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Programme
« Ce thème a pour objectif d’analyser les ressorts et les caractéristiques de la puissance
internationale des États, aussi bien dans leur émergence (étude des fondements de la puis-
sance) que dans leurs dynamiques.
Les deux axes visent :
– à étudier la dynamique des puissances internationales, entre affirmation, domination et déclin ;
– à analyser les formes indirectes de la puissance (langue, nouvelles technologies, voies de
communication…). »
Présentation du thème
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Cette dynamique s’enraye avec les revers militaires et la réduction des moyens financiers. Les
réformes imitées des États occidentaux tournent court devant la sécession des peuples soumis
(indépendance grecque, guerres balkaniques) et l’appétit des grandes puissances européennes.
Après les années de libéralisme sauvage sous Eltsine, le redressement de la Russie depuis 1991
passe par :
– l’affirmation par Poutine d’un pouvoir autoritaire écartant ses adversaires (emprisonnement,
assassinats) et tenant la bride des principaux médias ;
– la mise au pas des oligarques et le contrôle des ventes de matières énergétiques ;
– la modernisation des forces militaires et l’exaltation du nationalisme russe ;
– le contrôle de l’étranger proche (Crimée) ;
– l’intervention dans des conflits régionaux (Syrie) ;
– la volonté de développer son influence (chaîne d’information continue Russia Today créée en 2005)
ou de nuisance (cybercriminalité, intervention dans l’élection présidentielle américaine).
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S’interroger sur la puissance, c’est se questionner sur les relations internationales et évaluer les
formes de puissances. Cette thématique permet donc d’appréhender l’organisation géopolitique du
monde actuel, ses enjeux et les rivalités qui en découlent.
Le thème débute par le recensement des puissances actuelles à l’échelle internationale. Ce qui, de
fait, aboutit à s’interroger sur les caractéristiques d’une puissance. Ainsi, différents critères, éco-
nomiques, politiques, culturels, technologiques, voire même territoriaux et démographiques, sont
retenus afin d’appréhender le concept de puissance (focus 1). Dans les relations internationales,
la quête de ce statut est devenue fondamentale. Dans ce processus, les États cherchent à affirmer,
maintenir ou renforcer leur puissance ; ce qui aboutit à une compétition et à une hiérarchisation
des États. Néanmoins, le grade de puissance reste évolutif et aléatoire conduisant à relativiser et à
interroger les notions de grande et moyenne puissance ainsi que de puissance émergente (focus 2).
BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres et revues
-- F. Argounès, Théories de la puissance, © CNRS édition, 2018.
-- R. Aron, Paix et guerre entre les nations, © Calman-Lévy, 1962.
-- P. Buhler, La Puissance au XXIe siècle, © CNRS édition, 2019.
-- T. Garcin, La Fragmentation du monde. La puissance dans les relations internationales,
© Economica, 2018.
-- Dossier « Séduction et manipulations : le soft power américain », © Conflits, Hors-série n° 7,
printemps 2018.
-- Dossier « États-Unis/Chine : qui sera le premier ? » ,© Conflits, n° 16, 2018.
◗◗ Sites internet
-- Centre de recherches internationales (CERI) : www.sciencespo.fr/ceri/fr
-- Ceriscope « Puissance », 2013 : http://ceriscope.sciences-po.fr/puissance/sommaire
-- Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) : www.iris-france.org/
-- Arte Vidéo propose des décryptages de l’actualité et des relations internationales :
www.arte.tv/fr/videos/
-- Atlas pour comprendre l’espace mondial : https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr
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Document 1
Ére de la communica- Monde
tion et de l'information multipolaire Cet article du journal Les Échos, rédigé par un
spécialiste des analyses stratégiques, décrypte la
montée en puissance du Qatar. L’émirat finance
SMART POWER sa diversification économique, nécessaire pour
= passer de pays rentier à celui de puissance, grâce
Utilisation conjointe
à ses pétrodollars. Il cherche à rayonner à l’in-
ternational car régionalement, il se heurte à son
voisin saoudien qui a opéré contre lui un blocus.
HARD POWER Soft power De ce fait, sa stratégie de développement, nom-
Force militaire asso- Rayonnement mée « Qatar National Vision 2030 », repose sur
ciée à des alliances, culturel, influence une économie extravertie et digitale, anticipant de
partenariats et dans des domaines
fait l’après-hydrocarbure. Le petit émirat a donc
participation à des + divers (cinéma,
fait le choix d’investir dans le sport, la culture, la
instances mondiales langues, arts...)
R&D, le tourisme, le numérique, etc., autant de
Objectif : Objectif : secteurs qui relèvent du smart power et qui sont
Négocier, rassurer Séduire, influencer
des leviers géopolitiques sur l’échiquier mondial.
= Document 2
Stratégie d'action
Troisième puissance économique mondiale, le
Japon s’est vu détrôné par la Chine en 2010. Néan-
moins, l’archipel compte maintenir son statut de
FOCUS 2/1 – Fondements et puissance et même l’étoffer. La carte de synthèse
manifestations de la puissance p. 82-83 analyse son changement de stratégie. Confronté à
une récession et à une déflation provoquées par la
Tous les États cherchent à être reconnus comme bulle spéculative et la crise immobilière des années
une puissance sur l’échiquier mondial. Cela 1990, le Japon a cherché un autre point d’ancrage
sous-entend un rayonnement planétaire dou- pour garder son statut de puissance. Ainsi, il a
blé d’un sentiment de pouvoir. Pour y parvenir, mis sur pied un système de défense, non pas pour
les États rivalisent d’ingéniosité et opèrent des s’émanciper de la tutelle américaine, mais pour
choix stratégiques à partir de ce qu’ils consi- assumer des responsabilités géopolitiques tout en
dèrent comme leurs points forts. Cette étude se préservant des appétits de conquête de son voi-
menée dans le cadre de la spécialité peut trou- sin chinois avec qui il cumule des différends terri-
ver écho dans le programme de géographie du toriaux dans le Pacifique. Pour ce faire, le Premier
tronc commun, notamment à travers l’étude des ministre Shinzo Abe a fait réviser la Constitution
investissements chinois en Afrique. en 2016 afin de permettre au pays d’intervenir à
Quelles stratégies les États mettent-ils en place l’extérieur ; ce qui l’amène à revendiquer un siège
pour se hisser au rang de puissance ? de membre permanent au conseil de sécurité de
l’ONU (hard power).
Le focus 2 invite à analyser les chemins de la
puissance empruntés par le Japon, la Russie, la Document 3
Chine et le Qatar. Il interroge leurs choix stra-
tégiques ainsi que les critères retenus pour se L’infographie présente la stratégie mise en œuvre
définir comme une puissance. Il ne s’agit pas par Vladimir Poutine pour reconstituer la puis-
de réaliser une étude exhaustive mais de varier sance régionale et internationale de la Russie.
les approches à partir de pays présents sur le Ne pouvant compter sur sa puissance écono-
planisphère de la double-page d’introduction mique qui est en berne, il a toujours misé sur la
(p. 78-79 du manuel). dimension militaire du hard power. En mobilisant
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trois cent mille hommes lors de ces manœuvres est ainsi le premier exportateur de gaz liquéfié,
militaires de septembre 2018, la Russie a démon- ce qui contribue à son rayonnement.
tré sa capacité de mobilisation militaire, la qua-
2. Le Japon cherche à se remilitariser car il se
trième en termes d’effectifs. Cette démonstration
sent menacé notamment par son voisin chinois
de force, en coopération avec la Chine, inquiète
(litiges en mer de Chine). Il a donc modifié sa
les voisins de la Russie et notamment l’Europe,
Constitution de 1945 qui l’empêchait d’avoir
alliée des États-Unis, puisqu’elle témoigne de
une armée, a augmenté son budget militaire et
l’état d’esprit d’un pays prêt à entrer en guerre,
participe à de nombreuses missions de l’ONU.
se sentant menacé par l’OTAN (crise de Géorgie,
Il s’agit de compléter son statut de puissance
Crimée, Ukraine et intervention en Syrie).
puisque le volet économique est déjà affirmé,
Document 4 mais aujourd’hui largement concurrencé. Le
Japon cherche donc d’autres moyens de s’affir-
Xi Jinping est inscrit, de son vivant, au panthéon mer sur la scène internationale.
chinois, aux côtés de Mao Zedong et de Deng 3. L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en
Xiaoping, pour avoir permis à la Chine d’entrer 1999 a marqué le retour de la Russie sur la scène
dans le club des grandes puissances. Lors de son internationale, avec l’objectif affirmé de retrouver
discours du 18 décembre 2018 prononcé dans le
son rang de grande puissance et son influence
cadre des célébrations des quarante ans de
en Eurasie. Elle a alors misé sur le hard power
réformes économiques chinoises, il revient sur
en intervenant militairement en Syrie, aux côtés
les choix opérés afin de se hisser au rang de deu-
de Bachar el-Assad, mais aussi en Crimée, en
xième puissance mondiale. Il y dresse le portrait
déployant sa force militaire navale, aérienne et
d’un pays ayant misé sur une politique d’ouverture
terrestre. En intervenant et en contrecarrant les
volontariste, dont le projet est de dépasser à son
intérêts européens dans cette zone, elle cherche
rythme les États-Unis. Xi Jinping assume le choix
à apparaître comme un acteur majeur de la négo-
d’un « socialisme aux caractéristiques chinois » qui
ciation et apte à résoudre les tensions régionales.
n’est pas sans rappeler le « socialisme de marché »
de Deng Xiaoping, reposant sur l’adage « ouverture 4. La référence à la « loi du plus fort » rappelle la
à l’extérieur, fermeté à l’intérieur ». En lançant son politique du « gros bâton » des États-Unis. C’est
programme des « nouvelles routes de la soie », la donc une critique du hard power américain qui
Chine a compris qu’il fallait allier hard power et soft s’est récemment manifesté notamment avec les
power pour s’imposer sur l’échiquier mondial et taxes sur l’acier chinois décidées par le président
apparaître comme une puissance smart. Trump. Parallèlement, Xi Jinping dresse le portrait
d’une Chine qui s’est hissée au rang de puissance
Corrigé des questions par la volonté étatique et le travail des Chinois.
« Les grandes ambitions » chinoises font référence
1. Le Qatar est une puissance culturelle. Il s’ap- à la politique d’ouverture de Xi Jinping avec les
puie sur sa chaîne Al Jazeera diffusée dans plus nouvelles routes de la soie, selon la formule « fer-
de cent quarante pays ainsi que sur le sport (mon-
meté à l’intérieur, ouverture à l’extérieur ».
diaux d’athlétisme organisés à Doha en 2019 et
coupe du monde de football en 2022). C’est aussi Vers le bac
une puissance économique et financière grâce
à ses investissements directs étrangers (IDE) et 5. Pour répondre à la question posée, les élèves
ses ventes d’hydrocarbures. Par les liens qu’il doivent s’appuyer sur les réponses aux questions
entretient avec la France et les États-Unis, c’est précédentes ainsi que l’analyse des documents.
une puissance diplomatique. Enfin, il investit Que ce soit pour le Qatar, la Chine, le Japon ou
dans l’innovation et l’enseignement supérieur. la Russie, tous s’appuient sur leur hard power
Ses ressources pétrolières et gazières lui ont pour démontrer leur puissance. Ainsi la Russie,
permis de financer son développement en dépit la Chine ou le Japon cherchent à impressionner
de sa petite taille. La pétromonarchie du Qatar leurs voisins avec qui ils entretiennent des rela-
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Cet axe permet aux élèves d’analyser les formes et les fondements politiques, diplomatiques, mili-
taires, économiques ou encore culturels des puissances dans le jeu des relations internationales, à
différentes époques et dans différentes aires géographiques, grâce à l’étude de l’Empire ottoman et
de la Russie depuis 1991.
Il se décline en deux thématiques d’étude introduites par une double-page posant les probléma-
tiques principales. Le jalon 1, intitulé « L’Empire ottoman, de l’essor au déclin », est abordé grâce à
deux doubles-pages permettant de faire le point sur les fondements de son essor entre le XIVe siècle
et le XVIIe siècle, puis les origines de son déclin à partir du XVIIIe siècle. Le jalon 2, « Une puissance
qui se reconstruit après l’éclatement d’un empire », est traité lui aussi par deux-doubles pages
consacrées tout d’abord au redressement intérieur russe après la décennie chaotique des années
1990, puis aux atouts du pays pour s’imposer sur la scène internationale au début du XXIe siècle.
BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres et revues
-- O. Bouquet, Les Ottomans. Questions d’Orient, © La Documentation française, n° 8124, 2018.
-- P. Marchand, Atlas géopolitique de la Russie. Le grand retour sur la scène internationale, © Autre-
ment, 2015.
-- J.-S. Mongrenier et F. Thom, Géopolitique de la Russie, © PUF, 2016.
-- « La Russie. Une puissance en renouveau ? », © La Documentation photographique, n° 8126, 2019.
-- « Géopolitique de la Russie », © Hérodote, n° 166-167, 2017.
-- « Le retour de la guerre froide », © Courrier international, Hors-série n° 67, octobre 2018.
◗◗ Bandes dessinées
-- E. Mathieu, C. Bruneau et C. Pacurariu, Soliman le Magnifique, © Glénat/Fayard, 2015.
-- Igort, Les Cahiers russes, © Futuropolis, 2012.
◗◗ Films
-- F. Aksoy, Constantinople, 2013, 2h40.
-- F. Akin, The Cut, 2015, 2h18.
-- S. Jezequel et M. Damoisel, La Fin des Ottomans, 2016, 1h50.
-- P. Lounguine, Un Nouveau Russe, 2002, 2h08.
-- O. Fomine, Jour d’élection, 2007.
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recul, le dossier développe les différents fac- l’Herzégovine en octobre 1908 ; au centre, le
teurs économiques, politiques et militaires à prince Ferdinand qui proclame l’indépendance
l’origine de ses difficultés tout en montrant com- de la Bulgarie et prend le titre de tsar ; et à
bien il tente, avec les Tanzimat, de se réformer droite, le sultan Abdul-Hamid II, affaibli par les
sur la base d’un modèle européen au XIXe siècle. concessions faites aux Occidentaux et incapable
d’empêcher le déclin de l’empire.
Document 1
Corrigé des questions
La chronologie évoque les différentes étapes du
déclin de l’Empire ottoman tout en mentionnant 1. La première moitié du XVIIe siècle marque le
ses facteurs internes (contestations intérieures, début des difficultés ottomanes qui vont crois-
instabilité politique, difficultés financières et santes jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’empire
économiques) et externes (désastres militaires, enchaîne alors les revers militaires et devient
conquêtes européennes, mise sous tutelle). la proie de troubles politiques intérieurs. Consi-
dérablement affaibli et sorti perdant de la
Document 2 Première Guerre mondiale, « homme malade de
Le document présente rapidement les diffé- l’Europe », il disparaît au lendemain du conflit
rents facteurs intérieurs à l’origine du déclin de (1918-1922). Il est alors remplacé par la répu-
l’Empire ottoman : révoltes de janissaires, désu- blique de Mustapha Kemal.
nion de la société multiethnique, résistance face 2. Le déclin de l’Empire ottoman s’opère sur plu-
à l’occidentalisation et aux tentatives de réfor- sieurs siècles. Deux types de facteurs expliquent
mes de l’empire au XIXe siècle. sa lente dégradation. Il connaît des troubles
intérieurs (révoltes locales, mouvements de
Document 3 nationalités mais aussi corruption et contesta-
Le document jette la lumière sur les logiques à tions des janissaires) qui conduisent à sa mise
l’origine de la période des Tanzimat, c’est-à-dire sous tutelle au XIXe siècle. Sur la scène interna-
des réformes sur le modèle occidental envisa- tionale, le rapport de forces s’inverse en sa défa-
gées par le pouvoir central à partir du milieu du veur. Après avoir longtemps tenu en échec les
XIXe siècle. Elles passent par la lutte contre la Européens, il devient la proie de leurs ambitions
corruption et la désagrégation politique de l’em- et recule progressivement au rythme de leurs
pire, la réforme de l’administration (notamment conquêtes qui s’accélèrent au XIXe siècle.
fiscale) et de l’armée. 3. Les principaux ennemis de l’Empire ottoman
sont les puissances européennes occidentales.
Document 4
Si elles commencent à le dominer militairement
La carte historique permet de comprendre les à partir du siège de Vienne en 1683, elles réus-
différentes étapes du recul de l’Empire otto- sissent surtout à le placer sous leur tutelle : les
man et met en avant les acteurs de la Question Tanzimat s’inspirent de leur modèle ; elles pla-
d’Orient qui, peu à peu, s’emparent des diffé- cent sous tutelle financière l’Empire ottoman à
rentes provinces du sultan. la fin du XIXe siècle.
4. À partir de 1839, l’Empire ottoman entre dans
Document 5
l’ère des Tanzimat. Ce sont des tentatives de
Document couramment utilisé dans l’étude de réformes qui visent à occidentaliser l’adminis-
la Question d’Orient, la caricature montre com- tration, l’armée, la société comme les valeurs
ment l’empire succombe aux appétits occiden- ottomanes. Engagées sans doute trop tard et mal
taux qui dépècent sa partie balkanique. accueillies par les opposants du sultan, elles ne
parviennent pas à enrayer le déclin de l’empire.
On y voit à gauche, l’empereur d’Autriche
François-Joseph Ier, qui annexe la Bosnie et
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Entraînement R
éalisez une fiche de lecture de l’ouvrage suivant : Thierry Sanjuan,
Atlas de la Chine. Les nouvelles échelles de la puissance, Autrement, 2018.
L’objectif de cet entraînement est de s’exercer à l’écriture d’une fiche de lecture à l’aide du livre de
Thierry Sanjuan, Atlas de la Chine. Cet ouvrage donnera à l’élève l’exemple d’une autre puissance
internationale après celui de la Russie. Il s’agit ici de la 4e édition de l’ouvrage de Thierry Sanjuan,
preuve de son succès et de sa mise à jour. L’auteur est géographe et professeur à l’université Paris 1
Panthéon-Sorbonne. Il est spécialiste de géographie urbaine et sociale de la Chine. Il est également
l’auteur de l’Atlas de Shanghai. Il a créé un site nommé www.geochina.fr.
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Cet axe a pour objectif d’analyser les ressorts et les caractéristiques de la puissance internationale
des États, dans leur émergence et dans leurs dynamiques. Il est développé à partir de trois théma-
tiques : l’enjeu de la langue (anglais et français dans les relations internationales, francophonie, ins-
tituts Confucius) (jalon 1), les nouvelles technologies (puissance des géants du numérique : GAFAM,
BATX... et impuissance des États et des organisations internationales) (jalon 2), et la maîtrise des
voies de communication à partir de l’exemple des « nouvelles routes de la soie » (jalon 3).
BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres et revues
-- A. Cariou, « Les corridors centrasiatiques des nouvelles routes de la soie : un nouveau destin
continental pour la Chine », © L’Espace géographique, vol. 47, n° 1, 2018, pp. 19-34.
-- P. Frankopan, Les Nouvelles routes de la soie, © Nevicata, 2018.
-- C. Macaire, « Les BATX, des géants de l’internet aux ambitions contrariées »,
© La Revue des Médias, 18 décembre 2018.
-- N. Rouiaï, « Sur les routes de l’influence : forces et faiblesses du soft power chinois »,
© Géoconfluences, septembre 2018 (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/
dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/forces-et-faiblesses-du-soft-power-chinois).
◗◗ Film documentaire
-- S. Lepault et R. Franklin, Le Monde selon Xi Jinping, ARTE GEIE, Illégitime Défense, 2018, 1h15.
◗◗ Sites internet
-- Organisation internationale de la francophonie : www.francophonie.org
-- Institut Confucius France : www.institutconfucius.fr
-- « La Chine donne vie à l’Eurasie ! », Point G #14, septembre 2018 :
www.youtube.com/watch?v=fQ7bAyTXDyM
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Les documents de cette double-page permettent L’Afrique est l’objet de concurrences entre puis-
d’illustrer les problématiques de l’axe 2 et les sances attirées par le dynamisme économique de
caractéristiques de la puissance internationale nombreux pays. La langue est un bon exemple des
des États au travers des formes indirectes de la luttes d’influence à l’œuvre sur le continent. Alors
puissance (langue, nouvelles technologies, voies que le français, bien implanté, tend à régresser,
de communication...). la Chine multiplie les instituts Confucius.
La photographie (p. 104) de la secrétaire géné-
Document 1
rale de l’Organisation internationale de la
francophonie (OIF) prise lors du sommet de la Les instituts Confucius ont été créés en 2004
francophonie à Erevan (Arménie) en octobre sur le modèle des Alliances françaises, du
2018 est l’occasion de montrer la place que tient Goethe Institut et du British Council. L’implan-
la langue pour soutenir l’influence géopolitique tation des instituts facilite l’arrivée d’entreprises
d’un pays. L’idée d’une communauté d’États chinoises ou renforcent leurs positions. Placés
francophones apparaît après la Seconde Guerre sous l’autorité du Hanban (Bureau national pour
mondiale. Dans les années 1960, elle est por- l’enseignement du chinois langue étrangère), ils
tée par plusieurs chefs d’État africains dont emploient quarante-six mille personnes dans le
Léopold Sédar Senghor qui définit la francophonie monde pour un budget total plus de trois cent
comme une communauté linguistique, politique, dix millions de dollars et 2,1 millions d’inscrits.
culturelle et économique. La « conscience » fran- En Afrique, le premier est créé à Nairobi (Kenya)
cophone est alimentée par la volonté d’endiguer en 2005. L’objectif de la Chine est d’ouvrir une
l’influence grandissante de la langue anglaise. centaine de ces établissements sur le continent
En 1970 est créée une institution intergouverne- d’ici à 2020.
mentale francophone, l’Agence de coopération
culturelle et technique devenue l’OIF. On estime Document 2
aujourd’hui le nombre de locuteurs de français à
Les instituts Confucius sont des établissements
plus de deux cent quatre-vingt millions.
culturels publics à but non lucratif ayant pour
La photographie d’un livreur Amazon en Chine objectif de diffuser l’enseignement du manda-
(p. 105 haut) illustre la puissance grandissante rin et de la culture chinoise (ateliers de cuisine,
des géants du web d’abord américains, mais de tai-chi-chuan, de kung-fu, de calligraphie
aujourd’hui concurrencés par l’émergence ou d’initiation à la cérémonie du thé). Si aucun
de nouvelles firmes transnationales (FTN) en cours politique n’est dispensé dans les instituts,
Chine. D’où la difficulté de s’introduire sur le la vision chinoise du monde y est néanmoins
marché chinois. À Duisbourg dans la Ruhr, diffusée : ainsi Taiwan est présentée dans les
premier port intérieur d’Europe, le commerce cartes des ouvrages d’apprentissage comme
avec la Chine s’intensifie (p. 105 bas). Depuis le partie intégrante de la république populaire de
lancement en 2014 des « nouvelles routes de Chine.
la soie » par Pékin, cette ancienne ville indus-
trielle est devenue le terminus d’une ligne fer- Document 3
roviaire qui la relie à Chongqing en Chine. Cette
Le 28 novembre 2017, lors de sa première tour-
liaison ferroviaire s’étend sur 10 000 km et passe
née africaine depuis son élection, le président
par le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la
Emmanuel Macron prononce devant des cen-
Pologne. Aujourd’hui, près de vingt-cinq trains taines d’étudiants un discours de politique afri-
par semaine empruntent cette ligne. caine à l’université de Ouagadougou, au Burkina
Faso. C’est l’occasion pour lui d’expliquer sa
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conception de la francophonie. Contre ceux qui y langue officielle du pays. Pour autant, le fran-
voient la volonté de maintenir une relation post- çais reste une langue très utilisée (succès des
coloniale dans une logique d’influence, Macron chaînes de télévision, des journaux en français)
appelle la jeunesse burkinabaise à s’approprier et notamment par les écrivains. Le Rwanda
la langue française. donne l’exemple d’une évolution vers le bilin-
guisme.
Document 4
3. La France et la Chine cherchent à renforcer
Langue de l’ancien colonisateur belge, le français ou étendre leur influence en promouvant leur
est toujours langue officielle au Rwanda. Cepen- culture et leur langue, mais les deux pays sont
dant, après le génocide de 1994 et le retour au confrontés à la concurrence de l’anglais. Pour la
pays des réfugiés tutsis dont beaucoup avaient Chine, l’enjeu est d’améliorer son image et s’as-
trouvé refuge en Ouganda, pays anglophone, surer une meilleure compréhension de l’histoire
la concurrence de l’anglais (troisième langue et de la société chinoises.
officielle depuis la Constitution de 2003) se fait
4. La politique culturelle de la France en Afrique
plus forte. En 2008, le français est remplacé par
peut être perçue par certains comme une forme
l’anglais comme langue d’enseignement obliga-
de néocolonialisme, dans la mesure où le pays
toire à l’école et devient une matière optionnelle
dans le secondaire. L’intégration à la Commu- fut longtemps l’une des principales puissances
nauté d’Afrique de l’Est arrime le pays à l’espace coloniales du continent avec la Grande-Bretagne.
anglophone (l’anglais est la langue d’intégration Le français peut être ainsi associé à une « langue
régionale en Afrique de l’Est). Aujourd’hui, les traumatique », celle du colonisateur. Emmanuel
locuteurs du français oscillent entre 3 % et 10 % Macron devance la critique en appelant la
de la population, ceux de l’anglais représentent « jeunesse africaine » à s’approprier le français
environ 2 %. en l’intégrant à leur culture et en l’enrichissant.
1. Entre 2005 et 2010, des instituts Confu- 5. L’influence culturelle est l’une des formes de
cius, établissements culturels visant à diffuser la puissance douce (soft power). Elle passe par
la connaissance du mandarin, sont créés en la mise en place d’une politique visant à diffuser
Afrique de l’Ouest, en Afrique australe, dans la langue, la culture et l’histoire d’un pays dans
la région des Grands Lacs, à Madagascar, au un but de rapprochement et de compréhension
Soudan, en Égypte et au Maroc. Entre 2010 et mutuels. La France avec le réseau des Alliances
2015, le réseau est renforcé par l’ouverture de françaises, la Chine avec les instituts Confucius
nouveaux instituts dans les mêmes régions, ou encore l’Allemagne avec les instituts Goethe
mais aussi dans de nouveaux pays (Sénégal, cherchent ainsi à diffuser leur langue respec-
Sierra Leone, Congo, Namibie, Zambie, Éthiopie tive. On assiste dès lors à une véritable compéti-
et Érythrée). Depuis 2015, trois nouveaux centres tion dont témoigne le cas rwandais où le français
ont vu le jour (Ghana, Angola, Kenya). Au total, est dorénavant concurrencé par l’anglais.
quarante-six instituts ont été créés depuis 2005
et on estime que leur nombre passera à cent JALON 2/1 – La puissance des géants
d’ici 2020.
du numérique p. 108-109
2. Dans la seconde moitié des années 2000, le
Rwanda a adhéré à la Communauté des États Les GAFAM américains (Google, Apple,
d’Afrique de l’Est qui regroupent des pays anglo- Facebook, Amazon, Microsoft) qui dominaient le
phones, et au Commonwealth, autant de signes marché du numérique sont aujourd’hui concur-
qui semblent montrer un éloignement de l’es- rencés par les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent
pace francophone. En 2003, l’anglais a rejoint et Xiaomi), géants chinois du numérique. La
le kinyarwanda et le français comme troisième puissance de ces FTN leur permet d’établir un
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rapport de force avec les acteurs privés et les chinois (Google, Yahoo, Facebook). Mais les BATX
pouvoirs publics dans les pays où ils cherchent jouissaient encore d’une relative indépendance
à s’implanter. politique. Le numérique devenant un enjeu
de compétitivité internationale, l’État cherche
Document 1 maintenant à s’imposer dans le capital de ces
entreprises pour mieux les contrôler.
China Telecom est l’opérateur public (détenu à
70 % par l’État) de télécommunications en Chine Document 4
populaire : c’est le premier opérateur fixe et le
troisième opérateur mobile dans le pays. Les Les entreprises du numérique peuvent offrir
BATX – Baidu, moteur de recherche le plus utilisé leurs services via le net en étant juridiquement
en Chine continentale, quatrième site internet le installées dans le pays de leur choix : concrète-
plus visité au monde (en 2016) ; Alibaba, géant ment, dans un État qui leur offre des conditions
du commerce électronique ; Tencent, entreprise fiscales avantageuses. Au sein de l’UE, Google
de services internet qui propose des applications et Facebook sont les champions de l’« optimi-
de messagerie, des actualités, des échange de sation fiscale ». D’après l’analyse de l'eurodé-
fichiers ; Xiaomi fabricant de smartphones et puté social-démocrate Paul Tang, spécialiste
d’objets connectés – utilisent le réseau de China des questions fiscales, centrée sur Google et
Telecom développé dans le monde entier pour Facebook entre 2013 et 2015, la France aurait
asseoir leur stratégie de développement. perdu sept cent quarante-et-un millions d’euros
de recettes fiscales, et l’Allemagne huit cent
Document 2 quatre-vingt neuf millions.
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Les routes vers l’Europe permettent à la Chine 3. Le président Xi Jinping présente le projet de
de s’installer sur des terres riches en ressources « nouvelles routes de la soie » comme un par-
dont a besoin sa population croissante. tenariat assurant aux parties contractantes un
bénéfice équivalent. Il doit permettre d’augmen-
Document 3 ter les échanges et les investissements, une
meilleure coopération en matière d’innovation,
Xi Jingping insiste sur le caractère gagnant-
de développement écologique, une assistance
gagnant du projet : avantages mutuels sans
financière et une aide alimentaire aux pays en
conditionnalités politique et/ou économique,
développement situés le long du projet.
aide qui répond aux demandes des pays desti-
nataires, transfert d’expérience. Pour la Chine, 4. Le port pakistanais de Gwadar bénéficie d’un
l’enjeu est de devenir un acteur central de l’aide programme de modernisation de ses infra-
au développement. Les Chinois revendiquent le structures grâce aux investissements chinois.
mérite d’avoir sorti des millions de personnes La Chine y planifie également l’installation d’une
de la pauvreté et désirent ainsi transmettre leur base militaire. Le projet prend place dans le
« manière de faire ». cadre du partenariat Chine-Pakistan (« China-
Pakistan Economic Corridor »). Gwadar ouvre la
Document 4 mer d’Arabie à la Chine, zone où transite un cin-
quième des ressources pétrolières mondiales.
Depuis 2015, la Chine a investi cinquante-cinq
milliards de dollars au Pakistan pour construire Vers le bac
des routes, des voies de chemins de fer et des
centrales électriques. Deux autoroutes relie- 5. Le projet de « nouvelles routes de la soie » tient
ront Gwadar au réseau routier pakistanais et une place centrale dans la stratégie chinoise. La
permettront à la Chine de désenclaver l’ouest construction d’un vaste réseau d’infrastructures
de son territoire, qui sera alors mieux relié au portuaires, routières, ferroviaires, énergétiques,
golfe Persique. Les aménagements du port industrielles, numériques et militaires sur l’en-
de Gwadar illustrent de manière concrète le semble du continent eurasiatique et en Afrique
projet de « nouvelles routes de la soie » et le vise plusieurs objectifs : accroître les capaci-
type de partenariat que la Chine entend mettre tés de projection de la Chine, s’installer sur des
en place. Gwadar, situé dans la province du terres riches en ressources, endiguer la concur-
Baloutchistan, est l’une des agglomérations les rence indienne et russe, s’assurer des partena-
plus pauvres du pays. Les aménagements en riats avec plus de soixante pays.
cours visent à en faire le « nouveau Dubaï ».
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Entraînement Menez une rechercher sur Internet sur les géants du numérique BATX
Dans le cadre de l’axe 2 du Thème 2, il est intéressant d’inviter les élèves à mener une recherche sur
les géants du numérique chinois désignés par l’acronoyme BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).
Étape 1 : Sélectionner les « bons » mots-clés
On demande à l’élève d’utiliser différents mots clés pour analyser les taux de réponse :
« BATX » reçoit un score de 828 000 réponses, « géants du numérique BATX » 11 000 résultats et
« géants du numérique » 21 800 000 références. Dans le cadre d’une recherche sur les BATX, il
apparaît que c’est l’usage du premier mot clé qui est le plus pertinent.
L’usage des fonctions avancées peut être aussi appréhendé en demandant aux élèves de cliquer sur
l’onglet « Actualités » pour voir les informations récentes sur ce sujet.
Étape 2 : Vérifier la fiabilité du résultat
Une fois la recherche obtenue, il faut vérifier sa fiabilité. Avec cet exemple, les élèves comparent les
informations fournies par la page Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/BATX) et celles données par
le site Geonconfluences (http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/batx). La comparaison des deux
sites peut se faire sous la forme d’un tableau. On croisera alors les points communs et les différences.
Wikipedia Geonconfluences
Nature du site .org = organisme international .fr = site français
Objectif du site Encyclopédie numérique dans le but « Publication en ligne à caractère
d’offrir un « contenu libre, scientifique pour le partage du savoir
objectif et vérifiable » pour tous et pour la formation en géographie. »
et par tous. (page « À propos ») (page « Qui sommes-nous ? »)
Auteur de l’article Non mentionné Non mentionné
Références citées ? Oui, 2 références citées. Oui, 1 référence
Si oui, – « Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi : – Christophe Alix et Raphaël Balenieri,
lesquelles ? ces incroyables “GAFA” chinois », « BATX : les quatre géants du web
capital.fr, 17 juin 2016 ; chinois », Libération, 9 janvier 2018.
– « BATX : les quatre géants du web
chinois », Liberation.fr, 9 janvier 2018.
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Comme l’indique le programme, l’objectif de cette partie est « d’appliquer, sur un objet de travail
conclusif portant sur une situation ou sur une aire géographique contemporaine, les connais-
sances et les méthodes acquises antérieurement ». Les élèves ont travaillé en introduction de
ce thème sur les caractéristiques, les fondements et les manifestations de la puissance dans
les différents champs. Puis à travers un regard historique, ils ont constaté que les puissances
peuvent connaître des périodes d’essor et de déclin, avant d’analyser les formes indirectes de
la puissance à travers la langue ou les nouvelles technologies. L’ensemble de ces éléments doit
donc être remobilisé et appliqué au cas des États-Unis aujourd’hui. Ceci implique donc de réuti-
liser des notions comme le hard power, le soft power et le smart power. La question du déclin de
la puissance américaine fait débat au sein de la recherche américaine depuis la fin des années
1980. En effet, le terme de soft power avait été forgé par Joseph Nye en 1990 dans son ouvrage
Bound to lead, en réaction aux thèses qui évoquaient le déclin de la puissance américaine, notam-
ment de Paul Kennedy dans son ouvrage Naissance et déclin des grandes puissances (1988). Or la
concurrence croissante des BRICS et les tentations isolationnistes et protectionnistes de l’ad-
ministration Trump au pouvoir depuis 2017 renouvèlent les interrogations sur cette puissance
américaine.
Cet objet de travail conclusif commence par présenter les situations problèmes que pose la puis-
sance des États-Unis aujourd’hui. La première double-page enjeux souligne que la puissance des
États-Unis s’appuie sur des lieux emblématiques du hard et soft power. La seconde double-page
enjeux présente les termes du débat actuel sur la politique des États-Unis, entre multilatéralisme
et unilatéralisme renforcé dernièrement, ce qui a tendance à réduire les zones d’influence du pays
dans le monde. Le jalon 1 illustre la variété de ces lieux qui font la puissance américaine, répartis
sur l’ensemble du territoire américain. Le jalon 2 indique que la politique unilatérale revendiquée
à travers le slogan « America First » de Donald Trump ne fait pas l’unanimité, tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur des frontières américaines. Enfin, le jalon 3 découle des tensions engendrées par les
tentations unilatérales américaines qui impliquent une réduction des zones d’influence dans le
monde malgré le maintien de points d’appui militaires sans équivalent au niveau mondial.
BIBLIOGRAPHIE/filmographie/sitographie
◗◗ Livres et revues
-- F. Charillon et C. Belin (dir.), Les États-Unis dans le monde, © CNRS Éditions, 2016.
-- P. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, © Payot, 1988.
-- F. Leriche (dir.), Les États-Unis. Géographie d’une grande puissance, © Armand Colin, 2016.
-- T. Snegaroff (dir.), Géopolitique des États-Unis, © PUF, 2016.
-- F. Tetard (dir.), Grand Atlas 2019. Comprendre le monde en 200 cartes, © Autrement, 2018.
-- E. Todd, Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain, © Gallimard, 2002.
-- « Séduction et manipulations : le soft power américain », © Conflits, Hors-série n° 7, printemps 2018.
-- « États-Unis/Chine, qui sera le premier ? », © Conflits, n° 16, janvier-février-mars 2018.
-- « Le nouveau désordre international », © Questions internationales, n° 85-86, mai-août 2017.
-- « Les visages de la puissance américaine », © Conflits, Hors-série n° 4, automne 2016.
-- « Géopolitique des États-Unis », © Diplomatie, Grand dossier n° 35, octobre-novembre 2016.
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◗◗ Bandes dessinées
-- K. Lebhour, A. Massot, Une saison à l’ONU. Au cœur de la diplomatie mondiale, © Steinkis, 2018.
-- H. Zinn, M. Konopacki, P. Buhle, Une histoire populaire de l’empire américain, © Vertige Graphic, 2009.
◗◗ Documentaire
-- J.-C. Victor, « États-Unis-Chine, puissances comparées », Le dessous des Cartes, Arte, 2 mai 2015.
◗◗ Sites internet
-- Institut des relations internationales et stratégiques, section du site dédié aux Amériques :
www.iris-france.org/aires-regionales/tag/ameriques/
-- Institut français des relations internationales : www.ifri.org/
-- Brookings Institution, page dédiée à la politique étrangère des États-Unis (en anglais) :
www.brookings.edu/topic/u-s-foreign-policy/
-- German Marshall Fund of the United States, page dédiée à la politique américaine (en anglais) :
www.gmfus.org/topic/understanding-america
-- Council on Foreign Relations (en anglais) : www.cfr.org/americas/united-states
-- European Council on Foreign Relations (en anglais) : www.ecfr.eu/
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Chiffres clés
ENJEUX – L’influence des États-Unis
Si les trois sites les plus visités au monde sont dans un monde multipolaire p. 124-125
américains, ils ne sont pas accessibles depuis
la Chine, premier pays au monde par le nombre Dans quelle mesure la politique étrangère des
d’internautes. Ceci explique notamment l’essor États-Unis s’inscrit-elle dans un cadre multipo-
des BATX. À cette exception notable près, les laire, et en quoi cela détermine-t-il leurs points
sites américains sont les sites les plus consultés d’appui et zones d’influence au niveau mondial ?
sur l’ensemble de la planète, et c’est sur le site Les documents d’accompagnement permettent
américain You Tube qu’une vidéo a été visionnée de réinscrire les variations de la politique
le plus de fois dans l’histoire d’Internet : le clip étrangère des États-Unis dans l’évolution des
de musique « Despacito » du chanteur portori- quarante dernières années, alors que ce pays
cain Luis Fonsi a dépassé en février 2019 les six demeure la première puissance économique et
milliards de vue. militaire mondiale.
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États-Unis, Mexique, Canada (AEUMC) censé sur son coût et la lourdeur de sa bureaucratie
être plus favorable aux intérêts des industriels sont anciennes, les attaques ouvertes contre
américains a été trouvé et doit encore être ratifié les agences de l’ONU et les décisions de retrait
par un Congrès où les démocrates contrôlent la américain marquent en revanche un change-
Chambre des représentants pour la seconde par- ment d’approche. En effet, le Congrès américain
tie du mandat. Des taxes sur l’aluminium et l’acier a ainsi décidé de ne pas ratifier le protocole de
importés du monde entier, puis sur d’autres Kyoto de 1997 qui oblige les pays développés
produits importés de Chine ont été décidées en signataires de la Conférence des Nations unies
2018, afin de réduire le déficit commercial avec le sur le changement climatique de 1992 à réduire
principal concurrent commercial des États-Unis. leurs émissions de gaz à effet de serre. Et ils
Malgré des pressions de leurs alliés, D. Trump n’ont pas adhéré à la Cour pénale internatio-
a décidé de se retirer de deux accords multila- nale (CPI) créée en 1998 pour punir les auteurs
téraux importants (accord de Paris et accord sur de crime de guerre, crime contre l’humanité et
le nucléaire iranien). Enfin, l’annonce d’un retrait génocide. Donald Trump l’a d’ailleurs vilipendée
des troupes américaines en Syrie et d’une réduc- et a décidé de réduire la participation financière
tion des troupes américaines en Afghanistan des États-Unis à l’ONU, entravant notamment le
indique que les États-Unis ne souhaitent plus travail du Haut Commissariat des Nations unies
jouer le rôle de « gendarme du monde ». pour les réfugiés.
Document 1 Document 3
Lors de son discours d’investiture sur le Mall La une de cet hebdomadaire de référence dans le
de Washington, qui a réuni moins de personnes monde des affaires présente Donald Trump che-
que celui de son prédécesseur, Donald Trump a vauchant de façon débridée une boule de démoli-
dressé un portrait catastrophiste de la situation tion qui représente la planète. Elle parodie le clip
américaine. Il a dépeint une Amérique ruinée, en « Wrecking Ball » de la célèbre chanteuse Miley
proie aux violences des gangs et de la drogue. Cyrus, mais on peut également y lire une allusion à
La principale cause de cette situation est selon l’une des scènes finales du film Docteur Folamour
lui la perte de contrôle des États-Unis sur leur de Stanley Kubrick paru en 1964. Un commandant
propre destin induite par la mondialisation. D’où d’un B52 saute au-dessus de l’URSS en chevau-
la promotion de la doctrine « America First », qui chant une bombe nucléaire en criant « yahooo ! »
revêt un double sens : « l’Amérique d’abord » à la manière d’un cow-boy, avant de déclencher
et « l’Amérique en première place ». Ce slogan, l’holocauste nucléaire. En effet, le dossier de The
associé à celui de la campagne « Make America Economist montre que le retrait des États-Unis de
Great Again », a été scandé à plusieurs reprises l’accord de Paris renforce fortement le risque de
afin de justifier des politiques unilatérales ou réchauffement climatique avec toutes ses consé-
isolationnistes. Ainsi, l’une des premières déci- quences majeures pour la planète, sur laquelle
sions de l’administration Trump a été de fermer Donald Trump semble ici s’amuser de façon
le pays à l’immigration en provenance de huit inconsidérée, comme s’il prenait un malin plaisir
pays musulmans. Si cette décision a finalement à perturber les alliances nouées au fil des décen-
été retoquée par la justice, la politique migra- nies entre les démocraties occidentales et à tor-
toire s’est néanmoins durcie. piller les accords multilatéraux visant à stabiliser
et préserver la planète.
Document 2
Document 4
Symbole du multilatéralisme et de l’ordre mon-
dial mis en place par les États-Unis au len- Lors du sommet du G7 organisé à Taormine en
demain de la Seconde Guerre mondiale, les Sicile en mai 2017, Donald Trump est apparu
Nations unies font l’objet d’une vive critique de isolé à côté des alliés traditionnels des États-
la part de l’administration Trump. Si les critiques Unis (Japon, Royaume-Uni, Allemagne et
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Canada). Une semaine après cette réunion, il politique unilatérale ne fait pas l’unanimité aux
annonçait le retrait des États-Unis de l’accord de États-Unis même, comme le souligne l’article de
Paris sur le climat (qui visait à limiter le chan- Madeleine Albright (doc. 5).
gement climatique d’origine humaine) signé par
cent soixante-quinze pays, dont les principaux
JALON 3 – Point d‘appui et zones
pollueurs au monde. La caricature souligne
ainsi les tensions au sein du G7, avec un prési- d‘influence dans un monde
dent américain qui pèserait plus à lui seul que multipolaire p. 130-131
l’ensemble de ses alliés. Pour Donald Trump,
l’accord de Paris le condamnait à ne pas exploi- En raison de la montée en puissance de concur-
ter les ressources naturelles de son pays alors rents sur la scène internationale et d’une poli-
que des pays en développement comme la Chine tique plus isolationniste, les États-Unis voient
pouvaient continuer à le faire. leurs zones d’influence disputées. La carte met
en exergue les puissances émergentes qui leur
Document 5 font concurrence alors que leurs alliés tradi-
Au début de cet éditorial paru dans le New York tionnels comme l’OTAN font l’objet de critiques
Times, quotidien de référence aux niveaux natio- de la part de l’administration Trump, comme
nal et international, l’ancienne secrétaire d’État en témoigne la polémique lancée par le prési-
de Bill Clinton, âgée de 80 ans, évoque la mort de dent sur le coût du nouveau quartier général de
Mussolini puis d’Hitler, et la terrible lutte contre l’alliance à Bruxelles. Les États-Unis conservent
les fascismes en Europe. Selon elle, en raison de le leadership en termes de dépenses militaires,
ses excès, de ses atteintes à l’État de droit et de même si la Chine a multiplié par dix son budget
sa prise de distance vis-à-vis de l’ordre interna- militaire depuis 1994. Les nombreux revirements
tional construit par les États-Unis au lendemain et le manque de visibilité de la politique étrangère
de la Seconde Guerre mondiale pour éviter un du pays entraînent un amoindrissement de son
nouveau conflit, Donald Trump représente une soft power.
menace pour la paix mondiale. Elle cherche à
mobiliser ses concitoyens pour qu’ils surveillent Document 1
ce dangereux dirigeant. Enfin, elle souhaite que
En 2019, des tensions ont émergé avec les princi-
les États-Unis retrouvent leur rôle de leader du
paux alliés des États-Unis. En effet, l’OTAN a été
monde libre, plutôt que de montrer une telle
critiquée à plusieurs reprises par D. Trump pour
admiration pour des dirigeants autoritaires.
son coût trop important pour les États-Unis, les
pays européens étant accusés de ne pas dépen-
Éléments pour traiter la consigne ser une part suffisante de leur PIB pour profiter
du parapluie américain. L’Alena est en cours de
L’unilatéralisme marqué par un relatif isolation- renégociation (voir Repères chronologiques), le
nisme des États-Unis est source de débats car il G7 sous tension (voir doc. 4 jalon 2) et des alliés
va à l’encontre de l’ordre international qu’ils ont traditionnels comme le Japon ou la Corée du
eux-mêmes établi au lendemain de la Seconde Sud ont également été malmenés, étant accu-
Guerre mondiale, avec notamment la création sés de profiter de l’armée américaine sans payer
de l’ONU (doc. 2). Cet unilatéralisme est reven- une contribution juste à leur défense. Dans un
diqué ouvertement par Donald Trump (doc. 1), monde plus multipolaire, les BRICS occupent
là où Barack Obama insistait sur le rôle des une place croissante dans l’économie mondiale,
organisations internationales et des alliés des concurrençant le leadership économique amé-
États-Unis. Il s’ensuit donc des tensions avec ricain. Le seul pays capable de rivaliser à une
ces derniers, notamment au sein du G7 (doc. 4) échelle mondiale est la Chine, qui multiplie les
ou par le biais de caricatures publiées dans investissements directs étrangers (IDE) dans
des journaux de pays alliés (doc. 3). Mais cette le monde entier, et commence à développer un
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Entraînement S
ur le modèle de la partie I, identifiez les trois sous-idées pour les parties II et III
de la composition et illustrez-les d’exemples.
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Sujet 2 F
ormes indirectes de la puissance : l’enjeu de la langue.
Analyser le texte (doc. 1) et la carte (doc. 2) de la p. 106.
Étape 1 : Analyser le sujet
Le mot le plus important du sujet est celui de « Puissance ». C’est autour de ce terme que gravitent les
autres notions : « formes indirectes », « enjeu », « langue ». Il s’agit donc de bien le définir pour ne pas
passer à côté du sujet. Le concept de « puissance » est polysémique (voir lexique page 314). Dans le
cadre du sujet, il peut être réduit à celui d’« État reconnu pour son poids et son influence dans le monde
en raison de son étendue territoriale, sa démographie, son économie, sa culture et sa diplomatie ». Le
sujet restreint l’étude de la puissance au cadre de l’influence culturelle par le biais de la langue.
Le sujet a pour cadre géographique l’Afrique contemporaine au début du XXIe siècle (2005-2020).
Étape 2 : Étudier le corpus documentaire
Le document 1 est une carte localisant les instituts Confucius installés en Afrique entre 2005 et
2020. La source d’où sont extraites les informations est le Financial Times de 2019.
Le document 2 est un extrait de l’article d’Ellina Chhay « Instituts Confucius : l’atout charme de
l’Afrique », paru dans la revue France Forum n° 66 de juillet 2017 qui a pour titre « Repenser l’Afrique ».
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