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DÃcision 2022
DÃcision 2022
Ali BELHAJ
Année Universitaire : 2022 - 2023
Chapitre 3: La prise de décision
Introduction :
Les managers dans les organisations traduisent leurs actions à travers les décisions qu’ils
prennent. Ils sont souvent désignés, ou se désignent eux-mêmes, comme des décideurs :
c’est-à-dire des individus dont la fonction première au sein des organisations serait de
prendre une décision.
En effet, les occasions qui s’offrent à ces individus pour prendre des décisions sont
innombrables : recruter du personnel, fixer le prix d’un produit, choisir le thème d’une
campagne publicitaire, acheter des machines, définir les budgets, élargir le portefeuille des
actionnaire, introduire la société en bourse, …….la liste est inépuisable.
Dans une organisation, les occasions de décision sont donc innombrables, et les situations
de décision sont très diverses. Une organisation est bien gérée si ces décisions sont
« bonnes », si elles sont « bien » prises. La qualité d’une décision donnée dépend
étroitement du contexte dans lequel elle s’inscrit : le type de réponse à faire à un client
mécontent dépend d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels on peut citer la nature
de la réclamation, l’importance du client, la gravité du préjudice, la capacité de
réparation,etc. On ne peut à l’avance déterminer parfaitement quelles sont les bonnes et
les mauvaises décisions : cela dépend. Mais on peut se demander : dans quelles conditions
arrivera-t-on à de « bonnes » décisions ? par quels processus construira-t-on des choix
corrects ? comment définira -t-on des actions qui auront la qualité souhaitée ?
A cette question, il existe une réponse largement répandue, selon laquelle une décision est
bonne si elle est rationnelle. Il y a une sorte d’équivalence admise entre ces deux
expressions : une bonne décision est une décision rationnelle, et une décision rationnelle est
une bonne décision. Le guide pour prendre de bonnes décisions serait la rationalité. En
conséquence, une organisation bien gérée serait une organisation gérée de manière
rationnelle, et un bon manager serait un manager qui procéderait de manière rationnelle.
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Mais il peut aussi adopter ce comportement parce qu’il condamne la violence au
nom d’une éthique générale (d’inspiration religieuse par exemple). Le premier
comportement est rationnel par rapport à des fins, le second est rationnel par
rapport à des valeurs. Les deux comportements sont également cohérents, mais
procèdent de deux logiques différentes. Le management privilégie la démarche
rationnelle par rapport aux fins : c’est une démarche pragmatique. La rationalité
« en valeur » est une démarche dogmatique.
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rencontre des difficultés dans la plupart des cas insurmontables, et il est amené à s’écarter
du modèle rationnel de prise de décision. Pour Simon, l’individu ne peut être pleinement
rationnel que dans les limites d’une « aire de rationalité », zone restreinte à l’intérieur de
laquelle l’individu dispose de la capacité à traiter la quantité d’information nécessaire à ses
décisions d’information nécessaire à ses décisions, de connaissances suffisamment précises
et pertinentes, de valeurs ou d’objectifs suffisamment clairs pour lui permettre de définir
précisément ses critères de décision .
Ce principe de la rationalité limitée a des conséquences très importantes. Premièrement, il
indique que le processus rationnel au sens strict est plus un idéal qu’une réalité.
Deuxièmement, il entraine certaines implications pour le management des organisations :
celles-ci doivent être conçues en tenant compte des capacités limitées de leurs membres.
Troisièmement il soulève la question de savoir si les organisations peuvent atteindre un
degré de rationalité supérieur à celui des individus (si en quelque sorte elles peuvent
combler ces limites de la rationalité).
1.2.1. L ’attention et la perception
Le processus de décision individuelle est alimenté en données par les processus d’attention
et de perception. La conception courante de l’attention en fait l’équivalent d’une pellicule
qui enregistrerait des traces de tout ce qui se passe à sa portée ; le problème essentiel serait
le degré de sensibilité sur cette pellicule : lui faut-il des éclairages puissants ou la pénombre
lui suffit-elle ?
En fait, l’attention humaine n’est pas une pellicule : c’est un processus orienté et sélectif.
Prenons l’exemple qui se rapproche le plus de la métaphore de la photo : une sentinelle qui
garde tous ses sens en éveil, au maximum de leur acuité. Elle est attentive à tous les
éléments d’informations qui peuvent signaler la présence de l’ennemi. Et pourtant elle ne
fait pas attention à tout : le cri d’un oiseau ne l’alarme pas. Son attention est en fait orientée
par ce qu’elle attend : l’approche de l’ennemi. Elle sait, ou croit savoir, comment cette
menace peut se traduire en éléments d’information : bruits, mouvements, odeurs…Ce sont
ces éléments d’informations probables, attendus, anticipés, qui focalisent son attention.
C’est même pour une sentinelle un processus de recherche plus qu’un enregistrement.
Une sentinelle a peu d’informations a priori sur ce qui peut se passer : elle est dans une
situation de grande ignorance ou encore de grande incertitude. De plus, elle est confrontée à
un enjeu qui peut être capital. Dans la vie quotidienne des organisations, les individus ont en
général le sentiment de bien connaitre leur environnement, et les enjeux ne sont pas
toujours importants. Or les individus sont souvent assaillis d’informations diverses : notes,
rapports, coups de téléphone, journaux, circulaires, présentations, etc. La majeure partie de
cette information ne sera pas traitée sérieusement : l’individu alloue son attention, d’une
part, en sélectionnant certaines parties de son environnement qu’il surveillera
particulièrement (en fonction de ses gouts, de ses habitudes, de ses fonctions, de ses
obligations), d’ autre part, en négligeant les « détails » secondaires pour porter son attention
sur les points critiques du problème qu’il se pose ou pour en rechercher une « vue
d’ensemble ».
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Cet exemple illustre la sélectivité de l’attention humaine. L’attention est le processus qui
capte l’information. Une fois captée, l’information est ensuite traitée par l’individu selon ce
qui constitue le processus de perception. Déjà orienté sélectivement par l’allocation de
l’attention, le processus de perception est soumis à certains « pièges » naturels qui
traduisent des tendances caractéristiques de l’esprit humain. La liste de ces biais cognitifs est
très longue. Parmi les plus fréquentes et les plus importantes dans les organisations, citons
les suivantes :
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lointaine et inhabituelle dans une grande ville que je connais assez bien, vais-je établir la
série de différentes itinéraires possibles, calculer les durées probables des trajets possibles
en fonction des encombrements prévisibles, et alors seulement choisir le trajet le plus
rapide ? Il est plus probable que je vais fractionner mon trajet en plusieurs morceaux en
utilisant des portions d’itinéraire que je connais et que je maitrise assez bien. Chaque
morceau représente en fait des éléments de solution « tout faits », sur la nature desquels je
m’interroge très peu. Je concentrerai mon attention sur l’enchainement de ces morceaux de
trajet pour arriver à destination. Peut-être serai-je amené à choisir entre quelques morceaux
alternatifs. Mais la solution finale sera construite à partir d’une addition, ou d’une
combinaison, de solutions préfabriquées : une sorte de bricolage, en somme, un mélange
indistinct de comportement rationnel et de comportement automatique issu des habitudes
et coutumes.
la définition du problème ;
l’inventaire des solutions ;
la prise de décision ;
la mise en œuvre du plan choisi.
En milieu organisationnel, ces étapes sont suivies par une évaluation qui peut conduire à
recommencer l’exercice.
2.1. Les techniques de résolution de problème
Si l’on connaît bien les diverses étapes de la résolution de problème, il demeure que la
qualité des solutions choisies dépend de la diversité et de la qualité des solutions trouvées,
ce qui dépend à son tour de la qualité et de l’exhaustivité de l’analyse du problème. Le
processus de résolution de problème est souvent non linéaire car le traitement d’une
situation problématique se fait rarement sans retour circulaire sur le problème et les
solutions envisagées. Il importe, par ailleurs, de trouver des façons souvent créatives tant
pour définir le problème que pour trouver des solutions. Le groupe ici est garant d’une
diversité d’opinions et il faut permettre de laisser émerger autant d’analyses et d’idées que
possibles de la part de chaque membre de l’équipe. Pour cela, il existe une diversité de
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techniques qui aident à la définition du problème, à la recherche de solutions et au choix
d’une solution. Certaines des techniques qui suivent sont utiles lors de l’analyse du
problème, d’autres lors de la recherche de solutions.
Le brainstorming : C’est une technique souvent mal utilisée car il faut en respecter les
règles :
laisser venir les idées sans contrainte ;
ne jamais critiquer ;
viser la quantité ;
utiliser les idées des autres ;
noter tout.
Il est très important de tout garder et de ne rien censurer lors de l’exercice. Ce n’est
qu’après que l’on analyse, classe et décortique les idées.
La bissociation
Cette technique consiste à associer deux ou plusieurs idées, notions, concepts, personnes
ou éléments qui ne le sont pas normalement. Par exemple, une tête de mouton et un
pêcheur. Cette technique utilisée dans un processus de résolution de problème permet
de mettre en rapport des éléments du problème considérés comme dissociés et de
générer des idées innovatrices par rapport à la solution.
Le concassage
Le concassage permet de se mettre à distance d’un problème ou d’une solution et de le
triturer en tous sens afin de raffiner l’analyse et d’augmenter le nombre de solutions.
Pour cela, on se sert de divers angles d’approches tels :
- la suppression (qu’est ce qui se passe si on supprime?)
- l’augmentation (si on généralise, si on l’alourdit, si on la complexifie par addition de
mesures?...)
- la diminution (si on la réduit à sa plus simple expression, si on supprime des parties,
si on restreint ses applications, si on restreint ses ressortissants? etc.)
- la combinaison (si on la combine à telle ou telle solution d’un autre problème?)
- l’inversion (si on fait juste le contraire, si l’on change l’ordre chronologique ou
spatial?)
- les modifications (si on change chaque point en gardant le reste ou plusieurs en
même temps?) (Mucchielli, 1990)
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La technique de la question unique
Il s’agit ici de forcer le groupe à traiter le problème en hiérarchisant les diverses questions
qui y ont trait et en limitant la discussion à ces sous-questions. Les étapes sont :
La méthode Delphi
Elle permet à un groupe de résoudre un problème dans un relatif anonymat en répondant
à des questionnaires successifs. Il n’y a pas ici de confrontation entre les membres du
groupe (entre dix et vingt) qui peuvent même ne pas se trouver physiquement dans le
même lieu. C’est l’animateur, aidé au besoin d’une toute petite équipe, qui centralise tout
le processus. Les étapes sont les suivantes :