WW) _ ZL ‘Allengre:
QUE SIGNIFIE «APPROCHE
PSYCHOLOGIQUE DE LALLERGIE»?
La personnalité allergique décrite en psychologie,
qu’elle s’applique & une allergie respiratoire, cutanée, diges-
tive, correspond 4 un mode de fonctionnement psycholo-
gique particulier. Avant de l’aborder en détail, nous ferons le
portrait de Sylvette.
Originaire du Nord, mariée, deux enfants, Sylvette
S'apprétait a féter la quarantaine, lorsque je ’ai connue. Elle
était venue prendre un rendez-vous a Ph6pital de jour,
accompagnée d’une amie qui connaissait déja Vhépital depuis
longtemps et qui avait enfin décidé Sylvette a venir consulter a
Paris pour sa rhinite allergique.
Alors que je suis occupée au téléphone, elles s’installent
sans hésiter dans la piéce, se cherchant chacune une chaise et
4 55LASTHME EN QUESTIONS
se parlent en riant de temps en temps d'une fagon assez exci-
tée: elles avaient pris le train le matin de bonne heure, alors il
fallait se dépécher, car elles auraient aimé profiter de cette
journée a Paris pour faire un peu les magasins, avant de repar-
tir le soir méme, parce qu’avec les embouteillages, les gréves,
etc.
Ce qui frappait, c’était cette facilité de s’installer dans un
environnement étranger, de se fondre immédiatement dans
T'ambiance, encore que, sur un mode un peu excessif, répon-
dant du tac au tac au discours volontairement détendu de
Pinfirmiére dans le but de la mettre a aise... ce qui n’€tait
vraiment pas la peine!
Cette étonnante familiarité de Sylvette lors de ce premier
contact devait se confirmer lors de notre premier entretien,
lorsqu’elle me raconta sa fagon d’étre avec son entourage.
D’abord, ses rhinites avaient vraiment pris de l’ampleur
depuis son mariage. Ne semblant pas accorder d’importance
ala séparation d’avec sa famille, dont elle est cependant trés
proche, Sylvette évoque plutét, pour expliquer l’aggravation
de sa rhinite, de son allergie aux produits de traitement, le fait
que, son mari, parce qu’il était cultivateur, avait contrainte 4
déménager d’Amiens-ville a sa proche banlieue, cest-a-dire
en pleine campagne. D’ailleurs, il suffit qu’elle sorte dans le
jardin, ne serait-ce que cing minutes, pour désherber ou
‘cueillir des fraises, elle devient aussit6t toute rouge, se couvre
de boutons et son nez coule.
Cest pareil avecles gens: «Je n’aime pas les disputes», dit-
elle (entendez le moindre affrontement). «Il y a deux ans, le
jour du 1* de l’An, toute la famille était réunie et j’ai eu des
mots avec mon frére. D’un seul coup, j’ai senti que j’avais
chaud, je suis devenue toute rouge parait-il, mon coeur battait
tres fort et je me suis évanouie».
Il faudrait qu’il n’y ait jamais de conflit!
Lorsque je lui demande si, a l’occasion de ces grandes fétes
de famille, elle se sent proche de tous de la méme fagon,
56Ne
LASTHME EN QUESTIONS
d qu’avec ses belles-sceurs elle est peut-étre
te. Sije lui demande si c’est 4 cause affini-
é épond que non, elle ne
s de caractdres, par exemple, elle répon' ne
sat pas. Elle ressent le monde autour d’elle de fagon plutét
indifférenciée, au niveau de la sensation.
Réaction de défense excessive de Torganisme contre quel-
que chose qui n’est pas au plus haut point inquiétant pour lui,
Pallergie est une anomalie caractéristique du syst¢me immu-
nitaire se produisant dans un contexte relationnel dont le
prototype est Ia relation précoce mére- enfant. Lenfance se
fondant dans un environnement gustatif, olfactif, tactile et
respiratoire, notre mémoire nous restituerait, en effet, une
description de ce paysage tel qu’il est vécu par le corps, Iui-
méme délimité par un dedans et un dehors.
Lallergie peut apparaitre ou bien comme une réponse
ponctuelle a une situation de stress ou bien comme un mode
de relation avec autrui, faisant continuellement face 4 des
sensations excessives.
Cet aspect excessif provient de l'environnement extérieur,
tel que le restituent nos sens les plus enracinés dans le corps.
Existe ainsi une interdépendance extréme entre la personne
allergique et son environnement oii tout ce qui advient en lui,
advient dans son corps. Elle vit dans une sorte de corps &
corps avec l’environnement, sans pouvoir s’en distancer, sans
pouvoir mettre une limite entre elle et lui. Cette continuité du
corps avec l’environnement rend compte de cette hyperréac-
tivité instantanée du corps face a un élément de Penvironne-
ment avec lequel il forme un bloc, et de sa susceptibilité face A
ces éléments vécus comme des agresseurs potentiels, parce
que trop proches.
La problématique de la personne allergique est alors bien
de savoir ce qui est soi et ce qui n’est l’est pas. Dans cette
fusion avec ce qui l’entoure, se posent les questions de ses
Sylvette me répon
un plus plus distan
. Propres limites identificatoires.
D’oi vient ce mode particulier de la relation aux autres?
Sy]LASTHME EN QUESTIONS
Ce qui déterminerait la construction de cette identité toute
subjective, de la conscience de ses limites, c’est l’angoisse
infantile bien connue du huititme mois. Celle-ci ne serait pas
Tangoisse pour l’enfant d’étre séparé de son entourage fami-
lier et notamment de sa mére, mais l’angoisse issue de la
perception de Ia différence entre le visage de la mére et son
propre visage.
Fin de la coincidence entre soi-méme et soi-méme par
Vintermédiaire du visage de la mére. Langoisse de ’étranger
induit une crise d’identité en obligeant la mise en place et
la structuration de ses propres limites identificatoires, en
faisant les différences entre ce qui est soi et ce qui est
au-dehors.
Or, les enfants allergiques ne connaitraient pas cette
angoisse de l’étranger, de la différence, de la séparation
d’avec un environnement familier en prenant justement
possession de lui, par-dela I’espace méme, non limité.
Leurs relations avec l'environnement se structurent alors
en vue d’empécher que la différence émerge. Il existe en effet
une intense élaboration psychique qui s’évertue 4 gommer les
différences, 4 réduire tous les visages 4 un visage unique de
référence par un mode de relation aux autres exclusivement
identificatoire.
Cest ce qui fait ressortir chez Sylvette une familiarité
d’emblée au contact, signe d’un manque de médiation, de
distanciation par rapport a l’environnement.
C’est ce qui explique également sa fagon de voir son entou-
rage. Les personnes ne sont pas distinguées et appréciées
pour leurs qualités personnelles, mais appréhendées dans un
tout indifférencié.
Dans la méme optique, pour éviter d’étre confronté a la
différence, il faut bien sir éviter tout affrontement, tout
conflit, toutes contrariétés, et parfois des séparations réelles
venant mettre en échec les mécanismes de défense utilisés.
58——e
LASTHME EN QUESTIONS
Car la notion méme de conflit sous-entend Ia mise en
présence de deux personnes différentes et la dimension
@altérité, Or, elle doit étre banalisée.
Tant que tout coule de source, qu'il n’y a pas de divergences
opinions, l'autre peut continuer a étre pergu comme iden-
tique a soi. Mais dés que survient un obstacle, une rupture,
une différence, l’allergie apparait, sorte de prise de contact
avec ce qui n’est pas soi. Souvenons-nous que Sylvette tombe
instantanément évanouie a partir du moment oi «elle a des
mots» avec son frére. De méme, les patients qui disent «Je
suis allergique 4 tout», ajoutent en plaisantant que la solution
serait de s’enfermer dans une bulle. C’est une autre fagon
d’éviter tout confit, tout affrontement avec l'environnement
en retournant 4 un état de fusion avec lui.
La perception de la différence chez les personnes aller-
giques intervient ainsi comme une situation d’impasse quand,
sur un fond de relations exclusivement duelles ot chaque
territoire n’est, en réalité, pas différencié l'un de Pautre, vient
& apparaitre l’identique et le non-identique par Vintermé-
diaire d'une troisitme personne qui va servir finalement de
médiation et va perturber ce fonctionnement.
I est vrai que l’on observe trés fréquemment chez les
enfants souffrant d’un asthme allergique, une structure fami-
liale ob apparait «Ja bulle» mére-enfant de laquelle le pére, le
troisieme terme, est exclu ou, du moins, réduit 4 un réle
secondaire.
Or, sans son intervention, le renoncement a ce mode de
communication trés primitif, trés proche et trop charnel entre
lenfant et son entourage, ne peut se réaliser.
Non médiatisée par des mots, cette forme archaique de
communication oii seul le corps et ses réactions physiolo-
giques font office de potentialité relationnelle, conduit a
Tétouffement des propres limites identificatoires de la
personne allergique.
9LASTHME EN QUESTIONS
Ainsi, Vallergie est-elle une: fagon de vivre l’espace:
«Espace qui rapproche et éloigne, restreint et libére, clot et
ouvre, scandé comme une respiration».
Un travail psychothérapique peut offrir des débouchés non
négligeables a la personne présentant ce type de personna-
lité: utilisant un mode relationnel basé exclusivement sur la
verbalisation d’émotions, de conflits, d’un vécu corporel, il
permettra d’élaborer ce mode de communication archaique,
d’y mettre un terme, et permettre, de cette fagon, de consoli-
der des limites identificatoires et corporelles restées floues.QUELS ALLERGENES?
i allergénes sont constitués pour la plupart de
mosaiques d’antigénes. Chaque composant antigénique est
susceptible d’induire des réactions allergiques dans une
population de sujets prédisposés. Selon leur mode de péné-
tration de l’organisme, on distingue les pneumallergénes
véhiculés par |’air et induisant des réactions allergiques aprés
inhalation, Jes trophallergénes ingérés par voie orale et
responsables d’allergie alimentaire. II existe bien d’autres
types d’allergenes comme les venins d’hyménoptéres
(abeille, guépe, frelon), certains médicaments, certaines sub-
stances d'origine professionnelle.
La poussiére de maison contient les principaux allergénes
responsables d’un grand nombre de manifestions allergiques,
61LASTHME EN QUESTIONS
qu’il s’agisse de rhinite ou d’asthme. Elle est composée d'un
grand nombre de substances d'origine animale et végétale,
poils de chat et de chien, squame humaine, moisissure, débris
végétaux, mais surtout acariens. Les acariens de la poussiére
de la maison contiennent les principales substances antigé-
niques. Ils se nourrissent de débris de peau humaine et se
teproduisent dans des conditions optimales d’humidité 4 80
% et de température de 20 a 30° C. Ils sont particuligrement
abondants dans la literie, surtout dans les matelas, les oreil-
lers, les moquettes, oi ils retrouvent leur nourriture et une
ambiance idéale pour proliférer. En fonction des variations
climatiques, d’humidité et de température, on comprend
qu'il puisse exister des pics saisonniers. Le climat froid et sec
n’est pas propice a leur développement c’est pourquoi on ne
retrouve que peu d’acariens au-dessous de 1500m d’altitude.
Il existe plusieurs centaines d’espéces d’acariens mais une
espéce domine en Europe (Dermatophagoides Pteronyssi-
nus) alors que D. Farinae prédomine en Amérique du Nord.
En dehors de la poussiére de la maison oi I’on peut en
dénombrer 2 4 4000 par gramme de poussiére, on peut en re-
trouver dans la poussiére de grain et dans les fromages. Les
acariens vivent a |’état adulte de 6 @ 14 semaines. Ce sont
essentiellement leurs crottes qui sont antigéniques: ceci
explique la persistance de l’'antigénicité des débris de pous-
siére, méme aprés la mort de l’acarien lui-méme. Plus de
deux tiers des rhinites et des asthmes allergiques, surtout chez
Jes adolescents et les jeunes adultes, sont dus aux acariens, et
ce, dans la plupart des continents de la planéte.
Vallergie aux acariens représente donc un véritable fléau
mondial justifiant de nombreux travaux de recherche sur
Y’étude des déterminants antigéniques afin de mettre au point
de nouvelles techniques diagnostiques et thérapeutiques.
Nous pourrons ainsi mieux appréhender le seuil a partir
duquel la concentration en acariens peut induire une hyper-
réactivité bronchique ou des symptémes asthmatiques. Des
antigénes purifiés d’acariens permettront de faciliter les tech-
QLASTHME EN QUESTIONS
niques de désensibilisation. Enfin, de nombreuses substances
chimiques, non toxiques pour l’homme, sont étudiées pour
limiter la prolifération des acariens: on appelle ces substances
«acaricides».
Les plumes présentes dans les oreillers et édredons sont
parfois incriminées dans certaines manifestations allergiques.
En fait, un individu n’est pas véritablement allergique aux
plumes, il est allergique aux acariens présents en abondance
dans ce milieu de culture douillet, chaud et humide, au
Contact du corps humain plusieurs heures par jour.
Les animaux domestiques sont fréquemment en cause
dans la sensibilisation des asthmatiques, mais on ne sait pas
encore de facon précise quels sont les composants allergé-
niques. Pour le chat, les allergénes les plus nocifs sont conte-
nus dans les phanéres et la salive qui peut d’ailleurs étre
répandue surles poils lorsque I'animalse léche. Outre le chat,
de nombreux animaux a poils peuvent étre allergisants: le
hamster, le cobail, 1a souris, le rat, le cheval, ainsi que le chien
qui aurait une allergénicité variable selon la race. La propor-
tion d’allergies professionnelles chez les sujets faisant de la
recherche expérimentale est proche de 20 %, et ceci se
concoit sil’on considére la multiplicité des allergénes retrou-
vés chez ces animaux de laboratoire, contenus dans la peau, le
sérum, mais aussi dans la salive du rat, les urines de la souris,
etc.
Les pollens sont fréquemment incriminés dans les allergies
Tespiratoires. Certains sont transportés par le vent, pouvant
étre véhiculés 4 grande distance, et par conséquent intéresser
des individus trés éloignés de la source pollinique. D’autres
sont véhiculés par les insectes. La pénétration des pollens
dans l’appareil respiratoire dépend de leur taille. Les plus
gros grains se déposent préférentiellement dans le nez, et
entrainent une rhinite allergique, alors que les grains plus
petits pénétrent l’arbre respiratoire et sont tesponsables de
trachéite ou d’asthme bronchique. Le pouvoir allergisant des
68LASTHME EN QUESTIONS
pollens, trés variable, est lié 4 leur teneur en certaines
protéines, comme les ferments ou enzymes. L’allergie polli-
nique est le prototype de l’allergie saisonniére, puisque les
pollens d’une espéce donnée pollinisent 4 une période préfé-
renticlle. Depuis plusieurs années, les calendriers polliniques
permettent d’évaluer les pics saisonniers autorisant ainsi de
véritables actions de prévention par des traitements protec-
teurs, avant que les manifestations cliniques ne se déclarent.
Le calendrier pollinique s’étale essentiellement de février A
juillet selon les pollens considérés. En février — mars, on
craint plutot les allergies au mimosa, aux peupliers; en avril,
les platanes, les pins, puis les bouleaux, les chénes; en mai —
juin, les oliviers, les tilleuls, les trotnes en été, puis les chatai-
gniers. Dans certaines régions, il existe des pics polliniques
méme pendant |’automne, comme les pollens de cédres ou de
composés (armoise) pendant le mois de septembre.
Il existe bien d’autres allergénes responsables d’allergies
diverses:
Les spores des moisissures et des levures présentes dans
Patmosphére de facon inapparente sont souvent produites
par des champignons microscopiques. Leur importance aller-
génique est difficile 4 déterminer.
Par contre, les aliments et les boissons peuvent étre respon-
sables d’asthme par le biais de sensibilisation allergique, mais
aussi par des r€actions toxiques, ou par libération histamine
entrainant des manifestations visibles comme Lurticaire.
Les principaux allergenes alimentaires sont le lait de vache,
Poeuf, le poisson, les crustacés, mais il en existe bien d’autres
qui font parfois partic intégrante de la nourriture courante de
tous les jours tels le café, le chocolat, la moutarde, les
pommes de terre, le céleri, etc. Les additifs alimentaires
comme les colorants et les conservateurs ont leur part de
responsabilité dans lallergie, qu’il s’agisse de colorants de
synthése dont certains ont une sensibilité croisée avec Taspi-
nine, ou de colorants naturels volontiers moins agressifs. Mais
4YE -Sltltttt
| LASTHME EN QUESTIONS
! tout ce qui est naturel n’est pas inoffensif; les conservateurs
comme les nitrites de la charcuterie peuvent tre en cause
alors que les gélifiants et aromatiseurs sont peu impliqués.
Ces produits, comme d’ailleurs les sulfites, sont bien souvent
suspectés et incriminés dans divers types de manifestation
@intolérance ou d’hypersensibilité, mais leur responsabilité
pourrait progressivement diminuer du fait d’une législation
plus stricte et plus contraignante. Un inventaire des aller-
génes ne peut s’envisager sans parler des allergenes médica-
menteux et professionnels.
Tous les médicaments peuvent étre responsables d’acci-
dents immunologiques ou non, mais certains sont particulié-
rement impliqués comme la pénicilline, les sulfamines, les
anesthésiques locaux et généraux, les produits de contraste
radiographique. II n’est pas inutile pour un patient, comme
pour un médecin, de connaitre l’ensemble des médicaments |
contenant de l’aspirine ou des produits doués d’une allergéni-
cité croisée comme les anti-inflammatoires non stéroidiens
Jargement prescrits en pathologie inflammatoire, notamment
pour certains rhumatismes.
Lesallergénes professionnels sont de plus en plus étudiés et
reconnus par la législation ; les plus couramment cités sont les
Isocyanates. Lasthme du boulanger est di aux farines,
pollens, moisissures, acariens et artropodes. Bon nombre de
ces asthmes professionnels sont invalidants, posent des
problémes sociaux et économiques parfois pénibles du fait
des difficultés de reclassement professionnel. Méme aprés
soustraction al’environnement nocif, la disparition des symp-
tomes est parfois longue.
Chacun connait par ailleurs l’influence du climat et des
variations météorologiques sur la maladie asthmatique: les
yents violents sont défavorables aux allergiques, ne serait-ce
que par les pollens qu’ils transportent, alors que la pluie
plaque ceux-ci au sol. Uhumidité est souvent incriminée dans
les poussées €volutives d’un asthme, il est difficile de faire la
654 LASTHME EN QUESTIONS
part entre la responsabilité des particules d’eau en suspension
et celle de la prolifération des acariens qui apprécient parti-
culiérement les micro- climats chauds et humides. Les varia-
tions de température semblent néfastes aux asthmatiques, de
méme que la respiration d’un air froid et sec qui peut induire
des troubles de la vascularisation bronchique et du réchauffe-
ment des voies aériennes. Un test a d’ailleurs été reproduit au
laboratoire pour étudier ’hyperréactivité bronchique au
cours d’une respiration d’air frais. On sait par ailleurs que la
chaleur est responsable de la pollinisation de certaines varié-
tés de plantes et d’arbres. altitude semble bénéfique 4 un
bon nombre d’asthmatiques et de rhinitiques; les raisons en
sent probablement complexes, mais I’hypothése d’une raré-
faction de la population des acariens en altitude est souvent
retenue, soit du fait de la fraicheur, de la sécheresse, soit de la
faible teneur en oxygéne de air ambiant. Hest difficile sur ces
notions de donner des recommandations rigides sur le micro-
environnement idéal pour un allergique. Probablement, les
asthmatiques tolérent plus volontiers les climats d’altitude
auxquels on peut recourir de fagon définitive ou en cure tran-
sitoire, ainsi que les climats tempérés avec un degré d’hygro-
métrie moyen, en restant le plus possible a l’abri des vents
vifs.
La pollution atmosphérique joue un réle plus ou moins
évident dans la genése et l'entretien des maladies respira-
toires, allergiques ou non. Encore faut-il distinguer la pollu-
tion de l’atmosphére de certaines villes ou campagnes, de la
pollution individuelle, des micro-climats domestiques et
professionnels dont|’exemple privilégié est fourni parle taba-
gisme, véritable pollution individuelle expérimentale.
Le «smog» est souvent considéré comme le type méme de
pollution atmosphérique. Ses divers composants ont été
incriminés a des degrés variables dans le déclenchement et
Pentretien d’un asthme ou simplement d’une hyperréactivité
bronchique de base. oxyde de souffre (SO,) ou les oxydes
d’azote induisent une broncho-constriction et une diminution
6LASTHME EN QUESTIONS
de Vactivité des cils bronchiques qui participent a l’épuration
des bronches en balayant le mucus vers la gorge.
D/autres polluants sont susceptibles d’entrainer des symp-
tomes bronchiques, qu'il s’agisse de crise, d’étouffement ou
de toux intermittente. Citons l’ozone, les polluants domes-
tiques comme les fréons, les insecticides, etc. Le tabac reste
néanmoins l'aérocontaminant le plus important puisque plus
dun tiers des frangais fument encore ; ce chiffre est A confron-
ter aux 10 % d’allergiques, aux 7 % de patients souffrant de
thinite et aux 5 % d’asthmatiques recensés dans la population
générale. S'il est vrai que les asthmatiques eux-mémes
fument peu, ils sont cependant volontiers soumis au taba-
gisme passif, imposé par les fumeurs de leur entourage,
parfois méme dans leur propre famille. Or, cette simple expo-
sition passive a la fumée de tabac des autres majore le risque
d’asthme chez un jeune enfant prédisposé, aggrave les symp-
témes d’un asthmatique reconnu, et peut contribuer a la
genése d'une véritable bronchite chronique mixte, asthma-
tique et tabagique. On ne saurait donc trop insister sur ’impé-
Tieuse nécessité de lutter contre ce tabagisme dans les familles
Wallergique, ces recommandations étant tout aussi fonda-
mentales que I’éradication des acariens, des animaux domes-
tiques, que la prévention-désinfection et les recommanda-
tions vis-a-vis des risques professionnels. Au terme de cette
approche complexe et variée énumérant les différents
composantes de notre environnement aéro-écologique impli-
quées dans la genése de I’asthme, il ne faut pas oublier que de
nombreux facteurs favorisants acquis ne s’exprimeront que
Sil existe une prédisposition génétique. Lasthme procéde
essentiellement de la conjonction de facteurs innés et de
facteurs acquis, de facteurs Prédisposants et favorisants du
terrain et de l'environnement, d’une nature et d'une culture.