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Developpementdurable 21058
Developpementdurable 21058
Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/developpementdurable/21058
DOI : 10.4000/developpementdurable.21058
ISSN : 1772-9971
Éditeur
Association DD&T
Référence électronique
Mathias Boquet et Nicolas Dorkel, « L’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 sur les stratégies de
mobilité d’achat », Développement durable et territoires [En ligne], Vol. 13, n°2 | Décembre 2022, mis en
ligne le 01 décembre 2022, consulté le 28 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/
developpementdurable/21058 ; DOI : https://doi.org/10.4000/developpementdurable.21058
Creative Commons - Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International - CC BY-NC 4.0
https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/
L’impact de la crise sanitaire de la Covid-19 sur les stratégies de mobilité ... 1
1 En mars 2020, la France, comme de nombreux pays européens, fait face à une situation
épidémique de grande ampleur, la Covid-19. Ainsi adopte-t-elle une mesure inédite
dans son histoire : le confinement généralisé de la population 1. La. crise sanitaire
bouleverse immédiatement les activités quotidiennes de chacun et les pratiques
spatiales associées, notamment en ce qui concerne la consommation des foyers et leurs
déplacements d’achats.
2 À la suite de l’annonce du confinement, anticipant une pénurie ou souhaitant limiter
leurs sorties dans les semaines à venir, de nombreux consommateurs se précipitent
dans les magasins pour faire des réserves de produits de consommation courante. De
fait, ce comportement généralisé aura pour conséquence la pénurie temporaire de
certains produits, limitée aux tout premiers jours du confinement et à certains
magasins. Ces comportements témoignent des premiers changements dans la
consommation en situation de crise sanitaire où les incertitudes et les craintes (la peur
de manquer et celle d’être contaminé particulièrement) peuvent guider les décisions
des consommateurs. La très forte augmentation du recours au drive pour faire ses
achatss illustre également ce changement2.
3 Une autre conséquence du confinement est la fermeture administrative des commerces
jugés non essentiels. Seuls restent ouverts ceux proposant des produits alimentaires et
pharmaceutiques, ou encore ceux liés à la téléphonie ou à l’informatique, à la
réparation automobile ou de cycles et au bricolage. L’offre commerciale disponible est
alors fortement restreinte. Pour s’approvisionner en certains produits (habillement,
produits culturels…), les consommateurs auront alors le choix entre différer leur
Agriculteurs 16 0,26
13 Pour comprendre les effets de la crise sanitaire et du confinement, nous avons décidé
de construire des typologies de consommateurs à l’image de celle du Credoc (Dembo et
al., 2018) sur les consommateurs par rapport aux courses alimentaires (cf. figure 1).
Source : enquête Tendances de consommation, volet commerce 2017, CRÉDOC citée par Dembo et al.
(2018)
14 Nos typologies de répondants ou de foyers ont été constituées à partir des méthodes
d’analyse multivariée. Bien que les données collectées fussent à la fois qualitatives et
quantitatives, et après plusieurs tests de paramétrages, le choix a été fait de réaliser des
Analyses en Composantes Principales (ACP) en transformant en variables quantitatives
les quelques variables qualitatives ordinales retenues.
15 Trois typologies ont ainsi été réalisées : la première concerne la consommation
effective pendant la première semaine de confinement ; la seconde porte sur
l’évaluation par le répondant des changements opérés durant cette semaine au regard
d’une situation standard (consommation hors période Covid) ; la dernière typologie
concerne la perception de la crise sanitaire par le répondant.
16 Il aurait été techniquement possible de considérer l’ensemble des variables 3 au sein
d’une seule et même analyse, permettant l’élaboration d’une typologie unique, et
d’observer les corrélations entre elles. Cependant, au regard de la nature des variables
et du déséquilibre de leur nombre par thématiques, le choix de les regrouper en trois
groupes thématiques analysés distinctement s’est avéré plus pertinent. Par exemple, le
fait que 21 % des foyers n’aient réalisé aucun déplacement d’achats pendant la
première semaine de confinement se révélait particulièrement discriminant et ne
permettait pas de faire ressortir suffisamment les autres facteurs différenciants. Notre
méthode permet par contre d’analyser la coappartenance des individus aux trois
typologies.
17 Outre les données utilisées dans l’élaboration des profils, l’enquête intégrait aussi des
indicateurs concernant la localisation du foyer (commune de résidence pendant le
confinement), sa composition (nombre d’enfants, d’adultes ou de personnes de plus de
18 Cette enquête avait d’abord pour but de quantifier les déplacements d’achats. Au cours
de cette première semaine, 79 % des foyers interrogés ont réalisé un ou plusieurs
déplacements d’achats. Les autres s’en sont abstenus, notamment ceux qui avaient
anticipé le confinement de façon générale (8 % de l’échantillon) ou sur certains
produits (25 %). La moyenne des lieux d’achats fréquentés est assez faible (1,4 lieu par
foyer), car la majorité des foyers ayant réalisé des achats s’est limitée à un seul point de
vente (parfois visité plusieurs fois dans la semaine). Le nombre d’achats réalisés est
quant à lui en moyenne de 1,8 achats. Néanmoins, une centaine de foyers ont visité plus
de trois points de vente différents (et ce, jusqu’à un maximum de 8), ce qui témoigne de
comportements de consommation disparates lors de cette première semaine de
confinement.
19 De la même façon, les premiers résultats de l’enquête ont montré que les répondants
n’avaient pas tous la même appréciation de la crise sanitaire et n’avaient pas adopté les
mêmes changements dans leur consommation (réduction du nombre de sorties achats,
fréquentation de leurs commerces habituels) ou les mêmes critères de choix des points
de vente (cf. tableau 2) : proximité, respect des règles d’hygiène et de sécurité, choix
important de produits.
Tableau 2. Les critères de choix des commerces au cours de la première semaine de confinement
notés par les répondants
20 Les trois typologies de visiteurs créées permettent alors d’aborder les stratégies de
déplacement d’achats pendant la pandémie sous des angles différents mais
complémentaires : les pratiques de consommation pendant la première semaine de
confinement ; les changements observés par les consommateurs dans leurs pratiques
depuis la crise sanitaire et le confinement ; et enfin la perception de la crise sanitaire et
le niveau d’inquiétude du répondant.
Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
Contrairement aux autres profils, l’habitude de fréquentation d’un point de vente n’est
pas un critère particulièrement important, ce qui révèle une certaine flexibilité dans
leur comportement de consommation. Afin d’optimiser leur(s) sortie(s) d’achats et de
couvrir tous leurs besoins, ces consommateurs ont fréquenté préférentiellement les
points de vente généralistes, proposant une gamme de produits étendue :
supermarchés, hypermarchés, hard-discount ou drives. Sociologiquement, les
employés, les professions intermédiaires et les étudiants sont légèrement
surreprésentés dans cette classe. Le pouvoir d’achats moins élevé de ces catégories
sociales peut expliquer à la fois la modération observée dans la consommation et
l’évitement des commerces de proximité souvent jugés plus onéreux. Au regard de leur
comportement de déplacements d’achats, ils apparaissent plutôt comme de bons élèves
de la consommation réduite pendant le confinement.
23 D’autres ménages dévoilent, au contraire, un nombre de déplacements et d’actes
d’achats bien plus conséquent. Il s’agit des consommateurs intensifs, catégorie qui
regroupe trois sous-profils : les consommateurs connectés, les consommateurs en boutique
qui privilégient les petits établissements mais en regroupant les sorties d’achats, et
enfin les consommateurs quotidiens qui réalisent des achats tout au long de la semaine.
Les consommateurs intensifs choisissent davantage que les autres catégories leur lieu
d’achats, parce qu’ils recherchent un produit particulier ou parce qu’ils sont
susceptibles d’y croiser des connaissances. Ils multiplient alors les petits achats et
fréquentent particulièrement les boutiques (commerce <300 m2), les grandes surfaces
spécialisées (GSS), les Amap et assimilés, les pharmacies ou les marchés. Les répondants
de ce profil appartiennent plus souvent à la catégorie des cadres et professions
intellectuelles supérieures. On retrouve également une représentation plus élevée des
foyers avec plusieurs enfants. Enfin, il existe une relation entre les consommateurs en
boutique et les consommateurs quotidiens et la localisation au sein d’un pôle urbain du
foyer de confinement.
24 Une dernière catégorie de consommateurs apparaît également : elle est composée de
ceux n’ayant pas du tout ou très peu consommé dans les commerces physiques pendant
la première semaine de confinement. Dans les deux cas, les ménages ont anticipé le
confinement en effectuant des achats les jours précédents. Le sous-profil des reclus se
caractérise par l’absence totale d’achats, tandis que les anticipateurs connectés ont
parfois consommé, mais souvent en drive et sur internet. Lorsqu’ils ont réalisé des
achatss en boutique, les critères relatifs à l’hygiène, la sécurité ou la distanciation
sociale pour choisir le lieu d’achats sont bien mieux notés que pour les autres
consommateurs. Les répondants de ces profils sont davantage présents dans le
périurbain (anticipateurs connectés) et dans le rural (reclus) que les autres catégories,
mais résident quand même dans leur grande majorité au sein d’un pôle urbain.
25 Ces trois catégories témoignent donc de différences significatives dans les pratiques de
déplacements d’achats des ménages au début du confinement. Mais ces différences
peuvent ne pas être liées à la situation exceptionnelle et résulter de différences
antérieures.
pratiques de déplacements d’achats. Cette seconde typologie fait alors apparaître cinq
profils différents avec, d’une certaine manière, une gradation liée à l’impact du
confinement ressenti par les consommateurs vis-à-vis de leurs habitudes de
consommation.
Figure 3. Typologie des répondants selon les changements apportés à leur mobilité d’achats
Source : Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
27 Parmi ceux se déclarant le plus impactés par le confinement et la crise sanitaire, nous
trouvons d’abord le profil des bouleversés qui, au regard de l’impact ressenti, ont
considérablement modifié leurs pratiques d’achats pendant cette première semaine de
confinement. Cette catégorie de consommateurs a davantage fréquenté les boutiques
de proximité, les supermarchés et les drives. Le choix des lieux d’achats a été guidé plus
que pour tous les autres profils par la mise en œuvre de mesures d’hygiène dans les
points de vente et par la possibilité d’éviter la foule et de limiter l’attente sur place. Il
s’agit de la catégorie qui se révèle la plus touchée par le confinement et la crise
sanitaire dans ses pratiques habituelles de déplacement d’achats.
28 Un autre groupe de consommateurs s’estime lui aussi fortement impacté. Il s’agit du
groupe des contrariés, à la fois contraint par les fermetures administratives de certains
commerces et les règles du confinement, mais peu désireux d’adapter ses pratiques de
consommation. Au sein de ce groupe, nous retrouvons particulièrement les familles
avec enfants, devant faire face au défi de l’approvisionnement du foyer alors même que
le nombre de repas pris à domicile augmente considérablement avec la fermeture des
espaces de restauration, ou que de nouveaux besoins émergent (imprimante par
exemple). Pour cela, ces consommateurs ont souvent dû se tourner vers des points de
vente inhabituels, sans que leur sélection ne se fasse en raison de motifs sanitaires.
29 En position intermédiaire vis-à-vis de l’impact ressenti, nous trouvons les foyers
résilients qui ont su s’adapter sans difficulté aux contraintes posées par le confinement
sur leurs stratégies de déplacement d’achats. Cette catégorie privilégie très fortement
les achats en supermarchés qui permettent de répondre aux critères de proximité et de
groupements d’achats (grâce au plus large assortiment en rayon) tout en évitant
Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
32 L’objectif de ces trois typologies est surtout de pouvoir les croiser entre elles pour voir
comment s’articulent les comportements effectifs de mobilité d’achats, l’appréciation
des changements opérés pendant le confinement et le ressenti vis-à-vis de la pandémie.
Trois polarités semblent alors se dégager (cf. figure 5), toutes articulées autour de l’un
des profils de rapport à la pandémie. Ainsi, les foyers où l’inquiétude est la plus forte
sont ceux où les comportements d’anticipation des achatss, d’absence de
consommation ou d’usage de l’e-commerce et des drives ont été les plus forts. Il s’agit
aussi de ceux qui estiment que leurs pratiques de déplacement d’achats ont été les plus
bouleversées. À l’inverse, les foyers assez peu préoccupés par la crise sanitaire sont
également ceux qui ont maintenu leurs routines et leurs habitudes et ont poursuivi une
fréquentation assidue de multiples points de vente. Enfin, les foyers qui se situent en
intermédiarité vis-à-vis de l’appréciation de la situation sanitaire sont ceux qui ont
modéré leur consommation et adapté en conséquence leurs pratiques de mobilité
d’achats.
Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
33 Il existe également un lien entre la localisation résidentielle des foyers et les stratégies
de mobilité d’achats au cours de la première semaine de confinement. L’analyse croisée
de la localisation résidentielle des répondants et des profils de consommateurs permet
d’établir une relation significative entre certains profils de comportements ou de
changements et la répartition des consommateurs selon la nomenclature du zonage en
aire urbaine de l’Insee réduit à trois catégories (cf. figure 6). Dans les pôles urbains,
nous retrouvons particulièrement les profils associés à une consommation importante
dans des commerces physiques et ceux qui ont opéré peu de changements dans leur
mobilité d’achats. En milieu périurbain apparaissent les profils des anticipateurs
connectés et des résilients et, enfin, dans le milieu rural, le profil des reclus.
Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
Source : Boquet, Dorkel, LOTERR, 2021
Conclusion
49 La crise sanitaire et le confinement de mars 2020 ont profondément bouleversé les
activités quotidiennes de la population, notamment la consommation et les pratiques
de déplacement d’achats qui lui sont associées. Alors même que de nombreux achats
sont habituellement réalisés à l’occasion d’autres motifs de déplacement, faire ses
courses devient l’un des rares motifs d’éloignement de son domicile autorisé dans la
France confinée.
50 La situation sanitaire et administrative produit alors plusieurs effets sur les mobilités
d’achats, nous obligeant à réviser les facteurs souvent pris en compte dans les modèles
de déplacement des consommateurs : anticipation du confinement ; renforcement des
achats dits de proximité ; sélection des commerces et des circuits d’approvisionnement
selon des critères sanitaires ; optimisation de ses sorties d’achats pour garantir un
approvisionnement efficient ; ou encore multiplication des actes d’achats afin de
perpétuer une activité sociale hors de son domicile. Ces effets peuvent être additionnels
ou exclusifs en fonction des consommateurs, et des profils différenciés apparaissent,
lesquels sont particulièrement liés à l’appréciation de l’épidémie.
51 Dès lors, notre enquête réalisée au cours de la première semaine de confinement a
permis d’observer quatre stratégies particulières de mobilité d’achats : le repli, la
proximité, la sélection et la pérégrination.
52 La particularité de notre méthodologie d’enquête est d’avoir renouvelé à trois reprises
la passation de notre questionnaire pour suivre l’évolution des stratégies de mobilité
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NOTES
1. Légifrance : arrêté du 14 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte
contre la propagation du virus Covid-19.
2. Au cours de l’année 2020, les enseignes de la grande distribution ont vu le chiffre
d’affaires de leurs drives augmenter considérablement (par exemple, +33 % pour
Auchan, 42 % pour Leclerc et jusqu’à +80 % pour Intermarché, https://www.lsa-
conso.fr/la-folle-annee-du-drive-se-poursuit,378538.
3. Les variables utilisées pour chacune des typologies sont présentées dans la partie 2.
4. Parmi tous les articles de presse sur le sujet, voici comme exemple un article de
France Bleu relatif aux commerces alimentaires de proximité, https://
www.francebleu.fr/infos/economie-social/confinement-certains-commerces-
alimentaires-de-proximite-ont-double-leurs-chiffres-d-affaires-1588007773.
5. C’est ce que rapporte notamment Santé publique France : https://
www.santepubliquefrance.fr/presse/2020/confinement-quelles-consequences-sur-les-
habitudes-alimentaires.
RÉSUMÉS
Cet article étudie l’impact de la crise sanitaire sur les comportements spatiaux des
consommateurs durant les premiers jours du confinement. Si, ordinairement, les mobilités
d’achat sont souvent adossées à d’autres mobilités (déplacements professionnels ou extra-
professionnels), le contexte d’un télétravail généralisé, de fermetures administratives de
nombreux commerces et services et de mise en veille de la plupart de nos activités sociales a
bouleversé les habitudes de consommation de chacun. À partir des résultats d’une enquête par
questionnaire, nous proposons des profils de consommation et d’adaptation au contexte
sanitaire. Ces profils permettront alors d’identifier les stratégies mises en place par les
consommateurs pour s’approvisionner au cours de la première semaine de confinement,
notamment au regard de leur localisation et de leur inquiétude vis-à-vis de la situation
épidémique.
This paper studies the impact of the health crisis on the spatial behavior of consumers during the
first days of the containment. If, usually, shopping mobilities are often coupled with other
mobilities (professional or extra-professional trips), the context of a generalized teleworking, of
administrative shutdowns and of most of our social activities being put on hold, has disrupted
the consumption habits of everyone. From the results of a questionnaire survey, we propose
profiles of consumption and adaptation to the health context. These profiles will then allow us to
identify the strategies used by consumers to obtain supplies during the first week of
confinement, particularly with regard to their location and their concern about the epidemic
situation.
INDEX
Mots-clés : confinement, Covid-19, mobilité des consommateurs, commerces, géographie du
commerce de détail
Keywords : containment, Covid-19, consumer mobilities, shops, retail commercial geography
AUTEURS
MATHIAS BOQUET
Mathias Boquet est maître de conférences en géographie, ses activités de recherche se
concentrent sur les questions d’attractivité territoriale et de mobilité des consommateurs.
Université de Lorraine, laboratoire Loterr UR 7304, UFR Sciences Humaines et Sociales Metz
mathias.boquet@univ-lorraine.fr
NICOLAS DORKEL
Nicolas Dorkel est ingénieur d’études en analyse spatiale, ses travaux concernent la spatialisation
du commerce et l’aménagement aux frontières de la Grande Région.
Université de Lorraine, laboratoire Loterr UR 7304, UFR Sciences Humaines et Sociales Metz
nicolas.dorkel@univ-lorraine.fr