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Professeur : Mme.

Hind TAK TAK

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Introduction générale théorie générale des obligations

Le droit des obligations est une branche fondamentale du droit privé. Il a pour but de

régir les rapports qui se nouent entre les différentes personnes physiques ou morales au

sein de la société. Il organise l'ordre public, la protection de l'intérêt privé et la sécurité

contractuelle.

Avant l'occupation française, le Maroc était régi en matière des obligations et des contrats

par le droit musulman. Pendant la période du protectorat, la Tunisie a adopté en premier

son Code des Obligations et des Contrats (C.O.C) le 15 décembre 1906. Ce texte va

constituer le texte de base pour la rédaction du dahir des obligations et des contrats du 12

août 1913 (D.O.C.) promulgué sous le protectorat. Il comporte 1250 articles et a fait

l’objet, depuis sa promulgation en 1913, de plusieurs réformes qui sont en nombre de 25

(1917-2007). Les dernières en date sont

Loi n° 44-00 promulguée par Dahir n° 1-02-309 du 25 rejeb 1423 - 3 octobre 2002,

B O du 7 novembre 2002 ;

Loi n° 53-05 promulguée par le dahir n° H1-07-129H du 30 novembre 2007 - 19

kaada 1428 ; B.O. n° 5584 du 6 décembre 2007.

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La Notion d'obligation
- Les caractères de l'obligation

- La Classification des obligations

1. Définition de l'Obligation

Le terme “Obligation" recouvre deux acceptions différentes

1. Au sens général, il désigne tout devoir auquel un individu est astreint en vertu de
règles morales, familiales, professionnelles, ou encore sociales.

Exemple 1 : tout individu vivant au Maroc est tenu, en vertu des règles sociales, de
s'arrêter au feu rouge...

Exemple 2 : Il est moralement répréhensible de porter atteinte à l'autre ou de lui


nuire de quelque façon que ce soit

Bien qu'on est en présence de devoir, il ne s'agit pas d'une obligation au sens juridique
du terme puisqu'il n'existe pas de créancier à cette obligation. Il n'existe pas de lien de
droit entre deux personnes.

2. Au sens juridique, l'obligation renvoie à l'idée d'un lien de droit entre deux
personnes en vertu duquel l'une d'elles, le créancier, peut exiger de l'autre, le débiteur,
une prestation précisément prédéterminée.

En tant que lien de droit, l'obligation peut faire l'objet d'une sanction puisqu'il ne s'agit
pas d'une obligation morale.

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Exemple 1 : Dans la vente, l'obligation du débiteur (acheteur) est de verser un prix
au créancier (vendeur). Toute obligation comporte ce double aspect, négatif (la dette
qui pèse sur le débiteur) et actif (la créance qui bénéficie au créancier).

L'obligation est donc un élément du patrimoine du créancier comme du débiteur.

Les Caractères des Obligations


L'obligation présente trois caractères

1. Un caractère obligatoire

L'obligation est un lien qui oblige le débiteur à exécuter l'obligation qu'il a souscrite,
sous peine que le créancier l'y contraigne en exerçant une voie de droit.

L'obligation civile se distingue clairement de l'obligation naturelle dont l'exécution est


susceptible d'être poursuivie en justice.

2. Un caractère personnel

L'obligation est toujours personnelle à celui qui l'a souscrite (elle n'engage pas sa
famille). De ce fait, l'obligation est intransmissible comme reflétant un aspect de la
personnalité juridique.

Or, ce principe comporte plusieurs exceptions (la transmission des dettes aux
héritiers).

3. Caractère patrimonial

L'obligation civile est évaluable en argent. Elle fait partie de l'actif du patrimoine du
créancier et du passif du débiteur.

La classification des obligations

La doctrine propose une classification dont l'intérêt essentiel est de permettre de


dégager des règles précises pour chaque type d'obligation.

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1. Classification fondée sur l'objet de l'obligation.

L'objet de l'obligation désigne la prestation à laquelle le débiteur est engagé.


1.1. La nature de la prestation : Obligations de donner ou de faire, obligations de
ne pas faire

L'obligation de donner correspond à l'obligation dont l'objet est la transmission de la


propriété d'une chose (vente, donation, échange)

L'obligation de faire consiste dans l'accomplissement d'une prestation déterminée

L'obligation de ne pas faire consiste à une abstention (ne pas faire concurrence, ne pas
violer la clause d'un contrat)

Intérêt de la distinction

N'a pas de portée pratique :

L'obligation de faire ou de ne pas faire obéissent au même régime puisque ne pas faire
est faire quelque chose

L'obligation de donner est sans utilité dans la mesure où le transfert de la propriété est
une conséquence du consentement des parties

1.2. L'objet de la prestation : obligation en nature et obligation pécuniaire

L'obligation en nature porte sur autre chose que l'argent

L'obligation pécuniaire implique le transfert d'une somme d'argent

Intérêt de la distinction

• L'obligation en nature ne subit pas les dépréciations monétaires. En cas


d'inexécution de l'obligation, seul un paiement en argent est admis.
• L'obligation pécuniaire engage le débiteur à hauteur du montant inscrit au
contrat. En cas d'inexécution de l'obligation, possibilité de saisir le bien du
débiteur.

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1.3. Contraintes de la prestation : Obligations de moyen et obligations de résultat

Dans l'obligation de moyen, le débiteur est tenu de mettre en œuvre tous les moyens qui
sont à disposition pour accomplir la prestation sans être tenu par un résultat déterminé.

Le créancier doit prouver l'absence de mise en œuvre des moyens adéquats.

Dans l'obligation de résultat, le débiteur s'engage à accomplir un résultat précis. Le


créancier ne prouve que le défaut de résultat

Intérêt de la distinction : charge de la preuve

2. La source des obligations

- Obligation contractuelle naît d'un contrat

- Obligation délictuelle résulte d'une faute intentionnelle

- Obligation quasi-contractuelle provenant d'une situation proche du contrat

- Obligation quasi-délictuelle correspond aux fautes non intentionnelles

- Obligation légale émanant de la loi.

Intérêt de distinction :

Aucun mais figure dans le Dahir des Obligations et des contrats

3. Acte juridique et fait juridique

Une distinction retenue par la doctrine.

L'acte juridique consiste dans toute manifestation de volonté destinée à produire des
effets de droit. Le contrat ou l'engagement unilatéral
Le fait juridique est un événement quelconque auquel la loi attribue des effets de droit,
mais qui ne résulte pas d'un accord de volonté.
Le délit et le quasi-délit sont des faits juridiques.

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La notion de contrat
1. Le contrat, accord de volonté

2. Le contrat, générateur d'obligations

3. Le contrat, acte juridique protégé

1. Le contrat et autres concepts

1.1. Contrat et convention

Le contrat est une convention.

C'est un acte juridique bilatéral destiné à faire naître des obligations ou, créer des effets
de droit spécifiques entre un créancier et un débiteur.

La convention, dont le domaine est plus large que le contrat, comprend tout à la fois les
accords de volontés destinés à faire naître des obligations mais également ceux qui ont
pour objet de les transmettre ou de les éteindre.

La convention, à la différence du contrat, correspond aux accords de volontés destinés à


produire des effets de droit quelconques.

Dans le langage courant, les deux termes sont synonymes et la jurisprudence les emplois
dans le même sens.

1.2. Contrat et acte unilatéral

C'est un acte juridique nécessitant une seule volonté pour produire des effets de droit.

Exemple 1 : un testament par lequel un individu règle la dévolution de ses biens


après sa mort.

Exemple 2 : reconnaissance d'un enfant naturel

Dans ces cas, une seule personne exprime sa volonté.

Question : L'acte unilatéral de volonté peut être une source ou non d'obligations ?

En principe, l'acte unilatéral en lui-même ne doit pas permettre de créer d'obligation vis-
à-vis de son auteur.

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Mais c'est l'engagement unilatéral, qui est une espèce particulière d'acte unilatéral qui
peut constituer une source d'obligations.

Exemples : promesse d'exécution d'une obligation naturelle, promesse de


ratification d'une gestion d'affaires, offre de contrat assorti d'un délai, actes
préparatoires à la constitution d'une société à responsabilité limitée
unipersonnelle...

L'engagement de l'auteur peut générer des obligations.

La jurisprudence admet que l'offre de contrat assortie d'un délai ne peut pas être
rétractée librement, de manière discrétionnaire, par son auteur qu'après l'expiration du
délai, reconnaissant ainsi la valeur juridique de l'engagement unilatéral. Si la personne
qui a trouvé l'objet le rapporte et qu'il avait connaissance de la récompense, le
promettant devra s'acquitter de sa dette puisqu’une acceptation a bien rencontrée une
offre qui s'est maintenue jusqu'à la récupération de la chose égarée.

* Acte unilatéral/contrat unilatéral

Le contrat unilatéral suppose un échange des consentements des parties, mais ne fait pas
naître d'obligations qu'à l'égard d'une seule personne (le cautionnement).

Dans l'acte unilatéral, il n'existe aucun accord

1.3. Contrat/ acte collectif

L'acte collectif n'implique aucun accord de volonté. Il produit des effets à l'égard des
cocontractants et tiers (Contrats conclus entre employeurs et qui s'imposent à tous les
salariés d'un secteur, syndic)

Les classifications déduites des contrats


1. 1. Les classifications déduites du D.O.C.

La classification est l'action de distribuer par classes, par catégories.

Il y a dans la pratique un grand nombre et une grande variété de contrats, d’où la


nécessité d’élaborer une classification afin d’ordonner cette diversité.

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Contrairement au code civil français qui contient une classification incomplète des
contrats (articles 1102 à 1106), les rédacteurs du Dahir des obligations et contrats
(DOC) au Maroc n’ont donné aucune classification des contrats, laissant cette mission à
la doctrine notamment française.

Certaines classifications découlent du Dahir des Obligations et des contrats et d'autres


reflètent l'évolution du droit des contrats et ne figurent pas dans le DOC.

Les classifications qu’on peut dégager du D.O.C. reposent essentiellement soit sur les
effets ou sur le contenu du contrat soit sur la formation des contrats

1. Classification fondée sur les effets ou sur le contenu du contrat.

1.1. Contrats synallagmatiques et les contrats unilatéraux

Aux termes de l'article 1102 du Code Civil, le contrat est synallagmatique ou bilatéral
lorsque les contractants s'obligent réciproquement les uns envers les autres".

En vertu de l'article 1103 du Code Civil, "le contrat est unilatéral lorsqu'une ou
plusieurs personnes sont obligées envers une ou plusieurs autres, sans que de la part de
ces dernières il y ait engagement".

Le contrat synallagmatique est donc caractérisé par la création d'obligations réciproques


et interdépendantes entre les parties.

Exemple : le vendeur s'engage à donner la chose alors que l'acheteur s'oblige à


payer).

Le contrat unilatéral est caractérisé par le fait que seule l'une des parties s'engage ; le
contrat ne fait naître d'obligations qu'à son unique charge (donation).

Intérêts de la distinction

-Les règles de preuve son différentes, l'écrit traduisant un contrat synallagmatique


devant être rédigé en autant d'exemplaires qu'il y a de parties au contrat alors que celui
qui matérialise un contrat unilatéral peut n'être rédigé qu'en un seul exemplaire qui sera
remis au créancier.

- Dans les contrats synallagmatiques, les obligations réciproques de parties se servent de


cause (dans la vente, l'obligation du vendeur de donner la chose trouve sa cause dans le

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paiement d'une somme d'argent par l'acquéreur et réciproquement), ce qui n'est pas le
cas dans les contrats unilatéraux. Il n'est pas permis d'obliger d'exécuter son obligation
si l'autre ne l'a pas exécuté.

1.2. Contrats à titre onéreux et contrats à titre gratuit

Le contrat est onéreux quand chaque partie a reçu, immédiatement ou de manière


différée, un avantage qui est la contrepartie de celui qu'elle procure à l'autre (article
1106 du Code civil).

Exemple : Dans le contrat de vente, un vendeur ne remet la chose que contre le


versement d'un prix

Le contrat est gratuit quand l'une des parties procure volontairement un avantage à
l'autre (article 1105 du Code Civil)

Exemple : Dans la donation, le donateur s'appauvrit sciemment au profit du


donataire, qu'il enrichit.

Intérêt de la distinction

Les actes à titre gratuit obéissent à des règles spécifiques qui en limitent l'exercice en
raison des dangers que peuvent encourir certains individus.

Exemple : L'action paulienne, fondée sur la fraude, est reçue dans les actes à titre
gratuit que dans les actes à titre onéreux.

La loi est moins sévère vis-à-vis de la gratuité/bénévolat, envers celui qui s'appauvrit
sans contrepartie.

1.3. Les contrats commutatifs et les contrats aléatoires

Le contrat est commutatif quand la contrepartie que chaque contractant reçoit est
préalablement déterminée et certaine.

Exemple : La vente d'un vêtement à tel prix est un contrat commutatif

Le contrat est aléatoire dès lors que l'étendue d'une prestation est incertaine parce qu'elle
dépend du hasard.

Exemple : Le contrat d'assurance (ni l'assureur, ni l'assuré ne savent si un sinistre


surviendra)

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Intérêt de la distinction

Un contrat aléatoire ne peut jamais être annulé et réduit pour absence de cause ou pour
lésion car il est précisément impossible d'évaluer par avance les avantages des uns et
des autres : C'est le sens de l'adage "l'aléa chasse la lésion". Les parties ont fait une sorte
de pari, elles ont accepté de courir une chance et elles ne peuvent pas se plaindre d'être
lésées.

En islam, les contrats aléatoires sont prohibés.

1.4. Les contrats instantanés et les contrats à exécution successive

Le contrat est à exécution instantanée quand il donne naissance à des obligations qui
pourront être exécutées en une seule fois.

Exemple : la vente ou l'échange.

Le contrat est à exécution successive quand il comporte des obligations qui vont
s'exécuter en s'étalant dans le temps.

Exemple : le contrat de travail, contrat de bail.

Intérêt de la distinction

Dans les contrats successifs, on ne peut, en cas de nullité, effacer les effets passés du
contrat. Le contrat n’est anéanti que pour l’avenir et ce contrairement aux contrats à
exécution instantanée où la résolution et l’annulation ont un effet rétroactif : le contrat
est donc anéanti aussi bien pour le passé que pour l’avenir.

Lorsque le contrat à exécution successive est à durée indéterminée, les contractants


peuvent mettre fin au contrat de façon unilatérale sous réserve d’un contrôle judiciaire.

Concernant la cession du contrat, elle n’est possible que dans le cadre des contrats à
exécution successive et non dans les contrats à exécution instantanée.

2. Les classifications "sous entendues" fondées sur la formation des contrats

2.1. Le contrat consensuel et le contrat solennel/ le contrat réel

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Le contrat consensuel est réputé se former par le seul accord des parties

(Contrat de vente)

Le contrat non consensuel nécessite en plus de la réalisation d'un fait purement matériel
pour en assurer la validité : soit un écrit, le contrat est donc solennel, soit la remise d'une
chose, le contrat est alors réel (contrat de prêt)

Intérêt de la distinction

Le fait matériel est exigé soit à titre de validité soit à titre de preuve ou d'opposabilité du
contrat aux tiers.

La capacité juridique

1. L'incapable
1. Définition

La capacité se définit comme l’aptitude d’une personne à acquérir des droits et à les
exercer : Exemple souscrire un engagement valable. Elle est régie par les articles 3 à 13
du DOC.

Selon l'article 3 du D.O.C., la capacité civile de l'individu est réglée par la loi qui régit
son statut personnel. En ce qui concerne les marocains musulmans, la capacité civile est
définie par la loi n° 70-03 formant code de la famille du 3 Février 2004. L'âge de la
majorité légale est fixé à 18 ans révolus (article 209 du Code de la famille).

Les marocains musulmans ainsi que les étrangers musulmans sont régis par le code de la
famille.

Le code de la famille s'inspire des règles du droit malékite mais également du droit
européen.

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- Jusqu'à 12 ans, l'enfant est totalement incapable par défaut de discernement.

- Entre 12 et 15 ans, l'intéressé peut exercer certains actes conclus avec l'approbation du
tuteur

- Lorsque le mineur a atteint l'âge de seize ans, il peut demander au tribunal de lui
accorder l'émancipation (article 218 du CF).

Les marocains juifs sont soumis au droit hébraïque tel qu'il est adopté par les rabbins
conformément à la Michna (dont l'auteur est le penseur Moshé Maimonide : un
commentaire sur les lois régissant la vie des hébreux), qui régit le statut personnel de ce
fragment de la société marocaine. La majorité fixée à la puberté par le droit classique, est
passée à 25 ans.

On distingue deux sortes de capacité

- La capacité d’exercice liée à l’âge

- La capacité de jouissance liée à l’interdiction légale ou judiciaire qui empêche une


personne de jouir de tout ou partie de ses droits.

1. La capacité d’exercice

L'article 208 du Code de la Famille dispose « la capacité d'exercer est la faculté qu'a
une personne d'exercer ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides.
La loi fixe les conditions d'acquisition de la capacité d'exercice et les motifs déterminant
la limitation de cette capacité ou sa perte ».

Au contraire, l'incapacité d'exercice vise l'incapacité d'une personne, qui est titulaire de
droits, à les exercer elle-même, sans l'intervention d'une autre personne qui agit en son
nom et à sa place pour le représenter ou pour l'assister. Dès lors, l'intéressé ne peut exercer
lui-même le droit de contracter, notamment parce qu'il a besoin d'être protégé.

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Ce qui importe de rappeler ici, c'est à côté de ces personnes, il en existe d'autres, qui
pleinement capables en principe, se voient cependant interdire certains actes et sont donc,
quant au ces actes atteints d'une sorte d'incapacité de jouissance. Nous sommes donc, en
présence d'interdiction légale de contracter.

Le D.O.C. distingue deux situations

- l'acte juridique conclu par l'incapable lui-même

- L'acte juridique conclu par l'intermédiaire de son représentant légal

1.1. Acte passé par l'incapable (sans l'autorisation de son tuteur)

a) Le principe est la rescision de l'acte pour défaut de capacité

Selon l'article 4 du D.O.C., le mineur qui contracte sans autorisation de son tuteur (père
ou curateur), n'est pas obligé de s'exécuter. Il peut demander la rescision de l'engagement
pris par lui pour défaut de capacité.

L'article 6 du D.O.C. donne la possibilité au tuteur ou au mineur après sa majorité de


remettre en cause l'obligation bien qu'il ait utilisé des manœuvres frauduleuses afin
d'induire en erreur l'autre partie

L'article 9 du D.O.C. oblige le mineur ou l'incapable à respecter son engagement jusqu'à


concurrence du profit qu'il en a tiré. Il y a profit lorsque ce qui a été reçu par le mineur a
été employé en dépenses nécessaires ou utiles ou lorsque la chose existe encore dans son
patrimoine.

b) Exceptions à la rescision pour défaut de capacité

L'article 4 al.2 du DOC précise que la rescision n'est pas possible lorsque l'acte du mineur
est approuvé par son représentant légal, il se trouve validé

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L'article 5 du DOC valide quant à lui l'acte passé par un mineur ou un incapable s'il a
augmenté le patrimoine de ces derniers.

Exemple : une donation.

1.2. Actes conclus par le représentant légal

On distingue les actes d'administration et les actes de disposition

a- Les actes d'administration concernent la gestion du patrimoine du mineur (loyers,


dividendes...). Le tuteur peut être autorisé par le juge à accomplir de tels actes.

Le mineur peut à sa majorité exiger des comptes et même poursuivre son tuteur pour
mauvaise gestion.

b- Les actes de disposition, tels que la vente, l'échange, la location pour plus de trois ans,
le partage, la société, la constitution du nantissement et autres cas expressément prévus
par la loi, nécessitent obligatoirement l'accord du juge (article 11 du DOC)

2. L'incapacité de jouissance

L'article 207 du code de la famille dispose que « la capacité de jouissance est la faculté
qu'à la personne d'acquérir des droits et d'assurer des devoirs tels que fixés par la loi. Cette
capacité est attachée à la personne durant toute sa vie et ne peut lui âtre enlevée » ;

Il s’agit des attributs de la personnalité juridique, tels que les droits civiques, civils ou de
famille.

Exemple : le dément ou l’infirme d’esprit ne peut jouir de ses droits

Cette interdiction s’applique également à la femme non musulmane qui ne peut hériter de
son époux musulman

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Lorsque l’incapacité de jouissance est générale, elle prive l’incapable de la personnalité
juridique.

Exemple : la réclusion perpétuelle rend le condamné dans l’impossibilité de gérer


son patrimoine, celui-ci étant gérer par un curateur (article 16 du code pénal).

Le consentement

1. Les principes du droit des contrats

2. Offre de contrat

3. Acceptation de l'offre de contrat

4. Les contrats entre absents

5. Les contrats électroniques

1. Principes du droit des contrats

La formation du contrat est dominée par deux principes

- La théorie de l'autonomie de la volonté

- Le consensualisme

1. La théorie de l'autonomie de la volonté

La force obligatoire du lien contractuel découle de la volonté : l'acte juridique oblige


qu'il a été voulu

L'article 230 du DOC dispose que le contrat valablement formé constitue la loi des
parties.

Toutefois, la liberté contractuelle est limitée par

- des règles de morale, de sécurité et d'ordre social (la notion d'ordre public)

- des règles d'ordre économique : Il existe une inégalité de puissance économique entre
les parties.

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Exemple : Dans les contrats d'adhésion, il n'y a pas de négociations préalables.
L'intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour protéger la partie la plus faible :
salarié, consommateur

Le législateur peut imposer ou interdire certaines clauses dans certains contrats tel que
le contrat de travail, le contrat d'assurance automobile.

1. Le consensualisme/ Formalisme

Le contrat peut être valable par le seul échange des consentements (article 2 et 19 du
DOC)

L'avantage : simple rapide et économique

Le formalisme nécessite des exigences de forme pour la validité du contrat

L'avantage : précision, clarté, sécurité pour les tiers.

Exemple : mentions obligatoires pour mieux éclairer les parties dans un contrat de
crédit, contrat de société. Il peut s'agir

- d'un acte sous seing privé : valable par la signature

- d'un acte authentique : acte adoulaire, notarié.

La formation du contrat nécessité quatre conditions

- La capacité de contracter

- Le consentement valable des parties

- Objet certain

- Cause licite

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Révision

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- De la déclaration unilatérale

Article14: La simple promesse ne crée point d'obligation.

Article 15: La promesse, faite par affiches ou autre moyen de publicité, d'une
récompense à celui qui trouvera un objet perdu ou accomplira un autre fait, est réputée
acceptée par celui qui, même sans connaître l'avis, rapporte l'objet ou accomplit le fait
l'auteur de la promesse est tenu, dès lors, de son côté, à accomplir la prestation promise.

Article 16 : La promesse de récompense ne peut être révoquée, lorsque la révocation


survient après l'exécution commencée.
Celui qui a fixé un délai pour l'accomplissement du fait prévu est présumé avoir renoncé
au droit de révoquer sa promesse jusqu'à l'expiration du délai.

Article 17 : Si plusieurs personnes ont accompli en même temps le fait prévu par la
promesse de récompense, le prix ou récompense promis est partagé entre elles. Si elles
l'ont accompli en des temps divers, la récompense appartient à la première date ; si elles
l'ont accompli chacune pour une part, cette récompense est partagée dans la même
proportion ; si le prix ou la récompense ne peut se partager, mais peut se vendre, le prix
en est partagé entre les ayants droit ; si ce prix ou récompense consiste en un objet qui n'a

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pas de valeur vénale ou ne peut être donné qu'à un seul, d'après les termes de la promesse,
la décision est remise à la voie du sort.
Article 18 : Dans les obligations unilatérales, les engagements sont obligatoires, dès
qu'ils sont parvenus à la connaissance de la partie envers laquelle ils sont pris.

2- Du consentement Offre-Acceptation

Des conventions ou contrats

Article 19 : La convention n'est parfaite que par l'accord des parties sur les éléments
essentiels de l'obligation, ainsi que sur toutes les autres clauses licites que les parties
considèrent comme essentielles.

Les modifications que les parties apportent d'un commun accord à la convention, aussitôt
après sa conclusion, ne constituent pas un nouveau contrat, mais sont censés faire partie
de la convention primitive, si le contraire n'est exprimé.

Article 20 : Le contrat n'est point parfait, lorsque les parties ont expressément réservé
certaines clauses comme devant former objet d'un accord ultérieur ; l'accord intervenu,
dans ces conditions, sur une ou plusieurs clauses, ne constitue pas engagement, alors
même que les préliminaires de la convention auraient été rédigés par écrit.

Article 21 : Les réserves ou restrictions qui ne sont pas portées à la connaissance de l'autre
partie ne peuvent ni infirmer ni restreindre les effets de la déclaration de volonté, telle
qu'elle résulte de son expression apparente.

Article 22 : Les contre-lettres ou autres déclarations écrites n'ont d'effet qu'entre les
parties contractantes et leurs héritiers. Elles ne peuvent être opposées aux tiers, s'ils n'en
ont eu connaissance ; les ayants cause et successeurs à titre particulier sont considérés
comme tiers, aux effets du présent article.

Article 23 : L'offre faite à une personne présente, sans fixation de délai, est non avenue,
si elle n'est acceptée sur-le-champ par l'autre partie.

Cette règle s'applique aux offres faites au moyen du téléphone par une personne à une
autre.

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Article 24 : Le contrat par correspondance est parfait au moment et dans le lieu où celui
qui a reçu l'offre répond en l'acceptant.

Le contrat par le moyen d'un messager ou intermédiaire est parfait au moment et dans le
lieu où celui qui a reçu l'offre répond à l'intermédiaire qu'il accepte.

Article 25 : Lorsqu'une réponse d'acceptation n'est pas exigée par le proposant ou par
l'usage du commerce, le contrat est parfait, dès que l'autre partie en a entrepris l'exécution
; l'absence de réponse vaut aussi consentement, lorsque la proposition se rapporte à des
relations d'affaires déjà entamées entre les parties.
Article 26 : La proposition est révocable, tant que le contrat n'est point parfait par
l'acceptation ou le commencement d'exécution entrepris par l'autre partie.
Article 27 : Une réponse conditionnelle ou restrictive équivaut au refus de la proposition,
accompagné d'une proposition nouvelle.
Article 28 : La réponse est réputée conforme aux offres, lorsque celui qui répond dit
simplement qu'il accepte ou lorsqu'il exécute le contrat sans faire aucune réserve.
Article 29 : Celui qui a fait une offre en fixant un délai pour l'acceptation est engagé
envers l'autre partie jusqu'à expiration du délai. Il est dégagé, si une réponse d'acceptation
ne lui parvient pas dans le délai fixé.
Article 30 : Celui qui fait une offre par correspondance, sans fixer un délai, est engagé
jusqu'au moment où une réponse, expédiée dans un délai moral raisonnable, devrait lui
parvenir régulièrement, si le contraire ne résulte pas expressément de la proposition.

Si la déclaration d'acceptation a été expédiée à temps, mais ne parvient au proposant


qu'après l'expiration du délai suffisant pour qu'elle puisse parvenir régulièrement, le
proposant n'est pas engagé, sauf le recours de la partie en dommages-intérêts contre qui
de droit.

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Article 31 : La mort ou l'incapacité de celui qui a fait une offre, lorsqu'elle survient après
le départ de la proposition, n'empêche point la perfection du contrat, lorsque celui auquel
elle est adressée l'a acceptée avant de connaître la mort ou l'incapacité du proposant.
Article 32 : La mise aux enchères est une proposition de contrat ; elle est réputée acceptée
par celui qui offre le dernier prix ; celui-ci est obligé en vertu de son offre, si le vendeur
accepte le prix offert.
Article 33 : Nul ne peut engager autrui, ni stipuler pour lui, s'il n'a pouvoir de le
représenter en vertu d'un mandat ou de la loi.
Article 34 : Néanmoins, on peut stipuler au profit d'un tiers, même indéterminé, lorsque
telle est la cause d'une convention à titre onéreux que l'on fait soi-même ou d'une libéralité
que l'on fait au promettant.
Dans ce cas, la stipulation opère directement en faveur du tiers ; celui-ci peut, en son nom,
en poursuivre l'exécution contre le promettant, à moins que l'exercice de cette action n'ait
été interdit par le contrat ou n'ait été subordonné à des conditions déterminées.
La stipulation est réputée non avenue, lorsque le tiers en faveur duquel elle est faite refuse
de l'accepter en notifiant son refus au promettant.
Article 35 : Celui qui a stipulé en faveur d'un tiers peut poursuivre, concurremment avec
ce dernier, l'exécution de l'obligation, s'il ne résulte de celle-ci que l'exécution ne peut
être demandée que par le tiers en faveur duquel elle est faite.
Article 36 : On peut stipuler pour un tiers sous réserve de ratification. Dans ce cas, l'autre
partie peut demander que le tiers, au nom duquel on a contracté, déclare s'il entend ratifier
la convention. Elle n'est plus tenue, si la ratification n'est pas donnée dans un délai
raisonnable, et au plus tard quinze jours après la notification de la convention.
Article 37 : La ratification équivaut au mandat. Elle peut être tacite et résulter de
l'exécution par le tiers du contrat fait en son nom.
Elle a effet en faveur de celui qui ratifie et contre lui, à partir de l'acte qui en est l'objet,
s'il n'y a déclaration contraire ; elle n'a effet à l'égard des tiers qu'à partir du jour où elle a
été donnée.

22
Article 38 : Le consentement ou la ratification peuvent résulter du silence, lorsque la
partie, des droits de laquelle en dispose, est présente, ou en est dûment informée, et
qu'elle n'y contredit point sans qu'aucun motif légitime justifie son silence.

Le dol du D.O.C

Article 52 : Le dol donne ouverture à la rescision, lorsque les manœuvres ou les


réticences de l'une des parties, de celui qui la représente ou qui est de complicité avec
elle, sont de telle nature que, sans ces manœuvres ou ces réticences, l'autre partie
n'aurait pas contracté. Le dol pratiqué par un tiers a le même effet, lorsque la partie qui
en profite en avait connaissance.

Article 53 : Le dol qui porte sur les accessoires de l'obligation et qui ne l'a pas
déterminée ne peut donner lieu qu'à des dommages-intérêts.

Article 54 : Les motifs de rescision fondés sur l'état de maladie, et autres cas analogues,
sont abandonnés à l'appréciation des juges.
Article 55 : La lésion ne donne pas lieu à la rescision, à moins qu'elle ne soit causée par
le dol de l'autre partie, ou de celui qui la représente ou qui a traité pour elle, et sauf
l'exception ci-après.

Article 56 : La lésion donne ouverture à la rescision, lorsque la partie lésée est un


mineur ou un incapable, alors même qu'il aurait contracté avec l'assistance de son tuteur
ou conseil judiciaire dans les formes déterminées par la loi, et bien qu'il n'y ait pas dol
de l'autre partie. Est réputée lésion toute différence au-delà du tiers entre le prix porté au
contrat et la valeur effective de la chose.

23
4- LE VICE DE CONSENTEMENT : L'ERREUR

1. L'erreur

L'erreur est la fausse représentation de la réalité qui a conduit une personne à conclure
le contrat.

L'erreur est considérée comme l'un des vices de consentement. Il ne respecte pas la règle
selon laquelle le consentement doit être éclairé.

Le contrat vicié par l'erreur peut donner lieu à la nullité du contrat.

2. Formes d'erreur

- Erreur de droit porte sur le contenu d'une loi ou d'un règlement

- Erreur de fait peut porter sur la chose, l'identité, l'espèce ou la qualité

- Erreur obstacle : elle empêche la rencontre des volontés.

Exemple une partie désire vendre l'autre pense qu'il s'agit d'une donation

- Erreur indifférente : Il s'agit d'une erreur de calcul qui doit fait l'objet d'une
rectification (article 43 du D.O.C.)

2. Erreur entraînant la nullité du contrat

Elle doit porter sur une qualité substantielle (motif impulsif et déterminant).

2.1. Erreur sur la substance (article 41 du D.O.C.)

Fondée sur la conception objective : Il s'agit de l'erreur sur la matière dont la chose est
faite.

Exemple : achat d'un chandelier en bronze croyant qu'il est en argent

Fondée sur la conception subjective : erreur sur les qualités substantielles, sur les
qualités que les parties ont eu en vue lors de la conclusion du contrat.

Exemple : achat d'un objet pour son ancienneté, ou pour l'authenticité d'un tableau.

24
2.2. Erreur sur la personne (article 42 du D.O.C.)

La nullité du contrat ne peut être prononcée dans ce cas que si la considération de la


personne est déterminante et convenue.

Exemple : les contrats conclus en raison de la personne 'intuitu personae'= contrat de


mandat, contrat de société de personnes, contrat conclu en fonction de la qualité de la
personne (honorabilité, moralité, solvabilité)

L'erreur, selon l'appréciation du juge, est sanctionnée par la nullité relative du contrat à
la demande de la victime. Elle ne donne pas droit à des dommages-intérêts.

Des vices du consentement

Article 39 : Est annulable le consentement donné par erreur, surpris par le dol, ou
extorqué par violence.

Article 40 : L'erreur de droit donne ouverture à la rescision de l'obligation :


1° Lorsqu'elle est la cause unique ou principale ;
2° Lorsqu'elle est excusable.

Article 41 : L'erreur peut donner ouverture à rescision, lorsqu'elle tombe sur l'identité ou
sur l'espèce, ou bien sur la qualité de l'objet qui a été la cause déterminante du
consentement.

Article 42 : L'erreur portant sur la personne de l'une des parties ou sur sa qualité ne donne
pas ouverture à résolution, sauf le cas où la personne ou sa qualité ont été l'une des causes
déterminantes du consentement donné par l'autre partie.

Article 43 : Les simples erreurs de calcul ne sont pas une cause de résolution, mais elles
doivent être rectifiées.

Article 44 : Dans l'appréciation de l'erreur et de l'ignorance, soit de droit, soit de fait, les
juges devront toujours avoir égard à l'âge, au sexe, à la condition des personnes et aux
circonstances de la cause.

Article 45 : Lorsque l'erreur a été commise par l'intermédiaire dont une des parties s'est
servie, cette partie peut demander la résolution de l'obligation dans les cas des articles
41 et 42 ci-dessus, sauf l'application des principes généraux relatifs à la faute et de
l'article 430 dans le cas spécial des télégrammes.

25
L'objet de l'obligation
L'objet de l'obligation répond à la question "Quoi"

L’article 57 et suivants du DOC régit l’objet de l’obligation.

*Objet de l’obligation/ Objet du contrat

Parfois l’objet de l’obligation se confond à l’objet du contrat.

Cependant la notion de l’objet du contrat peut recevoir une définition propre. Elle peut
correspondre à autre chose qu’à l’objet de l’obligation. L’objet du contrat renvoie à
l’opération juridique réalisée par les parties à l’occasion du contrat, alors que l’objet de
l’obligation désigne les prestations. L’objet du contrat désigne l’opération contractuelle
dans son ensemble

L’objet de l’obligation peut avoir trois objets : donner, faire ou ne pas faire. Il faut
distinguer entre l’obligation portant sur une chose et l’obligation portant sur une somme
d’argent

1.1. Les obligations portant sur des choses

Cette notion de chose doit être comprise dans un sens très large. Cette chose peut être
aussi bien une chose corporelle (marchandises), qu’une chose incorporelle (Ex : droit
de créance, droit d’auteur)

Ce contrat peut être un contrat translatif de propriété (contrat de vente qu’un contrat par
lequel la chose est mise à disposition d’autrui (contrat de bail, contrat de prêt)

La chose en question droit répondre à trois conditions de validité

26
a) Détermination de la chose

L’obligation doit avoir un objet certain. Les parties doivent déterminer avec précision la
chose qui est due (vendre ou louer un objet doit être précisé). A défaut, le contrat est
considéré comme nul pour défaut d’objet ou absence d’objet

Lorsque la chose est de genre (déterminer par l’espèce à laquelle elle appartient, et par
une quantité, elle doit être déterminée dans son espèce, et sans sa quotité (quantité).
Exemple : tomates, blé, gaz)

Les parties devront prévoir la qualité de cette chose. En cas de silence, le débiteur doit
livrer une chose de qualité moyenne.

La quotité de la chose doit être déterminée ou du moins déterminable. La quotité est


déterminée lorsqu’elle est fixée au jour du contrat (exemple : le débiteur doit livrer 50
kg de tomates)

La quotité est déterminable lorsqu’elle n’est pas fixée au jour du contrat mais qu’elle le
sera au jour de l’exécution par application des clauses du contrat

La quotité est indéterminée et donc le contrat est nul, si la détermination de cette quotité
est laissée à la discrétion d’une des parties

b) L’existence de la chose

Une obligation n’est pas valable si elle a pour objet qui n’existe pas (vente d’une chose
mais qui est détruite. Ce que les parties ne savent pas au moment où elles concluent le
contrat. Ex : une cession de créance consentie au profit d’un tiers. Or au jour de la
cession, la créance est éteinte. Dans ce cas, il y a inexistence de la chose.

27
L’existence ou l’inexistence de l’objet s’apprécie au jour de la conclusion du contrat. Si
l’objet périt après la conclusion du contrat, la formation du contrat n’est pas
compromise. Il y a un problème d’exécution du contrat.

Les choses futures peuvent faire l’objet d’une obligation. Un contrat ayant pour objet
une chose à construire, à fabriquer, à livrer. Il est permis de céder une créance future.
Une créance qui n’est pas encore née au moment de la cession.

Si la chose n’aboutit pas, le contrat sera nul si le défaut de l’existence n’est pas dû à la
faute du débiteur. Si le défaut d’existence est dû à la faute du débiteur, il y a un
problème d’exécution du contrat engageant la responsabilité contractuelle du débiteur.
Cependant le loi interdit portant sur des choses futures. C’est le cas des pactes sur
successions futures. Il s’agit d’une cession par un héritier de ses droits sur une
succession non encore ouverte. La cession globale par un auteur de ses droits sur ses
œuvres futures est prohibée.

En outre, les parties ont le droit de conclure un contrat aléatoire à l’occasion duquel
l’aléa réside dans l’existence de la chose. Acheter une chose dont on ignore son
existence au jour du contrat (pêche). Dans ce cas, l’acheteur devra payer le prix même si
la chose n’existe pas.

c) Commercialité de la chose

Les choses qui sont dans le commerce sont ceux qui peuvent faire l’objet de contrat.

Le principe est que toute chose est dans le commerce, mais par exception, il y a des
choses qui ne peuvent pas faire l’objet d’un contrat. Les choses qui sont contraires à
l’ordre public ou aux bonnes mœurs. Ces choses sont dites en dehors du commerce
juridiques (par opposition aux biens du domaine public qui sont inaliénables)

28
Le contrat ne peut porter sur certaines choses dont le commerce est interdit à des fins de
protections de la santé publique (les drogues)

1.2. Les obligations pécuniaires

Les obligations pécuniaires sont courantes. Tous les contrats à titre onéreux donnent
lieu à une obligation pécuniaire, l’obligation de payer une somme d’argent en
contrepartie soit d’un bien ou d’un service. (Vente=prix, bail=loyer, prêt=intérêt,
travail=salaire, mandat=rémunération, contrat d’entreprise = honoraires/prix).

La somme d’argent est appelée prix. Le prix doit être déterminé dans le contrat. Cette
question est traitée dans les articles relatifs au contrat de vente. Le prix de vente doit
être déterminé par les parties. Le prix peut être indéterminé à condition d’être déterminé
au moment de l’exécution du contrat.

La cause
La cause de l'obligation

La cause de l'obligation répond à la question "Pourquoi"

1. La cause de l'obligation

La cause de l'obligation répond à la question "pourquoi"

La cause de l'obligation est régie par les articles 62 à 65 du DOC

L'obligation sans cause ou fondée sur une cause illicite est non avenue.

La cause est illicite quand elle est contraire aux bonnes mœurs, à l'ordre public ou à la loi.

29
Toute obligation est présumée avoir une cause certaine et licite, quoiqu'elle ne soit pas

exprimée. La cause exprimée est présumée vraie jusqu'à preuve contraire.

Lorsque la cause exprimée est démontrée fausse ou illicite, c'est à celui qui soutient que

l'obligation a une autre cause licite à le prouver.

La Lésion

La lésion signifie l’inéquivalente des prestations d’un contrat au moment de sa


conclusion. La lésion est le préjudice résultant, pour l’une des parties au contrat, d’un
défaut d’équivalence ou d’une inégalité de valeur entre les prestations contractuelles. La
lésion est située dans la section réservée aux vices du consentement. Mais la lésion n’est
pas un vice du consentement ; elle ne touche pas la psychologie du contractant mais
résulte d’un déséquilibre purement objectif entre les prestations.
Par principe, le seul fait qu’un contrat soit désavantageux pour l’une des parties ne suffit
pas à obtenir sa nullité. La sécurité des transactions impose cette solution. Les vices de
consentements ne peuvent être utilisés pour protéger la partie faible. La lésion joue un
rôle d’un instrument de rééquilibrage du contrat.
Le principe reste celui de l’indifférence de la lésion sur la validité du contrat.
La sécurité juridique impose que l’une des parties ne puisse pas remettre en cause trop
aisément un contrat, pour la simple raison qu’il ne trouve pas son intérêt en justifiant d’un
déséquilibre dont il avait accepté de contracter en toute connaissance de cause.
Le principe de la liberté contractuelle implique que les parties n’ont pas à tenir compte de
l’équivalence des prestations lors de la conclusion du contrat. Les parties sont libres et
doivent apprécier aux mieux les risques afin de défendre leurs intérêts.
Toute différence au-delà du tiers entre le prix porté au contrat et la valeur effective de la
chose est considérée comme lésion.

30
Deux sortes de sortes sont prévues par le DOC
- La lésion entre majeurs (article 55)
- La lésion au détriment d’un mineur (article 56)

1.1. La lésion entre majeurs


La lésion ne peut entraîner rescision entre majeurs que si la preuve d’un dol est établie,
sinon elle est inopérante.
La lésion n’est pas considérée comme un vice du consentement puisqu’elle ne peut opérer
seule.
Le dol à lui seul suffit à annuler le contrat. La victime a intérêt de se prévaloir du dol eu
égard à ses aspects délictuels.

1.2. La lésion au détriment du mineur ou incapable (article 56 du DOC)


Le DOC admet la lésion uniquement à l’égard des mineurs émancipés. L’acte passé par
un mineur non émancipé, que son représentant légal aurait pu passer seul, ne sera nul que
si la lésion est démontrée.
En revanche, si l’acte est tel que même le représentant ne pouvait l’effectuer seul, sans
l’avis du conseil de famille par exemple, la rescision pour lésion est de droit, la preuve de
la lésion n’étant pas requise dans cette hypothèse.
Dans cette hypothèse, la nullité pour lésion peut être établie sans l’exigence du dol.
Cette solution est valable même si le mineur a contracté par l’intermédiaire du tuteur ou
du représentant légal.
Le contrat est déjà annulable du fait qu’il soit conclu par le mineur
Le contrat par le tuteur doit être considéré comme un contrat entre majeurs, la preuve du
dol devrait être exigée, sans quoi il y aurait incertitude pour les cocontractants du mineur.

31
La simulation (Article 22 du DOC)

Opération juridique par laquelle les parties conviennent de dissimuler leur véritable
accord derrière un acte apparent.
C’est un mensonge concerté. Les parties concluent deux conventions : l’une qui est
apparente mais mensongère, l’autre cachée qui représente la véritable intention des
parties.
1- Notion de simulation
La simulation est une opération juridique qui poursuit des buts divers. Son utilisation
répond à des objectifs différents selon l’objet de la dissimulation : consentement, cause,
objet ou identité des parties. Sa technique est la même quel que soit le but voulu
Elle repose sur une dualité d’actes juridiques portant sur le même objet.

2- Les objectifs de la simulation


Objet de la simulation :
Consentement des parties : L’acte apparent est fictif. Par exemple si les parties décident
que l’acte apparent sera une vente, elles peuvent envisager dans la contre-lettre (l’acte
caché) que le vendeur ne cesse pas d’être propriétaire. La vente est fictive

Cause de l’engagement des paries : le but est différent. L’acte apparent prend la forme
d’une vente alors que la contre lettre porte sur une donation. La donation déguisée permet
de payer moins d’impôt. Les actes à titre onéreux se voient appliquer des droits de
mutation beaucoup plus lourds que les actes à titre gratuit.

Objet de l’engagement. L’acte apparent prévoit une prestation plus étendue que l’acte
caché. Le prix de l’acte apparent est inférieur à celui de l’acte caché (taxe)

Identité des parties, il s’agit d’éviter des confrontations de personnes.

Il convient de signaler que la simulation n’a pas pour but d’opérer une fraude fiscale ou
civile mais qu’elle peut dissimuler sa libéralité pour conserver l’anonymat.

32
3- Technique de la simulation
Montage juridique qui repose sur une dualité d’actes juridiques.

L’acte apparent sert d’écran à l’acte secret. C’est lui seul qui apparait aux yeux des tiers
et celui qui se présente chez le notaire.

L’acte secret/caché (contre-lettre) constate le véritable engagement des parties.

4. Les effets de la simulation

a) Les effets de la simulation entre les parties

Le principe fondamental est qu’entre les parties, la simulation est neutre. Elle est
indifférente. Elle n’est pas une cause de nullité sauf si elle est contraire à la loi. La
simulation ne peut rendre valable ce qui est nul

Parfois, le législateur fait de la simulation une cause de nullité en présumant son


caractère frauduleux (donation faite, même par personnes interposées, à une personne
incapable de recevoir), frauder les droits des créanciers

L’acte caché peut être annulé au profit de l’acte apparent (vente immobilière)

La partie ou le tiers qui souhaite démontrer l’existence de la contre-lettre, doit exercer


une action en déclaration de simulation.

b) Effets de la simulation à l’égard des tiers (article 22)

Les tiers peuvent se prévaloir de l’acte apparent pour le cas où ils ignoraient la contre-
lettre : le principe est que la simulation est inopposable. La théorie de l’apparence
s’applique : l’inopposabilité vise à protéger les tiers trompés et à punir les bénéficiaires
de l’acte secret. Qui ne pourront pas s’en prévaloir.

33
Les créanciers et les ayant causés à titre particulier ne pourront se voir opposer la contre-
lettre.

Soient-ils préférés réclamer l’application de la contre-lettre et ils devront exercer l’action


en déclaration de simulation parce qu’il leur est plus favorable. Ils doivent démontrer son
existence. La règle de l’inopposabilité tombe pour leur bénéfice. Ils peuvent invoquer
l’acte secret et faire reconnaitre qu’ils sont liés, non au prête-nom mais à celui qu’il
dissimule.

En cas de conflits entre le créancier qui réclame l’acte apparent et l’ayant causé à titre
particulier qui se prévaut de la contre-lettre, c’est l’acte apparent qui l’emporte par souci
de sécurité juridique des transactions.

Rescision/Nullité

L'action en rescision a lieu dans les cas prévus au présent dahir, articles 4 (capacité), 39

(erreur/dol/violence), 55 (lésion), 56 (lésion), et dans les autres cas déterminés par la loi.

Elle se prescrit par un an, dans tous les cas où la loi n'indique pas un délai différent. Cette

prescription n'a lieu qu'entre ceux qui ont été parties à l'acte.

Ce temps ne court, dans le cas de violence, que du jour où elle a cessé ; dans le cas

d'erreur ou de dol, du jour où ils ont été découverts :

A l'égard des actes faits par les mineurs, du jour de leur majorité ;

A l'égard des actes faits par les interdits et les incapables, du jour où l'interdiction est

levée ou du jour de leur décès, en ce qui concerne leurs héritiers, lorsque l'incapable est

mort en état d'incapacité ;

En cas de lésion, lorsqu'il s'agit de majeurs, du jour de la prise de possession de la chose

qui fait l'objet du contrat.

34
L'exception de nullité peut être opposée, par celui qui est assigné en exécution de la

convention, dans tous les cas où il aurait pu lui-même exercer l'action en rescision.

La rescision de l'obligation a pour effet de remettre les parties au même et semblable état

où elles étaient au moment où l'obligation a été constituée, et de les obliger à se restituer

réciproquement tout ce qu'elles ont reçu l'une de l'autre en vertu ou en conséquence de

l'acte annulé ;

En ce qui concerne les droits régulièrement acquis par les tiers de bonne foi, on suit les

dispositions spéciales établies pour les différents contrats particuliers.

La confirmation ou ratification d'une obligation contre laquelle la loi admet l'action en

rescision n'est valable que lorsqu'elle renferme la substance de cette obligation, la mention

du motif qui la rend annulable, et la déclaration qu'on entend réparer le vice qui donnerait

lieu à la rescision.

A défaut de confirmation ou de ratification expresse, il suffit que l'obligation rescindable

soit exécutée volontairement, en tout ou en partie, par celui qui en connaît les vices, après

l'époque à laquelle l'obligation pouvait être valablement confirmée ou ratifiée.

La confirmation, reconnaissance ou exécution volontaire, dans les formes et à l'époque

déterminée par la loi emporte la renonciation aux moyens et exceptions que l'on pouvait

opposer contre l'obligation rescindable.

Nullité absolue/nullité relative

La distinction entre la nullité relative et la nullité absolue n’est admise pas admise en

droit marocain.

35
La nullité relative sanctionnait le contrat entaché d’un vice bénin qui n’empêchait pas le

contrat de « survivre », cependant que la nullité absolue sanctionnait un contrat considéré

comme « mort-né » car entaché d’un vice particulièrement grave.

La théorie dite « moderne » abandonne le critère de la gravité du vice et lui substitut

celui de l’intérêt protégé par la règle violée. Si le contrat viole une règle de formation

destinée à protéger l’intérêt général, alors la nullité est absolue ; s’il viole une règle de

formation destinée à protéger un intérêt particulier, alors la nullité est relative.

La nullité est relative lorsque la règle violée a pour « seul » objet la sauvegarde d’un

intérêt privé : la règle qui protège à la fois l’intérêt général et un intérêt privé est donc

sanctionnée par une nullité absolue.

La condition/Terme/Obligation plurale

1. Introduction

La modalité est une « technique de précision », une « particularité qui, affectant une
obligation dans l’un de ses éléments, modifie les effets normaux de celle-ci »
L’obligation est donc en principe pure et simple et ne comporte qu’un seul débiteur et
qu’un seul créancier, mais les parties (ou la loi, ou le juge) peuvent prévoir des modalités
qui vont modifier les effets normaux de l’obligation. Le DOC prévoit trois types de
modalités : la condition, le terme et les modalités qui rendent l’obligation « plurale »
Les parties peuvent subordonnées l’exécution d’une obligation à la réalisation d’une
condition ou un terme à leur obligation (une date avec laquelle se déclenche un effet
déterminé.
Ces obligations présentent une modalité particulière. Elles peuvent être liées d’une part à
un événement futur (certain, cas du terme, condition).

36
Elles peuvent avoir plusieurs sujets (obligations multiples ou plurales)

La notion de relativité

Le principe de l’effet relatif des conventions signifie que le contrat ne peut faire naître
un droit au profit ou à l’encontre d’un tiers
L’article 228 du DOC dispose que « les conventions n’ont d’effet qu’entre les parties
contractantes ; elles ne nuisent point aux tiers, et elles ne lui profitent pas que dans les cas
exprimés par la loi ».
La règle est logique : l’obligation est un lien de droit qui unit les parties, les tiers
demeurent en principe extérieurs à ce lien.

1. Notion de relativité
Ce principe respecte le principe de l’autonomie de volonté. Les volontés individuelles se
sont créées leur loi est-elle ne saurait empiéter sur d’autres sphères privées que la leur,
suit des sphères qui ne l’ont pas acceptée.
Ce principe n’est pas absolu en ce sens que le tiers en subit plus ou moins les effets.
La relativité exprime essentiellement l’idée selon laquelle les parties ne peuvent convenir
que ce dont elles ont la maitrise.
Exemple : on ne peut vendre ce qui appartient à autrui, on ne peut imposer à un tiers une
obligation
Si le contrat a effet obligatoire entre les parties parce qu’elles l’ont voulu, il se saurait
produire d’effet à l’égard des tiers qui ne l’ont pas souhaité ni su.
Si les obligations ne s’imposent qu’aux parties, certains effets du contrat vont s’opposer
aux tiers.
Exemple : la vente d’un immeuble, les obligations découlant du contrat ne concernent
que les parties, mais les tiers sont tenus de respecter l’immeuble car la vente constitue à
leur égard un fait juridique opposable.

37
La création d’une société ne concerne que les associés, mais le groupement est opposable
à tous
Ce n’est pas la volonté des parties qui produit des effets au regard des tiers mais les effets
immédiats du contrat

2. Notion de parties
Le principe de la personnalité des obligations qui exige que le contrat soit exécuté par
ceux qui l’ont conclu.
On distingue entre les parties ayant formés et conclus le contrat et les parties intervenant
après la conclusion du contrat

Notion de parties : Nouveaux créanciers

L’obligation peut être exécutée par des créanciers intervenant lors de l’exécution du
contrat. Le changement de créancier intervient en cas de cession de créance ou de
subrogation. Le changement du débiteur intervient en cas de délégation.

A) La cession de créance
Elle opère un changement de créancier à l’initiative du créancier ou du débiteur. Elle a
un caractère indépendant. Elle est régie par les articles 189 à 208 du DOC
Il s’agit d’une convention par laquelle un créancier transmet volontairement son droit
contre le débiteur à un tiers, qui devient créancier à sa place.
Elle met en présence trois personnes : le créancier originel qui aliène (le cédant),
l’acquéreur (le cessionnaire), le débiteur (cédé)

38
1. Les conditions de la cession de créance
Elle doit se conformer aux conditions de validité imposées par la loi.
Les créances incessibles (créances alimentaires –article 191 DOC, créances intuitu
personae, créances ne pouvant pas faire objet de saisie ou d’opposition, créances
litigieuses (article 192 du DOC)
Le consentement du débiteur n’est pas nécessaire
2. La notification de la cession
Le formalisme ne constitue pas une condition de validité de la cession mais exigé pour
son opposabilité au tiers (le débiteur cédé = article 195 du DOC)
Le débiteur cédé doit être informé de la cession afin de lui éviter de payer deux fois
l’échéance.
La notification peut intervenir soit par acte extrajudiciaire soit par lettre recommandée.
L’acceptation de la cession par le débiteur rend la notification inutile. L’acceptation
implique qu’il a eu connaissance de la cession et non son accord.
La notification aux autres tiers permet de régler un éventuel conflit entre cessionnaires
successifs auxquels le cédant aurait transmis la créance. Le premier notifié est préféré.
Elle permet d’informer les créanciers du cédant qui ne peuvent plus saisir la créance.
3. Les effets de la cession de créance
La cession de créance transfère au cessionnaire les droits du cédant et crée des obligations
à la charge des parties.
Elle a un double effet :
3.1. Un effet translatif : le créancier (cédant) transfère ses droits comme son débiteur à
son cocontractant (le cessionnaire)
La créance cédée :
Pour son montant nominal quel que soit le prix payé par l’acheteur. La créance peut être
cédée à tout moment avant l’échéance (contre. Subrogation) avec ses qualités et
défauts : garanties, accessoires, vices.

39
3.2. Un effet principal, la cession de créance intervient avant le paiement. La cession de
créance crée des obligations à la charge des parties. S’il s’agit d’une cession à titre
onéreux, elle entraine les obligations d’une vente. La solvabilité du débiteur n’est pas
garantie (sauf si ce dernier n’était plus solvable au moment de la cession – 204 du DOC).
Le cessionnaire perd le droit à la garantie si la perte du droit cédé provient de son fait ou
sa négligence, ou s’il a accepté de proroger les délais après l’échéance (article 205 du
DOC)
B) La subrogation (subro =faire venir à la place de)
Régie par les articles 211 à 216 du DOC, la subrogation signifie la substitution d’une
chose ou d’une personne à une autre chose ou à une autre personne.
Il existe deux formes de subrogation
- La subrogation réelle : lorsqu’un bien se substitue à un autre. L’indemnité
d’assurance remplace le bien détruit
- La subrogation personnelle : l’une des parties est remplacée par une autre.
Elle permet le changement de créancier en dégageant le débiteur
Elle suppose trois parties
- Le créancier originel : subrogeant
- Le tiers qui paye : subrogé
- Le débiteur cédé
Utilité de la subrogation
Elle permet au débiteur de retarder les poursuites (le tiers effectue le paiement à sa
place) c’est un moyen de se procurer du crédit
Elle permet au créancier initial de toucher son dû sans être obligé d’entamer une
procédure judiciaire.
Le débiteur reste tenu de la dette qui a seulement changé de titulaire (le subrogé est
substitué au subrogeant). Il s’agit d’un paiement non extinctif

40
Formes de subrogation
1. Subrogation conventionnelle
La subrogation conventionnelle intervient soit à l’initiative du créancier sans
l’intervention nécessaire du débiteur soit à celle du débiteur sans le concours de la volonté
du créancier
1.1. La subrogation consentie par le créancier
Il s’agit d’une convention par laquelle un créancier qui reçoit le paiement d’un tiers
solvens, subroge celui-ci aux droits, actions, privilèges et sûretés qu’il a contre le débiteur
La subrogation doit être expresse (constatée par écrit), concomitante au paiement.
Ce procédé présente l’avantage de transférer la créance sans l’accomplissement de
formalités envers le débiteur qui doit être simplement formé

1.2. La subrogation consentie par le débiteur


La subrogation peut également résulter d’un accord entre le débiteur et un tiers, c’est le
cas, lorsque le débiteur contracte un emprunt pour payer son créancier initial. Celui-ci
cédera sa place au tiers prêteur.
Pour être valable la subrogation doit dans ce cas résulter d’un acte écrit ayant date
certaine.

2. La subrogation légale
La subrogation est selon l’article 214 du DOC de plein droit sans qu’il soit nécessaire de
la stipuler. Trois cas sont prévus
2.1. Cas de celui qui a payé parce qu’il était tenu de la dette
La subrogation de plein droit profite à celui qui est tenu de payer la dette d’autrui
Exemple : celui qui est tenu « avec d’autres ou pour d’autres »
Tenu avec d’autres : codébiteur solidaire doit une partie de la dette mais est tenu de la
totalité en raison des règles de la solidarité. Celui qui paye prend la place du créancier et

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bénéficie des mêmes droits. Il pourra exiger le remboursement de ce qu’il a payé
déduction faite de sa quote part.
Pour d’autres : la caution du débiteur, le créancier peut s’adresser pour le paiement de
sa créance à l’une quelconque des autres cautions. Celle qui paye prendra la place du
créancier et peut réclamer à l’une quelconque des autres cautions l’intégralité de la dette
et ainsi de suite
2.2. Cas de celui qui payé la dette parce qu’il avait intérêt à le faire. Le subrogé
n’est pas obligé
Cas du créancier hypothécaire de rang inférieur qui constate que le premier créancier est
sur le point de vendre l’immeuble pour se faire payer, décide de le désintéresser et de
prendre sa place
Cas de celui qui a confié au débiteur un bien ou un objet lui appartenant pour constituer
un gage et obtenir un prêt. A l’échéance si le débiteur ne paye pas, le créancier gagiste
peut vendre le bien objet du gage ; afin d’éviter cette vente le propriétaire rembourse le
créancier et récupère son bien.
2.3. Au profit de celui qui paie sa propre dette lorsqu’elle est connexe avec la dette
d’autrui.
Dans le contrat d’assurance, l’assureur indemnisera l’assuré et se subrogera dans ses
droits. En payant tout ou partie du capital assuré, l’assureur a payé une dette qui lui est
propre découlant du contrat d’assurance, et qui est connexe avec la dette d’autrui (le
responsable du sinistre)

2.4. Les effets de la subrogation


La subrogation a un effet translatif et un effet accessoire
L’effet translatif : transfert de la créance du subrogeant à celui qui a payé pour lui
(subrogé). La créance est transmise avec ses qualités et ses défauts ainsi que les droits et
actions qui s’y attachent. Le subrogé bénéficie des actions en justice qui sont inhérentes
à la créance

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Le subrogé acquiert la créance même qui appartient au subrogeant et non une créance
différente
L’effet accessoire : la subrogation est l’accessoire du paiement ; elle intervient à
l’échéance. C’est une garantie donnée à celui qui paye la dette d’autrui pour se faire
rembourser.

C) La délégation (article 217 à 227 du DOC)

C’est une opération par laquelle une personne (le délégué) accepte, sur l’ordre d’une autre
(le délégant) de s’obliger au profit d’un tiers (le délégataire). X (délégant) doit payer
10dhs à Y (délégué), X vend une table pour la même somme à B (délégataire) et lui
demande de verser cette somme à Y.
Le délégant X est débiteur du délégataire B, il est créancier du délégué Y.
Selon l’article 217 du DOC, il n’est pas nécessaire que le tiers qui paye soit le débiteur
du premier. Dans les opérations de crédit, l’emprunteur contracte un prêt auprès d’une
banque et demande à son employeur de prélever sur son salaire une somme déterminée
pour la remettre au banquier.
La délégation ne se présume pas, elle nécessite impérativement un écrit. Il faut également
que la dette déléguée soit valable, il n’est pas nécessaire que les dettes soient égales ni
qu’elles aient une cause analogue (article 221 DOC)
1. La délégation parfaite
Est parfaite, lorsque le créancier (délégataire) déclare expressément libérer le délégant.
Celui-ci produit un effet novatoire puisqu’un nouveau débiteur (délégué) se substitue à
l’ancien (délégant) qui est libéré. Le consentement exprès du créancier est nécessaire.
2. La délégation imparfaite
Est imparfaite lorsque le délégataire n’a pas expressément libéré l’ancien débiteur
(délégant)

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Le créancier délégataire a deux débiteurs au lien d’un. Il peut en cas de carence du
nouveau débiteur demander le paiement à l’ancien (article 223 et article 224 du DOC).
Le nouveau débiteur (délégué) peut selon l’article 222 du DOC, opposer au créancier
(délégataire) les exceptions et moyens de défense qu’il pouvait invoquer contre le
délégant par application du principe de l’opposabilité des exceptions.

Causes d'extinction de l'obligation

1. Paiement (article 320-324 du DOC)

L’obligation est éteinte lorsque la prestation qui en est l’objet est faite au créancier
dans les conditions déterminées par la convention ou par la loi.
Le paiement peut consister en
- La remise d’une chose (somme d’argent)
- La prestation de service
- Abstention
Le paiement a un caractère extinctif et libératoire. Celui qui paie s’appelle le solvens,
c’est habituellement le débiteur ou son mandataire
Le solvens doit être
- Propriétaire de la chose donnée en paiement
- Capable d’aliéner
A défaut, le paiement est nul et le remboursement s’impose. Le paiement doit être fait
au créancier ou à son représentant. Ce dernier doit être capable de recevoir le
paiement

- Novation
Il s’agit d’une opération par laquelle une obligation nouvelle est substituée à
l’obligation ancienne.

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• Conditions de la novation

La novation suppose la substitution d’une obligation à une autre, l’une et l’autre doivent
être valables
Les parties doivent avoir l’intention de nover. La novation ne se présume pas,
le consentement des parties doit être certain et non équivoque

- Formes de novation

1- Novation par changement de créancier :

• Une créance nouvelle remplace l’ancienne


• Le débiteur ne peut opposer au nouveau créancier les exceptions qu’il pouvait
opposer à l’ancien selon le principe de l’inopposabilité des exceptions.
• Les garanties qui protégeaient l’ancienne créance ne profitent pas à la
nouvelle créance.
• le consentement du débiteur est nécessaire

2- novation par changement de débiteur

• Un nouveau débiteur se substitue à l’ancien, la dette de ce dernier étant éteinte.


• Le consentement du créancier et du nouveau débiteur sont indispensables.
• L’opération peut se réaliser sans l’accord du premier débiteur
3- novation par changement d’un élément important de l’obligation
Les parties ne changement pas mais se mettent d’accord pour modifier soit
*l’objet de l’obligation
*soit la cause de l’obligation
3. Les effets de la novation
- Extinction définitive de la dette ancienne avec tous ses accessoires et garanties
- Elle libère le débiteur, le nouveau prenant sa place
- La novation crée une nouvelle obligation qui se substitue à l’ancienne.

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Compensation (article 357 du DOC et suivants)

Elle correspond à la situation où deux personnes deviennent respectivement


créancières et débitrices l’une de l’autre. X doit 10dh à Y qui par ailleurs, doit 5dh àX
L’extinction est totale si les obligations sont du même montant. Elle peut être partielle,
dans ce cas elle se produit à concurrence de la plus faible.
La compensation doit obéir à certaines règles
-exigibilité et liquidité des deux dettes
Elle doit porter sur des choses fongibles (argent ou chose de même chose)
La compensation est nulle dans cinq cas
- Créance alimentaire
- Contre la demande en restitution d’une chose dont le propriétaire a été injustement
dépouillé
- Contre la demande en restitution d’une chose déposée ou prêtée ou contre la
réclamation en dommages-intérêts en cas d’inexécution de ces contrats, en cas de perte
de la chose due
- Renonciation du débiteur au moment de la conclusion à la compensation ou
lorsque l’acte l’a prohibée
- Contre les créances de l’Etat et des collectivités locales
3. Confusion (articles 369-370 du DOC)
La confusion est la réunion dans la même personne des qualités de créancier et
débiteur d’une obligation, ce qui entraine son extinction. Exemple : fusion d’une
société avec une autre société dont elle était créancière et débitrice.

4-La remise volontaire (article 340 et 341 du DOC)

L’obligation est éteinte par la remise volontaire qu’en fait le créancier, capable de
faire une libéralité »

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Le créancier renonce à sa créance. Il doit le faire par écrit ou par quittance libératoire.
Il s’agit d’une libéralité
La remise volontaire peut être tacite. Elle éteint l’obligation et libère le débiteur
La remise a effet tant qu’elle n’a pas été refusée expressément par le débiteur.

5- Prescription (article 371-389 du DOC)


La prescription est un mode d’extinction de l’obligation résultant du non exercice
de son droit par le créancier, pendant une durée déterminée par la loi.
« La prescription pendant le laps de temps fixé par la loi, éteint l’action naissant de
l’obligation ».
La prescription n’éteint pas l’action de plein droit, la partie qui s’en prévaut doit
nécessairement l’invoquer.
La prescription est de quinze ans pour toutes les actions naissant d’une obligation.
D’autres délais plus courts sont prévus (5, 2 et 1 an).
Le point de départ du délai de prescription
On l'appelle le « dies a quo ».
C'est le jour où la prescription commence à courir.
Il existe une question cruciale qui est de savoir est-ce que pour faire démarrer la
prescription on part du jour où le droit est né ou on part du jour où le titulaire de ce
droit était en mesure d'agir. En effet il est possible que le titulaire du droit ne savait
pas qu'il en était titulaire
La suspension du délai de prescription en arrête temporairement le cours sans
effacer le délai déjà couru.
Tandis qu'en cas d'interruption, un nouveau délai recommence à courir à compter
de la date de l'acte interruptif (exemples : un procès-verbal, un acte de poursuite, un
acte d'instruction etc ...).
La suspension se distingue donc de l'interruption qui fait courir un nouveau délai
de même durée que l'ancien.
interruption
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La prescription est interrompue :

1° Par toute demande judiciaire ou extra-judiciaire ayant date certaine qui constitue
le débiteur en demeure d'exécuter son obligation, même lorsqu'elle est faite devant un
juge incompétent ou que l'acte est déclaré nul pour vice de forme ;

2° Par la demande d'admission de la créance à la faillite du débiteur ;

3° Par un acte conservatoire ou d'exécution entrepris sur les biens du débiteur, ou


pour toute requête afin d'être autorisé à procéder à un acte de ce genre.

La prescription est également interrompue par tout acte par lequel le débiteur
reconnaît le droit de celui contre lequel il avait commencé à prescrire ; par exemple,
s'il y a eu compte arrêté ; s'il paye un acompte, lorsque ce paiement résulte d'un acte
ayant date certaine ; s'il demande un délai pour payer ; s'il fournit une caution ou autre
garantie ; s'il oppose la compensation à la demande de paiement du créancier.

Lorsque la prescription est valablement interrompue, le temps écoulé jusqu'à l'acte


interruptif n'est pas compté aux effets de la prescription, et un nouveau délai de
prescription commence à partir du moment où l'acte interruptif a cessé de produire
son effet.
L'interruption de la prescription contre l'héritier apparent et tout autre possesseur de
la créance s'étend à celui qui succède à ses droits.
L'interruption de la prescription peut être opposée aux héritiers et ayants droit du
créancier.
La prescription se calcule par jours entiers et non par heures ; le jour qui sert de point
de départ à la prescription n'est point compté dans le calcul du temps requis pour
prescrire.

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La prescription s'accomplit lorsque le dernier jour du terme est expiré.

L’impossibilité d’exécution (article 335 du DOC)


L’obligation s’éteint lorsque la prestation qui en est l’objet devient impossible
naturellement ou juridiquement.

Il s’agit d’une impossibilité physique résultant d’une loi nouvelle qui empêche
l’exécution de l’obligation. L’impossibilité ne doit pas être le fait ou la faute du
débiteur. Elle doit apparaitre avant que le débiteur n’ait été mise en demeure par le
créancier de s’exécuter.

La résiliation volontaire (article 393 du DOC)


✓ Les parties peuvent d’un commun accord résilier le contrat qu’elles avaient conclu
auparavant.
✓ La résiliation mutuelle peut être tacite
✓ La résiliation remet les parties dans la situation où elles se trouvaient au moment
de la conclusion du contrat, ce qui signifie qu’elle produit un effet rétroactif.
✓ Dans certains contrats, l’effet rétroactif est impossible si le salaire peut facilement
être restitué.
✓ Il est difficile de restituer le travail fourni. La restitution est parfois remplacée par
le versement d’une compensation (contrat de bail).

Inexécution des obligations

Le droit de rétention (Article 291-305)

Le droit de rétention est une prérogative accordée par la loi à certains créanciers de
conserver une chose appartenant au débiteur qui leur a été remis en vue de l’exécution
d'une prestation, et ce, jusqu'à ce qu'ils soient payés des sommes qui peuvent leur être

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dues en vertu du contrat à l'occasion de l'exécution duquel il est exercé. La chose ne
peut être dessaisie qu'après paiement de ce qui est dû au créancier.

Le droit de rétention est reconnu en faveur du possesseur de bonne foi

Pour les dépenses nécessaires à la chose, jusqu'à concurrence de ces dépenses ; Pour les
dépenses qui ont amélioré la chose (sous certaines conditions) et dans tous les autres cas
exprimés par la loi.

Le droit de rétention peut avoir pour objet les choses tant mobilières qu'immobilières,
ainsi que les titres nominatifs, à l'ordre ou au porteur.

Il peut être exercé sous les conditions suivantes :

- si le créancier est en possession de la chose ;

- Si la créance est échue : lorsqu'elle n'est pas liquide le tribunal fixe au créancier un
délai, le plus bref possible, pour liquider ses droits ; Par contre, il peut être exercé,
même à raison de créances non échues lorsque le débiteur a suspendu ses paiements ou
est en état d'insolvabilité déclarée ; ou lorsqu'une exécution poursuivie sur le débiteur a
donné un résultat négatif.

- Si la créance est née de rapports d'affaires existant entre les parties, ou de la chose
même qui est l'objet de la rétention.

En revanche, il ne peut être exercé

Interdiction en raison de la personne

- Par le possesseur de mauvaise foi ;

- Par le créancier dont la créance a une cause illicite ou prohibée par la loi

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Interdiction en raison de la chose

- Sur les choses qui n'appartiennent pas au débiteur telles que les choses perdues ou
volées, revendiquées par leur possesseur légitime ;

- Sur les choses à l'égard desquelles le créancier savait ou devait savoir, à raison des
circonstances ou de l'accomplissement des publications prescrites par la loi, qu'elles
n'appartenaient pas au débiteur ;

- Sur les choses soustraites à l'exécution mobilière.

Le juge peut, d'après les circonstances, ordonner la restitution des choses retenues par le
créancier, si le débiteur offre de déposer entre les mains de ce dernier une chose ou
valeur équivalente, ou de consigner la somme réclamée jusqu'à la solution du litige.

Il peut aussi ordonner la restitution partielle de ces choses, dans les cas où elle peut se
faire, lorsque le débiteur offre d'en déposer l'équivalent ; l'offre d'une caution ne suffirait
pas à libérer le gage.

A défaut de paiement de ce qui lui est dû, le créancier peut, après une simple sommation
faite au débiteur, se faire autoriser par le tribunal à vendre les choses dont il est nanti, et
à appliquer le produit de la vente au paiement de sa créance par privilège sur tous autres
créanciers.

Le droit de rétention peut être opposé aux créanciers et ayants cause du débiteur, dans
les mêmes cas où il pourrait être opposé au débiteur lui-même.

51
Les obligations légales

1. Les obligations légales

1.1 Les obligations quasi-contractuelles

En matière de quasi-contrats, on agit seul et sans rencontre de volontés et cela produit


des effets similaires aux effets du contrat. Puisqu’il n’y a pas de rencontre de volonté, le
quasi-contrat n’est pas un acte juridique. Il présente seulement une similitude avec le
contrat : Il fait naître une obligation chez autrui. Mais il n’est pas un contrat au complet.
C’est pour cela qu’on dit qu’il ‘quasi’, c’est-à-dire ‘presque’. Le quasi-contrat est un fait
licite, volontairement accompli au profit d’autrui, soit par erreur ; soit dans un but de
rendre service.

D’où il en découle des obligations à la charge d’un tiers qui y a retiré un avantage et
parfois, à la charge de son auteur. Cette définition se retrouve dans deux quasi-contrats,
à savoir : Le paiement de l’indu et la gestion d’affaires. Mais il arrive qu’un tiers tire
profit d’un bien ou d’un fait d’autrui sans que ce dernier ait posé un quelconque acte ou
fait en faveur du bénéficiaire. Il y a là un 3ème quasi-contrat qu’on appelle
l’enrichissement sans cause.

Dans ces 3 cas, le bénéficiaire est obligé à rééquilibrer la situation. Les quasi-contrats
sont donc des mécanismes correcteurs. C’est pour des considérations d’équité et de
justice que le droit intervient dans ce sens. Ici, le droit vient appuyer la morale sociale et
commande de rendre à chacun le sien.

La notion de quasi-contrat est donc empreinte d’un sens d’équité. La volonté n’y joue
pas un rôle déterminant ; elle est appuyée par la loi.

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1.2. La répétition de l’indu

Il y a paiement de l’indu lorsqu’une personne paie ce qu’il ne doit pas. Par erreur, une
personne qui se croit débitrice paye à la personne qu’elle croyait son créancier. Le droit
oblige la personne bénéficiaire du paiement à restituer ce qu’il a reçu. En droit restituer,
c’est répéter. C’est pour cela qu’on parle de répétition de l’indu. Pour parler de cette
restitution, le droit considère qu’il est né une situation analogue à un contrat mais par
erreur.

La personne qui reçoit un paiement de la part de quelqu’un qui, ne lui devait rien est
obligée par la loi à le restituer / le répéter. La cause de la répétition de l’indu c’est le
paiement de l’indu. Le paiement de l’indu fait naître chez le bénéficiaire une obligation
de répéter (restituer) ce qu’il a reçu indument. La répétition de l’indu est régie par les
articles 68 à 74 du D.O.C.

1.3 L’enrichissement sans cause

Il y a enrichissement sans cause, lorsque quelqu’un s’enrichit au détriment de quelqu’un


d’autre. L’un s’enrichit et l’autre s’appauvrit corrélativement et sans aucune cause.
Diverses situations peuvent faire qu’une personne s’enrichisse injustement aux dépens
d’autrui. Le régime de l’enrichissement sans cause est posé par les articles 66, 67, 75 et
76 du D.O.C afin de compenser le déséquilibre entre l’appauvri et l’enrichi. La
personne qui paie une dette qui n’existe pas enrichit autrui, mais s’appauvrit-elle même
sans raison ou encore quelqu’un perçoit une prestation à laquelle il n’avait pas
normalement droit. L’action in rem verso (enrichissement sans cause) est conditionnée
par trois éléments.

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a) Enrichissement au détriment d’autrui :

Le patrimoine de l’un doit s’appauvrir quand le patrimoine de l’autre va s’enrichir. Un


lien de causalité s’impose. La corrélation entre l’enrichissement et l’appauvrissement
est fondamentale : elle décrit le mouvement d’un patrimoine à l’autre

b) L’enrichissement doit être dépourvu de cause :

Aucune règle ou aucun titre juridique ne peut justifier le mouvement de valeurs du


patrimoine de l’appauvri au patrimoine de l’enrichi 3. L’appauvri ne doit pas avoir
commis une faute à l’origine de son appauvrissement. Lorsque les conditions sont
réunies, l’appauvri dispose d’une action appelée de in rem verso qui lui ouvre un droit à
indemnité. L’action présente un caractère subsidiaire. L’appauvri ne doit pas pouvoir
utiliser d’autres voies de droit que celle-ci. Elle est la seule action dont il dispose. La
restitution est enfermée dans une double limite : l’enrichi ne peut devoir plus que son
enrichissement et l’appauvri ne peut percevoir plus que son appauvrissement.

1.4. La gestion d’affaires

Tantôt, une personne agit au profit d’une autre personne et en connaissance de cause
pour sauver une situation. La personne qui profite de l’acte d’autrui ignore ce qui se
passe. Elle est absente et il y a urgence pour agir. La personne qui agit le fait pour
prévenir un dommage ou pour l’arrêter.

Cet acte produit des obligations à la charge de la personne qui agit et à la charge du
bénéficiaire. Cette relation juridique s’appelle la gestion d’affaires. Il y a gestion
d’affaire chaque fois qu’une personne (gérant de l’affaire) accomplit un acte dans
l’intérêt et pour le compte d’un tiers (maître de l’affaire).

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Prenons l’exemple de deux voisins. Pendant qu’un des voisins est en voyage, une
inondation dans son appartement menace de se propager dans l’ensemble de
l’immeuble.

L’autre voisin qui n’a pas voyagé entreprend, personnellement ou à l’aide des tiers qu’il
emploie à cette fin, des travaux pour éviter que l’appartement de son voisin soit inondé
complétement.

A) Conditions

Pour qu’il y ait gestion d’affaires, trois types de conditions sont requises :

✓ les premières sont liées à l’affaire


✓ les deuxièmes se rapportant au gérant
✓ enfin, les dernières concernent le maître.

1.5 L’utilité de la gestion d’affaires.

La gestion doit être utile pour le maître de l’affaire. Cela dit que :

a). Le gérant doit agir dans le strict intérêt du maître :


C’est-à-dire dans le sens où le maître de l’affaire aurait agi lui-même s’il était dans la
possibilité de le faire.
b). Le gérant ne peut pas agir si l’affaire est déjà perdue :
Au moment d’agir, il faut qu’il y ait encore des chances de sauver l’affaire du maître.
On évalue l’utilité de la gestion au début et non pas à la fin ni pour ses résultats. Si
l’affaire avait des chances d’être sauvée au début, peu importe que le résultat est
positif ou négatif.

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1.6 L’affaire doit être urgente.

Il y a gestion d’affaire lorsqu’on peut plus attendre. Si le gérant s’est occupé d’une
affaire qui aurait pu attendre que le maître de l’affaire soit dans la possibilité de le faire
lui-même, il n’aura aucun fondement à réclamer quoi que ce soit.

- Ignorance de l’urgence d’agir par le maître :

Si le maître de l’affaire est au courant de la nécessité d’agir, il n’y a pas de gestion


d’affaire. Dans ce cas, c’est au maître de prendre ses responsabilités.
Si une autre personne le fait à sa place, il n’a aucun fondement à lui réclamer quoi que
ce soit.
Il faut que le maître soit absent ou empêché de sorte qu’il se trouve dans l’impossibilité
d’accomplir l’acte en question et d’être contacté pour donner mandat.
Il y a gestion d’affaire lorsque l’affaire est gérée à l’insu du maître ou tout simplement
parce que ce dernier est empêché.
S’il y a une volonté connue ou présumée du maître, le gérant doit s’y conformer (article
947 du D.O.C).
- Effets de la gestion d’affaires Deux séries d’obligations naissent de cette situation

Obligations du gérant de l’affaire.

▪ Le gérant de l’affaire a l’obligation de gérer l’affaire du maître avec diligence.


▪ Le gérant de l’affaire est tenu de continuer la gestion de l’affaire jusqu’à ce que la
menace disparaisse (article 944 du D.O.C).
▪ Il doit la gérer en bon père de famille (article 945 du D.O.C).
▪ Le gérant d’affaire doit rendre compte de sa gestion au maître (article 946 du D.O.C).

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2. Obligations du maître de l’affaire.

▪ Le bénéficiaire de l’acte (le maître de l’affaire) a l’obligation de supporter toutes les


suites de l’acte posé par le gérant de son affaire.
▪ Il est tenu de rembourser tout ce que son voisin a dépensé en vue de lui sauver la
situation.
▪ Il est aussi tenu de l’indemniser pour les préjudices subis.
▪ Le gérant ne doit tirer aucun profit de la gestion.
▪ On le rembourse uniquement ce qu’il a dépensé.
▪ S’il a subi des dommages, le maître de l’affaire l’indemnise.

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