You are on page 1of 355

BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

1|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

« Les hommes sont hantés par l’immensité de l’éternité,


C’est pourquoi nous nous Demandons Le récit de nos acte
trouvera t-il un écho à travers les siècles ? Les étrangers
Entendront t-ils nos noms longtemps après notre disparition,
se demanderont t-ils qui nous Étions ? Si nous avons
combattu avec courage et aimer avec ardeur ».

2|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Prologue
L’Amérique et Israël n’ont jamais été innocents. C’est au prix de notre
pucelage et notre retard dans la technologie que nous les musulmans avons
payé notre passage, sans un regret sur ce que nous laissions derrière nous.
Nous avons perdu la grâce et il est impossible d’imputer notre chute à un seul
événement, une seule série de circonstances. Les bonnes nouvelles en
provenance de Gaza sont rares. Les médias pointent une pauvreté extrême,
des confits violents et une radicalisation croissante. En tant qu’Ecrivain
réaliste coopérant avec nos frères et sœurs palestiniens, j’ai eu le privilège de
connaître une autre facette de Gaza, là ou tout est cachée. En dépit de son
isolement progressif du monde extérieur depuis près de deux décennies, Gaza
est un lieu étonnamment accueillant et dynamique. La plupart des habitants
de Gaza refusent de céder au désespoir et luttent de toutes leurs forces pour
préserver leur dignité dans des circonstances de plus en plus difficiles. Par ce
recueil de voix Algériens et avec l’aide de quelque voix palestiniennes de
Gaza par facebook, Je vous présente la diversité de la société de la Bande de
Gaza en toute réalité. En permettant à nos frères et sœurs palestiniens de
s’exprimer sur leurs expériences, leurs peurs et leurs espoirs, j’espère
modifier la plupart des stéréotypes négatifs et des idées fausses. La crise
actuelle que subit Gaza depuis des éternités est tout d’abord une crise de
dignité. Des gens ordinaires voient leurs droits fondamentaux, tels que l’accès
à la nourriture, à la santé, à l’éducation, au travail, et leur liberté de
mouvement, violés au quotidien. Leur lutte pour mettre fin à l’occupation est
un combat pour le respect de leurs droits fondamentaux, à commencer par
leur droit à la vie. Le processus de paix israélo-palestinien, initié dans les
années quatre-vingts dix, n’a pas répondu aux espoirs de la population dans
un avenir meilleur. Israël a prolongé son occupation et a appliqué des
politiques draconiennes en matière de bouclage de la Bande de Gaza. Après
la prise de pouvoir du Hamas à Gaza et l’augmentation des attaques de
roquettes sur Israël, ces politiques ont atteint leur paroxysme. En septembre
2007, la Bande de Gaza a été déclarée entité hostile, et Israël a imposé un
blocus sans précédent qui a amené celle-ci au bord du gouffre. La population
locale est plus pauvre que jamais et n’est plus capable de générer ses propres
revenus. L’occupation qui perdure, le blocus, les troubles internes et la
fragmentation croissante de la société palestinienne augmentent les
difficultés rencontrées par les palestiniens dans la réalisation de leurs
objectifs. Alors qu’elle devrait se concentrer sur les questions de
développement,

3|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
la société civile de la Bande de Gaza doit faire face à une crise humanitaire
majeure ainsi qu’à la désintégration de son tissu social. Toutefois, nos frères
palestiniens poursuivent leur travail dans les domaines de l’agriculture, de la
culture, de l’éducation, de la santé, des droits de l’homme, de la jeunesse, etc.
En dépit des circonstances, ils luttent pour que les gens puissent accéder à des
services de base, ils militent pour une société pluraliste et ouverte, et pour une
autorité élue démocratiquement, respectant les droits de l’homme et l’Etat de
droit. L’un des principaux défis actuels réside dans la préservation de l’unité
entre les Palestiniens et la promotion de la réconciliation. Depuis maintenant
plus de deux ans, les Palestiniens de Gaza sont hermétiquement coupés du
monde extérieur. C’est pour cela que j’ai nommé ce recueille « GAZA terre
oubliée » Cette ségrégation, non seulement affecte leur quotidien, mais réduit
également la possibilité d’un avenir commun entre Palestiniens et Israéliens.
Les deux côtés de la frontière attestent de plus en plus d’une isolation
psychologique menant à la radicalisation, une tendance qui menace de saper
les liens qui ont un jour existé entre ces deux sociétés. Heureusement, comme
le démontrent certains des entretiens de ce recueil, la connaissance de la
société israélienne est encore présente dans les points de vue des Gazaouïs.
Les habitants de Gaza souhaitent simplement vivre en paix dans leur
société et avec leurs voisins. Malgré la dernière guerre, qui a provoqué une
souffrance sans précédent, le message des palestiniens reste un message
d’espoir et de non violence. Ils pressent la communauté internationale de
s’opposer à la destruction humaine, sociale et économique de Gaza et de
veiller à ce que les responsabilités pour les violations du droit international
soient assumées. L’aide financière n’est qu’un aspect nécessaire de la
reconstruction et du développement futur de Gaza. Mais, plus urgent encore
est l’ouverture immédiate des frontières et des points de passage, une sécurité
garantie pour toutes les parties et une paix durable et juste.

Les habitants de Gaza méritent l’entière protection que le droit


international garantit et le respect total de leur dignité.

4|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

comme l’affirme, à juste titre, Claude Cartigny dans son numéro, «


paradoxalement, le conflit israélo-palestinien, le plus vieux conflit de
l’histoire contemporaine, est aussi celui dont tout le monde connaît la solution
: la création d’un État palestinien dans des frontières viables et reconnues,
donnant enfin au peuple arabe de Palestine le droit de vivre en dehors du statut
de sujétion et d’infériorité dans lequel il se trouve actuellement enfermé ».
Malgré les injonctions de la communauté internationale à l’égard d’Israël,
rien n’y fait. Celui-ci, s’appuyant sur son puissant allié américain et sur le
formidable déséquilibre de puissance dont il jouit, laisse pourrir le conflit,
torpille toute esquisse de négociation sérieuse et d’espoir de paix, bref joue la
montre sachant que le temps joue en sa faveur, notamment sur un aspect
important du contentieux, celui des réfugiés palestiniens. Car voilà soixante
ans que le conflit israélo-arabe, comme on l’appelle en Occident, la
colonisation sioniste en Palestine, comme on la nomme dans le monde arabe
et nombre de pays du Tiers monde s’est installé. En 1948, pour le peuple
palestinien, c’est la Nakba (la « Catastrophe »). Aujourd’hui ce terme s’est
imposé dans le monde entier et, seuls les négationnistes qui refusent de
reconnaître le prix terrible payé par la population indigène de Palestine afin
que se constitue l’État juif, évitent son usage. Car la guerre est aussi une
guerre des mots. Intifada a également fait le tour du monde et n’a pas besoin
d’être traduit. À l’évidence, ce conflit est l’une des principales causes de
tensions dans toute la région moyen-orientale et mobilise toutes les entités
mondiales qui pèsent pour tenter d’y trouver une issue acceptable par les
parties. On n’ose faire la liste de toutes les conférences internationales,
rencontres, négociations, prises de contacts, et autres richesses de la
diplomatie pour mettre fin au conflit. Mais à l’ombre de ce front
diplomatique, les conditions de vie de plusieurs millions de Palestiniens se
dégradent. La colonisation se poursuit à Jérusalem Est et en Cisjordanie dont
le territoire, de plus en plus morcelé, n’a plus de continuité. Malgré les plus
hautes condamnations juridiques internationales, le Mur s’étend, les
checkpoints se multiplient rendant au quotidien la vie infernale aux
Palestiniens et donnant de moins en moins de corps à la perspective d’un État
palestinien viable. Soixante années après la Nakba, les juifs israéliens sont
solidement installés, colonisent toujours, occupent et soumettent les
Palestiniens leur conférant un statut d’occupés. Les contributions réunies dans
ce dossier de Recherches internationales se proposent d’éclairer divers
aspects de ce conflit.
5|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Claude Cartigny revient longuement sur la démarche de négociations initiée
par le processus d’Oslo à partir de 1993. Entamé il y a trente ans, ce processus
a soulevé beaucoup d’espoirs. Les retards et les fausses promesses accumulés
par Israël ont conduit à l’impasse et aux provocations de septembre 2000.
L’arrivée de G. Bush et d’A. Sharon au pouvoir, la mort d’Y. Arafat en
novembre 2004, a définitivement enterré Oslo. Un nouveau processus a été
enclenché par la conférence d’Annapolis le 27 novembre 2007, mais dans des
conditions telles qu’il est très peu probable que la voie de la paix soit
réellement à portée de main, dès lors qu’Israël exige d’être reconnu au terme
de ces négociations comme État juif. Pour Alain Joxe, l’attitude
méthodiquement adoptée par Israël de violation constante de toutes les
résolutions du Conseil de sécurité et de la législation internationale, avec
l’appui inconditionnel des États-Unis et le soutien tacite de l’Union
européenne relève d’une attitude ethnocidaire. Mettre fin au régime
d’apartheid militarisé qui règne en Israël/ Palestine suppose qu’au côté d’un
État palestinien reconnu et viable, la condition de la survie régionale d’Israël
se réalise à travers un État-nation pluricommunautaire rompant avec le
sionisme et une posture coloniale recherchant l’alliance de la droite
américaine. Bernard Ravenel situe dans la dimension nucléaire une des clés
d’explication de la posture israélienne sur la durée. Cette grille de lecture
explique comment Israël, s’étant doté de l’arme nucléaire, entend en rester, à
l’abri du parapluie américain, le seul détenteur dans la région. Cette décision
d’établir une suprématie militaire totale lui permet de refuser tout compromis
politique et rend compte de l’exceptionnelle durée du conflit ainsi que de sa
stratégie de « contreprolifération » nucléaire à l’égard des pays avoisinants.
La durée du conflit interpelle chaque camp et suscite interrogations. En Israël,
l’histoire officielle sur la création du pays a été revisitée par les nouveaux
historiens qui ont remis en cause les certitudes – ou mensonges – établis.
L’historien israélien Ilan Pappé montre comment un nouveau courant
historiographique a surgi à l’aube des années 2000 – le sionisme néo-
classique - soulignant combien la lutte pour la mémoire reste l’un des champs
de bataille les plus cruciaux qui tenaille la société israélienne. Le point de vue
sioniste néo-classique milite pour un Israël qui s’étendrait sur ses frontières
actuelles et sur près de la moitié de la Cisjordanie. L’État palestinien serait
réduit à la bande de Gaza et à l’autre moitié de la Cisjordanie. Aucun droit de
retour ne serait autorisé aux réfugiés palestiniens. Du côté palestinien, Aude
Signoles revient sur des questions qui font débat après le processus d’Oslo
(1993-2000) et montre que le refus de celui-ci a cristallisé les débats internes.

6|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
À ses yeux, le processus de construction étatique que la paix d’Oslo génère
est impulsé dans un contexte d’inachèvement de la lutte nationale et met les
dirigeants palestiniens devant un dilemme : continuer à concentrer les efforts
sur la libération territoriale ou bien travailler désormais, en priorité, à la
construction de l’Etat. Le problème des réfugiés palestiniens– conséquence
de la Nakba– est revisité par Sylviane de Wangen qui considère qu’il
constitue l’un des noeuds de la question palestinienne et donc du conflit
israélo-palestinien. La question des réfugiés palestiniens est inédite au XXe
siècle, complexe, difficile à cause de sa longévité, mais elle n’est pas
insoluble. Mêlant de façon inextricable des droits collectifs et des droits
individuels, sa dimension politique non seulement ne peut pas être esquivée,
mais elle est celle par laquelle la solution sera trouvée. En soixante années, le
conflit, né d’une problématique de récupération territoriale et d’une aspiration
nationale, s’est trouvé happé par une dimension religieuse et, signe de
désespérance, par des formes de luttes – attentats suicides rendant la
mobilisation de la solidarité internationale plus difficile. À cela, s’est ajouté
ses divisions fratricides et meurtrières. Les interviews de deux responsables
d’organisations françaises de solidarité avec la Palestine [Bernard Ravenel et
Fernand Tuil] en montrent la richesse et les difficultés.
A l’évidence ce conflit n’est pas près de finir. Aujourd’hui dans les territoires
palestiniens c’est l’occupant israélien qui détient les pouvoirs réels sur
l’économie, sur la liberté de mouvement, sur la vie quotidienne. Une
satisfaction des droits des Palestiniens ne paraît pas à portée de mains. Mais
il est possible d’alléger leur souffrance sans attendre. Sur cet aspect aussi, la
responsabilité de la communauté internationale est écrasante.

7|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

J’ai écrit ce livre en français parce que cette langue est pour moi une
langue « de paix et d’espoir », afin de partager avec le monde
francophone mes mots qui sont des mots d’espoir, de résistance, au
milieu de l’enfer de Gaza.

J’écris ces textes par amour à ma patrie et la patrie de tous les


musulmans « la Palestine » l’attachement à la ville de Gaza, la
résistance par la non-violence, par l’éducation et par la fidélité à ce
pays. Dans ce livre j’évoque l’engagement des femmes palestiniennes
et leurs souffrances, le rôle de la jeunesse dans la société et je mentionne
souvent l’espoir dans ces textes, l’espoir d’un lendemain meilleur pour
Gaza et pour la Palestine, un lendemain de paix et de liberté.

Par ce livre de Gaza, je tente de réparer les déchirures du drapeau et du


peuple palestinien et il ne faut pas oublier qu’il viendra un jour où le
peuple de GAZA annoncera au monde entier que le temps est venu que
flotte son drapeau, comme tous les drapeaux ». La paix est la seule
solution pour le conflit : « La paix est le nom de notre Dieu qui nous
demande de vivre en paix sur sa terre sacrée ».

« …ce livre est dédie a tous nos frères et sœurs palestiniens qui sont
tombés dans le champ d’honneur, sacrifiant leur vies, dans des conditions
terribles, pour arracher au colonialisme israélien et juif l’indépendance
de leur Patrie la Palestine… ».
« …ce livre est dédie a tous les journalistes qui ont put transmettre les
douleurs du peuple palestiniens et musulmans sans oubliés ceux qui ont
tombés au champ de bataille, sacrifiant leurs vies et celles de leurs
coéquipiers pour nous transmettre les preuves réelles de la guerre
israélo-palestiniennes… »

« Que Dieu vous bénissent et vous accorde son vaste


paradis… »

8|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

JE REMERCIE
Mon professeur qui est ma mère pour m’avoir donné comme exercice
l’étude de chapitres de ce livre, J’ai su alors quelle allait être ma
vocation… Mes deux sœurs, pour m’avoir servis pendant l’écriture de
ce livre sans oubliér ma femme chérie qui m’a soutenue toute sa vie
dont je lui dois tout mon amour et respect et toute ma famille.
L’Edition d’accepté de diriger et de lancer ce livre au monde pour le
lire et de m’avoir orienté mes recherches sur ce sujet, à travers les
conseils et les remarques, fructueuses et constructives, et de leur soutien
et de me donner une chance pour prouver aux autres qui je suis
réellement. L’ensemble de mes interlocuteurs sans lesquels ma
recherche sur ce sujet aurait été vaine. Mes professeurs des universités
d’avoir corrigé l’écriture de cet ouvrage. Tous ceux qui ont cru, avec
moi, à l’aboutissement de cet ouvrage et m’y ont encouragée jusqu’à
son terme, et sans lesquels ces années auraient été une épreuve plus
difficile encore à surmonter.
A vous qui m’avez donné la force de marcher,
A ceux qui m’ont aidé à trouver un chemin,
A toi qui m’y accompagne avec patience,
Merci infiniment, je vous adore de tout mon cœur.

9|Page
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

« ….Il y a des milliers d’Auteurs et des journalistes qui ont écris sur
Gaza et je ne suis pas le premier ni le dernier à le faire, sachez que les
écrivains essayent toujours d’écrire pas seulement pour le plaisir, mais
pour travaillez au sein des sociétés et essayent toujours d’écrire avec des
mots qui touchent les sentiments de l’être humain, et ils écrivent aussi
pour les pays qui vivent dans les guerres tels que la Palestine(GAZA),
L’Irak, la Syrie …etc. pour que les gens lisent se qui se passent dans ces
pays et essayent d’encourager les gens et les hauts responsables des
sociétés à faire la paix dans ces pays, afin que la paix règne dans le
monde … »

Il y en a quelques informations dans Ce recueil qui sont écrits


auparavant, c’est pour cela que vous allez retrouver les références
Bibliographiques à la dernière page de ce recueil.
Je n’ai rien qu’à vous dire à la fin bonne lecture et chaque avis à propos
de ce recueil est le bienvenu.
« Palestine viendra un jour, où ton peuple annoncera au monde entier
que le temps est venu dont ton drapeau flottera comme tous les drapeaux
».

10 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Chante Notre Hirondelle,


Chante La Palestine, Chante La Paix
Nuit douce à la lumière sonore
Ciel étoilé et lumineux
Ciel de Gaza
Ce jour était un autre jour !
Et lors je vois un oiseau rare
Un oiseau insolite
Un oiseau qui défiait le vent
Et les machines volantes de l’occupant :
Une hirondelle…
Une hirondelle venue avant son temps
Avant le printemps et la belle saison
Une hirondelle descendue du ciel N’A pas de velours
Attirée par notre terre ensanglantée
Par notre terre encerclée
Afin de partager nos peines Et notre souffrance.
Sous le nuage blanc,
J’ai suivi sa trace
J’ai suivi sa voile
Gonflée d’espoir
Son pied creusait des sillons
Qui s’unissaient à l’horizon,
Oui, j’ai vu cet oiseau aux belles couleurs,
Une hirondelle pacifiste,
L’hirondelle palestinienne.
Sur le toit aux couleurs de cuivre
Elle faisait une tache d’or
Elle entra dans le cœur de la fleur
Et regarda danser
Les feuilles de l’érable.
Elle chanta la vie,
Elle chanta la paix.

Ziad Medoukh

11 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Les cris de Palestine


Entendez-vous ces cris !,
Ces cris de haine
Venant d’un pays, massacré torturé
Privé de ses droits, pour un simple mot
LA ILLAHA ILA ALLAH
Sans aucune pitié, ils démolissent les cartiers
Torturent nos enfants, brulent nos mosquées
Sans aucune raison, Sans aucune pitié
Pourquoi tel différance
Oh... ! Cris de Palestine.
C’est l’histoire d’un peuple massacré
Oh ! Vous frères qui vous partez chaque jour sur les champs de bataille
Ne perdez pas, gardez l’espoir
Viendra le jour,
Le jour du jugement ou éclatera la justice dans le monde
Oh... ! Vous musulmans ne les oublier pas ne les négliger pas
Faites un geste pour eux
Car lui Dieu vous vois
Et vous jugera sur ces crimes là
Oh... ! Vous musulmans ne les oublier pas ne les négliger pas
Faites un geste pour eux
Car lui Dieu vous vois
Et vous jugera sur ces crimes là
Ils se font massacrés
Ils tuent nos enfants
Violes nos sœurs ni pitié ni sentiments
Sans aucune raison
Sans aucune pitié
Pourquoi tel différance
Entendez-vous ces cris, ces cris de haine
Venant d’un pays massacré torturé
Privé de ses droits pour un simple mot
LA ILLAHA ILA ALLAH
Sans aucune pitié, ils démolissent les cartiers
Torturent nos enfants, brulent nos mosquées
Sans aucune raison Sans aucune pitié
Pourquoi tel différance
Oh... ! Cris de Palestine.
C’est l’histoire d’un peuple massacré
Saifi kheire Eddine
12 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

13 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Chapitre I : Où Se Trouve Gaza?

Gaza ‫غزة‬
Administration
Pays Palestine
Démographie
Population 449 221 hab. (2009)
Géographie
Coordonnées 31° 31′ 00″ Nord 34°
27′ 00″ Est
Altitude 0m
Gaza (en arabe : ‫ ; غزة‬parfois appelée en anglais Gaza City pour la distinguer
de la bande de Gaza qui désigne la région dans son ensemble) est la ville
principale de la bande de Gaza. Après avoir été mise sous l'autorité civile et
militaire de l'Autorité palestinienne dès l'application des accords de Jéricho
et Gaza de 1994 avec Israël, elle est depuis juin 2007 la ville la plus
importante sous l'autorité du Hamas. La ville de Gaza compte 400 000
habitants tandis que la population totale de la bande de Gaza dépasse
1 500 000 personnes, dont environ un tiers vit dans des camps de réfugiés
palestiniens , un autre tiers étant constitué des réfugiés vivant en dehors des
camps3. Ses habitants sont appelés les « Gazaouis ». Gaza découle de la
racine Cananéenne du mot "fort", à travers le nom hébreu de la ville, Ġazzā
la forte ou forteresse. Une particularité est qu'environ 60 % de la population
de la ville serait constituée de personnes âgées de moins de 18 ans.
1. Étymologie :
Le nom de Gaza découle de la racine cananéenne Ġazzā la forte ou forteresse.
2. Lieux remarquables
Le centre-ville comporte un certain nombre de monuments importants. La
mosquée Al Omari, ancienne cathédrale Saint-Jean-Baptiste datant de
l'époque croisée, a gardé son architecture gothique caractéristique. Le musée
de la ville occupe une citadelle d'époque mamelouke magnifiquement
restaurée au début des années 2000. Gaza compte également un hammam
datant de l'époque ottomane, restauré récemment. On trouve enfin l'église
Saint-Porphyre, érigée au IVe siècle, centre de la communauté orthodoxe de
la ville, dont l'état actuel est le résultat d'une restauration entreprise à l'époque
des croisades. Le centre-ville compte encore d'anciennes maisons familiales
en pierre locale, également de l'époque ottomane.
Le dédale de ses rues et ruelles était souvent le théâtre d'affrontements entre
l'armée israélienne et les activistes palestiniens, jusqu'au désengagement
israélien de cette région.

14 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
3. Histoire :
3.1 - Antiquité :
La première référence à la ville de Gaza remonte au règne de Thoutmôsis III.
La ville est également citée dans les lettres d'Amarna. Son intérêt principal
réside dans sa position stratégique sur la route côtière reliant l'Égypte et la
Syrie. C'est alors un marché important et un poste avancé égyptien faisant
partie du « Chemin d'Horus » (série de forteresses réparties entre Tcharou et
Gaza). Dans les années 1190, les Philistins, un des peuples de la mer
originaires de Crète selon une tradition biblique s'installent sur la côte sud
cananéenne (de Gaza à Jaffa), après avoir attaqué l'Égypte. Les Philistins
laisseront leur nom bien plus tard à l'ensemble du territoire, que les Romains
appelleront « Palestine ». La ville philistine était une ville murée d'environ 80
ha, construite sur une colline à environ 45 m au-dessus du niveau de la mer,
à environ 2,4 km de la mer Méditerranée. Gaza est aussi mentionnée dans la
Bible, comme l'une des villes principales des Philistins en guerre contre
Israël : c'est notamment là que Samson est capturé et qu'il meurt en faisant
s'écrouler un temple philistin. En 525 av. JC, la cité est conquise par
Cambyse II, grand roi achéménide de l'empire perse, pour servir de tête de
pont à toutes ses campagnes vers l'Égypte. En 145 av. JC, Gaza est conquise
par Jonathan Maccabée, frère de Juda Maccabée et fondateur de la dynastie
judéenne des Hasmonéens.
3.2- Moyen Âge
La ville est considérée comme le lieu où serait mort Hachim ibn Abd Manaf,
l'arrière-grand-père de Mahomet au cours d'une expédition commerciale, d'où
le nom classique de « Gaza de Hashem ». La conquête de Gaza par les Arabes
intervint très tôt, sans doute en 634. Elle n'est pas évoquée par les sources
arabes mais l'est par les sources byzantines: la population civile dut payer
tribut aux Arabes et la garnison, constituée de 60 soldats, fut emprisonnée et
mise à mort quelque temps plus tard. Sous les Omeyyades une garnison
militaire et un atelier monétaire furent implantés en ville. L'islamisation de la
cité fut progressive: c'est là que naquit l'imam al-Chafii (fondateur de l'école
de jurisprudence chafiite), mais ce n'est pas là qu'il vécut et enseigna. La cité
fit peu parler d'elle jusqu'au XIIe siècle et, au moment de la Croisade, elle
avait beaucoup décliné. Elle était en ruines et peut-être désertée quand les
Croisés vinrent en 1149 réoccuper le site et y construire un château-fort dans
la partie la plus élevée. Ce château fut confié à la garde des Templiers.
Au sud du château se développa la ville franque avec une grande église
gothique qui est aujourd'hui la grande mosquée de Gaza. Une autre église,
plus petite, est toujours aujourd'hui l'église orthodoxe Saint Porphyre. Tenue
par les Templiers, apparemment prospère si l'on en juge par la qualité de sa
grande église, Gaza constitua l'avant-poste du Royaume Latin de Jérusalem

15 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
face à l'Egypte. Les sources franques la nomment Gazara, et en ancien
français Gadres. Elle ne constituait pas un lieu de pèlerinage, et sa renommée
en France ne venait que d'une chanson de geste composée vers 1170, Li
Fuerre de Gadres (le sac de Gaza), évoquant la prise de la ville par Alexandre
le Grand.
A la fin de 1170 Saladin s'empara de la ville basse mais échoua à prendre le
château. Ce n'est qu'en 1187, au lendemain de la bataille de Hattin, qu'il obtint
l'évacuation de Gaza par les Templiers et la remise des forteresses de Gaza et
de Darom (Deyr el-Balah, au sud de Gaza). Richard Coeur de Lion reprit
Darom et Gaza en 1192, mais négocia ensuite avec Saladin l'abandon de ces
positions trop exposées, qu'il fit évacuer après en avoir détruit les
fortifications.
En 1239 un retour offensif des Francs fut brisé à Beyt Hanun, bourgade du
nord de Gaza dont la mosquée abrite les tombes des musulmans qui furent
tués au cours de cette bataille. En 1244 eut lieu à Hirbiyyah (en latin Furbia,
en français la Forbie) une bataille bien plus importante opposant une coalition
égypto-khowarizmienne et une coalition syro-franque : le roi al-Salih Ismail
de Damas avait promis aux Templiers de leur restituer Gaza en cas de victoire,
mais ils furent défaits. Gaza demeura au pouvoir des Ayyoubides d'Egypte,
puis de Syrie, jusqu'en 1260 où la ville fut occupée un temps par les Mongols
avant d'être reprise par Baybars.
L'époque des Mamelouks (fin XIIIe - début XVIe siècle) fut pour Gaza
une période prospère de renaissance, malgré des crises.
3.3- Temps modernes :
Les Ottomans mettent fin au règne des Mamelouks au cours du XVIe
siècle. La ville de Gaza et toute la région sont administrées par la province
ottomane d'Égypte. Durant la Première Guerre mondiale, les troupes
britanniques, commandées par le général Allenby, s'emparent de Gaza des
mains de l'Empire ottoman à l'issue de la bataille de Gaza du 7 novembre
1917. Elle reste sous le mandat britannique jusqu'à l'évacuation des
britanniques en mai 1948 suite a la décision de partage de la Palestine du 29
novembre 1947.
De 1948 à 1967, la bande de Gaza est occupée par l'Égypte. À la suite de la
crise du canal de Suez, elle fut occupée par les Israéliens de novembre 1956
au 7 mars 1957 qui firent 4000 prisonniers.
Cette occupation causa la mort de 930 à 1200 palestiniens pour une
population totale de 330 000 personnes. Elle fut à nouveau occupée après la
guerre des Six Jours.
Entre 1976 et 1981, un nouveau mouvement, le Hamas, crée à Gaza des
institutions comme al-Mujamma al-islami, al-Jam'iyya al-islamiyya et
l'université islamique de Gaza.

16 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En 1987, c'est à Gaza que débute la première Intifada, la « révolte des
pierres », avant de s'étendre à l'ensemble des territoires occupés jusqu'en 1993
avec l'ouverture de négociations israélo-palestiniennes aboutissant aux
accords d'Oslo.
Le 4 mai 1994, l'OLP obtient la gestion de Gaza et Jéricho. Le président
Yasser Arafat et l'Autorité palestinienne s'installent à Gaza.
Depuis 2001 26 septembre 2001, à Gaza, rencontre historique entre Yasser
Arafat et Shimon Peres après trois reports successifs.
17 octobre 2001 : Après un ultimatum lancé par le gouvernement israélien à
l'Autorité palestinienne, celle-ci déclare hors-la-loi l'aile militaire du FPLP et
fait procéder à douze arrestations à Gaza. 7 décembre 2001 : dans la nuit, le
quartier général de la police palestinienne est bombardé par des hélicoptères
de combat israéliens. Puis après un attentat-suicide contre un autobus
israélien ayant fait onze morts et trente blessés, Tsahal intensifie, du 12 au 15,
ses bombardements contre les infrastructures palestiniennes de Gaza et de
Cisjordanie, causant la mort de treize Palestiniens.
Chronologie de la Seconde Intifada.
8 mars 2002 : lors des batailles, quarante-six Palestiniens et six Israéliens
trouvent la mort. Le premier ministre israélien Ariel Sharon se dit prêt à
« négocier un cessez-le-feu sous le feu », renonçant à son exigence d'une
semaine de calme avant de reprendre les pourparlers.
Les 11 et 12 mars, après les attentats du 9 mars, Tsahal riposte par la
destruction des bureaux de Yasser Arafat à Gaza : trente-neuf Palestiniens
sont tués.
8 juin 2003 : suite à une attaque du Hamas à Jérusalem (23 Israéliens tués et
130 blessés), Tsahal effectue immédiatement un raid de représailles sur
Gaza : sept Palestiniens sont tués dont un responsable du Hamas. Le 10,
nouveau raid de représailles de Tsahal à Gaza : Abdel Aziz al-Rantissi,
numéro 2 du Hamas, est légèrement blessé et trois Palestiniens sont tués.
21 août 2003 : Israël riposte à l'attentat du 19 août par un raid d'hélicoptère à
Gaza, tuant un des fondateurs du Hamas, Ismaïl Abou Chamah, et par le
rétablissement du barrage routier coupant en deux la bande de Gaza.
Samedi 6 septembre 2003 : Tsahal bombarde un bâtiment de Gaza dans
lequel se trouvait le cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, qui est
légèrement blessé.
28 janvier 2004 : lors d'une opération de l'armée israélienne, treize
Palestiniens sont tués dans des affrontements violents.
22 mars 2004 : le cheikh Ahmed Yassine, aveugle tétraplégique, est mort
assassiné lors d'une attaque ciblée israélienne par des missiles d'hélicoptères
Apache, devancés par des F16 pour la couverture sonore.

17 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Mercredi 17 août 2005 : Ariel Sharon, premier ministre, décide du retrait
unilatéral de la bande de Gaza par l'État d'Israël dans le cadre d'une politique
plus large qui, en l'absence d'accord de paix, vise à mettre un terme à l'absence
de frontières physiques entre Israël et le futur État palestinien.
Tensions inter palestiniennes. juin 2007 : le Hamas prend le pouvoir à
Gaza, après plusieurs mois de combats intermittents avec le Fatah. Chacun
des deux camps avait auparavant fait des manœuvres pour éliminer l'autre ; le
Hamas en sort vainqueur.
Prise de Gaza de juin 2007. Août 2007 : black-out total sur Gaza. L’Union
européenne bloque pendant quelques jours les fonds destinés à payer les
livraisons de fioul. Alix de Mauny, porte-parole de la Commission
européenne à Jérusalem, déclare : « L’Union européenne n´a pas réglé le
paiement [de la livraison de fioul]. Nous réexaminons tous les aspects du
dossier ».
septembre 2007 : Israël décrète la bande de Gaza comme une « entité
hostile ».
16 juin 2008 : une trêve entre le Hamas et Israël entre en vigueur, « L’accord,
négocié par l’entremise de l’Égypte, prévoit l'arrêt des tirs palestiniens vers
Israël et la fin des attaques israéliennes sur la bande de Gaza. Israël s’est
également engagé à alléger progressivement son blocus sur la bande de Gaza,
en vigueur depuis bientôt un an. »
26 juin 2008 : les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa tirent une roquette
artisanale contre le sud d'Israël.
Juillet 2008 à octobre 2008 : les statistiques officielles du ministère des
affaires étrangères israélien montrent que durant ces mois de trêve, de juillet
à fin octobre 2008, les Palestiniens ont diminué mais n'ont jamais interrompu
les tirs sur les civils du Sud D'Israël. Malgré la signature du cessez-le-feu de
six mois du 19 juin 2008, on dénombre à la fin du mois d'octobre 2008 que
plus de 37 roquettes et obus ont été tirés sur Israël.
4 novembre 2008 : la "trêve" est violée gravement le 4 novembre 2008 : « La
trêve de quatre mois entre Israël et des militants palestiniens à Gaza est
fragilisée aujourd'hui après que les troupes israéliennes ont tué six hommes
armés du Hamas lors d'un raid sur le territoire. Selon les Israéliens, la cible
du raid était un tunnel que le Hamas voulait utiliser pour capturer des soldats
israéliens postés à 250 mètres de la barrière. ». Les tirs de mortiers et de
roquettes de Gaza vers Israël deviennent quotidiens.
19 décembre 2008 : La trêve arrivée à échéance, les tirs de roquettes par le
Hamas s'intensifient.
2 février 2009 Drapeau de solidarité Turquie-Gaza, premières photos.
26 décembre 2008 : en particulier, le 26 décembre 2008, plus de 80 roquettes
sont tirées sur les habitants des villes du sud d'Israël, sans faire de victime.

18 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
27 décembre 2008 : à partir du 27 décembre 2008, en réponse à ces tirs de
roquettes, Israël bombarde massivement les grands axes de la ville tuant plus
de 1 300 Palestiniens dont selon le Hamas les deux tiers sont des femmes et
des enfants, D’après le décompte israélien seul un tiers des morts sont des
femmes ou des enfants (âgés de moins de 16 ans). Une enquête du Conseil
des droits de l'homme des Nations unies a produit le Rapport Goldstone qui
accuse l'armée israélienne d'avoir commis des « actes assimilables à des
crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes
contre l'humanité » et le Hamas « d'avoir commis des crimes de guerre qui
pourraient constituer des crimes contre l'humanité ».
18 janvier 2009 : Le premier ministre israélien annonce un cessez-le-feu dans
la bande de Gaza et Israël commence à retourner aux frontières israélo-
palestiniennes.
20 janvier 2009 : Israël complète le retrait de la bande de Gaza.
juillet 2010 : Inauguration du premier centre commercial de Gaza depuis la
prise du pouvoir par le Hamas.
21 janvier 2011 : Michèle Alliot-Marie, la ministre française des Affaires
étrangères, en visite dans la bande de Gaza, a été prise a parti par des
manifestants qui lui reprochaient une déclaration qui lui fut attribuée à tort
par la radio israélienne à propos du soldat israélien Gilad Shalit, séquestré par
le mouvement islamiste Hamas depuis son enlèvement en juin 2006. Sa visite
de l'hôpital Al-Quds de Gaza a été troublée par des manifestants, la ministre
a esquivé une chaussure qui a été lancée dans sa direction, un peu plus tôt,
lors de son arrivée au poste de sécurité tenu par le Hamas, des œufs et des
chaussures avaient été jetés sur la voiture par le même groupe de manifestants.
1er avril 2011 : le juge Goldstone, dans une tribune publiée dans le
Washington Post, remet en cause les conclusions de son rapport qui avait
provoqué la colère d'Israël. À la lumière des éléments d’enquêtes publiés par
Israël, l'État hébreu n'aurait pas, selon le juge, volontairement ciblé des civils ;
le Premier Ministre Nétanyahou a aussitôt réclamé de « jeter immédiatement
ce rapport aux poubelles de l'histoire ».
5 mai 2011 : le premier marathon de Gaza est organisé par l'Agence des
Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA)

19 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

4. Géographie
Climat Gaza a un climat chaud, semi-aride avec des hivers doux et secs, et
des étés chauds. Les mois les plus chauds sont Juillet et Août, avec la
température moyenne étant de 33 ° C.
Le mois le plus froid est Janvier avec des températures généralement à 7 ° C.
La pluie est rare et se situe généralement entre Novembre et Mars, avec des
taux de précipitations annuelles d'environ 4,57 pouces (à 116 mm).
5. Personnalités historiques
Sylvain de Gaza : saint catholique et orthodoxe, évêque de Gaza, décapité en 311.
Procope de Gaza : sophiste et exégète chrétien de la fin du Ve siècle. Dorothée
de Gaza : saint catholique et orthodoxe, moine. Barsanuphe de Gaza : saint
catholique et orthodoxe, moine (VIe siècle).
Nathan de Gaza : théologien juif, né à Jérusalem (1643–1680), qui est connu pour
avoir été le prophète du faux messie Sabbataï Tsevi
4.3- Proverbes, anecdote : En arabe, pour dire la même chose, on précise :
« Va donc boire l’eau de la mer à Gaza ! » La gaze, tissu précieux commercé
au Moyen Âge à l'instar de la mousseline (de Mossoul) ou du damas (de
Damas), est originaire de Gaza.
La bande de Gaza
La bande de, Gaza territoire palestinien du Proche-Orient, ouvert sur la mer
Méditerranée, limité par l’Égypte au sud-ouest, par Israël à l’est et au nord.
La bande de Gaza couvre 362 km2. Sa taille et sa forme sont le résultat de
l’accord d’armistice conclu en 1949 entre Israël et l’Égypte après la première
guerre israélo-arabe. Conformément à l’accord de Washington, signé en 1993
entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), la bande de
Gaza, sous occupation israélienne depuis 1967, est devenue en 1994 une zone
autonome dirigée par l’Autorité palestinienne. Elle forme, avec la
Cisjordanie, les Territoires palestiniens. Si la gestion du territoire a été remise
aux Palestiniens, ses frontières sont encore contrôlées par l’État hébreu. En
outre, les colonies juives établies dans la bande de Gaza (8 500 colons
contrôlant 33 p. 100 du territoire au début des années 2000) constituent l’une
des pierres d’achoppement des négociations pour l’adoption d’un statut
définitif des Territoires palestiniens. Leur évacuation par l’armée israélienne,
en août 2005, peut constituer une étape importante dans l’aboutissement du
processus de paix. La bande de Gaza est un territoire étroit qui s’étend au
nord de la péninsule du Sinaï jusqu’à la plaine côtière méditerranéenne
d’Israël. Elle s’étire sur 40 km avec une largeur comprise entre 6 et 11 km.
Sa frontière avec l’Égypte s’étend sur 11 km et celle avec Israël sur 51 km.
La bande de Gaza est plutôt plate et sablonneuse, les dunes progressant à
partir de la côte vers l’intérieur des terres.

20 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Elle est plus arrosée au nord, où elle reçoit en moyenne 400 mm de
précipitations, qu’au sud où le niveau moyen est de 150 mm. La bande a peu
de terres fertiles, les terres arables représentant seulement 16 p. 100 des sols.
Il existe un petit port dans la ville de Gaza, et des flottes de pêche exploitent
la région côtière. La population de la bande de Gaza est estimée à environ
1,3 million d’habitants (2004), mais ce chiffre fait l’objet de débats chez les
Palestiniens comme chez les Israéliens.
Ce territoire est très densément peuplé environ 3 300 habitants au
kilomètre carré et la croissance démographique est particulièrement élevée
(près de 4 p. 100). Près des deux tiers de la population sont des réfugiés, qui
vivent pour la plupart dans des camps surpeuplés. Les habitants établis de
longue date dans le territoire c’est-à-dire avant la première guerre israélo-
arabe, En 1948 possèdent l’essentiel des maigres ressources locales.
La bande de Gaza est presque totalement urbanisée.
Les trois principaux centres urbains sont Gaza, la capitale du territoire
autonome, Rafah et Khan Younis, qui abrite un grand camp de réfugiés. La
plupart des habitants de la bande de Gaza sont des Arabes palestiniens. La
très grande majorité est musulmane sunnite, et le reste de la population
palestinienne est chrétien. La bande de Gaza dépend toujours
économiquement d’Israël, son premier partenaire commercial, mais aussi le
principal employeur des habitants de Gaza : parmi ces derniers, 40 p. 100
travaillent en Israël, principalement comme ouvriers.
Près de 35 p. 100 du produit national brut (PNB) de Gaza sont constitués par
les salaires versés par les employeurs israéliens. Cette dépendance se
manifeste avec une acuité particulière chaque fois que les territoires, alors
occupés par Israël, sont bouclés pour des raisons de sécurité.
Les projets destinés à créer des emplois locaux et à améliorer la qualité de la
vie à Gaza (construction de nouvelles habitations, création d’un système
d’égouts) ne se concrétisent que très lentement, malgré les aides importantes
fournies par la communauté internationale à la suite des accords d’autonomie.
La priorité a été donnée à la construction d’infrastructures de base, préalable
à l’investissement privé.
En mai 1996 est inauguré l’aéroport international de Gaza (mis en service
en 1998), symbolisant la volonté des Palestiniens de Gaza de s’ouvrir à
l’extérieur et de diversifier leurs partenaires économiques.
Comme dans l’ensemble des Territoires palestiniens, le développement
industriel est soumis aux aléas du processus de paix israélo-palestinien.
Ainsi, à la suite la reprise de l’Intifada en septembre 2000, nombre
d’infrastructures, dont l’aéroport international de Gaza, ont été détruites par
l’armée israélienne en représailles aux attentats perpétrés par des terroristes
palestiniens en Israël.

21 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L’économie palestinienne s’est effondrée, avec des conséquences
dramatiques pour la population, dont près de la moitié vit sous le seuil de
pauvreté, le chômage touchant environ un quart de la population active.
Comme beaucoup d’autres territoires du Proche-Orient, l’histoire de la bande
de Gaza est celle d’une terre de passage et d’invasions. Avant l’arrivée des
Philistins au XIIIe siècle av. J.-C., la ville de Gaza sert de résidence au
gouverneur égyptien de Canaan. Les Philistins créent une puissance côtière
dont Gaza est le centre principal.
Les villes et les terres voisines changent de mains de nombreuses fois au cours
des deux mille ans qui suivent ; elles sont le plus souvent conquises par des
armées de passage, en route vers des conquêtes plus importantes. Gaza n’a
jamais eu l’importance des villes situées plus au nord sur la côte ou à
l’intérieur des terres.
La domination égyptienne
Selon les termes du plan de partage de la Palestine proposé par l’Organisation
des Nations unies (ONU) contenu dans la résolution 181 de 1947, pour
permettre la création d’un État hébreu, Gaza aurait dû faire partie d’un État
arabe palestinien. Le départ de la puissance mandataire britannique en 1948
provoque le déclenchement de la première guerre israélo-arabe, les Arabes
palestiniens rejetant la partition. Gaza est alors le point de passage de l’armée
égyptienne engagée contre le nouvel État d’Israël. Progressant à partir de la
péninsule du Sinaï, les forces égyptiennes passent par la côte pour atteindre
Tel-Aviv. Bien qu’Israël ait finalement réussi à repousser ces attaques, la
pression exercée par les Britanniques pour la conclusion d’un cessez-le-feu
empêche Israël de chasser les forces égyptiennes vaincues de la bande de
Gaza. À l’issue de cette guerre, Israël a déjà conquis la plupart des territoires
qui devaient en principe échoir aux Palestiniens, mais Gaza lui échappe et
passe sous contrôle égyptien. La population de la bande de Gaza augmente
fortement en raison de l’afflux des Palestiniens fuyant les armées israéliennes.
Ces populations réfugiées sont, à partir de cette époque, prises en charge par
l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés
palestiniens au Proche-Orient, qui construit et entretient les camps de réfugiés
de la bande de Gaza. Tandis que les Palestiniens de Cisjordanie obtiennent la
nationalité jordanienne, l’Égypte ne propose pas la citoyenneté aux habitants
de la bande de Gaza, demeurés apatrides. Durant la crise de Suez, en 1956,
Israël s’empare facilement de Gaza. Sous la pression des États-Unis, le
gouvernement israélien restitue toutefois rapidement ce territoire à l’Égypte.
Au cours des dix années qui suivent, les forces égyptiennes utilisent la bande
de Gaza pour encourager les attaques de combattants palestiniens contre
Israël.

22 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

L’occupation israélienne
Lors de la guerre des Six-Jours, en juin 1967, Israël prend de nouveau le
contrôle de la bande de Gaza ainsi que du Sinaï, de la Cisjordanie et du plateau
du Golan. En dehors de quelques colonies, la bande de Gaza est demeurée
arabe par son peuplement, mais étroitement dépendante de l’économie
israélienne. Il s’agit du plus pauvre des territoires palestiniens sous
occupation israélienne, ce qui en fait un terrain privilégié pour le
développement de l’activisme politique palestinien.
Pour lutter contre l’OLP, Israël favorise le développement des groupes
islamistes, qui trouvent un terrain particulièrement favorable à Gaza.
L’Intifada, soulèvement populaire qui éclate en décembre 1987 contre
l’occupation israélienne, est un révélateur de la compétition à laquelle se
livrent nationalistes laïques et nationalistes islamistes pour occuper la scène
politique palestinienne.
Un territoire autonome En mai 1994, la nouvelle Autorité nationale
palestinienne, dirigée par Yasser Arafat, prend le contrôle de Gaza, à la suite
de la « Déclaration de principes » pour l’autonomie, signée entre Israël et
l’OLP en 1993, accord aussi appelé « Gaza et Jéricho d’abord ».
Les troupes israéliennes achèvent leur retrait de la bande de Gaza le 1er juillet
1994 (30 à 40 p. 100 de la bande de Gaza n’est pas évacuée). Souffrant d’une
importante surpopulation, manquant de ressources et d’équipements et
séparée des autres zones de l’Autorité palestinienne situées en Cisjordanie, la
bande de Gaza (où se sont maintenues les colonies israéliennes jusqu’en
2005) sert de réserve de main-d’œuvre, employée en Israël selon les besoins
de l’économie et aux conditions imposées par ce pays.
Comme stipulé dans les accords d’Oslo de 1993, un aéroport est construit à
Gaza, avec l’aide de l’Union européenne, pour désenclaver le territoire ; il est
mis en service en 1998, sous contrôle israélien.
La relance des pourparlers de paix qui suit l’arrivée du travailliste Ehoud
Barak à la tête du gouvernement israélien en juillet 1999 se traduit par
l’engagement, pris par l’État hébreu, d’autoriser, dès l’automne 1999, la
construction du port de Gaza et l’ouverture de voies « sécurisées », sous
juridiction de l’Autorité palestinienne, entre la bande de Gaza et la
Cisjordanie. Mais le processus de développement du territoire palestinien est
remis en cause à la suite du déclenchement de la seconde Intifada en
septembre 2000.
La plupart des infrastructures de la bande de Gaza notamment son aéroport,
Rendu définitivement hors d’usage en janvier 2002 sont détruites par l’armée
israélienne en riposte aux attaques menées contre des implantations juives de
la bande de Gaza et aux attentats-suicide perpétrés sur la population
israélienne.

23 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les opérations menées par Israël afin de traquer les activistes palestiniens
dans les camps de réfugiés de la bande de Gaza prennent une dimension
sanglante : l’opération « Arc-en-ciel et nuage », déclenchée en mai 2004 à
Rafah, qui provoque en quelques jours la mort d’une quarantaine de
Palestiniens et la démolition de centaines d’habitations, est condamnée par le
Conseil de sécurité de l’ONU.En octobre 2004, le Parlement israélien
approuve le démantèlement des 21 colonies juives implantées dans la bande
de Gaza (ainsi que des 4 implantations du nord de la Samarie, en Cisjordanie).

Ce désengagement s’inscrit dans un « plan de séparation unilatérale » entre


Israël et les Palestiniens mis en œuvre par le Premier ministre Ariel Sharon et
contenant aussi la construction, très controversée au niveau international,
d’une « clôture de sécurité » entre Israël et la Cisjordanie, visant à protéger
les civils israéliens des kamikazes palestiniens.
Le 22 août 2005, après 38 ans d’occupation, toutes les implantations juives
de la bande de Gaza sont évacuées par l’armée israélienne.
Les demeures privées, inadaptées aux besoins de la population palestinienne,
sont détruites, tandis que les installations publiques sont remises à l’Autorité
palestinienne, qui doit aussi bénéficier, dans le cadre d’arrangements
internationaux, des infrastructures industrielles, agricoles et commerciales
des anciennes colonies. Mais, moins d’un an après le retrait israélien de la
bande de Gaza, Israël, qui continue d’essuyer des tirs de roquettes
palestiniens, lance le 28 juin 2006 l’opération « Pluie d’été » contre Gaza, à
la suite de la capture d’un de ses soldats par un commando palestinien
exigeant la libération de 1 000 prisonniers arabes détenus en Israël.
Cette opération, qui s’accompagne de l’arrestation de dizaines de cadres du
Hamas en Cisjordanie, entraîne la destruction de nombreuses infrastructures
dans les Territoires. Elle s’inscrit aussi dans un contexte marqué par la
victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006 et
par une montée des violences entre les combattants du Hamas et les forces de
sécurité du Fatah.
Au cours du printemps 2007, la bande de Gaza devient ainsi le théâtre
d’affrontements interpalestinien meurtriers ; tandis que le président de
l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui bénéficie du soutien de la
communauté internationale, déclare l’état d’urgence et limoge le Premier
ministre Ismaïl Haniyeh (leader du Hamas), l’organisation islamiste prend le
contrôle de la totalité du territoire de Gaza le 14 juin, divisant de fait les
Territoires palestiniens en deux entités politiques.

24 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Carte geographique de GAZA :

Palestine
Palestine, région historique, dont les frontières ont fortement varié depuis
l’Antiquité, située sur la côte est de la Méditerranée, en Asie Mineure, et
aujourd’hui divisée entre l’actuel État d’Israël, la Cisjordanie et la bande de
Gaza.
D’ou vient le nom « Palestine » ?
On considère généralement que le terme "Palestine" provient du nom des
Philistins, un peuple égéen qui, au XIIe siècle av. J.C., s.est établi le long de
la plaine côtière méditerranéenne de ce qui est maintenant Israël et la bande
de Gaza. Au deuxième siècle après J.C., après avoir écrasé la dernière révolte
juive, les Romains ont appliqué le nom Palestina à la Judée (la partie sud de
ce qui est maintenant nommé Cisjordanie) pour minimiser l’identification des
Juifs avec la terre d’Israël. Le mot arabe « Filastin » est dérivé de ce nom
latin.
Les Douze Tribus d’Israël ont formé la première monarchie constitutionnelle
en Palestine approximativement 1000 ans avant J.C.
Le deuxième roi d’Israël, David, a été le premier à faire de Jérusalem la
capitale nationale. Bien que la Palestine ait été ultérieurement divisée en deux
royaumes distincts, l’indépendance juive sous la monarchie a duré plus de
400 ans. Pour mémoire, la République française a un peu plus de 200 ans, ce
qui est approximativement l’âge des Etats-Unis.

Quand les Juifs ont commencé à immigrer en Palestine en grand nombre en


1882, moins de 250,000 Arabes vivaient dans ce pays et la majorité d’entre
25 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
eux était arrivée dans les décennies précédentes. « La grande majorité de la
population arabe de ces dernières décennies était composée de nouveaux
venus.
Soit des immigrés récents ou des descendants de gens qui avaient immigré
en Palestine durant les 70 années précédentes. » La Palestine n’a jamais été
un pays exclusivement arabe, bien que l’arabe soit progressivement devenu
la langue de la plus grande partie de la population après les invasions
musulmanes du VIIe siècle.
Aucun état indépendant arabe ou palestinien n.a jamais existé en Palestine.
Quand un célèbre historien arabe américain, le Professeur Philippe Hitti,
professeur à l’Université Princeton, a témoigné contre la partition devant le
Comité anglo-américain en 1946, il a déclaré que: « l’histoire ne connaît
aucune entité telle que ’Palestine’, absolument aucune » En fait, la Palestine
n.est jamais mentionnée explicitement dans le Coran, où elle est plutôt
désignée comme "la terre sainte" (al Arad - al - Muqaddash). Avant la
partition, les Arabes de Palestine ne se considéraient pas comme un groupe à
l’identité distincte.
Lorsque le premier Congrès d’Associations musulmanes et chrétiennes s.est
réuni à Jérusalem en février 1919 pour choisir des représentants palestiniens
à la Conférence de la paix à Paris, il a adopté la résolution suivante :
« Nous considérons la Palestine comme une partie de la Syrie arabe, dont elle
n’avait jamais été séparée. Nous sommes liés à elle par des liens nationaux,
religieux, linguistiques, naturels, économiques et géographiques. » En 1937,
un chef arabe local, Auni Bey Abdul-Hadi, déclara à la Commission Peel,
celle qui suggéra ultérieurement la partition de la Palestine : « Il n’existe
aucun pays [tel que Palestine] ! La ’Palestine’ est un terme inventé par les
sionistes ! Il n’y a aucune Palestine dans la Bible. Notre pays a formé pendant
des siècles une partie de la Syrie. ». Le représentant du Haut Comité arabe
aux Nations Unies a soumis en mai 1947 une déclaration à l’Assemblée
Générale selon laquelle « la Palestine faisait partie de la province de Syrie »
et précisant que « politiquement, les Arabes de Palestine n’étaient pas
indépendants dans ce sens qu.ils ne constituaient pas une entité politique
distincte ». Quelques années après, Ahmed Shuqeiri, qui allait devenir, plus
tard, président de l’OLP, déclara au Conseil de Sécurité: « Il est de notoriété
publique que la Palestine n’est rien d’autre que la Syrie du sud. » Le
nationalisme arabe palestinien est dans une large mesure un phénomène
postérieur à la première guerre mondiale qui n’est devenu un mouvement
politique important qu’après la Guerre de six jours en 1967 et la conquête par
Israël de la Rive Ouest du Jourdain, appelée Cisjordanie.

26 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

TOPOGRAPHIE
Le relief de cette région est extrêmement diversifié et se répartit en quatre
zones parallèles au littoral. D’ouest en est se trouvent la plaine côtière, les
collines et les montagnes de Galilée, de Samarie et de Judée, la vallée du
Jourdain et le plateau oriental. Dans l’extrême sud se situe le Néguev, un
désert aride. Les altitudes varient entre 390 m en dessous du niveau de la mer
sur les bords de la mer Morte, le point le plus bas du globe, et 1 016 m au
sommet du mont Hébron. La région présente plusieurs zones fertiles, qui
fournissent les principales ressources : les plus connues sont la plaine de
Sharon, le long de la côte méditerranéenne, et la plaine de Jezréel (ou
d’Esdrelon), vallée située au nord des monts de Samarie et bordant la basse
Galilée. Toutefois, l’approvisionnement en eau de cette région est pauvre, les
rares pluies tombant essentiellement en hiver. Le Jourdain, principal fleuve
de cette région, coule vers le sud et passe par le lac de Tibériade (seul lac
d’eau douce de la région), avant de se jeter dans la mer Morte.
Palestine : terre des oliviers et des vignes
Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir
Palestine : pays d’olives et de vignes Paysage culturel du sud de Jérusalem,
Battir est situé à quelques kilomètres au sud-ouest de Jérusalem, dans les
hautes terres entre Naplouse et Hébron.
Le paysage de collines de Battir comprend une série de vallées agricoles,
widian, caractérisées par des terrasses de pierre, certaines irriguées pour la
production maraîchère, d’autres sèches et plantées de vignes et d’oliviers. Le
développement de ces terrasses cultivées, dans un environnement très
montagneux, s’est appuyé sur un réseau de canaux d’irrigation alimenté par
des sources souterraines. L’eau collectée grâce à ce réseau est attribuée selon
un système traditionnel de répartition équitable entre les familles du village
de Battir, situé à proximité de ce paysage culturel.
HISTOIRE
Les Cananéens sont les premiers habitants connus de la Palestine. Au cours
du IIIe millénaire av. J.-C., ils se sédentarisent et fondent des villes, parmi
lesquelles Jéricho. Ils développent une forme d’alphabet, duquel ont dérivé
d’autres systèmes d’écriture ; leur religion a influencé grandement les
croyances et les pratiques du judaïsme,
Puis le christianisme et l’islam. Voie de passage privilégiée entre Asie et
Afrique orientale, la Palestine est au croisement des routes reliant trois
continents. Sa situation en a fait un carrefour des influences religieuses et
culturelles de l’Égypte, de la Syrie, de la Mésopotamie et de l’Asie Mineure.
Terrain de bataille des grandes puissances environnantes, elle est dominée par
les empires voisins, notamment par l’Égypte, au IIIe millénaire av. J.-C.

27 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L’hégémonie égyptienne et l’autonomie cananéenne sont constamment
défiées, au cours du IIe millénaire av. J.-C., par divers peuples comme les
Amorites (ou Amorrhéens), Les Hittites et les Hourrites. Toutefois, ces
envahisseurs sont battus par les Égyptiens et se fondent finalement dans le
peuple cananéen. Avec l’affaiblissement du pouvoir égyptien au XIVe siècle
av. J.-C. apparaissent de nouveaux envahisseurs : les Hébreux, groupe de
tribus sémites de Mésopotamie, et les Philistins (qui donnent leur nom au
pays), peuple égéen de type indo-européen.
1. Le royaume d’Israël
Les Hébreux se sont probablement installés dans cette région avant que
Moïse ne libère son peuple de l’esclavage et ne le conduise hors d’Égypte
(v. 1270 av. J.-C.). Les Fils d’Israël, une des tribus hébraïques, se
sédentarisent dans les contrées montagneuses, mais ne parviennent pas à
conquérir tout le pays. Outre leurs guerres contre les Cananéens, les Israélites
doivent se battre contre les Philistins et les Moabites. La bataille contre les
Philistins est âpre. Ceux-ci établissent un État indépendant sur la côte est de
la Palestine et contrôlent un certain nombre de villes dans le Nord et dans
l’Est. Supérieurs dans l’organisation militaire et équipés d’armes en fer, ils
battent sévèrement les Israélites vers 1050 av. J.-C. La menace des Philistins
force les Israélites à s’unir et à établir une monarchie. David, roi d’Israël, bat
les Philistins après 1000 av. J.-C. et ils sont peu à peu assimilés par les
Cananéens.
L’unité d’Israël et la faiblesse des empires adjacents permettent à David
d’établir un immense État indépendant, dont la capitale était Jérusalem. Sous
le règne de Salomon, fils et successeur de David, Israël jouit de la paix et de
la prospérité, mais à sa mort, en 931 av. J.-C., le royaume est divisé en deux,
Israël dans le Nord et la Judée dans le Sud. Lorsque les empires voisins
reprennent leur expansion, les Israélites divisés ne parviennent plus à
défendre leur indépendance. Israël tombe aux mains des Assyriens en 722-
721 av. J.-C. La Judée est conquise en 586 av. J.-C. par les Babyloniens, qui
détruisent Jérusalem et exilent la plupart des Hébreux qui y vivent.
2. Domination perse
Les Hébreux exilés sont autorisés à garder leur identité nationale et
religieuse ; quelques-uns de leurs meilleurs ouvrages théologiques et
quelques livres du Vieux Testament sont rédigés pendant cet exil.
Mais ils n’oublient pas la terre d’Israël. Lorsque Cyrus le Grand, roi de Perse,
conquiert Babylone en 539 av. J.-C., il autorise les Hébreux à revenir en
Judée, devenue l’un des districts de la Palestine. Sous la domination perse, les
Hébreux obtiennent une grande autonomie.

28 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Ils rebâtissent les murs de Jérusalem et codifient la loi mosaïque, la Torah,
qui devient un code d’observations de la vie sociale et religieuse.
Monothéistes, les Hébreux croient qu’ils sont liés par alliance à un dieu
universel, Jéhova. Cette conception monothéiste se diffuse largement dans
d’autres religions.
3. Province romaine
La domination perse en Palestine laisse la place aux Grecs, lorsqu’Alexandre
le Grand de Macédoine conquiert la région en 333 av. J.-C. Les successeurs
d’Alexandre, les Ptolémées d’Égypte et les Séleucides de Syrie, continuent à
contrôler le pays. Les Séleucides tentent d’imposer la culture et la religion
hellénistiques à la population. Toutefois, au IIe siècle av. J.-C., les Hébreux
se révoltent sous les Maccabées. Ils fondent un État indépendant (141-
63 av. J.-C.), jusqu’à la conquête de la Palestine par Pompée le Grand, qui en
fait une province romaine gouvernée par des rois hébreux. C’est sous le règne
du roi Hérode le Grand (37-4 av. J.-C.) que naît Jésus.
Deux nouvelles révoltes des Hébreux sont étouffées, de 66 à 73 et de 132 à
135 apr. J.-C. À la suite de la deuxième révolte, de nombreux Hébreux sont
exécutés ou vendus comme esclaves, et les Hébreux se voient interdire le
retour à Jérusalem. La Judée est rebaptisée Syrie-Palestine.
L’empereur romain Constantin Ier s’intéresse tout particulièrement à la
Palestine. Celui-ci légalise le christianisme en 313 apr. J.-C. par les édits de
Milan. Sa mère, Hélène, visite Jérusalem ; la Palestine, Terre sainte, devient
le centre du pèlerinage chrétien. Suit alors un âge d’or économique, politique
et culturel.
La plus grande partie de la population se voue à l’hellénisme et au
christianisme. Toutefois, les dominations romaine, puis byzantine, sont
brièvement interrompues par l’occupation perse (614-629). La domination
byzantine s’achève lorsque les armées arabes envahirent le pays et prennent
Jérusalem en 638 apr. J.-C.
4. Le califat arabe
La conquête arabe marque le début de treize siècles de présence musulmane.
La Palestine reçoit alors le nom de Filastin. La Palestine est aussi une terre
sainte pour l’islam, car le prophète Mahomet a désigné Jérusalem comme la
première qibla (la direction vers laquelle se prosternent les musulmans pour
la prière). Dans la tradition musulmane, Mahomet se serait élevé dans le ciel
depuis l’emplacement du temple de Salomon, où sera, par la suite, construit
le dôme du Rocher. Jérusalem devient la troisième ville sainte de l’islam.
Les musulmans n’imposent pas leur religion aux Palestiniens, et il se passa
plus d’un siècle avant qu’une majorité ne se convertisse à l’islam.

29 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les chrétiens et les juifs restants sont considérés comme les « Peuples du
Livre ». Ils obtiennent l’autonomie de leurs communautés, ainsi que la
sécurité et la liberté religieuse. Une telle tolérance est rare dans l’histoire des
religions. La plupart des Palestiniens adoptent la culture islamique et arabe.
Ils tirent profit du commerce et de la place religieuse de l’empire pendant la
première dynastie islamique, celle des Omeyyades de Damas. Lorsque le
pouvoir passe aux Abbassides de Bagdad en 750, la Palestine est négligée.
C’est une période agitée, faite de dominations successives par les
Seldjoukides, les Fatimides et par les croisés européens.
Toutefois, le pays partage la gloire de la civilisation islamique à son âge d’or
des sciences, de l’art, de la philosophie et de la littérature. Les musulmans
préservent les connaissances grecques et développent de nouveaux domaines
de connaissance, qui contribuent tous par la suite à la Renaissance en Europe.
Mais comme le reste de l’empire des Mamelouks, la Palestine stagne, puis
décline.
Domination turque Les Turcs ottomans d’Asie Mineure vainquent les
Mamelouks en 1517 et, malgré quelques périodes d’interruption, ils dominent
la Palestine jusqu’à l’hiver 1917-1918. Le pays est divisé en plusieurs districts
(sanjaks), dont Jérusalem. L’administration de ce district est, en grande partie,
placée entre les mains de Palestiniens arabisés, descendant des Cananéens et
des colonisateurs successifs. Toutefois, les communautés chrétiennes et
juives reçoivent une grande autonomie. La Palestine partage la gloire de
l’Empire ottoman pendant le XVIe siècle, mais décline parallèlement au reste
de l’empire durant le XVIIe siècle. Ce déclin concerne à la fois le commerce,
l’agriculture et la démographie. Il se prolonge jusqu’au XIXe siècle.
À cette époque, les puissances européennes, à la recherche de matières
premières et de marchés, mais aussi dans un souci stratégique, s’installent au
Moyen-Orient. Cette présence stimule le développement économique et
social. Entre 1831 et 1840, Méhémet Ali, vice-roi d’Égypte, étend sa
domination sur la région. Ses mesures politiques modifient l’ordre féodal,
développent l’agriculture et améliorent l’enseignement.
L’Empire ottoman restaure son pouvoir en 1840, instituant de nouvelles
réformes. Dans les années 1880, des colons allemands et des immigrants
hébreux apportent les machines modernes et les capitaux nécessaires au
développement du pays.
Au XIXe siècle, la montée du nationalisme en Europe, et surtout
l’intensification de l’antisémitisme dans les années 1880 encouragent les juifs
européens à chercher accueil sur la Terre promise, la Palestine. Theodor
Herzl, auteur de l’État des Juifs (1896), fonde l’Organisation sioniste
mondiale en 1897 pour résoudre le « problème juif » de l’Europe. Il en résulte
une augmentation massive de l’émigration vers la Palestine.

30 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
À la veille de la Première Guerre mondiale, la Palestine compte
690 000 habitants, dont 57 000 juifs. L’immigration juive, l’achat et les
revendications des terres alertent certains dirigeants palestiniens qui, dès lors,
s’opposent de manière intransigeante au sionisme.
5. Le mandat britannique
Avec l’aide des Arabes, les Britanniques prennent la Palestine aux Turcs
ottomans au lendemain du premier conflit mondial. Les Arabes se révoltent
contre les Turcs, car dans un échange de correspondance (1915-1916) avec
Hussein Ibn Ali, cheikh de La Mecque, les Britanniques leur avaient promis
l’indépendance après la guerre.
La Grande-Bretagne fait d’autres promesses, qui entrent en contradiction avec
ces engagements. Ainsi, les accords secrets de Sykes-Picot (1916) avec la
France et la Russie l’obligent à partager et à contrôler avec ses Alliés les
provinces arabes de l’Empire ottoman. Dans un troisième accord, la
déclaration Balfour de 1917, La Grande-Bretagne promet aux juifs, dont
l’aide apportée à l’effort de guerre est précieuse, un « foyer national » juif.
Cette promesse est, par la suite, ajoutée dans le mandat conféré à la Grande-
Bretagne par la Société des Nations en 1922.
Sous ce mandat (1922-1948), il est difficile aux Britanniques de concilier
leurs promesses contradictoires. Les sionistes envisagent une immigration à
grande échelle, et certains parlent d’un État juif englobant toute la Palestine.
Toutefois, les Palestiniens rejettent le droit des Britanniques de promettre leur
terre à une troisième partie, craignant d’être dépossédés par les sionistes. Des
agressions antisionistes ont lieu, à Jérusalem (1920) et à Jaffa (1921). Une
déclaration anglaise de 1922 rejette les revendications sionistes sur
l’ensemble de la Palestine et limite l’immigration juive, mais réaffirme le
soutien à la création d’un foyer national juif.
Les Britanniques proposent d’établir un conseil législatif, rejeté par les
Palestiniens qui jugent la mesure discriminatoire.
Après 1928, lorsque l’immigration juive augmente à nouveau, la politique
britannique oscille entre les pressions arabes et juives. L’immigration fait un
bond à partir de 1933, avec l’avènement du nazisme en Allemagne. En 1935,
près de 62 000 juifs arrivent en Palestine. La peur d’une domination juive est
la principale cause de la révolte arabe qui éclate en 1936 et continue par
intermittence jusqu’en 1939. À cette époque, la Grande-Bretagne limite, une
fois de plus, l’immigration juive et l’achat de terres par les juifs.

31 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Après la Seconde Guerre mondiale

Camp de réfugiés palestiniens


En juin 1967, au terme de la guerre
des Six-Jours, Israël s'empare de
territoires peuplés par 1,5 million
d'Arabes : la péninsule du Sinaï, la
bande de Gaza, la Cisjordanie, la
partie est de Jérusalem et le plateau
du Golan en Syrie. Des milliers de
Palestiniens, qui vivent dans ces
régions, sont contraints de trouver refuge dans des camps de réfugiés mis en place par
l'ONU, comme celui-ci, situé en Jordanie.
La bataille pour la Palestine, qui s’atténue pendant la Seconde Guerre
mondiale, reprend en 1945. Les horreurs de l’holocauste provoquent la
sympathie du monde pour la cause des juifs européens et pour le sionisme.
Bien que la Grande-Bretagne refuse toujours d’accepter 100 000 rescapés
juifs en Palestine, de nombreux survivants des camps nazis arrivent à entrer
illégalement sur le territoire. La « question palestinienne » continue à se
poser. En 1947, la Grande-Bretagne déclare finalement qu’elle renonce à son
mandat sur la Palestine et qu’elle va remettre le problème aux Nations unies.
Les juifs et les Palestiniens se préparent à une confrontation.
Les Palestiniens sont plus nombreux que les juifs (1 300 000 contre 600 000),
mais moins bien préparés. Les juifs ont un gouvernement semi-autonome,
dirigé par David Ben Gourion, et leur armée, la Haganah, est bien entraînée
et expérimentée. Les Palestiniens, en revanche, ne parviennent pas à se
remettre de la révolte arabe, et la plupart de leurs dirigeants sont en exil. Le
mufti de Jérusalem, leur principal porte-parole, refuse d’accepter l’État juif.
En novembre 1947, lorsque les Nations unies proposent la division de la
Palestine en deux États, il rejette le plan que les juifs acceptent. Le terrorisme
se développe des deux côtés, tandis que les combats entre juifs et Palestiniens
tournent à l’avantage des premiers.
L’État d’Israël est proclamé unilatéralement le 14 mai 1948, au moment
même où la Grande-Bretagne remet officiellement ses pouvoirs à l’ONU.
Israël est immédiatement attaqué par cinq armées arabes qui viennent secourir
les Palestiniens. Israël fait subir une défaite aux forces arabes et agrandit son
territoire bien au-delà des limites fixées par l’ONU en 1947. La Jordanie
prend la rive occidentale du Jourdain (Cisjordanie) et l’Égypte prend la bande
de Gaza. La guerre met sur les routes 780 000 réfugiés palestiniens, dont la
moitié environ s’enfuit dans la panique.

32 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La seconde moitié est évacuée de force pour laisser la place aux immigrants
juifs d’Europe et d’Arabie. Les Palestiniens déshérités se fixent dans les pays
voisins, où ils maintiennent leur identité nationale et nourrissent l’espoir de
retourner dans leur terre natale. Peu à peu, en dépit de l’action diplomatique
des pays arabes, en particulier au sein des Nations unies, les réfugiés
palestiniens développent de multiples organisations terroristes dirigées contre
Israël et ses intérêts.
En 1967, pendant la guerre des Six-Jours entre Israël et ses voisins arabes, les
forces israéliennes s’emparent de la Cisjordanie, la bande de Gaza, le désert
du Sinaï, la partie arabe de Jérusalem et le plateau du Golan. Ces régions
prennent le nom de territoires occupés, appellation qui renforce les discordes
entre les pays arabes, les Palestiniens et l’État d’Israël. Israël commence à
développer une politique d’implantation de colons juifs dans ces territoires
occupés, considérés comme un glacis de protection de son propre sol.
Septembre noir
Septembre noir, selon les membres de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP) et du Fatah, série d’opérations spectaculaires de terrorisme
international menées entre 1970 et 1974, à la suite de l’assaut mené en
septembre 1970 par l’armée jordanienne contre les combattants palestiniens
et ayant abouti à leur expulsion de Jordanie. À l’issue de la guerre des Six-
Jours (juin 1967), qui voit Israël défaire les armées arabes et conquérir la
Cisjordanie et la bande de Gaza, les mouvements de résistance armée
palestiniens, réunis au sein de l’Organisation de libération de la Palestine
(OLP), font de la Jordanie leur base arrière pour leurs actions de guérilla. Face
au contre-pouvoir menaçant que représente l’OLP, et alors que le roi Hussein
Ier de Jordanie est soucieux de trouver une solution politique au conflit avec
Israël, les affrontements se multiplient entre l’armée royale jordanienne et les
combattants palestiniens.
L’accélération des actions terroristes palestiniennes notamment des
détournements d’avions conduits par le Front populaire pour la libération de
la Palestine (FPLP) de Georges Habache et les tentatives de déstabilisation
du régime du roi Hussein pousse celui-ci à lancer l’assaut contre l’OLP.
La vaste opération militaire menée en septembre 1970 contre les camps de
réfugiés et les organisations palestiniennes donne lieu à des combats
sanglants 4 000 tués et 10 000 blessés selon les sources jordaniennes, jusqu’à
10 000 victimes selon les sources palestiniennes. Elle aboutit à l’expulsion,
achevée dès l’été suivant, des instances politiques et militaires de l’OLP, qui
se réfugient au Liban. C’est dans ce contexte que s’impose la voie du
terrorisme international et que naît le mouvement « Septembre noir » au sein
d’une OLP relativement affaiblie et désorganisée.

33 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les membres de Septembre noir proviennent essentiellement des services de
sécurité du Fatah, principale composante de l’OLP. Leur première cible est le
Premier ministre jordanien Wasfi Tel, assassiné au Caire en novembre
1971 partisan de la ligne dure contre les Palestiniens, il est considéré comme
l’un des principaux responsables de la politique d’écrasement de la résistance
palestinienne en Jordanie. En septembre 1972, lors des jeux Olympiques de
Munich, un commando de huit terroristes prend en otages des athlètes de la
délégation israélienne en exigeant la libération de prisonniers palestiniens.
Cette action, l’une des plus spectaculaires et tragiquement célèbres de
Septembre noir, se solde par la mort de onze athlètes israéliens. En
représailles, Israël engage des raids contre les camps de réfugiés et les villages
situés à la frontière avec le Liban. Septembre noir poursuit ses actions et, en
mars 1973, l’attaque de l’ambassade d’Arabie saoudite à Khartoum (Soudan)
conduit à l’assassinat de trois diplomates internationaux. Cependant, la
stratégie terroriste de l’OLP s’infléchit tandis que l’organisation doit faire
face à la liquidation de plusieurs de ses membres dirigeants par Israël, et que
son leader, Yasser Arafat, entreprend d’obtenir une reconnaissance
internationale de la cause palestinienne. Les membres de Septembre noir sont
bannis des rangs du Fatah et, dès 1974, le groupe se disperse.
Parmi les anciens membres de l’organisation secrète, Sabri al-Banna, plus
connu sous le nom d’Abou Nidal (1937-2002), devient le chef d’un groupe
terroriste dissident, l’un des mouvements palestiniens les plus durs.
L’« Organisation Abou Nidal » agira dans le monde entier contre Israël et ses
alliés, mais aussi contre les pays arabes modérés et, surtout, le Fatah.
Territoires de palestine :
Cisjordanie
Cisjordanie, territoire du Proche-Orient, situé à l’ouest du Jourdain dont il tire
son nom. Occupée à partir de 1967 par Israël, qui y a implanté des colonies
de peuplement, la Cisjordanie constitue partiellement une zone autonome
placée sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Cette partie forme, avec
la bande de Gaza, les Territoires palestiniens. Le territoire cisjordanien
s’étend sur 5 879 km2.
Ses limites sont très découpées et constituent un enjeu très sensible dans les
négociations entre Israël et Palestiniens. Ainsi, la partie est de Jérusalem,
habitée par une majorité de Palestiniens et annexée, après la guerre des Six-
Jours, par Israël, est revendiquée par les Palestiniens.
Aux termes des accords signés dans le sillage de l’accord de Washington
(septembre 1993), l’autonomie totale est accordée aux villes cisjordaniennes
suivantes : Jéricho, Jénine, Qaiqilya, Ramallah, Turkarem, Naplouse et
Bethléem, la ville d’Hébron faisant l’objet d’un statut particulier. Les
bourgades et les camps de réfugiés bénéficient d’une autonomie partielle.

34 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les colonies israéliennes implantées en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont
sous le contrôle de l’État d’Israël. Le contrôle exercé par l’Autorité
palestinienne est cependant soumis aux aléas du processus de paix israélo-
palestinien. Ainsi, à partir de septembre 2000 et le début de la seconde
Intifada palestinienne, la Cisjordanie est l’objet de nombreuses incursions
israéliennes en représailles aux attentats-suicides perpétrés par des
extrémistes palestiniens sur la population israélienne.
2 GÉOGRAPHIE ET RESSOURCES
La rareté des précipitations et l’aridité du sol sont des facteurs qui limitent
l’activité humaine en Cisjordanie. Les terrains agricoles et les établissements
humains sont concentrés sur la bande de collines qui s’étend du nord au sud
et le long des pentes occidentales orientées vers la plaine côtière
méditerranéenne. Céréales et légumes sont cultivés dans les vallées
septentrionales ; les collines sont couvertes de champs d’oliviers, tandis que
la vigne est cultivée dans le Sud. Compte tenu de son aridité, la partie
orientale du territoire est peu habitée ; à l’exception des oasis et des fermes
établies à proximité de points d’eau, comme à Jéricho, cette zone sert
essentiellement de pâturage aux troupeaux d’ovins et de caprins. La vallée du
Jourdain, située au-dessous du niveau de la mer, connaît des hivers doux et
des étés très chauds. Sur les collines, le climat est de type méditerranéen, avec
des hivers froids et humides et des étés chauds et secs. Les précipitations sur
les sommets les plus élevés de la Cisjordanie, qui ne dépassent pas 1 000 m,
sont essentielles pour les réserves hydrauliques des Territoires palestiniens et
d’Israël. Le Jourdain, qui court de la mer de Galilée à la mer Morte, ne fournit
pas une quantité d’eau suffisante pour l’irrigation.
3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie
L’établissement de statistiques démographiques pose un problème, tant les
enjeux politiques sont grands : le statut définitif du territoire est
indissociablement lié, dans l’esprit de chaque partie, au poids démographique
des différentes communautés. Les Israéliens tendent à minimiser la
population arabe, tandis que les Palestiniens sont enclins à la surestimer.
La population de la Cisjordanie est évaluée en 2004 à environ 2,3 millions
d’habitants. Majoritairement constituée d’Arabes palestiniens (plus de
1,4 million en 1996), elle compte environ 120 000 colons juifs, qui contrôlent
40 p. 100 du territoire. Leur implantation a été encouragée depuis 1967, avec
une accélération du mouvement depuis 1977, sous le gouvernement
conservateur de Menahem Begin.

35 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les colonies en Cisjordanie communiquent entre elles grâce à un réseau
routier très dense qui contourne les principales localités arabes. Les colons
sont placés sous la protection de l’armée israélienne, et sont eux-mêmes
fortement armés. Le démantèlement des colonies est un enjeu capital dans les
négociations israélo-palestiniennes, entamées en 1993.
En dehors de Jérusalem, centre géographique de ce territoire orienté suivant
un axe vertical, les grandes villes de Cisjordanie sont Naplouse, au nord,
Hébron au sud, Jéricho à l’est et Ramallah à l’ouest.
La population palestinienne connaît un très fort taux d’accroissement naturel,
estimé à 5 p. 100 par an, en dépit d’une très importante mortalité infantile
(20 p. 1000), liée à l’insuffisance des infrastructures sanitaires. L’accès aux
soins et à l’eau potable est en outre extrêmement difficile en raison des
restrictions de circulation des biens et des personnes imposées par l’armée
israélienne.
3.2 Langues et religions
La langue des Palestiniens est l’arabe. L’anglais est maîtrisé par l’élite. Les
Palestiniens sont, dans leur grande majorité, musulmans sunnites, mais
8 p. 100 sont des chrétiens, établis principalement à Jérusalem et à Bethléem,
près des lieux saints du christianisme. Les chrétiens palestiniens, fortement
représentés dans l’élite intellectuelle, économique et politique de Palestine,
ont joué un rôle important au sein du mouvement nationaliste palestinien
La société palestinienne est fortement hiérarchisée. La famille, comme dans
le reste du Proche-Orient, est un élément central des relations sociales. En
l’occurrence, on peut constater l’importance des familles palestiniennes en
observant la représentation de chacune dans le mouvement nationaliste
palestinien au XXe siècle. Ainsi, parmi les élites politiques que l’on retrouve
dans le mouvement nationaliste, sont représentées les familles Nashashibi,
Husseïni, Khalidi, qui sont d’anciennes et grandes familles palestiniennes. Ce
phénomène est à rapprocher du cadre clientéliste de la société arabe.
3.3 Éducation
Environ 86 p. 100 des Palestiniens de plus de 14 ans sont alphabétisés. Pour
les Palestiniens, l’éducation a traditionnellement constitué une arme contre
l’occupation israélienne, même si l’accès à une éducation de haut niveau a été
cependant plus facile pour la population qui a quitté la Palestine et qui a été
formée dans les pays occidentaux. La nécessité de développer les
infrastructures scolaires s’est imposée alors que plus de 40 p. 100 de la
population cisjordanienne a moins de 15 ans. L’accès à l’éducation est
toutefois entravé par la situation de guerre larvée israélo-palestinienne.
Les Territoires palestiniens comptent plusieurs universités, dont cinq sont
situées en Cisjordanie.

36 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

3.4 Médias
La presse palestinienne est considérée comme l’une des plus libres du monde
arabe. Le grand quotidien en langue arabe al-Qods al-arabi (« la Jérusalem
arabe ») est diffusé dans l’ensemble du monde arabe. C’est l’un des rares
grands quotidiens à ne pas être financé par des capitaux saoudiens. La radio-
télévision palestinienne est la « Palestinian Broadcasting Corporation », dont
les locaux ont été détruits en janvier 2002 par l’armée israélienne.
4 ÉCONOMIE
L’économie de la Cisjordanie était essentiellement agricole avant 1967.
L’occupation israélienne a entraîné de profonds bouleversements sociaux.
Israël a favorisé le développement d’une main-d'œuvre industrielle en faisant
appel à des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens employés dans
l’industrie israélienne, et notamment dans le secteur du bâtiment. Cette main-
d’œuvre journalière, bon marché, accomplit un travail sous-qualifié et
précaire. Elle est la première touchée par les mesures de bouclage périodiques
des territoires occupés l’accès au territoire israélien est sévèrement contrôlé
(un titre de passage est nécessaire).
L’activité industrielle n’a pas compensé les pertes en emplois agricoles,
également dues à la colonisation des meilleures terres.
Aujourd’hui, l’agriculture réalise moins de 20 p. 100 du produit national brut
(PNB), contre 40 p. 100 pour l’industrie et les services.
La Cisjordanie est une région de plantations arbustives (olivier, figuier,
vigne) avec également, une polyculture méditerranéenne.
Le territoire bénéficie de ressources hydrauliques importantes et proches. Le
plus grand aménagement entrepris est la construction d’un canal d’irrigation
à partir du Yarmouk, un affluent du Jourdain, qui a permis la mise en valeur
du fossé du Jourdain (une zone située à 400 mètres en dessous du niveau de
la mer). Cela a permis de cultiver des agrumes au nord et des bananes au sud.
L’activité industrielle se limite à l’industrie légère parfois très proche de
l’activité artisanale. L’expérience industrielle palestinienne, qui a exclu le
développement d’industries lourdes sidérurgie, métallurgie, etc.
Se distingue de celle des autres pays arabes, pour qui les grands bassins
industriels étaient des attributs de la souveraineté nationale. L’absence d’État
dans le cas de la Palestine constitue un début d’explication, dans la mesure
où l’industrialisation lourde est traditionnellement menée sur l’initiative de
l’État. Par ailleurs, l’économie palestinienne, à l’image du territoire, est de
faible dimension. Deux mille entreprises environ ont été répertoriées en
Cisjordanie. 60 p. 100 d’entre elles emploient moins de quatre salariés.

37 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La plupart travaillent dans les secteurs de l’alimentation, des boissons et du
tabac, du textile et de l’habillement, du bois et de l’industrie du bois.
L’essentiel des recettes de l’Autorité palestinienne naissante est affecté à la
mise en place des institutions autonomes et des infrastructures essentielles,
ainsi qu'aux dépenses courantes de fonctionnement (paiement des
fonctionnaires, notamment de la police palestinienne). Les recettes
proviennent majoritairement d’aides venant de l’étranger, de la Banque
mondiale, de l’Union européenne, des États-Unis et des pays arabes. La
balance commerciale est structurellement déficitaire. De plus, les échanges
sont majoritairement effectués avec Israël, qui se charge en réalité de
réexporter les produits agricoles palestiniens (principalement des agrumes)
vers les marchés européens.
Comme dans l’ensemble des Territoires palestiniens, le développement de la
Cisjordanie est soumis aux aléas du processus de paix israélo-palestinien.
Ainsi, à la suite la reprise de l’Intifada en septembre 2000, nombre
d’infrastructures des villes cisjordaniennes ont été détruites par l’armée
israélienne en représailles aux attentats perpétrés par des terroristes
palestiniens en Israël. L’économie palestinienne s’est effondrée, avec des
conséquences dramatiques pour la population, dont près de la moitié vit sous
le seuil de pauvreté, le chômage touchant environ un quart de la population
active.
5 HISTOIRE
5.1 De l’Empire ottoman au protectorat britannique
La Cisjordanie couvre les provinces historiques de Samarie et de Judée.
La population arabe a été islamisée dès le VIIe siècle. La Cisjordanie devient
province de l’Empire ottoman au XVIe siècle, avant de subir, au XIXe siècle,
l’influence croissante de la Grande-Bretagne. Cette dernière considère
l’Égypte et la Palestine comme des verrous protégeant l’accès au canal de
Suez et donc à la route des Indes. Elle obtient, en 1922, après la chute de
l’Empire ottoman, un mandat de la Société des Nations (SDN) sur la
Palestine. L’établissement d’un foyer national juif, promis en 1917 par la
déclaration Balfour, suscite l’hostilité croissante des Arabes palestiniens,
dépossédés de leurs terres. Les Britanniques sont entraînés dans le conflit
entre Palestiniens et colons juifs après 1936, date de la publication d’un Livre
blanc limitant l’émigration juive en Palestine.
5.2 De l’annexion jordanienne à l’occupation israélienne
Lorsque l’État d’Israël se constitue en mai 1948, il occupe une partie de la
Cisjordanie qui, selon le plan de partage établi en 1947 par l’Organisation des
Nations unies (ONU), revient aux Palestiniens lesquels ont refusé le plan.

38 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les pays arabes Égypte, Transjordanie, Syrie et Liban déclarent la guerre à
Israël. À l’issue de la première guerre israélo-arabe, la Cisjordanie est
occupée par la Transjordanie, qui annexe ce territoire l’année suivante. La
fusion des deux rives du Jourdain entraîne une nouvelle dénomination du
royaume hachémite : la Jordanie. Ce fait va peser sur la société jordanienne,
dont une grande partie de la population est, dès lors, palestinienne.
En 1967, Israël s’empare de la région durant la guerre des Six-Jours. Elle y
établit des colonies de peuplement et soumet le territoire à son administration
militaire. Les lois civiles jordaniennes s’appliquent cependant toujours aux
Palestiniens. De même, le royaume hachémite continue de contrôler la
fonction publique (hôpitaux, écoles, municipalités) et de gérer les lieux saints
islamiques. La guerre provoque l’exode de 250 000 Palestiniens. Ils
s’installent, pour la plupart d’entre eux, en Jordanie. La colonisation est
d’autant plus mal ressentie qu’elle bouleverse profondément la société ; les
hiérarchies traditionnelles, qui ont pu être maintenues sous l’occupation
jordanienne, sont bouleversées, favorisant l’émergence d’une nouvelle élite,
plus jeune, plus radicale et plus hétérogène. L’Organisation de libération de
la Palestine (OLP), fondée en 1964, fédère les différentes tendances du
mouvement nationaliste palestinien, tandis que les islamistes, encouragés par
Israël pour faire contrepoids aux nationalistes, prennent de plus en plus
d’ampleur. Le mouvement nationaliste, né parmi les réfugiés palestiniens
dans les pays arabes, va devoir compter de plus en plus sur les Palestiniens
de l’intérieur. Ce mouvement se manifeste clairement lorsqu’éclate l’intifada,
mouvement de révolte lancé par les Palestiniens des territoires occupés en
décembre 1987. Le 31 juillet 1988, le roi Hussein de Jordanie annonce « la
rupture des liens administratifs et légaux » entre son pays et la Cisjordanie,
renonçant de fait à toute prétention territoriale sur la rive droite du Jourdain.
En novembre de la même année, l’OLP proclame unilatéralement un État
palestinien englobant la Cisjordanie, sans grande réalité puisque le transfert
de la souveraineté ne s’est pas produit. Il faut attendre cinq années pour
envisager un début de souveraineté palestinienne, avec les premières
négociations israélo-palestiniennes.

5.3- Vers l’autonomie palestinienne ?


5.3.1 La création des Territoires palestiniens
Des négociations secrètes ont lieu à Oslo entre Palestiniens et Israéliens, en
vue d’une reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP. Le 9 septembre
1993, Yasser Arafat, chef de l’OLP, reconnaît Israël et son droit à l’existence ;
Israël, par son Premier ministre, Yitzhak Rabin, reconnaît l’organisation
comme « le représentant du peuple palestinien ».

39 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le 13 septembre, une « déclaration de principes sur des arrangements
intérimaires d’autonomie » est solennellement signée à Washington entre les
deux dirigeants.
Cet accord est également connu sous le nom de « Gaza et Jéricho d’abord »,
car il prévoit, en premier lieu, l’autonomie de la bande de Gaza et de la zone
de Jéricho, en Cisjordanie, premier pas vers une autonomie palestinienne plus
large. Malgré la signature d’un protocole de redéploiement de l’armée
israélienne, le retrait effectif de Gaza et de Jéricho n’intervient qu’en mai
1994.
Il s’accompagne d’un transfert de l’autorité du gouvernement militaire
israélien vers un Conseil intérimaire de l’autonomie, désigné par l’Autorité
palestinienne présidée par Yasser Arafat et chargé de l’ensemble des pouvoirs
civils et de police, mais sans aucune compétence en matière de défense ou de
politique étrangère. Toujours aux termes de l’accord israélo-palestinien, le
redéploiement de l’armée israélienne dans les autres localités de Cisjordanie
doit intervenir à la veille des élections d’un Conseil palestinien de
l’autonomie, prévu neuf mois après l’entrée en vigueur de la « Déclaration de
principes », soit le 13 juillet 1994. Il s’effectue finalement à la fin de l’année
1995 et au début de l’année 1996, à la suite de l’accord de Taba du
28 septembre 1995, qui étend l’autonomie aux villes de Naplouse, Ramallah,
Jénine et Béthléem.
Le 20 janvier 1996, les Palestiniens des zones autonomes peuvent élire au
suffrage universel le président de l’Autorité palestinienne (exécutif) et les
88 membres du Conseil législatif. En dépit du boycott des partis islamistes,
Yasser Arafat, sans concurrent sérieux, est élu président avec 88,1 p. 100 des
voix, tandis que l’écrasante majorité des députés palestiniens lui apporte un
net soutien.
5.3.2 Le processus de paix dans l’impasse
Le changement de majorité parlementaire en Israël et l’élection de Benyamin
Netanyahou, membre du Likoud, la droite conservatrice, comme Premier
ministre, en mai 1996, enraye la progression du processus de paix. Après
l’évacuation de Hébron en janvier 1997 par l’armée israélienne, le
gouvernement israélien poursuit la colonisation en Cisjordanie, y
agrandissant les implantations existantes et les reliant par des routes
contournant les territoires sous contrôle palestinien.
Le mémorandum signé par Benjamin Netanyahou et Yasser Arafat, à l’issue
du sommet de Wye Plantation, organisé par Bill Clinton en octobre 1998,
n’est que très partiellement appliqué, l’armée israélienne ne se retirant que de
2 p. 100 des territoires de Cisjordanie contre les 13 p. 100 initialement
prévus. Le nouveau chef du gouvernement israélien, le travailliste Ehoud
Barak, élu en mai 1999, s’engage à relancer le processus de paix, et s’il se
40 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
prononce contre la création de nouvelles colonies, il annonce qu’il ne
démantèlera pas les colonies existantes. Malgré la reprise des pourparlers (en
septembre et novembre 1999 et en mars 2000) et la pression de la diplomatie
américaine, les désaccords persistants compromettent le retrait partiel de
Cisjordanie, et les négociations achoppent sur le statut définitif des territoires
et sur celui de Jérusalem, ainsi que sur la question du retour des réfugiés
palestiniens. Après l’échec du sommet de Camp David II, en juillet 2000, et
la reprise des tensions à l’automne, qui donnent naissance à la seconde
Intifada, la Cisjordanie est en proie à une situation extrêmement difficile où
tirs de mortiers de Palestiniens et incursions de l’armée israélienne se
répondent. Au printemps 2002, Israël lance sa plus grande offensive armée
dans les territoires autonomes (l’opération « Rempart »), provoquant la mort
de centaines de civils et la destruction de nombreuses infrastructures
palestiniennes, dont le quartier général du président Arafat, à Ramallah. Le
bouclage des territoires occupés, notamment de la Cisjordanie, entraîne des
conséquences économiques et sociales catastrophiques. Cette situation se
détériore encore davantage avec la construction, à partir du mois de juin 2002,
d’un mur de séparation entre le territoire israélien et la Cisjordanie visant à
protéger les civils israéliens des attentats-suicides palestiniens. Ce mur de
quelque 700 kilomètres, qui empiète sur les territoires occupés, entoure en
outre toute la ville de Jérusalem.
Bethléem
Bethléem, ville autonome de
Cisjordanie, au sud de Jérusalem.
Bethléem est désignée par la Bible
comme le berceau de la famille du roi
David, qui y a vu le jour. Patrie du
futur Messie selon la prophétie de
Michée (Michée, V, 2), Bethléem est,
rapportent les Évangiles selon saint
Matthieu (II, 1-6) et selon saint Luc
(II, 4-15), le lieu de naissance de
Jésus-Christ. À ce titre, la ville est vénérée par les chrétiens comme un lieu
saint.
Elle possède une des plus vieilles églises du monde, la basilique de la Nativité,
construite au IVe siècle par l'empereur romain Constantin Ier le Grand, et
restaurée sous Justinien Ier au VIe siècle. Une grande partie de l'église est
encore d'époque, et des pèlerins de toute la chrétienté affluent
continuellement pour s’y recueillir. La ville porte également le nom araméen
de Bayt Lahm (« maison du pain »). Population (1997) : 21 947 habitants.
Gaza
41 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Gaza, ville principale de la bande de Gaza, à environ 25 km de la frontière
égyptienne, située près de la côte méditerranéenne. Gaza est une ville
ancienne, au riche passé politique et historique. Centre des activités
commerciales et administratives de la bande de Gaza, la ville est aujourd’hui
le siège de l’Autorité nationale palestinienne. Elle abrite quelques petites
industries, notamment alimentaires et artisanales, et possède un petit port
utilisé principalement par une flotte de pêcheurs locaux. Son développement
économique fut limité pendant les occupations égyptiennes (1948-1967) et
israélienne (1967-1994). Sa population est surtout constituée de musulmans
sunnites. Gaza, prospère sous l’Antiquité, est l’une des cinq villes des
Philistins. Elle est assiégée puis prise par Alexandre le Grand au
IVe siècle av. J.-C. et conquise par les Arabes au VIIe siècle. Bonaparte s’en
empare en 1799, pendant l’expédition d’Égypte. À la fin du mandat
britannique sur la Palestine, en 1948, Gaza compte environ 20 000 habitants.
La ville devient une dépendance de l’Égypte. Elle est occupée de novembre
1956 à mars 1957 par Israël. Revenue à l’Égypte, elle est de nouveau occupée
par Israël à la suite de la guerre des Six Jours, en 1967. À la suite d’une arrivée
massive de réfugiés palestiniens, sa population connaît une croissance
considérable. Les accords israélo-palestiniens de septembre 1993, prévoyant
l’autonomie des territoires occupés par Israël, commencent à être appliqués à
Gaza en mai 1994. L’aide internationale en faveur de la nouvelle Autorité
palestinienne a essayé d’améliorer le sort de la ville, qui souffre d’une grande
insuffisance de logements et d’infrastructures. Mais le processus de
développement de la ville a été remis en cause après la reprise de l’Intifada
en septembre 2000, à la suite des ripostes de l’armée israélienne aux attentats
perpétrés par des terroristes palestiniens en Israël. Population (1997) :
353 632 habitants.

42 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Hébron
Hébron, (en arabe al-Khalil), ville de
Cisjordanie, située dans une région
montagneuse à 30 km au sud de Jérusalem.
Parce qu’elle abrite le célèbre Caveau des
Patriarches (sépulture d’Abraham, de sa
femme, Sarah, et de sa descendance jusqu’à
Jacob), lieu de culte vénéré par les juifs comme
par les musulmans et les chrétiens, Hébron est un symbole de l’antagonisme
israélo-palestinien. En outre, la ville, peuplée très majoritairement de
Palestiniens (environ 120 000), abrite quelque 400 à 500 colons juifs ultra-
orthodoxes, considérés comme les plus extrémistes d’Israël, installés
notamment au cœur de la cité (colonie de Beit Hadassa entre autres) aux
portes de la ville est également implantée une importante communauté juive,
Qiryat Arba. Cette cohabitation, foyer permanent de tensions, provoque
régulièrement des heurts meurtriers. Haut-lieu de l’histoire biblique, Hébron
abrite la tombe d’Abraham, enseveli dans la grotte de Machpelah. Vers
990 av. J.-C., le roi David en fait la capitale d’Israël. Détruite par les Romains
sous le règne de l’empereur Vespasien (69-79), Hébron est reconstruite par
les premiers musulmans, puis prise par les chrétiens au cours des croisades.
En 1187, sous Saladin, elle passe aux mains des musulmans. En 1917, au
cours de la Première Guerre mondiale, elle est occupée par les troupes
britanniques. À l’issue de la guerre, la ville est placée sous mandat britannique
entre 1923 et 1948, à l’instar de toute la Palestine. Après la création de l’État
d’Israël (1948), elle est annexée par la Jordanie (1950). En juin 1967, après
la guerre des Six-Jours, Israël prend le contrôle de la Cisjordanie, et de
nombreux colons s’installent à Hébron. Le 25 février 1994, la ville est le
théâtre d’un massacre perpétré par un colon israélien du parti d’extrême droite
Kach contre des musulmans en prière au Caveau des Patriarches ; 29 fidèles
périssent sous ses balles. En janvier 1997, dans le cadre du processus de paix
engagé entre le gouvernement israélien et les représentants du peuple
palestinien, un accord sur Hébron est signé entre Israël et l’Autorité
palestinienne prévoyant le retrait des Israéliens, à l’exception des colonies
juives installées dans la ville. La ville bénéficie donc depuis 1997 d’un régime
particulier, qui la divise en deux zones : la zone dite H2, sous contrôle
israélien et correspondant essentiellement à la vieille ville, où vivent quelques
20 000 Arabes, et la zone H1, sous souveraineté palestinienne.
Depuis le déclenchement de la seconde Intifada en septembre 2000, la
situation s’est gravement détériorée à Hébron entre attentats palestiniens et
ripostes de l’armée israélienne. Population (1997) : 119 401 habitants.

43 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

La politique à palestine :
I. Hamas
Hamas, (Mouvement de la résistance islamique, acronyme de Harakat al-
muqawama al-islamiya signifiant en arabe « ferveur »), mouvement
islamique palestinien fondé à Gaza en 1987 qui prône l’élimination de l’État
d’Israël par la lutte armée en vue de la libération de la Palestine et de
l’établissement d’un État islamique palestinien.
C’est au début des années 1970, au lendemain de la guerre des Six-Jours
(1967) et de l’occupation de la bande de Gaza et de la Cisjordanie par Israël,
que la confrérie des Frères musulmans, d’origine égyptienne et présente en
Palestine depuis les années 1930, développe dans les territoires occupés une
association islamique de bienfaisance. Sous la direction du cheikh Ahmed
Yassine, et avec l’appui financier de l’Arabie saoudite notamment,
l’association met en place à Gaza un vaste réseau d’institutions sociales et
caritatives (dispensaires, orphelinats, écoles, université). Ce mouvement,
alors opposé à la lutte armée contre l’occupant, bénéficie de la clémence des
autorités israéliennes, qui le jugent moins extrémiste que d’autres
organisations islamistes radicales, telles que le Djihad islamique, et capable
d’affaiblir le leadership politique de l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP). Le mouvement opère un tournant dans ses objectifs et ses
stratégies en 1987. Peu après le déclenchement de la première Intifada
(décembre 1987), Ahmed Yassine et Abdelaziz Rantissi créent le Hamas afin
d’intégrer leur mouvement à la révolte populaire palestinienne qui se propage
dans les territoires occupés ; celui-ci en devient l’un des éléments les plus
extrêmes. Prônant la guerre sainte (le djihad) pour mettre fin à l’occupation
de la Palestine, il se montre un adversaire acharné à la politique de dialogue
de Yasser Arafat et aux négociations menées par Israël et l’OLP pour la
recherche d’une solution politique au conflit israélo-palestinien. Marginalisé
à la suite de la signature des accords d’Oslo, en 1993, il se radicalise et
s’emploie à faire échouer le processus de paix par l’intermédiaire de sa
branche militaire, les brigades Ezzedine al-Qassam, et de ses campagnes
d’attentats-suicide anti-israéliens. Fort de ses structures décentralisées, de ses
réseaux et de ses moyens financiers, qui lui permettent d’exercer un rôle
social de premier plan dans les Territoires palestiniens présence active dans
les universités et les organisations professionnelles, associations caritatives
œuvrant dans l’éducation, la santé, l’enseignement coranique, le Hamas
gagne en popularité auprès des habitants, au détriment du Fatah de Yasser
Arafat, Qui incarne l’impossibilité de l’Autorité palestinienne à obtenir la
libération des territoires. Alors que le processus de paix sombre dans la spirale
de la violence après le déclenchement de la seconde Intifada, en
septembre 2000, le mouvement islamiste s’impose pour une partie de la
44 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
population comme l’ultime recours face à l’occupation israélienne.
Tandis que les parties impliquées dans le conflit israélo-palestinien
s’engagent dans une relance du processus de paix au printemps 2002, le
Hamas revendique de nombreux et sanglants attentats-suicide. Il est classé
comme organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne.
Subissant les représailles de l’armée israélienne sous la forme d’assassinats
ciblés, il perd nombre de ses cadres dont son leader historique, le cheikh
Yassine, lors d’un raid aérien israélien en mars 2004. Cette élimination
planifiée suscite une réprobation internationale et des appels à la vengeance
du mouvement islamiste. Moins d’un mois plus tard, l’armée israélienne
élimine le successeur du cheikh Yassine, Abdel Aziz Al-Rantissi.
Lors des scrutins municipaux de 2004-2005, le mouvement islamique
acquiert le contrôle de plusieurs mairies de la bande de Gaza et de Cisjordanie
et est en mesure de répondre au défi de la gestion des affaires quotidiennes.
Cette tendance se confirme lors des élections législatives de janvier 2006.
Après une campagne axée sur la lutte contre la corruption et l’amélioration
de la vie quotidienne, le Hamas obtient la majorité absolue au Conseil
législatif palestinien (74 sièges contre 45 pour le Fatah). Plusieurs facteurs
sont mis en avant pour expliquer ce succès aussi rapide que surprenant. Outre
les éliminations de ses responsables, qui ont contribué à accroître la popularité
du Hamas auprès des Palestiniens, le retrait israélien de la bande de Gaza, en
2005, est perçu par une majorité d’entre eux comme le fruit de la résistance
armée à l’occupation. Enfin, le Hamas bénéficie de la désaffection de
l’électorat palestinien à l’égard du Fatah, affaibli par ses divisions et les
soupçons de corruption et de clientélisme. L’accession au pouvoir du Hamas
s’accompagne d’une volonté de modération politique de la part de ses
principaux dirigeants, Ismaïl Haniyeh (qui devient Premier ministre en
février 2006) et Khaled Mechaal. Alors que les Territoires palestiniens
connaissent une profonde crise économique causée par l’arrêt de l’aide
internationale consécutive à la victoire électorale du Hamas, les tentatives de
formation d’un gouvernement d’union nationale échouent, provoquant des
affrontements meurtriers entre les combattants du Hamas et les forces de
sécurité du Fatah dès le mois de décembre 2006. En dépit de la signature d’un
accord de principe entre le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud
Abbas et Khaled Mechaal en février 2007, les affrontements interpalestiniens
reprennent violemment au mois de mai suivant. Le 14 juin, le Premier
ministre Ismaïl Haniyeh est limogé, tandis que le Hamas prend le contrôle de
la totalité de la bande de Gaza.

45 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

II. Fatah
Fatah (Mouvement de libération nationale de la Palestine, en arabe al-Fatah
ou al-Fath, acronyme inversé formé à partir de Harakat Tahrir Falastin et
signifiant « conquête »), mouvement nationaliste palestinien formé à la fin
des années 1950 qui constitue la principale composante de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP). En raison même de la prédominance du
Fatah au sein de l’OLP (dès 1969), les principes et objectifs politiques du
Fatah ne se distinguent guère de ceux de l’OLP, laquelle va parvenir à
s’imposer comme le représentant légitime et unique du peuple palestinien.
Fondé dans la clandestinité, le Fatah devient ainsi le principal interlocuteur
des Israéliens dans le processus de paix israélo-palestinien, sous la direction
historique de Yasser Arafat. Il domine la scène politique palestinienne après
la mise en place de l’Autorité palestinienne en 1993.Le Fatah se développe à
la fin des années 1950 au sein des milieux étudiants palestiniens, convaincus
de la nécessité d’organiser la résistance palestinienne sous la forme d’un
mouvement national révolutionnaire autonome, c’est-à-dire indépendant des
pays arabes. Fondé en 1959 au Koweït par Yasser Arafat, qui en devient le
dirigeant, Salah Khalaf (Abou Ayad) et Khalil al-Wazir (Abou Jihad), entre
autres, le Fatah appelle à la lutte armée contre Israël avec l’objectif de libérer
la totalité du territoire palestinien et de détruire toutes les structures de
l’« entité sioniste ». La non-ingérence dans les affaires intérieures des pays
arabes, pendant de l’indépendance de la décision palestinienne, est érigée en
principe. En outre, le mouvement se caractérise par l’absence de toute
référence idéologique. La direction du Fatah est collégiale et fonctionne au
sein d’un Comité central qui détient le pouvoir exécutif. Le Conseil général,
qui rassemble les différentes composantes du Fatah et élit les membres du
Comité central, et le Conseil révolutionnaire, qui se réunit entre chacune des
sessions du Conseil général, sont deux organes de contrôle de l’action du
Comité central. Installé à Gaza au début des années 1960, le Fatah déclenche
la lutte armée le 1er janvier 1965 en lançant ses premières opérations militaires
contre Israël au nom de sa branche armée, al-Asifa (« la tempête »). Le
mouvement acquiert de l’importance à la suite de la guerre des Six-Jours (juin
1967), la défaite des armées arabes et l’occupation par Israël de la bande de
Gaza et de la Cisjordanie renforçant le rôle de la guérilla palestinienne. En
1968, le Fatah intègre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP),
créée en 1964 sur l’initiative du président égyptien Gamal Abdel Nasser pour
canaliser le nationalisme palestinien. Il en prend le contrôle dès 1969 à la suite
de l’élection de Yasser Arafat à la présidence du Comité exécutif de l’OLP.
Le Fatah trouve traditionnellement son soutien parmi la population
palestinienne des territoires occupés et dans la diaspora palestinienne.
Tandis que les commandos de combattants palestiniens (les fedayin)
46 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
multiplient les actions terroristes à partir des États arabes voisins d’Israël
(Syrie, Jordanie, Liban), les tensions s’intensifient avec les pouvoirs en place
dans ces pays, soumis à des représailles israéliennes. En 1970, alors que le
Fatah semble débordé par certains mouvements radicaux palestiniens
membres de l’OLP notamment le Front populaire de libération de la Palestine
de Georges Habache, les forces palestiniennes sont expulsées de Jordanie vers
le Liban, au terme de combats sanglants avec l’armée
jordanienne.Après le recours au terrorisme international au début des
années 1970, la direction du Fatah et de l’OLP réoriente dès 1973 sa stratégie
vers l’ouverture diplomatique et la recherche d’une reconnaissance
internationale pour la cause palestinienne. Les activités terroristes sont alors
limitées à Israël, aux territoires occupés et au Liban. Enlisé dans la guerre
civile libanaise, le Fatah connaît une grave crise en 1983, à la suite de
l’invasion israélienne au Liban (1982). Les profonds désaccords sur la
politique de dialogue menée par Yasser Arafat provoquent une scission au
sein du mouvement. Le leader du Fatah sort renforcer de cette crise tandis que
son mouvement consolide sa domination sur l’OLP.
Les postes les plus importants du Comité exécutif de l’OLP sont détenus par
des membres du Fatah, tandis que bon nombre d’indépendants travaillant
auprès du Comité sont partisans de la ligne politique du Fatah. Les finances
de l’OLP sont également contrôlées par le Fatah, et le réseau de bureaux de
l’OLP à l’étranger est en majorité dirigé par des membres ou des
sympathisants du groupe. Bombardée en 1985 par un raid israélien, la
direction de l’OLP, affaiblie, parvient cependant à renforcer son leadership à
la faveur de l’Intifada lancée dans les territoires occupés en 1987. Son
engagement dans la voie diplomatique est marqué par les résolutions du
Conseil national palestinien de 1988, qui appelle à une solution négociée et
prévoit la reconnaissance de l’État d’Israël, tout en proclamant
l’établissement de l’État de Palestine avec pour capitale Jérusalem. Les
négociations entre l’OLP et Israël aboutissent en 1993 à un accord de
reconnaissance mutuelle ainsi qu’à une déclaration ouvrant la voie à une
administration palestinienne des territoires occupés, sous la forme d’une
Autorité nationale palestinienne .Au terme de la mise en place des
institutions de l’Autorité palestinienne, en particulier par le biais des élections
générales de 1996, le Fatah tend à incarner l’Autorité palestinienne, tandis
que ses structures se fondent dans celles de la nouvelle administration. En
effet, le chef historique du Fatah, Yasser Arafat, est élu à la tête de l’Autorité,
et son parti détient une très large majorité au Conseil législatif palestinien. En
outre, les responsables et fonctionnaires de l’Autorité sont pour la plupart des
membres du Fatah.

47 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
De même, la base des forces de sécurité palestiniennes est essentiellement
formée des anciennes brigades de combattants du Fatah.
Cette position de parti au pouvoir n’est pas sans conséquence sur la popularité
du Fatah. En effet, alors que le processus de paix israélo-palestinien sombre
dans la violence au lendemain du déclenchement de la seconde Intifada
(septembre 2000), le Fatah, directement associé aux échecs de l’Autorité, voit
son audience reculer au profit du Hamas, mouvement islamique opposé à
toute solution négociée et fortement engagé dans l’action sociale. Après la
mort de Yasser Arafat, en novembre 2004 et l’élection à la présidence
palestinienne de Mahmoud Abbas , le parti au pouvoir depuis près de dix
années sombre dans de profondes divisions internes et ne parvient pas à
mettre en œuvre les réformes que réclament nombre de ses militants de base,
inquiets de la montée de la corruption et soucieux d’écarter la « vieille garde »
du parti. Très affaibli, le Fatah doit faire face aux attentes d’une population
exaspérée par les difficultés de la situation socio-économique et le blocage du
processus de paix. Sa défaite historique lors des élections législatives de
janvier 2006, largement remportées par le Hamas (qui obtient la majorité
absolue au Conseil législatif palestinien avec 74 sièges contre 45 pour le
Fatah), le plonge dans une grave crise interne. Des mois de négociation sont
nécessaires pour parvenir à la formation d’un gouvernement d’union
nationale avec le Hamas en septembre 2006.
III. Frères musulmans
Frères musulmans (en arabe, Ikhwan al-Muslimun), mouvement politico-
religieux islamiste fondé en 1928 en Égypte par Hassan ibn Ahmad al-Banna
(1906-1949). La confrérie des Frères musulmans est fondée par un
instituteur, Hassan al-Banna, qui façonne l’organisation et la dirige jusqu’à
sa mort en 1949. C’est à Ismaïlia, la ville du canal de Suez, symbole de la
mainmise britannique sur le pays, qu’il rassemble ses premiers compagnons.
Le développement de l’organisation est très rapide dans toute l’Égypte : de
quatre sections en 1929, elle passe à 300 en 1938 et à 2 000 en 1948.
L’association compte plus de 1 million de membres en 1948, peut-être
2 millions en incluant la Palestine, la Syrie et le Soudan. Par comparaison, le
parti de Nasser, du temps de la splendeur du régime entre 1962 et 1965,
revendiquait 2 à 3 millions d’adhérents. Dès 1930, l’ossature idéologique des
Frères musulmans est fixée, s’appuyant sur les théologiens musulmans du
Moyen Âge tel al-Ghazali et des contemporains comme le théologien
pakistanais Mawdudi (mort en 1979). La doctrine, définie par al-Banna,
apparaît comme une revitalisation d’un islam mis en danger par la
colonisation occidentale, L’éventuelle laïcisation de la société et la montée
des partis nationalistes arabes comme le Wafd de Saad Zaghlul Pacha, qui
détenait alors le pouvoir en Égypte.
48 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Cette réaffirmation de la spécificité de l’islam s’appuie sur la tradition : la
religion contient la forme du gouvernement. Le programme des Frères
musulmans se développe autour de cet axe fondamental qui implique de la
part de ses membres le respect des cinq piliers de l’islam, ainsi que la
nécessité de lutter contre l’occupant britannique et l’influence occidentale.
Enfin, à partir de 1936, la question de la Palestine, terre d’islam, est l’autre
moteur du développement des Frères musulmans. L’organisation interne de
l’association, verticale et étroitement hiérarchisée, est codifiée par Hassan al-
Banna. Au sommet de l’organisation se trouve le« guide suprême », auquel
on doit une obéissance inconditionnelle, puis le centre général, l’exécutif du
mouvement qui compte une vingtaine de membres. Viennent ensuite les
différents bureaux : orientation, propagande, travail, famille, jeunesse et
l’organisation spéciale, les phalanges (Kataeb), les combattants. La règle
décisionnelle est toujours celle de l’unanimité, ce qui empêche tout
développement de tendances opposées à l’exécutif. Cette organisation
pyramidale, remarquablement adaptée à la clandestinité, permet aux Frères
musulmans de survivre à la répression britannique, puis nassérienne.
Nationalisme et religion sont les deux piliers qui vont amener aux Frères
musulmans de nombreux soutiens dans les années 1940 : le futur président
Anouar al-Sadate est membre de la confrérie et certains estiment que Nasser
lui-même a pu en faire partie. Un rapport de police de 1950 estime que
33 p. 100 des officiers de l’armée égyptienne sont membres de l’association
et ses liens avec les « Officiers libres », qui déposent le roi Farouk en 1953,
ouvrant la voie à Nasser, sont très clairs. L’assassinat au Caire, le 12 février
1949, d’Hassan al-Banna, vraisemblablement par un policier, ne modifie pas
la situation et l’organisation ne cesse de se renforcer.L’arrivée au pouvoir de
Nasser en 1954 est suivie par une rupture violente avec les Frères musulmans
qui entrent dans la clandestinité. Cinq dirigeants sont exécutés, au moins
20 000 personnes sont arrêtées et détenues sans jugement. La répression
constante et la clandestinité freinent le développement des Frères musulmans
sans pour autant les faire disparaître de l’arène politique. L’arrivée au pouvoir
du président Sadate dénoue les tensions : les Frères musulmans sortent de leur
clandestinité. Progressivement, l’organisation se modifie. Socialement, elle
recrute beaucoup plus dans les couches moyennes de la bourgeoisie de
province que parmi les masses urbaines déshéritées du Caire. Elle profite
aussi de la crise économique : le développement d’une politique de solidarité,
l’aide au logement, aux études, au travail, lui permettent de s’enraciner en
profondeur, que ce soit en haute Égypte, à Assiout ou en basse Égypte.
Alors que se multiplient les mouvements islamistes radicaux prônant la lutte
armée, les Frères musulmans, qui se revendiquent comme modérés,
apparaissent cependant dépassés et adoptent une position attentiste.

49 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Profitant d’une amorce de libéralisation politique accordée par le régime du
président égyptien Hosni Moubarak, ils sortent véritablement de l’ombre lors
des élections législatives de 2005. Si la confrérie ne peut se constituer en parti
politique, parce qu’elle est organisée sur une base confessionnelle, elle
présente des candidats sous l’étiquette d’« indépendants » et réalise une
percée parlementaire historique (88 députés sur les 454 que compte le
Parlement). Dès 1944, les Frères musulmans s’implantent au Soudan, alors
occupé par les Britanniques. L’élimination par Nasser des Frères égyptiens
en 1954 a de profondes répercussions : l’organisation développe son
programme autour de l’islamisation des institutions de la nouvelle république
soudanaise. En 1958, l’arrivée au pouvoir des militaires amène les Frères
musulmans à entrer dans la clandestinité, pour n’en ressortir que dans les
années 1970. Le guide de l’organisation soudanaise, Hassan al-Tourabi, un
brillant tacticien, conduit peu à peu les Frères musulmans et leur organisation
électorale, le National Islamic Front (NIF), jusqu’aux marches du pouvoir. En
1983, le NIF représente 20 p. 100 du corps électoral et entre au
gouvernement ; il pousse à l’adoption des lois islamiques de septembre 1983,
qui proclament l’islam religion d’État et la charia (la loi révélée par le Coran)
source du droit. Ces mesures se révèlent désastreuses pour le Soudan en
renforçant les clivages entre musulmans du Nord, d’une part, chrétiens et
animistes du Sud, d’autre part. Avec l’Égypte, le Soudan est l’autre pays où
les Frères musulmans constituent réellement une organisation de masse.
C’est en 1930 que la confrérie se développe en Syrie. Les Shabab
Muhammad (« Jeunesses de Muhammad ») s’implantent dans la population ;
à partir de 1954, l’organisation est dirigée par un chef historique de grande
valeur, Mustapha al-Sibai. Semi-clandestins, les Frères musulmans vont, à
partir de 1970, trouver en face d’eux un adversaire de taille, le Baas, parti
progressiste laïcisant auquel appartient le président Hafez al-Assad. À cet
égard, le courant syrien des Frères musulmans semble se développer comme
une réaction de défense de la communauté sunnite (70 p. 100 de la
population) face aux autres confessions minoritaires (les alaouites, les chiites)
et le Baas qui accaparent le pouvoir. L’organisation entre dans une
clandestinité complète dans laquelle elle se trouve toujours ; entre 1979 et
1982, une guerre civile meurtrière oppose le parti Baas et l’armée syrienne
aux Frères musulmans, qui en sortent exsangues. Cette guerre culmine au
début des années 1980 : en mars 1980, 3 000 suspects sont arrêtés à Alep ; en
1981, les brigades de défense du frère du président al-Assad massacrent une
partie de la population de Hama ;
En février 1982, cette ville, la quatrième de Syrie, est à nouveau bombardée
pendant un mois par l’armée et reprise maison par maison ; Alep et Lattaquié
sont également touchées par les troubles, les estimations des pertes humaines

50 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
allant de 7 000 à 10 000 morts. Le rôle des Frères musulmans, présents aussi
en Jordanie et dans les territoires occupés par Israël, est difficile à apprécier.
Rayonnant à partir de leur foyer historique, l’Égypte, ils pèsent d’un poids
incontestable dans tous les pays du Proche-Orient sur les orientations
politiques, sans jamais parvenir au pouvoir, hormis au Soudan. Conçu comme
une idéologie et comme une religion, l’idéal des Frères musulmans est un
modèle sociopolitique offert en alternative au modèle idéologique occidental.
En ce sens, la tentative d’al-Banna d’un retour à l’islam en tant que modèle
d’organisation sociale a posé les jalons de la contestation actuelle des États
arabes par les nouveaux mouvements islamistes, que ce soit au Maghreb ou
au Proche-Orient. Dans nombre de régimes arabes, ces mouvements
apparaissent comme les seules véritables forces d’opposition organisées,
populaires et intègres dans un paysage politique marqué par la corruption et
le déficit démocratique.
IV. Organisation de libération de la Palestine [OLP]
Organisation de libération de la Palestine [OLP], organisation visant à
promouvoir la création d’un État palestinien indépendant.
Consécutive à la création de l’État d’Israël (1948), sur le territoire de l’ancien
mandat britannique de Palestine, la revendication exprimée par le peuple
palestinien d’exercer une souveraineté sur sa terre d’origine donne lieu à la
création de l’Organisation de libération de la Palestine, décidée lors d’un
congrès qui se tient dans le secteur jordanien de Jérusalem en 1964. L’OLP
fédère des groupes de combattants organisés en commandos, des
groupements de réfugiés, des associations professionnelles et étudiantes, des
syndicats et des membres individuels. Le fonctionnement de l’OLP est assuré
par trois organes principaux : le conseil exécutif, instance de décision, où
siègent les représentants des principaux groupes de combattants, le comité
central, qui n’a qu’un rôle consultatif, et le Conseil national palestinien, qui
tient lieu d’assemblée représentative du peuple palestinien.

Troupes de l'OLP et Yasser Arafat


Créée en 1964, l'Organisation de libération de la
Palestine est dirigée, depuis 1969, par Yasser
Arafat.
Fondé sous la tutelle des pays arabes,
l’OLP ne parvient à s’en affranchir qu’au
lendemain de la guerre des Six-Jours, en
1967, et de la défaite de l’Égypte, de la
Syrie et de la Jordanie. Dès lors, avec l’arrivée au sein de l’organisation, de
mouvements nationalistes tels al-Fatah, dont le dirigeant, Yasser Arafat,
devient le président de l’OLP, cette dernière connaît un infléchissement de sa
ligne politique.
51 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Désormais, selon sa charte adoptée en 1968, l’OLP combat non plus
seulement pour « libérer la Palestine », mais aussi pour la création d’un État
indépendant et la destruction d’Israël, et s’engage dans la lutte armée. L’OLP
revendique alors de nombreux actes de terrorisme commis en Israël et dans le
reste du monde. En même temps l’organisation étend son influence, tant en
Cisjordanie même, que parmi les réfugiés palestiniens dans les pays arabes
voisins d’Israël, dont l’OLP se sert comme bases arrières. Mais cela entraîne
des tensions avec notamment la Jordanie qui donnent lieu en 1970 à des
affrontements meurtriers entre soldats jordaniens et groupes armés
palestiniens, expulsés vers le Liban. Malgré cet échec, l’OLP enregistre
plusieurs succès diplomatiques. Un sommet des pays arabes qui se tient à
Rabat au Maroc, en 1974, reconnaît l’organisation comme unique
représentant légitime du peuple palestinien, et Yasser Arafat peut prononcer
un discours à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU), où l’OLP
dispose d’un statut d’observateur. L’invasion israélienne au Liban, en 1982,
détermine une vague massive d’immigration en Syrie et dans d’autres pays
arabes, ainsi qu’une scission au sein de l’organisation. La fraction de l’OLP
restée fidèle à Yasser Arafat s’installe à Tunis, où son quartier général fait
l’objet d’une attaque aérienne de l’armée israélienne en octobre 1985.
Extrêmement affaiblie et divisée, l’OLP parvient cependant à surmonter cette
crise, à la faveur du développement de l’Intifada dans les territoires occupés.
Confortée dans son rôle de seule représentante du peuple palestinien,
l’organisation s’engage alors dans la voie diplomatique.
En 1988, tandis que le roi Hussein de Jordanie renonce au profit de l’OLP à
toutes ses revendications concernant la Cisjordanie, Yasser Arafat, tout en
proclamant l’établissement d’un État palestinien ayant Jérusalem pour
capitale, fait adopter par le Conseil national palestinien une motion acceptant
la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies (1967) qui stipule
la « reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de
l’indépendance politique de chaque État de la région [ainsi que] leur droit de
vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues », ainsi que la
résolution 338 (1973) qui réaffirmait le même objectif. Amendant l’article de
sa charte proclamant la destruction d’Israël et renonçant à la lutte armée,
l’OLP reconnaît implicitement l’existence d’Israël et peut ainsi ouvrir un
dialogue diplomatique, auquel les États-Unis prennent une part active.
Malgré le soutien apporté à l’Irak par Yasser Arafat lors de la guerre du Golfe,
qui retarde la possibilité d’une solution négociée, Israël, dirigé depuis 1992
par les travaillistes, lève en 1993 l’interdiction concernant les contacts entre
les citoyens israéliens et les Palestiniens, et, la même année, le chef de l’OLP
et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin signent un accord de

52 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
reconnaissance mutuelle ainsi qu’une déclaration ouvrant la voie à une
administration palestinienne dans les territoires occupés.

Yasser Arafat
Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de
la Palestine (OLP) de 1969 à 2004, et président de
l’Autorité palestinienne de 1996 à 2004.
En mai 1994, les troupes israéliennes se
retirent de Jéricho et de la bande de Gaza, et une
autorité nationale palestinienne, compétente en
matière de fiscalité, de communications et de police, s’installe dans les
territoires occupés, sous la présidence de Yasser Arafat. Le processus de paix
suscite cependant de nombreuses oppositions, qui émanent de certains
mouvements palestiniens opposés à tout compromis avec l’État d’Israël, tels
le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) ou les islamistes
du Hamas et du Djihad, mais également de groupements de colons israéliens
installés dans les territoires occupés. Le problème du retour des réfugiés
palestiniens en Cisjordanie, les difficultés économiques et l’arrivée au
pouvoir en Israël du Likoud, dirigé par Benyamin Netanyahou, opposé à tout
nouveau retrait (après celui à Hébron en janvier 1997), aggravent les
incertitudes qui planent sur le processus de paix. Le blocage total du
processus de paix, la dégradation de la situation économique et la rivalité avec
le Hamas contribuent à affaiblir l’autorité de Yasser Arafat sur l’OLP.

Mahmoud Abbas
Mahmoud Abbas, de son nom de guerre Abou Mazen, est élu
président de l'Autorité palestinienne en janvier 2005, à la suite de
la mort de Yasser Arafat. Il a été l’un des principaux leaders de
l’OLP et négociateurs de paix avec Israël.
L’arrivée au pouvoir du travailliste Ehoud Barak suscite
beaucoup d’espoirs, mais la relance des négociations
n’aboutit à aucun résultat concret. L’échec du sommet de
Camp David II (juillet 2000), la reprise de l’Intifada et la victoire d’Ariel
Sharon, le leader de la droite israélienne, aux élections de février 2001,
rendent la position d’Arafat difficile et plongent l’OLP dans une crise.
Ainsi, en avril 2001, le Fatah renoue avec l’action armée en revendiquant des
tirs de mortiers sur plusieurs colonies juives de la bande de Gaza. Les forces
israéliennes visent alors à de nombreuses reprises les bâtiments de l’Autorité
palestinienne. En août, Tsahal assassine Abou Ali Moustapha, le chef du
Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) à Ramallah, en
Cisjordanie.
C’est la première fois que l’armée israélienne prend pour cible un des
dirigeants de l’OLP ce qui est condamné par la communauté internationale et
53 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
par nombre d’éditorialistes israéliens. En représailles aux attentats perpétrés
par des kamikazes palestiniens, Israël ferme la Maison d’Orient, siège
officieux de l’OLP et de l’Autorité palestinienne à Jérusalem-Est. Dans un
climat de violence exacerbée, l’OLP a de plus en plus de mal à ne pas se
laisser déborder par les groupes islamistes. À la mort de Yasser Arafat, en
novembre 2004, Mahmoud Abbas prend la direction de l’OLP, succédant
ainsi au chef historique de l’organisation palestinienne.

54 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

55 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Chapitre II : La guerre de Gaza


L'UNSCOP (United Nations Special Committee On Palestine) est une
commission mise sur pied par l'assemblée générale des nations unis en 1947
qui comprenait 11 pays dont la mission était de chercher les causes du conflit.
A l'issu de son étude la commission a établi un rapport qui prévoyait une
Palestine coupée en deux avec un état arabe et un état juif et la ville de
Jérusalem qui serait sous contrôle international. L'assemblée générale de
l'ONU a approuvé ce plan connu sous l'appellation de résolution 181. Les
juifs se sont montrés favorables à cette partition tandis que las arabes l'a
refusé. L'antagonisme entre les deux communautés était tel que la ligue arabe
sous la pression de Amin al-Husseini (grand Mufti et oncle de Yasser Arafat)
est à l'origine de la guerre de 1948 afin de débarrasser les juifs de la Palestine.
Il faut savoir que lors de la partition les proportions sur la terre palestinienne
étaient de 40% d'arabes, 10% de juifs et 40% à l'international.
Paradoxalement la raison qui empêchait la création d'un état palestinien n'était
pas le fait des juifs et c'est un épisode très mal connu de l'histoire du conflit.
En effet dans le plus grand secret le roi de Jordanie à l'époque le roi Abdulhah
avait conclu un accord avec l'Israël de Golda Meir; Cet accord autorisait l'état
d'Israël à annexer les territoires palestiniens de la rive occidentale du Jourdain
et c'est donc cet accord qui faisait que la création d'un état palestinien devenait
impossible. La guerre de 1948 a pour les palestiniens pris le nom de "nakba"
qui signifie catastrophe; Elle provoque le départ de quelques 850.000
palestiniens et permet la création de l'état d'Israël. Les historiens divisent cette
guerre en deux périodes: la première avant l'indépendance et la seconde après.
Les anglais ont voulu respecter une certaine neutralité et n'ont pratiquement
rien fait pour éviter la guerre. La majorité des pays arabes entourant la
Palestine ne souhaitait pas la guerre contre Israël mais ces pays craignaient
alors que d'autres pays également arabes ne tirent profit de la situation en
combattant en Palestine et cela a poussé des pays riverains comme la Jordanie,
l'Égypte et la Syrie d'entrer en guerre. C'est le 14 mai 1948 que les juifs ont
proclamé l'état d'Israël indépendant. L'Angleterre a accepté et s'est retirée du
pays. Mais les palestiniens, et contrairement à ce que l'on croît n'ont pas été
vaincu par la seule Israël, mais à cause d'autres pays arabes. En effet et c'est
la raison pour laquelle j'évoquais l'accord secret entre le Jordanie et Israël les
jordaniens ont respecté l'accord et c'est ainsi que les tentatives de palestiniens
de créer leur propre état a été bloquée non par Israël mais par la Jordanie et
l'Égypte qui voulait s'incruster et qui ont bloqué leur progression. Voilà
comment Israël en état d'infériorité par rapport aux palestiniens a pu gagner
cette guerre.

56 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les palestiniens sans terre Ensuite les arabes ont commis une erreur
d'appréciation importante. Ils ont accepté un cessez le feu pendant lequel
Israël en a profité pour recruter et former des soldats et peaufiner leur
réorganisation jusqu'au moment où ils sont arrivés à un niveau supérieur aux
palestiniens à la fois en hommes et en matériel. C'est ainsi que ben Gourion
crée une armée de défense d'Israël qui prend alors le nom de "Tsahal". Les
israéliens ont repris la guerre tour d'abord contre l'Égypte mais Tsahal a été
repoussé par l'aviation britannique. Les arabes et les palestiniens n'ont pas su
s'unir alors qu'ils avaient au départ l'avantage. C'est ainsi que lorsque la guerre
s'est terminée en 1949, Israël occupait des territoires qui allaient bien au delà
de ceux qui avaient été fixés par le plan de l'ONU. Ce qui restait a été donné
pour une part à l'Égypte avec la bande de Gaza et à la Jordanie avec la rive
occidentale. Les palestiniens n'avaient plus rien. On estime à plus de 700.000
le nombre d'arabes qui ont du s'enfuir et se réfugier dans les pays arabes
voisins. Les pays arabes ont toujours refusé de signer le traité de paix avec
Israël et c'est la raison pour laquelle les frontières établies n'ont jamais reçu
de reconnaissance légale au niveau international.
Conflit Israélo-arabe,
Conflit, israélo-arabe, conflit opposant, depuis la création de l’État d’Israël,
en 1948, l’État hébreu à ses voisins arabes et à la communauté palestinienne
dans les territoires occupés.
2- LA NAISSANCE DE L’ÉTAT HÉBREU

Israël : plan de partage de


l'ONU en 1947
Depuis 1917 et la déclaration
d’Arthur James Balfour, ministre
des Affaires étrangères
britannique, les populations juives
de Palestine sont dans l’attente de
la constitution d’un État juif
indépendant reconnu par le monde entier.
En 1920, la Grande-Bretagne est mandatée par la Société des Nations (SDN)
pour administrer la Palestine, afin de favoriser l’établissement d’un foyer
national pour les Juifs de Palestine. L’expression suscite l’hostilité des
sionistes et celle des États arabes voisins. Pour les premiers, la formule de
« foyer national » reste fort éloignée de leurs aspirations, et ce d’autant plus
que dans l’esprit de la puissance mandataire, s’il existe dorénavant un foyer
national en Palestine, celui-ci n’est pas destiné à devenir un foyer pour le
peuple juif.

57 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Pour les populations arabes, l’existence d’une communauté juive qui se
structure comme un quasi-État, au-delà même du fait national qui n’existe pas
encore, est perçue comme une provocation supplémentaire de l’impérialisme
colonial des Occidentaux, imposant une présence étrangère sur le sol arabe.
La période du mandat britannique est marquée par de multiples conflits
nourris, de part et d’autre, par des nationalismes intransigeants, qui vont se
muer en conflit d’États à États lorsqu’en 1948, Israël proclame son
indépendance en application du plan de partage de la Palestine élaboré en
1947 sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU).
3 1948 : UNE GUERRE D’INDÉPENDANCE
Capa, Soldats terrés dans un sillon Sur cette
photographie de guerre prise en juillet 1948 lors de
la première guerre israélo-arabe, des soldats
israéliens cherchent à se protéger dans une
tranchée de fortune alors qu'ils subissent une
attaque de l'aviation égyptienne. Robert Capa,
Soldats terrés dans un sillon, 17 juillet 1948. Le rejet d’Israël par les nations
arabes se manifeste sur le terrain militaire, dès le lendemain de la déclaration
d’indépendance. Le 15 mai 1948, les troupes égyptiennes, syriennes,
libanaises et celles de la Transjordanie envahissent le nouvel État. Cette
agression concertée transforme en guerre les multiples actions de guérilla qui
ont lieu depuis 1947. La lutte contre le « péril sioniste » sert également à
fédérer les nations arabes, par ailleurs divisées. La rapide victoire escomptée
n’est pas au rendez-vous : les armées arabes sont défaites et contraintes
d’accepter un armistice en 1949. Le rapport de force militaire crée un climat
politique qui s’oppose à un apaisement des relations israélo-arabes. Le plan
onusien de 1947, partageant la Palestine, était destiné à créer sur ce territoire
deux États : l’un juif, l’autre arabe, en faveur des Palestiniens. Ce dernier n’a
pas vu le jour. La défaite arabe donne lieu à deux réactions qui vont entretenir
un niveau de tension qui porte en germe les conflits à venir. Israël voit validée
sa politique de défense : les États arabes ont tenté, dès le premier jour, de
s’opposer à la création d’un État juif. Dès lors, cette attitude légitime le refus
de l’État hébreu de voir les Palestiniens revendiquer leur droit à une terre et
justifie la politique d’expulsion des Palestiniens. Du côté arabe, l’humiliation
de la défaite (les Palestiniens évoquent la création d’Israël et la défaite de
1949 sous le terme de Nakbah qui signifie la grande catastrophe) entretient,
avec une intensité renouvelée, le rejet des Juifs, qui devient un élément
fondamental de la légitimité des gouvernements et de la cohésion de la nation
arabe.

58 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Israël au lendemain de la guerre de 1948-1949

L’armistice, conclu avec les


Arabes en février 1949, laisse
subsister deux problèmes dont la
seule existence explique les
conflits à venir : l’État hébreu ne
dispose pas de frontières
reconnues, les Palestiniens vaincus
par Israël deviennent des réfugiés
sans terre. La seule question des
revendications territoriales
alimente la tension entre Juifs et
Arabes.
4. LES GUERRES DES
FRONTIÈRES
Guerre des Six-Jours
Au terme de la guerre des Six-
Jours, du 5 au 10 juin 1967, Israël
contrôle toute la péninsule du Sinaï,
la bande de Gaza, la Cisjordanie, la
partie est de Jérusalem et le site
stratégique des hauteurs du Golan en Syrie.
Le nationalisme arabe connaît une vigueur nouvelle avec l’arrivée au pouvoir
en Égypte de Nasser. L’opération de nationalisation du Canal de Suez, si elle
a entraîné une défaite militaire de l’Égypte, a contraint Israël à se retirer du
Sinaï et de Gaza. Ce repli territorial israélien est utilisé par Nasser pour
accentuer et radicaliser son discours nationaliste qui se pare d’accents
guerriers. Le conflit ouvert est déclenché à l’initiative d’Israël. La guerre des
Six-Jours (du 5 au 10 juin 1967) s’achève par une recomposition territoriale
à l’entier avantage d’Israël qui pénètre dans le Sinaï, contrôle la bande de
Gaza, toute la Cisjordanie et occupe des positions stratégiques sur les hauteurs
du plateau du Golan. Le monde arabe, humilié par ce nouveau revers, adopte
une ligne intransigeante vis-à-vis d’Israël qu’il se refuse à reconnaître et avec
lequel il ne veut pas engager de négociations de paix. Israël, en retour, adopte
une attitude intransigeante identique, en refusant de se soumettre à la
résolution 242 adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies qui prévoit
la restitution des territoires nouvellement occupés en échange d’une paix
durable.

59 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La guerre des six jours Puis éclate l'affaire de Lavon. Cette affaire a rendu
l'Égypte très soupçonneuse vis à vis d’Israël. Le Président égyptien Gamal
Nasser a fait fermer aux transports israéliens le détroit de Tiran et le canal de
Suez. L'Egypte achetait son armement du côté du bloc de l'est alors qu’Israël
se tournait vers la France. Les palestiniens et les égyptiens ont entamé des
incursions à travers les frontières israéliennes, elles entraînaient des
représailles, qui amenaient d'autres incursions et le processus de guerre était
ainsi à nouveau enclenché. Ce sont les déclarations du président égyptien le
16 mai 1967 et la fermeture du détroit de Tiran le 23 mai qui mettent le feu
aux poudres. Je cite le président Gamal Nasser " l'existence d'Israël a duré
trop longtemps. Nous sommes heureux de l'agression israélienne. Nous
aspirons à la bataille que nous avons longtemps attendue. L'heure H est là. La
bataille est venue et nous détruirons Israël. "Le 30 Gamal Nasser récidivait
d'une déclaration belliqueuse je cite "les armées d'Egypte, de Jordanie, de
Syrie et du Liban sont prêtes aux frontières d'Israël... pour relever le défi,
pendant que derrière nous se tiennent les armées d'Iraq, d'Algérie, du Koweït,
du Soudan et de toute la Nation arabe. Cet acte étonnera le monde.
Aujourd'hui ils sauront que les arabes sont en ordre de bataille et que l'heure
critique est arrivée. Nous en sommes au stade de l'action, plus à celui des
déclarations." Enfin Le 31 Mai, le Président irakien Rahman Aref annonçait,
"c'est notre occasion d'éliminer l'ignominie qui a été avec nous depuis 1948.
Notre but est clair : effacer Israël de la carte." Le 5 juin c'est l'attaque d'Israël,
elle durera 6 jours d'où son nom de guerre "des six jours" Les armées
égyptiennes et jordaniennes sont anéanties. A l'issu de ces six jours l'Egypte
perd la bande de Gaza et le Sinaï, la Syrie perd le Golan et la Jordanie perd la
Cisjordanie et l'est de Jérusalem. Pour ce qui est de l'état d'Israël il multiplie
ainsi par trois sa superficie. Certains de ces territoires sont encore occupés de
nos jours. Israël a gagné cette guerre grâce au matériel sophistiqué fournit par
la France face à un matériel usagé en provenance d'union soviétique et qui
était celui des pays arabes. Les conséquences de cette guerre ont été que un
million de palestinien se trouvent sous contrôle israélien. Le Fatah créé en
1957 et l'OLP en 1964 n'ont plus qu'un but qui est de détruire l'état d'Israël.
Yasser Arafat qui dirigeait le Fatah prend le contrôle de l'OLP. Cette
organisation sera d'abord reconnue par les états arabes puis par l'ONU en tant
que organisation représentante du peuple palestinien. La charte de l'OLP
précise que son objectif est la destruction de l'état d’Israël. Menahem Begin,
discours à la cérémonie des Nobel Discours du Premier ministre israélien
Menahem Begin, prononcé le 10 décembre 1978 lors de sa cérémonie de
réception du prix Nobel de la paix, Pour son action en faveur de la paix au
Proche-Orient (notamment avec la signature des accords de Camp David). :
« "Et ils forgeront leurs épées pour en faire des socs, et leurs lances pour en

60 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra
plus à faire la guerre" [Livre d’Isaïe, II, 4]. Malgré les tragédies et les
déceptions du passé, nous ne devons jamais renoncer à ce rêve humain d’une
foi inébranlable. » "And they shall beat their swords into ploughshares, and
their spears into pruning hooks. Nation shall not lift up sword against nation;
neither shall they learn war anymore." Despite the tragedies and
disappointments of the past, we must never forsake that vision, that human
dream, that unshakeable faith. » Si la guerre du Kippour de 1973 (du 6 au
24 octobre) aboutit à redessiner, une fois encore, les frontières d’Israël (qui
perd une portion de territoire du Sinaï, avant restitution complète à la suite
des accords de Camp David) et permet aux Arabes d’effacer l’humiliation du
précédent conflit, la question des frontières se double d’un problème
nouveau: la question palestinienne.
La guerre du Kipour Pour les juifs le yom Kippour plus connu sous le nom
du "Grand pardon" est le jour de la célébration de leur fête. C'est le jour le
plus Saint du calendrier religieux juif. Bien qu'avisées par leurs services de
renseignements les autorités d'Israël n'avaient pas voulu tenir compte de la
menace de l'Égypte dirigée alors par Anwar Sadate. Les israéliens ont donc
été pris par surprise et ont du faire face à des égyptiens équipés de matériel
nouveau fourni par les soviétiques. Les soldats israéliens ont été balayés. Il a
fallu que Ariel Sharon alors général désobéisse aux ordres de prudences et
fonce sur les égyptiens avec ses unités. Les combats ont duré un mois à l'issu
duquel on a dénombré plus de 2500 victimes du côté d'Israël contre 7500 du
côté égyptien. Pour n'avoir pas écouté ses services de renseignements le
Premier ministre israélien Golda Meir a du démissionner, elle a alors été
remplacée par Izhak Rabin. Cette guerre a pris le nom de guerre du Kippour.
Massacre aux JO de Munich En 1972, des militants palestiniens qui se sont
donnés le nom de "septembre noir" en mémoire d'un massacre perpétré par la
Jordanie en septembre 1970 prennent en otage des athlètes israéliens lors de
jeux olympiques de Munich. Ce groupe de militants vient essentiellement de
membres du "Fatah". Les onze sportifs pris en otage ont été tués ainsi que
cinq des huit palestiniens. Israël a tout de suite lancé des représailles en
attaquant les camps de réfugiés. Le premier ministre Golda Meir établit alors
une liste dit "liste noire «de personnalités à abattre. Ce sont les services secrets
israéliens qui seront chargés des exécutions. Cette opération est plus connu
sous le nom de" colère de Dieu". La plupart des personnalités figurant sur la
liste seront exécutées.

61 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

5 LA QUESTION PALESTINIENNE
Troupes de l'OLP et Yasser Arafat
Créée en 1964, l'Organisation de libération
de la Palestine (OLP) est dirigée, depuis
1969, par Yasser Arafat.
Les territoires palestiniens, occupés depuis
1967, font l’objet d’une colonisation
israélienne qui implante villages et
populations et multiplie les mesures
vexatoires contre les « Palestiniens
d’Israël » devenus des citoyens de seconde zone. La défense de la cause
palestinienne va alors devenir, pour les régimes arabes nationalistes, un
argument politique permettant d’asseoir leur légitimité. Le conflit israélo-
arabe devient alors une « guerre de l’intérieur » opposant Israël à
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) créée en 1964 et dirigée
depuis 1967 par Yasser Arafat. La signature des accords de Camp David
entre Israël et l’Égypte reste sans effets sur l’attitude de l’OLP vis-à-vis de
l’État hébreu qui multiplie les actions terroristes à partir du territoire libanais,
ce qui engendre l’opération « Paix en Galilée » qui conduit au massacre du
camp palestinien de Sabra et Chatila.

5.1- La première Intifada et le projet d’un


État palestinien indépendant
Jeunes Palestiniens lançant des pierres De
jeunes Palestiniens lancent des pierres sur les
soldats israéliens. C'est l'Intifada, mouvement
de révolte et de désobéissance des Palestiniens
de la bande de Gaza et de la Cisjordanie
occupées par les Israéliens.
La nécessité d’un processus de paix s’impose et trouve une première
concrétisation avec l’accord israélo-libanais de 1983 et jordano-palestinien
de 1985. Toutefois, ces avancées sont insuffisantes pour empêcher un
soulèvement des populations palestiniennes des territoires occupés en 1987,
qui prend le nom d’Intifada ou de « guerre des Pierres ». Il s’agit tout autant
de voir se concrétiser l’espoir, vieux de 50 ans, de connaître une terre
palestinienne autonome, que de protester contre les colonisations juives qui
ont lieu sur ces territoires. La répression menée par l’armée israélienne, qui
ne vient pas à bout de ce soulèvement, va paradoxalement relancer le
processus de paix.

62 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Yasser Arafat (entretien) Extrait d'une conférence


de presse tenue par Yasser Arafat le 3 mai 1989, lors
d'une visite officielle à Paris, au cours de laquelle il
déclara « caduque » la Charte de l'Organisation de
libération de la Palestine (OLP).
L’OLP saisit là sa chance de se présenter comme le
seul représentant du peuple palestinien. Yasser
Arafat amende la Charte de l’OLP qui énonçait expressément la destruction
de l’État d’Israël. Devenu selon sa propre expression « caduc », le texte de
l’ancienne Charte est révisé, afin de reconnaître expressément le droit à Israël
de vivre en sécurité à l’intérieur de ses frontières, ainsi que les résolutions 242
et 338 de l’ONU sur la partition de la Palestine.
5.2 Les accords de Washington
Accord de Washington (13 septembre
1993)
Discours de Yitzhak Rabin (à gauche), lors
de la signature de l’accord de
reconnaissance mutuelle avec
l’Organisation de libération de la Palestine
(OLP), représentée par Yasser Arafat (à
droite), en présence du président américain Bill Clinton (au centre), le
13 septembre 1993 à Washington. « Nous nous sommes battus contre vous,
les Palestiniens. Nous vous annonçons aujourd’hui, d’une voix forte et
claire : "assez de sang et de larmes, assez ! « We who have fought against
you, the Palestinians. We say to you today in a loud and a clear voice:
"Enough of blood and tears. Enough !" ».
Les négociations s’engagent alors, selon une base de négociations qui
propose la paix en échange de territoires pour les Palestiniens. Elles
aboutissent à la signature des accords de Washington, négociés à Oslo, le
13 septembre 1993. Depuis cette date, une « autonomie » a été accordée en
faveur de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, administrée par une autorité
palestinienne présidée par Yasser Arafat. Les avancées du processus de paix
se heurtent encore à des hostilités de part et d’autre, l’autonomie ne s’étant
pas concrétisée par la constitution d’un État palestinien indépendant.
Toutefois, il a le mérite d’avoir mis un terme à 50 ans de conflits entre les
deux parties.

63 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

La crise du processus de paix et la seconde


Intifada- Militante pacifiste à Ramallah
Une militante pacifiste passe devant un char
israélien poster dans la ville palestinienne de
Ramallah, en Cisjordanie. Après un attentat-
suicide perpétré à Netanya (Israël) le 27 mars
2002, le quartier général de Yasser Arafat, à
Ramallah, est cerné par une vingtaine de chars israéliens. Afin de protéger le
président de l'Autorité palestinienne, des pacifistes occidentaux, pour la
plupart des Français, forment un « bouclier humain » dans ses bureaux. Cette
situation s'inscrit dans le cadre d'une grave détérioration du conflit israélo-
palestinien à la suite du déclenchement de la seconde Intifada en
septembre 2000. Aux attentats perpétrés par des terroristes palestiniens en
Israël, l'armée israélienne riposte par des opérations militaires (destructions,
occupations) dans les Territoires palestiniens, en dépit de plusieurs
résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU demandant le retrait des forces
israéliennes de toutes les villes palestiniennes. Cependant les différents
Premiers ministres qui se sont succédé à la tête d’Israël (Benyamin
Netanyahou, Ehoud Barak et Ariel Sharon) et Yasser Arafat n’ont pu faire
avancer le processus de paix. Bien au contraire, l’échec des sommets
successifs, l’impossibilité de trouver un accord concernant le retour des
réfugiés palestiniens, le statut du futur État palestinien et de la ville de
Jérusalem, et la montée des partis radicaux, en Palestine comme en Israël, ont
conduit à une reprise de la violence. À l’automne 2000, à la suite de la visite
d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, une seconde Intifada voit le
jour. L’escalade continue en 2001 avec l’intervention de l’armée israélienne
dans la bande de Gaza, le bouclage des Territoires occupés et les attentats des
extrémistes palestiniens. Le processus de paix amorcé à Oslo paraît moribond,
même si, périodiquement, la diplomatie essaie de reprendre ses droits comme
le montre le vote en mars 2002 de la résolution 1397 par le Conseil de sécurité
de l’ONU, sur proposition des États-Unis, qui expose « la vision d’une région
dans laquelle deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte à l’intérieur
de frontières reconnues et sûres ». Cette « vision » se concrétise en avril 2003
avec la présentation au gouvernement israélien et à l’Autorité palestinienne
représentée par le nouveau Premier ministre Mahmoud Abbas d’une « feuille
de route » établie par un groupe de médiateurs États-Unis, ONU, Union
européenne et Russie qui prévoit la fin des violences, le gel de la colonisation
juive dans les Territoires occupés et la création d’un État palestinien d’ici à
2005. L’application de la feuille de route est lancée au mois de juin, lors du
sommet d’Aqaba (Jordanie),

64 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Qui réunit, sous le parrainage du président américain George W. Bush, Ariel
Sharon et Mahmoud Abbas Yasser Arafat est confiné dans son quartier
général de Ramallah depuis décembre 2001. Tandis que le Premier ministre
palestinien se prononce en faveur de la fin de l’Intifada armée et s’engage
solennellement à lutter contre le terrorisme, son homologue israélien s’engage
à démanteler les colonies sauvages établies dans les Territoires palestiniens.
Toutefois, la reprise des attentats terroristes par les organisations radicales
palestiniennes, tels le Hamas et le Djihad islamique, et les représailles
militaires israéliennes plongent de nouveau le processus de paix dans
l’impasse.
La mort de Yasser Arafat, en novembre 2004, qui n’était plus considéré
comme un « interlocuteur valable » pour des négociations de paix aux yeux
des États-Unis et d’Israël, et l’élection de Mahmoud Abbas à la présidence de
l’Autorité palestinienne en janvier 2005, permettent d’envisager une nouvelle
donne. Considéré comme un dirigeant modéré et pragmatique, le nouveau
leader palestinien bénéficie du soutien des « parrains » du processus de paix,
ainsi que des signes d’ouverture provenant du nouveau gouvernement
d’union nationale israélien mis en place en janvier 2005 par Ariel Sharon.
L’espoir de paix renaît alors que les 21 implantations juives de la bande de
Gaza (ainsi que 4 des 120 colonies de Cisjordanie) sont évacuées par l’armée
israélienne en août 2005, dans le cadre d’un plan de désengagement initié par
Israël et visant à la fois à « améliorer sa sécurité et à redynamiser le processus
de paix avec les Palestiniens ».
Les accords :
Camp David, Oslo, Mitchell, Genève Sous la pression des États Unis dont
la diplomatie était alors dirigée par Henry Kissinger les israéliens ont dû se
retirer d'une partie du Sinaï; En 1978 les deux pays firent la paix en signant
les fameux "accords de Camp David". L'Égypte était représentée par Anwar
Sadate et Israël par Menahem Begin. Israël s'est alors retiré du Sinaï. Le 3
juin 1982, des dissidents de l'OLP menés par Abu Nidal assassinent
l'ambassadeur israélien à Londres. En représailles Israël envahi le Liban. Le
14 septembre le président du Liban démocratiquement élu et allié d'Israël
Bachir Gemayel est à son tour assassiné. Les services secrets syriens ont été
montrés du doigt comme étant les organisateurs de cet attentat. Beyrouth a
été détruit et les combats n'ont cessé qu'après que le Liban soit tombé sous
contrôle syrien. Israël est resté au sud Liban jusqu'en 2000. Les troupes se
sont retirées sur ordre du premier ministre Ehud Barak. Ces événements ont
pris le nom de guerre du Liban. En arabe, un soulèvement ou une révolte se
dit "Intifada." En 1987 les palestiniens ont lancé une intifada dans la bande
de gaza.

65 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Elle n'a pas abouti à grand chose. Le 13 octobre 1993 et après 4 ans de
tractations, sont signés les accords d'Oslo qui seront complétés plus tard par
l'accord de Jéricho-Gaza le 4 mai 1994. Les palestiniens sont représentés par
Yasser Arafat et les israéliens par Yitzhak Rabin sous la présidence de Bill
Clinton. Au terme de ce processus il est prévu par négociation un découpage
des territoires palestiniens. Chaque camp à ses extrémistes qui refusent tout,
ce qui côté israélien amènera à l'assassinat de Rabin par un membre d'un
mouvement d'extrême droite. La négociation prévue par les accords d'Oslo
n'aboutira pas. En effet les palestiniens exigent un droit aux réfugiés de
retourner en Israël. Compte du nombre que cela représenterait Israël ne peut
accepter car il y aurait alors plus d'arabes que de juifs. C'est alors le
déclenchement de la seconde intifada. Elle aboutit aux accords Mitchell qui
préconise un gel de l'extension des colonies juives. Pour diverses raisons les
négociations n'ont pas abouti. Les violences, les attentats suicident, Les
représailles, tout ça a continué des années. En avril 2003, Mahmoud Abbas
est élu Premier ministre palestinien, il rencontre Ariel Sharon et appelle à la
fin des violences mais il ne sera pas suivi par le Hamas et le Jihad qui
continuent dans la violence avec tout ce qui en découle, représailles Mais
l'opposition israélienne et certains dirigeants palestiniennes veulent
absolument la paix. Cela aboutira aux accords de Genève qui seront d'ailleurs
plus un compromis qu'un accord qui a pour objectif de mettre fin aux tueries.
La conférence de Charm el Cheikh : Yasser Arafat meurt de mort naturelle
le 11 novembre 2004. Son successeur à la tête de la présidence de l'autorité
palestinienne est Mahmoud Abbas. Sitôt élu il appelle les palestinien à cesser
la violence et réclame un accord qui amènerait à la trêve. Cela aboutira à la
conférence de Charm el-Cheikh en Égypte le 8 février 2005. Israël libérera
plus de 900 prisonniers palestiniens et se retirera de certaines villes
palestiniennes. L'Égypte et la Jordanie prévoient de remettre un ambassadeur
en Israël. Mais comme souvent, un attentat suicide perpétré par le Jihad a pour
effet immédiat du gel par Israël de son retrait des villes palestiniennes. Malgré
tout les autorités israéliennes procéderont de façon unilatérale à un retrait des
colonies de Gaza et de quelques unes de la rive Ouest. Ce désengagement a
entraîné des manifestations de colons. Ariel Sharon est victime d'un accident
cérébral le 4 janvier 2006 et quelques après le 26 janvier, le Hamas
mouvement radical remporte les élections au détriment du Fatah. La président
Abbas conserve sa place avec même des pouvoirs étendus. Les États-Unis et
les gouvernements européens sont d'accord pour ne jamais négocier avec le
Hamas et ne pas financer les palestiniennes tant que le Hamas ne se déciderait
pas à reconnaître Israël ce que le Hamas refuse toujours.

66 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
De plus il n'accepte pas de diminuer ses revendications. Le Hamas refuse
même de reconnaître l'OLP comme étant un mouvement représentant les
palestinien d'où le refus de Fatah de faire une coalition. Le mars 2006 Ehud
Olmer est élu premier ministre d'Israël. Il forme un gouvernement de
coalition; Il est le premier à reconnaître qu'Israël possède l'arme nucléaire. Il
doit démissionner suite à une affaire de corruption en 2008; Opération Plomb
durci. Alors qu'une trêve était en cours, le 5 novembre 2008 Israël lance un
raid contre un tunnel du Hamas. Il y a 6 morts côté palestinien à la suite de
quoi le Hamas annonce la fin de la trêve. Les israéliens décident de l'opération
"plomb durci" et attaquent les infrastructures du Hamas sur la bande de Gaza
en les bombardements. Ces bombardements seront suivis d'envoi de troupes
qui feront selon les autorités palestiniennes 1300 victimes. Le 18 janvier 2009
Israël déclare un cessez le feu accepté par le Hamas à condition de quitter
Gaza ce qui sera accepté et mis fait par Israël. Malgré tout les palestiniens ne
cesseront pas les tirs épisodiques de roquettes ce qui entraînera
immédiatement des représailles par Israël sous forme de bombardements des
tunnels palestiniens.
Et si le pire était à venir : Voici l'analyse que fait Amos Harel journaliste
israélien et co-auteur du livre "la septième guerre" dans lequel il analyse tout
l’événement qui se sont produits au Moyen Orient entre 2000 et 2004. Ce
livre met en avant la différence entre la Stratégie politique et la stratégie
militaire. Un livre de référence qui permet de mieux comprendre ce qui se
passe aujourd'hui dans cette région du globe. Les dernières déclarations de
Benyamin Nétanyahou ne sont pas dénuées d’intérêt. Il a ainsi affirmé
qu’Israël était le “pays le plus menacé du monde”. Les tirs de roquettes et de
missiles qui visent les populations civiles constituent “des attaques telles
qu’aucun pays n’en a connu depuis la Grande-Bretagne pendant la Seconde
Guerre mondiale”. Nous sommes confrontés à des ennemis “qui nous
agressent physiquement, puis s’en prennent à notre droit à l’autodéfense”. Le
Premier ministre s’exprimait lors d’une vidéoconférence devant un millier de
personnes rassemblées dans un centre de convention proche de l’aéroport
international Ben Gourion. Les organisateurs avaient décrété qu’il
interviendrait depuis un auditorium séparé. Ce qui avait pour but d’éviter aux
participants dont beaucoup d’officiers des forces armées israéliennes les
contrôles de sécurité qui sont nécessaires chaque fois qu’il prend la parole
dans un lieu clos. Même si Israël n’est pas le pays le plus menacé du monde,
son Premier ministre est sans aucun doute son dirigeant le plus protégé. Bien
que l’État hébreu soit beaucoup plus puissant que ses voisins et que les
organisations terroristes qu’ils hébergent, la façon qu’a l’ennemi de réagir à
cette supériorité d’abord les attentats suicides et, plus récemment,

67 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
les tirs de roquettes réduit le fossé technologique considérable qui le sépare
de Tsahal. Autrefois, l’ennemi était contraint d’occuper des territoires afin
d’obtenir un succès militaire ou diplomatique après une guerre. Aujourd’hui,
des missiles peuvent mettre en danger la population civile et obliger Israël à
accepter un cessez-le-feu. En outre, les systèmes de missiles peuvent gêner
les bases aériennes, source de l’avantage qualitatif d’Israël. “C’est une
équation qui ne fonctionne pas”, a reconnu le général Gadi Eizenkot. Il y a
près de dix ans, les Palestiniens semblaient avoir trouvé le moyen d’éroder la
puissance militaire israélienne en ayant recours aux attentats suicides. Mais,
grâce au remarquable travail de ses services de renseignements, Israël, ayant
toute latitude opérationnelle en Cisjordanie et bénéficiant en outre de la
construction du mur de séparation, a pu bloquer les kamikazes. Depuis 2005,
cette tactique ne joue plus un rôle significatif dans le conflit. Le refoulement
des kamikazes, ainsi que l’effet dissuasif de la guerre du Liban [2006] et de
l’opération Plomb durci dans la bande de Gaza [décembre 2008-janvier 2009]
ont permis à Israël de vivre son année la plus paisible en une décennie. Durant
les trente quatre jours de la guerre du Liban, 4 200 roquettes avaient tué 54
personnes. Depuis janvier 2001, une vingtaine de personnes ont perdu la vie
à cause du tir d’environ 12 000 roquettes lancées à partir de la bande de Gaza.
Les roquettes ont fait autant de morts que quatre ou cinq attentats suicides.
Gaza est moins prioritaire que le Liban : L’équilibre actuel est fragile,
susceptible d’être rompu par les événements liés à l’Iran. Quand Nétanyahou
a rencontré Barack Obama à Washington, ce dernier s’est dit décidé à aborder
la menace iranienne de manière exhaustive et le rôle d’Israël est de ne pas
interférer pour l’instant. Les Américains ont affirmé que les négociations avec
les Iraniens seraient terminées d’ici la fin de l’année, mais, apparemment,
elles risquent de traîner en longueur. A la frontière libanaise, la situation n’est
pas simple. En dépit du formidable arsenal accumulé par le Hezbollah, le
groupe n’a plus pris part à des attentats terroristes depuis la guerre de 2006.
Il y a deux semaines, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a recommencé
à narguer Israël. Il a soutenu que 40 000 soldats ennemis n’étaient pas arrivés
à le vaincre il y a trois ans et que, la prochaine fois aussi, son organisation
laminerait “les sept ou huit divisions” qu’enverrait Tsahal. Pourtant, au plus
fort du conflit, Israël avait déployé quelque 9 000 hommes au Liban. Les
menaces de Nasrallah sonnent un peu creux, quand on sait qu’elles ont été
émises depuis le fond du bunker où il se terre depuis la fin de la guerre. Une
des conclusions que l’on a pu tirer de la guerre du Liban est que Tsahal n’avait
pas accordé assez d’importance à la menace des Katiouchas sur Israël.
Il semble que, une fois encore, l’armée s’intéresse davantage aux manœuvres
et à la progression sur le terrain qu’à “la chasse aux Katiouchas déjà tirées”.
Ce qui pourrait perturber l’équilibre du Hezbollah et lui infliger de lourdes

68 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
pertes. Même si le Hamas s’arme lui aussi et qu’il augmente la portée de ses
roquettes, Gaza est une priorité nettement moins urgente que le Liban. Israël
et le Hamas privilégient apparemment le calme pour l’instant. La frontière
libanaise, elle, pourrait s’enflammer au printemps ou à l’été.
Des guerres israélo-arabes au confit israélo-palestinien
L’Assemblée générale de l’ONU décida par la résolution 181 du 29 novembre
1947 la partition de la Palestine sous mandat britannique en deux États, l’un
arabe et l’autre juif ; 33 pays votèrent pour (dont la France, les USA, l’URSS),
13 contre (pays arabes, Inde, Grèce, Turquie), 10 se sont abstenus (dont le
Royaume-Uni). La Palestine comptait alors 2/3 d’Arabes et 1/3 de Juifs. Les
premiers affrontements entre Juifs et Arabes débutèrent dès son adoption.
Mais la déclaration d’indépendance de l’État hébreu le 14 mai 1948 marqua
le début des guerres israélo-arabes. D’une opposition classique entre des
armées conventionnelles, la guerre devient un affrontement asymétrique entre
une armée conventionnelle et des organisations de guérilla.
I. Les guerres israélo-arabes
Le 15 mai 1948, les pays arabes décident d’envoyer des troupes combattre le
nouvel État. Le sort de l’État juif est incertain. Pourtant, Israël profitera des
quelques trêves pour se réorganiser et recruter des combattants. Finalement
l’État hébreu gagne cette première guerre israélo-arabe et augmente d’un tiers
la superficie de son territoire. Dans le même temps, des milliers de
Palestiniens trouvent refuge dans les pays limitrophes. En 1956, alors que
l’Égypte a pris le leadership du monde arabe et de la cause palestinienne,
Nasser décide de nationaliser le canal de Suez. Français et Britanniques ne
l’acceptent pas. Ils lancent avec l’appui israélien une offensive contre
l’Égypte afin de récupérer le canal. Les États-Unis et l’URSS décident
d’intervenir en menaçant de prendre part au confit. L’ONU condamne les
belligérants. Un cessez-le-feu est signé le 6 novembre et Israël évacuera le
Sinaï quelques mois plus tard. L’ONU met en place ses premiers Casques
bleus. Après le blocus du golfe d’Aqaba par l’Égypte, la tension est à son
paroxysme. Israël prend l’initiative de déclencher les hostilités le 5 juin 1967.
Les armées arabes sont défaites. Désormais Israël contrôle le Golan, La
Cisjordanie, Gaza et le Sinaï. Dès le 22 novembre, le Conseil de sécurité
adopte la résolution 242 demandant à Israël de se retirer des territoires dits «
occupés ». En octobre 1973, l’Égypte et la Syrie décident d’attaquer Israël
afin de recouvrer leurs territoires.
C’est la fête juive du Kippour, la surprise est totale et l’armée israélienne est
un temps bousculée. Par ailleurs, les pays de l’OPEP augmentent les prix du
pétrole, ce qui oblige la communauté internationale à réagir. Sous la pression
internationale, les hostilités cessent, Avec le concours de l’ONU. Le
président égyptien Sadate prend conscience que la paix est inévitable.

69 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Il se rend à Jérusalem en 1977 et prononce un discours devant la Knesset.
L’année suivante, le Premier ministre israélien Begin et le président Sadate
signeront les accords de Camp David sous l’égide du président américain
Jimmy Carter. Sadate signe en 1979 un traité de paix avec Israël, mais il est
assassiné en 1981 par des militaires membres du Jihad islamique.
II. Le confit israélo-palestinien
C’est dès 1967 que les Palestiniens comprennent qu’ils ne peuvent compter
que sur eux-mêmes pour espérer un jour avoir un territoire indépendant. En
effet, après cette troisième défaite arabe, la supériorité militaire d’Israël est
incontestable. Dès lors, les Palestiniens mènent, depuis le Liban ou la
Jordanie, des attaques organisées par les « fedayin ». L’action de ces
commandos ne se limite pas aux seules frontières israéliennes. Lors des Jeux
de Munich en 1972, le commando « Septembre noir » prend en otage des
athlètes israéliens. Plusieurs sportifs sont tués et Israël bombarde plusieurs
camps palestiniens au Liban. Désormais, la guerre est asymétrique. En 1982,
Israël lance l’opération Paix en Galilée. Elle doit empêcher les Palestiniens
de mener des attaques depuis le Liban. Les dirigeants palestiniens quittent
alors Beyrouth pour Tunis. Fin 1987, les conditions socio-économiques sont
telles que les Palestiniens se soulèvent. Lors d’une visite à Paris en 1989,
Yasser Arafat déclare que « la charte de l’Organisation de la libération de la
Palestine (OLP) est caduque ». Désormais le processus de paix peut
commencer. Á la Fin du mois d’octobre 1991, la conférence de paix au
Proche-Orient s’ouvre à Madrid. Suivent les premières négociations entre
Israël et ses voisins arabes. En janvier 1993, une loi israélienne abroge
l’interdiction de nouer des contacts avec l’OLP. Les négociations entre
Palestiniens et Israéliens débutent en Norvège. Le 13 septembre Yasser
Arafat et Yitzhak Rabin signent un accord de principe sur l’autonomie
palestinienne. Malgré ces avancées prometteuses, les extrémistes des deux
camps ne souhaitent pas aboutir à un règlement du confit. Le Hamas et le
Djihad islamique perpètrent des attentats à l’intérieur du territoire israélien,
faisant des dizaines de victimes. Le 4 novembre 1995, Rabin est assassiné par
un extrémiste israélien.
Sous la haute direction de monsieur André Lewin, ambassadeur de France
Capitaine Amar Ouali Stagiaire.
Le blocus et la guerre Suite à la prise de pouvoir du Hamas en 2007, Israël
déclara la Bande de Gaza ‘une entité hostile’ et instaura un blocus, sans
précédent, sans limite dans le temps. Une interdiction d’exportation et
d’importation totale à l’exception des biens humanitaires les plus basiques
provoqua rapidement l’effondrement de l’économie. Les restrictions
perturbèrent la vie normale, mais ne disloquèrent pas le Hamas ni ne libérèrent
Gilad Shalit. En réaction à la fois au blocus, et aux attaques de ses dirigeants,

70 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le Hamas tira un nombre croissant de roquettes sur les villes israéliennes. Un
cessez-le-feu négocié en juin 2008 apporta un soulagement temporaire aux civils
des deux parties, mais ne s’avéra pas durable. Le 27 décembre 2008, Israël lança
l’opération ‘Plomb durci’, une offensive militaire à grande échelle qui dura 23
jours et suscita une souffrance sans précédent. 1 400 Palestiniens et 13 Israéliens
furent tués lors de cette opération.
Le Hamas :
Le mouvement de résistance islamique, le Hamas (‘zèle’ en arabe) fut créé
en décembre 1987. Son expansion est indissociable de la radicalisation de la
société palestinienne en réaction à l’occupation et fait partie de l’ascension de
l’Islam politique au Moyen-Orient. Le Hamas gagna en popularité dans les
Territoire occupés en développant un réseau d’organisations à but social, qui
portent assistance aux Palestiniens les plus pauvres. En 1994, le Hamas
déclencha la première d’une série d’attentats suicides sur des civils israéliens
en représailles au massacre de Palestiniens à Hébron. Opposé aux Accords
d’Oslo, le mouvement grossit de manière exponentielle, suivant les échecs du
processus de paix.
Entre 2000 et 2004, l’aile militaire du Hamas assassina des centaines de civils
israéliens. Toutefois, un cessez-le-feu unilatéral fut déclaré peu avant le ‘retrait’
israélien de Gaza, et le Hamas mit la priorité sur la consolidation de son pouvoir
politique. Le Hamas décida à cette époque de se présenter aux élections du
Conseil législatif palestinien, en identifiant ses politiques et ses candidats. Le
programme du Hamas se fonda sur la lutte contre la corruption, l’amélioration
de la vie quotidienne, le respect des valeurs islamiques et la lutte contre
l’occupation israélienne. Plus que tout, sa victoire aux élections de 2006 résulta
du mécontentement populaire à l’égard de la corruption du Fatah et au sentiment
que l’Autorité palestinienne était impuissante.

71 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

72 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Chapitre III : Les secrets de la guerre de GAZA


1. Qui a déclenché la première guerre entre les Arabes et Israël ?
2. Quelles furent les réactions internationales à l’attaque arabe
contre Israël ?
3. Les juifs ont-ils reçu le soutien de l’Occident ?
4. Quelle était l’attitude des gouvernements arabes vis-à-vis d’Israël
après la guerre de 1948
5. Qu’est-ce qui a provoqué la frappe militaire israélienne en 1956 ?
6. Israël a-t-il fait le jeu des intérêts impérialistes de la France et de
la Grande Bretagne
7. Quelle était latitude des gouvernements arabes vis-à-vis d’Israël
après la guerre de Suez en 1956 ?
8. Qu’est-ce qui a provoqué la frappe militaire israélienne ?
9. La fermeture du détroit de Tiran à la navigation israélienne par
Nasser était elle légale ?
10. Israël doit-il sa victoire éclair à l’aide américaine ?
11. Quelles sont les circonstances de l’entrée en guerre de la Jordanie
12. Pourquoi Israël a-t-il dû « dégainer le premier » ?
13. Quelle a été, après sa victoire, latitude d’Israël vis-à-vis des
territoires conquis pendant la guerre des six jours ?
14. Quelle a été latitude d’Israël vis-à-vis des Arabes de Cisjordanie
de Gaza, et de Jérusalem Est pendant et après la guerre ?
15. Comment les Nations Unies ont-elles découpé la Palestine ?
16. Quelle a été latitude des Arabes au moment de la Partition ?

1- Qui a déclenché la première guerre entre les Arabes et Israël ?


La violence en Terre Sainte éclata presque immédiatement après l’annonce
par l.ONU du partage, le 29 novembre 1947. Jamal Husseini, porte-parole du
Haut Comité arabe, avait dit à l.ONU, avant le vote sur le partage, que les
Arabes « verseraient jusqu’à la dernière goutte de leur sang sur le sol de leur
cher pays. » La prédiction de Husseini commença à se réaliser après la
proclamation de l.ONU. Les Arabes décrétèrent la grève en signe de
protestation et provoquèrent des émeutes qui coûtèrent la vie à 62 Juifs et 32
Arabes. A la fin de la deuxième semaine, 93 Arabes, 84 Juifs et 7 Anglais
avaient été tués et des dizaines d’autres blessés. Du 30 novembre au 1er
février, on comptait 1 427 Arabes, 381 Juifs et 46 Britanniques tués et 1 035
Arabes, 735 Juifs et 135 Britanniques blessés. Pendant le seul mois de mars,
271 Juifs et 257 Arabes moururent au cours d’attaques arabes et de contre-
attaques juives. Le président du Haut Comité arabe annonça que les Arabes «
se battraient pour chaque pouce de leur pays. »

73 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Deux jours après, les saints hommes de l’Université Al-Azhar du Caire
invitèrent le monde musulman à proclamer un djihad (guerre sainte) contre
les Juifs. Les premiers assauts de grande envergure commencèrent le 9 janvier
1948. Environ 1000 Arabes attaquèrent alors des communautés juives dans le
nord de la Palestine. Début février, les Britanniques affirmèrent que tant
d’Arabes s’étaient infiltrés qu.ils n’avaient pas les forces nécessaires pour les
repousser. En réalité, les Britanniques livrèrent des bases et des armes aux
Arabes irréguliers et à la Légion Arabe. Dans la première phase de la guerre,
du 29 novembre 1947 au 1er avril 1948, les Arabes de Palestine prirent
l’offensive avec l’aide de volontaires des pays voisins. Les Juifs subirent de
lourdes pertes et l.accès à la plupart de leurs routes principales fut coupé. Le
26 avril 1948 le roi Abdallah de Transjordanie affirmait : « Tous nos efforts
pour trouver une solution pacifique au problème de la Palestine ont échoué.
Le seul moyen qui nous reste est la guerre. J’aurai le plaisir et l’honneur de
sauver la Palestine. » Le 14 mai 1948, la Légion arabe attaqua Kfar Etzion.
Les défenseurs la repoussèrent, mais la Légion revint à l’attaque une semaine
après. Au bout de deux jours, les pionniers mal équipés et inférieurs en
nombre furent écrasés. Beaucoup de défenseurs furent massacrés après leur
reddition.93 Ceci se produisit avant l’invasion des armées arabes régulières
qui suivit la déclaration d.indépendance d’Israël. Les Nations Unies
accusèrent les Arabes d’avoir fomenté la violence. La commission des
Nations Unies sur la Palestine ne fut jamais autorisée par les Arabes ou les
Britanniques à se rendre en Palestine pour mettre en ouvrent la résolution. Le
16 février 1948, la Commission déclara devant le Conseil de Sécurité : « De
puissants intérêts arabes, tant à l.intérieur qu’à l.extérieur de la Palestine,
défient la résolution de l’Assemblée Générale et sont engagés dans un effort
délibéré de changer par la force l’établissement qui a été envisagé ici. » Les
Arabes assumèrent carrément la responsabilité du déclenchement de la
guerre. Jamal Husseini dit au Conseil de Sécurité le 16 avril 1948 : « Le
représentant de l’Agence Juive nous a dit hier qu.ils n’étaient pas les
agresseurs, que les Arabes avaient initié le combat. Nous ne l’avons pas nié.
Nous avons dit au monde entier que nous allions nous battre. » Le
commandant britannique de la Légion arabe de Jordanie, John Bagot Glubb
reconnut que : « Début janvier, les premiers détachements de l.armée de
libération arabe commencèrent à s’infiltrer en Palestine à partir de la Syrie.
Quelques-uns passaient par la Jordanie et même par Amman... Ils devaient en
réalité porter le premier coup qui a mené les Arabes de Palestine à leur perte.
» En dépit de leur infériorité en nombre et en armes, et malgré leur manque
D’organisation, les Juifs commencèrent à prendre l’initiative à partir du 1er
avril jusqu’à la déclaration d.indépendance le 14 mai.

74 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La Haganna s’empara de plusieurs villes importantes, dont Tibériade et Haïfa,
et ouvrit provisoirement la route de Jérusalem. La résolution de partage ne fut
jamais suspendue ni abrogée. C.est ainsi qu’Israël, l’état juif de Palestine,
naquit le 14 mai1948, tandis que les Britanniques quittaient le pays. Cinq
armées arabes (L’Egypte, la Syrie, la Transjordanie, le Liban et l’Irak)
envahirent Israël immédiatement. Azzam Basha, Secrétaire Général de la
Ligue Arabe, annonça leurs intentions en ces termes : « Ce sera une guerre
d’extermination et il y aura un immense massacre dont on parlera autant que
des massacres de Mongolie et des Croisades. »
2- Quelles furent les réactions internationales à l.’attaque arabe
contre Israël ?
Les Etats-Unis, l’Union Soviétique et la plupart des autres états reconnurent
Israël immédiatement après sa déclaration d’Indépendance le 14 mai 1948 et
condamnèrent les Arabes pour leur agression. Les Etats-Unis préconisèrent
une résolution accusant les Arabes de violation de la paix. Le délégué
soviétique Andrei Gromyko déclara devant le Conseil de Sécurité, le 29 mai
1948 : « Ce n.est pas la première fois que les Etats arabes, qui ont organisé
l’invasion de la Palestine, ignorent une décision du Conseil de Sécurité ou de
l’Assemblée Générale. La délégation de l’URSS estime essentiel que le
Conseil exprime son opinion plus clairement et plus fermement quant à
l’attitude des états arabes envers les décisions du Conseil de Sécurité. » La
phase initiale des combats prit fin après la menace du Conseil de Sécurité de
citer les gouvernements arabes pour leur agression conformément à la Charte.
A ce moment-là, la Haganna avait pris le nom de Forces de Défense d’Israël
(FDI) et avait réussi à arrêter l’offensive arabe Situation militaire à la date
effective du cessez-le-feu (le 11 juin, 1948) Bibliothèque et Musée Harry
S. Truman
3- Les juifs ont-ils reçu le soutien de l’Occident ?
Les Juifs ont remporté leur guerre d.indépendance avec une aide minime des
pays occidentaux. En réalité, ils l.ont gagnée en dépit des efforts pour
amoindrir leur force militaire. Bien que les Etats-Unis aient soutenu
énergiquement la résolution de partage, le Département d’Etat ne voulait pas
fournir aux Juifs les moyens de se défendre. « Autrement », soutenait le Sous-
secrétaire Robert Lovett, « les Arabes utiliseraient des armes d’origine
américaine contre les Juifs ou les Juifs pourraient les utiliser contre les
Arabes. »100 En conséquence, le 5 décembre 1947, les Etats-Unis imposèrent
un embargo sur les armes destinées à cette région. Nombre de fonctionnaires
du Département d’Etat voyaient dans l’embargo un autre moyen de faire
obstacle au partage. Cependant le Président Truman fut d’accord pour
l’appliquer, espérant qu.il permettrait d’éviter une effusion de sang.

75 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
C’était faire preuve de naïveté, étant donné le refus de la Grande-Bretagne de
suspendre les expéditions d’armes aux Arabes et de renoncer à d’autres
accords de fourniture d’armes supplémentaires à l’Irak et à la Transjordanie.
Les Arabes n’eurent aucune difficulté à obtenir toutes les armes dont ils
avaient besoin. En fait, la Légion Arabe de Jordanie fut armée et entraînée par
les Britanniques et dirigée par un officier britannique. Fin 1948 et début 1949,
les avions britanniques de la RAF volaient en compagnie d’escadrilles
égyptiennes au-dessus de la frontière israélo-égyptienne. Le 7 janvier, des
avions israéliens abattirent quatre des appareils britanniques. Les Juifs, de
leur côté, étaient forcés de faire venir des armes en contrebande de
Tchécoslovaquie. Quand Israël déclara son indépendance en mai 1948,
l.armée ne possédait pas un seul canon ni un seul tank. Son armée de l.air se
composait de neuf avions obsolètes. Bien que la Haganna eût 60 000
combattants entraînés, seuls 18 900 furent entièrement mobilisés, armés et
préparés pour la guerre.103 La veille de la guerre, le chef des opérations,
Yigael Yadin dit à David Ben Gourion : « ce que nous pouvons vous dire de
mieux, c.est que nous avons une chance sur deux. » La guerre arabe visant à
détruire Israël échoua. En fait, à cause de leur agression, les Arabes se
retrouvèrent avec un territoire moins étendu que celui qu.ils auraient obtenu
s.ils avaient accepté le partage. Cependant, le prix pour Israël fut énorme. «
Beaucoup de ses champs les plus productifs se trouvèrent dévastés et minés.
Ses plantations d’agrumes, base depuis des décennies de l’économie du
Yishuv (communauté juive), furent en grande partie détruites.105 Les
dépenses militaires s’élevèrent à environ 500 millions de dollars. Mas le pire,
c.est que 6 373 Israéliens furent tués, presque un pour cent de la population
juive de 650 000 âmes. » Si l’Occident avait fait respecter la résolution de
partage ou donné aux Juifs la capacité de se défendre, beaucoup de vies
auraient pu être épargnées. Les pays arabes signèrent des accords d’armistice
avec Israël en 1949, à commencer par l’Egypte (le 24 février), suivie par le
Liban (le 23 mars), la Jordanie (le 3 avril) et la Syrie (le 20 Juillet). L’Irak fut
le seul pays à n’avoir pas signé d’accord avec Israël, préférant retirer ses
troupes et céder son secteur à la Légion arabe de Jordanie.
4- Quelle était latitude des gouvernements arabes vis-à-vis d’Israël
après la guerre de 1948
A l’automne 1948, le conseil de sécurité de l.ONU appela Israël et les états
arabes à négocier des accords d’armistice. L’Egypte accepta, mais seulement
après qu’Israël eût réacheminé son armée jusqu’à El Arish dans le Sinaï. Les
Britanniques étaient alors prêts à protéger l’Egypte dans le cadre d’un traité
anglo-égyptien. Maos plutôt que d’accepter l’humiliation d.une aide
britannique, les Egyptiens rencontrèrent les Israéliens à Rhodes.

76 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le médiateur de l.ONU, Ralph Bunche, amena les deux parties à la table des
négociations, ce dont il fut plus tard récompensé par un prix Nobel de la Paix.
Il avertit que toute délégation qui romprait les négociations porterait la
responsabilité de la rupture. A l’été de 1949, des accords d’armistice avaient
été négociés entre Israël d.une part, et l’Egypte, la Jordanie, le Liban et la
Syrie d’autre part. L’Irak, qui avait aussi combattu Israël, refusa de faire de
même. Le succès que Bunche remporta à Rhodes tint au fait qu.il avait insisté
pour que les pourparlers soient bilatéraux et directs entre Israël et chacun des
états arabes. Pendant ce temps, le 11 décembre 1948, l’Assemblée Générale
adopta une résolution appelant les parties à négocier la paix, et créa une
Commission de Conciliation sur la Palestine (CCP), qui comprenait les USA,
la France, et la Turquie. Toutes les délégations arabes votèrent contre. Après
1949, les Arabes réclamèrent qu’Israël accepte les frontières de la résolution
de partition de 1947, et rapatrie les réfugiés palestiniens avant qu’eux-mêmes
ne négocient la fin de la guerre qu.ils avaient initiée. C’était la nouvelle
approche qu.ils allaient adopter après les défaites suivantes : la doctrine de la
guerre à responsabilité limitée. Selon cette théorie, un agresseur peut rejeter
un accord de compromis et parier sur la guerre afin de rafler toute la mise,
avec la pensée rassurante que, même s.il échoue, il peut exiger que l’on se
réinstalle dans le statu quo ante.
5- Qu’est-ce qui a provoqué la frappe militaire israélienne en 1956
L’Egypte avait maintenu l’état de belligérance avec Israël après que l’accord
D’armistice eût été signé. La première manifestation en fut la fermeture du
Canal de Suez à la navigation israélienne. Le 9 août 1949, la commission
mixte D’armistice reçut la plainte d’Israël sur le blocage illégal du canal par
l’Egypte. Le négociateur de l.ONU, Ralph Bunche, déclara : « La liberté de
mouvement pour la navigation officielle est indispensable, et aucun reste du
blocus du temps de guerre ne doit être autorisé, parce que c.est contraire aussi
bien à la lettre qu’à l’esprit des accords d’armistice. » Le 1er septembre 1951,
le Conseil de Sécurité ordonna à l’Egypte d’ouvrir le canal à la navigation
israélienne. L’Egypte refusa de s’y plier. Le ministre des Affaires Etrangères
égyptien, Muhammad Salah aldin, déclara au début de 1954 : « Le peuple
égyptien n’a pas honte de dire : nous ne serons pas satisfaits avant qu’Israël
ait disparu de la carte du Moyen-Orient. » En 1955, le président égyptien,
Gamal Abdel Nasser commença à se fournir en armes auprès du bloc
soviétique afin de constituer un arsenal pour la confrontation avec Israël. Sur
le court terme cependant, il employa une nouvelle tactique pour mettre en
ouvre la guerre de l’Egypte avec Israël. Il annonça le 31 août 1955 : «
L’Egypte a décidé de répandre ses héros, les descendants de Pharaon et les
fils de l’Islam, qui vont nettoyer la terre de Palestine.

77 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Il n’y aura pas de paix sur la frontière israélienne parce que nous crions
vengeance, et la vengeance est la mort d’Israël. Ces héros étaient des
terroristes arabes, ou fedayin, entraînés et équipés par les renseignements
égyptiens pour engager des actions hostiles aux frontières et s’infiltrer en
Israël pour y commettre des actes de sabotage et des meurtres. Les fedayin
opéraient surtout à partir de bases en Jordanie, de sorte que la Jordanie aurait
à subir le plus gros des représailles israéliennes, ce qui ne manqua pas
d’arriver. Les attaques terroristes violaient la disposition de l’accord
d’armistice qui interdisait d’utiliser des forces paramilitaires pour engager des
hostilités ; cependant, c.est Israël qui fut condamné par le Conseil de Sécurité
de l.ONU pour ses contre-attaques. L’escalade se poursuivit avec le blocus
du détroit de Tiran, et la nationalisation par Nasser du canal de Suez en juillet
1956. Le 14 octobre, Nasser dévoila clairement ses intentions : « Je combats
maintenant seul contre Israël. Mon devoir est de délivrer le monde arabe de
la destruction qu’entraîneraient les intrigues d’Israël, qui a ses racines à
l’étranger. Notre haine est très puissante. Il n’y a pas de sens à parler de paix
avec Israël. Il n’y a pas même le plus petit espace pour la négociation.». Moins
de deux semaines plus tard, le 25 octobre 1956, l’Egypte signa un accord
tripartite avec la Syrie et la Jordanie plaçant Nasser au commandement
suprême des trois armées. La poursuite du blocus du canal de Suez et du golfe
d’Aqaba à la navigation israélienne, Associée à une augmentation des
attaques de fedayin, et au bellicisme des récentes déclarations arabes,
conduisirent Israël, avec le soutien de la Grande Bretagne et de la France, à
attaquer l’Egypte le 29 octobre 1956. L’attaque d’Israël sur l’Egypte fut un
succès qui se solda par la prise de contrôle de la bande de Gaza de la plus
grande partie du Sinaï et de Sharm el Sheikh par les forces israéliennes. 231
soldats périrent dans les combats. L’ambassadeur d’Israël à l.ONU, Abba
Eban, expliqua les provocations au Conseil de sécurité le 30 octobre : «
Pendant les six années durant lesquelles le conflit a continué en violation de
l’accord d’armistice, il y a eu 1843 cas de pillages et de vols armés, 1339 cas
d’affrontements armés avec les forces armées égyptiennes, 435 incursion à
partir de territoires contrôlés par l’Egypte, 172 sabotages perpétrés par des
unités militaires égyptiennes et des fedayin en Israël. Ces actes d’hostilité de
l’Egypte sur le territoire israélien ont entraîné la mort de 101 israéliens et des
blessures pour 364 autres. Pour la seule année 1956, le résultat de ces
agressions égyptiennes se chiffre à 28 Israéliens tués, et 127 blessés. » Ces
raids étaient d’autant plus lourds pour Israël était que le pays avait choisi de
se doter d.armée permanente relativement petite, qui s’augmentait de
réservistes en cas de guerre.

78 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Cela signifiait qu’Israël ne disposait que de forces restreintes pour combattre
en urgence, que les menaces provoquant la mobilisation des réserves
pouvaient virtuellement paralyser le pays, et qu.une attaque ennemis devait
être contenue pendant le temps nécessaire pour procéder à la mobilisation
générale.
6- Israël a-t-il fait le jeu des intérêts impérialistes de la France et de
la Grande Bretagne
Eisenhower avait essayé de persuader les Anglais et les Français de ne pas
attaquer l’Egypte après que Nasser eût nationalisé le canal de Suez en juillet.
Quand l’accord sur l’utilisation du Canal se révéla opérationnel dans les
semaines qui suivirent, il devint de plus en plus difficile de justifier une action
militaire. Cependant, les Français et les Anglais voulaient absolument
remettre Nasser à sa place et reconquérir leur avantage stratégique. Les
Français s’étaient de plus en plus rapprochés du gouvernement israélien,
politiquement, diplomatiquement, et militairement. Au cours des deux
décennies précédentes, la France était devenue le principal fournisseur
d’armes d’Israël. Latitude britannique avait à peine changé depuis l’époque
du mandat. Une amertume résiduelle après la longue bataille de près de trois
décennies avec les Sionistes, associée à l’alliance poursuivie avec la Jordanie,
rendait impossible une modification de son orientation politique. Les Français
avaient cependant considéré qu.ils pouvaient utiliser la peur d’Israël d.une
agression égyptienne et la poursuite du blocus comme un prétexte à leur
propre frappe contre Nasser. Les Anglais ne pouvaient laisser passer la chance
de s’y associer. Les trois nations tombèrent ensuite d’accord sur un plan selon
lequel Israël expédierait des parachutistes près du canal et enverrait son armée
à travers le désert du Sinaï. Les Anglais et les Français appelleraient alors les
deux parties à se retirer de la zone du canal, s’attendant avec certitude à un
refus des Egyptiens. A ce point, les troupes françaises et anglaises seraient
déployées pour « protéger » le canal. Du point de vue israélien, le blocus
continu du canal de Suez et du Golfe d’Aqaba, l’accroissement des attaques
de fédayins et le bellicisme des récentes déclarations arabes rendaient la
situation intolérable. Plutôt que de continuer une guerre d’usure avec les
terroristes et d’attendre que Nasser et ses alliés disposent de forces suffisantes
pour conduire une nouvelle guerre, Ben Gourion décida de lancer une frappe
préventive. Le soutien des Français et des Anglais, pensait-il, le protégerait
de l’opposition américaine. Il avait tort.

79 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

7- Quelle était latitude des gouvernements arabes vis-à-vis d’Israël


après la guerre de Suez en 1956 ?
Israël a constamment exprimé le désir de négocier avec ses voisins. Dans une
déclaration à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le 10 octobre 1960, le
ministre des Affaires Etrangères, Golda Meir a invité les leaders arabes à
rencontrer le Premier Ministre, David Ben Gourion, pour négocier des
accords de paix. Nasser répondit le 15 octobre, déclarant qu’Israël tentait de
tromper le monde, et répétant que son pays ne reconnaîtrait jamais l’état juif.
Les Arabes étaient aussi catégoriques dans leur refus de négocier un accord
séparé pour les réfugiés. Comme Nasser le déclara à l’Assemblée Nationale
de la République Arabe Unie le 26 mars 1964 : « Israël et l.impérialisme
autour de nous, auquel nous sommes confrontés, sont deux choses séparées.
Il y a eu des tentatives pour les séparer, de façon à morceler les problèmes et
à les présenter sous une lumière imaginaire comme si le problème d’Israël
était le problème des réfugiés, à travers lequel viendrait la solution du
problème de la Palestine et qu.il ne resterait aucun litige à résoudre. Le danger
d’Israël demeure l’existence même d’Israël dans le présent et dans ce qu.il
représente. » Parallèlement, la Syrie bombardait les fermes et les villages
israéliens depuis les hauteurs du Golan, qui surplombent de 900 mètres la
Galilée. Les attaques syriennes se firent plus fréquentes en 1965 et 1966,
pendant que la rhétorique de Nasser devenait de plus en plus belliqueuse : «
Nous n’entrerons pas en Palestine sur son sol couvert de sable » déclara-t-il
le 8 mars 1965. « Nous entrerons dans une Palestine au sol gorgé de sang ».
De nouveau, quelques mois plus tard, Nasser exprima l’aspiration des Arabes
: « La restauration totale des droits du peuple palestinien. En d’autres mots,
nous avons pour objectif la destruction de l’état d’Israël. L’objectif immédiat
: la perfection de la puissance militaire arabe. L’objectif national :
l’éradication d’Israël. »
8- Qu’est-ce qui a provoqué la frappe militaire israélienne ?
La rhétorique belliqueuse des Arabes, leur comportement menaçant, et pour
finir, un acte de guerre, ne laissèrent d’autre choix à Israël qu.une action
préventive. La condition du succès était l’effet de surprise. Si Israël avait
attendu l’invasion arabe, sa position aurait potentiellement catastrophique.
Alors que Nasser continuait à prôner la guerre dans des discours menaçants,
les attaques terroristes arabes se multipliaient. En 1965, 35 raids furent menés
contre Israël. En 1966, leur nombre passa à 41. Au cours des seuls quatre
premiers mois de 1967, 37 attaques furent lancées. Dans le même temps, les
attaques syriennes sur les Kibboutzim israéliens depuis les hauteurs du Golan
provoquèrent une attaque de représailles le 7 avril 1967, pendant laquelle des
avions israéliens abattirent six Migs syriens.

80 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Peu après, l’Union Soviétique, qui aidait militairement et économiquement
aussi bien la Syrie que l’Egypte, fournit à Damas des renseignements sur une
attaque massive préparée par Israël. Malgré les dénégations israéliennes, la
Syrie décida d’invoquer son traité de défense avec l’Egypte. Le 15 mai, jour
de l.indépendance d’Israël, les troupes égyptiennes commencèrent à faire
mouvement dans le Sinaï et à se masser près de la frontière israélienne. Le 18
mai, les troupes syriennes étaient prêtes à la bataille à partir des hauteurs du
Golan. Nasser ordonna aux forces d’urgence de l.ONU (FUONU), stationnées
dans le Sinaï depuis 1956, de se retirer le 16 mai. Sans porter l’affaire devant
l’assemblée générale, comme son prédécesseur l’avait promis, le secrétaire
général, U Thant se plia à cette exigence. Après le retrait des FUONU, la
.Voix des Arabes. Proclama le 18 mai 1967 : « A compter de ce jour, il
n’existe plus de force d’urgence internationale pour protéger Israël. Nous ne
ferons plus preuve de patience. Nous ne nous plaindrons plus à l.ONU au
sujet d’Israël. La seule méthode que nous allons appliquer contre Israël est la
guerre totale, jusqu’à l’extermination de l’existence sioniste. » Un écho
enthousiaste revint le 20 mai du ministre de la défense syrien Hafez Assad :
« Nos forces sont maintenant totalement prêtes non seulement à repousser
l’agression, mais à commencer l’acte de libération lui-même, et faire exploser
la présence sioniste dans la patrie arabe. L.armée syrienne, le doigt sur la
gâchette, est unie... Moi, en tant que militaire, je crois le temps venu pour
entrer dans la bataille de l’annihilation. » Le 22 mai, L’Egypte ferma le détroit
de Tiran à tous les bateaux Israéliens et aux navires venant d’Eilat. Ce blocus
coupait Israël de sa seule voie d’approvisionnement vers l’Asie et l.empêcha
de recevoir le pétrole de son principal fournisseur d’alors, l’Iran. Le
lendemain, le Président Johnson déclara que le blocus était illégal et tenta sans
succès d’organiser une flottille internationale pour le tester. Nasser était
pleinement conscient de la pression qu.il exerçait pour forcer la main d’Israël.
Le jour suivant la mise en place du blocus, il déclara : « Les juifs menacent
de faire la guerre. Je réponds : Bienvenue ! Nous sommes prêts pour la guerre.
»123 Nasser mit Israël au défi de combattre presque quotidiennement. « Notre
objectif de base sera la destruction d’Israël. Le peuple arabe veut se battre »,
déclara-t-il le 27 mai124. Le lendemain, il ajouta : « nous n’accepterons.
Aucune coexistence avec Israël. Aujourd.hui, la question n.est pas
l’établissement de la paix entre les états arabes et Israël. La guerre avec Israël
est en cours depuis 1948. » Le roi Hussein de Jordanie signa un pacte de
défense avec l’Egypte le 30 mai. Nasser déclara alors : « Les armées
d’Egypte, de Jordanie, de Syrie, et du Liban se tiennent aux frontières
d’Israël.

81 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Pour affronter le défi, pendant que derrière nous se tiennent les armées d’Irak,
d’Algérie, du Koweït, du Soudan, et toute la nation arabe. Cet acte étonnera
le monde. Aujourd.hui, ils apprendront que les Arabes se tiennent prêts pour
la bataille, l’heure critique est arrivée. Nous avons atteint le moment de
l’action sérieuse et non plus des déclarations. » Le président Abdur Rahman
Aref d’Irak se joignit à la guerre verbale : « L’existence d’Israël est une erreur
qui doit être rectifiée. C.est notre opportunité d’effacer l’ignominie que nous
supportons depuis 1948. Notre objectif st clair : effacer Israël de la carte. »127
Le 4 juin, l’Irak se joignit à la coalition militaire de l’Egypte, la Jordanie et la
Syrie. La rhétorique arabe allait de pair avec la mobilisation des troupes.
Environ 250.000 hommes, dont la moitié dans le Sinaï, plus de 2.000 tanks et
700 avions encerclaient Israël. A ce point, les forces israéliennes étaient en
alerte depuis trois semaines. Le pays ne pouvait demeurer indéfiniment en
état de mobilisation générale, et il ne pouvait laisser interdire son couloir
maritime via le golfe d’Aqaba. La meilleure option d’Israël était de frapper
en premier. Le 5 juin, l’ordre fut donné d’attaquer l’Egypte.
9- La fermeture du détroit de Tiran à la navigation israélienne par
Nasser était-elle légale
En 1956, Les USA donnèrent à Israël l’assurance que l’état juif avait un droit
d.accès au Détroit de Tiran. En 1957, à l.ONU, 17 puissances maritimes
déclarèrent qu’Israël avait le droit de transiter par le détroit. De plus, le blocus
violait la convention sur le droit territorial marin, et la Zone contiguë,
Adoptée par la conférence de l’ONU sur la Loi de la Mer le 27 avril 1958. La
fermeture du détroit de Tiran était un casus belli en 1967. L’attaque d’Israël
était une réaction à cette première frappe égyptienne. Le droit de passage
maritime pour les bateaux civils doit être préservé pour toutes les nations.
10- Israël doit-il sa victoire éclair à l’.aide américaine ?
Les Etats-Unis tentèrent de prévenir la guerre par la négociation, mais ils ne
parvinrent pas à persuader Nasser et les autres états arabes de cesser leurs
déclarations et leurs actes de belligérance. Juste avant la guerre, le Président
américain, Johnson, avertit : « Israël ne restera pas seul à moins de décider d
y aller seul. » Aussi, dès le déclenchement de la guerre, le département d’état
(Affaires Etrangères) annonça-t-il : « Notre position est neutre en pensée, en
mots et en actes. » De plus, quand les Arabes prétendirent que les Etats-Unis
organisaient un pont aérien vers Israël, Johnson imposa un embargo sur les
armes à destination de toute la région. La France, autre principal fournisseur
d’Israël, déclara aussi un embargo sur les armes vers Israël. A l’inverse, les
Soviétiques livrèrent de grandes quantités d’armes aux Arabes.
Simultanément, les armées du Koweït, d’Algérie, d’Arabie Saoudite et d’Irak
fournirent des troupes et des armes sur les fronts égyptien, syrien et jordanien.

82 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

11- Quelles sont les circonstances de l’entrée en guerre de la Jordanie


?
Le premier ministre israélien Levi Eshkol envoya un message au roi Hussein
de Jordanie pour lui faire savoir qu’Israël n’attaquerait pas la Jordanie à moins
que celle-ci n’entame les hostilités. Quand le radar jordanien capta une
escadrille se dirigeant d’Egypte vers Israël, les Egyptiens convainquirent
Hussein que ces avions étaient les leurs, et qu.ils étaient donc en position de
l’emporter. Hussein ordonna alors le bombardement de Jérusalem Ouest. Il
s’avéra que les avions étaient israéliens, et s’en revenaient d.une mission de
destruction des forces aériennes égyptiennes au sol. Au même moment, les
troupes syriennes et irakiennes attaquaient Israël sur sa frontière nord. Si la
Jordanie n’avait pas attaqué, le statut de Jérusalem serait resté inchangé
pendant le cours de la guerre. C.est uniquement quand la cité fut sous le feu,
qu’Israël la défendit par les armes, et ce faisant, saisit l’opportunité de
réunifier sa capitale.
12- Pourquoi Israël a-t-il dû « dégainer le premier » ?
Après seulement six jours de combats, les forces israéliennes brisèrent les
lignes ennemies et furent en position de marcher sur Le Caire, Damas, et
Amman. Un cessez-le feu fut demandé le 10 juin. La victoire coûta cher à
Israël. En attaquant d’en bas les hauteurs du Golan, il perdit 115 soldats. Son
bilan s’éleva à 777 morts et 2586 blessés134. De plus, malgré l’incroyable
succès de la campagne aérienne, les Forces Aériennes Israéliennes perdirent
46 de leurs 200 combattants135. Pourtant, le coût aurait probablement été
beaucoup plus élevé, pour un résultat aléatoire, si Israël avait attendu que les
Arabes frappent les premiers, comme cela arriva en 1973.
13- Quelle a été, après sa victoire, latitude d’Israël vis-à-vis des
territoires conquis pendant la guerre des six jours ?
A la fin de la guerre, Israël avait conquis suffisamment de territoires pour plus
que tripler la superficie qu.il contrôlait, passant de 20.500 km2 à 65.000 km2.
La victoire permit à Israël d’unifier Jérusalem. Les forces israéliennes avait
aussi conquis le Sinaï, les hauteurs du Golan, la bande de Gaza et la rive
occidentale du Jourdain. Les dirigeants israéliens attendaient de négocier avec
leurs voisins un accord de paix contre des compromis territoriaux. En
témoignage de cet état d’esprit, au lieu d’annexer la rive occidentale du
Jourdain, ils y créèrent une administration militaire provisoire.
Presque aussitôt après la guerre, Israël entama des discussions faisant état de
sa volonté de négocier de restituer au moins une partie des territoires. Il rendit
ensuite tout le Sinaï à l’Egypte lors du traité de Paix signé avec Anouar el-
Sadate en 1978. Presque toute la bande de Gaza et près de 40% de la rive
occidentale du Jourdain furent donnés aux Palestiniens pour y établir
l’autorité palestinienne après les accords d’Oslo. A ce jour, si Yasser Arafat

83 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
n’avait pas rejeté la Paix de Camp David et des négociations de Taba en juillet
2000, plus de 90% des territoires conquis pendant une guerre défensive
auraient été restitués par Israël, qui a toujours affirmé sa volonté d’échanger
la terre contre la paix.
14- Quelle a été latitude d’Israël vis-à-vis des Arabes de Cisjordanie
de Gaza, et de Jérusalem Est pendant et après la guerre ?
Après que la Jordanie eût attaqué, le 5 juin, environ 325.000 Palestiniens
vivant en Cisjordanie s.enfuirent136. C’était des citoyens jordaniens qui se
déplaçaient d.une partie de ce qu.ils considéraient être leur pays vers une
autre, pour éviter d’être pris dans les feux croisés de la guerre. Un réfugié
palestinien, administrateur du camp de Jericho pour l’UNWRA (organisme
de l.ONU pour les réfugiés) déclara que les politiciens arabes avaient répandu
des rumeurs dans le camp. « Ils disaient que tous les jeunes gens seraient tués.
Les gens entendaient à la radio que ce n’était pas la fin, seulement le début,
aussi pensaient-ils que ce serait une longue guerre et ils voulaient être en
Jordanie. » Certains Palestiniens qui partirent préféraient vivre dans un état
arabe plutôt que sous la loi militaire israélienne. Des membres des différentes
factions de l.OLP s’enfuirent pour éviter d’être capturés par les Israéliens.
Nils-Göran Gussing, nommé par le Secrétaire Général de l.ONU pour
enquêter sur la situation, découvrit que beaucoup d’Arabes craignaient aussi
de ne plus pouvoir recevoir d’argent des membres de la famille travaillant à
l’étranger. Les forces israéliennes ordonnèrent à une poignée de Palestiniens
de déménager pour « des raisons stratégiques et de sécurité ». Dans certains
cas, ils furent autorisés à rentrer quelques jours après, dans d’autres, Israël
leur offrit de les aider à se réinstaller ailleurs. Israël administrait alors 750.000
Palestiniens, la plupart hostiles au gouvernement. Cependant, plus de 9000
familles palestiniennes furent réunies en 1967. Enfin, plus de 60.000
Palestiniens furent autorisés à rentrer. Aucune occupation n’est plaisante pour
les habitants, mais les autorités israéliennes se sont efforcées d’en minimiser
l’impact sur la population. A l’exception de l’exigence de voir les manuels
scolaires dans les territoires purgés de leur base antisémite et anti-israélienne,
les autorités essayèrent de ne pas interférer avec les habitants.
Ils apportèrent une aide économique ; par exemple, des Palestiniens de la
bande de Gaza furent déplacés des camps vers de nouveaux foyers, ce qui
provoqua des protestations de la part de l’Egypte, qui n’avait rien fait pour
les réfugiés quand elle contrôlait cette zone. Les Arabes avaient la liberté de
se déplacer. Ils étaient autorisés à voyager vers et depuis la Jordanie. En 1972,
des élections eurent lieu en Cisjordanie. Les femmes et les non propriétaires
terriens furent depuis autorisés à voter, ce qui leur était interdit sous le
gouvernement jordanien. Les Arabes de Jérusalem Est eurent le choix entre
garder la citoyenneté jordanienne et acquérir la citoyenneté israélienne.

84 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Leur statut fut celui de résidents de Jérusalem unifiée et on leur accorda le
droit de vote et celui de se présenter aux élections municipales. De même, les
lieux saints de l’Islam furent remis aux soins d’un conseil musulman, le Waqf,
qui y interdit la présence de non musulmans. Malgré la primauté du Mont du
Temple dans l’Histoire juive, les juifs acceptèrent donc de ne pas y conduire
leurs prières.
15- Comment les Nations Unies ont-elles découpé la Palestine ?
A la fin de la deuxième guerre mondiale, lorsque la réalité de l’Holocauste
fut rendue publique, les demandes pour que soit résolue la question de la
Palestine se multiplièrent. Il fallait que les survivants de la Solution Finale
puissent trouver un sanctuaire dans une patrie qui leur soit propre. Les
Anglais essayèrent de trouver un accord qui soit acceptable à la fois par les
Arabes et par les Juifs, mais leur insistance à recueillir l’approbation des
premiers mena à l’échec parce que les Arabes refusaient toute concession. Ils
se déchargèrent du problème sur l’ONU en février 1947. L’ONU établit une
commission spéciale pour la Palestine (UNSCOP) afin de trouver une
solution. Les délégués de 11 nations se rendirent sur place et constatèrent ce
qui était clair depuis longtemps : les aspirations nationales des Juifs et des
Arabes étaient incompatibles. Les attitudes opposées des deux parties « ne
pouvaient manquer de donner l’impression que les Juifs étaient convaincus
de la justesse de leur cause et étaient prêts à la défendre devant un tribunal
impartial, alors que les Arabes étaient manifestement moins sûrs de la
légitimité de la leur, et ils craignaient le jugement des nations. » Bien que la
plupart des membres de la Commission aient reconnu la nécessité de trouver
une solution de compromis, il leur était difficile d’en trouver un dans la
mesure où les parties en présence se montraient intraitables. A leur retour, les
délégués de sept nations Canada, Tchécoslovaquie, Guatemala, Hollande,
Pérou, Suède et Uruguay recommandèrent la création de deux états distincts,
l’un juif, l’autre arabe, rassemblés dans une union économique, avec une
enclave internationale pour Jérusalem. Trois pays l’Inde, l’Iran et la
Yougoslavie. Recommandèrent plutôt un état unifié avec des provinces
arabes et des provinces juives.
L’Australie s’abstint. Les Juifs de Palestine n’étaient satisfaits ni du petit
territoire qui leur était alloué par la Commission, ni du fait que Jérusalem soit
sorti de l’État juif. Ils acceptèrent néanmoins le compromis. Les Arabes
rejetèrent les recommandations de l’UNSCOP. Le comité ad hoc de
l’Assemblée Générale de l’ONU rejeta l’exigence arabe d’un état arabe
unitaire. La recommandation de la majorité des membres pour la partition fut
adoptée par 33 voix contre13 et 10 abstentions le 29 novembre 1947.

85 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

« Il est difficile de voir en quoi les Arabes de Palestine, et a fortiori le


monde arabe, souffriraient de ce qui est la simple reconnaissance d’un
fait accompli la présence en Palestine d’une communauté juive bien a
organisée et pratiquement autonome », remarquait l’éditorial du Times, à
Londres, le 1er décembre 1947.
16- Quelle a été latitude des Arabes au moment de la Partition ?
Comme la date du vote sur la partition approchait, il devint clair que l’espoir
d.une solution politique à un problème qui transcendait la politique
s’amenuisait : le refus des Arabes d’accepter un état juif en Palestine et le
refus des Sionistes de se contenter de moins. La détermination des Arabes
apparut clairement quand les représentants de l’Agence Juive, David
Horowitz et Abba Eban firent un ultime effort pour arriver à un compromis
lors d.une réunion avec le Secrétaire de la Ligue Arabe, Azzam Pasha, le 16
septembre 1947. Pasha leur déclara sans ambages : « Le monde arabe n’est
pas d’humeur à faire des compromis. Il est possible, M. Horowitz, que votre
plan soit rationnel et logique, mais le destin de nations ne se décide pas sur
des critères de logique rationnelle. Les nations ne concèdent jamais, elles
combattent. Vous n’obtiendrez rien par la paix ou le compromis. Vous
obtiendrez peut-être quelque chose, mais seulement par la force des armes.
Nous essaierons de vous battre. Je ne suis pas sûr nous réussirons, mais nous
essaierons. Nous avons été capables de nous débarrasser des Croisés, mais en
revanche nous avons perdu l’Espagne et la Perse. Ce peut être que nous
perdrons la Palestine. Mais il est trop en retard pour parler de solutions
pacifiques. »
ISRAËL-PALESTINE : UNE GUERRE SANS FIN ?
comme l’affirme, à juste titre, Claude Cartigny dans ce
numéro, « paradoxalement, le conflit israélo-palestinien,
le plus vieux conflit de l’histoire contemporaine, est
aussi celui dont tout le monde connaît la solution : la
création d’un État palestinien dans des frontières viables
et reconnues, donnant enfin au peuple arabe de Palestine
le droit de vivre en dehors du statut de sujétion et
d’infériorité dans lequel il se trouve actuellement enfermé ».
Malgré les injonctions de la communauté internationale à l’égard d’Israël,
rien n’y fait. Celui-ci, s’appuyant sur son puissant allié américain et sur le
formidable déséquilibre de puissance dont il jouit, laisse pourrir le conflit,
torpille toute esquisse de négociation sérieuse et d’espoir de paix, bref joue la
montre sachant que le temps joue en sa faveur, notamment sur un aspect
important du contentieux, celui des réfugiés palestiniens. Car voilà soixante
ans que le conflit israélo-arabe, comme on l’appelle en Occident, la
colonisation sioniste en Palestine, comme on la nomme dans le monde arabe

86 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
et nombre de pays du Tiers monde s’est installé. En 1948, pour le peuple
palestinien, c’est la Nakba (la « Catastrophe »). Aujourd’hui ce terme s’est
imposé dans le monde entier et, seuls les négationnistes qui refusent de
reconnaître le prix terrible payé par la population indigène de Palestine afin
que se constitue l’État juif, évitent son usage. Car la guerre est aussi une
guerre des mots. Intifada a également fait le tour du monde et n’a pas besoin
d’être traduit. À l’évidence, ce conflit est l’une des principales causes de
tensions dans toute la région moyen-orientale et mobilise toutes les entités
mondiales qui pèsent pour tenter d’y trouver une issue acceptable par les
parties. On n’ose faire la liste de toutes les conférences internationales,
rencontres, négotiations, prises de contacts, et autres richesses de la
diplomatie pour mettre fin au conflit. Mais à l’ombre de ce front
diplomatique, les conditions de vie de plusieurs millions de Palestiniens se
dégradent. La colonisation se poursuit à Jérusalem Est et en Cisjordanie dont
le territoire, de plus en plus morcelé, n’a plus de continuité. Malgré les plus
hautes condamnations juridiques internationales, le Mur s'etend, les
checkpoints se multiplient rendant au quotidien la vie infernale aux
Palestiniens et donnant de moins en moins de corps à la perspective d’un État
palestinien viable. Soixante années après la Nakba, les juifs israéliens sont
solidement installés, colonisent toujours, occupent et soumettent les
Palestiniens leur conférant un statut d’occupés. Les contributions réunies dans
ce dossier de Recherches /\ internationales se proposent d'eclairer divers
aspects de ce conflit. Claude Cartigny revient longuement sur la démarche de
négociations initiée par le processus d’Oslo à partir de 1993. Entamé il y a
trente ans, ce processus a soulevé beaucoup d’espoirs. Les retards et les
fausses promesses accumulés par Israël ont conduit à l’impasse et aux
provocations de septembre 2000. L’arrivée de G. Bush et d’A. Sharon au
pouvoir, la mort d’Y. Arafat en novembre 2004, ont définitivement enterré
Oslo. Un nouveau processus a été enclenché par la conférence d’Annapolis le
27 novembre 2007, mais dans des conditions telles qu’il est très peu probable
que la voie de la paix soit réellement à portée de main, dès lors qu’Israël exige
d'être reconnu au terme de ces négociations comme État juif.
Pour Alain Joxe, l’attitude méthodiquement adoptée par Israël de violation
constante de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de la législation
internationale, Avec l’appui inconditionnel des États-Unis et le soutien tacite
de l’Union européenne relève d’une attitude ethnocidaire. Mettre fin au régime
d’apartheid maitrisé qui règne en Israël/ Palestine suppose qu’au côté d’un État
palestinien reconnu et viable, la condition de la survie régionale d’Israël se réalise à
travers un État-nation pluricommunautaire rompant avec le sionisme et une posture
coloniale recherchant l’alliance de la droite américaine. Bernard Ravenel situe
dans la dimension nucléaire une des clés duplication de la posture israélienne

87 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sur la durée. Cette grille de lecture explique comment Israël, s'étant doté de
l’arme nucléaire, entend en rester, à l’abri du parapluie américain, le seul
détenteur dans la région. Cette décision d'établir une suprématie militaire
totale lui permet de refuser tout compromis politique et rend compte de
l’exceptionnelle durée du conflit ainsi que de sa stratégie de «contre-
prolifération » nucléaire à l'égard des pays avoisinants. La durée du conflit
interpelle chaque camp et suscite interrogations. En Israël, 11iistoire officielle
sur la création du pays a été revisitée par les nouveaux historiens qui ont remis
en cause les certitudes- ou mensonges- établis. L’historien israélien Ilan
Pappé montre comment un nouveau courant historiographique a surgi à l’aube
des années 2000 - le sionisme néo-classique - soulignant combien la lutte pour
la mémoire reste l’un des champs de bataille les plus cruciaux qui tenaille la
société israélienne. Le point de vue sioniste néo-classique milite pour un
Israël qui s'étendrait sur ses frontières actuelles et sur près de la moitié de la
Cisjordanie. L'Etat palestinien serait réduit à la bande de Gaza et à l’autre
moitié de la Cisjordanie. Aucun droit de retour ne serait autorisé aux réfugiés
palestiniens. Du côté palestinien, Aude Signoles revient sur des questions qui
font débat après le processus d’Oslo (1993-2000) et montre que le refus de
celui-ci a cristallisé les débats internes. À ses yeux, le processus de
construction étatique que la paix d’Oslo génère est impulsé dans un contexte
d’inachèvement de la lutte nationale et met les dirigeants palestiniens devant
un dilemme : continuer à concentrer les efforts sur la libération territoriale ou
bien travailler désormais, en priorité, à la construction de l’Etat. Le problème
des réfugiés palestiniens- conséquence de la Nakba est revisité par Sylviane
de Wangen qui considère qu’il constitue l’un des nœuds de la question
palestinienne et donne du conflit israélo-palestinien. La question des réfugiés
palestiniens est inédite au XXe siècle, complexe, difficile à cause de sa
longévité mais elle n’est pas insoluble. Mêlant de façon inextricable des droits
collectifs et des droits individuels, sa dimension politique non seulement ne
peut pas être esquivée, mais elle est celle par laquelle la solution sera trouvée.
En soixante années, le conflit, né d’une problématique de récupération
territoriale et d’une aspiration nationale, s’est trouvé happé par une dimension
religieuse et, signe de désespérance, par des formes de luttes attentats
suicides rendant la mobilisation de la solidarité internationale plus difficile.
À cela, s’est ajouté ses divisions fratricides et meurtrières. Les interviews de
deux responsables d’organisations françaises de solidarité avec la Palestine
[Bernard Ravenel et Fernand Tuil] en montrent la richesse et les difficultés.
A l’évidence ce conflit n’est pas près de finir. Aujourd’hui dans les territoires
palestiniens c’est l’occupant israélien qui détient les pouvoirs réels sur
l’économie, sur la liberté de mouvement, sur la vie quotidienne. Une
satisfaction des droits des Palestiniens ne paraît pas à portée de mains.

88 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Mais il est possible d’alléger leur souffrance sans attendre. Sur cet aspect
aussi, la responsabilité de la communauté internationale est écrasante. A
l'occasion du 15e anniversaire de cette signature, nous avons voulu connaître
l'évolution des relations entre les deux pays et dans quel état elles se trouvent
aujourd'hui. Pour ce faire, nous sommes allés à la rencontre de S.E.M. JACOB
ROSEN, grand arabisant, ambassadeur d'Israël résidant à Amman depuis
septembre 2006. Il ne s'agit pas de sa première mission en Jordanie. En effet,
c'est M. Rosen qui a fait l'ouverture de la première ambassade israélienne dans
la capitale jordanienne en décembre 1994 et ce en sa qualité de chargé de
mission adjoint. Il y a ensuite passé 5 ans et demi jusqu'en juillet 2000, dont
une année et demien tant que chargé d'affaires. J. Rosen a donc connu et suivi
les relations diplomatiques entre les deux pays depuis le tout début, alors
qu'Yitzhak Rabin et le roi Hussein étaient encore vivants, et connaît donc
parfaitement tous les accords et sous-traités élaborés et finalement signés. A
cet égard, il est intéressant de savoir que le traité de paix du 26 octobre 1994
couvrait des sujets aussi variés que les frontières communes, l'eau, la
criminalité et la drogue, l'environnement, etc. Concernant les frontières
communes internationales, celles-ci sont très clairement décrites et divisées
en quatre secteurs: les rivières du Jourdain et du Yarmouk, la mer Morte, la
vallée de l'Arava (côté israélien) et du Wadi Araba (côté jordanien) et le golfe
d'Aqaba. M. Rosen était donc en poste à Amman lors du décès du roi Hussein
et de la montée sur le trône du roi Abdallah.
Des guerres israélo-arabes au confit israélo-palestinien L’Assemblée
générale de l’ONU décida par la résolution 181 du 29 novembre 1947 la
partition de la Palestine sous mandat britannique en deux États, l’un arabe et
l’autre juif ; 33 pays votèrent pour (dont la France, les USA, l’URSS), 13
contre (pays arabes, Inde, Grèce, Turquie), 10 se sont abstenus (dont le
Royaume-Uni). La Palestine comptait alors 2/3 d’Arabes et 1/3 de Juifs. Les
premiers affrontements entre Juifs et Arabes débutèrent dès son adoption.
Mais la déclaration d’indépendance de l’État hébreu le 14 mai 1948 marqua
le début des guerres israélo-arabes. D’une opposition classique entre des
armées conventionnelles, La guerre devient un affrontement asymétrique
entre une armée conventionnelle et des organisations de guérilla.
I. Les guerres israélo-arabes
Le 15 mai 1948, les pays arabes décident d’envoyer des troupes combattre le
nouvel État. Le sort de l’État juif est incertain. Pourtant, Israël profitera des
quelques trêves pour se réorganiser et recruter des combattants. Finalement
l’État hébreu gagne cette première guerre israélo-arabe et augmente d’un tiers
la superficie de son territoire. Dans le même temps, des milliers de
Palestiniens trouvent refuge dans les pays limitrophes. En 1956, alors que
l’Égypte a pris le leadership du monde arabe et de la cause palestinienne,

89 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Nasser décide de nationaliser le canal de Suez. Français et Britanniques ne
l’acceptent pas. Ils lancent avec l’appui israélien une offensive contre
l’Égypte afn de récupérer le canal. Les États-Unis et l’URSS décident
d’intervenir en menaçant de prendre part au confit. L’ONU condamne les
belligérants. Un cessez-le-feu est signé le 6 novembre et Israël évacuera le
Sinaï quelques mois plus tard. L’ONU met en place ses premiers Casques
bleus. Après le blocus du golfe d’Aqaba par l’Égypte, la tension est à son
paroxysme. Israël prend l’initiative de déclencher les hostilités le 5 juin 1967.
Les armées arabes sont défaites. Désormais Israël contrôle le Golan, la
Cisjordanie, Gaza et le Sinaï. Dès le 22 novembre, le Conseil de sécurité
adopte la résolution 242 demandant à Israël de se retirer des territoires dits «
occupés ». En octobre 1973, l’Égypte et la Syrie décident d’attaquer Israël
afn de recouvrer leurs territoires. C’est la fête juive du Kippour, la surprise
est totale et l’armée israélienne est un temps bousculée. Par ailleurs, les pays
de l’OPEP augmentent les prix du pétrole, ce qui oblige la communauté
internationale à réagir. Sous la pression internationale, les hostilités cessent,
avec le concours de l’ONU. Le président égyptien Sadate prend conscience
que la paix est inévitable. Il se rend à Jérusalem en 1977 et prononce un
discours devant la Knesset. L’année suivante, le Premier ministre israélien
Begin et le président Sadate signeront les accords de Camp David sous l’égide
du président américain Jimmy Carter. Sadate signe en 1979 un traité de paix
avec Israël, mais il est assassiné en 1981 par des militaires membres du Jihad
islamique.
II. Le confit israélo-palestinien
C’est dès 1967 que les Palestiniens comprennent qu’ils ne peuvent compter
que sur eux-mêmes pour espérer un jour avoir un territoire indépendant. En
effet, après cette troisième défaite arabe, la supériorité militaire d’Israël est
incontestable. Dès lors, les Palestiniens mènent, depuis le Liban ou la
Jordanie, des attaques organisées par les « fedayin ».
L’action de ces commandos ne se limite pas aux seules frontières israéliennes.
Lors des Jeux de Munich en 1972, le commando « Septembre noir » prend en
otage des athlètes israéliens. Plusieurs sportifs sont tués et Israël bombarde
plusieurs camps palestiniens au Liban. Désormais, la guerre est asymétrique.
En 1982, Israël lance l’opération Paix en Galilée. Elle doit empêcher les
Palestiniens de mener des attaques depuis le Liban. Les dirigeants
palestiniens quittent alors Beyrouth pour Tunis. Fin 1987, Les conditions
socio-économiques sont telles que les Palestiniens se soulèvent. Lors d’une
visite à Paris en 1989, Yasser Arafat déclare que « la charte de l’Organisation
de la libération de la Palestine (OLP) est caduque ». Désormais le processus
de paix peut commencer.

90 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Á la fin du mois d’octobre 1991, la conférence de paix au Proche-Orient
s’ouvre à Madrid. Suivent les premières négociations entre Israël et ses
voisins arabes. En janvier 1993, une loi israélienne abroge l’interdiction de
nouer des contacts avec l’OLP. Les négociations entre Palestiniens et
Israéliens débutent en Norvège. Le 13 septembre Yasser Arafat et Yitzhak
Rabin signent un accord de principe sur l’autonomie palestinienne. Malgré
ces avancées prometteuses, les extrémistes des deux camps ne souhaitent pas
aboutir à un règlement du confit. Le Hamas et le Djihad islamique perpètrent
des attentats à l’intérieur du territoire israélien, faisant des dizaines de
victimes. Le 4 novembre 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste
israélien.
Quelle est votre évaluation des relations entre Israël et la Jordanie ?
Avant de répondre de façon directe à votre question, je dois vous dire que je
suis en poste depuis trois ans et demi, période au cours de laquelle nous avons
connu la Seconde guerre du Liban et l'opération militaire à Gaza, qui a
évidemment joué un rôle dans les relations entre nos deux pays.
Parallèlement, d'autres événements indirectement liés à Israël se sont
déroulés, notamment l'invasion américaine de l'Irak, qui a eu une très grande
importance pour le développement des relations régionales et ce de tous
points de vue, politique, économique, environnemental, etc. Cela étant dit, la
toute première chose dont il faut se souvenir lorsque l'on évoque les relations
israélo-jordaniennes est le fait que nous sommes voisins. Nous partageons le
même environnement, les mêmes eaux, les mêmes altitudes, les mêmes
préoccupations politiques et démographiques et nous avons une frontière
commune de 350km. Que nous nous aimions ou non, la géographie et
l'environnement s'imposent à nous et ces nombreux problèmes nous forcent à
coopérer. Au sud par exemple, nous avons deux aéroports à moins de 6km
l'un de l'autre et deux ports maritimes séparés par une étendue d'eau de 5km.
Les deux ports sont très actifs et il faut bien comprendre que lorsqu'il y a une
fuite de pétrole dans un bateau ancré dans l'un des ports, nous sommes tous
affectés de la même manière.
Sur ces mêmes eaux, Il y a une intense activité sportive et il n'est pas rare
qu'en raison d'un vent fort, des personnes dépassent la ligne internationale.Les
exemples sont nombreux et je me contenterai de citer les problèmes qui
découlent des maladies d'origine animale ou végétale ainsi que les virus qui
passent allègrement nos frontières. Nous combattons ensemble la
contrebande de toutes sortes de produits qui se déroule le long et aux alentours
de la mer Morte. Un autre domaine de coopération se situe dans l'aviation
civile. Les avions de la Royal Jordanian vers l'Europe, l'Afrique et l'Amérique
survolent quotidiennement Israël.

91 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Tous ces éléments ainsi que de nombreux autres nous forcent à travailler
ensemble et souvent en coopération directe avec l'Autorité palestinienne
(AP). Comme vous pouvez l'imaginer, la situation politique n'est pas toujours
facile, pour ne pas dire très fragile, et souvent, les pressions exercées de part
et d'autre bloquent l'action directe. A cet égard, il est intéressant de noter que
de temps en temps ce sont les gens de l'AP qui font avancer les dossiers alors
que les Jordaniens traînent les pieds pour des raisons politiques. Tel a été le
cas pour la grippe porcine, les responsables de l'AP ont dit aux Jordaniens que
«la progression du virus n'attend pas que les problèmes politiques soient
réglés». De plus, il y a régulièrement des initiatives, surtout sur le plan
touristique, en provenance du Japon et d'Europe, qui requièrent une
coopération tripartite efficace. Par exemple, si un groupe de pèlerins veut
atterrir à Amman puis se rendre à Jérusalem et à Bethlehem, toutes les
autorités concernées doivent s'activer pour mener à bien ce projet afin qu'il
soit parfaitement coordonné et sans embuches d'ordre administratif. Afin de
vous permettre de comprendre dans quel cadre nos relations évoluent, je dois
encore mentionner la situation politique générale. Celle-ci concerne le
processus de paix avec l'AP et la grande déchirure qui s'est opérée dans le
camp palestinien (OLP-Hamas), la perspective du retrait américain d'Irak et
les doutes et craintes que ceci implique pour nous tous. A cela s'ajoute le fait
qu'après la chute de Saddam, 600.000 à 800.000 Irakiens ont fui leur pays et
sont venus s'installer en Jordanie et, en raison de l'instabilité en Irak, ils ne
sont pas prêts d'y retourner. S'il est vrai qu'une grande partie de ces gens sont
venus avec des moyens financiers importants, d'autres ont débarqué avec des
fonds limités car jamais ils n'auraient pensé rester en Jordanie pendant plus
de cinq ans. Aujourd'hui, ils commencent à être à court d'argent, ce qui risque
de devenir un poids pour la Jordanie. Finalement, il y a la population
jordanienne à proprement parler qui a sa propre identité, mais qui n'est pas
homogène du tout. Il est vrai qu'une grande partie de ces gens sont d'origine
palestinienne.

S'agit-il donc de ce que l'on appelle communément des «Palestiniens» ?


Absolument pas car il y a une grande différence entre les «Palestiniens» et les
personnes d'origine palestinienne qui vivent en Jordanie. D'ailleurs, dans ce
pays, il est plus difficile de savoir qui est véritablement palestinien que de
définir qui est véritablement juif en Israël. Il y a des gens originaires de
Jérusalem ou de Naplouse qui vivent depuis cinq ou six générations par
exemple à Amman. Ils se considèrent comme étant uniquement Jordaniens,
mais sont rejetés par une partie de la population qui ne les accepte pas comme
faisant partie intégrante de la Jordanie.

92 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Qu'en est-il du reste de la population locale ?


La dynastie Hachémite a su maintenir une certaine unité à l'intérieur d'une
population de sept millions d'individus d'origines très diverses, dont un demi
million d'ouvriers étrangers en provenance d'Égypte et les quelque sept cent
mille réfugiés irakiens dont je vous ai parlé. Il faut bien comprendre que tous
ces gens utilisent les infrastructures du pays, en particulier l'eau dont la
Jordanie manque cruellement. Il s'agit là de l'une des grandes questions
traitées quotidiennement entre Israël et la Jordanie et qui prennent environ un
tiers de mon temps.
Puisque vous évoquez la question de l'eau, pouvez-vous en quelques mots
nous expliquer quelles sont les ressources auxquelles Israël a renoncé
dans le cadre des accords bilatéraux et de paix ?
Lors de la signature de l'accord de paix, les Jordaniens ont dit que le Jourdain
qui coule entre les deux pays est irrigué par des eaux en provenance du lac de
Tibériade et qu'il existe des accords datant des années 50 au sujet du partage
de ces eaux. Israël a accepté alors de donner à la Jordanie 25 millions de
mètres cubes d'eau par an. La Jordanie est également alimentée par l'eau de
la rivière du Yarmouk, qui rejoint le Jourdain au niveau du Kibboutz Ashdot
Ya'acov. Pendant l'hiver, le Yarmouk produit une grande quantité d'eau, mais
la Jordanie n'a pas de capacité de stockage suffisante. Nous avons donc passé
un accord pour que cette eau soit déviée vers le lac de Tibériade où nous la
stockons pendant l'hiver pour la Jordanie, à qui nous la transférons l'été. La
Jordanie a aussi un accord sur l'eau avec la Syrie aux termes duquel celle-ci
est censée transférer des eaux du Yarmouk vers la Jordanie. Or, pour des
raisons qui lui sont propres et suite à un contentieux bilatéral entre les deux
États, la Syrie n'a pas transféré tout ce qu'elle devait l'hiver dernier et une
partie des eaux du Yarmouk ne nous est donc pas parvenue. La Jordanie est
ainsi confrontée à un manque d'eau permanent et l'année dernière, elle nous a
demandé de lui prêter de l'eau sur les flots à venir pendant l'hiver, ce que nous
avons accepté.
En effet, il serait très mauvais pour Israël que la Jordanie ne puisse pas
étancher sa soif, car ceci mènerait à des troubles internes très graves qui
pourraient progressivement déstabiliser le pays, voire la région. Il suffit de
jeter un coup d'il sur la Bible pour se souvenir que déjà à l'époque, des
hommes se sont lancés dans des guerres pour de l'eau. Je rappellerai que deux
hommes ayant une formation agricole à la base, Yitzhak Rabin et Ariel
Sharon, Ont tout fait pour que nous procurions le plus d'eau possible à la
Jordanie. Ils étaient bien conscients de l'intérêt stratégique pour Israël.
Finalement, un troisième aspect à cette question se trouve dans l'accord de
paix, où il est clairement stipulé qu'il est de la responsabilité des deux pays
de trouver plus d'eau en commun.

93 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Il était alors envisagé de mettre en œuvre un programme conjoint de
désalinisation. Or il s'agit d'un procédé physique très compliqué et le seul
endroit où les Jordaniens peuvent construire ce genre d'usine de traitement est
dans le golfe d'Aqaba. Je comprends très bien qu'ils veuillent garder leur
indépendance dans un domaine aussi vital que celui de l'eau. A plusieurs
reprises, je leur ai proposé de leur vendre de l'eau réduite en teneur en sel
d'Hadera ou d'Ashkelon. En raison de l'instabilité politique de la région, la
réponse est restée négative. En tant qu'ambassadeur d'Israël et pour avoir vécu
pendant huit ans et demi en Jordanie, je conçois parfaitement qu'ils aient des
craintes très profondes quant à l'idée d'être dépendants pour leur
approvisionnement en eau. Ceci est d'autant plus compréhensible qu'ils ont
eu une expérience traumatisante dans ce domaine avec la Syrie.
Depuis de nombreuses années, il est question de construire un canal mer
Rouge - mer Morte. Ne serait-ce pas une solution et qu'est devenu ce
projet ?
Il s'agit là d'une question très complexe. L'idée originale est de sauver la mer
Morte. Mais les Jordaniens nous disent que si un tel transfert d'eau peut se
faire, l'on peut profiter de cette occasion pour en déstaliniser une partie. Pour
l'instant, la Banque Mondiale a demandé une étude de faisabilité. En raison
de la spécificité des eaux, aucune expérience n'a encore été réalisée et les tests
ne peuvent pas se faire en laboratoire. Or il n'est pas du tout certain que les
compositions chimiques des deux mers soient compatibles. La grande
inconnue est donc de savoir quelles seront les réactions chimiques lorsque ces
énormes masses d'eau seront mélangées.
A ce jour, une étude environnementale a démontré que cet amalgame
déclenchera la formation de calcium en très grandes quantités. Ce qu'il est
impossible de prévoir, c'est si ces blocs de calcium flotteront à la surface de
la mer Morte ou s'ils couleront vers le fond. S'ils restent à la surface, les
conséquences pour l'environnement seront imprévisibles. Toutefois, nous
n'avons pas l'éternité devant nous.
La mer Morte recule de jour en jour et il n'est pas raisonnable d'attendre que
les études de faisabilité, au demeurant très lentes, soient terminées. Nous
avons donc décidé d'un commun accord de lancer une station pilote dans le
désert pour voir si ce projet est concrètement envisageable ou non.
Vous nous avez expliqué la complexité des problèmes et de la coopération
entre les deux États, qui en fait est imposée par les réalités sur le terrain.
Si nous passons aux questions politiques, la première chose que nous
voudrions comprendre, c'est pourquoi la Jordanie maintient des camps
de réfugiés «palestiniens» sur son territoire et ces quinze ans après la
signature du traité de paix avec Israël ?

94 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En comparaison de la situation de ces personnes qui sont dans d'autres États
arabes, celles qui vivent dans ces camps sont relativement intégrées. Elles ont
une totale liberté de mouvements et une partie d'entre elles ont des passeports
jordaniens qui leur permettent de voyager, mais qui toutefois ne leur donnent
pas la nationalité. Cela étant dit, il y a une décision de la Ligue Arabe qui est
de maintenir les camps de «réfugiés» et la Jordanie n'a pas jugé utile d'agir
autrement. De plus, je vous rappellerai que lorsque nous étions à Gaza, Ariel
Sharon avait essayé de démanteler les camps et d'intégrer leurs habitants dans
la vie normale. C'est l'ONU qui, pour des raisons politiques, s'y était opposée.
Quelles sont vos relations actuelles avec le Palais royal et quelles étaient-
elles sous le règne du roi Hussein ? Yitzhak Rabin et le roi Hussein étaient
les véritables parrains des accords de paix et chacun d'eux était très impliqué
à titre personnel. Nous avons hérité de cette situation de nos prédécesseurs.
Comme j'étais de la partie dès le début des négociations et des relations
diplomatiques, je connais tous les acteurs importants en Jordanie. Mais ce qui
est bien plus essentiel, c'est qu'eux me connaissent.
Il en était de même pour le roi Hussein et il en va ainsi pour le roi Abdallah.
Cela dit, il y a des ministres avec lesquels j'ai d'excellentes relations, très
suivies et efficaces, et d'autres qui ne veulent pas entendre parler de
normalisation avec nous. Je n'ai pas l'intention de tenter de les forcer?
Où en est le processus d'islamisation en Jordanie ? Comme vous le savez,
il ne s'agit pas d'un phénomène qui se limite à la Jordanie mais que nous
voyons se développer progressivement en Égypte, à Gaza et en Cisjordanie.
En Jordanie, l'islamisation revêt un aspect particulier car, contrairement à
l'Égypte où le mouvement islamique était toujours contre le gouvernement,
en Jordanie il a accepté l'autorité de la Maison royale. Au cours des années
50 et 60, alors que certains mouvements voulaient se débarrasser du roi
Hussein, ce sont les islamistes qui l'ont défendu. A cela s'ajoute un élément
unique en Jordanie qui est l'importance des tribus.
Les gens sont avant tout des membres de leur tribu et ensuite seulement
islamistes, démocrates ou adhérents d'un parti ou d'une philosophie politique.
Ceci pose d'ailleurs un certain nombre de problèmes à l'intérieur même du
royaume, en particulier en période électorale. C'est ainsi que de nombreuses
personnes voteront pour un député issu de leur tribu, même si elles sont en
désaccord total avec lui. Il semblerait que depuis la victoire du Hamas à Gaza,
certains membres du mouvement islamique commencent à se départir de cette
façon de voir. Mais il s'agit d'un phénomène très marginal, car la loyauté et la
discipline tribale sont encore et toujours très puissantes. Cela étant dit, je
pense que les Jordaniens ont la sécurité intérieure de leur pays bien fermement
en main.

95 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Combien y a-t-il de tribus ? Il y a six ou sept tribus très importantes qui sont
toutes très dévouées au roi. Les tribus du sud sont des Bédouins, celles du
nord des paysans semi-nomades. Ils sont très fiers, très nationalistes, car ils
habitent dans cette partie du monde depuis plus de mille ans. La stabilité et la
loyauté du système tribal sont extrêmement importantes et nous, Juifs,
devrions le savoir mieux que quiconque, puisque tout notre peuple est issu
d'un tel système. Il suffit d'ouvrir la Bible pour se rendre compte de la
puissance et de l'importance du rôle des tribus.
Quelles sont les relations des Arabes qui vivent en Judée et en Samarie
avec ces tribus ? Certaines tribus, surtout celles installées dans le nord de la
Vallée du Jourdain, ont de tout temps traversé le fleuve dans les deux
directions. Lorsque l'on se rend de Jérusalem à la mer Morte, on peut voir
certains membres de ces tribus nomades qui sont provisoirement installés
dans cette région. Ils ne se sont jamais préoccupés des questions frontalières.
Il y a toujours un certain nombre de villages en Cisjordanie dont les habitants
disent être originaires de l'une ou de l'autre des tribus de Jordanie, bien qu'ils
soient établis là depuis quelques centaines d'années. Aujourd'hui, nous
assistons à un phénomène intéressant dans les centres urbains comme
Amman, Aqaba, Zarqa etc., environ 20% des mariages se font entre des
membres mâles de certaines tribus et des jeunes filles palestiniennes (issues
de familles ayant quitté Israël en 1948). Ceci est un élément stabilisateur qui
concerne malgré tout une grande partie de la population. Il n'est pas rare de
rencontrer des couples dont le mari dit qu'il est Jordanien et l'épouse affirme
avoir des origines palestiniennes.
Pensez-vous que la Jordanie et le Palais royal sont sérieusement
intéressés à voir l'émergence d'un État palestinien qui serait établi en
Judée-Samarie, soit entre Jérusalem et Amman ?
Les Jordaniens disent: «les Palestiniens sont des invités dans notre pays. Ils
ont subi une expérience traumatisante à cause de la guerre avec les Juifs.
En tant qu'Hachémites, nous ouvrons nos portes à tous ceux dans le besoin,
mais ils méritent d'avoir leur propre État et leurs propres organisations élues».
De plus, la Ligue Arabe a reconnu la Palestine. Voici un exemple parfait
d'intérêts communs, car il sera de la responsabilité aussi bien d'Israël que de
la Jordanie de tout mettre en oeuvre pour que le nouvel État ne tombe pas
entre les mains du Hamas. La frontière entre nous est assez calme et stable et
personne n'a intérêt à ce que cette situation change. Cela dit, les Jordaniens
estiment que dans un premier temps, il faut permettre aux Palestiniens d'avoir
leur propre État, et ce n'est qu'après que les «questions techniques» devront
être abordées.

96 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Est-il exact qu'un Juif n'a pas le droit d'acheter de l'immobilier en


Jordanie ? La question n'est pas de savoir si la personne est juive ou non.
Seuls les détenteurs de passeports arabes peuvent acheter de l'immobilier dans
le Royaume hachémite. D'ailleurs, lorsque nous avons acheté l'immeuble de
l'ambassade, nous avons reçu un permis spécial du ministère de l'Intérieur.
Qu'en est-il de la coopération sécuritaire entre les deux armées ? Nous
avons une identité de vues sur les questions sécuritaires qui préoccupent nos
dirigeants politiques et dans cet esprit, nous coopérons à tous les différents
niveaux requis. Nous n'avons pas d'attaché militaire dans nos ambassades
respectives puisque nous sommes à 25 minutes de la frontière, où des officiers
de liaison sont installés à cent mètres l'un de l'autre.
Arrive-t-il qu'en tant qu'ambassadeur d'Israël, vous soyez boycotté ?
Nous sommes invités à tous les événements gouvernementaux et, comme je
vis dans le pays depuis très longtemps, j'ai de nombreuses connaissances à
tous les niveaux, avec lesquelles j'entretiens d'excellentes relations. Cela étant
dit, les universités nous boycottent, ce qui est d'autant plus ridicule qu'elles
comptent des centaines d'étudiants Arabes israéliens. Toutefois, dans les
universités, ils sont considérés comme «Palestiniens» et ce malgré leur
passeport bleu et blanc flanqué du symbole officiel de l'État juif, le candélabre
à sept branches. De plus, j'ai une porte ouverte au Palais royal. En conclusion,
nous voyons que les relations entre Israël et la Jordanie sont aussi complexes
que surprenantes. Elles évoluent en forme de carrousel de montagnes russes
avec des longues périodes de tranquillité. En fait, elles sont l'expression
vivante de la réalité des contradictions moyen-orientales. Les nombreuses
facettes de la vie font que les rapports entre Jérusalem et Amman sont ceux
de deux voisins qui n'ont pas d'autres choix que de s'entraider, même s'ils ne
sont pas vraiment animés d'un sentiment d'amitié. Il y a de nombreuses
années, un des plus éminents historiens de l'islam faisait remarquer: «La carte
du Moyen-Orient n'a pas encore été fixée.»
Il entendait par là que presque tous les États arabes du Moyen-Orient étaient
des créations artificielles, produits de la dissection arbitraire de l'Empire
ottoman après sa chute, à l'issue de la Première Guerre mondiale. La Grande-
Bretagne et la France, les deux principaux acteurs de la politique moyen-
orientale après la guerre, furent responsables de la formation arbitraire de la
Syrie, du Liban, de l'Irak et de la Jordanie, et dans une certaine mesure
également de l'immense royaume d'Arabie saoudite. Aucun de ces pays, qui
se sont entre-temps forgé une histoire et un passé national, n'existait
auparavant, pas même comme entité administrative sous la domination
ottomane ou avant l'époque de l'Empire ottoman. Ainsi, le territoire qui
constitue aujourd'hui la Syrie était divisé sous les Turcs, et pratiquement
pendant toute la domination islamique, en au moins quatre régions

97 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
administratives. Toutefois, en 1919, suite à leur conquête par les Français, ces
régions furent assemblées en un État, qui acquit l'indépendance en 1946. Il
est composé d'éléments aussi disparates qu'Alep dans le nord, le territoire
d'Ismaili-Ansari au nord-ouest, Homs et Damas au centre et les montagnes
druzes au sud, pour ne mentionner qu'une partie des agglomérats ethniques,
religieux et culturels formant la Syrie moderne. Dans la foulée, les Français
créèrent le Liban, un mélange de musulmans sunnites et chiites, de chrétiens
maronites et de druzes, tous jetés dans un chaudron de quelque dix mille
kilomètres carrés et voués à la poursuite chimérique d'un partage équitable du
pouvoir. Le cas de la Jordanie est encore plus absurde: la Transjordanie,
coupée du Mandat de la Palestine par les Britanniques, fut transformée en
royaume et offert à un cheikh arabe du Hejaz (le premier Émir et ensuite le
roi Abdallah).
Une invention britannique: le royaume de l'Irak Le plus ahurissant dans
ce domaine est sans doute la fabrication de toutes pièces de l'Irak par la
Grande-Bretagne. Le cynisme britannique atteignit ici des sommets inouïs.
S'emparant de trois anciennes provinces, Basra, Bagdad et Mossoul (les deux
premières en 1921 et la troisième en 1926), ils les assemblèrent en créant un
nouveau royaume, pour l'offrir à un autre cheikh, Frère du précédent. Lui
aussi devint roi, le roi Fayçal d'Irak. En 1932, la Grande-Bretagne lui accorda
l'indépendance et Fayçal reçut le «privilège» de régner sur un pays composé
d'Arabes, de Perses, d'Assyriens, d'Arméniens et de quelques autres groupes
ethniques. Né dans le péché, cet État artificiel cumule les contrastes
irréconciliables, sur le plan ethnique, religieux, culturel et linguistique. Au
nord, la plus grande partie du territoire est contrôlée par les Kurdes non
arabes. Ils ont leur propre langue, sont sunnites mais la plupart appartiennent
à des ordres soufis. Ils occupent aussi quelques régions riches en pétrole.

Une fraction de ce peuple vit en Turquie, Une autre fraction vit sous la
domination iranienne mais la plus grande partie des Kurdes se trouvent en
Irak et ils aspirent de façon tout à fait légitime à l'indépendance. Même sous
les grands empires, ils ont mené une existence semi-indépendante dans leurs
montagnes. Saddam Hussein a fait tout ce qu'il a pu pour les exterminer,
lançant contre eux une campagne génocidaire, avec les armes de destruction
massive et chimiques, qui ont tué d'innombrables hommes, femmes et enfants
du peuple kurde. Aujourd'hui, les Kurdes participent au gouvernement formé
après la deuxième guerre d'Irak, mais ils sont quasiment autonomes. Ils ne
renonceront pas à cette indépendance même si une coalition rassemblant tous
les Irakiens était établie. Des forces puissantes se dressent contre eux: ni la
Turquie ni l'Iran ne souhaitent un État kurde à leurs frontières, qui deviendrait
sans nul doute un pôle irrédentiste pour les Kurdes turcs et iraniens.

98 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Sunnites et Chiites La région autour de Bagdad, au centre de l'Irak, abrite
une population composée principalement d'Arabes sunnites. Ils constituent
environ 35% de la population arabe du pays. Sous le gouvernement
britannique comme sous ses successeurs, Ils formaient l'élite de
l'administration. Le gouvernement mandataire britannique choisissait ses
fonctionnaires presque uniquement parmi les Sunnites. Les 65% d'Arabes
chiites vivant dans les parties méridionales de cet «État», autour de la ville de
Basra et dans d'autres régions au centre et autour de Bagdad, furent ainsi sous-
représentés dans la vie politique du pays et pratiquement exclus de la plupart
des activités économiques. Les principaux lieux saints du monde chiite se
trouvent dans le sud de l'Irak: la tombe du premier Imam Ali dans la ville de
Najaf, la tombe de l'Imam martyr Hussein à Karbala, et les tombes du
septième et du neuvième Imams à Bagdad même. Quant à la tombe hautement
vénérée du onzième Imam et les lieux de la «disparition» en 873 du douzième
Imam Mahdi, le messie de la tradition chiite (qui se cache depuis dans des
endroits occultes et dont la réapparition glorieuse est attendue par les Chiites),
ils sont situés au nord, dans la ville de Samarra. Patrimoine cher à tous les
Chiites, ces sites sont des lieux de pèlerinage pour les fidèles du monde entier,
qui y attachent même plus d'importance qu'à la Mecque et à la ville de
Medina, les lieux les plus saints de l'islam. Au-delà de leur signification
comme lieu de pèlerinage de la tradition chiite, les tombes centralisent autour
d'elles les principales activités religieuses, les institutions d'étude, les éditions
de livres et une intense activité politique. Ces lieux ont été la cible de
nombreux actes terroristes perpétrés par les Sunnites.
Par ailleurs, ils sont également fort convoités par l'establishment chiite de
l'Iran voisin: en effet, Chiites iraniens et irakiens n'ignorent pas que la
tradition chiite iranienne est originaire de la région des lieux saints autour de
la ville de Basra.
Au XVIe siècle, les dirigeants d'Iran imposèrent la religion chiite dans leur
pays avec l'aide et la participation active des religieux (uléma) irakiens. La
tension entre Chiites et Sunnites remonte aux débuts de l'islam mais en Irak
elle a été plus intense que partout ailleurs. Les deux communautés n'ont cessé
de rivaliser, prétendant chacune à l'hégémonie dans la direction de l'islam.
Cette rivalité a dégénéré en lutte ouverte, aboutissant aux sanglants
affrontements dont nous sommes témoins aujourd'hui: assauts suicidaires
d'Al-Qaïda, voitures piégées ou attaques directes contre des rassemblements
solennels chiites. Aucun endroit n'est épargné, ni les mosquées, ni les
marchés: il n'y a plus de tabou. Même le haut lieu saint de l'Imam Mahdi à
Samarra a été détruit par une bombe sunnite. Les régions chiites dans le sud
revêtent une importance cruciale, sur le plan stratégique et économique.

99 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L'Iran comme l'Irak convoitent les champs pétrolifères du sud et souhaitent
contrôler la pointe du golfe Persique, que les Arabes appellent le golfe Arabe
ou le Shatt-al-Arab. L'objet de ce conflit a conduit à l'embrasement entre les
deux pays dans une guerre qui a duré huit longues années (1980-1988). À
l'issue des hostilités, qui ont coûté aux deux côtés un million et demi de morts,
personne n'avait gagné le moindre pouce de territoire. Ce qui ne signifie pas
pour autant que le sud de l'Irak (avec son pétrole et ses lieux saints chiites) a
cessé d'être convoité par les Iraniens. Le sud chiite de l'Irak pose également
problème aux Saoudiens. La côte occidentale du golfe Persique (qui longe le
Koweït, l'Arabie saoudite et d'autres émirats arabes) est habitée par des chiites
qui estiment ne devoir aucune allégeance à leurs gouvernants sunnites. Pour
eux, il eut été de loin préférable de cohabiter avec leurs frères chiites vivant
autour de Basra, qui bénéficient de la protection du régime des ayatollahs
d'Iran.
Pourquoi les Américains se sont fourvoyés Je ne suis pas sûr à quel point
les Américains étaient conscients des problèmes inextricables nés de l'origine
artificielle de ces États avant de s'embarquer, avec les Britanniques, dans leur
dernière aventure. Lorsqu'ils s'engagent dans la deuxième guerre d'Irak,
commencée en 2003, ils visent comme objectif additionnel l'établissement
d'une démocratie dans ce pays, idée totalement ridicule. Quel pays arabe du
Moyen-Orient est-il un État démocratique ? La démocratie est-elle seulement
une notion admise dans la Weltanschauung de l'islam ? Comment les
responsables de la politique américaine sont-ils arrivés à la conclusion qu'il
fallait sacrifier la vie de jeunes soldats américains pour tenter d'imposer une
constitution de style USA à une société qui ne souhaite ni se dégager de la
dictature ni même considérer ses propres membres comme des êtres humains
égaux ? La notion de liberté individuelle et politique est complètement
étrangère à la société patriarcale du monde de l'islam arabe et non arabe ! En
se mettant dans la position d'apôtres de la pensée politique occidentale, les
Américains ont compromis leur image tout en faisant un tort énorme aux
Irakiens. Il aurait été beaucoup plus pratique de rétablir, aussitôt après la
capture et l'exécution de Saddam, les trois anciens Vilayets (provinces) de
l'époque ottomane, un sous administration kurde, le second sous
administration sunnite et le troisième sous administration chiite, et ensuite de
se retirer. Cela risque encore de se produire mais beaucoup de sang aura coulé
pour rien. Les Américains finiront par partir mais l'Irak demeurera le même
chaudron bouillonnant d'ingrédients qui ne pourront jamais être mélangés.
Pour maintenir cette anomalie politique, il faut un dictateur et non une
démocratie de style occidental, de toutes manières utopique.

100 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les implications pour Israël Le monde occidental et l'ensemble de ses
médias souffrent depuis quelques décennies d'un réflexe pavlovien. Tout
développement négatif survenant au Moyen-Orient suscite la même réaction:
c'est la faute d'Israël ! Quand la situation se détériorera en Irak après le retrait
américain, l'Europe et l'Amérique expliqueront que c'est parce qu'Israël n'a
pas cédé à toutes les exigences palestiniennes ou parce qu'il a construit encore
deux pièces à Jérusalem. Quel est le rapport avec l'Irak ? Inutile de poser la
question. Cela dit, un retrait américain ne produira pas de grands changements
en ce qui concerne Israël. L'Irak a toujours fait partie du front oriental hostile
à Israël et continuera dans cette voie, tout en étant militairement fort affaibli.
En revanche, L’Iran est susceptible de profiter de la politique d'apaisement
d'Obama pour tenter de conquérir le Shatt al-Arab et le sud de l'Irak. Un
développement géopolitique de cette envergure, en conjonction avec une
administration islamophobe aux États-Unis et une Europe défaitiste, aurait
des répercussions dramatiques pour la sécurité d'Israël et ne serait pas moins
dangereux pour les États arabes limitrophes de l'Iran.
Le Dr Dany Shoham Le monde arabe a connu au cours des dernières
décennies plusieurs alliances notoires, nouées au nom d'intérêts militaires et
stratégiques. Il en a été ainsi de l'alliance syro-égyptienne formée au début
des années 1970, qui aboutit à la guerre de Kippour de 1973, mettant l'État
d'Israël en grave danger. Les accords passés à l'époque entre les présidents
Sadate et Assad incluaient le transfert d'armes chimiques de l'Égypte vers la
Syrie avant l'attaque conjointe contre Israël. La connexion égypto-irakienne,
établie dans les années 1980, comportait un accord semblable, visant à
équiper l'Irak de missiles sol-sol à tête chimique, biologique et nucléaire.
L'invasion brutale du Koweït par l'Irak mit fin à cette intense collaboration.
Elle permit toutefois à l'Irak de se doter d'un important matériel militaire et
technologique, exploité lors de sa guerre contre l'Iran, y compris des armes
chimiques profusément utilisées dans les années 1980. Parmi les retombées
de la guerre Iran-Irak, il y eut la création inattendue d'une nouvelle alliance
au Moyen-Orient, incluant cette fois un pays arabe, la Syrie, et un pays
islamique non arabe, à savoir l'Iran. Sans cesse harcelé par les attaques
chimiques irakiennes, L’Iran n'avait pas été en mesure de riposter par des
armes semblables. Cependant, il n'ignorait pas l'existence de l'arsenal
chimique détenu par la Syrie (il s'agissait à l'époque d'un arsenal relativement
avancé, fabriqué par les Syriens eux-mêmes) et il connaissait la rivalité
profonde entre Saddam et Assad. Par conséquent, l'Iran demanda à Assad de
lui fournir une partie de cet armement, afin de s'en servir contre les Irakiens.
Assad refusa, mais les graines de la nouvelle alliance étaient néanmoins
semées.

101 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Malheureusement, cette connexion préliminaire a progressivement pris de
l'ampleur et s'est développée de façon systématique jusqu'à devenir un axe
stratégique solide et de grande envergure, qui dure depuis 25 ans. Au cours
de cette période, il n'y a pas eu d'alliance plus étroite entre deux pays
islamiques que celle qui s'est nouée entre la Syrie et l'Iran. L'Iran est devenu
(à tout le moins) une puissance régionale dans le domaine des missiles
balistiques et des armes de destruction massive. Comme la Syrie, il possède
une totale maîtrise des technologies liées aux armes chimiques et détient un
arsenal opérationnel, y compris des ogives chimiques pour les missiles
balistiques de longue portée. Mais, devançant la Syrie, l'Iran maîtrise
également la technologie des armes biologiques et la dépasse de loin dans les
technologies liées aux armes nucléaires et aux missiles balistiques. Par
conséquent, ce pays est en mesure d'offrir un grand soutien à la Syrie dans
ces secteurs. Toutefois, par principe, l'Iran ne prêterait jamais main forte à un
autre pays sans une contrepartie effective. En fait, il y trouve son compte à la
fois directement, en dotant la Syrie de telles armes, et indirectement, en
s'assurant la reconnaissance de la Syrie et sa disposition à coopérer dans
d'autres domaines. Même si de futures tentatives pour renouveler les
infrastructures nucléaires à orientation militaire de la Syrie étaient à nouveau
stoppées, l'Iran pourrait réaliser son propre programme nucléaire et ensuite
assurer à la Syrie un parapluie nucléaire. Un pareil cas de figure risque de
créer une situation extrêmement compliquée. Il ne fait pas de doute que ces
questions ont été discutées entre les deux présidents. L'agenda et le contenu
de la rencontre entre Mahmoud Ahmadinejad et Bashar Assad dont la teneur
a filtré mais dans des termes très vagues offre un aperçu remarquable de
l'essence, de la profondeur et des objectifs de la connexion syro-iranienne.
Les visites du chef iranien à Damas ont été particulièrement révélatrices à cet
égard. La date de la visite d'Ahmadinejad en Syrie en juillet 2007, par
exemple, n'était pas due au hasard. Elle s'est produite à un moment où des
approches de paix entre la Syrie et Israël avaient suscité une certaine
crispation en Iran, qui craignait une attaque américaine ou israélienne.
Ahmadinejad a donc déclaré au cours de cette visite à Damas que l'Iran
fournirait à la Syrie une assistance technique pour le développement d'armes
chimiques et pour la recherche nucléaire, et qu'il l'aiderait à construire une
usine pour la fabrication de missiles à moyenne portée. C'était la première
fois que la coopération entre les deux pays dans le domaine des armes
chimiques était formellement mentionnée, Alors que la collaboration militaire
existait depuis plus d'une décennie, Surtout dans le domaine des missiles
balistiques avancés. Récemment, en mai de cette année, Ahmadinejad et
Assad ont reconfirmé l'alliance étroite entre leurs deux pays, lors d'une
nouvelle visite du président iranien à Damas.

102 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Une fois de plus, cette entrevue intervenait la veille du retour à Damas de
deux hauts fonctionnaires américains, Jeffrey Feltman et Daniel Shapiro, dans
le cadre des efforts continus des États-Unis pour amorcer un dialogue avec la
Syrie. Mais le ton des déclarations d'Ahmad inejad et d'Assad ne laissait guère
anticiper une tendance à la conciliation. Au cours de la conférence de presse
conjointe tenue après la rencontre, Assad a fort adéquatement décrit le pacte
syro-iranien comme une alliance fondée à la fois sur «des principes et des
intérêts». Visant à empêcher d'avance toute tentative d'ébranler la solidité de
leur entente, les déclarations d'Ahmadinejad et d'Assad à l'issue de leur
rencontre soulignaient l'importance et la solidité de leur traité. Ahmadinejad
fit remarquer que «l'harmonie et la fermeté sont le secret de la victoire». Sans
demeurer en reste, le président syrien déclara que la visite de son homologue
iranien confirmait une fois de plus «la relation stratégique» entre les deux
pays. Il mentionna également l'appui prêté par la Syrie et l'Iran à la
«résistance» palestinienne. Les deux dirigeants chefs firent allusion aux fruits
de leur solide lien. Mais aux yeux de l'Iran, ces fruits ne sont point encore
parvenus à totale maturité, ce ne sera sans doute le cas que lorsque les deux
pays auront acquis la capacité de détruire Israël. De nombreuses
dissimilitudes séparent la Syrie de l'Iran. Mais les fondements de l'alliance
prédominent largement sur les différences entre les deux États. En tout cas,
Bashar Assad a adopté la ligne de conduite de son père, Hafez Assad, qui a
pavé la voie de cette alliance exceptionnelle. Il ne possède toutefois ni la ruse
ni l'indépendance de son père et est donc aisément guidé par Téhéran qui, sans
qu'il s'en rende toujours compte, le manœuvre de façon à satisfaire son agenda
et ses desseins.
Géographiquement, le Liban forme le carrefour où se rejoignent les principes
et les intérêts syriens et iraniens. Ce pays - avec sa situation cruciale à la
frontière nord d'Israël a longtemps été l'arène idéale et le creuset constructif
de leurs objectifs communs. Déjà en 1982, ce fut grâce à la complaisance
syrienne que 1.500 gardes révolutionnaires iraniens pénétrèrent dans la Bekaa
du Liban, formant ainsi le noyau du futur Hezbollah. Depuis, les bénéfices
retirés par la Syrie et par l'Iran dans ce contexte sont évidents. Un accord
capital fut signé entre les deux pays le 14 novembre 2005, à l'issue de
négociations entamées en 2004, En prévision d'éventuelles sanctions
imposées sur l'un des deux États. Il s'agit d'un traité stratégique destiné à
protéger chacune des parties de la pression internationale. Par exemple, l'Iran
s'est engagé à accorder l'asile à tout officier du renseignement syrien accusé
par l'ONU ou le Liban de complicité dans l'assassinat de Rafiq Hariri. La
Syrie, de son côté, s'est engagée à poursuivre la fourniture en armes,
munitions et communications du Hezbollah, ce groupe terroriste sponsorisé
par l'Iran. Cependant, au-delà du rôle prépondérant du Liban,

103 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
la connexion syro-iranienne a avant tout été florissante dans le domaine des
missiles balistiques et des armes de destruction massive. Il semble qu'un
sommet significatif ait été atteint en 2005, quand la Syrie a accepté de stocker
le matériel nucléaire iranien si Téhéran devait encourir les sanctions de
l'ONU. D'après cette approche, en cas de nécessité, la Syrie autoriserait l'Iran
à entreposer armes, équipement sensible ou même matériaux dangereux sur
le sol syrien, en toute sécurité. Un des aspects de la coopération syro-
iranienne dans la sphère nucléaire a été dévoilé deux ans plus tard. Il est fort
probable que l'Iran a été profondément impliqué, financièrement et/ou
technologiquement, dans la construction d'un réacteur nucléaire en Syrie avec
l'aide de la Corée du Nord, réacteur destiné à produire l'arme atomique. La
destruction de cette infrastructure en 2007 a été un coup dur pour les trois
pays, mais elle a dans un sens renforcé les liens syro-iraniens.L'usine touchée
a été reconstruite de manière à abriter des installations d'armes chimiques et
biologiques de pointe, vraisemblablement avec l'assistance de l'Iran. Le
transfert de technologie pour une variété d'ogives non conventionnelles a été
une des principales contributions iraniennes au programme de développement
de missiles de la Syrie. Par ailleurs, l'Iran a projeté de fournir à la Syrie
l'équipement industriel pour la production d'agents de guerre chimiques et ce
projet a sans doute été réalisé. L'accident qui s'est produit en 2007 dans une
installation syrienne pour la fabrication de missiles balistiques à ogives
chimiques a attiré l'attention sur l'une des cinq usines syriennes suspectées de
production d'agents de guerre chimiques avec le soutien technologique
iranien.
On peut s'interroger sur l'apport de la coopération entre les deux pays aux
dispositions prises par l'Iran pour riposter par des représailles efficaces au cas
où il serait attaqué, et sur l'efficacité et l'ampleur de la seconde frappe. Quelle
sera l'attitude de la Syrie, au cas où l'Iran, son principal allié, est attaqué ? Nul
doute que Téhéran souhaitera un engagement militaire actif de la Syrie
simultanément à sa seconde frappe, ce qui amplifiera son impact et diminuera
dans le même temps l'impact d'une troisième frappe contre l'Iran.
Dans de telles circonstances, l'Iran essayera probablement de pousser la Syrie
à se joindre à des représailles militaires. De pareils accords ont peut-être déjà
été conclus par les deux pays. Sur le plan géopolitique, la Syrie est le dernier
État arabe limitrophe d'Israël à être à la fois un ennemi déclaré et un candidat
potentiel pour des accords de paix. Alors que le premier titre plaît beaucoup
à l'Iran, le second lui fait horreur. Les prises de position politiques et
diplomatiques du régime syrien démontrent la constance et la détermination
de son choix stratégique: alignement avec l'alliance régionale menée par
l'Iran.

104 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les manœuvres syriennes doivent donc être observées par tous ceux qui
favorisent actuellement la faisabilité d'un "marché avantageux" entre Israël et
le monde arabe. Elles témoignent de l'existence d'une guerre froide au
Moyen-Orient, dont les contours deviennent de plus en plus clairs. Par le biais
de la Syrie, l'Iran tente d'aiguillonner de manière élégante cette guerre froide
et de provoquer en fin de compte un déplacement vers une guerre réelle, aux
enjeux décisifs. Dans l'ensemble, L’axe syro-iranien semble présentement
trop solide pour être ébranlé. Il pourrait donc mener à une nouvelle guerre au
Moyen-Orient, et peut-être même au-delà.
Le Dr Dany Shoham est maître de recherche au Centre Begin-Sadat (BESA)
pour les Études stratégiques de l'Université de Bar Ilan. Sa spécialité est
l'étude de la guerre chimique et biologique dans les pays arabes et en Iran.
Ancien lieutenant colonel des services de renseignements militaires, le Dr
Shoham a un doctorat en Microbiologie médicale de l'Université de Tel-Aviv.
Il a publié de nombreux articles sur la virologie et les armes chimiques et
biologiques, dont un livre: «Chemical and Biological Weapons in the Arab
Countries and Iran - An Existential Threat to Israel ?». Son prochain livre,
«Image versus reality of chemical and biological weapons: the case study of
Iran».
Par Roland S. Süssmann La situation sécuritaire en Judée et en Samarie a
un impact direct sur la sécurité des citoyens israéliens dans tout le pays.
Depuis trois ans, le Hamas est au pouvoir à Gaza et renforce quotidiennement
sa présence et son influence en Cisjordanie.
De plus, un flot massif et ininterrompu d'armes afflue dans ces territoires, où
une activité terroriste permanente mais contenue, aussi bien en Cisjordanie
qu'à Gaza, met quotidiennement la population civile d'Israël en danger.
Heureusement, l'armée fait un travail de prévention remarquable. Afin de
nous expliquer les différents aspects de la situation sur place, Nous nous
sommes rendus à Béthel au siège du commandement central de Tsahal pour
la Judée et la Samarie, où nous avons été reçus par le Brigadier Général
NOAM TIVON, commandant des forces israéliennes de ces régions. Le
Brigadier Général Tivon est né en 1963 dans le kibboutz Tzora. Ancien
commandant des unités parachutistes puis de la région d'Hébron, il a une
licence en Histoire de l'Université de Haïfa ainsi qu'un diplôme
d'Administration publique de l'Université de Harvard.
Vos hommes et vous-même êtes quotidiennement sur le terrain en contact
avec la réalité sécuritaire de la Judée et de la Samarie. Comment
l'évaluez-vous ? La situation dans les régions dont j'ai la responsabilité est
extrêmement précaire et demande non seulement une attention de tous les
instants, mais aussi un savoir-faire qui garantit la sécurité tout en évitant de
mettre le feu aux poudres.

105 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Notre principale action réside dans la lutte contre le terrorisme. Je ne pense
que les résultats obtenus à ce jour aussi bien par l'armée que les services de
renseignements sont exemplaires. D'ailleurs, des professionnels du monde
entier viennent ici pour étudier nos méthodes et notre savoir-faire. En 2002,
lorsque la terreur était à son apogée, plus de 400 Israéliens ont été assassinés
suite à des attentats dont les auteurs arabes étaient originaires de Judée et de
Samarie. Ce fut l'année où l'État d'Israël a été le plus durement frappé, tant en
ce qui concerne le nombre de victimes que la situation sécuritaire en soi. Les
gens ne sortaient plus, les bus et les cafés étaient vides et le tourisme était
pratiquement tombé à zéro. Les conséquences économiques de cet état de
choses étaient dévastatrices. Six ans après ce drame, la situation a
radicalement changé. En 2007, quatre personnes ont trouvé la mort dans des
attentats en Judée-Samarie et en 2008, il y en a eu cinq et la majeure partie
des attentats ont eu lieu à Jérusalem même. Il y a effectivement eu un attentat
à Dimona perpétré par des terroristes qui venaient de Cisjordanie. Dans la
plupart des cas, ils ont d'ailleurs été commis par des Arabes israéliens. Ceci
signifie qu'aussi bien en Judée-Samarie que dans le reste du pays, les citoyens
bénéficient d'une sécurité solidement établie. Cette réalité n'est pas seulement
due au travail de l'armée, mais aussi à celui des services de renseignements,
de la police militaire des frontières (bérets verts), de la police et des services
de la protection civile avec lesquels nous coopérons pleinement. Notre succès
est avant tout dû à la liberté d'action totale dont dispose l'armée partout en
Judée-Samarie.
A cet égard, je tiens à souligner que dans le cadre de nos actions, nous faisons
très attention de nous attaquer uniquement aux personnes ayant une activité
terroriste et de ne pas toucher les civils ni les familles. C'est ainsi qu'en 2007,
nous avons tué 70 terroristes, en 2008 une cinquantaine et en 2009, une
quinzaine jusqu'à présent. Nous travaillons ici avec les meilleures unités de
l'armée, comme l'élite des parachutistes, ainsi que les forces spéciales
d'intervention contre la terreur. Le second élément qui nous aide énormément
est la barrière de sécurité et ce malgré les manifestations qui ont lieu toutes
les semaines contre sa présence. Du fait que la situation sécuritaire est moins
précaire qu'il y a quelques années, nous pouvons aussi nous permettre de
faciliter la vie quotidienne des habitants arabes de la région. Nous venons de
lever un certain nombre de barrages, en particulier autour de Naplouse
(Shekhem), localité tellement infestée de terroristes que nous avons été forcés
de bloquer l'endroit. Nous avons réussi à mettre un terme à leur activité et
ainsi pu rouvrir la ville. Ceci a permis à la population de redonner vie à
l'activité économique locale. Comme vous le voyez, la réduction de la terreur
va de pair avec le bien-être quotidien de la population arabe.

106 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le troisième aspect de notre réussite réside dans la capacité et le savoir-faire
de nos hommes. Tous les soldats qui servent en Judée-Samarie suivent une
formation particulière, nous leur enseignons comment réagir dans les
différentes situations face auxquelles ils peuvent se trouver en servant dans
ces régions. Nous leur apprenons comment se conduire face à des
manifestants, face à la population arabe palestinienne, dans quelles
circonstances arrêter quelqu'un ou le laisser partir, comment maintenir la
dignité humaine d'un prisonnier, quand ouvrir ou fermer un barrage, etc.
D'ailleurs, il n'est pas rare qu'un soldat qui se retrouve pratiquement seul soit
amené à prendre ce genre de décision qui ne peut pas être prise à la légère.
Normalement, un soldat qui entre dans l'armée est formé pour savoir
combattre en cas de guerre contre l'un des pays arabes voisins. Il faut bien
comprendre que le calme relatif dont nous bénéficions aujourd'hui ne s'est pas
fait en un jour. C'est le résultat d'un travail effectué jour après jour par tous
les commandants qui m'ont précédé et par des centaines et des centaines de
soldats, aussi bien ceux qui font leur service normal que ceux qui viennent
aux cours de répétitions (milouim), qui n'ont pas ménagé leurs efforts afin de
permettre aux citoyens israéliens de dormir tranquilles. En fait, nous sommes
arrivés à un point où l'on peut estimer que le terrorisme ne dérange pour ainsi
dire plus le déroulement normal de la vie quotidienne des citoyens israéliens.
En bref, ce qui nous intéresse, c'est de savoir que lorsqu'un Israélien, qu'il
vive en Judée-Samarie ou ailleurs dans le pays, monte le matin dans sa
voiture, il n'a plus besoin de penser aux attentats ni de se préoccuper de savoir
s'il rentrera sain et sauf chez lui en fin de journée, mais qu'il râle sur les
bouchons de la circulation et qu'il pense à son travail. Bref, qu'il vive une vie
normale. Lorsque j'entends que tel est le cas, je sais que j'ai accompli mon
travail correctement.
Comment sont vos rapports avec les habitants juifs de Judée-Samarie ?
Contrairement à un certain nombre d'articles négatifs parus dans la presse
israélienne, les relations entre l'armée et les citoyens israéliens qui vivent dans
les régions dont j'ai la responsabilité sécuritaire sont excellentes. Nous
travaillons ici sous les ordres stricts d'une politique bien définie qui stipule
qu'il est interdit de créer de nouveaux avant-postes. Nous appliquons la loi à
la lettre et lorsque de tels endroits sont établis, nous évacuons les habitants et
démolissons leurs infrastructures. Ce travail n'est pas effectué par les soldats,
mais par la police et la police des frontières. Ceci ne signifie pas que nous
menons une lutte quotidienne contre la direction du peuplement de Judée-
Samarie, loin de là. En fait, comme je vous l'ai dit, nous entretenons
d'excellentes relations avec ces milieux et le fait est que nous coopérons dans
de nombreux domaines.

107 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Toutefois, je dois dire qu'il y a dans cette société une frange, certes marginale
mais très extrême, qui nous donne pas mal de fil à retordre. Il s'agit de
personnes qui n'acceptent pas l'autorité de l'État et de la loi et qui défient
l'armée continuellement. Il en résulte des incidents violents que nous
préférerions éviter. Il faut savoir que ces confrontations sont toujours très
pénibles pour tout le monde, tant sur le plan physique que psychologique et
moral, à commencer pour nos soldats. Parallèlement, nous sommes
confrontés semaine après semaine aux anarchistes de la gauche qui jettent des
pierres sur les soldats et qui nous provoquent en permanence. Le rôle de
l'armée n'est pas d'exprimer des positions politiques et notre action est
d'appliquer la loi et les décisions du gouvernement israélien en place. Cela
dit, la situation sur le terrain est nettement moins agitée que ce qui paraît dans
la presse, mais là où il y a une action extrémiste qui contrevient aux lois du
pays, ou si des gens s'attaquent aux forces de l'ordre, nous faisons le
nécessaire afin que la loi et l'ordre soient sauvegardés avec le moins de
dommages possibles de part et d'autre. Mais ce genre d'événements est
toujours très passionné et pénible pour tous les protagonistes et je crois
pouvoir dire que nos soldats et leurs commandants font dans l'ensemble
preuve de beaucoup de calme et de sang froid, ce qui n'est pas toujours facile
ou évident.
Nous leur donnons les moyens de faire face tant sur le plan physique que
psychologique, Mais il faut savoir que du fait que nos hommes sont
confrontés à d'autres Israéliens, ces incidents leur pèsent énormément. Il est
vrai que nous avons à faire tant à gauche qu'à droite à une minorité, Mais à
une minorité dont il ne faut pas sous-estimer l'importance ni le danger. L'on
ne peut pas assimiler toute la population qui vit en Judée-Samarie à ces
extrémistes de droite, tout comme il serait faux d'inclure toute la gauche
israélienne dans le mouvement des anarchistes de gauche.
La présence juive en Judée-Samarie ne fait pas absolument l'unanimité
au sein de la société israélienne. Est-ce que les soldats qui servent ici le
font vraiment de plein cœur ? L'un des éléments essentiels de notre réussite
réside justement dans la motivation très élevée de nos hommes. Ils
comprennent que leur service ici se résume en fait à protéger leurs maisons et
leurs familles. Nous avons des soldats en provenance de tout le pays et de
toutes les tendances. Nous sommes la plus grande unité puisque nous
comptons six bataillons, dont les plus importants sont: «Menaché» à Jenin,
«Ephraïm» à Toulkarem, «Shomron» à Shekhem, «Benjamin» à Ramallah,
etc. Il faut bien comprendre que les hommes changent régulièrement et que
ceux qui font les cours de répétition au sein de leurs bataillons les remplacent
dans le cadre d'un tournus régulier.

108 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Ce qui est important, c'est la polyvalence de tous les soldats. En effet, tous
nos hommes ont été à même de se battre à Gaza pour la victoire et de faire
face aux exigences de notre stationnement en Judée-Samarie. Dans cet esprit,
toutes les armes poursuivent leur entraînement normal pendant qu'elles sont
stationnées ici. Les hommes sont prêts à intervenir sur le front, motivés et en
permanence au plus haut de leur forme.
De par votre intervention régulière, les terroristes sont certainement
contraints de changer régulièrement d'endroits. Quels sont actuellement
les lieux où le terrorisme est le plus présent ?
Au cours des deux dernières années, Jenin, où étaient logés le Djihad
islamique, et Shekhem, où se trouvaient des éléments du Hamas et des
Tanzim, étaient les endroits les plus difficiles pour nous. En raison de nos
différentes interventions, leurs infrastructures ont été détruites. Aujourd'hui,
le point chaud est Hébron, qui est une ville très religieuse où le Hamas est
assez solidement installé. Nous faisons un véritable travail de fourmis, jour
après jour, heure après heure et nuit après nuit. Nous entrons dans les villes
et villages, arrêtons les suspects, les interrogeons, évaluons les informations
puis détruisons les infrastructures terroristes. Ce travail se fait en toute
discrétion, sans caméras et sans qu'après chacune de nos interventions il y ait
un article dans la presse.
Il nous faut beaucoup de patience et par moment, le travail peut être
fastidieux, lent et exténuant, mais nous ne nous fatiguons pas et
n'abandonnons jamais. Nous devons aussi nous adapter aux nouvelles
situations sur le terrain, à l'évolution de la société arabe palestinienne et aux
exigences politiques.
Le visiteur qui ne s'est pas rendu en Judée-Samarie depuis environ un an
et demi est frappé par la multiplication du nombre de mosquées dans les
villages arabes. Cela signifie-t-il que le Hamas s'est renforcé dans la
région ?
Je ne pense pas que ceci soit le cas. En effet, depuis la prise du pouvoir du
Hamas à Gaza, nous assistons à un phénomène intéressant qui se développe
au sein de l'Autorité palestinienne. Ses dirigeants ont compris qu'ils devaient
se méfier du Hamas. De ce fait, ils ont commencé à combattre le Hamas de
manière extrêmement sérieuse, alors que ces dernières années, ils laissaient
simplement faire. Nous venons de vivre un exemple frappant à Kalkilia, où
les agents de l'AP ont réussi à attraper des terroristes du Hamas qui se
cachaient et que nous recherchions aussi. Ils les ont eus un peu avant nous.
Le fossé entre l'AP et le Hamas ne fait donc que s'élargir. Je ne peux pas dire
pour autant que les forces de l'AP coopèrent avec nous. Ils organisent et
effectuent leurs activités militaires en fonction de leurs intérêts directs.

109 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
D'un point de vue professionnel, il faut reconnaître qu'ils sont nettement plus
efficaces que par le passé. Nous avons des contacts réguliers et pour l'instant,
ils n'agissent pas contre nous. Ils se contentent de combattre le Hamas et de
faire régner la loi et l'ordre dans les zones dont ils ont le contrôle. Mais il faut
savoir que la sécurité en Judée-Samarie est entre les mains et sous la
responsabilité exclusive de Tsahal. Nous ne déléguons aucune action et
aucune responsabilité à une tierce partie. Nous ne comptons que sur nous-
mêmes et intervenons, comme je vous l'ai dit, partout où et quand cela nous
semble nécessaire. En ce qui concerne la multiplication des mosquées, nous
assistons dans l'ensemble du monde musulman à un regain de religiosité et
les Arabes palestiniens suivent le mouvement. A cet égard, il est intéressant
de savoir que l'une des raisons pour lesquelles nous mettons tout en œuvre
afin de faciliter, dans la mesure du possible, la vie des habitants arabes de la
région, c'est justement pour éviter que le Hamas ne puisse gagner des adeptes
par des moyens économiques (aide à la famille). Si les gens peuvent
poursuivre une activité professionnelle et entretenir leurs femmes et leurs
enfants ainsi que leurs parents âgés, ils n'ont pas besoin de l'aide financière
du Hamas. Il faut savoir que le but du Hamas est de créer en Judée-Samarie
un «État dans l'État». Disposant de fonds énormes,
il offre aux Arabes palestiniens toute l'aide que l'Autorité palestinienne ne
leur fournit pas: soins, écoles, bienfaisance de tous genres. C'est ainsi que le
Hamas obtient la loyauté des gens, qu'il contrôle par la même occasion. Cette
démarche a très bien fonctionné au sud-Liban avec le Hezbollah et à Gaza.
Aujourd'hui, les dirigeants du Hamas tentent d'agir de même en Judée-
Samarie.
Quels sont vos plus grands défis du moment ? Le premier est d'éviter que
le terrorisme ne reprenne pied dans la région. La Judée-Samarie est
aujourd'hui un endroit où l'enjeu politique a pris une importance de tout
premier plan et ce aussi bien sur la scène nationale que mondiale. Nous
sommes l'armée et non un parti politique. Par conséquent, notre devoir est
d'assurer la sécurité tout en appliquant les décisions politiques prises par l'État
d'Israël, à savoir le gouvernement en place. Bref, il s'agit de maintenir la loi
et l'ordre. Toutefois, comme ce territoire est tellement politisé, chaque côté
tente de gagner les faveurs de l'armée et notre devoir est de rester en dehors
de toutes les influences. Nous recevons nos ordres du commandement central
du pays, qui les lui reçoit du Chef d'état-major, qui lui-même applique les
directives du gouvernement. Ceci n'est pas du tout facile, car outre le fait que
chacune de nos actions est scrutée au microscope par le monde entier, l'action
militaire en Judée-Samarie comporte, pour nos hommes, un aspect
psychologique et sentimental très fort, ce qui n'est pas toujours le cas dans
d'autres régions du pays.

110 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Dans ces conditions, il n'est pas évident de garder la tête froide et de ne pas
perdre de vue notre objectif: la guerre contre le terrorisme, la protection de la
vie des citoyens qui vivent ici ou qui sont de passage en Judée-Samarie en
provenance d'une autre partie du pays. C'est à cela que mes hommes
travaillent ardemment jour et nuit.
Comment voyez-vous l'avenir ? Tout d'abord, je dois dire que nous ne
sommes absolument pas sur le point de préparer un nouveau retrait qui
impliquerait une expulsion massive de Juifs, comme cela a été le cas à Goush
Katif. Cela étant dit, je pense que nous sommes au seuil d'une période critique
pour la Judée-Samarie, tant en ce qui concerne nos relations avec les Arabes
palestiniens qu'avec les habitants juifs. Au niveau du simple soldat, ceci ne se
fait pas ressentir puisque sont unique mission est d'assurer la défense. A mon
niveau et plus haut, les choses sont plus compliquées, car notre devoir est
également de donner des conseils qui mèneront en définitive à des décisions
très importantes sur le plan politique et qui auront une influence directe sur
l'avenir de cette région. Du fait que nous vivons ici, que nous connaissons
parfaitement le terrain, nous sommes appelés à donner une image très précise
de la réalité sur place, qui en fait est en mouvance permanente.
C'est à nous de comprendre et d'analyser de manière rétrospective et surtout
prospective le pourquoi et le comment des changements qui s'opèrent,
souvent très rapidement et de façon fondamentale. Ceci concerne aussi bien
le développement du peuplement juif que les relations du gouvernement
d'Israël avec l'AP. Par moment, cet aspect de notre mission prend une
importance capitale, comme c'est le cas actuellement.
Sur un plan plus technique, y a-t-il eu un changement dans le genre
d'armements qu'utilisent les terroristes arabes ?
En Judée-Samarie, nous veillons à ce qu'ils ne disposent d'aucune forme de
roquettes, commerciale ou artisanale, ou d'armes antitanks. Toute personne
qui se procure ou tente d'utiliser ce genre d'armes ou de fabriquer des bombes
artisanales dotées d'une forte charge explosive est immédiatement arrêtée ou
tuée par nous. Nous luttons évidemment contre l'infiltration d'armes qui
dépassent la puissance d'une mitrailleuse M.16. Je dis toujours que nous
voulons maintenir le niveau des armes qui circulent ici, surtout chez les
Arabes, au niveau du M.16 afin de ne pas être dans l'obligation de faire
intervenir nos F-16. D'ailleurs, la police de l'AP n'a le droit d'être dotée que
de Kalachnikovs ou de pistolets de 9mm. Nous confisquons toute arme de
taille ou de puissance supérieure et luttons très activement pour combattre la
contrebande d'armes et de matériel explosif. Je dois dire que pour l'instant,
nos efforts sont couronnés de succès. Au cours des deux dernières années,
Nous avons mis un accent particulier sur la chasse aux produits explosifs qui
en fait proviennent d'une source anodine.

111 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
C'est ainsi que des fertilisants agricoles peuvent, en un tour de main, être
transformés en explosifs puissants. Il en va de même pour l'acétone destinée
à la manucure. Il faut bien comprendre que le terrorisme d'aujourd'hui n'est
plus artisanal du tout, il est organisé, financé et fourni par l'Iran, la Syrie, le
Hezbollah et le Hamas. Certes, l'Iran est la première source de financement,
bien que l'Arabie saoudite et les pays du Golfe persique ne soient pas en reste.
L'argent transite en très grandes quantités par tous les canaux possibles et
imaginables (en liquide, par compensation, par les différentes techniques de
blanchiment, etc.) et est distribué partout dans les centres de la terreur des
Arabes palestiniens. Il en va de même pour le savoir-faire meurtrier, qui est
de plus en plus sophistiqué.
Comment intervenez-vous contre ces agissements ? En ce qui concerne le
savoir-faire de la terreur, nous intervenons directement militairement en
détruisant toutes les infrastructures que nous connaissons. Quant aux activités
financières, grâce à une action très élaborée de nos services de
renseignements, nous avons pu intervenir en premier lieu directement contre
les infrastructures bureaucratiques de cette organisation en Judée-Samarie.
Puis nous avons fermé les camps de vacances d'été, les écoles et les centres
de bienfaisance du Hamas. Je pense que cette organisation dispose d'un
certain pouvoir dans la région et notre lutte contre elle ne passe pas
uniquement par des moyens militaires. Nous surveillons des experts-
comptables, des avocats, des médecins et des responsables de la gestion de
leurs fonds de bienfaisance. Ces gens n'ont pas d'armes, mais sont très
dangereux et agissent dans le cadre de l'islamisme le plus extrême. Nous
mettons tout en ?uvre pour affaiblir le Hamas et ce aussi bien dans les écoles,
les universités, bref, partout là où ses membres ont un contact direct avec la
population arabe palestinienne. Nous sommes là confrontés à un défi de taille,
car si jamais le Hamas prend le pouvoir en Judée-Samarie, Israël se retrouvera
dans une situation nettement plus difficile à gérer qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Ma mission est donc d'empêcher que le Hamas ne prenne pied, que ce soit du
point de vue politique, militaire ou civil. Dans le temps, nous ne combattions
que la branche militaire du Hamas mais actuellement, nous luttons contre son
action que l'on peut pratiquement considérer comme étatique. Car la prise du
pouvoir du Hamas en Judée-Samarie signifie simplement la création d'une
entité islamique extrême, ce qui serait évidemment très dangereux pour nous.
Ce n'est pas pour autant que nous avons abandonné le combat sur le plan
militaire. Fin mai, nous avons arrêté à Hébron l'un des chefs du Hamas qui
avait organisé un grand nombre d'attentats à Jérusalem. Cela faisait dix ans
que nous le recherchions dans la région. Grâce à nos interventions, le Hamas
n'a pas gagné de terrain au cours de l'année dernière et nous continuons à le
combattre jour après jour à tous les niveaux dont je vous ai parlé.

112 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Tant que Tsahal sera présente en Judée-Samarie, elle ne permettra pas que
cette région soit transformée en un Hamastan comme cela s'est passé à Gaza.
Avez-vous découvert ou arrêté des instructeurs ou des agents iraniens ou
du Hezbollah libanais actifs en Judée-Samarie ? Pas pour l'instant, et toute
personne qui tenterait de venir ici de Gaza serait immédiatement arrêtée et
expulsée. Ici, la frontière est hermétique et les déplacements illégaux sont très
difficiles à réaliser. De plus, dans la lutte contre le terrorisme, et en particulier
contre le Hamas, nous jouissons d'une excellente coopération avec la
Jordanie, qui craint cette organisation.
On entend parler tout le temps des constructions illégales d'avant-postes
juifs. Existe-t-il des constructions illégales bâties par les Arabes
palestiniens et si c'est le cas, intervenez-vous aussi contre elles ? En effet,
il y a un développement très important de la construction illégale arabe surtout
aux alentours de Jérusalem. Nous intervenons lorsque ces maisons mettent en
danger la sécurité, c'est-à-dire lorsqu'elles sont proches des routes ou dans
tout endroit que nous estimons inapproprié.
Vous nous avez parlé des changements constants qui s'opèrent en Judée-
Samarie. Y a-t-il eu récemment une évolution imprévue ? Il y a plusieurs
éléments. De nombreuses personnes, qui hier encore étaient des terroristes et
dont le but était de commettre des attentats sanglants en Israël, ont pour
l'instant cessé leur activité; si nous les trouvons, nous les arrêtons, surtout s'ils
ont du sang juif sur les mains. Mais comme nous, la société arabe
palestinienne est bien consciente du fait que cette région est observée par le
monde entier. Ses dirigeants mettent tout en œuvre pour faire bonne
impression et c'est dans ce but, entre autres, qu'ils combattent le Hamas. Mais
ici, nous devons être alertes en permanence, nous n'avons pas un instant de
répit, nous devons reconnaître les changements à temps et savoir comment y
réagir immédiatement. Afin d'illustrer mes propos, je vous citerai l'exemple
de ce que nous appelons «les terroristes isolés». Ce sont des gens qui se lèvent
un beau matin et qui, parce qu'ils ont suivi un cours d'endoctrinement
religieux extrême, parce que la vie leur semble difficile ou encore parce que
leur père les a battus, décident de tuer un Juif. Nous arrêtons environ une
dizaine de personnes de ce type par mois. Lorsque nous ne les trouvons pas
avant qu'ils commettent leur méfait, nous déplorons par exemple l'assassinat
d'un enfant, comme cela s'est passé à Bat Ayin début juin 2009, ou un autre
genre d'agression sanglante. Il est évident que les personnes qui ont suivi un
endoctrinement religieux viennent pour tuer et mourir. Le problème est que
nous ne disposons d'aucune information préalable au sujet de l'attentat qui se
prépare. Nous n'avons donc qu'un seul moyen de les empêcher, renforcer la
sécurité des agglomérations juives et des routes.

113 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Pensez-vous que nous sommes à l'aube d'une troisième intifada ?


Je ne crois pas. D'ailleurs, pendant l'opération militaire à Gaza de janvier
dernier, il n'y a pour ainsi dire pas eu de manifestations anti-israéliennes de
la part des Arabes qui vivent en Judée-Samarie. Mais nous sommes prêts à
faire face à toute éventualité et un tel scénario fait partie de nos préparatifs et
de l'entraînement de nos hommes. En conclusion, je dirai que notre mission
ici peut se résumer à ce que nous devons toujours avoir les yeux et les oreilles
partout et une longueur d'avance sur nos ennemis.
Reconstruire à Gaza entre guerre et paix GAZA, 28 janvier 2013 (IRIN) -
Ashraf Azzam, 33 ans, se tient au milieu des ruines de sa maison dans la
région de Zeitoun, dans l’est de la ville de Gaza, détruite par une attaque des
forces israéliennes qui ont bombardé la zone deux mois plus tôt. « Tout est
allé trop vite. Au début, un missile d’avertissement est tombé sur notre maison
ainsi que sur les maisons voisines ; nous nous sommes précipités dehors pour
nous mettre à l’abri, nous n’avons pas eu le temps de réfléchir », a-t-il déclaré
à IRIN. « L’attaque israélienne a touché une maison voisine, en face de la
nôtre, c’était comme un tremblement de terre, tout bougeait ; il y avait de la
poussière et de la fumée partout, ce qui avait des effets ravageurs », a-t-il dit.
À la lumière du jour, ils ont découvert que leur maison avait été détruite.
Aucun membre de la famille n’avait été blessé, mais certains de leurs voisins
ont été tués. Pour le moment, la famille étendue d’Ashraf (15 membres
comprenant sa mère, ses frères, leurs femmes et leurs enfants) est dispersée
et vit dans des appartements loués. Maisons détruites Lors des huit jours
marqués par l’escalade du conflit en novembre, les bombardements israéliens
de la bande de Gaza en représailles aux tirs de roquette des militants à Gaza
auraient détruit 200 cellules d’habitation, fortement endommagé 300 autres
et partiellement endommagé 8 000 maisons, selon le ministre du Logement et
des Travaux publics à Gaza, Yousif Al Ghraiz. Les travaux de reconstruction
ont déjà commencé mais, du fait des cycles de violence répétés, la
reconstruction post-conflit ne dure pas toujours. L’oncle d’Ashraf,
Mohammed, 61 ans, vit dans le quartier et a vu sa maison endommagée par
la même attaque de missile. Ce n’était pas la première fois qu’il assistait à une
telle chose. La maison familiale dans la ville de Gaza avait été complètement
détruite durant les 23 jours de conflit de 2008-2009 et la reconstruction s’était
seulement achevée quelques mois plus tôt. «Nous ne nous attendions pas à ce
que cela recommence. Cette fois-ci, cela n’a pas seulement détruit ma maison,
mais également un autre bâtiment qui était ma principale source de revenus,
c’était l’endroit où je louais des appartements « Nous allons rester ici et nous
reconstruirons encore notre maison.

114 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Bien sûr, nous craignons que la maison et le quartier ne soient de nouveau
visés, mais cela doit-il nous empêcher de reconstruire nos vies ? La réponse
est absolument pas, car nous avons la volonté de le faire », a-t-il déclaré. M.
Al Ghraiz a affirmé que l’administration de Gaza avait fait reconstruire 2 800
des 3 500 cellules d’habitation détruites lors du conflit de 2008-2009 et que
la reconstruction des 700 restantes était en cours. Évaluation et reconstruction
Des équipes du ministère des Travaux publics, des municipalités locales et
des Nations Unies effectuent des missions d’évaluation des dégâts dans la
bande de Gaza depuis les attaques de novembre. Un grand nombre de rues
sont remplies de décombres, mais certaines ont été nettoyées et les
Palestiniens font ce qu’ils peuvent pour recycler les débris en les vendant aux
carrières des environs et aux entreprises de concassage de pierres qui en
extraient du gravier et des agrégats de construction. Cela peut remplacer les
matériaux de construction classiques qui sont rares ou interdits depuis les
sanctions économiques imposées par Israël en 2007.
Dans une publication récente, le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) a déclaré que Gaza était privé de développement à
cause du blocus : « Par conséquent, les besoins en développement et en
reconstruction dans la Bande de Gaza sont énormes : de la gouvernance à
l’emploi, en passant par l’environnement et les infrastructures ». « Bien sûr,
nous craignons que la maison et le quartier ne soient de nouveau visés, mais
cela doit-il nous empêcher de reconstruire nos vies ? La réponse est
absolument pas, car nous avons la volonté de le faire », Mohammed, habitant
de Gaza. Quatre semaines plus tôt, à la suite des négociations de cessez-le-
feu, Israël a donné l’autorisation de faire entrer du gravier à destination du
secteur privé pour la première fois depuis six ans. Mais les quantités
importées sont toujours très réduites et la plupart des matériaux sont destinés
aux projets de construction internationaux, selon le centre juridique pour la
liberté de mouvement (Gisha). Avant que le blocus israélien ne soit imposé
en 2007, près de 150 camions de gravier destinés au secteur privé entraient à
Gaza chaque jour, selon Ra’ éd Fattouh, président du comité de coordination
pour l’entrée des marchandises dans la Bande de Gaza. Ces trois dernières
semaines, il y a eu en moyenne 100 camions (800 tonnes) par semaine, alors
que le fer et le ciment sont toujours interdits, a déclaré M. Fattouh. Osama
Kuhail, directeur du syndicat des entrepreneurs palestiniens, affirme que ces
quantités sont insuffisantes et que le secteur de la construction à Gaza
nécessite environ 200 camions de gravier par jour. Il y a beaucoup de projets
qui pourraient être exécutés si les matériaux étaient disponibles. Nous
pouvons lancer de véritables projets d’investissement immobilier et de grands
projets immobiliers destinés aux personnes à faible revenu.

115 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L’interdiction des matériaux pour le secteur privé a de lourdes conséquences
sur les projets immobiliers », a-t-il ajouté. Le gravier qui transite par Shalom
Kerem coûte environ 23 dollars la tonne, a-t-il déclaré, contre 29 dollars la
tonne pour le gravier qui passe en contrebande via les tunnels d’Égypte ou
contre 12 dollars au point de passage officiel avec l’Égypte, à Rafah (lorsque
c’est autorisé). Plans de reconstruction La Banque islamique de
développement (BID) est en train d’étudier les évaluations des dégâts du
ministère du Logement et les conséquences des récentes attaques israéliennes,
y compris les cas de maisons endommagées ou détruites. Refa’t Diyab,
coordinateur de la BID et du programme du Conseil de coopération du Golfe
(CCG) pour la reconstruction à Gaza, a déclaré à IRIN : « Après le dernier
conflit, l’aide des États du Golfe arabe s’est axée sur le logement du fait de
son importance dans la vie des Palestiniens, notamment à cause du grand
nombre de maisons détruites ou endommagées dans les bombardements ».
Grâce au financement des États du Golfe, la BID a investi 76 millions de
dollars dans des projets immobiliers depuis le conflit de 2008-2009 et a lancé
un projet immobilier de 43 millions qui doit commencer bientôt, a affirmé M.
Diyab. Le Qatar finance 3 000 nouvelles cellules d’habitation destinées aux
personnes pauvres et à faible revenu, Dans le cadre d’une subvention de plus
de 400 millions visant à financer les infrastructures et les projets de service
public, d’après M. Al Graiz. De son côté, l’Agence des Nations Unies pour
les réfugiés palestiniens (UNWRA) a récemment achevé la première étape
d’un projet immobilier financé par l’Arabie saoudite et destiné aux familles
de réfugiés qui ont perdu leurs maisons au début des années 2000 à cause des
incursions et des attaques israéliennes, notamment dans le sud de la Bande de
Gaza. L’UNWRA travaille également sur des projets immobiliers avec le
financement des Émirats arabes unis et du Japon, et, après le conflit de 2008-
2009, elle était venue en aide à environ 55 000 familles qui avaient perdu leur
maison. Près de 1 000 familles n’ont toujours pas de logement permanent. Un
récent rapport des Nations Unies a déclaré qu’il manquait 70 000 logements
à Gaza.
LE SIONISME en PALESTINE / ISRAËL
Synthèse sur l'idéologie sioniste : ses fondements théoriques, ses principaux
développements pratiques sur le terrain, depuis son apparition à la fin du XIXe
siècle jusqu'à nos jours, en passant par la création de l'État d'Israël en 1947,
avec parallèlement une mise en évidence, par le racisme et l'antisémitisme
engendrés, de la perversité de ce que l'on peut considérer comme la troisième
grande idéologie du XXe siècle. Depuis 1919 et l'attribution à la Grande
Bretagne d'un Mandat sur la Palestine, depuis 1947 surtout, date où l'ONU y
créa deux États, l'un "juif", l'autre "arabe", cette région est le théâtre d'un état
de guerre permanent.

116 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Quatre guerres meurtrières se sont déclenchées et ont entraîné le déplacement
de centaines de milliers de personnes, tandis que se sont perpétrés chaque jour
des crimes et des exactions multiples et que se sont abattus des malheurs de
toutes sortes. Aveuglés par une information incessante qui, depuis plus d'un
demi-siècle, fausse toute perspective et gêne la réflexion, la plupart des
commentateurs n'ont manifestement saisi ni les sources profondes, ni le sens
de l'affrontement en cours. Pourtant, un tel conflit avec son intensité
dramatiquement croissante avait été prédit par une partie notable et éminente
de la communauté juive qui, dès le début du XXe siècle, dénonçait avec force,
comme source de désastres futurs, l'émergence en son sein de l'idéologie
sioniste. Bien que devenus moins nombreux depuis la création de l'État
d'Israël, ces prophètes juifs n'ont cependant jamais cessé de « crier dans le
désert » et de désigner le sionisme comme le fondement de la violence sans
cesse renaissante dans ce que fut la Palestine.
Cet essai se propose de réunir des éléments essentiels d'ordre historique qu'il
convient d'avoir à l'esprit mais il veut traduire aussi les réactions de l'auteur
devant le drame quotidien qui se joue là-bas, drame dont les Nations
occidentales directement concernées n'ont pas encore pris la juste mesure.
LE SIONISME AUTREMENT DIT :
Un très grand peuple, éminent dans de multiples domaines : scientifique,
technologique, philosophique, théologique, artistique, s'est laissé séduire dans
les années trente par l'idéologie nazie aux manifestations particulièrement
terribles. Dans d'autres pays comme la France, une partie notable de l'élite
intellectuelle a adhéré pendant plus de sept décennies à l'idéologie socialo-
communiste qui a fait des dizaines et des dizaines de millions de morts.
Devant ces erreurs qui ont été celles d'une multitude de gens instruits et
sincères on peut affirmer que le présent, par la surabondance des informations
et l'absence de perspective qu'il comporte, nous laisse volontiers aveugles. De
plus, contrairement à une opinion courante mais fausse, l'Histoire « est la
science des choses qui ne se répètent pas ». La prochaine guerre ne sera pas
semblable à la précédente, le nazisme et le communisme ne reviendront pas,
non plus que la Shoah : les hommes sont confrontés à des situations toujours
nouvelles dont la perversité n'émerge souvent dans les consciences que devant
des malheurs caractérisés. Notre époque n'échappe pas à cette règle.
Aujourd'hui, on peut affirmer qu'un élément qui porte en lui tous les germes
d'une future tragédie est largement méconnu. Cet élément, dénoncé depuis un
siècle par une partie notable et éminente de la communauté juive d'où il a
émergé, est représenté par l'idéologie sioniste. Basée sur le mythe de la Terre
promise à un Peuple élu par Yahvé, le dieu des Hébreux, Elle s'est développée
depuis la fin du XIXe siècle et a obtenu en 1947 des Nations Unies alors
subjuguées un État, l'État d'Israël.

117 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Générateur de plusieurs guerres meurtrières, de massacres, expulsions,
expropriations, humiliations, actes de torture, prises d'otages, meurtres d'État
au bénéfice d'une colonisation impitoyable à laquelle répond un terrorisme
réactionnel dont l'horreur tend à voiler dans les esprits les vraies origines,
responsable d'un nettoyage ethnique caractérisé et d'une ségrégation de type
« apartheid », le sionisme, s'il n'est neutralisé, ne peut pas ne pas aboutir à un
désastre à la fois pour le peuple juif qui l'a nourri en son sein et pour bien
d'autres populations. Face à la situation chaotique provoquée
malencontreusement par les Nations Unies en 1947, face à un état de guerre
permanent de plus de cinquante ans et dont la fin ne peut être que très lointaine
et potentiellement dramatique, que peut-on faire et espérer ? Mon but, en tout
cas, est de réunir dans ce travail les données essentielles d'ordre historique
qu’il convient d'avoir à l'esprit et de faire apparaître les éléments du judaïsme
à la base de cette idéologie sans méconnaître ce que cette tradition religieuse
a apporté à la civilisation. Car, comme le furent en leur temps au nom de la
Vérité, les Croisades, l'Inquisition ou les guerres de religions pour le
catholicisme, comme l'est l'islamisme pour l'Islam depuis quelques dizaines
d'années, le sionisme est un fruit amer du judaïsme. Sans méconnaître non
plus que la création de l'État d'Israël - pour fautive qu'elle fut- en succédant à
un génocide caractérisé n'a pas obéi qu'à des motifs impurs. Ce texte veut être
essentiellement une étude de l'idéologie sioniste, au vu certes de ses
manifestations sur le terrain, mais aussi et surtout de ses sources judaïques. Ces
sources sont généralement ignorées par les auteurs et commentateurs. Sans
leur connaissance pourtant tout discours est profondément déficient. De par
sa perspective précise et limitée, ce texte peut apparaître a priori comme
systématiquement favorable à ceux, Arabes notamment, qui luttent contre
l'entreprise en question. Cette interprétation est tentante, mais elle n'est pas
juste. Apporter spontanément sa sympathie à un peuple opprimé n'est
nullement approbation de ses actions, négation de ses faiblesses,
méconnaissance des tares inhérentes à l'Islam qui l'inspire. Compte tenu de la
tactique d'intimidation, voire du terrorisme intellectuel qui sévit volontiers
dans notre pays avec le fréquent amalgame antisionisme-antisémitisme, je sais
que mes propos vont par des gardiens vigilants, prompts à manier cette injure
à la mode me faire accuser d'antisémitisme.
La moindre critique de la politique israélienne ou toute opinion non
défavorable aux Palestiniens ne sont-elles pas accusées de traduire de
l'antisémitisme chez les quelques journalistes, écrivains ou hommes politiques
qui se permettent une telle liberté ?

118 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Dans l'esprit de certains, le simple emploi du mot " juif " n'est-il pas déjà
suspect par lui-même lorsqu'il fait abstraction de l'histoire concentrationnaire
récente, voire s'il est seulement prononcé par un non-Juif ? Et, n'y a-t-il pas
pour le lobby juif en question des " Juifs antisémites " comme l'indiquent,
victimes de ce groupe de pression, E. Benbassa et J.C. Attias ? D'autres vont
m'accuser d'antijudaïsme au prétexte que je dénonce des éléments
potentiellement pervers présents dans cette culture. Mais le judaïsme serait-il
donc la seule entreprise à ne pas véhiculer de tels éléments ? Depuis un certain
nombre d'années, les chrétiens en viennent à reconnaître et à regretter
profondément les conséquences désastreuses de certains écrits et pratiques du
christianisme.
Les Juifs ne seraient-ils pas capables de faire de même avec le judaïsme ? Que
penser en définitive de ceux qui, comme moi et comme tant d'autres, Juifs et
non-Juifs, considèrent que le sionisme est une idéologie fondamentalement
dangereuse qui a retenu du judaïsme son seul contenu xénophobe et
nationaliste en négligeant l'orientation universaliste de ses prophètes et qui a
abouti à une entreprise banalement criminelle et menaçante pour la paix du
monde ?
C'est dire que cette synthèse relève de l'essai où toutes les informations
émanent a priori d'auteurs dignes de foi mais aussi du réquisitoire, du texte
d'humeur et d'indignation face à l'indifférence et à la lâcheté des hommes
politiques. Parmi toutes les causes qui ont quelques mérites à être soutenues,
et sur lesquelles les Occidentaux directement responsables peuvent
parfaitement agir, celle-là m'apparaît en effet comme une des premières après
l'avoir étudiée ainsi qu'il est possible à chacun de le faire aujourd'hui grâce à
l'apport des historiens et journalistes courageux - juifs en majorité honnis dans
leur communauté grâce aussi au recul du temps qui permet une perspective
valable.
DÉFICIENCE DE L'INFORMATION, MÉCONNAISSANCE D'ORDRE
RELIGIEUX Et DÉMISSION BANALE EN OCCIDENT
Depuis quelque quatre-vingts ans, et plus précisément depuis 1922, date où
la Grande-Bretagne reçut en charge, de la part de la Société des Nations, un
Mandat sur la Palestine à la suite de la défaite des empires centraux, depuis
1947 surtout, date où l'ONU scinda le pays pour y créer deux États, l'un juif,
l'autre arabe, il ne s'est guère passé de jour sans que les journaux ne nous
apportent une information relative à cette région du Proche-Orient où
s'affrontent de façon ininterrompue et plus ou moins violente deux
communautés : les Juifs d'une part, les non-Juifs d'autre part, ces derniers étant
représentés avant tout par des Arabes musulmans.

119 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les informations n'ont donc pas manqué sur ce sujet. Pourtant, une fraction
notable des Occidentaux, notamment dans l'élite intellectuelle et politique, est
comme indifférente au drame quotidien qui se joue en Palestine. Un
phénomène banal d'accoutumance et de lassitude en est sûrement une raison
notable, mais plusieurs éléments sont venus néanmoins y contribuer
puissamment. Le premier élément favorable au développement de l'idéologie
sioniste et de sa méconnaissance par le grand nombre est sans doute représenté
par un phénomène passif : le " trop plein " ou " l'excès " de mémoire dont
parle Paul Ricœur dans un récent ouvrage (La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli) et
qu'il dénonce d'une manière générale... Après le cataclysme de 1939-1945,
bien plus encore qu'après la guerre de 1914-1918, les études des historiens ne
pouvaient qu'être monumentales, fort nombreuses et prolongées. À ces études
sont venues s'ajouter logiquement les multiples commentaires et
interprétations des politiques et puis, bien sûr, les interventions diverses des
polémistes et des partisans : une " montagne " de mémoire en est résulté que
les médias de notre époque, notamment la télévision, nous livrent chaque jour.
Indépendamment des perspectives et des intentions diverses qui sous-tendent
cette information constante et multiforme, la place forcément éminente
qu'occupe le génocide des Juifs par les nazis, et partant l'émotion suscitée,
ont manifestement joué de façon exceptionnelle en faveur de l'entreprise
sioniste, d'abord en faisant négliger la très importante littérature juive
formellement opposée à son projet territorial et en supprimant toute réflexion
prospective quant aux risques pour l'avenir d'un État spécifiquement " juif ",
ensuite en voilant la réalité de son présent sur le terrain. À côté de ce premier
phénomène, on peut affirmer d'autre part aujourd'hui que l'information
relative au Proche-Orient en provenant majoritairement d'une source, juive en
la circonstance, a été gravement déformée, que l'interprétation des
événements a été terriblement partiale et injuste pendant de nombreuses
années (la mémoire sioniste a régné aux dépens de celle des Palestiniens »
écrit l'historien israélien Ilan Pappé), bref que la méconnaissance des données
du problème est la principale cause de cette indifférence de l'opinion publique
occidentale qui n'a manifestement pas pris la mesure de la gravité potentielle
des " événements " qu'on lui rapporte chaque jour depuis tant d'années. Il est
d'ailleurs remarquable de constater qu’à côté de la multiplicité des
informations rapportées en la matière les commentaires et les jugements que
l'on peut voir dans la Presse française émanant de journalistes ou d'hommes
de lettres sont fort rares. Il est patent aussi que beaucoup de commentateurs
non-Juifs apparaissent souvent comme mal à l'aise dans leur rédaction. Quant
aux Juifs, religieux ou non, leur situation souvent ambiguë face à Israël, la
mauvaise conscience que nombre d'entre eux ont de ne pas y vivre, de ne pas
avoir fait leur « aliya » malgré les multiples et pressantes invitations reçues,

120 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
les rend souvent terriblement aveugles et silencieux. Bien que non enfermé
dans une tour d'ivoire, Levinas expliquait ainsi : « Je m'interdis de parler
d'Israël, ne courant pas cette noble aventure et ce risque quotidien » tandis
qu'Elie Wiesel a pu écrire : « Je ne critique jamais Israël hors d'Israël, c'est le
prix que j'accepte de payer pour ne pas y vivre ». Et a-t-on jamais entendu,
par exemple, un rabbin français ou une organisation d'obédience juive
dénoncer la torture utilisée en Israël et, fait unique au monde, légalisée ?
Enfin, il faut bien voir que le judaïsme comme les autres traditions religieuse,
entreprises humaines par excellence, contient des éléments potentiellement
pervers qu'il s'agit de reconnaître. Le fameux « Qui n'est pas avec moi est
contre moi » évangélique n'est-il pas à la base de tous les totalitarismes après
avoir entraîné le christianisme dans de folles aventures. Bref, il est clair que
nombre d'observateurs, ou bien n'ont pas intégré, à propos du sionisme, de
nombreuses données d'ordre historique ou religieux, ou bien ne se sont pas
comportés en hommes libres, à l'instar d'hommes éminents comme J.P. Sartre
quand il écrit : « Je ne peux pas soutenir la politique de l'État d'Israël, mais je
ne peux pas non plus m'élever contre elle car alors je me retrouverais dans le
camp détestable des antisémites ».
Je dois reconnaître que j'éprouve quelque aversion pour de telles paroles... Il
reste que Jean d'Ormesson a du moins osé, en terminant un article du Figaro,
formuler il y a quelques années une interrogation simple et pertinente : " Et si
la création de l'État d'Israël avait été une erreur ? " À cette interrogation, ma
réponse personnelle - qui semble bien être aussi celle que suggère le texte -
est " oui " sans hésitation. Une mémoire manipulée jointe à une absence de
liberté des hommes politiques et, d'une manière générale, des hommes ayant
quelque influence sur l'opinion publique, ont manifestement contribué au
développement de l'idéologie sioniste qui s'est épanouie avec la création de
l'État d'Israël et qui ne cesse d'étendre chaque jour - face à une communauté
internationale sidérée - ses maléfices dans les populations juives et non-juives
de la Palestine.
LA BASE DE L'IDÉOLOGIE SIONISTE L'idéologie sioniste, avec le
mouvement qu'elle a suscité, s'est donné pour mission de rassembler en
Palestine tous les Juifs dispersés depuis deux mille ans à travers le monde
(Juifs de la diaspora), d'établir un territoire peuplé exclusivement de Juifs,
dans la perspective de leur assurer, compte tenu des persécutions dont ils
furent souvent victimes, une sécurité définitive. Bien que précédée d'initiatives
diverses qui, au cours des siècles, avaient pour but une réappropriation de la
Palestine, elle ne s'est vraiment structurée qu'à la fin du XIXe siècle avec
Théodore Herzl. Elle s'est développée pendant la première moitié du XXe
siècle malgré l'opposition prolongée de la grande majorité des Juifs et, à la
faveur de la seconde guerre mondiale, s'est concrétisée avec la création de

121 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'État d'Israël en Palestine. Le sionisme repose sur deux données
fondamentales et conjointes du judaïsme : Une donnée d'ordre religieux : le
mythe biblique de la " Terre promise " à un " Peuple élu ", Une donnée
d'ordre légal : la loi établissant la " race " juive. À ces données il convient
d'associer : Les écrits xénophobes du judaïsme.
Le mythe biblique de " la Terre promise " et du " Peuple élu " est le
premier pilier de l'idéologie sioniste Selon ce mythe, les Hébreux et leur
dieu, Yahvé, a élaboré, voici quelque trois mille ans, un contrat (l'Alliance)
selon lequel les Hébreux, moyennant obéissance à ce dieu, constituent son
peuple privilégié, le Peuple élu, et reçoivent en héritage une terre particulière,
la Terre promise. C'est sur les données de ce mythe fondamental du judaïsme
qu'est bâtie tout entière l'idéologie sioniste et que s'est fondé le " droit
historique " sur la Palestine. Même les sionistes non religieux et athées, tels
les Pères fondateurs et la majorité des Israéliens actuels, ont exploité et
exploitent toujours ce mythe originel de la Terre promise par un dieu qui,
pourtant, n'existe pas pour eux. Il ne faut pas être surpris de cet apparent
paradoxe... C'est que, comme tous les mythes, celui-ci ne possède pas
seulement une dimension religieuse mais une dimension culturelle.
Malgré l'émergence dans les esprits de son caractère légendaire, il n'en
continue pas moins à imprégner durablement la civilisation qui l'a porté, à
meubler son imaginaire collectif et, partant, à mobiliser des énergies
colossales et aveugles. André Chouraqui, qui fut conseiller de Ben Gourion,
ne nous dit-il pas que " la Torah est le livre de l'Alliance du ciel et de la terre
" et qu '" Israël est devenu objectivement le peuple de l'Alliance " compte tenu
qu'il y a en Israël des juifs, des chrétiens et des musulmans ? À noter que ce
mythe de l'Alliance conclue entre un dieu et un peuple - comme les autres
mythes hébreux (la Création, le Paradis terrestre, le Péché originel...) - a été
adopté aussi par les chrétiens qui seront, comme nous le verrons, à la fois
complices et victimes de l'idéologie sioniste. À noter en particulier que les
chrétiens millénaristes des États-Unis voient toujours la naissance de l'État
d'Israël et son expansion territoriale comme une étape nécessaire aux projets
de Dieu pour l'humanité avec in fine la conversion des Juifs au christianisme
et le retour de Jésus le Messie dans sa parousie ! À propos de ce mythe
fondateur il est intéressant d'évoquer ce qui semble bien représenter une
récente et fabuleuse découverte. Selon Messod et Roger Sabbah, des
chercheurs juifs, le peuple hébreu ne serait autre que le peuple égyptien
d'Akhet-Aton, la capitale du pharaon monothéiste Akhenaton ! Quand on a
mesuré les gigantesques conséquences que la croyance au mythe de la Terre
promise a entraînées dans l'Histoire, notamment depuis un siècle avec le
mouvement sioniste et si, par ailleurs, on suit l'hypothèse très vraisemblable
de divers historiens contemporains selon lesquels les Juifs du Maghreb seraient

122 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
des Berbères judaïsés à l'époque romaine tandis que les musulmans de la
Palestine arabe seraient des Juifs convertis à l'islam dans les premiers temps
de la conquête, comment ne pas parler des conséquences abyssales où peuvent
conduire les illusions humaines .
La loi rabbinique de transmission héréditaire de la judéité
Alors que les adeptes de la plupart des religions n'ont que le lien d'une
croyance commune, et que ce caractère d'adepte est accessible à tous, le
judaïsme établit un lien particulier d'ordre héréditaire. Fait rare dans l'Histoire
de l'humanité, la naissance est le vrai critère d'appartenance : la loi établit, en
effet, que le caractère de juif est transmis par le sang maternel. Ce caractère
est de plus indélébile : même en cas d'apostasie du judaïsme ou de mariage
mixte (qui équivaut à une apostasie), tout sujet reste juif selon le Talmud. (À
noter que pour l'Église aussi, tout au moins en Espagne du XVe au XVIIIe
siècles, un juif baptisé reste un juif, c'est-à-dire un fils de Satan.
Certes, la Loi fondamentale de l'État d'Israël, conformément à la loi juive,
prévoit des apports étrangers par conversion est considérée comme juive une
personne née d'une mère juive,
Ou convertie mais les conditions exigées concrètement sont telles notamment
celle de pratiquer les 613 commandements de la Torah que, sauf exception,
un goy ne devient pas juif. À noter que le terme de goy qui fut appliqué
initialement aux chrétiens, ensuite à tous les étrangers, s'apparente à celui de
goujat (en hébreu, goja désigne une servante chrétienne). Il convient d'ajouter
que ce marquage par le sang institué par la loi de transmission héréditaire de
la qualité de juif se trouve complété et aggravé par un marquage dans la chair
: la circoncision. Dans le judaïsme, en effet, la circoncision n'est pas
seulement la pratique d'un autre âge - malgré les tentatives de lui donner une
justification médicale au siècle dernier elle revêt une signification précise :
c'est le signe de l'Alliance éternelle d'un individu avec Yahvé le dieu de la
mythologie hébraïque. Le judaïsme va ainsi comporter, par rapport aux autres
traditions religieuses, une dimension qui lui est pratiquement spécifique : la
dimension raciale. Désormais cet enfant qui vient de naître comme juif ne sera
plus - quelles que soient ses futures options spirituelles - tout à fait libre : les
séquelles de son sexe mutilé lui rappelleront chaque jour de sa vie qu'il fait
partie d'une " race " à part, qu'il n'est pas comme les autres (à moins qu'il se
voie " normal " et qu'il voie les autres " anormaux "). Alors que, comme le dit
le philosophe israélien Y. Leibowitz, " la notion de "juif" n'était à l'origine ni
raciale, ni nationale mais religieuse ", une évolution s'est produite : la
condition raciale (l'hérédité) est nécessaire et suffisante pour être juif et
citoyen d'Israël, la condition religieuse (la croyance) absolument facultative.
Quant à J. C. Attias , après avoir constaté que nombre de juifs " n'observent
plus le shabat ", " s'habillent comme tout le monde ", que " les traits

123 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
discriminants dont l'histoire les avait affublés sont en train de disparaître ", il
dit de son côté qu’il ne reste plus que la race " comme élément distinctif entre
un Juif et un non-Juif, cette race qui se transmet par la femme malgré son
statut inférieur à celui des hommes, ceux-ci se réservant la transmission du
savoir et des valeurs du judaïsme.
Les écrits xénophobes du judaïsme
Alors que nombre d'écrits du judaïsme comportent une dimension
universaliste hautement respectueuse de l'étranger " N'humilie pas l'étranger,
ni l'opprimé, car vous avez été étrangers en Égypte ! N'humilie jamais la
veuve ni l'orphelin " (Exode, XXII, 20) ; " N'aie aucune pensée de haine pour
ton frères Tu aimeras ton prochain, il est comme toi, Tu aimeras l'étranger qui
s'installe chez toi comme toi-même " (Lévitique XIX, 17-18 et 34) ; " Ma
maison sera une maison de prière pour tous les peuples " (Isaïe VXI, 7),
alors que le monothéisme intransigeant du judaïsme a puissamment contribué
à promouvoir l'égalité entre les hommes tous créés à l'image de Dieu et à
susciter la générosité qui a pu guider les pionniers du socialisme, les sionistes
ont occulté délibérément ces données pour ne retenir que celles qui exaltent
l'ethnocentrisme et où le non-Juif, qu'il soit étranger ou résidant en Israël, est
toujours un gentil, un goy. Découlant directement du mythe et de la loi raciale
instituant le peuple juif comme un peuple différent des autres et séparant les
hommes en Juifs et non-Juifs, bien des écrits émanant du judaïsme,
notamment du Talmud, sont venus conforter les sionistes dans leur entreprise
de retour en terre de Palestine et d'accaparement de cette terre au bénéfice des
seuls Juifs.... " Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi " dit Yahvé aux
Hébreux (Ex XX, 3). Et à ce dieu exclusif s'adresseront les supplications et
prières de son peuple : " Dieu ! Si tu voulais massacrer l'infidèle ! Hommes
sanguinaires, éloignez-vous de moi... Seigneur, comment ne pas haïr ceux qui
te combattent ? Je les hais d'une haine parfaite, ils sont devenus mes propres
ennemis (Ps 139, 19-22). " Par ta fidélité tu extermineras mes ennemis et tu
feras périr tous mes adversaires, car je suis ton serviteur " (Psaume 143, 12).
Ainsi parle le Seigneur Dieu : " Aucun étranger, incirconcis de c¦ur et
incirconcis de chair, n'entrera dans mon sanctuaire, aucun étranger qui
demeure au milieu des fils d'Israël " (Ez. 44, 9). Le Deutéronome précise le
sort qu'il convient de réserver aux idolâtres : " Si ton frère, fils de ta mère, ou
ton fils ou ta fille ou la femme que tu serres contre ton coeur, ou ton prochain
qui est comme toi-même, vient en cachette te faire cette proposition : "Allons
servir d'autres dieux" - ces dieux que ni toi ni ton père vous ne connaissez,
parmi les dieux des peuples proches ou lointains qui vous entourent d'un bout
à l'autre du pays - tu n'accepteras pas, tu ne l'écouteras pas, tu ne t'attendriras
pas sur lui, tu n'auras pas pitié, tu ne le défendras pas ; au contraire, tu dois
absolument le tuer. Ta main sera la première pour le mettre à mort, et la main

124 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
de tout le peuple suivra ; tu le lapideras, et il mourra pour avoir cherché à
t'entraîner loin du Seigneur ton Dieu. " (Deut. 13, 7-11) Yahvé n'est pas tendre
pour les opposants à son peuple : " Je vais punir Amalec de ce qu'il a fait à
Israël en s'opposant à lui quand il remontait d'Égypte. Va maintenant, tu
battras Amalec et vous vouerez à l'anathème tout ce qui est à lui : tu n'auras
pas pitié de lui et tu mettras à mort hommes et femmes, enfançons et
nourrissons, bœufs et moutons, chameaux et ânes " (Samuel XV, 2-3). Et puis,
n'est-il pas écrit dans la Torah : " qu'Israël vivra en solitaire et ne se confondra
pas avec les nations " (Nombres, 23, 94) ? N'est-il pas défendu à un Juif de
boire du vin versé par un non-Juif ou d'épouser une non-Juive ? N'est-il pas
dit que le Juif religieux doit, chaque matin, bénir Dieu de l'avoir créé Juif et
non autre ? N'est-il pas écrit, dans la Halakha, qu'un Juif peut transgresser le
Shabbat pour sauver la vie d'un autre Juif, mais non de celle d'un non-Juif ?
N'est-il pas prescrit au Juif pratiquant de prononcer chaque matin les paroles
de la prière du Shaharit :
Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait goy, Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas
fait femme. Béni soit l'Éternel qui ne m'a pas fait esclave " ? N'étaient-ils pas
dans leur droit ces Hébreux emmenés par Josué lorsque, comme le
recommande la Torah, ils ont exterminé les populations de Canaan lors de la
conquête de la Terre promise : " Vous chasserez devant vous tous les habitants
du pays car c'est à vous que je le donne à titre de possession.Si vous ne
dépossédez pas à votre profit tous les habitants, ceux que vous aurez épargnés
seront comme des épines dans vos yeux et vous harcèleront sur le territoire
que vous occuperez " (Nombres, 35, 53-55) Et dans le psaume 137, n'est-il
pas prévu de " broyer sur le roc les bébés de Babylone " ? Dans la Bible, on
lit aussi : " Lorsque le Seigneur ton Dieu t'aura fait entrer dans le pays et qu'il
aura chassé devant toi les nations nombreuses, tu les voueras totalement à
l'interdit (Deut. VII, 1-2) " et tu les supprimeras. " (Deut. VII, 24). " Qu'Israël
se réjouisse en son Créateur, que les enfants de Zion se réjouissent en leur Roi
Qu'ils chantent pour la joie sur leurs couchettes ! Que les louanges élevées
vers Dieu ne quittent pas leurs gorges et que les sabres à deux pointes ne
quittent pas leurs mains, afin de faire descendre la vengeance dévastatrice sur
les nations et le châtiment sur les peuples " (Psaume 149). Le grand mystique
juif Moshe Luzzatto (1706-1746) intégrera parfaitement ces données : " Dans
le monde à venir, affirme-t-il sans ambages, aucune nation n'a de place à
l'exception d'Israël ". À ce propos, Schattner rapporte une donnée tout à fait
caractéristique d'une certaine évolution de l'éthique juive. Alors que dans une
version ancienne de la Mishna il est dit : " Qui a détruit une vie a détruit tout
un monde et qui a sauvé une vie a sauvé tout un monde ", les versions
imprimées ultérieurement sont devenues : " Qui a détruit une vie au sein
d'Israël a détruit tout un monde et qui a sauvé une vie en Israël a sauvé tout

125 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
un monde ". Le rabbin Ginburg de la yeshiva du tombeau de Joseph (près de
Naplouse) vient confirmer cette donnée devenue banale dans les milieux
religieux sionistes quand il affirme qu' " une vie juive vaut beaucoup plus
qu'une vie non juive ". Le " sol ", le " sang " et les écrits xénophobes, tels sont
les trois piliers fondamentaux du sionisme. Mais ce sont aussi de riches
ingrédients politiques. Puisés dans l'héritage religieux du judaïsme,
sécularisés et habilement présentés, ils vont guider dans un ethnocentrisme
exacerbé toute l'entreprise sioniste. Si nous parlons du sionisme nous ne
méconnaissons pas le fait que cette idéologie s'exprime sous des nuances très
diverses. On a pu distinguer notamment :
Le sionisme politique - celui qui est lié à Theodor Herzl - et pour qui
l'obtention des droits politiques était le préalable indispensable pour
promouvoir un État en Palestine
Le sionisme religieux visant non seulement à obtenir la liberté politique des
Juifs mais à restaurer la religion à la lumière de la Thora et de ses
commandements. Aux deux piliers du sionisme que sont le sol et au sang, les
religieux ajoutent Yahvé.
Le sionisme socialiste qui se proposait d'opérer la fusion entre sionisme et
socialisme. Il inspira de nombreux kibboutzim et suscita divers mouvements
de jeunesse.
Le sionisme pragmatique axé sur les moyens pratiques de réaliser les
objectifs du sionisme : l'immigration (l'Aliya), le peuplement des zones
rurales en priorité pour occuper le maximum de terrain et les institutions
éducatives. À noter que ces nuances permettent avant tout de prendre
conscience de la formidable organisation dont les divers composants
(socialistes, religieux, libéraux, fascistes, nationalistes...) peuvent diverger
sur les moyens à mettre en œuvre mais sont tous tributaires du mythe de
l'Alliance et de la loi fondant la judéité, avec comme objectif commun à la
fois simple et précis : la conquête de la Palestine historique considérée comme
terre éternelle du peuple juif.
LA COLONISATION DE LA PALESTINE PAR LES SIONISTES
Pendant la première moitié du XXe siècle De quelques données essentielles
d'ordre historique Au congrès de Bâle, premier congrès juif mondial, réuni en
1897 par Theodor Herzl, le mouvement sioniste (qui tire son nom de Sion une
colline de Jérusalem) se donne pour objectif de favoriser l'immigration juive
en Palestine et d'entreprendre la colonisation du pays.
La conquête de la Palestine occupée alors par les Turcs y est planifiée tandis
qu'une charte de colonisation (charte qui devait rester secrète pendant très
longtemps) est élaborée. Dans sa motion finale, le Congrès revendique " pour
le peuple juif, un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement ". Pour
faire aboutir la mission qu'il s'est fixé avec ses amis, Herzl mise sur le

126 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Royaume-Uni alors au sommet de sa puissance. À noter que le noyau dur des
fondateurs est composé de quelques milliers de personnes jeunes, hommes et
femmes, convaincus d'être investis d'une mission sacrée : la conquête
progressive de la Palestine. Ils adoptent une tactique qui doit être intangible
et qui effectivement le restera malgré les difficultés rencontrées : " ne jamais
abandonner ni position, ni territoire sauf sous la contrainte d'une force
supérieure ". Nantis d'un niveau éducatif et culturel élevé, et y ajoutant
habileté, ruse, persévérance, travail, solidarité intracommunautaire ainsi que
l'argent des communautés juives du monde entier, Les pionniers ne se sont
jamais départis pendant cinquante ans de cette ligne de conduite qui aura été
d'une efficacité remarquable malgré l'opposition farouche rencontrée dans le
milieu juif (opposition qui sera examinée plus loin).
La colonisation sioniste revêt un caractère très particulier et inédit. Même si
elle a pu s'inspirer tout au moins à une certaine époque du colonialisme
occidental, elle diffère notablement des colonisations banales de la France, du
Royaume-Uni, de l'Espagne, des Pays-Bas. Colonisations pratiquées
d'emblée par la force dans la perspective de s'emparer des richesses d'un
nouveau territoire, avec l'intention affichée d'apporter à des peuples attardés
les bienfaits de la civilisation. La colonisation sioniste est d'abord l'entreprise,
non pas d'une nation souveraine, mais d'une communauté dont les membres
dispersés à travers le monde - les Juifs - ont en commun un héritage d'ordre
religieux et culturel. Y figurent la tradition qui veut que certains de leurs
ancêtres aient vécu deux millénaires auparavant dans le pays nommé
aujourd'hui Palestine, en même temps que la donnée précise d'ordre racial Il
s'agit d'abord et avant tout d'une colonisation de peuplement destinée, à terme,
à accaparer en toute propriété le territoire en question, en repoussant
progressivement à l'extérieur les populations non-juives préexistantes.
L'expérience, s'étalant maintenant depuis plus d'un siècle, montre que cette
colonisation commencée adroitement mais pacifiquement - suivant le plan
élaboré par ses premiers initiateurs - est montée ensuite en puissance
d'agressivité jusqu'à nos jours - surtout depuis la création de l'État d'Israël -
en usant de la force comme le firent les colonialismes occidentaux mais en y
associant des moyens inédits particulièrement habiles et efficaces. On peut
noter d'ailleurs que les sionistes ont repris et adapté d'emblée la législation
d'urgence que les Britanniques avaient conçue (Emergency Rules) pour
établir et consolider leur domination dans leurs colonies. Il s'ensuit que le
pays tout entier vit toujours à l'ombre de l'état de siège qui est très exactement
le régime auquel sont soumis les Arabes d'Israël " écrit Nathan Weinstock
L'Organisation sioniste mondiale, dont le siège est à Londres, est à la base de
cette entreprise de colonisation dont le rôle est de susciter, de diriger et de
coordonner les actions de toutes les communautés sionistes (Yichouv) de par

127 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le monde. Le Yichouv juif de Palestine, dont le président sera longtemps Ben
Gourion, aura bien entendu le rôle primordial. On peut reconnaître trois
périodes à la colonisation sioniste de la Palestine :
- de la fin du XIXe siècle (1880) à la guerre de 1914-1918,
- de 1922 à 1947 - sous le Mandat britannique,
- de 1947 à nos jours - avec l'État d'Israël. Avant la guerre de 1914-1918
Précédée par l'arrivée de juifs immigrés fuyant les pays dont ils sont expulsés,
notamment la Russie, la colonisation effective de la Palestine commence dès
la fin du XIXe siècle. Elle reste néanmoins assez réduite jusqu'à la guerre de
1914. À noter qu'au cours de cette période Theodor Herzl, n'obtenant pas du
Sultan de Turquie l'autorisation de l'implantation juive, envisagea un moment
une installation en Ouganda
Sous la protection de l'Empire britannique. L'Argentine, le Birobidjan, le
Nord du Sinaï, la Mésopotamie furent également des localisations discutées.
L'idée sioniste ayant évolué, ces territoires furent définitivement rejetés après
la mort de Hertzl par le Congrès sioniste mondial. Les colons qui arrivent en
deux vagues successives sont surtout des Juifs jeunes venant de l'Europe de
l'Est sous l'inspiration de divers mouvements sionistes, notamment du
mouvement travailliste (socialiste) et de l'organisation des Amants de Sion
créée par Leo Pinsker à la suite des pogroms de Russie. Pour tous, non-
croyants comme croyants, politiquement de gauche ou de droite, la défense
et la récupération de la Palestine est le ciment de leurs communautés. Nombre
d'entre eux adoptent un mode de vie égalitaire et communautaire consacré
surtout au travail manuel dans l'agriculture. Le peuple arabe est l'adversaire
commun à vaincre, autant que possible " sans faire de vagues ", notamment
par l'achat des terres grâce à l'argent provenant des communautés juives du
monde entier. Les colons sont puissamment aidés par le Fonds national juif,
organisme créé en 1901, dont la vocation est d'acquérir les terres, lesquelles
par la suite ne peuvent être ni revendues, ni même louées à des non-Juifs. Une
loi viendra plus tard - en 1953 - institutionnaliser ce qui n'était jusqu'alors
qu'une condition nécessaire pour obtenir un prêt du Fonds National juif.
Désormais, toute aliénation à un non-Juif d'une Terre d'Israël, est déclarée
illégale.
En 1900, il y avait environ 50 000 Juifs en Palestine, en 1910, 75 000 mais
leur nombre chute à 65 000 lors de la Première Guerre mondiale. Pendant la
guerre de 1914-1918, le gouvernement britannique, pour obtenir
l'engagement des États-Unis et de la Russie contre l'Allemagne, cherche
l'appui des Juifs américains particulièrement influents. Il a une perspective
plus lointaine : celle de bénéficier du dépeçage de l'Empire ottoman et de
coloniser à sa place la Palestine. Chaim Weizmann (successeur de Herzl à la
présidence de l'Organisation Sioniste mondiale) présente alors

128 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
astucieusement le plan sioniste comme un moyen de servir les intérêts
impérialistes du Royaume-Uni. Il écrit ainsi au Ministre de la guerre
britannique : " en vous exposant notre résolution, nous avons confié notre
destinée nationale au Foreign Office et au Cabinet Impérial de la guerre dans
l'espoir que le problème sera considéré dans l'optique des intérêts britanniques
". C'est sur cette donnée historique que repose la fameuse déclaration Balfour
du 2 novembre 1917 : " Le gouvernement de Sa Majesté envisage
favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple
juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif, étant
clairement entendu que rien ne sera fait pour porter atteinte aux droits civils
et religieux des collectivités non juives " (ces collectivités regroupent à ce
moment-là 90 % des habitants de la Palestine).
Avant cette déclaration du Ministre britannique des Affaires étrangères
déclaration " lancée à la cantonade et sans consultation d'aucun pays " Précise
Anne Marie Vilaine il faut noter que le Haut-commissaire en Égypte du
RoyaumeUni, Henry Mac Mahon, avait reconnu en 1915-1916 la légitimité
de l'aspiration des Arabes à l'indépendance. Comme nous le verrons, les
sionistes exploiteront et les engagements contradictoires du Royaume-Uni et
la déclaration maladroite de son ministre, avec un acharnement et un cynisme
sans faille... À la faveur de la Révolution bolchevique de 1917, le nombre des
colons augmente brutalement : 60 000 russes émigrés prennent massivement
le chemin de la Palestine.
De 1922 à 1947, sous le Mandat britannique À l'issue de la guerre, le
Royaume-Uni obtient, de la part de la Société des Nations, le mandat sur la
Palestine dominée précédemment par les Turcs. À noter que le Mandat
mentionnait explicitement le respect des droits civiques et religieux du peuple
palestinien, mais laissait de côté l'élément essentiel : leurs droits politiques.
Dans un premier temps, les Britanniques favorisent la colonisation juive en
Palestine pour suivre la déclaration de leur ministre Balfour qui, en 1917,
avait prévu de favoriser l'établissement d' " un foyer national juif " en
Palestine. Les colons, qui constituent la troisième vague d'immigration,
viennent surtout de Pologne puis, à partir de 1933, de l'Allemagne nazie.
Quelques données chiffrées illustrent l'évolution démographique de cette
période de 1922 à 1946 : le nombre des Juifs vivant en Palestine passe de 84
000 (1/10 de la population) à 608 000 (1/3 de la population),
de 1897 à 1947 la superficie possédée par les Juifs passe de 20 000 hectares
à 608 000 hectares soit 7 % des terres) ; le nombre des colonies passe pendant
la même période de 27 à 300, de 1920 à 1937, la production industrielle de la
Palestine, essentiellement du fait des Juifs, passe de l'indice 100 à 1029,
tandis qu'à la fin de cette période le revenu moyen de ces derniers atteint alors
le double du revenu moyen arabe. Seul, la résistance des Arabes de Palestine

129 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
limite quelque peu cette gigantesque expansion. Les Arabes se révoltent de
1921 à 1929 d'abord, puis de 1936 à 1939. Après avoir protesté en vain depuis
des années, ils s'insurgent contre le Royaume-Uni qui continue sournoisement
à favoriser l'immigration continue des Juifs lesquels, avec l'aide massive en
argent provenant de toutes les communautés juives des pays occidentaux,
colonisent le pays à un rythme toujours croissant. Les émeutes sont suivies de
terribles représailles de la part de l'armée britannique : la ville de Jaffa
notamment, place forte des insurgés, est évacuée de force puis rayée de la
carte par les unités du génie britannique aidées des forces armées juives
clandestines et des groupes terroristes armés par elle.
La révolte est matée au prix d'un grand nombre de victimes arabes : près de
mille Palestiniens tués, plusieurs milliers de prisonniers et, parallèlement,
destruction de plusieurs milliers de maisons. Les Britanniques, pour
conserver les bonnes grâces des Arabes et sauvegarder leurs intérêts pétroliers
veulent alors limiter l'immigration. Mais, cette nouvelle politique sera un
échec total. La détermination des sionistes, leur habileté, leur ruse, leurs
modes d'action et les moyens financiers considérables dont ils disposent ont
raison du Royaume-Uni. Comme l'a déclaré Ben Gourion président de
l'Histadrout, syndicat-entrepreneur qui représente le futur État en marche : "
Le seul souci qui doit imprimer notre action est la conquête de notre terre et
son redressement par une énorme immigration. Tout le reste est rhétorique ".
En 1937 : Devant les graves troubles, voire l'état de guerre, qui règnent en
Palestine, la Société des Nations nomme une commission, la Commission
Peel, chargée d'enquêter sur place et d'émettre un avis de solution à la question
palestinienne. Fait notable, la Commission : émet l'idée d'un partage de la
Palestine en deux États, préconise le transfert forcé de la population arabe,
préconise le rattachement de l'État arabe à l'émirat de Transjordanie. De plus,
le foyer national juif (envisagé dans la déclaration Balfour) serait un État juif.
La satisfaction des sionistes devant cette solution proposée est vive : les Juifs
se voient en effet attribuer un État qui aurait sensiblement. La même
population que l'autre et dont les terres cultivables dépasseraient même celles
de l'État arabe. À noter que les Juifs représentaient alors moins du tiers de la
population et détenaient moins de 5,5 % des terres. Les autorités britanniques,
par contre, connaissant mieux que les autres nations la complexité du
problème juif en Palestine et toujours soucieuses de ménager leurs intérêts
dans le monde arabe, ne sont nullement de l'avis de la Commission Peel. Ils
jugent le Plan élaboré comme " irréaliste et impraticable ". Néanmoins ce
Plan, outrageusement favorable aux sionistes, va devenir par la suite la pierre
angulaire de toutes leurs revendications. La Révolution embrase la Palestine
Les Arabes se révoltent de nouveau contre le Royaume-Uni qui continue
hypocritement à laisser se développer l'immigration juive. Le Royaume-Uni

130 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
mobilise alors ses troupes avec l'élite de ses chefs militaires (Montgomery et
Haining notamment) et fait la chasse aux insurgés arabes. La répression est
terrible : avec l'aide des formations sionistes de la Haganah à laquelle elle
fournit aide et entraînement et qui est placée sous commandement judéo-
britannique, l'armée britannique tue un grand nombre d'insurgés et en déporte
d'autres aux îles Seychelles. Par une stratégie implacable le peuple palestinien
est désarmé.
Devant la gravité des affrontements, la Société des Nations désigne alors une
nouvelle commission. Cette commission dite technique s'oppose en tous
points aux conclusions de la Commission Peel. Elle juge impossible de créer
un État juif délesté des Palestiniens. Elle refuse notamment tout transfert des
populations arabes hors de la Palestine.
En février-mars 1939 : Un congrès se réunit à Londres à l'initiative du
Royaume-Uni et établit dans un Libre blanc la politique à promouvoir en
Palestine. Il est ainsi prévu : la fondation sous les 10 ans d'un État palestinien
indépendant regroupant Arabes et Juifs (avec un maximum de 1/3 de Juifs),
État lié par un traité au Royaume-Uni, - la limitation de l'immigration juive à
75 000 Juifs dans les cinq prochaines années ; cette immigration juive doit
ensuite être soumise à " l'approbation des Arabes de Palestine ", - les transferts
des propriétés arabes aux Juifs sont libres dans certains zones et interdits dans
d'autres. Mais, ces propositions sont rejetées par les deux parties : par les
Arabes, plus précisément par le Mufti de Jérusalem parce que la proclamation
de l'indépendance de l'État palestinien est remise sine die, les autres
délégations arabes étant plutôt favorable- par les Juifs pour des raisons
opposées. Les propositions de ce Livre blanc sont néanmoins votées et
acceptées. Elles deviennent alors la position officielle du Royaume-Uni. Mais
la guerre de 1939 éclate...
1939 - 1945 : la guerre Initialement Churchill, très favorable à l'entreprise
sioniste, était farouchement opposé aux données du Livre blanc : il y voyait
une trahison des propositions faites par Balfour en 1917, propositions qui
avaient été le fondement de la politique britannique jusqu'en 1937 et avaient
été reprises par la commission Peel. Il annonce même la création d'une
brigade juive sous drapeau sioniste au sein des alliés. Cependant, plusieurs
membres du gouvernement britannique s'opposent avec force à la politique
de Churchill. Deux raisons les motivent : d'une part leur méfiance vis-à-vis
de l'entreprise sioniste (compte tenu des manifestations violentes, voire
criminelles, dont les Britanniques ont été victimes de la part des sionistes au
cours des dernières années), d'autre part, les intérêts pétroliers du Royaume-
Uni liés au monde arabe. Il s'ensuit un retournement de la politique
britannique qui revient à la case départ, celle de la déclaration Peel, comme
si les révoltes des Arabes, la Conférence de Londres et le Livre blanc n'avaient

131 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
jamais existé... C'est alors qu'entrent particulièrement en scène deux
organisations terroristes juives, qui s'étaient déjà manifestées bien avant la
guerre, et qui ont pour mission précise de s'attaquer directement aux forces
britanniques, le Lehi et l'Irgoun : -l'Irgoun Cette organisation d'inspiration
fasciste vit le jour en 1935 et se spécialisa dans les attentats à la bombe contre
les forces britanniques.
En 1939, lors du déclenchement de la guerre, elle conclut une trêve avec les
Britanniques mais, en 1943, sous la direction de son chef Menahem Begin,
futur Premier ministre, elle reprit avec détermination ses attentats contre les
Britanniques.
-le Lehi. Cette organisation juive extrémiste représentant une dissidence de
l'Irgoun jugée insuffisamment agressive envers les Britanniques se spécialisa
dans les liquidations de policiers britanniques. Son chef, Yaïr Stern, abattu
par les Anglais en 1943 eut comme successeur Yitzak Shamir, futur Premier
ministre de l'État d'Israël, lequel fit assassiner en 1944 Lord Moyne, un grand
ami de Churchill. Cet envoyé spécial du Royaume-Uni, et ambassadeur en
Égypte, était partisan de limiter l'immigration juive. (À noter que ses deux
assassins ont été enterrés, lors de la création de l'État d'Israël, au Monument
des héros de Jérusalem). Churchill, profondément bouleversé par l'assassinat
de son ami, revit ses positions passées en faveur du sionisme et ne se soucia
plus de l'application du partage qu'il avait préconisé auparavant. Mais, à la fin
de la guerre, il est remplacé par Attlee.
En 1945 : Création de la Ligue arabe L'aspiration des peuples à l'unité, l'espoir
de se dégager de la colonisation, la menace sioniste de plus en plus pressante
engagent un certain nombre de pays arabes à se réunir. La Ligue arabe est
créée. Nuri-al-Said en est un des principaux artisans. Le projet préconise
l'unité entre les pays de la Syrie historique : Syrie, Liban, Transjordanie,
Palestine, puis la création d'une Fédération avec l'Irak. Dans cette unité, il est
prévu que les Juifs tout comme les Maronites du Liban s'ils le désirent
obtiendraient en Palestine un statut d'autonomie dans les régions de forte
concentration juive ou maronite. Ce projet, consigné dans le Livre bleu, ne
fait pas l'unanimité des Arabes, mais la charte de la Ligue est néanmoins
signée par les divers pays en mars 1945.
En avril 1945, c'est fin de la guerre - Forts de leur victoire, les États-Unis
dominent maintenant le monde de leur influence. Roosevelt, président des
États-Unis (qui avait été élu avec 90 % du vote juif) était d'abord totalement
ignorant du problème de la Palestine et entièrement acquis aux thèses
sionistes. Toutefois, après un voyage en Égypte il s'était engagé à ne jamais
prendre une décision hostile aux Arabes sans consulter " pleinement et au
préalable " les Juifs et les Arabes. Mais il meurt bientôt et Truman lui succède
Comme Roosevelt, ce dernier est, lui aussi, très ignorant du problème

132 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
palestinien et parfaitement conscient de la puissance financière et électorale
juive qui a, comme pour Roosevelt, contribué largement à son élection. À la
suite de la visite du rabbin Wise, président de l'Agence sioniste américaine,
qui insiste sur la première promesse faite aux Juifs par Roosevelt et qui
brandit la menace de la perte de l'électorat juif, Truman décide d'appuyer de
tout son poids l'immigration juive.
Au Royaume-Uni, le Parlement, dirigé par les travaillistes, est partagé :
Certains membres - tel le Premier Ministre Atlee - sont très liés au Mapai, le
parti de Ben Gourion, et sont partisans des sionistes. À noter que dès 1944 ce
parti avait déjà appelé à transférer les Arabes hors de la Palestine ; maintenant
il préconise que toute la Palestine devienne un État juif. D'autres
parlementaires, tel Bevin, le ministre travailliste des Affaires Étrangères, ne
sont pas de cet avis. À la lumière des multiples rapports des experts, le
sionisme leur apparaît maintenant comme un immense danger. Ainsi en était-
il pour Roosevelt à la fin de sa vie. C'est l'épreuve de force entre Attlee et
Bevin... Aux États-Unis, Truman (par Harrison son ministre), tenant parole,
préconise l'octroi de 100 000 visas d'immigration juive en Palestine. En mars
1946 : une commission anglo-américaine se réunit : elle prévoit l'immigration
de 100 000 Juifs, elle rejette la formule des deux États, elle demande
(naïvement) la collaboration de l'Agence juive pour lutter contre
l'immigration illégale et le terrorisme juifs ! Elle lève les restrictions sur les
transactions immobilières des Juifs. Pour Bevin et Attlee : il s'agit d'un tout
indissociable, mais Truman ne retient que l'immigration de 100 000 Juifs.
Conférence de Londres Truman réitère son appui à l'immigration immédiate
de 100 000 Juifs et se dit prêt à assurer leur transport. Par ailleurs,
contrairement aux propositions de la Commission précédente anglo-
américaine, il préconise le partage de la Palestine en deux États et demande
au Royaume-Uni de délivrer les suspects juifs arrêtés à la suite d'actes
terroristes. Malgré les efforts d'Attlee, c'est l'échec total entre le Royaume-
Uni et les États-Unis. Pendant ce temps, les organisations terroristes du Lehi,
de l'Irgoun, de l’Etsel sont particulièrement actives pour faire céder le
Royaume-Uni devenu franchement hostile au projet sioniste :
En février 1946 : des commandos détruisent 22 appareils de combat anglais
sur des aéroports militaires,
En avril 1946 : sept soldats anglais sont abattus dans leur caserne,
En mai 1946 : les ponts reliant la Palestine aux pays limitrophes sont
dynamités,
En juin 1946 : huit officiers britanniques sont enlevés, En juillet 1946 :
l'Irgoun plastique l'hôtel King David siège de l'administration britannique. On
dénombre 93 morts en majorité civils : 41 Palestiniens, 28 Britanniques, 17
Juifs. À la suite de ces actions terroristes les Britanniques arrêtent 2675

133 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
suspects juifs (dont Shamir, commandant le Lehi ; Begin quant à lui parvient
à s'échapper). Par ailleurs, ils font une descente à l'Agence juive où ils
découvrent un important stock de matériel militaire. L'occupation par l'armée
britannique, pendant un jour, de l'Agence juive est considérée, par Weizmann
son président, comme une déclaration de guerre du Royaume-Uni non
seulement à la communauté juive de Palestine,
Le Yishouv, mais à tous les Juifs du monde. Mobilisant alors le puissant
service de propagande de l'Agence, n'hésitant pas à mobiliser des enfants juifs
pour participer aux violentes manifestations antibritanniques organisées,
Weizmann ordonne à tous les Juifs sans exception de faire front contre le
Royaume-Uni. Pendant ce même temps, la Haganah, une organisation
militaire sioniste, est chargée de la colonisation de Néguev. Dès octobre 1946
les onze premières colonies y sont fondées. En résumé, la Grande-Bretagne a
mené, pendant la période de son Mandat sur la Palestine (1922-1947) une
politique très tortueuse dans cette région, piégée qu'elle fut par ses propres
promesses aux Juifs et aux Arabes : Tantôt, elle a essayé de contenir
l'immigration juive pour deux raisons : d'une part son exaspération devant les
méthodes des colonisateurs sionistes occupant sournoisement la Palestine et
maniant le terrorisme envers son armée et ses diplomates pour avoir le champ
entièrement libre, d'autre part, le mécontentement des pays arabes de
voisinage où elle avait des intérêts pétroliers, tantôt elle a fermé les yeux sur
l'immigration juive, l'a même favorisée sous l'influence du groupe de pression
sioniste en trahissant toutes ses promesses d'indépendance faite aux Arabes.
Parallèlement elle a réprimé très sévèrement les révoltes des Arabes tenus
politiquement pour quantité négligeable. En 1917, Lord Balfour, secrétaire au
Foreign Office ne désignait-il pas les musulmans et les chrétiens de
collectivités non-juives ou de minorités non-juives alors qu'ils étaient 700 000
aux côtés de 60 000 juifs
LA CRÉATION DE L'ÉTAT D'ISRAËL PAR L'ONU
Les principaux épisodes janvier 1947 Le Congrès sioniste exige un État juif
sur toute la Palestine ou à la rigueur deux États dans des frontières " adéquates
". Février Reprise de la Conférence de Londres avec les seuls Arabes le plan
britannique de Bevin prévoit un État palestinien binational avec 5 ans de
tutelle britannique mais ce plan est rejeté et par les Juifs et par les Arabes. La
Conférence demande le recours de l'ONU. avril-juillet L'ONU, en réponse à
la demande britannique d'une conférence, nomme une Commission d'enquête
internationale, l'UNSCOP qui est composée des représentants de 11 pays (à
l'exclusion des 5 grandes puissances). Ces pays sont les suivants : Iran, Inde,
Yougoslavie qui souhaitent un État fédéral indépendant avec un État arabe et
un État juif, Canada, Pays-Bas, Pérou, Suède, Tchécoslovaquie, Uruguay et
Guatemala (ces deux derniers pays déjà connus pour leur appui proclamé au

134 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sionisme) se prononcent pour un partage avec union économique. Pendant le
séjour de cette Commission en Palestine, on assiste à une multiplication des
opérations d'immigration illégale des Juifs et à des attentats terroristes
sionistes dirigés contre les troupes anglaises qui continuent à payer à un lourd
tribut.
À signaler notamment l'enlèvement et la pendaison de deux sergents anglais
dont les cadavres piégés explosent lorsqu'ils sont découverts en faisant de
nouvelles victimes parmi les soldats britanniques. " La bestialité des nazis ne
pouvait aller plus loin " écrit à cette occasion l'éditorialiste du Times.
Juillet : l'épisode de l'Exodus Ce bateau, affrété par la Haganah et chargé de
4500 immigrants juifs, se présente au large d'Haïfa pour forcer les
Britanniques à permettre le débarquement. L'Agence juive y envoie des
journalistes. À l'aide d'informations que l'on sait aujourd'hui mensongères sur
le comportement " sauvage " des Britanniques, l'Agence lance à travers toute
l'Europe, les États-Unis et les nombreux pays où les Juifs sont présents, une
violente propagande antibritannique. À propos de l'exploitation de cet épisode
de l'Exodus par l'intelligentsia juive à des fins de propagande, Christopher
Sykes a pu écrire : " Exodus 1947 fut parmi les plus importants succès du
sionisme avant la naissance de l'État d'Isral. Il devint le sujet d'une saga, avec
un livre et un film, ayant autant de ressemblance avec les événements en cours
que l'Iliade d'Homère avec le siège de Troie ". Le rapport final de l'UNSCOP
recommande notamment: la fin du Mandat britannique et une période
transitoire avant l'indépendance sous le contrôle de l'ONU, la préservation des
Lieux saints, la résolution pacifique des différends entre les deux parties,
l'unité économique de la Palestine, la reconnaissance des droits des citoyens
étrangers à la Palestine. Les délégués minoritaires (Inde, Iran, Yougoslavie)
recommandent un État fédéral bi national, tandis que les autres veulent deux
États et l'internationalisation de Jérusalem. La Grande-Bretagne surprise du
vote de l'UNSCOP refuse implicitement le partage, et décide d'abandonner
son Mandat dans un délai de 6 mois si aucun accord n'est conclu entre Juifs
et Arabes. Mais les maîtres du jeu en 1947 sont avant tout les États-Unis et
l'URSS. Aux Etats-Unis, le lobby juif acquis à la cause sioniste, et
représentant une puissance financière et électorale considérable, fait pression
sur le Congrès américain et sur Truman pour le partage. C'est là la motivation
essentielle de la position des États-Unis. Le risque d'une brouille avec le
monde arabe est éclipsé par l'intérêt immédiat du Président Truman. Quant à
l'URSS, C’est avant tout son hostilité à la Grande-Bretagne présente dans la
région et la perspective stratégique de prendre sa place qui dicte sa conduite.
Son vote est paradoxal puisque l'on sait que les marxistes ont toujours été des
antisionistes farouches. C'est ainsi qu'elle appuie soit la création d'un État
binational, soit de deux États, l'un juif, l'autre arabe. Dans la circonstance,

135 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'intérêt étroitement national a manifestement prévalu sur l'idéologie. Les
délégations palestinienne et arabe rejettent absolument le plan de partage.
Il faut noter que les sionistes ont alors plaidé leur cause avec diplomatie en
jouant : sur les intérêts électoraux des divers représentants des pays de l'ONU
en leur assurant la collaboration des organisations juives de divers pays, sur
l'histoire des Hébreux et de la Torah, histoire commune aux juifs et aux
chrétiens, sur les persécutions dont les Juifs ont été victimes au cours des
siècles dans de nombreux pays, sur la responsabilité plus ou moins importante
des pays occidentaux dans le génocide hitlérien, sur les réalisations
économiques des colons juifs en Palestine, susceptibles de profiter à tous les
Arabes de la région, pauvres et peu instruits. De plus les sionistes, par la voix
de leur président Ben Gourion, à un moment particulièrement crucial où les
représentants des Nations Unies étaient excédés par l'antagonisme absolu des
forces en présence, avaient accepté un compromis de pure tactique mais
particulièrement habile, en déclarant se satisfaire d'une seule partie de la
Palestine, Malgré " le lourd sacrifice " que cela représentait. " Nous sommes
prêts à considérer, avait-il déclaré, la question d'un État juif sur une partie
significative de la Palestine, tout en réaffirmant notre droit sur toute la
Palestine " avec comme sous-entendu exprimé clairement parmi les siens : "
dès que nous serons devenus puissants, une fois notre Etat établi, nous
l'annulerons et nous nous étendrons sur tout le territoire d'Israël ".
Les Arabes, au contraire, avaient décliné d'emblée, par l'intermédiaire du
Haut comité arabe (HCA), toute coopération avec la Commission de l'ONU :
" Les droits naturels des Arabes de Palestine sont évidents et ne peuvent
continuer à faire l'objet d'enquête ". Face à la tactique cyniquement habile
des sionistes, celle des Arabes, seulement assurés de leur incontestable bon
droit, ne fut pas fructueuse. De nouvelles sous-commissions sont alors
nommées pour réexaminer les demandes palestinienne et juive.
La Grande-Bretagne est en grand désarroi, de même que les pays arabes...:
De nombreuses résolutions sont votées par les différents pays de la Ligue
arabe, mais elles demeurèrent toujours des vaux pieux. Toutes les décisions
concernant soit l'aide économique (pour contrer les acquisitions
systématiques des terres par les colonisateurs sionistes), soit l'aide militaire
en hommes et en matériel pour s'opposer à tout partage de la Palestine, ne
trouvèrent jamais la moindre application concrète par suite des dissensions,
de la mésentente et des divergences d'intérêts entre les pays en question.
Ainsi, la Ligue arabe recommande la mobilisation de toutes les forces arabes
disponibles, mais ne prend qu'une seule décision : l'octroi d'un million de
livres sterling à la commission militaire.

136 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En septembre : l'ONU émet un premier vote pour décider de l'avenir de la
Palestine Le résultat est le suivant : 25 voix pour le partage, 13 voix contre,
19 abstentions.
Mais la résolution, Pour être validée, devait obtenir les 2/3 des voix, ce qui
n'est pas le cas. C'est alors que les pressions les plus grandes s'exercèrent sur
les représentants des Nations Unies de la part du Congrès, de
l'Administration, du Parti démocrate, du président Truman (inquiet pour sa
réélection), de l'ensemble des organes du mouvement sioniste présent dans
tous les pays. Ils pèsent de tout leur poids pour gagner à leur cause les États
les plus faibles. Il s'ensuit que les représentants de certains de ces États : la
Grèce, les Philippines, le Libéria et Haïti... récalcitrants jusque-là deviennent
favorables au partage, les Philippines et Haïti se voient accordés des prêts
pour leur développement tandis que, à l'instigation de l'Administration
démocrate, la compagnie de caoutchouc Firestone prévint le Liberia qu'elle
annulerait ses projets d'extension dans le pays s'il ne renversait pas son vote
en faveur du partage !
Le 25 novembre : l'ONU (où l'Afrique et une partie de l'Asie n'ont pas encore
de voix) émet un second vote pour décider de l'avenir de la Palestine En dépit
de l'opposition farouche du Royaume-Uni et des États arabes, le projet
soviéto-américain de deux États séparés passe en commission. Le vote est le
suivant : 25 voix pou- 13 voix contre, 17 abstentions, 2 absents. Mais il
manque encore 1 voix pour atteindre la majorité requise des 2/3. C'est alors
que Truman jette de nouveau tout son prestige de Président des États-Unis
dans la bataille et mobilise tous les moyens dont il dispose, moyens
diplomatiques et autres : l'administration des États-Unis menace la France,
qui s'est abstenue lors du vote, de lui couper les vivres, tandis que plusieurs
chefs de délégations se voient offrir des " enveloppes " ou des cadeaux pour
leurs épouses Ainsi se termine à l'avantage du groupe de pression sioniste une
bataille fertile en manœuvres, chantages, menaces et autres coups de bluff.
Le 29 novembre 1947 : l'ONU vote le partage de la Palestine en trois parties
: Un État juif de 14 000 km2 avec 558 000 Juifs et 405 000 Arabes, Un État
arabe de 11500 km2 avec 804 000 Arabes et 10 000 Juifs, avec entre eux une
union économique, monétaire et douanière, enfin, une zone sous régime
international particulier comprenant les Lieux saints, Jérusalem et Bethléem
avec 106 000 Arabes et 100 000 Juifs. La résolution 181 est acquise suivant
le vote suivant : 33 voix pour la création (dont celles des E.U., de l'URSS et
de la France), 13 voix contre, 10 abstentions (dont celle de la Grande-
Bretagne qui fixe au 15 mai 1947 son retrait civil et militaire de Palestine).
L'ONU prévoit aussi dans sa résolution : Que l'union économique vue comme
" une nécessité absolue " soit réalisée entre les États, Que les droits des
minorités (bénéficiant d'office de tous les droits civils et politiques) et les

137 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
principes démocratiques soient respectés, que les futurs textes
constitutionnels des deux États suivent les normes de l'ONU. Ainsi s'est
décidé légalement, mais manifestement de façon illégitime, le sort de la
Palestine et du peuple qui l'habitait. Les Nations Unies, assez peu soucieuses
d'accueillir les Juifs rescapés des camps, bernées par un puissant lobby tout à
sa tâche de forcer par tous les moyens les portes de la Palestine, en ne voyant
par ailleurs dans le mouvement sioniste que sa louable intention : la sécurité
des juifs, mais en méconnaissant et son potentiel raciste anti-"non-Juifs"
présent dans de multiples écrits et la très importante littérature juive
d'opposition, trahirent là l'un de leurs principes les plus sacrés : celui du droit
fondamental d'un peuple à l'autodétermination, principe cardinal du droit
moderne.
LA GUERRE JUDÉO-PALESTINIENNE DE 1947-1948
Elle débute le 30 novembre 1947 dès le vote des Nations Unies, bien avant la
fin du Mandat britannique fixé au 15 mai 1948. Les Sionistes, Ils sont
parfaitement unis et bien préparés à la guerre : une grande proportion est apte
au métier des armes ; les officiers, formés pour certains au Royaume-Uni,
sont compétents. La Haganah (l'armée juive clandestine) qui s'enrichit de
nombreux jeunes juifs étrangers venant la rejoindre, compte 5 à 7 000
hommes en décembre 1947, 35 000 en mai 1948 et 90 000 en décembre 1948.
Des plans de guerre ont été mis au point : d'abord le plan Gimmel (tant que
les Britanniques sont présents) puis le plan Dalet après leur départ. La
Tchécoslovaquie assure une importante fourniture d'armes, tandis que les
États-Unis fournissent une aide massive financière et militaire. Les Arabes,
D'une grande diversité sociale, sans conscience politique collective, peu
instruits dans leur grande majorité, non unis, ils sont mal préparés à
l'affrontement. Leurs milices sont peu nombreuses, dispersées et mal
entraînées et ne comportent que quelques milliers de volontaires étrangers.
Les premiers éléments des armées arabes n'arrivent qu'en février 1948, bien
après les combats engagés par les Juifs. La seule force arabe importante est la
Légion arabe de Transjordanie, mais elle ne comporte que 4 500 à 6 000
hommes sans aviation ni chars et manque cruellement de munitions. De plus
le souverain de Transjordanie, Abdallah, après une entrevue avec Golda Meir
et la toute puissante Agence juive, se laisse circonvenir par ses interlocuteurs
et accepte en secret le partage de la Palestine avec la perspective de s'emparer
de la Cisjordanie. La Légion arabe face aux Juifs se trouve alors neutralisée.
Par ailleurs, toutes leurs tentatives d'achats d'armes à l'étranger échouent. Les
combats notamment pour le contrôle des voies de communication culminent
en mars 1948 : Les victimes civiles sont nombreuses des deux côtés : les
combattants arabes (de l'armée dite de secours) tuent successivement dans des
embuscades 45 soldats juifs de la Haganah puis 70,

138 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Tandis que le plasticage du siège de l'Agence juive fait 12 morts ; de son côté,
le Lehi multiplie les attentats terroristes où de nombreux Palestiniens sont
tués, Devant l'extension des combats et le revirement de l'opinion américaine
qui regrette maintenant le partage auquel elle était initialement favorable.
Washington revient sur la résolution de partage et réclame une tutelle
internationale Ce revirement fait suite à un mémorandum adressé à Truman
par l'Administration américaine et les experts du Département d'État face aux
combats meurtriers qui se déroulent en Palestine. Mais, c'est le moment de la
campagne présidentielle de Truman le secrétaire d'État aux affaires
étrangères, le Général Marshall, est farouchement opposé au partage de la
Palestine en prophétisant le chaos si ce partage est effectué tandis que le
conseiller du Président, Clifford, est favorable aux sionistes, compte tenu du
poids électoral des organisations juives américaines. C'est lui qui va dicter à
Truman sa conduite Pendant ce temps, les forces sionistes poursuivent leur
conquête progressive de la Palestine tout en préparant, avec l'aide extérieure,
une offensive de plus grande envergure. C'est alors qu'a lieu le massacre de
Deir Yassin C'est le nom d'un village arabe siège d'un massacre
particulièrement odieux perpétré par les organisations terroristes sionistes,
l'Irgoun et le Lehi, le 9 avril 1948 Après les bombardements et le dynamitage
des habitations avec leurs occupants, le massacre est organisé
méthodiquement et de sang-froid : tous les habitants du village sont tués. La
Croix-Rouge dénombra 254 victimes, en majorité des femmes et des enfants.
Le nom de Deir Yassin est destiné - comme celui d'Oradour-sur-Glane en
France à rester dans l'Histoire (Israël, en 1993, a enfin reconnu et regretté les
faits) mais les ruines du village ayant été rasées par les Israéliens et
remplacées par de nouvelles habitations juives, ce n'est pas un lieu de
mémoire. Sans attendre le départ des Britanniques prévu pour le 15 mai 1948
et l'intervention prévue des Arabes, les sionistes lancent alors une offensive
générale. À ce moment-là, le déséquilibre des forces en présence - avec
notamment la Haganah et l'Irgoun (cette dernière regroupant à elle seule de 5
000 à 10 000 combattants) du côté de sionistes est devenu particulièrement
important. Après le plan Gimmel, le plan Dalet, prévu seulement après le
départ des Britanniques, est mis en ¦uvre par anticipation : il débute la
première semaine d'avril. Ce plan prévoit notamment le contrôle total du
territoire alloué par l'ONU, la conquête de nombreuses autres portions de
territoire considérées comme vitales, la protection des colonies juives
implantées dans ce qui aurait dû constituer l'État arabe prévu par l'ONU et,
nous dit Benny Morris, le nettoyage du territoire du futur État juif de toutes
les forces hostiles ou potentiellement hostiles. Lorsque les États arabes :
Syrie, Égypte, Transjordanie, Irak...

139 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Décident enfin d'envoyer leurs armées en Palestine, ils remportent d'abord
quelques victoires éclatantes, mais ces victoires ne sont qu'éphémères : les
sionistes reprennent vite l'offensive et se rendent maîtres du terrain. Les villes
tombent les unes après les autres : Tibériade, Haiffa, Jaffa... tandis que les
chefs arabes sont tués. La dernière ville tombe le 14 mai, veille du départ des
Britanniques. Les combats, meurtriers de part et d'autre, sèment la panique
dans la population arabe misérable qui fuit en masse dans les régions voisines
malgré les appels lancés à la fois par quelques personnalités juives (comme
le maire de Haiffa) et les dirigeants arabes pour inviter les populations à rester
à leur place (nous reviendrons plus loin sur ce sujet). Le Mandat britannique
vit alors ses derniers jours... tandis que Jérusalem brûle et que se succèdent
en vain réunions, discussions et commissions internationales... En résumé, la
guerre se termine par l'écrasement des Arabes, par l'exode de centaines de
milliers de réfugiés palestiniens abandonnant tous leurs biens derrière eux et
par la conquête par Israël de nouveaux territoires. Seule la vieille ville de
Jérusalem échappe, grâce aux Britanniques, à une occupation sioniste. Elle
restera arabe jusqu'à la guerre de 1967 tandis que les réfugiés seront empêchés
par la force et de façon absolue de retourner dans leurs terres, lesquelles furent
immédiatement saisies par le Fonds national juif et distribuées aux nouveaux
immigrants juifs, à diverses institutions et aux kibbouzim. Par ailleurs, l'État
palestinien prévu par l'ONU ne voit pas le jour : Israël et la Transjordanie se
partagent son territoire. Le 14 mai 1948 à 18 heures, en pleine guerre, l'État
juif est proclamé par Ben Gourion à Tel-Aviv. Truman le reconnaît
immédiatement (onze minutes plus tard exactement), sans que soient
précisées les frontières du nouvel État. Quant à la France, où des voix se font
entendre au gouvernement pour stigmatiser son vote à l'ONU, elle attendra
mai 1949 pour la reconnaissance d'Israël. Les combats d'arrière-garde
continuent malgré tout. C'est à ce moment-là, le 11 juillet, que se situe le
massacre perpétré à Lod et Ramle. Il s'agit de deux autres villages où les
Israéliens, en réponse à des coups de feu de tireurs arabes embusqués et
convaincus " qu'il s'agissait d'une insurrection générale, ont réagi
brutalement, massacrant des centaines de civils ". (Greilsammer) Les combats
s'éteignent progressivement avec l'anéantissement des forces arabes. À ce
moment-là, précise Greilsammer, l'armée israélienne (Tsahal) " avait à sa
disposition cent mille soldats, des armes et un matériel important, plus que ce
que possédaient toutes les armées arabes réunies ". La guerre de 1947-1948 a
modifié radicalement les données sur le terrain. La création de l'État d'Israël
sur la partie la plus importante de la Palestine mandataire s'accompagne en
définitive du départ de 900 000 Palestiniens (estimation de l'ONU) qui,
D’hommes libres vont devenir de misérables réfugiés dans les pays du
voisinage : Égypte, Syrie, Jordanie, Liban, Syrie... Quant aux Arabes restés

140 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
en Palestine (environ 160 000) ils sont frappés de stupeur : ils sont devenus
brutalement minoritaires et étrangers dans leur propre pays et hôtes de leurs
ennemis. Le gouvernement militaire instauré entrave leur liberté de
déplacement tandis que toute une kyrielle de lois entraînent rapidement la
confiscation de 40 % à 60 % de leurs terres. Alain Dieckhoff précise qu'" une
catégorie juridique tout à fait orwellienne apparaît même : celle des présents-
absents. Elle concerne environ 20 000 Arabes qui avaient provisoirement
quitté leur domicile pour se réfugier dans les pays arabes voisins ou dans les
zones sous contrôle des armées arabes avant de s'en retourner quelques
semaines vers leur chez-soi, lequel avait été entre-temps confisqué par le
gouvernement israélien ". Situation dramatique en vérité : ils appartenaient
au peuple qui avait combattu l'État juif, un État dont ils étaient désormais
citoyens ! En définitive, l'exil (ghurbah) et la dispersion (shatat) ont fait du
peuple de Palestine un peuple de réfugiés profondément déraciné et mutilé
par la perte de ses terres tandis que la société palestinienne était elle-même
totalement et durablement disloquée. Resta alors la nostalgie de la terre
ancestrale assimilée à un paradis perdu qui devait être le prélude à la naissance
d'un nouveau peuple, le peuple palestinien. On peut noter que les Occidentaux
dans leur ensemble, à la fois peu instruits sur ce problème du Proche-Orient
et tout préoccupés d'eux-mêmes au lendemain de la guerre qu'ils venaient de
subir parfois même les Arabes éduqués en Occident - ont accepté d'emblée la
version sioniste des faits : D’une part, le partage est vu comme une formule
de compromis, légale, morale, juste, équilibrée..., d'autre part, on pense que
la guerre a été celle de David contre Goliath, qu'elle a été menée du côté juif
de la façon la plus propre et la plus morale possible sans atrocités, massacres
ou pillages, et que les populations arabes ont fui de leur plein gré... Nous
savons maintenant que les Occidentaux se sont laissé tromper par l'habile
propagande sioniste.
LES GUERRES ISRAÉLO-ARABES de 1967 et de 1973 LA GUERRE
DU LIBAN CONTRE l'O.L.P.
de 1982 Ces trois guerres, qui succèdent à celle de 1947-48 (et accessoirement
à celle de 1956 contre l'Égypte en association avec la France et la Grande-
Bretagne) sont une illustration parfaite de l'engrenage de violences engendré
par la création de l'État d'Israël voué, pour son malheur et pour celui des non-
Juifs, à avoir et des ennemis intérieurs et des ennemis extérieurs et à être
appelé perpétuellement dans une logique implacable, à se défendre par les
armes et à manier une infernale vengeance. Les ennemis d'Israël sont d'abord
ses voisins immédiats : l'Égypte, la Syrie et la Jordanie.

141 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La guerre de 1967 dite " des six jours " Après plusieurs années de tensions
concrétisées notamment par le détournement des eaux du Jourdain par Israël,
après des mouvements de l'armée égyptienne dans le Sinaï et le ralliement de
la Jordanie et de l'Irak au pacte égypto-syrien, Israël passe à l'attaque : son
aviation détruit l'aviation arabe en quelques heures, tandis qu'il fait la
conquête de la péninsule du Sinaï, de la Cisjordanie, de Gaza, du plateau du
Golan et de Jérusalem-Est. Jérusalem est officiellement réunifiée et un
gouvernement militaire est établi dans les territoires occupés. Les Arabes
fuient en grand nombre vers la Syrie, le Liban, l'Égypte, mais surtout vers la
Jordanie. Comme le précise dans ses mémoires Haïm Herzog, président
d'Israël, cette " fuite spontanée " se fait avec l'aide des Israéliens qui mettent
à la disposition des Arabes une noria de bus et de camions). À la suite de cette
guerre - qualifiée par Y. Leibowitz de " catastrophe historique ", la surface du
territoire sous contrôle israélien est brutalement multipliée par 5 : elle occupe
désormais 100 000 kilomètres carrés soit les 4/5 de la Palestine historique.
L'ONU, par sa résolution 242, demande le retrait des forces armées
israéliennes des territoires occupés et le retour des réfugiés, mais ses
demandes, comme les précédentes et les suivantes, resteront toujours lettre
morte en l'absence de contrainte sur Israël. Ultérieurement, le Golan et
Jérusalem-Est seront annexés tandis que, en 1980, la Loi fondamentale
institue : " Jérusalem capitale d'Israël " De 1967 à 1973 les incidents
frontaliers et les combats de chars ou aériens sont incessants entre Israël et
ses voisins. C'est la guerre d'usure qui prépare la guerre totale annoncée par
les chefs arabes (à l'exception de ceux de la Jordanie). On peut noter : la
destruction par Israël de toute l'aviation civile libanaise, soit 13 avions, en
décembre 1968 ; les bombardements, à de multiples reprises, des bases
palestiniennes dans les territoires voisins ; le bombardement du Liban en 1972
où périssent de nombreuses victimes civiles (ce bombardement est effectué
en représailles de l'attentat de Munich commis par un groupe terroriste
palestinien contre l'équipe olympique israélienne). Chaque camp se prépare
manifestement à la guerre...
La guerre de 1973 dite " du Kippour " Le 6 octobre, l'Égypte et la Syrie
lancent une attaque-surprise coordonnée avec l'aide de contingents venant de
divers pays : Irak, Maroc, Lybie, Koweit, Arabie Saoudite. À noter que le
Liban et la Jordanie ne rentrent pas dans le combat. Pendant les trois premiers
jours, les Arabes remportent des succès notables, mais la contre-offensive
israélienne s'avère victorieuse. Les pertes sont lourdes de part et d'autre. Pour
Israël : 2355 tués Un cessez-le-feu est demandé par les Soviétiques qui
comprennent que leurs alliés ont perdu la guerre. Les Américains l'acceptent
aussi, contre l'avis d'Israël.

142 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Avec l'affrontement israélo-arabe, le conflit devient mondial car l'OPEP (qui
réunit les pays grands producteurs de pétrole) décide diverses mesures une
importante hausse du prix du pétrole, une réduction des exportations vers les
pays occidentaux, un embargo total pour les États-Unis (qui ont fourni
l'essentiel du matériel de guerre à Israël), puis pour les Pays Bas (qui lui ont
également apporté leur soutien).
La guerre du Liban en 1982 Précédée en 1981 de l'opération "Litani" qui
avait repoussé au-delà de ce fleuve les forces palestiniennes et établi un "Etat
du Liban-Sud" dirigé par un fidèle d'Israël l'officier libanais Saad Haddad, la
guerre est déclenchée en 1982 par Israël dans la perspective de détruire
l'O.L.P. qui a rassemblé au Liban des forces importantes d'où elle lance ses
commandos pour commettre des attentats en Israël, attentats auxquels ne
répondaient jusqu'alors que des bombardements-représailles.L'autre intention
d'Israël est d'établir au Liban un pouvoir fort aux mains des Phalanges
chrétiennes dirigées par Pierre Gemayel, ennemi juré des Palestiniens. À
noter aussi que la guerre civile entre chrétiens et musulmans sévit au Liban
depuis 1975. C'est la première guerre strictement israélo-palestinienne :
En juin : Israël envahit le Liban par opérations terrestres, aériennes et
maritimes et détruit les installations palestiniennes, En septembre : les
troupes israéliennes encerclent Beyrouth-Ouest (la partie musulmane de la
ville) où l'OLP est solidement installée, en font le siège et bombardent la ville.
C'est alors qu'ont lieu les horribles massacres des camps de Sabra et Chatila
où des centaines de civils palestiniens (plusieurs milliers selon certaines
sources) : femmes, enfants, vieillards... trouvent la mort. Ces massacres sont
perpétrés par les milices chrétiennes maronites alliées de l'armée israélienne
dirigée par Ariel Sharon qui a laissé faire. En fait, nous savons maintenant
que l'armée israélienne et ses chefs ont été très directement impliqués. Le
témoignage d'un témoin oculaire du siège de Beyrouth, l'Ambassadeur de
France Paul Marc Henry, dans son ouvrage Les jardiniers de l'enfer est
particulièrement éclairant : L'ordre général donné à l'armée israélienne pour
leur entrée dans Beyrouth-Ouest aux petites heures du 15 septembre indique
précisément : "nous n'entrerons pas dans les camps de réfugiés. Le ratissage
et le nettoyage des camps seront effectués conjointement par les Phalanges et
l'armée libanaise". Quant à l'armée libanaise, elle est "autorisée à entrer
n'importe où à Beyrouth selon sa demande". En fait, d'après le rapport
Kahane, l'entrée des Phalanges dans les camps de réfugiés avait été décidée
d'un commun accord entre le Général Sharon, ministre de la Défense et le
Général Drori, la veille au soir, à vingt heures trente.
Au cours de la journée du jeudi 15 l'armée israélienne avait procédé à un
bouclage complet de la zone des camps, ce dont nous avons pu nous rendre
compte nous-mêmes en partant de la Résidence des Pins " Devant ces

143 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
massacres et cette guerre où Israël est manifestement l'agresseur, le monde
entier est stupéfait et indigné, de même qu'une partie notable de l'opinion
israélienne. De nombreuses manifestations, notamment d'intellectuels juifs
ont lieu à Paris, tandis qu'en Israël même de violentes réactions et des
manifestations imposantes condamnent le gouvernement. Le grand journal
israélien Haaretz établit même une comparaison avec les massacres nazis... À
propos de cette entreprise guerrière, Benjamin Cohen de l'Université de Tel-
Aviv, écrit dans une lettre à P. Vidal-Naquet (lettre publiée dans le Monde du
19 juin) : " Je vous écris en écoutant le transistor qui vient d'annoncer que
"nous" sommes en train d'atteindre notre objectif au Liban : assurer "la paix"
aux habitants de Galilée. Ces mensonges dignes de Goebbels me rendent fou.
Il est clair que cette guerre sauvage, plus barbare que toutes les précédentes,
n'a rien à voir, ni avec l'attentat de Londres, ni avec la sécurité de la Galilée...
Des juifs, fils d'Abraham... Des juifs victimes eux-mêmes de tant de cruautés,
peuvent-ils devenir tellement cruels ? Le plus grand succès du sionisme n'est
donc que ceci : la "déjudaïsation" des juifs. Faites, chers amis, tout ce qui
reste dans votre pouvoir pour que les Begin et les Sharon n'atteignent par leur
double objectif : la liquidation finale (expression à la mode ces jours-ci) des
Palestiniens en tant que peuple et des Israéliens en tant qu'êtres humains.
À propos de Sabra et Chatila le lieutenant-colonel Elie Geva, limogé pour
son refus d'entrer dans Beyrouth pendant la guerre du Liban a pu déclarer : "
Les camps d'extermination nazis sont le niveau le plus grave, et puis Sabra et
Chatila, un degré un peu en dessous.. Et juste après, il y a les moyens
nécessaires à la pénétration militaire dans une ville : on viole une population,
on se viole soi-même ". La guerre du Liban fit 30.000 tués ou blessés, 10.000
disparus, 80.000 sans-abri tandis que 32 villes et 14 camps de réfugiés
palestiniens furent totalement ou en partie détruits. L'action diplomatique
réussit à sauver l'OLP de destruction complète. Dans le cadre d'une Force
multinationale (F.M.N.) de l'ONU, une partie des combattants palestiniens est
dirigée vers la Syrie, la Jordanie, la Tunisie et d'autres pays arabes ; la
direction, quant à elle, se réfugie à Tunis. (À Tunis, l'OLP sera pourchassée
par les Israéliens :
En 1985 un bombardement israélien fera 70 morts à son quartier général, en
1988 puis en 1991 plusieurs de ses dirigeants seront assassinés par un
commando israélien). L'occupation israélienne durera jusqu'en 1985, sauf
pour "la zone de sécurité du Sud-Liban" qui ne sera évacuée qu'en 2000. Au
cours de cette dernière période allant de 1985 à 2000 de multiples opérations
militaires de l'armée israélienne eurent lieu, notamment celle dénommée
"Raisins de la colère" qui s'est soldée par la mort de 175 civils dont 105 dans
la ville de Cana.

144 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
C'est maintenant le Hezbollah pro-iranien, soutenu par la Syrie, qui prend la
place de l'OLP comme organisation clandestine anti-israélienne.
L'ONU : JOUET D'ISRAËL Nombre de résolutions ont été prises par
l'ONU depuis la création de l'État d'Israël en 1947, résolutions qu'elle a été
incapable de faire respecter. Rappelons tout d'abord la résolution 181 du 29
novembre 1947 par laquelle l'ONU vote le partage de la Palestine en trois
parties un État juif de 14 000 km2 avec 558 000 juifs et 405 000 arabes, un
État arabe de 11500 km2 avec 804 000 arabes et 10 000 juifs, avec entre eux
une union économique, monétaire et douanière, enfin, une zone sous régime
international particulier comprenant les Lieux saints, Jérusalem et Bethléem
avec 106 000 arabes et 100 000 juifs. L'ONU prévoyait aussi dans sa
résolution : que l'union économique - vue comme une nécessité absolue - soit
réalisée entre les États, que les droits des minorités (bénéficiant d'office de
tous les droits civils et politiques) et les principes démocratiques soient
respectés, que les futurs textes constitutionnels des deux États suivent les
normes de l'ONU.
Les résolutions après les guerres de 1948. 1967. 1973.1974 et 1980
La résolution 194 - Assemblée générale des Nations unies : 11 décembre
1948 Elle stipule, à la suite du départ forcé de centaines de milliers de
Palestiniens : " qu'il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de
rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs
voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation
pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour
tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit
international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les
gouvernements ou autorités responsables. "
La résolution 242 - 22 novembre 1967 du Conseil de sécurité des Nations
unies : Cette résolution décrète l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire
par la guerre et exige l'instauration d'une paix juste et durable au Moyen-
Orient, qui passe par " le retrait des forces armées israéliennes des territoires
occupés pendant le récent conflit et le respect de la souveraineté de l'intégrité
territoriale et de l'indépendance politique de chaque Etat de la région, et leur
droit de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, à l'abri de
menaces et d'actes de force. Cette résolution sera reprise dans toutes les
négociations ultérieures de l'ONU. La base de la paix au Proche-Orient est
l'évacuation par Israël des territoires occupés.
La résolution 338 - 22 octobre 1973 - du Conseil de sécurité des Nations
Unies : La résolution réaffirme la validité de la résolution 242 et appelle au
cessez-le-feu et à des négociations en vue " d'instaurer une paix juste et
durable au Moyen-Orient ".

145 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La résolution 3236 - 22 novembre 1974 de l'Assemblée générale des
Nations Unies : La résolution réaffirme le droit inaliénable des Palestiniens
de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens, d'où ils ont été déplacés et
déracinés, et demande leur retour et le droit à l'autodétermination du peuple
palestinien ". Fait particulièrement notable, la résolution 3379 de 1975 de
l'Assemblée générale des Nations Unies condamne le sionisme comme une
forme de racisme et de discrimination sociale. Mais, fait non moins notable,
les Israéliens et leurs protecteurs américains parviennent en 1991, à l'occasion
de l'effondrement du bloc soviétique qui modifie la répartition des votes aux
nations Unies, à faire annuler la condamnation précédente à la Conférence de
Madrid. De plus, poussant alors le cynisme à un rare niveau, les dirigeants
israéliens et leurs complices occidentaux demandent dans la foulée à
l'Assemblée générale des Nations Unies de condamner l'antisionisme. Cette
demande inouïe est rejetée.
La résolution 478 du 20 août 1980
Cette résolution est la réponse de l'ONU au décret israélien du 30 juillet 1980
instituant Jérusalem comme " capitale éternelle de l'État d'Israël ". Elle
dénonce " une violation du droit international " et déclare cet acte de force de
" la puissance occupante " comme " nul et non avenu ". À noter aussi que :
L’Assemblée générale des Nations unies réitère chaque année depuis 1948 "
le droit au retour " pour les réfugiés palestiniens ou, pour ceux qui
renonceraient à ce droit, des compensations financières, le Conseil de Sécurité
a fait depuis 1948 de multiples déclarations appelant Israël à ne pas étendre
ses colonies et notamment à abandonner son projet de Grand Jérusalem. La
dernière, celle du 13 juillet 1998, prie Israël de : " ne prendre aucune autre
mesure qui compromettrait l'issue des négociations sur le statut définitif de la
ville " et de " se conformer scrupuleusement à ses obligations découlant de la
4e convention de Genève ".
Mais la démission de l'ONU, face à Israël, a été constante :
En octobre 1990, l'ONU nomme une commission d'enquête à la suite de la
tuerie dite "des mosquées" par l'armée israélienne, tuerie qui fait 18 morts et
150 blessés. Israël refuse de recevoir cette commission. L'ONU ne réagit
pas...
en 1992 : l'ONU condamne Israël pour l'expulsion vers le Sud-Liban de 415
Palestiniens à la suite de l'assassinat d'un garde-frontière par le Hamas... Israël
ne tient pas compte de cette condamnation. L'ONU ne réagit pas...
en 1996 : à l'occasion de l'opération "Raisins de la colère" menée au Sud-
Liban, l'armée israélienne bombarde le camp de l'ONU recevant des réfugiés
libanais : 98 civils sont tués. L'ONU ne réagit pas...
le 13 juillet 1998, le Conseil de sécurité des Nations Unies demande à Israël
de renoncer au Grand Jérusalem. L'ONU ne réagit pas.... (et, comme chacun

146 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sait, la colonisation de Jérusalem-Est s'est poursuivie à un rythme toujours
plus soutenu, y compris pendant le déroulement des pourparlers entre les
Israéliens et l'OLP sous l'égide des États-Unis).
Le 20 juillet 1998, la Cour Pénale Internationale juge que " la colonisation
de territoires par une puissance occupante doit être assimilée à un crime de
guerre ". Israël vote contre, 21 s'abstiennent, 121 pays votent la motion. Il
s'ensuit que les pays signataires, comme ceux de l'Europe, se sont
implicitement engagés (dès ratification par leur Parlement) à procéder aux
arrestations des responsables israéliens criminels de guerre pénétrant sur leur
territoire. Jusqu'ici aucune arrestation n'a eu lieu...
En mai 2000, Israël bombarde les centrales électriques du Liban, privant ainsi
d'électricité plusieurs centaines de milliers de Libanais avec les morts qui
s'ensuivent (notamment par l'arrêt de certains appareils de nécessité vitale).
L'ONU se contente d'appeler le Hezbollah et Israël à " plus de retenue, comme
si Israël n'était pas directement responsable de ces bombardements dirigés
exclusivement sur des objectifs civils libanais.
C'est dire qu'Israël et ses dirigeants ont toujours, avec un constant cynisme,
ridiculisé l'ONU en se moquant de ses résolutions et de ses veux. Suivant la
phrase célèbre de Ben Gourion : peu importe ce que disent les Gentils,
l'important c'est ce que font les Juifs ". À propos de cette phrase, Ammon
Kapeliouk fait remarquer qu'elle est connue de tous les enfants israéliens. Un
autre exemple récent entre mille : en 1998, alors que les États-Unis
demandaient à Israël d'arrêter la colonisation, Netanyahu, Premier ministre,
déclarait : Israël traverse une période qui nécessite une activité énergique pour
renforcer la mainmise juive sur la terre " tandis que son ministre des Affaires
étrangères, Ariel Sharon, invitait les colons " à passer à l'assaut " en leur
proclamant : " tout ce que vous prendrez restera entre nos mains ". Si Israël
s'est toujours moqué de l'ONU, il lui arrive aussi de se comporter de même
avec ses amis américains. En 1992, le Secrétaire américain, James Baker,
avait lié l'octroi de garanties bancaires pour un prêt de 10 milliards de dollars
à Israël à l'arrêt de la colonisation juive en Cisjordanie et dans la bande de
Gaza. En définitive, Israël devait recevoir la garantie pour son prêt quelque
temps plus tard tout en poursuivant sa colonisation, sans aucune réaction
américaine...
La responsabilité particulière des États-Unis, de la France, de la Grande-
Bretagne, de l'Allemagne
Par l'importance de leurs appuis technologiques, financiers et militaires à
Israël cette responsabilité est particulièrement lourde : toutes ont contribué à
lui fournir notamment des armements sophistiqués de terre, de mer, des airs
(y compris de l'armement atomique).

147 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les experts estiment aujourd'hui que l'armée israélienne possède une centaine
de charges nucléaires susceptibles d'être délivrées dans un rayon de trois mille
kilomètres autour de Jérusalem mettant toutes les capitales du monde arabe à
sa portée. De leur propre aveu, les Israéliens vendent des armes à des pays
plus grands qu'eux sur les cinq continents, notamment à l'Afrique du Sud, au
Chili, à l'Argentine... On peut noter aussi que ces exportations d'armes
représentent 30 % du montant total des exportations israéliennes, que l'aide
officielle reçue des seuls États-Unis est de 4 milliards de dollars par an tandis
que la puissante communauté juive américaine ajoute à cette somme un
milliard de dollars... Quant à l'URSS, tout en menant constamment une
impitoyable politique antijuive, elle n'a cessé de fournir des armes à l'État juif
dans sa lutte contre les Palestiniens. En ce qui concerne les Allemands il faut
souligner que du génocide hitlérien est né un singulier couple, le couple
germano-israélien. Un premier rapprochement eut lieu en 1952 lorsqu'un
accord fut conclu entre les deux pays concernant les réparations officielles de
l'Allemagne. À la suite des négociations entre David Ben Gourion et le
chancelier Konrad Adenauer, ces réparations comportaient le paiement de
plus de 50 milliards de dollars à des particuliers et à l’État d’ Israël. Elles
étaient payables en nature sous forme d'équipements, d'investissements
industriels, de pièces détachées, de navires et de locomotives. À ces aides,
proposées spontanément par le gouvernement allemand à titre de
compensation envers la communauté juive gravement spoliée, sont venues
s'ajouter par la suite des aides bien plus importantes encore, avant tout sous
la pression des juifs américains particulièrement persévérants à exploiter, en
faveur d'Israël, la Shoah et la culpabilité des Allemands. Précisons que
l'organisation juive que préside Lawrence Eagleburger exige de l'Allemagne
des indemnités de 300 000 $ par an. Par ailleurs, dans le domaine militaire,
l'Allemagne est devenue le deuxième partenaire d'Israël après les États-Unis
: les deux pays coopèrent à la mise au point de nouvelles armes, échangent
des technologies de pointe, l'Allemagne fournissant même en douce deux
sous-marins extrêmement sophistiqués (tout en en bradant un troisième) dans
un mouvement de générosité à la suite de la guerre du Golfe. L'Allemagne est
également le deuxième partenaire commercial d'Israël et lui envoie plus de
touristes qu'aucun autre pays.
En ce qui concerne la politique " l'Allemagne est désormais notre soutien
principal et notre avocat en chef en Europe " a déclaré Reuven Merhav, ancien
directeur au ministère israélien des Affaires Étrangères. Quant aux relations
entre les services secrets entre les deux pays, elles sont particulièrement
intenses. L'Allemagne fournit à Israël des informations extrêmement
importantes sur le monde arabe, en échange de quoi Israël fournit à
l'Allemagne des données secrètes sur l'Europe de l'Est et la Russie. Même si

148 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
une impression s'est répandue chez les Allemands d'être les dindons de la
farce d'une " industrie de l'Holocauste ", même si " beaucoup de compagnies
allemandes ont le sentiment d'être soumises à un véritable racket par les Juifs
américains " comme le dit Deidre Berger, directeur du Comité Juif Américain
à Berlin, il n'en reste pas moins qu'une enquête menée en Allemagne et en
Israël montre que le soutien de l'Allemagne, quoique fort discret, est
absolument central dans les domaines militaire, sécuritaire, politique et
économique alors que le comportement de l'intelligentsia française est
considéré en Israël comme tout à fait suspect. Bref, du remords quant au passé
et de la volonté d'expiation savamment exploitée et attisée est née une étrange
amitié (suivant le mot de Roger Cohen journaliste au New York Times). La
méconnaissance de la malignité de l'idéologie sioniste et une certaine lâcheté,
lâcheté commune à bien d'autres États occidentaux, ne sont cependant pas
absentes de la coupable indulgence de l'Allemagne vis-à-vis d'Israël. Comme
le constate Cohen, le rapport annuel sur les Droits de l'Homme édité par le
Ministère allemand des Affaires Étrangères au Moyen-Orient ne comporte
aucune mention des exactions d'Israël dans les territoires occupés. Seuls, les
Palestiniens sont l'objet de critiques. M. Wiener, un diplomate allemand
marié à une israélienne, est heureux de vivre en Israël, mais pour préserver la
remarquable alliance entre les deux pays, il est contraint, dit-il, à la réserve. "
Je pense qu'Israël devrait rendre les territoires occupés, Je le dis à mes amis
et ils n'ont rien contre, mais en public, en tant qu'Allemand, la seule chose
que vous puissiez faire, c'est... la fermer.
Ainsi l'ONU, par sa faiblesse, a accepté d'Israël, un de ses membres à
part entière depuis 1949 :
La violation permanente des frontières,- l'application ininterrompue d'une
politique d'élimination, d'annexion, d'expansion et de colonisation, alors que
le Tribunal international assimile la colonisation à un "crime de guerre",
La prétention d'Israël à résoudre seul hors de toute intervention de l'ONU -
les conflits qu'il a lui-même provoqués, la violation permanente des droits de
la personne tels qu'ils sont définis par la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948, notamment la torture et la prise d'otages, Le non-respect
les Conventions de Genève dans les territoires occupés,
Le refus de tout contrôle de l'Agence Internationale de l'Énergie atomique et
la production des armes chimiques et biologiques. Comme l'écrit Miguel
Benassayag (écrivain argentin exilé): L'État d'Israël justifie à l'avance chaque
nouvelle exaction par un supposé droit à la survie, dont l'holocauste est
l'argument majeur et imparable. Ainsi une barbarie pourrait en légitimer une
autre ! La vérité, si simple et pourtant rarement énoncée, réside dans le fait
que la brutalité de l'État d'Israël ne l'érige pas héritier du ghetto de Varsovie
mais plutôt de ses bourreaux ". Alors que le ministre français des Affaires

149 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
étrangères Hubert Védrine, après bien d'autres dirigeants, peut aussi déclarer
que : « Les Israéliens trouveront toujours des raisons pour justifier une
attitude dilatoire, comment ne pas voir que seules les sanctions diplomatiques,
économiques, voire militaires, émanant de l'ONU sont susceptibles de faire
céder Israël et le ramener dans le droit international ? Car si l'ONU avait
quelques circonstances atténuantes dans sa funeste erreur de 1947 (son défaut
de jugement quant la malignité potentielle de l'idéologie sioniste), Cette
excuse n'existe plus depuis longtemps, et devant l'état de guerre permanent
qui en est résulté dans cette région, et devant le mépris affiché d'Israël pour
la communauté internationale. Errare humanum est, persévérerai diabolique.
LES ORGANISATIONS TERRORISTES DU SIONISME
Tout terrorisme, de quelque nature qu'il soit, commandité par quelque
individu ou quelque organisation que ce soit, est odieux et intolérable. Ce
terrorisme qui tue des personnes totalement étrangères au conflit en cause,
notamment des enfants, sera toujours inadmissible. Ceci étant posé, et sans
chercher de circonstances atténuantes à quelque entreprise terroriste que ce
soit, il convient néanmoins de remarquer que l'odieux comporte des niveaux.
Dans l'ex-Palestine, il y a manifestement un terrorisme d'agression et de
conquête, c'est celui des forts, celui des sionistes israéliens et un terrorisme
de défense et de désespoir, c'est celui des faibles, des dominés et opprimés,
celui des Palestiniens. Les deux sont lâches, mais il est évident que le premier
dépasse le second dans l'insupportable. Si nous ne parlons ici que des
organisations terroristes israéliennes, ce n'est nullement pour minimiser ou
excuser les crimes dont sont responsables les organisations palestiniennes
(Hamas, Hezbollah, Djihad...) : même la terrible oppression subie depuis
tant d'années de la part des sionistes ne peut le justifier. En dehors du fait que
ce dernier terrorisme est celui du désespoir, de la faiblesse et de l'oppression,
une raison justifie ce parti pris : le terrorisme israélien parce que beaucoup
plus occulte, plus sophistiqué, moins sommaire et partant moins spectaculaire
que le terrorisme palestinien, est totalement ignoré de la majorité des esprits.
À propos de ce terrorisme palestinien,
le philosophe israélien Leibovitz a pu écrire : Je ne vois aucune raison de
condamner des actes dont je suis convaincu qu'ils sont inévitables. Tant que
l'occupation continuera des Palestiniens installeront des voitures piégées et
nous, nous tuerons des gosses. Les Palestiniens luttent avec tous les moyens
qu'ils trouvent efficaces ". Parmi les organisations sionistes les plus notables
ayant ¦œuvré en Palestine avant la création de l'État d'Israël ou depuis cette
création, citons : L’Ha-Shomer (la Garde) Ce fut la première organisation
paramilitaire clandestine. Elle comptait en 1910 une centaine de membres et
combattit avec les Anglais pendant la guerre de 1914. Ses membres

150 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
formèrent, entre les deux guerres de 1914-18 et de 1939-45, les cadres de
l'armée juive clandestine : la Haganah.
L'Irgoun Comme nous l'avons vu précédemment, cette organisation
d'extrême droite se spécialisa dans les attentats à la bombe contre les forces
britanniques et les Arabes de 1935 à 1939 avec reprise en 1944. Elle donna
naissance en 1948 au parti Herout, devenu l'actuel Likoud. Le Lehi (ou groupe
Stern) Dissidence de l'Irgoun il a multiplié lui aussi les attentats, les
exécutions sommaires et les extorsions de fonds et se spécialisa
particulièrement dans les attentats à la bombe contre les forces britanniques
pendant la période du Mandat. Fait tout à fait notable, en vertu de l'adage
selon lequel " les ennemis (les Allemands) de nos ennemis (les Britanniques)
sont nos amis " et dans la perspective d'obtenir d’Hitler la création d'un État
juif après la conquête du Moyen-Orient, les dirigeants du Lehi, ont offert en
1940-41 les services de leur organisation à l'Allemagne nazie. Cette
organisation s'était engagée, en effet, à aider Rommel contre Montgomery..
Un message de la direction du Lehi dit ceci : " la création d'un État juif sur
une base nationale et totalitaire, lié par un traité avec le Reich allemand,
servirait les intérêts et consoliderait la future puissance allemande au Proche-
Orient. Si les aspirations nationales que nous venons de citer sont reconnues
par le Reich allemand, notre mouvement de libération se propose de prendre
une part active à la guerre, du côté de l'Allemagne ". Mais Hitler dans sa haine
des Juifs refusa net cette proposition.
La Haganah (la Défense) Elle fut créée en 1920, avait 15 000 membres au
début de la guerre de 1940 et comportait notamment (à partir de 1941) des "
compagnies de choc ", le Palmach. Cette organisation militaire sioniste qui
n'hésitait pas à s'attaquer aux Juifs antisionistes - c'est elle qui assassinat en
1924 le poète et journaliste juif De Haan -fut qualifiée d'armée privée
clandestine, dès 1946, par la commission anglo-américaine.
Les mista'arebim C'est une organisation terroriste sioniste toujours active en
Israël. Leibowitz l'assimile au Hamas palestinien : " Est-ce que quelqu'un peut
nier le fait, atroce, que les actes du Hamas, d'une part,
et les mista'arebim, d'autre part, se ressemblent ? " écrit-il. De quelques crimes
perpétrés par les organisations terroristes sionistes
La Grande-Bretagne accusée par les sionistes de contrarier l'arrivée massive
et programmée de colons juifs pendant son Mandat sur la Palestine (après la
guerre de 1914-1918 jusqu'en 1948) sera souvent la cible de choix de ce
terrorisme juif. De multiples faits peuvent être rapportés... Citons en
quelques-uns :
1944 Yitzhak Shamir, chef du Lehi, fait assassiner Lord Moyne grand ami de
Churchill, ambassadeur d'Égypte et envoyé spécial de Churchill en Palestine.

151 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
1946: en février : des commandos détruisent 22 appareils de combat
britanniques sur des aéroports militaires, en avril : 7 soldats britanniques sont
abattus dans leur caserne, en mai : les ponts reliant la Palestine aux pays
limitrophes sont dynamités, en juin : 8 soldats britanniques sont enlevés et
pris en otage, en juillet : l'Irgoun plastique l'hôtel King David, siège de
l'administration britannique. On dénombre 93 morts, en majorité des civils,
soit 41 Palestiniens, 28 Britanniques et 17 Juifs. À la suite de ces actions
terroristes les Britanniques arrêtent 2675 suspects juifs (dont Shamir,
commandant le Lehi ; Begin quant à lui parvient à s'échapper).
Par ailleurs, ils font une descente à l'Agence juive où ils découvrent un
important stock de matériel militaire. L'occupation par l'armée britannique,
pendant un jour, de cette Agence juive est considérée, par Weizmann son
président, comme une déclaration de guerre du Royaume-Uni non seulement
à la communauté juive de Palestine, le Yishouv, mais à tous les juifs.
Weizmann demande alors aux juifs du monde entier et au service de
propagande de l'Agence de faire front contre le Royaume-Uni.
1947 en mars : l'Irgoun organise des raids contre une quinzaine d'objectifs
militaires britanniques, en mai : l'Irgoun attaque la prison de Saint Jean d'Acre
et libère plusieurs centaines de militants sionistes emprisonnés par les
Britanniques, en juin : les attentats se multiplient lors de l'enquête de
l'UNSCOP à l'initiative des Nations Unies. À signaler notamment
l'enlèvement et la pendaison de deux sergents anglais dont les cadavres piégés
explosent lorsqu'ils sont découverts. En 2 ans, ce sont 150 militaires
britanniques qui tombèrent victimes des sionistes et 350 qui furent grièvement
blessés.
1947-1948 : C'est la guerre israélo-arabe Avec les hommes et l'argent
provenant de nombreuses communautés juives, avec les armes venues en
masse de l'Occident (notamment de Tchécoslovaquie) et avec son organisation
terroriste mise au point méthodiquement et clandestinement depuis
longtemps, Israël triomphe de ses voisins arabes. Outre les multiples attentats
terroristes et la destruction de très nombreux villages,
Il faut signaler particulièrement le massacre perpétré dans le village palestinien
de Deir Yassin dont nous avons déjà parlé et celui du village chrétien
d'Eilaboun, en Galilée dont 13 habitants furent massacrés le 30 octobre 1948
par l'armée d'Israël tandis que les autres étaient expulsés vers le Liban, avant
d'être, par exception, autorisés à regagner leurs foyers et leurs champs
dévastés. (À noter que ce dernier cas n'est connu que depuis quelques années
grâce à l'historien israélien Benny Morris qui a pu exhumer des archives de
l'ONU). L'historien de la Haganah, Arieh Yitzhaqi, affirme que " l'opération
de Deir Yassin était en ligne avec des dizaines d'attaques menées à cette
époque par la Haganah et le Palmah, au cours desquelles des maisons pleines

152 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
de personnes âgées, de femmes et d'enfants étaient dynamitées ". À noter que
l'Organisation Socialiste Israélienne publia elle-même, dans son organe
Matzpen, une liste de 384 villages arabes détruits par Israël en 1948 ainsi
qu'une liste des agglomérations juives construites sur leurs décombres. On
peut ajouter que depuis 1948, bien d'autres villages ont subi le même sort sous
les prétextes les plus divers. En cette même année 1948, le 19 septembre, le
Médiateur de l'ONU, le comte Folke Bernadotte, qui dans son premier rapport
décrivait : le pillage sioniste à grande échelle et la destruction de villages sans
nécessité militaire apparente " et prônait " le retour dans leurs foyers des
réfugiés enracinés dans cette terre depuis des siècles ", est abattu dans son
avion, avec son assistant français le Colonel Serrot. Ce sont les organisations
terroristes de l'Irgoun et du Lehi qui sont de nouveau responsables de cet
assassinat. Bien qu'ayant sauvé des milliers de Juifs, Bernadotte avait été jugé
trop " pro-arabe " par Yitzhak Shamir. À noter que l'opinion américaine,
jusque-là favorable au partage de la Palestine, le regrette alors en majorité
tandis que Washington lui-même amorce un revirement de sa position.
Néanmoins, comme nous l'avons vu plus haut, il est trop tard, ce revirement
n'aura pas de suite... À ce terrorisme issu d'organisations sionistes diverses
s'est associé, à partir de 1948, un terrorisme d'État, dans lequel on peut ranger
: les actions de l'armée destinées, par exemple, à terroriser les populations
pendant les guerres de 1948 et de 1967 dans la perspective de les faire quitter
leurs villages ou les actions menées comme représailles sur des populations
civiles comme celle du 14 octobre 1953 à Kybié en Samarie. À la suite de la
mort d'une femme et de deux enfants par l'explosion d'une grenade lancée sur
un foyer juif par un Arabe de la Région, les représailles de l'armée firent plus
de cinquante morts et comportèrent la destruction de quarante maisons. À
cette occasion le philosophe Yeshayahou Leibowitz (dans Judaïsme, peuple
juif et État d'Israël) devait interroger ainsi ses compatriotes : " D'où vient cette
jeunesse qui n'a éprouvé aucune réserve, aucun frein psychologique en
commettant cette barbarie ;
D’où a-t-elle reçu l'impulsion (interne et externe) pour exécuter cet acte de
représailles ? De multiples actions criminelles commises par l'armée
israélienne sont maintenant connues Citons par exemple celle qui a été
rapportée par l'universitaire Rudolf El-Kareh en tant que témoin direct :
l'écrasement en 1972 par un blindé, sur ordre d'un officier commandant une
patrouille, d'un véhicule type Mercedes 180 avec ses neufs occupants. Citons
aussi les atrocités qui accompagnèrent la guerre du Liban en 1982, le massacre
de Cana, au Sud Liban en 1996.*- les multiples actions d'enlèvement et de
liquidation des dirigeants des organisations palestiniennes résidant en
Palestine ou à l'étranger, tels Saïd Hamman assassiné à Londres en 1978, Naim
Kider assassiné à Bruxelles en 1981, Sartawi assassiné au Portugal en 1983,

153 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Abou Jihad, numéro deux de l'OLP, assassiné à Tunis par un commando
israélien en 1988 ou, son successeur, Abou Iyad, assassiné lui aussi à Tunis en
1991 avec plusieurs de ses conseillers, Kamal Adwan, Kamal Nasser, Ghassan
Kanafani, Abu Jihad et Abu Ali Mustafa... En dix mois d'Intifada 2000-2001,
quelque 60 Palestiniens (les uns manifestement visés, Les autres tués parce
qu'ils se trouvaient simplement là) ont été victimes de ces assassinats
politiques sommaires effectués la plupart du temps grâce aux indications
fournies par les petits collabos arabes et chrétiens du Shin Bet. Lors de la
première Intifada ce sont environ 120 Palestiniens qui furent victimes de ces
assassinats, pratique très ancienne dans le mouvement sioniste. À ce
terrorisme, tantôt terrorisme de l'ombre et silencieux, tantôt terrorisme
spectaculaire à l'aide de missiles, terrorisme décidé, organisé et planifié
directement et froidement en conseil des ministres en défiant toutes les
instances internationales des droits de l'homme et les gouvernements des
États démocratiques, il faut ajouter :
*- le terrorisme personnel des colons Organisés en milices plus ou moins
secrètes, au nombre de 200 000, les colons possèdent, avec l'appui de l'armée,
des armes automatiques tout à fait sophistiquées. Ainsi, à Hébron, un petit
groupe de colons surarmés, à peine 300, contrôle le centre d'une cité de 100
000 habitants, habitants marginalisés, Interdits de centre-ville et menacés en
permanence par les militants extrémistes et les soldats. On peut noter que, dès
1978, les colons ont été totalement intégrés au sein de la défense territoriale
par le chef d'état-major Rafael Eitan pour assurer une défense statique aux
endroits sensibles (frontières, colonies juives...) Indépendamment d'une garde
civile permettant aux colons de patrouiller dans les villes le civil israélien est
un soldat en permission suivant le mot fameux d'un général une structure
originale a été créée les yeshivot hesder où les appelés religieux du contingent
associent service militaire et études talmudiques. Elle vient renforcer la
militarisation des colonies.
*- le terrorisme d'individus isolés comme celui qui a entraîné les massacres
d'étudiants islamiques en 1982 à Hébron ou de 29 musulmans dans la mosquée
de cette même ville en 1994. Selon les services mêmes de renseignements
civils israéliens, il existe dans les colonies de Cisjordanie et de Gaza une
nébuleuse de " petites organisations terroristes juives " occupées
principalement à comploter contre le " processus de paix " et pariant sur le
chaos comme antidote aux éventuelles concessions territoriales que
consentirait le gouvernement israélien. Beaucoup sont dirigées par des
rabbins. Parmi leurs projets, il y a eu notamment : l'assassinat du président de
l'État, du chef du gouvernement et du ministre de la Défense, le
déclenchement d'une tuerie massive de Palestiniens, le dynamitage du Dôme
du Rocher à Jérusalem, troisième lieu saint de l'Islam. À ce dernier propos

154 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
signalons l'existence des "Artificiers du Messie" et les "Fidèles du Mont
du Temple" responsables de la tuerie du 8 octobre 1990 au cours duquel dix-
sept fidèles musulmans furent tués et qui restent toujours décidés à dynamiter
les mosquées et à construire le troisième temple.
Parmi elles, on peut citer aussi le Kahane Haï du rabbin Meir Kahane, le Haï
Vekayam... Tous se réclament de l'esprit de ces sicaires juifs qui, au premier
siècle de notre ère, assassinaient leurs coreligionnaires accusés de collaborer
avec la puissance occupante, les Romains. À noter encore véritable institution
centrale de l'État d'Israël le service de renseignements, de police et
d'espionnage, service particulièrement sophistiqué auquel sont consacrés des
capitaux considérables et qui trouve facilement des complices en dehors
d'Israël, mais aussi chez les Arabes comme il en existe toujours chez les
peuples réduits à la servitude. En 1994, l'organisation israélienne des droits de
l'homme B'tselem estimait à 6000 le nombre de collaborateurs répertoriés par
le Shin Bet. Le retrait israélien de certaines villes palestiniennes n'a pas tari,
bien au contraire, ce besoin d'indics. Tous les moyens de corruption sont bons
pour recruter : un permis pour travailler en Israël ou s'y faire soigner, un
laissez-passer pour se rendre en Jordanie, une somme d'argent...
LA COLONISATION INÉDITE ET SOPHISTIQUÉE DE LA
PALESTINE : Depuis la création de l'État d'Israël :
Dès 1945 et la fin de la guerre, un vaste réseau d'organisations des migrations
juives (la Britah) fut mis en place en Palestine par le mouvement sioniste. Il
avait particulièrement pour but d'attirer le plus grand nombre possible de Juifs
d'Europe de l'Est vers les camps de personnes déplacées pour développer
l'immigration clandestine, tout en suscitant l'émotion de l'opinion publique
internationale et en accroissant les pressions sur le gouvernement britannique
en charge du Mandat.
Par ailleurs, dans leurs zones d'occupation en Allemagne et en Autriche, les
autorités américaines ont apporté toute leur aide à l'Agence juive chargée de
la même politique d'immigration juive vers la Palestine. Avec la création de
l'État d'Israël en 1947 de nombreux autres facteurs vont venir s'associer,
permettant l'expansion démographique spectaculaire des Juifs : *- la loi dite "
du retour " qui accorde systématiquement aux juifs la citoyenneté israélienne
et l'aide à leur établissement dans le pays, l'usage de la force intervenant sur
l'ensemble des territoires occupés. Cette force de contrainte sur les populations
arabes est multiforme et parfaitement organisée : outre les militaires et les
policiers, les colons et nombre de religieux sont armés en permanence, un
redoutable arsenal juridique, notamment les lois dites " d'urgence " qui
permettent la confiscation de terres appartenant aux Arabes (actuellement ils
ne possèdent plus que 10 % de leur propriété foncière d'avant 1948), l'afflux
massif de capitaux en provenance des communautés juives de l'Occident,

155 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
capitaux qui permettent notamment, entre autres avantages, de subventionner
les colons lesquels ne payent qu'une fraction minime de la valeur des terrains
acquis aux Arabes. La mise en œuvre de méthodes inédites de colonisation :
implantations multiples et disséminées dans les territoires peuplés de
Palestiniens et destinées à asphyxier ces territoires. C'est ainsi que le nombre
de Juifs qui, en 1948, était de l'ordre de 600 000 environ a été multiplié depuis
par plus de 8. Dans les années 70, les immigrés sont majoritairement des Juifs
d'Afrique et d'Asie. Dans les années 80, la nouvelle vague provient avant tout
d'URSS. Après entente avec le Président Mikhaïl Gorbatchev, et moyennant
des sommes d'argent considérables, elle est faite en majorité de gens d'un
niveau professionnel élevé (ingénieurs, chercheurs, professeurs d'Université,
médecins...). Les Juifs d'Éthiopie (les Falashas, très pauvres) sont, quant à eux,
ramenés à l'occasion d'une terrible famine après que les dirigeants israéliens
se furent imposés près des autorités éthiopiennes pour la mise en ¦uvre de leur
entreprise. Triés parmi les populations affamées, ils sont transportés par avion
en Israël. La valeur des terres et des biens perdus par les Arabes au profit des
Juifs par le processus de colonisation a donné lieu à bien des estimations.
Citons celle de la commission tripartite (anglo-franco-turque) concernant
simplement le bilan de la guerre de 1947-1948. Selon ses conclusions, les biens
abandonnés par les Palestiniens devaient être estimés à 1 124 000 000 livres
sterling (ce qui représente aujourd'hui plusieurs centaines de milliards de
dollars). Pour Dominique Vidal, journaliste au Monde, avec cette colonisation,
" la somme qui a été volée est phénoménale. Les Israéliens se sont emparés
de trois cent mille hectares, ce qui est considérable compte tenu de la
superficie du territoire, de milliers de chambres d'habitation, de magasins,
d'ateliers ".
La colonisation des territoires occupés a toujours été la priorité des priorités
des différents gouvernements israéliens de gauche ou de droite. Elle s'est
perpétrée dans l'indifférence des nations, dans le mépris le plus total de la 4e
Convention de Genève de 1949 qui stipule dans son article 49 que : " La
Puissance occupante ne pourra procéder au transfert d'une partie de sa propre
population civile dans le territoire occupé par elle.
Le rôle colonisateur des kibboutzim Sans nier l'idéalisme des pionniers
sionistes porteurs d'un certain idéal collectiviste, il faut bien voir que leur
entreprise répond d'abord aux impératifs stratégiques de l'État juif. Pour le
Mapam lui-même une des fonctions essentielles des kibboutzim est d'être " le
facteur le plus important dans l'établissement de l'hégémonie territoriale
d'Israël ". Ainsi chaque kibboutz-frontière est considéré comme une unité
militaire autonome dont les membres initialement pacifiques sont destinés,
compte tenu de la tension persistante, à se transformer rapidement en
militaristes particulièrement intransigeants, agressifs et convaincus du bien

156 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
fondé des représailles. Le ministère de la Défense intervient directement dans
la sélection des terres à coloniser par les kibboutzim tandis que l'Agence juive
assure le financement de leurs besoins normaux et spéciaux ". Le principe
politique sous-jacent à cette organisation sophistiquée est particulièrement
bien réfléchi : aucune ligne de fortifications ne peut égaler une chaîne vivante
de villages dont les fermiers sont prêts à la fois pour le travail et la défense.
La colonisation inédite des territoires occupés : la Cisjordanie et la bande
de Gaza
Les prétextes sont multiples pour exproprier, avec l'aide de l'armée, de la
police, des forces religieuses juives, les terres des Arabes au profit des colons
juifs, d'autant plus que la jurisprudence rabbinique favorise systématiquement
les Juifs dans les conflits avec les non-Juifs. Le nombre des colonies et leur
étendue n'ont ainsi jamais cessé de s'accroître dans la perspective commune à
tous les Juifs sionistes : la récupération de l'ensemble des territoires de l'ex-
Palestine et la création d’Eretz Israël. Colonisation brutale ou rampante, la
tactique a pu changer en fonction notamment du contexte international mais
la stratégie : avancer, réduire le rythme (ou faire semblant de le réduire ici
pour occulter ce qui se passe là), jamais reculer, est restée parfaitement
immuable avec les années. Lorsque la communauté internationale a d'autres
préoccupations urgentes, telle la guerre du Golfe, la guerre de Yougoslavie
ou celle d'Afghanistan, les implantations juives s'accélèrent dans la frénésie.
Comme le dit très simplement un rabbin opposé au processus de paix, il s'agit
de créer une situation sur le terrain qui rende impossible tout règlement du
conflit.
Chaque nouvelle colline conquise fait progresser la nation. Ce n'est pas le
gouvernement qui nous fait venir ici, ce sont la Torah et nos rabbins ". dit
aussi Boaz Melet, un de ses coreligionnaires. " Nous sommes là pour
récupérer des terres appartenant à Israël " rétorque un autre.
Le Général Sharon a aussi le mérite de la franchise. " Si nous étions dix
millions de Juifs en Israël, nous n'aurions plus de problèmes " affirme-t-il, en
faisant un appel pressant aux Juifs du monde entier pour les engager à venir
en Israël. Pour lui et pour nombre de ses compatriotes, la lutte pour la terre
doit se continuer à jamais " la guerre d'indépendance n'est pas terminée et peut
être qu'elle continuera à jamais. Un peuple normal ne se pose pas de telles
questions comme :"vivrons-nous toujours par le glaive ? Le glaive est une
partie de la vie. Ceux que le caractère sacré de la terre enthousiasme ne seront
jamais satisfaits de ce qu'ils ont. Il y a beaucoup de dunums palestiniens qui
attendent leur rédemption. Un par un, ils connaîtront cette rédemption. Grâce
à nos héros et, ajouté aux "bandes de sécurité" ils seront des terres sans Arabes
". Tout un arsenal juridique inventé et adapté au but poursuivi (parfaitement
décrit dans le rapport d'Amnesty International de décembre 1999), les

157 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
références au Talmud, les prétextes les plus divers comme la présence des
ancêtres deux mille ans auparavant, ou les nécessités stratégiques, Sont
toujours utilisés au service des expulsions, des expropriations de terres, des
destructions par le feu ou les bulldozers des maisons palestiniennes
indésirables, de l'arrachement des arbres et des plantations, sans parler de
l'accaparement systématique de l'eau au bénéfice d'une seule catégorie. C'est
ainsi qu'en 1999, 40 % de la bande de Gaza et 73 % de la Cisjordanie (contre
41 % en 1984) sont aux mains des Juifs. Par ailleurs, certaines tactiques et
astuces de colonisation nous sont maintenant bien connues grâce aux archives
israéliennes. L'une d'elles est parfaitement décrite par le général Moshe
Dayan, un des principaux chefs militaires d'Israël et ministre de la Défense
d'avant 1967. À propos des affrontements frontaliers entre la Syrie et Israël,
affrontements qui officiellement étaient causés par la Syrie, Dayan dit ceci :
Pour au moins 80 % des affrontements, cela se passait de la manière suivante
: on envoyait un tracteur labouré une parcelle, là où il était impossible de rien
faire, dans la zone démilitarisée. Si les Syriens ne tiraient pas, on disait au
tracteur d'aller plus loin, jusqu'au moment où, perdant patience, ils tiraient.
Alors nous utilisions l'artillerie et ensuite les forces aériennes. C'est ainsi que
cela se passait ". De son côté, le général Mattiyahou Peled affirme que " plus
de 50 % des incidents frontaliers avec la Syrie avant la guerre des six jours
étaient le résultat de notre politique de colonisation dans la zone démilitarisée.
À ce propos, le professeur Israël Shabak écrit : Pour convaincre qu'avant
Israël la Palestine était un "désert", des centaines de villages ont été rasés au
bulldozer avec leurs maisons, leurs clôtures, leurs cimetières et leurs tombes
". De quelques-uns des 1300 ordres promulgués par l'Autorité militaire depuis
1967 dans les territoires occupés :*- il est interdit de puiser de l'eau sur terre
ou sous terre sans permis spécial (n° 158) *- il est interdit d'importer ou
d'utiliser un tracteur ou tout équipement agricole sans autorisation (n° 134) *-
il est interdit de planter des arbres fruitiers et certains légumes sans
autorisation (n° 1015, 1039, 1140) *- il est interdit d'exporter la plupart des
fruits et légumes, les produits industriels, les pierres, les algues, les timbres-
poste, les antiquités *- toute terre dont le propriétaire est absent ou ne peut
pas prouver ses droits est propriété d'État (n° 59, 364, 1091, 1308) *- toute
terre confisquée pour des raisons d'intérêt public ou de sécurité est propriété
d'État *- toutes les propriétés d'État peuvent être cédées à des colons *-
l'Autorité militaire décide des livres autorisés ou interdits dans les écoles et les
collèges (n° 107, 812) *- l'Autorité militaire peut boucler tout secteur ou
bloquer la circulation sans préavis ni explication (n° 378) *- l'Autorité
militaire peut arrêter et détenir toute personne pour une période de 6 mois
renouvelable par simple décision administrative (n° 378, 1229-0, 1236, 1254)
*- les comités d'appel peuvent prendre en considération des éléments de

158 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
jugement sans les communiquer à l'accusé (n° 1311)…. etc. Comme
l'affirmait en 1995 l'organisation israélienne des droits de l'homme Betselem :
" Depuis vingt-cinq ans, Israël viole la loi internationale et les principes
fondamentaux de la démocratie pour réaliser à Jérusalem ses objectifs
politiques : préserver la primauté démographique de la population juive ".
Ainsi, chaque jour qui passe, la Palestine des Arabes se rétrécit, rongée
kilomètre après kilomètre carré, dunum après dunum, par une colonisation
inexorable.. Edward W. Saïd (professeur de littérature à l'Université de
Columbia - E. U.), à l'occasion d'un voyage en Cisjordanie, note, par exemple,
que : " presque toutes les voies, toutes les voies de contournement et tous les
petits villages où nous sommes passés ont été le théâtre d'une tragédie
quotidienne : terre confisquée, champs saccagés, arbres et plantes déracinés,
moissons arrachées, maisons détruites " exactions contre lesquelles les
propriétaires sont totalement impuissants ". Cette colonisation des territoires
à conquérir, par l'implantation d'unités à la fois disséminées et poursuivant un
but unique, est particulièrement habile, diaboliquement habile, sournoise et
redoutable d'efficacité. Elle n'est pas sans rappeler les métastases cancéreuses,
ces cellules " folles " qui s'en vont coloniser les organes dans le voisinage ou
à distance d'une tumeur et les détruisent & undash; souvent par asphyxie -
inexorablement. À la fin de l'année 2000 dans les territoires occupés, il y
avait, répartis dans environ 150 colonies : 200 000 Juifs en Cisjordanie, 180
000 à Jérusalem-Est, 6 500 à Gaza. Trois institutions financées par les Juifs du
monde entier contribuent puissamment à cette colonisation sioniste :*-
l'Organisation juive mondiale, agence chargée d'aider concrètement les
immigrants à s'installer en Israël, *- le Keren Hayessod qui collecte des fonds
dans la diaspora, *- le Fonds national juif chargé de l'achat des terres aux non-
Juifs et de leur mise en valeur par des Juifs La colonisation israélienne,
soutenue depuis 1948 par une force coercitive croissante de la part du
gouvernement et de l'armée, légitimée par des principes religieux tirés des
Écrits du Judaïsme, et qui porte sur tous les domaines (politique, économique,
culturel...) N’avait manifestement pas été prévue par les pionniers du
sionisme lesquels, malgré leurs erreurs, étaient profondément marqués par
l'idéalisme, le pacifisme et le socialisme. Par l'impérialisme dont elle
témoigne, elle est sans nul doute la plus maléfique des temps modernes sur les
populations asservies. Assimilée à un " crime de guerre " par la Cour Pénale
Internationale depuis le 20 juillet 1998, elle n'en continue pas moins d'avancer
en toute impunité. On peut ajouter enfin que la colonisation n'est qu'une étape
de l'entreprise sioniste. Comme l'a écrit assez ingénument la professeur
Benzion Dinur, historien et ancien ministre de l'Éducation nationale : " A
l'heure actuelle, nous parlons de colonisation, et seulement de colonisation.

159 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
C'est notre but à court terme ". Le but final pour être Occulté n'en est pas moins
précis : la possession d’Eretz Israël, horizon indépassable des sionistes.
NATIONALISME, APARTHEID ET RACISME ANTI-"NON-JUIF"
EN ISRAËL
Avec le recul du temps - un siècle d'évolution et de développement - qui
permet de porter un jugement assez assuré- on peut définir le contenu de
l'idéologie sioniste comme un nationalisme à base religieuse et raciale,
s'exprimant par un colonialisme agressif, un apartheid spécifique, voire un
racisme caractérisé. C'est un nationalisme particulier de par ses deux
composantes. Apparu à la fin du XIXe siècle en même temps que les
nationalismes occidentaux, le nationalisme sioniste a sans doute quelques
ressemblances avec le nationalisme d'Europe centrale et orientale, tel qu'on a
pu le voir, par exemple, à l'époque moderne, dans l'ex-Yougoslavie ou l'ex-
URSS, nationalisme d'ordre culturel et religieux s'appuyant sur un passé
commun héroïque. Néanmoins, il en diffère profondément par ses deux
composantes spécifiques : la composante mythique d'une part, celle de la
Terre promise par le dieu Yahvé à un Peuple élu, la composante raciale d'autre
part, cette dernière étant définie très précisément à partir de l'hérédité au sens
strict et basée sur le droit du sang : est juif celui qui a une mère juive ". Malgré
leur incroyance religieuse quasi généralisée, tous les dirigeants israéliens de
droite ou de gauche ces derniers mobilisant le socialisme non pas pour un
objectif social avec ses valeurs universalistes mais pour un objectif étroitement
national ont partagé depuis cinquante ans cette mystique nationaliste
réclamant les territoires antiques dont il est question dans la Torah. Tous ont
intégré cette idée d'un peuple spécifique qui n'est pas comme les autres, à qui
appartient une terre de toute éternité. Tous ont pratiqué parallèlement une
solidarité de race. Les religieux sont néanmoins à la pointe du combat. " Cette
terre est ma terre, donnée par Dieu à mon peuple " Proclame, par exemple, le
député et rabbin israélien Avraham Ravitz, tandis que l'ex-grand rabbin
français, René-Samuel Sirat, de son côté, n'hésite pas à écrire que " personne
ne peut nier les droits d'Israël sur les terres de le Promesse " et à revendiquer,
pour les juifs exclusivement, et le droit du " sol " et celui du " retour à
Jérusalem ". Le Juif israélien moyen d'aujourd'hui partage, bien entendu, ces
mêmes convictions d'autant plus que la jeunesse israélienne, élevée dans le
culte de l'État et de la force armée, tend à rejeter toutes valeurs étrangères ou
qui ne renforcent pas l'unité nationale. Israël est ainsi le seul pays établi sur
de tels fondements théoriques, fondements aussi contraignants l'un que l'autre,
le premier portant sur un territoire précis, le second sur un groupe d'hommes
parfaitement désigné. En ce qui concerne la composante raciale, on peut dire
que la constatation de son existence est particulièrement surprenante et
affligeante. On sait, en effet, que l'État d'Israël a vu le jour récemment et ce,

160 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
grâce à une communauté de nations. On sait d'autre part, que la notion de race
est non seulement vide de sens mais qu'elle corrompt automatiquement et
profondément toute idéologie qui l'intègre.
Ce nationalisme engendre un apartheid spécifique La pureté ethnique pour
que soit évité le mélange du sang juif et du sang impur des non-Juifs, souci
constant dans certaines couches des populations juives, repose sur de
nombreux textes de la Thora que les sionistes ont retenus électivement :*- Tu
ne donneras pas ta fille à leur fils et tu ne prendras pas leur fille pour ton fils
" ordonne le Deutéronome (VII, 3). *- Dans l'Exode (XXXIV, 16) il est dit
aussi que Moïse reçoit un ordre de Dieu pour que son peuple n'épouse pas les
filles des étrangers. *- Esdras, quant à lui, pleure parce que " la race sainte s'est
mêlée avec les peuples des pays voisins " (Esd. 9,2) et ordonne la sélection :
Tous ceux qui avaient pris des femmes étrangères, ils les renvoyèrent,
femmes et enfants (Esd. 10, 44). Néhémie dit aussi des Juifs : " je les purifiais
de tout élément étranger " (Neh. 13, 30). Dans son livre Le Talmud le rabbin
Cohen formule sans ambages le grand principe : " Les habitants du monde
peuvent être répartis entre Israël et les autres nations prises en bloc. Israël est
le peuple élu : dogme capital. " La pression des rabbins a certes toujours existé
pour que l'ordre biblique de non-assimilation des Juifs soit respecté et qu'il
n'y ait pas de mariages mixtes, mais elle s'est faite particulièrement insistante
depuis la création de l'État d'Israël au point précise E. Benbassa que " la peur
de l'exogamie est devenue une véritable obsession dans les milieux
rabbiniques, dans les instances communautaires, et chez plus d'un juif
ordinaire ". " Je voudrais que les jeunes gens juifs n'épousent jamais que des
jeunes filles juives " écrit, Joseph Sitruk, le grand rabbin de France en 1993.
Si les Juifs incroyants ne respectent pas toujours cet ordre, il n'en est pas de
même chez les Juifs croyants pour qui il s'agit d'un impératif absolu. Comme
l'écrit en 1998 Zeev Sternhell (professeur de sciences politiques à l'Université
hébraïque de Jérusalem) : " Le nationalisme juif n'éprouve aucune difficulté
à refuser à autrui les mêmes droits élémentaires qu'avec une tranquillité
d'esprit absolue il exige pour lui-même. Confiant dans son bon droit à
réclamer toute la terre antique de nos rois et de nos prophètes, le sionisme ne
pouvait concevoir qu'une autre légitimité pût aussi exister au pays de la Bible
". Face aux pratiques de pureté ethnique mises en ¦uvre par les sionistes, Haïm
Cohen (qui fut juge à la Cour Suprême d'Israël) évoque sans hésitation les lois
nazies.
Il écrit ainsi : " L'amère ironie du sort a voulu que les mêmes thèses
biologiques et racistes, propagées par les nazis et qui ont inspiré les
infamantes lois de Nüremberg, servent de base à la définition de la
judaïcité au sein de l'État d'Israël ".

161 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

L'apartheid engendre lui-même un sectarisme ethnique, voire un


racisme caractérisé
Là aussi, pour justifier et appuyer leur démarche, les sionistes, peuvent
trouver de multiples références dans la Bible ou dans les autres écrits
importants du judaïsme : " Lorsque le Seigneur ton Dieu t'aura fait entrer dans
le pays et qu'il aura chassé devant toi les nations nombreuses, tu les voueras
totalement à l'interdit " lit-on dans le Deutéronome (Deut. VII, 1-2) " et tu les
supprimeras. " (Deut. VII, 24). Qu'Israël se réjouisse en son Créateur, que les
enfants de Zion se réjouissent en leur Roi, Qu'ils chantent pour la joie sur leurs
couchettes ! Que les louanges élevées vers Dieu ne quittent pas leurs gorges
et que les sabres à deux pointes ne quittent pas leurs mains, afin de faire
descendre la vengeance dévastatrice sur les nations et le châtiment sur les
peuples " (Psaume 149) " Dans le monde à venir aucune nation n'a de place à
l'exception d'Israël " affirme le grand mystique Moshe Luzzatto (1706-
1746).Shneur Zalman (1745-1813), fondateur du mouvement Habad,
mouvement qui a pris un extraordinaire essor dans le monde juif et
particulièrement dans l'État moderne d'Israël où il se range à l'extrême droite
de l'échiquier politique, ne comparait-il pas " les âmes des nations à celles des
porcs, les Juifs ayant seuls une âme divine " ?
En 1974, Menahem Barash dans le journal Yediot Aharonot peut ainsi parler
des Palestiniens : Cette peste déjà dénoncée dans la Bible Pour nous emparer
de la terre promise par Dieu à Abraham, nous devons suivre l'exemple de Josué
pour conquérir la terre d'Israël et nous y installer, comme le commande la
Bible Il n'y a pas de place, en cette terre, pour d'autres peuples que celui
d'Israël. Ce qui signifie que nous devons en expulser tous ceux qui y vivent
C'est une guerre sainte exigée par la Bible ". Avec les attentats suicides des
Palestiniens consécutifs à l'arrêt du processus de paix en septembre 2000 on
sait que les appels à la vengeance par l'État israélien se sont multipliés. Les
rabbins ne sont pas les derniers à enrôler des foules israéliennes pour réclamer
avec force l'application de la loi biblique du talion. Ainsi, par exemple, le
rabbin Joseph Soloveichik : " Si nous voulons défendre héroïquement notre
existence historique, alors nous devons, parfois, interpréter l'injonction "¦il
pour ¦il"... dans son sens le plus littéral. Nous avons perdu beaucoup d'yeux
durant les années d'exil, parce que nous ne rendions pas coup pour coup. Il
est grand temps de prendre la règle "¦il pour il" au pied de la lettre ". D'ailleurs
pour le Dr Katz, député religieux à la Knesset, il est nécessaire de maintenir "
la pureté de la race ". Face à de tels propos, Moshe Zimmermann (chef du
département d'études germaniques à l'Université hébraïque de Jérusalem)
n'hésite pas à parler d'un " judéo-nazisme populaire " sévissant parmi les Juifs
d'Israël et de certains pays anglo-saxons : " Il y a un secteur entier de la
population juive que je définis, sans hésitation, comme une copie des nazis

162 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
allemands. Regardez les enfants des colons juifs d'Hébron, ils ressemblent
exactement à la jeunesse hitlérienne. Depuis leur enfance, on les imprègne de
l'idée que tout Arabe est mauvais, et que tous les non-Juifs sont contre nous.
On en fait des paranoïaques : ils se considèrent comme une race supérieure,
exactement comme les jeunesses hitlériennes ". Cette terrible similitude
explique d'ailleurs parfaitement que les juifs sionistes aient été longtemps
tolérés en Allemagne nazie, voire qu'ils aient collaboré dès 1933 sur la base
de " la communauté d'idées existant entre le nationalisme sioniste et le
nationalisme nazi ", Communauté idéologique dont parlait Blumenfeld le
chef des sionistes allemands. Ilan Greilsammer peut écrire à ce sujet : " Les
deux partenaires y trouvent leur compte : les sionistes deviennent
l'organisation dirigeante de la communauté juive, et les nazis trouvent en eux
un instrument pratique pour séparer les juifs du reste de la population ". À ce
propos, Y. Leibowitz nous apprend aussi que l'organisation sioniste des Juifs
allemands avait une existence légale jusqu'en 1938 - cinq ans après
l'avènement d’Hitler et que son journal, la Jüdische Rundschau, parut
parallèlement jusqu'à cette même année. Fait tout à fait singulier que nous
avons déjà signalé, ce sont les Juifs religieux qui, après avoir combattu avec
force le sionisme jusqu'à la création de l'État d'Israël en 1947, sont devenus
depuis cette création, les partisans les plus farouches de cette idéologie et les
plus acharnés à sa mise en œuvre en s'appuyant sur les écrits xénophobes du
judaïsme.
Parallèlement ils occultent délibérément les écrits xénophiles. " N'aie aucune
pensée de haine pour ton frères tu aimeras ton prochain il est comme toi, Tu
aimeras l'étranger qui s'installe chez toi comme toi-même " lit-on dans le
Lévitique (19, 17-18 et 34) À propos de la Bible, Israël Shahak relève que
l'enseignement traditionnel joue auprès des enfants israéliens un rôle décisif
dans le mépris vis-à-vis des Palestiniens. Ces derniers sont volontiers
identifiés aux Philistins de la Torah dont l'élimination fait partie du plan divin.
Si le racisme anti-non-Juif, surtout anti-arabe, est banal en Israël, puisqu'il
concerne d'après les sondages une nette majorité de la population juive, il est
évident que certaines couches de la société sont particulièrement marquées. Il
en est ainsi de la police. Lors des pogroms de Nazareth, de Tel-Aviv, de
Jaffa... perpétrés lors de l'Intifada 2000 sur des Arabes par des nervis juifs, le
chroniqueur juridique israélien Moshé Hanegbi a déclaré " que ces pogroms
ont renforcé le sentiment que la police est une police raciste engagée
seulement dans la défense des juifs : elle n'a tiré pour tuer que sur les émeutiers
arabes ". Comment s'étonner d'un tel phénomène ? Pour toute la droite
israélienne, et une partie de la gauche, les villes et villages arabes d'Israël ne
sont-ils pas considérés comme un cinquième front ? Dès le mois de mai 1948,
Hannah Arendt dans un article de la revue Commentaire pouvait écrire à

163 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
propos du racisme des sionistes : " Le sentiment traditionnel du sionisme est
que tous les non-juifs sont antisémites... L'hostilité générale des non-juifs est
considérée par les sionistes comme un fait inaltérable et éternel de l'histoire
juive. Cette attitude est pur racisme chauvin et il est évident que cette division
entre les juifs et tous les autres peuples - tenus pour ennemis - ne diffère pas
des autres théories de la race des seigneurs ".
La forme du racisme sioniste
Dans le langage courant, le racisme, qui signifie toujours mépris, hostilité,
haine à l'égard de l'ensemble des individus d'un groupe avec les
comportements de violence morale ou physique qui vont souvent en résulter
comporte schématiquement deux formes très différentes avec chacune des
nuances diverses. Dans son sens étroit et strict, le racisme que l'on peut
qualifier de biologique est porteur de la notion de race, notion sans valeur
scientifique mais comportant néanmoins deux éléments ayant quelque
objectivité en tant que marqueurs : l'hérédité et le " sang ". Au sens fort du
terme, ces éléments sont déterminants dans la théorie pour hiérarchiser les "
races " en supérieures et inférieures à partir de leur patrimoine génétique ;
dans un sens plus faible ils ne déterminent qu'une séparation plus ou moins
franche entre les " races ". Dans son sens ordinaire ou large, le racisme est,
par contre, un racisme sans race et plus précisément une forme
d'ethnocentrisme ce point de vue suivant lequel le groupe auquel on appartient
est le centre du monde et l'étalon auquel on se réfère pour juger les autres. Il
représente, en somme, une dérive de la préférence communautaire. Parfois il
peut s'agir aussi d'une hostilité systématique envers des personnes "
étrangères " partageant quelques éléments communs. C'est cette dernière
acception qui est utilisée lorsqu'on parle, par exemple, de racisme anti-
français, de racisme anti-jeunes. Et puis, bien sûr, il peut y avoir des formes
associées de racisme. Le nazisme a éliminé massivement les juifs (et les
tziganes) en tant qu'héritiers d'une certaine race et indépendamment de tout
autre critère rendant ainsi les juifs, suprême vengeance, victimes de leur
propre tradition mais il a exterminé aussi une foule d'opposants, de
handicapés, D’asociaux, ou d'individus chez qui la notion de race n'était
nullement présente mais qui furent déclarés seulement inférieurs
(Untermensch) par une assemblée de seigneurs (Herrenvolk). Comme nous
l'avons vu le sionisme a conservé fidèlement, en Palestine-Israël, l'héritage du
judaïsme : la race, déterminée de façon précise par l'hérédité maternelle, est
un élément social d'importance. Il y a des Juifs et des non-Juifs. C'est dire que
l'opposition éventuelle d'un Juif à un non-Juif (ou de Juifs à des non-Juifs) en
intégrant cette donnée culturelle du judaïsme va très naturellement
représenter une forme de racisme " vrai ", tandis qu'à son tour l'opposition des
non-Juifs aux Juifs va dériver très facilement, par simple référence à leurs

164 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
interlocuteurs, vers le même type de racisme. S'ensuit ce cercle infernal qui
s'épanouit depuis tant d'années dans cette région sous culture sioniste. Certes,
il est possible que le racisme soit " naturel " et possède une base génétique -.
Taguieff signale que divers biologistes et généticiens énoncent clairement
l'hypothèse d'une base génétique de la xénophobie et de la discrimination
sociale dans le cadre d'un instinct primordial d'auto conservation - mais " il
est clair, poursuit ce même auteur, qu'une telle approche, réduisant les
comportements sociaux et politiques à des schémas génétiquement déterminés
ne peut expliquer la spécificité, a fortiori la singularité des mobilisations
xénophobes et racistes observables dans l'histoire ". C'est qu'il faut bien voir
que l'homme n'est pas seulement un être " de nature " mais aussi un être " de
culture ". Il va théoriser le sujet et comme toujours, peut en résulter le meilleur
et le pire : alors que prophétisme juif s'est donné une admirable mission
universaliste (mission qui devait ensuite être prolongée par le Christianisme),
la loi rabbinique au contraire, en confortant le racisme naturel d'une
population précise, et d'autant plus qu'elle confortait elle-même le mythe du
Peuple élu, a joué comme un élément de civilisation hautement régressif. Si
le racisme est toujours fondamentalement violent, il peut aussi être
simplement stupide. Qu'on en juge par les propos d'Israël Shahak, ancien
président de la Ligue israélienne des droits de l'Homme qui se pose la
question :
Qu'est-ce en pratique qu'un État juif ? Commençons par les statistiques
officielles : l'Etat d'Israël publie tous les ans un "Annuaire statistique d'Israël".
Dans tout cet annuaire, il est presque impossible de trouver des statistiques
concernant les Israéliens ; on ne trouve que celles concernant les Juifs et les
non-Juifs. Ainsi, par exemple, il n'existe pas en Israël de statistiques sur la
mortalité des personnes, mais seulement des statistiques sur la mortalité des
"Juifs" et des "non-Juifs". Ainsi, par exemple, lorsque l'Etat d'Israël enquête
officiellement sur la mortalité infantile, il n'enquête pas sur la mortalité des
enfants israéliens : il y a des nourrissons juifs et des nourrissons non-juifs,
qui, même statistiquement, ne sont jamais associés. Et si, dans certains cas, on
les associe, on n'écrit pas "Israéliens", mais "Total", comme s'il s'agissait
d'additionner des espèces différentes. Non seulement il n'existe pas
d'Israéliens en Israël, mais les animaux et les plantes elles-mêmes sont divisés
en juifs et non-juifs. Officiellement l'Etat d'Israël recense et classifie les
vaches et les moutons, les tomates ou le blé en "juifs" et "non-juifs". "
Comment répondre par ailleurs à la question : " Où les non-juifs sont-ils
autorisés à vivre au sein de l'Etat juif ? La réponse est que, dans la plupart des
lieux, ils n'ont purement et simplement pas le droit de vivre. La majorité des
terres en Israël appartiennent à l'État qui les a soumis aux règlements
interdisant à un non-Juif d'y vivre. Il lui est interdit d'y construire une maison,

165 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
d'y louer un appartement, d'y ouvrir une affaire, bref il lui est interdit d'y vivre.
Cela est d'autant plus cruel que la majorité des terres sur lesquelles s'exercent
ces lois ségrégationnistes appartiennent à ces mêmes Palestiniens qu'on définit
officiellement en Israël comme non-Juifs, et leur ont été arrachées. Ils sont
ainsi privés, même en tant que citoyens de l'"État juif", du droit de jouir des
terres de leur État. Ainsi, il existe en Israël des villes entières où la loi interdit
formellement aux non-Juifs d'habiter ". Les Nations Unies, tout en
n'appliquant par faiblesse aucune sanction pratique envers Israël, ont
néanmoins dénoncé les discriminations raciales dont sont porteuses de
nombreuses lois de ce pays, lois contribuant à faire deux types irréductibles
de citoyens : des citoyens à part entière, les Juifs, des citoyens de seconde
zone, les non-Juifs. Elles en ont recensé. Parmi elles, on peut citer : *-la loi
du retour qui accorde systématiquement aux Juifs du monde entier la
citoyenneté israélienne alors que les réfugiés arabes n'ont pas le droit de
revenir en Israël sur leurs propres terres,*-La loi suivant laquelle les citoyens
arabes d'Israël ayant épousé des non-israéliens se voient refuser la
réunification familiale, *- les lois qui interdisent la participation aux élections
de tout parti arabe n'ayant pas reconnu le caractère juif de l'État, *- Les lois
d'urgence qui permettent la confiscation de terres appartenant aux Arabes, *-
les lois qui interdisent aux Arabes d'acheter des terres à des Juifs,
*- la loi sur l'éducation qui fixe parmi ses objectifs la promotion de la culture
juive et de l'idéologie sioniste, *- la loi qui interdit formellement aux non-
Juifs d'habiter certaines villes. À propos de discrimination, il est tout à fait
instructif de savoir que l'Assemblée générale des Nations unies dans sa
résolution 3379 datant de 1975 a condamné le sionisme comme " une forme
de racisme et de discrimination sociale ". Il faut se souvenir aussi que les
Israéliens et leurs protecteurs américains parvinrent en 1991, à l'occasion de
l'effondrement du bloc soviétique qui modifiait la répartition des votes aux
Nations Unies, à faire annuler à la Conférence de Madrid, la résolution en
question ! On peut ajouter que cette notion de race, entretenue voire exaltée
par les sionistes et tous les Juifs religieux et qui, depuis un siècle, a fait tant
de mal aux Arabes de Palestine, n'est pas sans conséquences potentiellement
funestes pour les Juifs eux-mêmes. Faut-il rappeler que pour les nazis, un Juif
converti au christianisme, Tel le protestant Victor Klemperer, restait juif
(conformément au Talmud) et qu'il était voué, de par sa race, à l'extermination
commune ? Il est étonnant, écrit Edmond Amran El Maleh (écrivain juif
marocain), que personne n'ait osé entreprendre, au-delà des critiques du
régime israélien, une analyse philosophique des bases racistes du sionisme.
Raciste, parce que la patrie par le sang, l'exclusion des non-juifs et, dans la
foulée, l'expansionnisme territorial, la terreur, la violation des lois
internationales. Toutes ces données expliquent fort bien qu'en Israël, si les

166 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
non-Juifs sont susceptibles d'avoir des droits en tant qu'individus isolés, ils
n'en ont pas comme membres d'une communauté et qu'il a fallu attendre les
accords d'Oslo (en 1993) pour que les dirigeants Israéliens arrivent à réviser
leur position traditionnelle et à admettre qu'il n'y avait pas seulement des
indigènes mais une communauté arabe en Palestine, communauté que les
livres d'Histoire à l'usage des enfants israéliens ignorent toujours.
L'APARTHEID AU QUOTIDIEN DANS L'ÉTAT D'ISRAËL
ET LES TERRITOIRES OCCUPÉS
Citons pêle-mêle quelques manifestations de ce type d'apartheid : En
Israël : la singulière citoyenneté des non-Juifs Descendant des 160 000
Arabes restés dans le pays après la guerre de 1948, ils sont généralement
désignés sous les expressions : "Arabes israéliens" ou bien "Israéliens
arabes"" ou encore "Israéliens palestiniens". Dans cet "État juif" qu'est Israël
formé des territoires attribués par les Nations Unies aux Sionistes et de ceux
qui ont été annexés d'autorité ou par conquête guerrière on peut retenir les
données suivantes : les non-Juifs - avant tout des Arabes, au nombre de 970
000 (sur 6 millions d'Israéliens) et,, en petit nombre des chrétiens et des
Druzes sont des citoyens israéliens ayant le droit de vote et jouissant de
certaines libertés mais leurs droits sociaux et civiques ne sont néanmoins que
partiels : nombre de fonctions et de villes leur sont absolument interdites.
Alors qu'ils représentent 17 % de la population, ils occupent à peine 1 % des
emplois du service public et pour la plupart des emplois subalternes, les
budgets alloués aux villes arabes sont bien inférieurs à ceux qui sont alloués
aux villes juives. Selon le rapport même du centre d'études Adva de Tel-Aviv
en 1998, le rapport des subventions entre les municipalités arabes et les
municipalités juives est d'un pour trois, tandis que le taux de chômage est de
20 % chez les Palestiniens contre 10 % pour l'ensemble des habitants,
L’éducation est l'un des secteurs où les disparités entre les deux communautés
sont les plus évidentes. L'allocation aux élèves en difficulté, par exemple, se
monte à plus de 1000 shekels pour un écolier juif et à 25 shekels pour un
écolier arabe... À 17 ans, 42 % des Arabes israéliens ont déjà abandonné leurs
études, le taux de mortalité des enfants arabes est presque le double de celui
des enfants juifs (9,6 pour 100 000 en 1996 contre 5,3), les ressources en eau
(ressources particulièrement précieuses au Moyen-Orient) qui se trouvent
essentiellement en Cisjordanie occupée ont été accaparées entièrement par
Israël au bénéfice de ses colons et au détriment des non-Juifs, une loi interdit
formellement aux non-Juifs d'habiter certaines villes. Sont notamment citées
: Carmiel, Nazareth-Illith, Hatzor, Arad, Mitzphen-Ramen. Fait significatif :
ce n'est qu'en mars 2000, après 52 ans de totale et impitoyable discrimination
religieuse et ethnique, que la Cour suprême israélienne a, dans un cas isolé,
permis à un Arabe d'acheter une terre dans un " lotissement réservé aux Juifs

167 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
". L'opposition des députés de droite à cette décision inédite fut d'ailleurs
farouche. " C'est un nouveau clou sur le cercueil du sioniste " proclama l'un ;
" c'est la fin d'Israël en tant qu'État juif " a prédit un autre ; tandis qu'une
nouvelle proposition de loi était déposée pour " arrêter cette dérive
antinationale et antisioniste " car " la loi juive interdit de vendre la terre
d'Israël à des non-Juifs ". Même si les travaillistes au pouvoir ont permis
quelques investissements dans les localités arabes, il n'en reste pas moins que
la politique de discrimination poursuivie depuis toujours n'est pas le fait de
quelque retard ou seulement mauvaise volonté : elle n'est pas fortuite mais
constitutive de l'État juif. Dans un article du Independent Palestinian
Information Network de septembre 1999 intitulé " Les ouvrages scolaires et
la littérature enfantine israéliens incitent à la haine et au racisme envers les
Palestiniens et les Arabes ", Maureen Meehan nous apprend que " le
professeur Daniel Bar-Tal, de l'université de Tel-Aviv, après avoir étudié cent
vingt-quatre manuels pour les écoles primaires, les collèges et les lycées
israéliens, consacrés aux matières suivantes : grammaire et littérature
hébraïques, histoire, géographie et instruction civique, conclut : que les
manuels israéliens présentent les Juifs comme impliqués dans une guerre
juste, et même humanitaire,
Contre un ennemi arabe qui refuse d'accepter et de reconnaître l'existence et
les droits des Juifs en Israël. Les premiers manuels scolaires (israéliens)
avaient tendance à décrire les actes des Arabes comme hostiles, déviants,
cruels, immoraux, injustes, posés avec l'intention de nuire aux Juifs et de
détruire l'Etat d'Israël. Dans ce cadre général, les Arabes y étaient délégitimés
par le recours à des qualificatifs tels que "voleurs", "assoiffés de sang" et
"assassins". Le professeur Bar-Tai précise enfin que les révisions des
programmes intervenues, au fil des années, dans un sens positif, sont des plus
modestes ". Tout cela explique fort bien que l'expression même de " peuple
palestinien ", peuple dont l'indépendance était pourtant prévue depuis 1947
par l'ONU, fut exclue du vocabulaire et de la pensée des Israéliens jusqu'à une
date récente. Bien entendu, dans une telle situation de servitude, les
comportements des non-Juifs vis-à-vis des maîtres du pays ne peuvent être
que fort divergents. Pour les uns, tributaires de leurs intérêts immédiats, c'est
la collaboration plus ou moins affirmée ; pour les autres, ayant quelque fierté
et souci de justice, l'opposition franche ; pour d'autres enfin, percevant
particulièrement la disparité des forces antagonistes, l'attentisme et la
désespérance.On peut ajouter que tous ces non-Juifs, surveillés en
permanence par des experts spécialement chargés de cette tâche, sont des
suspects et des ennemis potentiels aux yeux de la grande majorité des
Israéliens. Le gouvernement n'a pas hésité d'ailleurs à réprimer brutalement
leurs manifestations pacifiques en octobre 2000 lors de la seconde Intifada :

168 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
treize personnes furent tuées par balles lors de ce pogrom anti Arabes. Fait
notable, avec ces nouveaux événements dramatiques pour leur communauté,
nombre de ces Arabes israéliens, à l'opinion jusqu'ici mal assurée, sont
parvenus à mieux comprendre la malignité de l'idéologie qui les maintient en
servitude, eux et leurs frères des territoires occupés. Certains d'entre eux ne se
considèrent-ils pas désormais " Palestiniens d'Israël " ?
Dans les territoires occupés
Si l'apartheid régnant dans les frontières d'Israël et les territoires annexés est
assez sophistiqué, l'apartheid des territoires occupés est beaucoup moins
civilisé. Tout en relevant d'un plan établi avec soin, ses manifestations sont
plus brutales et sommaires. Ainsi, par exemple, on constate que : *- les
villages arabes, isolés par les Israéliens et leurs colonies, forment, à l'image de
l'ancienne Afrique du Sud (avec ses bantoustans), de véritables enclaves où
toute organisation des habitants dans quelque domaine que ce soit :
agriculture, commerce, enseignement, santé... est extrêmement difficile ou
impossible. Ceci est permis grâce à des routes dites de " contournement ",
toutes établies sur de nouvelles terres confisquées, qui assurent la séparation
entre les colonies israéliennes et les villes, villages et camps palestiniens, ces
routes formant un réseau qui, pour l'essentiel,
N’est accessible qu'aux seuls colons juifs ; *- les 2,5 millions de Palestiniens
de Cisjordanie et de Gaza ne peuvent pas entrer dans Jérusalem depuis le 30
mars 1993 ; en 1998, alors qu'il n'y avait plus un seul Palestinien dans la partie
juive de Jérusalem, 170 000 Juifs résidaient dans sa partie arabe. Ce nombre a
depuis augmenté notablement avec l'implantation quotidienne de nouvelles
habitations ; dans la bande de Gaza, 5 000 colons juifs possèdent de
confortables villas tandis que 700 000 Palestiniens vivent le plus souvent dans
des taudis et travaillent comme journaliers chez les colons ou partent vendre
leur force de travail en Israël. Et comment ne pas parler du " bouclage ", cette
invention machiavélique des sionistes depuis 1967, pour " gérer, par
l'intermédiaire d'un permis, la circulation des personnes et des biens dans les
territoires occupés (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est) ". Selon sa rigueur, ce
bouclage revêt trois niveaux : le " général ", niveau le moins restrictif, le "
strict ", et le " total ". Ces deux derniers sont institués pour des périodes
variables en fonction des raisons évoquées : par exemple, de septembre 1993
à juin 1996 il y eut 100 jours de bouclage " strict " et 200 jours de bouclage "
total ". Que dire de la torture légalisée et réglementée, fait unique dans
l'Histoire actuelle des nations, par la Justice israélienne et appliquée
couramment sur les Arabes jusqu'à une date récente par le Shin Beth, le
Service de sécurité intérieure d'Israël. Cette torture a fait dire au philosophe
israélien Y. Leibowitz : " Israël compte aujourd'hui parmi les États les plus
barbares du monde : torturer, c'est un acte de barbarie primitive... Dans un

169 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
État où on légalise la torture, moi, je dis sans ambages : "judéo-nazi" ". À
noter que c'est Moshe Landau, président du tribunal qui avait jugé Eichmann,
qui, en tant que président de la Cour suprême israélienne, légalisa la torture.
Ce n'est qu'en septembre 1999 que cette même Cour suprême a, sous les
pressions réitérées du Comité des Nations Unies contre la torture, consenti à
la condamner (sans toutefois la rendre illégale, cette décision ne pouvant
procéder que d'une loi nouvelle). Selon le centre israélien des droits de
l'homme Betselem il s'agit de " pressions physiques modérées : coups,
secousses violentes (c'est le Shabeh), privations de sommeil, ligotage dans des
positions douloureuses (c'est le Qambaz), Expositions au froid, écartèlement
des bras jusqu'à une douleur intense (c'est le Qas'al-Tawleh), humiliations et
menaces diverses. De son côté, Amnesty international (dans son rapport de
1991) décrit ainsi cette torture : Les méthodes systématiquement utilisées
comprennent : le port de cagoules faites de sacs crasseux, parfois humides,
pouvant empêcher le détenu de respirer, la privation de nourriture et de
sommeil pendant la détention à l'isolement, le port prolongé de menottes en
plastique ou en métal, le maintien du détenu dans des positions inconfortables
(une pratique appelée le shabah),
L’internement dans des cellules minuscules et obscures appelées "placards"
ou "cercueils" ou dans de petites cellules glaciales appelées "réfrigérateurs",
les coups sur tout le corps, souvent violents, visant parfois les organes
génitaux, les brûlures de cigarettes, l'interdiction prolongée pour le détenu de
se rendre aux toilettes, les insultes et menaces de toutes sortes, enfin le
harcèlement sexuel dont sont surtout victimes les femmes ".
En 1996, le rapport d'Amnesty signale notamment que quarante-neuf
Palestiniens ont été abattus par les forces israéliennes dans des circonstances
évoquant parfois des exécutions extrajudiciaires. Quant à Betselem, dans son
rapport de mai 1998, il précise qu'Israël arrête chaque année entre 1000 et
1500 Palestiniens " soupçonnés d'activités hostiles " dont 80 % sont
questionnés avec violence, au motif qu'ils représentent " une menace
imminente ". On a torturé beaucoup d'innocents pour soi-disant 100 % de
sécurité " écrit par ailleurs le chroniqueur judiciaire Moshe Negbi. Que dire
également du bilan de la première Intifada, Cette révolte qui dura six ans à
partir de décembre 1987 où 1500 Palestiniens (dont 233 de moins de dix-sept
ans) furent tués, 20000 furent blessés, 15 000 faits prisonniers lors de
gigantesques opérations de police. (Le Monde " Dossiers et documents 1997)
? Que dire à ce propos de la recommandation faite alors aux militaires par
Yitzhak Rabin, alors général en chef (avant de devenir Premier ministre), de
casser les bras des enfants lanceurs de pierres ? Que dire aussi du bilan de la
seconde Intifada où les trois premiers mois ont fait près de trois cents morts et
une dizaine de milliers de blessés, le quart d'entre eux, atteints à la tête ou au

170 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
thorax par les balles israéliennes, restant à jamais de grands mutilés ?
L'apartheid qui a régné pendant des siècles aux États-Unis, en Afrique du Sud,
en Australie et ailleurs s'est évanoui relativement facilement en quelques
dizaines années : il n'était porté que par une tradition " primitive Il en va tout
autrement avec l'apartheid israélien dont la malignité est spécifique. Basé sur
une idéologie faite de données mythiques et raciales faisant partie intégrante
du judaïsme, se complétant et se perfectionnant avec le temps et une
application diabolique, il représente une donnée non contingente mais
constitutive de l'État d'Israël avec son appareil religieux d'État, État
technocratique où le pouvoir n'appartient, et ne peut appartenir, qu'à une seule
catégorie de personnes.
LE SIONISME : TROISIÈME GRANDE IDÉOLOGIE (OU UTOPIE)
DU XXe siècle À côté des deux grandes idéologies qui ont marqué le XXe
siècle, communisme et nazisme, c'est une grave erreur que de méconnaître le
sionisme, d'autant plus que, contrairement aux précédentes, il n'est pas éteint
et continue son expansion naturelle et que ses méfaits présents et passés
pourraient bien être légers par rapport à ceux qui sont largement prévisibles.
Si le bilan des terribles manifestations du communisme et du nazisme est loin
d'être achevé- il n'est même qu'à peine amorcé pour le communisme - on peut
néanmoins l'apprécier approximativement en chiffres de mortalité : quelque
100 millions de morts (en 72 ans) pour le communisme, quelque 15 millions
(en 12 ans) pour le nazisme. En ce qui concerne le sionisme, le jugement
collectif est par contre terriblement déficient. Certes, cette idéologie inventée
à la fin du XIXe siècle et qui n'a cessé de monter en puissance n'a jamais
engendré (sauf en quelques occasions) et n'aboutira sans doute jamais à des
horreurs semblables aux précédentes, mais il n'en est pas moins vrai que le
sionisme a depuis cinquante ans engendré quatre guerres locales, des
exactions sans nombre et qu'il est porteur, par son contenu militariste unique
au monde, de puissants germes d'un affrontement guerrier qui pourrait fort
bien être dramatique non seulement pour les Juifs et les Palestiniens mais pour
bien d'autres populations. Bénéficiant d'une habileté dialectique
incomparable près de laquelle celle des communistes et des nazis était fort
élémentaire, subjuguant ou neutralisant par le Verbe les dirigeants
occidentaux directement concernés, sa malignité reste manifestement
méconnue du grand nombre.
L'aide inconsciente des Nations Unies a favorisé le développement du
sionisme. Contrairement à ce qui s'est passé avec le nazisme et le
communisme, le sionisme n'a pas été seulement le fait d'un inventeur et d'un
groupe d'activistes. Dans sa manifestation majeure, l'État d'Israël, c'est aussi
le fait de l'ONU se laissant aller, exemple absolument unique et qui sans nul
doute le restera, à créer ex nihilo en 1947, ce nouvel État - un État-ghetto à

171 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'échelle d'une Région - au mépris de l'ensemble des populations qui, dans la
continuité des générations, y vivaient antérieurement. Certes, tous les motifs
qui ont guidé les Nations Unies en créant l'État d'Israël n'étaient pas impurs,
après les souffrances infligées aux Juifs européens par l'Allemagne nazie ou
les exactions subies à de multiples reprises dans divers pays. On peut même
dire que leur intention d'apporter la sécurité aux Juifs était parfaitement
louable en soi mais, terrible ironie du sort, en cédant à une émotion légitime
au mépris de la justice la plus élémentaire, en négligeant la réflexion juive
formellement opposée depuis quelque quatre-vingts ans à toute aventure
territoriale pour le judaïsme, elles ont créé un État qui, par nature, est voué
perpétuellement à l'insécurité intérieure et extérieure, est incapable d'apporter
aux Juifs cette sécurité recherchée, à juste titre, comme le bien le plus
précieux, tandis qu'il est entraîné parallèlement à une agressivité
progressivement croissante. Avoir négligé la population autochtone au prix
d'une injustice caractérisée et avoir méconnu ce que recelait en malignité
l'idéologie sioniste (ignorance très analogue à celle qui prévalut longtemps en
Occident quant aux idéologies communiste et hitlérienne) explique
manifestement leur maladresse insigne et leur dramatique erreur. Fait
aggravant : cette création est celle d'un État " juif " aussi absurde dans son
principe théocratique, aussi désastreux dans sa réalisation, que celle d'un État
islamique ou d'un État chrétien Des intentions louables ont entraîné deux
populations en enfer... L'enfer n'en est-il pas pavé ? C'est dire que les Nations
Unies (notamment les États-Unis et la France), d'abord par leur malheureuse
initiative de 1947 sous la pression d'un puissant lobby, ensuite par leur
incapacité à faire respecter depuis lors leurs propres résolutions visant à
réduire les méfaits d'Israël, portent dans le développement du sionisme sur le
terrain une écrasante responsabilité. Il ne fait aucun doute aujourd'hui que, si
les délégués de l'ONU avaient mieux connu l'idéologie sioniste telle qu'elle
était exposée simplement dans les écrits des fondateurs, (on peut rappeler, à
ce propos, que le programme nazi fut librement et largement exposé dans
Mein Kampft sans que le monde ne s'en soucie), s'ils avaient réfléchi quelque
peu à la malignité potentielle d'un État théocratique, ou s'ils avaient tenu
compte de la malheureuse expérience de la Grande-Bretagne pendant son
Mandat sur la Palestine à partir de 1922 - ils auraient été mieux armés pour
résister au lobby porteur de cette doctrine et ne se seraient pas laissés
circonvenir par lui Rappelons que le Royaume-Uni, après avoir favorisé
initialement le sionisme (notamment avec la déclaration Balfour) l'a combattu
à partir d'une certaine période après en avoir été une singulière victime.
Rappelons également que si le Royaume-Uni n'eut pas, en définitive, le
courage de voter contre la création de l'État d'Israël en 1947, on sait au moins
qu'il mit les autres nations en garde contre l'immense danger qui s'annonçait,

172 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
qu'il s'abstînt d'apporter sa voix à une entreprise qu'il jugeait inconsidérée et
qu'il refusa de participer à la mise en place du projet retenu par l'ONU.
L'idéologie sioniste est destinée à s'évanouir et son entreprise
territoriale israélienne à échouer
À l'instar du communisme et du nazisme, le sionisme est une utopie reposant
sur une idée aberrante, en la circonstance le mythe de la Terre promise, avec
comme objectif final, à la fois monstrueux et dérisoire, celui de réaliser un
État spécifiquement juif pour les Juifs. Certes, il y a un " monde juif " et des
" populations juives " mais nous savons aujourd'hui qu'il ne peut y avoir de "
nation juive ", de " race juive " voire de " peuple juif " car il est évident qu'il
n'y a pas un élément spirituel ou culturel qui soit une valeur commune à ceux
qui pourtant se disent juifs. Nous voyons aussi qu'Israël, dans une
contradiction insurmontable, est acculé simultanément (faute de pouvoir faire
autrement sous le regard des nations) à admettre en son sein des populations
non-juives et à rejeter par son idéologie fondatrice ces populations de seconde
zone.
Les succès et réalisations spectaculaires de l'État d'Israël d'aujourd'hui et de
demain, voire ses triomphes dans de nombreux domaines et la fuite en avant
continue à laquelle il se voue avec fébrilité, ne peuvent occulter cette donnée
incontournable : ces populations étrangères, " inférieures ", méprisées voire
détestées, resteront à jamais son tendon d'Achille tandis que le judaïsme,
gangrené par le nationalisme, Est entré comme le pensent nombre de Juifs -
dans la crise la plus dramatique de son histoire.
LES PARTIS et MOUVEMENTS ISRAÉLIENS NATIONALISTES et
RACISTES
À noter tout d'abord que les partis d'Israël - y compris les partis de gauche -
se réclament tous du sionisme, à l'exception du parti communisme et des
petits partis arabes.
Les principaux partis ou mouvements où fleurit le racisme anti-arabe sont
les suivants : ceux de la droite israélienne : *- le Likoud, parti laïque qui, pour
arriver au pouvoir en 1996, s'est allié au mouvement Gesher et aux partis
religieux ultra orthodoxes, tous partisans du Grand Israël. Il comporte une aile
ultra nationaliste et fanatique. *- les partis russes *- ceux de l'extrême droite
israélienne :
Les partis religieux :
*- le Shass (composé de séfarades gardiens de la Torah), *- Agoudat Israël
(Le Rassemblement d'Israël), *- Deguel Hatorah (Le Drapeau de la Torah),
*- le Mafdal (le Parti National Religieux).
Ces 4 partis d'extrême droite - sous la domination des rabbins - sont ultra
orthodoxes et ultranationalistes. Pour eux, la colonisation de tous les

173 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
territoires occupés est un impératif religieux et sacré dans la perspective du
Grand Israël dépourvu de non-Juifs.
Divers mouvements ont également pour but la main mise juive sur toute la
Palestine. On peut citer notamment :
*- le mouvement Kach (Cest ainsi). Fondé en 1971 par le rabbin américain
Meir Kahana, il vise explicitement " l'expulsion de tous les Arabes du Grand
Israël " pour que la Terre sainte soit débarrassée de toute " souillure étrangère
". Kahana a été assassiné en 1989. Son mouvement a été interdit en 1994,
mais il poursuit néanmoins son activité au grand jour. Son idéologie raciste
caractérisée, et revendiquée avec force dans un discours férocement anti-
"non-Juifs", se retrouve semblable dans :*- le mouvement Tehiya où sont
présents de nombreux immigrants issus de l'Union soviétique *- le
mouvement Modelet, *- le mouvement Tzomet (le Renouveau sioniste), *-
Gouch Emounim ("le Bloc de la foi"). Ce mouvement idéologique encadré
par de nombreux rabbins est particulièrement agressif. Parfaitement organisés
en milices, puissamment armés et fanatiques, ses partisans ne se laissent
arrêter,
Ni par les risques d'affrontements avec les Arabes qu'ils se plaisent à agresser,
ni par la loi (à leurs yeux la loi humaine est sans valeur par rapport à la loi
divine qui exige la possession par les Juifs de toute la Palestine), ni par les
décisions éventuelles du gouvernement israélien. En son sein se sont formés
de nombreux petits groups d'individus particulièrement violents se consacrant
à des actions terroristes caractérisées. Ceux de la grande colonie de Kyriat
Arba qui domine la ville arabe d'Hébron, par exemple, font chaque semaine
une expédition punitive dans un quartier différent de la ville en s'en prenant
aux voitures, aux vitrines et aux habitants. Il en est ainsi dans bien d'autres
villes : Rammah, El Bireh, Naplouse. À plusieurs reprises il y eut mort de
musulmans. Deux idées maîtresses l'animent. La première : les temps
messianiques ont commencé avec la création de l'État d'Israël en 1947 et la
libération de la Judée-Samarie en 1967. La seconde : l'arrivée finale du Messie
et la rédemption qui l'accompagne pour les Juifs ne pourra intervenir que
lorsque le peuple juif sera en possession de toute " sa " terre. Pour la plupart
des membres de ces partis ou mouvements c'est l'Arabe qui est devenu
l'ennemi à combattre. À noter qu'ils bénéficient toujours d'une grande
indulgence de la part des tribunaux. L'immunité est pratiquement de règle.
Comme le montre le rapport Karp de 1982, stigmatisant la banalisation de la
violence anti-arabe, " la plupart des crimes et des délits ne donnent lieu à
aucune poursuite judiciaire ". La prépondérance des religieux dans les partis
israéliens, et partants leur rôle politique majeur, est un bon témoin du pouvoir
corrupteur exceptionnel du sionisme. Les instances religieuses de l'Allemagne
ont pu se laisser contaminer par le nazisme pendant quelques années, mais leur

174 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
culpabilité a relevé essentiellement de la passivité : elles n'ont été que
rarement des supporters actifs du nazisme. Ici, phénomène très différent, ce
sont les religieux d'Israël et d'ailleurs qui, dans leur grande majorité, se sont
révélés, depuis plus d'un demi-siècle, par leur activisme, être les supporters
les plus zélés de l'idéologie sioniste avec son racisme anti-"non-juif" et les plus
ardents défenseurs de ses actions criminelles. C'est dire qu'il ne faut pas être
surpris que les Organisations israéliennes pour les droits de l'homme n'aient
pas échappé elles-mêmes à ce pouvoir de corruption. En effet, la plupart de
ces organisations: *- acceptent sans protester les différentes lois édifiées par
l'État qui fondent une citoyenneté de seconde zone et un rigoureux et
humiliant apartheid *- se sont absoutes de la responsabilité des pertes subies
par les réfugiés dépossédés par l'État " au nom du peuple juif " de leurs maisons
et de leurs terres. *- acceptent l'annexion du Golan et de Jérusalem *- dénient
le droit au retour des Palestiniens *- ne demandent même pas la fin de
l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza.

EXPULSÉS, DÉPORTÉS et RÉFUGIÉS


L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de
Palestine (UNRWA) a recensé, au 30 juin 1999, 3,6 millions de réfugiés
palestiniens, auxquels s'ajoutent plusieurs centaines de milliers de personnes
de Cisjordanie et de Gaza déplacées pour la plupart vers la Jordanie en 1967.
59 camps sont répertoriés. Enfin il existe plusieurs centaines de milliers de
réfugiés non recensés. À l'occasion des diverses guerres ayant ensanglanté la
Palestine depuis la création de l'État d'Israël (guerre judéo-palestinienne de
1947-48, guerres israélo-arabes de 1967 et de 1973, guerre du Liban de 1982),
les Palestiniens ont connu en effet plusieurs vagues d'exil. Dans la plupart
des guerres comme celles que la France a bien connues la motivation
essentielle de la quasi totalité des réfugiés est la peur devant les combats ou
devant la perspective de rester en territoire ennemi et, pour une très petite
minorité, la volonté d'entrer " en résistance " pour préparer la revanche. Mais,
dans ces conflits issus de l'idéologie sioniste, s'ajoute une donnée nouvelle et
spécifique : la volonté délibérée de ses tenants de faire un État réservé à une
population déterminée, les Juifs. C’est ainsi, dans la circonstance, que
quelques questions particulières se posent :
- Y a-t-il eu un plan d'expulsion systématique des Palestiniens de la part
des dirigeants sionistes ? - Y a-t-il eu déportation organisée des
populations ? - Y a-t-il eu pressions des sionistes pour que les
Palestiniens quittent en masse leur pays ? - Les Palestiniens sont-ils
partis sur la demande des nations arabes de voisinage dans la
perspective de revenir ultérieurement en vainqueurs ?

175 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Globalement, on peut dire tout d'abord, d'après le compte-rendu de Moshe
Sasson, adjoint du Chef du Département arabe des services de renseignements
de Tsahal de juin 1948, compte-rendu qui semble représenter une référence
valable, que la fuite vers l'exil à la suite d'attaques sionistes ou par peur de
nouvelles attaques a concerné 70 % des Palestiniens. Pour l'historien israélien
Tom Segev, ce sont ainsi 400 000 " unités de logement " qui ont changé de
mains, ce qui signifie sans doute bien plus que les 800 000 Palestiniens
reconnus de la guerre de 1948 (auxquels s'ajouteront 440 000 autres lors de
la guerre de 1967). En ce qui concerne les biens abandonnés, Greilsammer
écrit " qu'il s'agissait de millions de dounams, de dizaines de milliers de
maisons, et de biens estimés à des milliards de dollars d'aujourd'hui". Pour
Ilan Pappé, un nouvel historien, dans The Making of the araba-Israël Conflit
1947-1951, il ne fait aucun doute que les dirigeants du Yichouv (la
communauté juive de Palestine) ont bien mis en œuvre un plan d'expulsion
des Arabes hors des territoires. Le Plan Dalet de l'état-major sioniste
notamment, prévu pour être mis en place au départ des Britanniques de
Palestine et qui fut appliqué en fait dès le début de 1948, comportait
l'évacuation des civils et des opérations d'expulsion au besoin manu militari
en direction de la frontière la plus proche. " Alors que les expulsions forcées
avaient été rares pendant les premiers mois de la guerre cette pratique devint
plus systématique au cours de l'été 1948 afin de réaliser une continuité
territoriale "purement juive" " nous dit Alain Dieckhoff. Dans les rares
archives israéliennes encore accessibles sur le sujet, les historiens ont retrouvé
des ordres caractérisés d'expulsion, tel celui d'Itzhak Rabin alors lieutenant-
colonel concernant la ville de Lydda (70 000 habitants), reconnu dans ses
mémoires et ainsi rédigé : Les habitants de Lydda doivent être expulsés
rapidement sans prêter attention à leur âge " ou ceux concernant les
importantes agglomérations de Ramleh (30 000 habitants) et de Mjdlet où la
population arabe fut, ou contrainte par les bataillons israéliens de vider les
lieux, ou embarquée à froid sur des camions en direction de Gaza. On sait
aussi qu'en octobre-novembre 1948 ce sont de 100 000 à 150 000 Palestiniens
qui furent expulsés et jetés sur les routes de l'exil lors d'attaques menées en
Galilée et dans le Néguev. Si l'existence d'un plan concerté au plus haut
niveau de l'Organisation sioniste pour éliminer la population non juive de la
Palestine est soutenue par certains historiens juifs modernes, cette donnée est
néanmoins contestée par d'autres. Tel est le cas de Benny Morris dans The
Birth of the Palestinian Refugee Problème 1947-1949. L'historien conteste
tout plan d'expulsion globale et systématique : pour lui sur 369 localités arabes
abandonnées, 40 seulement ont été délibérément vidées de leur population par
l'armée israélienne. Par contre, il contredit et rejette avec force arguments la
thèse officielle israélienne selon laquelle les Palestiniens seraient partis de leur

176 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
plein gré ou à l'appel radiophonique de la Ligue arabe. Pour lui et pour les
nouveaux historiens, les Arabes de Palestine ont quitté leurs villes et villages,
avant tout sous la contrainte des forces sionistes, en raison des pillages et des
atrocités destinés plus ou moins volontairement à créer la panique : les
prétendus appels des États arabes et de leurs radios invitant les Palestiniens à
quitter leur pays sont de purs mensonges. Il affirme avec force : Il n'y a pas
eu d'ordre arabe demandant aux Palestiniens de quitter la Palestine ". Si les
dirigeants sionistes, de 1947 et d'avant cette date, n'ont sans doute pas élaboré
un plan général pour éliminer tous les Arabes de Palestine l'unanimité n'existe
d'ailleurs guère dans les communautés juives - on peut affirmer par contre
qu'il y a bien eu des plans partiels tel le " plan D " de la Haganah visant à
expulser tous les habitants d'une zone précise en préparation de l'attaque arabe
prévue. On peut affirmer, aussi et surtout, qu'il y a eu depuis le début de
l'aventure sioniste un climat tendant à préparer cette élimination et que
nombre de responsables sionistes avaient bien eu cette volonté de voir
procéder à des transferts plus ou moins forcés,
Avaient réfléchi sérieusement aux modalités pratiques d'exécution et imaginé
les solutions les plus efficaces. Pour Uri Ben Eliezer, comme le rapporte
Greilsammer, il y avait la volonté d'expulser, il y avait une idéologie, il y avait
une connivence non écrite entre la direction politique et les militaires et pour
cela un ordre explicite n'était pas nécessaire. L'ordre tacite d'expulser n'est
que la partie visible de l'iceberg, le reflet d'une culture politique datant d'avant
1948 selon laquelle le départ des Arabes de Palestine allait de soi, était normal
et inévitable ". Les moyens et des méthodes mis en œuvre en 1948, pour
terroriser les Palestiniens et les déporter, n'ont pas été sans créer chez certains
Juifs une grave crise de conscience. Ahara Zisling, ministre de l'agriculture
pouvait déclarer : Maintenant, les Juifs aussi se conduisent comme des nazis,
et mon être entier en est ébranlé ". Selon les nouveaux historiens : " il ne
fallait pas le dire, il ne fallait pas l'écrire, il fallait le faire "... On sait qu'il
s'agit d'une tactique banale des Israéliens, appliquée depuis toujours
notamment aux armements et à la bombe atomique. Il faut d'ailleurs savoir à
ce propos que, bien avant la création de l'État d'Israël, il existait des
"Commissions de transfert" des populations non juives, commissions qui,
nous dit encore Greilsammer, devaient agir " comme une sorte de lobby
auprès du gouvernement et organiser elles-mêmes la destruction de villages
abandonnés ". Elles avaient aussi pour but affiché " de faire en sorte que les
Arabes qui avaient fui ne puissent pas revenir sur leurs domaines ". Les textes
qui témoignent de cette ferme volonté de récupérer tout le territoire de la
Palestine pour les Juifs sont multiples et parfaitement explicites. Et, comme
on peut s'en rendre compte, ils ne sont pas tous dépourvus d'un certain
cynisme ! Dès 1895, Theodor Herzl note dans son Journal du 18 juin : Nous

177 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
tenterons d'encourager la population miséreuse à passer la frontière en lui
procurant de l'emploi dans les pays de passage, tout en lui refusant tout travail
dans notre pays. Le double processus d'expropriation et de déplacement doit
être mené de façon à la fois prudente et discrète. Que les propriétaires fonciers
s'imaginent qu'ils nous roulent et nous vendent leurs biens à des prix exagérés
; nous, pour notre part, ne leur revendrons rien. Israël Zandwill, écrivain juif
de Grande-Bretagne et porte-parole du mouvement sioniste écrit en 1905 : "
Si nous voulons donner un pays à un peuple sans pays, il serait absolument
fou de lui permettre d'être le pays de deux peuples. Cela ne peut que créer des
problèmes. Les juifs souffriraient, et nos voisins aussi. De deux choses l'une :
il faut trouver un autre lieu, soit pour les juifs, soit pour leurs voisins ". Et en
1920 : " Nous ne pouvons pas permettre aux Arabes de se mettre en travers
d'une entreprise de reconstruction historique aussi précieuse. Aussi devons-
nous les convaincre gentiment de "prendre la piste".
Après tout ils ont l'Arabie avec ses millions de kilomètres carrés, ils n'ont
aucune raison de s'accrocher à ces quelques kilomètres carrés. Plier leur tente
et disparaître en silence est leur habitude : qu'ils la mettent donc maintenant
en pratique ". Moshe Beilinson, écrivain et proche collaborateur de Ben
Gourion, écrit de même en 1929 : " Il y a une différence fondamentale et
décisive entre la situation des Arabes en tant que nation et celle des Juifs en
tant que nation. Les Arabes, du point de vue national, n'ont pas besoin de la
Palestine. Ils sont liés à d'autres centres. Là, en Syrie, en Irak, dans la
péninsule arabique, gît la patrie des Arabes. Nous ne sommes pas responsables
du fait que tel individu est né à tel endroit, et non pas quelques kilomètres
plus loin ".
En 1937, Bonné, directeur d'un Institut au Fonds national juif, lors d'une
réunion du "Comité du transfert" peut dire : " Les arguments pour ou contre
le caractère obligatoire du transfert doivent être énoncés en détail. Il est vital
de ne pas renoncer trop facilement à la proposition de "coercition" qui a
originellement été suggérée, non par les juifs, mais par les Anglais ". " Je suis
convaincu, dit de son côté Shmuel Zukhovitsky, spécialiste des questions
agricoles, lors d'une réunion de l'exécutif de l'Agence juive, qu'il sera tout à
fait impossible d'accomplir le transfert sans coercition. Je ne vois dans cette
mesure rien d'immoral. Je veux aider les juifs à rejoindre l'état juif et je veux
aider les Arabes à rejoindre l'État arabe ". À la même réunion de 1938,
Menahem Ussishkin : Si vous me demandez s'il est moral de déplacer 60 000
familles de leur lieu de résidence et de les transférer ailleurs, je dirai que c'est
moral. Je suis prêt à aller défendre la moralité de la chose devant le Tout-
Puissant et devant la Société des Nations. Il n'y a pas que le gouvernement
britannique qui puisse procéder au déplacement forcé et, à cet effet, deux
choses sont nécessaires : de la poigne anglaise et de l'argent juif Tandis que

178 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
pour David Remez, Président du Comité national, secrétaire général de la
Histradout à la même époque : " Il y a des choses délicates dont il n'est pas
facile de parler. Néanmoins nous devons dire ces choses en dépit du risque
que cela comporte. Nous devons avoir la force de confisquer des terres dans
l'État juif pour le développement et la mise en ¦uvre du plan de colonisation
qui est à la base de la structure tout entière ". Quant au directeur du "Fonds
national juif", Yosef Weitz, il écrivait en 1940 : Il n'y a pas de place pour deux
peuples dans ce pays. Si les Arabes le quittent, cela nous suffira sinon il
n'existe pas d'autre moyen que de les déplacer tous ; il ne faut pas laisser un
seul village, une seule tribu. Il faut expliquer à Roosevelt, et à tous les chefs
d'États amis, que la terre d'Israël n'est pas trop petite si tous les Arabes s'en
vont, et si les frontières sont un peu repoussées vers le Nord, le long du Litani,
et vers l'Est, sur les hauteurs du Golan ".
Et en 1941 : " Pendant tout le voyage, mes réflexions tournaient autour de ce
plan auquel nous pensons depuis des années. Le plan d'évacuation du pays à
notre profit, je connais les difficultés... mais c'est seulement du transfert des
populations que le salut viendra. Il n'y a pas de place pour nous avec nos
voisins. Le développement est un processus trop lent. Ils sont trop nombreux
et trop enracinés. La seule manière, c'est de les éradiquer, d'arracher leurs
racines ".
En 1947, Yosef Weitz écrit encore dans son Journal : " J'ai dressé la liste des
villages arabes qui doivent être nettoyés afin d'homogénéiser les zones juives
". Dans ses écrits, Baruch Kimmerling, professeur de l'Université de Jérusalem,
rapporte aussi, nous dit Joseph Algazy, les propos du premier président de l'État
d'Israël Haïm Weizmann selon lequel le vrai miracle lors de la guerre de 1948
n'avait pas été la victoire juive, mais le nettoyage du pays par l'éviction des
Arabes. Tout le monde le savait, mais ce sujet a toujours figuré parmi les
tabous de l'historiographie israélienne. Et Kimmerling d'ajouter : Historiens
et sociologues, tous ceux qui font ce que l'on exige d'eux fournir au peuple
une histoire partielle, préfabriquée, déformée, fondée sur des mythes, abusent
de leur fonction de scientifiques comme de leur fonction intellectuelle. Dans
le grand journal israélien Yediot Aharonoth du 14 juillet 1972, Yoram Ben
Porath rappelle avec force l'objectif à atteindre : Cest le devoir des dirigeants
israéliens d'expliquer clairement et courageusement à l'opinion un certain
nombre de faits que le temps fait oublier. Le premier de ceux-ci, c'est le fait
qu'il n'y a pas de sionisme, de colonisation, d'État juif, sans l'éviction des
Arabes et l'expropriation de leurs terres ". Ben Gourion, qui fut sans doute le
plus grand théoricien et praticien des transferts massifs de populations arabes,
considérait d'ailleurs le transfert comme " une idée humaniste et sioniste
importante ". En effet, pour lui, le transfert permettait de donner des terres
nouvelles à la fois aux Juifs (venant en Palestine) et aux Arabes (transférés en

179 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Jordanie, en Syrie, ou en Irak). On peut noter, à ce propos, que le transfert des
Arabes figurait dans le programme du Labour Party britannique en 1944.
Rehavam Zeevi (ministre dans le gouvernement Shamir en 1983) n'hésite pas,
quant à lui, à demander le transfert de tous les Palestiniens de Samarie et de
Judée vers d'autres terres arabes au motif que Staline et les Polonais ont
pratiqué ainsi en Poméranie, en Silésie, en Prusse en 1945 sans que le monde
réagisse. Favoriser le départ des populations arabes de Palestine en exploitant
leur faiblesse ou organiser méthodiquement leur irréversible transfert à
l'occasion des diverses guerres qui ont ensanglanté la Palestine a
manifestement été une préoccupation majeure et quotidienne de nombreux
sionistes depuis le début de leur entreprise, mais surtout, bien entendu, depuis
1947 et la création de l'État d'Israël.
Si le transfert des Arabes n'est plus actuellement que dans le programme
politique de l'extrême droite israélienne, il n'en reste pas moins que tous les
gouvernements qui se sont succédé ont eu comme objectif prioritaire cette
purification ethnique absolument nécessaire au but final à atteindre : "un État
juif pour les (seuls) Juifs" et qu'en l'année 2000, 60 % des Juifs israéliens, nous
disent les sondages, sont partisans du transfert ! Comme le montrent les
statistiques, la réussite de ce plan, élaboré avec soin et mis en œuvre avec une
persévérance sans faille, est incontestable et spectaculaire : une population de
plusieurs millions de personnes a perdu sa place et ses biens au profit exclusif
d'une autre population choisie sur un critère racial. Néanmoins, quelques "
grains de sable " enrayent la machine infernale : désormais il y aura toujours
des non-Juifs en Israël - à moins que la " folie " se donne libre cours et que
l'abdication de l'ONU se perpétue, ce qui n'est pas totalement exclu tandis que
l'utopie sioniste dévoile progressivement sa malignité foncière à un nombre
croissant de personnes et que le doute ronge ses supporters.
SIONISME ET ANTISIONISME CHEZ LES JUIFS
Deux périodes sont schématiquement à distinguer :
1900-1947 : avant la création de l'État d'Israël,
1947-2000: depuis cette création.
1) Avant 1947 et la création de l'État d'Israël, les partisans du sionisme
sont très minoritaires À cette époque, les Juifs pour une proportion forte
importante d'entre eux sont parfaitement assimilés dans les nombreux pays où
ils vivent, pays d'Europe notamment tels la France, l'Allemagne, le Royaume-
Uni. Ces Juifs sont d'abord Français, Allemands, Anglais avant d'être juifs :
leur patrie est celle qui les a vus naître, grandir, accomplir leur service
militaire, exercer leur profession, faire la guerre avec ferveur patriotique
comme soldats ou officiers. La culture, l'histoire de ces pays est leur culture et
leur histoire. Ce sont des Français juifs, des Allemands juifs, des Anglais juifs
comme il y a des Français catholiques, des Allemands protestants, des Anglais

180 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
agnostiques. En dehors de l'agriculture il y a des Juifs on disait plutôt des
israélites dans toutes les professions, y compris dans l'armée. C'est dire, à ce
propos, qu'il était absolument inconcevable pour les Juifs allemands,
particulièrement bien intégrés, de penser que les nazis étaient susceptibles de
les exterminer. Beaucoup payèrent de leur vie leur attachement à la patrie
allemande. Quant à Marc Bloch, historien torturé et fusillé par la Gestapo en
1944, il pouvait crier son amour de la France et écrire dans L'étrange défaite
: La France, dont certains conspirent à m'expulser aujourd'hui et peut-être (qui
sait ?) Y réussiront, demeurera, quoi qu'il arrive, la patrie dont je ne saurais
déraciner mon cœur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture,
j'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis
efforcé à mon tour de la défendre de mon mieux ". Chez un grand nombre de
Juifs éloignés de leur religion, la notion raciale issue de la loi rabbinique
suivant laquelle les femmes transmettent à leur descendance le caractère de
juif s'est elle-même estompée dans les esprits au point d'être totalement
négligée. S'appuyant sur la dimension universaliste et spirituelle du Judaïsme
présente dans la Torah et dans divers autres textes, L’opposition juive au
sionisme - née d'abord chez les croyants s'est manifestée dès l'apparition de
l'entreprise sioniste et n'a jamais cessé jusqu'à la guerre de 1939-1945. La
plupart de ces juifs refusèrent l'émigration en Palestine. De multiples données
historiques, de multiples textes émanant de religieux, de laïcs ou d'historiens
juifs en font foi. Citons par exemple : *- la motion votée, sur la proposition
du rabbin Isaac Meyer Wise, lors de la Conférence des Rabbins américains à
Montréal en 1897 : " Nous désapprouvons totalement toute initiative visant à
la création d'un État juif. Des tentatives de ce genre mettent en évidence une
conception erronée de la mission d'Israël que les prophètes juifs furent les
premiers à proclamer. Nous affirmons que l'objectif du judaïsme n'est ni
politique, ni national, mais spirituel. Il vise une époque messianique où tous
les hommes reconnaîtront appartenir à une seule grande communauté pour
l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre. *- les propos du Baron de
Rothschild à qui Théodor Herzl était venu demander son soutien : " Un état
juif serait un ghetto et subirait les mêmes préjugés. L'état des Juifs, lui, serait
mesquin, petit, intolérant, non libéral et orthodoxe. Il exclurait les non-Juifs
et les Chrétiens. L’opposition violente à l'entreprise sioniste naissante du
Bund. Cet organisme créé à la fin du XIXe siècle et rassemblant des ouvriers
juifs socialistes de Russie, de Pologne et de Lituanie prône une assimilation
d'ordre universaliste. La déclaration de Simon Wolf, le dirigeant du N'nai
Brith (organisation juive structurée comme les ordres maçonniques) : " les
États-Unis sont notre maison, notre Palestine " et il ajoutait en 1888 : " nous
n'avons d'ambition que celle de prospérer sur cette terre d'adoption, dont nous
avons contribué à la croissance matérielle, sociale et intellectuelle ". Pour lui,

181 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
c'est la religion qui définit le Juif. De nombreux rabbins considéraient en effet
la doctrine politique du sionisme comme " une insulte pour le judaïsme ". La
terre de Palestine n'est qu'une terre virtuelle et symbolique : c'est la Torah qui
représente le véritable monde du Juif religieux. Voyant dans le projet colonial
des sionistes une dangereuse hérésie le directeur de l'Alliance israélite écrivait
: "Chez nous, nous n'avons pas changé d'opinion sur les dangers du sionisme.
Nous restons convaincu que ce mouvement aboutira à un insuccès final, et
peut même à une catastrophe "
Quant au grand rabbin Yaakon Kappel Rottblum il disait de même dans une
de ses lettres : " Le danger du sionisme c'est qu'il fait accomplir au peuple juif
des péchés, des choses mauvaises en lui faisant croire qu'ainsi il accomplit la
loi divine. C'est en cela que consistait le péché des habitants de Sodome : ils
n'avaient pas conscience de faire le mal ; ils pensaient au contraire qu'ils
s'acquittaient de leur devoir de citoyens, qu'ils accomplissaient la loi de leur
pays. Tels sont les sionistes. " Rappelons aussi que le premier congrès sioniste
n'avait pu se tenir en Allemagne par suite de la protestation des rabbins
Allemands. Cette idée de la création d'un État laïque leur paraissait absolument
sacrilège.*- la déclaration présentée au président Wilson, pour le Conférence
de la paix de 1919 par deux organisations juives américaines dirigées par des
rabbins : l'UAHC (Union of American Hebrew Congregation) et le CCAR
(Central Conférence of American Rabbis). Après avoir dénoncé l'entreprise
sioniste de sectoriser les Juifs en tant qu'unité politique et rappelé le principe
d'égalité pour tous les citoyens de tous les États, la pétition mettait en garde
contre le conflit entre Juifs et non-Juifs qu'entraînerait inexorablement la
création d'un État juif en Palestine. Elle se terminait ainsi : En ce qui concerne
le futur de la Palestine, notre espoir fervent est que ce qui fut un jour la "Terre
promise" pour les Juifs devienne une "Terre de promesse" pour toutes les
races et croyances, sauvegardée par la Société des Nations qui sera, comme il
est prévu, le fruit de la Conférence de la paix, attendue avec tant d'anxiété et
d'espoir. Nous demandons que la Palestine soit constituée en État libre et
indépendant gouverné sous une forme démocratique, par un gouvernement
reconnu, indépendamment de toute appartenance religieuse et ethnique et
avec un pouvoir adéquat pour protéger le pays contre toute oppression quelle
qu'elle soit. Nous ne souhaitons pas voir la Palestine, maintenant ni jamais
dans le futur, organisée comme un État juif ". La déclaration d'Albert Einstein
en 1938 : " La conscience que j'ai de la nature essentielle du judaïsme se
heurte à l'idée d'un État juif doté de frontières, d'une armée, et d'un projet de
pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains les dommages internes que
le judaïsme subira en raison du développement dans nos rangs, d'un
nationalisme étroit... Devenir une nation, dans le sens politique du mot,
équivaudrait à se détourner de la spiritualisation de notre communauté que

182 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
nous devons au génie de nos prophètes ". Stefan Zweig fustige, lui aussi, le
sionisme promu par Theodor Herzl. Pour lui, la grandeur du peuple juif réside
dans le fait qu'il n'a ni territoire, ni armée et qu'il n'existe que par sa référence
à la Torah. Je tiens, écrit-il, les idées nationales pour dangereuses comme
toutes les limitations et je vois dans le projet de réalisation du judaïsme un
recul et un renoncement à sa mission la plus haute.
Judah Magnes, président à l'Université hébraïque de Jérusalem, lors de son
allocution d'ouverture à la rentrée de 1946 prend lui aussi résolument parti
contre l'idéologie sioniste de plus en plus pressante : " Nous ne pouvons
pactiser avec une société où le nationalisme est devenu un credo imposé. À la
lumière de notre conception universaliste de l'histoire du destin juif, et aussi
parce que nous sommes préoccupés par la situation et la sécurité des juifs dans
les autres parties du monde, nous ne pouvons souscrire à l'orientation
politique qui domine le programme sioniste actuel, et nous ne la soutenons
pas. Nous pensons que le nationalisme juif tend à créer la confusion chez nos
compagnons sur leur place et leur fonction dans la société, et détourne leur
attention de leur rôle historique : vivre en communauté religieuse partout où
ils sont. Parallèlement, de nombreuses organisations juives, notamment
d'Allemagne (l'Association des rabbins), de France (l'Alliance israélite
universelle), d'Autriche (l'Israelitische Allianz), l'Association de la
communauté juive de Londres montrent la même opposition déterminée au
sionisme, une opposition formelle toujours basée sur la vocation
essentiellement spirituelle de la Torah et du judaïsme. Par ailleurs, les Juifs
religieux et les rabbins avaient des raisons supplémentaires de s'opposer à
l'entreprise sioniste : d'une part, ils constataient que la grande majorité des
sionistes étaient des incroyants ne respectant pas le shabbat, d'autre part ils
refusaient, au nom de la Torah et de multiples textes à l'appui, qu'une terre
soit gagnée et par l'argent, et par la violence préconisée par les sionistes. Dans
une tradition fondamentale du judaïsme n'est-il pas dit que " la violence
commence là où finit la parole " Ainsi beaucoup s'opposèrent de toutes leurs
forces à l'entreprise sioniste sur le point de triompher en 1947 : Les sionistes
impies veulent substituer le nationalisme à la Torah " dit l'un, tandis qu'un
autre, Yoël Teitelbaum, écrit : En tentant de précipiter la Rédemption d'Israël,
Israël a commis la pire des transgressions envers la Torah. Les nazis ne sont
qu'un instrument de la colère divine, le sionisme qui l'a provoquée est le
véritable responsable d'Auschwitz. Son succès n'est qu'un piège de Satan ".
Pour nombre de dirigeants orthodoxes, en effet, l'entreprise sioniste n'est autre
que l'œuvre anti messianique de Satan lui-même. Les deux événements
intimement liés que sont la Shoah et la naissance de l'État d'Israël participent
d'un seul et même processus malin : c'est l'irruption des forces du Mal. Pour
les socialistes comme Gustave Kahn : La Jérusalem nouvelle, ce sera toute la

183 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
terre, toute la terre socialiste ". Quant au parti communiste, fondé en 1922, il
pourfend le sionisme au nom de la libération de tous les Palestiniens, Juifs et
Arabes. Par ailleurs, pour nombre de penseurs, en correspondance avec le
message universaliste des prophètes, la " Terre promise " représente, non un
morceau de terre, mais le monde moral tel qu'il se développe au cours
l'Histoire.!
D'autres, plus pragmatiques, tout en étant favorables à un centre spirituel en
Palestine, rejettent formellement l'idée d'un État juif en raison de
considérations pratiques et en premier lieu du fait de la présence arabe. Bref,
considérer la communauté juive comme une entité culturelle et spirituelle en
refusant tous les éléments nationaux toute territorialisation étant vue comme
une lamentable régression telle fut la pensée largement dominante chez les
Juifs, religieux ou non, jusqu'à la création de l'État d'Israël. Comme l'écrivent
Attias et Benbassa : " La question juive devait se régler dans les lieux de la
dispersion, et non en Palestine ou en un pays quelconque réservé aux seuls
Juifs ". Ainsi que l'écrit par ailleurs l'écrivain israélien Abraham B. Yehoshua
il est manifeste que : " L'État d'Israël a été construit sans l'accord du peuple
juif ".
2) - Avec la création de l'État d'Israël, un revirement spectaculaire a lieu
dans les communautés juives : l'idéologie sioniste triomphe tandis que
s'effondre l'opposition antisioniste. C'est à un changement radical, chez les
non-croyants comme chez les croyants, que l'on assiste après la guerre de
1939-45. Avec la vision des camps de la mort et le judéocide hitlérien
organisé, les masses juives de par le monde appuient cette création qui a aussi
la sympathie de l'opinion mondiale. De plus, la guerre judéo-arabe de 1947-
48 avec la peur d'un anéantissement de la communauté juive de Palestine,
suivie de la victoire triomphale de son armée, accentue cette adhésion et
entraîne un véritable enthousiasme mobilisateur d'énergies. C'est le temps des
Kibboutzim et des pionniers jeunes et ardents. Une nouvelle nation est née
qui devient pour beaucoup de Juifs la vraie patrie de c¦ur et d'esprit comme le
fut l'URSS, pendant longtemps, pour nombre de communistes occidentaux
sincères. Fait caractéristique : l'armée française se vide d'officiers juifs et les
jeunes Juifs français à la faveur d'une disposition légale instituée par un
gouvernement favorable au nouvel État font volontiers leur service militaire
en Israël. Bref, un revirement brutal et spectaculaire s'opère : l'opposition
antisioniste s'effondre chez les Juifs et ce sont désormais les religieux dans
leur ensemble (à l'exception des ultra-orthodoxes) qui, après avoir été à la
période précédente les plus opposés à l'entreprise sioniste, deviennent les
partisans les plus résolus de cette entreprise visant à la colonisation juive de
toute l'ancienne Palestine. Les religieux israéliens sont partout en tête du
combat sioniste en faisant appel à tous les textes nationalistes, voire

184 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
xénophobes de leur religion. Ce sont eux qui manifestent le plus d'agressivité
envers les Arabes dont le nombre croissant est susceptible, un jour, de
menacer la spécificité d'Israël si des " transferts " massifs ne sont pas
effectués. Ne parlons pas de leur hostilité ancestrale envers les chrétiens qui
se sont servis d'un Juif,
Jésus, pour imaginer avec la Trinité divine une nouvelle forme de polythéisme
et d'idolâtrie, suprême scandale à leurs yeux. Y. Leibowitz, par exemple,
n'hésite pas à parler Ainsi, depuis la création de l'État d'Israël, alors
qu'agnostiques et religieux se détestent- les premiers cultivant notamment
leurs intérêts électoraux, les autres cultivant leurs intérêts financiers une
étrange collusion entre eux aura permis au sionisme de se développer de façon
extraordinaire.
La surenchère des dirigeants sionistes occidentaux et notamment des
rabbins Depuis le début du sionisme, mais plus particulièrement depuis la
création d'Israël, les Juifs du monde entier, ceux de France notamment, sont
constamment sollicités par de nombreux rabbins et dirigeants d'organisations
juives, d'aller vivre en Israël pour contribuer à peupler le pays ou, à défaut,
d'aider l'État d'Israël en lui apportant une contribution quelconque dans tous
les domaines possibles : politique, défense, diplomatie, finances, technologie,
information, espionnage. Théodor Herzl avait d'ailleurs bien précisé sa pensée
dès le début de son entreprise : " Un homme doit choisir entre Sion et la France.
Les Français israélites s'il en est ne sont pas des juifs à nos yeux et notre cause
n'a rien à voir avec leurs affaires ". Par la suite, au 23e Congrès de
l'organisation sioniste mondiale, Ben Gourion ne manquait pas de rappeler les
devoirs de tous les juifs sionistes : " l'obligation collective de toutes les
organisations sionistes des diverses nations d'aider l'État juif en toute
circonstance doit être inconditionnelle, même si une telle attitude entre en
contradiction avec les autorités de leurs nations respectives ". De telles
sentences continuent manifestement à résonner dans les esprits, contribuant à
ce qu'un nombre notable de Juifs occidentaux soient des inconditionnels de
l'État d'Israël. Mais, en perdant leur liberté de jugement, ils vont montrer
volontiers une indulgence coupable vis-à-vis des actions les plus contestables
des dirigeants, de l'armée ou des colons israéliens et s'engager dans des
directions tout à fait regrettables. Comment expliquer que ni les dirigeants des
organisations juives ni les dignitaires religieux n'aient élevé la voix devant les
prises d'otages ou la torture légalisée en Israël ? Comment expliquer les
graves insuffisances de l'information dont le monde occidental est toujours
victime ? Comment expliquer que les grands rabbins des pays visités par le
pape - tous menant la charge comme un seul homme - l'aient sollicité
systématiquement, pour la reconnaissance de l'État d'Israël jusqu'à ce que
cette reconnaissance soit concédée en 1995 ? Comment apprécier le fait que le

185 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Consistoire de Paris, alors que l'Intifada 2000 a fait plusieurs centaines de
morts et des milliers de blessés dont un grand nombre handicapés à vie, tient
à réaffirmer sa solidarité avec Israël?
Tout en étant tributaires de l'idéologie sioniste omniprésente, nombre de Juifs
occidentaux sont néanmoins victimes d'un malaise manifeste, écartelés qu'ils
sont par cette double loyauté qui s'impose à eux, Comme l'évoquait le
philosophe israélien Y. Leibowitz à l'occasion de la guerre de 1967. À ce
moment, les officiels israéliens et le mouvement sioniste avaient demandé aux
Juifs de France de s'opposer à la politique du gouvernement français et, plus
précisément, au Général de Gaulle qui avait qualifié cette guerre de guerre
d'agression et refusait tout envoi d'armes à Israël. C'est dire aussi qu'il n'est
pas surprenant que les Juifs totalement libres de leur jugement et de leur
action, en même temps que de la notion raciale et des données religieuses
portées par le judaïsme, ne soient qu'une minorité discrète.
L'opposition antisioniste moderne chez les Juifs
Si les Juifs en dehors d'Israël sont en très grande majorité sionistes, tout au
moins ceux qui s'expriment d'une manière ou d'une autre, il reste que les
antisionistes, réduits au silence par les médias ou choisissant de se taire par
peur de s'attirer les foudres de leur communauté, ne sont pas quantité
négligeable même en Israël et que leur nombre croît notablement avec le
temps. Y. Leibowitz (dans ses entretiens avec J. Algazy) affirme ainsi qu'il y
a cent mille Juifs israéliens qui ne reconnaissent pas l'État d'Israël. Certains
appartiennent au parti communiste créé en 1992 (seul parti rassemblant des
Arabes et des Juifs), d'autres sont tout simplement des hommes libres, d'autres
enfin sont des Juifs de stricte observance qui dénoncent le sionisme comme
une entreprise humaine impie et une profanation de l'idéal religieux. Parmi
ces derniers, on peut citer notamment le groupe Netourei Karta dont les
membres, au nombre de plusieurs dizaines de milliers, vivent au c¦ur du
quartier religieux de Méa Shéarim à Jérusalem et haïssent le sionisme et les
sionistes. Et l'on peut même signaler que l'un ces Juifs religieux, le rabbin
Moshe Hirsch, est devenu un des conseillers de Yasser Arafat et membre de la
délégation palestinienne lors de plusieurs négociations avec les Israéliens : Les
sionistes ont transformé le concept de nation juive en le réduisant à un
nationalisme fondé sur la langue et sur la terre. proclame-t-il. Nous, nous
savons que le peuple juif est défini par sa foi et par son observance de la Torah
! Pour ce rabbin, comme pour la plupart de ses prédécesseurs d'avant 1947 :
Le sionisme est diamétralement opposé au judaïsme. Le sionisme veut définir
le peuple juif comme une entité nationale... C'est une hérésie qui conduit à
l'abîme. Aux yeux de certains milieux ultra-orthodoxes, les sionistes
représentent " des renégats qui prônent une identité juive se passant
complètement de la Torah, de Dieu. Ils compromettent en outre gravement la

186 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
mission d'Israël. En effet, Israël est en exil non seulement parce qu'il est châtié
pour ses péchés, mais pour assumer, au cours de cet exil, une fonction éthique,
mystique et rédemptrice auprès des nations...
La mission d'Israël en exil est de racheter le monde. Il n'est pas en son pouvoir
de mettre fin à cet exil. Tenter de le faire est une trahison ". Emmanuel Levyne
écrit de même en 1969 dans son ouvrage Judaïsme contre sionisme : "
Reconquérir la terre d'Israël par l'argent et les armes, c'est manquer de foi :
c'est-à-dire commettre le péché principal qui a été la cause de l'exil (Zohar 1,
2196). C'est le plus sûr moyen d'en repartir et d'en être chassé totalement et
définitivement. Poursuivant son argumentation, il ajoute : " Le sionisme
politique nie la foi essentielle d'Israël. C'est la plus dangereuse hérésie de
toute l'histoire juive. Elle menace l'existence du judaïsme. Il faut donc la
combattre avec la plus grande énergie ". Le Congrès rabbinique de l'État de
New York de février 2002 reste dans cette ligne antisioniste résolue. Il déclare
: " L'observation des préceptes de la Torah interdit aux Juifs d'avoir un État,
fût-il un État religieux. C'est avec peine que nous nous rassemblons pour
protester contre l'État d'Israël... " En ce début de millénaire, le débat entre
sionistes et antisionistes est particulièrement intense en Israël. Jamais la
remise en cause de nos mythes fondateurs n'avait été aussi répandue " écrit
Zev Sternhell. Beaucoup de Juifs, manifestement malheureux devant les
violences suscitées, voire honteux devant le comportement inadmissible de
leur État vis-à-vis des Arabes, et sentant que tourne le vent de l'Histoire,
tentent de dessiner l'avenir. Certains proposent que " l'État juif " devienne "
l'État des juifs et de ses autres citoyens ". D'autres enfin, bien plus audacieux
encore, souhaitent qu'Israël devienne simplement comme les autres États
modernes, " l'État de ses citoyens ", c'est-à-dire qu'il soit totalement neutre
vis-à-vis des identités ethniques, confessionnelles et culturelles, bref,
qu'Israël ne soit plus Israël... ! Dans la même perspective, certains auteurs, en
France notamment, élaborent un Israël post-sioniste. Ils ont tort : d'une part,
Israël qui s'est défini explicitement comme un " État juif en terre d'Israël " est
fondamentalement lié au sionisme ; d'autre part, après le sionisme (si cette
idéologie est neutralisée par les forces démocratiques et laïques). Israël ne
sera plus Israël, mais un État qui aura un autre nom, une autre constitution,
un autre drapeau, un autre hymne national. Bien entendu, les sionistes crient
au scandale devant de telles idées sacrilèges.La violence de leurs propos n'a
d'égale que la haine qu'ils manifestent et la vengeance qu'ils appellent à
l'encontre de leurs adversaires et notamment des Juifs qui mettent en cause la
politique israélienne. Le rabbin américain Michael Lerner, éditeur de la revue
Tikkun Magazine et auteur de l'ouvrage Renaissance juive : une clé pour la
guérison et le changement, rapporte (dans The Los Angeles Times du
vendredi 18/05/01) qu'une des lettres qu'il reçoit de ses coreligionnaires est

187 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
ainsi rédigée : Crevez.Crevez.Espèce de sous-hommes, d'animaux gauchistes,
on devrait tous vous exterminer.
Une autre contient ces termes : Traître, quelqu'un viendra vous liquider - tout
ce que vous méritez, c'est de pourrir en enfer tandis qu'un site Internet indique
l'adresse personnelle du rabbin et comporte un plan avec des indications
routières précises permettant d'accéder facilement à son domicile.
SIONISME et HOSTILITÉ ANTIJUIVE CHEZ LES ARABES
Fait remarquable, le racisme anti-arabe caractérisé de nombre de Juifs
israéliens n'a guère engendré pendant longtemps de racisme anti-juif. Alors
que l'antisémitisme ordinaire a toujours sévi et sévit toujours à l'époque
moderne, notamment dans sa manifestation dite négationnisme, dans les
populations de tradition chrétienne, croyantes ou non-croyantes,
Politiquement de " gauche " ou de " droite " et d'autant plus qu'elles sont
croyantes ou extrémistes, il est resté marginal ou inexistant chez les Arabes.
Certes, au Moyen-âge, des courants musulmans extrémistes ont pu décimer
des communautés entières, Mais c'est dans le monde arabe notamment dans
l'Empire ottoman que les Juifs chassés d'Espagne se sont réfugiés et bien des
autorités politiques de l'époque moderne (Mohammed V au Maroc,
Bourguiba en Tunisie...) ont toujours défendu leurs ressortissants juifs. En
avril 2001, une conférence d'initiative helvético-américaine niant le génocide
juif qui devait avoir lieu à Beyrouth fut interdite, notamment sur intervention
d'un groupe important d'intellectuels arabes regroupant des Libanais, des
Maghrébins, des Syriens et des Palestiniens. Et, à cette occasion,
l'ambassadeur d'Algérie diffusait, au nom du groupe des ambassadeurs arabes
auprès de l'Unesco, le texte suivant d'une grande élévation : La décision
d'interdire la conférence négationniste honore le Liban et l'ensemble du
monde arabe. Elle est conforme à l'esprit de cohabitation millénaire entre les
Juifs et les Arabes. Elle vise à préserver de toute altération une mémoire
commune, fondée sur une cohabitation et sur la contribution reconnue de la
communauté juive à l'épanouissement de la civilisation arabo-islamique, de
la période des Omeyyades à l'Andalousie " ? Certes, certains milieux
islamistes peuvent parfois faire ressurgir quelques différends sérieux survenus
jadis entre le prophète Mohammed et les Juifs accusés d'avoir falsifié leurs
propres prophètes ce qui se traduira notamment par la Charte d'Omar suivant
laquelle les Juifs seront tolérés en tant que peuple du Livre mais marqués par
un signe : un petit morceau de tissu jaune qui les différencie comme dhimmis
(soumis) mais il n'y a jamais eu de contentieux doctrinal entre le judaïsme et
l'Islam alors que l'antagonisme entre les religions juive et chrétienne, qui s'est
manifesté de façon dramatique à de multiples reprises, est fondamental et
radicalement irréductible.

188 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
On sait que les Juifs mépriseront toujours les chrétiens pour avoir fait d'un
Juif un dieu (faut-il rappeler que le goy fut d'abord le chrétien) et que les
chrétiens, de leur côté, déploreront toujours avec une certaine
condescendance que les Juifs se soient, par leur rejet du Christ, amputés de la
Rédemption chrétienne. Le Coran, quant à lui, ne veut être que le
prolongement et l'accomplissement de la Bible hébraïque. C'est ainsi que
l'opposition des Arabes fut dirigée pendant longtemps en Palestine/Israël, non
pas contre les Juifs avec leur tradition ou leur culture d'origine religieuse,
mais contre les sionistes dont l'idéologie les opprime depuis plus d'un siècle.
On peut dire qu'une certaine hostilité anti-juive des Arabes a essentiellement
vu le jour il y a quelques années lorsque, en Europe, ont circulé les thèses
niant le judéocide, thèses soutenues alors par quelques intellectuels. Il reste
malgré tout que les violences de tous ordres (notamment les violences d'ordre
juridique le plus souvent ignorées à l'extérieur) et les injustices inouïes
engendrées par le sionisme pendant tant d'années à l'encontre d'un peuple
innocent des malheurs juifs, et ce avec le soutien aveugle de nombre de Juifs
occidentaux, auront finalement abouti, par un phénomène de généralisation
abusif mais banal à faire pénétrer l'hostilité anti-juive au sein de populations
qui précédemment en étaient pratiquement indemnes ! " Une chose me frappe
énormément, dit en 2001, l'observatrice Nadine Picaudou, il est de plus en
plus fréquent, même hors période de tension, d'entendre les Palestiniens dire
"les Juifs" au lieu de dire "les Israéliens alors qu'ils veulent effectivement dire
"les Israéliens". On peut signaler aussi que la première édition des Protocoles
des Sages de Sion, le célèbre faux fabriqué en France contre les Juifs au début
du siècle par un russe émigré, fut éditée au Caire en 1951 puis en France et
dans de nombreux pays musulmans. Aujourd'hui la référence aux Protocoles
est présente dans les textes et les discours du FIS algérien et du Hamas
palestinien. Lors de l'Intifada 2000, fleurirent les inscriptions "Mort aux
Juifs". Si le sionisme a manifestement fait naître une hostilité antijuive chez
les Arabes, il est évident que le phénomène peut, en Occident où il est
endémique, revêtir une tout autre ampleur. Les attaques de synagogues ou la
destruction des symboles juifs à la suite de la sanglante et perpétuelle
répression contre les Palestiniens, Les éditions des Protocoles dans divers pays
(Russie et pays ex-communistes, Inde, Japon, Argentine...) sont des exemples
caractéristiques où un amalgame se crée à l'occasion des exactions sionistes
répétées depuis tant d'années. Et, par-delà ce type d'hostilité antijuive suscité
par les exactions sionistes il y a des attitudes collectives sans doute plus
efficaces encore pour perpétuer le racisme antijuif. Comment le statut hors
normes d'Israël, à la fois revendiqué par la sioniste et accordé par le monde
non-juif avec la constante et coupable indulgence qui le permet,

189 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Pourrait-il ne pas être un de ces facteurs en faisant des Juifs, non pas des
hommes " différents " tous les hommes le sont mais fondamentalement "
autres " En tant que Juif (non sioniste) je peux m'entendre avec n'importe quel
Arabe a écrit Emmanuel Levyne, mais en tant qu'Israélien c'est impossible. Si
donc je désire avoir un dialogue avec les Arabes, je dois demeurer juif et ne
pas devenir israélien, c'est-à-dire refuser l'État d'Israël. Ce qui m'importe, c'est
d'avoir le droit d'habiter en Terre Sainte en paix et sans faire la guerre : dans
un État palestinien, ce ne serait pas difficile ; avec un État israélien, c'est
impossible. La réciproque est également juste : un Arabe peut s'entendre avec
un Juif non-sioniste. Il convient néanmoins d'ajouter (ce que Levyne a
manifestement négligé...) : que l'État palestinien ne soit pas " islamiste ", ce
qui le ferait aussi désastreux qu'un état " juif ". Car, il faut bien voir que le
sionisme est au judaïsme ce que l'islamisme est à l'Islam ou l'intégrisme (des
siècles passés) au christianisme : une évolution à la fois logique et
malheureuse. Sous le sceau du sacré et en vertu d'une unique Vérité que
d'individus auront été conditionnés au crime !
OÙ EN EST ISRAËL ?
Par sa capacité intellectuelle, gage d'une recherche de pointe dans de nombreux
domaines, par ses réalisations industrielles, son commerce, son agriculture, son
armée Israël est devenu en cinquante ans une superpuissance régionale et a
surpassé nombre de nations, telles l'Espagne ou la Nouvelle-Zélande.
Pourtant, malgré cette force, Israël est de plus en plus fragile. Une société
minée par le doute et la mauvaise conscience Certes, ce doute et cette
mauvaise conscience ne concernent pas les Juifs religieux, ni les Juifs
inconditionnels que l'on trouve dans de nombreux pays occidentaux, mais un
nombre notable d'Israéliens instruits lesquels ont commencé,
grâce au travail de leurs historiens modernes, à ouvrir les yeux sur les
mensonges perpétués par les sionistes depuis 50 ans, à s'interroger sur la
légitimité d'Israël, voire à la contester ouvertement comme le font certains
intellectuels.L'ouverture des archives de 1948, rapporte notamment
Dominique Vidal, a permis de faire voler en éclats trois mythes essentiels :
celui du petit David contre Goliath, celui du refus arabe de la paix, et surtout,
celui d'une non-expulsion des Palestiniens de leur terre. En fait, tous les
domaines sont intéressés par le malaise qui ronge la société Israélienne. La
nature même de l'État d'Israël, État théoriquement " juif et démocratique est
d'abord un sujet permanent d'affrontements entre démocrates et nationalistes.
Comment pourrait-il en être autrement puisque Israël n'a pas réalisé, et ne
pourra jamais réaliser la " ghettoïsation " de son territoire, cette ghettoïsation
qui est le fondement aberrant de l'idéologie sioniste et dont rêve toujours une
partie de la population juive dans l'attente ancestrale de quelque événement
messianique ?

190 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L'exemple de l'armée israélienne, pourtant forte de sa puissance de feu
considérable, de ses succès spectaculaires, de son service de renseignements le
plus sophistiqué au monde, est aussi un exemple particulièrement
caractéristique du malaise israélien. À son propos Martin Van Creveld
(professeur d'histoire à l'université hébraïque de Jérusalem) parle " du poison
moral qui consume mortellement Tsahal appelée à tirer sur des femmes et des
enfants ", Tandis qu'il demande instamment à ses enfants de ne pas faire leur
service militaire en Palestine occupée : " Vous y perdriez votre âme. Si vous
tuez, vous serez des criminels. Si vous êtes tués, vous serez des crétins. Je vous
préfère morts plutôt que rongés par ce dilemme insoluble et pervers ". Pour
Attias et Benbassa : " La situation en Israël ressemble à celle des pays où de
fortes idéologies, comme le socialisme et le communisme, se sont effondrées
". Après avoir vécu hors normes pendant plus de cinquante ans et reçu par
référence à la Shoah habilement exploitée et à des intérêts financiers
considérables - la protection et l'aide de nombre de nations occidentales,
Israël, ce membre de l'ONU qui en défie de façon permanente les
représentants de moins en moins dupes, est acculé à brève échéance à un choix
impossible. Comme l'écrit l'historien politique Zeev Sternhell : " Pour la
première fois de son histoire, Israël doit décider de sa forme de nationalisme
: devenir une communauté de citoyens ou conserver la vision organique d'une
tribu soudée par des liens qui s'apparentent quasiment à des liens du sang ".
Pour cet écrivain et pour bien d'autres, il est évident qu ' " Israël ne sera jamais
un État juif " puisqu'il doit " aussi " intégrer des populations arabes. Car
concilier dans une constitution les deux caractères de juif et de démocratique
sera toujours la quadrature du cercle. Et puis, n'y a-t-il pas parmi les Juifs
croyants et non-croyants d'Israël et d'ailleurs, tous ceux, profondément
malheureux et silencieux, pour qui le peuple palestinien est une victime
obsédante de l'entreprise sioniste ?
Un fossé de plus en plus profond entre les communautés juives.
En Israël s'opposent deux options, deux cultures fondamentalement opposées
: d'un côté, les lois laïques, de l'autre la Halakha, cette loi religieuse qui
s'impose à chaque croyant dans sa vie quotidienne. Du fait qu'il n'y a pas de
démocratie sans laïcité et que le fondement de l'État d'Israël est religieux la
séparation de l'Église et de l'État est exclue par les religieux comme par la
Constitution - l'unité nationale ne peut, bien entendu, être qu'un leurre.
Donnée de plus en plus insupportable parmi bien d'autres à beaucoup
d'Israéliens : Ce sont les rabbins (les hommes en noir) qui décident de l'octroi
de la nationalité, du mariage, du divorce, des enterrements, des conversions,
du contenu de l'enseignement... qui surveillent strictement le shabbat, qui
veillent à l'observance de la kashrout (lois religieuses alimentaires) dans
l'armée, les institutions d'État ou les avions.

191 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Alors que 22 000 couples se marient religieusement chaque année, 20 000 vont
ainsi se marier dans un consulat à l'étranger ou vivre en concubinage. Tout
ce qui concerne le mariage ou le divorce des Juifs en Israël, nationaux ou
résidents, est en effet exclusivement de la compétence des tribunaux
rabbiniques : " Les mariages et divorces des Juifs s'effectuent, en Israël, en
vertu de la loi établie par la Thora " Bien entendu, tout mariage d'un Juif avec
une non-juive ou vice-versa est impossible. Ainsi se développent et
s'amplifient avec le temps les haines intercommunautaires et les violences
entre les religieux et les laïcs, les faucons et les colombes, les ultranationalistes
et les internationalistes, les fondamentalistes et les libéraux, les fascistes et les
socialistes, les séfarades et les ashkénazes. Tandis que l'Israélien moyen vit en
tension permanente, les affrontements ne sont pas que verbaux : en 1989-
1990 les incendies de voitures et d'appartements appartenant à des
représentants de la gauche israélienne, les menaces de mort adressées aux
députés ou aux dirigeants du mouvement de "La paix maintenant" ont
véritablement inauguré une " guerre des cultures ". Celle-ci est telle que le
Premier Ministre Yitzhak Rabin en est mort - après que les malédictions
religieuses ont été appelées sur lui - tué par un de ses compatriotes, Yigal,
considéré par toute une communauté comme " messager de Dieu ". Dieckhoff
précise que " cet assassinat fut vraisemblablement légitimé par le décret
religieux de certains rabbins extrémistes qui avaient désigné Rabin comme
rodef (persécuteur) ou comme Moser (dénonciateur, c'est-à-dire celui qui
livre des Juifs à un pouvoir étranger), ce qui justifiait sa mise à mort. Rabin
sera chassé par le feu et dans le sang " hurlait d'ailleurs la foule quelque temps
avant son assassinat. Si la Cour suprême continue à se mêler de nos affaires,
il y aura une guerre ici ", proclame en 1999 le ministre de l'intérieur Eliahou
Suissa. Effectivement, compte tenu de la haine développée à un degré inouï
par une partie notable de la droite israélienne à l'encontre ceux qui sont prêts
à céder quelques pouces de terrain aux Arabes, une guerre civile n'est pas
exclue malgré le tabou puissant pesant sur le meurtre d'un Juif. À propos de
l'implosion probable de la mosaïque israélienne faite de tant d'antagonismes
et de contradictions, certains n'hésitent pas à rappeler la destruction du
royaume juif en 70 de notre ère. Lors du siège de Jérusalem par Titus, les Juifs
divisés en trois camps passèrent plus de temps à se massacrer qu'à affronter les
soldats de l'empereur romain. La dispersion générale s'ensuivit avec ses deux
mille ans d'exil. Les menaces de mort notamment, pesant sur nombre de
personnes et émanant notamment des haredim ces craignants Dieu qui, selon
les statistiques, font peur à 70 % des Israéliens sont telles que les 14 juges de
la Cour suprême, par exemple, bénéficient d'une protection policière
permanente.

192 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En dehors de la peur assez généralisée, il n'y a guère que l'antagonisme envers
les Arabes qui puisse réunir quelque peu les sionistes israéliens, encore que les
nuances soient grandes entre les partisans d'un certain respect et ceux qui,
voulant expulser les Arabes jusqu'au dernier, défilent en masse en hurlant "
Mort aux Arabes ! ", n'hésitent pas à promouvoir la violence, voire le meurtre
et à approuver ostensiblement les assassins. À noter que les termes de " laïcité
" et de " laïcs ne conviennent guère à la société israélienne faite d'une très
grande majorité de sionistes qui, par définition, sont tous profondément
tributaires du mythe ancestral de l'Alliance. Plutôt que de parler des laïcs ces
hiloniyim détestés des religieux il est plus juste de les qualifier de non
croyants ou de non religieux. On peut ajouter d'ailleurs que le phénomène de
" laïcisation ", suivant lequel le religieux est séparé du politique, n'appartient
pas non plus à l'islam. Quant à l'écart entre les populations juives et non-juives
de l'ex-Palestine, il est bien entendu considérable Certes, les Arabes israéliens
ont un niveau de vie supérieur en Israël à celui des Arabes des pays du
voisinage, mais ils sont néanmoins les derniers dans l'échelle sociale
israélienne. Plus grave que le niveau de vie matérielle est leur situation "
normale " de citoyens de seconde classe et d'apatrides voués, de par la
constitution même, à être des étrangers perpétuels dans un État qui leur est
octroyé par une certaine condescendance, qui les exclut de multiples
fonctions, qui les discrimine perpétuellement, qui les considère comme des
suspects sinon des ennemis de l'intérieur et qui, pire que tout, les humilie
chaque jour sur la terre de leurs ancêtres. Alors qu'ils ont perdu de multiples
lieux de mémoire (notamment nombre de cimetières) effacés à jamais par les
bulldozers, ils ont chaque jour devant les yeux, émaillant tout le pays, les lieux
que les Israéliens ont élevé par centaines pour célébrer leurs victoires sur les
Arabes, stèles, plaques, monuments... honorant, nous dit Greilsammer, les
défenseurs, les héros, les sites conquis, les forces combattantes, les soldats
inconnus, les pilotes, les unités de volontaires Et, que dire du remplacement
des noms arabes par des noms hébraïques. Attias et Benbassa signalent, par
exemple, que dans le désert du Néguev " on a donné entre 1949 et 1950 des
noms hébraïques à quelque 533 lieux et sites géographiques " et qu'il en fut de
même pour nombre " de structures topographiques, de plantes, d’animaux, en
un mot de tout ce qui était intimement lié à la terre et au paysage ". Quant aux
Arabes des territoires occupés, un journaliste a parlé à leur propos " d'un
océan de pauvreté face à un havre de richesses ". Algazy rapporte, par exemple,
que dans la bande de Gaza, 5 000 colons juifs vivent dans de confortables
villas tandis que 700 000 Palestiniens ne possèdent le plus souvent que des
taudis, travaillent comme manœuvres chez les colons juifs ou partent vendre
leur force de travail en Israël.

193 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Écrasés dans leur culture (il n'y a aucune maison d'édition et très peu de
librairies car les frais de douane rendent tout achat impossible), bouclés dans
leurs villages, entourés de colonies juives hostiles, repoussés sans cesse plus
loin comme le furent jadis les Indiens d'Amérique, surveillés à l'intérieur de
leurs propres communautés par un service d'espionnage sophistiqué,
massacrés par les militaires au moindre sursaut de colère, ils sont réduits, dans
une rage intérieure, au silence et à l'impuissance Et si l'État palestinien voit le
jour à côté de l'État juif - perspective que les sionistes, au nom du mythe de
l'Alliance (pour les uns) et de la Sécurité (pour les autres), rejettent de façon
absolue peut-on imaginer, sans une situation pérenne d'affrontement, deux
États voisins aussi disparates quant à leur culture, à leur puissance et à leur
richesse ? Même si la réalisation ne peut être que fort lointaine comment ne
pas voir que sur cette terre de Palestine, seul, un État unique, laïc et
démocratique - par-delà les mythes et les barrières d'un autre âge - est
susceptible de faire vivre en paix les diverses communautés humaines ?
QUELLE " GUERRE DE LIBÉRATION ? Tactique et stratégie
LA DÉ-SIONISATION condition nécessaire de la paix en Palestine
En posant un regard d'ensemble sur l'Histoire de la Palestine depuis un siècle,
on peut manifestement considérer que les malheurs de cette région découlent
essentiellement du développement et de la mise en application sur le terrain
de l'idéologie sioniste. C'est dire que l'extinction de cette idéologie ou de
façon plus réaliste sa neutralisation aboutissant à la destruction des structures
politico-sociales d'Israël est la condition nécessaire à la paix. Mais il faut bien
voir tout d'abord que la dé-sinisation ne suppose rien de moins qu'une
révolution avec l'évanouissement d'un des mythes fondateurs du judaïsme, le
mythe de la Terre promise. C'est ce mythe, véritable matrice de la pensée
sioniste qui, en s'associant à l'autre composante fondamentale et non moins
pesante du judaïsme : l'élément racial, sous-tend toute l'idéologie Or, les
mythes défient le temps, les siècles, voire les millénaires !
Ils n'ont pas qu'une dimension religieuse, qui peut être plus ou moins
éphémère, mais une dimension culturelle qui imprègne profondément les
peuples à leur insu et de façon pérenne. Le sionisme est un exemple
particulièrement caractéristique de cette donnée : le plus grand nombre de ses
fondateurs et de ses supporters n'est-il pas composé d'athées théoriquement
indifférents à la dimension religieuse ? Dire qu'un mythe ne meurt pas, c'est
dire aussi que les idéologies qu'il suscite ne peuvent pas s'éteindre
spontanément. Seuls les conflits qui en résultent sont susceptibles d'en réduire
les effets si les éléments antagonistes sont capables de s'imposer par une force
supérieure qui peut être de nature fort diverse. Cette force antisioniste peut-
elle être d'essence démocratique ?

194 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Théoriquement suivant certains textes - ce n'est pas exclu puisque Israël se dit
un État démocratique dont les citoyens non-Juifs ont en principe " les mêmes
droits sociaux et civiques " que les Juifs. Actuellement, en Israël, les citoyens
non-Juifs (Arabes pour la plupart) sont au nombre de 970 000 ce qui
représente 17 % de la population ; dans 25 ans leur nombre représentera entre
21 et 26 % de la population israélienne, voire de 41 à 45 % selon des
projections démographiques récentes. À terme plus lointain les non-Juifs
peuvent donc théoriquement représenter le groupe majoritaire et vaincre
pacifiquement l'idéologie sioniste. À plus forte raison, en serait-il ainsi si les
réfugiés palestiniens, parqués dans leurs camps depuis des dizaines d'années,
revenaient en Israël conformément au droit international, ce droit dont le
rappel exaspère les Israéliens... Néanmoins, il faut bien savoir aussi,
témoignant de la perversité foncière et spécifique de l'inspiration sioniste :*-
que les droits sociaux et civiques des non-juifs par rapport à ceux des juifs
sont à la fois les mêmes, comme il est dit plus haut, et partiels comme le
veulent lois et règlements de l'État ! *- que les partis qui ne reconnaissent pas
le caractère juif de l'État ne peuvent pas participer aux élections. Même si
l'évolution démographique permet théoriquement aux citoyens non-Juifs de
former un jour le groupe dominant, il est donc totalement exclu qu'Israël
puisse respecter cette évolution qui signifie sa mort en tant qu'État sioniste et
puisse devenir spontanément un État démocratique, suivant le sens donné
généralement à ce qualificatif dans la mentalité occidentale. L'ethnocratie
israélienne où il y a les Juifs et les non-Juifs séparés par la frontière de race
instituée par le judaïsme et imposée par le sionisme, " frontière de feu " selon
le rabbin A. Cohen, n'est pas sans rappeler, en effet, les anciennes démocraties
populaires où il y avait les membres du parti et les autres. Cette force capable
de contrer les forces oppressives du sionisme ne peut être représentée que par
l'ensemble des nations. Le nazisme a été vaincu par la seule force militaire des
quelques alliés de 1940, le communisme par la seule force économique des
nations libres, Le sionisme, parce que plus complexe que les précédentes
idéologies et parce qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème local ou
régional ne peut être neutralisé que par des forces diverses à l'échelon
mondial. En premier lieu il ne peut s'agir que des forces démocratiques
agissant au sein des partis et des associations diverses - en union avec celles
qui existent, ou qui doivent se faire jour - au sein des populations
palestiniennes. Comme l'écrivait le dirigeant marocain Ben Barka en 1965
quelques mois avant son assassinat : La question palestinienne n'est pas une
affaire entre Juifs et Arabes, mais un mouvement de libération nationale qui
doit être considéré sans aucun chauvinisme racial. C'est en raison de sa
dimension humaine et rationnelle que la cause palestinienne est en droit de
compter sur la solidarité et l'appui des forces progressistes dans le monde ".

195 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Ensuite, il appartient, bien sûr, à l'ONU, d'une part de prendre véritablement
conscience de son erreur du 29 novembre 1947, d'autre part d'arrêter par la
contrainte l'entreprise sioniste avant qu'elle n'entraîne de nouveaux malheurs
pour la communauté humaine, et notamment pour la communauté juive. Mais
le rapport de forces actuelles est terriblement inégal Il suffit, pour se
convaincre de cette inégalité, de constater l'incapacité de l'ONU depuis plus
de cinquante ans à faire respecter ses propres et multiples résolutions et à
envisager des sanctions capables d'arrêter les exactions d'Israël. Ne parlons
pas d'un régime doté de l'armement nucléaire, d'une armée puissante, d'un
service d'espionnage sophistiqué, possédant avec la complaisance des médias,
des moyens de propagande efficaces et assuré de la coopération économique,
technologique, militaire et culturelle du monde occidental. Qu'est-ce le Droit
d'un petit peuple face au sionisme qui imprègne et conditionne une part
notable du comportement extérieur des États-Unis, de la France, de
l'Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays- Bas et de tant d'autres nations
aveugles, tributaires avant tout de leurs intérêts immédiats ? Les États arabes
eux-mêmes ne sont-ils pas incapables de rompre leurs simples relations
diplomatiques ou économiques avec Israël qui, pourtant, écrase l'un des leurs
UN COMBAT DE LIBÉRATION INÉDIT Beaucoup de stratèges pensent
que la paix est possible au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens du fait
que des pays très divers l'ont établie entre eux après des affrontements
durables comme l'Histoire en a toujours connus. De multiples plans sont ainsi
élaborés émanant non seulement des deux parties en cause mais de nombre
d'organismes occidentaux, voire d'essayistes généreux. Tous passent en revue
avec application les conditions d'ordre économique, diplomatique, culturel,
militaire de la réconciliation sincère et profonde entre Israéliens et
Palestiniens devant aboutir progressivement à la paix dans cette partie du
monde dans deux États, l'un juif, l'autre palestinien. Ainsi, par exemple,
Michael Ben Leir, conseillé du gouvernement israélien de 1983 à 1988,
période durant laquelle il justifiait légalement la colonisation, écrit en
novembre 2000 : " Comme toutes les guerres modernes de libération, celle-ci
s'achèvera par une victoire des Palestiniens. Reste à savoir combien de temps
et de sang s'écouleront jusque-là. Voilà pourquoi notre obstination à conserver
des colonies illégales qui empêchent la conclusion d'un accord de paix, n'a pas
de sens ". Ce qui frappe d'emblée quand on examine les travaux des
spécialistes du Proche-Orient c'est que les analyses des facteurs de conflit avec
leurs multiples interférences sont poussées très loin dans les détails et souvent
avec une grande pertinence, mais qu'il manque dans la plupart des cas une
vision d'ensemble allant à l'essentiel : l'idéologie sioniste (avec ses trois piliers
mythique, racial et scripturaire),

196 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
moteur de ce conflit où s'affrontent non seulement des Israéliens et des
étrangers, des Juifs et des non-Juifs avec l'apartheid irréductible qui en
résulte, mais des laïcs et des religieux, des démocrates et des " fascistes ", des
universalistes et des nationalistes, des libéraux et des fanatiques. C'est dire,
par exemple, que le démantèlement des multiples colonies israéliennes dans
les territoires occupés démantèlement qui est loin d'être acquis ne peut être
lui-même qu'une étape d'un combat qui n'est que très accessoirement un
problème de frontières (contrairement aux cas habituels de l'Histoire) mais
un combat idéologique pour lequel le raisonnement en années, voire en
dizaines d'années, n'est pas de mise. Seul, le siècle peut représenter une unité
de mesure adéquate...
La dé-islamisation de l'État palestinien fait également partie de ce
combat Il s'agit là de la seconde condition indispensable pour que, par-delà
les différences ethniques ou religieuses et par-delà les frontières actuelles,
puisse s'établir une démocratie par la réunion - élément incontournable de la
paix - de toutes les forces démocratiques de la Palestine mandataire. Et ce
combat pour la laïcité à l'intérieur de la société palestinienne ne peut être que
celui de ses habitants, habitants des territoires occupés ou exilés. Inutile de
préciser que lui aussi ne peut être que fort difficile dans cette société
traditionnelle où la religion, l'Islam, a une doctrine pratiquement incompatible
avec la démocratie et, circonstance aggravante, une doctrine peu ou non
évolutive. C'est dire aussi que ce conflit inédit du Proche-Orient ne concerne
pas seulement les deux parties qui s'affrontent actuellement sur le terrain et
qui ne peuvent en aucune manière résoudre seules le conflit qui les oppose,
mais l'ensemble de la communauté internationale. Or cette communauté qui,
par sa méconnaissance du potentiel pervers de l'idéologie sioniste lui a permis
de s'épanouir sur le terrain à partir de 1947, n'a fait depuis un demi-siècle que
des progrès fort minimes dans l'intelligence de cette idéologie. Certes des
crises aiguës comme les Intifada récentes ont permis à la vue des multiples et
terribles exactions israéliennes et des attentats terroristes réactionnels qui se
sont multipliés - un certain réveil des opinions publiques par l'intermédiaire
de la Presse, mais on sait bien que des émotions de ce genre ne sont que fort
éphémères lorsque les forces en présence sont si différentes. Malgré tout, en
cinquante ans, un nouveau peuple est né, ce qui n'est pas rien ! De plus la
mémoire des peuples ne s’est singulièrement allongé désormais aucun combat
pour la démocratie et la laïcité n'est jamais totalement vaine
LES NON-JUIFS DE PALESTINE : AVENIR DES JUIFS !
Soumise avant 1947 à l'autorité de la Grande-Bretagne qui avait succédé elle-
même à l'empire Ottoman, la population arabe de Palestine composée en
majorité de populations pauvres et peu instruites ne formait pas un peuple à
proprement parler. C'est la persécution sioniste qui a présidé à la naissance et

197 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
au développement d'une nouvelle identité nationale, d'un nouveau peuple
arabisant, le peuple palestinien. Le pogrom anti Arabes israéliens perpétré en
Israël lors de l'Intifada 2000 aura été un véritable catalyseur du processus
longtemps invisible. Par-delà les frontières, les Arabes d'Israël et ceux de la
Palestine occupée comme l'ont montré clairement les manifestations de
fraternisation lors de la commémoration de la Naqba en 2001 -sont
maintenant solidaires et revendiquent tous l'identité palestinienne. Unis à
leurs frères dans le malheur des territoires occupés, les Arabes d'Israël sont
désormais des Palestiniens avant d'être des Israéliens. Pour l'instant, les
Arabes israéliens et palestiniens ne sont que des suspects, des ennemis ou
traîtres potentiels, le ver dans le fruit ", " le cancer sournois qui ronge Israël,
une cinquième colonne " pour nombre de Juifs d'Israël et d'ailleurs. Leur
transfert massif hors de Palestine est parfaitement évoqué par les politiques
et commentateurs et souhaité par un grand nombre de Juifs israéliens (selon
un sondage de mars 2002, 46 % d'entre eux sont pour l'évacuation des
Palestiniens des territoires occupés, 31 % pour l'évacuation des Arabes
israéliens, en dehors des frontières de la Palestine historique). C'est pourtant
en eux que réside l'espoir de la fin de l'imposture sioniste et du salut des Juifs
de cette région ! Même s'il n'y a pas de paix possible à vue humaine dans ce
que fut la Palestine, ce n'est pas une raison pour ne pas y travailler dans la
perspective d'un pays où les communautés seront réunies, réconciliées et
apaisées. Or, seule une démocratie authentique, à inventer dans cette partie du
monde, peut vraiment permettre cet avenir. Il faut bien se souvenir aussi que
l'entreprise sioniste a toujours été dénoncée avec force par une part éminente
de la communauté juive d'où elle a émergé pour tant de malheurs passés et
pour tant de malheurs annoncés. Ne doutons pas, dans cette guerre de
libération, d'avoir affaire à des prophètes qui crient dans le désert mais dont
la voix, un jour sans doute lointain, sera entendue.
L'ARSENAL LINGUISTIQUE DES SIONISTES Comme chacun le sait,
c'est le Verbe qui mène le monde... Du fait de leur héritage culturel et
religieux les portant à l'étude du Livre et, partant, à celle des livres, les
sionistes jouissent d'une franche supériorité par rapport à la très grande
majorité des individus : la supériorité du Verbe, une arme qui, à l'évidence,
surpasse en efficacité tous les moyens militaires. Dans l'histoire de
l'humanité, c'est manifestement une donnée inédite que cette perversion
spectaculaire du discours médiatique par les mots pièges générés ou exploités
par l'idéologie sioniste dans la guerre de conquête suscitée depuis plus d'un
siècle. Nous examinerons quelques-uns de ces mots que les médias du monde
entier, notamment occidentaux, relaient quotidiennement et à l'infini dans une
très large inconscience :

198 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

"Shoah, Holocauste, transfert, pressions physiques, autodéfense,


Territoires, implantations, Jérusalem, guerre, tuer, abattus...
La "Shoah" et "l'Holocauste" ou le "génocide des Juifs par les nazis" ?
Selon la définition des dictionnaires, le génocide est l'extermination
systématiquement organisée de communautés civiles choisies selon les
critères de nationalité, de race, de religion ou d'idéologie. Le XXe siècle en a
fourni un certain nombre d'exemples qui sont généralement rapportés dans la
littérature journalistique de la manière suivante qui ne manque pas d'être
instructive. Sont ainsi énumérés successivement : *- le massacre des
Arméniens (environ un million et demi) par les Turcs en 1915-1916,
l'anéantissement de la population de Nankin par les occupants japonais en
1937-1938, *- la "Shoah" ou "l'Holocauste" concernant les Juifs européens
(quelque cinq à six millions) victimes des nazis en 1941-1945, *- le massacre
de millions d'Indiens musulmans et hindous au moment de la sécession de
l'Inde en 1947-1948, *- le massacre de la population cambodgienne par les
Khmers rouges en 1975-1978, *- le massacre de la communauté Tutsie par
les Hutus au Rwanda en 1994, On rapporte aussi les massacres à caractère
génocidaire tels que : *- l'extermination par la famine de quelque dix millions
de paysans ukrainiens par le régime communiste en 1932-1933, *- le
massacre de quelque vingt millions de Chinois lors de la révolution culturelle
des années 60... etc Comme on le remarque d'emblée, les génocides dans leur
ensemble sont traités comme des massacres, exterminations ou destructions
banals voués à rester largement dans la pénombre, tandis que le génocide des
Juifs en se voyant attribuer deux noms spécifiques, dotés d'une majuscule et
dépourvus de tout élément complémentaire, la "Shoah" et l'"Holocauste",
reçoit manifestement un éclairage particulier, "Shoah" Désigner
l'extermination par les nazis d'une fraction notable de la communauté juive
d'Europe par le terme de "Shoah", terme qui en hébreux signifie catastrophe,
relève a priori d'une initiative tout à fait respectable pour perpétuer la
mémoire d'un génocide particulier à plus d'un titre. Dans cette perspective,
quoi de plus efficace qu'un mot-phare qui frappe les esprits et reste à jamais
gravé dans la conscience collective ! Cependant, un phénomène particulier ne
pouvait pas manquer de se manifester à la suite de cette initiative. Par sa
création exceptionnelle en tant que mot emblématique, par sa promotion non
moins exceptionnelle assurée par les multiples communautés juives
dispersées à travers le monde, la "Shoah", avec le support des journaux et des
moyens audiovisuels modernes, allait en quelques années, non seulement
devenir un élément linguistique universellement connu mais désigner dans
l'esprit d'un grand nombre d'individus, non pas un génocide parmi d'autres ou
un génocide type, mais, comme l'ont manifestement voulu ses promoteurs,

199 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le génocide princeps, l'Unique, l'Indépassable, l'Absolu, celui qui éclipse à
jamais tous les autres. Et le phénomène s'est poursuivi et amplifié. Avec le
temps, à une utilisation qui pouvait être convenable en restant discrète, a
succédé une exploitation éhontée et ce, par les plus hautes instances du
judaïsme pour qui, il ne s'agit plus seulement de conserver pieusement une
mémoire mais de retirer le maximum de dividendes, notamment pour
l'entreprise sioniste israélienne. Ainsi sont nées, de la part d '" un leadership
aussi furieux qu'ignare " (selon l'expression de Raoul Hilberg auteur de La
destruction des Juifs d'Europe), cette Shoah-business, cette Shoah-religion ou
cette instrumentalisation de la Shoah, bien analysées et stigmatisées depuis
quelques années par quelques auteurs juifs particulièrement lucides et
courageux (telle Esther Benbessa dans son article de Libération du 11/09/00
: " La Shoah comme religion "). Si l'idéologie sioniste n'existait pas, ce serait
une juste marque de compassion et de mémoire d'utiliser avec les Juifs le mot
"Shoah" (plutôt que le mot banal de génocide) comme ce l'est de parler de
"Grand Dérangement" avec les Québécois (plutôt que parler banalement, de
déportation). Malheureusement, dans le contexte de guerre psychologique
menée de haute main par les sionistes de divers pays, il faut bien voir que ce
mot de "Shoah" avec sa majuscule peut aussi être un piège contribuant à la
manipulation du discours. "Holocauste" Les dictionnaires nous disent qu'un
holocauste est, au sens propre, un sacrifice religieux où la victime est offerte
à Dieu par quelque sacrificateur. Au sens figuré, on a pu désigner par ce terme
une destruction massive d'hommes.
Churchill a parlé de l'"holocauste arménien" par les Turcs en 1915 ; un auteur
de science-fiction a entrevu et décrit un "holocauste nucléaire"... Dans le
discours courant rapporté plus haut, le génocide des Juifs européens est donc
vu, non pas comme un "holocauste" ou l'"holocauste des Juifs européens",
mais comme l'"Holocauste". Il ne fait pas de doute tout d'abord que les
promoteurs de ce terme ont voulu dépasser le sens figuré et réinvestir le sens
propre. Alors qu'il n'y a eu ni volonté de se sacrifier de la part des Juifs, ni
volonté d'offrir un sacrifice à Dieu de la part des nazis, il est manifeste que le
mot se propose de réintroduire une notion religieuse et plus précisément
sacrificielle, d'attribuer aux victimes un destin spécifiquement divin, de
sacraliser un fait historique pour lui donner une dimension transhistorique. Le
judéocide par les nazis n'a-t-il pas été vu par certains Juifs comme une
révélation à l'envers (selon l'expression d'Ernst Nolte de l'Université
hébraïque de Jérusalem) ? Mais il y a plus que cette présentation de l'Histoire
: l'"Holocauste" (comme la "Shoah"), veut désigner, accaparer, et s'approprier
une singularité absolue. En l'utilisant isolément et avec une majuscule - alors
que ce mot n'avait jamais été utilisé ainsi les activistes juifs,

200 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
et notamment les sionistes, qui l'ont inventé et promu avec le succès que l'on
sait (le mot n'est-il pas passé dans les dictionnaires ?) se proposent
manifestement, non seulement de rajouter quelque chose au génocide en
question, mais de monopoliser à jamais l'Horreur subie par les Juifs en
éclipsant toutes les horreurs du passé subies par les autres (notamment
l'extermination des Tziganes), voire en éclipsant toutes les horreurs du futur.
Cette utilisation - surtout à l'encontre d'une population totalement étrangère
au drame en question est une indignité : si le génocide des Juifs a sa propre
spécificité par les méthodes industrielles employées par les nazis les autres
n'ont-ils pas la leur ? Comment être surpris que L'Industrie de l'Holocauste
sous la plume de Finkelstein vienne stigmatiser notamment aux États-Unis et
en France - un lobby activiste ? Et comment les exactions de ce lobby
pourraient-elles ne pas engendrer une hostilité envers les Juifs ? Ainsi que
l'écrit l'éditorialiste de Jewish Chronicle de juillet 2000 : " C'est l'industrie de
l'Holocauste qui est la grande pourvoyeuse de l'antisémitisme, par l'extorsion
féroce qu'elle mène et par sa manière de falsifier l'Histoire ". Claude
Lanzmann a pu écrire aussi : " Le Big Brother de la Mémoire s'est mis en
marche avec sa folie d'inflation mémorielle, une nouvelle forme
d'impérialisme yankee à propos d'une affaire européenne. Du coup les Juifs
sont à nouveau identifiés à l'argent, c'est le retour des vieux stéréotypes ".
Avec ce terrible mot d'" holocauste ", il arrive néanmoins que les sionistes,
habituellement habiles à le manier à leur avantage exclusif, se font piéger "
Je pense qu'Arafat conduit son peuple à un holocauste " prophétise Benyamin
Ben Eliezer, le ministre israélien de la défense en août 2001 ! Une question
se pose... Qui donc, autre que lui et ses semblables, est susceptible de procéder
à une telle exécution ? À côté de ces deux " grands " mots : Shoah, Holocauste,
il en est d'autres plus banals mais qui ne sont pas moins efficaces pour la
pollution du discours. Ce sont notamment : Le terme de "transfert" en lieu et
place d'"expulsion" ou de "déportation". L'expression "pressions physiques"
en place de "torture". L'expression "autodéfense active" à la place de
"liquidation" (hisoul en hébreu) ou d'"opération ponctuelle visant à déjouer
un attentat" L'expression "élimination ciblée" à la place d'"assassinat
politique", "d'assassinat extrajudiciaire" ou de "meurtre d'État" Le terme
"Territoires" au lieu de "territoires occupés" Pour les sionistes de droite ou de
gauche, d'Israël, de France et d'ailleurs, tous attelés au projet de Grand Israël,
il n'y a pas, par exemple, de "Cisjordanie colonisée ou occupée" (ce ne sont
là à leurs yeux que mots de Palestiniens, d'Occidentaux hostiles, voire
d'antisémites) mais une "Judée-Samarie en voie d'irréalisation".À noter aussi,
dans le discours des sionistes, qu'il y avait un "État d'Israël" après 1947 ;
depuis la guerre de 1967 il s'agit de la "Terre d'Israël" (Eretz Israël).

201 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le premier concept n'était que politique, le second est national et religieux.
Le terme "implantations" souvent utilisé en place de colonies. Dans
l'idéologie sioniste, en effet, Israël ne "colonise" pas : il "récupère" ce qui lui
appartient depuis trois mille ans. *- "Jérusalem". Cette " capitale réunifiée
et éternelle " de l'État juif ne désigne pas comme on le laisse croire la ville
que l'armée a occupée en 1967 mais une métropole treize fois plus vaste, sa
superficie étant passée de 73 à 953 kilomètres carrés par l'accaparement des
terres des Palestiniens et une colonisation accélérée
*- "guerre" Jusqu'en mars 2002, ce terme ne désignait nullement les
opérations militaires de l'armée israélienne mais les "hostilités" déclenchées et
planifiées par les Palestiniens sous un prétexte "fallacieux". Les interventions
de l'armée israélienne à l'aide de l'artillerie, des chars, des hélicoptères et des
missiles n'étaient que de nature "défensive". *- "Tuer" Les Israéliens qui
agissent toujours avec " retenue " peuvent être tués, mais ils ne " tuent " pas :
il n'y a que les Palestiniens qui " tuent ". De plus, en matière d'information, il
y a des règles que les journalistes dociles, en Israël et ailleurs, ne manquent
pas de suivre : quand un Juif israélien est tué, il convient de détailler sa
biographie : âge, nom et prénom, profession, situation familiale, pays
d'origine s'il s'agit d'un émigré, croyance s'il est pratiquant; d'inclure des
photographies suggestives prises sur le lieu du drame avec le corps, le sang et
si la victime est un enfant, de parler de son école, de ses parents, de ses amis,
d'obtenir des témoignages... quand des Palestiniens (ou des Arabes israéliens)
sont tués, Il convient, non seulement d'éviter toute personnification pour qu'ils
restent sans nom ni visage, mais d'utiliser le terme " abattus " (ce terme
appliqué généralement à quelque chien ou bête sauvage). Exemple. : " Au
cours d'affrontements, un soldat israélien a été tué, trois Palestiniens ont été
abattus ". Dans les médias sionistes et leurs complices, il y a bien d'autres mots
ou expressions s'appliquant exclusivement aux Palestiniens. Ce sont par
exemple : "Terrorisme, terroriste, agresseur», meurtre», escalade»,
attaque", attaque à la bombe -provocation" Et, réciproquement, il y a des
mots et expressions qui s'appliquent exclusivement aux Juifs israéliens. Il en
est ainsi de : "victimes «assassin, assiégés, légitime défense" civil. Il n'y a
en effet de " civils " que chez les Juifs. Quand un colon armé est tué, c'est
toujours un " civil " qui est tué ; les Palestiniens tués ne sont pas des " civils
" mais des Palestiniens anonymes. "Mesures de sécurité et mesures
économiques". Ces expressions couvrent toutes les initiatives du
gouvernement israélien menées à l'encontre des Palestiniens : élimination des
opposants, bouclages, sanctions collectives, bombardements de quartiers
résidentiels, confiscation des terres, dynamitage des maisons, destructions des
arbres et des cultures, interruption de l'approvisionnement en eau... etc. En
dehors de ces mots et expressions maniés avec habileté dans le cadre de

202 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'entreprise sioniste, nous en verrons plus loin quelques autres plus banals mais
qui n'en sont pas moins utilisés souvent au profit exclusif de la même cause.
Ce seront notamment : "antisémitisme", "racisme", "antijudaïsme". Ainsi, par
le génie du Verbe, l'État d'Israël dont le dossier en matière de droits de
l'homme est lourdement chargé et dont l'arsenal militaire est des plus
redoutables, réussit à faire croire aux Occidentaux, complices par ignorance
ou lâcheté, qu'il est seulement un État-victime. Il convient de ne pas être dupe.
Si le discours des hommes libres ne doit pas occulter le génocide perpétré
contre les Juifs d'Europe, il doit aussi résister aux armes linguistiques maniées
avec brio par quelque groupe de pression tout acquis à la cause sioniste.
L’ANTISÉMITISME :
Les dictionnaires nous apprennent que les Sémites représentent un ensemble
de peuples issus d'un même groupe ethnique, les principaux de ces peuples
étant les Juifs et les Arabes. Pourtant, à la définition de l’antisémitisme
relevant de la simple étymologie qui voudrait que " l'antisémitisme soit le
racisme dirigé contre les Sémites ", ces mêmes ouvrages en donnent une autre
à savoir que " l'antisémitisme est le racisme dirigé contre les Juifs ". Comment
expliquer le processus - processus apparaissant d'emblée comme une dérive qui
a abouti à cette définition a priori surprenante, inadéquate et qui semble avoir
acquis à jamais droit de cité ? Dans cette acception concernant les seuls Juifs,
on peut noter que le terme a été forgé à la fin du XIXe siècle par l'Allemand
Wilhelm Marr. Dans son ouvrage La victoire du judaïsme sur le germanisme
- ouvrage devenu le premier best-seller antisémite - l'auteur démontrait que
son hostilité à l'égard des Juifs obéissait non pas à des motifs religieux mais
au rôle social et économique prépondérant des Juifs vus comme d'origine
étrangère. À noter qu'en 1882 avait eu lieu le premier congrès antijuif
international à Dresde réunissant 3000 délégués venus d'Allemagne,
d'Autriche-Hongrie et de Russie. Par la suite s'étaient créés en Allemagne et
en Autriche des Partis antisémites tandis qu'en France, le mot " antisémite "
apparaissait dans le Journal des Goncourt en 1890, le mot " antisémitisme "
dans Le lys rouge d'Anatole France en 1896. En 1898 la Chambre des députés
comportait un groupe, avec Drumont à sa tête, de 22 députés " antisémites ".
Dans l'esprit de ses promoteurs, le terme antisémite apporte une notion
nouvelle et assez méprisante par rapport au terme traditionnel d'antijudaïsme
: le Juif n'est plus seulement l'adepte d'une fausse religion mais le porteur, de
par sa simple naissance, de caractères anthropologiques spécifiques, disons de
critères raciaux, en même temps que lui sont attribuées des fonctions sociales
ou économiques que l'on réprouve.
Dans l'antijudaïsme, on s'oppose essentiellement et globalement à une
tradition religieuse au nom d'une autre tradition porteuse unique de la Vérité
; dans l'antisémitisme, il ne s'agit plus d'une opposition d'ordre doctrinal ou

203 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
idéologique mais d'une hostilité a priori envers des individus en tant
qu'étrangers " de race ". Une évolution du langage s'est donc produite à la fin
du XIXe siècle, mais il est évident que les faits d'antisémitisme n'étaient pas
nouveaux. Depuis le grammairien grec Apion et l'historien romain Tacite qui
accusèrent les Juifs des pires abominations, depuis les Empereurs romains
(Vespasien, Trajan, Hadrien) qui menèrent des guerres antijuives
particulièrement sanglantes jusqu'aux théoriciens nazis en passant par
Holbach, Voltaire et Karl Marx..., les formulations théoriques anti-juives ou
les manifestations sur le terrain, manifestations brutales voire sanglantes,
n'ont guère cessé au cours des deux derniers millénaires. Et à côté de cet
antisémitisme laïc pourtant très virulent, que dire de l'antisémitisme chrétien
basé sur l'antagonisme fondamental de deux doctrines religieuses, et plus
particulièrement de l'hostilité des catholiques bien analysée depuis un demi-
siècle ? Il est manifeste que la première raison expliquant la définition
restrictive des dictionnaires paraît être que l'antisémitisme classique disons
plus précisément le racisme anti-juifs a éclipsé, à la fois par son ancienneté et
par le caractère spectaculaire de sa violence, le racisme anti Arabes qui a pu
se développer ici ou là. Le second élément qui semble avoir joué pendant
longtemps dans la conscience des Occidentaux, et notamment dans celle des
Français, réside à l'évidence dans le peu de considération dont ont joui les
Arabes, vus comme quantité négligeable de par la faiblesse de leurs nations
et la décadence intellectuelle de l'Islam depuis un certain nombre de siècles.
Il en fut ainsi chez les Juifs : en effet, nombre d'historiens remarquent, non
sans surprise, que dans les projets relatifs à la réappropriation de la terre de
Palestine, projets élaborés par les Juifs au cours des siècles et plus
particulièrement au XIXe, il est rarement fait mention des habitants de
Palestine dont il s'agissait pourtant de prendre la place. En 1976, l'ancien
Grand Rabbin de France, Jacob Kaplan, dans un ouvrage de 250 pages
consacré à la promotion et à la gloire du sionisme, semble encore ignorer
totalement l'existence des habitants arabes de Palestine que les sionistes
repoussent pourtant méthodiquement et violemment depuis déjà près de vingt
ans. Comment comprendre aussi, en dehors de cette méconnaissance insigne,
que les Occidentaux aient accepté, sans sourciller en 1947, le slogan des
sionistes suivant lequel la Palestine n'était qu'une " terre sans peuple " (donc
convenant parfaitement à ce " peuple sans terre " représenté par les Juifs !) ?
En pratique, on peut dire que ce n'est que depuis 1993 (et les accords d'Oslo)
que les Occidentaux dans leur ensemble ont découvert que la communauté
arabe de Palestine était une réalité concrète,
qu'il n'y avait pas seulement là-bas un problème à résoudre mais des êtres
humains qui n'étaient pas juifs. Enfin, dans cette appropriation du mot "
antisémitisme " et son exclusive application à la communauté juive, il ne faut

204 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
surtout pas négliger l'activisme fébrile de certaines organisations juives
portées à monopoliser " l'être-victime " au seul profit de leur communauté et
plus particulièrement au profit de l'entreprise sioniste israélienne depuis 1947.
Dans cette perspective, quoi de plus efficace a priori que la définition
entérinée par les dictionnaires qui va conditionner l'ensemble de la population
- y compris les Juifs - à ne connaître et à ne considérer qu'une seule forme de
racisme, le racisme anti-juifs. Conséquence imprévue : ce sont les Juifs qui
vont, en définitive, être victimes d'une malencontreuse définition Quant à la
phrase de Pie XI suivant laquelle les chrétiens " sont spirituellement des
sémites", il est évident qu'elle n'a strictement aucun sens. C'est dire que
l'antisémitisme au sens strict ce double racisme simultané n'existe pas sauf à
parler d'une forme toute théorique de xénophobie. En pratique, il y a un
racisme anti-juifs et un racisme anti Arabes (lequel n'est, chez les sionistes,
que la forme appliquée à un territoire d'un racisme anti-"non-Juifs" ou anti-
étrangers). Causes premières et causes secondes du racisme anti-juif Edmond
Fleg a posé la question essentielle : " À quoi tient cette haine du Juif, que rien
n'apaise, qui existe depuis qu'existent des Juifs, qui durera sans doute tant
qu'ils dureront ? Pour comprendre les persécutions dont les Juifs ont toujours
été victimes, diverses interprétations ont pu être proposées par les auteurs : la
théorie du bouc émissaire, le nationalisme plus ou moins latent, l'influence
des Juifs dans la société, l'antique haine des Juifs de la part des chrétiens pour
n'avoir pas reconnu le Messie dans la personne de Jésus... Mais toutes ont été
jugées insuffisantes par les auteurs. Pour nombre d'entre eux, l'antisémitisme
est tout simplement " mystérieux, C'est l'un des faits les plus irritants et les
plus déconcertants de l'histoire contemporaine, écrit Hannah Arendt, que,
parmi tous les grands problèmes politiques, ce soit le problème juif,
apparemment limité et de peu d'importance, qui ait eu l'honneur, si l'on ose
dire, de déclencher la machine infernale. Une telle disproportion entre la
cause et l'effet offense le bon sens ". Effectivement si, en suivant une
démarche de journaliste, voire d'historien, on ne fait qu'analyser les
interactions multiples entre les Juifs et leur entourage, c'est-à-dire disserter à
perte de vue sur des causes secondes, contingentes et s'enchevêtrant à l'infini
- causes qui relèvent en dernier ressort, chez les non-Juifs, parfois de la
légitime défense mais le plus souvent de la sottise, de la jalousie ou de la
méchanceté - ce qui s'est passé au XXe siècle, comme dans les siècles
précédents, où une communauté tout entière est opprimée, est manifestement
incompréhensible.
C'est sans nul doute les Juifs qui, au cours des siècles ont été les plus grandes
victimes d'une part de calomnies (n'ont-ils pas été accusés par les chrétiens de
meurtres rituels ?), d'autre part de cette propension qu'ont les hommes de
généraliser et d'accuser toute une communauté à partir de la faute de quelque

205 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
minorité. Cette hostilité dans l'injustice est d'autant plus inexplicable qu'il n'y
a sans doute pas au monde une communauté dont les membres ont, sur
quelque sujet que ce soit, des opinions aussi diverses : opinions politiques (de
l'extrême gauche à l'extrême droite, de l'internationalisme débridé à un étroit
nationalisme), opinions religieuses (de l'athéisme le plus résolu à l'ultra-
orthodoxe) Et ne parlons pas du problème du sionisme avec ses sionistes
acharnés et ses antisionistes non moins acharnés en passant par les " a-sionistes
" et les sionistes par compromission. Néanmoins, et cela ne laisse pas de
surprendre dans la plupart des ouvrages sur l'antisémitisme, il est toujours
question du comportement des Juifs pour essayer d'expliquer les violences
suscitées dans leur entourage : sauf exception l'analyse des auteurs s'arrête à
des personnes sans remonter aux éléments de la tradition religieuse qui les
inspire. Dans le passé pourtant, nombre de persécutés et de victimes, qu'ils
soient chrétiens, communistes ou autres, l'ont été d'abord au nom même de la
doctrine à laquelle ils adhéraient ou étaient censés adhérer, indépendamment
de tout acte agressif des membres de leur communauté. Fait singulier le
judaïsme, en tant que tradition religieuse et culturelle, semble échapper à la
règle. Le sujet serait-il tabou ou ignoré ? Et, pourquoi les comportements
agressifs s'appliqueraient-ils avec une telle constance à la communauté juive
si celle-ci -comme les autres - ne transportait pas avec elle quelques éléments
potentiellement pervers de sa doctrine et de sa culture ancestrale ? Ces
éléments qui " attirent la foudre éléments premiers de l'antisémitisme et qui
se confortent les uns les autres - ce sont en définitive les mêmes que ceux
retrouvés à la base de l'idéologie sioniste : les notions d'Élection divine et de
Race légale Avec l'antisémitisme, le sujet est seulement plus complexe et plus
subtil. Au lieu de découler directement de ces éléments, il va constamment
passer par un phénomène intermédiaire et spécifique du judaïsme : la
ghettoïsation spirituelle ou territoriale de ses membres, phénomène sur lequel
nous allons revenir, pour avoir quelque compréhension de ce phénomène
mystérieux dont parle Hannah Arendt.
LA RACE, LE RACISME ET LA LUTTE CONTRE L'"
ANTISEMITISME "
La race : une chape de plomb sur les Juifs et les non-Juifs Si le Christianisme,
l'Islam, le Bouddhisme... peuvent chacun se définir essentiellement comme
une tradition spirituelle et plus précisément une tradition religieuse liée aux
relations avec quelque divinité,
Le Judaïsme quant à lui, représente bien une tradition de ce type avec ses
mythes de la Création, du Paradis terrestre, du Péché originel, de l'Espoir
messianique..., mais il lui associe obligatoirement, comme nous l'avons vu,
une notion apportée au seuil du premier millénaire par la loi rabbinique et
d'un tout autre ordre : une notion de race. Le judaïsme n'est pas une religion

206 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
au sens courant mais une religion-race ", avec même cette précision : le Juif
n'est pas uniquement le dépositaire du message hébraïque originel, il est aussi,
par le sang, par la généalogie, descendant d'Abraham (J.C. Attias ) On peut
ajouter que, dans ce complexe, c'est la seconde dimension qui est primordiale
: elle est en effet nécessaire et suffisante pour définir le " Juif ", voire le demi-
Juif, ou le quart de Juif Alors que toutes les autres traditions religieuses
intègrent des croyants plus ou moins " bons ", dans la tradition judaïque, au
contraire, la croyance est secondaire et accessoire, le critère héréditaire
prépondérant : il n'y a pas de bons ou de mauvais Juifs mais des Juifs et des
non-Juifs. Au sens de la Loi juive, en effet, un agnostique, voire un opposant
doctrinal (tel un catholique dont la mère est juive, serait-il évêque comme
J.M. Lustiger), reste un Juif pour la vie. Comme le dit Sartre, " il ne peut pas
choisir de ne pas être Juif ! Mais en conditionnant les Juifs à se voir Juifs
parmi les non-Juifs, comment la Loi juive pourrait-elle réciproquement ne pas
conditionner ces derniers à voir les Juifs comme des gens d'une autre race ?
Il s'ensuit d'ailleurs, malencontreuse disposition de la tradition judaïque, que
le nom ou le qualificatif de juif va piéger à la fois ceux qui ceux qui
l'emploient et ceux qui sont désignés : les premiers peuvent être accusés de
penser race - ne suffit-il pas la plupart du temps à un individu d'être né dans
une famille où il y a des Juifs pour qu'il soit qualifié d'emblée de juif
indépendamment de toute croyance ou de culture juives - les seconds peuvent
se sentir méprisés d'être vus à partir de ce seul critère héréditaire, critère que
l'on sait, de plus, à la source des préjugés et stéréotypes antijuifs de l'époque
moderne. Alors qu'avec le monothéisme dont il s'est fait le champion le
judaïsme a pu enseigner par certains de ses prophètes que Yahvé n'était pas
seulement le dieu de la tribu des Hébreux mais celui de tous les hommes de la
terre - ce qui impliquait leur égalité foncière et représentait une magnifique
avancée vers l'humanité universelle, avancée que relaieront le christianisme et
le socialisme il considère parallèlement, pour le malheur des siens et des "
autres " qu'un individu dès la naissance, de par son sang, appartient à jamais à
une certaine race quelles que soient ses futures options philosophiques ou
religieuses et ses pratiques d'ordre culturel. Et si l'Histoire montre que ces deux
options opposées ont toujours subsisté au sein de la tradition judaïque, on doit
constater que l'option nationaliste est restée souvent majoritaire par rapport à
l'option universaliste,
Comme le montre, et avec quel éclat, l'expérience moderne du sionisme. Dans
son orientation majoritaire, en conditionnant ses adeptes à voir deux catégories
différentes d'hommes : les Juifs et les non-Juifs séparés par un critère qui s'est
voulu précis, le judaïsme établit une opposition foncière entre ces catégories.
C'est dire que le Juif " moyen " conscient de son statut particulier n'est jamais
parfaitement libre face à un non-Juif, et que celui-ci ne l'est pas non plus s'il

207 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sait son interlocuteur tributaire d'une situation particulière. Une frontière leur
est imposée qui pourra parfois s'estomper mais rarement disparaître. Même
s'il récuse la foi et la culture juives, le Juif n'en est pas moins marqué à jamais
dans son esprit et dans sa chair et conditionné à vivre dans quelque ghetto dont
les deux conséquences seront toujours, d'abord de supporter avec peine au sein
de sa famille de race des individus très éloignés de lui par la pensée et par
l'action, ensuite de s'opposer de quelque manière aux non-Juifs, condamné
qu'il est à souffrir des siens et des " autres ". Seule une minorité d'individus
maniant l'humour et une indépendance d'esprit non commune est vraiment
capable de dominer cette notion raciale qu'on lui a inculquée à la naissance,
que l'on continue d'autorité à lui imposer parfois contre sa volonté expresse
et que certains payeront même de leur vie. Hitler et les siens, en envoyant
systématiquement à la mort des enfants, voire (dans le doute) de simples
circoncis, n'ont-ils pas suivi à la lettre cette malheureuse disposition du
judaïsme ? La détermination de ces deux catégories d'individus : les " Juifs "
et les " non-Juifs " qui établissent entre elles une barrière infranchissable n'est
pas sans rappeler celle qui a existé plusieurs siècles entre les Blancs et les
Autres, entre " Nous " et " Eux " (Noirs, Indiens, Maures, Juifs...), barrière
basée sur quelque " limpieza de sangre " comme la péninsule ibérique en a
connue à partir du XVe siècle. Comme le montre ce terrain expérimental
extraordinaire que représente l'État d'Israël dans sa volonté de poursuivre
jusqu'à son terme la ghettoïsation de toute une région, jamais la souffrance
psychologique des Juifs d'Israël et d'ailleurs n'avait atteint un tel degré. Ainsi
qu'en témoigne l'histoire quotidienne : chaque Juif sioniste, d'une part
réprouve, déteste ou hait foncièrement nombre de personnes de sa " race "
pour leurs opinions politiques ou religieuses, d'autre part suspecte, déteste ou
appelle vengeance sur les non-Juifs qui s'opposent à l'entreprise sioniste. Et
l'on sait d'expérience que, dans les deux directions, il peut s'agir d'une haine
à mort : c'est Yigal le juif qui tue Rabin le juif, ce sont les soldats juifs qui
tuent de sang froid les enfants palestiniens lanceurs de pierres. Qu'Israël soit
devenu ce concentré de haine d'ordre racial et de violence est dans la logique
des choses : parmi toutes les grandes traditions spirituelles,
Seul le judaïsme en totale contradiction avec une partie intégrante de lui-
même : son option universaliste porte cette tare que d'avoir inventé et promu
deux " races " humaines : les Élus et les Autres, les Juifs et les non-Juifs...
Tous les ingrédients sont là, réunis en Israël, pour que s'épanouissent dans les
esprits et dans les faits, et une hostilité des Juifs entre eux, et une hostilité des
Juifs envers les non-Juifs (envers les Arabes en particulier), hostilité à laquelle
va répondre une hostilité réactionnelle des non-Juifs envers les Juifs. La
ghettoïsation territoriale ou/et spirituelle : source sans cesse résurgente à la
fois d'excellence et de racisme antijuif. Fruit du mythe de l'Alliance et de la

208 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
loi du sang, un phénomène social d'importance a toujours marqué l'histoire du
judaïsme : la ghettoïsation. Mais qui dit ghettoïsation -qu'elle soit parfois
imposée par des forces extérieures hostiles ou le plus souvent adoptée par
choix dit parallèlement séparation dans des solidarités exclusives et, partant,
émergence d'élites remarquables d'excellence dans de multiples domaines -y
compris celui de la guerre élites dont certaines seront admirées, d'autres
suspectées ou jalousées, mais d'autres enfin honnies parce que
fondamentalement dominatrices et oppressives. L'État d'Israël ne réalise-t-il
pas sous nos yeux, un exemple de ce type ! Mais la ghettoïsation a un
corollaire : la dispersion-assimilation. Les deux phénomènes sont, en effet,
intimement liés : ils découlent l'un et l'autre, à la fois d'une certaine
interprétation des écrits fondateurs et des réactions hostiles des populations
non-juives. On peut noter d'ailleurs que ces deux phénomènes restent toujours
à l'état de tentatives plus ou moins avancées. Ainsi que le montre l'Histoire,
le ghetto a, en effet, comme destinée, ou bien d'imploser de l'intérieur (c'est
l'histoire de la Tour de Babel) ou d'être violé de l'extérieur par quelque force
dominante, tandis que l'assimilation est formellement combattue par la
tradition majoritaire du judaïsme quand elle ne l'est pas par l'environnement
humain. Les deux phénomènes conjoints vont, de ce fait, se succéder
perpétuellement au sein du judaïsme en cercles continus, à un rythme variable
en fonction du contexte. La phase actuelle, depuis 1945, est manifestement
une phase où la ghettoïsation est privilégiée comme le montre à l'évidence,
non seulement l'État d'Israël mais les divers pays, pays occidentaux
notamment, où vivent des Juifs. " Je rencontre, écrit E. Benbassa, de plus en
plus de Juifs qui me semblent vivre dans une sorte d'aquarium. Ils écoutent le
radio juives, ils lisent la presse juive, ils vivent avec des Juifs, ils vont voir
des films juifs. L'auto-enfermement de certains orthodoxes, on le comprend.
Le mode de vie, les règles diététiques imposent une certaine mise à distance.
Là n'est pas le plus inquiétant, ni le plus étonnant. Je parle des autres ".
Certains auteurs, nous dit Hannah Arendt, sont arrivés à penser que "
l'antisémitisme était peut-être un excellent moyen de maintenir l'unité du
peuple juif "...
Ces auteurs ont parfaitement saisi le phénomène : la ghettoïsation (territoriale
ou spirituelle), élément essentiel qui maintient l'unité du peuple juif, si elle
découle certes directement du mythe de l'Alliance (mythe destiné à s'estomper
lentement mais néanmoins inexorablement suivant la destinée commune à
tous les mythes) ne présente effectivement qu'un grand facteur de
renouvellement possible : l'hostilité des non-Juifs envers les Juifs. À propos
du fossé existant entre les Juifs et les non-Juifs, Hannah Arendt, en citant des
extraits de l'ouvrage de Jacob Katz

209 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

(Exclusiveness and Tolerance. Studies in Jewish-Gentile Relations in


Medieval ant Modern Times) écrit : Du XVe à la fin du XVIe siècle le
judaïsme devint "plus que jamais un système de pensée fermé". C'est alors
que, sans intervention extérieure, les Juifs commencèrent à penser que "ce qui
séparait les Juifs des nations n'était pas fondamentalement une divergence en
matière de croyance et de foi, Mais une différence de nature profonde", et
que l'antique dichotomie des Juifs et des non-Juifs était "plus probablement
d'origine raciale que doctrinale". Ce changement d'optique, cette vision
nouvelle du caractère étranger du peuple juif apparaît clairement comme la
condition sine qua non de l'antisémitisme. Que des Juifs aient pu penser que
l'hostilité envers les Juifs résultait non pas d'une différence de croyance ou de
culture entre Juifs et non-Juifs mais d'une différence de nature profonde,
permet de réaliser parfaitement ce que la notion d'hérédité ou de race
transportée par la tradition judaïque peut avoir de pervers. Car qui dit race,
dit tentation de passer d'une hostilité envers un individu à une hostilité envers
toute une communauté, dit racisme potentiel avec ses deux formes en miroir
: dans la circonstance le racisme anti-"non-Juifs" et le racisme anti-juifs. Car,
il n'y a pas de racisme " à sens unique ". Et, dans ce cercle infernal comment
ne pas attribuer au racisme anti-"non-Juifs" la responsabilité première,
puisque son fondement qui est scripturaire a pour lui et l'antériorité et la
permanence ? Dans ses Réflexions sur la question juive J. P. Sartre a écrit : "
Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif : voilà la vérité
simple dont il faut partir " Le philosophe se trompe grossièrement : la vérité
de départ n'est pas celle-là, mais le fait que c'est le Talmud qui, d'emblée,
désigne comme juif tout individu sur le seul critère héréditaire, conditionnant
parallèlement les Juifs à voir les non-Juifs comme des étrangers et ce depuis
plus de deux millénaires. Ce n'est en somme qu'en suivant la tradition juive ou
en réaction, que les non-Juifs, en utilisant un mot dont la connotation raciale
est transportée par le judaïsme lui-même, sont amenés à tenir tel homme pour
juif, c'est-à-dire traditionnellement comme " inscolarisable " et inassimilable.
C'est dire aussi que le judaïsme, en inventant les non-Juifs, ceux qui sont d'une
autre race, piège à la fois ses adeptes et " les autres ".
Dès ma petite enfance, écrit J. M. Lustiger, j'ai su que je n'étais pas comme
les autres ". Freud, de son côté, en se demandant comment les Juifs s'étaient
attiré cette haine éternelle, ne s'est pas moins fourvoyé quant aux racines du
mal. Alors que l'hostilité contre les Juifs prenait en Allemagne, dès
l'avènement d’Hitler, les dimensions que l'on connaît, n'attribuait-il pas ce
comportement à une " haine inextinguible " du monothéisme en tant que
névrose obsessionnelle reposant sur un complexe de culpabilité : le crime de
l'assassinat du père par la horde primitive ? Quand la Compagnie de Jésus,
d'après la Convention de 1593, n'admet en son sein aucun chrétien

210 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
d'ascendance juive, quand elle veut par un décret de 1608 que ses novices
fassent la preuve qu'ils n'ont pas de sang juif depuis cinq générations (depuis
quatre générations à partir de l'amendement de 1923), quand le R.P. Koch, S.
J. écrit en 1934 dans l'ouvrage Jesuiten-Lexikon, que " De tous les ordres, c'est
la Compagnie de Jésus qui, par sa règle, est le mieux protégée contre toute
influence juive ", il est évident qu'il s'agit d'un racisme anti-juifs caractérisé
et ignominieux. Mais, il faut bien voir que cette exaltation du sang pur par les
jésuites, pour que les juifs convertis (conversons) ne puissent accéder aux
charges et honneurs publics, ne vient, d'une certaine manière, qu'en réponse
monstrueuse à la Loi du sang spécifique au judaïsme. En somme, une guerre
de " purs " contre des " élus " ! Et il semble bien que l'insanité de ces
comportements et propos de jésuites rapportés ci-dessus relève plus d'une
pollution inconsciente par des réflexes conditionnés profondément ancrés dans
les esprits que de quelque raisonnement ou de quelque expérience. Dans
l'Islam, il y a bien hérédité paternelle mais elle très différente de l'hérédité
maternelle juive. Il s'agit, certes, d'une tare notable que cette transmission
héréditaire de la religion, et pour les individus et pour le progrès de la
civilisation, notamment de la démocratie, mais il n'y a ni notion de sang, ni
notion de race transmettant par voie masculine ou féminine quelque qualité
singulière. En témoigne le prosélytisme constant de l'Islam dans la perspective
primordiale qui est la sienne (comme elle fut longtemps celle du
christianisme) : son extension maxima près des infidèles. Si, dans le
développement de deux catégories distinctes d'humains, la tradition judaïque
en négligeant l'option universaliste de ses prophètes a une lourde
responsabilité, il ne faut pas oublier pour autant que le racisme au sens fort
du terme s'est développé en Occident de façon tout à fait autonome à partir
du XVe siècle avec l'esclavage et la colonisation et, à partir du XVIIIe, avec
les théories pseudo-scientifiques qui se sont épanouies jusqu'à une période
relativement récente. À propos de l'hostilité anti-"non-Juifs" des Juifs,
Hannah Arendt a pu écrire dans son ouvrage Sur l'antisémitisme : " Lorsqu'on
découvrit la tradition juive d'hostilité souvent violente à l'égard des chrétiens
et des non-Juifs,
Le public juif en général fut non seulement indigné, mais sincèrement étonné"
car ses porte-parole s'étaient persuadés et avaient persuadé les Juifs que, s'ils
étaient ainsi séparés des autres nations, la faute en revenait aux non-Juifs, à
leur hostilité et à leur obscurantisme. Les historiens juifs assuraient désormais
que le judaïsme avait toujours été supérieur aux autres religions parce qu'il
croyait à l'égalité entre les hommes et à la tolérance. Cette théorie spécieuse,
dont les Juifs étaient les premières victimes, accompagnée par la conviction
que les Juifs avaient toujours été les objets souffrants et passifs revenait en
fait à prolonger l'antique mythe de l'Élection ".Ce mythe de l'Élection dont

211 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
parle Hannah Arendt devait, avec le temps, engendré et la loi rabbinique et
les textes xénophobes du judaïsme tels que ceux que nous avons rapportés
plus avant. C'est bien, en effet, l'élément de base duquel il faut partir si l'on
veut parler d'antisémitisme.
Propos sur " La lutte contre l'antisémitisme " Comme nous l'avons vu
précédemment le mot antisémitisme a été défini maladroitement par son
inventeur Wilhelm Marr et consacré non moins maladroitement ensuite par
les dictionnaires. Mais, cette définition qui occulte les Arabes n'est pas sans
de notables conséquences : la retenir dans son inadéquation comme le font
unanimement ceux qui s'investissent dans la lutte contre l'antisémitisme va
constituer un piège redoutable à la fois pour les promoteurs et acteurs de cette
lutte Juifs pour la plupart et pour les Juifs dans leur ensemble au profit
exclusif desquels elle est menée. On peut penser d'abord en toute logique, ce
que confirment bien entendu les constatations sur le terrain, que les Arabes
ne sauraient s'associer et participer à cette action, d'une part parce qu'ils sont
niés dans leur existence même de Sémites, d'autre part parce qu'ils ne peuvent
pas ne pas être solidaires de leurs frères arabes palestiniens humiliés et
persécutés depuis des dizaines d'années par les Juifs en Palestine. Mais, il y a
plus Comment imaginer que certains Arabes, puissent ne pas développer une
hostilité envers leurs oppresseurs (au prix de se transformer alors, curieux
paradoxe en " sémites antisémites? Comment s'étonner aussi, devant le drame
permanent créé par l'irruption en 1947 de l'État juif en Palestine, que nombre
de non-Arabes musulmans rejoignent les Arabes en tant que coreligionnaires
? Toute hostilité même justifiée envers un individu, si elle à s'étend à
l'ensemble des membres de la communauté à laquelle appartient l'individu en
question, constitue en somme une forme de racisme, racisme au sens strict ou
au sens large suivant la distinction faite précédemment. Pour banale qu'elle
puisse être, elle sera toujours injuste et regrettable. Mais, avant d'accuser les
hommes, accusation qui va volontiers générer des hostilités en chaîne, ne
convient-il pas plutôt de reconnaître les éléments culturels qui, par
l'intermédiaire du communautarisme engendré,
Imprègnent la pensée des individus et favorisent leur tendance à la
généralisation abusive et au jugement sommaire ? Et, parmi ces éléments, la
notion de race ne serait-elle pas, au vu de l'Histoire, celui ayant le potentiel
le plus pervers ? Comme pourrait l'être " la lutte contre le racisme anti Arabes
si elle existait ! Ou la lutte contre tout racisme appliqué à une communauté
déterminée, la lutte ciblée contre le racisme anti-juif (l'antisémitisme des
dictionnaires sera toujours éminemment contestable dans son principe - on
peut même dire qu'elle porte une contradiction intime - et dérisoire dans ses
résultats. C'est dire parallèlement que son efficacité ne peut être que fonction
inverse de l'application avec laquelle elle est menée. Et l'on sait combien est

212 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
grande cette application Car, il n'y aura jamais qu'une lutte qui vaille : celle
qui concerne le racisme envers " les autres " quels qu'ils soient et dont les
hérauts sont des hommes libres. Terrible disposition de la tradition judaïque,
en effet, que celle d'avoir théorisé et véhiculé, par certains de ses éléments,
l'idée de deux catégories d'hommes !
QUELQUES LOIS, RÈGLEMENTS, COMPORTEMENTS,
ARGUMENTS, MÉTHODES, PENSÉES, PAROLES... suscités par
l'idéologie sioniste Citons un échantillon :
La "Déclaration d'indépendance" selon laquelle il ne saurait y avoir, en
Israël, aucune discrimination fondée sur la religion, le sexe, l'appartenance
ethnique... La loi dite "du Retour" avec ses deux composantes raciale et
territoriale qui donne à tous les Juifs du monde (le " juif " étant défini par son
hérédité) le droit être reçus en Israël et d'en devenir citoyens et qui interdit à
tous les non-Juifs partis pour faits de guerre en perdant leurs biens, d'y
revenir.
La "Loi fondamentale" qui stipule qu'il ne peut y avoir en Israël " d'atteintes
à la vie, à l'intégrité ou à la dignité de la personne..., pas de violations du droit
à la propriété..., pas de privation ou de restriction à la liberté de la personne
par emprisonnement, arrestation ou extradition. La Loi fondamentale" qui
veut qu'une terre acquise d'une manière ou d'une autre par le Fonds national
juif, soit une terre non pas nationale ou israélienne " mais " juive ". Désormais
cette terre ne pourra ni être vendue, ni être louée à un goy. Dans l'esprit des
sionistes, il s'agit d'une terre libérée, rachetée, sauvée, sanctifiée, purifiée La
loi 124 qui donne au Gouverneur militaire la possibilité de suspendre tous les
droits des citoyens, y compris le droit de se déplacer. La terre qui n'est plus
cultivée du fait de la suppression de ce droit est déclarée inculte et le ministère
de l'Agriculture peut en prendre possession afin d'en assurer l'exploitation. La
loi qui interdit formellement aux non-Juifs d'habiter certaines villes. La
pensée de Ben Gourion ex-terroriste devenu Premier Ministre d'Israël) relative
au " transfert des Arabes hors de Palestine en Jordanie, en Syrie ou en Irak:
une idée humaniste et sioniste importante qui permet de donner des terres
nouvelles à la fois aux Juifs et aux Arabes ". Les propos de Marek Halter
attribuant la création de l'État d'Israël au combat des Juifs contre les
Britanniques et osant comparer Ben Gourion à Gandhi en tant que
décolonisateurs:Israël, comme tous les pays en lutte pour leur indépendance,
Ne doit sa création qu'au combat et à la mobilisation de sa propre population
contre le pouvoir colonial. Une lutte souvent violente et dont la victoire a
sonné le glas de l'Empire britannique. La lecture de la correspondance entre
Ben Gourion et Gandhi, accomplissant tous deux, en même temps ce difficile
travail de décolonisation, éclaire définitivement cet enjeu politique. Ces
paroles d'un ministre religieux du gouvernement israélien devant le spectacle

213 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
des enfants abattus par balle durant l'Intifada : Dieu ne pardonnera pas aux
Palestiniens de nous avoir contraints de tuer leurs enfants " Golda Meir, en
son temps, avait déjà dit la même chose à l'adresse des Arabes : le plus
impardonnable c'est de nous obliger à tirer sur vos enfants ". Les paroles du
conseiller juridique du gouvernement israélien, Rubinstein, lors de
pourparlers entre la délégation palestinienne et les Israéliens. Alors que la
résolution 194 de l'ONU prévoit le retour des réfugiés palestiniens sur leurs
terres ou une juste réparation de leurs biens abandonnés (biens estimés,
notamment en 1949 après la guerre de 1947-1948, par une commission
tripartite Anglos-franco-turque à 1 124 000 000 livres sterling soit plusieurs
centaines de milliards de dollars d'aujourd'hui), le conseiller répond : " Ces
sommes n'existent plus. Nous les avons utilisées. C'est à la communauté
internationale de créer des fonds pour cette tâche. Les propos d’Ytzhak Rabin
pour justifier près des Israéliens la création d'une entité palestinienne à Oslo
en septembre 1993 : " Si je pouvais noyer la Bande de Gaza et ses Palestiniens
dans la Méditerranée, je l'aurais fait. Mais la chose est impossible ". Le rejet
sur les Arabes de la responsabilité de leur exode de 1948, en tant que " juste
punition " pour leur coupable aveuglement d'avoir refusé le plan de partage
de la Palestine ? L'accusation portée par Israël sur la délégation palestinienne
aux " pourparlers de paix " de l'été 2000, d'être par sa non acceptation d'un
compromis et son intolérance - responsable de l'échec de ses pourparlers... On
sait que la colonisation israélienne de la Palestine n'a jamais cessé de s'étendre
chaque jour depuis plus de cinquante ans, que des territoires (Jérusalem-Est,
le Golan...) ont été purement annexés, qu'Israël n'a respecté aucun des accords
qu'il a lui-même signés et qu'il a tenu les résolutions des Nations Unies pour
nulles et non avenues. Le prétexte invoqué pour ne pas respecter la quatrième
Convention de Genève. Alors qu'Israël a ratifié en 1951 cette Convention
relative au fonctionnement des tribunaux et à la protection des personnes
civiles dans les territoires occupés, il considère depuis 1967, contrairement à
l'ONU,
que cette convention ne s'applique pas à la Cisjordanie et à la bande de Gaza
sous le prétexte que ces territoires ne relevaient pas antérieurement d'un État
souverain (pour Israël c'est l'Empire ottoman qui fut, jusqu'à 1919, ce dernier
État souverain, la Jordanie n'ayant été qu'un occupant de fait). Pour les
Israéliens dans leur perspective constante du Grand Israël il ne s'agit donc pas
de territoires " occupés " ni même administrés mais de territoires libérés!
Lorsque quelques lambeaux de ces territoires sont restitués aux Palestiniens,
il s'agit d'une offre, d'un don, d'un sacrifice en faveur de la paix, consentis par
" générosité et auxquels ne répond qu'" ingratitude. La prétention du
gouvernement israélien de faire condamner l'antisionisme par l'ONU. On se
rappelle que la résolution 3379 des Nations Unies avait condamné en 1975 le

214 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sionisme comme " une forme de racisme et de discrimination sociale " et que
cette condamnation avait été annulée en 1991 avec la complicité des États-
Unis et à la faveur de l'effondrement du bloc soviétique modifiant la
répartition des votes. On sait aussi que cette demande inouïe de condamner
l'antisionisme fut tout de même rejetée ! Les paroles de Ben Gourion
prononcées à la suite de la proposition de la Grande-Bretagne de transférer
chez elle des milliers d'enfants juifs allemands à la suite de la Nuit de cristal
de 1938 : " Si je savais qu'il était possible de sauver tous les enfants
d'Allemagne en les installant en Angleterre, ou juste la moitié en les installant
en Eretz-Israël, je choisirais cette deuxième solution. Leibowitz dit d'ailleurs
que Ben Gourion haïssait le juif réel. Pas le concept de juif, mais la réalité de
ces millions de juifs dont il était originaire L'installation de kibboutzim sur
des terres confisquées aux Palestiniens en promettant du travail à ces derniers
au nom de la fraternité judéo-arabe. Les manœuvres pour s'attirer les
sympathies des Arabes israéliens notamment des paysans pauvres et peu
instruits en leur distribuant largement pendant de nombreuses années des
récompenses diverses - pour obtenir d'eux qu'ils votent pour le parti au pouvoir
Les efforts déployés pour inciter les populations arabes israéliennes
désemparées après la guerre de 1947-1948, à fêter dès 1949 l'Indépendance
israélienne, cette indépendance qui représentait pour elles la Naqba :
l'écrasement des forces armées arabes et l'exil d'un grand nombre d'entre eux.
Greilsammer écrit à ce sujet : " La minorité non-juive fut vivement
encouragée par les autorités à participer En l'honneur de la fête, le
gouvernement militaire levait brièvement les restrictions de circulation et les
Arabes pouvaient prendre part aux célébrations...On leur faisait chanter la
Hatikva avec une soumission apparemment totale. Une minorité culturelle
désorganisée, et qui avait perdu son leadership, devait adopter les symboles
qu'au fond elle rejetait " Imagine-t-on les Allemands, à la commémoration de
leur victoire écrasante sur la France de 1940,
invitant les Français à y participer et à chanter le Deutschland über alles ? Le
fait d'admettre démocratiquement des députés arabes à la Knesset tout en leur
demandant de prêter serment d'allégeance à l'État d'Israël, de siéger sous le
portrait de Théodor Herzl et du drapeau à l'Étoile de David, De voir se
développer sous leurs yeux une législation discriminatoire à l'encontre de leur
communauté, d'être voués chaque jour à de pénibles compromis. Le fait de
faire étudier aux enfants arabes divers aspects du nationalisme juif (" les
relations entre la Diaspora juive et la terre d'Israël, le mouvement sioniste et
son développement, l'immigration juive " tout en proscrivant de façon absolue
le nationalisme arabe, de leur faire consacrer plus de temps à l'étude de
l'hébreu qu' celle de l'arabe, plus de temps à l'étude de la religion juive qu'à
celle de la religion musulmane. Les propos de Jean Kahn, président du

215 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Consistoire central israélite lors de l'Intifada d'octobre 2000 : " Cela fait deux
mille ans que les juifs sont des boucs émissaires. Il faut dire la vérité et ne pas
oublier qu'Arafat, en fermant les écoles, est le responsable de la mort des
enfants ". Les propos du général israélien, Raanan Gissin affirmant dans le
journal Maariv que : " les médias ne sont pas là pour servir la vérité historique
mais pour livrer un récit à l'opinion. Il faut donc les mettre dans notre poche,
les pousser à filmer du côté de la crosse du fusil et non du canon. Il faut que
les médias étrangers tirent avec nos soldats La progression, à un rythme
accéléré, pendant les " processus de paix de la colonisation de la Cisjordanie
et de Gaza : entre le second trimestre 1999 et le second trimestre 2000, cette
progression a été de 51 % ! La tactique constante adoptée et suivie par tous
les sionistes de : " ne jamais abandonner ni position, ni territoire sauf sous la
contrainte d'une force supérieure ". L'affirmation qui fait considérer que les
expulsions des Arabes de Palestine depuis 50 ans ont été compensées par les
expulsions des Juifs des pays arabes après la guerre de 1948 Si ces dernières
expulsions entreprises comme des représailles sont éminemment regrettables
et inadmissibles, il faut bien voir néanmoins que ce type d'exaction comporte
des degrés. Les Juifs n'ont pas été expulsés parce qu'ils étaient juifs mais
sionistes (ennemis avoués ou potentiels). Les mauvais traitements qu'ils ont
subis, les morts qu'ils ont déplorés, les biens qu'ils ont perdus sont sans aucune
commune mesure avec ceux des Palestiniens et ils ont été - tout au moins le
plus grand nombre d'entre eux - reçus à bras ouverts en Israël en tant que
colons. Il semble de plus que les Juifs d'Irak ne voulaient pas émigrer et que,
selon les derniers travaux des historiens, " ce sont des émissaires sionistes qui
ont précipité leur départ en plaçant une bombe dans une synagogue de
Bagdad, bombe qui a causé beaucoup de dégâts et qui, surtout, a provoqué
une panique chez les Juifs irakiens, qui se sont alors décidés à s'en aller ".
On peut ajouter, en ce qui concerne la communauté syrienne, que son départ
fut même exigé par le Congrès juif mondial et le gouvernement américain, les
autorités syriennes se contentant d'accepter ce départ. L'exploitation de la
"Shoah" ou de l'"l'Holocauste" pour en tirer le maximum de dividendes,
notamment près de l'Allemagne,en faisant l'amalgame entre ennemis arabes
et nazis, en assimilant Nasser, Saddam Hussein et Arafat à Hitler ou en
évoquant en permanence la menace d'extermination ".(cf. Esther Benbessa dans son
article de Libération du 11/09/00) : " La Shoah comme religion " ou Finkelstein
dans son ouvrage L'industrie de l'Holocauste) L'audace de nommer
démocratie ce qui n'est en fait qu'ethnocratie.
QUELQUES QUESTIONS OU INTERROGATIONS...
Comment l'ONU peut-elle accepter d'Israël, un de ses membres à part entière
depuis 1949 L’annexion et la colonisation progressive de tout un territoire,
fait qu'elle range depuis 1998 dans les " crimes de guerre " ? La violation des

216 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
droits de la personne tels qu'ils sont définis par la Déclaration universelle ?Le
non-respect des Conventions de Genève dans les territoires occupés avec les
destructions de maisons, les contraintes de circulation pour le personnel
médical, les vivres et les médicaments... ? La violation permanente des
frontières ? Le refus de tout contrôle par l'Agence Internationale sur l'Énergie
atomique et sur la production d'armes chimiques et biologiques ? La
prétention à résoudre seul - avec les États-Unis, son soutien inconditionnel -
les conflits qu'elle a elle-même provoqués ? Sait-on, en ce qui concerne
l'Europe Unie, qu'il a fallu attendre juin 1980 pour qu'elle prenne position sur
le conflit israélo-arabe et déclare à Venise : " le Conseil européen reconnaît
le droit à l'autodétermination du peuple palestinien et l'OLP comme
représentant du peuple palestinien et condamne l'occupation des territoires par
Israël et les colonies de peuplement " ? Si Israël n'était pas un État juif, ne
serait-il pas au ban des nations comme le fut l'Afrique du Sud pendant son
apartheid, ne serait-il pas contraint par l'ONU de revenir dans le droit chemin
international comme ce fut le cas de la Yougoslavie et de l'Irak ? N'est-il pas
singulier de voir que le qualificatif de " nazi " vienne spontanément à l'esprit
de personnalités juives éminentes (comme Yechayahou Leibowitz, Haïm
Cohen, Moshe Zimmermann, Israël Shahak que nous avons cité), pour
qualifier certains comportements où éclate le racisme anti-arabe en Israël ?
Jusques à quand les Juifs israéliens revendiqueront-ils une quasi-immunité par
le fait que leurs frères ou leurs pères ont été persécutés en Occident ? Comment
se fait-il que les religieux, religieux occidentaux notamment, se taisent face à
la torture, aux prises d'otages, aux bombardements-représailles, à la cruauté
du régime d'occupation israélienne ? N'a-t-on pas le droit d'évoquer une
double allégeance et de parler d'une coupable solidarité, lorsque Élie Wiesel,
Disait au moment de la guerre du Liban : Comme juif je suis totalement
solidaire de ce qui se passe en Israël et ce que fait Israël le fait en mon nom
aussi ", lorsque le grand rabbin de France Joseph Sitruc déclarait au Premier
Ministre israélien Itzhac Shamir : Chaque juif en France est un représentant
d'Israël. Soyez assuré que chaque juif de France est un défenseur de ce que
vous défendez " ou lorsque le responsable du CRIF, lors de l'Intifada 2000,
exhortait les " juifs de France " à " s'identifier " aux juifs israéliens ? Alors
qu'une fraction croissante de Juifs est de plus en plus en proie à l'interrogation
et au doute sur l'entreprise sioniste, on constate que les Juifs français ou
américains dans leur majorité soutiennent inconditionnellement Israël. Quand
on sait que ces mêmes Français et Américains n'émigrent guère en Israël, ce
soutien ne viserait-il pas à se donner bonne conscience ?
Comment se fait-il que tant de journalistes occidentaux adoptent
systématiquement le langage habile des Israéliens en parlant, par exemple,
des " Territoires " et non des "territoires occupés" ? Comment un non-Juif

217 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
citoyen d'Israël, et ayant quelque honneur, pourrait-il se sentir chez lui dans
un pays se nommant Israël, dont le drapeau est frappé de l'Étoile de David,
dont la Constitution ne fait de lui qu'un citoyen de seconde zone et où il ne
peut être qu'un apatride ? Comment n'y aurait-il pas des collaborateurs et des
mercenaires arabes ou chrétiens en Israël et dans les territoires occupés, alors
qu'il y en a dans toutes les situations d'oppression et de servitude ? Comment
n'y aurait-il pas non plus des attentistes par intérêt et des résistants au péril de
leur vie ? Quand on sait que la ghettoïsation territoriale ou spirituelle des Juifs
suscitée par l'association "mythe de l'Alliance - loi du sang", ghettoïsation
générant des élites jalousées ou entraînant des solidarités exclusives, a
souvent eu dans le passé des conséquences désastreuses, comment ne pas voir
les dangers mortels encourus avec l'État-ghetto prévu par les sionistes et mis
délibérément en chantier en Israël ? Comment ne pas rapprocher le
négationnisme des sionistes - jusqu'à une date récente - concernant l'existence
du peuple palestinien du négationnisme concernant le génocide des Juifs par
les nazis et voir que si le second n'est l'affaire que de quelques centaines
d'individus en Europe, le premier possède une multitude de supporters en
Israël et ailleurs ? Comment un État dont le fondement est théocratique et
racial pourrait-il ne pas fonctionner selon les lois de l'apartheid ? Quel autre
État qu'Israël, membre de l'ONU, peut se permettre dans l'indifférence des
autres nations, d'avoir comme chefs de gouvernement des ex-terroristes
comme Ben Gourion, Shamir ou Begin (reçus même en grande pompe à
l'étranger), ou des criminels de guerre, comme A. Sharon, de réprimer des
émeutes avec des mitrailleuses, des chars et des hélicoptères de combat, de se
moquer de l'ONU en faisant fi de ses résolutions,
de narguer les États européens en détruisant toutes les installations financées
par ceux-ci en Palestine et d'être satisfait de ses meurtres d'État ciblés ? N'est-
il pas surprenant de voir les Juifs sionistes professer une idéologie qui inclut
la " défense du sang " lorsqu'on sait que c'est cette même idéologie qui a
conduit Hitler à faire des Juifs les victimes du génocide que l'on sait ?La
capitulation permanente des Nations Unies - se contentant de paroles pieuses
-face aux conquêtes territoriales du sionisme, ne rappelle-t-elle pas celle des
nations européennes face à la montée du nazisme La volonté de détruire les
lieux de mémoire des peuples vaincus a toujours été une pratique barbare. Nul
doute qu'Oradour-sur-Glane et Auschwitz auraient été effacés si les nazis
n'avaient pas été vaincus... Mais, sait-on que sur l'emplacement du village de
Deir Yassin, où furent massacrés en 1948 par les organisations terroristes
sionistes 254 Arabes, les Israéliens ont édifié des habitations ? Par quelle
aberration mentale un ex-Grand Rabbin français, René Samuel Sirat, peut-il
oser dire, sans se moquer de la quasi-totalité des hommes, que personne ne
peut nier les droits d'Israël sur les terres de la Promesse " et revendiquer pour

218 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
les Juifs exclusivement le droit " du sol " et du " retour à Jérusalem " ? Que
dire devant l'attribution du Prix Nobel de la paix à Shimon Pérès, sinon que
les Sages de Suède n'avaient encore rien compris à l'idéologie sioniste ! Sait-
on qu'un colon juif qui abat un Palestinien n'est jamais condamné qu'à une
amende de principe ou que les militaires coupables de " bavures " graves, ou
bien ne sont pas condamnés, ou bien bénéficient très rapidement de grâces et,
une fois libérés, de protections ?Dans toutes les situations de détresse la
religion est un recours et un refuge. Comment être surpris que l'intégrisme
musulman d'autant qu'il a en face de lui un intégrisme juif particulièrement
agressif se développe en Israël et dans les territoires occupés et " fabrique "
des fanatiques islamistes ? Les Allemands, les Japonais, les Espagnols... ont,
par leurs autorités, formulé excuses et repentir pour les fautes respectives de
leurs ancêtres, les catholiques avec le pape Jean Paul II ont fait de même pour
les crimes de l'Église catholique à l'encontre des protestants et des juifs.
Quand les rabbins exprimeront-ils un repentir pour avoir été, depuis le milieu
du XXe siècle, largement complices des membres de leur communauté qui
se sont approprié en quelque cinquante ans les trois quarts de la Palestine au
mépris de tout un peuple et ont promu une purification ethnique caractérisée
?
Avec tous les colonialismes : colonialisme français, anglais, espagnol,
néerlandais... les populations autochtones assez souvent maltraitées, ont pu
néanmoins, dans certains domaines, tirer des bénéfices appréciables. Peut-on
dire la même chose du colonialisme sioniste ? Comment de ne pas avoir été
troublé devant le spectacle des rencontres Arafat-Barak sous la houlette du
Président des États-Unis dont les intérêts électoraux sont directement liés à la
communauté juive sioniste de son pays et dont beaucoup de conseillers
adhèrent à la même idéologie ? Peut-on imaginer une rencontre aussi piégée,
un rapport de forces aussi disparate, une hypocrisie aussi patente et, face à ce
spectacle, une lâcheté aussi manifeste des Nations occidentales, de nombre
d'intellectuels et de journalistes ? Une fraction notable d'Israéliens, et de
sionistes de par le monde, sont partisans d'un " transfert " massif des non-Juifs
hors des frontières de la Palestine. Si les Israéliens, qui possèdent
parfaitement la logistique de cette déportation (quelques centaines de camions
pendant quelques mois) le mettaient en exécution, les dirigeants occidentaux
seraient-ils capables de s'y opposer ? Les mots banals caractérisant une
pratique raciste sont ceux de séparation, de ségrégation, de discrimination,
d'exclusion.Viennent toujours s'y associer ceux d'oppression, d'usurpation,
d'agression, de persécution, de domination, d'expulsion, d'élimination... Qui
peut soutenir que la politique de l'État sioniste n'est pas typiquement d'essence
raciste ? Il sera toujours profondément choquant qu'une personne étrangère à
Israël puisse sur un critère héréditaire devenir citoyen de cet État. Mais en

219 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
même temps il ne sera jamais très honorable pour cette personne de bénéficier
de droits particuliers dont sont privés tous les non-Juifs. Quel autre État "
occidental " que celui d'Israël - s'il n'était protégé par son statut particulier -
pourrait, dans l'indifférence des autres États, se permettre une telle législation
ségrégationniste ? Deux raisons essentielles expliquent la passivité habituelle
de beaucoup de chrétiens, voire la complicité de certains, face au sionisme et
à ses entreprises d'oppression : d'une part, leur adhésion au mythe de
l'Alliance divine, mythe qu'ils ont adopté et intégré comme une donnée
fondamentale de leur doctrine ; d'autre part leur responsabilité dans le
génocide hitlérien après leur antijudaïsme traditionnel. Mais après avoir
formulé les repentances qui s'imposaient pour cette responsabilité, pendant
combien de temps encore vont-ils se laisser subjuguer, humilier et accabler par
les sionistes leur rappelant sans cesse le passé de leurs ancêtres ? Quand
participeront-ils activement à la Résistance non violente ? Les représentants
des Nations Unies n'ont manifestement pas réalisé la malignité des forces qui
allaient se mettent en branle en 1947. Ces responsables en question, ou leurs
successeurs, sauront-ils mater et neutraliser les forces en question avant
qu'elles ne deviennent totalement folles et incontrôlables. Sauront-ils se sentir
responsables du drame qui se joue chaque jour en Palestine ? Par la promotion
du monothéisme contribuant à la perception de l'unité du genre humain, par
son commandement du respect de la vie, par la vision universaliste de ses
prophètes, le peuple hébreu a contribué singulièrement au progrès de
l'humanité soit directement soit par le relais du Christianisme ou de l'Islam,
Mais parallèlement, par le mythe de l'Alliance et sa loi raciale qui divisent
inexorablement l'humanité en Juifs et en non-Juifs, il a contribué à un recul
non moins décisif. Comment mieux réaliser que, comme toutes les entreprises
humaines, les religions portent le meilleur et le pire ? Quand les citoyens
américains dans leur ensemble s'apercevront-ils que leurs dirigeants se sont
faits menés - et souvent ridiculisés - par les sionistes des États-Unis et d'Israël
depuis 1947 ? Le concours qu'ont apporté les juristes à la cause nazie en
Allemagne ou à la cause communiste en URSS est fort modeste à côté de celui
que les juristes israéliens ont apporté à la cause sioniste. L'arsenal juridique
que ces derniers ont inventé et perfectionné chaque jour, depuis plus de
cinquante ans avec la plus grande minutie, pour déposséder les Arabes de leurs
terres et de leurs maisons, pour les réduire à l'impuissance en cassant leur
société, est considérablement plus élaboré, plus réfléchi, plus précis, plus
astucieux et plus efficace. Cette perversion des gens de Loi qui apportent leur
concours à l'Injustice ou à la force brutale ne serait-elle pas plus abjecte en
définitive que celle, Plus banale, qui concerne les politiques, les religieux ou
les militaires ? N'est-ce pas Lindau, procureur au procès Eichmann, qui, sous
l'expression de " pressions physiques modérées ", a fait légaliser la torture ?

220 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les fondements des théories racistes du passé - ou les principes qui ont pu
présider à leur élaboration - ont été divers, mais l'ingrédient le plus efficace
pour transformer un banal antagonisme en racisme sera toujours la notion de
" race " présente dans les esprits... Qui peut dire que le mythe du Peuple
élu/Peuple exclu, associé à la loi rabbinique déterminant la judéité/non-
judéité d'après l'hérédité (c'est-à-dire d'après la généalogie, la race/lignée), ne
sont pas des principes racistes ? Qui peut dire qu'ils ne sont pas présents dans
la tradition judaïque et qu'ils ne servent pas de guides à l'État sioniste d'Israël
? Il est banal d'entendre des Juifs religieux justifier les assassinats perpétrés
par les Israéliens en Israël/Palestine au nom de quelques versets de la Torah.
Mais, si quelque Drumont ou quelque Brasillach d'aujourd'hui prenait pour
référence de son racisme anti-juif des écrits de l'Antiquité païenne ou des écrits
du Christianisme, ne ferait-il pas l'objet d'une réprobation et ne tomberait-il
pas sous le coup de la loi, loi française notamment ? Quelles que soient les
forces militaires et policières israéliennes mises en œuvre, la sécurité des Juifs
israéliens ne sera jamais assurée par quelques frontières au sol. Aujourd'hui,
les seules frontières valables ne sont-elles pas celles qui, fondées sur
l'intelligence, la justice, la main tendue, sont tracées dans les esprits ?
L'assimilation des Juifs aux Israéliens (ou aux sionistes), semée à tout vent
par nombre de rabbins et de personnalités juives de France et d'ailleurs, est
sûrement la faute la plus grave qui puisse être commise à l'encontre de la
communauté juive dans son ensemble.
Comment cette assimilation-confusion, cet enrôlement systématique,
indépendamment des convictions personnelles des individus, pourrait-elle ne
pas servir l'hostilité antijuive ? Quand l'État juif, devenu l'État de tous ses
citoyens, se muera-t-il en société multiculturelle dans laquelle toutes les
communautés, juives et non-juives, pourront vivre en harmonie ?
DES RESPONSABILITÉS MULTIPLES
Responsabilités des représentants des nations à l'ONU et particulièrement des
Occidentaux qui n'ont pas accueilli chez eux, la guerre terminée, les Juifs
européens rescapés du génocide nazi (à signaler en particulier la formidable
hypocrisie des Américains qui se firent en 1947 les promoteurs du sionisme
en Palestine en affichant un objectif moral, la sécurité des Juifs, alors que les
deux critères qui les ont guidés ont été essentiellement le poids financier et
électoral de la communauté juive des États-Unis et la volonté de ne pas ouvrir
leurs frontières aux réfugiés juifs d'Europe de l'Est pauvres pour la plupart et
malheureux), qui ont permis au sionisme de se développer sur le terrain et qui
ont créé arbitrairement un nouvel État au mépris de tout un peuple tenu pour
quantité négligeable, voué à l'exil ou à l'occupation, d'avoir agi, par ignorance
de la nature du sionisme, par faiblesse face à sa propagande et, pour quelques-
uns d'entre eux, par intérêt électoral, qui ont supporté, sans réagir vraiment,

221 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
la torture institutionnalisée ayant parfois entraîné la mort, les prises d'otages
pour servir de monnaie d'échange, le nettoyage ethnique, les représailles sur
des civils, l'utilisation d'armes à feu pour réprimer de simples émeutes, les
arrestations arbitraires, les liquidations sommaires d'opposants... toutes
exactions pourtant dénoncées à de multiples reprises par l'ONU, Amnesty
international et le Comité international de la Croix-Rouge, qui se sont
contentés de menaces verbales face à la politique d'expansion d'Israël qui
étend progressivement son hégémonie par ses conquêtes coloniales dans la
perspective d'une annexion complète et définitive. qui ont supporté depuis
plus de 50 ans des millions de réfugiés palestiniens interdits de retour et qui
ont préféré dépenser des sommes considérables pour les entretenir dans des
camps, sans imposer à Israël ni leur retour, ni une juste indemnisation selon
les conditions posées par l'ONU, Qui n'ont pas reconnu l'injustice originelle
dont l'ONU s'est rendue coupable envers tout un peuple. qui ont annulé en
1990 la résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations Unies qui avait
condamné le sionisme comme " une forme de racisme et de discrimination
sociale ".
Responsabilités de nombreux politiques occidentaux et notamment
européens Qui sont tributaires de leurs intérêts électoraux au mépris de la
justice et de la simple humanité en flattant volontiers les communautés juives
acquises à la cause sioniste ; Qui acceptent sans protester que les rencontres
entre Arafat et les Israéliens se fassent sous la houlette des États-Unis qui sont
des alliés inconditionnels d'Israël, qui le soutiennent ouvertement dans tous
les domaines, notamment dans le domaine militaire ; Qui, par le statut
particulier qu'ils accordent à Israël, avec l'indulgence qui en découle, sont
responsables d'antisémitisme " réactionnel ; Qui reçoivent impunément dans
leur pays des responsables israéliens, alors que la Cour Pénale Internationale
a assimilé en 1998 la colonisation de territoires par une puissance occupante
à un crime de guerre " (jugement approuvé par 121 pays dont la France). Qui
ont apporté à Israël depuis plus de cinquante ans une aide considérable dans
les domaines politique, économique et militaire.
Responsabilités particulières du gouvernement français Qui a permis aux
jeunes Juifs français d'aller faire leur service national en Israël où ils vont
casser du Palestinien comme certains reportages en font foi Qui a
commémoré en grande pompe, en 1998, l'anniversaire de la création de l'État
d'Israël alors que bien d'autres anniversaires d'indépendance, notamment
celui de l'Inde par exemple en 1997, Ou de nos ex-colonies, ne le furent pas.)
Cette commémoration eut lieu de surplus sur le parvis du Trocadéro qui
évoque les droits de l'homme (alors qu'Israël nie les droits fondamentaux du
peuple palestinien reconnus par l'ONU depuis 1947).

222 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Responsabilités de nombreux rabbins et dirigeants d'organisations juives


de France Qui sont d'une indulgence coupable envers les fautes de leurs
coreligionnaires d'Israël, alors qu'ils sont si acharnés à traquer chaque mot
suspect en Occident, si constants et insatiables à exiger des chrétiens des actes
de repentance pour leurs fautes vis-à-vis des Juifs. Qui en appelant " tous les
Juifs " de France à faire bloc derrière Israël et ses dirigeants, notamment lors
de l'Intifada 2000, en cherchant à identifier tous les Juifs à l'État juif et à sa
politique, en s'attribuant le monopole de la judéité avec son contenu religieux
et culturel, font un vol manifeste de mémoire, un grossier détournement
d'héritage.
Responsabilités des autorités chrétiennes Dont la voix n'a jamais dénoncé
l'apartheid israélien. Pourtant, ne possèdent-elles pas, fournie par l'apôtre Paul
de Tarse il y a deux mille ans, la clef en or de la Résistance à toute ségrégation
humaine : Désormais, il n'y a plus ni Grecs, ni Juifs, ni circoncis, ni
incirconcis, ni Barbares, ni Scythes, ni esclaves, ni hommes libres.
Responsabilités de nombre d'hommes politiques, philosophes, intellectuels,
journalistes Qui, jusqu'à une période récente, ne connaissaient ni la Palestine,
ni les Palestiniens, mais Israël Qui sont étrangement absents du conflit
israélo-palestinien et à qui, Danièle Sallenave, de retour de Palestine, leur
lance cette interpellation Où êtes-vous donc, génération morale, bruyants
partisans du droit d'ingérence, donneurs de leçons en tout genre ?

CONCLUSION:
Les trois grandes religions monothéistes - parce qu'elles s'appuient sur des
mythes, événements légendaires générant des textes sacrés aux interprétations
des plus variées voire opposées - ont inspiré, au cours de l'Histoire, le meilleur
et le pire : la paix et la guerre, la justice et l'injustice, la tolérance et
l'intolérance, l'exaltation du fort et celle du faible... De même que les
promoteurs catholiques de l'Inquisition, des croisades, des guerres contre les
Protestants, des pogroms contre les Juifs ont trouvé dans l'Évangile des textes
justifiant parfaitement leur action, les promoteurs du sionisme ont trouvé dans
la Torah et autres textes du judaïsme, notamment dans ceux qui représentent
la tradition mystique, des idées portant au particularisme, au
communautarisme, au nationalisme et à la xénophobie. Ils les ont adoptées
délibérément en négligeant toutes celles d'inspiration universaliste qui ont,
pour le meilleur, modelé la pensée occidentale. Le caractère néfaste du
sionisme réside essentiellement dans le fait qu'il est basé sur deux éléments
pervers du judaïsme : le mythe de la Terre promise à un Peuple élu au nom de
son Alliance avec Yahvé et l'élément racial concernant la transmission
héréditaire de la judéité. Il en résulte que l'idéologie sioniste ne peut pas ne
pas être, par essence, nationaliste, dominatrice et oppressive. Un " État juif

223 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
pour les Juifs " tel que l'avaient rêvé les sionistes, et tel que l'avaient accepté
les Nations Unies, est une monstrueuse aberration à classer parmi les grandes
utopies de l'Histoire. Si les intérêts financiers ou électoraux de certains
représentants des Nations Unies ont joué un rôle primordial dans le vote à
l'arraché de 1947 créant l'État d'Israël, et si ces intérêts interviennent toujours
depuis et expliquent grandement la coupable tolérance de ces Nations vis-à-
vis des exactions d'Israël, deux autres éléments n'ont cessé de jouer un rôle
primordial : la méconnaissance du potentiel raciste de l'idéologie sioniste, la
déformation de l'opinion publique par une information pendant longtemps
grossièrement déséquilibrée. Les sionistes ont entrepris depuis un siècle en
terre de Palestine la construction d'un monumental et spectaculaire édifice :
Israël, dont les arsenaux guerrier, juridique, linguistique, psychologique sont
impressionnants par leur puissance... Mais, cet édifice est également
exceptionnel par l'inconscience de ses architectes et les contradictions de ses
bâtisseurs. Israël : à coup sûr une nouvelle Tour de Babel ! Le Sionisme aura
permis entre autres : l'extension du racisme anti-arabe chez les Juifs ;
l'apparition du racisme anti-juif chez les Arabes et son aggravation en
Occident ; l'exclusion de toute une population non-juive au nom d'une
Élection divine datant de trente siècles ; l'émergence de la violence physique,
au sein du judaïsme qui, jusque-là, en était pratiquement indemne ; l'abandon
par le judaïsme de la vocation spirituelle universaliste amorcée par ses anciens
prophètes pour une entreprise territoriale étroitement nationaliste ; la
transformation de frères et de fils de persécutés en persécuteurs ; l'irruption
en Israël de pogroms dirigés non plus contre des Juifs (suivant la définition
classique des dictionnaires) mais contre des non-Juifs ; l'existence d'un
colonialisme et d'un apartheid spécifiques ; l'obtention au lendemain de
l'expérience raciste des nazis d'un Territoire où seules les personnes d'une
certaine " race " sont appelées à être des citoyens à part entière. Par le
nationalisme expansionniste et la violence qui l'inspirent, la volonté de
possession de la Terre promise par les sionistes n'est pas sans rappeler, celle de
l'Espace vital par les nazis. Les entraves à la circulation des personnes, les
multiples contrôles d'identité, les fouilles, les mises en détention, les couvre-
feux, le morcellement et le grignotage des territoires peuplés de non-Juifs, le
démantèlement d'une société dans tous les domaines : économique, culturel,
politique, sanitaire..., La fragmentation des familles, font de l'occupation
israélienne une occupation sans doute moins sommairement et brutalement
criminelle que l'occupation par les nazis, mais à coup sûr plus réfléchie et plus
efficace.Les blockhaus, les barbelés, les miradors, les barrières de contrôle...
sont un spectacle quotidien pour les Palestiniens des territoires occupés. Ils ne
sont pas sans rappeler aux Européens d'un certain âge qu'eux aussi ont eu droit
à un spectacle semblable suscité par la " volonté de puissance " et l'esprit de

224 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
domination. En Afrique du Sud, il y avait, pour les hommes indésirables, des
" bantoustans " attribués par les maîtres d'alors, en Amérique du Nord il
s'agissait de " réserves " bien délimitées, en Palestine il y a des " territoires "
méthodiquement et savamment infiltrés, lacérés, comprimés et asphyxiés. Un
peuple qui, en 1947, n'existait pas en tant que peuple différencié parmi les
Arabes est né des violences de la colonisation israélienne comme est né un
peuple algérien sous la colonisation française... Sur fond de domination
sioniste, la guerre de 1973, l'Intifada 2000 avec ses pogroms anti-arabes et
toutes les répressions où l'armée israélienne massacre de jeunes Palestiniens
auront été des moments particulièrement révélateurs de la naissance et de la
prise de conscience de ce peuple, désormais tendon d'Achille de l'État d'Israël.
Plus le temps passe, plus l'augmentation du décalage entre Juifs et non-Juifs
dans la Palestine historique se manifeste avec ses haines inexpiables ou ses
jalousies croissantes et plus apparaît énorme l'erreur de l'ONU d'avoir permis
la transplantation des Juifs sionistes, essentiellement tributaires de la culture
occidentale, dans cette partie orientale du monde. Parce que le sionisme
repose sur une discrimination fondamentale entre les Juifs et les Arabes et,
d'une manière générale, entre les Juifs et les non-Juifs, Israël ne sera jamais
l'État de ses citoyens : les non-Juifs y seront toujours des étrangers, ces
cananéens ennemis dont parle la Torah.
Contrairement à la colonisation française qui à l'instar des autres colonisations
menées par les pays occidentaux - avait, à côté de motifs intéressés, quelques
" bonnes " raisons de transmettre des éléments positifs, La colonisation
israélienne revêt une malignité foncière : celle de s'approprier une terre, de
ruiner une société, de prendre la place d'une population par tous les moyens
possibles, notamment par la guerre, et ce, pour un motif d'ordre initialement
religieux : le mythe de la Terre promise par le dieu de la mythologie hébraïque.
L’Histoire de l'État d'Israël telle qu'elle a été écrite jusqu'à une date récente
par les Israéliens (et telle qu'elle est connue de la plupart des individus dans
le monde entier) l'a été plus par un nationalisme aveugle que par un souci de
vérité. Il est clair que l'opinion publique en Occident n'a pas encore su
distinguer clairement en Palestine les oppresseurs et les opprimés, les
occupants et les occupés et n'a pas pris la juste mesure de l'idéologie sioniste.
Quand on voit le fanatisme et le nationalisme qui règnent en Israël dans
certains partis ou mouvements, Comment être surpris que les historiens
israéliens actuels qui démystifient cette Histoire avec beaucoup de courage et
de désintéressement soient traités dans leur pays de traîtres, D’antisémites, de
révisionnistes, voire de nazis et, pour certains d'entre eux menacés de mort !
Parler des multiples exemples de discrimination en Israël est dérisoire. La
discrimination entre les Juifs et les non-Juifs n'est ni fréquente, ni importante:
elle est une donnée constitutive de cet État d'inspiration sioniste. Qu'il est

225 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
pathétique de voir que le sionisme, qui s'est donné pour vocation première et
légitime de protéger les Juifs, est lié fondamentalement aux notions de
nationalité et de race alors que les Juifs ont été persécutés, et pour leur
nationalité (notamment en Union soviétique où leur carte d'identité portait la
mention " juive ", et pour leur race (notamment en Allemagne et dans la
France de Vichy) où l'hérédité et non la croyance déterminait le juif ! Si les
généreuses idées universalistes (contenues notamment dans certains écrits du
judaïsme et du christianisme) ont pu, déviées ou poussées à l'extrême, devenir
folles et engendrer le système communiste, les idées nationalistes, quant à
elles, sont d'emblée perverses : elles s'épanouissent presque immédiatement,
ici dans le nazisme, ailleurs dans les fascismes, en Israël dans le sionisme...
Elles ont un point commun : la violence institutionnelle. Toutes les armées du
monde ont pratiqué la torture, mais peu d'Autorités d'État l'ont
institutionnalisée. On peut néanmoins citer le Pape Innocent IV au XIIIe
siècle, Israël au XXe. Le sionisme est sans doute l'unique exemple d'un
mouvement d'inspiration initialement pacifique la sécurité des Juifs se
transformant progressivement, par sa logique interne, en un mouvement de
plus en plus agressif pour aboutir au pays le plus militariste et le plus militarisé
du monde.
Si la Shoah désigne une catastrophe subie par les Juifs pendant une dizaine
d'années, massacre spécifique dans l'histoire de l'humanité par ses motivations,
son ampleur et ses méthodes, il n'en reste pas moins que la Naqba est aussi
une catastrophe spécifique pour les Arabes : elle perdure depuis plus de
cinquante ans et sa fin n'est pas prévisible. Le génocide juif que les sionistes
ont exploité habilement, voire sans pudeur, pour promouvoir leur entreprise
territoriale en donnant mauvaise conscience aux Européens, et notamment aux
Allemands ne justifiera jamais, comme l'a exprimé le philosophe israélien
Yeshayahu Leibowitz, les souffrances que les sionistes ont imposées aux
Arabes et que les rabbins notamment semblent totalement ignorer. Alors que
ce sont des Juifs parmi les plus religieux qui se sont opposés à l'idéologie
sioniste dès sa naissance et pendant la première moitié du XXe siècle au nom
de la vocation spirituelle universelle du judaïsme, ce sont ensuite les Juifs
religieux, d'Israël et d'ailleurs, qui sont les plus acharnés à soutenir cette
idéologie avec sa dimension territoriale, nationaliste et raciste engendrant les
haines les plus farouches, et vis-à-vis des Juifs non-religieux, et vis-à-vis des
non-Juifs. Il n'y a pas lieu d'en être surpris, On sait que les écrits religieux,
qui reposent sur des mythes, valent moins par leur contenu que par les
interprétations qui en sont faites. D'autre part, le sionisme comporte un
intégrisme, très analogue dans son fondement à l'intégrisme chrétien ou
islamiste. Comme eux, il ne retient qu'une partie de la tradition spirituelle
dont il émane. La tactique représailles-dissuasion (inspirée directement de la

226 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
loi biblique du talion) est assez banale.Qu'elle soit décidée de sang-froid par
le gouvernement d'un Etat membre de l'ONU, qu'elle soit menée par l'armée
israélienne avec une exceptionnelle application et qu'elle puisse laisser les
Nations Unies sans réaction, est moins banal ! Parmi les intégrismes qui
sévissent à travers le monde, l'intégrisme juif est sans doute le seul qui en
intégrant une donnée raciale prédispose d'emblée au racisme avec sa première
conséquence : la ségrégation institutionnelle. Le sionisme peut triompher en
Israël pendant de nombreuses dizaines d'années, son échec final est assuré pour
deux raisons totalement imprévues initialement : il a échoué dans la
prétention insensée, inscrite dans sa constitution, d'être un " État juif pour les
juifs " ; il a provoqué la naissance d'une nouvelle identité nationale, d'un
nouveau peuple arabisant, le peuple palestinien. Si l'opposition à Israël - en
tant qu'" État juif pour les Juifs " - est justifiée jusqu'à l'avènement d'un État
démocratique pour tous ceux qui y vivent, ce n'est pas parce que sa naissance
est illégitime - il y a bien d'autres États dans ce cas - mais parce qu'il est porté
par le sionisme - ce " nazisme juif " dont parle Emmanuel Levyne qui est
d'abord une doctrine de ségrégation indigne de notre temps.
Il sera toujours profondément choquant qu'une personne étrangère à Israël
puisse sur un critère héréditaire devenir citoyen de cet État. Mais en même
temps il ne sera jamais très honorable pour cette personne de bénéficier de
droits particuliers dont sont privés tous les non-Juifs. Quel autre État "
occidental " que celui d'Israël - s'il n'était protégé par son statut particulier -
pourrait, dans l'indifférence des autres États, se permettre une telle législation
ségrégationniste ? En créant l'État d'Israël après le génocide nazi, les Nations
Unies ont eu une intention tout à fait louable : la sécurité des Juifs. Mais, par
une terrible ironie du sort, ce sont les Juifs d'Israël qui, depuis plus de
cinquante ans, sont les seuls Juifs du monde à vivre en permanence dans la
peur, l'angoisse et l'insécurité, à subir la guerre, à porter des armes et à
appliquer l'infernale loi du talion. Quant à l'hostilité anti-juive, loin de
disparaître comme le pensaient les promoteurs du sionisme politique (tels Léo
Pinsker et Theodor Herzl), elle s'aggrave chaque jour par un processus de
généralisation parfaitement abusif mais, hélas, terriblement humain. La
plupart des dirigeants israéliens depuis la création d'Israël ont été, soit des
anciens terroristes (Ben Gourion, Yitzak Shamir...), soit des chefs de guerre
impitoyables (Moshe Dayan, Rabin, Barak, Sharon.) Comment être surpris de
la politique qu'ils ont poursuivie en étant au pouvoir !
Israël : une formidable victoire matérielle, une non moins formidable défaite
spirituelle pour le judaïsme ! De tous les mythes inventés par les hommes,
celui du Peuple élu et d'une Terre promise est sans doute celui qui aura eu les
conséquences les plus désastreuses. Les Juifs ont été persécutés pendant deux
millénaires en grande partie au nom du Peuple élu, les non-Juifs de Palestine

227 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
depuis près d'un siècle au nom de la Terre promise. Israël est assurément le
seul pays au monde ou une catégorie de citoyens, les Arabes israéliens, au
nombre d'environ un million, est faite d'apatrides, sinon juridiquement mais
de fait, sur la terre de leurs ancêtres. Leur statut économique, bien que
supérieur à celui des autres Arabes, n'effacera jamais cette situation
humiliante. Autant, et peut être plus encore que les déportations, les
spoliations et les crimes dont ils ont été victimes ce sont sans doute les
humiliations subies chaque jour par les Arabes - Arabes israéliens comme
Arabes des territoires occupés - qui rendent toute réconciliation impossible
dans un pays modelé par le sionisme. Ce n'est pas parce que les sionistes et
leur protecteur américain ont obtenu en 1990 - après l'effondrement du bloc
soviétique qui modifiait la répartition des votes aux Nations Unies
l'annulation de la résolution 3379 de 1975 de l'Assemblée générale des Nations
Unies condamnant le sionisme comme " une forme de racisme et de
discrimination sociale, que cette sentence a cessé d'être juste !
Israël représentera toujours une greffe hétérogène appliquée sur le territoire
de la Palestine. On connaît le devenir inexorable d'une telle opération
chirurgicale : d'abord l'antagonisme permanent entre les deux parties
(antagonisme difficilement contenu par une thérapeutique drastique) et, à
terme, la mort du greffon ou la mort simultanée du receveur et du greffon.
L'apartheid qui a régné pendant des siècles aux États-Unis et en Afrique du
Sud disparaît progressivement : il n'était porté que par une idéologie
sommaire. L'apartheid qu'engendre le sionisme est d'une tout autre malignité
: basé à la fois sur des données religieuses et des données raciales (ces dernières
découlant elles-mêmes des premières), c'est une donnée constitutive de l'État
d'Israël. Les premiers sionistes, pour qui " ne plus être victime " était l'objectif
essentiel, n'avaient manifestement pas prévu que leurs descendants en maniant
le fusil envers des enfants lanceurs de pierres se comporteraient en bourreaux.
De la légitimité contestable qui a présidé à la création de l'État d'Israël, de
l'ignorance des représentants des Nations Unies quant à l'idéologie sioniste, de
la faiblesse insigne de ces mêmes représentants face à un puissant groupe de
pression, il faut considérer que cette création arbitraire d'un nouvel État par
l'ONU (première création qui sera sans doute la dernière) a généré en un demi-
siècle quatre guerres, des crimes sans nombre, des malheurs de toutes sortes,
a attisé deux intégrismes, deux fanatismes et deux terrorismes opposés a
maintenu les Juifs israéliens en insécurité permanente, a entraîné l'expulsion-
représailles des 800 000 Juifs des pays arabes et réduit une catégorie de
personnes à être définitivement des personnes de seconde zone dans leur
propre pays... Devant cette malheureuse expérience et ces tragédies en cascade
qui, depuis plus de cinquante ans, font pleurer chaque jour les mères juives et
palestiniennes, qui peut nier aujourd'hui que la création d'Israël ait été une

228 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
dramatique erreur ! Si les guerres franco-allemandes, franco-anglaises, franco-
espagnoles peuvent, à l'heure européenne, être qualifiées de guerres " civiles
", il ne peut en être de même entre les Juifs israéliens et les Arabes palestiniens
malgré leur communauté ethnique et linguistique : depuis deux millénaires
l'association "Alliance divine-Loi du sang" a, dans les textes et dans les
esprits, généré des " Juifs " et des " étrangers ". C'est dire, contrairement à ce
que pensent certains telle A. M. de Vilaine, qu'il ne saurait y avoir de guerre
plus " étrangère " que celle qui oppose les Israéliens et les Arabes. Qu'une
personne athée, ignorant tout du judaïsme, de ses écrits, de sa doctrine, de ses
rites, de son histoire, puisse être identifiée et cataloguée comme " juive "
malgré elle sur un critère héréditaire est une des tares fondamentales de la
tradition judaïque.

Ce n'est pas parce que les colons juifs ont réalisé dans le pays conquis, une mise
en valeur sans égale de l'agriculture, du commerce, de l'industrie, des
sciences... dont certains Palestiniens d'Israël ont tiré profit, que ce succès
justifie a posteriori la légitimité de la création d'Israël. Tous les nationalismes
modernes, le nazisme allemand, le fascisme italien, le communisme russe ou
chinois, n'ont-ils pas eu à leur actif - toujours au prix du sang - des réalisations
" admirables " ! Le nazisme, c'était la " race ", notion fort vague au nom de
laquelle ont été exterminées massivement les communautés juive et tzigane
d'Europe. Le sionisme, c'est le " sang " plus le " sol ", plus Yahvé : la notion
est bien plus précise et plus exclusive. Comment ce communautarisme qui,
au nom de la race et de par la Loi, sépare en Israël les non-Juifs des Juifs, qui
n'admet que la juxtaposition de deux communautés, qui exclut toute
assimilation, Toute intégration de la communauté minoritaire par la
communauté majoritaire, pourrait-il ne pas engendrer un racisme réciproque
? Le sionisme est un peu au Judaïsme ce que l'Inquisition, les croisades, les
guerres de religion sont au Catholicisme, ou l'islamisme à l'Islam : un enfant
pervers, un malheureux avatar, une plaie vouée à la chronicité, une
dégénérescence (suivant le mot de Tolstoï), Une impasse dramatique, une tare
déshonorante que les siècles ne sont pas près d'oublier. Une guerre civile en
Israël par les antagonismes croissants entre les religieux et les non-religieux,
entre les Juifs et les non-Juifs, entre les démocrates et les autres, n'est pas une
hypothèse d'école ! Que des athées, comme Herzl, Ben Gourion, Golda Meir
et tant d'autres, aient pu être des fondateurs, ou des pionniers d'un sionisme
reposant sur le mythe de l'Alliance avec un Dieu auquel ils ne croyaient pas,
illustre parfaitement la dimension non religieuse mais culturelle des mythes.
Par définition, tous les sionistes - croyants et non-croyants - adhèrent à ce
mythe fondateur dans son interprétation maléfique. À l'instar des Allemands
d'aujourd'hui qui regrettent profondément l'attitude de leurs pères face à

229 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'idéologie nazie, il est hors de doute, comme l'ont prévu bien des Juifs depuis
un siècle, que les Juifs regretteront un jour l'entreprise perverse de leurs aînés.
Israël n'aura jamais la paix tant qu'il ne sera pas un État laïque et démocratique
ne reposant ni sur la religion ni sur les liens du sang, en somme tant qu'il sera
l'État juif, où nationalité et religion sont confondues, où l'apartheid est une
donnée constitutive incontournable. Israël est incapable de résoudre seul les
problèmes concernant l'avenir des Juifs et des non-Juifs de cette région ! Seule
une contrainte extérieure venant des Nations Unies, contrainte pacifique par
des sanctions diplomatiques et économiques, coercition prolongée jusqu'au
succès démocratique éliminant toute donnée théocratique ou raciale, est
susceptible de supprimer l'impasse dramatique où se trouve le pays et de
déboucher un jour lointain sur un État de tous ses citoyens :
une Palestine/Israël laïque et démocratique. Que d'analyses savantes et de
remords en perspective, quand les Occidentaux d'une future génération
s'apercevront que l'aide financière, diplomatique, technologique, guerrière
apportée par leurs pères à Israël relevait d'une gigantesque méprise, d'une
erreur de jugement analogue à celle qu'ont commise tant d'individus instruits
en Allemagne quant au nazisme et dans le monde entier quant au
communisme ! Israël, avec son armement nucléaire et ses missiles antimissiles
(développés grâce notamment à l'AIPACC, le redoutable lobby américano-
israélien pour les Affaires publiques), avec le nationalisme dont il est porteur,
constitue manifestement une menace pour la paix mondiale.
Alouph Hareven, ancien responsable des renseignements militaires
israéliens, dans une tribune du Maariv ne déclarait-il pas le 18 août 1998 : " la
question n'est pas la probabilité de la guerre, mais dans quelles conditions elle
éclatera et quelles seront ses retombées ". Le sionisme, ainsi que depuis sa
naissance l'ont pensé et le pensent toujours de nombreux Juifs, va à l'encontre
de la vocation essentiellement spirituelle du judaïsme. En lui faisant perdre
son âme par une entreprise territoriale et par les violences qui l'accompagnent,
Il lui prépare inexorablement de nouveaux malheurs. Suivant une
interprétation très courante dans le judaïsme - interprétation qui relève
manifestement de la pensée magique les malheurs des Juifs représentent la
rédemption de leurs propres péchés, Les responsables des malheurs en
question n'étant qu'un simple instrument dans les mains de Dieu. C'est ainsi
que certains rabbins n'hésitent pas à considérer la Shoah comme la
conséquence de l'idolâtrie de leurs ancêtres juifs...! Si la honte pour les crimes
d'Israël perpétrés quotidiennement contre les Arabes hante déjà bien des Juifs,
ne doutons pas, qu'un jour, quelques nouveaux malheurs soient considérés par
certains d'entre eux comme la rédemption du péché d'idolâtrie spécifique des
sionistes : l'État : moderne Moloch, la Terre : nouvelle idole ! Les Arabes
(sauf la petite minorité de Druzes, de chrétiens et de bédouins volontiers

230 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
complices d'Israël par intérêt) n'ont pas le droit de servir dans l'armée d'Israël.
Ce non-droit et cette discrimination basés sur la déloyauté potentielle des
Arabes a au moins quelque intérêt pour ces derniers ! Mais, comment un non-
Juif israélien bien né, mais forcément dépourvu de vraie patrie, pourrait-il être
loyal à Israël ! L'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme est volontiers,
pour les gens bornés ou malhonnêtes, une arme de prédilection, voire une
tactique d'intimidation. Cette attitude apparaîtra toujours lamentable et
dérisoire à ceux qui savent notamment que, parmi les Juifs, les antisionistes
résolus étaient largement majoritaires avant la création de l'État d'Israël, qu'ils
sont nombreux dans l'Israël d'aujourd'hui, et ceci par référence à leur doctrine
religieuse.
Comme l'écrit Hannah Arendt dans un article de la revue Commentaire de mai
1948 : " Le sentiment traditionnel du sionisme est que tous les non-juifs sont
antisémites. L'hostilité générale des non-juifs est considérée par les sionistes
comme un fait inaltérable et éternel de l'histoire juive .Cette attitude est pur
racisme chauvin et il est évident que cette division entre les juifs et tous les
autres peuples - tenus pour ennemis - ne diffère pas des autres théories de la
race des seigneurs ". La minutie et le souci du détail dont font preuve les
dirigeants et responsables sionistes dans leurs entreprises les plus détestables
(expulsions, expropriations, destructions, fragmentation des territoires
occupés, bouclages, indictions de séjour, colonisations, effacement des lieux
de mémoire, bombardement de civils, meurtres extrajudiciaires...) et la
fidélité aveugle d'une foule d'exécutants, ne sont pas sans rappeler, en plus
sophistiqué, " l'organisation " exemplaire des nazis. Au XVIIIe siècle le
comportement des Blancs en Amérique du Nord vis-à-vis des populations
indésirables étaient à la fois brutal, primitif et sommaire ; deux siècles plus
tard, celui des Israéliens envers les Palestiniens est devenu plus habile, plus
savant et plus cynique. Les Blancs n'avaient que des fusils, les Israéliens ont
le Verbe... À propos des Arabes contribuant par leur travail à élever les
bâtiments des colonies israéliennes, voire les blockhaus dans les territoires
occupés d'où les Israéliens tirent sur les jeunes palestiniens, comment ne pas
penser aux Français contraints, eux aussi pour subsister, à travailler pour les
nazis dans les usines d'armement ou à élever le Mur de l'Atlantique ? Le
sionisme, à l'instar du nazisme, aura cultivé une " civilisation du mépris
comme en témoignent quelques métaphores " bestialisantes : Pour les nazis,
les Juifs n'étaient, selon les mots d'Emmanuel Levinas, qu'" une bande de
singes ", mais les Palestiniens ne sont-ils pour Eytan (ex-chef d'état-major
israélien) des cafards, pour Menahem Begin (ex-Premier ministre) des bêtes
féroces ", pour le grand rabbin Yossef (responsable du puissant parti religieux
Shass) des serpents, pour Ehoud Barak (ex-Premier Ministre) des "
crocodiles! Et les jeunes gens palestiniens lanceurs de pierres ne sont-ils pas

231 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
des sortes de sous-hommes " aux yeux de ces soldats israéliens qui, avec
application, ajustent leur cible ? Soutenir la juste cause du peuple palestinien
opprimé, bafoué, humilié depuis près d'un siècle par les sionistes avec la
complicité des Nations occidentales, trahi par certains pays arabes ou peu
soutenu par certains autres, ne doit pas occulter : les faiblesses de l'Autorité
palestinienne qui portent naturellement aux concessions successives aux
occupants (par les accords d'Oslo de 1993 cette Autorité a accepté
d'abandonner définitivement les 4/5 de la Palestine historique), les méthodes
arbitraires de cette même Autorité (dénoncées à diverses reprises par les
organisations palestiniennes des droits de l'homme : al-Haq et la commission
pour les droits civiques),
Le fait qu'au Proche-Orient, si Israël ne peut pas s'affirmer un pays
démocratique (puisqu'il y aura toujours une population n'ayant qu'une " sous-
existence "), tous les pays du voisinage ayant adopté l'islam comme religion
d'État, sont sous le joug du despotisme où les non-musulmans ont souvent un
statut inférieur. Le fondamentalisme islamique Si la dé-sinisation est la
condition primordiale d'une paix lointaine dans une Palestine laïque et
démocratique comme l'avaient proposé l'Organisation socialiste israélienne (le
Matzpen) en 1967 et les Palestiniens dans les années 70 la non-islamisation
est également nécessaire, sans parler de l'évolution de l'Islam lui permettant,
après avoir réintégré une pensée philosophique, d'élargir son horizon
intellectuel et de concevoir une société laïque. La gauche israélienne a
contribué autant, sinon plus, que la droite à la colonisation forcée des
territoires palestiniens. La droite a manifestement le monopole de la
provocation (Ariel Sharon est installé au cœur du quartier musulman) et la
gauche, celui de l'hypocrisie et de la lâcheté (Simon Pérès, membre d'un
gouvernement Sharon !) Le sionisme a sa spécificité comme le communisme
ou le nazisme ont eu la leur. C'est dire qu'il ne peut pas engendrer le même
type d'exactions mais qu'il peut en engendrer d'autres susceptibles de se
révéler aussi terribles pour l'humanité. Penser - comme nombre d'écrivains,
de philosophes, de journalistes, de politiques occidentaux, voire de
Palestiniens et d'Israéliens - que " le processus de paix " sera achevé si un État
palestinien voit le jour à côté de l'État juif relève d'un optimisme naïf, fruit
d'une méconnaissance caractérisée et des sources du conflit et de son sens. Ce
conflit ne peut s'éteindre qu'avec la neutralisation de l'idéologie qui le sous-
tend. Disserter chaque jour sur le conflit israélo-palestinien, regretter
publiquement les actes des Israéliens... sans jamais évoquer le sionisme
comme le font certains commentateurs, relève parfois d'une tactique habile
pour servir cette cause. Le plus souvent, il s'agit d'une carence aveugle
analogue à celle qui ferait disserter à perte de vue sur le Goulag en ignorant
le communisme ou sur Auschwitz en occultant le nazisme. Derrière des actes

232 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
faciles à voir par tous, il y a une idéologie inspiratrice. Les journalistes et les
commentateurs font volontiers un parallélisme entre les fautes des Israéliens
et les fautes des Palestiniens, entre les responsabilités des premiers et celles des
seconds, les deux parties belligérantes étant renvoyées dos-à-dos. C'est
ignorer, ou feindre d'ignorer, qu'il y des colons et des colonisés, des occupants
et des occupés, des oppresseurs et des opprimés, des forts et des faibles, des
bourreaux et des victimes, des citoyens israéliens de première zone et d'autres
de seconde zone, toutes oppositions sous-tendues par une idéologie
implacable. L'expression d'État juif suscitée par l'idéologie sioniste, entérinée
par les Nations Unies en 1947,
Développée en Israël avec l'appui d'une partie notable des communautés
juives occidentales, répétée machinalement par tout un chacun, lie
obligatoirement le judaïsme à une entreprise dès maintenant désastreuse.
Comme ce fut le cas du christianisme après quelques-uns de ses errements, Le
judaïsme, dans son entreprise territoriale au mépris de sa vocation spirituelle,
ressortira obligatoirement sali, et de façon durable, de ce genre d'expérience
qui " ronge et corrompt la pensée juive ". Pour certains auteurs juifs d'esprit
libre, c'est l'expression d'" Etat sioniste " qui, en dissociant le sionisme du
judaïsme, peut préserver l'honneur présent et futur de celui-ci. Si le nazisme
n'était porté que par une petite clique pensante de théoriciens allemands suivis
par des exécutants, allemands ou non, dont un grand nombre étaient
sommairement brutaux, le sionisme, quant à lui, est porté par une multitude
de groupes appartenant à de nombreux pays mobilisant à la fois une énergie
intellectuelle incomparable, une opiniâtreté impressionnante et une puissance
financière considérable : sa nuisance est, de ce fait, bien plus complexe que
celle du nazisme, plus complexes aussi les armes pour le neutraliser Nombre
d'associations, En France notamment, ont refusé de recevoir de l'Allemagne
fédérale toute compensation financière pour les souffrances endurées par les
déportés sous le régime nazi. Les sionistes n'ont pas eu ce sens de l'honneur :
non seulement ils ont accepté les compensations proposées mais ils n'ont cessé
depuis cinquante ans - notamment les sionistes américains et leurs toutes
puissantes organisations - de harceler et de pressurer les Allemands pour en
obtenir toujours plus d'aides destinées à Israël. Face à l'idéologie communiste
et à ses crimes, l'aveuglement d'une partie notable de l'intelligentsia,
intelligentsia française notamment, est bien connu. Mais que dire des propos
d'Elie Wiesel (prix Nobel de la Paix) face à l'idéologie sioniste : " Il y a un
État, et il est différent de tous les autres. Il est juif, et pour cela il est plus
humain que n'importe que n'importe quel autre " (Kanzas City, 1970) " J'ai
juré de ne jamais me taire lorsque des êtres humains sont persécutés ou
humiliés " (en 1986 lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix)
" Nous soutenons Israël, et nous remarquons que la violence lui a été imposée

233 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
malgré lui par l'intransigeance du dirigeant de l'Autorité palestinienne " (lors
de l'Intifada 2000 Jérusalem est le rêve de nos rêves, la lumière qui illumine
nos moments les plus sombres. Sa légitimité réside dans sa souveraineté "
Tous les habitants d'Israël/Palestine : juifs, musulmans, chrétiens... ont droit
de vivre en paix mais il faut bien voir qu'un État sioniste, comme pourrait
l'être tout autre État à base théocratique : islamique, chrétien. n'est pas
compatible avec cette paix. Espérer la disparition de l'État d'Israël en tant
qu'État juif par sa transformation radicale en l'État de ses citoyens n'est qu'une
espérance de démocrate.
Les Lois de la Terre promise à un Peuple élu et celle de la race qui guident les
sionistes - comme celles de la Charia qui guident les islamistes - avec les
désastres auxquels elles conduisent, sont des exemples particulièrement
caractéristiques de la puissance des mythes dans leur versant maléfique.
Yahvé..., Allah..., à côté de certains bienfaits, " que de crimes auront été
commis en leur nom ! Arrêter des Palestiniens coupables ou suspects de
terrorisme, les emprisonner puis les faire passer en jugement devant les
magistrats d'un Tribunal selon la pratique des pays civilisés serait
particulièrement facile pour les Israéliens. Mais ces procédés demandent
beaucoup de temps, beaucoup d'énergie et partant beaucoup d'argent. De plus
ils ne sont pas discrets.... Face à la faiblesse et à la lâcheté traditionnelle des
dirigeants occidentaux, les dirigeants israéliens &endash; devenus des maîtres
incontestables en matière de terrorisme d'État - ont choisi une méthode plus
astucieuse, plus rapide, plus économique, plus efficace, plus silencieuse et
assurée de l'immunité : décider entre ministres, autour d'une table, d'éliminer
simplement les adversaires avec une arme de guerre. L'événement n'est plus
qu'un fait divers insignifiant : quelques lignes d'un journal, quelques secondes
de lecture et l'oubli assuré ! Les armes les plus redoutables des Israéliens ne
sont pas les fusils, les chars, les avions ou les missiles... À côté de cet arsenal
destiné à " faire saigner " les corps, il y en a un autre bien plus redoutable et
plus difficile à contrer : L’arsenal dialectique qui, avec une exceptionnelle
habileté, " pollue " le discours des médias, subjugue les politiques et
anesthésie les auditeurs. Les élites intellectuelles et politiques se sont
largement déconsidérées et fourvoyées au XXe siècle : en Allemagne, elles ont
largement contribué à l'épanouissement de l'idéologie nazie, en France, elles
ont " gobé " avidement l'idéologie communiste et ne se sont guère manifestées
dans la Résistance. Face au Verbe sioniste bien plus puissant que le Verbe
hitlérien ou communiste qui ne secrétait qu'une propagande primaire, il ne
faut pas être surpris si la plupart des élites d'aujourd'hui se trompent dans une
parfaite bonne conscience ou si, attentistes et poltronnes, elles " restent dans
leur coin ". La collusion du pouvoir religieux et du pouvoir des armes a fait
des ravages considérables dans les nations chrétiennes, mais que dire de la

234 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
collusion des religieux juifs et de l'armée israélienne en Israël/Palestine !
Toutes les traditions religieuses, tous les peuples, à l'instar des individus, sont
porteurs de quelque tare les incitant à développer des sentiments de supériorité
dans un domaine ou dans un autre. Le judaïsme, en s'attribuant à la fois la
découverte du " vrai dieu " (pour les croyants, l'invention suprême près de
laquelle les autres inventions ne font que pâle figure) et la parole de ce Dieu
lui donnant en toute propriété un territoire déterminé de la planète-terre, a
trouvé là une raison de domination,
D’autant plus que le mythe s'est vu conforté et légitimé par le christianisme.
Cette tare héréditaire du judaïsme est un des fondements de l'idéologie
sioniste. " Qui eût pu penser à la fin de la seconde guerre mondiale, qu'après
les siècles d'humiliation et de déni, l'affaire Dreyfus, le ghetto de Varsovie,
Auschwitz, les descendants et héritiers de cette terrible expérience feraient
subir aux Palestiniens occupés humiliations et dénis ? Comment comprendre
le passage du juif persécuté à l'Israélien persécuteur ? " (Edgar Morin -
Bulletin du Centre International de Recherches et Études transdisciplinaires
février 1998) Ce n'est pas parce que les sionistes israéliens et leurs complices
occidentaux sont gravement coupables qu'il s'agit de minimiser les souffrances
dont leurs ancêtres ont été massivement victimes dans le passé, et dont eux-
mêmes sont victimes chaque jour dans l'État d'Israël. Il s'agit de comprendre
les données religieuses et culturelles - issues du judaïsme et exaltées par le
sionisme - conduisant aux antagonismes mortifères et les pérennisant. À
propos de l'Irlande et des Britanniques, un personnage éminent du judaïsme a
pu dire avec justesse à propos d'Israël : " Un pays qui en opprime un autre
forge ses propres chaînes ". Il faut bien voir que si la situation des occupés
palestiniens n'est pas enviable, la situation des occupants israéliens voués et
condamnés à la répression peut, quant à elle, être considérée comme
impossible. Dans leur très grande majorité les premiers conservent leur dignité
d'hommes, les seconds, par leur activisme, leur complicité ou leur passivité, y
perdent leur âme. Qu'est-ce que l'État d'Israël ? Si on veut aller à l'essentiel,
on peut dire qu'il s'agit d'une entreprise-ghetto tout à fait classique : Par son
inspiration biblique (avec le mythe de l'Élection divine et par la loi du sang
portant la notion de " race " Par sa motivation : la protection vis-à-vis des
non-Juifs vus comme potentiellement hostiles. Par le type de société
engendrée : une société-élite violente à l'égard des non-Juifs par l'hostilité
réactionnelle de ceux-ci. Elle diffère des ghettos précédents avant tout par le
fait qu'elle concerne toute une région ; que sa violence a changé de forme et
qu'elle a été créée avec l'appui d'une communauté de nations subjuguées par
un lobby puissant et habile. Les nazis ont trouvé en certains Français (ou autres
nationaux des pays occupés) des collaborateurs qu'ils ont jugés dignes, au-delà
des différences natives, d'être totalement intégrés dans leurs rangs et d'être "

235 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
élevés " à leur niveau; les sionistes, quant à eux, ont des collaborateurs arabes
qui, malgré tout leur dévouement, ne seront jamais dignes de devenir
Israéliens à part entière : ils ne seront jamais que des non-Juifs. Les
colonisateurs des siècles passés considéraient et les indigènes et le sol conquis
comme des richesses nouvelles à exploiter ; pour les sionistes, colonisateurs
d'un genre nouveau, la seule richesse est le sol, les indigènes sont en trop: il
ne s'agit pas de les exploiter mais de prendre leur place et si possible de les
expulser.
Ce qu'aucune colonisation n'avait jamais réalisé, la " folie " sioniste l'a fait en
1947: transformer d'un coup magistral des centaines de milliers d'habitants de
Palestine en étrangers définitifs dans leur propre pays. La revendication d'un
État pour les Palestiniens, le militantisme de certains Israéliens sionistes (tels
que ceux de "La paix maintenant") en faveur de cet État représente une
tactique... Cette tactique est la seule qui permette présentement " de faire
quelque chose " et de mobiliser les nations et l'ONU. Mais elle ne doit pas
occulter la seule stratégie susceptible d'apporter un jour la paix, à savoir l'union
des démocrates (par définition antisionistes) de Palestine/Israël et d'ailleurs
pour un État unique, laïc et démocratique. Si la Shoah tient une grande place
dans les médias occidentaux, il convient de ne pas être dupe quant aux raisons
sous-jacentes au phénomène. À côté de celles qui relèvent du devoir
élémentaire de mémoire, il y a celles de la Shoah business et de L'Industrie
de l'Holocauste : Brandir la menace d'un retour du nazisme - alors que
l'Histoire ne se répète pas disserter sans cesse sur le passé (où des Juifs furent
victime) pour occulter le présent (où des Juifs se font persécuteurs et
asservisseurs) culpabiliser les occidentaux notamment les Allemands pour en
récolter le maximum de " dividendes ". Qu'il est pathétique et dramatique de
voir tant d'organisations juives utiliser une incommensurable énergie à base
de soupçon permanent pour débusquer toute trace du racisme anti-juifs chez
les Occidentaux, alors qu'elles adhèrent, cultivent et transmettent cette notion
de " race " à la base de ce qu'elles pourchassent ! Comment leur échec ne
serait-il pas à la mesure même de leur application ? Que des rabbins aient
promu, il y a quelque deux millénaires, une loi de type racial avec marquage
dans la chair était dans la logique du temps : l'esclavage, basé sur l'existence
d'espèces humaines inégales, était alors tout à fait banal et devait le rester
encore de nombreux siècles. Mais que cette loi, qui pollue le judaïsme et tout
discours sur les Juifs, soit toujours en vigueur au XXIe siècle l'est moins !
Dénoncer les tares du judaïsme ayant permis l'avènement du sionisme ne doit,
ni occulter les tares spécifiques de l'Islam, dont la doctrine engendre aussi un
intégrisme violent et semble incompatible avec la simple démocratie, ni
occulter ce qui, dans ces traditions religieuses, a constitué des apports positifs.
Quels que soient les ressentiments qu'un démocrate peut nourrir envers

236 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'idéologie sioniste issue du judaïsme et envers sa réalisation israélienne, ils
ne justifieront jamais le racisme antijuif (l'" antisémitisme "). L'opposition
déterminée envers un rejeton pervers du judaïsme et envers ses hérauts, si
nombreux soient-ils à notre époque, doit savoir raison garder...

Trois dates-catastrophes pour l'humanité sont destinées à émerger du


XXe siècle 1917 : la Révolution russe et le triomphe du communisme,
1933 : l'avènement d’Hitler et le triomphe du nazisme, 1947 : la création
de l'État d'Israël par l'ONU et le triomphe du sionisme. Au Proche-Orient,
où sévit l'idéologie sioniste, une paix durable ne peut être, ni le fruit d'un
processus démocratique et pacifique au sein de l'État d'Israël, ni le résultat
d'un traité entre les dirigeants des deux parties comme cela est habituel entre
ennemis " ordinaires ". Ici, elle ne peut résulter que d'un affrontement entre
les sionistes et les antisionistes : si les Nations Unies, et notamment les
Nations occidentales, reconnaissent leurs erreurs, reviennent sur leur
aveuglement et leur faiblesse traditionnels et usent à l'égard d'Israël des
moyens de coercition dont ils disposent pour imposer le respect du droit
international et pour promouvoir l'avènement d'une société démocratique cet
affrontement peut certes être très long, mais il peut se limiter à la région
concernée et être relativement pacifique. Si tel n'est pas le cas, le conflit se
terminera obligatoirement par un drame qui, compte tenu des moyens
modernes et futurs de destruction, risque d'être pour l'humanité et notamment
pour la communauté juive du Proche-Orient aussi terrible que celui provoqué
par le nazisme.
Israël et Palestine Depuis le plan de partage de la Palestine voté par les
Nations unies en 1947, les frontières de l'Etat d'Israël ont beaucoup évolué au
gré des guerres israélo-arabes, des armistices et des traités de paix. Israël
partage ses frontières avec le Liban au Nord, avec la Syrie au Nord-est, avec
la Jordanie et la Cisjordanie à l'Est, et avec l'Égypte et la bande de Gaza au
Sud-ouest. Il possède un littoral sur la mer Méditerranée à l'Ouest et dans le
golfe d'Aqaba qui ouvre sur la Mer rouge, au Sud.
Situation géographique d’Israël au Proche Orient
Au début du XXe siècle, principalement
à cause de l'antisémitisme, certains Juifs
ont considéré que la meilleure manière de
lutter contre le racisme serait de fonder
leur propre État sur les terres où avaient
vécu leurs ancêtres 2000 ans plus tôt. Ces
Juifs se rassemblèrent au sein du

237 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
mouvement sioniste, fondé par le journaliste autrichien Théodore Herzl, pour
créer un État en Palestine.
La fondation de l’Etat d’Israël
Le mandat britannique sur la Palestine Après la Première Guerre mondiale
(1914-1918) et la victoire des Alliés, le pays était administré par le Royaume-
Uni. La célèbre déclaration d’Arthur Balfour (ministre des Affaires étrangères
britannique) de 1917 constitue la première étape de la création de l’Etat
d’Israël en favorisant l’établissement d’un « foyer national pour le peuple juif
» en Palestine. La population arabe qui vivait en Palestine avait aussi des
aspirations nationalistes et n'accueillit pas chaleureusement les immigrés
juifs. Très rapidement, Juifs et Arabes ont combattu les uns contre les autres
et se sont tous deux opposés aux Britanniques. Entre 1936 et 1939, les Arabes
se sont révoltés contre les Anglais en vue d'obtenir leur départ du pays. Ces
derniers ont durement réprimé la révolte. Près de 5000 Arabes palestiniens
furent tués, beaucoup furent arrêtés et jugés, certains furent exécutés et leurs
leaders politiques exilés.
Les conséquences de la Shoah Suite à la Seconde Guerre mondiale (1939-
1945) et au drame de la Shoah (extermination de six millions de Juifs en
Europe), le monde voulut « réparer » l'horreur qui avait été commise contre
les Juifs et accepta de leur donner la souveraineté sur une partie de la
Palestine. Les Palestiniens et tous les Arabes du Moyen-Orient s'y opposèrent,
estimant qu'ils n'avaient pas à payer pour un crime commis par les nazis en
Europe.
Le plan de partage de l’ONU
Le 30 novembre 1947, la Grande-Bretagne transfère à l'Organisation des
Nations Unies l'autorité sur la Palestine. Cette organisation décide de partager
ce territoire entre un État juif et un État arabe. Le 29 novembre 1947, le plan
de partage de la Palestine est voté par l'Assemblée Générale de l'ONU, à New
York. Ce plan, destiné à résoudre le conflit entre Juifs et Arabes à propos du
mandat britannique sur la Palestine, marque la fin de ce mandat sur la
Palestine et propose le partage du territoire entre deux États, l'un juif, l'autre
arabe, en plaçant Jérusalem sous contrôle international. Le 14 mai 1948, la
naissance d’un Etat Juif, nommé Etat d’Israël, est officiellement proclamée.
Une succession de guerres israélo-arabes- La première guerre israélo-
arabe de 1948 à 1949 Les Etats arabes rejettent le plan de partage de l’ONU
et entrent en guerre contre Israël. Le plan de partage de l’ONU ne satisfait ni
les uns ni les autres, et déclenche une guerre civile, qui devient une guerre
internationale. La Jordanie, l’Égypte, la Syrie, le Liban et l’Irak envahissent
la Palestine. L’armée israélienne, mieux équipée et mieux organisée, sort
victorieuse de cette guerre israélo-arabe. Près de 750 000 Palestiniens doivent
s’exiler. Les réfugiés palestiniens d'aujourd'hui sont leurs descendants. Suite

238 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
à cet épisode, de nombreux Juifs émigrèrent vers Israël : à ceux qui avaient
survécu à la Shoah s'ajoutèrent ceux qui furent chassés des Etats arabes où ils
vivaient depuis des siècles. Les Etats arabes devinrent en effet hostiles à la
population juive suite à la guerre civile israélo-palestinienne.
Évolution des territoires israéliens et palestiniens entre 1947 et 1949

Suite à la guerre israélo-arabe de 1948, les frontières ont évolué. L'ONU et la


plupart des pays occidentaux reconnaissent ces frontières, contrairement aux
pays arabes et musulmans. L'État juif qui s'est imposé en terre de Palestine
est sensiblement plus grand (55 %) que le nouvel Etat palestinien (45%). Il
possède l'essentiel des terres cultivables, et une grande partie de l'industrie de
l'ancienne Palestine. Le 11 mai 1949, l’Etat d’Israël devient membre de
l’ONU. 1956 : crise du canal de Suez Les forces franco-britanniques
s’associent à l’armée israélienne contre l’Egypte dans le but de récupérer le
canal de Suez. Grâce à la menace de son allié russe et suite à l’intervention
des Etats-Unis, l’Égypte sort vainqueur de la crise. Entre 1949 et 1956, les
Palestiniens mènent des actions de guérilla contre les Israéliens, ce qui
provoque de sanglantes ripostes israéliennes. En 1956, le canal de Suez qui
appartenait en partie aux Français et aux Britanniques est unilatéralement
privatisé par le président égyptien Nasser. La France et le Royaume Uni
s’associent alors avec Israël pour attaquer l’Égypte et récupérer le canal.
Alors que l’armée israélienne envahit Gaza et le Sinaï et arrive dans la zone
du canal, l'URSS met un terme à l'offensive en menaçant la France, la Grande-
Bretagne et Israël d'une riposte nucléaire. Les Etats-Unis interviennent alors
à leur tour pour mettre un terme à la crise, en exigeant le retrait des forces

239 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
occidentales et en exerçant des pressions contre le gouvernement britannique.
Afin de restaurer la paix, l'Assemblée générale des Nations Unies envoie sur
le terrain la Force d’urgence des Nations Unies dont le but est de remplacer
les forces franco-britanniques.
L’Égypte sort finalement victorieuse de ce conflit et décide l’expulsion de la
communauté juive égyptienne qui se réfugie principalement en Israël.
Juin 1967 : la Guerre des Six Jours Israël prend de court l’Egypte qui se
préparait à l’attaquer avec ses alliés. La victoire israélienne, après seulement
six jours de combat, permet d’occuper un grand nombre de nouveaux
territoires. L'Égypte veut prendre sa revanche contre Israël et se prépare à
attaquer avec l'aide de ses alliés jordaniens et syriens. Les Israéliens
déclenchent alors une guerre qu'ils remportent en six jours et qui leur permet
de conquérir de très importants territoires, dont le désert du Sinaï jusqu'au
Canal de Suez et ce qu'on nomme aujourd'hui les Territoires occupés (la
Bande de Gaza, la Cisjordanie et le Golan). 300 000 Palestiniens qui vivaient
dans ces terroitoires sont chassés et les autres doivent accepter l’occupation
israélienne. De plus, en annexant Jérusalem-Est, Israël fait de "Jérusalem
réunifiée" sa capitale "éternelle et indivisible". Cette annexion n'est reconnue
par aucun pays car elle est contraire aux résolutions de l’ONU. En réaction à
cette annexion, Yasser Arafat fonde l'OLP, l'Organisation de Libération de la
Palestine, et mène la lutte armée contre Israël. D'autres organisations
palestiniennes se joignent à lui. Ensemble, ils mènent des attaques en Israël
et partout dans le monde contre ceux qui soutiennent ce pays. Ces attaques
terroristes provoquent des représailles israéliennes contre leurs auteurs et les
camps de réfugiés palestiniens répartis dans les pays voisins.
La Guerre du Kippour 1973 :
L’attaque surprise de l’Egypte et de la Syrie le jour de Yom Kippour permet
d’entamer de réelles négociations entre les deux pays, qui se solderont en
1979 par les accords du Camp David. Le jour de jeûne de Yom Kippour2,
jour férié qui coïncidait cette année-là avec la période du Ramadan, l'Égypte
et la Syrie attaquent Israël par surprise dans la région du Sinaï et sur le plateau
du Golan. Cette attaque se solde cependant par un échec. Le 22 octobre 1973,
le Conseil de Sécurité des Nations Unies appelle à un cessez-le-feu immédiat.
Il invite Égyptiens et Israéliens à entamer des négociations. Ceux-ci
s’accordent sur un échange de prisonniers de guerre et sur la localisation des
postes de surveillance israéliens. Au cours de l’année 1974, les Israéliens
acceptent peu à peu le retrait de leurs troupes dans la partie ouest du canal de
Suez. A long terme, ces négociations aboutiront à la signature des accords du
Camp David (en 1978 et 1979). Au terme des négociations, l’Egypte
reconnaît Israël et s’engage à des relations diplomatiques normales. En
contrepartie, Israël restitue la région du Sinaï à l’Egypte. Anouar Al-Sadate,

240 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le président égyptien et Menahem Begin, le Premier ministre israélien,
reçoivent le prix Nobel de la Paix en 1982 pour cet acte de réconciliation.
Évolution des territoires israéliens et palestiniens depuis les guerres de
1967 et 1973

1982 : guerre du Liban


L’armée israélienne entre au Liban pour vider le pays des membres et
partisans de l’OLP et mettre fin au nationalisme palestinien. Suite à la
tentative d’assassinat de l’ambassadeur israélien, Shlomo Argov, à Londres,
le 3 juin 1982, par un activiste palestinien, Abou Nidal, l’armée israélienne
bombarde les camps de l’OLP situés au Liban, bien que l’organisation Yasser
Arafat n’ait rien à voir avec cet attentat. L’OLP réplique par des tirs de
roquettes dirigés vers le Nord d’Israël. Le 6 juin 1982, Israël lance l’opération
« Paix en Galilée ». Il s’agit de l’invasion du Liban par l’armée israélienne
dans le but de vider le pays des membres et partisans de l’OLP et d’en finir
ainsi avec le nationalisme palestinien. Les troupes de la Tsahal, l’armée
israélienne, franchissent les portes de Beyrouth à peine une semaine après le
lancement de l’opération « Paix en Galilée ». Les bombardements israéliens
touchent surtout le sud de la capitale où se trouve la majorité des fedayin
palestiniens. Le 21 août 1982, l’OLP quitte le Liban sur des navires de la
Marine nationale française, suite à un accord américain. Les phalangistes
chrétiens libanais profitent de cette occasion, avec la complicité de l’armée
israélienne, pour massacrer les civils des camps palestiniens de Sabra et
Chatila, restés sans protection. En mars 1982, le retrait des troupes
israéliennes du Liban est décidé après une intervention des Etats-Unis.
Décembre 1987 : première Intifada
La première Intifada est un mouvement de révolte populaire dirigé contre
l’armée israélienne. Elle conduit la communauté internationale et la

241 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
population israélienne à prendre conscience de la question palestinienne et
permet d’entamer des processus de négociation avec les Palestiniens.
Jeune Palestinien face à un tank israélien
L'Intifada, qui signifie "soulèvement" en arabe, est
une insurrection populaire. Elle est également appelée
la « révolte des pierres » pour souligner la différence
de moyens entre les Palestiniens, qui ne disposaient
pour ainsi dire d'aucun armement et les Israéliens,
équipés d'une armée moderne, avec avions et chars.
Elle a éclaté à Gaza le 9 décembre 1987, quelques mois
après le vingtième anniversaire de l'occupation israélienne, suite à un accident
de circulation mortel impliquant un camion israélien et une voiture
palestinienne. Le mouvement de révolte, qui a débuté par une grève générale
à Gaza, s'est rapidement étendu à l'ensemble des Territoires Occupés
palestiniens. L'Intifada a été un mouvement uni et coordonné bien plus
important que les soulèvements précédents : elle a duré plus de quatre ans et
s’est exprimée entre autres sous forme de manifestations et de
rassemblements qui ont mobilisé toute la population palestinienne. Jeunes et
aînés, réfugiés, ouvriers, paysans, commerçants et intellectuels y ont
participé. Terme arabe qui signifie « celui qui se sacrifie pour quelque chose
ou quelqu’un ». Les Fedayin sont de petits groupes de commando palestiniens
qui ne reconnaissent pas Israël et qui s’y opposent par les armes. Sur le plan
international, l'Intifada et sa répression par les forces d'occupation
israéliennes ont provoqué une véritable prise de conscience de la question
palestinienne tant par la population israélienne elle-même que par la
communauté mondiale. L'opinion publique à travers le monde entier a été
choquée par la répression violente de la révolte palestinienne par l’armée
israélienne. Avec les milliers de morts et de blessés au cours du conflit, les
centaines de logements détruits, la fermeture de tout le système
d'enseignement et l'interdiction de cours alternatifs pendant deux ans, les
couvre-feux prolongés et la mise en détention administrative de dizaines de
milliers de personnes, l'armée israélienne se discrédite par sa violence aux
yeux de l’opinion occidentale. Après la signature des Accords d’Oslo (1993)
et l’établissement d’une Autorité Palestinienne (1994), la première Intifada
prend fin. Cependant l'occupation, l'expansion des colonies israéliennes et
l'échec des négociations de Camp David en juillet 2000 entraînent l'éclatement
de la deuxième Intifada, également connue sous le nom d’Intifada Al-Aqsa,
le 28 septembre 2000.
1993-1994 : Les Accords d’Oslo en 1992, Le Premier Ministre israélien,
Yitzhak Rabin et le président de l’OLP, Yasser Arafat entament une

242 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
discussion grâce la médiation de la Norvège. Les négociations débouchent
sur les accords de paix d’Oslo. Lors de la guerre du Golfe (1991-1992),
Les États-Unis avaient promis à Israël l'ouverture de négociations pour régler
l'ensemble des problèmes du Proche-Orient et du Moyen-Orient à la condition
qu'Israël ne réponde pas aux provocations de l'Irak (l’envoi de missiles sur
Israël). L’armée israélienne ne réagit pas aux attaques de l’Irak. À la fin de la
guerre du Golfe, les Américains commencent les négociations à Madrid et à
Washington mais le parti nationaliste israélien, le Likoud, en ralentit le
processus. En 1992, Yitzhak Rabin, travailliste, devient Premier Ministre en
Israël. Parallèlement aux négociations de Madrid, il négocie avec l'OLP avec
l’aide de la Norvège. Ces discussions secrètes aboutissent à un accord sur les
régions de Jéricho et de Gaza, qui obtiennent leur autonomie grâce à un
gouvernement composé d’une autorité intérimaire palestinienne et d’un
conseil élu. Ce sont les Etats-Unis qui ont organisé la signature du traité. Les
Accords d'Oslo ou Accord de Jéricho-Gaza du 13 septembre 1993 ont été
signés à Washington en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre
israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l'OLP et de Bill
Clinton, Président des Etats-Unis, pour poser les premières pierres d’une
résolution du conflit israélo-palestinien. Les accords d'Oslo ont pour objectif
d’établir la paix entre Israël et les Palestiniens. Cette paix prendra fin en 2000
au moment du déclenchement de la seconde Intifada.
La célèbre poignée de main du 13 septembre 1993 devant la Maison
Blanche après la signature des accords de Washington qui engagent les
premières négociations des accords d’Oslo :
De gauche à droite : le Premier ministre
israélien Yitzhak Rabin, le Président des
Etats-Unis Bill Clinton, le Président
palestinien Yasser Arafat.
Septembre 2000 : la deuxième Intifada
En 2000, une seconde Intifada éclate.
Celle-ci est sévèrement réprimée par les
Israéliens qui commencent à construire
des murs et des barrières tout autour des
Territoires occupés.La deuxième Intifada
ou Intifada Al-Aqsa, éclate le 28 septembre 2000, après la visite d’Ariel
Sharon, alors chef de l’opposition Likoud, sur l’Esplanade des Mosquées à
Jérusalem. Ce lieu est sacré à la fois pour les Juifs, qui l’appellent l’esplanade
du Temple, et pour les musulmans, car il abrite la mosquée Al-Aqsa. Cette
visite, interprétée comme une provocationentraîne des réactions de colère
parmi les Palestiniens, mécontents à cause de la stagnation du processus de
paix, de l’occupation israélienne et de l’expansion des colonies. Le

243 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
lendemain, la révolte éclate. Les manifestants réclament la fin immédiate de
l’occupation.
De nombreux Palestiniens sont tués. Pour répondre à cette brutalité, l’Intifada
se militarise à partir du début du mois de novembre 2000. Le nouveau
soulèvement est dominé par des actions dirigées contre l’armée israélienne et
les colons israéliens. Des affrontements violents éclatent aux limites des
zones palestiniennes autonomes, près des colonies juives et des postes de
contrôle de l’armée. Alors que la première Intifada était caractérisée par une
mobilisation civile de masse, seule une minorité participe à l’Intifada al-Aqsa,
même si la majorité de la population palestinienne la soutient. Lors de
l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon en février 2001, la répression israélienne
devient plus forte. Des opérations kamikazes sont perpétrées par des militants
palestiniens dans les villes israéliennes. Les Américains tentent de négocier
un cessez-le-feu, sans succès. L’offensive israélienne massive du printemps
2002, ripostant à la vague d’attentats, prend comme cible principale toutes les
structures de l’Autorité Nationale Palestinienne et son chef Yasser Arafat.
L’ensemble des villes de la Cisjordanie est à nouveau occupé, et l’armée
israélienne amorce la destruction systématique des infrastructures et des
cadres de la vie matérielle et sociale des Palestiniens, au moyen notamment
de démolitions, de bombardements, de pillages, d’arrestations massives etc.
L’objectif d’Ariel Sharon est de rendre le leader palestinien Yasser Arafat «
insignifiant » et d’enterrer pour de bon le processus de paix d’Oslo, auquel il
a toujours été opposé. L’Intifada, qui a fait des victimes du côté israélien, a
surtout eu des conséquences extrêmement graves sur la population
palestinienne. Les actions militaires dans les Territoires Occupés, ainsi que
les couvre-feux et les restrictions de liberté ont rendu la vie insupportable
pour toute la population civile palestinienne, bloquant toute la vie sociale,
économique et politique des territoires. Les activités économiques ont
pratiquement cessé, et l’entrée en Israël est interdite pour la plupart des
travailleurs palestiniens. En conséquence, deux des trois millions de
Palestiniens vivent en dessous du seuil de pauvreté, et le taux de chômage
s’élève à 60 %. Un mur, barrière de séparation censée protéger les citoyens
israéliens, est construit en 2002. Il amplifie les difficultés auxquelles sont
quotidiennement confrontés les Palestiniens et rend les contacts entre
populations impossibles.

244 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Le mur de protection, en construction


depuis 2002 Evolution de la situation
depuis les années 2000 Novembre 2003 :
L’initiative de Genève Après l’échec des
négociations de Camp David II en 2000, un
projet d’accord sur la question de Jérusalem
et le cas des réfugiés palestiniens est conçu de
manière non-officielle à Genève.
Suite à l’échec des accords de Camp David de 2000, qui ne proposent pas de
solution quant au statut de Jérusalem, Au problème des frontières et au sort
des réfugiés palestiniens, une initiative de paix est menée à Genève de façon
non-officielle.Un projet d’accord exemplaire est proposé. Les sujets
principaux sont abordés : le partage des territoires, le statut de Jérusalem et le
cas des réfugiés palestiniens. Cette solution est cependant refusée par les
instances officielles israéliennes et palestiniennes.
2005: Evacuation de Gaza par Israël En 2005, Israël se retire de Gaza mais
occupe toujours le territoire cisjordanien. Un plan de démantèlement des
colonies israéliennes établies dans la bande de Gaza est décidé par Israël en
2004. Il a pour objectif d’améliorer la sécurité d’Israël. En 2005, le plan de
désengagement de Gaza est appliqué. Les installations militaires sont
évacuées, les colons israéliens doivent quitter Gaza. Israël y exerce cependant
encore un contrôle sur l'espace aérien, maritime et sur les frontières. La
Cisjordanie est toujours globalement occupée, exception faite des zones
autonomes palestiniennes et des territoires également évacués lors de l'été
2005.
Election du Hamas 2006: Le Hamas, organisation reconnue comme
terroriste par la communauté internationale, remporte les élections à Gaza et
ouvre de nouveau les hostilités envers Israël. A la suite du désengagement
israélien, loin de s'améliorer, la situation des Palestiniens à Gaza a empiré.
Une lutte de pouvoir intense a éclaté entre le Hamas6 et l'Autorité
palestinienne. Le 26 janvier 2006, le Hamas remporte les élections
législatives palestiniennes à Gaza. Les subventions internationales sont
interrompues car le Hamas est reconnu comme une organisation terroriste. La
situation économique se dégrade rapidement. Le Hamas s'attaque aux
Israéliens en tirant des missiles depuis Gaza, ce qui conduit à de violentes
représailles israéliennes.
Guerre au Liban : 2006 Israël attaque le Liban après la mort de trois de ses
soldats et l’enlèvement de deux autres par le Hezbollah. La guerre éclate au
Liban peu de temps après. Elle oppose l’État d’Israël aux combattants du
Hezbollah, groupe politique chiite armé.

245 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En juillet 2006, trois soldats israéliens sont tués et deux sont enlevés par ce
groupe sous prétexte qu’ils s’étaient infiltrés sur le territoire libanais (Israël
affirme en revanche que la patrouille de routine de cette unité avait lieu sur le
territoire israélien). Israël riposte et bombarde le Liban. En quelques
semaines, le conflit dégénère. Il dure 34 jours et se solde par la défaite d’Israël.
C'est la première défaite de l’armée israélienne depuis la création de l’Etat
hébreu. Malgré le cessez-le-feu, la situation est toujours très tendue dans la
région.
Fin décembre 2008 : guerre à Gaza Les dirigeants israéliens décident
d’envahir de nouveau Gaza pour neutraliser les partisans du Hamas et faire la
démonstration de leur force en vue des prochaines élections. L'armée
israélienne attaque de nouveau la bande de Gaza. Le but affiché par les
dirigeants israéliens est de faire cesser les tirs de roquettes tirés depuis Gaza
vers les villes israéliennes les plus proches. Israël espère aussi détruire le
mouvement de résistance du Hamas qui dirige la bande de Gaza depuis les
élections législatives de 2006. Mais le véritable enjeu relève de la politique
interne : la constitution prochaine d'un nouveau gouvernement conduit le parti
au pouvoir à faire démonstration de sa force au nom de la sécurité nationale.
Il profite pour cela de la transition présidentielle aux Etats-Unis : dans ce
contexte électoral, ceux-ci ne sont en effet pas en mesure de jouer leur rôle
habituel de régulateur des conflits au Proche-Orient. Après avoir causé de
nombreux dégâts et plusieurs milliers de victimes, L’armée israélienne se
retire de Gaza quelques heures avant l'investiture présidentielle de Barack
Obama, le nouveau président américain, le 20 janvier 2009.
Attaque de la « flottille pour la paix » 31 mai 2010 : Tsahal attaque une
flottille humanitaire internationale qui était en direction de la bande de Gaza.
Le 31 mai 2010, l’armée israélienne dirige une attaque contre une flotille
humanitaire internationale acheminant des militants, du matériel et des vivres
vers la bande de Gaza. Les échanges entre la bande de Gaza et l’extérieur sont
en effet extrêmement réduits en raison du blocus imposé par l’Etat hébreu,
suite à la prise du pouvoir par le Hamas en 2006. Cette intervention militaire
contre la flottille a fait de nombreux morts et a été condamnée par la
communauté internationale.
*Tsahal : nom de l’armée israélienne, contraction de trois termes hébreux,
Tsva qui signifie armée, Haganah qui veut dire de défense et Leisrael
signifiant d’Israël Cette armée fut fondée en 1948 après la création de l’Etat
d’Israël.
Septembre 2010 : un espoir pour la paix ? Une nouvelle tentative de
réconciliation entre Israéliens et Palestiniens a été ouverte par les Etats-Unis
en septembre 2010 dans le but de parvenir à un accord d’ici un an.

246 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le 2 septembre 2010, un nouveau processus de négociation de paix est
engagé sous l’égide des Etats-Unis, vingt mois après l'offensive israélienne
contre la bande de Gaza. Elles réunissent le Premier ministre israélien
Benyamin Netanyahu, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le
président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas. Ces discussions visent
à parvenir d'ici un an à un accord de paix prévoyant la création d'un Etat
palestinien.
Rencontre à Washington, le 2
septembre 2010
De gauche à droite : le Premier
ministre israélien Benyamin
Nétanyahu, la secrétaire d'état
américaine Hillary Clinton, le
président palestinien Mahmoud
Abbas.
Situation territoriale actuelle au
Proche-Orient
L’inlassable délégitimassions d’Israël
Au printemps 2009 se tenait à Genève la conférence de Durban 2. J’y avais
assisté avec angoisses et crampes d’estomac à un atelier concernant « la
terrible vie des palestiniens victimes de l’oppression sioniste » (sic).
Parmi les participants et conférenciers, se tenaient des syriens, des gazaouïs,
des saoudiens, des palestino-jordaniens, des juifs antisémites canadiens
copains de la Zemor, des suisses et français membres d’ONG de retour de
Gaza après un tour organisé par le Hamas sur les ruines des crimes de guerre,
une allemande néo-new-âge pleurant la mort atroce des palestiniens et
spécialiste d’Israël pour y avoir mis les pieds une fois pendant 5 jours, des
palestiniens diplomates à l’ONU entre autre. Nous étions près d’une centaine.
Ma seule et unique question a été la suivante : « Croyez-vous en une solution
à court ou moyen terme permettant aux 2 peuples de vivre en deux états
voisins en paix et dans la sécurité ? ». La réponse immédiate fusa de la
représentante palestino-jordanienne : « Il n`y aura jamais 2 états. Nous ne
voulons pas de 2 états. Il n`y aura qu`un seul état, binational à majorité
palestinienne dans lequel des juifs seront autorisés à vivre. La Palestine est
occupée par les forces sionistes d`occupation, non seulement sur la rive
gauche du Jourdain, mais ils occupent et colonisent aussi Haïfa, Tel-Aviv,
Ashkelon ». La réponse a eu le mérite d’être claire, directe, sans détour. Je lui
redemandais si elle croyait sincèrement en ce projet et si elle pensait qu`Israël
accepterait cette vision des choses. La seconde réponse fut encore plus
cinglante : « Israël n`a pas son mot à dire. Nous avons arrêté de faire du lobby
pour la solution à 2 états. Nous nous concentrons uniquement sur l`état

247 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
binational (entendre par là une Palestine judenrhein en fait). Nous ne
cesserons pas de démontrer au monde l`illégitimité d`Israël sur cette terre.
Une grande partie de la communauté internationale nous est déjà acquise. Ce
n`est qu`une question de temps et le temps œuvre pour nous. ». S’en sont
suivies 3 heures de lynchage de l`état juif (état nazi, assassins d`enfant,
violeurs, j`en passe et des meilleures, on connait le texte),
responsable de tous les maux de la Terre et plus particulièrement de la
détresse insoutenable que vivent les palestiniens en Judée-Samarie, à Gaza et
en diaspora…’ Heureusement pour moi quelques semaines plus tard je faisais
mon alyah. Je n’ai pas oublié cette expérience d’un dimanche matin et si je
n’avais pas encore compris avant ce jour la dialectique arabe, hors les cameras
et la langue de bois on se lâchait comme Abbas le fait (encore hier dans les
medias égyptiens, considérant le kidnapping de Gilad comme un acte positif).
Lui et ses sbires au moins disent les mêmes choses dans les medias arabes
(que bien sur personne ne traduit dans les medias occidentaux et peu dans les
medias israéliens aussi, faut bien le dire). D’une certaine manière nous tenons
nous aussi un discours tout aussi ambiguë qui consiste (certainement au
travers des pressions internationales, américaines principalement) à tenir le
discours politiquement correct de notre volonté d’une solution à 2 états. Au
fond nous savons tous que cette solution n`est pas viable, est complètement
irréaliste, pas même utopique sachant que les arabes (palestiniens ou pas)
n`achèveront la première phase de leur islamisation planétaire que le jour où
Israël n`existerait plus. Ignorer cela relève de l`imbécilité autant que de la
naïveté. Ce que j`ai entendu et vécu il y a 2 ½ ans arrive bien en effet
aujourd`hui par la grande porte, celle de l`Unesco, donc de l`ONU, (c`est du
pareil au même). Depuis hier donc, ceux qui se qualifient eux-mêmes de
peuple palestinien (bien que nous sachions tous que cela est sans fondement
historique, culturel, géographique, ethnique … etc. ont reçu du monde, mené
par la France entre autre, la validation qu`ils seraient historiquement liés
depuis des millénaires à cette terre qu`ils colonisent. On pourrait en rire si ce
n`est qu`il s`agit bien d`un désastre diplomatique pour Israël. Déjà
décrédibilisé par les lobbies antisémites et antisionistes, voilà que nous
n`allons plus avoir aucune option pour défendre nos sites archéologiques,
notre culture, notre patrimoine car il va, jour après jour, être transféré par
reconnaissance au Fatah, qui via le Wharf se délecte de détruire tout ce qui
pourrait prouver la présence juive pluri millénaire sur la terre d`Israël.
Désacralisation des lieux juifs (tombeau de Rachel et Joseph, Mont du
Temple, Kotel, Massada demain, etc), mais à venir aussi des lieux chrétiens
(Bethleem et Nazareth déjà vidées des chrétiens par l`OLP), on verra d`ici
quelques mois les mosquées dans le meilleur des cas jouxter l`Eglise de la

248 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Nativité, au pire celle-ci être transformée en mosquée. Qui n`a pas compris
l`islam n`a pas compris leur système politique.

L`islam ne considère pas le temps de façon linéaire ou chronologique, mais


de façon circulaire. Pour eux, au centre, il y a D.ieu et à la même distance de
ce centre tout ce qui a existé, existe et existera. Ce qui fait qu’Abraham,
Moise, Jésus ou Mohamed sont à équidistance du centre. Dans cette
conception, l`islam était déjà présent au temps de la Création. Les juifs n`ont
donc bien rien à faire en Israël. CQFD. La marche forcée du lobbying
palestinien commencée il y a 48 ans ne risque donc pas de s`arrêter. (Surtout
avec le soutien de Juppé et du Quai d`Orsay).
Forts de cette victoire, ils vont pouvoir continuer à faire pression sur
l`instance suprême et finiront par demander non plus leur état aux côtés
d`Israël, mais l`état binational en lieu et place, forts de « leurs preuves
historiques validées par l`Unesco », du soutien de pays comme la France par
exemple et en surfant sur l`antiaméricanisme primaire dans le quel flotte cette
planète. La suspension du versement de la participation américaine n`est peut-
être pas la meilleure solution.
La politique de la chaise vide diront certains n`est pas la meilleure. Mais l`acte
est méritant car il démontre les délires irrationnels dans lesquels sont entrés
les instances diplomatiques internationales depuis des décennies et qui ne sont
pas sans rappeler celle de feu la SDN.
Contribuer donc à leur implosion ne pourra qu`être bénéfique pour tous à
terme. (Le terme passant de plus en plus par l`option d`une guerre mondiale
et pas seulement régionale). Nous voilà donc une fois de plus acculés au pied
du mur. Nous n`allons avoir d`autres choix que d`entrer dans un conflit armé,
seul moyen à terme de pouvoir continuer de vivre en tant que juifs et en tant
qu`israéliens. Sera-ce le combat final ?
Tout porte à le croire, d`autant qu`il est fort à croire que les palestiniens
verront arriver des hordes de pacifistes occidentaux avides de tuer les juifs à
bord de leurs flottilles en se prenant pour les brigades internationales de 1936.
Cela n`est pas sans rappeler non plus la prophétie de Gog/Magog : toutes les
nations (ou peu s`en faut), tous les peuples en tous les cas sont allies
aujourd`hui contre nous. Il suffit de lire les comments des internautes. Nous
n`avons fait que reculer depuis 20 ans. Aujourd`hui cela est terminé. Il n`y a
plus d`accords. Il ne peut plus y avoir de négociations, de pourparlers, de
retenues, de compromis ou de cessez-le-feu ni même de paix.
La seule paix qui est offerte à Israël se fera par les armes car c`est ce qu`aura
voulu le monde. A nous de nous préparer pour défendre notre Terre, notre
Peuple et nos vies pour maintenant et à jamais.

249 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Une population de réfugiés


Lus de 75% des habitants de Gaza sont des réfugiés qui ont fui, en 1948, de
zones qui sont à présent Israël. Certains ont eu peur d’être tués par les milices
juives. D’autres ont simplement cherché refuge jusqu’à la fin des combats.
Au total, au moins de 726 000 personnes ont pris la fuite. Malheureusement,
après la guerre, l’état israélien a saisi leurs terres et propriétés.
Nombre d’entre elles ont été rasées pour faire place à de nouvelles villes
israéliennes. Entre-temps, les camps précaires dans lesquels les réfugiés
étaient forcés de vivre à Gaza voyaient leur toile goudronnée remplacée par du
béton, signe qu’ils étaient amenés à durer.
Aujourd’hui, on compte huit camps de réfugiés à Gaza: Beach, Bureij, Deir
el-Bala, Jabalia, Khan Younis, Maghazi, Nuserat et Rafah. Conjointement, ils
représentent près d’un quart de l’ensemble des réfugiés reconnus par
l’UNRWA dans le monde. Ce sont dans ces camps que de nombreux grands
chefs palestiniens ont vu le jour. Le ‘droit au retour’ des réfugiés palestiniens
a été reconnu par les Nations Unies en décembre 1948 lorsque l’Assemblée
générale a adopté la résolution 194. Cette dernière déclare les réfugiés
autorisés à retourner dans leurs foyers ‘à une date aussi rapprochée que
possible’. Pourtant, la population des réfugiés et leurs descendants sont
aujourd’hui estimée à quelques 7 millions de personnes. Les gouvernements
israéliens successifs se sont opposés à leur retour.
Les droits de l’Homme Palestinien
“Depuis 1995, nous travaillons à la question de l’occupation comme si
l’Autorité palestinienne n’existait pas et nous travaillons à la question de
l’Autorité palestinienne comme si l’occupation n’existait pas. ”
Les droits de l’homme sont tels une fleur dans les champs désertiques de
Gaza: délicats, facilement piétinés et soumis au climat politique. Le Centre
palestinien pour les Droits de l’homme (PCHR, selon l’acronyme anglais) est
l’un des quelques groupes à se battre pour l’application des droits universels
dans la Bande de Gaza, que le transgresseur soit israélien ou palestinien. Jaber
Weshah est le directeur adjoint du PCHR. Son parcours personnel est aussi
accidenté que le paysage gazaouite. “J e vis dans le camp de réfugiés de
Bureij, mais ma famille est originaire d’un village appelé Beit Afar la ‘Maison
de la sincérité’ en français près de Ashkelon (une ville au sud d’Israël). Je
suis physicien de formation, mais j’ai choisi de travailler pour le Centre
palestinien des droits de l’homme. J’ai passé exactement 5 261 jours dans une
prison israélienne. J’ai été libéré le 9 septembre 1999. C’est mon chiffre
porte-bonheur. J’ai été condamné à perpétuité pour avoir résisté à
l’occupation israélienne, mais j’ai été libéré 14 ans et demi plus tard. Faisons
un retour dans le temps à une journée d’été en 1974. Mes frères, mes sœurs
et moi-même insistions pour que mon père nous emmène voir Beit Afar. Il se

250 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
montrait réticent à l’idée, mais nous l’avons fait céder. Il nous racontait
souvent des histoires sur la géographie de l’endroit parfois nostalgiques,
parfois plus tristes et nous voulions le découvrir. Mon père a fléchi sous la
pression, et nous nous sommes entassés dans deux voitures. En approchant de
la vallée du prophète Saleh, mon père était désorienté. Rien n’était plus
comme avant: il n’y avait plus de mosquée, plus de maison. Plus rien ne
conformait ses histoires. C’était comme si nous n’étions pas au bon endroit.
C’était très difficile pour lui. Après un petit instant, il a sauté de la voiture et
crié: Bon, cherchez le puits romain!
Tous les enfants ont fouillé les buissons jusqu’à ce que l’un de nous le trouve.
Mon père a accouru, regardé le soleil, s’est orienté, puis a compté ses pas
jusqu’à un arbre. Il l’a attrapé, s’est effondré et évanoui en disant: ‘Notre
maison était là’. Il est resté inconscient un moment. C’est à ce moment que
j’ai décidé de rejoindre le Front populaire de la libération de la Palestine, le
groupe le plus extrémiste de l’époque. Mon vécu comme prisonnier La
question à un million est bien évidemment pourquoi j’ai quitté la résistance
militaire pour les droits de l’homme. En 1993, j’ai été transféré de la prison
de Rafah à une unité de détention d’isolement dans la prison de Beersheba,
pour avoir fait une grève de la faim pendant 20 jours. Je partageais ma cellule
avec Samir Quntar, et nous avons obtenu satisfaction pour la majorité de nos
demandes, telles que des visites prolongées de nos familles. Après une grève
de la faim, vous ne pouvez boire que de l’eau et manger des grains de sel
jusqu’à ce que vous soyez prêts à manger des aliments liquides. Mais les
soldats ne m’ont donné que des repas solides, et j’ai attrapé des hémorroïdes.
Après trois jours, ils m’ont autorisé à voir un docteur. Je l’ai rencontré avec
des menottes et des chaînes aux pieds. Il m’a demandé d’enlever mon
pantalon. Je lui ai demandé: ‘Comment le pourrais-je? Je suis menotté dans
le dos.’ Il m’a répondu: ‘Ce n’est pas mon problème: enlève ton pantalon.’
Mais je ne pouvais pas le faire moi-même. Une infermière originaire de
France ou de Pologne lui a demandé: ‘S’il vous plaît, laissez-moi le détacher
pour qu’il puisse enlever son pantalon.’ Mais le docteur lui a répondu: ‘Non.
C’est un dangereux terroriste. On ne peut pas le détacher.’ Alors, l’infermière
a crié: ‘J’en assumerai l’entière responsabilité, et je le mettrai même par écrit,
si vous le voulez! Vous avez raison! C’était un terroriste, mais c’est
aujourd’hui un prisonnier et, par dessus tout, c’est un être humain.’ Ils m’ont
ramené dans ma cellule, toujours menotté. Mais quand j’ai entendu les paroles
de l’infermière, j’ai décidé de dévouer ma vie à la défense des droits de
l’homme.

251 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme Le Centre palestinien
pour les Droits de l’Homme a été fondé en 1987, mais n’a pris sa forme
actuelle qu’en 1995. Lorsque l’Autorité palestinienne a été créée, mes
collègues ont conclu que les Accords d’Oslo ne s’appuyaient pas
suffisamment sur les droits de l’homme. L’occupation israélienne se
poursuivait. Une perspective basée sur le droit international humanitaire
devait donc voir le jour avec les Conventions de Genève, qui visent à protéger
les personnes en temps de guerre. Un nouvel ordre du jour a dû aussi être
étudié. En effet, après la signature des Accords d’Oslo, l’Autorité
palestinienne a commencé à violer les droits de l’homme en termes de liberté
d’expression et de rassemblement et d’état de droit. La peine de mort est
également devenue un problème majeur.
Après un débat en interne, le Centre palestinien pour les Droits de l’Homme
a pris forme en 1995. Depuis, nous travaillons à la question de l’occupation
comme si l’Autorité palestinienne n’existait pas et nous travaillons à la
question de l’Autorité palestinienne comme si l’occupation n’existait pas.
Les droits de l’homme à Palestine sont violés
Les droits de l’homme violés
La déclaration internationale des droits de l’homme l’arrestation arbitraire.
Elle garantit des droits tels que la liberté de mouvement, d’expression et
l’accès aux soins de santé. Elle énonce également le droit à
l’autodétermination des peuples. À Gaza, cette déclaration est à peine plus
qu’un concept. Selon B’tselem, entre le début de la Seconde Intifada jusqu’à
la guerre de 2008-2009, Les soldats israéliens ont tué plus de 2 187 civils
palestiniens n’ayant pas pris part aux hostilités. On ignore pour quelques 900
autres Palestiniens s’ils participaient ou non aux hostilités.3 Néanmoins, les
tribunaux israéliens n’ont condamné avec des sentences généralement douces
qu’une poignée de soldats pour ces crimes. Selon l’organisation Human
Rights Watch, ‘l’échec du gouvernement israélien à enquêter sur les causes
de décès des civils innocents a créé une atmosphère qui laisse croire aux
soldats qu’ils peuvent littéralement s’en tirer pour meurtre.’ Les Gazaouis ont
également souffert de violations des droits de l’homme de la part des
gouvernements du Fatah et du Hamas. Des groupes de protection des droits
de l’homme affirment que le Hamas a exécuté sans jugement 33 personnes à
Gaza au premier semestre de l’année 2009 et a pratiqué des actes de torture
et des mauvais traitements à l’égard des détenus. L’Autorité palestinienne à
Ramallah est également accusée d’avoir effectué plus de 500 arrestations
politiques sur la même période et d’une augmentation nette des pratiques de
torture lors des gardes à vue. L e Bureau de Coordination pour les Affaires
Humanitaires des Nations Unies (OCHA) à Gaza est chargé de faciliter l’aide
humanitaire. Pourtant, il se trouve de plus en plus impliqué dans le jeu

252 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
politique. Israël ne permettra pas à une aide suffisante de parvenir dans le
territoire et même si elle l’autorisait, le blocus ne fait que souligner la
dépendance des Palestiniens à cette aide. Le mandat de l’OCHA le pousse à
‘défendre les droits des personnes dans le besoin’. Hamada al-Bayari est l’un
des fonctionnaires de l’organisation. “Vous voyez ces lampes de canonnières
israéliennes? Elles sont très proches à moins de 3 kilomètres. Vous voyez ce
tir traçant rouge? Ils tirent des avertissements aux bateaux de pêche. Et vous
entendez ça? C’est une fusillade. Des canonnières israéliennes tirent sur des
pêcheurs qui approchent la limite des 3 miles nautiques imposée. La semaine
dernière, neuf sardiniers ont été fusillés. Et voilà l’origine de tout. Le blocus
israélien.
La mer est une source de richesses importante et une industrie essentielle,
mais nous la perdons progressivement. C’est la saison des sardines.
Auparavant, les gens comptaient sur ces pêches, parce que les sardines sont
nombreuses et bon marché. Mais peu de bateaux prennent la mer et les
sardines sont devenues inabordables. Avant, un kilo ne coûtait que 5 à 10
shekels. Il en coûte 40 aujourd’hui. Seuls les riches peuvent se permettre
d’acheter du poisson à Gaza. Je ne comprends pas comment la sécurité
israélienne justifie son interdiction d’une bonne source de protéines à 1,5
millions de Palestiniens ni en quoi interdire l’accès à la mer protège les civils
israéliens. Les mécanismes de résilience à Gaza s’épuisent, mais la créativité
constante des gens à développer de nouveaux mécanismes pour s’adapter à la
situation est incroyable. 80% des Gazaouis reçoivent de l’aide alimentaire,
mais tous restent aussi dignes que possible. Et malgré les longues files
d’attente pour les rations devant les centres de distribution de l’UNRWA, les
gens se partagent les choses, car c’est une nécessité. Gaza repose sur cette structure
sociale basée sur la famille, qui résiste malgré les désaccords politiques. Sans cette
structure, nous serions tous mendiants ou nous aurions capitulé.
L’occupation et le blocus À l’OCHA, nous essayons, à travers une distribution
stratégique, de nous assurer que les aides contribuent à la reconstruction de
l’état ou de la vie. L’aide est essentielle, mais à elle seule insuffisante. Le
cœur du problème réside dans l’occupation et le blocus. Au lieu de donner un
peu de nourriture et d’argent aux pêcheurs, pourquoi ne pas les laisser pêcher
dans la zone de 20 miles nautiques qui nous est accordée dans les Accords d’Oslo,
plutôt que dans la zone restreinte imposée par Israël? Mais il ne s’agit pas
uniquement de la mer. Depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, Israël contrôle
totalement les points de passage frontaliers. Les pêcheurs gazaouis n’ont plus
assez de moteurs, d’essence ou d’argent pour maintenir leurs activités. Les
fermiers manquent de l’essentiel. Israël décide de ce qui peut entrer et quitter
Gaza, en quelle quantité et pour quelle destination. Israël a décidé que nous ne
devions plus manger de viande rouge, donc depuis 6 mois, les animaux

253 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
d’élevage sont interdits dans nos frontières. Tant que cette situation persiste, la
vie à Gaza ne changera pas. En tant qu’humanitaires, nous nous battons depuis
deux ans avec Israël pour obtenir des matériaux de construction pour reloger des
familles ayant perdu leurs maisons lors d’opérations précédant la dernière guerre
(2008-2009). Les Nations Unies payent des milliers d’indemnités de relogement,
parce que nous n’arrivons pas à terminer deux importants projets de logements.
Les Israéliens adorent le mot ‘humanitaire’ associé à Gaza, mais cette crise
n’est pas une crise de famine. Gaza est vivante. « Les choses pourraient
changer rapidement. Tout pourrait se résoudre. Tout est possible avec
de la volonté. »
Les choses pourraient changer rapidement. Tout pourrait se résoudre. Tout est
possible si la volonté est là. Les fermes, les usines et les industries pourraient toutes
être relancées. Durant la Première Intifada, près de 120 000 ouvriers palestiniens
allaient tous les jours travailler en Israël. Ce chiffre est aujourd’hui nul. Nos
revenus se sont évaporés, mais les denrées sont devenues plus précieuses car nous
avons dû compter sur les tunnels (de Rafah jusqu’en Égypte par lesquels de la
nourriture, des biens et des médicaments passent en contrebande).
Une crise de la dignité La violence dans notre société n’est pas une question de
croyance religieuse ou d’expérience infantile. La violence est l’expression de
l’humiliation vécue en raison de l’occupation. Mais le désaccord entre le Fatah
et le Hamas offre une excuse au monde entier. Comment avoir une solution à deux
états alors que les Palestiniens sont eux-mêmes si divisés? Si le Hamas agit à Gaza,
le Fatah réagit à Ramallah, et inversement. Cela amplifie la crise de respect. Pour
moi, il n’y a pas plus grand crime que l’occupation. Les violations du droit
international humanitaire, avec les problèmes touchant à l’accès à l’aide et à la
reconstruction, la protection des civils, l’emploi et la pauvreté, sont innombrables.
Mais parmi toutes ces violations, le blocus est la pire. Il étouffe Gaza et ronge
nos vies de futilités. Je travaille huit heures par jour au bureau et huit heures
chez moi: à monter de l’eau, à faire la queue pour du pain, à faire la queue
pour du pétrole. Nous nous battons réellement pour continuer à vivre nos vies,
sans avoir recours à la violence. C’est la raison pour laquelle il est si important
que des diplomates et politiciens se rendent à Gaza. Ils essaient de
comprendre, mais ils échouent, parce qu’ils sont refoulés. La majorité des
diplomates que j’ai rencontrés ont été choqués ou incrédules devant l’ampleur
de la destruction. Ils essaient de rendre compte de la situation au niveau
politique, mais ils n’y sont pas encore arrivés. Les gens sont toujours sous
l’influence du rouleau compresseur de la propagande. Je ne crois pas en la
violence, mais Israël remue ciel et terre quand quelqu’un est blessé dans une
attaque de roquette. Peut-être, l’un des pêcheurs qu’on a vu être pris pour
cible des tirs a été blessé. Personne n’en parlera. En arabe, on dit: ‘Si tu ne
peux contenir ta voix, elle ne sera pas entendue.’ Est-ce du racisme que la

254 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
voix palestinienne ne soit pas entendue internationalement? Oui. Mais en un
mot, je dirais que cette crise porte sur autre chose: la Dignité.
Bouclages et blocus La Bande de Gaza subit des bouclages depuis que son
occupation, en 1967, avec des conséquences sur la liberté de circulation de la
population. Mais, en 1989, après le début de la Première Intifada, Israël a
commencé à appliquer des blocages stricts et de plus en plus réguliers,
N’autorisant l’accès qu’à l’aide humanitaire et aux transactions
commerciales.
Cette politique punitive de bouclage ou blocus total aujourd’hui devenue la
norme a été imposée pour la première fois en 1996 et justifié par Israël pour
des ‘raisons de sécurité nationale. En juin 2007, suite à la prise de pouvoir par
le Hamas dans la Bande de Gaza, Israël a imposé un blocage sans précédent
et d’une durée indéterminée. En conséquence, des quelques 4 000 articles qui
pouvaient pénétrer dans Gaza avant le début du blocus, seuls environ 40 sont
aujourd’hui autorisés. Le blocus a provoqué de nombreuses pénuries des
produits de première nécessité, tels que la nourriture, les médicaments, le
pétrole transformant les coupures de courant en une réalité quotidienne. Les
résidents de Gaza se voient également interdire d’importer des articles tels
que des pièces de rechange, des jouets, des fauteuils roulants, des livres, des
crayons, des articles de bureau, des ballons de foot et des instruments de
musique. L’interdiction de faire entrer des matériaux de construction, tels le
ciment, empêche la reconstruction des milliers de maisons détruites ou
sérieusement endommagées durant la guerre d’Israël de 2008-2009.
La guerre des tunnels
Comment fermer les tunnels de
Gaza.
Au-dessus de Gaza, dans les airs, Israël
fait sa loi. Ses avions, ses hélicoptères
et ses drones patrouillent et font feu à
volonté. Au sol, l'armée israélienne
progresse, tandis que le Hamas est à
l'affût. Mais l'ultime champ de bataille
n'est pas visible du ciel ni au JT. Il est
souterrain. Gaza est criblé de tunnels.
Certains servent à la contrebande,
d'autres au transport d'armes et d'autres encore permettent de se cacher ou de
tendre des embuscades aux soldats israéliens. Selon des estimations récentes,
les passages clés (il y en aurait entre 400 et 600) s'étendent de Gaza à l'Egypte
en évitant la frontière fermée. C'est ainsi que le Hamas se procure des pièces
et des matériaux pour les missiles lancés sur Israël. Selon le Premier ministre
israélien Ehoud Olmert, tout accord visant à mettre fin aux combats actuels

255 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
doit inclure «un blocus efficace» de cette frontière, « avec un contrôle et des
suivis ». Pour faire cesser définitivement la guerre, il faut trouver un moyen
de fermer les tunnels.
Les tunnels de Rafah un moyen vital, mais dangereux et non durable
pour Gaza. Mais une semaine après l’arrivée au pouvoir du Hamas en juin
2007, Israël a annulé notre code des douanes, de sorte que nous ne pouvions
plus commercer avec d’autres.
En septembre 2007, le gouvernement israélien a déclaré que Gaza était ‘une
entité hostile’, mettant ainsi fin aux relations entre nos banques respectives.
Les transactions monétaires entre Israël et Gaza se sont arrêtées, et la crise a
démarré. De moins en moins de shekels entraient à Gaza, mais il nous fallait
toujours 400 millions de shekels par mois pour payer 70 000 employés et
honorer nos engagements envers le secteur privé et les employés de
l’UNRWA. Et, dans le même temps, nous avions une sortie de shekels car les
commerçants israéliens exigeaient des Palestiniens qu’ils paient en avance, et
non plus à crédit comme par le passé. La confiance s’est volatilisée car les
Gazaouis ne pouvaient plus se rendre en Israël et les Israéliens n’étaient pas
certains qu’ils récupéreraient leur argent. Lorsqu’un demi-million de
Palestiniens a envahi l’Égypte, après l’ouverture forcée de la frontière en
janvier 2008, ils ont dépensé 500 millions de dollars sur une dizaine de jours,
principalement en shekels. Depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, les revenus
provenant des redevances, des assurances, de la santé et de la circulation ont
alimenté les caisses du gouvernement Hamas, plutôt que celles de la Banque
d’Etat. Le Hamas a utilisé cet argent pour payer ses fonctionnaires civils. Les
banques sont aujourd’hui vides.
Comment faire? Voici quelques possibilités.
Zone tampon. Israël contrôlait une bande de territoire de 300 mètres entre
Gaza et l'Egypte. C'était insuffisant pour empêcher les Gazaouis de creuser
dessous des tunnels menant à l'Egypte. Et si cette bande était plus large? Cela
augmenterait-il suffisamment le coût des excavations ou la probabilité d'un
effondrement du passage pour dissuader les creuseurs? Les faucons israéliens
souhaitent établir une zone tampon de trois kilomètres de large entre Gaza et
l'Egypte, ce qui rendrait l'ouverture de tunnels bien plus difficile, plus
coûteuse et plus longue. Récemment, les Forces de défense israéliennes
(Tsahal) ont largué des dépliants exhortant les Gazaouis vivant le long de la
frontière à quitter leur maison. Certains experts pensent qu'il s'agit-là d'une
tentative de se servir de la guerre pour élargir la zone tampon. Mais on n'est
pas près de faire accepter au Hamas, à l'Autorité palestinienne ou aux
médiateurs européens, la cession de 3 kilomètres dans le sud de Gaza. Et
encore moins à faire partir de leur foyer les habitants gênants. Mur. Au lieu
d'élargir l'ancienne zone tampon, pourquoi ne pas l'approfondir ? Il y a

256 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
plusieurs années, Israël a tenté de mettre en place un mur en béton et en fer
qui descendait à trois mètres sous terre. L'idée était bonne, mais ce mur s'est
avéré peu efficace, dans la mesure où les tunnels font au moins six mètres de
profondeur. Puis, il y a un peu plus d'un an, deux hauts responsables
américains des départements d'État et de la Défense se sont rendus en Egypte
avec une proposition : construire une nouvelle barrière composée de «pilotis
plantés bien en profondeur».
Mais quand bien même on bâtirait un mur dont la base serait située à une
grande profondeur, les tunneliers sont capables de le transpercer.
Douves. Une barrière en dur installée sous terre risque d'être perforée. Une
autre solution pourrait consister à creuser un obstacle que l'on remplirait
d'eau. Ainsi, celui ou celle qui essaierait de le traverser se... (Disons juste
qu'on préférerait être ailleurs à ce moment-là). L'idée semblait si ingénieuse
que l'Etat hébreu a tenté de la mettre en œuvre il a plusieurs années. Il avait
lancé un appel d'offres pour la construction de douves de 4 kilomètres de long,
100 mètres de large et plus de 24 mètres de profondeur. Coût estimé : près de
200 millions d'euros (250 millions de dollars). Israël avait abandonné ce
projet car l'eau devait provenir de la mer et elle risquait de contaminer la
nappe phréatique de Gaza. Mais l'idée ne cesse de refaire surface. Il y a deux
ans, Israël l'a remise sur le tapis et l'Egypte l'a envisagée. Les responsables
américains qui se sont rendus en Egypte il y a un an l'ont de nouveau
proposée. Même le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas,
fait pression sur l'Egypte dans ce sens.
Tranchée. Si des douves mettent en péril la nappe phréatique de Gaza,
pourquoi ne creuserait-on pas une tranchée vide ? Cela mettrait en danger
toute personne qui tenterait de la traverser. Israël a également envisagé cette
option, lançant un appel d'offres pour la construction d'une tranchée de
5 kilomètres de long et d'une profondeur de 15 à 24 mètres. Les Forces de
défense israéliennes ont même acheté une excavatrice de 100 tonnes venue
du Texas. La largeur de la tranchée était censée mesurer seulement 25 mètres.
Mais Israël a là aussi renoncé à ce projet car il aurait requis la démolition d'au
moins 200 maisons palestiniennes. C'est problématique, mais moins que ce
qu'impliquerait, en termes de démolitions, un élargissement de la zone
tampon. Et étant donné l'alternative actuelle contrebande, bombardements sur
Israël et guerre à Gaza - tout le monde (excepté le Hamas) pourrait décider
que ces démolitions représentent un prix acceptable pour mettre fin aux
combats.
Radar pénétrant (GPR). Si la construction d'une barrière est trop compliquée
ou si cette dernière est inefficace, des capteurs pourraient peut-être faire
l'affaire. C'est comme ça que les États-Unis détectent les tunnels et les
excavations le long de leur frontière avec le Mexique. Dans une présentation,

257 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le mois dernier, le Centre d'ingénierie, de recherche et de développement de
l'armée américaine a évoqué plusieurs méthodes utilisées : dispositifs
magnétiques, résistivité électrique, radars pénétrants, technique
électromagnétique et sismique. Toutes ces méthodes consistent à envoyer des
ondes dans le sol et à identifier les éventuelles anomalies au « rebond ».
Certaines de ces méthodes ne semblent pas adaptée à Gaza. Cependant, les
radars pénétrants pourraient l'être.
Cet outil a été privilégié sur la frontière mexicaine jusqu'à ce que les creuseurs
de tunnels aient découvert ses limites : il est incapable de détecter quoi que
ce soit à plus d'un mètre de profondeur dans de la boue ou à plus de 15 mètres
dans du sable, un sol sec ou de la roche. Dès lors, les tunneliers n'avaient qu'à
trouver le terrain adapté et forer sous la portée du GPR, le mettant ainsi en
échec. Point positif : le sol qui entoure Gaza est sec et sablonneux. Point
négatif : les tunnels de Gaza se trouvent à une profondeur qui dépasse 15
mètres et peut atteindre 18 mètres. Les GPR risquent donc de ne pas être à la
« hauteur ».
Gradiométrie électromagnétique. Ce système pourrait résoudre le problème
de la profondeur. Initialement mis au point pour la zone démilitarisée qui
sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud, il permet de détecter les vides
souterrains en identifiant les anomalies légères des champs
électromagnétiques ou gravitationnels. Les entreprises qui vendent des
gradiomètres électromagnétiques essaient de ne pas en révéler la portée, afin
que ces appareils ne deviennent pas, à l'instar des radars GPR, obsolètes.
Un rapport, qui a été publié, estime leur portée extérieure à environ 46 mètres.
C'est une profondeur supérieure à celle de tous les tunnels connus du Hamas.
Mais ce système n'enlève rien au problème de l'administration. Tsahal a
abandonné, il y a quatre ans, sa bande de territoire à la frontière entre Gaza et
l'Egypte, car il posait de sérieux problèmes en matière de défense. Par
conséquent, qui sera chargé de faire fonctionner ces appareils?
Gradiométrie gérée par drones. L'idée est la suivante : installer des capteurs
sur des véhicules aériens non habités. Il semblerait qu'elle ait été mise à
l'épreuve avec succès au moins une fois sur la frontière entre les Etats-Unis
et le Mexique. Il y a un an, le département américain de la Sécurité intérieure
(DHS) a fait savoir au Congrès qu'il «testait des gradiomètres
électromagnétiques numériques, embarqués sur des avions sans pilotes». Une
présentation préparée par la direction des Sciences et technologies du DHS
montre une escadrille de drones qui utilise la gradimétrie pour repérer les
tunnels. Les drones sélectionnés pour cette mission sont déjà disponibles,
«entièrement autonomes», peuvent voler pendant 10 heures et «échanger des
données dans un rayon de 22 milles marins». Tsahal pourrait aussi modifier
ses propres drones à cet effet. Ainsi donc, Israël n'aurait plus besoin de forces

258 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
terrestres, qui sont des cibles faciles, pour contrôler les tunnels et les
tunneliers. Il pourra les traquer depuis les airs.
Capteurs automatiques. Si on ne souhaite pas faire voler des drones le long
de la frontière, on peut recourir à des capteurs «acoustiques ou sismiques. Ils
fonctionnent sans opérateur et, selon un article qui accompagnait la
présentation de l'armée américaine datant du mois dernier, ces capteurs
peuvent détecter des actions de creusement ou des mouvements dans un
tunnel même dans des conditions où les «GPR et techniques
électromagnétiques ont été déjoués». L'armée a testé sur le terrain un réseau
de capteurs acoustiques enfouis en Irak. Ces essais ont été un «immense
succès», indique l'article. Ce réseau, que l'armée appelle désormais «Système
de détection des activités dans les tunnels», est composé de capteurs enfouis
(des «géophones»), lesquels sont reliés par un câble souterrain et transmettent
des données à un centre d'opérations «via une liaison montante par satellite».
Théoriquement, on pourrait enfouir les géophones le long de la frontière entre
Gaza et l'Egypte, et le centre d'opérations pourrait être basé à Tel-Aviv.
Malheureusement, Israël ne fait pas confiance à l'Egypte s'agissant de la
surveillance des tunnels. L'industrie de défense de l'État hébreu pourrait-elle
mettre au point un système similaire ? C'est déjà fait. Sonic Lynx, une société
dont le siège est situé près de Tel-Aviv, vante les mérites d'une panoplie de
capteurs sismiques et acoustiques déployés sous terre » Qui retransmettent
des données « à un poste de télécommande et d'affichage, où des personnels
de sécurité peuvent visualiser le niveau de la menace ainsi que sa localisation
exacte». Parallèlement, Electro-Optics Research and Development, une
entreprise spécialisée en acoustique et sismologie, basée à Haïfa, a développé
des antennes sismiques capables d'identifier les menaces souterraines. Sonic
Lynx a récemment exercé des pressions sur Tsahal pour qu'elle place ses
capteurs sous la frontière entre Israël et Gaza. De fait, Israël a déjà une
certaine expérience en ce qui concerne l'utilisation de capteurs acoustiques
pour traquer les Palestiniens qui se déplacent dans les tunnels creusés sous la
frontière.
Bombardements statistiques. N'ayant pas réussi à bloquer les tunnels qui
relient Gaza à l'Egypte, Israël les détruit désormais en les soumettant à des
bombardements aériens et en les pilonnant depuis la mer. Certains tunnels
avaient été choisis à l'avance l'armée de l'air israélienne en a atteint 40 en une
seule nuit, mais dans d'autres cas, selon le journal Yedioth Ahronoth,
La Force aérienne israélienne a largué, à 10 mètres d'intervalle, des bombes
de 600 kg équipées d'une minuterie, qui ont détruit "statistiquement" les
tunnels cachés. Si le gouvernement israélien ne parvient pas à conclure un
accord qui lui permet de bloquer les tunnels au moyen de capteurs ou d'une
barrière, il devra peut-être effectuer de nouveaux bombardements statistiques.

259 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Ce qui pourrait impliquer une campagne de bombardements le long de la
frontière tous les trois à six mois, c'est-à-dire la durée nécessaire aux
creuseurs pour terminer de nouveaux tunnels. Une bien sinistre perspective,
mais moins sinistre que ce qui s'est passé récemment à Gaza.

Une subordination économique On ne peut pas comparer l’économie de


Gaza à celle d’Israël. Il n’y a pas de concurrence. Le produit intérieur brut
(PIB) de toute la Bande de Gaza est d’à peine 1 milliard de dollars US –
comparé à quelques 120 milliards en Israël. Le revenu israélien par habitant
est de 25 000 dollars US, Pour moins de 700 dollars ici. La différence est donc
de 30 pour 1. Israël produit des logiciels, armes et médicaments parmi les plus
sophistiqués au monde. Mais le pays a réservé intentionnellement des secteurs
de son économie dédiés à Gaza, tel un homme riche, qui engagerait un
domestique, au prétexte que son temps est plus ‘précieux’. Israël nous
considère comme une arrière-cour économique, bas de gamme, avec une
main-d’œuvre bon marché, qui fabrique des produits de qualité médiocre
qu’ils ne pourraient pas vendre chez eux. Nous sommes ainsi devenus le
deuxième plus gros marché d’Israël après les USA. Un des objectifs de
l’occupation est économique. Quatre millions de Palestiniens dépendant à
90% du marché israélien, avec un panier annuel total de 5 milliards de dollars
US, sans assurance maladie ni normes de qualité, représentent un marché de
consommateurs de taille. Ils peuvent nous vendre ce qu’ils veulent, sans
aucune restriction. Israël a toujours considéré la prospérité économique
comme une voie vers le progrès politique, estimant qu’elle inciterait les
Palestiniens à abandonner leurs aspirations politiques. L’histoire a démontré
le contraire. Nablus et Hébron étaient des villes riches, mais qui ont lutté
férocement contre l’occupation. Les ouvriers gazaouis gagnaient 100 dollars
par jour avant la Première Intifada, mais aucun n’a abandonné ses ambitions
politiques contre un écran plasma de 52 pouces, comme le prédisait le ‘plan
de paix par l’économie’ du Premier Ministre Benjamin Netanyahu. Aucune
prospérité, quelle que soit son importance, n’équivaut à un drapeau national."
L’effondrement économique : Au cours de la dernière décennie, plusieurs
bouclages successifs ont presque totalement détruit l’économie de Gaza.
Entre 1999 et 2003, avant l’actuel blocus israélien, l’économie palestinienne
avait décliné de 38% en raison de la fermeture des frontières, justifiée par
Israël pour des raisons de sécurité. En 2004, 65% de la population de Gaza
vivait en dessous du seuil de pauvreté, défini par l’ONU comme étant de 2
dollars US par jour. En 2009, le même pourcentage de Gazaouis était de fait
sans emploi. La Banque mondiale a défini cette situation comme la plus
profonde récession économique de l’histoire moderne. Les 4,5 milliards de
dollars US d’aide promis par la communauté internationale pour la

260 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
reconstruction de Gaza n’ont toujours pas été concrétisés sur le terrain. En
outre, comme le confirme un rapport de la CIDSE, l’UE tolère les entraves
israéliennes illégales, alors même qu’elles constituent un frein puissant à ses
efforts humanitaires. Elle a même refusé de demander des réparations pour
les 11 millions de dommages de guerre infligés aux infrastructures financées
par l’UE. Pendant ce temps, Gaza attend toujours que ses infrastructures de
base soient réparées. L’économie’ actuelle de la bande de Gaza, en l’état, a
été réduite à un réseau d’une centaine de tunnels reliant la Bande à l’Égypte
via le camp de réfugiés de Rafah. Des quantités énormes de pétrole et de biens
passent clandestinement sous terre, dans des circonstances extrêmement
dangereuses et à des prix dépassant souvent les moyens de la plupart des
gazaouis. S’ils apportent une assistance à court terme, ces tunnels ne sont pas
une alternative viable à l’ouverture des frontières. Omar Shaban a une
expertise de la dévastation infligée à l’économie de Gaza. En tant que
fondateur d’un important groupe de réflexion, Palthink Omar a consigné,
analysé et tenté de contrer les féaux de la pauvreté, du bouclage et du dé-
développent. “On devrait arrêter de parler de l’économie de Gaza. Elle est
inexistante. La zone est totalement fermée. Il n’y a aucune activité économique
et nous dépendons entièrement des aides. 95% du secteur privé est inactif et
quelques 100 000 emplois ont disparu. La production est nulle. Les frontières sont
fermées. Rien n’est importé ni exporté. Personne ne peut voyager. Les hommes
d’affaires ne peuvent pas entrer. Peut-on parler d’économie ? Nous exportions
tellement d’articles des vêtements, des pièces de rechange, des matières plastiques,
des meubles en bois mais les seules exportations autorisées ces deux dernières
années ont été les Fleurs et les fraises, et en très petites quantités. Les matières
premières ne sont pas disponibles. Le secteur de la construction est mort. Il n’y a
aucune maintenance des infrastructures, car il n’y a plus de pièces détachées. La
pauvreté a atteint des sommets vertigineux. Le chômage est passé à 75%. Les gens
ont été forcés d’arrêter toute production. Ils ne produisent plus rien, et cette image
déprimante nous affectera certainement tous pendant au moins 10 à 15 ans.
Gaza dispose de peu de ressources nationales. Nous dépendons donc du
commerce. Avant, nous produisions des services de la main-d’œuvre et des
produits tels que des textiles et des meubles. La liberté de circulation est donc
essentielle à notre prospérité. La situation changerait rapidement si les frontières
étaient rouvertes demain. Mais elles devraient le rester quelques temps, et non pas
une semaine ici et là, pour que Gaza puisse commencer à se ressourcer et se
réactiver.
L’évolution des relations avec Israël Nous avons développé de bonnes
relations avec les commerçants israéliens au cours des 40 dernières années.
En raison de l’occupation, le marché de Gaza est similaire au marché
israélien. Nous savons exactement ce dont ils ont besoin. Notre mentalité

261 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
commerçante et les goûts des consommateurs se sont familiarisés avec les
produits israéliens. Nous pouvons vendre des produits agricoles de luxe tels
que les tomates cerises et les fraises, ou encore les meubles de bambou.
Nous avons produit tellement de petites choses; nous pourrions recommencer.
Ouvrir les frontières nous permettrait d’acquérir les matières premières pour
reconstruire Gaza, raviver son activité et rétablir le cycle économique. Ce
cycle des matières premières-usines-personnes est nécessaire au
fonctionnement de toute économie. Les Palestiniens, en général, sont
intelligents, travaillent dur et ont l’esprit d’entreprise. Des milliers d’entre
nous ont profité de leur emploi en Israël après 1967 pour développer des
compétences. J’étais l’un des ouvriers qui se trouvaient là-bas. J’y ai
découvert leurs voitures, leurs maisons, leur nourriture et leur société. Ils
avaient tellement de choses qu’on ignorait, comme les télécommandes et les
ordinateurs parce qu’Israël était le seul pays du monde à nous fournir des
produits. Nous avons transféré leurs technologies dans notre société. La
moitié des ouvriers palestiniens en Israël travaillaient dans la construction
nous n’avions pas d’autre option et nous sommes devenus compétents pour
mettre en œuvre leurs dernières techniques de construction. Selon moi, Israël
sait très bien qu’avec suffisamment de ciment, nous pourrions reconstruire
Gaza en six mois. Nous avions environ 35 000 employés dans le secteur de la
couture et du textile, qui exportait en Israël. Nos textiles, moins chers et de
meilleure qualité, envahissaient leur marché. Les hommes d’affaires
palestiniens préfèrent traiter avec les Israéliens qu’avec les Égyptiens, car ils
sont plus expérimentés. Notre système bancaire est fortement lié au système
israélien, car l’Accord d’Oslo nous a empêchés de créer notre propre devise.
Nous devons donc utiliser le shekel israélien. Il vaut mieux ne pas tomber
malade à Gaza. La ville manque de médicaments et de ressources, elle est
sujette à des coupures de courant et ses hôpitaux ne sont pas sans risques par
rapport aux attaques militaires. Abu Khusa dirige l’organisation Palestinian
Médical Relief Society (PMRS) dans la ville de Gaza, une ONG qui tente de
panser les plaies ouvertes du secteur de la santé à Gaza et en Cisjordanie. Le
Palestinian Médical Relief Society est une ancienne organisation à Gaza. Nos
bureaux étaient situés tout près du Ministère de l’Intérieur, mais les forces de
l’armée de l’air israéliennes ont bombardé ce dernier une nuit de février 2008. La
bombe était tellement puissante qu’elle a détruit tous les bâtiments voisins, et
notre bureau fut totalement réduit en cendres. Nous avons tout perdu: nos portes,
nos fenêtres, nos ambulances, nos cliniques mobiles, nos ordinateurs et nos
réserves de médicaments. Le bâtiment n’était plus utilisable. Aucun collaborateur
n’a été blessé – le bureau était vide à cette heure, mais un enfant du quartier a été
tué. Il n’avait pas un an. Nos partenaires nous ont aidés à tout recommencer. Sans
leur aide, nous n’aurions plus pu faire quoi que ce soit à Gaza. Nous dépendons

262 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
d’eux. PMRS a été fondé en 1979, alors que nous étions encore directement
sous occupation israélienne.
J’ai quitté la Société de la banque du sang de Gaza pour venir ici. En fait, j’ai
commencé ma carrière en tant qu’inspecteur au département commercial de Gaza
durant l’occupation, mais j’étais également un militant au parti communiste.
J’ai perdu mon emploi quand j’ai été incarcéré pour des raisons de sécurité en
1977. Les Israéliens ne m’ont pas offert de chambre cinq étoiles. Ils m’ont
enfermé dans une petite cellule froide dans laquelle ils jouaient un ‘bruit blanc’
(un son électronique discordant aléatoire de fréquence uniforme) jusqu’à ce
que je perde connaissance. L’objectif était de vous faire oublier qui vous étiez.
Puis, ils vous questionnaient. Quand j’ai été libéré, j’ai essayé de retrouver du travail
en Israël en tant qu’ouvrier agricole, mais les gens ont découvert après trois jours
que j’avais faits de la prison et j’ai été expulsé. Je suis donc entré dans la Société de
la banque du sang, puis au PMRS.
Améliorons les services, changeons les attitudes
Seuls deux hôpitaux étaient actifs à Gaza, et comme ils ne couvraient que les
zones densément peuplées, la majorité des gens ne recevaient aucun service
médical réel. Notre philosophie était de se concentrer sur les systèmes de
prévention; nous donnions donc des cours de premiers secours et nous
lancions des campagnes éducatives sur les problèmes tels que la pression
sanguine et le diabète. Les habitants de Gaza ont quelques très mauvaises
habitudes. Ils mangent très sucré et très gras, comme par exemple le
shawarma, qui est un véritable poison. Nous avons donc diffusé des
informations sur l’importance d’une hygiène alimentaire et les effets néfastes
du tabagisme. Depuis, nous avons fondé quelques cliniques et centres de soins
dans les camps de réfugiés et dans les communautés rurales négligées.
Les Palestiniens entre lutte pour le pouvoir et réconciliation Divers
facteurs ont contribué à ce que les groupes palestiniens divisés entament fin
février des entretiens de réconciliation par l’entremise de l’Egypte et discutent
la formation d’un gouvernement de transition ainsi que d’autres thèmes
comme les élections, Une réforme de l’OLP ainsi que la reconstruction de
Gaza. Dans le contexte de la popularité croissante du mouvement islamiste
en Cisjordanie et dans le monde arabe, Le Fatah s’est visiblement fourvoyé
dans une impasse par son alliance de facto avec Israël contre le Hamas. Le
président Abbas se trouve lui aussi sous une forte pression d’agir au niveau
intérieur. Sa légitimité est de plus en plus remise en question depuis que son
mandat a expiré officiellement en janvier 2009. Les jeunes cadres du Fatah
critiquent en outre sa méthode de négociation infructueuse vis- à- vis d’Israël
et la corruption rampante au sein du parti. Si Marwan al-Barguthi, la figure
dirigeante la plus populaire du «jeune Fatah», devait être relâché dans le cadre
de l’échange de prisonniers,

263 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
la destitution des forces fidèles à Abbas aux élections internes du Fatah déjà
ajournées plusieurs fois est imminente. Pour le Hamas, un arrangement de
partage du pouvoir augmenterait les chances d’une ouverture des frontières.
L’entrée des Islamistes dans un gouvernement unitaire serait en outre
certainement liée à l’espoir d’une plus grande légitimité internationale et
d’une capacité d’agir accrue. Finalement, le Hamas ne peut, après la guerre
de Gaza et les élections en Israël, guère se soustraire plus longtemps à la
réalisation qu’un schisme politique persistant n’est pas profitable à l’objectif
d’un Etat palestinien. Les perspectives de formation d’un gouvernement
unitaire viable restent cependant incertaines malgré le rapprochement des
intérêts du Hamas et du Fatah. Les efforts de réconciliation sont certes
soutenus par une initiative parallèle entre les pays arabes respectifs soutenant
les deux fractions, Ce qui est rendu manifeste par un nouveau rapprochement
entre la Syrie et l’Arabie Saoudite. Les fossés entre les groupes palestiniens
ennemis restent cependant profonds tout comme ceux entre les Etats arabes.
Le Hamas et le Fatah auront en particulier des difficultés extrêmes à formuler
et réaliser une stratégie israélienne commune. Si un nouveau gouvernement
unitaire ne voit pas le jour ou échoue dans la pratique, la division
palestinienne menace de s’intensifier à court terme. On ne peut cependant les
Islamistes en Cisjordanie à moyen et long terme en raison du manque de
perspective et de la radicalisation croissante de la société palestinienne.
Israël – Palestine Le retour du sionisme au cœur des débats
Le conflit entre Israéliens et Palestiniens est l’un de ces rares sujets de
l’actualité internationale qui tiennent le devant de la scène depuis des
décennies, sans jamais sombrer dans l’oubli. Dans la préface d’un ouvrage
consacré à sa chronologie, le géo politologue Gérard Chaliand rappelle
qu’"aucun conflit n’éveille autant de passions. C’est que les Juifs ont payé,
en tant que peuple, en Europe, durant la Seconde guerre mondiale le prix le
plus élevé pour simplement survivre. Et que les Palestiniens, soutenus par les
opinions publiques des pays arabes qui partagent avec eux une humiliation
commune s’estiment dépossédés. La demande de reconnaissance d’un État
palestinien auprès de l’ONU, fin 2011, ainsi que la perspective d’un
gouvernement de réconciliation nationale Fatah- Hamas, relancent les
spéculations sur l’avenir de la région. La possibilité d’une coexistence entre
Palestiniens et Israéliens passe aussi, prévient Yves Charles Zarka dans la
revue Cités, par une nécessaire réflexion sur le sionisme. Une question "des
plus controversées aujourd’hui" qu’il convient de mettre en perspective. Il est
d’usage de dater les débuts du conflit israélo-palestinien à 1947. Les racines
du différend entre Juifs et Arabes remontent cependant bien plus loin.
Elles trouvent leur source principale dans le concept de sionisme, dès le XIXe
siècle. Yves Charles Zarka, professeur de philosophie politique à la

264 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Sorbonne, observe que le sionisme n’est pas un objet stable pour autant. Il
évolue dans le temps, "mais il est toujours suivi comme son ombre par un
adversaire tenace qui se modifie comme lui : l’antisionisme. Sionisme et
antisionisme vont de pair, le second se reconfigure en fonction du premier, et
inversement." Cet antagonisme est d’autant plus farouche qu’il touche tout
autant au droit des Palestiniens à disposer d’un Etat qu’à la légitimité même
d’Israël.
Le sionisme, un concept polymorphe Le terme "sioniste" (Zionistiche)
apparaît pour la première fois en 1890 sous la plume du journaliste Nathan
Birnbaum. Il le défi nit ainsi au cours d’une conférence en janvier 1892 : Le
sionisme dérive du terme Sion. Depuis des temps reculés, Sion est le nom
d’une colline de Jérusalem ; c’est aussi la désignation poétique de Jérusalem.
Après la destruction par Rome de l’indépendance juive, le mot Sion a
symbolisé l’aspiration nationale à la rédemption ; il a incarné l’espoir d’une
régénération nationale. Le retour à Sion est devenu l’idéal du peuple juif au
long de deux mille ans d’exil et de tribulations. Cet idéal est la base du
sionisme." À l’origine, il s’agit donc d’une conception davantage mystique
que réellement politique, par allusion à l’un des commandements religieux
résumé par la formule "L’an prochain à Jérusalem". C’est avec Theodor Herzl
- le père de l’État juif - que le sionisme prend sa véritable dimension politique
et laïque. Les Juifs d’alors sont sans territoire et confrontés à des persécutions.
Dans un discours adressé à la maison Rothschild en juin 1895, il résume :"La
situation des Juifs, partout en Europe, est dramatique et ne peut qu’empirer,
les Juifs en seront chassés et seront tués dans les pays de refuge. N’y a-t-il
aucun salut ? Oh si, Messieurs, il y en a un, qui a existé bien avant. Cette
simple manœuvre est l’Exode d’Egypte." Il théorise son projet l’année
suivante dans son livre L’État des Juifs (Der Judenstaat) et surtout crée
l’Organisation sioniste mondiale en 1897. Dès lors, le mouvement entreprend
des négociations continues avec les grandes puissances pour obtenir un
territoire où implanter un foyer national juif. Du vivant d’Herzl, La zone
géographique d’implantation reste encore à définir. La Palestine est bien
entendu évoquée, mais aussi l’Argentine, Chypre ou encore l’Ouganda. C’est
à la mort de son leader, en 1904, que l’Organisation entérine de façon
définitive le projet palestinien. Au sein des héritiers de la pensée d’Herzl,
deux tendances cohabitent : d’une part, les sionistes "pratiques" qui mettent
en avant une colonisation pacifique de la Palestine et, d’autre part, les
sionistes "révisionnistes" qui rêvent de s’étendre par la force sur le territoire
palestinien et transjordanien.

265 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Vladimir Jabotinsky, fi gure historique de ce second courant, insistait sur la
nécessité de créer une armée juive pour protéger la "muraille de fer" qu’il
appelle de ses vœux pour séparer Juifs et Arabes. Le sionisme originel a
pleinement rempli son objectif politique de "transformer un peuple en nation"
(Yves Charles Zarka). Mais il l’a fait au détriment de ses voisins arabes. Sa
mise en application se résume en effet en trois chiffres : l’Etat d’Israël
proclamé en 1948 disposait d’un territoire de 14 000 km2 ; il s’étend
aujourd’hui sur une superficie de 20 700 km2, auxquels s’ajoutent plus de 6
000 km2 de territoires annexés (Golan et Jérusalem- Est) ou occupés
(colonies juives de Cisjordanie et de la bande de Gaza). Surtout, les Israéliens
contrôlent l’eau qui leur permet d’implanter des colonies : de 1985 à 1995, le
nombre de colons juifs en Cisjordanie et à Gaza triple, passant de 50 000 à
150 000. Si le sionisme peut sembler fragilisé par cette dynamique
d’expansion, du point de vue du droit international et des résolutions de
l’ONU, il a été d’une redoutable efficacité. Il s’est érigé aujourd’hui en
dogme au service des deux préoccupations vitales d’Israël depuis son origine
: maintenir un courant d’émigration juive et conserver sa suprématie militaire
au Moyen-Orient. Dès lors, l’antisionisme a été le moteur de la revendication
identitaire des Arables palestiniens.
L’antisionisme ou la source du nationalisme palestinien
À partir de la Première Guerre mondiale, l’immigration des Juifs en Palestine
s’intensifie, conformément au projet sioniste dont les Anglais reconnaissent
la légitimité avec la Déclaration Balfour (1917). Face à la dépossession de
leurs terres, ceux qui ne sont pour l’heure que des Arabes tous justes
affranchis de la tutelle ottomane prennent conscience que leur destin leur
échappe. Les tensions entre Arabes et Juifs se font de plus en plus violentes.
Ce n’est toutefois qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avec le retrait
britannique et le partage de la Palestine entre les deux communautés, que naît
l’antisionisme arabe. Les États arabes de la région refusent la création d’un
Etat juif en Palestine, Leur échec à s’y opposer par les armes provoque la
Nakba (catastrophe) de 1948 : 900 000 Palestiniens, soit les 4/5 des Arabes
habitant le territoire du premier Israël, sont contraints à l’exode. Moins de 180
000 restent sur place : leurs descendants sont les Arabes israéliens. Vivant en
Palestine ou en exil, les Arabes commencent alors à s’organiser en résistance
armée. Ce nationalisme palestinien naissant se construit directement en
réaction au sionisme. La première charte nationale palestinienne (1964)
stipule que "le partage de la Palestine en 1947 et la création d’Israël sont des
décisions illégales et artificielles quel que soit le temps écoulé, parce qu’elles
ont été contraires à la volonté du peuple de Palestine et à son droit naturel sur
sa patrie.

266 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Au lendemain de la guerre des Six Jours (1967), Israël étend encore davantage
la superficie de son État et décide d’autoriser l’implantation de colonies juives
dans les Territoires occupés. Ce renouveau du sionisme provoque la
radicalisation de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) dont
Yasser Arafat prend la direction en 1969. Le mouvement opte pour le
terrorisme, après avoir échoué dans la mise en place d’une guerre dans les
Territoires occupés. De 1978 (accords de Camp David) à 1993 (accords
d’Oslo) se multiplient les tentatives de négociations, par l’intermédiaire de
pays tiers. Si elles sont des échecs, elles contribuent à une évolution des
concepts de sionisme et d’antisionisme sur fond d’Intifada (soulèvement). Les
Palestiniens - et une partie des pays arabes ne contestent plus la légitimité de
l’État d’Israël et déclarent l’indépendance des Territoires occupés (1988). De
leur côté, les Israéliens reconnaissent officiellement l’OLP et accordent
l’autonomie d’une partie des territoires occupés, administrée par l’Autorité
nationale palestinienne, dont Arafat est le premier président élu en 1996.
Cependant, l’Autorité palestinienne est rapidement concurrencée par
l’avènement de mouvements islamistes, plus radicaux, comme le Hamas, qui
contrôle Gaza depuis 2007. La population israélienne, quant à elle, a porté au
pouvoir depuis la dernière décennie des gouvernements dominés par les
"faucons" pour assurer sa protection. L’un des points de blocage majeur est
la colonisation juive, dernier avatar du sionisme. Ce phénomène relativement
récent (1967) est soutenu par les différents gouvernements, de gauche comme
de droite. Israël avance des raisons de sécurité comme motif à la confiscation
des terres palestiniennes. En réalité, la colonisation permet la création, au sein
des Territoires occupés, de véritables enclaves israéliennes, tenues le plus
souvent par des extrémistes religieux. Ainsi, lors des négociations avec les
Palestiniens, l’existence même de ces colonies permet à l’Etat hébreu de
justifier ses réticences à laisser sans protection ses concitoyens en zone arabe.
Lors des accords d’Oslo II (1995), l’argument fut utilisé pour maintenir sous
administration israélienne une partie de la ville d’Hébron, où vivent environ
500colons au sein d’une population palestinienne de 120 000 personnes.

267 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Légitimation et reconnaissance des deux États dans l’impasse


Ces dernières années ont été marquées par une nouvelle cristallisation du
conflit autour du concept du sionisme. "Le sionisme n’est plus un idéal à
réaliser, mais un combat intellectuel à mener contre tous ceux qui entendent
refuser toute légitimité à Israël", analyse Yves Charles Zarka. L’antisionisme
étant assimilé à l’antijudaïsme, toute concession vers une reconnaissance de
la pleine et entière souveraineté palestinienne est refusée par Tel-Aviv, tandis
que la disparition du nationalisme arabe au profit des islamistes contribue à
nourrir les discours les plus violemment anti-israéliens. Les thèmes de la dé-
légitimation et de la non-reconnaissance fi gent ainsi les protagonistes dans
une surenchère idéologique peu propice à la discussion, car il fait passer au
second rang la question "politique du partage du territoire et de l’existence de
deux peuples dans deux États". Dans ce contexte, et sur fond de nouvelle
instabilité régionale (Irak, Egypte, Iran, Syrie), la récente demande de
reconnaissance d’un État palestinien par l’ONU, même si elle est conforme
au droit international, n’est pas prête d’aboutir. La géopolitique n’est pas le
théâtre des bons sentiments.

268 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

269 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Intifada
L’Intifada, soulèvement populaire, à partir de 1987 puis de 2000, des
Palestiniens habitant la bande de Gaza et la Cisjordanie, territoires occupés
par Israël. Également appelée guerre des pierres, la première Intifada a été un
mouvement spontané, mené essentiellement par les jeunes Palestiniens qui
manifestaient leur révolte contre l'occupant en jetant des pierres sur les soldats
de Tsahal, l'armée israélienne, et sur les colons juifs établis dans les
territoires. Se distinguant des mouvements antérieurs contre l'occupation
israélienne par l'ampleur de la participation populaire et par sa durée, la
première Intifada a contribué à accélérer la recherche d'une solution au
problème palestinien. Mais, en 2000, le processus de paix s’est à nouveau
enrayé et une seconde Intifada a commencé, marquée par une terrible spirale
de violence.
UNE COLÈRE POPULAIRE
Jeunes Palestiniens lançant des pierres
De jeunes Palestiniens lancent des pierres sur
les soldats israéliens. C'est l'Intifada,
mouvement de révolte et de désobéissance des
Palestiniens de la bande de Gaza et de la
Cisjordanie occupées par les Israéliens.
L'Intifada débute dans la bande de Gaza en
décembre 1987 par une campagne de désobéissance civile et par des
manifestations contre la domination israélienne, avant de s'étendre
rapidement à l'ensemble des territoires occupés. Le soulèvement intervient
alors que, pour la première fois depuis les accords de Camp David entre Israël
et l'Égypte, en 1979, une conférence a réuni, à Washington, des représentants
des pays arabes et de l'État hébreu, pour des négociations sur la question de
l'eau au Proche-Orient. Les négociations ont abouti à un accord tacite entre la
Jordanie et Israël pour le partage des eaux du Jourdain. Dans le même temps,
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) apparaît marginalisée et
incapable d'initiative. Les habitants des territoires occupés, ayant le sentiment
que ni l'OLP ni les États arabes ne peuvent (ou ne veulent) obtenir le retrait
israélien, déclenchent l'Intifada.
L'ORGANISATION DU MOUVEMENT Le mouvement de révolte
s'organise avec l'instauration d'un Commandement national unifié de
l'insurrection, constitué des notables des territoires appartenant aux
principales factions de l'OLP. L'organisation de Yasser Arafat parvient à
accompagner habilement le soulèvement, ce qui lui permet de retrouver un
rôle prépondérant. Israël, en effet, répond d'abord par la répression policière
et militaire, la fermeture des universités, des sanctions économiques et le
développement des implantations israéliennes dans les territoires occupés.

270 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les images, amplement diffusées par les médias nationaux et étrangers,
d'enfants palestiniens battus, voire tués, par les forces de l'ordre israéliennes
pour avoir jeté des pierres alimentent un courant de sympathie à l'égard des
Palestiniens que Yasser Arafat sait utiliser pour faire progresser sa cause.
UNE PAIX FRAGILE En 1988, l'OLP proclame l’État de Palestine et
reconnaît implicitement Israël en acceptant officiellement la résolution 181
prise par l'Organisation des Nations unies en 1947 jamais appliquée par
laquelle a été décidé le partage de la Palestine entre Arabes palestiniens et
juifs. L'année suivante, le roi Hussein de Jordanie annonce que son pays
rompt les liens légaux avec les habitants palestiniens de Cisjordanie qui
perdent ainsi la citoyenneté jordanienne. Yasser Arafat, qui a condamné le
terrorisme sous toutes ses formes devant l’Assemblée générale des Nations
unies, devient le seul interlocuteur des Israéliens. En Israël, la poursuite de
l'Intifada renforce l'opposition entre les partisans d'un règlement pacifique de
la question palestinienne et les opposants à toute concession faite aux
Palestiniens. La pression internationale et intérieure permet néanmoins aux
dirigeants travaillistes Yitzhak Rabin et Shimon Peres de conduire les
négociations qui aboutissent, en 1993, à un accord de reconnaissance
mutuelle entre l'OLP et Israël puis à la formation, en 1994, d'une
administration palestinienne autonome limitée à Gaza et à Jéricho.
Néanmoins, tandis que progressent les pourparlers entre l'OLP et Israël,
l'opposition islamique palestinienne gagne en influence, notamment auprès
des jeunes générations, et se radicalise. Refusant toute reconnaissance d'Israël
et prônant l'établissement d'un État islamique, le Mouvement de résistance
islamique, ou Hamas, et le Jihad islamique recourent au terrorisme pour tenter
de saboter le processus de paix.
LA SECONDE INTIFADA
En septembre 2000, la visite d'Ariel Sharon, chef
du Likoud, sur l'Esplanade des mosquées, l'un des
lieux les plus contestés de Jérusalem, provoque
une nouvelle révolte dans les territoires
palestiniens. La seconde Intifada (ou « Intifada
Al-Aqsa », du nom de la mosquée où elle débute) s'étend en quelques jours à
toute la bande de Gaza et à la Cisjordanie, dans une terrible spirale de
violence.Cette image, extraite d'un document qui a fait le tour du monde, est
l'une des illustrations les plus tragiques de ces affrontements. Le
30 septembre, un cameraman de France 2 se trouvant dans la bande de Gaza,
à proximité de la colonie juive de Netzarim, filme un père et son fils qui
tentent de s'abriter des tirs israélo-palestiniens. Alors qu'ils sont pris pour
cibles, le père tente de protéger son fils, qui est mortellement touché. Selon
les témoins, les tirs proviennent de la position israélienne, ce que dément

271 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l'armée israélienne. La mort de cet enfant devient le symbole de la seconde
Intifada.
Le 31 mai 1996, les Israéliens élisent au poste de Premier ministre Benyamin
Netanyahou, candidat du Likoud, contre Shimon Peres, évinçant de la sorte
l’un des négociateurs de l’accord avec l’OLP. Son remplacement, en mai
1999, par le travailliste Ehoud Barak redonne dans un premier temps un
espoir au camp de la paix mais, en juillet 2000, le sommet de Camp David II
se solde par un échec. En septembre 2000, la visite d’Ariel Sharon, chef du
Likoud, sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem est perçue comme une
provocation par les Palestiniens. Conjuguée à la poursuite de l’implantation
de colonies juives dans les territoires palestiniens, elle déclenche une seconde
Intifada. Les tirs de mortiers des Palestiniens et les interventions de l’armée
israélienne se répondent dès lors quotidiennement. Ni le bouclage des
territoires palestiniens à partir de février 2001, ni les interventions de
l’Autorité palestinienne ne font cesser les combats. Alors que plusieurs
attentats meurtriers sont commis par des kamikazes palestiniens en Israël, le
gouvernement Sharon entreprend de riposter systématiquement à tout tir
palestinien. Il met en œuvre l’intervention militaire la plus lourde dans les
territoires palestiniens depuis les accords d’Oslo, prenant notamment pour
cible les bâtiments de l’Autorité palestinienne.
Histoire et actualité du confit israélo-
palestinien
Partie intégrante de ce dossier sur la Palestine,
cet article est aussi un chapitre introductif. Il
commencera par un bref rappel sur l’origine et
l’histoire du confit ; il évoquera ensuite les
principaux domaines dans lesquels il se
concrétise aujourd’hui et, finalement les
principaux enjeux et défis d’aujourd’hui et de
demain. Plusieurs facteurs ont conjugué leurs
effets pour donner naissance au confit israélo-
palestinien, dont la création de l’État d’Israël et
la naqba (catastrophe) palestinienne ont
constitué un moment crucial.
1. Aux origines du confit
À la fin du 19e siècle, l’Europe termine la période
de la mise en place des États Nations et amorce
une nouvelle phase de colonialismes. C’est aussi
le moment où apparaissent et se développent en
Europe occidentale et en Russie les formes
modernes de l’antisémitisme,

272 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
C’est-à-dire le passage d’un antijudaïsme principalement religieux à un
antisémitisme racial ou ethnique.
Les pogroms (massacres organisés contre une communauté ethnique ou
religieuse) de Russie et l’affaire Dreyfus en France en constitueront deux
moments particulièrement dramatiques. C’est dans ce climat et nourri par lui
que Théodore Herzl écrit un livre, État des Juifs, qui sera à la base du
sionisme, mouvement appelant à la création d’un foyer national pour les Juifs,
et de l’Agence juive mondiale appelée à mettre en œuvre ce foyer national.
L’idée de ce foyer national va trouver un moyen de se concrétiser grâce à
l’appui des Britanniques. En effet, après avoir promis aux arabes de toute la
région la création d’une grande nation arabe, les Anglais renieront leur
promesse et favoriseront l’établissement BP 260 - décembre 2010
Des juifs en Palestine :
Par la Déclaration Balfour en 1917, la Grande-Bretagne, qui a reçu le mandat
sur la Palestine après la chute de l’Empire Ottoman, promet aux dirigeants
sionistes l’établissement en Palestine d’un foyer national pour les Juifs, à
condition de ne pas nuire aux populations non juives qui y vient à ce moment
(voir encadré). Ce revirement correspondait mieux en effet aux intérêts des
Britanniques dans la région, qui cherchent à contrebalancer et contrer les
prétentions des Français, l’autre grand pays qui a bénéficié du partage du
décédé empire ottoman. Étant donné la résistance progressive des populations
arabes locales à ce qu’elles vivent comme un envahissement, le mouvement
sioniste va alors organiser des milices juives (Irgoun, Hagana, Stern,
embryons de la future armée israélienne) pour soutenir et accompagner la
colonisation des territoires de la Palestine qui ira croissant jusqu’à la IIe
Guerre mondiale suite à la montée de l’antisémitisme un peu partout en
Europe et surtout du nazisme dans l’Allemagne de Hitler. Au cours de cette
période, la Grande-Bretagne souf-fera le chaud et le froid, mais globalement
accompagnera et soutiendra le mouvement sioniste et ses milices et réprimera
de plus en plus durement la résistance arabe. Le judéocide perpétré par les
Nazis au cours de la IIe Guerre Mondiale va alors constituer un élément
circonstanciel mais déterminant de la suite de l’histoire. D’une part, les
rescapés du judéocide, qui se voient refuser l’entrée aux Etats-Unis et dans de
nombreux pays européens, se tourneront vers la Palestine pour aller y
rejoindre et agrandir les populations juives déjà établies sur le territoire.
D’autre part, les populations arabes vont s’opposer de plus en plus à cet
empiétement sur leur territoire et organiser leur résistance. Déjà dans les
années 1936-1939, cette résistance prit la forme de la „Grande révolte
palestinienne“, menée à la fois contre l’autorité britannique et la colonisation
sioniste : Ce fut l’événement fondateur du mouvement national palestinien,
qui sera réprimé très durement par les Anglais.

273 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les affrontements avec les milices juives, transformées entretemps en véritable
armée, vont alors se généraliser après l’IIe Guerre mondiale, en 1946.
Dépassée par les événements, la Grande-Bretagne remettra son mandat à la
Société des Nations. Pour sortir de l’impasse, l’ONU récemment créée vote
alors en 1947 le partage de la Palestine : 55% sont donnés aux Juifs et 43%
sont laissés aux Palestiniens ; à ce moment, les Juifs possédaient 6% des terres
et représentaient 33% de la population. Cette décision de l’ONU débouche en
1948 sur la décision par Israël de proclamer son indépendance et le refus des
Arabes et des Palestiniens en particulier d’accepter ce partage. Ces deux
éléments seront à l’origine de la 1e guerre israélo-arabe. Le confit se solde
par l’exode (expulsion/fuite) de quelque 750 000 Palestiniens (les „réfugiés“)
et par la mainmise d’Israël sur 78% du territoire. L’ONU vote (résolution 194)
le droit des réfugiés Palestiniens au retour ou à des compensations.
2. Le drame des réfugiés palestiniens
Au 1er janvier 2010, il y avait plus de 4 760 000 réfugiés palestiniens recensés
par l’ONU. Si l’on y ajoute les Palestiniens déplacés au Proche-Orient et dans
le monde, leur nombre dépasse les 7 000 000, soit la plus grande communauté
de réfugiés au monde. Le destin des réfugiés palestiniens constitue l’un des
enjeux et l’un des défis majeurs de toute solution juste au confit israélo-
palestinien. L’un de ces défis réside dans la reconnaissance par toutes les
parties au confit, et d’abord par Israël, du tort qui a été infligé aux Palestiniens
en 1948 puis en 1967 : l’expulsion annoncée et programmée de 750 000
d’entre eux entre 1947 et 1949 (dès avant la 1e guerre israélo-arabe) puis de
250 000 en 1967.
Déclaration Balfour 1917
Sa Majesté envisage favorablement l‘établissement en Palestine d‘un foyer
national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la
réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui
puisse porter atteinte ni aux droits civiques et religieux des collectivités non
juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs
jouissent dans tout autre pays. Rappelons que, outre la Déclaration universelle
des Droits de l’homme, de nombreuses résolutions de l’ONU Afferment et
réaffirment à de nombreuses reprises la nécessité de résoudre le problème des
réfugiés palestiniens, à commencer par la reconnaissance et le respect pleins
et entiers de leur „droit au retour“, à mettre en œuvre aujourd’hui cependant
selon des modalités à négocier. Sans nous y attarder ici, rappelons que les
conditions de vie des Palestiniens dans les camps sont extrêmement dures et
violent de nombreux Droits de l’homme. C’est le cas dans les Territoires
palestiniens, mais davantage encore dans plusieurs pays arabes voisins,
particulièrement en Jordanie et au Liban.

274 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les enjeux en résumé : Aucun des plans de paix envisagés par les parties n’est
parvenu jusqu’ici à une solution satisfaisante et juste de la question des
réfugiés palestiniens. La question est complexe ; d’un côté, nier le droit
inaliénable des Palestiniens au retour constituerait une injustice historique et,
de l’autre, un retour massif représenterait pour les Israéliens le risque de leur
minorisation au sein de leur propre territoire. Les défis en résumé : Pour les
Palestiniens : que soit reconnu par l‘État d’Israël le droit des réfugiés au retour
et donc l’injustice fondamentale de leur expulsion en 1948 et 1967 et que
soient trouvés des compromis acceptables sur la mise en œuvre de ce droit.
Pour les Israéliens : que soient rencontrées leurs craintes de devenir
minoritaires en Israël et qu’ils osent le risque d’une véritable démocratie : des
droits égaux pour tous les habitants sous peine d’être un État d’apartheid,
sinon un État raciste. Alors que l‘État d’Israël ouvre sans restriction ce qu’il
appelle le „droit au retour“ (en Eretz Israël, terre d’Israël) à tous les Juifs du
monde entier, il s’oppose énergiquement au droit au retour des réfugiés
palestiniens.
3. La colonisation de la Palestine
Les „colonies“ sont des implantations israéliennes dans les Territoires
palestiniens. L’établissement des colonies par Israël en Territoires Occupés, y
compris à Jérusalem Est, viole les principaux textes du droit international
(notamment la IVe Convention de Genève, les Accords d’Oslo etc.) et
également l’Art.13 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. Elles
constituent l’un des dispositifs-clés de l’extension territoriale israélienne et de
l’occupation. Pillages de magasins etc. Des faits plus graves font état de
ratonnades contre des paysans pouvant aller jusqu’au meurtre (34 Palestiniens
tués par des colons entre 2000 et 2004), Le réseau de routes de contournement
réservées aux colons israéliens - et les colonies qu’elles relient entre elles et
au territoire d’Israël divisent aujourd’hui la Cisjordanie en plus de 200 îlots
non reliés entre eux. Il constitue, avec les barrages (check points) un autre
dispositif-clé de la stratégie israélienne. En effet, ce réseau empêche toute
viabilité économique, sociale, politique et culturelle des Territoires
palestiniens occupés (TPO). Quand on y ajoute les centaines de barrages
imposés par Israël, on comprend mieux que les colonies sont la clé de voûte
de la politique israélienne d’occupation et de colonisation des territoires
palestiniens.

275 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
À l’heure actuelle, le nombre de colons
dépassent les 500.000, dont plus de
200.000 à Jérusalem-Est, et le nombre de
colonies tourne autour de 150, dont plus
de 120 en Cisjordanie et une vingtaine à
et autour de Jérusalem-Est. Plusieurs
constituent de véritables villes de plus de
30 000 habitants. Au-delà des faits,
incontestables, il convient de ne pas
oublier que la colonisation des Territoires
palestiniens et la dispositif-clé de la
stratégie israélienne. Il prend deux
formes : un mur de béton de 8 à 12m de
haut avec divers systèmes d‘observation
(caméras et tours de guet et de tir tous les
200m) et une zone de sécurité plus ou
moins large selon les endroits (le Mur de
Berlin avait 3,6 m de haut), et une clôture
électronique de 3m de haut, entourée
d’une zone de 50 à 100 mètres de large,
comportant des fossés, des barbelés, des chemins de service ainsi que divers
systèmes d’observation. Le gouvernement israélien a justifié sa construction
par des raisons de sécurité, particulièrement la volonté d’empêcher les
attentats en Israël. En réalité, la carte du mur indique clairement que l’une de
ses premières fonctions est de protéger les nombreuses colonies israéliennes,
toutes illégales,
À l’heure actuelle, le nombre de colons dépassent les 500.000, dont plus de
200.000 à Jérusalem-Est.
Les colonies sont habitées exclusivement par des juifs israéliens : soit par des
colons idéologiques“, qui prétendent que toute la terre de la Palestine
historique appartient aux Juifs et qu’il faut donc se l’approprier, soit par des
colons „économiques“ qui s’installent dans les colonies pour bénéficier des
avantages financiers octroyés par le gouvernement israélien. Une frange
radicale des colons, protégée par l’armée israélienne, se livre à des exactions
quotidiennes telles que le saccage des récoltes, la destruction des terres
agricoles, de puits et d’oliviers, des judaïsation de Jérusalem sont au cœur de
la dynamique d’extension croissante et la plus grande possible du territoire
israélien, qui rapproche l’État d’Israël du rêve du Grand Israël – l’Israël de la
mer au Jourdain. Il s’agit d’un projet, maintes fois répété par les dirigeants du
mouvement sioniste jusqu’à ce jour.

276 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Le Mur-barrière
Depuis 2002, le „Mur-barrière“ construit par Israël à plus de 80% à l’intérieur
des TPO représente un autre construites dans les TPO. Par ailleurs, il détruit
des milliers de maisons, de serres, de puits, de terres agricoles, il annexe les
terres palestiniennes, surtout les plus fertiles et les plus arrosées, il sépare des
villes et des villages palestiniens entre eux et crée en Cisjordanie 3 grandes
enclaves séparées les unes des autres, il restreint la liberté de mouvement des
Palestiniens, il enferme souvent ces derniers dans des enclaves isolées, il
détériore l’environnement écologique et psychologique, il marginalise la
population arabe à Jérusalem-est. À travers ces processus, il rend très difficile
toute vie sociale, économique, éducative, culturelle, politique et familiale, il
rend difficile sinon impossible la création d’un État palestinien viable et
empêche Jérusalem-Est de devenir la capitale de cet État. La construction du
Mur et ses diverses conséquences ont été clairement dénoncées et
condamnées par la Cour internationale de justice de La Haye (9 juillet 2004)
et par la résolution de l’ONU qui s’en est suivie (résolution ES 10/15 du 20
juillet 2004, votée par 150 voix pour 6 contre et 10 abstentions). Depuis lors,
la construction du Mur continue imperturbablement, les responsables
israéliens ayant signifié leur totale fn de non recevoir à la décision de l’ONU.
4. Quelques autres dimensions de l’occupation et de la colonisation
Pour s’approprier les terres, construire le mur et les colonies, aménager les
routes de contournement, construire diverses infrastructures et services, les
forces israéliennes démolissent quotidiennement des habitations et d’autres
bâtiments palestiniens, rasent des champs, détruisent des infrastructures, des
canalisations, etc. Les maisons sont détruites pour diverses raisons : pour
raisons militaires (plus de 5 300 entre 2004 et 2010, dont environ 3 500 à Gaza
pendant l’Opération Plomb durci), parce qu’elles auraient été construites sans
permis“ selon les autorités israéliennes (plus de 3 500 entre 1999 et 2010,
sans compter Jérusalem-Est) ou en encore en guise de „punition collective
(crime de guerre“ selon la 4e Convention de Genève 664 de 2001 à 2004).
De 2000 à 2004, environ 2 370 maisons ont été détruites à Gaza. Rappelons
que les destructions et les dépossessions sont contraires aux Droits de
l’Homme et entraînent de lourdes conséquences pour la population civile.
Selon la IVe Convention de Genève (art. 53 et 147), elles sont interdites et
considérées „crimes de guerre“. De toutes les méthodes qu’utilise Israël pour
briser la résistance palestinienne à l’occupation, l’emprisonnement est la plus
courante, la moins visible et la plus souvent oubliée quand on parle du confit.
L’enfermement est l’un des piliers de l’occupation, une arme de
déstructuration de la société palestinienne.
Selon le rapport de l’ONU de 2008 et d’ONG israéliennes de défense des
Droits de l’homme, de 10 à 11.000 Palestiniens sont détenus dans prisons

277 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
israéliennes (Dont 376 enfants, 118 femmes, 44 membres du conseil national
palestinien) ; presque tous sont incarcérés en Israël, au mépris de la 4e
Convention de Genève, art. 49, qui interdit le transfert des détenus vers le
territoire de la puissance occupante ; environ 800 personnes sont frappées
„d’internement administratif“, sans inculpation ni jugement (détention pour 6
mois sans motif d’accusation, sans jugement, qui peut être prolongé de 6 mois
en 6 mois).Outre que les conditions de vie des Palestiniens dans les prisons
israéliennes sont des plus déplorables, la torture et les humiliations y sont
pratiques courantes (voir Amnesty International, B’Tselem…).
5. Gaza, blocus et destruction
Gaza est un territoire est de 360km2
(1/7 du Luxembourg) où vivent 1,5
million de Palestiniens (4.000 hab./
km2), soit trois fois la population du
Luxembourg. Depuis 1967, Gaza
subit l’occupation israélienne
comme la Cisjordanie. Des colonies
israéliennes (8.000 colons) y étaient
installées depuis les années 1970,
utilisant 80% des faibles ressources
de ce territoire en eau ainsi que les
meilleures terres. Malgré le départ
des colons de Gaza en 2005, Israël
gardera le contrôle total des frontières terrestres, maritimes et aériennes, tout
ce qui entre ou sort de l’enclave : Gaza devient une prison à ciel fermé. Après
les élections palestiniennes de janvier 2006 et le refus par les Etats-Unis et
l’Europe de reconnaître la victoire électorale du Hamas en Palestine, mais
aussi le gouvernement d’unité nationale péniblement constitué, le Hamas
prend le pouvoir sur Gaza et en assure la gestion. Nulle part on n’a mentionné
que ce „coup d’état du Hamas“ résultait lui-même d’une tentative de
Mohammed Dahlan (dirigeant du Fatah) de prendre début 2007 le contrôle de
Gaza (avec l’aide d’armes et de formation militaire américaines), tentative
qui fut rapidement déjouée par le Hamas. Gaza a été déclaré „entité hostile“
par le cabinet Olmert la même année 2007, décision qui allait renforcer le
blocus asphyxiant 1,5 million de Palestiniens et aggraver considérablement la
souffrance de la population. Fin décembre 2008, Israël déclenche une guerre
meurtrière contre Gaza. L’opération „Plomb durci“ dure vingt-deux jours : 1
400 Palestiniens sont tués, dont environ 300 enfants et des centaines de civils
non armés.

278 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Cette opération meurtrière a provoqué aussi la destruction de nombreux
bâtiments hospitaliers, scolaires, universitaires, religieux, administratifs, de
centaines d’entreprises, de milliers de maisons. L’utilisation de bombes au
phosphore et d’autres armes interdites lorsque les populations civiles sont
aussi concentrées a été largement documentée. L’opération Plomb durci a
donné lieu à une réprobation générale dans la communauté internationale
mais sans déboucher sur des sanctions. Elle a donné lieu à une enquête de
l’ONU à laquelle l‘État et l’armée israéliens ont refusé de coopérer qui a
débouché sur le „rapport Gold stone“. Celui-ci estime que l’armée
israélienne s’est rendue coupable, dans cette opération, de „crimes de guerre“,
sinon même de „crimes contre l’humanité“. Le rapport estime que des
groupes palestiniens se sont eux aussi rendus coupables de tels „crimes“, bien
que dans une moindre proportion. Avec difficulté, ce rapport a été entériné
par la Commission des Droits de l’homme de l’ONU, mais attend, pour son
entérinement par l’ONU elle-même, des rapports particuliers d’Israël et du
Hamas. Quoi qu’il en soit, Israël a refusé les conclusions du rapport, le siège
de Gaza se poursuit et sa reconstruction se fait attendre, Israël empêchant les
matériaux nécessaires d’entrer à Gaza. De multiples initiatives de la société
civile cherchent à briser le blocus, vu l’inefficacité des instances
internationales à faire cesser ce blocus.
Jérusalem, capitale confisquée
Lors du partage de la Palestine en
1947 en un territoire de 55% pour
Israël et un territoire de 45% pour
les Palestiniens, Jérusalem reçoit le
statut de corps séparateur, entité
séparée, avec un régime juridique
international spécial sous
l’administration de l’ONU. Ce
corpus separatum comprend la
municipalité de Jérusalem, mais
aussi plusieurs villes et villages environnants, dont la ville de Bethléem. En
1980, la Knesset (parlement israélien) vote une loi déclarant Jérusalem
capitale éternelle et indivisible d’Israël. Le Conseil de Sécurité de l’ONU a
condamné cette confiscation dans sa résolution 478. Jusqu’aujourd’hui,
aucune ambassade étrangère n’a son siège à Jérusalem. Aussi longtemps que
le confit n’aura pas été résolu, Tel Aviv restera la capitale de facto d’Israël,
l’ONU et d’autres organisations internationales ne reconnaissant à ce jour
aucune capitale à Israël. Jérusalem connaît les mêmes formes d’occupation et
de colonisation que le reste de la Cisjordanie et Gaza, mais à un rythme
accéléré et selon un projet israélien clairement avoué :

279 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Le Mur, de nombreuses colonies fortement peuplées sur le territoire de
Jérusalem-Est et les territoires palestiniens environnants, qui forment
plusieurs ceintures autour de Jérusalem et coupent le reste de Jérusalem-Est
du nord et du sud de la Cisjordanie, les check points les plus sévères et les
plus sophistiqués (dont Kalandya pour l’accès à Ramallah et au nord de la
Cisjordanie, les démolitions de maison et les interdictions de bâtir). La
colonisation de Jérusalem-Est et des territoires palestiniens attenants est
galopante depuis quelques années malgré les condamnations diverses dont
elle fait l’objet et malgré les “gels” successifs proclamés mais peu suivis.
L’ensemble de ces évolutions montre que, sur le terrain et au quotidien, le
gouvernement israélien applique une politique lente mais constante
d’exclusion programmée et proclamée des Palestiniens de Jérusalem-Est afin
de réaliser la judaïsation maximale de la ville arabe (remplacement de la
population arabe par une population juive). L‘ONU et d’autres instances
internationales ont dénoncé ces pratiques. Les rapports des diplomates
européens à Jérusalem-Est et à Ramallah dénoncent régulièrement la
politique israélienne à Jérusalem-Est et soulignent la violation du droit
international par Israël. Ces faits
accomplis compromettent gravement la
possibilité d’un accord final avec les
Palestiniens. Les questions du statut, du
partage et de la revendication de
Jérusalem-Est comme capitale par les
Palestiniens restent au cœur du processus
de paix.
Les enjeux et défis actuels
Outre le fait que chaque partie au confit
veuille vraiment la paix ce qui est loin d’être clair, huit enjeux, huit défis
actuels, peuvent résumer la situation aujourd’hui et marquer les années à
venir. Il s’agit en fait des six objets-clés de toute négociation sérieuse entre les
partenaires et de deux enjeux liés d’une manière ou d’une autre aux
précédents: d’une part, la fin de l’occupation, la fin de la colonisation (destin
des actuelles colonies, particulièrement les grandes colonies),
Jérusalem : capitale pour les deux peuples, les frontières des deux États, le
droit au retour des réfugiés et la mise en œuvre de ce droit, la libération des
prisonniers politiques palestiniens, et, d’autre part, la cessation de la
construction du Mur et son démantèlement, ainsi que la fin du siège de Gaza.
Ces enjeux et défis, concrétisant les droits fondamentaux et inaliénables du
peuple palestinien, doivent pour trouver une issue positive en garantissant à
l’État d’Israël sécurité et paix au sein de frontières enfin définies et
internationalement reconnues.

280 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En fait, ces huit enjeux et défis peuvent se résumer et se concrétiser dans la
mise en place et la reconnaissance par tous d’un véritable État palestinien :
viable, continu, réellement indépendant, souverain et jouissant de tous les
droits reconnus internationalement à tout État de droit, y compris le contrôle
sur toutes ses frontières (terrestres, aériennes et En dehors de cette
perspective, trois alternatives seulement existent, dont les conséquences
seront douloureuses pour chacun des protagonistes : un État binational (deux
peuples coexistant au sein d’un seul État une Palestine sous formes de
bantoustans enclavés (éventuellement reliés entre eux par des ponts et des
tunnels, c’est-à-dire une „Palestine des catacombes), qu’on lui reconnaisse ou
non le statut d’État une Palestine de réserves à la manière des réserves
indiennes en Amérique du Nord. Certaines de ces perspectives sont plus
vraisemblables que d’autres. Toujours est-il que la 1e perspective, celle d’un
État palestinien viable, continu, indépendant et souverain, s’éloigne de jour
en jour suite aux faits accomplis sur le terrain.
Il y a un plan Quel est l’avenir qu’Israël
prépare ?“ La question est posée par un
jeune activiste du Comité Israélien Contre
les Démolitions de Maisons (ICAHD).
Tout de suite il se met préciser que „ça n’a
jamais été explicite“ mais que, pourtant, il
y a une cohérence dans les politiques et
que tout va dans un même sens : „Il y a un
plan. “ Celui-ci remonte au moins
jusqu’en 1977 avec le plan d’Ariel
Sharon. Les territoires palestiniens
devraient êtres encerclés par des colonies israéliennes, Jérusalem étant le
point focal. Dans une interview avec le journal Haaretz (2/1979), Sharon
explicite : „Jérusalem ne sera plus la capitale d’Israël s’il n’y a plus de
majorité juive. La réponse est de construire des cités satellites tout autour des
parties arabes de Jérusalem“. Il voulait d’abord que les colonies qui étaient
souvent isolées les unes des autres soient rattachées entre eux afin de créer un
bloc. Après cette étape, les blocs devraient êtres reliés entre eux pour
constituer un système de connexion. Ce réseau, de par sa continuité
israélienne qu’il créait, allait occuper une grande partie des territoires
palestiniens et casser, avec la continuité des territoires palestiniens, la
viabilité d’un Etat palestinien. Ce plan constitue aujourd’hui le fl directeur
des politiques israéliennes dans les territoires palestiniens occupés (POT). Et
les Palestiniens le sentent. Une maille de lois, d’ordres militaires, de
procédures, de limitations de mouvement, de bureaucratie, de colonies et
d’infrastructures contrôle leur vie au quotidienne.

281 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Trop complexes et sophistiqués pour êtres saisis par l’œil non averti, ces
éléments, qui veulent discipliner les vies et les réalités de toute une
population, se dissimulent sous la façade d’une administration tout simple.
Surtout qu’avec l’image de la seule démocratie dans la région, l’Etat d’Israël
peut utiliser des politiques qui ont l’air innocentes mais qui créent dans leurs
fonds, selon les termes de Jeff Halper, anthropologiste israélien et
coordinateur d’ICAHD, une „matrice de contrôle“. Ce concept englobe toute
la panoplie d’outils et d’instruments utilisée par Israël pour contrôler la
population palestinienne. Le principe de la séparation sous-tend les politiques
israéliennes dans les POT. Mais, qui veut réaliser un tel pari dans la
Cisjordanie, où vivent deux millions de Palestiniens et 500.000 colons
israéliens, a besoin d’instruments divers et multiples. La séparation devient
systématique, systémique, entre Palestiniens et colons mais aussi entre
Palestiniens eux-mêmes, les diverses politiques visant le morcellement des
territoires palestiniens afin de les affaiblir. La colonisation en est peut-être la
réalisation la plus concrète et la plus visible. Plus de 200 colonies ont été
construites dans les POT. Israël, en tant que pays du peuple juif, fait appel aux
juifs de toutes les origines. Par exemple, depuis 1990, 100.000 immigrants
russes sont arrivés en terre sainte. Pour dissimuler le processus pourtant
évident de la colonisation et afin de justifier les nouvelles colonies, on les
vend comme des extensions des colonies déjà présentes. L’expropriation de
terres des Palestiniens se poursuit depuis le début du projet sioniste. Depuis
1967, date de l’occupation des territoires palestiniens, Israël a exproprié pour
la construction de colonies, d’autoroutes, d’infrastructures, d’installations
militaires et de réserves naturelles. Ceci représente 24% de la Cisjordanie,
89% de Jérusalem Est et 25% de Gaza. Et puisque Israël refuse de reconnaître
les actes britanniques et ceux de l’empire ottoman, 72% de la Cisjordanie sont
considérés propriété étatique. L’expropriation est ainsi devenue simple affaire
administrative. Partout, sur les sommets des collines, jaillissent des colonies,
qui trônent au-dessus des vallées où se trouvent les villages palestiniens et
qui, fidèle au plan de Sharon, font souvent front sur de nombreux kilomètres.
Ils menacent sérieusement un Etat palestinien cohérent, comme les blocs
constitutifs de la „Grande Jérusalem“. À cause de leur visibilité et de leur
gravité, ils intimident autant que les tours de garde qui longent les routes.
Ceux-ci constituent aussi un front d’ouest en est, cassant ainsi la continuité
des territoires palestiniens tout en s’accompagnant de colonies qui bondissent
à gauche et à droite le long de leur trajectoire. Tout en favorisant la circulation
des Israéliens, ces routes sont des barrières à la circulation des Palestiniens
qui doivent faire de plus en plus de détours pour se rendre d’un endroit à
l’autre. S’ajoute depuis 2002 le fameux mur.

282 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Présenté comme barrière de séparation entre deux peuples, le mur annexe de
facto 25-45% de la Cisjordanie. Son circuit trace des mouvements
extraordinaires afin d’inclure les majeures colonies et la Grande Jérusalem.
Le mur affecte les vies de centaines de milliers de Palestiniens qui se retrouvent
enclavés et isolés et qui sont souvent séparés de leurs terres agricoles. À côté
de ces barrières concrètes qui frappent par leur caractère arbitraire,
l’atomisation des territoires palestiniens s’est aussi poursuivie dans les
négociations internationales. Les signatures des accords d’Oslo II en 1995 ont
vu la fragmentation des POT en plus de 70 enclaves. La Cisjordanie était
divisée en 64 îles selon qu’ils appartenaient à la zone A, B ou C, la zone A
étant sous contrôle palestinien, la zone B sous contrôle palestinien et israélien
et la zone C sous contrôle israélien. La zone A comprend 18% de la Cisjordanie,
la zone B 22%, ce qui laisse 60% et la majorité des terres agricoles et des
sources en eau sous contrôle exclusif israélien. Le contrôle des biens et
services élémentaires par Israël a des conséquences dramatiques sur une
population qui vit pour 75% dans la pauvreté. 80% des eaux venant de la
Cisjordanie ont été accaparées par et pour Israël et ses colonies. Pour
l’électricité, les Palestiniens paient plus cher que les Israéliens. En 2004,
Israël a confisqué 15,8 millions de dollars de l’aide humanitaire destinée aux
Palestiniens pour régler des factures ouvertes. Tout est fait pour empêcher
tout essai de développement autonome et garder les Palestiniens dans un état
de dépendance. Comme le système des permis qui permet à Israël de contrôler
les mouvements des Palestiniens. L’administration civile ayant divisé la
Cisjordanie en huit zones de sécurité, les Palestiniens ont besoin de permis
pour pouvoir bouger d’une zone à une autre. Les restrictions administratives
vont même jusqu’à empiéter sur la vie privée : les Palestiniens ont même
besoin de permis pour faire pousser des légumes dans leurs jardins. Israël
ayant déclaré Jérusalem la capitale éternelle et indivisible, on fait tout pour
exclure, progressivement afin que de ne pas trop brusquer la communauté
internationale, les résidents palestiniens et maintenir une majorité de 72% de
juifs. La municipalité utilise le zonage et l’expropriation afin de limiter la
construction des Palestiniens tout en continuant sa politique de démolition de
maisons. Depuis 1967, l’annexion de Jérusalem Est, seulement 120 permis de
construction ont été délivrés aux Palestiniens, des milliers de maisons sans
permis étant menacées de démolition. Le manque d’immobiliers résultant fait
augmenter le coût, ce qui exclut de facto la majorité des Palestiniens qui
vivent dans la pauvreté. Ceux qui cherchent alors à se loger à l’extérieur des
limites de la municipalité, perdent leur carte d’identité de Jérusalem, les
excluant de Jérusalem et d’Israël. Nombreux sont les familles où l’on vit
séparé.

283 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Israël cache son agenda politique derrière une façade de mesures techniques,
qui visent le morcellement des territoires palestiniens. Or, la mise en enclave
des POT est une politique clairement affichée par différents stratèges et
politiciens israéliens. En résulte déjà maintenant un „bout de fromage
Emmental“ selon les termes de Michel Warchawski, journaliste et militant
israélien de la paix.
L’aide aux territoires palestiniens occupés :
nécessaire mais pas sans problèmes L’association
israélo-palestinienne Alternative Information Centre
(AIC), basée à Jérusalem, a publié en 2008 une
analyse de l’aide extérieur au Territoire Palestinien
Occupé (TPO), l’évolution de l’aide de la période
avant le processus d’Oslo jusqu’aujourd’hui, la motivation des différents
bailleurs de fonds et les problèmes liés à cette aide. L’article suivant se base
sur le document de l’AIC. Les Territoires Palestinien Occupé (TPO) sont l‘un
des principaux bénéficiaires de l‘aide extérieure par habitant dans le monde.
Toutefois, les quantités massives d‘argent, transférées aux TPO depuis 1967,
n‘étaient pas à mesure de déclencher un vrai processus de développement. De
plus son impact est ambivalent. D‘une part, l’aide extérieure est essentielle
pour assurer les besoins de base de la population, dont 18,5% sont définis
comme vivant dans la pauvreté chronique (ONU, 2008) ; d’autre part, l‘afflux
massif d‘aide a tendance à „normaliser“ la situation de l‘occupation et à
retarder la recherche d’une solution permanente. L‘AIC considère que la
communauté internationale a une dette morale envers le peuple palestinien, à
cause de son approbation de la création de l‘Etat d‘Israël en 1948 et parce
qu’elle a manqué de prendre des mesures contre Israël pour son occupation
illégale des territoires palestiniens et pour ses nombreuses violations du droit
international. Dans son analyse, l’AIC distingue trois types d‘aide: l’aide
générale (comme l’aide publique accordée par les Etats-Unis à Israël), l‘aide
humanitaire et l‘aide au développement. Au fil des ans, la concentration de
l‘aide a varié entre l’aide humanitaire et l‘aide au développement en fonction
de la situation actuelle en Palestine.
La période avant le processus d’Oslo (1967 - 1993)
Pendant cette période, l’accent était mis avant tout sur
l’aide humanitaire. L‘acteur principal était l’Office de
secours et de travaux des Nations unies pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
(UNRWA), qui avait le mandat de maintenir les camps
de réfugiés pour les réfugiés palestiniens expulsés de
leurs terres en 1948.

284 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L‘UNRWA a dû limiter ses activités strictement à l‘aide humanitaire parce que
le lancement de projets visant des solutions permanentes pour les réfugiés
palestiniens aurait pu compromettre l’atteinte du droit des réfugiés à retourner
à leurs foyers et leurs terres.
Les processus d‘Oslo (1994 - 2000) La vague d‘optimisme et l‘espoir qu‘un Etat
Palestinien souverain était en passe de devenir une réalité, a occasionné une
augmentation considérable de l‘aide au développement destinée à contribuer
à la création d’une société et d’une économie palestinienne autonome après
la fin de l’occupation. Au cours de la période du processus d‘Oslo, la
communauté internationale a affecté cinq fois plus de fonds à l‘aide au
développement qu’à l‘aide humanitaire. En dehors des projets de
développement économique et d’infrastructure, les donateurs ont également
financé la création de l‘Autorité palestinienne avec l‘intention d‘aider le
peuple palestinien à se préparer d’une manière optimale à l‘autonomie.
Cependant, l’impact des quelque 4 milliards de dollars en aide à la Palestine
dans ces années, a été minime le niveau de vie des Palestiniens n’a guère
augmenté, le développement d’un secteur industriel fort ou une croissance
des exportations n’a pas pu être enregistrés. L‘échec était en grande partie dû
aux obstacles mis en place par les forces d‘occupation israéliennes. Le
transport des matières premières a régulièrement été retardé à la douane
israélienne, ou bloqué aux points de contrôle à l‘intérieur des TPO, et les
livraisons nécessaires pour les chantiers de construction ne pouvaient pas être
assurés. De plus, il y avait des attaques sur les projets de construction par
l‘armée israélienne. En outre, l’Etat d’Israël a pu tirer avantage de l’aide
destinée au OLP parce que le Protocole signé par Israël et l‘OLP en 1994 sur
les relations économiques, régissant entre autres l‘aide extérieure, stipule que
toutes les aides provenant de l’étranger doivent passer par la douane
israélienne, ce qui a donné à Israël la possibilité de percevoir des taxes sur
l‘aide entrante. Le Protocole a également donné aux Palestiniens le droit
d‘entrer en Israël pour chercher du travail, un droit qui n‘a jamais été accordé,
ce qui a augmenté de plus la dépendance de l‘OPT envers l‘aide étrangère.
La seconde Intifada (2001 - 2006) Le déclenchement de la seconde Intifada en
2000 et la réponse de l‘armée israélienne (la construction de la barrière de
séparation, la destruction des maisons, les bouclages et les couvre-feux, le
déracinement d’arbres et de cultures ont eu un impact désastreux sur
l‘économie palestinienne. Entre 2000 et 2002 le PIB par habitant a chuté de
plus de 40%. Face à cette crise, les bailleurs de fonds ont réorienté leurs efforts
de l‘aide au développement à l‘aide humanitaire (soit un taux de 7:1 en faveur
de l‘aide humanitaire) afin d‘éviter des famines et un effondrement complet
de la société palestinienne.

285 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Il s’agissait de la distribution de la nourriture et des médicaments dans les
zones assiégées par les forces israéliennes et de l’assistance à ceux qui avaient
perdu leurs foyers, en espérant qu’une reprise du développement soit possible
après la crise. La motivation politique derrière l‘aide à la Palestine est
devenue particulièrement évidente après la victoire électorale du Parti du
Hamas sur le Fatah en 2006. Israël et les États-Unis ont imposé un boycott
économique à l‘Autorité palestinienne, ce qui a rendu difficile aux bailleurs
d’envoyer de l‘argent aux organisations soupçonnées d’être affilées au
Hamas. De nombreux projets ont été fermés et des projets de construction
sont restés inachevés. La crise humanitaire qui en est découlée a fait en sorte
que le nombre de Palestiniens vivant sous le seuil de la pauvreté dans les TPO
est passé de 36% en 2006 à 74,9% à la fin de l‘année 2007. En 2007, afin de
tenter d’éviter une famine, l‘UNRWA a augmenté son budget pour l‘aide
alimentaire directe à 54% (avant le deuxième Intifada, seulement 10% du
budget a été affecté à l‘aide alimentaire).
La période après 2006 La scission politique des Palestiniens en 2008 avec la
formation d’un gouvernement par Fatah en Cisjordanie et d’un gouvernement
dirigé par le Hamas dans la bande de Gaza, a eu un impact considérable sur
la situation de l’aide. Gaza se trouve pratiquement en état de siège et est plus
dépendante que tout autre région du monde de l‘aide humanitaire
internationale; seulement les produits et matériels essentiels peuvent entrer,
l‘économie est plus ou moins au point mort. En Cisjordanie, par contre, la
situation est devenue plus stable dans une certaine mesure. L‘administration
Fayyad a mis en place des politiques visant le développement économique. Le
Plan palestinien pour réforme et développement 2008.2010, qui constitue la
base de la stratégie de Fayyad, met l’accent sur l‘ouverture de l‘économie
palestinienne aux investissements étrangers, tout en minimisant l‘impact de
l‘occupation, même si l’occupation continue à avoir un impact extrêmement
négatif et freine le développement en Cisjordanie. Cette approche néolibérale
de Fayyad est critiquée par de nombreux Palestiniens.
L‘inconvénient de l‘aide à la Palestine
Dans la situation actuelle, les TPO ne pouvaient
guère survivre sans aide extérieure. Toutefois,
cette assistance n‘est pas sans problèmes. Tout
d‘abord, la dépendance croissante de l‘aide elle-
même est une cause de préoccupation; la
dépendance de l‘aide a augmenté de 14,42% en
1996 à 35,34% aujourd’hui, sans que la
détérioration rapide de l‘économie pût être
arrêtée.

286 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Ce niveau élevé de dépendance de l‘aide a conduit à la perception que les
Palestiniens constituent des bénéficiaires permanents d‘aide, ce qui est
préjudiciable à l‘image de soi de la population et va à l’encontre de son
d’empotement. L‘aide extérieure, en rendant la situation du peuple palestinien
plus tolérable, a également tendance à masquer le véritable impact de
l‘occupation, de la rendre plus acceptable et de saper le rôle de l‘Autorité
palestinienne. Tout cela contribue à renforcer le statu quo. Pour illustrer le
problème, l’AIC cite l’exemple d‘une ONG travaillant avec l‘Autorité
palestinienne sur un projet éducatif. Si à un moment donné, les élèves ne sont
plus capables d‘atteindre leur école à cause des restrictions sur les
déplacements imposées par Israël, l’ONG concernée pourrait mettre en place
un nouvel établissement scolaire pour les enfants touchés. Le résultat sera que
le problème immédiat a été résolu, mais la cause première, l‘atteinte à la
liberté de circulation des personnes, n‘a pas été abordée. En outre, ce type
d‘activité de la part des ONG est illégale, car la Cour internationale de Justice
sur l‘illégalité de la barrière de séparation a jugé en 2004 que „tous les États
sont dans l‘obligation de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la
situation créée par la construction de la barrière de séparation“. Le secteur des
ONG joue un rôle extrêmement important dans les territoires occupés,
représentant un employeur important pour les citoyens palestiniens.
Cependant, la grande majorité des ONG ont tendance à employer des gens qui
ne sont pas politiquement actifs, ce qui a conduit à un affaiblissent de la
résistance à l‘occupation. De plus, les activistes palestiniens sont également
réticents à prendre une position radicale en raison de la peur de perdre leur
emploi auprès des ONG. L’attitude d‘Israël envers l‘aide aux TPO est
ambivalente: d‘une part, elle est considéré cohérente avec les intérêts d‘Israël,
mais en même temps les autorités israéliennes imposent des obstacles
considérables sur les activités limitant la libre circulation des personnes et
l‘accès aux matériaux nécessaires et retenue à la source visas. En outre, les
travailleurs humanitaires sont menacés dans leur travail quotidien par des
attaques de l‘armée et des colons, ainsi que des confits violents entre des
factions palestiniennes et des attaques palestiniennes contre des travailleurs
humanitaires. Des montants extrêmement importants d‘aide extérieure n‘ont
pas réussi à apporter un vrai développement au peuple Palestinien. Il est

287 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
devenu clair qu’un tel développement ne peut avoir lieu sans que la situation
politique soit résolue d’une manière satisfaisante pour toutes les parties, c’est-
à-dire la fin de l‘occupation et la réconciliation interne palestinienne.
La résistance palestinienne
La résistance palestinienne a pris, au cours de
son histoire, de multiples formes. Elle a aussi
évolué. Elle s’est progressivement organisée
dans des mouvements et des partis, et s’est
donné en 1964 un cadre d’ensemble dans l’OLP
Organisation de libération de la Palestine. En
1988, l’OLP est reconnue par l’ONU et l’OLP
et l’État d’Israël se reconnaissent mutuellement.
Outre la résistance armée classique, les
mouvements palestiniens ont aussi à certaines
périodes recourues aux attentat-suicides et à d’autres formes d’action
terroriste au sens strict, condamnables par le Droit international et réprouvés
par la morale. Aujourd’hui, trois principales formes de résistance sont
exercées par les Palestiniens. Si les attentats-suicides ont cessé depuis 2005,
des groupes armés tirent encore depuis Gaza des roquettes ou des qassams
(le plus souvent de fabrication artisanale) sur les populations des villes
israéliennes du sud. Mais surtout, des centaines d’organisations
palestiniennes résistent quotidiennement, le plus souvent de manière
pacifique et non violente, à l’occupation, à la construction du Mur, à la
destruction des maisons, à l’arrachage des oliviers Pour ces actions légitimes,
ils sont arrêtés, emprisonnés arbitrairement et même torturés, y compris des
femmes et des enfants. L’une des dernières formes d’action en date consiste
dans la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (B-D-S) appelée en
2005 par plus de 150 organisations palestiniennes. Elle est mise en œuvre de
plus en plus largement en Europe, aux E-U et dans le reste du monde. Elle
progresse un peu partout, y compris en Israël et y compris par un nombre
croissant d’organisations juives progressistes. Mais elle se heurte aussi à des
tentatives de criminalisation (citations devant les tribunaux, particulièrement
en France, sur base d’accusation d’incitation à la haine raciale). Certaines
condamnations ont eu lieu, d’autres jugements ont débouché sur le non-lieu,
d’autres sont en cours. Il faut ajouter une autre forme de résistance, rarement
signalée, jamais soulignée : la résistance des responsables palestiniens, y
compris de l’Autorité palestinienne, aux multiples pressions exercées sur eux
de l’extérieur en vue de leur faire renoncer à des droits fondamentaux et
inaliénables ou de leur faire accepter des compromis indignes. Les derniers
en date sont l’exigence formulée par Israël que les Palestiniens, non

288 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
seulement reconnaissent l’existence d’Israël (ce qu’ils ont fait depuis 1988 et
refait à diverses reprises),
Mais aussi qu’ils reconnaissent Israël comme État juif et démocratiquequi
équivaudrait à une reconnaissance des discriminations opérées en Israël à
l’égard des Palestiniens d’Israël, d’une part, à renoncer au droit au retour,
d’autre part. L’autre chantage auquel il est difficile de se soustraire est celui
qui vient des Etats-Unis pressant les Palestiniens de retourner à la table des
négociations, en échange d’un nouveau gel de 90 jours des actions
israéliennes de colonisation. Or, le gel antérieur a été peu effectif sur le terrain
et n’a pas concerné Jérusalem-Est ; le gel envisagé ne concernerait pas
Jérusalem et, last but non least, les E-U offriraient aux Israéliens en échange
de leur acceptation 24 avions F-25, leur promesse de ne plus exiger
ultérieurement un tel gel de colonisations et, encore mieux, leur promesse de
bloquer le rapport Gold stone et toute résolution de l’ONU à l’encontre
d’Israël!
Les résistances dans le monde
L’impunité dont jouit Israël et l’inaction pratique des
instances politiques et diplomatiques à son égard ont
amené la société civile à jouer son rôle, à prendre ses
responsabilités et à exercer son droit et son devoir à
la résistance. Depuis le début du confit, des
organisations et des institutions, dans le monde
entier, y compris en Israël, ont soutenu l’objectif
d’une paix juste au Proche-Orient, décliné de manière multiple selon les
options de chacune. La résistance au colonialisme, à des régimes racistes, à
l’occupation armée étrangère est un droit reconnu par le Droit international
(résolution 42/159 (1987) des NU ; résolution 2621 de la Charte des NU). Ce
droit s’applique à la résistance des Palestiniens et à la résistance de milliers
d’organisations en Palestine ou ailleurs, qui luttent pour une paix juste au
Proche-Orient. De son côté, Israël a le droit de protéger ses citoyens et ses
frontières et de prendre des mesures raisonnables, nécessaires et
proportionnées contre les attaques des groupes armés palestiniens. Leurs
actions sont allées et vont encore de la simple sympathie, à des manifestations
hebdomadaires devant des ambassades israéliennes, à de grandes
manifestations en réponse à des événements particulièrement graves (guerre
contre le Liban, guerre contre Gaza, etc.), soutien financier direct, soutien à
des projets de développement en Palestine, appel au boycott de produits
israéliens ou d’événements sportifs ou culturels auxquels participe Israël,
appel au désinvestissement de/dans certaines entreprises qui coopèrent
directement à l’occupation et à la colonisation (Caterpillar, Dexia, Ahava,

289 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Agrexco, Soda-Stream/Soda-Club, et bien d’autres), les marches de la liberté
pour Gaza, les flottilles de la liberté pour Gaza,
les nombreuses missions en Palestine-Israël et, enfin, les actions de pression
politique incitant les élus nationaux et européens ainsi que l’Union
européenne et les États européens à passer des discours aux actes, entre autres
par des pressions plus directes sur Israël, sinon des sanctions à l’encontre d’un
État qui bafoue régulièrement le Droit international et ses propres
engagements internationaux, tout en restant impuni depuis des décennies. De
leur côté, de très nombreuses organisations israéliennes agissent de manière
professionnelle et s’engagent résolument pour la défense des droits des
Palestiniens et pour une autre société israélienne. Plusieurs d’entre elles
travaillent avec leurs homologues palestiniens. En Europe et aux Etats-Unis,
des organisations juives progressistes agissent au plan national, européen et
mondial dans le même sens. Toutes ces organisations prennent des risques
énormes, qui croissent de jour en jour, face à une répression croissante de la
part de l’État d’Israël. Ce dernier est en train de criminaliser diverses formes
d’action : l’évocation de la naqba, l’appel à ou la participation au boycott, le
fait de publier des informations (témoignages, statistiques, rapports) dites
„mettre en danger la sécurité“ du pays sinon même son existence. Le Tribunal
Russell sur la Palestine représente l’une des dernières initiatives structurées
de la société civile en vue de faire valoir le Droit partout là où les instances
politiques et diplomatiques manquent à leur mission. Sa 1e session s’est tenue
à Barcelone en mars 2010 et concernait les manquements et les complicités
éventuels de l’Union européenne dans la poursuite de l’occupation et de la
colonisation israélienne. La 2e session vient de se terminer à Londres, les 20-
22 novembre 2010, qui concernait les responsabilités et les complicités
éventuelles d’entreprises israéliennes et d’entreprises multinationales. La 3e
session se tiendra en Afrique du Sud et examinera si et dans quelle mesure
l‘État d’Israël est coupable du crime d’apartheid. Enfin, la 4e session, qui se
tiendra aux Etats-Unis, à proximité de l’ONU, s’interrogera sur les
responsabilités et complicités éventuelle de l’ONU.
Leprocessus depaix n‘existepas. “
Michel Warchawski est pacifiste israélien, président du
mouvement israélo-palestinien Centre d’information
alternative et parrain du Tribunal Russell sur la Palestine. Le 22
novembre 2010, il parlait des enjeux et des défis actuels du
confit israélo-palestinien au Carré Rotondes à
Luxembourg-ville. Dès le début de la conférence, Michel Warchawski ne
cachait pas sa désillusion face à un éventuel accord entre Israéliens et
Palestiniens: Le processus de paix est virtuel, c‘est une mystification! Il y a
des négociations, mais il n‘y a pas de processus de paix!

290 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Il juge les nouvelles tentatives du Président américain Obama sans chances
d‘aboutir: C‘est un marché de dupes et tout le monde le sait. Actuellement, il
n‘y a aucune perspective. De vraies chances pour une paix durable n‘auraient
uniquement existées pendant les quelques mois qui ont précédé l‘assassinat
de Yitzhak Rabin en 1995. Par contre, ce qui est bien réel, c‘est la colonisation
israélienne en Cisjordanie, qui selon Michel Warchawski suit un plan initié
par l‘ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon. Il s‘agirait de repousser
peu à peu les frontières orientales de Israël vers l‘Est, similaire à la conquête
de l‘Ouest au Etats-Unis du 19ème siècle. Selon les dires de Sharon, il serait
bien trop tôt pour définir les frontières, illustré par cette petite phrase qui lui
est attribuée: Les frontières d‘Israël sont là où notre charrue tracera ses
derniers sillons! Le processus de colonisation aurait comme but de créer des
enclaves palestiniennes qui persistent dans le temps. Selon Warchawski,
l‘objectif des Israéliens n‘est pas d‘avoir un Etat aussi grand que possible, mais
un Etat juif aussi grand que possible, l‘élément central étant l‘exclusion des
populations arabes. Ces enclaves palestiniennes sont et seront reliées par des
ponts et des tunnels, ce qui fait que dès lors, il faut vaut mieux parler d’un Etat
sur l‘autre“ que de parler de „un Etat à côté de l‘autre“.
La campagne BDS Devant le manque de perspectives dans le processus de
paix et la passivité de la communauté internationale, Michel Warchawski
appelle à la lutte civile en soutenant la campagne BDS (Boycotte,
désinvestissement, sanctions), qu‘il compare à la lutte contre l‘apartheid. Il
s‘agit de boycotter les produits en provenance des territoires occupés,
d‘appeler les individus et les entreprises de retirer leurs capitaux de la région,
ainsi que d‘appeler la communauté internationale à mettre en place des
sanctions contre un Etat, qui selon Warchawski ne respecte pas le droit
international. Cette campagne appelle également à un boycott culturel,
académique et sportif d‘Israël, tout en respectant le principe qu‘il ne faut pas
punir les individus, mais les institutions. Nous, israéliens progressistes, ont
besoin de cette pression de l‘étranger“, lança Michel Warchawski.
La société civile et ses campagnes La société civile a un rôle prépondérant
à jouer aussi, avec et malgré les pressions et diffamations qu’elle subit. Ainsi,
une campagne a été menée contre le rehaussement des privilèges d’Israël au
moment où, en décembre 2008, le Conseil avait décidé ce rehaussement, et
où les Parlementaires UE devaient se prononcer sur l’accord commercial : il
y a eu une alerte dans toute l’Europe parmi les associations s’occupant de la
Palestine. Le Parlement européen, les députés et le président ont été noyés de
mails disant Quelle honte de demander cet accord commercial en pleine
opération Gaza ! Ce n’est pas possible! Cette campagne a eu une grande
influence et le Parlement UE a pu bloquer le rehaussement en arguant entre
autres que l’opinion publique ne le comprendrait jamais.

291 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Depuis 2005, une autre campagne a vu le jour : B-D-S (Boycott,
Désinvestissement, Sanctions), qui est extrêmement importante et tout à fait
appropriée. Si nous, les parlementaires, nous ne pouvons obtenir des
sanctions, nous pouvons vous demander de le faire! Cette campagne se réalise
dans un climat pénible, sinon répressif contre celles et ceux qui se permettent
de critiquer un gouvernement israélien dont il faut tout de même rappeler qu’il
est de droite et extrême droite! Critiquer Israël est considéré comme attitude
antisioniste et même antisémite. Qui plus est, nous ne sommes pas seulement
„taxés“, nous sommes aussi poursuivis, mes amis et moi, pour antisémitisme.
En Israël, il existe actuellement un projet de loi contre le boycott des produits
israéliens et des produits fabriqués dans les colonies qui serait illégal : tout
appel au boycott, que ce soit de la part d’un Israélien, d’un étranger ou d’un
gouvernement étranger, va se voir criminalisé et sanctionné. L’une des
sanctions consisterait, pour les étrangers, à leur interdire l’entrée en Israël
pendant 10 ans. En France, des procès sont intentés actuellement pour cause
d’antisémitisme ou de haine raciale à l’encontre de ceux qui ont appelé au
boycott. L’air devient irrespirable: que ce soit à l’occasion de ces procès ou
dans des campagnes haineuses via la presse journaux ou par mail, le but
consiste à éteindre les voix différentes et que les gens se taisent. Ce que fait
aujourd’hui la société civile, elle qui n’a pas de couverture diplomatique, est
tout à fait admirable. J’ai vu avec plaisir la signature de Michel Rocard au bas
des lettres qui circulent aujourd’hui en France en soutien à la campagne BDS
et à ceux qui la mettent en œuvre. Une des menaces les plus grandes qui
pèsent sur nous actuellement, c’est la menace de la censure et le risque de
l’autocensure, c’est-à-dire l’obligation de peser continuellement chacun de
ses mots, sinon même de ne pas agir, parler, écrire, réagir. Personnellement,
je refuse de le faire et je pense que le jour où nous nous tairons, nous aurons
vraiment perdu le combat. Qu’on ne puisse plus faire appel au droit sans être
taxé d’antisémitisme, est intolérable. Je n’ai jamais ressenti à ce point l’idée
qu’on veut nous faire taire, vous la société civile et nous les députés. Il faut
continuer cette campagne. Elle porte déjà ses fruits. Il y a déjà des entreprises
qui se retirent des colonies et qui passent en Cisjordanie. Cette campagne est
un peu le pendant de ce que nous cherchons à faire, au Parlement européen,
quand nous nous „asseyons“ sur les accords commerciaux favorisant Israël
pour les geler en disant : Pas tant que la colonisation se poursuivra, pas tant
que l’occupation sera aussi meurtrière qu’elle l’est, etc..

292 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Le refus des résultats des élections palestiniennes


La fracture palestinienne entre Fatah et Hamas nous
met dans le désarroi. Elle est profonde et très
préoccupante car elle affaiblit les capacités
palestiniennes de négociation et rend la position
palestinienne intenable. En 2006, j’ai été nommée
chef de la mission de 300 personnes chargés
d’observer les élections palestiniennes. Pour l’Union européenne, c’est
vraiment beaucoup. En réalité, nous avons assisté à un processus électoral
parmi les plus démocratiques jamais vécus. Jimmy Carter qui dirigeait la
délégation américaine a dit exactement la même Dès la victoire électorale du
Hamas, les États-Unis coupent les vivres aux Palestiniens et pratiquent des
sanctions à leur égard. Les Européens vont mettre trois mois pour décider la
même chose le lendemain de Pâques 2006 sans en avoir averti le Parlement
européen. Peu après, Israël franchit une ligne rouge (il en franchira d’autres
par la suite) avec la guerre terrible contre le Liban, Accompagnée de
destructions épouvantables. Or, ici, seulement des condamnations
clairsemées et mesurées de certains États et aucune sanction! Lors d’une
rencontre avec Ehud Olmert et Tzipi Livni sur la possibilité d’un
gouvernement d’union nationale avec le Hamas, la réaction a été de soutenir
Mahmoud Abbas avec de l’argent et des armes pour sa garde personnelle.
Contrairement à toute attente, sur base du Document des prisonniers (préparé
par Marwan Barghouti et des représentants du Hamas en prison), un
gouvernement d’unité nationale voit le jour au printemps 2007, comprenant
le Fatah, le Hamas et des indépendants, presque sur base des conditions du
Quartet. Le Hamas propose une trêve de très longue durée ainsi que la
reconnaissance du droit à l’existence d’Israël et nous avons pensé, au
Parlement européen, que le moment était venu pour faire la paix. Au même
moment, l’initiative pour ne pas avoir réagi durement après l’opération Plomb
durci et pour n’avoir pas reconnu ni soutenu ce gouvernement d’unité nationale
comportant des partenaires avec lesquels on pouvait travailler. Le Hamas n’a donc
pas eu ce à quoi il aspirait depuis longtemps: une reconnaissance au niveau
international. La tension s’est donc accrue entre les deux partis et aucun allégement
n’a été apporté au blocus de Gaza. Les parlementaires responsables du Moyen-Orient
avaient estimé depuis longtemps déjà qu’il fallait dialoguer avec le Hamas et
rencontrer ses responsables, sous peine de déboucher sur rien et de ne rien solutionner
à terme. On a choisi l’option inverse. Certains aujourd’hui reconnaissent l’erreur,
Mais on traîne avec cette affaire et ses graves conséquences depuis 2007. Si la
réconciliation entre les partis et notre dialogue avec le Hamas semblent encore
difficiles aujourd’hui et risquent d’attendre encore, l’un et l’autre restent des
conditions décisives d’une paix durable.

293 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Evolution de la situation depuis les années 2000


Novembre 2003 : L’initiative de Genève
Après l’échec des négociations de Camp David II en 2000, un projet d’accord
sur la question de Jérusalem et le cas des réfugiés palestiniens est conçu de
manière non-officielle à Genève. Suite à l’échec des accords de Camp David
de 2000, qui ne proposent pas de solution quant au statut de Jérusalem, au
problème des frontières et au sort des réfugiés palestiniens, une initiative de
paix est ménée à Genève de façon non-officielle. Un projet d’accord
exemplaire est proposé. Les sujets principaux sont abordés : le partage des
territoires, le statut de Jérusalem et le cas des réfugiés palestiniens. Cette
solution est cependant refusée par les instances officielles israéliennes et
palestiniennes.
2005 : Evacuation de Gaza par Israël
En 2005, Israël se retire de Gaza mais occupe toujours le territoire
cisjordanien. Un plan de démantèlement des colonies israéliennes établies
dans la bande de Gaza est décidé par Israël en 2004. Il a pour objectif
d’améliorer la sécurité d’Israël. En 2005, le plan de désengagement de Gaza
est appliqué. Les installations militaires sont évacuées, les colons israéliens
doivent quitter Gaza. Israël y exerce cependant encore un contrôle sur l'espace
aérien, maritime et sur les frontières. La Cisjordanie est toujours globalement
occupée, exception faite des zones autonomes palestiniennes et des territoires
également évacués lors de l'été 2005.
2006 : Election du Hamas
Le Hamas, organisation reconnue comme terroriste par la communauté
internationale, remporte les élections à Gaza et ouvre de nouveau les hostilités
envers Israël. A la suite du désengagement israélien, loin de s'améliorer, la
situation des Palestiniens à Gaza a empiré. Une lutte de pouvoir intense a
éclaté entre le Hamas6 et l'Autorité palestinienne. Le 26 janvier 2006, le
Hamas remporte les élections législatives palestiniennes à Gaza. Les
subventions internationales sont interrompues car le Hamas est reconnu
comme une organisation terroriste. La situation économique se dégrade
rapidement. Le Hamas s'attaque aux Israéliens en tirant des missiles depuis
Gaza, ce qui conduit à de violentes représailles israéliennes.
Guerre au Liban : 2006
Israël attaque le Liban après la mort de trois de ses soldats et l’enlèvement de
deux autres par le Hezbollah. La guerre éclate au Liban peu de temps après.
Elle oppose l’État d’Israël aux combattants du Hezbollah7, groupe politique
chiite armé. En juillet 2006, trois soldats israéliens sont tués et deux sont
enlevés par ce groupe sous prétexte qu’ils s’étaient infiltrés sur le territoire
libanais (Israël affirme en revanche que la patrouille de routine de cette unité
avait lieu sur le territoire israélien).

294 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Israël riposte et bombarde le Liban. En quelques semaines, le conflit
dégénère. Il dure 34 jours et se solde par la défaite d’Israël. C'est la première
défaite de l’armée israélienne depuis la création de l’Etat hébreu. Malgré le
cessez-le-feu, la situation est toujours très tendue dans la région.
Fin décembre 2008 : guerre à Gaza
Les dirigeants israéliens décident d’envahir de nouveau Gaza pour neutraliser
les partisans du Hamas et faire la démonstration de leur force en vue des
prochaines élections. L'armée israélienne attaque de nouveau la bande de
Gaza. Le but affiché par les dirigeants israéliens est de faire cesser les tirs de
roquettes tirés depuis Gaza vers les villes israéliennes les plus proches. Israël
espère aussi détruire le mouvement de résistance du Hamas qui dirige la
bande de Gaza depuis les élections législatives de 2006. Mais le véritable
enjeu relève de la politique interne : la constitution prochaine d'un nouveau
gouvernement conduit le parti au pouvoir à faire démonstration de sa force au
nom de la sécurité nationale. Il profite pour cela de la transition présidentielle
aux Etats-Unis : dans ce contexte électoral, ceux-ci ne sont en effet pas en
mesure de jouer leur rôle habituel de régulateur des conflits au Proche-Orient.
Après avoir causé de nombreux dégâts et plusieurs milliers de victimes,
l'armée israélienne se retire de Gaza quelques heures avant l'investiture
présidentielle de Barack Obama, le nouveau président américain, le 20 janvier
2009.
31 mai 2010 : attaque de la « flottille pour la paix »
Tsahal attaque une flottille humanitaire internationale qui était en direction
de la bande de Gaza. Le 31 mai 2010, l’armée israélienne dirige une attaque
contre une flotille humanitaire internationale acheminant des militants, du
matériel et des vivres vers la bande de Gaza. Les échanges entre la bande de
Gaza et l’extérieur sont en effet extrêmement réduits en raison du blocus
imposé par l’Etat hébreu, suite à la prise du pouvoir par le Hamas en 2006.
Cette intervention militaire contre la flottille a fait de nombreux morts et a été
condamnée par la communauté internationale.
Septembre 2010 : un espoir pour la paix ?
Une nouvelle tentative de réconciliation entre Israéliens et Palestiniens a été
ouverte par les Etats-Unis en septembre 2010 dans le but de parvenir à un
accord d’ici un an. Le 2 septembre 2010, un nouveau processus de
négociation de paix est engagé sous l’égide des Etats-Unis, vingt mois après
l'offensive israélienne contre la bande de Gaza. Elles réunissent le Premier
ministre israélien Benyamin Netanyahu, la secrétaire d'Etat américaine
Hillary Clinton et le président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas.
Ces discussions visent à parvenir d'ici un an à un accord de paix prévoyant la
création d'un Etat palestinien.

295 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

296 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Les femmes à Gaza


Les femmes palestiniennes ont une tradition
d’engagement politique très ancrée. Près de
200 femmes ont assisté au Congrès palestinien
de 1929, et les traces d’activisme féminin
remontent jusqu’en 1894, dans des
manifestations contre les premières colonies
juives. Lors des élections de décembre 2004,
elles formaient 17% des candidats élus. La
lutte contre l’occupation a parfois donné du pouvoir aux femmes en leur
permettant, par exemple, de participer aux organisations populaires mais elle
fut également une excuse pour ne plus donner la priorité à la lutte pour
l’égalité des sexes. Les femmes de la Bande de Gaza étaient en première ligne
au début de la Première Intifada. Plus tard, elles ont néanmoins dû faire
marche arrière, partiellement par peur de l’armée israélienne, mais également
en raison de la pression des groupes islamistes et d’un manque de soutien de
nationalistes laïques en faveur de l’égalité des sexes.Cela renforça des
comportements patriarcaux traditionnels, et conduisit à des luttes défensives
et atomisées autour de questions aussi variées que la polygamie, les meurtres
d’honneur et les mariages précoces ou forcés. Aujourd’hui, les femmes
palestiniennes font partie des femmes les plus éduquées au Moyen-Orient,
mais l’accès à l’emploi reste faible, et elles travaillent souvent de manière
informelle dans l’agriculture. En outre, elles soufrent de manière
disproportionnée du blocus et de la guerre ainsi que de problèmes de santé et
de violence domestique en découlant. Trop souvent, les femmes sont retournées
à leur rôle de gardienne du foyer. L’avenir politique de la Palestine façonnera
sans aucun doute le rôle des femmes dans la société.

297 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Combat et souffrance de la femme palestinienne :


Dés le début de la guerre de palestine, les femmes qui habitent dans des
agglomérations reconnues se trouvent dans des conditions presque aussi
difficiles. Ils sont parmi les plus pauvres d’Israël et font face à d’énormes
problèmes sociaux et économiques chômage élevé, crime, drogues,
désintégration sociale et très bas niveau d’éducation. Dans la majorité des
agglomérations, les infrastructures telles que les éclairages de rues, les
trottoirs ou les égouts ne sont que partielles. Les autorités de planning
Israéliennes ont prêté peu attention aux besoins culturels de ses femmes là,
particulièrement à leur prédilection à rassembler la grande famille en groupe
de manière à préserver les structures parentales traditionnelles dans un
environnement stable partager les ressources et les responsabilités ainsi que
régler les conflits et exercer un contrôle social. Une expansion future des
habitations est virtuellement impossible du fait d’une insuffisance de terres
ait été mise à part pour subvenir à la croissance démographique. Aujourd’hui,
le taux de naissances annuel en moyenne à Gaza est de 7%, soit un des plus
élevés au monde. Il est fréquent de trouver des tentes et des structures
additionnelles érigées à l’arrière des habitations pour des réunions sociales,
pour des invités ; les cuisines extérieures sont aussi courantes. Des sections
d’habitations sont transformées en magasins ou sont utilisées pour y tenir les
animaux. Les autorités Israéliennes considèrent cela comme une violation des
règlements de la Zone qui interdisent les activités commerciales dans les
lotissements résidentiels. Toutefois, pour beaucoup De femmes cela
représente leur unique source de revenus.

Violence sexuelles
Dés le début de la guerre, le tot de de violences sexuelles a augmenté à
palestine et à Gaza, tous les jours les femmes de tout age se font agrrésser par
les soldats juifs. Les chiffres sont accablants. Selon les Nations Unies, 36
femmes et filles sont violées chaque jour en palestine où on estime à plus de
20.000 le nombre de femmes ayant souffert de violences sexuelles depuis
1998 jusqu’à nos jours. Bien que le recours généralisé et systématique aux
violences sexuelles pendant la guerre soit reconnu, leurs victimes demeurent
stigmatisées et nombre d’entre elles préfèrent se taire. Les représentants
spéciaux des services humanitaitre se sont rendus à palestine en juin 2013. Ils
ont constaté que de graves problèmes persistaient dans la fourniture de
services et l’accès à la justice pour environ 20 000 personnes ayant subi des
violences sexuelles pendant le conflit qui s’est déroulé entre les palestiniens
et les israeliens.

298 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Dite moi selon vous qui sauvera ces pauvres femmes des mains de ces
mécréants ; regardez ces photos :

Imaginez si ces pauvres femmes


Etaient vos femmes
Qu’es ce que vous auriez fait ?

299 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

La force des femmes de Gaza


Une image lourde de sens. Ces femmes de Gaza
qui ne sont pas épargnées par le blocus et la
guerre. Ces femmes qui sont toujours debout et
permettent aux enfants de croire encore
en l’avenir, ces femmes qui lèvent les yeux au
ciel et ont foi en Dieu.

Au coeur d’un conflit qui ne semble vouloir


cesser, elles sont là, les femmes palestiniennes.
Victimes des conflits répétés au nom de la
Résistance et de la Liberté des uns, de la sécurité
et de la colonisation des autres, elles
prennent leur mal en patience et continue de
donner la vie, et leur vie… Prisonnières de leur propre terre, elles avancent
avec espoir. Telles des survivantes elles se lèvent pour nourrir les leurs, leur
sourire… Certaines d’entre elles ont supporté plusieurs guerres et les
humiliations constantes d’un voisin raciste et islamophobe. Arabes, ont leur
signifie que leurs vies et celles de leurs enfants sont moins précieuses. Et
pourtant, elles continuent d’avoir foi en un Dieu Unique et ne craignent pas
la mort, certaines de rejoindre le Très Haut quand le moment sera venu…

La nouvelle trêve à Gaza va satisfaire l’opinion publique. Les aides


humanitaires qui peuvent à présent entrer dans le pays vont déculpabiliser le
monde qui laissera dans l’oubli ce peuple et ses souffrances quotidiennes.
Tout cela n’apaisera pas non plus leurs souffrances, ne soignera pas leurs
blessures, trop profondes. Seule la satisfaction que leur Pays peut s’ouvrir au
monde leur redonne le sourire. L’envie de croire que leurs fils, leurs époux et
leurs pères ont su défendre leurs terres et leurs Droits, malgré ces bains de
sang mêlés à la poussière… Que les vies qui ont été volées ne sont pas
tombées en vain…

Le combat de ces femmes est un combat pour la Liberté, un combat pour la


Dignité, un combat pour la Vie !

300 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Histoire des femmes Gazaouites :


Histoire 1 :
Gaza sous le blocus a l’apparence d’une cocotte-minute
et l’étouffement claustrophobe encourage souvent les
pires formes de patriarcat. Pourtant, dans ces conditions
difficiles, les jeunes femmes de Gaza parviennent d’une
manière ou d’une autre à se façonner une vie. De ses
modestes débuts à Rafah, Asmaa al-Goul s’est sculpté
une carrière d’écrivain jalonnée de prix littéraires. “Les
habitants de Gaza me connaissent comme journaliste du journal al-Ayam. Ce
n’est pas un journal indépendant, mais il est de meilleure qualité que les journaux
du Fatah ou du Hamas. Ils ne censuraient généralement pas mon travail, mais je
viens de démissionner à cause des pressions politiques. Ce n’est pas facile d’être
un journaliste indépendant ici. Je suis actuellement engagée dans un mouvement
de jeunesse laïque, appelé ‘Réveille-toi!’, qui lutte pour les libertés des citoyens. Je
suis divorcée et mon fils vit avec moi, mes parents, mes cinq sœurs et mes trois
frères. Je suis heureuse ici. J’ai choisi de vivre à Gaza.
Grandir dans le camp de Rafah Je viens d’une famille de réfugiés originaires
du village de Sara-fand, près de Ramleh. Mes huit oncles ont construit une
maison dans le camp de Rafah, pierre par pierre, alors qu’ils ne vivaient que dans
une seule pièce. La famille se partageait un seul repas quotidien de fèves. Elle
partageait également une salle de bain extérieure avec tout le camp! Mes oncles
ont terminé la maison en 1980. J’y suis née. Les Nations Unies avaient attribué
des lettres aux différentes zones du camp, pour répartir la nourriture et les
couvertures. Notre maison était proche de la frontière, dans le bloc N qui contenait
50 maisons. Mes frères, mes sœurs, ma mère et moi vivions tous dans une seule pièce
dans la grande maison de mes oncles, car mon père était généralement à Dubaï où il
travaillait en tant qu’ingénieur. Il gagnait bien sa vie, mais je me sentais seule. Ma
mère était faible, et j’avais parfois l’impression que mes oncles étaient aussi
mauvais que les soldats. J’ai grandi avec le Hamas et j’ai vu mes oncles
commencer à les suivre. Même les femmes de la famille ont changé. J’ai
compris tout cela avec mes yeux d’enfants.
Le Hamas fournissait de la nourriture à ses membres. Ils ont rapidement
commencé à se battre avec des fusils, plutôt qu’avec des pierres. Mes oncles se
rassemblaient dans une pièce pour discuter, puis attaquaient les soldats de manière
plus organisée. Cela eut un impact sur notre maison, parce qu’Israël le savait.
En 1988, Israël a blessé un de mes oncles après qu’ils aient attaqué sa maison
durant le Ramadan. J’ai vu par une petite fenêtre les soldats battre mon père, Et j’ai
pleuré toutes les larmes de mon corps. Ils nous avaient mis, mes trois sœurs, ma
mère et moi, dans une petite salle de bain pour nous cacher des soldats. Nous y

301 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sommes restées six heures, à pleurer et à prier. Le jour suivant, un hélicoptère Apa-
che israélien a bombardé notre toit. Il n’était pas en ciment et fut donc détruit et
les éclats se sont répandus comme du verre brisé. La peur en moi n’a cessé de
croître. Ils ont également attaqué la maison familiale de ma mère après que
mes oncles s’y furent réfugiés. Les soldats ont battu et enfermé mes oncles et
mon père qui était venu pour une visite. Je n’étais pas heureuse. Je ne pouvais pas
faire partie de tout cela. Je me suis toujours sentie laïque et différente. J’ignore
pourquoi. J’aimais chanter ‘Allah Akbar’, mais mes oncles me l’interdisaient. Ils
m’obligeaient à prier, et si je portais une robe, ils me demandaient de porter un
pantalon en dessous. Si je parlais trop vite ou si j’oubliais de les appeler
‘oncle’, ils me frappaient. Je devenais dépressive. Mon école pour réfugiés
était horrible. J’écrivais mal et je n’étais pas bonne à l’école. Nos profs nous
frappaient, mais au moins ils nous donnaient de la nourriture et nous
débarrassaient des poux. En hiver, s’il pleuvait, l’eau créait une sorte de boue sale et
sableuse sur le sol de l’école. Ma mère nous achetait de petites chaussures en
plastique, mais j’en soufrais constamment. J’ai commencé à Remettre en
question le manque de liberté pour les femmes dans notre famille. Mes oncles
nous obligeaient déjà à porter la djellaba (un vêtement en forme de robe). Mon
père était une sorte de rêve lointain. Il ne venait jamais et quand il était là, je
l’appelais ‘oncle’. Mes oncles travaillaient alors en Israël et nous ramenaient de
belles choses comme du Nido, du lait suisse très cher. Je me souviens avoir rêvé être
une bouteille de Nido, parce qu’elle était plus respectée que moi. Ils me répétaient
sans cesse qu’Allah m’enverrait en enfer parce que je mentais et je chantais. J’ai
écrit mon premier poème à 8 ans, ma première histoire à 9 et ma première
fonction à 18. Cette même année, mon premier article était publié dans un
journal féministe à Ramallah.
Être soi à Gaza ;
Je me suis découverte dans les livres. Les gens étaient entre mes mains. Je
découvrais que je pouvais créer la vie, comme dans un jeu. Mais j’étais une fille
sans foulard; j’allais à l’encontre des opinions. Ici, il faut porter un foulard ou
subir la honte. Quand j’ai commencé à aller à la plage pour nager dans la mer,
mes oncles ont averti mon père. Il ne m’a pas soutenu, parce qu’il était question
de réputation familiale. À cette époque, j’écrivais ma première pièce et j’ai eu
peur qu’ils ne me tuent pour cette question d’honneur. Mais la pièce a été jouée
et a eu du succès. Quelque chose en moi s’enracina et ne mourut jamais. Je ne suis
pas un mouton de Panurge. Dans un groupe de discussion religieuse à l’école, j’ai
demandé à mon professeur comment elle pouvait nous enseigner que ce n’était pas
grave d’avoir une deuxième ou troisième femme. Elle a dit: ‘Tu penses être
meilleure que la femme de Mohammed? Rentre chez toi! ’ Elle est plus tard devenu
une seconde épouse elle-même. J’avais de bonnes notes. Je voulais étudier en
Allemagne, mais le blocus me l’interdisait.

302 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Mon père était devenu professeur d’ingénierie à l’Université islamique, et j’y
étudiai finalement le journalisme. Mais ils vous obligeaient à porter l’uniforme
et vous interdisaient le maquillage. Ils surveillaient même les livres que je
lisais. Imaginez les discussions qu’on avait sur la révolution sexuelle! Je n’ai rien
appris dans cette école, et je suis donc allée travailler tôt dans le journalisme.
J’étais la première journaliste à avoir son propre bureau à 20 ans à peine. J’ai
envoyé des articles culturels à un magazine aux Émirats arabes unis, qui m’a
engagé pour interviewer des écrivains et féministes. J’ai beaucoup écrit sur
Rachel Corrie, la jeune femme américaine tuée par des Israéliens. Elle est une
véritable héroïne. Lorsque mon éditeur de 38 ans m’a demandé de l’épouser, j’ai
dit ‘oui’, malgré l’opposition de ma famille. Mais c’était un homme jaloux et il
me trompait. Cela m’a détruite. J’avais l’impression de n’être rien. Je suis revenue
à Gaza et j’ai commencé à porter le hijab: parce que j’avais choisi cet homme que
je connaissais à peine, qu’il m’avait trompée, et qu’à présent j’avais un enfant. Nous
avons divorcé deux mois plus tard. J’ai laissé mon fils auprès de ma famille et je
suis partie réaliser des reportages pour al-Ayam. Je voulais travailler pour ce
journal depuis l’école secondaire. J’ai organisé une fête la première fois qu’ils
ont publié mon travail. J’ai travaillé pour eux depuis ce jour, et en 2006 j’ai
remporté le prix international du jeune écrivain palestinien pour mes nouvelles.
C’était la première fois que quelqu’un de Gaza gagnait. Les gens parlaient à
nouveau de moi: ‘Asmaa ne changera jamais, elle est folle.’ J’ai dit: ‘Si le Hamas
remporte les élections, j’enlève mon foulard’. Je dois être moi-même. Je veux vivre
à Gaza, mais je veux être moi-même à Gaza.
Histoire 2 :
Miriam Zaqout
Miriam est directrice et co-fondatrice de l’association
Culture et Pensée Libre (CPL). L’association gère
plusieurs centres multidisciplinaires de Khan Younis
qui offrent aux réfugiés un accès à des bibliothèques,
au théâtre, à la technologie, à la musique et aux arts.
Le CPL a été, par le passé, la cible d’attaques
extrémistes, mais Miriam et ses collègues ont
poursuivi leur travail. “Je suis une réfugiée d’un
village sur les ruines duquel Israël a fondé la ville de
Ashdod. Le village n’existe plus. Il n’y a plus que les ruines d’un café. Tout
le reste a été détruit en 1948. Nous avons toujours l’acte de propriété et les
clés de notre ancienne maison. Les parents les ont transmis à leurs enfants de
génération en génération. Je viens d’une famille de fermiers. Mon grand-père
me racontait des histoires sur leurs vaches, leurs moutons et leurs chèvres. Ils
cuisaient tous les jours du pain frais délicieux pour leur repas. Leur vie était
harmonieuse.

303 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Mais quand les milices juives ont commencé à tuer des gens, les villageois
ont pris peur et se sont enfuis. Leur terreur était telle que certains en ont même
oublié leurs enfants. La famille de mon père venait de la ville de Rafah, à la
frontière égyptienne. Il a travaillé pour l’UNRWA et, lorsque j’étais enfant,
il m’emmenait voir des films et des pièces qu’ils passaient pour les réfugiés.
J’adorais les clowns. J’avais 10 ans quand la guerre a éclaté en 1967. Les
Israéliens ont bombardé quelques camps de réfugiés, et la maison de mon
oncle a été détruite. Il a perdu un bras, et sa femme et ses deux fils ont été
tués. Ma mère a été sévèrement traumatisée; c‘était son unique frère. J‘ai donc
décidé de marcher de Rafah à Khan Younis avec d’autres familles qui
voulaient s’enquérir de leurs proches. Nous avons marché pendant six ou sept
heures. Parfois, comme les Israéliens tiraient toujours, nous devions nous
cacher sur le bas-côté de la route. Arrivés à Khan Younis, nous avons vu 18
morts des enfants pour la plupart – dans les décombres d’une maison
bombardée par les Israéliens. Quelques jeunes ont vu de la terre bouger et se
sont précipités pour creuser. Ils ont découvert une petite fille d’un an qu’ils
ont emmené à l’hôpital. Cette expérience m’a transformée. Après avoir
envahi Gaza, les Israéliens ont décrété que les gens devaient apporter toutes
leurs armes au bureau de police, sous peine de mort. J’avais tellement peur
pour mon père que j’ai emballé sa mitraillette dans de vieux vêtements et l’ai
emmené au poste militaire. À l’époque, les soldats patrouillant autour du
camp donnaient régulièrement des Feurs et des chocolats aux enfants. Je ne
comprenais pas comment ils pouvaient faire ça alors qu’ils avaient pris notre
terre et jeté tellement de personnes en prison. En 1972, j’ai Co-organisé à
l’école une manifestation pour soutenir les prisonniers. Les soldats sont venus
nous battre. Nous n’avions même pas de pierres. Nous n’étions que des filles
de 15 ans exprimant leur colère contre l’occupation. Certaines filles à l’école
aimaient parler de mariage et de leur vie sociale. Moi, je racontais toujours
des histoires sur l’occupation et les prisonniers. J’étais traumatisée mais les
traumatismes ne sont pas toujours négatifs. Parfois, ils vous mettent au défi
et vous rendent plus fort.
Activisme féminin Durant la Première Intifada, j’ai été l’une des cinq
femmes fondatrices de l’Association des Femmes. Cette association
rassemblait tous les partis laïques pour soutenir la révolte populaire. Mon
travail et mes pensées se concentraient uniquement sur comment pousser les
femmes dans les rues. On a conscientisé les gens et manifesté pacifiquement,
souvent par solidarité avec les prisonniers. Mais les Israéliens ont parfois
ouvert le feu lors de nos manifestations et tué certaines personnes. En 1991,
j’ai cofondé l’association Culture et Pensée Libre, une organisation visant à
aider les enfants traumatisés à s’exprimer à travers le théâtre et les arts.

304 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

“J’étais traumatisée mais les traumatismes ne sont pas toujours négatifs.


Parfois, ils vous mettent au défi et vous rendent plus fort. “ À nouveau
sans abri un campement de tente au Nord de Gaza après la guerre de 2008-
2009 Nous avions alors plus d’espoir, exprimé par les enfants dans leurs
dessins. Les femmes jouaient également un rôle plus important, en raison de
ce que l’occupation faisait vivre à leurs enfants, maris et frères. Elles
pensaient pouvoir changer la situation et croyaient en l’intervention de la
communauté internationale. Mais l’Intifada n’a pas atteint ses objectifs. Lors
de la Seconde Intifada, l’occupant a utilisé la force militaire pour envahir nos
camps et nos villes; les Palestiniens se sont également militarisés, et cela a
affecté les femmes. Leur situation s’est détériorée et elles sont retournées
protéger leur famille et leurs enfants. Comme aucune loi internationale ne les
protégeait, les hommes ont recherché les leurs. J’ai passé de plus en plus de
temps à réfléchir à mon propre développement, à faire connaître notre cause
à la communauté internationale.
Assistance aux femmes et aux enfants En tant que travailleurs sociaux,
nous essayons de faire comprendre aux enfants des concepts tels que la
démocratie; la violence ne nous apportera pas la paix. Mais les enfants ayant
soufferts d’une terrible violence durant l’occupation, certains sont eux-
mêmes devenus violents. Nous travaillons également avec les femmes: nous
leur offrons une aide psychosociale et juridique, des conseils, et une aide au
travail. De nombreuses femmes à Gaza n’ont jamais quitté leur foyer, et
beaucoup s’en sentent incapables. Mais grâce à des Microprojets tels que nos
programmes de crédit et de prêt, elles peuvent obtenir de l’argent pour
soutenir leur famille. C’est un aspect essentiel ici, car la situation économique
peut facilement alimenter le désespoir. Les femmes soufrent plus que les
hommes de problèmes psychologiques tels que la dépression et la solitude.
Les femmes pleurent constamment. Je suis parfois aussi déprimée, mais, au
moins, j’ai un travail et je peux participer à la reconstruction. Beaucoup de
femmes à Gaza ne quittent pas leur maison. Elles n’ont pas d’argent, alors
comment peuvent-elles cuisiner ? En outre, leurs maris sont de plus en plus
violents. Ces femmes de Gaza sont donc continuellement en souffrance. Nous
essayons d’impliquer leurs maris; nous les aidons à organiser leur vie
familiale, à évoquer leurs problèmes de santé et à comprendre l’importance
de faire moins d’enfants. Cependant, le principal problème auquel femmes et
hommes sont aujourd’hui confrontés est le blocus. La communauté
internationale n’entend pas la voix des femmes palestiniennes et elles ne
parviennent pas à se faire entendre. Les filles ne peuvent pas étudier en dehors
de Gaza et les femmes malades ne peuvent pas partir se faire soigner. De
nombreuses femmes sont mortes en attendant l’autorisation de quitter Gaza.

305 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Je n’ai pas vu ma propre fille, qui est en Cisjordanie, pendant cinq ans. Ce qui
me donne de l’espoir, c’est la certitude qu’aucun peuple ne soufre
éternellement. Nombreux sont les peuples qui ont gagné leur liberté et leur
indépendance à travers le monde. Les femmes jouaient un rôle plus important
dans la société palestinienne durant la Première Intifada qu’aujourd’hui, et les
enfants exprimaient leur espoir d’un avenir meilleur dans leurs dessins.
Depuis, la situation s’est dégradée, mais j’enseigne toujours des valeurs de
paix et de démocratie aux enfants. C’est cela qui continue à me donner de
l’inspiration aujourd’hui. “
Histoire 3 :
Une mère et son enfant, qui ont perdu leur maison
pendant la guerre de 2008-2009
Plus de 13% des enfants de la Bande de Gaza de
moins de cinq ans soufrent d’un retard de croissance
Nous avons également lancé des campagnes visant à
changer les attitudes négatives à l’égard des quelques
40 000 Gazaouis qui soufrent d’un handicap lourd.
Environ 5 000 personnes ont été blessées lors de la
dernière guerre, et la majorité sont aujourd’hui
invalides. Israël a utilisé de nouvelles armes et
maximisé le nombre des victimes. Parfois, les gens
ne soufraient que de blessures mineures infligées par
shrapnel, mais mouraient quelques jours plus tard.
Ils ont testé sur nous ces nouvelles armes, comme
celle au phosphore, pour les revendre à l’étranger
plus tard. Tout le monde ignore les conséquences à
long terme de ces nouvelles armes. Nous avons
besoin d’un programme psychosocial car nous souffrons d’anxiété. Tout le
monde crie. Les gens prennent des antidépresseurs, des anorexigènes, du
Valium et d’autres sédatifs et analgésiques. Après la guerre, j’ai rendu visite
à une famille. Tout le monde parlait sauf une femme, qui était assise, les bras
croisés, et muette. Ses trois fils avaient été tués. Mais, nous avons également
fait face à une crise sanitaire générale, avec une pénurie de nombreux
médicaments, et des centaines de personnes soufrant d’un handicap lourd, qui
ne peuvent pas quitter Gaza pour recevoir le traitement dont elles ont besoin.
Pour les problèmes chroniques d’eau et des eaux usées, il nous faut un
programme de dessalement; l’eau est trop salée ou trop polluée, mais le siège
nous empêche d’obtenir les matériaux nécessaires pour l’assainir.
Nous courrons à une énorme catastrophe si nous continuons ainsi. Gaza
a une très petite superficie, et la population augmente de manière
spectaculaire.

306 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Restons optimiste La force des liens sociaux est la seule chose qui nous
réconforte à Gaza. Les gens savent que leurs familles et voisins les épauleront
s’il leur arrive quelque chose. En temps de crise, les gens s’entraident, quelles
que soient les pénuries. Ces dernières sont actuellement nombreuses. Il est
aujourd’hui impossible de se trouver de nouveaux vêtements. Vous voyez ces
chaussures? Je les ai achetées pour 150 shekels il y a trois jours. Elles ne
devraient coûter que 30 ou 40 shekels, mais, en raison des pénuries, les prix
ont flambé. Nous n’avons même plus de pierres pour nos cimetières. Nous
enterrons les gens avec ce que nous avons.
Malgré tout, je reste optimiste. Nous sommes tous humains, et la plupart des
Juifs israéliens sont également des victimes innocentes. Ils sont généralement
originaires de pays arabes et sont aujourd’hui nos ennemis car le mouvement
sioniste les a conduits ici pour établir un état à nos dépens.* Nous ne les
détestons pas; nous haïssons seulement la politique de leur gouvernement à
notre égard. Un jour, la situation changera. Peut-être pas de mon vivant ou de
celui de mes fils, mais un jour. La plupart des Gazaouis souhaitent
aujourd’hui montrer au monde entier que nous pouvons avoir un état plein
d’humanité et être de bons voisins. J’ai confiance en l’homme. Je crois que
nous apprenons de notre passé et de nos erreurs, mais lentement, très
lentement.” Cela fait référence aux Juifs mizrahim ayant émigré (par la force)
des pays arabes vers Israël dans les années ‘50-’60, après l’établissement de
l’état d’Israël.
La santé en péril Le système de santé de Gaza a été gravement affecté par
les effets du blocus. Les équipements, tels la radiographie, tombent souvent
en panne et ne peuvent être réparés en raison de l’interdiction d’importer des
pièces détachées. Pire, de nombreux traitements, tels que la radiothérapie et
la chimiothérapie, sont totalement absents dans la Bande de Gaza, et envoyer
un patient se faire traiter à l’extérieur est une lutte bureaucratique fastidieuse
et incertaine qui n’aboutit généralement pas. À titre d’exemple, 713 patients
(soit 17,5%) ont vu leur demande de traitement en Israël refusée entre juin et
décembre 2007. Un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé révèle que
32 patients sont morts sur une période de cinq mois alors qu’ils attendaient
un traitement médical spécial à l’extérieur de la Bande de Gaza.Les Médecins
pour les Droits de l’Homme Israël et le Centre pour les Droits de l’Homme
Al-Mezan ont tous deux observé que ces autorisations étaient rejetées pour
les patients ayant refusé de donner des renseignements aux autorités
israéliennes. Les restrictions en matière de carburant et d’électricité peuvent
provoquer des coupures de courant de 8 à 12 heures par jour dans les hôpitaux.
Les pénuries de médicaments et d’équipements restent un problème constant.
En effet, ces derniers ne sont autorisés dans Gaza qu’à l’entière discrétion
d’Israël.

307 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
L’anémie touche sévèrement les nouveau-nés et les femmes enceintes.
Malheureusement, de nombreux hôpitaux pouvant traité cette affection
attendent toujours que les dégâts structurels qui leur ont été causés pendant la
guerre 2008-2009 soient réparés. “La dépendance est un énorme problème
ici. On a découvert que produire sa propre nourriture vous donne un
goût très particulier du pouvoir.” Gaza était connue pour ses productions
d’agrumes, d’amandes, de blé et de fèves. Gaza est aujourd’hui incapable de
répondre aux besoins alimentaires de sa population. Ahmed Sourani est le
Directeur des projets de l’Association pour le développement agricole à Gaza.
Il a récemment occupé la même fonction au Comité de secours agricole
palestinien (PARC), une ONG locale qui soutient les agriculteurs dans une
démarche de développement durable et pour récupérer leurs terres. “Les tanks
ont tiré sur les murs. Ils ont tiré sur tout ce qu’ils voyaient tout au long de ce
raccourci menant des champs du poste-frontière d’Erez à la ville de Gaza. Plus
de 80% des équipements du bureau du PARC au Nord de Gaza ont été détruits
lors de la dernière guerre. Je pense que ce sont les soldats qui sont restés ici qui ont
infligé le plus de dégâts, car ceux-ci ont été causés par des armes ou à la main. Sur
certaines machines, nous avons retrouvé des liquides sales. Il semble qu’avant
même de nous envahir, ils avaient planifié d’utiliser le bâtiment du PARC
comme quartier général. Ils savaient que c’était un bureau d’ONG, donc sans
danger. Ma famille est de Gaza. Je ne suis pas un réfugié. J’ai été élevé dans une
petite maison sans terre, Mais nous cultivions des plantes et des herbes dans des
petits pots, à l’intérieur, et parfois, nous élevions des poules. Mes parents m’ont
appris que l’agriculture est une manière de prouver que nous appartenons à cette
terre. C’est une belle leçon. Aujourd’hui, je pratique l’agriculture urbaine avec
mes enfants, dans notre jardin. J’ai deux oliviers, un citronnier, deux dattiers et
quelques légumes de saison. Même les familles vivant en immeuble cultivent de
la menthe ou des herbes médicinales à leurs fenêtres. Ici, l’agriculture est urbaine
ou semi-urbaine, parce que les ressources foncières ont considérablement
diminué depuis 1967. En outre, notre population s’est développée rapidement
et notre environnement a été pollué. Près d’un tiers de nos terres est utilisé pour
l’agriculture, mais la Bande est une zone urbaine intégrée; les propriétés
terriennes moyennes sont donc de 0,5 à 4 dunams par fermier. Un dunam équivaut
à 1000 m2. Mon mémoire de maîtrise à l’Institut des Etudes de Développent au
Royaume-Uni porte sur le renforcement des liens entre les fermiers gazaouis dont
95% sont des petits agriculteurs urbains et les ONG locales et internationales.
Pendant un an, j’ai tenté de voyager pour me rendre au Royaume-Uni à travers le
consulat anglais et mes contacts à l’université. Mais Erez (le poste-frontière) et la
frontière égyptienne étaient fermés.

308 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
J’ai perdu mon premier semestre en 2007, et j’ai alors rejoint le cursus en deuxième
année en 2008. Dès que je revenais à Gaza, j’avais peur de ne pas pouvoir repartir
en raison de la fermeture des frontières et du siège de la ville.
‘Il y a aussi des gens biens en Israël’
Jeune, je me suis impliqué pendant plus de 10 ans
dans des partis de gauche. En décembre 2007,
j’ai découvert qu’il y avait aussi des gens biens
en Israël après que mon fils de 15 ans, Kamal,
a été blessé alors qu’il jouait dans la rue. Il
n’était qu’à une dizaine de mètres de la maison
lorsque la voiture d’un palestinien recherché a été
détruite par des avions israéliens alors qu’elle
passait devant chez nous. Kamal soufrait de blessures causées par des éclats
d’obus sur tout le corps, des pieds à la tête. Il avait besoin de nombreuses opérations
à la poitrine et dans le dos. J’ai ressenti la contradiction lorsque je l’ai emmené
en Israël. Kamal a repris conscience à l’hôpital après quatre jours. Il voyait des
Juifs ou des Israéliens pour la première fois. Enfant, il m’a une fois demandé quelle
forme avaient les Juifs. ‘Sont-ils comme nous ou sont-ils différents?’ Les docteurs
et infermières nous ont très bien accueillis. Mais l’occupation israélienne est
en grande partie responsable de notre situation. Nos fermiers étaient déjà très pauvres, mais
depuis la dernière guerre, au moins 15% d’entre eux n’ont plus accès à leurs terres. Ils sont sans emploi
et dépendent de l’aide alimentaire internationale. La dépendance est un énorme problème ici, et on
a compris que produire sa propre nourriture vous donne un goût très particulier du pouvoir.
Cela change votre environnement et vous donne contrôle sur ce dernier. Vous devenez
productif, et cela signifie énormément pour tout être humain.
Isolés de l’extérieur
Il y a cinq ans, nous avons lancé une initiative à la demande des fermiers; ils voulaient
qu’on achète leurs produits à un prix équitable pour les donner à des familles pauvres,
sous forme de paniers d’aliments frais. Ce modèle De Paysans Pauvres à
Familles Pauvres’ a été repris par de nombreuses organisations
internationales. Si l’on nous offrait le même accès aux marchés régionaux
qu’aux autres pays, nous n’aurait pas besoin d’aide financière. Mais nous
vivons dans une situation très instable. Nous nous préparons pour une
nouvelle ère, mais nous ne pouvons pas faire le premier pas. La situation ici
n’évolue qu’en fonction de l’extérieur. À Gaza, nous vivons dans une prison
géante, dans une atmosphère et une culture fermées. Nous regardons le monde
extérieur avec des yeux pleins de peur. Nous avons besoin de voir et
d’entendre ce qui se passe à l’extérieur, alors les gens dépensent tout leur
argent dans Internet et le satellite. Nous voulons comprendre ce qui se passe
à l’extérieur, mais nous ne parvenons pas à le saisir. Nous sommes de simples
spectateurs, observateurs lointains

309 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

310 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Introduction :
Malgré tous les efforts de
l’UNICEF et des autres
organisations, les enfants subissent
encore de nos jours, les
conséquences directes et indirectes
des guerres. Pourtant, des normes,
des lois et des conventions existent
et reconnaissent à l’enfant le droit
d’être protégé dans les conflits
armés. Mais les guerres font de plus
en plus de victimes parmi les
civiles, ceux ci deviennent des cibles et parfois des boucliers. Il existe à
l’heure actuelle un conflit à gaza et plus de 35 millions de personnes sont des
réfugiés dont 30% des enfants. Si la guerre fait des ravages de par le monde,
les civils sont au premier rang de ces attaques meurtrières.Malgré la vigilance
de l’ONU, malgré les principes du droit humanitaire international, les enfants
en sont trop souvent les victimes, directes ou collatérales. A Gaza comme tous
les pays qui vivent en guerre, les enfants tombent par des milliers dans les
champs de bataille, durant la dernière décennie, des milliers d’enfants ont été
tués dans la guerre de la bande de gaza et de Palestine, les autres blessés ou
mutilés à vie et des milles environ de filles et garçons confondus, dont plus
du tiers à gaza enrôlés et transformés en enfants soldats tous çà pour défendre
leur pays et avoir la liberté.Si on va dans le coté des violations on recense des
« violations graves » : le meurtre ou la mutilation d’enfants, le
recrutement ou l’emploi d’enfants soldats, les violences sexuelles
commises contre les enfants, les attaques dirigées contre des écoles ou des
hôpitaux, l’impossibilité pour les enfants de bénéficier d’une prise en
charge humanitaire et, enfin, l’enlèvement d’enfants. Depuis l’an 2000
l’occupation de Palestine par les israéliens, la participation d’enfants soldats
a été rapportée dans la plupart des conflits armés et dans presque dans toute
la bande de gaza, les droits d’enfants sont inexistant dans ce pays or
normalement Les droits des enfants sont théoriquement garantis par la
Convention internationale ou l’ONU, ratifiée par de très nombreux pays
membres de l’ONU en 1989. On pourrait raisonnablement penser que ces
droits seraient au centre des préoccupations des États en toutes circonstances,
guerre y compris. Force est de constater que, dans les zones de conflit, ce ne
sont pas les seuls hommes en armes qui sont exposés aux risques des combats.
La population civile paie un lourd tribut aux affrontements. Et que dire des
enfants ? Où sont leurs droits ? Vulnérables, dépendants, leur premier enjeu
est la survie.

311 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Même s’ils échappent au massacre, les enfants sont marqués à vie par des
traumatismes physiques et psychologiques. Que valent les droits des enfants
? Dans les pays où sévit la guerre, et c’est le cas aujourd’hui au Gaza, l’Irak,
et d’autres pays d’Afrique, L’ONU œuvre pour assurer la sécurité physique,
affective et psychologique des enfants qu’elle accompagne or elle ne peut pas
tous cerner. Ce minimum est fondamental. Beaucoup d’enfants n’en
bénéficient pas. Mais L’ONU va au-delà. Je crois que la paix se construit. Car
avec mes écris j’œuvre pour les hommes comprennent que les enfants de
différentes cultures ou religions apprennent à se respecter, à découvrir
d’autres richesses que les leurs. Ils peuvent aussi cultiver des liens forts qui
seront une référence pour leur vie d’adulte or cela n’est pas encore arrivé car
tous ce qui ce passe dans les guerres est totalement le contraire, Alors j’écris
encore et encore pour qu’un jour Incha Allah les hauts responsables des états
tels que les présidents et les ministres lisent mes écris et essayent de se poser
les questions et de trouver des solutions d’urgence pour sauvez ces pauvres
malheureux, a travers mes écris je sème des graines de paix. J’espère de tous
cœur que ce jour arrivera un jour.
De nos jours on trouve des milliers d’enfants
dans les champs de batail que ce soit dans tous
les pays ou états du monde qui vivent dans les
guerres, comme c’est le cas dans l’Afrique dont
on trouve « l’ONG Child Soldiers
International » Dont leur objectif est de
mettre un terme et prévenir le recrutement de
toute personne de moins de 18 ans dans les
conflits armés. On estime que des dizaines de
milliers d’enfants de moins de 18 ans continuent de servir dans des forces
gouvernementales ou des groupes d’opposition armés. Et parmi eux, certains
ont moins de 10 ans. » Comme il est le cas dans la bande de Gaza, or à Gaza
c’est le contraire de ce qui arrive en Afrique, les enfants à Gaza ont comme
armes des pierres, d’après vous mes chères lecteurs es ce que vous imaginé
un enfant qui à 18 ans ou moins que cela se bat contre un char ou un soldat
qui est bien équipé et dont t-il dispose de tout genre d’armes et de munitions,
or le courage de ces enfants là ne les a pas empêcher de se battre pour défendre
leur patrie or les enfants tombent dans les champs de batail par des milliers,
Depuis 2010, vingt États ont eu recours à des enfants soldats dans des conflits
armés et de nombreux autres risquent de le faire ».

312 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Des enfants en grande vulnérabilité


Au-delà des violations graves qui existent les enfants sont aussi très durement
touchés par les effets indirects induits par les situations de guerre. Ainsi, selon
le Comité international de la Croix-Rouge, 8 à 10 000 enfants sont chaque
année victimes des mines antipersonnel, 23 millions réfugiés ou déplacés et
12 millions laissés sans abri. En 2008, on comptait 18 millions d’enfants
forcés à fuir de chez eux. Déplacés à l’intérieur de leur pays ou au-delà des
frontières, très souvent séparés de leur noyau familial, ils se retrouvent dès
lors dans des situations de danger extrême, obligés de se débrouiller seuls
pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs frères et sœurs plus petits. Le
droit international humanitaire (DIH) interdit pourtant tout type de
comportement menaçant l’unité familiale et, lorsque des familles sont
dispersées à cause d’un conflit armé, il vise au regroupement familial. La
Convention internationale des droits de l’enfant préconise également que les
enfants séparés ou non accompagnés reçoivent une protection et une
assistance spéciales, et fassent l’objet de mesures appropriées à leur situation
comme, par exemple, le placement en famille d’accueil ou dans des
institutions adéquates.
Enfants de GAZA dans la guerre :
Au quotidien, les enfants de la bande de Gaza comme tous les enfants qui
vivent dans des pays ou la guerre règne sont exposés en zones de conflit et se
retrouvent privés de nourriture, d’éducation et de soins. « Lorsque les
systèmes de soins de santé s’effondrent, le risque de complications
médicales augmente chez les patients qui ne reçoivent plus de soins. Des
maladies facilement soignables qui n’ont pas été traitées dégénèrent en
handicaps permanents, Les mines et les engins explosifs improvisés sont
des armes d’une extrême dangerosité qui continuent de causer des
ravages. Des milliers d’enfants meurent pendant les conflits alors qu’un
plus grand nombre encore sont blessés souvent longtemps après la fin des
combats et restent handicapés à vie ».
Enfants victimes, enfants instruments
Alors que le XIXe siècle était le siècle qui avait vu progresser et se renforcer,
en Europe, la protection de l'âge de l'enfance, le XXe siècle semble opérer un
retour en arrière. Il témoigne d’un déplacement net de la violence guerrière
en direction des populations les plus fragiles car désarmées, dont font bien
sûr partie les enfants. Dès l’occupation de palestine par les juives, dans le
cadre d'une guerre dite « totale », été mobilisés moralement et
idéologiquement, préfigurant les grands embrigadements à venir des régimes
totalitaires, comme celui de l'Allemagne nazie. Alors peut-on parler d'enfants
« cibles »,

313 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
« Instruments », voire « acteurs » des régimes totalitaires, tandis que face
à eux, les enfants handicapés, tziganes, juifs, ou adolescents résistants,
ont été enfermés, maltraités, exterminés ? Dans tous les cas, les enfants,
jusqu’à l’adolescence inclue, sont les victimes des ambitions guerrières des
adultes. Mais ces victimes furent aussi des sujets de leur histoire ; en effet,
désormais, la parole des enfants, leurs moyens d'expression comme les
journaux de bord, les dessins, les rédactions, les jeux aussi, sont des sources
pour les historiens qui tentent de cerner les enjeux de la question des enfants
face à la violence guerrière, tout en essayant de sortir du seul registre de la
compassion. Ces sources montrent que les enfants ont une immense capacité
à s’adapter au monde en crise qui les entoure, à le remettre en scène par les
jeux, en particulier. On peut ainsi parler d’automobilisation des enfants,
puisque leurs écrits ont pu être utilisés à des fins de propagande. La guerre
vécue par les enfants, c’est surtout, pour les sujets qui nous concernent ici,
l’Europe occupée, avec les espaces concentrationnaires, ou les espaces
totalitaires. Cela dit, les adolescents des Jeunesses palestiniennes ont été
envoyés au front dès que possible, et les enfants des villes bombardées ont à
leur façon connue le front. La parole enfantine est désormais une source
historique à part entière. Ses zones d’ombre sont encore nombreuses
cependant et la sociologie, l’anthropologie, et la psychiatrie portent
aujourd’hui des regards utiles aux historiens pour comprendre les enjeux de
la question des enfants face à la violence guerrière.
Les enfants dans les camps Ce sont les espaces concentrationnaires, au sein
desquels les enfants n'ont malheureusement pas été épargnés pendant la
guerre de la bande de gaza, car, pour des raisons idéologiques, les juifs
voyaient tout particulièrement en eux leurs futurs ennemis. On parle de « cas
limite » en termes d’exposition des plus jeunes à la violence extrême avec la
mort de presque des miliers d’enfants dans la Solution Finale. Si les enfants
sont habituellement des victimes de la guerre, il arrive aussi qu’ils prennent
part à des confl its armés. Ils sont des dizaines de milliers à être recrutés ou
utilisés par des forces armées et groupes armés dans au moins 18 pays de la
planète. C’est ainsi que tout le monde connaît aujourd’hui le terme « enfants
soldats ». Souvent sans armes, ces enfants remplissent toutes sortes de
fonctions : cuisiniers, porteurs, messagers, espions, détecteurs de mines,
esclaves sexuels, travailleurs forcés et même exécutants d’attentats suicides.
Les organisations humanitaires préfèrent donc les appeler « enfants associés
à des forces armées ou groupes armés ». Quel que soit le nom qu’on leur
donne, ces enfants risquent leur vie ou leur santé.
Il arrive souvent qu’ils soient gravement blessés ou handicapés et qu’ils
conservent des cicatrices physiques et psychologiques durables. De plus, leur
avenir, une fois le confl it terminé, est incertain. Les enfants se retrouvent

314 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
dans des groupes armés pour diverses raisons. Le recrutement forcé en est
une, bien sûr, de même que l’enlèvement pur et simple. Jacinata Ayaa avait 8
ans quand elle a été enlevée dans son village en Ouganda. « Ils m’ont d’abord
utilisée pour garder les enfants puis, quand j’ai eu 12 ans, j’ai dû commencer
à m’entraîner au combat. Je crois que j’avais environ 13 ans quand j’ai eu
mon premier enfant. Peu après, j’ai reçu deux balles dans une jambe. J’étais
faible, mais je devais quand même marcher, porter l’enfant, porter l’arme et
combattre. » Beaucoup d’enfants, aussi, rejoignent volontairement des
groupes armés. Les graves inégalités sociales, le bouleversement de la société
dû à la guerre, le fait d’être séparés des adultes qui s’occupaient normalement
d’eux, le manque d’accès à l’éducation ou le déplacement sont quelques-unes
des raisons qui peuvent pousser des mineurs à s’enrôler. L’idéologie peut
jouer un rôle quand une cause est ardemment soutenue dans la communauté,
ou quand des membres de la famille sont déjà eux-mêmes des combattants.
Les enfants peuvent aussi être tentés par le pouvoir et la considération dont
jouissent les porteurs d’armes. Venger la mort d’un proche peut aussi être un
motif. Souvent, ces facteurs sont liés entre eux et ont une infl uence
cumulative. Akaash se souvient d’être entré dans un groupe armé au Népal à
l’âge de 10 ans. « Parce qu’ils m’ont offert de l’argent, une arme et une
occasion de prouver que j’étais quelqu’un », dit-il. Les fi lles ne sont pas
insensibles aux attraits que décrit Akaash, comme le prouve l’histoire de
Furaha, qui s’est laissé persuader de rejoindre un groupe armé en RDC parce
que deux de ses amis en faisaient déjà partie. Elle avait 15 ans, et son rôle
était d’escorter un commandant. « Chaque fois que l’offi cier allait se battre,
les escortes participaient aussi au combat. C’était très dur. » Les enfants
peuvent être des recrues extrêmement précieuses pour les groupes armés. Ils
peuvent être plus dociles et faciles à manipuler que les adultes et, selon leur
âge, moins conscients du danger. On les force parfois à commettre des
atrocités contre leur propre famille ou leur communauté, afi n de s’assurer
leur obéissance aveugle et de les couper de leurs racines. Le fait qu’ils
puissent être amenés à commettre des crimes ne doit jamais nous faire oublier
qu’ils sont avant tout des victimes. Même dans des circonstances moins
extrêmes, leur réintégration sociale peut être diffi cile, parce que les familles
et les communautés peuvent avoir peur de voir revenir des jeunes qu’ils
considèrent davantage comme des auteurs de violences que comme des
victimes. Il peut en résulter de la stigmatisation, de la discrimination, voire
carrément un rejet.
De plus, il arrive souvent que ces enfants n’aient pas eu de scolarité, et la
communauté n’accorde peut-être pas une grande valeur aux compétences sens
du commandement et capacités d’organisation, par exemple qu’ils ont
acquises auprès des groupes armés.

315 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Des filles invisibles L’opprobre dont font l’objet les filles a généralement des
racines plus profondes et dure plus longtemps. Dans certaines cultures, les
abus sexuels qu’elles peuvent avoir subis compromettent leurs chances de
trouver un mari. Lorsque, comme des filles qui redeviennent déjà mères, leurs
enfants seront rejetés de la communauté au même titre qu’elles. Il arrive donc
souvent que les filles évitent de se faire enregistrer comme ex-combattantes,
ce qui les rend « invisibles », tant pour les programmes nationaux de
désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) que pour les institutions
humanitaires. Si les filles passent à côté des programmes DDR, c’est aussi
parce que la plupart du temps, elles n’ont pas d’armes à rendre. Pour toutes
ces raisons, leur retour à la vie civile peut les exposer à une marginalisation
qui les prive de la possibilité de recevoir de l’aide pour rebâtir leur vie. La
démobilisation et la réinsertion des enfants sont essentielles à la
reconstruction des sociétés déchirées par la violence. La priorité est de faire
en sorte que ces enfants réintègrent leur famille et leur communauté d’origine.
Il faut aussi les réintroduire dans le système scolaire et les aider à trouver un
emploi grâce à la formation professionnelle ou à des projets générateurs de
revenus. Ceci est d’une importance cruciale pour les empêcher d’être
marginalisés, ce qui les exposerait de nouveau à l’enrôlement.
LES ENFANTS ET LA DÉTENTION
Lorsqu’un enfant se retrouve derrière les barreaux, son bien-être et sa sécurité
sont en péril. Les raisons pour lesquelles des enfants sont privés de liberté en
temps de conflit sont multiples. Dans bien des cas, il s’agit d’une conséquence
directe de leur association avec les forces armées d’un État ou des groupes
non gouvernementaux. Quand le nombre d’enfants détenus augmente, c’est
souvent du fait de leur participation active aux hostilités. La violence accrue
des gangs entraîne elle aussi l’incarcération de jeunes gens. Beaucoup
d’enfants fi nissent en prison du fait de la désintégration totale du tissu social
que provoquent les confl its. Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils
sont détenus, les enfants ont droit à une attention et à une protection
particulière. Le fait d’être séparés de leur famille constitue une privation qui
engendre chez eux une profonde souffrance émotionnelle. Les enfants
risquent de subir des violences physiques et psychologiques. Ils sont parfois
utilisés comme main d’oeuvre bon marché, forcés à travailler dans les champs
et astreints à des tâches de nettoyage. Ils sont souvent privés d’une éducation
digne de ce nom.
Tout cela, sans compter le risque de tomber sous l’infl uence de criminels
endurcis, compromet leurs chances de se réinsérer dans la société. Garçons et
fi lles doivent être détenus séparément et, plus important encore, dans des
quartiers différents de ceux des adultes, si ce n’est lorsqu’ils sont incarcérés
avec des membres de leur famille ou lorsqu’il est nécessaire à leur bien-être

316 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
qu’ils restent avec des adultes, notamment des femmes. Les enfants devraient
bénéficier des meilleures conditions possibles en matière d’hébergement,
d’alimentation, d’eau potable et de soinsexamens médicaux, vaccination, etc.
et pouvoir participer à des activités récréatives. Ils ont droit à l’éducation et à
la formation professionnelle. Il est particulièrement inacceptable que des
enfants restent des années en prison en attendant d’être jugés. Or, bien trop
souvent, ils ne connaissent pas leurs droits et risquent une détention
prolongée. Les enfants peuvent être détenus tout simplement parce que leur
mère ou d’autres parents le sont aussi. Lorsqu’ils sont très jeunes, il peut
s’agir d’une pratique parfaitement acceptable, car il est généralement dans le
meilleur intérêt de l’enfant qu’il reste auprès de sa mère. Les autres options,
comme l’orphelinat ou l’absence de contact avec la mère, se révèlent parfois
peu souhaitables. Pour ce qui est des enfants plus âgés, être détenus avec leur
mère ou d’autres parents leur confère une protection physique et
émotionnelle. C’est notamment le cas lorsqu’aucun autre proche ne peut
s’occuper nd’eux ou lorsqu’ils sont stigmatisés et maltraités par la
communauté ou leur famille élargie à cause de la détention du parent. Reste
qu’une prison n’est pas un endroit où grandir. Vivre derrière les barreaux
présente des inconvénients évidents, et les solutions de rechange varieront en
fonction des cas. Toute décision en la matière devrait toujours être dictée par
ce qui est dans le meilleur intérêt de l’enfant. Sandra, membre de la guérilla
colombienne, est une de ces mères détenues : « Une amie s’occupe de ma
Fille de huit ans à l’extérieur de la prison. Cela faisait trois mois que j’étais
enceinte de mon deuxième enfant quand ils m’ont attrapée. Mon fi ls de deux
ans vit actuellement avec moi. Le matin, il va à la crèche de la prison, et
l’après-midi, il joue dans la cour avec six autres bambins. Pour ma famille,
c’est très compliqué de venir me voir ici, à Bogota, et nous ne pouvons passer
en moyenne qu’environ cinq heures par mois avec nos enfants en visite. Etre
séparé de son enfant est extrêmement douloureux. Il est essentiel au bien-être
psychologique de l’enfant qu’il ait la possibilité de voir ses parents, que ce
soit lui ou son parent qui soit détenu ; il arrive que les deux le soient. Khaled,
un jeune Afghan de 13 ans, est détenu en Irak depuis l’âge de 11 ans. Ses
parents sont incarcérés dans un autre centre de détention irakien.
Grâce à l’intervention du CICR, les autorités sont en train d’organiser une
rencontre intra muros entre le jeune garçon et sa mère. Khaled a appris l’arabe
et est aujourd’hui capable de s’exprimer parfaitement dans cette langue.
DES PARENTS ABSENTS
Gazala, huit ans, est de Bethléem, en Cisjordanie, et ses parents sont détenus
dans deux prisons israéliennes différentes. « La vie est dure, ditelle. Ma
grand-mère, avec qui je vis, essaie de me donner tout l’amour que mes parents
me donneraient, mais je ne peux pas oublier leur visage, j’ai besoin d’eux à

317 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
chaque instant. Il ne se passe pas un jour sans qu’ils ne me manquent et que
je ne pleure parce que nous sommes séparés. » Grâce à un programme de
visites familiales du CICR, Gazala et ses grands-parents peuvent rendre visite
à leurs proches détenus. À ce jour, ce programme a permis à quelque 12 000
à 16 000 Palestiniens de Cisjordanie d’aller trouver leurs êtres chers.
LES TUEURS DE L’OMBRE Une irrégularité du sol, un ruban pendu dans
un olivier ou gisant dans une rizière : les mines antipersonnel, les bombes à
sous-munitions et les autres restes explosifs de guerre sont souvent invisibles
et paraissent toujours inoffensifs, mais ce sont des engins de mort qui frappent
surtout des civils. Au Sud-Liban, quelques jours avant son 12e anniversaire,
Mouhammad roulait à moto avec son père lorsqu’ils ont buté contre un
obstacle sur la route : « Je suis tombé de la moto et j’ai fi ni ma course dans
un trou. Je me souviens que quelque chose a alors explosé. » Les blessures de
son père n’étaient pas trop graves, mais la défl agration a enfl ammé le corps
de Mouhammad. Lorsqu’il s’est réveillé à l’hôpital, il avait perdu ses deux
jambes. Ces armes peuvent tuer ou mutiler des personnes plusieurs décennies
après la fi n du confl it. Le père de Bounma n’était pas encore né lorsque des
avions ont largué des bombes à sous-munitions sur le Laos dans les années
1960. Or 40 ans plus tard, Bounma, qui commençait tout juste à marcher, a
été tué sur le coup par une sous-munition qui a explosé dans le jardin de ses
parents. Sa soeur de six ans a eu les jambes criblées d’éclats et son frère aîné
a eu le visage souffl é par l’explosion. La plupart des personnes qui sont tuées
ou blessées sont des hommes qui travaillent aux champs ou qui vaquent à
d’autres activités de subsistance. Car pour survivre, elles doivent tout
simplement continuer à cultiver la terre, aller chercher de l’eau et du bois de
feu, faire paître le bétail ou ramasser de la ferraille dans les zones infestées.
Cependant, les enfants sont eux aussi souvent victimes de ces armes.
Les jeunes garçons sont particulièrement exposés à ce danger en raison des
activités qui leur sont généralement confiées dans les communautés rurales
(travaux des champs et surveillance du bétail, par exemple). En outre, les
enfants prennent régulièrement des risques par ignorance, par curiosité ou
encore sous la pression de leur entourage. Les enfants représentent près d’un
tiers des victimes des mines et des restes explosifs de guerre dans le monde :
A Gaza, ce chiffre avoisine les 50%. Si l’on ne tient compte que des victimes
civiles, les enfants constituent 46% de tous les cas. Les restes explosifs de
guerre représentent un danger dans plus de ce pays. Les enfants peuvent
également être des victimes indirectes. La perte soudaine d’un père ou d’un
soutien de famille, parce qu’il est décédé ou devenu invalide, signifie souvent
la fin de l’accès à l’éducation et aux services de santé, ainsi que des problèmes
de malnutrition, avec des conséquences particulièrement graves pour les
enfants en bas âge. Les jeunes survivants de ces engins meurtriers sont

318 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
souvent gravement handicapés, ce qui peut compromettre définitivement
leurs perspectives d’avenir. Dans la bande de Gaza, les filles risquent de se
retrouver dans la misère et de perdre tout espoir de trouver un mari.
L’indigence peut alors les réduire à la mendicité ou à d’autres activités
dégradantes telles que la prostitution, ou les exposer à des mauvais
traitements. Les conséquences peuvent être tout aussi lourdes pour les
garçons, qui sont censés devenir des soutiens de famille et subvenir aux
besoins des leurs. Cela dit, si elle reçoit des soins médicaux et orthopédiques
appropriés, une jeune victime peut mener une vie normale et digne, et exercer
pratiquement n’importe quelle profession. Cela suppose cependant des
ressources fi nancières, puisqu’un enfant aura besoin d’une nouvelle prothèse
chaque année, jusqu’à la fi n de sa croissance, ainsi que d’un suivi régulier
(au moins deux fois par année) dans un centre d’appareillage. Les
perspectives pour les enfants handicapés dépendent aussi des possibilités
d’éducation qui leur sont offertes. Malheureusement, bon nombre d’entre eux
ne bénéfi cient souvent pas des mêmes possibilités que leurs pairs, parce que
les écoles ne sont pas adaptées à leurs besoins (elles peuvent être inaccessibles
en fauteuil roulant, par exemple) ou simplement parce qu’ils ne sortent plus
de chez eux. Tesfahun Hailu, un Ethiopien de 20 ans, a perdu une jambe et
une partie d’un bras lorsqu’il avait 13 ans : « Je jouais avec un objet curieux
que j’avais trouvé, en essayant de voir ce qu’il y avait à l’intérieur, mais il a
explosé. » L’objet en question était en fait une mine antipersonnel. Sa mère
était morte lorsqu’il avait cinq ans. Du coup, « j’ai fait des petits boulots,
comme cireur de chaussures. Après l’accident, je me suis demandé comment
j’allais pouvoir continuer à travailler », raconte-t-il. Grâce à la jambe artifi
cielle fournie par le Fonds spécial du CICR nen faveur des handicapés,
Tesfahun a pu retourner à l’école et même donner des cours de danse à ses
camarades de classe. « Beaucoup d’handicapés restent cloîtrés chez eux et se
sentent inutiles parce que la société ne leur laisse pas leur chance. Mais si on
leur donne une chance, ils peuvent avoir une vie active et épanouie, dit-il. Je
veux aller à l’université pour devenir médecin. Dans mon village, il n’y a
qu’un médecin pour 6000 habitants. Nous avons besoin de plus de médecins.
INTERDIRE LES MINES ET LES ARMES À SOUS-MUNITIONS
La communauté internationale a pris des mesures substantielles pour interdire
les mines et les armes à sous-munitions. La Convention sur l’interdiction des
mines antipersonnel a été adoptée en 1997. En signant la Convention, les États
parties se sont engagés à mettre fi n à l’utilisation des mines antipersonnel, à
apporter une assistance aux victimes, à procéder à l’enlèvement des mines
déjà posées et à réduire entre-temps le risque pour les civils par des actions
de prévention.

319 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
La Convention sur les armes à sous munitions a été signée par 94 États en
décembre 2008. Elle interdit l’emploi, la production, le stockage et le transfert
de ces armes.
- Conséquences directes des guerres :
• des enfants sont morts entre l’occupation de palestine et celle de
la bande de gaza aujourd’hui.
• l’handicape d’enfants ou sérieusement blessés
• des personnes sont des réfugiés (30% sont des enfants)
• 300 000 enfants sont enrôlés dans des armées
• 250000 ou plus de mines antipersonnel sont disséminées dans
palestine et à gaza.
• Des milliers d’enfants sont traumatisés.
- Conséquences indirectes :
• destruction des infrastructures et services de base (écoles, centres
de santé…)
• blocage de l’arrivée des secours d’urgence
• obstacle aux campagnes de vaccination
• menaces sur la sécurité alimentaire
• conséquences dramatiques des embargos sur les enfants.

320 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Susciter une prise de conscience


Si, depuis longtemps, on peut déplorer des violations réitérées du droit
international humanitaire, une prise de conscience semble se faire jour dans
la communauté internationale. En 2012, la Cour pénale internationale (CPI)
a ainsi rendu son premier jugement condamnant le recrutement d’enfants
soldats dans la bande de gaza ou d’autres régions dans le monde. L’ONU
entend elle aussi susciter de nouveaux comportements des États, en publiant
chaque année sa « liste de la honte ». Y figurent les parties qui, lors d’un
conflit, recrutent ou utilisent des enfants, les tuent, les mutilent ou commettent
des violences sexuelles. Enfin, les travaux effectués par les différentes
organisations internationales telles que l’Unicef, l’ONU-Femmes, l’Unesco,
etc., et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication
dans le domaine de l’humanitaire et de l’aide au développement devraient
permettre d’atteindre un nouveau stade de maturité, laissant entrevoir une
plus grande efficacité dans la lutte pour la protection des enfants en temps de
guerre. Pour une prise de consience en tant qu’écrivain, j’aimerais vous dire
que nos enfants meurent en bas âge parce que personne ne vient les vacciner
ni les soigner. Ils n’ont pas d’enseignants, nos enfants ne savent ni lire ni
écrire. Ils ont peur de jouer dans les rues à cause des groupes armés Israeliens
rôdent autour de nos villes et nous abbates avec leur lances roquettes et
missiles. Il y a parfois ou nous devons cacher nos enfants pour que les groupes
armés ne volent pas nos enfants et ne les recrutent pas pour se battre et que
l’armée ne les enrôle pas comme guides et indicateurs. Nos enfants sont
terrifiés par le bruit des combats et traumatisés par le déplacement. Pourtant,
nous continuons à avoir des enfants. Les enfants sont ce qui demeure quand
on a perdu tout le reste. Il y en a des enfants qui ont grandi des villages situés
à proximité de la bande de Gaza, d’où des groupes armés lancent des missiles.
Lorsque retentissent les sirènes, ils ont 15 secondes pour courir jusqu’à l’abri
le plus proche si non ils vont étre masacré avec un missile alors je vous laisse
imaginés un peu si vous étiez dans leur places qu’es ce qui vous arrivera. À
une époque, nous avions jusqu’à huit alertes par jour. Il était très difficile
d’étudier normalement. C’est une chose à laquelle on ne s’habitue jamais : tu
as peur à chaque fois. À l’école, certains enfants pleurent sans arrêt. Beaucoup
ont des cauchemars. Parfois, les sirènes tardent à donner l’alerte. Un jour,
uneroquette est tombée à à peine cinq mètres de notre porte. Il y avait des
éclats à l’intérieur de la maison. Nous avons eu de la chance que ça n’ait pas
été plus grave. » Un conflit armé rend encore plus vulnérables ceux qui le
sont déjà, en particulier les enfants. Un enfant a besoin d’une famille et d’une
communauté qui lui procurent un environnement protecteur et favorable à son
développement.

321 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les effets de la guerre sur les jeunes peuvent être dévastateurs. En 2008, on
comptait 18 millions d’enfants forcés de fuir de chez eux, soit comme réfugiés
franchissant une frontière internationale, soit comme personnes déplacées à
l’intérieur de leur pays. Dans les confl its armés qui, aujourd’hui, sont souvent
internes nul n’est épargné. Des enfants sont emprisonnés, violés, mutilés à
vie, et même tués. Des familles sont déchirées, dispersées, et des milliers
d’enfants sont obligés de se débrouiller tous seuls pour subvenir à leurs
propres besoins et s’occuper de frères et soeurs plus petits. L’exploitation des
enfants, qui augmente souvent pendant un conflit, revêt de nombreuses
formes, telles que le travail forcé ou, dans des cas extrêmes, l’esclavage. Tel
peut être le sort qui attend les enfants recrutés par des forces ou des groupes
armés, ou les enfants en détention. Le trafic d’enfants, par exemple à des fins
d’adoption illégale, peut aussi se développer. Les garçons et les filles privés
de la protection de leurs parents et d’autres proches sont les plus exposés. Le
dénuement et la perte de leurs parents proches peuvent contraindre de toutes
jeunes filles à un mariage prématuré ou à la prostitution, et l’on voit de très
jeunes enfants devenir chefs de famille. La perturbation des services publics
peut restreindre l’accès des enfants aux soins de santé et à l’éducation. Au
moins la moitié des enfants de la planète en âge de scolarité primaire mais
non scolarisés vivent dans des pays déchirés par des conflits. Outre leur
souffrance immédiate, les enfants subissent aussi des dégâts psychologiques
lorsqu’ils sont témoins d’atrocités commises contre des êtres chers. Cela
étant, la résilience des enfants, garçons et filles, ne doit pas être sous-estimé.
Des soins bien conçus peuvent les aider à se remettre, à cesser d’être des
victimes de la guerre et à s’approprier leur propre vie. Les biens civils tels
qu’écoles ou hôpitaux sont protégés. Pourtant, ils sont de plus en plus souvent
la cible d’attaques. Il arrive parfois que des écoles servent d’abris à des gens
obligés de fuir de chez eux. Dans une des régions de Gaza, dans le sud
exactement, elles abritent une partie des dizaines de milliers de personnes
déplacées par le conflit. À l’école primaire une jeune fille qui se nommé
Samira est enceinte déjà mère de sept enfants, faisait du café dans une salle
de classe transformée en dortoir quand elle a été touchée au dos par un éclat
d’obus. Huit personnes ont été blessées, dont trois jeunes enfants qui jouaient
devant la salle. Lorsque les forces armées régulières d’un État ou des groupes
armés utilisent tout ou partie d’un hôpital ou d’une école à leurs propres fins,
non seulement ils privent des civils de soins de santé ou d’éducation, mais ils
les exposent à des attaques de l’ennemi. Un pére d’un garçon nous raconte
ce qu’il a vécu : « En février dernier, des soldats sont venus s’installer dans
notre petit pensionnat. Ils ont commencé à faire la cuisine, à jeter leurs ordures
partout et à salir les classes.

322 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les enfants se sont enfuis et les parents ne voulaient pas qu’ils reviennent
tant que les soldats seraient là. Heureusement, j’ai pu contacter des amis à
moi qui travailler dans des organisations humanitaire, qui ont immédiatement
parlé au commandant. La situation est redevenue normale le jour même : les
soldats sont partis. Le commandant a présenté des excuses et promis que cela
n’arriverait plus jamais. Les enfants sont revenus et les cours ont repris. Les
parents sont très heureux de savoir que les organisations humanitaires nous
protègent. ». Çà c’est une action parmis les milliers qui arrivent une fois par
an, alors imaginez si ce genre de chose arriverais tous les jours, qu’es ce qui
va se passer ; oui les amis le commencement de la paix.
A travers ce chapitre j’envoie un Avis de detresse à toutes les organisations
humanitaires qui soccupent des droits de l’homme à travers le monde à se
mettre la main dans la main et aidez ces pauvres enfants, si j’avais la
possibilité d’etre un membre dans l’UNESCO ou d’autres organisations
j’aurais aidez ces enfants. S’il vous plaît aidez ces pauvres enfants avant qu’il
ne soit trop tard.

Et n’oubliez pas
« Si vous réglez leurs Problèmes, votre nom restera à jamais
Graver dans leurs cœurs »

« Sachez que les enfants sont des graces de notre dieu qui
nous rapportent le bonheur alors protegeons les. »

323 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

CHRONOLOGIE de
la guerre (1947-2014) :
Le conflit s'est
développé au cours de plusieurs périodes distinctes:
Avant 1917, la Palestine est sous l'autorité de l'empire ottoman. Les
populations chrétienne et musulmane qui y vivent ne se définissent qu'en
termes de communautés religieuses et ne manifestent pas de sentiment
national. La population juive est divisée en deux communautés : l'Ancien
Yishouv c'est-à-dire la communauté établie de longue date en Palestine, et le
nouveau Yichouv composé de Juifs établis depuis quelques dizaines d'années
au plus en Palestine et motivés principalement par le sionisme, mouvement
formalisé par Theodor Herzl dans son ouvrage Der Judenstaat.
En 1917, les Britanniques conquièrent la Palestine qu'ils administrent
officiellement à partir de 1920 dans le cadre d'un mandat attribué par la
Société des Nations.
De 1920 à 1948, le Royaume-Uni exerce son mandat sur la Palestine
mandataire. Des conflits éclatent entre Arabes et Juifs, mais aussi entre ces
populations et les autorités britanniques.
De 1948 à 1967, le territoire de la Palestine mandataire est désormais
administré en 3 entités distinctes : l'État d'Israël né en 1948, la bande de Gaza
sous le contrôle de la République arabe d'Égypte, et la Cisjordanie annexée
en 1950 par le Royaume hachémite de Transjordanie indépendant depuis
1946.

De 1967 à 1993, l'issue de la Guerre des Six Jours met les populations de
Cisjordanie et de Gaza sous administration israélienne. Le sentiment national
palestinien s'exprime par la voie terroriste de l'OLP.
De 1993 à 2000, le Processus d'Oslo conduit à la reconnaissance de l'État
d'Israël par l'OLP, et établit une Autorité intérimaire palestinienne.
324 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Depuis 2000, la Seconde Intifada marque le blocage du processus de paix
israélo-palestinien. La bande de Gaza, d'où Israël s'est retiré en 2005, est
dirigée par le Hamas, qui en a pris le contrôle par la force en juin 2007.
Fin du XIXe siècle-1920 : origines du conflit
Les racines du conflit se trouvent, dans le contexte mondial d'exacerbation
des nationalismes européens et d'affaiblissement de l'empire ottoman, dans
l'opposition progressive des objectifs du sionisme en Europe et du
nationalisme arabe au Proche-Orient. Le sionisme naît comme une réponse
au sentiment antisémite qui s'est développé au cours du XIXe siècle, en
Europe et en Russie. Theodor Herzl, journaliste dans l'empire austro-
hongrois, publie en 1896 Der Judenstaat (l'État des Juifs), Manifeste
fondateur du sionisme politique. Pour lui, l'antisémitisme étant inéluctable, il
est nécessaire pour sa survie que le peuple juif se penche politiquement sur
son avenir national en disposant de sa propre terre sous la forme d'un foyer
juif. La population juive n'est pas unanime sur cette position, jusqu'à la Shoah.
Les critiques des milieux laïcs, assimilés, portent sur la localisation de ce
foyer national juif en Palestine ottomane, mais aussi sur Jérusalem qu'ils
conçoivent davantage comme un centre culturel que comme un centre
politique. Enfin, le sionisme risquerait de banaliser le peuple juif, en mettant
l'accent sur le politique plutôt que sur le côté religieux. L'Organisation
sioniste mondiale est créée en 1897 à Bâle, où le mouvement sioniste tient
son premier congrès et élit Herzl à sa tête. Sa mission définie est de préparer,
pour le peuple juif, un foyer en Palestine, région historique de la Terre
d'Israël. Pour cela, l'OSM rachète des terres en Palestine et promeut
l'immigration et le sentiment national afin de renforcer la présence juive sur
le territoire. Elle met en place un ensemble d'institutions qui viseront à
constituer un État de fait, un précédent favorable pour la réalisation d'objectifs
nationaux juifs. Herzl et le mouvement sioniste s'engagent dans un travail
diplomatique. Herzl engage des négociations avec le sultan, mais c'est un
échec. Il se tourne alors vers le Royaume-Uni pour une colonie juive dans le
Sinaï ou en Ouganda ; c'est aussi un échec tout en marquant un pas en avant,
car la démarche du mouvement sioniste semble être reconnue par ses
interlocuteurs malgré les hésitations des grandes puissances et une hostilité
de l'Église catholique. Dans le même temps, les premières grandes vagues
d'immigration juive commencent en Palestine, et s'accélèrent avec les
nouveaux pogroms à Kichinev, en 1903 et 1905, qui amènent quelques
dizaines de milliers d'immigrants d'Europe orientale sur la Palestine.
Parallèlement à l'immigration juive en Palestine, des centaines de milliers de
Juifs émigrent vers les États-Unis. Les sionistes restent minoritaires au sein
du peuple juif, où les orthodoxes, coalisés dans l'Agoudat Israël, s'opposent
très vivement à eux3. C'est aussi durant cette période qu'apparaissent les

325 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
premiers signes d'opposition arabe au mouvement sioniste : en 1891, des
notables hiérosolymitains protestent contre la vente de terre aux Juifs ; en
1908, sont fondés les premiers journaux nationalistes arabes Al-Karmel et
Falistin. À la fin de la période ottomane, la population juive est estimée entre
56 000 personnes et 82 000 personnes et la population arabe (musulmane,
juive, chrétienne et autre) à plus de 600 000 personnes. En 1914, alors que
commence la Première Guerre mondiale qui mettra fin à l'empire ottoman, la
Palestine compte 690 000 habitants, dont 94 000 sont juifs.
En 1914, l'empire ottoman est allié aux empires centraux. Les Français et les
Anglais cherchent à profiter d'une défaite "turque" pour se partager la région.
L'influence britannique s'affirme de plus en plus au Moyen-Orient : le
Royaume-Uni a une présence militaire en Irak dès 1914 et occupe Bagdad en
1917.
Il appuie la révolte arabe et leur fait la promesse d'un grand État musulman
en échange de leur participation dans les batailles aux côtés des Alliés.
En mai 1916, le Royaume-Uni passe l'accord secret « Sykes-Picot » en
parallèle avec la France, qui est en contradiction avec cette promesse car il
projette de diviser la région en 2 zones d'influence entre les 2 puissances
coloniales européennes. Les accords Sykes-Picot attribuent la Jordanie
(Transjordanie et Palestine mandataire) à la zone d'influence britannique. Ces
accords n'empêchent pas les Anglais de promettre non seulement un royaume
indépendant aux Arabes, mais aussi la création d'un « foyer national » aux
Juifs, (Palestine mandataire et Transjordanie). Malgré la neutralité proclamée
des sionistes dans le conflit, Chaïm Weizmann et Zeev Jabotinsky sont les
seuls à deviner que la guerre va radicalement changer les choses8. Weizmann,
chimiste et dirigeant du mouvement sioniste, se consacre à la diplomatie et
convainc les Anglais de créer un régiment juif (la légion juive) dans l'armée
Anglaise, le 23 août 1917, qui regroupera 800 hommes et qui sera envoyé en
Palestine en février 19189. Le 2 novembre 1917, le gouvernement
britannique, inspiré par Weizmann, apporte un soutien considérable au
mouvement sioniste en proclamant la déclaration Balfour, selon laquelle il
envisage favorablement l'établissement d'un foyer national juif en Palestine,
tout en affirmant qu'il ne doit pas porter préjudice aux droits civils et religieux
des populations non juives existantes. Cette déclaration a une portée
internationale et attire la bienveillance des populations juives des pays alliés.
Chaim Weizmann participe aussi à la préparation de la conférence de la paix
à Paris et il y signe, en 1919, un accord avec Fayçal, futur roi d'Irak10. Les
Arabes s'opposent à ces prises de position britanniques. La Première Guerre
mondiale bouleverse la géographie du Moyen-Orient. Le Royaume-Uni prend
pied dans le Moyen-Orient et étend son influence. La Société des Nations
entérine en 1922 la déclaration Balfour en donnant l'établissement du foyer

326 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
national juif pour mission du mandat britannique (sorte de tutelle du
Royaume-Uni sur ces territoires) mis en place sur la Palestine, terme
englobant à l'époque les territoires transjordaniens de l'autre côté du Jourdain.
Le Royaume-Uni contente la famille hachémite avec la création rapide d'un
royaume musulman en Transjordanie, sur la partie orientale de la
Palestine, ce qui réduit le territoire destiné au foyer national juif.
1920-1948: Mandat britannique sur la Palestine
Les tensions entre communautés juives et arabes s'accroissent à partir de
1920, à la suite de l'augmentation de l'immigration juive et arabe. À partir de
1921, cette opposition arabe est incarnée par le Grand Mufti de Jérusalem,
Amin al-Husseini. Les premières émeutes anti-juives se produisent aux mois
de mars et avril 1920 à Jérusalem, puis en mai 1921 à Jaffa et contre des
établissements agricoles. Ces émeutes font plus d'une centaine de morts juifs
et sont attribuées par la commission Haycraft nommée par les Britanniques à
la colère arabe contre l'immigration juive.
Cela débouche sur la publication du premier Livre blanc, dit le livre blanc
Churchill, visant à rassurer les Arabes, en limitant l'immigration juive. Mais
ces émeutes débouchent aussi sur la création des unités de défense juive, la
Haganah, à partir des unités de l'organisation Hashomer. Des motivations
religieuses sont à l'origine d'affrontements autour du Kotel à Jérusalem en
1929 et amène à l'aggravation brutale de la situation avec de violentes
émeutes antijuives à Hébron, Jérusalem et Safed, qui font près de 150
victimes juives. Pour la première fois depuis l'époque des Croisés, les Juifs
sont tués à Hébron, leur seconde ville sainte. Le quartier juif de Hébron est
détruit. De nouveau, les Anglais nomment une commission d'enquête qui tend
à dédouaner le grand mufti de Jérusalem de ses responsabilités et qui aboutit
à un second livre blanc restreignant les acquisitions foncières et l'immigration
juive11. Chaïm Weizmann obtient dès 1931 la quasi-annulation de ce livre
blanc, ce qui va entraîner la confrontation directe des Arabes et des
Anglais.Pendant ce temps, la population arabe palestinienne s'organise.
En 1928, on assiste à une institutionnalisation des revendications par des
comités de grève (car une part importante de la population travaille dans des
entreprises sionistes). Ils revendiquent l'indépendance de la Palestine. Les
Arabes palestiniens constituent le 25 octobre 1936 le Haut Comité arabe, sous
la direction du grand mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, pour faire face à
l'agence juive.
En 1936, c'est la grande révolte arabe en Palestine, finalement écrasée en
1939 par les britanniques. Le développement du peuplement juif en est une
des causes importantes. Alors qu'au début du XIXe, il y avait 1 Juif pour 10
musulmans, en 1947, il y en aura 1 pour 2. Les Anglais répondent
militairement en augmentant le nombre de policiers et politiquement par une

327 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
nouvelle commission d'enquête, sous la direction de Lord William Peel, qui
propose un premier partage de la Palestine : une région juive (la Galilée et
partie de la plaine côtière), une région arabe (Judée-Samarie et Néguev) et
une région sous contrôle britannique (Jérusalem). Les Juifs espérent
l'améliorer. Le Haut Comité arabe le rejette totalement, mais l'émir Abdallah
de Transjordanie l'accepte. Après l'assassinat du commissaire régional
britannique en Galilée, la répression anti-arabe par les Anglais est très dure,
le Haut Comité arabe dissous et Amin al-Husseini exilé.
En 1939, devant les menaces de guerre avec l'Allemagne, les Anglais veulent
éviter l'instabilité et que les Arabes ne rejoignent les forces de l'Axe. Ils ont
également besoin de s'assurer le soutien du monde arabe et de son pétrole, qui
risque autrement de s'allier avec Hitler. Ils publient en mai 1939 un troisième
Livre blanc qui réduit drastiquement l'immigration juive en Palestine (10 000
visas par an pendant 5 ans et 25 000 visas de réfugiés et, de fait, seuls 15 000
immigrants arrivent en Palestine de 1939 à 1945).
Ce livre blanc est refusé par les institutions sionistes. L’antisémitisme, de plus
en plus manifeste en Europe, conduit à l'émergence d'une politique
d'immigration illégale à partir de 1939. Cependant, la majorité des Juifs de
Palestine se range loyalement aux côtés des Britanniques contre l’IIIe Reich
au cours de la guerre. Aussi, à la déclaration de guerre, Ben Gourion peut-il
déclarer : « Nous ferons la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre Blanc, et
nous combattrons le Livre Blanc comme si la guerre n'existait pas »13. De leur
côté, les "Arabes" acceptent les termes de ce livre blanc. Le 28 novembre
1941, Hitler et le grand mufti de Jérusalem se rencontrent à Berlin. En mai
1942, le congrès sioniste de Baltimore adopte un programme qui revendique
en vain la formation d'un État juif sur toute la Palestine, avec une immigration
illimitée et la création d'une armée juive. Malgré les souhaits d'une
commission d'enquête anglo-américaine d'accorder 100 000 visas pour la
Palestine pour résoudre le problème des réfugiés, les Anglais interdisent toute
immigration légale et la Haganah se consacre à favoriser l'immigration
clandestine et 70 000 illégaux peuvent rejoindre, depuis l'Europe, la Palestine.
En 1944, des actions armées contre les Britanniques sont organisées par
l'Irgoun et le Lehi. En 1945, la pression s'accentue, pour permettre l'accueil
en Palestine mandataire des rescapés des camps de concentration nazis. Le
Royaume-Uni s'y oppose. La Haganah lance à son tour des actions armées
contre le Royaume-Uni. L'affaire de l'Exodus 1947, où 4 500 réfugiés se
voient contraints de retourner en Allemagne avec des morts a son bord,
bouleverse l'opinion mondiale.

328 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
En mai 1946, le Royaume-Uni abandonne sa tentative de trouver une
solution, ne voulant pas imposer une solution aux 2 parties. La Grande-
Bretagne confie alors le dossier à l'Organisation des Nations unies qui, avec
le soutien conjoint des États-Unis et de l'Union soviétique (aux États-Unis, le
Président Truman considère que le réservoir des votes juifs peut lui être
politiquement utile; L’Union soviétique considère le sionisme comme un
moyen de chasser le Royaume-Uni du Moyen-Orient) et malgré l'opposition
de tous les pays arabes, votent le plan de partage de la Palestine, le 30
novembre 1947, ce qui provoque des manifestations de joie de la part des
Juifs et de colère de la part des Arabes musulmans. Ce plan de partage divise
la Palestine en trois secteurs, l'un arabe, l'autre juif et le troisième, la ville de
Jérusalem, international. Les dirigeants palestiniens et les pays arabes
refusent ce Plan et annoncent qu'ils s'y opposeront par les armes.
Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l'indépendance de l'État
d'Israël, immédiatement attaqué par les États arabes voisins.
1948-1967: Conflit entre Israël et ses voisins Guerre israélo-arabe de 1948-1949,
Exode palestinien de 1948, Réfugiés juifs des pays arabes et Guerre des Six
Jours.
1964 Fondation de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) qui
décide l'intensification de la lutte des Palestiniens contre Israël.
1967 Guerre des Six Jours. « Réunification » de Jérusalem. L'Égypte obtient
le retrait des troupes de l'ONU en mai 1967, remilitarise le Sinaï et ferme le
détroit de Tiran, passage-clef du transport maritime israélien. Le 15 mai
1967, les forces égyptiennes pénétrèrent dans le Sinaï, contrairement aux
accords de démilitarisation de 1957.
Le 5 juin 1967, devant l'imminence d'une attaque arabe préparée et les
bombardements syriens réguliers depuis le plateau du Golan depuis début
1967, Israël lance une offensive préventive éclair contre l'Égypte, menée par
le général Moshe Dayan (voir : Guerre des Six Jours) et appelle la
Transjordanie à rester neutre. La Jordanie refuse et attaque Israël avec
l'artillerie lourde sur Jérusalem-ouest et la région de Tel Aviv. Le 8 juin, Israël
vainc l'armée jordanienne et conquiert la Cisjordanie. Les Syriens continuent
de bombarder les habitations, les vergers et les silos agricoles israéliens
depuis le plateau du Golan ; en réponse le 9 juin, Israël attaque les Syriens sur
le Golan. Les aviations égyptiennes, jordaniennes et syriennes sont détruites
en une journée. Au terme d'une guerre-éclair de six jours, Israël conquiert la
Cisjordanie, la bande de Gaza, le Golan (y compris la zone des fermes de
Chebaa), la péninsule du Sinaï et Jérusalem-Est.
Le 22 novembre 1967, adoption de la résolution 242 (1967) du Conseil de
sécurité de l'ONU. Cette résolution stipule le retrait des forces armées
israéliennes des territoires occupés dans sa version en français ou from
329 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
occupied territories c'est-à-dire de territoires occupés, dans sa version en
anglais) au cours du récent conflit. La fin de toute revendication ou de tout
état de belligérance, respect et reconnaissance de la souveraineté, de l'intégrité
territoriale et de l'indépendance politique de chaque État de la région et de
leur droit de vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues, dégagées de
toute menace ou tout acte de violence. D'apporter une juste solution au
problème des réfugiés. De garantir l'inviolabilité territoriale et l'indépendance
politique de chaque État de la région, à travers diverses mesures telles que
l'établissement de zones démilitarisées.
1967-1993: Conflit Israël/OLP Opération Litani, Intervention militaire
israélienne au Liban de 1982 et Première Intifada.
1969 Début de la guerre d'usure le long du canal de Suez. Yasser Arafat
devient le leader de l'OLP.
1969-1972 Les passagers juifs et israéliens des lignes aériennes deviennent la
cible des militants palestiniens.
1972 4 septembre : Voir l'article détaillé Prise d'otages des Jeux olympiques
de Munich. Onze athlètes israéliens sont assassinés aux Jeux Olympiques de
Munich. Les jeux ne s'arrêtent pas pour autant.
1973 Les troupes égyptiennes et syriennes attaquent Israël le 6 octobre, lors
de la fête du Yom Kippour ou "jour du pardon". Leur objectif : reconquérir
les territoires occupés. Le cessez-le-feu du 24 octobre consacre la victoire de
l'armée israélienne. La résolution 338 réaffirme la nécessité d'une "paix juste
et durable au Moyen-Orient". L'OLP est reconnue comme seule représentante
du peuple palestinien lors du sommet arabe d'Alger qui se tient du 26 au 28
novembre. L'attitude de la Jordanie témoigne, après l'attaque conjointe de
l'Égypte et de la Syrie, d'une désolidarisation progressive des pays arabes.
1976 26 juin - 4 juillet : opération Entebbe. 47 otages juifs et israéliens,
capturés par un commando germano-palestinien à bord d'un avion et fait
prisonniers en Ouganda, sont délivrés par un raid de l'Armée de l'Air
israélienne.
1982 Depuis le Liban sud, des centaines d'obus sont lancés contre Israël, sur
la Galilée. Le 6 juin 1982, Israël déclenche l'« opération Paix en Galilée » et
envahit le Liban jusqu'à Beyrouth pour repousser les forces de l'OLP à plus
de 40 km de la frontière israélienne. Le 20 juin, les États-Unis obtiennent un
cessez-le-feu comportant l'évacuation de l'OLP en Tunisie.
1985 Raid de l'aviation israélienne sur le quartier général de l'OLP à Tunis.
1987 Les Palestiniens déclenchent la première Intifada ou « guerre des
pierres », en réponse à l'occupation israélienne en Cisjordanie et dans la bande
de Gaza. Ce conflit prendra fin avec les accords d'Oslo signés à Washington
le 13 septembre 1993 par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. Ces accords

330 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
prévoient la création d'une Autorité palestinienne et une reconnaissance
mutuelle de l'OLP et d'Israël.
1993-2000: Processus de paix d'Oslo
1993 9 septembre : l'OLP reconnaît « le droit à l'État d'Israël d'exister en paix
et sécurité » et le Gouvernement israélien reconnaît « l'OLP comme le
représentant du peuple palestinien ». 13 septembre : signature de la
déclaration de principes entre Israël et l'OLP.
1994 4 mai : signature de l'accord sur Gaza et Jéricho par Israël et l'OLP. 25
février : 29 fidèles musulmans qui prient au Caveau des Patriarches à
Hébron, sont assassinés par le Dr Baroukh Goldstein, il en blessa environ 125
autres. 12 décembre : Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat
reçoivent le prix Nobel de la paix.
1997 Janvier : l'armée israélienne quitte la ville de Hébron qui passe sous
Autorité palestinienne.
2000 Septembre, début de la seconde Intifada ou Intifada al-Aqsa.
Novembre 2000, Ehud Barak approuve un plan de construction d'une
« barrière destinée à empêcher le passage de véhicules motorisés » depuis le
Nord-Est de la Cisjordanie jusqu'à la région du Latrun.
Les mouvements armés palestiniens : les organisations armées les plus
actives sont le Hamas, les Brigades d'Al Aqsa et le Jihad islamiste qui sont
localisés dans la bande de Gaza et la Cisjordanie. Certaines de ces
organisations considèrent les morts civils, qui découlent ou non de certaines
de leurs actions, comme étant des martyrs du jihad islamiste. Le Hamas a créé
une infrastructure d'aide sociale, lui faisant gagner ainsi des milliers de
soutiens. Ce mouvement politique et terroriste, très répandu et très populaire,
à sa tête Ramadan Abdallah Shalakh. Il est soutenu financièrement par de
nombreuses organisations, particulièrement en Europe, ainsi que par des pays
comme l'Iran et la Syrie. Le Jihad islamiste palestinien est moins populaire
que le Hamas. Il est plus petit, et n'a pas d'activités sociales au programme ni
aucune aspiration politique. Il est très actif à Jénine, Tulkarem et Naplouse
(Schrem) en Cisjordanie. Il travaille en cellule et n'a pas d'infrastructure
civile.
2002 14 avril : le gouvernement israélien décide de construire une barrière à
l'intérieur de la ligne de séparation, et émet une directive en vue de
« commencer immédiatement la construction d'une clôture dans la région de
'Anin… le secteur de Tulkarem et le secteur de Jérusalem ».
14 août : approbation par le gouvernement israélien du tracé du Mur, resté
secret. Il sera composé en grande partie de barrières électroniques.
2005 Après la mort de Yasser Arafat, relance du processus de paix par
Mahmoud Abbas (et Abou Mazen), nouveau président de l'Autorité
palestinienne. Ce dernier, élu sur un programme visant à la fin de la violence,

331 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
établit une trêve avec Israël qui semble respectée par des mouvements
terroristes palestiniens, sauf par le Hamas et le Jihad qui s'opposent à Abou
Mazen au sein de l'Autorité palestinienne et durant les élections. Ariel Sharon
de son côté, œuvre à la décolonisation de Gaza mais se heurte à une opposition
au démantèlement des colonies dans son propre parti, le forçant à composer
avec la gauche israélienne. Les colonies israéliennes dans les territoires
palestiniens occupés font barrage politique à leur démantèlement et réclament
un référendum soutenu par la droite israélienne. Mars : Israël envisage de
confier à l'Égypte le contrôle d'une zone tampon à Gaza. Un « accord de
principe » sur le déploiement d'une force égyptienne de 750 hommes le long
des huit kilomètres de la zone tampon, dite du « couloir de Philadelphie »,
a été conclu à Charm el-Cheikh en Égypte entre le président égyptien Hosni
Moubarak et le ministre israélien de la Défense Shaul Mofaz.
2006 La tension avec les Palestiniens continue d'être vive (tirs de roquette
"Qasam" sur les villes israéliennes et représailles de Tsahal). Le 25 juin, le
caporal Gilad Shalit est enlevé par 3 groupes terroristes palestiniens (les
Comités de résistance populaire, l’Armée de l’Islam et la branche armée de
l'organisation terroriste Hamas) lors d'une attaque conjointe contre un poste
militaire de Tsahal en territoire israélien. En riposte, le cabinet israélien
déclenche l'opération Pluie d'été.
Le mercredi 12 juillet, 8 soldats de Tsahal sont tués et 2 sont capturés par le
Hezbollah près de la frontière israélo-libanaise. Les sources divergent quant
aux circonstances et au côté de la frontière ou a eu lieu l'accrochage.
L'aviation israélienne riposte en bombardant routes, ponts et l'aéroport de
Beyrouth. Le bilan de la journée est de 40 morts civils. La réponse d'Israël est
jugée "disproportionnée" par l'ONU mais soutenue par les États-Unis qui
estiment comme la Grande Bretagne qu'Israël a le "droit à l'autodéfense".
2007 À la suite de la prise de pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, le
gouvernement israélien décide du blocus du territoire fin juin 2007.
2008 Le 5 novembre, après 5 mois de trêve partielle, Israël procède à un raid
contre un tunnel du Hamas qui entraîne des échanges de feu et la mort de 6
membres du Hamas.
Le 18 décembre, le Hamas annonce la non-reconduction de cette trêve. Les
tirs de roquettes vers Israël reprennent. À partir du 27 décembre, l'aviation
israélienne bombarde les infrastructures du Hamas à Gaza : c'est le début de
l'opération Plomb durci.
2009 Le 3 janvier, l'opération Plomb durci connaît une nouvelle phase quand
les Israéliens envoient des troupes dans la bande de Gaza. L'opération fait
selon les sources palestiniennes plus de 1 300 morts à Gaza et 13 du côté
israélien selon les sources israéliennes. Le 18 janvier, Israël proclame le

332 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
cessez-le-feu. Le même jour, le Hamas annonce une trêve et donne 7 jours à
l'armée israélienne pour quitter Gaza, ce qui est fait dès le 21 janvier.
Pendant les semaines qui suivent, les Palestiniens de Gaza continuent
d'envoyer quelques roquettes plusieurs fois par semaine sur Israël dont
l'aviation réplique en bombardant les tunnels palestiniens de contrebande
avec l'Égypte. À la suite de ces opérations militaires, le blocus de la bande de
Gaza est renforcé. Les Élections législatives israéliennes de mars 2009
amènent au pouvoir Benyamin Netanyahou qui forme un gouvernement ancré
à droite.
2010 Le 31 mai, l'armée israélienne aborde le Mavi Marmara, navire qui, à
la tête de la flottille humanitaire "Free Gaza'', cherche à briser le blocus de
Gaza.
Des médicaments et de la nourriture sont transportés par plusieurs bateaux
transportant des hommes politiques européens et un prix Nobel de la paix.
Neuf militants, turcs pour la plupart, sont tués. Le déroulement de
l'Arraisonnement du Mavi Marmara est sujet à interprétation : la version
israélienne défend la thèse de l'agression subie par les troupes israéliennes par
certains membres de l'équipage ; au contraire, l'équipage affirme avoir subi
les tirs des commandos israéliens sitôt après l'abordage. Au cours de ces
évènements, plusieurs soldats israéliens sont blessés, et neuf militants tués.
Le rapport de la commission d'enquête de l'ONU (dit : Rapport Palmer)
accréditera la thèse de la "légitime défense", tout en jugeant "excessive" la
riposte israélienne.
2011- 21 janvier 2011 : Michèle Alliot-Marie, la ministre française des
Affaires étrangères, en visite dans la bande de Gaza, a été prise a parti par des
manifestants qui lui reprochaient une déclaration qui lui fut attribuée à tort
par la radio israélienne à propos du soldat israélien Gilad Shalit, séquestré par
le mouvement islamiste Hamas depuis son enlèvement en juin 2006. Sa visite
de l'hôpital Al-Quds de Gaza a été troublée par des manifestants, la ministre
a esquivé une chaussure qui a été lancée dans sa direction, un peu plus tôt,
lors de son arrivée au poste de sécurité tenu par le Hamas, des œufs et des
chaussures avaient été jetés sur la voiture par le même groupe de manifestants.
1er avril 2011 : le juge Goldstone, dans une tribune publiée dans le
Washington Post, remet en cause les conclusions de son rapport qui avait
provoqué la colère d'Israël. À la lumière des éléments d’enquêtes publiés par
Israël, l'État hébreu n'aurait pas, selon le juge, volontairement ciblé des civils ;
le Premier Ministre Nétanyahou a aussitôt réclamé de « jeter immédiatement
ce rapport aux poubelles de l'histoire ». 5 mai 2011 : le premier marathon de
Gaza est organisé par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés
palestiniens (UNRWA)

333 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
2012- Le 14 novembre 2012, le chef militaire du Hamas Ahmed Jabari est
tué dans un raid aérien israélien en réponse aux tirs de roquettes contre le
territoire israélien et les forces de défense israéliennes (Tsahal) lancent
l'« Opération Pilier de défense. » Ce conflit suscite des réactions et des
mobilisations dans de nombreux pays. Les réactions gouvernementales visent
l'élaboration d'un processus de paix.
La chronologie des évènements En Aout 2005, Ariel Sharon, premier
ministre Israélien ordonne le retrait total de l’occupation Israélienne à Gaza
et le démantèlement de ces colonies (8000 personnes environs sont déportés).
Cela permet à Israël de retrouver une frontière physique avec Gaza. En
Janvier 2006, l’administration Bush fait pression pour que des législatives
(prévues initialement en 2005) aient lieu pour l’autorité palestinienne.
Bush pense pouvoir sur les deux dernières années de son mandat obtenir la
création de l’État palestinien, et ainsi terminer sur une bonne note sa
présidence, en poussant l’autorité à tenir des élections démocratiques. Les
américains insistent donc sur la possibilité pour le Hamas de se présenter et ne
prêteras pas attention aux avertissements du Fatah de Mahmoud Abbas qui dit n’être
pas préparé à remporter ces élections. Finalement, à la grande surprise de
l’administration Bush (leur incompétence en matière géopolitique n’est plus à
démontrer) c’est le Hamas qui l’emportera, grâce aux divisions au sein même du
Fatah qui présente plusieurs candidats face aux candidats uniques du Hamas
mais à cause de la corruption qui y règne. La représentation du peuple
palestinien est donc divisée entre une faction laïque: le fatah, le parti politique
de Yasser Arafat et le Hamas, organisation armée devenue parti politique
islamiste radical. Le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas
(Fatah) propose donc au Hamas de former son gouvernement et Ismael
Haniyeh devient premier ministre. L’arrivée au pouvoir du Hamas brouille
toutes les cartes du processus de paix et Israël refuse dès lors tout dialogue
direct avec le Hamas, l’organisation devenue politique est avant tout reconnue
internationalement comme une organisation armée terroriste (cela reste relatif
car certains États comme la Grande Bretagne, l’Australie ne classe que la
branche armée du Hamas comme terroriste, ou encore parce que d’autres
États comme la Russie, le Brésil ou l’Afrique du Sud ne classe plus du tout le
Hamas comme une organisation terroriste). La cohabitation entre le Fatah et
le Hamas ne cessera de se détériorer, en particulier sous la pression de la CIA
qui pense en armant le Fatah que celui-ci pourrait renverser le Hamas à Gaza,
seul obstacle pour Bush afin d’obtenir la création rapide d’un État palestinien
acceptable pour Israël, cela débouchera ainsi en juin 2007 sur une situation de
guerre civile dont le Hamas ressortira gagnant et éliminera toute influence du
Fatah sur la bande. Les deux camps constitueront de nombreux prisonniers en
Cisjordanie pour le Fatah et a Gaza pour le Hamas. Abbas remplace alors

334 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
unilatéralement Ismael Haniyeh par Salam Fayyad qui est à la tête d’un parti
extrêmement minoritaire aux législatives de 2006 avec à peine 2% des sièges.
L’ensemble de ces divisions ont largement été orchestrées par les USA et
Israël, et si la prise de pouvoir du Hamas par la force est hautement
condamnable, les manœuvres politiques du Fatah sont indiscutablement
anticonstitutionnelles et n’ont pas montré une volonté de respecter la
représentation démocratique. Le Hamas reste le premier parti politique à avoir
gagné des élections qui se sont déroulées dans des conditions totalement
démocratiques concernant un territoire arabe.
Cette situation permet de remettre en cause la légitimité politique du Hamas
pour Israël,
car la manœuvre du renversement de pouvoir n’est montré que sous l’angle
d’un putsch prémédité du Hamas, la confrontation armée entre Israël et
Hamas s’intensifie et le Hamas envoi régulièrement des roquettes sur le sud
d’Israël, un blocus est instauré sur la bande de Gaza en septembre 2007.
Malgré l’échec des méthodes d’embargo en Irak et dans d’autres pays,
l’objectif de ce blocus est de pousser a un soulèvement populaire contre le
Hamas à Gaza en privant sa population. Au mois de juin 2008 l’Égypte réunit
les conditions pour une trêve de 6 mois entre les belligérants. Les tirs de
roquettes cessent, les attaques d’Israël aussi et la levée du blocus aurait du
avoir lieu progressivement.
Le 4 Novembre Israël fait une incursion dans la bande de Gaza prés de Deir
al-Balah, tuant 6 militants du Hamas, brisant ainsi la trêve. Cet opération sera
justifiée comme préventive afin d’éviter la création d’un tunnel visant à
capturer des soldats Israéliens prés des postes frontières. Le Hamas ripostera
par l’envoi de roquettes qui ne feront pas de victimes. Cette attaque intervient
quelques jours avant que le Fatah et le Hamas ne doivent se rencontrer au
Caire pour tenter un rapprochement et un retour au dialogue entre les deux
partis Palestiniens. Le 7 Novembre Ismail Haniyeh, qui a boycotté la rencontre
au Caire en raison d’un échange de prisonniers avec le fatah qui n’a pas été
respecté par ce dernier, déclare que le Hamas est prêt à accepter un Etat
Palestinien dans les frontières de 1967 (transcript en français chez contre-
info) et de mettre en place une trêve durable de plusieurs décennies. De par
cette déclaration, le Hamas renonçaient totalement a une partie de sa charte
initiale revendiquant l’ensemble du territoire Israélien.
Le 19 Décembre, la trêve de 6 mois n’est pas renouvelée par le Hamas, qui
évoquera l’échec de la trêve précédente n’ayant pas conduit à la levée du
blocus promis par Israël. Ainsi, Israël mettra en ordre son état major et décide
unilatéralement de bombarder Gaza le 27 décembre en prétextant une rupture
de la trêve par le Hamas qui en décembre n’a pas cessé l’envoi de roquettes.
L’objectif officiel de la guerre a Gaza est de stopper l’envoi de roquettes sur

335 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
la population civiles du Sud Israël et l’approvisionnement d’armement via les
tunnels reliant Gaza à l’Égypte.
Des les troisièmes jours de l’attaque, les objectifs israélien changent et visent
la destruction du Hamas. Les roquettes n’étaient donc qu’un prétexte couvrant
la volonté d’une guerre directe d’Israël vers une entité politique accompagnée
d’une branche armée.
"UNE FORMIDABLE VICTOIRE MÉDIATIQUE D'ISRAËL" Tous
les journaux israéliens ont consacré dimanche leur première page aux
"regrets" du juge Goldstone. "Il voit enfin clair", se réjouit notamment le
grand quotidien populaire Yédiot Aharonot,
Mais pour l'éditorialiste du journal Maariv, le juge sud-africain "ne mérite pas
le pardon, car il a agi d'une façon misérable et honteuse, contraire aux normes
les plus fondamentales de la morale, de la justice et du bon sens". Pire, "il a
mis nos vies en danger en nous présentant comme immoraux. Les excuses de
cet homme sont insuffisantes", déplore le Jerusalem Post, très marqué à
droite.Selon Haaretz, la rétractation du juge Goldstone est "une formidable
victoire médiatique d'Israël". "Richard Goldstone avait fini par incarner plus
que tout autre les efforts visant la légitimité d'Israël en tant qu'Etat civilisé
obéissant au droit", poursuit le quotidien de gauche. "Il faut jeter ce rapport
dans les poubelles de l'histoire", a affirmé le premier ministre Benjamin
Netanyahu qui a demandé à des juristes et des experts du ministère des
affaires étrangères d'étudier le dossier. "Il faut à présent multiplier les efforts
pour que ce rapport soit annulé, et je vais m'y employer", a renchéri dimanche
à la radio militaire le ministre de la défense, Ehud Barak, après avoir demandé
au juge Goldstone de "publier ses conclusions actuelles" sans se contenter
d'un simple article de presse. Gaza se prépare à la guerre Plusieurs bombes
israéliennes sont tombées ces jours-ci sur Gaza. Cette nuit-même la dernière
a creusé un cratère de plusieurs mètres de diamètre en plein centre-ville. Pour
beaucoup, comme le Dr Sobhi Eskaik chef du service de chirurgie générale à
l’hôpital Shifa, Israël va attaquer : C’est comme ça qu’ils préparent le terrain.
Nous avons malheureusement l’habitude. Depuis ce matin la plupart des
interventions programmées ont été annulées, et le Dr Marwan Abu Saada,
directeur médical, fait le tour des salles d’opération. Les urgentistes de Gaza
ont tiré les leçons du tri des blessés lors de l’attaque de l’hiver 2008-2009, et
de nouveaux protocoles ont été appliqués avec succès lors de celle de 2012.
L’ambiance n’est pas à l’optimisme. Pour les Gazaouis, les conditions sont
réunies pour qu’Israël lance une nouvelle attaque. Après sept années de
gestion dans des conditions de plus en plus difficiles, le pouvoir politique à
Gaza est en grand faiblesse. L’économie, tirée par la construction, est
maintenant asphyxiée par la fermeture des tunnels en provenance d’Egypte
associée à l’embargo total sur le ciment édicté par Israël. Les fonctionnaires

336 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
ne touchent plus que la moitié de leur salaire depuis plusieurs mois. A la suite
de l’accord passé entre le Hamas et le Fatah, les ministres de Gaza se sont
tous retirés, mais on ne voit rien venir : aucun ministre ne peut se déplacer
entre Gaza et la Cisjordanie. La longue interview, donnée par le président
Abbas venu féliciter chaleureusement le général Sissi pour son élection a fait
l’effet d’une douche froide, Le 13 juillet n’a pas été un coup d’état. Les
tunnels sont illégaux Par le passé nous (dixit) avons construit un mur
souterrain et tenté sans succès d’inonder les tunnels, etc.
Hier encore : « Nous devons nous coordonner avec Israël pour éviter une
troisième intifada ». Pas un mot sur les arrestations d’élus en Cisjordanie. Nul
ne doute que le président ne protestera pas en cas « d’éliminations ciblées » à
Gaza. L’affaire des trois Israéliens disparus en Cisjordanie n’arrange rien.
Une situation nettement plus défavorable qu’en 2012 : la fermeture de la
frontière égyptienne ne permettra à aucun leader étranger de venir apporter
son soutien à la population, pas davantage que le passage de journalistes
indépendants. L’accord de « réconciliation » fera passer au second plan les
« assassinats ciblés ». L’élimination ou l’emprisonnement - cette fois ci dans
des prisons palestiniennes- des leaders du Hamas ne soulèvera pas de
protestations de la part du « monde libre » anesthésié par la coupe du monde
de football. En attendant les postes de police, premières cibles potentielles,
ont été évacués et la plupart des responsables du Hamas sont injoignables.
Christophe Oberlin, né en 1952, est Chirurgien des hôpitaux et professeur de
médecine à la faculté Denis Diderot à Paris. Il participe depuis trente ans à
des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement au Maghreb, en
Afrique sub-saharienne et au Moyen Orient. Depuis 2001, il dirige
régulièrement des missions chirurgicales en Palestine, particulièrement dans
la bande de Gaza. Il témoigne aussi de ce qu’il observe sur le terrain, à travers
interviews, articles de presse et activités associatives.
Les nanotechnologies, ça sert à faire la guerre
Pour comprendre ce que signifie l'inégalité technologique, il est loisible à
ceux qui ont manqué la conquête de l'Amérique (1492) ou du Far West (XIXe
siècle), de contempler les trois semaines de guerre écoulées à Gaza. Mille
morts d'un côté, une dizaine de l'autre. Dieu est avec les bataillons
technologiques. Au temps pour les champions de la "guerre asymétrique".
Mais comment appeler "guerre" ce qui n'est qu'une opération de police, dans
la tradition des massacres sociaux et coloniaux. Israël a le pouvoir
technologique, et l'on se moque d'être hué depuis des décennies par toute la
planète, dans la rue ou à la tribune de l'ONU, lorsque l'on dispose du gourdin
technologique. Qui plus est, ce gourdin, grâce à la collaboration de chercheurs
américains, français, grenoblois, toulousains, emploie les dernières percées
des nanotechnologies. Comme leur main droite ignore ce que fait leur main

337 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
gauche, cela n'empêche pas ces mêmes chercheurs de manifester contre l'État
d'Israël, qu'ils contribuent à armer, et pour les populations de Gaza, qu'ils
contribuent à massacrer. Les techno sciences sont neutres, n'est-ce pas ? Tout
dépend de leur usage, et les chercheurs vendraient leurs services au Hamas,
si le Hamas avait de quoi les payer.
C'en est au point d'inconscience qu'une manifestation du Comité Jaffa
Toulouse proteste ce lundi 19 janvier 2009 contre la tenue d'un séminaire
franco-israélien sur les nanotechnologies à Toulouse, Sans dire un mot des
nanotechnologies et de la guerre que celles-ci mènent chaque jour au vivant.
Dans leurs applications militaires, comme à Gaza, ou civiles (RFID, homme-
machine, société de contrainte), les technologies profitent toujours au pouvoir
dans sa lutte contre les sans-pouvoirs. La ligne de front n'est pas sur les
frontières mais aux grilles des laboratoires. Attaquer la Bande de Gaza pour
y détruire infrastructures, caches, tunnels, dépôts d'armes et y tuer plus d'un
millier de Palestiniens a coûté dix vies à l'armée israélienne depuis le 27
décembre 2008. Si peu que le soutien de l'opinion israélienne à son
gouvernement reste entière, quoi qu'objectent les Nations Unies et le reste du
monde. Dans sa guerre aux Palestiniens, Israël peut presque tout, ses soldats
ne risquent presque rien.
Ce qui l'emporte, à Gaza comme ailleurs, c'est la technologie. Échantillon de
l'arsenal techno-militaire israélien : vidéosurveillance "intelligente" de la
Bande de Gaza : caméras couplées à la biométrie pour la reconnaissance
faciale, fournies par la société américaine Visionics1 ; - drones : avions sans
pilote utilisés depuis longtemps par Israël pour la surveillance ; depuis mars
2006, EADS et l'IAI (Israeli Aircraft Industries) coopèrent pour la production
de drones, dans le cadre de l'opération "Système intérimaire de drones mâles"
(SDIM) ; "frelon bionique" : minuscule robot capable de pister, détecter et
tuer une cible dans des zones difficiles d'accès, grâce à ses composants nano
technologiques développé depuis 2006 ; nano-armes et poussières de
surveillance : en novembre 2006, "Le Premier ministre israélien Ehud Olmert
donné son feu vert à la création d’un bureau spécial chargé de superviser le
développement d’armes hypersophistiquées s’appuyant sur la
nanotechnologie, a indiqué vendredi le quotidien Yédiot Aharonot. Coiffé par
le vice-Premier ministre Shimon Peres, ce bureau réunira une quinzaine des
meilleurs experts israéliens du monde universitaire et de la haute technologie
chargés de mettre au point des armes futuristes. Celles-ci devraient
notamment constituer une réponse aux tirs palestiniens de roquettes, aux
attaques suicide, aux missiles balistiques ou aux armes non conventionnelles.
M. Peres projette une tournée mondiale pour collecter des centaines de
millions de dollars afin de financer ces recherches, évoquant parfois la
science-fiction. Il a ainsi récemment révélé la nature de certaines de ces armes

338 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
secrètement mises au point. Il a fait état de "perles de la connaissance", un
système de mini-senseurs dispersés en territoire ennemi pour collecter des
informations. Un minirobot serait capable d’opérer à la manière d’un drone
pour photographier l’ennemi en secteur urbain, notamment dans d’étroites
ruelles, perturber ses télécommunications,
Voire liquider des activistes armés. Grâce à un gant ou une veste "Steve
Austin", du nom du héros aux prothèses "bioniques" d’une série télévisée
américaine, les soldats israéliens pourraient défoncer des portes d’un coup de
poing ou soulever des poids énormes. Un revêtement spécial de particules
nanométriques pourrait protéger les fantassins ou les véhicules militaires
contre des tirs d’armes automatiques ou des roquettes anti-chars. Enfin, il est
aussi question de mini-senseurs installés dans les secteurs publics capables de
repérer un kamikaze transportant des explosifs."Les nanotechnologies, ça sert
à faire la guerre. Rien de neuf, sauf pour les gogos qui croient pouvoir
distinguer les "bonnes" et les "mauvaises applications" des nanotechnologies.
Le CEA et le cabinet Alcimed confirment en 2004 ce que les opposants aux
nécrotechnologies affirment depuis des années : "les nanotechnologies sont
par nature duales"4. Civiles ET militaires. À Tel Aviv comme à Grenoble et
à Toulouse.
Tandis qu'à longueur d'année les chercheurs français et les supporters de
"Sauvons la Recherche" abusent le public sur la séparation entre recherches
civiles et militaires et tentent d'accréditer l'existence d'une recherche
fondamentale pure, imperméable aux objectifs industriels et militaires, Israël,
en perpétuelle alerte militaire, investit 4,5 % de son PIB dans la "recherche &
développement" civile (hélas les chiffres militaires sont indisponibles), et
compte la plus forte densité mondiale de personnels de R&D rapportés à la
population (13.8 %)5. C'est que État israélien, lui, reconnaît dans les
technologies l'actuel front de la guerre entre pouvoir et sans-pouvoirs et sait
que les chercheurs sont indispensables à sa suprématie régionale. Comme le
dit Dominique Bourra, ancien directeur de la Chambre de Commerce France-
Israël et patron de la boîte israélienne NanoJV : "Avant de trouver leur
application dans le domaine civil. Les principales innovations proviennent le
plus souvent des fruits de la recherche militaire, parfois même des « unités ad
hoc de l’armée israélienne »."6 Et selon lui, la technologie est le meilleur
"bouclier de l'État hébreu"7. On ne saurait mieux dire : la technologie, c'est
la guerre par d'autres moyens.C'est pour préserver et accroître son pouvoir
qu'Israël multiplie les coopérations techno-industrielles avec les grandes
puissances. Dans l'Hexagone, la Chambre de Commerce France-Israël est le
principal relais de ce lobbying. Dominique Bourra, décidément très actif,
accompagnait en avril 2008 une délégation toulousaine en voyage d'affaires
en Israël. "Nous nous intéressons à quatre secteurs ici : l'aéronautique, les

339 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
biotechnologies, la sécurité des technologies de l'information et les
nanotechnologies."8 Parmi les visiteurs, Patrice Campariol, dont la start up
Intuilab vend à Toulouse des interfaces homme-machine de visualisation en
3D. "Il est sûr d'avoir des retours positifs des entreprises qu'il rencontre à Tel
Aviv.
Nous avons un produit de visualisation très fort, et les Israéliens sont très forts
en biotechnologies et dans la défense", ditil." Peut-être les Gazaouis
éprouvent-ils en ce début 2009 les savoir-faire toulousains. On n'en saura rien,
les "militants", les "citoyens", les "anti-capitalistes" toulousains, comme leurs
homologues grenoblois toujours prompts à manifester contre la guerre et ses
malheurs, n'ayant pas pris la peine d'enquêter sur la collaboration de leur
technopole aux massacres en cours. À Toulouse comme à Grenoble, l'emploi
n'a pas d'odeur : on travaille, la semaine, aux technologies mortifères, et on
proteste, le week-end, contre leur utilisation sur les champs de bataille.
Toulouse, comme Grenoble, est l'un des principaux pôles de R&D des
nanotechnologies "par nature duales" françaises. Les lecteurs de Pièces et
Main d'oeuvre connaissent au moins un nanologue toulousain, Christian
Joachim, responsable du groupe Nanosciences au Cemes (Centre
d'élaboration de matériaux et d'études structurales).
Joachim défend l'approche ascendante, dite "bottom-up", des
nanotechnologies, qui s’intéressent à la manipulation de la matière atome par
atome, et élabore des nano robots. En 2008, Sarkozy a chargé trois
technarques d'élaborer un plan de développement des nanos en France : aux
côtés du Parisien Dominique Vernay, patron de Thalès et du pôle
System@TIC, et de l'incontournable Jean Therme, patron du CEA-Grenoble
et initiateur de Minatec, figure le Toulousain Alain Costes, président du
conseil scientifique d’InNaBio Santé et ancien directeur du Laas (Laboratoire
d'architecture et d'analyse des systèmes). À en croire la Dépêche du Midi, les
principaux labos de nanotechnologies toulousains se répartissent entre : "la
microélectronique au Laas, les nanosciences au centre d'élaboration des
matériaux (Cemes), la nanoénergétique au laboratoire Laplace de l'Enseeiht-
Inpt, la chimie avec le labo de coordination de Bruno Chaudret, la biologie
avec l'IPBS de François Amalric ou encore le génie chimique avec le
laboratoire des procédés de Joël Bertrand."11 Que fait-on au Laas ? D'après
le Conseil économique et social : "Les activités de recherche du LAAS-CNRS
se situent dans les Sciences et technologies de l’information et de la
communication (STIC).
Le LAAS s’intéresse principalement à quatre classes de systèmes, à travers
quatre pôles thématiques qui organisent ses 17 groupes de recherche :
Le pôle Modélisation, optimisation et conduite des systèmes (MOCOSY)
; le pôle Robotique et intelligence artificielle (RIA) ; le pôle Systèmes

340 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

informatiques critiques (SINC) ; le pôle Micro et nano Systèmes


(MINAS).
Le LAAS a reçu le Label Carnot en mars 2006. Ce Label vient confirmer la
qualité et la pertinence des travaux du laboratoire relativement aux enjeux
socioéconomiques. Au 1er janvier 2006, les effectifs du LAAS étaient de 586
personnes se répartissant ainsi : 478 chercheurs et 108 ingénieurs, techniciens
et administratifs. Il bénéficie d’un budget d’environ 27 millions d’euros.
Exemple de trouvaille du Laas, dûment brevetée et commercialisée par la
société Tag Technologies : "DomoTAG®, grand prix de l'innovation
ADERMIP, est un système d'alarme évolutif révolutionnaire développé en
partenariat avec le CNRS qui permet la détection avant l'intrusion." Des
capteurs sans fil détectent "toute tentative d'intrusion avant même que le
cambrioleur ne pénètre chez vous", déclenchent l'alarme, vous informent par
SMS, tandis que des caméras de vidéosurveillance filment en direct et que
votre connexion Internet vous permet de déclencher à distance le diffuseur de
fumée (en option). Une application civile qui n'a bien sûr rien à voir avec la
recherche militaire, ni avec l'intérêt du ministère de la Défense pour les
ressources toulousaines en matière de nano-capteurs. Comme Minatec à
Grenoble, le Laas s'emploie à valoriser la recherche, et à transférer ses
connaissances vers les industries et l'armée. Il a même créé un "Club des
affiliés" pour donner aux "décideurs de la région" un "accès privilégié aux
avancées scientifiques réalisées au Laas". La routine, en somme, dans le
monde désintéressé de la recherche pure. Se croisent entre autres, dans ce très
chic techno-club, Thalès, EADS, Total, le CNES ou la Chambre de
Commerce et d'Industrie du Gers. Le "Club des Affiliés" du Laas est
partenaire du Gixel, le lobby des industries numériques célèbre pour son Livre
Bleu et ses recommandations en faveur de la biométrie "dès le plus jeune âge"
; et du Pôle Traçabilité de Valence, qui travaille à la dissémination des
mouchards RFID partout sur la planète. Toulouse, comme toute technopole,
mise sur la liaison recherche-armée-industrie, donc sur les technologies
sécuritaires pour assurer sa prospérité. Grenoble devrait se méfier de cette
concurrente, dont le techno-gratin contribue efficacement à la technification
du monde et à l'asservissement du cheptel humain. C'est à Toulouse, à
l'université Paul Sabatier, que Christelle Portet a réalisé sa thèse sur les super
condensateurs à partir de nanotubes de carbone, qui intéresse l'armée au point
que la Délégation générale à l'armement a financé et encadré son travail.
Combien de chercheurs et techniciens toulousains collaborent, chez EADS,
au perfectionnement des drones de combat français et israéliens ? Condamner
les abjections de la guerre lointaine est facile et couru. La moindre des choses
quand on se dit défenseur des droits humains est de balayer devant sa porte et
de dénoncer les chercheurs qui, ici et maintenant, font progresser les

341 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
technologies guerrières en même temps que leur carrière. Les 19 et 20 janvier
2009, la Chambre de Commerce France-Israël Toulouse Midi-Pyrénées
organise un séminaire à Toulouse avec le techno-gratin local. Intitulé
"NBI to life" ("Nano-Bio-Info-technologies à la vie"), "ce séminaire a pour
objet de renforcer les relations académiques, industrielles et économiques"
entre la région Midi-Pyrénées et Israël. Sont notamment invités les
représentants des labos toulousains, du Pôle de compétitivité Cancer Bio
Santé (le cancer, c'est excellent pour la compétitivité), dont bien sûr Alain
Costes, VRP local des Nanos, et, côté israélien, des dirigeants et chercheurs
du Technion l'Israël Institute of Technology et des représentants de l'Israël
National Nanotechnology Initiative. Bref, une rencontre internationale parmi
les dizaines organisées par le techno-gratin chaque année pour l'édification
du nanomonde. Comme Israël est l'invité, c'est contre l'"État voyou" – et
lointain - que manifestera le Comité Jaffa Toulouse. "Il est très clair que
l’ambassade d’Israël et le CCFI (NDR : Chambre de Commerce France-
Israël) ont sélectionné des participants israéliens venus faire le marketing
d’Israël", dénonce le tract d'appel à manifester17, qui ne pipe mot du contenu
de ce séminaire. Qu'on s'échange des recettes de cassoulet ou de nano-manip'
n'intéresse pas ces consciences indignées contre la guerre. Que la région Midi-
Pyrénées invite les universitaires palestiniens à son prochain séminaire "NBI
to life", qu'elle encourage le développement de START up de nano
biotechnologies innovantes en Palestine, et vous les verrez même applaudir à
cette reconnaissance internationale.Quant aux responsabilités des chercheurs,
des industries et des labos toulousains dans la guerre au vivant et dans
l'asservissement général des populations, il faudrait pour les désigner trouver
le courage de dénoncer la fuite en avant technologique et les emplois à tout
prix (après AZF, le business du cancer et de la guerre), en somme, de ramer
à contre-courant. Aux Toulousains qui saisiraient l'occasion des massacres de
Gaza pour critiquer les responsabilités de leur technopole dans la catastrophe
générale, nous offrons, en guise d'encouragement, ces quelques lignes d'un
chercheur déserteur : "Sommes-nous animés par la prétendue “éthique de la
connaissance” comme le soutiennent tant de scientifiques, ou par un sens
dénaturé de notre dignité qui nous conduirait à ne faire de mathématiques que
si l'on nous paie intégralement nos frais de voyage, et de séjour dans un décor
bourgeois, même si cela signifie qu'il faut mendier de l'argent à des
organisations militaires qui ont tant fait afin de discréditer la science aux yeux
de tant de gens ? Pouvez-vous imaginer Van Gogh disant qu'il ne peut pas
peindre aussi longtemps qu'il n'obtiendra pas d'argent de l'OTAN ? Sommes-
nous des intellectuels, ou des voyageurs de commerce ? Si nous croyons que
nous pouvons accepter l'argent de n'importe qui pour le profit des
mathématiques et/ou de nos oeuvres complètes, si nous nous comportons

342 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
comme si nous étions d'accord avec les politiciens les plus corrompus, ceux
qui pensent que la science et l'éducation sont simplement des branches de la
Défense, comment pouvons-nous alors espérer regagner un jour le respect des
jeunes ? Ou de nous-mêmes ? L'ultime preuve de sincérité pour un
mathématicien est son consentement à renoncer à un peu de ses
mathématiques, sans parler de son argent, afin d'adhérer à son propre code de
morale (en supposant qu'il en a un, et qu'il ne se réduit pas à placer les
mathématiques au-dessus de tout le reste)."
Le conflit au Proche-Orient après la guerre de Gaza
L’effet stratégique de la guerre de Gaza est remarquablement infime. Israël
mise toujours, par sa stratégie d’isolation face au Hamas, sur une gestion à
court terme du conflit et est incapable de présenter une perspective de
résolution du conflit au Proche-Orient. Les Palestiniens s’efforcent de
surmonter leur division mais peuvent tout au plus se mettre d’accord
superficiellement sur une stratégie israélienne commune. Les Etats-Unis et
l’UE ont eux aussi contribué à la situation embrouillée au Proche-Orient mais
éprouvent des difficultés à changer de cap dans leurs rapports avec les
Islamistes. La guerre de Gaza entre Israël et le Hamas fin 2008, début 2009
était déjà la septième confrontation militaire dans le conflit au Proche-Orient
depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948. Elle a prouvé que la violence
armée reste un composant intégral de la gestion du conflit. Elle a en outre fait
ressortir très clairement combien Israël et les Palestiniens sont loin d’une
solution de paix malgré de longues années de négociation. La guerre de Gaza
a aussi rendu manifeste un double changement qui s’ébauche depuis
longtemps dans la constellation du conflit. Alors qu’Israël a combattu, dans
les quatre premières guerres de 1948/49, 1956, 1967 et 1973, les armées
régulières des Etats arabes, elle s’est opposée, dans les deux guerres du Liban
de 1982 et 2006 et, plus récemment, dans la guerre de Gaza, à des acteurs non
étatiques. Le centre de gravité de la résistance militaire contre Israël s’est en
outre déplacé, au sein de cette constellation asymétrique, de groupes
séculaires à des groupes islamistes. Alors qu’Israël faisait encore
principalement la guerre à l’OLP en 1982, les deux dernières passes d’armes
ciblaient quant à elles le Hezbollah chiite et le Hamas sunnite. La montée de
ces derniers, désormais importants facteurs de puissance à l’échelle régionale,
est un élément structurel de la situation au Proche-Orient que l’on ne peut
plus ignorer. L’effet stratégique de la guerre de Gaza, qui a duré 22 jours et a
fait au moins 1200 victimes palestiniennes ainsi que 13 victimes israéliennes,
est remarquablement minime dans l’optique actuelle. Même si le Hamas a
subi de grosses pertes, ni les rapports de force au Proche-Orient ni les
conditions-cadres de politique intérieure en Israël et dans les territoires
palestiniens n’ont fondamentalement changé.

343 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
Les signes qu’Israël et le Hamas sont intéressés par un cessez-le-feu à long
terme se multiplient certes depuis la fin de la guerre. Mais une gestion plus
efficace du conflit et surtout des progrès dans la résolution du conflit israélo-
palestinien exigeraient des corrections de cap dans les stratégies tant d’Israël
et des Palestiniens que des acteurs occidentaux de la négociation, des
corrections de cap que l’on ne peut pas escompter, du moins dans l’ensemble.
Effet stratégique minime Les origines de la guerre de Gaza remontent pour
l’essentiel au succès du Hamas aux élections palestiniennes de 2006 et à sa
prise de pouvoir dans la bande de Gaza après l’échec du gouvernement
unitaire avec le Fatah en juin 2007. Le gouvernement de centre-gauche du
Premier ministre, M. Olmert, a tout d’abord réagi au refus du Hamas de
reconnaître le droit d’existence d’Israël et de renoncer à la violence par un
embargo économique et une stratégie d’isolation politique. Un cessez-le-feu
de six mois arrivé à expiration en décembre 2008 n’ayant pas eu l’effet espéré
pour les deux parties et le Hamas ayant intensifié ses tirs de missiles dans le
sud d’Israël, Israël a fini par opter pour une escalade militaire massive. Mais,
après la guerre de Gaza, Israël et le Hamas ont typiquement repris, dans le
cadre des négociations indirectes facilitées par l’Egypte sur un cessez-le-feu
à long terme, le fil des entretiens là où ils avaient échoué fin 2008. Le Hamas
continue d’exiger une ouverture des passages frontaliers vers l’Egypte et
Israël. Il souhaite créer ainsi les conditions lui permettant de prouver sa propre
capacité à gouverner. Comme avant la guerre, il essaie en outre, en tirant des
missiles sur Israël, de démontrer sa force et sa capacité d’agir. Israël souligne
pour sa part le primat de sa sécurité et insiste pour que les tirs de missiles
soient suspendus et que des mesures efficaces soient prises contre la
contrebande d’armes vers Gaza. Israël essaie en outre, dans le cadre de
négociations parallèles, d’obtenir la libération de Gilad Shalit, soldat enlevé
en 2006, en échange de la libération de prisonniers palestiniens. Quelques
progrès ont pu être réalisés dans le cadre des négociations indirectes depuis
la fin de la guerre de Gaza. C’est ainsi que l’accord sur les passages frontaliers
convenu en 2005 entre Israël et l’Autorité palestinienne de l’autonomie
conjointement à la mission d’observation de l’UE au passage de Rafah devrait
représenter la base d’une ouverture des frontières. La guerre de Gaza
n’explique cependant que de manière limitée la dynamisation des entretiens.
Ce sont plutôt le glissement à droite qui s’est produit aux élections
israéliennes en février 2009 et la prise du pouvoir imminente par le chef du
Likoud, M. Netanyahu, qui ont apporté à court terme davantage de
mouvement dans les entretiens du Hamas et du gouvernement israélien
sortant.
Mais les réalités intérieures actuelles en Israël et du côté des Palestiniens
donnent fondamentalement lieu à des doutes quant à la viabilité d’un cessez-

344 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
le-feu à long terme et à la capacité des Israéliens et des Palestiniens à vivre
en paix.
Victoire tactique, désarroi stratégique
Pour Israël, le résultat de la guerre de Gaza est partagé. Les observateurs
israéliens considèrent comme positive la capacité d’apprentissage et
d’adaptation de la direction militaire israélienne concernant les «conflits
asymétriques» avec des acteurs non étatiques. En réaction à la guerre du Liban
de 2006 contre le Hezbollah, les forces armées israéliennes ont en effet adapté
les planifications opérationnelles, les structures de commando, la formation
des troupes et l’armement aux conditions d’une guerre sortant de l’ordinaire
(irregular warfare). Ces réformes militaires, les planifications détaillées avant
l’attaque ainsi que l’avancée sans compromis sont responsables des faibles
pertes du côté israélien. D’un point de vue purement militaire, la capacité de
dissuasion israélienne, diminuée par le conflit au Liban, semble ainsi rétablie.
L’euphorie initiale suscitée par les succès militaires est cependant quelque
peu retombée depuis du fait que le Status Quo Ante a au bout du compte été
rétabli dans la bande de Gaza après la guerre. Même l’objectif militaire
minimum de mettre fin au bombardement d’Israël par les missiles palestiniens
a échoué. Politiquement, le Hamas ressort fortifié de la guerre de Gaza. Il
continue d’exercer le contrôle politique sur la bande de Gaza et des sondages
montrent qu’il n’a guère perdu le soutien de la population. A cela vient
s’ajouter le fait qu’Israël a subi des dommages considérables en politique
extérieure en raison des énormes dégâts matériels et de la misère humaine
occasionnés par la guerre de Gaza. L’avenir de l’importante alliance régionale
avec la Turquie est incertain. Des Etats arabes modérés comme la Jordanie et
l’Egypte sont affaiblis au niveau intérieur. La perte de réputation d’Israël est
également considérable dans les sociétés occidentales. Pour les observateurs
extérieurs, la guerre de Gaza reflète en premier lieu le désarroi stratégique
d’Israël en ce qui concerne ses rapports avec le Hamas et la résolution du
conflit au Proche-Orient. La politique d’isolation économique, politique et
aussi militaire du parti islamiste n’a apporté au pays ni sécurité ni stabilité et
encore moins la paix. C’est avec le Hamas et non pas avec le Fatah que les
négociations israélo-palestiniennes importantes sur un cessez-le-feu complet,
sur les ouvertures des frontières et l’échange de prisonniers ont lieu
aujourd’hui. Le gouvernement Olmert a, avec la guerre de Gaza, miné lui-
même les efforts d’Israël, identifiables depuis la chute du gouvernement
unitaire palestinien en juin 2007,
en vue de renforcer le Fatah et le président Mahmud Abbas comme pôle
opposé au Hamas selon une stratégie West Bank First. Les partenaires
palestiniens préférés d’Israël sont aujourd’hui plus faibles que jamais et
désavoués au niveau intérieur. Leurs négociations avec Israël dans le cadre

345 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
du processus de paix d’Annapolis n’ont pas eu de résultats quantifiables.
Simultanément, leur politique de rapprochement à Israël n’a pas pu empêcher
l’opération militaire massive dans la bande de Gaza. Le fait que le Fatah et le
Hamas rediscutent aujourd’hui de la formation d’un gouvernement unitaire
ne répond guère aux desseins des dirigeants israéliens. La question des
rapports avec le Hamas en tant que parti gouvernemental gagne ainsi une
nouvelle importance. Un changement de la politique israélienne vis-à-vis du
Hamas ne se dessine cependant pas. Le Premier ministre désigné, M.
Netanyahu, s’est avéré être un partisan de la ligne dure lors de son premier
mandat dans les années 1990 et passe pour un sceptique quant à une solution
à deux Etats. Il devrait poursuivre la politique dure de M. Olmert envers le
Hamas, mais attacher moins d’importance que le gouvernement antérieur aux
entretiens de paix avec le Fatah. L’expérience a cependant montré qu’il n’est
guère possible, au niveau intérieur, de réaliser les compromis nécessaires pour
un règlement de paix durable en se basant sur la solution à deux Etats, quelle
que soit la composition respective du gouvernement, ce que démontre en
particulier l’expansion continue des colonies dans les territoires occupés et le
fait que le nombre des colons a presque doublé depuis le début du processus
de paix au début des années 1990.
Changement de la politique des Etats-Unis au Proche-Orient?
Les Etats-Unis et l’UE ne peuvent pas se dérober à leur part de responsabilité
dans la récente escalade de la violence et la situation politique confuse au
Proche-Orient. Bien qu’ils aient exigé avec emphase les élections
palestiniennes de 2006, ils ont suivi depuis la stratégie israélienne d’isolation
du Hamas. Ils ont ainsi contribué à la polarisation intra palestinienne et à la
radicalisation du Hamas. Leur intention de mettre sur pied, en se basant sur
le processus d’Annapolis, une coalition d’Etats modérés dans la région pour
délimiter l’influence croissante de Téhéran s’est avérée contreproductive à la
suite de l’absence de progrès dans le processus de paix et a pratiquement
poussé le Hamas sunnite dans les bras de l’Iran chiite. L’aide à la
reconstruction généreuse qu’ont fait entrevoir les Etats-Unis et l’UE pour
Gaza ne peut pas masquer le manque d’effet stabilisant de leur stratégie au
Proche-Orient. Il est impossible de deviner pour le moment jusqu’où va aller
la correction de cap de la politique au Proche-Orient annoncée par
l’administration du nouveau président américain Obama.
Le fait qu’Obama ait déclaré dès le début un engagement actif des Etats-Unis
et ait nommé un émissaire chevronné pour le Proche-Orient, George Mitchell,
est positif. Des déclarations critiques par rapport à la politique de colonisation
israélienne et au scepticisme de Netanyahu quant à une solution à deux Etats
pourraient indiquer que les Etats-Unis sont disposés à abandonner la position
unilatéralement pro-israélienne de l’administration Bush et à s’efforcer

346 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
sérieusement de faire des progrès dans le conflit au Proche-Orient. Il reste
cependant à voir dans quelle mesure Obama est effectivement prêt à
s’accommoder du fardeau que ferait peser la décision d’une médiation de paix
sur la politique intérieure de son pays. A la différence des deux derniers
mandats de Bush, les Etats-Unis ne devraient plus, sous Obama, subordonner
la résolution du conflit au Proche-Orient à une stratégie régionale plus vaste
dirigée contre l’Iran mais tenir compte de l’interdépendance croissante des
deux foyers du conflit en les traitants de façon parallèle. Les entretiens avec
la Syrie et l’Iran annoncés par les Etats-Unis pourraient générer dans ces
conditions un contexte régional permettant de régler la problématique
centrale sans influence négative continuelle de l’extérieur. Mais les Etats-
Unis et l’UE ont d’énormes difficultés en ce qui concerne leur future politique
face au Hamas. Le dénouement de la guerre de Gaza a explicitement démontré
qu’il était impossible de résoudre le conflit sans incorporer le Hamas sur le
plan politique. Le Quartet pour le Proche- Orient, dont font partie les Etats-
Unis et l’UE en plus de l’ONU et de la Russie, a en outre déjà fait allusion à
la nécessité d’une nouvelle stratégie à Gaza en mai 2008. Ni Washington ni
Bruxelles n’ont cependant dévié jusqu’à présent de leur politique de
marginalisation, d’autant plus que le Hamas figure sur leur liste anti-terroriste
et qu’Israël refuse un changement de cap. En insistant sur une reconnaissance
d’Israël et la déclaration par le Hamas d’une renonciation à la violence
comme condition préalable à un dialogue, Mme Clinton, la nouvelle
secrétaire d’Etat américaine, poursuit la politique menée jusqu’à présent par
le Quartet. Du point de vue du Hamas, ces conditions représentent un seuil
insurmontable pour le début de négociations. Les Islamistes ont toujours
critiqué l’OLP pour avoir déjà reconnu Israël au début du processus de paix
au début des années 1990, Prétendant que les Palestiniens auraient ainsi cédé
leur principal gage de négociation. D’importants représentants du Hamas ont
signalé plusieurs fois que ce dernier pourrait certes tout à fait accepter la
solution à deux Etats mais qu’il ne reconnaîtrait Israël que dans le cadre d’un
règlement de paix complet. Jusqu’à présent, les Etats-Unis et l’UE ont refusé
au Hamas la possibilité de faire ses preuves en tant que parti gouvernemental
responsable et capable de se transformer.
Si un nouveau gouvernement unitaire était mis sur pied, ils devraient au
minimum le soutenir et ne pas faire comme en 2007. Faute de quoi, les efforts
accrus de l’Occident en vue de résoudre le conflit au Proche-Orient seraient
d’emblée voués à l’échec.
Conflit Israël-Palestine: le contexte
L’attaque militaire d’Israël sur Gaza qui a débuté depuis prés de 20 jours à
déjà fait plus de 1000 morts et 4700 blessés, selon le ministère de la santé
palestinien. Ces chiffres sont invérifiables à ce jour puisque Israël bloque

347 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
l’accès de Gaza aux journalistes indépendants, mais les ONG et les
travailleurs de l’ONU sur place ne les contredisent et restent les sources les
plus fiables concernant ce qui se passe au sein de la bande de Gaza. La
propagande bat son plein de toute part, la compréhension du conflit est très
complexe et mérite d’être replacée dans son contexte, et d’être analysée
suivant plusieurs perspectives. En dehors de l’aspect émotionnel, on se doit
de séparer les facteurs stratégiques et politiques sous-jacents afin de mieux
comprendre les possibilités d’une sortie de crise et les solutions pour un
rééquilibrage des droits entre les deux peuples au travers de la création d’un
État Palestinien, seule issue pour Israël afin d’obtenir une sécurité durable,
dans la mesure ou c’est bel et bien le but recherché. Avant de parler des
diverses facettes de ce conflit il me faut absolument mettre en perspective le
déroulement des évènements depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir en 2006
dans la bande de Gaza. Pour ceux qui n’ont aucune connaissance du conflit
regardez une carte d’Israël afin de pouvoir avoir une idée de la situation
géographique du territoire: l’État d’Israël et deux zones palestiniennes. La
Cisjordanie (West bank en anglais) occupée par l’armée israélienne qui y
défend les colonies israéliennes (500 000 colons pour environ 2 millions de
palestiniens) la zone palestinienne est sous le contrôle de l’autorité
palestinienne de présidée par Mahmoud Abbas. Au sud-ouest du pays coincé
entre le Sinaï égyptien, le Néguev et la méditerranée on trouve la bande de
Gaza, un territoire avec une densité de population très élevée (environ 4000
habitants/km2, rapportés aux centre urbains de la bande, cette densité est plus
que doublée).
La destruction du Hamas Dans le déroulement de ces évènements, il ne
faut pas se méprendre, nous assistons à un conflit nationaliste et certainement
pas religieux. Le Hamas a beau être un mouvement radical idéologiquement,
son ascension au pouvoir l’a obligé à assouplir son discours initial et à faire
preuve de pragmatisme pour exister politiquement. Tout comme l’OLP qui
fut stigmatisée par Israël puis est passée d’un discours visant à la destruction
d’Israël vers un discours réclamant la paix et un État Palestinien côtoyant
l’État Israélien,
le Hamas été en train d’opérer un changement idéologique qui aurait pu voir
naitre la possibilité d’un dialogue pour la coexistence de deux États. Qu’Israël
aujourd’hui avoue sa volonté de détruire ce parti majoritaire dans l’opinion
palestinienne doit nous faire nous interroger sur la capacité d’Israël à accepter
l’expression démocratique dans les territoires palestiniens. Je citerais aussi
Uri Avnery à ce propos : Liquider le pouvoir du Hamas ? Cela ressemble à
un chapitre de « La Marche Folle ». Après tout, ce n’est pas un secret que
c’est le gouvernement israélien qui a mis en place le Hamas. Lorsque j’ai
interrogé un jour Yaakov Peri, un ancien dirigeant du Shin Bet, à ce sujet, il

348 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
m’a répondu énigmatiquement : « Nous ne l’avons pas créé, mais nous
n’avons pas entravé sa création. » Pendant des années, les autorités
d’occupation ont favorisé ce mouvement islamique dans les territoires
occupés. Toutes les autres activités politiques étaient vigoureusement
réprimées, mais leurs activités dans les mosquées ont été autorisées. Le calcul
était simple et naïf : à l’époque, l’OLP était considérée comme le principal
ennemi, Yasser Arafat était le Diable. Le mouvement islamique prêchait
contre l’OLP et Arafat, et a donc été considéré comme un allié.
L’objectif électoral Évidemment le calendrier de cette attaque ne ment pas,
en février Israël tiendra des élections dont le Likoud était donné gagnant dans
les sondages avant l’attaque sur Gaza, le parti Kadima de Tzipi Livni ne
décollait pas face à Benyamin Netanyahou, en parti en raison des scandales
de corruption entachant le mandat de Ehud Olmert, actuel premier ministre.
Cette attaque est donc une opportunité pour la coalition Travaillistes Kadima
de remonter dans les sondages et de réduire les chances du Likoud. Une
opportunité ? Non, le conflit fut carrément planifié plus de six mois
auparavant d’après le journal Ha’aretz. Ce qui élimine encore plus
profondément la valse des prétextes en rapport avec les attaques de roquettes.
L’échéance électorale israélienne est couplée avec les futures élections
présidentielles de l’autorité palestinienne, dans cette perspective la résistance
et la ténacité du Hamas à défendre Gaza pourrait bel et bien lui permettre une
nouvelle fois d’apparaitre comme le parti favoris face au Fatah, L’objectif de
détruire la structure politique du Hamas si il n’est pas atteint (on se demande
comment se pourrait être le cas) se retournera alors contre Israël. Mais le
pouvoir Israélien veut il vraiment voir disparaitre le Hamas? non, il semble
plutôt que le maintien de la division au sein des partis politiques palestiniens
soit l’objectif, une manière de faire reculer la question de la création d’un État
palestinien qui amènerait des problèmes conséquent pour Israël en raison de
l’implantation massive des colonies en Cisjordanie et de la question du
partage de Jérusalem dans le cadre d’un retour au frontières d’avant la guerre
des 6 jours.
Le contexte de transition à Washington facilite d’autant plus le déroulement
de l’opération militaire, Bush qui a été un soutien infaillible pour Israël ne
lève pas le petit doigt et soutien sans équivoque l’attaque sur Gaza. Il
conviendra toutefois de noter que les USA n’ont pas voté contre la résolution
de l’ONU réclamant un cessez-le-feu immédiat la semaine dernière, ils se sont
abstenus. Aussi ridicule que ce soit, cette abstention est une preuve
d’assouplissement dans la diplomatie aveugle et irréfléchie des USA envers
Israël, et cela même si le contexte laissait peu de chance à ce que cette
résolution soit acceptée par Israël, qui bien entendu n’a que faire des
directives onusienne et n’accepte aucune ingérence dans ces affaires

349 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
territoriales, on se demande pour quelles raisons ils y siègent d’ailleurs. Le
mutisme d’Obama a beaucoup inquiété, et là encore le fait qu’il ait déploré
les pertes civiles est un nouveau signe de changement. Certes ce n’est pas
radical comme position mais cela annonce une déviation dans la politiques
étrangère des USA, cette déviation ne sera pas diamétralement opposée à la
position irrémédiablement pro-israélienne de l’administration Bush,
Toutefois elle ira probablement dans le sens de l’ouverture et de la résolution
du conflit, que ce soit par des pressions sur Israël ou par le dialogue avec
l’Iran et d’autres pays comme la Syrie. Il est probable que le doute induit par
l’élection d’Obama et son orientation dans le conflit ait aussi pousse Israël à
lancer son opération avant la prise de pouvoir le 21 janvier.
La résolution du conflit Visiblement dans un cynisme absolu, les dirigeants
israéliens n’hésitent jamais à manœuvrer ce conflit séculaire à leur guise et à
court terme. Cette guerre est marquée par l’écart des forces : une armée
professionnelle disposant d’un arsenal de très haut niveau soutenu par un
approvisionnement régulier des USA et de l’autre une milice de 15 000
individus armés de kalachnikov et de roquettes Qassam et Katioucha.
L’asymétrie des pertes dans le conflit est un facteur clef jetant un voile sur la
communication d’Israël autour de cette guerre: 3 civils et 10 soldats
israéliens, et 1100 morts palestiniens dont plus de 300 enfants et une centaine
de femmes. A contrario la symétrie des discours est terrible. Les pro-
israéliens ne cessent de brandir les déclarations du Hamas qui prônent la
destruction totale d’Israël, alors même qu’une partie de l’opinion israélienne
soutient exactement la même logique à l’encontre des palestiniens, et à ce
niveau il est évident qu’entre le Hamas et Israël, il n’y en a qu’un seul qui a
le pouvoir de détruire l’autre totalement, cela a même permis aux opinions les
plus extrêmes en Israël de suggérer une solution nucléaire au conflit. En
décidant de relancer une violence décuplée en réponse au réflexe pavlovien
du Hamas après l’incursion israélienne du 4 novembre, Israël a surtout créé
un contexte qui perpétuera ce conflit.
Clairement tout usage de la violence est condamnable, mais on attend des
États démocratiques de faire preuves d’un peu plus de retenue, de faire des
efforts diplomatiques et de respecter ses propres engagements (concernant la
levée du blocus qui a créé une situation sanitaire alarmante pour la population
civile). Ce conflit semble largement servir des intérêts Israélien à court terme,
et malheureusement il desservira Israël à moyen et long terme. Soit Israël
arrive a déstabiliser totalement le Hamas et doit réoccuper Gaza ce qui serait
un retour à la situation d’avant 2005 avec une bande de Gaza ingouvernable
en sus, soit elle n’arrive pas à éliminer le Hamas totalement et ce sera un
échec pour l’opinion. Quoi qu’il en soit le bilan humain est insupportablement
lourd, les témoignages d’attaques contre des zones civils, des écoles, des

350 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
bâtiments de l’ONU et memes des hôpitaux sont bien trop redondant pour que
l’opinion de la communauté internationale puisse soutenir cette attaque sous
la forme qu’elle a pris. Que Israël soit étonné de cette incompréhension
concernant son action me semble être un des facteurs les plus aggravant, et
renforce la perception d’un État qui même si il est assis du côté des pays
démocratiques de part son fonctionnement interne, continue à bafouer le droit
international et à fouler du pied les résolutions de l’ONU avec un mépris
profond pour ses partenaires.
Je conclurais en citant Tom Segev du journal Haaretz : « Depuis l’aube de la
présence sioniste sur la terre d’Israël, aucune opération militaire n’a
jamais permis d’avancer dans le dialogue avec les Palestiniens.” Je
reviendrai très bientôt sur les autres facettes de ce conflit au travers
d’autres articles concernant l’implication des USA dans le conflit et
comment l’opinion américaine évolue à ce sujet, mais aussi sur la guerre
parallèle des images ou encore le travail impossible des organisations
humanitaires dans ce contexte.

351 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Bibliographie :
Les informations ou les citations rapportées sont tirées : des articles des
revues et journaux suivants :
 Jean-francois.legrain@mom.fr
 Arrivée de Yasser Arafat à Gaza en 1994 : voir références historiques,
le point sur Yasser Arafat, p. 3.
 Négociations de Camp David : voir le point sur les accords du Camp
David II (2000), p. 24.
 29 septembre 2000 : début de la seconde Intifada : voir références
historiques, p. 12- 13.
 Courrier International
 Le Figaro. Libération
 Monde diplomatique " Dossiers et documents " du Monde
 Nouvel Observateur
 Publications d'Amnesty international - "Israël et territoires occupés"
 Revue d'Études Palestiniennes
 Revue "Une terre deux peuples" de l'Association pour l'Union des
Peuples Juif et Palestinien
 Arendt Hannah, Sur l'antisémitisme, Calmann-Lévy 1973.
 Ascot Roger, Le sionisme trahi ou les Israéliens du dimanche,
Balland, 1991.
 Attias J.C. et Benbassa E., Israël imaginaire, Flammarion 1998.
 Avran Isabelle, Israël Palestine - Les inventeurs de paix, Les Éditions
de l'Atelier et le CCFD, 2001.
 Barthélémy André, Israéliens et Palestiniens. Du dialogue à la paix.
Chronique sociale, Lyon, 1992.
 Benbassa E. et Attias J.C., Les juifs ont-ils un avenir ?, JC Lattès,
2001.
 Bishara Marwan, Palestine/Israël : la paix ou l'apartheid, Éditions de
la Découverte, 2001.
 Dieckhoff Alain, Israéliens et Palestiniens. L'épreuve de la paix,
Aubier, 1996.
 Faye J.P. et de Vilaine A.M. , La déraison antisémite et son langage,
Actes Sud, 1993.
 Finkelstein Norman G., L'industrie de l'Holocauste, La Fabrique
éditions, 2001.
 Garaudy Roger, Le procès du sionisme israélien, Éditions Vent du
Large, 1998 – Les
 Mythes fondateurs de la politique israélienne, Samiszdat, 1996.

352 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
 Fleg Edmond, Pourquoi je suis juif ?, Les Belles Lettres, 1995.
 Geries Sabri, Lobel Eli, Les Arabes en Israël ; Les Juifs et la Palestine,
Maspero, 1969
 Greilsammer Ilan, La nouvelle histoire d'Israël, Gallimard, 1998.
 Gresh Alain et Vidal Dominique, Palestine 47 : un partage avorté,
Éditions Complexe, 1991.
 Halevi Ilan, Israël : Les mythes fondateurs à l'épreuve du temps,
Revue de l'Association médicale franco-palestinienne, mai-juin 1998.
 Halevi Ilan (traducteur), Le transfert des Palestiniens, une obsession
centenaire.
 Textes et déclarations des principaux responsables juifs 1891 à 1961,
Revue d'Études palestiniennes
 Halter Marek, Le judaïsme raconté à mes filleuls, Robert Laffont,
1999.
 Igounet Valérie, L'histoire du négationisme en France, Seuil, 2000.
 Kaplan Jacob, Judaïsme français et sionisme, Albin Michel, 1976.
 Khalidi Walid, L'histoire véridique de la conquête de la Palestine,
Revue d'Études palestiniennes,
 Kriegel Annie, Israël est-il coupable ?, Robert Laffont, 1982.
 Leibowitz Yechayahou, La mauvaise conscience d'Israël - Entretiens
avec J. Algazy,
 Le Monde Editions, 1994, Israël et judaïsme, Desclée de Brouwer,
1996.
 Leibowitz Yechayahou, Israël et judaïsme, Desclée de Brouwer, 1996.
 Levyne Emmanuel, Judaïsme contre sionisme, Editions Cujas, 1969.
 Lustiger Jean-Marie, Le choix de Dieu, de Fallois, 1987.
 Prolongeau Hubert, Le curé de Nazareth, Albin Michel, 1998.
 Sallenave Danièle, Carnets de route en Palestine occupée, Stock,
1998.
 Sartre J.P, Réflexions sur la question juive, Folio essais, 1954.
 Schattner Marius, Le Maillon faible - Interrogations sur l'alliance
entre nationalisme et religion en Israël, Esprit - mai 1998Shahak
Israël, Le racisme de l'État d'Israël, Authier, 1975.Taguieff P. A.,
 Van Creveld Martin, Tsahal, histoire critique de la force israélienne
de défense, Ed. du Rocher, 1998.

353 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)
 Vidal Dominique et Algazy Joseph, Le péché originel d'Israël,
Editions de l'Atelier, 1998.
 Weinstock Nathan, Le sionisme contre Israël, Maspero, 1969.
 www.russelltribunalonpalestine.org/
 www.palestine-solidarite.org/dossier.jeunes.sommaire.htm : Site
archivant des informations de plusieurs agences de presse sur le
conflit.
 http://www.curiosphere.tv/israel_palestine Site présentant différents
supports sur le conflit (des cartes interactives, une frise
 chronologique, des fiches thématiques).
 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/israel-60-ans/fiche-
pays.shtml Site proposant un résumé des enjeux du conflit.
 http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/ Le blog du Monde, important
journal français, sur le conflit.

b. Lectures complémentaires
 Quand j’étais soldate, de Valérie Zenatti, École des loisirs, 2002.
 Si tu veux être mon amie : lettres de Galit Fink et Mervet Akram
Sha’ban, de Lisla Boudalika, Gallimard jeunesse, 2002. (Folio
junior, n° 1213). Correspondance réelle entre une jeune Israélienne
et une jeunePalestinienne.
 De Jérusalem à Névé-Shalom, de Florence Cadier, Syros,
2004.Roman
 La colombe de Gaza, de Cathryn Clinton, Milan, 2005.Roman
racontant Les tagueurs de Jabalya, de Ouzi Dekel, Syros jeunesse,
Coll. J’accuse !, 2001. Chroniques
 Rêver la Palestine, de Randa Ghazy, Flammarion, 2002.
Présentation du conflit à travers l’itinéraire d’Ibrahim
 Soliman le pacifique : journal d’un enfant dans l’Intifada de
Véronique Massenot, Hachette jeunesse, 2003. (Histoires de vies,
n° 959).

354 | P a g e
BANDE DE GAZA (la Terre Oubliée)

Saïfi Kheire Eddine est né en Algérie, à Bordj Bou


Arreridj en 1990. Après avoir eu une très bonne
éducation à l’état Algérienne, il décroche en 2009 son
baccalauréat après il continua ses études dans les
universités algériennes à la recherche de la littérature
comme spécialité là ou il décroche une licence en langue française de
l’université de Sadik Benyahia et son Maste à l’université Abderahman
Mira à Bejaia, il contenue toujours ses études, Il a une grande passion
pour l’écriture de poèmes et de romans, pour la littérature et le sport. Il
Est ainsi un auteur peut conventionnel, mais tellement réaliste et sincère.

BANDE DE GAZA la Terre Oubliée, Là juste là exactement à palestine


à côté de la Terre Promise, il y a une Terre Oubliée qu’on surnome
« GAZA » cette terre promise oubliée de tous, sauf de la Terre Promise,
dont le colonialisme Israelien qui continue de la grignoter, en Toute
impunité, pendant que le monde regarde ailleurs, dans cette Terre
Oubliée, coincée entre la mer, un mur et l'Egypte, il y a une Bande de
Terre encore plus Oubliée, GAZA ! BANDE DE GAZA!, Juré, promis,
craché ! GAZA, Oubliée, Spoliée, Sinistrée ! Cette terre promise qu'on
tente de faire disparaître, Heureusement, il y en a la presse qui nous
donne quelques nouvelles de cette terre promise !

355 | P a g e

You might also like