À ce stade,
lorsque le sujet est détendu, la respiration pul- ■ Procédure
monaire et le MRP s’entraînent fréquemment. Patient en décubitus (figure 6.82).
Praticien assis à hauteur du bassin du
■ Remarques patient. Placer une main sous le sacrum du
En traitant une dysfonction diaphragmati- sujet, les doigts orientés céphaliquement vers
que, il faut tout d’abord identifier et traiter les la base sacrale. Le médius repose sur la ligne
dysfonctions affectant les zones anatomiques médiane. Les index et les annulaires sont sur
d’origine du diaphragme : les vertèbres lom- la base sacrale, médialement aux articulations
bales L2, L3, occasionnellement L1 et L4, les sacro-iliaques. L’autre main repose sur l’avant
Traitement du patient 247

■ Procédure
Patient en décubitus.
Praticien assis à la tête de la table. Utiliser le
placement de main de la « prise par la voûte »
(figure 6.20), écouter le rythme du MRP et
accompagner les phases d’inspiration et
d’expiration. Suivre les principes indirects
pour permettre à ces phases d’atteindre leur
amplitude optimale. Au fur et à mesure que
l’enfant se détend, le MRP s’amplifie.

■ Remarques
Dans les cas où les nourrissons et les jeunes
enfants manifestent une résistance à la palpa-
tion crânienne, le praticien ne doit pas insis-
ter. L’approche sacrale décrite ci-dessus peut
être employée.
Ne pas confondre amplitude du MRP et
Figure 6.82. Amplification de l’impulsion fréquence ; cette procédure ne vise pas à accé-
rythmique crânienne : approche sacrale. lérer la fréquence.

du bassin. Chez le petit enfant, le pouce du Approche temporale


praticien est placé sur une EIAS et l’index ou le
médius sur l’autre. Si l’enfant est plus grand, ■ Indications
la main et l’avant-bras reposent transversale- Augmenter l’amplitude des IRC par une
ment sur le bassin, avec la pulpe des doigts sur approche bitemporale.
une EIAS et l’avant-bras sur l’autre. Écouter le
rythme du MRP et accompagner les phases ■ Procédure
d’inspiration et d’expiration. L’utilisation des
Patient en décubitus (figure 6.83).
principes indirects permet à ces phases
d’atteindre leur amplitude optimale. L’enfant Praticien assis à la tête du patient. Empau-
se détend au fur et à mesure, et le MRP mer l’occiput dans les deux mains, avec la
s’amplifie. pulpe des pouces et des index de part et
d’autre des processus mastoïdes. Écouter le
mouvement de chaque os temporal. Suivre le
■ Remarques
rythme, et accompagner la rotation externe
Cette procédure peut être employée quand la pendant la phase d’inspiration, et la rotation
palpation crânienne est difficile. interne pendant la phase d’expiration. Utili-
ser les principes indirects pour permettre à ces
phases du MRP d’atteindre leur amplitude
Approche par la voûte optimale.

■ Indications ■ Remarques
IRC de basse amplitude. Irritabilité et troubles Cette procédure doit être exécutée avec la plus
du sommeil. grande délicatesse, sans forcer.
248 Ostéopathie pédiatrique

Figure 6.83. Amplification de l’impulsion


rythmique crânienne : approche temporale.
Figure 6.84. Amplification de l’impulsion
rythmique crânienne : approche occipitale.
Le pouce et l’index placés de part et d’autre
des processus mastoïdes peuvent être rempla-
cés par l’index et le médius. tenir la pression des éminences thénars sur les
angles latéraux, en direction médiale. Quand
l’occiput atteint l’extension complète, résister
Approche occipitale, compression doucement à la phase de flexion du cycle,
du 4e ventricule (CV4) pendant l’inspiration primaire, et maintenir
l’occiput dans l’extension. Ce processus est
répété avec chaque cycle des IRC. Rester atten-
■ Indications tif à l’amplitude des IRC, qui devient progres-
Augmenter l’amplitude des IRC par une sivement plus faible jusqu’à ce qu’un still
approche occipitale. point (point calme) soit atteint, le still point
étant le moment où les IRC semblent ne plus
■ Procédure être palpables [11]. Après le still point, attendre
le retour du mouvement des IRC de plus
Patient en décubitus (figure 6.84).
grande amplitude, et les accompagner dans
Praticien assis à la tête du patient. Placer les les flexions et extensions suivantes avant de
mains, paumes tournées vers le haut, sous la s’arrêter.
tête du patient. Une main repose dans la
paume de l’autre, de telle façon que les émi-
nences thénars soient parallèles l’une à ■ Remarques
l’autre, et contactent les angles latéraux de Fréquemment, au moment du still point, le
l’occiput, médialement à la suture occipito- patient inspire profondément.
mastoïdienne. La tête du patient repose sur les
éminences thénars du praticien, ce qui exerce Cette procédure peut être employée dans le
une pression sur les angles latéraux de l’occi- traitement des adolescents. Elle est contre-
put. Écouter le rythme et les phases d’inspira- indiquée dans le traitement des nourrissons et
tion et d’expiration du MRP. Accompagner des jeunes enfants où il existe un risque
l’occiput dans la phase d’extension des IRC, d’induire des dysfonctions intraosseuses de
ou d’expiration primaire, et doucement main- l’occiput.
Traitement du patient 249

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, 6 Beal MC. Viscerosomatic reflexes : a review. J Am
le placement des mains peut être similaire, et Osteopath Assoc 1985 ; 85 (12) : 786-801.
le praticien peut accompagner les mouve- 7 Van Buskirk RL, Nelson KE. Osteopathic family
practice : An application of the primary care
ments du MRP, jusqu’à leur amplitude opti-
model. In : Ward RC, ed. Foundations for Osteopa-
male, facilitant la détente de l’enfant. Mais thic Medicine. 2nd ed. Philadelphia, PA : Lippin-
l’occiput ne doit pas subir les forces compres- cott Williams & Wilkins ; 2002. p. 289-97.
sives du CV4. 8 Sergueef N, Nelson KE, Glonek T. The effect of
cranial manipulation upon the Traube Hering
Meyer oscillation. Alternative Therapies in Health
Références and Medicine 2002 ; 8 (6) : 74-6.
1 Becker RE. Life in motion. Portland, OR : Rudra 9 Nelson KE, Sergueef N, Glonek T. Cranial manipu-
Press ; 1997. lation induces sequential changes in blood flow
2 Still AT. Osteopathy research and practice. Seattle, velocity on demand. AAO Journal 2004 ; 14 (3) :
WA : Eastland Press ; 1992. p. 7. 15-7.
3 ICD-9CM, International Classification of Diseases, 10 Nelson KE, Sergueef N, Glonek T. The effect of an
9th Revision : Clinical Modification. 5th ed. Salt alternative medical procedure upon low-frequency
Lake City, UT : Medicode ; 1999. oscillations in cutaneous blood flow velocity. J
4 Galbreath WO. Acute otitis media, including its Manipulative Physiol Ther 2006 ; 29 (8) : 626-36.
postural and manipulative treatment. JAOA 1929 ; 11 King HH, Lay E. Osteopathy in the cranial field. In :
28 : 377-9. Ward RC, ed. Foundations for Osteopathic Medi-
5 Sutherland WG. The Cranial bowl. Mankato, MN : cine. 2nd ed. Baltimore, MD : Lippincott Williams
Free Press Company ; 1939. & Wilkins ; 2003. p. 985-1001.
Chapitre 7

Les présentations
cliniques

Dysfonctions axiales

Dysfonctions appendiculaires

Troubles ORL

Troubles respiratoires

Troubles oculaires

Troubles digestifs

Dysfonctions orofaciales
Les présentations cliniques 253

Chapitre 7

Les présentations
cliniques

Ce chapitre décrit les présentations cliniques Dysfonctions axiales


qui peuvent être traitées efficacement par les
procédures ostéopathiques. Toutefois, un tel Les torticolis musculaires congénitaux et les
traitement ne se substitue pas aux traite- plagiocéphalies sont les asymétries les plus
ments médicaux ou chirurgicaux lorsque fréquentes dans la petite enfance. L’atteinte
cela est nécessaire. Cette option thérapeuti- du plexus brachial, les fractures de la clavi-
que est plutôt offerte comme une approche cule, les pectus excavatum et carinatum, les
alternative douce, non invasive, avec essen- scolioses, les cyphoses, et les dysfonctions
tiellement aucun effet iatrogène, et qui peut somatiques vertébrales sont d’autres affec-
être employée en première intention. En tions habituellement rencontrées avec des
fait, les malades répondent rapidement à conséquences structurelles et fonctionnelles
une technique spécifique quand elle est cor- qui peuvent être améliorées par un traitement
rectement appliquée, après un diagnostic ostéopathique.
précis.
Torticolis
Il est de la responsabilité de chaque prati-
cien d’être certain que les pathologies exi- Les torticolis peuvent être sous-divisés en tor-
geant un traitement médical plus agressif ou ticolis congénital et torticolis musculaire
chirurgical aient été éliminées, ou considérées congénital (TMC). Le patient avec un tortico-
d’une manière appropriée. Il est tout aussi lis congénital se présente à la naissance avec la
important de se souvenir que lorsqu’un tête penchée sur le côté et tournée du côté
malade ne répond pas au traitement comme opposé. Typiquement, d’autres affections
prévu, il doit être complètement réexaminé. médicales sont associées, telles que des mal-
Si l’ostéopathe ne voit pas de changement formations osseuses, une impression basilaire,
fonctionnel significatif dans la condition du des anomalies occipitoatloïdiennes, et des
patient au bout de trois séances, une erreur de désordres neurologiques comme les malfor-
diagnostic est probable. mations d’Arnold-Chiari [1]. Ces pathologies
fondamentales doivent être diagnostiquées et
Pour chaque présentation clinique, les par- traitées en conséquence avant de considérer
ticularités de l’affection sont décrites. Pour les un traitement ostéopathique.
protocoles de traitement et les descriptions En revanche, le patient avec un TMC pré-
des procédures, voir les chapitres 5 et 6. sente à la naissance une attitude relativement

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Ostéopathie pédiatrique
254 Ostéopathie pédiatrique

symétrique, et l’asymétrie se développe dans placé par du tissu fibreux, explique le TMC.
les premières semaines de vie. Le TMC Cependant, les études histologiques ne sou-
consiste en une contraction du muscle sterno- tiennent pas cette théorie. De même, l’hypo-
cléidomastoïdien (SCM) ; en conséquence, la thèse d’une occlusion artérielle par compres-
tête de l’enfant est penchée vers le côté du sion [12] est réfutée, car le réseau artériel et
muscle tendu et tournée du côté opposé. Une veineux du SCM est abondant, irrégulier dans
tuméfaction ou « olive » peut être palpée dans sa distribution, avec de nombreuses anasto-
le muscle. L’incidence des TMC est de 0,3 à moses [13].
1,9 %, mais atteint 3.92 % quand le diagnostic Parmi les théories plus récentes, le TMC est
est fait par échographie [2]. Le TMC survient considéré comme une séquelle d’un syn-
plus souvent chez les garçons que chez les drome de loge intra-utérin ou périnatal [14].
filles [2,3]. Le côté de sa survenue ne fait pas Un déséquilibre des structures responsables
l’unanimité ; certains trouvent une plus du contrôle de la posture de la tête pourrait
grande fréquence à droite [1,4], d’autres à gau- être en cause, par exemple le noyau intersti-
che [2]. En revanche, la primiparité, les extrac- tiel de Cajal, un intégrateur neural de cette
tions instrumentales [2,3], et la présentation posture [15].
par le siège [3,5] sont fréquemment présentes Dès l’instant où le torticolis n’est pas pré-
dans l’anamnèse. Plus la taille de l’enfant à la sent à la naissance, mais apparaît plus tard, il
naissance et sa largeur d’épaule sont grandes, est possible qu’il résulte d’un maniement
plus fort est le risque de TMC [2]. incorrect de l’enfant, ou d’un mauvais posi-
De multiples théories sont proposées pour tionnement, comme dans un siège de voiture.
expliquer l’étiologie du TMC. Déjà en 1670, Des dysfonctions des articulations occipito-
Van Roonhysen postule qu’une pression uté- atlanto-axoïdiennes en résultent, et ces dys-
rine anormale est la cause du torticolis [4]. fonctions sont aussi proposées comme étiolo-
Pommerol, au XIXe siècle, attribue le raccour- gie pour le TMC [16].
cissement unilatéral du SCM à une position Plusieurs présentations cliniques sont
fœtale anormale [6]. Classiquement, ces théo- observées. La tuméfaction du SCM n’est pas
ries « intra-utérines » tentent d’expliquer toujours présente [17]. En revanche, des petits
grand nombre des déformations présentes à la nodules peuvent être palpés sur l’os occipital
naissance. Ainsi, de nombreux auteurs font au-dessous de la ligne nuchale supérieure.
des commentaires sur les contraintes subies Quand une masse est palpable dans le SCM,
par le fœtus dans l’utérus, et l’association habituellement dans les deux premiers mois
entre torticolis, plagiocéphalie, oreilles décol- de vie, elle est bien circonscrite dans le mus-
lées, scoliose et luxation congénitale de han- cle, localisée dans la partie moyenne du SCM,
che [7–10], ou dysplasie de hanche [3]. variant de 8 à 15,8 mm dans son diamètre
D’autres théories associent les TMC aux transverse maximal, et de 13,7 à 45,8 mm
traumatismes de la naissance. L’incidence dans sa longueur (mesurée par échographie)
importante des présentations par le siège asso- [18]. Cette masse disparaît typiquement pen-
ciées aux TMC peut documenter le rôle des dant la première année de la vie sans aucune
traumatismes de la naissance dans cette corrélation avec la résolution du TMC [3].
pathologie. Inversement, certains suggèrent L’apparence du patient est constante, avec
que c’est le torticolis intra-utérin qui prédis- la tête en inclinaison du côté impliqué et en
pose le bébé à une présentation par le siège ou rotation du côté opposé. Toutefois, l’ampli-
à une naissance avec forceps [11]. Pour tude de la rotation peut énormément varier
autant, la théorie des traumatismes de la nais- d’un sujet à l’autre. Des contractures du semi-
sance a prévalu, où la blessure du SCM résul- épineux de la tête et du splénius de la tête sont
tant en un hématome, secondairement rem- parfois présentes. En fait, le TMC est probable-
Les présentations cliniques 255

Muscle sternocléidomastoïdien

Muscle splénius capitis (de la tête)

Muscle élévateur de la scapula

Muscle scalène postérieur


Muscle scalène antérieur
Muscle scalène moyen
Muscle trapèze

Clavicule
Acromion

Chef inférieur du muscle omohyoïdien

Figure 7.1. Muscle sternocléidomastoïdien.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.172, p. 964.)

ment la conséquence de plusieurs facteurs l’un de l’autre. Ils se réunissent progressive-


concomitants. Le problème peut commencer ment, en dessous du milieu du cou, pour for-
avec une position intra-utérine contraignante mer le corps d’un muscle épais et arrondi. Le
qui affaiblit la charnière craniocervicale et les SCM s’insère sur la face latérale du processus
SCM, les rendant vulnérables aux traumatis- mastoïde par un tendon puissant et sur la
mes de la naissance. moitié latérale de la ligne nuchale supérieure
Les praticiens ostéopathes utilisent leur de l’os occipital par une mince aponévrose.
connaissance de l’anatomie pour développer Les deux chefs du SCM consistent en diffé-
un raisonnement dans le traitement des rents types de fibres ; le chef sternal est plus
dysfonctions. Le SCM prend naissance par tendineux, alors que le chef claviculaire est
deux chefs, sur le sternum et la clavicule composé de fibres charnues et aponévroti-
(figure 7.1). Le chef médial, ou sternal, a son ques. Plus mobile que le sternum, la clavicule
origine sur la partie supérieure de la surface subit de fortes contraintes pendant la nais-
antérieure du manubrium sternal, et le chef sance ; cela pourrait expliquer la survenue
latéral ou claviculaire sur la surface antérieure d’une traction différente sur les deux parties
et le bord supérieur du tiers médial de la clavi- du SCM. En fait, la tuméfaction est souvent
cule. Au début, les deux chefs sont séparés localisée à la zone de réunion des deux chefs.
256 Ostéopathie pédiatrique

Une distinction entre « torticolis sternal » et dans la fosse crânienne postérieure, alors que
« torticolis claviculaire » a été proposée [19]. la déformation faciale se développe plus tard
L’insertion du SCM recouvre la suture occi- dans l’enfance. Dans tous les cas, les déforma-
pitomastoïdienne ; de ce fait, une détente du tions de la base comme celles de la face ten-
SCM doit être recherchée pour traiter cette dent à augmenter avec l’âge [22]. De plus, la
suture. Inversement, une dysfonction somati- fonction asymétrique des muscles du cou sur-
que entre les os temporal et occipital affecte le mène les mécanismes de contrôle postural.
nerf accessoire (XI) et donc le SCM. Le fora- Les données sensitives anormales au système
men jugulaire, localisé à l’extrémité anté- nerveux central (SNC) résultent en un sens
rieure de la suture occipitomastoïdienne, d’instabilité qui doit être compensé par la
entre la partie pétreuse de l’os temporal et vision [23]. Cela peut secondairement affecter
l’occiput, est aussi affecté. Le foramen jugu- le développement visuel de l’enfant. Pour pré-
laire contient le sinus pétreux inférieur et le venir ces séquelles, les procédures ostéopathi-
sinus sigmoïde qui s’unissent pour former la ques devraient être employées pour traiter le
veine jugulaire interne. Il contient aussi les TMC le plus tôt possible.
nerfs glossopharyngien (IX), vague (X) et
accessoire (XI). Le XI fournit l’innervation Examen clinique et traitement
motrice du SCM, des fibres proprioceptives Observer la rotation et l’inclinaison sponta-
passant par les branches des rameaux ven- nées de la région cervicale de l’enfant. Une
traux des deuxième et troisième nerfs cervi- bonne méthode pour évaluer l’amplitude du
caux. Ainsi, Sutherland a déclaré, « you will mouvement consiste à faire suivre visuelle-
probably find the source of the torticollis to be ment un jouet que l’on déplace dans les direc-
entrapment neuropathy of the eleventh cranial tions à tester. L’enfant peut aussi être tenu
nerve at the jugular foramen » [20] (« vous trou- dans les bras du praticien, faisant face aux
verez probablement que la source du torticolis parents. Puis, le praticien pivote vers la droite
est une neuropathie par compression du et vers la gauche en tenant l’enfant de telle
onzième nerf crânien au foramen jugulaire »). façon que, afin de continuer à observer les
Jacquemart et Piedallu, en 1964, recomman- parents, il doive tourner activement la tête
daient pour le TMC une manipulation ostéo- premièrement vers la gauche pour répondre
pathique des dysfonctions somatiques de au pivotement vers la droite du praticien, puis
l’occiput et de la colonne cervicale supérieure vers la droite pour répondre au pivotement
[16]. vers la gauche. Faire participer les parents à
Chez le nouveau-né, le tendon du SCM cette procédure leur permet de mesurer
recouvre totalement le processus mastoïde, de l’amplitude de la restriction du mouvement
sa pointe au bord supérieur. À ce stade, le de l’enfant. Répéter la procédure après avoir
processus mastoïde est incomplètement déve- traité l’enfant permet d’évaluer l’effet du trai-
loppé et son développement est subordonné à tement.
la traction du SCM. De ce fait, toutes inclinai- Évaluer la taille de la tuméfaction du SCM
son et rotation de tête asymétriques, comme quand elle est présente, et la tension des fibres
dans le TMC, résultent en un développement musculaires. Par la palpation et les tests
asymétrique des processus mastoïdes. Les ana- d’écoute, identifier les dysfonctions somati-
lyses céphalométriques démontrent qu’un ques membraneuses, myofasciales et interos-
torticolis persistant, laissé sans traitement, seuses, particulièrement dans la colonne tho-
peut conduire à une asymétrie crânienne et racique supérieure, la ceinture scapulaire, les
faciale [21]. Quand cela se produit, la défor- régions cervico-occipitale et crânienne (l’os
mation de la base crânienne apparaît précoce- temporal, l’occiput, la suture occipitomastoï-
ment, avec des changements plus significatifs dienne et le foramen jugulaire). Le traitement
Les présentations cliniques 257

doit utiliser les principes indirects. Puisque la 45 000 av. J.-C., et la première référence
tuméfaction associée au TMC se développe écrite est d’Hippocrate, vers 400 av. J.-C. (De
souvent à la réunion des deux chefs du SCM, aere, aquis et locis), qui décrit les Macrocépha-
les os sur lesquels ce muscle est attaché (clavi- les pratiquant la déformation de la tête [24].
cule, sternum, occiput et temporal) doivent Les plagiocéphalies intentionnelles sont
être équilibrés. Le relâchement myofascial obtenues par des pressions appliquées sur le
indirect du SCM peut être employé. Si l’enfant crâne du nourrisson, soit par modelage
est traité précocement, avant qu’un schéma manuel, soit avec des planches, ou des pier-
dysfonctionnel s’installe, le traitement ostéo- res. Dès lors, les déformations varient selon
pathique peut rapidement améliorer l’asymé- les méthodes employées [25]. L’usage de ber-
trie des SCM. ceaux en planches contraignant l’enfant, ou
Des conseils de positionnement actif doi- le port de coiffes sont des exemples d’autres
vent être prodigués aux parents. Par exemple, traditions qui ont aussi produit des déforma-
approcher le bébé du côté contraire à la rota- tions de tête.
tion pendant les activités quotidiennes,
comme manger et jouer. Le bébé doit être Des plagiocéphalies non intentionnelles
placé dans une position de sommeil qui évite peuvent être associées à une fermeture sutu-
le raccourcissement du SCM. Il est déconseillé rale prématurée ou craniosynostose. Théori-
de caler la tête du bébé avec un oreiller dans le quement, la synostose prématurée d’une ou
but d’allonger le SCM. Bien que cela paraisse de plusieurs sutures crâniennes peut être le
séduisant, cela renforce un réflexe de contrac- résultat de facteurs génétiques, ou métaboli-
tion qui entretient le raccourcissement. La ques [26,27]. De fait, la suture ossifiée ne per-
position de sommeil doit encourager une met plus la croissance osseuse et la forme du
rotation de la tête du côté du SCM contracté. crâne reflète cette anomalie. Le crâne présente
Cela peut être obtenu en plaçant une serviette une brachycéphalie avec la fusion de la suture
de bain roulée sous tout le côté de l’enfant, du coronale, une dolichocéphalie ou une sca-
côté opposé à la rotation souhaitée. phocéphalie quand la suture sagittale est ossi-
Des exercices doux d’étirement actif du fiée, et une trigonocéphalie quand c’est la
SCM peuvent être enseignés. Ils doivent solli- suture métopique. Les synostoses unilatérales
citer une rotation de la tête vers le côté du des sutures lambdoïde ou coronale résultent
SCM contracté et une inclinaison opposée. De respectivement en une plagiocéphalie posté-
tels exercices sont indiqués jusqu’à ce qu’une rieure ou antérieure (figure 7.2). En réalité,
amplitude satisfaisante des mouvements soit n’importe quelle suture peut être impliquée,
obtenue. mais les synostoses de la suture lambdoïde
avec plagiocéphalie postérieure surviennent
Plagiocéphalies rarement [28] et représentent seulement
3,1 % de toutes les synostoses [29]. Dans
Le terme « plagiocéphalie », dérivé du grec l’ensemble de la population, l’incidence des
plagios (oblique) et kephalê (tête), indique craniosynostoses est estimée à une pour 2100
une déformation de la tête, et fait référence à 3000 nouveau-nés vivants [27,30]. Il est
cliniquement à une asymétrie crânienne. Les impératif que le diagnostic de plagiocéphalie
déformations crâniennes ont été (et sont synostotique soit posé quand cette pathologie
encore) produites intentionnellement ; selon est présente ; pour ce faire, les moyens radio-
la période et le pays, elles représentent des logiques sont les plus efficaces. Les enfants
signes de distinction, de beauté, de santé, de qui présentent une craniosynostose doivent
courage, de liberté et de noblesse. En fait, le être suivis par un pédiatre neurochirurgien
plus vieil exemple connu vient d’Iraq, vers pour les signes et les symptômes d’augmenta-
258 Ostéopathie pédiatrique

Figure 7.2. Synostose Figure 7.3. Plagiocéphalie occipitale


de la suture coronale droite. non synostotique.

tion de la pression intracrânienne. Le traite-


ment peut exiger la chirurgie, particulière-
ment pour les cas sévères.
Les plagiocéphalies non synostotiques
(PNS), aussi nommées plagiocéphalies fonc-
tionnelles, sont différentes des craniosynosto-
ses (figures 7.3 et 7.4). Leur prédominance est
estimée à 9,9 % de tous les enfants en dessous
de 6 mois [31]. Selon le site de la déformation,
on distingue les PNS frontales [32] et occipita-
les [33]. Depuis 1992, un changement est sur-
venu dans l’emplacement de la déformation
de la PNS. À cette période, la campagne « back
to sleep » a été lancée aux États-Unis pour
empêcher le syndrome de mort subite du
nourrisson [34]. Les parents ont donc été
encouragés à coucher leurs bébés sur le dos
pour dormir. Les plagiocéphalies frontales
étaient les plus fréquentes avant cette date ; Figure 7.4. Plagiocéphalie occipitale non
maintenant, les plagiocéphalies occipitales synostotique.
sont plus ordinairement rencontrées.
Les présentations cliniques 259

Étiologies
Les PNS résultent de multiples facteurs extrin-
sèques et intrinsèques qui affectent le bébé
avant, pendant et après la naissance. Ces
divers facteurs peuvent être isolés ou exercer
un effet cumulatif. En l’occurrence, ces fac-
teurs de risque incluent la prématurité [35], la
primiparité [31,36], un travail prolongé, une
malposition fœtale à la naissance [36], l’usage
de forceps et de la ventouse obstétricale [37].
Chez les garçons, la plus grande fréquence de
détresse fœtale pendant le travail, conduisant
à plus d’extraction instrumentale, est aussi un
facteur de risque pour les PNS [38].
Avant la naissance, la PNS peut résulter de
plusieurs facteurs de risque intra-utérins, avec
contrainte anormale sur la tête fœtale : mal-
formation utérine, fibromes, oligoamnios
[34]. Les naissances multiples sont aussi un
facteur de risque, et ces enfants présentent
fréquemment une déformation crânienne. Figure 7.5. Présentations céphaliques.
OIGA : occipito-iliaque gauche antérieur.
Tout aussi importantes, les contraintes
extra-utérines peuvent être responsables de
PNS. Citons les pressions des organes abdomi-
tion des articulations sacro-iliaques maternel-
naux et, chez les mères athlétiques, une
les peut limiter ce processus, augmentant les
hypertonicité des muscles abdominaux qui
contraintes sur la tête fœtale.
peut comprimer l’utérus contre la colonne
vertébrale. En revanche, une hypotonicité de Dans la variété de présentation occipito-
la sangle abdominale favorise l’augmentation iliaque gauche antérieure (OIGA) (figure 7.5),
de la lordose lombale déjà communément la présentation la plus fréquente, le côté droit
augmentée en fin de grossesse. Dès lors, le de l’os occipital fœtal est en contact avec la
sacrum est sollicité en flexion anatomique symphyse pubienne maternelle, alors que l’os
(extension craniosacrale), avec déplacement frontal gauche est contre le sacrum. Le degré
du promontoire du sacrum vers l’avant et aug- d’asynclitisme peut aussi augmenter la pres-
mentation de la pression sur l’utérus. sion de la tête fœtale contre les os pelviens, ce
Pendant la naissance, l’utérus se contracte qui résulte en une compression de l’occiput à
régulièrement pour permettre la descente du droite et du frontal à gauche. L’inverse, com-
fœtus dans le canal pelvigénital. Des périodes pression de l’occiput à gauche et du frontal à
prolongées de contraction utérine augmen- droite, peut résulter d’une présentation
tent la puissance des forces mécaniques qui occipito-iliaque gauche postérieure (OIGP).
s’appliquent sur la tête du bébé. Puis normale- En fin de descente, la tête contacte le plancher
ment, lorsque la tête entre dans la cavité pel- pelvien, et s’oriente pour positionner l’occi-
vienne, une extension anatomique (flexion put sous la symphyse pubienne. Dans la
craniosacrale) se produit au niveau du sacrum variété OIGA, le côté droit de l’occiput et la
maternel pour augmenter les diamètres du région occipitomastoïdienne peuvent être
détroit supérieur. À ce stade, toute dysfonc- exposés à une forte pression. Enfin, pendant
260 Ostéopathie pédiatrique

l’expulsion, d’autres forces compressives sont Quand les forces compressives sont appli-
appliquées sur l’occiput par la symphyse quées sur la partie squameuse de l’occiput,
pubienne. habituellement vers le lambda (angle supé-
Après la naissance, les pressions du matelas rieur de l’occiput), la partie postérieure de la
subies par la tête du bébé semblent aussi tête est aplatie, et présente une forme brachy-
contribuer à l’aplatissement occipital [39]. Les céphalique. Dans les cas sévères, une légère
modes de couchage affectent la forme crâ- dépression peut être palpée.
nienne. Quand les bébés dorment régulière- Dès l’instant où il existe une dysfonction
ment sur le dos, comme dans les pays asiati- de rotation de la tête, la plagiocéphalie est
ques, l’arrière de la tête est aplati [36]. latérale. Dans ce cas, les forces compressives
Théoriquement, les bébés devraient pou- associées à la pression du poids de la tête du
voir tourner leur tête symétriquement des bébé sur le matelas sont asymétriques, et la
deux côtés. Toute rotation cervicale asymétri- zone occipitopariétale du côté vers lequel la
que devrait être considérée comme anormale tête est tournée s’aplatit progressivement,
[40], et si elle est constatée, elle doit disparaî- alors que l’autre côté se développe excessive-
tre à 12 semaines [41]. En fait, à la naissance, ment (figures 7.6 et 7.7). Cela résulte en un
59 % des enfants préfèrent tourner la tête vers méplat occipital sur un côté et une proémi-
la droite, sans que cela soit toujours en rela- nence de l’autre côté. Antérieurement, le
tion avec la position fœtale. Très souvent, les crâne démontre une proéminence frontale du
bébés démontrent des mouvements préféren- côté du méplat occipital, et un méplat frontal
tiels asymétriques, mais un mouvement préfé- du côté opposé. Quand la tête est vue
rentiel doit être différencié d’une dysfonction « d’oiseau », elle est en forme de « parallélo-
somatique. Toute dysfonction doit être consi- gramme » (figure 4.12).
dérée sérieusement, puisqu’une restriction La forme du « parallélogramme » crânien
des mouvements cervicaux est un facteur de est classiquement décrite dans la littérature
risque identifié pour les plagiocéphalies posi- médicale allopathique [28,33,45–48], comme
tionnelles [42]. On surveillera particulière- dans la littérature médicale ostéopathique
ment les enfants moins actifs, restant toujours [49–51]. Ce modèle est aussi décrit comme
dans la même position, au point souvent une « obliquité crânienne » [52]. Dans le
qu’une alopécie se développe sur une région concept crânien, la forme du « parallélo-
du cuir chevelu. Des restrictions thoraciques gramme » crânien est associée à un schéma de
supérieures et cervicales, comme un déséqui- strain latéral de la synchondrose sphénobasi-
libre du SCM ou un torticolis, accompagnent laire (SSB). Dans le strain latéral de la SSB, la
souvent les plagiocéphalies [35,43,44]. De partie postérieure du corps du sphénoïde est
plus, quand le méplat est développé, il ren- déplacée latéralement, et la partie antérieure
force la préférence positionnelle, avec un de l’occiput est déplacée en sens inverse. Les
positionnement automatique de la tête sur le strains latéraux sont corrélés avec les PNS [37].
méplat. Dans ce cas, la partie basilaire de l’occiput est
déplacée du côté opposé au méplat postérieur.
Présentations cliniques Les rapports interosseux sont perturbés
Par définition, la forme de la tête des enfants dans les PNS, comme c’est le cas au niveau de
plagiocéphaliques est irrégulière. Puisque les la SSB avec la dysfonction de strain. Les rap-
bébés dorment maintenant sur le dos, depuis ports intraosseux entre les différents consti-
la campagne « sur le dos pour dormir », les tuants d’un os le sont tout autant. Cela résulte
plagiocéphalies postérieures sont les plus fré- en la production de dysfonctions intraosseu-
quentes, avec une déformation occipitale ses. Typiquement, dans les plagiocéphalies
médiale ou latérale. postérieures, les os occipital et temporaux
Les présentations cliniques 261

l’occiput où se produit la compression. Pour


autant, les forces compressives sont aussi diri-
gées sur les parties non visibles de l’os occipi-
tal, par exemple les synchondroses intraocci-
pitales antérieures qui séparent les deux
parties des condyles. Lorsqu’une compression
des condyles occipitaux survient, elle est le
plus souvent asymétrique.

De chaque côté, le nerf hypoglosse (XII)


traverse la synchondrose intraoccipitale anté-
rieure, entre le basiocciput et l’exocciput. Il
innerve les muscles de la langue. Dès lors, une
force compressive sur un côté de la tête peut
influencer la motricité linguale, et résulter en
problèmes comme des difficultés à la succion.

L’asymétrie de la base crânienne peut aussi


Figure 7.6. Plagiocéphalie occipitale. affecter la forme des foramens, avec un poten-
tiel pour divers désordres vasculonerveux. Le
foramen jugulaire, habituellement plus grand
à droite qu’à gauche, contient le nerf glosso-
pharyngien (IX), le nerf vague (X), le nerf
accessoire (XI), et les sinus veineux pétreux
inférieur et sigmoïde. Un grand nombre de
fonctions dépendent de ces structures. La dys-
fonction du IX est associée à une sensation
altérée du pharynx, des tonsilles palatines, de
la trompe auditive et du tiers postérieur de la
langue. Les dérangements du X résultent dans
une grande étendue de symptômes, y compris
dysautonomie, coliques et régurgitations.
Selon Magoun, « the occipitomastoid suture and
the jugular foramen should be considered as of
significance with “pukey” babies » [53] (« la
suture occipitomastoïdienne et le foramen
jugulaire doivent être considérés comme
essentiels chez les bébés qui “recrachent” »).
La dysfonction du XI peut compromettre
l’innervation motrice des parties supérieure et
Figure 7.7. Plagiocéphalie occipitale. moyenne du trapèze et du SCM. Le trapèze
reçoit une partie de son innervation motrice
sont les plus atteints. À la naissance, l’os occi- du XI ; le SCM dépend essentiellement du XI.
pital est composé de quatre parties, et les os Le XI participe aussi à la déglutition par son
temporaux, chacun, de trois parties. Quand influence sur les muscles constricteurs du
un méplat occipital se développe, la déforma- pharynx qui reçoivent leur innervation de la
tion est évidente dans la partie squameuse de partie crânienne du nerf accessoire.
262 Ostéopathie pédiatrique

Dans les asymétries de la base crânienne, D’un point de vue psychomoteur, les bébés
une différence de tension entre les deux mus- avec une PNS sont décrits comme moins actifs
cles SCM est palpable. En fait, les multiples quand ils sont sur le dos que les autres, qui
insertions myofasciales de la base crânienne tournent plus facilement la tête et le tronc
peuvent être affectées asymétriquement, ré- quand ces étapes du développement sont
sultant, à distance, en une myriade de modè- atteintes [57]. Les bébés qui dorment sur le
les dysfonctionnels. Les tensions asymétri- dos n’ont pas besoin d’utiliser autant les mus-
ques dans les muscles trapèze et semi-épineux cles de la partie supérieure du tronc et de la
de la tête peuvent causer des dysfonctions de ceinture scapulaire que les enfants qui dor-
la colonne thoracique ; les asymétries des ment en procubitus. Par conséquent, un
muscles stylopharyngien et stylohyoïdien peu- retard dans les premières acquisitions psycho-
vent affecter le pharynx ; et le styloglosse peut motrices s’installe [58]. Les acquisitions de la
influencer la langue. position assis en tripode, du ramper, et de la
marche à quatre pattes sont particulièrement
Les forces compressives appliquées sur la
retardées, ce qui contribue également à affai-
tête fœtale affectent aussi les os temporaux.
blir les muscles axiaux. En l’occurrence, les
Quand l’aplatissement occipital ne survient
scolioses ont été associées aux plagiocéphalies
que d’un côté, l’os temporal et l’oreille du côté
causées par le décubitus [59–61]. Aux Pays-
de l’aplatissement sont déplacés vers l’avant,
Bas, où le couchage sur le dos a été encouragé
et la partie mastoïdienne est comprimée.
depuis 1989, approximativement 2,4 % des
Cette déformation s’observe très bien sur les
enfants de 2 à 3 ans ont une restriction de la
tomographies de la base de crâne. L’axe long
mobilité cervicale et/ou une plagiocéphalie
de la partie pétreuse de l’os temporal est
[31]. Notons que l’habitude de toujours don-
déplacé en direction du plan coronal [54].
ner le biberon du même côté semble aussi
Ainsi, l’os temporal est placé dans une posi-
favoriser une rotation cervicale asymétrique.
tion qui ressemble à la rotation externe.
De ce fait, il est impératif, en particulier chez
Incorporés dans la partie pétreuse du tem- les bébés avec une PNS, d’alterner les côtés de
poral, la partie osseuse de la trompe auditive la tétée.
et l’appareil vestibulaire subissent aussi les Le squelette facial s’adapte à l’asymétrie de
influences des forces compressives. En fait, les la base crânienne, et des disharmonies et des
déformations de l’os temporal augmentent le asymétries faciales sont associées aux PNS
risque d’otite, et chez les enfants avec otites [45,62,63]. Du côté du méplat occipital, le
séromuqueuses, la partie osseuse de la trompe maxillaire est plus petit, avec une diminution
auditive, la partie verticale du tenseur du voile de la distance entre le nasion et l’articulation
du palais et les cellules aériques mastoïdien- temporomandibulaire (ATM). Cette réduction
nes sont plus petites que la normale [55]. est proportionnelle à la déformation occipi-
tale [64]. Les croissances du neurocrâne et du
En réalité, les déformations du temporal
viscérocrâne se produisent à des rythmes dif-
ont de nombreuses conséquences. Les enfants
férents. Dès lors, les troubles développemen-
avec PNS présentent un plus grand risque de
taux compensateurs du viscérocrâne apparais-
désordres auditifs, ce qui semble conduire à
sent plus tard dans l’enfance que la PNS, et de
de subtils problèmes de dysfonction céré-
ce fait aucune relation n’est habituellement
brale plus tard à l’école [56]. Ces problèmes
reconnue.
incluent des désordres du langage, des diffi-
cultés scolaires, autant que des déficits
d’attention [57]. Les enfants plagiocéphali- Examen clinique et traitement
ques ont aussi plus de troubles du sommeil La PNS occipitale se développe du côté où
[37]. l’enfant préfère tourner la tête. Les activités
Les présentations cliniques 263

quotidiennes reflètent bien les dysfonctions, Ensuite, évaluer le crâne. En principe, les
telles les difficultés pendant la tétée, avec plus bébés n’ont pas des cheveux très épais, et
de facilité pour prendre le sein ou le biberon l’observation du neurocrâne est facile. Cher-
d’un côté, celui de la dysfonction cranioverté- cher des endroits chauves qui indiquent une
brale. Des désordres associés sont aussi sou- préférence positionnelle, avec un frottement
vent présents : régurgitations, coliques ou chronique pendant le sommeil entre cette
troubles du sommeil. Au-delà de 3 mois, région de la tête et le drap du lit. Rechercher
l’enfant peut avoir des otites. des zones de méplat en arrière et en avant de
Durant l’anamnèse, l’apparence du bébé, sa la tête. Dans les plagiocéphalies postérieures,
posture et ses amplitudes de mouvement sont ces méplats sont en principe opposés. La tête
étudiées. En observant l’enfant, le praticien peut être en forme de « parallélogramme »,
évalue les différentes dysfonctions potentiel- plus facile à voir d’en haut, en « vue d’oiseau »
lement impliquées dans cette PNS. Où est la quand l’enfant est tenu sur les genoux du
dysfonction ? Est-elle seulement au niveau de praticien ou du parent.
la colonne cervicale, ou bien d’autres zones Observer les os de la face et le frontal. Un
sont-elles impliquées ? Quelle est la dysfonc- schéma de force compressive directement
tion primaire ? Trois mécanismes sont très appliquée sur l’os frontal, avec aucune défor-
fréquents : dysfonction somatique occipito- mation occipitale, indique une dysfonction
cervicale, dysfonction somatique thoracique frontale. Un aplatissement du frontal opposé
et dysfonction somatique crânienne. à celui de l’occiput est conforme à une dys-
Existe-t-il un schéma de restriction de la fonction de strain latéral de la SSB. Une symé-
rotation vertébrale cervicale qui a obligé trie de l’os frontal, avec une déformation occi-
l’enfant à laisser sa tête sur un côté, ce qui pitale sur un côté, peut indiquer une
explique l’aplatissement de la tête ? Si la tête plagiocéphalie postérieure synostotique, où le
tourne et bouge librement dans toutes les front peut être symétrique ou aplati du côté
directions, aucune dysfonction somatique de l’aplatissement occipital [65].
cervicale n’est présente. Une dysfonction frontale peut affecter les
Existe-t-il un schéma de dysfonction soma- yeux. Observer la taille et la forme des cavités
tique thoracique ? La rotation de la tête orbitaires et des bulbes oculaires. Le diamètre
semble-t-elle suivre la rotation de la ceinture orbitaire est la distance entre les angles supé-
scapulaire, ce qui est indicatif d’une dysfonc- romédial et inférolatéral de l’orbite. L’aug-
tion thoracique ? Dans ce cas, une asymétrie mentation de ce diamètre résulte en une
des mouvements des bras peut aussi être pré- cavité orbitaire qui apparaît plus large que
sente. haute, ce qui est associé à un schéma crânien
Existe-t-il une dysfonction crânienne, de flexion-rotation externe. Inversement, si la
comme un strain latéral de la SSB, qui expli- cavité orbitaire semble plus étroite, cela est
que la forme de « parallélogramme » de la associé à un schéma crânien d’extension-
tête ? rotation interne. Une dysfonction du frontal
Ces questions doivent être présentes à affecte secondairement les os de la face, et
l’esprit dans la suite de l’examen. doit être particulièrement considérée dans le
Observer le rapport entre la tête et le pelvis. traitement des dysfonctions des os nasaux et
En présence d’un schéma impliquant tout le des maxillaires.
corps, le pelvis et la tête de l’enfant sont tour- Observer les positions des oreilles. Elles
nés dans des directions opposées. La palpa- reflètent les positions des os temporaux. En
tion et les tests de mobilité confirment ces cas de PNS, l’oreille localisée sur le côté du
observations, et le traitement doit être appli- méplat occipital est plus déplacée vers l’avant
qué en conséquence. que l’oreille controlatérale. Si cette oreille est
264 Ostéopathie pédiatrique

plus déplacée vers l’arrière, cela mérite une luées que par la palpation pour la fonction.
investigation plus approfondie, parce que ce Pour pouvoir visualiser correctement ces
déplacement pourrait être un signe de pla- zones pendant ces tests, une connaissance de
giocéphalie synostotique [29]. Ce signe, l’anatomie est d’importance suprême.
cependant, n’est pas un signe exclusif, et les Dès lors, après avoir complété une palpa-
plagiocéphalies synostotiques peuvent se voir tion pour la structure, procéder à la palpation
aussi avec une position d’oreille antérieure pour la fonction par les tests de mobilité afin
[28,65]. de confirmer les informations obtenues par la
Observer la taille et la forme des oreilles. palpation et l’observation. La dysfonction de
Dans une PNS, du côté de l’aplatissement la rotation de la tête est une priorité dans le
occipital, l’oreille peut aussi avoir été compri- traitement de la PNS. Il est essentiel qu’à la fin
mée, par exemple contre la paroi utérine, et de la séance, l’enfant parte avec une ampli-
donc peut être plus petite. Dans cet exemple, tude et une facilité de mouvement plus gran-
des dysfonctions intraosseuses du temporal des pour tourner la tête. Une rotation dys-
ipsilatéral sont probables. C’est aussi le côté fonctionnelle non traitée entretient la PNS.
où l’enfant se frotte l’oreille ; en présence Dès lors, rechercher les dysfonctions somati-
d’otites, elles commencent souvent de ce ques de la charnière occipitocervicale, de la
côté. colonne cervicale et thoracique, et traiter les
Après l’observation, palper doucement la dysfonctions identifiées en utilisant les prin-
tête de l’enfant en la caressant, à la recherche cipes indirects. La structure suit la fonction, et
de dépressions, de bosses et d’irrégularités de une rotation bilatérale retrouvée permet aux
contour. Les sutures sont palpées pour noter muscles qui s’insèrent sur l’écaille de l’occipi-
les saillies, chevauchements, ou irrégularités tal, par leur traction, de participer au remode-
dans la forme. Une arête suturale épaisse doit lage des zones aplaties.
attirer l’attention, car cela peut être un signe Les membranes de tension réciproque du
de synostose de la suture. Le plus souvent, les mécanisme craniosacral doivent être éva-
méplats sont le résultat de forces compressi- luées, et leurs dysfonctions normalisées. Por-
ves. Rechercher des anomalies de texture tis- ter une attention particulière aux pôles
sulaire et une augmentation de la sensibilité. d’insertion de la dure-mère, la faux du cer-
La palpation du tissu osseux donne un sens de veau sur l’écaille de l’occipital, et la tente du
densité qui peut être différent entre les deux cervelet sur les bords supérieurs des parties
côtés d’une suture. Habituellement, l’aug- pétreuses des os temporaux.
mentation de la sensibilité est proportion- Le mouvement de la SSB, des sutures occi-
nelle à la puissance des forces compressives. pitomastoïdiennes et lambdoïdes doit être
Les muscles occipitaux postérieurs sont éva- évalué et traité en conséquence. Contrôler les
lués pour leur tension et leur asymétrie. os frontaux et leurs rapports avec les os de la
La voûte et l’arrière de la tête, les pariétaux face. Traiter les dysfonctions trouvées.
ainsi que la partie squameuse de l’occiput Évaluer la base crânienne avec le plus
sont tout à fait accessibles à la palpation, alors grand soin. Vérifier les synchondroses occipi-
que la palpation du frontal et des os de la face tales, penser aux compressions condylaires et
nécessite un petit peu plus de patience et de aux compressions du foramen jugulaire, habi-
délicatesse pour ne pas déranger l’enfant. La tuellement présentes dans les PNS. Les procé-
base du crâne n’est pas directement accessible dures de modelage peuvent être appliquées
à la palpation pour la structure. Les parties sur les zones aplaties, en concomitance avec
latérales de l’occiput, ou exocciputs, et la par- la normalisation intraosseuse de l’occiput, des
tie basilaire, comme l’os sphénoïde et les par- os temporaux, frontaux, sphénoïde et parié-
ties pétreuses des os temporaux, ne sont éva- taux si nécessaire. Le modelage d’une zone
Les présentations cliniques 265

aplatie n’est efficace que si les autres dysfonc- Une main soutient le siège de l’enfant pen-
tions sont prises en compte. Il doit être réalisé dant que l’autre main contacte le devant du
le plus précocement possible. torse. L’usage prolongé d’un siège de voiture,
ou autre système de portage qui maintient
Conseils aux parents l’enfant dans une position chronique d’asy-
Très souvent, les parents font des commentai- métrie dysfonctionnelle doit être évité.
res sur le fait que l’aplatissement n’était pas Sucer le pouce doit aussi être découragé, car
présent à la naissance, et qu’ils ne compren- l’enfant prend une position asymétrique en
nent pas pourquoi cette PNS s’est développée. suçant préférentiellement un pouce. Si une
Pour réussir le traitement d’une plagiocépha- gratification orale est nécessaire, une sucette
lie, il faut expliquer le mécanisme des PNS et orthodontiquement satisfaisante doit être
insister sur l’importance de la participation employée. Encourager les parents à douce-
des parents dans les semaines et mois à venir. ment caresser la tête de l’enfant bilatérale-
Expliquer que l’asymétrie initiale était peut ment, derrière les oreilles, dans les zones des
être présente à la naissance d’une façon très sutures occipitomastoïdiennes et au-dessus de
subtile, et que cela a été aggravé par la préfé- la ligne nuchale supérieure de l’occiput. Cela
rence positionnelle persistante de l’enfant. contribue à détendre les tensions dysfonc-
Expliquer qu’il est d’une importance suprême tionnelles.
d’encourager l’enfant dans des activités qui
Scolioses
stimulent une rotation cervicale bilatérale, et
que la position de sommeil doit éviter toute La scoliose est une déviation latérale de la
pression sur la zone déjà aplatie. L’issue favo- colonne vertébrale. Une scoliose structurale
rable du traitement dépend de ces conseils. La est une déformation vertébrale qui n’est pas
position de sommeil peut être obtenue en totalement réductible, alors qu’une scoliose
élevant un côté du lit d’environ 3 cm. Cela fonctionnelle l’est totalement. Le diagnostic
peut être accompli en plaçant une serviette de de la scoliose est confirmé par l’analyse radio-
bain roulée en dessous de toute la longueur du graphique. Typiquement, une scoliose fonc-
matelas, sur le côté du méplat occipital. Cela tionnelle est associée à une asymétrie pel-
encourage le bébé à tourner la tête dans vienne ou posturale, une différence dans la
l’autre direction. Tout ce qui sollicite la rota- longueur des membres inférieurs, ou des trou-
tion de la tête de l’enfant lorsqu’il est décubi- bles vestibulaires ou visuels. Une scoliose
tus, comme les jouets, doit être placé du côté structurale présente une déformation verté-
contraire au méplat occipital, pour solliciter brale dans les trois plans de l’espace, avec une
un appui de la tête du côté de la proéminence inclinaison latérale, une rotation et une
occipitale. flexion ou une extension des vertèbres. Le
Encourager les jeux dans une position de côté de la convexité de la courbure vertébrale
procubitus. Expliquer aux parents que les acti- définit la scoliose ; par exemple, une scoliose
vités dans cette position stimulent la muscu- gauche consiste en une courbure vertébrale
lature axiale postérieure. La postflexion de la qui est convexe sur le côté gauche.
colonne cervicale résulte en une traction mus- Classiquement, l’angle de Cobb mesure le
culaire sur la partie squameuse de l’occiput, ce degré de la scoliose entre les vertèbres les plus
qui contribue à arrondir la tête. inclinées au-dessus et au-dessous du sommet
Pour stimuler la curiosité de l’enfant et de la courbure. Cet angle est obtenu en mesu-
l’ouvrir au monde, tout en encourageant les rant l’angle d’intersection entre les lignes per-
rotations de la tête à droite autant qu’à gau- pendiculaires au plateau supérieur de la vertè-
che, conseiller de porter l’enfant dos contre la bre la plus supérieure et au plateau inférieur
poitrine du parent et faisant face vers l’avant. de la vertèbre la plus inférieure de la courbure.
266 Ostéopathie pédiatrique

Théoriquement, une scoliose est identifiée dans les courbures de grande angulation [71].
comme idiopathique lorsque aucune pathologie Une myopathie impliquant des troubles de
reconnaissable n’explique son origine. Elle est l’activité des pompes métaboliques figure
identifiée comme secondaire en la présence parmi les autres étiologies étudiées.
d’une anomalie vertébrale, ou d’une dysfonc- La progression des AIS est associée à une
tion neuromusculaire. Lorsque la courbure ver- augmentation du taux de la calmoduline (la
tébrale est primaire, la classification des scolio- protéine sur laquelle se fixe le calcium), avec
ses est fondée sur l’âge du patient. Dès lors, les une modulation possible par la mélatonine
scolioses congénitales sont présentes à la nais- [70]. La mélatonine est une neurohormone
sance. Les scolioses infantiles sont diagnosti- qui agit sur les voies de la proprioception au
quées avant l’âge de 3 ans, les scolioses juvéniles niveau du thalamus et du tronc cérébral. Elle
idiopathiques entre 3 et 10 ans, et les scolioses est produite et libérée par la glande pinéale la
idiopathiques de l’adolescent (SIA) entre 10 ans nuit, et sa production est inhibée par la lu-
et la fin de la croissance squelettique. mière environnante. Une déficience en méla-
tonine pourrait perturber les mécanismes de
Étiologies des scolioses idiopathiques l’équilibre et de la posture [72]. Le taux de
En fait, la cause des scolioses idiopathiques mélatonine est proposé comme un facteur
n’est pas définie. Elle semble être une interac- prédicteur de l’évolution d’une scoliose [73].
tion multifactorielle de facteurs environne- Parmi les différentes étiologies, figure aussi
mentaux et génétiques. Des études montrent une théorie neurologique de la scoliose. Les
la scoliose comme un désordre qui suit les enfants malentendants qui ont une haute
modèles génétiques simples de Mendel [66, incidence de dysfonction vestibulaire ont
67]. La transmission peut être dominante ou significativement moins de scoliose idiopa-
récessive. Des liens génétiques existent avec thique que les enfants qui entendent norma-
3 % des parents, et 3 % des frères et sœurs lement. De ce fait, il est suggéré que leur dys-
présentant aussi une scoliose [66]. Une corré- fonction protège ces enfants et que la scoliose
lation de l’incidence des scolioses est décrite idiopathique a une origine neurologique [74].
chez les jumeaux [68]. L’âge maternel est un En revanche, un système d’orientation spatial
facteur de risque, et les grossesses tardives déficient, impliquant à la fois une dysfonc-
sont associées à une plus grande progression tion visuelle et vestibulaire, pourrait causer
de la courbure des SIA [59]. De plus, si l’âge des troubles au niveau du contrôle postural
maternel à la naissance est supérieur à 27 ans, axial [75,76]. Une autre hypothèse suggère
l’incidence des SIA est plus grande ; l’âge que des déséquilibres du développement au
paternel n’a pas d’effet significatif [69]. niveau du SNC pourraient être suivis d’une
Des modifications de la matrice extracellu- asymétrie des rotateurs spinaux et autres mus-
laire des tissus conjonctifs ont été trouvées cles du tronc, résultant en une SIA. En fait,
chez les scoliotiques, par exemple dans la dis- chez certains scoliotiques, une régulation pos-
tribution du collagène et des fibres élastiques. turale moins efficace, avec une diminution
Cependant, la plupart des chercheurs ne consi- qualitative de la stabilité, est démontrée [77].
dèrent pas ces changements comme l’étio- Au niveau vertébral, des troubles du déve-
logie de la déformation [70]. De même, un loppement sont les bases d’une autre théorie.
changement dans la composition des fibres Des différences de croissance entre la co-
musculaires, ou un surmenage musculaire lonne vertébrale et la partie médullaire, une
chronique, pourrait expliquer l’hyperinten- « croissance asynchrone », pourraient expli-
sité du signal obtenu par imagerie par réso- quer les scolioses, avec soit une tension asy-
nance magnétique (IRM) au niveau du muscle métrique des racines nerveuses, soit une
multifidus du côté concave de la scoliose, diminution de croissance de la moelle épi-
Les présentations cliniques 267

nière [78]. En fait, chez les patients avec SIA, ques anormales sur les vertèbres. Chez les
une croissance plus rapide des corps verté- enfants qui pratiquent la gymnastique ryth-
braux par ossification endochondrale s’op- mique et qui développent une scoliose, une
pose à une croissance plus lente par ossifica- « triade dangereuse » est identifiée, qui
tion membraneuse des éléments vertébraux consiste en une laxité articulaire, un retard
postérieurs [79]. De plus, la longueur du de croissance et une surcharge asymétrique
canal vertébral est plus courte que la lon- persistante de la colonne vertébrale [82]. Ce
gueur de la colonne antérieure des corps ver- groupe montre une incidence de scoliose de
tébraux. D’où l’hypothèse que la colonne 12 %, en comparaison de 1,1 % dans la popu-
thoracique est contrainte par une partie lation générale de la même tranche d’âge.
médullaire en tension, résultant en une Une obliquité pelvienne est aussi présente
diminution de la cyphose. La tension dans le « syndrome du bébé moulé » où le
entraîne secondairement un déplacement de modelage intra-utérin détermine une cour-
la partie médullaire sur un côté du canal bure vertébrale, avec une inclinaison sacrale
vertébral avec une courbure latérale de la du côté de la convexité vertébrale. Très cou-
colonne vertébrale, puis une rotation des ramment, les forces mécaniques compressi-
corps vertébraux pour leur permettre de ves qui agissent sur le bébé pendant les pério-
continuer leur croissance pendant que le des prénatale, périnatale et postnatale sont
canal vertébral reste central [80]. La face pos- proposées comme une étiologie des scolio-
térieure du corps vertébral forme la base du ses. Chez les enfants qui développent une
canal vertébral ; dans les scolioses, elle reste à scoliose pendant les six premiers mois de la
angle droit par rapport au plan sagittal du vie, les présentations par le siège sont plus
patient, dans sa position originale et ne suit fréquentes que dans une population stan-
pas la rotation du corps vertébral [80]. La dard [59]. De plus, les plagiocéphalies sont
tension du core-link, les puissantes membra- aussi fréquemment associées aux scolioses
nes dure-mériennes recouvrant la moelle épi- infantiles [59,83–86]. Dans ce cas, la défor-
nière, entre les bols pelvien et crânien [81], mation faciale et crânienne, qui est toujours
peut jouer un rôle dans ce mécanisme. Les du côté de la courbure scoliotique, est attri-
rapports entre les différentes parties du buée à la position intra-utérine [87].
mécanisme craniosacral doivent donc être En fait, McMaster a noté que les scolioses
considérés, et toute dysfonction dure-mé- sont rarement présentes à la naissance et que,
rienne autant que les dysfonctions vertébra- comme les plagiocéphalies, elles se dévelop-
les ligamentaires doivent être traitées. pent très souvent dans les premiers mois de la
Pour autant, des facteurs biomécaniques vie [85]. Il a donc proposé une explication
peuvent aussi affecter l’alignement vertébral. pour l’association entre plagiocéphalie et sco-
Par exemple, le sidebending-rotation et la tor- liose. Les bébés préfèrent tourner vers leur
sion de la SSB peuvent modifier le niveau côté droit quand ils sont couchés sur le dos.
d’équilibre des orbites et, secondairement, De ce fait, les pressions légères mais asymétri-
modifier la position neutre de l’occiput, avec ques du matelas sur le crâne et sur la colonne
des conséquences vertébrales sous-jacentes. en croissance peuvent créer des asymétries, en
Classiquement, l’obliquité pelvienne est particulier quand elles s’appliquent pendant
considérée comme une cause de déséquilibre une longue période, ou à une période critique
du squelette axial. Cette obliquité pelvienne de la croissance. Avec une rotation chronique
est très souvent associée à une différence de de la tête vers la droite, l’arrière de la tête
la longueur des jambes. Si ce déséquilibre s’aplatit sur la droite, alors que la croissance
apparaît dans la première phase de la crois- crânienne continue sur la gauche. Le thorax
sance, il en résulte des pressions asymétri- suit le même modèle, et le côté gauche
268 Ostéopathie pédiatrique

Figure 7.8. Déformation thoracique associée à la position du décubitus.


(Source : J Bone Joint Surg Br 1983 ; 65 (5) : 612-7)

s’expanse librement en arrière avec une ro- Ventura et al. déclarent : « Even small defor-
tation gauche des vertèbres thoraciques (fi- mities present at, or soon after, birth may get
gure 7.8). worse in infants whose connective tissues do not
have a potential for recovery » [86] (« Même les
Parfois les scolioses infantiles sont trou- petites déformations présentes pendant, ou
vées en association avec un déséquilibre de peu après, la naissance peuvent s’aggraver
l’occiput ou avec une dysfonction de la SSB. chez les bébés dont les tissus conjonctifs n’ont
Les dysfonctions intraosseuses de l’occiput pas de potentiel de récupération »). Ce à quoi
peuvent produire une asymétrie des parties nous pourrions ajouter une ou plusieurs des
condylaires de l’occiput, résultant en désé- composantes développées ci-dessus ; l’étiolo-
quilibres de la colonne sous-jacente. Les gie est bien multifactorielle.
forces compressives appliquées sur l’os occi-
pital au moment de l’accouchement sont Scolioses congénitales et infantiles
tenues pour responsables du développement Les scolioses congénitales peuvent être asso-
de courbures scoliotiques compensatrices ciées à une pathologie neurologique ou à un
[61,88]. Ainsi, l’enfant peut préférer incliner défaut vertébral structural (défaut de la forma-
la tête légèrement d’un côté et, avec le temps tion et/ou de la segmentation), et sont égale-
qui passe, de nouvelles blessures potentielles ment associées à des anomalies de la tête, du
et donc plus de difficultés pour compenser cou, du bassin et des hanches. À la naissance,
apparaissent, et l’adolescent développe une un examen médical minutieux doit être exé-
scoliose. cuté pour éliminer ces désordres. Parmi les
Les présentations cliniques 269

anomalies responsables des scolioses congéni- Quand cette mesure est répétée après 3 mois, le
tales non idiopathiques, les hémivertèbres RVA reste inchangé ou augmente avec une sco-
sont les plus fréquentes [89] ; elles sont parfois liose évolutive, tandis qu’il diminue avec une
associées à des anomalies cutanées médianes courbure résolutive. De plus, avec le temps, sur
postérieures. Des anomalies de l’axe neural la radiographie de face, une scoliose évolutive
sont présentes chez 21,7 % des patients qui montre un empiètement de la tête de la côte
ont une scoliose infantile, par ailleurs asymp- sur le coin vertébral supérieur. Le rapport entre
tomatiques [90]. Parmi les enfants qui présen- la côte et la vertèbre, et la réponse des tissus
tent des anomalies vertébrales congénitales, environnant aux contraintes de la croissance
30 à 60 % ont d’autres anomalies, localisées le sont d’une grande importance.
plus souvent dans le système génito-urinaire, L’évolution de la courbure est une inquié-
le système cardiovasculaire, la moelle épinière tude majeure dans chaque type de scoliose, et
ou la colonne cervicale [91]. Les scolioses la différenciation entre les scolioses congéni-
congénitales sont plus fréquentes chez les tales et infantiles idiopathiques évolutives et
filles que chez les garçons, dans la proportion non évolutives a été confirmée par les compa-
de 1,27:1 [89]. raisons séquentielles des RVA au fil du temps
[86,94]. Quand une résolution spontanée se
En revanche, les scolioses infantiles sont
produit dans les scolioses infantiles non évo-
plus fréquentes chez les garçons, avec le plus
lutives, elle se fait entre 12 et 18 mois [86]. La
souvent une courbure thoracique gauche
résolution spontanée des scolioses infantiles
[85,87]. Hippocrate décrivait déjà ces scolioses
idiopathiques varie selon les auteurs entre
comme le résultat potentiel de facteurs méca-
17 % [95] et 92 % [96]. Il est donc essentiel de
niques opérant pendant la vie fœtale [9]. Cer-
détecter cette scoliose au stade le plus précoce
taines d’entre elles ont une résolution sponta-
et de traiter tous les nourrissons affectés dans
née, alors que d’autres progressent. En 1930,
les six premiers mois de la vie [97]. Il est
Harrenstein [92], cité par Mehta [93], déclare :
classique d’attendre avant d’intervenir dans le
« Spontaneous correction does occur without
groupe évolutif, parce que le traitement
treatment but at the moment it is not possible to
orthopédique est complexe et difficile à ins-
distinguish between the two at the time of the
taurer avant l’âge de 18 mois [98]. En revan-
diagnosis » (« La correction spontanée peut
che, les procédures ostéopathiques peuvent
survenir sans traitement, mais à l’heure
être pratiquées immédiatement, avec poten-
actuelle il n’est pas possible de faire la distinc-
tiellement de bons résultats dans les cas de
tion entre les deux au moment du diagnos-
scolioses congénitales et infantiles idiopa-
tic »). Dès lors, afin de différencier les scolio-
thiques.
ses congénitales et infantiles idiopathiques
évolutives et non évolutives, Mehta a proposé
une méthode de mesure de l’angle costoverté- Examen clinique et traitement
bral (rib-vertebra angle [RVA]) [93]. Sur la radio- Observer la position spontanée du bébé.
graphie de face en décubitus dorsal, le RVA est Rechercher les asymétries de position du
« l’angle formé entre chaque côté de la vertè- torse, de la tête et du cou, des bras, et des
bre thoracique apicale et la côte correspon- jambes. Noter les zones de mobilité restreinte.
dante ». Sur une colonne normale, les RVA Rechercher aussi les asymétries du dos. Une
sont égaux et, normalement, un écart de 2 à scoliose démontre plus de volume sur le côté
4 mm sépare la tête de la côte du coin supé- convexe du thorax, et des plis de peau latéra-
rieur de la vertèbre adjacente. Pour Mehta, les lement sur le côté concave. Ces plis sont un
scolioses infantiles les plus évolutives sont signe de scoliose fixée [99]. Noter la mala-
celles qui présentent une différence du RVA dresse de l’enfant dans le maintien de la tête
entre les deux côtés égale ou supérieure à 20°. et dans la coordination motrice.
270 Ostéopathie pédiatrique

Palper le bébé pour identifier des dysfonc- région lombale. L’angle de Cobb est parfois
tions somatiques membraneuses, myofascia- débattu comme vraie évaluation de la scoliose.
les et interosseuses responsables des restric- En fait, la SIA est une déformation de la
tions fonctionnelles visuellement observées. colonne dans les trois dimensions de l’espace,
L’enfant peut être traité en utilisant les princi- avec des changements morphologiques dans
pes indirects pour normaliser toute restriction le tronc et la cage thoracique. La rotation ver-
de mouvement, en particulier au niveau du tébrale devrait donc être considérée dans l’éva-
bassin, de la colonne thoracique supérieure, luation. Rappelons que la présence de douleur
des côtes, du sternum, du diaphragme thora- sévère ou de symptômes neurologiques est
cique, de la ceinture scapulaire, et de la région atypique pour une scoliose idiopathique et
occipitocervicale et crânienne. Les dysfonc- doit faire penser à des pathologies médullaires.
tions intraosseuses plus fréquemment ren- En principe, laissées sans traitement, les
contrées dans le sacrum, les vertèbres lomba- scolioses idiopathiques augmentent dans la
les et thoraciques, et l’occiput peuvent être vie adulte. La période de la puberté doit être
traitées par les procédures de modelage. considérée comme « à haut risque », et des
À la maison, après le traitement, il est contrôles réguliers sont recommandés. Il
important d’éviter les mouvements et les existe une corrélation significative entre la
positions qui renforcent le schéma scolioti- croissance en taille et la progression de l’angle
que. Dans les activités quotidiennes comme de Cobb, et l’augmentation peut continuer
manger et jouer, encourager les parents à sol- jusqu’à 2,5 années après le début de la mens-
liciter les mouvements de l’enfant qui stimu- truation [101]. Selon les statistiques, plus
lent la symétrie, et à le positionner correcte- jeune est le patient au moment du diagnostic,
ment pour dormir. Un enfant doit dormir sur selon les repères de la maturation osseuse, plus
le dos pour empêcher le syndrome de mort grandes sont les chances d’une évolution de la
subite du nourrisson, mais jouer en procubi- scoliose. À la maturation osseuse, une cour-
tus pour développer la musculature vertébrale bure qui mesure moins de 30° a peu de chance
nécessaire au maintien d’une bonne posture. de progresser, alors que les courbures compri-
La prévention est la meilleure thérapie. ses entre 30° et 50° peuvent encore gagner 10°
L’ostéopathie, en tant que traitement non à 15° [67]. Les courbures thoraciques s’aggra-
invasif, facilite le processus de récupération vent le plus, suivies des courbures thoracolom-
spontanée, ou une régression, et ce très rapi- bales et des doubles courbures [102].
dement. Cela permet à l’enfant de progresser Moins de 25 % des SIA se résolvent sans
et de passer par toutes les phases du dévelop- traitement [103]. Le traitement orthopédique
pement psychomoteur avec un système mus- peut être indiqué pour limiter la progression
culosquelettique libre de toute dysfonction. de la courbure avec un plâtre ou un corset, et
dans les cas sévères, la chirurgie pour corriger
Scolioses idiopathiques juvéniles la scoliose. Le port du corset pendant au
et de l’adolescent moins 23 heures par jour semble optimal pour
Entre 10 et 16 ans, une scoliose est présente stopper la progression de la courbure [104].
chez 2 à 4 % des enfants [100]. À cet âge, à la Dès lors, une alternative est d’attendre en sur-
différence des scolioses infantiles, la prédomi- veillant l’évolution, parce que le corset ne
nance des scolioses est féminine, et la cour- diminue pas l’incidence de la chirurgie et pré-
bure thoracique est à droite [85,87]. La rota- sente souvent des effets psychologiques indé-
tion vertébrale est associée à une gibbosité sirables [105].
costale sur le côté de la convexité, avec la En fait, un traitement manipulatif associé à
plupart des courbures convexes à droite dans des exercices semble arrêter la progression de la
la région thoracique, et à gauche dans la courbure dans les SIA [106,107]. Les exercices
Les présentations cliniques 271

peuvent être efficacement utilisés pour faire


régresser les signes et les symptômes des scolio-
ses, et empêcher la progression des courbures
vertébrales chez les enfants comme chez les
adultes [108]. La qualité de vie et le bien-être
physique peuvent être dégradés par une sco-
liose ; de ce fait, le traitement est important.

Examen clinique et traitement


L’examen commence par l’observation du
patient en position debout. Observer le place-
ment des pieds et noter les asymétries. De dos,
noter le niveau des crêtes iliaques ainsi que la
symétrie du bassin et des triangles de taille.
Les différences de longueur de jambe sont un
facteur qui doit être considéré. Observer éga-
lement le rapport entre les ceintures pelvien-
nes et scapulaires, et rechercher les asymétries
des scapulas et des épaules. Une élévation de
l’épaule droite par rapport à la gauche est
associée à une courbure thoracique convexe à Figure 7.9. Identification de la gibbosité
droite. Noter la position de la tête. La ligne costale en flexion antérieure.
verticale abaissée de la protubérance occipi-
tale externe doit tomber au milieu du pli
interfessier. Puis le sujet est observé de profil
seuses. Le patient peut être traité en utilisant
pour évaluer l’augmentation ou la diminu-
les principes indirects. Commencer en trai-
tion de la cyphose thoracique, une projection
tant la zone présentant la plus grande restric-
de la tête vers l’avant et la lordose lombale.
tion de mouvement, souvent dans les régions
L’examen du tronc est complété en deman-
thoraciques et craniocervicales supérieures. La
dant au sujet de se pencher en avant pour
présence de terminaisons sensitives proprio-
faciliter l’identification de la scoliose (fi-
ceptives dans les ligaments et fascias de la
gure 7.9). Les sujets conservent les paumes de
région cervicale supérieure participe à l’équili-
mains l’une contre l’autre et les bras et les
bre postural. De ce fait, une dysfonction
jambes tendues. Le praticien se place derrière
somatique primaire cervicale supérieure peut
et sur le côté. Il examine le dos en vue tangen-
perturber l’équilibre postural. Par ailleurs, les
tielle, pour détecter une asymétrie comme
dysfonctions somatiques de la région thoraci-
une déformation avec rotation ou gibbosité
que supérieure peuvent aussi résulter en dys-
costale. Cette déformation est associée aux
fonction compensatrice dans la colonne cer-
courbures scoliotiques et peut être davantage
vicale supérieure. Une fois ces régions traitées,
précisée par l’évaluation radiographique.
considérer les dysfonctions de la colonne tho-
L’enfant restant dans cette position, noter la
racique, des côtes, de la colonne lombale, du
distance entre les pointes des doigts et le sol,
sacrum et du bassin.
ce qui donne une indication de la flexibilité
vertébrale globale. Pour augmenter la capacité vitale, la nor-
L’examen palpatoire du patient avec une malisation du diaphragme thoracique doit
SIA doit identifier les dysfonctions somati- toujours faire partie du traitement des scolio-
ques membraneuses, myofasciales et interos- ses. De plus, en raison des insertions des
272 Ostéopathie pédiatrique

piliers du diaphragme sur la colonne lombale, Cyphoses et lordoses


les dysfonctions diaphragmatiques affectent
la mobilité vertébrale, et par le core-link peu- La cyphose est une augmentation d’une cour-
vent être associées à des dysfonctions des bure vertébrale dans le plan sagittal qui
diaphragmes pelvien et crânien. résulte en une convexité postérieure (conca-
vité antérieure) plus grande que la normale.
Autant que possible, normaliser les dys-
Les cyphoses sont plus fréquemment rencon-
fonctions crâniennes. Les dysfonctions occi-
trées au niveau thoracique, ce qui produit un
pitales peuvent affecter les informations pro-
dos rond. Les parties cervicale et lombale de la
prioceptives de la région craniocervicale. Le
colonne présentent normalement une lor-
système vestibulaire localisé dans les parties
dose, courbure à concavité postérieure. En
pétreuses des temporaux participe à l’équili-
situation dysfonctionnelle, ces courbures
bre général et aux synergies musculaires. Par
lombale et cervicale sont inversées et devien-
conséquent, traiter les dysfonctions entre le
nent cyphotiques. Au niveau de la partie infé-
sphénoïde, l’occiput et les temporaux. Par le
rieure de la colonne vertébrale, une cyphose
fait que la fusion de la SSB ne se produit pas
sacrale est présente quand sa convexité posté-
typiquement avant la fin de l’adolescence, la
rieure est augmentée.
base du crâne devrait répondre aux traite-
ments crâniens chez les jeunes patients avec Une cyphose thoracique > 45° est considé-
des SIA. rée comme pathologique. Les déformations
Les dysfonctions crâniennes peuvent aussi cyphotiques congénitales sont rares et peu-
affecter le patient scoliotique par l’intermé- vent être causées par un défaut dans la forma-
diaire des membranes de tension réciproque. tion du corps vertébral ou un échec de la
Parmi les observations faites chez les scolioti- segmentation ; le traitement est chirurgical
ques, on retrouve des déséquilibres dans la [109]. Chez le nourrisson, les tumeurs de la
tension de la dure-mère [78]. Les normalisa- colonne vertébrale sont aussi une cause
tions des membranes intracrâniennes et potentielle de cyphose qui exige une atten-
intraspinales semblent donc indiquées. Chez tion médicale spécifique.
les plus jeunes patients où la croissance Pendant la période juvénile, la maladie de
osseuse est toujours présente, les dysfonctions Scheuermann est une cause de cyphose prove-
intraosseuses peuvent aussi être traitées avec nant d’un trouble de développement. La
les procédures de modelage. Ces dysfonctions déformation cyphotique provient de la cunéi-
sont le plus souvent présentes au niveau du formisation des corps vertébraux, où la hau-
sacrum, des vertèbres lombales et thoraciques teur postérieure est plus grande que la hauteur
et de l’occiput. antérieure. Les garçons sont plus fréquem-
Les exercices physiques sont une compo- ment affectés, et le plus souvent une douleur
sante importante du protocole de traitement. du dos conduit à une radiographie posant le
Un programme d’exercices convenable doit diagnostic. Des irrégularités des plateaux ver-
enseigner au patient comment respirer effica- tébraux peuvent être observées, particulière-
cement, augmenter sa capacité vitale et la ment au niveau thoracique inférieur et lom-
mobilité de la cage thoracique. Il devrait aussi bal supérieur. La maladie de Scheuermann
promouvoir le développement des amplitudes peut aussi être associée aux scolioses [110].
et de la symétrie des mouvements, en particu- En tant que déformation vertébrale, une
lier la rotation vertébrale, tout en fortifiant la cyphose ne doit pas être confondue avec une
musculature axiale et en stabilisant la colonne mauvaise posture. Lorsque l’on examine un
vertébrale. Enfin, un tel programme doit déve- nourrisson assis sans support, il est normal de
lopper la proprioception du patient, et lui trouver une cyphose vertébrale thoracique et
enseigner de bonnes habitudes posturales. lombale. La proprioception et le tonus muscu-
Les présentations cliniques 273

laire se développent en grandissant pour ciée à d’autres pathologies, comme les dyspla-
maintenir un équilibre sagittal suffisant. En sies de hanche, ou à des troubles neuro-
fait, pendant la croissance, les courbures ver- musculaires. Un caractère familial peut être
tébrales sagittales évoluent [111,112]. La présent, mais l’hyperlordose peut aussi être
cyphose thoracique est plus prononcée chez consécutive à un traumatisme, souvent dans
les garçons [113], à un âge moyen de 12,8 ans la pratique d’activité sportive, en particulier
[114]. des sports extrêmement compétitifs pendant
Le plus souvent, l’augmentation de la cour- une période de croissance. Les adolescents
bure cyphotique est associée à un déséquilibre peuvent aussi présenter une hyperlordose
postural. Chez les adolescents et les jeunes consécutive à un spondylolisthésis. Dans ce
enfants, la cyphose peut résulter d’une mau- cas, les études montrent une augmentation de
vaise posture compensant une dysfonction l’hyperlordose et de l’inclinaison sacrale, mais
d’extension à distance. Un déplacement anté- une diminution de la cyphose thoracique
rieur de l’os occipital sur les surfaces articulai- [116].
res supérieures de l’atlas projette le menton Typiquement, le degré de lordose lombale
vers l’avant, et la compensation posturale est corrélé avec la position du sacrum.
résulte en une augmentation de la cyphose L’extension anatomique sacrale, ou flexion
thoracique. Ce schéma est typique chez les craniosacrale, est normalement associée à une
patients qui respirent par la bouche. diminution de la lordose, et la flexion anato-
Une apparence de cyphose peut aussi être mique sacrale, ou extension craniosacrale, est
présente chez l’enfant qui présente un enrou- associée à une augmentation de la lordose.
lement des épaules vers l’avant. Dans ce cas, la Pendant la croissance, il existe une évolution
courbure thoracique n’est pas fixée en posi- des courbures vertébrales, lordose cervicale,
tion cyphotique, et un redressement vertébral cyphose thoracique et lordose lombale, mais
est obtenu sur demande, bien qu’un manque en présence de conditions normales, l’associa-
de souplesse soit fréquent. Typiquement, tion avec la position du sacrum est constante.
l’enfant est timide, et un schéma d’extension-
Un des principes fondamentaux du con-
rotation interne peut être trouvé au niveau du
cept crânien est la relation par l’intermédiaire
bassin, ou bien au niveau de la SSB, des tem-
du core-link, des bols crânien et pelvien. La
poraux, ou de l’occiput. Une dysfonction du
flexion crânienne est associée à une flexion
diaphragme thoracoabdominal est très sou-
craniosacrale du sacrum, et l’extension crâ-
vent associée à la diminution de la flexibilité
nienne est associée à une extension craniosa-
thoracique et de la capacité vitale. Les zones
crale du sacrum. Les courbures vertébrales AP
d’insertion diaphragmatique sur la partie
sont diminuées en présence d’une flexion de
inférieure du sternum et les côtes adjacentes
la base crânienne, et inversement, il y a une
peuvent être dysfonctionnelles.
augmentation des courbures lordotiques et
Habituellement, une lordose lombale com- cyphotiques avec une extension de la base
pense une augmentation de la courbure crânienne [117].
cyphotique thoracique. Les cyphose et lor-
dose lombale se compensent généralement
l’une l’autre. Dans la plupart des tranches Examen clinique et traitement
d’âge, il existe une corrélation entre ces deux La détection précoce des courbures cyphoti-
courbures vertébrales [115]. ques et lordotiques est essentielle pour le trai-
Les régions cervicales et lombales sont nor- tement. L’enfant doit être considéré dans une
malement lordotiques. L’hyperlordose est une approche globale du corps, et la posture de
augmentation de la lordose lombale considé- tout le corps doit être évaluée dans la position
rée comme pathologique. Elle peut être asso- debout.
274 Ostéopathie pédiatrique

– Observer le schéma de la transmission des muscles peuvent présenter une différence de


forces de la gravité. tension entre les groupes antérieur et posté-
– Rechercher un schéma d’inversion ou rieur. Les enfants hyperlordotiques présentent
d’éversion au niveau des pieds. Une ten- une augmentation de la tension des ischio-
dance vers l’éversion des pieds, voire des jambiers et des fléchisseurs de hanche, et en
pieds plats, est conforme à une augmenta- même temps une hypotonicité des muscles
tion des courbures AP et à l’extension- abdominaux.
rotation interne crânienne. Les tests d’écoute sont exécutés sur les ilia-
– Observer les genoux. Le genu valgum est ques, le sacrum, les vertèbres lombales, thora-
conforme à une augmentation des courbu- ciques et cervicales, et le crâne. Le traitement
res AP et à l’extension-rotation interne crâ- des zones dysfonctionnelles suit l’utilisation
nienne. des principes indirects. La réponse posturale à
– Observer le bassin à la recherche d’une une normalisation efficace est pratiquement
augmentation de l’inclinaison antérieure, immédiate. Une amélioration dans la posture
avec le sacrum en extension craniosacrale. de l’enfant est visible dès le premier traite-
Observer l’asymétrie pelvienne et toute dif- ment.
férence de hauteur des grands trochanters Des exercices simples peuvent être recom-
et des crêtes iliaques. mandés, particulièrement si la posture est ina-
– Observer la colonne à la recherche d’une déquate. La bascule du bassin comme les exer-
augmentation des courbures AP. Un tableau cices d’étirement des ischiojambiers sont
clinique impliquant toutes les courbures utiles, et doivent être associés à des exercices
pourrait être la conséquence d’une dysfonc- proprioceptifs pour augmenter la conscience
tion craniosacrale, avec une extension et posturale. L’adolescent doit être encouragé à
une rotation interne. Une augmentation de pratiquer des activités sportives qui fortifient
courbure limitée à une partie de la colonne et équilibrent les muscles axiaux, et amélio-
peut être associée à une dysfonction de rent la flexibilité et la coordination.
cette courbure, ou dans une courbure verté- Des conseils concernant les habitudes quo-
brale adjacente ou encore dans les charniè- tidiennes doivent aussi être donnés. Par
res vertébrales adjacentes. exemple, le patient ne doit pas porter un sac
– Observer la ceinture scapulaire à la recher- sur une seule épaule, mais plutôt sur les deux
che d’un enroulement des épaules ou d’une épaules. Il doit éviter de lire et d’écrire sur une
asymétrie. Une différence de hauteur des surface horizontale ; la surface doit être incli-
épaules est commune. Cela suggère une née d’approximativement 20°, ce qui limite la
dysfonction somatique dans la colonne flexion cervicothoracique.
thoracique avec des composantes de side- Une fois le problème résolu, l’enfant doit
bending et de rotation. être régulièrement suivi, au moins annuelle-
– Observer la position de la tête dans son rap- ment, jusqu’à la fin de la croissance.
port avec le reste du corps, à la fois dans les
plans frontal et sagittal. Le déplacement de
Pectus excavatum et carinatum
la tête vers l’avant est souvent associé à une
dysfonction somatique des vertèbres cranio- Le pectus excavatum est une déformation de
cervicales ou thoraciques supérieures. la cage thoracique antérieure, dans laquelle le
Ensuite, observer l’enfant pendant qu’il sternum est déprimé dans une forme concave,
bouge. Si nécessaire, lui demander de démon- alors que dans le pectus carinatum ou thorax
trer activement les flexion-extension, side- en « carène », le sternum est déformé dans
bending et rotations de la colonne pour une forme convexe. Ces déformations peu-
confirmer les observations précédentes. Les vent être ou ne pas être associées à des désor-
Les présentations cliniques 275

dres génétiques ou à des scolioses. Il peut exis- l’intention de l’harmoniser. Plus le patient est
ter une diminution de la compliance de la jeune quand le traitement est commencé,
cage thoracique, et une réduction de la capa- plus grandes sont les chances d’une améliora-
cité vitale, bien que le cœur et les poumons se tion.
développent normalement. Les pectus exca-
vatum et carinatum sont présents à la nais-
sance, mais habituellement, les parents ne
Dysfonctions somatiques vertébrales
prennent conscience de la déformation que Chez les nourrissons et les enfants, les dys-
lorsqu’elle devient plus apparente avec la fonctions somatiques vertébrales peuvent être
croissance. Les cas sévères ont souvent un trouvées à n’importe quel niveau de la
impact psychologique significatif, typique- colonne vertébrale. Pour autant, elles sont le
ment au début de l’adolescence. plus souvent rencontrées dans les régions
Le pectus excavatum peut être associé à un lombale, thoracique supérieure et cervicale.
schéma d’extension de la SSB. Cela résulte en Habituellement, elles résultent des activités et
une rotation interne des structures paires, en des traumatismes physiques du quotidien de
particulier de la ceinture scapulaire. Ces l’enfance. Chez les plus jeunes enfants, les
patients peuvent aussi présenter un déséquili- dysfonctions de la région cervicale se présen-
bre des structures fasciales intrathoraciques, tent souvent comme une douleur cervicale
et des dysfonctions intraosseuses des côtes et voire un torticolis. Dans la région lombale, les
du sternum. Une dysfonction diaphragmati- dysfonctions somatiques peuvent rester silen-
que est presque toujours associée à cette cieuses pendant une longue période, se mani-
pathologie. Dans le pectus carinatum, des festant parfois comme une douleur abdomi-
mécanismes similaires existent mais avec une nale par un mécanisme réflexe somato-
tendance à la flexion de la SSB. viscéral. Chez les enfants plus âgés et les ado-
lescents, la plainte initiale de la dysfonction
Examen clinique et traitement vertébrale est d’habitude une douleur muscu-
L’examen du patient commence en exami- losquelettique localisée, ou projetée. En rai-
nant les relations entre le sternum et la son de la capacité du jeune patient de com-
colonne thoracique, puis entre le sternum et penser une dysfonction somatique, toute
l’occiput. Ensuite, examiner toutes les structu- dysfonction somatique vertébrale rencontrée
res myofasciales fixées sur le sternum, sans doit être correctement évaluée pour éliminer
oublier la ceinture scapulaire et le dia- toute origine viscérosomatique.
phragme. La paroi abdominale antérieure doit Les principes mécaniques des dysfonctions
être évaluée à la recherche de tensions dys- somatiques vertébrales trouvées chez les
fonctionnelles ; si elles sont présentes, en enfants et les adolescents démontrent aussi
rechercher les origines possibles au niveau de des rapports couplés entre la flexion-exten-
la colonne lombale, du sacrum et du bassin. sion, l’inclinaison latérale et la rotation,
Les dysfonctions abdominales viscérales doi- comme les a décrits Fryette [118]. Cependant,
vent aussi être considérées. à cause de la flexibilité des tissus mous de ces
Le traitement consiste en une équilibration jeunes patients, les barrières dysfonctionnel-
myofasciale appliquée aux dysfonctions iden- les sont plus compliantes, ce qui conduit à
tifiées. Si possible, les procédures de modelage l’application chez ces patients de techniques
du sternum doivent être employées simulta- indirectes.
nément avec l’équilibration myofasciale, ce Les dysfonctions somatiques peuvent exis-
qui en renforce l’efficacité. L’application de ter aussi comme la manifestation réflexe
ces procédures devrait être faite en synchronie d’une dysfonction et d’une maladie viscéra-
avec la motilité inhérente du MRP et avec les. Bien que les emplacements précis des
276 Ostéopathie pédiatrique

Tableau 1
Réflexes viscérosomatiques*
• Yeux, oreilles, nez, et gorge. Le réflexe sympathique est de T1 à T5. Le nerf trijumeau est la voie
finale à la fois pour les innervations sympathique et parasympathique des voies aériennes
supérieures. Les muscles de la mastication, communément les muscles temporaux, reçoivent
leur innervation motrice du nerf trijumeau et servent de composante somatique pour les
réflexes viscérosomatiques sympathiques et parasympathiques des voies aériennes supérieures.
Un autre site réflexe est au niveau occiput–C2. Cela provient d’un réflexe entre le nerf trijumeau
et les nerfs cervicaux supérieurs [125].
• Cœur. Le réflexe sympathique est de T1 à T5, plus souvent du côté gauche que du côté droit.
Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2.
• Poumons. Le réflexe sympathique est bilatéral de T1 à T4. Les affections impliquant les deux
poumons résultent en réflexes bilatéraux. Les affections n’impliquant qu’un seul poumon
résultent en un réflexe situé du côté du poumon impliqué. Le réflexe parasympathique est
vagal : occiput, C1, C2.
• Tube digestif
– Le réflexe parasympathique du tube digestif depuis l’origine jusqu’à la moitié du côlon
transverse est vagal : occiput, C1, C2. Le réflexe parasympathique depuis la moitié distale du
côlon transverse jusqu’au rectum est sacropelvien : S2 à S4.
– L’œsophage a un réflexe sympathique de T3 à T6 à droite.
– L’estomac a un réflexe sympathique de T5 à T10 à gauche.
– Le duodénum a un réflexe sympathique de T6 à T8 à droite.
– L’intestin grêle a un réflexe sympathique de T8 à T10 bilatéralement.
– L’appendice et le cæcum ont un réflexe sympathique de T9 à T12 à droite.
– Le côlon ascendant a un réflexe sympathique de T11 à L1 à droite.
– Le côlon descendant jusqu’au rectum a un réflexe sympathique de L1 à L3 à gauche.
• Pancréas. Le réflexe sympathique peut être gauche ou bilatéral, de T5 à T9.
Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2.
• Foie et vésicule biliaire. Le réflexe sympathique est à droite de T5 à T10.
Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2.
• Rate. Le réflexe sympathique est à gauche de T7 à T9.
• Rein. Le réflexe sympathique est du même côté que le rein impliqué, de T9 à L1.
Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2.
• Vessie. Le réflexe sympathique est bilatéral, de T11 à L3.
Le réflexe parasympathique est sacropelvien de S2 à S4.
• Ovaires (et testicules).
Le réflexe sympathique est du même côté que l’organe impliqué, de T10 à T11.
• Glandes surrénales.
Le réflexe sympathique est du même côté que la glande impliquée, de T8 à T10.
* Les localisations suivantes sont un résumé de la littérature ostéopathique. [119, 120, 121, 122, 123, 124]

réflexes viscérosomatiques chez les nourris- spinal en présence d’influx viscéraux peut en
sons et les jeunes enfants n’aient pas été pré- retour résulter en une réponse somatoviscé-
cisément rapportés, il est raisonnable de pen- rale. Les emplacements viscérosomatiques,
ser que ces emplacements sont similaires à tels qu’ils sont décrits dans la littérature ostéo-
ceux des adultes. La facilitation du segment pathique, sont résumés dans le tableau 7.1.
Les présentations cliniques 277

En raison de la croissance potentielle de ces remarquent que l’enfant est irritable, avec
patients, une dysfonction somatique verté- malaise et douleur en enfilant une manche de
brale peut exercer une influence dispropor- vêtement, ou en le prenant sous les bras. Ils
tionnée sur leur développement postural peuvent aussi remarquer que le nourrisson
autant que sur les viscères par les réflexes pleure quand on le couche sur le côté affecté.
somatoviscéraux. Le diagnostic différentiel comporte les dis-
locations d’épaule, les fractures humérales et
Dysfonctions appendiculaires l’atteinte du plexus brachial. Le diagnostic
de fracture claviculaire est confirmé radio-
Extrémité supérieure logiquement. Les complications associées,
comme l’atteinte des racines supérieures du
Fractures de la clavicule plexus brachial (Erb), sont présentes chez
La clavicule est l’os le plus fréquemment frac- 11,3 % des nouveau-nés avec fractures [127],
turé pendant la naissance. Les fractures de la bien que la fracture puisse en fait réduire la
clavicule se produisent dans 1,6 % de tous les blessure potentielle du nerf par traction sur le
accouchements par voie basse [126,127], et plexus brachial [129].
chez 0,5 % de tous les nouveau-nés vivants Classiquement, aucun traitement orthopé-
[128]. Garçons et filles sont également affec- dique n’est nécessaire pour les fractures clavi-
tés, et autant du côté droit que du côté gauche culaires asymptomatiques et incomplètes.
[128]. Pour autant, dans les présentations en Quand le nourrisson présente des douleurs ou
occipito-iliaque gauche antérieur (OIGA), les un malaise, le bras affecté peut être immobi-
fractures sont un peu plus souvent à droite lisé en épinglant la manche sur le devant de la
[129]. chemise pour 7 à 10 jours [130]. Le plus sou-
Plusieurs facteurs de risque sont rapportés, vent, en une semaine un cal hypertrophique
parmi lesquels figurent une durée plus longue se forme sur le site de la fracture, et le réta-
de la deuxième étape du travail, une augmen- blissement est habituellement complet. Les
tation du poids et de la taille à la naissance procédures ostéopathiques peuvent être
(macrosomie), une extraction instrumentale employées pour aider le processus de guéri-
[127], et une dystocie de l’épaule [128]. Dans son, et normaliser les dysfonctions fréquem-
les présentations céphaliques, la compression ment associées à une fracture de clavicule.
de l’épaule fœtale antérieure contre la sym- La clavicule est une zone où convergent de
physe maternelle est responsable du trauma- multiples influences. De nombreux fascias s’y
tisme [129]. Une pression directe ou une tor- insèrent ; ce sont les fascias du thorax, du bras
sion appliquée sur les clavicules, pour faciliter et du cou. Le fascia cervical (fascia cervical
l’expulsion, peut aussi résulter en une frac- profond) entoure complètement le cou par sa
ture. lame superficielle. À sa partie supérieure, il est
Typiquement, ce sont des fractures en bois fixé sur la protubérance occipitale externe et
vert complètes ou incomplètes. Elles présen- la ligne nuchale supérieure, le processus mas-
tent un œdème, une crépitation, un renfle- toïde, l’arcade zygomatique et le bord infé-
ment palpable et une modification de la tex- rieur de la mandibule. Il engaine les muscles
ture tissulaire au-dessus du site de la fracture. trapèze et sternocléidomastoïdien (SCM).
Le mouvement du bras affecté est diminué ou Inférieurement, il est fixé sur le manubrium
absent, comme on peut le constater en provo- sternal, la clavicule, l’acromion et l’épine de la
quant le réflexe de Moro. En fait les fractures scapula.
claviculaires asymptomatiques ou incomplè- La clavicule est le lien entre la lame super-
tes peuvent ne pas être identifiées avant la ficielle du fascia cervical profond et les fascias
sortie de la maternité. Dans ce cas, les parents du thorax et du bras. Le fascia clavipectoral
278 Ostéopathie pédiatrique

comme le fascia du deltoïde s’insèrent sur la satisfaisante de cette articulation est impor-
clavicule, où leurs fibres se mêlent au fascia tante pour permettre une croissance normale
brachial. Ce maillon de la chaîne des fascias de l’épaule et du bras. Les dysfonctions acro-
qu’est la clavicule doit être libre de toute dys- mioclaviculaires sont la source de nombreux
fonction, pour une fonction optimale des problèmes scapulaires chez l’adulte.
zones voisines.
Les forces subies pendant la naissance suf- Atteintes du plexus brachial
fisamment puissantes pour fracturer la clavi- Typiquement, une atteinte du plexus brachial
cule peuvent tout autant affecter le cou et les survient pendant un accouchement difficile,
vertèbres thoraciques supérieures du nourris- avec mauvaise présentation fœtale [130], dys-
son. Dès lors, l’ostéopathe doit évaluer ces tocie d’épaule, macrosomie [131], ou extrac-
structures et traiter les dysfonctions en utili- tion instrumentale [132]. Une fracture de(s)
sant les principes indirects. clavicule(s) ou de l’humérus [133], une dislo-
De plus, en raison de la douleur de la frac- cation de l’épaule, un torticolis, un héma-
ture, le nourrisson préfère être couché du côté tome du SCM, une paralysie du diaphragme
opposé à la fracture, ce qui encourage le déve- peuvent également être associés à une atteinte
loppement de tensions fasciales asymétriques. du plexus brachial [130].
Ces asymétries peuvent habituer l’enfant à Il est classique de penser qu’une traction
toujours prendre la même position chronique excessive sur la tête fœtale pendant la nais-
de confort, bien après la guérison de la clavi- sance cause l’atteinte du plexus brachial. En
cule. Ce positionnement asymétrique chroni- particulier, dans un accouchement par voie
que peut prédisposer au développement basse, lors de la tentative de dégagement de
d’une plagiocéphalie. l’épaule antérieure, la traction nécessaire peut
Habituellement, les fractures de clavicule blesser le plexus brachial. Pour autant, cette
se produisent à la naissance, pendant théorie est discutée car, dans presque la moitié
l’enfance lors de mauvaises chutes, ou durant des cas d’atteinte du plexus brachial, l’expul-
une activité athlétique. Dans l’enfance, les sion des épaules se produit sans difficulté. De
forces qui résultent en une fracture de la clavi- ce fait, une théorie intra-utérine, atraumati-
cule sont fréquemment violentes, le plus sou- que est aussi proposée [133]. En présence
vent avec un impact sur la main, bras tendu, d’une asymétrie et d’une diminution du mou-
ou encore avec un impact sur l’épaule. Dans vement du bras observées pendant l’échogra-
75 % des cas, le site de la fracture est localisé phie fœtale, un plexus vulnérable peut être
sur le tiers moyen de l’os. Le traitement ortho- endommagé sans traction pendant l’accou-
pédique standard réduit le déplacement de la chement [134].
fracture en maintenant l’épaule vers le haut et Le plexus brachial est formé par l’union des
l’arrière avec un bandage ou un boléro plâtré. rameaux ventraux des quatre nerfs spinaux
cervicaux inférieurs et une partie du rameau
■ Examen clinique et traitement ventral du premier nerf thoracique. En plus,
Les procédures ostéopathiques appliquées au le cinquième nerf cervical reçoit fréquem-
grand enfant présentent les mêmes objectifs ment une branche du quatrième, et le premier
que celles du nourrisson, c’est-à-dire normali- nerf thoracique reçoit une branche du
ser les déséquilibres myofasciaux et les dys- deuxième nerf thoracique. Le plexus s’étend
fonctions thoraciques et cervicales supérieu- de la partie inférieure du côté du cou à l’ais-
res. L’articulation acromioclaviculaire de selle (figure 7.10). Les cinquième et sixième
l’enfant peut présenter une dysfonction soma- nerfs spinaux cervicaux s’unissent pour for-
tique. Elle doit donc être évaluée et traitée en mer le tronc supérieur ; le huitième nerf cervi-
suivant les principes indirects. Une fonction cal et les premiers nerfs thoraciques forment
Les présentations cliniques 279

Rameaux antérieurs C5
C6
Plexus brachial
C7
C8
T1

Nerfs
Nerf musculocutané
(C5 à C7)
Nerf médian
(C6 à C8, T1)
Nerf radial
(C5 à C8, T1)
Nerf ulnaire
(C7, C8, T1)

Figure 7.10. Plexus brachial.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 7.14, p. 646.)

le tronc inférieur, pendant que le septième – L’atteinte supérieure, C5 et C6, ou paralysie


nerf cervical chemine et forme le tronc d’Erb-Duchenne, affecte les muscles de
moyen. Ces trois troncs passent sous la clavi- l’épaule et du coude. L’enfant présente une
cule et se divisent en rameaux ventral et dor- adduction de l’extrémité supérieure et une
sal (figure 7.11). Le plexus est fixé à la pre- rotation interne de l’épaule, mais la préhen-
mière côte et au processus coracoïde par la sion reste intacte. Cela représente la majo-
membrane costocoracoïdienne, et dès lors est rité des paralysies du plexus brachial [135],
sujet à toute force dérangeant le rapport entre et est considéré comme ayant un bon pro-
les vertèbres cervicales, la première vertèbre nostic.
thoracique et les côtes, la clavicule et la sca- – L’atteinte inférieure, C7, C8 et T1, ou pa-
pula. ralysie de Klumpke, affecte les muscles de
La plupart des atteintes du plexus brachial l’avant-bras et de la main. L’enfant présente
sont unilatérales et immédiatement recon- une paralysie de la main et du poignet.
naissables. Les atteintes peuvent affecter diffé- La présence d’un syndrome de Claude
rentes racines nerveuses et sont identifiées de Bernard-Horner ipsilatéral (anhidrose, myo-
la façon suivante. sis et ptosis) indique une implication des
280 Ostéopathie pédiatrique

Nerf Faisceaux Divisions Troncs Racines


terminaux (rameaux antérieurs)

Musculocutané Nerf pectoral latéral Nerf dorsal scapulaire


Nerf suprascapulaire
C5
Contribution
Latéral Antérieure supérieur au nerf
phrénique
An
Médian Nerf axillaire tér C6
e ieur Nerf du muscle subclavier
ur e
rie
sté
Po
Radial Postérieur Postérieure Moyen C7
Nerf Po
subscapulaire sté
supérieur rie
ur
Nerf thoracodorsal e
C8
Nerf subscapulaire inférieur

Médial Antérieure Inférieur


Ulnaire

T1
Nerf pectoral médial
Nerf cutané médial du bras Nerf thoracique
Nerf cutané médial de l’avant-bras long

Figure 7.11. Branches du plexus brachial.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 7.52A, p. 690.)

fibres sympathiques associée à une avulsion ments du fascia prévertébral et des structures
intraspinale de la racine de T1. qui s’insèrent sur les processus épineux. Du
– Dans l’atteinte complète, de C5 à T1, fait de cette fixation, lors d’une mise en ten-
l’enfant ne présente aucun mouvement de sion importante, le glissement du ou des
l’extrémité supérieure ; elle est souvent nerf(s) est restreint et une rupture est possible
associée à une perte sensitive. [136]. Fréquemment, les nerfs spinaux C8 et
T1 sont avulsés [136].
Lors de l’accouchement, toute traction sur
L’atteinte nerveuse du plexus brachial peut
la tête combinée avec une extrême latéro-
présenter différents degrés de sévérité :
flexion peut étirer le plexus brachial. L’at-
teinte peut aller du simple œdème, ou de – les lésions neuropraxiques avec cessation de
l’hémorragie au niveau des nerfs affectés, à la la conduction, sans que l’axone soit affecté ;
rupture du ou des nerf(s), et dans les cas sévè- elles sont réversibles ;
res à l’avulsion de tout le plexus. En fait, les – les lésions axonotmétiques avec atteinte de
nerfs spinaux C5 et C6 sont fermement atta- l’axone et de sa gaine de myéline, suivie de
chés dans les sillons du nerf spinal des proces- la dégénérescence de la partie périphérique,
sus transverses. Diverses bandes fibreuses mais avec conservation des autres struc-
fixent ces nerfs, en particulier les prolonge- tures ;
Les présentations cliniques 281

– les lésions neurotmétiques avec rupture supérieure, la première côte, la clavicule et


complète postganglionnaire du nerf, de sa les composantes myofasciales de l’anneau
gaine de myéline et du tissu conjonctif de thoracique supérieur. En fait, une dysautono-
soutien ; mie peut aussi être présente, en raison de la
– l’avulsion avec rupture préganglionnaire dysfonction somatique de la base crânienne
complète du plexus. et de la charnière craniocervicale qui peut
Les atteintes obstétricales du plexus bra- affecter la fonction parasympathique par le
chial surviennent entre 0,4 et 2,5 pour 1000 nerf vague, alors qu’une dysfonction somati-
de tous les nouveau-nés vivants, avec que de la colonne thoracique supérieure
l’atteinte d’une racine supérieure (C5–C6) affecte la fonction sympathique. Tout traite-
dans 50 % des cas, l’atteinte C5, C6 et C7 dans ment ayant pour but de faciliter la régénéra-
25 %, et de la totalité du plexus dans 25 % tion nerveuse doit prendre en compte la
[131,133, 137]. Les lésions neuropraxiques et compression directe des drainages veineux et
axonotmétiques ont les meilleurs pronostics. lymphatique du plexus brachial, autant que
les réflexes somatoviscéraux. Les procédures
■ Examen clinique et traitement ostéopathiques visent à promouvoir les
Le diagnostic est fait par l’examen clinique. Le échanges et le métabolisme des tissus, facili-
réflexe de Moro est asymétrique et le testing ter le drainage de l’œdème et empêcher ou
musculaire définit les types cliniques décrits réduire la présence de tissu cicatriciel.
ci-dessus. L’enfant doit être mobilisé avec la L’objectif du traitement est d’optimiser la
plus grande précaution, les blessures étant régénération nerveuse et d’empêcher le
douloureuses et les tissus très fragiles. Habi- développement d’un déséquilibre muscu-
tuellement, le traitement initial est conserva- laire. La récupération des déficits moteurs
teur, avec une évaluation régulière. Si le habituels, tels que l’absence de rotation
patient ne montre pas d’amélioration signifi- externe active, la flexion et l’abduction de
cative à 3 mois, une solution chirurgicale peut l’épaule, et la fonction du biceps doivent être
être envisagée [138]. une priorité dans le traitement pour minimi-
La kinésithérapie peut être indiquée, et ser le risque de contractures et de déforma-
consiste en des mobilisations passives et dou- tions articulaires osseuses.
ces, pour conserver l’amplitude du mouve- Le nourrisson peut être examiné sur la
ment et empêcher les contractures avant que table de traitement. Observer les mouvements
le bébé ne récupère les mouvements actifs. spontanés de la tête, du tronc, du bassin et des
Une rééducation motrice spécifique peut être membres. Noter toute paralysie faciale subtile
commencée dans les deux premières semai- qui peut aussi être associée au traumatisme de
nes, en actif aidé. La persistance de déficits la naissance. Inspecter les épaules et les mem-
neurologiques entraîne le plus souvent le bres à la recherche de déformations. Évaluer
développement de contractures en rotation les amplitudes de mouvement de chaque arti-
interne et en adduction du bras. De ce fait, culation du membre affecté. Palper les extré-
pour réduire ce risque, des étirements doux mités supérieures, et noter les modifications
des rotateurs internes peuvent être pratiqués de la texture des tissus. Chercher les signes
en veillant à ne pas renforcer la supination de d’instabilité de l’épaule, tels les craquements
l’avant-bras. palpables ou audibles pendant le mouvement.
Dès que possible, les procédures ostéopa- Rechercher aussi les modifications de la tex-
thiques doivent être employées. Les forces ture des tissus dans les régions sous-occipitale,
traumatiques peuvent avoir atteint le plexus cervicale et thoracique supérieure. Malgré les
brachial, mais aussi d’autres régions, comme contraintes externes et internes, les tissus
la colonne cervicale, la colonne thoracique conjonctifs permettent une conservation des
282 Ostéopathie pédiatrique

formes [139]. Pour autant, les forces mécani- quée en testant la force du biceps dans une
ques contribuent grandement au développe- position de décubitus, tout en palpant simul-
ment et à l’évolution de la matrice extracellu- tanément le muscle. L’activité bicipitale ne
laire du tissu conjonctif [140]. De ce fait, des doit pas être confondue avec la flexion du
changements de la texture des tissus suivent coude obtenue par l’action du muscle supina-
inévitablement un traumatisme, et les procé- teur. La chirurgie est envisagée par certains
dures ostéopathiques visent à faciliter un quand le mouvement du biceps contre la gra-
retour à l’état initial de la structure et de la vité n’est pas présent à 3 mois [141]. Pour
fonction des tissus conjonctifs traumatisés. d’autres, la chirurgie est justifiée lors d’une
Par les tests d’écoute, évaluer la fonction de atteinte de C7, et avec une insuffisance de la
l’humérus, de la scapula, de la clavicule, du flexion du coude à 6 et 9 mois [137].
sternum, de la colonne thoracique supérieure,
des premières côtes, de la colonne cervicale et Dysplasies de l’épaule
de la charnière craniocervicale. En raison de Chez le nouveau-né, la plasticité de l’articula-
son extrême douceur, cette méthode d’évalua- tion glénohumérale le prédispose aux dyspla-
tion est particulièrement indiquée pour ce sies de l’épaule et, dans les cas plus sévères, à
genre de pathologie. Comme toujours, la une luxation. Ces déséquilibres peuvent être
visualisation anatomique est importante. Pen- comparés aux troubles similaires survenant
dant l’écoute, visualiser les différentes cou- dans les articulations coxofémorales, avec
ches tissulaires : fascia superficialis, fascia cer- dysplasie de la hanche et luxation ; parfois,
vical, membrane costocoracoïdienne, muscles l’étiologie est identique.
SCM et scalènes. Évaluer et visualiser les diffé- Ainsi, les forces intra-utérines appliquées
rents os impliqués. Écouter la motilité inhé- sur le fœtus peuvent résulter en une dysplasie
rente afin de définir les zones dysfonctionnel- de l’épaule. Pendant la dernière partie de la
les. Étudier les rapports entre l’épaule et la grossesse, toute compression de la partie supé-
colonne vertébrale. Par exemple, dans le cas rieure du torse fœtal dans l’utérus peut affec-
d’une paralysie avec atteinte des racines infé- ter l’articulation glénohumérale et les tissus
rieures, placer la pulpe des doigts d’une main mous environnants.
sur les processus épineux de C6, C7, T1, T2, et Les contraintes de la naissance peuvent
placer l’autre main sur l’épaule ipsilatérale. contribuer au développement d’une dysplasie
Écouter, et rechercher le mouvement dysfonc- de l’épaule. Une deuxième étape de travail
tionnel. Un segment vertébral peut être plus supérieure à 2 heures prédispose aux dystocies
dysfonctionnel que les autres. Le rapport de l’épaule [142]. En plus, la macrosomie qui
entre l’humérus et l’épaule doit aussi être résulte en un déséquilibre entre la taille des
équilibré. Traiter les dysfonctions identifiées épaules fœtales et les dimensions du bassin
en appliquant les principes indirects. maternel peut conduire dans les cas sévères à
L’amélioration doit être rapide, et la plu- une morbidité néonatale importante, avec
part des cas ont un pronostic favorable. asphyxie et traumatismes associés, en particu-
L’atteinte des cinquième et sixième racines lier sur le plexus brachial. Pendant l’accou-
cervicales a le meilleur pronostic, alors que les chement, un tronc fœtal large, ou une aug-
atteintes inférieures ou celles de l’ensemble mentation du diamètre bisacromial, empêche
du plexus sont les plus sévères. Tout déficit le placement des épaules fœtales dans le dia-
significatif persistant après 3 mois devrait être mètre oblique du bassin maternel [143]. En
exploré chirurgicalement. Le pronostic est conséquence, certaines manœuvres obstétri-
excellent si le mouvement du biceps contre la cales doivent être employées pour alléger
gravité et l’abduction de l’épaule sont pré- l’impaction des épaules fœtales dans le bassin
sents à 3 mois. L’évaluation peut être prati- maternel [144]. Bien que critique, une telle
Les présentations cliniques 283

disproportion entre le fœtus et le bassin antérieure et postérieure des épaules, et


maternel ne résulte pas toujours en un trau- rechercher tout renflement postérieur qui
matisme du plexus brachial. Cependant, cela peut indiquer un déplacement postérieur de
peut blesser l’épaule et conduire à une dyspla- la tête humérale, et nécessiter un traitement
sie. En fait, ce type de blessure de l’épaule peut orthopédique.
se produire par les contraintes d’un accouche- Traiter les dysfonctions somatiques identi-
ment par ailleurs normal. fiées selon les principes indirects. La stabilisa-
tion de la tête humérale dans la fosse glénoïde
Les dysplasies de l’épaule peuvent aussi
peut être améliorée par des procédures de nor-
résulter des conditions du postpartum. La pré-
malisation myofasciale appliquées aux mus-
sence d’asymétries dysfonctionnelles chez le
cles périarticulaires de l’épaule.
nouveau-né – torticolis musculaire congéni-
tal, plagiocéphalie non synostotique et
atteinte du plexus brachial – peut contribuer Subluxation de la tête du radius
au développement anormal de l’articulation Chez les plus jeunes enfants, une traction vive
glénohumérale. Souvent, dans les atteintes du et soudaine de la main ou de l’avant-bras peut
plexus brachial néonatal, les contractures des produire une subluxation de la tête du radius.
muscles rotateurs internes sont responsables Typiquement, cela survient quand un adulte
de la luxation postérieure de l’humérus dans tire sur le bras de l’enfant pour le soulever. Les
la fosse glénoïde [145–147], nécessitant une traumatismes comme les chutes peuvent aussi
réparation orthopédique. causer ce problème.
La tête du radius s’articule avec la surface
radiale de l’ulna et le ligament annulaire qui
■ Examen clinique et traitement l’entoure. Normalement, le ligament annu-
Les procédures ostéopathiques peuvent être laire enserre la tête du radius avec une cer-
utilisées pour traiter les dysplasies sans luxa- taine tension maintenant l’intégrité de l’arti-
tion. Laissées sans traitement, ces dysfonc- culation radio-ulnaire supérieure. Ainsi, la
tions glénohumérales peuvent s’aggraver avec tête du radius est contenue dans un anneau
l’âge, et devenir la cause de problèmes scapu- ostéofibreux formé par le ligament annulaire
lothoraciques chez l’adulte. Pour ces raisons, et la surface radiale de l’ulna, où elle présente
la scapula et l’articulation glénohumérale doi- des déplacements antérieur et postérieur. La
vent être évaluées à la naissance à la recherche pronation est associée au déplacement posté-
de tout signe de dysplasie, aussi précisément rieur, et la supination au déplacement anté-
que le pelvis est évalué. Identifier les signes rieur.
d’instabilité de l’épaule, comme les bruits pal- Dans la subluxation de la tête du radius, un
pables ou audibles pendant le mouvement. déséquilibre survient entre le ligament annu-
Observer et comparer la taille et la forme des laire et la tête du radius. La combinaison
deux épaules. L’examen peut montrer une d’une pronation et d’une traction sur un
asymétrie dans le nombre des plis de peau à la coude en extension entraîne un glissement
partie proximale des bras. Observer la liberté proximal du ligament annulaire par-dessus le
et l’amplitude de mouvement des deux épau- sommet de la tête du radius, avec quelques
les. Noter les raideurs, restrictions et asymé- fibres de la partie antérieure de la capsule
tries dans les mouvements, en particulier dans articulaire s’interposant entre les deux os
la rotation externe et l’abduction du bras. La [148].
malposition de la tête humérale peut résulter
en une apparente différence de longueur des ■ Examen clinique et traitement
bras, avec le bras du côté de la dysplasie appa- Classiquement, les symptômes d’une subluxa-
remment plus court. Comparer les parties tion de la tête du radius sont des douleurs
284 Ostéopathie pédiatrique

immédiates et une incapacité de bouger le


bras. L’enfant se présente avec un coude par-
tiellement fléchi et une pronation de l’avant-
bras. La plupart du temps, une certaine
anxiété est aussi présente.
L’objectif du traitement ostéopathique est
de restaurer le mouvement entre la tête du
radius et la surface radiale de l’ulna, et le
ligament annulaire qui l’entoure. Les déséqui-
libres articulaires ligamentaires peuvent être
normalisés en utilisant les principes indirects
qui s’appliquent parfaitement à cette patholo-
gie. La normalisation du ligament annulaire
et du ligament latéral du coude peut empê-
cher la récurrence de cette subluxation. Figure 7.12. Metatarsus adductus
Conseiller aux parents de ne pas tirer sur le
du pied droit.
bras de l’enfant.

Extrémité inférieure du talon se projette dans l’avant-pied au


niveau du deuxième espace intermétatarsien.
Les problèmes de la marche chez l’enfant,
En cas de metatarsus adductus, la ligne passe
avec les « pieds qui rentrent », sont un motif
en dehors du troisième orteil. De ce fait, une
fréquent de consultation ostéopathique. Les
angulation existe médialement entre l’avant-
malpositions des pieds, dysplasie de la hanche
pied des métatarsiens et le pied postérieur.
et marche sur la pointe des pieds sont parmi
Parfois, un pli transversal est présent sur le
les autres problèmes rencontrés chez les nour-
côté médial du pied, et le bord latéral du pied
rissons et les enfants, alors que les entorses le
est convexe (figure 7.12).
sont plus fréquemment chez les plus grands et
les adolescents. Un metatarsus adductus associé à une
inversion du pied est nommé metatarsus
Dysfonctions du pied varus, et l’adduction du premier métatarsien
est un metatarsus primus varus. Le metatarsus
■ Metatarsus adductus adductus est fréquemment associé à une tor-
sion tibiale interne. S’il est associé à un équin
Le metatarsus adductus est une adduction de
rétracté (flexion plantaire avec incapacité de
l’avant-pied par rapport à l’arrière-pied qui
dorsifléchir la cheville), il convient de penser
survient dans 1 cas pour 5000 naissances [1].
à un pied bot.
Cette déformation est souvent décrite comme
la conséquence d’une position intra-utérine, Souvent, les dysfonctions des pieds sont
bien que cela soit parfois contesté en raison de considérées sans gravité. Pour autant, laissées
la présence de facteurs génétiques [149]. La sans traitement, elles prédisposent aux dys-
position de sommeil en procubitus semble fonctions posturales, et à des dysfonctions de
aussi prédisposer à cette déformation. C’est compensation au niveau des pieds, avec diffi-
une cause fréquente des pieds qui « rentrent » cultés pour se chausser et développement de
pendant la première année de vie. Le metatar- cors, durillons et orteils en marteau. Dans un
sus adductus est plus fréquemment rencontré groupe d’enfants avec metatarsus varus, suivis
sur le côté gauche [1]. Normalement, dans la sur une moyenne de 7 ans, 10 % d’entre eux
position neutre, la ligne passant par le milieu conservent une déformation modérée, bien
Les présentations cliniques 285

qu’asymptomatique, et 4 % présentent une du talus, qui augmente normalement après la


déformation résiduelle et une dysfonction se 16e semaine de gestation, est diminué dans le
manifestant par une raideur [149]. En fait, il PBVE, ce qui est associé à une hypoplasie du
semble qu’un metatarsus adductus non traité talus [154]. Plus récemment, des études mon-
persiste dans la vie adulte dans 4 à 5 % des cas trent que cette déformation du talus n’est pas
[150,151]. De plus, quelques cas semblent à la lésion primaire, mais qu’elle suit la perte
tort améliorés, en raison d’une pronation d’orientation spatiale des ligaments deltoïde
compensatrice des articulations médiotarsien- et calcanéonaviculaire plantaire (calcanéosca-
nes et de l’arrière-pied [152]. phoïdien), et de l’insertion du tendon du
Le metatarsus adductus est classé selon sa tibial postérieur, avec des tissus mous rétractés
flexibilité. Normalement, un bébé devrait [155].
étendre et abducter le pied quand on le sti- Le PBVE est une déformation congénitale
mule, par exemple avec une brosse à dents, le relativement commune qui se produit avec
long du bord latéral du pied, particulièrement des différences géographiques de 0,5 cas pour
à hauteur de la tête du cinquième métatar- 1000 au Japon à 7 cas pour 1000 dans le
sien. L’incapacité du bébé de réagir de cette Pacifique sud [156]. Dans 50 % des cas, la
façon est indicatif du metatarsus adductus. déformation est bilatérale. Le rapport garçon/
La normalisation du pied s’inscrit dans un fille est de 2,5 pour 1 [156,157].
protocole où l’ensemble du corps est consi- Cette déformation présente plusieurs com-
déré. Noter la relation du pied avec les autres posantes : un équin du pied postérieur (inca-
structures, telles que les os du membre infé- pacité de dorsifléchir le pied), un varus de
rieur et les os du bassin. Normaliser les dys- l’arrière-pied, et un metatarsus adductus. La
fonctions identifiées, en particulier celles de flexibilité de la déformation détermine le
l’interligne tarsométatarsien de Lisfranc, en degré de sévérité. Classiquement, le traite-
suivant les principes des procédures fonction- ment consiste en la manipulation du pied
nelles. Généralement, les résultats sont très suivi de plâtres et d’attelles [158]. Générale-
rapides. Les parents peuvent être encouragés à ment, un traitement postural est tenté pen-
stimuler l’abduction de l’avant-pied, avec dant 3 mois, et si le résultat est insatisfaisant,
l’utilisation d’une brosse à dents ou autre, la chirurgie peut être programmée.
comme décrit ci-dessus. Dans les cas plus Les procédures ostéopathiques devraient
sévères, des exercices d’étirement peuvent être employées le plus tôt possible pour les
être pratiqués à plusieurs reprises chaque jour, meilleurs résultats. Chaque os de l’arrière-
lors des changes de couches. Le calcanéus est pied, le calcanéus, le talus, les os naviculaire et
maintenu entre le pouce et l’index, pendant cuboïde, doit être évalué et traité pour norma-
que l’avant-pied est doucement étiré dans une liser ses rapports dysfonctionnels et équilibrer
position corrigée, en maintenant la correction les tissus mous qui l’entourent. En raison de
pendant 10 secondes ; répéter le procédé envi- leur importance, les ligaments deltoïde et cal-
ron 5 fois. Il est important que cet exercice canéonaviculaire plantaire doivent aussi être
soit fait convenablement, sans créer de valgus équilibrés selon les principes indirects.
de l’arrière-pied.
■ Pied creux
■ Pied bot varus équin Le pied creux, ou pes cavus, doit tout d’abord
Le pied bot varus équin (PBVE) est une défor- faire penser à un trouble neurologique qu’il
mation complexe, de pathogenèse inconnue, faut éliminer par un bilan neurologique adé-
avec plusieurs hypothèses étiologiques, allant quat. Le pied creux antérieur, où à la fois les
des facteurs génétiques aux facteurs intra- arches longitudinales médiale et latérale sont
utérins [153]. L’angle entre la tête et le corps hautes, est bénin (figure 7.13). Le pied creux
286 Ostéopathie pédiatrique

médial est plus sévère, avec souvent une


déformation du pied avec griffe des orteils.
Les deux peuvent être différenciés par la dor-
siflexion du pied. Dans le pied creux médial,
la déformation de la griffe des orteils aug-
mente avec la dorsiflexion du pied.
Il faut encore différencier le pied creux Arche longitudinale médiale
total (ou le pied plat total) du pied partielle-
ment creux (ou partiellement plat). Dans le
dernier, seule la partie postérieure de l’arche
longitudinale est impliquée, résultat d’une
dysfonction entre les os talus, calcanéus,
cuboïde ou cunéiformes.
La position et l’amplitude du mouvement
Arche longitudinale latérale
des os de l’arrière-pied, particulièrement le
talus, doivent être évaluées. Le pied creux est
souvent associé à un modèle de flexion-
rotation externe du mécanisme craniosacral.

■ Pied plat
Le pied plat, ou pes planus, peut être rigide ou
souple. Le pied plat rigide est un pied plat
pathologique. Aussi nommé coalition tar-
sienne, il est présent lorsqu’un ou plusieurs
des os du tarse, qui devraient s’articuler entre
eux, fusionnent. Chez les nourrissons, les arti-
Arche transversale
culations fusionnées sont encore cartilagineu-
ses, et donc relativement flexibles. De ce fait, Figure 7.13. Arches du pied droit.
cette affection n’est typiquement pas sympto-
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants,
matique avant l’adolescence.
Fig. 6.107, p. 609.)
Le pied plat physiologique est une perte ou
une réduction de l’arche longitudinale, qui
peut être retrouvée quand les enfants se met-
tent sur la pointe des pieds. Le pied plat ligament affecte la tête du talus qui a ten-
physiologique est flexible et souvent associé à dance à être déplacée vers le bas, le dedans et
une laxité ligamentaire généralisée. Dans un l’avant par le poids du corps. Le muscle tibial
échantillon d’enfants à l’école primaire, 2,7 % postérieur, un muscle de l’inversion, repose
démontrent des pieds plats, avec une aug- directement au-dessous du ligament calca-
mentation de la prédominance de cette affec- néonaviculaire plantaire ; sa participation au
tion en cas d’obésité [159]. Les arches s’effon- maintien de l’arche longitudinale du pied est
drent en raison de la laxité ligamentaire et/ou importante. En cas de dysfonction de ces
de l’obésité. structures, le pied s’aplatit, s’élargit et
s’oriente latéralement.
Le ligament calcanéonaviculaire plantaire
joue un rôle important dans le maintien des Le pied plat est proposé comme une cause
arches plantaires (figure 7.14). Il soutient la du syndrome du canal tarsien [152]. Les pieds
tête du talus et fait partie de l’articulation plats sont aussi souvent tenus pour responsa-
astragalonaviculaire. Toute dysfonction de ce bles des problèmes de genoux et de dos surve-
Les présentations cliniques 287

Ligament calcanéonaviculaire plantaire

Long ligament plantaire


Aponévrose plantaire Court ligament plantaire

Figure 7.14. Support des arches plantaires.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 6.108A, p. 600.)

nant plus tard dans la vie, mais aucune évi- luer le calcanéus et le talus. Rechercher égale-
dence ne soutient cette affirmation. Pour ment toute dysfonction de rotation interne
autant, les pieds plats et les dysfonctions de la des os du tarse. Encourager l’enfant, par
colonne sont très souvent les deux aspects du l’intermédiaire de ses parents, à maintenir un
même problème, où toute la mécanique pos- style de vie sain, sans prise de poids exagérée.
turale est impliquée. Typiquement, le pied Développer la proprioceptivité des pieds, mar-
plat est associé à un modèle d’extension- cher pieds nus le plus possible. Marcher sur les
rotation interne du mécanisme craniosacral. bords latéraux des pieds, ou jouer à ramasser
des objets avec les orteils – tout ce qui fortifie
Chez l’enfant, le traitement du pied plat l’inversion des pieds peut être conseillé.
physiologique avec des voûtes ou semelles
plantaires est controversé [160]. Les soutiens
plantaires diminuent une partie de l’activité
■ Calcanéovalgus
musculaire qui maintient l’arche, et ont ten- Les calcanéovalgus résultent de malpositions
dance à affaiblir les muscles [159]. Deux étu- intra-utérines. Ils consistent en une dorsi-
des suggèrent aussi une association entre le flexion flexible de la cheville avec une légère
port de chaussures à un âge précoce et les éversion entre le calcanéus et le talus. Les
pieds plats [161,162]. Cela illustre l’impor- calcanéovalgus sont fréquemment associés à
tance de laisser les pieds grandir et se dévelop- une torsion tibiale externe, et ont l’apparence
per sans contrainte. Les inquiétudes parenta- de pieds plats. Le traitement suit les principes
les en ce qui concerne l’apparence de l’enfant des procédures fonctionnelles indirectes pour
et de sa démarche doivent être apaisées. Les normaliser les rapports entre le calcanéus et le
pieds plats chez les jeunes enfants sont nor- talus.
maux ; les voûtes apparaissent entre 2 et 6 ans
[163]. Pour autant, afin de promouvoir la ■ Entorses
meilleure croissance, sans dysfonction, Les entorses sont communes dans la popula-
l’ostéopathe doit considérer la posture globale tion pédiatrique. Les jeunes athlètes sont par-
de l’enfant et traiter les dysfonctions favori- ticulièrement vulnérables. Les activités avec
sant un schéma de rotation interne. Vérifier sauts et réceptions, comme le skate-board,
l’arrière-pied à la recherche d’un valgus ; éva- provoquent souvent de telles blessures. Pour
288 Ostéopathie pédiatrique

os du tarse et du métatarse.
À l’examen, l’entorse de cheville en phase
aiguë est douloureuse, et présente un œdème
voire une ecchymose. L’ecchymose indique la
Ligament
Fosse malléolaire talofibulaire possibilité de déchirures ligamentaires ou de
antérieur fractures nécessitant un contrôle radiographi-
Ligament que. Par ailleurs, si le sujet a des difficultés
talofibulaire
postérieur pour prendre appui sur le pied, ou si l’œdème
est important, un bilan radiographique est
aussi nécessaire [165].
Lorsque l’éventualité d’une fracture est éli-
minée, les dysfonctions des tissus mous peu-
Ligament calcanéofibulaire vent être traitées par des procédures ostéopa-
thiques, en employant les principes indirects.
Pendant le traitement, le patient ne doit en
Figure 7.15. Vue latérale de la cheville. aucun cas éprouver une sensation d’aggrava-
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, tion de la douleur. Tout au contraire, après
Fig. 6.98A, p. 592.) l’intervention, il doit sentir une réduction
significative de la douleur et de l’œdème.
autant, ces blessures ne sont pas limitées aux Chez les adolescents et les sujets actifs, l’appui
jeunes athlètes. Les jeunes enfants peuvent se et toute activité contraignante pour le pied
faire des entorses avec les activités du quoti- doivent être limités. Une immobilisation de la
dien, comme monter ou descendre les esca- cheville par strapping peut être nécessaire.
liers. Fréquemment, ces blessures sont négli- Après une semaine sans douleur, un pro-
gées, parce que l’enfant a tendance à se relever gramme de rééducation peut commencer,
et à reprendre ses activités, à moins d’être visant à renforcer la cheville dans toutes les
sévèrement blessé. De telles blessures, cepen- amplitudes articulaires. Les exercices avec un
dant, laissées sans traitement convenable, plateau proprioceptif sont indiqués pour amé-
peuvent être la source ultérieurement d’asy- liorer l’équilibre, la proprioception et la coor-
métrie fonctionnelle et de dysfonction soma- dination. Un bilan ostéopathique postural
tique, souvent avec des séquelles dans complet du sujet doit être envisagé, à la
d’autres zones anatomiques. En fait, une dys- recherche de dysfonctions prédisposant aux
fonction fémoropatellaire peut apparaître entorses.
après une entorse du pied ou de la cheville,
causant une pronation excessive ou prolon- Dysfonctions de la jambe
gée du tarse [164] (figures 7.15 et 7.16).
Typiquement, une entorse résulte d’une ■ Rotation tibiale
torsion de la cheville et du pied, le plus sou- L’anamnèse et l’examen neuro-orthopédique
vent avec une inversion. L’articulation tibio- éliminent les troubles graves comme l’infir-
tarsienne est impliquée, avec dysfonction mité motrice cérébrale, où des déséquilibres
entre tibia, fibula et talus, mais il faut se sou- des membres inférieurs sont présents. Chez le
venir que d’autres déséquilibres sont fré- jeune enfant, la rotation interne tibiale est
quents, notamment au niveau des articula- fréquente. Elle est considérée comme le résul-
tions proximale et distale de la fibula, entre tat d’une position intra-utérine ou de l’habi-
fibula et talus, talus et calcanéus, talus et navi- tude de l’enfant de s’asseoir avec les « pieds
culaire, et calcanéus et cuboïde. Moins sou- sous les fesses ». Habituellement, cette rota-
vent, les dysfonctions se produisent entre les tion est observée par les parents entre 1 et
Les présentations cliniques 289

Ligament médial de la cheville

Partie tibiocalcanéenne Partie postérieure


tibiotalaire
Partie tibionaviculaire

Partie antérieure
tibiotalaire

Tubercule
talaire
médial

,
Tubérosité de l os Sustentaculum tali
naviculaire du calcanéus

Ligament calcanéonaviculaire plantaire

Figure 7.16. Vue médiale de la cheville.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 6.97, p. 591.)

2 ans, lorsque l’enfant marche la pointe des de risque pour l’arthrose de la hanche, du
pieds tournée vers l’intérieur, démarche assez genou et de la cheville [168].
commune chez les enfants en dessous de La rotation externe tibiale est habituelle-
3 ans. ment diagnostiquée plus tardivement, et a
Typiquement, la rotation interne tibiale est tendance à augmenter avec l’âge. Elle est asso-
bilatérale, et lorsqu’elle est unilatérale, la ciée aux pathologies du système extenseur,
déformité affecte le plus souvent le côté gau- comme l’instabilité des articulations fémoro-
che [1]. Les parents se plaignent que leur patellaires et la maladie d’Osgood-Schlatter
enfant est maladroit, s’accroche les pieds et [169,170].
chute facilement. Pour autant, chez les athlè- L’examen de la rotation du tibia se pratique
tes, cette rotation interne tibiale semble être avec l’enfant en procubitus, les genoux fléchis
un avantage dans des activités comme le à 90°, ce qui permet de mesurer l’angle « pied–
sprint [166]. Environ 90 à 95 % de toutes ces cuisse », qui est l’angle formé entre les axes
déformations tibiales sont spontanément longs du fémur et du pied.
résolues à la maturité [167]. En revanche, Chez ces patients, une approche totale du
pour les autres, la rotation tibiale et le défaut corps est adéquate, avec une attention spécifi-
d’alignement qui en résulte sont des facteurs que aux tensions intraosseuses et myofascia-
290 Ostéopathie pédiatrique

les du bassin et des membres inférieurs. Les


rapports entre la fibula et le tibia, le tibia et le
fémur, et entre le tibia et le talus doivent être
équilibrés. Les procédures ostéopathiques
orientées sur l’alignement et l’équilibre fonc-
tionnel de l’extrémité inférieure améliorent la
fonction, et devraient réduire les risques de
dysfonctions compensatrices conduisant plus
tard aux tendinite et arthrite du genou.

■ Torsion fémorale
La torsion fémorale est définie par l’angle
entre l’axe du col fémoral et l’axe transcondy- Figure 7.17. Position en W,
laire de l’extrémité distale du fémur. La tor-
ou tailleur inversé.
sion fémorale peut être interne – c’est l’anté-
version fémorale –, ou externe – c’est la
Normalement, l’amplitude du mouvement
rétroversion fémorale – ; elle se traduit clini-
de la hanche est plus grande en rotation
quement par des genoux tournés respective-
interne qu’externe. Une antéversion fémora-
ment vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Un
leanormale peut être prédite (± 2 SD [standard
fémur normal est antéversé, donc la tête
deviation]) si la différence entre les rotations
fémorale et le col sont antérieurs par rapport
interne et externe est de 45° ou plus [172].
aux condyles fémoraux. Normalement, les
nourrissons démontrent 30° d’antéversion L’ostéopathe doit là encore avoir une
fémorale. Puis, cela diminue d’environ 1,5° approche globale du corps, et rechercher les
par an pour atteindre 10° chez l’adulte [157]. dysfonctions intraosseuses et myofasciales
Chez l’enfant de moins de 3 ans, l’antéversion des membres inférieurs pour les normaliser.
fémorale est une cause très commune de mar- Le bassin doit être contrôlé minutieusement
che la pointe des pieds tournée vers l’inté- et traité si nécessaire, tout autant que l’articu-
rieur, car l’enfant est obligé de placer ses lation coxofémorale. Les dysfonctions soma-
fémurs en rotation interne pour centrer ses tiques articulaires et intraosseuses de l’os ilia-
têtes fémorales au fond des acétabulums. que, en particulier pendant les périodes de
L’observation de la démarche de l’enfant per- croissance, doivent être normalisées en raison
met facilement de définir les causes d’une de leur influence sur la position du fémur.
marche avec la pointe des pieds tournée vers
l’intérieur. En effet, les rotules sont position-
nées plus médialement dans l’antéversion ■ Genu varum et genu valgum
fémorale que dans la rotation interne tibiale. Les genu valgum et genu varum sont des
De plus, l’enfant trébuche, tombe et, fré- déformations angulaires des extrémités infé-
quemment, n’aime pas s’asseoir avec les jam- rieures communes chez les enfants. Pratique-
bes croisées mais plutôt dans la position du ment tous les bébés présentent un genu
tailleur inversé ou en W (figure 7.17). Les varum. Normalement, cette angulation dimi-
parents remarquent une usure rapide des nue entre 2 et 3 ans, et vers 3 ans, la plupart
chaussures de l’enfant, d’une façon asymétri- des enfants démontrent un genu valgum, qui,
que. Laissée non traitée, l’antéversion fémo- à cet âge, est à son maximum. Cette angula-
rale prédispose chez l’adulte à l’arthrite du tion s’améliore normalement progressive-
genou [171]. ment et, vers 7 ans, la plupart des enfants ont
Les présentations cliniques 291

atteint la configuration adulte typique, à tomiques particulières, comme les rotules


savoir un léger genu valgum. hautes, les dysplasies trochléaires et les laxités
Fonctionnellement, le genu varum persis- ligamentaires, puissent participer à une insta-
tant est mieux toléré que le valgum, qui cause bilité rotulienne. Pour visualiser toutes les
une tension sur la partie médiale des genoux structures de l’articulation fémoropatellaire
avec le développement, plus tard, de douleur. chez l’enfant, l’IRM est essentielle. Par son
Plus important est le varus ou le valgus, plus aspect cartilagineux, l’articulation oppose
grandes sont les contraintes sur l’articulation. une moins grande résistance au mouvement
Une déformation angulaire des membres latéral de la rotule, ce qui est source d’instabi-
inférieurs n’est pas physiologique quand elle lité [164]. De plus en cas de déséquilibre de
est asymétrique ou douloureuse, et des radio- tension, les tissus mous de la structure trilami-
graphies peuvent être nécessaires. Un varus naire qui entourent la rotule [174] en conti-
bilatéral est associé à une flexion craniosa- nuité avec les fibres du tractus iliotibial, du
crale du sacrum, alors que le valgus bilatéral biceps fémoral et du muscle vaste latéral peu-
est associé à une extension craniosacrale. Un vent causer une traction trop importante vers
varus unilatéral accompagne souvent un l’arrière et le dehors ; ils contribuent à l’insta-
schéma de flexion-rotation externe homolaté- bilité patellaire, surtout dans les cas où le liga-
ral, soit au niveau du pelvis, soit au niveau des ment fémoropatellaire médial est fragilisé
os temporal ou occipital. Inversement, un val- [164]. Ces structures sont liées aux os iliaques,
gus unilatéral accompagne une extension- et une luxation récidivante de la rotule peut
rotation interne de ces mêmes régions. être associée à des dysfonctions pelviennes et
Le traitement, toujours appliqué dans une à une transmission insatisfaisante des lignes
approche globale du corps, utilise les procédu- de forces.
res indirectes. Définir les dysfonctions dans la La maladie d’Osgood-Schlatter survient
posture globale de l’enfant et traiter. La dis- principalement pendant l’adolescence, chez
tance entre les genoux des enfants qui ont un le garçon athlétique. Classiquement, un qua-
varus (avec les chevilles jointes), ou la dis- driceps très développé et inélastique produit
tance entre les chevilles des enfants qui ont une apophysite de traction sur le tibia, avec le
un valgus (avec les genoux joints), peut être développement de petits fragments osseux et
mesurée pour suivre la réponse au traitement. l’élongation du ligament rotulien conduisant
Le genou peut aussi présenter d’autres désé- à une rotule haute [175]. Une rotation externe
quilibres mineurs. Fréquemment, la rotation tibiale exagérée, associée aux autres facteurs,
fémorale interne et la rotation tibiale externe semble prédisposer à cette maladie [170].
sont simultanément exagérées, souvent pen- Faire une approche globale. Examiner par-
dant des activités physiques. Les dysfonctions ticulièrement le pelvis, les coxofémorales, les
et les douleurs qui suivent répondent très genoux et les articulations fémoropatellaires.
favorablement aux procédures ostéopathi- Vérifier la tension des structures myofasciales
ques, où les rapports entre le tibia et le fémur de la cuisse et de la rotule (figure 7.18).
sont normalisés. Conseiller des exercices d’étirement doux et
non douloureux à pratiquer régulièrement
■ Troubles de la rotule pour relâcher la tension du quadriceps, du
Les luxations congénitales de la rotule sont tractus iliotibial, des ischiojambiers, des flé-
rares. Elles se présentent soit isolément, soit chisseurs et des abducteurs de hanche, et des
en association avec d’autres malformations gastrocnémiens (jumeaux). Le programme
du membre inférieur [173]. En revanche, l’ins- d’entretien à long terme inclut le renforce-
tabilité de la rotule n’est pas une pathologie ment de la fin de l’extension du genou, en
congénitale, bien que des configurations ana- association avec des exercices isométriques
292 Ostéopathie pédiatrique

Sartorius (sectionné)
Tendon réfléchi du droit fémoral
Tendon direct du droit fémoral

Vaste médial
Vaste latéral
Vaste latéral
Vaste intermédiaire
Compartiment médial de la cuisse
Compartiment postérieur de la cuisse Droit fémoral

Vaste latéral
Vaste intermédiaire
Sartorius
Droit fémoral
Vaste médial

Canal des adducteurs Vaste médial


Sartorius
Muscle articulaire du genou
Bourse séreuse suprapatellaire
Tendon du quadriceps fémoral Tendon du quadriceps fémoral
Patella

Ligament patellaire Ligament patellaire


Tubérosité tibiale Patte d’oie
Insertions de la Sartorius
patte d’oie Gracile
Semitendineux

Figure 7.18. Les muscles de la cuisse unissent le bassin et le genou fonctionnellement et


dysfonctionnellement. (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 6.57, p. 545.)

des muscles ci-dessus. Les genouillères sont plasie cotyloïdienne ou acétabulaire jusqu’à
parfois utiles. Elles peuvent avoir des effets celui de luxation congénitale. La nomencla-
proprioceptifs en offrant un point d’appui. ture « déplacement développemental de han-
Les malades sentent moins de douleur et le che » (DDH) est aussi proposée, en remplace-
soutien les rassure. ment de « luxation congénitale » pour insister
sur le fait que cette pathologie peut se pro-
Dysfonctions de hanche duire pendant la période pré- ou postnatale
Différents termes décrivent classiquement les [176]. Les différentes anomalies de hanche
dysfonctions de hanche, depuis celui de dys- incluent le manque de profondeur de l’acéta-
Les présentations cliniques 293

bulum et la laxité capsulaire, avec pour consé- de hanche exerce une action beaucoup plus
quence une instabilité et une tendance à la grande quand le fémur est en abduction [183].
luxation. La « dysplasie développementale de L’extension de hanche ajoute un levier qui est
hanche » réfère à un développement insuffi- potentiellement critique s’il est associé à
sant de l’acétabulum qui peut conduire à la d’autres facteurs comme l’antéversion fémo-
subluxation et à la dislocation. rale ou acétabulaire et la dysplasie [184].
Au début de la période fœtale (entre 6 et Ainsi, dans la mobilisation des jambes chez le
20 semaines), la tête fémorale est bien cou- nouveau-né, une grande prudence est requise
verte par l’acétabulum et la dislocation ne pour la combinaison de l’extension et de la
peut pas se produire à ce moment-là [177]. rotation externe.
En revanche, à la naissance, l’acétabulum La DDH survient dans 1 cas pour 1000 nais-
humain est peu profond. En fait, de toutes les sances en vie, plus fréquemment sur le côté
périodes du développement, c’est celle où gauche. Le sexe féminin, la primiparité, une
l’acétabulum est le moins profond, ce qui le présentation par le siège au moment de l’ac-
rend vulnérable et sujet à l’instabilité de han- couchement, ou pendant la grossesse [5,180,
che [178]. Les facteurs mécaniques semblent 185], et des antécédents familiaux de laxité
aussi jouer un rôle important dans ce proces- ligamentaire ou de dysplasie acétabulaire sont
sus d’instabilité. Il est démontré qu’une com- les facteurs de risque principaux [182].
pression modérée des hanches à 45° de La luxation de hanche exige une attention
flexion, maintenue pendant 3 heures, distend orthopédique. L’examen clinique révèle des
la capsule articulaire et produit une déforma- asymétries dans le nombre de plis de peau de
tion et une dislocation de l’articulation qui la cuisse et la restriction de l’abduction de la
ressemble à celle présente dans la luxation hanche, qui est inférieure à 60° dans le test
congénitale [179]. Par ailleurs, des modifica- avec cuisses fléchies à 90°. La malposition de
tions de pression sur l’acétabulum cartilagi- la tête fémorale peut donner l’apparence
neux semblent interférer avec la croissance d’une jambe apparemment plus courte de ce
normale de l’os [7]. côté.
Classiquement, les contraintes utérines Les tests de Barlow et d’Ortolani confir-
sont proposées par de nombreux auteurs pour ment le diagnostic. Ils sont pratiqués avec
expliquer l’association entre la DDH et les l’enfant dans une position de décubitus, sur
autres déformations. Les déformations du un coussin plat. Placer les doigts sur les grands
pied [180], le torticolis congénital, la scoliose trochanters et les pouces sur l’intérieur de la
posturale congénitale [7,9], et la plagiocépha- partie proximale du fémur. Les hanches et les
lie [181] sont fréquemment associés à la DDH. genoux sont fléchis à 90°. Le test de Barlow
La position de sommeil du nourrisson, avec consiste en l’adduction des jambes avec un
une préférence pour dormir sur un côté, le très léger appui sur les genoux, pour apprécier
« syndrome du décubitus latéral », est aussi la stabilité de la hanche en recherchant un
évoquée comme facteur participant aux dislo- désengagement de la tête fémorale de l’acéta-
cations congénitales de hanche [182]. bulum. Un « bruit » est entendu avec la dislo-
Pendant la vie fœtale, comme à la nais- cation de la tête fémorale. Le test d’Ortolani
sance, la combinaison d’une rotation externe reloge une hanche délogée ; il est exécuté en
et d’une extension des membres inférieurs abductant lentement les cuisses tout en main-
prédispose d’une manière critique le nourris- tenant une pression axiale. Les doigts sur les
son à une dislocation de hanche. En fait, le grands trochanters exercent un mouvement
muscle psoas du nouveau-né est totalement en sens inverse pour aider le retour de la tête
relâché en complète abduction, flexion et fémorale dans l’acétabulum. Le praticien sent
rotation externe. Ce muscle rotateur externe et entend encore un « bruit ». Le diagnostic
294 Ostéopathie pédiatrique

Aile illiaque
Fossette cotyloïdienne

Talus
y y'

Noyau

Pubis
Ischium

a b

Figure 7.19. Radiographie de la hanche


a : hanche normale ; b : hanche luxée.

par échographie peut être fait seulement après que ou intraosseuse des os iliaques, du
4 à 6 semaines, et les radiographies après 4 à sacrum, ou du fémur contribue à l’insuffi-
6 mois (figure 7.19) ; avant ces âges, l’ossifica- sance de profondeur acétabulaire.
tion est insuffisante pour que le bilan ait une
Une dysfonction de l’os iliaque en rotation
valeur.
interne résulte en une position plus haute de
Les luxations congénitales de hanche sont
l’acétabulum, ce qui donne une jambe appa-
traitées selon différentes méthodes, avec de
remment plus courte de ce côté. Cela peut être
bons résultats. Les orthèses d’abduction
confondu avec l’inégalité apparente de la lon-
(harnais de Pavlik) et les tractions suivies
gueur des jambes trouvée en association avec
d’immobilisation plâtrée sont toujours appli-
la luxation de hanche.
quées avec le plus grand soin en raison du
risque de nécrose aseptique de la tête fémo- Les procédures ostéopathiques tentent
rale. Chez des bébés avec dysplasie acétabu- d’équilibrer le mécanisme craniosacral de ces
laire et restriction de l’abduction mais sans jeunes patients. Les rapports entre le sacrum
luxation de hanche, un programme d’exerci- et l’occiput, les os temporaux et les os ilia-
ces d’abduction-adduction administrés à la ques doivent être équilibrés. Accorder une
maison par les parents a montré de bons attention particulière aux structures myofas-
résultats [180]. ciales responsables de l’asymétrie pelvienne
La dysplasie développementale de hanche ou des tensions pelviennes. Les procédures
peut être associée au déséquilibre du bassin et myofasciales peuvent être appliquées sur les
aux dysfonctions craniosacrales. L’os iliaque muscles périarticulaires de la hanche, en par-
doit être dans une position neutre pour offrir ticulier l’iliopsoas, les adducteurs et abduc-
un placement acétabulaire satisfaisant. Toute teurs. Le relâchement des contractures de
dysfonction physiologique, non physiologi- l’articulation facilite la normalisation des
Les présentations cliniques 295

restrictions de mouvement dans l’adduction avant d’envisager l’ostéopathie. Par exemple,


et l’abduction. entre 2 et 6 ans, une boiterie ou une démarche
Le traitement de la dysplasie a pour objectif déhanchante peut être associée à une coxa
de stabiliser la tête fémorale dans l’acétabu- vara congénitale, avec l’angle entre le col et la
lum et de permettre la croissance d’un bassin diaphyse fémorale inférieur à la normale
symétrique, avec un sacrum, des os iliaques et (< 130°). Inversement, une coxa valga est une
des hanches équilibrés. Tout rapport interos- augmentation de cet angle (> 135°), l’enfant
seux dysfonctionnel entre le sacrum et les os présentant une augmentation de la rotation
iliaques, et entre les iliaques et les fémurs doit interne et de l’adduction des hanches.
être identifié et traité. Toute dysfonction En fait, l’observation de l’enfant pendant la
intraosseuse entre l’ilium, l’ischium et le marche est le meilleur examen pour détermi-
pubis doit être aussi équilibrée, comme celles ner la zone dysfonctionnelle. Les jambes sont
des pièces sacrales si présentes. de préférence nues pour une observation
L’examen clinique de ces enfants doit être satisfaisante des différentes parties du mem-
répété pendant la première année, avec un bre inférieur. Observer l’angle des pieds, et la
suivi annuel, jusqu’à complète maturation direction prise par les pieds lors de la marche.
squelettique. Les dysplasies peuvent entraîner Observer les rotations tibiales et fémorales
le développement précoce d’une coxarthrose ainsi que les mouvements des hanches. Déter-
[186–189] ; de ce fait, le traitement doit amé- miner quelle partie ne suit pas le mouvement
liorer la fonction pour limiter les futurs chan- global du membre, ou si un côté ne contacte
gements dégénératifs. pas le sol de la même façon.
L’équilibre postural doit être évalué, et
Troubles de la marche toute asymétrie dysfonctionnelle traitée. Une
différence de longueur de jambe peut être le
■ Marche sur la pointe des pieds résultat cumulatif de plusieurs dysfonctions.
Vers l’âge de 4 ans, un enfant doit marcher Par exemple, un os iliaque en rotation externe
avec un contact du talon au sol puis en dérou- du côté droit, combiné avec une rotation
lant le pied. Après cet âge, une marche sur la interne de l’os iliaque du côté gauche, peut
pointe des pieds est anormale, et peut être le donner l’apparence d’une jambe plus longue
signe d’un désordre neurologique fondamen- à droite. Évaluer les amplitudes de mouve-
tal. Un tendon d’Achille en trop grande ten- ment des différentes articulations des mem-
sion peut aussi être présent. En fait, dans de bres inférieurs et utiliser les procédures ostéo-
nombreux cas, l’examen médical ne révèle pathiques appropriées pour traiter les dys-
rien. Pour autant, des dysfonctions ostéopa- fonctions.
thiques d’extension peuvent être présentes, et
l’ensemble du mécanisme craniosacral doit Troubles ORL
être contrôlé. Équilibrer le sacrum et la char-
nière craniocervicale. Relâcher les chaînes
Otites
myofasciales postérieures de la colonne verté- Chez l’enfant, l’otite de l’oreille moyenne
brale et des membres inférieurs. Puis ensei- (OM) est une des maladies les plus fréquentes
gner à l’enfant la marche talon–orteil, avec avant l’âge de l’école primaire [190]. Presque
déroulement du pied. chacun d’entre eux présente une OM au
moins une fois avant son troisième anniver-
■ Boiterie saire [191]. En fait, des otites chroniques sont
Des pathologies médicales et orthopédiques diagnostiquées chez 20 % des enfants [192].
sérieuses peuvent être responsables d’une boi- Récemment, leur prédominance a beaucoup
terie et doivent tout d’abord être éliminées augmenté, ce qui résulte en un fardeau écono-
296 Ostéopathie pédiatrique

mique considérable pour la société [193]. On che, l’allaitement maternel, même pour une
distingue les otites de l’oreille moyenne période aussi courte que 3 mois, montre une
aiguës (OMA), et les otites de l’oreille réduction de la prévalence des OM pendant
moyenne chroniques avec épanchement l’enfance [205].
(OME), ou otites séromuqueuses.
L’OMA est une infection virale ou bacté- Oreille
rienne, ordinairement secondaire à une infec- Les particularités anatomiques doivent tout
tion des voies aériennes supérieures, et surve- autant être considérées. L’oreille, en particu-
nant d’habitude chez les jeunes enfants entre lier l’oreille moyenne et les structures qui
3 mois et 3 ans. Elle se déclare par une inflam- l’entourent, constitue un écosystème où les
mation soudaine de l’oreille moyenne, une facteurs génétiques, environnementaux, com-
fièvre parfois élevée, des douleurs avec trou- portementaux et nutritionnels peuvent
bles du sommeil et du comportement, et par- s’influencer les uns les autres, et entraîner le
fois des troubles digestifs. Une résolution développement d’une OM. L’oreille est divi-
incomplète de l’OMA ou une obstruction de sée en trois parties, externe, moyenne et
la trompe auditive (trompe d’Eustache) peut interne, anatomiquement et fonctionnelle-
conduire à un épanchement dans l’oreille ment reliées à l’os temporal. L’oreille externe
moyenne, avec le plus souvent une ou plu- consiste en une auricule et un méat acousti-
sieurs souches bactériennes. Des épisodes que externe. L’auricule est placée sur le côté de
répétés de symptômes aigus sont considérés la tête, au niveau de l’os temporal, et elle
comme des OMA récidivantes. reflète la position globale de cet os. Par exem-
Les OME sont des inflammations chroni- ple, une oreille décollée avec proéminence de
ques des muqueuses de l’oreille moyenne, l’auricule est souvent associée à la rotation
avec une collection liquidienne dans l’oreille externe homolatérale du temporal. L’auricule
moyenne qui dure plus de 3 mois. Dans cette joue le rôle d’un cornet acoustique qui
présentation, des modifications irréversibles recueille les ondes sonores. En continuité avec
se produisent, affectant la membrane tympa- l’auricule, le méat acoustique externe se ter-
nique, la trompe auditive et/ou l’oreille mine à la membrane du tympan. Sa partie
moyenne. médiale est entourée par la partie squameuse
Pour tenter d’identifier les facteurs causa- de l’os temporal au-dessus, la partie tympani-
tifs des OM, de nombreuses études sont réali- que en avant et en dessous, et par le processus
sées ; elles résultent en de multiples résultats mastoïde en arrière (figure 7.20).
qui sont souvent contradictoires. En fait, L’oreille moyenne est localisée entre
l’étiologie des OM est multifactorielle, avec l’oreille externe et la membrane du tympan
des facteurs génétiques, environnementaux, latéralement, et la paroi latérale de l’oreille
comportementaux et nutritionnels. Dès lors, interne médialement. Elle contient trois petits
le nombre de variables à prendre en compte os, ou osselets de l’ouïe, le malléus (marteau),
rend de telles études extrêmement difficiles. l’incus (enclume) et le stapès (étrier), qui
Pour autant, les points suivants ont été iden- transmettent les vibrations de la membrane
tifiés comme facteurs de risque : une prédispo- tympanique à la cochlée de l’oreille interne.
sition génétique [194,195], un faible poids de En fait, l’oreille moyenne est formée de plu-
naissance [196], le sexe masculin [197], la fra- sieurs cavités remplies d’air : la cavité tympa-
trie [198], la garde en crèche [199], l’absence nique (caisse du tympan), la trompe auditive
d’allaitement maternel [190], l’usage d’une et les cellules mastoïdiennes. La cavité tympa-
sucette [200,201], le facteur saisonnier [199, nique s’ouvre en arrière sur l’antre mastoï-
202], le tabagisme passif [203], et un statut dien, un sinus d’air localisé dans la partie
socioéconomique inférieur [204]. En revan- pétreuse de l’os temporal, et sur les cellules
Les présentations cliniques 297

Oreille Cellules Canaux Nerf


externe mastoïdiennes semi-circulaires Nerf cochléaire
Cartilage de vestibulaire
l'oreille externe Malléus-Incus Nerf facial
Vestibule

Section transversale
de la trompe auditive
cartilagineuse

Conduit Tympan Fenêtre Conduit


auditif externe cochléaire auditif
Pointe de la interne
mastoïde
Stapès Cochlée

Figure 7.20. Oreille. (Source : Encycl Méd Chir [Elsevier, Paris]. Traité de pédiatrie/Maladies
infectieuses : Maladies de l’oreille chez le nourrisson et l’enfant, 4-061-B-10. 1990.)

aériques mastoïdiennes adjacentes. En avant, périlymphe, le liquide qui remplit le labyrin-


la cavité tympanique communique avec le the osseux. Là encore, les structures qui for-
nasopharynx par la trompe auditive. Une ment l’oreille interne sont presque entière-
muqueuse recouvre toute la cavité, y compris ment développées à la naissance.
son contenu, les trois osselets et les deux mus-
cles (tenseur du tympan et stapédien, ou mus-
Os temporal
cle de l’étrier). Latéralement, elle forme la La plupart des structures de l’oreille mention-
couche interne de la membrane tympanique. nées ci-dessus sont abritées dans la partie
Cette muqueuse est en continuité avec celle pétreuse de l’os temporal. Dans les maladies
du pharynx. Normalement, l’antre mastoï- de l’oreille telle l’OM, mais aussi dans les trou-
dien et les osselets de l’ouïe sont presque bles de l’équilibre et de l’ouïe, ce rapport ana-
entièrement développés à la naissance. tomique confère une grande importance à l’os
temporal, à sa fonction et à sa dysfonction.
L’oreille interne consiste en plusieurs cavi- L’os temporal est formé par les parties squa-
tés osseuses, le vestibule, les canaux semicir- meuse, pétromastoïdienne, tympanique et
culaires et la cochlée qui forment le labyrin- styloïdienne, et appartient tout autant à la
the osseux. Il contient le labyrinthe mem- base crânienne qu’à la voûte. La partie pétro-
braneux avec l’organe de perception des sti- mastoïdienne se développe dans la capsule
mulus auditifs, le conduit cochléaire et le ves- otique cartilagineuse de la base crânienne ; les
tibule membraneux, et les organes de l’équili- parties squameuse et tympanique s’ossifient
bre, les trois conduits semicirculaires. Le directement dans le mésenchyme de la calva-
labyrinthe membraneux flotte dans la ria. La partie tympanique s’unit avec l’écaille
298 Ostéopathie pédiatrique

juste avant la naissance [206], et à l’exception Antre de la mastoïde Aditus ad antrum


de la partie distale du processus styloïde, les Tegmen tympani
différentes parties du temporal ont fusionné à Récessus
la fin de la première année de vie. Néanmoins, épitympanique
la partie mastoïdienne est complètement
plate à la naissance. Pendant les deux premiè-
res années, un processus mastoïde se déve-
loppe à partir de la partie pétreuse, sous l’effet
de la croissance des cellules aériques mastoï-
diennes, mais aussi à cause de la traction du
tendon du muscle sternocléidomastoïdien. En Trompe auditive
fait, le développement du processus mastoïde Oreille moyenne
dépend de la capacité de l’enfant de redresser Processus mastoïde
la tête et de la tourner bilatéralement. Pour Cellules aériques
cette raison, la position en procubitus est mastoïdiennes
recommandée (« back to sleep, prone to play » ;
« sur le dos pour dormir, sur le ventre pour Figure 7.21. Antre mastoïdien.
jouer » [34]). La fonction détermine la struc- (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants,
ture, et de ce fait les enfants avec torticolis Fig. 8.112A, p. 900.)
présentent une asymétrie de la forme et de la
taille des processus mastoïdes. Selon le même
principe, dans les cas de plagiocéphalie non maintient la pression interne au même niveau
synostotique, les forces compressives respon- que, ou à un niveau supérieur à, celui de la
sables de l’aplatissement de la zone occipito- pression atmosphérique [209]. La déglutition
mastoïdienne réduisent tout autant le déve- permet l’expulsion des gaz par la trompe audi-
loppement du processus mastoïde. tive dans le pharynx. Ce gradient de pression
positive prévient l’envahissement bactérien
Cellules aériques mastoïdiennes de la cavité tympanomastoïdienne [209].
L’expansion du processus mastoïde revêt une Chez les enfants avec OME, il a été démontré
importance particulière. Les cellules aériques que la profondeur des cellules aériques mas-
mastoïdiennes qui s’y développent pendant la toïdiennes est inférieure à celle de sujets sains
période de croissance sont des composantes [55]. Un défaut de la pneumatisation mastoï-
essentielles du système complexe qui règle et dienne serait un facteur de risque pour le
équilibre les variations de pression de l’oreille développement d’otites et un indicateur du
moyenne [207]. Le volume des cellules aéri- pronostic dans l’inflammation chronique de
ques mastoïdiennes est d’environ 20 fois le l’oreille moyenne [210].
volume de la cavité tympanique. Souvent
comparée à un réservoir aérien, la cavité mas- Trompe auditive
toïdienne est en réalité un espace d’échanges Les cellules mastoïdiennes sont reliées à la
gazeux actifs par son réseau capillaire sous- cavité tympanique, et par la trompe auditive
muqueux [208] (figure 7.21). au nasopharynx (figure 7.22). En réalité, dans
Chez l’être humain, la structure des cellules la fonction normale de l’oreille, comme dans
mastoïdiennes est histologiquement similaire l’étiopathogénie des OM, les cellules mastoï-
à celle des alvéoles pulmonaires et des mem- diennes et la trompe auditive sont tout aussi
branes nasales. Elle permet donc l’effusion et importantes. La trompe auditive connecte
la diffusion gazeuses. De ce fait, la production l’oreille moyenne au nasopharynx, équilibre
de gaz dans la cavité tympanomastoïdienne les pressions entre l’oreille moyenne et l’air
Les présentations cliniques 299

Artère carotide
interne
Trompe auditive

Récessus
épitympanique
Sillon
pour le sinus
Méat externe pétreux inférieur
Canal semi-circulaire
antérieur Premier tour
de la cochlée
Aditus ad antrum Nerf cochléaire
Vestibule Nerf facial
Nerf vestibulaire
Canal semi-circulaire
latéral Aqueduc
Canal semi-circulaire du vestibule
postérieur

Antre mastoïdien Sillon pour le sinus


sigmoïde

Figure 7.22. Trompe auditive. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 8.474, p. 1371.)

ambiant, draine les débris et les sécrétions leurs sommets. Le cône postérolatéral, plus
vers le nasopharynx, tout en protégeant court, approximativement un tiers de la
l’oreille moyenne contre les sécrétions naso- trompe auditive, est osseux ; c’est le protym-
pharyngiennes rétrogrades et les agents panum localisé dans la partie pétreuse de l’os
nocifs des voies aériennes. Elle commence temporal. Il se termine à la réunion des par-
sur la paroi antérieure de la cavité tym- ties pétreuse et squameuse de l’os temporal,
panique, et s’étend vers l’avant, le dedans et juste en arrière du foramen épineux. Les deux
le bas jusqu’au nasopharynx, en arrière du autres tiers de la trompe auditive sont fibro-
méat inférieur de la cavité nasale (figure cartilagineux, partiellement fixés à la base
7.23). En raison des rapports étroits entre crânienne dans un sillon qui suit la synchon-
l’oreille moyenne et le nasopharynx, l’OM drose sphénopétreuse, entre la partie pétreuse
est fréquemment décrite comme une compli- du temporal et le bord postérieur de la grande
cation des rhinites ; elle peut être considérée aile du sphénoïde (figure 7.36). Le bord supé-
comme une maladie des voies aériennes rieur de la trompe auditive cartilagineuse est
supérieures. L’anatomie descriptive et fonc- recourbé vers le dehors et, sur une coupe
tionnelle du nez et du nasopharynx est discu- transversale, ressemble à un crochet. Une
tée plus loin. membrane fibreuse complète le tube.
Classiquement, la trompe auditive est L’isthme tubaire joint les deux cônes de la
décrite comme deux cônes joints ensemble à trompe auditive ; c’est l’endroit du plus petit
300 Ostéopathie pédiatrique

Cornet nasal supérieur

Cornet nasal moyen

Ouverture de la
trompe auditive

Nasopharynx

Palais mou

A
Cornet nasal inférieur
Méat acoustique externe
Malléus Stapès
Incus Oreille moyenne

Oreille interne

Membrane tympanique

Cartilage

Trompe auditive
B Nasopharynx

Figure 7.23. Ostium de la trompe auditive dans le nasopharynx.


A. Paroi latérale de la cavité nasale et du nasopharynx.
B. Section transversale de la trompe auditive.
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.226B, p. 1018. et 8.113 page 901)
Les présentations cliniques 301

diamètre. La partie cartilagineuse a une incli- (TVP), dilatateur tubaire (DT), élévateur du
naison verticale plus grande que la partie voile du palais (EVP) et salpingopharyngiens
osseuse. sont tous attachés sur la trompe auditive. Le
Chez l’adulte, la longueur de la trompe TVP naît de la fosse scaphoïde, de l’épine du
auditive est approximativement de 35 à sphénoïde et de la paroi latérale du cartilage
45 mm. Chez le nouveau-né, elle fait environ de la trompe auditive. Il descend alors vertica-
la moitié de la longueur adulte, alors que, vers lement, devient tendineux et s’insère sur
7 ans, elle en atteint 98 %. Le rapport de la l’hamulus ptérygoïdien, l’extrémité inférieure
longueur des parties cartilagineuse et isthmi- de la lame médiale du processus ptérygoïde,
que à la longueur de la partie osseuse est 8:1 puis médialement sur le bord postérieur du
chez les nourrissons et 4:1 chez les adultes palais dur pour participer à la constitution de
[211]. La trompe auditive chez le bébé est plus l’aponévrose palatine (figure 7.24). Le DT est
courte, mais aussi plus horizontale, et donc sa attaché à sa partie supérieure sur la trompe
fonction de clairance est moins efficace. De auditive, en particulier sur la partie membra-
surcroît, la partie osseuse de la trompe audi- neuse. Il se mêle au-dessous avec le TVP et
tive des enfants qui présentent des otites séro- encercle l’hamulus ptérygoïdien. La plupart
muqueuses est encore plus courte que celle des auteurs reconnaissent que la contraction
d’enfants sains [55]. du TVP augmente la lumière tubaire, et ven-
Parfois, la trompe auditive qui relie l’oreille tile donc l’oreille moyenne [212,217] ; cette
moyenne au nasopharynx est comparée à action est particulièrement significative pour
l’arbre bronchique qui relie le poumon au les fibres du DT [218].
nasopharynx [197]. Le revêtement muqueux
de la trompe auditive est un épithélium pseu- L’EVP prend naissance à partir de la lame
dostratifié, cilié, comportant des cellules à cartilagineuse médiale de la trompe auditive
mucus [212], de type respiratoire comme la et de la partie inférieure du sommet de la
muqueuse nasale [213]. Les bébés et les partie pétreuse de l’os temporal. Il s’étend
enfants démontrent une augmentation du dans le palais mou, ses fibres s’élargissant sur
nombre et de la taille des replis présents dans la ligne médiane, où elles se mélangent à cel-
les tissus du revêtement tubaire, et cela pour- les du côté opposé. Le salpingopharyngien
rait jouer un rôle dans la protection de naît de la partie inférieure de la trompe audi-
l’oreille moyenne [214]. Après une inflamma- tive, se dirige vers le bas et se mêle au faisceau
tion de l’oreille moyenne, les échanges postérieur du palatopharyngien. Il contribue
gazeux s’accélèrent au niveau des muqueuses, à l’ouverture tubaire pendant la déglutition.
en raison de la dilatation veineuse et de l’aug-
Normalement, déglutir, pleurer ou bâiller
mentation du flux sanguin. En revanche,
ouvre la trompe auditive, ce qui permet à l’air
dans les cas d’inflammation chronique, ces
d’entrer ou de sortir de la cavité tympanique,
échanges gazeux peuvent diminuer, en parti-
équilibrant le gradient de pression entre
culier lorsque la muqueuse s’épaissit et le tissu
l’atmosphère et la cavité tympanique. Quand
sous-muqueux prolifère [215].
la déglutition est dysfonctionnelle, l’ouver-
ture tubaire n’est pas efficace. Ses parois sont
Fonction et dysfonction tubaires continuellement effondrées, ce qui résulte en
Habituellement, dans la fonction tubaire nor- une pression négative dans l’oreille moyenne
male, au repos, les parois de la trompe audi- et une rétraction de la membrane tympani-
tive sont rapprochées, lui permettant de rem- que. Dès lors, les sécrétions nasopharyngien-
plir son rôle protecteur contre l’infection nes peuvent être potentiellement aspirées
rétrograde en provenance du nasopharynx dans l’oreille moyenne, avec comme résultat
[216]. Les muscles tenseur du voile du palais une OM. Une déglutition dysfonctionnelle
302 Ostéopathie pédiatrique

Partie musculaire du tenseur du voile du palais


Lame ptérygoïdienne médiale Partie fibreuse de la trompe auditive
Cavité nasale Partie cartilagineuse
de la trompe auditive
Septum nasal
Lame ptérygoïdienne latérale Hamulus ptérygoïdien

Fosse ptérygopalatine Aponévrose palatine

Position du sphincter
palatopharyngien

Raphé pharyngien

Muscle buccinateur
Raphé ptérygomandibulaire Muscle constricteur supérieur
du pharynx

Muscle élévateur du voile du palais

Muscle palatopharyngien

Figure 7.24. Muscles du palais mou.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.256, p. 1047)

peut aussi causer un reflux gastro-œso- l’avant à chaque déglutition. Bien que l’usage
phagien, un autre facteur de risque pour d’une sucette n’augmente pas l’incidence des
l’OM. Si, en plus, l’enfant fait un usage fré- infections respiratoires, il est montré qu’un
quent de sucette, la déglutition infantile est usage constant prédispose à la survenue des
entretenue, avec une poussée de la langue vers OMA, probablement à cause d’un change-
Les présentations cliniques 303

ment dans la fonction d’équilibration des pent à de tels développements. Tout d’abord,
pressions tubaires [201]. les diverses stimulations produites par les
La dysfonction tubaire peut résulter en une fonctions orofaciales normales comme la suc-
pression négative de l’oreille moyenne, ce qui cion et la déglutition stimulent la croissance
altère la conduction de l’énergie sonore vers la structurale, en particulier des processus pté-
cochlée de l’oreille interne, et diminue l’audi- rygoïdes, sur lesquels les muscles s’insèrent.
tion. Une trompe auditive dysfonctionnelle Concomitamment, la flexion progressive de
peut aussi affecter l’audition par son influence la base crânienne, associée à la croissance
sur le muscle tenseur du tympan. Ce muscle antéropostérieure (AP) du crâne, contribue
est continu avec le TVP. Il naît de la partie non seulement aux changements position-
cartilagineuse de la trompe auditive et du nels des processus ptérygoïdes, qui devien-
sphénoïde voisin, et s’insère aussi sur les nent plus longs et plus verticaux, mais aussi à
parois osseuses de son canal osseux [212,218]. ceux des parties pétreuses des os temporaux,
Dans la cavité tympanique, son tendon se qui s’orientent dans une position de rotation
réfléchit sur le processus cochléariforme et se externe. Dans le même temps, plusieurs chan-
termine sur le manche du malléus [206]. La gements se produisent dans le viscérocrâne,
contraction du muscle tenseur du tympan telle l’augmentation de la hauteur du vomer
attire le malléus en dedans, ce qui augmente qui accompagne l’expansion de la cavité
la tension de la membrane tympanique, tout nasale. Cette évolution développementale est
en poussant la base du stapès dans la fenêtre concomitante du développement de la
du vestibule (ovale). Il s’ensuit une augmenta- trompe auditive et des muscles qui lui sont
tion de la pression du liquide vestibulaire, ce associés. Dès lors, tout déséquilibre structural
qui, dans des circonstances normales, sert à qui s’organise pendant le développement du
assourdir les bruits violents. De ce fait, une viscérocrâne ou de la base crânienne peut
dysfonction de la trompe auditive et des struc- affecter la ventilation et la clairance de
tures adjacentes peut être associée à des désé- l’oreille.
quilibres de pression dans l’oreille moyenne La posture linguale et le développement du
et à des dysfonctions du muscle tenseur du viscérocrâne sont interdépendants. L’acquisi-
tympan, résultant en troubles de l’audition. tion d’une posture linguale dysfonctionnelle
En fait, les retards développementaux ana- affecte les pressions de la langue sur l’aponé-
tomiques avec immaturité de la trompe audi- vrose palatine pendant la déglutition et donc
tive et des structures qui l’entourent, ou la ventilation de la trompe auditive. Cette
l’immaturité du système neuromusculaire fonction semble diminuée chez les enfants
peuvent produire une ouverture dysfonction- qui présentent des faciès allongés, avec une
nelle de la trompe auditive chez les nourris- morphologie de type « adénoïde » [220]. De
sons et les enfants [219]. La plupart du temps, même, ceux qui présentent un trouble de
cette dysfonction s’améliore avec l’âge et le l’occlusion avec surplomb incisif significatif
développement de la base du neurocrâne et sont plus prédisposés à des dysfonctions de la
du viscérocrâne. Pour autant, des troubles trompe auditive [221].
dans cette croissance peuvent aussi participer En fait, les influences sont multiples. Il
à l’interaction complexe des phénomènes existe ainsi une corrélation entre la position
qui prédisposent l’enfant à développer une de décubitus latéral et la fonction tubaire.
OM. L’ouverture tubaire est moindre du côté de
Pendant les premières années de la vie, la l’oreille inférieure [209]. Cela renforce la
base du crâne est le siège de changements nécessité de varier le plus possible les posi-
développementaux significatifs (figures 7.25 tions, et d’éviter de laisser les enfants dormir
et 7.26). Deux phénomènes critiques partici- toujours dans la même position.
304 Ostéopathie pédiatrique

Os sphénoïde Os temporal
(Grande aile) (Partie pétreuse)
(Corps)
(Processus ptérygoïde) (Partie squameuse)
(Petite aile) Os pariétal
Os frontal
(partie squameuse)
(Partie orbitaire)

Os ethmoïde
(lame criblée)
(Partie labyrinthique) Os occipital
(Partie squameuse)
Os nasal
Os lacrymal (Partie latérale)
Maxillaire (Partie basilaire)
(processus frontal) Os palatin (Lame perpendiculaire)
(Processus alvéolaire) (Lame horizontale)
Cornet nasal
(Processus palatin) inférieur

Figure 7.25. Section sagittale de la base crânienne à la naissance.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 4.16, p. 358.)

Parmi les dysfonctions somatiques crânien- osseuses qui l’entourent, tels les os temporaux,
nes, toute dysfonction de la base crânienne occipital, sphénoïde et la mandibule, autant
peut influencer la croissance et la fonction de que de toutes les structures myofasciales qui lui
la trompe auditive. Cela peut être une dysfonc- sont associées.
tion somatique crânienne des constituants Une dysfonction de la trompe auditive crée
osseux, occiput, sphénoïde et temporaux, ou un terrain propice au renforcement d’autres
une dysfonction affectant les éléments vascu- facteurs de risque. Des otites séromuqueuses
lonerveux associés aux structures myofasciales bilatérales récidivantes sont présentes quand
impliquées dans la succion et la déglutition. Le la diminution de la fonction tubaire est asso-
TVP et le tenseur du tympan sont innervés par ciée à celle du système immunitaire [222]. La
les branches du ganglion otique, localisé juste réponse inflammatoire allergique existe aussi
au-dessous du foramen ovale, sur la surface bien dans le nasopharynx que dans l’oreille
médiale du nerf mandibulaire (V3). Le nerf moyenne [223], et la prévalence de rhinite
glossopharyngien (IX) innerve le stylopharyn- allergique est significativement plus impor-
gien, et le nerf accessoire (XI) innerve les mus- tante chez les enfants avec otites séromuqueu-
cles palataux par le plexus pharyngien. Ils sor- ses que chez les enfants sains [197,224]. En
tent tous deux du crâne par le foramen principe, l’inflammation allergique chez
jugulaire. Le nerf hypoglosse (XII) innerve les l’enfant atopique n’est pas limitée à une
muscles intrinsèques et extrinsèques de la lan- région, mais se manifeste dans les deux oreilles
gue. Il sort du crâne par la synchondrose et le nasopharynx, démontrant totalement le
intraoccipitale antérieure, où se forme le canal concept de l’unité des voies aériennes [225].
de l’hypoglosse pendant l’ossification. Par Dès lors, l’inflammation des muqueuses avec
conséquent, une fonction tubaire efficace relâchement d’histamine et autres médiateurs
nécessite l’équilibre de toutes les structures après l’exposition du nasopharynx à un aller-
Les présentations cliniques 305

16 17 1 2 3
15

14

13
4
5

12 11 10 9 8 7 6

Figure 7.26. Section sagittale de la base crânienne chez l’adulte.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 6.158, p. 575.).
1. Sinus sphénoïdal droit. 2. Suture squameuse. 3. Suture lambdoïde.
4. Bord postérieur du foramen magnum. 5. Méat acoustique interne.
6. Suture pétro-occipitale. 7. Bord antérieur du foramen magnum. 8. Processus styloïde.
9. Ligne de l’articulation sphénobasilaire. 10. Lame latérale du processus ptérygoïde.
11. Hamulus ptérygoïdien. 12. Vomer. 13. Lame perpendiculaire de l’ethmoïde.
14. Os nasal. 15. Sinus frontal. 16. Crista galli. 17. Sinus sphénoïdal gauche.

gène peut participer à l’obstruction de la essentiel dans l’élimination des débris de


trompe auditive et à sa dysfonction. L’inflam- l’oreille moyenne en les déplaçant vers l’ori-
mation allergique chronique des voies aérien- fice nasopharyngien. Par ailleurs, des cellules
nes supérieures peut conduire à une hypertro- épithéliales spécialisées expriment et sécrè-
phie lymphoïde avec augmentation du tent des substances qui semblent faciliter
volume des adénoïdes et des tonsilles [226]. l’action musculaire d’ouverture tubaire et
Dans un tel contexte, en plus de l’œdème et de protéger l’oreille moyenne contre les infec-
l’inflammation du nasopharynx postérieur, les tions [192]. En revanche, de nombreux virus
végétations adénoïdes peuvent encombrer endommagent la fonction mucociliaire de
l’ostium pharyngien de la trompe auditive. l’épithélium tubaire, et perturbent la flore
Toutefois, après adénoïdectomie, les otites bactérienne nasopharyngienne en augmen-
récidivantes ont aussi été associées à l’hyper- tant l’adhérence bactérienne aux cellules
trophie des tonsilles tubaires [227]. épithéliales [228]. Les bactéries et les virus
L’appareil mucociliaire de la trompe audi- respiratoires, tels que le virus respiratoire
tive comprend des éléments qui ont un rôle syncytial, ou les virus influenza, sont des
306 Ostéopathie pédiatrique

causes communes d’infection de l’oreille nes, ne sont pas universellement efficaces. De


moyenne [228–230]. En raison de la relation nombreuses directives sont disponibles pour
entre les voies aériennes supérieures et infé- déterminer quand utiliser les antibiotiques et
rieures, le site physiopathologique d’origine pour définir les autres modalités à suivre
est fréquemment la voie nasale. Les bébés [191,193,236,237]. L’usage de la paracentèse,
nés à l’automne commencent leurs vies à la myringotomie (ouverture de la membrane
la saison où l’exposition virale et le dévelop- tympanique au bistouri) et la pose d’aérateur
pement d’infections respiratoires sont les transtympanique sont discutés [238,239]. De
plus importants, les prédisposant aux OM ce fait, des interventions non toxiques
[202]. Une activité mucociliaire nasale dété- comme les procédures ostéopathiques, qui
riorée ou diminuée favorise la dysfonction semblent réduire le besoin d’antibiotiques,
mucociliaire tubaire [231]. Dès lors, les pro- sont des adjuvants bénéfiques pour les
cédures ostéopathiques qui améliorent la enfants avec OM [240].
clairance des sécrétions ainsi que les fonc- Les objectifs du traitement ostéopathique
tions mucociliaires tubaire et des voies pour l’OM visent à accroître les défenses du
aériennes supérieures sont indiquées. La cir- corps contre l’infection et son pouvoir de
culation sanguine de la région doit aussi être récupération après l’infection. Le diagnostic
améliorée. doit débuter par l’observation. Commencer
Parmi les facteurs qui prédisposent à l’in- avec une évaluation générale de la posture de
fection bactérienne, le reflux gastro-œso- l’enfant. Regarder la ceinture scapulaire ; les
phagien ne doit pas être oublié [232]. C’est épaules sont souvent enroulées chez les
peut-être à cause de ce reflux que les bébés patients sujets aux infections ORL. Observer
nourris en procubitus présentent après la la charnière cervicothoracique, la colonne
tétée des résultats tympanographiques anor- cervicale et son rapport au crâne, rechercher
maux en comparaison de ceux des bébés un défaut de mobilité et un tassement verti-
nourris en position semi-redressée [233]. cal. Le cou peut sembler « raccourci ».
Les symptômes des OMA incluent la fièvre, Observer les auricules, noter leur déforma-
l’insomnie et la présence de pus dans l’oreille tion, asymétrie de position, et les rotations
moyenne, avec une membrane tympanique relatives, externe ou interne. L’apparence de
qui apparaît bombée et érythémateuse à l’oreille suit l’os temporal, lequel affecte la
l’otoscopie. Les infections de l’oreille peuvent position et la fonction tubaire. Examiner les
être douloureuses ; le sujet devient irritable, se sutures pariétomastoïdiennes et occipitomas-
frotte l’oreille, et peut souffrir d’une perte de toïdiennes. Rechercher un aplatissement ou
l’équilibre. Bien que, généralement, les OM une compression de ces zones. La position des
soient tenues responsables des surdités, cela oreilles reflétant la position des os temporaux,
n’a pas été démontré [234]. En revanche, l’asymétrie des oreilles est souvent associée à
lorsqu’elle est présente, la surdité temporaire une asymétrie de la forme crânienne. Les pla-
est légère à modérée et peut causer des retards giocéphalies non synostotiques sont corrélées
dans le développement de la communication avec une plus grande prévalence d’OM.
[235]. Demander si l’enfant a coutume de tirer sur
une oreille. C’est souvent du côté de la com-
Examen clinique et traitement pression des sutures pariétomastoïdienne et
Souvent, les protocoles médicaux sont con- occipitomastoïdienne. C’est aussi le côté de la
troversés. En fait, comme les agents conta- première OM.
gieux responsables des OM sont à la fois Étudier la face. Les faciès avec bouche
viraux et bactériens, les antibiotiques, bien ouverte sont indicatifs de respiration buccale
qu’appropriés pour les infections bactérien- et d’obstruction nasale prédisposant à l’OM.
Les présentations cliniques 307

Le diagnostic et le traitement des dysfonc- drose sphénopétreuse ; la clairance des sécré-


tions de cette zone sont discutés dans ce cha- tions tubaires peut être réduite en présence
pitre dans la partie « Respiration buccale ». d’une restriction de la motilité pétreuse.
Procéder ensuite à l’examen palpatoire. Puis évaluer les os temporaux à la recher-
Commencer en évaluant la colonne thoraci- che de dysfonctions intraosseuses entre les
que supérieure, les côtes et la ceinture scapu- parties pétreuse, squameuse et tympanique.
laire à la recherche de dysfonction somati- Écouter les impulsions rythmiques crânien-
que. Les réflexes viscérosomatiques des voies nes (IRC) au niveau de la portion et du proces-
aériennes supérieures, y compris l’oreille, sus mastoïdes. Favoriser la motilité crânienne
sont situés entre T1 et T4. Les dysfonctions intraosseuse au niveau de la portion et du
somatiques de cette région résultent en une processus mastoïdes peut promouvoir la fonc-
augmentation de l’activité sympathique avec tion des cellules mastoïdiennes.
une vasoconstriction affectant les oreilles, le Examiner le rapport entre la mandibule et
nez et la gorge par les réflexes somatoviscé- les os temporaux. Toute dysfonction tempo-
raux. Les dysfonctions mécaniques de la romandibulaire peut affecter la mobilité des
colonne thoracique supérieure, T1 et T2, os temporaux et les structures myofasciales
côtes associées, du sternum et des clavicules cervicales. Normalement, la trompe auditive
altèrent le drainage lymphatique de la tête et est drainée par la déglutition et le bâillement.
du cou. Ces actions peuvent être altérées par une dys-
Ensuite, évaluer le reste de la cage thoraci- fonction de la mandibule et de son rapport à
que et le diaphragme thoracoabdominal, qui la langue et au palais mou. Normaliser les
en dysfonction peut aussi altérer la circulation dysfonctions identifiées.
lymphatique. Utiliser les principes indirects Le drainage efficace des sécrétions tubaires
pour traiter les dysfonctions identifiées. et des cellules mastoïdiennes est essentiel.
Examiner la région cervicale à la recherche Cette activité peut être stimulée par la techni-
d’une dysfonction somatique. Faire très atten- que de Galbreath et par la procédure du pom-
tion aux articulations occipitoatloïdiennes et page de la portion et du processus mastoïdes.
atlantoaxoïdiennes, aux structures myofascia- La fréquence et l’amplitude des IRC
les pour leur relation avec les nœuds (gan- devraient être si possible contrôlées pendant
glions) lymphatiques et le système vasculaire, les procédures ci-dessus. Le fait de suivre le
et aux muscles sternocléidomastoïdiens pour rythme des IRC pendant le pompage de la
leur relation avec l’os temporal. Traiter les portion et du processus mastoïdes améliore
dysfonctions identifiées. l’efficacité de la procédure. Le traitement spé-
cifique des dysfonctions crâniennes accroît
Évaluer le crâne. Commencer en évaluant
l’amplitude des IRC, améliore la mobilité des
la base crânienne, la SSB et les os temporaux.
fluides et affecte les oscillations de basses fré-
Les articulations des temporaux doivent être
quence dans la physiologie du système ner-
examinées attentivement. Les sutures occipi-
veux autonome.
tomastoïdiennes sont importantes pour leur
influence sur le contenu du foramen jugu-
laire : nerfs crâniens IX, X et XI. Les sutures Conseils aux parents
pétrobasilaires et synchondroses sphénopé- Conseiller aux parents un style de vie sain
treuses sont souvent dysfonctionnelles chez le pour l’enfant. Maintenir un cycle de sommeil
nourrisson. Les dysfonctions de ces articula- régulier. Donner le sein ou le biberon dans
tions affectent la partie pétreuse de l’os tem- une position semi-inclinée et ne pas coucher
poral, où est logée la partie osseuse de la l’enfant au lit avec un biberon. Autant que
trompe auditive. La partie cartilagineuse de la possible, limiter l’usage de la sucette aux
trompe auditive est localisée sous la synchon- moments d’endormissement, et essayer de
308 Ostéopathie pédiatrique

l’éliminer après l’âge de 6 mois. Éviter le taba- Épine nasale de l’os frontal
gisme passif. En baignant le bébé, éviter de Lame perpendiculaire
laisser l’eau entrer dans les oreilles. Lorsque de l’os ethmoïde
l’enfant est plus grand, lui apprendre à se Sinus sphénoïdal
moucher. Proposer un régime équilibré avec Os nasal
Fosse hypophysaire
une hydratation suffisante, en évitant le plus (ou pituitaire)
Cartilage
possible les sucres raffinés. septal
Conseiller aussi une position de sommeil
en décubitus latéral, du côté de l’oreille non
malade. Les parents peuvent également faire
un massage de la région mandibulaire en
appliquant une légère traction tissulaire
depuis la zone placée en avant du tragus
jusqu’au menton. Cela favorise l’ouverture
Crête nasale des os
tubaire et, dans cette position, la gravité faci- maxillaire et palatin
lite le drainage. Ils peuvent aussi caresser Crête incisive Vomer
doucement le pourtour de l’oreille, en parti-
culier au-dessus de la région mastoïdienne. Figure 7.27. Le septum nasal,
Ces actions permettent aux parents de parti-
paroi médiale de la cavité nasale.
ciper au rétablissement de l’enfant, ce qui le
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants,
conforte. Encourager les mimiques avec
production de sons gutturaux, et avec partici- Fig. 8.223, p. 1016.)
pation de la langue, comme lorsqu’on la
fait claquer sur le palais. Toutes les activités
sollicitant l’action des structures myofascia- description de l’anatomie et de la physiologie
les connectées à la trompe auditive contri- des cavités nasales et de la muqueuse qui revêt
buent à son ouverture et facilitent son drai- ses parois est absolument nécessaire pour
nage. comprendre l’étiologie des dysfonctions nasa-
les, et comment les principes ostéopathiques
peuvent être appliqués pour promouvoir la
Rhinites santé de cette région.
Les rhinites sont des inflammations de la
muqueuse nasale. Les rhinites aiguës peuvent Cavités nasales
suivre une infection virale, alors que les rhini- Le nez est divisé par le septum nasal en deux
tes allergiques sont causées par une réponse à cavités nasales qui s’ouvrent vers l’avant, vers
un ou plusieurs allergènes sur un terrain ato- les narines. En arrière, elles s’ouvrent dans le
pique. Les autres classifications incluent les nasopharynx par les orifices postérieurs ou
rhinites vasomotrices et atrophiques. Bien choanes.
que ces affections soient le résultat de diffé- Le septum nasal représente la paroi médiale
rentes étiologies, elles sont toutes affectées de chaque cavité nasale (figure 7.27). Il est
par la présence de dysfonctions somatiques. formé par la lame perpendiculaire de l’eth-
Un des principes ostéopathiques est que le moïde, le vomer, et le cartilage septal.
corps possède une capacité inhérente de se Le toit des cavités nasales est formé en
guérir. Inversement, la présence de dysfonc- avant par l’épine nasale de l’os frontal et les
tions somatiques peut prédisposer l’individu à deux os nasaux (figure 7.28). En arrière des os
développer une rhinite, ou interfère avec les nasaux se trouve la lame criblée de l’eth-
mécanismes d’autorégulation de son corps. La moïde, avec ses multiples perforations pour
Les présentations cliniques 309

Épine nasale de l’os frontal


Lame criblée les nerfs olfactifs. Plus postérieurement, le toit
Ouverture du sinus sphénoïdal des cavités nasales est incliné, formé par la
Os nasaux Aile du vomer partie antérieure du corps sphénoïdal. C’est là
que s’ouvrent les sinus sphénoïdaux de cha-
que côté du septum nasal.
Le plancher des cavités nasales est consti-
tué par la face supérieure du palais osseux
(figure 7.29). Les processus palatins des maxil-
laires forment les deux tiers antérieurs, et les
lames horizontales des palatins le tiers posté-
rieur.
Les parois latérales des cavités nasales pré-
sentent de nombreux éléments (figure 7.30).
Rostre sphénoïdal Elles sont formées en avant par le maxillaire,
Vomer en arrière par l’os palatin, et en haut par le
labyrinthe ethmoïdal et l’os lacrymal. Les cor-
Figure 7.28. Toit de la cavité nasale. nets inférieur, moyen et supérieur constituent
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, la partie la plus centrale de la paroi latérale ;
Fig. 8.225, p. 1016.) par leur forme arrondie, ils augmentent consi-
dérablement la surface des cavités nasales.
L’espace situé en dessous de chaque cornet est
un méat.
Les vestibules du nez, à l’intérieur des
Cartilage narines, sont les parties les plus antérieures
septal Narine
Sinus des cavités nasales (figure 7.31). Les narines
Épine nasale antérieure
maxillaire et les vestibules sont limités latéralement par
Canal incisif les cartilages alaires et latéraux, et média-
Processus palatin
de l’os maxillaire
lement par le cartilage septal et le tissu
conjonctif de la columelle. Le revêtement
cutané des vestibules contient des glandes
sudoripares et sébacées, et des poils raides ou
Crêtes nasales vibrisses qui assurent un premier filtrage de
l’air.

Muqueuse nasale
Lame horizontale L’histologie du revêtement des cavités nasales
de l’os palatin
varie en fonction des zones considérées. À la
Palais mou partie antérieure, le revêtement des vestibules
est continu avec la peau faciale. Au-dessus, au
niveau du bord supérieur des cartilages alai-
res, le limen nasi définit le début d’un revête-
Figure 7.29. Plancher de la cavité nasale.
ment formé par un épithélium transitionnel
(Source : Gray’s Anatomie pour les squameux stratifié non kératinisé qui évolue
étudiants, Fig. 8.224, p. 1016.) en un épithélium cilié pseudostratifié, la
muqueuse respiratoire. Cette muqueuse re-
couvre le reste de la surface des cavités nasa-
310 Ostéopathie pédiatrique

Processus frontal de l’os maxillaire


Os lacrymal
Cornet nasal supérieur
Cornet nasal moyen

Processus uncinatus de l’os ethmoïde


Os nasal

Processus latéral
du cartilage septal

Grand cartilage alaire


Lame ptérygoïdienne médiale
de l’os sphénoïde
Cartilage alaire accessoire Lame perpendiculaire
de l’os palatin
Cornet nasal inférieur

Figure 7.30. Paroi médiale de la cavité nasale.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.226, p. 1017.)

Os nasal
Lame orbitaire de l’ethmoïde

Os lacrymal
Sillon lacrymonasal
Processus frontal
de l’os maxillaire

Cartilage latéral

Bord supérieur
du cartilage septal
Grand
cartilage alaire

Cartilage septal
Cartilages alaires
Narine accessoires

Figure 7.31. Nez. (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.221, p. 1013.)
Les présentations cliniques 311

Processus vaginal – la muqueuse nasopharyngienne se pro-


de la lame ptérygoïdienne longe vers le haut par les canaux lacrymo-
médiale
nasaux vers la conjonctive des yeux.
Canal palatovaginal Aile du vomer Au-dessous, le nasopharynx se continue
Processus sphénoïdal par l’oropharynx, le laryngopharynx et l’œso-
de l’os palatin Vomer
phage. La membrane muqueuse du pharynx
est dans le prolongement de celle qui recouvre
la cavité orale et le larynx, comme de celle
qui, par la trachée et les bronches, se continue
dans les poumons. Ce continuum est un par-
fait exemple de l’interdépendance des diffé-
rentes parties du corps humain et illustre le
concept de l’unité totale du corps.
En fait, la muqueuse respiratoire joue un
rôle primordial dans la physiologie du nez,
Choanes comme dans ses pathologies, dans ce cas les
Cavité orale rhinites. Normalement, la muqueuse sert de
barrière sélective contre l’inhalation d’élé-
Lame horizontale ments pathogènes, rôle essentiel pour la
de l’os palatin défense des voies aériennes. L’épithélium res-
Lame ptérygoïdienne Processus pyramidal piratoire se caractérise par la présence de cel-
médiale de l’os de l’os palatin lules ciliées et de cellules mucipares. Des mas-
sphénoïde tocytes et des lymphocytes de passage,
principalement des lymphocytes T, sont aussi
Figure 7.32. Orifices postérieurs
présents. Sous la membrane basale, un sys-
des cavités nasales ou choanes. tème cellulaire sous-muqueux, adhérent au
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, périoste des os crâniens, renforce l’action pro-
Fig. 8.228, p. 1020.) tectrice de la couche superficielle par ses fonc-
tions de phagocytose, de macrophagie, celles
des immunoglobulines et des médiateurs de
les, sauf la zone olfactive, recouverte par l’épi- l’inflammation. Un film de mucus abondant
thélium olfactif. Cette muqueuse est aussi est produit, auquel peut s’ajouter un exsudat
présente dans d’autres régions du système res- plasmatique, particulièrement dans les états
piratoire supérieur. inflammatoires. Ce film rassemble les particu-
Plusieurs cavités communiquent avec les les et les débris de l’air inspiré pour les drainer.
cavités nasales, avec un continuum de la Presque toutes les particules supérieures à
muqueuse respiratoire nasale : 5 µm et environ 50 % de celles entre 2 et 5 µm
– chaque cavité nasale communique directe- sont collectés. Ces particules finissent soit
ment avec le nasopharynx par son ouver- dans le nasopharynx et l’oropharynx pour
ture postérieure ou choane (figure 7.32) ; être périodiquement avalées, soit dans le ves-
– le nasopharynx communique par les trom- tibule nasal antérieur.
pes auditives avec les cavités tympaniques ; L’activité de balayage mucociliaire dépend
– les sinus paranasaux, c’est-à-dire les sinus de la fonction de battement des cils respira-
maxillaires, sphénoïdaux, frontaux et eth- toires. Leur fréquence est de 1000 fois par
moïdaux, aussi revêtus par une muqueuse minute [241]. Cette activité très fragile est
de type respiratoire, s’ouvrent dans les cavi- soumise à de multiples influences, telles que
tés nasales ; les infections, les propriétés viscoélastiques
312 Ostéopathie pédiatrique

du mucus, l’alcalinisation de l’épithélium des Le conditionnement de l’air est une fonc-


voies aériennes, plutôt stimulante, ou inver- tion nasale primordiale. Pendant l’inspira-
sement son acidification, plutôt inhibitrice tion, l’air contacte la muqueuse nasale, où il
[242]. Une fonction satisfaisante de cette est conditionné à la température et à l’humi-
activité mucociliaire résulte dans un mouve- dité adéquates. Par ailleurs, la surface de
ment constant du mucus. Normalement, le contact entre l’air inspiré et la muqueuse
battement ciliaire propulse les sécrétions vers nasale est augmentée du fait de la forme
l’arrière, en direction du nasopharynx. En arrondie des cornets placés sur les parois laté-
revanche, une dysfonction de ce drainage rales des cavités nasales. Pendant l’expiration,
conduit à une stase et à l’accumulation de une partie de la chaleur peut retourner vers la
sécrétions dans les cavités nasales. Une dys- muqueuse. Quand un individu est dans un
fonction somatique crânienne, en particulier endroit à 23 °C, les cavités nasales réchauffent
des os frontaux, sphénoïde, ethmoïde, maxil- l’air inspiré à 33 °C [244]. L’air est aussi humi-
laires et vomer, qui résulte en la perte de leur difié, et cela permet un échange gazeux dans
motilité inhérente, est une cause possible de les alvéoles pulmonaires qui a lieu à 37 °C et à
stase mucociliaire. Classiquement, les dévia- 100 % d’humidité relative [245]. De ce fait, le
tions septales sont considérées comme d’une conditionnement nasal exige de grandes
grande influence sur la fonction nasale, et quantités de chaleur et d’eau pour condition-
leur déséquilibre tenu pour responsable des ner l’air inspiré, et les vaisseaux capaciteurs
respirations nasales difficiles. Les études his- semblent parfaitement conçus pour remplir
tologiques confirment cette observation ; ce besoin. Ils pourraient aussi opérer comme
une augmentation de l’inflammation, une réservoir de chaleur ou d’eau à court terme.
diminution du nombre des cils et de la den- En fait, des conditions spéciales comme
sité des acinus glandulaires affectent la l’hyperventilation font appel à ces réserves
muqueuse du côté concave de la déviation afin de fournir un refroidissement et une éva-
septale [243]. poration [246]. En présence de circonstances
normales et d’un réseau vasculaire fonction-
■ Vascularisation nel, le nez réussit à réchauffer et à humidifier
l’air inspiré afin de protéger les poumons. En
La vascularisation de l’épithélium respiratoire
revanche, une diminution de la vascularisa-
est particulièrement riche ; elle contribue lar-
tion ou de l’humidification réduit l’efficacité
gement aux fonctions et dysfonctions nasales.
du système de conditionnement des cavités
La muqueuse nasale contient un vaste réseau
nasales [244].
capillaire subépithélial qui fournit des subs-
tances nutritives et de l’eau, dont l’évapora- De surcroît, un vaste système d’anastomo-
tion participe au conditionnement de l’air ses artérioveineuses permet une circulation
inspiré. Ce système vasculaire inclut aussi plu- rapide du sang à travers la muqueuse nasale
sieurs vaisseaux de capacités différentes, des sans réduire la perméabilité nasale. Une
veines, veinules, et sinusoïdes caverneux qui grande quantité de sang artériel peut circuler à
modulent le flux sanguin. La constriction ou travers ces anastomoses, avec un effet de
le relâchement de ces vaisseaux sinusoïdes conduction comparable à celui de l’eau
produit une diminution ou une augmenta- chaude dans un radiateur [241].
tion des surfaces mucosales qui modifie la En fait, l’influence du système circulatoire
perméabilité nasale et règle par conséquent le nasal s’étend au-delà des cavités nasales. Plu-
flux aérien. La plupart des sinusoïdes caver- sieurs mécanismes semblent impliqués dans
neux sont localisés sur le cornet inférieur, qui le refroidissement du cerveau, parmi lesquels
de ce fait peut devenir un site majeur de figure la possibilité d’un processus de convec-
congestion nasale. tion nasale et paranasale. Un transfert de sang
Les présentations cliniques 313

veineux à basse température de la muqueuse adolescents font état de congestion vasculaire


respiratoire vers les structures veineuses du nasale en parlant d’obstruction nasale.
cerveau, comme le sinus sagittal supérieur
entre les os pariétaux, ou le sinus caverneux ■ Cycle nasal
de chaque côté du corps du sphénoïde, favo- Le cycle nasal est une alternance physiologi-
rise la thermorégulation artérielle. Ainsi, les que de la perméabilité nasale entre les deux
sinus caverneux qui drainent le sang veineux côtés. Il a été observé dès l’âge de 3 ans, avec
de la peau faciale et des régions nasale et une durée qui s’étend de 40 à 215 minutes
buccale sont en contact intime avec l’artère [251]. Cette alternance est associée au méca-
carotide interne [247]. La direction du flux nisme central qui règle la prédominance des
dans ces sinus est réversible [206]. Des méca- hémisphères cérébraux. Une augmentation de
nismes à contre-courant sont décrits, avec la l’activité sympathique dans la muqueuse
participation des anastomoses artérioveineu- nasale semble liée à une dominance de l’acti-
ses présentes dans la vascularisation nasale, ce vité sympathique dans l’hémisphère ipsilaté-
qui permet une thermorégulation encore plus ral, et donc à une diminution du flux sanguin
efficace et le refroidissement du cerveau dans et de l’activité mentale dans cet hémisphère
des situations de grande chaleur [248]. En [252].
l’occurrence, des changements de la morpho-
logie craniofaciale adaptatifs aux conditions
climatiques sont observés. Des cavités nasales ■ Innervation
très larges et des sinus paranasaux très grands La modulation de la vascularisation nasale est
sont considérés comme une adaptation qui, réglée par le système nerveux autonome
sous des climats chauds, offrent une surface (SNA). Les nerfs parasympathiques sont vaso-
d’évaporation plus grande et, par conséquent, dilateurs, les nerfs sympathiques sont vaso-
une meilleure capacité de refroidissement, constricteurs. De ce fait, une prédominance
protégeant ainsi le cerveau [249]. Les dysfonc- de l’activité parasympathique cause une vaso-
tions orofaciales peuvent limiter la respiration dilatation et une congestion nasale, alors
nasale et, de ce fait, altérer ces fonctions. qu’une augmentation de l’activité sympathi-
La position du corps affecte aussi la vascu- que produit une vasoconstriction diminuant
larisation nasale. La position en décubitus la résistance nasale au flux aérien.
dorsal augmente la congestion vasculaire, et Les fibres préganglionnaires de la partie
donc diminue le passage de l’air et la capacité crânienne du système nerveux sympathique
du nez de conditionner l’air froid et sec. Inver- proviennent d’axones de corps cellulaires
sement, la position debout diminue la conges- situés dans la substance grise des segments
tion vasculaire [250]. Par conséquent, il est médullaires thoraciques supérieurs. Les fibres
approprié de savoir si le sujet présente une passent par le ganglion cervical supérieur,
augmentation de la congestion nasale quand adjacent à la deuxième et troisième vertèbres
il s’allonge, résultant bien souvent en ronfle- cervicales, où elles font synapse. Les fibres
ment et troubles du sommeil. postganglionnaires se dirigent vers le haut,
Par ailleurs, la vascularisation nasale est suivent le cours de l’artère carotide interne, en
aussi sous influence hormonale, psychoémo- formant le plexus carotidien interne.
tionnelle, et de substances diverses, gaz ou Le nerf grand pétreux, une branche du nerf
molécules inflammatoires qui, une fois en facial (VII), contient les fibres parasympathi-
contact avec la muqueuse nasale, semblent ques préganglionnaires qui cheminent vers le
produire une congestion vasculaire avec ganglion ptérygopalatin (sphénopalatin).
œdème et exsudation de plasma. Il faut Localisé profondément dans la fosse ptérygo-
remarquer que, bien souvent, les enfants et les palatine, entre le processus ptérygoïde et le
314 Ostéopathie pédiatrique

maxillaire, antérieur au canal ptérygoïdien, le autant qu’un système nerveux sensitif bien
ganglion ptérygopalatin est un des principaux réglé. La dysfonction peut conduire à un syn-
ganglions parasympathiques périphériques. drome nasal. En raison de la relation entre le
Au niveau du foramen déchiré, le nerf grand système nerveux sympathique et les segments
pétreux est rejoint par le nerf pétreux profond vertébraux thoraciques supérieurs et les
du plexus carotidien interne (sympathique) deuxième et troisième vertèbres cervicales, et
pour former le nerf du canal ptérygoïdien ou entre le système nerveux parasympathique et
nerf vidien. Ces fibres font synapse dans le le sphénoïde, les os maxillaires ou palatins,
ganglion ptérygopalatin ; les fibres parasym- une dysfonction somatique de n’importe
pathiques postganglionnaires sont sécréto- laquelle de ces régions vertébrales et crânien-
motrices et innervent les glandes de la nes peut entraîner une dysfonction du SNA
muqueuse nasale. avec un impact sur la fonction nasale. De
Le système nerveux sensitif des cavités plus, à cause du rôle du nerf trijumeau dans la
nasales est très dense. Les nerfs sont présents fonction sensitive du nez, en particulier les
dans la muqueuse respiratoire, particulière- première et deuxième divisions, l’os temporal
ment dans les parois veineuses et les acinus devrait être ajouté à cette liste. Les procédures
des glandes. Les glandes sont innervées à la ostéopathiques peuvent être appliquées pour
fois par le parasympathique et des fibres ner- promouvoir l’équilibre du SNA et des fonc-
veuses sensitives. Les nerfs sensitifs sont sen- tions nasales.
sibles aux stimulations mécanique, thermi-
que ou chimique, et les fibres afférentes Mouvement crânien
cheminent dans le nerf trijumeau. La stimula- Comme le reste du crâne, les cavités nasales
tion des nerfs sensitifs induit différents comportent à la fois des structures paires et
réflexes, tels que le réflexe d’éternuement impaires. De ce fait, pendant la phase inspi-
[253]. La stimulation thermique nasale, ratoire du mécanisme respiratoire primaire
comme cela arrive avec l’inhalation d’air froid (MRP), les structures impaires de la ligne
et sec ou humide, produit un réflexe broncho- médiane des cavités nasales, c’est-à-dire le
constricteur nasopulmonaire chez les indivi- sphénoïde, l’ethmoïde, le vomer et le car-
dus sains normaux, qui induit des modifica- tilage septal, démontrent une flexion crâ-
tions de la résistance des voies aériennes nienne ; et les structures paires, c’est-à-dire
[254]. L’activation de terminaisons nerveuses les maxillaires, les palatins, les os nasaux et
sensibles aux températures dans la muqueuse lacrymaux ainsi que les cornets font une
nasale engendre cette réponse, et la diminu- rotation externe. Dans la phase expiratoire
tion du flux aérien par le nez et la trachée du MRP, le mouvement des structures de la
protège les poumons d’un air insuffisamment ligne médiane se déplace en direction de
conditionné [254]. l’extension crânienne, et les structures paires
Plusieurs aspects de la fonction nasale sont font une rotation interne. Ainsi, dans des
régulés par le SNA : conditions d’équilibre, les cavités nasales
– les sécrétions nasales ; suivent chaque cycle du MRP, ce qui résulte
– la fonction mucociliaire ; en un élargissement des cavités pendant
– le flux sanguin ; la flexion-rotation externe de la phase
– la perméabilité microvasculaire ; inspiratoire, et un rétrécissement pendant
– la libération de cellules inflammatoires ; l’extension-rotation interne de la phase expi-
– la perméabilité nasale. ratoire. Fréquemment, les dysfonctions
La modulation et l’équilibre des fonctions somatiques crâniennes suivent des modèles
nasales nécessitent une interaction entre les asymétriques. Ainsi, la cavité nasale sera plus
systèmes sympathique et parasympathique, large d’un côté que de l’autre. Cela peut être
Les présentations cliniques 315

observé par la rhinoscopie, comme en regar- La rhinite aiguë représente une des infections
dant simplement le malade, où l’asymétrie respiratoires supérieures les plus fréquentes.
des caractéristiques faciales peut être notée. Généralement, la rhinite allergique est
L’observation des narines est aussi révéla- considérée comme la maladie allergique des
trice. Une narine est habituellement plus voies aériennes la plus commune, et environ
ouverte que l’autre. Le côté ouvert est le côté 10 % de la population présentent cette affec-
de la rotation externe, alors que l’autre côté tion [241]. En fait, la rhinite allergique est
est associé à la rotation interne. Le patient aussi fréquente chez les enfants ; la plupart du
rapporte souvent une congestion nasale plus temps, elle apparaît la première fois pendant
marquée du côté de la narine la plus fermée, l’enfance ou l’adolescence [256]. Des compor-
et chez les jeunes enfants, les mères signalent tements typiques sont observés avec grimaces
une augmentation des sécrétions nasales de et doigts dans le nez. Normalement, les
ce côté. enfants plus âgés se mouchent, alors que les
L’alternance de flexion et d’extension crâ- plus jeunes reniflent ou se raclent la gorge en
niennes, où toutes les structures sont libres de raison des sécrétions et catarrhe du cavum
suivre ce mouvement, assure une perfusion [257].
tissulaire efficace de la muqueuse nasale. Cela Le plus souvent, les symptômes typiques
favorise aussi un drainage veineux et lympha- associés à la rhinite allergique sont la rhinor-
tique du nez, autant que la clairance des sécré- rhée, l’obstruction nasale, l’éternuement, les
tions des cavités nasales et des sinus. Dans ces prurits oculaire et nasal, et les larmoiements.
conditions, l’inflammation de la muqueuse et Cette pathologie peut résulter d’une exposi-
l’hyperréactivité associée aux rhinites peu- tion à divers allergènes, alimentaires ou envi-
vent être réduites. ronnementaux, comme les pollens, moisissu-
res, poussières, acariens et animaux. Deux
Présentations cliniques groupes sont décrits : la rhinite saisonnière,
Dans les inflammations neurogéniques de la souvent le résultat d’une exposition au pol-
muqueuse des voies aériennes supérieures, len, et la rhinite allergique perannuelle qui
comme la rhinosinusite chronique, les nerfs dure au moins 9 mois de l’année.
sensitifs sont stimulés et des médiateurs sont Les sujets allergiques démontrent une
libérés : histamine, prostaglandines et divers diminution de la capacité de réchauffer et
neuropeptides tels que la substance P [255]. Ils d’humidifier l’air inhalé [245]. Ils sont aussi
peuvent alors causer une vasodilatation, une enclins à développer d’autres maladies des
congestion vasculaire, une extravasation de voies respiratoires comme les sinusites, les oti-
plasma avec œdème, et le recrutement et tes séromuqueuses et l’asthme, qui peuvent
l’activation de cellules inflammatoires. Les être des complications de la rhinite allergique
sécrétions des glandes sous-muqueuses peu- [258]. Bien que les raisons du développement
vent aussi être augmentées. L’exagération de des rhinites allergiques soient incertaines, une
ces réflexes défensifs parasympathiques et prédisposition génétique est parfois proposée
sensitifs forme la base physiopathologique de [257]. Une plus grande sensibilité aux allergè-
la rhinite. nes pourrait prédisposer à développer une
Typiquement, la rhinite aiguë est un des inflammation et une hyperréactivité des
symptômes habituels du rhume, et le résultat muqueuses.
d’une infection virale. De nombreux virus Parmi les nombreuses hypothèses tentant
causent les infections du système respiratoire, d’expliquer les manifestations atopiques figu-
et n’importe quelle région peut être enflam- rent celle de la « microflore ». Les déséquili-
mée, c’est-à-dire le nez, les sinus paranasaux, bres de la microflore normale du tube digestif,
la gorge, le larynx, la trachée et les bronches. dus en particulier à l’utilisation d’antibioti-
316 Ostéopathie pédiatrique

ques et aux changements diététiques des pays sons et les rotations occipitocervicales, cervi-
industrialisés pendant ces deux dernières cales et thoraciques ; noter la présence d’épau-
décennies, pourraient être un facteur de sensi- les tombantes.
bilisation des voies aériennes [259]. De ce fait, De côté, observer les déplacements AP des
les composantes génétiques et microbiotiques colonnes cervicale et thoracique. Il y a sou-
se renforceraient mutuellement comme fac- vent une augmentation de la flexion thoraci-
teurs prédisposant au développement d’une que supérieure et de la lordose cervicale. Dans
hypersensibilité des voies aériennes et à cette position, la tête est ordinairement proje-
l’allergie. tée vers l’avant avec une tension significative
La dysfonction nasale associée aux rhinites placée sur les tissus mous cervicaux anté-
allergiques se manifeste par divers symptô- rieurs. Observer en particulier les structures
mes. La congestion nasale avec diminution de myofasciales submandibulaires et la position
la perméabilité nasale, particulièrement en de l’os hyoïde. L’enfant avec rhinite peut
décubitus dorsal, cause une gêne respiratoire avoir besoin de compenser par une respira-
et des troubles du sommeil. Cela prédispose tion buccale. Selon la chronicité du problème,
au ronflement affectant les adolescents plus il présente la posture typiquement associée à
fréquemment que les adolescentes [260]. Des ce type de respiration à des degrés variables.
symptômes systémiques, comme les maux de L’apparence d’un double-menton et la pré-
tête, l’irritabilité et la fatigue diminuent la sence d’une mandibule tombante sont les
capacité fonctionnelle du sujet. En l’occur- indications d’une respiration buccale chro-
rence, les allergies sont une des principales nique.
raisons pour les jours d’école manqués aux
De face, observer et confirmer les inclinai-
États-Unis [261]. Les performances scolaires
sons et rotations observées de dos. Rechercher
peuvent être moindres du fait de l’inattention
encore la présence d’une respiration buccale
et d’une diminution de la concentration
et les caractéristiques orofaciales associées.
[262]. Par ailleurs, les dégradations physique
Dans ce cas, les enfants présentent un man-
et émotionnelle associées à la condition aller-
que de tonicité de leurs tissus faciaux. La lèvre
gique en font une dysfonction de tout le corps
inférieure est typiquement éversée et la lan-
[263].
gue légèrement avancée. Observer le rapport
Dès lors que la rhinite allergique peut affec-
entre la langue et les dents. Une avancée per-
ter la qualité de vie d’un sujet d’une façon
sistante de la langue entraîne un déplacement
importante, et en raison de son impact écono-
antérieur des incisives supérieures avec un
mique, sa prévention et son traitement sont
surplomb incisif éventuel. Typiquement,
essentiels [261]. Les procédures ostéopathi-
l’enfant avec rhinite allergique présente des
ques peuvent être considérées comme un pré-
tissus faciaux qui manquent de tonicité, en
cieux complément du traitement médical tra-
particulier la région périoculaire, avec des
ditionnel.
yeux gonflés et des cernes. Le nasion est sou-
vent en retrait. À cause de l’absence chroni-
Examen clinique et traitement que de respiration nasale, les structures osseu-
La recherche de dysfonction somatique com- ses des cavités nasales sont hypodéveloppées,
mence en observant la posture globale du avec diminution des orifices narinaires. De
sujet et/ou comment les régions cervicale et plus, chez les enfants qui souffrent constam-
thoracique sont, ou ne sont pas, intégrées ment de congestion nasale, un sillon transver-
dans ce modèle. L’enfant doit être observé de sal peut être observé sur le tiers inférieur du
dos, de côté et de face. nez, à la jonction entre les os nasaux et les
De dos, observer la posture de la partie cartilages. Il résulte du frottement du nez à
supérieure du corps. Rechercher les inclinai- maintes reprises et de la poussée sur la pointe
Les présentations cliniques 317

avec les doigts ou la main, verticalement ou sée par la visualisation attentive des diffé-
latéralement, en réponse au prurit nasal. rentes structures. Les sutures fronto-eth-
Pour la suite de l’examen, la palpation est moïdale, frontomaxillaire, frontonasale et
plus facile avec l’enfant en position de décubi- sphéno-ethmoïdale sont des sites potentiels
tus. Commencer par palper pour la structure de dysfonctions interosseuses.
la région thoracique supérieure, et employer Les rapports entre le vomer et les os sphé-
les tests d’écoute pour évaluer la fonction, noïde, ethmoïde, maxillaires et palatins, de
avec une attention particulière pour le mou- même que l’articulation entre les deux maxil-
vement des vertèbres et des côtes. Examiner laires doivent être testés. Les cartilages nasaux
les clavicules de la même façon. Puis évaluer doivent être évalués dans leur rapport avec les
la colonne cervicale, en particulier les rap- os nasaux et la lame perpendiculaire de l’eth-
ports structuraux et fonctionnels entre l’occi- moïde.
put, C1, C2, C3 et C4. Palper les tissus mous Suivre les principes indirects pour normali-
de cette région, à la recherche d’un tissu œdé- ser les dysfonctions trouvées. Traiter les
mateux. Dans les pathologies respiratoires régions thoracique et cervicale supérieure
supérieures aiguës, le réflexe cervical supé- pour leur action sur le SNA. Traiter les dysfonc-
rieur (occiput, C1), transitant par le triju- tions crâniennes pour leurs effets sur le SNA et
meau, résulte en d’importants changements le système nerveux sensitif, le drainage vei-
tissulaires. Évaluer les tissus cervicaux anté- neux et lymphatique, autant que sur la pro-
rieurs et les structures de la ligne médiane duction et le drainage des sécrétions nasales.
comme l’os hyoïde. Identifier les dysfonc- Le traitement des structures nasales affecte
tions somatiques et les traiter en utilisant les tout le corps par le mécanisme craniosacral.
principes indirects. Le septum nasal est formé par le vomer et la
Examiner la base crânienne. Noter le lame perpendiculaire de l’ethmoïde. En
schéma entre le sphénoïde et l’occiput. La arrière, il est continu avec le septum sphénoï-
compression de la SSB et le strain vertical dal sagittal qui divise le corps du sphénoïde
inférieur sont souvent rencontrés en associa- en deux cavités sinusales. En arrière et en
tion avec des dysfonctions nasales. Noter le haut, il est continu avec la faux du cerveau et
rapport entre l’occiput et les os temporaux. la faux du cervelet. L’ensemble de ces élé-
Visualiser comment ce rapport impacte le ments constituent un septum vertical qui
foramen jugulaire et, par conséquent, le X. sépare les structures paires de la tête, unissant
Évaluer le sphénoïde. Il exerce une influence le viscérocrâne et le neurocrâne et, par le core-
très importante sur l’os frontal et les os link, le crâne au bassin.
faciaux sous-jacents. Évaluer l’os frontal. La muqueuse nasale contient de multiples
Toute restriction de son mouvement résulte terminaisons nerveuses et une dense microvas-
en un mouvement diminué des cavités nasa- cularisation. Pour ces raisons, elle est extrême-
les, et par conséquent de leur drainage. En ment sensible. Le praticien doit s’en souvenir
particulier, la dysfonction de rotation interne pendant l’examen et le traitement. En fait, les
rétrécit l’incisure ethmoïdale et limite le mou- tests d’écoute et les méthodes de traitement
vement de l’ethmoïde sous-jacent. Dans l’éva- selon les principes indirects sont pour cette
luation des rapports entre le sphénoïde, l’os région des techniques de choix. Suivre le MRP,
frontal et les os faciaux par les tests d’écoute, son rythme et sa puissance, et le normaliser si
commencer par évaluer le mouvement global nécessaire peut aider à moduler les dysfonc-
de la région, puis le mouvement de chacun tions autonomiques présentes avec les rhinites,
des os, et finalement leurs rapports interos- tout en réduisant la stase et l’œdème à un
seux. Pendant cette évaluation, une restric- macroniveau dans la muqueuse et à un micro-
tion de mouvement peut être perçue et préci- niveau dans les synapses neuronales.
318 Ostéopathie pédiatrique

Conseils aux parents respiration nasale et, si l’on demande simple-


Classiquement, les rhinites saisonnières et ment à l’enfant de respirer par le nez, la diffi-
chroniques sont déclenchées ou aggravées par culté de l’expérience limite habituellement le
des circonstances environnementales. Dès succès de l’exercice. L’enfant se sentira au
lors, les parents doivent être informés de telles mieux frustré, et au pire pourra éprouver une
circonstances et des substances potentielle- anxiété et une sensation de suffocation. Et il
ment irritantes pour essayer de les identifier et arrêtera de faire ses exercices.
de les éliminer de l’environnement de Commencer en expliquant à l’enfant
l’enfant. Les allergènes les plus communs sont l’importance de la respiration nasale. Expli-
les pollens, certains aliments, moisissures, quer que cette respiration par le nez purifie
poussières et poils d’animaux. Une liste l’air qu’il respire et lui donne plus d’oxygène
détaillée de ces substances peut être trouvée dans le sang, et que cela améliore en retour les
en faisant une recherche sur internet. performances scolaires et sportives.
Des considérations diététiques et des exerci- Après la normalisation crânienne, faire
ces respiratoires peuvent être employés pour souffler l’enfant par le nez, pour prendre
améliorer les fonctions du système immuni- conscience de la sensation du flux nasal. Lui
taire. L’altération de la microflore normale du demander de palper les parties latérales des
tube digestif semble favoriser la sensibilisation cartilages nasaux pendant qu’il respire. Lui
des voies aériennes aux allergènes [259]. Une apprendre à ouvrir activement le nez en
nourriture équilibrée semble donc importante. contractant les muscles dilatateurs des nari-
Les aliments raffinés devraient être évités le nes pendant l’inspiration. Palper le nez pen-
plus possible. En revanche, un régime riche en dant cet exercice renforce la prise de cons-
fruits et légumes frais, avec des antioxydants cience de l’ouverture des narines. Après 2 ou
comme les vitamines C et E devrait être recom- 3 minutes d’essai de respiration nasale active,
mandé. Un régime comportant des probioti- l’enfant devrait observer une différence dans
ques favorisant la croissance bactérienne (Bifi- la sensation du flux nasal. On peut mainte-
dobacterium, Lactobacillus, Bacteroides) peut nant lui demander de répéter ce protocole à la
aussi être envisagé. Cela inclut des prébiotiques maison, 5 minutes au moins 3 fois par jour.
comme l’inuline et l’oligofructose, des hydra- L’apprentissage de la respiration nasale est
tes de carbone présents dans de nombreux complété par l’apprentissage d’une respiration
légumes, fruits et céréales, non digestibles dans avec participation du diaphragme thoracoab-
l’intestin grêle, et soumis à la fermentation dominal. La réussite de ces exercices permet
bactérienne du côlon [264]. L’intolérance au non seulement à l’enfant d’améliorer la fonc-
lactose doit aussi être envisagée. tion respiratoire nasale, mais lui enseigne éga-
Vérifier que le mouchage est efficace. Dès lement le contrôle de sa propre respiration.
l’âge de 2 ans, un enfant peut essayer de se Cela réduira et finalement éliminera la sensa-
moucher. Pour protéger les oreilles et les tion de suffocation expérimentée quand il
sinus, le mouchage se fait une narine après tente de respirer en l’absence de perméabilité
l’autre, si possible dans des mouchoirs à usage nasale, parce que même s’il peut éprouver une
unique. congestion nasale, il est capable de l’alléger.
Les exercices respiratoires ont pour but
d’améliorer la respiration nasale, de promou-
Sinusite
voir le drainage muqueux et de réduire la stase
vasculaire dans la muqueuse nasale. Ils doi- Il est estimé que les enfants ont en moyenne
vent être proposés de telle façon qu’ils puis- de 6 à 8 rhumes par an, et que 5 à 10 % de
sent être exécutés avec succès en évitant de toutes les infections des voies respiratoires
frustrer l’enfant. La congestion nasale altère la supérieures sont compliqués par une sinusite
Les présentations cliniques 319

[265]. L’application des principes ostéopathi-


ques dans le traitement et la prévention des
sinusites chez les enfants est particulièrement
efficace. Ces principes se fondent sur une
compréhension des aspects anatomiques et Sinus
fonctionnels des cavités nasales et des sinus. frontal
Les cavités nasales, leur muqueuse et leurs Cellules
principales caractéristiques sont décrites dans ethmoïdales
le paragraphe « Rhinites » ci-dessus. Nous Lame orbitaire
considérons donc seulement la description de l’os ethmoïde
des sinus paranasaux et la physiopathologie
qui explique leur dysfonction. Sinus
maxillaires

Sinus paranasaux
Racines des molaires
Beaucoup de théories spéculatives existent à supérieures postérieures
propos de la fonction des sinus paranasaux. Il
y a 2000 ans, Galien a proposé l’hypothèse
qu’ils étaient des « os poreux » pour réduire le
poids du crâne. Depuis, d’autres théories ont Figure 7.33. Sinuses aériens paranasaux.
décrit les sinus paranasaux comme des absor- (Source : Gray’s Anatomy for Students,
beurs de choc, des chambres de résonance, Fig. 8.222A, p. 1014.)
des zones de conditionnement aérien, ou
encore comme le résultat d’un processus évo-
lutionniste dans le développement facial. cher de la cavité nasale. Seul le canal lacrymo-
Les quatre sinus aériens paranasaux asso- nasal se draine dans le méat inférieur à la
ciés à chaque cavité nasale sont les sinus eth- partie antérieure de la cavité nasale (fi-
moïdal, frontal, sphénoïdal et maxillaire gure 7.34).
(figure 7.33). Ils s’ouvrent tous dans les parois
latérales des cavités nasales par de petites Chaque labyrinthe ethmoïdal consiste en 3
ouvertures qui diffèrent d’un individu à à 15 cellules d’air, divisées en trois groupes,
l’autre. La paroi latérale de la cavité nasale est antérieur, moyen et postérieur. Les cellules
formée en avant par le processus frontal du ethmoïdales antérieures et moyennes se drai-
maxillaire et l’os lacrymal ; au centre par l’eth- nent dans le méat moyen, tandis que les cel-
moïde, le maxillaire et le cornet nasal infé- lules ethmoïdales postérieures se drainent
rieur ; en arrière par la lame verticale de l’os dans le méat supérieur. Les sinus frontaux
palatin, et la lame médiale du processus pté- sont les plus hauts. Chaque sinus frontal se
rygoïde du sphénoïde. Trois méats localisés développe à partir d’une cellule ethmoïdale
dans cette paroi créent trois passages irrégu- antérieure qui s’étend postérieurement le
liers dirigés d’avant en arrière ; ce sont les long de la partie médiale du toit orbitaire, et
méats supérieur, moyen et inférieur. Le méat latéralement au-dessus de la partie interne du
supérieur est le plus petit. Situé entre les cor- sourcil vers 5 ou 6 ans. De chaque côté, par le
nets supérieur et moyen, il occupe le tiers canal frontonasal et le labyrinthe ethmoïdal,
moyen de la paroi latérale de la cavité nasale. le sinus frontal se draine dans le méat moyen.
Le méat moyen est placé entre les cornets Les sinus maxillaires sont les plus grands. Ils
moyen et inférieur. Le méat inférieur est le forment de grandes cavités pyramidales dans
plus grand des trois. Il repose dans l’espace les corps des maxillaires et se drainent de cha-
compris entre le cornet inférieur et le plan- que côté dans le méat moyen. Les sinus sphé-
320 Ostéopathie pédiatrique

Cornet nasal supérieur Sinus ethmoïdal antérieur

Sinus ethmoïdal postérieur Sinus frontal

Crista galli

Sinus
ethmoïdal
moyen
Cornet
nasal Orifice
moyen du sinus
maxillaire
Orifice dans le hiatus
accessoire semi-lunaire
du sinus
maxillaire
Sinus Nerf infraorbitaire
maxillaire

Processus uncinatus
de l'ethmoïde
Sinus maxillaire
Cornet nasal inférieur

Figure 7.34. Section coronale à travers la cavité nasale, vue d’arrière. Le plan de la section
est plus antérieur du côté droit. (Source : Gray’s Anatomy, Fig. 11.9, p. 1635.)

noïdaux sont dans le corps du sphénoïde, et 5 ans [267], et vers 6 ans, les sinus frontaux se
leurs ouvertures sont sur la partie supérieure sont développés au point qu’ils sont radiogra-
de la face antérieure du corps sphénoïdal. Les phiquement visibles. Vers cette période, la
sinus sphénoïdaux se drainent dans les méats croissance de la masse cérébrale ralentit. La
supérieurs, près du toit des cavités nasales. table interne de l’os frontal est donc stabilisée,
En réalité, la pneumatisation des sinus alors que la table externe est toujours entraî-
paranasaux survient à des rythmes différents, née vers l’avant par la croissance nasomaxil-
avec une grande variabilité entre les indivi- laire. Dès lors, un espace se forme entre les
dus. Pendant le 4e mois de gestation, les sinus deux tables, où le sinus frontal augmente. Les
maxillaires et sphénoïdaux se développent les forces mécaniques associées à la mastication
premiers, suivis des cellules frontales et eth- et l’action des hormones de croissance sont
moïdales qui apparaissent au 6e mois. À la corrélées avec l’augmentation de la taille du
naissance, les sinus paranasaux sont tout sinus [268]. Normalement, le développement
petits. Les cellules ethmoïdales mesurent 2 à sinusal se prolonge jusqu’à la fin de l’adoles-
5 mm de diamètre, alors que les sinus maxil- cence.
laires apparaissent comme des sillons de Les sinus paranasaux sont innervés par les
7 mm de long et 4 mm de large [266]. Le sinus branches du nerf trijumeau (V). L’innervation
sphénoïdal est d’habitude pneumatisé vers des sinus frontal et sphénoïdal provient de
Les présentations cliniques 321

branches du nerf ophtalmique (V1), les sinus et stimule en plus le développement du sque-
maxillaires du nerf maxillaire (V2), et les cel- lette maxillofacial et donc des cavités nasales
lules ethmoïdales des nerfs ophtalmique et [273].
maxillaire. Comme le reste de la cavité nasale, Chez les enfants et les adolescents, les sinus
décrite précédemment, les sinus paranasaux paranasaux sont fréquemment le siège d’une
sont revêtus par une muqueuse respiratoire, infection. La sinusite la plus commune est la
comportant des cellules ciliées et mucipares, sinusite maxillaire, suivie de la sinusite eth-
et qui est continue avec le reste des voies moïdale, puis frontale. La tendance à dévelop-
respiratoires. per une sinusite peut être expliquée partielle-
ment par l’anatomie. Pour préserver l’intégrité
Fonction et dysfonction du sinus, la ventilation joue un rôle essentiel.
Les sinus paranasaux semblent être une En fait, les sinus maxillaires sont ventilés, mais
source de la production de monoxyde d’azote leur osmium, placé à la partie supérieure des
(NO) nasal. Les mammifères qui n’ont pas de parois latérales des cavités nasales, ne facilite
sinus paranasaux, comme les babouins, dé- pas l’action de la gravité pour leur drainage et,
montrent de moindre concentration d’exha- de ce fait, prédispose aux infections des sinus
lation de cette molécule [269]. Le NO est maxillaires. À l’inverse, le sinus frontal, aussi
impliqué dans la vasodilatation, la transmis- ventilé, présente un osmium à sa base, et pour
sion neurale, l’activité immunologique, et cette raison profite complètement de la gravité.
semble aussi participer à la défense locale de La sinusite sphénoïdale survient rarement
l’hôte, avant même que l’allergène atteigne la comme une infection isolée, mais le plus sou-
muqueuse respiratoire. Le NO peut aussi vent fait partie d’une infection sinusale glo-
régler la motilité mucociliaire de la muqueuse bale.
respiratoire, participant de cette façon au drai- Typiquement, les infections virales des
nage des sécrétions nasales et aux mécanismes voies respiratoires supérieures entraînent une
de défense de la muqueuse. À partir des sinus inflammation de la muqueuse nasale et des
paranasaux, le NO semble aussi jouer des sinus, ce qui produit une rhinosinusite [274].
fonctions à distance. À travers la respiration En revanche, les infections bactériennes avec
nasale normale, le NO est constamment drainage nasal purulent sont plus souvent
excrété dans les voies aériennes supérieures, localisées dans les sinus paranasaux [267].
agissant comme un messager « autocrine » Une rhinosinusite virale précède 80 % des
[270]. Il suit le flux aérien vers les poumons, infections sinusales bactériennes, et les 20 %
où il module la fonction pulmonaire, par la restants suivent le plus souvent une rhinite
régulation du flux sanguin et de l’absorption allergique [265]. Une persistance de symptô-
d’oxygène [271]. Dès lors, la respiration mes nasaux, tels que décharge ou congestion
nasale devient donc cruciale pour ces fonc- nasale, toux et maux de tête, particulièrement
tions vitales. Quand la respiration nasale est au réveil, pour plus de 30 jours définit la sinu-
comparée à la respiration orale, chez des indi- site chronique.
vidus sains, elle résulte en une amélioration L’ostium sinusal est une structure que pré-
de l’oxygénation artérielle [272], avec une sentent tous les sinus paranasaux. Sa fonction
réduction de la résistance vasculaire pulmo- est comparée à celle de la trompe auditive. Les
naire. De cette façon, le NO peut être un mes- deux participent au drainage. Les ostiums des
sager aérien. Il est d’une importance primor- sinus permettent le drainage des sinus parana-
diale d’améliorer la respiration nasale chez les saux, alors que les trompes auditives drainent
bébés et les enfants, et ce le plus tôt possible. les cavités tympaniques [275]. Donc, en sui-
La respiration nasale participe au développe- vant les mêmes principes que ceux utilisés
ment de conditions optimales pour la santé, pour traiter les otites, les procédures ostéopa-
322 Ostéopathie pédiatrique

thiques peuvent être appliquées sur les os des meau et, par son intermédiaire, les réflexes
sinus paranasaux afin d’améliorer leur com- sympathique et parasympathique. De plus,
pliance et de promouvoir le drainage sinusal. les dysfonctions somatiques dans la colonne
Le plus souvent, les techniques interosseuses cervicale et thoracique supérieure peuvent
et intraosseuses pour les os frontal, ethmoïde, affecter l’activité sympathique tout autant
sphénoïde et maxillaires sont très efficaces que le drainage lymphatique de la région
dans le traitement de la sinusite. faciale. Comme toujours, un mouvement
Normalement, la taille des ostiums sinu- normal des structures squelettiques, une
saux est d’environ 2,4 mm [276]. Les ostiums motilité ciliaire satisfaisante, et l’équilibre du
sont recouverts d’une muqueuse dont contrôle autonomique sont nécessaires pour
l’inflammation et l’œdème peuvent dimi- une fonction satisfaisante des voies aériennes
nuer ou occlure leur perméabilité, et par supérieures.
conséquent le drainage du sinus. L’obstruc- Il faut se souvenir qu’une dysfonction
tion de l’ostium d’un sinus paranasal produit somatique crânienne, bien que se produisant
tout d’abord une augmentation de la pres- très tôt dans la vie, ne peut se manifester que
sion dans le sinus. Puis cela est suivi d’une beaucoup plus tard. Près de 1 % des nouveau-
absorption intrasinusale de gaz qui entraîne nés accouchés par voie basse présentent une
par conséquent une pression négative dans asymétrie du septum nasal par compression
le sinus. Cette situation prédispose à l’aspira- de la pointe du nez [278]. Une déviation du
tion des sécrétions de la cavité nasale, riches septum nasal peut affecter le cornet moyen et
en bactéries, dans les sinus ethmoïdaux ou prédisposer à l’obstruction des méats [275].
maxillaires, en particulier quand le sujet Parmi les soins apportés aux nourrissons,
renifle ou se mouche [275]. Un drainage défi- l’aspiration nasale peut aussi être traumati-
cient engendre une stase de mucus dans le sante pour les muqueuses. Tout accouche-
sinus qui se transforme à son tour en un ment difficile entraîne des risques de dysfonc-
bouillon de culture idéal pour les bactéries. tion somatique de la base crânienne et de la
Cela est suivi d’encore plus d’inflammation, colonne vertébrale. Pour toutes ces raisons,
avec un état qui se perpétue jusqu’à la chro- une évaluation ostéopathique de tout le corps
nicité. et les normalisations appropriées devraient
En fait, une dysfonction somatique peut être exécutées chez le nouveau-né, avec une
aussi contribuer à une altération des sécré- attention spécifique sur les os de la face et sur
tions nasales. La stimulation du parasympa- le nez. Laissées sans traitement, les dysfonc-
thique résulte en une vasodilatation et une tions somatiques de la face peuvent entraver
augmentation de l’activité des cellules muci- le développement des sinus paranasaux. De
pares, avec des symptômes comme la conges- plus, une obstruction nasale conduit à la res-
tion nasale et la rhinorrhée. Inversement, piration buccale et aux troubles du sommeil
une augmentation de l’activité sympathique qui lui sont associés [273]. Des maux de gorge
produit une vasoconstriction et une séche- et sinusites peuvent compléter cette présenta-
resse des muqueuses nasales [277]. Les dys- tion clinique. Fréquemment, l’obstruction na-
fonctions somatiques crâniennes des os sale est associée à la sinusite maxillaire chro-
maxillaire, palatin et sphénoïde peuvent nique, l’hypertrophie amygdalienne, l’otite
affecter le ganglion ptérygopalatin, ainsi que de l’oreille moyenne, tout autant qu’avec la
l’innervation parasympathique et sympathi- malocclusion dentaire et les troubles du déve-
que du nez et des sinus paranasaux (voir para- loppement facial [220].
graphe « Rhinite »). Les dysfonctions de la Plus tard pendant l’enfance et l’adoles-
base crânienne et de la charnière craniocervi- cence, une dysfonction somatique peut être la
cale affectent par voie réflexe le nerf triju- conséquence de forces traumatiques subies
Les présentations cliniques 323

lors de chutes, accidents sportifs ou autres. dant que le maxillaire démontre simultané-
Dans ce cas, selon les forces subies, la dysfonc- ment une composante de rotation posté-
tion peut se surajouter au schéma postural rieure. L’inverse se produit pendant la ro-
fondamental du sujet ou établir un nouveau tation interne. Cela ressemble à un petit mou-
schéma complètement indépendant. Les dys- vement d’essorage de tissus.
fonctions somatiques des os de la face et de la
Les os zygomatiques sont une interface
région thoracique supérieure sont particuliè-
entre la grande aile du sphénoïde, le maxil-
rement importantes dans le développement
laire, le frontal et les os temporaux. Leur posi-
et l’entretien de la dysfonction sinusale.
tion est stratégique et ils jouent un rôle pri-
mordial dans l’équilibre de la face. Le vomer
Mouvement crânien est localisé entre le corps sphénoïdal et le
La respiration crânienne du MRP diffère de la palais dur. Son bord inférieur s’articule anté-
respiration thoracoabdominale. Cependant, rieurement avec la suture intermaxillaire,
ces deux respirations peuvent s’entraîner entre les processus palatins des maxillaires, et
l’une l’autre. Cela se produit durant les phases postérieurement avec la suture interpalatine
de relaxation, lorsque la fréquence de la respi- entre les lames horizontales des os palatins.
ration pulmonaire diminue et tend à se met- Pendant la flexion ou inspiration crânienne,
tre en phase avec celle de la respiration pri- le vomer démontre une rotation postérieure,
maire. De cette façon, les deux respirations pendant que le corps du sphénoïde tourne en
peuvent combiner leur action, affectant rotation antérieure. Inversement, le vomer
l’ensemble du corps. Ce principe est primor- tourne en rotation antérieure pendant
dial au niveau des voies aériennes supérieures, l’extension ou expiration crânienne, pendant
pour promouvoir le mouvement des sécré- que le corps du sphénoïde tourne en rotation
tions nasales, les échanges gazeux et le draî- postérieure. En conséquence, Sutherland a
nage veineux et lymphatique. déclaré : « During inhalation the zygomatic
Le mouvement crânien normal associé au bones and the vomer fonction somewhat like a
MRP consiste en une phase inspiratoire, la plumber’s plunger on the sphenoidal sinus and
flexion-rotation externe, pendant laquelle les the maxillary sinuses » [279] (« Pendant l’inspi-
sinus paranasaux comme toutes les structures ration, les os zygomatiques et le vomer fonc-
paires s’expansent latéralement et diminuent tionnent un peu comme une ventouse de
de hauteur. Inversement, pendant la phase plombier sur le sinus sphénoïdal et les sinus
expiratoire du MRP, l’extension-rotation maxillaires »).
interne, les sinus diminuent de largeur et leur
Chaque composante du squelette facial est
hauteur augmente.
impliquée et doit être évaluée. Même les plus
Pendant l’inspiration crânienne, les os
petites structures devraient être considérées.
maxillaires et zygomatiques se déplacent en
« See the turbinates on the side of the nose as they
rotation externe, mais en même temps, une
are in the living body, curling and uncurling
légère torsion se produit entre eux, favorisant
during inhalation and exhalation » [280]
le drainage du sinus maxillaire. Le mouve-
(« Regardez les cornets sur le côté du nez tels
ment de chacun des os peut être décrit
qu’ils sont chez le sujet vivant, s’enroulant et
comme le résultat de mouvements combinés
se déroulant pendant l’inspiration et l’expira-
dans les trois plans de l’espace, en association
tion »).
avec le MRP biphasique. La torsion entre l’os
zygomatique et le maxillaire se produit essen- Le traitement des sinusites a comme objec-
tiellement dans le plan sagittal. Pendant la tif de promouvoir le MRP. Pour cela, les mou-
rotation externe, l’os zygomatique démontre vements des structures osseuses comme la
une composante de rotation antérieure, pen- puissance du MRP doivent être considérés.
324 Ostéopathie pédiatrique

Examen clinique et traitement fonctions qui réduisent le mouvement des os


Le traitement manipulatif des dysfonctions sphénoïde, ethmoïde, vomer, maxillaires,
somatiques associées aux sinusites doit être palatins, zygomatiques, et des cornets.
employé conjointement aux traitements Observer la face de l’enfant en recherchant
médicaux appropriés. Le plus tôt ces procédu- des zones bouffies dans la région nasale. Noter
res sont employées, meilleures sont les chan- l’asymétrie des narines et la présence d’une
ces de succès. L’échec d’un traitement de sinu- respiration nasale asymétrique. Comparer le
site chronique peut perturber la croissance du degré de mobilité des ailes du nez durant l’ins-
viscérocrâne. La respiration nasale sera altérée piration nasale. Inspecter les cavités nasales,
avec malposition concomitante de la langue et noter la présence de sécrétions, d’œdème et
résultant en malocclusion dentaire. d’érythème de la muqueuse. Observer l’enfant
L’examen ostéopathique et le traitement pour repérer une posture de bouche ouverte,
des sinusites sont très similaires à ceux des indiquant peut-être une hypertrophie amyg-
rhinites. L’examen cherche à identifier les dalienne ou tonsillaire. Écouter la voix de
dysfonctions somatiques qui affectent la clai- l’enfant permet aussi de définir les zones de
rance mucociliaire normale, entravent la cir- restriction.
culation sanguine et lymphatique, de même Utiliser les tests d’écoute pour évaluer les os
que la fonction du SNA. Pour cela, le lecteur sphénoïde et frontal. Puis tester les os de la
peut se référer au paragraphe « Rhinite », face, avec une attention particulière à l’eth-
ci-dessus. moïde, aux maxillaires et aux os zygomati-
Le traitement manipulatif des sinusites ques. La fonction du vomer, des os palatins et
doit rechercher une réduction de l’œdème des cornets peut aussi être considérée.
muqueuses pour augmenter la perméabilité Les os zygomatiques sont facilement acces-
des ostiums. Les procédures doivent aussi sibles et leur manipulation donne d’excellents
drainer les sinus pour apporter un soulage- résultats dans le drainage des sinus maxillai-
ment symptomatique. Enfin, l’activité réflexe res. Cette procédure est simple (voir chapi-
somatoviscérale sympathique et parasympa- tre 6). De plus, la normalisation du zygomati-
thique qui affecte les sinus doit aussi être prise que a des effets sur l’os maxillaire ipsilatéral et
en compte. la grande aile du sphénoïde.
L’innervation sympathique des sinus para- Le mouvement du sphénoïde doit être
nasaux provient de la colonne thoracique évalué. Il exerce une influence significative
supérieure. En fait, dans l’examen de l’enfant sur les os de la face et sur le drainage spécifi-
ou de l’adolescent qui présente une sinusite, il que des sinus sphénoïdaux. Fréquemment,
est très facile de se focaliser sur les dysfonc- l’os ethmoïde est dysfonctionnel chez les
tions du viscérocrâne et d’oublier cette région enfants et les adolescents, et il doit donc être
essentielle. Pour autant, chez l’enfant, il est évalué dans ses rapports avec les os frontal,
moins intrusif de commencer par une zone sphénoïde et maxillaires. Un mouvement
éloignée de la face. Procéder aux tests d’écoute libre de l’ethmoïde est nécessaire pour
pour évaluer le mouvement des vertèbres tho- faciliter le drainage des cellules d’air ethmoï-
raciques supérieures et des côtes associées. En dales.
raison de son rapport avec le nerf trijumeau, Le mouvement intraosseux et interosseux
la charnière occipitocervicale doit aussi être des maxillaires doit être évalué pour son
évaluée. importance dans le drainage des sinus maxil-
Sous l’influence du MRP, le mouvement laires. En plus, conjointement avec le proces-
rythmique des os crâniens facilite le drainage sus ptérygoïde du sphénoïde et l’os palatin, il
des sinus. Dès lors, il est nécessaire d’exami- forme la fosse ptérygopalatine, où est localisé
ner l’ensemble du crâne pour définir les dys- le ganglion ptérygopalatin (sphénopalatin).
Les présentations cliniques 325

Toute dysfonction de ces os peut affecter le n’importe lequel de ces os peut impacter le
ganglion et ses effets sur les sécrétions des sinus associé. L’application d’un pompage
muqueuses. spécifique sur un ou plusieurs os concernés
Dans la fonction de drainage des sinus para- facilite le drainage de leur sinus. Positionner
nasaux, la contribution du vomer est très le patient en utilisant la gravité facilite aussi le
importante. Son évaluation est souvent prati- drainage des sinus paranasaux. Ainsi, le drai-
quée avec un doigt intraoral. Chez les jeunes nage du sinus frontal est plus efficace dans la
enfants, cette procédure ne doit être faite que si position assise ; le drainage du sinus sphénoï-
cela est absolument nécessaire et, dans tous les dal, dans la position assise avec la tête du
cas, avec la plus grande délicatesse. Le praticien patient penchée en avant ; le drainage du
ne doit jamais tenter une palpation intraorale sinus maxillaire, en décubitus dorsal avec la
du vomer si l’enfant n’est pas complètement tête du patient tournée du côté opposé au
coopératif. Une procédure alternative consiste sinus à être drainé pour qu’il soit en haut.
à visualiser le vomer pendant la palpation du En traitant le vomer, si l’enfant résiste à
bord antérieur du cartilage septal nasal. l’approche intraorale, une sucette peut être
Traiter toute zone de dysfonction. Le traite- utilisée. En permettant à l’enfant de sucer
ment est normalement exécuté en continuité activement la sucette, la pression intraorale de
avec l’évaluation. Comme les procédures de la langue et de la sucette sur le toit de la cavité
traitement indirectes sont préférentiellement orale peut être employée pour mobiliser le
utilisées chez les enfants et les adolescents, le vomer, pendant que le praticien travaille sur
traitement efficace d’une zone entraîne la les os sphénoïde et ethmoïde adjacents.
détente du patient, ce qui facilite le traite-
ment des zones suivantes. De plus, dans la
Conseils aux parents
pratique des techniques indirectes, les répon- Comme toujours, des conseils sur l’hygiène
ses des tissus sont continuellement contrô- de vie doivent être proposés. Insister sur
lées, et donc, dans les affections aiguës, la l’importance d’un régime équilibré avec une
tolérance du malade à la procédure est aussi hydratation suffisante et le moins possible
continuellement sous contrôle. Les tissus dic- d’hydrates de carbone raffinés.
tent le traitement ; ils dirigent les actions et Des exercices respiratoires peuvent être
déterminent le dosage. enseignés, avec respiration nasale et diaphrag-
La région thoracique supérieure doit être matique. Les activités vocales comme chanter
traitée pour ses effets sympathiques somato- et fredonner peuvent être employées avanta-
viscéraux, afin de faciliter le drainage lympha- geusement pour augmenter la ventilation des
tique de la tête et du cou et pour des raisons sinus [281].
fonctionnelles, parce que c’est la base sur
laquelle reposent les structures sus-jacentes. Pharyngites et tonsillites
La charnière occipitocervicale doit être traitée
pour son influence réflexe sur le nerf triju- Pharynx
meau et son rapport à la base crânienne. Le Le pharynx est un demi-cylindre musculo-
sphénoïde, les os frontal et facial doivent être membraneux qui connecte les cavités nasale
traités pour leur effet direct sur les sinus para- et orale avec le larynx et l’œsophage (fi-
nasaux. gure 7.35). Il s’étend de la base du crâne à la
Les sinus paranasaux sont des cavités sixième vertèbre cervicale où il se joint à
intraosseuses, et leur drainage est dépendant l’œsophage. Le pharynx est divisé en trois
de la motilité inhérente de leurs os respectifs, parties :
frontal, sphénoïde, ethmoïde et maxillaires. – le nasopharynx, localisé au-dessus du palais
Dès lors, toute dysfonction intraosseuse de dur ;
326 Ostéopathie pédiatrique

Cavités nasales Choanes Isthme du gosier partie basilaire de l’occiput où elle se mêle aux
fibres controlatérales.
La partie antérieure de la paroi pharyn-
Nasopharynx gienne n’est pas continue. En fait, elle présente
Ostium des insertions multiples : sur la lame médiale
intrapharyngien du processus ptérygoïde, le raphé ptérygoman-
Oropharynx dibulaire, la mandibule, la langue, l’os hyoïde,
Cavité Palais mou et les cartilages thyroïde et cricoïde.
orale (voile du palais)
Entrée du larynx
Six muscles contribuent à la constitution
des parois pharyngiennes (figures 7.37). Les
Larynx Laryngopharynx constricteurs du pharynx supérieur, moyen et
inférieur sont des muscles bilatéraux, qui pro-
Niveau vertébral CVI
duisent une constriction de la cavité pharyn-
Trachée
gienne. De chaque côté, trois muscles longitu-
dinaux, les muscles stylopharyngien,
Œsophage salpingopharyngien et palatopharyngien, élè-
vent la paroi pharyngienne et participent à la
Figure 7.35. Pharynx. déglutition. Les fibres des trois constricteurs
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, s’étalent en éventail vers l’arrière où elles se
Fig. 8.186, p. 980.) mêlent au raphé pharyngien médian, une
bande fibreuse attachée à sa partie supérieure
– l’oropharynx, qui s’étend du palais dur à la sur le tubercule pharyngien de la partie basi-
base de l’épiglotte ; laire de l’occiput. Le raphé pharyngien des-
– le laryngopharynx, de la base de la langue cend au niveau de la sixième vertèbre cervi-
au larynx. cale où il se confond avec la paroi postérieure
de l’œsophage. Un mince espace rétropharyn-
L’oropharynx peut être encore sous-divisé gien, rempli de tissu aréolaire lâche, sépare le
en rétropalatal ou vélopharynx du palais dur pharynx de la partie cervicale de la colonne
au bord caudal du palais mou, et en rétroglos- vertébrale et du fascia prévertébral recouvrant
sal de la limite la plus inférieure du palais mou les muscles longs du cou et longs de la tête
à la base de l’épiglotte. (figure 7.38).
La paroi pharyngienne consiste en une Voie de passage à la fois pour l’air et la
couche muqueuse interne, une couche nourriture, le pharynx est aussi un carrefour
fibreuse intermédiaire, et une couche externe qui communique avec sept cavités : les deux
de muscle squelettique. Dans la partie supé- cavités nasales, la bouche, le larynx, les deux
rieure du pharynx, la partie la plus épaisse de cavités tympaniques, et l’œsophage. Les cavi-
la couche fibreuse intermédiaire de la paroi tés nasales s’ouvrent postérieurement dans le
pharyngienne est le fascia pharyngobasilaire, nasopharynx par les choanes, la cavité orale
fermement attaché à la base du crâne (fi- s’ouvre également postérieurement par
gure 7.36). Cette insertion a la forme d’un U l’isthme oropharyngien, et le larynx s’ouvre
irrégulier. La partie antérieure s’insère sur le supérieurement dans le laryngopharynx par
bord postérieur de la lame médiale du proces- le vestibule laryngé. La trompe auditive
sus ptérygoïde du sphénoïde. Puis, elle se s’ouvre latéralement dans la paroi du naso-
courbe sous les parties cartilagineuses des pharynx, en arrière du méat nasal inférieur,
trompes auditives, et s’insère sur la partie par l’ostium pharyngien, en arrière duquel se
pétreuse de l’os temporal ; elle se continue situe le récessus pharyngien (fossette de
ensuite jusqu’au tubercule pharyngien de la Rosenmüller) (figure 7.38).
Les présentations cliniques 327

Choanes (ouvertures postérieures


des cavités nasales)
Lame médiale du processus Hamulus ptérygoïdien
ptérygoïde de l’os sphénoïde
Fosse scaphoïde de l’os sphénoïde
(pour l’insertion du muscle
tenseur du voile du palais)
Partie pétreuse de l’os temporal

Zone de rugosité sur la partie pétreuse Partie cartilagineuse


de l’os temporal pour l’insertion de la trompe auditive
du muscle élévateur Canal carotidien
du voile du palais
Foramen jugulaire

Méat acoustique externe


Tubercule pharyngien Ligne d’insertion du pharynx

Figure 7.36. Insertions pharyngiennes sur la base du crâne.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.187, p. 980.)

Tonsilles majeure partie de l’anneau de Waldeyer. Les


La couche muqueuse interne de la cavité pha- tonsilles palatines sont paires et localisées
ryngienne est continue avec celle de la cavité dans les parois latérales de l’oropharynx, dans
orale et du larynx, et avec le revêtement des les fosses tonsillaires, en arrière de la base de la
cavités nasales et de la trompe auditive. La langue entre les piliers antérieurs et posté-
première ligne de défense contre les agents rieurs, respectivement les arcs palatoglosses et
pathogènes inhalés ou ingérés est une collec- palatopharyngiens. Elles peuvent être obser-
tion de tissu lymphoïde organisée selon un vées la bouche ouverte, avec la langue abais-
mode circulaire sur les parois de la gorge, sée (figure 7.39). Chez le nouveau-né, elles
l’anneau lymphoïde de Waldeyer. Cet anneau sont légèrement plus hautes ; elles descendent
est formé par les tonsilles pharyngienne, pala- pendant les deuxième et troisième années. Les
tines, linguales et tubaires, auxquelles s’ajoute tonsilles linguales consistent en de multiples
le tissu lymphoïde les séparant. nodules lymphoïdes situés sur le tiers posté-
rieur de la langue ; les petits nodules supplé-
La tonsille pharyngienne est localisée sur la mentaires placés sous la muqueuse tubaire
voûte de la paroi supérieure du pharynx, des- forment les tonsilles tubaires.
cendant plus ou moins bas sur la paroi posté- Au fur et à mesure que se développe la
rieure, juste en arrière des choanes et en maturation immunitaire, pendant les premiè-
dedans des ostiums pharyngiens des trompes res années de vie, la tonsille pharyngienne
auditives. En fait, la tonsille pharyngienne est grossit pour atteindre un volume maximum
située à l’endroit où la muqueuse recouvre la vers 6 ans. Puis, elle commence à involuer
partie inférieure du corps sphénoïdal et la par- jusqu’à presque complètement s’atrophier à la
tie basilaire de l’os occipital (figure 7.38A). puberté. Quand cette tonsille pharyngienne
Elle forme avec les tonsilles palatines la est hypertrophiée, jusqu’à devenir obstruc-
328 Ostéopathie pédiatrique

Position du sphincter palatopharyngien à la


face profonde du muscle constricteur supérieur Tubercule
Fascia pharyngien pharyngien

Processus
Constricteur supérieur styloïde
Ligament
Constricteur moyen stylohyoïdien
Muscle
stylopharyngien

Raphé
Constricteur inférieur pharyngien

Œsophage

A B
Muscle tenseur Partie cartilagineuse
du voile du palais de la trompe auditive
Muscle élévateur Sphincter
du voile du palais palatopharyngien

Muscle Muscle
stylopharyngien salpingopharyngien
Muscle
palatopharyngien
Muscle constricteur
supérieur
Muscle
Tonsille palatine stylopharyngien
Muscle constricteur
moyen Muscle
constricteur inférieur
C D
Figure 7.37. Muscles pharyngiens.
Muscles constructeurs du pharynx A. vue latérale, B. vue postérieure.
Muscles longitudinaux du pharynx, C. muscle stylopharyngien vue latérale, D. vue médiale
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.189 A, B, p. 982 et 8.190 A et B p. 984.)
Les présentations cliniques 329

Torus tubaire
Tonsille pharyngienne
Cavité nasale Récessus pharyngien
Torus de l’élévateur
(repli soulevé par l’élévateur
du voile du palais)
Repli recouvrant
le sphincter
palatopharyngien
Arc palatoglosse
(rebord de l’isthme du gosier) Pli salpingopharyngien
Tonsille palatine
Nasopharynx
Arc palatopharyngien
Oropharynx (repli soulevé par le muscle
Laryngopharynx palatopharyngien)
Langue
Ouverture du larynx

Tonsilles linguales
Vallécule
A
Choanes Tonsille pharyngienne

Œsophage
Trachée
Récessus pharyngien Torus tubaire
Torus de l’élévateur
Palais mou
Vallécules (en avant de l’épiglotte)
Pli salpingopharyngien
Isthme du gosier Tonsille palatine
Arc palatopharyngien
Tonsille linguale
Récessus piriforme

Ouverture laryngée

Œsophage

Figure 7.38. A. Section sagittale des régions orale et pharyngienne chez l’adulte.
B. Vue postérieure avec la paroi pharyngienne ouverte.
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.192 A, B, p. 987.)
330 Ostéopathie pédiatrique

Palais dur

Aponévrose palatine
du palais mou

Muscle palatoglosse
(soulève l’arc
palatoglosse
de la muqueuse)

Luette
(uvule palatine)

Figure 7.39. Tonsilles palatines situées sur la paroi latérale de l’oropharynx,


observées bouche ouverte, la langue abaissée.
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.246, p. 1038.)

tive, elle est nommée « végétations adénoï- de synthèse des anticorps, en particulier les
des » ; les « amygdales » sont habituellement immunoglobines E (IgE) [282]. Les tonsilles
le nom commun pour les tonsilles palatines. pharyngienne et palatine sont des sources
L’anneau tonsillaire de Waldeyer est loca- majeures de lymphocytes T essentiels au sys-
lisé à un endroit stratégique où les nombreux tème immunitaire, et de lymphocytes B pour
antigènes, véhiculés par la nourriture et/ou la synthèse d’immunoglobulines [283]. Ainsi,
l’air inspiré entrent en contact avec le corps. la tonsille pharyngienne participe à la tolé-
Dès lors, il joue un rôle essentiel dans le sys- rance immunitaire périphérique [284].
tème immunitaire, à la fois comme site de Le plus souvent, l’hypertrophie tonsillaire,
reconnaissance des antigènes et comme site avec parfois des tonsilles très enflammées,
Les présentations cliniques 331

résulte d’infections bactériennes, moins fré- noïdes et/ou des tonsilles palatines par an, en
quemment virales. Les infections bactériennes dépit d’une thérapie médicale suffisante »
sont fréquemment des infections à streptoco- [288] Les adénoïdectomies sont actuellement
ques, habituellement du groupe A, les plus une des opérations les plus fréquemment exé-
virulents pour l’espèce humaine. Le diagnostic cutées sur les enfants aux États-Unis [227,
différentiel entre une infection virale ou bacté- 289].
rienne fondé seulement sur l’examen physi- À côté des infections bactériennes et vira-
que est difficile. L’infection tonsillaire est les, les allergies telles les rhinites allergiques
caractérisée par une gorge endolorie, doulou- sont considérées comme des facteurs prédis-
reuse, en particulier pendant la déglutition, posant communément à l’hypertrophie adé-
avec parfois atteinte des oreilles. Des maux de noïdienne [290]. La continuité entre la cou-
tête, vomissements et fièvre élevée peuvent che muqueuse de la cavité pharyngienne et
être associés. Les infections bactériennes sont des cavités nasales et orale, du larynx, de la
correctement traitées avec les antibiotiques cavité tympanique, et de l’œsophage explique
appropriés et, dans ce contexte, le diagnostic le rapport et la diversité des présentations cli-
et le traitement des dysfonctions somatiques niques dans les affections allergiques.
doivent être considérés comme adjuvants. C’est surtout au niveau de la tonsille pha-
Habituellement, la pharyngite, une inflam- ryngienne que se manifeste le plus l’hyper-
mation aiguë du pharynx, est le résultat d’une trophie tonsillaire dans l’élaboration des dé-
infection virale, bien qu’elle puisse être bacté- fenses immunitaires. Très fréquemment dans
rienne. Les membranes muqueuses pharyn- l’enfance, une obstruction chronique des
giennes peuvent être enflammées avec des voies respiratoires nasales se développe, con-
exsudats purulents. Des maux de gorge et duisant à une posture bouche ouverte et à une
douleur à la déglutition sont aussi présents, respiration buccale persistante. L’hypertro-
associés à la fièvre, aux adénopathies cervica- phie adénoïdienne est aussi associée à une
les bilatérales et leucocytose. myriade de symptômes tels que les dyspnées
Chez l’enfant, entre 6 mois et 7 ans, la obstructives du sommeil, ronflements noctur-
rhinopharyngite est l’affection la plus fré- nes, rhinosinusites, nasonnement et troubles
quente. Son diagnostic est facile, avec inflam- de l’odorat [291]. De plus, cette hypertrophie
mation de la muqueuse des cavités nasales prédispose aux otites récidivantes ou aux oti-
comme de celle du rhinopharynx. Les anti- tes séromuqueuses, en partie à cause de la
corps maternels ne protègent l’enfant que diminution de la perméabilité des ostiums
jusqu’à l’âge de 4 à 6 mois et, de ce fait, les tubaires localisés juste au-dessous et en dehors
nouveaux agents infectieux provoquent des de la tonsille pharyngienne.
épisodes inflammatoires nécessaires à la L’ablation des végétations et des amygdales
maturation immunitaire. est décrite comme améliorant les symptômes
Pour autant, la susceptibilité aux infections associés au syndrome d’apnées obstructives
diffère entre les individus. Les facteurs généti- du sommeil, tels que le ronflement, les trou-
ques qui ajustent les réponses immunitaires bles du sommeil, les troubles du comporte-
aux agents pathogènes semblent jouer un rôle ment, les troubles psychoémotionnels, et les
important [285,286]. Néanmoins, dans 49 % difficultés neurocognitives [292]. Ces procé-
des cas, la zone péritonsillaire est le site le plus dures sont aussi associées à l’amélioration de
fréquent des infections de la tête et du cou la forme des cavités nasales en réduisant la
chez les enfants [287]. Actuellement, l’Ameri- congestion du cornet inférieur présente dans
can Academy of Otolaryngology-Head and les hypertrophies adénoïdiennes [293].
Neck Surgery propose l’adénoïdectomie après Habituellement, la respiration buccale
« trois infections ou plus des végétations adé- associée à l’hypertrophie tonsillaire contribue
332 Ostéopathie pédiatrique

dimension verticale de la partie faciale infé-


rieure [295]. Toutefois, dans les cas liés à une
probable déficience immunitaire, cette inter-
vention ne semble pas toujours bénéfique.
La terminologie ordinairement utilisée de
faciès « adénoïdien » laisse souvent croire que
c’est l’hypertrophie adénoïdienne qui est res-
ponsable de la respiration buccale et des désé-
quilibres associés. C’est bien sûr une conclu-
sion hâtive. Comme toujours, une approche
multifactorielle pour le diagnostic et, par
conséquent, le traitement est appropriée.
Par exemple, une étude chez des enfants,
12 ans après une adénoïdectomie, montre que
l’étroitesse des voies aériennes supérieures
pendant le sommeil est toujours présente,
bien qu’une résolution des troubles du som-
meil soit parfois obtenue 6 mois après l’inter-
vention [296]. En fait, tous les enfants qui
ronflent ne souffrent pas d’une hypertrophie
adénoïdienne. De plus, cette hypertrophie
n’est pas la seule cause des apnées du som-
Figure 7.40. Faciès adénoïdien. meil. Des prédispositions anatomiques sem-
blent présentes au niveau du pharynx,
comme le relâchement de ses parois et des
au développement d’un faciès adénoïdien modifications de sa tension longitudinale
typique (figure 7.40). Des expériences condui- [297]. Bien que l’adénoïdectomie soit un trai-
tes chez les primates ont montré qu’une pos- tement efficace pour les enfants qui respirent
ture de bouche ouverte persistante et la respi- par la bouche, des récidives des difficultés res-
ration orale qui l’accompagne entraînent une piratoires existent, attribuées à leur morpho-
malocclusion dentaire avec surplomb incisif logie craniofaciale [298].
[294]. De surcroît, l’hypertrophie adénoï- En fait, dans les présentations avec étroi-
dienne retentit sur le développement facial tesse des voies aériennes supérieures, apnées
des enfants avec une dysmorphie caractérisée du sommeil, respiration buccale et hyper-
par un palais étroit et ogival et la réduction de trophie adénoïdienne, des dysfonctions
l’espace nasopharyngien. Dans de tels cas, ces somatiques craniocervicales membraneuses,
sujets peuvent démontrer un menton en myofasciales, ligamentaires et interosseuses
retrait, ou rétrognathie, avec encombrement peuvent contribuer à la dysfonction pharyn-
dentaire maxillaire et mandibulaire, et une gienne. La partie supérieure du pharynx est
augmentation de la dimension verticale de la fixée sur le sphénoïde, les os temporaux et
partie faciale inférieure. Après l’adénoïdecto- l’occiput. Par l’intermédiaire du fascia préver-
mie et le rétablissement d’une respiration tébral, le pharynx est relié à la colonne cervi-
nasale, les changements sont une croissance cale. Or les mouvements de la colonne cervi-
antérieure de la mandibule, une amélioration cale sont associés à des changements de la
de la rétrognathie, et une diminution de la taille du pharynx. La flexion cervicale ferme
Les présentations cliniques 333

l’oropharynx, alors que l’extension cervicale par les plexus ptérygoïdiens dans la fosse
l’ouvre [299–301]. infratemporale, et dans les veines faciale et
Toute dysfonction de la colonne cervicale jugulaire interne.
ou des structures sur lesquelles le pharynx est
inséré peut altérer la fonction pharyngienne Examen clinique et traitement
normale. Le mouvement est nécessaire pour Parce que le pharynx est intimement relié à la
mobiliser les fluides du corps, particulière- colonne cervicale et à la base du crâne, ainsi
ment la lymphe. Les dysfonctions somatiques qu’aux muscles et fascias associés, une fonc-
affectant les structures entourant les nœuds tion pharyngienne optimale nécessite que ces
lymphatiques et les vaisseaux sont associées à zones soient équilibrées. La colonne thoraci-
une altération du mouvement qui peut inter- que supérieure est l’origine anatomique de
férer avec la circulation lymphatique. Les vais- l’apport sympathique au pharynx ; par consé-
seaux lymphatiques du pharynx se drainent quent, elle doit aussi être considérée avec les
dans les nœuds lymphatiques cervicaux pro- côtes associées, lorsque l’on traite des problè-
fonds par l’intermédiaire des nœuds rétropha- mes pharyngiens. Enfin, l’équilibre des clavi-
ryngien, paratrachéal et infrahyoïdien. Les cules, de l’anneau thoracique supérieur ainsi
nœuds rétropharyngiens consistent en un que de la colonne cervicale et des tissus mous
groupe médian et deux groupes latéraux loca- associés est nécessaire pour faciliter le drai-
lisés devant les masses latérales de l’atlas. Ils nage lymphatique du pharynx.
sont situés entre les fascias pharyngien et pré- Commencer par un examen structural de
vertébral, et drainent le nasopharynx, la tout le corps pour identifier le schéma postu-
trompe auditive ainsi que les deux articula- ral global et son rapport au problème pharyn-
tions cervicales supérieures. gien. Puis, avec l’enfant dans une position de
Les nœuds lymphatiques cervicaux pro- décubitus, commencer l’examen local en
fonds sont dans la profondeur du muscle ster- évaluant la colonne cervicale et les régions
nocléidomastoïdien (SCM). Parmi eux, un thoraciques supérieures. Tout d’abord, palper
gros nœud, entouré de plusieurs petits à la recherche de différence de texture tissu-
nœuds, forme le groupe jugulodigastrique qui laire dans les muscles paravertébraux et les
reçoit le drainage de la plupart des vaisseaux tissus mous superficiels. Noter les zones de
lymphatiques des tonsilles. Les tonsilles diffè- tension musculaire et d’œdème sous-cutané.
rent des nœuds lymphatiques dans le fait De même, palper les parties antérieure et
qu’elles ne reçoivent pas de vaisseaux lym- latérales du cou. Observer et palper l’empla-
phatiques afférents. De petits vaisseaux lym- cement de l’os hyoïde et du larynx qui
phatiques s’organisent comme efférents des devraient être dans la ligne médiane. La pal-
tonsilles qui traversent les muscles constric- pation des structures antérieures du cou doit
teurs supérieurs avant de se drainer dans les être faite avec grande délicatesse, pour empê-
nœuds lymphatiques jugulodigastriques. Lo- cher l’irritation de tissus déjà enflammés et
calisés contre le ventre postérieur du muscle parce que c’est une zone où la sensibilité est
digastrique, ces nœuds grossissent pendant grande, en particulier chez les sujets qui sont
une inflammation des tonsilles et peuvent nés avec un circulaire de cordon. Évaluer
être palpés devant le bord antérieur du muscle la musculature cervicale antérieure et laté-
digastrique, sous l’angle mandibulaire. rale, en faisant spécifiquement attention au
Les vaisseaux des parois pharyngiennes SCM, à cause de son rapport avec les nœuds
viennent de l’artère carotide externe. La bran- lymphatiques cervicaux profonds. Suivre le
che tonsillaire de l’artère faciale (maxillaire SCM inférieurement vers son insertion sur
externe) est la branche principale des tonsilles la clavicule et tester les mouvements clavicu-
palatines. Les veines du pharynx se drainent laires.
334 Ostéopathie pédiatrique

Évaluer les vertèbres cervicales, noter l’ali- Troubles respiratoires


gnement des processus épineux. L’expérience
clinique montre une forte association entre Respiration buccale
les pharyngites et les dysfonctions somatiques
cervicales articulaires qui, lorsqu’elles sont Les êtres humains peuvent respirer par le nez,
traitées, semblent empêcher les récidives. par la bouche et, par intermittence, par les
Puis, évaluer les vertèbres thoraciques supé- deux. Classiquement, il est dit que les bébés
rieures et les côtes associées. respirent exclusivement par le nez jusqu’à
l’âge de 2 mois. Toutefois, quelques auteurs
Évaluer la base crânienne, noter les rap-
suggèrent que les bébés sont « préférentielle-
ports entre l’occiput, les os temporaux et
ment des respirateurs nasaux » plutôt que
sphénoïde. Le pharynx est suspendu en des-
« obligatoirement des respirateurs nasaux »
sous du crâne et la tonicité de la musculature
[303]. Normalement et au repos, les enfants
pharyngienne est affectée par les dysfonctions
plus âgés comme les adultes utilisent la voie
crâniennes. Pour une fonction satisfaisante,
respiratoire nasale, et typiquement, la respira-
les muscles pharyngiens nécessitent des rap-
tion oronasale ne se produit que lorsqu’une
ports précis entre leurs origines et leurs inser-
ventilation plus importante est nécessaire,
tions. Les dysfonctions qui affectent ces rap-
comme pendant l’exercice.
ports altèrent la fonction du pharynx et
l’anneau tonsillaire de Waldeyer. Afin de respirer par le nez, les voies aérien-
nes nasales (narines, cavité nasale et nasopha-
La tonsille pharyngienne est directement rynx) doivent être perméables. L’obstruction
localisée en dessous de la base crânienne, au nasale consiste en un blocage partiel ou com-
niveau de la SSB. Dès lors, la liberté des mou- plet de l’un ou de plusieurs des sites consti-
vements de la base crânienne peut faciliter le tuant les voies aériennes. Chez le nouveau-né,
drainage lymphatique des végétations. l’orifice nasal postérieur peut être bloqué par
La fonction mandibulaire doit être aussi une atrésie des choanes. En raison de la préfé-
examinée. Une dysfonction mandibulaire rence du bébé pour la voie respiratoire nasale,
peut affecter la fonction myofasciale cervicale une telle obstruction est une urgence médi-
antérieure, comme elle peut altérer le drai- cale [278].
nage lymphatique des nœuds lymphatiques Chez le jeune enfant, comme chez le sujet
jugulodigastriques, et encourager une respira- plus âgé, plusieurs facteurs peuvent causer
tion buccale chronique. une congestion nasale, ou l’obstruction des
Appliquer les principes indirects pour trai- voies aériennes nasales. Typiquement, le « nez
ter les dysfonctions articulaires identifiées bouché » ou la rhinite entraîne la respiration
de la colonne, des côtes et des clavicules. buccale (voir ci-dessus paragraphe « Rhi-
Les techniques myofasciales peuvent être nite »). Mais ce type respiratoire et la posture
employées pour normaliser les dysfonctions de bouche ouverte qui l’accompagne résul-
pharyngiennes, cervicales antérieures, et des tent aussi d’infections virales des voies respi-
muscles vertébraux. Les normalisations des ratoires supérieures, de corps étrangers, d’un
diaphragmes crâniens et thoracoabdominal septum nasal dévié, d’une hypertrophie du
comme celle de l’anneau thoracique supérieur cornet inférieur et de polypes nasaux.
peuvent être employées pour promouvoir la L’endoscopie nasale peut être nécessaire pour
circulation lymphatique et veineuse. Suivre la évaluer les enfants avec une obstruction
motilité inhérente du MRP peut faciliter tou- nasale sévère, ce qui peut exiger une interven-
tes ces interventions. Ce rythme lent et doux tion chirurgicale [304].
calme l’enfant et participe au maintien de En fait, l’hypertrophie tonsillaire est tenue
l’homéostasie [302]. par beaucoup comme étant la cause princi-
Les présentations cliniques 335

pale de l’obstruction nasale chez les enfants. xes, et les surfaces articulaires supérieures de
La tonsille pharyngienne (végétations) est l’atlas sont concaves. Dès lors, l’extension de
une grande collection de tissu lymphoïde la tête pour passer de la respiration nasale à la
localisée en dessous du toit du nasopharynx, respiration buccale résulte en un déplacement
au niveau de la synchondrose sphénobasi- antérieur et ascendant des condyles occipi-
laire. Habituellement, l’hypertrophie de la taux sur les surfaces articulaires supérieures de
tonsille pharyngienne est la conséquence de l’atlas. Cela entraîne un déplacement vers le
multiples infections bactériennes ou virales. haut de la ligne horizontale du regard, et le
Elle peut encombrer la route nasopharyn- besoin d’une compensation posturale. Typi-
gienne, faisant de la respiration buccale la quement, la compensation la plus fréquente
seule alternative possible. chez les respirateurs buccaux est l’augmenta-
Les enfants avec des végétations hypertro- tion de la cyphose thoracique. Chez les jeunes
phiées sont décrits comme ayant des « faciès enfants où les synchondroses de la base crâ-
adénoïdiens ». Ils partagent des caractéristi- nienne ne sont pas encore ossifiées, une autre
ques communes avec les autres respirateurs compensation consiste à augmenter la flexion
buccaux, à savoir un faible poids, une stature de la base crânienne, ce qui est bien observé
menue, des cernes sous les yeux, un menton chez les enfants respirateurs buccaux [298].
en retrait, une petite bouche entrouverte, une De surcroît, il est montré qu’une augmenta-
lèvre inférieure large et sèche, et une lèvre tion de cette flexion chez les primates résulte
supérieure assez fine. Ils ont aussi tendance à en une diminution de la longueur antéropos-
souffrir de multiples allergies et présentent térieure (AP) du nasopharynx et un raccour-
une posture spécifique, dont la caractéristique cissement de la longueur AP de la branche
la plus souvent décrite est la tête déplacée vers mandibulaire [307]. La diminution de la lon-
l’avant, dans une position d’extension [305]. gueur AP du nasopharynx renforce la ten-
Une respiration efficace est le résultat de dance à respirer par la bouche, alors que le
multiples processus neurophysiologiques raccourcissement de la longueur AP de la
complexes auxquels participent de nombreu- branche mandibulaire correspond au recul du
ses structures anatomiques. Elles influencent menton, ou rétrognathie, qui est observé chez
la fonction respiratoire mais sont aussi les enfants respirateurs buccaux.
influencées par elle. La posture de tête en Théoriquement, lorsque l’obstruction
extension ou en avant peut suivre une obs- nasale par hypertrophie adénoïdienne est
truction nasale, comme solution à une respi- prouvée, l’adénoïdectomie est considérée
ration nasale compromise. Les études expéri- comme un traitement efficace pour ces
mentales ont montré que cette extension enfants. Pour autant, des difficultés respiratoi-
cervicale augmente la taille des voies aérien- res peuvent persister après l’intervention que
nes oropharyngiennes [301]. Dès lors, les l’on attribue à leur morphologie craniofaciale
enfants qui ont une obstruction nasale ont [298]. De ce fait, il est primordial de prendre
spontanément tendance à adopter cette pos- en compte la statique et l’équilibre craniofa-
ture. cial de l’enfant. L’extension de la charnière
Normalement, dans l’extension de la tête, craniocervicale, ou toute dysfonction myofas-
les condyles de l’occiput se déplacent vers ciale associée peut être une dysfonction pri-
l’avant sur les surfaces articulaires supérieures maire, prédisposant l’enfant à respirer par la
de l’atlas, et la partie squameuse de l’occiput bouche. L’observation clinique montre que
s’abaisse. De fait, la distance entre l’occiput et certains enfants sont respirateurs buccaux
l’arc dorsal de la première vertèbre cervicale chroniques secondairement à une obstruction
est diminuée chez les respirateurs buccaux nasale, alors que d’autres le sont sans obstruc-
[306]. Les condyles de l’occiput sont conve- tion évidente des voies respiratoires nasales.
336 Ostéopathie pédiatrique

La respiration buccale est aussi corrélée nasale et un traitement médical peuvent être
avec un déplacement inféropostérieur de l’os nécessaires. Le plus souvent, un nasonnement
hyoïde et avec une position antéro-inférieure indique l’encombrement nasal. Une façon
de la langue [298,305,308]. L’os hyoïde ne très simple de vérifier la perméabilité des voies
s’articule pas directement avec d’autres struc- nasales est de demander à l’enfant de faire au
tures squelettiques. En forme de U à concavité moins dix respirations par le nez, en gardant
postérieure, il sert d’interface par ses inser- la bouche fermée. Un enfant doit pouvoir exé-
tions myofasciales entre la langue, le pha- cuter ce test sans essoufflement. Une rhinite
rynx, le larynx, le crâne et le thorax. Dès lors, ou une sinusite chronique limite sérieuse-
toute dysfonction de ces structures influence ment cet exercice. En revanche, la réalisation
sa position, autant qu’il peut les influencer. complète du test est un bon pronostic pour
Chez les respirateurs buccaux, l’os hyoïde et la une réponse positive au traitement ostéopa-
langue sont déplacés dans une position plus thique
basse que la normale. Une autre méthode pour évaluer la per-
De surcroît, les enfants respirateurs buc- méabilité nasale consiste à placer un miroir
caux chroniques présentent souvent une sous les narines du sujet. Normalement, la
éruption prématurée des molaires. La crois- respiration nasale libère une buée qui doit être
sance mandibulaire reflète cette prématurité, visible sur le miroir.
avec une rotation antérieure [308], et une aug- En l’absence d’obstruction nasale, l’enfant
mentation de l’angle mandibulaire entre la doit être examiné pour définir la dysfonction
branche et le corps de la mandibule [298]. De somatique éventuellement responsable de la
ce fait, la dimension verticale, de la partie respiration buccale. La dysfonction somati-
inférieure de la face est augmentée, avec sou- que doit être traitée, puis une rééducation
vent une béance occlusale [308]. respiratoire pratiquée pour enseigner la respi-
La respiration nasale est essentielle pour ration nasale à l’enfant.
plusieurs fonctions : L’objectif du traitement est d’obtenir une
– conditionnement et humidification de l’air posture optimale, d’améliorer la fonction de
inspiré ; la colonne cervicale et thoracique, d’équili-
– facilitation de l’oxygénation artérielle brer la base crânienne ainsi que ses rapports à
[272] ; l’os hyoïde et à la mandibule, et de faciliter la
– régulation de la fonction pulmonaire [271]. perméabilité des voies respiratoires nasales. La
À l’inverse, l’obstruction nasale est associée tonsille pharyngienne est localisée juste
aux apnées obstructives du sommeil chez les au-dessous de la base crânienne, au niveau de
enfants, comme chez les adultes. L’obstruc- la SSB, et de ce fait le drainage lymphatique
tion nasale est manifestement une dysfonc- tonsillaire peut bénéficier de la normalisation
tion importante pour laquelle les procédures des mouvements de la base crânienne.
ostéopathiques peuvent être appliquées. Un Commencer par examiner la posture glo-
traitement préventif devrait aussi être envi- bale en position debout. Observer le rapport
sagé chez les nourrissons et les jeunes enfants entre la tête et le reste du corps. Rechercher les
pour assurer le développement normal de la asymétries de rotation et de sidebending de la
base crânienne, de la charnière craniocervi- colonne cervicale. Noter une augmentation
cale et des voies nasales. de l’extension ou de la flexion cervicale, et de
la cyphose thoracique ou de la lordose lom-
Examen clinique et traitement bale.
Un enfant respirateur buccal peut souffrir ou Puis, avec l’enfant en position de décubi-
non d’obstruction nasale. Cela doit donc être tus, palper la région sous-occipitale ainsi que
évalué. Dans les cas sévères, une endoscopie la colonne cervicale et thoracique sous-
Les présentations cliniques 337

jacente pour rechercher des modifications de quent, plus d’un site des voies aériennes et en
texture tissulaire. Palper les tissus mous dans particulier des voies aériennes supérieures
la région sous-mandibulaire ; évaluer la toni- peuvent être encombrés dans les syndromes
cité des muscles génioglosses. Rechercher les obstructifs comme le syndrome des apnées du
modifications de texture des tissus qui entou- sommeil (SAS) où les différentes parties du
rent la bouche et le nez. pharynx, la base linguale, et l’œsophage peu-
Évaluer le mouvement de la région sous- vent être impliqués [309]. Dans le SAS, plu-
occipitale, de la colonne cervicale et thoraci- sieurs facteurs peuvent accompagner le phé-
que. Puis tester la base crânienne, la SSB et le nomène obstructif. Cela inclut des anomalies
sphénoïde. Continuer avec l’évaluation des ou des maladies des sinus paranasaux, des
mouvements des os frontal, ethmoïde, et des tonsilles, du palais mou (voile du palais), de la
os de la face, particulièrement les maxillaires. langue, tout autant que l’obésité [310–312].
Identifier toute dysfonction membraneuse, Un rappel du développement et des rapports
myofasciale qui pourrait aussi être présente, et entre les multiples constituants des voies
traiter en suivant les principes indirects. aériennes supérieures est utile pour la compré-
La séance devrait se terminer en montrant hension des schémas dysfonctionnels de la
à l’enfant quelques exercices pour lui appren- région.
dre à mieux respirer. Il doit prendre cons- Le système respiratoire est formé par le
cience d’une respiration nasale et s’entraîner à larynx, la trachée, les bronches, les poumons
la pratiquer le plus souvent possible. Lui faire et la plèvre. Le larynx est situé entre la trachée
prendre conscience de l’action du muscle dila- et la racine de la langue. Il constitue la partie la
tateur des narines, qui resserre l’ouverture plus basse de la paroi antérieure du pharynx,
nasale avec sa partie transverse et dilate les et c’est l’organe de la voix. Chez le bébé, pen-
narines avec sa partie alaire. Avec un index de dant les deux premiers mois de vie, le larynx
chaque côté des ailes du nez, l’enfant peut est haut placé et, durant la déglutition comme
sentir l’expansion des narines lors de l’inspi- durant la respiration, un contact est maintenu
ration. Il peut s’entraîner à pratiquer cet exer- entre l’épiglotte et le voile du palais [313].
cice sur un mode plus dynamique, pendant Environ vers le 6e mois, ce contact est main-
l’inspiration, tout en continuant la palpation. tenu seulement pendant la déglutition, et une
Encourager tout ce qui fait prendre cons- séparation se produit pendant la respiration.
cience du nez et de sa fonction, comme sentir Progressivement, le larynx descend d’une
et reconnaître les odeurs agréables des fleurs position haute dans le cou, au niveau de C1 à
ou des nourritures préférées. Des jeux de C3 entre 2 ans et demi et 3 ans, à une position
mimiques sont conseillés pour les plus jeunes, plus basse chez l’adulte, où il est localisé entre
comme faire le petit lapin en bougeant les les bords supérieurs de C4 et de C7 [313].
narines, tout en gardant la bouche fermée, Pendant les deux premières années de la
sans contraction du muscle orbiculaire des vie, la descente du larynx est associée à des
lèvres (voir aussi le paragraphe « Rhinites »). changements importants dans les rapports
des structures qui constituent le pharynx.
Apnées du sommeil Chez le nouveau-né et le très jeune enfant, la
langue est totalement contenue dans la cavité
Les voies aériennes supérieures sont une orale. Au fur et à mesure que le larynx des-
région très complexe qui participe à plusieurs cend, la partie postérieure de la langue est
fonctions physiologiques, aussi diverses que tirée vers l’arrière et vers le bas pour participer
la déglutition, la vocalisation et la respiration. à la constitution de la partie supérieure du
De multiples structures anatomiques pren- mur antérieur du pharynx, c’est-à-dire l’oro-
nent part à la fonction respiratoire. Par consé- pharynx.
338 Ostéopathie pédiatrique

Le pharynx a la forme d’un entonnoir, avec sement de la voie respiratoire (figure 7.41). Il
une longueur d’environ 12,5 cm. Son extré- est comparé à un rideau suspendu au bord
mité supérieure est basculée vers l’avant à postérieur du palais dur (bord postérieur des
hauteur des cavités orale et nasale, alors que lames horizontales des deux os palatins). Le
vers C6, sa partie inférieure se continue avec palais mou s’étend vers le bas et l’arrière
l’œsophage. Supérieurement, il est fixé à la entre la bouche et le pharynx. Il est formé par
base du crâne, sur les bords postérieurs des des fibres musculoaponévrotiques, des struc-
lames médiales des processus ptérygoïdes de tures vasculonerveuses, du tissu adénoïdien
l’os sphénoïde, sur les parties pétreuses des os et des glandes mucipares. Sa surface posté-
temporaux, et sur le tubercule pharyngien de rieure convexe est continue avec le plancher
l’os occipital. Latéralement, le pharynx est des cavités nasales. Sa surface antérieure
relié aux processus styloïdes des os temporaux concave est continue avec le toit de la cavité
et, postérieurement, à la colonne cervicale et orale.
au fascia prévertébral qui enveloppe les mus- En fait, c’est la position du palais mou qui
cles longs du cou et longs de la tête. Les parties détermine la voie respiratoire. Il sert de sou-
antérieures du pharynx sont attachées aux pape en suspension au-dessus de l’isthme oro-
lames ptérygoïdes médiales de l’os sphénoïde, pharyngien. Dans sa position la plus horizon-
aux raphés ptérygomandibulaires, à la mandi- tale, son extrémité postérieure est plus près du
bule, à la langue, à l’os hyoïde, et aux cartila- mur postérieur du pharynx, et il sépare le
ges thyroïde et cricoïde. nasopharynx de l’oropharynx, ce qui facilite
Les parois pharyngiennes consistent en la voie respiratoire orale. Quand il est déprimé
deux groupes de muscles, les muscles constric- contre la base de la langue, l’isthme oropha-
teurs et les muscles longitudinaux, groupés ryngien est fermé, et seule la voie respiratoire
selon l’arrangement de leurs fibres. Les trois nasale est libre. Dans une position intermé-
muscles constricteurs sont l’inférieur, le moyen diaire entre la langue et le mur pharyngien
et le supérieur. Ils participent à la constriction postérieur, la respiration est à la fois buccale et
de la cavité pharyngienne. Les muscles longi- nasale [310].
tudinaux sont les muscles stylopharyngiens, Le palais mou est sous le contrôle de cinq
qui relient le pharynx aux processus styloïdes paires de muscles. L’élévateur du voile du
des os temporaux, les muscles salpingopharyn- palais et le tenseur du voile du palais (TVP)
giens, qui relient le pharynx à la partie cartila- naissent de la base du crâne. L’élévateur du
gineuse des trompes auditives, et les muscles voile du palais provient du sommet de la par-
palatopharyngiens, qui relient le pharynx au tie pétreuse de l’os temporal et du cartilage de
palais mou. Les trois muscles longitudinaux la trompe auditive ; ses fibres s’étalent dans le
élèvent les parois pharyngiennes. Les muscles palais mou pour se mêler au muscle con-
du pharynx sont innervés par le nerf vague (X), trolatéral. Le TVP prend naissance dans la
sauf les muscles stylopharyngiens qui sont fosse scaphoïde du processus ptérygoïde, sur
innervés par le nerf glossopharyngien (IX). l’épine angulaire du sphénoïde et la face laté-
Le pharynx consiste en trois parties : rale du cartilage tubaire. Il descend verticale-
– le nasopharynx, dans lequel s’ouvrent les ment, puis tourne autour de l’hamulus pté-
choanes des cavités nasales ; rygoïdien pour s’insérer dans l’aponévrose
– l’oropharynx, qui constitue la partie posté- palatine. Le muscle uvulaire est en rapport
rieure de la cavité orale ; avec l’uvule. Le palatopharyngien naît du
– le laryngopharynx, dans lequel s’ouvre la pharynx et le palatoglosse de la langue. Tous
partie supérieure du larynx. les muscles du palais mou sont innervés par le
Entre le nasopharynx et l’oropharynx, le nerf vague (X), sauf le TVP qui est innervé par
palais mou joue un rôle crucial dans l’établis- le nerf mandibulaire (V3).
Les présentations cliniques 339

Palais dur
Cavité orale Muscle tenseur du
voile du palais

Muscle élévateur
du voile du palais

Palais mou
Pharynx

Tonsille

Muscle
palatopharyngien

Langue Muscle
palatoglosse

Os hyoïde

Figure 7.41. Palais mou (voile du palais).


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.10 B, p. 793.)

Le TVP tend le palais mou ; l’élévateur du respiration nasale et buccale, et la position du


voile du palais élève le palais mou et ferme palais mou s’adapte par conséquent à la situa-
donc le nasopharynx. Les muscles palatopha- tion.
ryngiens dépriment le palais mou et partici- La respiration normale repose sur la per-
pent à la fermeture de l’isthme oropharyn- méabilité des voies aériennes nasale et pha-
gien. Les muscles palatoglosses dépriment le ryngienne. Cette perméabilité dépend de
palais mou caudalement et ventralement, et mécanismes régulateurs nerveux fonctionnels
élèvent la racine de la langue. L’activité du tout autant que de structures anatomique-
muscle palatoglosse domine lors d’une respi- ment normales. La régulation nerveuse est
ration calme, et celle du muscle élévateur du partiellement sous le contrôle de réflexes
voile du palais pendant l’expiration forcée médiés par le nerf trijumeau (V) ou le nerf
[310]. Certaines activités comme les exercices vague (X). En fait, le rôle du nerf vague est
respiratoires ou le chant exigent à la fois une d’une importance suprême dans la préserva-
340 Ostéopathie pédiatrique

tion de la perméabilité des voies aériennes jugulaire dans lequel passent les IX et X doi-
pharyngiennes, et toute dysfonction de la vent être considérés.
colonne cervicale supérieure, en particulier au En fait, selon sa position, la colonne cervi-
niveau du foramen jugulaire, doit être envisa- cale modifie la forme du pharynx. La flexion
gée quand la perméabilité des voies aériennes cervicale réduit la taille de l’oropharynx, et
est fonctionnellement compromise. l’extension cervicale l’augmente [299–301].
Les études montrent que les sujets qui présen-
Chez les nourrissons qui souffrent d’apnées
tent des troubles obstructifs de la respiration
obstructives du sommeil (AOS), le palais mou
pendant le sommeil démontrent un oropha-
est décrit comme le site anatomique où l’obs-
rynx et un laryngopharynx plus étroits ou
truction est la plus commune [314]. Parallèle-
plus encombrés que les autres, particulière-
ment, une augmentation de la flexion de la
ment pendant le sommeil [312]. Toutefois, en
base crânienne est démontrée chez les enfants
dehors de la participation cervicale, une alté-
présentant un SAS [298]. De fait, en raison des
ration des réflexes, en partie due au sommeil,
insertions des muscles du palais mou, une
pourrait jouer un rôle. Lorsqu’elle est pré-
dysfonction de la base crânienne semble bien
sente, l’obstruction nasale altère aussi les
pouvoir modifier la fonction vélaire. Le palais
réflexes du nasopharynx, médiés par les nerfs
mou occupe une position stratégique, entre
trijumeau ou vague et entraînant une diminu-
les muscles provenant de la base du crâne et
tion de la perméabilité de l’oropharynx [273].
ceux reliés à la langue et au pharynx. Dès lors,
De multiples sites sont considérés comme
toute anomalie dans les caractéristiques ana-
la cause potentielle des SAS. Étant donné les
tomiques du palais mou, mais aussi de la lan-
rapports anatomiques compliqués du palais
gue et du pharynx peut participer au dévelop-
mou, des parois du pharynx, de la langue et
pement des SAS.
de la mandibule, n’importe quelle dysfonc-
L’AOS est une obstruction au flux aérien. tion de l’un de ces éléments affecte les struc-
Les hypertrophies tonsillaires ou adénoïdien- tures associées et leurs positions. En fait, il
nes sont souvent décrites comme la cause de existe des interactions biomécaniques entre la
cette obstruction, et l’importance des AOS est langue et les parois pharyngiennes latérales
généralement corrélée avec leur taille [315]. [319], et le déplacement de la mandibule
Pour autant, des modifications anatomiques affecte également la taille de l’oropharynx
[297], de légères anomalies dans la fonction [301]. L’ouverture de la bouche réduit la taille
neuromusculaire des voies aériennes supé- de l’oropharynx [320]. Un changement dans
rieures ou dans leur structure sont également la position mandibulaire affecte la fonction
proposées comme étiologies aux AOS [316, du génioglosse, un des muscles qui fait sortir
317]. Un effondrement du pharynx est pré- la pointe de la langue hors de la bouche.
sent et une instabilité intrinsèque prédispo- Secondairement, cela augmente l’effondre-
serait à cet effondrement [318]. Une diminu- ment des voies aériennes supérieures, la posi-
tion de sa tension longitudinale serait aussi tion de la langue étant un facteur important
en cause [297]. D’un point de vue ostéopathi- dans la perméabilité de l’oropharynx. Cela
que, ces informations sont essentielles. La explique pourquoi les respirateurs buccaux
charnière craniocervicale du nourrisson présentent des ronflements et des SAS [298].
comme plus tard celle de l’enfant peuvent Expérimentalement, chez les singes, l’obs-
être soumises à d’importantes contraintes truction nasale entraîne des changements
résultant en dysfonctions somatiques qui dans l’activité électromyographique des mus-
contribuent à la dysfonction du pharynx. Les cles géniohyoïdien et génioglosse ainsi
insertions du pharynx sur la base crânienne qu’une modification de la croissance mandi-
et sur la colonne cervicale, et le foramen bulaire. Des mécanismes similaires pourraient
Les présentations cliniques 341

exister chez les humains [320], où la respira- l’estomac. Des dysfonctions viscérales de
tion buccale chez l’enfant, associée au SAS, l’estomac comme de la trachée peuvent
peut causer des anomalies du développement affecter le pharynx, par des déséquilibres
facial [273]. Les protrusions maxillaire et mécaniques ou par perturbation des réflexes
mandibulaire sont plus petites chez les vagaux ; elles doivent donc être traitées si
enfants avec AOS, et la position de l’os hyoïde nécessaire.
est plus basse [321]. La respiration buccale Des exercices enseignant à l’enfant des acti-
engendre le développement d’un type cranio- vités qui fortifient le palais mou et la langue
facial avec augmentation de la hauteur faciale peuvent compléter le traitement. Les exerci-
antérieure et béance occlusale [322]. Les ces vocaux employés dans le chant sont de
modifications fonctionnelles associées aux bons exemples. Les muscles de la langue, par-
efforts respiratoires que ces enfants doivent ticulièrement les muscles génioglosses, peu-
exercer résultent en des changements structu- vent être fortifiés en demandant à l’enfant de
raux. L’AOS est aussi associée à une mauvaise tenter de toucher alternativement la pointe
qualité de sommeil, un développement chétif, du nez, puis du menton, avec la pointe de la
une altération des fonctions psychomotrices langue. On conseillera également des exerci-
du quotidien, des retards développementaux ces pour améliorer la conscience d’une pos-
irréversibles [314] et l’énurésie [323]. Par ture craniocervicale satisfaisante.
conséquent, les procédures ostéopathiques
devraient être employées le plus tôt possible Bronchiolite
pour éviter l’installation de ces modèles dys- Les bronchiolites sont des infections virales
fonctionnels et de leurs séquelles. aiguës des voies respiratoires inférieures qui
affectent les bébés et les jeunes enfants. En
Examen clinique et traitement Europe, Australasie et Amérique du Nord, une
Commencer par rechercher les déséquilibres moyenne de 3 % de tous les enfants nés cha-
de la posture globale, puis les traiter en faisant que année présente une bronchiolite [324]. Le
particulièrement attention à la charnière cra- virus respiratoire syncytial (VRS) et le virus
niocervicale, et à la partie supérieure de la influenza A sont les causes virales les plus
région thoracique, avec les clavicules, ster- fréquentes d’infection des voies respiratoires
num, vertèbres thoraciques supérieures et inférieures chez les jeunes enfants. Les infec-
côtes associées. Puis évaluer la fonction de l’os tions avec le virus influenza B et les coronavi-
hyoïde, y compris les muscles infra- et supra- rus sont aussi communes [325]. Les virus para-
hyoïdiens, en raison de leur rapport avec le influenza sont extrêmement contagieux et
pharynx et la langue. responsables des épidémies qui présentent
Les synchondroses de la base crânienne, les divers degrés de sévérité, bien que seulement
sutures occipitomastoïdiennes, le rapport une petite proportion d’enfants infectés avec
entre le sphénoïde et les os temporaux sont le virus soient sévèrement malades. La notion
ensuite considérés. Les dysfonctions des os de terrain est ici essentielle. Les facteurs de
temporaux doivent être normalisées dans le risque sont la prématurité, la fréquentation de
traitement des AOS en raison de la relation garderies d’enfants, l’exposition à des pol-
entre les muscles longitudinaux du pharynx luants environnementaux (tabac, polluants
et les processus styloïdes des os temporaux. industriels), des frères et sœurs en âge scolaire,
Évaluer l’articulation temporomandibulaire, les anomalies congénitales des voies aérien-
la mandibule et les structures myofasciales nes, ou toute maladie neuromusculaire [326].
qui l’entourent. Le VRS doit son nom au fait que, en cul-
La partie inférieure du pharynx est conti- ture, il grandit comme un gigantesque syncy-
nue avec l’œsophage qui relie le pharynx à tium, une masse de protoplasme contenant
342 Ostéopathie pédiatrique

plusieurs noyaux. De multiples génotypes de des voies respiratoires inférieures est l’anneau
VRS circulent chaque année [327], comme il lymphoïde de Waldeyer, une collection de
existe une variabilité importante dans la sur- tissu lymphoïde dans la muqueuse du naso-
venue des virus para-influenza [325]. Le virus pharynx. Il consiste en tonsille pharyngienne,
infectieux s’installe tout d’abord dans les tonsilles palatines, tonsilles linguales qui sont
voies respiratoires supérieures, puis se pro- les multiples nodules lymphoïdes localisés sur
page dans les bronches lobaires, segmentaires la partie postérieure de la langue, plus d’autres
et dans les bronchioles, résultant en une petits nodules dans la trompe auditive et dans
inflammation de l’épithélium avec œdème et les intervalles intertonsillaires. La tonsille
dyspnée obstructive typique. L’air est empri- pharyngienne augmente de taille dans les pre-
sonné dans l’alvéole, ce qui conduit à une mières années de la vie, pour atteindre sa
distension pulmonaire. La détresse respira- taille maximale vers 6 ans, puis elle s’atrophie
toire apparaît, avec polypnée et tachycardie. vers la puberté.
L’expiration est difficile et prolongée, et Les lymphatiques efférents de ces tissus lym-
quand le bébé présente une polypnée sévère, phoïdes naissent dans les plexus entourant
le souffle est rapide et court, avec de faibles chaque follicule lymphoïde et se drainent par
échanges gazeux. Des râles sibilants ou sous- les nodules lymphatiques rétropharyngiens,
crépitants à prédominance expiratoire ainsi ou directement dans les nodules cervicaux pro-
qu’une fièvre peuvent être présents. fonds supérieurs. Les nodules rétropharyn-
Chez les enfants de moins de 24 mois, le giens consistent en trois groupes ; deux d’entre
VRS est un virus pathogène important [328]. eux sont localisés de chaque côté, en avant des
Une fois infecté, le nourrisson ne développe masses latérales de C1, le long des bords laté-
pas une immunité complète et les réinfections raux du muscle long de la tête.
sont fréquentes. Les pneumonies et surinfec- Dès lors, une dysfonction somatique de la
tions bactériennes des voies respiratoires sont colonne cervicale, de l’os frontal, des maxil-
des complications possibles [325]. Chez les laires, de l’os ethmoïde, des os nasaux ou des
bébés en dessous de 3 mois, le VRS peut être os zygomatiques peut altérer la fonction des
une pathologie sévère, et c’est une cause voies respiratoires supérieures en tant que
importante d’hospitalisation pour infection défense primaire contre les pathogènes com-
aiguë des voies respiratoires inférieures chez muns. Une dysfonction de la cage thoracique
les bébés et les jeunes enfants [329]. et du diaphragme peut altérer le retour lym-
De surcroît, les bronchiolites, particulière- phatique à la circulation générale et le drai-
ment quand elles sont dues au VRS, peuvent nage des sécrétions muqueuses de l’arbre
être un précurseur du développement de bronchique. De ce fait, une dysfonction
l’asthme, comme la rhinite allergique qui aug- somatique peut contribuer à la création d’un
mente également l’inflammation bronchique environnement propice à un développement
[330]. Les jeunes enfants qui présentent plus de pathogène. Il a été montré que les procédures
trois épisodes de bronchiolite sont prédisposés ostéopathiques, en particulier le drainage
à l’asthme ; ce chiffre est ramené à deux épiso- lymphatique thoracique, résulte en une mor-
des s’il existe des antécédents familiaux. Les bidité et une mortalité diminuée en cas d’épi-
virus respiratoires transmissibles et répandus démie de grippe [332,333].
comme le VRS font aussi partie des étiologies Le système nerveux autonome (SNA) est
possibles du développement d’une otite aiguë d’une importance primordiale dans la régula-
chez les jeunes enfants [191,331]. Dès lors, des tion des sécrétions bronchiques et sa dysfonc-
mesures préventives devraient être appliquées. tion peut faciliter les bronchiolites. Les fibres
La première défense contre les agents sympathiques postganglionnaires entre T2 et
pathogènes communs des infections aiguës T4 stimulent la dilatation des bronches et des
Les présentations cliniques 343

bronchioles, et diminuent la fluidité des sécré- L’activité sympathique doit aussi être nor-
tions. Les branches pulmonaires du nerf vague malisée en traitant les dysfonctions de la
sont motrices pour les fibres musculaires des colonne thoracique supérieure (T2–T4). L’acti-
bronches et des bronchioles ; elles sont par vité parasympathique peut être normalisée
conséquent bronchoconstrictrives. Ainsi, les avec le traitement de la région sous-occipitale.
dysfonctions somatiques thoraciques supérieu- L’utilisation des principes indirects permet la
res, et celles des régions cervicales et crânien- normalisation des dysfonctions somatiques
nes supérieures peuvent affecter les voies respi- cervicales présentes. Améliorer le drainage
ratoires inférieures par action réflexe somato- lymphatique des nodules cervicaux supé-
viscérale. rieurs profonds en normalisant les structures
myofasciales cervicales.
Examen clinique et traitement Observer la face de l’enfant. L’os frontal, les
En dehors des situations d’urgence médicale, maxillaires, l’os ethmoïde, les os nasaux et les
l’objectif du traitement ostéopathique chez os zygomatiques forment les voies respiratoi-
l’enfant qui présente une bronchiolite est de res supérieures. Rechercher les asymétries de
stimuler l’expectoration des sécrétions, d’amé- ces structures et les modifications de texture
liorer les échanges aériens, de promouvoir tissulaire. Les tests d’écoute devront confir-
l’homéostasie en équilibrant le SNA, et d’aug- mer ces observations, et le traitement appli-
menter le drainage veineux et lymphatique des qué en conséquence. Il est impératif que
poumons. De surcroît, il est important de nor- l’enfant respire par le nez, donc toute dys-
maliser les dysfonctions somatiques qui peu- fonction qui entrave la respiration nasale doit
vent prédisposer l’enfant à des récidives. être normalisée.
Observer la cage thoracique et le mode res- Après l’application du traitement manipu-
piratoire de l’enfant ; faire particulièrement latif, réévaluer l’enfant. Réévaluer les zones
attention à la mobilité des côtes et du ster- musculosquelettiques traitées et ausculter à
num. Les enfants avec dyspnée obstructive nouveau les poumons pour vérifier le dégage-
peuvent présenter un tirage, ainsi que des ment des sécrétions et le flux respiratoire.
rétractions suprasternale, infrasternale, sous- Il est important de maintenir une bonne
costales et intercostales en respirant. À la per- hydratation. Les parents doivent encourager
cussion, la poitrine est hyperrésonnante. À une consommation de liquides suffisante,
l’auscultation, une expiration prolongée, un tout comme ils doivent maintenir une bonne
wheezing et des râles peuvent être observés. Il humidification de l’environnement de l’en-
est important d’ausculter les poumons avant fant.
et après le traitement ostéopathique.
En utilisant les principes des procédures Asthme
indirectes, restaurer le mouvement de la co-
lonne thoracique et des côtes. Le pompage L’asthme est la maladie chronique la plus fré-
thoracique peut être utilisé pour libérer les quemment rencontrée dans l’enfance. En fait,
mucosités, stimuler l’expectoration et dimi- durant les 20 à 30 dernières années, la préva-
nuer l’obstruction bronchique. Le diaphrag- lence dans l’enfance des troubles allergiques
me thoracique et l’anneau thoracique supé- et de l’asthme a augmenté dans de nombreux
rieur doivent être évalués et traités en pays [334,335]. L’asthme est caractérisé par
fonction des besoins. Les pompages costaux une inflammation chronique conduisant à
et le modelage sternal peuvent également être une hyperréactivité et à une obstruction des
appliqués pour augmenter la mobilité de la voies aériennes réversible et récidivante.
cage thoracique, la ventilation et stimuler Une interaction de facteurs génétiques et
l’expectoration. environnementaux semble en cause. Une pré-
344 Ostéopathie pédiatrique

disposition génétique est présente [334,336, d’infections des voies respiratoires dans la
337], avec un plus grand risque si les deux première année de vie est un facteur de risque
parents présentent la maladie [338]. Chez pour développer un asthme entre 6 et 8 ans
l’hôte prédisposé, les réponses immunitaires [338,350]. Des niveaux d’IgE élevés à 6 mois
aux différentes expositions, comme les aller- sont également un facteur de risque [338]. En
gènes et les polluants de l’air peuvent déclen- revanche, l’association de l’atopie avec l’asth-
cher une inflammation pathogénique [339]. me est débattue, et l’apparition d’eczéma pen-
Un statut socioéconomique moindre peut dant la première année de vie n’est pas tou-
favoriser l’asthme, les rhinites et une sensibi- jours associée au développement d’asthme
lisation allergique, surtout aux allergènes ali- plus tard dans l’enfance [338].
mentaires [340]. Parmi les différents facteurs Une association clinique entre les rhinosi-
pouvant expliquer cette susceptibilité, la qua- nusites et l’asthme est souvent suggérée. De
lité de la nourriture peut être mise en cause. plus, le traitement efficace de la rhinosinusite
Chez les enfants avec des antécédents fami- a un effet positif sur l’asthme concomitant
liaux d’asthme, l’effet préventif de l’équilibre [351]. Le concept des « voies respiratoires uni-
diététique est observé. En particulier, les ré- fiées » inclut la possibilité d’une dissémina-
gimes avec une augmentation de l’anti- tion de cellules inflammatoires des sécrétions
inflammatoire « n-3 » des acides gras polyin- postnasales dans les poumons. Un chemine-
saturés (oméga 3), seul [341] et en association ment par une voie vasculaire est une autre
avec une prévention contre les acariens sem- hypothèse pour expliquer cette association.
blent bénéfiques [342]. Il semble aussi qu’une L’hypothèse nerveuse pour expliquer les
supplémentation en acides gras polyinsaturés liens existant entre les voies aériennes supé-
oméga 3 pendant la grossesse et la petite rieures et inférieures se fonde sur les voies
enfance puisse potentiellement réduire l’ato- réflexes du système nerveux, en particulier des
pie de l’enfant et l’asthme [343,344]. réflexes naso-pharyngo-bronchiques qui
Très controversée, « l’hypothèse hygié- impliquent le nerf trijumeau et le nerf vague
niste » a été développée vers la fin des années [352]. L’inflammation des voies aériennes
1980 pour expliquer la haute prédominance supérieures peut affecter les récepteurs du nez
des maladies allergiques et de l’asthme dans et du pharynx. Les fibres afférentes (sensitives)
les pays industrialisés [345]. Le développe- de ces récepteurs participent à la constitution
ment de l’hygiène dans ces pays est associé à du nerf trijumeau qui est relié au noyau dorsal
une réduction des expositions microbiennes vagal dans le tronc cérébral par la substance
et à une incidence diminuée de maladies réticulée. Le nerf vague envoie des fibres para-
infectieuses. Normalement, les expositions sympathiques efférentes aux bronches pour
microbiennes durant la petite enfance et maintenir un tonus musculaire bronchique et
l’enfance stimulent le développement du sys- moduler les réponses bronchospastiques. Chez
tème immunitaire et « l’hypothèse hygié- les enfants asthmatiques, en raison d’une acti-
niste » déclare que les troubles atopiques sont vité parasympathique accrue, la sécrétion de
les conséquences du manque d’infections mucus et la bronchoconstriction sont augmen-
durant la petite enfance [346]. L’usage d’anti- tées [353]. Une inflammation neurogénique
biotiques la première année de vie semble activée par des médiateurs inflammatoires et
aussi augmenter le risque de développer un les irritants environnementaux le long des
asthme [347]. voies nerveuses réflexes peut être la cause
Pour autant, il y a aussi des évidences mon- d’une dysfonction nerveuse [354].
trant que la pathogenèse de l’asthme peut Les principes ostéopathiques d’intégration
inclure une exposition précoce aux virus et holistique des différentes parties du corps
aux bactéries [348,349]. Un grand nombre s’appliquent parfaitement à cette hypothèse
Les présentations cliniques 345

où une réaction initiale du corps est suivie de au RGO et à l’asthme [359]. Normalement, le
manifestations à distance. La théorie d’« une système nerveux parasympathique par l’inter-
voie aérienne commune–une seule réponse » médiaire du nerf vague assure la constriction
postule que l’histopathologie commune à la des muscles bronchiques, alors que les fibres
fois aux voies respiratoires inférieures et supé- sympathiques induisent une bronchodilata-
rieures résulte en une inflammation allergi- tion. Les fibres sympathiques innervent égale-
que globale de toutes les voies respiratoires. ment les tissus lymphoïdes des bronches et des
L’unité totale du corps est aussi démontrée intestins, éléments essentiels des interactions
par les interactions entre les voies respiratoi- neuro-immunitaires [360].
res et le tube digestif. En fait, toutes les L’intéroception participe largement à nos
muqueuses du corps sont interdépendantes. états psychoémotionnels. En fait, le parasym-
L’intestin est un des plus importants organes pathique viscéral est le système sensitif qui
du système immunitaire, et la composition de recueille une multitude d’informations inter-
sa microflore diffère entre les bébés avec ato- nes qui, secondairement, influencent des
pie et ceux qui en sont préservés. Qui plus est, émotions, autant que les états émotionnels
les différences sont vérifiables avant la surve- impactent la fonction nerveuse autonome
nue d’une manifestation clinique, comme [361]. L’influence du stress est potentielle-
l’asthme [355]. La circulation des cellules san- ment négative sur les régulations neuro-
guines et des tissus lymphoïdes associés aux immunologiques [360]. Chez les asthmati-
muqueuses pourrait expliquer l’interaction ques, il est montré que le stress éprouvé
entre ces différents territoires [330]. prénatalement ou dans les premières années
La colonisation intestinale, associée à la de la vie peut participer au développement de
maturation du système immunitaire, est aussi l’asthme [362,363]. Chez l’enfant, une ten-
influencée par le mode d’accouchement. Les sion psychologique exagérée peut prédisposer
enfants nés par césarienne démontrent un aux maladies respiratoires et contribuer à
retard dans cette colonisation [356]. Cela dérégler le système immunitaire. Le stress ren-
pourrait expliquer le fait que la naissance par force la tendance aux infections [364] et peut
césarienne soit un facteur de risque pour être associé au développement de l’asthme.
l’asthme atopique [357]. Très souvent, les enfants asthmatiques ont
Parmi les pathologies du tube digestif, les une expression d’angoisse sur le visage.
reflux du contenu gastrique dans l’œsophage La plupart du temps, une réaction asthma-
ou reflux gastro-œsophagiens (RGO) sont fré- tique est déclenchée par une exposition aux
quemment associés à l’asthme. Environ 50 à agents environnementaux. Les enfants asth-
80 % des adultes et des enfants asthmatiques matiques ont des voies aériennes hyperréacti-
présentent un RGO, qui peut ne pas être clini- ves. Les divers stimulus tels que les acariens, la
quement évident [358]. Chez l’être humain, poussière, les polluants, ou la fumée de tabac
l’acidification intracellulaire diminue la fré- produisent une réponse de bronchospasme
quence des battements ciliaires des cellules exagérée, avec dyspnée et poitrine serrée.
épithéliales de l’appareil trachéobronchique C’est précocement dans la vie que le dévelop-
[242]. Comme pour les autres dysfonctions pement pathogénique s’organise au niveau
respiratoires, dans l’asthme, ce facteur contri- des poumons, ce qui entraîne plus tard leur
bue à diminuer le dégagement muqueux. altération [339]. Dès lors, le traitement devrait
Les poumons et l’œsophage sont tous les être inauguré le plus tôt possible.
deux innervés par le nerf vague et la distribu- Plusieurs manifestations cliniques sont
tion thoracique supérieure du système nerveux courantes. Le patient peut présenter des pro-
sympathique. Une dysfonction autonomique dromes, comme des démangeaisons sur la
peut expliquer les symptômes associés à la fois partie supérieure de la poitrine, accompa-
346 Ostéopathie pédiatrique

gnées d’une toux sèche. Cela peut être suivi ment. Habituellement, les enfants les plus
d’épisodes dyspnéiques, avec tachypnée et grands acceptent de s’allonger sur la table de
resserrement de poitrine, wheezing qui corres- traitement. Pour les plus jeunes enfants, il est
pond aux sifflements typiques de l’asthmati- souvent plus facile de commencer l’évalua-
que, et toux qui résulte de l’exposition aux tion et le traitement par la cage thoracique
allergènes, la pollution atmosphérique [365] supérieure parce que cela peut être fait avec
ou l’effort. Chez les asthmatiques, un bron- l’enfant assis, éventuellement sur les genoux
chospasme peut aussi suivre l’inhalation d’air d’un parent. Après l’instauration d’un climat
froid [254]. D’autres sujets présentent une de confiance soignant–soigné, l’enfant peut
toux et un wheezing chronique, associé à une être transféré sur la table de traitement pour la
dyspnée, et une diminution de la capacité suite du traitement.
vitale. L’anxiété peut s’expliquer par la dysp- L’enfant étant allongé ou assis, observer la
née et la sensation de poitrine serrée. cage thoracique supérieure, noter une dimi-
nution de la compliance pendant l’excursion
Examen clinique et traitement respiratoire, la tension des scalènes, trapèzes
Pour le traitement de l’asthme, les considéra- et sternocléidomastoïdiens dans la région
tions ostéopathiques, bien que dirigées sur supraclaviculaire. Évaluer le mouvement ster-
l’ensemble du corps, convergent en particu- noclaviculaire et la flexibilité du sternum.
lier sur les dysfonctions somatiques du Vers 7 ans, avec le développement des structu-
diaphragme thoracoabdominal, de la cage res squelettiques, le mouvement des articula-
thoracique, de la colonne thoracique supé- tions de cette région devient mécaniquement
rieure, de la colonne cervicale, du sacrum, du plus précis. Palper la colonne thoracique et les
crâne et de la face. Les objectifs du traitement côtes à la recherche de dysfonction somati-
sont d’encourager l’expectoration des mucosi- que, faisant très attention à la zone T2 à T4, en
tés, de réduire l’impact mécanique des dys- raison de l’impact des réflexes viscérosomati-
fonctions somatiques, d’améliorer les possibi- ques et somatoviscéraux sur les poumons. Uti-
lités de récupération par l’équilibration des liser les principes indirects pour le traitement.
systèmes parasympathique et sympathique, et Ensuite, avec l’enfant si possible en posi-
de faciliter la perfusion artérielle, veineuse et tion de décubitus, évaluer la partie inférieure
lymphatique des tissus. Fréquemment, les de la cage thoracique et le diaphragme thora-
signes et les symptômes sont tout d’abord coabdominal. Observer le type respiratoire.
observés par les parents, et ces enfants peu- Les enfants asthmatiques ont tendance à pré-
vent être conduits chez un ostéopathe avant senter une expiration forcée. Palper la partie
même que le diagnostic de l’asthme soit for- inférieure de la cage thoracique pour évaluer
mellement établi. Pour autant, il faut insister sa compliance ; comparer les phases inspira-
sur le fait que l’asthme met potentiellement la toires et expiratoires de la respiration. Typi-
vie du sujet en danger, et bien que le traite- quement, la plus grande résistance est appré-
ment des dysfonctions somatiques puisse ciée durant la phase expiratoire, et l’enfant
considérablement profiter au malade [366, présente souvent une respiration rapide,
367], la nécessité d’une prise en charge médi- bruyante et peu profonde. Palper bilatérale-
cale est essentielle. Plus tôt les dysfonctions ment la cage thoracique pour évaluer la ten-
somatiques sont efficacement normalisées, sion et l’asymétrie de l’excursion diaphragma-
meilleures sont les chances de succès dans le tique. Évaluer la colonne lombale pour
traitement. Commencer par traiter les régions rechercher les dysfonctions qui peuvent
les plus facilement accessibles sans déranger impacter le diaphragme par l’intermédiaire
l’enfant. La séquence du traitement est déter- des piliers du diaphragme. Examiner le
minée par la tolérance du patient au traite- sacrum et le bassin pour identifier des dys-
Les présentations cliniques 347

fonctions qui pourraient affecter le patient MRP améliore les qualités des IRC avec un
par le core-link. Traiter les dysfonctions soma- effet sur l’ensemble du corps.
tiques avec les procédures indirectes. Les pro- Après le traitement ostéopathique, plu-
cédures ostéopathiques peuvent suivre la fré- sieurs activités peuvent être encouragées pour
quence respiratoire du patient, ce qui permet consolider les résultats de l’intervention. Pour
d’accroître graduellement l’amplitude de les jeunes enfants, les parents devraient être
l’excursion respiratoire. encouragés à caresser régulièrement, et très
Évaluer ensuite la colonne cervicale et les doucement, la région paravertébrale thoraci-
structures myofasciales du cou. Considérer que, en particulier de T1 à T5, et ce bilatérale-
tout d’abord l’ensemble de la colonne, puis ment.
vérifier attentivement la colonne cervicale On conseillera pour les plus jeunes des acti-
supérieure en raison de son rapport avec le vités expiratoires sous forme de jeu, comme
nerf vague. Traiter les dysfonctions. souffler des bulles de savon. Des exercices
À ce stade, procéder à l’examen de la base peuvent être enseignés aux enfants plus
du crâne. En utilisant la prise préférée, éva- grands pour augmenter la capacité vitale
luer la SSB. De manière anecdoctique, les pulmonaire, faciliter le drainage des sécré-
enfants qui présentent de l’asthme et de tions des voies respiratoires, et améliorer leur
l’eczéma démontrent fréquemment une état général. Commencer en encourageant
compression de la SSB et une amplitude l’enfant à respirer lentement et profondément
diminuée des IRC. Évaluer le rapport entre avec le diaphragme thoracoabdominal et avec
l’occiput et les os temporaux à la recherche la plus faible participation possible des mus-
d’une dysfonction du foramen jugulaire et cles respiratoires accessoires (scalènes, sterno-
de son contenu. Évaluer les os temporaux, en cléidomastoïdiens, trapèzes et muscles abdo-
raison des insertions de la tente du cervelet. minaux). Ils devraient également apprendre à
Une dysfonction à ce niveau affecte la respi- contrôler leur respiration, avec une attention
ration primaire mais aussi thoracique. Ainsi, particulière pour régler l’expiration. Enfin, ils
la rotation externe d’un os temporal a ten- peuvent s’entraîner à retenir leur souffle dans
dance à limiter l’expiration thoracique. Exa- la plus grande détente possible. Cela leur per-
miner le rapport entre le sphénoïde, les os mettra d’éprouver des apnées sans anxiété. Au
frontaux et faciaux. Les os de la face, eth- fur et à mesure qu’ils progressent dans ces
moïde, lacrymal, maxillaires et nasaux, qui exercices, ils peuvent être encouragés à appli-
contribuent à la structure des voies aériennes quer cette méthode de détente respiratoire à
nasales, sont suspendus sous les frontaux. De la première perception d’une crise d’asthme.
plus, l’ethmoïde s’articule postérieurement Du fait que la respiration est largement utili-
avec le sphénoïde. Il n’est pas rare de rencon- sée dans le chant, cette activité peut aussi leur
trer une compression entre les os frontaux et être bénéfique.
les os de la face. Traiter les dysfonctions iden- Le maintien d’une bonne posture devrait
tifiées. Il est important que les voies aérien- être enseigné. Une simple procédure peut être
nes nasales ne soient pas encombrées en rai- de jouer à tenir un livre en équilibre sur le
son des mécanismes réflexes de la respiration sommet de la tête pendant la marche. Par
nasale sur la fonction respiratoire thoraco- ailleurs, la pratique d’une activité physique
pulmonaire. De plus, la relation entre les régulière peut aussi être conseillée chez ces
rhinosinusites et l’asthme renforce l’impor- enfants et ces adolescents asthmatiques
tance d’une fonction satisfaisante des os de [368,369].
la face chez les enfants asthmatiques. Le trai- Des considérations diététiques complètent
tement du mécanisme craniosacral avec une le traitement. La consommation quotidienne
attention particulière au rythme inhérent du de fruits ou de légumes frais doit être recom-
348 Ostéopathie pédiatrique

mandée. Celle de sucres et d’aliments qui aug- matique inclut le sondage, l’intubation par
mentent l’acidité gastrique devrait être limitée. sonde en silicone, la dilatation du canal lacry-
Les produits laitiers qui augmentent la produc- monasal et l’intervention sur le cornet infé-
tion de mucus doivent être consommés avec rieur [372]. Les procédures ostéopathiques
modération, et préférablement avant 17 heu- offrent une approche alternative et,
res, pour faciliter la vidange gastrique avant puisqu’elles sont bénignes, elles devraient être
l’heure du coucher, et éviter les RGO. tentées avant l’emploi de procédures plus
agressives. Plus tôt le bébé ou l’enfant est
Troubles oculaires traité, meilleures sont les chances d’une réso-
lution rapide de l’obstruction. Bien évidem-
ment, une bonne image mentale de l’anato-
Obstruction des voies lacrymales
mie du canal lacrymonasal et du système de
Approximativement 20 % des bébés souffrent drainage lacrymal fournit la base nécessaire
de drainage imparfait des voies lacrymales au praticien pour améliorer l’efficacité de sa
pendant les premiers mois de la vie. La plu- manipulation.
part du temps, une résolution spontanée a L’appareil lacrymal consiste en plusieurs
lieu, et vers leur premier anniversaire, seule- parties qui se développent simultanément.
ment 0,7 % des enfants présentent toujours Les glandes lacrymales sécrètent les larmes, les
une manifestation clinique de ce trouble canaux excréteurs ou canalicules lacrymaux
[370]. Habituellement, l’obstruction congéni- libèrent ces sécrétions à la surface de l’œil,
tale du canal lacrymonasal ou dacryosténose pendant que le sac lacrymal et le canal lacry-
résulte d’une anomalie dans le système de monasal recueillent et transportent ces sécré-
drainage lacrymal ou d’une infection. tions dans la cavité nasale.
Le diagnostic de l’obstruction congénitale La glande lacrymale consiste en deux par-
du canal lacrymonasal est clinique. Il est ties, la partie orbitaire, supérieure, et la partie
fondé sur la présence d’un larmoiement, palpébrale, inférieure. La partie orbitaire supé-
d’une décharge mucopurulente, ou des deux, rieure est localisée dans la fosse lacrymale,
en présence d’une conjonctive non enflam- dans la partie supérolatérale de l’orbite, sur le
mée, affectant habituellement un seul œil, et côté médial du processus zygomatique de l’os
survenant dans les premières semaines de la frontal. En forme d’amande, elle est adhé-
vie. Cette affection peut être continue ou rente au périoste orbitaire, et repose sur les
intermittente. Souvent, les parents décrivent muscles releveur de la paupière supérieure
des paupières collées au réveil, ou des larmoie- (RPS) et droit latéral. La partie palpébrale infé-
ments constants ; les croûtes sur les bords rieure est séparée de la partie supérieure par
palpébraux sont fréquentes. La pression digi- un septum fibreux ; elle se continue dans la
tale appliquée sur le sac lacrymal, dans la partie latérale de la paupière supérieure. Bien
partie médiale de l’œil, augmente la décharge que le développement de la glande lacrymale
aux points lacrymaux. ne soit terminé que vers 3 ou 4 ans, la produc-
Les avis sont très partagés sur l’approche tion de larmes chez les bébés est similaire à
médicale de l’obstruction congénitale du celle des adultes [373].
canal lacrymonasal [371]. En fait, quand de Sur chaque paupière, le canalicule lacrymal
multiples approches thérapeutiques sont dis- provient d’un point lacrymal, un minuscule
ponibles pour une affection donnée, cela indi- orifice placé sur le bord médial des paupières.
que généralement qu’aucune d’entre elles Le canalicule supérieur est le plus petit et le
n’est complètement efficace. Dans ce cas, la plus court. Son trajet est tout d’abord ascen-
liste des procédures classiques pour traiter dant, puis il dessine un angle aigu en direc-
l’obstruction du canal lacrymonasal sympto- tion du sac lacrymal ; le canalicule inférieur se
Les présentations cliniques 349

Canalicules lacrymaux les canaux lacrymaux, et avec la cavité nasale


Points lacrymaux
par le canal lacrymonasal.
Les voies lacrymales ont un rapport parti-
culièrement intéressant avec l’OO. Ce muscle
entoure le pourtour orbitaire, avec des inser-
tions osseuses sur l’os frontal, le processus
frontal du maxillaire et l’os lacrymal. Quand il
se contracte, comme pendant le « cligne-
ment » de l’œil, une compression du sac
lacrymal se produit par la partie lacrymale du
muscle, expulsant les sécrétions dans le canal
lacrymonasal pour les drainer dans le méat
inférieur de la cavité nasale. Inversement,
durant la détente musculaire, les sécrétions
sont attirées dans les canalicules lacrymaux et
Conduit lacrymonasal dans le sac lacrymal relâché [206].
Canalicule lacrymal Le canal lacrymonasal s’étend caudale-
Sac lacrymal
ment à partir du sac lacrymal pour s’ouvrir
dans le méat nasal inférieur. Les deux extrémi-
Figure 7.42. Sac lacrymal. tés du canal sont plus larges que sa partie
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, moyenne, où il est enclos dans un canal
Fig. 8.79, p. 873.) osseux, formé par le maxillaire, l’os lacrymal
et le cornet nasal inférieur. Il est dirigé vers le
bas, l’arrière, et légèrement vers le dehors.
dirige vers le bas, puis remonte vers le sac
lacrymal (figure 7.42). Au niveau de leurs Le canal lacrymonasal est formé embryolo-
angles, ces canalicules sont dilatés et forment giquement de cellules ectodermiques placées
des ampoules. Leur revêtement muqueux pré- le long de la fente orbitofaciale, entre le pro-
sente un épithélium squameux stratifié, placé cessus maxillaire et le processus nasal latéral.
sur une membrane basale. Leur paroi externe Pendant le 3e mois de gestation, un canal
consiste en une couche de fibres musculaires apparaît au centre de cette corde épithéliale,
squelettiques, continue avec la partie qui progressivement se développe dans une
lacrymale du muscle orbiculaire de l’œil (OO). direction céphalocaudale, du 6e mois de ges-
tation jusqu’à la naissance. Au 3e trimestre de
Le sac lacrymal est la terminaison supé- gestation, la partie inférieure du canal s’ouvre
rieure dilatée du canal lacrymonasal. Il est dans le méat inférieur de la cavité nasale pour
localisé dans une fosse formée par l’os constituer le canal lacrymonasal, pendant que
lacrymal, le processus frontal du maxillaire et l’épithélium de la cavité nasale investit le
le fascia lacrymal. Il mesure de 12 à 15 mm de canal dans une direction caudocéphalique.
longueur et se prolonge dans le canal lacry- Un repli muqueux, le pli lacrymal (valvule de
monasal. Sa face superficielle est couverte par Hasner), est localisé juste au-dessus de l’ouver-
le fascia lacrymal, une extension du périoste ture nasale du canal lacrymonasal. En fait,
orbitaire, et par le ligament palpébral médial. parfois la canalisation de la corde épithéliale
Sa face profonde est traversée par la partie peut ne pas se produire complètement ; le
lacrymale de l’OO, qui est fixé à la crête tissu membraneux, qui devrait normalement
lacrymale postérieure sur l’os lacrymal. Le sac disparaître à la naissance ou dans les premiers
lacrymal est tapissé d’une membrane jours de vie, persiste alors plus ou moins.
muqueuse continue avec la conjonctive par Dans l’obstruction congénitale du canal lacry-
350 Ostéopathie pédiatrique

monasal, la partie inférieure du canal peut processus frontaux des maxillaires, notant
être obturée à la naissance par des replis l’asymétrie et la compression de ces structu-
muqueux. Habituellement, cette obstruction res. Typiquement, les forces impliquées dans
est observée chez le bébé vers le 10e ou l’obstruction du canal lacrymonasal impli-
12e jour de vie. quent le plus souvent une compression verti-
L’obstruction du canal lacrymonasal est cale entre les os frontaux et nasaux, avec par-
fréquemment associée à une dysfonction des fois un sidebending et une rotation du bloc
os qui forment le canal osseux dans lequel le facial sous les os frontaux, l’obstruction étant
canal lacrymonasal est localisé, c’est-à-dire le du côté de la concavité faciale.
maxillaire, l’os lacrymal et le cornet nasal Confirmer les observations par les tests
inférieur. Elle suit souvent la compression de d’écoute, avec une attention particulière pour
l’os frontal, et peut aussi être associée à un les os frontaux, nasaux, maxillaires et
strain vertical inférieur de la SSB. Par consé- lacrymaux. Conserver une image mentale de
quent, les rapports entre les os frontaux, la finesse des détails de la zone pour faciliter
maxillaires et lacrymaux sont affectés, modi- ce processus. Définir les zones où la motilité
fiant potentiellement la perméabilité du canal est limitée et employer les forces inhérentes
lacrymonasal. Ce type de compression, qui du MRP et de son rythme, pour procéder très
survient fréquemment pendant la grossesse, délicatement à la normalisation, en suivant
un travail ou un accouchement difficile, sem- les tissus et les principes des techniques indi-
ble être un facteur prédisposant à l’obstruc- rectes. La procédure doit être si légère qu’elle
tion du canal lacrymonasal. De plus, une dys- ne réveille pas le bébé.
fonction des os frontaux, maxillaires, et
lacrymaux change le rapport entre les points Conseils aux parents
d’insertion de l’OO, favorisant une dysfonc- Encourager les parents à nettoyer régulière-
tion musculaire. ment les sécrétions de l’œil, pour éviter le
développement d’une infection. Afin de pro-
Examen clinique et traitement mouvoir le drainage des sécrétions dans le
Dans le traitement de l’obstruction du canal canal lacrymonasal, les parents peuvent mas-
lacrymonasal, la délicatesse de l’intervention ser le sac lacrymal, en appliquant par inter-
nécessite que le bébé soit le plus calme possi- mittence une légère pression digitale en
ble. Cela peut être accompli en s’arrangeant dedans des points lacrymaux avec un déplace-
pour traiter le bébé à un moment qui corres- ment du doigt du haut vers le bas.
pond à un temps de sommeil. La meilleure Encourager les expressions faciales, en
approche consiste à demander aux parents jouant activement avec l’enfant pour stimuler
d’arriver avec l’enfant une demi-heure avant la fonction de l’OO. Si l’enfant est assez grand,
le rendez-vous. Installer le bébé et les parents faire des clignements des yeux et des grima-
dans une salle d’examen au calme, et si besoin ces. Les contractions répétées de l’OO facili-
laisser allaiter l’enfant. Prévoir un temps suffi- tent le drainage en comprimant le sac
sant pour permettre à l’enfant de s’endormir, lacrymal.
de préférence dans une position de décubitus
sur la table d’examen.
Strabisme
Une fois le bébé endormi, commencer
silencieusement le traitement. Tout d’abord, Le strabisme est la déviation de l’alignement
observer les os frontaux. Souvent, l’os frontal d’un œil par rapport à l’autre. Cette manifes-
du côté de l’obstruction du canal lacrymona- tation clinique est fréquemment rencontrée
sal est plus bas que de l’autre côté. Puis, obser- chez les bébés et les enfants. En réalité, c’est
ver la zone du nasion, des os nasaux et des un sujet très complexe dont une description
Les présentations cliniques 351

complète est au-delà de l’objectif de ce texte. primitif, et sont tout à fait sensibles à la stimu-
Toutefois, le traitement des dysfonctions lation de croissance du bulbe oculaire. Ainsi,
somatiques peut être très bénéfique dans cer- la cavité orbitaire grandit, par suite de l’aug-
taines présentations. Le strabisme doit être mentation de volume du bulbe oculaire, et de
traité sérieusement et toute anomalie organi- l’activité grandissante des MEO, qui réalisent
que oculaire, comme la cataracte congénitale des mouvements oculaires de plus en plus
ou le rétinoblastome, doit avoir été éliminée. élaborés. À partir de cette période et jusqu’à
Il est impératif que, pour chaque cas de stra- l’âge de 5 ans, le bulbe oculaire poursuit sa
bisme, quel que soit l’âge du patient, un exa- croissance, agissant continuellement comme
men ophtalmologique minutieux soit effec- un stimulateur de croissance pour la cavité
tué, incluant la cornée, le cristallin, la rétine squelettique de l’orbite. À la naissance, la hau-
et le nerf optique, tout autant qu’une évalua- teur de l’orbite est déjà à 55 % de sa hauteur
tion de l’état neurologique des muscles de adulte. À 3 ans elle est de 79 %, alors qu’à
l’œil et des muscles extraoculaires (MEO). Le 7 ans elle atteint environ 94 %, presque la
traitement du strabisme devrait être com- taille adulte [375].
mencé le plus tôt possible, pour faciliter la Typiquement, les pathologies comme la
stimulation oculaire qui contribue normale- microphtalmie, où le développement du
ment à la maturation du système visuel. bulbe oculaire ne se produit pas normale-
Le bulbe oculaire, l’organe de la vision, est ment, ou les énucléations précoces résultent
contenu dans la cavité orbitaire, qui lui four- en un sous-développement de la cavité orbi-
nit un espace protecteur, ainsi qu’aux structu- taire. En fait, une orbite osseuse anophthalmi-
res associées de l’appareil de la vision, les fas- que peut être 14,5 % plus petite que l’autre
cias, les paupières, la conjonctive, l’appareil orbite [376]. Un des principes fondamentaux
lacrymal et les MEO. Approximativement vers de l’ostéopathie, l’interdépendance entre la
le 22e jour de gestation, les bulbes oculaires fonction et la structure, est parfaitement illus-
commencent leur développement sur les par- tré dans cet exemple.
ties latérales du prosencéphale à partir du En même temps, la structure affecte la
neuroectoderme, sous la forme de diverticu- fonction. Dans ce cas, les structures qui for-
les. Au 25e jour, deux vésicules optiques sont ment la cavité orbitaire peuvent affecter les
formées. Vers la 4e semaine, elles s’invaginent organes de la vision, les structures vasculoner-
et créent les cupules optiques par lesquelles veuses et musculaires qui leur sont associées,
les tissus mésenchymateux et vasculaires et donc affecter la fonction visuelle. Dès lors,
investissent le bulbe. Les différentes parties du il est approprié de considérer la cavité protec-
futur bulbe oculaire et la cavité orbitaire qui trice de l’œil qu’est la cavité orbitaire, et d’étu-
les protège sont intimement reliées. À la fin dier comment ses composantes osseuses
du 2e mois de gestation, le début de la période jouent un rôle dans l’étiologie des dysfonc-
fœtale, les MEO sont présents et entourent le tions oculaires.
bulbe oculaire. Puis la croissance se poursuit
avec une corrélation significative entre l’âge Cavité orbitaire
gestationnel et la biométrie de l’œil fœtal, Localisées dans la partie supérieure et anté-
incluant le cristallin, les diamètres orbitaires, rieure du viscérocrâne, les orbites ont la forme
et les diverses circonférences et surfaces [374]. de pyramides dont le sommet et l’axe long
Autour du bulbe oculaire, les constituants sont dirigés vers l’arrière et le dedans. Chaque
de la cavité orbitaire sont les os frontal, orbite consiste en un toit, un plancher, une
lacrymal, palatin, zygomatique, ethmoïde, paroi médiale et une paroi latérale, une base et
maxillaire et sphénoïde. Ils se développent un sommet. Le toit est concave, dirigé vers le
dans la membrane dérivant du mésenchyme bas et légèrement vers l’avant. La lame orbi-
352 Ostéopathie pédiatrique

taire de l’os frontal en constitue la plus grande Petite aile du sphénoïde


partie, alors que les petites ailes du sphénoïde
Fissure orbitaire Os frontal
en forment la partie postérieure. Une suture supérieure
est donc présente sur le toit de la cavité orbi- Canal optique
Grande aile du Foramens ethmoïdaux
taire entre le frontal et la petite aile du sphé-
sphénoïde Os ethmoïde
noïde. La fosse lacrymale pour la glande
lacrymale est localisée latéralement sur la sur-
face orbitaire de la lame du frontal. La fossette
trochléaire pour l’insertion de la trochlée
fibrocartilagineuse du muscle oblique supé-
rieur est située médialement, en dessous et en
arrière du rebord orbitaire de l’os frontal. Ce
point revêt un caractère particulier dans la
compréhension des dysfonctions oculaires,
car l’os frontal est fréquemment soumis aux
contraintes de la position fœtale, d’un travail
ou d’un accouchement difficile, ou encore
aux traumatismes subis par les jeunes enfants,
comme les coups ou chutes sur la tête. Bien
Os zygomatique Os lacrymal
que la plupart du toit orbitaire ne soit pas Os palatin
directement palpable, le rebord orbitaire de Fissure orbitaire
l’os frontal est complètement accessible, et sa inférieure
Os maxillaire
position doit toujours être évaluée dans le
strabisme. Figure 7.43. Orbite osseuse.
Le plancher de l’orbite est dirigé vers le (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants,
haut et le dehors (figure 7.43). Il est formé Fig. 8.70, p. 868.)
essentiellement par la surface orbitaire du
maxillaire, en arrière et en dedans par le pro-
cessus orbitaire du palatin et en avant et en pour le sac lacrymal est localisé antérieure-
dehors par le processus orbitaire de l’os zygo- ment. Il est limité en arrière par la crête
matique. Le maxillaire s’articule avec ces deux lacrymale postérieure, à partir de laquelle naît
derniers os. L’incisure lacrymale est visible en la partie lacrymale de l’OO. Trois sutures ver-
avant, sur le bord médial du maxillaire, et ticales sont présentes, les sutures lacrymo-
délimite l’ouverture supérieure du canal lacry- maxillaire, lacrymo-ethmoïdale et sphéno-
monasal. Sur ce bord médial, le maxillaire ethmoïdale. Les sutures frontomaxillaire,
s’articule avec l’os lacrymal, et en arrière avec frontolacrymale, fronto-ethmoïdale et sphé-
la lame orbitaire de l’ethmoïde. Une dépres- nofrontale sont situées entre le bord supérieur
sion latérale à l’incisure lacrymale correspond de la paroi médiale et le toit de l’orbite.
à l’origine du muscle oblique inférieur. Le La paroi latérale de l’orbite est dirigée vers
bord postérieur du maxillaire forme la plus le dedans et l’avant. Elle est formée par le
grande partie du bord antérieur de la fissure processus orbitaire du zygomatique et la sur-
orbitaire inférieure, décrite ci-après. face orbitaire de la grande aile du sphénoïde.
La paroi médiale de l’orbite est formée en La suture sphénozygomatique les unit. C’est
avant par le processus frontal du maxillaire, un autre site particulièrement intéressant, car
l’os lacrymal, la lame orbitaire de l’ethmoïde, l’os zygomatique est facilement palpable. Dès
et une petite partie du corps du sphénoïde en lors, par la palpation du zygomatique, il est
avant du foramen optique. Le sillon lacrymal possible de visualiser, d’évaluer et de traiter
Les présentations cliniques 353

indirectement la grande aile du sphénoïde nienne, avec une adhérence plus ferme aux
moins accessible. La suture sphénozygomati- sutures, et elle s’étend hors de la cavité crâ-
que se termine à sa partie inférieure à l’extré- nienne par les foramens et les fissures. Ainsi,
mité antérieure de la fissure orbitaire infé- par la fissure orbitaire supérieure, la couche
rieure. L’extrémité supérieure de la suture endostéale de la dure-mère crânienne se mêle
sphénozygomatique rejoint deux autres sutu- au périoste orbitaire. La dure-mère forme
res, créant ainsi un carrefour sutural impor- aussi des manchons qui accompagnent les
tant dans le traitement des dysfonctions ocu- nerfs crâniens à leur sortie du crâne. Au
laires. En avant, c’est la suture frontozygo- niveau du canal optique, un manchon tubu-
matique, et en arrière la suture entre l’os fron- laire provenant de la couche méningienne de
tal et la grande aile du sphénoïde. Juste en la dure-mère entoure le nerf optique dans son
dessous de la suture frontozygomatique, sur le passage dans le canal optique. Cette couche
processus orbitaire de l’os zygomatique, un durale se mêle à la sclère et adhère intime-
tubercule sert d’insertion à l’aponévrose du ment au tendon de l’anneau tendineux com-
RPS. mun des quatre muscles droits du bulbe. En
La fissure orbitaire inférieure est localisée fait, il y a une continuité anatomique totale
entre la paroi latérale et le plancher orbitaires, entre la dure-mère, le revêtement et les struc-
en arrière de la suture zygomaticomaxillaire. tures de la cavité orbitaire, comme le bulbe
Elle communique avec la fosse ptérygopala- oculaire et les MEO.
tine et infratemporale, et transmet les vais-
seaux infraorbitaires, le nerf maxillaire (V2) et Muscles
les branches ascendantes du ganglion pté- Les sept MEO (figure 7.44), ou extrinsèques,
rygopalatin. incluent les :
La fissure orbitaire supérieure sépare la – muscle releveur de la paupière supérieure
paroi latérale et le toit, dans la partie médiale (RPS) ;
de l’orbite. Les nerfs oculomoteur (III), tro- – les quatre muscles droits du bulbe, supé-
chléaire (IV), la division ophtalmique du tri- rieur, inférieur, médial et latéral ;
jumeau (V1) et le nerf abducens (VI) entrent – les deux muscles obliques du bulbe, supé-
dans la cavité orbitaire par cette fissure, rieur et inférieur.
accompagnés de quelques filaments du Ils contrôlent les mouvements de la pau-
plexus caverneux sympathique et des bran- pière supérieure et du bulbe oculaire. Un sys-
ches orbitaires de l’artère méningée tème complexe de bandelettes fasciales solida-
moyenne. C’est par cette fissure que la veine rise les MEO les uns aux autres. Il existe aussi
ophtalmique supérieure se draine dans le des muscles intrinsèques, intrabulbaires, les
sinus caverneux. muscles ciliaire et irien, qui sont responsables
Le sommet de l’orbite correspond à l’extré- de la forme du cristallin et de la taille de la
mité médiale de la fissure orbitaire supérieure, pupille.
près de l’origine des MEO, juste au-dessous du Le RPS naît de la petite aile du sphénoïde,
foramen optique. Le canal optique est formé au-dessus et en avant du foramen optique,
par les deux racines de la petite aile qui s’unis- dont il est séparé par l’origine du droit supé-
sent au corps du sphénoïde en laissant un rieur. À partir d’un tendon étroit, il s’élargit
espace pour l’artère ophtalmique et le nerf rapidement, s’aplatit et se termine antérieure-
optique. ment en une aponévrose large. Les fibres
Par le canal optique et la fissure orbitaire superficielles se prolongent en avant, trans-
supérieure, la cavité crânienne communique percent le muscle orbiculaire de l’œil, pour se
avec la cavité orbitaire. La dure-mère crâ- terminer sur la face profonde de la peau de la
nienne recouvre toute la surface endocrâ- paupière supérieure. Les fibres les plus profon-
354 Ostéopathie pédiatrique

Trochlée Releveur de la paupière supérieure


Oblique supérieur
Droit supérieur
Droit médial

Oblique supérieur
Droit médial
Droit supérieur

Droit latéral

Oblique inférieur
Droit latéral
A B Droit inférieur

Figure 7.44. Muscles du bulbe oculaire. A. Vue supérieure. B. Vue latérale.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.89, p. 879.)

des se mêlent à une expansion de l’aponé- Les quatre muscles droits du bulbe naissent
vrose du droit supérieur. Quelques fibres se d’un anneau fibreux, l’anneau tendineux
fixent aussi sur le bord supérieur du tarse commun, qui s’étend en travers de la fissure
supérieur ; elles forment le muscle palpébral orbitaire supérieure et entoure les bords supé-
supérieur. rieur, médial et inférieur du foramen optique,
Le ligament transversal supérieur de Whit- où il adhère fortement au manchon tubulaire
nall fait référence à un épaississement de dure-mérien qui entoure le nerf optique.
l’aponévrose du RPS. Il s’étend latéralement et L’anneau tendineux commun consiste en
médialement pour s’insérer sur les parois orbi- deux parties. Supérieurement, le tendon de
taires juste en arrière du rebord orbitaire supé- Lockwood donne naissance au muscle droit
rieur. En dedans, il s’attache à la trochlée du supérieur, à une partie du droit médial et aux
muscle oblique supérieur et à l’os frontal. fibres supérieures du droit latéral. Inférieure-
Latéralement, il est fixé à la capsule de la ment, le tendon de Zinn donne naissance aux
glande lacrymale et à l’os frontal. muscles droits inférieur, médial et latéral. À
Quand le RPS se contracte, il relève la pau- leur origine, les muscles droits sont très soli-
pière supérieure. Il est innervé par une bran- daires de l’anneau tendineux commun et
che supérieure du nerf oculomoteur (III). On commencent à se séparer à environ 8 mm en
remarquera que le muscle palpébral supérieur avant du canal optique [377]. Le droit médial
est innervé par des fibres postganglionnaires est le plus large, alors que le droit latéral est le
sympathiques du ganglion cervical supérieur. plus long. Les quatre muscles droits se diri-
Dès lors, un ptosis complet reflète une gent vers l’avant, avec une composante laté-
atteinte du nerf oculomoteur, alors qu’un pto- rale pour les droits supérieur et inférieur. Les
sis partiel est associé à une atteinte de l’inner- quatre s’insèrent par des expansions tendi-
vation sympathique [206]. neuses sur la sclère.
Les présentations cliniques 355

Mouvement le bulbe oculaire avec une amplitude extrême


Muscle testé de l’œil au cours dans toutes les directions. Selon les insertions
du testing du muscle et l’orientation des fibres, divers mouvements
Regard latéral résultent de la contraction des MEO. Pour
Droit supérieur et vers le haut autant, il faut se souvenir que, dans tous les
cas, ces muscles fonctionnent en synergie, et
non pas comme des entités isolées. Toutefois,
Droit inférieur Regard latéral
et vers le bas pour des raisons didactiques, les mouvements
oculaires peuvent être simplifiés comme dans
la description ci-après [206] (figure 7.45).
Droit latéral Regard latéral L’abduction et l’adduction du bulbe oculaire
se réalisent autour d’un axe vertical ; l’éléva-
tion et l’abaissement autour d’un axe trans-
Droit médial Regard en dedans verse, et l’intorsion et l’extorsion autour d’un
axe sagittal.
– Les droits supérieur et inférieur adductent le
Regard en dedans
Oblique inférieur et vers le haut bulbe oculaire, en association avec une élé-
vation et une intorsion pour le droit supé-
rieur, et un abaissement et une extorsion
Regard en dedans
Oblique supérieur et vers le bas pour le droit inférieur.
– Le droit médial adducte le bulbe oculaire.
Figure 7.45. Action – Le droit latéral abducte le bulbe oculaire.
des muscles extraoculaires. – Les obliques inférieur et supérieur abduc-
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, tent l’œil, avec une composante d’abaisse-
Fig. 8.91B, p. 881.) ment et d’intorsion pour l’oblique supé-
rieur, et d’élévation et d’extorsion pour
Le muscle oblique supérieur naît de la l’oblique inférieur. La trochlée de l’oblique
petite aile du sphénoïde, au-dessus et en supérieur est considérée comme le point
dedans du foramen optique et de l’origine du d’insertion musculaire pour l’étude du bras
droit supérieur. Il se dirige vers l’avant, et se de levier.
termine par un tendon circulaire, qui traverse Il faut remarquer que, dans une direction
un anneau fibrocartilagineux, ou trochlée, antéropostérieure, l’axe longitudinal de
fixé à l’os frontal. À partir de là, le tendon se l’orbite dévie latéralement, alors que l’axe du
dirige vers l’arrière, le dehors et le bas, sous le bulbe oculaire se rapproche du plan sagittal
droit supérieur pour s’insérer dans la sclère, en (figure 7.46). Dès lors, l’activité musculaire
arrière de l’équateur du bulbe oculaire, dans entre les muscles médiaux et latéraux n’est
son quadrant supérolatéral postérieur. pas égale. À la naissance, les nourrissons peu-
vent présenter un défaut d’alignement ocu-
Le muscle oblique inférieur naît de la sur-
laire intermittent, associé à une immaturité
face orbitaire du maxillaire, juste en arrière du
de la fonction visuelle. Théoriquement, vers
rebord orbitaire et en dehors de l’incisure lacry-
4 mois, avec le développement de la vision
male. Il se dirige vers l’arrière, le dehors et le
binoculaire, ce défaut doit disparaître [379].
haut, et s’insère dans le quadrant inférolatéral
Habituellement, des troubles transitoires avec
postérieur du bulbe oculaire.
ésotropie sont considérés comme typiques
En raison d’un ancrage orbitaire solide, où chez les nourrissons. Ils doivent cependant
fibres musculaires et tendineuses s’entremê- disparaître progressivement, car il est anormal
lent [378], les MEO sont capables de mobiliser pour un enfant de loucher. Si cette affection
356 Ostéopathie pédiatrique

« poulie musculaire » [381]. Après de multi-


ples controverses, cette théorie est toujours
acceptée. Des études plus récentes établissent
que tous les muscles droits et l’oblique infé-
rieur passent à travers une poulie formée par
Médial
un anneau ou un manchon de collagène,
d’élastine et de muscle lisse, localisé près de
l’équateur du bulbe oculaire, dans la capsule
de Tenon [382]. Dès lors, les muscles droits et
Axe du bulbe l’oblique inférieur ont leurs trajets canalisés
oculaire
par ces poulies qui deviennent les origines
fonctionnelles des muscles, selon un modèle
Axe de l’orbite similaire à celui de la trochlée du muscle obli-
que supérieur [383]. Ainsi, la position de
Figure 7.46. Les axes l’insertion d’une poulie par rapport au bulbe
du bulbe oculaire et de l’orbite. oculaire affecte les forces des MEO ; et une
(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, translation du bulbe oculaire de 1,5 mm
Fig. 8.88, p. 878.) modifie la direction de la traction du muscle
droit de 6° [384]. Ces poulies sont sous un
est permanente avec restriction de n’importe contrôle musculaire actif, permettant de cons-
lequel des mouvements des MEO, ou si les tants ajustements oculaires [382]. Inverse-
troubles transitoires persistent après 6 mois, ment, leur instabilité et la modification de
un examen ophtalmologique de l’enfant est leur emplacement sont associées à des dys-
nécessaire [380]. Dans tous les cas, un examen fonctions oculaires [384].
et un traitement ostéopathique contribuent à Fermement reliés les uns aux autres, les
l’équilibre des constituants osseux de l’orbite manchons de tissu conjonctif qui servent de
et de leur rapport avec les autres parties du poulies aux MEO sont aussi fixés par des
crâne. Les dysfonctions peuvent aussi se extensions aux parois orbitaires. Les ailerons
manifester dans les structures myofasciales et des droits latéral et médial sont respective-
membraneuses, produisant des neuropathies ment ancrés au tubercule orbitaire de l’os
par compression. Dès lors, le traitement de ces zygomatique et en arrière de la crête
éléments est indiqué pour promouvoir la lacrymale de l’os lacrymal. D’un point de vue
meilleure activité musculaire et la meilleure ostéopathique, ce détail est primordial. L’os
fonction oculaire possibles. zygomatique est souvent oublié lorsque l’on
Bien que complexe, l’étude de la fonction considère les zones d’insertion des MEO,
des MEO doit impérativement inclure les gai- l’accent étant mis sur le sphénoïde sur lequel
nes de tissu conjonctif qui enveloppent ces s’insère l’anneau tendineux commun. Pour
muscles. L’importance de ces tissus est recon- autant, chez les sujets avec strabisme ou autre
nue depuis longtemps, et la capsule de Tenon défaut oculaire, la considération des os orbi-
a été décrite en 1806 [381]. Cette capsule est taires sur lesquels les MEO s’insèrent devrait
une enveloppe fasciale recouvrant complète- inclure l’os zygomatique. Sa situation le rend
ment le bulbe oculaire. Elle s’étend du nerf vulnérable aux traumatismes et coups subis
optique à la jonction cornéosclérale et sépare pendant les activités normales de l’enfance.
le bulbe oculaire de la graisse orbitaire. Elle est En retour, cela peut affecter le diamètre de
perforée par les tendons des MEO sur lesquels l’orbite et l’équilibre fonctionnel des MEO,
elle se reflète pour leur former des manchons. particulièrement celui du droit latéral. Un
Tenon a décrit cette capsule comme une autre site d’importance est la trochlée de l’os
Les présentations cliniques 357

frontal pour le muscle oblique supérieur. Les transporte les fibres somatiques efférentes
dysfonctions frontales sont fréquemment pour le muscle oblique supérieur.
trouvées chez les bébés, avec un côté plus bas Le nerf abducens (VI) émerge du tronc céré-
que l’autre résultant en une asymétrie de la bral au niveau du sillon médullopontique. Il
trochlée du frontal. Cela peut être le cas dans traverse la dure-mère qui recouvre le clivus, et
les déviations supéromédiales de l’œil rencon- croise la pointe du rocher à travers un canal
trées, avec une dysfonction du muscle oblique ostéofibreux au-dessous du ligament pétros-
supérieur. Une dysfonction du maxillaire peut phénoïdal de Gruber. Il pénètre alors dans le
aussi influencer l’activité visuelle par son effet sinus caverneux où il reçoit des fibres sympa-
sur l’insertion du muscle oblique inférieur. Par thiques du plexus carotidien interne, puis
ces interactions complexes, l’orbite fonc- dans l’orbite à travers l’extrémité médiale de
tionne comme une unité, et chaque partie en la fissure orbitaire supérieure. Le VI transporte
dysfonction devient un site potentiel d’insta- les fibres efférentes somatiques pour le muscle
bilité musculaire et de dysfonction oculaire. droit latéral.
De surcroît, les MEO contiennent des
Innervation récepteurs proprioceptifs qui fournissent des
Les composantes somatiques des dysfonc- données quant à la position et au mouvement
tions oculaires impliquent tout autant l’inner- de l’œil dans l’orbite [385]. Cela participe au
vation oculomotrice. Le nerf oculomoteur contrôle des mouvements de l’œil, et facilite
(III) émerge en dehors de la terminaison du le contrôle central de la direction du regard et
tronc basilaire. Il aborde le sinus caverneux le rapport de l’enfant à l’environnement. Ces
par sa face supérieure qu’il perfore, puis che- fibres afférentes semblent cheminer avec les
mine vers l’avant dans la paroi latérale du nerfs moteurs III, IV et VI, avant de rejoindre
sinus caverneux où il reçoit des fibres sympa- la branche ophtalmique du V pour entrer
thiques du plexus carotidien interne. Il se dans le SNC. Les données afférentes de ces
divise alors en deux branches qui pénètrent récepteurs affectent la position statique de
dans l’orbite par la fissure orbitaire supérieure. l’œil, mais aussi la saisie visuelle linéaire, les
Les fibres efférentes somatiques générales du mouvements par saccades des yeux et le
nerf oculomoteur innervent presque tous les réflexe oculovestibulaire [386].
MEO. La branche supérieure innerve le droit Chacun de ces nerfs peut être soumis à une
supérieur et le RPS, alors que la branche infé- compression osseuse, une tension membra-
rieure innerve les muscles droits médial et neuse ou ligamentaire, ou encore à la pression
inférieur. Les fibres efférentes viscérales géné- d’une congestion veineuse [387]. Les inser-
rales du III font partie du système nerveux tions antérieures de la tente du cervelet sont
autonome parasympathique, et innervent le un site où le potentiel pour une telle dysfonc-
sphincter de l’iris qui règle le diamètre de la tion est particulièrement grand. Au sommet
pupille et le muscle ciliaire qui module la de la partie pétreuse de l’os temporal, un
forme du cristallin. dédoublement de la tente du cervelet forme le
Le nerf trochléaire (IV) est le seul nerf crâ- cavum trigéminal (cavum de Meckel). Le gan-
nien qui émerge à la surface dorsale du tronc glion trigéminal est amarré dans ce dédouble-
cérébral. Il le contourne, traverse la dure-mère ment où il peut être comprimé. De chaque
entre les petite et grande circonférences de la côté, les fibres antérieures de la tente du cerve-
tente du cervelet, reçoit des fibres sympathi- let s’enroulent de telle sorte que les fibres de la
ques du plexus carotidien interne, pénètre le petite circonférence s’insèrent sur les proces-
toit du sinus caverneux, chemine dans la sus clinoïdes antérieurs, et les fibres de la
paroi externe du sinus, et traverse la fissure grande circonférence s’insèrent sur les proces-
orbitaire supérieure pour aller dans l’orbite. Il sus clinoïdes postérieurs. Entre ces deux inser-
358 Ostéopathie pédiatrique

tions, les fibres de la tente sont orientées hori- anomalie développementale supranucléaire
zontalement et participent à la formation du dans le SNC pourrait être en cause. Des trou-
toit du sinus caverneux. Les III et IV transper- bles de la vision et l’amblyopie sont aussi des
cent la dure-mère à ce niveau pour entrer dans étiologies fréquemment avancées.
le sinus caverneux. Dès lors, n’importe quelle Une expérience visuelle binoculaire est
tension membraneuse durale dans ces régions indispensable dans les 6 premiers mois de vie
peut affecter la fonction de ces nerfs, et cha- pour la maturation visuelle. L’altération du
cun des os sur lesquels s’insère la tente devrait développement des voies visuelles d’un œil
être considéré comme potentiellement criti- conduit à l’amblyopie. Un strabisme perma-
que dans le développement d’une dysfonc- nent est une hétérotropie. Les strabismes
tion oculaire. Toujours dans cette région, le convergents sont nommés ésotropies, et les
ligament pétrosphénoïdal est lui aussi poten- strabismes divergents, exotropies. Une dévia-
tiellement contraignant pour le VI. Le nerf est tion strabique latente est une hétérophorie,
appliqué sur la pointe du rocher par le liga- avec possibilité d’ésophorie ou d’exophorie.
ment, et son trajet suit l’angle de l’arête Pour les strabismes verticaux, c’est la position
pétreuse, ce qui le rend aussi vulnérable aux de l’œil dévié vers le haut qui définit le stra-
changements d’orientation de la partie bisme, avec des hypertropies ou des hyper-
pétreuse de l’os temporal. phories.
Il est anormal pour un bébé ou un enfant
Dysfonction d’avoir un strabisme, et un examen ophtal-
Un apport artériel et un drainage veineux mologique doit être exécuté. Les procédures
sont indispensables à toute fonction. Ici, le ostéopathiques ont comme objectifs de res-
foramen jugulaire est un site essentiel pour le taurer l’équilibre musculosquelettique et, si
drainage du sinus caverneux, et sa dysfonc- possible, celui des fonctions nerveuses. De tel-
tion peut résulter en une congestion veineuse, les procédures améliorent les capacités d’auto-
avec œdème et stase. Secondairement, les guérison du corps et contribuent au succès des
nerfs crâniens qui passent par le sinus caver- autres traitements. Le traitement ostéopathi-
neux pour se rendre aux orbites peuvent être que devrait être commencé le plus tôt possi-
affectés. Le même raisonnement s’applique à ble, parce que le pronostic du strabisme est
la fissure orbitaire supérieure. Chez les nour- fonction de l’âge d’apparition du strabisme et
rissons, les dysfonctions intraosseuses entre de celui du début de traitement. De plus, un
les grande et petite ailes du sphénoïde, ou un traitement précoce peut normaliser les
rétrécissement de la fissure à cause d’une dys- réflexes oculovestibulaires et, de cette façon,
fonction de la grande aile sont des causes la posture de l’enfant.
possibles d’altération du drainage veineux ou
de la conduction nerveuse des structures qui Examen clinique et traitement
passent par la fissure [387]. De surcroît, les Le plus souvent, ce sont de jeunes enfants ou
stases lymphatiques hors du crâne peuvent des nourrissons qui viennent en consultation
aussi altérer la fonction des nerfs à leur fora- pour un strabisme. La description ci-après est
men de sortie [387]. donc adaptée à ces patients, et devra être
De multiples théories existent pour expli- modifiée selon l’âge du patient. Ce qui suit
quer la cause des strabismes, incluant des étio- n’a pas comme objectif de traiter les patholo-
logies sensorimotrices, anatomiques et méca- gies organiques de l’œil. Ce traitement vise les
niques [378]. La prématurité [388] et le travail problèmes d’équilibre fonctionnel.
difficile lors de l’accouchement sont des fac- L’examen et le traitement de l’œil doivent
teurs de risque. Pour les strabismes se dévelop- considérer plusieurs niveaux anatomiques de
pant dans les six premiers mois de vie, une dysfonction. Cela inclut les dysfonctions
Les présentations cliniques 359

osseuses, myofasciales, nerveuses, vasculaires ment oculaire des plus jeunes enfants est de
et de la structure oculaire intrinsèque. Dès tenir un jouet ou quelque objet intéressant
lors, l’observation et la palpation essaient de devant eux pour captiver leur attention.
définir sur lequel de ces niveaux le traitement Déplacer l’objet horizontalement, verticale-
doit se concentrer. Observer la relation entre ment et dans les deux diagonales, et observer
l’œil et le schéma crânien. Si le schéma dys- le mouvement des yeux de l’enfant dans le
fonctionnel de l’œil est conforme au schéma suivi des objets. Noter le mouvement asymé-
dysfonctionnel crânien, le traitement doit trique de la colonne cervicale que l’enfant
porter sur la dysfonction crânienne. En revan- peut solliciter pour compenser l’absence de
che, si la dysfonction de l’œil est sans relation mouvement oculaire. Cela peut être un signe
avec le mouvement crânien, le traitement d’amblyopie qui nécessite plus d’évaluation.
doit porter sur l’œil, les MEO et les structures Si possible, évaluer les deux yeux ensemble,
associées. puis chaque œil séparément en couvrant un
Commencer par une observation de l’orbite œil avec la main de l’enfant ou du parent, et
osseuse, pour voir si elle s’intègre dans le en faisant semblant de jouer. Comparer la
schéma global du crâne. Regarder le crâne de vitesse et l’aisance avec laquelle les yeux se
l’enfant et la forme de sa face pour déterminer déplacent pour suivre l’objet. Évaluer la
si un modèle de flexion-rotation externe, convergence en approchant un jouet près de
extension-rotation interne, sidebending-rota- la face du bébé. Tous les mouvements des
tion ou torsion crânienne est présent. Observer MEO sont ainsi évalués, et les réponses nor-
les diamètres orbitaires, la distance entre les males sont illustrées dans la figure 7.45.
angles supéromédial et inférolatéral de l’orbite. Déterminer s’il existe une relation entre la
Il est augmenté avec la flexion-rotation externe dysfonction des MEO et le schéma de la dys-
crânienne, résultant en une cavité orbitaire fonction crânienne. Les deux types de stra-
plus large. L’extension-rotation interne dimi- bisme qui répondent logiquement au traite-
nue le diamètre orbitaire, et la cavité orbitaire ment crânien impliquent les dysfonctions des
est alors plus étroite. Rechercher les asymétries muscles oblique supérieur et droit latéral. Une
entre les constituants visibles des orbites osseu- déviation supéromédiale de l’œil qui résulte
ses, en particulier les os frontaux, zygomati- d’une dysfonction du muscle oblique supé-
ques et maxillaires. rieur peut être associée à une dysfonction ispi-
Regarder les yeux ; observer la différence de latérale de l’os frontal affectant son rapport au
leur taille et de leur forme. La flexion-rotation muscle au niveau de la trochlée. La déviation
externe crânienne est associée à un bulbe ocu- médiale de l’œil qui résulte d’une dysfonction
laire proéminent et à un œil ouvert, en forme du droit médial peut être associée à une dys-
d’amande. Dans l’extension-rotation interne, fonction ispilatérale de l’os sphénoïde ou
le bulbe oculaire est moins proéminent, et temporal qui affecte le VI dans son passage
l’œil semble plus petit, de forme plus arron- sous le ligament pétrosphénoïdal.
die. L’épicanthus, un repli palpébral vertical Confirmer les observations ci-dessus par
médial, peut donner l’impression d’ésotropie. des tests d’écoute. Porter une attention spéci-
Cependant, les tests actifs de mouvement fique sur les structures anatomiques associées
oculaire démontrent une fonction normale. aux bulbes oculaires afin de définir les zones
Ensuite, observer les mouvements oculai- dysfonctionnelles responsables de la dévia-
res spontanés et les positions neutres des yeux tion oculaire. Ce sont essentiellement les os
au repos. Chez un nourrisson, observer l’inté- sur lesquels les MEO sont fixés, à savoir les os
rêt visuel, la direction du regard, la présence sphénoïde, frontaux, maxillaires et zygomati-
d’ésotropie ou d’exotropie. Bien évidemment, ques. Évaluer les zones anatomiques de passa-
la façon la plus facile pour évaluer le mouve- ges neurovasculaires vers la cavité orbitaire
360 Ostéopathie pédiatrique

que sont la fissure orbitaire supérieure et le suture sphénozygomatique. Ces visualisations


sinus caverneux. Évaluer également l’apex de peuvent être employées à la fois pendant
la partie pétreuse de l’os temporal et le sphé- l’écoute et le traitement, et nécessitent que les
noïde pour leur rapport au ligament pétros- os palpés en association avec le sphénoïde
phénoïdal. Dans la pratique, les tests et le soient libres de toute dysfonction somatique.
traitement se suivent sans discontinuité. Chez les bébés et les plus jeunes enfants, les
En réalité, la palpation diagnostique du dysfonctions intraosseuses des os frontaux et
sphénoïde et à un moindre degré de l’os fron- sphénoïde doivent aussi être considérées.
tal est complexe parce que les mouvements Écouter le mouvement entre les deux moitiés
des MEO sont transmis à ces os. Ces mouve- de l’os frontal. Par la palpation, rechercher
ments s’ajoutent au MRP biphasique, créant une déformation affectant la trochlée du mus-
de multiples sensations palpatoires qui peu- cle oblique supérieur. Tester par l’écoute et
vent troubler le praticien inexpérimenté. Par visualiser les synchondroses entre les grandes
conséquent, il est souhaitable de pouvoir éva- ailes et le corps du sphénoïde.
luer l’enfant quand il est calme, avec le mini- Tester par l’écoute le rapport entre les gran-
mum de mouvement oculaire. Cela est le plus des et les petites ailes au niveau de la fissure
facile lorsque l’enfant dort. Si le praticien est orbitaire supérieure, visualiser le contenu
entraîné aux procédures indirectes, la procé- neurovasculaire, et essayer de promouvoir les
dure a souvent un effet calmant sur l’enfant. forces inhérentes du MRP dans cet espace.
L’examen du sphénoïde peut aussi être dif- D’une manière similaire, évaluer le sinus
ficile en raison de la petite surface osseuse caverneux, en raison de sa relation avec les
accessible à la palpation directe. Les zones de nerfs et le drainage des yeux. Visualiser la
contact sur les faces temporales membraneu- dure-mère qui forme les parois du sinus caver-
ses des grandes ailes, en raison de leur flexibi- neux, et son rapport au reste des membranes
lité, ne transmettent qu’une représentation de tension réciproque.
incomplète du mouvement du corps du sphé- Finalement, si les enfants le permettent, et
noïde. Le toucher le plus léger doit être en utilisant le toucher le plus délicat possible,
employé pour évaluer le sphénoïde ; les infor- palper les yeux. Évaluer la tonicité et la qualité
mations concernant le corps doivent être des structures myofasciales qui entourent les
obtenues indirectement par la visualisation. bulbes oculaires. Identifier le point d’équilibre
Pour évaluer le corps du sphénoïde et les peti- fonctionnel entre les MEO.
tes ailes associées, visualiser le rapport entre Traiter les dysfonctions identifiées en utili-
l’os frontal et le sphénoïde placé en arrière. Le sant des principes indirects. Après le traite-
corps et les petites ailes du sphénoïde sont en ment des dysfonctions osseuses, membraneu-
continuité avec les lames orbitaires du frontal. ses et fasciales, et l’équilibration des MEO,
Pendant la palpation, une main peut être pla- procéder à une rééducation myofasciale. Chez
cée transversalement sur l’os frontal avec le le patient qui présente une déviation oculaire,
pouce et le médius contactant les grandes les MEO fournissent des informations pro-
ailes de chaque côté. Le mouvement des peti- prioceptives dysfonctionnelles au SNC.
tes ailes et du corps du sphénoïde est transmis L’enfant doit découvrir les sensations de
par les lames orbitaires de l’os frontal. Cela l’amplitude normale des mouvements oculai-
permet d’accroître les sensations palpatoires res. Les enfants plus âgés peuvent essayer de
du corps sphénoïdal par l’os frontal. déplacer l’œil, pendant que le praticien appli-
De même, la sensation de mouvement des que doucement un contact digital pour faire
grandes ailes du sphénoïde peut être facilitée prendre conscience de l’amplitude possible
à travers la palpation des os zygomatiques et des mouvements oculaires. Dans cet exercice,
de leur rapport à la grande aile au niveau de la l’attention doit être dirigée sur la sensation et
Les présentations cliniques 361

la proprioception des mouvements oculaires tendons des MEO lorsqu’ils perforent la cap-
dans les directions déficientes. Ce processus sule de Tenon pour s’attacher sur la sclère.
de rééducation myofasciale est accompli avec Postérieurement, elle est perforée par les fila-
la plus grande aisance après que les dysfonc- ments nerveux du nerf optique (II), au niveau
tions osseuses, membraneuses et fasciales de la lame criblée. La sclère est continue avec
préexistantes ont été traitées. le manchon fibreux du II et, de ce fait, avec la
couche méningienne de la dure-mère. Plu-
sieurs petites ouvertures existent autour de la
Astigmatisme, myopie, lame criblée pour les vaisseaux et les nerfs
hypermétropie ciliaires. L’artère et la veine centrales de la
rétine cheminent avec le II (figure 7.47).
L’anatomie de l’orbite osseuse et des MEO a
La cornée qui se projette en avant de la
été décrite dans le paragraphe « Strabisme ».
sclère est presque circulaire, avec une largeur
Nous considérons donc seulement la descrip-
légèrement plus grande que sa hauteur. Sa
tion du bulbe oculaire et des dysfonctions
convexité antérieure présente divers degrés de
somatiques en relation avec l’astigmatisme, la
courbure qui varient pendant la vie et entre
myopie et l’hypermétropie.
les individus. Un changement rapide dans la
Le bulbe oculaire ou l’organe de la vision
courbure cornéenne se produit pendant les 2
occupe la partie antérieure de la cavité orbi-
à 4 premières semaines de vie. Puis, après la
taire. Il est entouré par les MEO et la graisse
8e semaine, ce rythme de changement dimi-
orbitaire. Deux sphères de diamètres diffé-
nue considérablement [389]. Habituellement,
rents forment le bulbe oculaire. La cornée
la courbure cornéenne se stabilise vers la fin
antérieure est plus petite, transparente, en
de la première année de vie [206]. Les larmes
forme de hublot, et représente approximative-
qui recouvrent la cornée constituent le plus
ment un sixième du bulbe oculaire. Postérieu-
important site de réfraction du bulbe oculaire.
rement, une plus grande sphère opaque cons-
La tunique moyenne du bulbe oculaire est
titue le reste du bulbe oculaire.
une couche vasculaire pigmentée consistant
Tuniques du bulbe en la choroïde postérieurement, et le corps
Anatomiquement, le bulbe oculaire peut être ciliaire et l’iris antérieurement. La choroïde
décrit comme formé par trois tuniques ou est une membrane mince, extrêmement vas-
parois, qui sont, d’avant en arrière, la tunique culaire qui forme approximativement les 5/6e
fibreuse, la tunique vasculaire et la tunique postérieurs du globe. Sa surface externe
nerveuse, ainsi que par des structures intra- adhère fermement à la sclère, alors que sa
bulbaires ou milieux transparents de l’œil, qui surface interne est fixée sur la rétine. Cette
sont l’humeur aqueuse, le corps vitré et le couche fournit une partie significative de la
cristallin. vascularisation de la rétine.
La plus externe, la tunique fibreuse du Le corps ciliaire est constitué par les proces-
bulbe oculaire, est formée par la sclère et la sus ciliaires et le muscle ciliaire. Les processus
cornée. En avant, la sclère est continue avec la ciliaires sont des replis radiés arrangés circu-
cornée à la jonction sclérocornéenne ou lairement autour du cristallin, derrière l’iris.
limbe de la cornée. La sclère est une mem- Ils sont continus à leur périphérie avec les
brane dense et ferme qui maintient la forme couches de la choroïde, et antérieurement
du bulbe oculaire. Elle est recouverte d’une avec la périphérie de l’iris. Postérieurement,
membrane fasciale, la capsule de Tenon, ils sont connectés à la zonule qui est le liga-
depuis l’arrière au niveau du nerf optique à la ment suspenseur du cristallin. Le muscle
jonction sclérocornéenne en avant. Cette ciliaire du corps ciliaire joue un rôle impor-
membrane fasciale se réfléchit sur chacun des tant dans l’accommodation, en ajustant la
362 Ostéopathie pédiatrique

Chambre vitrée
Artère ciliaire postérieure longue

Ora serrata
Artères ciliaires Chambre
postérieures postérieure
courtes
Chambre
Nerf antérieure
optique
Cornée
Disque
du nerf
optique
Cristallin
Fovea centralis

Iris

Sinus veineux
de la sclère
Corps ciliaire
Sclère
Choroïde
Rétine

Artère ciliaire antérieure

Figure 7.47. Bulbe oculaire. (Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.101, p. 889.)

forme du cristallin. Quand il se contracte, il du muscle irien. La réponse à la lumière et


tire le corps ciliaire vers l’avant, ce qui réduit l’accommodation produisent les deux réflexes
la tension des fibres du ligament suspenseur. pupilloconstricteurs dominants. Les axones
Cela entraîne une détente de la capsule du des fibres préganglionnaires parasympathi-
cristallin et donc l’augmentation de sa conve- ques cheminent avec le III au ganglion
xité. La stimulation parasympathique des ciliaire, localisé derrière le bulbe oculaire. De
fibres du III produit la contraction du muscle là, les fibres postganglionnaires innervent le
ciliaire. muscle lisse de l’iris ; cela peut entraîner une
L’iris est un disque mince, circulaire et constriction pupillaire. L’inhibition de l’acti-
contractile, localisé entre la cornée et le cris- vité tonique du système oculomoteur dans le
tallin, et continu à sa périphérie avec le corps noyau d’Edinger-Westphal du mésencéphale
ciliaire. La couleur de l’iris diffère selon les participe à la dilatation pupillaire. Une dilata-
individus, et sa couleur bleu clair à la nais- tion pupillaire extrême est nommée une
sance est causée par un manque de pigment. mydriase, et une constriction extrême un
Typiquement, la pigmentation est bien déve- myosis.
loppée à 6 mois. L’iris divise l’espace entre la La tunique nerveuse, la rétine ou couche
cornée et le cristallin en chambres antérieure interne des parois du bulbe oculaire, est véri-
et postérieure qui communiquent par le cen- tablement une extension sensorielle du cer-
tre de l’iris, la pupille. La dilatation ou la veau. Pendant l’embryogenèse, les vésicules
constriction pupillaire résulte de la contrac- optiques se développent à partir des parties
tion des fibres dilatatrices ou sphinctériennes latérales du prosencéphale, et quand elles
Les présentations cliniques 363

s’invaginent, formant deux cupules optiques, et, dès les premières années de vie, offre un
les parois internes de ces cupules deviennent excellent pouvoir de réfraction. Lorsque
la couche rétinienne sensorielle. Lors de l’acti- l’enfant grandit, de nouvelles couches s’ajou-
vation des récepteurs de cette couche senso- tent à la périphérie du cristallin, et vers 14 ans
rielle, l’activité cérébrale commence l’analyse il a atteint sa taille adulte. À partir de ce
sensorielle visuelle. La lumière et les images moment, progressivement, il perd son hydra-
d’objets externes sont reçues sur les récepteurs tation et, de ce fait, sa flexibilité et son pou-
rétiniens, qui stimulent une réaction chimi- voir de réfraction. L’accommodation, qui se
que et des potentiels d’action transmis par le produit normalement quand la tension de la
nerf optique au cortex visuel dans le lobe capsule du cristallin diminue, devient plus
occipital. difficile, et résulte en la perte du pouvoir
La vascularisation de la rétine provient par- réfractaire. Pour la plupart des quinquagénai-
tiellement de la choroïde qui est en contact res, cela conduit au besoin de verres pour
avec la couche externe de la rétine. La couche compenser. Le corps vitré situé entre la rétine
interne de la rétine est en contact avec le et le cristallin forme environ les 4/5e du bulbe
corps vitré. L’épaisseur de la rétine varie ; sa oculaire. Il est visqueux et rempli d’un liquide
partie la plus épaisse est localisée en arrière de transparent composé d’environ 99 % d’eau.
l’œil, près de la zone centrale de la rétine ou
macula. La fovea centralis (fossette centrale), Quand la lumière entre dans l’œil, norma-
le centre de la macula, est la zone de vision lement, la cornée et le cristallin convergent
maximale et pourrait être considérée comme les rayons lumineux sur la rétine. Le déroule-
la projection postérieure de l’axe du bulbe ment satisfaisant de ce processus définit
oculaire. Cette zone est approximativement 3 l’emmétropie, ce qui nécessite une croissance
ou 4 mm en dehors et 1 mm en dessous du oculaire normale pour une biométrie oculaire
centre du disque optique, un point où la performante.
rétine est insensible à la lumière, considéré
comme le point aveugle. La macula continue
à se développer jusqu’à 16 à 18 semaines après Troubles de la réfraction
la naissance. Normalement, l’acuité visuelle
Le point central de la courbure antérieure du
est entièrement développée à 2 ans [390].
bulbe oculaire est défini comme le pôle anté-
rieur, et le point central de la courbure posté-
Milieux transparents de l’œil rieure comme le pôle postérieur. La ligne
La lumière passe par divers milieux réfracteurs reliant les deux pôles est l’axe optique. Les
de l’œil, l’humeur aqueuse, le cristallin et le axes optiques des deux bulbes oculaires sont
corps vitré. L’humeur aqueuse remplit les presque parallèles, et proches des plans sagit-
chambres antérieure et postérieure du bulbe taux, alors que les axes longitudinaux des
oculaire. Elle est sécrétée dans la chambre pos- cavités orbitaires sont dirigés vers l’avant et le
térieure par les processus ciliaires. Elle s’écoule dehors. De ce fait, pour chaque œil, ces deux
dans la chambre antérieure par la pupille, et axes sont alignés dans des directions différen-
est absorbée par le sinus veineux de la sclère tes. Les nerfs optiques pénètrent dans l’orbite
entre l’iris et la cornée. avec l’artère ophtalmique, par le canal opti-
Le cristallin est situé directement derrière que, et ils suivent la direction des axes orbitai-
l’iris et en avant du corps vitré. C’est une res. Cela explique pourquoi le disque optique
structure transparente, biconvexe, entourée est médial à la fovea centralis du centre de la
d’une capsule, et connectée au muscle ciliaire macula. Les diamètres transversal et antéro-
par le ligament suspenseur. Il mesure approxi- postérieur du bulbe oculaire sont légèrement
mativement 6 mm de diamètre à la naissance plus grands (24 mm) que le diamètre vertical
364 Ostéopathie pédiatrique

(23,5 mm). À la naissance, le diamètre antéro- sur la rétine, permettant la perception d’une
postérieur est de 17,5 mm, et à la puberté image nette sans effort accommodatif [392].
entre 20 et 21 mm. Cela est possible quand le pouvoir optique et
La croissance et la réfraction oculaires sont la longueur axiale de l’œil sont équilibrés.
des processus dynamiques qui évoluent pen- Cela définit l’œil emmétrope. Dans l’hyper-
dant la petite enfance et l’enfance, jusqu’à la métropie, associée à une diminution de la
vie adulte. La vision des couleurs se développe longueur axiale du bulbe oculaire, l’image se
rapidement après la naissance, et normale- forme en arrière de la rétine. Inversement,
ment chez la plupart des individus quelques dans la myopie, associée à une augmentation
couleurs sont visibles à 3 mois [391]. Bien que de la longueur axiale du bulbe oculaire,
cela soit difficile à évaluer chez les enfants, l’image se forme en avant de la rétine. Habi-
l’acuité visuelle normale semble présente vers tuellement, d’autres compensations accom-
2 ans [390]. La maturité anatomique et fonc- pagnent ces défauts : une diminution de la
tionnelle complète du système visuel est longueur axiale est associée à une augmenta-
atteinte vers 10 ans ; pour autant, de nom- tion de la convexité cornéenne, et inverse-
breuses étapes importantes sont atteintes pen- ment, une augmentation de la longueur
dant les deux premières années de la vie. Pour axiale est associée à une diminution de la
ces raisons, en examinant et en traitant les convexité.
bébés et les enfants, un ostéopathe doit faire Typiquement, les bébés sont hypermétro-
très attention aux dysfonctions somatiques pes, ce qui tend à s’améliorer avec la crois-
qui peuvent altérer potentiellement le déve- sance oculaire ; entre 5 et 8 ans, ils sont
loppement vers l’emmétropie. Les sites des emmétropes. En fait, vers 6 ans, seulement
dysfonctions susceptibles de modifier le sys- quelques enfants sont myopes, mais de tou-
tème visuel sont les différentes composantes tes les tranches d’âge, les enfants qui sont
osseuses de l’orbite, le bulbe oculaire, les myopes vers 6 ou 7 ans ont la progression la
MEO, leurs gaines fasciales et leurs rapports plus rapide [393]. La myopie est une dysfonc-
dure-mériens. En raison des réflexes oculoves- tion oculaire commune qui affecte approxi-
tibulaires et de la relation entre la posture du mativement 4,4 % des enfants caucasiens,
sujet et la fonction oculaire, l’équilibre du 13,2 % des enfants hispaniques, et démontre
squelette axial et de la posture de l’enfant doit la plus haute prévalence chez les enfants
aussi être vérifié. asiatiques (18,5 %) [394]. Cette affection et sa
N’importe quel problème dans les compo- progression sont influencées par divers
santes du système visuel peut altérer la vision, facteurs tels les facteurs démographiques,
le plus souvent asymétriquement. Si cela se génétiques [395], environnementaux [396] et
produit pendant le développement, l’absence oculaires. Habituellement, la myopie se déve-
de stimulation dans la partie visuelle du cor- loppe en raison d’un asynchronisme entre
tex causera une perte partielle de la vision ; la croissance postnatale et le pouvoir de
c’est l’amblyopie. Cela peut être associé à une réfraction des constituants de l’œil. D’autres
différence importante d’acuité visuelle entre facteurs pourraient intervenir expliquant par
les deux yeux. Normalement, l’alignement exemple pourquoi les enfants myopes ont
oculaire orthotropique et la binocularité des résultats supérieurs aux tests de QI, indé-
devraient être présents vers 4 mois [379]. S’il pendamment du nombre de livres lus [397].
existe des signes de mauvais alignement et un En revanche, une plus grande exposition
manque de binocularité, une évaluation plus à la lecture dans l’enfance est souvent consi-
approfondie doit être faite (figure 7.48). dérée comme un facteur de risque, associé à
L’emmétropie permet à un objet lointain une myopie chez l’enfant entre 7 et 9 ans
d’être projeté comme une image convergente [398].
Les présentations cliniques 365

Figure 7.48. Accommodation.


A. Dans l’œil emmétrope, l’image est projetée sur la rétine.
B. Dans l’œil myope, l’image est projetée en avant de la rétine.
C. Dans l’œil hypermétrope, l’image est projetée en arrière de la rétine.
366 Ostéopathie pédiatrique

Parmi les facteurs oculaires intrinsèques ques supérieures et cervicales peut contribuer
associés à la myopie figure la biométrie ocu- à ce relâchement. Les procédures ostéopathi-
laire. Comparés aux sujets emmétropes, les ques peuvent aussi être directement appli-
sujets myopes présentent une augmentation quées sur le bulbe oculaire, ou sur les structu-
de la dimension du vitré mesurée le long des res qui l’entourent, à savoir l’orbite et son
axes optique et visuel [399,400]. Pour autant, contenu myofascial. Les procédures peuvent
les gros bébés avec des têtes très volumineuses aussi être employées pour affecter le contrôle
ont des axes optiques plus longs, des chambres des mécanismes réfractifs par l’impact du sys-
vitrées plus profondes et des cornées moins tème nerveux autonome sur les muscles ocu-
convexes avec toutefois, une réfraction satis- laires intrinsèques.
faisante. Cela suggère la présence de mécanis-
mes cornéens accommodatifs compensant Examen clinique et traitement
l’augmentation de la longueur axiale [392]. Chez le patient astigmate, myope ou hyper-
L’astigmatisme résulte de différences trop métrope, l’examen ostéopathique de l’œil et
grandes entre les rayons de courbure des méri- de l’orbite est essentiellement le même que
diens vertical et horizontal des surfaces réfrac- celui décrit ci-dessus pour le strabisme. Les
tives de l’œil, à savoir la cornée, et les surfaces composantes de l’orbite, les MEO et leurs fas-
antérieures ou postérieures du cristallin. Ainsi, cias doivent être évalués à la recherche de
quand la lumière entre dans le bulbe oculaire, dysfonction. Comme les troubles oculaires
au lieu d’avoir une convergence des rayons de impliquent des changements de la forme du
lumière par la cornée et le cristallin sur un seul bulbe oculaire, une recherche spécifique des
point de la rétine, ceux-ci s’étalent sur une dysfonctions somatiques qui affectent la lon-
ligne dans l’une ou l’autre direction. Il est gueur axiale du bulbe oculaire doit être
démontré que l’orientation de l’axe de l’astig- accomplie chez le patient myope ou hypermé-
matisme cornéen est affectée par le mode trope. Chez le patient astigmate, la recherche
d’accouchement. Comparés aux enfants nés est axée sur toute dysfonction somatique res-
par césarienne, les bébés nés par voie basse ponsable de modification de la forme orbi-
présentent une plus grande fréquence d’astig- taire et de la tension des structures myofascia-
matisme dit « conforme », avec une courbure les affectant les courbures des surfaces de
de la cornée plus importante dans le méridien réfraction de l’œil.
vertical que dans le méridien horizontal [401]. La flexion-rotation externe crânienne est
Habituellement, ces cornées astigmatiques associée à une diminution de la profondeur
s’aplatissent significativement vers 6 mois. orbitaire, alors que l’extension-rotation
Comme l’astigmatisme, la myopie et interne est associée à une augmentation de
l’hypermétropie sont associées à des varia- cette profondeur. Pour ces raisons, les dys-
tions anatomiques dans la biométrie oculaire, fonctions somatiques crâniennes potentielle-
et tout traitement qui peut affecter la forme ment responsables de ces variations doivent
de l’œil et sa réfraction est souhaitable. Cela être recherchées et traitées. Ce sont les dys-
est particulièrement important chez l’enfant fonctions de la SSB, des composantes osseuses
de moins de 1 an, chez qui l’œil est toujours de l’orbite, et de toutes les structures du méca-
en croissance et où les réflexes oculaires ne nisme craniosacral, y compris le sacrum et le
sont pas totalement développés. La préven- pelvis. Une posture dans laquelle l’enfant pro-
tion des complications oculaires de la myopie, jette la tête en avant peut être le résultat d’un
telles que le décollement de rétine et le glau- déficit visuel. Inversement, une dysfonction
come, peut être facilitée par le relâchement posturale, en raison de son effet sur les struc-
des tensions périoculaires. Normaliser les dys- tures myofasciales cervicales, particulière-
fonctions somatiques des vertèbres thoraci- ment celles qui s’insèrent sur la base crâ-
Les présentations cliniques 367

nienne, affecte la motilité inhérente du crâne, tions crâniennes sur la profondeur et la forme
et potentiellement les composantes orbitaires. de l’orbite est significatif dans l’astigmatisme,
Une dysfonction somatique du sacrum en la myopie et l’hypermétropie. Le sommet du
flexion craniosacrale produit une diminution cône orbitaire est situé à l’extrémité médiale
des courbures vertébrales AP, et une tendance de la fissure orbitaire supérieure entre les
à la flexion crânienne. Cela peut favoriser une petite et grande ailes du sphénoïde, près de
diminution de la profondeur orbitaire, ce qui l’origine des MEO, et en dessous du foramen
est particulièrement important lorsque cela optique. De ce fait, la longueur et la direction
survient chez les bébés et les jeunes enfants de l’axe orbitaire sont influencées par le sphé-
durant une période de croissance oculaire. noïde. Les dysfonctions du sphénoïde qui
Dès lors, l’examen de l’enfant qui présente peuvent affecter l’orbite comprennent les dys-
une dysfonction oculaire doit inclure une éva- fonctions de la SSB, les dysfonctions entre le
luation posturale complète. De plus, les sphénoïde et les os qui s’articulent avec ses
réflexes oculovestibulaires associent la pos- ailes, et les dysfonctions intraosseuses. Dans
ture à la fonction oculaire, ce qui justifie la flexion crânienne, le sommet de l’orbite
d’autant l’approche posturale globale. avance, ce qui diminue le diamètre orbitaire
Commencer le traitement des dysfonctions AP, alors que dans l’extension, le sommet
posturales en utilisant une approche indi- recule, ce qui augmente le diamètre orbitaire
recte. En raison de leur action sur le MRP, les AP. Dans la torsion ou le sidebending-rotation
techniques indirectes relâchent le sujet, et de la SSB, du côté de la rotation externe, le
l’examen et le traitement des dysfonctions diamètre orbitaire AP est diminué, et du côté
oculaires, qui exige une extrême précision, de la rotation interne, il est augmenté. Les
sont alors facilités. dysfonctions intraosseuses du sphénoïde ont
Procéder ensuite à l’examen du neurocrâne des effets divers sur l’orbite et le bulbe ocu-
et du viscérocrâne. Évaluer la SSB avec des laire. Pour autant, elles doivent être identi-
tests d’écoute. Observer la taille et la forme de fiées et traitées le plus tôt possible, car l’essen-
l’orbite. Observer le rapport entre le bulbe tiel de l’ossification du sphénoïde se réalise
oculaire et l’orbite. La proéminence du bulbe entre 1 et 2 ans. Les dysfonctions des os fron-
oculaire est associée à une orbite plus large et taux, zygomatiques et maxillaires, individuel-
à un schéma de flexion-rotation externe, alors lement ou conjointement avec le sphénoïde,
qu’un bulbe plus enfoncé est associé à une peuvent affecter la forme de l’orbite et, si pré-
orbite plus étroite et à un schéma d’extension- sentes, doivent être traitées en utilisant des
rotation interne. Observer également le principes indirects.
patient de profil, bilatéralement, et comparer Un prolongement dure-mérien entoure le
les courbures cornéennes. nerf optique. La dure-mère se prolonge aussi
Déterminer si les schémas dysfonctionnels par la fissure orbitaire supérieure où elle se
de la SSB sont conformes au schéma orbitaire confond avec le périoste orbitaire. Les désé-
et oculaire. Si c’est le cas, traiter la SSB, sinon quilibres de tension membraneuse doivent
rechercher les dysfonctions orbitaires. Noter ainsi être recherchés et traités.
que, chez les bébés, l’état de développement Pour assurer l’équilibre autonomique des
de l’os frontal avec de petits rebords orbitaires contenus orbitaires, la motilité rythmique de
donne l’impression d’une saillie relative du l’orbite et du neurocrâne est indispensable.
bulbe oculaire. Les changements du diamètre AP de l’orbite
L’étape suivante consiste en l’évaluation sont associés à des modifications de la tension
des différents os qui constituent l’orbite, par- des tissus mous orbitaires, ce qui résulte en
ticulièrement les os frontaux, zygomatiques, stase, œdème et compression. Cela affecte
maxillaires et sphénoïde. L’effet des dysfonc- secondairement la fonction des structures
368 Ostéopathie pédiatrique

nerveuses, en particulier le III et le ganglion prépare le fœtus à accomplir les fonctions


ciliaire. Le traitement des dysfonctions loca- orofaciales vitales de la naissance.
les, permettant une flexion-extension rythmi- Chez le nourrisson à terme, à la naissance,
que du MRP de l’orbite, des fissures et fora- la succion est un des réflexes archaïques.
mens, favorise une action de pompage qui Durant les premiers jours de la vie, l’alimenta-
mobilise les liquides extracellulaires entou- tion orale est presque entièrement réflexe,
rant les nerfs et facilite leur fonction. apparemment sans participation suprabul-
L’innervation sympathique à la cavité orbi- baire pour le réflexe de fouissement, c’est-à-
taire provient de la colonne thoracique supé- dire le réflexe de recherche et d’orientation
rieure, et par le ganglion cervical supérieur, vers le sein suivi des réflexes de succion et de
atteint le ganglion ciliaire par le plexus caroti- déglutition [403]. Chez le nourrisson, ces
dien. Les dysfonctions somatiques affectant ces réflexes sont essentiels pour assurer une inges-
structures dans la colonne thoracique supé- tion satisfaisante. Le réflexe primitif de suc-
rieure, cervicale et la base crânienne doivent cion dure près d’une année ; il est plus difficile
être recherchées et traitées pour optimiser la à obtenir ensuite à cause de la maturation du
fonction du système nerveux sympathique. système nerveux central et du développement
de l’activité motrice volontaire.
Troubles digestifs
Langue
Troubles de la succion La langue est un des participants majeurs à la
et de la déglutition succion. Elle comporte des muscles intrinsè-
ques et extrinsèques. Les muscles intrinsèques
La succion et la déglutition sont des activités permettent les mouvements précis nécessaires
complexes à la fois conscientes et inconscien- à la succion, à la déglutition et au langage. Ce
tes. Elles nécessitent la participation de nom- sont :
breuses structures, comprenant un pourcen- – les muscles longitudinaux supérieur et infé-
tage significatif des nerfs crâniens, et elles rieur ;
doivent être considérées dans le contexte d’un – les muscles transverses ;
complexe sensorimoteur qui commence son – le muscle vertical de la langue.
développement bien avant la naissance. Les muscles extrinsèques ont leur origine
La déglutition apparaît in utero après sur le crâne et l’os hyoïde, et consistent en
11 semaines [206], avec des mouvements quatre muscles pairs :
de langue visibles dès 14 semaines. À ce – les muscles génioglosses naissent de la man-
stade, le fœtus suce le pouce en réponse dibule, se fixent sur l’os hyoïde, et se mêlent
réflexe à la stimulation orale de ses extrémi- aux muscles intrinsèques de la langue ;
tés digitales [402]. L’avancée de la lèvre supé- – les muscles hyoglosses ont leur origine sur
rieure apparaît plus tard, après la 17e semaine l’os hyoïde et se perdent dans la langue ;
de gestation, et celle de la lèvre inférieure à la – les muscles styloglosses naissent des proces-
20e semaine. Une réelle succion est observée sus styloïdes des os temporaux et se termi-
à la 24e semaine. Puis la succion et la dégluti- nent dans la partie latérale de la langue ;
tion progressent et démontrent une coordi- – les muscles palatoglosses proviennent de
nation de mouvement vers 33 semaines l’aponévrose du palais mou et se terminent
[206]. À terme, le fœtus avale entre 500 et dans la partie latérale de la langue.
900 ml de liquide amniotique par jour. Cet Le squelette ostéofibreux de la masse mus-
exercice quotidien stimule la maturation culaire linguale est formé par l’os hyoïde, sur
des structures orales comme la langue, les le bord supérieur duquel s’insère la membrane
lèvres, le palais mou et le pharynx, ce qui hyoglossienne, prolongée vers l’avant par le
Les présentations cliniques 369

septum lingual. Le septum lingual divise la et L [404]. Normalement, la langue stimule la


langue en deux moitiés. Sur sa face inférieure, croissance et le développement des maxillai-
un repli membraneux vertical fixe la langue res et de la mandibule, et donc des dents dans
au plancher buccal ; c’est le frein de la langue. les processus alvéolaires ; elle agit comme un
De la sorte, bien qu’ancrée à sa racine, la véritable appareil orthodontique naturel
langue reste mobile, et peut assurer des fonc- « pour le meilleur ou pour le pire » [405].
tions aussi diverses que sucer, lécher, déglutir, Aucune contrainte ne devrait donc altérer sa
manger et parler. position, si possible dès les premières semai-
Chez les nourrissons, la langue est totale- nes de la vie. Parfois, une frénotomie ou la
ment contenue dans la cavité orale. Pour section du frein lingual peut donc être néces-
autant, elle est relativement large par rapport à saire, en association avec les procédures ostéo-
la cavité orale et elle déborde au-delà des crêtes pathiques pour assurer un placement de lan-
gingivales. Son développement est loin d’être gue satisfaisant.
terminé et sa position subit de nombreux
changements avant la fin de l’adolescence. Un Succion
changement majeur se produit dans les pre- La succion a été classifiée en deux catégories,
mières années de la vie, lorsqu’au fur et à les succions nutritive et non nutritive [406].
mesure que l’enfant grandit, le tiers postérieur La succion nutritive résulte en un apport de
de la langue descend avec le larynx [206]. lait et se produit sur un rythme plus lent et
En fait, la langue est constamment influen- plus régulier que la succion non nutritive qui
cée par les structures sur lesquelles s’insèrent consiste en séries de succions rapides,
les muscles linguaux et le cadre de la cavité approximativement deux fois plus rapides
orale dans lequel elle est contenue. De fait, que la succion nutritive, suivies de périodes de
pour toute malposition linguale, les dysfonc- repos. Pendant l’allaitement au sein, avant le
tions somatiques de ces éléments doivent être début de la succion, la langue déborde de la
recherchées et normalisées. Les dysfonctions gencive inférieure puis se rétracte, avec répéti-
de la mandibule, des os temporaux par les tion de ce déplacement protrusif et rétrusif de
processus styloïdes et de l’os hyoïde peuvent la langue pour attirer le mamelon dans la
potentiellement affecter la tonicité de la mus- bouche. Si le nouveau-né reconnaît l’odeur du
culature linguale, et dès lors interférer avec la mamelon, la succion débute, ce qui en retour
position linguale. Fréquemment, la posture stimule la lactation. En fait, l’odeur du lait
linguale dysfonctionnelle est une posture maternel stimule davantage la fréquence et la
basse et antérieure, ce qui prédispose à la res- force de la succion que l’allaitement artificiel
piration buccale et à la malocclusion. Respira- ou qu’un biberon d’eau [407]. Accomplie effi-
tion buccale et posture linguale basse sont cacement, la succion est produite par un
aussi associées à un déplacement inféroposté- péristaltisme de la partie médiale de la langue
rieur de la partie antérosupérieure de l’os qui se déplace d’avant en arrière [408,409],
hyoïde [298,305,308]. résultant de contractions et de relâchements
Pour assurer la mobilité linguale nécessaire successifs des muscles génioglosses et trans-
à l’alimentation, puis au langage, le frein lin- verses de la langue. En même temps, la man-
gual ne doit pas être trop court. L’ankyloglos- dibule exerce une pression répétée sur le
sie est une anomalie congénitale caractérisée mamelon, ce qui participe à la production de
par un frein lingual anormalement court. lait. Ainsi, la succion résulte de l’action com-
Lorsqu’elle est présente, l’allaitement au sein binée des muscles masséters, orbiculaire de la
est plus difficile, et ultérieurement les enfants bouche, buccinateur, tout autant que des
ont plus de difficulté pour prononcer les sons muscles de la langue et de la mandibule, en
linguaux et sibilants tels que les T, D, Z, S, N, particulier des muscles ptérygoïdiens laté-
370 Ostéopathie pédiatrique

raux. Cette activité des muscles ptérygoïdiens la déglutition, le palais mou et les muscles
est essentielle pour la croissance de la base palatopharyngiens séparent la bouche et la
crânienne. À la naissance, les processus pté- cavité nasale, empêchant ainsi le passage de
rygoïdes du sphénoïde sur lesquels s’insèrent nourriture de la cavité orale dans la cavité
les muscles ptérygoïdiens ne sont pas complè- nasale [411].
tement développés. L’action de sucer, qui Dans le développement des réflexes orofa-
exige un effort important de la part du nour- ciaux, l’intégrité de la cavité orale du nourris-
risson, stimule leur développement. son est essentielle. La structure affecte la fonc-
Vers 10 mois, un nouveau mode de succion tion et vice versa. Les différents éléments qui
apparaît. Il ressemble à ce qui est réalisé plus constituent la cavité orale évoluent au fur et à
tard dans l’utilisation d’une paille, et démon- mesure que le nourrisson se développe, résul-
tre moins de mouvement de langue [410]. tant en changements fonctionnels qui, en
retour, affectent les structures. De ce fait, la
Pour les activités de la cavité orale, les
malposition de n’importe laquelle des struc-
réflexes sont de grande importance. Ils per-
tures de la cavité orale, telle la malposition
mettent diverses fonctions vitales, comme
linguale, affecte la fonction et, par consé-
sucer et déglutir, mais aussi respirer, manger et
quent, le développement du viscérocrâne.
boire. Chez le nourrisson, la succion provo-
que un réflexe de déglutition par la stimula-
tion des récepteurs sensitifs des lèvres et de Allaitement
ceux de la cavité orale. Selon le mode réflexe, L’alimentation du nourrisson est l’objet de
les informations afférentes génèrent une série nombreux discours, et l’allaitement au sein
de réponses motrices réflexes. L’information diffère de l’allaitement artificiel par de multi-
est transmise depuis les récepteurs nerveux ples aspects. Les nourrissons allaités au sein
localisés sur les terminaisons sensitives par les ont un meilleur contrôle de la quantité de lait
voies afférentes sensitives aux synapses cen- avalée que ceux nourris au biberon. L’allaite-
trales et aux interneurones, puis par les voies ment au biberon est fort influencé par la force
efférentes composées des motoneurones ou de la gravité, ce qui résulte en un flux de lait
des neurones postganglionnaires autonomes plus rapide et des volumes ingurgités plus
innervant l’organe effecteur. Dans un réflexe importants. Pour faire face à cette abondance
somatique, l’effecteur est le muscle strié, de liquide, le nouveau-né s’adapte avec une
innervé par le motoneurone a. Dans un posture linguale et mandibulaire moins pro-
réflexe autonome, l’effecteur comporte un trusive. Cela diminue la participation muscu-
neurone périphérique qui distribue son axone laire, et les bébés nourris au biberon démon-
postganglionnaire aux structures viscérales. trent une réduction de l’activité des muscles
Pour la succion et la déglutition, les récepteurs masséters [412]. Dès lors, l’effet positif de la
sensitifs sont localisés dans la cavité orale, traction musculaire sur le développement
c’est-à-dire la langue, les gencives, le palais et osseux et donc sur le développement facial
le pharynx. Les informations sensitives sont [413] est diminué, ce qui peut favoriser la
transmises au tronc cérébral, dans le noyau du malocclusion [414]. À cela s’ajoutent l’influ-
tractus solitaire, et la formation réticulée voi- ence de la tétine utilisée pendant l’allaite-
sine par les nerfs laryngé supérieur, trijumeau ment, son matériau, sa densité et l’emplace-
(V) et glossopharyngien (IX). De là, des cellu- ment de son orifice, autant de facteurs
les nerveuses de deuxième ordre se mettent en exigeant d’autres adaptations de l’enfant. La
contact avec les motoneurones laryngés et plupart du temps, la racine de la langue ne
pharyngés du tronc cérébral, dans le noyau monte pas vers le bout de la tétine, comme
ambigu et dans les noyaux du facial, du triju- c’est le cas avec l’allaitement au sein, mais
meau et de l’hypoglosse. En réponse, pendant reste plutôt en position postérieure.
Les présentations cliniques 371

La croissance mandibulaire est particulière- lies du développement comme la micro-


ment influencée par les tractions musculaires gnathie, ou l’ankyloglossie. Les difficultés
qui accompagnent la succion. Le faisceau peuvent aussi être associées à des anomalies
supérieur du muscle ptérygoïdien latéral des seins de la mère, comme des variations de
s’insère sur le condyle mandibulaire, et la suc- la taille ou de la forme du mamelon qui rédui-
cion active produite par l’allaitement au sein sent l’efficacité de la succion. Lorsque aucune
contribue largement à son développement. anomalie de développement n’est présente et
Elle participe aussi au changement de la pos- que des difficultés persistent, une recherche
ture mandibulaire, de rétrognathique chez le de dysfonction somatique doit être effectuée.
bébé vers la position plus centrée démontrée à Les structures orales sans oublier la mandibule
l’âge d’un an [415,416]. doivent être évaluées, tout autant que la fonc-
Pendant l’allaitement au sein, la forme du tion de la langue. Les muscles intrinsèques de
sein et la pression de la langue du bébé contre la langue sont tout innervés par le nerf hypo-
le palais ont un effet modelant sur la voûte glosse (XII), comme les muscles extrinsèques,
palatine. L’appui de la langue sur la partie à l’exception du muscle palatoglosse qui est
antérieure du palais produit un schéma crâ- innervé par le nerf vague (X). Le nerf hypo-
nien de flexion-rotation externe et la pression glosse sort du crâne par le canal de l’hypo-
rythmique de la succion sur le palais du nour- glosse situé dans la synchondrose intraoccipi-
risson résulte en une action de pompage qui tale antérieure, entre le basiocciput et
peut contribuer à équilibrer son crâne et son l’exocciput. Cette synchondrose peut subir
mécanisme craniosacral. L’allaitement au sein des forces compressives pendant un accou-
semble avoir un effet positif sur la morphoge- chement difficile, ce qui affecte le nerf hypo-
nèse orofaciale [417], avec un effet protecteur glosse et la fonction motrice de la langue, et
contre le développement d’une occlusion provoque des difficultés de succion.
inversée postérieure en denture déciduale
[418]. Déglutition
Plus de 200 éléments font du lait humain Chez le nourrisson, se nourrir est une activité
un liquide complexe, extrêmement efficace extrêmement complexe, puisque cela exige
pour la santé et le bien-être de l’enfant [419]. l’intégration de la succion, de la déglutition et
L’allaitement au sein présente de multiples de la respiration. Normalement, la coordina-
avantages, tels qu’une diminution des infec- tion des fonctions buccopharyngiennes a lieu
tions gastro-intestinales et respiratoires pen- à 35 semaines après la conception [411]. Bien
dant l’enfance, des otites [205], en même qu’un réflexe de déglutition se produise lors-
temps qu’il protège contre les manifestations que la succion stimule les lèvres et la cavité
atopiques [259,420]. Il semble aussi réduire la orale, lorsqu’une cuillère de nourriture est
douleur chez les nourrissons [421], améliorer placée sur la langue d’un nouveau-né à terme,
le développement cognitif et visuel, tout en un réflexe de poussée de la langue contre la
ayant un impact potentiellement positif sur la cuillère se produit également [206]. Ce n’est
santé de la mère [419]. que vers le 4e ou 5e mois que les bébés ouvrent
Habituellement, l’allaitement au sein est leur bouche quand une cuillère s’en approche
recommandé comme la source nutritive opti- ou touche leurs lèvres, et approximativement
male pour les six premiers mois de la vie. Bien 2 semaines plus tard, ils utilisent leur langue
que l’allaitement soit considéré comme un pour déplacer la nourriture vers l’arrière de la
processus naturel, il n’est pas toujours facile, bouche pour avaler [422].
et le nouveau-né présente parfois quelques Le mécanisme de la déglutition est divisé
difficultés à téter. C’est souvent le cas du pré- en trois temps : oral, pharyngien et œsopha-
maturé, ou de l’enfant qui souffre d’anoma- gien. Le temps oral débute avec l’arrivée du
372 Ostéopathie pédiatrique

lait ou de la nourriture dans la bouche. C’est aussi à ce moment que le larynx et la


L’enfant goûte, joue, expérimente avec la langue ont complété leur descente. Le tiers
nourriture, et forme un bolus prêt à être pro- postérieur de la langue plus vertical constitue
pulsé dans le pharynx et l’œsophage. À ce alors la partie supérieure de la paroi pharyn-
stade, la partie antérieure de la langue appuie gienne antérieure [423]. L’os hyoïde est asso-
contre le palais dur, et chez les nourrissons, la cié au larynx dans cette descente qui sépare
participation des muscles buccinateurs per- l’épiglotte de l’uvule du palais mou. Le som-
met d’aspirer. Puis, la langue propulse le bolus met de l’épiglotte est situé à hauteur de C1 à
vers l’arrière de la bouche dans le pharynx, et 4 mois, et à hauteur de C3 entre 12 et 18 mois
le réflexe de déglutition est provoqué. Les [424].
multiples récepteurs situés autour de l’orifice De fait, chez les bébés, la déglutition est
pharyngien sont stimulés par le bolus, produi- immature ; elle se caractérise par un impor-
sant des impulsions sensitives transmises au tant déplacement antérieur de la paroi pha-
centre de la déglutition par les V, IX et X. ryngienne postérieure. Puis, les dents déci-
L’activité motrice qui en résulte est déclen- duales apparaissent dans un environnement
chée par les IX et X. qui influence leur développement, tout
Pendant ce temps pharyngien, lorsque la autant qu’elles l’influencent. Ainsi, les dents
langue propulse le bolus vers l’arrière, l’os circonscrivent la langue dont la position
hyoïde est déplacé vers l’avant, le larynx vers le intrabuccale de repos s’abaisse. Maintenant,
haut et l’avant, vers la base de la langue, et lors de la déglutition, la pointe de la langue
l’épiglotte recouvre l’orifice supérieur du est postérieure aux incisives, les lèvres sont en
larynx. Le déplacement de l’épiglotte et le rap- contact et les muscles faciaux sont relâchés.
prochement des plis vocaux du larynx se com- En revanche, lorsque l’immaturité persiste,
binent pour empêcher le passage de nourriture une déglutition atypique s’installe où la lan-
dans la trachée. Ainsi, le bolus passe dans le gue déborde de la lèvre inférieure, avec
pharynx, se divisant autour de l’épiglotte, pen- contraction des muscles faciaux, en particu-
dant que le palais mou se déplace contre la lier des muscles orbiculaire de la bouche et
paroi pharyngienne postérieure pour fermer mentonnier. La déglutition infantile ou
l’orifice nasopharyngien. Les muscles stylo- immature devrait disparaître vers 2 à 3 ans,
pharyngiens tirent les parois du pharynx vers remplacée par une déglutition mature avec un
le haut et le dehors, ce qui dilate l’orifice œso- contact de la pointe de la langue contre le
phagien, et facilite le passage dans l’œsophage palais, ce qui participe au développement
du bolus encore sous l’influence de la gravité et d’un palais large et d’une face bien structurée.
des contractions des constricteurs pharyn- Lorsque le processus de maturation de la
giens. Ce troisième temps du mécanisme de la déglutition ne se met pas en place, la dégluti-
déglutition, la phase œsophagienne, est totale- tion est dysfonctionnelle ou immature.
ment dépendante du SNA via les nerfs vagues L’enfant ou l’adolescent qui présente une
et les ganglions sympathiques cervicaux et tho- déglutition immature se reconnaît, lors de la
raciques. déglutition, à la contraction des muscles orbi-
Plusieurs différences existent entre les culaire de la bouche et mentonnier, à l’incapa-
bébés et les adultes dans la coordination de la cité de maintenir les molaires en contact et à
déglutition. Les nourrissons humains, comme une protrusion linguale [425]. La déglutition
les primates non humains, démontrent une se produit entre 1500 et 2000 fois par jour, et à
capacité de respirer et de téter simultanément chaque protrusion linguale, une poussée
(figure 7.49). Ils conservent cette capacité s’applique sur les incisives, favorisant la vesti-
jusqu’à environ 2 ans, un âge où la maturité buloversion. De plus, le palais haut et étroit de
du système neuromusculaire est plus avancée. ces enfants ne leur permet pas de profiter des
Les présentations cliniques 373

Cavité nasale Palais mou

Ouverture
Cheminement laryngée
du lait

Trachée Œsophage

Figure 7.49. Déglutition chez le nouveau-né.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.16D, p. 798.)

bénéfices du pompage effectué par la langue l’os hyoïde et/ou de la mandibule doit être
sur le palais et les aponévroses palatines, ce considérée dans le bilan d’une déglutition
qui devrait normalement participer à l’aéra- dysfonctionnelle. Les dysfonctions craniocer-
tion de la trompe auditive [220]. vicales sont fréquemment associées à la pro-
L’acte d’avaler est complexe, impliquant trusion linguale. De surcroît, parce que les IX
les lèvres, la mâchoire, la langue, le palais, le et X déclenchent le réflexe d’avaler, le rapport
pharynx, le larynx et l’œsophage, et chacune entre l’occiput et les os temporaux doit aussi
de ces structures peut être affectée par une être évalué pour son effet sur le contenu du
dysfonction somatique, affectant potentielle- foramen jugulaire.
ment la succion et la déglutition. Réciproque-
ment, les fonctions de succion et de dégluti- Examen clinique et traitement
tion sont d’une importance suprême dans le Commencer par l’observation de la face, en
développement des structures auxquelles elles particulier noter le rapport entre les tiers supé-
sont associées. C’est l’interdépendance de la rieur, moyen et inférieur de la face. Les deux
fonction et de la structure. tiers inférieurs sont proportionnellement plus
Le pharynx est attaché à sa partie supé- petits chez le nouveau-né que chez les enfants
rieure sur la base du crâne, les processus pté- plus grands, les adolescents et les adultes.
rygoïdes du sphénoïde, les parties pétreuses Observer la tonicité des lèvres et noter si elles
des os temporaux, et le tubercule pharyngien sont molles ou contractées. Observer la toni-
de l’os occipital. Latéralement, le pharynx est cité de la musculature périorale.
relié aux processus styloïdes des os tempo- Faire ouvrir la bouche, observer la position
raux, et postérieurement à la colonne cervi- de la langue. Noter toute malposition, noter si
cale. Par conséquent, toute dysfonction de la la langue est au repos ou démontre une légère
base crânienne, de la colonne cervicale, de activité musculaire. Évaluer la longueur du
374 Ostéopathie pédiatrique

frein lingual. Il peut être trop court, et s’insé- sur le processus styloïde. Tester la mandi-
rer jusqu’à la pointe de la langue, lui donnant bule, l’articulation temporomandibulaire, l’os
parfois, à cause de sa traction, la forme d’un hyoïde et la colonne cervicale. Ces régions
cœur. doivent être équilibrées pour assurer une
Observer les mouvements de la langue et, si fonction satisfaisante des structures myofas-
l’enfant est assez grand, lui demander de tirer ciales associées.
la langue pour évaluer sa mobilité. Leur
demander de faire semblant de toucher la
pointe de leur nez avec la langue, pour obser- Conseils aux parents
ver la face inférieure. Avec une ankyloglossie L’éducation des patients comporte trois éta-
sévère, la langue a tendance à se recourber et pes. Tout d’abord, leur apprendre à conserver
ne peut s’allonger au-delà de la lèvre inférieure. d’une manière consciente la langue dans la
Chez les nourrissons, évaluer la succion en bouche. Puis apprendre à avaler la salive avec
introduisant l’auriculaire recouvert d’un doig- les lèvres fermées. Enfin, apprendre à avaler
tier dans la bouche du bébé, avec la pulpe du avec la pointe de la langue contre le palais
doigt dirigée vers le palais. Le nourrisson doit derrière les incisives supérieures, tout en
répondre en tétant avec énergie. Évaluer la conservant les lèvres fermées. Un exercice
coordination et la force des mouvements de pour s’entraîner à cela consiste à placer un
langue. petit morceau de nourriture entre la langue et
Noter les habitudes orales, telles que téter le palais et à le maintenir avec la langue en
la langue, sucer le pouce ou les doigts, la essayant d’avaler plusieurs fois. Répéter cet
sucette et/ou un doudou, ou encore se mor- exercice jusqu’à ce que la déglutition avec la
diller les doigts. Observer la position prise par pointe de la langue en appui contre le palais
l’enfant lors de ces pratiques, et l’orientation devienne un réflexe automatique.
de ce qui est placé en bouche. Habituelle-
ment, ces positions confortent le schéma Dans les cas d’ankyloglossie mineure, chez
dysfonctionnel. Par exemple, l’enfant qui a les jeunes enfants, les entraîner à faire des
une voûte palatine haute et étroite a ten- exercices mobilisant le plus possible la langue,
dance à sucer un index placé presque vertica- pour tenter d’étirer le frein lingual. Insister sur
lement dans la bouche. Sucer le pouce avec le fait qu’un défaut de prononciation chez le
l’index recourbé au-dessus du nez conforte petit enfant peut être charmant, mais qu’en
un schéma crânien d’extension, où l’eth- fait c’est une dysfonction qui ne doit pas être
moïde est sollicité dans une rotation anté- encouragée. Rappeler la nécessité d’une édu-
rieure. cation de la parole, en faisant répéter le plus
possible par l’enfant les mots mal prononcés
Utiliser les tests d’écoute pour évaluer la
pour améliorer la mobilité linguale. Conseil-
base crânienne, noter le mouvement de
ler aussi d’improviser des jeux où l’enfant doit
l’occiput et des os temporaux. Les dysfonc-
produire différents bruits de langue.
tions intraosseuses de l’os occipital au niveau
de la synchondrose intraoccipitale anté- Expliquer que les asymétries fonctionnelles
rieure peuvent comprimer le XII dans le sont souvent associées à des activités asymé-
canal de l’hypoglosse, et les dysfonctions triques répétées, telles qu’une prise de biberon
interosseuses entre les os occipital et tempo- unilatérale, ou la succion du pouce. Conseiller
raux peuvent affecter le foramen jugulaire et de supprimer ces habitudes. L’usage de la
les IX et X. sucette devrait être limité le plus possible, et
Examiner les os temporaux pour leur seulement utilisée pendant les 10 premiers
influence sur la position mandibulaire, et en mois de la vie, quand le besoin de sucer est le
raison de l’insertion du muscle styloglosse plus fort [200].
Les présentations cliniques 375

Régurgitation 9 à 10 ans [427]. De surcroît, une forte préva-


et reflux gastro-œsophagien lence de RGO est observée chez les bébés cau-
casiens [428,429].
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est le flux Fréquemment, des relaxations transitoires
rétrograde du contenu gastrique dans l’œso- inappropriées du sphincter inférieur de l’œso-
phage et au-dessus. Plutôt fréquent dans la phage (SIO), en réponse à un réflexe vasova-
petite enfance, il est souvent considéré gal, sont associées au RGO. Elles produisent
comme « physiologique » avant 2 mois avec une relaxation du SIO, et surviennent en
un pronostic bénin dans la majorité des cas. dehors de toute déglutition [430,431]. Une
Pour autant, le RGO constitue un sujet motilité œsophagienne inefficace et un retard
d’inquiétude pour les parents, avec des pré- de la vidange gastrique peuvent aussi être pré-
sentations allant des simples renvois de peti- sents [432], auxquels s’ajoute l’inadéquation
tes quantités après la tétée, à des vomisse- entre le volume gastrique et la quantité de lait
ments plus importants conduisant à un retard ingérée. Comme chez l’adulte, un régime
staturopondéral. Dans ce cas, le RGO peut riche en matière grasse contribue à augmenter
indiquer une affection sérieuse, et nécessite le nombre de relaxations transitoires inappro-
un examen médical. priées du SIO [433]. De plus, chez les nourris-
sons, le facteur positionnel du décubitus dor-
Le RGO est un des plus fréquents troubles
sal exacerbe le reflux. Depuis la campagne
cliniques symptomatiques affectant le sys-
« dormir sur le dos » pour empêcher le syn-
tème gastro-intestinal des bébés et des
drome de mort subite du nourrisson, la plu-
enfants. Dans une consultation ostéopathi-
part des bébés passent plus de temps dans
que, les régurgitations de la petite enfance
cette position.
sont présentes chez 5,8 % des enfants exami-
nés [37]. Dans les trois premiers mois de la
vie, des régurgitations quotidiennes existent Œsophage et estomac
chez 50 % des nourrissons, avec une inci- Embryologiquement, l’œsophage et l’estomac
dence de 67 % à l’âge de 4 mois [426]. La dérivent de l’intestin antérieur. Vers la
plupart du temps, ce trouble disparaît avant 4e semaine de gestation, l’ébauche de l’esto-
de la fin de la première année, et seulement mac apparaît par la dilatation dans le plan
5 % des bébés continuent à rejeter leur nour- sagittal de l’intestin antérieur. Puis, plusieurs
riture entre 13 et 14 mois ; toutefois, lorsque mouvements se produisent avant que l’esto-
ce trouble persiste pendant au moins 90 jours mac n’atteigne sa position finale. Une crois-
avant l’âge de 2 ans, les enfants sont prédis- sance plus importante du bord dorsal de
posés à présenter des symptômes de RGO vers l’estomac que de son bord ventral développe
9 à 10 ans [427]. les grande et petite courbures. Cela est suivi
d’une rotation de 90° avec la grande courbure
qui déplace vers la gauche, et la petite cour-
Étiologies bure vers la droite. Les deux nerfs vagues sui-
L’étiologie du RGO est multifactorielle, avec vent cette rotation. De ce fait, le vague droit
souvent la présence de plus d’un facteur. devient postérieur et innerve la partie dorsale
Aucune association ne peut être faite avec le de l’estomac, alors que le vague gauche
sexe [427,428], ni avec le mode d’alimenta- devient antérieur et innerve la partie ventrale
tion, sein ou biberon ; néanmoins, une com- de l’estomac. D’autres déplacements donnent
posante génétique semble être présente, et il à l’estomac un axe oblique, avec la bascule du
existe une corrélation entre les symptômes pylore vers le haut à droite et celle du cardia
maternels de RGO et la survenue de régurgita- vers le bas à gauche. Des torsions de l’estomac
tions dans la petite enfance, puis de RGO vers se produisent entre la partie inférieure de
376 Ostéopathie pédiatrique

l’œsophage et le pylore qui, par conséquent, diaphragmatique, passent dans l’orifice œso-
ne sont plus dans le même plan. Cela consti- phagien, entourent l’œsophage pour se mêler
tue un facteur de risque pour le RGO [434]. à ses parois 2 ou 3 cm au-dessus de la jonction
Ces mouvements survenant pendant le déve- œsogastrique. Une partie des fibres élastiques
loppement ressemblent à ce qui est perçu du fascia se prolongent dans la couche sous-
dans l’écoute de l’estomac. muqueuse de l’œsophage [206]. Cette con-
L’œsophage est un conduit musculomem- nexion entre le diaphragme et l’œsophage est
braneux qui relie le pharynx à l’estomac, fermé appelée le ligament phrénico-œsophagien. Ce
à ses deux extrémités par les sphincters infé- ligament permet une certaine mobilité à la
rieur et supérieur de l’œsophage. La partie jonction œsogastrique, ce qui autorise un dé-
supérieure de l’œsophage, l’œsophage cervical, placement pendant la respiration et la déglu-
est une structure musculaire striée, alors que la tition tout en limitant l’ascension de l’œso-
partie thoracique est lisse. Après la déglutition, phage. Pendant l’inspiration pulmonaire,
le bolus de nourriture passe par le pharynx l’orifice œsophagien diaphragmatique se con-
pour entrer dans l’œsophage. Cela déclenche tracte en réponse à l’augmentation de la pres-
une onde du péristaltisme primaire qui par- sion intra-abdominale [206].
court l’œsophage de haut en bas, renforcée par Le fascia transversalis est une vaste couche
des ondes secondaires dans le corps de l’œso- de tissu conjonctif située entre le péritoine et
phage. Ces ondes péristaltiques participent les parois de l’abdomen, en continuité cauda-
avec la gravité à la propulsion du bolus dans lement avec les fascias pelviens, postérieure-
l’œsophage, puis dans l’estomac. En même ment avec le fascia thoracolombal, et céphali-
temps, le SIO à la jonction œsogastrique se quement avec la couche fasciale tapissant la
relâche pour permettre au bolus de liquide ou face inférieure du diaphragme. Le ligament
de nourriture de passer dans l’estomac. phrénico-œsophagien décrit ci-dessus con-
siste en fibres qui proviennent de cette couche
Jonction œsogastrique et forment un cône autour de la jonction œso-
Dans le RGO, la jonction œsogastrique est gastrique. De plus, l’estomac est relié au
un site critique. Les fibres musculaires lisses diaphragme par le ligament gastrophrénique
circulaires entourant la partie inférieure de qui est la partie du grand épiploon s’étendant
l’œsophage forment le SIO, sans véritable de la grande courbure de l’estomac à la surface
identité anatomique. Normalement, une con- inférieure du diaphragme. La fonction dia-
traction tonique le maintient fermé, et il se phragmatique doit être équilibrée pour que la
relâche pendant la déglutition, et lorsqu’un fonction de la jonction œsogastrique soit
bolus de liquide ou de nourriture distend satisfaisante.
l’œsophage. L’œsophage traverse le dia- Pour servir de barrière protectrice contre le
phragme par une ouverture dans le pilier reflux de l’estomac, la pression de la jonction
diaphragmatique droit, l’orifice œsophagien, œsogastrique doit être plus forte que celle de
localisé entre le centre tendineux et l’orifice l’estomac ou de l’œsophage. Des facteurs inhi-
aortique. Les deux nerfs vagues (X) traversent biteurs et excitateurs influencent la tonicité
aussi le diaphragme par l’orifice œsophagien. du SIO. Normalement, le bolus de liquide ou
Au niveau de cet orifice, un pilier, le plus de nourriture provoque une relaxation du
souvent le pilier droit, entoure l’œsophage sphincter en réponse à la distension œsopha-
pour former un sphincter externe, sans que, gienne. Ce mécanisme est sous le contrôle des
pour autant, les fibres du pilier soient directe- plexus intramuraux du système nerveux enté-
ment reliées aux parois de l’œsophage. En fait, rique. Les fibres motrices naissent dans le
des fibres provenant du fascia transversalis, noyau moteur dorsal du vague et le noyau
puis se prolongeant dans le fascia sous- ambigu, et la production de plusieurs neuro-
Les présentations cliniques 377

transmetteurs et neuromodulateurs par les [437]. Des bronchites ou des pneumonies réci-
fibres postganglionnaires, parmi lesquels divantes sont fréquentes et peuvent être cau-
l’oxyde nitrique et le VIP (vasoactive intestinal sées par l’aspiration pulmonaire chronique du
peptide [polypeptide intestinal vasoactif]), reflux acide. Les problèmes ORL tels que l’obs-
déclenche la relaxation du SIO. En plus, les truction nasale sont parfois reliés aux RGO,
informations en provenance des noyaux avec une inflammation et une réduction de la
moteur dorsal du vague et ambigu arrivent taille des choanes [278,438]. Chez les préma-
aussi sur les piliers du diaphragme [411], ce turés, la complication la plus fréquente des
qui résulte en une inhibition musculaire à la RGO chroniques est le retard staturopondéral
fois de l’œsophage et des piliers. (figure 7.50).
Chez l’enfant et l’adolescent, le RGO est
Manifestations cliniques fréquemment associé à une douleur abdomi-
nale au milieu de l’épigastre, à un pyrosis
Dans les conditions normales, la pression
(brûlure rétrosternale ascendante) et à une
tonique de la musculature lisse du SIO à la
toux chronique. De plus, les régurgitations de
jonction œsogastrique constitue la barrière
contenu gastrique dans la cavité orale sont
majeure au reflux gastrique dans l’œsophage.
responsables d’une érosion et de caries den-
Toutefois, à la naissance, l’activité neuromus-
taires [439].
culaire et les péristaltismes œsophagiens sont
immatures, ce qui entraîne de fréquents
reflux gastriques. En fait, la maturation du Examen clinique et traitement
SIO survient avec la croissance de l’enfant, et Le nerf vague (X) joue un rôle primordial dans
la pression au niveau du SIO atteint des le contrôle du tonus du SIO. Il contient à la
niveaux adultes entre 3 et 6 mois. En même fois des fibres motrices et des fibres sensitives,
temps, la capacité moyenne de l’estomac, qui et présente le trajet et la distribution la plus
est à la naissance d’environ 30 ml, s’élève à vaste que n’importe lequel des autres nerfs
100 ml à la fin du premier mois, pour attein- crâniens, traversant le cou, le thorax et l’abdo-
dre 1000 ml dans l’adolescence. men. Environ 80 % des fibres vagales sont des
Le retour du contenu acide gastrique dans fibres afférentes, somatiques générales, viscé-
l’œsophage prédispose le bébé et l’enfant à rales générales ou afférentes spéciales. Elles
une œsophagite, et ces enfants pleurent sou- fournissent des données sensitives significati-
vent [435]. Le reflux acide dans l’œsophage ves en provenance des viscères. Chez les
peut atteindre la partie supérieure de l’œso- bébés, les enfants et les adolescents qui pré-
phage, le pharynx et le larynx, avec la possibi- sentent un RGO, il existe une composante
lité d’aspiration dans la trachée. Dès lors, les somatoviscérale et/ou viscérosomatique dys-
chémorécepteurs de la muqueuse des parties fonctionnelle, qui peut entraîner une altéra-
moyenne ou supérieure de l’œsophage sont tion des réponses. Toute dysfonction suscepti-
stimulés, avec pour conséquence une inhibi- ble d’affecter le X dans son vaste parcours
tion du réflexe respiratoire, une hypertension peut faciliter un RGO. Les sites critiques sont
et une bradycardie. Environ 1 % des nourris- le foramen jugulaire et la traversée du
sons démontrent une apnée résultant d’un diaphragme à l’orifice œsophagien. De sur-
reflux avec fermeture des voies aériennes ou croît, l’estomac et l’œsophage peuvent pré-
laryngospasme [436]. La sévérité de ces réac- senter des dysfonctions viscérales en rapport
tions peut conduire au syndrome de mort avec les dysfonctions somatiques des structu-
subite du nourrisson [435]. Les bronchospas- res avoisinantes, à savoir le diaphragme, les
mes peuvent accentuer les symptômes de fascias et les ligaments.
l’asthme, bien que le RGO ne semble pas aug- L’approche ostéopathique du RGO consiste
menter le risque de développer un asthme donc à normaliser toute dysfonction qui peut
378 Ostéopathie pédiatrique

Figure 7.50. Manifestations extra-œsophagiennes du reflux gastro-œsophagien (RGO).


1. Lésions dentaires, 2-3. Manifestations naso-pharyngolaryngées,
4. Manifestations respiratoires, 5. Otites récidivantes.
(Source : Encycl Méd Chir [Elsevier, Paris].
Molkhou P. Reflux gastro-œsophagien chez l’enfant, 4-014-L-10. 1990.)

déranger le nerf vague, normaliser l’estomac une compression au niveau du foramen jugu-
et l’œsophage ensemble et dans leurs rapports laire peut affecter le X. Vérifier et équilibrer la
avec les structures qui les entourent. région cervicale C3, C4, C5, en raison du nerf
Inspecter l’abdomen et noter sa forme, son phrénique et de son action sur le diaphragme.
contour et son mouvement pendant la respi- Examiner et traiter les dysfonctions somati-
ration diaphragmatique. Chez les jeunes ques identifiées au niveau de la charnière tho-
enfants, l’abdomen devrait être arrondi à racolombale à cause de leur potentiel à affec-
cause du manque de tonicité de la muscula- ter les piliers du diaphragme.
ture abdominale. Rechercher les asymétries, Évaluer et traiter le diaphragme, faire parti-
les régions en déséquilibre de tension, en par- culièrement attention à la symétrie de son
ticulier sous le pourtour inférieur de la cage excursion et à ses insertions xyphoïdienne et
thoracique et le processus xyphoïde. Noter si costales antérieures. Équilibrer les fascias au
l’ombilic est centré, ou s’il est proéminent. niveau du SIO en normalisant les tissus de la
Chez les enfants et les adolescents, inspecter région épigastrique.
la cavité orale et rechercher la présence de Équilibrer le rapport entre l’estomac et le
caries dentaires. diaphragme. L’estomac démontre des mouve-
Examiner et traiter la charnière craniocer- ments d’enroulement et de déroulement simi-
vicale avec une attention particulière au rap- laires à ceux qui ont formé ses courbures. La
port entre les os occipital et temporaux, car palpation doit révéler un équilibre entre ces
Les présentations cliniques 379

mouvements d’enroulement et de déroule- siologiques, ce qui reflète une dysfonction à


ment. La prédominance d’une phase peut être un ou plusieurs niveaux de l’axe cerveau–in-
normalisée en utilisant les procédures indirec- testin. De plus, parce que l’ontogénie du sys-
tes. Équilibrer les torsions présentes entre tème GI est sous de multiples influences,
l’estomac et l’œsophage. Traiter les dysfonc- c’est-à-dire l’héritage génétique, le développe-
tions somatiques en rapport avec les réflexes ment intrinsèque, des mécanismes régula-
viscérosomatiques et somatoviscéraux : occi- teurs endogènes et des influences environne-
put, C1, C2 pour le vague, thoracique supé- mentales [443], l’étiologie des coliques est le
rieur pour l’œsophage, et thoracique moyen plus souvent multifactorielle. Pour ces rai-
pour l’estomac [124]. sons, diverses étiologies sont proposées,
incluant des maladies GI telles que l’allergie
Conseils aux parents aux protéines du lait de vache, l’intolérance
Conseiller de fractionner l’apport alimentaire au lactose et l’hyperpéristaltisme intestinal,
en plus petites quantités, et d’alimenter les tout autant qu’une immaturité neurodévelop-
nourrissons en position semi-verticale. Les pementale ou des difficultés psychologiques
prises alimentaires devraient se faire dans le dans la relation parent–enfant.
calme. Expliquer aux enfants et aux adoles- En moyenne, on considère que les bébés
cents la nécessité de manger lentement. Eux pleurent 2,2 heures par jour pendant les deux
aussi doivent manger et boire en petites quan- premiers mois de la vie, avec un maximum
tités pour éviter une distension gastrique. vers 6 semaines [444]. Puis les pleurs dimi-
Leur faire comprendre qu’il vaut mieux limi- nuent lentement pour durer moins d’une
ter la consommation de nourritures grasses, heure par jour vers 12 semaines. Classique-
de chocolat et de boisson contenant de la ment, la « règle des trois » proposée par Wessel
caféine. Encourager des changements dans le et al. en 1954 fait référence pour identifier les
mode de vie comme éviter de manger avant enfants qui présentent des coliques : ce sont
de se coucher et, si approprié, encourager la les enfants qui pleurent plus de 3 heures par
perte de poids. jour, plus de 3 jours par semaine, et pour plus
de 3 semaines [445]. Typiquement, les coli-
Coliques ques débutent le premier mois et peuvent per-
sister jusqu’à 3 ou 4 mois. Les pleurs sont
Le terme « colique » est dérivé du grec kblikos, ordinairement concentrés en fin d’après-midi
et signifie en rapport avec le côlon. Dans la et dans la soirée, survenant par crises prolon-
liste des dysfonctions gastro-intestinales (GI) gées, imprévisibles et spontanées. Ces enfants
les plus fréquemment rencontrées chez les sont décrits comme pleurant sans cause iden-
nourrissons, les coliques arrivent en deu- tifiable. Ils sont irritables et difficiles à conso-
xième place, juste après les régurgitations. ler, bien que par ailleurs en parfaite santé,
Elles se produisent chez 10 à 40 % des enfants bien nourris et sans aucun signe de retard de
[440–442], et sont une des causes les plus fré- développement. Les pleurs présentent des
quentes pour lesquelles les parents cherchent variations individuelles dans leur durée, leur
un conseil professionnel. intensité, l’agitation associée ou la détresse
Le nourrisson sujet aux coliques présente parentale qui en résulte, ce qui rend toute
une distension abdominale, de fréquentes définition complexe [446]. Pour autant, les
émissions de gaz, apparemment une douleur pleurs de ces enfants transmettent des
abdominale, une grande irritabilité et des signaux acoustiques de grande excitation ou
pleurs excessifs. Les mécanismes de ce trouble de détresse [447]. Typiquement, pendant un
ne sont pas totalement compris. Ils peuvent épisode de pleurs, le bébé fléchit les jambes
être discutés en termes anatomiques ou phy- sur l’abdomen, démontre un abdomen dis-
380 Ostéopathie pédiatrique

tendu, dur, des bruits de gargouillement (bor- nues dans la nourriture, la muqueuse intes-
borygmes), parfois des gaz et des régurgita- tinale constitue une barrière protectrice
tions et/ou des grimaces faciales avec les contre les substances étrangères et les mi-
poings serrés. Cette présentation indique une cro-organismes de l’environnement externe
étiologie GI des coliques. Une hypothèse fré- potentiellement pathogènes. La barrière mu-
quemment avancée et fondée sur le fait que queuse est constituée de cellules et du stroma
ces coliques infantiles cessent souvent après 5 recouverts d’une couche de mucus. De nom-
ou 6 mois explique les coliques comme le breuses sécrétions y forment un gel viscoélas-
résultat d’une dysmaturité développementale tique, site des interactions interbactériennes.
transitoire [448]. Pour autant, dans l’approche La microflore joue un rôle important dans le
de ces enfants, plusieurs aspects du dévelop- développement de la barrière endogène de
pement GI et des facteurs neurohormonaux l’intestin ; elle est impliquée dans la matura-
associés doivent être envisagés. tion de l’immunité humorale [356].
L’intestin peut être considéré comme
Colonisation intestinale l’organe principal du système immunitaire
La colonisation bactérienne du système GI car il abrite plus de 70 % des cellules immuni-
stérile du nouveau-né commence rapidement taires [259]. Le tissu lymphoïde associé au
pendant l’accouchement. Une flore se déve- tube digestif (gut associated lymphoid tissue
loppe, résultant des interactions entre les [GALT]) se développe sous l’influence de
microbes et l’hôte. Les principaux facteurs qui l’immunité innée et de l’immunité acquise. Il
influencent le développement de cette popu- consiste en tissus lymphoïdes organisés et
lation microbienne sont la flore intestinale diffus qui forment les agrégats des follicules
maternelle, l’usage d’antibiotiques par la lymphoïdes des plaques de Peyer, localisés
mère pendant la grossesse et l’allaitement, le dans la muqueuse de la partie terminale de
mode d’accouchement (par voie basse ou par l’iléon, et en nœuds lymphatiques mésentéri-
césarienne), et le mode d’allaitement (mater- ques. Cet arrangement permet une réponse
nel ou artificiel). Typiquement, la flore bacté- rapide à n’importe quel défi, ce qui maintient
rienne des enfants nourris au sein est compo- l’intégrité et les fonctions protectrices de la
sée de bifidobactéries, alors que chez les barrière immunitaire à la surface des
enfants nourris au biberon, des bactéries ana- muqueuses du GI. Le GALT contient des lym-
érobies, tout autant que des espèces aérobies phocytes B, impliqués dans la synthèse
sont présentes [449]. Par ailleurs, la flore des d’anticorps de la catégorie des immunoglo-
enfants nourris au sein comporte beaucoup bulines A (IgA), et des lymphocytes T. Dans
moins d’espèces capables d’être pathogènes cet écosystème, l’équilibre de la microflore
[450]. Habituellement, la flore bactérienne se est capital pour le maintien de l’homéostasie
stabilise vers la fin de la 1re semaine de la vie, et des réponses immunitaires intestinales.
et vers 2 ans, la flore infantile ressemble à celle Son importance est tout aussi grande dans la
de l’adulte normal. Un écosystème intestinal prévention des allergies alimentaires, et c’est
complexe s’organise où la flore bactérienne en pendant les deux premières années de la vie,
développement, les cellules de l’hôte et les quand la flore infantile n’est pas encore bien
substances nutritives sont les principales diversifiée, que les allergies alimentaires et les
composantes. entéropathies ont le plus tendance à se déve-
La lumière intestinale est recouverte d’une lopper.
très grande surface de muqueuse qui est Chez les nourrissons, des circonstances
l’interface principale avec l’environnement particulières, telles que la prématurité, les
externe. À côté de sa fonction de digestion et césariennes et les traitements antibiotiques,
d’absorption des substances nutritives conte- retardent la colonisation intestinale et son
Les présentations cliniques 381

important effet immunostimulant [356,451]. autant d’aliments associés aux symptômes


À l’inverse, l’allaitement maternel semble des coliques chez les bébés [460].
avoir des effets positifs sur la microflore, ce
qui expliquerait son rôle protecteur contre les Motilité intestinale
maladies atopiques, bien que cela ne semble Parmi les théories qui tentent d’expliquer les
pas avoir d’effet protecteur sur le développe- troubles GI, l’hyperpéristaltisme est parfois
ment de coliques [452]. Néanmoins, parmi les tenu responsable des spasmes abdominaux et
nourrissons allaités au sein, les Lactobacilli des coliques. Normalement, le tissu muscu-
sont moins présents dans la flore intestinale laire lisse de l’intestin engendre une activité
de ceux qui souffrent de coliques [453]. péristaltique rythmique. Les mouvements de
l’intestin et la régulation de la motilité du
Intolérance alimentaire tube digestif sont le résultat d’interactions
Les bébés nourris au sein souffrent parfois de neuromusculaires complexes, sous l’influence
coliques ; cela pourrait s’expliquer par le fait de neurotransmetteurs et d’hormones, et qui
que le lait maternel contient des protéines sont localisées à plusieurs niveaux [461]. Le
similaires à celles du lait de vache, et que les tube digestif possède une innervation extrin-
coliques semblent souvent associées à une sèque et une innervation intrinsèque. Un
allergie alimentaire, en particulier à la pro- réseau nerveux et des plexus ganglionnés for-
téine du lait de vache [454,455]. Cette exposi- ment le système nerveux entérique qui cons-
tion déclencherait la production d’IgE spécifi- titue l’innervation intrinsèque, alors que le
que à la protéine de lait et pourrait être vague, les nerfs splanchniques et pelviens for-
considérée comme la manifestation d’une ment l’innervation extrinsèque. Les neurones
prédisposition allergique. Cela reste cepen- intrinsèques afférents se projettent dans les
dant un sujet débattu, car aucune donnée ne plexus myentériques et submuqueux, et
soutient l’hypothèse que les coliques infanti- l’information des récepteurs sensitifs activés
les soient un facteur de risque pour le déve- atteint le système nerveux central (SNC) par
loppement d’allergies ou de maladies atopi- des afférences vagales et spinales.
ques [456]. Toutefois, on observe plus d’irri- Il existe une interaction constante entre le
tabilité à la 7e semaine de vie et des pleurs de tube digestif et le SNC par les neurones soma-
type coliques pendant la 12e semaine chez les tiques ou autonomiques (axe cerveau–intes-
enfants qui présentent une maladie atopique tin). Dès lors, le SNC module l’activité motrice
à l’âge de 2 ans [457]. du tube digestif par le SNA (sympathique et
L’intolérance au lactose contribue aussi parasympathique), maintenant un rythme
aux coliques infantiles [458]. L’absorption normal d’activité, tout en ajustant les don-
incomplète du lactose encourage la crois- nées autonomiques efférentes pour accom-
sance bactérienne, avec en conséquence des moder les sollicitations extérieures. La libéra-
flatulences et des spasmes. Une fois de plus, tion d’acétylcholine par les fibres parasym-
l’étiologie des coliques infantiles est multi- pathiques augmente la motilité du tube diges-
factorielle. Néanmoins, l’élimination des tif, alors que la libération de noradrénaline
protéines du lait de vache peut être un traite- par les fibres sympathiques la diminue. Des
ment efficace [454], et pour les bébés nourris neuropeptides sont inhibiteurs (VIP, somatos-
au sein et souffrant de coliques, un régime tatine), d’autres sont excitateurs (substance
maternel sans lait de vache peut être envisagé P). De surcroît, des facteurs multiples, tels que
[459]. Les autres modifications diététiques l’émotion, la nervosité, la prise alimentaire ou
chez la mère qui allaite devraient inclure le jeûne, peuvent aussi influencer l’activité du
la diminution de la consommation de légu- SNA. En plus, les différentes parties du tube
mes crucifères, d’oignon et de chocolat, digestif communiquent entre elles par des
382 Ostéopathie pédiatrique

signaux myogéniques et neurogéniques le des facteurs culturels et sociodémographi-


long du tube digestif, et par des arcs réflexes ques, ce qui peut en retour affecter les pleurs
transmis via les neurones autonomes. de l’enfant. Les réponses parentales vont de
mettre l’enfant au lit, de l’emmailloter dans
Intéroception une couverture, de le prendre et le porter, de
Des différences individuelles sont présentes le bercer, à la promenade en voiture [467].
dans le fonctionnement du SNC. Ainsi, chez Habituellement, les pleurs sont décrits plus
les patients souffrant de troubles fonction- importants chez les bébés premier-nés et en
nels du GI, on trouve une augmentation de association avec des pratiques occidentales
la sensibilité aux stimulus, comme la disten- [467,468].
sion de l’intestin [462]. Les pleurs excessifs Toucher, porter, et caresser un enfant a des
des nourrissons qui souffrent de coliques effets positifs sur la régulation de ses émotions
pourraient ainsi être le résultat d’une hyper- et sa réaction au stress [469]. Les soins mater-
sensibilité à la perception des stimulus intes- nels facilitent le développement des systèmes
tinaux, ou de réponses afférentes excessives à centraux de production de la corticotropine,
ces stimulus [463]. Une susceptibilité généti- qui régulent les réponses comportementales,
que aux troubles GI fonctionnels peut exis- endocriniennes et autonomes au stress [470].
ter, et la corrélation observée entre la très Il est bien démontré que le contact mère–en-
forte réponse du nouveau-né aux tests neuro- fant est d’une importance suprême dans la
comportementaux des premiers jours de la régulation de la réactivité émotionnelle du
vie et les pleurs fréquents une fois à la mai- nourrisson. La production d’opioïdes endogè-
son soutient cette théorie [464]. Une hyper- nes analgésiques et de l’hormone peptidique
sensibilité intestinale peut aussi altérer la cholécystokinine (CCK) est augmentée après
motilité du tube digestif en augmentant les ce contact [469]. Cela contribue au dévelop-
réflexes intestinaux [465]. pement de l’attachement, par l’intermédiaire
Les changements dans l’environnement de « la régulation interactive de la synchroni-
sensitif interne, agissant d’une façon bidirec- cité biologique entre les organismes » [471].
tionnelle entre les viscères et le cerveau, sont Dans des conditions normales, cette relation
évidemment reliés à l’intéroception et à entre la mère et l’enfant contribue au bien-
l’hypersensibilité viscérale. Ils sont considérés être des deux.
comme des facteurs pathogénétiques fonda- Inversement, l’irritabilité infantile peut
mentaux de l’état émotif des sujets souffrant être une source de détresse majeure pour les
de troubles fonctionnels du tube digestif parents. Dans des circonstances extrêmes,
[466]. Le stress, pris au sens large, en tant l’irritabilité de l’enfant peut causer un tel
qu’atteinte à l’homéostasie, peut provenir de stress que cela entraîne une impulsion à
l’environnement externe ou interne [466]. secouer l’enfant [463]. En fait, il existe une
L’hypersensibilité viscérale, l’allergie au lait, étiologie psychosociale où les coliques pen-
ou les dysfonctions somatiques peuvent être dant la première année de la vie sont associées
stressantes, et les nourrissons qui souffrent de à une anxiété maternelle préexistante [452].
coliques sont souvent décrits comme étant En effet, si les parents sont stressés, l’enfant
des enfants au caractère difficile. pleure plus, ce qui rajoute à l’inquiétude des
parents par leur incapacité de calmer leur
Relation parents–enfant enfant. De plus, un nourrisson est fréquem-
Un bébé qui pleure exprime une détresse sans ment décrit comme pleurant excessivement
indiquer son origine. Cela peut être une quand les pleurs affligent les parents.
source importante de stress pour les parents. Les pleurs du bébé peuvent aussi refléter
Ils répondent différemment à ces cris selon une interaction parent–enfant insatisfaisante.
Les présentations cliniques 383

Ce rapport complexe entre l’enfant et ses res et les ganglions prévertébraux à destina-
parents, ou les personnes qui le gardent, a tion de la corne dorsale de la moelle épinière,
conduit à une hypothèse comportementale et ces neurones ont leurs corps cellulaires
pour expliquer les coliques de l’enfant. Diver- dans les ganglions des racines dorsales. La
ses interventions sont ainsi suggérées pour perception de la douleur semble être trans-
modifier les réponses parentales, en utilisant mise essentiellement par l’innervation verté-
les mouvements et les sons pour calmer le brale [475]. La charnière craniocervicale (pa-
bébé, tout autant qu’une réduction des stimu- rasympathique), la colonne thoracique et
lus [454]. En réalité, ces personnes n’ont pas thoracolombale (sympathique) et la région
besoin d’entendre qu’ils sont de mauvais sacropelvienne (parasympathique) peuvent
parents. Ils ont besoin de soutien et de com- être des sites de dysfonction somatique résul-
préhension. Les circonstances doivent être tant en une dysfonction somatoviscérale ;
discutées et les parents doivent pouvoir expri- traiter ces régions peut contribuer à équilibrer
mer leur anxiété et leur frustration. Les adap- la fonction intestinale des enfants qui souf-
tations comportementales doivent être frent de coliques.
encouragées si c’est approprié. Enfin, le taba- Un examen clinique minutieux doit être
gisme maternel peut contribuer à ce trouble exécuté pour s’assurer qu’il n’y a pas de cause
[472]. organique sous-jacente expliquant les pleurs
Néanmoins, il est important de traiter ces de l’enfant. Ensuite, les procédures ostéopa-
enfants et d’aider les parents, parce que les thiques peuvent être employées pour réduire
troubles comportementaux persistants, y la charge afférente des réflexes somatoviscé-
compris les pleurs, les troubles du sommeil ou raux au niveau du SNC, tout autant que pour
alimentaires de la petite enfance, sont précur- alléger l’impact mécanique que les dysfonc-
seurs de problèmes d’hyperactivité ou de trou- tions somatiques peuvent avoir sur le tube
bles du comportement et de difficultés acadé- digestif. Le traitement est approprié pour les
miques dans l’enfance [473]. nourrissons, mais il est aussi applicable pour
les enfants et les adolescents, parce que les
Examen clinique et traitement coliques peuvent persister plus tard dans la
L’ostéopathie crânienne offre une option thé- vie comme des désordres fonctionnels du
rapeutique pour ces patients. Le traitement tube digestif [476].
ostéopathique des nourrissons souffrant de La partie ostéopathique de l’examen doit
coliques diminue les pleurs et augmente le commencer par l’observation de la position
temps de sommeil [474]. du sujet. Le bébé peut se présenter les jambes
La dysfonction somatique affecte le SNA. Il fléchies à la poitrine. L’enfant plus grand
en résulte un état de facilitation, qui aug- peut se présenter avec une apparence de lor-
mente la perception des stimulus intestinaux dose lombale, résultant simplement de la
mécaniques ou chimiques, avec pour consé- dysfonction abdominale, et de la distension
quence une hypersensibilité ou une dysfonc- abdominale associée. Les épaules ont ten-
tion viscérale. La dysfonction somatique peut dance à être enroulées vers l’avant pour relâ-
impliquer n’importe quel élément associé au cher la tension abdominale. Observer l’abdo-
tube digestif : osseux, articulaire, ligamen- men, noter s’il est distendu en raison de la
taire, membraneux, fascial, musculaire, viscé- flatulence. Noter la puissance et le rythme de
ral, vasculaire. Les neurones viscérosensitifs la motilité inhérente du MRP au niveau de la
du X ont leurs corps cellulaires dans le gan- tête et du corps, en particulier de l’abdomen.
glion inférieur (plexiforme) localisé sous le Les dysfonctions somatiques doivent être
foramen jugulaire. Les afférences sensitives recherchées surtout dans les régions du neu-
spinales cheminent par les nerfs périvasculai- rocrâne postérieur. Examiner aussi la jonc-
384 Ostéopathie pédiatrique

tion occipitocervicale, la colonne cervicale Conseils aux parents


supérieure, la colonne thoracique, les côtes, Les parents doivent être rassurés et encoura-
la colonne lombale supérieure, le dia- gés à créer un environnement de confort, de
phragme thoracoabdominal, la paroi abdo- calme et de détente pour le bébé. Des caresses
minale antérieure et le sacrum. douces de la zone crânienne du frontal facili-
Le traitement emploie les principes et les tent souvent cet état. Obtenir une détente de
procédures indirects pour normaliser les dys- l’enfant aura aussi un effet calmant sur les
fonctions somatiques identifiées, comme le parents, ce qui en retour calmera également le
rapport entre les os temporaux et occipital bébé. Souvent la détente obtenue pendant le
pour leur influence sur le foramen jugulaire, traitement fera que, dans le futur, il sera plus
la charnière occipitocervicale et la colonne facile d’obtenir un tel état de calme, et cela
cervicale supérieure pour affecter le vague et démontre aussi aux parents que cela est possi-
les réflexes somatoviscéraux parasympathi- ble. Éviter tout massage actif de l’abdomen,
ques. Les dysfonctions somatiques de la co- potentiellement irritatif.
lonne thoracique, des côtes et de la colonne
Des conseils diététiques peuvent être consi-
lombale supérieure doivent être traitées pour
dérés pour améliorer la fonction GI et le sys-
affecter les réflexes somatoviscéraux sympa-
tème immunitaire. L’alimentation maternelle
thiques. Dans les cas aigus, pratiquer une
devrait être encouragée dans la mesure du
inhibition avec la pulpe des doigts au niveau
possible. Dans ce cas, la mère devrait faire
des processus transverses des vertèbres dans
attention à son régime et éviter le lait de
la région lombothoracique. Éviter tout mas-
vache, les légumes crucifères, l’oignon et le
sage actif de l’abdomen qui peut irriter
chocolat.
l’intestin. Les dysfonctions de la colonne
thoracique, du diaphragme thoracoabdomi- Chez les enfants un peu plus grands souf-
nal et des côtes doivent être normalisées frant de coliques, l’intolérance au lactose doit
pour leur influence sur le drainage lymphati- être considérée. Un régime riche en produits
que et veineux de l’abdomen. Les dysfonc- frais et en antioxydants tels que les vitamines
tions diaphragmatiques, pelviennes et des C et E doit être recommandé, et les nourritu-
parois abdominales doivent être considérées res raffinées évitées le plus possible. Insister
pour alléger l’impact des tensions fasciales sur la mastication des aliments pour faciliter
dysfonctionnelles sur le tube digestif. Les la fonction digestive.
dysfonctions du diaphragme thoracoabdo-
minal sont aussi associées à la fonction du Constipation
plexus mésentérique. Les dysfonctions soma-
tiques sacropelviennes sont traitées pour La constipation est le motif de consultation
affecter les réflexes somatoviscéraux para- pédiatrique dans 3 % des visites, et un trouble
sympathiques splanchniques pelviens. Selon de la défécation est présent chez 10 à 25 % des
les principes indirects, normaliser les régions enfants adressés chez les gastro-entérologues
périombilicale et intestinale. Dans chaque pédiatriques [478]. Chez les enfants, la consti-
procédure du traitement, accompagner la pation est habituellement définie comme une
motilité inhérente du MRP telle qu’elle se douleur abdominale, une difficulté ou une
manifeste à travers le corps. Traiter ce méca- douleur à la défécation, avec des selles trop
nisme affecte le SNA et facilite probablement volumineuses et dures, ou décrites comme des
la perfusion des tissus, réduisant la conges- petites billes, et une fréquence inférieure à
tion [477]. deux selles par semaine.
Les présentations cliniques 385

Chez un nouveau-né en bonne santé, la femmes en souffrent plus fréquemment. Une


première décharge intestinale, le méconium, autre différence entre les enfants et la popula-
est passée dans les 24 heures [479]. Ensuite, le tion adulte est la présence d’encoprésie chez
mode d’allaitement détermine la fréquence et l’enfant, non présente chez l’adulte qui souf-
la qualité des selles. Les enfants allaités au fre de constipation fonctionnelle [480].
biberon ont des selles moins fréquentes que
Pendant les premiers mois de la vie, une
ceux allaités au sein, qui présentent des selles
dyschésie peut être présente chez le nourris-
molles et jaunes jusqu’à 5 fois par jour. Toute-
son ; c’est le ralentissement du transit, princi-
fois, les bébés nourris au sein peuvent rester
palement distal. La défécation devient diffi-
sans selles pendant 3 ou 4 jours. Typique-
cile et les tentatives prolongées s’accom-
ment, le début d’une alimentation diversifiée
pagnent de tension et de cris. Ce comporte-
survient entre 4 et 6 mois, et résulte en des
ment peut durer pendant 20 minutes, jusqu’à
selles plus fermes. Bien que la fréquence de
l’exonération de selles le plus souvent molles
l’évacuation intestinale varie d’un sujet à un
ou liquides. Une hypothèse attribue ce trou-
autre, il est généralement admis qu’une fré-
ble à un échec de la coordination entre l’aug-
quence inférieure à une selle par jour avant
mentation de la pression intra-abdominale et
6 mois, et 3 fois par semaine après 6 mois peut
la détente des muscles pelviens [478]. Une
être considérée comme pathologique. Avant
défécation douloureuse conduit souvent à la
5 ans, la constipation est présente quand
rétention fécale chronique, avec impaction
l’enfant a moins de deux selles par semaine.
fécale, et collection de fèces dures et déshy-
La plupart du temps, la constipation est dratées dans le côlon ou le rectum. Il en
fonctionnelle, sans évidence objective de résulte une hypersécrétion par le rectosig-
pathologie fondamentale ; une anamnèse moïde, réactionnelle à la stase fécale, et une
minutieuse et un examen clinique sont suffi- fausse diarrhée, avec passage de liquide fécal
sants pour faire le diagnostic. Il est important autour de l’impaction. Plus de 50 % des
d’éliminer tout retard staturopondéral, ou des enfants d’âge scolaire qui souffrent de ce trou-
affections endocrinienne, métabolique ou ble ont une histoire de défécation doulou-
structurale comme la maladie de Hirschs- reuse avant l’âge de 36 mois [481]. En fait, ces
prung. Cette dernière est liée à l’absence de enfants réussissent à éviter une défécation
cellules ganglionnaires au niveau des plexus pendant plusieurs jours. Souvent, l’évacua-
sous-muqueux entérique (plexus de Meissner) tion qui suit est alors pénible, parfois associée
et myentérique (plexus d’Auerbach) de l’intes- à des rectorragies, ce qui renforce le compor-
tin terminal. Dans ce cas, les enfants souffrent tement de crainte et de rétention. Typique-
de constipation avec une importante dilata- ment, une contraction anormale du sphincter
tion du côlon proximal au segment affecté. anal (anisme) et du plancher pelvien accom-
Un des premiers signes survient à la naissance pagne la rétention stercorale. Dès lors,
avec un retard dans l’évacuation du méco- l’enfant développe une posture rétentive avec
nium ; ultérieurement, un retard staturopon- la contraction des muscles fessiers. L’étire-
déral est typiquement présent [480]. ment chronique des parois rectales et la fati-
Plusieurs théories tentent d’expliquer les gue des muscles pelviens aboutissent à une
constipations fonctionnelles. Celles-ci se- fonction anale incompétente, une relaxation
raient la conséquence d’une rétention fécale spontanée des sphincters. C’est l’encoprésie,
fonctionnelle ou volontaire, d’un mégacôlon fréquemment la conséquence d’une disten-
psychogénétique, ou encore idiopathique. sion rectale consécutive à une constipation
Dans l’enfance, elles affectent les garçons plus [482]. De surcroît, les enfants constipés
souvent que les filles, contrairement aux démontrent d’autres symptômes associés,
populations d’adolescents et d’adultes où les avec des douleurs abdominales, une diminu-
386 Ostéopathie pédiatrique

tion de l’appétit, et des troubles de l’humeur. vésicosphinctérienne, grande capacité vési-


La plupart du temps, ces enfants sont intro- cale, difficulté à vider complètement la vessie,
vertis, et souvent se sentent honteux. Ils pré- infections urinaires fréquentes et reflux
sentent plus de troubles du comportement vésico-urétéral [487]. Cela constitue un syn-
que les enfants non constipés, mais ces trou- drome, un agrégat de symptômes et de signes
bles disparaissent immédiatement après un associés qui peuvent être améliorés par une
traitement efficace de la constipation [483]. approche ostéopathique. La plupart des cas de
Le rôle de la participation psychologique et constipation fonctionnelle répondent bien
émotionnelle dans l’étiologie de la constipa- aux procédures ostéopathiques.
tion est controversé. Nul ne peut affirmer si La défécation est un processus complexe
c’est le problème émotionnel ou le problème qui comporte un ensemble d’actions volon-
de défécation qui apparaît en premier [483]. taires et involontaires. Elle est déclenchée par
Normalement, l’apprentissage de la pro- l’excitation des mécanorécepteurs anorectaux
preté commence entre 18 et 36 mois. Les sensibles à la distension du rectum. Puis sui-
conduites trop coercitives et stressantes de vent l’activité volontaire coordonnée de la
l’entourage peuvent être une cause de la ré- musculature abdominale et pelvienne et la
tention fécale. Néanmoins, en présence d’un relaxation involontaire des sphincters de
côlon dysfonctionnel, d’une défécation dou- l’anus. Lors du déplacement de la masse
loureuse et d’un refus de l’apprentissage de la fécale, les muscles du plancher pelvien se relâ-
propreté, la constipation devrait être envisa- chent pour permettre l’alignement du rectum
gée, parce que, chez l’enfant, le premier épi- avec le canal anal. En revanche, la défécation
sode de constipation survient habituellement peut être inhibée par la contraction volon-
avant ce refus [484]. Les facteurs de l’environ- taire du sphincter externe de l’anus et des
nement familial, ou l’anxiété parentale sura- muscles du plancher pelvien.
joutée parce qu’ils veulent scolariser leur Normalement, le canal anal est fermé par
enfant peut ajouter un facteur psychologique les sphincters externe et interne de l’anus. De
à une prédisposition physique à la constipa- plus, le faisceau puborectal (la partie médiale
tion. du muscle élévateur de l’anus) participe à la
La diminution du péristaltisme au niveau sangle qui entoure la jonction anorectale en
du côlon est une autre théorie pour expliquer entremêlant une partie de ses fibres avec la
la constipation dans l’enfance. La diminution partie profonde du sphincter externe du canal
de l’activité physique et la réduction de anal. D’autres fibres du muscle élévateur de
l’apport hydrique sont classiquement asso- l’anus rejoignent le muscle longitudinal
ciées à la constipation de l’adulte. Toutefois, conjoint qui entoure le canal anal entre le
l’enfant a tendance, normalement, à être phy- sphincter interne et le sphincter externe. En
siquement actif, et dans ce cas l’inactivité ne arrière du rectum, les fibres pubococcygiennes
peut pas être une cause majeure de la consti- du muscle élévateur de l’anus s’attachent à la
pation. En revanche, les intolérances alimen- surface antérieure du coccyx.
taires, avec une hypersensibilité aux protéines Le sphincter anal interne a une innerva-
du lait de vache, semblent être associées à la tion autonome. Les fibres sympathiques pro-
constipation chez l’enfant [485,486]. viennent du plexus hypogastrique et des
La constipation est certainement multifac- plexus localisés autour de l’artère rectale
torielle. L’approche comportementale n’expli- supérieure, alors que les fibres parasympathi-
que pas tous les cas. De surcroît, les enfants ques proviennent des nerfs splanchniques
qui souffrent de ce trouble démontrent aussi pelviens (S2–S4). Le sphincter externe a une
des troubles urinaires associés : incontinence innervation motrice volontaire qui vient de
urinaire, hyperactivité vésicale, dyssynergie la branche rectale inférieure du nerf pudental
Les présentations cliniques 387

(honteux) (S2–S3), et de la branche périnéale ficativement plus rapides, avec une résolution
du quatrième nerf sacral. de la constipation en une ou deux séances.
Dès lors, traiter toute dysfonction somati-
Examen clinique et traitement que identifiée. Normaliser les dysfonctions
somatiques du sacrum pour leur relation avec
Si l’enfant est assez grand pour se tenir debout
les nerfs splanchniques pelviens et le nerf
et marcher, observer sa posture, notant en
pudendal. Normaliser les articulations sacro-
particulier la proéminence abdominale, la
iliaques et les structures myofasciales qui les
fonction de la charnière thoracolombale, en
entourent. Il est important de se souvenir que
rapport avec le muscle psoas, le degré de lor-
le sacrum n’est pas complètement ossifié chez
dose lombale et sa relation avec la proémi-
les nourrissons et les enfants, et que des dys-
nence abdominale.
fonctions intraosseuses peuvent être présen-
Puis, avec le sujet en décubitus, observer
tes entre les différents segments sacraux. Chez
l’abdomen, noter son aspect et la présence de
le jeune enfant, la procédure de modelage du
distension. Palper l’abdomen, apprécier la
sacrum donne souvent de bons résultats. Trai-
tension de la paroi abdominale et la présence
ter les dysfonctions somatiques du coccyx, en
de matière fécale. Dans les cas de constipation
faisant attention à son rapport avec les inser-
chronique, une accumulation stercorale est
tions du muscle élévateur de l’anus. Normali-
palpable au niveau du côlon. En définir la
ser les dysfonctions somatiques de la région
consistance et noter la présence éventuelle de
thoracolombale pour leur effet somatoviscéral
fécalomes. Évaluer la quantité de la masse
sur l’apport sympathique à l’intestin. Un
fécale en appréciant la hauteur de ce qui est
déséquilibre du SNA, avec influence sympa-
palpé au-dessus du bord pelvien. Si l’examen
thique dominante, ralentit le transit intesti-
par toucher rectal est indispensable, il doit
nal, ce qui peut favoriser la constipation. Il est
être exécuté avec la plus grande délicatesse
tout aussi important de s’assurer que la pos-
pour éviter toute perpétuation de dyschésie.
ture de l’enfant soit équilibrée, sans tension
De surcroît, toute manœuvre qui entraîne une
dysfonctionnelle au niveau du psoas, à cause
stimulation rectale produit des expériences
de son rapport avec la chaîne sympathique.
sensitives potentiellement nocives et devrait
être découragée [478].
Rechercher les dysfonctions somatiques de Conseils aux parents
la charnière thoracolombale qui peuvent être La quantité de liquide que l’enfant boit tous
associées à une dysfonction des muscles psoas les jours doit être augmentée. On peut donner
et aux réflexes somatoviscéraux sympathiques. des jus de fruits aux nourrissons, tels que les
Examiner le sacrum, le coccyx et le pelvis pour jus de prune et de poire, qui contiennent du
toute dysfonction qui peut affecter le plancher fructose et du sorbitol ayant un effet laxatif
pelvien et qui serait aussi une source de réflexes doux. Si l’enfant est assez grand, augmenter la
somatoviscéraux parasympathiques. ration de céréales, de fruits et de légumes qui
Une approche médicale globale du traite- sont riches en fibres. Éviter la consommation
ment inclut des modifications diététiques, des d’hydrates de carbone et de chocolat qui est
techniques de modification du comportement, un aliment constipant. Encourager la prise
avec prise en charge d’ordre pédopsychiatrique des repas à des heures régulières. Si l’enfant est
et des thérapeutiques médicamenteuses. Le relativement sédentaire, avec une tendance à
traitement donne habituellement des résultats jouer devant l’ordinateur, encourager une
positifs, mais il peut prendre jusqu’à 6 à augmentation de l’activité physique.
12 mois [482]. En revanche, si une dysfonction Dire aux parents de faire attention à la
somatique est identifiée, le traitement ostéopa- fréquence des défécations, à leur difficulté, ce
thique adéquat peut donner des résultats signi- qui annonce une récidive de la constipation.
388 Ostéopathie pédiatrique

Si tel est le cas, une réponse rapide doit suivre Dès lors, la compréhension des structures et
pour encourager l’enfant à aller à la selle plus des fonctions impliquées dans cette évolu-
fréquemment, à modifier son régime et ses tion, combinée avec une observation atten-
activités physiques. tive du nourrisson et de l’enfant en croissance
sont impératives pour identifier les dysfonc-
tions somatiques, et le traitement efficace
Dysfonctions orofaciales pour promouvoir la santé et l’équilibre.
La cavité orale, la bouche, est entourée par
Cavité orale et fonctions orofaciales les lèvres et les joues, et consiste en deux
parties, la cavité orale propre et le vestibule.
Dans une approche holistique des soins de la La cavité orale propre est antérieurement et
santé, toute région du corps influence directe- latéralement limitée par les arcades alvéolai-
ment ou indirectement les autres. Par consé- res, les dents et les gencives, au-dessus par les
quent, l’observation de la cavité orale fournit palais dur et mou, alors que postérieurement
non seulement une information sur la bou- elle communique avec le pharynx par
che, mais aussi sur de nombreux autres l’ostium intrapharyngien. Elle contient la lan-
aspects de l’individu. La cavité orale donne gue, qui est totalement intraorale chez le
accès à la cavité nasale postérieure, au pha- bébé. Puis, lorsque l’enfant grandit, seule-
rynx, à l’œsophage et aux voies respiratoires ment les deux tiers antérieurs restent dans la
inférieures. Elle abrite un écosystème qui cavité orale, alors que le tiers postérieur des-
reflète le statut de la santé générale de l’indi- cend en même temps que le larynx [206]. Le
vidu, et l’articulé dentaire exprime l’équilibre vestibule est localisé entre les lèvres et les
fonctionnel du système musculosquelettique joues en dehors, et entre les gencives et les
aussi bien local que général. De surcroît, la dents en dedans. Il communique avec l’exté-
tonicité musculaire, les expressions faciales et rieur par la fente orale circonscrite par les
les habitudes orofaciales illustrent l’état psy- lèvres.
choémotionnel de l’individu. Ainsi, la cavité L’ensemble de la cavité orale est recouverte
orale est une région qui permet la communi- d’une muqueuse qui commence aux marges
cation avec les autres par l’expression faciale, labiales et consiste en plusieurs parties
mais aussi par le langage. Finalement, elle est démontrant des propriétés différentes selon
la porte d’entrée essentielle pour la nutrition leur emplacement. La muqueuse orale est
et l’hydratation et une voie secondaire pour la dans la continuité de la muqueuse pharyn-
respiration. La fonction optimale de cette gienne au niveau de l’ostium intrapharyn-
zone est essentielle pour la survie de l’indi- gien.
vidu. Plusieurs os du viscérocrâne définissent la
Les structures osseuses principales de la cavité orale. Les maxillaires sont les premiers
cavité orale sont la mandibule, les os maxillai- auxquels on pense ; avec la mandibule, ils
res et palatins. Les maxillaires et palatins font sont parmi les plus gros os de la face. Pour
partie du viscérocrâne et, comme tels, leur autant, toutes les pièces qui constituent le
croissance et leur développement continuent squelette de la cavité orale doivent être prises
jusqu’après l’adolescence. Ce processus est en considération. Les structures myofasciales
sous l’influence génétique, tout autant que qui s’y attachent l’affectent et sont à leur tour
sous l’influence de facteurs épigénétiques affectées par ce squelette. En plus de la man-
parmi lesquels les fonctions orofaciales jouent dibule et des maxillaires, les limites osseuses
un rôle essentiel. De ce fait, la longue période incluent des os pairs, les os palatins et tempo-
du développement fournit de nombreuses raux, et des os impairs, le sphénoïde et l’os
occasions pour l’installation de dysfonctions. hyoïde.
Les présentations cliniques 389

Maxillaire cette face et s’articule médialement avec le


Le maxillaire consiste en un corps avec plu- processus pyramidal de l’os palatin. De
sieurs processus : les processus zygomatique, manière inconstante, le maxillaire s’articule
frontal, alvéolaire et palatin. Le corps de cha- avec la lame latérale du processus ptérygoïde
que maxillaire contient un sinus maxillaire, le du sphénoïde et donne origine à quelques
plus grand des sinus paranasaux. Ces cavités fibres du muscle ptérygoïdien médial. La fosse
sont bien développées chez l’adolescent ; en ptérygopalatine est située juste au-dessus,
revanche, à la naissance, ce sont de petits avec un sillon pour le nerf maxillaire.
sillons de 7 mm de longueur sur 4 mm de La face orbitaire du maxillaire participe à la
largeur [266]. Par conséquent, chez le bébé, le formation du plancher de l’orbite. Médiale-
diamètre vertical du maxillaire est plus petit ment, en arrière de l’incisure lacrymale, son
que les diamètres transversal et sagittal. bord s’articule avec l’os lacrymal, la lame orbi-
Classiquement décrit en forme de pyra- taire de l’ethmoïde et le processus orbitaire du
mide, le corps du maxillaire présente quatre palatin. Le bord postérieur de la face orbitaire
faces. Ce sont les faces antérieure ou faciale, limite la fissure orbitaire inférieure. Le bord
supérieure ou orbitaire, postérieure ou infra- antérieur forme une partie du bord orbitaire ;
temporale, et médiale ou nasale. il se continue médialement avec le processus
La partie inférieure de la face antérieure frontal, et latéralement avec le processus
présente de multiples éminences au-dessus zygomatique. Le muscle oblique inférieur naît
des racines dentaires. Plusieurs muscles en avant et en dedans de la face orbitaire
faciaux s’insèrent sur cette face, et leur trac- maxillaire, juste en dehors de l’incisure
tion participe au développement du maxil- lacrymale.
laire pendant toutes les activités orofaciales Sur la face nasale apparaît le hiatus maxil-
auxquelles ils participent, telles la succion et laire, la grande ouverture du sinus maxillaire.
la mastication. Au-dessus des incisives, le Le bord supérieur de la face nasale du maxil-
muscle abaisseur du septum nasal s’insère laire s’articule avec les os ethmoïde et
dans la fosse incisive. Au-dessous de la fosse lacrymal. Le méat inférieur de la cavité nasale
incisive, sur le bord alvéolaire, s’insère un fais- est localisé au-dessous du hiatus maxillaire et
ceau du muscle orbiculaire de la bouche, et derrière une surface articulaire avec la lame
au-dessus et en dehors le muscle nasal. Le perpendiculaire de l’os palatin. Un sillon tra-
muscle releveur de l’angle de la bouche naît verse cette surface obliquement vers le bas et
de la fosse canine, latérale à la fosse incisive. l’avant, formant avec l’os palatin le canal
Au-dessus de la fosse canine, le foramen infra- grand palatin. Antérieur au hiatus maxillaire,
orbitaire, la terminaison antérieure du canal un sillon profond forme une partie du canal
infraorbitaire, transmet les vaisseaux et le nerf lacrymonasal.
infraorbitaires. Au-dessus du foramen, sur le La face nasale du maxillaire est divisée par
bord orbitaire, est fixée une partie du releveur le processus palatin. Celui-ci constitue une
de la lèvre supérieure. L’incisure nasale limite partie importante du plancher de la cavité
médialement la face antérieure du maxillaire ; nasale et le toit de la cavité orale. Sa surface
les muscles nasal et abaisseur du septum nasal inférieure est concave et forme, avec le proces-
s’insèrent latéralement à cette incisure. La sus palatin opposé, les trois quarts antérieurs
réunion des deux incisures nasales forme de la partie osseuse du palais. Dans les crânes
l’épine nasale antérieure. des sujets jeunes, une belle suture linéaire, la
Latéralement, la face infratemporale du suture incisive, peut être observée. Elle s’étend
maxillaire, convexe, forme la partie inférieure de la fosse incisive, derrière les dents incisives,
de la fosse infratemporale. La tubérosité à l’espace situé entre les incisives latérales et
maxillaire constitue la partie inférieure de les canines. La partie située en avant de cette
390 Ostéopathie pédiatrique

Sillon nasolacrymal
Sillon
infraorbitaire Processus frontal Sinus maxillaire
Os incisif Pour l'os palatin
Processus
zygomatique
Processus
palatin

Processus
zygomatique
A B C

Figure 7.51. Maxillaire droit à la naissance. A. Vue latérale. B. Vue inférieure. C. Vue médiale.
(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 6.188, p. 602.)

suture forme l’os incisif (prémaxillaire), qui cinateur sur la surface latérale du processus
contient les cavités des incisives. alvéolaire se prolonge vers l’avant jusqu’à la
Les deux processus palatins des maxillaires première molaire.
se rejoignent et constituent la suture inter- Le maxillaire s’ossifie à partir du mésen-
maxillaire. Les bords sont parfois saillants et chyme (figure 7.51). Le nombre de centres
forment un torus palatin proéminent. La crête d’ossification est débattu ; de 2 à 4 centres
nasale est située sur le bord médial de la face d’ossification peuvent apparaître pendant la
supérieure du processus palatin ; elle forme 7e semaine de la vie fœtale. Ils forment un os
avec la crête opposée un sillon pour le vomer. incisif et un maxillaire qui commencent à
Le bord postérieur du processus palatin est arti- s’unir au début du 3e mois de développement.
culé avec la lame horizontale de l’os palatin. L’identification d’une véritable suture entre
Le processus zygomatique du maxillaire est ces deux parties est également débattue [488],
triangulaire, situé à la convergence des faces les informations étant insuffisantes pour
antérieure, postérieure et orbitaire. Le proces- démontrer son rôle en tant que site de crois-
sus frontal forme partiellement la limite laté- sance [489]. Toutefois, une ligne ou une fis-
rale du nez. Il donne insertion aux muscles sure peut être observée dans la partie anté-
orbiculaire de l’œil et releveur nasolabial. Sa rieure du palais jusqu’aux décennies
surface médiale participe à la constitution de moyennes de la vie [206]. Ce site, que ce soit
la paroi latérale de la cavité nasale. Le bord une suture ou une fissure, doit cependant être
supérieur s’articule avec l’os frontal, le bord considéré dans l’approche ostéopathique. Il
antérieur avec l’os nasal, et le bord postérieur joue un rôle de charnière, facilitant potentiel-
avec l’os lacrymal. lement le développement de dysfonctions
Le processus alvéolaire est très épais, et plus somatiques intraosseuses au niveau des maxil-
large en arrière qu’en avant. Il contient huit laires. De telles dysfonctions sont fréquentes
profondes alvéoles pour loger les dents. Ces chez les enfants qui sucent le pouce, ou après
cavités varient en taille et en profondeur ; une chute sur les incisives. Laissée sans traite-
l’alvéole pour la canine est la plus profonde, ment, cette dysfonction aura un impact signi-
alors que celles pour les molaires sont les plus ficatif qui ne peut qu’augmenter lorsque les
larges. Les processus alvéolaires des deux structures grandissent. Des dysfonctions oro-
maxillaires s’articulent ensemble pour former faciales comme la malocclusion ou des trou-
l’arcade alvéolaire. L’insertion du muscle buc- bles du langage peuvent suivre.
Les présentations cliniques 391

Le sinus maxillaire, décrit comme un petit La face interne est concave et les épines
sillon à la naissance, atteint toute sa taille mentonnières supérieures et inférieures, pai-
après la deuxième dentition. Dès lors, à la res, sont situées de chaque côté de la sym-
naissance, le corps maxillaire est de petite physe mentonnière. Les muscles génioglosses
taille, et les alvéoles dentaires sont presque à ont leur origine sur les épines mentonnières
hauteur du plancher orbitaire. La dimension supérieures, et se terminent sur le fascia sous-
verticale du maxillaire, relativement petite jacent à la muqueuse linguale et sur l’os
comparée à celle de l’adulte, donne l’impres- hyoïde. Ils permettent de déprimer et de tirer
sion que le bébé a de grands yeux. L’augmen- la langue. Lorsque la position de la mandi-
tation du volume du sinus maxillaire et le bule, le site d’origine des muscles génioglos-
développement des processus alvéolaires ses, est dysfonctionnelle, le bras de levier de
contribueront à augmenter la dimension ver- ces derniers est altéré et, par conséquent, leur
ticale du corps du maxillaire. action sur le contrôle lingual l’est aussi. Les
Le maxillaire s’articule avec neuf os : les os épines mentonnières inférieures donnent
frontal, ethmoïde, zygomatique, nasal, lacry- insertion aux muscles géniohyoïdiens ;
mal, cornet inférieur, palatin, vomer, et au-dessous des épines et de part et d’autre de
maxillaire opposé. L’articulation avec la face la ligne médiane s’insère le ventre antérieur
orbitaire de la grande aile ou avec la lame des muscles digastriques.
latérale du processus ptérygoïde du sphénoïde De chaque côté, la ligne mylohyoïdienne
est inconstante. est une ligne oblique qui remonte vers
l’arrière d’un point inférieur à l’épine men-
Mandibule tonnière vers la branche verticale en arrière de
La mandibule ne s’articule qu’avec deux os : la troisième molaire. Elle donne insertion au
les deux temporaux. Elle est formée d’un muscle mylohyoïdien, à la partie la plus infé-
corps horizontal courbe, et de deux parties rieure du muscle constricteur supérieur du
verticales, les branches mandibulaires. C’est pharynx, et au raphé ptérygomandibulaire. Le
l’os le plus volumineux et le plus fort de la muscle constricteur supérieur, le raphé pté-
face ; il contient les alvéoles pour les racines rygomandibulaire et le muscle buccinateur
des dents inférieures. Sa forme et sa position sont intimement mêlés au périoste mandibu-
déterminent l’arrangement positionnel des laire (figure 7.53). De surcroît, ils constituent
dents inférieures et, de ce fait, contribuent au une sangle continue qui unit les structures
rapport occlusal entre les surfaces des dents orofaciales avec la base crânienne et la
maxillaires et celles des dents mandibulaires colonne cervicale. Ainsi, les déséquilibres pos-
lorsqu’elles sont en contact. turaux du squelette axial peuvent affecter les
Le corps de la mandibule a deux faces et structures orofaciales, conduisant potentielle-
deux bords. Sur la ligne médiane de la surface ment à des dysfonctions orofaciales et à la
externe, la symphyse mentonnière forme une malocclusion.
petite crête au niveau de la ligne de fusion Le bord supérieur ou processus alvéolaire
entre les deux moitiés de la mandibule. Cette contient 16 alvéoles pour les racines dentai-
crête se divise inférieurement pour entourer la res. De chaque côté, le muscle buccinateur
protubérance mentonnière. Le muscle men- s’insère sur la lèvre externe du bord supé-
tonnier et une petite partie de l’orbiculaire de rieur, aussi loin en avant que vers la première
la bouche sont insérés au-dessous des dents molaire. Postérieurement, le buccinateur a
incisives, de chaque côté de la crête. Les mus- son origine sur la partie latérale du maxil-
cles abaisseur de la lèvre inférieure, abaisseur laire, la ligne oblique de la mandibule,
de l’angle de la bouche et platysme sont fixés l’hamulus ptérygoïdien et le raphé ptérygo-
latéralement (figure 7.52). mandibulaire. Antérieurement, il insère sur
392 Ostéopathie pédiatrique

Releveur de la lèvre supérieure et de l’aile du nez


Releveur de l’angle de la bouche
Releveur de la lèvre supérieure

Petit
zygomatique

Grand
zygomatique Buccinateur

Risorius

Platysme

Abaisseur de l’angle
de la bouche
Abaisseur de la lèvre inférieure Orbiculaire de la bouche
Mentonnier

Figure 7.52. Muscles orofaciaux.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.53, p. 849.)

l’angle de la bouche, les fibres moyennes est plate et donne insertion au muscle massé-
s’entrecroisent dans la région du modiolus, ter. Au-dessus, le masséter est fixé sur le bord
les faisceaux inférieurs passant sur la lèvre inférieur des deux tiers antérieurs de l’arcade
supérieure, et les faisceaux supérieurs sur la zygomatique et la face médiale de l’arcade
lèvre inférieure [490]. Localisé près du coin zygomatique. Il insère inférieurement sur la
de la bouche, le modiolus représente une face latérale de la branche mandibulaire et le
convergence de plusieurs muscles d’expres- processus coronoïde de la mandibule. Par sa
sion faciale. De ce fait, son observation est contraction, il élève la mandibule ; sa fonc-
très indicative de l’état psychoémotionnel de tion est primordiale dans le développement,
l’individu. Les fibres du muscle buccinateur la croissance et la maturation des condyles et
sont entremêlées avec les parties les plus des fosses mandibulaires. Chez les enfants-
horizontales du muscle orbiculaire de la bou- nourris au biberon, une réduction de l’activité
che. Le buccinateur aplatit la joue, rétracte des muscles masséters est observée [412], ce
l’angle de la bouche, joue un rôle important qui, avec la perte des habitudes de la mastica-
dans la mastication conjointement avec la tion, peut prédisposer aux troubles de la
langue, et forme avec le muscle orbiculaire déglutition et de la mastication ainsi qu’aux
de la bouche une sangle de chaque côté de la malocclusions [414].
cavité orale, empêchant la nourriture de
s’accumuler dans le vestibule oral. Localisé sur la surface médiale de la bran-
che mandibulaire, approximativement au
La branche de la mandibule de forme qua- centre, le foramen mandibulaire conduit au
drilatère consiste en deux surfaces, quatre canal mandibulaire. Il contient le nerf et les
bords, et deux processus. La surface latérale vaisseaux alvéolaires. Sur le bord antérieur du
Les présentations cliniques 393

Conduit parotidien
(sectionné)

Muscle buccinateur
Raphé ptérygomandibulaire
Muscle constricteur
supérieur du pharynx

Figure 7.53. Muscle buccinateur.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.54, p. 850.)

foramen, la lingula (épine de Spix) marque cles influence dynamiquement la croissance


l’insertion du ligament sphénomandibulaire. de la mandibule. Cette influence doit être uni-
Ce site présente un intérêt particulier, dans la latéralement équilibrée entre le ptérygoïdien
physiologie mandibulaire, car le mouvement médial et le masséter, comme elle doit l’être
de la mandibule est centré autour d’un point bilatéralement entre les côtés droit et gauche
localisé près de la lingula. Ainsi, le paquet du crâne.
vasculonerveux est protégé pendant les mou-
vements mandibulaires normaux [402]. Le processus coronoïde est une partie
mince et aplatie qui forme la limite antérieure
Le muscle ptérygoïdien médial s’insère de l’incisure mandibulaire. Les muscles tem-
au-dessous du foramen mandibulaire, sur la poraux et masséters sont fixés sur sa face laté-
surface médiale de l’angle mandibulaire rale ; le temporal recouvre aussi une partie de
(figure 7.56). De ce fait, l’angle mandibulaire la face médiale et le bord antérieur de la bran-
est affecté par l’action du muscle masséter che mandibulaire. Le muscle temporal a son
latéralement et par le muscle ptérygoïdien origine sur la fosse temporale et sa contrac-
médial médialement. La traction de ces mus- tion élève la mandibule. Ses fibres postérieu-
394 Ostéopathie pédiatrique

res, presque horizontales, sont les rétracteurs ment minces avec des bourgeons dentaires
primaires de la mandibule en protrusion. Ces occupant presque tout son volume [492].
muscles sont essentiels dans la mastication, et Chaque côté contient les alvéoles des deux
leur dysfonction peut avoir des conséquences incisives, de la canine et des deux molaires
significatives sur la mandibule. déciduales. Le corps et la branche forment un
Le processus condylaire s’articule avec le dis- angle obtus (175°), et le processus coronoïde,
que de l’articulation temporomandibulaire plutôt de grande taille, se projette au-dessus
(ATM). Son axe long est légèrement oblique et du niveau du condyle. À la naissance, l’ATM
dirigé en dedans et en arrière. Le col qui unit le est très lâche. La fosse mandibulaire de l’os
processus à la branche mandibulaire donne temporal dans laquelle se loge le processus
insertion sur sa face antérieure au muscle pté- condylaire de la mandibule est presque plate,
rygoïdien latéral. Ce muscle masticateur pré- offrant peu de stabilité [493] (figure 7.55).
sente deux chefs. Le chef inférieur prend son Pendant les premières années de la vie, la
origine sur la lame latérale du processus pté- croissance survient par déposition et résorp-
rygoïde, alors que le chef supérieur vient de la tion osseuse. La déposition d’os se produit sur
crête infratemporale et de la grande aile du le côté labial de la mandibule, alors que la
sphénoïde adjacente. En plus de l’insertion résorption se produit sur le côté lingual, ce qui
mandibulaire, une partie des fibres joignent le permet l’élongation de la mandibule et aug-
disque articulaire et la capsule de l’ATM. Ce mente l’espace pour la denture déciduale
muscle permet la protrusion mandibulaire et [494]. Les deux moitiés de la mandibule se
participe à l’ouverture de la bouche. La con- réunissent durant la première année, bien
traction unilatérale du ptérygoïdien latéral qu’une ligne de séparation persiste au début
dévie le menton latéralement, permettant ainsi de la deuxième année. Concomitamment, le
de triturer et de mâcher les aliments. Ce muscle développement de la mastication stimule la
est très important dans le développement des croissance des parties alvéolaires et subdentai-
structures orofaciales de l’enfant, où les sché- res du corps mandibulaire, autorisant en
mas fonctionnels unilatéraux stimulent une retour une traction plus puissante des muscles
croissance asymétrique. Inversement, les asy- masticateurs. Pendant les trois premières
métries structurales peuvent empêcher la mise années de la vie, la largeur bicondylaire de la
en place de schémas fonctionnels symétriques. mandibule augmente rapidement, en syn-
chronie avec la croissance de la base crâ-
C’est dans le mésenchyme qui entoure les
nienne. C’est la période de croissance mandi-
surfaces externes des cartilages de Meckel que
bulaire la plus rapide. Avec le développement
l’ostéogenèse membraneuse de la mandibule
de la denture permanente, l’angle devient
s’organise [491]. Ces cartilages se développent
moins obtus et mesure 140° vers 4 ans. Pour
bilatéralement dans les premiers arcs pharyn-
autant, une période de grande instabilité
giens. Vers la 7e semaine de développement,
occlusale se déroule pendant la formation de
l’ATM primitive commence à s’organiser. En
la couronne des dents permanentes, et l’érup-
fait, cela se déroule concomitamment à
tion dentaire qui s’ensuit, jusqu’à 10 à 12 ans,
l’émergence de l’activité musculaire dans
où la majorité des dents sont sorties. Après la
l’appareil masticateur, illustrant bien la rela-
puberté, l’angle mandibulaire est de 120°.
tion structure–fonction. À la naissance, la
mandibule consiste en deux parties séparées Le développement des dents comme le
par une symphyse mentonnière cartilagi- développement des autres composantes de
neuse pas encore ossifiée. Bien que plutôt l’ensemble craniofacial, c’est-à-dire les mâchoi-
sous-développé, le corps est beaucoup plus res, les arcades dentaires, la langue et les struc-
grand que la branche mandibulaire (fi- tures myofasciales, sont sous l’influence de fac-
gure 7.54). Il consiste en corticales relative- teurs génétiques et environnementaux. Ce
Les présentations cliniques 395

Symphyse mentonnière Naissance

A B
Osselets du menton

3 ans

6 ans

Adulte

Vieillesse

Figure 7.54. Développement de la mandibule.


(Source : Gray’s Anatomy, Fig. 6.161B–D, p. 578.)
396 Ostéopathie pédiatrique

Fosse mandibulaire

Mandibule

Fosse mandibulaire

Mandibule

Figure 7.55. L’articulation temporomandibulaire chez l’enfant.


A. À la naissance, la fosse mandibulaire est presque plate.
B. À 2 ans, la fosse est plus développée.

développement est largement influencé par les Dans la partie squameuse de l’os temporal,
structures crâniennes environnantes, en parti- à la racine du processus zygomatique, se loge
culier les os temporaux avec lesquels la mandi- la fosse mandibulaire (cavité glénoïde) avec
bule s’articule, et les os sphénoïde et hyoïde laquelle le processus condylaire de la mandi-
qui forment le squelette de la cavité orale. bule s’articule. Chez l’adulte, cette fosse est
Les présentations cliniques 397

une profonde cavité, alors que chez le nou- posent à une dysfonction somatique de la
veau-né, elle est presque plate. Un disque mandibule et du viscérocrâne favorisant la
sépare le processus condylaire de la fosse man- malocclusion [495].
dibulaire ; une membrane synoviale et une Par son appartenance à la base crânienne, le
capsule fibreuse complètent l’articulation. De sphénoïde influence aussi la mandibule par ses
fait, la position du processus condylaire de la relations musculaires et ligamentaires. Parmi
mandibule est fort influencée par la position celles-là, le ligament sphénomandibulaire est
de la fosse mandibulaire de l’os temporal. Le d’une grande importance (figure 7.56). Cette
rapport peut être potentiellement dysfonc- bande fibreuse, un reste du cartilage de Meckel,
tionnel si un ou plusieurs des constituants de s’étend de l’épine de la grande aile du sphé-
l’ATM démontrent une dysfonction somati- noïde à la lingula mandibulaire. Ce ligament
que. Dans le concept crânien, pendant la rota- constitue le soutien passif essentiel de la man-
tion externe crânienne, l’ensemble du con- dibule, la zone de la lingula servant d’ancrage.
dyle mandibulaire se déplace vers l’arrière, Un axe artificiel mobile relie les deux lingulas,
accompagnant la fosse mandibulaire qui se et certains des mouvements mandibulaires se
déplace postéromédialement, et le menton produisent autour de cet axe. Ce sont les mou-
recule. Concomitamment, les angles man- vements de dépression de la mandibule pen-
dibulaires se déplacent vers le dehors. Le dant l’ouverture de la bouche, d’élévation pen-
contraire se produit durant la rotation crâ- dant la fermeture, de protraction et de rétrac-
nienne interne, où les fosses mandibulaires tion. La mandibule est comme suspendue par
des os temporaux se déplacent vers l’avant. les ligaments sphénomandibulaires sous les
Dès lors, la mandibule se déplace vers l’avant grandes ailes du sphénoïde. Cette description
et le menton devient plus proéminent. est particulièrement valide chez les bébés et les
Le fascia cervical profond et le ligament jeunes enfants, où l’ATM est très laxe et le
stylomandibulaire participent aussi au rap- ligament sphénomandibulaire bien défini.
port temporomandibulaire. Le fascia cervical Parmi les liens sphénomandibulaires,
profond est divisé en une couche externe et citons également les raphés ptérygomandibu-
une couche prétrachéale. La couche externe laires et les muscles ptérygoïdiens qui relient
entoure le cou et les muscles trapèzes et ster- les processus ptérygoïdes à la mandibule. Le
nocléidomastoïdiens. À la partie supérieure, il raphé ptérygomandibulaire, aussi nommé
se mêle au périoste de l’os occipital le long de ligament ptérygomandibulaire, est un épais-
la ligne nuchale supérieure, s’insère sur les sissement du fascia buccopharyngien. Il
processus mastoïdes et styloïdes des os tempo- sépare et donne origine en avant au muscle
raux et sur toute la base de la mandibule buccinateur, et en arrière au constricteur
[206]. Le ligament stylomandibulaire, un supérieur du pharynx. Le raphé ptérygoman-
épaississement du fascia cervical profond, dibulaire est attaché supérieurement à
s’étend de la pointe du processus styloïde l’hamulus ptérygoïdien, le crochet de l’extré-
temporal au bord postérieur de l’angle de la mité inférieure de la lame médiale du proces-
mandibule. Le fascia cervical et le ligament sus ptérygoïde. Inférieurement, il est attaché
stylomandibulaire relient la mandibule à la au dessus de la ligne mylohyoïdienne, en
base du crâne. Ainsi, toute dysfonction de arrière de la troisième molaire.
la base crânienne peut affecter la mandibule En fait, de multiples influences existent
et inversement. Cela est particulièrement entre la base crânienne et les os de la face, qui
important les premières années de la vie, lors- affectent potentiellement les structures orofa-
que les structures n’ont pas complété leur ciales. Le profil humain et la position de la
croissance. Par exemple, les torticolis ou les mandibule sont corrélés après la naissance avec
plagiocéphalies laissés sans traitement prédis- la forme de la base crânienne [496], les varia-
398 Ostéopathie pédiatrique

Crête infratemporale Foramen ovale


Foramen épineux

Fissure
pétrotympanique

Tenseur
du voile
du palais

Élévateur
du voile
du palais

Chef profond Épine


du ptérygoïdien du sphénoïde
médial

Ligament
Chef superficiel sphénomandibulaire
du ptérygoïdien
médial

Canal mandibulaire

Lingula

Figure 7.56. Ligament sphénomandibulaire.


(Source : Gray’s Anatomie pour les étudiants, Fig. 8.136, p. 923.)

tions de la partie latérale de la base crânienne Fonctions orofaciales


affectant davantage la morphologie faciale que Comprendre et traiter les troubles orofaciaux
la flexion médiane [497]. Les facteurs épigéné- ou les malocclusions suppose la prise en
tiques jouent un rôle significatif dans les pro- compte des fonctions orofaciales. Associées à
cessus du développement. Plusieurs fonctions l’appareil musculosquelettique pour former
orofaciales remplissent ce rôle, et ce dès les un système complexe, les fonctions orofacia-
premières semaines du développement. Vers les contribuent largement à la formation de la
8 semaines de gestation, l’ébauche des mouve- cavité orale et au viscérocrâne. La déglutition,
ments mandibulaires semble participer à la dif- la succion, la ventilation, l’expression faciale,
férenciation de la mandibule à partir du car- la mastication et le langage sont les événe-
tilage de Meckel [498].
Les présentations cliniques 399

ments séquentiels qui, par des processus aux processus styloïdes des temporaux par les
dynamiques, influencent constamment la muscles styloglosses. Les fibres de ces muscles
croissance et le développement des consti- se mélangent avec la partie supérieure de la
tuants orofaciaux. langue.
Pour la plupart de ces activités, la langue Comme chez les autres primates, le larynx
joue un rôle primordial et vital. Dans l’ali- du nouveau-né est en position haute, avec
mentation, elle déplace la nourriture dans la l’épiglotte en contact direct avec le palais
cavité orale pour la mastication, puis dans le mou. Pendant les premières années de la vie,
pharynx pour la déglutition. Dans la respira- associé à la croissance de la colonne cervicale,
tion, sa position par rapport à la paroi pha- l’os hyoïde se déplace du niveau de C1–C2 à la
ryngienne postérieure détermine les dimen- naissance, à celui de C3–C4 après la puberté
sions et la forme des voies aériennes, per- [313]. Le tiers postérieur de la langue suit cette
mettant le passage du flux aérien entre le migration caudale, étirant par conséquent ses
palais et la partie postérieure de la langue. attaches supérieures. Cela contribue à chan-
Avec le larynx, la langue contribue à la pro- ger l’orientation du palais mou, d’une posi-
duction de sons et du langage. Finalement, la tion horizontale chez le bébé à une position
langue semble jouer un rôle proprioceptif plus verticale chez l’adulte [499]. Bien que les
important qui module toutes les activités changements positionnels surviennent prin-
ci-dessus fonctionnellement ou dysfonction- cipalement pendant les premières années de
nellement [206]. la vie, les influences réciproques des os de la
La langue consiste en une masse de mus- base crânienne et de l’os hyoïde sur la langue
cles recouverts d’une membrane muqueuse, et le palais mou doivent toujours être présen-
support des récepteurs du goût. La muscula- tes à l’esprit quel que soit l’âge du patient.
ture linguale est divisée en muscles intrinsè- Normalement, vers 4 ou 5 ans, après la
ques et extrinsèques. Les muscles intrinsèques descente du larynx et de la langue, la langue
totalement contenus dans la langue sont les est dans une position plus basse dans la cavité
muscles longitudinaux supérieur et inférieur, orale [423]. À ce stade, elle forme une partie
les muscles transverses et le muscle vertical la du plancher de la cavité orale et une partie de
langue. En revanche, les muscles extrinsèques la paroi antérieure de l’oropharynx [206]. Elle
s’étendent hors de la langue et consistent en est contenue dans l’arcade mandibulaire, et
quatre muscles pairs, les génioglosses, hyo- les fonctions de déglutition, de succion, de
glosses, styloglosses et palatoglosses. La mus- ventilation, d’expression faciale, de mastica-
culature linguale est bien développée dès la tion et du langage doivent être exécutées sans
première partie de la vie, transformant la lan- difficulté. En revanche, une dysfonction est
gue en un puissant stimulateur de croissance présente lorsque la mobilité et la fonction
pour les structures avoisinantes. linguales sont altérées. Cela peut être le résul-
À la naissance, la langue du nouveau-né est tat d’une dysfonction somatique de la base
totalement intraorale, et ses muscles extrinsè- crânienne, de l’os hyoïde ou de la mandibule,
ques sont courts. Chez le bébé, la langue rem- ou de l’adaptation de ces régions à des dys-
plit la cavité orale, contactant le palais osseux, fonctions situées à distance.
le palais mou, les joues et la lèvre inférieure. L’ankyloglossie est une adhérence par-
Bien que mobile, elle est solidement ancrée à tielle ou complète de la langue au plancher
sa base sur la mandibule par les muscles buccal. Le frein lingual est trop court, et la
génioglosses, et sur l’os hyoïde par les muscles mobilité linguale limitée ; dans les cas sévè-
génioglosses et hyoglosses. De surcroît, les res, le sujet ne peut sortir la langue au-delà de
parties latérales de la langue sont suspendues la gencive inférieure. L’ankyloglossie peut
au palais mou par les muscles palatoglosses, et être associée à plusieurs syndromes craniofa-
400 Ostéopathie pédiatrique

ciaux, mais dans la plupart des cas, l’enfant Dans la cavité orale, la langue est contenue
est parfaitement sain [500]. Toutefois, dans latéralement par les joues et les sangles mus-
12,8 % des cas, l’ankyloglossie est associée à culaires formées de chaque côté par les mus-
des problèmes d’allaitement sérieux [501]. cles buccinateur et constricteur supérieur du
C’est aussi une étiologie potentielle pour les pharynx, réunis par le raphé ptérygomandi-
troubles du langage [502] et les problèmes bulaire. Ainsi, l’équilibre fonctionnel ou la
dentaires [503], tels que les diastasis entre les dysfonction de la colonne cervicale et de la
incisives inférieures favorisés par la pression base crânienne (les sites d’origine du constric-
linguale contre les dents [404]. De plus, une teur supérieur) influencent considérablement
mobilité linguale diminuée restreint la toi- la posture linguale. De surcroît, la langue
lette intraorale, avec diverses conséquences étant fixée sur la mandibule, elle contribue à
lorsque le sujet grandit, telles que jouer d’un sa position et à sa croissance. Lorsque le pro-
instrument à vent [404]. Bien que le traite- cessus de déglutition ne se développe pas de
ment chirurgical de la frénotomie soit manière satisfaisante, la déglutition infantile
débattu, avec des indications spécifiques, il immature ou atypique perdure.
semble protéger le mamelon maternel, amé- Les forces de la mastication sont tout aussi
liorer l’allaitement maternel difficile [504], importantes pour la croissance maxillofaciale.
autant que les troubles du langage et la mobi- Tout d’abord, la mastication se déroule dans
lité linguale [505]. un plan purement sagittal, avec la mandibule
La déglutition est une des premières fonc- qui se déplace vers le haut et vers le bas, avec
tions orofaciales présentes in utero, et elle est des mouvements de propulsion et de rétrac-
observée après 11 semaines, quand l’enfant tion. Puis, progressivement, un schéma unila-
avale le liquide amniotique de façon réflexe téral alternatif apparaît, avec des mouvements
[206]. À la naissance, avec l’alimentation, de mandibulaires en diagonale [402]. Les mus-
nouvelles habitudes se développent, permet- cles masticateurs se développent pour répon-
tant l’évolution de la déglutition. Chez le dre à cette demande. Vers 9 mois, un enfant
nouveau-né, la succion et la déglutition résul- peut mâcher une nourriture molle et la garder
tent d’une action de pompage survenant au dans la bouche ; un an plus tard, il mâche une
niveau du complexe hyolingual, avec une nourriture plus solide [422]. À ce stade, leur
poussée de langue rythmique, et la pointe de régime doit inclure une nourriture nécessitant
la langue qui se montre régulièrement entre une mastication suffisante pour permettre le
les processus alvéolaires. La croissance muscu- développement d’une force occlusale satisfai-
losquelettique et la maturation du système sante à chaque mastication, ce qui stimule la
neuromusculaire vont de pair avec le dévelop- croissance périostée. Une mastication symé-
pement d’une déglutition plus mature ou de trique est requise pour stimuler suffisamment
type adulte. Vers 2 à 3 ans, au repos et pendant les muscles digastriques, temporaux et pté-
la déglutition, le sommet de la langue est nor- rygoïdiens. La traction de ces muscles, à son
malement localisé sur le palais, derrière les tour, stimule la croissance osseuse. Pour facili-
incisives supérieures. Pendant la déglutition, ter la mise en place de schémas masticateurs
les lèvres sont fermées, mais la musculature symétriques, qui sont ensuite engrammés et
périorale, particulièrement les muscles orbicu- pratiqués toute la vie, l’équilibre crânien est
laire de la bouche et mentonniers, est relâ- indispensable. Cela rend l’identification et le
chée. La pression linguale appliquée contre le traitement des dysfonctions somatiques
palais contribue au bon développement des essentiels à cette période.
maxillaires et d’un palais large. La langue tra- À côté de la déglutition et de la mastica-
vaille comme un appareil orthodontique natu- tion, la ventilation, les expressions faciales ou
rel « pour le meilleur ou pour le pire » [405]. les mimiques et le langage participent aussi au
Les présentations cliniques 401

développement et à la croissance des structu- sollicitant l’activité des muscles linguaux, la


res maxillofaciales. La ventilation est une phonation et le langage contribuent à la fonc-
fonction vitale présente dès la naissance. Nor- tion et au développement global de la cavité
malement, durant les premiers mois, les bébés orofaciale.
respirent par le nez. À cette période, la respira- Bien que l’os hyoïde n’ait pas d’articula-
tion ne doit présenter aucune gêne. Le flux tion directe avec les autres structures squelet-
aérien doit circuler silencieusement dans les tiques, il représente une interface entre la
deux narines. Toute respiration nasale dys- mandibule et la langue sus-jacentes, et la
fonctionnelle a un impact sur le développe- région thoracique supérieure sous-jacente.
ment des structures orofaciales et conduit Par conséquent, sa position et son mouve-
éventuellement à la respiration buccale. ment sont influencés par les changements
L’établissement de la voie respiratoire est qui se produisent dans ces régions. Un com-
partiellement sous le contrôle du palais mou. plexe hyolingual peut être décrit, une
Cette cloison musculoaponévrotique sus- « chaîne kinétique » [507], faisant partie d’un
pendue au bord postérieur du palais osseux complexe oropharyngien plus global, où
s’étend vers le bas et vers l’arrière dans l’oro- chaque structure du système est interdépen-
pharynx. Dans des circonstances normales, dante des autres.
le palais mou et la langue sont en apposition
pour fermer l’isthme oropharyngien, et réci- Examen clinique et traitement
proquement, quand le palais mou remonte Observer tout d’abord le rapport entre la tête
et contacte la paroi pharyngienne posté- et le reste du corps. La tête doit être centrée
rieure, le nasopharynx est fermé. Ainsi, la au-dessus de la colonne. Noter les tensions de
position du palais mou détermine la voie la musculature cervicale postérieure, latérale
respiratoire et le passage du flux aérien par le et antérieure (submandibulaire). Diviser le
nez ou la bouche. Le palais mou est uni à la viscérocrâne en trois parties : frontale, nasale
langue par les muscles palatoglosses, et au et buccale. Observer le rapport et l’harmonie
pharynx par les muscles palatopharyngiens. entre ces trois zones. Chez le nouveau-né, les
Pour une fonction optimale de toutes les deux parties inférieures sont proportionnelle-
structures qui contribuent à la respiration ment plus petites que chez l’enfant plus âgé,
des voies aériennes supérieures, les dysfonc- l’adolescent ou l’adulte, car les sinus parana-
tions somatiques qui affectent les sites d’ori- saux ne sont pas encore développés et les
gine de ces muscles doivent être identifiées et dents ne sont pas encore sorties.
traitées. Pour obtenir une respiration nasale Observer les expressions faciales et les fonc-
efficace, la base crânienne, l’os hyoïde et la tions orofaciales, telles la respiration, la suc-
mandibule doivent être équilibrés. Il est bien cion (chez le bébé) et la déglutition. Évaluer la
établi qu’un déplacement inféropostérieur coordination entre la musculature orofaciale
de l’os hyoïde et un placement antéro- et la musculature linguale, et le rythme de la
inférieur de la langue sont corrélés avec la succion si le patient est un bébé. Noter la
respiration buccale [298,305,308]. présence d’une protrusion linguale ou d’une
Normalement, la langue démontre de succion de la langue ou de la lèvre. Évaluer
grands mouvements dans les trois plans de l’aisance avec laquelle se produit la dégluti-
l’espace [506]. Dans la production des sons et tion et noter s’il existe des contractions mus-
du langage, la langue doit changer de forme et culaires parasites. Si l’enfant est assez grand,
le dos de la langue doit contacter le palais. Le lui demander de décrire l’emplacement de la
déplacement antérieur de l’os hyoïde raccour- pointe de la langue pendant la déglutition,
cit la base de la langue, alors que le déplace- qui normalement doit contacter le palais der-
ment postérieur de l’os hyoïde l’allonge. En rière les incisives supérieures.
402 Ostéopathie pédiatrique

Observer la respiration au repos. La per- présence d’un frein lingual ou labial impor-
méabilité nasale et le flux aérien peuvent être tant et, si l’enfant est assez grand pour volon-
facilement évalués en tenant quelques fibres tairement ouvrir la bouche, regarder la posi-
de coton hydrophile sous les narines ou bien tion spontanée de la langue dans la cavité
le côté convexe d’une cuillère de métal froide orale. Elle devrait être contenue dans l’arcade
ou un miroir pour observer le mouvement des mandibulaire et ne devrait pas recouvrir les
fibres de coton ou la buée accompagnant cha- dents. Si cela est possible, demander à
que expiration. l’enfant de tirer la langue, et rechercher la
Observer la ligne médiane du visage, la présence d’empreintes dentaires sur les côtés
suture métopique, le nez et la symphyse men- de la langue, unilatéralement ou bilatérale-
tonnière. Tous ces repères doivent être alignés ment, indiquant une malposition linguale
sur une ligne droite. et/ou un défaut d’alignement dentaire. Tou-
Observer les maxillaires, et comparer leur jours la langue tirée, noter sa déviation éven-
taille et leur forme. Dans la rotation externe, tuelle ; évaluer sa mobilité en sollicitant des
le maxillaire apparaît plus large, alors qu’il déplacements à droite et à gauche, puis en
apparaît plus étroit dans la rotation interne. haut et en bas. Noter qu’une posture linguale
Observer la position de la mandibule. dysfonctionnelle est souvent accompagnée
Noter son rapport avec le maxillaire, noter sa d’une modification de la tonicité labiale.
relation centrée. Observer la situation du gna- Observer les dents quant à leur position,
thion ; le nouveau-né est normalement rétro- leurs facettes d’usure, et selon l’âge de
gnathique. l’enfant, la progression du développement
Chez le bébé, une posture bouche ouverte dentaire. Observer l’engrènement des dents et
avec protrusion de la langue peut être obser- l’occlusion. Normalement, les lignes interin-
vée en association avec une dysfonction de la cisives supérieure et inférieure doivent être
base crânienne, de la mandibule et/ou de l’os alignées. Les incisives supérieures recouvrent
hyoïde. Chez l’enfant plus grand, observer la légèrement les incisives inférieures, et les
sphère buccale et les lèvres, et noter la symé- molaires supérieures reposent sur les molaires
trie et la tonicité. La lèvre supérieure est le inférieures. Noter les défauts d’alignement
reflet du maxillaire, alors que la lèvre infé- ou toute version excessive. Rechercher la
rieure reflète la mandibule. Évaluer la capacité présence d’encombrement dentaire ; une asy-
de l’enfant de garder les lèvres fermées par un métrie peut être associée à un schéma
contact souple. Aucune tension ne doit être d’extension-rotation interne crânienne du
présente, en particulier dans les muscles orbi- côté de l’encombrement. Noter l’association
culaire de la bouche et mentonnier, ni aucune possible avec une altération de la respiration
protrusion, rétraction ou moue des lèvres. nasale ipsilatérale et/ou une mastication dys-
Noter les fonctions anormales de la muscula- fonctionnelle.
ture périorale ou des habitudes nerveuses tel-
les que se ronger les ongles ou se mordiller les Observer la forme et la symétrie du palais.
doigts. Un palais bas et aplati, avec une tendance à la
Comparer la profondeur et l’obliquité des vestibuloversion dentaire, est associé à la rota-
sillons nasolabiaux. Une augmentation de la tion externe. Inversement, un palais haut et
profondeur est associée à la rotation externe profond avec une tendance à la version pala-
du maxillaire ipsilatéral et/ou de l’os zygoma- tine est associé à la rotation interne.
tique, alors qu’une diminution est associée à Observer la mandibule. À travers les joues,
la rotation interne de ces os. elle doit apparaître équilibrée. Si ce n’est pas le
Regarder la cavité intraorale. Évaluer la cas, déterminer s’il s’agit d’une asymétrie de
position et la fonction de la langue. Noter la position ou de taille et de forme. L’asymétrie
Les présentations cliniques 403

positionnelle est associée à une asymétrie des Malocclusion


os temporaux. La rotation externe de l’os tem- et dysfonctions orofaciales
poral entraîne un déplacement postérieur de
la fosse mandibulaire, et la rotation interne Le développement dentaire commence au
un déplacement antérieur. Le menton est 3e mois de la vie intra-utérine, et il finit
déplacé vers le côté de la rotation externe de approximativement à l’âge de 25 ans. Durant
l’os temporal. cette période, des événements occlusaux
S’il existe une asymétrie de la taille et de la importants se produisent, sources potentielles
forme mandibulaires, en rechercher les causes de tension pour les structures orofaciales.
potentielles. L’asymétrie structurale peut Pour comprendre l’évolution du mécanisme
résulter d’une dysfonction intraosseuse man- occlusal, il est primordial de commencer avec
dibulaire, d’un défaut de l’articulé dentaire, le bébé, et de suivre l’éruption et l’arrange-
ou d’une fonction orofaciale asymétrique, ment des dents le long des arcades dentaires.
comme cela se voit avec la mastication unila- Pendant les premiers mois, l’absence de
térale. dents permet une liberté totale dans le dépla-
Définir s’il existe une concordance entre les cement de la mandibule, et l’enfant peut
observations orofaciales et les schémas crâ- expérimenter et découvrir les objets qui
niens. Si elle existe, une approche ostéopathi- l’entourent en mettant tout à la bouche. Les
que peut être indiquée, et la palpation pour la incisives centrales inférieures sont normale-
fonction et le traitement des dysfonctions ment les premières à apparaître entre 6 et
identifiées devrait suivre. En traitant les pro- 8 mois. Quand les incisives centrales supérieu-
blèmes orofaciaux, ne pas oublier de vérifier res sortent, le premier rapport occlusal se met
et de traiter les dysfonctions somatiques en place, associé à de nouvelles contraintes
présentes à distance, fréquemment la base pour la mobilité mandibulaire. Les incisives
crânienne, la jonction craniocervicale et la latérales supérieures et inférieures sont pres-
région thoracique supérieure. De manière que complètement sorties vers 14 mois, la
anecdotique, les procédures crâniennes, période d’apparition des premières molaires.
visant le relâchement global des tensions Juste avant la fin de la deuxième année, les
membraneuses, de la SSB, des os de la voûte et incisives centrales et latérales, et les premières
de la face pour assurer une liberté optimale molaires s’articulent, les canines sont sorties,
des mouvements facilitent la sortie des dents. et les deuxièmes molaires apparaissent. À
On se souviendra également que tous les 2 ans, les 20 dents déciduales sont présentes,
bourgeons dentaires sont présents dans les avec une occlusion entre les incisives, les cani-
maxillaires et la mandibule même s’ils ne nes et les premières molaires. En même
sont pas visibles. N’importe quel doigt ou temps, les fonctions orofaciales de l’enfant se
n’importe quel objet placé dans la bouche développent, et sa nourriture devient plus
d’un enfant peut servir d’appareil orthodonti- solide. L’habitude de tout mettre à la bouche
que et déplacer les dents. Dès lors, il est inap- pour sucer les différents objets est toujours
proprié d’employer la force en examinant le fréquente et normale jusqu’à l’âge de 3 ans.
sujet ou en utilisant des procédures ostéopa- Plusieurs théories tentent d’expliquer ce com-
thiques pour traiter les dysfonctions somati- portement, depuis le besoin d’explorer active-
ques orofaciales des enfants. Le plus tôt le ment l’environnement, jusqu’à l’exposition
traitement ostéopathique commence, meil- proactive du tube digestif aux antigènes envi-
leures sont les chances de succès. Les réponses ronnementaux [508]. Quelle que soit la rai-
aux traitements orthodontiques peuvent être son, cette habitude contribue efficacement à
facilitées quand elles sont associées aux procé- l’abrasion dentaire, éliminant de cette façon
dures ostéopathiques. tout contact occlusal dysfonctionnel et facili-
404 Ostéopathie pédiatrique

tant l’adaptation fonctionnelle. L’usure des dents supérieures recouvrent les inférieures, et
surfaces occlusales permet le développement chaque dent est en rapport avec deux dents de
d’une proprioception satisfaisante et la mise l’arcade opposée, sauf pour les incisives infé-
en place de mouvements mandibulaires fonc- rieures et la dernière molaire supérieure. Dans
tionnels. L’alimentation solide joue un rôle ce cas, la mandibule est dans une relation
essentiel à ce stade pour le développement des centrée par rapport aux maxillaires.
mouvements de latéralité. En revanche, tout
défaut dans les contacts occlusaux résulte en Habituellement, les bébés démontrent une
mouvements mandibulaires dysfonctionnels position mandibulaire rétrusive. À la sortie des
favorisant les anomalies dans la croissance premières dents, la relation a tendance à pré-
mandibulaire et maxillaire [509]. De surcroît, senter un overjet (protrusion horizontale) des
la mise en place d’une mastication unilatérale incisives supérieures par rapport aux incisives
alternée est d’autant plus difficile. inférieures. Toutefois, à cet âge, la poussée de la
langue résulte en un repositionnement fonc-
Les dents se développent dans les alvéoles
tionnel des dents bout à bout. Durant l’érup-
de l’os alvéolaire du maxillaire et de la mandi-
tion des dents déciduales pendant les premiè-
bule. Elles sont fixées dans les alvéoles osseu-
res années de la vie, les modifications des
ses par le périodonte, ce qui les ancre solide-
structures orofaciales osseuses et myofas-
ment tout en permettant des microdé-
ciales procurent normalement suffisamment
placements. C’est aussi le site de l’innervation
d’espace pour l’éruption dentaire. Typique-
parodontale, d’une suprême importance dans
ment, vers approximativement 6 ans, il existe
le développement et le contrôle des praxis
une occlusion entre toutes les dents déciduales
orofaciales. Les données proprioceptives pro-
qui donne déjà une bonne idée du modèle
venant du ligament parodontal en association
occlusal des futures dents permanentes. À cet
avec la proprioception de l’ATM et des struc-
âge, normalement l’overjet est résolu, ce qui
tures myofasciales voisines renseignent cons-
permet une liberté mandibulaire dans les mou-
tamment le système nerveux central. Cela
vements de diduction, seulement possible si la
permet de s’adapter aussi bien aux défis de la
mandibule peut légèrement glisser vers l’avant.
mastication qu’à ceux de la mécanique postu-
Cette séquence nécessite une alternance dans
rale globale [510].
la mastication unilatérale, et la mastication
Les dents déciduales sont petites, avec une d’aliments solides seulement trouvés dans un
couche d’émail très fine, ce qui permet une régime équilibré.
usure rapide. Inversement, les dents perma-
nentes sont le tissu le plus dur de tout le corps. Il est important pour l’ostéopathe d’obser-
Chacune d’entre elles consiste en une cou- ver la cavité orale et les dents, d’identifier les
ronne et une racine réunies au collet. La den- séquences d’éruption, les positions, les
tine constitue une grande partie de la dent, contacts occlusaux, et l’usure asymétrique qui
avec une cavité centrale contenant la pulpe pourrait être associée à des dysfonctions
dentaire. Le côté de la dent en contact avec les somatiques crâniennes. Toute asymétrie de
lèvres et les joues est la face vestibulaire, et le fonction qui prédispose l’enfant à mettre à la
côté de la dent en contact avec la langue est la bouche puis à mâcher seulement sur un côté,
face linguale. Quand les mâchoires sont rap- comme cela pourrait se voir en présence d’un
prochées, les dents s’articulent entre elles par trouble neurologique, ou d’un handicap du
un point de contact, et les surfaces occlusales membre supérieur ou simplement d’un torti-
des deux arcades dentaires déterminent le colis, résulte aussi en une usure asymétrique
plan d’occlusion. L’occlusion est définie selon des surfaces occlusales dentaires, et éventuel-
les positions respectives des dents. Idéale- lement en une croissance mandibulaire asy-
ment, lorsque les dents sont en contact, les métrique.
Les présentations cliniques 405

sant crée des points de résistance qui entraî-


nent et dirigent les mouvements de la mandi-
bule dans des schémas asymétriques. Les
muscles masticateurs, périoraux, ceux de la
charnière craniocervicale, comme les muscles
extrêmement sophistiqués de l’ATM, engram-
ment les modèles dysfonctionnels répétitifs.
Si aucun changement ne survient, cela de-
vient le modèle permanent enregistré au
niveau du SNC. Il est ainsi important de
reconnaître les modèles asymétriques, d’iden-
tifier et de traiter les dysfonctions somatiques
éventuellement en cause. Comme les modèles
fonctionnels ont tendance à se fixer au fur et à
mesure que l’enfant grandit, l’approche ostéo-
pathique crânienne devrait être employée le
plus tôt possible pour les meilleurs résultats.
À la fin du XIXe siècle, Edward Angle pen-
A B
sait qu’une nomenclature précise était néces-
saire en orthodontie comme en anatomie
Figure 7.57. Relations occlusales.
[511]. Pour lui, le terme « malocclusion » était
A. Surface de recouvrement (overbite).
beaucoup plus expressif que « irrégularités des
B. Surface de surplomb (overjet). dents » pour décrire non seulement le rapport
entre les arcades maxillaire et mandibulaire,
Les incisives permanentes sont significati- mais aussi des dents l’une par rapport à
vement plus larges que les incisives décidua- l’autre. Une classification était née, à laquelle
les, qu’elles remplacent vers 8 ans. Il peut y on fait référence comme étant la classification
avoir une tendance à l’overjet ou à l’overbite d’Angle.
positif ou négatif. L’overjet est la protrusion
Cette classification est fondée sur la rela-
horizontale des incisives maxillaires au-delà
tion mésiodistale des molaires permanentes.
des incisives mandibulaires, alors que l’over-
Dans l’art dentaire, lorsque l’on considère les
bite est le recouvrement vertical (figure 7.57).
arcades dentaires, l’adjectif « distal » signifie
À cet âge, les canines déciduales de l’enfant,
éloigné du plan médian sagittal, alors que
les deux molaires déciduales et les premières
« mésial » signifie proximal. Trois classes de
molaires permanentes sont en occlusion. Vers
relations dentaires sont décrites.
10 ans, l’occlusion existe entre les incisives
permanentes, les canines déciduales et les pre- – La classe I identifie le rapport normal des
mières molaires permanentes. Typiquement, mâchoires, où la cuspide mésiovestibulaire
à 12 ans, l’occlusion est présente entre les de la première molaire maxillaire est en
incisives permanentes, les canines permanen- regard du sillon vestibulaire de la première
tes et les premières molaires permanentes. molaire mandibulaire. Chez le sujet qui a
une denture normale et une occlusion cen-
En denture mixte, si l’enfant a développé trée, les incisives inférieures se placent en
un modèle de mastication asymétrique, avec regard des surfaces linguales des incisives
une tendance à ne mâcher que sur un côté, supérieures, de telle sorte que le tiers supé-
l’usure des dents peut être telle qu’elle ne rieur des couronnes des incisives inférieures
permettra pas un développement fonctionnel soit recouvert. De plus, en partant de la
et symétrique. Un contact occlusal insatisfai- canine vers l’arrière, chaque dent inférieure
406 Ostéopathie pédiatrique

est légèrement en avant de la dent supé- malocclusion pouvant être d’origine pure-
rieure correspondante. ment squelettique, ou une combinaison d’ori-
– Les classes II et III décrivent des variations gine squelettique et dentaire. Cependant, le
de la malocclusion. Dans la classe II, toutes plus souvent, elles sont de nature purement
les dents inférieures s’emboîtent dans une dentaire [514]. Les dents et l’os alvéolaire
position distale à la normale, et la cuspide constituent une interface entre des forces et
distale de la première molaire maxillaire des pressions s’opposant les unes aux autres,
s’emboîte dans le sillon vestibulaire de la principalement des fonctions musculaires, la
molaire mandibulaire. Cette classe est de musculature périorale des lèvres et des joues
plus sous-divisée en division 1, avec vesti- d’un côté, et les forces intraorales de la langue
buloversion des incisives maxillaires, et en de l’autre. La distribution des pressions sur les
division 2, avec linguoversion des incisives dents varie selon la fonction orale impliquée
maxillaires centrales. Cela peut se pro- [515]. Dans des circonstances normales, ces
duire unilatéralement ou bilatéralement. La pressions affectent les dents dans de multiples
classe II est le type de malocclusion la plus directions pour autant équilibrées. Quand
fréquente. une dysfonction entraîne une activité répétée
– Dans la classe III, toutes les dents inférieures chroniquement, avec déséquilibre dans les
sont mésialées, et la cuspide mésiale de la directions que ces pressions musculaires
première molaire maxillaire s’emboîte entre appliquent sur les dents, une malocclusion
les premières et deuxièmes molaires mandi- dentaire peut en résulter.
bulaires permanentes. La classe III peut éga- Le développement d’une malocclusion
lement être classifiée par le côté. classe II est corrélé avec les habitudes de suc-
L’origine de la malocclusion est un sujet cion non nutritive telles que la succion du
extrêmement débattu, avec comme toujours pouce [418,425,516–518]. Dans les premières
une étiologie multifactorielle. En dehors de années de la vie, les prémaxillaires peuvent
l’aspect génétique, en particulier pour la être facilement poussés vers l’avant par ce
classe III [512], il semble que la plupart des type de succion, entraînant avec eux les inci-
aspects de la malocclusion résultent d’un sives supérieures. La succion du pouce crée
déséquilibre entre les forces intrinsèques telles une béance antérieure entre les arcades den-
que la langue et les lèvres, et les forces extrin- taires, qui facilite la projection antérieure de
sèques telles que des habitudes orofaciales la langue. Il en résulte un placement lingual
stressantes. De nombreuses études considè- dysfonctionnel, qui à son tour prédispose au
rent l’influence des facteurs épigénétiques ou prognathisme maxillaire. À chaque dégluti-
environnementaux, à savoir les fonctions oro- tion, environ 1500 fois par jour, la pointe de
faciales de la déglutition, de la succion, de la la langue avance entre les dents, appliquant
ventilation, de la mastication et de la phona- une pression contre les prémaxillaires et les
tion (voir ci-après). Elles montrent que ce sont incisives supérieures, ce qui les pousse vers
les dysfonctions orofaciales et les parafonc- l’avant.
tions qui sont la source de la malocclusion. Pour des raisons similaires, la succion
Edward Angle a écrit : « Orthodontic treatments d’une sucette est également associée à la
are very unlikely to succeed, if the fonctional malocclusion, suivie de près par la succion
disorders are still going on » [513] (« Les traite- digitale [519]. La pratique prolongée de la
ments orthodontiques ont peu de chance de sucette provoque des changements au niveau
réussir, si les désordres fonctionnels sont tou- des arcades dentaires avec prédominance d’un
jours présents »). articulé croisé postérieur (crossbite) et aug-
La malocclusion classe II représente une mentation de l’overjet [520]. Pour autant,
collection hétérogène d’affections avec une jusqu’à l’âge de 2 à 3 ans, le risque de dévelop-
Les présentations cliniques 407

pement d’une occlusion dysfonctionnelle dibulaire est affectée, avec rotation antérieure
peut être réduit proportionnellement à la de la mandibule [308] et augmentation de
réduction du temps d’utilisation de la sucette, l’angle mandibulaire [298]. La dimension ver-
et dans ces conditions, les arcades dentaires ticale de la partie inférieure de la face est
doivent être régulièrement contrôlées [521]. augmentée, contribuant à la béance [308]. Le
La persistance de la succion digitale est corré- palais est étroit par insuffisance de stimula-
lée avec le prognathisme maxillaire [521,522]. tion linguale sur la croissance transversale des
Il existe aussi une relation entre l’allaitement maxillaires. Le terme « faciès adénoïdiens »
au biberon et la nécessité d’un traitement (syndrome de face longue) décrit ces enfants
orthodontique ultérieurement [523]. En qui ont la bouche ouverte, un visage allongé,
revanche, l’allaitement au sein semble avoir un nez pincé, des lèvres sèches, une langue
un effet positif sur la morphogenèse orofa- projetée en avant, un encombrement et une
ciale [417,524], et un effet protecteur contre le protrusion dentaire antérieures. L’hypotoni-
développement d’une occlusion inversée pos- cité des lèvres, une diminution de la tonicité
térieure en denture déciduale [418]. du muscle orbiculaire de la bouche, est typi-
Non seulement le mode alimentaire est quement trouvée chez les sujets qui présen-
impliqué dans la malocclusion, mais aussi le tent la division 1 de la malocclusion de
type des aliments est en cause. La modifica- classe II [527]. En revanche, le muscle men-
tion des régimes alimentaires et la préparation tonnier est contracté en compensation.
des aliments semblent jouer un rôle dans L’étroitesse des maxillaires et du palais haut et
l’évolution des taille et forme orofaciales profond, associée à l’augmentation de l’angle
[525]. La prévalence de troubles de l’occlusion mandibulaire, fait apparaître la face plus lon-
chez les sujets nés dans les années 1950 est gue [273]. Ces sujets démontrent aussi un
inférieure à celle des sujets nés dans les années hypodéveloppement des masséters associé à
1990. Les habitudes diététiques explique- celui des maxillaires [220].
raient ces différences avec l’augmentation de Inversement, une hypertonicité des massé-
la consommation de produits manufacturés ters et une diminution de la hauteur faciale
[526]. En même temps, la prévalence d’aller- sont associées au bruxisme [220]. Le plus sou-
gies a augmenté, favorisant la respiration buc- vent nocturnes, ces « grincements de dents »
cale. L’incidence des respirateurs buccaux sont habituellement associés à une dysfonc-
parmi les individus nés dans les années 1950 tion somatique crânienne des os temporaux
est de 3 % ; elle est de 21 % pour ceux nés dans et/ou des ATM. Le concept crânien se prête
les années 1990 [526]. bien à la compréhension des désordres orofa-
Quand la respiration buccale est associée à ciaux fonctionnels. Les enfants qui ont une
l’obstruction nasale, la mandibule s’abaisse extension dysfonctionnelle de la SSB présen-
pour faciliter le passage de l’air, ce qui éloigne tent une tête plus étroite et allongée. La rota-
la langue du palais (figure 7.58). Cette posture tion interne des maxillaires résultante est
est associée à des compensations de la muscu- associée à un palais étroit et profond. Ce
lature périorale, telle l’hypotonicité, tout modèle crânien orofacial ne fournit pas suffi-
autant qu’à des compensations au niveau de samment d’espace pour les dents, ce qui pré-
la colonne vertébrale, et les respirateurs buc- dispose à un encombrement dentaire. Chez
caux ont tendance à positionner leur tête vers les jeunes enfants, la malocclusion classe II
l’avant. peut être trouvée en association avec une dys-
Ces dysfonctions respiratoires conduisent fonction intraosseuse entre les prémaxillaires
aux malocclusions. Une éruption molaire pré- et les maxillaires. En fait, les prémaxillaires
maturée est souvent présente chez les respira- peuvent être poussés vers l’avant comme vers
teurs buccaux chroniques. La croissance man- l’arrière, en réponse aux contraintes de la vie
408 Ostéopathie pédiatrique

A
B

Figure 7.58. Position de la langue.


A. Position fonctionnelle : les lèvres sont jointes,
le dos de la langue est contre le palais, l’oropharynx est ouvert.
B. Position dysfonctionnelle : absence de contact labial,
déplacement de la langue vers le bas et l’arrière, diminution de la lumière de l’oropharynx.

intra-utérine ou de la naissance. Les parafonc- buccale. Elle peut affecter l’arcade dentaire,
tions postpartum, comme les succions digi- avec une conséquence potentielle sur l’occlu-
tales, de sucette, ou de linge peuvent aussi sion. La dysfonction maxillaire peut aussi
pousser les prémaxillaires vers l’avant. Inver- entraîner une compensation dans la position
sement, une chute en avant avec choc sur la et le développement de la mandibule.
face, en particulier sur les incisives supérieu- La mandibule peut démontrer plusieurs
res, pousse les prémaxillaires dans une direc- types de dysfonctions. Comme pour le maxil-
tion postérieure ou supérieure. laire, la dysfonction mandibulaire peut résul-
La dysfonction maxillaire crânienne peut ter de tensions ou de traumatismes. Elle peut
être le début d’une séquence d’événements aussi se produire comme une accommodation
qui se renforcent les uns les autres. La dys- à la dysfonction de rotation interne ou
fonction maxillaire peut réduire la perméabi- externe des os temporaux. La dysfonction de
lité nasale et prédisposer à une respiration l’os temporal peut être uni- ou bilatérale, avec
Les présentations cliniques 409

la mandibule se déplaçant antérieurement du Le rapport entre le neurocrâne, la base crâ-


côté de la rotation interne temporale, ou pos- nienne et le viscérocrâne fait l’objet de nom-
térieurement du côté de la rotation externe. breuses études. Une augmentation de la hau-
Ce déplacement mandibulaire affecte secon- teur faciale antérieure est observée chez les
dairement l’occlusion. sujets qui maintiennent une position de tête
En fait, toute tension ou tout traumatisme inclinée vers l’avant. Inversement, une dimi-
de la face peut impacter la symétrie occlusale. nution de la hauteur faciale antérieure est
La zone du nasion, la jonction entre les sutu- associée à une posture de tête vers l’arrière
res frontonasale et internasale, comme les [529,530]. Des changements dans la position
sutures frontomaxillaires peuvent souffrir de de l’os hyoïde sont observés dans la malocclu-
la compression des pressions intra-utérines sion classe II, où l’os hyoïde est plus haut et
ou d’une naissance difficile. Les os nasaux plus en avant par rapport à la mandibule
doivent être soigneusement évalués. Ils sont [531]. La posture de la colonne cervicale
placés sous l’os frontal, et comme tels s’adapte en réponse aux modifications dans le
démontrent une restriction de mouvement à plan occlusal autant qu’au déséquilibre entre
la suite de tout traumatisme appliqué sur l’os les muscles masticateurs droit et gauche [510].
frontal. Parfois, l’impact sur l’os frontal Des modifications de la base crânienne sont
entraîne une diminution de la hauteur verti- corrélées avec la malocclusion classe III, avec
cale des maxillaires, avec une dysfonction une diminution de l’angle entre le clivus (la
intraosseuse et une compromission de la res- surface du dos de la selle du corps du sphé-
piration nasale. De plus, toute dysharmonie noïde au foramen magnum) et la lame criblée
entre la taille des maxillaires et celle de la de l’ethmoïde [496].
mandibule peut résulter en une croissance
insuffisante du maxillaire et/ou de la mandi- Examen clinique et traitement
bule, produisant éventuellement un overjet L’occlusion de l’enfant doit être évaluée, et en
ou un overbite. présence d’une occlusion anormale ou maloc-
Le positionnement de l’enfant pendant les clusion, les dysfonctions somatiques qui peu-
premiers mois de la vie influence la croissance vent en être responsables doivent être soi-
des os crâniens. Les plagiocéphalies non gneusement recherchées et traitées. L’étio-
synostotiques sont associées à une position de logie de la malocclusion est multifactorielle,
sommeil chronique et sont visibles le plus et les procédures ostéopathiques peuvent être
souvent dans les premiers mois de la vie [35]. employées lorsque des dysfonctions somati-
Il est aussi montré que lorsqu’un enfant dort ques participent à l’établissement de la maloc-
dans la même position pendant des mois, des clusion. Pour être efficaces, ces procédures
changements au niveau des arcades dentaires doivent être employées dès le plus jeune âge.
sont observés [528]. Toutefois, parce que la En aucune façon l’ostéopathie crânienne ne
croissance du viscérocrâne se termine plus prétend remplacer le traitement orthodonti-
tard que celle du neurocrâne, les déforma- que standard. Mais les traitements orthodon-
tions de la face ne sont pas ordinairement tiques sont plus difficiles si les dysfonctions
reconnues par un praticien non spécialisé somatiques affectant l’occlusion de l’enfant
avant plusieurs années. Pour autant, les asy- persistent.
métries faciales sont fréquemment associées Dans l’examen de l’enfant avec une maloc-
aux plagiocéphalies [45,62,63]. Avec la défor- clusion, les principes d’examen discutés
mation occipitale asymétrique, des compen- ci-dessus dans le paragraphe « Cavité orale et
sations peuvent se produire au niveau des fonctions orofaciales » s’appliquent égale-
maxillaires, résultant en une asymétrie man- ment. En plus, dans la recherche des dysfonc-
dibulaire [64]. tions somatiques associées, le praticien doit
410 Ostéopathie pédiatrique

faire attention à la posture et à son impact en la recherche de dysfonctions somatiques,


particulier sur les régions thoracique supé- noter les rapports occipitoatloïdiens. Palper
rieure et occipitoatloïdienne. Même dans les les structures myofasciales du crâne, en parti-
cas où le traitement orthodontique a débuté, culier les muscles orofaciaux et la zone de
la posture de l’enfant doit être évaluée. L’iden- l’ATM pour les tensions dysfonctionnelles
tification et le traitement d’une posture dys- asymétriques. Évaluer les ATM, puis faire les
fonctionnelle entraînent un équilibre fonc- tests d’écoute. Évaluer la base crânienne,
tionnel du complexe orofacial qui accélère rechercher les schémas de flexion ou d’exten-
l’effet du traitement orthodontique. De plus, sion crânienne prédominants, ceux de tor-
le traitement orthodontique peut aussi être sion, de sidebending-rotation, les compres-
source de tensions affectant la mécanique sions et les strains. En plaçant une main sur
générale du corps. Dès lors, le relâchement l’os frontal avec les index et médius contrô-
des dysfonctions présentes fournit un confort lant les grandes ailes du sphénoïde, et l’autre
à l’enfant qui permet une meilleure tolérance main empaumant la mandibule, noter l’équi-
au traitement orthodontique, tout en le facili- libre entre la mandibule et les grandes ailes du
tant. sphénoïde. Faire une écoute sur les différents
Avec l’enfant assis, observer le schéma os du crâne qui peuvent être impliqués dans
occlusal. Demander à l’enfant d’ouvrir active- la malocclusion, en particulier les os tempo-
ment la bouche et observer le déplacement de raux, sphénoïde, frontal et maxillaires.
la symphyse mentonnière. Normalement, ce Rechercher les dysfonctions somatiques crâ-
mouvement doit suivre une trajectoire verti- niennes inter- et intraosseuses. Traiter toute
cale rectiligne, sans zigzag. Puis demander à dysfonction somatique identifiée selon les
l’enfant de déplacer la mandibule latérale- principes indirects. Le modelage intraosseux
ment vers la droite et vers la gauche pour peut être envisagé si l’enfant est assez jeune.
comparer l’aisance des mouvements et le Toutes ces relations sont souvent récipro-
degré des déplacements latéraux. Si cela est ques et illustrent l’intégration de l’ensemble
possible, donner un chewing-gum à l’enfant des parties du corps, localement et à distance,
pour observer la présence ou l’absence d’une dans un système unifié. Le traitement ostéo-
mastication alternée. Observer et noter la pré- pathique peut être employé pour normaliser
sence d’un côté dominant dans la mastica- les dysfonctions somatiques trouvées en asso-
tion. Vérifier la présence d’une déglutition ciation avec les dysfonctions orofaciales.
immature en observant et en demandant à Quand les principes de traitement indirects
l’enfant de décrire l’emplacement de la pointe sont respectueusement employés, ces procé-
de la langue dans la bouche pendant la déglu- dures peuvent être utilisées pour traiter les
tition. Évaluer la musculature des lèvres et des patients depuis leur plus jeune âge jusqu’à
joues en plaçant les pouces dans la bouche de l’adolescence. Le plus tôt la dysfonction est
l’enfant, de telle façon que les surfaces pal- reconnue, le plus jeune est le patient, le plus
maires soient en contact avec l’intérieur des souples sont les tissus du sujet, plus grande est
joues. Demander à l’enfant de fermer la bou- la possibilité d’affecter la structure et de réta-
che et d’avaler, et à l’aide des pouces, appré- blir des modèles fonctionnels satisfaisants,
cier la force de contraction des muscles bucci- augmentant de cette façon la capacité inhé-
nateurs. rente du corps de s’autoguérir.
Ensuite, avec l’enfant en décubitus, palper
les clavicules, le sternum et l’os hyoïde. Éva- Conseils aux parents
luer leurs insertions myofasciales. Continuer Impliquer les parents en leur faisant compren-
l’évaluation des structures myofasciales de la dre l’importance de leur rôle pour aider
colonne thoracique et cervicale supérieure à l’enfant dans le traitement. Prendre le temps
Les présentations cliniques 411

d’expliquer à l’enfant pourquoi il est néces- Références


saire de respirer par le nez et de mastiquer
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431

Index

A Artère
Abdomen – méningée moyenne 353
– distension 244, 379 – ophtalmique 353
– douleur 244, 379 Articulation
Accommodation, processus d’ 23 – occipito-atlanto-axoïdienne 254
Accommodation visuelle 363 – temporomandibulaire 68, 394
Articulé dentaire 140, 388
Accouchement 131, 358
Asthme 245, 342, 343
– dystocique 27
– eutocique 28 Astigmatisme 361
Acétabulum 293 Asynclitisme 22, 133, 259
Acuité visuelle 364 Atlas 213, 333
Adénoïde 305, 330 Atopie 160, 344
Adénoïdectomie 335 Audition 125, 303
Adénoïdienne, hypertrophie 332, 335 Autorégulation 195, 198
Aérateur transtympanique 306 Axe cerveau–intestin 379
Aisance, plages d’ 198 Axonotmétique, lésion 280
Alimentaire, mode 407
Alisphénoïde 41 B
Allaitement Bâillement 301
– artificiel 140, 370 Barlow, test de 293
– au sein 140, 369, 370 Barrière
Allergie aux protéines du lait de vache 379 – anatomique 155
Alvéole 68, 404 – dysfonctionnelle 155, 275
Amblyopie 358, 364 – physiologique 155
Amygdale 330, 331 Base crânienne 37, 44, 70, 83, 122, 164, 261
Analgésie péridurale 32 – expansion 214
Anamnèse 149 Basicrâne
Anatomie 195 – Voir Base crânienne
Basiocciput 45
Angle, classification d’ 140, 405
Basion 87
Angle costovertébral 269
Bassin 104, 141, 294
Anisme 385
– maternel 7, 12
Ankyloglossie 369, 371, 399
Béance occlusale 341, 407
Anneau
Binocularité 364
– lymphoïde de Waldeyer 327, 342
– tendineux commun 354 Biométrie oculaire 366
– thoracique supérieur 281, 333 Blessure athlétique 242
Apnées du sommeil, syndrome des 337 Borborygme 380
– obstructives 137, 336, 340 Bosse
Aponévrose palatine 338 – occipitale 161
Arachnoïde 38 – sérosanguine 27
Arcade alvéolaire 388, 390 Brachycéphalie 188, 257
Arc pharyngien 41 Bradycardie 377

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Ostéopathie pédiatrique
432

Branche de la mandibule 392 Charnière


Bregma 63 – craniocervicale 22, 122
Bronchiolite 245, 341 – obstétricale de Budin 132
Bronchospasme 346, 377 Chevauchement
Bruxisme 407 – de la suture squameuse 220
Bulbe oculaire 189, 263, 351 – des pariétaux 22
– des sutures 162, 264
– abaissement 355
Choane 308
– abduction 355
– adduction 355 Chondrification 37
– élévation 355 Chondrocrâne 38
– tuniques 361 Choroïde 361
Circulaire du cordon 130, 333
C Clairance de la trompe auditive 301
Calcanéovalgus 158, 287 Classification internationale des maladies 196
Calcanéus 287 Claude Bernard-Horner, syndrome de 279
Calmoduline 266 Clavicule 255, 277
Calvaria 41, 49, 63 Clignement des yeux 349, 350
– Voir aussi Voûte crânienne 41 Clivus 47
Canal Cobb, angle de 265
– carotidien 76 Coccyx 25, 89
– du nerf hypoglosse 76 Cochlée 124
– lacrymonasal 231, 319, 348 Cœur 276
– mandibulaire 392 Cognitifs, troubles 136
– optique 76 Colique 150, 244, 379
– ptérygoïdien 45 Colonisation intestinale 345, 380
– semi-circulaire 124 Colonne vertébrale 104
– vertébral 267 – cervicale 175, 187
Capsule – thoracique supérieure 175
– de Tenon 356 Columelle 169
– otique 38 Compensation
Caput succedaneum 27, 125, 160 – à une dysfonction 113
Cardiovasculaire, système 123 – dysfonctions de 128
Carie dentaire 377 Comportement, troubles du 178, 210, 296, 331,
Cartilage 383
– de Meckel 42, 397 Compression 120
– de Reichert 43 – du 4e ventricule 248
– septal du nez 134 Compressives, forces 21, 22, 24, 31
Catarrhe du cavum 315 Condyle occipital 45, 122, 133, 213
Cavité Congestion vasculaire 313
– nasale, plancher de la 309, 319 Conscience proprioceptive 155
– orale 87, 169, 180, 388 Constipation 209, 233, 245, 384
– orbitaire 67, 263, 351 Contact 154, 170
Ceinture Contractions utérines 21, 127
– pelvienne 156, 173, 185 Coopération respiratoire 197, 201
– scapulaire 159, 175 Coordination motrice 58, 269
Cellule Core-link 78, 83, 267, 272
– ethmoïdale 319 Cornée 361
– mastoïdienne 125, 296 Cornet nasal inférieur 103, 319, 349
Centres d’ossification 39, 390 Corps ciliaire 361
Céphalohématome 27, 125, 161 Corps de la mandibule 102, 103, 391
Cernes 168 Corps vitré 361, 363
Cervicale, région 159, 175 Côte 98, 127, 269
433

Coude 175, 242 Diaphragme pelvipérinéal 17


Courbure Digestif, trouble 368
– cornéenne 361, 367 Digestifs, troubles 150, 296
– thoracique 269 Disproportion fœtopelvienne 22
– vertébrale 90, 116, 271 Distension abdominale 244, 379
Coxarthrose 295 Dolichocéphalie 188, 257
Coxa valga 295 Douleur abdominale 244, 275, 377, 379, 384, 385
Coxa vara 295 Drainage 281, 307, 321, 322
Crampe Dure-mère 38
– de jambe 239 Dure-mère spinale 81, 272
– de l’écrivain 206 Dyschésie 385
Crâne 63, 105
Dysfonction 113, 153
– périmètre 44, 160
– articulaire 113
Craniosynostose 257
– de hanche 292
Crête neurale 41
– de la jambe 288
Crista galli 41, 73, 78 – d’expiration 114
Cristallin 353, 357, 361, 363 – d’inspiration 114
Croissance 37 – du pied 284
Cycle nasal 313 – étiologies 128
Cyphose 158, 253, 267, 272 – fasciale 113
Cyphotique, attitude 127 – intraosseuse 122
– ligamentaire 113
– membraneuse 113
D – musculaire 113
Décompression condylienne bilatérale 213 – non physiologique 119
Défécation 384 – oculaire 216
Déflexion 25 – orofaciale 388, 403
Déformation 128 – osseuse 113
– plastique 5, 130 – physiologique 113, 115
Déglutition 123, 166, 261, 301, 326, 368, 371 – primaire 113
– immature 372, 400 – réflexe 113
– réflexe de 368 – respiratoire 209
– temps 371 – sacro-iliaque 234
Dent 67, 169, 403 – secondaire 113
– facette d’usure 402 – somatique 153, 236, 253, 275
Dentaire, encombrement 402 – sternale 207
Denture – traumatique 113
– vasculaire 113
– déciduale 140, 394, 404
– viscérale 113, 234
– permanente 404
Dyslexie 210
Denture mixte 405
Dysménorrhée 209, 233
Déplacement développemental de hanche 292
Dysplasie 157, 235
Détresse fœtale 133, 259
– cotyloïdienne 292
Détroit inférieur du bassin 11 – de l’épaule 282
Détroit supérieur du bassin 11 – trochléaire 291
Développement 37 Dystocie 27
– des acquisitions 57, 123 – de l’épaule 30, 277
– ontogénétique 87
Diagnostic ostéopathique 153, 155 E
Diaphragme thoracoabdominal 118, 135, 187, Écaille de l’occipital 45, 86, 176
209, 245, 384 Écoute 153, 195, 196
Diaphragme crânien 135, 209 Ectoméninge 38, 75
Diaphragme de la selle 77, 81 Emmétropie 364
Diaphragme pelvien 209 Encombrement dentaire 181, 332, 402
434

Encoprésie 385 Fissure orbitaire


Endoméninge 38, 75 – inférieure 353
Engagement 22 – supérieure 73, 74, 76, 78, 80, 124, 353
Entorse 239, 240, 287 Flexion
Entraînement 154, 197 – anatomique 88
Énurésie 209, 233, 341 – craniosacrale 14, 88
Flore bactérienne 380
Environnementaux, facteurs 406
Flux sanguin 89, 314
Épaule 175, 242
Fœtus 3
– dysplasie 282
– dystocie 30, 277 – à terme 3
Épigénétiques, facteurs 388, 406 Foie 276
Épiglotte 48, 326, 372 Fonctionnelles, techniques 197
Épine mentonnière 391 Fonctions 37
Épithélium Fontanelle 3, 49, 161
– olfactif 311 Foramen
– pseudostratifié 301, 310 – déchiré 76
Équilibre 125, 266 – épineux 76
Erb-Duchenne, paralysie d’ 279 – jugulaire 76, 133, 256
Éruption dentaire 232, 336, 404, 407 – magnum 76
– optique 352
Ésophorie 358
– ovale 76
Ésotropie 358 – rond 76
Estomac 244, 375 – stylomastoïdien 76
Évolution phylogénétique 83 Forceps 31, 125, 135, 259
Examen ostéopathique 149 Fosse
Exocciput 45 – mandibulaire 46, 66, 117, 396
Exotropie 358 – temporale 64, 176
Expiration crânienne 88, 154 Fossette trochléaire 352
Expression faciale 166, 190 Fracture
Expulsion 25 – de la clavicule 159, 253, 277
Extension – en bois vert 277
– anatomique 88 Frein de la langue 169, 369, 399
– craniosacrale 14, 88 Frénotomie 169
Extorsion 355
Extraction instrumentale 135, 254, 278 G
Galbreath, procédure de 223, 307
F GALT
Face infratemporale du maxillaire 389 – Voir Tissu lymphoïde associé au tube digestif
Face longue, syndrome de 303, 332, 407 380
Face nasale du maxillaire 389 Ganglion
Face orbitaire du maxillaire 389 – cervical supérieur 313, 354, 368
Faciès adénoïdien 332, 407 – ciliaire 368
– ptérygopalatin 124, 313, 322
Facilitation du segment spinal 115, 142, 276
Gastro-intestinal, système 123, 375
Fascia
Génétiques, facteurs 257, 266, 284, 316, 343, 388
– cervical 277, 397
Genou 157, 241
– sous-diaphragmatique 376
Fasciite plantaire 205 Genu valgum 116, 173, 204, 290
Faux du cerveau 73, 78 Genu varum 158, 173, 204, 290
– normalisation 202 Glande pinéale 266
Faux du cervelet 80 Glande surrénale 276
Fémoropatellaires, troubles 233, 291 Gnathion 169, 402
Fibula 239 Gonion 68
Filtrage de l’air 309 Gorge 276, 315
435

Grande veine cérébrale 78, 132 J


Granulation arachnoïdienne 72 Jambe
– dysfonctions de la 288
H – inégalité de longueur 233, 265, 295
Hamulus ptérygoïdien 49, 87, 338, 391, 397 Jonction œsogastrique 376
Hanche 241
– déplacement développemental 292 K
– dysfonctions 157, 292 Klumpke, paralysie de 279
– luxation congénitale 292
Handicap neurologique 136
L
Hémimandibule 102
Labyrinthe
Hémorragie intracrânienne 133
– ethmoïdal 47, 67, 101
Hétérophorie 358 – osseux 297
Hétérotropie 358 Lacrymal, appareil 348
Histogenèse 130 Lacrymal, drainage 348
Humeur aqueuse 361, 363 Lacrymal, os 67
Hydramnios 20, 129 Lacrymales, voies 348
Hyolingual, complexe 401 Lactose, intolérance au 379
Hypermétropie 361, 364 Lambda 63, 260
Hyperpéristaltisme 381 Lame perpendiculaire de l’ethmoïde 47, 92
Hypertrophie Langage 140, 210
– adénoïdienne 332 Langue 87, 169, 336, 368, 373, 399
Hypothèse hygiéniste 344 – motricité 54, 261
– position 49, 166, 303, 373
I – protrusion 372, 402
Iliosacral, modèle dysfonctionnel 119 Larmes 348
Immunitaire, système 304, 318, 331, 345 Laryngopharynx 311
Immunité humorale 380 Laryngospasme 377
Impulsion rythmique crânienne 89, 154, 178, Larynx 48, 336, 337, 373
246, 307 – descente du 337
Incisure mandibulaire 68 Latéralisation vestibulaire 131
Incus 63, 296 Latéralité 54, 55, 151
Infection 306, 321, 344 Lèvres 370, 373, 400
– bactérienne 296, 331 Ligament
– urinaire 386 – calcanéonaviculaire 285, 286
– virale 296, 308, 331 – parodontal 404
Influx nociceptif 142 – pétrosphénoïdal 201, 358
Inion 63, 80 – phrénico-œsophagien 376
– sphénomandibulaire 393, 397
Innervation sympathique 276, 307, 314, 342,
– stylomandibulaire 397
354, 357
Ligne nuchale
Inspiration crânienne 88, 154, 357
– inférieure 64
Interférences occlusales 151 – supérieure 64, 255, 397
Intéroception 345, 382 Lingula mandibulaire 393
Intolérance Liquide cérébrospinal 75
– alimentaire 381, 386 Loge, syndrome de 254
– au lactose 318, 379, 381 Lordose 57, 116, 273
Intorsion 355 Luxation congénitale
Iris 361 – de hanche 292
Isthme oropharyngien 326, 339 – de la rotule 291
436

M Modiolus 392
Mâchoire 67, 70, 373 Moelle épinière 40, 82, 142, 267, 383
Macrosomie 277, 278 Monoxyde d’azote 321
Macula 363 Moro, réflexe de 281
Mal de tête 187, 237 Morphogenèse 41, 52, 83, 128
Malformation 128 Motilité
Malléus 43, 63, 296 – ciliaire 321
Malocclusion 127, 332, 369, 403 – crânienne intraosseuse 165, 307
– inhérente 153, 165, 196, 275
Malposition fœtale 31, 259
– intestinale 381
Manchon dure-mérien 82, 353 Mouvement
Mandibulaire, posture 371 – biphasique 89, 114, 154, 196
Mandibule 43, 63, 68, 70, 332, 391 – crânien 88, 323
– protrusion 394 – majeur 94, 114, 198
Manie 151 – mineur 94, 114, 198
Marche Mucociliaire, fonction 306, 314, 321
– à quatre pattes 56, 141, 151, 262 Mucosité 346
– sur la pointe des pieds 205, 295 Muqueuse de l’oreille moyenne 297
Masticateur, appareil 394 Muscle
Mastication, latéralité dans la 151, 400 – buccinateur 369, 390, 391, 400
Maxillaire 67, 68, 102, 126, 169, 180, 232, 389 – ciliaire 353, 357, 361
Méat acoustique externe 66, 296 – constricteur du pharynx 49, 261, 326, 391,
Méat nasal 309, 349 400
Mécanisme respiratoire primaire 88, 114, 152, – dilatateur des narines 318, 337
195, 314 – droit inférieur 353, 355
– fréquence 154 – droit latéral 353, 355, 359
Mélatonine 266 – droit médial 353, 355
– droit supérieur 353, 355
Membrane
– élévateur du voile du palais 301, 338
– hyoglossienne 368 – extraoculaire 351, 353, 355
– tympanique 296, 303 – génioglosse 368, 391, 399
Membranes – hyoglosse 369, 399
– de tension réciproque 83, 88, 165, 264 – irien 353, 362
– intracrâniennes 75, 108, 113, 200, 272 – masséter 369, 392, 407
– intraspinales 202, 272 – mentonnier 391, 407
Membre – multifidus 266
– inférieur 96, 156, 173, 185, 204, 239 – oblique inférieur 353, 355
– supérieur 96, 159, 175, 206, 242 – oblique supérieur 352, 353, 355, 357
Méplat 132, 260 – orbiculaire de la bouche 372, 389, 407
Méridien – orbiculaire de l’œil 353, 390
– horizontal 366 – palatoglosse 339, 368, 399, 401
– vertical 366 – palatopharyngien 326, 339, 401
Mésenchyme du neurocrâne 37 – psoas 242, 293, 387
Mésethmoïde 41, 53 – ptérygoïdien médial 46, 393
Métaboliques, facteurs 257 – releveur de la paupière supérieure 348
Metatarsus adductus 158, 205, 239, 284 – rotateur spinal 266
Metatarsus varus 158, 284 – salpingopharyngien 301, 326, 338
Microflore 315, 380 – sternocléidomastoïdien 46, 160, 254, 277,
333
Micrognathie 371
– styloglosse 368, 372, 399
Micromouvement 88, 103
– stylopharyngien 326, 338
Mise en phase 197 – temporal 393
Mobilité, restriction de la 115, 117, 157, 165, 177 – tenseur du tympan 303
Modelage, procédure ostéopathique 198, 209 – tenseur du voile du palais 46, 125, 262, 301,
Modelage de la tête fœtale 21 338
437

Myopie 361, 364 Orthodontiques, problèmes 221


Myringotomie 306 Ortolani, test d’ 293
Os
N – coxal 95
Naissance 19, 131 – ethmoïde 38, 47, 67, 78, 92, 230
Nasopharynx 299, 304, 311, 335, 338 – frontal 38, 64, 68, 99, 126, 166, 178, 216
– hyoïde 48, 63, 91, 336, 368, 399
Nerf
– iliaque 95, 118, 122, 127, 291, 294
– abducens 80, 353, 357
– incisif 126, 390
– accessoire 38, 256
– lacrymal 43, 67, 103
– du canal ptérygoïdien 124, 314
– nasal 68, 103, 231
– glossopharyngien 38, 256
– occipital 38, 63, 67, 91, 122
– grand pétreux 313
– palatin 63, 67, 70, 103
– mandibulaire 338
– pariétal 64, 98, 125
– oculomoteur 353, 357
– prémaxillaire 126, 140, 390
– ophtalmique 321, 353
– sphénoïde 38, 45, 67, 91, 124, 216, 217
– optique 124, 353
– temporal 38, 46, 65, 98, 124, 217, 218, 297
– pétreux profond 314
– zygomatique 43, 67, 68, 102, 216, 228
– phrénique 133, 378
Osgood-Schlatter, maladie d’ 291
– spinal 82, 278
Ossification
– trijumeau 41, 276, 314, 320, 344
– trochléaire 353, 357 – centres d’ 39, 390
– vague 38, 256, 338, 376, 377 – endochondrale 38, 267
Neurocrâne 37, 63, 176, 188 – membraneuse 39, 43, 267
Ostéogenèse 43, 394
Neuropraxique, lésion 280
Ostium
Neurotmétique, lésion 281
– intrapharyngien 388
Nez 134, 168, 179, 276, 308
– pharyngien de la trompe auditive 305, 326
Nœuds lymphatiques jugulodigastriques 333 – sinusal 321
Noyau du tractus solitaire 370 Otite 222, 262, 264, 295
– séromuqueuse 125
O Ouverture tubaire 301, 303
Obliquité pelvienne 130, 267 Ovaire 276
Observation 152 Overbite 405, 409
Obstruction nasale 322, 334 Overjet 405, 406, 409
Occiput 45, 213, 256, 260
– Voir Os occipital P
Occlusale, surface 404 Palais 42, 169, 189, 332, 373
Œdème 30, 280, 281, 288, 313, 342, 358 Palais mou 48, 338, 401
Œil 167, 178, 276 Palpation 152
– dysfonctions 216 – pour la fonction 153, 196
– troubles 348 – pour la structure 152, 196
– Voir Bulbe oculaire
Pancréas 276
Œsophage 276, 373, 375
Paracentèse 306
Oligoamnios 20, 129, 259
Opioïdes endogènes 382
Parallélogramme, déformation du crâne en 121,
Orbite 53, 67, 167, 178, 263, 351
138, 160, 260
– diamètre 263, 367 Paralysie
Orbitosphénoïde 41 – du nerf facial 133, 166
Oreille 162, 263, 276, 296 Partie latérale de l’os sphénoïde 100
– moyenne 295, 296 Partie pétreuse de l’os temporal 70
Orofaciales Paupière 348
– dysfonctions 388, 403 – supérieure 354
– fonctions 166, 303, 398 Pectus arcuatum 127
Oropharynx 311, 326, 333 Pectus carinatum 127, 253, 274
438

Pectus excavatum 127, 253, 274 Pouce 55, 126, 140, 406
Pelvien, système autonome 234 Poulie des muscles extra-oculaires 168, 356
Pelvigénitale, filière 21 Poumon 276, 311, 321, 337, 343
Pelvis Prématurité 30, 136, 150, 259, 358
– Voir Bassin maternel 7, 12 Présentation
Performances scolaires 151, 316 – de la face 30
Périnée 19 – du siège 7, 30, 127, 254, 267, 293
Périodonte 404 Présphénoïde 39
Péristaltisme 369, 376, 386 Prise fronto-occipitale 211
Perméabilité Probiotiques 318
– des voies respiratoires 336, 340 Processus
– du canal lacrymonasal 350 – alvéolaire 369, 390, 391
– nasale 312, 314, 336, 402 – ciliaire 357, 361
Pharyngite 325 – clinoïde 73, 80, 357
Pharynx 48, 325, 336, 338, 373 – condylaire 68, 394
Pie-mère 38, 75, 82 – coronoïde 68, 393
Pied – mastoïde 164, 176, 255, 307
– palatin 44, 70, 309, 389
– bot varus équin 285
– creux 205, 239, 240, 285 – ptérygoïde 45, 54, 67, 87, 326
– dysfonctions 284 – styloïde 43, 46, 90, 341
– en dedans, en dehors 205 – zygomatique 41, 67, 390
– éversion 96, 274 Prognathisme 141, 407
– inversion 96, 158, 274 Propreté, apprentissage de la 386
– plat 205, 239, 240, 286 Proprioception 266, 272, 288, 361, 404
Piliers du diaphragme 118, 377 Proprioceptive, conscience 155
Placode nasale 38 Proprioceptivité 287
Plagiocéphalie 130, 160, 257 Protocoles de traitement 199
Pleurs 198, 277, 301, 377, 379 Protrusion
Plexus – linguale 372, 401
– carotidien interne 313, 357 – mandibulaire 189, 394
– caverneux sympathique 353 Protubérance occipitale externe 63, 70, 80
– choroïde 75 Protympanum 299
– nerveux brachial 133, 159, 207, 253, 278, 281 Psychomotrices, acquisitions 262
– nerveux intramural 376 Ptérion 65
Point calme 197 Pupille 353
– Voir Still point 248 – constriction 362
Pointe de la langue 341
– dilatation 362
Point neutre
Pyrosis 377
– d’équilibre fonctionnel 155
– dysfonctionnel 155
Pommette 68, 102, 167 Q
Pompage, procédure ostéopathique 198, 210, 307 Quatre pattes, marche à 56, 57, 141, 151, 262
Pompage de la langue sur le palais 371, 373
Pore acoustique interne 76 R
Position Ramper 56-58, 141, 151, 262
– assis en tripode 56, 262 Raphé
– de confort 130, 196, 202, 205, 278 – pharyngien 326
– de sommeil 56, 125, 136, 160, 257, 284, 293 – ptérygomandibulaire 326, 391, 397
– fœtale 5, 7, 19, 129, 254 Rate 276
– spontanée 156, 269, 402 Récepteurs
Postsphénoïde 39 – proprioceptifs 357
Postural axial, contrôle 57, 256, 266 – sensoriels 125, 363
Posture 83, 94, 127, 182, 335, 348, 364 Rectorragie 385
439

Rééducation myofasciale 360 – fonctionnelle 265


Réflexe – idiopathique 266, 270
– de déglutition 368, 370, 372 – infantile 266, 268
– de fouissement 368 – juvénile 266
– de Moro 281 – secondaire 266
– de succion 55, 368 Sécrétions
– oculovestibulaire 357, 364 – nasales 168, 314
– pupilloconstricteur 362 – tubaires 307
– somatoviscéral 142, 176, 186, 383 Selles 385
– viscérosomatique 142, 184, 186, 276 Selle turcique 38, 73, 81
Reflux gastro-œsophagien 137, 243, 306, 345, Semelle plantaire 287
375, 380 Sensorielles, techniques 197
Réfraction oculaire 364 Septum
Régurgitation 150, 243, 375, 380 – lingual 369
Rein 276 – nasal 308, 389
Respiration 166 Sidebending-rotation 105, 116
– bruyante 168, 231 Sillon lacrymal 67, 352
– buccale 151, 169, 334, 336 Sinus
– nasale 126, 140, 318 – caverneux 353, 357
– première 135 – ethmoïdal 311
– pulmonaire 89, 115, 154 – frontal 311, 319
– troubles 207 – maxillaire 311, 319, 391
Respiratoire, coopération 197, 201 – paranasaux 54, 311, 319, 337, 389
Respiratoires, affections 245 – sagittal inférieur 78, 202
Respiratoires, dysfonctions 209 – sagittal supérieur 3, 72, 78, 202, 313
Respiratoires, troubles 334 – sphénoïdal 311
Restriction de la mobilité 115, 153, 157 Sinusite 226, 232, 318
Retard mental 136 – maxillaire 216
Rétention fécale 385 Somatique, système 113
Rétine 362 Somatoviscérale, composante 377
– Voir Réflexe somatoviscéral 142, 175, 186,
Rétrognathie 332, 371
384
Rhinite 226, 230, 308
Sommeil
– aiguë 315
– position de 56, 125, 136, 160, 257, 284, 292
– allergique 304, 315, 342
– troubles du 210, 296
Rhinosinusite 315, 344
Sons, production de 166
Rhume 315, 318
Sphincter
Rotation
– de l’iris 357
– externe 88 – externe du canal anal 386
– interne 88 – inférieur de l’œsophage 375
Rotation tibiale, dysfonction de Splanchnocrâne 37
– externe 289 Squelette
– interne 288
– axial 142, 253
Rotation vertébrale 108, 267, 272
– facial 63, 140, 262
Rotule, luxation congénitale de la 291 Stapès 63
Rotulien, syndrome 204 Sternum 91, 127, 255
– dysfonctions 207
S Still point 197, 248
Sac lacrymal 67, 348 Strabisme 350
Sacrum 7, 89, 104, 118, 122, 127, 135, 234 Strain 113, 120
Scheuermann, maladie de 272 – latéral 120, 260
Sclère 353, 361 – membraneux 202
Scoliose 130, 253, 265 – vertical 120
– congénitale 266, 268 Subluxation de la tête du radius 206, 242, 283
440

Succion 133, 140, 166, 368 – d’écoute 153, 196


– de pouce 140, 406 – de mobilité 153, 155, 196
– digitale 406 Tête
– non nutritive 140, 369 – fœtale 3, 4, 5
– nutritive 369 – maintien de la 57, 123, 151
– parafonction 140 Tête du radius, subluxation de la 206, 242, 283
– réflexe de 368 Tétée 140, 150, 262
Sucette 126, 296, 302, 406 Tétine 140, 370
Surdité 306 Texture tissulaire 153, 264
Suture 3, 41, 50, 257 Thermorégulation 313
– coronale 50, 64, 225 Thoracique, région 175, 237
– intermaxillaire 390 – supérieure 159
– lambdoïde 50, 64, 225 Thoracique, système autonome 237
– occipitomastoïdienne 48, 64, 219, 256, 261 Thoracoabdominale, région 158, 174, 186
– pariétomastoïdienne 64
Thorax 336
– pétrobasilaire 220
– pétrosphénoïdale 217 Tibia 240, 287, 289
– pétrosquameuse 46 Tic 151
– pétrotympanique 46 Tissu lymphoïde associé au tube digestif 380
– sagittale 22, 50, 224 Tonsillaire, hypertrophie 305, 324, 330, 334, 340
– sphénopariétale 64 Tonsille 305, 327
– sphénozygomatique 360 – linguale 327, 342
– squameuse 64 – palatine 327
– squamotympanique 46 – pharyngienne 327, 336
– temporozygomatique 66, 221 – tubaire 327
Symphyse pubienne 11 Tonsillite 325
Synchondrose 44, 47 Torsion 105, 116
– intraoccipitale 45 – fémorale 290
– intrasphénoïdale 41 – pelvienne 157
– pétro-occipitale 45 – sacrale 17
– sphéno-ethmoïdale 45 – tibiofémorale 157
– sphéno-occipitale 44 Torticolis 130, 253
– sphénobasilaire 44, 70, 115, 120, 211 – claviculaire 256
– sphénopétreuse 45, 217 – sternal 256
Synclitisme 22 Traitement 195
Synostose 257 Traube-Hering-Mayer, oscillation de basse fré-
Système nerveux quence de 89
– entérique 376, 381 Travail 21
– parasympathique 127, 276, 313, 344, 362 Trigonocéphalie 257
– sympathique 127, 276, 313
Trochlée du muscle oblique supérieur 352
Système nerveux autonome 89, 122, 142, 198,
Trompe auditive 125, 296, 298
307, 313, 342
– cartilagineuse 299
Tronc fœtal 5
T Troubles
Talus 285
– cognitifs 136
Tendon de Zinn 354
– de la réfraction 363
Tensions – digestifs 296, 368
– articulaires membraneuses 113 – du comportement 210, 296, 383
– membraneuses 22 – du sommeil 210, 296
Tente du cervelet 79 – fémoropatellaires 233, 291
– normalisation 201 – oculaires 348
Terminaisons sensitives proprioceptives 271 – respiratoires 207, 334
Testicule 276 – visuels 151, 361
Tests Tubercule pharyngien 326
441

U Vestibuloversion 116, 372


Urinaire, infection 386 Vibrisse 309
Virus respiratoire syncytial 341
V Viscérocrâne 37, 41, 52, 63, 165, 178, 190
Végétation 330, 335 Viscérosomatique, composante 377
Veine – Voir Réflexe viscérosomatique 142, 184, 186,
276
– de Galien 78, 132
Visualisation 153, 197
– ophtalmique 353
Ventilation 321, 399 Visuels, troubles 151, 361
Ventouse obstétricale 31, 125, 135 Vomer 93, 232, 312, 390
Vertèbre 89 Voûte crânienne 37, 125
Vésicule auditive 38 Voûte plantaire 287
Vésicule biliaire 276
Vessie 276 W
Vestibule du labyrinthe osseux 124 Wheezing 346

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