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Comment la France maintient

l’Afrique dans un état de sous-


développement
camer.be Sep 14, 2022 12:33 PM

FRANCE :: FRANCEAFRIQUE

La plupart des colonies françaises d’Afrique sub-saharienne


ont accédé à leur indépendance formelle dans les années
1960. Leurs économies n’ont toutefois que peu progressé
depuis. La majorité de leur population est abandonnée à la
pauvreté et s’en sort en général moins bien que dans les
autres économies de l’Afrique post-coloniale.

Vous avez dit décolonisation?

Les arrangements monétaires mis en place dans les colonies


avant la Seconde Guerre mondiale ont été consolidés par la
création de la zone du franc CFA (franc des Colonies
françaises d’Afrique, FCFA) le 26 décembre 1945.

Après la défaite française de Diên Biên Phu en 1954 puis le


retrait de l’Algérie une décennie plus tard, le processus de
décolonisation devint inévitable. La France insista sur le fait
que la décolonisation devait s’accompagner d’une
interdépendance – selon toute probabilité asymétrique plutôt
qu’entre partenaires égaux – et non d’une vraie souveraineté.
Ainsi, en échange de leur accession à l’indépendance, la
France exigea des colonies leur adhésion à la Communauté
française d’Afrique, créée en 1958 en remplaçant le terme
colonies par celui de communauté (et en conservant le même
sigle CFA).

Les pays de la Communauté Française d’Afrique sont répartis


aujourd’hui au sein de deux unions monétaires distinctes. Le
Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le
Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo appartiennent à l’Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). La
Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale
(CEMAC) regroupe pour sa part le Cameroun, la République
centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée
équatoriale et le Tchad. Seuls deux pays ne sont pas
d’anciennes colonies françaises. La Guinée équatoriale,
anciennement espagnole, a adhéré en 1985, et la Guinée-
Bissau, ancienne colonie portugaise, en 1997. 

Les deux unions utilisent le franc CFA.

Les conditions imposées à ces pays ont permis à la France de


continuer l’exploitation de leurs ressources. Onze des
quatorze anciennes colonies qui composent ces unions font
toujours partie des Pays les moins avancés (PMA) et
présentent le plus bas Indice de développement humain (IDH)
tel que défini par le Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD).

Les colonies africaines de la France

La Guinée a été le premier pays à se soustraire à la CFA en


1960. Devant ses concitoyens, le Président Sékou Touré a
déclaré au Président français Charles de Gaulle en visite en
1958 : « Nous préférons vivre pauvres, mais libres plutôt que
riches en esclavage ».

La Guinée a rapidement dû faire face aux efforts de


déstabilisation de la France. De faux billets furent imprimés et
mis en circulation en Guinée avec des conséquences
prévisibles. Cette fraude massive mit à genou d’économie
guinéenne.

La France retira plus de 4000 fonctionnaires, juges,


enseignants, médecins et techniciens en les incitant à saboter
tout ce qu’ils laissaient sur place : « un divorce sans pension
alimentaire » selon un commentateur de l’époque.

Le chef du Service de documentation extérieure et de contre-


espionnage, ou SDECE, Maurice Robert a reconnu plus tard
que « La France a lancé une série d’opérations armées,
menées par des mercenaires dans le but de créer un climat
d’insécurité et, si possible, de provoquer le renversement de
Sékou Touré. »

En 1962, le Premier ministre Georges Pompidou  mit en garde


les colonies africaines tentées de quitter la zone du franc CFA
: « Laissons l’expérience de Sékou Touré suivre son cours. De
nombreux Africains commencent à penser que la politique
guinéenne est suicidaire et contraire aux intérêts de toute
l’Afrique. »

Le leader de l’indépendance au Togo, le Président Sylvanus


Olympio a été assassiné devant l’ambassade des États-Unis
le 13 janvier 1963, tout juste un mois après qu’il eut fondé une
banque centrale émettant le franc togolais comme monnaie
légale. Et bien sûr, le Togo resta dans la CFA.
Le Mali quitta la CFA en 1962 et remplaça le franc CFA par le
franc malien. Mais un coup d’État renversa son premier
président, le leader radical de l’indépendance Modibo Keita.
Sans surprise, le Mali finit par revenir dans la CFA en 1984.

Des pays riches en ressources

Les huit économies de l’Union économique et monétaire


ouest-africaine (UEMOA) reposent sur l’importation de pétrole
et l’exportation d’or et de produits agricoles comme le coton
ou le cacao.

En revanche, les six économies de la Communauté


économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), à
l’exception de la République centrafricaine, reposent
majoritairement sur l’exportation de pétrole.

Les tenants de la CFA affirment qu’arrimer le franc CFA au


franc français, puis à l’euro, a permis de maintenir l’inflation à
un faible niveau. Mais une inflation faible entraîne également
une croissance par tête plus lente et une moindre réduction
de la pauvreté que dans les autres pays africains.

Les membres de la CFA ont ainsi « échangé un faible taux


d’inflation contre des contraintes fiscales et des options
macro-économiques limitées ». De fait, les taux de croissance
des membres de la CFA ont été en moyenne plus faibles que
ceux des pays non adhérents.

La Guinée équatoriale, grosse productrice de pétrole,


bénéficie d’un des plus gros revenus d’Afrique ; elle est le seul
pays à être sorti du statut de PMA en 2017, et encore,
seulement en ce qui concerne le critère du revenu national
brut par habitant.

L’essor pétrolier du pays a assuré une croissance annuelle


moyenne de 23,4 % entre les années 2000 et 2008. Mais cette
croissance a chuté depuis, se contractant au rythme annuel
de 5 % entre 2013 et 2021 ! Son indice de développement
humain (IDH) était de 0,592 en 2019, le classant 145e sur un
total de 189 pays, c’est-à-dire sous la moyenne (0,631) des
pays de classement intermédiaire.
Une population pauvre

Les inégalités sont extrêmement fortes en Guinée


équatoriale. Plus de 70 % de la population est pauvre, plus de
40 % extrêmement pauvre. Les 1 % les plus riches ont
empoché 17 % du revenu national avant impôts en 2021, alors
que les 50 % les plus pauvres ont récolté 11,5 % !

Quatre enfants de 6 à 12 ans sur dix ne sont pas allés à


l’école en Guinée équatoriale en 2012, une proportion
beaucoup plus élevée que dans les pays africains plus
pauvres. La moitié des enfants ne terminent pas le cycle de
l’école primaire et moins d’un quart accèdent au second
degré.

Le Gabon, également membre de la CFA, est le cinquième


producteur de pétrole d’Afrique et un pays à revenu
intermédiaire de tranche supérieure. Le pétrole représentant
80 % des exportations, 45 % du PIB et 60 % du revenu fiscal ;
le pays est très vulnérable à la volatilité des prix du pétrole.

Un Gabonais sur trois vivait dans la pauvreté en 2017 et un


sur dix dans l’extrême pauvreté. Plus de la moitié des ruraux
étaient pauvres, avec un niveau de pauvreté trois fois
supérieur à celui observé dans les zones urbaines.

La Côte d’Ivoire, un membre de la CFA qui ne fait pas partie


des pays les moins avancés, bénéficiait d’une forte
croissance, avec un pic à 10,8 % en 2013. La croissance chuta
à 2 % en 2020 suite à la baisse des prix du cacao et à
l’émergence du Covid 19. En 2019, 46 % des Ivoiriens vivaient
avec moins de 750 FCFA par jour (environ $1,30) et l’indice de
développement humain (IDH) du pays le classait 162e sur
189.

Le rôle néocolonial de la CFA

À l’évidence, la CFA « promeut l’inertie et le sous-


développement au sein de ses Etats membres ». Elle limite
aussi le crédit disponible pour des initiatives de politique
fiscale comme la promotion de l’industrialisation.
Les ratios de crédit sur PIB sont descendus jusqu’à 10 à 25 %
dans les pays de la CFA, contre 60 % dans les autres pays de
l’Afrique sub-saharienne ! Ces faibles ratios ne permettent pas
non plus d’instaurer des services financiers et bancaires
capables de financer efficacement l’investissement.

En abandonnant la main sur les taux de change et la politique


monétaire, les membres de la CFA disposent de moins de
souplesse et de latitude pour initier des projets de
développement. Ils ne peuvent pas non plus bien négocier les
prix des marchandises et des ressources, ni apporter de
réponses à de multiples autres questions essentielles.

Les exigences institutionnelles de la CFA – en particulier


l’obligation de conserver 70 % de leurs devises étrangères
auprès du Trésor français – limitent la capacité des membres
à utiliser leurs recettes en devises pour des projets de
développement.

D’autres règles fiscales plus récentes limitent les possibilités


de dettes et de déficit des gouvernements des pays membres
et contraignent aussi leurs marges de manœuvre, notamment
en ce qui concerne les investissements publics. Ces règles
s’appliquent depuis 2000 pour les gouvernements des pays
de l’UEMOA et 2002 pour les pays de la CEMAC.

La CFA ne promeut pas non plus les échanges entre ses


membres. En six décennies, le commerce avec les autres
membres de la CFA s’est élevé à une moyenne de 4,7 % du
total de leur commerce pour les pays de la CEMAC et de 12 %
du total de leur commerce pour les pays de l’UEMOA. Pire
encore, le régime des taux de change fixes a aggravé la
volatilité de la balance des paiements.

La fuite des capitaux est en revanche favorisée, car aucune


restriction n’encadre les transferts vers la France. La
convertibilité en euro illimitée du FCFA est supposée réduire
les investissements étrangers à risque dans l’espace de la
CFA. Néanmoins les investissements étrangers sont
moindres que dans les autres pays en voie de
développement.
Le total des sorties nettes de capitaux des économies de la
CFA, de 1970 à 2010, s’élève à 83.5 milliards de dollars –
117% des PIB cumulés de tous ces pays ! Cette fuite de
capitaux est bien supérieure à celle observée dans les autres
pays africains au cours de la période allant de 1970 à 2015.

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