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pYB) | Fitts uot EGYPTE GENGISKHAN = SORCIERES a LE VISIONNAIRE ASSASSINE e CRC Sa RSS Giordano Bruno fut 'un des plus grands précurseurs de la modernité en promouvant I'idée d'un monde infini, et méme d'une infinité de mondes. Sa vie tumultueuse de libre-penseur et de provocateur nous est narrée avec brio par le philosophe des sciences Jacques Arnould, TURE LL Ainsi naissent les révolutions LaFrance en 1770-1780. Déficit réformes impossbles, sentiment tinggi. Le levain de a crise fat gonfler le mécontentement. (quel engrenage a transformé en évolution ? maeDuoNo ozeMOWs Louis XVI face au gouffre. Mal juge parla postérité le dernier noi de Ancien Régime était pourtant prét aux réformes, PR JEAW CHRSTIANFETTRS 7 «Lasemaine of tout bascula. Du 17 a 2 juin 1789, sept jours ont suf creas A aboliIaséculaire soci corres, ENTRSTEN AVECEMMANUELDE VARESQUEL eye 22 Le tombeau de Gengis Khan Iy a prés de huit sicles, le grand souverain mongol était enseveli au cours de funrilles faatucusea... dont toute trace a été effacée. (Oirse trouve cette sépulture mythique et convoitée ? pARANOREW CURRY 4 Le sexe en Egypte es Bayptiens érafent-ils pudibonds Au coeur del religion, lawexualité Herpeiesiiecetes Cones pepe Dieters ‘Mappanft lrementquaucmargs dela vie rive ramascaL ves Chasse aux sorciéres en Ecosse ‘Au vt siécle, la peur de la sorcellerie s'empare de toute l'Europe, Des mallets de femmes sont alors condamnées au bicher. En Ecosse, cette répression atteint un paroxysme, PAR IAN GOODARE Es 6 ™ 10 cerensonnace Jane Dieulafoy Ele dit shabiler enorme pour owo' fie des fouls en Perse 14 veveneuen La guerre du Pacifique En 1884 a Bolvie,er confit avec Ie Chit per son unique aces la mex 1B us , Les drogues antiques Grecs et Romain utlsaentFopium at le cannabs sans aucune restriction. 84 ts cranoe otcouverr Ai-Khanoum En 196) une viable « patie Gréce» est découverte en pein Afghanistan, 88 sacs La Terre plate Le Moyen Age croyat-ien cette théore ? Une ide fausse. 92 venvers oe vmisto Le train en 3° classe 94 tesuivaes er ii nie HISTOIRE (Chee: papo7 Pars Coen Te 014888 46 00 eprenatietnan mgni: (SABE MARSA eee Souee hago eae ceene Hires cmbinne shan Eran cagiemm nee RCs Mate Ste ery maces errno ‘HELENE Yau —_— marae: SAIN LAUREN HOBIE OUD SAGES aa ee Bincchasu Rie gua ecitthtth Eien eae (phot dchonyrat hie 9 ogo rate FE 070253 204 Bor ad eet ee arn Emi ibemepetigope Siero NACRRCBOIEU TREE pa SSE TAGRESIMOMIAN lane prea, 01488 600, ren SOR nt AO Sete ean ped AW-MaRCBasTitRE L'EDITORIAL & Aprés coup, on trouve aisément des raisons a la survenue d'un cataclysme historique comme celui de la Révolution francaise, mais un ensemble de causes na jamais engendré un événement ! A un moment donné, une transformation se produit. Une coagulation. Un précipité, pour employer un terme chimique. Tout se met a l’unisson. ‘out, méme ce qui s'oppose, y contribue. Ainsi, on pergoit mieux aujourd'hui ce qui, dans les décennies précédant 1789, bouillonnait dans les tréfonds du royaume de France, La guerre de Sept Ans, par exemple, voit l’émergence dune « nation » qui se distingue et méme se défie du monarque. La querelle janséniste, aggravée par une condamnation politico-religieuse, s'est infectée tout au long du xvur" siécle, pour dégénérer en opposition politique. Les Lumiéres, quant 4 elles, créent un climat favorable 4 des changements importants. De son cété, la Révolution américaine, pourtant financée par Ja monarchie francaise, forme un périlleux exemple. Il y a aussi la réaction nobiliaire, mal supportée. opposition des parlementaires. Le réle croissant de l'opinion. Le boulet de la dette. Une atmosphere délétére, Des réformes impossibles... ‘Chacun y va de ses passions, de ses intéréts, de ses rancceurs, de ses ambitions. Or, Vhistoire se moque des intrigues et des calculs : Vengrenage s’enclenche, ct la machine infernale, ‘qui suit sa propre logique, va tout emporter, Mais jamais comme Jes hommes engagés dans Vaction l'avaient imaginé ! ACTUALITE Pompéi: des victimes bavardes Les archéologues ont fat parler les restes de deux hommes morts dans féruption du Vésuve de leurs habits la date exacte du cataclysme, ces corps ont livré des informations capitales. ‘ous deux sent sur le sol, petifigs, La t8te de Pun pen- chée en arriére, le visage dautretournevers lesollesbrasrepliésavecles, ‘mains sur letorse,cesdeux. hommes ont été surpris| par "eruption du Vesuve, gui détruisit Pompei en ‘oar |-C.Leurs squelettes ont été récemment mis au jour par des archéologues italiens qui fouillaent la vil- lade Civita Giuliana, située 2700 mau nord-ouest de lacita Is ont faitcouler du plitre dans les cavités nis sées par la decomposition des chairs dans les cendres ‘durcies, selon la technique inventée en 1867 par Giu- seppe Fiorelli, et ont ainsi reconstituéles corps gisant surle sol. Letfet est saisis- sant les dewxhommes étant figés dans leur agonie. Tous deux se trouvaient dans. couloir de 2,20 m de large, loss quills tentaient sans doute de fui, Selon Mas- simo Osanna, le directeur général du Pate archéolo- ssique de Pompéi, ils vou- Ihient peut-étre seréfugier dans un espace souterrain, appelécryptoportique, pour yy étre mieux protégé, Le plus jeune, age de 18 ag ans, mesurait 56 met portait une uniquecourte Ses os conservent les stig- mates d'un travail dur et éprouvant,laissant penser ‘quill s‘agissait sans doute «unesclave,Liutreomme, peut-étre le proprigtaice dle cet esclave, agé de 30 3 ‘40 ans, mesurait 1,62 met était revétu d'un manteas delaine. Indices vestimentaires (Ceestlapremitre fois depuis 150 ans, et grice ade now velles techniques, qu'ilest possible d’identifier les ‘vétements portés par des vietimes au moment dela catastrophe. En outre la présence de cemanteaudelaine semble confirmer que Péruption bien eu lieu en octobre, et non en aoat, comme on Fa longtemps era, Les, fouilles entreprises par ‘Massimo Osanna ees der~ nieres années avaient deja modifiéladate officielleen cours usqualors -un graf fititrouve dans une maison en renovation au moment dela destruction delaville mentionne en effet: Le seiziéme jour avant les calendes de novembre, il stestlivré la nourriture avecexcés,» Soitladateda poctobre.m Le tombeau de Nicolas Rolin Ou était enseveli le puissant chancelier des ducs de Bourgogne, mort en 1462? Prés de son ancienne demeure d’Autun, des fouilles ont enfin éclairci le mystére. asépulturedeNico-_NéA Beaune vers 1376, Jas Rolin, le fonda _juristedeformation,Nico- teurdeshospicesde asRolinteavilaau service Le teauns.aetéretiou- de Jean sans Peur puis de vée pres della cathédvale sonfilsPilippele Bon, due <@Autun,enSidne-et-Loire, de Bourgogne, dont ifutle danslesous-sold'une lise chanceler pendant présde qui fut détruite durant la 4oans.Alépoque leduché Révolution. Les archéolo- de Bourgogne était quasi- sguesquifouillaientdansle ment aussi puissant quele cadre de Pagrandissement royaume de France. lmpor- dtu musée Rolin — V'an- tantméedne, Nicolas Rolin cienne maison de Nicolas fit construire, avec son fils Rolin ~ y ont découvert _Jean,lachapelle ducouvent plisieuscaveauxfunércites des Célestins d’Avignon. démontésent793.Poureux, Aversa troisiéme épouse, ilyapeudedoute:cestbien Guigone de Salins is fon~ latombedumécénequis'y dérentenia4sleshospices trouve Eneffet,lemplace- deBeaune,sn «palais hos- mentdessépulturesdansle pitalierdestinéaupauvres coeur de 'ancienne elise est conforme aun plan du awursigcle,quiloclisaitle Lacte métat pas comple tombesu de Nicolas Rolin. tement dsintéressé,sion Et un éperon de cavalier, en jage par ce qu’écrivit signe dstinetifdesonrang._alorsle hancelier:« Dans ‘quiaétéretrouvé parmiles 'ntérét demon salut des fossements,leconfirme. reuxd'échangercontredes biens célestes, les biens a POUVOIRETPIETE temporels[..],jefonde et Lechancehera command dotenrevocablementenla_ pele n\n yc ville de Beaune un hépital tout Ie jour une larme le long, nd Baptisé « opium » yn etsonpere! cin Galien, ourraient, quandméme Crest le dieu de la Médecine, queseuls ies iewenconnaisaient Asclépios, qui révélaauxmortels —_[Siyeee's Nsaulace quadtnies lesdivins secrets du pavot fle greoque les revit aux morte autres attribuaient la découverte res DeubUSOANEL TETOURWCTONGSAMINGNDE UserURDAquURE de cette drogue A Hermes, le dieu des Voyages et du Commerce, ou ‘encore Alexandre le Grand lors de ses conquétes en Asie, qui en aurait introduit la consommation dans la région méditerranéenne. De dangerewx narcotiques Desauteurs comme Hérodote, Hippo cate et Théophraste s‘interessérent auxdifférentesapplications éupavot, notamment dans le domainemédical. DesmédecinscommeDioscorideott Heraclidede'Tarenteen soulignérent les vertus calmantes et somniferes, ccorroborées par Phitarque, qui décrit opium et lamandragore comme les médicaments narcotiques les plus ccouramment utilisés pour provo- ‘quer lesommeil,Parfoisreprésentée avecuncoguelicot lamin ladéesse Junon elle-mémey aurait eurecours pour défendre Rome en droguant le ‘généralcarthaginois Hannibal afin de leteni loigné dela capitale romaine. Ceestdumoinscequeracontela Guere puniquedu potteSiliusltalicus:« Elle appelle aussitat le Somme, [qui ‘emporte dans une come recourbée lespavots quilla préparés.Il descend dansle silence de la nuit, serend ala tentedu jeune Barcéen et [.]versele repos sur ses yeux. » ‘Les varigtésorientales de ces dro- ‘ques restérent les plus demandées pat les Grees et les Romains, qui les acclimatérent néanmoins sous leurs latitudes. On raconteainsique Tibére seretim surlilede Capripour pouvoir yeonsommer 'excellent opiumlocal, planté des siécles auparavant par les premiers colons grecs. Pour éviter la ‘consommation de drogues altérées, des auteurs comme Dioscoride ou Plineexpliquent queT'opium dequa~ lité est malléable et dégage un puis~ sant aréme a T@tat pur ilse dissout facilement dans Yeauet fond sousles rayons du soleil pros Pline assurat que «le pavot [avait toujours été] en honneur chez les Romains»,commeentémoignent les préparations concoctéespu lesméde~ cins pour les empereurs des ret af sicles apr. JC, Le médecin @An- guste aurait ainsi composé unreméde portant son nom, l'antidotede Phi- Ton » ou philonium, avec du poivre blanc, dumiel et de ’opium Andro- ‘mague !Ancien, médecin de Néron, auraitinventé a thériaque,une com- positioncalmantecontenantun tiers opium. Meme siellesétaientconsi dérées comme desmédicaments, ces préparations semblent avoir induit lune dépendance chez les patients, ovarsezconaiez LE TOMBEAU DE GENGIS KHAN OMT oes RD ee a este ee ees e)) eee Mae ren Mea el cure ean sas Cac RC Uh cme aC Che AEC a1 Pee eee eeene etek enna ete Prentice Penal iYonen croitlalégende, ces funérailles seraient les plus spectaculaires jamais célébrées dans les steppes de Mongolie balayées par les vents. Apres la mort, en 1227, du grand chef et conquérant mongol Gengis Khan, des milliers de guerriers et d’esclaves parcourent des centaines de kilométres avant d’arriver au lieu secret de la sépulture. Chevauxetchamesuxcsontchargésde tésors pillés ansdes vilesde toute Asie centele: fctincsdlglisesorthodoxesusses;monnaies dor provenant de Samarkand, leplusimpor- tant carzefour commercial de laroute dela soe sarmeset bijoux remportésaprés avoir taiomphé des puissantesarméeschincises. “Malheureusement,aucun des specateurs dececortége spectacuiaie ne survitpouren parler Les héitiers du souverain mongol se donnent beaucoup de mal pour que lem- placement de sa tombe, sans doute située quelque part dans les steppes de Mongo lie reste secret. Selon les vécitslegendaires, la garde d'honneur qui a aecompagné la dépouillejusgu’asademizredemeure ordre de tuer tous les temoins présents lors dela procession funéraire. A leur tour, les gardes sont assassinés afin deviter qu'ils parent. Disutresrécits suggérent que les efforts déployéspour dissimulerladépoulledeGen- gis Khan sont encore ps impressionnants: deschroniqueurstelatent quedesmiliersde chevauxpiétinentlaterre autour delatombe afin’ efficertouteslesteaces,ougue desmil- liers arbres sont plantés sur et autous de latombe. La rumeur veut également que la Seer] SOUS LE — Uneassembise REL eR Bly le paw rad ete ee tes sépulture soit cache sous les eauxdu fleuve Onon, dont elit aauratétédétourné cet effet La lgende perdure sinsi 800 ans. “Aucoursdusigclequis'écoule apréslamortaucombatdeGen- sis Khan — survenue probable- ‘ment alors quil est ag de pris de7oans-—,sesfilset sspetits- fils agrandissent sans discontinuer Empire qu'lacrééet enlaxgissentles fron tibres, des cdtes du Pacifique jusqu’au coeur de Europe, Un empire qui fini par sef- onder sans laisser derrigre lui la moindre ‘ace pérenne de vile. La tombe introuvable duchefdevient une égende,tantal'intérieur quialestérieur des rontigres del Mongolie: dlapres la tradition mongole, si le repos du ‘wand souverain devait tre trouble, ceserait Isfindumonde, Le mystére perdure jusque vers la fin du 20° siécle, Pendantla guerre frode,jlestinter- ditdeffectuer des fouilles danslenord-est de laMongolie~ proche de arégionfrontalire, tendue, entre la Chine et a Russie ~ pour des raisons militares. Au cours des décen- nies écoulées depuis la chute de l'Union PEE Pat ee ae Yee Cette minature unmanuscrit persan duxivsele ‘montelestroupes e GengisKhan combatant cells uroyaume des in leurennem:leplus acharné en Chine. ‘Mon AACS NAD CLE GENES SEARED TEM sovitique la fierténationale mongole gran- dissante a fait de la recherche du tombeau dda grand heros national une pratique qua siment interdite, équivalant & profaner son reposétemel et sacré.Pourtant, 'attvalt qu'il cexerce surlesexplorateursetlesarchéologues vabienau-deli desrichessesqu'ilest suppose contenin. Vempereur mongolest eneffet un dls plus grands conquérantsde ! Histoire, a siecle, les armées dirigées parles petits- fils de Gengis Khan gouvernent tout leterri- toirecomprisentrelacétedelocéan Pacifique ct la Hongrie actuelle: s'agt alors du plus srandl empire que le monde ait conn, ‘homme quiest la genése de cet empire est réputé pour sa brutalité et sa cruau- 16, Entre 1206 et la mort de Gengis Khan en 1227, les Mongols sous ses ordres sil- Jonnent les steppes de Chine et d’Eurasie, et frappent "Europe et le monde musulman avec des conséquences désastreuses. Mon- ‘és sur derapides et robustes petits chevanse des steppes, les Mongols se déplacent plus vite que leurs adversaires. Les habitants des villes dAsie centrale telles que Samarkand et Boukhara, importantes enclaves com- rmerciales et lieux d'accueil des voyageurs dela route de la soe, sont tués brutalement et massivement. Les Mongols soumettaient parfois leurs ennemis la pratique dite de oot een rn Trea res Seer eee «mesurealessiew» toutjeunehommedont —_¥ pri lataille dépassait celle de lessicu de la roue dun chariot était décapité, Depuis quelques années, certains his: Cecasqueen fer stencutr provient de Monge toriens ont adopté un point de vue révi- Su du Tbe. sionniste apropos de Gengis Khanet de mirwvse ‘son empire, Ils en louent par exemple la ‘Metropolitan tolérance religieuse, car chrétiens, juits, ME New ork bouddhistes et musulmans pouvaient pra- tiquer leur religion respective, sous réserve de rester loyaux a leurs seigneurs mongols, etles chefs religieux étaient dispensés du paiement d'un tribut. Sous Ie régne de Gengis Khan, les Mongols choisissent la diplomatie, en alternative aux conquétes militaires,et introduisent surleursterti toiresunalphabet faciitant matotatd Perec erate Bere nen ay SURLE MONT | (a DU KHAN ero eee een rere cee ee ee eee Ce ce ci ene ee eee aay Perera atte ae eee Ce eae eeu! Cee a aan! ere eerie re rere ee noes Ce eae eet ere re Ce eed Se ee! Poe eee er lacommunication sur delongues distances, ainsi qu'une monnaie,deuxélémentsinno- vants dans|a région, ‘Malgeé son importance historique et hor- aislesmesuresextrémes adoptées pour s' surer du silence de ceux qui ont enseveli, ilexiste des raisons solides pour que leliew durepos éterel de Gengis Khana’ sit jamais puétreretrouvé. A 'époque, la société mon: gole était nomad ilexistat peu de citésnide lieux sédentarisés, et les tambes comme les enterrementsn’étaient pasdes patiques cou: antes. Lorsqu’un guerrier mongol mourait ‘on attachait son cadavre sur son cheval qui Gtait che et galopait dansla steppe afin que les chatognards se repaissent de la dépouille. Kravitz, Fexcentriquearchéologue Lengouement modeme pourlarecherche de la tombe en Mongolie commence au début des années 1990, avec une expéditionjapo- aise suspend en raison d'une frterésis tance de la population locale. Cependant, ‘un personage haut en couleur va faire de la recherche deladeriare demeute de Tempe- eur mongol un événement de portée mon- diale. Surnommé ¢ "Indiana de V'linois » — en référence a Indiana Jones, V'archéo- logue héros de lacélabre saga cinématogra~ phigue—, Maury Kravitzest un commercant enmatierespremigresde Chicago dotéd'une solide inclination pourleFaux-filet,lavodka slacée eta publicit, Avant inplusieursbio sraphies de Gengis Khan cet historienama- teur est convaineu de savoir od se trouve la tombe et commence en 1996 a réunirle nillion de dollars nécessaire pour financer plusieurs expéditionsen Mongolie, dans les ‘monts Khentii Le Chicago Tribune intitule son équipée: « Indiana Kravitzalarecherche du khan perdu» La quéte de Kravitz, qui prend un soin extréme d ne pas dévoiler la source de son intuition, se concentre dans une région proche du mont Burkhan Khaldun : Ik Korig{ou « Grand Tabou »).D'apréslatrad: tion mongole, lamontagne et axégion alen- tour étaient taboues, carles nobles mongols y étaient inhumés depuis des siecles dans lune vallée isolée,et nombreux sont cenx.qui en at pensent que Gengis Khan y est également centerré, Pour contourner le nationalisme mongol, les autorités soviétiques ont décré- técetterégion «zone d'accéslimité ». Kravite Gait convaincu que deus fleuvesproches du Burkhan Khaldunleméneraient il'emplace- ‘ment dela tombe. Sil'on en croit un réeit du 2 siele Jejeune Gengis Khan, quivenait de gagner une grande batailledans es environs, auraitsignifié a ses compagnons sa volonté d'étre ensevelila La recherche du millionnaire excentrique prend fin en 2002 aprés une sérfe dobstacles (morsures de serpents, accidents de véhicules... Lexpédition est également pertur- bie par Ie nationalisme croissant en ‘Mongolie,ofi Gengis Khan est vénéré ‘commele plus grand personnagedela nation Larecherche suscite une forte es a Paar 1} aot pay ren eed ae sspresque Lacartecidessous permet de stuer FesmontsBurkhan al, fun dex leuxprobables otetrouveratle tombeaude Gengis Khan.en Mongol hhostlit,fondée sur une croyance religieuse ‘raditionnellequi veut que les liewx de repos desmorts cient laissés en paix, ete Premicr ‘ministre annule le permis accordé & Kravita ‘aubeau milieu dela campagne de fouilles, La Mongolie passée au peigne fin Mais arecherchedelatombenes'achévepas avec Kravitz, Parmi les tentatives de loali- sation la plus célbbre est celle dela National Geographic Society, menée en collaboration avec Albert Lin, un ingénieurcalfornien de San Diego, Comme Kravitzet bien autres, LinétaitfascinéaVidéede découveirla tombe ddu Grand Khan, Mais lorsqu'l se rend dans Je pays, i se heurte Ini aussi a fopposition des Mongols, qui refusent que des archéo- Jogueset des aventuriersétrangers viennent ‘roublerleursiewxsacrés. Lin collabore alors avec des chercheursocausce utilis les outils rmumériquespourdécouvrirlasépulture,évi- tant ainsi pics et pelle. Son projet, qui dure trois ans, associe analyse de photos prises par satellite et les systemes de localisation slobale des sondes par géoradaret des cap- teursmesurant lesinfimes changementsdes propriétés magnétiques du sol Lin sesertaussidu pouvoir delalégende de Gengis Khan ~ et de celui d'internet — pour réunir plus de 10 000 collaborateurs. Une partie de son projet, la « Vallée des Khans », {mplique lacollecte en ligne images satel- Iitairesupanorama mongol. Les volontaires étudient es photographies d'une région de 6.000 kilometres carzésetrelévent 2,3 mil- lions de configurations particuliéres ou de structures, que ’équipe de Lin analyse en détail. Publié dans la revue PLOS One en 2014, le résultatconfirme la découverte de 55 gisements archéologiques non excavés, dont peut-re le fameux tombeau. Entre-temps, les archéologuesont décou- vert d'autres gisements importants liés au fondateur de VEmpire mongol. En 2012, des chercheursjaponaisdécouvrent lesruinesde cequils estiment étreles vestiges dupalais ddeGengis Khan cesuines sont datéeserce Ade la céramique en usage a’époque de son régne, Au cours de la dernigre décennie, des chercheurs de PInstitut archéologique a aSlagnag tA ats 5519 Vea city cth Sn Sat)! hr anc Aap iacaGaoly arcane ar alan UNE AUTRE HYPOTHESE Soa eee en nt allemand ont découvert et foullé Karakorum, ue (que Yon sait étrela «vile de Gengis Khan », Daprés desinscriptions dw at siécleretrow: vvées sur le sit, la ville aurait été fondée en 2220, lorsque Vempereur y installa pour la premiere fos satente ‘Si elle est identifige, la tombe de Gengis Khan ne pourra gu’apporter de plus amples connaissances sur le plus grand conquérant deV/histoire. Un personnage dont "image est extrémement politique, comme I'aprouvé la récente polémique franco-chinoise quia ‘vu Yannulation d'une exposition au musée d Histoire de Nantes voir Histoire CWilsa- tionsn'68 ethistoire-et-civlisations.com), Les Mongols en| véterent de dei selamententacbte Gu cercuelld eur chel Miniature unmanusent persanBblthéque rationale de Freee Pare Pour | em en | SVE taise Bese abo plus (Aninées 1770-1780, une France em Déficit, réformes impossibles, scandales, rancceur patrioti sentiment diinégalité.., La France d’avant la Révolution est une société oti le levain dela crise fait gonfler le mécontentement. Pourtant, la situation n'est pas inédite. Quel engrenagea donc pu transformer la colére populaire ‘ensecousse capable d'emporter des institutions séculaires ? EDMOND DZIEMBOWSK\ wr de leurs, le peuple de Paris ‘ccupation sure pont Neuf Neus somenes e177, ansavent que leffervescence ies rues de la capitaledevienne nsurrction Par Nicolas Raguene!. Musée Camavelet, ans. Creed » Pere eeanecry PU rs ieee eee Serr Pee cel aes ood Z eager 5 mai 1789 se tient a Versailles la séance d’ouverture des Etats généraux, qui offre deux visages contrastés. Le pre- mier, AD image dela stricte dispositionimposée aux trois, ordres du royaume dans a salle des Menus-Plaisirs, | est celuid’ume sociétéaux fondementsintangibles. Le second est plus préoccupant pour ’homme —leroilui-méme — qui est &Vorigine de cette réunion, la premire depuis 1614. Cetterenaissance desttats générauxsonne en effet comme l'aveu d'un échee, celui du projet concu par Richelieu, séalisé par Louis XIV, et préservé plutét mal que bien par Louis XV puisLouisXVIBienavant 1789, de sériewx dysfonctionnementssonteneffet apparus dans les rouages dela machine poli- tique. Das lerégne de Louis XV, sourdement mais résolument, le processus révolution- naire siest mis en route, Le20 anit 1786, lecontréleurgénéral des Finances, Charles Alexandre de Calonne, présente & Louis XVI un plan de réforme ambitiewx, instaurant une subvention ter- ritorlale qui sera payée par tousles Francals, Ty a urgence. C'est aprés avoir découvert aque le déficit avait atteint 100 millions de livres que le ministre s'est résolu A mettre find cequ'ilregarde commedes eabus» les privilages dela noblesse et du clergé. Leprojetde Calonne posséde une paren- 48 évidente avec la réforme de l'un de ses prédécesseurs, Machault ’Arnowville.Créé en3749,]e« vingtiéme » ~ unimpét direct ainsinommé car il correspondaita/20 des revenus — devait peser sur touslessujetsde Louis XV. La mise en place de laéforme se hheurta néanmoins ala farouche résistance ce dem ert LA CRISE be urs AUN on ae rs ce dupremier ordredu royaume.Estimant que Ta mesure allait a 'encontee de ses sacro- saintes « immunités », le clergé adressa de vvigoureuses remontrances, Ebranlé par ces protestations, Louis XV lécha du lest: les ecclésiastiques furent exemnptés. Une large partie de la noblesse bénéficia par la suite duméme traitement. En dévoilant la faiblesse de celui qui, en theorie restait un monarqueabsolu, larecu- lade royale sestrévéléefatale.Dex7sa,datea laquellele clergééchappe a impst,jusqu’a projet de Calonne de 2786, aucune réforme enverguren’apu tre lancéesans susciter presque aussitdt une tempéte de protesta~ tions, forcant la plupart du tempsle pouvoir Arenoncer son projet. Dans ce jeu de stop- aand-goréformateur, action des Parlements de France s'est montrée déterminante, Crest audébutdesannées1750, alafaveur de la crise janséniste, que 'affirme l'oppo- sition des cours de justice au « despotisme ‘inistériel ». Magistrats propriétaires de leurs charges, les parlementaires peuvent df= ficilement passer pour des représentants da peuple.Or, investis d'un pouvoir deconseil, Ilsoccupent le vide institutionnellaissé pat Ta non-convocation de unique instance = Necker Tones Pee eee! reer carey im ae oo ee ee i SEPT ANS D'UNE GUERRE RUINEUSE remier conflit mondial de IHistoire, la guerre de Sept Ans (1756-1763) a pour erigine la rivalité colonial ranco- britannique en Amérique du Nord, Das 1755, leconft fat rage outre-Atlantique, avant dese propager année suivante Europe, puis ‘aumonde enter. Entamée avec succes par lee troupes francases. la guereetourne ensuite au désastre, Surterrecomme sur mer les défaites Ssuceddent aux défaites. Le traté de Paris de {éveier 1763 sanctionne la formidable montes enforce de la Grande-Bretagne, premiere puis sance maritime etcolonale,quis‘empare de a totalité du Canadaet de larges parties de Inde, LaFrance vit ainsi une humiliation sans précé- dnt depuis le traumatisme de Pavie en 1525, yore depuis les heures sombres dela guerre de Cent Ans. « Nous ne sommes plus une nation propre ala guerre», nate un témoin, Ce sen: tment d’humiliation se double d'une colere, tantét sourde, tantét ouverte, envers ceux qui sont vs commeles responsables de etfondre ‘ment. En premiéreligne, Louis XV, dépeint dans les chansons et ls poemes comme un «grand incestueux », un « ivcogne adultere », Cette mise 8 nu du monarque se double dune vague 4e pariotisme émanant de Francals désireux de servic Etat. Le vocabulaire que Fon ert tre né pendant la Révolution est da dun usage cou ‘ant vers 1760: «citayen », «patricte,«patio- tismey,« nation, «national» reviennent avec insistance sousla plume des contemporain, Le ministre deLou's XV, le ducde Choiseul, semble avoircompris cet esprit nouveau. in 176} lance lune souscription destinée & elever la marine, ‘Avecadresseicissimule forigine de initiative enlaissant croire qu'elle est venue spontané: ‘ment du pays, LaFrance citoyenne eépond avec enthousiasme. Symbcle entre les symboles un des vaisseaux nés des souscriptions s/appelle leCitoyen Sous le coup des défaites, la culture politique connu une mutation pofonde, Désor ‘ais, le roirégnera de moins en moins Sur des sujet. Iu faudra apprendre vivre avee des Citoyens qui ont hate de prendre part Blachose publique ADATAILLEDE. ROGERSROCK Cetatfrontement Guialiaule Bars 1758, enpleine guerre de Sept Ans ‘oppose des Francais allés des ‘Amsrindens aun groupe de rangers biitanngues, Par Jean Léon Géréme Ferris Find sie LES JANSENISTES CHERCHENT QUERELLE Se ee PA Sump enyern he? gs Saint-Mar futurs foyer eee ree eae core atc ec consultativeaT'échelledu royaume:les Etats public.Etc‘est la conguéte de cette opinion que se lancent les magistrats, Avec succds, ‘commeen témoigne atempéte pamphlétaire ncemuette depuis 1614. Ft cette France consécutive ila x révolution Maupeou » généraux. Par les re " ‘conesionnaies F Sppars Parse parlede pus en plus haut et fort. Vers 1760 ied desgusrsons r MaupeoucontrelesParlements cso tombe dy jnsiste nontrances des parle- lemouvement des ntaires se ferait entende la voix du apparait dans les remontrances une expres- sion appelée aun belavenir:«lanation ». Nous sommes (Ces remontrances parle sn janvier 1771. L jentaires n'ont entre I'autorité royale et les mag strats est paspour seul objet demettre sousles yeux asonparoxysme Beaucoup.danslescercles efégise Saint durroila voix nationale. La tradition vou- du pouvoir, suspectent les parlementaires _MédardIIdevien Jant qutllesafentesouverain pour seulet_demawaisesintentions.Ainsi,leministre WésvRe populate unique destinataire es strats veulent Bertin, quiassure quelesm: A a Dans leur bras de fer contre ce qu'ils non comme lemontre détruire le systeme m ment le « despot stériel» les par- le faire passer en aristocratie ». Mett res s'adressent directement aux fin A deux décennies 'atermoiements, la celier Maupeou est terri ent musclée arrestation et exil des lem Francais.Impriméesclandestinementet cir- réponse duc culantdansleroyaume,lesremontrancesse ble olitiquesqui ps exposent les prétentions des magistrats 4 conseils supérieurs exclusivement cl borner lautorité royale. Principal théori- de rendre la justice, limitation d cien de Vop sont transformées en traités entaires parisiens, création de six roit de ontrances, abolition dela vénalité des ition des « robes rouges Vavocat Le Paige a compris que le combat offices et de leur transmission héréditaire. desrobins —lesmembresdelanoblessede _ Cen’estpas une réforme, maisune évolu- robe ~ aurait pour cadre principal Yespace tion, En s‘attaquant aVhérédité des charges Ss LES LUMIERES, UNE ILLUSION D'OPTIQUE {sl dbranlement de a Révolution les contemporaine se sont intar- rogés sur ses liens avec évoluionitellectuelle du siéle quia récédée. La Révolution fille es Lumiéres ? En apparence, ‘ul. Lonuvee de [Assemblée constituante semble souvent fare ct aur das poses mie en eer dela onl Aeneas sénérale (Rousseau), limitation dupouoirexécutl (Montesquieu) ey tolérance,refonte del Egise (Voltaire), ibéralsaion du commerce et Uietph a Sppresion des corporations les éonomists): lites onve. Phiospt cd Uetaben dot nano re usnee. a demiere generation (nie sna des Luis comme te mores x serps de Laue para inten a SGoctan Marc ou de Contos cae eave Tevaieowsruds Fulton Ala andre Meret ancien cole yehinie Torte delenoonédeesolatcechec dans Tale conte vim fname). ov core and ya ul cges ple fon de Hote ds deur nts best seer ets tancat en nal Papel vedi die toaa ea nea Jechat Socwrvaafer pices Lunes Vivant dans un Ancien Réyime qui, faded alot ttle po cae épouséla cause dela Révolutionlnfenvapourtant . villa et pace pas de mémedes survivants de époquehéroique. ¥ ‘ ane Plsicurs figures dela philosophie connues out pera pei fois pourleurradicalté ont vivement dénoncé la 2 ere % Jement le mettre a bas. Du reste, ls ne pouvaient imaginer les contours de1789, phénoméne sans précédent dans Histoire lls en furent pas ‘moins, etau prix degrossiersana- chronismes, présentés comme les figures tutélaires des temps nouveaux, Lapanthéonisation de Voltaire en 1791 vit ain! Iérivain, ui aurait pourtantpoussé deshauts crisdeventlceuvredes constituats,

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