pYB) | Fitts uot
EGYPTE GENGISKHAN = SORCIERESa LE VISIONNAIRE ASSASSINE
e
CRC Sa RSS
Giordano Bruno fut 'un des plus grands précurseurs de la modernité
en promouvant I'idée d'un monde infini, et méme d'une infinité de mondes.
Sa vie tumultueuse de libre-penseur et de provocateur
nous est narrée avec brio par le philosophe des sciences Jacques Arnould,
TURE LLAinsi naissent les révolutions
LaFrance en 1770-1780. Déficit réformes impossbles, sentiment
tinggi. Le levain de a crise fat gonfler le mécontentement.
(quel engrenage a transformé en évolution ? maeDuoNo ozeMOWs
Louis XVI face au gouffre. Mal juge parla postérité le dernier noi de
Ancien Régime était pourtant prét aux réformes, PR JEAW CHRSTIANFETTRS
7 «Lasemaine of tout bascula. Du 17 a 2 juin 1789, sept jours ont suf
creas
A aboliIaséculaire soci corres, ENTRSTEN AVECEMMANUELDE VARESQUEL
eye
22 Le tombeau de Gengis Khan
Iy a prés de huit sicles, le grand souverain mongol était enseveli
au cours de funrilles faatucusea... dont toute trace a été effacée.
(Oirse trouve cette sépulture mythique et convoitée ? pARANOREW CURRY
4 Le sexe en Egypte
es Bayptiens érafent-ils pudibonds Au coeur del religion, lawexualité
Herpeiesiiecetes Cones pepe Dieters
‘Mappanft lrementquaucmargs dela vie rive ramascaL ves
Chasse aux sorciéres en Ecosse
‘Au vt siécle, la peur de la sorcellerie s'empare de toute l'Europe,
Des mallets de femmes sont alors condamnées au bicher. En Ecosse,
cette répression atteint un paroxysme, PAR IAN GOODARE
Es
6 ™
10 cerensonnace
Jane Dieulafoy
Ele dit shabiler enorme pour
owo' fie des fouls en Perse
14 veveneuen
La guerre du Pacifique
En 1884 a Bolvie,er confit avec Ie
Chit per son unique aces la mex
1B us ,
Les drogues antiques
Grecs et Romain utlsaentFopium
at le cannabs sans aucune restriction.
84 ts cranoe otcouverr
Ai-Khanoum
En 196) une viable « patie Gréce»
est découverte en pein Afghanistan,
88 sacs
La Terre plate
Le Moyen Age croyat-ien cette
théore ? Une ide fausse.
92 venvers oe vmisto
Le train en 3° classe
94 tesuivaes erii nie
HISTOIRE
(Chee: papo7 Pars Coen Te 014888 46 00
eprenatietnan mgni: (SABE MARSA
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AO Sete ean pedAW-MaRCBasTitRE
L'EDITORIAL &
Aprés coup, on trouve aisément
des raisons a la survenue d'un cataclysme historique comme
celui de la Révolution francaise, mais un ensemble de causes
na jamais engendré un événement ! A un moment donné,
une transformation se produit. Une coagulation. Un précipité,
pour employer un terme chimique. Tout se met a l’unisson.
‘out, méme ce qui s'oppose, y contribue.
Ainsi, on pergoit mieux aujourd'hui ce qui, dans les décennies
précédant 1789, bouillonnait dans les tréfonds du royaume de
France, La guerre de Sept Ans, par exemple, voit l’émergence
dune « nation » qui se distingue et méme se défie du monarque.
La querelle janséniste, aggravée par une condamnation
politico-religieuse, s'est infectée tout au long du xvur" siécle, pour
dégénérer en opposition politique. Les Lumiéres, quant 4 elles,
créent un climat favorable 4 des changements importants.
De son cété, la Révolution américaine, pourtant financée par
Ja monarchie francaise, forme un périlleux exemple. Il y a aussi
la réaction nobiliaire, mal supportée. opposition des
parlementaires. Le réle croissant de l'opinion. Le boulet de la
dette. Une atmosphere délétére, Des réformes impossibles...
‘Chacun y va de ses passions, de ses intéréts, de ses rancceurs,
de ses ambitions. Or, Vhistoire se moque des intrigues et
des calculs : Vengrenage s’enclenche, ct la machine infernale,
‘qui suit sa propre logique, va tout emporter, Mais jamais comme
Jes hommes engagés dans Vaction l'avaient imaginé !ACTUALITE
Pompéi: des victimes bavardes
Les archéologues ont fat parler les restes de deux hommes morts dans féruption du Vésuve
de leurs habits la date exacte du cataclysme, ces corps ont livré des informations capitales.
‘ous deux sent sur
le sol, petifigs, La
t8te de Pun pen-
chée en arriére, le
visage dautretournevers
lesollesbrasrepliésavecles,
‘mains sur letorse,cesdeux.
hommes ont été surpris|
par "eruption du Vesuve,
gui détruisit Pompei en
‘oar |-C.Leurs squelettes
ont été récemment mis au
jour par des archéologues
italiens qui fouillaent la vil-
lade Civita Giuliana, située
2700 mau nord-ouest de
lacita Is ont faitcouler du
plitre dans les cavités nis
sées par la decomposition
des chairs dans les cendres
‘durcies, selon la technique
inventée en 1867 par Giu-
seppe Fiorelli, et ont ainsi
reconstituéles corps gisant
surle sol. Letfet est saisis-
sant les dewxhommes étant
figés dans leur agonie. Tous
deux se trouvaient dans.
couloir de 2,20 m de large,
loss quills tentaient sans
doute de fui, Selon Mas-
simo Osanna, le directeur
général du Pate archéolo-
ssique de Pompéi, ils vou-
Ihient peut-étre seréfugier
dans un espace souterrain,
appelécryptoportique, pour
yy étre mieux protégé,
Le plus jeune, age de 18
ag ans, mesurait 56 met
portait une uniquecourte
Ses os conservent les stig-
mates d'un travail dur et
éprouvant,laissant penser
‘quill s‘agissait sans doute
«unesclave,Liutreomme,
peut-étre le proprigtaice
dle cet esclave, agé de 30 3
‘40 ans, mesurait 1,62 met
était revétu d'un manteas
delaine.
Indices vestimentaires
(Ceestlapremitre fois depuis
150 ans, et grice ade now
velles techniques, qu'ilest
possible d’identifier les
‘vétements portés par des
vietimes au moment dela
catastrophe.
En outre la présence de
cemanteaudelaine semble
confirmer que Péruption
bien eu lieu en octobre,
et non en aoat, comme
on Fa longtemps era, Les,
fouilles entreprises par
‘Massimo Osanna ees der~
nieres années avaient deja
modifiéladate officielleen
cours usqualors -un graf
fititrouve dans une maison
en renovation au moment
dela destruction delaville
mentionne en effet: Le
seiziéme jour avant les
calendes de novembre, il
stestlivré la nourriture
avecexcés,» Soitladateda
poctobre.mLe tombeau de Nicolas Rolin
Ou était enseveli le puissant chancelier des ducs de Bourgogne, mort en 1462?
Prés de son ancienne demeure d’Autun, des fouilles ont enfin éclairci le mystére.
asépulturedeNico-_NéA Beaune vers 1376,
Jas Rolin, le fonda _juristedeformation,Nico-
teurdeshospicesde asRolinteavilaau service
Le teauns.aetéretiou- de Jean sans Peur puis de
vée pres della cathédvale sonfilsPilippele Bon, due
<@Autun,enSidne-et-Loire, de Bourgogne, dont ifutle
danslesous-sold'une lise chanceler pendant présde
qui fut détruite durant la 4oans.Alépoque leduché
Révolution. Les archéolo- de Bourgogne était quasi-
sguesquifouillaientdansle ment aussi puissant quele
cadre de Pagrandissement royaume de France. lmpor-
dtu musée Rolin — V'an- tantméedne, Nicolas Rolin
cienne maison de Nicolas fit construire, avec son fils
Rolin ~ y ont découvert _Jean,lachapelle ducouvent
plisieuscaveauxfunércites des Célestins d’Avignon.
démontésent793.Poureux, Aversa troisiéme épouse,
ilyapeudedoute:cestbien Guigone de Salins is fon~
latombedumécénequis'y dérentenia4sleshospices
trouve Eneffet,lemplace- deBeaune,sn «palais hos-
mentdessépulturesdansle pitalierdestinéaupauvres
coeur de 'ancienne elise
est conforme aun plan du
awursigcle,quiloclisaitle Lacte métat pas comple
tombesu de Nicolas Rolin. tement dsintéressé,sion
Et un éperon de cavalier, en jage par ce qu’écrivit
signe dstinetifdesonrang._alorsle hancelier:« Dans
‘quiaétéretrouvé parmiles 'ntérét demon salut des
fossements,leconfirme. reuxd'échangercontredes biens célestes, les biens a POUVOIRETPIETE
temporels[..],jefonde et Lechancehera command
dotenrevocablementenla_ pele n\n yc
ville de Beaune un hépital
tout Ie jour une larme le long,
nd
Baptisé « opium »
yn etsonpere!
cin Galien, ourraient, quandméme
Crest le dieu de la Médecine, queseuls ies iewenconnaisaient
Asclépios, qui révélaauxmortels —_[Siyeee's Nsaulace quadtnies
lesdivins secrets du pavot fle greoque les revit aux morte
autres attribuaient la découverte
res DeubUSOANEL TETOURWCTONGSAMINGNDE UserURDAquURE de cette drogue A Hermes, le dieudes Voyages et du Commerce, ou
‘encore Alexandre le Grand lors de
ses conquétes en Asie, qui en aurait
introduit la consommation dans la
région méditerranéenne.
De dangerewx narcotiques
Desauteurs comme Hérodote, Hippo
cate et Théophraste s‘interessérent
auxdifférentesapplications éupavot,
notamment dans le domainemédical.
DesmédecinscommeDioscorideott
Heraclidede'Tarenteen soulignérent
les vertus calmantes et somniferes,
ccorroborées par Phitarque, qui décrit
opium et lamandragore comme les
médicaments narcotiques les plus
ccouramment utilisés pour provo-
‘quer lesommeil,Parfoisreprésentée
avecuncoguelicot lamin ladéesse
Junon elle-mémey aurait eurecours
pour défendre Rome en droguant le
‘généralcarthaginois Hannibal afin de
leteni loigné dela capitale romaine.
Ceestdumoinscequeracontela Guere
puniquedu potteSiliusltalicus:« Elle
appelle aussitat le Somme, [qui
‘emporte dans une come recourbée
lespavots quilla préparés.Il descend
dansle silence de la nuit, serend ala
tentedu jeune Barcéen et [.]versele
repos sur ses yeux. »
‘Les varigtésorientales de ces dro-
‘ques restérent les plus demandées
pat les Grees et les Romains, qui les
acclimatérent néanmoins sous leurs
latitudes. On raconteainsique Tibére
seretim surlilede Capripour pouvoir
yeonsommer 'excellent opiumlocal,
planté des siécles auparavant par les
premiers colons grecs. Pour éviter la
‘consommation de drogues altérées,
des auteurs comme Dioscoride ou
Plineexpliquent queT'opium dequa~
lité est malléable et dégage un puis~
sant aréme a T@tat pur ilse dissout
facilement dans Yeauet fond sousles
rayons du soleil
pros
Pline assurat que «le pavot [avait
toujours été] en honneur chez les
Romains»,commeentémoignent les
préparations concoctéespu lesméde~
cins pour les empereurs des ret
af sicles apr. JC, Le médecin @An-
guste aurait ainsi composé unreméde
portant son nom, l'antidotede Phi-
Ton » ou philonium, avec du poivre
blanc, dumiel et de ’opium Andro-
‘mague !Ancien, médecin de Néron,
auraitinventé a thériaque,une com-
positioncalmantecontenantun tiers
opium. Meme siellesétaientconsi
dérées comme desmédicaments, ces
préparations semblent avoir induit
lune dépendance chez les patients,
ovarsezconaiezLE TOMBEAU DE
GENGIS
KHAN
OMT oes
RD ee a este ee ees e))
eee Mae ren Mea el cure ean sas
Cac RC Uh cme aC Che AEC a1
Pee eee eeene etek enna ete
Prentice
PenaliYonen croitlalégende, ces funérailles seraient
les plus spectaculaires jamais célébrées dans
les steppes de Mongolie balayées par les vents.
Apres la mort, en 1227, du grand chef et
conquérant mongol Gengis Khan, des milliers
de guerriers et d’esclaves parcourent des centaines de
kilométres avant d’arriver au lieu secret de la sépulture.
Chevauxetchamesuxcsontchargésde tésors
pillés ansdes vilesde toute Asie centele:
fctincsdlglisesorthodoxesusses;monnaies
dor provenant de Samarkand, leplusimpor-
tant carzefour commercial de laroute dela
soe sarmeset bijoux remportésaprés avoir
taiomphé des puissantesarméeschincises.
“Malheureusement,aucun des specateurs
dececortége spectacuiaie ne survitpouren
parler Les héitiers du souverain mongol se
donnent beaucoup de mal pour que lem-
placement de sa tombe, sans doute située
quelque part dans les steppes de Mongo
lie reste secret. Selon les vécitslegendaires,
la garde d'honneur qui a aecompagné la
dépouillejusgu’asademizredemeure ordre
de tuer tous les temoins présents lors dela
procession funéraire. A leur tour, les gardes
sont assassinés afin deviter qu'ils parent.
Disutresrécits suggérent que les efforts
déployéspour dissimulerladépoulledeGen-
gis Khan sont encore ps impressionnants:
deschroniqueurstelatent quedesmiliersde
chevauxpiétinentlaterre autour delatombe
afin’ efficertouteslesteaces,ougue desmil-
liers arbres sont plantés sur et autous de
latombe. La rumeur veut également que la
Seer]
SOUS LE — Uneassembise
REL eR Bly le
paw
rad
ete ee tes
sépulture soit cache sous les
eauxdu fleuve Onon, dont elit
aauratétédétourné cet effet La
lgende perdure sinsi 800 ans.
“Aucoursdusigclequis'écoule
apréslamortaucombatdeGen-
sis Khan — survenue probable-
‘ment alors quil est ag de pris
de7oans-—,sesfilset sspetits-
fils agrandissent sans discontinuer
Empire qu'lacrééet enlaxgissentles fron
tibres, des cdtes du Pacifique jusqu’au coeur
de Europe, Un empire qui fini par sef-
onder sans laisser derrigre lui la moindre
‘ace pérenne de vile. La tombe introuvable
duchefdevient une égende,tantal'intérieur
quialestérieur des rontigres del Mongolie:
dlapres la tradition mongole, si le repos du
‘wand souverain devait tre trouble, ceserait
Isfindumonde,
Le mystére perdure jusque vers la fin du
20° siécle, Pendantla guerre frode,jlestinter-
ditdeffectuer des fouilles danslenord-est de
laMongolie~ proche de arégionfrontalire,
tendue, entre la Chine et a Russie ~ pour
des raisons militares. Au cours des décen-
nies écoulées depuis la chute de l'Union
PEE Pat
ee
ae
Yee
Cette minature
unmanuscrit
persan duxivsele
‘montelestroupes
e GengisKhan
combatant cells
uroyaume des in
leurennem:leplus
acharné en Chine.
‘Mon AACS NAD CLE GENES SEARED TEMsovitique la fierténationale mongole gran-
dissante a fait de la recherche du tombeau
dda grand heros national une pratique qua
siment interdite, équivalant & profaner son
reposétemel et sacré.Pourtant, 'attvalt qu'il
cexerce surlesexplorateursetlesarchéologues
vabienau-deli desrichessesqu'ilest suppose
contenin. Vempereur mongolest eneffet un
dls plus grands conquérantsde ! Histoire, a siecle, les armées dirigées parles petits-
fils de Gengis Khan gouvernent tout leterri-
toirecomprisentrelacétedelocéan Pacifique
ct la Hongrie actuelle: s'agt alors du plus
srandl empire que le monde ait conn,
‘homme quiest la genése de cet empire
est réputé pour sa brutalité et sa cruau-
16, Entre 1206 et la mort de Gengis Khan
en 1227, les Mongols sous ses ordres sil-
Jonnent les steppes de Chine et d’Eurasie,
et frappent "Europe et le monde musulman
avec des conséquences désastreuses. Mon-
‘és sur derapides et robustes petits chevanse
des steppes, les Mongols se déplacent plus
vite que leurs adversaires. Les habitants des
villes dAsie centrale telles que Samarkand
et Boukhara, importantes enclaves com-
rmerciales et lieux d'accueil des voyageurs
dela route de la soe, sont tués brutalement
et massivement. Les Mongols soumettaient
parfois leurs ennemis la pratique dite de
oot
een
rn
Trea res
Seer eee
«mesurealessiew» toutjeunehommedont —_¥ pri
lataille dépassait celle de lessicu de la roue
dun chariot était décapité,
Depuis quelques années, certains his:
Cecasqueen fer
stencutr provient
de Monge
toriens ont adopté un point de vue révi- Su du Tbe.
sionniste apropos de Gengis Khanet de mirwvse
‘son empire, Ils en louent par exemple la ‘Metropolitan
tolérance religieuse, car chrétiens, juits, ME New ork
bouddhistes et musulmans pouvaient pra-
tiquer leur religion respective, sous
réserve de rester loyaux a leurs
seigneurs mongols, etles chefs
religieux étaient dispensés du
paiement d'un tribut. Sous
Ie régne de Gengis Khan,
les Mongols choisissent la
diplomatie, en alternative
aux conquétes militaires,et
introduisent surleursterti
toiresunalphabet faciitantmatotatd
Perec erate
Bere nen ay
SURLE MONT | (a
DU KHAN ero
eee een rere cee
ee ee eee
Ce ce ci ene
ee eee aay
Perera atte ae
eee
Ce eae eeu!
Cee
a aan!
ere eerie re
rere ee noes
Ce eae eet
ere re
Ce eed
Se ee!
Poe eee erlacommunication sur delongues distances,
ainsi qu'une monnaie,deuxélémentsinno-
vants dans|a région,
‘Malgeé son importance historique et hor-
aislesmesuresextrémes adoptées pour s'
surer du silence de ceux qui ont enseveli,
ilexiste des raisons solides pour que leliew
durepos éterel de Gengis Khana’ sit jamais
puétreretrouvé. A 'époque, la société mon:
gole était nomad ilexistat peu de citésnide
lieux sédentarisés, et les tambes comme les
enterrementsn’étaient pasdes patiques cou:
antes. Lorsqu’un guerrier mongol mourait
‘on attachait son cadavre sur son cheval qui
Gtait che et galopait dansla steppe afin que
les chatognards se repaissent de la dépouille.
Kravitz, Fexcentriquearchéologue
Lengouement modeme pourlarecherche de
la tombe en Mongolie commence au début
des années 1990, avec une expéditionjapo-
aise suspend en raison d'une frterésis
tance de la population locale. Cependant,
‘un personage haut en couleur va faire de la
recherche deladeriare demeute de Tempe-
eur mongol un événement de portée mon-
diale. Surnommé ¢ "Indiana de V'linois »
— en référence a Indiana Jones, V'archéo-
logue héros de lacélabre saga cinématogra~
phigue—, Maury Kravitzest un commercant
enmatierespremigresde Chicago dotéd'une
solide inclination pourleFaux-filet,lavodka
slacée eta publicit, Avant inplusieursbio
sraphies de Gengis Khan cet historienama-
teur est convaineu de savoir od se trouve
la tombe et commence en 1996 a réunirle
nillion de dollars nécessaire pour financer
plusieurs expéditionsen Mongolie, dans les
‘monts Khentii Le Chicago Tribune intitule
son équipée: « Indiana Kravitzalarecherche
du khan perdu»
La quéte de Kravitz, qui prend un soin
extréme d ne pas dévoiler la source de son
intuition, se concentre dans une région
proche du mont Burkhan Khaldun : Ik
Korig{ou « Grand Tabou »).D'apréslatrad:
tion mongole, lamontagne et axégion alen-
tour étaient taboues, carles nobles mongols
y étaient inhumés depuis des siecles dans
lune vallée isolée,et nombreux sont cenx.qui
en at
pensent que Gengis Khan y est également
centerré, Pour contourner le nationalisme
mongol, les autorités soviétiques ont décré-
técetterégion «zone d'accéslimité ». Kravite
Gait convaincu que deus fleuvesproches du
Burkhan Khaldunleméneraient il'emplace-
‘ment dela tombe. Sil'on en croit un réeit du
2 siele Jejeune Gengis Khan, quivenait de
gagner une grande batailledans es environs,
auraitsignifié a ses compagnons sa
volonté d'étre ensevelila
La recherche du millionnaire
excentrique prend fin en 2002 aprés
une sérfe dobstacles (morsures de
serpents, accidents de véhicules...
Lexpédition est également pertur-
bie par Ie nationalisme croissant en
‘Mongolie,ofi Gengis Khan est vénéré
‘commele plus grand personnagedela
nation Larecherche suscite une forte
es
a Paar
1}
aot
pay
ren
eed
ae
sspresque
Lacartecidessous
permet de stuer
FesmontsBurkhan
al, fun dex
leuxprobables
otetrouveratle
tombeaude Gengis
Khan.en Mongolhhostlit,fondée sur une croyance religieuse
‘raditionnellequi veut que les liewx de repos
desmorts cient laissés en paix, ete Premicr
‘ministre annule le permis accordé & Kravita
‘aubeau milieu dela campagne de fouilles,
La Mongolie passée au peigne fin
Mais arecherchedelatombenes'achévepas
avec Kravitz, Parmi les tentatives de loali-
sation la plus célbbre est celle dela National
Geographic Society, menée en collaboration
avec Albert Lin, un ingénieurcalfornien de
San Diego, Comme Kravitzet bien autres,
LinétaitfascinéaVidéede découveirla tombe
ddu Grand Khan, Mais lorsqu'l se rend dans
Je pays, i se heurte Ini aussi a fopposition
des Mongols, qui refusent que des archéo-
Jogueset des aventuriersétrangers viennent
‘roublerleursiewxsacrés. Lin collabore alors
avec des chercheursocausce utilis les outils
rmumériquespourdécouvrirlasépulture,évi-
tant ainsi pics et pelle. Son projet, qui dure
trois ans, associe analyse de photos prises
par satellite et les systemes de localisation
slobale des sondes par géoradaret des cap-
teursmesurant lesinfimes changementsdes
propriétés magnétiques du sol
Lin sesertaussidu pouvoir delalégende de
Gengis Khan ~ et de celui d'internet — pour
réunir plus de 10 000 collaborateurs. Une
partie de son projet, la « Vallée des Khans »,
{mplique lacollecte en ligne images satel-
Iitairesupanorama mongol. Les volontaires
étudient es photographies d'une région de
6.000 kilometres carzésetrelévent 2,3 mil-
lions de configurations particuliéres ou de
structures, que ’équipe de Lin analyse en
détail. Publié dans la revue PLOS One en
2014, le résultatconfirme la découverte de
55 gisements archéologiques non excavés,
dont peut-re le fameux tombeau.
Entre-temps, les archéologuesont décou-
vert d'autres gisements importants liés au
fondateur de VEmpire mongol. En 2012, des
chercheursjaponaisdécouvrent lesruinesde
cequils estiment étreles vestiges dupalais
ddeGengis Khan cesuines sont datéeserce
Ade la céramique en usage a’époque de son
régne, Au cours de la dernigre décennie,
des chercheurs de PInstitut archéologique
a aSlagnag tA ats 5519 Vea city cth Sn Sat)! hr anc
Aap iacaGaoly arcane ar alan
UNE AUTRE HYPOTHESE
Soa eee
en nt
allemand ont découvert et foullé Karakorum, ue
(que Yon sait étrela «vile de Gengis Khan »,
Daprés desinscriptions dw at siécleretrow:
vvées sur le sit, la ville aurait été fondée en
2220, lorsque Vempereur y installa pour la
premiere fos satente
‘Si elle est identifige, la tombe de Gengis
Khan ne pourra gu’apporter de plus amples
connaissances sur le plus grand conquérant
deV/histoire. Un personnage dont "image est
extrémement politique, comme I'aprouvé
la récente polémique franco-chinoise quia
‘vu Yannulation d'une exposition au musée
d Histoire de Nantes voir Histoire CWilsa-
tionsn'68 ethistoire-et-civlisations.com),
Les Mongols en|
véterent de dei
selamententacbte
Gu cercuelld eur
chel Miniature
unmanusent
persanBblthéque
rationale de Freee
Pare
Pour | em
en | SVE taise Bese abo
plus(Aninées 1770-1780, une France em
Déficit, réformes impossibles, scandales, rancceur patrioti sentiment
diinégalité.., La France d’avant la Révolution est une société oti le levain
dela crise fait gonfler le mécontentement. Pourtant, la situation n'est
pas inédite. Quel engrenagea donc pu transformer la colére populaire
‘ensecousse capable d'emporter des institutions séculaires ?
EDMOND DZIEMBOWSK\
wrde leurs, le peuple de Paris
‘ccupation sure pont Neuf Neus somenes
e177, ansavent que leffervescence
ies rues de la capitaledevienne nsurrction
Par Nicolas Raguene!. Musée Camavelet, ans.Creed
» Pere eeanecry
PU rs
ieee
eee
Serr
Pee cel
aes
ood
Z eager5 mai 1789 se tient a Versailles la séance d’ouverture des
Etats généraux, qui offre deux visages contrastés. Le pre-
mier, AD image dela stricte dispositionimposée aux trois,
ordres du royaume dans a salle des Menus-Plaisirs, |
est celuid’ume sociétéaux fondementsintangibles. Le
second est plus préoccupant pour ’homme —leroilui-méme —
qui est &Vorigine de cette réunion, la premire depuis 1614.
Cetterenaissance desttats générauxsonne
en effet comme l'aveu d'un échee, celui
du projet concu par Richelieu, séalisé par
Louis XIV, et préservé plutét mal que bien
par Louis XV puisLouisXVIBienavant 1789,
de sériewx dysfonctionnementssonteneffet
apparus dans les rouages dela machine poli-
tique. Das lerégne de Louis XV, sourdement
mais résolument, le processus révolution-
naire siest mis en route,
Le20 anit 1786, lecontréleurgénéral des
Finances, Charles Alexandre de Calonne,
présente & Louis XVI un plan de réforme
ambitiewx, instaurant une subvention ter-
ritorlale qui sera payée par tousles Francals,
Ty a urgence. C'est aprés avoir découvert
aque le déficit avait atteint 100 millions de
livres que le ministre s'est résolu A mettre
find cequ'ilregarde commedes eabus» les
privilages dela noblesse et du clergé.
Leprojetde Calonne posséde une paren-
48 évidente avec la réforme de l'un de ses
prédécesseurs, Machault ’Arnowville.Créé
en3749,]e« vingtiéme » ~ unimpét direct
ainsinommé car il correspondaita/20 des
revenus — devait peser sur touslessujetsde
Louis XV. La mise en place de laéforme se
hheurta néanmoins ala farouche résistance
ce
dem
ert
LA CRISE be urs
AUN
on
ae rs
ce
dupremier ordredu royaume.Estimant que
Ta mesure allait a 'encontee de ses sacro-
saintes « immunités », le clergé adressa de
vvigoureuses remontrances, Ebranlé par ces
protestations, Louis XV lécha du lest: les
ecclésiastiques furent exemnptés. Une large
partie de la noblesse bénéficia par la suite
duméme traitement.
En dévoilant la faiblesse de celui qui, en
theorie restait un monarqueabsolu, larecu-
lade royale sestrévéléefatale.Dex7sa,datea
laquellele clergééchappe a impst,jusqu’a
projet de Calonne de 2786, aucune réforme
enverguren’apu tre lancéesans susciter
presque aussitdt une tempéte de protesta~
tions, forcant la plupart du tempsle pouvoir
Arenoncer son projet. Dans ce jeu de stop-
aand-goréformateur, action des Parlements
de France s'est montrée déterminante,
Crest audébutdesannées1750, alafaveur
de la crise janséniste, que 'affirme l'oppo-
sition des cours de justice au « despotisme
‘inistériel ». Magistrats propriétaires de
leurs charges, les parlementaires peuvent df=
ficilement passer pour des représentants da
peuple.Or, investis d'un pouvoir deconseil,
Ilsoccupent le vide institutionnellaissé pat
Ta non-convocation de unique instance
= Necker Tones
Pee eee!
reer carey
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iSEPT ANS D'UNE GUERRE RUINEUSE
remier conflit mondial de IHistoire,
la guerre de Sept Ans (1756-1763) a
pour erigine la rivalité colonial ranco-
britannique en Amérique du Nord, Das
1755, leconft fat rage outre-Atlantique, avant
dese propager année suivante Europe, puis
‘aumonde enter. Entamée avec succes par lee
troupes francases. la guereetourne ensuite au
désastre, Surterrecomme sur mer les défaites
Ssuceddent aux défaites. Le traté de Paris de
{éveier 1763 sanctionne la formidable montes
enforce de la Grande-Bretagne, premiere puis
sance maritime etcolonale,quis‘empare de a
totalité du Canadaet de larges parties de Inde,
LaFrance vit ainsi une humiliation sans précé-
dnt depuis le traumatisme de Pavie en 1525,
yore depuis les heures sombres dela guerre de
Cent Ans. « Nous ne sommes plus une nation
propre ala guerre», nate un témoin, Ce sen:
tment d’humiliation se double d'une colere,
tantét sourde, tantét ouverte, envers ceux qui
sont vs commeles responsables de etfondre
‘ment. En premiéreligne, Louis XV, dépeint dans
les chansons et ls poemes comme un «grand
incestueux », un « ivcogne adultere », Cette
mise 8 nu du monarque se double dune vague
4e pariotisme émanant de Francals désireux de
servic Etat. Le vocabulaire que Fon ert tre né
pendant la Révolution est da dun usage cou
‘ant vers 1760: «citayen », «patricte,«patio-
tismey,« nation, «national» reviennent avec
insistance sousla plume des contemporain, Le
ministre deLou's XV, le ducde Choiseul, semble
avoircompris cet esprit nouveau. in 176} lance
lune souscription destinée & elever la marine,
‘Avecadresseicissimule forigine de initiative
enlaissant croire qu'elle est venue spontané:
‘ment du pays, LaFrance citoyenne eépond avec
enthousiasme. Symbcle entre les symboles un
des vaisseaux nés des souscriptions s/appelle
leCitoyen Sous le coup des défaites, la culture
politique connu une mutation pofonde, Désor
‘ais, le roirégnera de moins en moins Sur des
sujet. Iu faudra apprendre vivre avee des
Citoyens qui ont hate de prendre part Blachose
publique
ADATAILLEDE.
ROGERSROCK
Cetatfrontement
Guialiaule Bars
1758, enpleine
guerre de Sept Ans
‘oppose des
Francais allés des
‘Amsrindens aun
groupe de rangers
biitanngues,
Par Jean Léon
Géréme Ferris
Find sieLES JANSENISTES CHERCHENT QUERELLE
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futurs foyer
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consultativeaT'échelledu royaume:les Etats public.Etc‘est la conguéte de cette opinion
que se lancent les magistrats, Avec succds,
‘commeen témoigne atempéte pamphlétaire
ncemuette depuis 1614. Ft cette France consécutive ila x révolution Maupeou »
généraux. Par les re
" ‘conesionnaies
F
Sppars Parse
parlede pus en plus haut et fort. Vers 1760 ied desgusrsons
r MaupeoucontrelesParlements cso
tombe dy jnsiste
nontrances
des parle-
lemouvement des
ntaires se ferait entende la voix du
apparait dans les remontrances une expres-
sion appelée aun belavenir:«lanation ». Nous sommes
(Ces remontrances parle
sn janvier 1771. L
jentaires n'ont entre I'autorité royale et les mag
strats est
paspour seul objet demettre sousles yeux asonparoxysme Beaucoup.danslescercles efégise Saint
durroila voix nationale. La tradition vou- du pouvoir, suspectent les parlementaires _MédardIIdevien
Jant qutllesafentesouverain pour seulet_demawaisesintentions.Ainsi,leministre WésvRe populate
unique destinataire es strats veulent
Bertin, quiassure quelesm: A a
Dans leur bras de fer contre ce qu'ils non comme lemontre
détruire le systeme m
ment le « despot
stériel» les par- le faire passer en aristocratie ». Mett
res s'adressent directement aux fin A deux décennies 'atermoiements, la
celier Maupeou est terri
ent musclée arrestation et exil des
lem
Francais.Impriméesclandestinementet cir- réponse duc
culantdansleroyaume,lesremontrancesse ble
olitiquesqui ps
exposent les prétentions des magistrats 4 conseils supérieurs exclusivement cl
borner lautorité royale. Principal théori- de rendre la justice, limitation d
cien de Vop
sont transformées en traités entaires parisiens, création de six
roit de
ontrances, abolition dela vénalité des
ition des « robes rouges
Vavocat Le Paige a compris que le combat offices et de leur transmission héréditaire.
desrobins —lesmembresdelanoblessede _ Cen’estpas une réforme, maisune évolu-
robe ~ aurait pour cadre principal Yespace tion, En s‘attaquant aVhérédité des chargesSs
LES LUMIERES, UNE ILLUSION D'OPTIQUE
{sl dbranlement de a Révolution les contemporaine se sont intar-
rogés sur ses liens avec évoluionitellectuelle du siéle quia
récédée. La Révolution fille es Lumiéres ? En apparence,
‘ul. Lonuvee de [Assemblée constituante semble souvent
fare ct aur das poses mie en eer dela onl Aeneas
sénérale (Rousseau), limitation dupouoirexécutl (Montesquieu) ey
tolérance,refonte del Egise (Voltaire), ibéralsaion du commerce et Uietph a
Sppresion des corporations les éonomists): lites onve. Phiospt cd
Uetaben dot nano re usnee. a demiere generation (nie sna
des Luis comme te mores x serps de Laue para inten a
SGoctan Marc ou de Contos cae eave Tevaieowsruds
Fulton Ala andre Meret ancien cole yehinie
Torte delenoonédeesolatcechec dans
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pices Lunes
Vivant dans un Ancien Réyime qui,
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épouséla cause dela Révolutionlnfenvapourtant . villa et pace
pas de mémedes survivants de époquehéroique. ¥ ‘ ane
Plsicurs figures dela philosophie connues out pera pei
fois pourleurradicalté ont vivement dénoncé la 2 ere
%
Jement le mettre a bas. Du reste, ls
ne pouvaient imaginer les contours
de1789, phénoméne sans précédent
dans Histoire lls en furent pas
‘moins, etau prix degrossiersana-
chronismes, présentés comme
les figures tutélaires des temps
nouveaux, Lapanthéonisation de
Voltaire en 1791 vit ain! Iérivain,
ui aurait pourtantpoussé deshauts
crisdeventlceuvredes constituats,