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Lecture Notes in Mathematics Edited by A Dold and B Eckmann 691 Gérard Viennot Algebres de Lie Libres et Monoides Libres Bases des Algebres de Lie Libres et Factorisations des Monoides Libres Springer-Verlag Berlin Heidelberg New York 1978 Author Gérard Viennot ENS - Centre de Mathématiques 48, rue d’'UIm F-75005 Paris Library of Congress Cataloging in Publication Data Viennot, Gérard, 1945~ Bases des algubres de Lie libres at factorisations des monotdes libres. (Lecture notes in mathematics ; 691) Bibliography: pe Includes indexes. 1. Lie algebras. 2. Monoids. I. Titles Il, Series: Lecture notes in mathematics (Berlin) ; 691. QAB.L28 now 691 -QA252.33 510'2Bs (5124455, 78-23919 15-00, 08 A10, 16 A68, 17-04, 17 B99, AMS Subject Classifications (1970): 20E15, 20F 35, 20F 40, 20M05, 68A25, 94A10 ISBN 3-540-09090-8 Springer-Verlag Berlin Heidelberg New York ISBN 0-387-09090-8 Springer-Verlag New York Heidelberg Berlin This work is subject to copyright. 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Bissections des monoides libres Construction des bissections .....++ Bissections et bascules ..-.+++. Bascules et algébres de Lie libres ...... Factorisation des monoides libres et familles basiques des algébres de Lie libres - Factorisations des monoides libres .. Factorisations réguliéres gauches et familles basiques . Ensembles de Hall et caractérisations des factorisations réguliéres gauches .. 18 24 35 49 62 73 79 94 98 105 7 122 INTRODUCTION Le but du présent travail est de proposer une théorie unifige du calcul des commutateure basiquee ou dlune mani’re équivalente, dee bases et familles basi- ques des algbres de Lie libres, Ltintérét porté aux algébres de Lie libres vient essentiellement des applica- tions importantes dans la théorie que l'on appelle aujourd'hui "théorie combinatoire des groupes" [MKS, 66]. L'origine en est le travail de P, Hall [HaP, 33] sur I'étude de certains p-groupes. Il n'est pas question 14 d'alg8bre de Lie, mais de calculs profonds sur les commutateurs itérés et la suite centrale descendante (F,) du groupe libre. Les travaux fondamentaux de Magnus [Ma, 35] [Ma 37] et Witt [Wi, 37] "linéarisent" ces calculs en introduisant une structure plus riche que celle de groupe libre : celle d'algébre de Lie libre. Clest 18 que Magnus définit Valgébre de Lie libre L(X) comme sous-algébre de Malgtbre K(X) des séries formelles en variables non commutatives X sur Vaneau KK , introduite aupara- vant par Hausdorff, [1 montre que la filtration naturelle de K(X) définit une suite décroissante de sous-groupes du groupe libre F(X) qui est précisément la suite centrale descendante, Witt compléte ces résultats et donne la dimension des com- posantes homogines de degré n de 1(X) (ou "formules de Witt"), Ces travaux sont & la base de nombreux autres sur la correspondance entre groupes et algtbres de Lie, Citons seulement celui de M. Lazard [La, 54] et les applications impor- tantes dans approche du cél&bre probléme de Burnside pour les groupes. Un autre théortme important dans la correspondance entre groupes et alg8- bresde Lie est la “formule de Hausdorff", affirmant que la série z (en variables y non commutatives) définie par & est une somme infinie d'alternants (ou éléments homogénes) de Walg&bre de Lie libre engendrée par x et y. Cette for- mule est jalonnée des noms de Poincaré, Campbell, Pascal, Baker et clest Haus~ dorff qui le premier prouvera de maniére précise la "formule" en se plagant dans Valgdbre des séries en variables non commutatives, qui sera reprise plus tard par Magnus [Hau, 06]. Les coefficients de cette série ont été abonda mment étudiés depuis. Un calcul ou une expression de ceux-ci dépend de la base de l'alg8bre de Lie libre utilisée et met en Evidence Iintérét de trouver de "bonnes" bases. On verra par exemple les calcula sur ordinateura de Michel jusqulau degré 11, et dans certains cas au degré 30 [Mi, 74] [Mi, 76]. Un autre exemple d'appli- cations pratiques est celui de la résolution d'équations différentielles, par exemple Ja solution exponentielle de 1" équation différentielle linéaire dans une algebre de Banach [Ma, 55] [Mi, 74] ou certaines équations de la théorie quantique des champs. La détermination dlunc base de Malgtbre de Lie libre ne semble apparaftre pour la premitre fois que dans l'article de M, Hall [HaM, 50}, et est connue sous Je nom de "base de Hall", Toutefois cette base est implicitement connue dans les travaux de P, Hall et Magnus cités ci-dessus. Notamment P, Hall définit ce qu'il appelle le "collecting process", ctest-a-dire un procédé de calcul permettant d'écri- rede maniére unique tout mot du groupe libre comme produit de certains commuta- am! teurs, modulo le n'™* groupe de la série centrale descendante. Les commutateurs apparaiocant dane ce procédé sont totalement ordonnés et sont appelées commutateurs basiques, Si l'on remplace les parenthéses définissant l"itération des commutateurs par des crochets de Lie, on obtient alors la base de Hall, Diverses généralisations des bases ou commutateurs basiques de Hall ont été proposées par Meier -Wunderli yoy [MW, 52], Schiltzenberger [Sc, 58}, Sir¥ov [Si, 62] , Gorchakov [Go, 6 Ward (Wa, 69]. Un autre procédépour trouver une base est lige @ 1a notion de mots lexico- graphiques standards : ce sont les commutateurs basiques de Chen, Fox et Lyndon [CFL, 58] dont la base associée est défini vey SirSov [Si, 58]. Le premier but de notre travail est de donner une exposition sous une autre forme quivalente par commune a toutes ces différentes constructions de bases d'algébres de Lie libres, Par souci de simplicité, nous ne parlerons quien termes dlalgabres de Lie et laisserons de cété la traduction en termes de "commutateurs basiques" et "'collec- ting process" généralisé, Cette étude se ramdne & celle de certaines familles de mots du monofde libre, jouissant d'une propriété d'unique factorisabilité, et introduites par Schiitzen- berger [Sc, 65] sousle nom de factorisations du monoftie libre, I] est ainsi surpre- nant qulune structure aussi pauvre que le monofde libre apparaiase comme fonda mentale pour l'étude des algdbres de Lie libres, Une factorisation du monofde libre X* est une famille 3 = Y» J€3) dans pien) laquelle les Y, sont des parties de x* et J un ensemble totalement ordon- né, et telle que tout mot £ s'écrive de manigre unique {= f, f, avec pl, ae £,€¥), ef Jy Bees Bip + Le théordme principal de ce travail est que pour de "bonnes! factorisations on peut, par un "crochetage" des mots de Y;, construire un ensemble [Y,] dlalternants de L(X), en bijection avec Y, et qui est une famil- le basique pour la sous-algdbre de Lie libre qu'il engendre. De plus I'algtbre de Lie L(X) est, en tant que module, isomozphe ala somme directe @ L([Y;]) « Lorsque j B est une factorisation complite, clest-A-dire lorsque chaque ensemble Y, est réduit 4 un seul élément, on obtient ainsi une base de L(X), Notre démarche comprend trois étapes. La premitre consiste 4 prouver le théor®me fondamental dans le cas des bisse ions, clest-a-dire des factorisations pour lequelles J nta que deux éléments. La deuxidme est la définition, l'étude et les différentes caractérisations commodes d'une classe de "bonnes" factorisations. Cette classe est suffisamment vaste pour permettre de retrouver, dans le cas des factorivations complttes, loutes les bases connues des algdbres de Lie libres. La troisiéme étape est la caractérisation et la preuve de l'équivalence des différents "crochetages" possibles des mots d'une factorisation, Les deux derniéres étapes ne font appel qu!a des manipulations de mots du monofde libre et il n'est plus ques- tion 18 dlalg8bre de Lie, Par souci pédagogique, nous avons d'abord fait toute la théorie dans le cas des factorisations complétes. Clest objet du chapitre I. Nous rappelons au paragraphe 1 les notations usuelles ains! que les défini- tions des différentes bases connues, La premitre étape de notre démarche se ré- duit ici a un cas trivial de bissections et le théoréme fondamental devient alors le théoréme d'élimination de Lazard [La, 60] [Bo, 72}. Nous en redonnons la preuve au paragraphe 2. Nous sommes conduit a introduire directement la notion assez technique de factorisation de Lazard. Lavantage est de pouvoir vérifier facilement le théor8me fondamental pour cette classe de factorisations, Le paragraphe 3 intro~ duit une généralisation des "ensembles de Hall” tels qu'ils sont définis par le "collecting process" de Hall, Nous montrons que la condition ainsi introduite est une condition nécessaire et suffisante pour que le procédé donne naissance a des bases. Cette condition était déja connue de Sirfov [Si, 62] et a été retrouvée indépendem- ment de nous par Michel [Mi, 74]. Nous montrons enfin dans ce méme paragraphe Véquivalence des ensembles de Hall introduite avec lee factorivations de Lazard. Les procédés de définition des bases associées aux factorisations de Lazard étant assez compliqués, nous proposons au paragraphe 4 des critéres simples et commo- des pour retrouver ces factorisations de Lazard, ainsl que le "'crochetage" associé des mots. En particulier nous retrouvons les bases de Chen, Fox, Lyndon [CFL, 58] et de Sirsov [Si, 58] et prouvons leur équivalence, En fait la factorisa- tion associée a cette base peut tre considérée aussi comme une factorisation de Lazard dans Vautre sens, Liétude de telles factorisations, que nous appelons réguligres, constitue le paragraphe 5. Ces factorisations, ainsi que les bases associées, ont des propriétés remarquables, En particulier, elles sont trés com- modes pour les calculs sur ordinateur. Par exemple, on verra les calculs de Michel sur 1a série de Hausdorff et le probléme restreint de Burnside [M!, 76} Le reste de ce travail est la généralisation du chapitre I pour les factorisa~ tions non nécessairement complétes. Les deuxiéme et troisi&me étapes mentionnées ci-dessus se réptent 4 peu prés comme au chapitre I, La aussi on peut introduire les factorisations de Lazard,les ensembles de Hall et les factorisations régulitres, Crest objet du chapitre III, Nous omettons les démonstrations qui ont leurs analo~ gues au chapitre I. La généralisation correspond au passage entre les bissections triviales ct les bissections générales. Par contre, la premitre étape, qui est la généralisation du théortme d!élimination de Lazard pour les bissections nécessite tout le chapitre II, Pour ceci nous sommes conduits A introduire de nouveaux objets : les bascules, Les bissections apparaissent comme les objets libres de la catégorio dos bascules, A toute bascule ect associée une algabre de Lie, qui de- vient libre lorsque la bascule stidentifie & une bisection, Lorsque la bascule ne “bascule" pas, on retrouve le produit sem: -direct d'alg@bres de Lie et les bissec- tions triviales, Le paragraphe 1 donne une construction fondamentale des bissec- tions, particuligrement commode pour définix le "crochetage" des mots. Cette construction simplifie une construction antérieure de Schiitzenberger [Sc, 65]. Le paragraphe 2 expose les préliminaires nécessaires sur les bascules, Enfin le paragraphe 3 prouve lc théordme fondamental pour lea bieeectiona, Notone que le théoréme a aussi un analogue dans I'algebre enveloppante, ce qui constitue une extension du théorme de Poincar é-Birkhoff-Witt dans le cas des alg2bres de Lie libres. Stil n'existe pas de bases canoniques de L(X), il existe par contre des décompositions canoniques en somme directe de sous-algébres de Lie libres, Par exemple pour X= {x y} et pour p/q rationnel irréductible, soit L, , Welgtbre de Lie formée des sommes dlalternants de bidegré mp en x, mq en y avec m 21. Une application de nos méthodes est d'exhiber (au paragraphe 3 du chapitre IM) une famille basique de L,,, aui est en bijection avec les "chemins minimaux" du plan IN x IN situésstrictement (sauf aux extrémités) sous la droite de pente aly + be décomposition de L(X) selon les Ly, correspond en fait & celle relati- ve A une factorisation dite de Spitzer, introduite en théorie des fluctuations de som- mes de variables aléatoires [Sp, 56] [Sc, 65]. Dans le cas de deux lettres, il n'y a d'ailleurs qu'une seule factorisation de Spitzer non triviale (4 un isomorphis- me prds), La décompositon de L selon les L, , donne naissance a des alter- nants et Foata avait conjecturé quiils forment une base, Les chapitres Iet Ut permettent donc de démontrer cette conjecture, Nous appelons cette base, la base de Spitzer-Foata et nous I'introduisons dés 1a fin du paragraphe 5, chapltre 1. Ainsi nous voudzions que ce travail soit une illustration de certaines idées de Schiitzenberger menant & penser que certains phénoménes ou identités remarqua- bles apparaissant dans des structures algébriques ou combinatoires sont le reflet de propriétés naturelles des mots du monofde libre, at qu'il nlest done pas sans intér@t de développer toute une étude algébrique et combinatoire de ces mots. Diailleurs les factorisations introduites dans ce travail sont des objets liés A d'autres théories complétement étrangdres aux alg8bres de Lie, Par exemple, il est touchant d'observer que les factorisations de Lazard liées aux bases classi- ques de Hall se retrouvent définies 4 des fins statistiques dans un article de Good [Go, 71] ou encore on théorie des codes dans [Sh, 68]. La Scholtz donne une cons- truction de codes "comma-free" maximaux dont le cardinal est exactement la di- mension de la composante homogéne de degré nde lalgébre de Lie, et redémontre ainsi aprés Eastman une conjecture de Golomb Gordon et Welch, La construction de Scholtz, comme celle de Good, est celle de la factorisation de Lazard associée aux bases classiques de Hall. En théorie des fluctuations des sommes de varlables aléatoires déja citée ci-dessus, le principe d' équivalence de Sparre Andersen est une certaine propriété de réarrangement relative & une classe particulitre de biesections, comme lont montré Foata et Schiitzenberger [FS, 71]. Un autre théortme de réarrangement est celui de I! égalité des distributions des "montées" et des "excédances" parmi les suites avec répétitions, Les premitres bijections de réar- rangement ont été mises en évidence par Foata [Fo, 65]+ Chacune d'ellesest définie & partir d'une factorisation compléte vérifiant une condition appelée "péciale". Notons que les factorisations réguli8res du paragraphe 5, chapitre I, sont des factorisations spéciales. Dans ces bijections les mots de 1a factorisation jouent le m@me role que les cycles pour les suites sans répétitions, ou permuta- tions. Cette étude sera reprise sous une forme plus élégante par Cartier et Foata (cr, 69 Mest enfin assez curieux que les bascules et bissections du chapitre I sont des objets de la théorie des automates et langages développée en Informatique théorique, Les bascules apparaissent en effet comme une généralisation de la notion d'automate, et jouent vis-a-vis des langages linéaires le role que juent les automa tes finis vis-a-vis des langages rationnels, Is sont équivalents & la notion "d'auto~ mate ordonné", On peut développer une théorie de ces objets, similaire a celle des monofdes syntactiques des codes préfixes rationnels (voir [ Vi, 74) Les résultats de ce travail avait déja été annoncés précédemment par trois notes aux Comptes rendus [Vi, 73] ainsi que par des exposés [Vi, 72] [Vir 74°] (Vi, 74"}. On trouvera les preuves complétes du chapitre III dans la thése de Mauteur [Vi, 74]. Indépendamment de nous, Michel [Mi, 74] a retrouvé plus tard I'équivalence entre les ensembles de Hall tels qutils sont définis au paragraphe 3, chapitre I et 1a condition (v!) de la proposition 1.8 caractérisant les factorisations dc Lazard, Il prouvo alors directement par un argument de développement que cos ensembles géndrent des bases de Malgébre de Lie, Je remercie sincdrement Pierre Cartier de m'avoir fait honneur de slatre intéressé dans les détails 8 mon travail. C'est avec joie que je remercie ici Marcel Paul Schiltzenberger. Il est a lorigine de ma thése et de ce présent travail qui stappuie sur certains de ses travaux personnels, Il fut et est toujours pour moi plus qu'un "bon maftre", Eufin la forme définitive de ce mémoire nfaurait pas vu le jour sans les encouragements, Iaide et le dévouement de Dominique Foata. La frappe a été réalisée par Sylvie Lutzing du Centre de Calcul de I"Esplanade de Strasbourg, que je remercie également, CHAPITRE I BASES DES ALGEBRES DE LIE LIBRES. 1. Notations et bases usuelles. Le lecteur pourra se reporter & [Ja, 62] pour les notions générales d'al- gdbre de Lie et d'alg8bre enveloppante, ainsi qu'a [Bo, 72] pour les algdbres de Lie libres et les bases de Hall. Notations générales. Dans tout ce travail K désigne, sauf mention expresse du contraire, un anneau commutatif non réduit 8 0 et dont]'élément unité est noté 1. Si E estunensemble, |E| désigne son cardinal. Soit P,, n21 une suite de parties de E. Nous notons P, la suite définie par: BP, P, a u i Isien Pour PCE, onnote E\P= (ucE,u€P}. 10 Monofde et magma libre. Soit X un ensemble non vide, Nous désignons par M(X) , xt » X* respectivement le magma libre, demi-groupe libre, monofde libre engen- dré par X, clest-a-dire la structure libre engendrée par X relativement, res- pectivement & une loi de composition, une loi de composition associative, une lei de composition associative avec élément neutre. Les éléments de X* sont appelés aussi mots sur l'alphabet X. La loi de composition de X* est la "concaténation" des mots et e désigne 1'élément neutre de X", clest-a-dire le mot vide n'ayant aucune lettre. En fait X* est x"\le}, le monofde libre privé du mot e. Les éléments de M(X) sont les "mots parenthésés" munis de la loi de com- position : ue M(X), ve M(X) +h= (uy v) ¢ MIX). Nous notons 2h=u et ph Nous désignons par § l'application canonique M(X) ~X* de "déparenthé- sage'des mots, clest-A-dire I'unique morphisme de magma dont la restriction & X est Midentité. EXEMPLE, alls, Ds On be We yxy be ye Pour f¢X* (resp f ¢ M(X)), nous notons |f| 1a longueur (ou degré) de £, Clest unique morphisme {. |{| de monotde x* IN (resp.de magma M(X) IN) tel que |{[=1 pour tout feX. Nous notons M,(X) (resp X?) ensemble des éléments de M(x) (resp X*) de longueur n. " Sous-monofde libre et conjugaison, Si A et B sont deux parties de X", le pro- duit AB est: AB- [fex*,f-ab, aca, bE B} Le sous-monofde engendré par A est notéencore A”, soit : UA. i30 fusion est A craindre, nous noterons Mo(A) le monofde libre engen- Lorsqu'une co drépar A. Tout sous-monofde M de X* admet unet un seul syst&me minimal de générateurs, Le sous-monofde M sera un sous-monofde libre ssi il est librement engendré par son syst8me minimal de générateurs A, clest-A-dire si A vérifie : VapererayeAs Yopeesbg ed + a ag ree a, by by eee BG SPH et ay = Byres On dit que A est la base de M ou encore que A est un code sur X. Soit {= uvw un mot de X*. Le mot v (resp u, resp w) est dit facteur de f (resp facteur gauche, resp facteur droit), Si ces mots sont distincts de {, ils sont dits facteurs propres. Deux mots f et g de X* sont dits conjugués ssi on peut écrire : fouv, gsvu avec uex*, v Siu et v sont distincts de e, g est dit conjugué propre de {, La relation de conjugaison est une relation d'équivalence, Si un mot { d'une classe d!équivalence 12 est primitif, ctest-A-dire stil ne peut s'écrire f avec p>1, alors tous les autres le sont, On peut ainsi parler de classes primitives de conjugaison. Si X eat un alphabet a q lettres, le nombre 4,(n) de ces classes de longueur n est donné par 1a formule classique : agin) =2 2 ula) o®/* ea din so od d parcourt les diviseurs de n, et od y est la fonction de Moebius habituelle + pa) = 1 n(n) = 0 si n est divisible par un carré ln) = (-1)7 si r est le nombre de facteurs premiers tous distincts dans la décomposition de n. Algtbre associative et algebre de Lie libre, Nous désignons par K(X) lalgébre associative libre sur Hanneau K engendrée par X, clest-A-dire Malgtbre des polyndmes en variables non commutatives X . Gette algdbre est un module libre de base X", totalement graduée par les degrés. Rappelons quiune algtbre de Lie est une alg?bre dont la loi multiplicati- ve notée [u, v] vérifie : @ vues, [uy up=0 (a) vu wes (lu vp wt ily wp u) + ([way vy Soit tl une alg@bre associative et W, lalgdbre dont le module sous-ja~ cent est celui de “et dont 1a loi multiplicative est le crochet de Lie [u, v]=uv-vu. Alors 4, est une algdbre de Lie. Réciproquement, pour une algdbre de Lie g sur IK, nous nolons Ws Valgdbre (associative) enveloppante de g, clest-a-dire en fait un couple (% , i) 13 avec W une algdbre associative et i un morphisme de ¢ dans a, tel que : pour toute algtbre uy et morphisme 9: £~ 1, . ilexiste un unique morphisme a! : ou tel que @=@'si, Le foncteur £4%4 est un adjoint du foncteur %.% . Nous notons L(X) Ialg&bre de Lie libre sur K engendrée par X. Les objets K(X) et L(X) peuvent aussi ete définis par le fail que les foncteurs X 4IK(X) et XL(X) sont des adjoints des foncteurs "d'oubli"! des catégories correspondantes, associant a un objet son ensemble sous-jacent. Ainsi d'aprés la propriété de composition des foncteurs adjoints, l'algebre K(X) est Ialgébre en- veloppante de L(X) . La méthode d'élimination de M, Lazard que nous rappellerons a la proposi- tion 1.1 permet dlaffirmer que L(X) est un Z-module libre, ot dlidentifier LOX) avec la sous-algdbre de Lie engendrée par X dans Valgbbre de Lie K(X), Les polyndmes de IK(X) qui appartiennent @ L(X) sont appelés aussi éléments de Lie, Notons 4: M(X) ~L(X) I’application canonique, unique morphisme de mag- ma (pour le crochet de Lie) cofncidant avec I'identité sur X . L'image d'un élément de longueur n de M(X) est appelé alternant de degré n de L(X). Ceux-ci engen- drent le K-module libre L(x) et {L,(X), n 21} est une graduation totale de L(X), Si X est fini de cardinal q, les classiques formules de Witt donnent la dimension de L,(X), soit : afd Bl sala) = ula) @ = din Si £ estune sous-algtbre de Lie libre de L(X), une partie Y de £ est appelée famille basique de £ lorsque Y engendre librement £ (en tant qu'algébre de Lie). Rappelons que lorsque K est un corps, toute sous-algébre de Lie de v L(X) est libre, d'aprés un théoréme de SirYov-Witt. Par contre ceci n'est pas vrai pour les algbbres associatives (voir 14 [Co, 71, § 6.73). Ici aussi nous parlerons de famille basique d'une sous-algebre e libre de K(X). Enfin, rappelons que pour une algebre de Lie ¢, application y=[% y]€£ est une dérivation de £ notée ad.x . Bases de Hall de L(X), Les bases de Hall constitutent les bases les plus connues de L(X) et ont été en fait définies par P. Hall [HaP, 33] en termes de commuta- teurs basiques du groupe libre apparaissant dans le "collecting process". Ces bases sont définies de la fagon suivante (voir [Ma, 37], [HaM, 50], [HaM, 59], [La, 60], [MKS, 66], [Bo, 72]) = Soit H une partie du magia libre M(X) , totalement ordonnée par la rela- tion <, et vérifiant les trois conditions : - (Hay) Xow ~ (hay) yh=(u, v)@ M(X)\X, he H ssi ona les 3 conditions suivantes : - ucH, veH -ucy =v eX ou bien v= (v!, v") avec visu - (Ha!) weH, wel, ul<|vjeucy - Alors la famille (yh, h €H} est une base de L(X) , appelée base de Hall, EXEMPLE 1.1. On peut construire les ensembles H_ vérifiant les conditions [Ha,) (Ha,) et (Ha',) (appelés aussi ensembles de Hall dans [Bo, 72]), par récurrence sur les degrés, Une construction possible pour les degrés <4 avec un alphabet X= {x, y, 2} de 3 lettres est la suivante (les éléments de chaque ensem- ble H, =H M,(X) sont ordonnés dans lordre de leur écriture de gauche a droite): Hy (x y) (x, 2) (y. 2) Hy (x (x y)) (x, Ge, 2)) (ye Ge yd) ty, (x 2) dys (yy 2d) (2. (xs yd (2. Gx 20) (ly 2) Hg (5, (5, (oe yD) xs Ox Ox 2D) Oa Ose (se DOs (2 (2D) Aye (ye xe YD Oy bye Os 2D yy Uys (yy 2 zy Os Oe ID (zy (x, (x5 2))) fas fy, (xs yD (zs (ys (es 2d) (zy Cys Cys 2D (zs (2 (xs YI) (ay ZN) (zy (ze (ye 2D) (Kee yds ee 2d) (Os, yds (ys 2) (xs zbs (yy 2d) REMARQUE 1.1. Meier-Wanderli [MW, 52] a donné une généralisation des bases de Hall en montrant que gH est toujours une base de L(X) lorsque l'on remplace la condition (Ha',) par: = (Ha",) WeH, WEH, (uy vEHsuc(y vy et vel vw. La preuve est écrite en fait en termes de commutateurs basiques . On verra aussi pour dlautres interprétations des bases de Hall [Sc, 58], [Si, 62], [Se. 71] - Base de Chen-Fox-Lyndon. Cette base a été introduite par Chen, Fox et Lyndon [CFL, 58}; on verra aussi [Ly, 54], [Si, 62], [Fo, 65]- Supposons X totalement ordonné et soit < Mordre lexicographique corres- + pondant sur X*. Seit F lensemble (contenant alphabet X) des mots de Xx strictement inférieurs a tous leurs conjugués propres : F={fexX', wext, wex?, f=uvetew)- Les mots de F sont appelés aussi mots lexicographiques standards. Pour {¢F, l'ensemble (non vide) des mots u¢F tels que f= uv pour un certain v¢X*, admet un élément de longueur maximum {", soit £= "1". 16 Alors un lemme (voir [CFL, 58] ou la suite de ce chapitre) prouve que {" ¢ F . On peut done définir une application 1: F 4 M(X) par récurrence sur les degrés : yxeX, Ix=x et pour tout £= ff" ¢F comme ci-dessus, m= (ne, 9m), Alors la famille oT (f), f¢ F} est une base de 1(X) appelée base de Chen-Fox-Lyndon (relativement a ordre de X). EXEMPLE 1,2. Soit X = {x, y} de cardinal 2, ordonné par x Ebe vp x7 CIEL ¥}e ¥}e > ¥] 7 v y . Cette base a été introduite par SirYov en [Si, 58] et est en fait Base de identique, 4 des symétries prés sur les ordres, 4 celle de Chen-Fox-Lyndon, com- me nous le verrons dans la suite de ce chapitre. Nous redonnons ici la formulation v originale de SirYov. Soit X totalement ordonné et < la relation d'ordre total sur X* définie par les deux conditions yu, v, weX* et we, ye X tele que x 1, on ait les deux conditions (Lal) et (Laj!) suivantes : Liensemble fini F 9 X"= (uy,.e-suj4)} des mots de F de longueur 5 apparaissant au coursdes différentes éliminations, Le lecteur vérifiera que es ensembles Y, défi- nis par la condition (Lag) peuvent @tre complétement changés. Au contraire, dans Lexemple 1.3, ils restent invariants, Nous verrons en fait que ce dernier exemple, donne naissance, avec le parenthésage de (1.3) aux bases de Halldu § 1. 2 Soient F une factorisation de Lazard et n> 1. Posons FoX™= fuyseeeruyy La condition (La!) permet de définir une application M(X) par (1.3) 2M) = LEMME 1. 2. Larestrictionde o,,, 8 FX" est a, Notons el User ade ead Notons (Yop +++ + Yy) les parties vérifiant (La!) et (Zp, «++» Z,) celles véri, fiant (La!.,,). Le lecteur démontrera facilement que pour tout j, 1=j1 et supposons que tout élément £ de xX" admette une écriture unique sous laforme (1.6) . En particulier, la restriction de 6 & Hn MAX) est bijedive, et d'aprés les formules de Witt (voir § 1), on peut écrire les deux relations : 31 (1. 10) vi, lsien [Fn X'] = [Hn M8] = (0) at] Qe \Fnx™ | < g(nei) Nous ordonnons FX" par Mordre correspondant de HM) (X). Soit Kye, 14 réunion des ensembles de p-uples g=(f,, ..., {,) avec 2 It] Ceci est en contradiction avec la condition (UF) d'unique factorisabilité du lemme 1,5, On avait done u Mtn Mei! et Bp CUT e ee Bay CUeey + Le lecteur se conv: cra que cette écriture est unique. Ainsi d'aprés (La''), tout mot f de X" admet une factorisation unique de la forme (1.20). C.QF.D. EXEMPLE 1.8 . Ensemble des mots lexicographiques standards (ou factorisation v de Chen-Fox-Lyndon-Sir¥ov). Nous rappelons ici quelques lemmes sur les mots lexicographiques standards du §1 et montrons notamment qu'ils forment une factorisation complate (voir aussi (CFL, 58], [Ly, 54], [Si, 58). LEMME 1.8 . Pour tout mot £ de X*, les deux conditions suivantes sont équi- valentes + (i) feat strictement inférieur A tous ses conjugués propres, clest-Andire + yuvex?, Fuvef 4,510) 2 icra) (iv) vieF , vgeF, {| s [aeFlte)| + (wt) VOGh yee eich te ctc |. @) Soient F une factorisation de Lazard et H= 1(F) lunique ensemble de Hall associé, Le lemme 1,3, puis le lemme 1,12 avec la condition (Ha,) et une récurrence sur |g| prouvent respectivement les conditions (iv) et (v) « 8) est trivial que (iv) =(iv') et (v) s (vt). y) Prouvons maintenant (iv') +(v!). Soient donc f et g¢F avec f 2, adore dapets (Lay) , tous les f, sont dans (uj, ..., w.,,) et £ admet donc deux factorisa- tions de la forme (1.24): Ainsi 1 Réciproquement, soit f¢F 9 x"*!, alors dans l'écriture (1.24) ona: 46 8 Ze, sinon on aurait deux écritures différentes de £ sous la forme (1.20). Diaprés (La!) ona alors |p| =ntl , d'oi f=8 et fe % 4). Nous avons prouvé : fee se (1.25) Yet Diaprés (v') et (La!) , il vient: (2.26) ye, le Avec (1.25) et (1.26), on peut done écrire nt] (1.27) Fnx fay vy, (ordonné par Mordre induit), avec les conditions : (1.28) eee ev 0 1 nth oo eae head fee Le lecteur prouvera alors avec (Lal) et (1-28) que la suite ordonnée des éléments au deuxigme membre de (1.27) vérifie (Lal,,)- et (1.25), on vérifie aussi (Law Diaprés (Lal! sj) + Comme (Lai) et (Lay) sont trivialement vérifiges, on déduit implication 6) par récurrence. C.Q.F.D. y EXEMPLE 1.9 . La factorisation de Chen-Fox-Lyndon-SirSov de exemple 1.8 vérifie évidemment la condition (v') . C'est donc une factorisation de Lazard. Si nous avons maintenant des critéres commodes pour caractériser les fac- 4 torisations complétes qui sont des factorisations de Lazard, nous n'avons que deux moyens de construire les bases qui leurs sont associées : le parenthésage du § 2 ou les ensembles de Hall du § 3. Nous donnons trois autres crit8res nettement plus pratiques pour retrouver le parenthésage et les bases assuciées. PROPOSITION 1.9 . Soit F une factorisation de Lazard de X", de parenthésage Soit 1!: F M(X) Mapplication définie par récurrence sur les degrés : Alors Cette proposition découle immédiatement du lemme 1.12. PROPOSITION 1.10 . Soit F une factorisation de Lazard de X“, de parenthésa- ge 1. Pour f¢F\X, notons af) le facteur gauche de f de longueur maximum, distinct de { et appartenant 3 F. Alors a(f) est aussi le plus grand facteur_gau- che strict de { appartenant 3 F. De plus, en notant f= a(f) g(f), ona Alf) ¢ F . On peut ainsi définir une application :F M(x) par récurrence sur les degrés de la fagom suivante + aw qx =x pour tout x ¢X5 (meld), mp(f) Alors mea 48 a) Soit £¢ F\X et notons f= gx avec xX. Soit f¢F un facteur gau- che de £ telque | Fle)| <|f"| (resp. 1 Fle) Gr 83) avec 8,78, F qs > Sata eF Goce a On aici: x (5 (x, ¥))) sy) fy = TL, = (xs G6 ys yd Te, = g, = (fy fy) - Mais par contre : 14, = (af. 165) yd mf = (1h, (fy, yD - PROPOSITION 1.13 . Les familles {y.mi), f¢F} et fy 1), £€F} sont des bases de I'algdbre de Lie libre L(X) et sont appelées bases de Spitzer-Foata sur deux lettres. Le fait que {yoMf), £¢F} soitune base de L(x) résulte dulemme 1.15 et des propositions de ce chapitre. Par contre, démontrer le fait que 7! donne aussi naissance a des bases nécessite le chapitre III et donc les bissections du chapitre Il. En effet, le lecteur verra que TI! n'est pas autre chose que le paren- thésage "composé" de 1a factorisation (générale) J avec celui des factorisations 87 On utilise alors (voir I'étude du chapitre II) : (complétes) F, LEMME 1.16 . Pour tout x ¢@y {a}, lafamille (y,r{f), £¢Y,} est une famil- le basique de 1a sous-algébre de Lie bre L,, ensemble des combinaisons Linéai- res d'alternants dont le degréen y est égala r fois celuien x. Remarquons alors que le module L(X) est somme directe des modules gf? ages. L(y, ¥)) reQu{a} ® Enfin, le lecteur prouvera que les bases de Spitzer-Foata vérifient encore les propriétés de la proposition 1.12 Nous allons donner maintenant une construction générale des factorisations régulidres de X*. Pour ceci nous pouvone caractériser eimplement les ensembles F cX* qui sont des factorisations régulitres par : PROPOSITION 1.14 . Soit F une partie totalement ordonnée de X*. Alors F est une factorisation compléte régulitre de x ssi elle vérifie les trois conditions suivantes : @ EGF; (i) -yLEFX, gucF, aveF tels que ucv et f=w ; (ii) yueF, yveF, ucv = ueF etucuvev. D'aprés la proposition 1.11, ces conditions sont évidemment nécessaires. Réciproquement, soit F une partie totalement ordonnée de X* vérifiant (), (4) er (ii), Nous construisons la partie H de M(x) par récurrence sur les degrés. 58 Posons d'abord H, = X . Supposons ensuite définis Hy, tels que la restriction de # a Hyp soit une injection de Hi, dane FAX™ . Novs PHLCMO , ordonnons H, par Vordre correspondant de (H,) . Nous définissons alors Hay S Myy)(%) par 1a condition (Hay) : Hayy = CHEM O0, ACEH, ohh Hs xh) < oh) et tels que si oh) €X alors Ap(h) = Uh}. Diapris la condition (iii), Hag, est alors ensemble des éléments de dagré

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