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Mouvements Delamer Hygt
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1. Marée........................................................................................................... C 4 610 - 2
1.1 Description du phénomène ........................................................................ — 2
1.1.1 Terminologie ....................................................................................... — 2
1.1.2 Types de marées ................................................................................. — 2
1.2 Forces génératrices des marées................................................................. — 3
1.3 Prévision des marées .................................................................................. — 4
2. Houle............................................................................................................ — 5
2.1 Théories de la houle .................................................................................... — 5
2.1.1 Généralités .......................................................................................... — 5
2.1.2 Modèles mathématiques ................................................................... — 6
2.2 Déformation de la houle au cours de sa propagation .............................. — 8
2.2.1 Déferlement......................................................................................... — 8
2.2.2 Réflexion. Clapotis.............................................................................. — 9
2.2.3 Réfraction ............................................................................................ — 11
2.2.4 Diffraction............................................................................................ — 12
2.3 Observation et mesure de la houle ............................................................ — 13
2.3.1 Mâts de houle ..................................................................................... — 15
2.3.2 Méthodes optiques............................................................................. — 15
2.3.3 Houlographes à ultrasons.................................................................. — 15
2.3.4 Houlographes à pression ................................................................... — 15
2.3.5 Bouées accélérométriques................................................................. — 15
2.3.6 Mesures satellitaires........................................................................... — 16
2.4 Prévision de la houle ................................................................................... — 16
2.4.1 Utilisation de l’abaque de Bretschneider.......................................... — 16
2.4.2 Utilisation des spectres d’énergie ..................................................... — 16
2.5 Théorie statistique de la houle ................................................................... — 16
2.5.1 Hauteur de houle significative........................................................... — 16
2.5.2 Détermination des hauteurs de houle extrêmes.............................. — 18
2.5.3 Houle de projet, durée de retour et risque ....................................... — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 19
e milieu marin est toujours agité [1] ; cette agitation se manifeste princi-
L palement sous forme de phénomènes de grande période de l’ordre de gran-
deur de la demi-journée ou de la journée : les marées, et sous forme de
11 - 1994
ment faibles loin des côtes, peuvent atteindre des vitesses de plusieurs mètres
par seconde près des côtes. Ils affectent pratiquement toute la profondeur d’eau
avec la même intensité. Comme ils varient lentement dans le temps, ils peuvent
être considérés comme constants à l’échelle de l’heure.
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Les courants de houle sont alternatifs et très forts lors des tempêtes (plusieurs
mètres par seconde). Ils affectent surtout la tranche d’eau située près de la surface
(de 5 à 10 m d’épaisseur) ; leur importance décroît avec la profondeur.
Enfin, il existe des courants de faible vitesse (5 à 30 cm par seconde) dus à
l’entraînement des eaux superficielles par le vent, ou aux différences de densité
de l’eau liées aux variations de salinité ou de température.
Le lecteur pourra se reporter aux articles Modèles en hydraulique maritime
[C 182] et Modèles mathématiques en hydraulique et en hydrologie [C 180] dans
ce traité, ainsi qu’à la rubrique Mécanique des fluides dans le traité Sciences
fondamentales.
1. Marée
1.1 Description du phénomène
1.1.1 Terminologie
On appelle marée le mouvement périodique qui affecte le niveau
général des mers et des océans, et dont la manifestation la plus
Figure 1 – Variation du niveau de la mer
fréquente, en particulier sur les côtes françaises, est une oscillation
d’amplitude très variable (de 0,3 à 15 m) et de période de l’ordre
de grandeur de la demi-journée ou de la journée.
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(0)
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Tableau 1 – Heure de la pleine mer et coefficients Tableau 1 – Heure de la pleine mer et coefficients
(en centièmes) de la marée à Brest (en centièmes) de la marée à Brest
(au premier trimestre 1976) (au premier trimestre 1976) (suite)
Janvier Février Mars Janvier Février Mars
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La hauteur de la houle en période de tempête est de l’ordre de La hauteur H de la houle est égale à 2 R0 exp [2 π (z0 /L)] ; le
quelques mètres ; elle ne dépasse pas une quinzaine de mètres sur centre de la circonférence décrite par les particules de la surface
le globe terrestre. La longueur d’onde de la houle varie de quelques libre est situé à la cote :
dizaines à quelques centaines de mètres. La période varie de 3 à 20 s
selon les dimensions de la mer. La cambrure de la houle est toujours πH2
z 0 = ------------
de l’ordre de quelques pour-cent, elle ne peut théoriquement pas 4L
dépasser 14 %, mais elle est toujours plus faible car la houle déferle
avant qu’elle n’atteigne cette valeur. c’est-à-dire au-dessus de la surface libre au repos (z = 0). La cote de
la surface libre est donc :
De nombreuses et diverses théories mathématiques ont été éta-
blies pour expliquer et calculer la houle régulière [1]. Mais la sur- πH2 H t x0
face de la mer est beaucoup plus compliquée que celle décrite par ζ = ------------ – ---- cos 2π ----- – ------
4L 2 T L
la théorie. La houle réelle résulte d’un ensemble d’oscillations
diverses qui chacune s’apparente individuellement à la houle théo- L’énergie de la houle s’évalue par longueur d’onde et unité de
rique. La houle est une oscillation qui n’intéresse que la partie largeur. Elle est la somme, d’une part de l’énergie potentielle par
superficielle du fluide. Elle se propage sans déformation tant que rapport au niveau de repos :
la profondeur est grande ; à l’approche du rivage ou des ouvrages
artificiels, sa propagation est modifiée par déferlement, réflexion,
réfraction ou diffraction (§ 2.2). Ep = 0
L
ζ2
ρ g ------ dx
2
(1)
π2 H 2
1
2.1.2 Modèles mathématiques soit E p = ------ ρ g H 2 L 1 – --------------
-
16 2 L2
2.1.2.1 Houle de Gerstner et, d’autre part, de l’énergie cinétique, V étant la vitesse du fluide,
Ce modèle établi en 1804 par Gerstner est une solution rigoureuse
dans le cas d’un fluide à profondeur infinie (figure 11). 1
E c = -----
2
0
z=–∞
x=0
L
ρ V 2 dx dz (2)
Chaque particule fluide est supposée tourner autour d’un point
π2 H 2
de coordonnées x0 , z0 , en décrivant une circonférence de rayon R, 1
décroissant exponentiellement avec la profondeur d. Les coordon- soit E c = ------ ρ g H 2 L 1 – --------------
-
16 2 L2
nées x, z de chaque particule sont :
L’énergie totale est :
t x0
x = x 0 – R 0 exp ( bz 0 ) sin 2π ----- – ------ π2 H 2
T L 1
E = E p + E c = ----- ρ g H 2 L 1 – --------------
-
8
2 L2
t x0
z = z 0 – R 0 exp ( bz 0 ) cos 2π ----- – ------
T L
2.1.2.2 Houle irrotationnelle de Stokes
avec R0 rayon initial,
L’hypothèse de base est que le rotationnel est nul. Il existe donc
b constante à déterminer. un potentiel des vitesses Φ (x, z ), fonction harmonique, qui doit
L’équation de continuité du fluide est satisfaite si : être périodique dans l’espace et le temps, et être tel que la vitesse
s’annule sur le fond pour z = – d. La solution est :
b = 2 π/L
z+d
Les équations de l’hydrodynamique permettent d’exprimer la ch 2 π ------------
pression p, laquelle est nulle à la surface libre si : gHT L
t x
Φ ( x, z , t ) = – -------------- ------------------------------ sin 2 π ----- – ------
4π d T L
gT2 ch 2 π ----
L = ------------ L
2π
Pour que la surface libre soit une surface isobare, le potentiel Φ
doit donc satisfaire, pour z = ζ, à :
∂2 Φ ∂Φ
---------- + g -------- = 0
∂t 2 ∂z
gT2 d
L = ------------ th 2 π --- (3)
2π L
C’est l’expression fondamentale qui relie la longueur d’onde L, la
période T de la houle et la profondeur d. L’abaque de la figure 12
résout cette équation.
Exemples :
■ La longueur d’onde L de la houle de période T = 11 s, en profondeur
d = 40 m, vaut 170 m.
Figure 11 – Trajectoire des particules dans la houle de Gerstner ■ La longueur d’onde L de la houle de période T = 6 s, en profondeur
d = 1,5 m vaut 15 m.
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H
2
t x
ζ = ----- cos 2 π ----- – ----
T L
La surface libre a la forme d’une sinusoïde d’amplitude totale H,
qui se propage dans le sens des x croissants, avec la célérité :
L gT d
c = ----- = -------- th 2 π --- (4)
T 2π L
Les composantes de la vitesse suivant les axes x et z sont :
z+d
ch 2 π ------------
πH L
t x
u = --------- ------------------------------ cos 2 π ----- – -----
T d T L
sh 2 π ---
-
L
z+d
sh 2 π ------------
πH
T
L
d
t
T L x
w = – --------- ------------------------------ sin 2 π ----- – -----
sh 2 π ---
-
L
gT2 gT
L = ------------ c = --------
2π 2π
πH t x
u = --------- exp [ 2 π (z /L ) ] cos 2 π ----- – -----
T T L
πH
T T
t x
w = – --------- exp [ 2 π (z / L ) ] sin 2 π ------ – ------
L
Figure 13 – Trajectoire des particules dans la houle de Stokes
Les orbites des particules sont circulaires, leur rayon décroissant
exponentiellement avec la profondeur.
2.1.2.3 Houle au deuxième ordre d’approximation
d
■ Si la profondeur est faible, on peut confondre th 2 π ----- avec La houle irrotationnelle de Stokes n’est qu’une solution en pre-
L
mière approximation. L’étude des ordres supérieurs se traduit par
d
2 π ----- : l’introduction d’harmoniques. C’est ainsi qu’au deuxième ordre [3]
L l’équation de la surface libre est, en coordonnées de Lagrange :
L 2 = gT 2 d c = gd
d
coth 2 π -----
Il s’agit d’une onde de translation au premier ordre d’approxima-
tion ; en effet, les orbites sont alors pratiquement toutes identiques
H t x0
3πH2 L
t x0
ζ = ----- cos 2 π ----- – ------- + ----------------- ---------------------------- cos 4 π ----- – -------
2 T L 8L d T L
sh 2 π -----
2
et très aplaties. L
πH2 d
+ ------------- coth 2 π -----
4L L
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Elle comporte un terme de période T, un terme de période T /2 Au fond, dans le cas des tempêtes, la vitesse moyenne du cou-
et un terme constant. Le niveau moyen d’oscillation est à la cote : rant résiduel vaut :
d d
π2 H 2 sh 4 π ----- – 4 π -----
3 1 d
ζ m = ---------------- 1 + ----- ------------------------- coth 2 2 π ----- πH2 L L
2gT 2 2 2 d L ν (– d ) H2 = -------------- --------------------------------------------
sh 2 π ----- 8 dT d
L sh 2 2 π -----
L
Il y a surélévation du niveau moyen au-dessus du niveau de
repos, le creux total de la vague étant toujours H (figure 14). Les trajectoires se réduisent à un simple mouvement de
va-et-vient, dont la résultante générale est en sens inverse de la
Dans le cas de fortes tempêtes, la houle au deuxième ordre est propagation de la houle.
accompagnée d’un courant horizontal d’entraînement dirigé dans
le sens de propagation dans les parties superficielles et en sens En revanche, lors des houles de « beau temps », c’est-à-dire de
inverse dans les parties profondes. L’intensité du courant est faible faible hauteur et sans vent, le courant résiduel au fond s’inverse et
pour les faibles cambrures, elle est sensible pour les houles de la résultante générale du transport de masse a le même sens que
tempêtes (figure 15a ). celui de la propagation de la houle. Cela explique pourquoi les
houles de tempête emportent le sable vers le large alors que les
En surface, les trajectoires de type elliptique ne sont plus fermées ; houles de beau temps ramènent le sable vers la plage.
elles se déplacent à la vitesse moyenne ν H 2 dans la direction des
x, ν (z ) étant une fonction arbitraire à déterminer en fonction des
conditions aux limites de l’écoulement. À chaque période, les orbites
avancent de H 2 ν T (figure 15b ). 2.2 Déformation de la houle
au cours de sa propagation
2.2.1 Déferlement
gT2 g L0
L 0 = ------------ c0 = -----------
2π 2π
Un premier résultat est que les crêtes de houle sont parallèles aux
lignes de niveau. Cette observation suggère de faire l’hypothèse de
la conservation de l’énergie transmise entre deux plans parallèles
à la direction de propagation des ondes ; en effet, s’il n’en était pas
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ainsi, il y aurait accumulation d’énergie entre deux plans parallèles augmente, le déferlement s’effectue sous la forme connue des
aux crêtes. Il en résulte, H et H0 désignant les hauteurs au-dessus rouleaux plongeants (figure 16c ). Enfin, sur un fond très incliné, le
de la profondeur d et au large : déferlement se manifeste par un gonflement, sorte d’intumescence
(figure 16d ). Le mascaret s’apparente aussi au déferlement, c’est
d
ch 2 π ----- celui des ondes très longues (figure 16e ).
L
H / H 0 = -------------------------------------------------------------------------
d d d
2 π ----- + sh 2 π ----- ch 2 π ----- 2.2.2 Réflexion. Clapotis
L L L
De ce fait, la cambrure γ = H / L varie ; rapportée à celle du large 2.2.2.1 Clapotis au premier ordre d’approximation
γ 0 = H0 /L0 , on obtient :
Lorsque la houle aborde sans déferler un mur vertical normal à
d d sa direction de propagation, la vitesse de chaque particule d’eau se
coth 2 π ------ ch 2 π ------
γ HL 0 L L réfléchit sur la paroi imperméable. Une onde réfléchie identique à
----- = ------------ = ---------------------------------------------------------------------------
γ0 H0 L d d d l’onde incidente, mais de direction opposée, prend naissance.
2 π ------ + sh 2 π ------ ch 2 π -----
L L L Au premier ordre d’approximation, on peut superposer les deux
ondes. Les trajectoires des particules sont des droites, horizontales
■ On doit à Miche [3] d’avoir mis en relief l’effet du rotationnel près aux nœuds d’oscillation N, verticales aux ventres V (figure 17).
du sommet des vagues. Miche propose de représenter la variation
de la cambrure limite γ en fonction de d /L : L’équation de la surface libre :
t x
d
γ = 0,14 th 2 π ------ ζ = H cos 2 π ------ cos 2 π -----
L T L
La cambrure maximale de la houle est donc 14 % en eau profonde ; montre que l’amplitude totale aux ventres est 2 H.
pour les ondes longues, γ est de l’ordre de 10 % (d /L = 0,15) à 8 %
(d /L = 0,1) ; en profondeur très faible, th (2 π d /L) peut être confondu
avec d /L ; la profondeur et la hauteur limites de déferlement dc et
Hc sont liées par l’expression :
dc = 1,14 Hc
■ Une autre méthode, proposée par Munk [4] pour étudier le défer-
lement, consiste à considérer chaque vague prête à déferler comme
une onde solitaire. Dans ces conditions, la hauteur au déferlement H0
est liée à la hauteur et à la cambrure γ0 du large par la relation :
H
------c- = 0,3 γ –1/3
0
H0
et dc = 1,28 H0
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πH2 3 1 d
ζ m = ------------ 1 + -------------------------------- – -------------------------------- coth 2 π -----
L d d L
4 sh 2 π 2 ----- 4 ch 2 π -----
2
L L
Pour les grandes houles, telles que d / L = 0,125 par exemple, ζm
est de l’ordre de H /2.
Les trajectoires des particules sont des paraboles à axe vertical Figure 18 – Clapotis au 2e ordre d’approximation
pour les particules situées au nœud au repos (cos 2 π x0 /L = 0), et
à axe oblique pour les autres positions de repos.
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pm H πH d 3
GC = --------- = ----------------------- 1 – --------- sh 2π ----- – -------------------------------
ρg d L L 3 d
ch 2π ----- 4 sh 2π -----
L L
et la dépression pour t = T /2 :
pm H πH d 3
EG = --------- = ----------------------- 1 + --------- sh 2π ----- – -----------------------------
ρg d L L d
ch 2π ----- 4 sh 3 2π -----
L L
La dépression maximale correspond au point D ; elle vaut :
pm
DF = --------- = H – ζ m
ρg
Les points B, C, E et D étant ainsi définis, un diagramme de pression
simplifié peut être construit en admettant que les courbes AB, BC,
DE sont des droites. Une méthode plus élémentaire, dite de Sainflou,
consiste à prendre ζm = 0 et à négliger les termes du second ordre
en H ; alors :
Figure 20 – Coefficient de réflexion d’un talus
OB = H et
H
CG = EG = ---------------------- en fonction de la pente et de la cambrure 0 de la houle
d
ch 2π -----
L
■ Lorsque la profondeur est grande, c’est-à-dire égale à plus de la
moitié de la longueur d’onde, th (2 π d /L) diffère de moins de 2 % de
2.2.2.4 Réflexion sur une paroi inclinée l’unité :
Lorsque la paroi réfléchissante est un plan faisant l’angle α avec g
L gL
l’horizontale, la réflexion n’est que partielle. Lorsque la cambrure c = ----- = --------- ; L = -------- T 2 ; L = 1,56 T 2
T 2π 2π
est forte, une partie de l’énergie est détruite par déferlement.
Les houles moins cambrées se réfléchissent totalement ou par- avec L en mètres et T en secondes.
tiellement ; le rapport τ = Hr /Hi entre la hauteur de la houle réfléchie
et la hauteur de la houle incidente, ou coefficient de réflexion, est ■ Dans les zones de faibles profondeurs, inférieures à 4 % de la lon-
fonction de l’angle α du talus ; il diminue très vite avec α ; il est fonc- gueur d’onde, th (2 π d /L) diffère de moins de 2 % de 2 π d /L ; la célé-
tion de la cambrure γo au large, il diminue quand elle augmente : rité est alors :
enfin, il dépend de la nature de la surface du talus : L
c = ----- = g d
T
k 2 α sin 2 α
τ = ------- -------- ---------------- Dans ce cas, les vagues se propagent à la même vitesse, quelles
γ0 π π
que soient leurs périodes.
avec k = 0,9 à 1 (revêtement lisse), ■ La diminution de la célérité avec la profondeur a les consé-
0,7 à 0,8 (revêtement en maçonnerie), quences suivantes :
0,6 à 0,7 (enrochement en pierre),
0,5 (massifs en blocs d’enrochement). — lorsque la houle se propage normalement aux lignes bathy-
métriques (ou lignes d’égale profondeur), sa longueur d’onde dimi-
Exemple : l’abaque de la figure 20 montre qu’un talus de pente 3/1 nue au fur et à mesure de l’approche du rivage, car sa période
(base 3 pour une hauteur 1) a un coefficient de réflexion de 0,49 pour reste constante. Les lignes de crêtes sont plus serrées au voisinage
une houle de cambrure 3 % (γ0 = 0,030) au large. du rivage ;
— lorsque la direction de la houle est quelconque par rapport aux
lignes bathymétriques, les célérités, et donc les longueurs d’onde,
2.2.3 Réfraction sont différentes en deux points voisins d’une même crête de houle
(figure 21). Les lignes de crêtes ne restent donc pas parallèles ; elles
La vitesse de propagation ou célérité de chacun des constituants sont plus serrées du côté des petites profondeurs. Le résultat est
de la houle est dans le cas général : que les lignes de crêtes de la houle sont incurvées ; la houle tourne
de façon à ce que ses lignes de crêtes deviennent parallèles aux
L gL d lignes bathymétriques. Cet état d’équilibre est parfois atteint avant
c = ----- = -------- th 2 π ----- le déferlement si la pente du fond est très faible ; c’est le cas des
T 2π L
plages au fond des baies ; il n’est pas atteint si la houle est très
Les houles les plus courtes se déplacent plus lentement que les oblique ou si le fond varie rapidement au voisinage de la côte
longues. (figure 22).
Exemple : pour L = 38 m, T = 5 s, c = 7,6 m/s ;
pour L = 156 m, T = 10 s, c = 15,6 m/s
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2.2.4 Diffraction
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avec k = 2 π/L
F ( r, θ ,α ) = ( 1 + i ) { exp [ – i kr cos ( θ – α ) ]I ( U )
+ exp [ – i kr cos ( θ + α ) ] I ( V ) }/2
U= 8r /L sin [ ( θ – α ) /2 ]
V=– 8 r /L sin [ ( θ + α ) /2 ]
I(x) = –∞
x
exp ( – i π t 2 /2 ) d t
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Tableau 2 – Hauteur relative (en %) de la houle diffractée par une jetée semi-infinie en fonction de U et V
U
V
– 20 – 10 –5 – 3,5 –2 – 1,5 –1 – 0,9 – 0,8 – 0,7 – 0,6 – 0,5 – 0,4 – 0,3 – 0,2 – 0,1 0
– 20,0 2 3 6 8 12 16 21 23 25 27 29 32 35 38 42 46 51
– 10,0 3 5 7 9 13 17 22 24 26 28 30 33 36 39 43 47 52
– 7,5 4 5 8 9 14 18 23 25 27 29 31 34 36 40 43 48 52
– 5,0 6 7 9 11 16 19 25 26 28 30 32 35 38 41 45 49 53
– 4,0 7 8 10 12 17 20 26 27 29 31 33 36 39 42 46 50 54
– 3,0 9 10 12 14 19 22 28 29 31 33 35 38 41 44 47 51 56
– 2,8 9 10 12 14 19 23 28 30 31 33 36 38 41 44 48 52 56
– 2,6 10 11 13 15 20 23 29 30 32 34 36 39 42 45 48 52 57
– 2,4 10 12 14 16 20 24 29 31 33 35 37 40 42 45 49 53 57
– 2,2 11 12 15 17 21 25 30 32 34 36 38 40 43 46 50 54 58
– 2,0 12 13 16 18 22 26 31 33 35 37 39 41 44 47 51 54 59
– 1,8 13 14 17 19 23 27 32 34 36 38 40 42 45 48 52 55 60
– 1,6 15 16 18 20 25 28 34 35 37 39 41 44 47 50 53 57 61
– 1,4 16 18 20 22 26 30 35 37 39 41 43 46 48 51 55 58 62
– 1,2 18 19 22 23 28 32 37 39 41 43 45 47 50 53 57 60 65
– 1,1 20 21 23 25 30 33 39 40 42 44 47 49 52 55 58 62 66
– 1,0 21 22 25 27 31 35 41 42 44 46 48 51 54 57 60 64 68
– 0,9 23 24 26 28 33 36 42 44 46 48 50 52 55 58 62 66 70
– 0,8 25 26 28 30 35 38 44 46 47 49 52 54 57 60 64 68 72
– 0,7 27 28 30 32 37 40 46 48 49 52 54 56 59 63 66 70 74
– 0,6 29 30 32 34 39 42 48 50 52 54 56 59 62 65 69 72 76
– 0,5 32 33 35 37 41 45 51 52 54 56 59 62 64 68 71 75 79
– 0,4 35 36 38 40 44 48 54 55 57 59 62 64 67 71 74 78 83
– 0,3 38 39 41 43 47 51 57 58 60 63 65 68 71 74 78 82 86
– 0,2 42 43 45 46 51 54 60 62 64 66 69 71 74 78 82 86 91
– 0,1 46 47 49 50 54 58 64 66 68 70 72 75 78 82 86 90 95
0 51 52 53 55 59 62 68 70 72 74 76 79 83 86 91 95 100
U
V
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 1,5 2 3,5 5 10 20
– 20,0 51 56 62 68 74 81 88 95 101 107 111 107 93 98 102 99 100
– 10,0 52 57 62 68 75 81 88 94 100 106 110 106 94 99 102 100 101
– 7,5 52 57 63 69 75 81 88 94 100 105 110 106 94 99 101 101 101
– 5,0 53 58 63 69 75 81 88 94 100 105 109 105 95 99 100 102 102
– 4,0 54 59 64 70 76 82 88 94 99 104 108 105 96 100 99 102 103
– 3,0 56 60 65 71 76 82 88 93 98 103 106 104 97 101 98 104 105
– 2,8 56 61 66 71 76 82 88 93 98 102 106 104 97 101 98 104 105
– 2,6 57 61 66 71 77 82 88 93 98 102 105 103 98 101 97 105 106
– 2,4 57 62 67 72 77 83 88 93 98 102 105 103 99 101 97 105 106
– 2,2 58 62 67 72 78 83 88 93 98 102 104 102 99 102 96 106 107
– 2,0 59 63 68 73 78 83 89 93 98 101 104 102 100 102 96 107 108
– 1,8 60 64 69 74 79 84 89 93 97 101 103 101 101 103 95 108 109
– 1,6 61 65 70 75 80 85 89 94 97 100 102 100 102 104 95 109 110
– 1,4 62 67 71 76 81 85 90 94 97 100 101 99 104 105 94 110 111
– 1,2 65 69 73 78 83 87 91 95 98 100 101 98 106 107 94 113 113
– 1,1 66 71 75 80 84 88 92 96 98 100 100 96 107 108 94 114 115
– 1,0 68 72 77 81 85 90 93 96 99 100 100 95 109 110 93 116 117
– 0,9 70 74 78 83 87 91 95 97 99 100 100 94 111 111 93 118 118
– 0,8 72 76 80 85 89 93 96 98 100 100 99 92 113 113 93 120 120
– 0,7 74 78 82 87 91 95 98 100 101 101 99 90 115 115 94 122 123
– 0,6 76 81 85 89 93 97 100 102 103 102 100 88 117 118 94 124 125
– 0,5 79 84 88 92 96 100 103 104 105 103 100 85 120 121 95 127 128
– 0,4 83 87 92 96 100 103 106 107 107 105 101 81 124 124 97 131 132
– 0,3 86 91 96 100 104 108 110 111 111 108 103 77 128 128 99 135 135
– 0,2 91 95 100 105 109 112 115 116 115 112 106 73 132 133 103 139 140
– 0,1 95 100 105 110 114 118 120 121 120 117 110 67 137 138 107 144 144
0 100 105 110 116 120 124 127 128 127 123 116 61 142 144 113 148 149
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2.4.1 Utilisation de l’abaque de Bretschneider Les hypothèses précédentes permettent d’exprimer la densité de
probabilité du niveau de la mer à la cote z par :
La houle est d’autant plus longue et plus haute qu’il existe une 1
plus grande étendue de mer libre dans la direction d’où elle provient ; P (z ) = ---------------------- exp ( – z 2 /2 m 0 )
cette distance D s’appelle le fetch. La hauteur maximale de la houle 2 π m0
dépend aussi de la vitesse du vent W, du temps pendant lequel il
souffle, et de la distance sur laquelle il agit. Diverses formules empi- le moment d’ordre zéro m0 étant relié à l’énergie totale Es de la
riques ont été proposées et des graphiques établis, donnant la hau- houle aléatoire considérée, par unité de surface de la mer, par :
teur et la période en fonction de la vitesse du vent et de sa durée m 0 = Es / ρ g
d’action, puis de l’amortissement de cette hauteur en fonction de
la distance parcourue par la houle à partir de la zone de génération.
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Figure 29 – Hauteur et période significatives de la houle en fonction de la longueur du fetch, de la durée et de la vitesse du vent
La densité de probabilité des points singuliers de la surface de Cette dernière relation permet d’exprimer Hm (moyenne des
la mer, par exemple les cotes des crêtes et des creux, s’exprime alors hauteurs d’un enregistrement) à partir de la mesure directe de Hmax
en fonction de m0 et du paramètre ε, appelé largeur du spectre et du nombre N de vagues bien formées sur l’enregistrement
d’énergie. Ce paramètre traduit l’amplitude des périodes de la houle (figure 30). La hauteur significative Hs représente la valeur moyenne
d’un train de vagues : du tiers supérieur des hauteurs des vagues de l’enregistrement
• ε = 0 si la houle a une seule période (spectre étroit) ; considéré, par exemple, la valeur moyenne des hauteurs des 40 plus
• ε ≈ 1 si beaucoup de périodes sont présentes (spectre large). grandes vagues d’un enregistrement de 120 vagues. La hauteur H1/10
est la valeur moyenne du décile supérieur des hauteurs.
Il s’exprime simplement en fonction du nombre Nmax de maxi-
mums et du nombre N0 de passages par le niveau moyen d’oscilla- L’intérêt de la hauteur significative est d’être une mesure des
tion (figure 30) : grandes vagues d’une séquence de houle, significative du point de
vue de l’attaque de la houle sur les structures souples, telles que
ε 2 = 1 – (N0 /2 Nmax )2 les digues à talus, car elle conduit sensiblement aux mêmes dégâts
qu’une houle de même hauteur Hs constante et de période
Lorsque ε = 0 (et pratiquement tant que ε < 0,2), la densité de constante. La hauteur H1/10 peut être utilisée dans le même but,
probabilité des hauteurs H est : avec un pessimisme accru, puisqu’elle est de 25 % supérieure à
Hs ; cela conduit à doubler le poids des éléments des carapaces
H
P (H ) = ------------- exp ( – H 2 /8 m 0 ) des ouvrages de défense à talus.
4 m0
Exemple : la hauteur maximale d’un train de houle de 300 vagues
ce qui permet d’exprimer quelques hauteurs caractéristiques d’un vaut 5 m : les relations ci-avant donnent :
train de houle, de N vagues (N > 100) :
Hmax = 2,8 Hm ; Hm = 1,8 m ; Hs = 2,8 m ; H1/10 = 3,5 m
— hauteur moyenne : Hm = 2 π m0
À la hauteur maximale on associe, en général, la période asso-
— hauteur significative : Hs = 1,6 Hm ciée Tass des vagues bien formées ; à Hs on associe la période
— hauteur 1/10 : H1/10 = 2,0 Hm moyenne de l’enregistrement.
0,577
— hauteur maximale : H max = 0,80 2 In N + --------------------- H m
2 In N
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un événement H H T pendant la durée de vie L de l’ouvrage. En Inversement, la durée de retour T qui définit la houle de projet
effet, la probabilité que n (nombre d’années au bout desquelles appa- à prendre en compte, pour que la probabilité de dommage E, au
raît un nouvel événement H H T ) soit inférieur à L est : cours de la durée de vie de l’ouvrage, dépasse le seuil pE est :
L L T = – L /In (1 – pE )
p (n L) = ∑ p (n ) = q ∑ ( 1 – q )n – 1 = 1 – (1 – q ) L Le tableau suivant montre que la durée de retour de la houle de
1 1
projet doit être égale à plusieurs fois la durée de vie de l’ouvrage
La probabilité pE du dommage E pendant la durée L est donc : pour limiter le risque de dommage à un niveau acceptable : (0)
L
1 T/L 1 2 5 10 20 50
p E = p ( n L ) = 1 – 1 – -----
T
pE 0,63 0,39 0,18 0,10 0,05 0,02
Si T > 10 ans, on peut approcher l’expression ci-avant par :
pE = 1 – exp (– L /T )
Références bibliographiques
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maritime. (3e éd.) Masson (1992). its application to surf problems. Ann. New Chatou, pour la mesure de la houle naturelle.
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prédiction des marées. Service Hydrographi- mai 1949. American Society of civil Engineers New York.
que et Océanographique de la Marine (1905). [5] LAMB (H.). – On sommerfeld’s diffraction pro- Grenoble, p. 170-176, sept. 1954.
[3] MICHE (R.). – Mouvements ondulatoires de la blem and on reflection by a parabolic mirror. [7] BERNIER (J.), DARRAS (M.), GRAFF (M.) et
mer en profondeur croissante ou décroissante. Proc. London Math. Soc. (2) L IV, p. 190-203 MANOHA (B.). – Prédiction statistique des
Ann. Ponts Chaussées (F), juin-août 1944. (1906). états de mer extrêmes. Annales des Ponts et
Chaussées (F) no 43, p. 21-33, 3e trim. (1987).
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