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UNIVERSITE ABDELMALEK ESSAADI

FACULTE DES SCIENCES


TETOUAN

Filière SMA-SMI

Analyse 1
Cours

Département de Mathématiques
Année : 2021-2022

Soumaya AFILAL

1
Table des matières

1 Le corps R des nombres réels 4


1.1 Construction de R à partir de Q
l . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Définition axiomatique de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Borne inférieure et borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

2 Suites numériques réelles 21


2.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.2 Suites bornées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.6 Suites de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.7 Suites extraites ou sous-suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.8 Extension aux limites infinies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.9 Théorème de Bolzano-Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.10 Valeurs d’adhérences d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

3 Fonctions réelles d’une variable réelle 55


3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2 Limite d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

2
3.3 Opérations sur les limite de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.4 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.5 Propriétés des fonctions monotones sur un
intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.6 Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

4 Fonctions dérivables 97
4.1 Dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.2 Dérivées successives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.3 Théorème de Rolle et Théorème des
Accroissements Finies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.4 Fonctions convexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.5 Fonctions circulaires et circulaires réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
4.6 Fonctions hyperboliques et hyperboliques
réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

3
Chapitre 1

Le corps R des nombres réels

1.1 Construction de R à partir de Q


l

On désigne par IN l’ensemble des entiers naturels

IN = {0, 1, 2, 3, ..., n, ...}.

On munit IN de l’addition +. La loi + est associative, commutative et posséde un élément


neutre 0. Mais, il ne s’agit pas d’une loi de groupe : Etant donné a, b ∈ IN , il n’existe pas
toujours x ∈ IN tel que
a + x = b. (1.1)

Par symétrisation, on plonge IN dans un ensemble plus grand ZZ (ensemble des entiers
relatifs) où toute équation du type (1.1) posséde une solution.

ZZ = {..., −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, ...}.

(ZZ, +) est un groupe commutatif et en considérant le prolongement de la multiplication de


IN , on accorde à (ZZ, +, ·) une structure d’anneau commutatif unitaire intégre et ordonné.
Mais, l’équation
ax = b (où a ∈ ZZ ∗ = ZZ \ {0}, b ∈ ZZ), (1.2)

n’a pas toujours de solutions dans ZZ. Par symétrisation, on construit un corps noté Q
l (dit
ensemble des nombres rationnels) contenant ZZ et où ces équations admettent toujours des

4
solutions. On définit Q
l comme étant le quotient de ZZ × ZZ ∗ par la relation d’équivalence
notée ∼ et définie par
[(m, n) ∼ (m0 , n0 )] ⇐⇒ [mn0 = nm0 ].

l = ZZ × ZZ ∗ / ∼. Ainsi, (lQ, +, ·) (où +, · désignent les lois quotients) est un corps


Q
commutatif totalement ordonné par la relation d’ordre usuelle. On a aussi

p
l ={ :
Q p ∈ ZZ, q ∈ ZZ ∗ }.
q

Insuffisance du corps Q
l des nombres rationnels

Le corps Q
l reste insuffisant pour les besoins de l’analyse à cause des résultats négatifs
présentés ci-dessous

¶ L’équation x2 = 2 n’a pas de solutions dans Q.


l

¶ Une partie non vide majorée (respectivement minorée) de Q


l n’admet pas
nécessairement une borne supérieure (respectivement inférieure) dans Q.
l C’est le cas, par
exemple, de la partie
A = {x ∈ Q
l : x2 < 2}.

¶ Une suite croissante majorée (respectivement décroissante minorée) de Q


l n’a pas
nécessairement une limite dans Q.
l

¶ Une suite de Cauchy d’éléments de Q


l n’est pas forcément convergente dans Q.
l

D’où, l’idée de penser à un ensemble plus grand noté R (ensemble des nombres réels) où
ces défauts disparaissent. On a bien les inclusions

IN ⊂ ZZ ⊂ Q
l ⊂ R.

5
1.2 Définition axiomatique de R

L’ensemble des nombres réels est un ensemble noté R muni de deux lois de composition
internes l’addition et la multiplication c’est-à-dire

+ : (x, y) 7→ x + y, · : (x, y) 7→ xy

et d’une relation d’ordre notée ≤ vérifiant les axiomes suivants :

A) R est un corps commutatif :

• ∀x, y ∈ R, x + y = y + x (commutativité de +);

• ∀x, y, z ∈ R, (x + y) + z = x + (y + z) (associativité de +);

• ∃0 ∈ R, ∀x ∈ R, 0 + x = x (0 élément neutre pour +);

• ∀x ∈ R, ∃!(−x) ∈ R, x + (−x) = 0 (−x est le symétrique ou l’opposé de x pour +);

• ∀x, y ∈ R, xy = yx (commutativité de ·);

• ∀x, y, z ∈ R, (xy)z = x(yz) (associativité de ·);

• ∃1 ∈ R, 1 6= 0, ∀x ∈ R, 1 · x = x (1 est l’élément neutre pour ·);

• ∀x ∈ R, x 6= 0, ∃!x−1 ∈ R, x · x−1 = 1 (x−1 est l’inverse de x pour ·);

• ∀x, y, z ∈ R, x(y + z) = xy + xz (distributivité de · par rapport à +).

B) R est un corps totalement ordonné :

• ∀x ∈ R, x ≤ x (≤ est réflexive);

• ∀x, y, z ∈ R, (x ≤ y et y ≤ z) =⇒ x ≤ z (≤ est transitive);

• ∀x, y ∈ R, (x ≤ y et y ≤ x) =⇒ x = y (≤ est antisymétrique);

• ∀x, y ∈ R, x ≤ y ou y ≤ x (≤ est un ordre total);

• ∀x, y, z ∈ R, (x ≤ y) =⇒ (x + z ≤ y + z) (≤ est compatible avec +);

• ∀x, y, z ∈ R,
si z ≥ 0

xz ≤ yz
x ≤ y =⇒
xz ≥ yz si z ≤ 0.

6
1 1
• 0 < x ≤ y =⇒ ≤ .
y x
La relation (x ≤ y et x 6= y) se note x < y ou y > x. On désigne par

R+ = {x ∈ R : x ≥ 0} ensemble des nombres réels positifs ;


R− = {x ∈ R : x ≤ 0} ensemble des nombres réels négatifs ;
R∗ = {x ∈ R : x 6= 0} ensemble des nombres réels non nuls.

R∗ = R \ {0}, R∗+ = R+ \ {0}, R∗− = R− \ {0}.

Il s’ensuit, d’aprés ce qui précède, que

0 ∈ R+ ∩ R− , R+ + R+ ⊂ R+ , R+ · R+ ⊂ R+ , R+ ∩ R− = {0} et R+ ∪ R− = R.

C) Pour tout x ∈ R, il existe n ∈ ZZ unique tel que

n ≤ x < n + 1.

n est appelé partie entière de x et se note E (x). On ait donc en présence d’une
application

E : R −→ ZZ
x 7−→ E (x).

7
Figure 1.1 – Partie entière

D) R est un corps valué.

 On appelle valeur absolue l’application qu’on note | · |: R −→ R+ définie par

x si x ≥ 0

| x |= max{x, −x} =
−x si x ≤ 0.

R muni de | · | est dit valué.

 Soient x, y ∈ R. On appelle distance de x à y le nombre

d (x, y) =| x − y | .

Proposition 1.2.1 Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a

(i) [| x |= 0] ⇐⇒ [x = 0].

(ii) | xy |=| x | · | y |.

(iii) | x + y |≤| x | + | y | et | x − y |≤| x | + | y |.

8
Figure 1.2 – Valeur absolue

(iv) || x | − | y ||≤| x + y |.

Preuve.

(i) On a, | 0 |= 0. Inversement, supposons que | x |= max{x, −x} = 0. Alors, x ≤ 0


et −x ≤ 0. D’où, x = 0.

(ii)
si xy ≥ 0

xy = (−x)(−y) =| x | · | y |
| xy |=
−xy = (−x)y = x(−y) =| x | · | y | si xy ≤ 0
car
[xy ≥ 0] ⇐⇒ [x et y sont de même signe ] et

[xy ≤ 0] ⇐⇒ [x et y sont de signes contraires].

(iii) On a toujours,

− | x |≤ x ≤| x | et − | y |≤ y ≤| y | .

D’où,
− | x | − | y |= −(| x | + | y |) ≤ x + y ≤| x | + | y | .

9
Par suite,
| x + y |≤| x | + | y | .

On a aussi,

| x − y |=| x + (−y) |≤| x | + | (−y) |=| x | + | y | .

(iv) D’aprés (iii), on a

| x |=| x + y − y |≤| x + y | + | y | et | y |=| y + x − x |≤| x + y | + | x | .

Par suite,
|| x | − | y ||≤| x + y | . z

Lemme 1.2.2 (Propriété d’Archiméde) R est Archimédien c’est-à-dire

∀x ∈ R∗+ , ∀y ∈ R, ∃n ∈ IN tel que nx > y.

Preuve. Soit (x, y) ∈ R∗+ × R.

 Si y < 0, il n’y a rien à montrer car

∀n ∈ IN, nx ≥ 0 > y.

y
 Si y ≥ 0, il suffit de prendre n = E ( ) + 1 et on a
x
y
[ < n] ⇐⇒ [y < nx]. z
x

Remarque. Si dans le Lemme 1.2.2 on prend x = 1 alors, on obtient

∀y ∈ R, ∃n ∈ IN tel que n > y.

Autrement dit, IN n’est pas majoré dans (R, ≤) (voir plus loin). D’où,

[R est Archimédien] ⇐⇒ [IN n’est pas majoré dans (R, ≤)].

10
1.3 Intervalles de R

Définition. On appelle intervalle de R toute partie non vide I de R vérifiant

(a ∈ I, b ∈ I et a ≤ c ≤ b) =⇒ c ∈ I.

Proposition 1.3.1 Soit I une partie non vide de R. Alors, les propriétés suivantes sont
équivalentes

(i) I est un intervalle de R ;

(ii) I est une partie convexe de R c’est-à-dire

∀(a, b) ∈ I 2 , ∀α ∈ [0, 1], αa + (1 − α)b ∈ I.

Preuve. (i) ⇒ (ii) Soient (a, b) ∈ I 2 et α ∈ [0, 1]. On distingue deux cas.

1er cas. Si a = b, il n’ y a rien à montrer.

2eme cas. Supposons que a < b (l’autre cas a > b se traite de manière analogue).
Posons, c = αa + (1 − α)b. Il s’ensuit que,

c − a = (1 − α)(b − a) ≥ 0 et b − c = α(b − a) ≥ 0.

D’où, a ≤ c ≤ b. Et d’aprés (i), c ∈ I.

(ii) ⇒ (i) Soient a, b ∈ I et c ∈ R tels que a ≤ c ≤ b. Montrons que, c ∈ I.


On distingue deux cas.

1er cas. Si c = a ou c = b alors, c ∈ I.

2eme cas. Supposons que a < c < b et posons, c = αa + (1 − α)b. Alors,

b − c = α(b − a) par suite

b−c c−a
α= =1− .
b−a b−a
| {z }
>0

D’où, α ∈]0, 1[. Et d’aprés (ii), c ∈ I. z

11
Remarque. Un intervalle non vide et non réduit à un point est nécessairement infini.

Classification

1) Un intervalle ouvert de R est de la forme

]a, b[= {x ∈ R : a < x < b} (où − ∞ ≤ a < b ≤ +∞).

2) Un intervalle fermé de R ou segment est de la forme

[a, b] = {x ∈ R : a ≤ x ≤ b} (où − ∞ < a ≤ b < +∞).

En particulier, [a, a] = {a}.

3) Un intervalle semi-ouvert à droite de R est de la forme

[a, b[= {x ∈ R : a ≤ x < b} (où − ∞ < a < b ≤ +∞).

4) Un intervalle semi-ouvert à gauche de R est de la forme

]a, b] = {x ∈ R : a < x ≤ b} (où − ∞ ≤ a < b < +∞).

Si a, b ∈ R avec a < b alors, b − a est appelée longueur de l’intervalle (fermé, ouvert


ou semi-ouvert) d’extrêmités a et b.

Remarques.

1) Il s’ensuit, d’aprés l’Axiome C, que R est une réunion d’intervalles semi-ouverts


disjoints c’est-à-dire
[
R= [n, n + 1[.
n∈ZZ

2) Tout élément x ∈ R s’écrit de façon unique sous la forme

x = E (x) + α où α ∈ [0, 1[.

12
En effet. Puisque E (x) ≤ x < E (x) + 1 alors,

x = E (x) + α avec α = x − E (x) ∈ [0, 1[. z

3 1
Exemple. E (− ) = −1 et α = .
4 4

Densité de Q
l dans R

Proposition 1.3.2 L’ensemble Q


l est dense dans R. Autrement dit

∀a, b ∈ R avec a < b, l 6= ∅.


]a, b[∩ Q

Preuve. Soit (a, b) ∈ R2 avec a < b. Donc, b − a > 0. D’aprés la propriété


d’Archiméde appliquée au couple (b − a, 2), il existe n ∈ IN ∗ tel que

2
n(b − a) > 2 ou b−a> . (1.3)
n
p+1 p−1
Posons, p = E (nb). Alors, p ≤ nb < p + 1. Par suite, b < . D’autre part, a < .
n n
p−1
En effet. Sinon, ≤ a. Par conséquent,
n
p+1 p−1 2
b−a< − = .
n n n
p−1 p p−1
Ce qui contredit (1.3). D’où, a < < ≤ b et ∈ Q.
l z
n n n

Corollaire 1.3.3 Pour tout (a, b) ∈ R2 avec a < b, ]a, b[∩ Q


l est une partie infinie de Q.
l

Preuve. Raisonnons par l’absurde : Supposons que

l = {q1 , q2 , ..., qn } avec a < q1 < q2 < ... < qn < b.


]a, b[∩ Q

Comme Q
l est dense dans R alors, ]a, q1 [∩ Q
l 6= ∅ et soit q ∈]a, q1 [∩ Q.
l Il s’ensuit que

l = {q1 , q2 , ..., qn } et q 6= q1 , q2 , ..., qn


q ∈]a, b[∩ Q

13
contradiction. z

Segments emboités

On appelle suite de segments emboités toute suite d’intervalles fermés ([an , bn ])n∈IN
tel que
∀n ∈ IN, [an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ].

Remarque.

h[an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ]i ⇐⇒ han ≤ an+1 ≤ bn+1 ≤ bn i.

Exemples.
1 1
([− , ]) , ([0, e−n ])n∈IN .
n + 1 n + 1 n∈IN

Théorème 1.3.4 (Axiome de Cantor). Toute suite de segments emboités a une


intersection non vide.

Preuve. A admettre. z

Proposition 1.3.5 Soit ([an , bn ])n∈IN une suite de segments emboités. Si lim (bn − an ) = 0
n→+∞
\
alors, [an , bn ] est réduit à un singleton.
n∈IN

\ \
Preuve. D’aprés l’Axiome de Cantor, [an , bn ] 6= ∅. Supposons qu’ils existent l, l0 ∈ [an , bn ]
n∈IN n∈IN
avec l 6= l . Aors, pour tout n ∈ IN,
0
l ∈ [an , bn ] et l ∈ [an , bn ]. D’où, pour tout n ∈ IN ,
0

0 <| l − l0 |≤| bn − an | .

Or, lim (bn − an ) = 0. Par suite, | l − l0 |= 0. Donc, l = l0 contradiction. z


n→+∞

14
1.4 Borne inférieure et borne supérieure

Définitions. Soit A une partie non vide de R.

 Un élément M ∈ R est un majorant de A dans R si

∀a ∈ A, a ≤ M.

On désigne par MR (A) l’ensemble des majorants de A dans R. A est dite majorée
dans R si MR (A) 6= ∅.

 Un élément m ∈ R est un minorant de A dans R si

∀a ∈ A, m ≤ a.

On désigne par ℵR (A) l’ensemble des minorants de A dans R. A est dite minorée
dans R si ℵR (A) 6= ∅.

 A est dite bornée dans R si elle est à la fois minorée et majorée dans R.

[A est bornée dans R] ⇐⇒ [∃M > 0, ∀a ∈ A, | a |≤ M ].

 α ∈ R est dit plus grand élément de A si α ∈ A ∩ MR (A).

 β ∈ R est dit plus petit élément de A si β ∈ A ∩ ℵR (A).

Le plus grand élément de A (respectivement le plus petit élément de A), lorsqu’il


existe, est unique et se note maxR A (respectivement minR A).

 On appelle borne supérieure de A dans R, lorsqu’elle existe, le plus petit des


majorants de A et on la note supR A.

supR A = minR (MR (A)).

 On appelle borne inférieure de A dans R, lorsqu’elle existe, le plus grand des


minorants de A et on la note inf R A.

inf R A = maxR (ℵR (A)).

15
Remarques.

1) Posons, B = {−x : x ∈ A}. Alors,

[A est majorée ] ⇐⇒ [B est minorée ].

2) Une partie de R peut avoir une borne supérieure sans avoir de plus grand élément.

3) Soit A ⊂ R. Si maxR A existe alors, supR A existe et on a

supR A = maxR A.

4) supR A et inf R A n’appartiennent pas nécessairement à A.

Caractérisations de la borne supérieure et de la borne inférieure

Proposition 1.4.1 Soit A une partie non vide de R. Alors,



• ∀a ∈ A, a ≤ α
(i) hα = supR Ai ⇐⇒
• ∀ > 0, ∃y ∈ A tel que α −  < y .

• ∀a ∈ A, β ≤ a
(ii) hβ = inf R Ai ⇐⇒
• ∀ > 0, ∃y ∈ A tel que y < β + .

Preuve.

(i)

hα = supR Ai ⇐⇒ hα ∈ MR (A) et α = minR (MR (A))i


 • ∀a ∈ A, a ≤ α
⇐⇒
• ∀ > 0, α −  ∈
/ MR (A).


 • ∀a ∈ A, a ≤ α
⇐⇒
• ∀ > 0, ∃y ∈ A tel que α −  < y .

16
Figure 1.3 – Caractérisation de la borne supérieure

(ii)

hβ = inf R Ai ⇐⇒ hβ ∈ ℵR (A) et β = maxR (ℵR (A))i


 • ∀a ∈ A, β ≤ a
⇐⇒
• ∀ > 0, β +  ∈
/ ℵR (A).


 • ∀a ∈ A, β ≤ a
⇐⇒ z
• ∀ > 0, ∃y ∈ A tel que y < β + .

Maintenant, on va étudier le problème de l’existence de la borne inférieure et de la


borne supérieure. C’est l’objet du théorème suivant.

Théorème 1.4.2 Soit A une partie non vide de R. Alors, on a les équivalences suivantes

(i) hA admet une borne supérieure dans Ri ⇐⇒ hA est majorée dans Ri.

(ii) hA admet une borne inférieure dans Ri ⇐⇒ hA est minorée dans Ri.

Preuve.

(i) =⇒) Si supR A existe alors, A est majorée dans R (car supR A ∈ MR (A)).

⇐=) Supposons que A est majorée dans R et soient a ∈ A et M ∈ MR (A). Alors,


M − a ≥ 0.

17
Soit n ∈ IN et appliquons la propriété d’Archiméde à (2−n , M − a) ∈ R∗+ × R+ :

∃p ∈ IN tel que M − a ≤ p2−n ⇒ M ≤ a + p2−n .

Comme M ∈ MR (A) alors, [M, +∞[⊂ MR (A). En particulier, a + p2−n ∈ MR (A).


Posons,
En = {p ∈ IN : a + p2−n ∈ MR (A)}.

D’aprés la propriété d’Archiméde, En 6= ∅. Comme En ⊂ IN et En 6= ∅ alors,


min En existe et posons pn = min En . pn est unique car c’est le plus petit élément
de En . Ainsi,

∀n ∈ IN, ∃!pn ∈ IN tel que a + pn 2−n ∈ MR (A) et a + (pn − 1)2−n ∈


/ MR (A).

Posons,
 an = a + (pn − 1)2−n

bn = a + pn 2−n .

On a bien, an ≤ bn . Montrons que la suite ([an , bn ])n∈IN est une suite de segments
emboités.

M − a ≤ pn 2−n = 2pn 2−(n+1) ⇒ a + 2pn 2−(n+1) ∈ MR (A).

Comme pn+1 = min En+1 alors, pn+1 ≤ 2pn . De plus,

an ∈
/ MR (A) et bn+1 ∈ MR (A).

D’où, an ≤ bn+1 . Par suite,

h(pn − 1)2−n ≤ pn+1 2−(n+1) i =⇒ h2(pn − 1) ≤ pn+1 i

=⇒ h2pn − pn+1 ≤ 2i.

Donc,
h2pn − pn+1 ∈ [0, 2] ∩ IN i =⇒ h2pn − pn+1 = 0, 1 ou 2i.

18
D’autre part,

h[an+1 , bn+1 ] ⊂ [an , bn ]i ⇐⇒ han ≤ an+1 ≤ bn+1 ≤ bn i

⇐⇒ han+1 − an ≥ 0 et bn − bn+1 ≥ 0i

⇐⇒ h((pn+1 − 1)2−(n+1) − (pn − 1)2−n ≥ 0) et (pn 2−n − pn+1 2−(n+1) ≥ 0)i

⇐⇒ hpn+1 − 1 − 2pn + 2 ≥ 0 et 2pn − pn+1 ≥ 0i

⇐⇒ h2pn − pn+1 ∈ [0, 1] ∩ IN i ⇐⇒ h2pn − pn+1 = 0 ou 1i.

Il reste à montrer que 2pn − pn+1 6= 2. Sinon, supposons que 2pn − pn+1 = 2.
Alors, pn+1 = 2(pn − 1). Or,

a + pn+1 2−(n+1) = a + 2(pn − 1)2−(n+1) = a + (pn − 1)2−n ∈ MR (A).

Contradiction car, d’aprés la définition de pn , a + (pn − 1)2−n ∈


/ MR (A).

De plus, lim (bn − an ) = lim 2−n = 0.


n→+∞ n→+∞

Conclusion. ([an , bn ])n∈IN est une suite de segments emboités et lim (bn − an ) = 0.
n→+∞
Alors, d’aprés la Proposition 1.3.5, on a
\
[an , bn ] = {θ} avec θ ∈ R.
n∈IN

Montrons que, θ = supR A.

(?) θ ∈ MR (A). En effet. Sinon, il existe x ∈ A tel que θ < x. Or,

∀n ∈ IN, a + pn 2−n ∈ MR (A) et a + (pn − 1)2−n ∈


/ MR (A).

D’où,
a + (pn − 1)2−n ≤ θ < x ≤ a + pn 2−n .
\
Par suite, x ∈ [an , bn ] = {θ}. Donc, x = θ contradiction. D’où, θ ∈ MR (A).
n∈IN

19
(?) θ est le plus petit majorant de A. En effet. Sinon, il existe M ∈ MR (A) tel
que M < θ. D’où,

∀n ∈ IN, a + (pn − 1)2−n < M < θ ≤ a + pn 2−n .


\
Par suite, M∈ [an , bn ] = {θ}. Donc, M = θ contradiction. D’où,
n∈IN
θ = supR A.

(ii) Se démontre de la même façon que (i).


Autre méthode.

=⇒) Si inf R A existe alors, inf R A ∈ NR (A). Donc, A est minorée dans R.

⇐=)

(i)
hA est minorée dans Ri ⇐⇒ h(−A) est majorée dans Ri ⇐⇒ hsupR (−A) existei

=⇒ hinf R A existe et inf R A = −supR (−A)i

car A = −(−A) et voir T.D. z

20
Chapitre 2

Suites numériques réelles

2.1 Définitions et exemples

Définition. On appelle suite numérique réelle toute application u d’une partie infinie
N1 ⊂ IN vers R c’est-à-dire

u : N1 −→ R

n 7−→ u(n).

L’image u(n) s’appelle le terme général de la suite u et se note un = u(n). La suite,


dite de terme général un , est notée (un )n∈N1 ou seulement (un )n . On désigne par S(N1 , R)
l’ensemble des suites numériques réelles définies sur N1 .

Exemples.

1) Soit a ∈ R. L’application

u : IN −→ R

n 7−→ a

est une suite numérique réelle et s’appelle suite constante de valeur a.

21
2)

u : IN ∗ −→ R
1
n 7−→ , N1 = IN ∗ = IN \ {0}.
n

3) Suites arithmétiques. Une suite numérique réelle (un )n∈IN est dite une suite
arithmétique s’il existe r ∈ R tel que

∀n ∈ IN, un+1 = un + r.

r s’appelle la raison de (un )n∈IN . Une suite arithmétique est parfaitement définie par
la connaissance de son premier terme u0 et de sa raison r.

4) Suites géomètriques. Une suite numérique réelle (un )n∈IN est dite une suite
géomètrique s’il existe q ∈ R tel que

∀n ∈ IN, un+1 = q un .

q s’appelle la raison de (un )n∈IN . Une suite géomètrique est parfaitement définie par
la connaissance de son premier terme u0 et de sa raison q.

Remarques.

1) Si (un )n∈IN est une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r alors,

∀n ∈ IN, un = u0 + nr.

En effet. Par récurrence sur n.

- u0 = u0 + 0 · r et u1 = u0 + r = u0 + 1 · r.

- Hypothèse de récurrence. Propriété vraie jusqu’à l’ordre n.

un+1 = un + r = u0 + nr + r = u0 + (n + 1)r. z

22
2) Si (un )n∈IN est une suite géomètrique de premier terme u0 et de raison q alors,

∀n ∈ IN, un = u0 · q n .

En effet. Par récurrence sur n.

- u0 = u0 · q 0 et u1 = u0 · q = u0 · q 1 .

- Hypothèse de récurrence. Propriété vraie jusqu’à l’ordre n.

un+1 = un · q = (u0 · q n ) · q = u0 · q n+1 . z

Opérations algèbriques sur les suites

Soient u = (un )n , v = (vn )n ∈ S(N1 , R) et λ ∈ R. On pose, par définition,

u · v = (un vn )n suite produit de u et v.


u + v = (un + vn )n suite somme de u et v.
λ · u = (λun )n suite produit de u par le scalaire λ.

Si v ne s’annule pas sur N1 alors, on désigne par

u un
=( ) la suite quotient de u par v.
v vn n

2.2 Suites bornées

Soit (un )n ∈ S(N1 , R).

 (un )n est dite majorée s’il existe M ∈ R tel que

∀n ∈ N1 , un ≤ M.

Autrement dit, {un : n ∈ N1 } est une partie majorée dans R.

 (un )n est dite minorée s’il existe m ∈ R tel que

∀n ∈ N1 , m ≤ un .

Autrement dit, {un : n ∈ N1 } est une partie minorée dans R.

23
 (un )n est dite bornée si elle est à la fois majorée et minorée.

h(un )n est bornée i ⇐⇒ h∃M > 0, ∀n ∈ N1 , | un |≤ M i.

2.3 Suites monotones

 Une suite (un )n∈N1 est dite croissante (respectivement strictement croissante)
si
∀n ∈ N1 , un ≤ un+1 (resp. un < un+1 ).

 Une suite (un )n∈N1 est dite décroissante (respectivement strictement


décroissante) si

∀n ∈ N1 , un+1 ≤ un (resp. un+1 < un ).

 (un )n∈N1 est dite monotone si elle est croissante ou décroissante.

 (un )n∈N1 est dite strictement monotone si elle est strictement croissante ou
strictement décroissante.

 (un )n∈IN est dite stationnaire s’il existe n0 ∈ IN tel que

∀n ≥ n0 , un = un0 .

2.4 Suites convergentes

 Une suite numérique réelle (un )n∈IN est dite convergente (ou converge) s’il existe
l ∈ R tel que

∀ > 0, ∃N ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > N ⇒ | un − l |< .

On dit que l est la limite de (un )n∈IN et on écrit

l = lim un ou bien un −→ l.
n→+∞ n→+∞

24
Figure 2.1 – Interprétation géomètrique d’une suite convergente

 Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente.

Remarques.

1) Dans la définition, on peut remplacer les inégalités strictes par des inégalités larges.

2) hl = lim un i ⇐⇒ h∀ > 0, ∃N ∈ IN tel que {un : n > N } ⊂]l − , l + [i.
n→+∞

3) h(un )n est divergentei ⇐⇒ h∀l ∈ R, ∃ > 0, ∀n ∈ IN, ∃p ∈ IN : p > n et | up − l |≥ i.

Exemples.

1) Toute suite stationnaire (en particulier toute suite constante) est convergente.
1 1
2) ( ) est convergente et lim = 0. En effet. Soit  > 0 et cherchons
n n∈IN ∗ n→+∞ n
N ∈ IN ∗ tel que
1 1
∀n ∈ IN ∗ : n > N ⇒ | − 0 |= < .
n n
1
Il suffit de prendre N = E ( ) + 1 et on a bien

1 1
∀n ∈ IN ∗ : n > N ⇒ < < . z
n N

25
Proposition 2.4.1 La limite d’une suite, lorsqu’elle existe, est unique.

Preuve. Soit (un )n une suite numérique réelle convergente. Supposons que

lim un = l ∈ R et lim un = l0 ∈ R avec l 6= l0 .


n→+∞ n→+∞

| l − l0 |
Posons,  = > 0. Alors,
2
∃N1 ∈ IN ∀n : n > N1 ⇒ | un − l |< 

∃N2 ∈ IN ∀n : n > N2 ⇒ | un − l0 |< .

En prenant N = max{N1 , N2 }, il vient

∀n : n > N ⇒ | l − l0 |=| l − un + un − l0 |≤| l − un | + | un − l0 |< 2 =| l − l0 | .

Ceci est absurde. D’où, l = l0 . z

Proposition 2.4.2 Toute suite convergente est bornée.

Preuve. Soient (un )n une suite numérique réelle convergente et l = lim un ∈ R.


n→+∞
Prenons  = 1. Alors,

∃N1 ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > N1 ⇒ | un − l |< 1.

Par suite, pour tout n > N1 ,

h|| un | − | l ||≤| un − l |< 1i =⇒ h| un |< 1+ | l |i.

Si on pose M = max{| u0 |, | u1 |, ..., | uN1 |, 1+ | l |} > 0, il vient

∀n ∈ IN, | un |≤ M.

Ce qui montre que (un )n est bornée. z

Remarque. La réciproque est fausse.


Contre-exemple. La suite (un = (−1)n )n∈IN est bornée mais non convergente.
En effet.

26
(?) Puisque {un : n ∈ IN } = {−1, 1} est finie alors, ((−1)n )n∈IN est bornée.
1
(?) Supposons que (un = (−1)n )n∈IN converge vers un certain l ∈ R. Pour  = ,
2
il existe N ∈ IN tel que
1 1 1
∀n ∈ IN : n > N ⇒ | (−1)n − l |< ⇒ (−1)n − < l < (−1)n + .
2 2 2
Par suite,
1 3
- si n > N et n est pair alors, l ∈] , [.
2 2
3 1
- si n > N et n est impair alors, l ∈] − , − [.
2 2
C’est une contradiction. D’où, ((−1) )n∈IN diverge.
n
z

Théorème 2.4.3 (de convergence des suites monotones)

(i) Toute suite réelle (un )n croissante et majorée dans R converge et

lim un = supR {un : n ∈ IN }.


n→+∞

(ii) Toute suite réelle (un )n décroissante et minorée dans R converge et

lim un = inf R {un : n ∈ IN }.


n→+∞

Preuve.

(i) Soit (un )n une suite réelle croissante et majorée dans R. L’ensemble {un : n ∈ IN }
est une partie non vide majorée de R alors, elle admet une borne supérieure.
Posons, l = supR {un : n ∈ IN } et montrons que l = lim un . Pour cela, soit
n→+∞
 > 0. D’aprés la caractérisation de la borne supérieure, il existe N ∈ IN tel que
l −  < u N .

Soit n > N . Puisque (un )n est croissante et l est la borne supérieure de {un : n ∈ IN }
alors,
hl −  < uN ≤ un ≤ l < l + i =⇒ h| un − l |< i.

Ce qui montre que l = lim un .


n→+∞

27
(ii) Posons, A = {un : n ∈ IN }. Alors, −A = {−un : n ∈ IN }. On a,

h(un )n minorée i ⇐⇒ hA minorée i ⇐⇒ h−A majorée i ⇐⇒ h(−un )n majorée i.

Donc, supR (−A) existe dans R. De plus,

h(un )n décroissante i ⇐⇒ h(−un )n croissante i.

Puisque (−un )n est une suite croissante et majorée dans R alors, d’aprés (i), elle
converge et

lim un = − lim (−un ) = −supR (−A) = inf R A. z


n→+∞ n→+∞

Opérations sur les suites convergentes

Proposition 2.4.4 Soient (un )n , (vn )n deux suites réelles convergentes de limites
(l = lim un , l0 = lim vn ) et λ ∈ R. Alors,
n→+∞ n→+∞

(i) la suite (| un |)n converge vers | l | ;

(ii) la suite (un + vn )n converge vers l + l0 ;

(iii) la suite (λun )n converge vers λl ;

(iv) la suite (un vn )n converge vers ll0 .


un l
(v) Si l0 6= 0 alors, la suite ( ) converge vers 0 .
vn n l
(vi) Si (pour tout n ∈ IN , un ≥ 0) alors, l ≥ 0.

(vii) Si (pour tout n ∈ IN , un ≤ vn ) alors, l ≤ l0 .

Preuve.

(i) Pour tout n ∈ IN , on a


|| un | − | l ||≤| un − l | .

28
Soit  > 0. Puisque lim un = l alors, il existe N ∈ IN tel que
n→+∞

∀n : n > N ⇒ || un | − | l ||≤| un − l |< .

Ce qui montre que lim | un |=| l | .


n→+∞

(ii) Pour tout n ∈ IN , on a

| (un + vn ) − (l + l0 ) |=| (un − l) + (vn − l0 ) |≤| un − l | + | vn − l0 | .

Soit  > 0. Puisque l = lim un et l0 = lim vn alors,


n→+∞ n→+∞


∃N1 ∈ IN ∀n : n > N1 ⇒ | un − l |<
2
2 2 0 
∃N ∈ IN ∀n : n > N ⇒ | vn − l |< .
2

Il en résulte que
 
 | un − l |< 2


∀n : n > max{N1 , N2 } ⇒ ⇒ | (un + vn ) − (l + l0 ) |< .
 | vn − l0 |< 


2
Ce qui montre que lim (un + vn ) = l + l0 .
n→+∞

(iii) On distingue deux cas.

- Si λ = 0 alors, pour tout n ∈ IN , λun = 0. Donc,

lim (λun ) = 0 = 0 · l = λ · l.
n→+∞

- Supposons que, λ 6= 0. Alors, | λ |> 0. Pour tout n ∈ IN , on a

| λun − λl |=| λ || un − l | .

Soit  > 0. Puisque l = lim un , il existe N ∈ IN tel que


n→+∞


∀n : n > N ⇒ | un − l |< ⇒ | λun − λl |< .
|λ|

Ce qui montre que lim (λun ) = λl.


n→+∞

29
(iv) Pour tout n ∈ IN , on a

| un vn − ll0 |=| un vn − un l0 + un l0 − ll0 | = | un (vn − l0 ) + l0 (un − l) |

≤ | un | · | vn − l0 | + | l0 | · | un − l | .

La suite (un )n est alors bornée. Donc, il existe M > 0 tel que

∀n ∈ IN, | un |≤ M.

Posons, M 0 = max{M, | l0 |} > 0. Il s’ensuit que

∀n ∈ IN, | un vn − ll0 |≤ M 0 (| un − l | + | vn − l0 |).

Soit  > 0. Puisque l = lim un et l0 = lim vn alors,


n→+∞ n→+∞


∃N1 ∈ IN ∀n : n > N1 ⇒ | un − l |<
2M 0

∃N2 ∈ IN ∀n : n > N2 ⇒ | vn − l0 |< .
2M 0

Il en résulte que
 
 | un − l |<

2M 0

∀n : n > max{N1 , N2 } ⇒ ⇒ | un vn − ll0 |< .
 | vn − l0 |<

 
2M 0

Ce qui montre que lim (un vn ) = ll0 .


n→+∞

(v) (?) Si l0 6= 0 alors, | l0 |> 0. Puisque l0 = lim vn alors, il existe N0 ∈ IN tel que
n→+∞

| l0 | | l0 |
∀n : hn > N0 i ⇒ h|| vn | − | l0 ||≤| vn − l0 |< i ⇒ h| vn |> > 0i.
2 2
1 1
(?) Montrons que la suite ( ) converge vers 0 . D’aprés ce qui précéde, pour
vn n l
tout n > N0 , on a

1 1 | vn − l 0 | 2
| − 0 |= < · | vn − l 0 | .
vn l 0
| vn | · | l | | l0 |2

30
Soit  > 0. Puisque l0 = lim vn , il existe N ∈ IN tel que
n→+∞

0 | l0 |2
∀n : n > N ⇒ | vn − l |<  · .
2
D’où,
1 1
∀n : n > max{N0 , N } ⇒ | − 0 |< .
vn l
1 1
Ce qui montre que lim
= 0.
n→+∞ vn l
1 1
(?) Comme lim un = l et lim = 0 alors,
n→+∞ n→+∞ vn l
un 1 1 l
lim = lim (un · ) = l · 0 = 0 .
n→+∞ vn n→+∞ vn l l
(vi) Supposons que (pour tout n ∈ IN , un ≥ 0) et montrons que l ≥ 0. Par l’absurde,
|l| l
supposons que l < 0. Pour  = = − > 0, il existe N ∈ IN tel que
2 2
l l l
∀n : hn > N i ⇒ h| un − l |<  = − i ⇒ hun < l − = < 0i,
2 2 2
contradiction. Par conséquent, l ≥ 0.

Remarque. Si (pour tout n ∈ IN , un ≤ 0) alors, l ≤ 0.

(vii) Si (pour tout n ∈ IN , un ≤ vn ) alors, (pour tout n ∈ IN , vn − un ≥ 0). Comme


(un )n et (vn )n convergent alors, (vn − un )n converge. Et d’aprés (ii) et (vi),
on a l0 − l ≥ 0. Par suite, l ≤ l0 . z

Remarques.

1) un < vn (pour n assez grand) n’implique pas lim un < lim vn .


n→+∞ n→+∞
1 1
Contre-exemple. Pour tout n ∈ IN , 0 <

et pourtant lim = 0.
n n→+∞ n

2) (?) L’implication h lim | un |=| l |i =⇒ h lim un = li est, en général, fausse.


n→+∞ n→+∞

Contre-exemple. Pour tout n ∈ IN , un = (−1)n . On a, pour tout n ∈ IN ,


| un |= 1. Donc, (| un |)n converge vers 1 mais (un )n diverge.

31
(?) Si l = 0 alors,
h lim | un |= 0i ⇐⇒ h lim un = 0i.
n→+∞ n→+∞

En effet. =⇒) Soit  > 0. Il existe N ∈ IN tel que

∀n : hn > N i ⇒ h|| un | −0 |=| un |=| un − 0 |< i.

D’où, lim un = 0. z
n→+∞

2.5 Suites adjacentes

Deux suites numériques réelles (un )n∈IN et (vn )n∈IN sont dites adjacentes si

(un )n est croissante








(vn )n est décroissante






 lim (vn − un ) = 0.
n→+∞

Conséquence. Si (un )n∈IN et (vn )n∈IN sont adjacentes alors,

∀n ∈ IN, un ≤ vn .

Preuve. Posons, pour tout n ∈ IN, wn = vn − un . La suite (wn )n∈IN est décroissante
car, pour tout n ∈ IN , on a

wn+1 − wn = (vn+1 − vn ) + (un − un+1 ) ≤ 0.

D’autre part, (wn )n∈IN est convergente. Donc, elle est bornée. Comme (wn )n∈IN est
décroissante minorée alors,

lim wn = inf R {wn : n ∈ IN } = 0.


n→+∞

D’où, (wn )n∈IN est minorée par 0. Par suite,

∀n ∈ IN, un ≤ vn . z

32

3un−1 + vn−1
 un =


4

Figure 2.2 – Représentation des suites adjacentes
 2u + 3vn−1
 vn = n−1


5

33
Proposition 2.5.1 Deux suites adjacentes sont convergentes et ont la même limite.

Preuve. Soient (un )n et (vn )n deux suites adjacentes. Alors, pour tout n ∈ IN , on a

u0 ≤ un ≤ un+1 ≤ vn+1 ≤ vn ≤ v0 .

Il s’ensuit que, (un )n est croissante majorée par v0 et (vn )n est décroissante minorée
par u0 . Elles sont donc convergentes. Posons, l = lim un et l0 = lim vn . Or,
n→+∞ n→+∞

lim (vn − un ) = lim vn − lim un = l0 − l = 0.


n→+∞ n→+∞ n→+∞

D’où, l = l0 . z

Exemple. Les suites (un )n∈IN ∗ et (vn )n∈IN ∗ définies par


 n
 X 1 1 1 1

 u n = = 1 + + + ... +


k=0
k! 1! 2! n!

1


vn = un +


n · n!
sont adjacentes et lim un = lim vn = e. En effet.
n→+∞ n→+∞

1) Pour tout n ∈ IN , on a

n+1 n
X 1 X 1 1
(?) un+1 − un = − = > 0,
k=0
k! k=0
k! (n + 1)!
(?)
1 1
vn+1 − vn = un+1 − un + −
(n + 1) · (n + 1)! n · n!
1 1 1
= + −
(n + 1)! (n + 1) · (n + 1)! n · n!
1 n+2 1 n+2 1
= × − = 2 −
(n + 1)! n + 1 n · n! (n + 1) n! n · n!
2
n(n + 2) − (n + 1) 1
= 2 =− < 0.
n(n + 1) n! n(n + 1)(n + 1)!

34
1
(?) Et lim (vn − un ) = lim = 0.
n→+∞ n→+∞ n · n!

Les suites (un )n∈IN ∗ et (vn )n∈IN ∗ sont bien adjacentes donc admettent une limite
commune que l’on notera e.

2) Cherchons une valeur approchée de e à 10−2 prés. Pour tout n ∈ IN ∗ , on a

1 1
hun ≤ e ≤ vn = un + i =⇒ h0 ≤ e − un ≤ < 10−2 i.
n · n! n · n!

Il suffit de prendre n = 5. Donc, e ' u5 à 10−2 prés. D’où,

e ' 2, 71 à 10−2 prés.

p
3) Supposons que e ∈ Q.
l Alors, ils existent p ∈ IN et q ∈ IN ∗ tels que e = .
q
En particulier, on a
q
X 1 a a 1
uq = = < uq+1 ≤ e ≤ vq+1 < vq = + avec a ∈ IN.
k=0
k! q! q! qq!

En multipliant par q!, on obtient

1
a < p(q − 1)! < a + ≤ a + 1.
q

L’entier p(q − 1)! sera compris strictement entre les entiers consécutifs a et a + 1,
absurde. D’où, e∈
/ Q.
l z

2.6 Suites de Cauchy

Une suite réelle (un )n est dite une suite de Cauchy si



 ∀p, q ∈ IN
∀ > 0, ∃N ∈ IN tel que ⇒| up − uq |< .
p > N , q > N

On a aussi

35
h(un )n est une suite de Cauchy i

m

 ∀n, p ∈ IN
h∀ > 0, ∃N ∈ IN tel que ⇒| un+p − un |< i.
n > N

Proposition 2.6.1 (i) Toute suite de Cauchy est bornée.

(ii) Toute suite convergente est de Cauchy.

(iii) Toute suite de Cauchy dans R converge.

Preuve.

(i) Soit (un )n une suite de Cauchy. Pour  = 1, il existe N1 ∈ IN tel que

∀p, q ∈ IN : p, q > N1 ⇒ | up − uq |< 1.

En prenant q = N1 + 1, il vient

∀p ∈ IN : hp > N1 i ⇒ h|| up | − | uN1 +1 ||≤| up − uN1 +1 |< 1i ⇒ h| up |< 1+ | uN1 +1 |i.

Posons, M = max{| u0 |, ..., | uN1 |, 1+ | uN1 +1 |} > 0. Alors,

∀n ∈ IN, | un |≤ M.

D’où, (un )n est bornée.

(ii) Soit (un )n une suite convergente et posons l = lim un . Soit  > 0. Alors, il
n→+∞
existe N ∈ IN tel que


∀n ∈ IN : n > N ⇒ | un − l |< .
2

36
Soient p, q ∈ IN tels que p > N et q > N . Alors,
 
| up − uq |≤| up − l | + | uq − l |< + = .
2 2
D’où, (un )n est une suite de Cauchy.

(iii) Soit (un )n une suite de Cauchy. D’aprés (i), (un )n est bornée. Donc, {un : n ∈ IN }
est bornée. Posons, pour tout n ∈ IN ,

An = {uk : k ≥ n}.

La partie An est non vide bornée. Donc, inf R An et supR An existent et posons

an = inf R An et bn = supR An .

• Il est clair que an ≤ bn .

• Soient n ∈ IN et x ∈ An+1 . Alors, il existe k ≥ n + 1 tel que x = uk . Or,

n + 1 ≥ n =⇒ k ≥ n =⇒ x ∈ An .

Donc, An+1 ⊂ An . Par conséquent,

an = inf R An ≤ inf R An+1 = an+1 et bn+1 = supR An+1 ≤ supR An = bn .

Ce qui montre que (an )n est croissante et (bn )n est décroissante.

• Montrons que lim (bn − an ) = 0. Pour cela, soient  > 0 et n ∈ IN . Alors,


n→+∞
 
 up < an + 3

 ∃up ∈ An


tels que et
∃uq ∈ An  bn < uq +  .
 

3
Puisque (un )n est une suite de Cauchy, il existe N ∈ IN tel que

∀p0 , q 0 ∈ IN : (p0 > N et q 0 > N ) ⇒ | up0 − uq0 |< .
3
Pour n > N on a, p > N et q > N . Par suite,

| an − bn | = | an − up + up − uq + uq − bn |

≤ | an − up | + | up − uq | + | uq − bn |< .

37
D’où, (an )n et (bn )n sont des suites adjacentes. Par suite, elles convergent vers la
même limite soit l = lim an = lim bn . Or,
n→+∞ n→+∞

∀n ∈ IN, an ≤ un ≤ bn .

Il s’ensuit que, (un )n converge et lim un = l. z


n→+∞

Conséquence. Soit (un )n une suite réelle. Alors,

h(un )n converge i ⇐⇒ h(un )n est une suite de Cauchy i. (2.1)

Ainsi, on peut montrer qu’une suite est convergente sans connaître à priori sa limite.

Remarques.

1) Dans Q,
l on n’a pas l’équivalence (2.1).
Contre-exemple. Soit (un )n∈IN ∗ la suite d’éléments de Q
l définie par
n
X 1 1 1 1
un = = 1 + + + ... + .
k=0
k! 1! 2! n!
(un )n∈IN ∗ est convergente dans R. Donc, (un )n∈IN ∗ est une suite de Cauchy dans
l mais (un )n∈IN ∗ ne converge pas dans Q
Q l car sa limite lim un = e ∈
/ Q.
l
n→+∞

2) h lim | un+1 − un |= 0i 6 ⇒
= h(un )n est une suite de Cauchy i.
n→+∞ |{z}
(n’implique pas)

Contre-exemple. Soit (un )n∈IN la suite réelle définie par


1
u0 = 0 et un = un−1 + pour n ≥ 1.
n
1
• lim | un+1 − un |= lim (un+1 − un ) = lim = 0.
n→+∞ n→+∞ n→+∞ n + 1

• Mais, (un )n∈IN n’est pas une suite de Cauchy. En effet.


1 1 1 1 1
un = un−1 + = un−2 + + = 1 + + ... +
n n−1 n 2 n
n
1 1 X 1 n 1
u2n − un = un + + ... + − un = ≥ = .
n+1 2n k=1
n+k 2n 2

38
Conclusion.

1  ∃p = n ≥ n
∃ = > 0, ∀n ∈ IN ∗ , et | up − uq |> .
4
∃q = 2n ≥ n

Donc, (un )n∈IN n’est pas une suite de Cauchy. z

2.7 Suites extraites ou sous-suites

Définition. Soient (un )n∈IN une suite réelle et ϕ : IN −→ IN une application


strictement croissante de IN dans IN . La suite (vn )n∈IN définie par

vn = uϕ(n) (pour n ∈ IN )

est appelée sous-suite ou suite extraite de la suite (un )n∈IN et se note (unk )k∈IN
ou seulement (unk )k .

Remarque. La donnée d’une suite extraite c’est la donnée d’une application


strictement croissante de IN dans IN .

Proposition 2.7.1 Toute suite extraite d’une suite convergente (un )n est convergente
et converge vers lim un .
n→+∞

Preuve. Posons, l = lim un et soit ϕ : IN −→ IN une application strictement


n→+∞
croissante sur IN . Alors,
∀n ∈ IN, ϕ(n) ≥ n.

En effet. Par récurrence sur n.

• ϕ(0) ∈ IN donc ϕ(0) ≥ 0.

39
• Supposons que ϕ(n − 1) ≥ n − 1. Alors,

ϕ(n) > ϕ(n − 1) ≥ n − 1.

D’où, ϕ(n) ≥ n.

Soit  > 0. Puisque l = lim un alors, il existe N ∈ IN tel que


n→+∞

∀n : n > N =⇒ | un − l |< .

Par suite,
∀n : ϕ(n) ≥ n > N =⇒ | uϕ(n) − l |< .

Ce qui montre que (uϕ(n) )n converge et lim uϕ(n) = l. z


n→+∞

Remarque. La réciproque est fausse : Une suite divergente peut admettre des
sous-suites convergentes.

Exemple. C’est le cas pour la suite (un = (−1)n ))n∈IN . En effet. Les applications

ϕ1 : IN −→ IN et ϕ2 : IN −→ IN

n 7−→ 2n n 7−→ 2n + 1

sont strictement croissantes sur IN . De plus,

∀n ∈ IN , u2n = 1 et u2n+1 = −1.

Les deux suites extraites (u2n )n∈IN et (u2n+1 )n∈IN convergent mais, (un )n∈IN diverge. z

Proposition 2.7.2 Soient (un )n une suite numérique réelle et ϕ1 , ϕ2 , ..., ϕp : IN −→ IN


des applications strictement croissantes sur IN vérifiant

ϕ1 (IN ) ∪ ϕ2 (IN ) ∪ ... ∪ ϕp (IN ) = IN.

Si les suites extraites (uϕ1 (n) )n , (uϕ2 (n) )n , ..., (uϕp (n) )n convergent vers la même
limite l alors, la suite (un )n converge vers l.

40
Preuve. Pour tout i ∈ {1, 2, ..., p} on a, lim uϕi (n) = l. Soit  > 0. Pour tout
n→+∞
i ∈ {1, 2, ..., p},

∃Ni ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > Ni ⇒ | uϕi (n) − l |< .

Posons, N = max{ϕ1 (N1 ), ϕ2 (N2 ), ..., ϕp (Np )} et soit n > N . Puisque

ϕ1 (IN ) ∪ ϕ2 (IN ) ∪ ... ∪ ϕp (IN ) = IN

alors, il existe j ∈ {1, 2, ..., p} tel que n ∈ ϕj (IN ). Par suite, il existe m ∈ IN tel que
n = ϕj (m). Et comme ϕj est strictement croissante sur IN alors,

n > N =⇒ ϕj (m) > N ≥ ϕj (Nj ) =⇒ m > Nj

m > Nj =⇒ | uϕj (m) − l |<  =⇒ | un − l |< .

D’où, (un )n converge vers l. z

Remarques.

1) Si les suites extraites (u2n )n et (u2n+1 )n convergent vers la même limite l alors,
(un )n converge et lim un = l.
n→+∞

En effet. Posons,

ϕ1 : IN −→ IN et ϕ2 : IN −→ IN

n 7−→ 2n n 7−→ 2n + 1.

ϕ1 et ϕ2 sont des applications strictement croissantes sur IN ,

ϕ1 (IN ) ∪ ϕ2 (IN ) = (2IN ) ∪ (2IN + 1) = IN

et les suites extraites (uϕ1 (n) )n et (uϕ2 (n) )n convergent vers la même limite l. D’aprés
la Proposition 2.7.2, (un )n converge et lim un = l. z
n→+∞

41
2) Si une suite réelle (un )n admet deux suites extraites convergentes mais vers deux
limites différentes alors, (un )n diverge.

Exemple. C’est le cas pour la suite (un = (−1)n ))n∈IN . En effet.

∀n ∈ IN , u2n = 1 et u2n+1 = −1.

Les deux suites extraites (u2n )n∈IN et (u2n+1 )n∈IN convergent mais,

lim u2n = 1 6= −1 = lim u2n+1 .


n→+∞ n→+∞

Alors, (un )n diverge. z

Suites récurrentes

Définition. Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction tel que

f (I) = {f (x) : x ∈ I} ⊂ I.

On appelle suite récurrente une suite (un )n définie par la donnée de son premier
terme u0 ∈ I et de la relation de récurrence

∀n ∈ IN, un+1 = f (un ).

Comme f (I) ⊂ I alors, (un )n est bien définie.

L’étude d’une suite récurrente est, en général, trés difficile. Par contre, on sait étudier
une telle suite dans le cas où f est monotone sur I.

Monotonie.

42
L’étude de la monotonie de (un )n revient à celle de la fonction f . En utilisant

un+1 − un = f (un ) − f (un−1 ),

on montre les résultats suivants.

Proposition 2.7.3 1) Lorsque f est croissante sur I alors, (un )n est monotone.
De façon plus précise, on a

(i) Si u0 ≤ u1 = f (u0 ) alors, (un )n est croissante.

(ii) Si u0 ≥ u1 = f (u0 ) alors, (un )n est décroissante.

2) Si f est décroissante sur I alors, la fonction g = f ◦ f est croissante sur I et les


suites extraites (u2n )n et (u2n+1 )n définies par

u2n = f (u2n−1 ) = (f ◦ f )(u2(n−1) ) = g(u2(n−1) )

u2n+1 = f (u2n ) = (f ◦ f )(u2n−1 ) = g(u2n−1 ), u0 ∈ I et u1 = f (u0 )

sont l’une croissante et l’autre décroissante.

Si les suites (u2n )n et (u2n+1 )n sont adjacentes alors, elles convergent vers une
même limite qu’on désigne par l. Par suite, l est la limite de la suite (un )n .

Par contre si (u2n )n et (u2n+1 )n convergent vers des limites différentes alors,
(un )n diverge.

Preuve.

1) On suppose que f est croissante sur I.

(i) Si u0 ≤ u1 = f (u0 ) alors, par récurrence sur n, on a

un = f (un−1 ) ≤ f (un ) = un+1 .

Donc, (un )n est croissante.

43
(ii) Si u0 ≥ u1 = f (u0 ) alors, par récurrence sur n, on a

un = f (un−1 ) ≥ f (un ) = un+1 .

Donc, (un )n est décroissante.

Le problème se ramène à chercher un majorant ou un minorant de la suite (un )n


qui sera, en général, la limite lorsqu’elle existe.

2) Découle du premier cas 1). z

Proposition 2.7.4 Si f est continue sur I et si la suite (un )n est convergente de


limite l ∈ I alors, l = f (l).

Preuve. Puisque (un )n converge vers l alors, (un+1 )n converge aussi vers l et on a

lim un = lim un+1 = l.


n→+∞ n→+∞

Puisque, pour tout n ∈ IN , un+1 = f (un ) et f est continue sur I alors,

l = lim un+1 = lim f (un ) = f ( lim un ) = f (l). z


n→+∞ n→+∞ n→+∞

Remarque. La recherche de la limite de (un )n revient à la résolution de l’équation


"l = f (l)" et à vérifier si (un )n converge ou non vers un tel nombre l.

Exemples.

1) Les suites arithmétiques et géomètriques sont des suites récurrentes.


1
2) un = un−1 + n n’est pas une suite récurrente.
2

44
1
Figure 2.3 – Représentation de la suite un = un−1 + n
2

45
2
Figure 2.4 – Représentation de la suite récurrente un = − un−1 + 3
3

2
3) un = − un−1 + 3.
3

2.8 Extension aux limites infinies

Définitions. Soit (un )n∈IN une suite réelle. On dit que

 (un )n a pour limite +∞ et on écrit lim un = +∞ ou un −→ +∞ si


n→+∞ n→+∞

∀A > 0, ∃NA ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > NA =⇒ un > A.

46
 (un )n a pour limite −∞ et on écrit lim un = −∞ ou un −→ −∞ si
n→+∞ n→+∞

∀A > 0, ∃NA ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > NA =⇒ un < −A.

Remarques.

1) Toute suite qui a une limite infinie est divergente.

2) On dit aussi que (un )n a pour limite "l’infini" ou tend vers "l’infini".

3) h lim un = −∞i ⇐⇒ h lim (−un ) = +∞i.


n→+∞ n→+∞

Propriétés. Soient (un )n et (vn )n deux suites réelles.

1) Si


 ∃N ∈ IN, ∀n ∈ IN : n ≥ N =⇒ un ≤ vn

alors, lim vn = +∞.

 lim un = +∞ n→+∞
n→+∞

2) Si lim un = +∞ et (vn )n est minorée alors, lim (un + vn ) = +∞.


n→+∞ n→+∞
En particulier,

h lim un = +∞ et lim vn = +∞i =⇒ h lim (un + vn ) = +∞i.


n→+∞ n→+∞ n→+∞

h lim un = +∞ et lim 0
vn = l ∈ Ri =⇒ h lim (un + vn ) = +∞i.
n→+∞ n→+∞ n→+∞

3)

h lim un = +∞ et lim vn = +∞i =⇒ h lim (un vn ) = +∞i.


n→+∞ n→+∞ n→+∞

h lim un = +∞ et lim vn = l ∈ 0
R∗+ i =⇒ h lim (un vn ) = +∞i.
n→+∞ n→+∞ n→+∞

1
4) • h lim un = +∞i =⇒ h lim = 0i.
n→+∞ n→+∞ un

47
• Si


 ∃N ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > N =⇒ un > 0
 1
alors, lim = +∞.

 lim un = 0 n→+∞ un
n→+∞

5) Soit q ∈ R et considérons la suite géomètrique (q n )n∈IN .

(i) Si q > 1 alors, lim q n = +∞.


n→+∞

(ii) Si | q |< 1 alors, lim q n = 0.


n→+∞

(iii Si q = 1 alors, (q n )n∈IN est une suite constante.

(iv) Si q = −1 alors, ((−1)n )n∈IN diverge.

(v) Si q < −1 alors, (q n )n∈IN diverge et lim | q n |= +∞.


n→+∞

Preuve.

5) (i) Puisque q > 1, il existe a > 0 tel que q = 1 + a. Montrons, par récurrence
sur n, que
∀n ≥ 2, q n = (1 + a)n > 1 + na.

• q 2 = (1 + a)2 = 1 + 2a + a2 > 1 + 2a.

• Hypothèse de récurrence : q n = (1 + a)n > 1 + na.

q n+1 = (1 + a)n+1 = (1 + a)n (1 + a) > (1 + na)(1 + a)

q n+1 > 1 + (n + 1)a + na2 > 1 + (n + 1)a.

Soit A > 0. Cherchons NA ∈ IN tel que

∀n : n > NA =⇒ 1 + na > A.
A−1
Il suffit donc de prendre NA ≥ E ( ) + 1. D’où, lim (1 + na) = +∞.
a n→+∞
Par suite, lim q n = +∞.
n→+∞

48
1 1
(ii) • Supposons que 0 < q < 1. En posant t = on a, t > 1 et q n = n .
q t
D’aprés (i), lim t = +∞. Par suite,
n n
lim q = 0.
n→+∞ n→+∞

• Si q = 0 alors, pour tout n ∈ IN , q n = 0. D’où, lim q n = 0.


n→+∞

• Si −1 < q < 0 alors, t = −q ∈]0, 1[ et | q |= t . D’où,


n n
lim | q n |= 0.
n→+∞
Par suite, lim q n = 0.
n→+∞

(iii) et (iv) sont évidentes.

(v) Si q < −1 alors, −q > 1 et | q n |= (−q)n . D’où, lim | q n |= +∞. z


n→+∞

Proposition 2.8.1 (i) Toute suite croissante et non majorée tend vers +∞.

(ii) Toute suite décroissante et non minorée tend vers −∞.

Preuve.

(i) Soit (un )n une suite réelle croissante et non majorée. Alors,

∀A ∈ R, ∃NA ∈ IN tel que uNA > A.

En particulier,
∀A > 0, ∃NA ∈ IN tel que uNA > A.

Soit n > NA . Puisque (un )n est croissante alors, un ≥ uNA > A. D’où,
lim un = +∞.
n→+∞

(ii) Soit (un )n une suite réelle décroissante et non minorée. Alors,

∀A ∈ R, ∃NA ∈ IN tel que uNA < −A.

En particulier,

∀A > 0, ∃NA ∈ IN tel que uNA < −A.

49
Soit n > NA . Puisque (un )n est décroissante alors, un ≤ uNA < −A. D’où,
lim un = −∞. z
n→+∞

2.9 Théorème de Bolzano-Weierstrass

Théorème 2.9.1 (Théorème de Bolzano-Weierstrass).


De toute suite bornée de nombres réels, on peut extraire une sous-suite convergente.

Preuve. Soit

f : IN −→ R

n 7−→ un = f (n)

une suite bornée dans R. Il existe (a, b) ∈ R2 avec a < b tel que

∀n ∈ IN, a ≤ un ≤ b.

Donc, {un : n ∈ IN } = f (IN ) ⊂ [a, b]. Posons, I0 = [a, b].

f −1 (f (IN )) est infini et f −1 (f (IN )) ⊂ f −1 ([a, b]).

D’où, f −1 ([a, b]) est infini.

Partageons [a, b] en deux segments de même longueur :

a+b a+b
I00 = [a, ] et I000 = [ , b].
2 2

hI0 = [a, b] = I00 ∪ I000 i =⇒ hf −1 (I0 ) = f −1 (I00 ) ∪ f −1 (I000 )i.

Comme f −1 (I0 ) est infini alors, pour au moins un de ces deux intervalles "moitiés"
que nous noterons I1 ,

f −1 (I1 ) = {k ∈ IN : uk ∈ I1 } est infini .

50
(?) On définit ainsi, par récurrence sur n, une suite (In = [an , bn ])n∈IN d’intervalles
fermés de R telle que

(i) I0 = [a, b] ;

(ii) ∀n ∈ IN, In+1 est l’un des segments "moitiés" de In ;

(iii) ∀n ∈ IN, f −1 (In ) = {k ∈ IN : uk ∈ In } est infini .

On construit ainsi une suite (In )n∈IN de segments emboités avec


b−a
In = [an , bn ] tel que l (In ) = bn − an = .
2n
Donc, lim (bn − an ) = 0. Les deux suites (an )n∈IN et (bn )n∈IN sont alors
n→+∞
adjacentes. Donc, elles convergent vers la même limite et soit

l = lim an = lim bn .
n→+∞ n→+∞

(?) On va, maintenant, construire une sous-suite (unk )k∈IN convergente.


Posons n0 = 0. Les entiers n0 , n1 , ..., nk tels que

n0 < n1 < ... < nk et uni ∈ Ii (pour 1 ≤ i ≤ k)

étant déterminés. Puisque f −1 (Ik+1 ) est infini alors, on peut choisir un entier
nk+1 tel que nk+1 > nk et unk+1 ∈ Ik+1 .
On définit ainsi une sous-suite (unk )k∈IN de (un )n∈IN tel que

∀k ∈ IN, ak ≤ unk ≤ bk .

D’où, (unk )k∈IN converge et lim unk = l. z


n→+∞

2.10 Valeurs d’adhérences d’une suite

Définition. Soient (un )n une suite réelle et a ∈ R. a est dite une valeur d’adhérence
de la suite (un )n si

∀ > 0, ∀n ∈ IN, ∃p ≥ n tel que | up − a |< .

51
C’est équivalent à

∀ > 0, {n ∈ IN : | un − a |< } est infini.

Exemples.

1) Les valeurs d’adhérences de la suite (un = (−1)n )n sont −1 et 1.

2) la suite (un = n)n n’a pas de valeurs d’adhérences.

Proposition 2.10.1 Soient (un )n une suite réelle et a ∈ R. Alors, les propriétés
suivantes sont équivalentes

(i) a est une valeur d’adhérence de la suite (un )n ;

(ii) (un )n admet une sous-suite (unk )k∈IN convergente vers a.

Preuve.

(i) =⇒ (ii) Soit a une valeur d’adhérence de la suite (un )n . On va construire, par
récurrence, une sous-suite convergente vers a.

Choisissons arbitrairement ϕ(0). Supposons que ϕ(n − 1) est connu pour n ≥ 1.


1
Prenons,  = . Puisque ϕ(n − 1) + 1 ∈ IN et a est une valeur d’adhérence
n
de la suite (un )n alors, il existe un entier qu’on note ϕ(n) ∈ IN tel que

1
ϕ(n) ≥ ϕ(n − 1) + 1 > ϕ(n − 1) et | uϕ(n) − a |< .
n
D’où, il existe ϕ : IN −→ IN strictement croissante tel que

1
lim uϕ(n) = a (car lim = 0).
n→+∞ n→+∞ n

(ii) =⇒ (i) Supposons qu’il existe ϕ : IN −→ IN une application strictement


croissante tel que lim uϕ(p) = a. Soient  > 0 et n ∈ IN . Puisque
p→+∞
lim uϕ(p) = a alors,
p→+∞

∃N ∈ IN, ∀p ∈ IN : p ≥ N =⇒ | uϕ(p) − a |< .

52
Posons, n1 = max(N , n) et n2 = ϕ(n1 ). Alors,

n2 = ϕ(n1 ) ≥ n1 ≥ n et | un2 − a |< .

Donc, a est une valeur d’adhérence de la suite (un )n . z

Conséquences.

1) Soit (un )n une suite réelle convergente et posons lim un = a. Alors, a est
n→+∞
l’unique valeur d’adhérence de la suite (un )n .

Preuve. Soit a0 une autre valeur d’adhérence de la suite (un )n . Alors, il existe
(unk )k∈IN une suite extraite de (un )n tel que lim unk = a0 . Comme (un )n converge
n→+∞
vers a alors, (unk )k converge aussi vers a. On déduit, d’aprés l’unicité de la limite,
que a = a0 . z

Remarque. Une suite qui admet une seule valeur d’adhérence ne converge pas
nécessairement vers cette valeur d’adhérence.

Contre-exemple. Soit la suite (un )n définie par



 u2n = 2n

 u2n+1 = 1
.

n+1

1
6 0 = lim
lim u2n = +∞ = = lim u2n+1 .
n→+∞ n→+∞ n + 1 n→+∞
Comme la sous-suite (u2n )n diverge alors, la suite (un )n diverge. Et pourtant
(un )n admet une seule valeur d’adhérence qui est 0. z

2) toute suite réelle bornée admet au moins une valeur d’adhérence. C’est le
Théorème de Bolzano-Weierstrass.

53
Proposition 2.10.2 Soit (un )n une suite réelle bornée. Alors, les propriétés suivantes
sont équivalentes

(i) (un )n admet une seule valeur d’adhérence soit "a" ;

(ii) (un )n converge vers a.

Preuve.

(ii) =⇒ (i) Si (un )n converge vers a alors, toute sous-suite de (un )n converge vers a.
D’où, l’unicité de la valeur d’adhérence "a".

(i) =⇒ (ii) Par l’absurde : Supposons que (un )n ne converge pas vers a. Alors,

∃ > 0, ∀n ∈ IN, ∃pn : pn ≥ n et | upn − a |> .

Posons,

θ : IN −→ IN

n 7−→ θ(n) = pn

est une application strictement croissante. On a,

∀n ∈ IN, θ(n) ≥ n et | uθ(n) − a |> .

On ait donc en présence de la suite extraite (uθ(n) )n de (un )n . (uθ(n) )n est bornée.
D’aprés le Théorème de Bolzano-Weierstrass, (uθ(n) )n admet au moins une valeur
d’adhérence soit "b". Il existe donc une sous-suite (uϕ(n) )n de (uθ(n) )n donc de
(un )n tel que lim uϕ(n) = b. On a,
n→+∞

∀n ∈ IN, ϕ(n) ≥ n et | uϕ(n) − a |> .

Par passage à la limite lorque n → +∞, on obtient

| b − a |≥  > 0 donc a 6= b.

(uθ(n) )n est une suite extraite de (un )n . Alors, b est une valeur d’adhérence de
(un )n distincte de a. Contradiction. D’où, (un )n converge vers a. z

54
Chapitre 3

Fonctions réelles d’une variable réelle

3.1 Généralités

Définition. On appelle fonction réelle d’une variable réelle toute application


f définie sur une partie D de R et à valeurs dans R et se note

f : D −→ R

x 7−→ f (x).

On désigne par F(D, R) l’ensemble de toutes les fonctions réelles à variable réelle
définies sur D. D s’appelle le domaine de définition de f et se note Df .

Df = {x ∈ R : f (x) existe }.

Exemple. f (x) = ln (1 + x2 ).

hf (x) existe i ⇐⇒ h1 + x2 > 0i.

Or, pour tout x ∈ R, 1 + x2 > 0. D’où, Df = R.

55
On appelle graphe de la fonction f l’ensemble noté

G(f ) = {(x, f (x)) : x ∈ Df }.


− → −
G(f ) ⊂ R × R = R2 . Dans le plan euclidien R2 muni d’un repére Orthonormé (O, i , j ),
on représente chaque élément (x, f (x)) ∈ G(f ) par un point M de coordonnées x et
y = f (x). On a,
−−→ →
− →

OM = x i + y j .

L’ensemble de ces points s’appelle représentation graphique de f et se note Γf .

Fonctions paires et impaires

Soit D une partie non vide de R symétrique par rapport à l’origine 0 c’est-à-dire

∀x ∈ D, −x ∈ D.

Exemples. D = R =] − ∞, +∞[, D = [−2, 2].

 Une fonction f : D −→ R est dite paire si

∀x ∈ D, f (−x) = f (x).

 Une fonction f : D −→ R est dite impaire si

∀x ∈ D, f (−x) = −f (x).

Remarques.

56
Figure 3.1 – - Illustration

57
Figure 3.2 – - f est paire

1) Si f est paire alors, les points M (x, f (x)) et M 0 (−x, f (−x)) sont symétriques
par rapport à l’axe yoy 0 .

2) Si f est impaire alors, les points M (x, f (x)) et M 0 (−x, f (−x)) sont symétriques
par rapport à l’origine O.

Il suffit donc d’étudier f sur D ∩ R+ et le reste de Γf se déduit par une symétrie


par rapport à l’axe yoy 0 (lorsque f est paire) et par une symétrie par rapport à
l’origine O (lorsque f est impaire).

58
Figure 3.3 – - f est impaire

Fonctions périodiques

Une fonction f : D −→ R est dite périodique s’il existe T > 0 tel que

∀x ∈ D, x+T ∈D et f (x + T ) = f (x). (3.1)

Le plus petit des nombres T > 0 vérifiant (3.1) (lorsqu’il existe) s’appelle la période
de f .

Conséquence. Si f : D −→ R est périodique de période T alors, pour tous x ∈ D


et n ∈ IN , on a
f (x + nT ) = f (x) et f (x − nT ) = f (x).

Exemple. La fonction

f : R −→ R

x 7−→ cos x

59
est périodique de période 2π.

Remarque. Si f : D −→ R est périodique de période T > 0, On étudie f sur un


intervalle de longueur T soit, par exemple, [0, T ] ∩ D et on déduit le reste de Γf par
des translations de vecteur T et parallélement à l’axe xox0 .

Fonctions monotones

Soient D une partie non vide de R et f : D −→ R une fonction réelle à variable


réelle. On dit que

 f est croissante sur D si

∀x, y ∈ D, x ≤ y =⇒ f (x) ≤ f (y).

 f est décroissante sur D si

∀x, y ∈ D, x ≤ y =⇒ f (x) ≥ f (y).

 f est strictement croissante sur D si

∀x, y ∈ D, x < y =⇒ f (x) < f (y).

 f est strictement décroissante sur D si

∀x, y ∈ D, x < y =⇒ f (x) > f (y).

 f est monotone sur D si f est croissante ou décroissante sur D.

 f est strictement monotone sur D si f est strictement croissante ou strictement


décroissante sur D.

 f est injective si

∀x, y ∈ D, f (x) = f (y) =⇒ x = y.

60
Remarque. Si f est strictement monotone sur D alors, f est injective. En effet. Si
f est strictement monotone sur D alors,

hx 6= yi ⇐⇒ hx < y ou bien y < xi =⇒ hf (x) < f (y) ou bien f (y) < f (x)i

=⇒ hf (x) 6= f (y)i.

Par suite,
∀x, y ∈ D, f (x) = f (y) =⇒ x = y.

D’où, f est injective. z

Fonctions bornées

Soient D une partie non vide de R et f : D −→ R une fonction réelle à variable


réelle. On appelle image de D par f l’ensemble qu’on note

Im f = f (D) = {f (x) : x ∈ D} ⊂ R.

On dit que

 f est majorée sur D si f (D) est majorée c’est-à-dire

∃M ∈ R, ∀x ∈ D, f (x) ≤ M.

 f est minorée sur D si f (D) est minorée c’est-à-dire

∃m ∈ R, ∀x ∈ D, m ≤ f (x).

 f est bornée sur D si f est à la fois minorée et majorée sur D. Autrement dit,
f (D) est bornée c’est-à-dire

∃M > 0, ∀x ∈ D, | f (x) |≤ M.

61
 Si f est majorée (respectivement minorée) sur D alors, la partie f (D) admet une
borne supérieure (respectivement une borne inférieure) dans R appelée borne
supérieure (resp. borne inférieure) de f sur D et se note

sup f (x) = supR f (D) (resp. inf f (x) = inf R f (D)).


x∈D x∈D

Opérations sur les fonctions

Soient λ ∈ R, D une partie non vide de R et f, g ∈ F(D, R). On appelle

 somme de f et g la fonction f + g ∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, (f + g)(x) = f (x) + g(x).

 produit de f et g la fonction f · g ∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, (f · g)(x) = f (x)g(x).

 multiplication par le scalaire λ de f la fonction λf ∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, (λf )(x) = λf (x).

 valeur absolue de f la fonction | f |∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, | f | (x) =| f (x) | .

 minimum de f et g la fonction min(f, g) ∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, min(f, g)(x) = min{f (x), g(x)}.

 maximum de f et g la fonction max(f, g) ∈ F(D, R) définie par

∀x ∈ D, max(f, g)(x) = max{f (x), g(x)}.

62
 Si (pour tout x ∈ D, g(x) 6= 0) alors, le rapport de f et g est la fonction
f
∈ F(D, R) définie par
g
f f (x)
∀x ∈ D, ( )(x) = .
g g(x)

 Soient f ∈ F(D, R), ∆ une partie non vide de R et g ∈ F(∆, R) tel que f (D) ⊂ ∆.
On appelle fonction composée de g et f la fonction notée g ◦ f ∈ F(D, R)
définie par
∀x ∈ D, (g ◦ f )(x) = g(f (x)).
f g
D −→ f (D) ⊂ ∆ −→ R .
| {z }
g◦f

On définit sur F(D, R) un ordre de la manière suivante : Pour tous f, g ∈ F(D, R)


on pose,
hf ≤ gi ⇐⇒ h∀x ∈ D, f (x) ≤ g(x)i.

On a aussi

hf < gi ⇐⇒ hf ≤ g et f 6= gi

⇐⇒ h∃x ∈ D : f (x) < g(x) et f ≤ gi.

3.2 Limite d’une fonction

On va étendre la notion de limite d’une suite numérique aux fonctions réelles d’une
variable réelle.

Définitions. Soient f une fonction réelle d’une variable réelle et a ∈ R.

63
 On dit que f est définie au voisinage de a s’il existe V ∈ V(a) tel que V ⊂ Df .
Donc, a ∈ Df .

 On dit que f est définie au voisinage de a sauf peut-être en a s’il existe


V ∈ V(a) tel que V \ {a} ⊂ Df .

 Soit f une fonction définie au voisinage de a sauf peut-être en a. On dit que f


admet pour limite l ∈ R au point a si

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η =⇒ | f (x) − l |< .

On écrit, lim f (x) = l ou seulement lim f (x) = l.


x→a x→a
x6=a

Exemple. Pour f (x) = 3x − 2 on a, lim f (x) = 1. En effet. Soit  > 0.


x→1


h| f (x) − 1 |= 3 | x − 1 |< i ⇐⇒ h| x − 1 |< i.
3

Il suffit de prendre η = et on a bien
3

∀x ∈ R : | x − 1 |< η =⇒ | f (x) − 1 |< . z

Remarques.

1) lim f (x) peut exister même si a ∈


/ Df .
x→a
x6=a

2) Si a ∈ Df et si lim f (x) existe, on n’a pas toujours


x→a

f (a) = lim f (x).


x→a

Contre-exemple.
sin x


 si x 6= 0
f (x) = x

si x = 0.

2

64
sin x
Df = R et lim f (x) = lim = 1 6= f (0) = 2.
x→0 x→0 x
x6=0

3)
hf n’admet pas l pour limite au point ai

h∃ > 0, ∀η > 0, ∃xη ∈ Df : 0 <| xη − a |< η et | f (xη ) − l |≥ i.

Proposition 3.2.1 Si f admet une limite au point a, cette limite est unique.

Preuve. Soit f une fonction définie au voisinage de a sauf peut-être en a. Supposons


que
lim f (x) = l ∈ R, lim f (x) = l0 ∈ R et l 6= l0 .
x→a x→a

| l − l0 |
Prenons,  = > 0. Alors,
2

∃η1 > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η1 =⇒ | f (x) − l |< .

∃η2 > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η2 =⇒ | f (x) − l0 |< .

En posant η = min{η1 , η2 } > 0, on obtient

∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η =⇒ | l − l0 |≤| f (x) − l | + | f (x) − l0 |< 2 =| l − l0 |,

absurde. D’où, l = l0 . z

Limite à gauche et limite à droite d’une fonction

Définitions. Soit a ∈ R.

65
 On dit que f est définie à gauche de a (respectivement définie à droite de a)
s’il existe η > 0 tel que

]a − η, a[⊂ Df (resp. ]a, a + η[⊂ Df ).

 Soit f une fonction définie à gauche de a. On dit que f admet une limite à gauche
l ∈ R de a si

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ Df : x ∈]a − η , a[ =⇒ | f (x) − l |< .

On écrit, lim f (x) = l ou bien lim f (x) = l ou bien f (a − 0) = l.


x→a− x→a
x<a

 Soit f une fonction définie à droite de a. On dit que f admet une limite à droite
l ∈ R de a si

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ Df : x ∈]a, a + η [ =⇒ | f (x) − l |< .

On écrit, lim f (x) = l ou bien lim f (x) = l ou bien f (a + 0) = l.


x→a+ x→a
x>a

Remarque.


 (i) lim f (x) et lim f (x) existent ;
x→a− x→a+



h lim f (x) existe i ⇐⇒
x→a (ii) lim f (x) = lim f (x) = lim f (x).




x→a− x→a+ x→a

Proposition 3.2.2 Soient a, b tels que −∞ < a < b < +∞ et f : [a, b[ −→ R une
fonction croissante et majorée sur [a, b[. Alors,

lim f (x) = sup f (x) = sup{f (x) : x ∈ [a, b[}.


x→b− x∈[a,b[

66
Preuve. f ([a, b[) = {f (x) : x ∈ [a, b[} est une partie non vide de R (car f (a) ∈ f ([a, b[))
et majorée. Donc, elle admet une borne supérieure soit M .

M = supR f ([a, b[) = sup f (x).


x∈[a,b[

Montrons que, M = lim f (x). Pour cela, soit  > 0. Puisque M est la borne
x→b−
supérieure de f ([a, b[) alors, il existe x ∈ [a, b[ tel que

M −  < f (x ) ≤ M.

Puisque f est croissante sur [a, b[ alors,

∀x ∈]x , b[, M −  < f (x ) ≤ f (x) ≤ M < M + .

Il suffit donc de prendre η = b − x > 0 et on a

∀x ∈ [a, b[: x ∈]b − η , b[ =⇒ | f (x) − M |< .

D’où, lim f (x) = M . z


x→b−

Remarque. On montre, de façon analogue, que si −∞ < a < b < +∞ et f :]a, b] −→ R


est une fonction décroissante et minorée sur ]a, b] alors,

lim f (x) = inf f (x) = inf{f (x) : x ∈]a, b]}.


x→a+ x∈]a,b]

Cas où a est infini.

•h lim f (x) = l(l ∈ R)i ⇐⇒ h∀ > 0, ∃A > 0, ∀x ∈ Df : x > A =⇒ | f (x) − l |< i.
x→+∞

•h lim f (x) = l(l ∈ R)i ⇐⇒ h∀ > 0, ∃A > 0, ∀x ∈ Df : x < −A =⇒ | f (x) − l |< i.
x→−∞

67
Limites infinies

 Soit a ∈ R. Alors, on a
h lim f (x) = +∞i
x→a

h∀A > 0, ∃ηA > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< ηA =⇒ f (x) > Ai.

h lim f (x) = −∞i


x→a

h∀A > 0, ∃ηA > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< ηA =⇒ f (x) < −Ai.

 Si a = −∞ ou + ∞ alors, on a

h lim f (x) = +∞i ⇐⇒ h∀A > 0, ∃BA > 0, ∀x ∈ Df : x > BA =⇒ f (x) > Ai.
x→+∞

h lim f (x) = +∞i ⇐⇒ h∀A > 0, ∃BA > 0, ∀x ∈ Df : x < −BA =⇒ f (x) > Ai.
x→−∞

h lim f (x) = −∞i ⇐⇒ h∀A > 0, ∃BA > 0, ∀x ∈ Df : x > BA =⇒ f (x) < −Ai.
x→+∞

h lim f (x) = −∞i ⇐⇒ h∀A > 0, ∃BA > 0, ∀x ∈ Df : x < −BA =⇒ f (x) < −Ai.
x→−∞

Formes indéterminées
Soit a ∈ R = R ∪ {−∞, +∞}.
f
1) Si lim f (x) = +∞ et lim g(x) = +∞ alors, présente une forme indétermi-
x→a x→a g

née du type et f − g présente une forme indéterminée du type ∞ − ∞.

f
2) Si lim f (x) = 0 et lim g(x) = 0 alors, présente une forme indéterminée du
x→a x→a g
0
type .
0

68
3) Si lim f (x) = 0 et lim g(x) = ∞ alors, f g présente une forme indéterminée
x→a x→a
du type 0 · ∞.

4) On a aussi les formes indéterminées du type 00 , 1∞ et ∞0 que l’on rencontre parfois


lors de la recherche de la limite : lim [f (x)]g(x) .
x→a

5) On a des résultats analogues pour les limites à gauche et à droite d’un point.

On verra plus loin qu’il est toujours possible de lever l’indétermination en utilisant les
dérivées (régle de l’Hôpital), les fonctions équivalentes ou les développements limités.

La proposition suivante précise la relation entre les limites de fonctions et les limites
de suites numériques.

Proposition 3.2.3 Soient a ∈ R et f une fonction définie au voisinage de a sauf


peut-être en a. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) lim f (x) = l (l étant finie ou infinie) ;


x→a

(ii) Pour toute suite (xn )n d’éléments de Df \ {a} telle que lim xn = a on a,
n→+∞
lim f (xn ) = l.
n→+∞

Preuve.

1) Cas où l ∈ R.

(i) =⇒ (ii) Soient (xn )n une suite d’éléments de Df \ {a} telle que lim xn = a
n→+∞
et  > 0. Puisque lim f (x) = l alors,
x→a

∃η > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η =⇒ | f (x) − l |< .

Et puisque lim xn = a alors,


n→+∞

∃Nη ∈ IN, ∀n ∈ IN : n > Nη =⇒ 0 <| xn − a |< η =⇒ | f (xn ) − l |< .

69
Par conséquent, lim f (xn ) = l.
n→+∞

(ii) =⇒ (i) Par l’absurde : Supposons que f n’admet pas l pour limite en a. Alors,

∃ > 0, ∀η > 0, ∃xη ∈ Df : 0 <| xη − a |< η et | f (xη ) − l |≥ .

En particulier,

1
∀n ∈ IN ∗ , ∃xn ∈ Df : 0 <| xn − a |< et | f (xn ) − l |≥ .
n

Donc, il existe une suite (xn )n d’éléments de Df \ {a} telle que lim xn = a
n→+∞
et (f (xn ))n ne converge pas vers l. Ce qui contredit (ii). D’où, lim f (x) = l.
x→a

2) On montre, de manière analogue, l’équivalence lorsque l est infinie. z

Remarques.

1) Cette proposition est trés utile pour montrer qu’une fonction n’a pas de limite en
un point a. Il suffit pour cela d’exhiber deux suites (xn )n et (yn )n qui convergent
vers a mais telles que les suites (f (xn ))n et (f (yn ))n ne convergent pas vers la
même limite.

2) On utilise également cette proposition dans l’étude des suites récurrentes (voir
plus loin).

3) Cette proposition reste valable pour les limites à gauche et à droite d’un point.

Critères de Cauchy.

La proposition suivante permet de montrer qu’une fonction admet une limite en un


point sans connaître à priori cette limite.

70
Proposition 3.2.4 Soient a ∈ R et f une fonction définie au voisinage de a sauf
peut-être en a. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f admet une limite finie en a ;



 0 <| x − a |< η
(ii) ∀ > 0, ∃η > 0, ∀x, x0 ∈ Df : ⇒ | f (x) − f (x0 ) |< .
0 <| x0 − a |< η

Preuve.

(i) =⇒ (ii) On suppose que lim f (x) existe et posons l = lim f (x) ∈ R. Soit
x→a x→a
 > 0. Puisque l = lim f (x) alors,
x→a


∃η > 0, ∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η =⇒ | f (x) − l |< .
2
Soient x, x0 ∈ Df tels que 0 <| x − a |< η et 0 <| x0 − a |< η . Alors,
 
| f (x) − l |< et | f (x0 ) − l |< .
2 2
Par suite,

| f (x) − f (x0 ) |=| f (x) − l + l − f (x0 ) |≤| f (x) − l | + | f (x0 ) − l |< .

(ii) =⇒ (i) Soit (xn )n une suite d’éléments de Df \ {a} telle que lim xn = a. Il
n→+∞
s’agit de montrer que la suite (f (xn ))n converge et que sa limite ne dépend pas du
choix de la suite (xn )n . Soit  > 0. D’aprés l’hypothèse,

 0 <| x − a |< η
0
∃η > 0, ∀x, x ∈ Df : ⇒ | f (x) − f (x0 ) |< .
0 <| x0 − a |< η

Puisque lim xn = a alors,


n→+∞

∃Nη ∈ IN, ∀n : n > Nη =⇒ 0 <| xn − a |< η (car xn 6= a).

Par conséquent,

 0 <| xn − a |< η
∀n, m ∈ IN : (n > Nη et m > Nη ) =⇒ ⇒| f (xn ) − f (xm ) |< .
0 <| xm − a |< η

71
La suite (f (xn ))n est alors de Cauchy donc converge dans R et soit l = lim f (xn ).
n→+∞
Montrons que, l = lim f (x). Pour cela soit  > 0. Alors,
x→a

 0 <| x − a |< η 
∃η > 0, ∀x, x0 ∈ Df : ⇒ | f (x) − f (x0 ) |< .
2
0 <| x0 − a |< η

Puisque lim xn = a alors,


n→+∞

∃Nη ∈ IN, ∀n : n > Nη =⇒ 0 <| xn − a |< η .

Soient x ∈ Df tel que 0 <| x − a |< η et n > Nη .

| f (x) − l | = | f (x) − f (xn ) + f (xn ) − l |



≤ | f (x) − f (xn ) | + | f (xn ) − l |< + | f (xn ) − l | .
2
En faisant tendre n vers +∞, on obtient lim | f (xn ) − l |= 0. D’où,
n→+∞


∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η =⇒ | f (x) − l |≤ < .
2
Ce qui montre que lim f (x) = l. z
x→a

On a aussi

Proposition 3.2.5 Soient a ∈ R et f une fonction définie au voisinage de a sauf


peut-être en a. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f admet une limite finie à gauche (resp. à droite) de a ;

(ii)

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x, x0 ∈ Df : x, x0 ∈]a − η , a[

(resp. x, x0 ∈]a, a + η [) =⇒ | f (x) − f (x0 ) |< .

Preuve. Analogue à la Proposition 3.2.4. z

72
3.3 Opérations sur les limite de fonctions

Proposition 3.3.1 Soient f et g deux fonctions définies sur un même voisinage d’un
point a (a ∈ R = R ∪ {−∞, +∞}) et λ ∈ R. On suppose que lim f (x) = l ∈ R,
x→a

lim g(x) = l0 ∈ R et que les opérations suivantes sur les limites ne présentent pas
x→a
des formes indéterminées. Alors,

(i) lim (f + g)(x) = l + l0 ;


x→a

(ii) lim (λf )(x) = λl ;


x→a

(iii) lim (f g)(x) = ll0 ;


x→a

(iv) lim | f | (x) =| l |.


x→a

f l
(v) Si l0 6= 0 alors, lim ( )(x) = 0 .
x→a g l
(vi) Si lim f (x) = l ∈ R alors, f est bornée au voisinage de a.
x→a

(vii) Supposons qu’il existe V ∈ V(a) tel que, pour tout x ∈ V , f (x) ≤ g(x). Alors,
l ≤ l0 .

Preuve. Rappelons, tout d’abord, que

Df +g = Df ∩ Dg , Dλf = Df , Df g = Df ∩ Dg ,

D|f | = Df et D 1 = Dg \ {x ∈ Dg : g(x) = 0}.


g

(i) Soit (xn )n une suite d’éléments de (Df ∩ Dg ) \ {a} telle que lim xn = a.
n→+∞
D’aprés la Proposition 3.2.3, on a

lim f (xn ) = l et lim g(xn ) = l0 .


n→+∞ n→+∞

Par suite,

lim (f + g)(xn ) = l + l0 . D’où, lim (f + g)(x) = l + l0 .


n→+∞ x→a

73
(ii) Soit (xn )n une suite d’éléments de Df \ {a} telle que lim xn = a. D’aprés la
n→+∞
Proposition 3.2.3, on a lim f (xn ) = l. Par suite,
n→+∞

lim (λf )(xn ) = λl. D’où, lim (λf )(x) = λl.


n→+∞ x→a

(iii) Soit (xn )n une suite d’éléments de (Df ∩ Dg ) \ {a} telle que lim xn = a.
n→+∞
D’aprés la Proposition 3.2.3, on a

lim f (xn ) = l et lim g(xn ) = l0 .


n→+∞ n→+∞

Par suite,
lim (f g)(xn ) = ll0 . D’où, lim (f g)(x) = ll0 .
n→+∞ x→a

(iv) Analogue à (ii).

(v) Supposons que l0 6= 0 et soit (xn )n une suite d’éléments de (Df ∩ D 1 ) \ {a} telle
g

que lim xn = a. D’aprés la Proposition 3.2.3, on a


n→+∞

lim f (xn ) = l et lim g(xn ) = l0 .


n→+∞ n→+∞

Par suite,
f l f l
lim ( )(xn ) = 0 . D’où, lim ( )(x) = 0 .
n→+∞ g l x→a g l

(vi) On suppose que lim f (x) = l ∈ R. Pour  = 1, il existe η1 > 0 tel que
x→a

∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η1 =⇒ | f (x) − l |< 1.

∀x ∈ Df : 0 <| x − a |< η1 =⇒ || f (x) | − | l ||< 1 =⇒ | f (x) |< 1+ | l | .

Ce qui montre que f est bornée au voisinage de a.

(vii) Soit V ∈ V(a) tel que, pour tout x ∈ V , f (x) ≤ g(x). Posons,

lim f (x) = l et lim g(x) = l0 .


x→a x→a

74
Puisque V ∈ V(a), il existe  > 0 tel que

]a − , a + [⊂ V.

Soit (xn )n une suite d’éléments de (Df ∩ Dg ) \ {a} telle que lim xn = a. Alors,
n→+∞

∃N ∈ IN, ∀n : n > N =⇒ 0 <| xn − a |< 

=⇒ xn ∈ V =⇒ f (xn ) ≤ g(xn ).

Par suite, l= lim f (xn ) ≤ lim g(xn ) = l0 . z


n→+∞ n→+∞

Limite d’une fonction composée

Proposition 3.3.2 Soient f et g deux fonctions réelles définies respectivement sur


V ∗ = V \ {a} et W ∗ = W \ {b} où V ∈ V(a) et W ∈ V(b) sont tels que
f (V ∗ ) ⊂ W ∗ . On suppose que lim f (x) = b et lim g(y) = l. Alors,
x→a y→b

lim (g ◦ f )(x) = l.
x→a

Preuve. Soit  > 0. Puisque lim g(y) = l alors,


y→b

∃η0 > 0, ∀y ∈ W ∗ : | y − b |< η0 =⇒ | g(y) − l |< .

Puisque lim f (x) = b alors,


x→a

∃η > 0, ∀x ∈ V ∗ : | x − a |< η =⇒ | f (x) − b |< η0 .

Soit x ∈ V ∗ tel que | x − a |< η . Alors,

f (x) ∈ f (V ∗ ) ⊂ W ∗ et | f (x) − b |< η0 .

Par conséquent, | g(f (x)) − l |=| (g ◦ f )(x) − l |< . D’où, lim (g ◦ f )(x) = l. z
x→a

75
3.4 Fonctions continues

Continuité en un point

Définitions. Soient I un intervalle de R, f : I −→ R une fonction et a ∈ I.

 On dit que f est continue en a si f admet une limite en a et que lim f (x) = f (a).
x→a
Autrement dit,

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ I : | x − a |< η =⇒ | f (x) − f (a) |< .

 f est dite discontinue en a si elle n’est pas continue en a.

Exemple. Soit f : R −→ ZZ la fonction définie par

 n − 1 si x ∈ [n − 1, n[

f (x) = E (x) =
n si x ∈ [n, n + 1[ et n ∈ ZZ.

f est discontinue en tout point de ZZ. En effet. Soit n ∈ ZZ. Alors,

lim f (x) = n − 1 6= n = lim f (x) = f (n). z


x→n− x→n+

Continuité à gauche et continuité à droite

Définitions. Soient I un intervalle de R, f : I −→ R une fonction et a ∈ I tels


que
I∩]a, +∞[6= ∅ (resp. I∩] − ∞, a[6= ∅).

 On dit que f est continue à droite de a si lim f (x) existe et lim f (x) = f (a).
x→a+ x→a+
Autrement dit,

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ I : x ∈ [a, a + η [ =⇒ | f (x) − f (a) |< .

76
 On dit que f est continue à gauche de a si lim f (x) existe et lim f (x) = f (a).
x→a− x→a−
Autrement dit,

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x ∈ I : x ∈]a − η , a] =⇒ | f (x) − f (a) |< .

Proposition 3.4.1 1)

hf est continue en ai ⇐⇒ hf est continue à gauche et à droite de ai.

2) Soient I un intervalle de R, f : I −→ R une fonction et a ∈ I. Alors, les


propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f est continue en a ;

(ii) Pour toute suite (xn )n d’éléments de I \ {a} telle que lim xn = a
n→+∞
on a, lim f (xn ) = f (a).
n→+∞

Preuve. Découle de la Proposition 3.2.3. z

Continuité sur un intervalle

Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction. f est dite continue sur


I si f est continue en tout point de I.

On désigne par C(I) ou C 0 (I) l’ensemble de toutes les fonctions continues sur I.

Exemple. Soient a, b ∈ R tels que a < b et f : [a, b] −→ R une fonction. f est


continue sur [a, b] si f est continue sur ]a, b[, f est continue à droite de a et f
est continue à gauche de b.

77
Prolongement par continuité

Soient I un intervalle de R, a ∈ I et f : I \ {a} −→ R une fonction définie et



continue sur I \ {a}. Si lim f (x) = l ∈ R (existe) alors, la fonction f : I −→ R
x→a
x6=a
définie par
si x ∈ I \ {a}

∼  f (x)
f (x) =
l si x = a


est continue sur I et coincide avec f sur I \ {a}. f s’appelle le prolongement par
continuité de f au point a.

Exemple. Soit

f : R∗ −→ R
sin x
x 7−→ .
x
sin x
f est prolongeable par continuité au point 0 car lim = 1. Et on a,
x→0 x
x6=0

sin x



 si x ∈ R∗
f (x) = x

si x = 0.

1

Opérations sur les fonctions continues

Proposition 3.4.2 1) Soient I un intervalle de R, a ∈ I, λ ∈ R et f, g : I −→ R


f
des fonctions continues en a. Alors, les fonctions λf , f + g, f − g, f g,
g
(lorsque g(a) 6= 0) et | f | sont continues en a.

78
sin x
Figure 3.4 – - Représentation de la fonction x 7−→
x

2) Soient I et J deux intervalles de R, a ∈ I, f : I −→ R et g : J −→ R


des fonctions tels que f (I) ⊂ J. Si f est continue en a et g est continue en f (a)
alors, la fonction composée g ◦ f est continue en a.

Preuve. Résulte des théorèmes sur les limites. z

Fonctions continues sur un segment

Proposition 3.4.3 Soit f une fonction continue sur un segment [a, b] (avec a, b ∈ R
et a < b). Alors, f est bornée sur [a, b] et atteint ses bornes supérieure et inférieure.
Autrement dit si
M= sup f (x) et m= inf f (x)
x∈[a,b] x∈[a,b]

alors, ils existent c, d ∈ [a, b] tels que M = f (c) et m = f (d).

79
Figure 3.5 – - Extrêma d’une fonction

Preuve. Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b].

(?) Par l’absurde : Si f n’est pas bornée sur [a, b] alors,

∀A > 0, ∃xA ∈ [a, b] tel que | f (xA ) |> A.

En particulier,

∀n ∈ IN ∗ , ∃xn ∈ [a, b] tel que | f (xn ) |> n.

Puisque {xn : n ∈ IN ∗ } ⊂ [a, b] alors, la suite (xn )n est bornée. Et d’aprés le


Théorème de Bolzano-Weierstrass, (xn )n admet une sous-suite (xϕ(n) )n
convergente et posons l = lim xϕ(n) . On a, l ∈ [a, b] = [a, b]. Comme f est
n→+∞
continue sur [a, b] alors, f est continue en l. Par suite,

lim f (xϕ(n) ) = f ( lim xϕ(n) ) = f (l) ∈ R.


n→+∞ n→+∞

D’autre part, pour tout n ∈ IN ∗ , on a



 | f (xϕ(n) ) |> ϕ(n)
⇒| f (xϕ(n) ) |> n.
et ϕ(n) ≥ n

80
D’où, lim | f (xϕ(n) ) |= +∞. Ce qui est impossible. Par conséquent, f est
n→+∞
bornée sur [a, b].

(?) Puisque M = sup f (x) alors,


x∈[a,b]

∀ > 0, ∃x ∈ [a, b] tel que M −  < f (x ) ≤ M.

En particulier,

1
∀n ∈ IN ∗ , ∃xn ∈ [a, b] tel que M − < f (xn ) ≤ M.
n

(xn )n étant bornée. Alors, d’aprés le Théorème de Bolzano-Weierstrass, il existe


(xϕ(n) )n une suite extraite de (xn )n convergente et soit c = lim xϕ(n) ∈ [a, b].
n→+∞
On a,
1
∀n ∈ IN ∗ , M − < f (xϕ(n) ) ≤ M.
ϕ(n)
En faisant tendre n → +∞, on obtient

lim f (xϕ(n) ) = M = f (c)


n→+∞

car f est continue en c.

(?) On montre, de la même façon, qu’il existe d ∈ [a, b] tel que


f (d) = inf f (x). z
x∈[a,b]

Remarque. Cette proposition n’est plus valable si l’intervalle est non borné ou non
fermé ou si la fonction f n’est pas continue en un point de cet intervalle.

Exemples.

1) Soit f : [0, 1] −→ R la fonction définie par


1


 si x ∈]0, 1]
f (x) = x

0 si x = 0.

81
1
Figure 3.6 – - Fonction x 7−→
x

1
lim+ f (x) = lim+ = +∞ = 6 0 = f (0). Donc, f n’est pas continue en 0.
x→0 x→0 x

D’autre part, f est décroissante sur ]0, 1] et

1 1
sup f (x) = sup = lim+ = +∞.
x x→0 x
x∈[0,1] x∈]0,1]

D’où, f n’est pas bornée sur [0, 1].

2) Soit

f : [0, 1[ −→ R

x 7−→ 2x.

On a, l’intervalle [0, 1[ n’est pas fermé et f ([0, 1[) = [0, 2[. f est donc continue et
bornée sur [0, 1[. Mais, sup f (x) = 2 n’est atteint en aucun point de [0, 1[.
x∈[0,1[

82
Figure 3.7 – - Interprétation du Théorème des valeurs intermédiaires

Théorème 3.4.4 (Théorème des valeurs intermédiaires).


Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b]. On désigne par,

m= inf f (x) et M= sup f (x).


x∈[a,b] x∈[a,b]

Alors, f prend toute valeur comprise entre m et M c’est-à-dire

∀y0 ∈ [m, M ], ∃x0 ∈ [a, b] tel que y0 = f (x0 ).

Remarque. On n’a pas toujours l’unicité de x0 .

Preuve. f étant continue sur [a, b]. Alors, f est bornée sur [a, b] et atteint ses bornes
donc ils existent c, d ∈ [a, b] tels que m = f (c) et M = f (d).

Supposons, par exemple, c < d et soit y0 ∈ [m, M ]. On considère la fonction


g : [a, b] −→ R définie par
g(x) = f (x) − y0 .

83
g est continue sur [a, b] et on a

g(c) = f (c) − y0 ≤ 0 et g(d) = f (d) − y0 ≥ 0.

Posons,
E = {x ∈ [c, d] : g(x) ≥ 0} ⊂ [c, d].

E est une partie non vide (car d ∈ E) bornée de R. Alors, inf R E et supR E
existent. Remarquons que, E ⊂ [a, b] et que inf R E, supR E ∈ [a, b].

Posons, x0 = inf R E et montrons que g(x0 ) = 0. D’aprés la caractérisation de la


borne inférieure,

∀ > 0, ∃x ∈ E tel que x0 ≤ x < x0 + .

En particulier,

1 1
∀n ∈ IN ∗ , ∃xn ∈ E tel que x0 − < x0 ≤ xn < x0 + .
n n

D’où, lim xn = x0 . Puisque g est continue sur [a, b] en particulier continue en x0


n→+∞
alors, lim g(xn ) = g(x0 ). Or, pour tout n ∈ IN ∗ , xn ∈ E donc g(xn ) ≥ 0. Par
n→+∞
conséquent, g(x0 ) ≥ 0.
g(x0 )
Supposons que g(x0 ) > 0 et prenons  = > 0. Puisque g est continue en x0
2
d−c
alors, il existe η tel que 0 < η < et
2

hx ∈]x0 − η, x0 + η[⊂ [c, d]i =⇒ h| g(x) − g(x0 ) |< i.

g(x0 ) 3
hx ∈]x0 − η, x0 + η[i =⇒ h0 < < g(x) < g(x0 )i ⇒ hx ∈ Ei.
2 2
η η
Alors, x0 − ∈ E. Par suite, x0 = inf R E ≤ x0 − . Il s’ensuit que, η ≤ 0
2 2
impossible. Par conséquent, g(x0 ) = 0 ou encore y0 = f (x0 ). z

84
Corollaire 3.4.5 L’image d’un segment par une fonction continue est un segment.

Preuve. Soient f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b] et c, d ∈ [a, b] tels
que
f (c) = inf f (x) et f (d) = sup f (x).
x∈[a,b] x∈[a,b]

Alors,
f ([a, b]) ⊂ [f (c), f (d)].

D’autre part, d’aprés le Théorème des valeurs intermédiaires, on a

[f (c), f (d)] ⊂ f ([a, b]).

D’où,
f ([a, b]) = [f (c), f (d)]. z

Corollaire 3.4.6 (Théorème du point fixe).


Toute fonction f : [a, b] −→ [a, b] continue admet au moins un point fixe.

Preuve. On considère la fonction g : [a, b] −→ R définie par

g(x) = f (x) − x.

g est continue sur [a, b] et

g(a) = f (a) − a ≥ 0 et g(b) = f (b) − b ≤ 0.

Donc, 0 ∈ [g(b), g(a)]. Par suite, d’aprés le Théorème des valeurs intermédiaires, il
existe x0 ∈ [a, b] tel que g(x0 ) = 0 ou encore f (x0 ) = x0 . z

Remarque. On appelle point fixe de f tout point l vérifiant l’équation f (l) = l.

85
Figure 3.8 – - Interprétation du Théorème du point fixe

86
3.5 Propriétés des fonctions monotones sur un
intervalle

Théorème 3.5.1 Soient a, b ∈ R avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞ et f :]a, b[ −→ R une


fonction monotone sur ]a, b[. Alors, les limites lim f (x) et lim f (x) existent
x→a+ x→b−
(finies ou infinies). De plus

1) si f est croissante sur ]a, b[ alors,

−∞ ≤ inf f (x) = lim+ f (x) ≤ lim− f (x) = sup f (x) ≤ +∞.


x→a x→b
x∈]a,b[ x∈]a,b[

2) si f est décroissante sur ]a, b[ alors,

−∞ ≤ inf f (x) = lim− f (x) ≤ lim+ f (x) = sup f (x) ≤ +∞.


x→b x→a
x∈]a,b[ x∈]a,b[

Preuve.

1) Posons M = sup f (x) et montrons que lim f (x) = M . On distingue deux


x→b−
x∈]a,b[
cas.

(?) Cas où b < +∞ et M < +∞ : C’est le cas d’une fonction f :]a, b[ −→ R (b ∈ R)


croissante et majorée sur ]a, b[. Déjà étudié.

(?) Cas où M = +∞.

(i) Supposons que b = +∞ et montrons que lim f (x) = +∞. Pour cela
x→+∞
soit A > 0. Puisque sup f (x) = +∞, il existe BA ∈]a, +∞[ tel que
x∈]a,+∞[
f (BA ) > A. Et comme f est croissante sur ]a, +∞[ alors,

∀x ∈]a, +∞[, x > BA =⇒ f (x) ≥ f (BA ) > A.

Donc, lim f (x) = +∞.


x→+∞

87
(ii) Supposons que b < +∞ et montrons que lim f (x) = +∞. Pour cela
x→b−
soit A > 0. Puisque sup f (x) = +∞, il existe xA ∈]a, b[ tel que
x∈]a,b[
f (xA ) > A. Et comme f est croissante sur ]a, b[ alors,

∀x ∈]a, b[, x ∈]xA , b[ =⇒ f (x) ≥ f (xA ) > A.

Il suffit de prendre ηA = b − xA et on a bien

∀x ∈]a, b[, x ∈]b − ηA , b[ =⇒ f (x) > A.

Ce qui montre que lim f (x) = +∞.


x→b−

- On montre, de la même façon, que lim f (x) = inf f (x). De plus,


x→a+
x∈]a,b[

lim f (x) = inf f (x) ≤ sup f (x) = lim− f (x).


x→a+ x→b
x∈]a,b[ x∈]a,b[

2) On utilise 1) à (−f ) et

sup (−f (x)) = − inf f (x). z


x∈]a,b[ x∈]a,b[

Conséquences.

1) Soient a, b ∈ R avec a ≤ b et f : [a, b] −→ R une fonction monotone sur [a, b].


Alors, les limites lim f (x) et lim f (x) existent et sont finies. De plus
x→a+ x→b−

(i) si f est croissante sur [a, b] alors,

f (a) ≤ lim+ f (x) ≤ lim− f (x) ≤ f (b).


x→a x→b

(ii) si f est décroissante sur [a, b] alors,

f (b) ≤ lim− f (x) ≤ lim+ f (x) ≤ f (a).


x→b x→a

2) On désigne par (a, b) un intervalle quelconque d’extrêmités a, b avec a < b et


soit f : (a, b) −→ R une fonction croissante sur (a, b). Alors,

88
(i) ∀x0 ∈]a, b[, −∞ < lim− f (x) ≤ f (x0 ) ≤ lim+ f (x) < +∞.
x→x0 x→x0

(ii) f (a) ≤ lim+ f (x) < +∞ si a ∈ (a, b).


x→a

(iii) −∞ < lim− f (x) ≤ f (b) si b ∈ (a, b).


x→b

Preuve.

1) Résulte directement du Théorème 3.5.1.

2) (i) Soit x0 ∈]a, b[. Donc, a < x0 < b. Alors, ils existent x1 , x2 ∈]a, b[ tels que
x1 < x0 < x2 . En appliquant 1) (i) pour [x1 , x0 ], on obtient

−∞ < f (x1 ) ≤ lim− f (x) ≤ f (x0 ).


x→x0

Et en appliquant 1) (i) pour [x0 , x2 ], on obtient

+∞ > f (x2 ) ≥ lim+ f (x) ≥ f (x0 ).


x→x0

(ii) Résulte de 1) (i) appliquée à [a, x1 ] (a ∈ (a, b) avec a < x1 < b) :

f (a) ≤ lim+ f (x) ≤ f (x1 ) < +∞.


x→a

(iii) Résulte de 1) (i) appliquée à [x1 , b] (b ∈ (a, b) avec a < x1 < b) :

−∞ < f (x1 ) ≤ lim− f (x) ≤ f (b). z


x→b

Remarque. Une fonction monotone admet des limites à gauche et à droite finies en
tout point où elle est définie.

Exemples.

1) f (x) = E (x). Df = R et f est croissante sur R. Elle a donc des limites à gauche
et à droite finies en tout point a ∈ R vérifiant :

−∞ < lim− f (x) ≤ f (a) = lim+ f (x).


x→a x→a

89
Figure 3.9 – - Partie entière

π π
2) f : x 7−→ tg x est croissante sur chaque intervalle ouvert ] − + kπ, + kπ[
2 2
(k ∈ ZZ) et vérifie

∀k ∈ ZZ, lim f (x) = −∞ et lim f (x) = +∞.


x→(− π2 +kπ)+ x→( π2 +kπ)−

Lemme 3.5.2 Soient I un intervalle de R, a ∈ I et f : I −→ R une fonction


croissante sur I. Alors,

]f (a − 0), f (a)[∩f (I) = ∅ et ]f (a), f (a + 0)[∩f (I) = ∅.

Preuve. On a, f (a − 0) ≤ f (a) ≤ f (a + 0). Supposons que ]f (a − 0), f (a)[∩f (I) 6= ∅


et soit y ∈]f (a − 0), f (a)[∩f (I). Il existe x ∈ I tel que

y = f (x) et f (a − 0) < f (x) < f (a).

• Si a ≤ x alors, f (a) ≤ f (x) = y (car f est croissante sur I), contradiction.

90
• Si x < a alors, f (x) ≤ f (a − 0), contradiction. D’où,

]f (a − 0), f (a)[∩f (I) = ∅.

L’autre égalité se montre de la même façon. z

Théorème 3.5.3 Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction


monotone sur I. Alors,

hf est continue sur Ii ⇐⇒ hf (I) est un intervalle de Ri.

Preuve. Supposons que f est croissante sur I.

=⇒ On suppose que f est continue sur I et montrons que f (I) est un intervalle de
R. Pour cela, soient y1 , y2 ∈ f (I) tels que y1 < y2 . Alors, ils existent x1 , x2 ∈ I tels
que y1 = f (x1 ) et y2 = f (x2 ). Notons par

si x1 ≤ x2

 [x1 , x2 ]
[| x1 , x2 |] =
[x2 , x1 ] si x1 ≥ x2 .

Puisque I est un intervalle de R alors, [| x1 , x2 |] ⊂ I. Et d’aprés le Théorème des


valeurs intermédiaires,

[y1 , y2 ] = [f (x1 ), f (x2 )] ⊂ f (I).

D’où, f (I) est un intervalle de R.

⇐= Par l’absurde : Si f n’est pas continue sur I alors, il existe a ∈ I tel que f
n’est pas continue en a. Comme f est croissante sur I alors, f (a − 0) et f (a + 0)
existent et
f (a − 0) ≤ f (a) ≤ f (a + 0).

91
Supposons, par exemple, f (a) < f (a + 0). Alors, ]f (a), f (a + 0)[6= ∅. Soit x1 ∈ I
tel que a < x1 . On a, f (a) < f (a + 0) ≤ f (x1 ). Par suite,

h]f (a), f (a + 0)[ ⊂ [f (a), f (x1 )]i =⇒

h[f (a), f (x1 )]∩]f (a), f (a + 0)[ = ]f (a), f (a + 0)[i.

Et comme f (I) est un intervalle de R alors, [f (a), f (x1 )] ⊂ f (I). Par conséquent,

6 ]f (a), f (a + 0)[⊂ f (I)∩]f (a), f (a + 0)[= ∅, absurde.


∅=

D’où, f (a) = f (a + 0).

Le cas f (a − 0) < f (a) se traite de la même façon. D’où, f est continue sur I.

(?) Il en est de même pour le cas f décroissante sur I. z

Théorème 3.5.4 (Théorème de la fonction réciproque).


Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction continue et strictement
monotone sur I. Alors,

(i) f est bijective de I sur f (I) ;

(ii) f admet une fonction réciproque f −1 : f (I) −→ I ;

(iii) f (I) est un intervalle de R ;

(iv) f −1 est continue sur f (I) et strictement monotone de même sens de variation
que f .

Preuve. Supposons, par exemple, que f est strictement croissante sur I. Alors,

(i) et (ii) • Soient x, y ∈ I tels que x 6= y. Alors, x < y ou bien y < x. Par suite,
f (x) < f (y) ou bien f (y) < f (x). Donc, f (x) 6= f (y). D’où, f est injective.

92
• Il s’ensuit que f : I −→ f (I) est bijective et que f admet une fonction
réciproque f −1 : f (I) −→ I.

(iii) Puisque f est continue sur I alors, d’aprés le Théorème 3.5.3, f (I) est un
intervalle de R.

(iv) • D’aprés (iii), f (I) est un intervalle de R. De plus, f −1 (f (I)) = I est un


intervalle de R. D’où, d’aprés le Théorème 3.5.3, f −1 est continue sur f (I).

• Soient y1 , y2 ∈ f (I) tels que y1 < y2 . Alors, ils existent x1 , x2 ∈ I tels que y1 = f (x1 )
et y2 = f (x2 ). On a,

f −1 (y1 ) = x1 < x2 = f −1 (y2 ).

D’où, f −1 : f (I) −→ I est strictement croissante sur f (I). z

Remarques.
1) hy = f (x), x ∈ Ii ⇐⇒ hx = f −1 (y), y ∈ f (I)i.

2) Le graphe de f : I −→ f (I) est

G(f ) = {(x, f (x)) : x ∈ I}.

Et le graphe de f −1 : f (I) −→ I est

G(f −1 ) = {(f (x), x) : x ∈ I} = {(y, f −1 (y)) : y ∈ f (I)}.

Les graphes G(f ) et G(f −1 ) sont symétriques par rapport à la 1ere bissectrice
d’équation y = x.

3.6 Continuité uniforme

Définition. Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction. f est dite


uniformément continue sur I si

∀ > 0, ∃η > 0, ∀x, x0 ∈ I : | x − x0 |< η =⇒ | f (x) − f (x0 ) |< .

93
Notons que pour la continuité uniforme le nombre η ne dépend que de  tandis que
pour la continuité en un point a le nombre η dépend à la fois de  et de a.

Exemples.

1) Une fonction constante sur I est uniformément continue sur I. En effet. Soient
a ∈ R fixé et

f : I −→ R

x 7−→ a.

Pour tous  > 0 et x, x0 ∈ I, on a

| f (x) − f (x0 ) |=| a − a |= 0 < . z

2) Soient a ∈ R∗ et b ∈ R. Alors, la fonction

f : R −→ R

x 7−→ ax + b

est uniformément continue sur R. En effet. Soient  > 0 et x, x0 ∈ R.



h| f (x) − f (x0 ) |=| a || x − x0 |< i ⇐⇒ h| x − x0 |< i.
|a|

Il suffit de prendre η = . z
|a|
3) La fonction

f : R −→ R

x 7−→ x2
2
n’est pas uniformément continue sur R. En effet. Soient η > 0 et x≥ ,
η
η η
x0 = x + . On a, | x − x0 |= < η et
2 2
| f (x) − f (x0 ) | = | x2 − x02 |=| x − x0 || x + x0 |
η η η 2
= | x + x0 |≥ x ≥ · = 1
2 2 2 η

94
(car x, x0 > 0). D’où,

∃ = 1 > 0, ∀η > 0, ∃xη , x0η ∈ R : | xη − x0η |< η et | f (xη ) − f (x0η ) |≥ 1.z

Remarque. Toute fonction uniformément continue sur un intervalle I de R est


continue sur I. La réciproque est fausse.

Contre-exemple. La fonction

f : R −→ R

x 7−→ x2

est continue sur R mais non uniformément continue sur R.

Théorème 3.6.1 (Théorème de Heine).


Toute fonction continue sur un segment [a, b] (avec a, b ∈ R et a < b) est uniformé-
ment continue sur [a, b].

Preuve. Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b]. Supposons que f n’est
pas uniformément continue sur [a, b]. Alors,

∃ > 0, ∀η > 0, ∃xη , x0η ∈ [a, b] : | xη − x0η |< η et | f (xη ) − f (x0η ) |≥ .

En particulier,

1
∀n ∈ IN ∗ , ∃xn , x0n ∈ [a, b] : | xn − x0n |< et | f (xn ) − f (x0n ) |≥ .
n

{xn : n ∈ IN ∗ } ⊂ [a, b]. Donc, la suite (xn )n est bornée. D’aprés le Théorème de
Bolzano-Weierstrass, il existe (xϕ(n) )n une suite extraite de (xn )n convergente et soit
x = lim xϕ(n) ∈ [a, b] = [a, b]. Comme lim (xϕ(n) − x0ϕ(n) ) = 0 alors,
n→+∞ n→+∞

lim x0ϕ(n) = lim (x0ϕ(n) − xϕ(n) + xϕ(n) ) = x.


n→+∞ n→+∞

95
Et puisque f est continue sur [a, b] donc en x alors, on a

lim f (xϕ(n) ) = lim f (x0ϕ(n) ) = f (x) ou encore


n→+∞ n→+∞

lim | f (xϕ(n) ) − f (x0ϕ(n) ) | = 0, contradiction.


n→+∞

D’où, f est uniformément continue sur [a, b]. z

96
Chapitre 4

Fonctions dérivables

La notion de dérivée est fondamentale en analyse car elle permet d’approcher


localement des fonctions par des fonctions affines, plus simples à étudier.

4.1 Dérivées

Dérivée en un point

Définitions. Soient I un intervalle de R, f : I −→ R une fonction et a ∈ I.

 On dit que f est dérivable au point a si

f (x) − f (a)
lim existe et est finie.
x→a x−a
x6=a

Cette limite, qui est unique, s’appelle dérivée de f en a et se note f 0 (a). En


posant h = x − a, on obtient

f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)


f 0 (a) = lim = lim .
x→a x−a h→0 h
x6=a h6=0

 On dit que f est dérivable à droite en a si

f (x) − f (a)
lim existe et est finie.
x→a+ x−a

97
Cette limite, qui est unique, s’appelle dérivée à droite de f en a et se note
fd0 (a). En posant h = x − a, on obtient

f (x) − f (a) f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)


fd0 (a) = lim = lim = lim .
x→a+ x−a x→a x−a h→0+ h
x>a

 On dit que f est dérivable à gauche en a si

f (x) − f (a)
lim existe et est finie.
x→a− x−a

Cette limite, qui est unique, s’appelle dérivée à gauche de f en a et se note


fg0 (a). En posant h = x − a, on obtient

f (x) − f (a) f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)


fg0 (a) = lim = lim = lim .
x→a− x−a x→a x−a h→0− h
x<a

Exemples.

1) f (x) = sin x. f est dérivable en tout point de R. En effet. Soient a ∈ R et h ∈ R∗ .

f (a + h) − f (a) sin (a + h) − sin a


=
h h

h h h h h h
sin (a + h) = sin (a + + ) = sin (a + ) cos ( ) + cos (a + ) sin ( )
2 2 2 2 2 2

h h h h h h
sin a = sin (a + − ) = sin (a + ) cos ( ) − cos (a + ) sin ( )
2 2 2 2 2 2

h h
=⇒ sin (a + h) − sin a = 2 cos (a + ) sin ( )
2 2

f (a + h) − f (a) h sin ( h2 )
=⇒ = cos (a + ) · h
.
h 2 2

98
D’où,
f (a + h) − f (a)
f 0 (a) = lim = cos a.
h→0 h
h6=0

2) Si f : R −→ R est une fonction constante alors, la fonction dérivée f 0 est la


fonction nulle sur R. En effet. Soient a ∈ R et h ∈ R∗ .

f (a + h) − f (a)
h = 0i =⇒ hf 0 (a) = 0i.
h

3) f (x) = xn (où n ∈ IN ∗ ). f est dérivable en tout point de R. En effet. Soient a ∈ R


et h ∈ R∗ .

f (a + h) − f (a) (a + h)n − an h((a + h)n−1 + (a + h)n−2 a + ... + an−1 )


= =
h h h

= (a + h)n−1 + (a + h)n−2 a + ... + an−1 .

f (a + h) − f (a)
f 0 (a) = lim = |an−1 + {z
... + an−1} = nan−1 .
h→0 h
n fois
h6=0

Proposition 4.1.1 Soient I un intervalle de R, f : I −→ R une fonction et a ∈ I.

1) Si f est dérivable en a alors, on peut écrire

f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + h (h)

où  est une fonction réelle à variable réelle telle que lim (h) = 0.
h→0
h6=0

2)
hf est dérivable en ai ⇐⇒ hfd0 (a) et fg0 (a) existent et fd0 (a) = fg0 (a)i.

3) Si f est dérivable en a alors, f est continue en a.

99
Preuve.

1) Comme f est dérivable en a alors,

f (x) − f (a)
f 0 (a) = lim existe et est finie.
x→a x−a
x6=a

En posant

f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)


h = x − a et (h) = − f 0 (a) = − f 0 (a)
x−a h

il s’ensuit que,

f (a + h) = f (a) + hf 0 (a) + h (h) avec lim (h) = 0.


h→0
h6=0

2) Evidente.

3) Puisque f est dérivable en a alors,

f (x) = f (a) + (x − a)[f 0 (a) + (x − a)] avec lim (x − a) = 0.


x→a
x6=a

D’où, lim f (x) = f (a). Ce qui montre que f est continue en a. z


x→a

Remarque. La réciproque de 3) de la Proposition 4.1.1 est, en général, fausse.

Contre-exemples.

1) Soit f : R −→ R la fonction définie par

si x ≥ 0

x
f (x) =| x |=
−x si x ≤ 0.

100
f (x) − f (0) x
lim = lim = 1 = fd0 (0) et
x→0+ x−0 x→0+ x

f (x) − f (0) −x
lim = lim = −1 = fg0 (0) 6= fd0 (0).
x→0− x−0 x→0− x

f n’est pas dérivable en 0 et poutant f est continue en 0.

2) Soit f : R −→ R la fonction définie par


1

 x sin ( )
 si x 6= 0
f (x) = x

0 si x = 0.

1 1
Pour tout x 6= 0, | x sin ( ) |≤| x | . Donc, lim | x sin ( ) |≤ lim | x |= 0.
x x→0 x x→0
x6=0
D’où,
1
lim f (x) = lim (x sin ( )) = 0 = f (0).
x→0 x→0 x
x6=0 x6=0

Ce qui montre que f est continue en 0. Mais, f n’est pas dérivable en 0. En effet.
f (x) − f (0) 1 1
Pour tout x 6= 0, = sin ( ). On considère la suite (xn = )
x−0 x nπ + π2 n∈IN
qui est à éléments dans R∗ . On a,

f (xn ) − f (0) π
lim xn = 0 et la suite ( = sin (nπ + ) = (−1)n ) diverge.
n→+∞ xn − 0 2 n∈IN

f (x) − f (0)
Par conséquent, lim n’existe pas. Donc, f n’est pas dérivable
x→0 x−0
x6=0
en 0. z

Interprétation géométrique de la dérivabilité

101
Figure 4.1 – - Interprétation géométrique de la dérivée et de la tangente

102
Soient f une fonction dérivable en a, M0 = (a, f (a)) et M = (x, f (x)). Le rapport
f (x) − f (a)
représente la pente de la droite M0 M . Lorsque M tend vers M0 , cette
x−a
droite M0 M tend vers la tangente T à la courbe Γf au point M0 = (a, f (a)). Ce
qui revient à dire que f 0 (a) est la pente de la droite T . Si α désigne l’angle formé par
l’axe xox0 et la tangente T alors, f 0 (a) = tg α.

 La tangente T à la courbe Γf au point M0 = (a, f (a)) a pour équation

y = f (a) + f 0 (a)(x − a).

 Lorsqu’on a seulement l’existence de fd0 (a) (respectivement de fg0 (a)), on parlera


alors de demi-tangente à droite Td (M0 ) (respectivement de demi-tangente
à gauche Tg (M0 )) à la courbe Γf au point M0 = (a, f (a)). L’équation de Td (M0 )
est
y = f (a) + fd0 (a)(x − a).

Et l’équation de Tg (M0 ) est

y = f (a) + fg0 (a)(x − a).

 Si fd0 (a) et fg0 (a) existent et sont différentes, la courbe Γf de f présente alors
un point anguleux en M0 .

Exemple. Soit f : R −→ R la fonction définie par f (x) =| x |. M0 = (0, 0),


fd0 (0) = 1 et fg0 (0) = −1. Les demi-tangentes Td (M0 ) et Tg (M0 ) ont pour
équations respectivement
y=x et y = −x.

M0 est un point anguleux.

103
Figure 4.2 – - Valeur absolue

f (x) − f (a)
 Par extension si lim = ∞, on dit que f posséde une dérivée
x→a x−a
x6=a
infinie au point a. Par conséquent, la courbe Γf admet une tangente
verticale au point M0 = (a, f (a)).


Exemple. Soit f : R+ −→ R la fonction définie par f (x) = x. On a,

f (x) − f (0) x 1
lim = lim = lim √ = +∞.
x→0+ x−0 x→0+ x x→0+ x

 Si l’un des nombres fd0 (a) et fg0 (a) n’existe pas ou tous les deux existent mais
sont différents, on dit que f n’est pas dérivable en a.

104

Figure 4.3 – - Fonction x ∈ [0, +∞[7−→ x

Dérivation sur un intervalle

Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction. On dit que f est


dérivable sur I si elle est dérivable en tout point de I. La fonction

I −→ R

x 7−→ f 0 (x)

est appelée dérivée de f et se note f 0 .

Exemple. Supposons que I = [a, b] (avec a, b ∈ R et a < b). On dit que f est
dérivable sur [a, b] si elle est dérivable en tout point de ]a, b[ et fd0 (a), fg0 (b)
existent.

4.2 Dérivées successives

 Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction dérivable sur


I. Si f 0 est dérivable sur I, on note f 00 ou f (2) sa fonction dérivée sur I et
on dit que f est dérivable à l’ordre 2 sur I ou deux fois dérivable sur I.

105
f 00 est appelée la dérivée seconde ou dérivée d’ordre 2 de f . On définit, par
récurrence, les dérivées successives de f par

0
f (n) = (f (n−1) ) avec f (0) = f.

f (n) est la dérivée d’ordre n de f et on dit que f est dérivable à l’ordre n


sur I ou n fois dérivable sur I c’est-à-dire f 0 , f 00 , ..., f (n) existent sur I.

 Soit f : I −→ R une fonction. On dit que f est de classe C n sur I si f est n


fois dérivable sur I et f (n) est continue sur I. On désigne par C n (I) l’ensemble des
fonctions de classe C n sur I.

Si f admet des dérivées de tout ordre sur I (c’est-à-dire pour tout n ∈ IN ∗ , f (n)
existe sur I), on dit que f est de classe C ∞ sur I ou indéfiniment dérivable
sur I. On désigne par C ∞ (I) l’ensemble des fonctions de classe C ∞ sur I. La classe
C 0 (I) correspond aux fonctions continues sur I. Les fonctions de classe C 1 sur I
sont aussi appelées fonctions continûment dérivables sur I.

Opérations sur les fonctions dérivables

Proposition 4.2.1 Soient I un intervalle non vide de R, λ ∈ R, a ∈ I et


f, g : I −→ R des fonctions dérivables en a. Alors,

(i) f + g est dérivable en a et

(f + g)0 (a) = f 0 (a) + g 0 (a).

(ii) λf est dérivable en a et


(λf )0 (a) = λf 0 (a).

(iii) f g est dérivable en a et

(f g)0 (a) = f 0 (a)g(a) + f (a)g 0 (a).

106
(iv) Si g(a) 6= 0 alors, il existe un voisinage de a sur lequel la fonction g ne s’annule
f
pas et la fonction est dérivable en a. Et on a,
g
f 0 f 0 (a)g(a) − f (a)g 0 (a)
( ) (a) = .
g [g(a)]2
1
En particulier, est dérivable en a et
g
1 0 −g 0 (a)
( ) (a) = .
g [g(a)]2

Preuve.

(i)
(f + g)(x) − (f + g)(a) f (x) − f (a) g(x) − g(a)
= + =⇒
x−a x−a x−a

(f + g)(x) − (f + g)(a)
lim = f 0 (a) + g 0 (a) = (f + g)0 (a).
x→a x−a
x6=a

(ii)
(λf )(x) − (λf )(a) f (x) − f (a)
h =λ i =⇒ h(λf )0 (a) = λf 0 (a)i.
x−a x−a
(iii)
(f g)(x) − (f g)(a) (f g)(x) − f (x)g(a) + f (x)g(a) − (f g)(a)
=
x−a x−a

g(x) − g(a) f (x) − f (a)


= f (x) · + g(a) .
x−a x−a

En faisant tendre x → a, on obtient

(f g)0 (a) = f (a)g 0 (a) + f 0 (a)g(a)

car f est continue en a.

107
(iv) Il suffit de montrer le cas particulier et d’appliquer (iii).

En effet. Puisque g est dérivable en a alors, g est continue en a. Or g(a) 6= 0


alors, il existe un intervalle ouvert J ⊂ I tel que

∀x ∈ J, g(x) 6= 0 et a ∈ J.

| g(a) |
(Pour  = > 0, il existe η > 0 tel que
2

∀x ∈ I : x ∈]a − η, a + η[ =⇒ || g(x) | − | g(a) ||≤| g(x) − g(a) |< 

1
=⇒ | g(x) |> | g(a) |> 0.
2

1
Donc, J =]a − η, a + η[∩I). La fonction est alors bien définie au voisinage
g
de a. D’autre part, pour tout x ∈ J, on a
1 1
g(x)
− g(a) g(x) − g(a) 1
= − · . D’où,
x−a x−a g(x) · g(a)

1 0 g 0 (a)
( ) (a) = − .
g [g(a)]2

Par conséquent,

f 0 1 0 1 1 0
( ) (a) = (f · ) (a) = f 0 (a) · + f (a) · ( ) (a)
g g g(a) g

f 0 (a)g(a) − f (a)g 0 (a)


= . z
[g(a)]2

108
Généralisation de (iii).

n
Y
Si f1 , ..., fn sont des fonctions dérivables sur I alors, le produit f1 · ... · fn = fk
k=1
est dérivable sur I et on a
n 0 n
Y X
( fk ) = f1 · ... · fk−1 · fk0 · fk+1 · ... · fn .
k=1 k=1

En particulier si f1 = ... = fn = f alors,

(f n )0 = nf n−1 f 0 .

Preuve. Par récurrence sur n.

• Le cas n = 2 c’est (iii) de la Proposition 4.2.1.

• Supposons que la propriété est vraie pour k ≤ n − 1.


n 0 n−1 0 n−1 0 n−1
Y Y Y Y
( fk ) = [( fk )fn ] = ( fk ) fn + ( fk )fn0
k=1 k=1 k=1 k=1

n−1
X
= ( f1 · ... · fk−1 · fk0 · fk+1 · ... · fn−1 )fn + f1 · ... · fn−1 fn0
k=1

n
X
= f1 · ... · fk−1 · fk0 · fk+1 · ... · fn . z
k=1

Proposition 4.2.2 (Dérivée d’une fonction composée).


Soient I et J deux intervalles de R, a ∈ I, f : I −→ R et g : J −→ R des
fonctions tels que f (I) ⊂ J. Si f est dérivable en a et g est dérivable en f (a) alors,
la fonction composée g ◦ f est dérivable en a et on a

(g ◦ f )0 (a) = g 0 (f (a)) · f 0 (a).

109
Preuve. Soit h assez petit tel que a + h ∈ I. Puisque f est dérivable en a alors,

f (a + h) = f (a) + h(f 0 (a) + 1 (h)) avec lim 1 (h) = 0.


h→0

Posons, k(h) = h(f 0 (a) + 1 (h)). Il est clair que lim k(h) = 0. Et comme g est
h→0
dérivable en f (a) alors,

(g ◦ f )(a + h) = g(f (a + h)) = g(f (a) + k(h))

= g(f (a)) + k(h)(g 0 (f (a)) + 2 (k(h))) avec lim 2 (k(h)) = 0.


k(h)→0

Par conséquent,

(g ◦ f )(a + h) − (g ◦ f )(a) = h(f 0 (a) + 1 (h))(g 0 (f (a)) + 2 (k(h)))

= h[g 0 (f (a)) · f 0 (a) + (h)] avec

(h) = f 0 (a)2 (k(h)) + g 0 (f (a))1 (h) + 1 (h)2 (k(h)) −→h→0 0.

D’où, g ◦ f est dérivable en a et

(g ◦ f )0 (a) = g 0 (f (a)) · f 0 (a). z

Proposition 4.2.3 (Dérivée d’une fonction réciproque).


Soient I un intervalle de R, a ∈ I et f : I −→ R une fonction continue et
strictement monotone sur I. Alors, f est donc une bijection de I sur f (I) et la fonction
réciproque f −1 : f (I) −→ I est continue et strictement monotone (de même sens
de variation que f ) sur f (I). Si f est dérivable en a et si f 0 (a) 6= 0 alors, f −1 est
dérivable en f (a) et
0 1
(f −1 ) (f (a)) = .
f 0 (a)

110
Preuve. Posons, b = f (a). Alors, a = f −1 (b). Soit y ∈ f (I) tel que y 6= b. Alors, il
existe x ∈ I tel que y = f (x). Par suite, x = f −1 (y). Et comme f est injective et
y 6= b alors, x 6= a.
f −1 (y) − f −1 (b) x−a 1
= = f (x)−f (a)
.
y−b f (x) − f (a)
x−a

Puisque f −1 est continue sur f (I) alors,

hy → bi =⇒ hx = f −1 (y) → f −1 (b) = ai.

Par conséquent,
f −1 (y) − f −1 (b) 1 1
lim = = . z
y→b y−b lim f (x)−f (a) f 0 (a)
x→a x−a
y6=b
x6=a

Exemples.

1) f (x) = sin x. On a déjà montré que f est dérivable sur R et, pour tout x ∈ R,

f 0 (x) = cos x.

On montre, de la même manière, que f 00 (x) = cos0 x = − sin x. On voit donc que
f est de classe C ∞ sur R.
π
f 0 (x) = cos x = sin (x + )
2
f 00 (x) = − sin x = sin (x + π)

.
π
f (n) (x) = sin (x + n ), pour tout n ∈ IN.
2

111
On montre de même que
π
cos(n) (x) = cos (x + n ), pour tout n ∈ IN.
2

2) f (x) = xn (où n ∈ IN ∗ ). On a déjà montré que f est dérivable sur R et, pour tout
x ∈ R, f 0 (x) = nxn−1 . f est donc de classe C ∞ sur R.

f 0 (x) = nxn−1 , f 00 (x) = n(n − 1)xn−2 , ...,

f (k) (x) = n(n − 1)...(n − k + 1)xn−k pour k ∈ IN ∗ : k ≤ n.

...

f (n) (x) = n!

f (k) (x) = 0 si k > n.

1
3) f (x) = . f est de classe C ∞ sur R \ {1} et
1−x
−(−1) 1 −2(1 − x)(−1) 2
f 0 (x) = 2 = , f 00 (x) = =
(1 − x) (1 − x)2 (1 − x)4
(1 − x)3

−2 · 3 · (1 − x)2 (−1) 6
f (3)
(x) = 6 = . D’où,
(1 − x) (1 − x)4

n!
f (n) (x) = pour tout n ∈ IN.
(1 − x)n+1

π π
4) La fonction sinus est continue et strictement croissante sur [− , ] à valeurs dans
2 2
[−1, 1]. Elle admet donc une fonction réciproque continue et strictement croissante
π π
appelée Arcsin et définie par Arcsin : [−1, 1] −→ [− , ]
2 2
π π
hy = Arcsin x, x ∈ [−1, 1]i ⇐⇒ hx = sin y, y ∈ [− , ]i.
2 2
112
π π
sin est dérivable sur R donc, en particulier, sur [− , ]. Alors, d’aprés la
2 2
Proposition 4.2.3, Arcsin est dérivable sur ] − 1, 1[ et, pour tout x ∈] − 1, 1[,
on a
1
Arcsin0 x = √ .
1 − x2
En effet. Soit x ∈] − 1, 1[. D’aprés la Proposition 4.2.3,

1 1
Arcsin0 x = = .
sin ( Arcsin x)
0
cos y
π π
Puisque y ∈] − , [ et sin2 y + cos2 y = 1 alors,
2 2
q √
cos y > 0 et cos y = 1 − sin2 y = 1 − x2 .

D’où, le résultat. z

1
On montre de même que, Arccos0 x = − √ .
1 − x2
1 1
tg0 x = = 1 + tg2 x, cotg0 x = − = −1 − cotg2 x
cos2 x sin2 x

1
et Arctg0 x = .
1 + x2

Propriétés de la classe des fonctions n fois dérivables

Soient n ∈ IN et f , g deux fonctions n fois dérivables sur un intervalle non vide I


de R.

1) Pour tout (a, b) ∈ R2 , af + bg est n fois dérivable sur I et

(af + bg)(n) = af (n) + bg (n) .

113
2) Formule de Leibniz.
Le produit f g est n fois dérivable sur I et, pour tout x ∈ I, on a
n
X
(n)
(f g) (x) = Cnk f (n−k) (x) · g (k) (x)
k=0

n!
avec la convention f (0) = f , g (0) = g et où Cnk = .
k!(n − k)!

Preuve.

1) Par récurrence sur n.

(?) Pour n = 1, on a

(af + bg)0 = (af )0 + (bg)0 = af 0 + bg 0 .

(?) Supposons que la propriété est vraie pour k ≤ n − 1.

0 0
(af + bg)(n) = ((af + bg)(n−1) ) = (af (n−1) + bg (n−1) )

0 0
= a(f (n−1) ) + b(g (n−1) ) = af (n) + bg (n) .

2) Par récurrence sur n.

(?) Pour n = 1, on a (f g)0 = f 0 g + f g 0 .

114
n−1
X
(?) Hypothèse de récurrence : (f g) (n−1)
= k
Cn−1 f (n−1−k) · g (k) .
k=0

n−1 0
(n−1) 0
(n)
X
k
(f g) = ((f g) ) =( Cn−1 f (n−1−k) · g (k) )
k=0

n−1
X
k 0
= Cn−1 (f (n−1−k) · g (k) )
k=0

n−1
X
k 0 0
= Cn−1 ((f (n−1−k) ) · g (k) + f (n−1−k) · (g (k) ) )
k=0

n−1
X
k
= Cn−1 (f (n−k) · g (k) + f (n−1−k) · g (k+1) )
k=0

n−1 n
0 0 0
X X
= k
Cn−1 f (n−k)
·g (k)
+ k −1 (n−k )
Cn−1 f · g (k ) avec k 0 = k + 1.
k=0 k0 =1

En regroupant les termes en f (n−k) · g (k) et en tenant compte des relations :

Cn0 = Cnn = 1 et Cnk = Cn−1


k k−1
+ Cn−1 où k ∈ {1, 2, ..., n − 1}

On obtient,
n
X
(n)
(f g) = Cnk f (n−k) · g (k) . z
k=0

Application. Calculer les dérivées successives de

f (x) = (x2 + x + 1) sin x.

Posons, f = gh avec g(x) = sin x et h(x) = x2 + x + 1.

h0 (x) = 2x + 1, h00 (x) = 2, h(n) (x) = 0 pour tout n ≥ 3.

π
g (n) (x) = sin (x + n ), pour tout n ∈ IN.
2

115
D’où, f est de classe C ∞ sur R et, pour tous n ∈ IN et x ∈ R, on a
n
X
(n)
f (x) = Cnk g (n−k) (x) · h(k) (x)
k=0

= g (n) (x)h(x) + Cn1 g (n−1) (x)h0 (x) + Cn2 g (n−2) (x)h00 (x)

π π π
= (x2 + x + 1) sin (x + n ) + n(2x + 1) sin (x + (n − 1) ) + n(n − 1) sin (x + (n − 2) ).
2 2 2
π π π
f (n) (x) = (x2 + x + 1) sin (x + n ) − n(2x + 1) cos (x + n ) − n(n − 1) sin (x + n )
2 2 2

π π
= (x2 + x − n2 + n + 1) sin (x + n ) − n(2x + 1) cos (x + n ).
2 2

Maxima et minima.

Soient I un intervalle non vide de R, a ∈ I et f : I −→ R une fonction.

 On dit que f admet un maximum local au point a s’il existe α > 0 vérifiant
]a − α, a + α[⊂ I et tel que

∀x ∈]a − α, a + α[, f (x) ≤ f (a).

 On dit que f admet un minimum local au point a s’il existe α > 0 vérifiant
]a − α, a + α[⊂ I et tel que

∀x ∈]a − α, a + α[, f (x) ≥ f (a).

 On dit que f admet un extremum local au point a si f admet un minimum local


ou un maximum local en a.

116
Proposition 4.2.4 Soient I un intervalle non vide de R, a ∈ I et f : I −→ R
une fonction dérivable en a. Si f admet un extremum local en a alors, f 0 (a) = 0.

Preuve. Supposons que f admet un maximum local en a. Alors, il existe α > 0


vérifiant ]a − α, a + α[⊂ I et tel que

∀x ∈]a − α, a + α[, f (x) ≤ f (a).

D’autre part, f est dérivable en a. Donc,

f 0 (a) = fd0 (a) = fg0 (a).

Or,
f (x) − f (a) f (x) − f (a)
fd0 (a) = lim ≤ 0 et fg0 (a) = lim ≥ 0.
x→a x−a x→a x−a
x>a x<a

D’où, f 0 (a) = 0. z

Remarques.

1) La réciproque est fausse : L’implication

hf 0 (a) = 0i =⇒ hf admet un extremum local en ai

est, en général, fausse.

Contre-exemple.

f : R −→ R

x 7−→ x3 .

f 0 (x) = 3x2 . f 0 (0) = 0 mais f n’admet pas un extremum local en 0.

117
2) Une fonction peut présenter un extremum en a sans être dérivable en a.

Exemple.

f : R −→ R

x 7−→ | x | .

f présente un minimum en 0. Mais, f n’est pas dérivable en 0 (car


fd0 (0) = 1 6= −1 = fg0 (0)).

4.3 Théorème de Rolle et Théorème des


Accroissements Finies

Théorème 4.3.1 (Théorème de Rolle).


Soient a, b ∈ R (avec a < b) et f : [a, b] −→ R une fonction. Supposons que f est
continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et f (a) = f (b). Alors, il existe au moins un
point c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.

Preuve.

(?) Si f est constante sur [a, b] alors, pour tout x ∈ [a, b], f 0 (x) = 0.

(?) Supposons que f n’est pas constante sur [a, b]. Comme f est continue sur [a, b]
alors, elle est bornée sur [a, b] et atteint ses bornes c’est-à-dire ils existent c, d ∈ [a, b]
tels que
f (c) = inf f (x) et f (d) = sup f (x).
x∈[a,b] x∈[a,b]

L’une au moins de ces bornes est distincte de f (a) = f (b). Supposons, par exemple,
f (d) 6= f (a) = f (b). Alors, d ∈]a, b[ et f présente un maximum local en d. Il s’ensuit,
d’aprés la Proposition 4.2.4, que f 0 (d) = 0. z

118
Figure 4.4 – - Interprétation géométrique du Théorème de Rolle

Le théorème de Rolle dit que sur la partie AB relative à l’intervalle [a, b] de la courbe
Γf de f , il existe au moins un point C distinct de A et B et pour lequel la tangente
à la courbe Γf est horizontale ou paralléle à la droite AB.

Théorème 4.3.2 (Théorème des Accroissements Finis) (Th. A. F.)


Soient a, b ∈ R (avec a < b) et f : [a, b] −→ R une fonction. Supposons que f est
continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Alors, il existe au moins un point c ∈]a, b[
tel que
f (b) − f (a) = (b − a)f 0 (c).

Preuve. Il suffit d’appliquer le théorème de Rolle à la fonction g : [a, b] −→ R


définie par

f (b) − f (a)
g(x) = f (x) − (x − a).
b−a

119
Figure 4.5 – - Interprétation géométrique du Théorème des Accroissements Finis

Il est clair que g est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et g(a) = f (a) = g(b).
Alors, d’aprés le théorème de Rolle, il existe au moins un point c ∈]a, b[ tel que
f (b) − f (a)
g 0 (c) = f 0 (c) − = 0.
b−a
D’où, f (b) − f (a) = (b − a)f 0 (c). z

Autre formulation du Th. A. F. Posons, h = b − a. Alors,

]a, b[= {a + θh : θ ∈]0, 1[}

et le théorème des Accroissements Finis s’écrit

∃θ ∈]0, 1[ tel que f (a + h) = f (a) + hf 0 (a + θh).

A = (a, f (a)), B = (b, f (b)) et C = (c, f (c)). Le théorème des Accroissements


Finis assure l’existence d’un point C du graphe de f où la tangente est paralléle à la

120
droite AB.

Conséquences. Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction


dérivable sur I.

1) hf 0 = 0 sur Ii ⇐⇒ hf est constante sur Ii.

2) h∀x ∈ I, f 0 (x) ≥ 0i ⇐⇒ hf est croissante sur Ii.

3) h∀x ∈ I, f 0 (x) ≤ 0i ⇐⇒ hf est décroissante sur Ii.

4) h∀x ∈ I, f 0 (x) > 0i =⇒ hf est strictement croissante sur Ii.

5) h∀x ∈ I, f 0 (x) < 0i =⇒ hf est strictement décroissante sur Ii.

6) Supposons que f, g : [a, b[ −→ R sont des fonctions dérivables sur [a, b[,
f (a) ≤ g(a) et (pour tout x ∈ [a, b[, f 0 (x) ≤ g 0 (x)). Alors, pour tout
x ∈ [a, b[, f (x) ≤ g(x).

Preuve.

1) ⇐= Evidente.

=⇒ Soit a ∈ I fixé. Montrons, pour tout x ∈ I \ {a}, que f (x) = f (a). Pour cela,
il suffit d’appliquer le théorème des Accroissements Finis à f sur l’intervalle
fermé d’extrêmités a et x. Alors, il existe θ ∈]0, 1[ tel que

f (x) − f (a) = (x − a) · f 0 (a + θ(x − a)) = 0.

D’où, f est constante sur I.

2) =⇒ Supposons, pour tout x ∈ I, que f 0 (x) ≥ 0. Et montrons que f est croissante


sur I. Pour cela, soient x1 , x2 ∈ I tels que x1 < x2 . D’aprés le théorème des
Accroissements Finis, il existe c ∈]x1 , x2 [ tel que

f (x2 ) − f (x1 ) = (x2 − x1 ) · f 0 (c) ≥ 0.

D’où, f est croissante sur I.

121
⇐= Supposons que f est croissante sur I et soit x ∈ I. En particulier, on a

f (x + h) − f (x)
f 0 (x) = lim .
h→0 h
h>0

f (x + h) − f (x)
Puisque f est croissante sur I et h > 0 alors, ≥ 0. Ensuite,
h
par passage à la limite lorsque h → 0+ , on obtient f 0 (x) ≥ 0.

3), 4) et 5) se démontrent d’une manière analogue à 2).

6) Posons, ϕ = g − f . Par hypothèse, on a

∀x ∈ [a, b[, ϕ0 (x) = g 0 (x) − f 0 (x) ≥ 0 et ϕ(a) ≥ 0.

Soit x ∈]a, b[. Le théorème des Accroissements Finis appliqué à ϕ sur le segment
[a, x] assure l’existence d’au moins un point c ∈]a, x[⊂]a, b[ tel que

ϕ(x) − ϕ(a) = (x − a) · ϕ0 (c) ≥ 0.

Par suite, ϕ(x) ≥ ϕ(a) ≥ 0. D’où, g(x) ≥ f (x). z

Applications.

1) Pour tout x ≥ 0, sin x ≤ x. En effet.

Pour tout x ≥ 0, cos x ≤ 1 et sin 0 = 0.

2) Pour tout x ≥ 1, ln x ≤ x − 1. En effet.

1
Pour tout x ≥ 1, ≤ 1 et ln 1 = 1 − 1 = 0.
x

Théorème 4.3.3 (Théorème des Accroissements Finis généralisés)


(Th. A. F.G.)

122
Soient f, g : [a, b] −→ R deux fonctions continues sur le segment [a, b] et dérivables
sur ]a, b[. Si g 0 ne s’annule pas sur ]a, b[ alors, il existe un point c ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) f 0 (c)


= 0 .
g(b) − g(a) g (c)

Preuve. D’aprés le théorème des Accroissements Finis, il existe c ∈]a, b[ tel que

g(b) − g(a) = (b − a) · g 0 (c) 6= 0.

D’où, g(a) 6= g(b). Considérons, maintenant, la fonction ϕ définie sur [a, b] par

f (b) − f (a)
ϕ(x) = f (x) − g(x).
g(b) − g(a)

Il est clair que ϕ est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et

f (a)g(b) − g(a)f (b)


ϕ(a) = = ϕ(b).
g(b) − g(a)

Alors, d’aprés le théorème de Rolle, il existe au moins un point c ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) 0
ϕ0 (c) = f 0 (c) − g (c) = 0.
g(b) − g(a)

Et puisque g 0 ne s’annule pas sur ]a, b[ alors,

f (b) − f (a) f 0 (c)


= 0 . z
g(b) − g(a) g (c)

Corollaire 4.3.4 (Régle de l’Hôpital) Soient I un intervalle ouvert de R, a ∈ I


et f, g : I −→ R deux fonctions continues sur I et dérivables sur I \ {a}. Si g 0 ne
s’annule pas sur I \ {a} alors, on a

f 0 (x) f (x) − f (a)


h lim 0 = l ∈ Ri =⇒ h lim = li. (4.1)
x→a g (x) x→a g(x) − g(a)
x6=a x6=a

123
Preuve. Soit x ∈ I \ {a}. Donc, x 6= a. Il suffit d’appliquer le théorème des A. F.G.
sur le segment [a, x] ⊂ I ou [x, a] ⊂ I suivant que a < x ou x < a. Alors, il existe un
point cx ∈]a, x[ (resp. cx ∈]x, a[) tel que

f (x) − f (a) f 0 (cx )


= 0 .
g(x) − g(a) g (cx )

Si x → a alors, cx → a. Par suite,

f (x) − f (a) f 0 (cx ) f 0 (x)


lim = lim 0 = lim 0 = l. z
x→a g(x) − g(a) x→a g (cx ) x→a g (x)
x6=a x6=a x6=a

Remarques.
0
1) Ce résultat s’applique aux formes indéterminées .
0
sin x 0
Exemple. lim est une forme indéterminée . Les fonctions sin et
x→0 x 0
x6=0
x 7−→ x sont dérivables sur R. Par suite, d’aprés la régle de l’Hôpital, on a

sin x cos x
lim = lim = 1.
x→0 x x→0 1
x6=0 x6=0

2) La réciproque de l’implication (4.1) est fausse.

Contre-exemple. Soient f, g : R −→ R des fonctions définies par g(x) = sin x,

1

 x2 sin ( )
 si x 6= 0
f (x) = x

0 si x = 0 et a = 0.

f et g sont continues sur R et dérivables sur R∗ .

f (x) x2 sin ( x1 ) x 1
lim = lim ( ) = lim ( ) · lim (x sin ) = 0.
x→0 g(x) x→0 sin x x→0 sin x x→0 x
x6=0 x6=0 x6=0 x6=0

124
Mais,
f 0 (x) 1 1 1
lim = lim [ (2x sin − cos )] n’existe pas.
x→0
0
g (x) x→0 cos x x x
x6=0 x6=0

1
En effet. On considère la suite (xn = ) qui est à éléments dans R∗ .
nπ n∈IN ∗

On a,
f 0 (xn ) (−1)n+1
lim xn = 0 et la suite (un = 0 = 1 ) diverge
n→+∞ g (xn ) cos ( nπ ) n∈IN ∗

f 0 (x)
(car lim u2n = −1 6= 1 = lim u2n+1 ). Par conséquent, lim 0
n→+∞ n→+∞ x→0 g (x)
x6=0
n’existe pas. z

Théorème 4.3.5 (Théorème des valeurs intermédiaires pour les dérivées).


Soient I un intervalle non vide de R, f : I −→ R une fonction dérivable sur I
et [a, b] ⊂ I (avec a < b). Alors,

∀λ ∈ [| f 0 (a), f 0 (b) |], ∃c ∈ [a, b] tel que f 0 (c) = λ.

Preuve.

• Si f 0 (a) = f 0 (b), il n’y a rien à montrer.

• Supposons, par exemple, que f 0 (a) < f 0 (b). Ecartons les cas triviaux λ = f 0 (a) ou
λ = f 0 (b). Soit λ ∈]f 0 (a), f 0 (b)[. Considérons la fonction g : [a, b] −→ R définie
par
g(x) = f (x) − λx.

g est continue sur [a, b]. Alors, g est bornée sur [a, b] et atteint ses bornes. Donc,
il existe c ∈ [a, b] tel que

g(c) = inf g(x) = m.


x∈[a,b]

125
Le point (c, m) est un minimum local pour g et g est dérivable sur [a, b]. D’où,
g 0 (c) = 0. Par suite, f 0 (c) = λ. De plus,

g 0 (a) = f 0 (a) − λ < 0 et g 0 (b) = f 0 (b) − λ > 0.

Comme g 0 (c) = 0 alors, c ∈]a, b[. z

Corollaire 4.3.6 Soit f : [a, b] −→ R une fonction continue sur [a, b] et dérivable
sur ]a, b[ (avec a < b). Si f 0 ne s’annule pas sur ]a, b[ alors, f est strictement
monotone sur [a, b].

Preuve. Si f 0 change de signe sur ]a, b[ alors, il existe c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.
Contradiction. z

Remarque. Une fonction dérivée sur un intervalle vérifie toujours le théorème des
valeurs intermédiaires sans qu’elle soit continue.

4.4 Fonctions convexes

Soit (a, b) ∈ R2 . On pose,

si a ≤ b

 [a, b]
[| a, b |] =
[b, a] si a ≥ b.

On a,
[| a, b |] = {λa + (1 − λ)b : λ ∈ [0, 1]}.

Définitions. Soient I un intervalle non vide de R et f : I −→ R une fonction.

 On dit que f est convexe sur I si

∀(x, y) ∈ I 2 , ∀λ ∈ [0, 1], f (λx + (1 − λ)y) ≤ λf (x) + (1 − λ)f (y). (4.2)

126
 La fonction f est dite strictement convexe sur I si l’inégalité (4.2) est stricte
pour tous x, y ∈ I avec x 6= y et tout λ ∈]0, 1[.

 f est dite concave sur I (respectivement strictement concave sur I) si la


fonction −f : x ∈ I −→ (−f )(x) = −f (x) ∈ R est convexe sur I
(respectivement strictement convexe sur I).

Illustration de la convexité

Géométriquement cela signifie que

hf est convexe sur Ii ⇐⇒ h∀(x, y) ∈ I 2 , ∀u ∈ [| x, y |], le point P = (u, f (u))

se trouve au-dessous du segment ABi.

127
Figure 4.6 – - Fonction convexe

Proposition 4.4.1 Les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f est convexe sur I ;

(ii)
n
X
∗ n n
∀n ∈ IN , ∀(x1 , ..., xn ) ∈ I , ∀(λ1 , ..., λn ) ∈ [0, 1] tel que λi = 1,
i=1

n
X n
X
f( λi xi ) ≤ λi f (xi ).
i=1 i=1

Preuve.

(ii) =⇒ (i) Evidente.

(i) =⇒ (ii) Par récurrence sur n.

128
Figure 4.7 – - Fonction convexe Fonction concave

Figure 4.8 – - Fonction ni convexe ni concave

129
• n = 2. C’est la définition de la convexité.

• Hypothèse de récurrence : Propriété vraie jusqu’à l’ordre (n − 1). Soient


n
X
(x1 , ..., xn ) ∈ I et (λ1 , ..., λn ) ∈ [0, 1] tel que
n n
λi = 1. On a,
i=1

n−1 n−1
X λi X λi
( Pn−1 ) = = 1 et
i=1 j=1 λj i=1
1 − λn

n n−1
X X λi
λ i xi = (1 − λn )( xi ) + λn xn .
i=1 i=1
1 − λn

n n−1
X X λi
f( λi xi ) ≤ (1 − λn )f ( xi ) + λn f (xn )
i=1 i=1
1 − λn

H. R. Xn−1
λi
≤ (1 − λn )( f (xi )) + λn f (xn )
i=1
1 − λn

n
X
≤ λi f (xi ). z
i=1

Exemples.

1)

f1 : R −→ R

x 7−→ | x | .

2)

f2 : R −→ R

x 7−→ x2 .

130
Figure 4.9 – - f1 est une fonction convexe sur R

Figure 4.10 – - f2 est une fonction convexe sur R

131
Figure 4.11 – - f3 est une fonction concave sur ]0, +∞[

3)

f3 :]0, +∞[ −→ R

x 7−→ ln x.

132
Dérivabilité des fonctions convexes

Proposition 4.4.2 Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction. Alors,


les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f est convexe sur I ;


f (x) − f (a)
(ii) Pour tout a ∈ I, la fonction ha : x 7−→ est croissante sur
x−a
I \ {a}.

Preuve. A admettre. z

Théorème 4.4.3 Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction convexe



sur I. Alors, f admet en tout point de I une dérivée à gauche et une dérivée à droite.


Preuve. Soit a ∈I . Alors, I ∈ V(a). Par suite, il existe η > 0 tel que

J =]a − η, a + η[⊂ I.
f (x) − f (a)
D’aprés la Proposition 4.4.2, la fonction ha : x 7−→ est croissante sur
x−a
J \ {a}. De plus, ha est bornée sur J \ {a}. Donc, ha admet une limite à gauche et
à droite en a. D’où, fg0 (a) et fd0 (a) existent. z


Corollaire 4.4.4 Toute fonction convexe sur I est continue sur I .


Preuve. Soit a ∈I . D’aprés le Théorème 4.4.3, fg0 (a) et fd0 (a) existent. Par
conséquent,
lim f (x) = f (a) = lim+ f (x) = lim f (x).
x→a− x→a x→a

D’où, f est continue en a. z

133
Proposition 4.4.5 Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction déri-
vable sur I. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f est convexe sur I ;

(ii) f 0 est croissante sur I.

Preuve. A admettre. z

Corollaire 4.4.6 Soient I un intervalle de R et f : I −→ R une fonction deux fois


dérivable sur I. Alors, les propriétés suivantes sont équivalentes

(i) f est convexe sur I ;

(ii) ∀x ∈ I, f 00 (x) ≥ 0.

Preuve.

hf est convexe sur Ii ⇐⇒ hf 0 est croissante sur Ii

0
⇐⇒ h∀x ∈ I, (f 0 ) (x) = f 00 (x) ≥ 0i. z

4.5 Fonctions circulaires et circulaires réciproques

Fonctions circulaires

 La fonction sinus est notée sin et définie par

sin : R −→ [−1, 1]

x 7−→ sin x.

134
Figure 4.12 – - Reprèsentation de la fonction sinus

sin est une fonction impaire, périodique de période 2π et indéfiniment


dérivable sur R. De plus,
π
∀x ∈ R, ∀n ∈ IN, sin(n) (x) = sin (x + n ).
2

 La fonction cosinus est notée cos et définie par

cos : R −→ [−1, 1]

x 7−→ cos x.

cos est une fonction paire, périodique de période 2π et indéfiniment dérivable sur
R. De plus,
π
∀x ∈ R, ∀n ∈ IN, cos(n) (x) = cos (x + n ).
2
 La fonction tangente est notée tg et définie par
π
tg : R \ { + kπ : k ∈ ZZ} −→ R
2
sin x
x 7−→ tg x = .
cos x
135
Figure 4.13 – - Représentation de la fonction cosinus

tg est une fonction impaire, périodique de période π et indéfiniment dérivable sur


π
R \ { + kπ : k ∈ ZZ}. De plus,
2
π
∀x ∈ R \ { + kπ : k ∈ ZZ}, tg0 (x) = 1 + tg2 x.
2

136
Figure 4.14 – - Représentation de la fonction tangente

Fonctions circulaires réciproques

1) Fonction Arcsin. La fonction sinus est continue et strictement croissante sur


π π
[− , ] à valeurs dans [−1, 1]. Elle admet donc une fonction réciproque continue
2 2
et strictement croissante appelée Arcsin et définie par
π π
Arcsin : [−1, 1] −→ [− , ]
2 2
π π
hy = Arcsin x, x ∈ [−1, 1]i ⇐⇒ hx = sin y, y ∈ [− , ]i.
2 2

Le graphe de Arcsin se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


π π
de celui de la restriction de sin à [− , ].
2 2

137
π π
Figure 4.15 – - Restriction de sin à [− , ] et fonction Arcsin
2 2

La fonction Arcsin est impaire et on a les propriétés suivantes


π π
∀x ∈ [− , ], Arcsin (sin x) = x
2 2
∀x ∈ [−1, 1], sin (Arcsin x) = x

∀x ∈ [−1, 1], cos (Arcsin x) = 1 − x2
x
∀x ∈] − 1, 1[, tg (Arcsin x) = √ .
1 − x2
La fonction Arcsin est dérivable sur ] − 1, 1[ et
1
∀x ∈] − 1, 1[, (Arcsin)0 (x) = √ .
1 − x2
1 π
Quelques valeurs particulières à connaître : Arcsin (0) = 0, Arcsin ( ) = ,
√ √ 2 6
2 π 3 π π
Arcsin ( ) = , Arcsin ( )= et Arcsin (1) = .
2 4 2 3 2
2) Fonction Arccos. La fonction cos est continue et strictement décroissante sur
[0, π] à valeurs dans [−1, 1]. Elle admet donc une fonction réciproque continue et

138
Figure 4.16 – - Restriction de cos à [0, π] et fonction Arccos

strictement décroissante appelée Arccos et définie par


Arccos : [−1, 1] −→ [0, π]

hy = Arccos x, x ∈ [−1, 1]i ⇐⇒ hx = cos y, y ∈ [0, π]i.

Le graphe de Arccos se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


de celui de la restriction de cos à [0, π].

On a les propriétés suivantes

∀x ∈ [0, π], Arccos (cos x) = x

∀x ∈ [−1, 1], cos (Arccos x) = x



∀x ∈ [−1, 1], sin (Arccos x) = 1 − x2

1 − x2
∀x ∈ [−1, 0[∪]0, 1], tg (Arccos x) = .
x

139
La fonction Arccos est dérivable sur ] − 1, 1[ et
−1
∀x ∈] − 1, 1[, (Arccos)0 (x) = √ .
1 − x2
La relation suivante lie les fonctions Arcsin et Arccos.
π
∀x ∈ [−1, 1], Arcsin x + Arccos x = .
2
En pratique, cette relation permet de transformer la fonction Arccos en
Arcsin dans l’étude de fonctions. Quelques valeurs particulières
√ à
π 1 π 2 π
connaître : Arccos (0) = , Arccos ( ) = , Arccos ( )= ,
√ 2 2 3 2 4
3 π
Arccos ( ) = , Arccos (1) = 0 et Arccos (−1) = π.
2 6
π π
3) Fonction Arctg. La fonction tg est continue et strictement croissante sur ] − , [
2 2
π π
à valeurs dans R ( tg (] − , [) = R). Elle admet donc une
2 2
fonction réciproque continue et strictement croissante appelée Arctg et
π π
définie par Arctg : R −→ ] − , [
2 2
π π
hy = Arctg x, x ∈ Ri ⇐⇒ hx = tg y, y ∈] − , [i.
2 2

Le graphe de Arctg se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


π π
de celui de la restriction de tg à ] − , [.
2 2

La fonction Arctg est impaire et on a les propriétés suivantes


π π
∀x ∈] − , [, Arctg (tg x) = x
2 2
∀x ∈ R, tg (Arctg x) = x
1
∀x ∈ R, cos (Arctg x) = √
1 + x2
x
∀x ∈ R, sin (Arctg x) = √ .
1 + x2
La fonction Arctg est dérivable sur R et
1
∀x ∈ R, (Arctg)0 (x) = .
1 + x2

140
π π
Figure 4.17 – - Restriction de tg à ] − , [ et fonction Arctg
2 2

141

3 π
Quelques valeurs particulières à connaître : Arctg (0) = 0, Arctg ( )= ,
√ 3 6
π π
Arctg (1) = et Arctg ( 3) = .
4 3

4.6 Fonctions hyperboliques et hyperboliques


réciproques

Fonctions hyperboliques. Soit x ∈ R.

 On appelle cosinus hyperbolique de x et l’on note, ch x, la quantité


ex + e−x
ch x = .
2
 On appelle sinus hyperbolique de x et l’on note, sh x, la quantité
ex − e−x
sh x = .
2
 On appelle tangente hyperbolique de x et l’on note, th x, la quantité
sh x
th x = .
ch x
Notons que les fonctions ch, sh, th sont définies, continues et dérivables sur R. De
plus, ch est paire et sh, th sont impaires. On a les propriétés suivantes

Fonctions hyperboliques Fonctions circulaires

ch x + sh x = ex cos x + i sin x = eix

ch x − sh x = e−x cos x − i sin x = e−ix

ch2 x − sh2 x = 1 cos2 x + sin2 x = 1

ch0 x = sh x cos0 x = − sin x

sh0 x = ch x sin0 x = cos x

1 1
th0 x = 1 − th2 x = tg0 x = 1 + tg2 x = .
ch2 x cos2 x

142
Figure 4.18 – - Représentation des fonctions ch et sh

Figure 4.19 – - Représentation de la fonctions th

143
Formules à connaître par coeur :

Fonctions circulaires Fonctions hyperboliques

cos (a + b) = cos a cos b − sin a sin b ch (a + b) = ch a ch b + sh a sh b

cos (a − b) = cos a cos b + sin a sin b ch (a − b) = ch a ch b − sh a sh b

sin (a + b) = sin a cos b + cos a sin b sh (a + b) = sh a ch b + ch a sh b

sin (a − b) = sin a cos b − cos a sin b sh (a − b) = sh a ch b − ch a sh b

cos (2a) = cos2 a − sin2 a = 2 cos2 a − 1 ch (2a) = ch2 a + sh2 a = 2 ch2 a − 1

sin (2a) = 2 sin a cos a sh (2a) = 2 sh a ch a

1 + cos (2a) 1 + ch (2a)


cos2 a = ch2 a =
2 2
1 − cos (2a) ch (2a) − 1
sin2 a = sh2 a =
2 2
1 1
1 + tg2 a = 1 − th2 a =
cos2 a ch2 a
tg a + tg b th a + th b
tg (a + b) = th (a + b) =
1 − tg a tg b 1 + th a th b

tg a − tg b th a − th b
tg (a − b) = th (a − b) =
1 + tg a tg b 1 − th a th b

2 tg a 2 th a
tg (2a) = th (2a) =
1 − tg2 a 1 + th2 a

Les formules suivantes sont trés utiles en intégration car elles permettent
d’exprimer les fonctions circulaires et les fonctions hyperboliques comme des
fractions rationnelles en t.

144
Fonctions circulaires Fonctions hyperboliques

x x
t = tg ( ) t = th ( )
2 2
2t 2t
sin x = sh x =
1 + t2 1 − t2

1 − t2 1 + t2
cos x = ch x =
1 + t2 1 − t2
2t 2t
tg x = th x =
1 − t2 1 + t2

Fonctions hyperboliques réciproques

1) Fonction Argsh. La fonction sh est continue et strictement croissante sur R à


valeurs dans R. Elle admet donc une fonction réciproque continue et strictement
croissante appelée argument sinus hyperbolique et définie par Argsh : R −→ R

hy = Argsh xi ⇐⇒ hx = sh yi.

Le graphe de Argsh se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


de celui de sh .

La fonction Argsh est impaire, dérivable sur R et

1
∀x ∈ R, (Argsh)0 (x) = √ .
1 + x2

On a aussi

∀x ∈ R, Argsh x = ln (x + 1 + x2 ).

145
Figure 4.20 – - Représentation des fonctions sh et Argsh

146
Il s’ensuit que


∀x ∈ R, Argsh (−x) = ln (−x + 1 + x2 )
√ √
(−x + 1 + x2 )(x + 1 + x2 )
= ln ( √ )
x + 1 + x2
1
= ln ( √ )
x + 1 + x2
= − Argsh (x).

2) Fonction Argch. La fonction ch est continue et strictement croissante sur [0, +∞[
à valeurs dans ch (R+ ) = [1, +∞[. Elle admet donc une fonction
réciproque continue et strictement croissante appelée argument cosinus
hyperbolique et définie par Argch : [1, +∞[ −→ [0, +∞[

hy = Argch x, x ∈ [1, +∞[i ⇐⇒ hx = ch y, y ∈ [0, +∞[i.

Le graphe de Argch se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


de celui de la restriction de ch à [0, +∞[.

La fonction Argch est dérivable sur ]1, +∞[ et

1
∀x ∈]1, +∞[, (Argch)0 (x) = √ .
2
x −1

On a aussi

∀x ∈ [1, +∞[, Argch x = ln (x + x2 − 1).

3) Fonction Argth. La fonction th est continue et strictement croissante sur R à


valeurs dans th (R) =] − 1, 1[. Elle admet donc une fonction réciproque continue
et strictement croissante appelée argument tangente hyperbolique et définie
par Argth :] − 1, 1[ −→ R

hy = Argth x, x ∈] − 1, 1[i ⇐⇒ hx = th y, y ∈ Ri.

147
Figure 4.21 – - Restriction de ch à [0, +∞[ et fonction Argch

Le graphe de Argth se déduit par symétrie par rapport à la 1ere bissectrice (y = x)


de celui de th .

La fonction Argth est impaire, dérivable sur ] − 1, 1[ et

1
∀x ∈] − 1, 1[, (Argth)0 (x) = .
1 − x2

On a aussi
1 1+x
∀x ∈] − 1, 1[, Argth x = ln ( ).
2 1−x

148
Figure 4.22 – - Représentation des fonctions th et Argth

149

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