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Au-delà des mots, rencontrer le mineur non accompagné,

tenter de traduire le(s) passage(s) en péril


Armelle Hours
Dans Enfances & Psy 2020/2 (N° 86), pages 114 à 124
Éditions Érès
ISSN 1286-5559
ISBN 9782749268552
DOI 10.3917/ep.086.0114
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La quête d’une langue :
les enjeux de la traduction
Armelle Hours
Au-delà des mots, rencontrer
le mineur non accompagné,
tenter de traduire le(s) passage(s)
en péril

Armelle Hours, psychiatre,  « L’enfer n’est plus une croyance religieuse, ni un délire
de l’imagination, mais quelque chose de tout aussi réel que
psychanalyste ; les maisons, les pierres et les arbres qui nous entourent. »
Hannah Arendt
dr.armellehours@orange.fr
Noham, 15 ans, arrive de Kinshasa, République démo-
cratique du Congo. Après un bref passage en accueil d’ur-
gence, il est accueilli en mecs (Maison d’enfants à caractère
social). Au moment où je le rencontre, il est convaincu de
l’inutilité des mots. « Il n’y a pas d’histoire à raconter »,
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dit-il. Noham argumente : « Chez nous, les psys, c’est pour
les dingos ! » Pas d’histoire ? Ne s’agirait-il pas plus préci-
sément de ne pas faire d’histoire ? C’est aussi très souvent le
mot l’ordre qui se propage parmi les mineurs non accompa-
gnés. Le danger de parler signe sans doute aussi cette forme
de désertion du langage verbal et de la pensée, et annonce
les risques d’impasses futures. Peut-on vraiment se rendre
compte du sort de nombreux mineurs au cours de leur voyage
en direction de la terre dite d’accueil ? Cela fait sans doute
bien partie de ce qu’Ogden (2007) appellerait l’inrêvable ?
On a, bien sûr, entendu parler de ce qui se passe en Libye,
ou sur l’île de Manus, ou encore dans de nombreux endroits
du monde, où la fragilité et la précarité de l’humain s’ex-
ploitent, et où le mineur se trouve encore plus vulnérable du
fait de son âge. Mais est-ce pour autant figurable ? Le mineur
non accompagné a pu rencontrer très brutalement l’irruption
d’une réalité traumatique sous toutes ses formes. N’y a-t-il
pas un écart extrêmement important entre le projet initial,
au moment où l’enfant, l’adolescent, organise son départ, et
le moment où il arrive ? Cette quête, forte de sa dimension
initiatique, peut voir sa trajectoire se briser sur les rivages

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des expériences traumatiques. L’adolescence se voit ainsi éradiquée. Le rêve


est alors, d’un seul coup, anéanti. Cette « mer à l’envers1 » fait du passage
maritime une traversée de l’enfer. Ce ne sont pas seulement les violences
physiques subies qui font le lit du trauma, mais sans doute la destruction de
l’espace du rêve concomitant. Cela conduit à cette détransitionalisation, telle
que l’a décrite Janin (1996), cette brusque disparition de l’espace potentiel, tel
que Winnicott (1971) le conçoit, et qui ouvre sur la créativité. Pour le mineur
non accompagné, le péril prend-il vraiment fin au moment de l’arrivée en
Europe ? Il est possible que les périls au dedans relayent ces périls du dehors,
dans une exacerbation infernale.
Après avoir retracé les contours de ces contextes extrêmes, dans lesquels
peuvent s’être trouvés/se trouver de nombreux mineurs non accompagnés,
et à l’appui de plusieurs courtes séquences cliniques, et de quelques détours
littéraires, il sera question de prendre en compte les dommages psychiques
de ces situations périlleuses et des impasses qui en découlent. Dans quelle
langue va pouvoir s’effectuer la traduction ? Un langage bien au-delà des mots.
Le langage du corps sera exploré. En particulier, la place toute particulière
du phénomène douloureux sera envisagée. Ensuite, en prenant en compte la
dimension des impasses intersubjectives consécutives à l’expérience trauma-
tique, nous essayerons, dans une dernière partie, d’entrevoir les possibilités
de dégagement.

Un contexte de traumas en cascade.


« De quoi avez-vous le plus peur2 ? »
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Baanie, 14 ans, arrive de Guinée-Bissau. Les informations que nous avons la
concernant sont assez sommaires. Elle est arrivée sur le territoire, accompa-
gnée par une dame, une protectrice, qui l’installe dans un hôtel du centre-ville,
et qui exige, en échange, qu’elle se soumettre aux exigences sexuelles des
hommes qu’elle amène dans sa chambre. Baanie parvient au bout de quelque
temps à s’enfuir de l’hôtel, et rencontre une femme africaine qui la conduit
à l’accueil d’urgence. Depuis son arrivée en mecs, elle ne dit pas un mot. Il
est alors décidé de faire appel à un traducteur. Le jour où je la rencontre, le
traducteur n’est pas là, je propose de maintenir notre rendez-vous. Lors de
cette première rencontre, je suis très vite saisie par une impression étrange
d’angoisse devant sa posture mutique. Percevant alors cet état de sidération
qu’elle aurait bien pu me communiquer, je lui dis combien je pense qu’il doit 1.  Comme le propose le titre
du roman de M. Darrieussecq,
être difficile d’arriver en France, de si loin, dans un lieu que l’on ne connaît la  mer à l’envers, Paris, pol,
pas. Et je poursuis en ajoutant qu’il doit sûrement être très dur aussi de voir 2019.
toutes ses nouvelles personnes d’un coup. Je me présente et je lui parle du lieu 2.  Question extraite de l’enquête
où nous nous trouvons, un peu comme s’il était question de lui faire visiter sur les enfants seuls à Calais,
une nouvelle demeure. Baanie semble à l’écoute. Je me demande si c’est le Ni sains ni saufs, Unicef,
ton de ma voix qui suscite son attention, ou bien si elle comprend ce que je 2016. https://www.unicef.
fr/contenu/espace-medias/
lui dis. Au bout d’un certain temps, je suis surprise. Pensant qu’elle ne parlait ni-sains-ni-saufs-enquete-sur-
pas français, elle m’explique, en français, qu’en effet la langue qu’elle utilise les-mineurs-non-accompagnes-
le plus souvent est le portugais, mais, ayant vécu quelque temps au Sénégal, dans-le-nord-de-la-france

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elle parle le français. Cependant, elle me met en garde immédiatement. Elle


n’aime pas parler, et surtout, elle n’aime pas raconter son histoire, elle ne
veut pas penser aux mauvais souvenirs. Je peux alors lui proposer un jeu, ce
qu’elle accepte facilement. Lors d’un rendez-vous ultérieur, remarquant que
mon bureau est assez isolé au dernier étage de la mecs, elle me demande avec
insistance : « As-tu peur ici ? » « Comment fais-tu toute seule, il n’y a personne
à l’étage ? Comment fais-tu, si tu as besoin d’aide ? » Cette entrée en matière
proposée par Baanie va permettre, grâce à ce détour qui m’est adressé, d’évo-
quer la façon dont on peut se sentir en sécurité et les moyens nécessaires pour
y arriver, notamment sur le fait de pouvoir faire confiance.
Cette brève vignette clinique confirme, s’il le fallait, l’inutilité de la quête
d’un récit à tout prix, d’une traduction à tout prix. Il a été question, avant tout,
d’accueillir la sidération, voire de la ressentir. Ce qui a sans doute permis à
Baanie d’investir, pour un temps, la possibilité d’un espace protégé, espace dans
lequel, ce sont avant tout les conditions de sécurité qui doivent être restaurées.
Le mutisme initial de Baanie, rempart contre le risque de nouvelles effractions
traumatiques, indique que la narration n’est pas disponible, et invite au repérage
préalable de cette charge traumatique et de ses impacts.
Le parcours migratoire du mineur a bien souvent des allures de chaos. Le
vocabulaire de la traumatologie peut donner un peu la mesure de ces enjeux le
plus souvent indicibles : rupture, déchirure, dislocation, fracture, amputation,
démembrement, arrachement, lyse, désinsertion, incoercibilité, etc. Réguliè-
rement, l’enfant exilé est confronté à des deuils qui ne peuvent s’élaborer. Le
risque vital, très fréquemment associé, colore ce parcours d’une logique de la
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survie, annulant brutalement la dimension initiatique et la problématique du
passage adolescent, c’est-à-dire les processus de maturation. Les expériences
répétées de violence, sous toutes leurs formes, risquent bien de confiner le
mineur, non seulement dans un état de sidération, comme dans le cas de Baanie,
mais aussi, nous le verrons plus bas, lorsque la personne secourable n’est pas
accessible, à l’isolement. Dès son arrivée sur la terre dite d’accueil, comprendre
et se faire comprendre devient l’axe central autour duquel se situent les prin-
cipales difficultés rencontrées par le mineur non accompagné. Le climat de
suspicion, d’interrogations diverses (recherche d’âge osseux, en particulier),
peut tout à fait renforcer ce vécu traumatique, ou même faire surgir un vécu
de trahison. Cela peut aussi intensifier ces boucles d’incompréhension, par
exemple lorsqu’une réponse inappropriée fait suite à ce besoin criant de sécu-
rité. Lorsque le mineur échappe aux multiples obstacles rencontrés sur sa route,
est-il vraiment un rescapé ? À l’instar de Baanie, quand elle a été recueillie
par cette femme protectrice, à son arrivée en France, le sauvetage peut parfois
prendre des allures d’entrée dans l’enfer. De plus, on sait aussi que les échecs
migratoires enferment le migrant dans ce statut de maudit (Ciyow, 2020).
La vulnérabilité de l’humain, en raison de sa condition de néoténie, s’impose
comme une évidence. Toute expérience traumatique, lorsqu’elle est intense,
propulse le sujet dans cet état de détresse, cette Hilflosigkeit décrite par Freud
(1898), et pouvant conduire, non seulement à cette sidération, une façon de

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débrancher mentalement, pour reprendre une expression de Boochani (2019),


mais aussi à une brutale régression vers une temporalité précoce, ce temps où
l’être humain se trouve, de fait, démuni quand sa dépendance est extrême, le
besoin crucial d’une personne secourable, ce Nebenmensch (Freud, 1898), se
fait sentir. On connaît, chez l’enfant, les conséquences des défauts de portage,
affectifs en particulier, et du fait de la régression imposée par les états de
détresse aigus. Le risque vital peut également découler de ce défaut d’enve-
loppe, de cette absence de « portage » psychique (Hours, 2019).
Le concept d’intersubjectivité (Bohleber, 2013) ne devrait pas se définir dans
une opposition à l’intrapsychique, mais plutôt du côté de ce rapport à l’altérité,
et au tiers. Cette notion peut se concevoir comme un espace dynamique qui
permet à la psyché de se déployer. Le rapport à l’altérité se trouvant brus-
quement détérioré dans les expériences traumatiques, la sidération et l’effroi
empêchent, la plupart du temps, les possibilités du recours à de nouvelles
expériences intersubjectives restauratrices d’advenir.
« Quelque chose se cassait, quelque chose s’est cassé. Tu ne te sens
plus – comment dire ? – soutenu : quelque chose qui, te semble-t-il, t’a
jusque-là réconforté, t’a tenu chaud au cœur, le sentiment de ton existence, de
ton importance presque, l’impression d’adhérer de baigner dans le monde, se
met à te faire défaut ? » (Perec, 1967, p. 22). Lorsque les conditions d’accueil
ne sont pas réunies sur le plan qualitatif, lorsque la solitude devient isolément,
alors la vitalité psychique tout autant que physique, la vitalité tout court, déserte
le sujet (Ferenczi, 1929). Comme le propose Perec, dans un tout autre contexte,
ne plus se sentir soutenu, entraîne cette brisure au-dedans de soi, une forme
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d’exil, pouvant surgir quand le soutien au dehors fait défaut. On devine ainsi
à quel point l’isolement du mineur constitue un facteur défavorable.
À la source de l’intersubjectivité se trouve la notion d’intercorporéité, déve-
loppée par Merleau-Ponty. À partir de la reconnaissance de l’autre sur la base
de l’expérience sensorielle, non verbale, le sujet peut ressentir une présence,
une présence corporelle. C’est cette coprésence qui devient la source de l’inter-
subjectivité, en quelque sorte. Kuchenhorff (2019), dans un travail récent repre-
nant cette notion d’inter-corporéité, montre comment le langage du corps peut
refléter les affres de l’intersubjectivité, et comment la cohésion de la psyché
est assurée par ce socle de l’expérience d’inter-corporéité.

Langage(s) du corps. Le corps parle


pour surtout ne pas avoir à dire

« Mon corps était au bord de l’effondrement » (Boochani, 2019, p. 112).


Abhim a 12 ans lorsqu’il arrive du Tchad sur le territoire français. Dans un
premier temps il est accueilli en urgence, puis quelques mois plus tard, en mecs.
Il a cette allure assez reconnaissable de ces enfants qui ont dû, bien trop tôt, se
débrouiller sans aide, et de fait, sont très peu enclins, en tout cas au début, à
s’appuyer sur le soutien éducatif proposé. Abhim semble, la plupart du temps,
observer ce qui se passe autour de lui. De la méfiance peut-être ? Il montre une

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très grande sensibilité à ce qu’il ressent comme de l’injustice. Il peut tout à


coup, sans rien dire, devenir très sombre, et même parfois la nuit, il se réveille
en sursaut, en sueurs et en cris, mais il n’en dit rien lorsqu’on l’interroge. On
sait qu’il est passé par la Libye. Certains aimeraient parfois en savoir plus sur
son parcours, pressentant qu’il a pu traverser de grands dangers, et pensant
que le récit le soulagerait, mais Abhim garde sa réserve, c’est son rempart.
L’histoire traumatique est bien là, seulement, elle est indicible. Au bout de
quelques mois, il fait part de douleurs multiples. Le bilan et les consultations
spécialisées mettent en évidence plusieurs problèmes infectieux sérieux, dont
une mst. Trace, s’il en fallait, de la probabilité des violences sexuelles subies.
Les soins médicaux contrairement aux prévisions, sont accompagnés de grands
moments d’angoisse, et les douleurs physiques persistent. Le corps d’Abhim
s’exprime. Son corps en dit plus sur ce qu’il ne peut exprimer avec les mots.
Malgré les traitements et l’amélioration biologique des pathologies infectieuses
traitées, le soulagement ne vient pas, les douleurs insistent, elles sont comme
les cris du désespoir (Svavopoulos, 2019).
« Je suis désintégré, démembré, mon passé décrépi est fragmenté, incapable
de se reconstituer » (Boochani, 2019, p. 300).
La douleur physique est assez régulièrement observée chez le mineur non
accompagné, au-delà de cette phase de sidération. Comment concevoir ce
phénomène douloureux ? J.-C Rolland (1986) envisage la déchéance de la
parole, du langage verbal, comme étant contemporaine des opérations de
désublimation dans les situations de torture. Il invite à considérer la patho-
logie somatique comme un témoignage. La douleur signale cette discontinuité
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d’existence, dans cette langue de la bribe, le langage de la dislocation. Les
intrications étroites soma/psyché forcent à nouveau l’examen des conséquences
de la charge traumatique, en particulier ces états de régressions imposées au
Moi. Rappelons-nous utilement que la construction de la psyché s’ancre, dès
l’origine, dans le rapport à l’autre, et dans le soma. La personne qui s’occupe
de l’infans3, généralement la mère, est cette première traductrice, comme les
travaux de Bion en attestent. Le Moi de l’infans est avant tout corporel (Freud,
1898). Les travaux d’Anzieu poursuivent et développent très largement ces
intuitions initiales.
L’impasse dans le langage signe celle de l’intersubjectivité. À côté de la préca-
rité somatique bien réelle, dans laquelle peuvent, ou ont pu, s’être trouvés de
nombreux mineurs non accompagnés, la douleur pourrait aussi bien attester
de ce vécu d’isolement. L’inscription psychique n’étant pas disponible, le
corps interface dedans/dehors devient le lieu de l’impasse (Burloux, 2004).
La souffrance corporelle témoignant des défauts d’enveloppe, cette sorte de
refuge ultime dans la perception, raconte-elle quelque chose de cette impasse ?
Lorsque l’élaboration du trauma ne peut se faire, et que la psyché est désertée,
doit-on souffrir pour se sentir exister ? N’y aurait-il pas une sorte de tentative
3.  L’infans désigne de requalification de l’affect, et en même temps la marque de ce qui ne peut
généralement l’enfant d’avant pas se psychiser ? La douleur dans le corps, c’est aussi le réveil de la trace,
le langage. des traces de l’arrachement, de la discontinuité. Ces traces non élaborées, non

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représentables, vont ensuite entretenir les souffrances corporelles ultérieures


(Combe, 2010). Cette mémoire du corps peut faire le lit de la mélancolie. La
douleur prend alors le sens d’une nouvelle visite de ce passé non traduit. La
douleur pour se sentir vivant, un corps souffrant est un corps vivant, comme
le propose J. McDougall (1989), mais cette douleur est comme un drame sans
scène, nous précise-t-elle. Les douleurs physiques ineffables sont comme autant
de signaux qui ont de grandes chances de passer à la trappe, de ne pas être
entendus. C’est sûrement tout le paradoxe de ce type de langage non verbal.
Il est sans adresse. Comme cela peut s’observer assez régulièrement dans les
contextes de trauma, d’un côté, la psyché œuvre à déserter les lieux, de l’autre,
le corps envoie des signaux, assez souvent peu accessibles à la traduction.
« Vous avez dit “a disparu” dans le sens où il a réellement disparu comme on
dit par exemple que telle espèce ou telle langue vivante a disparu ? Ou vous
le dites plutôt dans le sens “a disparu de ma vue” ? » (Gamboa, 2009, p. 161).
Ne pas dire, effacer, faire disparaître la trace traumatique, oublier, ne pas se
souvenir, autant de leitmotiv qui s’annoncent souvent comme autant d’aver-
tissements. Évacuer la trace du trauma, la blanchir ? L’effacer ? De cette
façon-là, s’organisent bien souvent les digues défensives face à l’effraction
traumatique. Le corps peut aussi en porter la trace, parfois très ostensiblement,
comme c’est le cas dans ce que l’on appelle le colorisme, une dépigmentation
volontaire, souvent contemporaine de la trajectoire de l’exil (Aubert et coll.,
2020). De telles manœuvres radicales de mise à l’écart, dessinent régulière-
ment des conditions de survie. Un autre danger voit le jour. Celui de se sentir
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soi-même effacé, d’avoir disparu dans la tête de l’autre. Dans le cadre de son
suivi médical, Abhim a un traitement médical prescrit. À plusieurs reprises,
les éducateurs ne pensent pas à lui donner ce traitement. Ils oublient. Abhim
est oublié. Que dit cet oubli ? Ne pourrait-il pas s’agir de l’actualisation de son
péril intersubjectif ? Il n’a pas de nouvelles de ses proches. Sa famille, pour lui,
a disparu. Comment peut-il conserver ses attaches ? Comment est-il pensé par
l’autre ? Ne court-il pas le risque de se sentir lui-même effacé ? N’a-t-il pas lui
aussi disparu à leurs yeux ? Il est probable que ce qui se joue, à ce moment-là,
au sein de l’équipe, traduise cette discontinuité du lien. Abhim court le risque
de disparaître, de ne plus être pensé par l’autre. L’effacement peut se propager
en miroir, et la menace, au lieu de s’atténuer, s’exacerbe. La douleur exprimée
pourrait alors représenter ce rempart contre l’effacement de la trace. La douleur
d’une absence qui s’éprouve.
Behrouz Boochani, réfugié kurde iranien, dont certaines citations se trouvent
en exergue, s’est certainement prémuni de cette menace d’effacement, en utili-
sant la possibilité d’envoyer de nombreux messages WhatsApp à un ami, alors
qu’il était détenu dans un camp de rétention australien sur l’île de Manus. Ce
témoignage bouleversant, réunissant, dans le livre, l’ensemble de ces messages
à la mer, a sans doute permis à l’auteur de ne pas sombrer dans la dévitalisation
imposée par cette forme d’exil, en dépit d’une menace bien réelle.

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Perspectives ? « Ils savent que la rue peut les avaler4. »


Dans une réflexion sur les malaises actuels de la civilisation, Green (1993) se
questionne sur la préservation de l’humain. Il propose de retenir deux condi-
tions fondamentales, l’apprentissage de la réciprocité et la reconnaissance de
l’altérité. La communication sert, bien sûr, cette reconnaissance, à condition
qu’elle soit ajustée. Les dangers de la mauvaise compréhension surgissent,
de part et d’autre. Que le mineur livre un récit plaqué qui lui sert de sésame,
ou bien que l’incompréhension avec l’interlocuteur s’installe, ces écarts sont
représentés, on l’a vu, par le renforcement de la menace traumatique. Ils font
courir le risque d’entretenir cette confusion de registre, confusion des langues
soulignée par Di Micco (2018), et qui s’apparente aux équations symboliques,
décrites par Segal, et ils aboutissent le plus souvent à des mises en sens stérili-
santes, non opérantes, en même temps qu’elles renforcent le risque d’isolement.
La présence du traducteur est importante, sans aucun doute, mais il n’est pas
sûr qu’elle soit toujours très opérante et/ou suffisante, notamment lorsque l’état
de sidération engendré par le trauma est présent. À ce moment-là, c’est aussi
vers d’autres modalités de traduction qu’il faudrait pouvoir se tourner, celles
qui concernent le langage au-delà des mots, le langage non verbal. Dans cet
horizon-là, accepter de ne pas comprendre immédiatement, tolérer ces bribes,
admettre cette discontinuité, supporter l’inconfort dans lesquels ces situations
extrêmes nous propulsent, soignants ou travailleurs sociaux, devient une condi-
tion essentielle qui s’apparente à une forme d’accueil. Endosser cet inconfort,
c’est, en fin de compte, accueillir l’insécurité criante, c’est-à-dire entendre les
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impacts du trauma, en offrant une attention authentique, entendre le besoin de
réconfort, entendre la souffrance indicible qui surgit dans les douleurs corpo-
relles. Traduire ce besoin de restauration, c’est en premier l’entendre.
Les destinées singulières des parcours traumatiques de l’exil ne sont pas iden-
tiques (Roussillon, 2019). Lorsque la psyché n’est pas en mesure de traiter,
de traduire, d’élaborer, l’expérience traumatique, le risque d’impasse, sous
plusieurs formes, est bien réel. La désorganisation psychique est sans doute la
plus repérable, accompagnant régulièrement une culpabilité massive indicible.
Nombreuses peuvent être les expressions psychopathologiques de l’identité en
souffrance, depuis la décompensation psychotique, mélancolique, en passant
par les pathologies et les souffrances du corps. C’est dans ces désorganisations
que se rencontre la problématique de l’exil à soi-même développée par Oury
(2020).
Une autre forme d’impasse est représentée par l’enkystement. Lobo Antunes
(2019) met en scène magistralement cette problématique de l’enkystement
dans ce très beau roman Jusqu’à ce que les pierres deviennent plus douces
que l’eau. Bien des années plus tard, au Portugal où il a été recueilli, un jeune
Angolais arraché enfant à sa terre natale en pleine guerre, conserve en lui les
traces ineffaçables, intactes, de la destruction et du massacre des siens. De
4.  M. Kerloc’h, 2018, p.10. telles traces peuvent faire retour brutalement dans une violence alors décuplée.

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Au-delà des mots, rencontrer le mineur non accompagné…

Face à ces parcours de l’enfer, préserver l’humain représente l’axe principal.


Faire en sorte d’empêcher que la rue ne les avale. Pour cela, il va, sans aucun
doute, s’agir de trouver les conditions qui permettront de déjouer cette menace
des répétitions infernales. Dans cette nouvelle feuille de route, faire en sorte que
ce non-accompagnement ne reste pas un état de fait. Transformer la situation
du mineur non accompagné en celle du mineur accompagné. La quête d’un
lieu d’accueil et d’une personne à l’écoute, c’est la direction à suivre. Une
adresse disponible. C’est sans doute cette adresse qui fait cruellement défaut
dans les migrations actuelles, quand les choix politiques ne permettent pas
toujours d’offrir un accueil de qualité, condition indispensable à la restauration.
Notamment, les solutions d’hébergement à l’hôtel, de plus en plus fréquem-
ment proposées, répondent, en premier lieu, à des critères financiers, mais
bien souvent, ne sont pas propices pour le mineur non accompagné, dans la
mesure où elles risquent de l’installer dans un isolement délétère et dans un
statut durable de non-accompagné.
Comme dans bien d’autres situations traumatiques chez l’enfant, en parti-
culier celles qui concernent la négligence, il va s’agir de faire en sorte que
le mineur non accompagné soit non seulement accueilli, mais qu’il se sente
accueilli. À  l’instar des enfants victimes de maltraitance sous toutes ses formes,
le mineur non accompagné développe cette sorte d’hypervigilance, une senso-
rialité aux aguets. Ainsi, la difficulté à faire confiance s’installe, et, de fait, l’al-
térité se trouve en péril. Lorsque l’enfant ou l’adolescent parvient à se saisir de
l’étayage proposé par des modalités d’accueil, et/ou au bout d’un certain temps
où le danger vital s’éloigne et où il fait l’expérience de la sécurité retrouvée,
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sa destinée peut devenir plus favorable, celle de l’intégration dans le pays
d’accueil, celle qui donne tout son sens à la notion d’asile. L’intégration réussie
permettra à la vie de reprendre ses marques, à la créativité de se déployer. C’est
à cette condition que la sécurité, non pas seulement proposée, mais éprouvée,
permettra à une forme de latence de s’installer, et, peu à peu, le lieu du dedans,
la psyché endommagée, pourra se restaurer, et l’histoire, à nouveau, pourra se
dérouler, la narration redeviendra accessible. L’adresse ne se cantonne pas au
lieu géographique. L’adresse, c’est aussi la possibilité du lien. La possibilité
de restaurer l’intersubjectivité. L’adresse vers une personne secourable, dispo-
nible, devient le premier maillon pour la restauration de l’intersubjectivité.
À partir de là, l’investissement d’un projet permet la remobilisation dans un
groupe. Retrouver une place véritable, parmi d’autres, devient une expérience
fondamentale pour accéder aux richesses de l’altérité.
Altounian (2019), se référant aux impacts sur la psyché des traumas collectifs,
et en particulier aux impasses dans lesquels peuvent se trouver les survivants
et leurs héritiers, précise que c’est grâce au détour par la culture de l’autre, que
le travail d’élaboration de l’héritage traumatique pourra avoir lieu. Ce détour
nécessaire par l’espace culturel nouvellement disponible, offre la distance
propice à la relance de l’inscription psychique, permettant ce passage véri-
table entre une survie psychique et la vie psychique, sa vivacité. À l’instar de
Grace, héroïne du roman de Karine Miermont, qui a pu, grâce à son courage

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La quête d’une langue : les enjeux de la traduction

et aux appuis retrouvés, déjouer les menaces de séquestration dans l’enfer de


l’exil. « Au foyer, elle était devenue une sorte d’historienne, une intermédiaire
pour que les filles retrouvent, chacune, une histoire vraie, l’histoire d’avant le
voyage vers l’Europe et encore avant, avant leurs parents, leurs grands-parents,
et encore avant l’histoire de leur peuple, de la succession des générations qui
avaient produit des cultures qui les traversaient malgré leur ignorance, qui se
logeaient partout dans leur langue, dans leur cuisine, leurs tissus, leur chevelure,
leur peau, leurs émotions, leurs désirs, les Yorubas, les Igbos, les Ijaws, les
Ibibios, les Efiks, les Esans, les Binis, la sculpture nok, les royaumes, les cités
états, les dieux de la terre et de l’eau » (Miermont, 2019, p. 146).
La précarité de l’humain n’a pas de frontière, ni géographique, ni temporelle.
Lorsque la destructivité du trauma annonce son ravage sur la psyché, l’enfant,
l’adolescent, tout comme l’adulte, peuvent, tour à tour, se retrouver plongés
dans cet état de détresse précoce. Le péril, c’est celui du contact avec cette
violence infernale. C’est le péril d’une humanité qui se désintègre, au moment
où l’être humain ne peut plus être considéré comme un semblable. Retrouver
de l’humain, se réinsérer dans l’humanité, accéder à la terre ferme d’une inter-
subjectivité retrouvée, y trouver sa place, constitue le dur chemin à accomplir
pour ces jeunes dans les situations d’exil. Aujourd’hui, il faut malheureuse-
ment redouter que les conditions d’accueil des mineurs non accompagnés
n’offrent plus ces possibilités d’accès, de transformation, et de traduction,
et c’est alors que le risque est grand de voir surgir à notre porte, à travers les
spirales de l’exclusion et de la stigmatisation, l’envers de l’humain, un enfer.
La clinique du trauma, et en particulier celle qui éclaire ces brusques retours
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à des états de détresse précoce, offre la possibilité de penser et d’organiser les
restaurations, qui passent forcément par le détour de l’accueil par un autre, une
personne secourable. La traduction devient alors cette disponibilité authentique
fondamentale, comme celle de la mère face à la détresse de son bébé, dispo-
nibilité qu’il va s’agir d’ajuster, d’accorder. Cette disponibilité va permettre
de traduire dans un langage, bien au-delà des mots, les multiples expressions
de détresse, y compris, comme on l’a vu, celles des souffrances corporelles.
Ces traductions-là représenteront un véritable travail de passage susceptible
de déjouer les affres des expériences redoutables passées. Permettre ensuite,
une fois la sécurité retrouvée, installée, aux allées et venues d’une culture à
l’autre de trouver et/ou de retrouver une souplesse, un jeu. Alors, à l’appui de
cet asile éprouvé, les mots de la langue redeviendront disponibles, ils ne seront
plus soumis à ces dislocations, et la psyché pourra s’en saisir. Ces situations
traumatiques extrêmes confirment la dépendance de l’humain, et plus préci-
sément de sa psyché, à l’environnement. Les enjeux multiples et complexes
des migrations ne viennent-ils pas inévitablement rejoindre ceux du destin de
l’humain dans le monde actuel ?

Bibliographie
Altounian, J. 2019. L’effacement des lieux, Paris, Puf.
Aubert, A. ; Fry, M. ; Hours, A. 2020. « Couleur(s) de la peau, l’obscurité des enjeux », Bulletin du
groupe lyonnais de psychanalyse, à paraître.

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Au-delà des mots, rencontrer le mineur non accompagné…

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Boochani, B. 2019, Témoignage d’une île prison. De l’exil aux prix littéraires, Hugo doc.
Burloux, G. 2004. Le corps et sa douleur, Paris, Dunod
Combe, C. 2010 Corps, mémoire, hypochondrie, Paris, Dunod.
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Di Micco, V. 2018. « The double body of the adolescent migrant » ; https://www.ipa.world/IPA/en/
Psychoanalysis/Geographies_of_Psychoanalysis_folder/migrantminds.aspx
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1982, p. 76-81.
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lettres à W. Fliess, notes et plans 1887-1902, Paris, Puf, 1956.
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Paris, Christian Bourgois.
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Londres, Routledge
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Perec, G. 1967. L’homme qui dort, Paris, Denoël.
Rolland, J.-C.1986. « Un homme torturé : Tito de Alencar », Nouvelle revue de psychanalyse, n° 33,
p. 223-234.
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wp-content/uploads/2019/07/DÉPLIANT-CONFÉRENCES-2020-297x210-web.pdf
Svavopoulos, S. 2019. « L’exilé et la région frontière psychique mouvante ou trouble » ;
https://groupe-lyonnais-de-psychanalyse-rhone-alpes.fr/evenement/colloque-janvier-2020/

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La quête d’une langue : les enjeux de la traduction

Mots-clés : Résumé
Mineur non De nombreux mineurs non accompagnés traversent des expériences trauma-
accompagné, tiques susceptibles de se répéter. À l’appui de plusieurs séquences cliniques et
traumatisme, de quelques détours littéraires, il sera question, dans ce travail, de prendre en
isolement, compte les dommages psychiques de ces situations périlleuses et des impasses
intersubjectivité, qui en découlent. Dans quelle langue va pouvoir s’effectuer la traduction ? Un
langage, douleur. langage bien au-delà des mots. Le langage du corps sera exploré. Et spécia-
lement, la place toute particulière du phénomène douloureux sera envisagée.
Ensuite, en prenant en compte la dimension des impasses intersubjectives consé-
cutives à l’expérience traumatique, nous essayerons dans une dernière partie,
d’entrevoir les possibilités de dégagement.

Keywords : Summary
Unaccompanied minor, Beyond words, meeting the unaccompanied minor, trying to translate the
trauma, isolation, passage(s) in peril
intersubjectivity,
language, pain. Many unaccompanied minors go through traumatic experiences that are likely
to be repeated. Drawing on several clinical sequences and a number of literary
detours, the aim of this paper is to take into account the psychic damage of these
perilous situations and the impasses that result from them. In which language
will the translation occur? In a language well beyond words. The language of
the body will be explored, and especially the very particular place of the pheno-
menon of pain. Then, taking into account the dimension of the intersubjective
impasses resulting from traumatic experience, the author tries in the last part,
to envisage the possibilities of going beyond them.
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