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CHAPITRES CHOISIS
DE
PHYSIQUE DE L’ÉTAT SOLIDE
ALAIN DEREUX
La permission d’accès à ce document est restreinte aux étudiants inscrits à l’Université de Bourgogne
pour leur usage personnel excluant : (i) tout type d’usage commercial par euxmêmes ou par l’inter
médiaire de tout autre entité (personne, entreprise, organisation publique ou privée) ; (ii) l’usage de
ce document comme support d’activités d’enseignement non organisées par l’Université de Bourgogne ;
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ou privée) par un moyen quelconque. En particulier, la diffusion de tout ou partie de ce document ou
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de communication, de traitement de l’information ou de logiciel (p.ex : internet, courrier électronique,
réseau social, etc) est interdite indépendamment du fait que l’accès à ce document est restreint.
1 Introduction 1
1.1 Conseils de lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.1.1 Logiciel pour les travaux pratiques et les devoirs . . . . . . . . 1
1.1.2 Devoirs à la maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Développements au cours du XXème siècle . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Spéci icité de la physique de l’état solide . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.1 Objet de la physique de l’état solide . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.2 Hypothèses transcendantales . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.3 Hypothèses fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.4 Quasiparticules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
i
ii Table des matières
10 Semiconducteurs 333
10.1 Principales données expérimentales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333
10.2 Densités de porteurs d’un semiconducteur non‐dégénéré . . . . . . . 334
10.3 Loi d’action des masses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
10.4 Semiconducteur intrinsèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336
10.4.1 Niveau de FERMI d’un semiconducteur intrinsèque . . . . . . 337
10.5 Semiconducteurs extrinsèques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
10.5.1 Porteurs de charges dans un semiconducteur dopé . . . . . . 339
10.6 Semiconducteurs hors équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343
10.6.1 Conductivité des semiconducteurs . . . . . . . . . . . . . . . . 343
10.6.2 Courants de diffusion et de dérive . . . . . . . . . . . . . . . . 344
10.7 Génération et recombinaison de porteurs de charges . . . . . . . . . 345
Table des matières vii
11 Électronique 347
11.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347
11.2 Travail d’extraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348
11.3 Émission thermique des électrons d’un métal . . . . . . . . . . . . . . 348
11.4 Barrière de SCHOTTKY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 353
11.5 Différence de potentiel de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358
11.6 Jonction métal‐semiconducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363
11.6.1 Diode SCHOTTKY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363
11.6.2 Contact ohmique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
11.7 Jonction pn . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
11.7.1 Jonction pn non polarisée à l’équilibre thermique . . . . . . . 368
11.7.2 Modèle de SCHOTTKY de la charge d’espace d’une jonction pn 369
11.7.3 Jonction pn polarisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371
11.8 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378
11.8.1 Effet photoélectrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378
12 Magnétisme 381
12.1 Magnétisation spontanée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 381
12.2 Diamagnétisme et paramagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 382
12.3 Moments magnétiques et susceptibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 382
12.4 Ferromagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383
12.5 Ferrimagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383
12.6 Hysterésis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383
D Glossaire 451
Chapitre 1
Introduction
Limité strictement aux programmes de Licence et Master tels que proposés par l’Uni‐
versité de Bourgogne à Dijon, ce cours n’a pas l’ambition de présenter un exposé
complet d’un sujet aussi vaste que la physique de l’état solide. Il est plutôt conçu
comme une introduction à la lecture croisée de grands auteurs. L’étudiant est donc
vivement encouragé à enrichir sa culture par la consultation des ouvrages suivants :
C. KITTEL, Introduction to Solid State Physics, Wiley (New York, plusieurs édi‐
tions depuis 1953), traduction en français : Dunod (Paris, plusieurs éditions
depuis 1983).
N. W. ASHCROFT & D. MERMIN, Solid State Physics, Harcourt Brace (New York,
1976), traduction en françai s : EDP Sciences (Paris,régulièrement réédité).
H. IBACH and H. LÜTH, Solid State Physics, An Introduction to Principles of Mate
rials Science, Springer (Berlin, several prints since 1995)
M. P. MARDER, Condensed Matter Physics, Wiley (New York, 2000).
J. D. PATTERSON and B. C. BAILEY, Solid State Physics Introduction to the Theory,
Springer (Berlin, 2007).
M. L. COHEN and S. G. LOUIE, Fundamentals of Condensed Matter Physics, Cam‐
bridge University Press (Cambridge, 2016).
Le cours est accompagné de travaux pratiques et de devoirs à la maison (DM) qui re‐
poseront en tout ou partie sur des calculs numériques à réaliser avec un ordinateur.
Au sein du Département de Physique de l’Université de Bourgogne, les travaux pra‐
tiques réquérant la mise en oeuvre de méthodes numériques s’appuient sur Octave,
un logiciel libre largement compatible avec Matlab, ce dernier étant un logiciel pro‐
tégé par des droits de propriétés intellectuelles et commercialisé depuis 1984 par la
1
2 Chapitre 1. Introduction
Les devoirs à la maison (DM) seront assignés par courriel. Ils doivent être sou‐
mis dans un ichier pdf dont le nom sera contruit selon la règle :
1.2. Développements au cours du XXème siècle 3
Les étudiants ne sont pas évalués sur ce qu’ils connaissent mais sur ce qu’ils
expliquent dans un style direct et concis dont attend qu’il s’approche du style de la
litérature scienti ique. Ceci conduit à recommander d’écrire des phrases complètes
tant dans les ichiers pdf iles que dans les commentaires des lignes de codes des
ichiers .m iles. L’ajout d’informations non pertinentes, digressives ou confuses sera
évalué négativement.
Approximation de BornOppenheimer
1. Comte Amedeo AVOGADRO (1776‐1856), physicien et chimiste italien. Il étudia les chaleurs spé‐
ci iques des gaz, des liquides et des solides ainsi que les volumes molaires des substances chimiques.
2. “Many‐body problem” en anglais.
6 Chapitre 1. Introduction
du mouvement des noyaux sont très inférieurs aux fréquences propres typiques du
mouvement des électrons. En effet, considérons l’inter‐distance atomique a typique
◦
comme étant de l’ordre de 1 A. Un raisonnement dimensionnel permet de déduire
qu’un électron de masse me possède une quantité de mouvement de l’ordre de ℏ/a,
de sorte que son énergie cinétique Ee− est de l’ordre de
ℏ2
Ee− ' (1.1)
ma2
Pour rendre compte des effets liés à la température T, la physique de l’état solide
repose sur deux statistiques : celle des bosons et celle des fermions. En mécanique
quantique, il appert que les quantons de spins entiers sont des bosons et ceux de
spins demi‐entiers sont des fermions. Ce principe d’attribution d’une statistique
d’après la valeur du spin est le prototype d’une loi simple qui transcende de nom‐
breux domaines de la physique moderne et dont la démonstration n’est pas triviale.
D’ailleurs, dans la démarche heuristique originale, le principe a d’abord été formulé
sur base de considérations empiriques avant que PAULI en donne une justi ication
théorique.
L’aspect statistique proprement dit est emprunté à la thermodynamique des
particules non interagissantes. La distribution de BOLTZMANN ³, dite distribution ca
nonique, y dé init la probabilité P(E) que une de ces particules occupe un certain
état d’énergie E :
P(E) = e−E/kB T (1.3)
où kB = 1.38066210−23 J/K est la constante de BOLTZMANN.
Les statistiques des bosons et des fermions constituent une reformulation de la
distribution canonique de façon à exprimer la valeur moyenne du nombre de par‐
ticules non interagissantes que l’on peut trouver dans un état d’énergie E. La pos‐
sibilité ou l’interdiction que l’état en question soit occupé par plusieurs particules
opère la distinction entre les deux statistiques.
La statistique des particules dites bosons s’applique lorsque chaque état d’éner‐
gie E peut être occupé par un nombre arbitraire de particules. À une température
T, la valeur moyenne n(E, T) de ce nombre est donnée par la distribution de BOSE‐
EINSTEIN :
1
n(E, T) = (1.4)
eE/kB T −1
La statistique des particules dites fermions incorpore le principe d’exclusion de
PAULI ⁴ qui stipule que deux fermions ne peuvent être dans le même état. À une tem‐
pérature T, la distribution de FERMI–DIRAC f(E, T) exprime la probabilité d’occupa‐
tion d’un état d’énergie E qui respecte ce principe :
1
f(E, T) = (1.5)
e(E−μ)/kB T +1
La quantité μ est appelée potentiel chimique . Elle est choisie de telle sorte que
le nombre total de particules soit correct. Au zéro absolu, f(E, T = 0) passe de façon
discontinue de la valeur 1 (état occupé) à la valeur zéro (état inoccupé) lorsque E =
μ. À toute autre température, f(E, T) = 1/2 si E = μ. Si E − μ >> kB T, la distribution
tend vers celle de BOLTZMANN : f(E, T) ' exp −(E − μ)/kB T.
1.2
0K
1
10000 K 5000 K 300 K
0.8
50000 K
f(E, T)
0.6
100000 K
0.4
0.2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
4
E/kB (10 K)
(b) Les atomes des différents éléments sont arrangés périodiquement dans l’es
pace pour former un cristal parfait. On peut légitimement s’interroger sur
la validité d’une telle hypothèse. Dans la nature, non seulement l’arrange‐
ment périodique n’est pas dominant à l’échelle macroscopique, mais encore,
il ne s’impose pas au niveau microscopique au‐delà de distances qui, dans
les cas les plus favorables, excèdent rarement le micromètre. Même dans
les meilleures conditions de croissance cristalline contrôlée en laboratoire,
l’arrangement périodique est rompu par diverses pertes de symétrie qui ré‐
sultent de défauts d’empilage ou de la présence d’impuretés résiduelles. Ce‐
pendant, l’arrangement périodique est souvent préservé à l’intérieur de grains
(séparés entre eux par des joints de grains).
Lorsque de tels grains se forment, la question de la pertinence du prére‐
quis d’arrangement périodique revient alors à s’interroger sur la taille mini‐
male d’un grain a in qu’il restitue les propriétés du matériau dit massif ⁵. Les
études théoriques et expérimentales accumulées jusqu’à présent ont conclu
que cette taille minimale est étonnamment petite, au plus de l’ordre de quel‐
ques dizaines de nanomètres. La taille des grains est en général supérieure
à cette taille caractéristique des propriétés du matériau massif. L’effet du
désordre, dit alors à longue portée, se manifeste comme une perturbation
des propriétés du cristal dit “parfait”.
Lorsque l’arrangement périodique a totalement disparu, comme dans le cas
de matériaux solides amorphes, la physique de l’état solide tente, par di‐
verses méthodes que nous n’aborderons pas dans ce cours, de conserver l’ar‐
rangement périodique comme référence pour étudier le milieu désordonné.
Ces deux prérequis, choisis à ce stade pour des raisons pratiques de simpli ica‐
tion, induisent la classi ication des solides suivant deux axes :
(1) forces de cohésion, liaison chimique (objet du chapitre 2) ;
(2) structuration de l’arrangement périodique ou “cristallographie” (introduite
dans d’autres cours).
1.3.4 Quasiparticules
6. Rappel : les modes normaux, dits encore modes propres, sont caractérisés par une durée de
vie in inie associée à la dépendance harmonique (exp(±iωt) par rapport au temps t.
1.3. Spéci icité de la physique de l’état solide 11
mer comme une combinaison linéaire de ces modes propres de vibration (série de
FOURIER).
Le concept de quasiparticule, annoncé plus haut, émerge de l’application de la
quanti ication aux excitations collectives représentées sous forme de modes nor‐
maux. La quanti ication résulte du principe d’incertitude de HEISENBERG ⁷ qui dé‐
termine la conséquence d’une mesure de la position d’une particule sur sa quantité
de mouvement et réciproquement.
ℏ
Δxj Δpj ≥ (1.7)
2
DE BROGLIE ⁸ qui associe un vecteur d’onde à une quantité de mouvement par la re‐
lation :
p = ℏk (1.8)
Dans le contexte de la représentation modale des excitations collectives, la dua‐
lité onde–corpuscule, jusqu’ici invoquée de façon intuitive, conduit à attribuer des
propriétés corpusculaires p = ℏk et E = ℏω aux phénomènes ondulatoires que
sont les modes normaux : on parle alors de quasiparticule. À l’indépendance mu‐
tuelle des modes normaux correspond alors l’indépendance mutuelle des quasipar‐
ticules dé inies par une même relation de dispersion. L’absence d’interactions auto‐
rise de traiter les quasiparticules obéissant à une même relation de dispersion par
une méthode statistique, comme un gaz de bosons ou de fermions selon leur nature.
Le caractère fondamental de la notion quasiparticule ne provient pas unique‐
ment de la construction relativement abstraite que nous avons introduite mais aussi,
et surtout, de la manifestation, directe ou indirecte, des quasiparticules dans de
nombreuses expériences effectuées sur la matière condensée. La notion de quasi‐
particule fait partie du langage du physicien de l’état solide, qu’il soit théoricien ou
expérimentateur.
Selon le point de vue proposé par la physique de l’état solide, les relations de dis‐
persion des excitations collectives occupent une place prépondérante. L’hypothèse
d’arrangement périodique accentue évidemment la pertinence de la représentation
dans l’espace réciproque car nous verrons qu’elle permet de limiter l’ensemble des
vecteurs d’ondes à considérer à un volume ini de l’espace réciproque, connu sous
le nom de zone de BRILLOUIN (en abrégé ZB).
La réduction à la ZB des vecteurs d’ondes signi icatifs ne signi ie pas que le nombre
de modes soit réduit. Au contraire, en vertu de principes bien connus en physique
des ondes, ce nombre apparaîtra commensurable avec N. Le lien entre cette repré‐
sentation modale des excitations collectives et les propriétés du solide nécessitera
alors l’introduction du concept de densité d’états, dit aussi densité de modes. Ce con‐
cept permettra d’identi ier dans la relation de dispersion les caractéristiques qui
déterminent principalement les propriétés du solide.
8. Prince Louis DE BROGLIE (1892‐1987), physicien français. En 1923, il formula des idées auda‐
cieuses sur la dualité onde‐corpuscule. Paradoxalement, il adopta une attitude critique, mais qui se
révéla improductive par la suite, vis‐à‐vis des progrès ultérieurs de la physique quantique. Prix Nobel
de physique en 1929.
Chapitre 2
Une classi ication possible des solides repose sur la nature de la liaison responsable
de la cohésion. Sur base de notions de physique atomique, ce chapitre passe en re‐
vue les différents types possibles de liaisons chimiques et physiques qui établissent
la cohésion des solides. Comme il s’agit de décrire la stabilité des solides, la discus‐
sion est centrée sur la notion d’état fondamental (état d’énergie la plus basse). Elle
s’appuiera sur quelques rappels de physique atomique rassemblés dans les deux
premières sections de ce chapitre.
p2
H= + e ΦCb (r) (2.1)
2me
e Z
ΦCb (r) = − (2.2)
4π ε0 r
13
14 Chapitre 2. Cohésion des solides
1/2
E
0
n=4 4s 4p 4d 4f
n=3 3s 3p 3d
n=2 2s 2p
n=1 1s
FIGURE 2.1 : Structure du spectre de l’énergie de liaison E d’un atome hydrogénoïde. Chaque
niveau n est dégénéré n2 fois, ce dont rendent compte le nombre quantique dit “orbital”
l = 0, .., n − 1 et le nombre quantique dit “magnétique” m = −l, ..., 0, ..., l.
est alors calquée sur la théorie de l’atome d’hydrogène ² dont cette section ne fait
que résumer les résultats. L’hamiltonien (2.1) indépendant du temps conduit à iden‐
ti ier des états propres |φn,l,m (t)i du type
et dont le facteur |φn,l,m i indépendant du temps est solution de l’équation aux va‐
leurs propres En
H|φn,l,m i = En |φn,l,m i (2.4)
Par l’effet d’une dégénérescence accidentelle, la structure du spectre (FIG.2.1) ne
dépend que de n :
1
En = − EI (2.5)
n2
1. Erwin SCHRÖDINGER, physicien autrichien (1887‐1961), prix Nobel (1933), développa le for‐
malisme de la mécanique ondulatoire (1926) comme alternative à la mécanique des matrices que
HEISENBERG avait mise au point pour expliquer les phénomènes quantiques. L’équivalence des deux
points de vues fût démontrée par la suite. En 1934, les circonstances politiques décidèrent SCHRÖ‐
DINGER à interrompre sa carrière en Allemagne, où il détenait la succession de la chaire de PLANCK,
pour retourner en Autriche à l’Université de Graz. En 1938, l’Anschluβ le poussa à s’exiler de nouveau.
Après diverses péripéties, il fût nommé en Irlande où il travailla à l’Université de Dublin jusqu’à la
in de sa carrière (1955). Émérite, il accepta une position honori ique que lui offrit l’Université de
Vienne.
2. Voir, p. ex. : C. COHEN‐TANNOUDJI, B. DIU, F. LALOË, Mécanique Quantique, Hermann, Paris (1977).
2.1. Atomes hydrogénoïdes 15
Les fonctions d’ondes φn,l,m (r) associées à ces états, baptisées orbitales atomiques,
sont données par
La dépendance angulaire des fonctions d’ondes est déterminée par les harmoniques
sphériques Yml (θ, φ) (FIG.2.2) construites à partir des fonctions de LE GENDRE ³ as‐
m
sociées Pl (cos θ) (TAB.2.1) ⁴ :
s
2l + 1 (l − m)! m
Ym
l (θ, φ) = (−1)
m
P (cos θ) eimφ = Fm
l (θ) e
imφ
(2.8)
4π (l + m)! l
où Fm
l (θ) est une fonction réelle.
Posons la constante, connue sous le nom de rayon de BOHR ⁵,
4π ε0 ℏ2 ◦
a0 = ' 0. 53 A (2.9)
me e2
qui permet d’alléger l’écriture des fonctions radiales Rn,l (r) (TAB.2.2), dites hydro
génoïdes. La portée de ces fonctions radiales croît avec n (FIG.2.3). Rappelons que les
densités de probabilité de trouver un électron associées à chaque état sont dé inies
par
|φn,l,m (r)|2 dr = |Rn,l (r)|2 |Yml (θ, φ)|2 r2 dr sin θ dθ dφ (2.10)
de sorte que le jacobien en coordonnées sphériques garantit que la probabilité de
trouver l’électron à l’origine r = 0 (position du noyau) est nulle même si Rn,l (r) 6= 0
(FIG.2.3).
3. Adrien Marie LE GENDRE (1752‐1833), mathématicien français, travaux sur la théorie des
nombres, les équations différentielles et les intégrales elliptiques.
4. Voir p. ex. : G. ARFKEN, Mathematical Methods for Physicists, Academic, New–York (1985) ou C.
COHEN‐TANNOUDJI, B. DIU, F. LALOË, op. cit.
5. Niels BOHR (1885‐1962), physicien danois, prix Nobel (1922), intégra les premières notions
quantiques dans le modèle planétaire de l’atome dû à RUTHERFORD. Par la suite, il établit le principe
de complémentarité onde‐corpuscule. Il devint le mentor de W. HEISENBERG avec qui il élabora l’in
terprétation de Copenhague de la physique quantique. En 1941, les circonstances politiques furent à
l’origine d’un désaccord entre les deux hommes. La même année, les alliés ex iltrèrent N. BOHR du
Danemark occupé a in qu’il participe au projet Manhattan.
16 Chapitre 2. Cohésion des solides
P00 (cos θ) = 1
P01 (cos θ) = cos θ
P11 (cos θ) = sin θ
P02 (cos θ) = (3 cos2 θ − 1)/2
P12 (cos θ) = 3 cos θ sin θ
P22 (cos θ) = 3 sin2 θ
TABLE 2.1 : Fonctions de LE GENDRE associées Pml (cos θ) d’indices entiers (limités ici à l =
0, 1, 2) qui interviennent dans les harmoniques sphériques. Lorsque m = 0, les Pm l (cos θ)
correspondent aux polynômes de LE GENDRE Pl (cos θ). Les fonctions d’indices m < 0 sont
déduites de la relation P−
l (cos θ) = (−1) Pl (cos θ) (n − m)! / (n + m)!.
m m m
e−Zr/a0
3/2
R1,0 (r) = 2 (Z/a0 )
R2,0 (r) = (1/2) (Z/a0 ) (1 − Zr/2a0 ) e−Zr/2a0
1/2 3/2
TABLE 2.2 : Pour les premiers niveaux d’énergie n = 1, 2 et 3, expressions des fonctions
d’ondes radiales hydrogénoïdes Rn,l (r).
2.1. Atomes hydrogénoïdes 17
q
1
Y00 (θ, φ) = 4π
Y01 (θ, φ) =
q Y±
q
1
1 (θ, φ) =
3
4π
cos θ ∓ 8π3 sin θ e±iφ
0 ±1 ±2
q Y2 (θ, φ) = q Y2 (θ, φ) = q Y2 (θ, φ) =
5
16π
(3 cos2 θ − 1) ∓ 8π
15
sin θ cos θ e±iφ 15
32π
sin2 θ e±2iφ
(courbes en traits interrompus). Le plan du dessin est constitué par les demis‐plans φ et
φ + π /2 dans lesquels 0 ≤ θ ≤ π .
18 Chapitre 2. Cohésion des solides
FIGURE 2.3 : Pour les premiers niveaux d’énergie n = 1, 2 et 3, dans le cas où Z = 1, fonctions
d’ondes radiales hydrogénoïdes Rn,l (r) vis‐à‐vis des distributions r2 |Rn,l (r)|2 (l = 0 : traits
continus ; l = 1 : traits interrompus ; l = 2 : traits interrompus–pointillés).
2.1. Atomes hydrogénoïdes 19
Remarquons que les orbitales atomiques sont en général des fonctions com‐
plexes à cause du facteur exp imφ dans les harmoniques sphériques, sauf bien sûr si
m = 0. Comme le montre la FIG.2.2, pour une même valeur de l, ceci conduit à une
portée différente (visible par la normalisation par rapport à |Y00 (θ, φ)|2 ) suivant la
valeur de |m|. En outre, les fonctions complexes étant par essence “tournantes”, les
orbitales telles que m 6= 0 ne possèdent donc pas la directionalité typique des orbi‐
tales m = 0. A in d’aborder plus tard la description de la directionalité des liaisons
chimiques, il apparaîtra plus confortable de disposer, pour n et l ixés, d’un sous‐
ensemble d’orbitales atomiques réelles de portées identiques et dont les orienta‐
tions sont bien déterminées. Ceci est faisable en s’appuyant sur la propriété suivante
des harmoniques sphériques :
A l’intérieur de chaque sous‐espace tel que n et l sont ixés, chaque couple d’orbitales
φn,l,±m (r) peut être remplacé par les fonctions réelles et orthonormées suivantes
(σ = e, o ; even,odd) :
1
φn,l,|m|,e (r) = √ φn,l,m (r) + φ∗n,l,m (r)
2
1
= √ Rn,l (r) Fml (θ) eimφ + e−imφ
2
1
= √ Rn,l (r) [Yml (θ, φ) + [Yml (θ, φ)]∗ ]
2
1
= √ Rn,l (r) Yml (θ, φ) + (−1)m Y− m
l (θ, φ)
2
1
= √ [φn,l,m (r) + (−1)m φn,l,−m (r)]
2
i
φn,l,|m|,o (r) = − √ φn,l,m (r) − φ∗n,l,m (r)
2
i
= − √ [φn,l,m (r) − (−1)m φn,l,−m (r)] (2.12)
2
Les orbitales atomiques réelles
|m|,σ
φn,l,|m|,σ (r) = Rn,l (r) Yl (θ, φ) (2.13)
ont alors des directionalités spéci iques assurées par les harmoniques sphériques
réelles qui s’énoncent :
|m|,e 1 m
Yl Yl (θ, φ) + (−1)m Y−
(θ, φ) = √ m
l (θ, φ) (2.14)
2
|m|,o i m −m
Yl (θ, φ) = − √ Ym l (θ, φ) − (−1) Yl (θ, φ) (2.15)
2
20 Chapitre 2. Cohésion des solides
|m|,σ
l |m| σ nom Yl (θ, φ)
√
0 0 ‐ s 1/ 4π
p
1 0 ‐ pz p3/4π cos θ
1 e px p3/4π sin θ cos φ
o py 3/4π sin θ sin φ
p
p5/16π (3 cos θ − 1)
2
2 0 ‐ d3z2 −r2
1 e dxz p15/4π sin θ cos θ cos φ
o dyz p15/4π sin2θ cos θ sin φ
2 e dx2 −y2 p15/4π sin2 θ cos 2φ
o dxy 15/4π sin θ sin 2φ
Ces harmoniques sphériques réelles, dont quelques unes sont illustrées dans les
FIG.2.4 et 2.5 , induisent une nomenclature détaillée à la TAB.2.3.
2.1. Atomes hydrogénoïdes 21
q
1
s = Y00 (θ, φ) = 4π
1,e 1,o
pz = Y01 (θ, φ) px = Y1 (θ, φ) py = Y1 (θ, φ)
1,e 1,o
d3z2 −r2 = Y02 (θ, φ) dxz = Y2 (θ, φ) dyz = Y2 (θ, φ)
|m|,σ
FIGURE 2.4 : Diagrammes polaires des harmoniques sphériques réelles Yl (θ, φ) norma‐
lisées par rapport à Y00 (θ, φ) (courbes en pointillés). Les traits continu indiquent une valeur
positive, les traits interrompus une valeur négative. Par rapport à la FIG.2.2, il faut remarquer
que les harmoniques sphériques réelles de même l ont des portées semblables. La Table 2.3
détaille la nomenclature qui souligne le fait que chaque harmonique sphérique réelle pos‐
sède une directionalité qui lui est propre.
22 Chapitre 2. Cohésion des solides
Orbitale s
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
Même réduit aux interactions (1) et (2), le traitement du problème de nel > 1
électrons dans l’atome reste impossible en pratique sans introduire d’autres ap‐
proximations inspirées d’observations expérimentales.
2.2. Atomes à plusieurs électrons 23
Orbitale pz
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
Orbitale px
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
24 Chapitre 2. Cohésion des solides
Orbitale py
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
Orbitale d3z2−r2
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
2.2. Atomes à plusieurs électrons 25
Orbitale dxz
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
Orbitale dyz
0.5
0.5
z 0 0 y
‐0.5
0 ‐0.5
x 0.5
‐0.5
26 Chapitre 2. Cohésion des solides
0.5
1
z 0 0.5
0 y
‐1 ‐0.5
‐0.5 0 ‐1
‐0.5 x 0.5 1
‐1
Orbitale dxy
0.5
1
z 0 0.5
0 y
‐1 ‐0.5
‐0.5 0 ‐1
‐0.5 x 0.5 1
‐1
FIGURE 2.5 : Représentation en perspective des valeurs absolues des isoamplitudes des har‐
|m|,σ
moniques sphériques réelles |Yl (θ, φ)|. Dans cette représentation, la valeur positive ou
|m|,σ
négative des Yl (θ, φ) dans les différents lobes n’est pas identi iable. Se rapporter à la
FIG.2.4 et/ou au tableau 2.3 pour identi ier le “signe” de chaque lobe.
2.2. Atomes à plusieurs électrons 27
Les données expérimentales concernant les atomes sont pour la plupart déduc‐
tibles de la classi ication, dite tableau périodique, de MENDÉLÉEV. Une constatation
particulièrement remarquable concerne les spectres atomiques. À l’exception de
quelques anomalies qui concernent les éléments dits “de transition”, tous ces spectres
présentent en gros une structure semblable à celle d’un atome hydrogénoïde (FIG.2.6).
Autrement dit, en première approximation, la structure des spectres atomiques est
restituée par le modèle de l’hamiltonien à un seul électron soumis à un potentiel
à symétrie sphérique, aussi dénommé “potentiel central”, qui ne dépend que de la
distance au noyau |r| = r.
E
0
4f
6s
5p 4d
5s 4p 3d
n=4 4s 3p
n=3 3s
2s 2p
n=2
n=1 1s
FIGURE 2.6 : Schéma de l’évolution du spectre atomique hydrogénoïde vers le spectre d’un
atome à plusieurs électrons
Par une cause non identi iée à ce stade, les données expérimentales invitent
donc à formuler l’hypothèse selon laquelle, dans un atome à nel électrons, tout semble
se passer comme si le noyau et nel − 1 électrons établissent un potentiel central
que subit le “dernier” électron. Sur base de cette hypothèse, HARTREE ⁶ a proposé
la modélisation simpli icatrice qui considère le hamiltonien H de ce seul “dernier”
électron (dit “électron de HARTREE”) auquel est attribué la quantité de mouvement
p et la position r.
p2
Hnel ≈ H = + e Φ(r) (2.17)
2me
6. Douglas Rayner HARTREE (1897‐1958), physicien théoricien anglais, développa des méthodes
d’analyse numérique pour le calcul des fonctions d’ondes atomiques et moléculaires. Il participa au
développement du calcul numérique sur les premiers ordinateurs dans les domaines de la balistique,
de l’hydrodynamique et de la physique de l’atmosphère.
28 Chapitre 2. Cohésion des solides
Véri ions que ce potentiel établit une symétrie sphérique à grandes et à courtes
distances du noyau. En effet, après avoir posé |rj | = rj , les grandes distances telles
que r >> rj impliquent |r − rj | ' r, de sorte que la charge du noyau est écrantée
au maximum par les nel − 1 autres électrons :
" #
Z X1
nel −1
e e −Z + nel − 1
lim Φ(r) ' − + = (2.19)
r→rj 4π ε0 r r 4π ε0 r
j=1
Aux courtes distances telles que r << rj , on aura évidemment |r − rj | ' rj . Dès
lors, " #
Z X 1
nel −1
e e Z
lim Φ(r) ' − + = − +C (2.20)
r⟨⟨rj 4π ε0 r rj 4π ε0 r
j=1
e Z
Φ(r) ≈ Φ(r) = − χ(r) (2.21)
4π ε0 r
électrons. En fait, sur base des données expérimentales, cette approximation cir‐
conscrit l’importance des effets du problème à nel électrons dans l’atome à l’établis‐
sement de l’expression de χ(r). Par ordre croissant de sophistication, les méthodes
de THOMAS–FERMI, de HARTREE–FOCK sont les plus utilisées pour fournir une ap‐
proximation de l’écrantage du noyau sous forme d’un potentiel central. Comme illus‐
tration, citons le résultat χTF (r) de la méthode de THOMAS–FERMI qui s’appuie sur le
modèle du gaz d’électrons libres :
Z1/3
χTF (r) = 1 − 1.794 r + ... (2.22)
a0
Selon cette forme particulière de l’approximation du potentiel central, Φ(r) dégé‐
nère en l’attraction non‐écrantée du noyau si r tend vers zéro et introduit un écran‐
tage partiel de la charge du noyau aux distances intermédiaires telles que r ' rj . Les
autres méthodes qui raf inent l’expression de χ(r) constituent un art dont le niveau
de dif iculté est nettement supérieur à celui du présent cours introductif.
L’approximation du champ central conduit à considérer un hamiltonien à 1 élec‐
tron où intervient un potentiel coulombien écranté :
p2
H= + e Φ(r) (2.23)
2me
Elle permet de classer les états électroniques d’un atome à plusieurs électrons sur
la base des états |un,l,m i à 1 électron dans un potentiel central.
H|un,l,m i = En,l |un,l,m i (2.24)
Les fonctions d’ondes issues de la résolution de l’équation de SCHRÖDINGER en co‐
ordonnées sphériques
un,l,m (r) = hr|un,l,m i = Qn,l (r) Ym
l (θ, φ) (2.25)
ont alors la même dépendance angulaire que les fonctions d’ondes hydrogénoïdes
φn,l,m (r). Par rapport à ces dernières, la dépendance radiale des un,l,m (r) est bien
sûr modi iée par l’écrantage du potentiel coulombien. Cependant, cette modi ica‐
tion n’affecte pas la décroissance exponentielle typique des fonctions d’ondes hy‐
drogénoïdes : Qn,l (r) ∼ exp(−Zr/na0 ) de sorte que la plupart des raisonnements
qualitatifs peuvent s’appuyer sur les φn,l,m (r). En outre, par rapport aux systèmes
hydrogénoïdes, les valeurs propres de l’énergie dépendent de n et l : autrement dit,
la dégénérescence accidentelle typique du potentiel coulombien disparaît.
1s 2 H, He 5s 2 Rb, Sr
2s 2 Li, Be 4d 10 Y,..., Cd Métaux de transition
2p 6 B,..., Ne 5p 6 In,..., Xe
3s 2 Na, Mg 6s 2 Cs, Ba
3p 6 Al,...,Ar 4f 14 Ce,..., Lu Terres rares
4s 2 K, Ca 5d 10 La,..., Hg Métaux de transition
3d 10 Sc,...,Zn Métaux de transition 6p 6 Tl,..., Rn
4p 6 Ga,..., Kr
TABLE 2.4 : Construction du tableau périodique des éléments par remplissage successif des
états électroniques. À gauche de chaque colonne : niveau en cours de remplissage ; au centre
de chaque colonne : nombre maximal d’électrons permis dans le niveau ; à droite de chaque
colonne : éléments.
Les simpli ications successives opérées jusqu’ici conduisent malgré tout à des
calculs considérables dans le détail desquels ce chapitre introductif n’entrera pas.
Nous nous bornerons à identi ier le mécanisme essentiel de la liaison chimique.
La recherche de l’état le plus stable associé à la liaison chimique s’appuie sur le
principe variationnel de RAYLEIGH–RITZ développé ci–dessous.
Soit un système quantique d’hamiltonien H dont les états propres |φn i et les valeurs
propres de l’énergie En sont dé inis par :
de telle sorte que E0 ≤ E1 ≤ E2 ≤ etc ... Le niveau d’énergie la plus basse E0 est
appelé niveau fondamental.
Considérons un état quelconque |Ψi. Celui‐ci peut‐être exprimé comme une com‐
binaison linéaire des états propres :
X
|Ψi = cn |φn i (2.30)
n
hΨ|H|Ψi
= Υ ≥ E0 (2.32)
hΨ|Ψi
Plus généralement, on peut montrer que la valeur moyenne, notée Υ, de H est sta‐
tionnaire au voisinage de chacune de ses valeurs propres discrètes. Considérons en
2.3. Liaison chimique entre atomes 33
Cette dernière relation doit être véri iée pour tout ket in initésimal |δΨi. Si on choi‐
sit en particulier
|δΨi = ε [H − Υ] |Ψi = ε |Ωi (2.36)
où δα est un réel arbitrairement petit, on constate que (2.35) devient :
2ε hΩ|Ωi = 0 (2.37)
Il faut donc minimiser ensuite la quantité E′ par rapport aux paramètres de façon à
obtenir la meilleure approximation de E0 . La propriété (2.32) du niveau fondamental
d’un système quantique est très utile pour restituer de façon approchée les phéno‐
mènes de liaison chimique. Imaginons en effet que soit posée la question de l’exis‐
tence d’une liaison chimique entre divers atomes placés dans une certaine con igu‐
ration géométrique. Notons Eat. l’énergie la plus basse que l’électron de HARTREE
puisse trouver parmi les atomes en jeu considérés isolément, c’est‐à‐dire à grandes
distances les uns des autres. Si l’approximation de l’état fondamental |Ψapprox i de
l’électron de HARTREE est tel que Eat. > E′ , on peut alors déduire qu’une liaison
chimique est possible dans la con iguration géométrique étudiée puisque l’état fon‐
damental “vrai” est forcément tel que Eat. > E′ > E0 . On comprend que sans la
propriété (2.32), pourrait survenir E′ véri iant E0 > Eat. > E′ , c’est‐à‐dire que l’état
approché pourrait conduire à des résultats non physiques tels que la prédiction de
liaisons chimiques impossibles !
X
Nat X XX
N(k) n−1 +l
N(k) est le nombre d’orbitales atomiques centrées sur le noyau k. Il peut éventuel‐
lement varier d’un noyau k à l’autre. Il faut souligner que N(k) ne correspond ni au
nombre d’électrons de coeur effectivement liés au noyau k ni au nombre d’électrons
de valence. N(k) est choisi arbitrairement en fonction de la précision souhaitée :
2.3. Liaison chimique entre atomes 35
c’est‐à‐dire :
X
M X
M X
M X
M
∗ ′
cj c H
j′ j ,j ′ −E c∗j cj′ Sj,j′ = 0 (2.45)
j=1 j′ =1 j=1 j′ =1
où Z
Hj,j′ = hφj |H|φj′ i = dr φ∗j (r) H φj′ (r) (2.46)
et Z
Sj,j′ = hφj |φj′ i = dr φ∗j (r) φj′ (r) (2.47)
Les calculs dans le sousespace d’essai LCAO sous‐tendu par les |φj i tiennent compte
du fait que, puisque centrés sur des noyaux différents, ces derniers ne sont pas or‐
thogonaux, d’où l’apparition des intégrales de recouvrement (overlap integrals) Sj,j′ .
La terminologie est issue du fait que l’importance de Sj,j′ croît d’autant plus que les
deux orbitales impliquées se “recouvrent” mutuellement dans le même volume. Le
recouvrement maximal est obtenu lorsque j = j′ et vaut 1 en vertu de l’orthonor‐
malisation des orbitales atomiques centrées sur un même noyau :
S j ,j = 1 (2.48)
Pour identi ier les extrema par rapport aux paramètres variationnels cj , ou, au
choix, par rapport aux c∗j , on requiert d’après le théorème de RITZ :
∂ E′
= 0. (2.49)
∂ c∗j
Ces deux conditions conduisent à un système de M équations à M inconnues (j =
1, 2, ..., M) :
X
M
−e
FIGURE 2.7 : Paramètres géométriques de la situation où un électron lie deux noyaux. |r̂1 | =
|r̂2 |.
La condition nécessaire et suf isante pour que ce système ait une solution non tri‐
viale est dictée par l’annulation du déterminant
Il s’agit donc d’un problème de détermination des valeurs propres et des vecteurs
propres de la matrice [Hj,j′ − E′ Sj,j′ ]. Plusieurs racines, ou valeurs propres, émergent
comme valeurs possibles de E′ . En vertu de (2.40), la valeur la plus basse parmi ces
racines est l’approximation de l’énergie de l’état fondamental du système étudié.
Dans le cadre introductif de ce chapitre, a in de dégager le mécanisme essentiel
de la liaison chimique, nous nous limiterons à détailler le cas d’un seul électron liant
deux noyaux.
Dans ce cas particulier, puisque les orbitales impliquées sont réelles, les intégrales
de recouvrement S1,2 et S2,1 sont identiques. Elles peuvent être évaluées analytique‐
ment en coordonnées elliptiques, procédure que nous ne détaillerons pas ici. Posant
|r̂1 | = |r̂2 | = R/2, le résultat est
1 + R/a0 + R2 /(3a20 ) e−R/a0
3/2
S1,2 = S2,1 = [Zv,1 Zv,2 ] (2.55)
où, puisque |φ1 i est l’état propre centré sur r̂1 , le premier terme correspond à l’état
fondamental −EI de l’atome 1 isolé. Le deuxième terme, dénommé intégrale cou
lombienne, C, décrit l’attraction entre la distribution de charge associée à |φ1 i et le
noyau situé en r̂2 . Le calcul en coordonnées elliptiques aboutit à :
Z
e2 Zv,2 |φ1 (r)|2 2a0 EI
C= dr = 1 − e−2R/a0 (1 + R/a0 ) (2.57)
4π ε0 |r − r̂2 | R
e2 Zv,1 Zv,2
Vnn = (2.58)
4π ε0 R
Il est évident que la symétrie du problème conduira à un résultat semblable pour
H2,2 , de sorte que :
H1,1 = H2,2 = −EI − C + Vnn (2.59)
Considérons maintenant les éléments hors–diagonaux.
p2 e2 Zv,2
H1,2 = hφ1 | − |φ2 i
2me 4π ε0 |r − r̂2 |
e2 Zv,2
− hφ1 | |φ2 i + Vnn hφ1 |φ2 i (2.60)
4π ε0 |r − r̂1 |
38 Chapitre 2. Cohésion des solides
Dans le calcul du premier terme de l’équation ci–dessus, puisque Zv,1 = Zv,2 , on re‐
trouve −EI comme valeur propre associée à l’état propre centré sur r̂2 . Le deuxième
terme, dénommé intégrale coulombienne d’échange, peut aussi être évalué en coor‐
données elliptiques :
Z
e2 Zv,1 |2
A= dr φ∗1 (r) φ2 (r) = 2EI e−2R/a0 (1 + R/a0 ) (2.61)
4π ε0 |r − r̂1 |
De nouveau, les orbitales impliquées étant réelles, la symétrie du problème conduit
à:
H1,2 = H2,1 = S1,2 [−EI + Vnn ] − A (2.62)
Le déterminant (2.51) devient alors :
L’insertion, tour à tour, de chacune des valeurs propres dans le système d’équations
(2.50) où M = 2 permet de déduire que c1 = c2 si E′ = E′+ et c1 = −c2 si E′ = E′− .
La normalisation de chaque état propre associé doit ensuite tenir compte du fait que
|φ1 i et |φ2 i ne sont pas orthogonaux :
1
approx i = p
|Ψ+ [ |φ1 i + |φ2 i] (2.66)
2(1 + S1,2 )
1
|Ψ−
approx i = p [ |φ1 i − |φ2 i] (2.67)
2(1 − S1,2 )
1
approx (r) = hr|Ψapprox i = p
Ψ+ +
[ φ1 (r) + φ2 (r)] (2.68)
2(1 + S1,2 )
1
Ψ− −
approx (r) = hr|Ψapprox i = p [ φ1 (r) − φ2 (r)] (2.69)
2(1 − S1,2 )
40
30 Vn,n
20
2EI S1,2
eV
10
C
A
0
1 2 3 4 5
0
E−
-10
0
E+
-20
R/a0
FIGURE 2.9 : Pour l’ion H+ 2 , coupe le long de l’axe inter‐nucléaire des fonctions d’ondes
Ψ±approx (r ) et | Ψ ±
approx ( r )|2
. Les positions des noyaux sont repérées par les lèches.
40 Chapitre 2. Cohésion des solides
L’application de la méthode LCAO à des systèmes plus compliqués que l’exemple pré‐
cédent met en évidence que certaines combinaisons linéaires d’orbitales atomiques
centrées sur un noyau émergent plus fréquemment dans les solutions de |Ψapprox i
décrivant les états liants. Ces combinaisons portent le nom d’orbitales hybrides. Elles
sont obtenues par combinaison d’orbitales atomiques de mêmes nombres quan‐
tiques n mais de l différents. Elles se présentent donc comme fortement allongées
dans une direction privilégiée. Du point de vue d’un atome isolé, les orbitales hy‐
brides correspondent donc à une augmentation de la valeur moyenne de l’énergie.
Cependant dans le contexte d’une liaison chimique, elles assurent de meilleurs over‐
laps dans les espaces internucléaires. La diminution d’énergie de l’état fondamen‐
tal causé par ces overlaps est supérieure en valeur absolue au gain d’énergie cor‐
respondant à la promotion d’un électron dans une combinaison linéaire d’orbitales
atomiques de l différents. Examinons les hybridations les plus fréquentes :
2.3. Liaison chimique entre atomes 41
Hybridation sp
(1) 1
|ψk,n,spz i = √ [ |φk,n,s i + |φk,n,pz i ] (2.70)
2
(2) 1
|ψk,n,spz i = √ [ |φk,n,s i − |φk,n,pz i ] (2.71)
2
Comme le montre la FIG.2.10, cette hybridation provoque un allongement de la fonc‐
tion d’onde dans l’un ou l’autre sens suivant la direction z. Notons que le même genre
d’effet peut être obtenu dans une direction quelconque a en remplaçant l’orbitale
|φk,n,pz i par la combinaison cos α |φk,n,px i + cos β |φk,n,py i + cos γ |φk,n,pz i où α, β et
γ sont les angles que forme le vecteur unité a avec respectivement chacun des axes
cartésiens.
Hybridation sp2
Cette hybridation, qui met en jeu trois orbitales atomiques centrées sur le noyau
k, permet de restituer une symétrie par rotations de 120 degrés autour de l’axe z
(FIG.2.11).
(j)
|ψk,n,sp2 i = aj |φk,n,s i + bj |φk,n,px i + cj |φk,n,py i (2.72)
où
j aj bj cj
q
1 √1 2
0
3 3
2 √1
3
− √16 √1
2
3 √1
3
− √16 − √12
Hybridation sp3
(j)
|ψk,n,sp3 i = aj |φk,n,s i + bj |φk,n,px i + cj |φk,n,py i + dj |φk,n,pz i (2.73)
où
42 Chapitre 2. Cohésion des solides
j aj bj cj dj
1 1 1 1
1 2 2 2 2
2 1
2
− 21 − 21 1
2
3 1
2
− 21 1
2
− 12
4 1
2
1
2
− 21 − 12
En physique de l’état solide, cette con iguration sp3 est à l’origine des liaisons
covalentes de nombreux solides ayant la structure cristalline du diamant (C). Consi‐
dérons l’exemple du diamant lui‐même. La con iguration électronique d’un atome
de C isolé est 1s2 , 2s2 , 2p2 . Les niveaux 1s et 2s sont donc remplis tandis que seuls
deux états 2p sur 6 sont occupés. On s’attend donc à ce que le C ne puisse établir
que deux liaisons chimiques. Cependant, les données expérimentales indiquent que
chaque atome de C établit quatre liaisons avec ses voisins dans le diamant. L’explica‐
tion qualitative généralement adoptée par les chimistes s’énonce alors comme suit.
Dans chaque atome de C, la promotion des électrons 2s dans deux des états 2p inoc‐
cupés certes augmente la valeur moyenne de l’énergie mais elle permet de disposer
de quatre électrons pour établir les liaisons chimiques avec les atomes de C voisins.
Dans l’état fondamental correspondant à la cohésion du cristal, chaque électron de
valence est dans un état tel que le recouvrement de deux orbitales hybrides sp3 cen‐
trées sur des atomes voisins est optimal, ce qui conduit à une diminution d’énergie
supérieure en valeur absolue à l’augmentation associée à la promotion de chaque
électron dans une combinaison linéaire d’orbitales atomiques de l différents. Dans
la plupart des matériaux semiconducteurs (Si, Ge, GaAs, AlAs, GaP, GaN,...), les élec‐
trons responsables de la liaison chimique sont dans un tel état optimisant le recou‐
vrement d’orbitales hybrides sp3 centrées sur des atomes voisins. Cette explication
a cependant le désavantage de suggérer qu’elle résume le résultat d’un calcul impli‐
quant plusieurs électrons alors que la méthode LCAO ne considère que le seul élec‐
tron de HARTREE. Il est important de bien saisir qu’une orbitale hybride n’a pas le
sens physique de la fonction d’onde d’un électron attaché à un atome mais que la
fonction d’onde de l’électron de HARTREE est une combinaison linéaire d’orbitales
hybrides centrées sur différents atomes.
D’un point de vue pratique, les calculs LCAO exploitent les symétries attendues
(sur la base de l’intuition ou de données expérimentales) du système considéré a in
de choisir comme état approché |Ψapprox i une combinaison linéaire d’orbitales hy‐
brides plutôt qu’une combinaison linéaire d’orbitales atomiques. Dans la procédure
de minimisation qui requiert de nombreuses itérations, la combinaison linéaire d’or‐
bitales hybrides conduira plus sûrement, et plus rapidement, vers un état liant. Au‐
2.3. Liaison chimique entre atomes 43
Nat X
X XX
N(k) n−1 +l
Nat X
X N(k)
X X (j)
|Ψapprox i = c k ,n ,h ,j | ψ k ,n , h i (2.75)
k=1 n =1 h j
0.5
0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
x 0
0.5
0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
z x 0.5
‐0.5
( j)
FIGURE 2.10 : Dépendance angulaire des orbitales hybrides ψk,n,spz (r). Les lobes les plus vo‐
lumineux correspondent à des valeurs positives, les moins volumineux à des valeurs néga‐
tives.
2.3. Liaison chimique entre atomes 45
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
(j)
FIGURE 2.11 : Dépendance angulaire des orbitales hybrides ψk,n,sp2 (r). Les lobes les plus
volumineux correspondent à des valeurs positives, les moins volumineux à des valeurs né‐
gatives.
46 Chapitre 2. Cohésion des solides
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
2.3. Liaison chimique entre atomes 47
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
0.5
z 0.5
0 0 y
‐0.5 ‐0.5
0
x 0.5
‐0.5
(j)
FIGURE 2.12 : Dépendance angulaire des orbitales hybrides ψk,n,sp3 (r). Les lobes les plus
volumineux correspondent à des valeurs positives, les moins volumineux à des valeurs né‐
gatives.
48 Chapitre 2. Cohésion des solides
Cette section traite des interactions entres molécules électriquement neutres lorsque
la distance entre elles grandit au point de réduire quasiment à néant le recouvre‐
ment entre fonctions d’ondes centrées sur des atomes/molécules différents. Ce ré‐
gime de distance est donc radicalement différent de celui propice à l’établissement
de la liaison chimique (section 2.3), puisque les électrons ne peuvent plus “passer”
d’un atome à l’autre. Pour explorer le phénomène, nous commençons par l’exemple
de l’interaction de deux atomes d’hydrogène dans l’état fondamental.
Sur base des conventions dé inies par la FIG.2.13 (a), désignons par dj les moments
dipolaires électriques associés à chacun des atomes j = α, β :
dj = e rj (j = α, β) (2.76)
_ _
(a) (c)
rα
+ +
^ −^r ^ −^r
R=r
R=rβ α β α
_
^r + ^r +
α α
rβ
^r ^r
O _ O β
β
_
(b) _ (d)
a0 K
q
+ f
^ −^r
R=r ^ −^r
R=r
β α β α
_
^r + ^r
α α
a0 K
^r ^r _
O β O β
q
f
FIGURE 2.13 : Géométrie de l’interaction entre deux atomes d’hydrogène, chacun d’eux étant
supposé dans l’état fondamental 1s. (a) Les paramètres entrant dans l’énoncé du Hamilto‐
nien du système sont identiques à ceux de la physique classique : les électrons et les noyaux
y apparaissent comme des charges électriques ponctuelles. La position de chaque électron
j = α, β est décomposée en r̂j + rj où r̂j est la position du noyau auquel l’électron j est lié.
On y adjoint la condition R = |R| = |r̂β − r̂α | >> |rj | (j = α, β) a in de mettre en oeuvre
l’approximation dipolaire (section 2.4.1). (b) La description quantique de cette même inter‐
action conserve les noyaux comme charges ponctuelles mais attribue une fonction d’onde
(trait interrompu) à chaque électron (2.4.2). La distance entre les deux noyaux est supposée
suf isamment supérieure au rayon de BOHR (R >> a0 ) pour rendre insigni iant le recouvre‐
ment des fonctions d’ondes atomiques 1s centrées sur chaque atome. (c) S’appuyant sur le
modèle de polarisabilité atomique de DRUDE où l’électron de valence, apparaissant comme
une coquille rigide chargée négativement, est arrimé au noyau par un ressort, le modèle de
LONDON (section 2.4.4) assimile la situation au couplage de deux oscillateurs (caractérisés
par la constante de raideur K) de masses ictives M portant chacun une charge ictive qf (d).
50 Chapitre 2. Cohésion des solides
Une variante utile de l’écriture de ce potentiel d’interaction (qui sera invoquée dans
la section 2.4.4) est la forme compacte :
e2 1 R⊗R e2
Tdd (R) = − 3 = [1 − 3 n ⊗ n] (2.82)
4π ε0 R3 R5 4π ε0 R3
e2 1
Vdd = [x1,α x1,β + x2,α x2,β − 2 x3,α x3,β ] (2.83)
4π ε0 R3
H = H0 + Vdd (2.85)
H0 est le hamiltonien d’un système de référence constitué par les deux atomes isolés
(situation où R → ∞) :
H0 = H0,α + H0,β (2.86)
[H0,α + H0,β ] |φnα,l,m ; φnβ′ ,l′ ,m′ i = (En + En′ ) |φnα,l,m ; φnβ′ ,l′ ,m′ i (2.87)
Dans cette dernière équation, l’état propre est dé ini par la juxtaposition
qui est le moyen le plus simple de modéliser le découplage total des deux atomes :
β
cette notation implique en effet que H0,α n’agit pas sur |φn′ ,l′ ,m′ i et vice‐versa. Par
contre, on a bien :
Dans le cas particulier des deux atomes d’hydrogène dans l’état 1s , l’état du système
β (0)
est |φ1α,0,0 ; φ1,0,0 i, non dégénéré, d’énergie E1s,1s = −2EI . En mécanique quantique,
les coordonnées de chaque électron j intervenant dans (2.83) deviennent des opé‐
rateurs agissant sur le ket de l’électron j, mais restant sans effet sur le ket de l’autre
électron :
e2 1
Vdd = [X1,α X1,β + X2,α X2,β − 2 X3,α X3,β ] (2.91)
4π ε0 R3
En vertu de (2.84), |Vdd | << |E1 | (cf équation (2.5)), on peut donc envisager
de mettre en oeuvre la théorie des perturbations stationnaires (voir appendice B)
pour évaluer l’énergie d’interaction entre les deux atomes. L’application de la for‐
mule (B.39) devient dans le cas considéré ici :
(1) (2)
E1s,1s ' −2EI + E1s,1s + E1s,1s (2.92)
β β
car il fait intervenir des produits du type hφ1α,0,0 |Xk,α |φ1α,0,0 i hφ1,0,0 |Xk,β |φ1,0,0 i (où
k = 1, 2, 3) dont chacun des facteurs est nul. En effet, dans un état propre, les
valeurs moyennes des composantes de l’opérateur position sont nulles (à véri ier
comme exercice). L’annulation de la correction au premier ordre met en avant la
correction du second ordre qui s’énonce dans le cas présent :
α 2
X X hφn,l,m ; φβ′ | Vdd |φ1α,0,0 ; φ1β,0,0 i
(2) n ,l′ ,m′
E1s,1s = (2.94)
n,l,m̸=1,0,0 n′ ,l′ ,m′ ̸=1,0,0
−2EI − En − En′
(2) 1
E1s,1s ∼ − (2.95)
R6
52 Chapitre 2. Cohésion des solides
hφ1α,0,0 ; φ1β,0,0 | Vdd |φnα,l,m ; φnβ′ ,l′ ,m′ ihφnα,l,m ; φnβ′ ,l′ ,m′ | Vdd |φ1α,0,0 ; φ1β,0,0 i
2
≤ − hφ1α,0,0 ; φ1β,0,0 | V2dd |φ1α,0,0 ; φ1β,0,0 i (2.97)
3EI
j j
De nouveau, puisque les quantités du type hφ1,0,0 |Xk,j |φ1,0,0 i (k = 1, 2, 3 et j =
α, β) sont nulles, il ne subsiste que :
(2) 2 e4
E1s,1s ≤ −
3EI (4π ε0 )2 R6
hφ1α,0,0 ; φ1β,0,0 | X21,α X21,β + X22,α X22,β + 4X23,α X23,β |φ1α,0,0 ; φ1β,0,0 i
(2) 4ℏ2 6 α 2
E1s,1s ≤ − hφ |X2
1,0,0 1,α |φ α
1,0,0 i (2.98)
3me R6
où nous avons utilisé (2.6). On peut véri ier (exercice) que hφ1α,0,0 |X21,α |φ1α,0,0 i 6= 0 et
conduit à (après recours à (2.9))
(2) e2 6a50
E1s,1s ≤ − (2.99)
4π ε0 R6
Il apparaît donc que le moment dipolaire électrique de chaque atome d’H a une
valeur moyenne nulle dans l’état fondamental ( e hφ1α,0,0 |Xk,α |φ1α,0,0 i = 0). Cepen‐
dant, cette valeur moyenne nulle n’est pas synonyme du fait qu’une mesure de ce
8. Johannes Diderik VAN DER WAALS (1837‐1923), physicien néerlandais, prix Nobel (1910). Tra‐
vaux sur les forces d’attraction moléculaires.
2.4. Interaction de VAN DER WAALS 53
9. Fritz LONDON (1900‐1954), physicien allemand naturalisé américain, développa des théories
phénoménologiques de l’interaction de VAN DER WAALS, de la supraconductivité et du ferromagné‐
tisme.
54 Chapitre 2. Cohésion des solides
(a) (b) −
−
− − − −
− −
− K − K
+ +
− −
− −
−
−
E (t)
(c) x
3 qf <0
K r
x2
x1 E (t)
le barycentre des charges positives se superpose à celui des charges négatives. Sous
l’effet d’un champ électrique E(t) supposé uniforme sur tout le volume de l’atome à
tout instant (FIG.2.14 (b)), ce coeur ionique (+) reste donc immobile tandis que la
coquille chargée négativement s’est déplacée (la position de la coquille avant appli‐
cation du champ électrique est reprise en pointillé sur la FIG.2.14 (b)). Le barycentre
des charges négatives n’est alors plus superposé à celui des charges positives : un
moment dipolaire électrique apparaît tandis que l’attraction coulombienne exercée
par le coeur ionique (+) est modélisée par la force de rappel du ressort dirigée dans
le sens du champ électrique appliqué.
D’un point de vue mécanique (FIG.2.14 (c)), la situation peut alors se résumer à
une charge ictive qf < 0 de masse M attachée à l’extrémité d’un ressort (position
r) dont l’autre extrémité est ixée à l’origine du système de coordonnées. L’équation
du mouvement d’un tel système est trivialement
d2 r(t) dr(t)
M 2
= −Mω2A r(t) − M γA + qf E(t) (2.100)
dt dt
où d(ω) = qf r(ω).
L’équation du mouvement dans l’espace des fréquences conduit alors à :
qf
r( ω ) = E(ω) (2.104)
M( ω2A − ω2 − iωγA )
q2f
αat (ω) = (2.106)
M(ω2A − ω2 − iωγA )
Le modèle conduisant à cette dernière expression est bien sûr très grossier. Il a ce‐
pendant le mérite de souligner que si ω est petit devant la pulsation de résonance
ωA , la polarisabilité atomique sera quasiment indépendante de la fréquence et pren‐
dra une valeur proche de sa valeur dite statique qui s’énonce
q2f
α0,at = lim αat (ω) = (2.107)
ω→0 Mω2A
ω2A
αat (ω) = α0,at (2.108)
(ω2A − ω2 − iωγA )
Pour être complet, notons que la pratique consiste à mettre en évidence le rapport
e2 /me (valeur pour un électron) dans (2.106) a in de dé inir une grandeur fi,j connue
sous le nom de force d’oscillateur ¹⁰ de la transition :
q2f e2
= fi,j (2.109)
M me
e2 fi,j
αat (ω) = (2.110)
me (ωA − ω2 − iωγA )
2
pα · pα 1
H= + Mω2A rα · rα − rβ · Tdd (R) · rα
2M 2
pβ · pβ 1
+ + Mω2A rβ · rβ − rα · Tdd (R) · rβ (2.111)
2M 2
où pα et pβ sont les quantités de mouvements des oscillateurs et où :
1
rs = √ (rα + rβ ) (2.113)
2
1
ra = √ (rα − rβ ) (2.114)
2
1
ps = √ (pα + pβ ) (2.115)
2
1
pa = √ (pα − pβ ) (2.116)
2
ps · ps
1
H= + Mω2A rs · rs − rs · Tdd (R) · rs
2M 2
pa · pa 1
+ + Mω2A ra · ra + ra · Tdd (R) · ra (2.117)
2M 2
que nous pouvons aménager comme suit
ps · ps 1
H= + Mω2A rs · [(1 − λ)1 + 3λ n ⊗ n] · rs
2M 2
pa · pa 1
+ + Mω2A ra · [(1 + λ)1 − 3λ n ⊗ n] · ra (2.118)
2M 2
58 Chapitre 2. Cohésion des solides
avec
α0,at 2
λ= (2.119)
4π ε0 R3
P3 P3
Posant rs i=1 xi,s ei et ra i=1 xi,a ei , il reste à choisir un système de coordonnées
tel que n = e3 pour obtenir un hamiltonien équivalent à six oscillateurs découplés :
X
2
p2i,s 1 X
2
p23,s 1
H= + Mω2A (1 − λ) x2i,s + + Mω2A (1 + 2λ) x33,s
2M 2 2M 2
i=1 i=1
X
2
p2i,a 1 X
2
p23,a 1
+ + Mω2A (1 + λ) x2i,a + + Mω2A (1 − 2λ) x33,a
2M 2 2M 2
i=1 i=1
(2.120)
Les étapes que nous venons d’accomplir ont donc diagonalisé l’hamiltonien, c’est‐à‐
dire déterminé les modes et fréquences propres du système qui s’énoncent
1
xi,α = √ (xi,s + xi,a ) (2.121)
2
1
xi,β = √ (xi,s − xi,a ) (2.122)
2
ω ω
1 4
e1 e1
ω ω
2 5
e2 e2
ω ω
3 6
e e
3 3
FIGURE 2.15 : Direction des mouvements associés aux modes propres de deux oscillateurs
couplés.
60 Chapitre 2. Cohésion des solides
Nous pouvons alors invoquer le résultat (C.82) pour exprimer l’énergie de l’état
fondamental du système :
X ℏωA h √ √ √ √ i
6
ℏωi
E0 (R) = = 2 1−λ+ 1 + 2λ + 2 1 + λ + 1 − 2λ
2 2
i=1
(2.123)
On remarque que, puisque λ → 0 si R → ∞, on retrouve le résultat attendu comme
deux fois l’énergie de l’état fondamental d’un oscillateur tridimensionnel isolé :
E0 (∞) = 3ℏωA (2.124)
L’énergie d’interaction de VAN DER WAALS à la distance R est alors dé inie par
W(R) = E0 (R) − E0 (∞) (2.125)
Ce résultat est exact dans le sens où il n’est pas le fruit d’un approche perturbative
qui limiterait sa validité à un certain ordre de grandeur de λ. Pour une valeur arbi‐
traire de λ, la formule doit être évaluée numériquement. Pour des distances R telles
que
√ λ << 1, on peut développer les racines carrées à l’aide de séries de MAC‐LAURIN
2
( 1 ± z = 1 ± 2z − z8 + ...) :
ℏωA λ λ2 2λ 4λ2
W(R) = 2(1 − − + ...) + (1 + − + ...)
2 2 8 2 8
λ λ2 2λ 4λ2
+ 2(1 + − + ...) + (1 − − + ...) − 3ℏωA (2.126)
2 8 2 8
On constate que les premiers termes non nuls sont du second ordre en λ (à rappro‐
cher du résultat du traitement perturbatif de la section 2.4.2). Il reste :
2
3 3ℏωA α0,at
W(R) ' − ℏωA λ2 = − 6 (2.127)
4 R 4π ε0
qui, en plus de con irmer la dépendance ∼ −R−6 , renseigne que les deux paramètres
expérimentaux ωA (fréquence de transition électronique) et α0,at (polarisabilité ato‐
mique statique) déterminent l’intensité de l’interaction de VAN DER WAALS. Insistons
sur le fait que les modes propres qui dominent dans l’interaction ne sont pas asso‐
ciés aux mouvements des noyaux ‐ ces derniers sont bel et bien supposés immo‐
biles dans le modèle ‐ mais bien aux mouvements des électrons. La prise en compte
des mouvements des noyaux ferait surgir des fréquences de résonance dans l’infra‐
rouge qui sont 3 à 4 ordres de grandeurs plus faibles que les fréquences de transi‐
tions électroniques ultra‐violettes.
En conclusion, tant le calcul perturbatif (section 2.4.2) que le modèle de LONDON
mettent en évidence l’origine quantique de l’interaction de VAN DER WAALS. Par rap‐
port au traitement perturbatif, le modèle de LONDON met explicitement en évidence
les dipôles luctuants comme origine de l’interaction de VAN DER WAALS.
2.5. Liaisons dans la matière condensée 61
FIGURE 2.16 : Vue en coupe des densités de charges de valence dans NaCl et dans Si. Dans le
matériau ionique (NaCl), les courbes d’isodensité sont quasi sphériques tandis qu’elles sont
orientées suivant l’axe de la liaison dans un matériau covalent (Si).
2.5. Liaisons dans la matière condensée 63
FIGURE 2.17 : Amplitude des orbitales atomiques 3dz z et 4s (correspondant aux électrons de
valence) du Ni. Les demi‐distances aux premiers voisins (r1 , r2 , r3 ) sont indiquées comme
références.
64 Chapitre 2. Cohésion des solides
2p
2s
1s
r0 r
FIGURE 2.18 : Schéma de principe de l’élargissement des niveaux d’énergie lorsqu’un grand
nombre d’atomes de même nature se condensent en un agrégat solide. La séparation r0 sym‐
bolise la séparation inter‐atomique observée expérimentalement lorsque l’agrégat est dans
un état stable de liaison chimique. Dans le cas d’atomes appartenant à la deuxième rangée du
tableau de MENDÉLÉEV représenté ici, l’agrégat, résultant de l’assemblage d’éléments tel que
le Be, est métallique à cause de l’élargissement jusqu’au recouvrement des bandes issues de
la levée de dégénérescence des niveaux atomiques 2s et 2p.
2.5. Liaisons dans la matière condensée 65
FIGURE 2.19 : Illustration du phénomène de levée de dégénérescence réduit des niveaux ato‐
miques dans le cas d’un matériau ionique tel que KCl.
66 Chapitre 2. Cohésion des solides
2.6 Exercices
1 #! /opt/local/bin/octave -qf
2 %% Exemple de solution applicable aux exercices 2.6.2 et 2.6.3
3 % Chargement de commandes par défaut comme p.ex.:
4 % définitions des constantes physiques, paramètres des graphes.
5 source(’~/bin/mystartdefaults.m’);
6 %% PARAMÈTRES
7 atom = ’Na’; pdf = false; latex = false;
8 %% PARAMÈTRES PHYSIQUES DE L’ATOME CHOISI
9 switch (atom)
10 case {’Ne’} % Données pour Ne (1s2 2p2 2p6)
11 z = 8 % 8 électron(s) de valence / atome
12 n = 2 % Couche n=2 non remplie => n=2
13 d = 3.1 % Distance aux premiers voisins [Angstroem]
14 case {’Na’} % Données pour Ne (1s2 2p2 2p6 3s1)
15 z = 1 % 1 électron(s) de valence / atome
16 n = 3 % Couche n=2 remplie => n=3
17 d = 3.7 % Distance aux premiers voisins [Angstroem]
18 otherwise
19 fprintf(’Données manquantes pour %s’,atom)
20 end
21 %% CALCUL ET DESSIN
22 m=2; % Nombre d’atomes voisins à gauche et à droite
23 x_min=-8; x_max=8; % Domaine des abscisses du graphe [Angstroem]
24 x=[x_min:0.1:x_max];
25 for j=-m:m
26 for i=1:length(x)
27 y(i,j+m+1)=exp(-abs(x(i)-j*d)*z/(n*Bohr));
28 end
29 end
30 plot(x(:),y(:,1:end));
31 xlim([x_min,x_max]);
32 xlabel(’Angstroem’);
33 ylabel(’Amplitude’);
34 %% FICHIERS OPTIONNELS
35 if (pdf || latex)
36 fname=sprintf(’%s.pdf’,atom); % Nom du fichier à produire
37 if (pdf) % Fichier pdf standard
38 print(fname,’-dpdf’);
39 fprintf(’Graphe dans %s\n’,fname);
40 end
41 if (latex) % Fichiers combinés pdf & LaTeX.
42 % Dans un document LaTeX, \input{fname.tex}
43 % produira une intégration parfaite du graphe
44 print(outfile,’-dpdflatex’);
45 fprintf(’Graphe dans %s.tex combiné avec %s-inc.pdf\n’,...
46 atom,atom);
47 end
48 end
49 waitfor(gcf); % Attente de la fermeture de la fenêtre de la figure
SCRIPT 2.1: Exemple de solution utilisant un script Matlab/Octave pour mettre en
évidence le rôle de l’écrantage du noyau par les électrons de coeur.
2.6. Exercices 69
0.8
0.6
Amplitude
0.4
0.2
0
‐5 0 5
◦
A
FIGURE 2.21 : Dans le cas du Ne, les enveloppes exponentielles décroissantes centrées sur
chaque atome ne se recouvrent pas. La cohésion d’un cristal de Ne ne peut donc reposer que
sur l’interaction de VAN DER WAALS.
0.8
0.6
Amplitude
0.4
0.2
0
‐5 0 5
◦
A
FIGURE 2.22 : Dans le cas du Na, les enveloppes exponentielles décroissantes centrées sur
chaque atome se recouvrent au‐delà du premier voisin. En outre, la fonction d’onde de type
s ne privilégie aucune direction. La cohésion d’un cristal de Na est donc de type métallique.
70 Chapitre 2. Cohésion des solides
Chapitre 3
3.1 Introduction
Ces techniques sont idéales pour observer dans l’espace direct les écarts par
rapport à l’arrangement périodique. Ce dernier est effet considéré comme la réfé‐
rence dans les raisonnements sur la matière condensée. Le TEM met en évidence
les défauts ponctuels, les dislocations, les lacunes,... dans le volume de l’échantillon
(aminci). Les STM et AFM, suivant que les échantillons soient respectivement conduc‐
teurs ou non, mettent en évidence les structures des surfaces ainsi que les structures
sur les surfaces (marches, terrasses, etc...).
Pour identi ier la structure et les phénomènes physiques dans le volume de la
matière condensée, il faut envoyer des faisceaux de particules quantiques sur un
échantillon de matière condensée (FIG.3.1). Des détecteurs situés à grandes distance
de l’échantillon recueillent les particules déviées dans différentes directions. En mé‐
canique classique, cette con iguration expérimentale correspond à deux concepts
suivant la nature corpusculaire ou ondulatoire de la sonde : la mesure de la dévia‐
tion d’un corpuscule par une cible est connue sous le nom d’expérience de diffu
sion tandis que le terme diffraction désigne la modi ication subie par une onde du
fait de l’interaction avec la cible. La physique quantique repose sur la dualité onde
71
72 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
Faisceau incident
∆F Détecteur
Particules Énergie
photons (RX) 10 ‐ 100 keV
neutrons 10 meV ‐ 1 eV
atomes légers (He) 10 meV ‐ 1 eV
électrons 10 eV ‐ 1 keV
3.1.1 Rayons X
Ces particules sont envoyées sur les échantillons avec une vitesse non‐relativiste de
sorte que leur énergie est donnée par E = p2 /(2m). De p = h/λ, on déduit :
h
λ= √ (3.2)
2mE
Dans le cas particulier des neutrons, on aboutit à (unités pratiques) :
◦ 0.28
λ [ A] ' p (3.3)
E[eV]
Les atomes légers pénètrent dif icilement dans le volume de la matière conden‐
sée. Cet inconvénient devient un avantage pour étudier les propriétés des surfaces.
Les neutrons interagissent avec les noyaux des atomes. La taille des centres dif‐
fuseurs est donc de l’ordre du Fermi (10−15 m). Comme l’interaction nucléaire les
rend sensible au nombre de nucléons, ils peuvent distinguer des éléments dont les
nombres atomiques sont consécutifs. La mise en oeuvre de la diffraction des neu‐
trons se heurte principalement à deux dif icultés d’ordre pratique :
‐ Nécessité d’un réacteur nucléaire (coût élevé).
‐ Sections ef icaces de diffusion réduites qui imposent des mesures délicates
d’intensités diffractées très faibles.
74 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
3.1.3 Électrons
La diffraction des électrons par la matière condensée est obtenue pour des énergie
incidente non‐relativiste. On peut donc reproduire le raisonnement tenu pour les
neutrons et les atomes légers. Tenant compte de la masse de l’électron, on obtient
(unités pratiques) :
◦ 12
λ [ A] ' p (3.4)
E[eV]
A cause de sa charge électrique qui interagit fortement avec les densités de charges
présentes dans la matière condensée, les électrons pénètrent dif icilement dans le
volume (≈ 5 nm). Comme pour les atomes légers, la diffraction des électrons est
utile pour étudier les surfaces. La LEED (Low Energy Electron Diffraction) est au‐
jourd’hui un outil standard pour déterminer la structure cristallographique de sur‐
face en cours de croissance. Remarquons que cette même relation 3.4 permet de
comprendre pourquoi les électrons en jeu dans les microscopes électroniques ne
sont pas soumis à la diffraction par la matière condensée ce qui permet la forma‐
tion d’images à haute résolution sur la base de considérations analogues à l’optique
(électronique) géométrique.
ℏ2 ∂ ΨNR (r, t)
− ∇2 ΨNR (r, t) = iℏ (3.5)
2m ∂t
Les RX étant de nature électromagnétique (donc relativiste), leur nature ondulatoire
est, en toute rigueur, restituée par une équation d’onde vectorielle issue des équa‐
tions de MAXWELL. L’approche de ce chapitre néglige l’aspect vectoriel de sorte que,
dans le vide séparant la source de l’échantillon, l’équation aux dérivées partielles
retenue s’écrit :
1 ∂ 2 ΨRX (r, t)
∇2 ΨRX (r, t) = 2 (3.6)
c ∂ t2
Ces deux équations aux dérivées partielles sont modi iées comme suit dans la
matière condensée :
ℏ2 ∂ ΨNR (r, t)
− ∇2 ΨNR (r, t) + ρNR (r(t)) ΨNR (r, t) = iℏ (3.7)
2m ∂t
1 ∂ 2 ΨRX (r, t)
∇ ΨRX (r, t) + ρRX (r(t)) ΨRX (r, t) = 2
2
(3.8)
c ∂ t2
A cause de la dépendance fonctionnelle de ρ(r(t)) par rapport au temps, ces
deux dernières équations aux dérivées partielles sont dif iciles à résoudre. La mé‐
thodologie consiste à supposer dans une première étape que le pouvoir de diffusion
n’a pas de dépendance fonctionnelle par rapport au temps. Cette première étape est
l’objet de ce chapitre. Avec l’hypothèse de pouvoir de diffusion rigide, c‐à‐d telle que
ρ(r(t)) = ρ(r), les équations aux dérivées partielles deviennent
ℏ2 ∂ ΨNR (r, t)
− ∇2 ΨNR (r, t) + ρNR (r) ΨNR (r, t) = iℏ (3.9)
2m ∂t
76 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
1 ∂ 2 ΨRX (r, t)
∇ ΨRX (r, t) + ρRX (r) ΨRX (r, t) = 2
2
(3.10)
c ∂ t2
où la dépendance temporelle n’intervient plus que dans les membres de droites. Les
séparations de variables suivantes :
ce qui signi ie que Ψ0 (r) décrit le champ incident. Le second terme Ψs (r) de l’équa‐
tion (3.18) est dénommé champ diffusé. Il fait intervenir la fonction de GREEN G0 (r, r′ )
dé inie par
∇2 G0 (r, r′ ) + k20 G0 (r, r′ ) = δ(r − r′ ) (3.20)
3.2. Approche phénoménologique 77
D
ks
rs − r’
rs
k0
r’
O
V
FIGURE 3.2 : Notations de la géométrie d’une expérience de diffusion.
Dans un problème à trois dimensions tel que celui qui nous occupe on peut démon‐
trer que la fonction de GREEN correspond à une onde sphérique :
′
1 eik0 |r−r |
G0 (r, r′ ) = − (3.21)
4π |r − r′ |
|Ψ(rs )|2 = |Ψ0 (rs )|2 + |Ψs (rs )|2 + Ψ∗0 (rs ) Ψs (rs ) + Ψ∗s (rs ) Ψ0 (rs ) (3.23)
78 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
Cependant, dans une expérience de diffraction, le détecteur situé à très grande dis‐
tance de la cible mesure le lux de particules sortant dans une direction déterminée.
Ceci n’est possible que si le détecteur se trouve hors du faisceau incident. Ce dernier
doit donc être caractérisé par une extension spatiale inie, de diamètre typique ΔF
(voir FIG.3.1), qui impose une largeur non nulle au spectre des vecteurs d’ondes in‐
cidents. Soit Δk0,|| cet étalement du spectre des vecteurs d’ondes dans les directions
parallèles à cette “largeur” typique ΔF. Ces deux quantités sont solidaires par la re‐
lation Δk0,|| ΔF ' 1. Il en résulte une incertitude (au sens de HEISENBERG) de l’angle
d’incidence de l’ordre de :
Δk0,|| 1
' (3.24)
k0 k0 ΔF
Si cet étalement angulaire se révèle négligeable expérimentalement, il garantit que
ΔF >> λ = 2π /k0 . Lorsque ΔF reste simultanément très supérieur à la dimension
de la cible (ΔF >> V 1/3 ), on peut donc accepter l’approximation du champ incident
par une onde plane d’amplitude A0 et de vecteur d’onde k0 :
où Z ′
A0 eik0 |rs −r |
′ ′
Ψ s (r ) ' − dr ρ(r′ ) eik0 ·r (3.27)
4π V |rs − r | ′
Évaluons alors la norme |rs − r′ | en tenant du fait que rs tend vers l’in ini :
1/2 1/2
|rs − r′ | = r2s − 2rs · r′ + |r′ |2 ' r2s − 2rs · r′
1/2
2 1 2
' r2s1 − ns · r′ = rs 1 − ns · r ′
rs 2 rs
' rs − ns · r′ (3.28)
Il reste Z
|A0 |2 ′
I(K) ∼ dr′ eiK·r G(r′ ) (3.35)
16π 2 rs2 V
où Z
′
G(r ) = dr ρ(r) ρ∗ (r′ + r). (3.36)
V
Si les atomes sont disposés sans aucun ordre à longue portée, comme c’est le cas
dans un matériau amorphe, l’intensité apparaît donc comme la transformée de FOU‐
RIER de la fonction d’autocorrélation G(r′ ) qui présente un maximum si r′ corres‐
pond à un vecteur qui sépare deux maxima de ρ(r). Si on admet que ρ(r) présente
des maxima centrés sur les positions des noyaux atomiques, les maxima de G(r′ )
surgissent lorsque r′ correspond à un vecteur qui sépare deux atomes (FIG.3.3).
Si les atomes sont rangés périodiquement comme c’est le cas dans un cristal, le pou‐
voir de diffusion véri ie la propriété :
Rn = n1 a1 + n2 a2 + n3 a3 (3.38)
3.4. Diffraction par les structures périodiques 81
r (Unités arb.)
r (Unités arb.)
FIGURE 3.3 : Dans un milieu désordonné, en supposant que ρ(r) est réel et ne possède qu’une
dépendance radiale, démonstration de l’effet d’auto‐corrélation suivant une coupe dont le
zéro est positionné sur un noyau. Les courbes en traits interrompus épais et ins repré‐
sentent respectivement ρ(r) et ρ(r + r′ ). L’intégrant ρ(r) ρ(r + r′ ) de la fonction d’auto‐
corrélation est tracé en trait continu. Dans l’exemple du haut, r′ = 2 ne conduit pas à un
maximum de la fonction d’auto‐corrélation G(r′ ). À l’opposé, l’exemple du bas, où r′ = 4
correspond à la distance du premier maximum voisin de l’origine r = 0, qui provoquera un
maximum de G(r′ ).
82 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
r (Unités arb.)
r (Unités arb.)
FIGURE 3.4 : Dans un milieu périodique, en supposant que ρ(r) = ρ(r + 4n) (avec n en‐
tier) est réel et ne possède qu’une dépendance radiale, démonstration de l’effet d’auto‐
corrélation suivant une coupe dont le zéro est positionné sur un noyau. Les courbes en
traits interrompus épais et ins représentent respectivement ρ(r) et ρ(r + r′ ). L’intégrant
ρ(r) ρ(r + r′ ) de la fonction d’auto‐corrélation est tracé en trait continu. Dans l’exemple du
haut, r′ = 2 ne conduit pas à un maximum de la fonction d’auto‐corrélation G(r′ ). À l’op‐
posé, l’exemple du bas, où r′ = 4 correspond à la période, provoquera un maximum “exalté”
de G(r′ ).
3.4. Diffraction par les structures périodiques 83
g
2
a2
a1
g
1
Réseau direct
g
2
g1
Réseau réciproque
où k est quelconque et où les Rn sont les vecteurs du réseau direct. Soit R0 un vecteur
quelconque du réseau direct. S reste inchangé si chaque Rn est augmenté du même
R0 (équivalent à un changement d’origine).
X X X
S= e±ik·Rn = e±ik·(Rn +R0 ) = e±ik·R0 e±ik·Rn (3.50)
Rn Rn Rn
P
Cette égalité ne tient que si Rn e±ik·Rn = 0 ou si e±ik·R0 = 1 pour tout R0 . Cette
dernière possibilité n’est réalisable que si k appartient au réseau réciproque, auquel
cas :
X
S = e±i(k=G)·R0 e±i(k=G)·Rn = N (3.51)
Rn
X
e±ik·Rn = N δk,G (3.52)
Rn
Z
1 ′ 8π 3
dr ei(G−G )·r = δ(G − G′ ) = δG,G′ (3.54)
V V V
Z
1 ′
dr ei(G−G )·r = δG,G′ (3.55)
Vcell Vcell
Z
1
cG = dr ρ(r) e−iG·r (3.56)
Vcell Vcell
|A0 |2 X
I(K) ∼ V2 |cG |2 δK,G (3.58)
16π 2 r2s
G
Des deltas de KRONECKER (et non des deltas de DIRAC à cause du caractère discret
des vecteurs du réseau réciproque), dits “pics de diffraction”, apparaissent chaque
fois qu’est remplie la condition de LAUE ³ :
K = ks − k0 = G (3.59)
Dans le cas de la diffusion élastique, |k0 | = |ks | = 2π /λ, la condition de LAUE est
alors aisément représentable graphiquement dans l’espace réciproque à l’aide de la
construction d’EWALD (FIG.3.6). Dans cette construction, la condition de LAUE surgit
lorsqu’un vecteur du réseau réciproque se trouve sur une sphère de rayon |k0 |. Le
pic de diffraction correspondant est désigné par les indices (h, k, l) du vecteur G qui
coïncident avec la sphère. Comme cette coïncidence n’apparaît pas systématique‐
ment, pour la faire surgir en pratique, il faut soit varier les |k0 | incidents, soit faire
tourner l’échantillon.
En outre, dans le régime élastique, on peut aussi déduire :
(ks − k0 ) · (ks − k0 ) = 2ks · ks − 2ks · k0
8π 2 8π 2
= [ 1 − cos 2θ ] = 1 − (1 − 2 sin2
θ )
λ2 λ2
2
16π
|K|2 = sin2 θ
λ2
3. Max VON LAUE (1879‐1960), physicien allemand, professeur à Munich. Il fut le pionnier de la
diffraction des rayons X par les cristaux, ce qui lui permit de démontrer la nature ondulatoire des
rayons X. Il contribua également à la théorie de la relativité et à l’étude de la supraconductivité. Prix
Nobel de Physique en 1914.
88 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
−k0
ks G
G g2
θ
g
1
k0
FIGURE 3.6 : Construction d’EWALD : exemple d’un réseau réciproque à deux dimensions.
La condition de LAUE détermine les directions où des pics de diffraction sont atten‐
2
dus. L’intensité relative des pics dépend de |cG | qui dépend du contenu de la maille
primitive puisque Z
1
cG = dr ρ(r) e−iG·r (3.61)
Vcell Vcell
Supposons qu’il soit possible d’identi ier un pouvoir de diffusion ρα (r′ ) distinct
pour chaque atome α dans une maille. Opérons la décomposition de Vcell en volumes
atomiques Vα de sorte que, à l’intérieur de Vcell , un point est repéré par son apparte‐
nance à l’un des sous‐volumes Vα selon (FIG.3.7) :
r = d α + r′ (3.62)
X
nat Z X
nat
1 −iG·rα ′ 1
cG = e dr′ ρα (r′ ) e−iG·r = e−iG·rα fα (3.63)
Vcell α =1 Vα Vcell α =1
3.5. Interprétation de BRAGG 89
1111111
0000000
0000000
1111111
d
β
0000000
1111111
d α 1111111
0000000
0
0000000
1111111 r’
r’ 1111111
0000000
0000000
1111111
0000000
1111111
r’
0 dβ
r’ dα
FIGURE 3.7 : Décomposition des vecteurs qui entrent dans la dé inition du facteur de struc‐
ture. Haut : décomposition de la maille primitive en deux sous‐volumes par le plan hachuré.
Bas : décomposition de la maille primitive en deux sous‐volumes sphériques.
Pn
où fα porte le nom de facteur de structure atomique tandis que αat=1 e−iG·rα fα celui
de facteur de structure.
Dans les cas où une approximation d’un pouvoir de diffusion atomique à symé‐
trie sphérique ρα (r′ ) à l’intérieur d’une sphère de rayon aα est possible (cas des
RX interagissant avec les électrons de coeur et des neutrons interagissant avec les
noyaux), le facteur de structure atomique peut être développé comme suit :
Z 2π Z π Z aα
′ ′ ′ cos θ′
fα = dφ dθ sinθ dr′ r′2 e−iGr ρ α (r ′ )
0
Z 0 0
aα
sin Gr′
= 4π dr′ r′2 ρα (r′ ) (3.64)
0 Gr′
Les BRAGG ⁴ ont proposé une interprétation de la condition de LAUE qui est devenue
très populaire parmi les cristallographes qui utilisent la diffraction des RX. La condi‐
tion de diffraction de BRAGG est non seulement récurrente dans divers chapitres de
4. William Henry BRAGG (1862‐1942, anobli en 1920) et son ils William Lawrence (1890‐1971),
physiciens anglais, travaillèrent ensemble sur la diffraction des rayons X par les cristaux. Ils obtinrent
le prix Nobel en 1915.
90 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
la physique de l’état solide, mais surgit en outre dans d’autres contextes où inter‐
viennent des invariances par translations naturelles ou arti icielles (c’est‐à‐dire, ré‐
sultat d’un procédé de micro–fabrication). Soulignons d’emblée que l’interprétation
de BRAGG est limitée strictement à la condition de diffraction et ne concerne pas les
intensités des pics de diffraction décrits par le facteur de structure.
Trois points du réseau direct qui ne sont pas alignés sur une ligne droite dé inissent
un plan cristallin. Remarquons que, puisqu’un noeud du réseau direct ne coïncide
pas nécessairement avec un site atomique, un plan cristallin n’a pas de “consistance”
physique. Un plan cristallin est identi ié par un triplet d’indices de MILLER selon la
procédure suivante (voir aussi l’exemple de la FIG.3.8) :
Soit un plan cristallin qui intersecte les axes des vecteurs de bases aux valeurs
entières H, K, et L, on constate que les plans parallèles à (H, K, L), obtenus par
la multiplication m(H, K, L) = (mH, mK, mL) par les entiers m, n’incluent pas
tous les noeuds du réseau direct (traits continus dans FIG.3.8) ;
Construction du triplet h′ = 1/H, k′ = 1/K et l′ = 1/L ;
On multiplie (h′ , k′ , l′ ) par un entier p de façon à obtenir un triplet de valeurs
entières (h, k, l) qui sont les indices de MILLER ;
Parallèlement aux plans cristallins dé inis par m(H, K, L), existent d’autres plans
cristallins (traits interrompus dans FIG.3.8), en fait p fois le nombre de plans
dé inis initialement par la multiplication m(H, K, L) par les entiers m. De fa‐
çon imagée, disons que le facteur p qui intervient dans la construction des
indices de MILLER renseigne sur la “densité” de plans cristallins nécessaire
pour que chaque noeud du réseau direct appartienne à un plan cristallin pa‐
rallèle à (H, K, L).
Théorème
Le vecteur Gh,k,l = hg1 + kg2 + lg3 du réseau réciproque est perpendiculaire au plan
cristallin d’indices de MILLER (h, k, l).
Preuve : (voir aussi l’exemple de la FIG.3.9)
Construction de vecteurs de bases b1 et b2 parallèles au plan cristallin (dans
l’exemple de la FIG.3.9, seul apparaît b1 ) ;
a1 a2
b1 = Ha1 − Ka2 = −
h′ k′
a3 a2
b2 = La3 − Ka2 = −
l′ k′
3.5. Interprétation de BRAGG 91
a
2
a1
FIGURE 3.8 : Exemple à deux dimensions de la procédure de dé inition des indices de MILLER.
Dans l’exemple, H = 1, K = 2, L =? et donc h′ = 1/H = 1, k′ = 1/K = 1/2, l′ = 1/L =?
de sorte que p = 2 ce qui aboutit à h = 2, k = 1, l =?
c = b1 × b2
a1 × a2 a2 × a3 a3 × a1
= − − −
h ′ k′ k′ l′ h′ l′
−1
Multiplication de c par −2π h′ k′ l′ Vcell
2π h′ k′ l′ a1 × a2 a 2 × a3 a3 × a1
− c = h′ + k′ + l′
Vcell Vcell Vcell Vcell
′ ′ ′
= h g1 + k g2 + l g3 (3.65)
2π h′ k′ l′
Gh,k,l = h g1 + k g2 + l g3 = −p c (3.66)
Vcell
dh,k,l
a
2
G
h,k,l
a1
b1
−Ka2
FIGURE 3.9 : Sur la base de l’exemple à deux dimensions de la FIG.3.8, illustration de la per‐
pendicularité du vecteur Gh,k,l = hg1 + kg2 + lg3 du réseau réciproque et des plans cristallins
d’indices de MILLER (h, k, l).
triangle :
|a1 |
d′h,k,l = H |a1 | cos(a1 , Gh,k,l ) = cos(a1 , Gh,k,l )
h′
|a1 | a1 · Gh,k,l 2π h 2π
= = = p
h |a1 | |Gh,k,l |
′ |Gh,k,l | h ′ |Gh,k,l |
d′h,k,l 2π
dh,k,l = = (3.67)
p |Gh,k,l |
d
h,k,l
ks
Gh,k,l
g2
k
θ 0
g
1
k0
G
h,k,l
ks
d
h,k,l sin θ
k
0
θ
d
h,k,l
FIGURE 3.10 : Sur la base de l’exemple à deux dimensions de la FIG.3.6, illustration de l’in‐
terprétation de BRAGG. Haut : Aux noeuds du réseau réciproque se superposent les plans
cristallins du réseau direct sur la base du fait qu’ils sont perpendiculaires au vecteur du ré‐
seau réciproque qui véri ie la condition de LAUE. Remarquons encore une fois que, aux deux
réseaux, correspondent des unités de longueur différentes tandis que les angles entre les
réseaux sont signi icatifs dans cette superposition. Bas : La différence de trajet entre deux
ondes planes ré léchies par deux plans successifs est 2 dh,k,l sin θ.
94 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
V = N Vcell
Vk = Nk VZB
8π 3 8π 3
VZB = =N = N dk
Vcell V
X
e±ik·Rn = N δk,G
Rn
X
e±ik·Rn = N δk,0 si k ∈ VZB
Rn
Z
1 ′ 8π 3
dr ei(G−G )·r = δ(G − G′ ) = δG,G′
V V V
Z
1 ′
dr ei(G−G )·r = δG,G′
Vcell Vcell
X
e±iG·r = Nk δr,Rn
G
X
e±iG·r = Nk δr,0 si r ∈ Vcell
G
Z
1 8π 3
dk eik·(Rm −Rn ) = δ(Rm − Rn ) = δRm ,Rn
Vk Vk Vk
Z
1
dk eik·(Rm −Rn ) = δRm ,Rn
VZB VZB
TABLE 3.1 : Résumé des représentations du delta de KRONECKER impliquant des vecteurs
du réseau réciproque (G, G′ ) ou des vecteurs du réseau direct (Rm , Rn ). Les représentations
de δG,G′ correspondent aux équations (3.53), (3.54) et (3.55) démontrées dans ce chapitre.
Les représentations de δRn ,Rm sont déduites des mêmes démonstrations par échange des
rôles entre espace (resp. réseau) direct et espace (resp. réseau) réciproque. Les différents
volumes intervenant dans ces relations sont le volume de l’espace direct (V ), celui de la
maille primitive dans l’espace direct (Vcell ), celui de l’espace réciproque (Vk ) et celui de la
zone de BRILLOUIN (VZB ). N est le nombre de mailles dans l’espace direct et Nk le nombre
de mailles dans l’espace réciproque.
3.6. Exercices 95
3.6 Exercices
Dans une expérience de diffraction d’électrons par un cristal dont les surfaces sont
propres, l’énergie cinétique des électrons incident est ixée à 144 eV, on observe le
premier ordre de diffraction à un angle θ = 14 degrés (l’angle nul correspondant à
l’incidence rasante).
(a) Déterminer la période d de l’espace direct associée à cet ordre de diffraction.
(b) d est‐il typique d’une période associée à tout le volume de l’échantillon ?
Expliquer.
(c) L’énergie des électrons incidents est augmentée à 256 eV. Décrivez comment
la igure de diffraction se modi ie (dilatation ? contraction ?) d’après l’évolu‐
tion de θ.
(d) L’énergie des électrons incidents est abaissée à 5 eV. Expliquer si oui ou non
le phénomène de diffraction reste observable.
En cristallographie, le système réticulaire ⁵ triclinique est l’une des sept familles cris‐
tallines de la classi ication des quatorze réseaux de BRAVAIS ⁶ (TAB.3.2). Dépourvue
d’une symétrie de type miroir et d’une quelconque symétrie de rotation, elle ne pré‐
sente que la symétrie de translation décrite par trois vecteurs de base de longueurs
inégales et non mutuellement orthogonaux {bi : i = 1, 2, 3}. Le but de cet exercice
est d’élaborer à l’aide d’un ordinateur une procédure qui construit les vecteurs de
bases d’un réseau triclinique en coordonnées cartésiennes.
Les paramètres d’entrées sont les données géométriques d’une maille parallélé‐
pipédique, à savoir (i = 1, 2, 3) : les longueurs ri > 0 des arêtes du parallélépipède
et les angles αi > 0 . Ces derniers sont dé inis comme suit : αi est l’angle entre rj and
rk avec les indices i, j, k correspondant à une permutation cyclique des valeurs 1,2,3.
Les données produites seront les trois vecteurs de bases {bi : i = 1, 2, 3} et le
volume V de la maille sous‐tendue par ces vecteurs.
Cette procédure prendra la forme d’une fonction qui pourra être invoquée comme
suit dans un script Octave :
1 [b,volume]=triclinic(r,alpha)
TABLE 3.2 : Classi ication des réseaux selon BRAVAIS. La procédure qui calcule les vecteurs
de base d’un réseau triclinique (section 3.6.2 ) est applicable à tous les réseaux primitifs (P)
des familles cristallines et au réseau rhomboédrique (R) (dont la particularité conduit à le
considèrer comme une septième famille cristalline).
où r et alpha sont des tableaux 3X1, b est un tableau 3X3 et volume un scalaire.
La famille cristalline triclinique est la plus générale car elle présente le moins
de symétrie (TAB.3.2). Ceci implique que les autres familles cristallines de réseaux
de BRAVAIS peuvent être considérées comme des cas particuliers de la famille tri‐
clinique. Au vu de la (TAB.3.2), il est clair que la procédure élaborée s’appliquera
ensuite à tous les réseaux primitifs de chaque famille cristalline et au réseau rhom
boédrique (R).
En préambule, on établira les formules nécessaires à la procédure. À partir de
l’expression du volume de la maille
V = b 1 · [b 2 × b 3 ] (3.69)
démontrer que
V 2 = |b1 |2 |b2 |2 |b3 |2 F (3.70)
avec le facteur
Réseau Formules
P ou R ai = bi (i = 1, 2, 3)
S Soit αi 6= π2 , alors :
a3 = b i
si i = 1, a1 = (b3 + b2 )/2 et a2 = (b3 − b2 )/2
si i = 2, a1 = (b3 + b1 )/2 et a2 = (b3 − b1 )/2
si i = 3, a1 = (b2 + b1 )/2 et a2 = (b2 − b1 )/2
I a1 = (−b1 + b2 + b3 )/2
a2 = (+b1 − b2 + b3 )/2
a3 = (+b1 + b2 − b3 )/2
F a1 = (b1 + b2 )/2
a2 = (b2 + b3 )/2
a3 = (b1 + b3 )/2
TABLE 3.3 : Formules de passages des vecteurs de bases des réseaux primitifs des familles
cristallines {bi : i = 1, 2, 3} aux vecteurs de bases des réseaux de BRAVAIS. {ai : i = 1, 2, 3}
qui peut prendre des valeurs entre ‐4 et 1. Une valeur négative ou nulle de F étant
clairement non physique, elle correspond à un système d’angles incompatibles pour
former un parallélépipède. Si les paramètres d’entrées conduisent à F > 0, démon‐
trer alors qu’un choix possible de vecteurs de bases s’énonce :
b1 = r1 e1 (3.72)
b2 = r2 cos α3 e1 + r2 sin α3 e2 (3.73)
√
cos α1 − cos α2 cos α3 r3 F
b3 = r3 cos α2 e1 + r3 e2 + e3 (3.74)
sin α3 sin α3
Tester la procédure dans les cas des familles cristallines des réseaux de BRAVAIS
(TAB.3.2).
Démontrer les formules du TAB.3.3 qui expriment les vecteurs de bases des réseaux
de BRAVAIS {ai : i = 1, 2, 3} à partir des vecteurs de bases des réseaux primitifs des
familles cristallines {bi : i = 1, 2, 3}.
À l’aide d’un ordinateur, élaborer une procédure qui exploite celle développée
dans la section 3.6.2 pour construire les vecteurs de bases d’un réseau de BRAVAIS
en coordonnées cartésiennes. Cette procédure prendra la forme d’une fonction qui
pourra être invoquée comme suit dans un script Octave :
1 [a,volume,pearson]=Bravais(r,alpha,symb)
où les données entrées r et alpha ont été dé inies dans la section 3.6.2 et où symb
est un caractère qui peut prendre les valeurs P,S,I, ou F pour préciser le réseau. Les
98 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
À l’aide d’un ordinateur, élaborer une procédure qui procure une vue en perspec‐
tive de la maille primitive (parallélipipède aussi dénommé hexaèdre cuboïde dans
la littérature) sous‐tendue par les trois vecteurs de bases obtenus dans la section
3.6.3 ainsi que ces trois vecteurs. Cette procédure prendra la forme d’une fonction
qui pourra être invoquée comme suit dans un script Octave :
1 cuboid(a)
où a est un tableau 3X3 contenant les coordonnées cartésiennes des trois vecteurs
de bases {ai : i = 1, 2, 3} du réseau de BRAVAIS. Tester la procédure sur les quatorze
réseaux de BRAVAIS (TAB.3.2).
Utilisez un ordinateur pour mettre au point une procédure ayant les fonctionnalités
suivante :
— Données entrées : vecteurs de bases du réseau direct {ai : i = 1, 2, 3} obte‐
nus dans la section 3.6.3 ;
— Résultat : vecteurs de base du réseau réciproque {gi : i = 1, 2, 3} ainsi que le
volume VZB de la maille primitive du réseau réciproque (zone de BRILLOUIN).
— Option 1 : la procédure procure {gi /(2π ) : i = 1, 2, 3} et VZB /(8π 3 ).
— Option 2 : vue en perspective des vecteurs de base du réseau direct et de ceux
du réseau réciproque.
— Option 3 : vue en perspective de la maille primitive sous‐tendue par les vec‐
teurs de base du réseau réciprocque {gi : i = 1, 2, 3}.
La procédure prendra la forme d’une fonction qui pourra être invoquée comme suit
dans un script Octave :
1 [g,BZvol]=reciprocalbasis(a,varargin)
où a est un tableau 3X3 dé inissant les vecteurs de base du réseau direct tandis
que varargin est une liste d’arguments de longueur variable permettant de gé‐
rer les options (voir documentation de Octave). Les données sorties sont le ta‐
bleau 3X3 g dé inissant les vecteurs de base du réseau réciproque et le volume de la
zone de BRILLOUIN BZvol. Tester la procédure sur les quatorze réseaux de BRAVAIS
(TAB.3.2).
3.6. Exercices 99
où a est un tableau 3X3 dé inissant les vecteurs de base, n est l’ordre des noeuds voi‐
sins à retenir et varargin est une liste d’arguments de longueur variable permet‐
tant de gérer les options (voir documentation de Octave). Le SCR.3.1 montre alors
l’organisation des données sortie qui simpli ie la mise en oeuvre de l’algorithme de
tri par norme croissante (SCR.3.2).
1 for k=1:m-1 % m est le nombre d’éléments à trier
2 for j=k+1:m
3 if (R(4,k) > R(4,j)) % La composante 4 est la norme
4 buf(1:5) = R(1:5,k);
5 R(1:5,k) = R(1:5,j);
6 R(1:5,i) = buf(1:5);
7 end
8 end
9 end
SCRIPT 3.2: Algorithme de tri par norme croissante du tableau R dé ini dans le SCR.3.1.
L’usage de l’algorithme de tri par norme croissante est tellement fréquent qu’il fait
l’objet d’une fonction de la la syntaxe Octave de sorte que la commande suivante
produira le même effet que le SCR.3.2 :
1 R=sortrows(R’,4)’;
Une maille de WIGNER‐SEITZ d’un réseau est une maille primitive qui ne contient que
un seul noeud d’un réseau au centre de la maille. Il s’agit donc d’une alternative à la
maille primitive parallélépidédique sous‐tendue par les vecteurs de base du réseau
caractérisée dont les 8 sommets correspondent à autant de noeuds du réseau.
Utilisez un ordinateur pour mettre au point une procédure ayant la fonctionna‐
lité suivante :
— Données entrées : vecteurs de bases d’un réseau (direct ou réciproque).
— Résultat : (a) Coordonnées cartésiennes des sommets (vertex) de la maille
de WIGNER‐SEITZ ; (b) Dé initions des arêtes de la maille de WIGNER‐SEITZ à
partir des indices identi iant les vertex : (c) Dif icile : dé initions des facettes
de la maille de WIGNER‐SEITZ de façon à ce que, pour chaque facette, l’ordre
des vertex dé inisse un polygone convexe dans le plan de la facette consi‐
dérée. Cet ordre est requis pour que la librairie graphique de l’ordinateur
colorie correctement chaque facette (voir la documentation de la fonction
patch en Matlab/ Octave).
— Option 1 : vue en perspective des vecteurs de base du réseau.
— Option 2 : vue en perspective des arêtes de la maille de WIGNER‐SEITZ.
— Option 3 dif icile : vue en perspective des facettes de la maille de WIGNER‐
SEITZ.
3.6. Exercices 101
Tester la procédure sur les quatorze réseaux de BRAVAIS (TAB.3.2) tant dans l’espace
direct que dans l’espace réciproque.
Conseils : Tous les points à l’intérieur d’une maille de WIGNER‐SEITZ sont plus pro‐
ches du noeud au centre de la maille que de n’importe quel autre noeud du réseau, ce
qui fait qu’une maille de WIGNER‐SEITZ est un cas particulier du concept de cellule
de VORONOÏ lorsque l’arrangement des noeuds est périodique. Cette propriété est
utilisée pour construire la maille comme suit :
— Placer l’origine sur un noeud du réseau autour duquel on veut construire la
maille de WIGNER‐SEITZ.
— Pour chaque noeud voisin Rm , tracer le plan perpendiculaire à Rm qui passe
par Rm /2. Le plus petit volume dé ini par l’intersection des plans est la maille
de WIGNER‐SEITZ. Ceci signi ie que l’intersection de trois plans qui contien‐
nent Rm /2 de init un sommet (vertex) de la maille de WIGNER‐SEITZ si cette
intersection est plus proche de l’origine que de n’importe quel autre noeud du
réseau. Il faut ensuite écarter d’éventuelles duplications de ces intersections.
— La génération des noeuds jusqu’aux seconds voisins suf it pour les réseaux
où les symétries sont nombreuses (p.ex. cubique). Pour anticiper les cas où
les symétries sont réduites (p.ex ;.dans le cas général d’un réseau triclinique),
il est nécessaire de prévoir une boucle qui augmente le nombre de voisins
pris en compte jusqu’à ce que le nombre de vertex converge.
— Les arêtes de la maille de WIGNER‐SEITZ sont alors déduites en considérant
successivement toutes les paires de vertex. Si une paire de vertex appartient
à deux plans délimitant la maille de WIGNER‐SEITZ, alors une arête relie ces
deux vertex. Écarter ensuite d’éventuelles duplications des arêtes.
— Les vertex d’un facette de la maille de WIGNER‐SEITZ sont ceux qui sont or‐
thogonaux au vecteur normal à la facette. La procédure qui identi ie les fa‐
cettes devra aboutir à un résultat cohérente avec la formule caractéristique
d’EULER d’un polyèdre convexe qui lie le nombre de facettes F au nombre
d’arêtes A et au nombre de total de vertex V :
F=2+A−V (3.75)
Ensuite, pour chaque facette, opérer une rotation R qui amène tous les ver‐
tex de la facette dans un plan orthogonal à e3 . Dans ce plan, appliquer l’algo
rithme de JARVIS produisant l’ordre des vertex qui dé init l’enveloppe convexe
minimale qui contient un ensemble de points dans un plan. Cette enveloppe
sera forcément le polygone qui dé init la facette mais les vertex seront rangés
dans le bon ordre pour garantir la convexité de l’enveloppe. Opérer ensuite
la rotation inverse R−1 qui ramène tous les vertex ordonnés de la facette
dans le plan orthogonal à la facette. L’identi ication de l’ordre des points dé‐
inissant la facette convexe est alors aisée.
102 Chapitre 3. Diffraction par la matière condensée
Pour mettre en oeuvre cette méthode, on rappelle que la géométrie analytique dé‐
init un plan par trois vecteurs r0 , r2 et r2 qui ne sont pas colinéaires et tels que les
vecteurs v1 = r1 − r0 et v1 = r1 − r0 ne soient pas parallèles. Le plan consiste alors
en tous les vecteurs partant de r0 qui sont orthogonaux
P3 à une direction
P3 donnée n
normale au plan dé inie par n = v1 × v2 = i=1 ni ei . Soit r = i=1 xi ei un point
quelconque appartenant au plan, on déduit alors l’équation vectorielle du plan :
n · (r − r0 ) = n · r − c = 0 (3.76)
n 1 x 1 + n2 x 2 + n3 x3 − c = 0 (3.77)
P3
L’intersection de trois plans indicés par j = 1, 2, 3 dé inis par nj = i=1 ni,j ei et r0,j
est alors la solution d’un système de trois équations aux trois inconnues xi :
où cj = nj · r0,j .
Chapitre 4
103
104 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
ζ(r, t)
∇ · e(r, t) = (4.8)
ε0
∇ · b (r , t ) = 0 (4.9)
∂ b (r , t )
∇ × e(r, t) = − (4.10)
∂t
1 ∂ e(r, t)
∇ × b (r , t ) = μ 0 j (r , t ) + (4.11)
c2 ∂ t
√
où c = ε0 μ0 est la vitesse de la lumière dans le vide. Dans un échantillon macro‐
scopique, les constituants élémentaires, dont le nombre est commensurable avec le
nombre d’AVOGADRO sont tous animés par des mouvements soit d’agitation ther‐
mique, soit d’énergie de point‐zéro ou soit encore associés aux orbitales atomiques.
Les champs e et b résultant varient très rapidement non seulement temporellement
(entre 1012 et 1016 Hz) mais aussi spatialement à une échelle inférieure ou égale
à l’Angstroem. Les techniques de mesure ne peuvent suivre ces variations. En pra‐
tique, les instruments effectuent une moyenne sur sur des intervalles beaucoup plus
larges. A in d’identi ier la limite inférieure d’un tel intervalle spatial qui garderait un
sens au niveau macroscopique (indépendamment de la faisabilité technique), rap‐
pelons que les lois de la ré lexion et de la réfraction restent valables pour des lon‐
gueurs d’ondes de l’ordre du proche UV alors que la diffraction des RX aux longueurs
4.1. Equations de MAXWELL micro & macroscopiques 105
où w(r) est une fonction réelle, isotrope, normalisée à un sur tout l’espace et qui tend
très rapidement vers zéro au‐delà d’un rayon R choisi. De bons exemples de telles
fonctions sont des fonctions continues comme la gaussienne à trois dimensions ou
la lorentzienne à trois dimensions qui, pour la gestion des dérivées, sont préférables
à des fonctions discontinues en R. Si R → 0, ces exemples correspondent aux repré‐
sentations de la distribution δ de DIRAC. Il est aisé de véri ier que les opérations de
dérivation par rapport à l’espace et au temps commutent avec l’intégration qui in‐
tervient dans la dé inition de la moyenne. Les champs macroscopiques E et B sont
alors dé inis comme suit
ce qui permet d’identi ier les moyennes de la seconde et de la troisième des équa‐
tions de MAXWELL microscopiques aux équations de MAXWELL macroscopiques cor‐
respondantes :
ε0 ∇ · E(r, t) = < ζref (r, t) > + < ζext (r, t) > (4.17)
| {z } | {z }
ρref (r,t) ρext (r,t)
La densité ρref (r, t) peut être exprimée au signe près comme la divergence d’un
champ macroscopique dit de polarisation pour une raison qui sera expliquée un peu
plus bas :
− ∇ · P(r, t) = ρref (r, t) (4.19)
La première équation de MAXWELL macroscopique s’exprime alors par
où
D(r, t) = ε0 E(r, t) + P(r, t) (4.21)
dé init le déplacement électrique à l’intérieur du système de référence considéré
comme un continuum. La transition vers le niveau macroscopique a ainsi lissé dans
le champ de polarisation les détails d’un nombre formidable de constituants élé‐
mentaires qui intervenaient dans les équations microscopiques. Pour cerner le sens
physique de ce champ, multiplions (4.19) par r avant de procéder à l’intégration sur
le volume de l’échantillon :
Z Z
dr ρref (r, t) r = − dr r ∇ · P(r, t) (4.22)
occupe tout l’espace) à un champ électrique E(r, t) d’origine extérieure aux consti‐
tuants de l’échantillon. Ce champ électrique est supposé ici d’amplitude suf isam‐
ment faible pour interdire des effets non‐linéaires ou des phénomènes d’ionisation.
Introduisons la décomposition de FOURIER spatiale de ce champ appliqué ²
Z
1
E(r, t) = dk E(k, t) eik·r (4.23)
8π 3
ainsi que l’ordre de grandeur de son extension spatiale Δxi (t) dans chaque direction
i = 1, 2, 3 à chaque instant t. Dans une direction i, l’extension spatiale est liée au
spectre de la composante de vecteur d’onde Δki (t) par
ki a << 1 (4.27)
où a est la taille typique de la plus grande des entités polarisables. Par exemple,
dans le cas où E(r, t) est assimilable à une onde plane incidente, cette condition ex‐
prime que les entités polarisables sont beaucoup plus petites que la longueur d’onde
incidente de sorte que le champ peut être considéré comme uniforme au niveau
de l’entité polarisable (cette condition est très différente de celle décrite au cha‐
pitre 3 : dans le cas de la diffraction des RX, la longueur d’onde était comparable
aux distances inter‐atomiques). Dans ce régime, l’approximation dipolaire assimile
le champ établi par chaque entité polarisable à celui d’un dipôle (FIG.4.1). Comme
3. Historiquement, dans le système d’unités employé au XIXème siècle, les champs D et E ont la
même dimension de sorte que ε0 n’apparaissait pas dans la relation (4.25). La théorie de la relativité
a motivé postérieurement (XXème siècle) l’introduction de ε0 [F/m] dans (4.25) de sorte que, dans
le SI d’unités, D et E n’ont pas la même dimension.
4.2. La matière soumise à un champ électrique 109
(a)
E=0
+ +
(b)
E
+ +
(c)
E
− −
+ +
−
−
−
−
FIGURE 4.1 : Croquis illustrant l’approximation dipolaire dans le cas où les entités polari‐
sables sont des atomes. (a) Dans la situation de référence où le champ appliqué est nul, les
densités de charges électroniques (en bleu) et les charges des noyaux établissent des mo‐
ments dipolaires nuls sur chaque atome. (b) Lorsqu’un champ électrique véri iant (4.27) est
appliqué, les noyaux et les densités de charges électroniques sont déplacés en sens opposés
selon la même direction, rompant ainsi l’équilibre associé au moment dipolaire nul. (c) Par
rapport à la situation d’équilibre (a), l’application du champ électrique fait apparaître des
charges nettes (en rouge) qui établissent un moment dipolaire non nul sur chaque atome.
110 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
Z +∞ Z
D(r, t) = ε0 dτ dr′ E(r − r′ , τ) E(r′ , t − τ) (4.28)
0
Le cas particulier d’un champ appliqué statique (constant au cours du temps) uni‐
forme (homogène dans tout l’espace) se révèlera très important par la suite. Comme
E(r′ , t − τ) ≡ E ∀ t , ∀ r′ (4.29)
on déduit que le champ de déplacement est lui aussi constant : D(r, t) ≡ D, de sorte
que (4.28) devient simplement ∀ t , ∀ r :
D = ε0 εs E (4.30)
est dénommée constante diélectrique statique. Le fait que la valeur εs soit éventuelle‐
ment mesurable expérimentalement (voir section 4.6.7) ne permet pas de détermi‐
ner la forme de l’intégrand E(r − r′ , τ) dans (4.31). À ce stade, aucun argument théo‐
rique ou expérimental ne peut préciser davantage les caractéristiques de E(r−r′ , τ).
La section 4.3 montrera que le passage dans l’espace réciproque met en évidence un
contexte plus aisément exploitable.
Par analogie avec (4.23), nous dé inissons maintenant les décompositions de FOU‐
RIER du déplacement et de la réponse diélectrique :
Z
1
D(r, t) = dk D(k, t) eik·r (4.32)
8π 3
Z
1 ′
E(r − r′ , τ) = 3
dk E(k, τ) eik·(r−r ) (4.33)
8π
4.3. Passage dans l’espace réciproque 111
Cette dé inition de ε(k, ω), imprégnée du principe de causalité, porte le nom de fonc
tion diélectrique.
impose que
E∗ (k, t) = E(−k, t) (4.45)
4.5. Causalité 113
De même, de la dé inition
Z +∞ Z
E(k, ω) = dt dr E(r, t) e−ik·r eiωt (4.46)
−∞
on déduit que
E∗ (k, ω) = E(−k, −ω) (4.47)
Un raisonnement similaire s’applique au champ de déplacement :
D∗ (k, t) = D(−k, t) (4.48)
D∗ (k, ω) = D(−k, −ω) (4.49)
La relation (4.28) permet d’observer que E(r, τ) doit être réelle car elle met en re‐
lation les grandeurs physiques réelles D(r, t) et E(r′ , t − τ). La fonction diélectrique
dé inie par Z Z
+∞
ε(k, ω) = dτ dr E(r, τ) e−ik·r eiωτ (4.50)
0
possède donc la propriété :
ε∗ (k, ω) = ε(−k, −ω) (4.51)
Par conséquent, la partie réelle εR (k, ω) de la fonction diélectrique est paire
εR (k, ω) = εR (−k, −ω) (4.52)
tandis que sa partie imaginaire εI (k, ω) est impaire
εI (k, ω) = −εI (−k, −ω) (4.53)
4.5 Causalité
que nous insérons dans (4.50) pour aboutir à (après le changement de variable r −
r′ → r) :
Z +∞ Z
ε(k, ω) = dτ δ(τ) e iωτ
dr δ(r) e−ik·r
0
Z +∞ Z
+ dτ dr χ(r, τ) e−ik·r eiωτ
0
Z +∞ Z
= 1+ dτ dr χ(r, τ) e−ik·r eiωτ
Z0 +∞ Z
= 1+ dτ dr χ(r, τ) e−ik·r eiωτ (4.56)
0
de sorte que
ε(k, ω) = 1 + χ(k, ω) (4.58)
avec :
P(k, ω) = ε0 χ(k, ω) E(k, ω) (4.64)
4.5. Causalité 115
Nous pouvons maintenant étudier les conséquences du principe de causalité (χ(r, τ <
0) = 0). Dans ce but, résumons les caractéristiques que les conditions physiques
imposent à la réponse de polarisation :
(a) χ(r, τ) est réel et borné pour tout τ ;
(b) limτ→+∞ χ(r, τ) = 0 ;
(c) lim|r|→+∞ χ(r, τ) = 0
Physiquement, les conditions (a) et (b) traduisent que la réponse de polarisation
doit rester inie. Justi iée par l’atténuation du champ dipolaire en fonction de la dis‐
tance, la condition (c) exprime que la réponse de polarisation doit avoir une portée
inie si le champ appliqué a lui même une extension spatiale inie. La condition d’in‐
tégrabilité synthétise ces trois conditions :
Z +∞
dτ |χ(k, τ)| < +∞ (4.65)
0
Z +∞
d d izτ
χ(k, z) = dτ χ(k, τ) e
dz dz
Z0 +∞
= i dτ χ(k, τ) τ eiωτ e−γτ (4.67)
0
0
−|z| sin θ τ +∞
e χMax
≤ χMax − =
|z| sin θ 0 |z| sin θ
ce qui permet de déduire que
Z
1 +∞
χI (k, ω′ )
χR (k, ω) = P dω′
π −∞ ω′ − ω
(4.69)
Z +∞ ′
1 χR (k, ω )
χI (k, ω) = − P dω′
π −∞ ω′ − ω
Z
1 +∞
εI (k, ω′ )
εR (k, ω) = 1 + P dω′
π −∞ ω′ − ω
(4.70)
Z ′
1 +∞
εR (k, ω ) − 1
εI (k, ω) = − P dω′
π −∞ ω′ − ω
L’écrantage est l’un des concepts essentiels de la théorie d’un système de charges.
Dans un matériau conducteur électrique non magnétique, les charges qui en sont
capables, c‐à‐d les charges non liées, se déplacent en réponse à l’application d’un
champ électrique statique. Ce déplacement se stabilise en une nouvelle distribution
de charges qui correspond à la con iguration nécessaire pour annuler à grandes dis
tances l’effet du champ électrique responsable du mouvement de charges. La raison
de cette stabilisation est simple : si l’effet du champ électrique n’est pas annulé à
grandes distances, davantage de charges se déplaceront a in d’obtenir inalement
cette annulation. Ce phénomène d’annulation à grandes distances du champ élec‐
trique statique appliqué porte le nom d’écrantage. Dans un matériau isolant élec‐
trique soumis à un champ électrique statique, les charges restent liées aux atomes
(FIG.4.1). Le champ électrique statique polarise le matériau. Les charges de polari‐
sation apparues écrantent alors imparfaitement le champ appliqué. Du point de vue
4.6. Fonction diélectrique et écrantage statique 117
Posons alors Z
1
E(r) = dk E(k) eik·r (4.72)
8π 3
L’invariance temporelle se répercutant comme suit dans (4.41) :
Z Z +∞
−ik·r
E(k, ω) = dr E(r) e dt eiωt
−∞
= E(k) 2π δ(ω − 0) (4.73)
118 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
(b)
(a)
ρ ( r)
ρ ( r) imp
0
ρ ( r)
(c)
ρ ( r) +
ext ρ ( r) = ρ ( r)
pol Ecran
ρ ( r)
0
(d)
ρ ( r) +
ext
ε ( r,r’ )
on déduit de (4.39) :
ce qui traduit, comme on pouvait s’y attendre, que le champ de déplacement est lui
aussi indépendant du temps. En effet, (4.32) devient
Z Z
1 ik·r 1
D(r) = dk ε0 ε(k, ω = 0) E(k) e = dk D(k) eik·r (4.75)
8π 3 8π 3
Par similarité au cas du champ électrique, cette indépendance temporelle conduit à
D(k, ω) = D(k) 2π δ(ω − 0).
En résumé, lorsque le champ appliqué est statique, il résulte que seule la com‐
posante ω = 0 est à prendre en compte dans les transformées de FOURIER spatio‐
temporelles, ce qui invite à simpli ier l’écriture comme suit :
ε(k, ω = 0) ; ε(k)
χ(k, ω = 0) ; χ(k)
E(k, ω = 0) ; E(k) (4.76)
P(k, ω = 0) ; P(k)
D(k, ω = 0) ; D(k)
D’autre part, la loi de GAUSS peut s’écrire alternativement en tenant compte de (4.72) :
1
∇ · E(r) = ρext (r) + ρpol (r)
ε0
1
i k · E(k) = ρext (k) + ρpol (k) (4.81)
ε0
ce qui permet de déduire que (4.80) devient ρext (k) = ε(k) ρext (k) + ρpol (k)
aménageable comme suit :
ρext (k) ρext (k) + ρpol (k) − ρpol (k)
ε(k) = =
ρext (k) + ρpol (k) ρext (k) + ρpol (k)
ρpol (k)
ε(k) = 1 − (4.82)
ρext (k) + ρpol (k)
de sorte que les deux expressions équivalentes de la loi de GAUSS deviennent des
équations de LAPLACE :
∇2 Vext (r) = −ρext (r) (4.85)
1
∇2 V(r) = − ρext (r) + ρpol (r) (4.86)
ε0
La décomposition de FOURIER des potentiels
Z
1
Vext (r) = dk Vext (k) eik·r (4.87)
8π 3
Z
1
V (r ) = dk V(k) eik·r (4.88)
8π 3
permet d’extraire les relations suivantes des équations de LAPLACE :
Cette dernière équation se retrouve dans la littérature sous l’une ou l’autre des ex‐
pressions suivantes :
Vext (k) ρ (k)
V(k) = = 2 ext (4.92)
ε0 ε(k) k ε0 ε(k)
D’après (4.72), l’application d’un champ électrique uniforme (homogène dans tout
l’espace) E(r) ≡ E réduit le spectre de vecteurs d’ondes du régime statique (ω =
0) à la seule composante k = 0 (longueur d’onde in inie) : E(k) = 8π 3 δ(k −
0) E. Ce spectre introduit dans (4.75) permet de déduire aisément que le champ de
polarisation et donc le champ de déplacement sont eux aussi uniformes :
Z
1
D(r) = dk ε0 ε(k, ω = 0) 8π 3 δ(k − 0) E eik·r
8π 3
D = ε0 ε(k = 0, ω = 0) E = ε0 E + P (4.94)
εs ≡ ε(k = 0, ω = 0) ≡ 1 + χs (4.95)
e3
+σpol
E
P
Ed
−σpol
FIGURE 4.3 : Lame soumise à un champ électrique uniforme : projection dans le plan e2 − e3
illustrant l’apparition des distributions des charges de polarisation sur les deux faces du ilm
mince.
Le cas du champ appliqué statique uniforme donne l’opportunité d’illustrer les sub‐
tilités associées à la taille inie des échantillons à l’aide de résultats classiques d’élec‐
trostatique. Considérons la situation la plus simple où l’échantillon se présente sous
la forme d’une lame mince d’épaisseur d dans la direction e3 et s’étendant à l’in ini
dans les autres directions e1 et e2 (FIG.4.3). L’application du champ statique uni‐
forme E produit un champ de polarisation P lui aussi uniforme dans l’échantillon.
L’uniformité du champ ne peut faire apparaître des charges de polarisation dans le
volume de l’échantillon mais bien aux faces opposées de la lame mince. L’extrême
minceur des couches de charges de polarisation conduit à les assimiler à des densi‐
tés de charges de polarisation par unité de surface (FIG.4.3) :
Eloc = E + Ed (4.99)
Non seulement les lames minces mais aussi les échantillons sous formes d’el‐
lipsoïdes, de sphères, de cylindres ou de disques produisent un champ de dépolari‐
sation uniforme s’ils sont soumis à une polarisation uniforme. Dans le système de
coordonnées approprié, la démonstration requiert de résoudre l’équation aux déri‐
vées partielles de LAPLACE sujette aux conditions aux limites décrivant la polarisa‐
tion uniforme (exercice 4.11.3 ou le cas plus simple du centre de la sphère, exercice
4.11.2). La solution la plus générale de l’ellipsoïde polarisé permet d’envisager les
autres situations comme des cas limites. La dé inition générale du champ local peut
alors s’énoncer :
P
Eloc = E − L (4.100)
ε0
P = ε0 χs Eloc , (4.102)
[1 + L χs ] Eloc = E (4.103)
Dans un échantillon de taille inie, le champ de déplacement est donc déterminé par le
champ local et non par le champ appliqué :
de sorte que une relation entre D et le champ appliqué E, déduite par l’intermédiaire
de (4.103), implique le tenseur de dépolarisation :
−1
D = ε 0 [1 + χ s ] [ 1 + L χ s ] E (4.105)
Si le système d’axe est ajusté de sorte que E = Ei ei , les équations (4.103) et (4.104)
deviennent scalaires :
1 + χs
Di = ε0 [1 + χs ] Eloc,i = ε0 Ei (4.106)
1 + Li χs
En résumé :
124 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
Forme L1 L2 L3
Cylindre (axe || e3 ) 1
2
1
2
0
1 1 1
Sphère 3 3 3
TABLE 4.1 : Éléments du tenseur de dépolarisation pour une polarisation uniforme orientée
suivant e3 (SI).
où Q/A est la densité de charges apparue sur l’électrode chargée positivement. D’autre
part, E3 est rélié à la différence de potentiel appliquée par :
ΔV
E3 = (4.108)
d
4.6. Fonction diélectrique et écrantage statique 125
εs → −∞ (conducteur) (4.113)
Le signe négatif sera justi ié dans le contexte des propriétes optiques des métaux.
P P
= + P
FIGURE 4.4 : Décomposition du problème d’une cavité sphérique dans un milieu homogène
dans lequel règne une polarisation uniforme.
homogène plein (sans cavité) polarisé uniformément peut être considéré comme une
sphère pleine (de même rayon que la cavité) superposée au système où apparaît la
cavité. A cette décomposition correspond le principe de superposition des champs
électriques associés à chaque élément de la dite décomposition, on peut donc écrire :
E = Ecav (r) +Ed (r) ∀ r tel que |r| ≤ r0 (4.114)
| {z }
Eloc (r)
où
E est le champ électrique associé à un milieu homogène de volume in ini po‐
larisé uniformément : il s’agit donc du champ appliqué.
Ed (r) est le champ à l’intérieur d’une sphère polarisée uniformément mais non
soumise au champ appliqué. D’après le TAB.4.1, il s’agit du champ de dépola‐
risation −P/3ε0 .
Il est alors trivial de déduire le champ local dans la cavité sphérique :
P
Eloc (r) = E − Ed (r) = E + ∀ r tel que |r| ≤ r0 (4.115)
3ε0
Ce raisonnement basé sur le principe de superposition est applicable à d’autres
formes de cavités. En général, à l’intérieur des cavités soumises à une champ élec‐
trique uniforme, le champ local s’exprime à l’aide du tenseur de dépolarisation as‐
socié à la géométrie de la cavité :
P
Eloc = Ecav = E + L (4.116)
ε0
Nous avons mentionné plus haut que l’approximation dipolaire invoquée dans ce
chapitre était réservée aux situations où les longueurs d’ondes contenues dans la dé‐
4.7. Fonction diélectrique dans le régime optique 127
log k
10 2
log k max
10
log k
0 10 1
7 10
log k’
10 max
FIGURE 4.5 : Projection dans le plan (k1 , k2 ) des ordres de grandeurs en jeu dans le régime
optique. La sphère de rayon k′max ∼ 107 , dénommée zone radiative de l’espace réciproque,
contient les composantes de FOURIER de l’onde électromagnétique incidente appartenant au
domaine visible, celle de rayon kmax ∼ 1010 les composantes de FOURIER que peut soutenir
la matière condensée. Rigoureusement, dans le cas d’un cristal, la sphère de rayon kmax est
remplacée par le polyèdre de même ordre de grandeur que constitue la zone de BRILLOUIN.
condensée (équation (4.117)) en admettant que limk→0 E(k, τ) = E(τ) pour tous
les vecteurs d’ondes radiatifs tels que |k| ≤ k′max (rad dans les intégrales ci‐dessous).
La répercussion de cette approximation au niveau de (4.34) :
Z
1 ′
= dk′ D(k′ , t) eik ·r
ε0
Z +∞ Z Z Z
′ ik·(r−r′ ) 1 ′ ′
= dτ dr dk E(k, τ) e dk′ E(k′ , t − τ) eik ·r
8π 3
Z0 +∞ Z rad
Z rad
Z
′ ′ ik·r 1 ′ ′
= dτ dk dk E(k, τ) E(k , t − τ) e dr′ ei(k −k)·r
8π 3
Z0 +∞ Zrad Zrad
= dτ dk dk′ E(k, τ) E(k′ , t − τ) eik·r δ(k′ − k)
Z0 Z rad
+∞
rad
′
= dk′ dτ E(τ) E(k′ , t − τ) eik ·r (4.119)
rad 0
permet de constater que la transformée de FOURIER spatiale de D(r, t) est elle aussi
restreinte aux vecteurs d’ondes radiatifs. L’équation (4.38) devient alors
Z +∞
D(k, ω) = ε0 dτ E(τ) eiωτ E(k, ω) (4.120)
0
où les krad sont des vecteurs d’ondes qui appartiennent à la zone radiative de l’espace
réciproque et où la transformée de FOURIER de E(τ) est dé inie par :
Z +∞
ε(ω) = lim ε(k, ω) = dτ E(τ) eiωτ (4.122)
k→0
0
Dans le régime optique, la symétrie (4.61) se résume par χR (ω) = χR (−ω), ce qui
permet d’éliminer les fréquences négatives dans (4.69) à l’aide du changement de
variable ω′ → −ω′′ :
Z Z
1 0
χ (ω′ )′ 1 +∞
χI (ω′ )
χR (ω) = P dω I′ + P dω′
π −∞ ω −ω π 0 ω′ − ω
Z
1 0
χ (−ω′′ )
= − P dω′′ I ′′ + ...
π +∞ −ω − ω
Z Z
1 +∞
χI (ω′′ )
′′ 1 +∞
χI (ω′ )
= P dω + P dω′
π 0
′′
ω +ω π 0 ω′ − ω
Z
2 +∞
ω′ χI (ω′ )
χR (ω) = P dω′
π 0 ω′ 2 − ω2
(4.125)
Z +∞ ′
2ω χR (ω )
χI (ω) = − P dω′
π 0 ω′ 2 − ω2
Z
2 +∞
ω′ εI (ω′ )
εR (ω) = 1 + P dω′
π 0 ω′ 2 − ω2
(4.126)
Z ′
2ω +∞
εR (ω ) − 1
εI (ω) = − P dω′
π 0 ω′ 2 − ω2
En vertu du fait que ε(ω) est borné (voir section 4.5.2), les relations de KRAMERS‐
KRONIG aboutissent à plusieurs conclusions remarquables :
1. La constante diélectrique, obtenue lorsque ω → 0, est purement réelle :
Elle est obtenue par sommation, pondérée par un facteur 1/ω′ , de la par‐
tie imaginaire de la fonction diélectrique (qui rend compte des phénomènes
d’absorption) sur tout le spectre :
Z
2 +∞
εI (ω′ )
εR (0) = 1 + P dω′ (4.128)
π 0 ω′
Ce type de propriété est un exemple de règle de sommation ⁷.
2. Si ω → +∞, la partie réelle de la fonction diélectrique tend vers l’unité
tandis que la partie imaginaire tend à s’annuler :
pour le calcul numérique. Cette possibilité est très utile en pratique car cer‐
taines circonstances expérimentales peuvent imposer des contraintes telles
que seule εR (ω′ ) (respectivement εI (ω′ )) soit mesurable.
Comme annoncé dans la section 4.1, dans le vide, induction et champ magnétique
sont liés par la constante de perméabilité magnétique du vide μ0 = 4π 10−7 V·s/A·m :
Dans un milieu dense, cette relation est modi iée par la magnétisation de la matière.
Avant l’application du champ magnétique extérieur, deux situations initiales sont
possibles d’un point de vue macroscopique :
— soit le milieu dense est diamagnétique ou paramagnétique : la magnétisation
y est nulle en l’absence de champ magnétique extérieur. Un milieu diama‐
gnétique répond par une magnétisation qui s’oppose au champ magnétique
appliqué. Un milieu paramagnétique par une magnétisation qui augmente
l’induction par rapport à la valeur qu’elle aurait dans le vide.
7. En anglais : sum rule.
4.8. Perméabilité magnétique 131
La fonction μ(k, ω) est elle aussi imprégnée du principe de causalité et porte le nom
de perméabilité magnétique relative du matériau. Dans l’espace réciproque, la re‐
lation équivalente à celle déduite dans le cas électrique (4.39) est alors l’équation
constitutive suivante :
B(k, ω) = μ0 μ(k, ω) H(k, ω) (4.135)
Une alternative à la formule (4.131) consiste à mettre en évidence la magnétisation
M(r, t) résultant du champ appliqué antérieurement en t − τ :
B(r, t) = μ0 H(r, t) + μ0 M(r, t) (4.136)
Z +∞ Z
= μ0 H(r, t) + μ0 dτ dr′ χ(r − r′ , τ) H(r′ , t − τ)
Z +∞ Z 0
= μ0 dτ dr′ [δ(r − r′ ) δ(τ) + χ(r − r′ , τ)] H(r′ , t − τ)
0 | {z }
μ(r−r′ ,τ)
132 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
de sorte que
μ(k, ω) = 1 + χ(k, ω) (4.138)
avec :
M(k, ω) = χ(k, ω) H(k, ω) (4.141)
Pour ces quatre dernières équations, les formes particulières valables dans le régime
statique et dans le régime optique se déduisent de façon analogue au cas électrique :
— Régime statique :
B = μ0 μs H(k) = μ0 [H + M] = [1 + χs ] B0 (4.145)
∇ · D(r, t) = 0 (4.147)
∇ · B(r, t) = 0 (4.148)
∂ B(r, t)
∇ × E(r, t) = − (4.149)
∂t
∂ D(r, t)
∇ × H(r, t) = (4.150)
∂t
Les champs intervenant dans ces équations sont développés par transformées de
FOURIER (dont les intégrales sur k sont limitées à l’ordre de grandeur de la zone
9. L.D. LANDAU & E.M LIFSHITZ, Electrodynamics of Continuous Media, Pergamon (Oxford, 1960),
p. 251‐253.
134 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
radiative) :
Z +∞ Z
1
E(r, t) = dω dk E(k, ω) eik·r−iωt (4.151)
16π 4 −∞
Z +∞ Z
ε0
D(r, t) = dω dk ε(ω) E(k, ω) eik·r−iωt (4.152)
16π 4 −∞
Z +∞ Z
1
H(r, t) = dω dk H(k, ω) eik·r−iωt (4.153)
16π 4 −∞
Z +∞ Z
μ0
B(r, t) = dω dk μ(ω) H(k, ω) eik·r−iωt (4.154)
16π 4 −∞
On observe alors que chaque composante de FOURIER peut être traitée séparément
dans le système d’équations de MAXWELL :
ε ( ω L ,j ) = 0 (4.160)
ou
μ ( ω L ,j ) = 0 (4.161)
2. Ondes transverses
L’incorporation de la condition de transversalité k · E(k, ω) = 0 dans (4.159)
4.9. Ondes électromagnétiques dans la matière 135
p
On interpréte ε(ω) μ(ω) comme l’indice de réfraction complexe :
p
N(ω) = ε ( ω ) μ ( ω ) = n( ω ) + i κ ( ω ) (4.163)
(4.164)
On remarque que n(ω) joue le rôle de l’indice de réfraction de SNELL (modi‐
ication de la vitesse par rapport à la vitesse dans le vide) tandis que κ(ω)
‐ dénommé “coéf icient d’extinction” ‐ est responsable d’une atténuation de
l’amplitude incidente au fur et à mesure de la propagation dans le milieu ma‐
tériel.
Notons que, à hautes fréquences, lorsque μ(ω) = 1, on peut exprimer :
ε R ( ω ) = n2 ( ω ) − κ 2 ( ω ) (4.165)
ε I ( ω ) = 2 n( ω ) κ ( ω ) (4.166)
Soit une surface plane délimitant deux milieux semi‐in inis (FIG.4.6). Lors du pas‐
sage d’une onde électromagnétique d’un milieu à l’autre, la loi expérimentale de
SNELL énonce la conservation de la composante du vecteur d’onde parallèle à la sur
face :
k
1 e3
Θ1
N k
1
||
N k
||
2
Θ
2
k
2
Electrique) (exercice). Lorsque les deux milieux sont isotropes, dans le cas parti‐
culier de l’incidence normale (Θ1 = 0), les deux polarisations sont équivalentes et
conduisent à une expression identique de la ré lectivité :
p
ε ( ω ) μ ( ω ) − p ε ( ω ) μ ( ω ) 2
2 1
R0 ( ω ) = p p
2 1
(4.169)
ε2 (ω)μ2 (ω) + ε1 (ω)μ1 (ω)
Le cas particulier de la surface d’un milieu matériel caractérisé par ε2 (ω)μ2 (ω) =
ε(ω)μ(ω), exposée à l’air ou au vide (ε1 (ω) = μ1 (ω) = 1), se réduit à :
p
ε ( ω ) μ ( ω ) − 1 2
R0 ( ω ) = p (4.170)
ε(ω)μ(ω) + 1
Concentrons nous maintenant sur le régime optique à suf isamment haute fréquences
pour garantir μ(ω) = 1. L’établissement d’une fonction diélectrique modèle dans le
régime optique repose sur l’analyse des différents types de moments dipolaires qui
peuvent apparaître dans la matière condensée du fait de l’application d’un champ
électrique. Considérons la décomposition de la matière en ions (noyaux + électrons
de coeur) et électrons de valence (ou la couche électronique périphérique de l’ion
4.10. Fonction diélectrique modèle du régime optique 137
FIGURE 4.7 : Relation de dispersion de l’interface air‐verre en supposant que la fonction di‐
électrique du verre est constante εverre = 2.25 sur tout le spectre.
138 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
positif dans le cas de l’atome donneur d’électron dans une liaison ionique). La pola‐
risation de la matière condensée par le champ électrique appliqué peut résulter de
deux contributions :
— Une polarisation atomique induite au niveau de chaque atome par le dépla‐
cement des électrons périphériques par rapport au système “noyau + élec‐
trons” de coeur supposé ixe. Le modèle simple de polarisabilité atomique
de DRUDE valable aux fréquences inférieures au domaine ultra–violet a déjà
été introduit dans la section 2.4.3. Puisque son domaine de validité est com‐
patible avec le régime optique, ce modèle est donc approprié dans le présent
contexte. La polarisabilité de chaque espèce atomique k de l’échantillon est
donc du type (2.108) :
ω2A,k
αat,k (ω) = α0,at,k (4.171)
(ω2A,k − ω2 − iωγA,k )
q2f,k
α0,at,k = lim αat,k (ω) = (4.172)
ω→0 Mk ω2A,k
englobe les masses Mk et charges qf,k ictives associées à chaque espèce ato‐
mique k.
— Une polarisation de déplacement dûes aux translations des ions les uns par
rapport aux autres. Ce phénomène requiert bien sûr des ions de charges op‐
posées dans chaque volume élémentaire constitutif de la matière condensée.
Un volume élémentaire est identi ié à la maille primitive dans le cas d’un cris‐
tal ou à un couple d’éléments chimiques différents dans le cas des matériaux
désordonnés. Par abus de langage, la suite de cette section 4.10 utilisera le
terme “maille” pour recouvrir les cas ordonnés ou non.
En plus des dipôles associés aux atomes, dans chaque maille de la matière condensée
apparaît un moment dipolaire associé à chaque paire (indicée par j) d’atomes d’espè
ces chimiques différentes
dj (t) = qj rj (t) (4.173)
du fait de l’application d’un champ électrique E(t) supposé uniforme sur tout le vo‐
lume de la maille. Pour chaque paire j, imaginons que la charge ionique effective qj
soit associée à une particule ictive de masse Mj . Puisque le champ n’est pas suf isant
4.10. Fonction diélectrique modèle du régime optique 139
pour séparer les ions, on invoque une force de rappel de la particule ictive vers le
centre de la maille. L’équation du mouvement de cette particule ictive s’énonce
q2j
αj (ω) = (4.179)
Mj (ω2j − ω2 − iωγj )
N α(ω)
ε(ω) = 1 + (4.183)
V ε0
Aux fréquences très inférieures à celles associées aux transitions électroniques qui
sont typiquement situées dans le domaine ultra‐violet (dans certains cas, dès le do‐
maine visible), les polarisabilités atomiques peuvent‐être approchées par leurs va‐
leurs statiques (cf section 2.4.3) de sorte que
N X N X
nat nat −1
α0,at,k q2j ω2j
ε(ω) = 1 + + (4.184)
V k=1 ε 0 V j=1 ε0 Mj ω2j ω2j − ω2 − iωγj
N X
nat
α0,at,k
ε∞ ≡ lim ε(ω) = 1 + (4.185)
ω→∞ V k=1 ε0
4.10. Fonction diélectrique modèle du régime optique 141
X
nat −1
Fj ω2j
ε(ω) = ε∞ + (4.187)
ω2j − ω2 − iωγj
j=1
dont la limite statique (ω = 0) dégage une règle de somme sur les forces d’oscilla‐
teurs :
X
nat −1
ω21 (εs − ε∞ )
ε(ω) = ε∞ + (4.190)
ω21 − ω2 − iωγ1
Dans le domaine des fréquences infra‐rouges, les paramètres des fonctions di‐
électriques des cristaux dits “polaires” où nat = 2 sont en général déterminés expé‐
rimentalement avec une excellente précision comme le montre la sélection de don‐
nées du tableau TAB.4.2.
Séparons les parties réelles et imaginaires de (4.190) :
ε(ω) = εR (ω) + i εI (ω) (4.191)
ω2 (ω2 − ω2 ) (εs − ε∞ )
εR (ω) = ε∞ + 1 21 (4.192)
(ω1 − ω2 )2 + ω2 γ21
ω21 γ1 ω (εs − ε∞ )
εI (ω) = (4.193)
(ω21 − ω2 )2 + ω2 γ21
142 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
TABLE 4.2 : Dans le domaine des fréquences infra‐rouges, paramètres des fonctions diélec‐
triques ε(ω) d’une sélection de cristaux dits “polaires” à deux atomes d’espèces chimiques
distinctes par maille. Principale source : E. Kartheuser, Dielectric properties of polar crys
tals, in Polarons in Ionic Crystals and Polar Semiconductors, J.T. Devreese, ed., North Holland
(Amsterdam, 1972).
4.10. Fonction diélectrique modèle du régime optique 143
200
150
100
R0 (ω)
50
-50
-100
250 260 270 280 290 300
ω 1
c2π = λ (cm−1 )
FIGURE 4.8 : Partie réelle (rouge) et imaginaire (bleu) de la fonction diélectrique du GaAs
dans le domaine IR (nat = 2 ; εs = 12.83 ; ε∞ = 10.90 ; γ1 = 2.42 cm−1 << ω1 = 269
cm−1 ) ; ωL,1 = 293 cm−1 .
200
150
100
ǫ(ω)
50
-50
-100
250 260 270 280 290 300
ω 1
2πc = λ (cm−1 )
FIGURE 4.9 : Fonction diélectrique du GaAs dans le domaine IR lorsque la dissipation est
ignorée (γ1 = 0) : la fonction est purement réelle et une asymptote apparaît en ω1 .
144 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
ω21 (εs − ε∞ )
εR (ω) ' ε∞ + (4.194)
ω21 − ω2
Dans cette approximation, la partie réelle ne possède alors plus que un seul zéro en
une fréquence ωL,1 dite longitudinale car elle correspond à la condition d’existence
de modes électromagnétiques longitudinaux εR (ωL,1 ) = 0 (voir 4.160). D’après
(4.194), cette fréquence est liée aux autres paramètres de la fonction diélectrique
par :
ω2L,1 εs
= (4.195)
ω21 ε∞
4.10.4 Reststrahlen
On observe que la partie réelle de ε(ω) est négative dans les domaines de fréquences
compris entre ωi et ωL,i (i = 1, nat ). D’après (4.170), lorsque la partie imaginaire de
la fonction diélectrique est négligée (γi = 0), la conséquence d’une valeur négative
de εR (ω) est une valeur maximale de la ré lectivité (FIG.4.10) :
p
ε (ω) − 1 2 1 − ip|ε (ω)| 2
R R
R0 (ωi < ω ≤ ωL,i ) = p = − p =1 (4.197)
εR (ω) + 1 1 + i |εR (ω)|
0.8
0.6
R0 (ω)
0.4
0.2
0
250 260 270 280 290 300
ω 1
c2π = λ (cm−1 )
FIGURE 4.10 : Ré lectivité à incidence normale du GaAs dans un domaine de fréquences in‐
cluant son Reststrahlen (compris entre ω1 = 269 cm−1 ) et ωL,1 = 293 cm−1 ) lorsque
γ1 = 2.42 cm−1 (trait rouge) et lorsque la dissipation est ignorée (trait bleu, γ1 = 0).
146 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
Dans le cas des métaux, la forme générique de la fonction diélectrique aux fréquences
inférieures aux transitions électroniques est particularisée en tenant compte des
éléments suivants :
— Les métaux purs (à distinguer des alliages) présentent en général un seul
atome par maille : nat = 1.
— Le modèle de DRUDE considère que les électrons de valence forment un gaz
d’électrons libres de se mouvoir dans l’échantillon ou d’électrons de conduc‐
tion. L’interaction avec les ions est supposée éteinte par d’hypothétiques ef‐
fets d’écrantage non détaillés par le modèle. Aucune force ne rappelle les
électrons vers un site particulier : ω1 = 0. Cependant le modèle conserve
le paramètre d’amortissement γ1 ≡ γ. La masse me et la charge e de l’élec‐
tron remplacent M1 et q1 dans l’expression de F1 . La coutume désigne alors
F1 comme le carré de la pulsation de plasma du métal ωp
n c e2
F1 ≡ ω2p = (4.198)
ε0 me
εR (ωp ) = 0 (4.202)
‐1
ε(ω)
‐2
‐3 γ/ωp = 0
‐4
‐5
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
5
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
4.10. Fonction diélectrique modèle du régime optique 149
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
5
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
FIGURE 4.11 : Parties réelles εR (ω) (traits continus rouges) et imaginaires εI (ω) (traits in‐
terrompus bleus) de la fonction diélectrique d’un métal selon DRUDE pour diverses valeurs
de γ/ωp . La droite en pointillé vert est la valeur asymptotique ε(∞) = 1. Si γ = 0,
ε(ωp ) = 0. Lorsque γ 6= 0, la partie réelle εR (ω) s’annule à une valeur proche de ωp tant
que γ/ωp ≤ 0.2. La valeur statique de la partie réelle démarre de εR (0) = 1 − ω2p /γ2 tandis
que εI (0) → ∞.
150 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
FIGURE 4.12 : Posant k = ω/c, où c est la vitesse de la lumière dans le vide, valeurs ex‐
périmentales des parties réelle (trait continu) et imaginaire (trait interrompu) de la fonc‐
tion diélectrique de l’Au dans le régime optique (extrait de E.D. PALIK, Handbook of Optical
Constants of Solids, Academic (San Diego, CA, 1985) comparée à la partie réelle d’un modèle
de DRUDE (trait · −) où ωp /c est ajusté à la valeur 27.8 μm−1 .
est négligée dans l’évaluation des relations de dispersion des plasmons. L’interpola‐
tion des données expérimentales est requise au niveau de l’optimisation des para‐
mètres de fabrication des échantillons en vue d’un objectif précis ou a in de parfaire
l’accord entre données expérimentales et les modèles théoriques.
4.11. Exercices 151
4.11 Exercices
12
ω = kc/sqrt(εR(ω)) (Au)
10
ωp
8 ω = kc/1.5 (glass)
ω (1015 Hz)
4 ωgreen
0
0 10 20 30 40 50
|k||| (1/µm)
Au centre de la sphère (r = 0), le champ de dépolarisation peut‐être évalué par des considérations
élémentaires d’électrostatique car, par symétrie, on déduit que Ed (r = 0) doit y être parallèle à e3 .
En effet, posant Ed = Ed (r = 0) · e3 , les champs électriques dEd établis en r = 0 par chaque charge
élémentaire du type (4.204)
P dQ(θ)
dEd = cos θ (4.205)
4π ε0 r20
sont trivialement superposés pour obtenir
Z 2π Z π Z −1
P P P
Ed = dφ dθ cos2 θ sin θ = dt t2 = − (4.206)
4π ε0 0 0 2ε0 +1 3ε0
d’où on déduit :
P
Ed (r = 0) = − (4.207)
3ε0
La résolution de l’équation aux dérivées partielles de LAPLACE (voir section 4.11.3) permet de conclure
que (4.207) se généralise à tout point à l’intérieur de la sphère.
e3
e3 σ (θ) > 0
er pol er
θ θ
E
r e P
0 2
φ
e1 Ed
σ (θ) < 0
pol
(A) (B)
−
FIGURE 4.15 : Sphère soumise à un champ électrique uniforme : (A) géométrie en coordon‐
nées sphériques ; (B) Projection dans le plan e3 − er illustrant la dépendance ∼ cos θ de la
distribution des charges de polarisation à la surface de la sphère.
1 ∂ ∂V ∂ ∂V 1 ∂2V
∇2 V ( r , θ , φ ) = 2
sin θ (r2 )+ (sin θ ) + =0 (4.208)
r sin θ ∂r ∂r ∂θ ∂θ sin θ ∂ φ2
et à l’aide des conditions aux limites suivantes :
(i) Invariance de V = V(r, θ, φ) par rapport à φ.
(ii) limr→∞ V(r, θ, φ) = −E x3 = −E r cos θ
(iii) V(r = r0 , θ, φ) = 0
(iv) la charge totale de la sphère est nulle.
Dans ce but :
(1) Appliquez la séparation de variables à l’équation aux dérivées partielles de LAPLACE. La
constante séparant les dépendances de r et de θ sera posée égale à n(n + 1).
(2) Trouver les solutions générales des équations différentielles ordinaires issues de (4.208).
(Indication : poser x = cos θ dans l’équation différentielle concernant la variable θ).
(3) Sans détailler l’orthonormalisation des fonctions propres, exprimez la solution générale du
problème et ixez les constantes à l’aide des conditions On aboutit ainsi à l’expression de la
capacité du condensateur plan dont l’interstice est rempli par le matériau aux limites.
Démontrer pour terminer que le champ local en tout point à l’intérieur de la sphère correspond
à : ce qui résulte en l’expression suivante du champ local :
P
Eloc (r) = E + Ed (r) = E − ∀ r tel que |r| ≤ r0 (4.209)
3ε0
154 Chapitre 4. Fonction diélectrique et perméabilité magnétique
Soit une onde plane électromagnétique incidente sur une surface plane délimitant
deux milieux semi‐in inis isotropes de fonctions diélectriques ε1 (ω) et ε2 (ω) (FIG.4.6)
et de perméabilités magnétiques μ1 (ω) = μ2 (ω) = 1. Par convention, le plan d’inci‐
dence est le plan sous‐tendu par le vecteur d’onde incident et la normale à la surface
séparant les deux milieux.
A partir des équations de MAXWELL et des conditions de raccord de l’électroma‐
gnétisme à travers une interface, exprimer la ré lectivité (rapport de la puissance ré‐
léchie sur la puissance incidente) pour les deux polarisations génériques possibles
de l’onde incidente : TE (Transverse Electrique : champ électrique perpendiculaire
au plan d’incidence) et TM (transverse magnétique : champ magnétique perpendi‐
culaire au plan d’incidence).
n+1
ε(ω) = −εext (ω) n entier > 0 (4.210)
n
4.11. Exercices 155
= ε0 E(k, ω) + P(k, ω)
ε(k, ω) = 1 + χ(k, ω)
R +∞ εI (k,ω′ )
Transformées εR (k, ω) = 1 + 1
π
P −∞
dω′ ω′ −ω
R +∞ εR (k,ω′ )−1
de HILBERT εI (k, ω) = − π1 P −∞
dω′ ω′ −ω
krad
dans la zone radiative ε(ω) = 1 + χ(ω)
R +∞ ω′ εI (ω′ )
Relations de εR (ω) = 1 + 2
π
P 0
dω′ ω′ 2 −ω2
R +∞ εR (ω′ )
KRAMERS‐KRÖNIG εI (ω) = − 2ω
π
P 0
dω′ ω′ 2 −ω2
Vext (k)
Altération V(k)
= ε0 ε(k)
du potentiel
Régime statique uniforme D = ε0 εs E = ε0 E + P
ω=0 identique dans espaces
k=0 direct et réciproque
εs = 1 + χs
Vext
Altération V
= ε0 εs
du potentiel
Dynamique cristalline
Par dynamique cristalline, on entend le mouvement des atomes autour de leurs po‐
sitions d’équilibre. Il s’agit de restituer le fait que les atomes ne sont pas igés dans
un solide. M. BORN ¹ a marqué ce sujet de son empreinte.
En toute rigueur, les mouvements des électrons et des noyaux sont couplés. Les
mouvements des noyaux induisent des déformations des fonctions d’ondes électro‐
niques qui se traduisent par la modi ication de la densité de charge électronique,
cette dernière contribuant au potentiel subi par les noyaux en mouvement. Ce cou‐
plage est très compliqué (' quasi impossible, en jargon scienti ique) à décrire ma‐
thématiquement.
Cependant, les constatations expérimentales ont suggéré que les propriétés phy‐
siques des solides peuvent être classées grossièrement en deux catégories :
1 propriétés déterminées par les électrons : conductivité électrique, conducti‐
vité thermique des métaux, liaison chimique ;
2 propriétés déterminées par les mouvements des atomes : chaleur spéci ique,
dilatation thermique, conductivité thermique des isolants et des semicon‐
ducteurs, dureté, élasticité (dans ces deux derniers cas, les lacunes et défauts
jouent cependant un rôle prépondérant).
Les propriétés optiques impliquent soit les mouvements des électrons, soit les
mouvements des atomes d’après la fréquence de l’onde électromagnétique incidente.
Ces observations expérimentales ont motivé la formulation de l’approximation
adiabatique de BORN–OPPENHEIMER.
157
158 Chapitre 5. Dynamique cristalline
sens habituel que l’intuition est tentée de lui accorder, à savoir que les noyaux se‐
raient au repos, statiques, igés avec une énergie cinétique nulle. L’expression signi‐
ie que les noyaux du solide sont considérés par l’approximation comme étant dans
un état d’énergie cinétique, et donc de quantité de mouvement, bien déterminé. Au
sens de HEISENBERG, le spectre des valeurs possibles de la quantité de mouvement
Δp des noyaux est donc considéré comme ayant une largeur nulle, ce qui se traduit
par le recours aux équations du mouvement classique à l’étape 4, au lieu de la mise
en oeuvre de l’équation de SCHRÖDINGER pour décrire le mouvement des noyaux. Il
est donc plus approprié de dire que l’approximation de BORN–OPPENHEIMER gèle les
aspects quantiques des mouvements des noyaux pour des raisons pratiques dictées
par la complexité du problème à N‐corps. Ceci est justi ié par le fait que le but de
la démarche du calcul ab initio est avant tout la détermination du potentiel auquel
sont soumis les noyaux et les électrons.
Bien entendu, le principe d’incertitude de HEISENBERG Δx Δp ≥ ℏ ne peut être
appliqué aux électrons seuls et négligé dans le cas des noyaux. En effet, avec comme
ordres de grandeurs du déplacement ∼ 10−10 m, de la masse ∼ 10−27 kg (proton) et
de la vitesse typique susmentionnée ∼ 103 m/s, l’action caractéristique d’un noyau
apparaît bien de l’ordre de ℏ. Il est donc important de signaler d’emblée que la des‐
cription que nous entamons dans ce chapitre ne renonce pas à la quanti ication des
mouvements des noyaux dans le solide mais que, au contraire, elle la requiert par la
suite.
Dans sa dernière section, ce chapitre détaillera comment introduire le principe
d’incertitude de HEISENBERG a posteriori, c’est‐à‐dire après résolution des équations
du mouvement classique. Dans le contexte de la physique de la matière condensée,
cette procédure conduira à la notion de quasiparticule qui est une conséquence de
la dualité onde–corpuscule. Du point de vue de la technique mathématique, cette
procédure de quanti ication repose sur la détermination d’une classe particulière
de solutions des équations du mouvement classique : les modes propres dont la dé‐
pendance temporelle e−iωt est synonyme de durée de vie in inie.
Dans le cadre restreint de cet exposé, nous n’entrerons pas dans la complexité des
détails des méthodes ab initio. Pour une première approche des principes fonda‐
mentaux de la physique de l’état solide, nous introduisons la procédure pratique
connue sous le nom de potentiel empirique qui consiste à ajuster le potentiel respon‐
sable des mouvements atomiques par comparaison aux données expérimentales di‐
rectement ou indirectement reliées à ces mouvements.
La position rn,α (t) de chaque noyau au cours du temps t est considérée comme
160 Chapitre 5. Dynamique cristalline
sβ
sα
Rn Rn,
β
Rn,α
FIGURE 5.1 : Notation des vecteurs qui repèrent les positions d’équilibre (Rn,α , Rn,β , etc...)
des atomes (α, β, ...) dans une maille primitive n = (n1 , n2 , n3 ) centrée en Rn .
où n est une notation abrégée de (n1 , n2 , n3 ) tandis que α (et plus loin β) désignent
un atome dans la maille n. Rn,α identi ie la position d’équilibre (minimum d’éner‐
gie potentielle) de l’atome α = 1, nat dans la maille n = 1, N . En imposant que
un,α (t) soit un vecteur qui reste à l’intérieur de la maille n, cette hypothèse interdit
la diffusion d’atomes d’une maille à l’autre. Puisque cette diffusion ne devient pré‐
pondérante qu’au point de fusion du solide, cette hypothèse n’est pas très restrictive
aux températures telles que la matière reste solide.
Le potentiel empirique est construit sur le postulat d’une décomposition de l’éner‐
gie potentielle du cristal V en interactions de paires Φ(rm,α (t) − rn,β (t)) :
1 X X X X
N N nat nat
1 X X
V= Φ(Rm,α − Rn,β + um,α (t) − un,β (t)) (5.3)
2
m,α n, β
L’hypothèse suivante considère que les déplacements um,α (t) − un,β (t) sont petits
devant les inter‐distances Rm,α − Rn,β . Cette hypothèse est justi iée a posteriori par
la constatation que de nombreux résultats déduits de cette approximation sont en
accord satisfaisant avec les résultats expérimentaux. L’appellation “harmonique” est
5.4. Approximation harmonique 161
X
3
∂ Φ(r) 1 X X
3 3
∂ 2 Φ(r)
′
Φ(r ) = Φ(r) + ai + ai aj
i=1
∂ xi 2
i=1 j=1
∂ xi ∂ xj
1 XXX
3 33
∂ 3 Φ(r)
+ ai aj ak + etc... (5.4)
3! ∂ x i ∂ xj ∂ xk
i=1 j=1 k=1
1 XX X
3
∂ Φ(Rm,α − Rn,β )
+ [um,α,i − un,β,i ]
2 ∂ Rm,α,i
m,α n, β i=1
1 XX XX
3 3
∂ 2 Φ(Rm,α − Rn,β )
+ [um,α,i − un,β,i ] [um,α,j − un,β,j ]
4 ∂ Rm,α,i ∂ Rn,β,j
m,α n, β i=1 j=1
+ etc... (5.5)
car l’une ou l’autre de ces sommes est, au signe près, la force exercée en Rm,α (respec‐
tivement Rn,β ) par tous les atomes situés dans leurs positions d’équilibre.
P Comme
Rm,α (respectivement Rn,β ) est supposé être une position d’équilibre, n,β (respec‐
P
tivement m,α ) est nulle.
Le troisième terme V2 manifeste une dépendance par rapport aux divers carrés
des déplacements [um,α (t) − un,β (t)].
1 XX
V2 = [[um,α (t) − un,β (t)] · ∇]2 Φ(Rm,α − Rn,β ) (5.10)
4
m,α n, β
Puisque V0 est une constante, elle n’interviendra pas dans les équations du mouve‐
ment de sorte que V s’énonce souvent comme suit :
1 XX XX
3 3
avec la notation
m,α,i ∂ 2 Φ(Rm,α − Rn,β )
Φ n , β ,j = (5.13)
∂ Rm,α,i ∂ Rn,β,j
m,α,i n , β ,j
Φn,β,j = Φm,α,i (5.14)
m,α,i
Dans le jargon de la dynamique cristalline, Φn,β,j , bien qu’ayant la dimension d’une
constante de raideur, est abusivement désignée comme “constante de force” alors
que la dénomination “constante de couplage” serait plus appropriée. Cet abus pro‐
m,α,i
vient du fait que Φn,β,j un,β,j représente la force que subit l’atome α de la maille m
dans la direction i du fait du déplacement un,β,j de l’atome β de la maille n dans la
direction j.
Les constantes de couplage satisfont à diverses conditions dictées par la symé‐
trie du cristal considéré. L’invariance par translation d’un vecteur du réseau direct
m,α,i
Rn implique que Φn,β,j ne dépend que de la différence entre m et n :
m,α,i m−n,α,i
Φn,β,j = Φ0,β,j (5.15)
1 XX XX
3 3
m,α,i
V2 = um,α,i Φn,β,j um,α,j
4
m,α n, β i=1 j=1
1 XX XX
3 3
m,α,i
+ u n , β ,i Φ n , β , j u n , β ,j
4
m,α n, β i=1 j=1
1 XX XX
3 3
m,α,i
− um,α,i Φn,β,j un,β,j
4
m,α n, β i=1 j=1
1 XX XX
3 3
m,α,i
− un,β,i Φn,β,j um,α,j (5.16)
4
m,α n, β i=1 j=1
Les deux termes négatifs sont équivalents. Les deux termes positifs sont eux aussi
équivalents si on remarque que la somme sur n et β (respectivement la somme sur m
et α) n’intervient pas sur les composantes de um,α (t) (respectivement un,β (t)). A in
de mettre cette caractéristique en évidence, nous introduisons les indices l et γ dans
164 Chapitre 5. Dynamique cristalline
1 XX XX
3 3
m,α,i
V2 = um,α,i Φl,γ,j um,α,j
2
m,α l,γ i=1 j=1
1 XX XX
3 3
m,α,i
− um,α,i Φn,β,j un,β,j (5.17)
2
m,α n, β i=1 j=1
1 XX XX
3 3
m,α,i
V2 = um,α,i Dn,β,j un,β,j (5.18)
2
m,α n, β i=1 j=1
m,α,i
X m,α,i m,α,i
Dn,β,j = δm,n δα,β Φl,γ,j − Φn,β,j (5.19)
l,γ
m,α,i
Le premier terme dans l’expression de Dn,β,j est essentiel pour une description cor‐
recte de la “self‐interaction” qui désigne l’interaction d’un atome avec lui‐même. En
m,α,i
effet, si m = n et α = β, Φm,α,j um,α,j décrit la force que subit, dans la direction i,
l’atome α de la maille m du fait de son propre déplacement um,α,j dans la direction j.
D’après la dé inition (5.13), ceci requiert l’évaluation de dérivées du potentiel d’in‐
teraction de paires en Rm,α − Rm,α = 0 où ce potentiel est divergent (cf le potentiel
de LENNARD‐JONES, par exemple). A in d’éviter cette divergence, et sur base du prin‐
cipe d’action–réaction, on peut alternativement dé inir la force que subit, dans la
direction i, l’atome α de la maille m du fait de son propre déplacement um,α,j dans
la direction j par la force exercée par tous les autres atomes sur le dit atome α de la
maille m. Cette opération est précisément effectuée par la dé inition (5.19) :
m,α,i
X m,α,i m,α,i
X m,α,i
Dm,α,j = Φl,γ,j − Φm,α,j = Φl,γ,j (5.20)
l,γ l,γ ex (l=m,γ=α)
P
Dans cette dernière égalité, l,γ ex (l=m,γ=α) désigne une somme qui exclut le seul
terme où, simultanément, l = m et γ = α
Si Mα désignent les masses des atomes indicés par α dans une maille, 3nat N équa‐
tions du mouvement du type suivant sont à considérer :
∂ 2 um,α,i ∂V ∂ V2
Mα 2
=− '− (5.21)
∂t ∂ um,α,i ∂ um,α,i
5.5. Équations du mouvement 165
En tenant compte du fait que, dans (5.18) la dérivée par rapport à um,α,i intervient
deux fois mais affectée d’un facteur 1/2, les équations du mouvements s’énoncent
dans l’approximation harmonique :
∂ 2 um,α,i X X m,α,i
3
Mα + D n , β ,j u n , β , j = 0 (5.22)
∂ t2 n, β j=1
1
um,α,i (t) ; wm,α,σ,i (q, t) = √ vα,i (q) eiq·Rm +σiωt (5.23)
Mα
Ces modes ne sont pas exactement les ondes planes habituellesP car ils ne sont dé inis
3
que sur les vecteurs du réseau direct Rn . Le vecteur vα (q) = i=1 vα,i (q) ei carac‐
térise la polarisation du mouvement des atomes de type α dans chaque maille. A ce
stade, l’intention consiste à rechercher des modes propres qui, en vertu de l’analyse
de FOURIER, pourront, au moins en principe, servir de base à la représentation d’un
mouvement quelconque.
L’introduction de (5.23) dans (5.22) réduit à 3nat le nombre d’équations du mou‐
vement qui s’énoncent alors :
" #
X X
3 X m,α,i
D n , β ,j
− ω2 vα,i (q) + √ eiq·(Rn −Rm ) v β , j (q ) = 0 (5.24)
Mα Mβ
β j=1 n
X 0,α,i
D n , β ,j
eiq·Rn
α ,i
D (q) =
β ,j √ (5.25)
Mα Mβ
n
est ainsi transformé en une équation aux valeurs propres dans un espace de dimen‐
sion 3nat :
D(q) V(q) = ω2 V(q) (5.27)
166 Chapitre 5. Dynamique cristalline
avec
vα=1,1 (q)
vα=1,2 (q)
vα=1,3 (q)
vα=2,1 (q)
vα=2,2 (q)
vα=2,3 (q)
V(q) =
(5.28)
...
etc
...
vα=n ,1 (q)
at
vα=nat ,2 (q)
vα=nat ,3 (q)
Les propriétés de symétrie des constantes de couplage permettent de montrer (exer‐
cice) que D(q) est une matrice complexe hermitienne (qui dégénère en une matrice
réelle symétrique dans le cas particulier où nat = 1). Un théorème d’algèbre linéaire
garantit alors que D(q) possède l = 1, 3nat valeurs propres réelles ωl , dont cer‐
taines sont éventuellement dégénérées, associées aux 3nat vecteurs propres Vl (q)
dont l’orthonormalisation s’énonce
X
nat
ω l (q )
= ωl (−q)
V∗l (q) = Vl (−q) → v∗α (q, l) = vα (−q, l) (5.30)
de longueur d’onde plus courte que la distance entre deux noeuds dans la dite di‐
rection de propagation. Cet argument intuitif est formalisé mathématiquement par
le fait que, dans (5.23), l’addition d’un vecteur du réseau réciproque G à q ne modi‐
iera pas l’équation au valeurs propres en vertu du fait que, puisque G · Rm vaut un
nombre entier multiplié par 2π ,
ωl (q + G) = ωl (q)
Vl (q + G) = Vl (q) (5.32)
Autrement dit :
X
3
q · Rn = 2π L = 2π Li (5.35)
i=1
X
3 X
3 X
3
pj ni gj · ai = 2π Li (5.36)
j=1 i=1 i=1
X
3 X
3
2π pi ni = 2π Li (5.37)
i=1 i=1
et donc
Li
pi = (5.38)
ni
168 Chapitre 5. Dynamique cristalline
1 1
dpi = = 1/3 (5.39)
ni N
Par conséquent, à chaque valeur de q est attribué un volume in initésimal dq de
l’espace réciproque égal au volume de la ZB divisé par le nombre de mailles :
VZB 8π 3 8π 3
dq = = = (5.40)
N N Vcell V
Les valeurs de q à considérer sont ainsi assimilées à un continuum de l’espace réci‐
proque limité à la première ZB. Si, par la suite, une somme sur q est requise, elle sera
considérée équivalente à une intégrale sur la ZB pondérée par la constante V/(8π 3 ) :
X Z
V
7→ dq (5.41)
8π 3 ZB
q ∈ ZB
LA
TA
LO
TO
FIGURE 5.2 : Illustration des modes LA, TA, LO et TO dans la situation simple d’une chaîne
linéaire d’atomes contenant deux atomes de natures différentes par maille.
70
Al (100) Al (110)
60
ω rad x THz 50 LA
LA
40 TA
30
TA
20 TA
10
0 1 0.75 0
Γ q X K q Γ
THz
NaCl
LO LO
7
6 LO
5 TO TO
TO
4 TO
TA
LA
3
LA LA
TA
2
TA
TA
1
Γ X K Γ L
q
FIGURE 5.4 : Relations de dispersion des modes propres de vibration du NaCl.
5.8. Diffraction et phonons 171
FIGURE 5.5 : Relations de dispersion des modes propres de vibration du Si en relation avec
la zone de BRILLOUIN.
172 Chapitre 5. Dynamique cristalline
3, cette formule a été étudiée sous l’hypothèse d’un pouvoir de diffusion indépen‐
dant du temps ρ(r′ , t) = ρ(r′ ). Examinons maintenant, de façon mathématiquement
non rigoureuse, comment évolue cette formule sous l’hypothèse la plus simple où
une dépendance temporelle est prise en compte, à savoir la réduction du pouvoir
de diffusion à une somme de diffuseurs ponctuels dont les positions dépendent du
temps en respectant (5.1) :
X
ρ(r′ , t) = ρα δ(rn,α (t) − r′ ) (5.43)
n, α
où, a in de focaliser l’attention sur l’essentiel, sont omis les facteurs constants qui
apparaissent à la tête du membre de droite de (5.42). Faisant maintenant usage de
(5.1), il vient X
Ψ(rs , t) ∼ e−iω0 t ρα e−iK·Rn,α e−iK·un,α (t) (5.45)
n, α
L’analyse de FOURIER permet d’exprimer tout mouvement un,α (t) comme combinai‐
son linéaire des modes propres de vibration.
XX
+ X
3nat
où les sommes sur les noeuds du réseau direct peuvent être factorisées :
Ψ (r s , t ) ∼
X X
e−iω0 t e−iK·Rn ρα e−iK·dα
n
"α #
X X X iρ cl,σ (q)
− e−i(ω0 −σωl (q))t e−i(K+q)·Rn √
α
K · vα (q, l) e−i(K+q)·dα
q,l,σ n α
Mα
+ etc... (5.50)
En vertu de
X
e±iK·Rn = N δK,G (5.51)
n
on aboutit à :
X
Ψ(rs , t) ∼ N e−iω0 t δK,G ρα e−iK·dα
α
X X iρ cl,σ (q)
− N e−i(ω0 −σωl (q))t δK+q,G √
α
K · vα (q, l) e−i(K+q)·dα
q,l,σ α
Mα
+ etc... (5.52)
ωs = ω0 ± ωl (q) (5.53)
ks = k0 ± (q + G) (5.54)
ℏ ω s = ℏ ω 0 ± ℏ ω l (q )
(5.55)
ℏks = ℏk0 ± ℏ(q + G)
Les neutrons sont les particules sondes les mieux adaptées pour la spectroscopie des
phonons car, comme discuté dans l’introduction du chapitre 3, leur interaction avec
la matière condensée est bien modélisée par (5.43). Les énergies incidentes peuvent
être ajustées dans la gamme [10−2 , 1] eV, ce qui correspond à des pulsations ω com‐
prises entre [1013 , 1015 ] Hz. La relation de dispersion des neutrons incidents (3.3)
indique que les longueurs d’ondes associées à ces énergies sont de l’ordre 10−11 m.
En agissant sur l’angle d’incidence, les neutrons peuvent donc explorer toute la ZB.
On peut se convaincre que les RX (énergie incidente de l’ordre du keV, largeur de
raie de l’ordre de l’eV) ne sont pas sensibles aux modes propres de vibrations tant
dans le régime élastique que dans le régime inélastique (exercice laissé aux soins du
lecteur).
D’autre part, la diffraction inélastique de la lumière IR permet d’extraire des in‐
formations sur les modes propres de vibration dits “optiques” (TO et LO) au voisi‐
nage du point Γ à la condition que le solide soit “optiquement actif”. L’activité op‐
tique est liée à l’apparition d’un dipôle électrique résonnant dans chaque maille, ce
5.10. Quanti ication de la dynamique cristalline 175
où
1
wn,α,σ (q, t) = √ vα (q, l) eiq·Rn +σiωl (q)t (5.57)
Mα
Physiquement, les déplacements un,α (t) doivent être réels, ceci impose :
1
w n , α (q , t ) = √ vα (q, l) eiq·Rn −iωl (q)t (5.60)
Mα
A in d’exprimer le hamiltonien du système, la quantité de mouvement
∂ u n , α (t ) X
pn,α (t) = Mα = Mα {−iωl (q) cl (q) wn,α (q, l, t) + c.c.} (5.61)
∂t q ,l
176 Chapitre 5. Dynamique cristalline
− ωl (q) ωl′ (q′ ) cl (q) cl′ (q′ ) wn,α (q, l, t) · wn,α (q′ , l′ , t)
+ ωl (q) ωl′ (q′ ) cl (q) c∗l′ (q′ ) wn,α (q, l, t) · w∗n,α (q′ , l′ , t)
+ ωl (q) ωl′ (q′ ) c∗l (q) cl′ (q′ ) w∗n,α (q, l, t) · wn,α (q′ , l′ , t)
− ωl (q) ωl′ (q′ ) c∗l (q) c∗l′ (q′ ) w∗n,α (q, l, t) · w∗n,α (q′ , l′ , t)} (5.62)
dans laquelle, en vertu de successivement (5.51), (5.30) et (5.29), les sommes sur n
et α ont un effet simpli icateur sur les produits scalaires. En effet, q et q′ étant tout
deux dans la première ZB, on peut appliquer :
X ′
ei(q+q )·Rn = N δq,−q′ (5.63)
n
avant d’invoquer :
X X
v∗α (q, l) · vα (q, l′ ) = vα (−q, l) · vα (q, l′ ) = δl,l′ (5.64)
α α
N X
T = {−ωl (q) ωl (−q) cl (q) e−iωl (q)t cl (−q) e−iωl (−q)t
2
q ,l
dans laquelle nous substituons (5.59) pour un,β,j et où nous invoquons (5.25) et
(5.26) :
V2
( " # )
1X X X X Dm , α ,i
n,β,j iq′ ·Rn ′ ′ ′ −iωl′ (q′ )t
= um,α,i √ e vβ,j (q , l ) cl′ (q ) e + c.c.
2 ′ ′ Mβ
q ,l m,α,i β ,j n
( " # )
1XX √ iq′ ·Rm
X
−iωl′ (q′ )t
= um,α,i Mα e Dβα,,ji (q′ ) ′ ′ ′
vβ,j (q , l ) cl′ (q ) e + c.c.
2 ′ ′
q ,l m,α,i β ,j
1XX n√ ′ ′
o
= um,α,i Mα ω2l′ (q′ )eiq ·Rm vα,i (q′ , l′ ) cl′ (q′ )e−iωl′ (q )t + c.c. (5.68)
2 ′ ′
q ,l m,α,i
vα,i (q, l) vα,i (−q, l′ ) cl (q) e−iωl (q)t cl′ (−q) e−iωl′ (−q)t
vα,i (q, l) v∗α,i (q, l′ ) cl (q) e−iωl (q)t c∗l′ (q) e+iωl′ (q)t
v∗α,i (q, l) vα,i (q, l′ ) c∗l (q) e+iωl (q)t cl′ (q) e−iωl′ (q)t
vα,i (q, l) vα,i (−q, l′ ) c∗l (q) e+iωl (q)t c∗l′ (−q) e+iωl′ (−q)t }
N X
= ω2l (q) {
2
q ,l
r
X Mα X ′
ei(q −q)·Rn
e−iq·Rn v∗α (q, l) · un,α (t) = Bq′ ,l′ (t) v∗α (q, l) · vα (q′ , l′ )
N N
n, α q′ ,l′ ,n,α
X ′
e−i(q +q)·Rn
∗
+ Bq′ ,l′ (t) v∗α (q, l) · v∗α (q′ , l′ )
N
q′ ,l′ ,n,β
X
= Bq,l′ (t) v∗α (q, l) · vα (q, l′ )
l,α
X
+ B∗−q,l′ (t) v∗α (q, l) · v∗α (−q, l′ ) (5.74)
l,α
pour conclure :
X e−iq·Rn
√ i
B q ,l ( t ) = √ v∗α (q, l) · M α u n , α (t ) + √ pn,α (t) (5.77)
n, α 2 N
M α ω l (q )
X e−iq·Rn
∗ ∗
√ i
B−q,l (t) = √ vα (q, l) · M α u n , α (t ) − √ pn,α (t) (5.78)
n, α 2 N
M α ω l (q )
5.10. Quanti ication de la dynamique cristalline 179
Rappelons que les commutateurs qui n’impliquent que des positions ou des quanti‐
tés de mouvement sont nuls :
qui met en évidence que les relations de commutations (5.82) et (5.83) correspondent
aux relations de commutation entre opérateurs d’annihilations bq,l et de créations
†
bq,l de type boson :
h i
†
bq,l , bq′ ,l′ = δq,q′ δl,l′
[ bq,l , bq′ ,l′ ] = 0 (5.86)
h i
† †
bq,l , bq′ ,l′ = 0
D’après l’annexe C, une telle structure du hamiltonien est typique d’un ensemble
d’oscillateurs harmoniques non couplés. Par analogie, les états et valeurs propres
de la dynamique cristalline qui satisfont
X
1
E{nq,l } = ℏωl (q) n q ,l + (5.90)
2
q ,l
où
† 1 1
ℏωl (q) {bq,l bq,l + } |φnq,l i = ℏωl (q) n q ,l + |φnq,l i (5.91)
2 2
Un état propre de la dynamique cristalline peut donc être décrit par l’énoncé des
nombres de quanta d’excitations nq,l de chacun des modes propres de vibration du
cristal : Y nq,l
1 †
|Υ{nq,l } i = p b q ,l |Υ{0} i (5.92)
q ,l
n q ,l !
5.10. Quanti ication de la dynamique cristalline 181
et vice‐versa :
s
X eiq·Rn ℏ
un , α = √ vα (q, l) {bq,l + b†−q,l } (5.96)
q ,l
N 2Mα ωl (q)
r
X eiq·Rn ℏMα ωl (q)
pn , α = −i √ vα (q, l) {bq,l − b†−q,l } (5.97)
q ,l
N 2
182 Chapitre 5. Dynamique cristalline
5.11 Exercices
5.12.1 Objectif
r= xk ek (5.98)
k=1
∂ 2 Φ(r) 1 ∂ Φ(r) h x i x j i ∂ 2 Φ (r ) x i x j
= δi,j − 2 + (5.106)
∂ xi ∂ xj r ∂r r ∂ r2 r
Dans le cas d’un potentiel central, pour des positions atomiques données, les
constantes de couplage ne dépendent donc que des valeurs
∂ Φ(r)
Φ′ (r) = (5.107)
∂r
2
∂ Φ(r)
Φ′′ (r) = (5.108)
∂ r2
calculées aux distances auxquelles sont situés les atomes voisins. S’il est acceptable
de limiter les interactions à un certain ordre de voisins (premiers, seconds, etc... voi‐
sins), (5.106) montre que les constantes de couplage utiles en dynamique cristalline
dépendent surtout de la géométrie du réseau que du pro il détaillé du potentiel d’in‐
teraction de paires Φ(r).
Les potentiels d’interaction de paires précis les plus simples sont ceux qui régissent
les interactions entre atomes de gaz rare (Ne, Ar, Kr, Xe). Les atomes de gaz rare
cristallisent à très basse température, voisines de celle de l’He liquide.
Remarquons que l’He lui‐même est omis des considérations de cette section car,
lorsqu’il est refroidi sous sa température de liquéfaction (4.25o K) à pression ordi‐
naire, il ne devient pas solide mais subit une transition vers l’état super luide en‐
dessous de 2.18o K. La super luidité (qui se manifeste par l’absence de viscosité) est
un phénomène purement quantique dont la description dépasse le cadre de ce cours
introductif. Même à une température inférieure à 1o K, une pression de l’ordre de 30
atmosphères est nécessaire pour solidi ier l’He !
Les électrons des atomes de gaz rares forment des couches complètes, ce qui
correspond à une très grande stabilité chimique : même à l’état solide, les fonctions
d’ondes des électrons de valence d’atomes voisins ne se recouvrent pas. Par rapport
à la con iguration électronique d’un atome de gaz rare isolé, seules de faibles distor‐
sions se produisent lorsque deux atomes de gaz rares sont situés au voisinage l’un
de l’autre. Ces distorsions peuvent être décrites par un dipôle luctuant localisé sur
chaque atome. L’interaction entre ces dipôles résulte en un potentiel faiblement at‐
tractif proportionnel à l’inverse de la sixième puissance de la distance R entre les
deux atomes : le gradient de ce potentiel établit la force d’attraction de VAN DER
WAALS (voir section 2.4).
Bien sûr, lorsque les atomes de gaz rare s’approchent trop près l’un de l’autre
au point de tenter d’interpénétrer les couches électroniques, un potentiel répulsif
5.12. Travail pratique de dynamique cristalline 185
ε σ d0 a Point de
◦ ◦ ◦
−23
(10 J) (A) (A) (A) fusion (o K)
He 14 2.56 non applicables
Ne 50 2.74 3.13 4.46 24
Ar 167 3.40 3.76 5.31 84
Kr 225 3.65 4.01 5.64 117
Xe 320 3.98 4.35 6.13 161
TABLE 5.1 : Paramètres ε et σ du potentiel de LENNARD–JONES applicables aux gaz rares (Ré‐
férence : N. BERNARDES, Phys. Rev. 112, 1534 (1958)) vis‐à‐vis de la distance entre plus
proches voisins (d0 ) dans l’état cristallin et du paramètre cristallin (a) à 4 o K. A pression
normale, les gaz rares cristallisent dans le réseau cubique à faces centrées à l’exception de
l’He qui cristallise dans le réseau hexagonal compact sous haute pression.
B A
ΦLJ (R) = − (5.109)
R12 R6
où A et B sont des constantes positives et R est la distance entre les noyaux des deux
atomes interagissant. Ce potentiel est habituellement écrit sous la forme
σ 6
σ 12
ΦLJ (R) = 4ε − (5.110)
R R
200
150 Ar
100
ΦLJ (R) (10−23 J)
50
‐50
‐100
‐150
‐200
0 2 4 6 8 10
◦
R (A)
FIGURE 5.8 : Potentiel de LENNARD‐JONES en fonction de la distance R entre 2 noyaux
d’atomes d’Ar.
le choix particulier de la puissance 12 n’a pas de justi ication plus sérieuse que le
souci d’aboutir à une formule “esthétique”.
Terminons cette section par l’énoncé des fonctions requises pour l’application à
la dynamique cristalline (cfr (5.107)) :
′ σ6 σ12
ΦLJ (r) = 4ε 6 7 − 12 13 (5.111)
R R
12
′′ σ σ6
ΦLJ (r) = 4ε 156 14 − 42 8 (5.112)
R R
Préliminaires
10. Invoquer la sous‐routine qui dé init les valeurs de q à explorer suivant chaque
segment de la zone ZB (voir préliminaire (iii)).
11. Pour chaque valeur de q dé inie à l’étape précédente et convertie en unité ad
hoc :
(a) initialiser la matrice dynamique ;
(b) construire (éventuellement af icher) la matrice dynamique ‐ équations
(5.19 et (5.25) ;
(c) tester si la matrice dynamique est hermitienne ;
(d) diagonaliser la matrice dynamique à l’aide d’une sous‐routine issue d’une
librairie standard d’algèbre linéaire ;
(e) convertir les valeurs propres dans les unités adéquates ;
(f) af icher les valeurs propres et les vecteurs propres à l’écran ;
(g) stocker les valeurs propres en fonction de q ‐ voir la dé inition (5.113) ‐
dans un ichier.
12. Produire une représentation graphique de la relation de dispersion.
Sur base des données entrantes (TAB.5.2), calcul de la relation de dispersion des
phonons suivant une direction arbitraire dans la zone de BRILLOUIN. Des exemples
de résultats apparaissent à la FIG.5.9.
1.5 LA
Fréquence (THz)
TA
0.5
0
Γ 0.25 0.50 0.75 X K 0.50 0.25 Γ 0.25 L
q[100] q (Unités 2π /a) q[110] q[111]
FIGURE 5.9 : Résultats de la dynamique cristalline de l’Ar suivant les directions traditionnelles
d’exploration de la ZB du réseau cfc.
courbes. Dans le chapitre suivant, nous verrons que le gradient des relations de dis‐
persion ‐ donc la forme exacte du potentiel ‐ détermine la densité de modes (ou
densité d’états) qui permet d’établir un lien avec les propriétés macroscopiques
du matériau. Les recherches en dynamique cristalline ont pour objectif principal la
construction de potentiels d’interactions conduisant à des relations de dispersion
restituant les in lexions les plus subtiles des relations de dispersion observées dans
certaines directions de la zone de Brillouin accessibles expérimentalement. Le po‐
tentiel modèle ainsi obtenu permet alors le calcul numérique de la densité d’états.
190 Chapitre 5. Dynamique cristalline
16
14
12
Frequency (THz)
10
0
Γ 0.25 0.50 0.75 X K 0.50 0.25 Γ 0.25 L
q[100] q(2π /a units) q[110] q[111]
************************************************
Input file for crystal dynamics of solid Argon
************************************************
5.311d0 lattice spacing in Angströms
1 number of atoms in unit cell
39.948d0 mass (atomic mass unit)
------------------------------------------------
FCC lattice unit vectors in Cartesian coord.
(units of lattice spacing)
0.5d0 0.5d0 0.0d0 unit vector 1
0.0d0 0.5d0 0.5d0 unit vector 2
0.5d0 0.0d0 0.5d0 unit vector 3
------------------------------------------------
Positions of atoms in unit cell
0.d0 0.d0 0.d0 atom 1
------------------------------------------------
Parameters of Lennard-Jones pair interaction
167.d0 epsilon (10**-23 J = 10**-16 erg)
3.4d0 sigma (Angströms)
------------------------------------------------
Number of shells of neighbours
2
------------------------------------------------
argon.zb output file (dispersion relations)
0.02d0 q used in q*[xyz] (2*pi/spacing units)
4 Axes in Brillouin Zone (2*pi/spacing units)
0.0d0 0.0d0 0.0d0 Gamma start point 1
1.0d0 0.0d0 0.0d0 X end point 1
1.0d0 1.0d0 0.0d0 X start point 2
0.75d0 0.75d0 0.0d0 K end point 2
0.75d0 0.75d0 0.0d0 K start point 3
0.0d0 0.0d0 0.0d0 Gamma end point 3
0.0d0 0.0d0 0.0d0 Gamma start point 4
0.5d0 0.5d0 0.5d0 L end point 4
TABLE 5.2 : Fichier d’input de la dynamique cristalline de l’Ar solide. Pour mémoire, l’unité
de masse atomique (atomic mass unit, amu) vaut 1.66054010−27 kg.
192 Chapitre 5. Dynamique cristalline
Atome x1 x2 x3 r
no
Atome 1 dans la maille primitive
0 0.00000 0.00000 0.00000 0.00000
Premiers voisins de l’atome 1 dans la maille primitive
1 0.00000 2.65550 -2.65550 3.75544
2 -2.65550 2.65550 0.00000 3.75544
3 0.00000 -2.65550 -2.65550 3.75544
4 2.65550 0.00000 -2.65550 3.75544
5 -2.65550 -2.65550 0.00000 3.75544
6 -2.65550 0.00000 -2.65550 3.75544
7 2.65550 2.65550 0.00000 3.75544
8 -2.65550 0.00000 2.65550 3.75544
9 0.00000 2.65550 2.65550 3.75544
10 2.65550 -2.65550 0.00000 3.75544
11 0.00000 -2.65550 2.65550 3.75544
12 2.65550 0.00000 2.65550 3.75544
Second voisins de l’atome 1 dans la maille primitive
13 0.00000 -5.31100 0.00000 5.31100
14 0.00000 0.00000 -5.31100 5.31100
15 5.31100 0.00000 0.00000 5.31100
16 0.00000 5.31100 0.00000 5.31100
17 -5.31100 0.00000 0.00000 5.31100
18 0.00000 0.00000 5.31100 5.31100
TABLE 5.3 : Table des positions (Angströms) des atomes retenus dans la dynamique cristal‐
line de l’Ar sur la base des données de la TAB.5.2.
5.12. Travail pratique de dynamique cristalline 193
TABLE 5.4 : Dynamique cristalline de l’Ar à partir des données de la TAB.5.2 : table des
constantes de force entre l’atome de la maille primitive (atome “0” dans TAB.5.3) et ses pre‐
miers voisins (atomes no κ de la TAB.5.3 y compris la “self‐interaction” κ = 0).
194 Chapitre 5. Dynamique cristalline
TABLE 5.5 : Dynamique cristalline de l’Ar à partir des données de la TAB.5.2 : table des
constantes de force entre l’atome de la maille primitive (atome “0” dans TAB.5.3) et ses se‐
conds voisins (atomes no κ de la TAB.5.3)
.
Chapitre 6
Dans le chapitre précédent, nous avons montré que les valeurs propres de l’éner‐
gie associées aux états propres de vibrations du réseau sont données par l’équation
(5.90) :
X 1
E{nq,l } = ℏ ω l ( q ) n q ,l + (6.1)
2
q ,l
où nous avons pris en compte la nature quasi continue du spectre des vecteurs d’ondes
compris dans la ZB (équation (5.41)).
195
196 Chapitre 6. Propriétés thermiques du réseau
70
Al (100) Al (110)
60
LA
50
ω rad x THz
LA
40 TA
30
TA
20 TA
10
Il est aisé de déduire que D(ω) doit être une distribution dé inie par
X
3nat Z
1
D(ω) = dq δ(ω − ωl (q)) (6.6)
8π 3 ZB
l=1
qui, en vertu de sa dimension physique (m−3 ω−1 ), porte le nom de densité d’états,
souvent abrégé en DOS (Density Of States). D’après un résultat démontré dans un
appendice (équation A.86), cette densité d’états s’exprime aussi comme suit :
X
3nat Z
1 1
D(ω) = dq (6.7)
l=1
8π 3 Sl ||∇q ωl (q)||
6.2. La densité d’états 197
THz
16
14
12
10
D (ω ) dω (arb. units)
FIGURE 6.2 : Densité d’états des phonons du Si (D(ω) dω est la courbe continue dans le
panneau à gauche) vis‐à‐vis de la relation de dispersion (trois panneaux à droite). La courbe
en trait interrompu est l’approximation de D(ω) dω dans le modèle de DEBYE.
30 K Sn
Cv (J/(mole °K))
20 Cu
10
sans aplatissement, à des fréquences très distinctes les unes des autres.
Cette section est destinée à illustrer un exemple de lien entre la description micro‐
scopique de la matière condensée et une propriété macroscopique, à savoir la ca‐
pacité calori ique (ou chaleur spéci ique) à volume constant Cv que la thermodyna‐
mique dé init par :
∂ U(T)
Cv = (6.9)
∂T V=cst
N
Cv ' 3nat kB = 25 Joule/(mole K) (6.10)
V
Les données expérimentales (FIG.6.3) mettent en évidence les caractéristiques sui‐
vantes :
(a) Cv tend vers zéro si T tend vers zéro. Plus précisément, Cv est proportionnel
à T3 aux très basses températures.
(b) A haute température, Cv tend vers une valeur voisine de celle prédite par la
loi de DULONG et PETIT.
Si la déviation (b) ci‐dessus peut se corriger par la prise en compte de termes anhar‐
moniques dans le potentiel d’interaction de la dynamique cristalline, cette correc‐
tion n’est pas suf isante pour rendre compte du comportement à basse température.
En vertu de (6.5), la physique quantique considère que la capacité calori ique
du réseau est donnée par la convolution de la densité d’états et de la dérivée par
rapport à la température de la distribution de BOSE‐EINSTEIN multipliée par ℏω :
Z ∞
∂ 1
Cv = dω D(ω) ℏω (6.11)
0 ∂ T e BT − 1
ℏ ω /k
Puisque
∂ 1 ℏω 1 eℏω/kB T
= (6.12)
∂ T eℏω/kB T − 1 kB T2 (eℏω/kB T − 1)2
on conclut que :
Z ∞ 2
ℏω eℏω/kB T
Cv = kB dω D(ω) (6.13)
0 kB T (eℏω/kB T − 1)2
Posons
ℏω
x= (6.14)
kB T
a in d’analyser la distribution de BOSE–EINSTEIN
1
(6.15)
ex −1
à haute et basse températures.
200 Chapitre 6. Propriétés thermiques du réseau
A haute température, chaque mode de vibration est dans un état fortement excité,
ce qui correspond à un nombre d’occupation moyen élevé qui est donné par la limite
x << 1 :
−1 −1
1 x2 x3 1 x x2
= x+ + + ... = 1+ + + ...
ex − 1 2! 3! x 2! 3!
1 kB T
' = (6.16)
x ℏω
de sorte que
∂ 1 kB
' (6.17)
∂ T eℏω/kB T − 1 ℏω
N
DE (ω) = 3nat δ(ω − ωE ) (6.20)
V
Cette pulsation était à ajuster dans la démarche initiale. Sur la base des relations de
dispersion des phonons, on identi ie que, dans ce modèle, cette pulsation doit cor‐
respondre à la singularité de VAN HOVE la plus importante. Autrement dit, le modèle
approxime la relation de dispersion comme complètement dégénérée : toutes les os‐
cillations ont la même pulsation ωE correspondant à la plus forte singularité de VAN
HOVE. Ci‐dessous, le facteur de normalisation 3nat NV
apparaîtra nécessaire pour re‐
couvrer la loi classique de DULONG et PETIT à haute température. Selon le modèle
d’EINSTEIN, la chaleur spéci ique à volume constant s’énonce :
Z ∞
∂ 1
Cv = dω DE (ω) ℏω
0 ∂ T e BT − 1
ℏ ω /k
2
N ℏωE eℏωE /kB T
= 3nat kB (6.21)
V kB T (eℏωE /kB T − 1)2
La notion de basse ou haute température est alors perçue par rapport à la tempéra
ture d’EINSTEIN :
ℏωE
ΘE = (6.22)
kB
D’après (6.17), si T >> ΘE , le modèle est en accord avec la loi classique de DULONG
et PETIT : Cv ' 3nat kB NV
. Par contre, si T << ΘE , (6.19) montre que Cv décroît
exponentiellement. Le modèle procure donc une caractéristique expérimentale que
ωl (q) = cs q (6.23)
où cs est la vitesse du son dans le solide. La densité d’états (équation (6.6)) devient
alors : Z
1
DD (ω) = 3 dq δ(ω − cs q) (6.24)
8π 3 ZB
Le modèle de DEBYE procède ensuite à une approximation de la forme de la zone
de BRILLOUIN par une sphère de rayon qD . Cette approximation est justi iée à basse
température car le fait de se limiter aux modes de basses fréquences dans le ré‐
gime de dispersion linéaire signi ie que seuls les petits vecteurs q sont mis en jeu.
Comme les effets géométriques liés à la forme de la ZB deviennent signi icatifs pour
des modes propres de hautes fréquences et de grands vecteurs q (proches de la péri‐
phérie de la ZB dont la relation de dispersion n’est plus en accord avec la loi linéaire
(6.23)), il est raisonnable de négliger les effets d’anisotropie liés à la géométrie de
la ZB et d’approximer cette dernière par une sphère lorsque l’intérêt se porte sur
les basses températures. L’intégrale sur la ZB est alors aisée en coordonnées sphé‐
riques (dq = q2 dq sinθ dθ dφ). L’intégrale sur les angles orbitaux et azimutaux est
3. Petrus DEBYE (1884‐1966), physicien néerlandais naturalisé américain. Travaux en physique
de l’état solide et en particulier sur l’application de la diffraction des rayons X à la cristallographie.
Prix Nobel de chimie en 1936.
6.3. Capacité calori ique du réseau 203
où qD est un paramètre qui sera ajusté par la suite de façon à restituer la loi de DU‐
LONG et PETIT à haute température. L’application de la formule (A.73) conduit à :
Z qD
3 ω2
3 q2 ω si ω < ωD
DD (ω) = dq δ (q − ) = 2π 2 c3s (6.26)
2π 2 0 cs cs 0 si ω > ωD
où
ω D = cs q D (6.27)
ℏωD
ΘD = (6.28)
kB
On postule alors que, à haute température, ce résultat soit identique à la loi de DU‐
LONG et PETIT :
kB 3 N
Cv ' q = 3n at k B (6.31)
2π 2 D
V
ce qui permet de déduire
N
q3D = 6π 2 nat (6.32)
V
et, via (6.27), la limite supérieure à prendre en compte dans la formule générale
(6.13) applicable à une température quelconque :
Z 2
ωD
ℏω eℏω/kB T
Cv = kB dω DD (ω) (6.33)
0 kB T (eℏω/kB T − 1)2
Z 2
ωD
3 ω2 ℏω eℏω/kB T
= kB dω (6.34)
0 2π 2 c3s kB T (eℏω/kB T − 1)2
204 Chapitre 6. Propriétés thermiques du réseau
où ζ(n) est la fonction zêta de RIEMANN. Pour n = 4, on trouve n! ζ(n) = 12π 4 /45,
de sorte que
12π 4 N T3
Cv ' nat kB 3 (6.37)
5 V ΘD
ce qui met bien en évidence l’accord avec la dépendance ∼ T3 observée expérimen‐
talement.
Dans l’approximation de DEBYE, la capacité calori ique est complètement déter‐
minée par ΘD et peut servir à comparer les matériaux entre eux. Puisque, en réalité,
les données expérimentales présentent des déviations par rapport au modèle, la dé‐
inition optimale de ΘD n’est pas évidente. Conformément au domaine de validité de
l’approximation, ΘD est ajusté sur la base des mesures expérimentales aux basses
températures. Cependant, la valeur ainsi ajustée peut se révéler inadaptée par rap‐
port aux mesures à hautes températures. Ceci explique la pratique courante dans la
littérature expérimentale qui consiste à permettre que ΘD dépende de la tempéra‐
ture sans que cette démarche soit justi iée théoriquement. En principe, pour amé‐
liorer l’accord avec les données expérimentales, il faut raf iner les ingrédients qui
entrent dans la formule générale (6.13), à savoir :
prise en compte de la densité d’états D(ω) dans son ensemble et non pas d’une
approximation de D(ω) ;
améliorer la description des modes propres qui conduisent à D(ω). Ceci re‐
vient à raf iner les potentiels de la dynamique cristalline, y compris par l’in‐
corporation d’effets anharmoniques.
La mise en oeuvre de ces améliorations n’est possible que par le calcul numérique.
4. Par exemple, voir : G. Ar ken & H.J. Weber, Mathematical Methods for Physicists, 4th ed., Chap.
5, Academic Press, New York (1995).
6.4. Exercices 205
30
Cu
25
20
Cv (J/mole K)
15 DEBYE
10 EINSTEIN
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
T/Θ
FIGURE 6.4 : Dans le cas du Cu, en supposant que ΘE = ΘD = Θ = 343K, comparaison des
modèles de DEBYE et d’ EINSTEIN de la capacité calori ique.
6.4 Exercices
où D(ω) est la densité d’états des phonons à la fréquence ω et où ε(ω, T) est la distribution de
Bose–Einstein,
1) expliquer les hypothèses d’Einstein et de Debye pour modéliser la capacité calori ique à
volume constant cv des diélectriques.
2) déduire cv dans le modèle de Debye et dé inir la température de Debye ΘD . .
As 285 La 132
Sb 200 Gd 152
Bi 120 Pr 74
4. Est‐il possible d’exciter les phonons de NaCl par une lumière infra‐rouge de fréquence ap‐
propriée ? Si oui, quelle est cette fréquence ? Justi iez votre réponse.
208 Chapitre 6. Propriétés thermiques du réseau
Chapitre 7
Ce chapitre est consacré à une première étude des électrons dont la fonction d’onde
est suf isamment délocalisée dans la matière condensée. Le chapitre 2 a conclu que
ce régime correspond principalement aux électrons de valence des métaux, dits élec‐
trons de conduction. Les deux‐tiers des éléments du tableau périodique ont un com‐
portement métallique lorsqu’ils sont sous forme solide. C’est pourquoi, au début du
XXème siècle, l’étude des électrons dans les métaux était considérée comme le point
de départ de la physique des électrons dans les solides. Cette démarche a condi‐
tionné le développement ultérieur de la physique de l’état solide.
L’approximation des électrons libres est une démarche phénoménologique, non
justi iable a priori, qui s’appuie sur plusieurs constats expérimentaux. Les diverses
procédures d’ajustements successifs qu’elle a subis témoignent de sa nature essen‐
tiellement heuristique. La pertinence de ces ajustements émerge a posteriori du gain
de cohérence avec les données expérimentales.
Le constat de départ est le métal sous forme cristalline. Par des causes que le mo‐
dèle ne cherche pas à détailler, on admet que les électrons sont séparables en deux
catégories : les électrons de coeur localisés au voisinage d’un noyau et les électrons
de valence complètement délocalisés, ou libres, à travers le cristal. De nature très
spéculative à l’époque de son élaboration en 1900 (antérieurement à l’apparition
de la physique quantique), le modèle de DRUDE des métaux applique la théorie ciné‐
tique des gaz, et donc la statistique de MAXWELL‐BOLTZMANN, à l’ensemble des élec‐
trons libres. Comme nous le verrons dans la section 7.3, la théorie de DRUDE tantôt
réussit, tantôt échoue à restituer certaines caractéristiques observées des métaux.
Par rapport à ce modèle classique que constitue la théorie de DRUDE, la physique
quantique introduit des modi ications à plusieurs niveaux :
— combinée au principe de PAULI, les connaissances sur les électrons de coeur
permettent d’entrevoir une explication qualitative du potentiel subi par les
électrons de valence (section 7.2). Cette explication justi ie a posteriori l’ap‐
209
210 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Evac
Energie
+ + + + + + + x
i
L
Evac
Energie
+ + + + + + + xi
FIGURE 7.1 : Croquis illustrant le potentiel auquel sont soumis les électrons de conduction
d’un métal. Puisque les électrons de conduction ne s’échappent pas spontanément d’un mé‐
tal, le niveau d’énergie du vide Evac est supérieur au potentiel à l’intérieur du métal. Haut :
les états liés dans les puits de potentiels coulombiens des noyaux sont occupés par les élec‐
trons de coeur. Bas : du point de vue des électrons de valence (ou de conduction), le principe
de PAULI associé aux électrons de coeur provoque alors un effet répulsif qui réduit les puits
de potentiel à de faibles variations. Une première étape consiste alors à considérer que le
potentiel ressenti par les électrons de conduction est plat à l’intérieur d’un volume macro‐
scopique (L ' V 1/3 → +∞) (trait interrompu).
7.2. Potentiel subi par les électrons de valence 211
Le spectre d’énergie des électrons de valence peut‐être obtenu dans le cadre de l’ap‐
proximation à 1 électron de HARTREE, déjà réputée relativement ef icace dans le
contexte de la détermination des spectres des atomes à plusieurs électrons (voir
chapitre 2). Cette approximation est bien sûr drastique car, dans le contexte des
atomes à plusieurs électrons, il avait déjà été observé que la qualité de cette approxi‐
mation se dégrade avec l’augmentation du nombre d’électrons. Cette augmentation
fait grandir l’importance des interactions entre électrons ¹. Celles‐ci englobent non
seulement les interactions coulombiennes mais aussi des interactions purement quan‐
tiques connues sous le nom d’interactions d’échange et de corrélation ² caractérisées
par un potentiel nonlocal typique des effets à N corps.
L’approximation des électrons libres néglige les interactions non‐locales et consi‐
dère que le principe de PAULI associé aux états de coeur déjà occupés provoque un
effet répulsif qui contribue à compenser l’attraction coulombienne exercée par les
noyaux sur les électrons. Le potentiel effectif ressenti par l’électron de HARTREE, éta‐
bli par les noyaux et les autres électrons (électrons de coeur et autres électrons de
valence), varie alors périodiquement mais faiblement d’un atome à l’autre (FIG.7.1).
Le fait que les autres électrons de valence contribuent aussi à établir cette carac‐
téristique sera con irmé a posteriori lors de l’étude de l’écrantage électrostatique
dans un gaz d’électrons libres (section 7.7). La démarche consiste alors à considé‐
rer dans un premier temps que le potentiel est plat (modèle de SOMMERFELD, section
7.4) avant d’incorporer un potentiel périodique (chapitre 8).
Dans ce contexte, une donnée essentielle d’un métal est le nombre d’électrons
de conduction par unité de volume nc :
ρm Nel
nc = NAv Zv = (7.1)
A V
1. En anglais : “electron‐electron interactions”
2. En anglais : “exchange‐correlation”
212 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
L’ordre de grandeur de nc est typiquement 103 plus élevé que la valeur correspon‐
dante pour un gaz classique à température et pression normales. En outre, le gaz
d’électrons libres étant constitué de particules chargées, il s’agit en fait d’un plasma.
Malgré cela, DRUDE ³ spécula sur l’application de la théorie cinétique des gaz neutres
altérée par très peu de modi ications. Les hypothèses du modèle sont alors :
1. Entre deux interactions avec soit un ion, soit un électron, un électron libre
se déplace en ligne droite. Si un champ extérieur est appliqué, il modi ie le
mouvement de l’électron en respectant les lois de NEWTON. Les champs pro‐
duits par les autres électrons et les ions sont ignorés que le champ appliqué
soit nul ou non.
2. Par analogie avec la théorie cinétique des gaz neutres, une interaction avec
soit un ion, soit un électron, est considérée comme une collision malgré le
fait que les interactions électriques sont à longue portée. Il faut comprendre
cet abus de langage comme une modélisation ‐ certes grossière ‐ des phéno‐
mènes de diffusion responsables des changements du vecteur vitesse d’un
électron libre. Le modèle suppose que ces changements sont abrupts et se
produisent avec une probabilité par unité de temps égale à 1/τ. Ceci signi ie
que un électron libre se déplace en ligne droite entre deux collisions pendant
un laps de temps moyen τ appelé temps de relaxation (FIG.7.2).
3. Les électrons sont supposés maintenir l’équilibre thermique avec l’environ‐
nement seulement par l’intermédiaire des collisions. Après une collision, la
vitesse v de l’électron est supposée orientée aléatoirement mais la valeur
moyenne de sa grandeur |v| = v dépend de la température T à l’endroit de
3. Paul DRUDE (1863‐1906), physicien allemand, pionnier de l’optique dans les milieux absor‐
bants, établit la relation entre les propriétés optiques des solides et leurs caractéristiques thermiques
et électriques.
7.3. Modèle de DRUDE 213
FIGURE 7.2 : Croquis illustrant la trajectoire d’un électron dans le modèle de DRUDE. Les
grands cercles représentent les ions, les petits igurent les électrons. Le modèle ne distingue
pas les interactions électron‐ion des interactions électron‐électron.
la collision selon :
1 3
me v2 = kB T (7.3)
2 2
A température ambiante (∼ 300K), le modèle de DRUDE estime donc la vi‐
tesse typique des électrons par v ∼ 105 m/s.
Considérons alors l’évolution de la quantité de mouvement moyenne p d’un électron
pendant δt du fait de l’action d’une force extérieure F(t). La probabilité de collision
durant δt vaut δt/τ ce qui signi ie que la probabilité d’éviter une collision pendant
ce même laps δt vaut 1 − δt/τ. Pour les électrons qui ne subissent pas de collision,
la quantité de mouvement moyenne devient :
δt
p(t + δt) = 1− [p(t) + F(t + δt) δt]
τ
δt dF(t)
p(t + δt) ' 1− p(t) + F(t) δt + 2
(δt) + ...
τ dt
δt
p(t + δt) ' 1− p(t) + F(t) δt + O(δt)2
τ
δt
p(t + δt) ' p(t) − p(t) + F(t) δt + O(δt)2 (7.4)
τ
où nous n’avons retenu que les termes du premier ordre de δt. Les électrons qui
subissent une collision pendant δt sont caractérisés par p(t) = 0, leur quantité de
mouvement ne fait intervenir que des termes proportionnels à (δt)2 :
1
p(t + δt) = F(t + δt) (δt)2 (7.5)
τ
ce qui motive de les négliger par la suite.
214 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
L’équation (7.4) peut alors être aménagée comme suit en prenant la limite δt →
0) :
dp(t) 1
+ p (t ) = F (t ) (7.6)
dt τ
Dans l’équation du mouvement moyen d’un électron, l’effet des collisions introduit
donc un terme dissipatif proportionnel à la vitesse :
dv(t) me
me + v(t) = F(t) (7.7)
dt τ
DRUDE déduisit alors les formules suivantes pour la mobilité d’un électron
|e|τ
μe = (7.12)
me
n c e2 τ
σ0 = = |e| nc μe (7.13)
me
L0 = vτ (7.15)
◦
apparait donc compris entre 1 et 100 A. À l’époque de DRUDE, la cohérence de cet
ordre de grandeur avec celui de la distance interatomique dans les métaux justi ia
a posteriori sa démarche. Mais il apparut plus tard que cet accord était fortuit et
que, comme le montreront les sections suivantes, la vitesse v tirée de la statistique
de MAXWELL‐BOLTZMANN est sous‐estimée. Mais auparavant, nous traitons des pro‐
priétés optiques des métaux où le modèle de DRUDE est aussi apparu relativement
satisfaisant.
dv(t) e
+ γ v(t) = E(ω) e−iωt (7.16)
dt me
d2 r(t) dr(t) e
2
+γ = E(ω) e−iωt (7.17)
dt dt me
216 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Elément Col. Zv nc ρ τ ρ τ ρ τ
77K 77K 273K 273K 373K 373K
TABLE 7.1 : A pression atmosphérique, densité d’électrons de conduction nc (en 1022 cm−3 ),
résistivités expérimentales ρ (exprimées en μΩ cm) et temps de relaxation de DRUDE τ (en
10−14 s) d’une sélection de métaux.
7.3. Modèle de DRUDE 217
σ0
σ(ω) = (7.22)
1 − iωτ
2π c
Élément nc ρ τ = 1/γ ωp γ/ωp λp = ωp
22 3
(10 /cm ) (μΩ cm) fs (1016 Hz) (nm)
Li 4.60 8.60 9.0 1.21 0.0092 155.7
Na 2.54 4.20 33.3 0.90 0.0033 209.5
K 1.32 6.10 44.1 0.65 0.0035 290.6
Rb 1.08 11.00 29.9 0.59 0.0057 321.3
Cs 0.85 18.80 22.2 0.52 0.0087 362.2
Cu 8.49 1.56 26.8 1.64 0.0023 114.6
Ag 5.86 1.51 40.1 1.37 0.0018 137.9
Au 5.90 2.04 29.5 1.37 0.0025 137.5
Be 24.72 2.80 5.1 2.80 0.0070 67.2
Mg 8.62 3.90 10.6 1.66 0.0057 113.7
Ca 4.66 3.40 22.4 1.22 0.0037 154.7
Sr 3.49 23.00 4.4 1.05 0.0215 178.7
Ba 3.15 60.00 1.9 1.00 0.0532 188.1
Zn 13.13 5.50 4.9 2.04 0.0100 92.1
Cd 9.26 6.80 5.6 1.72 0.0103 109.7
Al 18.07 2.45 8.0 2.40 0.0052 78.5
Ga 15.31 13.60 1.7 2.21 0.0266 85.3
In 11.50 8.00 3.9 1.91 0.0136 98.5
Sn 14.83 10.60 2.3 2.17 0.0204 86.7
Pb 13.19 19.00 1.4 2.05 0.0345 91.9
Sb 16.54 39.00 0.6 2.29 0.0792 82.1
Bi 14.04 107.00 0.2 2.11 0.2003 89.1
Fe 16.90 8.90 2.4 2.32 0.0183 81.2
TABLE 7.2 : A 273K, paramètres décrivant les propriétés optiques d’une sélection de métaux
selon le modèle de DRUDE.
7.3. Modèle de DRUDE 219
ce qui, à partir de ε(ω) = 1 + χ(ω) (cf TAB.4.3), permet d’extraire la fonction diélec
trique d’un métal selon DRUDE :
ω2p
ε(ω) = 1 − (7.24)
ω2 + iωγ
n c e2 σ0
ω2p = = (7.25)
ε0 me τ ε0
ω2p
ε(ω >> γ) ' 1 − (7.26)
ω2
tant que γ/ωp << 0.2. L’observation de la TAB.7.2 montre que cette dernière condi‐
tion est satisfaite par la plupart des métaux de sorte que le modèle de DRUDE prédit
une une absorption négligeable à hautes fréquences. A l’époque de DRUDE, la for‐
mule (7.26) it sensation car elle expliquait qualitativement à partir des propriétés
électriques les caractéristiques principales des propriétés optiques des métaux mas‐
sifs, à savoir :
— aux fréquences inférieures au domaine ultra‐violet de rayonnement électro‐
magnétique, la ré lectivité des métaux massifs (i.e. d’épaisseur très supé‐
rieure à la longueur d’onde incidente) est très élevée ;
— aux fréquences supérieures au domaine UV, les métaux deviennent partiel‐
lement transparent (ce qui signi ie que transmission et absorption se pro‐
duisent).
Ceci s’observe immédiatement à partir de la formule de la ré lectivité à incidence
normale de la surface d’un métal massif exposé au vide ou à l’air (cf section 4.9.1) :
p
ε ( ω ) − 1 2
R0 ( ω ) = p (7.27)
ε(ω) + 1
Si on néglige l’absorption, la fonction diélectrique est purement réelle et le modèle
de DRUDE explique la haute ré lectivité par la valeur négative de ε(ω) si ω < ωp :
p
ε(ω) − 1 2 1 − ip|ε(ω)| 2
R0 ( ω < ω p ) = p = − p =1 (7.28)
ε(ω) + 1 1 + i |ε(ω)|
220 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
‐1
ε(ω)
‐2
‐3 γ/ωp = 0
‐4
‐5
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
5
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
7.3. Modèle de DRUDE 221
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
5
‐5
ε(ω)
‐10
‐15
‐25
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4
ω/ωp
FIGURE 7.3 : Parties réelles εR (ω) (traits continus rouges) et imaginaires εI (ω) (traits inter‐
rompus bleus) de la fonction diélectrique d’un métal selon DRUDE pour diverses valeurs
de γ/ωp . La droite en pointillé vert est la valeur asymptotique ε(∞) = 1. Si γ = 0,
ε(ωp ) = 0. Lorsque γ 6= 0, la partie réelle εR (ω) s’annule à une valeur proche de ωp tant
que γ/ωp ≤ 0.2. La valeur statique de la partie réelle démarre de εR (0) = 1 − ω2p /γ2 tandis
que εI (0) → ∞.
222 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
σ(ω)
ε(ω) = 1 + i (7.29)
ε0 ω
En 1879, HALL ⁶ imagina une expérience destinée à déterminer le signe des porteurs
de charges dans un matériau conducteur. Le principe consiste à appliquer un champ
magnétique B = B3 e3 statique perpendiculairement à une densité de courant tra‐
versant l’échantillon suite à l’application du champ électrique E1 e1 (FIG.7.4). Dans le
cas où les porteurs de charges sont positifs, leur vitesse est orientée selon le sens du
champ électrique E1 e1 . Si les porteurs sont négatifs, leur vitesse est orientée dans
la direction opposée à ce champ. Sous l’effet du champ magnétique, une force de
LORENTZ ⁷ dévie les charges mobiles ‐ tant positives que négatives ‐ dans la direc‐
tion −e2 . On devrait s’attendre à une résistance plus élevée car, pour chaque type
de charge positive ou négative, la vitesse acquise suivant −e2 produira une force de
LORENTZ dans la direction e1 qui s’oppose à la force imprimée par le champ élec‐
trique appliqué à chaque type de charge. Cet effet est dénommé magnétorésistance.
Cependant, dans le régime stationnaire correspondant à un courant continu dans la
direction e1 , après un bref régime transitoire où peut se manifester la magnétorésis‐
tance, le courant selon la direction e2 ne peut établir un circuit fermé. Des charges
s’accumulent alors sur les faces latérales perpendiculaires à e2 jusqu’à établir un
champ E2 e2 qui compense la force de LORENTZ dans la direction e2 . Dans le régime
6. Edwin Herbert HALL (1855‐1938), physicien américain, mit en évidence l’effet qui porte son
nom dix ans avant l’identi ication de l’électron.
7. Hendrik Antoon LORENTZ, physicien néerlandais, prix Nobel en 1902 pour ses travaux sur les
électrons dans la matière. Il est aussi connu pour ses travaux en électrodynamique et ses contribu‐
tions à la théorie de la relativité.
7.3. Modèle de DRUDE 223
e3
E1 e 1 −−−−−−−−−−−−−−−−−−−
+ + + + + + + + + + + +v+1 e+1+ + e2
| e | | v1| e1 x B e1
B
e3
E1 e 1 ++++++++++++++++
v1 e1
−−−−−−−−−−−−−−−−−−− e2
| e | | v1| e1 x B e1
FIGURE 7.4 : Géométrie de l’expérience de HALL pour des porteurs de charges de signes po‐
sitifs (haut) et négatifs (bas).
dv(t) me
me + v(t) = eE + ev(t) × B (7.30)
dt τ
Dans le régime stationnaire, la dérivée de la vitesse moyenne est nulle. D’autre part,
la discussion ci‐dessus permet d’anticiper que la géométrie de l’expérience est telle
qu’aucun champ électrique ne peut apparaître selon e3 . L’équation vectorielle (7.30)
est donc réduite à deux équations selon les directions e1 et e2 :
|e|τ
v1 = − E1 − ωc τ v2
me
(7.31)
|e|τ
v2 = − E2 + ωc τ v1
me
224 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
|e| B3
ωc = (7.32)
me
B3
E2 = − j1 (7.34)
nc |e|
E2
RH = (7.35)
j1 B 3
Dans le modèle de DRUDE, ce coef icient apparaît comme une constante indépen‐
dante de τ :
1
RH,D = − (7.36)
nc |e|
T>T T0
0
0 x1 L
FIGURE 7.5 : La géométrie simpli iée pour approcher le problème de la conductivité ther‐
mique.
tillon pour que se manifeste une densité de courant thermique jth dé ini empirique‐
ment par la loi de FOURIER :
1 2 1
κ= v (r) τ Celv = L0 v Celv (7.50)
3 3
7.3. Modèle de DRUDE 227
TABLE 7.3 : Valeurs expérimentales de la conductivité thermique (κ) et des nombres de LO‐
RENZ (κ/σT) d’une sélection de métaux.
228 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Le succès du modèle de DRUDE a, entre autres, reposé sur le bon accord avec les
données expérimentales que fournit l’étude du rapport des conductivités thermique
et électrique :
v2 (r) τ Cel
κ 3
v
me v2 (r) Celv
= nc e2 τ
= (7.51)
σ me
3nc e2
κ 3 k2B
= T (7.52)
σ 2 e2
8. Gustav Heinrich WIEDEMANN (1826‐1899), physicien allemand dont les résultats constituèrent
longtemps la seule source iable de données expérimentales sur les matériaux.
9. Thomas Johann SEEBECK (1770‐1831), médecin et physicien allemand, découvrit l’activité op‐
tique (rotation du plan de polarisation de la lumière) dans des solutions sucrées en 1818 et l’effet
thermoélectrique en 1821.
7.3. Modèle de DRUDE 229
τ dv2 (r)
vth (r) = − ∇T(r) (7.60)
6 dT
230 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
D’autre part, la vitesse dûe au champ électrique est donnée par (7.11)
eτ
vE (r) = E(r) (7.61)
me
Dans le régime stationnaire, nous postulons vE (r) + vth (r) = 0 de sorte que
me me dv2 (r)
E(r) = vth (r) = − ∇T(r)
|e|τ 6|e| dT
1 d me v2 (r)
= − ∇T(r)
3|e| dT 2
1 d 3kB T kB
= − ∇T(r) = − ∇T(r) (7.62)
3|e| dT 2 2|e|
Les valeurs de Q observées expérimentalement sont environ cent fois plus élevées.
Par conséquent, au niveau de (7.62), la vitesse des électrons est sous‐estimée d’en‐
viron un facteur dix par le modèle de DRUDE. En outre, dans certains métaux, Q appa‐
raît positif, ce qui indique les charges mobiles ne sont pas toujours de signe négatif !
Il s’agit de la même erreur que celle déjà identi iée dans la loi de WIEDEMANN‐FRANZ
mais, cette fois, non compensée...
La section suivante introduit les principes de physique quantique a in de corri‐
ger l’ordre de grandeur de la vitesse en défaut dans le modèle de DRUDE.
Dans le modèle quantique des électrons libres, le spectre des énergies possibles est
issu de la résolution de l’équation de SCHRÖDINGER d’une particule libre non relati‐
viste, de masse M et de fonction d’onde Ψ(r, t) :
ℏ2 ∂ Ψ (r , t )
− ∇2 Ψ(r, t) + V(r, t) Ψ(r, t) = iℏ (7.64)
2me ∂t
où le potentiel V(r, t) constant et indépendant du temps :
V(r, t) = V0 (7.65)
ℏ2 1 1 dT (t)
− ∇2 Φ(r) + V0 = iℏ = E′ (7.66)
2me Φ(r) T (t) dt
Avec le changement de zéro d’énergie E = E′ − V0 et l’introduction de
2me E
k2 = (7.67)
ℏ2
on aboutit au couple d’équations :
dT (t) E
+ i T (t) = 0 (7.68)
dt ℏ
∇2 Φ(r) + k2 Φ(r) = 0 (7.69)
dont les solutions sont triviales :
T (t) = C e−i ℏ t
E
(7.70)
Φ(r) = A eik·r (7.71)
Les conditions aux limites sont repoussées à l’in ini pour signi ier que le volume
V de l’expérience est très grand devant la longueur d’onde de DE BROGLIE de la par‐
ticule quelque que soit l’énergie de la particule. Ces conditions aux limites “libres”
232 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
(ou, plus exactement, cette absence de conditions aux limites) autorisent tous les
vecteurs d’ondes k de l’espace réciproque. La relation (7.67) permet de véri ier que
ceci correspond à toutes les valeurs E > 0. On constate alors que le vecteur k peut
servir à étiqueter les fonctions propres Φk (r) et les énergies propres Ek :
ℏ2 k2
Ek = (7.72)
2me
Invoquons alors que l’intégrale sur tout l’espace modélise le volume de l’échantillon
V grand mais ini : Z Z
dr → ∞ ; dr = V (7.77)
pour déduire :
1
Ak = √ (7.78)
V
et
8π 3
dk = (7.79)
V
Cette dernière relation est compatible avec les conditions de BORN–VON KAR‐
MAN car elle entérine le principe selon lequel une valeur k = k′ “occupe” un volume
8π 3 /V de l’espace réciproque, de sorte que l’apparente continuité du spectre (équa‐
tion (7.72)) modélise en fait un spectre discret mais dense ¹¹. En outre, dk = 8π 3 /V
11. Pour plus de détails, voir section A.9.3.
7.4. Modèle de SOMMERFELD 233
k2 dk
k1
FIGURE 7.6 : Projection dans le plan k1 − k2 de l’espace réciproque du spectre des états
propres du modèle des électrons libres. Chaque point représente un état caractérisé par une
valeur de k. L’écart entre deux points est en fait in initésimal de sorte que le spectre discret
3
est dense. Considérant alors que chaque R état discret occupe un volume dk3 = 8π /V , une
P
somme k peut alors être assimilée à dk corrigée par un facteur V/8π .
X V X 8π 3
hr|Φk ihΦk |r′ i = hr|Φk ihΦk |r′ i
8π 3 V
k
Zk
V
= dk hr|Φk ihΦk |r′ i
8π 3
Z
1 ′
= dk eik·(r−r ) = δ(r − r′ ) (7.80)
8π 3
X
|Φk i hΦk | = 1 (7.81)
k
Z
8π 3 X
7→ dk (7.82)
V k
234 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Soit N (E), le nombre d’états d’énergie inférieures à E, appelé parfois densité d’états
intégrée : X
N (E) = Θ (E − E k ) (7.83)
k
La densité d’états d’énergie (en anglais : Density Of States ‐ DOS ) comprise entre E
et E + dE est alors dé inie par :
N (E + ΔE) − N (E) dN (E)
D(E) = lim = (7.84)
ΔE→0 ΔE dE
ce qui permet de conclure que
X
D(E) = δ(E − Ek ) (7.85)
k
Dans le contexte du modèle de SOMMERFELD, cette relation doit être altérée pour
accommoder :
— d’une part, la prise en compte empirique du fait que chaque état peut être
occupé par deux électrons de spins opposés (facteur 2 noté 2s ) ;
— d’autre part, la règle (7.82) qui invite à considérer des densités d’états par
unité de volume.
A trois dimensions (indice 3), la densité d’états par unité de volume tenant compte
du spin est alors dé inie par :
Z
2s
D3 (E) = dk δ(E − Ek ) (7.86)
8π 3
Pour des électrons libres, puisque Ek ne dépend que de la norme de k, l’évalua‐
tion de l’intégrale est facilitée en coordonnées sphériques :
Z 2π Z
π +∞Z
2s
D3 (E) = dφ dθ sin θ dk k2 δ(E − E(k))
8π 3 0 0 0
Z +∞
2s
= dk k2 δ(E − E(k)) (7.87)
2π 2 0
L’intégrale radiale restante est évaluée àp
l’aide de la formule (A.73) en posant g(k) =
E − ℏ2 k2 /2me et g(k0 ) = 0 (donc k0 = 2me E/ℏ2 ) :
Z +∞
2s
D3 (E) = dk k2 δ(g(k))
2π 2 0
Z +∞
2s k2
= dk δ (k − k 0 )
2π 2 0 |g′ (k)|
7.4. Modèle de SOMMERFELD 235
k2 dk
k1
kF
où
dg(k) ℏ2 k
|g (k)| =
′ =
dk me
On obtient inalement
√
2s me √
3/2
D3 (E) = 2 E (7.88)
π ℏ3
◦
vecteur d’onde de FERMI kF ∼ 1 A− 1
◦
longueur d’onde de FERMI λF = 2π
kF
∼ 2π A
ℏkF
vitesse de FERMI vF = me
∼ 106 m/s
ℏ2 k2F
énergie ou niveau de FERMI EF = 2me
∼ 10 eV
température de FERMI TF = EF
kB
∼ 104 K
TABLE 7.4 : Posant M = me , grandeurs déduites du rayon de la sphère de FERMI pour un gaz
d’électrons libres. Remarquons que, en ordre de grandeur, la vitesse de FERMI apparaît dix
fois plus élevée que la vitesse des électrons dans le modèle classique de DRUDE.
4π k3F V
N|k|<kF = (7.89)
3 8π 3
Tenant compte de deux électrons par états, il existe donc un lien entre le nombre
d’électrons de conduction Nel et le rayon de la sphère de FERMI kF :
k3F
Nel = 2s N|k|<kF = V (7.90)
3π 2
Comme la densité de charges de conduction nc = Nel /V , le rayon de la sphère de
FERMI peut donc être déduit de nc :
k3F
nc = (7.91)
3π 2
Il est alors trivial de procéder aux dé initions du tableau TAB.7.4 et de leur associer
des ordres de grandeurs (à comparer à la liste détaillée du TAB.7.5). La nomencla‐
ture renseigne les électrons dans un état k tel que |k| = kF comme étant au niveau
d’énergie de FERMI EF .
Le principe de PAULI confère une importance particulière aux électrons situés au
niveau de FERMI par opposition aux électrons occupant des niveaux tels que |k| <
kF . Dans l’éventualité de l’excitation du gaz d’électrons à partir de son état fonda‐
mental, on peut anticiper qu’un apport d’énergie seuil Emin = EF − Ek est au moins
7.4. Modèle de SOMMERFELD 237
k2
k1
kF
3 nc me me
D3 (EF ) = = 2 kF = 2 2 (3π 2 nc )1/3 (7.93)
2 EF π π ℏ
Une conséquence du principe d’exclusion de PAULI est que le gaz d’électrons pos‐
7.4. Modèle de SOMMERFELD 239
0.5
Au
0.4
D3 (E) (eV−1 v− 1
s )
0.3
0.2
0.1
0
0 2 4 EF 6 8 10
E (eV)
◦
FIGURE 7.9 : Densité d’états du gaz d’électrons libres par eV et par volume sphérique vs (A3 )
occupé en moyenne par un électron de conduction (cf équation (7.2)). L’exemple choisi est
◦
celui de l’Au (Zv = 1) où nc = 5.90 10−22 cm−3 et donc vs = 16.95 A3 . Dans l’état fonda‐
mental, tous les états d’énergie E ≤ EF sont occupés (trait bleu) tandis que les états E > EF
sont inoccupés.
240 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
f(E ≤ μ, T = 0) = 1 (7.96)
f(E > μ, T = 0) = 0 (7.97)
autrement dit
f(E, T = 0)
1 Au
0.8
0.6
0.2
D3 (E) f(E, T)
0
0 2 4 EF 6 8 10
E (eV)
f(E, T = 300)
1 Au
0.8
0.6
0.2
D3 (E) f(E, T)
0
0 2 4 6 8 10
E (eV)
242 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
f(E, T = 5000)
1 Au
0.8
0.6
0.2
D3 (E) f(E, T)
0
0 2 4 6 8 10
E (eV)
f(E, T = 0)
1 Au
0.8
f(E, T = 50000)
0.6
0.4
D3 (E) (eV−1 v−1
s )
0.2
D3 (E) f(E, T)
0
0 2 4 6 8 10
E (eV)
FIGURE 7.10 : Dans le cas de l’Au (EF = 5.53 eV) et pour quatre température de référence
(T =0, 300, 5000 et 50000 K, la courbe en trait continu vert est le résultat de la multiplica‐
tion de la densité d’états du gaz d’électrons libres D3 (E) (trait continu bleu) par la distribu‐
tion de FERMI‐DIRAC f(E, T).
de loin la température de fusion du métal. Pour un métal à l’état solide, une bonne
approximation consiste à considèrer le potentiel chimique comme indépendant de
la température et à ixer sa valeur à celle du niveau de FERMI qui serait observé à
T = 0K.
μ(T) ' EF (7.101)
E′ −EF
−
lim f(E′ , T) ' e kB T
(7.102)
E′ >>EF +2kB T
Terminons cette section par le calcul de la dérivée partielle de f(E, T) par rapport
à la température T , résultat qui nous sera utile plus tard (FIG.7.11) :
E−EF
∂ f(E, T) E − EF e kB T
= h E−EF
i2 (7.103)
∂T kB T2
e kB T
+1
1.2
1000 × ∂ f(E, T)/∂ T
1 f(E, T)
0.8
0.6
0.4
0.2
0
EF
‐0.2
‐0.4
‐0.6
Au
‐0.8
‐1
4 4.5 5 5.5 6 6.5 7
E(eV)
FIGURE 7.11 : Zoom sur ∂ f(E, T)/∂ T (T = 300 K,EF = 5.53 eV). L’intervalle compris entre
les deux lignes verticales en traits interrompus bleus vaut 8kB T.
Z +∞
∂ f(E, T)
Celv ' D3 (EF ) dE (E − EF ) (7.109)
0 ∂T
π2 2
Celv ' k T D3 (EF ) (7.112)
3 B
Cv (T → 0) = CDebye
v + Celv = β T3 + γ T (7.114)
246 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Au
Debye
FIGURE 7.12 : Mesures de la capacité calori ique Cv = Cv + Celv de Au à basses tempéra‐
tures.
TABLE 7.6 : Pour une sélection de métaux, comparaison des valeurs expérimentales γexp
(10−3 J/Mole K2 ) aux valeurs prédites par le modèle des électrons libres γth .
où n(r) est la densité du gaz d’électrons caractérisant l’équilibre obtenu suite aux
mouvements transitoires provoqués par l’introduction de la densité extérieure de
248 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
charges. Du point de vue de l’électrostatique, cet équilibre est décrit par (4.86 ) :
1
∇2 V(r) = − ρext (r) + ρpol (r) (7.117)
ε0
En principe, pour décrire le gaz d’électrons dans l’équilibre atteint après l’introduc‐
tion de ρext (r), il faudrait résoudre l’équation (7.69) modi iée par l’introduction du
potentiel statique solution de (7.117) :
2me
∇ Φj (r) + k −
2 2
eV(r) Φj (r) = 0 (7.118)
ℏ2
Face à cette dernière équation, l’approximation de THOMAS‐FERMI fait le pari que
V(r) varie lentement en fonction de r (un critère pratique est une variation faible
sur une distance de l’ordre de la longueur d’onde de FERMI λF ). Puisque cette ap‐
proximation spécule que le modèle des électrons libres reste presque valable loca‐
lement, c‐à‐d puisque on assimile Φj (r) ' Φk (r), les valeurs propres k2 sont modi‐
iées comme suit :
2me
k2 ; k2 − 2 eV(r) (7.119)
ℏ
ce qui équivaut à considérer que la variation lente du potentiel autorise à corriger
les valeurs propres de l’énergie par un terme qui prend en compte la valeur locale
du potentiel électrostatique :
de sorte qu’une approximation de n(r) est déduite par analogie avec (7.115) :
3/2
2s (2me )3/2 3/2 2s (2me )3/2 eV(r)
n(r) ' EF (r) = EF 1−
3π 2 ℏ3 3π 2 ℏ3 EF
3/2
2s (2me )3/2 3/2 eV(r)
' EF 1− (7.122)
3π 2 ℏ3 EF
" 3/2 #
2s e (2me )3/2 3/2 eV(r)
ρpol (r) = e [n(r) − nc ] ' EF 1− −1
3π 2 ℏ3 EF
(7.123)
7.7. Ecrantage statique par le gaz de FERMI 249
Posant alors
e2
k2TF = D3 (EF ) (7.127)
ε0
on remarque que l’équation aux dérivées partielles véri iée par le potentiel électro‐
statique (7.117) prend la forme d’une équation de diffusion avec source
ρext (r)
∇2 V(r) − k2TF V(r) = − (7.128)
ε0
La résolution par la méthode des transformées de FOURIER ‐ cf équations (4.78) et
(4.88) ‐ de cette dernière équation aux dérivées partielles procure la représentation
de (7.128) dans l’espace réciproque
ρext (k)
− k2 V(k) − k2TF V(k) = − (7.129)
ε0
qui est aisément soluble pour V(k) :
1 ρext (k)
V(k) = (7.130)
ε0 k2 + k2TF
La comparaison de cette dernière formule avec (4.92)
1 ρext (k) 1 ρext (k)
V(k) = = (7.131)
2
ε0 k ε(k) ε0 k2 + k2TF
permet d’extraire la fonction diélectrique de THOMAS‐FERMI modélisant le régime
d’écrantage statique :
k2TF
ε(k) = 1 + 2 (7.132)
k
En terme de potentiel, le modèle de THOMAS‐FERMI aboutit à :
Z
1 ρext (k) ik·r
V(r) = dk e (7.133)
8π 3 ε0 k2 + k2TF
250 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
Élément nc rTF
◦
22 −3
(10 cm ) ( A)
Cs 0.85 0.81
Cu 8.49 0.54
Au 5.90 0.58
Mn 32.61 0.44
TABLE 7.7 : Valeurs typiques de rTF pour les métaux. Les densités d’électrons de conduction
nc de Cs et Mn sont respectivement les valeurs minimales et maximales recensées dans le
TAB.7.5. On peut donc conclure que rTF ∼ a0 .
Le modèle de THOMAS‐FERMI met en évidence que l’écrantage établi par le gaz d’élec‐
trons libres modi ie le potentiel coulombien d’une charge ponctuelle en un potentiel
coulombien écranté par une exponentielle décroissante. A in d’apprécier l’in luence
de cette exponentielle décroissante, il est nécessaire de se pencher sur l’ordre de
grandeur de kTF . En vertu de (7.93) et (2.9), on déduit :
4 e2 me 4
k2TF = (3π 2 nc )1/3 = (3π 2 nc )1/3
π 4π ε0 ℏ2 a0 π
4 3.09 1/3 4 1/3
= nc ' n (7.136)
a0 π a0 c
√
1 a0
rTF = ' n−
c
1/6
(7.137)
kTF 2
7.7. Ecrantage statique par le gaz de FERMI 251
0 k r
− e rTF
‐1 − 1r
Unités 1/a0
‐2
‐3
‐4
‐5
1 2 3 4 5 6 7
r/a0
FIGURE 7.13 : Posant rTF = 1/kTF = a0 , comportement du potentiel écranté comparé à celui
du potentiel coulombien. Le signe négatif anticipe l’énergie potentielle à laquelle un électron
serait soumis.
rayons très supérieurs à rTF ‐ ne peuvent être “piégés” par le potentiel écranté. Ces
électrons ne peuvent donc être liés à un noyau. Combinant d’autres considérations
(non détaillées ici) au fait que rTF diminue si nc augmente ‐ cf éq. (7.137) ‐ a conduit
MOTT ¹³ à avancer le critère empirique rTF >> a0 pour caractériser la possibilité
d’un état lié dans le puits de potentiel écranté. En vertu de (7.136), ce critère équi‐
1/3
vaut à dé inir une densité de charge critique par nMott = 1/4a0 , i.e. :
1
nMott = ' 10. 1022 cm−3 (7.138)
64a30
de telle sorte qu’un état lié dans le puits de potentiel coulombien écranté est pos‐
sible si, en ordre de grandeur, nc << nMott . Dans ce cas, le potentiel coulombien
écranté s’étend suf isamment loin du noyau pour “lier” les électrons de valence : on a
alors affaire à un matériau isolant. Au contraire, si, en ordre de grandeur, nc ≥ nMott ,
la portée du potentiel coulombien écranté est tellement réduite que les électrons
ne peuvent plus être “piégés” au voisinage du noyau : les électrons de valence sont
alors complètement délocalisés, ce qui est caractéristique du comportement métal‐
lique. Une variation extrêmement “piquée” (c‐à‐d d’extension spatiale très étroite)
du potentiel V(r) n’est donc pas nécessairement contradictoire avec les hypothèses
du modèle de THOMAS‐FERMI car un tel potentiel reste sans effet sur les électrons
libres tant que nc ≥ nMott !
La transition de MOTT est le nom donné à ce critère opérationnel pour appré‐
hender en ordre de grandeur la transition entre comportement isolant et métallique
dans la matière condensée. Cette transition est invoquée de nos jours comme un des
mécanismes probablement nécessaire pour expliquer la transition de phase isolant‐
supraconducteur dans les céramiques supraconductrices à hautes températures cri‐
tiques de la famille des pérovskites.
13. Sir Neville MOTT, physicien britannique, lauréat du prix Nobel en 1978. Travaux en physique
de la matière condensée, en particulier sur les transitions de phase ordre‐désordre.
7.8. Ordres de grandeurs du modèle de SOMMERFELD 253
Evac
W
EF
Energie
1 3
~ 10 − 10 eV
+ + + + + + + x
i
L
Evac
EF W < 10 eV
Energie
~1−20 eV
+ + + + + + + xi
FIGURE 7.14 : Modi ication de la FIG.7.1 a in d’indiquer les ordres de grandeurs des énergies
qui sont apparues lors de l’étude des électrons de conduction d’un métal. Pour une meilleure
lisibilité, l’échelle d’énergie sur le croquis est réduite de plusieurs ordres de grandeurs en
ce qui concerne la profondeur des puits coulombiens et des états liés.
254 Chapitre 7. Gaz d’électrons libres
7.9 Exercices
(où a0 est le rayon de BOHR), peut‐on déduire que ce matériau est isolant
ou conducteur ?
(b) Est‐il possible de déduire la densité d’états au niveau de FERMI des électrons
de conduction d’un métal à l’aide d’une mesure de la capacité calori ique ?
(c) Qui des électrons de conduction ou des phonons apporte une contribution
dominante à la capacité calori ique à volume constant d’un métal ?
Dégager les expressions analytiques de la densité d’états d’un gaz d’électrons libres
dans les situations de con inement à une dimension (D1 (E)) et à deux dimensions
(D2 (E)).
Chapitre 8
Malgré les succès obtenus par le modèle des électrons libres de SOMMERFELD (cha‐
pitre 7), il faut bien admettre que l’approximation par un potentiel plat reste gros‐
sière. Entre autres faiblesses, cette approximation ne peut fournir une description
satisfaisante de la différence entre un métal, un semiconducteur et un isolant. A in
de progresser vers une vision plus complète, ce chapitre étudie le spectre des élec‐
trons de valence dans un cristal lorsqu’ils sont soumis à un potentiel périodique
indépendant du temps. Bien sûr les défauts, les impuretés, les surfaces ou la dyna‐
mique cristalline impliquent des déviations par rapport à la périodicité parfaite qui
sont donc négligées.
Le modèle de BLOCH ¹ (Zeitschrift für Physik 52, 555‐600 (1928)) décrit le spectre
des états d’énergie des électrons dans un cristal par l’approximation à un électron
soumis à un potentiel périodique indépendant du temps :
V(r) = V(r + Rn ) (8.1)
Comme introduit dans le chapitre 3, n désigne le triplet de nombres entiers (n1 , n2 , n3 )
qui identi ie un vecteur quelconque du réseau direct Rn , lui‐même exprimé à l’aide
des vecteurs de base a1 , a2 , a3 du réseau direct selon :
Rn = n1 a1 + n2 a2 + n3 a3 (8.2)
La périodicité de V(r) autorise un développement de FOURIER sur les vecteurs du
réseau réciproque G (voir section 3.4.1) :
X
V (r ) = VG eiG·r (8.3)
G
1. Felix BLOCH (1905‐1983), physicien suisse, établit ce modèle crucial pour le développement
ultérieur de la physique de l’état solide alors qu’il travaillait dans l’équipe de W. HEISENBERG en 1928.
Il obtint le prix Nobel en 1952 pour ses travaux sur la résonance magnétique nucléaire (RMN).
255
256 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
avec Z
1
VG = dr V(r) e−iG·r (8.4)
Vcell Vcell
ℏ2 ∂ Ψ(r, t)
− ∇2 Ψ(r, t) + V(r) Ψ(r, t) = iℏ (8.5)
2me ∂t
ℏ2
− ∇2 ψ(r) + V(r) ψ(r) = E ψ(r) (8.6)
2me
sous la forme d’un développement sur la base des fonctions propres du modèle des
électrons libres de SOMMERFELD (détails ci‐dessous parallèlement en notation de
DIRAC et dans l’espace direct) :
X
|ψi = ck | Φ k i
k
X
hr|ψi = ck h r | Φ k i
k
X 1 X
ψ(r) = ck Φk (r) = √ ck eik·r (8.7)
k
V k
X X 8π 3
hΦk′ |ψi = ck hΦk′ |Φk i = ck δ(k − k′ )
k k
V
Z
V 8π 3
= dk ck δ(k − k′ ) = ck′ (8.8)
8π 3 V
Le caractère continu de la base des fonctions d’ondes des électrons libres, explicité
√
dans (8.8) par invocation de la règle (7.77), conduit à identi ier, à un facteur 1/ V
près, ck comme la transformée de FOURIER ψ(k) de la fonction d’onde recherchée
8.1. Modèle de BLOCH 257
ψ(r). En effet :
Z
ck = h Φ k | ψ i = dr hΦk |ri hr|ψi
Z
1 1
= √ dr ψ(r) e−ik·r = √ ψ(k) (8.9)
V V
La cohérence du système de notations est bien véri iée par application de la règle
(7.77) au niveau de (8.7) :
1 X 1 X
ψ (r ) = √ ck eik·r = ψ(k) eik·r
V V
Zk k
1
= dk ψ(k) eik·r (8.10)
8π 3
Cette mise au point sur l’interprétation des ck étant établie, introduisons main‐
tenant (8.7) dans (8.6) qui devient :
X
1 ik·r ℏ2 k2
√ ck e − E + V(r) = 0 (8.11)
V k
2me
X 8π 3
ℏk 2 2 X
ck − E δ (k − q ) + VG δ(k + G − q) = 0
V 2me
k
Z "
G
#
ℏk
2 2 X
dk ck − E δ (k − q ) + VG δ(k + G − q) = 0
2me
G
258 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
X
ℏ2 q2
−E cq + VG cq−G = 0 (8.14)
2me
G
Cette dernière équation couple les valeurs de q qui diffèrent entre elles par un vec‐
teur du réseau réciproque ! Il est alors judicieux de décomposer q = k − G′ où G′
est un vecteur du réseau réciproque tel que k ∈ ZB. L’équation (8.14) devient
X
ℏ2 |k − G′ |2
−E ck−G′ + VG ck−(G′ +G) = 0 (8.15)
2me
G
X
ℏ2 |k − G′ |2
−E ck−G′ + VG−G′ ck−G′′ = 0 (8.16)
2me
G′′ −G′
... ... ... ... ... ... ... ...
... Tk+G2 VG1 VG 2 VG 3 VG 4 ... ck+G2
... V−G1 Tk+G1 VG1 VG 2 VG3 ... ck+G1
... V−G2 V−G1 Tk−0 VG1 VG2 ... ck−0 =0 (8.17)
... V−G3 V−G2 V−G1 Tk−G1 VG1 ... ck−G1
... V−G4 V−G3 V−G2 V−G1 Tk−G1 ... ck−G2
... ... ... ... ... ... ... ...
ℏ2 |k − G′ |2
Tk−G′ = + V G =0 − E (8.18)
2me
Remarquons que la nécessité d’un potentiel V(r) réel combinée avec (8.4) per‐
met d’af irmer que V−G = V∗G . Le système (8.17) implique donc une matrice hermi‐
tienne.
On observe que ce système d’équations se duplique si on ajoute un vecteur du
réseau réciproque à k : il suf ira donc de considérer les vecteurs k à l’intérieur de la
ZB. Les valeurs propres et les fonctions propres seront alors étiquetées par k ∈ ZB.
8.1. Modèle de BLOCH 259
E ; Eλ (k) (8.19)
ψ(r) ; ψλ,k (r) (8.20)
X
| ψ λ ,k i = cλ,k−G |Φk−G i
G
X
ψλ,k (r) = cλ,k−G Φk−G (r) (8.21)
G
" #
X 1
−iG·r
ψλ,k (r) = cλ,k−G e √ eik·r (8.22)
G
V
| {z }
uλ,k (r)
Comme uλ,k (r) est le résultat d’une série de FOURIER sur le réseau réciproque, on
peut conclure qu’elle possède la périodicité du réseau direct :
1
ψλ,k (r) = uλ,k (r) √ eik·r = uλ,k (r) eik·r (8.24)
V
et par conséquent
Puisque les |ψλ,k i sont des états propres d’un opérateur hermitien, ils véri ient la
propriété d’orthonormalisation
8π 3
hψλ′ ,k′ |ψλ,k i = δλ,λ′ δ(k − k′ ) dk = δλ,λ′ δ(k − k′ ) (8.28)
V
8.2. Propriétés des fonctions et valeurs propres 261
de laquelle on déduit
Z
′
δλ,λ′ δ(k − k ) dk = dr ψ∗λ′ ,k′ (r) ψλ,k (r)
Z
1 ′
= dr u∗λ′ ,k′ (r) uλ,k (r) ei(k−k )·r
V
Z
1
huλ′ ,k |uλ,k i = dr u∗λ′ ,k (r) uλ,k (r) = δλ,λ′ (8.29)
V
Z
1
dr |uλ,k (r)|2 = 1 (8.31)
Vcell Vcell
Multiplions alors cette dernière expression par dr′ avant de l’intégrer sur tout l’es‐
pace
Z X Z
′ 1
dr u λ ,k ( r ) u∗λ,k (r′ ) = dr′ = 1
λ
V
ce qui signi ie que les fonctions de BLOCH de même vecteur k forment une base or‐
thonormée (en vertu de (8.29)) complète :
X
|uλ,k i huλ,k | = 1 (8.34)
λ
PEIERLS ² (Annalen der Physik, 1930) introduisit le modèle des électrons quasilibres ³
de la façon suivante.
Dans une première étape, annulons les coef icients de FOURIER VG du potentiel
tout en conservant la périodicité du réseau. Le système (8.17) est alors complète‐
ment découplé, chaque ligne étant équivalente à :
ℏ2 |k − G|2
− E (k − G) ck−G = 0
(0)
(8.35)
2me
2. Sir Rudolf Ernst PEIERLS (1907‐1995), physicien allemand naturalisé britannique. Ses pre‐
miers travaux concernent la dynamique cristalline (concept de distorsion de PEIERLS invoqué pour
expliquer des transitions métal vers isolant) et le développement du concept de paire électron‐trou
en physique de l’état solide. De religion juive, les circonstances politiques le contraignirent à fuir d’Al‐
lemagne en Angleterre (1933) où, entre autres, il entreprit avec O. R. FRISCH des recherches sur l’235 U
qui établirent la faisabilité d’une bombe nucléaire (FrischPeierls memorandum, 1940). En 1943, il re‐
joignit le projet Manhattan. Après 1945, professeur successivement à Birmingham et Oxford.
3. en anglais : “nearly‐free‐electrons”
8.3. Potentiels faibles : électrons quasilibres 263
|k|2 = |k ∓ G|2
k · k = (k ∓ G) · (k ∓ G) = k · k ∓ 2k · G + G · G
G
k=± (8.39)
2
condition véri iée à chaque noeud du réseau réciproque et à chaque frontière des
zones de BRILLOUIN successives (première ZB, seconde ZB, etc...). Cette condition
est équivalente à la condition de LAUE (3.59) qui apparaît dans la théorie de la dif‐
fraction élastique (|ks | = |k0 |) car
K = ks − k0 = G
(ks − k0 ) · (ks − k0 ) = G · (ks − k0 )
ks · ks − 2ks · k0 + k0 · k0 = G · (ks − k0 )
2ks · (ks − k0 ) = G · (ks − k0 )
G
ks = (8.40)
2
35
30
25
E(k) (eV)
20
15
10
0
‐2 ‐1 0 1 2
k (Unités 2π /a)
35
30
25
E(k) (eV)
20
15
10
0
‐2 ‐1.5 ‐1 ‐0.5 0 0.5 1 1.5 2
k (Unités 2π /a)
FIGURE 8.1 : Spectre du réseau vide à une dimension (paramètre cristallin a = 4.08 Ang‐
ström (Au)). Haut : superposition des paraboles (8.36) centrées sur les noeuds du réseau ré‐
ciproque. Les lignes verticales sont les frontières des ZB. Bas : même résultat issu d’une dia‐
gonalisation classant les valeurs propres par ordre croissant : bandes λ = 1 (trait continu),
λ = 2 (tirets longs), λ = 3 (tirets courts), λ = 4 (pointillé).
8.3. Potentiels faibles : électrons quasilibres 265
(0)
valeurs propres EG (k) apparaissent former un spectre discret qui autorise la mise
en oeuvre de la théorie des perturbations d’un niveau non‐dégénéré (voir (B.39)) :
(0)
X |hΦk−G′ |V|Φk−G i|2
EG (k) ' EG (k) + hΦk−G |V|Φk−G i + (0) (0)
G′ ̸=G EG (k) − EG′ (k)
(8.41)
= V G −G ′ (8.42)
où nous avons invoqué (3.54). Par conséquent, dans (8.41), la correction au premier
ordre hΦk−G |V|Φk−G i = VG=0 = V0 correspond à la constante d’ajustement du zéro
de potentiel dans (8.3). Cet ajustement est habituellement réalisé a in d’assurer que
V0 = 0 de sorte que ne subsistent que les corrections au second ordre :
(0)
X |VG−G′ |2
EG (k) ' EG (k) + (0) (0)
(8.43)
G′ ̸=G EG (k) − EG′ (k)
qui ne conduisent pas à une modi ication importante de la courbure de EG (k) par
(0)
rapport à EG (k).
Considérons ensuite le cas des dégénérescences apparaissant lorsque la condi‐
tion (8.39) est véri iée. D’après la section B.2.3, plusieurs corrections sont possibles
au premier ordre de perturbation. Elles correspondent aux valeurs propres issues
de la diagonalisation de V restreint au sous‐espace des états ayant la même valeur
propre E0G (k). Dans le cas de la condition (8.39), ce sous‐espace est sous‐tendu par
deux états du réseau vide, |Φk−G′ i et |Φk−G′′ i, tels que G = G′ − G′′ . D’après (B.43),
les corrections au premier ordre E(1) s’extraient de
hΦk−G′ |V|Φk−G′ i − E(1) hΦk−G′ |V|Φk−G′′ i ck−G′
=0 (8.44)
hΦk−G′′ |V|Φk−G′ i hΦk−G′′ |V|Φk−G′′ i − E(1) ck−G′′
dont la condition d’existence de solutions non trivialement nulles requiert l’annula‐
tion du déterminant
V0 − E(1) VG=G′′ −G′
(8.45)
V−G=G′ −G′′ V0 − E(1)
266 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
où V0 = 0. Puisque V−G = VG∗ , on conclut alors que les deux corrections au premier
ordre E(1) = ±|VG | lèvent la dégénérescence lorsque la condition (8.39) est véri iée.
Les deux valeurs valeurs propres
E±
(0)
G (k) ' EG (k) ± |VG | (8.46)
créent alors un “gap” (FIG.8.2 & 8.3 ) dont l’ordre de grandeur est donné par
−
G (k) − EG (k) = 2 |VG |
E+ (8.47)
1 X
ψλ,k (r) = √ cn wλ (r − Rn ) (8.48)
N Rn
cn = eik·Rn (8.50)
4. Gregory Hugh WANNIER (1911‐1983), physicien américain. Travaux sur le magnétisme et l’io‐
nisation dans les solides (excitons).
8.4. Fonctions de WANNIER 267
35
30
25
E(k) (eV)
20
15
10
0
‐1.5 ‐1 ‐0.5 0 0.5 1 1.5
k (Unités 2π /a)
35
30
25
E(k) (eV)
20
15
10
0
‐1.5 ‐1 ‐0.5 0 0.5 1 1.5
k (Unités 2π /a)
FIGURE 8.2 : Suite de l’exemple de la FIG.8.1 illustrant l’ouverture des gaps dans le spectre du
réseau vide à une dimension lorsque tous les VG = 0 sauf VG=2π /a = V−G=−2π /a = 1 eV
(haut et bas), et VG=4π /a = V−G=−4π /a = 0.75 eV (seulement dans la igure du bas).
268 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
35
30
25
E(k) (eV)
20
15
10
0
‐1.5 ‐1 ‐0.5 0 0.5 1 1.5
k (Unités 2π /a)
FIGURE 8.3 : Suite de l’exemple de la FIG.8.1 illustrant l’ouverture des gaps dans le spectre du
réseau vide à une dimension lorsque tous les VG = 0 sauf VG=2π /a = V−G=−2π /a = 1 eV,
VG=4π /a = V−G=−4π /a = 0.75 eV, et VG=6π /a = V−G=−6π /a = 0.5 eV
4
ℏ2 4π 2
2me a2
)
3
Energie (Unités
0
L 0.25 Γ 0.25 0.50 0.75 X K 0.50 0.25 Γ
q[111] q[100] q (2π /a) q[110]
FIGURE 8.4 : Structure de bande du réseau cfc vide suivant les directions traditionnelles d’ex‐
ploration de la ZB.
8.4. Fonctions de WANNIER 269
0
Energie (eV)
‐2
‐4
‐6
‐8
‐10
‐12
FIGURE 8.5 : Structure de bande du Si déduit du pseudopotentiel dont les paramètres ap‐
paraissent dans le TAB.8.2 suivant les directions traditionnelles d’exploration de la ZB du
réseau cfc.
1 X
ψλ,k (r + Rm ) = √ eik·Rn wλ (r + Rm − Rn )
N Rn
1 X
= eik·Rm √ eik·(Rn −Rm ) wλ (r − (Rn − Rm ))
N Rn
posant alors Rl = Rn − Rm
1 X ik·Rl
= eik·Rm √ e wλ (r − Rl )
N Rl
ik·Rm
= e ψλ,k (r)
Il est donc possible de construire une description des électrons de BLOCH en termes
d’états centrés sur chaque noeud du réseau direct à l’aide des fonctions de WANNIER.
Remarquons que, seulement si le cristal posséde un seul atome par maille (ce qui est
le cas de nombreux métaux), l’ancrage à un noeud de l’espace direct est synonyme
d’ancrage à un site atomique.
Les fonctions de WANNIER peuvent être déduites des fonctions d’ondes de BLOCH
par transformation de FOURIER suivie d’une division par le volume de l’espace réci‐
270 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
proque Vk :
1 X
ψ λ ,k ( r ) = √ eik·Rn wλ (r − Rn )
N Rn
√ Z X Z
−ik·Rm
N dk ψλ,k (r) e = wλ (r − Rn ) dk eik·(Rn −Rm )
Vk Rn Vk
√
N XZ X 8π 3
−i(k+G)·Rm
dk ψλ,k+G (r) e = wλ (r − Rn ) δ(Rn − Rm )
Vk V
G ZB Rn | k {z }
δRn ,Rm
√ Z
N X −iG·Rm
e dk ψλ,k (r) e−ik·Rm = wλ (r − Rm )
Vk G ZB
| {z }
Nk
où nous avons appliqué (A.30) tenant compte du fait que 8π 3 /Vk correspond à un
élément de volume in initésimal dans l’espace direct. Puisque Vk = Nk VZB , on
conclut :
√ Z
N
wλ (r − Rm ) = hr|wλ,Rm i = dk ψλ,k (r) e−ik·Rm (8.51)
VZB ZB
Les calculs suivants con irment que les fonctions de WANNIER forment un en‐
semble orthonormé complet :
d’une part,
Z Z
N ′
hwλ′ ,Rm |wλ,Rn i = dk dk′ hψλ′ ,k′ |ψλ,k i eik ·Rm −ik·Rn
VZB
2
ZB ZB | {z }
3
δ λ,λ′ δ(k−k′ ) 8πV
Z
8π 3 1
= N δ λ,λ′ dk eik·(Rm −Rn )
VV V
| {zZB} | ZB ZB
{z }
Vcell δRm ,Rn
V
d’autre part,
XX
hr|wλ,Rn ihwλ,Rn |r′ i
λ R
n
X Z Z X
N ′ ′
= dk dk ei(k−k )·Rn ψ∗λ,k (r) ψλ,k′ (r′ )
VZB λ ZB
2
ZB Rn
| {z }
N δk−k′ ,0
N 2 8π 3 X Z Z
= dk dk′ δ(k − k′ ) ψ∗λ,k (r) ψλ,k′ (r′ )
VZB
2
V ZB ZB
X V Z
λ
où nous avons invoqué les relations résumées dans TAB.3.1 et le fait que les états de
BLOCH forment un ensemble orthonormé complet. En résumé :
1 X
ψ λ ,k ( r ) = √ eik·Rn wλ (r − Rn )
N Rn
√ Z
N
wλ (r − Rm ) = hr|wλ,Rm i = dk ψλ,k (r) e−ik·Rm (8.54)
VZB ZB
hwλ′ ,Rm |wλ,Rn i = δλ,λ′ δRm ,Rn
XX
|wλ,Rn ihwλ,Rn | = 1
λ Rn
Par opposition au modèle des électrons quasi‐libres, le modèle des liaisons fortes ⁵
suppose que le potentiel règnant autour de chaque ion est suf isamment profond
pour imposer que la référence soit l’électron de HARTREE lié à un atome isolé plutôt
qu’un électron libre complètement délocalisé. On suppose donc résolue l’équation
de SCHRÖDINGER de l’atome isolé dont le noyau est situé en r̂n (cf 2.1)
(n) (n)
Hat |φi i = Ei |φi i (8.55)
où i dénombre les triplets constitués par les nombres quantiques principaux, orbi‐
taux et azimuthaux. Cette section se limite à considérer une version simpli iée où
les positions des noyaux coïncident avec les noeuds du réseau direct de sorte que le
nombre d’atomes équivaut au nombre de mailles N :
(n)
hr|φi i = φi (r − r̂n ) = φi (r − Rn ) (8.56)
p2
Hat = + Vat (r − Rn ) (8.57)
2me
Dans le cristal, le hamiltonien de l’approximation à un électron est aménagé de façon
à exploiter l’hypothèse selon laquelle H ' Hat au voisinage de Rn (V(r − Rn ) étant
le potentiel dans le cristal) :
p2
H = + V(r − Rn )
2me
= Hat + V(r − Rn ) − Vat (r − Rn )
= Hat + U(r − Rn ) (8.58)
où X
U(r − Rn ) = Vat (r − Rm ) (8.59)
m̸=n
peut s’exprimer sous la forme d’une combinaison linéaire d’états de WANNIER ancrés
aux sites du réseau direct (cf. (8.51)) :
1 X
| ψ λ ,k i = √ eik·Rn |wλ,Rn i (8.61)
N Rn
5. en anglais : “tight‐binding”
8.5. Potentiels forts : retour à la méthode LCAO 273
avec
hwλ′ ,Rm |wλ,Rn i = δλ′ ,λ δRm ,Rn (8.62)
L’idée de la méthode des liaisons fortes consiste à approximer les états de WANNIER
par les états atomiques de mêmes λ centrés sur les différents noyaux supposés coïn‐
cidants avec les noeuds du réseau direct :
(n )
|wλ,Rn i ' |φλ i (8.63)
1 X
eik·Rn |φλ i
(n)
| ψ λ , k i ' | ψ λ ,k i = √ (8.64)
N n
hψλ,k |H|ψλ,k i
= Eλ (k) ≥ Eλ (k) (8.65)
h ψ λ ,k | ψ λ ,k i
FIGURE 8.6 : Principe de l’approximation des liaisons fortes illustré à l’aide de deux niveaux
discrets E1 (horizontale verte), E2 (horizontale turquoise) de l’atome isolé. Dans ce contexte,
le zéro d’énergie est identi ié à celui du vide car le niveaux discrets de référence sont des
états liés. Dans un cristal cubique comprenant une seule espèce atomique, les deux niveaux
discrets Eλ (λ = 1, 2) conduisent chacun à une bande de centre de gravité Eλ − Aλ et de
largeur 12Bλ .
En vertu de (8.26), ψλ,k+G (r) et ψλ,k (r) décrivent le même état quelque que soit G ! Le
recensement des états est donc limité à la première zone de BRILLOUIN ZB. D’autre
part, le point de vue intuitif qui identi ie l’origine d’une bande à la levée de dégéné‐
rescence des niveaux d’énergie des électrons liés aux atomes isolés du fait du rap‐
prochement d’un grand nombre d’atomes dans N mailles (cf section 2.5) conduit à
postuler que le nombre d’états dans chaque bande de la ZB doit être égal à 2s N .
276 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
Puisque VZB = 8π 3 / Vcell , on véri ie alors que les conditions aux limites pério‐
diques garantissent que le nombre de valeurs de k dans ZB est bien le nombre de
mailles
X Z
V
≡ dk = N (8.78)
8π 3 ZB
k ∈ ZB
Tenant compte de la dégénérescence de spin, chaque bande Eλ (k) contient donc bien
2s N états dans la ZB. Dans l’état fondamental, le remplissage des états décrits par
le modèle de BLOCH est donc bien limité à la ZB.
De la section 7.4.2, nous adaptons la dé inition de densité d’états par unité de volume
tenant compte du spin pour tenir compte de la conclusion de la section précédente :
Z
2s
D3 (E) = dk δ(E − Eλ (k)) (8.79)
8π 3 ZB
8.7. Densité d’états au voisinage des points critiques 277
La relation de VAN HOVE (A.86) établit que les caractéristiques principales de D3 (E)
sont dictées par les points de l’espace réciproque où apparaissent les singularités
de VAN HOVE, i.e lorsque ∇Eλ (k) → 0. Ces situations se produisent dans les cas
où la relation de dispersion Eλ (k) s’applatit (surtout dans le cas des états d) et en
certains points critiques correspondant aux extrema de la courbe Eλ (k). La suite de
cette section détaille l’allure de la DOS caractéristique de ces points critiques sur
la base de l’approximation parabolique de Eλ (k) au voisinage de ces points (où est
introduite l’abbréviation Ec ≡ Eλ (kc ))
ℏ2 X (ki − kc,i )2
3
pour dé inir
X
3
K= Ki ei (8.84)
i=1
Introduisons alors (8.80) dans (8.79) en tenant compte de ces changements de va‐
riables et du
⌣
fait que la situation aux alentours du point kc peut éventuellement être
dégénérée Υ c fois dans la ZB :
Z
⌣ 2s ⌣ p⌣ ⌣ ⌣ ⌣ ℏ2 K2
D3 (E ' E c ) = Υ c m1 m2 m3 dK δ(E − E c − ) (8.85)
8π 3 ZB∗ 2
278 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
où K2 = K21 +K22 +K23 et où ZB∗ est la zone de BRILLOUIN modi iée par les changements
de variables (8.83). Les surfaces isoénergétiques ellipsoïdales centrées sur kc dans
ZB sont ainsi devenues des sphères centrées en K = 0 dans ZB∗ .
L’évaluation de l’intégrale en coordonnées sphériques s’inspire du calcul ren‐
contré dans la section 7.4.2 :
Z
⌣ 2s ⌣ p⌣ ⌣ ⌣ Kmax
⌣ ℏ2 K2
D3 (E ' E c ) = Υ c m1 m2 m3 dK K2 δ(E − Ec − ) (8.86)
2π 2 0 2
où Kmax , issu des changemenst de variables (8.83) appliqué à kmax,i − kc,i (i = 1, 2, 3),
est le rayon de ZB∗ à l’intérieur duquel l’approximation des surfaces isoénergétiques
par des sphères centrées en K = 0 est valide. L’intégrale radiale restante est évaluée
⌣
à l’aide
q de la formule (A.73) en posant g ( K) = E − E c − ℏ K /2 dont seule la racine
2 2
⌣
K0 = 2(E − Ec )/ℏ est comprise dans le domaine d’intégration :
Z
⌣ 2s ⌣ p⌣ ⌣ ⌣ Kmax
D 3 (E ' E c ) = Υ c m1 m2 m3 dK K2 δ(g(K))
2π 2
Z0 Kmax
2s ⌣ p⌣ ⌣ ⌣ K2
= Υ c m1 m2 m3 dK δ(K − K0 ) (8.87)
2π 2 0 |g′ (K)|
où
dg(K)
|g (K)| =
′ = ℏ2 K
dK
On obtient inalement
√ ⌣ ⌣ ⌣ ⌣ 1/2 q
2s Υ c (m1 m2 m3 ) ⌣
D3 (E ' Ec ) = 2 E − Ec (8.88)
π ℏ3
qui s’exprime en Joule−1 m−3 . Par analogie avec la densité d’états des électrons libres
(7.88), on pose
m∗ = m1 m2 m3
⌣ 3 ⌣ ⌣ ⌣
(8.89)
où m∗ est dénommée masse effective de densité d’états d’électrons.
⌣
X
3
(ki − kc,i )2
=1 (8.90)
i=1
β2i
8.7. Densité d’états au voisinage des points critiques 279
et le fait
⌢
que la situation aux alentours du point kc peut éventuellement être dégé‐
nérée Υ c fois dans la ZB, modi ient l’étape (8.85) comme suit :
q Z
⌢ 2s ⌢ ⌢ ⌢ ⌢ ⌢ ℏ2 K2
D3 (E ' E c ) = Υc |m1 m2 m3 | dK δ(E − E c + ) (8.93)
8π 3 ZB∗ 2
où K2 = K21 + K22 + K23 et où ZB∗ est dans ce cas la zone de BRILLOUIN modi iée par
les changements de variables (8.92). On retrouve donc une situation qui autorise
l’évaluation aisée de l’intégrale en coordonnées sphériques :
q Z Kmax
⌢ 2s ⌢ ⌢ ⌢ ⌢
D3 (E ' E c ) = Υc |m1 m2 m3 | dK K2 δ(g(K)) (8.94)
2π 2 0
⌢
Dans ce cas, g(K) = E − Ec + ℏ2 K2 /2 et Kmax , issu du changement de variables
(8.92) appliqué à kmax,i − kc,i (i = 1, 2, 3), est le rayon de ZB∗ à l’intérieur duquel
l’approximation des surfaces isoénergétiques
q par des sphères centrées en K = 0
⌢
est valide. Puisque seule la racine K0 = 2(Ec − E)/ℏ de g(K) est comprise dans
le domaine d’intégration, on obtient
√ ⌢ ⌢ ⌢ ⌢ q
⌢ 2s Υ c |m1 m2 m3 |1/2 ⌢
D3 (E ' Ec ) = 2 Ec − E (8.95)
π ℏ3
Par analogie avec (7.88) et (8.89), on pose
m∗ = |m1 m2 m3 |
⌢ 3 ⌢ ⌢ ⌢
(8.96)
√ ⌣
q
⌣ ⌣
m∗
2s Υ c⌣ 3/2
>0 >0 >0 min de Eλ (k) ≡ E c π2 ℏ3
E − Ec
√ ⌢
q
⌢ ⌢
m∗
2s Υ c⌢ 3/2
<0 <0 <0 max de Eλ (k) ≡ E c π2 ℏ3
Ec − E
√
>0 >0 <0 point de selle ∼ − C Ec − E
min de Eλ (k) selon k1 et k2
max de Eλ (k) selon k3
+ permutations cycliques des axes
√
<0 <0 >0 point de selle ∼ − C E − Ec
min de Eλ (k) selon k3
max de Eλ (k) selon k1 et k2
+ permutations cycliques des axes
TABLE 8.1 : Résumé du comportement de la DOS au voisinage des points critiques tenant
compte du spin. Υc est le facteur de dégénérescence du point criqtique Ec . La constante C est
conventionnellement positive.
FIGURE 8.7 : A droite : structure électronique du cuivre le long des directions de haute symé‐
trie de la ZB. Les données expérimentales provenant de plusieurs sources ont été rassem‐
blées par R. Courths & S. Hüfner (Phys. Rep. 112, 55 (1984). Les traits continus et la courbe
de densités d’états du panneau à gauche sont le résultat de calculs (H. Eckhardt, L. Frische &
J. Nof ke, J. Phys. F14, 97 (1984). Le montage est reproduit de H. Ibach & H. Lüth, Solid State
Physics, Springer (Berlin, 1984).
282 Chapitre 8. Électrons dans un potentiel périodique
FIGURE 8.8 : A droite : structure électronique calculée du germanium le long des directions de
haute symétrie de la ZB vis‐à‐vis de la densité d’états (à gauche). Le montage est reproduit
de H. Ibach & H. Lüth, Solid State Physics, Springer (Berlin, 1984). Un certain nombre de
points critiques sont renseignés dans la densité d’états par une étiquette correspondant à
l’apparition de tangentes horizontales de E(k) dans la structure de bandes. L’allure de la
densité d’états au voisinage de ces points critiques est à rapprocher de la classi ication du
tableau (8.1). Les états hachurés dans le graphe de la densité d’états correspondent aux états
occupés à 0 degré Kelvin.
8.8. Exercices 283
8.8 Exercices
5. Pour un état à choisir par l’utilisateur, calcul et af ichage sous forme graphique de la fonction
d’onde de BLOCH.
Potentiels à tester :
(a) potentiel plat (“réseau vide”) ;
(b) potentiel ouvrant un seul gap de 1 eV ;
(c) potentiel ouvrant trois gaps de 3, 2 et 1 eV
dont le facteur de forme du réseau cubique à faces centrées est dé ini par
où s = 8a (1, 1, 1) et −s localisent les deux atomes par rapport au centre de la maille primitive choisi
comme origine.
Les valeurs de VS|G|2 et VA|G|2 déduites de l’ajustement aux données expérimentales sont telles que
VG = 0 si |G|2 > 11 (unités 4π 2 /a2 ). Pour une sélection de semiconducteurs, le TAB.8.2 présente les
valeurs non nulles pour |G|2 ≤ 11.
Même si la décomposition de FOURIER du potentiel est limitée à |G|2 ≤ 11 (unités 4π 2 /a2 ), une
convergence satisfaisante requiert que la représentation de l’équation de SCHRÖDINGER dans l’espace
réciproque implique tous les vecteurs G tels que |G|2 ≤ 21.
Implémentation
À partir des données suivantes :
— dé inition du chemin parcouru dans la ZB ; Réutilisation du travail déjà effectuée à la section
(5.12.4) : sous‐routine ayant la fonctionalité suivante en unités 2π /a :
— Données entrées : vecteurs dé inissant les points de départ et d’arrivée de chaque seg‐
ment exploré dans la ZB ; incrément utilisé pour balayer la valeur de q dans la notation
cristallographique des segments explorés, notation dé inie par :
q = q [u1 u2 u3 ] (8.99)
TABLE 8.2 : Déduits de données spectroscopiques, facteurs de forme en Ry (voir éq. (8.98))
des pseudopotentiels de 14 semiconducteurs cristallisant dans la structure du diamant ou
de la zinc‐blende tabulés par M.L. COHEN & T. K. BERGSTRESSER, Physical Review 141, 789
(1966). 1 Ry (Rydberg) = 13.6057 eV.
287
288 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
à une fonction d’onde de BLOCH. Dans ce but, effectuons les étapes préliminaires
suivantes :
1. Laplacien d’un produit de fonctions scalaires f(r) et g(r)
∇2 (f g) = ∇ · ∇(f g) = ∇ · [f ∇g + g ∇f]
= g ∇2 f + f ∇2 g + 2 ∇f · ∇g (9.3)
car
X X
∂ f ∂ g X ∂ 2g ∂ g 2
3 3 3
∂ ∂g
∇ · [f ∇ g ] = f = + f
i=1
∂ xi ∂ xi i=1
∂ x i ∂ xi i=1
∂ xi ∂ xi
= ∇f · ∇g + f ∇2 g (9.4)
ℏ2
− ∇2 ψλ,k (r) + V(r) ψλ,k (r) = Eλ (k) ψλ,k (r)
2me
ℏ2
eik·r [−i∇ + k] uλ,k (r) + V(r) eik·r uλ,k (r) = Eλ (k) eik·r uλ,k (r)
2
2me
ℏ2 2
H0 uλ,k (r) = [−i∇ + k] + V(r) uλ,k (r) = Eλ (k) uλ,k (r) (9.7)
2me
où
W = W1 + W2 (9.10)
est la somme des contributions au premier ordre (W1 ) et au second ordre (W2 ) en
q:
ℏ2
W1 = q · [−i∇ + k] (9.11)
me
ℏ2 q2
W2 = (9.12)
2me
La formule (B.39) de la théorie des perturbations stationnaires ¹ procure alors une
approximation de Eλ (k + q) :
X3
∂ Eλ (k) 1 X X ∂ 2 Eλ (k)
3 3
Eλ (k + q) ' Eλ (k) + qi + qi qj
i=1
∂ ki 2
i=1 j=1
∂ ki ∂ kj
1 X X ∂ 2 Eλ (k)
3 3
ℏ2
∇k Eλ (k) = huλ,k | [−i∇ + k] |uλ,k i
me
Z
ℏ2
= dr u∗λ,k (r) [−i∇ + k] uλ,k (r) (9.15)
me
1. Formule applicable puisque ‐ pour k ixé ‐ la base des uλ,k (r) est orthonormée et complète (cf
section 8.2).
290 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Z
1 ℏ
∇k Eλ (k) = −i dr u∗λ,k (r) e−ik·r ∇ψλ,k (r)
ℏ m
Z e
∗ ℏ
= dr ψλ,k (r) −i ∇ ψ λ ,k ( r ) (9.17)
me
X
3
ℏ X
3
∂ ℏ
v= ei vi ; −i ei = −i ∇ (9.18)
me ∂ xi me
i=1 i=1
Par conséquent, nous avons extrait une relation entre le gradient de la relation de
dispersion et la valeur moyenne de la vitesse d’un électron dans l’état de BLOCH |ψλ,k i :
1
vλ (k) = hψ λ,k |v|ψ λ,k i = ∇k Eλ (k) (9.19)
ℏ
Dans une seconde étape, la comparaison des termes au second ordre en q inter‐
venant dans (9.13) avec ceux apparaissant dans (9.14) permet de dégager
qi qj = qi qj δi,j +
2 ∂ ki ∂ kj 2me ′
Eλ (k) − Eλ′ (k)
i=1 j=1 i=1 j=1 λ ̸=λ
9.2. Vitesse des électrons de BLOCH 291
On aboutit ainsi au théorème de la masse effective (la justi ication de cette dénomi‐
nation apparaîtra dans la section 9.3 ; pour l’instant, limitons nous à remarquer que
la dimension de l’expression est l’inverse d’une masse) :
D’après (9.19), un électron de BLOCH dans l’état propre |ψλ,k i conserve la vitesse
moyenne vλ (k) = ℏ−1 ∇k Eλ (k) indé iniment. À ce stade, la conductivité semble
in inie car la fonction d’onde de BLOCH peut se propager sans atténuation à travers
le réseau de centres diffuseurs rigides. Cette impression est bien sûr erronée.
En effet, la persistance de la vitesse au cours du temps n’est pas la seule caracté‐
ristique de l’état propre |ψλ,k i. Un tel état possède aussi une extension spatiale in i‐
nie ‐ c‐à‐d qui recouvre tout le cristal ‐ de sorte que vλ (k) doit être compris comme
la valeur moyenne de la mesure de la vitesse de l’électron dont la mesure de la posi‐
tion est équiprobable dans chaque maille. Cette caractéristique n’est pas compatible
avec la description d’un phénomène de transport de charge d’un endroit à l’autre du
cristal au cours du temps. Pour décrire le transport, il faut que l’électron soit dans
un état localisé et que cette localisation évolue au cours du temps. En mécanique
quantique, l’état d’un quanton localisé dans l’espace doit être restitué par un pa
quet d’ondes dont chaque onde correspond à un état propre complètement déloca‐
lisé (analogue à une transformée de FOURIER).
292 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
où la notation Ψ λ (k′ ; r, t) signi ie que ce paquet d’ondes de la bande λ est centré sur
k selon
g(k′ − k) → 0 si ||k − k′ || > Δκ (9.23)
De même, le spectre du paquet d’onde est centré sur Eλ (k). Supposons en outre
que g(k′ − k) soit ajustée de telle sorte que les relations fondamentales du paquet
d’ondes ΔR Δκ ≥ 1 et ΔEλ (k) Δt ≥ ℏ soient minimales, c‐à ‐d ΔR Δκ ∼ 1
et ΔEλ (k) Δt ∼ ℏ. Le paquet d’ondes Ψ(r, t) possède alors une certaine exten‐
sion spatiale ΔR ∼ 1/Δκ. Pour préciser le concept, envisageons un exemple où
Δκ ∼ 10−2 2π /a de sorte que ΔR ∼ 102 a/2π . Un tel paquet d’ondes de BLOCH
est suf isamment localisé dans l’espace réciproque pour garantir que l’électron soit
étendu sur un grand nombre de cellules du cristal sans pour autant recouvrir tout
le cristal. Examinons alors la norme de la vitesse de groupe vg de ce paquet d’ondes
de BLOCH en ordre de grandeur :
ΔR 1 ΔEλ (k)
vg = ' (9.24)
Δt ℏ Δκ
Au vu de la variation des courbes Eλ (k), l’extension dans l’espace réciproque de cet
exemple peut être considérée comme quasi‐in initésimale : de sorte que le membre
de droite de cette dernière équation est assimilable à une dérivée. Cependant, cette
assimilation est distincte du concept du volume in initésimal dk = 8π 3 /V associé
au dénombrement des états propres, i.e. Δκ ∼ dκ >> dk = 8π 3 /V . Le traitement
rigoureux de ce raisonnement qui tient compte de l’aspect vectoriel de k aboutit à
1
vg = ∇k Eλ (k) (9.25)
ℏ
Il est donc possible de construire des superpositions d’états de BLOCH telles que
leurs Δκ soient suf isamment étroites par rapport à l’extension de la ZB (∼ 2π /a)
et telles que leurs ΔR soient très localisées par rapport aux variations spatiales du
champ électrique appliqué. Ces états sont le postulat fondamental du modèle semi
classique : les électrons sont supposés représentés par des paquets d’ondes dont les
vitesses de groupes se confondent avec les vitesses moyennes des états de BLOCH sur
9.3. Modèle semiclassique 293
1
vg = ∇k Eλ (k) ≡ vλ (k) (9.26)
ℏ
Pour décrire les propriétés de transport, ce modèle applique les équations du mou‐
vement classique au centre du paquet d’ondes animé par la vitesse vg (cf théorème
d’EHRENFEST en mécanique quantique). Lorsqu’un champ électrique E et/ou ma‐
gnétique B (dont les variations temporelles sont lentes par rapport à Eλ (k)/ℏ et dont
les variations spatiales sont négligeables sur la distance ΔR) sont/est appliqué(s)),
chaque électron est soumis à la force F = −e (E + vg × B). Le gain d’énergie dU de
chaque électron est déduit de l’équation classique
dt
dU = F · dl = F · vg dt = F · ∇k Eλ (k) (9.28)
ℏ
où dl représente un déplacement in initésimal du centre du paquet d’ondes. L’indice
de bande λ apparu par l’insertion de (9.26) circonscrit implicitement les conditions
d’applications du modèle aux situations où l’indice de bande est conservé.
294 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Le modèle semi‐classique est applicable lorsque la force F est insuf isante pour pro‐
voquer des transitions interbandes ( excitations des électrons d’une bande λ vers
la bande λ + j (j ≥ 1)). Lors d’une telle transition, un électron reçoit un quantum
d’énergie au moins égal au gap Eg entre la bande considérée λ et la bande supérieure
λ + 1. Le régime de non apparition de telles transitions est donc caractérisé par
dU = F · dl << Eg (9.29)
dU = e E · dl << Eg (9.30)
La situation est plus intriquée car la force dépend de la vitesse qui évolue au cours
du temps (voir 7.30). A partir de l’expression de la fréquence cyclotron (7.32), on
peut cependant former un ordre de grandeur du quantum d’énergie ℏωc qui serait
transféré à un électron par le champ magnétique lors d’une transition interbande.
La condition d’absence de transition interbande s’exprime alors
ℏ|e|
dU ∼ ℏωc = k B k<< Eg (9.32)
me
ce qui permet de déduire
me Eg
k B[T] k<< ∼ 104 Eg [eV] (9.33)
ℏ |e|
Pour Eg ∼ 1 eV, le champ magnétique apparaît lui aussi gigantesque. Cependant
si Eg < 10−2 eV et si la masse effective (concept dont le sens sera précisé dans la
9.3. Modèle semiclassique 295
La réponse à une force extérieure est donc égale à la dérivée du moment cristal
lin (quasi‐quantité de mouvement dé inie à un vecteur du réseau réciproque près)
ℏk(t) par rapport au temps (et non à la dérivée de la quantité de mouvement de
l’électron dans le vide).
L’autre relation fondamentale du modèle semi‐classique est obtenue à partir de
la dérivée de chaque composante cartésienne vg,i de la vitesse de groupe :
1 X ∂ 2 Eλ (k) dkj
3
dvg,i (t) 1 d [∇k Eλ (k)]i
= = (9.38)
dt ℏ dt ℏ ∂ ki ∂ kj dt
j=1
296 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
1 X ∂ 2 Eλ (k)
3
dvg,i (t)
= 2 Fj (9.39)
dt ℏ ∂ ki ∂ kjj=1
1 1 ∂ 2 Eλ (k)
= (9.40)
m∗ i,j ℏ2 ∂ ki ∂ kj
X
3
dvg,i (t) 1
= Fj (9.41)
dt m∗ i,j
j=1
Le tenseur (9.40) est dé ini par la courbure des relations de dispersions. Puisque ce
tenseur est symétrique, il peut être transformé sous une forme qui repose sur trois
axes principaux. Le comportement qui se manifeste à travers la masse effective est la
traduction de l’effet du potentiel cristallin à travers les relations de dispersion Eλ (k).
Ce comportement peut être très différent de celui d’un électron dans le vide comme
le montre la discussion qui suit.
Remarquons d’emblée qu’une accélération nulle pourra être associée non seule‐
ment à l’absence de force extérieure mais aussi à une “masse effective divergente”,
expression dont le sens est à circonscrire avec soin : d’après (9.39), la seconde cause
possible d’une accélération nulle ne correspond à rien d’autres que des innocentes
in lexions nulles de Eλ (k). C’est la notation (9.40) qui transforme ces in lexions nulles
en “divergences de la masse effective”.
D’autre part, au voisinage d’un extremum Ec (point critique) (cf section 8.7)
d’une bande Eλ (k), le développement de l’énergie à l’ordre le plus bas, introduit dans
(8.80), met explicitement en évidence le concept de masse effective :
ℏ2 X k2i
3
sorte que la masse effective apparaît isotrope dans de tels voisinages (m∗1 = m∗2 =
m∗3 ≡ m∗ ). En s’éloignant d’un tel point, les surfaces d’énergie constante dévient de
la sphère de sorte que les coef icients mi∗ dépendent de k. Dans le voisinage “iso‐
trope” de tels points, le théorème d’accélération dans l’espace direct recouvre la
forme familière de la loi de NEWTON :
dvg (t)
m∗ =F (9.43)
dt
avec la nuance que la dérivée de l’impulsion me dvg (t)/dt dé inie à l’aide de la masse
de l’électron dans le vide me n’est pas nécessairement égale à la force extérieure ! En
effet, au voisinage d’un minimum (respectivement, maximum) “isotrope”, la masse
effective est positive (resp. négative). Une masse m∗ effective négative exprime que,
sous l’action de F, la vitesse de groupe du paquet d’ondes de BLOCH est de sens
contraire à celui de la vitesse d’un électron de masse me dans le vide qui serait sou‐
mis à la même force. Même si la masse effective est positive, les rapports m∗ /me
peuvent fortement dévier de l’unité. Dans la plupart des métaux, m∗ /me ∼ 1. Dans
les semi‐conducteurs, des déviations importantes sont observées (TAB.9.1).
Toujours dans le cas “isotrope”, la vitesse et le moment cristallin (quasi‐quantité
de mouvement) sont liés de façon simple par l’intermédiaire de (9.37) :
Z
2s e X e 1
jλ = vλ (k) = dk ∇k Eλ (k) (9.47)
V k occ.
ℏ 4π 3 ZB,occ.
où la somme inclut les états occupés (occ.) étiquetés par k. L’occupation des états
est déterminée par la statistique de FERMI‐DIRAC de sorte que la relation précédente
est équivalente à :
Z
e 1
jλ = dk f(Eλ (k), T) ∇k Eλ (k) (9.48)
ℏ 4π 3 ZB
communiqué à chaque électron par l’application d’un champ électrique continu uni‐
forme (9.46). Sous l’effet du champ E 6= 0, les courbes des états occupés “glissent”
donc dans la direction de Δk (dans ce cas, vers la droite), débordant de la ZB en
épousant les courbes Eλ (k) dans la maille du réseau réciproque adjacente (à droite)
à la ZB (courbes en traits continus gras rouges). Ces glissements libèrent les états si‐
tués à l’extrémité opposée de la ZB (traits interrompus rouges). Cependant, en vertu
de (8.26), ψλ,k+G (r) et ψλ,k (r) décrivent le même état de sorte que les états occupés
dans la maille adjacente (à droite) de la ZB sont identiques aux états libérés à l’inté‐
rieur de la ZB (équivalences indiquées par les lèches vertes dans la FIG.9.1 (b)). Le
résultat de l’évaluation de (9.47) lorsque E 6= 0 ne diffère alors pas de la situation
où E = 0. Donc pour toute bande λ remplie, le courant associé est nul :
jλ,remplie = 0 (9.49)
jλ,part. 6= 0 (9.50)
300 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
(a)
E=0
EF
E(k)
−2π /a 0 +2π /a
k
(b)
E ∆k
E(k) E
F
−2π /a 0 +2π /a
k
FIGURE 9.1 : Illustration de l’origine du courant nul associé aux bandes remplies à l’aide d’un
modèle de structure de bande à une dimension. Voir discussion dans la section 9.4.1.
9.4. Courant associé à une bande 301
(a)
E=0
E(k)
EF
−2π /a 0 +2π /a
k
(b)
E ∆k
E(k)
∆k
EF
−2π /a 0 +2π /a
k
FIGURE 9.2 : Illustration de l’origine du courant associé à une bande partiellement remplie
‐ dans ce cas, la con iguration est dite “presque vide” ‐ à l’aide d’un modèle de structure de
bande à une dimension. Voir discussion dans la section 9.4.2.
302 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
9.4.3 Trous
Le courant peut donc être considéré comme dû à des charges positives associées
aux états inoccupés (inocc.) de la bande λ. Ces “quasiparticules” sont dénommées
“trous”, en anglais holes abrégé en “h”. Évidemment, la distribution des états inoc‐
cupés d’une bande partiellement remplie, symétrique par rapport au centre de la
ZB lorsque E = 0 devient elle aussi asymétrique lorsque E 6= 0 (FIG.9.2). L’intérêt
du concept de trou apparaît dans le cas d’une bande presque complètement remplie
(FIG.9.3). Il est alors plus aisé de raisonner sur le nombre d’états inoccupés au voi‐
sinage du sommet d’une bande car ce nombre est très inférieur au nombre d’états
occupés dans la bande. Cette commodité est d’autant plus évidente que, lorsque une
bande est presque complètement remplie, le gradient de la relation de dispersion
des états occupés peut passer par divers régimes, ce qui entrave l’appréhension in‐
tuitive du contenu de la formule (9.47). Au contraire, dans (9.51), le comportement
analytique des états inoccupés au sommet d’une bande, i.e. au voisinage d’un point
critique Ec , peut être approximé par la forme analytique simple (cf section 8.7)
ℏ X k2i
3
⌢
Eλ (k) ' E c − ⌢ (9.52)
2
i=1
|m∗i |
où ⌢ fait référence au sommet d’une bande de sorte que dans chaque direction i la
masse effective est négative : m∗i < 0. Supposons pour simpli ier la discussion que la
⌢
masse effective soit isotrope :m∗1 = m∗2 = m∗3 ≡ m∗ . La vitesse du trou qui apparaît
⌢ ⌢ ⌢ ⌢
(a)
E=0
E(k)
EF
−2π /a 0 +2π /a
k
(b)
E ∆k
E(k)
∆k
EF
−2π /a 0 +2π /a
k
FIGURE 9.3 : Illustration de l’origine du courant associé à une bande dite “presque complète‐
ment remplie” à l’aide d’un modèle de structure de bande à une dimension. Voir discussion
dans la section 9.4.3.
304 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
dvh
|m∗ |
⌢
= |e| E (9.55)
dt
En résumé : Les trous (charges positives) au sommet d’une bande ont une masse effec
tive positive.
ℏ X k2i
3
⌢
EBV (k) ' E c − ⌢ (9.56)
2
i=1
|m∗i |
ℏ X k2i
3
⌣
EBC (k) ' E c + ⌣ (9.57)
2
i=1
|m∗i |
où ⌣ fait référence au fond de BC de sorte que dans chaque direction i la masse ef‐
fective est positive : m∗i > 0. Pour simpli ier la discussion, invoquons que les masses
⌣
1 ℏk
vh = ∇k EBV (k) = − ⌢∗ (9.58)
ℏ |m |
9.5. Classi ication métalisolantsemiconducteur 305
E(k) METAL
EF BC
−π /a 0 + π /a
k
E(k) ISOLANT
ou BC
SEMICONDUCTEUR
@T=0K
EF
BV
−π /a 0 + π /a
k
E(k)
SEMICONDUCTEUR
@ T ~ 300 K BC
EF
BV
−π /a 0 + π /a
k
FIGURE 9.4 : Illustration à l’aide d’un modèle de structure de bande à une dimension de la
classi ication métal‐isolant‐semiconducteur. Voir discussion dans la section 9.5.
306 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Le terme jBV est évalué à l’aide de (9.51) tandis que (9.47) exprime jBC :
Z Z
|e| 1 1 e
jtot = dk ∇k EBV (k) + dk ∇k EBC (k) (9.61)
ℏ 4π 3 ZB,inocc. ℏ 4π 3 ZB,occ.
Le premier terme combine −|e| |m∗ | < 0 tandis que le second implique e |m∗ | < 0
⌢ ⌣
ℏ2 1
m∗ (t) = (9.67)
2|Bλ |a cos (ωB t)
2
| {z }
m∗
0
|e|
ωB = ||E|| a (9.68)
ℏ
dont l’ordre de grandeur typique se situe dans le domaine du GHz pour des champs
appliqués raisonnables ∼ 1000 V/m (cf FIG.9.5). Supposons alors que le paquet
d’ondes centré sur x = 0 en t = 0 pour intégrer l’équation du mouvement :
Z t Z t
′ ′
xg (t) = dt vg (k(t )) = −v0 dt sin (ωB t′ ) (9.69)
0 0
2|Bλ |
xg (t) = [cos (ωB t) − 1] (9.70)
|e| ||E||
| {z }
x0
3
m∗ (t)/m∗0
2
1 vg (k(t))/v0
xg (t)/x0
0
‐1
‐2
‐3
0 2 4 6 8 10 12
t (ns)
FIGURE 9.5 : Illustration du phénomène d’oscillations de BLOCH à l’aide d’un modèle à une
dimension d’une bande de type “liaisons fortes” (9.62). Dans cet exemple, le paramètre cris‐
◦
tallin a = 6.58A et un champ ||E|| = 1000 V/m (soit 10 V/cm, orienté dans le sens xg > 0)
ont été ajustés de telle sorte que ωB = 1 GHz. La période d’une oscillation de BLOCH est alors
τB = 2π ns. A titre d’exemple, une valeur de l’intégrale de transfert Bλ = 0.5 eV conduit
alors aux valeurs m∗0 = 0.176 me , v0 = 1. 106 m/s et x0 = 1 mm. Les asymptotes signalent
les divergences de la masse effective. Ces divergences correspondent aux instants où l’effet
du potentiel cristallin (a travers la relation de dispersion Eλ (k)) produit une accélération
nulle alors que le champ appliqué est non nul.
BLOCH invite à remplacer la masse de l’électron dans le vide par la masse effective
en t → 0 pour obtenir :
m∗0
τ= (9.71)
ρ nc e2
Cependant, en t → 0, le passage de me à m∗0 ne modi ie pas radicalement l’ordre de
grandeur du modèle de DRUDE qui reste τ ∈ [10−15 , 10−14 ] s << τB (cf exemple de
la FIG.9.5). Donc, par rapport à la période des oscillations de BLOCH, on peut sereine‐
ment assimiler τ ≡ dt′ , de sorte que xg (τ) ' xg (0)+ vg τ. Aussitôt après la collision,
c‐à‐d partant de xg (τ), le centre du paquet d’ondes est alors ré‐accéléré dans la même
direction que l’accélération initiale jusqu’à ce que survienne le prochain processus
de relaxation après un laps de temps moyen τ et ainsi de suite ... La succession des
processus de relaxation intervenant avec un rythme 1/τ beaucoup plus élevé que
la fréquence des oscillations de BLOCH 1/τB maintient donc la vitesse et l’accéléra‐
9.6. Oscillations de BLOCH 309
k2 dk
111111111111111111
000000000000000000
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
∆k
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111 k1
000000000000000000
111111111111111111
kF
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
000000000000000000
111111111111111111
E
tion dans le même sens de sorte que le centre du paquet d’onde progresse à travers
l’échantillon.
La transposition à trois dimensions ne changera pas la conclusion principale de
la discussion : des processus de relaxation dans l’espace réciproque apparaissent
donc nécessaires pour éviter les oscillations de BLOCH qui résulteraient d’une crois‐
sance linéaire de k(t) sous l’effet d’un champ continu uniforme. Pour permettre le
transport ef icace dans une direction donnée, les processus de relaxation dans l’es‐
pace réciproque doivent ramener l’électron dans l’état initial dans un délai moyen
τ, dit “temps de relaxation”, suf isamment bref pour éviter l’inversion du sens du
mouvement (généralisation de une à trois dimensions k(t) ; k(t)) :
e
k(t = jτ + Δt) ' k(0) + E Δt (9.72)
|ℏ {z }
Δk
retour à la position initiale dans l’espace direct : au cours du temps, le centre du pa‐
quet d’onde rg (t) est bien translaté selon (généralisation de une à trois dimensions
xg (t) ; rg (t)) :
rg (t) ' rg (0) + vg t (9.73)
Les sources possibles de la relaxation d’un paquet d’onde de BLOCH dans une
même bande dans l’espace réciproque sont les déviations par rapport au cas idéal
du cristal parfait rigide, i.e :
(a) Défauts du réseau : impuretés, lacunes, défauts d’empilement, dislocations
qui peuvent piéger les électrons de conduction dans des états liés. Il s’agit
alors d’une relaxation “dé initive” puisque la réduction du nombre d’élec‐
trons de conduction en résulte. Pour cette raison, la technologie de la micro‐
électronique contemporaine dépense des moyens considérables pour pro‐
duire des cristaux de haute qualité comprenant une densité de défauts la plus
faible que possible. Une fois les états liés aux défauts occupés par des élec‐
trons piégés, les défauts agissent comme des centres diffuseurs qui peuvent
être considérés statiques (indépendants du temps) tant que les ions impli‐
qués dans les défauts sont eux aussi considérés ixes.
(b) Mouvements des ions (phonons) en fonction du temps qui subsisteraient
même si les causes précédentes pouvaient être complètement maîtrisées.
(c) Interactions entre électrons ; cet effet sera démontré beaucoup plus faible
que le précédent.
Na Ca
R / 10 R 290K
10 R / R 290K
4
FIGURE 9.7 : Reproductions des mesures de D.K.C. MacDonald & K. Mendelssohn (Proc. Roy.
Soc. London A (1950)) de la résistance relative R/R290K (prendre garde aux puissances de
10 ...) du Na et du Ca, tous deux de “haute pureté chimique” (∼ 99.95%). Dans le cas du Na,
le graphe illustre l’ordre de grandeur de la variation d’un échantillon à l’autre.
L’observation expérimentale (FIG.9.7, 9.8) met en évidence que la résistivité des mé‐
taux et alliages ‐ non magnétiques et non supraconducteurs ‐ se décompose en un
terme dépendant de la température T et un terme associé à l’effet des défauts/im‐
puretés (loi de MATTHIESSEN ³) :
ρT (T > Ts ) = γ1 T + γ2 (9.75)
1 1 1
= + (9.76)
τ τT τD
3. Augustus MATTHIESSEN (1831‐1870), physicien britannique qui fut formé en Allemagne par
BUNSEN et KIRCHHOFF. Travaux sur la séparation des métaux, les alliages et leurs conductivités élec‐
triques.
312 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
FIGURE 9.8 : Reproductions des mesures de C. Macchioni, J.A. Rayne & C.L. Bauer (Phys. Rev.
B 25, 3865‐3870 (1982 ) où a% ≡ pourcentage atomique . En haut à gauche : évolution de
la résistivité de Cu en fonction du pourcentage atomique d’impuretés d’Al. En haut à droite :
évolution de la résistivité de Al en fonction du pourcentage atomique d’impuretés de Cu. En
bas : évolution de la résistivité des différentes phases d’alliages de Cu et Al où : les courbes
γ2 ≡ 31 et 36.8 a% de Al (correspondent à différents arrangements de Cu9 Al4 ) ; δ ≡ 38.8
a% de Al (correspond à Cu3 Al2 ) ; ζ2 ≡ 44 a% de Al (correspond à Cu4 Al3 ) ; η2 ≡ 49 a% de
Al (correspond à CuAl) ; θ ≡ 66.6 a% de Al (correspond à CuAl2 ).
9.7. Relaxation des électrons dans une bande 313
Les défauts du réseau (a) subsistant à toute température, ils déterminent le temps
de relaxation moyen τD associé à ρD observé expérimentalement. Le temps de re‐
laxation moyen τT dépendant de la température T est associé aux causes (b) et (c)
car l’interaction électron‐phonon (e − p) dépend de T via la statistique de BOSE‐
EINSTEIN et l’interaction électron‐électron (e − e) dépend de T via la statistique de
FERMI‐DIRAC :
1 1 1 1
= + + (9.77)
τ τe−p τe−e τD
| {z }
1
τT
La probabilité qu’un électron soit diffusé d’un état de BLOCH dans un autre par l’effet
de HI (t) y apparaît déterminante :
Z
1 ′ ′′ )·r
hψλ,k′′ |HI (t; T)|ψλ,k′ i = dr uλ,k′′ HI (t; T) uλ,k′ ei(k −k (9.84)
V | {z }
ρ(r,t)
Si HI (t; T) est indépendant du temps, comme dans le cas des défauts et impure‐
tés, ce type d’élément de matrice possède la même structure que l’intégrale dé‐
crivant la diffraction élastique (chapitre 3, équation (3.30)). Si HI (t; T) dépend du
temps comme attendu de l’interaction électron‐phonon et de l’interaction électron‐
électron, la structure de l’élément de matrice est similaire à l’intégrale décrivant la
diffraction inélastique (chapitre 5, équation (5.42)). Les interactions tant élastiques
que inélastiques peuvent alors se déduire de manière analogue aux étapes de la sec‐
tion 5.8 avec les différences suivantes :
‐ l’état de BLOCH ψλ,k′ (r) se substitue à la particule incidente ;
‐ l’état de BLOCH ψλ,k′′ (r) se substitue à la particule diffusée.
‐ Eqp (q) et ℏq sont respectivement l’énergie et la quantité de mouvement de la
quasiparticule (qp) avec laquelle l’électron “incident” interagit dans l’espace
réciproque à un vecteur du réseau réciproque G près.
‐ Eqp (q) = 0 et ℏq = 0 dans le cas de processus élastiques.
On retrouve ainsi le principe selon lequel tout se passe comme si des chocs de qua‐
siparticules se produisaient dans l’espace réciproque suivant les règles :
Ces relations indiquent que l’état de BLOCH d’un électron dans la matière condensée
est compris comme une quasiparticule (échanges de quantité de mouvement dé inis
à ℏG près.)
Revenons maintenant à (9.82) pour considérer l’élément de matrice
V
hΨλ (k2 ; t)|H0 |Ψλ (k1 ; t)i =
Z Z 8π 3
′′ ′
dk′′ dk′ g∗2 (k′′ − k2 )g1 (k′ − k1 ) Eλ (k′ )ei(Eλ (k )−Eλ (k ))t/ℏ hψλ,k′′ |ψλ,k′ i
| {z }
3
δ(k′ −k′′ ) 8πV
Z
= dk′ g∗2 (k′ − k2 ) g1 (k′ − k1 ) Eλ (k′ ) (9.86)
9.7. Relaxation des électrons dans une bande 315
qui est l’amplitude de probabilité de la transition d’un électron dans un état corres‐
pondant à un paquet d’ondes de BLOCH de la bande λ centré sur k1 vers un état cor‐
respondant à un paquet d’ondes de BLOCH de la même bande λ centré sur k2 sous l’ef‐
fet du hamiltonien à un électron H0 associé à l’état fondamental. Il semble donc que
la description par des paquets d’ondes réactive l’interaction électron‐électron (ab‐
sente entre états propres de H0 ) aussitôt que les fonctions g∗2 (k′ − k2 ) et g1 (k′ − k1 )
(qui assurent la localisation de chaque électron) se recouvrent signi icativement. À
ce stade, cette description apparaît cependant incomplète car H0 ignore le principe
de PAULI qui interdit l’évolution de l’état Ψ λ (k1 ; r, t) vers Ψλ (k2 ; r, t) si ce dernier est
occupé problème et l’indiscernabilité des particules considérées. Intrinsèquement, il
faudrait suivre ce qu’il advient du système de deux électrons et, par une sorte d’effet
domino, du système à Nel . L’approche introductive élémentaire de ce chapitre abou‐
tit ici face à un obstacle qui requiert une théorie plus rigoureuse des interactions à
N‐corps dans un gaz d’électrons.
ka + kb = kc + kd + G (9.88)
k2
2dk ~ k BT
k1
kF
FIGURE 9.9 : Dans le plan k1 − k2 de l’espace réciproque, esquisse de la coquille centrée sur le
rayon de FERMI kF dans laquelle se trouvent les états en jeu dans (9.87) et (9.88). L’épaisseur
2dk de la coquille étant de l’ordre de 10−4 kF à T 300 K, elle est bien évidemment exagérée
dans ce croquis.
L’interaction électron‐phonon obéit aux règles (9.85) où Eqp (q) = ℏωl (q), ωl (q)
étant la pulsation d’un mode propre de vibration du réseau d’ions de vecteur d’onde
q (voir chapitre 5). La dépendance linéaire de la résistivité par rapport à la tempé‐
rature au‐delà de la température de seuil Ts de quelques dizaines de degrés Kelvin
peut être attribuée à l’interaction électron‐phonon sur base d’une analyse dimen‐
sionnelle élémentaire. Pour cela, rappelons du chapitre 6 que ωl (q) ∼ 1012 Hz est
typique des fréquences les plus élevées du spectre de phonons de sorte que l’ordre
de grandeur des plus hautes valeurs d’énergie U stockée dans un mode de vibration
vaut
1
U= ℏ ω l (q ) n q ,l + (9.94)
| {z } 2
∼10−22 J∼10−3 eV
où
1
< nq,l >T = (9.95)
eℏωl (q)/kB T −1
Dans le domaine T ∈ [1, 102 ] K, kB T ∈ [10−23 , 10−21 ] J ∼ [10−4 , 10−2 ] eV. On déduit
ℏ ω l (q )
∈ [101 , 10−1 ] (9.96)
kB T
ce qui montre que l’énergie stockée dans les phonons croît linéairement avec la tem‐
pérature. Puisque l’amplitude de vibration d’un mode est corrélée à l’énergie sto‐
ckée dans ce mode, le volume occupé par les ions vibrant ‐ et donc la probabilité
d’interaction électron‐phonon ‐ suivra la même tendance en fonction de T.
318 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
1
f0 (k) ≡ f(Eλ (k), T) = (9.98)
e(Eλ (k)−EF )/kB T +1
∂ f(r, k, t)
+ ∇p · Jp = 0 (9.101)
∂t
∂ f(r, k, t) ∂ f(r, k, t)
+ ∇p · Jp = (9.102)
∂t ∂t relax
9.8. Équation de BOLTZMANN et temps de relaxation 319
D’autre part, une écriture générale du terme restituant les pertes devrait recen‐
ser tous les processus de relaxations possibles à travers une formule du type :
Z z }|
vides
{ z }| {
occ.
∂ f(r, k, t)
= dk′ (1 − f(r, k, t)) Pk←k′ f(r, k′ , t)
∂t relax
Z
− dk (1 − f(r, k′ , t)) Pk′ ←k f(r, k, t) (9.105)
| {z } | {z }
vides occ.
de sorte que
∂ f(r, k, t) 1
=− [f(r, k, t′ ) − f0 (k)] e−t/τ(k) (9.107)
∂t relax τ(k)
320 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Malgré les simpli ications opérées jusqu’ici, (9.109) appartient à la catégorie des
équations aux dérivées partielles les compliquées de la physique théorique. La pour‐
suite du traitement analytique exige de restreindre davantage le domaine de validité
physique. Dans le contexte de la conductivité électrique, une autre simpli ication
est issue de l’hypothèse d’uniformité du champ électrique continu ce qui entraîne
∇r f(r, k, t) = 0 (élimination du second terme de (9.109)) et, du même coup, fait
apparaître super lue la dépendance de f(r, k, t) selon r. L’examen du régime sta‐
tionnaire après extinction des phénomènes transitoires annule la dérivée partielle
du premier terme de (9.109) ce qui rend la dépendance de f(r, k, t) par rapport au
temps aussi super lue. L’équation de BOLTZMANN est ainsi réduite à une équation
implicite où f(r, k, t) ; f(k) :
eτ(k)
f(k) = f0 (k) − E · ∇k f(r, k, t) = f0 (k) − Δk · ∇k f(r, k, t) (9.110)
ℏ
Choisissant τ(k) ∼ 10−14 s (valeur expérimentale typique de DRUDE) et |E| ∼ 103
V/m, l’ordre de grandeur (anticipé par l’équation (9.72), voir FIG.9.6)
eτ(k)
|Δk| = |E| ∼ 104 m−1 (9.111)
ℏ
apparaît très petit devant la taille typique de la ZB ce qui motive une approximation
au premier ordre de (9.110)
eτ(k)
f(k) ' f0 (k) − E · ∇k f0 (r, k, t) (9.112)
ℏ
Cette approximation correspond au déplacement in initésimal de la sphère de FERMI
associée à la bande examinée sous l’effet du champ électrique. L’exploitation de
∂ f0 (k) ∂ f0 (k)
∇k f0 (k) = ∇k Eλ (k) = ℏvλ (k) (9.113)
∂E ∂E
9.9. Conductivité électrique 321
conduit à
∂ f0 (k)
f(k) = f0 (k) − τ(k) e (E · vλ (k)) (9.114)
∂E
en vertu de f0 (k) = f0 (−k) et vλ (k) = −vλ (−k) (il s’agit en fait du terme où la dis‐
tribution f0 (k) correspond à l’absence de champ électrique appliqué). Les facteurs
impliquant des vecteurs dans le second terme de (9.115) peuvent être aménagés
P3 a in
de reconstituer la loi dOHM sous forme tensorielle. Soient en effet E = β=1 Eβ eβ
P3
et vλ (k) = β =1 vλ,β (k) eβ , on procède à l’aménagement
X
3 X
3
X3 X 3
X
3 Z
e2 ∂ f0 (k)
jλ,α = − 3 dk τ(k) vλ,α (k) vλ,β (k) Eβ (9.118)
4π ∂E
β =1 | ZB
{z }
σ α,β
322 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Donc, le modèle de BLOCH restitue le fait que la conductivité d’un cristal est éven‐
tuellement anisotrope :
jλ = σ E (9.119)
Notons que, dans un cristal cubique, le tenseur de conductivité électrique σ est dia‐
gonal isotrope et que, à T ∼ 300 K, une bonne approximation consistera à poser :
∂ f0 (k) ∂ Θ(EF − E)
' = −δ(E − EF ) (9.120)
∂E ∂E
À ce stade, nous invoquons la relation de VAN HOVE (A.86) déjà mise en oeuvre dans
la section 6.2 a in de remplacer l’intégrale sur la ZB par une intégrale sur le spectre.
Posons
F(Eλ (k)) = e2 τ(k) δ(E − EF ) vλ,α (k) vλ,β (k) (9.121)
et effectuons la transformation
Z Z +∞
1
σ α,β = dk F(Eλ (k)) ; σα,β = dE Dλ (E) F(E) (9.122)
4π 3 ZB 0
où
Z Z
2s 1 1
Dλ (E) = dk δ(E − Eλ (k)) = dSE (9.123)
8π 3 ZB 4π 3 SE ||∇k Eλ (k)||
Z
e2 vλ,α (EF ) vλ,β (EF )
σ α,β = τ(EF ) dSEF (9.125)
4π 3 ℏ S EF ||vλ (EF )||
v2λ,i 1
P3 ' (9.127)
β =1 v2λ,β 3
de sorte que
v2λ,i (EF ) 1 ℏkF
' ||vλ (EF )|| = ⌣∗ (9.128)
||vλ (EF )|| 3 3m
où , toujours aux ins d’inspection du contenu physique, une relation de disper‐
sion parabolique isotrope est supposée (électrons dans une bande de conduction
presque vide). Ces hypothèses permettent une solution triviale de l’intégrale inter‐
venant dans la dé inition de la conductivité (9.126) :
Z
e2 ℏkF
σ' τ (E F ) ⌣ dSEF (9.129)
4π 3 ℏ 3 m∗ S EF
| {z }
4π k2F
On aboutit à
e2 k3F
σ'⌣ τ (E F ) (9.130)
m∗ 3 π2
L’ajustement de kF est basé sur la densité d’électrons de conduction nc qui sont jus‐
tement ceux de la bande partiellement remplie. En effet, soit Nλ le nombre d’états de
la bande parabolique isotrope partiellement remplie :
Nλ 2s 4π k3F V k3F
nc = = = (9.131)
V V 3 |{z} 8π 3 3π 2
1/dk
identique à (7.91) ! Il apparaît donc que, dans le cas d’une bande parabolique iso‐
trope partiellement remplie, les modèles de BLOCH et de SOMMERFELD partagent la
même dé inition de kF en fonction de nc ! Par conséquent,
nc e2
σ' ⌣ τ(EF ) (9.132)
m∗
324 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
n c e2
σDrude = τ (9.133)
me
La ressemblance entre les deux dernières équations explique le succès fortuit du
modèle de DRUDE. En effet, pour les métaux, la masse effective est proche de me et
un seul paramètre apparaît nécessaire comme temps de relaxation : celui des élec‐
trons au niveau deFERMI qui est également ajusté aux valeurs expérimentales dans
le modèle de BLOCH. Cependant l’intervention de nc est ici trompeuse même si elle
contribue signi icativement au succès du modèle de DRUDE. En effet :
— dans le modèle de DRUDE : l’intervention de nc est liée au fait que le modèle
postule que tous les électrons de conduction (interprétés comme ceux de la
bande de valence, donc de la bande partiellement remplie) contribuent à la
conductivité ;
— dans le modèle de BLOCH : seuls les électrons de conduction au niveau de
FERMI sont les porteurs de charges ; l’apparition de nc dans (9.132) est due
à la combinaison des constantes qui résultent de l’intégration sur la surface
d’énergie constante EF , elle ne signi ie pas que tous les électrons de la bande
participent au courant !
Pour terminer la discussion de ce cas particulier, enregistrons que la dé inition de la
mobilité μe du modèle de DRUDE (7.12) se modi ie trivialement par :
e
μe∗ = ⌣∗τ(EF ) (9.134)
m
Fort de la mise en évidence des électrons au niveau de FERMI, cette section pré‐
sente une expression de la conductivité où apparaît explicitement la dépendance
par rapport à la masse effective éventuellement anisotrope. Le développement re‐
prend (9.118) comme point de départ :
Z
e2 ∂ f0 (k)
σ α,β = − 3 τ(EF ) dk vλ,α (k) vλ,β (k) (9.135)
4π ZB ∂E
où l’extraction du temps de relaxation de l’intégrand est inspirée par le résultat de
la section précédente. D’après (9.113),
∂ f0 (k) ∂ f0 (k)
= ℏvλ,β (k) (9.136)
∂ kβ ∂E
de sorte que Z
e2 ∂ f0 (k)
σ α,β = − 3 τ(EF ) dk vλ,α (k) (9.137)
4π ℏ ZB ∂ kβ
9.10. Effets thermoélectriques 325
Dans le premier terme, ±kβ,max sont les valeurs de kβ aux frontières de la ZB. Puisque
la bande est partiellement remplie, ces valeurs extrémales annulent f0 (k), il ne reste
donc que le second terme :
Z
e2 1 ∂ 2 Eλ (k)
σ α,β = τ (E F ) dk f0 (k) (9.139)
4π 3 ZB ℏ2 ∂ k α ∂ k β
Z
e2 1
σ α,β = τ (E F ) dk f0 (k) (9.140)
4π 3 ZB m∗ α,β
∂ f(r, k)
∇r f(r, k) = ∇r T(r) (9.142)
∂T
L’équation (9.141) a donc évolué comme suit
eτ(k) ∂ f(r, k)
f(k) = f0 (k) − E · ∇k f(r, k, t) − τ(k) vλ (k) · ∇r T(r)
ℏ ∂T
= f0 (k) − Δk · ∇k f(r, k, t) − Δr · ∇r T(r) (9.143)
Les sections précédentes ont déjà identi ié le fait que τ(k) est assimilable à τ(EF )
dans le second terme de (9.143).
326 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
eτ(EF ) ∂ f0 (k)
f(k) ' f0 (k) − E · ∇k f0 (r, k, t) − τ(EF ) vλ (k) · ∇r T(r) (9.144)
ℏ ∂T
Cette expression de f(k) modi ie la formule de la densité de courant (9.115) par l’ad‐
jonction du terme proportionnel au gradient de température.
Z
e 1
jλ = dk f(k) ∇k Eλ (k)
ℏ 4π 3 ZB | {z }
ℏvλ (k)
Z
e
= dk f0 (k) vλ (k)
4π 3 ZB
Z
e2 τ(EF ) ∂ f0 (k)
− 3
dk (E · vλ (k)) vλ (k)
4π ∂E
Z ZB
e τ(EF ) ∂ f0 (k)
− 3
dk (∇r T(r) · vλ (k)) vλ (k) (9.145)
4π ZB ∂T
Comme discuté dans la section 9.9.2, le premier terme conduit à un courant nul et le
second à la dé inition du tenseur de conductivité. On traite le terme proportionnel
au gradient de température parP analogie avec la démarcheP qui conduisit à (9.117) :
3 ∂ T(r) 3
la décomposition de ∇r T(r) = β=1 ∂ xβ eβ et vλ (k) = β=1 vλ,β (k) eβ permet
d’aménager
X 3
∂ T(r) X 3
X
3 X
3
∂ T(r)
= eα vλ,α (k) vλ,β (k) (9.146)
α =1 β=1
∂ xβ
Le troisième terme de (9.145) ajoute donc une source thermique à l’expression des
9.10. Effets thermoélectriques 327
P3
composantes cartésiennes de jλ = α =1 jλ,α eα :
X
3 Z
e τ (E F ) ∂ f0 (k) ∂ T(r)
jλ,α = σ α,β Eβ − dk vλ,α (k) vλ,β (k) (9.147)
4π 3 ∂T ∂ xβ
β=1 | ZB
{z }
L1α,,2β
1,2 1,2
où Lα,β sont les composantes du coef icient tensoriel de transport L (l’origine du
couple d’indices supérieurs apparaîtra plus bas dans cette section). Similairement
aux étapes de la section 9.9.3, la relation de VAN HOVE (A.86) est appliquée a in de
remplacer l’intégrale sur la ZB par une intégrale sur le spectre dans l’expression de
L1α,,2β :
Z +∞
1,2 ∂ f 0 (E )
Lα,β = e τ(EF ) dE Dλ (E) vλ,α (E) vλ,β (E) (9.148)
0 ∂T
où Dλ (E) est dé ini par (9.123).
De nouveau, il est instructif d’examiner le cas particulier d’un matériau métal‐
lique dont le coef icient de transport est isotrope et auquel est appliqué un gradient
∂ T(r)
de température suivant l’axe ei , i.e : ∇T(r) = ∂ xi ei :
Z +∞
∂ f0 (E) 2
L 1,2
= e τ (E F ) dE Dλ (E) vλ,i (E) (9.149)
0 ∂T
Par l’hypothèse de la valeur moyenne (9.127), v2λ,i (E) ' 13 ||vλ (E)||2 combinée avec
l’hypothèse d’une bande parabolique isotrope typique d’un métal :
m∗ ||vλ (E)||2
⌣
ℏ2 ||k||2
Eλ (k) = Ec + ⌣ = Ec + (9.150)
2m∗ 2
on substitue
2
v2λ,i (E) ' ⌣∗(Eλ (k) − Ec ) (9.151)
3m
dans (9.149) qui devient
Z +∞
2e τ(EF ) ∂ f0 (E)
L 1,2
' ⌣ dE Dλ (E) (Eλ (k) − Ec ) (9.152)
3m∗ ∂T
| 0
{z }
Cel
v
donc être reproduites pour préciser que, dans l’expression de la capacité calori ique
électronique, la densité d’états au niveau de FERMI est associée à la bande λ partiel‐
lement remplie
π2 2
Celv ' k T Dλ (EF ) (9.153)
3 B
Dans le cas d’un métal pour lequel le modèle d’une bande λ parabolique isotrope est
acceptable, on aboutit alors à
2eπ 2 τ(EF ) 2
L1,2 ' ⌣ kB T Dλ (EF ) (9.154)
9m∗
ce qui entérine le rôle crucial des électrons au niveau de FERMI dans les propriétés
de transport.
jQ = jE − E F jn (9.158)
Les deux formules (9.155) et (9.156) constituent une bonne approximation dans
le cas des métaux. Dans le cas des semiconducteurs, un gradient de température
introduit une dépendance spatiale signi icative du niveau de FERMI.
La dépendance spatiale du niveau de FERMI (alors noté EF (r)) dont il est ques‐
tion dans cette section est considérée “adiabatique” : elle est négligeable à l’échelle
d’un paquet d’ondes de BLOCH (sinon la notion de niveau de FERMI local n’aurait
aucun sens) et ne devient sensible que sur des distances très grandes par rapport
à la dispersion spatiale d’un tel paquet. Du point de vue mathématique, elle altère
(9.142) comme suit :
∂ f(r, k) ∂ f(r, k)
∇r f(r, k) = ∇ r E F (r ) + ∇r T(r) (9.160)
∂ EF ∂T
Cette modi ication se répercute au niveau de (9.144) qui devient
eτ(EF )
f(k) ' f0 (k) − E · ∇k f0 (r, k, t)
ℏ
∂ f0 (k)
−τ(EF ) vλ (k) · ∇r EF (r)
∂ EF
∂ f0 (k)
−τ(EF ) vλ (k) · ∇r T(r) (9.161)
∂T
et de (9.145) qui devient
Z
e
jλ = dk f0 (k) vλ (k)
4π 3 ZB
Z
e2 τ(EF ) ∂ f0 (k)
− 3
dk (E · vλ (k)) vλ (k)
4π ∂E
ZZB
e2 τ(EF ) ∂ f0 (k) 1
− dk ∇r EF (r) · vλ (k) vλ (k)
4π 3 ∂E |e|
Z ZB
e τ(EF ) ∂ f0 (k)
− 3
dk (∇r T(r) · vλ (k)) vλ (k) (9.162)
4π ZB ∂T
∂ f (k) ∂ f (k)
où compte a été tenu de ∂0EF = − ∂0 E et de e < 0. On observe ainsi que les
deuxième et troisième termes de cette dernière équation dé inissent un champ élec‐
330 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
trique total
1
E′ = E + ∇ r E F (r ) (9.163)
|e|
9.11 Exercices
Calculer le tenseur inverse de la masse effective pour un mouvement dans le plan k1 − k2 . Que signi‐
ient les éléments nuls de ce tenseur ? Préciser à quels cas limites de ce tenseur correspondent les
deux cas suivants :
— la bande est presque vide ;
— la bande est presque remplie.
Pour chacun de ces deux cas, distinguant électrons et trous, calculer le tenseur inverse de la masse
effective a in de déduire dans quel direction une force de même intensité produit l’accélération la
plus importante.
Réponse : Partir de l’équation (9.40)
1 1 ∂ 2 Eλ (k)
= (9.166)
m∗ i,j ℏ2 ∂ k i ∂ k j
Les éléments hors diagonaux correspondent à des masses effectives divergentes : selon l’équation
(9.41), l’effet du cristal est de rendre nulle l’accélération dans la direction 1 si une force (dûe à un
champ extérieur, par exemple) est appliquée dans la direction 2 et vice‐versa. Les seuls éléments
diagonaux non‐nuls indiquent qu’une accélération se produit dans une direction donnée si la force
est appliquée dans cette même direction.
332 Chapitre 9. Dynamique des électrons de BLOCH
Si la bande est presque vide, les états occupés par des électrons sont au voisinage du minimum
de la bande. Puisque Bλ > 0, la formule (9.165) de la bande indique que ce minimum est au voisinage
de k = 0. On prend alors la limite k → 0 comme approximation :
" 1 1
#
m∗ m∗ 2Bλ a2 0
1,1
1
1,2
1 ≈ (9.168)
m∗ m∗ ℏ2 0 b2
2,1 2,2
Selon l’équation (9.41), puisque b > a, une force appliquée dans la direction 2 produira une accélé‐
ration plus importante que si elle était appliquée dans la direction 1 car la masse effective m∗2,2 est
moins importante que m∗1,1 .
Si la bande est presque remplie, le raisonnement est à appliquer sur les trous. Ces derniers sont
situés au maximum de la bande. Puisque Bλ > 0, la formule (9.165) de la bande indique que ce
maximum se produit au voisinage de deux points : k+ = (π /a, π /b) et k− = (−π /a, −π /b). Les
passages à la limite vers l’un ou l’autre point conduisent à la même approximation :
" 1 1
#
m∗ m∗ 2Bλ −a2 0
1,1 1,2
≈ (9.169)
1
m∗
1
m∗ ℏ2 0 −b2
2,1 2,2
qui montre que les masses effectives des électrons sont négatives dans les deux directions. Pour les
trous, ces masses effectives sont donc bien positives comme dans l’équation (9.168). Pour les trous
également, puisque b > a, une force appliquée dans la direction 2 produira une accélération plus
importante que si elle était appliquée dans la direction 1 car la masse effective m∗2,2 est moins impor‐
tante que m∗1,1 .
Semiconducteurs
333
334 Chapitre 10. Semiconducteurs
D’après les résultats déduits à la section 8.7, dans l’approximation parabolique iso‐
trope, les densités d’états aux voisinages des points critiques s’énoncent :
q
g c (2m∗ )3/2
⌣ ⌣
⌣ ⌣ ⌣
D3 (E ' E c ) ≡ DBC (E) = E − E c avec E > E c (10.1)
2π 2 ℏ3
q
g c (2|m∗ |)3/2 ⌢
⌢ ⌢
⌢ ⌢
D3 (E ' E c ) ≡ DBV (E) = E c − E avec E < E c (10.2)
2π 2 ℏ3
⌢ ⌣
où g c et g c sont les nombres de points équivalents dans la ZB au point critique
considéré (respectivement pour la bande de valence et pour la bande de conduc‐
⌣
tion, p.ex. g c vaut 6 dans Si et 8 dans Ge. La densité d’états D3 (E) est bien sûr nulle
⌢ ⌣
si E c < E < E c (bande interdite).
À température T, la densité n d’états occupés dans la bande de conduction ‐ cor‐
respondant à la densité de porteurs de charges négatives (électrons) ‐ est alors dé‐
inie par :
Z +∞ Z +∞
DBC (E)
n= dE DBC (E) f(E, T) = dE (10.3)
| {z }
⌣ ⌣
⌣
Ec
⌣
Ec e(E− E c + E c −EF )/kB T + 1
occ.
⌣ ⌢
Ec − EF >> kB T et EF − Ec >> kB T (10.7)
Cette approximation n’est plus valide lorsque la densité de dopants devient trop éle‐
vée (voir 10.5.1).
Dans un semiconducteur non dégénéré, la densité d’états occupés dans la bande
de conduction (10.4) peut donc s’évaluer à l’aide de l’approximation de la statistique
de FERMI‐DIRAC par celle de BOLTZMANN :
1
' e−(E−EF )/kB T (10.8)
e(E−EF )/kB T +1
c‐à‐d Z q
g c (2m∗ )3/2 EF /kB T
⌣ ⌣ +∞
⌣
n= e dE E − E c e−E/kB T (10.9)
2π 2 ℏ3 ⌣
Ec
⌣
Appliquons le changement de variable x = (E − E c )/kB T pour évaluer l’intégrale :
Z
g c (2m∗ kB T)3/2 −(⌣
⌣ ⌣ +∞ √
n= e Ec−EF )/kB T dx x e−x (10.10)
2π 2 ℏ3
| 0
{z
√
}
π
2
3/2
2m∗ kB T
⌣ ⌣
gc ⌣
n= e−(Ec−EF )/kB T (10.11)
4 π ℏ2
| {z }
N(T)
On déduit alors une expression dénommée loi d’action des masses valide pour un
semiconducteur nondégénéré :
⌢⌣ 3
−Egap /kB T gc gc kB T
[m∗ m∗ ] e−Egap /kB T
⌣ ⌢ 3/2
n p = N(T) P(T) e = (10.13)
2 π ℏ2
336 Chapitre 10. Semiconducteurs
Remarquons que les valeurs de N(T) et P(T) dé inissent les concentrations maxi‐
males des électrons de conduction et des trous (après conversion en unités appro‐
priées) :
3/2 ⌣∗ 3/2 3/2
2m∗ kB T
⌣ ⌣
gc m T
1019 cm−3
⌣
N(T) = = 2.5 g c (10.15)
4 π ℏ2 me 300K
Un semiconducteur intrinsèque est caractérisé par des électrons promus par exci‐
tation thermique de la bande de valence à la bande de conduction. L’effet d’une tem‐
pérature non‐nulle est donc de dépeupler partiellement la bande de valence (qui
est alors presque remplie) pour peupler partiellement la bande de conduction (qui
devient presque vide). La condition de neutralité électrique d’un semiconducteur in‐
trinsèque
p
ni ≡ n = p = N(T) P(T) e−Egap /2kB T
p⌣ ⌢ 3/2
gc gc 2kB T
[m∗ m∗ ] e−Egap /2kB T
⌣ ⌢ 3/4
= (10.17)
4 π ℏ2
n p = n2i (10.18)
10.4. Semiconducteur intrinsèque 337
Atomes donneurs
4π ε0 εs ℏ2 εs
a∗ = = a0 (10.24)
m∗ e2 m∗ /me
⌣
L’énergie de liaison des états donneurs est mesurée par rapport à l’énergie E c
du bas de la bande de conduction (la bande de conduction consiste en effet en des
10.5. Semiconducteurs extrinsèques 339
Cristal εs Cristal εs
Diamant 5.5 GaSb 15.7
Si 11.7 GaAs 13.1
Ge 15.8 AlAs 10.1
InSb 17.9 AlSb 10.3
InAs 14.6 SiC 10.2
InP 12.4 Cu2 O 7.1
états délocalisés : un électron d’un atome donneur qui gagne cette bande ionise dont
l’atome donneur)
neutralité électrique :
n + N− +
a = p + Nd (10.25)
où N−a est la concentration d’atomes accepteurs ionisés (−) et Nd est la concentra‐
+
tion d’atomes donneurs ionisés (+). Par exemple, lorsque des donneurs sont pré‐
sents, le potentiel chimique μ se distingue alors de EF pour se déplacer vers une
⌣
valeur plus proche de Ec .
L’expression (10.11) de la densité d’électrons du semiconducteur intrinsèque
⌣
ni = N(T) e−(Ec−EF )/kB T (10.26)
Lorsque des accepteurs sont présents, une démarche similaire partant de (10.12)
aboutit à l’expression suivante de la densité de trous :
−
d − Na
N+
μ = EF + kB T arcsinh (10.32)
2ni
10.5. Semiconducteurs extrinsèques 341
dont les solutions physiques sont (le signe de la racine est ixé par le cas particulier
−
où n − p = N+ d − Na = 0 qui doit être équivalent à n = p = ni ) :
2
q 2
1 1 +
n = d − Na
N+ − + 4n2i + Nd − N−
a
2 2
(10.33)
q 2
1 1 +
p = d − Na
N+ − + 4n2i − Nd − N−
a
2 2
Pour chaque espèce de dopants, la concentration totale (Na ou Nd ) est la somme
de la concentration d’atomes neutres (N0a ou N0d ) et d’atomes ionisés :
Na = N0a + N−
a (10.34)
Nd = N0d + N+
d (10.35)
Les proportions d’impuretés neutres dépendent des probabilités d’inoccupation fa
des états accepteurs et de la probabilité d’occupation fd des états donneurs :
N0d = Nd fd (10.36)
N0a = Na fa (10.37)
Il est alors tentant d’invoquer la fonction de distribution de FERMI‐DIRAC pour dé‐
terminer ces concentrations et de multiplier le résultat par 2s pour incorporer la
dégénérescence de spin a posteriori. Cette démarche serait valable si chaque état
d’impureté était systématiquement occupé par deux électrons de spins opposés. Ce
n’est pas le cas car il faut envisager les possibilités suivantes :
— état d’impureté inoccupé (L0 = 0) : réalisation R0 = 1 ;
— état d’impureté occupé par un électron (L1 = 1) : réalisations (spin “up” et
“down”) R1 = 2 ;
— état d’impureté occupé par deux électrons de spins opposés L2 = 1 ; cette
possibilité est éliminée (réalisation R2 = 0) dans les circonstances pré‐
sentes car elle est associée à des niveaux d’énergie Ed et Ea que les termes
de répulsion coulombiennes et d’échange ont fortement altérés par rapport
à ceux du modèle hydrogénoïde (à un seul h i (10.23) de sorte que ces
électron)
⌢ ⌣
états n’apparaissent plus dans l’intervalle E c , E c .
342 Chapitre 10. Semiconducteurs
Cette dernière expression se simpli ie suivant que les donneurs ou les accepteurs
sont majoritaires.
10.6. Semiconducteurs hors équilibre 343
Semiconducteurs de type n
Si le dopage est tel que Nd >> Na , on considère que Nd − Na ' Nd dans (10.43). En
pratique, on a simultanément Nd >> ni ce qui permet d’approcher la racine
√ carrée
de (10.43) par son développement en série de TAYLOR au premier ordre ( 1 + x '
1 + x/2 si |x| < 1) pour aboutir à :
n ' Nd
(10.44)
n2i
p '
Nd
Le semiconducteur est alors dit dopé n ou de type n : les porteurs majoritaires y sont
des électrons dont le nombre est pratiquement égal à celui des donneurs tandis que
les trous y sont les porteurs minoritaires.
Semiconducteurs de type p
Si le dopage est tel que Na >> Nd , on considère que Nd − Na ' −Na dans (10.43)
de même que Na >> ni pour conclure :
n ' Na
(10.45)
n2i
p '
Na
Le semiconducteur est alors dit dopé p ou de type p : les porteurs majoritaires y sont
des trous dont le nombre est pratiquement égal à celui des accepteurs tandis que
les électrons y sont les porteurs minoritaires.
E(r) = −∇V(r) qui établit un courant de dérive ². Pour chaque espèce de porteur,
on aura donc comme courant total :
jdrift,n
z }| {
jn = n(r) |e|μn E(r) +|e|Dn ∇n(r) (10.49)
jp = p(r) |e|μp E(r) −|e|Dp ∇p(r) (10.50)
| {z }
jdrift,p
Si la concentration d’électrons était homogène, elle serait décrite par (10.11). Dans
la situation envisagée ici, la concentration dépend de la position selon
⌣
n(r) = N(T) e−( E c −|e|V(r)−EF )/kB T (10.52)
dont le gradient
|e|
∇n(r) = n(r) ∇ V (r ) (10.53)
kB T
est introduit dans (10.51) pour déduire la relation d’EINSTEIN qui lie la constante de
diffusion à la mobilité électrique :
Dn Dp kB T
= = (10.54)
μn μp |e|
où nous avons inclu le résultat pour les trous que le lecteur peut aisément véri ier.
Hors équilibre, les densités de courants d’électrons et de trous peuvent donc s’écrire
au choix :
kB T |e|n(r)
jn = |e|μn n(r) E(r) + ∇n(r) = |e|Dn E(r) + ∇n(r)
|e| kB T
(10.55)
kB T |e|p(r)
jp = |e|μp p(r) E(r) − ∇p(r) = |e|Dp E(r) − ∇p(r)
|e| kB T
Électronique
11.1 Introduction
347
348 Chapitre 11. Électronique
damentaux.
Les composants électroniques reposent sur les propriétés électriques observées
aux interfaces entre matériaux différents. Lorsque deux matériaux sont en jeu, un
tel système est dénommé jonction. Si plusieurs matériaux sont empilés, on parle
aujourd’hui d’hétérostructures. Ce chapitre s’appuiera sur les grandeurs caractéris‐
tiques qui conditionnent les transferts de charges entre les matériaux. La coordon‐
née cartésienne x1 court perpendiculairement à la surface supposée plane séparant
les deux matériaux d’une jonction (respectivement perpendiculairement aux sur‐
faces planes séparant les matériaux successifs d’une hétérostructure). Le passage
de charges électriques d’un matériau à l’autre dépend crucialement du pro il du po‐
tentiel en fonction de x1 . Ce pro il est déterminé à partir d’une référence pour chaque
matériau appelée travail d’extraction.
Le travail d’extraction ² est l’énergie nécessaire pour que un électron sorte du maté‐
riau vers le vide. Pour un métal, ce travail correspond à la différence d’énergie entre
le niveau du vide Evac et le niveau de FERMI EF représentés sur la FIG.7.1 :
un tube cathodique agissant comme diode . La FIG.11.1 schématise un tel tube dans
lequel la température du matériau étudié qui constitue la cathode (C) ) est contrôlée
par la tension VH appliquée à un circuit de chauffage. Un courant est observé dans le
circuit comprenant l’ampèremètre (G) si des électrons émis par la cathode peuvent
rejoindre l’anode (A) à travers le vide du tube. L’activation thermique provoque
l’émission d’électrons hors de la cathode qui se charge alors positivement tandis
que un nuage d’électrons dénommé charge d’espace apparaît au voisinage de la ca‐
thode. Il en résulte un champ électrique qui tend à réintégrer les électrons émis avec
trop peu d’énergie cinétique dans la cathode alors que les autres peuvent rejoindre
l’anode. Les électrons les plus énergétiques peuvent même franchir un contrevol‐
tage (potentiel de l’anode inférieur à celui de la cathode). Pour garantir que tous les
électrons émis avec une énergie cinétique arbitrairement faible atteignent l’anode, il
faut appliquer une différence de potentiel électrique VAC entre l’anode et la cathode
pour compenser l’effet simultané de chargement de la cathode et de charge d’es‐
pace. Dans la courbe, courant‐tension de ce circuit, au‐delà d’une tension de seuil
dépendante des détails de l’implémentation expérimentale, le courant mesuré par
G est saturé car tous les électrons émis thermiquement atteignent l’anode. On ob‐
serve que la valeur du courant de saturation js varie spectaculairement sur plusieurs
ordres de grandeur avec la température.
Dans le tube cathodique, le potentiel d’extraction correspond à la hauteur de la
barrière de potentiel qu’un électron au niveau de FERMI dans le métal constituant
la cathode doit surmonter pour atteindre le niveau d’énergie Evac loin de la surface
de la cathode. Appliquons la modèlisation simple de la bande de conduction par la
relation de dispersion des électrons libres éventuellement corrigée par une masse
effective. Si l’électron possède une énergie cinétique
m∗ v2 m∗ 2
⌣ ⌣
= (v + v22 + v23 ) (11.4)
2 2 1
telle que
m∗ v21
⌣
> EF + |e| Φ (11.5)
2
surface de la cathode est suf isante pour rejoindre l’anode et contribuer au courant
dans le circuit (k = k1 e1 + k|| avec k|| · e1 P = 0). La composante du vecteur den‐
2s e
sité de courant par unité de volume j = V k v(k)) utile au courant cathodique
est dans la direction e1 et résulte de la somme sur tous les états occupés ayant une
350 Chapitre 11. Électronique
j
s,2
A T > T1
2
G
e−
Vide j
VAC
j
s,1
C T1
Tube 0 VAC
VH
FIGURE 11.1 : À gauche : Schéma d’un tube cathodique. C = Cathode ; A = Anode ; G = Ampère‐
mètre ; VAC = Tension entre anode et cathode ; VH = Tension du circuit de chauffage radiant.
La lèche désigne le sens du lux d’électrons (opposé à celui du courant conventionnel). À
droite : Allures des courbes courant‐tension pour deux températures T1 et T2 . En pratique,
pour être distinguable, la courbe pour T1 doit être multipliée par plusieurs ordres de gran‐
deurs dès que T2 excède T1 de quelques dizaines de K. Pour des raisons historiques, le phé‐
nomène d’émission thermique d’électrons dans un tube cathodique est souvent référencé
dans la litérature comme émisssion thermoïonique.
p ⌣
composante k1 supérieure à k1,min = 2m∗ (EF + |e| Φ)/ℏ2 :
2s e X
js = j1 = v1 (k)
V k tel que k1 ≥k1,min
Z Z
2s ℏ e +∞
= ⌣ dk|| dk1 k1 f(E(k), T) (11.6)
8π 3 m∗ k1,min
(11.8)
11.3. Émission thermique des électrons d’un métal 351
k1 est soluble à l’aide du changement de variable u = ak21 ; du = 2ak1 dk1 qui dé init
umin = ak21,min = (EF + |e| Φ)/kB T :
Z +∞
2s 2π ekB T kEFT 1
js = eB du e−u (11.9)
8π 3 ℏ 2a u1,min
| {z }
e−(EF +|e| Φ)/kB T
m∗
⌣
js = − A T2 e−|e| Φ/kB T (11.10)
me
4π me |e|k2B −2 −2
A= = 120 A K cm (11.11)
h3
Dans ce qui précède, nous avons mentionné que l’électron extrait du métal chauffé
devait vaincre la champ de charge d’espace (ou de chargement de la cathode) pour
rejoindre l’anode. Ce potentiel de rétention par la cathode d’un électron émis ther‐
miquement résulte du fait que cet électron polarise la cathode dès qu’il en est sorti.
Le champ de polarisation qui attire l’électron vers la cathode porte le nom d’effet
SCHOTTKY ⁴. La modélisation la plus simple de cet effet consiste à évaluer l’énergie
Ws que la charge q acquiert dans le potentiel électrique des charges de polarisa‐
tion créées dans la cathode par la charge q elle—même. Pour modéliser cette contri‐
bution, nous allons déterminer la selfénergie S(z) d’une charge ponctuelle q située
dans le vide à distance z de la surface plane de la cathode de constante diélectrique
statique εs et lui soustraire la self‐énergie S0 (z) de la même charge q placée dans le
vide :
Ws (z) = S(z) − S0 (z) (11.12)
La nature induite du potentiel de polarisation conduit à envisager la self‐énergie
S(z) par l’expérience de pensée suivante : il s’agit de l’énergie nécessaire pour créer
la charge q à la distance z de la cathode par incréments in initésimaux dq′ dans le
potentiel V(q′ ; z) électrique de la charge q′ déjà existante en z. On postule que ce
potentiel est proportionnel à q′ :
V(q′ ; z) = α q′ (11.13)
x = z +q
1
e1
εv = 1
0
r
||
εs
FIGURE 11.2 : Géométrie d’une charge ponctuelle +q à distance x1 = z d’une surface plane
séparant le vide εv = 1 d’un milieu de constante diélectrique εs .
et S0 (z) divergeront ! Nous allons voir que ceci n’interdit pas que leur différence Ws
reste inie. Pour mettre en évidence cette compensation (il s’agit ici d’un exemple
élémentaire de procédure de renormalisation), nous envisageons la détermination
de V(q; z) dans un formalisme qui permettra d’en déduire V0 (q; z) en posant εs = 1.
q
V(x1 ; k|| ) = V0 (x1 ; k|| ) − G(x1 , z; k|| ) (11.21)
ε0
L’introduction des deux dernières dé initions dans (11.23) permet de déduire sans
peine que g(k1 ) = −1/(k21 + k2|| ) de sorte que (11.25) peut s’évaluer à l’aide de la
méthode des résidus :
Z
1 +∞
eik1 (x1 −z) e−k|| |x1 −z|
G(x1 , z; k|| ) = − dk1 = − (11.26)
2π −∞ k21 + k2|| 2k||
où les constantes A, B, C, D sont à déterminer. Les conditions aux limites spéci iant
l’annulation en x1 ± ∞ imposent B = C = 0. Les conditions de raccord de l’électro‐
magnétisme en x1 = 0 dé inissent un système de deux équations à deux inconnues
356 Chapitre 11. Électronique
q e−k|| z
A+ =D (11.28)
ε0 2k||
q e−k|| z
− k|| A + = εs k|| D (11.29)
ε0 2
d|x1 −z| |x1 −z|
(où on a invoqué dx1
= x 1 −z
réduit à ‐1 si x1 = 0). Les solutions sont trivialement
1 − εs q e−k|| z
A=
1 + εs ε0 2k||
(11.30)
−k|| z
2 q e
D=
1 + εs ε0 2k||
q 1
V0 (x1 > 0, r|| = 0) = (11.33)
4π ε0 |x1 − z|
11.4. Barrière de SCHOTTKY 357
q2
Ws (x1 = z) ' − (11.35)
16π ε0 z
Dans le cas d’un métal, on conclut que, au facteur 1/2 supplémentaire près (facteur
dû au caractère induit de la charge image), tout se passe comme si la charge q inter‐
agissait avec une charge ictive −q placée symétriquement à la distance −z sous la
surface comme l’image de la charge dans un miroir, d’où le nom d’énergie potentielle
image que SCHOTTKY donna à cette contribution.
Remarquons que l’expression de Ws présente encore une divergence si x1 =
z → 0. Ceci est une limitation intrinsèque des divers aspects du modèle. D’une part,
la modélisation de la cathode par un milieu continu ne restitue pas que, au niveau
atomique, la surface n’est pas rigoureusement plate de sorte que une incertitude δx1
◦
de l’ordre de la distance interatomique dans un métal (∼ 5A) est associée à la ques‐
tion de la localisation de l’électron à l’intérieur où à l’extérieur de la cathode. D’autre
part, la modélisation de l’électron par un point de dimension nulle ignore l’extension
de la fonction d’onde associée à l’électron à laquelle est associée une dispersion in‐
trinsèque Δx1 > δx1 de la probabilité de trouver l’électron le long de l’axe x1 . Une
description plus sophistiquée des états électroniques (modèle dit de supercellule
de l’interface) permettrait d’effacer la divergence. Le présent contexte introductif
traite cette dif iculté par le point de vue pratique suivant : si q = e, les ordres de
grandeurs en jeu dans (11.35) sont tels que
◦
Ws (x1 ) 3.60 [eV] [A]
[eV] ' − ◦ (11.36)
|e| x 1 [ A]
Au vu des valeurs du TAB.11.1, il est clair que Ws (x1 ) = EF pour une valeur x1 = zmin
telle que 0 < zmin < δx1 < Δx1 , c‐à‐d dans la zone d’incertitude où le concept d’une
358 Chapitre 11. Électronique
surface rigoureusement plane perd tout sens. Le remède le plus simple consiste
alors à corriger la dé inition de Ws comme suit
q2
W s (x 1 ) = − si x1 > zmin
16π ε0 x1
(11.37)
Ws (x1 ) = EF si x1 ≤ zmin
e2
V(x1 ) = EF + Θ(x1 − zmin ) |e|Φ − − |e| EAC x1 (11.39)
16π ε0 x1
Dans le cas d’une surface métallique exposée au vide, la discussion de la section pré‐
cédente illustre la migration d’une charge à travers une surface, est indissociable
11.5. Différence de potentiel de contact 359
1
E
vac
0
Ws (x )
1
−1
−|e| EAC x1
V(x1 )
−2
|e| Φ
−3
eV
−4 E
F
−5
−6 Metal Vide
−7
−8
−5 0 zmin 5 10 15 20
x (Angstroem)
1
FIGURE 11.3 : Le zéro de potentiel étant ajusté au niveau du vide, exemple de barrière de
◦
SCHOTTKY V(x1 ) dans le cas où Φ = 4.5 eV de sorte que zmin est ajusté à 0.8A (La courbe
en traits interrompus verts illustre la divergence du potentiel image si zmin → 0 ). Dans
◦
l’exemple, EAC = 109 V/m conduit à xm = 6A et V(xm ) = EF + 3.3 eV.
Evac
W=|e|
b
Φb
W=|e|
a Φa
EF,b
S=|e| ∆Vab
E
F,a
Milieu a 0 Milieu b x1
FIGURE 11.4 : Approximation de la marche de potentiel à la jonction entre deux matériaux a
et b par une expérience de pensée qui imagine le niveau du vide commun au deux matériaux.
La suite du chapitre consiste à raf iner cette estimation. Suivant la nature du matériau (i =
⌣ ⌢
a, b), EF,i est soit le niveau de FERMI (métal), soit E c (semiconducteur), soit E c (isolant).
−ΔVab est la différence de potentiel de contact entre le milieu a et le milieu b (négative dans
le cas de cet exemple).
La charge d’espace est donc modélisée par deux ilms minces parallèles chargés uni‐
formément mais d’épaisseurs différentes da et db . Une application classique du théo‐
rème de GAUSS tirant parti de l’invariance par translation parallèlement à la surface
déduit que le champ électrique E(r) est perpendiculaire au plan x1 = 0 et ne dépend
que de x1 , c‐à‐d E(r) = E(x1 ) e1 , et est nul si x1 < −da ou si x1 > db par la condition
de neutralité électrique globale des deux ilms minces en question :
ρa da = −ρb db (11.42)
Le champ électrique étant nul si x1 < −da ou si x1 > db , le potentiel électrique est
donc constant en dehors de la zone de charge d’espace de sorte que la différence de
potentiel de contact correspond à :
εs (x1 < 0) = εa
(11.45)
εs (x1 > 0) = εb
dV(x1 ) ρ
E(−da ≤ x1 ≤ 0) = − = a (x1 + da ) (11.47)
dx1 ε0 εa
où la constante Ca = 0 pour garantir le raccord avec E(x1 ≤ −da ) = 0. Similaire‐
ment, dans la zone 0 < x1 ≤ db du milieu b, l’intégration de l’équation de POISSON
aboutit à :
dV(x1 ) ρ
E(0 ≤ x1 ≤ db ) = − = b (x1 − db ) (11.48)
dx1 ε0 εb
Les conditions de raccord de l’électromagnétisme à l’interface x1 = 0 sont réduites
à la seule expression de la continuité de la composante du champ de déplacement
perpendiculaire à l’interface ε(x1 )E(x1 ). À la constante 1/ε0 près, ce raccord émerge
identique à la condition de neutralité électrique (11.42) :
ρa da ρ db
lim εs (x1 ) E(x1 ) = = lim+ εs (x1 ) E(x1 ) = − b (11.49)
x1 →0− ε0 x1 →0 ε0
Une seconde intégration dégage l’expression du potentiel dans la charge d’es‐
pace du milieu a en évaluant le travail nécessaire pour déplacer une charge unité
depuis −∞ vers −da ≤ x1 ≤ 0 :
Z −da ≤x1 ≤0 Z −da ≤x1 ≤0
′dV(x′ ) ρ
V(x1 ) − V(−∞) = dx ′
=− a dx′ (x′ + da )
−∞ dx ε0 εa −da
(11.50)
ρa 2
V(−da ≤ x1 ≤ 0) = V(−∞) − (x1 + da ) (11.51)
2ε0 εa
Symétriquement, évaluons ensuite le travail nécessaire pour apporter une charge
unité depuis +∞ dans la charge d’espace du milieu b :
ρb
V(0 ≤ x1 ≤ db ) = V(+∞) − (x1 − db )2 (11.53)
2ε0 εb
Les deux expressions (11.51) et (11.53) doivent se raccorder continûment en x1 =
0, ce qui impose :
1 ρa d2a ρb d2b
− ΔVab = Φb − Φa = V(−∞) − V(+∞) = − (11.54)
2ε0 εa εb
On peut donc déduire de cette dernière équation et de la condition de neutralité
électrique les épaisseurs caractéristiques de la zone de charge d’espace du modèle
de SCHOTTKY (formules qui supposent εa et εb tous deux positifs) :
s s
2ε0 εa εb |ρb | p
da = |Φa − Φb | (11.55)
|ρa | εa + |ρb | εb |ρa |
11.6. Jonction métalsemiconducteur 363
s s
2ε0 εa εb |ρa | p
db = |Φa − Φb | (11.56)
|ρa | εa + |ρb | εb |ρb |
L’épaisseur totale de la zone de charge d’espace étant bien sûr da + db .
Dans cette section, nous noterons la masse effective dans le métal m∗m et la masse ef‐
⌣
fective dans le semiconducteur m∗n (dopé n) ou m∗p (dopé p). La fabrication des jonc‐
⌣ ⌣
Envisageons le cas d’un semiconducteur dopé n au contact d’un métal. Dans le ré‐
gime où Φm > Φs , lors du contact des deux matériaux, les électrons migrent depuis
le semiconducteur vers le métal : le potentiel électrique du métal diminue, celui du
semiconducteur augmente. Après un court laps de temps, s’établit ainsi une diffé‐
rence de potentiel de contact qui arrête la migration des électrons. Les niveaux de
FERMI des deux matériaux sont alors alignés. Puisque la densité d’électrons dans la
bande de conduction du métal est beaucoup plus élevée, le niveau de FERMI du métal
n’a pas été signi icativement modi ié suite à cette échange de charges de sorte que
le niveau de FERMI du semiconducteur est aligné sur celui du métal.
Puisque le métal est un excellent conducteur qui tend à annuler le champ électrique
à l’intérieur de son volume, l’excès de charge négative est con iné à sa surface à l’in‐
◦
térieur d’une tranche considérée comme négligeable (quelques A) relativement à
l’épaisseur de la couche appauvrie en électrons (depletion layer) à la surface du se‐
miconducteur. Cette couche constitue une zone de charge d’espace (space charge)
positive qui compense la charge négative à la surface du métal. Postulant une inter‐
face abrupte entre les deux matériaux, la description approchée de SCHOTTKY re‐
pose sur un modèle à une dimension où le système est invariant parallèlement à la
surface de la jonction située en x1 = 0. L’excès de charge négative du métal y est
représenté par une densité de charge surfacique −σm répartie sur le plan x1 = 0. La
364 Chapitre 11. Électronique
dont la hauteur est la densité de charges positive des donneurs ionisés |e|Nd qui
subsiste après la migration des charges libres à la surface du métal.
La charge d’espace est donc modélisée par un plan chargé (négativement) pa‐
rallèle à un ilm mince d’épaisseur dn de densité de charge (positive) uniforme. La
mise en oeuvre du théorème de GAUSS tirant parti de l’invariance par translation
parallèlement à la surface de la jonction déduit que le champ électrique E(x1 ) est
perpendiculaire au plan x1 = 0 et est nul si x1 < 0 (dans le métal) ou si x1 ≥ dn (à
l’extérieur de la couche appauvrie du semiconducteur) par la condition de neutralité
électrique globale du système :
σm = Nd dn (11.58)
Le champ électrique étant nul dans le métal, le potentiel électrique y est donc constant.
Imposons la différence de potentiel de contact entre le métal et le semiconducteur
comme valeur de cette constante :
d2 V(x1 ) ρ (x 1 )
2
=− (11.60)
dx1 ε0 εs
où εs est la constante diélectrique statique du semiconducteur. Une première inté‐
gration de l’équation de POISSON aboutit à :
Z 0<x1 ≤dn Z 0<x1 ≤dn
d2 V(x) |e|Nd
dx 2
=− dx + C1 (11.61)
0 dx ε0 εs 0
dV(x1 ) |e|Nd
E(0 < x1 ≤ dn ) = − = (x1 − dn ) (11.62)
dx1 ε0 εs
|e|Nd d2n
ΔVms = Φs − Φm = − (11.65)
| {z } 2ε0 εs
<0
Dans le semiconducteur, le potentiel électrique qui est devenu plus élevé et dont
la portée s’étend à travers l’épaisseur de la charge d’espace courbe les bandes de
conduction et de valence vers le haut (band bending). Φb dé init différence entre le
sommet de la courbure de la bande de conduction du semiconducteur et le niveau
de FERMI dans le métal.
L’application d’une tension électrique VA > 0 qui élève le potentiel électrique
du métal par rapport à celui du semiconducteur est équivalente à l’abaissement du
niveau de FERMI des électrons dans le métal (un potentiel électrique croissant crée
une situation plus stable pour les électrons). Dans le semiconducteur, cette tension
contribue à diminuer le potentiel électrique et donc à estomper la courbure des
bandes, ce qui réduit la hauteur de la barrière de potentiel vue par les électrons du
semiconducteur. La réduction de cette barrière réenclenche la migration des élec‐
trons depuis le semiconducteur vers le métal : la diode est dans le sens passant. Si
la polarité de la tension est inversée VA < 0, le potentiel électrique dans le métal
est abaissé tandis qu’il augmente dans le semiconducteur de sorte que la situation
est équivalente à abaisser le niveau de FERMI dans le semiconducteur. La courbure
des bandes s’accentue alors dans le semiconducteur. Cependant, la hauteur de la
barrière Φb ne change pas. Polarisée de la sorte, la diode est dans le sens bloquant.
Dans les deux polarités (VA positif ou négatif), une théorie élémentaire s’inspire
de la formule de l’émission thermoïonique. Les électrons migrants vers le métal pro‐
viennent de la bande de conduction du semiconducteur dopé n pourvu que leurs
vitesses soient suf isantes pour franchir la barrière modi iée par la tension, ce qui
correspond à la condition :
ℏ2 k21 h⌣ i
⌣ > Φb − E c − EF − |e|VA (11.66)
2m∗n
366 Chapitre 11. Électronique
FIGURE 11.5
m∗m
⌣
jm→n = − A T2 e−|e| Φb /kB T (11.68)
me
11.7. Jonction p‐n 367
FIGURE 11.6
Zone n Zone p
Densité de porteurs majoritaires nn pp
Densité de porteurs minoritaires pn np
⌣ ⌣
Minimum de la bande de conduction En Ep
⌢ ⌢
Maximum de la bande de valence En Ep
puisque, venant du métal, les électrons ne voient pas de modi ication de la barrière
en fonction de la valeur de VA . L’approximation néglige essentiellement les effets
liés à la forme et à l’épaisseur de la barrière de sorte les deux dernières formules
ont découplé les deux milieux l’un de l’autre. Si VA = 0, les courants entre les deux
matériaux s’équilibrent : jm→n = −jn→m
Si VA > 0, jm→n ne change pas alors que jn→m augmente. Le courant total s’ex‐
prime :
m∗
⌣
jtot = − m A T2 e−|e| Φb /kB T e+|e| VA /kB T − 1 (11.69)
me
(exercice) Si Φm < Φn
Une jonction p − n est fabriquée par à partir d’un substrat d’un semiconducteur
dopé p par implantation ou diffusion d’atomes donneurs à un taux suf isamment
élevé pour convertir une couche d’épaisseur contrôlée du substrat en un semicon‐
ducteur de type n. Le procédé inverse de conversion en une couche p d’un substrat
dopé n par l’introduction d’atomes accepteurs est également possible. En pratique,
le contrôle des luctuations du pro il de dopage ‐ techniquement exigeant ‐ n’est pas
parfait. Une simpli ication consiste à supposer que les dopages p et n sont uniformes
de part et d’autre d’une interface plane perpendiculaire à l’axe x1 pour former le mo‐
dèle d’une jonction p − n idéalisée par une transition abrupte d’un dopage à l’autre.
Une telle jonction présente la caractéristique courant‐tension d’une diode. Elle est
présente dans tous les types de transistor mais elle aussi la structure fondamentale
des cellules photovoltaïques, des diodes électroluminescentes (LED, Light Emitting
Diodes) et diodes laser.
368 Chapitre 11. Électronique
où il est clair que Ap > An Provisoirement, nous rejoignons les bandes de conduction
des zones p et n par une courbe arbitraire ne présentant pas de discontinuité dans
la zone de charge d’espace. Une courbe parallèle connecte les bandes de valence des
deux zones de sorte que le gap Eg est maintenu pour tout x1 . Utilisons alors cette
esquisse pour déduire une valeur de VD apparue à l’équilibre thermique. Pour cela,
partons de l’expression de la densité d’électrons dans la zone n où ils sont porteurs
11.7. Jonction p‐n 369
majoritaires
nn
nn = N(T) e−An /kB T ' Nd ⇒ −An = kB T ln (11.71)
N(T)
et dans la zone p où ils sont porteurs minoritaires
n2i n2 N(T)
np = = N(T) e−Ap /kB T ' i ⇒ Ap = kB T ln (11.72)
pp Na np
nn pp Nd Na
|e|VD = Ap − An = kB T ln 2
' kB T ln 2 (11.73)
ni ni
ce qui signi ie que la différence de potentiel de contact est déterminée par les concen‐
trations de dopants conduisant à VD ≈ 1V comme ordre de grandeur typique.
Un traitement exact de la jonction p − n n’est pas aisé car la forme exacte du pro‐
il de la charge d’espace dépend de l’équilibre obtenu entre le courant de diffusion
et le courant de dérive (qui dépend lui‐même du pro il de potentiel établi par la
charge d’espace : il s’agit donc d’un problème auto‐cohérent). Postulant une inter‐
face abrupte entre zones p et n, la description approchée de SCHOTTKY repose sur un
modèle à une dimension : le système est invariant parallèlement à la surface de la
jonction située en x1 = 0. Dans l’équation de POISSON, on suppose que la constante
diélectrique statique εs est identique dans les deux zones p et n
d2 V(x1 ) ρ (x 1 )
2
=− (11.74)
dx1 ε0 εs
La charge d’espace est donc modélisée par deux ilms minces parallèles chargés uni‐
formément mais d’épaisseurs différentes. Une application classique du théorème
370 Chapitre 11. Électronique
dV(x1 ) |e|Na
E(−dp ≤ x1 < 0) = − =− (x1 + dP ) (11.78)
dx1 ε0 εs
où la constante C1 = 0 pour garantir le raccord avec E(x1 < −dp ) = 0. Une seconde
intégration dégage l’expression du potentiel dans la zone p en évaluant le travail
nécessaire pour déplacer une charge unité depuis −∞ vers x1 < 0 :
Z Z
x1 <0
′dV(x′ ) |e|Na x 1 <0
V(x1 ) − V(−∞) = dx ′
= dx′ (x′ + dP ) (11.79)
−∞ dx ε0 εs −dp
|e|Na 2
V(−dP ≤ x1 < 0) = V(−∞) + (x1 + dp ) (11.80)
2ε0 εs
Dans la zone n, l’intégration de l’équation de POISSON aboutit à :
dV(x1 ) |e|Nd
E(0 < x1 ≤ dn ) = − = (x1 − dn ) (11.81)
dx1 ε0 εs
Le calcul est ensuite basé sur l’évaluation du travail nécessaire pour apporter une
charge unité depuis +∞ vers x1 > 0 :
|e|
VD = V(+∞) − V(−∞) = Nd d2n + Na d2p (11.84)
2ε0 εs
11.7. Jonction p‐n 371
s s
2ε0 εs Nd √
dp = VD (11.86)
|e| Na (Na + Nd )
| {z }
d0p
⌣ ⌢
ce qui permet de considérer que les niveaux d’énergie (Ec , Ec ) issus de la structure
de bandes de chaque matériau restent horizontaux en dehors de la zone de charge
d’espace. Ce qui change est la valeur de la différence de potentiel à travers la zone
de charge d’espace :
V(+∞) − V(−∞) = VD − U (11.88)
On postule alors
Irn (U) = Irn (U = 0) e|e|U/kB T (11.92)
11.7. Jonction p‐n 373
Au fur et à mesure qu’il pénètrent dans la zone p, ces électrons s’y recombinent avec
les trous présents à une concentration élevée : les électrons viennent donc occuper
des états d’énergies inférieures disponibles dans la bande de valence. Cette recom‐
binaison fait disparaître tant les porteurs minoritaires injectés que le même nombre
de trous : il apparaît donc un gradient de concentration de trous dans la zone p. Loin
de la zone de charge d’espace dans la zone p, s’établit ainsi un courant de trous vers
la jonction.
Les deux courants de génération et de recombinaison étant opposés, le courant
total s’exprime :
In = Irn (U) − Ign (11.93)
Si U = 0, le courant total d’électrons est nul de sorte que Irn (U = 0) = Ign . Si U 6= 0,
le courant total d’électrons s’écrit alors :
In = Ign e|e|U/kB T − 1 (11.94)
I = In + Ip = Ign + Igp e|e|U/kB T − 1 (11.96)
Intégrons l’équation pour les électrons en utilisant les conditions aux limites n(dn ) =
nn et n(−dp ) = np
Z dn Z Vn
dn(x1 ) |e|
dx1 ≈ dV (11.104)
−dp n(x1 ) kB T V p
nn |e|
ln = (Vn − Vp ) (11.105)
np kB T
où Vn − Vp = VD − U. La valeur de nn est indépendante de U mais non celle de np qui
passe à la valeur n′p si U 6= 0. Ceci conduit à un sytème de deux équations
nn |e|
ln = VD si U = 0
np kB T
(11.106)
nn |e|
ln ′ = (VD − U) si U 6= 0
np kB T
n′p |e|U
ln = (11.107)
np kB T
où p′p = pp et n′n = nn .
Dans le cas U > 0 (polarisation directe, forward bias) :
• n′p > np (électrons injectés dans la zone p) ;
• p′n > pn (trous injectés dans la zone n) ;
376 Chapitre 11. Électronique
Dans la zone n, loin de la jonction (x1 >> dn ), le courant est donc établi par les
électrons. Comme annoncé plus haut, dans la zone p, loin de la jonction (x1 <<
−dp ), le courant est donc établi par les trous.
Dans le cas U < 0 (polarisation inverse, reverse bias)
• n′p < np (électrons extraits de la zone p) ;
• p′n < pn (trous extraits de la zone n).
Nous sommes maintenant en mesure d’appliquer la stratégie qui consiste à exa‐
miner les courants à l’extérieur de la zone de charge d’espace où ne subsiste que le
courant de diffusion. Prenons l’exemple des trous injectés dans la zone n :
∂ p(x1 )
jp (x1 ≥ +dn ) = jdiff,p (x1 ≥ +dn ) = −|e|Dp (11.111)
∂ x1 x1 =+dn
∂ 2 p(x1 ) p(x1 ) − pn
2
= (11.113)
∂ x1 Dp τ p
dont la solution générale est
de sorte que
∂ p(x1 ) pn
=− e|e|U/kB T − 1 (11.117)
∂ x1 x1 =+dn Lp
Dp n2i
jdiff,p (x1 ≥ +dn ) = |e| e|e|U/kB T − 1 (11.118)
Lp Nd
n(x1 ) − np = np e|e|U/kB T − 1 e(x1 −dn )/Lp (11.119)
√
où Ln = Dn τn est la longueur de diffusion des électrons dans la zone p. Le courant
d’électrons dans la zone p vaut alors :
Dn n2i
jdiff,n (x1 ≤ −dp ) = |e| e|e|U/kB T − 1 (11.120)
Ln Na
Comme indiqué plus haut, les porteurs minoritaires se recombinent au fur et à me‐
sure qu’ils pénètrent dans la région où ils sont injectés, entraînant ainsi la dispari‐
tion d’autant de porteurs majoritaires dans la région concernée. Ceci produit un gra‐
dient de la concentration de porteurs majoritaires qui crée le courant de porteurs
majoritaires loin de la jonction. Le courant total dans la jonction est donc déterminé
par la somme des courants des deux types de porteurs minoritaires qui constitue
378 Chapitre 11. Électronique
|e|U/kB T
Dn Dp
j(U) = jdiff,n + jdiff,p = |e| n2i e −1 + (11.121)
Ln Na Lp Nd
11.8 Exercices
6. William Bradford SHOCKLEY (1910‐1989), physicien américain. Après ses études, il fut engagé
dans les laboratoires de la compagnie Bell (Bell Labs). Durant la seconde guerre mondiale, il travailla
dans les laboratoires qui développaient le radar avant d’être impliqué dans les recherches tactiques
inspirées de méthodes statistiques (operational research). En 1945, il fût l’auteur de l’étude qui dé‐
crivait que amener le Japon à capituler par des moyens “classiques” coûterait, en plus des pertes déjà
subies, entre 1.7 et 4 millions d’américains hors de combat dont entre 0.4 et 0.8 millions de morts.
Cette évaluation consuisit à l’usage des bombes nucléaires à Hiroshima et Nagasaki qui causèrent
entre 0.15 et 0.25 millions de morts pour la plupart civils. Les concepts de courant de dérive et de
diffusion ainsi que l’équation (11.121) apparaissent dans son oeuvre Electrons and Holes in Semi
conductors with Applications to Transistor Electronics (1950) considérée comme la référence par la
génération de chercheurs qui a transformé la physique des semiconducteurs en technologie micro‐
électronique. Entre 1945 et 1953, de retour aux Bell labs, avec J.BARDEEN et W.H. BRATTAIN, il fut l’un
des acteurs majeurs de la recherche sur les jonctions de semiconducteurs. Les trois furent recompen‐
sés par le prix Nobel de physique (1956) pour la découverte de l’effet transistor. Ensuite, SHOCKLEY
travailla à la commercialisation d’un nouveau type de transistor. Bien que malheureuse à cause de
sa personalité devenue insupportable pour ses collaborateurs, cette tentative est considérée comme
l’origine de la Silicon Valley. Après les années 1960, devenu professeur à Stanford, SHOCKLEY soute‐
nait publiquement des thèses eugéniques qui lui valurent de nombreuses critiques et le désaveu de
la presque totalité de ses pairs.
11.8. Exercices 379
photons
e−
cathode anode
A
U
FIGURE 11.7 : Schéma d’une expérience de photoémission.
380 Chapitre 11. Électronique
Chapitre 12
Magnétisme
Les propriétés magnétiques de la matière constituent l’un des sujets les plus com‐
pliqués de la physique. Les arguments de mécanique quantique sont indispensables
pour les expliquer car les seules lois de la physique classique ne peuvent conduire
à des propriétés magnétiques pour un matériau solide. Pour décrire les propriétés
magnétiques de la matière condensée, un niveau de sophistication avancé est re‐
quis d’entrée de jeu car l’approximation à un électron ne suf it pas à produire une
modèle de départ qui capture les principales tendances observées expérimentale‐
ment comme c’était le cas pour les propriétés électriques et optiques de la matière
condensée. Le magnétisme de la matière condensée est un phénomène collectif où
les interactions à N‐corps jouent un rôle prépondérant. Malgré des descriptions de
plus en plus raf inées, des aspects du magnétisme parmi les plus simples en appa‐
rences ne sont pas maîtrisés à ce jour.
1. Pierre CURIE (1859‐1906), physicien français, connu pour ses travaux en piézoélectricité et
en magnétisme avant qu’il se consacre à la radioactivité avec son épouse polonaise Marie CURIE née
SKLODOWSKA. Avec Henri BECQUEREL, le couple fut lauréat du prix Nobel de physique de 1903 dédié
à la radioactivité. Victime d’un accident de iacre, Pierre CURIE décéda prématurément. Son épouse
poursuivit les recherches sur la radioactivité, obtenant un second prix Nobel ‐ cette fois de chimie ‐
en 1911.
381
382 Chapitre 12. Magnétisme
2. Louis NÉEL (1904‐1970), physicien français. Le prix Nobel de physique de 1970 récompensa
ses travaux consacrés à la clari ication des effets magnétiques dans la matières condensée, décou‐
vrant l’antiferromagnétisme, le ferrimagnétisme et le superparamagnétisme. Ces concepts sont à la
base du développement des mémoires magnétiques et de capteurs de courants.
12.4. Ferromagnétisme 383
12.4 Ferromagnétisme
12.5 Ferrimagnétisme
12.6 Hysterésis
Méthodes mathématiques
r= xi ei (A.1)
i=1
Y
N
dr ≡ dxi (A.3)
i=1
Il est important de garder à l’esprit que, dans cette convention, la notation dr ne dé‐
signe pas un vecteur mais bien un scalaire correspondant à un élément in initésimal
de longueur (N = 1), de surface (N = 2) ou de volume (N = 3). Cependant, cette
convention
PN continue à traiter la notation dr comme le vecteur de norme in initési‐
male i=1 dxi ei dans les cas suivants :
— dr apparaît comme terme ajouté à un autre vecteur, p.ex : r ± dr ;
— dr apparaît comme facteur dans un produit scalaire (A · dr) ou dans un pro‐
duit vectoriel (A × dr) ;
— le contexte dé init explicitement dr par rapport à une courbe ou une surface.
385
386 Chapitre A. Méthodes mathématiques
Si le domaine LN s’étend à l’in ini dans toutes les directions, la physique théo‐
rique adopte la notation abusive suivante :
Z Z −∞ Z −∞
dr ≡ dx1 . . . dxN (A.4)
−∞ −∞
qui ne doit pas être confondue avec la notation de la primitive utilisée en mathéma‐
tique. Ceci implique que la physique théorique s’abstient de recourir à la notation
de la primitive car les problèmes physiques requièrent nécessairement la dé inition
du domaine d’intégration.
Soit l’exemple d’une base cartésienne dans l’espace à trois dimensions {ei ; i = 1, 2, 3}.
Cette base véri ie les propriétés suivantes :
— orthonormalisation
ei · ej = δi,j (A.5)
— complétude
X
3
ei ⊗ ei = 1 (A.7)
i=1
Dans divers contextes (p.ex. la résolution d’un système linéaire d’équations), appa‐
raît la notion d’espace vectoriel de dimension N > 3. La théorie des matrices (al‐
gèbre) montre que, dans ce type d’espace, on procède, par analogie avec la géomé‐
trie, à la généralisation du concept de vecteur exprimé dans une base orthonormée
complète. La généralisation à un nombre arbitraire de dimensions est souvent ma‐
térialisée par le changement de notations suivant :
X
N
où
a1 0
.. ..
. .
ai−1 0
|ai ≡ ai et |ei i ≡ 1 (A.11)
ai+1 0
. ..
.. .
aN 0
Puisque les ai peuvent être des nombres complexes, la généralisation du vecteur
transposé de la géométrie correspond au vecteur transposé conjugué dé ini par
ha| ≡ a∗1 a∗2 . . . a∗N (A.12)
X
N
— complétude
X
N
où 1 est une matrice carrée diagonale de dimension N × N dont tous les élé‐
ments diagonaux valent 1.
Les notations de DIRAC ¹ sont essentielles en mécanique quantique car elles per‐
mettent de bien distinguer un état d’un système physique de sa représentation dans
l’une ou l’autre base de référence. Dans le présent résumé, cet aspect ne sera pas éla‐
boré. Nous nous limiterons à considérer le rôle opérationnel des notations de DIRAC
a in de dégager l’analogie entre l’algèbre et la résolution d’équations aux dérivées
partielles.
Soit une fonction f(r) dé inie dans un domaine Ld à d dimensions où une position est
repérée à l’aide des vecteurs unités ei suivant :
X
d
r= xi ei (A.17)
i=1
1. Paul Adrien Maurice DIRAC (1902‐1984), physicien théoricien anglais (prix Nobel 1933). Après
des études d’ingénieur, il contribua signi icativement à l’édi ication de la forme actuelle de la méca‐
nique quantique. Dans ce contexte, il introduisit audacieusement l’usage des fonctions généralisées,
connues aujourd’hui sous le nom de distributions, que les mathématiciens ne formalisèrent rigoureu‐
sement que plus tard (S. SOBOLEV (1936), L. SCHWARTZ (1945)). P. A. M. DIRAC mit in à la controverse
entre les points de vue de HEISENBERG et de SCHRÖDINGER par la démonstration de leur équivalence.
Ensuite, ses travaux conduisirent à la découverte du positron et donc de l’antimatière. P. A. M. DI‐
RAC est également l’auteur d’une fascinante conjecture qui expliquerait la quanti ication de la charge
électrique par l’existence d’un monopôle magnétique quelque part dans l’Univers.
A.4. Notations de DIRAC 389
suivant chacune de ces dimensions étant noté |ri (respectivement |r′ i), l’expression
de |fi dans cette base s’énonce
X Z
′
|fi = cr′ |r i ; |fi = dr′ c(r′ ) |r′ i (A.19)
Ld
r′ in Ld
Bien que la “base continue” des {|r′ i} soit purement abstraite, la cohérence de la
démarche avec l’algèbre y impose :
hr|r′ i = 0 si r 6= r′
δ r ,r ′ = (A.21)
dr′ hr|r′ i = 1 si r = r′
On constate alors que l’équivalence entre delta de KRONECKER δr,r′ et hr|r′ i dans
la notation du type “base discrète” n’est plus valide dans la base continue où la pro‐
priété d’orthogonalité implique dr′ . Dans la base continue, hr|r′ i est alors représenté
par le delta de DIRAC :
Par conséquent de
X Z
hr|fi = cr′ δr,r′ ; hr|fi = dr′ c(r′ ) δ(r − r′ ) (A.23)
Ld
r′ in Ld
on déduit
c(r) = hr|fi (A.24)
D’autre part, toujours par analogie avec l’algèbre, la relation de complétude de la
base {|r′ i} s’énonce :
X Z
′ ′
|r ihr | = 1 ; dr′ |r′ ihr′ | = 1 (A.25)
Ld
r′ in Ld
On véri ie sans peine que cette relation de complétude est bien cohérente avec (A.22) :
Z
dr′ hr|r′ ihr′ |fi = hr|1|fi = hr|fi (A.26)
Ld
390 Chapitre A. Méthodes mathématiques
L’Ansatz de DIRAC identi ie dans (A.26) la composante de |fi suivant |ri à la valeur
f(r) et sa transposée à f∗ (r) :
Portées dans (A.26) ou dans (A.23 ‐ A.24), cette identi ication met en évidence la dé
inition de la distribution de DIRAC, abusivement appelée “fonction delta” de DIRAC :
Z
dr′ δ(r − r′ ) f(r′ ) = f(r) (A.29)
Ld
on déduit que la fonction δ(r − r′ ) est dé inie nulle partout sauf en r = r′ où elle
reste indé inie. En effet, comme dr′ peut devenir arbitrairement petit, δ(r − r′ ) peut
devenir arbitrairement grand pour garantir dr′ δ(r − r′ ) = 1. Donc, en r = r′ , la
fonction delta de DIRAC n’acquiert un sens qu’après intégration sur le domaine dr′ .
Il est aisé de se convaincre des relations suivantes respectivement en coordonnées
cartésiennes et sphériques :
A.5 Distributions
La fonction delta de DIRAC est l’exemple le plus célèbre d’une classe d’objets que les
mathématiques contemporaines préfèrent nommer distributions. Pour faire bref, et
au prix d’une très grossière simpli ication, le contexte distinguera entre fonctions et
distributions comme suit.
Le terme fonction continuera à désigner une fonction qui, sur le domaine Ld
considéré, ne présente que des caractéristiques que l’on résumera par l’adjectif “sym‐
pathiques” : carré sommable (on dit aussi “mesurable”), continuité, dérivabilité à
volonté. Par contre, les fonctions qui, dans Ld , présentent une ou plusieurs des ca‐
ractéristiques suivantes :
— une ou plusieurs discontinuités ;
— une ou plusieurs singularités ;
— carré non sommable ;
— purement abstraites (impossible à dessiner comme la fonction delta de DI‐
RAC) ;
sont appelées distributions si, après multiplication par une fonction sympathique
dans Ld et malgré les comportements “pathologiques” susmentionnés, l’intégration
sur Ld garde un sens. Illustrons par quelques exemples ...
Remarquons que cette distribution est invariante si son argument est multiplié par
une constante positive :
Θ( x−x0 )
1
x0 x
FIGURE A.1 : Distribution de HEAVISIDE à une dimension Θ(x − x0 ).
sgn(x−x0 )
1
x x
0
−1
FIGURE A.2 : Distribution signe à une dimension sgn(x − x0 ).
x − x0 1 h 1 h
Π( ) = Θ( (x − x0 + ) ) − Θ( (x − x0 − ) )
h h 2 h 2
h h
= Θ((x − x0 + ) − Θ(x − x0 − ) (A.46)
2 2
394 Chapitre A. Méthodes mathématiques
Π(x−x0 )
1
1/2
x x
0
Π( x−xc )
b−a
1
(b−a)/2
a x b x
c
FIGURE A.3 : Distributions porte à une dimension.
Ayant établi cette propriété de dilatation, il est alors aisé de généraliser la dis‐
tribution porte à un intervalle [a, b] arbitraire :
x − xc
1 si |x − xc | < 21 (b − a)
Π( )= (A.47)
b−a
0 si |x − xc | > (b − a) 1
2
Z Z Z
1 2π π +∞
ρ (r ′ − r )
V(0) = dφ dθ sin θ dr′ r′2 (A.51)
4π ε0 0 0 0 r′
montre alors que, par la présence du jacobien contenant r′2 , l’intégrale convergera
malgré le caractère singulier du potentiel coulombien.
Introduisons ce sujet par le cas où d = 1 de sorte que L1 est dé ini par l’intervalle
[a, b]. Soient f(x), fonction de carré sommable sur [a, b], et Φ(x) une distribution.
Pour certaines valeurs de x supposées différentes de a et de b, l’évaluation de la dé‐
′
rivée de Φ(x), notée Φ (x), est problématique (présence d’une singularité, dérivées
différentes suivant la direction d’approche, etc ...). Un sens peut toutefois être attri‐
′
bué à Φ (x) après multiplication par f(x) et intégration par parties sur L1 :
Z b
′ ′
hΦ |fi = dx Φ (x) f(x)
a
Z b
dx Φ(x) f′ (x)
b
= [Φ(x) f(x)] − a
a
= −hΦ|f′ i (A.52)
b
où [Φ(x) f(x)]a = 0 par le fait des conditions aux limites sur f(x). En effet, dans la
plupart des cas, a = −∞ et b = +∞ et la propriété du carré sommable de f(x) est
b
alors équivalente à limx→±∞ f(x) = 0. Dans les autres cas, si [Φ(x) f(x)]a 6= 0, ce
Rb
terme doit être évalué mais la combinaison avec le second terme − a dx Φ(x) f′ (x)
conduit souvent à la même conclusion que (A.52).
396 Chapitre A. Méthodes mathématiques
Cette expression est abusive car, bien que ne posant aucun problème en x 6= x0 , elle
n’acquiert un sens en x = x0 que si elle est intégrée sur le domaine dx. Le jargon du
métier résume cette précaution en soulignant que la relation (A.55) doit être com‐
prise au sens des distributions.
Dans l’intervalle [a, b], considérons une fonction Φ(x) continue et dérivable par mor‐
ceaux entre les points xi (i = 1, 2, ...N) où la fonction présente des sauts de discon‐
tinuité dé inis par
σi = lim Φ(x) − lim Φ(x) (A.57)
x→x+
i x →x−
i
Les sauts de discontinuité invitent à considérer Φ(x) comme une distribution. Con‐
struisons alors l’équivalence :
X
N
où Fc (x) est une fonction continue sur tout l’intervalle [a, b] = [x0 , xN+1 ]. Par construc‐
tion, les dérivées de Φ(x) et Fc (x) coïncident dans les intervalles ]xi , xi+1 [
Φ′ (x) = F′c (x) si x ∈ ]xi , xi+1 [ ∀ 0 ≤ i < N (A.59)
Au sens des distributions, la dérivée de Φ(x) qui prend en compte les sauts de dis‐
continuité est déduite de la dérivée de la distribution de HEAVISIDE :
X
N
dont la signi ication pratique apparaît lorsqu’est envisagée l’action de Φ′ (x) dans
une intégrale où intervient une fonction f(x) de carré sommable dans [a, b] :
′ ′
X
N
′
X
N
′
hΦ |fi = hFc |fi + σi hΘxi |fi = hFc |fi + σi hxi |fi (A.61)
i=1 i=1
Dans le contexte de l’étude des spectres continus, une propriété des distributions
delta de DIRAC apparaît d’importance capitale a in de relier les propriétés physiques
macroscopiques aux relations de dispersion obtenues à l’aide de modèles microsco‐
piques. En physique de l’état solide, elle conduit à l’identi ication des singularités de
VAN HOVE ³ Pour cette raison, nous appellerons la propriété démontrée ci‐dessous
relation de VAN HOVE.
3. Léon VAN HOVE (1924‐1990), physicien belge. Travaux en théorie quantique des champs et en
physique statistique. Dans un contexte où le centre de gravité des activités scienti iques s’était dé‐
398 Chapitre A. Méthodes mathématiques
sgn g(x) +1
g(x)
x xj x
k
−1
FIGURE A.4 : Exemple illustrant la démonstration de la propriété de δ(g(x)).
Nous recherchons la propriété de δ(g(x)) au sens des distributions, ce qui veut dire
que nous cherchons à évaluer :
Z b
dx δ(g(x)) f(x) =? (A.63)
a
où f(x) est une fonction de carré sommable qui ne présente aucun comportement
problématique entre a et b. Les hypothèses sur g(x) sont : fonction réelle continue,
dérivable, qui ne présente que des zéros simples dans l’intervalle [a, b], i.e. :
′ dg(x)
g (x j ) = existe 6= 0 (A.64)
dx x=xj
où
g(xj ) = 0 (j = 1, 2, ..., N) (A.65)
Au voisinage de xj tel que g′ (xj ) > 0, construisons la distribution (FIG.A.4)
placé aux USA après 1945, il s’impliqua dans la reconstruction de l’excellence scienti ique en Europe :
directeur du département de physique théorique du Centre Européen de Recherches Nucléaires
(CERN) de 1960 à 1965 ; président du directoire de l’Institut Max‐Planck de Munich (1971‐1974) ;
comme directeur général du CERN (1976‐1980), il décida la mise en chantier du collisioneur proton‐
antiproton et du programme LEP (Large Electron Positron) ; président du comité de programmation
scienti ique de l’Agence Spatiale Européenne (1983‐1987).
A.6. Relation de VAN HOVE 399
δ (x − x j )
δ(g(x)) = (A.68)
g′ (xj )
δ(x − xk )
δ(g(x)) = − (A.71)
g ′ (x k )
Les deux cas g′ (xj ) < 0 ou g′ (xj ) > 0 peuvent être rassemblés sous la forme :
δ (x − x j )
δ(g(x)) = (A.72)
|g′ (xj )|
En conclusion, au sens des distribution, si Nzer est le nombre de zéros de g(x) dans
l’intervalle [a, b] considéré :
X
Nzer
δ (x − x j )
δ(g(x)) = avec g(xj ) = 0 (j = 1, ..., Nzer ) (A.73)
j=1
|g′ (xj )|
Par conséquent,
Z b X
Nzer Z b
1
dx δ(g(x)) f(x) = dx δ(x − xj ) f(x) (A.74)
a j=1
|g (xj )|
′
a
de sorte que
Z b X
Nzer
f (x j )
dx δ(g(x)) f(x) = (A.75)
a j=1
|g′ (xj )|
S
2
g( r ) > 0
V
S1 2
g( r ) > 0 S3
V1 V
3
g( r ) < 0 g( r ) > 0
Nous recherchons la propriété de δ(g(r)) au sens des distributions, ce qui veut dire
que nous cherchons à évaluer :
Z
dr δ(g(r)) f(r) =? (A.76)
V
où f(r) est une fonction de carré sommable qui ne présente aucun comportement
problématique dans le volume V considéré. Les hypothèses sur g(r) sont : fonction
réelle continue, dérivable, qui ne présente que des zéros simples dans le volume V ,
i.e. :
∇g(rs ) existe 6= 0 (A.77)
où
g(rs ) = 0 (A.78)
dé init les points rs d’une ou plusieurs surfaces Sj délimitant des volumes Vj dans
lesquels g(r) > 0 (voir FIG.A.5).
Au voisinage de la surface Sj du volume Vj , construisons la distribution
sgn g(r) = 2 ΘVj (r) − 1 (A.79)
où
ΘVj (r) = 1 si r dans Vj (A.80)
ΘVj (r) = 0 si r hors Vj (A.81)
Calculons alors dans ce même voisinage, le gradient de la relation précédente :
∇ [sgn g(r)] = ∇ 2 ΘVj (r) − 1
d sgn g(r)
∇g(r) = 2 ∇ΘVj (r)
dg
δ(g(r)) ∇g(r) = ∇ΘVj (r) (A.82)
A.6. Relation de VAN HOVE 401
A ce stade, il n’est pas possible de poursuivre pas à pas la démarche introduite dans
le cas à une dimension à moins de gérer la division vectorielle liée au gradient.
Lorsque ce genre de dif iculté surgit dans la manipulation des distributions, il est
préférable de se souvenir que le sens pratique des distributions n’émerge que dans
le contexte de leurs applications à une fonction f(r), dont les caractéristiques ont été
indiquées plus haut, sous une intégrale :
Z Z
dr δ(g(r)) ∇g(r) f(r) = dr ∇ΘVj (r) f(r)
Z
= − dr ΘVj (r) ∇f(r)
Z
= − dr ∇f(r)
Vj
Z
= − ds n f(r) (A.83)
Sj
∇g(rs )
n=− (A.84)
||∇g(rs )||
Par conséquent,
Z Z
∇g(rs )
dr δ(g(r)) ∇g(r) f(r) = ds f (r s ) (A.85)
Sj ||∇g(rs )||
Si g(rs ) n’est pas singulière, F(r) = ∇g(r) f(r) peut‐être considérée comme une
fonction vectorielle “test” qui permet d’identi ier l’action de δ(g(r)).
En conclusion, si Nj est le nombre de volumes Vj ,
Z Nj Z
X F (r s )
dr δ(g(r)) F(r) = ds (A.86)
j=1 Sj ||∇g(rs )||
où λ est un scalaire et où w(r) est une fonction “poids” (weight) dé inie positive sur
Ld . Dans de nombreux problèmes physiques, émergera w(r) = 1. Puisque L contient
des fonctions de r et des opérateurs différentiels ∇ qui agissent sur les coordonnées
r, on peut faire usage des notations de DIRAC dans ce contexte :
hr|L|ui = λ hr|ui
hr|L|1|ui =
Z
dr′ hr|L|r′ ihr′ |ui =
Z
Ld
Dans le domaine Ld , le produit scalaire au sens des fonctions est dé ini par :
Z
hu|vi = dr w(r) u∗ (r) v(r) (A.90)
Ld
Les fonctions propres φn (r) et les valeurs propres λn de L agissant sur Ld sont
dé inies par :
L |φn i = λn |φn i (A.92)
Les conditions aux limites conditionnent la forme spéci ique des fonctions propres
φn (r) = hr|φn i et les valeurs propres λn . L’hermiticité de L garantit que
‐ les valeurs propres sont réelles :
λn = λ∗n (A.93)
A.7. Opérateur différentiel hermitien 403
ce qui signi ie que, dans l’espace direct, l’ensemble des fonctions propres
permet de représenter la distribution de DIRAC par :
X
hr|φn ihφn |r′ i = hr|1|r′ i
n
X
φn (r) φ∗n (r′ ) = δ(r − r′ ) (A.96)
n
où
avec
2π
kn = n (A.103)
a
Les conditions de validité du développement en série de FOURIER sont pratiquement
toujours réalisées en physique.
Détermination des coef icients de FOURIER cn :
X
+∞
f(x)e−ikm x = cn ei(kn −km )x
n=−∞
Z +a/2 X
+∞ Z +a/2
−ikm x
dx f(x)e = cn dx ei(kn −km )x (A.104)
−a/2 n=−∞ −a/2
Puisque, si n 6= m,
Z Z a
+a/2
i(kn −km )x
a
i(kn −km )x ei(kn −km )x
dx e = dx e = =0 (A.105)
−a/2 0 kn − km 0
on conclut que :
Z +a/2
dx ei(kn −km )x = a δn,m (A.106)
−a/2
On déduit alors :
Z +a/2 Z a
1 −ikn x 1
cn = dx f(x) e = dx f(x) e−ikn x (A.107)
a −a/2 a 0
4. Jean‐Baptiste Joseph FOURIER (1768‐1830), mathématicien et physicien français, vécut et en‐
seigna à Paris, accompagna Bonaparte en Égypte et devint ensuite préfet de Grenoble où, aujourd’hui,
l’Université porte son nom. Son ouvrage “Théorie analytique de la chaleur” (1822) introduit l’usage
des séries et transformées qui portent son nom dans la résolution des équations aux dérivées par‐
tielles. La transformation de FOURIER permet de passer de l’espace direct à l’espace réciproque et
s’est répandue dans pratiquement tous les domaines de la physique, de l’ingénierie et du traitement
des signaux.
A.8. Séries de FOURIER 405
1 k n +1 − k n
= (A.108)
a 2π
pour exprimer les coef icients cn comme suit :
Z
k n +1 − k n +a/2
cn = dx f(x) e−ikn x (A.109)
2π −a/2
X
+∞ Z
kn+1 − kn +a/2
′
f(x) = e ikn x
dx′ f(x′ ) e−ikn x (A.110)
2π −a/2
n=−∞
Lorsque a vers l’in ini, l’écart entre kn+1 et kn devient in initésimal de sorte que la
somme sur n devient une intégrale sur dk = kn+1 − kn
Z +∞ Z +∞
1 ′
f(x) = dk e ikx
dx′ f(x′ ) e−ikx (A.111)
2π −∞ −∞
Cette dernière équation motive les dé initions suivantes. D’une part, la transformée
de FOURIER (équivalente aux cn du cas périodique) :
Z +∞
1 ′
c(k) = √ dx′ f(x′ ) e−ikx (A.112)
2π −∞
des variables k, k′ , k′′ , ... est l’inverse de celle des variables x, x′ , x′′ ,... Avec cette con‐
vention, les deux dernières équations sont modi iées comme suit :
Z +∞
1 ′
f(k) = √ dx′ f(x′ ) e−ikx (A.114)
2π −∞
Z +∞
1
f (x ) = √ dk f(k) eikx (A.115)
2π −∞
A.9.1 Dé initions
Pd Pd
Ce résumé traite du cas général à d dimensions où r = i=1 xi ei et k = i=1 ki ei .
Soit f(r), une fonction de carré sommable,
Z
2
dr |f(r)| < +∞ (A.116)
où Z Z Z
−∞ −∞
dr = dx1 ... dxd (A.117)
−∞ −∞
Z
1 ′
f(k) = dr′ f(r′ ) e−ik·r (A.118)
(2π )d/2
Z
1
f (r ) = dk f(k) eik·r (A.119)
(2π )d/2
où Z Z Z
−∞ −∞
dk = dk1 ... dkd (A.120)
−∞ −∞
A.9.2 Discussion
Montrons que l’équation (A.119) exprime f(r) sur la base des ondes planes eik·r nor‐
malisées par le facteur 1/(2π )d/2 . Dans ce but, adoptons la notation suivante pour
les fonctions appartenant à cette base :
eik·r
hr|φk i = φk (r) = (A.123)
(2π )d/2
L’orthonormalisation de cette base d’ondes planes s’exprime :
Z Z
1 ′
hφk′ |φk i = dr hφk′ |rihr|φk i = dr ei(k−k )·r (A.124)
(2π )d
qui s’évalue, en changeant de variable, par comparaison avec (A.122). On déduit
donc : Z
′ 1 ′
δ(k − k ) = hφk′ |φk i = d
dr ei(k−k )·r (A.125)
(2π )
D’autre part, la complétude de la base de fonctions du type (A.123) s’énonce en
notation opérationnelle de DIRAC :
X
|φk i hφk | = 1 (A.126)
k
avec
Z Z
′ ′ ′ 1 ′
f(k) = hφk |fi = dr hφk |r ihr |fi = dr′ f(r′ )e−ik·r (A.129)
(2π )d/2
La fonction d’onde Ψ(r, t) d’une particule libre non relativiste, de masse M obéit à
l’équation de SCHRÖDINGER :
ℏ2 ∂ Ψ(r, t)
− ∇2 Ψ(r, t) + V(r, t) Ψ(r, t) = iℏ (A.130)
2M ∂t
où le potentiel V(r, t) constant et indépendant du temps :
V(r, t) = V0 (A.131)
ℏ2 1 1 dT (t)
− ∇2 Φ(r) + V0 = iℏ = E′ (A.132)
2M Φ(r) T (t) dt
2ME
k2 = (A.133)
ℏ2
on aboutit au couple d’équations :
dT (t) E
+ i T (t) = 0 (A.134)
dt ℏ
∇ Φ(r) + k2 Φ(r) = 0
2
(A.135)
T (t) = C e−i ℏ t
E
(A.136)
Φ(r) = A eik·r (A.137)
Les conditions aux limites sont repoussées à l’in ini pour signi ier que le volume
V de l’expérience est très grand devant la longueur d’onde de DE BROGLIE de la par‐
ticule quelque que soit l’énergie de la particule. Ces conditions aux limites “libres”
(ou, plus exactement, cette absence de conditions aux limites) autorisent tous les
vecteurs d’ondes k de l’espace réciproque. La relation (A.133) permet de véri ier
que ceci correspond à toutes les valeurs E > 0. On constate alors que le vecteur k
peut servir à étiqueter les fonctions propres Φk (r) et les énergies propres Ek :
ℏ2 k 2
Ek = (A.138)
2M
Φk (r) = hr|Φk i = Ak eik·r (A.139)
410 Chapitre A. Méthodes mathématiques
pour calculer la relation d’orthonormalisation des |Φk i à l’aide de celle des |φk i
(équation A.125) :
r
8π 3 1
Φk (r) = φk (r) = √ eik·r (A.144)
V V
8π 3 8π 3
hΦk′ |Φk i = hφk′ |φk i = δ(k − k′ ) (A.145)
V V
Par analogie avec les conditions de BORN–VON KARMAN (voir section 5.6), cette
dernière relation souligne la pertinence de l’Ansatz (A.143) car, d’après (A.30), le
A.10. Théorème de convolution (Faltung) 411
X 8π 3 Z
7→ dk (A.148)
k
V
Les résultats obtenus par l’application des conditions aux limites “libres” ou par
celle des conditions aux limites périodiques de BORN–VON KARMAN sont donc com‐
patibles entre eux. Ceci n’est pas une coïncidence : les transformées de FOURIER qui
sous‐tendent la mise en oeuvre des conditions aux limites “libres” partagent avec
les conditions de BORN–VON KARMAN la caractéristique de faire tendre une période
vers l’in ini (cf section A.8.2).
Posons l’expression de deux fonctions de carré sommable f(r) et g(r) dans la base
d’ondes planes (A.123) :
Z
1
f (r ) = dk f(k) eik·r
(2π )d/2
Z
1 ′
g (r ) = d/2
dk′ g(k′ ) eik ·r (A.150)
(2π )
412 Chapitre A. Méthodes mathématiques
Le produit de convolution, dit aussi Faltung (pli), de ces deux fonctions est dé ini
par : Z
f∗g= dr′ f(r − r′ ) g(r′ ) (A.151)
Soit une fonction f(r) de carré sommable dont le développement de FOURIER s’énonce
Z
1
f (r ) = dk f(k) eik·r (A.154)
(2π )d/2
Le calcul qui suit démontre que la transformée de FOURIER f(k) conserve la norme.
Z
hf|fi = dr |f(r)|2
Z
= dr f∗ (r) f(r)
Z Z Z
′ ∗ ′ 1 ′
= dk dk f (k ) f(k) dr ei(k−k )·r
(2π )d/2
Z Z
′
= dk dk f∗ (k′ ) f(k) δ(k − k′ )
Z
= dk f∗ (k) f(k) (A.155)
Z +∞
n!
dx xn e−ax = (A.157)
0 an+1
Z +∞
r
1 2 α
f(k) = √ dx e−α|x| e−ikx = (A.158)
2π −∞ π α + k2
2
Posons en effet λ = α + ik :
Z 0 Z +∞
1 λ∗ x 1
f(k) = √ dx e +√ dx e−λx
2π −∞ 2π 0
λ∗ x
0 +∞
1 e 1 e−λx
= √ +√ −
2π λ∗ −∞ 2π λ 0
∗
r
1 λ+λ 2 α
= √ ∗ =
2π λ λ π α + k2
2
0.9
α
0.8 α2 +k2
0.7
0.6
0.5
FWHM
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−α α
‐0.1
‐8 ‐6 ‐4 ‐2 0 2 4 6 8
k
Δx Δk ≥ 1 (A.159)
Z Z
1 +∞
− α |x − x 0 | −ikx e−ikx0 +∞
f(k) = √ dx e e = √ dx e−α|x−x0 |−ik(x−x0 )
2π −∞ 2π −∞
r
2 α
= 2 2
e−ikx0 (A.160)
π α +k
A.12. Evaluation d’intégrales dé inies de FOURIER 415
1 q
0.8 < 2 α
π α2 +k2
e−ikx0
q
2 α
0.6 π α2 +k2
q
0.4 − 2 α
π α2 +k2
0.2
0
‐0.2
‐0.4
‐0.6
‐0.8
‐1
‐8 ‐6 ‐4 ‐2 0 2 4 6 8
k
Z +∞
r Z +∞
1 2 α α eikx α
f (x ) = √ dk 2 2
eikx = dk = J
2π −∞ π α +k π −∞ α2 + k2 π
dont l’intégrand possède des pôles complexes qui invitent à appliquer le théorème
des résidus. Après continuation analytique k ; z = k + iγ, notons les pôles par
z1 = +iα et z2 = −iα. Deux cas, x > 0 et x < 0, doivent alors être distingués.
Si x > 0, on utilise le contour C dé ini à la FIG.A.9 a in de mettre en oeuvre le
lemme de JORDAN qui garantit l’annulation de l’intégrale sur le demi‐cercle CR :
Z +R Z Z
eikx eizx eizx
lim dk + lim dz = dz
R→+∞ −R α 2 + k2 R→+∞ CR α2 + z2 C α2 + z2
J + 0 = 2π i a−1,z1
eizx
J = 2π i lim (z − z1 )
z→z1 (z − z1 )(z − z2 )
iz1 x
e π
J = 2π i = e−αx
(z1 − z2 ) α
416 Chapitre A. Méthodes mathématiques
1.2
α=1
1 e−α|x|
α=4
0.8
α = 0.25
0.6
0.4
0.2
‐0.2
‐15 ‐10 ‐5 0 5 10 15
x
3.5
q α=1
2 α
3 π α 2 +k2
α=4
2.5
α = 0.25
2
1.5
0.5
‐0.5
‐15 ‐10 ‐5 0 5 10 15
k
Im z Im z
C
R
−R +R
Re z Re z
−R +R
CR−
Z +∞
r
1 2 α
f(x) = √ dk eikx = e−α|x| (A.161)
2π −∞ π α + k2
2
1 α
δ(x − x′ ) = lim (A.163)
π α→0+ (x − x′ )2 + α2
S’agissant d’une distribution, cette dernière relation doit se comprendre après mul‐
tiplication par une fonction de carré sommable f(x′ ) sur l’espace de dé inition du
problème physique [a, b] et après intégration sur [a, b], c’est‐à‐dire :
Z b Z b
′ ′ ′ 1 α
dx f(x ) δ(x − x ) = lim dx′ f(x′ ) = f(x) (A.164)
a π α→0+ a (x − x′ )2 + α2
A in de démontrer la validité de cette dernière relation, dé inissons une fonction
F(x′ ) égale à f(x′ ) dans l’intervalle [a, b] et nulle en dehors de cet intervalle. Notons
que si [a, b] →] − ∞, +∞[, la caractéristique de carré sommable de f(x′ ) revient à
stipuler que limx′ →±∞ |F(x′ )|2 = 0. Procédons alors à l’évaluation de
Z +∞
1 α
lim J(α) = lim dx′ F(x′ ) (A.165)
α→0+ π α→0+ −∞ (x − x′ )2 + α2
par le changement de variable y = x′ − x et par l’introduction de la représentation
de FOURIER de la fonction de carré sommable F(x)
Z +∞
′ 1 ′
F(x ) = √ dk F(k) eikx (A.166)
2π −∞
car F(x) = f(x) si a < x < b et F(x) = 0 si x < a ou si x > b. Soulignons que la der‐
nière égalité n’est acquise que par l’hypothèse selon laquelle F(x) est de carré som‐
mable. En effet, d’un point de vue mathématique l’argument de l’exponentielle dé‐
croissante conduit à une indétermination du type 0 · ∞ lorsque |k| → +∞, de sorte
A.12. Evaluation d’intégrales dé inies de FOURIER 419
ce qui permet de déduire, toujours au sens des distributions, une deuxième repré‐
sentation de la distribution de DIRAC (α étant réel positif) :
1 1
δ(x − x′ ) = ∓ = lim+ (A.171)
π α→0 x − x′ ± iα
6. Par exemple, dans la matière condensée, des longueurs d’ondes plus courtes que la plus courte
distance interatomique d ne peuvent être soutenues. L’amplitude maximale des vecteurs d’ondes pos‐
sibles est donc de l’ordre de ±W/2 ' ±2π /d.
420 Chapitre A. Méthodes mathématiques
Elle se résout par l’astuce suivante. On calcule le carré de cette intégrale que l’on
convertit en une intégrale double pour passer en coordonnées polaires :
Z +∞ Z +∞ Z 2π Z +∞
−(x2 +y2 )
dr r e−r
2
I2Gauss = dx dy e = dθ (A.173)
−∞ −∞ 0 0
On conclut alors
Z +∞ √
dx e−x =
2
IGauss = π (A.175)
−∞
La fonction gaussienne e−x joue un rôle central en théorie des probabilités où elle
2
Z +∞
1
dx e−x
2
/2σ2
Idis. norm. = √ =1 (A.176)
σ 2π −∞
de 0√à ±σ, la gaussienne est réduite par un facteur e−1/2 ; lorsque x varie de 0 à
±σ 2, elle est réduite par un facteur e−1 (FIG.A.10). Remarquons que, en physique
des ondes et en mécanique quantique,
√ on fait souvent référence à la dispersion de la
gaussienne dé inie par Δx = 2 2 σ.
1.2
e−x
2
1
e−x
2
√1 /2σ2
σ 2π
0.8
0.6
0.4
σ
0.2 √
σ 2
0
‐0.2
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
x
FIGURE A.10 : Fonctions de GAUSS fondamentale (trait continu) et normalisée de façon à ob‐
tenir une aire unité sous la courbe (trait interrompu, cas où σ = 1).
Une caractéristique fréquente des intégrales dé inies est qu’elles peuvent être
éventuellement résolues même si les primitives de leurs intégrands ne sont pas
connues. L’intégrale de GAUSS est une illustration célèbre de cette caractéristique.
En effet, l’intégrale
Z x
2
dt e−t
2
erf(x) = √ (A.177)
π 0
dé inissant la fonction erreur (FIG.A.11) ne possède pas de primitive connue. Elle
est normalisée de sorte que limx→+∞ erf(x) = 1. Si x 6= +∞, sa valeur est ex‐
traite de considérations impliquant le développement en série de la fonction spé‐
ciale gamma ⁸. De nos jours, la fonction erreur et la fonction erreur complémentaire
dé inie par
Z +∞
2
dt e−t
2
erfc(x) = 1 − erf(x) = √ (A.178)
π x
sont en général toutes deux implémentées comme fonctions intrinsèques des lan‐
gages de programmation dédiés au calcul numérique (FIG.A.11).
L’intégrale de GAUSS (A.175) permet de déduire un résultat plus général valable
8. G.B. Ar ken and H.J. Weber, Mathematical Methods for Physicists, 4th ed., Academic, New York
(1995), chap. 10.
422 Chapitre A. Méthodes mathématiques
1.4
e−t
2
√2
π
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
0
x
‐0.2
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
t
2.5
erf(x)
2
erfc(x)
1.5
0.5
‐0.5
‐1
‐1.5
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
x
FIGURE A.11 : Haut : Illustration de la dé inition de la fonction erf(x) comme l’aire comprise
sous la gaussienne entre 0 et x. Bas : Fonctions erf(x) et erfc(x).
A.12. Evaluation d’intégrales dé inies de FOURIER 423
Z +∞
r
π b2
dx e−ax
2
+bx
= e 4a (A.179)
−∞ a
−∞
√ b √
changement de variable : t = ax − √ ; dt = a dx
2 a
Z +∞
r
1 b2 −t2 π b2
I = √ e 4a dt e = e 4a
a −∞ a
Si les bornes sont inies, en vertu de (A.177), l’intégrale (A.179) est modi iée
comme suit :
Z u2
r
−ax2 +bx π b2
dx e = e 4a [erf(u2 ) − erf(u1 )] (A.180)
u1 4a
√
Impliquant ti = a ui − b
√ pour i = 1, 2, le même changement de variable
√ 2 a
t= ax − b
√
2 a
permet de traiter l’intégrale suivante :
Z u2 b2 Z t2
−ax2 +bx e 4a b
e−t
2
dx x e = dt t+ √ (A.181)
u1 a t1 2 a
dont le résultat est déduit d’étapes déjà traitées dans la présente section :
Z u2 b2 r
−ax +bx e 4a b π
e−t1 − e−t2 +
2
dx x e = [erf(t2 ) − erf(t1 )] (A.182)
u1 2a 2 a
0.9
0.8 σ=1
e−x
2
√1 /2σ2
0.7 σ 2π
σ=2
0.6 σ = 0.5
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
‐0.1
‐4 ‐2 0 2 4
x
0.5
σ=1
0.4
σ=2
e−σ
2 2
0.3 √1 k /2 σ = 0.5
2π
0.2
0.1
‐0.1
‐4 ‐2 0 2 4
k
FIGURE A.12 : Par transformation de FOURIER, une fonction gaussienne dans l’espace direct
(haut) devient une gaussienne dans l’espace réciproque (bas). Les caractéristiques “d’étale‐
ment” sont cependant inversées.
A.12. Evaluation d’intégrales dé inies de FOURIER 425
0.5
e−(x−x0 )
2
√1 /2σ2
σ 2π
0.4
0.3
0.2
0.1
0
x0
‐0.1
‐2 0 2 4 6 8 10
x
0.5
< √12π e−σ e−ikx0
2 2
k /2
0.4
e−σ
2 2
0.3 √1 k /2
2π
0.1
0
‐0.1
‐0.2
‐0.3
‐0.4
‐0.5
‐4 ‐2 0 2 4
k
FIGURE A.13 : Par transformation de FOURIER, une fonction gaussienne décalée de x0 dans
l’espace direct (haut, exemple où σ = 1 et x0 = 6) devient une gaussienne centrée à l’origine
mais modulée par le facteur e−ikx0 dans l’espace réciproque (bas).
A.12. Evaluation d’intégrales dé inies de FOURIER 427
Par rotation du système d’axes, on aligne alors le vecteur unité cartésien e3 selon
la direction de k. Dans le produit scalaire k · r = k r cos θ, on reconnaît alors les
coordonnées sphériques r et θ, de sorte que
Z +∞ Z π Z 2π
1
f(k) = √ dr r f(r)2
dθ sin θ e ikr cos θ
dφ (A.192)
8π 3 0
| 0
{z } | {z }
0
Iθ 2π
Z π
sin kr
Iθ = dθ sin θ eikr cos θ = 2 (A.193)
0 kr
Z r Z +∞
1 −ik·r 2 1
f(k) = √ dr f(r) e = dr r f(r) sin kr (A.194)
8π 3 π k 0
Dans la section 7.7 dédiée à l’écrantage par un gaz d’électrons libres dans l’approxi‐
mation de THOMAS‐FERMI, nous avons rencontré le potentiel coulombien écranté
428 Chapitre A. Méthodes mathématiques
e−α r
f(r) = (A.195)
r
Par application de (A.194), on déduit aisément la TF du potentiel écranté :
r Z +∞
r
2 1 −α r+ikr 2 1 1
f(k) = = dr e = =
π k π k α − ik
r 0
2 1 1
= = (A.196)
π k α − ik
Par conséquent,
Z r
1 e−α r −ik·r 2 1
f(k) = √ dr e = (A.197)
8π 3 r π α 2 + k2
p
A la constante multiplicative 2/π près, la transformée de FOURIER du potentiel
coulombien écranté centré à l’origine de l’espace direct est, dans l’espace réciproque,
la fonction lorentzienne α/(α2 + k2 ) (FIG.A.6) divisée par α.
9. Le physicien Hideki YUKAWA (1907‐1981) fut le premier japonais à recevoir un prix Nobel
(1949) pour sa théorie des forces nucléaires (1935) qui prévoyait l’existence des mésons (particules
qui ont une masse intermédiaire entre celle de l’électron et celle du proton) découverts en 1937.
Annexe B
Perturbations stationnaires
où, dans la représentation |ri, H émerge comme un opérateur aux dérivées partielles
qui agit sur ψ(r) = hr|ψi de sorte que (B.1) y soit équivalente à une équation aux
dérivées partielles. Ceci signi ie que, par hypothèse, H est un opérateur local :
de sorte que
Z
dr′ hr|H|r′ ihr′ |ψi = Ehr|ψi
Z
dr′ H(r, ∇, r′ , ∇′ ) ψ(r′ ) = E ψ(r)
Dans les cas où la résolution de l’équation aux dérivées partielles (B.3) est soit
dif icile et/ou implique des efforts prohibitifs, soit impossible à envisager autrement
que par une méthode purement numérique, imaginons la séparation
H = H0 + V (B.4)
429
430 Chapitre B. Perturbations stationnaires
corresponde à une équation aux dérivées partielles résolue lors d’une étape an‐
térieure ou possède des solutions bien connues. Lorsque une telle séparation est
possible, adoptons les notations de DIRAC a in de résumer les propriétés des états
(0)
propres |φn,i i du système de référence
(0) (0)
H0 |φn,i i = E(n0) |φn,i i (B.7)
(0) (0)
hφn,i |φm,j i = δ n ,m δ i ,j (B.8)
XX gn
(0) (0)
|φn,i ihφn,i | = 1 (B.9)
n i=1
Un système de référence trivial consiste à poser V(r) = Υ(r). Dans ce cas, l’équation aux
dérivées partielles dé inie par H0 (r, ∇) correspond à une équation de HELMHOLTZ (K2 =
2ME/ℏ2 ) : 2
∇ + K2 Φ ( r ) = 0 (B.13)
dont les fonctions propres de type “onde plane” sont bien connues (cf section A.9.3).
Les situations physiques font surgir diverses variantes de théorie des perturba‐
tions stationnaires dont les critères distinctifs sont :
— l’ordre de grandeur de la perturbation V ;
— le caractère discret ou continu du spectre de valeurs propres du système de
référence au voisinage de la valeur de E considérée ;
— l’éventuelle dégénérescence des valeurs propres du système de référence ;
B.2. Perturbation faible d’un niveau discret 431
Dans le cas où cette dernière condition est satisfaite, il est commode de dé inir la
factorisation :
V = λW avec 0 < λ << 1 (B.15)
(0)
Remarquons que la condition (B.14) ne peut jamais être satisfaite lorsque En est
situé dans un continuum de valeurs propres. Cette section établit une méthode de
résolution approchée de (B.1) avec la condition
La méthode consiste à postuler que |ψi et E peuvent s’exprimer comme des dé‐
veloppements en série de puissances du nombre réel λ :
‐ à l’ordre deux :
ε1 = h0|W|0i (B.29)
(0)
2. Multiplication de (B.21) par hφm̸=n,j | :
(0) (0) (0) (0)
hφm,j |H0 |1i − E(n0) hφm,j |1i + hφm,j |W|0i − ε1 hφm,j |0i = 0
(0) (0) (0) (0)
Em − E(n0) hφm,j |1i + hφm,j |W|0i − ε1 hφm,j |0i = 0
(B.30)
B.2. Perturbation faible d’un niveau discret 433
E E n+1,3
(0) E n+1,2
E En+1,1
n+1,j
En
(0)
En
E n−1,3
(0)
E n−1,2
E E n−2,2
n−1,j
E n−1,1
E (0)
n−2,j E n−2,1
λ
ε2 = h0|W|1i (B.35)
434 Chapitre B. Perturbations stationnaires
Cette dernière expression peut être aisément majorée. En effet, identi iant le niveau
(0) (0)
le plus proche de En par Ep̸=n , posons
(0) (0) (0) (0)
ΔEn,p = En − Ep=
̸ n ≤ En − Em̸=n (B.37)
2
(0) (0)
X X hφm,j |V|φn i
En ' E(n0) + hφ(n0) |V|φ(n0) i + (0) (0)
m̸=n j En − Em
1 h (0) 2 (0) 2 i
≤ E(n0) + hφ(n0) |V|φ(n0) i + hφn |V |φn i − hφ(n0) |V|φ(n0) i
ΔEn,p
(B.39)
E E n+1,3
(0) E n+1,2
E E n+1,1
n+1,j
E n,4
(0)
En E n,3
E n,2
(0) E n,1
E
n−1,j
E n−1,2
E n−1,1
λ
Dans ce cas, l’état |0i, solution de l’équation (B.20), peut être une combinaison li‐
(0)
néaire arbitraire des |φn,i i :
X
gn
(0)
|0i = cj |φn,j i (B.41)
j=1
X
gn
(n)
Vi,j cj = E(1) ci (B.42)
j=1
(n ) (0) (0)
où nous avons posé λε1 = E(1) et Vi,j = hφn,i |λW|φn,j i. Remarquons que V(n) dé i‐
(0)
nit la restriction de V au sous‐espace sous‐tendu par les états |φn,j i ayant la même
valeur propre E0n .
Répétée pour chaque i, cette opération dé init un système de gn équations li‐
néaires pour les gn inconnues ci = 1, gn :
(n) (n) (n)
V1,1 − E(1) V1,2 ... V1,gn c1
(n)
V2,1 (n)
V2,2 − E (1) (n)
... V2,gn c2
=0 (B.43)
... ... ... ... ...
(n ) (n) (n) cg n
V g n ,1 V g n ,2 ... Vgn ,gn − E(1)
436 Chapitre B. Perturbations stationnaires
X
gn
(0)
|0n,i i = cj,i |φn,j i (B.45)
j=1
(1)
Autrement dit, dans le cas d’un niveau isolé dégénéré, plusieurs corrections En,i
sont possibles au premier ordre de perturbation. Elles correspondent aux i = 1, ... ≤
gn valeurs propres issues de la diagonalisation de V restreint au sousespace soustendu
(0)
par les états |φn,j i ayant la même valeur propre E0n . Autant de valeurs distinctes de E,
notées En,i , en émergent :
(1)
En,i ' E(n0) + En,i avec i = 1, ... ≤ gn (B.47)
L’état propre |φn,i i associé à En,i est alors déterminé à l’ordre zéro par
437
438 Chapitre C. Oscillateurs harmoniques quantiques
M
T = {−iω c w(t) + c.c.}{−iω c w(t) + c.c.}
2
ω2
= {−c e−iωt c e−iωt + c e−iωt c∗ eiωt
2
+ c e−iωt c∗ eiωt − c∗ eiωt c∗ eiωt } (C.7)
Mω2
V = {c w(t) + c.c.}{c w(t) + c.c.}
2
ω2
= {c e−iωt c e−iωt + c e−iωt c∗ eiωt
2
+ c e−iωt c∗ eiωt + c∗ eiωt c∗ eiωt } (C.8)
On constate que les B(t) et B∗ (t) peuvent tout aussi bien être utilisées comme co‐
ordonnées, elles portent le nom de variables normales car elles sont reliées à l’am‐
plitude du mode propre. Les passages des variables B(t) et B∗ (t) aux x(t), p(t) et
vice‐versa s’effectuent par les transformations :
1
x (t ) = √ B(t) + c.c. (C.11)
M
√
p(t) = −iω M B(t) + c.c. (C.12)
1 √ 1
B (t ) = { M x (t ) + i √ p(t)} (C.13)
2 Mω
1 √ 1
B ∗ (t ) = { M x (t ) − i √ p(t)} (C.14)
2 Mω
C.1. Oscillateur harmonique à une dimension 439
[x, p] = xp − px = iℏ (C.15)
[B , B ] = [ B ∗ , B ∗ ] = 0 (C.18)
ℏ
H = ω 2 {2 B ∗ B + } (C.19)
2ω
Posons ensuite le changement d’échelle
r
ℏ
B= b (C.20)
2ω
qui permet d’exprimer le hamiltonien et les relations de commutations à l’aide d’opé‐
rateurs dits d’annihilation b et de création b† sans dimensions :
1
H = ℏ ω { b† b + } (C.21)
2
b, b† = 1
† †
(C.22)
[ b, b] = b , b = 0
440 Chapitre C. Oscillateurs harmoniques quantiques
ℏ2 d2 Mω2 2
− + x (C.28)
2M dx2 2
dTn (t)
iℏ = E n Tn ( t ) (C.32)
dt
où An (t0 ) est une constante spéci iée par la condition initiale en t = t0 . Dans les
équations ci‐dessus, nous avons introduit l’indice n qui étiquette le spectre des va‐
leurs propres (indéterminées à ce stade) et l’indice j qui prend en compte une éven‐
tuelle dégénérescence des valeurs propres. La solution générale de (C.30) est donc
une combinaison linéaire des Ψn,j (x, t) :
X
Ψ (x , t ) = γ n , j Ψ n ,j ( x , t )
n,j
X
= cn,j (t0 ) φn,j (x) e−iEn (t−t0 )/ℏ (C.34)
n,j
Il donc clair que l’équation (C.31) est la représentation |xi de l’équation aux valeurs
propres :
H |φn,j i = En |φn,j i (C.36)
Étude du spectre
Cette dernière équation montre que si |φn,j i est l’état propre associé à la valeur
propre n, alors b† |φn,j i est l’état propre associé à la valeur propre (n + 1). De même,
l’application de b aux deux membres de (C.37) permet de montrer que b|φn,j i est
l’état propre associé à la valeur propre (n − 1) :
b |φ0,j i = 0 (C.43)
φ0,j (x) = K e− 2
1 Mω 2
x
ℏ (C.45)
C.1. Oscillateur harmonique à une dimension 443
qui ne laisse entrevoir aucune dégénérescence. Le niveau fondamental est donc non‐
dégénéré : |φ0,j i ; |φ0 i. Il reste à ixer la constante K par la condition de norma‐
lisation : Z Z
+∞ +∞
dx e−
Mω 2
hφ0 |φ0 i = dx φ (x) = |K|
2
0
2 ℏ
x
=1 (C.46)
−∞ −∞
R +∞ √
dα e−α =
2
En faisant usage de −∞
π , on déduit :
14
Mω
e− 2
1 Mω 2
hx|φ0 i = φ0 (x) = ℏ
x
(C.47)
πℏ
D’après (C.40), les autres états |φn,j i peuvent être déduits de |φ0 i à une constante
multiplicative près :
n
|φn i = Kn b† |φ0 i (C.48)
L’indice de dégénérescence j est abandonné car (C.40) garantit que le caractère non–
dégénéré de |φ0 i implique la non–dégénérescence de tous les autres états. La valeur
de Cn qui assure la normalisation hφn |φn i = 1 peut être déterminée par récurrence.
En effet, supposons que hφn−1 |φn−1 i = 1 et écrivons
H0 (x) = 1
H1 (x) = 2x
H2 (x) = 4x2 − 2
H3 (x) = 8x3 − 12x
... ...
dn
e−x
2 2
Hn (x) = (−1)n ex /2 dxn
/2
permet, après simpli ications, d’établir une formule de récurrence simple pour gé‐
nérer les Hn à partir de H0 et H1 (avec x̂ = βx) :
20
H2 (x)
H4 (x)
10
H1 (x)
H0 (x)
0
‐10
‐20 H3 (x)
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
x
0 V(x)−E0
ℏω
‐1 ℏ
1/4
φ 0 (x ) Mω
ℏ
1/2
‐2 |φ0 (x)|2 Mω
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
βx
0 V(x)−E1
ℏω
‐1 ℏ
1/4
2 φ 1 (x ) Mω
ℏ
1/2
‐2 2 |φ0 (x)|
2
Mω
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
βx
0 V(x)−E2
ℏω
‐1 ℏ
1/4
5 φ 2 (x ) Mω
ℏ
1/2
‐2 10 |φ2 (x)|
2
Mω
‐3 ‐2 ‐1 0 1 2 3
βx
‐2
V(x)−E10
‐4 ℏω
‐6 ℏ
1/4
102 φ10 (x) Mω
‐8
2 ℏ
1/2
104 |φ10 (x)|
‐10 Mω
‐6 ‐4 ‐2 0 2 4 6
βx
10
‐5 V(x)−E20
ℏω
‐10
ℏ
1/4
104 φ20 (x) Mω
‐15
2 ℏ
1/2
5 107 |φ20 (x)| Mω
‐20
‐8 ‐6 ‐4 ‐2 0 2 4 6 8
βx
FIGURE C.4 : Pour n = 10, 20, fonctions d’ondes φn (x) de l’oscillateur harmonique
p quantique
comparées au pro il du potentiel V(x) = Mω2 x2 /2 = ℏω β2 x2 /2 (avec β = Mω/ℏ).
448 Chapitre C. Oscillateurs harmoniques quantiques
La dépendance temporelle est transférée au ket |Ψ(t)i qui décrit l’état du système.
L’évolution dans le temps est régie par l’équation de SCHRÖDINGER :
d
H |Ψ(t)i = iℏ |Ψ(t)i (C.74)
dt
qui s’exprime en représentation |xi = |x1 i |x2 i ... |xk i ... |xm i :
X ℏ2 ∂2 Mk ω2k 2
∂ Ψ(x, t)
− 2
+ xk Ψ(x, t) = iℏ (C.75)
2Mk ∂ xk 2 ∂t
k
Φ{nk } (x) = φn1 (x1 ) φn2 (x2 ) ...φnk (xk ) ...φnm (xm )
hx|Φ{nk } i = hx1 |φn1 i hx2 |φn2 i ... hxk |φnk i ... hxm |φnm i (C.78)
X X
1
En ; E{nk } = E nk = ℏωk nk + (C.82)
2
k k
450 Chapitre C. Oscillateurs harmoniques quantiques
Y 1 n k
†
|Φ{nk } i = √ bk |Φ{0} i (C.83)
k
nk !
Depuis l’équation (C.78), nous avons anticipé que, en vertu de (C.82) et du fait que
les états propres d’un oscillateur k isolé sont non dégénérées, l’énoncé de {nk } =
(n1 , n2 , ..., nk , ...nm ) remplace le jeu d’indices n, j pour caractériser la dégénéres‐
cence du système d’oscillateurs non couplés. Un état propre du système d’oscilla‐
teurs non couplés peut donc être décrit par les nombres de quanta d’excitations de
chacun des oscillateurs.
Annexe D
Glossaire
451
452 GLOSSAIRE
1 opérateur identité
∇ opérateur gradient
∇2 opérateur laplacien scalaire
∇2v opérateur laplacien vectoriel
× produit vectoriel
⊗ produit tensoriel
2s facteur 2 lié au spin