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Monétarisation de

la nature

La monétarisation de la nature est le fait


de donner une valeur monétaire à la
nature, l'environnement ou à un de ses
éléments écologiques. Elle ne doit pas
être confondue avec la financiarisation
de la nature ni avec sa marchandisation.
Une valeur monétaire peut être attribuée
à la nature, ou à l’un de ses éléments,
sans que cet élément soit forcément
marchandisé. Donner une valeur à la
nature permet d’utiliser les instruments
économiques pour la protéger.

Le fait de donner un prix à


l'environnement est contesté dans son
principe et dans ses applications. Pour
les tenants de l’écologie profonde, la
nature a une valeur intrinsèque. Elle est
valorisée pour elle-même, en tant que fin
en soi[1]. Pour Virginie Maris, il y aurait
incompatibilité entre la monétarisation de
la nature et son caractère intrinsèque[2].

Inversement, les tenants du


néolibéralisme estiment qu’une gestion
efficace des ressources naturelles et de
l’environnement passe par le jeu des
mécanismes de marché et donc de
l’attribution d’un prix, même si ce prix
reflète mal leur véritable valeur[3].
Assigner un prix à la nature est un moyen
de trouver des substitutions aux services
qu’elle rend. Il permet aussi la
compensation des destructions du
capital naturel par des investissements
en capitaux techniques.

Les évaluations monétaires sont


également l’objet de débats critiques eu
égard à la complexité de la nature. Elles
donnent une valeur à des éléments
disjoints sans tenir compte des
interactions entre eux, d’une part, et avec
l’environnement d’autre part[4].
Le prix des écosystèmes

La pertinence d’un prix

Les économistes libéraux estiment que le


prix de la biodiversité et des services
écosystémiques détruits doit être intégré
dans les coûts économiques des
infrastructures[5]. Les tenants de la
durabilité forte relativisent la valeur de ce
prix et subordonnent son utilisation à une
décision d’ordre sociétal[6]. Le prix de la
nature ne serait qu’un instrument de
gestion et la décision ne devrait pas
relever de critères monétaires[7].
Affecter un prix à un service
écosystémique est un moyen pour le
protéger. Parallèlement attribuer un prix à
des nuisances écologiques telles que les
émissions de gaz à effet de serre permet
de les réduire en les pénalisant.

Les services écosystémiques

Article détaillé : Service écosystémique.

Conservation ou amélioration

La conservation ou l’amélioration des


écosystèmes se pratiquent par des
moyens réglementaires, des
investissements ou des taxes. L’OCDE
précise que les mécanismes de marché
qu’il préconise pour atteindre de bons
résultats en termes de conservation ne
sont que l’un des instruments d’action à
la disposition des décideurs[8].

Financement

Le maintien ou l’amélioration des


services écosystémiques peut être
financé par ceux qui en bénéficient. Par
exemple les riverains d’une rivière sont
intéressés à sa pureté et à sa vie
aquatique. Les agriculteurs ou les
pêcheurs peuvent consentir à des
méthodes plus coûteuses mais qui ne
détériorent pas le milieu qu’ils exploitent.
Ces financements volontaires sont
généralement insuffisants. Des
administrations publiques ou des
institutions doivent intervenir pour
sauvegarder les écosystèmes. Reste à
fixer le montant qu’elles devront verser[9].

Évaluation du prix

Le prix d’un écosystème devrait inclure


sa valeur économique totale (VET). Celle-
ci comprend ses valeurs d’usage direct
ou indirect, par exemple pour une forêt la
fourniture de bois et son action de
régulation hydraulique et de maintien des
terres contre l’érosion. Elle inclut
également des valeurs de non-usage
telles que ses valeurs patrimoniales et
d’existence, ainsi que la satisfaction de
savoir que la biodiversité existe et qu’elle
sera transmise aux générations futures.
Une telle évaluation de la VET n’est pas
possible[10]. L’estimation monétaire ne
représente qu’un coût. Ce coût ne doit
être confondu ni avec le prix ni avec la
valeur de l’écosystème[11].

En l’absence d’évaluation possible du prix


d’un écosystème, le prix à payer par les
institutions est déterminé de façon
pragmatique. Parfois le marché fournit
des indications. Par exemple aux États-
Unis, le département de l’Agriculture a un
programme de mise en réserve des
terres fragiles. Il passe avec les
propriétaires terriens des contrats de
mise hors culture d’une durée de 10 à 15
ans. Une indication du prix à payer est
donnée par le tarif moyen de location des
terres arables dans le comté[12]. Lorsque
le marché n’est d’aucun secours des
contrats de gré à gré sont passés entre
l’institution et le propriétaire privé. Si les
candidats à recevoir des subventions
sont nombreux et que son budget est
limité l’institution peut les mettre en
concurrence en pratiquant des enchères
inversées. Le choix sera porté sur le
moins-disant à qualité égale[13]. Des
indicateurs de qualité sont élaborés
comme aide à la décision. Ainsi le Fonds
de conservation des forêts tasmaniennes
a créé un indice concernant les forêts
anciennes privées. Cet indice se base
principalement sur le type de forêt et sur
son état de conservation[14]. Les
enchères inversées permettent d’obtenir
le maximum d’efficacité au meilleur coût.

Compensation

La compensation entend parer à la perte


de biodiversité lors d’une atteinte à un
écosystème ou à la destruction d’une
espèce provoqués par une activité
économique. C’est notamment le cas
lors de travaux d’infrastructures (routes,
logements, etc.). Elle est imposée par la
loi dans une trentaine de pays[15]. Elle
consiste à financer la reconstitution
d’une forme au moins équivalente de
biodiversité dans un autre endroit[16]. La
compensation peut s’effectuer de gré à
gré entre deux acteurs ou passer par
l’intermédiaire d’une banque de
compensation. Aux États-Unis, il existe
plusieurs centaines de banques de
compensation[17]. Les marchés de
compensation représentent aux États-
Unis des investissements annuels de 1,5
à 2,4 milliards de dollars[16]. Un crédit de
zone humide peut y valoir, selon les États,
entre 2 200 et 480 000 euros. La
grenouille à pattes rouges peut atteindre
66 000 euros en Californie[18]. En France,
la Caisse des dépôts et consignations a
créé une filiale, la CdC Biodiversité, qui
intervient dans des programmes de
compensation[19]. Pour elle le prix de
réparation d’une formation steppique
comparable aux coussouls de Crau se
monte à 35 000 euros pour un hectare.

Débat

La critique porte sur la validité et les


limites de la compensation. La Directive
sur la responsabilité environnementale
de 2004 (2004/35/CE) précisait que
l’évaluation des dommages devra
privilégier des méthodes allant dans le
sens d’une équivalence ressource-
ressource ou service-service. Il est
difficile d’évaluer quels sont les services
écologiques d’un écosystème. Ils sont
nombreux et l’écosystème est complexe.
En outre l’article 230 de la loi Grenelle 2,
qui réforme l’étude d’impact, prévoit que
les mesures envisagées de
compensation doivent être prises
« lorsque c’est possible » ce qui porte
une limite au concept même de
compensation. Tout n’est pas
compensable. Les dégâts d’une
fracturation hydraulique ne le sont pas.
La destruction d’espèces endémiques ou
de milieux très rares et fragiles ne le sont
pas non plus. Une restauration n’est
jamais à l’identique. On ne se soucie que
des espèces protégées alors que la
biodiversité dite ordinaire, indispensable,
est peu prise en compte. L’Union
internationale pour la conservation de la
nature (UICN) dresse les limites du
principe de compensation : il n’existe
pour établir la compensation ni
méthodologie, ni outils, ni vocabulaire
adapté ; le suivi des mesures mises en
place est défectueux ; l’efficacité des
mesures sur le long terme n’est pas
vérifiée ; le danger d’aboutir à un droit de
détruire existe[20].

Les défenseurs de la compensation


soulignent que l’introduction d’un coût
économique pour les dégâts écologiques
causés contraint les promoteurs
d’infrastructures à en tenir compte.
L’utilisation des banques et de fonds
financiers garantit un financement à long
terme non soumis aux aléas des budgets
publics.

Le carbone

Article détaillé : Crédit-carbone.

Les émissions de gaz à effet de serre


(GES) accroissent le réchauffement de la
Terre et modifient le climat. Leur
pénalisation monétaire, afin de les limiter,
prend la forme de droits d’émission ou
de taxation. Une unité de mesure
commune aux émissions de GES
(dioxyde de carbone, méthane,
hydrocarbure halogéné, etc.) a été établie
sous forme de tonne équivalent carbone
(tonne carbone).

Le prix du carbone épargné

Les droits d’émissions peuvent être


donnés ou vendus, échangeables ou non.
Ceux qui sont échangeables le sont de
gré à gré, par des bourses de carbone
comme en Europe ou des marchés
d’échange volontaire comme aux États-
Unis ou au Canada. Le prix de la tonne
carbone en Bourse est très volatile. Il est
passé à l’European Climate Exchange de
28,7 € en juillet 2008 à 8 € le
12 février 2009, puis à 14,2 € le
28 octobre 2009[21]. Il s’est effondré à
partir de 2011[22]. Le prix préconisé par le
Centre d’analyse stratégique pour limiter
le réchauffement climatique aurait dû
évoluer de 32 € la tonne en 2010 à 56 en
2020 et 200 en 2050[23]. La Norvège a
imposé une taxe de 40 € la tonne
carbone aux installations pétrolières et
gazières[24].

Débat

Donner un prix au carbone émis et


l’inclure dans les coûts de production a
pour objectif de limiter les émissions de
gaz à effet de serre. Donner un prix au
carbone épargné par les écosystèmes
accroît leur valeur marchande. Les
décisions économiques seraient ainsi
orientées dans un sens limitant le
réchauffement climatique.

Les principales critiques portent sur les


dysfonctionnements rencontrés dans la
pratique, sur les limites d’un prix axé sur
le carbone et sur sa marchandisation. Le
recours à des bourses entraîne des
spéculations notamment à travers les
dérivés de crédit et les contrats à terme
et donc de fortes variations nuisibles à
l’efficacité. La valorisation des forêts
anciennes sur la seule base du prix de la
tonne carbone épargnée ne prend pas en
considération leur biodiversité. Elle les
met sur le même plan que des
plantations à croissance rapide[25]. La
monétisation du carbone rend possible
des équivalences et des transferts qui
sont à la base du mécanisme de
développement propre. Ce dispositif évite
aux pays développés de réduire leurs
propres émissions de carbone alors que
le GIEC insiste sur la nécessité de réduire
les émissions à la fois dans les pays du
Nord et du Sud[26], L’alternative à la
monétisation réside dans les moyens
réglementaires ou la taxation. La taxation
utilisée par la Norvège s’est avérée
efficace[24]. La taxation permet en outre
de dégager des fonds utilisables pour
des objectifs écologiques.

Selon le pape François, la stratégie


d’achat et de vente de « crédits de
carbone » peut donner lieu à une nouvelle
forme de spéculations, et cela ne sert
pas à réduire l’émission globale des gaz
polluants. Ce système semble être une
solution rapide et facile, sous l’apparence
d’un certain engagement pour
l’environnement, mais qui n’implique, en
aucune manière, de changement radical à
la hauteur des circonstances. Au
contraire, il peut devenir un expédient qui
permet de soutenir la surconsommation
de certains pays et secteurs[27].
Le capital naturel
Article détaillé : Capital naturel.

Une valeur économique informative

La destruction accélérée de la nature et


ses conséquences économiques ont
incité à lui attribuer une valeur
économique. Pour Costanza cette valeur
est informative. Elle ne peut être
convertie en termes financiers[28]. Elle
informe le pays qu’il détruit son capital
naturel et s’appauvrit. Si cette
dépréciation était prise en compte elle
modifierait les résultats de la
comptabilité nationale. L’économiste
allemand W. Schultz a calculé que les
dommages dus à la pollution auraient
représenté un montant équivalent à 6 %
du PIB de la RFA en 1985. Entre 1971 et
1984 l’Indonésie a connu une croissance
annuelle du PIB de 7,1 %. S’il était tenu
compte de la dépréciation du capital
naturel la croissance du PIB n’aurait été
que de 4 %[29]. La prendre en
considération est une préconisation du
rapport de la Commission Stiglitz[30].

Un prix réel

Les tenants d’une durabilité faible


considèrent que la perte de capital
naturel peut être compensée par des
artefacts produits par l’intelligence
humaine et la technique. Ainsi la perte de
patrimoine énergétique due à l’extraction
du pétrole peut être compensée par le
développement de centrales nucléaires.
La perte de capacité d’absorption du
carbone due à la baisse du patrimoine
forestier peut l’être par son captage et
son enfouissement. La perte de la
biodiversité végétale est compensable
par l’ingénierie génétique. Le prix du
capital naturel serait celui de son
remplacement. Capital naturel, capital
productif et capital humain sont
substituables[31].
Débat

Pour les tenants de la durabilité forte la


nature a une valeur intrinsèque et ne
saurait avoir une valeur monétaire. Les
opposants à la monétisation de la nature
soulignent l’impossibilité de réduire sa
valeur à ses services écosystémiques eu
égard à la complexité et aux interactions
à l’intérieur de chaque écosystème ainsi
qu’aux interactions des écosystèmes
entre eux dans le cadre de la biocénose.
Les écosystèmes remplissent des
fonctions qui n’ont aucun substitut[32]. Le
capital productif et le capital humain
dépendent eux-mêmes du capital naturel,
ce qui pose des limites à la
substituabilité. L’utilisation d’instruments
financiers fait craindre la prédominance
des intérêts financiers sur ceux de la
nature.

Le Programme des Nations unies pour


l’environnement (PNUE) répond que les
besoins d’investissements pour parer à
la dépréciation du capital naturel sont de
l’ordre de 1,3 billion de dollars par an. Il
est donc indispensable, pour réunir de
tels fonds, de faire appel aux secteurs de
la finance, banques, fonds de pension et
compagnies d’assurance[33].
Finalités de la
monétarisation
La monétarisation de la nature peut
répondre à des finalités très différentes.
Donner une valeur économique à la
nature permet aussi bien de faire prendre
conscience de son importance que
d’introduire les services écosystémiques
dans le jeu de l’économie.

Prise de conscience

En 1987 l’Organisation des Nations unies


sort le rapport Brundtland qui préconise
la préservation des ressources fournies
par la nature. L’importance et le niveau
souhaitable de cette préservation font
toujours débat. Pour certains auteurs
(Costanza, Daily, Ellison) la façon la plus
convaincante de plaider pour la
protection de la nature est de démontrer
son intérêt économique[34]. Robert
Costanza a évalué en 1997 la valeur
économique des services rendus par les
écosystèmes à 33.000 milliards de
dollars[35]. Toute atteinte à la nature se
conclut par une perte de ce capital
naturel dont profite l’humanité.

Les services écosystémiques

Évaluer monétairement ce que rapporte


un service écosystémique permet de
prendre conscience de sa valeur
économique. Ainsi l’Organisation des
Nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture, (FAO), a établi en 2007 la
valeur de service des insectes
pollinisateurs à 150 milliards d’euros[36].
Un tel chiffre est à mettre en regard de
l'opportunité de certains pesticides
exterminateurs d’abeilles.

La comptabilité nationale

Le capital naturel est une richesse qui fait


partie du patrimoine national. Depuis le
dernier quart du xxe siècle la
reproduction de ce capital n’est plus
assurée. Un pays pourrait épuiser ses
ressources minérales, couper ses forêts,
éroder ses sols, polluer ses nappes
phréatiques, la disparition de ce capital
n’affecterait pas le niveau mesuré de son
patrimoine national tel qu’il est
actuellement calculé[37]. La rareté
récente du capital naturel requiert son
incorporation dans les comptes
nationaux[38]. Le Système de
comptabilité nationale élaboré par les
Nations unies dans les années 1930
devait amorcer l’intégration des biens
environnementaux dans la comptabilité
nationale. Les difficultés à obtenir des
statistiques environnementales fiables et
à monétariser des éléments physiques
n’ont pas permis l’aboutissement de ce
projet[39]. Cette question a été reprise par
la Banque Mondiale lors de la
préparation de la Conférence des
Nations unies sur le développement
durable 2012 (Rio+20). Un partenariat a
été créé afin d’aider les pays à intégrer
leur capital naturel dans leur comptabilité
nationale [40].

Le PIB

Les dépréciations du capital naturel


résultant de l’activité humaine
représentent une perte de richesse. Elles
devraient apparaître dans le calcul du
PIB, le diminuant d’autant. Une équipe de
chercheurs a intégré la dépréciation du
capital naturel à l’Indonésie. Entre 1971
et 1984 ce pays a connu une croissance
annuelle du PIB de 7,1 %. Ont été
intégrées dans le PIB les dépréciations
concernant la forêt, les réserves de
pétrole et de gaz ainsi que l’érosion des
sols. À la suite de cette intégration la
croissance du Produit intérieur n’a été
que de 4 %. N’ont pas été intégrées les
ressources minières, les produits de la
forêt autres que le bois, la pêche, etc.[41]
Prises de décisions régaliennes

Taxes écologiques

Les pouvoirs politiques peuvent fixer des


montants monétaires associés à des
éléments de la nature dans une
perspective de sauvegarde écologique.
Ainsi la Suède a défini plusieurs
montants pour la taxation des émissions
de carbone. En 2009 la valeur de la tonne
carbone était de 108 euros pour les
ménages et les services, de 16 euros
pour les entreprises soumises au marché
des quotas européens et de 23 euros
pour les autres entreprises[42].
Arbitrages régaliens

L’État doit parfois arbitrer entre différents


projets dans la préservation
d’écosystèmes ou procéder à des
évaluations socioéconomiques des
investissements publics. La dimension
économique fait partie de l’arbitrage. Elle
implique l’attribution d’une valeur
monétaire à des éléments de la nature.
Cette attribution aide à la décision. Elle
ne représente pas une
marchandisation[43].
Démarches économiques

Les instruments économiques sont


utilisés pour financer des services
écosystémiques ou pour compenser des
destructions d’écosystèmes. Plus
globalement la monétarisation de la
nature permet son intégration dans
l’économie. Dès lors que les services de
la nature sont exprimés en monnaie
l’arbitrage se réalise dans le cadre
économique coût/avantages[44].

Paiements pour services


écosystémiques

Les paiements pour services


écosystémiques sont des contributions
souvent publiques dans l’objectif
d’assurer la conservation
d’écosystèmes. Il s’agit aussi bien de
sauvegarder des forêts primaires que de
protéger des terres très érodables et
écologiquement sensibles ou de freiner
la sédimentation de bassins
hydrographiques. Il faut indemniser des
propriétaires ou financer des travaux,
ceci au moindre coût. Les transactions
sont spécifiques à chaque cas. Sont
souvent utilisées les enchères. Il ne s’agit
pas d’un prix donné à la nature mais de la
couverture d’un coût[45].
Compensations écologiques

Lorsque des travaux d’infrastructures ou


d’urbanisation nécessitent la destruction
de zones classées, telles que les zones
humides ou celles abritant des espèces
rares, les maîtres d’œuvre sont contraints
à une compensation écologique. Ils
doivent restaurer une zone similaire
dégradée. Le plus souvent la
compensation se traduit par une somme
d’argent versée par le maître d’œuvre à
une banque de compensation qui se
charge de la restauration. Le montant de
la compensation se fixe par le jeu de
l’offre et de la demande.
Marché du carbone

Au lieu de taxer les émissions de carbone


l’État peut fixer des quotas d’émissions à
ne pas dépasser. Les entreprises qui
n’utilisent pas la totalité de leurs quotas
peuvent les vendre à des entreprises qui
émettent au-delà de ce qui leur est
autorisé. Les échanges se font dans les
Bourses du carbone. Le prix de la tonne
carbone est déterminé par le marché.

L’équivalence des capitaux

En théorie néo-classique il y a
équivalence entre le capital naturel et le
capital technique. La capture et le
stockage artificiels du carbone peuvent
se substituer à une forêt valorisée par sa
capacité d’absorption de CO2. Il n’y aurait
pas perte de capital global si les abeilles
disparaissaient et seraient remplacées
par un moyen artificiel de pollinisation.

Internalisation des coûts écologiques

La théorie néoclassique estime que la


nature, en tant que ressource devenue de
plus en plus rare, doit être intégrée dans
le jeu économique[46]. Pour les
économistes libéraux les biens et
services de la nature seraient en voie de
dégradation parce qu’ils sont gratuits.
D’où la nécessité de leur donner un prix et
d’intégrer cette valeur monétaire dans le
jeu de l’économie. L’intégration de la
biodiversité dans la comptabilité des
entreprises est un thème qui a été
introduit par Pigou dans les années
1920[47], et reste d’actualité[48].

Méthodes d’évaluation
La nature n’a pas de prix qui soit donné
par le marché. Pour intégrer la
biodiversité et les services
écosystémiques dans le jeu de
l’économie il faut leur donner
arbitrairement une valeur monétaire.
Celle-ci reposera sur la notion d’utilité.
L’utilité est une notion spécifique. Elle se
rapporte à un contexte et à des fins
données. Les méthodes d’évaluation
sont donc très diverses. Par exemple
pour des dommages il sera choisi les
coûts de restauration. Pour les valeurs
récréatives il sera choisi la méthode par
sondage[49].

Méthodes basées sur des coûts

La valeur d’un service peut être obtenue


en estimant le coût qui permettrait de le
maintenir. Il peut s’agir de coûts de
remplacement, de coûts de restauration
ou de coûts évités. Les coûts de
remplacement donnent lieu à des
compensations. La destruction d’un
écosystème peut être compensée par la
réhabilitation dans un autre endroit d’un
écosystème analogue en voie de
dégradation. Les coûts de restauration
sont ceux de la remise en état, par
exemple après une marée noire. Les
coûts évités sont évalués par le coût de
moyens artificiels qui seraient requis
pour les remplacer. Par exemple, dans le
cas des zones humides, le service de
purification qu’elles assurent évite la
création de stations de traitement des
eaux. Les services écosystémiques
peuvent être aussi considérés dans leur
fonction de production. Ainsi, concernant
la biodiversité, la valeur du service de
pollinisation a été mesurée à partir de
fonctions de production agricole[50].
Méthodes indirectes tirées du
marché

Lorsqu’il n’est pas possible d’utiliser la


méthode des coûts directs il peut être
fait appel à des méthodes indirectes. La
valeur qu’accordent des individus à un
service de la nature peut être déduite à
partir de prix du marché. Ainsi la vue sur
un lac majore le prix de l’immobilier. Les
dépenses de déplacement que l’usager
consent pour bénéficier d’actifs tels
qu’une plage ou un parc naturel donnent
également une valeur monétaire à ce site
récréatif. Les dépenses de déplacement
intègrent les dépenses de transport et la
valeur du temps de transport[51].
Méthodes d’enquête

Il est demandé à des individus quelle


somme ils seraient prêts à payer pour
sauvegarder, par exemple, un
écosystème. Ces méthodes, par rapport
aux précédentes, ont l’avantage de porter
sur l’ensemble des services rendus par
l’écosystème et pas seulement sur l’un
de ses attributs. Le consentement à
payer, ainsi obtenu, englobe la valeur
intrinsèque qu’ils accordent à un
écosystème. Le questionnaire peut
également donner à choisir entre
plusieurs scénarios en cas
d’aménagement ou de restauration[52].
Standardisation

Transfert de valeur

Les évaluations d’écosystèmes ou de


services écosystémiques sont très
coûteuses et demandent du temps. Dans
une perspective d’utilisation concrète il
est apparu nécessaire de pouvoir
transférer les valeurs obtenues dans une
étude à d’autres cas similaires. Il est
nécessaire pour cela d’établir des
standards transférables. Plusieurs
approches sont utilisées. La valeur
trouvée pour un site peut être appliquée à
un autre site similaire. La valorisation
peut être effectuée aussi pour chaque
élément d’un écosystème. Enfin une
valorisation moyenne peut être obtenue
par l’agrégation d’un grand nombre de
travaux de valorisation. L’Environmental
Protection Agency a évalué et résumé
140 méta-analyses issues de 125
études. Elle en a été tiré plusieurs
modèles génériques ainsi qu’un guide de
bonnes pratiques[53].

Infrastructures de transports

Le Commissariat général du Plan a établi


des référentiels utilisables dans des
projets d’infrastructure de transports. Il
s’agissait d’internaliser les coûts
notamment environnementaux dans la
pertinence économique des nouvelles
infrastructures. Ont été fixées des
valeurs monétaires concernant la vie
humaine épargnée, les impacts de la
pollution atmosphérique, les gains de
temps des voyageurs et marchandises.
Certains facteurs complexes n’ont
cependant pas été évalués tels que
l’impact sur les paysages, les effets de
coupure, la consommation d’espace et
les changements d’affectation des
espaces publics[54].

Valeur de la tonne carbone

Sur demande du gouvernement la


Commission Quinet a réévalué en 2010 le
prix du carbone. Il s’agissait d’en tenir
compte dans la rentabilité
socioéconomique des grands
investissements publics mais aussi
d’adresser aux acteurs publics et privés
un prix du carbone auquel ils pourraient
se trouver confrontés au cours des
prochaines décennies. La Commission
s’est basée sur les engagements pris
dans le cadre du Protocole de Kyoto et
de la loi de programme du 13 juillet 2005
concernant la politique énergétique. Les
valeurs qu’elle recommande sont de 56
euros la tonne carbone en 2020, 100 en
2030 et 200 en 2050[55].
Critiques et limites
La mise en œuvre de la monétarisation
est complexe. Les méthodes ont toutes
leurs limites. La notion même de valeur
monétaire est limitée et contingente. Il
faut donc considérer avec prudence les
résultats obtenus[56]. D’autres limites
tiennent à la complexité des
écosystèmes et de leurs interactions[57]

Les méthodes

Critique du coût

Les méthodes basées sur les coûts


concernent essentiellement le
remplacement de destruction ou la
restauration d’écosystèmes dégradés.
L’Union internationale pour la
conservation de la nature, (UICN) met en
garde sur leur validité. Elle souligne que,
concernant les compensations, seules
certaines des fonctionnalités
écologiques sont prises en considération
alors que d’autres ne le sont pas. Elle
signale la grande incertitude concernant
l’efficacité et la pérennité des actions de
restauration ou de création[58].

Critique du coût de déplacement

Les critiques portent sur les difficultés


liées à la valeur du temps, à
l’échantillonnage, aux trajets ayant
plusieurs objectifs et au traitement
économétriques des données[59]. Les
présupposés sont très importants[60].

Critique des enquêtes

La méthode du consentement à payer


pour maintenir un service rendu par la
nature est basée sur l’utilité. Elle
présuppose que chaque individu est le
meilleur juge de ses propres intérêts.
Cependant il ne dispose pas toujours de
toute l’information nécessaire. Le
consentement à payer dépend beaucoup
du niveau d’étude des personnes
interrogées[61]. La perception
environnementale varie aussi
considérablement d’une part avec l’âge,
d’autre part avec le degré d’information
des lois de l’écologie. Les jeunes
accordent plus d’importance à un
environnement sain que les personnes
âgées[62]. Les consentements à payer ne
sont pas indifférents au niveau de revenu
des personnes. Enfin lorsque la personne
doit choisir entre plusieurs options
possibles la façon de présenter les
alternatives ou les premiers ordres de
grandeur donnés sont susceptibles
d’influer sur le résultat[63].
Critique du transfert de valeur

Transférer des valeurs d’un site à l’autre


est une opération périlleuse[64]. Si l’on
transfère la valeur d’un site sur un autre
similaire les procédures doivent être
similaires, les services environnementaux
bien définis, les parties prenantes
identifiées et l’usage futur anticipé. Si la
valeur d’un site est déduite de la
moyenne de grandeurs agrégées ces
dernières doivent avoir été recueillies
selon des protocoles systématiques
aussi bien au niveau de l’enquête que de
l’analyse et de l’interprétation. En outre
des éléments significatifs de spécificités
spatiales ou temporelles risquent d’être
perdus[65]. Transférer des valeurs signifie
également que l’utilité d’un élément de la
nature ou d’un écosystème est jugée
identique par les habitants des deux sites
ce qui n’est pas évident[63].

L’évaluation monétaire

Donner une valeur monétaire à un


élément de la nature est contestable. Les
critères sont relatifs et variables. La
temporalité et la complexité de la nature
ne sont pas ou sont insuffisamment pris
en compte.
Critères d’évaluation

L’évaluation économique de la nature


repose sur la notion d’utilité. L’utilité
individuelle et l’utilité collective ne se
superposent pas. Pour contourner cette
constatation l’économie de
l’environnement recourt à l’économie du
bien-être. Celle-ci estime que l’équilibre
s’établit lorsque les gagnants sont à
même d’assurer une compensation aux
perdants. D’où la nécessité d’évaluer le
montant de ces compensations[66]. Or en
matière d’environnement les dommages
sont mal cernés et incertains, les
causalités et les responsabilités ne sont
pas clairement établies et l’ignorance est
présente à tous les degrés de
l’expertise[67]. D’autres critères, ne
relevant pas de l’économie, doivent aussi
être pris en compte tels que le souci
d’équité entre générations et des
considérations d’ordre moral et
éthique[68].

Caractère contingent

Les évaluations sont effectuées pour un


objet bien défini, par rapport à des
personnes précises et dans un objectif
donné. L’évaluation trouve là ses limites.
Les nuisances pour les uns peuvent
représenter des avantages pour les
autres. Construire un barrage en amont
est un avantage pour les habitants qui
risqueraient d’être inondés en aval mais
un inconvénient pour ceux que le barrage
contraints à émigrer. La valeur monétaire
d’une forêt primaire est souvent fixée en
fonction de sa capacité d’absorber le
carbone et ne prend pas en compte
d’autres éléments tels que sa
biodiversité, son influence régulatrice sur
le climat, le maintien de sols fertiles, etc.
L’importance d’un élément de la nature
est aussi fonction de sa localisation[69].
Si l’on évalue le coût d’un polluant
l’existence de synergies entre polluants
n’est pas pris en compte. Les synergies
interfèrent également dans la
détermination des seuils[70].
Actualisation

Actualiser un coût c’est le modifier afin


que soit pris en compte le long terme.
L’argent aurait pu être utilisé pour
d’autres opérations, par exemple pour
rapporter des intérêts. Dans une vision de
long terme le coût actuel doit être majoré
du revenu qui aurait pu être tiré de cet
argent en le plaçant autre part. Le coût
actuel est alors affecté d’un coefficient le
majorant que l’on appelle taux
d’actualisation. La valeur de l’argent
évolue dans le temps notamment en
fonction de l’inflation. Si la dépense
concerne un investissement dont
l’amortissement a lieu sur plusieurs
années le coût est affecté d’un taux
d’actualisation tenant compte de
l’inflation et des taux d’intérêt.

Dans les problèmes d’environnement la


prise en considération des générations
futures est importante. La difficulté
principale est d’apprécier ce que sera la
valeur d’un service rendu dans 50 ou 100
ans[64]. Généralement une consommation
présente est préférée à celle de la même
consommation dans l’avenir. Si l’on
refuse de privilégier les générations
actuelles ce facteur ne doit pas être pris
en compte. Il est parfois considéré que
les générations futures seront plus riches
que nous le sommes. Les coûts seraient
donc moindres pour eux. Cette opinion
est sujette à débat. Le rapport Stern
considère que le coût n’est pas moindre
pour les générations futures. Éloi Laurent
se trouve sur la même position en
estimant que la destruction d’un élément
de la nature ne représente pas seulement
un coût mais également une diminution
du capital naturel[71]. Le rapport Stern
opte pour un taux d’actualisation de
1,3 %. Les économistes adoptent
généralement un taux de 4 à 5 %, ou plus.
Le choix du taux d’actualisation n’est pas
neutre. Si le taux d’actualisation est élevé
le coût est d’autant majoré dans le
présent et la rentabilité en est affectée.
En prenant un taux d’actualisation de 4 à
5 %, comme le font les économistes,
investir dans l’environnement ne devient
plus rentable alors que la rentabilité est
importante pour un taux de 1,3 %. Le
choix du taux d’actualisation, toujours
très discutable, fragilise la rigueur de la
valorisation[72].

Complexité de la nature

Les limites à la monétarisation de


l’environnement tiennent à la complexité
de la nature et aux interactions à
l’intérieur d’un écosystème et entre les
écosystèmes.
Biodiversité

La biodiversité est souvent assimilée aux


services fournis par les écosystèmes.
Une telle appréciation est réductrice. La
biodiversité a un effet positif sur les
performances écologiques et
économiques des écosystèmes[73]. Elle
accroît la résilience aux évolutions et aux
chocs. Lors du Sommet de la Terre à Rio
de Janeiro en 1992 la valeur de la
diversité biologique a été qualifiée
d’intrinsèque compte tenu des aspects
« environnemental, génétique, social,
économique, scientifique, éducatif,
culturel récréatif et esthétique »[74].
Écosystèmes

Les écosystèmes sont le fruit d’une


longue histoire faite de mécanismes
écologiques complexes et d’interactions
multiples entre les espèces et entre
celles-ci et l’environnement. Leur donner
une valeur monétaire est illusoire[75].
Chaque écosystème est spécifique et
irremplaçable. La richesse et la
complexité d’un écosystème vieux de
centaines ou de milliers d’années ne
peuvent être reconstituées. L’inventaire
des espèces qui le composent n’est
jamais complet. La localisation et
l’ancrage géographique sont des
éléments essentiels de la valeur d’un
site[76]. L’ensemble de ces éléments n’est
pas pris en considération dans la valeur
monétaire de l’écosystème. La
compensation ne correspondant pas à la
valeur réelle des écosystèmes l’érosion
de la biodiversité se poursuit[77].

Services écosystémiques

Maintien de services écosystémiques

Le maintien de services écosystémiques


menacés requiert de monnayer leur
préservation. L’Australie a conclu de
nombreux accords avec l’ensemble de
ses États pour assurer la protection à
long terme et l’utilisation durable de ses
forêts et en particulier de ses forêts
anciennes. La rémunération de l’entretien
de ces forêts est fixée par des
négociations de gré à gré ou des
enchères inversées. En Indonésie les
agriculteurs sont incités à entretenir les
sols pour lutter contre l’érosion et à
limiter la sédimentation dans un bassin
hydrographique. Le paiement pour ces
services est effectué sur les bases
d’enchères inversées[78]. Les paiements
pour le maintien de services
écosystémiques ne correspondent pas à
la valeur du service fourni par la nature
mais au coût de l’entretien.
Création d’un service écosystémique

La monétarisation des services


écosystémiques privilégie une seule
fonction. Sortir un service de son
contexte peut aboutir à des aberrations
écologiques. Il en est ainsi lorsqu’il n’est
tenu compte que de la capacité des
arbres à absorber le carbone. Au lieu
d’acheter des permis d’émissions dans
une Bourse de carbone une entreprise
peut trouver plus rentable d’utiliser le
mécanisme de développement propre
(MDP). Celui-ci permet de compenser
des émissions excessives de carbone
dans un pays du Nord en investissant
dans des plantations d’arbres dans les
pays du Sud. Les arbres absorbent et
fixent le carbone de l’atmosphère. Une
plantation d’eucalyptus, dans ce cadre,
est particulièrement rentable.
L’eucalyptus est un arbre à croissance
rapide. Sept ans seulement s’écoulent
entre le moment où il est planté et le
moment où il est coupé pour l’utiliser.
Après deux récoltes, le sol est épuisé.
L’eucalyptus produit une substance
allélopathique qui inhibe le
développement des autres espèces de
plantes et êtres vivants. Le terrain est
abandonné. Les plantations seront
transférées sur d’autres surfaces. Les
terrains abandonnés ont perdu leur
fertilité. La dégradation des sols ne
permet plus aux populations autochtones
de produire leur subsistance et met leur
vie en jeu ainsi que celle de leurs
enfants[79]. Les monocultures d’arbres
utilisés dans le cadre du MDP
(eucalyptus, palmiers à huile, pins
transgéniques) détruisent les
écosystèmes locaux et dégradent les
terres. L’épuisement des sols et des
ressources en eau qui en résulte
provoque l’exode rural et le chômage[80].
La prise en compte seule de l’absorption
du carbone par les arbres peut se
traduire finalement par la désertification
de terres cultivables.
La déforestation en cours représente un
danger pour la stabilité du climat. Les
statistiques tiennent peu compte des
différences de biodiversité entre les
forêts anciennes et les forêts nouvelles.
Les deux sont considérées sur le seul
plan de l’absorption du carbone. Dans
l’article qu’il a publié dans Le Monde du
22/04/2016 Gaël Giraud, économiste en
chef à l’Agence française de
développement, estime indispensable de
distinguer clairement la déforestation
brute de la déforestation nette. La
déforestation brute est le résultat de la
conversion de forêts en zones non
boisées. La déforestation nette prend en
compte le reboisement. Gaël Giraud
souligne qu’une forêt nouvellement
plantée n’a pas la richesse écologique
d’une forêt ancienne dont l’écosystème
s’est formé parfois au cours de plusieurs
siècles. Elle n’a pas les mêmes capacités
en biodiversité, en services
écosystémiques et en stockage de
carbone que les forêts naturelles.
Considérer un service écosystémique
sans tenir des incidences sur
l’écosystème dans son ensemble peut
aboutir à une amputation.

Espèces

La compensation d’espèces protégées


induit leur monétarisation. Le promoteur
qui doit compenser s’adresse le plus
souvent à des banques de
compensation. Celles-ci sauvegardent ou
réhabilitent dans un autre endroit
l’espèce menacée de disparition. Le
montant que le promoteur leur verse
résulte du jeu de l’offre et de la demande
sur le marché des compensations. Il
s’agit d’une valeur fixée par le marché
sans relation avec la valeur réelle de
l’espèce.

La valeur monétaire de certaines


espèces a été calculée sur la base de
services qu’elles rendent à la nature. Les
chauves-souris, outre leur rôle dans la
pollinisation, sont insectivores. Leur
valeur elle a été évaluée à 23 milliards de
dollars annuels pour les États-Unis. Ce
chiffre représente le coût annuel des
pesticides qu’il faudrait utiliser pour
compenser leur disparition. Il ne tient pas
compte des effets collatéraux des
pesticides. Ceux-ci sont susceptibles de
détruire les abeilles dont le rôle
économique se chiffre en dizaines de
milliards alors que les chauves-souris ne
chassant que la nuit ne détruisent pas les
abeilles[81]. Donner une valeur monétaire
à une espèce sur la base d’un service
qu’elle fournit est réducteur et ne reflète
pas la totalité de la réalité. En outre les
espèces se trouvent en interaction entre
elles et cette complexité n’est pas prise
en compte[82].

Capital naturel

La monétarisation de la nature permet de


la considérer comme un capital qui
rapporte des bénéfices. Les
dégradations qu’elle subit s’assimilent à
une perte de capital. Le Programme des
Nations unies pour l'environnement,
PNUE, a évalué les montants qu’il serait
nécessaire pour maintenir le niveau du
capital naturel de façon à atteindre des
objectifs climatiques acceptables.
L’évaluation s’inscrit dans une fourchette
de 1,05 à 2,59 billions (milliers de
milliards) de dollars par an[83]. De son
côté le Rapport Stern a évalué le coût
économique du changement climatique.
Celui-ci représenterait entre 5 et 14 % du
PIB mondial. Il chiffrait les
investissements nécessaires pour
maintenir des objectifs climatiques
acceptables à 1 % du PIB mondial en
2006. Ce chiffre a été rectifié en 2008 à
2 %. Cette rectification du simple au
double, de même que les estimations du
PNUE, également du simple au double,
atteste l’imprécision dans les évaluations
monétaires de la nature[84].
Débat

Opposants à la monétarisation

Critères contingents et parcellaires

Un élément de la nature est généralement


évalué dans une perspective de décision.
Il s’agit de déterminer si sa sauvegarde
est justifiée par son efficacité ou les
avantages qu’il fournit relativement à
d’autres options[85]. Les critères retenus
sont conjoncturels et varient avec le
temps. Ils sont aussi parcellaires.
L’élément de la nature fournit d’autres
services qui ne sont pas pris en compte.
Les interactions possibles avec
l’environnement sont également
ignorées[86].

Complexité et interactions

L’hyperspécialisation et la division de la
nature en services écosystémiques ne
permettent pas de rendre compte de la
complexité des écosystèmes et de leurs
interactions, souvent en chaîne et
imprévisibles[57]. À titre d’exemple, la
surpêche de poissons pratiquée dans le
Pacifique Nord a eu pour conséquence la
disparition des phoques. Ils se
nourrissaient de poissons. Eux-mêmes
servaient de nourriture aux orques. Les
orques se sont rabattus sur les loutres
de mer dont la population s’est
effondrée[87].

La biodiversité est indispensable pour la


résilience qu’elle procure. Certaines
espèces, aujourd’hui négligeables,
pourront demain remplacer d’autres
espèces moins bien adaptées au
changement climatique pour remplir les
mêmes fonctions[88]. Pour Chevassus la
biodiversité constitue le fondement de la
vie et des sociétés humaines que ce soit
comme support à l’alimentation, aux
médicaments, aux grands processus
biogéochimiques, à l’industrie chimique,
ou encore à l’inspiration récréative[89]. A
ce titre la biodiversité ne peut être
évaluée monétairement. Elle peut juste
être prise en considération lors d’un
arbitrage entre différentes options. Mais
le caractère contingent des arbitrages
relativise la pertinence de la décision[90].

Évaluer une espèce, animale ou végétale,


est contestable. Une espèce n’est qu’un
composant d’un ensemble plus vaste.
Les interactions portent à l’intérieur de
chaque espèce, entre espèces et entre
espèces et milieu[91]. Jean-Marie
Harribey estime que la valeur d’une
espèce peut être considérée comme
infinie parce que sa disparition est
définitive. Si la valeur monétaire des
chauves-souris est évaluée 23 milliards
de dollars par an au vu des économies
de pesticides qu’elle procure, sa valeur
totale est infinie si l’on tient compte des
générations futures[92].

Substitution de capitaux

Pouvant être monétarisés les services


écosystémiques ont été assimilés à des
revenus issus d’un capital. En économie
néolibérale la nature, en tant que capital
naturel, est considérée comme un facteur
de production au même titre que le
capital financier ou le capital
technique[93]. Dès lors remplacer un
service écosystémique par un
investissement technique, c'est-à-dire
remplacer le capital naturel par du capital
technique devient possible. Les tenants
de la durabilité forte s’opposent à une
telle équivalence. La destruction du
capital naturel ne peut être compensée
par du capital financier ou technique. Elle
est définitive. Les écosystèmes
remplissent des fonctions qui n’ont aucun
substitut et les destructions de la nature
limitent les potentiels de choix des
générations futures[94]. Les hommes sont
insérés dans les systèmes écologiques
et dépendent d’eux[95], ce qui leur confère
une responsabilité[96].
Considérations éthiques

La monétarisation de la nature et de ses


éléments est récusée également pour
des considérations éthiques. Celles-ci
portent d’une part sur la valeur
intrinsèque de la nature, d’autre part sur
le respect de la vie.

La valeur intrinsèque de la nature signifie


qu’elle est valorisée pour elle-même, en
tant que fin en soi. Chaque élément de la
nature a lui-même une valeur intrinsèque,
d’une part parce qu’il est partie
constituante de ce tout qui ne doit pas
être fragmenté, d’autre part par sa valeur
propre, au même titre qu’une œuvre d’art
par exemple[97]. L’homme a besoin de la
nature. Il est issu du milieu naturel. Notre
espèce trouve son origine dans le même
processus d’évolution qui a donné
naissance à toutes les autres espèces.
Nous sommes les éléments d’un tout
organique composé de parties
fonctionnellement interdépendantes[98].
Notre identité même résulte
d’interactions complexes et permanentes
entre nous et la nature. Pour Virginie
Maris l’idée de monétiser la nature ou
ses éléments est un non-sens[99].

Virginie Maris estime que mesurer et


quantifier une valeur intrinsèque met en
cause notre capacité à établir des
relations éthiques. Elle prend l’exemple
de l’amitié. Admettons que l’on nous
demande de faire le compte de tout ce
que nous coûte ou nous rapporte
économiquement une relation amicale.
Bien entendu le résultat de cette
évaluation ne nous renseigne pas sur la
valeur de l’amitié. Mais cet exercice
comptable porte en lui la mise en péril du
sentiment d’amitié. De la même façon
réduire la nature à un simple pourvoyeur
de biens et de services risque d’éroder la
capacité à s’engager dans une relation
éthique avec le monde naturel. En ne
parlant que de l’efficience économique
on s’abstient de se positionner sur la
valeur de la nature. Justifier la
conservation par son intérêt économique
aboutit à n’être plus motivé que par son
propre intérêt[100].

La vie, en tant que telle, a une valeur


intrinsèque[101]. L’homme ressent
l’obligation de respecter tout vouloir-vivre
à l’égale du sien[102]. Selon Arona Moreau
le caractère absolu de la vie est né dans
la modernité. C’est dans la seconde
moitié du xxe siècle que la valeur de la vie
a été reconstruite en tant que sens,
finalité et objet[103].

Efficacité des dispositifs monétaires

Certains dispositifs, permis par la


monétarisation, prétendent, à tort,
sauvegarder au mieux la nature. La
compensation ne représente pas une
sauvegarde de la nature puisqu’elle
autorise une disparition. Les arbitrages
coût/bénéfices se révèlent difficilement
favorables au maintien de la nature. Dans
le cas d’infrastructures le coût lié à la
perte de biodiversité, de même que celui
lié aux autres externalités
environnementales, est de l’ordre de 1 %
de l’avantage global de l’infrastructure.
Un chiffre qui est marginal dans le bilan
socio-économique du projet. De plus la
valeur monétarisée de la nature ne peut
pas prendre en compte toutes les
externalités environnementales[104]. Le
Comité écossais de comptabilisation du
capital naturel estime le capital naturel à
10 % du PIB annuel écossais. Il est peu
probable que ce montant permette de le
sauvegarder[105].

Alternatives

Pour Virginie Maris, parce que porter


atteinte à la nature est indécidable, toute
décision doit être prise dans une
délibération politique. Une décision
collective permet d’agir dans un contexte
d’incertitude et de divergences
morales[106]. Isabelle Cassiers estime
que la pression mise sur les ressources
de notre planète est suicidaire étant
donné la finitude de la planète. Les
débats permettent alors de redéfinir
collectivement un ensemble de
finalités[107]. Jean-Marie Harribey
reconnaît qu’un prix monétaire peut être
fixé à des éléments naturels que l’on a
décidé de préserver mais un tel prix ne
donne jamais la valeur de la nature et
doit être avant tout d’ordre politique[108].

Partisans de la monétarisation

Un dispositif indispensable

Les partisans de la monétarisation


constatent que les systèmes de
régulation publique ont jusqu’à présent
échoué à préserver l’environnement.
Selon eux les instruments de marché
sont également bien moins coûteux que
les autres[109]. Cela fait 30 ans,
soulignent-ils, qu’on essaie de protéger la
biodiversité pour elle-même mais les
milieux naturels continuent à disparaître,
des espèces continuent à s’éteindre.
Puisque c’est l’économie qui mène le
monde, il faut parler le langage des
économistes[110].

Chiffrer en unités monétaires des enjeux


liés à la préservation de l’environnement
permet de sensibiliser certains publics,
de contribuer à modifier des
comportements et de conforter ou
freiner certaines orientations[111]. Les
évaluations économiques sont
généralement effectuées dans une
perspective de choix : choix de projet
pour les évaluations ex-ante, ou
détermination des indemnisations par
des analyses ex-post[85].

Un instrument de décision

Dans un monde dominé par la pensée


économique la monétarisation rend
possible la prise en compte de la valeur
économique des services
écosystémiques dans les décisions
publiques. L’unité monétaire permet la
comparaison des valeurs obtenues avec
les biens marchands. Les arbitrages
auxquels la société doit faire face se font
plus explicites. La monétarisation permet
aussi l’internalisation d’un coût social via
une taxe ou des impôts[112]. Les
arbitrages se font en fonction du
coût/avantages ou du coût/efficacité.
L’arbitrage coût/avantages correspond à
la recherche du bien-être maximum. Celui
du coût/efficacité a pour objectif la
préservation de l’espèce humaine[113].

Un outil

Les pertes croissantes de biodiversité


incitent à prendre des mesures destinées
à son maintien et à l’utilisation durable
des services écosystémiques. Les
paiements pour services
environnementaux sont des mécanismes
monétaires flexibles permettant la
sauvegarde d’écosystèmes au meilleur
coût économique. L’obtention d’une
meilleure efficacité/coût passe
généralement par des transactions
bilatérales relevant de coût d’opportunité
ou d’enchères inversées. Ces outils ont
assuré par exemple le maintien de forêts
anciennes ou de terres fragiles et
l’utilisation durable de bassins
hydrographiques[114].

Les Nations unies dans leur Évaluation


des écosystèmes pour le millénaire
publiée en 2005 délivrent des
recommandations pour leur sauvegarde.
Elles préconisent d’attribuer une valeur
monétaire aux écosystèmes afin
d’incorporer le coût de leur destruction
dans les calculs économiques[115].

Efficacité et limites

La valeur économique peut sembler


inappropriée lorsque, comme pour la
nature, sont en jeu des valeurs
considérées éthiques ou intrinsèques.
Cependant les choix éthiques ne font pas
totalement abstraction de la valeur
économique. Une certaine continuité
existe entre ces deux valeurs. La valeur
monétaire est un indicateur synthétique
qui intègre des considérations portant à
la fois sur l’utilité et la rareté relative des
actifs. Elle est corrélée aux éléments qui
fondent leur valeur sociale. Pour autant
on ne saurait exclure les approximations,
les erreurs ou d’éventuelles
manipulations ce qui impose une certaine
vigilance[116]. Ainsi la détermination d’un
prix par le marché ou en simulant le
marché se réfère au principe de
souveraineté du consommateur.
Cependant l’idée selon laquelle chaque
individu est le meilleur juge de ses
propres intérêts a ses limites. Chaque
individu n’a pas forcément l’information
lui permettant de faire le meilleur choix.
C’est pourquoi l’interprétation des
recours à la simulation du marché doit
être effectuée avec prudence[117]. Des
procédures délibératives peuvent être
enrichissantes et optimisantes. Elles
peuvent associer les acteurs concernés
ou un échantillon représentatif[118].

Une autorité de régulation indépendante

Les logiques marchandes ne peuvent


s’imposer face à des valeurs exogènes
non marchandes. Des organes de
régulation doivent rechercher l’équilibre
entre la libre concurrence et d’autres
principes hétérogènes au marché.
Bernard Chevassus-au-Louis préconise
qu’une telle autorité de régulation soit
distincte de l’autorité régalienne. Des
risques de confusion existent entre les
prérogatives régaliennes de l’État, la
détermination des valeurs d’échange et
la surveillance du marché. L’État peut être
tenté de privilégier les intérêts
économiques. Chevassus-au-Louis
propose que la composition d’une telle
autorité comporte des magistrats, des
représentants de l’État, des organisations
non gouvernementales ayant pour objet
la protection de l’environnement, des
promoteurs et des aménageurs et des
personnes qualifiées issues des
communautés scientifiques notamment
des sciences humaines et sociales[119].
Notes et références
1. Afeissa 2007, p. 202.
2. Virginie Maris, Nature à vendre,
Éditions Quæ, 2014, p. 53
3. Vivien 1994, p. 45.
4. Chevassus, p. 36
5. Barbault et Weber 2010, p. 135.
6. Harribey 2013, p. 195.
7. Blandin 2010, p. 231.
8. OCDE 2011, p. 186.
9. OCDE 2011, p. 18 et 20.
10. OCDE 2011, p. 27-28.
11. OCDE 2011, p. 68.
12. OCDE 2011, p. 118-127.
13. OCDE 2011, p. 19-20.
14. OCDE 2011, p. 159.
15. UICN France 2012, p. 8.
16. de Perthuis et Jouvet 2013, p. 122.
17. Le Monde du 14 mai 2009
18. Le Monde du 10 mars 2010
19. « CdC Biodiversité » (http://www.cdc-
biodiversite.fr)  [archive] (consulté le
6 février 2016)
20. UICN France 2012, p. 28.
21. ATTAC France 2009, p. 12.
22. de Perthuis et Jouvet 2013, p. 148.
23. Grangeon 2010, p. 49.
24. de Perthuis et Jouvet 2013, p. 147.
25. de Perthuis et Jouvet 2013, p. 153.
26. ATTAC France 2009, p. 13.
27. Pape François, encyclique Laudato
si', juin 2915, § 171, lire en ligne (htt
p://w2.vatican.va/content/francesco/
fr/encyclicals/documents/papa-franc
esco_20150524_enciclica-laudato-si.
html)  [archive]
28. Costanza 2013, p. 50-51.
29. Kempf 1991, p. 52.
30. Commission Stiglitz 2009, p. 7.
31. Vivien 1994, p. 73.
32. Vallée 2002, p. 46.
33. PNUE 2011, p. 42.
34. Maris, p. 43
35. http://www.actu-
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mie-ecologique-robert-costanza-
18443.php4  [archive], consulté le
04/03/2016
36. Chevassus, p. 38
37. Kempf, p. 47
38. Vivien, p. 95, 96
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40. http://www.banquemondiale.org/fr/n
ews/feature/2012/05/07/natural-
capital-accounting  [archive]
(consulté le 06/03/2016)
41. Kempf, p. 52
42. http://www.actu-
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45. ocde, p. 19, 20
46. Vivien, p. 45
47. Jacques Richard et Emmanuelle Plot,
La gestion environnementale, La
Découverte, 2014, p. 4
48. Chevassus, p. 13
49. Revue, p. 14, 22, 18, 19
50. Chevassus, p. 188 à 190
51. Chevassus, p.191, 192
52. Revue, p.15, 20
53. Chevassus, p. 197 à 200
54. Chevassus, p. 220 à 225
55. Chevassus, p. 226 à 229
56. Revue, p. 5, 13 à 15
57. <Gadrey, p. 34
58. http://www.themavision.fr/upload/do
cs/application/pdf/2012-
11/etude_compensation_uicn_france
.pdf  [archive], p. 19, consulté le
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59. Chevassus, p. 192
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62. Kempf, p. 43
63. Vivien, p. 94
64. Revue, p. 17
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67. Vivien, p. 106
68. Revue, p. 77
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l’écologie, Hatier, 1991
La Revue du Commissariat général au
développement durable, La
monétarisation de l’environnement, un
exercice incontournable mais délicat,
décembre 2010

Articles connexes
Durabilité
Évaluation économique de la
biodiversité
Évaluation économique des services
écosystémiques
Compensation écologique
Financiarisation de la nature
Banque de compensation
Service écosystémique
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Capital naturel

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