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VUES GÉNÉRALES SUR LE XVII SIÈCLE

On peut distinguer dans la littérature du XVIIe siècle les périodes suivantes, dont les dates limites sont évidemment
conventionnelles.
A.- La première période (1600 à 1636) est caractérisée par la réforme de Malherbe et par la fondation de
l'Académie française (1635). Un mouvement de réaction se dessine contre la littérature du siècle précédent.
Malherbe exerce dans les lettres une influence analogue à celle que Richelieu exerce dans la politique. Il épure
la langue, élabore certaines règles relatives à la technique des vers, recommande la clarté et la précision du style en
l'assujettissant à une syntaxe précise.
L'Académie française, d'abord simple réunion d’écrivains, est organisée en 1635 par Richelieu en assemblée
officielle épurer le vocabulaire, définir le sens des mots et les règles de la grammaire, fixer les lois de la construction
des phrases, affiner le goût du public, telles sont les tâches que lui assigne Richelieu. L'Académie rédigea
un dictionnaire de la langue française et Vaugelas composa une grammaire.
B. Dans la deuxième période (1636-1661 où l'influence de la société mondaine est très marquée, s'épanouissent la
préciosité raffinement de l'analyse des sentiments et raffinement de l'expression - et en même temps le burlesque,
réalisme bouffon. Cependant la réforme de la pensée s'ébauche dans le Discours de la Méthode de Descartes
(1637), et les éléments du classicisme apparaissent dans les grandes tragédies de Corneille (1636-1643).
C. La troisième période (1661-1685) marque le triomphe du classicisme. Elle est caractérisée par l'influence
personnelle de Louis XIV : le roi protège les écrivains, il les pensionne, il les admet auprès de sa personne et
les reçoit à la cour. Ainsi il relève la condition des écrivains et répand dans la haute société le goût de la littérature
et des œuvres d’art. Bossuet, Racine, Boileau, Molière, La Fontaine, représentent le classicisme au moment de
sa plus parfaite maturité.
D. La quatrième période (1685 à 1715) Période de transition. Par leurs idées comme par leur style, La Bruyère,
Fénelon, Saint - Simon, annoncent le XVIIIe siècle. Voltaire a pu dire du XVIIe siècle français qu'il est l'un des plus
grands siècles de l’Histoire. Notre XVIIe siècle est à la fois national par ses qualités d’ordre, de mesure, d’harmonie,
qui caractérisent le génie français ; il est antique, par les modèles grecs et latins dont s'inspirent ses chefs - d'œuvre ;
enfin il est universel par la vérité de son étude qui a pour objet l'homme de tous les temps

Le classicisme dans les œuvres littéraires se reconnaît aux caractères suivants :


1. Imitation des Anciens, c'est - à - dire des grandes œuvres grecques et latines.
2. Étude de l'homme moral et goût de l'analyse psychologique (hérité de la préciosité) : il s'agit de l'homme de
tous les temps, de la nature humaine dans ce qu'elle a de permanent et d’universel.
3. Impersonnalité : élimination du lyrisme ; cette littérature ne com porte pas d'élans de l'âme intime, sauf chez
trois grands prosateurs : Pascal, Mme de Sévigné, Bossuet. La Fontaine n'est lyrique que par intermittence.
4. Esprit chrétien (c’est - à - dire conception de l'homme corrompu, dès la naissance, par le péché originel et qui
doit lutter, sa vie durant, contre ses passions et ses mauvais penchants), même lorsque l'œuvre se déroule dans
un cadre païen.
5. Prédominance de la raison sur la sensibilité ; la raison (distinction du vrai et du faux, de l'absolu et du relatif)
discipline toutes les autres facultés.
6. Distinction des genres littéraires (tragédie, comédie, fable, éloquence religieuse, mémoires, etc.) ; chaque genre
a ses règles particulières.
7. Propriété et précision du vocabulaire, harmonie et noblesse du style. Le classicisme se caractérise par un effort
vers la simplicité, la vérité, par un idéal de mesure et d'harmonie qui est celui d'une société polie formée de deux
éléments qui se complètent et se corrigent l'un l'autre : la Cour et la Ville, la noblesse et la bourgeoisie.
Ainsi l'esprit classique comprend deux éléments : le goût du vrai, qui est une aspiration du goût public à cette
époque, et le goût du beau dû à l'influence de la tradition antique. Le XVIIe siècle représente parfaitement l'esprit
classique parce que ces deux éléments s'équilibrent en lui.
L’esprit classique a aussi le goût de l’équilibre, de la mesure, de l’ordre, de la raison, et un souci d’efficacité d’où
découle le principe d’unité que résume Boileau dans deux vers célèbres de son Art poétique : « Qu’en un lieu, qu’en
un jour, un seul fait accompli // Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli ».
On définit donc la règle des trois unités :
« L’unité d’action » évite la dispersion et l’anecdotique en renforçant la cohérence. « L’unité de temps » resserre
l’action et la rapproche du temps de la représentation. « L’unité de lieu » cherche à faire correspondre le lieu
de l’action et le lieu scénique : il s’agira donc d’un lieu accessible à tous les personnages (entrée, antichambre,
salle du trône…)
Une quatrième unité est également mise en avant : « l’unité de ton » liée à la séparation des genres (tragédie et
comédie) avec des sujets propres, des types de personnages spécifiques, des niveaux de langue et de ton dans
un objectif différent : divertir et donner une leçon avec la comédie, et purger les passions (catharsis) par l’émotion
(terreur et pitié) avec la tragédie.
Influence de Louis XIV.
Le roi, à partir de 1660, prend sous sa protection directe les écrivains ; il les pensionne, pour les arracher
à la domesticité de la noblesse. Il reçoit à la cour, et sur le même pied que les grands seigneurs, les écrivains et
les artistes.
Il protège l'Académie française, et préside à la fondation de l'Académie des inscriptions (1663), de l'Académie des
sciences (1666), de l'Académie de peinture (1664). Il enrichit la Bibliothèque du roi (qui deviendra notre
Bibliothèque nationale).
Il a tout particulièrement encouragé ceux que nous reconnaissons aujourd'hui pour les grands Racine, Boileau,
Molière, Bossuet ; il semble avoir méconnu La Fontaine.

Le public du XVIIe siècle.


Taine a dit : « Notre littérature classique tout entière est une littérature mondaine, née du monde et faite pour
le monde. » Ce jugement, trop absolu, contient une part de vérité. En effet, cette littérature s'adresse presque
toujours à la société polie ; elle respecte les bienséances ; elle n'est réellement accessible qu'à ceux dont le goût est
fin et délicat ; elle satisfait la raison et le sens commun plutôt qu'elle ne flatte l’imagination. Mais cette société polie
est formée de deux éléments qui se complètent et se corrigent l'un l'autre : la cour et la ville, la noblesse et
la bourgeoisie.

Les sciences.
Le XVIIe siècle est remarquable par son essor scientifique. Descartes, Képler, Galilée, Newton, Pascal, Denis
Papin, Tournefort, Harvey , ont attaché leurs noms à des découvertes mathématiques , physiques , etc. , que le
XVIIIe siècle n'aura plus qu'à développer.
Il y a une importance relative des deux courants qui dominent le siècle : d’abord le mouvement baroque, plus long
et paneuropéen, puis le classicisme, plus spécifiquement français et moins long, lié au « siècle de Louis XIV ».
Si le baroque est une esthétique de l’incertain, du flou et de la surabondance, le classicisme est fait de retenue,
d’ordre et d’ambition morale : c’est ce courant qui s’imposera en France dans la deuxième moitié du siècle avec
l’intervention du monarque absolu et centralisateur qui encouragera la fondation de nombreuses Académies pour
veiller aux principes et aux usages admis de la pensée et des arts (l’Académie française en 1635, l’Académie royale
de peinture et de sculpture en 1665, l’Académie des sciences en 1666). La Cour et le roi, à Versailles, sont bien,
à la fin du XVIIe siècle, en France, les maîtres du bon goût même si la « ville » et sa bourgeoisie commencent à jouer
un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une diffusion plus large des œuvres et un développement
de la lecture.

Caractères généraux du XVIIe siècle littéraire


Le souvenir des désordres et de l'anarchie qui avaient ravage le XVIe siècle a sans cesse hanté le XVIIe siècle, et
il a eu la ferme volonté de n'y point retomber. Aussi a - t - il appelé de tous ses vœux et accepté joyeusement toutes
les disciplines : il s'est fait chrétien et monarchique.
Chrétien, il l'a été splendidement. L'inspiration religieuse rayonne à travers ses chefs - d’œuvre. Un courant de
naturalisme * affleure bien chez Molière et La Fontaine, mais il demeure sans effet : nulle voix ne met en question
les principes directeurs de la foi, et surtout n'attaque la puissance temporelle de l’Église. Les seules disputes sont des
querelles entre théologiens sur des points de dogme.
Monarchique, il le fut sans mysticisme politique. L'ordre était son seul désir : il acceptait donc la royauté parce
qu'elle garantissait l’ordre. Il aima le roi pour ce qu'il assurait de prospérité, de grandeur, de gloire à la France.
Le respect de la personne royale fut en somme la forme du sentiment national. Cela est surtout sensible avant 1660.
Après cette date, Louis XIV voulut être aimé et servi pour lui - même. La littérature respecta les cadres sociaux,
la hiérarchie, les pouvoirs temporels et spirituels ; elle ne fut pas militante ; elle tint pour résolues les questions
sociales, elle écarta les grandes questions métaphysiques qui sont essentiellement révolutionnaires. Elle s'intéressa à
la seule observation psychologique ; et les seuls préceptes qu'elle prétendit dégager concernent la morale
individuelle, qui reste éternellement à faire. Elle fut donc toute psychologique et parfois moralisante ; de plus
l'influence de la tradition gréco - romaine fit qu'elle chercha à donner aux vérités psychologiques et morales une
forme artistique.

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