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Mécanique & Industries 4 (2003) 93–97

Joint tripode fixe d’une transmission automobile.


Modèle de chocs et essais industriels
Fixed tripod joint of an automotive transmission.
Shocks modelling and industrial experiments
Jean-Yves K’nevez a , Jean-Pierre Mariot b
a Université Bordeaux 1, laboratoire de mécanique physique, CNRS UMR 5469, 351 cours de la libération, 33405 Talence cedex, France
b Université du Maine, groupe composites et structures mécaniques, avenue Olivier Messiaen, 72085 Le Mans cedex, France

Reçu le 4 juin 2002 ; accepté le 12 novembre 2002

Résumé
Une transmission automobile comprend un joint tripode fixe coté roue et un joint tripode coulissant coté moteur reliés par un arbre
intermédiaire. Le joint tripode fixe est excité par les vibrations de martèlement générées par le mouvement longitudinal de l’arbre
intermédiaire. L’arrêt axial au niveau du joint fixe est constitué par une étoile de raideur élevée assurant la fixation du joint sur l’arbre
et d’un ressort sous champignon dont le tarage et le calage permettent l’optimisation du joint sur la plan vibratoire. Le modèle mécanique
proposé constitué d’un système masses-ressorts permet de prédire les chocs entre l’étoile et le tripode, l’étoile et le champignon et enfin entre
le champignon et la tulipe. Le coefficient de restitution de vitesse après choc acier sur acier de 0,9 a été utilisé et les six équations d’état ont
été intégrées numériquement à l’aide d’un algorithme Runge et Kutta. Ce modèle a été utilisé pour mettre en évidence le décollement de
l’étoile du centre du tripode et a déterminé sur une transmission instrumentée, le positionnement judicieux de jauges de déformations pour la
mesure des efforts internes.
 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.
Abstract
An automotive transmission is made of a fixed tripod joint close to the wheel and a plunging tripod joint close to the engine linked
together by an intermediate shaft. The fixed tripod joint is excited by the shudder vibrations generated by the longitudinal movement of the
intermediate shaft. The axial stop at the fixed joint level is obtained by a star clamp of large stiffness fixing the joint on the shaft and a spring
under a stop whose stiffness and position permit the joint optimisation considering vibrations. The proposed mechanical model built with
a mass spring system is used to predict shocks between the star clamp and the tripod, star clamp and stop and stop and tulip. The velocity
restitution coefficient after shock steel on steel of 0.9 was used and the six state equations were numerically integrated using a Runge and
Kutta algorithm. This model was used to show the star clamp-tripod separation and determined the relevant positions of deformation gauges
on an instrumented transmission for the measurement of internal efforts.
 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.

Mots-clés : Automobile ; Transmission ; Joint tripode ; Chocs ; Vibrations

Keywords: Automotive; Transmission; Tripod joint; Shocks; Vibrations

1. Introduction nuellement des solutions technologiques destinées à mini-


miser les vibrations générées par les différentes pièces mé-
Les exigences actuelles de confort vibratoire et acous- caniques en mouvement. Les transmissions automobiles à
tique des véhicules automobiles obligent à rechercher conti- joints tripodes comportent un joint fixe coté roue, dont la
fonction essentielle est le braquage, et un joint coulissant
Adresses e-mail : jy.knevez@lmp.u-bordeaux.fr (J.-Y. K’nevez), coté moteur, permettant le débattement de la suspension. Ces
jean-pierre.mariot@univ-lemans.fr (J.-P. Mariot). joints sont reliés par un arbre intermédiaire. Parmi toutes les
1296-2139/03/$ – see front matter  2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.
doi:10.1016/S1296-2139(03)00014-9
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vibrations générées par la transmission, le martèlement est La transmission est présentée sur la Fig. 1. La Fig. 2
provoqué par le mouvement longitudinal de l’arbre intermé- montre le dispositif d’arrêt axial du joint tripode fixe,
diaire à une fréquence triple, dite R3, de la rotation de l’arbre objet de notre modélisation, comprend deux surfaces quasi
moteur ou arbre d’entrée [1–3]. C’est l’étude du joint fixe planes parallèles entre elles (l’une sur l’étoile, l’autre sur
lors de la réponse au martèlement qui est ici présentée. la tulipe) et perpendiculaires à l’axe de la tulipe. Entre ces
deux surfaces planes, rotule l’ensemble triaxe champignon
composé pour chacun d’une demi-sphère en contact pour
le triaxe et le champignon respectivement sur l’étoile et sur
la tulipe. L’étoile permet l’assemblage et le démontage du
joint, mais elle a aussi une fonction de ressort pour donner
une précontrainte axiale sur le mécanisme. Les jeux axiaux
consécutifs aux dispersions de fabrication sont résorbés
par le ressort intérieur au champignon. De plus, une cale
destinée à supprimer les jeux axiaux, peut être positionnée
entre le champignon et le triaxe.

2. Modélisation

2.1. Modèle mécanique


Fig. 1. Transmission complète en gras. Le joint tripode fixe est du coté de
la roue. La modélisation proposée (Fig. 3) reprend les composants
de la Fig. 2 : le triaxe est fixe par rapport à la fusée de roue ;
le champignon de masse mc est lié élastiquement par un
ressort de raideur kc ; l’étoile est modélisée par une masse
me reliée à l’arbre intermédiaire de masse ma par un ressort
de raideur ke . Enfin l’effort d’excitation Fe est appliqué sur
l’arbre intermédiaire. Ce modèle autorise des décollements
de l’étoile en A et du champignon en B respectivement traité
par des efforts de contacts nuls N1 et N2 .

2.2. Équations de la dynamique

Le principe de la dynamique appliqué à chacune des


masses conduit à :
Fig. 2. Principaux constituants de l’arrêt axial : ressort
sous-champignon (2), champignon (3), tulipe (4), étoile (9) et triaxe M Ẍ + KX = F (1)
(10).

(a) (b)
Fig. 3. (a) Modèle mécanique. Les indices des masses m des raideurs k et des déplacements x : a, e et c correspondent respectivement à l’arbre intermédiaire,
l’étoile et le champignon et Fe représente l’effort axial d’excitation. (b) Graphe des efforts. On retrouve en A le décollement de l’étoile de maintien, en B
l’arrivée du ressort en butée et en C le décollement du champignon.
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Tableau 1
Conditions dynamiques définissant les contacts en A et B
N1 N2 Contact en A Contact en B Conséquences
Cas 1 = 0 = 0 Oui Oui xe = 0 et xc = xa
Cas 2 =0 = 0 Non Oui xe = 0 et xc = xa
Cas 3 = 0 =0 Oui Non xe = 0 et xc = xa
Cas 4 =0 =0 Non Non xe = 0 et xc = xa

Tableau 2
Équations utilisées lors de la résolution
Systèmes d’équations N◦ d’équation Équation
utilisés
Cas 1 et cas 3 (13) N1 = ke xa + N10
Cas 1 et cas 2 (12) N2 = −mc ẍc − kc xc + N20
F − xa (ke + kc )
Cas 1 (1) ẍa =
ma
ke (xa − xe ) + N10
Cas 2 et cas 4 (24) ẍe =
me
−kc xc + N20
Cas 3 et cas 4 (34) ẍc =
mc
−ke xa + F − N10
Cas 3 (3) ẍa =
ma

Fig. 4. Possibilité de choc en C de la cale sur le champignon. Représentation


sans contact de la cale sur le champignon au dessus de l’axe. Représentation chaque cas à un système d’équations à trois inconnues qui
avec contact en A de la cale sur le champignon au dessous de l’axe. fait apparaître les six équations différentes présentées dans
le Tableau 2. La résolution numérique à été effectuée avec le
avec : logiciel MATLAB SIMULINK.
 
me 0 0
2.3. Résultats de simulation
M = 0 mc 0
0 0 ma
  Un exemple de simulation est présenté Fig. 5 pour un
ke 0 −ke
effort d’excitation donné et des raideurs d’étoile et de ressort
K= 0 kc 0
données. On remarque que dès que l’effort d’excitation
−ke 0 ke
  axiale F dépasse une certaine valeur, l’effort N1 devient nul,
−N1 + N10
ce qui entraîne une perte de contact en A et l’étoile se met
F= −N2 + N20
à osciller librement (cas 2). Puis quand F diminue, l’étoile
F + N2 − N10
  revient en contact sur le triaxe (cas 1).
xe
X = xc
xa 3. Essais industriels
Les valeurs N10 et N20 correspondantes aux valeurs
initiales d’équilibre statique sont définies par : La validation du modèle numérique a été effectuée par
une comparaison entre les simulations et les résultats ex-
N10 = ke (xe0 − xes ) = N20 = kc (xc0 − xcs ) (2)
périmentaux utilisant une transmission instrumentée. Cette
Dans la relation (2) l’indice « 0 » correspond à la longueur dernière équipée de différents capteurs permet de mesurer
libre et « s » à la longueur statique. Quatre cas de fonction- les efforts internes au niveau de l’arrêt axial du joint fixe
nement sont définis en fonction des efforts de contact N1 (Fig. 6) tels que :
et N2 respectivement en A et B. Ces cas de fonctionnement
ainsi que leurs conséquences sont données dans le Tableau 1. • l’effort sur l’étoile Fe ;
Il existe quatre cas de fonctionnements supplémentaires • l’effort de contact du champignon sur le fond de
liés au choc possible du champignon sur la cale en C (Fig. 4). tulipe Fc ;
Ils seront pris en compte ultérieurement. • l’effort de poussée du ressort sur le champignon Fr .
Le rebond après le choc a été traité en utilisant un coeffi-
cient de restitution de vitesse de 0,9 caractéristique du choc En outre cette transmission montée sur un banc d’essai
acier sur acier. Les équations différentielles (équation (1)) et vibratoire Renault instrumenté d’accéléromètres au niveau
les contraintes dynamiques du Tableau 1 ont conduit pour des paliers permet sous angle de brisure et sous couple
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Fig. 5. Exemple de simulation numérique mettant en évidence le décollement de l’étoile du centre du tripode.

3.1.1. Choc étoile


La Fig. 7 illustre un problème de décollement de l’étoile
et confirme bien la génération de l’effort axial à une fré-
quence triple. La transmission testée est celle d’un joint tri-
pode coulissant à aiguille et un joint tripode fixe à galets
lisses ne disposant pas de cale. Cet essai est effectué sous
angle de brisure et couple importants, un déphasage angu-
laire entre blocs tripodes de 0◦ . On constate, le décollement
de l’étoile par un effort de contact de l’étoile Fe constant
en A. La reprise de contact de l’étoile sur le centre du triaxe
génère un choc audible et une légère oscillation du signal
en B.

Fig. 6. Dispositif d’arrêt axial du joint tripode fixe. Les effort internes sont :
Fe effort sur l’étoile, Fc effort de contact du champignon sur le fond de 3.1.2. Choc champignon
tulipe et Fr effort de poussée du ressort sur le champignon. Sur les deux premières oscillations (Fig. 7) l’équilibre
entre l’effort de contact sur la tulipe et l’effort de poussée
d’identifier les efforts mis en jeu à la frontière du système du ressort est respecté (forme de l’évolution). Par contre
étudié. en C, l’effort Fr reste constant alors que l’effort Ft continue
à progresser. Ce phénomène s’explique par une arrivée en
3.1. Résultats expérimentaux butée du champignon sur le centre du triaxe.

Nous nous limiterons à présenter les résultats qui nous


semblent les plus pertinents. En effet outre les évolutions 3.1.3. Arc-boutement du champignon
des efforts d’excitation axiale en fonction du couple, de la Des essais sous angle de brisure et de couple importants
vitesse de rotation, de l’angle de brisure ou du déphasage ont révélé que le champignon avait tendance à se coincer
angulaire, les essais ont permis de mettre en évidence dans son logement dans le triaxe. Ce phénomène a été
les chocs de l’étoile et du champignon mais aussi ont remarqué par l’effort constant produit par le ressort sous
fait apparaître des phénomènes nouveaux comme l’arc- champignon qui entraînerait une incohérence de l’écriture
boutement du champignon dans l’alésage du triaxe. de l’équilibre du dispositif de l’arrêt axial (Fig. 8).
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Fig. 7. Relevé temporel des efforts de contact sur l’étoile Fe , sur la tulipe Ft et sur le ressort sous champignon Fr . La zone A correspond au décollement de
l’étoile sur le centre du triaxe. La reprise du contact s’effectue dans la zone B. En C, le ressort sous champignon arrive en butée.

En effet un mauvais guidage ou graissage du champignon


dans l’alésage du triaxe entraîne un arc-boutement du
champignon dans le triaxe (Fig. 9).
Ce problème s’amplifie lorsque l’effort d’excitation
axiale de forte intensité est incliné par rapport à l’axe de cou-
lissement du champignon, c’est à dire sous angle de brisure
et sous couple important.

4. Conclusion et perspectives

Le modèle proposé a permis de guider les essais indus-


Fig. 8. Relevé temporel des efforts de contact sur l’étoile Fe , sur la tulipe triels en particulier la pose pertinente des jauges de défor-
Ft et sur le ressort sous champignon Fr . Ce dernier n’évolue pas du fait du mation et des accéléromètres. De plus il constitue une aide
coincement du champignon dans l’alésage du centre de triaxe. initiale au tarage du ressort sous champignon pour éviter le
décollement de l’étoile lors du fonctionnement. Ce modèle
non linéaire à 6 variables d’état peut aussi servir de base
d’étude du chaos dans la transmission.

Références

[1] J.-P. Mariot, J.-Y. K’nevez, Kinematics of tripod transmission. A new


approach, Multibody System Dynamics 3 (1999) 85–105.
[2] J.-Y. K’nevez, Étude cinématique et dynamique d’une transmission à
joints tripodes, Thèse de l’université du Maine, Le-Mans, 2000.
Fig. 9. Problème d’arc-boutement du champignon dans le triaxe. Ce [3] E. Baron, NVH phenomena in constant velocity joints – A three fold
phénomène peut apparaître sous fort angle de brisure et sous fort couple. approach, I. Mech. E. C389/277 (1992) 51–60.

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