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AY, UVS INVERSE VRTOELLE DU SENESA Sociologie des religions Soc/P5/S2/2018 Chapitre 2 : Définition conceptuelle 1. Introduction La recherche sur la religion impacte sur la religion elle-méme. Sa définition et son approche varient suivant les pays et les auteurs, Elle change de fonetion et de nature suivant Pévolution des sociétés et selon les époques. Ainsi, sa fonction a l’antiquité n'est plus celle Waujourd’hui. Sa fonction en Europe est différente de celle qu’elle remplit au Sénégal. Si au Moyen-ge, la religion était, en Europe, hégémonique et régissait toute la vie de individu ; elle reléve, de nos jours, plut6t du domaine du privé dans la plupart ou 1a quasi-totalité des sociétés occidentales. Si dans les pays de I’ex Union Soviétique, la religion était un facteur de protestation et de libération sociologique, elle est surtout en Afrique, un facteur de cohésion et dintégration sociale. Suivant les pays, on privilégie tel ou tel paradigme ou orientation religieuse. Certains chercheurs développent le paradigme textuel, D’autres choisissent le paradigme comportemental, En Allemagne, par exemple, I’histoire des religions fut marquée par la philologie, c'est-a-dire l'étude des langages a partir des documents écrits, particuligrement des manuscrits, En Grande Bretagne, la religion est abordée suivant les rites et les coutumes, C’est pour cette raison qu’ il est difficile de cerner et de définir la religion. C’est pour cette raison que des querelles scientifiques sur la définition de la religion sont constamment notées. 2. Définition de la religion La sociologie des religions se définit comme étant la science du religicux. Avec la sociologie des religions, la religion ne se limite pas 4 ce que l'on appelle les grandes religions mondiales, telles que le Christianisme, I'Islam, le Bouddhisme, le Judaisme, ete. La sociologie des religions ne laisse plus a la religion le champ des explications du fait religieux dans la mesure oit elle relativise, diversifie, analyse, examine, critique et compare les composantes, les modes, les manifestations et la nature du phénoméne religieux. La naissance de la sociologie des religions serait due & une demande sociale dans un contexte de crise et de perte de repéres, de références et de changements dans tous les domaines de la vie sociale. Elle reléve de la volonté d’analyser la vie sociale et son évolution en les systématisant et obje AY, UVS INVERSE VRTOELLE DU SENESA Sociologie des religions Soc/P5/S2/2018 Selon Jean-Paul Willaime, la sociologie de la religion est I’étude scientifique des religions avec able une certaine critique idéologique reposant sur un projet de réforme social, voire une v conception alternative entrainée par l'avénement de la société. Michel Despland a listé une quarantaine de définition de la religion. Mais, il n’y a aucune définition qui fait I'unanimité des chercheurs et l'on ne peut isoler la définition du religieux de l’analyse que l'on en fait, Il est possible de la définir par la foi ou l’adhésion a une doctrine religieuse. On peut la définir par les croyances et les pratiques religieuses. On peut la définir & travers [’Eglise, cest-d-dire une communauté religieuse. Parfois, des chercheurs la considérent comme étant un ensemble déterminé de croyances et de dogmes qui définissent le rapport de l'homme avec le sacré. Certains penseurs la définissent comme étant un ensemble de sentiments, de croyances, de dogmes et de pratiques qui définissent les rapports de I’étre humain avec le sacré ou la divinité, Certains la considérent comme étant un ensemble de représentations et de pratiques qui sont dites, consignées dans des textes, et constamment . Crest le commenté s des religions révélées. John Milton Yinger définit la religion comme «un ensemble de croyances et de pratiques grdce auxquelles un groupe donné fait face aux grands problémes de la vie humaine! ». Emile Durkheim définit la religion par la distinction entre le profane et le sacré, Selon lui, la religion est « un systéme solidaire de croyances et pratiques relatives @ des choses sacrées, clest--dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une méme communauté morale appelée Eglise, tous ceux qui y adhérent *», La définition durkheimienne de la religion est caractérisée par une triple sémantique : un systéme solidaire de croyances et de pratiques ; 'opposition entre sacré et profane ; l'opposition entre religion et magie. Toute religion comporte des pratiques, des rites, des sacrifices, et dispose de croyances propres. Le caractére principal de la religion est le sacté, Les choses profanes sont celles « d l'égard desquelles on se conduit de maniére "économique ». Le sacré consiste, quant a lui, a la croyance en une déification de Ia société, puisque selon Durkheim, Dieu est la représentation de la société par elle-méme ' J. Milton Yinger, Religion, Society and Individual: an introduction to the Sociology of Religion, New York, Mac millen, 1957, (traduction frangaise, Religion, Socicté et Personne, Paris, Editions universitaire, 1964, p. 17. ® Durkheim Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, PUF, 2003, p. 65, » Aron Raymond, Les étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, 1967, p. 351 AY, UVS INVERSE VRTOELLE DU SENESA Sociologie des religions Soc/P5/S2/2018 Par rapport & l’opposition entre religion et magie, la religion génére une Eglise ; alors que la magie ne la génére pas. La religion est inséparable de I’Eglise. Elle unit ’ensemble des individus qui y adhérent en une méme communauté morale. Pour Danielle Hervieu-Léger, la religion est « un mode spécifique du croire reposant sur une lignée croyante, qui véhicule des symboles et des rites selon une référence légitimatrice 4 une mémoire autorisée, traditionnelle : comme nos péres ont cru, nous croyons' », D’aprés Jean-Paul Willaime, la religion est « une activité symbolique traditionnelle reposant sur une donation originaire (dimension verticale) qui engendre des dons, @ la fois dans la filiation, la transmission (dimension longitudinale) et dans la solidarité qui se tisse entre celles et ceux qui se reconnaissent dans une méme filiation® ». C’est dans ce sens que Jacques Lambert parle de la « Tour de Babel des définitions de la religion ». Chaque définition refléte les orientations de recherches des auteurs et ces orientations varient selon les pays, selon les époques. En sociologie des religions, les influences sur les chercheurs se révélent lorsqu’on examine leurs définitions de la rel ion « en soi ». Car il ne s’agit pas d’un probléme empirique auquel observation peut répondre toute seule. 3. Rites et croyances ile Durkheim® en examinant les effets du rite au sein du groupe conclut que le rite s‘insére dans la religion. Aussi si Jean Cazeneuve donne au rite une définition minimaliste en soulignant qu’il est une action qui est suivie de conséquences réelles’. Celle donnée par C. Riviere’ est plus exhaustive et permet de bien définir les rites contemporains. 1] définit les rites comme étant « des actes répétitifs et codifiés, souvent solennels, d'ordre verbal, gestuel et postural, @ forte charge symbolique ». * Lassave Pierre, Entre sociologie et anthropologie des religions, in « Archives de sciences sociales des religions », nt 142, avril- juin 2008, p. 156 5 Idem, p. 156. © Durkheim Emile, Op. cit, 1968, * Cazeneuve Jean, Sociologie du rite, PUF, Patis, 1971 *C.Rivi AY, UVS INVERSE VRTOELLE DU SENESA Sociologie des religions Soc/P5/S2/2018 Il convient de souligner que, pour les sociétés « traditionnelles», le rite est souvent en rapport avec la religion ou avec des forces sumaturelles comme le mana largement étudi par Marcel Mauss. Emile Durkheim qui privilégie une approche classificatoire et holiste, dit ceci durite : « Les rites sont des régles de conduite qui prescrivent é l'homme comment se comporter avec les choses sacrées °» alors que la religion, & laquelle il est souvent corrélé, apparait comme un « systéme solidaire de croyances et de pratiques relatives des choses sacrées, ¢'est-a-dire séparées, interdites ». Le rite permet d’expliquer et d’interpréter les pratiques religieuses au sein des communautés et peut étre considéré, d’une part, comme une source de cohésion sociale face a un danger potentiel ou 4 l'anomie d'une société et, d’autre part, comme un moyen de revivifier les croyances. Dans cette perspective, nous pouvons admettre que, de maniére générale, la pratique religieuse peut se traduire par deux types de rit : la priere et le sacrifice qui sont considérés comme des rites positifs et d’autres rites négatifs 4 I’exemple du jedne. L’identification d'indicateurs susceptibles de mesurer la dimension rituelle est plus simple comparativement a la mesure des croyances et des sentiments religieux parce que les pratiques rituelles sont plus faciles observer, a décrire et mesurer. Clifford Geertz! souligne, & ce propos, que c’est au prix d'une réduction du comportement religieux 4 un acte observable de fagon externe qu’on arrive & le décrire de maniére plus simple quand on pense a une description plus dense de l’activité religieuse. Nous pouvons, & ce sujet, rappeler l’analyse de Ch. Glock" qui distingue les indicateurs de degré et les indicateurs de nature qui, selon lui, sont plus nombreux au niveau des croyances que celui du rituel. En effet, analysant la religion chrétienne, il montre qu’il y a une différence fondamentale entre le fait de prier a genou ou de le faire debout, de choisir de faire des génuflexions ou de ne pas en faire ; toutes ces différences peuvent étre traduites en indicateurs de nature qui permettent de classer autrement les pratiquants, c’est-a-dire non seulement selon la fréquence et l’intensité de la pratique, mais aussi selon sa nature. » Durkheim Emile, Op. cit, ° Goertz Clifford, Islam observed. Religious development in Moracco and Indonesia, The Univ Press, 1971, p. 53. © Ch, Glock, « ¥ a til un réveil religioux aux Etats-Unis ? », in Raymond Boudon et Paul Lazarsfeld (84), Le vocabulaire des sciences sociales, ParisvLa Haye Mouton, 1971, . 51 ity of Chicago Dr Mouhamadou Mansour DIA. AY, UVS INVERSE VRTOELLE DU SENESA Sociologie des religions Soc/P5/S2/2018 I faut reconnaitre que la distinction entre les croyances et les rites n’est pas absolue pour la bonne et simple raison qu’une méme croyance peut se manifester dans différents rites wu du rituel et inversement et que l’importance et la fréquence des indicateurs de nature au niv. dépendent de l’enjeu que représente un rite déterminé pour définir la communauté religieuse en question”, "Ch, Glock, Op., cit. pp. 53-

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