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LES DÉTERMINANTS DE L'INTENSIFICATION DU

VOLUME DE L'ÉPARGNE DANS LE SYSTÈME


FINANCIER DÉCENTRALISÉ AU BURKINA FASO : CAS
DES CAISSES POPULAIRES DE OUAGADOUGOU
Boukary Ouedraogo
Dans Revue Tiers Monde 2008/4 (n° 196), pages 901 à 926
Éditions Armand Colin
ISSN 1293-8882
ISBN 9782200924645
DOI 10.3917/rtm.196.0901
© Armand Colin | Téléchargé le 14/08/2023 sur www.cairn.info (IP: 41.138.104.213)

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LES DÉTERMINANTS DE L’INTENSIFICATION
DU VOLUME DE L’ÉPARGNE DANS LE SYSTÈME
FINANCIER DÉCENTRALISÉ AU BURKINA FASO :
CAS DES CAISSES POPULAIRES DE
OUAGADOUGOU

Boukary OUEDRAOGO *

À partir de données d’enquête sur un échantillon de


205 épargnants, membres de la Fédération des Caisses popu-
laires du Burkina Faso de Ouagadougou, cet article a pour
objet d’évaluer les déterminants de l’intensification de
l’épargne des ménages pauvres dans le système financier
décentralisé du pays. Une évaluation économétrique à par-
tir d’un modèle linéaire simple, précédée d’analyses descrip-
tives souligne que les caractéristiques institutionnelles
d’épargne et de crédit des structures de la Fédération ainsi
que les caractéristiques socioéconomiques des épargnants
sont des incitations à l’épargne pour les ménages pauvres
adhérant à ces structures.
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Mots clés : Crédit, épargne, cycle de vie, microfinance, pau-
vreté, revenu permanent.

Le paysage financier du Burkina Faso est composé d’un système financier


centralisé qui désigne les banques et d’un système financier décentralisé (SFD 1)
ou de microfinance. Le système financier décentralisé constitue un élément
important de l’environnement financier burkinabé et complète le système finan-
cier centralisé de par les caractéristiques assez particulières de sa clientèle (sec-
teur informel, artisanat, agriculture, ménages à très bas niveau de revenu). Ce

* Enseignant chercheur, Université de Ouagadougou (Burkina Faso).


1 - Selon le PAMEF (2003, p. 95), le terme « système financier décentralisé » est utilisé pour « dési-
gner les institutions ou réseaux qui se sont développés comme alternatives aux banques commer-
ciales et aux structures informelles pour offrir des services financiers de proximité aux populations. Il
comprend notamment les différents réseaux de COOPEV (caisses rurales, mutuelles de crédit, ban-
ques populaires, etc.) mais aussi diverses expériences alternatives menées par les ONG. » Ce terme a
été utilisé par GENTIL et HUGON (1996) dans un numéro spécial de la Revue Tiers Monde, intitulé « Le
financement décentralisé. Pratiques et théories ».

rticle on line N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - p. 901-926 - REVUE TIERS MONDE 901
système financier est d’autant plus important que 46,4 % de la population 2 du
pays ont en 2003 un revenu inférieur à un dollar par jour et que la grande partie
de cette population vit des activités informelles. Le système financier décentralisé
burkinabé se caractérise par une grande diversité tant au niveau de sa nature
juridique, de sa taille, de sa philosophie qu’au niveau de sa performance finan-
cière. Dans ce paysage financier dominent les institutions d’épargne et de crédit
qui sont des expériences basées sur le rôle central de l’épargne pour alimenter le
crédit. C’est le cas des structures de la Fédération des Caisses populaires du
Burkina (FCPB) qui fait l’objet de cette étude.

Tout développement exige la mobilisation suffisante des ressources internes,


surtout dans un environnement financier où le système financier classique s’est
montré insuffisant pour satisfaire les besoins de financement de toutes les catégo-
ries d’agents économiques au Burkina Faso. « Les opérations de mobilisation de
l’épargne présentent deux côtés : le côté offre qui concerne les circonstances
dans lesquelles la clientèle est plus disposée à confier son épargne à une institu-
tion, et le côté demande relatif aux efforts et aux types de services que les
intermédiaires financiers utilisent pour mobiliser les surplus de liquidité »
(BONDA, 1998, p. 15).

En 1997, le Burkina Faso comptait deux institutions (dont la FCPB) parmi les
dix plus importantes 3 du SFD de l’Union économique et monétaire Ouest afri-
caine (UEMOA). Ces deux institutions représentaient à elles seules 10,45 % du
montant total des dépôts et 15,57 % des membres bénéficiaires du SFD. En
termes de membres, la FCPB reste l’institution la plus importante du secteur de la
microfinance au Burkina, avec près de 69 % de l’ensemble des membres en 2001
(BCEAO, 2001, p. 11). Pour la même année, la FCPB a mobilisé une épargne de
13,623 milliards de FCFA soit une part marché de 82,2 % dans l’ensemble du SFD
burkinabé, et octroyé des crédits d’un montant de 11,236 milliards de FCFA, soit
l’équivalent de 66,6 % du total des crédits octroyés par le SFD (op. cit., p. 25).

En comparant l’activité financière 4 des banques à celle du SFD au Burkina


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entre 1998 et 2002, il apparaît que le système bancaire a mobilisé en moyenne
annuelle 94,6 % du montant total des dépôts contre seulement 4,8 % pour la
FCPB et 0,6 % pour les autres institutions du SFD. Malgré le très fort taux de
croissance des transactions financières réalisées par les institutions du SFD au
cours de la dernière décennie, le volume de leur activité financière reste relative-
ment faible au regard de celui réalisé par le système bancaire. C’est pourquoi, il
apparaît intéressant d’étudier les déterminants du volume de l’épargne réalisée
par les membres du SFD ainsi que les motivations d’adhésion de ces derniers à
ces structures afin de contribuer à la promotion de la mobilisation de l’épargne
par le SFD au Burkina Faso.

2 - Selon les Nations unies, Rapport pays sur le Burkina Faso (2003, p. 2), « 46,4 % des Burkinabés
ont un revenu inférieur à un dollar par jour en 2003. De même, les objectifs fixés par le gouvernement
se situent à 30 % en 2015, ce qui est de moindre ambition que les 23,2 % fixés pour les objectifs du
millénaire ».
3 - Ces dix institutions représentent 84 % des dépôts et 69 % des bénéficiaires du SFD de l’UEMOA.
4 - Les chiffres sont tirés des rapports de la BCEAO et du Bureau international du travail, Banque de
données sur les SFD - Burkina Faso (2000, p. 13 ; tableau 12 ; 2001, p. 12, tableau 12).

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La principale question à laquelle nous voulons répondre est la suivante :
Pourquoi et comment les ménages pauvres épargnent-ils au sein du système
financier décentralisé au Burkina Faso, en particulier à la FCPB ? Cette question
présente un grand intérêt pour la FCPB car les réponses apportées seront autant
d’éléments de politique de promotion de la mobilisation de l’épargne auprès de
cette frange de la population.

I – LITTÉRATURE SUR LES DÉTERMINANTS DE L’ÉPARGNE


Définir l’épargne n’est pas l’objet de cet article, des ouvrages d’économie y
sont consacrés. RIVOIRE (1985, pp. 5-9) affirme que « les contours de l’épargne
sont aussi vastes, aussi imprécis que ceux de l’économie elle-même ; ce n’est pas
un hasard si, dans le langage traditionnel, épargner et économiser sont devenus
synonymes. » La définition la plus courante de l’épargne est celle de la fraction du
revenu non affectée à la consommation : « l’épargne est la partie du revenu qui
est préservée pour être consommée ou investie ultérieurement 5, ou servir pour
des besoins imprévus. Elle peut être monétaire ou non monétaire. » (IGBEN et
AKANDE, 1988) L’« épargne » définit donc le montant mis de côté (et stocké sous
diverses formes) pendant la période courante (le revenu moins la consommation
sur une période donnée). Cette étude se focalisera sur l’épargne monétaire :
ainsi, le montant de l’épargne monétaire d’un ménage sera constitué par le solde
de liquidité disponible dans ses comptes d’épargne ou chèque en fin de période.
Les théories économiques de l’épargne sont très nombreuses, micro et
macro, statiques ou dynamiques ; ainsi l’hypothèse du cycle de vie (MODIGLIANI et
BUMBERG, 1954 ; ANDO et MODIGLIANI, 1963) et l’hypothèse du revenu permanent
(FRIEDMAN, 1957). Ces deux théories supposent que les individus et les ménages
sont concernés par les opportunités de consommation de long terme et expli-
quent ainsi la consommation et l’épargne en termes de revenus futurs anticipés.
Selon VILLIEU (1997, p. 43), l’hypothèse du cycle de vie fait apparaître trois
phases : « la jeunesse », « l’activité » et « la retraite ». Le comportement d’endette-
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ment et d’épargne est fortement lié à l’âge du consommateur : l’épargne est
réalisée dans la période d’activité, et transmise pour la consommation durant la
période de la jeunesse et la retraite, ce qui suppose l’absence de contrainte
financière pour les jeunes. Aussi, l’accumulation patrimoniale répond au besoin
d’épargne pour les vieux jours, et la richesse suit une évolution « en bosse » en
fonction de l’âge, phénomène baptisé de hump saving par HARROD (1948). Ainsi,
comme dans la théorie du revenu permanent, les flux d’endettement et d’épargne
servent à obtenir un profil de consommation stable à partir de revenus fluctuants :
l’épargne permet de lisser la consommation en reportant une partie de la consom-
mation vers des périodes où les revenus escomptés sont plus faibles, la jeunesse
(période de formation ou début de la vie active) et la retraite. Dans cette théorie et
d’un point de vue macroéconomique, les principaux déterminants du taux d’épar-
gne sont la croissance démographique et la croissance économique, et par consé-
quent « seule une économie en expansion engendre (et nécessite) une épargne

5 - En théorie économique, la période courante se réfère à l’année courante et le futur à toutes les
années qui suivent.

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globale positive ». D’une part, la croissance démographique entraîne un accroisse-
ment du nombre de « jeunes » et « d’actifs » par rapport au nombre de « retraités »,
puisque les premiers épargnent (globalement), tandis que les seconds dés-
épargnent ; il doit en résulter un taux d’épargne positif. De même, un allongement
de l’espérance de vie, ou une diminution de l’âge de la retraite à espérance de vie
inchangée, accroît le taux d’épargne, chaque individu ayant besoin d’accumuler un
patrimoine plus élevé pour financer une retraite plus longue. À l’inverse, toute
répartition par âge en faveur des « retraités » exerce un effet déprimant sur l’épar-
gne à moins que les agents anticipent sur leurs retraites futures. D’autre part, la
croissance économique (croissance du revenu par tête) engendre une épargne
positive, puisque la désépargne des « retraités » fondée sur des revenus antérieurs
plus faibles, est plus que compensée par l’épargne des « jeunes » et des « actifs »,
fondée sur des revenus récents plus élevés.

Au cours des vingt dernières années, les économistes se sont également ques-
tionnés sur les fondements de l’accumulation patrimoniale. Comme l’indiquent
KESSLER et MASSON (1990), deux mobiles généraux peuvent être distingués : l’épar-
gne « pour soi », qui répond aux propres besoins du ménage (financement de la
consommation durant le cycle de vie, principalement durant la retraite, et épargne
de précaution) et l’épargne « pour autrui », qui met en jeu les relations sociales
avec les autres (au premier plan la volonté de léguer, mais également la recherche
de prestige social). Tous ces mobiles de l’épargne sont d’intensités différentes chez
les individus selon leur culture et selon leur milieu socioéconomique.

Cependant, selon BEVERLY et SHERRADEN (1999, p. 461), aucune des théories


existantes ne donne une explication adéquate de l’épargne et de l’accumulation
dans les ménages à bas niveaux de revenus. Les théories du revenu permanent et
du cycle vie ont été critiquées aussi bien théoriquement et empiriquement. Plus
fondamentalement, aussi bien l’hypothèse du revenu permanent que celle du
cycle de vie supposent que les individus ont une parfaite vision de leurs flux de
revenus futurs, des prix, de leur consommation, de leur durée de vie et qu’ils
manifestent leur rationalité quand ils préparent leur retraite. Les variables institu-
tionnelles sont déterminantes pour expliquer l’épargne des ménages à bas reve-
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nus. Ces variables concernent, selon SHERRADEN (1991), « les règles, les incita-
tions, les subventions », et cet auteur soutient que les individus accédant à ces
institutions sont motivés à épargner. BEVERLY et SHERRADEN identifient quatre
déterminants institutionnels de l’épargne : a) les mécanismes institutionnels de
l’épargne, b) les informations financières et l’éducation, c) les incitations attrac-
tives sur l’épargne, d) et les facilitations. Dans le même ordre d’idées, BONDA
(1998), analysant les déterminants du volume de l’épargne et de la demande de
crédit en milieu rural au Cameroun, montre que la promotion de l’épargne rurale
a un impact sur les ménages ruraux, les institutions financières et l’économie
nationale. Il souligne que la mobilisation de l’épargne dépend de la capacité et de
la volonté à épargner, de la disponibilité de facilités d’épargne et des incitations
favorisant l’épargne financière (taux d’intérêt 6, possibilité de crédit, coûts de
transaction supportés par l’épargnant). « La sécurité, la liquidité et l’accessibilité à

6 - En ce qui concerne la plupart des institutions du SFD au Burkina, puisque les dépôts à la FCPB
ne sont pas rémunérés à l’exception des dépôts à terme, le taux d’intérêt est a priori exclu des
déterminants significatifs du volume de l’épargne des ménages.

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l’épargne monétaire sont les critères déterminants permettant de décider où et
comment épargner, particulièrement pour les personnes pauvres ne pouvant se
permettre de courir des risques ». Et, selon le contexte culturel, la discrétion 7 est
un point important lorsque les gens choisissent un endroit pour leur épargne.

Les études sur le comportement d’épargne des ménages pauvres en Asie, en


Afrique et en Amérique latine s’accordent toutes sur les différents motifs d’épar-
gne. GOLDSTEIN et BARRO (1999) dans une étude empirique intitulée Étude sur le
rôle et l’impact des services et produits d’épargne du secteur informel et des
institutions de microfinance en Afrique de l’Ouest montrent que les femmes
pauvres utilisent différents services d’épargne dans divers buts. Elles épargnent :
a) dans des systèmes financiers décentralisés dans le but d’obtenir un crédit ; b)
auprès d’un collecteur de dépôts afin de gérer les liquidités de leurs activités
économiques ; c) et dans des tontines pour la consommation future, les dépen-
ses liées à la santé, le logement et les activités économiques ainsi que les relations
sociales. Ces ménages épargnent dans leur majorité non seulement :
- pour réduire leur vulnérabilité aux chocs (revenus, santé, décès, etc.). Ces
ménages, vivant dans l’incertitude vis-à-vis de leur capacité à couvrir les besoins
de base de leur famille et les urgences qui peuvent survenir (maladie, perte
d’emploi, mauvaises récoltes, etc.), réduisent leur consommation afin de s’assu-
rer contre les « mauvais jours » (DAUNER, 2004 ; MUTESASIRA, 1999).
- pour accumuler des sommes forfaitaires en vue de couvrir les dépenses relatives
aux besoins du cycle de vie (mariage, naissance et baptême des enfants, etc.) et
de payer les frais d’éducation des enfants et de santé de la famille (RUTHERFORD,
2002).
- pour acquérir du matériel de construction ou d’investissement dans des activités
productives (agriculture, commerce, artisanat, etc.) afin de conforter l’économie
du ménage (BEURET et BEURET, 1992).
- pour léguer de l’argent à la parenté restée au village (RUTHVEN, 2001).
- pour obtenir ou rembourser un crédit. Ce motif est souvent cité dans les études
empiriques sur l’épargne des ménages pauvres. Étant donné que beaucoup
d’institutions financières imposent à leurs clients de déposer de l’argent sur un
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compte comme condition préalable à l’obtention d’un crédit, ce motif devient
une motivation certaine pour ces ménages (RUTHERFORD, 2002 ; Goldstein et
BARRO, 1999 ; DAUNER, 2004).

L’analyse de la littérature existante autorise la formulation des hypothèses


ci-dessous :

Dans un premier groupe d’hypothèses, on considère que les caractéristiques


et les mécanismes institutionnels de demande de l’épargne et de l’offre de crédit
par le SFD déterminent le volume de l’épargne des ménages pauvres :
- la facilité d’accès au crédit et/ou le montant des crédits reçus l’année précédente
par les ménages incitent à l’épargne ;
- la liquidité du SFD ou la disponibilité de l’épargne à tout moment pour les
ménages au niveau du SFD détermine le volume de leur épargne ;

7 - Dans certaines cultures, les gens aiment montrer ce qu’ils possèdent parce que cela renforce
leur statut social. Dans d’autres, les gens préfèrent le cacher. Ces derniers critères relèvent des
caractéristiques des institutions de la microfinance et de leur fonctionnement.

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- la sécurité des dépôts est un facteur motivant les ménages pauvres à épargner ;
- la proximité des guichets, c’est-à-dire la distance séparant le lieu de résidence et
le point de service du SFD, est une incitation pour les individus et les ménages à y
ouvrir un compte d’épargne ;
- la transparence et/ou la discrétion des services sont des incitations à épargner
davantage pour les ménages pauvres.
Dans un deuxième groupe d’hypothèse, on considère que les caractéristiques
socioéconomiques des ménages ont une influence significative sur leur volume
d’épargne dans le SFD :
- plus le revenu du ménage augmente, plus il épargne
- le nombre de personnes à charge de l’épargnant (la taille de sa famille) influence
le volume de son épargne ;
- le niveau d’éducation formelle ou nombre d’années de scolarisation de l’épar-
gnant affecte significativement le volume de l’épargne du ménage ;
- l’âge du chef de ménage qui détermine sa position dans le cycle de vie peut
affecter également le volume de l’épargne du ménage ;
- la fréquence des dépôts de l’épargnant dans le SFD affecte le volume de
l’épargne ; cette hypothèse a trait à la situation où le ménage est contraint de
réaliser une épargne forcée régulière pour rembourser un crédit contracté.
Le test de ces hypothèses a nécessité la réalisation d’une collecte de données
sur les épargnants de la FCPB.

II – ÉLÉMENTS D’INFORMATION SUR LES SERVICES


ET LES MEMBRES DE LA FCPB

1 – Méthode de collecte de l’information : le sondage


L’objectif est de toucher par ces enquêtes l’ensemble des catégories d’épar-
gnants des Caisses populaires de la ville de Ouagadougou. Aussi faut-il segmenter
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les épargnants selon leur nombre par catégorie afin de pouvoir construire un
échantillon représentatif. Ainsi, au 31/12/2003, l’Union régionale des Caisses
populaires du Centre (URCPC) comptait 167 486 membres au total dont
158 167 individus, 9 319 personnes morales. Cette Union regroupe 18 caisses ou
points de service dont 7 caisses localisées à Ouagadougou.
Un millième des membres de l’URCPC avait été retenu pour les besoins de
l’enquête, 75 % d’individus et 25 % de personnes morales (groupements associa-
tifs et autres). Mais, sur le terrain, nous avons pu contacter 1,22 ‰ membres
soient 205 membres toutes catégories confondues : 91 % parmi les membres
individuels, 74 % d’hommes et 17 % de femmes, et 9 % de groupements de
femmes. Il convient de souligner que l’analyse des déterminants du volume de
l’épargne ne concerne que l’épargne individuelle, celle-ci représentant 91,90 %
des dépôts effectués par l’ensemble des épargnants du SFD dans la structure des
dépôts en 2001, les groupements ne représentant que 8,10 % des dépôts
(BCEAO, 2001, p. 18). Nous avons construit un échantillonnage raisonné dont les
différentes strates sont données dans le tableau 1.

906 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


Tableau 1 – Distribution effective des enquêtés selon la caisse, le sexe

Personnes morales
Caisses Hommes Femmes (groupements Total
féminins)

CISSIN 32 9 4 45

SIGNOGHIN 22 9 1 32

SONGTAABA 29 6 1 36

DASSASGHO 21 2 0 23

GOUNGHIN 19 4 0 23

DAPOYA 29 4 13 46

Total 152 34 19 205

Les unités sondées ont été choisies au hasard parmi les clients de chaque
caisse lors des heures de service, selon le sexe et le type d’épargnant. La collabo-
ration des agents des caisses a facilité la réalisation de l’enquête, ceux-ci deman-
dant à leurs clients de répondre à des questions pour une étude effectuée par
la FCPB.

Les données collectées concernent les caractéristiques des services de la FCPB


à Ouagadougou, celles socioéconomiques des épargnants. Des variables quanti-
tatives ont été saisies, comme le montant des crédits contractés par les épar-
gnants au cours des quatre années ayant précédé l’enquête (2004) et le solde de
leur épargne en fin 2003. L’analyse de ces deux variables fait l’objet des para-
graphes suivants.
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2 – Volume des crédits contractés par les épargnants
de la FCPB
L’impact du SFD sur la société peut être perçu par la contribution de celui-ci à
améliorer les conditions de vie des ménages et à financer l’activité des individus
et/ou des entreprises et groupements associatifs. Le graphique 1 montre l’évolu-
tion du nombre de bénéficiaires de crédits et du montant total de crédits reçus
parmi les enquêtés entre 1999 et 2003. Parmi les 205 épargnants enquêtés de la
FCPB à Ouagadougou (186 individus et 19 groupements), 12 ont déclaré avoir
demandé et reçu chacun un crédit en 1999 d’un montant cumulé de 6,130 mil-
lions de FCFA, 10 autres ont reçu en 2000 un montant cumulé de 5,4 millions de
FCFA ; pour les années 2001, 2002 et 2003, le nombre de bénéficiaires de crédits a
été respectivement de 18, 37 et 42, avec des montants cumulés respectifs en
millions de FCFA de 7,365, 20,850 et 21,315. De 1999 à 2003, ces 205 membres
des caisses populaires de la ville de Ouagadougou ont reçu au total 119 crédits
d’un montant global de 61,060 millions de FCFA ayant permis de financer aussi
bien le côté social que les activités productives.

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 907


Graphique 1 – Évolution des crédits contractés en FCFA et des bénéficiaires
entre 1999 et 2003

45 25 000 000

40

20 000 000
35

30
15 000 000
25
Bénéficiaires Crédits
20
10 000 000
15

10
5 000 000

0 0
Crédit en 1999 Crédit en 2000 Crédit en 2001 Crédit en 2002 Crédit en 2003

Crédits réçus Nombre bénéficiaires

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

Graphique 2 – Évolution du nombre de crédits reçus selon le motif


de demande du crédit
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Autres équipements

Scolarité/Sante/Consommation/Social

Commerce

Achat parcelle/Construction

Achat de moyens de déplacement

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Proportion de bénéficiaires (%)

Pr opor tion 1999 Pr opor tion 2000 Pr opor tion 2001 Pr opor tion 2002

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

908 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


Ces crédits ont permis en 1999 de financer soit la scolarité des enfants (8 % du
nombre de crédits), soit l’achat de moyens de locomotion (67 % du nombre de
crédits), soit les activités commerciales (8 %), soit les achats de parcelle et/ou de
construction (17 %). En 2001 et 2002, 33 % du nombre de crédits ont permis de
financer l’acquisition d’autres équipements constitués par l’achat de machines et
bien d’autres équipements productifs. Dans l’ensemble, les 118 crédits reçus par
les 205 membres sondés des caisses populaires de la ville de Ouagadougou
auraient permis d’améliorer les conditions de vie de ces membres et leurs activi-
tés économiques et commerciales. Le graphique 3 donne la répartition des
crédits en 2003 selon la profession des bénéficiaires.
Graphique 3 – Répartition des crédits en 2003 selon la profession
des bénéficiaires

Nombre de bénéficiaires en 2003

Toutes professions

Autres agents du privé

Autres agents du public

Gardiens / Vigiles/ Nettoyage/ Ouvriers

Elèves / Etudiants

Artisans

Commerçants

Enseignants

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Nombre de bénéficiaires de crédits en 2003


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Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

Les crédits obtenus par les enquêtés touchent des couches sociales défavori-
sées très diverses. En 2003, sur 42 membres individuels ayant obtenu des crédits
d’un montant agrégé de 21,315 millions de FCFA, 39 hommes ont reçu
19,915 millions de FCFA parmi lesquels on dénombre 15 enseignants du primaire,
5 commerçants, 4 artisans, 6 hommes des professions du gardiennage (vigiles,
gardiens) et des services de nettoyage et 6 autres agents du secteur public. Trois
femmes ont bénéficié d’un montant cumulé de 1,4 million de FCFA dont une
travaillant dans les services de nettoyage, une autre dans la fonction publique et
une commerçante. La majorité de ceux qui ont obtenu un crédit en 2003 sont des
agents de la fonction publique à très bas niveau de revenu qui reçoivent réguliè-
rement leurs salaires par virement aux caisses de la FCPB ; du fait que leurs
salaires sont virés dans ces caisses, ceux-ci n’ont plus à fournir des garanties pour
obtenir de petits crédits. Parmi les 15 enseignants ayant obtenu un crédit en 2003,
8 ont reçu chacun un montant de 100 000 FCFA, la moyenne des crédits obtenus
par ceux-ci ayant été de 266 667 FCFA par commerçant. Les 6 commerçants

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 909


reçoivent ensemble un crédit d’un montant cumulé de 5 900 000 FCFA, soit une
moyenne de 983 333 FCFA par commerçant ; ceux-ci épargnent pour le crédit, et
on observe également qu’ils reçoivent des crédits d’importants montants dont le
maximum a été de 3 000 000 FCFA (annexe 1).
Globalement, les crédits octroyés aux épargnants leur permettent de perpé-
tuer leurs activités économiques et de financer leur consommation, l’éducation et
la scolarité de leurs enfants et l’acquisition de biens d’équipements. Ainsi, on
pourrait avancer que le SFD contribue à lutter contre la pauvreté.

3 – Volume de l’épargne réalisée par les épargnants


enquêtés en 2003
Le degré de lien entre les facilités de crédit et l’épargne a une influence
importante sur l’épargne. Ce lien incite les populations à déposer leur épargne
dans les institutions financières afin de pouvoir obtenir un crédit quand ils en
auront besoin. Quand le crédit accordé à un membre est investi dans des activités
lucratives, celui-ci peut accroître son revenu, et éventuellement son épargne.
Aussi l’épargne obligatoire joue positivement sur le volume de l’épargne. Sur les
205 membres touchés par le sondage, 181 épargnants individuels ont réalisé une
épargne, dont 2 dépôts à terme, et 17 groupements ont réalisé des dépôts à vue.
Le tableau 2 donne le volume de l’épargne réalisée par ces épargnants.

Tableau 2 – Volume de l’épargne des enquêtés au 31/12/2003

Quelques Épargne individuelle en FCFA


indicateurs
Dépôts à vue Dépôts à terme
Somme 81 268 211 1 525 000
Moyenne 454 012 762 500
Écart type 1 175 571 1 042 983
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Épargne des groupements en FCFA
Dépôts à vue Dépôts à terme
Somme 9 663 315 0
Moyenne 568 430 0
Écart type 957 919 0
Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004)

Au total, les épargnants individuels ont réalisé en 2003 une épargne de


82,793 millions de FCFA dont 1,525 millions au titre des dépôts à terme. La
moyenne individuelle de l’épargne a été de 454 012 FCFA et celle des dépôts à
terme de 762 500 FCFA. Quant aux groupements, ils n’ont pu réaliser de dépôts à
terme et ont seulement constitué une épargne équivalente de 9,7 millions de FCFA
en 2003, avec une moyenne par groupement de 568 430 FCFA. Dans les deux cas,
on observe une forte dispersion du volume de l’épargne car les écarts types
comparés aux moyennes de l’épargne par catégorie sont très élevés : ce qui montre
que dans chaque catégorie d’épargnants (individus et groupements), le volume de

910 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


l’épargne varie fortement, les uns faisant de petits dépôts, et les autres déposant
des montants relativement plus importants. Dans l’ensemble, à la FCPB à Ouaga-
dougou, on observe une épargne individuelle (95,9 %) qui dépasse largement celle
des groupements et des entreprises (4,1 %). Cette donne est assez proche de la
réalité en comparaison des statistiques de 2001 sur l’ensemble des SFD au Burkina
Faso, qui donnent 91,9 % pour l’épargne individuelle mobilisée contre 8,1 % pour
l’épargne des entreprises et groupements (BCEAO, 2001, p. 18).

4 – Caractéristiques des services de la FCPB et motifs


de l’épargne chez les ménages
La littérature a montré l’importance des mécanismes institutionnels comme
facteurs incitatifs à la mobilisation de l’épargne des ménages pauvres par les
institutions de la microfinance. Dans les paragraphes suivants, une analyse des-
criptive des motivations des membres de la FCPB précisera non seulement les
mobiles qui les ont poussés à y ouvrir un compte épargne, mais également ceux
qui les incitent à épargner.
A – Offre de services d’épargne de la FCPB : les raisons d’adhésion
des ménages

Les raisons principales mentionnées par les épargnants pour ouvrir un


compte épargne à la FCPB sont présentées dans le graphique 4.
Graphique 4 – Répartition des épargnants interrogés selon le motif
de l’ouverture du compte

45

40
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35

30

25

20

15

10

0
Epargner Sécuriser leur Proximité de Facilité d'accès Virer son Faible coût de Disponibilité à
argent la caisse du lieu au crédit salaire l'ouverture du tout moment
de résidence compte de leur argent

Raison de l'ouverture du compte

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004)

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 911


Parmi les personnes interrogées, 41,89 % disent avoir ouvert leur compte
pour épargner, 13,96 % pour sécuriser leur argent, 12,29 % pour les facilités
d’accès au crédit données par les caisses populaires ; pour 10,05 %, ils ont ouvert
leur compte à la caisse à cause de sa proximité à leur lieu de résidence, 10,62 %
ont ouvert un compte FCPB pour y virer leur salaire. Dans l’ensemble, les raisons
évoquées par les épargnants sont d’ordre économique et correspondent à des
caractéristiques spécifiques des caisses populaires de la FCPB qui déploie
d’importants efforts pour étendre son activité (augmentation du nombre de
points de services, allégements des conditions d’accès aux crédits, etc.). Ces
caractéristiques constituent la spécificité des caisses populaires, qui paraissent
dans l’ensemble déterminer le volume de l’épargne des individus.
Le tableau 3 fait apparaître la perception des épargnants sur la liquidité de la
FCPB. En effet, 94,6 % des épargnants interrogés disent être satisfaits par rapport
à l’accès à tout moment à leur épargne : ce qui atteste de la capacité de la FCPB à
répondre au besoin de liquidité de sa clientèle.

Tableau 3 – La disponibilité de l’épargne à tout moment

Accès facile à son épargne Effectif Fréquence relative (%)


Satisfait 86 46,2
Très satisfait 90 48,4
Insatisfait 10 5,4
Total 186 100,0
Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004)
Note : Les personnes qui se déclarent insatisfaites par rapport à une caractéristique particulière de la
FCPB regroupent les enquêtés qui pensent que la caractéristique en question n’est pas mise en œuvre
dans par les services de la FCPB.

Le tableau 4 donne la perception sur la transparence des opérations effec-


tuées dans les points de service, ce qui dénote de la simplicité des services rendus
par la FCPB. Seuls 5,4 % des épargnants ont répondu ne pas être satisfaits de la
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transparence des services. Quant au tableau 5, il donne la répartition des
épargnants selon leur perception de la discrétion des opérations effectuées dans
les points de services. Il faut noter que 14,5 % des épargnants ne sont pas
satisfaits de la discrétion des opérations qu’ils réalisent quotidiennement dans
leur caisse populaire. Il y a lieu d’investir dans ce sens pour avoir un cadre
convivial pour les membres.

Tableau 4 – La distribution des épargnants selon la transparence des services

Transparence des services Effectif Fréquence relative (%)


Satisfait 61 34,4
Très satisfait 112 60,2
Insatisfait 10 5,4
Total 186 100,0
Source : Résultats d’enquêtes réalisées auprès des épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004)

912 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


Tableau 5 – La distribution des épargnants selon la discrétion des services

Discrétion des services Effectif Fréquence relative (%)


Satisfait 61 32,8
Très satisfait 98 52,7
Insatisfait 27 14,5
Total 186 100,0

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004)

Enfin, au sujet de la perception qu’ont les épargnants de la qualité des services


dans les points de service, 13,5 % d’entre eux se disent insatisfaits de l’accueil
quotidiennement réservé dans leur caisse populaire. Ce taux nous paraît assez
élevé, quand on sait que l’épargne à la FCPB n’est pas rémunérée (sauf pour les
dépôts à terme). Aussi, dans le cadre du management d’une entité, l’accueil est
un élément déterminant à ne pas négliger (annexe 2). Quant à la question relative
à la sécurité des dépôts, les épargnants reconnaissent à 94,5 % que l’argent qu’ils
déposent dans les caisses populaires est en sécurité. Sachant que près de 14 %
des épargnants interrogés ont ouvert un compte à la FCPB pour sécuriser leur
argent, et qu’en général la sécurité des fonds déposés constitue un argument
important pour une bonne politique de mobilisation de l’épargne, la FCPB
devrait rassurer davantage ses clients quant à la sécurité des dépôts (annexe 3).

Le graphique 5 présente la distribution des épargnants selon la perception de


la qualité globale des services des caisses de la FCPB à Ouagadougou et les
solutions proposées.
Graphique 5 – Solution proposée par les épargnants selon la perception
de qualité du service
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Satisfait Non satisfait

Créer un guichet de renseignement

Rémunérer l'épargne

Améliorer l'accueil

Améliorer le Cadre: bâtiments,


toilettes, climatisation

Améliorer les conditions d'accès au


crédit

Augmenter le nombre de guichets

Informatisation du service

0 5 10 15 20 25 30

% votes/Solution proposée

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 913


Ce graphique permet une hiérarchisation des solutions proposées par les
épargnants par rapport à leur perception de la qualité globale du service de la
FCPB. Bien que seulement 11,11 % des 153 répondants aient été insatisfaits des
services de la FCPB de Ouagadougou, ils ont tous proposé des solutions pour
améliorer les services du SFD. En premier lieu, 32,68 % de ceux-ci recommandent
une informatisation des services des caisses, ce qui selon eux leur permettra
d’opérer dans n’importe quelle caisse quelle que soit la province, la ville ou le
quartier d’implantation ; ce qui permettrait d’optimiser l’utilisation de leur épar-
gne et de gagner du temps. Ensuite, 30,07 % d’entre eux demandent une aug-
mentation du nombre de guichets dans les caisses, vu l’affluence et le temps
qu’ils mettent pour effectuer une opération. Nous pensons qu’une informati-
sation des services des caisses pourrait pallier le problème d’augmentation du
nombre de guichets. Puis, 16,99 % demandent l’amélioration de l’accueil dans les
points de service et 16,34 % demandent à ce que les conditions d’accès au crédit
soient allégées. Enfin, 1,96 % demande une amélioration du cadre d’accueil des
points de service, 1,31 % demande la rémunération de leur épargne et 0,65 % de
créer un guichet de renseignement dans les points de service.

b – Les motifs de l’épargne donnés par les membres de la FCPB

Les tableaux 6 et 7 donnent des éléments d’information sur les motifs de


l’épargne ; 95,5 % des épargnants répondent qu’ils épargnent par précaution pour
parer à des besoins éventuels de la famille et ou de l’entreprise individuelle
(tableau 6). Seulement 49,3 % épargnent pour des raisons de transactions (achat
d’un moyen de locomotion, constituer un fonds de commerce, ouvrir sa boutique
et/ou réaliser un projet d’investissement social, etc.) (tableau 7) ; en effet, cette
proportion semble concerner les épargnants actifs dans le commerce et/ou l’artisa-
nat où l’obtention d’un marché nécessite un besoin immédiat de financement.

Tableau 6 – Motifs de précaution de l’épargne

Motifs Fréquence relative (%)


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Motifs de précaution 95,5
Autres 4,5
Total 100,0

Source : Résultats d’enquêtes réalisées auprès des épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

Tableau 7 – Motifs de transaction de l’épargne

Motifs Fréquence relative (%)


Motifs de transactions 49,3
Autres 50,7
Total 100,0

Source : Résultats d’enquêtes réalisées auprès des épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

914 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


On observe sur l’ensemble des épargnants sondés une satisfaction sur la
qualité des services de la FCPB. Très diversifiés par leur niveau de revenu, leur
niveau d’instruction, leur profession, les membres des caisses de la FCPB consti-
tuent une épargne importante, et bénéficient d’importants crédits qui leur per-
mettent de financer tant leur consommation, l’éducation de leurs enfants, que
l’acquisition d’équipements productifs. Les descriptions précédentes mettent à
nu bien des caractéristiques de la FCPB et les mobiles des épargnants censés
déterminer le volume de leur épargne. Ces analyses permettent de mieux cerner
les hypothèses formulées et d’amorcer l’évaluation économétrique des détermi-
nants du volume de l’épargne de ces ménages à bas niveau de revenu.

III – ÉVALUATION ÉCONOMÉTRIQUE DES DÉTERMINANTS


DU VOLUME DE L’ÉPARGNE

1 – Spécification fonctionnelle
Le modèle d’analyse retenu est calqué sur l’étude réalisée par BONDA (1998,
pp. 67-69) sur les déterminants de l’épargne et du crédit au Cameroun. C’est un
modèle linéaire simple utilisant des données transversales :
Ei = f (Csi’Cri’Cei)
Dans cette équation,
Ei représente le montant de l’épargne (solde des dépôts en caisse) par l’indi-
vidu i à la fin de l’année t.
Csi est le vecteur des caractéristiques socioéconomiques et démographiques de
l’individu i. Il comprend : l’âge, le sexe, le niveau d’instruction, la taille du ménage
(nombre de personnes à charge), le total du revenu annuel du chef de ménage.

Cri est le vecteur des caractéristiques des relations entre l’individu i et les
institutions du SFD utilisés. Il comprend : la qualité des services offerts, la dis-
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tance entre le lieu de résidence ou de travail de l’individu au point de service de la
caisse, le coût d’ouverture du compte, l’accès du crédit, le montant de crédit reçu
par l’individu l’année t-1, la fréquence des dépôts.
Cei est le vecteur des caractéristiques des institutions du SFD utilisées choisies
par l’individu i pour épargner. Il comprend : la transparence, la liquidité, la
discrétion des transactions, la sécurité des fonds.
Nous avons retenu une forme fonctionnelle semi-logarithmique afin de pou-
voir normaliser les valeurs de la variable dépendante aux valeurs des variables
explicatives qui sont pour la plupart qualitatives. Aussi, la fonction à estimer peut
s’écrire comme suit :
Log (Ei) = f (Csi’Cri’Cei)

2 – Méthode d’estimation
Onze études réalisées sur les déterminants de l’épargne rurale utilisent toutes
des modèles à équation unique et la méthode des moindres carrés ordinaires

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 915


(MCO) pour estimer les équations formulées (DESAI et MELLOR, 1993 ; BONDA,
1998, p. 68). De même, souligne MADDALA (1983 ; 1992), lorsque la stratification
est effectuée à partir d’une variable exogène, le modèle peut être estimé à partir
de la méthode des moindres carrés ordinaires sans toutefois entraîner de biais.
Aussi, la méthode des MCO semble appropriée pour estimer les paramètres du
modèle retenu.

3 – Définition des variables

Les caractéristiques socioéconomiques et démographiques comprennent l’âge,


le sexe, le niveau d’éducation, la taille de la famille, le ratio de dépendance, la source
de revenu et le revenu. Pour les relations entre la clientèle et les caisses populaires
de la FCPB, la distance entre la résidence du client et l’institution financière, le
montant de crédit reçu par le client en 2002, et la fréquence des dépôts sont
considérés. Les caractéristiques des institutions financières comprennent la transpa-
rence et la liquidité des opérations, la sécurité des dépôts, la discrétion (ou
confidentialité) dans les transactions. Le tableau 8 présente les différentes variables
retenues pour les analyses économétriques ainsi que les signes attendus.

Tableau 8 – Définition des variables

Variables Définition Signes


attendus
Variable dépendante
Montant de l’épargne Encours de l’épargne effectuée au 31/12/2003 (solde en
FCFA)
Variables indépendantes : Les caractéristiques socioéconomiques et démographiques
Âge Âge de l’épargnant (années) +
Sexe Variable binaire (femme = 0, homme = 1)
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Niveau d’éducation Illettrisme = 0, Primaire = 1, Secondaire = 2, Supérieur = 3 +/-
Taille de la famille Nombre de personnes à charge de l’épargnant -
Revenu de l’épargnant Total du revenu annuel (en FCFA) +
Variables indépendantes : Les caractéristiques des relations avec les SFD
Distance jusqu’au SFD Distance entre la résidence de l’épargnant et la caisse -
populaire (km)
Fréquence des dépôts Fréquence annuelle des dépôts (annuelle) +
Variables indépendantes : Les caractéristiques des SFD
Transparence Transparence des transactions : insatisfait = 0, satisfait = 1 +
Faible coût de gestion Faibles coûts de gestion : insatisfait = 0, satisfait = 1 +
Sécurité Sécurité des fonds : insatisfait = 0, satisfait = 1 +
Liquidité Disponibilité de l’épargne à tout moment : insatisfait = 0, +
satisfait = 1

Source : Auteur, à partir de la revue de la littérature et des questionnaires élaborés.

916 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


Selon BONDA (1998, p. 120), « [...] dans les pays en développement, les hom-
mes contrôlent généralement les biens et revenus des ménages. Ils sont le plus
souvent responsables des cultures de rente, et sont beaucoup plus impliqués
dans des affaires commerciales importantes que les femmes. Ainsi, il est possible
de poser comme hypothèse que les hommes épargnent des montants plus élevés
que les femmes ».

4 – Présentation et discussion des résultats du modèle


estimé

Les résultats répertoriés dans le tableau 9 révèlent une valeur de la statistique F


significative au seuil de 1 % : cela atteste que les coefficients des différentes varia-
bles explicatives inclues dans le modèle, prises ensemble, sont significativement
différents de zéro. La valeur de R2-ajusté permet de dire que les variables utilisées
expliquent 34 % du volume de l’épargne urbaine des membres des caisses popu-
laires de la FCPB de Ouagadougou. Dans le cas de séries temporelles, la valeur
attendue R2 doit être au moins égale à 0,50 pour prétendre à une bonne adéqua-
tion du modèle estimé. Nous avons utilisé des données en coupe instantanée et
avons donc obtenu un coefficient de détermination qui n’est pas très élevé. Dans la
majeure partie des études empiriques utilisant ce type de données, la valeur de ces
coefficients de détermination attesterait d’une bonne adéquation du modèle 8, si et
seulement si les tests de Student et de Fisher sont bons.

Parmi les onze paramètres estimés, le test de Student sur les coefficients pris
individuellement, permet de retenir quatre variables qui sont significativement
différentes de zéro au seuil maximum de 10 %. Par rapport aux signes attendus,
ceux de l’âge, de la fréquence des dépôts, de la taille de la famille de l’épargnant,
de la sécurité des dépôts et du revenu total de l’épargnant sont apparus confor-
mes ; cependant, les coefficients estimés de la taille de la famille, du sexe, de la
transparence des services offerts et de la liquidité de la FCPB n’ont été pas
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statistiquement significatifs.

L’âge est important dans l’explication de l’épargne, à cause de son effet sur le
profil de richesse des individus. Selon l’hypothèse du « cycle de vie », le
comportement de l’épargne d’un ménage est déterminé par le niveau des biens
qu’il désire acquérir. Ainsi, les personnes âgées seraient plus disposées à l’épar-
gne : autrement dit, les jeunes ménages commencent par s’endetter, pour
ensuite se désendetter avant de pouvoir constituer une épargne conséquente. Le
coefficient de « l’âge » est de signe positif et significatif au seuil de 10 %. Ce qui
confirme l’hypothèse du cycle de vie où la valeur du coefficient de l’âge indique
qu’une hausse de 1 % de l’âge de l’épargnant entraîne une hausse de son volume
de l’épargne de 0,03 % aux caisses populaires.

8 - C’est le cas de la modélisation des parts budgétaires réservées à l’alcool et au tabac, réalisée sur
les ménages belges, où les R2 sont très faibles (de l’ordre de 5 % et de 15 %) mais qui expliquent
efficacement le comportement des ménages par rapport au revenu (VERBEEK, 2000). C’est aussi le cas
de celle de WOOLDRIDGE (2000, p. 40) sur les salaires avec un R2 de l’ordre de 1,3 % mais avec des
paramètres très significatifs et un bon pouvoir explicatif du phénomène étudié.

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Tableau 9 – Déterminants de l’évolution du volume de l’épargne
urbaine à la FCPB/Ouagadougou

Paramètres estimés du modèle


Coefficient Valeur-t
Caractéristiques socioéconomiques
Constante 7,48 4,68***
Age 0,03 1,90*
Sexe -0,09 -0,19
Niveau d’instruction -0,01 -0,33
Fréquence des dépôts 0,01 3,08***
Taille de la famille -0,02 -0,75
Revenu annuel 0,04 5,58***
Caractéristiques des caisses FCPB
Distance de la caisse au lieu de résidence 0,00 0,08
Sécurité des dépôts 2,39 2,48**
Transparence des services offerts -0,38 -1,56
Coûts faibles de gestion du compte 0,30 0,73
Liquidité (disposer de son épargne à tout moment) -0,69 -0,89
Adéquation du modèle estimé
R-2 0,41
R-2 ajusté 0,34
Durbin-Watson statistic 1,84
F-statistic 726,34***
Nombre d’observations 138
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Source : Résultats d’analyse économétrique, données d’enquêtes réalisées (du 15/09 au 14/10/2004).
Note : Les signes *, **, *** représentent sur les valeurs de la t - statistique respectivement la
significativité de 10 %, 5 % et 1 %.

Une famille nombreuse indique une large dépendance sur le chef de famille,
et cette situation affecterait négativement le taux d’épargne de ce dernier. Le
signe attendu du coefficient s’est révélé sans être cependant significatif.

Le niveau d’éducation est un indicateur important dans l’explication du


comportement financier des individus. Une personne éduquée serait mieux infor-
mée de l’existence des différentes institutions financières, et des opportunités
qu’elles offrent. Elle serait davantage disposée à assimiler les procédures et les
principes de fonctionnement, à apprécier les bénéfices (tels que le taux d’intérêt
positif, la sécurité des fonds, etc.), et pourrait de ce fait décider du volume de ces
opérations avec l’institution. Cependant le coefficient estimé de cette variable n’a
pas été significatif.

918 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


Dans les travaux de KEYNES (1936) 9, il est reconnu que le niveau du revenu
exerce une influence positive sur l’épargne. En effet, le revenu des populations
influence l’épargne à travers son effet sur la capacité et la volonté à épargner. Ces
revenus proviennent de diverses sources (artisanat, petit commerce, travail sala-
rié des secteurs privé et public, etc.), qui influencent le volume de l’épargne en
fonction de leur niveau de rentabilité. Le coefficient de cette variable est très
significatif au seuil de 1 % et de signe positif. Autrement dit, une hausse de 1 % du
revenu de l’épargnant entraîne une hausse de son offre d’épargne de 0,04 %. Cela
confirme donc l’hypothèse théorique keynésienne selon laquelle, lorsque le
revenu du consommateur augmente, sa consommation augmente mais dans une
proportion moindre que l’augmentation du revenu : ce reliquat du revenu non
consommé va alors servir à constituer le patrimoine du consommateur, soit en le
plaçant dans les institutions financières, soit en l’utilisant pour l’acquisition de
biens mobiliers ou immobiliers. Il est donc recommandé, pour une bonne mobi-
lisation de l’épargne, de créer des emplois rémunérés et durables dans le dit
environnement. Cela nécessite pour les populations en général un accroissement
de leurs revenus, et donc leur capacité et leur volonté d’épargner dans les
institutions financières. Et cela requiert pour l’État et les donateurs de jouer
un rôle important dans la création d’infrastructures, le financement de
programmes d’alphabétisation, à travers des investissements dans des projets de
développement.

La fréquence des dépôts effectués par le client au cours de l’année est égale-
ment importante pour expliquer le comportement de l’épargne dans la mesure
où il est généralement accepté qu’une collecte régulière de l’épargne est une voie
innovante pour synchroniser la demande de l’épargne aux flux des revenus en
zone rurale (PADMANABHAN, 1988). Le coefficient de cette variable est significatif
au seuil de 1 % et de signe positif, ce qui confirme une influence positive de la
variable. La valeur du coefficient indique qu’une hausse de 1 % de cette fréquence
entraîne une augmentation du volume de l’épargne de l’individu de 0,01 %. Dans
tous les cas, l’épargne est forcée pour les demandeurs de crédits qui doivent
constituer des dépôts équivalents au quart du montant empruntable.
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La confiance et les incitations sont les bases de toutes transactions financières.
Ceci est plus valable chez les populations rurales, qui sont prudentes quand il
s’agit de confier leur épargne aux autres. La transparence, la liquidité, la sécurité,
et la discrétion sont quelques-uns des facteurs qui développent la confiance (et
incitent), pour ensuite accroître l’épargne institutionnelle et la demande de
crédit (BEVERLY et SHERRADEN, 1999). Les signes attendus pour les caractéristiques
des caisses populaires ne sont pas apparus pour la transparence des opérations et
la liquidité de la FCPB. Cependant le coefficient de la variable « sécurité des
fonds déposés » s’est révélé statistiquement significatif au seuil de 5 % et de signe
positif ; cela indique qu’une amélioration de la sécurité des fonds déposés a un
effet très significatif sur le volume de l’épargne des individus. Les résultats d’ana-
lyse du modèle sur trois secteurs par BONDA (1998, p. 132) a révélé un coefficient
de la variable « transparence » non significatif.

9 - Relevés dans BONDA (1998, p. 120), COMBEMALE (1999) et VILLIEU (1997).

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 919


Cette analyse économétrique des déterminants du volume de l’épargne déli-
vre des résultats qui s’accordent avec la réalité économique des épargnants et
avec certaines hypothèses théoriques. Bien que toutes les variables explicatives
n’aient pas donné un signe conforme à nos attentes (le niveau d’instruction, la
transparence des opérations, la liquidité de la caisse populaire), et n’aient pas été
significativement déterminantes du volume de l’épargne (la taille de la famille de
l’épargnant, le niveau d’instruction, la distance entre le lieu de résidence de
l’épargnant de la caisse populaire), quelques explications ont pu être données.

L’analyse descriptive a montré que les épargnants étaient attachés à leurs


caisses populaires : leur perception globale de la qualité du service que les caisses
de la FCPB leur pourvoient était satisfaisante pour la majeure partie des membres
interrogés. Cependant, ils ont tantôt souligné la nécessité d’améliorer l’accueil
dans les points de service, d’informatiser le service dans son ensemble pour
permettre un accès global des caisses à chaque bénéficiaire quelle que soit sa
caisse de domiciliation, d’augmenter le nombre de guichets dans les caisses, et
enfin d’améliorer le cadre physique des points de service. Dans plus de 95 % des
cas, les individus interrogés épargnent pour des motifs de précaution et
seulement 49 % pour des motifs de transaction.

L’évaluation économétrique des déterminants du volume de l’épargne des


ménages a donné des résultats assez encourageants : les coefficients estimés
relatifs au revenu, à la fréquence des dépôts déterminent positivement et
significativement le volume de l’épargne dans les caisses populaires à Ouagadou-
gou. Le résultat obtenu sur le revenu montre que les épargnants des caisses
populaires de Ouagadougou sont d’autant plus motivés à épargner davantage
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que leur revenu est élevé. De même, l’hypothèse du cycle de vie a été avérée car
le coefficient de la variable « âge » a été significatif ; le coefficient de la variable
« niveau d’instruction » n’a pas été significatif.

Au bout de cette étude, les mécanismes institutionnels et les incitations


attractives de l’épargne se révèlent être très déterminants non seulement au
regard de la perception des épargnants mais aussi des résultats économétriques.
C’est pourquoi une plus grande mobilisation de l’épargne des ménages pauvres
requiert un renforcement des caractéristiques des caisses populaires de la FCPB,
dont les principaux traits sont développés ci-dessous.

Une informatisation des services d’épargne et de crédit. Cette recommanda-


tion vise essentiellement à optimiser l’utilisation de toutes les caisses de la FCPB
par tous les bénéficiaires, quelle que soit la caisse de domiciliation, la ville ou la
province de la caisse. Sa mise en œuvre permettra également de diminuer le
temps de réalisation d’une opération en caisse. Par exemple, un membre de la
FCPB domicilié dans une caisse A de la ville de Ouagadougou, ne peut faire ni

920 REVUE TIERS MONDE - N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008


dépôt, ni retrait dans une caisse B de la même ville ; ne parlons pas des caisses de
localités différentes... Cette contrainte fortement perçue par les membres de la
FCPB requiert la mise en œuvre d’infrastructures adéquates pour faciliter les
transactions financières des membres de cette institution, et participe à l’innova-
tion des services de celle-ci. En effet, la FCPB est la coopérative d’épargne et de
crédit la plus importante du Burkina tant au niveau du nombre de points de
service, du volume annuel des dépôts que des crédits annuellement octroyés. En
fin 2003, la FCPB comptait à elle seule 120 points de services localisés dans 38
provinces sur les 45 provinces que compte le pays. L’informatisation des services
de la FCPB permettra non seulement une meilleure fluidité et mobilité des
services d’épargne et de crédit de ses membres entre points d’une même localité
d’une part, et entre points de services de localités différentes (villes, départe-
ments et provinces), mais aussi de désengorger les caisses localisées dans les
centres villes où il est observé de longues files d’attente lors des heures de
services.

L’amélioration de la sécurité et de la disponibilité des dépôts. La sécurité, la


liquidité et l’accessibilité à l’épargne monétaire sont les critères déterminants
permettant de décider où et comment épargner, particulièrement pour les
personnes pauvres ne pouvant se permettre de courir de risques. Ce sont des
facteurs qui développent la confiance, incitent, et accroissent l’épargne institu-
tionnelle et la demande de crédit. À ce titre, la demande des membres pour
l’amélioration du cadre des points de services y concourt : par exemple le stan-
ding des infrastructures d’accueil, la présence de vigiles au niveau des points de
services de la FCPB. À ce niveau, ces deux dernières années, plusieurs points de
services ont été réhabilités et mis en service notamment à Ouagadougou. La
caractéristique « sécurité des dépôts » s’est révélée une incitation significative
pour les ménages pauvres à adhérer aux services d’épargne de la FCPB. Plusieurs
études empiriques sur la mobilisation de l’épargne par les mutuelles d’épargne et
de crédit en Afrique confortent cette recommandation (DIOP, DORSNER et GROSS,
2003 ; DAUNER, 2004 ; BONDA, 1998).
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Une amélioration des conditions d’accès aux crédits en allégeant les garanties
demandées. Environ 13 % des épargnants déclarent avoir ouvert leur compte
pour les facilités d’accès aux crédits et nombreux sont ceux qui attentent l’allége-
ment des garanties. Au niveau de la FCPB, le montant de l’épargne disponible
détermine la capacité d’emprunt des membres car il leur est souvent demandé de
disposer un volume d’épargne d’au moins égal à 25 % du montant du crédit
demandé pour y prétendre. C’est une contrainte majeure pour ces ménages
pauvres. Il leur est également demandé d’autres types de garanties comme les
titres de propriétés d’une habitation, etc.

Une augmentation du nombre de guichets. Les bénéficiaires des services des


caisses populaires demandent d’une part l’augmentation du nombre de guichets
dans les points de services pour diminuer le temps de réalisation d’une opération
en caisse ; et d’autre part, l’amélioration du cadre d’accueil des points de service
pour écourter les longs temps d’attente. Ouagadougou est la capitale ouest-
africaine où les températures maximales sont les plus élevées, ce qui explique
l’idée de la climatisation des caisses.

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 921


L’ensemble de ces éléments vient renforcer l’idée selon laquelle une bonne
politique de mobilisation de l’épargne passe nécessairement par un accroisse-
ment des revenus des ménages. Sur le plan national, des incitations à la création
d’entreprises et au financement des activités rémunératrices pourraient accroître
l’emploi et pourvoir plus de revenus aux ménages. Cette recommandation relève
des politiques macroéconomiques d’emploi et de croissance économique. Il
serait donc souhaitable qu’une étude similaire puisse être appliquée à toutes les
caisses de la FCPB en particulier, et en général à l’ensemble des institutions du
SFD du Burkina Faso, afin d’identifier les déterminants du volume de l’épargne et
la demande de crédits. Cela aura pour conséquences de contribuer à l’intensifica-
tion de leurs activités par la mise en œuvres de politiques adéquates.
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ANNEXES

ANNEXE 1 – DISTRIBUTION DES ÉPARGNANTS SELON LE SEXE,


LES CRÉDITS REÇUS EN 2003 ET LA PROFESSION

Profession
Crédits
contractés Com- Gardiens/ Autres Autres Total
en 2003 en FCFA Ensei- mer- Élèves/ Vigiles/
gnants Artisans Étudiants agents
Nettoyage/ du public
agents
çants du privé
Ouvriers

Hommes 50 000 0 0 0 0 0 1 0 1

100 000 8 1 1 0 3 0 0 13

150 000 2 0 1 0 0 0 0 3

250 000 0 1 0 0 0 1 0 2

300 000 0 1 0 0 0 0 1 2

400 000 0 0 0 0 0 1 0 1

415 000 0 0 0 0 1 0 0 1

500 000 2 0 0 0 1 0 0 3

550 000 0 0 1 0 0 0 0 1

600 000 2 0 0 1 0 0 0 3

700 000 1 0 0 0 0 0 1 2

750 000 0 0 1 0 0 0 0 1
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900 000 0 0 0 0 0 1 0 1

1 300 000 0 0 0 0 0 1 0 1

1 500 000 0 0 0 0 1 1 0 2

2 000 000 0 1 0 0 0 0 0 1

3 000 000 0 1 0 0 0 0 0 1

Total 19 915 000 15 5 4 1 6 6 2 39

100 000 0 0 0 0 1 0 0 1

Femmes 300 000 0 1 0 0 0 0 0 1

1 000 000 0 0 0 0 0 1 0 1

Total 1 400 000 0 1 0 0 1 1 0 3

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

N° 196 - OCTOBRE-DÉCEMBRE 2008 - REVUE TIERS MONDE 923


ANNEXE 2 – LA DISTRIBUTION DES ÉPARGNANTS SELON
LA QUALITÉ DE L’ACCUEIL

Fréquence Fréquence
Accueil agréable Effectif
relative (%) cumulée (%)
Satisfait 78 41,9 41,6
Très satisfait 83 44,6 86,5
Non satisfait 25 13,4 100,0
Total 186 100,0

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

ANNEXE 3 – LA DISTRIBUTION DES ÉPARGNANTS SELON


LA PERCEPTION DE LA SÉCURITÉ DES DÉPÔTS

Sécurité des fonds déposés Effectif Fréquence relative (%)


Satisfait 107 57,4
Très satisfait 69 37,1
Non satisfait 10 5,5
Total 186 100,0

Source : Résultats d’enquêtes réalisées sur les épargnants de la FCPB (du 15/09 au 14/10/2004).

BIBLIOGRAPHIE
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