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TABLE DES MATIERES Remerciements . vn Introduction .. x Chapitre I — Objectfs du compactage 1 1. Diminution des tassements.. 3 2. Blevations des caractéristiques mécaniques 4 3. Diminution de l'attrition . . 8 4, Diminution de la perméabilité 9 5. Tableau des objectfs du compactage 9 Bibliographie du chapitre I........ 13 Chapitre I — Lois et théories du compactage 4 1. Généralités ...... . 4 2 Courbe proctor complite ... 28 3. Loi du logarithme « = 49 4. Loi du gradient 63 5. Loi de la résistance cross : a 6. Théories relatives au compactage 2 7. Conclusion «0.02. : 87 Bibliographie du chapitre II .. 87 ‘Chapitre III — Classement des matériaux a compacter.............. 89 1. Classes de sols . 90 2 Classe A... 91 3. Classe B 96, 4. Classe C 100 5. Classe D 100 6 Classe E | 108 7. Classe F 1 — 108 8. Conclusion du chapitre Tli. 109 Bibliographic du chapitre III 109 Chapitre IV — Engins de compactage ... 110 1. Généralités ..... 110 2. Rouleaux & bandages lisses 116 3. Rouleaux a pneus 3 4 Rouleaux vibrants 139 5. Petits rouleaux vibrants 162 6. Rouleaux a pieds dameurs we 164 7. Rouleaux vibrants a pieds damews | 169 8. Compacteurs a semelle vibrante' les 170 9. Vibro-pilonneuses et ‘engins dameurs eee . Ml 176 10. Engins spécigux....sensss snes 180 Bibliographie du chapitre IV 182 x Table des matigres Chapitre V — Appareils et méthodes de mesures Présentation du chapitre. Mesures aprés compactage. Mesures des paramétres relatifs aux matériaux...... Mesures de caractéristiques des engins de compactage Instruments de mesures embarguts sur engin de compaciage Utilisation des appareils de mesures . Planches expérimentales Bibliographie du chapitre V Chapitre VI — Les deux réslementations techniques franaises du ‘compactage 1. Généralités ...... oe 2. Le compactage des rembiais et des couches de forme 3. Le compactage des assises de chaussée . 4. Compactage des remblais de tranchée 5. Conclusion : Bibliographie du chapitre VI . Chapitre VII — Le compactage des enrobés . 1. Spécificités du compactage des enrobés 2. Précompactage du finisseur : 3. Compactage pneus en téte 4. Compactage au moyen de rouleaux vibrants| Bibliographie du chapitre VII ‘Chapt VIII Compactages spécinux-problemes dives poste par le ‘compactage ...... 1. Remblais hydrauliques 2. Consolidation 3. Compactage a sec 4. Coat du compactage . Bibliographie du chapitre VIII. 296 296 304 314 317 321 INTRODUCTION Nous avons publié en 1970 un ouvrage intitulé «Le compactage routes et pistes», Une 2° édition de ce travail est sortie des presses en 1972; elle comporte tun certain nombre de modifications et d’additions. Les progrés ont été tels dans ce domaine que cet ouvrage est maintenant totalement périmé = Les travaux de consolidation ont pris dans le monde entier un trés important développement et les procédés pour parvenir 4 une amélioration des terrains fen place sont maintenant nombreux et ont fait objet d'applications d'une ampleur considérable, (vibro-ottation — utilisation dexplosifs — ‘compactage dynamique). — De nombreuses recherches ont été pratiquées dans beaucoup de pays sur les propriétés des matériaux A compacter, sur les meilleures conditions de ‘compactage, sur les caractéristiques des matériaux aprés densification et sur les variations de ces propriétés en fonction des paramétres de compactage, sur les meilleures configurations 4 donner aux engins. Cet ensemble est iimpressionnant. — Le matériel a fait des progrés considérables et des idées tout & fait originales ‘ont complété celles — déja souvent curieuses — qui étaient apparues il ya quinze ans. Les engins sont souvent devenus plus lourds, et partant, plus efficaces. is des Les progrés de Uhydraulique, comme ceux de Tisolation visa vibrations se sont traduits dans le domaine des compacteurs par lappai engins possédant des possibilités d’adaptation inconnues en 1970-1972. ag era peutte bent des apparels ui s'auto-commanderont et 'auto- réguleront. Nous sommes évidemment beaucoup mieux informés des progrés qui ont été réalisés en France, que de ceux qui sont nés dans d'autres pays. Mais nous croyons que c'est en France que I'on a fait, le plus, progresser les connaissances sur le compactage. Nous en voulons pour exemple ces deux publications importantes que sont, d'une part, la Recommandation pour les Terrassements Routiers, (R-T.R.) et, d'autre part, les Listes d’aptitude. L’une comme les autres représentent, d nos yeux, un travail et un apport de connaissances tout a fait considérables Cet immense effort de recherches accompli dans le monde entier est venu se conerétiser dans le colloque international sur le compactage quis'est tenu é Paris, en avril 1980. Que T'on ait réuni, sur ce théme, plus de 500 participants laisse réveur lauteur de Pouvrage publié en 1970! x Introduction Fallait-il, puisque ce dernier est périmé, entreprendre la rédaction d'un nouveau recueil? Ne risquait-il pas de faire double emploi avec d'autres Publications telles que, précisément, la R.T-R,, les listes aptitudes, ou encore, les ‘comptes rendus du colioque international de 1980? Nous avons finalement pensé gue le nouvel ouvrage pourrait utilement rassembler des documents épars, en donner une présentation plus simple, en faire parfois une synthése et, grace cet effort, donner aux résultats de la recherche une diffusion complémentaire. Avant de clore cette introduction, il nous parait indispensable de donner un avertissement, Nous n'avons certes pas cherché a rédiger un cours de ‘compactage, cest-a-dire, un ouvrage qui supposerait que le lecteur ignore, au départ, tout de la question et quill faut donc tout Iui enseigner depuis les premiétes notions élementaires. Mais nous nous sommes néanmoins efforcés — Sans toujours y parvenir — de ne pas trop solliciter les connaissances antericures du lecteur et de lui rappeler des définitions ou des concepts qu'il a déja. Certains trouveront, sans doute, ces rappelsinutiles, alors que d'autres les trouveront trop sommaires ou trop peu nombreux. Nous sollicitons indulgence des uns, eomme des autres en leur demandant daccepter le caractére obligatoirement bancal de ‘compromis adopté. CHAPITRE I OBJECTIFS DU COMPACTAGE Compacter un sol, un remblai, une plate-forme, une couche de forme, un comps de chaussée, un noyau de barrage en terre, un enrobé, c'est réduire le volume des interstices (1) de ces divers matériaux. ‘Nous verrons, en effet, au chapitre Il, paragraphe 1.2, que tous ces corps peuvent étre considérés comme composés de 3 phases : = tune phase solide dispersée composée de grains séparés les uns des autres, laissant entre eux des interstices occupés par d'autres phases; — une phase liquide qui peut étre dispersée ou continue, ou méme, avoir une partie continue et une partie dispersée et qui occupe tout ou partie du volume des interstices; — une phase gazeuse le plus souvent continue, mais qui peut, aussi, étre dispersée en bulles et qui occupe Pautre partie du volume des interstices. La phase solide est peu compressible; Fobjectif de lingénieur en compactant Je matériau n'est done pas de réduire le volume de cette phase. La phase liquide est, nous te savons depuis Pascal, peu compressible; Tobjectif de ingenieur n'est donc pas non plus de diminuer le volume de cette Phase, mais il est des cas ot il peut espérer en expulser une partic hors du ‘matériau a compacter. La phase gazeuse, par contre, est éminemment compressible et elle peut étre plus facilement chassée que Ia précédente. Compacter cest done — parfois expulser du liquide; ~ souvent expulser du gaz; — toujours (ou presque) comprimer du gaz; ~ mais Cest aussi t surtout, fare glisser les uns sur les autres le éléments du Squelette de fagon & aboutir& un meilleur arrangement des grains (lig... {2 te mot winesice design entrees ene seas {On smpoi couramment pour ee mot lee de vides ns ce mot et imprope ca oss sens Spo eB 2 ae gu Nos asf wea tpra at ecole avec mot ngs ui dsige cs neva, mals ule pr empoge en ‘our digas ores inteneu sn ose (qu Ton alfa de sporeoeo}. 2 Objectifs du compactage ide. a aoe Foie | sol Compacter, c'est souvent toujours (ou presque) parfois expulser expulser comprimer du liquide. du gaz. des gaz... ‘mais c'est aussi faire glisser les uns sur les autres les éléments du squelette: de fagon & aboutir un meilleur arrangement des grains. Fig. L1. ~ Image schématique du compactage. Bien entendu, en réalité, les phases solide, liquide et gazeuse sont mélées. Cet exposé montre les obstacles qu'il faut vaincre pour compactet : — la cohésion et le frottement interne, — Timperméabilité qui s‘oppose au mouvement du liquide et du gaz, — la pression des gaz comprimés. Ces obstacles ne sont pas de méme nature Les deux premiers, une fois surmontés, le sont quasi définitivement, et méme Je phénoméne qui les a produits favorise la pérennitt du résultat’ obtenu ohésion et frottement interne s’opposent au décompactage et limperméabilit Soppose arx entrées d’eau qui pourraient, dans certains cas, faire gonfler le matériau compacté. Par contre, le troisiéme obstacle peut, une fois le compacteur parti, provoquer un décompactage spontané du sol. ‘Nous examinerons la portée de ces remarques dans le chapitre II. Indiquons pour le moment, que vaincre ces obstacles suppose une dépense d'énergicet, par conséquent, un coat monétaire. Ce n'est évidemment pas pour le simple plaisir de diminuer ie volume total du matériau que l'ingénieur routier ‘consent a ces dépenses, mais c'est parce que cette diminution globale de volume s'accompagne de modifications importantes des propriétés du matés sont ces modifications que recherche le technicien. Objectifs du compactage 3 1. DIMINUTION DES TASSEMENTS. 1.1. Constatation banale des tassements est un fait d'expérience courante qu'un remblai constitué sans précaution tase sous Teffet soit de son propre poids, soit des charges permanentes qu'il support, soit des surcharges qui roulent sur lui. Tout le monde a vu une tranchée remblayée et a apprécié, souvent son détriment, les deformations du sol au- dessus de celle-c. Or, ce tassement n'est que la traduction d'une diminution de volume des matériaux, diminution qui est le résultat d'un compactage spontané et lent qui réuit le volume des interstices du sol constituant le emblai dela tranchée, pour reprendre exemple précédent. 1.2. Suppression des tassements Le premier objectif que va done poursuivre 'ingénieur,c'est de substituer di ‘compactage lent, qui conduit dans le temps a des désordres, une opération ‘olontaire effectuée avant mise en service de Fouvrage, et qui mettra le matérian dans un état suffisamment serré pour qu'un resserrement ultérieur soit impossible ou peu probable. Ala limite, si cette opération volontaire réduisait le volume des interstices 4 0, tout tassement serait évidemment rigoureusement impossible, Mais pour vite, en pratique, que le matériau tass, il nest pas nécessaire, et de beaucoup s’en faut, d'atteindre un tel état, du reste totalement ‘wtopique; nous verrons qu'une densification modérée est sufisante. 1.3. Suppression des tassements différentiels ‘Trés souvent Tingénieur cherche moins & supprimer tout tassement, qu’ éviter que ce tassement s'accompagne de déformations, En effet, lorsqu'l se produit, un tassement est rarement constant d'un bout & autre du profi en long et du profilen travers de Touvrage; ne serat-ce que parce ‘quel remblai n'est pas de hauteur égale. Ce sont doncles tassements différentiels ui sont les plus dommageables. r, il est évident que si Ton diminue fortement, par le compactage, les tassements absolus, on réduira beaucoup plus les tassements différentiels qui ne sont, en général, que de ordre de grandeur du 10* des premiers. Cette derniére affirmation est évidemment inexacte si le tassement diférentie! cst gal au tassement absolu, parce qu'une partie tasse et que l'autre est indéformable. Le cas le plus frappant est celui du remblai adjacent a un ouvrage art; le premier tasse, alors que Touvrage ne se déforme pas. Les ingénicurs ‘outiers savent méme que Ion introduit entre Touvrage et le rembiai une «dalle de transition » qui atténue les inconvénients de cette diférence de comportement. ‘Unautrecas analogue est celui des remblais de tranchée quitassent, alors que les lévres de Ia tranchée ne le font pas. Ces exceptions — fort importantes du reste en pratique ~ mises & part, ilest Telaivement ais par un compactage approprié vier les tassoments ifferentiels. 4 Objects du compactage ELEVATIONS DES CARACTERISTIQUES MECANIQUES Le resserrement des grains du matériau a un autre effet trés important : les ccaractéristiques mécaniques sont fortement améliorées. 2.1. Cas des sols — Augmentation de la cohésion C et de langle de frottement interne g 2.1.1. Nous rappelons brigvement, ici, que 1a courbe intrinséque des sols est caractérisée par deux paramétres, Fordonnée & Vorigine ou cohésion C et Tangle 9 que fait la droite intrinséque avec V'axe des contraintes normales (Gig. 12). On sait que ces deux caractéristiques dépendent fortement dela maniére dont sont pratiqués les essais, suivant ou non que le sol est consolidé avant Tessai et suivant qu'il est ou non drainé pendant celui-ci. Nous n'insisterons pas ici sur ces differences, auxquelles nous ferons allusion au chapitre Il, § 22. Fig. 12. ~ Défnition de la cohésion C et de Vang de frottement interne x 2.1.2. Augmentation de g. On comprend assez bien, intuitivement que le resserrement des grains de matiére augmente le nombre de contacts entre eux et, par conséquent, leur frottement : Pangle @ est accru. 2.13. Augmentation de C. La seule intuition explique moins bien par quel mécanisme la diminution du volume de pores augmente la cohésion. Certes, on peut penser au phénoméne d'interclavage illustré par la figure 1.3, Mais on peut, de plus, présenter le raisonnement qualitatif suivant : ‘La cobésion est fournie, d’une part, par les ménisques d'eau qui, par tension superficielle, viennent appliquer I'un contre 'autre deux grains voisins (cf chap. I1§ 2.2)et, d'autre part, par les phénoménes électro-statiques régnant dans Teau plaquée a la surface des grains. Objectifs du compactage s grice au compactage, les grains sont plus serrés, les ménisques d'eau vont avoir plus defficacité (du moins tant que ce resserrement des grains nentrainera pas un degré de saturation élevé) et d'autre part, les phénoménes de surface Joueront davantage. Quelle que soit a valeur de ce raisonnement, on constate que la cohésion est ‘bien augmentée par le compactage. Fig. 13. — INTERCLAVAGE : Le cisaillement selon les directions indiquées par les ‘Sléches est rendu trésdificile par Vinerclavage; il ne peut se produire qu’en artant les ‘grains 1 et 3 et la contrainte normale s'oppose d cet éeartement, Meme en absence de Contrainte normale, cet enchevétrement peut conde d une résistance au csailement esedndire d'une cohesion, 2.14, Or, cette augmentation de C et g peut étre recherchée par Tingénieur dans de nombreux ouvrages ou parties douvrage. 4) Ten sera ainsi des talus de remblai qui auront tendance & mieux tenir ils sont bien compactés, Notons de plus, que leur résistance a Térosion sera améliorée, 5) Ces caractéristiques jouent, de plus, un réle important dans les barrages én terre pour lesquels le compactage est donc essentiel. Nous verrons qu'il Fest, ailleurs encore plus, en ce qui concerne la diminution de la perméabilité ©) Lidlévation de ces caractéistiques et celle, que nous allons analyser ci- aprés, du module de déformation, accroit la portance des sols. Elle est recherchée, 4 ce titre, par Ningénieur routier, mais aussi elle a permis d'édifier des ouvrages ‘peu déformables ou indéformabies sur des remblais ou sur des sols en place peu ortants, dont on a amélioré les caractéristiques grace un compactage adéquat. 6 Objectifs du compactage 2.2, Cas des sols Augmentation du module de déformation 22.1. Notion de module de déformation i 'on applique a un sol quelconque tne contrainte de compression, le sol va se déformer et cette déformation est d’autant plus élevée que la contrainte sera forte. Si Ton exprime la déformation en raccourcissement 81, rapportée & la Jongueur I d'une éprouvette, il est donc tentant d’appliquer une loi analogue a la loi de Hooke et d’écrire 'équation al @ étant la contrainte de compression. Mais les lois de déformation des sols sont trop complexes et séloignent trop de la proportionnalité exprimée par la loi de Hooke pour que 'on ait le droit d'écrire Péquation précédente, ou du moins, sion écrit, le paramétre E ne sera pas, et de beaucoup s'en faut, une constante. ‘Comme cette équation est néanmoins simple et commode, on sera amené & définir toute une série de modules E, pas toujours homogénes a une contrainte. Ltun des plus employés est le module de déformation de dimension ML *T~? si ‘on applique a la surface (supposée horizontale) d'un terrain une charge F uniformément répartie sur une surface S, 'enfoncement du sol est d. Cet enfoncement est grossigrement proportionnel a F/S et le module de déformation est défini par la relation F a ES En fait, ld aussi, il faut définir, non pas un module de déformation, mais toute une série de modules dont la valeur dépend des conditions de l'essai. Nous aurons d'ailleurs l'occasion de revenir sur ces définitions au chapitre V § 2.3.1 222 Augmentation du module de déformation par le compactage intuition montre clairement que lorsque le volume des interstices d'un sol est important, le sol sera plus déformable (et, par conséquent, le module plus faible) que lorsque l'on a réussi a refermer ces interstices. C'est bien ce que l'on constate: le compactage augmente considérablement les modules de déformation. On a méme utilisé et on utilise encore cette augmentation pour controler le compactage par cet effet (ef. chap. V § 2.3.1). Cette augmentation du module de déformation se (raduit aussi par une augmentation de la portance. 223, Notion de Lien avec le module de déformation La capacité portante d'un terrain — on dit aussi sa portance — est aptitude u'a ce terrain & supporter des charges permanentes ou des surcharges, que les Objectifs du compactage 7 tunes ou les autres soient représentées par des batiments, des ouvrages d'art, des voies de communication ou les vehicules que supportent ces derniéres. Cette portance est évidemment lige au module de déformation et aux variations de ce module d'un point a un autre de la structure que Ton peut construire sur le terrain concerné, Si les déformations sous charge sont, en effet, trop importantes et trop variables dans espace, des dommages peuvent en résulter pour Touvrage construit au-dessus. Cela est vrai pour les déformations plus ou moins élastiques, ‘mais est évidemment encore plus vrai, pour les déformations permanentes. ‘Augmenter par fe compactage le module de déformation, c'est done aussi augmenter la portance du terrain. 224, Objectif relatif aux différents ouvrages CChacun sait que cete portance du terrain est un objectif trés important pour Jes ingénieurs routiers. II est, bien entendu, tout aussi important pour les constructeurs de voies ferrées. Bien entendu, cet capacité portante est aussi un objectif trés important des constructeurs de batiments et douvrages d'art. Encore faut-il comprendre que les objecifs ne sont pas cxactement les rmémes, et pour cela, il est nScessaire de s'interesser & la surface chargée. ‘Un calcul grossier 'évaluation dela profondeur 4 laquelle a contrainte de compression verticale tombe au-dessous de 1 bar dans plusieurs cas. de cchargement, donne les résultats suivants : — roue chargée 4 6,5 tonnes avec pneu gonflé 4 8 bars: environ 1 metre; — semelle filante de 0,60 m de large et supposée chargée a 5 bars : environ 2 matres,, ~ radier de 6 m de largeur et supposé chargé i 2 bars : environ 6 métres, Liingénieur s'intéressera donc la portance du sol 4 une profondeur d’autant plus grande que la surface chargée est plus importante, et bien entendu, que Ia charge appliquée est plus élevée. Lingénicur routier se contentera donc de compacter le corps des remblais de fagon a ce quiils ne tassent pas, ou tout au moins, a ce que les tassements différentiels soient nuls (of. § 1.2 et 1.3 ci-dessus). Par contre, il compactera la derniére couche du remblai, et surtout, la couche de forme beaucoup plus efficacement car Fobjectf recherché sera alors l'amélioration de la portance. Le constructeur de fondations de batiment ou d’ouvrage d'art devra s‘intéresser a ta portance de couches plus profondes. Suivant qu’l a affaire & tel u tel type de fondation, cette profondeur sera plus ou moins grande, Tant6t il devra améliorer le sol en place, et cela, parfois & des profondeurs dépassant la dizaine de métres (cas de certaines consolidations), tant6t il devra compacter Energiquement des remblais. 2.3. Cas des assises de chaussée L’augmentation des caractéristiques mécaniques des matériaux de chaussée par le compactage a une influence fondamentale dans la bonne construction de (es assises. Nous verrons, en effet longuement, que le module, la résistance d la 8 Objectifs du compactage traction, la résistance i la compression des matériaux constituant les couches de chaussée sont considérablement augmentés par un accroissement de densité [1] 210. 7 Or ces paramétres ont une influence détérminante sur la résistance de la chaussée d la fatigue et, partant, sur sa durée de vie. Meme sila suppression des tassements dlferentiels (sous forme d'ornigrage) est poursuivie par Vingénieur dans le compactage du corps de la chaussée, c'est Tobjectif d'amélioration des caractéristiques mécaniques ‘qui est ‘done prépondérant. Cela conduit le technicien routier & pousser le compactage de celle-citrés Join, beaucoup plus loin qu'on ne le fait en ce qui concerne les remblais 3: DIMINUTION DE L’ATTRITION 3.1. Notion d’attrition Lorsque I'on a mis en place une assise routiére constituée de grains, ceux-ci, par frottement les uns contre les autres (ou quelquefois par choc), se cassent, pperdent une partie de leur substance transformée en grains de dimensions plus Petites ct quelquefois, en sable, ou méme en matériaux plus fins. Cette ‘modification de la granularité des matériaux est attrition. On sait qu'elle est, en général, augmentée par la présence d'eau et qu’on I'apprécie par divers essais tres ‘empiriques, els que le Los Angelés, le Deval, le micro-Deval et le micro-Deval en présence d’eau (M.D.E). Chacun sait que cette production d'éléments fins par Vattrition et cette modification de la granularité abaissent les caractéristiques mécaniques des ‘matériaux constitutifs d'une chaussée. 3.2. Influence du compactage sur l'attrition 11 tombe sous le sens que, lorsqu’un matériau routier est bien serré, les interstices n'y ont qu'un volume restreint, les mouvements relatifs des grains y sont réduits ou supprimés. Par li méme, on diminue Pattrition Certes, celle-ci n'est pas due uniquement au frottement des grains les uns contre les autres et Pusure qu'il entra Deux grains qui s'appuient I'un sur Pautre et se compriment mutuellement par une petite surface de contact peuvent écraser le matériau voisin de celle-ci, et cela, sans quil y ait mouvement relat de ces deux grains. Mais les mouvements relatifs sont une cause importante d'attrtion, et il est lair, que des densités élevées les diminuent. Encore faut-il éviter que celle-ci se produise par le compactage Iui-méme. (0) Les chires entre crocetsrenvoient a a bibliographic enfin de chapitre Objectife du compactage 9 4. DIMINUTION DE LA PERMEABILITE ‘Comme il est bien évident que le volume des interstices joue un rdle dans la perméabilité, méme si leur répartition, la dimension de chacun d'eux, etc. ont aussi une influence, il est Evident que le compactage diminue la permeabili Mais la encore, Vobjectif de diminution de ce facteur nest pas le méme suivant la nature de louvrage. Cet objectif est évidemment essentiel lorsque se pose te probléme de Tétanchéité. Cest ie cas du noyau des barrages en terre. C'est le cas des anciens remblais corroyés. Il est important pour les assises de chaussée. Encore faut-il noter que Texigence d'imperméabilité n'est pas du tout la méme suivant qu'il sagit d'une couche de surface(1) qui doit impérativement étre étanche ou d'une couche de fondation qui, dans certains cas, pourrait méme avoir intéét étre quelque peu permeable. faut ajouter que dans les assises de chaussée tratées, Timperméabilité doit beaucoup au liant, qu'l soit hydraulique ou hydrocarboné. Dans les enrobés 'étancheité mis en ceuvre dans les ouvrages hydrauliques, Timperméabilité est une nécessité absolue et le compactage doit donc étre trés bien étudié. La aussi le liant joue un réle trés important et la formulation de Tenrobé (malgré ‘un compromis dificile entre Yimperméabilité et la stabilité) prévoit un dosage en bitume plus important que dans un enrobé routier, 5, TABLEAU DES OBJECTIFS DU COMPACTAGE Le tableau I ci-aprés tente de rassembler sous une forme synthétique les quatre objects du compactage, leur importance suivant les diferentes natures de travaux et la maniére dont ils sont réalsés en fonction des densitésseches atteintes. eyjcNOUs avons de plus dressé un graphe trés théorique (gure 14) qui met en évidence une difference importante entre Fobtention des deux premiers de ces objectifs Quelques commentaires nous paraissent nécessaires pour comprendre le tableau et le graphe. Lun et Pautre utilsent des notions qui seront définies au chapitre II, indice des vides et densité séche; mais nous supposons le lecteur assez au fait de ces ‘notions, qui sont du reste élémentaires, pour lui présenter dés maintenant ce Schéma général fondamental. Nous supposons aussi qu'll connait indice de qualité épaisseur, introduit par Bonnot. Nous verrons au méme chapitre II qu'il existe pour chaque sol un indice des vides maximal (et une densité séche ‘minimale) correspondant au matériau parfaitement foisonné. De la méme (1) Nous mettons & part le cas de certaines couches de rovlement, pour lesqueles, pour des ‘tons de tute conte la glssance, on cherche au contrare une forte permeabiit (eurobes Tableau 1. — Objectifs poursuvis pour le compactage o1 a8vronduos mp sfa23t¥o Couche detorme | Asses rep Barobé Rembleis | ge routes ou | ao yas étanehee de routes ou | chausaée | "chauuade P s s » M P B s 95% OPN 93% OPN : Evite oes matclasage Suppression des] £ fasements i: etils Cas panicaier fies rembls proches. des Points dure Amiioration des] » F e a & P £ Carectensigues mécaniques| 95% 0PM | Proctor modi cep | Portance 10k 198 Portance cae cae Tenue desialus Omigrage |Recherehe | Portance & pro- un compro: | fondeur eve mis par formulation Diminution s s de Taurition Dimipution de ta] Me s D e e peemdabaté ans chaque ease sont indiqués 28o120duoo np sfa22yo 12 Objectifs du compactage ‘maniére,il existe aussi un indice des vides minimal (et une densité maximale) qui correspondrait 4 un compactage infini. Les états réels du sol evoluent doncentre ces deux limites, sans d’ailleurs les atteindre, La figure 1.4 utilise ces notions. Elle ‘met en évidence que pour les remblais, e niveau de compactage est fixe par une condition technique, & savoir la suppression des tassements ulterieurs,tandis que le niveau de compactage des assises de chaussée résulte d'un équilibre économique entre le cout du compactage et celui de lentretien ultéricur de la chaussée Indice des vides, / a ‘Tassement 4 ‘ul YY ne an ss Tern neal Tassements ultérieurs Coat du compactage ++ ++Perméabilité == Résistance mécanique —- Résistance & Fattrtion Fig. 14. — Schéma général fondamental des objectifs du compactage. Alors qu’d partir d'une densité séche de 90 4 95 % de celle du Proctor normal, il ny a, en général, plus de tassements ultérieurs du sol, les resistances mécaniques continuent & augmenter jusqu’a ce que 'on approche de la densité séche maximale 74. Mais le colt du compactage crot trés vite. Si 'on imagine {Que la résistance mécanique est exprimée en terme d’économies entrainées pour Ja chaussée, on voit que si on savait déterminer fe point , il faudrait pourseivre Je compactage des assises de chaussée jusqu’d ce point, Bien entendu, ce schéma n'est qu'uine image et les courbes dessinées n'ont jamais été tracées par aucun chercheur. Nous nous sommes contentés de leut donner une allure vraisemblable. Mais ce schéma nous parait bien faite comprendre la difference entre le compactage des remblais et celui des assises de cchaussée, que Pon trouvera dans le tableau 1 Objectifs du compactage B BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE I [1] Doay'T, H, ~ Influence du compactage sur le module de rigidité et a résistance dla fatigue des enxobés, Colloque international sur le compactage. Volume Il, pages 385 et sq, Editions Anciens E.N.CP. [2] Novvex Dac Cir ~ Influence du compactage sur les propriétés mécaniques des ‘matériaux traités aux liants hydrauliques utlisés en assises de chaunsce, Colloque international sur le compactage. Volume I, pages 175 et sq. Editions Anciens EN.P.C, CHAPITRE IT LOIS ET THEORIES DU COMPACTAGE 1. GENERALITES 1.1. Introduction et présentation du chapitre Nous avons tenté de rassembler dans ce chapitre, d'une part, quatre lois physiques empiriques du compactage accompagnées, duu moins pour certaines ‘entre elles, de tentatives d’explications et, d'autre part, des theories quel Peut pas rassembler dans une théorie genérale du compactage qui reste & ‘Les quatre lois physiques que nous exposerons sont: — 1a courbe Proctor compléte, dont il nous semble que 'on peut donner une explication théorique; — Ia variation de ta densité séche en fonction du nombre de passes d'un compacteur donné; en raison de la forme du graphe représentatif de cette variation, nous Pappellerons loi du logarithme et nous tenterons d’en donner lune représentation mathématique complete, ce qui nous conduira & dégager plusieurs notions, qui nous paraissentintéressantes; — la variation de la densité séche en fonction de la profondeur, que nous appellerons loi du gradient de densité et dont nous ne donnerons qu'une explication qualitative sommaire; — enfin, Faugmentation des caractéristiques mécaniques du matériau avec sa densité séche, dont nous donnerons quelques explications également Gualitatives et sommaites, nous appellerons cette variation la loi de Ia resistance croissante, Nous exposerons ensuite de maniére souvent trés résumée, quelques théories qui apportent certes des éclairages intéressants mais qui ne se raccordent pas et qui, méme, sont parfois en opposition entre elles. ‘Nous terminerons en exposant dans quelle voie il nous paraitrait intéressant de chercher pour aboutir a une veritable théorie du compactage. Mais avant d’exposer ces oisil nous parait indispensable de donner quelques notions élémentaires sur les sols et quelques notations indispensables. Lois et théories 15 1.2. Rappel de notions concernant les sols. Extension aux matériaux 4 compacter 1.2.1. Défmitions des matériaux 4 compacter Les matériaux que Ton cherche a compacter sont trés divers : qu'y a-til de commun, 4 premiére vue, entre un limon sensible 4 eau qui peut poser des pproblémes dus au phénoméne dit du coussin de caoutchoue et un béton bitumineux grenu qui nécessite des Energies de compactage élevées? ‘Cependant tous ces matériaux repondent & une définition commune que nous avons évoquée dans le chapitre 1" : ce sont des mélanges de grains solides, @'um liquide qui, pour les sols est de Teau et pour un enrobé du bitume, leque est un fluide au moment du compactage) et d'un gaz. Cette définition est une extension de celle des sols telle quielle résulte de la circulaire n° 64 du 4 juillet 1957 de la Direction des Routes et de la Circulation Routiére : «un sol est un matériau constitué de grains solides distincts et pouvant contenir en outre de eau et de Pair; les grains étant & une échelle telle par rapport au volume du sol considéré que In loi des grands nombres soit applicable ». ‘Nous ne reviendrons pas sur le commentaire que nous avons donné au chapitre 1". 1.2.2, Défiitions diverses et notations (1) Poids spécifique des grains solides y, (Paris 61) Crest e poids spécifique de I'unité de volume dela roche dont sont constitués les grains, Pour la plupart des matériaux, 7, est compris entre 2,6 et 2,8. Poids spécifique de Veau 7, (Paris 61) Dans la plupart des formules nous ferons y, = 1, ce qui a Finconvénient de ‘masquer rhomogénéité de ces formules. Poids votumique du sol y (Paris 61) Cest te poids de Tunité de volume de sol (poids des grains + poids de l'eau + poids de Iai (négligeable). Poids volumique du sol sec 7, (Paris 61) est le poids de Tunité de volume de sol dont Peau aurait été extraite. 7 est done égale a y diminuée du poids de eau contenue dans 'unité de volume deol. Dansla technique routiére francaise, on a pris "habitude desubstituer 4 ce terme, celui de densité séche, c'est celui que nous utiliserons. Porosité n (Paris 61) Cet le volume des interstices ou vides contenus dans 'unité de volume de sol, et cela, que ces vides soient remplis d’eau ou d'air. (1) Chaguefoisque possible ces notations sont celles du V* Congrés International de Mécanique fez Sete Parise fe 1961 Danser cas now avon rt dere lesbo centre pret 16 Lois et théories Indice des vides e (Pais 61) (Cest le rapport du volume des interstices (qu'il soient remplis d'eau ou: ‘au volume des pleins. Ona done: et Tre Dans certaines formules exposées par Barkan [1] lindice des vides est une fonction exponentielle de diverses variables. Pour éviter alors toute confusion avec la base des logarithmes népériens désignés universellement par e (Paris 61 conserve cette notation), nous désignerons alors V'ndice des vides par e Compacité (ou compacité absolue) : C, ‘Cest le complément & 1 de la porosité, du moins en ce qui concerne les sols, Cest-i-dire, les matériaux dans lesquels le liquide est de 'eau. En ce qui concerne les enrobés, la compacité ne compte comme vides que ceux qui ne sont pas occupés par le bitume et elleest donc égale a1 — m + b(bétant le volume occupé par te bitume). En ce qui concerne les sols on a évidemment u G % Indice des vides maximal : ¢y,, (Paris 61) (ou encore tm) Cesta valeur que prend lindice des vides lorsque le sol a un poids spécifique see yy le plus faible possible, Indice des vides minimal : equ, (Paris 61) (ou encore tig) Crest la valeur que prend Tindice des vides lorsque le sol a un poids spécifique 7, le plus fort possible. Indice de densité : 1, (Paris 61) Cest expression : Teneur en eau : w (Paris 61) Cest ie rapport (en général exprimé en pourcent) du poids d'eau et du poids du sol sec dans le méme volume de sol. Degré de saturation : S, (Paris 61) ingoidit qu'un solestsaturé si tous es interstices sont occupés par eau, c'estei- areilne content pas i. On dit aussi dansce cas, que le degre desaturation est gal d 1 Lois et théories a Le degré de saturation est en effet le rapport entre le volume des interstices ‘occupé par l'eau et le volume total des interstices Pourcentage Wair : a (non normalisé) Les techniciens anglais utilisent a notion de pourcentage de vides d'air. C'est le rapport du volume occupé par lair au volume total. Pour des raisons que nous exposerons cette notion nous apparait fondamentale; elle est évidemment relige directement au degré de saturation et & la porosité, mais elle esta la fois plus parlante et plus directement utiisable. Limite de liquidité : W, (Paris 61) Crest une teneur en eau définie par un essai de laboratoire normalisé qui sépare l'état plastique du sol de son état liquide. Limite de platicté : W, (Paxis 61) Cest une teneur en eau définie par un essai de laboratoire normalisé et qui sépare Vétat plastique de Métat solide. Ces deux frontiéres (limites W'Atterberg) sont évidemment définies ventionnellement, état du sol passant progressivement de Tat solide & "état plastique, puis liquide lorsque w augmente. Indice de plastic: 1, (Pati 61 Cesta irene 1- MM, Indice de consistance : I, (Patis 61) Crest la quantité : Mrésulte de la définition que si w = W, I, = 0; siw=W,, [.=1. Le sol est d'autant plus ‘consistant, d'autant moins déformable que Test pius grand. Coefficient de perméabilité : k (Patis 61) ‘On designe aussi cette grandeur par le terme « perméabilité». Crest le coefficient de Ia loi de Darcy : comme nous voulons insister sur Fimportance de cette loi, nous y consacrerons un paragraphe spécial. Taux de compactage : T. (Paris 61) Cest ie rapport entre y4 obtenu et le poids spécifique du sol sec de référence découlant d'un essai, celui du compactage normalisé. Cette grandeur n’a donc de sens que si Ton a bien précisé quel est essai qui a servi a déterminer le poids spécifique du sol sec de référence, ex. : taux de compactage de 95 % du Proctor normal ou taux de compactage de 98 % du Duriez. 18 Lois et théories Relations diverses entre les grandeurs définies précédemment On démontre sans Ia moindre difficulté les relations suivantes que nous serons amenés a utiliser 18) @ GB i 5) [6 1 (8) Bp) 1.2.3, Nature et état d'un sol Les propriétés essentielles des sols dépendent de leur nature d’une part, de leur état dautre part. 4) Lanature d'un sol est fixée par la nature chimique et pétrographique des grains 4qui le constituent, par leur forme et par leurs dimensions Des trois phases solide, liquide et gazeuse que nous avons distinguées dans Tintroduction du chapitre 1, seule la phase solide intervient donc pour défini la nature du sol. On a précisé cette nature en définssant les paramétres identification des sols; ce sont, d'une part, ls limites d'Atterberg et, d'autre part, la distribution pondérale des dimensions des grains (granularité) Les limites d’Atterberg ont été définies au § qui préoéde, La granularité est obtenue par un essai de tamisage (granulométrie). La courbe gramlométrigue est obtenue en portant en abscisse (en échelle logarithmique) la maille des tamis et en ordonnée (en échelle arithmétique) le pourcentage cumulé des poids de matériaux passant au travers de chaque tamis (Ct. fig TL1) ou pourcentage de tamisat. Irésulte dela définition de la nature d'un sol que lorsqu’on fragmente les n change la nature du sol. Or, existe des sol tls que les nt, [es craiestendres dont les grains se fragmentent aisement au cours des manipulations et notamment au compactage. Leur nature varie donc au cours du temps. On les appele sols évoltif. ‘Cesdeux groupes de paramétres — classiques pour les sols — d'identification ‘nous seront suffsants tant que nous traiterons du compactage des remblais. Par contre, lorsque nous étudierons les assises de chaussée, nous serons amenés & Lois et théories 19 tenir compte des forces résistantes qui s‘opposent aux mouvements des grains les luns par rapport aux autres et, par conséquent, a l'action de compactage. On comprend intuitivement que ces forces de frottement dépendent de l'état de surface des grains et de leur forme. On appelle angularité cette caractéristique des sgranulats des assises de chaussée, Pour tenter de repérer cette angularité, on a été amené a définir deux ratios différents, mais voisins et on a mis au point un essai de définition de cette grandeur. AILLOUX, BLE | SABLE Besseszs ss yo 3 POURCENTAGE DES TAMISATS CUMULES 200 100 (60 2010 oe Litto doles 2 0:1 0.05 -— Ouverture intérioure des mailles des tamis “+ ——Di ‘(Tamisage) Fig ILL. ~ Axes de coordonnées pour courbe granulométrique. Sw laine at porte fea de péficaton dela grave rem rela aux asses de On appelle ince de concassage : le pourcentage en poids dans le granulat {0 ou d/D des éléments en provenance du concassage des éléments supérieurs 4 D dela grave alluvionnaire d'origine; ces éléments ont en effet nécessairement subi un concassage. Dans le cas d'un matériau recomposé, on utilise la moyenne ondérée des indices de concassage des differents composants. Dans le cas d'un matériau issu de roche massive, on dit que le grantlat est entigrement concassé (co qui entend qui est plus anguleux qu'un matériau issu d'un gisement alluyionnaire et dont 1, serait égal & 100). ‘On congoit que cet indice de concassage ne soit pas trés aisé a déterminer. ‘On appelle rapport de concassage, le rapport dela plus petite dimension du ‘matériau d'origine au D du gravillon obtenu. Nous n'uliliserons pas ce 2° ratio. Lessai de maniabilité que fon a mis au point et sur lequel Garnier [2] a beaucoup travaillé n'est malheureusement pas encore beaucoup utilise. I consiste & mesurer (ig. I.2) le temps d'écoulement d'une quantité dé matériau donnée dans des conditions bien définis. 20 Lois et théories Trappe réglable Ecoulement Fig. IL2, — Dispositif de mesure de Vangularité. ) Etat On ne change done pas la nature d'un sol lorsqu‘on le densi, losqu'on le desséche ou Phumidifie, lorsq’on le riture, etc, bre! lorsque on interven Sur des phases liquide et gazcuse du sol ou sur Tarrangement des grains Or, ces diverses operations modifient, de maniere trés importante et méme souvent spectaculaire es propritcs du sol. On dit que fon change son eine état dun sol peut etre reperé par les paramétres suivants, qui ne sont pat limitaifs et qui ont ce dtinis au § 1.22. precedent: densi sea 7, tencur cn eau w. Bien entendu, on peut, & partir de ces paramétes, calculer tous ceux qu leursont igs, tels que indie des vides, poroite degre desaturation, etc. II fant, our efectuer ces caleuls, connate le poids spéciique des grains slides Représentation triangulaire de Vétat d'un sol Nous aurons Foccasion de montrer, en traitant du réle de Peau dans le ‘compactage, que les trois phases d'un sol, interviennent toutes les trois. On est alors tenté d'utiliser une représentation a Paide d'un triangle équilatéral. Celle-ci a eflectivement été exposée par José S. Jimenez Salas [3], Nous Tavions reprise dans les deux premiéres éditions de cet ouvrage. Mais, malgré ses avantages incontestables, elle ne s'est pas imposée et nous ne la rappelons done que pour mémoire. Lois et théories a 1.2.4, Amalogie avec les enrobés ‘Nous avons indiqué que les enrobés pouvaient étre considérés comme des sols dans lesquels l'eau est remplacée par un liquide beaucoup plus visqueux ‘le lant ‘Ondoit donc trouver un comportement analogue. Ilest bien €vident qu’aprés compactage et refroidissement, un enrobé dense doit étre considéré comme trés imperméable au liant et Tair. I! doit done se comporter comme un sol imperméable. Nous verrons au § 22. que pour un tel sol, lorsque le pourcentage air tombe quelques points, ses propriétés mécaniquesseffondrent. On devrait, done trouver le méme comportement pour un enrobé. ‘Cest bien la aussi ce que 'on constate. Le Waterways Expriment Station [20], en particulier, publi¢en 1962 un rapport mettant en évidence le fait que le fuage d'un enrobé’ soumis 4 une compression gyrostatique se produirait systématiquement pour un pourcentage d'air de Vordre de 2 & 4%. 1.25. Rappel de notions de mécaniques des sols Natures diverses des contraintes agissant sur un sol Lorsqu’on défiit en élasticité la contrainte agissant sur une facette (cf. fig. 1.3), on fat Phypothése que le matériau est homogéne. Cette hypothese est évidemment absurde en ce qui concerne un sol Toutefofs, comme il est indiqueé dans la définition de celui-ci que les grains sont une échelle ell, par rapport au volume de sol, que la loi des grands nombres s'applique, on pourrait considérer ‘que la facete fait intervenir un grand nombre de grains Malheureusement cette facete, 'est-i-irecetélement — infiniment petit! — de plan tangent d la surface de séparation du corps en 2 parties, surface qui intervient dans la défnition de la contrainte, va passer dans le sol & travers des grains solids, du liquide et du gaz. Les proprietés de ces 3 phases sont trop différentes pour qu’on puisse longtemps garder la fiction de Fhomogénéité n Fig. IL3. ~ Définition deta facete. En éastcité, on défi lafacete en étudiant 'éuilibre ‘de ia partie I du solide; la partie I est séparde dela parte Il par une surface S fitine ‘quelconque. Autour d'un point M de S, on défnit une portion de surface infiniment petite 4S. Cette faceit est caractérisée par la normale Mn dS est nfniment petit par rapport ‘aux dimensions du «solide» éeudié mais pet étre assez grand pour intéresser un nombre notable de grains de so. 2 Lois et théories On est done amen¢ a défine une contrainte totale, qu ext e rapport (ou sa limite forage a surface dean facets tend vers 0) ends a ores oP oor ees Pune partie dsl i autre travers le Tact et 8 sane oe F as On est amené a distinguer Ia composante normale notée ¢ et la composante tangentielle notée + de cette contrainte totale. Mais on est obligé, dans de nombreux problémes, de décomposer cette contrainte totale en ses composantes relatives aux différents fluides intervenants, Une maniére de définir commodément pour lesprit ces composantes consiste & déformer la facette (ef. fig. 1L4). OAR qa SIT \ Fig. TL4. ~ Facette déformée. Tout en conservant la direction générale dela facettesnous la transformons en un « plan ondulant» de maniére d ne pas couper de grains de vol La surface 3S de la facet tombe entizrement dans les «vides»: le volume des vides Cant ‘ceupé partie par l'eau, parte par Var, nous appelons x dS et (1 ~ 7) dS ls surfaces ‘correspondantes, Cette présentation est inspirée de E. L. Matyas et H.$. Radhakrishna qui {intr odulsent la notion de plan ondulant. En fait, a été introduit par Bishop come'un coefficient empirique R&S Facette On appelle pression interstitillew la pression transmise par eau et pression air p celle transmise par lair et la vapeur d'eau, De maniére plus’ precise, comme te corps baigne dans l'atmosphére et que les forces extérieures devraient ‘comprendre les forces de pression dues a la pression atmosphérique, on convient généralement que u (pression interstituelle) et p (pression d'ait) sont respectivement Vexcédent de la pression de eau et de la pression de lair sur la pression atmosphérique. On ne comprendra donc pas, dans les forces extérieures, calles dues & la pression atmosphérique; es deux fluides transmettent, d'un odte a Tautre de la facette, une force normale a la facette et égale & Ca +1 — dp] as Sit'on appelle a” dS et x” dS les forces transmises a travers la facette par les contacts entre les grains (o’ dS force normale et +’ dS force tangentielle), la force totale transmise & travers la facette aura les deux composantes suivantes tangentielle +’ dS normale [o’ + yu + (1 — 7)p)] dS Lois et théories 2B lest clair que si c et x sont les composantes normales et tangentielles de la contrainte totale, on a : Woe tea a of et +’ sont les deux composantes de la contrainte intergranulaire, On appelesuecion ia quantté p ~ w= Br la fisant appara dans ls formales (1), on obient: ter ono t+p—ys ue Loi de Darey Gradient hydraulique. Rappelons que l'on désigne par gradient hydraulique Ja perte de charge (ou Fabaissement du niveau pigzométrique) par unité de Jongueur parcourue par un courant d’eau dans le sol. Soit done (fig. 11.5) un écoulement dans le sol et deux points A ct B: Ecoulement Fig ILS. ~ Défmition du gradient hydraulgue. 4 ant Yamont de B ttl que le vecteur 4B sot parle écoulement Plagons en 4 et B deux piézométrics et soit 4h la différence de niveau indiquéee par oes deux piézométres. Soit la longueur AB; le gradient hydraulique f (Paris 61) est ah al La oi de Darcy exprime que, pour un sol donné,placé dans un état donné et saturé (1) la vitesse de écoulement est proportionnelle au gradient hydraulique vk ‘est le coefficient de perméabilité. (On dit encore la perméabilité) (1) Bien que la loi de Darcy n't de sons quen Hat sauré, certains auteur, pour étude les ‘mouvements eau dans un état non slur, utset un coeficent Je permeabite qoeTon pouralt ‘ppelerpecméabilté apparent ou équvalente et qui est dfn & partir du gradient de suseion t not ‘lus du gradient de charge hydrauique est pas suns intére de savoir que ete permeable varie {tes rapidement en fonction dis deg desaturation 5, 24 Lois et théories Relation entre perméabilité et viscosité La perméabilité n'est pas une constante; elle est inversement proportionnelle la viscosité 7 de eau (laquelle varie en particulier avec la température). On a res 7 K étant une constante fonction en particulier de la porosité du sol Ordre de grandeur des perméabilités En réalité, a variation de 7 étant pour l'eau, assez faible, on peut dresser un tableau des perméabilités des differents sols, Tableau 1 En centimetre En metre par seconde | par seconde Graviers sans sable, ni fines 10? 420 1a! Sables fins, sabes silteux mélanges @argiles et de graves ou de sable 10a 10° 10" a 10-8 Argiles compactes 1 a10-* | 10% ato [Assis comp: Loi de Coulomb Rappelons que l'on admet en 1'* approximation que le domaine de stabilité est fixé par une inégalité de la forme VSA4 Bo’ Cela signifie que lorsque x’ dépasse la valeur fixée par cette inégaité, le sol se déforme plastiquement et de maniére irreversible. ‘On peut représenter graphiquement cette inégalité en portant en abscisse la contrainte normale o” et en ordonnée la contrainte tangentielle +’ (représenta- tion de Mohr). La courbe limitant le domaine de Ia stabilité du domaine des déformations irréversibles s'appelle la courbe intrinséque. Cette courbe, dans le cas des sols, revét des formes quelque peu différentes suivant la nature de-ces sols. 4) Cas d'un sol pulvérulent La courbe intrinséque d'un sol pulvérulent est particuligrement simple, Elle a la forme de deux demi-droites issues de origine, contraintes normales un angle g" appelé angle de frottement interne (fig, 11.6), Cet angle est d‘ailleurs fonction de la compacité du sol, H augmente lorsque le sol se densif. T convient, en outre, de noter que dans le cas des sols pulvérulents, cest-a- dire les graviers et les sables sans fines, la perméabilité étant élevée, la vitesse écoulement donnée par la loi de Darcy est elle aussi élevée, si bien que le sol ne pPeut pas rester aisément saturé, et que, la pression interstitielle u (ou la pression Lois et théorles 25 ‘air p) est proche de zéro. De plus, dans ces sols, la succion est trés faible, Les Equations (1) deviennent alors : ee oe pn to: a mn cr inna en porns aie a lcs ccna aaa Fig. IL6, ~ Courbe intrinséque d’un sol pulvérlent. ¥) Cas d'un sol cohérent La simplification précédente qui permet de tracer la méme courbe intrinsdque en contraintestotales ou en contraintes intergranulaires nest plus Possible pour les sols dotés de cohésion En effet, dans ces solslimons targils), a scion peut étre importante (1)et {a perméabilit est faible. Nous montrerons que oes deux conditions permettent a peta. sd'avoir des valeurs dlevées. len resultequela difefenceentre et est tts variable. oo ‘On sait quil y a autant de courbes intrinséques que de conditions dessais {on consolidé et non drainé; consoidé et non drainé; consolidé et drainé). Dans Je-cas de Tessai consoidé et drainé, qui est un essai lent, eau a le temps de *évacuer malgré la faible perméabilité, et tout se passe presque comme si w était ‘ul, Bien entendu, le terme z..s subsiste dans la difference entre o et a. Sion porte, sur les axes les contraintes totales, on a alors pour ext essai la ourbe intrinséque de la figure 11.7. (2) Ee ext importante fable eneuren eau et varie beaucoup en fonction dew; lle et mule & 26 Lois et théories Fig. IL7. ~ Cow'e intrinséque d'un sol cohérent, Coordonnées en contraintes totals; essai consolidédraing La loi de Coulomb s‘crit alors tev

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