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SHOCKING !

CES PLAISANTERIES
QU’ON N’OSE PLUS
FAIRE

« La langue, c’est la seule chose que je respecte », déclarait Pierre


Desproges. « Artiste dégagé », « extrême de rien », il s’amusait à rire
du sacré, de l’intouchable, de ce qui doit inspirer le respect absolu.
Minorités, politiques, croyants, nul n’échappait aux flèches du maître
de l’anticonformisme…

Nazisme

« Il vaut mieux rire d’Auschwitz avec un juif que jouer au Scrabble
avec Klaus Barbie. »
Vivons heureux en attendant la mort, Éditions du Seuil, 1983.

« Ma tante Pauline nous a déshérités, la salope. C’est mon frère


qui a eu les deux immeubles du XVIe que ma tante Pauline avait
acquis à bas prix en 1943. À l’époque, ses meilleurs amis, David
et Rachel Cohen, avaient deux immeubles avenue Foch et puis un
jour, comme ça, pendant l’été 1943, ils ont été invités à aller camper
en Pologne, grâce à des organisateurs allemands auxquels ma tante
Pauline avait donné l’adresse des Cohen. Un peu bousculés dans

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l’euphorie du départ, les Cohen avaient vendu les deux immeubles


à ma tante pour quarante mille francs de l’époque. Elle les avait
aussi convaincus de lui confier tous leurs bijoux et hier encore elle
attendait leur retour pour les leur rendre quand elle fut terrassée par
une hémorragie cérébrale alors que, coïncidence, elle était en train
de regarder à la télé un reportage sur les nouveaux camps de vacances
ouvriers en Pologne. »
« Réquisitoire contre Jean-François Davy », 15 septembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

« Comme disait à peu près Himmler, qu’on puisse être à la fois juif
et allemand ça me dépasse. C’est vrai, il faut savoir choisir son camp.
Enfin, tout ça c’est du passé, l’antisémitisme n’existe plus… si. Enfin,
je veux dire que de nos jours quand même on peut dire qu’il y a moins
d’antisémites en France que de juifs. »
« Réquisitoire contre Daniel Cohn-Bendit », 14 septembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

« “Faute avouée est à moitié pardonnée”, disait Pie XII à Himmler. »


Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Aujourd’hui encore, Adolf Hitler est détesté d’une foule de gens.


Mais demandez-leur si c’est le peintre ou l’écrivain qu’ils n’aiment pas,
ils resteront cois. »
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

Femmes

« La femme est assez proche de l’homme, comme l’épagneul bre-


ton. À ce détail près qu’il ne manque à l’épagneul breton que la parole,
alors qu’il ne manque à la femme que de se taire. Par ailleurs, la robe
de l’épagneul breton est rouge feu et il lui en suffit d’une. »
Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis,
Éditions du Seuil, 1985.

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« Dépourvue d’âme, la femme est dans l’incapacité de s’élever vers


Dieu. En revanche, elle est en général pourvue d’un escabeau qui lui
permet de s’élever vers le plafond pour faire les carreaux. C’est tout ce
qu’on lui demande. »
Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis,
Éditions du Seuil, 1985.
« Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je
connais les femmes, moins j’aime ma chienne. »
Textes de scène, Éditions du Seuil, 1988.
« On ne dit plus un avortement mais une interruption volontaire
de grossesse, ceci afin de ménager l’amour-propre du fœtus. »
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.
« Le MLF… ça me rappelle une histoire authentique dans un lycée
américain, à Seattle, sur le fronton duquel était inscrit : “Tu seras un
homme, mon fils.” Le MLF a transformé cette phrase de Kipling en
“Tu seras un homme, ma fille.” Le MLF, c’est le meilleur agent de
publicité du machisme à poil dur. Il est au machisme ce que Séguéla
est à la lessive et aux hommes providentiels. »
Les Nouvelles littéraires, 31 mars 1983.
« Dorothée, vous permettez que je vous appelle ma bien-aimée ?
La pétillante exubérance de vos yeux, la troublante malice de votre
pipe… la troublante malice de votre bouche à faire les pitres selon
saint Matthieu, l’érotisme acidulé de votre voix de gorge profonde
quoique enfantine, mais l’avaleur n’attend pas le nombre des avalés,
l’ourlet gracile de vos oreilles sans poils aux lobes, la finesse angélique
de votre mou de nez de putain… de votre bout de nez mutin dont la
pointe rose se dresse vers la nue comme le goupillon trempé d’amour
que Mgr Lefèvre agite à la sainte Thérèse [...] Mais je m’écarte du sujet.
Cette femme m’a rendu fou. Vous m’avez rendu fou, Dorothée, déli-
cieux petit cabri sauvage indomptable – vous permettez que je vous
appelle délicieux petit cabri sauvage indomptable ? »
« Réquisitoire contre Dorothée », 25 novembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

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« L’accusée, non contente d’être femme – mais qui le serait –, se


targue véhémentement de féminisme primaire et d’antiphallocratie
viscérale, occupant le plus clair de ses loisirs bourgeois à la défense
frénétique de la cause des femmes dont elle soutient ouvertement les
luttes grotesques et impies, pendant que, chez elle, la vaisselle s’accu-
mule. [...] N’en doutons pas, n’en doutons jamais : “il y a un principe
bon qui a créé l’ordre, la lumière et l’homme. Il y a un principe mau-
vais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme.” »
« Réquisitoire contre Gisèle Halimi », 20 octobre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

« Féminin moi-même au point de préférer faire la cuisine plutôt


que la guerre, on ne saurait me taxer d’antiféminisme primaire. Je le
jure, pour moi, la femme est beaucoup plus qu’un objet sexuel. C’est
un être pensant comme Julio Iglesias ou moi, surtout moi. »
Vivons heureux en attendant la mort, Éditions du Seuil, 1983.

Politique

« Jacques Séguéla est-il un con ? La question reste posée. [...] De


deux choses l’une : ou bien Jacques Séguéla est un con, et ça m’éton-
nerait tout de même un peu ; ou bien Jacques Séguéla n’est pas un con,
et ça m’étonnerait quand même beaucoup. [...] Jamais je ne me per-
mettrais sans preuves d’insulter un prévenu, même et surtout quand il
s’agit, comme aujourd’hui, d’un handicapé publico-maniaque de type
Napoléon de gouttière minable et incurable, confit dans sa suffisance
et bloqué dans sa mégalomanie comme un marron dans le cul d’une
dinde. Oui, je sais la comparaison est ordurière et je prie le syndicat
des dindes de bien vouloir m’excuser. »
« Réquisitoire contre Jacques Séguéla », 25 octobre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

« Brice Lalonde, on me dit que vous êtes écologiste ? Est-ce bien


raisonnable ? Vous êtes amoureux de la nature ? Je dis bravo. C’est

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beau, c’est sublime ! C’est même incroyable qu’un garçon aussi peu
gâté par la nature soit si peu rancunier… »
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Le suffrage universel, c’est la loi du plus grand nombre. C’est la loi
de la Masse. Et vous avez déjà vu sa gueule, à la Masse ? Vous avez déjà
discerné la moindre lueur de vivacité intellectuelle dans l’œil de la Masse
rentrant de l’usine ? Vous l’avez déjà vue briller au golf, la Masse ? Non.
Et vous n’êtes pas près de la voir briller. Car enfin, nom de Dieu, qu’est-
ce que la Masse sinon une fourmilière de bipèdes sans ambition, juste
bons à rester dans le Peuple qui, il faut bien le dire, a toujours consti-
tué la frange la plus minable d’une société, quel que soit le régime en
place. [...] Dans son remarquable ouvrage Quinze ans loin de la Masse,
Robinson Crusoé exprime avec infiniment de sensibilité cette délicate
émotion qui naît naturellement au cœur de l’homme quand il sait s’éloi-
gner de la Masse : “Seul sur mon île avec mes frères animaux, jour après
jour je remerciais Dieu de m’avoir permis de goûter au paradis terrestre
à l’écart de toute promiscuité populacière. Loin des travailleurs, loin des
jeunes, loin des handicapés, loin des femmes battues, loin des vieux, des
pauvres, des non-voyants, des non-­entendants, des non-comprenants,
loin, enfin, de ce bouillon d’inculture tonitruant qui compose l’huma-
nité, je fus presque déçu lorsque je rencontrai mon premier Nègre : je
ne me résolus à la sodomie qu’à des fins purement hygiéniques, et en
dehors des liens sacrés du mariage.” »
« Réquisitoire contre Moustache », 19 novembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

Religion

« La nouvelle vient de tomber sur les téléscripteurs. Sèche. Aride.


En trois mots : “Dieu est mort.”
Dieu s’est éteint il y a moins d’une heure, en son domicile paradi-
siaque, à la suite d’une longue et cruelle maladie. Il était âgé de … Il était
âgé. Il est encore trop tôt pour mesurer pleinement la portée de cette dis-

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parition dont les conséquences pèseront sur l’humanité tout entière. […]
Reporter – Comment Dieu était-il dans la vie courante ? On dit
qu’il était resté très simple ?
Henri de Nazareth – Dieu était infiniment bon et infiniment
aimable, comme cela est dit très justement dans sa biographie. Ce qui
frappait d’emblée, chez Dieu, c’était son égalité d’humeur, même quand
il lui arrivait de déconner. Car il déconnait. Divinement, certes, mais ça
lui arrivait.
Reporter – Souvent ?
Henri de Nazareth – Ah oui, quand même. La peste, Dachau,
Hiroshima, tout ça c’était lui. Même la défaite de Saint-Étienne,
c’était lui. Il ne faut pas avoir honte de le dire. »
Vivons heureux en attendant la mort, Éditions du Seuil, 1983.

« Ce n’est pas Dieu qui me contredira : si le sang de son fils avait été
du figeac, je n’aurais jamais sombré dans l’athéisme. »
Desproges par Desproges, Éditions du Courroux, 2017.

« Vous ricanez de mes idolâtries en croix, de mes rabbins frisés, de


mes prophètes enturbannés. Qu’un rut impie vous taraude, et vous
mettez la main au cul sacré de vierges fluo qui flottent au fond des
grottes des Hautes-Pyrénées. »
« Taxi », FR3, 21 novembre 1986,
en partie repris dans Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Le juif renâcle à l’idée de se mélanger au peuple non élu… en


dehors des heures d’ouverture de son magasin. »
Pierre Desproges se donne en spectacle,
Théâtre Grévin, 1986.

« Maudite soit la sinistre bigote grenouilleuse de bénitier qui bran-


lote son chapelet en chevrotant sans trêve les bondieuseries incanta-
toires de sa foi égoïste rabougrie. Mais maudit soit aussi l’anticlérical
primaire demeuré qui fait “croacroa” au passage de mère Teresa. »
Vivons heureux en attendant la mort, Éditions du Seuil, 1983.

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« L’exemple vient d’en haut : “Suicidez-vous jeune, vous profiterez


de la mort”, nous dit le Christ avant de s’autodétruire sur la croix à
l’aube de sa trente-troisième année. »
Vivons heureux en attendant la mort, Éditions du Seuil, 1983.

« Je vais maintenant appeler sur moi la colère de Dieu. Afin de


limiter au maximum les risques d’excommunication et d’implosion, je
prierais tout d’abord les chrétiens congénitaux de bien vouloir s’écar-
ter de leur récepteur. »
« Rentabilisons la colère de Dieu », « La Minute nécessaire
de Monsieur Cyclopède », FR3, 22 février 1983.

« Ils s’assoient exprès sur des chaises cloutées pour avoir mal au cul
pendant des siècles. Ça, c’est des gens qui ont la chance de croire en
Dieu. »
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Les animaux sont moins intolérants que nous : un cochon affamé


mangera du musulman. »
Chroniques de la haine ordinaire, Éditions du Seuil, 1997.

« Quand quarante mille juifs s’entassent dans le Vel’ d’Hiv’, il


faudrait être armé d’une singulière mauvaise foi pour les taxer de
snobisme. »
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Ce n’est pas non plus parce que Julio Iglesias a survécu à Brassens
qu’il faut se mettre soudain à douter de l’existence de Dieu.
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

« Il faut être anormal pour ne pas penser à cette abominable finalité
des humains. Anormal ou catholique pratiquant… ou les deux car
l’un ne va généralement pas sans l’autre ! »
TéléStar, 4 décembre 1982.

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Académie française

« Quand il a fini d’écrire des conneries dans le dictionnaire, à quoi


sert un académicien français ? À rien. À rien du tout. Non mais regar-
dez-le, voyez ce triste spécimen de parasite de la société qui trémousse
sans vergogne son arrogance de nantis sur le banc vermoulu de l’infa-
mie populaire. Voyez-le glandouiller sans honte dans ce minable tri-
bunal de pitres grotesques, à l’heure même où des millions de travail-
leurs de ce pays suent sang et eau dans nos usines, dans nos bureaux
et même dans nos jardins où d’humbles femmes de la terre arrachent,
sans gémir à la glèbe hostile, les glorieuses feuilles de scarole desti-
nées à décorer les habits verts des quarante plésiosaures grabataires
qui souillent le quai Conti du chevrotement comateux de leurs pen-
sées séniles. N’avez-vous pas honte, monsieur d’Ormesson, de vous
commettre ainsi avec ces trente-neuf vieilles tiges creuses ? Rien dans
la cafetière, tout dans la coupole ! Vous qui êtes encore jeune et frin-
guant, malgré les rides affreuses qui commencent à défigurer, de façon
dramatique, votre visage naguère aristocratique de beau poupon. »
« Réquisitoire contre Jean d’Ormesson », 16 septembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

Football

« Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gra-
cieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de
base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de
vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse
un étron. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait mani-
fester publiquement sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme
ils le font par paquets de huit ? [...] Je vous hais, footballeurs. Vous
ne m’avez fait vibrer qu’une fois : le jour où j’ai appris que vous aviez
attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. »
« À mort le foot »,
Chroniques de la haine ordinaire, Éditions du Seuil, 1997.

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Xénophobie et racisme

« J’adhérerai à SOS-Racisme quand ils mettront un s à “racisme”.


Il y a des racistes noirs, arabes, juifs, chinois et même des ocre-crème
et des anthracite-argenté. Mais à SOS-Machin, ils ne fustigent que le
Berrichon de base ou le Parisien-baguette. C’est sectaire. »
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil, 1990.

« Les Français sont nuls. Pas tous. Pas mon crémier, qui veut
voir la finale Le Pen-Marchais arbitrée par Polac à la salle Wagram,
mais les Français coincés chafouins qui s’indignent parce qu’on a dit
« prout-prout-salope » dans leur télé. Changez de chaîne, connards,
c’est fait pour ça, les boutons. Quand vous voyez trois loubards
tabasser une vieille à Strasbourg-Saint-Denis, vous regardez ailleurs.
Eh bien, faites pareil quand il se passe vraiment quelque chose dans
votre téléviseur. »
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

« Ce qui frappe d’emblée dans la personne de Yannick Noah, me


disait tout à l’heure mon ami Rabol [pianiste noir du “Tribunal des
flagrants délires”] ce n’est pas le tennisman. C’est le Nègre. [...] Croyez-
moi chers auditeurs, je préférerais avoir dans ce box la princesse Grace
de Monaco. Ou la comtesse de Paris, dont l’énorme cu… culture nous
changerait un peu de toute cette vermine populassière. Hélas, je ne
peux que conseiller aux racistes viscéraux de retourner se masturber en
lisant Mein Kampf. »
« Réquisitoire contre Yannick Noah », le 26 novembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

« Penchons-nous sur un Chinois moyen. C’est facile. Le Chinois


moyen est tout petit. Qu’observons-nous ? Le Chinois moyen est exac-
tement comme un Japonais. On ne peut absolument pas distinguer un
Japonais d’un Chinois. C’est vraiment pareil. Lors de la récente visite
du Premier ministre japonais en Chine, le chef du protocole nippon a
baisé le maire de Pékin dans les chiottes du Royal Bolchevik Hôtel de

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la capitale chinoise. “Je croyais que c’était ma femme”, a-t-il déclaré


de bonne foi. “Nous nous ressemblons beaucoup, nous autres jaunes”,
a-t-il ajouté avant de se faire hara-kiri, 10, rue des Trois-Portes. »
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

« Quand un Blanc dit qu’un Noir est un con, on dit que le Blanc
est raciste. Quand un Noir dit qu’un Blanc est un con, on dit que le
Blanc est un con. »
Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis,
Éditions du Seuil, 1985.

« Le Portugais a du mérite à laisser ainsi éclater sa joie sur nos écha-
faudages et dans nos pelleteuses. Car grande est sa misère. Le Portugal
est le plus pauvre des pays de l’OCDE après la Turquie. Il faut le faire.
Certains Portugais sont tellement pauvres qu’ils ne possèdent qu’un
seul magnétoscope. »
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

« Comment reconnaître un Wallon d’un Flamand ? C’est bien


simple. Portons un Belge à ébullition. S’il s’insurge, ou s’il menace
d’en référer à la Ligue des droits de l’homme, c’est un Wallon. S’il se
laisse bouillir en disant “ouille, ça brûlenbeek”, c’est un Flamand. »
Les étrangers sont nuls, Éditions du Seuil, 1992.

« Vous naquîtes à Castelsarrasin, monsieur Perret. Ah, Castelsarra-


sin, rude cité médiévale aux lourds vestiges de pierre ! [...] cette ville
si belle qu’aujourd’hui encore on l’appelle la Sarcelles du Sud. Autant
Castelsarrasinus Ier était fier et bien membré, autant son fils Castel-
sarrasinus  II était lâche et mou. Velléitaire et peu consciencieux, il
arrêta les Arabes à moitié en 1632. C’est alors que, dans sa prison de
Castelsarrasin, le sultan Ahmed Ali Ka-hassoul, pour tuer le temps en
attendant la mort, se mit à inventer le plat qui allait porter son nom, le
ka-hassoul, qui, passant plus tard du couscoussier géant à la petite cas-
serole garonnaise, troqua son nom barbare de ka-hassoul pour celui,
plus tendre à l’oreille, de kaaa-soulé. Le cassoulet enfin inventé, il ne

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restait plus qu’à exterminer les Arabes et à inventer le vin rouge, car
un cassoulet sans vin rouge c’est aussi consternant et incongru qu’un
curé sans latin ou qu’une femme à genoux sans porte-jarretelles, rayer
la mention inutile. »
« Réquisitoire contre Pierre Perret », 30 novembre 1982,
« Le Tribunal des flagrants délires », France Inter.

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