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La consécration du modèle de l’entité par les IFRS :

perspectives critiques après un siècle d’évolution des


modèles de consolidation des groupes
Frédéric Pourtier
Dans Management & Avenir 2017/2 (N° 92), pages 113 à 132
Éditions Management Prospective Ed.
ISSN 1768-5958
DOI 10.3917/mav.092.0113
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La consécration du modèle de l’entité par les
IFRS : perspectives critiques après un siècle
d’évolution des modèles de consolidation des
groupes
Frédéric POURTIER1

Résumé
Les IFRS sont basés sur le concept de l’entité cohérent avec
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la théorie écrite par Moonitz qui, le premier, a posé celle-
ci comme un axiome pour les états consolidés, alors que
les groupes étaient assimilés à des firmes avec succursales.
Aujourd’hui, les groupes ont des frontières f loues et souples,
utilisant des artifices juridiques pour le contrôle de leurs
revenus. Leur zone d’influence est plus grande que le périmètre
de consolidation soulevant la question de savoir si les IFRS
peuvent traduire cette réalité et saisir ses changements.

Abstract
IFRS are based on the entity concept consistent with the
theory as written by M. Moontiz, who first established as an
axiom the entity concept for consolidated statements, whereas
groups were compared to firms with branches. Today, groups
have blurred and f lexible boundaries, using legal vehicles
to control their revenues. Their field of inf luence is larger
than the scope of their consolidation, raising the question
of whether IFRS can translate this reality and are able to
understand its changes.

L’évolution des normes IFRS2 dans les dix dernières années a parachevé un
cadre conceptuel qui pose les groupes de sociétés comme des entités écono-

1 Frédéric POURTIER : Maître de conférences HDR, Centre de recherche IRGO,


Équipe Contrôle/Comptabilité internationale - frederic.pourtier@u-bordeaux.fr
2 Nous ne citerons ici en bibliographie que les Exposure Drafts particuliers qui
servent aux développements et non chaque norme mentionnée. Pour une revue des normes

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miques à part entière. Celles-ci sont circonscrites et leurs composantes (filiales


et entités associées) sont parfaitement qualifiées (IFRS10, 11, IAS 28), leur
structure fonctionnelle interne est identifiée et détaillée (IFRS 8, 12, IAS 36).
L’entité est décrite par le bilan, document prépondérant, incluant et valori-
sant tous les moyens et capitaux de fonctionnement, au risque de perdre le
caractère tangible des éléments qui y sont reportés : le full goodwill et l’IFRS
16 (contrats de location) en sont les traces récentes les plus probantes. Ce
même bilan justifie le résultat global (comprehensive income) et confirme la
prééminence d’une information bilancielle représentant l’entité en en décrivant
les moyens et les revenus qui en découlent. Pourtant, la prévalence du concept
d’entité dans le cadre conceptuel IFRS soulève des questions fondamentales.
En effet, l’assimilation des groupes de sociétés à des entités relève plus du
postulat que de la démonstration, ce qui est confirmé par l’histoire même de
ce concept. Par ailleurs, ceux-ci ne manquent de se jouer des limites formelles
que leur impose le cadre comptable. Ils développent des stratégies d’évitement
leur permettant de conserver une autonomie face aux règles comptables qui
cherchent à les représenter, donc à les révéler. Leurs modèles économiques
changent, les supports juridiques qui leur assurent le contrôle des ressources
et revenus varient, cependant que le modèle comptable se fige dans sa com-
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plexité, fort d’un cadre qui se veut exhaustif. Nous proposons ici de montrer
que les normes IFRS ont poussé à une représentation absolue des groupes sous
la forme d’une entité circonscrite (périmètre) et détaillée, dont l’immanence
a plus été affirmée que démontrée (partie 1). Nous entamerons ensuite une
réflexion sur les dépassements de la notion d’entité limitée à son périmètre,
pour lui préférer celle de territoire d’influence où les processus de création de
valeur et les moyens de leur contrôle devraient être restitués (partie 2). Enfin,
nous nous interrogerons sur la pérennité d’un modèle comptable, tributaire
du concept d’entité et de sa lourdeur opératoire : il semble s’éloigner d’une
réalité mouvante, plus floue et plus complexe, où les groupes s’ingénient à
dématérialiser leur substance et contourner les limites comptables qui leur
sont imposées (partie 3).

1. Les IFRS et l’aboutissement du modèle d’entité en


consolidation

Les IFRS constituent sans doute, avec les US GAAP, le cadre conceptuel le plus
abouti en rapport avec la théorie de l’entité, héritée d’une longue évolution.
Elle est abordée dans l’ED/2010/2 (et ED/2015/3) sur la reporting entity et se
définit3 comme un ensemble circonscrit d’activités économiques4 dont l’infor-

IFRS voir Tort (2016) ou le site de l’IASB : http ://www.ifrs.org/.


3 Nous avons légèrement simplifié le texte de l’ED/2010/2, §RE2, page 9.
4 La définition des IFRS n’est pas foncièrement éloignée de celle de l’AAA (1964) :
l’entité est une aire d’intérêts économiques d’individus. Sa délimitation suppose que l’on iden-
tifie les individus intéressés et la nature des intérêts qu’ils retirent de son activité et de ses

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critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

mation est susceptible d’être utile aux investisseurs, créanciers pour prendre
des décisions sur la fourniture de ressources et savoir si leur utilisation a été
efficiente et efficace.

1.1. Origine(s) et nécessité du modèle d’entité ?


Il faut revenir brièvement aux sources du concept d’entité pour mesurer ce
que sa transposition aux groupes soulève comme questions. Sa définition et
son utilisation n’ont pas été l’apanage des IFRS, mais ont été impulsées très
tôt par une réflexion transnationale, notamment aux USA et au UK, puis lar-
gement utilisées, notamment en US GAAP, puis en IFRS. La notion d’entité,
essentielle à l’organisation comptable moderne, a été énoncée clairement par
Paton (1922), Paton et Littleton (1940), puis surtout par Moonitz (1942, 1951)
dans le cadre précis des comptes de groupes. Elle s’oppose au départ à celle
du propriétaire et s’impose face à l’évolution des sociétés par actions et des
stratégies de concentration, où propriété et décisions sont souvent dissociées.
Alors que la théorie du propriétaire voit la firme comme un support juridique
pour l’enrichissement de ses actionnaires, celle de l’entité identifie celle-ci
comme une unité économique complexe, autonome, faisant l’objet de taxations
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au même titre que les individus, pouvant détenir des biens et titres de pro-
priété et étant justiciable. Ses revenus opérationnels5 découlent des capitaux
économiques, indépendamment de leur origine et propriété. Ils sont valorisés
au coût ou à la valeur de marché selon les cas. Ils sont objets de distribution,
que ce soit les dividendes, les intérêts de la dette ou les taxes. La genèse et le
partage de la richesse par les stakeholders (plus que par les shareholders) sont
au centre du concept. Si celui-ci s’appuie clairement au départ sur la firme
comme structure juridique, il ne s’y limite pas et privilégie a priori l’entité de fait
(Husband, 1954). Il peut donc s’appliquer en théorie aux partenariats, groupes
d’entreprises etc., mais entretient indiscutablement un débat confus dès lors
qu’il s’affranchit des limites de l’entité légale, la société, souligne Lorig (1964).
Il nécessite alors de définir ses limites, soulevant la question de son périmètre
et le bilan devient un état prédominant comme expliquant l’entité par la des-
cription de ce qui la compose. La reconnaissance d’une entité dans le cas des
groupes est indissociable de l’avènement de la consolidation par intégration :
l’intuition de faire l’amalgame des comptes des sociétés d’un groupe s’est vite
imposée logiquement au début du 20ème siècle (Finney, 1922 ; Garnsey 1923,
par exemple) et rapidement les auteurs ou praticiens ont traité les groupes
comme si le groupe et ses filiales ne formaient qu’une seule firme6. Cependant
on est longtemps resté sur des objectifs d’amélioration ou de complément des
comptes du holding, donc une vision proprietary. La proposition d’une théorie

ressources, qu’elles soient corporelles, incorporelles, quantifiables ou non.


5 Résultat d’exploitation.
6 Voir Kohler (1938) qui met en avant la notion de contrôle plutôt que celle de droits
de vote et Kracke (1938) qui parle d’entité économique (et mentionne les konzern allemands).
Enfin Sanders, Hatfield et Moore (1938) parlent de système de sociétés reliées

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de l’entité en consolidation n’est venue qu’a posteriori avec Moonitz (1942,


1951). L’auteur soulignant le manque de repères théoriques sous-tendant la
consolidation, formule clairement que l’objectif de celle-ci est de traiter le groupe
comme s’il était une même entité dont les filiales seraient équivalentes à des
établissements. Ceci étant, il n’apporte pas beaucoup d’éléments conceptuels
et théoriques, mais postule que si les groupes sont des entités alors il faut en
tirer les incidences pratiques, et énonce les règles et conséquences techniques
qui en découlent. Les groupes sont alors composés de filiales détenues presque
à 100 %. Leur assimilation à une seule société ayant des succursales paraissait
logique, justifiant que l’on cherche à les représenter par la consolidation de
leurs sous-ensembles. Cette approche de restitution d’un objet économique
(groupe) par l’identification de ses parties (filiales) va s’enraciner tout au long
du 20ème siècle portant les normes à affiner les critères de leur qualification, à
décliner nombre de variations dans le modèle consolidé (voir Baxter et Spinney,
1975), et surtout à complexifier les règles de valorisation des sous-parties
(actifs, dettes, etc.) qui composent le tout organisé en entité. Les normes IFRS
sont indiscutablement l’aboutissement de cette logique, sans qu’ait été jamais
remise en cause l’idée que les groupes sont des entités.
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1.2. L’entité en IFRS : vers une image absolue des groupes ?
Deux dimensions confortent l’adhésion apparente et absolue du cadre IFRS au
principe de l’entité : sa restitution des groupes comme des objets à découvrir
par construction, réunissant leurs parties (filiales), et les règles de valorisation
de leurs éléments (actifs, etc.).

Si la délimitation des groupes a toujours été un sujet controversé, notamment


sur les seuils d’intégration des filiales (voir Bensadon, 2009, par exemple), le
périmètre comptable repose désormais sur l’analyse de la substance du contrôle,
supposée affranchie des critères de détention de capital. Il intègre toutes les
filiales, indépendamment de leur activité (financière par exemple) et de leur
significativité. L’IFRS 10 précise que le contrôle de la mère est lié au fait d’avoir
le pouvoir sur une entité, d’être exposé ou de bénéficier de ses rendements
variables et de pouvoir les influencer7. Les entités associées (réputées sous
influence notable) sont traitées par la méthode de la mise en équivalence et
seuls leurs profits viennent accroître la richesse du groupe. Les investisse-
ments conjoints, partenariats, (anciennement co-entreprises), sont traités par
l’IFRS 11 selon que le groupe dispose de droits sur les actifs et d’obligations
sur les passifs de ces entités (joint operation, intégrées proportionnellement)
ou seulement de droits sur les actifs (joint venture, mises en équivalence).
Ainsi, les règles d’identification des entités consolidées sont-elles désormais
d’application universelle par le caractère conceptuel qui les sous-tend et le
sujet de la délimitation des groupes semble-t-il clos.

7 On retrouve l’esprit du contrôle de fait ou du contrôle contractuel de la 7ème direc-


tive UE.

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La consécration du modèle de l’entité par les IFRS : perspectives
critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

En parallèle, les normes ont œuvré pour approcher leurs règles de valorisation
et de représentation d’un idéal théorique conforme aux préceptes de la théorie
de l’entité. L’IAS 1 prône clairement une approche stakeholders et énonce la
finalité des états financiers (consolidés en l’occurrence) pour les parties pre-
nantes. Nombre d’éléments du bilan sont valorisés à la juste valeur (IAS 32-39
puis IFRS 9) ou réévalués (IAS 16 et 38), et celui-ci détermine le résultat global
(compréhensive income) comme généré par les actifs et capitaux employés (idée
que l’on retrouve chez Paton, 1922). Mais deux normes récentes marquent
le point d’orgue de cette évolution vers l’entité : l’avènement de l’IFRS 16 et
l’option de full goodwill de l’IFRS 3 révisée. La première consacre l’idée que les
moyens doivent être représentés au bilan indépendamment de leur propriété
et y prévoit ainsi la capitalisation des contrats de location simple, dépassant
ainsi largement le champ d’application de l’IAS 17 (location financières, dont le
classique crédit-bail). Enfin, la seconde est certainement la plus remarquable
et fait écho aux recommandations de Moonitz (1944) sur le sujet du goodwill.
Jusqu’en 2009, le goodwill était valorisé pour la part majoritaire (purchase
method, proche des normes françaises) et entretenait donc un lien ambigu avec
l’approche propriétaire (proprietary theory) opposée à celle de l’entité. Il est
désormais possible de valoriser le goodwill complet (full goodwill) incluant une
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part implicite d’intérêts minoritaires et reconnaissant la pluralité des acteurs
et parties prenantes. Cette évolution, pour surprenante qu’elle soit, parachève
les contours et la valorisation d’une entité globale : le groupe.

En résumé, le postulat d’entité a été posé. Il a inspiré les normes internationales


développées autour des groupes sans que soit remis en cause le fondement
même de l’assimilation des regroupements à une entité unique. Ce postulat
est désormais consubstantiel à la cohérence et légitimité des IFRS. Celles-ci
ont par ailleurs œuvré pour conforter l’entité en la détaillant de manière ana-
lytique comme un objet dont l’évidence s’imposerait par le détail qui l’éclaire.

1.3. Les IFRS confortant l’entité groupe par la qualification de


ses parties
Si la délimitation des groupes est encadrée par les IFRS 10, 11 et l’IAS 28 dé-
finissant de manière subtile les conditions de substance des relations entre
holding, filiales et entités associées, les normes internationales ont aussi apporté
un regard complémentaire sur les partitions internes des groupes, renforçant
l’image d’une entité unique qui serait découpée pour être bien comprise. Le
détail conforte le tout et sa substance. Tout d’abord, l’entité est représentée
dans la variété de ses activités sectorielles. Très tôt l’IAS 14 avait posé les jalons
d’une information segmentée très détaillée8, bien au-delà de ce que les normes
françaises proposaient. Puis dès 2008, l’IFRS 8 a clairement mis en avant que
cette segmentation devait être en rapport avec l’organisation interne et le mail-

8 Équivalente à des mini comptes de résultat et bilans par segments métiers et géo-
graphiques.

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lage des systèmes de pilotage de l’entité groupe. Celle-ci est donc désormais
présentée comme un ensemble stratégique, piloté et cohérent. Par ailleurs,
l’identification des Unités Génératrices de Trésoreries (UGT) reposant sur les plus
petites unités opérationnelles générant de la trésorerie9 donne aussi un détail
sur le maillage du groupe et les sources de trésorerie de l’entité. L’obligation
faite aux groupes de justifier un niveau fonctionnel et financier minimum dans
leur organisation conforte encore, comme précédemment avec les publica-
tions sectorielles, l’idée que l’entité est finie : UGT et segments stratégiques
en constituent le maillage analytique. Enfin, à partir de 2013, l’IFRS 12 sur les
entités liées procède du même mouvement : donner du détail circonstancié sur
ce qui est délimité, que ce soient des filiales, des entités associées, des parte-
nariats ou des entités structurées. Les accords contractuels, les engagements,
éléments d’appréciation du contrôle, les informations financières résumées
sur les filiales, etc., sont donc requis pour éclairer le fonctionnement de l’entité.

Au final, les IFRS ont épousé les préceptes de la théorie de l’entité sans justi-
ficatif clair : elle est plus un postulat qui sous-tend le cadre conceptuel actuel
qu’un théorème bien étayé. Mais s’il est vrai que lors des prémices de la conso-
lidation les groupes de sociétés pouvaient être assimilés à des firmes ayant
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des établissements, aujourd’hui, cette approximation est mise en défaut par
l’évolution des modèles économiques des groupes, où le périmètre restitué est
parfois assez éloigné de la réalité du contrôle des ressources et du pouvoir de
concentration qu’exercent les holding sur leur environnement, comme nous
allons l’aborder dans les sections suivantes.

2. Périmètre des entités groupes en IFRS vs territoire de


contrôle

Colasse (1997) rappelle que les groupes de sociétés assoient leur contrôle à
la fois sur les liens technico-commerciaux, juridico-financiers et sur les liens
de personnes, alors que le modèle comptable est essentiellement focalisé sur
les liens juridico-financiers. Aussi, si le groupe est une entité, telle que posée
par les IFRS, peut-on se satisfaire des seuls comptes consolidés pour appré-
cier l’étendue de sa domination et la maîtrise qu’il exerce sur les ressources
ou sur les flux de revenus ? Sur le sujet, les travaux restent morcelés, traitant
des frontières de la firme, d’économie de la concurrence, et de dilution des
responsabilités mais n’entretiennent pas de relation directe avec la question
du modèle comptable, notamment en IFRS.

9 Elles servent à la mise en œuvre de l’IAS 36. Si les informations ne sont pas aussi
détaillées que celles de l’IFRS 8, les groupes doivent cependant communiquer sur les moda-
lités de leur détermination en annexe.

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critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
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2.1. Du périmètre à la zone d’inf luence


Bien que le contrôle soit désormais au cœur des IFRS, l’idée que le périmètre
des groupes ne se limite pas à sa traduction comptable s’impose, même si elle
n’est pas tout à fait nouvelle en soi10. Meyssonnier et Pourtier (2013) ont sug-
géré que ce dernier pouvait s’entendre bien au-delà du périmètre comptable11
pour la maîtrise des ressources et la pérennité des flux de trésorerie (Figure
1). Prenant exemple sur les groupes franchiseurs, ils montrent que les groupes
opèrent sur un territoire d’influence où ils puisent leurs ressources et duquel
ils tirent leurs revenus.

Ce territoire est composé d’un noyau dur reposant sur la société-mère, ses prin-
cipales filiales détenues de manière exclusive (en général à des taux de contrôle
élevés) puis des filiales périphériques relevant des contrôles conjoints ou de
l’influence notable. La zone d’influence du groupe complète le noyau consolidé.
Elle comprend les entreprises partenaires (au sens large) qui lui permettent de
maîtriser ses ressources et ses coûts ou de contrôler ses revenus bien au-delà
du périmètre de consolidation. Elle se caractérise par un réseau de collecte
d’informations que le groupe consolidé est à même de gérer et d’imposer aux
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entreprises partenaires captives. Ceci est vrai en termes de rythme de repor-
ting (mensuel en général), format des états de suivi, contenu des tableaux de
bord, objectifs assignés (commerciaux par exemple), supports informatiques
(logiciels préconisés/imposés par la firme pivot) et protocoles utilisés, etc. Au
final, ces entités partenaires sont sous contrôle opérationnel12 au même titre
que les vraies filiales. Seule l’absence de liens de propriété les distingue fon-
damentalement. Aujourd’hui, alors que la consolidation des comptes de filiales
est banalisée, la reconnaissance de liens particuliers avec des partenaires, et
donc d’une zone d’influence pourrait conduire à vouloir élargir le périmètre de
consolidation à l’ensemble du territoire sous influence. Cette démarche irait bien
au-delà de ce que prévoit le cadre conceptuel des IFRS, soit par combinaison
des comptes de partenaires avec les comptes consolidés, soit en les annexant,
etc. mais produirait un alourdissement significatif des informations déjà très
conséquentes en IFRS et rendrait plus floue encore la notion d’entité au centre
des cadres normatifs. Meyssonnier et Pourtier (2013) ont toutefois proposé une
version de comptes consolidés ajustée qui échappe à cette lourdeur. Elle relate
la structure des flux (ventes, achats, résultats, etc.) en fonction de leur origine
contractuelle (classés par contrats, type de partenariats, etc.), reconnaissant
que les groupes ne sont pas diversifiés uniquement selon leurs métiers ou
secteurs géographiques (IFRS 8), mais aussi selon leurs modes d’arrangement,

10 Dupuy (1978), Amblard (1999), Catel (2007), abordent le sujet par exemple.
11 La Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) le contraint à élargir aussi son
périmètre de contrôle et suggère l’idée d’un périmètre de responsabilité faisant écho au sujet
très actuel de l’A ccountability.
12 Ils sont aussi souvent locataires des murs qui appartiennent à l’entité Holding du
groupe dominant.

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de captation de revenus ou de maîtrise des sources, donc selon leurs leviers


d’exploitation de la zone d’influence.

Figure 1 - Périmètres d’inf luence des groupes


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Source : Meyssonnier et Pourtier, 2013.

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critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

2.2. Le modèle comptable de l’entité IFRS face aux divers


modèles d’organisation
L’axe franchise développé par Meyssonnier et Pourtier (2013) n’était qu’un
aspect d’un problème plus vaste qui confronte le modèle comptable aux formes
organisationnelles modernes. C’est tout d’abord une question de continuum
entre le marché et la firme, au sens de Coase (1937). L’émergence de formes
hybrides (Williamson, 1996) n’a fait que complexifier le sujet. La littérature
sur le sujet est très abondante et les définitions ou acceptions peuvent va-
rier. Ménard (2003) passe en revue diverses formes d’arrangements qui dé-
passent les formes organisationnelles classiques : les organisations de réseaux
de sous-traitance, les firmes réseaux, les marques collectives, les franchises,
les partenariats, les alliances. Plus récemment la montée des firmes virtuelles
(Edouard et Gratacap, 2009) et de systèmes d’organisations larges, fondés
sur la firme écosystèmique13, ont encore complexifié la question des contours
des organisations. Toutes ces formes reposent sur une apparente autonomie
d’entités juridiquement indépendantes mais procédant à des arrangements leur
permettant de structurer tout ou partie de leurs transactions en mutualisant
leurs ressources tout en conservant leurs droits de propriété et ce, plus ou
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moins durablement. Ces arrangements s’appuient sur des relations contrac-
tuelles ou de personnes, mobilisant les acteurs de manières diverses dans des
relations qui dépassent le cadre classique du droit du travail par exemple. La
qualification de leurs relations échappe donc largement aux critères de contrôle
retenus en IFRS 10 alors que les groupes de sociétés sont bien entendu des
acteurs de tout ou partie du développement de ces formes organisationnelles
hybrides. Aussi, même si des liens statutaires ou contractuels sont envisagés
dans l’appréciation du contrôle (et déjà dans la 7ème directive UE), donc de
l’entité groupe, cela est essentiellement théorique.

La Figure 2 propose une synthèse de l’incomplétude du modèle comptable


IFRS face aux formes organisationnelles modernes, en identifiant 3 axes de
levier de création de valeur combinés par les business models selon les cas et
les périodes : le contrôle des capitaux, celui des acteurs et celui des proces-
sus et savoir-faire. Trois zones existent, liées aux combinaisons des leviers de
création de valeur, dont une seule n’est appréhendée que partiellement par le
modèle comptable IFRS. Actuellement celui-ci est focalisé sur la représentation
aboutie des capitaux économiques et a relégué en second plan l’analyse des
flux. Cela est vrai à la fois par le prisme déformant que donne la prééminence
du bilan, mais aussi par les distorsions qu’impriment sur le compte de résultat
(et donc dans une certaine mesure sur les tableaux de flux de trésorerie14)
les règles qui transfèrent au bilan nombre d’éléments qui lui étaient assignés

13 Daidj (2011), Gueguen et Passebois-Ducros (2011).


14 La capitalisation des locations financières déformait déjà la CAF (ou MBA) en
transférant des f lux décaissables en f lux calculés. L’IFRS16, par exemple, va accroître cette
distorsion. À quand la disparition des charges de personnel et l’activation puis l’amortisse-
ment du Capital humain ?

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(voir section 1). Pourtant, le développement des firmes modernes, réseaux,


virtuelles, ou des firmes écosystème, donne un relief significatif au rôle des
contrats et des acteurs (zone 2 et 3) qui influencent ou contrôlent les flux de
valeur : le modèle comptable devrait en restituer la composition alors que
le cadre comptable IFRS ne couvre qu’une partie des possibilités (zone 1) et
encore, de manière déformée, même si, par exemple, la prise en compte de
liens de personnes est évoquée dans l’Exposure Draft 2010 sur la reporting
Entity15. Il contribue à éloigner encore le modèle comptable d’une complexité
mouvante, difficile à circonscrire.

Figure 2 - Leviers de la création de valeur vs IFRS


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Le modèle comptable IFRS est fortement polarisé sur la prééminence d’une


représentation bilancielle des capitaux. Le contrôle des (ou par les) acteurs
est absent16 et augmente la complexité de l’analyse des regroupements. Par
ailleurs, le contrôle des process et celui des savoir-faire sont éludés. Il est notable
par exemple que l’essentiel des exemples fournis par la norme IFRS10 repose
sur des entités en liens de capital variés, mais en liens capitalistiques tout de

15 ED/2010/2, §BC25 sur les comptes combinés relatant timidement les concentra-
tions familiales.
16 Sauf à la faveur des scandales liés par exemple aux ententes illicites sanctionnées
par le droit de la concurrence où son poids nous est rappelé sans que le modèle comptable ne
soit concerné.

122
La consécration du modèle de l’entité par les IFRS : perspectives
critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

même17 ! Pourtant, le caractère très structurant de la domination que le holding


exerce sur ses partenaires (sens large) pourrait correspondre aux critères de
l’IFRS 10 dans certains cas. Si cette norme aborde timidement les franchises
(§ B29 à B33), elle les écarte plutôt en exposant les raisons pour lesquelles ce
sujet est hors de la qualification du contrôle, arguant de l’insuffisance du droit
protectif dont dispose le franchiseur sur sa marque. Ce n’est cependant pas
l’analyse de PriceWaterhouseCooper (2015) dans le cas des règles ASC (USA),
très proches des IFRS, reconnaissant clairement que sous certaines conditions,
un franchisé peut être une variable interest entity et donc peut entrer dans le
périmètre du groupe franchiseur. Plus généralement, il est évident que la prise
en considération des relations contractuelles ou technologiques est essentielle
pour analyser et évaluer des groupes qui entretiennent des liens privilégiés
et forts avec leurs partenaires, comme Areva, Décathlon ou Vente.privée.com,
avec leurs fournisseurs, par-delà leur périmètre de consolidation.

Dans cette partie, nous avons donc souligné que le modèle d’entité porté par les
IFRS méconnaissait l’étendue du pouvoir des regroupements et les leviers de
création de valeur déclinés dans leurs business models. Nous allons désormais
mettre en avant que les IFRS occultent aussi le glissement des modèles écono-
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miques, figeant un objet mouvant, à mesure que leurs règles se complexifient,
ce qui soulève nombre de questions en perspective.

3. Modèle figé, objet mouvant : dialectique d’un système


complexe avec son modèle d’entité, enjeux et perspectives

Derrière le concept d’entité il y a, de manière implicite, celui d’une unité éco-


nomique cohérente, homogène notamment dans le temps. En plus de sa dé-
limitation, c’est sa rémanence qui devrait la qualifier. Or il est courant que la
structure des groupes se modifie, que leur modèle économique change pro-
fondément et nous interroge sur ce qui demeure de l’entité à travers le temps.
En figeant la représentation comptable, le modèle IFRS ignore les adaptations
ou évolutions de l’objet groupe, attisant un débat qui a déjà pris naissance au
début du 20ème siècle.

3.1. Dialectique Objet groupe/Modèle comptable : le glissement


des modèles économiques
Le cas d’Accor18 est un bon exemple de l’écart entre le périmètre de consolida-
tion et la réalité tangible d’une zone d’influence contractuelle et financière. Il
est aussi un exemple de l’inflexion du business model des groupes qui souligne,
par contraste, la rigidité du modèle comptable. Le groupe a opté dès 2005 pour

17 Les seuls exemples fournis sans lien de capital concernent des entités financières
structurées complexes et sont, au fond, l’écho des situations traitées par l’ancien SIC 12.
18 Utilisé par Meyssonnier et Pourtier (2013) et complété ici jusqu’à l’exercice 2015.

123
N°92 - Mars 2017

une stratégie asset light/asset rigth19, en vendant une part de ses hôtels bien
que conservant le contrôle des revenus par le biais de franchises ou de contrats
de gestion dont la proportion s’est accrue (Tableau 1).

Tableau 1 - Parts relatives des redevances perçues par Accor

Exercices 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Chiffre d’affaires
7562 7607 8121 7593 5490 5948 6100 5649 5536 5454 5581
HT (CA)
Revenus (fran-
chises et gestion) 174 200 208 222 202 248 267 511 603 520 624
(1)
Flux de
Trésorerie d’Acti- 1082 1196 1415 1050 383 665 642 709 855 875 886
vité (FTA)
Revenus (1)/CA 2,3% 2,6% 2,6% 2,9% 3,7% 4,2% 4,4% 9% 10,9% 9,5% 11,2%
Revenus (1)/FTA 16,1% 16,7% 14,7% 21,1% 52,7% 37,3% 41,6% 72,1% 70,5% 59,4% 70,4%

On voit ici (Tableau 1) que le chiffre d’affaires consolidé classique perd en


significativité par le glissement du modèle économique du groupe au profit
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des revenus de franchises qui prennent une part croissante et significative des
flux nets de trésorerie d’activité.

À territoire de contrôle donné, la frontière entre périmètre de consolidation et


zone d’influence évolue rendant graduellement les comptes de groupes moins
pertinents. Il serait nécessaire d’appréhender toutes les entités sous contrat,
non seulement pour les anciennes filiales, mais aussi pour les nouvelles entités
partenaires.

Mais le glissement du modèle économique d’Accor n’est qu’un exemple des


métamorphoses qu’ont pu connaître les regroupements d’intérêts, au sein
desquels les groupes de sociétés ne sont qu’un épisode. Rappelons que la ba-
nalisation des groupes de sociétés structurés autour de liens capitalistiques
(et en conséquence, la démocratisation des comptes consolidés) est au fond, en
partie, une réponse à l’encadrement réglementaire des trusts aux USA, lesquels
favorisaient les ententes entre entrepreneurs (personnes) en s’appuyant sur
des concentrations de pouvoir déléguées aux trustees (voir Walker, 1978). Si les
liens de personnes jouent encore et toujours un rôle évident dans les relations
inter-entités20, l’émergence des groupes comme nouvelles formes organisa-
tionnelles au début du 20ème siècle a polarisé l’attention de la communauté
comptable sur la manière de les restituer. C’est l’une des premières questions
qui s’est alors posée : fallait-il combiner leurs comptes, les annexer à ceux du
holding, annoter ces derniers pour restituer une information élargie ? Mais

19 Stratégie que l’on retrouve chez des groupes comme Club Med ou  Pierre et Va-
cances par exemple.
20 Voir par exemple la déconsolidation massive réalisée par le groupe Gaumont en
2001, créant à cet effet une entité ad hoc contrôlée par le groupe Pathé (66 %) et détenue à 34 %
par Gaumont. Le montage passe sous silence que les pdg des deux groupes étaient aussi frères.

124
La consécration du modèle de l’entité par les IFRS : perspectives
critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

à mesure que la solution des comptes consolidés s’est installée, les groupes
ont évolué, avec des filiales plus difficiles à cerner et intégrer au modèle. Le
Tableau 2 propose une synthèse simplifiée des grandes étapes qui ont émaillé
le 20ème siècle et le début du 21ème siècle21.

Tableau 2 – Succession des stratégies de regroupement et des


questions et évolutions du modèle comptable
1ère moitié du 2nde moitié Fin 20ème /
Périodes Début 20ème s. À venir ?
20ème s. 20ème s. début 21ème s
indicatives (1) (5)
(2) (3) (4)
Émergence des groupes à fort Généralisation des groupes de Dématérialisation
taux de détention assimilés à sociétés, des regroupe-
des firmes à succursales complexes, aux frontières floues ments d’intérêts 
Développement Généralisation
Généralisation
des regroupe- des partena-
Banalisation des filiales Autres stratégies
ments et prises riats, entités
Stratégies des inves- étrangères, de regroupement,
de contrôle, associées et
de regrou- tissements financières, de concentration
filiales et des montages
pement en titres de émergence des et de contrôle de la
sous filiales, structurés
participation partenariats et valeur ?
étrangères ou (special purpo-
entités associées
nationales se vehicle)
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Questions Valorisation Valorisation et conso- Débats sur la Traitement Quelle(s) enti-
comptables des titres lidation des filiales consolidation des entités té(s) ?
classiques (proches des filiales particulières et Les groupes sont-
de 100%) atypiques des montages ils des entités ?
déconsolidants
Cadres Absence de règles Structuration des règles nationales… Quel cadre
comptables structurées comptable ?
pour les Avènement IAS…
groupes
Cristallisation IFRS
Pratiques, Coût vs One line consolidation Non conso- Mise en équi- Prééminence d’une
arbitrages juste (proto consolidation lidation, valence vs comptabilité de
et règles valeur/ par Mise en équiva- intégration intégration bilan ?
prise en lence, Nobes, 2002). proportion- proportionnelle,
compte des Intégration globale nelle, mise en avènement SIC
résultats vs ou proportionnelle équivalence 12, IFRS 10,
dividendes des filiales directes et 11, 12
nationales

Il montre que lors de l’émergence des groupes, la question a été de savoir


comment traiter les titres de participation et les revenus associés (colonne
1). Alors que le modèle de consolidation s’imposait rapidement pour restituer
des groupes centrés sur des filiales fortement détenues (2), les regroupements
se sont complexifiés, reposant sur des filiales étrangères, des sous-filiales,
alors exclues du modèle comptable. Cette première époque est marquée par
l’absence ou la faiblesse des règles pour appréhender des groupes se généra-
lisant. Un tournant significatif s’amorce après la seconde guerre mondiale qui
voit l’importation tâtonnante des pratiques américaines dans la vieille Europe
continentale (le UK était déjà en avance dans la suite des USA). Nombre de

21 Voir Walker (1978) pour une histoire détaillée des comptes de groupes avant IAS.

125
N°92 - Mars 2017

questions sont alors débattues sur l’identité des groupes, le statut des filiales
particulières (financières, étrangères, partenaires, co-entreprises). Cette période
de pratiques peu encadrées et très disparates aboutit à la naissance de l’IASC
et des normes internationales et l’avènement de la 7ème directive UE qui, avec
décalage, vont poser le cadre d’une normalisation des modèles et pratiques
comptables des groupes. Pourtant (4), l’évolution des groupes n’a cessé de
complexifier la réalité, portant le modèle IFRS à ce qu’il est aujourd’hui. À l’aune
de cette perspective (colonnes 1 à 4), la question devient alors de savoir si le
modèle IFRS, centré sur l’entité, élargi à outrance pour tout prévoir, pétri et
figé dans sa lourdeur conceptuelle et opératoire, sera à même de restituer de
nouvelles configurations et notamment l’évolution des combinaisons (colonne
5) que les groupes peuvent entretenir, développer avec les formes hybrides
d’organisation soulignées en section 2. Finalement Moonitz (1951, page 1)
l’avait dit peut-être de manière prémonitoire dès son introduction22 : « les
comptes consolidés n’existent pas coupés du monde. Ils ont été développés pour
remplir un véritable besoin qui a émergé de conditions historiques spécifiques ;
ils reflètent au niveau comptable le modèle distinctif adopté dans ce pays (USA)
par le combination movement. Quand ces conditions se modifieront suffisamment,
les comptes consolidés seront supplantés par d’autres formats de comptes plus
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adaptés ». Il est donc possible que le modèle consolidé IFRS puisse être mis en
défaut s’étant déconnecté de la réalité et de la complexité stratégique de groupes
jouant désormais sur des combinaisons subtiles entre la firme réseau, la firme
virtuelle, la firme écosystème, le tout centré sur le groupe structuré classique
et l’animation (et le contrôle) d’une frange de partenaires et entités associés.

3.2. Enjeux et perspectives d’une question encore sans réponse


Deux séries de questions émergent et demeurent au final : des questions d’ordre
théorique et fondamental, puis de nombreuses questions d’ordre pratique qui
en découlent partiellement.

D’un point de vue fondamental, le modèle IFRS et ses ambitions soulèvent la


question des limites de l’entité et montre que les normes n’ont pas pu cerner
l’étendue du sujet. Elles sont partiellement mises à mal par l’évolution des
modèles économiques vus précédemment, mais aussi par une vague de ques-
tionnements qui n’y est pas étrangère : celle du périmètre d’un reporting élargi
et constituant un dépassement du modèle comptable traditionnel. Les thèmes de
la RSE, et du reporting immatériel (capital humain, partenaires, clients, etc.) en
sont les exemples les plus probants et respectivement proposent un élargisse-
ment des passifs (RSE) ou des actifs (immatériels). En cela, ils constitueraient un
modèle plus abouti de la logique de l’entité reposant sur un bilan élargi (extended
balance sheet, Cornell et Shapiro, 1987). On retrouve cette idée forte dans les
critères de la Global Reporting Initiative et son GRI boundary protocol (2005).

22 C’est d’ailleurs la seule concession critique et fondamentale qu’il formule implici-


tement au modèle d’entité qu’il ambitionne par ailleurs de poser (et non de justifier) dans sa
monographie.

126
La consécration du modèle de l’entité par les IFRS : perspectives
critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

Elle met en avant le critère de contrôle/influence, croisé avec celui d’impact


pour définir celles des entités qui doivent être incluses dans le périmètre de
reporting pour produire une information dont la matérialité dépend de son
influence sur les appréciations des stakeholders et de son impact économique et
sociétal. Pourtant, que ce soit en IFRS, ou dans d’autres approches normatives
de la délimitation de l’entité, il est remarquable que les critères retenus soient
statiques, à l’instar d’un bilan. Les critères IFRS éludent la dimension temporelle
du contrôle et par là méconnaissent la possibilité d’une métamorphose des
relations capitalistiques en liens contractuels, ou humains. Or, comme nous
l’avons montré supra, les regroupements exploitent de manière contingente
des leviers tour-à-tour d’ordre humains, capitalistiques, contractuels, pour
maîtriser et préserver la création de valeur qui les mobilise. L’exemple d’Accor
est typique d’un glissement où des entités précédemment filiales passent en
mode Sale & Management Back ou Sale & Franchise Back. Introduire le cycle
de vie d’un contrat, d’une filiale, pour lui redonner son poids réel dans la stra-
tégie de groupe, nous paraît essentiel pour ne pas retomber dans l’image figée
que nous connaissons actuellement et mieux comprendre une entité dont les
impacts seraient durables par-delà les formes d’exercice de son contrôle. Par
exemple, l’idée qu’une société puisse, tour à tour, être simple participation,
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entité associée, filiale, puis à nouveau associée et enfin, déconsolidée par un
spin off ou autre montage de cession, nous paraît devoir être envisagée pour
redonner de la perspective à ce qui n’en a pas beaucoup. Il est notable que les
normes restent focalisées sur la qualification des entités et non sur leur place
dans un processus global de création de valeur. Dans un contexte différent,
la réflexion sur le contour et la consolidation des comptes publics faite par le
CNOCP23 mérite d’être soulignée car elle privilégie l’idée que ce qui compte c’est
la mission, les droits et obligations d’une entité (publique), plus que sa forme
à un instant t. Ainsi, celle-ci pourrait changer, disparaître mais les aspects de
ce pour quoi elle a été créée (obligations, engagements, missions) demeurent.

Cependant, ces remarques soulèvent le spectre d’une entité sans cesse élargie
et dont les limites seraient circonscrites par des critères de plus en plus qua-
litatifs, à la substance complexe, et peu opératoires ou vérifiables, ouvrant la
voie à une masse d’informations qualitatives. Or, il faut noter que la concep-
tualisation du contrôle, clé de détermination du périmètre en IFRS, rend déjà
très délicat le contrôle des comptes par les auditeurs. Elle permet au groupe
de documenter et justifier la consolidation d’entités qui ne seraient pas sous
contrôle de capital, mais à l’inverse, elle délègue aux auditeurs la responsabilité
d’identifier les entités qui seraient sous contrôle en substance, alors qu’elles ne
sont pas consolidées, ouvrant la porte à une déformation de l’image comptable…
Or, les auditeurs ne peuvent en général auditer que ce qui leur est accessible.
Par ailleurs, les Normes de l’Exercice Professionnel sont plutôt évasives sur
les aspects liés à l’étendue possible de l’entité et les critères opératoires de
contrôle entre entités. Pourtant, la question du contrôle des comptes, de la

23 Conseil de Normalisation des Comptes Publics (2014).

127
N°92 - Mars 2017

délimitation du périmètre, et des valorisations complexes associées, a été au


centre de scandales financiers retentissants (Enron, Woldcom, Parmalat, etc.)
dans une époque pré-IFRS (et en normes étrangères). À ce jour il est impossible
d’anticiper la posture que des tribunaux pourraient avoir face à la complexité
et au décryptage des comptes établis en IFRS, normes publiées au JO de l’UE, et
il est probable qu’une jurisprudence pourrait s’établir sur la base de règles de
droit national beaucoup plus classiques et assez éloignées du fond des règles
de l’IASB.

La reconnaissance ou l’interrogation du droit sur le sujet des groupes est d’ail-


leurs un thème d’actualité qui mérite d’être croisé avec nos questionnements
plus conceptuels sur l’entité en IFRS. Rappelons que les montages qui sous-
tendent le modèle économique des groupes et expliquent leur évolution vers
des formats plus flous ne sont pas motivés que par l’opportunité permise par
les moyens numériques et la dématérialisation de la firme ou encore le souci
de réduire les coûts de transaction ou de réaliser des économies d’échelle
en réalisant des partenariats etc. Une partie significative de la stratégie des
groupes est aussi polarisée sur le souci d’une optimisation financière au regard
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des contraintes fiscales et sociales qui s’imposent à eux. Ce sujet dépasse d’ail-
leurs le seul cadre des IFRS. Ainsi, l’organisation de McDonald reposant sur un
réseau de franchisés versant des redevances à une société sise au Luxembourg
est-elle suspecte… D’autres montages récents, comme le rapprochement des
groupes pharmaceutiques Pfizer et Allergan, permettant de délocaliser le nou-
veau holding (après fusions inversées) en Irlande, ont beaucoup agité le Trésor
américain et il sera intéressant de voir quels seront les impacts du projet Base
Erosion Profit Shifting de l’OCDE notamment dans son Action 13 : Country by
Country Reporting (CbCR) s’il s’appuie sur des données consolidées. Il est aussi
courant que la structure de groupe soit un levier de gestion sociale permettant
de maintenir sous les seuils sociaux une activité pourtant démultipliée, ou
de dissimuler sous un format commercial ce qui devrait relever du droit du
travail : l’Unité Economique et Sociale est rarement respectée et ce d’autant
que son caractère opératoire reste un sujet de discussion.

En résumé, le principe d’entité en IFRS soulève de nombreuses questions qui sont


liées à la fois à l’origine contingente et axiomatique de ce concept, contemporain
de l’essor de groupes aux liens capitalistiques forts, au décalage croissant qu’il
contribue à entretenir avec les formes modernes d’organisations économiques
et, enfin, à l’incomplétude des critères qui fondent la délimitation de l’entité
comptable, aussi conceptualisés qu’ils soient en IFRS. Ces éléments sont exa-
cerbés par la propension des groupes à réaliser des montages déconsolidants,
d’évasion fiscale et de contournement des règles de droit qui s’imposent à eux.
Ce mélange rend plus délicates encore la compréhension de l’entité, l’analyse
de son identité et, renvoie aussi à une autre question sans réponse : les groupes
sont-ils des entités ? Hors la jurisprudence qui éclaire ponctuellement certains
aspects de la complexité des groupes, à ce jour l’ensemble des questions reste

128
La consécration du modèle de l’entité par les IFRS : perspectives
critiques après un siècle d’évolution des modèles de consolidation des
groupes

entier et dessine des perspectives de recherche et de réflexion vastes autour de


la notion de groupe, de l’adéquation du modèle comptable et de son périmètre.

Conclusion

Le modèle consolidé s’est imposé progressivement par la nécessité et les oppor-


tunités d’une époque peu réglementée et riche en manipulations et scandales
financiers. Passée la crise de 1929, l’essentiel des règles a été posé et a gra-
duellement évolué vers un modèle d’entité économique sans que la légitimité
même de ce modèle ne soit vraiment débattue : il a été présenté de manière
axiomatique.

Les normes internationales ont poussé le raisonnement de la théorie de l’entité


à l’extrême et produit un schéma de comptes de groupes à la fois très complet,
riche et complexe, caractérisé par le souci des détails sur la composition interne
de l’entité groupe (segments, UGT, informations annexes de l’IFRS 12, etc.). La
délimitation de l’entité est définitivement établie et semble avoir intégré toutes
les configurations possibles par une acception du périmètre portée sur la subs-
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tance des liens qui unissent les entités. Pourtant, les normes ne retiennent dans
leur représentation qu’une partie des éléments qui permettent la concentration,
l’exercice du pouvoir et la déclinaison du modèle économique des groupes
(ou des holdings) : elles éludent les liens contractuels ou de personnes qui de
facto assurent une domination. De même, elles semblent aborder de manière
incomplète l’entité en omettant nombre d’éléments de dimension sociétale et
immatérielle. Pourtant on peut se demander s’il y a plus de légitimité à activer
des contrats de location simple (IFRS 16 en devenir), qu’à activer le capital
humain ou intégrer les engagements du groupe en matière sociale et environ-
nementale, ou qu’à consolider de simples partenaires sous domination mais
réputés juridiquement indépendants : le vieux serpent de mer sur l’étendue
réelle et l’essence des groupes réapparaît. L’achèvement du modèle comptable
international, en figeant la représentation des groupes de manière complexe et
définitive, souligne de manière aigüe ce qui venait de loin en loin émailler les
écrits d’auteurs sous forme d’objections de principe, mais peu sous forme de
développements critiques : on a toujours su et objecté que les groupes étaient
autre chose que leur périmètre comptable, mais cela en forme de conclusion
rhétorique. Si IFRS 3 (§43c) aborde les regroupements par le biais de contrats
seuls, cela reste très anecdotique dans la norme (et non illustré) et peu nou-
veau au regard des règles de la 7ème directive. De même, si IFRS 10 mentionne
le cas des franchises (§B29-B33), c’est pour mieux le classer hors sujet, noyé
de toute façon dans une masse d’exemples reposant essentiellement sur des
liens de capitaux ou sur des exemples d’entités structurées très financières.

Si nous reprenons Moonitz (1951) en l’extrapolant, nous pourrions dire que


les groupes ont émergé dans un certain contexte et leur complexité croissante
a amené progressivement le modèle comptable à vouloir en figer la repré-
sentation de la manière la plus fine, alors que par essence, ils sont mouvants.

129
N°92 - Mars 2017

Le modèle IFRS s’est développé comme un modèle ad hoc, toujours plus com-
plexe, polarisé sur l’idée de tout décrire en privilégiant largement une repré-
sentation bilancielle. Si les normes internationales envisagent de manière très
large toute configuration de regroupement (et donc en théorie potentiellement
adaptable à tout cas réel), elles restent tributaires de deux facteurs clés. Tout
d’abord, elles sont engoncées dans le concept d’entité qui sclérose la représen-
tation des groupes tout en maintenant une relation ambiguë avec les intérêts
des actionnaires majoritaires. Ensuite, l’applicabilité même des règles qu’il
énonce constitue un frein : la qualification des liens de substance (autres que
de capital ou autres que les cas flagrants d’entités structurées déjà identifiées)
entre les parties requiert une analyse délicate, en admettant que les éléments
probants soient accessibles aux auditeurs. Pourtant, la compréhension des
flux opérationnels et des supports/véhicules juridiques par lesquels ils sont
maîtrisés, semble au moins aussi essentielle pour éclairer le fonctionnement
de ce qui nous paraît être plus un système qu’une entité. Peut-être faut-il parler
de système groupe et non d’entité groupe pour proposer un modèle comptable
en phase avec la complexité qu’il cherche à représenter.
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