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BULLETIN ANNUEL

N°40 Avril 2020

Pygorhynchus obovatus (AGASSIZ, 1836), Turgy (Hauterivien de l’Aube). Coll. Charles Brossard

Association Géologique Auboise


Responsable du Bulletin : COLLETÉ Claude
11, rue du 11 novembre, 10300 SAINTE-SAVINE
Site Internet : http://www.assogeolaube.fr
Courriel : a.geol.aube@wanadoo.fr
ISSN 0249-0102
2

Pour l’année 2019, l’Association Géologique Auboise a eu le plaisir d’avoir le soutien de nombreux
partenaires :

DREAL Grand-Est
Conseil départemental de l’Aube
Ville de Troyes
Ville de Sainte-Savine
ANDRA
Chambre d’Agriculture de l’Aube
Champagne François Gautherot
Okénite
UNICEM

L’Association Géologique Auboise les remercie vivement.

Dépôt légal - 2ième trimestre 2020


ASSOCIATION GEOLOGIQUE AUBOISE
11 rue du 11 Novembre 10300 SAINTE-SAVINE

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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SOMMAIRE N°40

Bureau et conseil d’administration de l’A.G.A. pour l’année 2019 p. 4

Éditorial du Président p. 5

Les activités pour l’année 2019 p. 6

Nouvelle découverte de Pygorhynchus obovatus


(AGASSIZ, 1836) oursin de l’Hauterivien de l’Aube p. 7

Le stratotype de limite (GSSP) de l’étage Hauterivien


(Crétacé) : le site de La Charce (Drôme, Sud-Est France) p. 12

La grotte du Foulon : un piège à éviter p. 33

L’Anthropocène : question géologique ou sociétale ? p. 35

Tour de France 2019


Aide au commentaire géologique
p. 41

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BUREAU ET CONSEIL
D'ADMINISTRATION DE L'ASSOCIATION
GÉOLOGIQUE AUBOISE POUR 2019

Président Marc THONON


Vice-Président René JAFFRÉ
Vice-Président Gérard PIERRE
Secrétaire général Claude COLLETÉ
Trésorière Géraldine COLLETÉ
Conseillers Jean-Baptiste ANDRY
Charles BROSSARD
Bertrand DESANLIS
Claude FRICOT
Joël MATRION
Rodolphe TOUCH

Siège social :
3 rue Royale 10600 VILLACERF

Lieux de réunion :
Espace 12, 72 avenue Gallieni 10300 SAINTE-SAVINE
11 rue Jeanne d'Arc 10000 TROYES

« Lors de leurs recherches personnelles, les membres de l'A.G.A. se feront toujours un


devoir de respecter les sites et le matériel présent.
Les prélèvements d'échantillons seront toujours effectués avec modération et sans esprit de
destruction dans le but d'aider les recherches scientifiques et de favoriser la mise en valeur
ou la conservation du patrimoine naturel.
Extrait du règlement intérieur : ... Toute vente de spécimens, récoltés ou non dans le cadre des
sorties de groupe, est interdite aux membres de l'association sous peine d'exclusion
immédiate...
L'association remercie les propriétaires et les exploitants qui faciliteront les recherches du titulaire
de cette carte. »

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ÉDITORIAL DU PRÉSIDENT

La sortie du bulletin N° 40 dans cette période de mise en quarantaine est purement fortuite mais ce
bulletin restera surement dans nos mémoires comme celui qui coïncide avec le temps où nos envies
de sortir sont contrariées. Un comble pour les arpenteurs incorrigibles que nous sommes !
Pour ce numéro anniversaire, nous avons révisé la mise en page avec l’objectif premier de faciliter
le travail de ceux qui y participent et de laisser plus de place aux images.

Nous sachant confinés, Claude Colleté nous a gâté avec 64 pages de délices paléontologiques,
minéralogiques, d’histoires de clou doré et de fraudes touristiques qui n’échappent pas aux veilleurs
avertis.
Un bulletin avec un focus particulier sur l’Hautérivien ; cet étage peu puissant en épaisseur dans
l’Aube, mais d’une grande richesse paléontologique, a encore beaucoup de secrets à lever, comme
le prouve cette découverte d’un oursin rarissime dans notre département. Cet article nous rappelle
que chacun d’entre nous peut participer à l’amélioration de la connaissance scientifique. A vos
marteaux donc… dès que nous en aurons de nouveau le droit…
Fidèle au bucolisme géologique, ce numéro vous emmènera dans le pays où il fleure bon les
fromages les plus odoriférants de France, signe d’un sous-sol riche : les Flandres, pour rejoindre
une autre forme de « mine » celles du Massif de Belledone, puis notre Dame de fer.
Un tour « en » France en 22 jours sous la verve experte et malicieuse de Patrick de Wever.

Un grand merci à Claude Colleté pour ce beau travail de coordination et à tous les participants
directs et indirects sur le contenu des articles ; vous nous réunissez tous dans la lecture et
entretenez nos passions.
Encore un petit peu de patience certains fossiles ont attendu dans l’Aube plus de 100 millions
d’années pour nous faire des signes, nous pouvons attendre à notre tour encore quelques semaines
pour leur répondre.
Bon voyage dans les mots et les images.

Marc THONON

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LES ACTIVITÉS POUR L’ANNÉE 2019


• Dimanche 13 janvier Assemblée générale 2018
• Mardi 19 février Mise en place de la convention partenariale avec le Museum
de Troyes
• Samedi 23 février Conférence par Claude Colleté à la Maison de la Science sur
l'échelle des temps géologiques, historique de sa création et les
changements de vocabulaire
• Dimanche 10 mars Sortie à Pel-et-Der dans les niveaux de craie du Cénomanien
• 21, 22 et 23 mars Participation de l’AGA aux 3èmes Rencontres Amateurs
Professionnels en Sciences de la Terre à l’Université de Bordeaux
• Du 10 avril au 6 juillet Exposition « Des Tufières en Champagne ? » à la Maison de la
Science à Ste-Savine
• Samedi 13 avril Sortie dans les calcaires du Tithonien à Puits-et-Nuisement
• 26, 27 et 28 avril Participation de l’A.G.A. aux XXVIII Rencontres Géole 2019 de
la Société Géologique de France à Le Vernet-Chaméane en Auvergne.
• Dimanche 5 mai Journée en bus ouverte au public « Du paysage à l’histoire
géologique de l’Aube en passant par les roches et les fossiles ? »
• Samedi 11 mai Conférence de Claude Colleté sur « L’eau sur et sous Terre dans
l’Aube » à la Maison de la Science
• 30 mai - 2 juin Excursion géologique de l'A.G.A. dans le Quercy et le Lot (46)
• Ve 14-Sam 15 juin Conférences de Patrick de Wever « La biodiversité au cours des
Temps géologiques » à l’Andra et à la Maison de la Science
• Dimanche 23 juin Sortie dans les Ardennes dans l’Albien, l’Oxfordien et le Bathonien
• Mardi 2 juillet Une journée d’Ateliers sur les Fossiles à l’école de Vaux-sur-Blaise (52)
• Samedi 13 juillet Sortie initiation à Bérulle « Craie, silex, argile du Pays d'Othe » avec
le Centre initiation à l'environnement d'Othe et Armance
• Samedi 3 août Sortie à la recherche de silex à Chennegy
• Dimanche 4 Août Exposition « la craie, les silex et les marcassites » à Chennegy.
• Ve 23-Sam 24 Août Levée de coupe dans la carrière du Tithonien de Coussegrey
• Samedi 7 Septembre Sortie à Belmont dans les niveaux de l'Aalénien et Toarcien
• Dimanche 8 septembre Stand-exposition au Forum des associations de Sainte-Savine
• Dimanche 22 septembre Sortie au Chanet vers Magny-Fouchard dans les niveaux de l’Hauterivien
• Dimanche 6 octobre Sortie vers Bérulle pour rechercher des silex
• Samedi 12 octobre Fête de la Science - Recherche et initiation aux fossiles autour de Bar-sur-
Seine avec la Médiathèque de Bar-sur-Seine
• Vendredi 8 novembre Conférence d’Erwan Hamard « Construire en terre crue aujourd’hui »
au Musée d’Art moderne à Troyes
• Dim.12 janvier 2020 Assemblée générale 2019

Permanence de l'association : le premier samedi de chaque mois de 14h à 16h au local


(adresse : 72, avenue Gallieni - 10300 Sainte Savine)

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NOUVELLE DÉCOUVERTE DE PYGORHYNCHUS


OBOVATUS (AGASSIZ, 1836) OURSIN DE
L’HAUTERIVIEN DE L’AUBE
Par Claude FRICOT

Résumé
Cet oursin, rarissime dans le département a été trouvé en 2017 à Turgy (Aube) par Charles
Brossard, un des plus anciens membres à l’AGA, lors d’une prospection systématique dans le sud-
ouest du département. La rareté de cet oursin, sa bonne conservation et sa localisation précise font
qu’il m’a paru utile d’en faire sa description. G. Cotteau dans la Paléontologie française1 et en 1864
dans son « Catalogue raisonné des Échinides fossiles du département de l’Aube »2 l’a décrit sous
le nom de Botryopygus obovatus d’ORBIGNY, 1855. Le spécimen cité par Cotteau provenait du
gisement de Marolles-sous-Lignières (Aube).

Localisation
L’affleurement de Turgy (Aube) montre le contact Jurassique-Crétacé. Après un banc de calcaire
massif tithonien à surface perforée, les premiers niveaux de l’Hauterivien se montrent sous forme
de blocs de calcaires argileux jaunâtres3 centimétriques alternant avec des niveaux plus argileux
(fig. page suivante). Un enrichissement progressif en calcaire rend visible des bancs mieux
individualisés quand on « monte dans la série ». L’érosion en surface par les intempéries ou les
labours dans les champs environnants mettent à jour ces calcaires de l’Hauterivien inférieur (zone
à Acanthodiscus radiatus).

Description
État : L’oursin est complet, avec une face apicale légèrement convexe à l’apex et avec une face
orale concave. La dépression s’accentue autour de la bouche (péristome). Le test est conservé avec
à certains endroits sa discrète granulation d’origine. Le test présente une fissure dans sa partie
antérieure qui le fragilise, ce qui empêche un dégagement plus poussé de la partie orale. Cette face
orale montre deux déformations mineures, un aplatissement ou plutôt un léger pincement à gauche
du péristome et un poinçonnement elliptique de 8 mm de long situé dans la partie orale antérieure
gauche. La zone péristomiale est partiellement visible en raison des fragments de roches encore
adhérents au test.

Forme et dimensions : Plus long (42 mm) que large (35 mm), sa plus grande largeur est située
au tiers postérieur (14 mm) de la longueur (fig. 1a). L’ambitus est arrondi et la face convexe rejoint
la face concave en formant un angle obtus, (sauf au niveau du pincement). Sa hauteur à l’apex est
de 16 mm (fig. 1c).

Appareil apical : L’appareil apical est de type compact, en partie masqué par la roche. On
distingue malgré tout deux des plaques ocellaires et la plaque génitale perforée : la madréporite (fig.
1d). Les autres plaques génitales sont masquées.

1
D’Orbigny Alcide, 1840-1857 Paléontologie française, terrains crétacés, tome 6, n°2230, p.335, pl. 929.
2
Cotteau Gustave, 1865, Catalogue raisonné des Échinides du département de l’Aube, Société académique Aube, Troyes.
3
Voir Colleté Claude, Le contact Jurassique-Crétacé dans une petite carrière à Turgy (Aube), compte-rendu de la sortie de l’AGA du 21
octobre 2018 in Feuillet trimestriel de l’AGA, n° 126, p. 6-8, 2019.
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COUPE LITHOLOGIQUE DE LA CARRIERE DE TURGY (AUBE)


Levée par Claude Colleté avec J.-B. Andry, R. Jaffré, G. Pierre & J.-M. Tisserand - 4 août
2017

Sommet du dernier banc calcaire tithonien avec


des terriers en surface et traversant
le calcaire sur 20 à 30 cm

Coupe lithologique du contact Jurassique-Crétacé observé à Turgy en 2017, Colleté C. 2019 3

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Les zones ambulacraires : Elles sont subpétaloïdes se fermant puis s’évasant à l’approche de
l’ambitus (fig. 1e, 1f). Les zones porifères sont composées de deux rangées de pores allongés, les
externes plus grands que les pores internes. Les pores internes sont disposés en formant un angle
avec l’axe des pores externes correspondant. Chaque pore extérieur est relié à un pore intérieur
par un canal. Chaque paire de pores est séparée du suivant par un léger bourrelet supportant
plusieurs petits granules à peine visibles à la loupe binoculaire. L’intervalle séparant les deux zones
porifères de la zone ambulacraire est légèrement renflé et granuleux.

Forme et position de l’anus (périprocte) : De forme ovoïde presque quadrangulaire voire


pentagonal, allongé dans la longueur du test et légèrement oblique par rapport à l’axe de la
longueur, il est positionné à l’ambitus, 1/3 sur la face supérieure (apicale, adorale), 2/3 sur la face
inférieure (orale-aborale). Son pourtour est légèrement renflé formant un bourrelet (fig. 1b).

La face orale : Déprimée (fig.1b), elle montre la présence d’un floscelle. Cinq bourrelets
péristomiaux séparent les zones porifères aboutissant au péristome. Les zones ambulacraires
contenant les zones porifères se logent dans une dépression relative du test constituant les
phyllodes. Bourrelets et phyllodes forment le floscelle (fig. 1h). A l’approche du péristome les pores
des zones porifères montrent une raréfaction et une désorganisation de la position des pores.

Synonymie
Autrefois appelé
Catopygus obovatus L. AGASSY 1836 par Agassiz dans sa description originale, puis
Botryopygus obovatus, d’ORBIGNY, 1855., n°21, p. 46 in Cotteau 1865 déjà cité.

Classification4 et Bibliographie5
Phylum Echinodermata
Classe Echinoidea
Ordre Cassiduloida
Famille Nucleolitidae 6
Genre Pygorhynchus
Espèce Pygorhynchus obovatus
Nom Pygorhynchus obovatus (AGASSIZ, 1836)

Conclusion
Si les objectifs de la recherche universitaire ont évolué, il n’en reste pas moins que le rôle de
l’amateur, observateur de terrain permet de renouveler les données et les collections pour peu que
le lien avec les professionnels soit toujours fonctionnel. Une belle découverte que cet oursin toujours
qualifié de rare dans la bibliographie. Cette rareté est-elle due au nombre d’individus vivants de
cette espèce ? ou bien est-elle due aux conditions de fossilisation ? ou bien encore est-elle due à
un environnement peu favorable en lien avec la transgression hauterivienne ? ou bien... ? à suivre...

Remerciement
Je tiens particulièrement à remercier Charles Brossard qui depuis de nombreuses années nous fait
part de ses découvertes échinologiques7 et n’hésite pas à nous les confier pour photographies et
description. En ce sens, Charles Brossard incarne fidèlement les valeurs que l’AGA a promu dès sa
création en 1970 (officiellement en Janvier 1971).

4
https://science.mnhn.fr/institution/mnhn/collection/f/item/a21681?lang=fr_FR, consulté en février 2019.
5
http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/echinoid-directory/taxa/taxon.jsp?id=548 consulté en février 2019.
6
serait actuellement rangé dans la famille des Pygaulidae (voir site précédent).
7
Pygurus sp. Bulletin de l’AGA, n° 35, p. 35.
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GLOSSAIRE ET PRECISIONS
(Pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la terminologie des oursins irréguliers)

Test ou thèque : structure propre aux échinodermes constituant le squelette sur lequel viennent s’attacher
les organes. Les plaques calcaires du test contiennent également une partie du derme.
Péristome : bouche.
Périprocte : anus.
Apex : partie la plus élevée du test (ne correspond pas forcément à l’emplacement de l’appareil apical).
Appareil apical : ensemble de plaques percées d’un orifice dans lequel débouche, soit le système aquifère
interne (Plaques ocellaires au départ des zones ambulacraires), soit le système reproducteur de libération
dans l’eau de mer des spermatozoïdes ou ovules, la fécondation étant externe (Plaques génitales).
Face orale : contient le péristome quand il est situé en position infère (sous la ligne marginale).
Face aborale : contient le péristome.
Face adorale : à l’opposé de la face aborale.
Face apicale : contient l’apex et l’appareil apical.
Ambitus ou zone marginale : partie latérale faisant la séparation entre face apicale et face orale, souvent la
partie la plus large du test.
Vue coronale : vue du profil de l’ensemble des plaques du test (la « couronne »).
Plaques du test : nommées selon leur position dans le test ou d’après leurs fonctions (apicales, ocellaires,
génitales, madréporite, ambulacraires, interambulacraires, porifères...).
Zones ambulacraires : au nombre de 5, elles contiennent les zones porifères.
Zones porifères : deux fois une double bande de pores qui traversent le test pour laisser passer des
excroissances de l’appareil aquifère interne expansions spécialisées dans la respiration face apicale et dans
le déplacement, le nettoyage ou la défense plutôt à la face orale.
Zones interporifères : zones situées entre les zones porifères.
Zones interambulacraires : au nombre de 5 également en alternance avec les zones ambulacraires.
Symétries : bilatérale d’origine, de type 5 surajoutée, caractéristiques du phylum des Echinodermata et
parfois peu visible dans certaines classes du Phylum.
Tubercules : réduits à l’état de granulations plus ou moins évidentes chez les oursins irréguliers, ils
supportent les soies.
Radioles : piquants ou « soies », supportés par les tubercules.

ORIENTATION DU TEST D’UN OURSIN IRREGULIER (PRESENTE UNE


SYMETRIE BILATERALE GAUCHE-DROITE)
• Repérer la plaque madréporique ou madréporite (percée de nombreux petits trous, parfois seulement
visibles à la loupe) ;
• Orienter le test en plaçant la madréporite en haut à droite ;
• La plaque génitale la plus à droite, donc vers le bas est la plaque I et le comptage se fait dans le sens
inverse des aiguilles d’une montre : La madréporite est la plaque II, puis à gauche de l’axe de symétrie
en haut la plaque III, la Plaque IV et la V à nouveau de l’autre côté de l’axe de symétrie. La numération
des plaques ocellaires se fait de la même façon.

LEGENDE DE LA PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE


1a - vue apicale (x1)
1b - vue orale (x 1,1)
1c - vue coronale ou ambitale (x 1,1)
1d - détail de l’appareil apical (x. 2)
1e - détail de la zone ambulacraire IV (x 5)
1f - vue de la partie subpétaloide de la zone ambulacraire IV (x. 3,5)
1h - détail de l’organisation des pores de la zone ambulacraire IV au niveau de la floscelle entourant
le péristome (x 2)
1f - la zone ambulacraire III (impaire) vue des zones porifères (x 5)

Photos de Claude Fricot.

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LE STRATOTYPE DE LIMITE (GSSP) DE L’ÉTAGE


HAUTERIVIEN (CRÉTACÉ) : LE SITE DE LA CHARCE
(DROME, SUD-EST FRANCE)
Par Stéphane REBOULET8

Introduction
Cet article fait suite à la récente ratification, en Décembre 2019, du stratotype de limite ou « GSSP »
(Global Boundary Stratotype Section and Point) de l’étage Hauterivien par l’Union Internationale des
Sciences Géologiques (International Union of Geological Sciences = IUGS), et auparavant, en
Décembre 2014, de l’inauguration de L’Espace Naturel Sensible (ENS) du Serre de l’Âne (commune
de La Charce, Drôme, France ; Photo 1) qui valorise et protège la coupe géologique de La Charce,
étant alors la seule coupe candidate au GSSP pour représenter l’étage. Les deux aspects (GSSP
et ENS) seront traités dans cet article pour relater les événements de cette aventure géologique, au
niveau international et à l’échelle locale. Beaucoup de noms sont donnés dans ce manuscrit afin de
bien illustrer que la réalisation de l’ENS et du GSSP est le fruit du travail de plusieurs équipes
réunissant de nombreuses personnes venant d’horizons divers ; en espérant n’avoir oublié
personne…

Photo 1 : Le village de La Charce


(Drôme) vu depuis le site du Serre
de l’Âne - @ S. Reboulet.

1 - L’étage Hauterivien : le stratotype de limite et le clou d’or (GSSP)

1-1. Notions de stratotype

L’Hauterivien a été introduit par Renevier (1874). La définition de cette unité


chronostratigraphique était basée sur des affleurements géologiques situés dans la région
d’Hauterive (Neuchâtel, Suisse). Ils constituent un ensemble de formations rocheuses dont la
succession définit une coupe-type ou stratotype d’unité qui sert d'étalon pour la définition et
l'identification de l'unité stratigraphique dans sa totalité. Elle comprenait à l’origine trois formations :
la « Marne jaune de Morteau à Ammonites astierianus », la « Marne bleue d’Hauterive à

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Laboratoire de Géologie de Lyon (LGL), Observatoire de Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1
Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020
13

Ammonites radiatus » et la « Pierre Jaune de Neuchâtel » ; Baumberger (1901) apporta une


modification en intégrant la Marne à A. astierianus dans le Valanginien.
La région d’Hauterive est apparue insatisfaisante du fait de la mauvaise succession des
formations sédimentaires, et la nature condensée et lacunaire de certaines parties de la série
stratigraphique ; de plus, le faciès néritique de ces séries pauvres en ammonites ne permettait pas
de faire des corrélations fiables à grande échelle. Ainsi, dès la fin du 19ème siècle, les auteurs
français ont préféré étudier et utiliser les séries subpélagiques du bassin du Sud-Est de la France
(domaine vocontien) où les coupes sont plus dilatées et relativement continues. Le développement
d’une approche moderne de l’étage Hauterivien est notamment due à Kilian (1888 ; 1895), Lory
(1898) et Paquier (1900) qui ont étudié ces séries alternantes calcaires-marnes. Leur richesse en
ammonites a permis de faire évoluer la définition de l’étage d’une conception originelle
lithostratigraphique vers une conception biostratigraphique (en termes de zones d’ammonites). La
recherche d’une coupe à valeur stratotypique, un hypostratotype (coupe de référence décrite dans
un autre bassin que celui du stratotype initial), pour représenter l’Hauterivien dans son ensemble a
été formalisée lors du Colloque sur le Crétacé de Lyon (1963). Depuis, même si quelques coupes
ont été recommandées, aucune n’a été sélectionnée pour devenir un hypostratotype.
Le stratotype d’unité est aussi le stratotype historique car par convention, afin de respecter le
principe d’antériorité, il était recommandé de prendre pour référence la coupe-type choisie par la
personne ayant créé l’étage. La localité du stratotype historique donne le nom de l’étage. En effet,
les noms d’étage ont une origine géographique comme un village, une ville, un département ou
une région ; ainsi le nom d’Hauterive a donné le nom Hauterivien pour ce 3ème étage du Crétacé
inférieur (bien souvent, on ajoute le suffixe “ien” au nom de la localité). La région stratotypique
neuchâteloise conserve donc toujours un intérêt scientifique comme l’illustrent assez récemment
les travaux de Busnardo et Thieuloy (1989 ; cf. Remane (1989) pour l’approche historique). Au vu
des nouvelles connaissances biostratigraphiques, ils démontrent notamment que les formations
Marne bleue d’Hauterive et Pierre Jaune de Neuchâtel ne représentent pas en réalité tout
l’Hauterivien mais correspondent seulement à l’Hauterivien inférieur.

Au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle, il est apparu illusoire de vouloir trouver la
coupe-type idéale pour représenter la totalité d’un étage ; le stratotype d’unité parfait n’existe pas.
En effet, une coupe à elle seule ne présente pas toutes les conditions de continuité dans les
enregistrements sédimentaires et fossilifères pour toute la durée de temps correspondant à l’étage
(quelques millions d’années). C’est pour cela que, dès le début des années 1970, le concept de
stratotype de limite (GSSP) va émerger et s’imposer. Dans cette approche, l’étage est défini par la
caractérisation de sa base ; son sommet étant défini par la base de l’étage surincombant. La durée
d’une unité chronostratigraphique est donc caractérisée à partir des deux limites, inférieure et
supérieure, de l’étage, et ceci même si elles ne se sont pas sur la même coupe ou région.
Afin de bien définir la limite basale de l’étage, il est cependant nécessaire de choisir une coupe
montrant la meilleure continuité sédimentaire possible sur l’intervalle stratigraphique encadrant
cette surface. La caractérisation de la base de l’étage se fait par l’identification de plusieurs
marqueurs (biologiques, géochimiques, géophysiques) ; ils ne sont pas obligatoirement associés à
cet horizon mais peuvent être localisés juste en-dessous ou au-dessus. L’ensemble des caractères
sédimentologiques, minéralogiques, géochimiques magnétiques et biologiques (micro/macro-
faune/flore) va également permettre de corréler la limite sur de grandes distances ; de par son
statut de référence internationale, il est indispensable que le stratotype de limite fournisse des
possibilités de corrélation à l’échelle mondiale. Une étude pluridisciplinaire aboutissant à une
stratigraphie intégrée est donc indispensable. Par convention et par commodité, un de ces
marqueurs deviendra le premier marqueur pour définir la base de l’étage. Ce marqueur est le repère
précis pour fixer la limite inférieure de l’unité chronostratigraphique. Il est symbolisé par le « clou
d’or » (golden spike).

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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Les stratotypes de limite constituent une avancée majeure car ils fournissent une définition
claire et précise des étages dont la succession constitue l’échelle chronostratigraphique. Ils ne
remplacent pas les stratotypes d’unité (et les hypostratotypes) qui ont pour utilité de représenter
l’étage dans son ensemble (sa durée), même si c’est de manière imparfaite à cause des problèmes
de continuité (NB : néanmoins, d’une manière générale, la présence d’importantes discontinuités
basale et sommitale au niveau des stratotypes historiques en faisait des unités bien
reconnaissables par rapport à celles sous- et sus-jacentes). Le stratotype historique sera toujours
la référence pour porter le nom de l’étage. Il y a donc complémentarité.

1-2. Historique de la proposition à la ratification


Dans le cas de l’Hauterivien, la coupe de La Charce (Fig. 1) fournissait tous les critères
géologiques évoqués précédemment pour être ratifiée par l’IUGS comme stratotype de limite ; il
faut donc souligner ici que sa valeur intrinsèque n’a pu être démontrée que par les nombreuses
études scientifiques réalisées depuis plus de 40 ans. En effet, ce site géologique est très bien
documenté sur différents plans. De nombreux travaux en paléontologie et biostratigraphie ont été
faits (listes non exhaustives) sur l’intervalle Valanginien-Hauterivien : ammonites (Thieuloy, 1977 ;
Reboulet, 1991 ; 1996 ; 2008 ; Reboulet et al., 1992 ; Bulot et al., 1993 ; Bulot, 1995 ; Bulot et
Thieuloy, 1995 ; Reboulet et Atrops, 1997 ; 1999), bélemnites (Janssen et Clément, 2002), traces
fossiles (Gaillard, 1984 ; Gaillard et Jautée, 1987 ; Olivero, 1996 ; Gaillard et Olivero, 2009),
foraminifères (Moullade, 1966 ; Magniez-Jannin, 1992 ; Magniez-Jannin et Dommergues, 1994),
radiolaires (Lambert, 1999) et nannofossiles calcaires (Thierstein, 1973 ; Gardin, 2008 ; Mattioli et
al., 2014 ; Gollain et al., 2019). Les données et résultats sédimentologiques, cyclostratigraphiques,
géochimiques et paléomagnétiques sont aussi disponibles (Cotillon et al., 1980 ; Ferry et al., 1989 ;
Ferry, 1991 ; Hennig et al., 1999 ; van de Schootbrugge et al., 2000 ; Gréselle, 2007 ; McArthur et
al., 2007 ; Greselle et al., 2011 ; Kujau et al., 2013 ; Bodin et al., 2015 ; Martinez, 2013 ; 2018 ;
Martinez et al., 2015).

Fig. 1 : Localisation du site de La Charce Drôme, France).

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


15

Au vu de l’insuffisance reconnue (cf. médiocrité des affleurements, lacune stratigraphique


et condensation) du stratotype historique et considérant les recommandations du Guide
Stratigraphique International (Hedberg, 1976), Thieuloy (1977, p. 125) fut le premier auteur a
proposé la coupe de La Charce (site du Serre de l’Âne) comme stratotype de limite pour l’étage
Hauterivien. En effet, cet auteur avait déjà remarqué la bonne continuité lithologique et la richesse
en ammonites de l’intervalle stratigraphique encadrant la limite Valanginien-Hauterivien. Il a publié
un travail biostratigraphique de référence sur les faunes d’ammonites de la coupe de La Charce et
sur d’autres coupes du Sud-Est de la France.

Aucune autre coupe n’ayant été proposée ailleurs dans le monde comme alternative, le
groupe de travail sur l’Hauterivien, réuni en 1995 à Bruxelles (Belgique), a recommandé la coupe
de La Charce comme coupe candidate au GSSP de cet étage (Mutterlose et al., 1996). Lors du
Congrès Géologique International de Florence (Italie, 2004), Peter Rawson (2004), en sa qualité
de président de la Sous-commission Internationale de Stratigraphie du Crétacé de l’IUGS, suggère
d’attribuer le GSSP Hauterivien à la coupe de La Charce (Ogg et al., 2004).
Suite à cela, certains membres du groupe de travail sur l’Hautervien (présidé par Jörg
Mutterlose) ont été en charge de rédiger une proposition formelle, ou « formal proposal », dans
laquelle est présentée l’ensemble des caractères stratigraphiques de la coupe et le choix du
premier marqueur qui servira à définir la base de l’étage. Une douzaine de chercheurs ont contribué
à la réalisation de ce document de synthèse sous la co-direction de Bulot, Mutterlose, Rawson et
Reboulet (Bulot et al., 2019). En mars 2019, ce document a été sousmis à l’ensemble des membres
du groupe de travail sur l’Hauterivien ; en avril, il était largement approuvé. Après avoir intégré des
corrections suggérées par certains membres de ce groupe, le proposal a ensuite été transmis en
août à la Sous-commission Internationale de Stratigraphie du Crétacé (présidée par Maria Rose
Pettrizo) ; à la rentrée de septembre, il était là aussi accepté par la plupart de la vingtaine de
membres votants élus à cette sous-commission. Certains d’entre eux ont fait des remarques qui
ont été considérées avant d’envoyer à la mi-septembre le proposal à la Commission Internationale
de Stratigraphie (présidée par David Harper) ; fin novembre, nous étions informés qu’elle avait voté
à l’unanimité le choix de la coupe de La Charce. La dernière étape a été réalisée début décembre
2019 avec la ratification à l’unanimité, par l’IUGS (Stanley Finney, secrétaire général), du GSSP
Hauterivien assigné définitivement à la coupe de La Charce en considérant que la base de cette
unité chronostratigraphique est définie par l’apparition du genre Acanthodiscus.

1-3. Lithologie et biostratigraphie de la coupe de la Charce


La colonne lithologique du Valanginien supérieur-Hauterivien inférieur de La Charce est
décrite de façon détaillée par Reboulet (1996 ; 2008) et Reboulet et Atrops (1999). La succession
est une alternance calcaires-marnes (Photo 2). Elle correspond à une répétition décimétrique à
métrique de cycles binaires de bancs calcaires beiges et d’interbancs marneux gris. Cette
rythmicité est parfois perturbée par des slumps (glissements synsédimentaires). La succession
lithologique est dominée par les marnes dans le Valanginien supérieur et par les calcaires dans
l’Hauterivien inférieur. La sédimentation est interprétée comme le résultat de cycles de production
du nannoplancton causés par des fluctuations climatiques dans la bande de fréquence de
Milankovitch (Cotillon et al., 1980 ; Giraud, 1995) ou comme le résultat de cycles de dilution liés à
l’export de boues carbonatées des plates-formes peu profondes vers le bassin plus profond
(Reboulet et al., 2003 ; Gréselle et al., 2011).

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Photo 2 : La série alternante calcaires-marnes de la coupe de La Charce : à dominante calcaire pour l’Hauterivien inférieur et à
dominante marneuse pour le Valanginien supérieur ; la limite entre ces deux étages est soulignée par le trait rouge - @ S. Reboulet.

La coupe de La Charce est bien datée par l’étude des ammonites (Fig. 2) ; elles représentent
la quasi-totalité de la macrofaune (Reboulet et al., 1992 ; Atrops et Reboulet, 1995 ; Reboulet,
1996 ; Reboulet et Atrops, 1999 ; voir ces travaux pour connaître la nomenclature complète des
taxons utilisés ici). Les autres macrofossiles nectoniques sont des bélemnites et quelques nautiles.
Les bivalves et gastéropodes sont rares.

Plus de 15000 ammonites ont été collectées banc par banc, sur une épaisseur de 170 mètres de
coupe (Reboulet, 1996). Neuf familles sont à considérer dans l’intervalle stratigraphique étudié. Les
renouvellements de la faune d’ammonites, principalement caractérisés par l’évolution des
Neocomitidae, Olcostephanidae, Oosterellidae, Holcodiscidae et Ancyloceratidae, ont été
interprétés en termes de changements eustatiques et climatique (Atrops, 1995 ; Reboulet, 1996).

La plupart des espèces-indices utilisées dans la zonation appartiennent aux deux premières
familles citées. Les assemblages d’ammonites sont souvent dominés par les Haploceratidae,
Bochianitidae, Phylloceratidae, et Lytoceratidae ; leur abondance témoigne de paléoenvironements
plutôt profonds et/ou distaux (Reboulet, 1996).

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Fig 2 : La Charce, distribution des ammonites (modifiée d’après Reboulet et Atrops, 1999) et Zonation Standard (d’après
Reboulet et al., 2018)..

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Les subdivisions biostratigraphiques du Valanginien supérieur-Hauterivien inférieur reflètent


l’évolution de la faune d’ammonites (Reboulet et Atrops, 1999). Le schéma zonal du Valanginien
supérieur proposé par ces auteurs a été adopté par le Groupe Kilian (= Lower Cretaceous Ammonite
Working Group of the IUGS Subcommission on Cretaceous Stratigraphy) lors de la réunion tenue à
Lyon en 2002 (Hoedemaeker et al., 2003), et maintenue dans la Zonation Standard du Crétacé
inférieur lors des réunions suivantes (Reboulet et al., 2006 ; 2009 ; 2011 ; 2014 ; 2018 ; Tab. 1).

La zonation du Valanginien inférieur a été en partie modifiée en 2013 lors de la réunion d’Ankara
(Reboulet et al., 2014).

Tab. 1 : La Zonation Standard développée par le Groupe Kilian pour les étages Valanginien et Hauterivien
(d’après Reboulet et al., 2018).

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1-4. La zone à Acanthodiscus radiatus et le clou d’or du GSSP Hauterivien


La création de la zone à Acanthodiscus radiatus est très ancienne. Son auteur, Paquier
(1900), en faisait une sous-zone de la zone à « Crioceras duvali » : sous-zone à Hoplites
castellanensis et H. radiatus, ainsi libellée p. 126 de son mémoire, mais ces taxons seront
présentés dans un ordre inverse dans son tableau p. 143. C’est cette deuxième présentation qui
sera vulgarisée par Kilian et les auteurs suivants prendront l’habitude de ne citer que le premier
taxon du binôme, H. radiatus. Lorsque Thieuloy (1977, p. 125) formalise sa proposition de limite
Valanginien-Hauterivien à partir de la localité type de La Charce, il fait coïncider la base de
l’Hauterivien avec la base de la zone à A. radiatus, elle-même définie par les premiers
représentants du genre Acanthodiscus. Lors des premier (Copenhague, 1983) et second
(Bruxelles, 1995) Symposiums Internationaux sur le Crétacé, il a été recommandé de positionner
la base de l’étage Hauterivien à la première apparition du genre Acanthodiscus (Birkelund et al.,
1984 ; Mutterlose et al., 1996). La proposition a été reportée dans le « Geologic Time Scale 2004 »
(Ogg et al., 2004) et adoptée par le Groupe Kilian (Reboulet et al., 2009).
Reboulet (1996, p. 263) est aussi en faveur de cette définition de la zone à A. radiatus. Cet
auteur défend l’hypothèse que le genre Acanthodiscus correspond probablement à une espèce
biologique caractérisée par une très large variabilité intraspécifique (forme et taille, dimorphisme y
compris) qui s’exprime par de nombreux transients (cf. espèces typologiques) aussi bien au niveau
des macroconches (A. radiatus, Acanthodiscus rebouli, Acanthodiscus vaceki, Leopoldia
leopoldina) que des microconches (Breistrofferella peyroulensis, Breistrofferella castellanensis and
Breistrofferella varappensis ; Reboulet, 1996 ; 2002 ; voir aussi Goguel, 1940 pour sa conception
du genre Acanthodiscus). En conséquence de cette interprétation, lorsqu’Acanthodiscus est très
rare ou même absent dans certaines coupes des paléoenvironnements profonds, la
reconnaissance de la zone à A. radiatus est alors possible par l’utilisation de Breistrofferella qui y
est généralement abondant.
Lors de la rédaction du proposal, l’équipe a adopté les recommandations faites
antérieurement. Le Clou d’Or qui symbolise la base de l’étage Hauterivien (= base de la zone à A.
radiatus) est positionné à la base du banc LCH 189 (Fig. 2 ; Photo 3) de la coupe de La Charce
avec la première apparition d’Acanthodiscus rebouli (Photo 4A) récolté dans le banc LCH 189 par
Reboulet (1996). Le premier A. radiatus (Photo 4B) a été enregistré dans le banc LCH 193 (Fig. 2).

Photo 3 : Coupe de La Charce


avec le passage Valanginien-
Hauterivien mis à la base du banc
LCH 189 (in Reboulet, 1996 ;
base de l’Hauterivien) –
@ S. Reboulet.

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Photo 4 :
A- Acanthodiscus rebouli, banc LCH 189 de la coupe de La Charce (cf. Reboulet, 1996, Fig. 22, p. 216).
B- Acanthodiscus radiatus, banc 208 de la coupe de La Charce, Zone à Acanthodiscus radiatus (see Reboulet, 1996,
Fig. 22, p. 216; Pl. 14, Fig. 12) - @ S. Reboulet.

Des changements dans les assemblages de la faune d’ammonites (cf. Teschenites,


Olcostephanus, Spitidiscus, Oosterella) autour de la limite Valanginien-Hauterivien permettent
aussi de bien la caractériser (Bulot, 1995 ; Reboulet, 1996 et références dans ces 2 monographies).
D’autres critères biologiques et physico-chimiques ont été aussi relevés pour constituer d’autres
marqueurs de cette limite (cf. le proposal, Bulot et al., 2019).

Plusieurs âges absolus ont été proposés pour la base de l’étage Hauterivien : 133.9 ± 2 Ma
(McArthur et al., 2007) ; 131.96 ± 1.0 Ma (Martinez et al., 2015) ; 131.29 ± 0.19 Ma (Aguirre-Urreta
et al., 2019). Dans le cadre de la synthèse « Geologic Time Scale 2016 », Ogg et al. (2016) donnent
un âge de 134,7 Ma ± 0.7 Ma ; la version GTS 2020 devrait annoncer une valeur numérique de
132.6 Ma (à confirmer lors de la parution du volume).

2 - Aménagement, valorisation et protection de l’ENS du Serre de l’Âne,


site de référence mondiale pour l’étage Hauterivien
L’Espace Naturel Sensible (ENS) du Serre de l’Âne (le 9ème du département de la Drôme) a
été inauguré le vendredi 5 décembre 2014 à La Charce ; cet événement a été relaté par la presse
locale et dans un journal géologique (Geology Today, Morton, 2015). Une centaine de personnes
étaient présentes. Parmi les élus, il y avait Didier Guillaume, qui était alors président du Conseil
Général (Départemental) de la Drôme (CG26) et sénateur, les 4 vice-présidents Bernard Buis,
Pierre Combes, Hervé Rasclard et Patrick Royannez, ainsi que Gérard Szoztak (conseiller général),
Marie-Pierre Monier (sénatrice de la Drôme), Jean Besson (ancien sénateur de la Drôme), Laurent
Haro maire de La Charce et certains membres de son conseil ainsi que d’autres élus du territoire
(maires notamment). Il y avait aussi des membres de la communauté scientifique (Luc Bulot, Camille
Frau, Nicol Morton, Stéphane Reboulet, etc.).

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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Dans leurs discours, Laurent Haro et Didier Guillaume ont fait part de leur satisfaction du
travail réalisé qui participe à accroitre la culture générale de nos concitoyens. En tant que
représentant de la communauté scientifique, Stéphane Reboulet a présenté les principaux thèmes
du parcours géologique et souligné l’intérêt du site et les enjeux de son aménagement. Ce fut
également l’occasion de remercier l’ensemble des élus du CG26 et de la mairie ainsi que les
différents services qu’ils ont sous leurs responsabilités pour leurs contributions humaines et
financières dans ce projet.

L’ENS du Serre de l’Âne, plus communément appelé ENS de La Charce, a été créé et
financé par le département de la Drôme en partenariat avec la commune de La Charce.
L’aménagement et la valorisation de cet ENS ont été principalement réalisées dans le cadre du
Comité de Pilotage (CP) du site. Il était composé de personnes appartenant à ce moment-là aux
structures suivantes :
• Le Département de la Drôme avec les services des ENS (Nicolas Gogué-Meunier, Sophie
Thomine et Florent Costa), de la Voirie (direction des Déplacements, Jean-Michel Duvert,
Jean-Yves Lalès, Albert Rey, Olivier Tourreng), de la Communication (Corinne Martinez), de la
Conservation départementale du Patrimoine (Anne-Marie Clappier), de l’Architecture et du
Patrimoine (SDAP, Laurence Brangier) ;
• Le Conseil en Architecture Urbanisme et Environnement (CAUE, Sandrine Morel) ;
• Le Syndicat Mixte des Baronnies Provençales (Aurélie Carod et Alexandre Vernin) ;
• Le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement du Vercors (CPIE ; Clémence
Aubert) ;
• l’Agence Paysage de Pierre Pierron ;
• Le bureau d’étude Itinéraire Bis (Bertrand Rétif et Sophie Rey) ;
• Le bureau d’étude de Virginie Dujeu ;
• La mairie de la commune de La Charce (Laurent Haro, maire de La Charce, Vice-Président du
Syndicat Mixte des Baronnies Provençales) ;
• Le Centre du Val d’Oule à La Motte Chalacon (directeur Gérard Szoztak, conseiller général du
canton de La Motte Chalancon) ;
• La communauté scientifique (représentée dans ce projet par Stéphane Reboulet).

Il y a eu 6 réunions du CP entre 2010 et 2012 ; elles ont lieu principalement à Valence à


l’antenne RHOVALPARC du Département de la Drôme et parfois sur le site de La Charce.
La progression du projet a également été suivi par 5 responsables du CG26 : le président Didier
Guillaume et 3 vice-présidents à savoir Hervé Rasclard chargé des Finances, Patrick Royannez
chargé de l’Environnement et Bernard Buis chargé de la voirie départementale.

L’aménagement, la valorisation et la protection du site du Serre de l’Âne se sont faits par la


création en 2012 d’un ENS pour son intérêt géologique majeur. Le site est propriété du département
de la Drôme qui a investi 1 520 000 euros sur cette opération, montrant ainsi la volonté des élus
d’élargir la politique ENS du département à la préservation du patrimoine géologique. Le
département de la Drôme et la commune de La Charce ont travaillé conjointement pour ouvrir au
public un parcours d'interprétation géologique d'un site exceptionnel et reconnu mondialement.

L’ENS du Serre de l’Âne a pour objectifs de : a) favoriser l’accueil des scientifiques et du


grand public sur l’aire aménagée permettant la découverte du site ; b) valoriser ce patrimoine
géologique et de permettre sa compréhension à un plus vaste public, allant des familles en visites
touristiques et des groupes scolaires jusqu’aux géologues académiques/universitaires ; c) accueillir
entre 5000 et 10000 visiteurs par an ; d) relier le site avec le paysage de La Charce et plus
généralement du Diois et des Baronnies en faisant référence à d’autres lieux et paysages

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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emblématiques de la région ; e) intégrer le site dans le Parc Naturel Régional (PNR) des Baronnies
provençales ; f) mener une politique de protection et de gestion du site dans son accessibilité (cf.
autorisation d’échantillonnage, etc.).

En 2008, le Département a décidé de mettre en œuvre un projet d’aménagement et de


valorisation du site géologique du Serre de l’Âne, à La Charce. Le plan d’interprétation réalisé par
le CPIE Vercors ainsi qu’une esquisse d’aménagements paysagers (Agence Paysage Pierron) ont
été réceptionnés mi-2010. Le Département de la Drôme s’est attaché à maîtriser le foncier du site
et a réalisé d’important travaux de déviation de la route départemental D 61 qui a permis de procéder
aux aménagements prévus pour l’accueil du public. Il a donc missionné le bureau d’études
« Itinéraire Bis » pour définir le projet d’aménagement et de valorisation sur les bases
programmatiques proposées par le CPIE et l’agence Paysage Pierron. Après l’intervention du
bureau d’études « Itinéraire Bis » qui s’est faite sur les années 2011-2013, le bureau d’étude
« Virginie Du Jeu» a repris la maitrise d’œuvre fin 2013 et a finalisé le projet d’interprétation début
2014. La réception des travaux (validation par le Département) s’est faite en octobre 2014.

2-1. Aménagement
L’aménagement du site a nécessité deux opérations :
a) le déplacement de la route D61 et
b) la mise en place de structure pour l’accueil du public et l’interprétation géologique du site.

a) Le déplacement de la route D61 a constitué la plus grosse partie des travaux (faits par
l’entreprise Liotard) et le coût s’élève à 1 200 000 euros.
Ce déplacement de la route a permis deux choses. Premièrement d’éviter la pose d’un
grillage destiné à limiter la chute de pierres sur la route qui passait près de la falaise/coupe.
Ce grillage aurait limité l’accès à la coupe pour son étude et aurait rendu l’échantillonnage
impossible. Deuxièmement créer un espace pour permettre un aménagement du site en vue
de sa valorisation (murets, panneaux, tables, etc.). Le déplacement de la D61 (Photo 5) s’est
fait en partie sur la rive droite de la rivière l’Oule qui passe à proximité (Photo 6). Ces travaux
ont donc été faits pour répondre aux exigences de la loi sur l’eau (avec obligation de créer
un mur de soutènement en gabions pierres pour respecter la largeur du lit mineur).

Photo 5 : Travaux de la
déviation de la route D61 ;
vue sur l’ancienne route qui
passait près de la coupe
géologique de La Charce
(Serre de l’Âne) et le tracé de
la nouvelle voie ; en arrière-
plan, la rivière l’Oule
@ S. Reboulet.

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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Photo 6 : Travaux sur les berges de la rivière l’Oule en bordure de la nouvelle route D61 ; en arrière-plan, la coupe de La
Charce - @ S. Reboulet.

b) Le coût de l’aménagement de la zone d’accueil et du parcours d’interprétation


géologique s’élève à 320 000 euros.
Le site d’accueil est ouvert au public. Il est composé d’un parking permettant de garer une
vingtaine de voitures et un car/bus et d’une aire de pique-nique avec une plantation de
jeunes arbres prélevés localement (Photo 7). Il y a un média fait de 3 panneaux disposés
en triangle (= le Triptyque, dénommé Totem) ; il présente le site (voir ci-dessous). Un petit
chemin bordant la route D61 permet aux piétons de se déplacer entre le village de La
Charce et le site géologique.
Le site d’interprétation géologique du Serre de l’Âne est composé par la Terrasse des
Grands Paysages (qui domine le site et donne une vision d’ensemble sur le paysage et le
village de La Charce), le Parcours des Temps Géologiques (qui borde la falaise/coupe) et
le Jardin des Fossiles (cf. ci-dessous pour de plus amples explications sur le contenu des
médias qui composent ce site).
Le site a été conçu pour permettre l’accès aux personnes handicapés ou à mobilité réduite
comme par exemple avec une rampe d’accès faiblement inclinée qui mène à la terrasse.
Par endroit, il y a des murets en pierre qui délimitent l’aire aménagée et qui assurent
également une meilleure sécurisation du site.

La commune se chargera de l’entretien courant et quotidien du site ; le département de la


Drôme, en tant que propriétaire, assurera les futurs travaux d’entretien plus lourds (par ex. :
renouvellement des matériels et supports de découverte, reprise éventuelle des surfaces,
aménagements complémentaires).

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Photo 7 : Vue sur le site ENS du Serre de l’Âne, avec le parking en premier plan à droite ; juste derrière, la Terrasse des
Grands Paysages ; à gauche, entre la route et la coupe géologique, il y a l’espace dédié au Jardin des Fossiles et le muret
du Parcours des Temps Géologiques - @ S. Reboulet

2-2. La valorisation
Sur le site, la valorisation se fait avec des médias/panneaux. Leur conception a été faite par
les bureaux d’études de Bertrand Rétif et Virginie Du Jeu en collaboration avec le CP et plus
particulièrement avec Stéphane Reboulet ; leur réalisation sur panneaux a été réalisé par les
entreprises Alp’com (Design, fabrication, pose), Kaliblue (graphisme) et Ducaroy-Grange (moulages
fossiles, carte en relief du Dois-Baronnies).

a) Le Triptyque ou Totem (3 panneaux de 130x70 cm).


Les objectifs sont de présenter la politique ENS du Département de la Drôme (maîtrise d’ouvrage,
propriétaire du site du Serre de l’Âne et financeur de l’aménagement et de la valorisation), de
renvoyer sur les autres sites d’intérêt géologique du PNR des Baronnies, et de visualiser
l’organisation du site.

Le Triptyque est composé de 3 parties intitulées (Photo 8) :

• Le département, gardien du patrimoine naturel : une carte du département de la Drôme


indique la localisation du nouvel ENS du site du Serre de l’Âne (La Charce) ainsi que celle
des 8 autres ENS départementaux et 12 ENS locaux (gérés par les collectivités locales avec
l’aide du département) déjà existants ;
• Les Baronnies provençales, un formidable observatoire géologique : l’histoire géologique de
cette région est expliquée brièvement et quelques sites géologiques remarquables sont
évoqués pour inviter le visiteur à les découvrir ;

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• Le site du Serre de l’Âne, un patrimoine géologique


inestimable : l’intérêt géologique est expliqué, un plan présente
les 3 zones d’interprétation géologique du site et les principaux
partenaires ayant participé à l’aménagement sont indiqués.

Photo 8 : Le Triptyque ; en arrière-plan le village de La Charce - @ S.


Reboulet.Jardin des Fossiles et le muret du Parcours des Temps Géologiques
- @ S. Reboulet

b) La Terrasse des Grands Paysages (2 panneaux horizontaux 60x250 cm).

Grâce à sa position haute, la terrasse (Photo 9)


permet une vision d’ensemble du site du Serre de
l’Âne. Elle a été conçue pour donner des clés de
lecture des paysages qui sont visibles depuis le
site. Le premier panneau intitulé Que nous dit le
paysage ? parle de relief, d’hydrographie et de
l’impact de l’homme sur son environnement
(comme le pastoralisme, le déboisement). Le
deuxième panneau intitulé D’où viennent ces
reliefs étonnants ? explique la formation des reliefs
en termes de tectonique et d’érosion
(géomorphologie) ; une carte en relief du Diois-
Baronnies est incluse dans ce panneau (Photo 10)

Photo 9 : Le Terrasse des Grands Paysages - @ S. Reboulet.

Photo 10 : Panneau D’où


viennent ces reliefs étonnants ?
@ S. Reboulet.

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c) Le Parcours des Temps Géologiques (3 panneaux 60x30 cm et 3 panneaux 60x250 cm).


Ce parcours se fait en suivant la coupe géologique (au niveau de l’alternance calcaires-marnes de
L’Hauterivien inférieur, zone à A. radiatus) dont il est séparé de la falaise par un muret en pierre qui
sécurise le déplacement des visiteurs (en limitant l’accès à la falaise où des chutes de blocs de
pierre peuvent se produire) tout en servant de support aux 6 panneaux présentés ci-dessous
(Photo 11).

Photo 11 : Le muret avec le


Parcours des Temps
Géologiques - @ S. Reboulet..

• Un premier panneau intitulé En quoi ce site est-il remarquable ? présente un géologue


(anonyme) qui va servir de guide et donner des explications du site.
• Le panneau suivant, nommé A quoi cela vous sert-il d’étudier les fossiles ? montre l’intérêt
des fossiles en biostratigraphie avec notamment une illustration de l’ammonite Acanthodiscus
dont l’apparition sert à marquer la base de l’Hauterivien.
• Dans le panneau Et l’homme dans tout çà, l’âge de la Terre est comparé à une année civile
et certains événements géologiques/biologiques (dont la base de l’Hauterivien) sont replacés
dans ce calendrier.
• Dans le panneau intitulé A quelle période a été formée ce que nous avons sous les yeux ?
l’ammonite Acanthodiscus est positionnée dans la frise des temps géologiques qui illustre les
principales étapes de l’évolution du monde vivant.
• Le panneau A quoi ressemblait le site il y a 134 millions d’années ? montre que l’étude
des roches et des fossiles permet de reconstituer des paléoenvironnements ; les processus de
fossilisation sont également expliqués.
• Dans le panneau intitulé Que sont ces bandes verticales ? le mode de formation de
l’alternance calcaire-marnes est présenté.

Ce parcours se fait en suivant la coupe géologique (au niveau de l’alternance calcaires-marnes de


L’Hauterivien inférieur, zone à A. radiatus) dont il est séparé de la falaise par un muret en pierre
qui sécurise le déplacement des visiteurs (en limitant l’accès à la falaise où des chutes de blocs
de pierre peuvent se produire) tout en servant de support aux 6 panneaux présentés ci-dessous
(Photo 11).

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Photo 12 : Plaque en acier au sol marquant Photo 13 : Panneau expliquant l’intérêt des
la limite Valanginien-Hauterivien - @ S. Reboulet stratotypes - @ S. Reboulet

d) Le Jardin des Fossiles (2 tables 120x120 cm).


Il longe le muret du Parcours des Temps Géologiques (Photo 14). Pour chacune de ces tables, il y
a des moulages en résine de fossiles (principalement des ammonites).
Sur une première table Fossiles stratigraphiques, il y a une sélection d’ammonites qui sont des
espèces-indices de zones du Valanginien supérieur (zones à S. verrucosum, N. peregrinus et C.
furcillata) et de l’Hauterivien inférieur (zones à A. radiatus, C. loryi et L. nodosoplicatum) pour
montrer que les étages sont divisés en unités plus petites, les zones (Photo 15 ; Tab. 1).
Sur une deuxième table L’étude des fossiles, il y a différentes espèces d’ammonites pour illustrer
les différences de taille, de forme et d’ornementation de groupe de céphalopodes ; il y a aussi des
bélemnites.

Photo 14 : Le Jardin des Fossiles ; au centre, vue sur les Photo 15 : Table Fossiles stratigraphiques
deux tables des fossiles ; à gauche le muret du Parcours des @ S. Reboulet.
Temps Géologiques ; à droite, la route D61 - @ S. Reboulet.

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2-3. Protection
Les pouvoirs publics ont mis en place depuis plus d’un siècle plusieurs types d’outils
juridiques pour protéger les espaces naturels : Parc Naturel National (PNN), Parc Naturel Régional
(PNR), Espaces Naturels Sensibles (ENS ; protection par la maitrise foncière ou inaliénabilité des
terrains dans le cas d’une acquisition par la taxe d’aménagement ce qui est le cas du Serre de
l’Ane), ZNIEFF (Zones Naturelles d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique), Natura 2000, Loi
littoral, Loi montagne, Préservation des zones humides (loi sur l’eau), Arrêté de protection de
biotopes et géotopes.

De par son classement en ENS, le site du Serre de l’Âne est donc de facto protégé contre
des aménagements de grande ampleur qui auraient pu être faits par les services de la voirie du
département (comme mettre un grillage pour stopper la chute de blocs sur la route qui passait à
proximité) ou par les anciens propriétaires de certaines parcelles sur lesquelles le site du Serre de
l’Âne était implanté (ce qui est maintenant impossible car le département de la Drôme est
propriétaire de l’ensemble du site).
Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, a signé le lundi 8 Décembre 2014 le décret
validant la création du PNR des Baronnies provençales. La commune de La Charce et 85 autres
communes de la Drôme et des Hautes-Alpes font parties maintenant de ce nouveau PNR, donnant
ainsi plus de moyens, financiers et juridiques, pour protéger le site du Serre de l’Âne. Ce classement
ENS, couplé à une intégration dans un PNR, est un point majeur et fût un atout très favorable en vu
du classement de la coupe de La Charce comme stratotype de limite (GSSP) pour l’étage
Hauterivien car la protection et l’accessibilité du site sont dorénavant pérennes.

Maintenant, il reste à mettre en place plus précisément une politique de protection de


l’ensemble du site (coupe géologique et panneaux) et d’autorisation d’accès à la coupe pour limiter
la dégradation des affleurements et le pillage des fossiles. Cela pourrait être réalisé via un Comité
de Gestion qui se ferait en partenariat entre le département de la Drôme, le PNR des Baronnies et
la commune de La Charce, et bien sûr en collaboration avec des scientifiques (via notamment le
comité scientifique du Parc). En effet, désormais le site sera géré conjointement par la commune
de La Charce et le Syndicat Mixte des Baronnies Provençales avec un accompagnement technique
et financier du Conseil Départemental de la Drôme, notamment via Maxime Chateauvieux qui est
actuellement le Chargé de mission Ouverture au public et Suivi de gestion des ENS du département.

Remerciement
L’auteur remercie Claude Colleté et René Jaffré (AGA), et Emmanuela Mattioli (LGL) pour
leur relecture de ce manuscrit.

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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LA GROTTE DU FOULON : UN PIÈGE A ÉVITER


par Patrick DE WEVER9
& Pierrick GRAVIOU10

Pour comprendre la nature, rien ne vaut la démonstration, la confrontation de l’objet réel : le


terrain. Pour l’enseignement, il est donc important de pouvoir organiser des visites de terrain. Quand
une organisation facilite la visite, il est normal que les enseignants en profitent avec leurs élèves et
que le touriste cherche à se cultiver.

@ P. De Wever.

La « Grotte du foulon » à Châteaudun (Eure et Loir) offre cette possibilité. Dans leur plaquette il est
mentionné (septembre 2019) :

« Grottes calcaire, naturelles [sic], creusées il y a des millions d'années par les eaux de
pluies (réseau Karstique), les Grottes du Foulon ont été habitées dès la préhistoire par l'homme
du paléolithique il y a 300 000 ans. […] Site géologique exceptionnel, véritable livre ouvert sur
l'histoire de la Terre, les Grottes du Foulon sont les seules et uniques grottes au monde où vous
pourrez observer des milliers de géodes marines géantes renfermant des empreintes d'animaux
aquatiques cristallisées en quartz et en calcédoine. […]. Rarissime sur la planète : vous pourrez y
observer sur tout le parcours de visite la fameuse strate de la disparition des dinosaures sur Terre,
il y a 66 millions d'années. Ces grottes nous réservent encore bons nombres de secrets à découvrir,
tels ces os géants »

La réalité ne correspond pas à l’annonce. On ne peut rien voir de tout cela (ni limite KT, ni
fossiles géants, ni cavité karstique…), rien que des choses banales dans une carrière de craie
souterraine.

9
Professeur émérite, Muséum national d’Histoire naturelle
10
Géologue, BRGM et Commission régionale du Patrimoine géologique, région Centre
Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020
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Cette discordance entre l’annonce et les faits a été signalée au propriétaire, par courriers et
courriels dès septembre 2016. Il leur a aussi été proposé une rencontre pour modifier une
présentation qui corresponde mieux aux faits. Courriers renouvelés en 2017, ainsi qu’à la mairie.
Depuis celle-ci a enlevé du site de la Ville, la plupart des « erreurs » (limite KT, fossiles, etc.). Mais
les propriétaires continuent de présenter le site comme ils l’entendent. Avant les lettres envoyées,
on pouvait supposer une erreur (humaine comme chacun sait). Mais depuis, il s’agit d’une
imposture.

Le problème est que cette mystification se fait aux dépends de l’enseignement et de la


culture. La plupart des faits sont détaillés sur le site de PlanetTerre (ENS Lyon) :

Visiter les grottes du Foulon (Châteaudun, Eure et Loir) avec des élèves : attention,
danger... scientifique et pédagogique ! par Pierre Thomas (Laboratoire de Géologie de Lyon /
ENS Lyon) & Olivier Dequincey - https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/grottes-Foulon.xml

Texte de la grotte, non touché :


Grottes calcaire, naturelles, creusées il y a des millions d'années par les eaux de pluies
(réseau Karstique), les Grottes du Foulon ont été habitées dès la préhistoire par l'homme du
paléolithique il y a 300 000 ans. Vous y découvrirez une exposition d'outils en silex datant de
l'âge de la pierre taillée et de la pierre polie, mis en place par la Société Dunoise d'Archéologie.
Site géologique exceptionnel, véritable livre ouvert sur l'histoire de la Terre, les Grottes
du Foulon sont les seules et uniques grottes au monde où vous pourrez observer des milliers
de géodes marines géantes renfermant des empreintes d'animaux aquatiques cristallisées en
quartz et en calcédoine. Vous y trouverez aussi toute la diversité du monde souterrain : grandes
salles, galeries, piliers, marmites géantes, diaclase... Rarissime sur la planète : vous pourrez y
observer sur tout le parcours de visite la fameuse strate de la disparition des dinosaures sur Terre,
il y a 66 millions d'années. Ces grottes nous réservent encore bons nombres de secrets à découvrir,
tels ces os géants découverts en Août 2010, ou cette vertèbre géante découverte en juin 2011...
Sur un parcours de visite de plus d'un hectare sous la ville de Châteaudun, vous y
entendrez l'histoire de l'humanité à travers les âges. Une chasse aux trésors permanente est
organisée dans les grottes, permettant aux plus petits de découvrir ces grottes de façon plus
ludique. La visite guidée se termine par l'illumination intégrale des grottes, spectacle magnifique
mettant en valeur le travail de l'eau sur la roche.

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


35

L’ ANTHROPOCÈNE : QUESTION GÉOLOGIQUE


OU SOCIÉTALE ?
par Patrick DE WEVER11

L’établissement des différentes subdivisions stratigraphiques et leur définition répondent à


des méthodes et normes très précises, gérées par des commissions de l’IUGS (International Union
of Geological Sciences), dont l’un des objectifs est d’établir des standards afin que la communauté
mondiale utilise des mots qui ont la même acception partout. La proposition de chaque nouvelle
subdivision est instruite, par un groupe de travail, qui la soumet à une sous-commission, puis à une
commission et enfin au comité exécutif avant d’être ratifiée et finalement introduite dans l’échelle
des temps (fig. 1). La procédure est longue et suivie avec la même rigueur que celle utilisée par les
États pour modifier une loi. Prenons l’exemple du Quaternaire : 27 ans ont été nécessaires pour
que la communauté se mette d’accord sur ce standard international.

Fig. 1 : Procédure suivie pour modifier un nom ou un âge ou pour introduire/supprimer une subdivision, depuis l’examen par un
groupe de travail. Pour la question de l’Anthropocène, le chemin devrait être : proposition du groupe de travail (existant), soumission
à la sous-commission du Quaternaire (non effectuée), commission de stratigraphie, etc. 1

Un dossier respectant des critères précis peut donc être présenté à la commission ad hoc,
qui soient à la fois globaux et synchrones. Le synchronisme est capital car le repère sert, d’abord,
à dater.

L’Anthropocène est un mot qui a été proposé dès le début du XXe siècle mais qui a été
popularisé par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen en 1995 pour une période au cours de laquelle
les activités anthropiques ont laissé une empreinte sur l’ensemble de la planète. Ce terme a depuis
fait florès dans la littérature scientifique et, peut-être plus encore, dans les sciences sociales,
politiques et, par-dessus tout, dans les médias. Le succès de ce vocable est tel qu'il est largement
copié. Ainsi par exemple, dans un livre intitulé "L'événement anthropocène" rédigé par deux
historiens, Christophe Bonneuil et Jean- Baptiste Fressoz (2013), ces auteurs n'hésitent pas à le

11
Professeur émérite, Muséum national d’Histoire naturelle
Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020
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décliner en Thermocène, Thanatocène, Phagocène, Phronocène et Polémocène. Depuis le début


de l'année 2016, les médias politiques ne veulent pas être en reste. Ainsi, le journal The Guardian
parle du « Trumpocène », qui fut repris par le journal Le Monde après l'élection dans son édition du
14 novembre 2016. Avec le "continent de plastique", on a eu droit au Plastocène et, pour aller
toujours plus loin, très récemment (mi-décembre 2018), des scientifiques anglais (parmi lesquels
figurent les tenants de l'Anthropocène géologique) proposent que le poulet (Bennett et al., 2018)
soit le marqueur principal de l'Anthropocène, la presse a alors relayé le Gallinocène !

Certains voudraient en faire une ère géologique parce que l’influence de l’Homme est
globale. Raison pour laquelle le nom est construit de la même façon que certaines autres
subdivisions de l’échelle des temps, telles Éocène Oligocène …

L'Anthropocène aurait donc succédé à l'Holocène12. Par ailleurs, dire que c’est
« géologique » semble souligner l’importance de cette influence, mais c’est aussi oublier quelques
éléments fondamentaux. Pour être adoptée, une subdivision de l’échelle des temps géologiques
doit respecter un certain nombre de critères précis avant que le dossier soit soumis à examen pour
une éventuelle ratification (fig. 1). En outre, il était surprenant de parler d’une « ère », une des
principales subdivisions de l’échelle des temps. L’ère géologique la plus courte atteint 65 millions
d’années. Dans le cas de l’Anthropocène, nous n'étions pas du tout dans les mêmes échelles de
durée. La confusion venait sans doute de ce que Paul Crutzen, non géologue, a utilisé ce mot dans
un sens vernaculaire, comme on dit l’ère chrétienne, l’ère industrielle, l’ère atomique…

En géologie, comme en biologie ou en histoire, la position des limites est un art délicat. Ceux
qui ont voulu ajouter cette subdivision se sont targués d’une reconnaissance en 2006, quand la
Geological Society of London a posé la question « Vivons-nous maintenant dans l’Anthropocène ? »
Les 21 membres de sa commission ont répondu positivement, invoquant le fait que l’Holocène est
terminé et que la Terre est entrée dans « un intervalle stratigraphique sans précédent comparable
au cours des derniers millions d’années ». Cette décision n’a pourtant aucune légitimité car on a vu
que, pour être reconnu, un étage doit être validé par une commission internationale.

Les sujets de Sa Gracieuse Majesté sont gens opiniâtres et, depuis lors, multiplient les
articles. Surtout, ils inondent de messages les médias, ayant bien intégré que la communication
prévaut sur la raison et/ou la réflexion. Ainsi, dès 2012, lors du Congrès géologique de Brisbane on
a vu écrit, par des journalistes et des scientifiques, que ce point allait être débattu et voté. Il n’y eut
du bruit que par les médias car la discussion n’était pas à l’ordre du jour ! Le président de la
Commission stratigraphique internationale s’étonnait aussi que cette proposition soit effectuée par
des scientifiques, qui n’ont, de fait, pas tous une idée claire de ce que représente une subdivision
géologique, de ce qu’elle requiert (en termes de repères, d’enregistrements dans les sédiments etc.)
n'étant, pour la plupart, pas des géologues.

Critères pour distinguer l’Anthropocène

Pour les tenants de la notion d’Anthropocène, cette période débute avec les marques
laissées par l’Homme. On a d’abord globalement accepté qu’il s’agissait du milieu du XIXe siècle,
avec la Révolution industrielle. Mais alors, certains scientifiques ont voulu affiner l’analyse pour
préciser la date et les propositions sont apparues à foison.

12
Selon l'échelle de août 2018, l'Holocène commence il y a 11700 ans. Il commence à la base du Greenlandien (-11700 ans) et comprend
aussi le Northgrippien qui commence il y a 8326 ans et le Meghalayan qui commence il y a 4250 ans. Ces subdivisions de l'Holocène
résultent de plus de 10 ans de travail du groupe de travail piloté par Mike Walker.
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Certains, à la suite du chimiste Paul Crutzen font débuter cette époque en 1784, date du
brevet de la machine à vapeur par James Watt, prémices de la révolution industrielle. Mais d’autres
proposent d’autres commencements : l’aurore du XXe siècle, la Renaissance13, ou même le
Néolithique… Les phénomènes invoqués pour délimiter l’Anthropocène sont récents à l’échelle
géologique mais comportent des repères entachés de diachronisme pour les modifications du
paysage et du biotope par l'activité humaine dès l'Antiquité (fig. 2, 3).

Ainsi, F. Smith (2014) et Malhi Y et al. (2015) placent le début de cette époque il y a
14 000 ans, lors de la colonisation de l'Amérique du Nord par les premiers chasseurs-cueilleurs,
cette colonisation ayant entraîné la disparition de nombreuses espèces d'herbivores de grande
taille. Ces animaux produisaient de grandes quantités de méthane libéré dans l'atmosphère,
contribuant ainsi au réchauffement climatique naturel. Plusieurs autres types d’informations sont
utilisées pour caractériser l’Anthropocène : les nouveaux matériaux (aluminium, béton…), de
nouveaux polymères organiques, des plastiques, des microparticules de carbone, et tout un arsenal
de produits chimiques. Le problème majeur est que les critères choisis ne se font pas sentir partout
en même temps. Les critères attachés aux modifications de la biodiversité sont aussi décalés dans
le temps : la diminution des espèces de vertébrés est observée depuis 1500, celle des poissons
depuis un siècle, le blanchiment des coraux commence en 1979. Il en est de même avec les
modifications de l’environnement dues au bois brûlé pour fondre les métaux au Néolithique, qui
différent selon le développement des populations. Il serait paradoxal de retenir des événements qui
ne sont pas synchrones comme marqueurs de temps !

Fig. 2 : Impacts humains sur l’environnement de la surface terrestre (d’après Rudiman et al., 2015) Les impacts ne sont pas
synchrones pour chacune des catégories mais aussi à l’intérieur d’une catégorie selon l’endroit concerné (ex. la domestication se fait
sentir il y a 11 000 ans en Asie du sud-ouest mais seulement il y a 3 000 ans en Afrique tropicale).

13
Selon les auteurs ou les faits pris en compte, la Renaissance est plus ou moins longue : les fourchettes de durée varient entre 66 et
près de 3 siècles …

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D’autres critères sont certes globaux, telle l’augmentation de la quantité de plutonium dans
les sédiments, mais les modifications sont tellement progressives qu’il est difficile de choisir une
limite qui ne soit pas arbitraire. Quand les essais nucléaires aériens ont cessé, la chute de la quantité
de plutonium a été brutale, l'Anthropocène commencerait alors en 1965 (Turney C.S.M. et al., 2018,
fig.3). Comme elle est très bien marquée, alors que l’augmentation a été progressive, elle a été
choisie par le Groupe de Travail sur l’Anthropocène, mais à ce jour ce groupe n’a fourni aucune
série stratigraphique qui est un prérequis par la commission. C'est son nouvel objectif (Subramanian
M., 2019).

Fig. 3 : – La chute du signal radiogénique marqueur de l’Anthropocène. Concentration de l’atmosphère en plutonium ( 239-240Pu), en
bleu, en relation avec les essais nucléaires. PBq : pétabecquerels (d’après Waterset al., 2016, modifié)

Pourquoi vouloir imposer l’Anthropocène ?

Ce qui est très étrange est qu’un groupe de scientifiques, non géologues pour la plupart,
semble vouloir forcer la main pour faire intégrer cette subdivision dans l’échelle des temps
géologiques. Lors du Congrès géologique international qui s’est tenu à Cape Town en 2016, seuls
deux orateurs ont évoqué ces aspects stratigraphiques. Mais la séance n’était pas encore ouverte
en début d’après-midi, que déjà les journaux quotidiens en France prétendaient en donner le bilan
comme s’il s’agissait d’un élément important. Le premier orateur, Waters, défendait l’idée de
l’introduction de cette période (mais contrairement à ce que l’on a pu lire, il n’a plus proposé une
« ère », mais une « époque »).
Le deuxième orateur, S. Finney, alors président de la commission stratigraphique
internationale, rappelait quels étaient les critères requis pour introduire une subdivision de l’échelle
des temps géologiques et constatait que l’Anthropocène ne les possédait pas encore. Il soulignait,
qu’aucune décision ne pouvait être prise par la commission étant donné que le groupe de travail sur
l’Anthropocène n’avait encore soumis aucun dossier à la sous-commission, premier échelon de la
procédure.
Cette raison, toute technique, n’a donc rien à voir avec le reproche émis par certains tenants
de l’ « Anthropocène force géologique », tel Grinevald (2012, p.45) qui déclare que les géologues
sont plus préoccupés de « trouver des nouvelles matières premières, y compris énergétiques, pour
soutenir le développement de l’industrialisation, la croissance économique …». Il reproche aussi
que ce dossier ne soit pas mis à l’ordre du jour du prochain congrès géologique international
« malgré la pression de la très grande presse internationale » (p. 45) alors que juste avant il déclarait

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que « le dossier de l’Anthropocène est encore loin d’être complet et prêt à être présenté devant les
instances compétentes de l’Union internationale des sciences géologiques » (p. 36).
Le groupe de travail est aujourd'hui mis en place et il a décidé en aout 2018 de préparer le
dossier (choisir les coupes etc.). Quand le document sera complété il sera soumis à la sous-
commission ad hoc (fig.1).

Conclusion

L’Homme exerce une influence sur l’environnement de la planète, ce n'est pas une
découverte récente. Buffon avait déjà mentionné au XVIIIe siècle dans Les Époques de la
Nature (1778) que : « La face entière de la Terre porte aujourd'hui l'empreinte de la puissance de
l'homme ». L’Anthropozoïque fut d’ailleurs aussi un moment utilisé comme équivalent du
Quaternaire. D’autres approches, ont voulu souligner la nouveauté de l’Homme en proposant la
« noosphère » qui domine désormais la biosphère (Vernadski V., Theilhard de Chardin P.).
L'influence est globale, mais elle ne concerne que la pellicule superficielle de la planète.

Personne ne conteste l’influence que l’Homme exerce sur la planète, mais faire une nouvelle
époque géologique est inapproprié. Adopter un changement d’époque parce qu’un événement est
planétaire et durable est-il une raison suffisante ? Si tel est le cas, alors il faudrait changer d’ère
après certains gros tremblements de Terre puisqu’ils modifient la répartition des masses et donc la
position de l'axe de la Terre !

Dans l’histoire de l’humanité sont distinguées diverses périodes telles le Néolithique, la


Renaissance… Les critères utilisés pour cerner ces périodes varient, comme varient d’ailleurs leurs
dates de début et de fin, selon les critères choisis. Les subdivisions de l’échelle des temps
géologiques sont au contraire basées sur un certain nombre de critères précis. L’objectif est de
réussir à dater. Pour l’Anthropocène, on connait les dates des événements, à l’année près, parfois
au jour près. Il n’y a donc aucune utilité à faire entrer cette période sur l’échelle des temps
géologiques, comme cela a déjà été souligné dans plusieurs publications (Klein, 2015 ; Finney et
Edwards, 2016).

La période de l’Anthropocène est définie comme étant due à l’Homme, elle s’inscrit dans
l’histoire de l’humanité, elle a sa place dans le calendrier de l’histoire humaine. Elle peut être utilisée
pour sensibiliser le public, effectuer des choix politiques, mais vouloir en faire une ère géologique
est à la fois inutile et inapproprié car elle n’en possède pas les caractéristiques.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Bennet C.E. , Thomas R., Williams M., Zalasiewicz J., Edgeworth M., Miller H., Coles B., Foster A., Burton E.J., and Marume U. (2018).-
The broiler chicken as a signal of a human reconfigured biosphere, Published:12 December,
2018https://doi.org/10.1098/rsos.180325.

Bonneuil C. et Fressoz J-B. (2013).- L'événement anthropocène, Seuil, 304 p.

Finney S.C., Edwards L.E. (2016).- The “Anthropocene” epoch : scientific decision or political statement ? GSA today, 26/3-4, 4-10.

Grinevald J. (2012).- Le concept d’Anthropocène et son contexte historique et scientifique. Momentum institut, L’anthropocène est ses
issues. Séminaire du 11 mai 2012, 46 p.

Klein G.D. (2015).- The « Anthropocene » : what is its geological utility ? (Answer : it has none!) Episodes, 38/3, p.218.

Malhi, Y., C. Doughty, M. Galetti, F.A. Smith, J-C. Svenning and J. Terborgh. 2015.- Megafauna and ecosystem function: from the
Pleistocene to the Anthropocene. Proceedings of the National Academy of Science USA, 113/4, 838–846.

Ruddiman W.F., Ellis E.C., Kaplan J.O., Fuller D.Q. (2015) .- Defining the epoch we live in, Is a formally designated “Anthropocene” a
good idea? Science, VOL 348, 6230, 38-39.

Smith F.A. (2014).- Recalibrating the Anthropocene: humans, megafauna and global biogeochemical cyclesin :
http://oxfordmegafauna.weebly.com/conference-blog/march-18th-2014

Subramanian M. (2019).- Anthropocene now: influential panel votes to recognize Earth’s new epoch. Nature- NEWS, 21 May 2019, doi:
10.1038/d41586-019-01641-5.

Turney C.S.M. et al. (2018)- Global Peak in Atmospheric Radiocarbon Provides a Potential Definition for the Onset of the Anthropocene
Epoch in 1965. Scientific reports, (2018) 8:3293, DOI:10.1038/s41598-018-20970-5.

Waters C.N. et al. (2016).- The Anthropocene is functionally and stratigraphically distinct from the Holocene. Vol. 351, Issue 6269, DOI:
10.1126/science.aad2622.

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TOUR DE FRANCE 2019


Aide au commentaire géologique par Patrick DE WEVER,
Professeur émérite Muséum national d'Histoire naturelle

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SAMEDI 6 JUILLET / Bruxelles - Charleroi - Bruxelles


Des iles dans la mer, des Monts sur une plaine

Terrain plat : la plaine flandrienne et des iles, les monts de Flandres

Il y a 5-7 millions d'années (au Miocène) la mer recouvrait la région Flandre. Des sables s'y
déposaient, et des argiles dans les endroits plus calmes. Quand la mer s'est retirée, les sables
exposés à l'air et à l'eau se sont oxydés, ont formé ici et là des grès(parfois ferrugineux). Les
anciennes dunes sont devenues des monts. Posés sur un plateau argileux sédimentaire
surbaissé, les monts sont ainsi constitués de sables couronnés de calottes gréseuses épargnées
par l’érosion.

Les buttes tertiaires et reliefs que constituent ces monts sont plus acides et sont restés plus
boisés, parfois sous forme de bocages, ou plus herbus que les plaines qui s'étendent dans la
Flandre maritime ou de la Flandre intérieure, abritant des micro-paysages et une flore légèrement
différente, une végétation potentielle spécifique.

A la fin de la dernière époque glaciaire (il y a env. 18000 ans), le niveau de la mer est
remonté et a envahi toute la plaine de Flandres dont ne dépassaient que quelques îles, les monts
de Flandres. La Flandre est très plate parce que la mer occupait la région il y a peu.

DIMANCHE 7 JUILLET / Bruxelles - Bruxelles


(contre-la montre par équipes)

LUNDI 8 JUILLET / Binche - Epernay


L'itinéraire illustre les relations entre la géologie et l'agriculture

Peu après le départ : on traverse l’Avesnois : Constitué de terrains schisteux → par


altération = argiles, imperméables, donc zones humides → herbe grasse pour les vaches →
fromage de Maroilles (et autres fromages : Boulette d’Avesnes, Cœur de Cermont, Crème de
Maroilles, Dompierre…).
Terrain argileux propice aussi aux pommiers (comme en Normandie, là-bas aussi les terrains
argileux nourrissent les vaches (Camembert, Livarot, Pont-l'Évêque …).

De Vervins à Reims :

En Champagne la grande plaine crayeuse, la Champagne pouilleuse", très sèche, ne laissait


croître que la pouille, une variété de serpolet. Après la seconde guerre mondiale l'apport des
engrais chimiques a autorisé des cultures plus variées (céréales, betterave, chanvre…).

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Reims – Epernay : la Montagne de Reims,

Sur la plaine, des collines, des buttes de sables tertiaires dominent la plaine crayeuse, propice
aux vignes de…champagne. La craie blanche, est visible parce qu'il n'y a pas ou peu de sol, ce qui
explique que cette région était restée longtemps infertile et… occupée par de nombreux camps
militaires.

MARDI 9 JUILLET / Reims - Nancy


L'itinéraire illustre les relations entre la géologie et l'agriculture

• Reims à Châlons-Champagne : plaine crayeuse, calcaire, sec (Champagne pouilleuse), vignes


et céréales puis on entre dans la Champagne humide.

• De Châlons-en-Champagne à Bar-le-Duc : on suit un moment la vallée de la Marne dont les


alluvions fertiles permettent une culture généreuse.

• Bar-le-Duc : la région est constituée de calcaires plus durs (du Jurassique) et est occupée par
des forêts de hêtres (45%) et chênes (35%), mais aussi quelques essences précieuses
(merisier et alisier torminal, utilisé en ébénisterie et en lutherie).

• Commercy : on suit depuis un moment la vallée de la Meuse, riche et fertile par ses alluvions.

• Le paysage est marqué par les cuestas, ou côte de Meuse et de Moselle. Les calcaires des
côtes de Meuse (Jurassique supérieur- Oxfordien) ont été beaucoup exploités autour de
Commercy, notamment à Euville et Lérouville, pour servir de pierre de construction sous le nom
de pierre d’Euville (notamment à Paris au XIXe siècle : ex. les arènes de Lutèce). Les cuestas
sont majoritairement occupées par des forêts.

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• Toul : est situé entre 2 cuestas : côtes de Meuse à l’Ouest et côtes de Moselle à l’Est. Côtes
connues pour leurs vins : les « gris de Toul » sur les côtes de Meuse (sur les sols argileux riches
en éboulis) et les côtes de Moselle, sur les côtes du même nom qui délimitent l'Ouest du plateau
Lorrain qui s'étend jusqu'aux Vosges gréseuses à l’Est. Les « Moselle » (on ne dit plus « côtes
de Moselle », ni « vin de Moselle ») bénéficient d’une AOC depuis 2010.

• Les vignes sont les plus septentrionales de France. Elles sont implantées sur les sols
argilo-calcaires des pentes regardant le sud ou le sud-ouest pour profiter au mieux du
soleil.

Localisation des 2 cuestas de Meuse et Moselle et


des "Côtes de Toul" : le long de la cuesta

MERCREDI 10 JUILLET /
Saint-Dié-des-Vosges - Colmar
On tourne autour du massif granitique par le N des Vosges

On tourne autour du massif granitique par le Nord des Vosges. On va voir beaucoup
de roches rouges : le « grès des Vosges » largement exploité. Ils se sont formés il y a 250
millions d’années (au Trias, au début de l’ère Secondaire). Ce sont d’anciens sables
ferrugineux (désormais consolidés).

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Ils résultent de la fin de l’érosion de l’immense chaine de montagnes hercynienne (qui était
haute comme un Himalaya). Érodée, elle était devenue une immense plaine, qui allait alors de la
Russie jusqu’à l’Ouest américain (l’océan Atlantique n’était alors pas encore ouvert). Dans cette
plaine paressaient des fleuves qui transportaient des argiles, et laissaient sédimenter des grains de
quartz. Les oxydes de fer, eux aussi résultant de l’altération des roches du cœur de la chaine de
montagnes s’oxydaient, devenaient alors insolubles et sédimentaient.

Ce grès rouge est celui qui constitue ce paysage, et aussi la cathédrale de Strasbourg, et
vers Sélestat, le célèbre château du Haut-Koenigsbourg, au pied duquel on passe.

Le château du Haut-Kœnigsbourg (Orschwiller,


Bas-Rhin). Murs massifs construits en « grès
rouges des Vosges ».

Nous sommes en Alsace.


La plaine d’alsace est un fossé d’effondrement

Il y a près de 30 millions d'années, un bombement (qui se poursuit encore


actuellement) fait remonter des roches du socle : les Vosges à l’Oeust et la forêt Noire à l’Est. Au
centre un effondrement se produit : le « fossé du Rhin ». Ce fossé se comble en partie et constitue
la plaine d’Alsace.

De chaque côté, les crêtes forment des reliefs de 1500 à 2000 m d'altitude (Vosges,
Forêt Noire). Les bords faillés du fossé montrent des blocs affaissés qui constituent de gigantesques
marches d'escalier. Ces endroits sont propices aux vignobles des vins d’Alsace.

Ouest (France) Est (Allemagne)

Coupe du Bombement Vosges -Forêt Noire

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Le long des fractures (les failles),


du magma est remonté il y a
environ 15 millions d'années et
s'est épanché sous forme de
laves. Des éruptions
volcaniques ont édifié les
massifs du Volgelberg au Nord et
du Kaiserstuhl et Rossberg au
Sud.

Débit en orgues basaltiques du volcan de


Principaux volcans récents d’Alsace
Rossbergessick

JEUDI 11 JUILLET /
Mulhouse - La Planche des belles filles
Le socle des Vosges

On quitte la plaine d’Alsace, à Mulhouse, pour s’élever sur le massif des Vosges.

On quitte la plaine d'Alsace vers Soultz pour monter par Guebwiller vers le Grand Ballon,
point culminant des Vosges.

On circule presque toute la journée sur des roches sédimentaires d'origine volcanique qui ont
environ 400 millions d'années. Les roches d'une part, l'exposition aux vents d'ouest d'autre part
confèrent un climat particulièrement froid. Cet ensemble explique ses milieux exceptionnels : landes,
pelouses des hautes chaumes, hêtraies et tourbières d'altitude, forêts subnaturelles (proches d'un
état nature qui évoluent sans intervention de l'homme), érablières sur éboulis, formations primaires
des hauts de cirques glaciaires.

Les niveaux schisteux offrent des paysages arrondis, assez humides, occupé par des prairies, alors
que le partie granitiques ballon d’Alsace) sont occupées par des forêts.

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VENDREDI 12 JUILLET / Belfort - Chalon-sur-Saône


Du Jura à la plaine de la Saône

Le Jura : un coulis de calcaire qui a glissé sur du sel (couche savon)

Ce qui explique qu'il s'agit d'une sorte de plateau avec quelques plis violents ici et là, comme
une crème épaisse glisse gentiment et forme des plis ici et là.
Une simple pente de 1 à 2° a suffi (pente due au soulèvement des Alpes).

Le dépôt de calcaire (bleu) recouvre le socle granitique (rouge).

Érosion et effondrement du fossé de la Saône

La partie Est s'est très légèrement relevée, la couche de calcaire


glisse (coule) vers l'Ouest (vers la gauche), jusque sur les
sédiments tertiaires de la plaine de la Saône

Les grandes étapes de la genèse du relief du Jura

VERS POLIGNY : une forêt avec des cicatrices, dues à la dissolution du sel

En sortant du Jura
(vers Arbois et Poligny, la
forêt au SW de Poligny
montre en vue d’avion des
alignements avec des
profondes dépressions :
autant de lignes (ex.
flèche) de dissolution du
sel produite par l'injection
d'eau pour son
exploitation. Le sel dissout,
évacué, laisse un vide, les
terrains s'effondrent.

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Effondrements dus à l'exploitation du sel à Poligny (Jura)

On remarque nettement les alignements subparallèles en dépression (flèche), distants d'une


centaine de mètres, ponctués de trous d'effondrements plus importants qui jalonnent les parties
dissoutes et, en haut à gauche, les emplacements des forages d’injection, récents. La largeur de la
photo correspond à env. 1,3 km (extrait de De Wever & Rouchy, 2016).

On termine l’étape en traversant la plate plaine de la Saône, bassin d’effondrement tertiaire


(extrait de De Wever et al. (2010) Géologie et vin).

SAMEDI 13 JUILLET / Mâcon - Saint-Etienne


Des vins au charbon en passant par la viande charolaise

On part des vins blancs du Mâconnais (Pouilly-Fuisse et Saint-Véran) sur les calcaires
jaunes du Jurassique, puis rapidement dans les monts du Beaujolais : d’abord en passage rapide :
sur les grès rouges du Trias (cru Saint-Amour du Beaujolais) puis très vite dans les Beaujolais
et Beaujolais-Village, quand on circule sur des terrains granitiques et volcaniques (volcano-
sédimentaires).

Les vallées orientales (avec des sédiments) sont occupées par les vignes, les monts
(granitiques) par la forêt et les vallons plus internes, avec des sédiments argileux par les prairies et
leurs célèbres charolais.

Du S-O de Lyon jusque St Etienne on


franchit un ensemble de failles avec des
terrains variés qui constituent le socle, puis le
célèbre bassin houiller de St-Etienne. On voit
encore des terrils (ou "crassiers" ou "haldes»)
et des chevalements ici et là.

Charbon du Carbonifère = l'époque qui


"porte" le "carbone". Le charbon provient
d’anciennes forêts luxuriantes (à l’époque - il y
a 300 millions d'années - le climat était tropical
ici !!). Les arbres ont été enfouis avant de se
décomposer, donc leur matière organique a été
conservée et s'est transformée en charbon.
Terril et chevalement du "puits Couriot" à Saint-Etienne

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DIMANCHE 14 JUILLET / Saint-Etienne - Brioude


Les forêts du socle granitique

On quitte le bassin houiller de Saint-Etienne pour traverser les granites des monts du Forez
(en suivant la limite du PNR Du Livradois-Forez).
Les granites peu propices à la culture sont occupés par des forêts de résineux.
Les parties hautes sont occupées par de vastes landes tourbeuses (les hautes-chaumes)
qui sont le domaine des jasseries. Les bergers se logaient dans ces vieilles fermes durant l'estive
et y fabriquaient la célèbre fourme (fromage de vache à pâte persilée).
Petit fossé d’effondrement d'Ambert (point bas d'Arlanc) en quittant les granites : sédiments
humides, donc herbe grasse qui nourrit les vaches, pour la "fourme d'Ambert ».

On resdescend ensuite sur des terrains du socle ancien (roches métamorphiques de


l'ancienne chaîne de montagne varisque paléozoique), vers La Chaise-Dieu, etc. terrains
metamorphiques qui s'altèrent en argiles, terrain himides, herbe).

Fourme d'Ambert

LUNDI 15 JUILLET / Saint-Flour - Albi


Des coulées de lave au charbon en passant par le calcaire du Roquefort

Saint-Flour : la « ville haute » est située sur une coulée de lave (on voit de belles orgues
basaltiques le long des routes qui montent.

On quitte Saint-Flour en
traversant quelques belles coulées de
basaltes (planèzes). Le nom évoque
bien la platitude de ces coulées, car
très fluides et se sont étalées pour
former le plateau volcanique du Cantal,
à 900 mètres d'altitude qui reposent sur
des granites.

Les noms de lieux évoquent le


volcanisme (ex. Chaudes-Aigues et sa
source chaude).

Source chaude de Chaudes Aigues (à 82°C)

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Laguiole : installée sur une planèze la région est propice à l'élevage bovin : la
célèbre race de l'Aubrac et le fromage : "Crème de Laguiole", "Aligot de l'Aubrac" et la "tome
de Laguiole" et bien sûr les célèbres couteaux.

Tome de Laguiole Place de Laguiole : Race Aubrac Couteau Laguiole


présentée sur un socle basaltique

Vers le milieu de l'Étape on traverse une langue de calcaire jurassique très dur (celui
qui constitue le plateau du Larzac. Le calcaire est dissout, très sec, il n'autorise qu'une
herbe rare. A peine suffisante pour nourrir des moutons. Le fromage fait avec le lait de
brebis est stocké dans les cavités souterraines (nombreuses) et... avec l'air qui circule,
des champignons s'installent sur le fromage : le Roquefort.

Des camps militaires sur des zones peu fertiles

Les plateaux calcaires, souvent peu fertiles sont choisis, pour cette raison pour installer des
camps militaires :

• Camp du Larzac
• Mailly-le-Camp et Camp de Mourmelon en Champagne (longtemps "pouilleuse »)
• Camp de Sissonne (et ses troupeaux de mouton, à l'Est de Laon, sur la plaine de craie)
• Plan de Canjuers et Plateau d'Albion sur les plateaux calcaires en Provence

On passe à côté du "trou de Bozouls" et son célèbre méandre encaissé. (phénomène


d'antécédence : la rivière coulait dans une plaine en faisant des méandres, quand la région s'est
élevée la rivière s'est enfoncée en suivant le même parcours).

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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Le Trou de Bozouls est une gorge en forme de fer à cheval, de 400 m de diamètre et de plus
de 100 m de profondeur, situé sur le territoire de la commune de Bozouls, en Aveyron. Ce méandre
encaissé a été creusé par l'action érosive des eaux courantes du Dourdou dans les calcaires
secondaires du Lias du Causse Comtal.

On remonte ensuite sur les roches métamorphiques du Rouergue ou, plus précisément, du
Ségala (le Rouergue est plus une province historique) alors que le ségala est une région naturelle
: sur des terrains du socle (gneiss) peu fertiles seul le seigle pouvait pousser, car il est adapté
aux terres pauvres et froides. L'ouverture aux vents d'ouest, les vallées encaissées créent de
nombreux microclimats qui montrent autant de végétation et cultures différentes (les hivers du
ségala sont réputés pour leur rudesse).

Juste avant Albi : Carmaux et ses anciennes exploitations de charbon.

Carmaux est célèbre pour sa révolte de mineurs en 1892-1895 (Journal Illustration) et la première, qui toucha les mines de charbon
françaises et qui est supposé avoir fortement influencé Jean Jaurès (statue à Carmaux).

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MARDI 16 JUILLET / Albi


(Jour de repos)

MERCREDI 17 JUILLET / Albi - Toulouse


De grandes étendues de sédiments issus des Pyrénées

Toute la journée sur des dépôts


argilo-sableux sans grand dénivelé. Une
petite incursion plein ouest au début pour
aller effleurer le sud du Quercy vers
Cordes-sur-ciel dans le Tarn où une grande
variété de roches existent (granite, grès
rouge du Trias, calcaire jurassique qui coiffe
les sommets …) sur le Plateau cordais.

Plaine de Gaillac (et son vin installé


sur les sédiments argilo-calcaires… Son vin
serait un des plus vieux de France (avec Le pointement de Cordes, une ile dans un mer de nuages
la Côte Rotie).

Passage à Lavaur (surtout connu


pour les croisades catarrhes (Croisade des
Albigeois) quand Simon de Montfort et son
adjoint Simon de Lendreville (deux petits
seigneurs du Sud de l'Ile de France14) ont
assiégé le château, magnifiquement
défendu par son "indomptable Dame de
Lavaur", "dame Guiraude", qui fut jetée dans
un puits.

La Dame de Lavaur jetée dans un puits

14
Lendreville est un quartier de mon village : Ormoy-la-Rivière, près d'Étampes et Simon de Montfort : de Montfort-Lamaury étant au NW
d'Étampes
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JEUDI 18 JUILLET / Toulouse - Bagnères-de-Bigorre


Les marbres pyrénéens

Première moitié : dans la plaine de la Garonne

Vers St Gaudens : On monte d'abord dans les


calcaires du Jurassique et Crétacés plissés lors
de la collision entre la plaque ibérique et la plaque
Europe

Vallée de Campan : marquée par :


- de jolis reliefs glaciaires
- on passe dans des calcaire largement
exploités comme marbre de décoration : le «
campan », utilisé dans de nombreux châteaux :
Versailles, etc.

Les marbres de Payolle, le "Campan"

Au voisinage du lac de Payolle se trouvent les carrières


d’Espiadet d’où est extrait le marbre de Campan : calcaire dit
amygdalaire (certains éléments ont la forme d'amygdale,
d'amande). Carrières très actives du XVIIe au XIXe siècle. Elle
est active à nouveau.

Utilisation du "campan Grand mélange"

Aspect amygdalaire du Marbre de Campan

Cheminée du Salon Frais au Trianon de Colonnes dans la cour de Trianon (Versailles)


Versailles

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VENDREDI 19 JUILLET / Pau - Pau


(contre-la-montre individuel)

Au sud de Pau, un peu au Nord du Parc National des Pyrénées et en plein dans le vignoble du
Jurançon.

Géologie du Jurançon ?

Les vignes sont à flanc de coteaux, orientés sud-sud-est et à l'abri du vent. Elles sont
plantées dans le sens de la pente ou en terrasse.

Le vignoble se partage entre deux zones :


• Au sud, il s'agit de roches sédimentaires marines déposées avant et pendant l'érection des
Pyrénées) : grès argileux.
• Au nord, ce sont des roches sédimentaires (détritiques)à galets solidifiées, recouverts de
galets et graviers déposés par le gave de Pau. Ces terrains sont bien drainés, mais le sous-sol
permet une alimentation hydrique régulière durant l'été par la réserve.

Rangs de vigne (cépage Menseng) perpendiculaires à la pente, Rangs de vigne parallèles à la pente,
quand la pente est forte quand la pente est faible

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SAMEDI 20 JUILLET / Tarbes - Col du Tourmalet


Terrain miné

D'abord dans les


calcaires et marnes du
Jurassique-Crétacé au
début (calcaires avec ses
dissolutions et donc célèbres
grottes, de Betharram, par
exemple).

Grotte de Betharram

A partir de Gourette : l'étape se déroule dans le socle (roches métamorphiques) autrefois


exploité : mines d'or et d'argent à Gourette- Eaux Bonnes et remontées d'eaux chaudes, d'où les
thermes (ex. Argelès-Gazost, Luz-Saint-Sauveur…).

Cette vallée était riche en mines, de plomb par exemple (c'est aussi dans cette vallée que
fut identifié pour la 1ere fois l'élément Gallium (utilisé pour construire les LED).

Cette région fracturée explique les thermes (l'eau remonte des profondeurs), les mines
(circulations de fluides minéralisés) et les nombreux séismes (généralement faibles).

La dernière remontée se fait sur un massif granitique

Une ancienne entrée de mine et une galerie

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DIMANCHE 21 JUILLET / Limoux - Foix


Les dinosaures de la blanquette et un étalon international

Premier tiers de la route dans les sédiments détritiques + ou - fins du Plio-Quaternaire dans
lesquels on a trouvé des os de dinosaures, ce qui a conduit à la "cuvée des Dinosaures" pour une
blanquette de Limoux. Ces dinosaures sont exposés au musée d'Espéraza.

Dans le cœur des Pyrénées ariégeoises : Autour de l'étang de Lherz (ou Lerz, ou Lers).
Roche connue dans le monde entier car il s'agit d'un étalon : la lherzolite (roche du manteau
terrestre arrivé en surface à cause de la tectonique).

Cette roche est triplement particulière :


1. étalon international d'une roche du manteau terrestre ;
2. quand cette roche s'altère elle donne de la serpentinite (car ressemble à une peau de
serpent) et cette roche a une particularité : sur elle ne pousse aucun arbre ! C'est vrai
partout dans le monde
3. et cette transformation dégage de l'hydrogène : très étudié car pourrait représenter une
nouvelle source d'énergie PROPRE !).

Serpentinite utilisée en pierre de parement d'un hôtel L’étang, le port de Lherz et la surface brune en relief de la
lherzolite vus depuis le Mont Béas. Les zones entourées,
serpentinites sont dépourvues d'arbres

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Contraste entre les marbres blancs et la lherzolite brun-rougeâtre (sans arbre) au sud de l’étang de Lherz.

Le « Mont chauve » de Moncaup-Arguenos, le plus grand des massifs de lherzolite des Pyrénées (environ 2 x 3 km) au pied
des pentes boisées du Pic du Gar (Haute-Garonne).
---- zone entourée : serpentinites : sans arbre.

LUNDI 22 JUILLET / Nîmes


(Jour de repos)

MARDI 23 JUILLET / Nîmes - Nîmes


La soie des bas du French Cancan

On tourne dans les collines de Crétacé calcaire et de sédiments plus récents, on frôle la
partie orientale du Parc National des Cévennes, surtout vers Alès.

Alès : le long de la grande faille des Cévennes on a exploité le charbon.

Cette faille majeure sépare le socle primaire (granites et roches métamorphiques dont
schistes) des terrains sédimentaires du Secondaire (calcaire et marnes du Crétacé (et Jurassique).

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Dans le paysage cette séparation est visible :

• le socle (Nord-Ouest) est peu propice à la culture : il est boisé. Comme ce sont des schistes, =
argiles par altération donc humide. Comme humide et acide → châtaigniers (puis les
châtaigniers ayant été malades, ils ont été remplacés par des mûriers, donc soie (voilà pourquoi
les Cévennes sont fournisseurs des bas des French Cancans !

• les roches plus récentes (Sud-Est) sont cultivées, la forêt n'y est plus dominatrice (zone des
garrigues) aux paysages très variés : collines douces, plaines….

La faille des Cévennes est ici bien soulignée par le trait noir

Cette faille sépare, la « zone cévenole » à l’Ouest (en bleu et rouge) de la « zone des garrigues » à
l’Est (en vert et jaune).

Zone Cévenole : châtaigners / muriers (flèche rouge)


Zone des garrigues : (flèche verte)

Carte géologique du département du Gard : les grandes zones


de végétation "Zones de garrigues" et « zones cévenole"
dépendent de la nature du sous-sol
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MERCREDI 24 JUILLET / Pont du Gard - Gap


Des graviers humides pour les vergers

On se situe d'abord dans la plaine du Rhône (graviers, de l'humidité en profondeur, des vergers).

Vers Vaison-la-Romaine on monte sur des niveaux calcaires des Baronnies provençales, au Nord
du Ventoux. Calcaires, surtout du Crétacé (un peu de Jurassique) donc terrains secs, alors : tilleuls,
lavande, thym, romarin… sans oublier les truffes !
La géologie détermine le Parc des Baronnies provençales, expliquant aussi bien ses formes
d'agriculture, de culture et d'histoire. En effet sur les versants sud : flore provençale et sur les
versants nord : flore montagnarde !

Deux références de l'échelle internationale des temps géologiques. Ce sont des points limites entre
des subdivisions de l'échelle des temps de la Terre :

• les couches verticales de la Serre de l'Ane (Drôme), près du village de La Charce possède le
point qui marque la limite entre deux périodes géologiques : le Valanginien et l'Hauterivien
(132,9 millions d’années) ;
• les marnes du Mont Risou (Hautes-Alpes) possèdent la limite entre l'étage Albien et le
Cénomanien (datée de 100,5 millions d'années).

JEUDI 25 JUILLET (18 ème


étape) / Embrun - Valloire
Les Demoiselles Coiffées et les relation Hommes-nature

On emprunte les vallées dans les calcaires jurassiques et crétacés.

Après Savines-le-Lac : cheminées de


fées : les demoiselles coiffées, qui
sont des figures d'érosion.

Puis : vallée de l'Ubaye : vallée


glaciaire qui illustre les relations
homme/nature. Les Hommes avaient
déboisé la vallée, alors la fonte des
neiges et les violents orages ont
conduit à des glissements de terrains,
des catastrophes (au XVIIIe S.).
L'Homme a alors compris qu'il fallait
vite reboiser la vallée pour réguler les
écoulements. Les demoiselles coiffées, à l'est du barrage de Serre-Ponçon

Montée vers le col de Vars : les terrains tendres offrent des reliefs émoussés, les paysages
sont arrondis mais abondamment ravinés.

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A partir de la vallée de Guillestre, les terrains


sont constitués de roches plus dures,
fréquemment utilisées pour la construction
sous le nom de "calcaire de Guillestre" ou
"marbre de Guillestre". Il est à la fois
résistant et joli, rouge avec beaucoup de
fossiles d'ammonites.

Un escalier en calcaire de Guillestre, avec une grosse ammonite


(Jurassique)
On monte vers le col de l’Izoard dont le paysage « lunaire » est dû à des roches
particulières (des calcaires riches en magnésium, appelés dolomies) dont l’érosion irrégulière
donne un relief jaunasse, poussiéreux, à blocs résistants. Ici la "casse déserte" et son relief
ruiniforme.

La casse déserte : relief ruiniforme et les plaques commémoratives Fausto Coppi et Louison Bobet

On redescend vers Briançon pour remonter vers la Lautaret puis le Galibier (où l’on retrouve
les mêmes dolomies ruiniformes avant de redescendre vers Valoire, toujours accompagné des
dolomies et de gypse (avec des entonnoirs dus à la dissolution du gypse) et l’exploitation de gypse
pour le plâtre vers la base de la côte.

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Un géologue inspirateur de romanciers

Dolomies et les Dolomites italiennes : noms en hommage à un personnage particulier : Gratet de


Dolomieu, inspirateur de Jules Verne, Choderlos de Laclos, Alexandre Dumas
Dolomieu est connu pour son nom donné à la dolomie, en mars 1792, par De Saussure. Dolomieu avait
découvert le minéral appelé la dolomite. Son nom a aussi été donné aux montagnes du Nord de l’Italie : les
Dolomites, ainsi qu’au plus grand cratère du piton de la Fournaise à La Réunion.

Né en 1750 dans le château familial des Gratet à Dolomieu (Isère), ce scientifique


a d’abord été un voyageur. Il rejoint dès sa jeunesse l’ordre de Malte, religieux et
militaire. Il a servi l’ordre, notamment sur ses galères. Il s'enflamme néanmoins pour
la révolution américaine et prend part à la vie politique jusqu'au moment de la
Terreur, qui met fin à ses illusions après le massacre de ses amis : le Duc de La
Rochefoucauld, Lavoisier, Condorcet … et presque toute sa famille. Ce géant de
1,95 aux yeux très bleus, a mené une vie agitée et de Don Juan. Il est l’un des
scientifiques embarqués par Napoléon pour l'expédition d'Égypte. Lors de son
retour en France il est capturé et enfermé en Sicile dans un cachot. Ses
compagnons ont fini par être relâchés, mais lui a été retenu car ses ancien
coreligionnaires chevaliers de Malte avaient résolu sa perte. Ils ne lui pardonnent
pas de les avoir quittés. Enfermé près de deux ans, il y perd la santé mais rédige les grandes lignes de ce qui
deviendra un ouvrage de référence « Philosophie de la minéralogie » en écrivant dans des conditions
exceptionnelles. En effet il écrivait avec un fragment de bois brûlé, entre les lignes d’un livre imprimé de son
ami Faujas de Saint-Fonds, Professeur de géologie au muséum « Minéralogie des volcans ». A son retour en
France, Dolomieu devient le titulaire de la chaire de Minéralogie du Muséum à la mort de Daubenton. Il ne
l’est que pendant un an environ car sa santé fragilisée pendant sa captivité l’abandonne définitivement en
1801.
L'histoire de Déodat de Dolomieu15 a inspiré des écrivains dont trois au moins sont très connus :
Choderlos de Laclos s'en serait inspiré alors qu’il était en garnison à Grenoble ; pour son très
mondain vicomte de Valmont dans les Liaisons dangereuses (en fait un mélange de Monsieur de
Beauharnais et de Dolomieu). Il aurait également été utilisé pour camper le chevalier de Malte Danceny.
Laclos aurait déclaré : « Un de mes camarades, qui
porte un nom célèbre dans les sciences, aurait eu
plusieurs aventures d’un grand éclat auxquelles il
ne manquait qu’un autre théâtre. C’était un homme
né spécialement pour les femmes et les perfidies
dans lesquelles elles sont maîtresses passées. […]
Je pris des notes et je me promis de les réaliser en
temps et lieu. »16
Alexandre Dumas (père) s’en est inspiré pour
camper Edmond Dantès et l'abbé Faria
emprisonnés au Château d’If dans Le comte de
Montecristo. Ils relèveraient de ses souvenirs
d’enfance, car son père, le Général Dumas fut le
compagnon d’infortune de Dolomieu.

Jules Verne dans son Voyage au centre de la Terre (1864) fait revenir à la surface de la terre son géologue,
le professeur Otto Lidenbrock par le cratère du Stromboli grâce à une éruption. La description de l’éruption
rappelle celle faite par Dolomieu.

Livre de Faujas de Saint-Fonds, Chapitre « Laves avec du feld-spath », sur lequel Dolomieu a écrit à la pointe de bois brulé la première
version de sa « philosophie de la minéralogie » (MNHN, MS 2120p10).

15
Dieudonné, Sylvain, Guy, Tancrède, Déodat de Gratet de Dolomieu est le nom complet. Il y a le choix ! Comme il est connu par les
géologues comme Dolomieu, je me suis limité à ce nom.
16
« Mémoires du comte de Tilly pour servir à l’histoire des mœurs de la fin du XVIIIe siècle » Ed. Jonquières, 1929, p.223, in Charles-
Vallin T (2003).- Déodat de Dolomieu. PUG, 296 pages.
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VENDREDI 26 JUILLET /
Saint-Jean-de-Maurienne - Tignes
Le cœur océanique des Alpes

Col de l’Iseran, plus haut col routier des Alpes.

On remonte la vallée de la Maurienne, vers Modane, puis Aussois (dans des grès et schistes
du Carbonifère) et Mont-Cenis.

La vallée de la basse Maurienne est une jolie vallée glaciaire (à fond plat et bords
escarpés). Ses puissants cours d'eau ont été utilisés pour produire de l'électricité et implanter une
industrie sidérurgique.

Vers Modane : on change de type de roches (on est désormais dans la partie interne des
Alpes), la vallée s'élève brutalement. Montée vers Aussois.
Les roches ici, attestent de l'ouverture d'un océan, il y a 160 millions d'années. Puis l'océan
s'est refermé et le fond a été plissé et se retrouve en haute montagne.
"Ce qui était en bas est désormais en haut" (ophiolites et schistes lustrés) jusque vers la
Col de Iseran.

Plaque EUROPE Un océan (des laves au milieu) Plaque AFRIQUE

Il y a 160 millions d'années,


un océan s'ouvre

Quand l'Afrique se rapproche de


l'Europe, le fond de l'océan (en
marron) commence à plonger

Ce qui était au milieu de l'océan (basaltes et argiles) est aujourd'hui au col de l'Iseran (mais
bien "chiffonné") !

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020


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SAMEDI 27 JUILLET / Albertville - Val-Thorens


Les mines et les fromages alpins

On part du pied Est du Parc des Bauges (qui est labélisé17Geopark UNESCO depuis 2011).

On s'élève de suite dans le Massif de Belledonne, granitique, peu favorable à l'agriculture


mais qui fut longtemps exploité pour ses riches mines (de fer, de cuivre, plomb-argentifère, zinc…).
Le creusement de nombreuses mines avait d'ailleurs été accompagné d'une importante
déforestation (pour le bois de coffrage).

Montée vers le Beaufortain (et passage dans les pâturages à vaches du fromage de
Beaufort. 1er col, puis ascension du Cormet de Roselend, le long du lac de barrage. On monte en
recoupant de grands plis calcaires qui forment l'ossature du paysage.

Les montagnes du fond, celles éclairées,


chevauchent les collines qui sont vers nous, et
en plus… elle forment des plis (oui les solides
calcaires sont comme de la pâte à modeler à
l'échelle géologique !) Ces plis redoublent la
série ! La région a une structure très complexe.

NORD SUD

On regarde vers le sud :


Les séries de la gauche (vert clair), un ancien
fond marin, chevauchent, surmontent, les séries
(bleues) de la droite qui elles-mêmes reposent
sur le socle granitique (marron à droite).

On va redescendre vers Bourg-Saint-Maurice puis remonter dans les terrains des zones
internes des Alpes, le Massif de la Vanoise. Cette zone voit l'empilement complexe de différentes
zones, qui se sont superposées, mélangées lors de collision.

17
Le Label Geopark-UNESCO est décerné pour un territoire qui affiche une richesse culturelle : géologique, archéologique,
ethnographique… et une éthique inscrite dans une charte assez stricte. 5 critères doivent être respectés : recherche scientifique sur le
territoire, enseignement, diffusion, développement économique, et un portage par une structure locale).
Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020
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DIMANCHE 28 JUILLET / Rambouillet-Paris


Des sites fossilifères protégés

1ers Arrêtés de Protection du Patrimoine Géologique de France (APPG).

La biodiversité est parfois protégée par des "arrêtés de protection de biotope". Rien ne
permettait de protéger les minéraux ou fossiles ou structure géologiques particulières.

C'est désormais possible,


depuis un an, et les deux premiers
sites de France le sont dans le
département des Yvelines :
l'ancienne carrière de "La ferme de
l'Orme" et un terrain du parc de
Grignon. Ils le sont par leur
richesse en fossiles, témoins
d'anciens "point chauds" de la
biodiversité", d'il y a 40 millions
d'années.

Ces fossiles de Grignon, blancs d'apparence, révèlent leurs motifs décoratifs en


lumière UV

Bull. Ass. Géologique Auboise, n°40, 2020

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