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« Je wai Jait que réunir des questions susceptibles d'éclairer les liens complexes qui, aujourd'hui plus fortement qu’hier, arrintent P Afrique dl! Occident, déterminant ainsi non seulement les attitudes d'éire, mais aussi Vexercice de ta pensée, tes pratiques de connais- sance et les muniéres de vivre » Pour l'Afrique, échapper récllement a Occident suppose 'appré- ier exactement ce qu'il en colite le se détacher de lui... C'est de cette entreprise que dépend aujourdhut et dépendra demain ta pertinence des aititudes que nous pouvons développer face aux endémies qui nous viennent ailleurs ou que nous créons nous mémes, qu’elles soient de nature économique, politique ou idéolo- iquen. » VM. Re-lecture. Les intellectucls atricains savent bien ce qui est en jew dans ce mot, qui ne signifie pas, on s'en doute, qu'une simple fagon de relire. La re-lecture africaine exprime lexigence, dans une pers- pective critique, mais aussi fondatrice, d'une réappropriation d'un discours africain authentique, cest-2-dire une rude entreprise dans laquelle chaque chercheur, professeur ou responsable de certains domaines du savoir ne peut pas ne pas se sentir profondément engage. V.Y, Mudimbe dans [Odeur du Pére, aprés Autre Face du Royaume (1973), administre la preuve éclatante de la fécondité d'un tel travail théorique. Dans des textes modernes importants, de vastes problémes produits et posés par te civilisation occidentale sont ‘exumings, réévalugs avec tout le savoir utile, la rigueur de Ia lecture gt surtout — donnant a ces approches toute leur fécondité —, le souci épistémologique fondamental de ne pas tomber dans la ‘< ryse » qui consisterait & mettre en question te discours du « Pére » avec les paroles inspirées par ce « Pare » lui-méme. La mise en ceuvee d'un tel « écart » est Ie prix de cet effort, Ne serait-ce que pour avoir su assumer ce « beau risque », Ie livre de Mudimbe est exemplaire. VY. Mudimbé lodeur du Pere Essai sur des limites a en Afrique Noire _ dela science et de la vie f eT rots L’ODEUR Déchirures, Editions du Mont-Noir, Kinshasa, 197}. Eniretailles, précédé de Fulgurances d'une Uécarde, Editions | U E Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1973. D P E Les Fuseaux parjois, Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1974, . Essai sur des limites ROMANS j de la science et de i Entre les eaux, Présonce Afticaine, Paris, 1973, Grand Prix “Aer iaerae catholique de Littérature, en ique Noire Le Bel Immonde, Présence Atsicaine, Paris, 1976. L’Ecart, Présence Atticsine, Paris, 1978. Essats Réflexions sur la vie quotidienne, Editions du Mont-Nois, Kinshasa, 1972. “Auour de ta Nation, Editions du Mont-Noir, Kinshasa, 1972. LiAutre face du Royaume, une Introduction & la critique des angages en folie, Age d’Homme, Lausanne, 1974. Camets d’Amérique, journal, Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1976. i Air, Ende sémantique, B. Stighmayt, Vienne-Fohrenau, 1979. La Dépendance de 'Afrique et les moyens d'y remédier, Berger Levravlt, Paris, 1980. Visage de la Philosophie et de la Théologie contemporaines au ‘Zaire, Cedat, Bruxelles, 1981. 3 PRESENCE AFRICAINE 25 bis, rue des Ecoles, 75005 Paris Pour Danisl-Ange et Claude ISBN 2-7087-0398-6 (© Editions Présence Africaine, 1982 ie traduction, @'adaptation réservés pour Droits de reproduction, 17 nautorisant, aux termes des alingas 2 et 3 tie “Panicle 41, d'une. part, que Ie < copics ou reproductions 3 de Masticle figs A Tusage da copiste ct non destinées & ne aera coliccive > et, autte part, que Jes « analyses et Tes Rulisstion Rose. dans un But exemple et illustration >, toute coariaatfon’ ou. reproduction intégrale ou partele, faite sans le Teprssenialic? e"yauteur ou de ees avanis droit ov ayants cause, est soncemtetinca 1% de Verticle 40), Cette représentation ou reproduction, Be gue’ procidé que. ce soi, cOnstitieralt done, une contrefayon Ennetionnee per les artic tous pays. ‘Ta tot du 11 mars, 195% jes 425 et suivants du Code pénel. i i > gle De méme ques ta mer aux souls violents venus de id Thrace ler ear loragelee Senfoncene dans HErkbe cousmtriny rmseat fe nair limon” que soul la tengo te mime aust qu'on entend les camcuts gone Suntes ‘des roches contre lesguele ele te Brisens, ans fe voir tes traditions antiques de le maison det Labactdes se morijier sone tne succession des males de cee fer ne Sone plus, La génération Gui monte wef de re point la race, mats jen ete ete dr ie'en consomme fa pete et ele na nse de fesse, Certs te Inch apo dane le ak Son d'Gipe amet ceeirs see demiorsdeseons fants, mais valle autune pousioe exsanglonte accordée & cous den bat la dsipe cote foe fncore dans la fole des tots een une fe ile vengeretse 1 verge! an fren) Sophocle. AVANT-PROPOS VOdeur du Pére... On Pentendra comme on le youdra. Et sil me fallait, en liminaire aux textes que je livre, tracer tune voie de lecture, je me demanderais si elle doit, en vérité, s! Jer comme unique. Cat, d'un bout a Pautre de ce live, malgré des affirmations méme péremptoires, je n’ai fait que réunir des ‘questions susceptibles d’éclairer les liens complexes qui, aujour- hui, plus fortement qu’hier, arriment VAfrique 8 P’Occident, déteriminant ainsi non Seulement Jes attitudes d'étre mais aussi Vexercice de 1a pensée, les pratiques de connaissance et les manitres de vivre Ces genres de dépendance sont problémes et exigent interro- gations, car enjeu est important ; le maintien et Pépanouisse” ment par Padaptation, ou Ja réduction et la mort pure et simple Gexpériences socio-historiques singulitres. Certes, [a situation actuetle est complexe : Poccidentalisation de I’Afrique n'est plus ‘un projet théorique ; elle est & présent une action et un mouve- ment qui, dans les pays africains, en fonction de capports complexes reliant ceux-ci 4 |’Eur-Amérique, président & Pamé- nagement de la vic et méme de la pensée La dimension la plus facilement visible est sans doute Véconomique. J. Bourrinet, en compulsant, pour les = dossiers - ‘Thémis » des Presscs Universitaires de France, Jes. documents imajeurs sur fes échanges Internationaux des pays africains, mon tre que pour comprendre les textes relatifs au role des échaniges extérieurs dans Je développement ainsi que ceux portant sur les perspectives mondiaies en faveur du développement, il faut, au préalable, noter Vévidence et d’une dépendance de’ plus ea plus marquée et d’une détérioration de la position internationale du Tiers-Monde. Ce, constat est tout autamt wn désespoir poll- tique que 4e signe d'une calamité majeure pour ’Afrique. Oa fen mesure les contraintes en parcourant Fimportant travail ~ aporé, sous la direction de 1. B. Pearson, par Ta ‘Etude du Développement Intemational. Ce rapport mom “mental, (Edit. ) 1969) stouvse sur < une question de Nolonté 2 qui, dans les pays du Ticrs-Monde, passe pout un paradoxe diabolique : dune part, I'écart croissant entre les Pronomies des pays industrialisés et celles des pays sous-déve- Joppés; autre part, Yaugmentation extraordinaire de Taide das pays riches envers les pays pauvres ; cette aide dont Tibor | Mente, en un livre courageux, a montré qu’elle servait remar- @uablement bien a la recolonisation. Normatives, volontarstes, ie recommandations de la Commission, dont le projet est Wetabir « des relations durables et constructives entee les nations en vole de développement et Jes nations développées >, sont, en elles-mémes, des Hails : en méme temps quiclles Hessinent,claizement des perspectives d'actions, elles posent, en {ine manitre de fatalité, des exigences de collaboration qui, au regard des rapports actuels entre le Nord et le Sud et au désor- Bie structurel des espaces économiques des formations sociales afticaines, constituent de véritables « eroix >. : TEx puis les prescriptions thérapeutiques présentées et qui doivent sauver PAfrique sont elles-mémes des questions + elles Surgissent d'un lieu dont elles rendent compte et Yon pourrait ge demander si elles ne sont pas davantage ¢ méme d'expliquer fe cheminement particulier d'un mode de production et les impératifs de son extension que de promouvoir, pour leur Donheur, les socictés non-occidentales & ce point a’ « équilibre > Quincarnerait aujourd'hui Je monde eur-américain. Ten va de méme du domaine idGologique. Un des pro- blémes importants y est celui des pratiques qui soient plas fattentives aa milieu africain, qui en témoignent et puissent, & Toccaston, face aux paradoxes nés de la dépendance, ouvrir des portes. “egy sortit d’un texte de M. Foucault dans lequel il insiste sur ln permanence de Hegel dans 1a philosophie contemporaine, Fai eru comprendre la violence non seulement de Vexistence dit Pore, mais aussi Ptrangeté de son odeur. Il s’agit bien, 18 aussi, ‘et ce que dit M. Foucault, se situant par rapport SVhévitage hégélien, s'applique bien & mon propos : a la dépen- dance de PAfrique vis-a-vis de I’Eur-Amérique. Je mettrai done Oceident Ta ot il désigne Hegel : pour l'Afrique, échapper Heellement A POccident suppose ’apprécier exactement ce qu'il ‘tn colite de sc détacher de Ini; cela suppose de savoir jusqu’ot POceident, insidieusement peut-ttre, s'est approché de nous ; ‘cola suppose de savoir, dans ce qui nous permet de_penser atte FOccident, ce qui est encore occidental ; et de mesure el aoue ecours conte Ta est encore peters me wil nous oppose et au tetme de laquelle il nous attend, i le t ailleurs ee ete le he LOccident qui nous étreint ainsi pourrait nous étoulfer. ‘Aussi devons-nous, en Afrique, mettre & jour non seulement ne ‘compréhension rigoureuse des modalités actuelles de notre inté- sgyation dans les mythes de POccident, mais aussi des. questions explicites qui nous permettraient d'étre sincérement critiques ' face & ces « corpus ». ‘Aujourd’hui encore, POccident, un certain Occident dont ae, & notre propos, & s'interroger sur Je « comment peut-on étre un Noir >. Bt comme le disait bien Manga Bekombo, < la sesponsabilité de savant européen — ou plutot, sa grandeur est lourde, dans le processus de production de stéréotypes anti- négres ; c&s stéréotypes, parfois figurés dans ne peinture, sont périodiguement utlisés comme arguments, restitués dans le creux de la représentation collective grace 4 1a manipulation littraire. Alors, Pexotisme pread bien son sens : il opére comme Ja féte, Ie carnaval, c'est explosion instinctive qui valorise davantage encore Je prestige de la raison’ x. A mom sens, i fest sans utilits, face & cette violence idéologique, de nous dépen- ser, comme cértains de nos ainés, & vouloir « prouver » notre hhumanité ou ‘intelligence qui nous furent Jongtemps refusées et que d'habiles contempteurs metient encere savamment et réguligrement en micties au nom dune raison et d'une science parfaitement au service de projets politiques. Je pense que nous avons autre chose 2 faire, de maniére urgente : assumer librement 1a responsabilité d'une pensée. qui porte sur notze destin et notte miliew avec comme objectif la réadaptation de notre psychisme aprés les violences subies ; ce psychisme que nous n/aVons pas toujours le courage de nous refaire parce que, tort ou a’ raison, Ventreprise nous parait fitanesque. Crest en ceite entreprise que git notre, probleme, te probleme majeur, C'est de ceite entreprise que dépend aujour- <'huj ct dépendra demain la pertinence des attitudes que nous pouvons développer face aux endémies gai nous vienné ailleurs ou que nous créons nous-mémes, qu'elles soient de nature économique, politique ov idéologique. 5 Racialisation? Non pas. Je pars du fait que ma coascieioe et mon effort sont ’un lieu, d’un espace et d'un moment donaés ; 7 Tipeatures ct profs adres >, dans Recherche « Gulete, 1978, 101 ve BS, Sie tee Du wéwe AUTEUR LOdeur du Pere ‘etije ne vois ni comment ni pourquoi ma parole, quelle 4 jpuisse €tre son envol, ne devrait pas, avant toute autre chose ire le ori et le témoin de ce lien singvlier. Il s’agit done, po Iqiicw que Yon nous transplante on nous impose que; iio PONS san foes, de promonvoir cette noane importante = Varrét sur nots: Alveaun possibles de corection des grils, afin, que Ja vie aoe aroluy pecisemeant, un retour constant St ce que 20 Bc i fehetehe on Atique pussent mous accords sommes avec tse ferveur et une attention particulitres, accor: PNimonis venctdec ls oi ae wrens ek Gees A aote milieu arehéologique; ce miles qui 63 permet qi fetels remetees Jes amis qui font sacouragé, sone | 3 PS ae PE cas epee mime, Conte iulges; en parce» Deaye de Savio, lungn Kabongo, Eon ais, je noterais aprés oe Saivie bongo, wry aden soanires Ge se perére * par sGgrégation mints | les Roland, Barbnce Ketpl, Neinde Muchets, ot Benelt dans fe particulier ou par dilution dans Vaniversel. Ma concep i de vue ot de leurs crit le leurs expériences, de leurs tion de Puniversel est celle d'un universol riche de tout le parti lie de vas et de leurs cxitiques. Co live est ainsi un pev Ie calier, riche de tous les particuliers, approfondissement Hilts des isanida cadets fies tibet garde entire responsa- coexistence de tous les particulicrs. » 3 - comme des theses, ‘Tes textes réunis ici sont, au sens propre de expression, d VYM. éctits de circonstance. Différents et méme, apparemmé © Haverford, P. A. contradictoires, ils sont davantage expressions d'une interiors Novembre 1981. {gation attentive & la vie et au milieu vital que recherches systéey fratiques selon les normes scolaires. Dans une certaine mes dis expriment mes propres contradictions universitaire ‘cain, Une donnée es réunit cependant : V’éan de mone précédent, I’ Autre Face du Royaume. ‘Et, de manitre différeate Zertes, ces textes tournent tous autour des questions, que jf abordées en ce premier essai : savoir que les Sciences bu Gt sociales, 2 exemple des idéologies, ne disent pas « Greme > iaoffensif dans ses variables expressions, qui serait fdéle A lui-méme — a V'instar de celui des systimes logiques #7 dans leurs applications, ces sciences, comme les idéologies qu ‘nous marquent aujourd'hui, paraissent bien & la ‘certains modes de dépendance. Et ce sont quelques-uns des@ traits remarquables de ces genres de dépendance qu’ab POdeur du Pore. ‘Te pourrais reprendre ici, en Vadaptant, ce que JP. Pos ‘dit de lu-méme face aux textes qui composent son Aprés Fre (Gallimard) : Tl se peut que cet ensemble de traits soit pureni ‘Accidente! ou m’ait d’autre sens que de signifier moi-mémé, se peut aussi — ct c’est bien entendu sur ce présupposé que’ Volume a pris forme — que précisément dans leur caractére pat liel et la seprise des mémes thmes, par lcur insertion dans formation personnelle, oes « cbroniques » indiquent quel chose qui intéresse la nature et la situation méme de Vai ‘nisme. Si ces « chronigues 2, en leurs limites, pouvaient faice prendre le fait des équivoques des grilles scientifiques et 1 2 Z 2 E g & 1, UN SIGNE, UNE ODEUR ‘Bustide me propose un cadre remarquable : Devereux, lest disciple de Freud. Cortes, il n'accepte pas ce Elon a justement appelé « ie roman de Freud », celui de ‘at tabou. Ul pense avec Roheim cue Vethnofogue (ou (orien) qui fait de Ja psychanalyse doi substituer le point Ve ontogénique au point de vue phylogénique. Mais, cola Js complexe d°Cdipe a une valeur iverselle, il est 16 ixlstence de Ia culture en soi, considérée comme forme du jottement caractéristique de’ Homo. sapiens, Ig considérer comme un produit do le famille bourgeoise tliolse, non généralisable 4 dautres soviétés. Contre ‘Mal kl et contre les culturalistes qui veulen: selativiser les com Gs, il faut défendre résolument la thése de Punité psychique humanité ; sinoa le psychanalyste ne pourrait proposer une INlérprétation ‘valable de in culture. Ja livre dans lequel se développe ce point de we est [ecweil d'articles échelonnés sur plus de trente ans, L’auteur He pils soin de préciser que < les premiers dateat d'une époque Ui U'sthnopsychiatrie était encore én train d> naftre et manquait Hn soulement d'une armature théorique, mais méme de concepts dg termes techniques adéquats. En les remaniant, il a copen- Hil, sufi de rendre explicites certaines implications : (..) fiplleations qui s'y trouvaient dés le début, encore que parfois Hw Ia forme dune remarque faite en passant’ >. Quant au len, Georges Devereux prend des préccutions utiles : « Ce traite du désordre et parfois méme du délire, sans sous- ® pour autant 4 une maxime que me preposait un collégue + Une Gpoque délirante exige une théoric délirante". Certes, LOdeur- du’ Pere Un signe, une odew une description du désordre, du délire, doit fidlement refiéter, la nature — ow l'apparence — chaotiquie du phénoméne étudié. ‘Mais une description n’est pas une théorie !? » Cette remargu’ ‘ect importante, Elle introduit, en effet, & Ja conception générale ai travail ethnopsychiatrique de Devereux : savoir Pabord; ‘comme I’a bien noté R. Bastide, que si le normal se définissait 32 pat Tadaptation, alors i] serait nécessaire au psychiatre defi Eomnattre dabord la culture spécifigue de ses patients ; mais’ si 3 Te normal se définit (...) par Padaptation créatrice, alors il nest: ‘pas pécessaire au psychiatre d’étre ethnographe, il lui suffit: ‘étre ethnologue, c'est-A-dire de connaitre le « modéle culturel; universel » dont chaque culture est une version particulidre, is Ensuite, Devereux demande aux psychiatres de partic do lay ‘culture en tant quexpérience vécue, en tant que manidre dont} Jes individus vivent Jeur culture ; peu importe que Ja culture: ‘de ces individus présente tel ou tel item, ce qui est important, est que les névrosés et les psychotiques réinterprétent olf’ mréme déculturent des items culturels en relation avec leurs | Confits ou leurs délires. personnels a ‘Paimerais prendre prétexte de ces theses admirablement sous tenues par des démonstrations claires et des explications théd=: Tiques Figoureuses pour tier parti de quelques questions’ pra: fiqoes : les normes d'un savoir et Ja racine subjective de Tethng psychiairie, Ia fonction des mots et la pratique ethnopsychiae Trigue, enfin le sous de certains canons universels. a Boar avoir suivi le débat qui, naguéze, opposa G. Devereux &C. Conté 4, je sais que Pauteur des Essais d' ethnopsychiatrie, générale trouvera « insolite de consacrer une partie trés considés rable (d'un) compte rendu d’un livre & Pexégése des cuvres: Gun autre auteur » ou d'autres auteurs. Je 2’si point Vintention. de faire un « compte rendu » et aimerais, dentrée de jeu, noteti que le livre de Devereux n'est pour moi qu'un prétexte pour oe sur quelques théses en cours dans certains milicux ilonie & penser, L’ethnopsychiatre travaille dans un context ‘occidentaux. a iclo-histor vali nntexte ‘A.G, Slama remarquait naguére qu’une histoire de Pépistts AS = ih ct marque a ah Sa up langage 2 ln fois ‘mologie dira peut-eire un jour que Pon doit & Lévi-Strauss; APES TS wil y ait, quelle que soit la bonne volomé uty ees one Duméail et & Devereux une révolution aussi grande dans Sot FES5 < tiueut des méthodos, un fait qui, sans ete déeoninane de ordre que Ja révolution due & Kant au xvi siécle*. On. SE Woutlre absolue, influe nettement sur le projet ole wees _ Mo Imnalyse et celle du contexte socio-culture et épistémelogique | ui © offrent » instruments et catépories conceptuels, I y Ell crolre qu'elle dira aussi i scabs | EAllénes » face a cotte revolution ONS des Alba & # Chaque science, écrit Devere ac , vereux, a 302 conceptclef — o i a ake, opt — ‘cwentiel do se problématique et dont analyse constitue Ta Welleure ingoduetion “au champ de. sccherche qu ele Hen » Et, « en tant que science interdisciplinaire, Pethno- Pipchiatrio se doit de considérer conjointement les’ concepts (ats poltttaCc ae samen Fe coc IMeliaue oni pekinese pees Leola | F conftonter et de cooréonner le concept Ip Ycaltu tance H x concept Je “culture” pint cect “artaeat Steger o9 se doivent) de déterminer Vemplacenent —"le lo Imi dele fontéve ene le sormal ot Fanornal? 9° options sont excellentes, parfaitement défendal fondiseredaiess, dans fa perspee trate ce a J Wout, 2 des conclusions om ne peut plus valides. Bt = fceommement, ac Yon rencontre eeue ite fondamenale qui i uvrage : « Une analyse éritable dir me ‘Wlurel universe et une détermination exheustve de sa nares Ihe eae, alpen, Eb gues ue Sl SW hve le simple fait d'avoir une cult _ fusions proprencht siecle et Poona Togcone ok WH que “evéateut, créature, manipulateur et mediateur de _ ,Cependent ces options optrent aussi par réduction. Et celle-ci 3 Wd, op. elt, p. 2000. 5. di op. cit, px. ‘ 4A. Apropos d& Brom Anxiety to Method in the Behavioral Scfense by Parfe‘The Hague, 1967, dans Archives Européenner de Sociologle, X 1970, 2, pp. 379-388. '} Dans Contrepoints, $, biver 1971, p. 189. LOdeur du Pere disent pourquoi et comment il y a en général un ordre dans fe cutrere, eegae ua domaine qui, pour avoir surtout un role ‘Pisimmbdiaire, ren est pas moins fondamental (..). C'est 1a Grrune culture, se décalant insensiblement des. ordres empi- ‘ques qui lui sont presets par ses codes primaires, instourant Tino premidre distanes par rapport 2 eux, leur fait perdre leur fransparence initial, cesse de se laisser passivement, avener far gux se dépread do leurs pouvoirs immédiats et invisiies, at ong assez pour constater que ces ordres ne sont peut-tre pes les. seuls possibles ni les. meillorss de sorte qu'elle, Pee ve devant fe fait brut quil y 2, au-dessous de ses ordres Gpontanés, des choses qui sout ep elles-mémes ordonnables, dit SPoartiennent 2 un certain ordre muct, bref quil y a de jepire (.), Crest sur fond de cet ordre, tent pour sol positf, ‘gue se bitiront les théories générales de Fordonnance des choses see terpretations quelle appelle, Ainsi entre Te regard déje Sodé et fa connaissance réflexe, il y a une région « mediane » Gui, dans ls mesure oi elle manifest: Tes modes, '@ue_ de fekices peut se donner comme fa plus fondamentale (-.), plus folide, plus archafque, moins douteuse, toujours plus « vrais, > {gue I¢s theories qui essaient de leur donner une forme explicit, ue pplication exhaustive, ou un fondement philosophique 1 Ty aurait dans toute culture — sil fallit genéralises ‘© mortiy amaiysé par Michel Foucault — entre les codes réeis- soars Ghanieres a’étre, les langages des échanges, des techal- Ges, des valeurs et des théories philosophiques et scientisqncy ee oe ot cotte justification fondamentale ; un ordre, serait Sake certaine maniere, Ia « vérié » des projets et des disconrs GutFhomme, une < épistémé ob les connaissances, envisagées gum ThoMiput critére se référant & lear valeur rationnelle, ou & Oks formes objectives, enfoncent leur positivité et manitestent ee ume histoire qui mest pas celle de leur perfection, erois- sinks, mala plutbt celle de leurs coaditions de possibilité >. ‘Ce constant est aussi, dans ses conclusions dernires, celul que noma’ S. Adotévi ® dans un livre qui, s'il choque et déplait Dar son agressivit6, ne marque pas moins de fayon, éidiaue par Shmiation autour de laquelle je tourne : Vethnologic, seesce européenne, a toujours été, méme dans ses meileus see Pexpression des confignrations épistémotogiques et cul: cawetey cummngeres A YAfrique. En somme, de meniere simple T4 Op. elt, p. 12. ir p33. légritude et négrotogues, Paris, 1973. et brutale, on peut dire qu’elle a — jusqu’ict — été un ¢ men song, ec smn prc abe sony Ue de dScouvrir et de résentait 1 a 3 Sige VAtrige, ee p que au travers d'un prisme Mais cette limite ne marqueraitelle done que le discours spécialistes européens parlant de WAfrigue? Quel es eaeat, cn vérité, compte. des théories des Africains qui, aujourd'hui, pratigueat Vethnologie ou Yethnopsychiatie? Us oat été, en! Gfiet, 2 Pécole d'une rationalité parfaitement étrangére aux codes fondamentaux de Teurs cultures et aux conceptions philo- sophiques de leurs univers historiques... : ‘Une autre limits grave en ethnologie et en ethnopsychiatre, ‘comme dans Ia plupart des sciences humaines et sociales, semble résider en Ja vigueur contraignante de l'déologie scientifique qui, avjourd’ii comme hier, bloque, de par sa fonction nor~ mative, découvertes et recommencements possibles. Un texte exemplaire oEngels, la préface 2 Védition anglaise de 1886 du Capital, a pormis récemment a L, Athusser de présenter tae flustration. coavaiacante des. « bloceges > scienisiques = Pilustration porte sur Pistoire de la Chimie, « Priestley et Scheele, en pleine période de domination de la théorie phlo- distique, “produisent” (stellen dar) un gaz Sxange, qui fut appelé, par Je premier : air déphlogistiqaé, et par le second : alr a fea. En fait, était le gaz qu'on devait plus tard appeler oxygtac. Toutefois, note Bagels, « ils Pavalent simplement produit sans avoir la moindre idée de ce quills avaient oroduit », c'est-2-dire sans posséder son concept. C'est pourquoi « l'élément gui allait renverser 1a conception phlogistique toute entire et révolution- her la chimie, resiait, entre leurs mains, frappé de stérilité, >. Pourquoi cette stérilit$ et cet aveuglment? Parce qu’lls « furent incapables de se dégager des catégories “phlogistiques” telles quils les trowvalen! éiablies >. Parce qu’au lieu de voir Gans Yoxygéac un probléme, ils n'y voyaieat « qu'une solution 2, vezi fit fot Je contra: « Prat de, cat réalité rowvelle, il soumit & examen toute la chimie phlogistique. > SEE ee eine rmarchait sur fa tte.» La ob les autzes voyaient une solution, 3 un probe Cost ourauoh, si on peut dre que es det remicrs ont “produit” Poxygene, c'est “avoisier seul qui Pa ens donee eat coat TTC YL Actmvssen, E. Batinan, Lire le Capita, 1, Pars, mish Capital, 3, Paris, 1968, LOdeur du Pere ‘Cet exemple hallucinant un blocage conceptuel permet a OL. Althusser de montrer Vapport de Marx par rapport & ses _prédécesseurs. Il donne aussi une forte image de la violence de Tidéologie de toute science. En effet, parfaitement enfermée “sur elleméme, animant des catégories usage ayant fait leurs ‘preuves, Tidéologic d’mne science ne peut que difficilement | Susciter’ Virruption de nouveaux concepts, la découverte. de nouvelles réalités qui provoqueraient sa remise en question. ‘Dis lors, si, commio Faffirme G. Devereux, chaque science ‘a son concept-clef ou son couple de concepts-clefs dont la défi- nition fournit l’essentiel de sa problématique, ne faut-il pas noter “que ce concept-clef ou ce couple de concepts, érigés en socle fondamental, & partir daquel analyses et systémes s'instaurent, ‘ontribuent direstement au développement ou & 1a mise en place ide barrires conceptuelles. C’est qu’ils ne peuvent prescrire quune problématigue, permettre que des entrclacements ou des |; | entrecroisements de concepts, des intégrations d’analyses ou des _ “systématisations d’hypothtses qui n’ont sens que du fait d'etre soutenus par ces clefs qui sont une manigre de norme essentielle. Et on pourrait se demander : la solidité d'un systéme scien- tifique n’est-elle pas aussi Pexpression d’un dogmatisme et la ‘mesure d’un fixisme relatif ? Tirant Jes Jegons de Ia révolution introduite par Marx en Sconomie politique, L. Althusser relevait, entre autres points, que : 1° toute révolution (aspect nouveau d'une science) dans son objet entraine une révolution nécessaire dans sa terminclogie ; 2° toute terminologie est liée a un cercle défini @idées, oe {que nous pouvons traduire en disant : toute terminologie est fonction du systtme théorique qui lui sert de base, toute ter- minologie emporte avec elie un systéme théorique dérerminé ot limits, Je dirais alors : un systime qui proposerait uae probléma- tique, a partir de quelques catégories, sorait certes fidéle & la révolution qui a permis son accomplissement, mais sa termino- Togie, ses concepts-clefs, ne rendraiont compte que de ce moment. Sans ‘ier fa validité éventuelle de ses analyses, de ses opérations, © Pon pourrait sc demender de quel droit pareil systéme simpo- ‘serail comme étant « La » Science. Confinge & la vérité d'une Seule configuration, réduite aux quelques possibilités ouvertes 2 partir d'un socle (un concept fondamental, un couple de concepts), elle ne serait qu'un discours scientifique, parmi autres possibles. Un signe, une odeur G. Devereux écrit : « Les adultes enseignent aux enfants’ tre puérils selon un modéle spécifique, cultureliement déter=, miné, et décorent ensuite du nom de “psychologic infantile? Pétude des produits de ce pusrilisme artificellement suscité 8.3 JP, Sartre'2 monté auttefois que le psyebiatre tendait 2 impo sér logigquement au malade une monidre d’étre malade selon 1 mode spécifique similaire ®. Soit cet anachronisme : « Le: Neveu de Rameau est une conscience serve, ouverte & tous Ie { vents et transparente au regard des autres. I] est fou pace qu'on Je lui a dit et qu'on Ma traité comme tel : “On m’a vouly ridicule et je me le suis fait” (Diderot, Cures, Piéiade,, p. 435). » La déraison en lui est toute de’surface, sans autre Profondenr que celle de Popinion, soumise A ce qu'il y 2 de ‘moins libre, et dénoncée par ce qu’il y a de plus précaire dans la raison, « La déraison ost tout entiére a1 niveau de la futile folie des hommes. Elle nest rien dautre, peut-étre, que ce mirage®. » Ce mirage, institutionnatisé, analysé, a permis ver- ses et controverses, et la psychothérapic a pu se thématiser et sinstaurer comme théorie et pratique. Mais quelle théorie et quelle pratique ? Des contre-pratiques contemporaines, don- nant raison 3 Sartre (contre cette « interminable relation >, « cette dépendance, ce transfert escompié, ceite féodalité, cette Jongue gésine de Phomme prostré, rendu sux balbutiements de Yenfence, déculotté >), ont contribué & le mise en accusation de tous les modtles qui ratifient et expliquent des relations fac- tices de dépendance ®, A présent, Panalogie sYimposerait : les Occidentaux, & Vinstar des adultes ‘vis-2-vis des enfants, des psychiatres vis-A-vis dea malades, ont « imposé » aux non-Occidentiux, selon un modéle spécifique, des manires aberrantes d’étte des non-Occidentaux ; | ils ont ensuite donné le nom de « ethno-x » & l'étude des produits: de ce « x » artificiellement provoqué. Discours « assurément > logique, le discours de G. Devereux est, de maniére éminente, un discours idésiogique. Le theme de 18. G, Deveneos, op. cit, p. 183, 1B, Eitomme'eu’ magnéophone, Les Temps Modest, 274, 196%, p. 18 ae 20:' Mi Fovcauts, Histoire de la folle, Paris, 1972, pp. 363-364 21. Voir par exemple le travail exemplaire de F, DUYCKAERTS, La Notion de normal en peyehologle clinique, Teroduction 2 une Critique des fondements thorigues de ta psychotaérapi=. Paris, 1954, : ‘2. Voir : M. Barnes et J. Banas, Un Voyage d travers la folie, Paris, 1973. et les travaux de A. Esretson RUD. Laine, D.G. Coven, Jr Hinaton, H. Pravcimsow, TD. SUTHERLAND, P, Sexr me 28, L’Odeur du Pere Puniversalité qui traverse, d'un. bout & Pautre, sa psychiatric interculturelle est un de ces opérateurs de réduction qui contri- buent A Yallermissement des modéles qui n’ont signification Bleing que site par rapport a « Lexpérience nue de Vorare » je POccident. On objectera que la psychanalyse, ethnopsychiatrie, Pethno- logic sont des sciences ; que leur importance et leur efficacité, malgré des limites, sont réelles. Ou’on voit mal comment des individas s'insurgeraient contre une science sous prétexte qu'elle est supportée par un discours qui est, culturellement ot épisté- mologiquement, du « dehors ». Les positions des sciences ne sont-elles pas & la fois claires, prudentes, objectivement arti- culées? Ainsi de G, Devereux : « Tant la psychanalyse que Fethnologic sont des branches de Panthropoiogic ‘elle que la définit Kant : “La science de ce qui dans Phomme est propre- ment humain.” Toutefois (...) le psychanalyse et Pethnologie fournissent des compréhensions non pas additionnelles mais complémentaires, I] existe en effet une relation d'indétermina- tion du type Heisenberg-Bobr entre la compréhension ethnolo- gique et la compréhension psychanalytique du comportement Human. Seul un souci de commodité et d’économie déterminera done & quel moment ou & quel point it devient préférable d’aben- donner Vinvestigation psychanalytique pour Penguéte ethnolo- gique et inversement ®, > En fait, pareilles objections ot points de vue méthodologiques sont en-degi de mes préoccupations. Elles ont, ea effet, pour objet ou Villustration du caractire universe! dune science, ou Pétablissement des méthodes appropriées supposant résolue la ‘question essentielle — et existentielle pour les non-Occidentaux que nous sommes — : a quelles conditions ces sciences sont des sciences universelles ? Faisons un détour afin de mieux reprendre Je probleme de manitre plus concréte, Réfiéchissant sur les travaux de ™M. Soriano sar ies contes de Perrault, M. de Certeau constatait que le plus riche @enseignement, c'est encore architecture Presque autobiographique du livre dans quoi on peut tenter de lize la manire dont Penquéte < a mené » son auteur. C'est qwen dernier ressort, Pétude nous informe moins sur Ya culture 23. Op. cit, p. 339. Un signe, une odeur 29 opulaire que sur ce que c'est, pour un universitaire progres: | Sste d’aujourd’hui, que parler de Ja culture populaire. Elle nous renvoie A une question partout rencontrée, et & quot il faut bien tenter de répondre : @oit parle-t-on, que peut-on dire ? Mais aussi, & Ia fin : d’od parlons-nous?' Le probléme devient par 12 immédiatement politique puisqu'il met ex cause 1a fonction sociale — c'est-iedire Pabord répressive — de la. culture savante*, Notre question se précis qui fait de Vethnopsychiatrie? que peutil dire, que dit comment fe itil? : ‘Au moins, Pon pourrait craindre que des tableaux qu'il pro- pose nous informent mal sur Jes comportements des non-Occi- dentaux et croire que ces tableaux expliqaent davantage les maniéres en usage chez les spécialistes occidentaux de parler actuellement des non-Occidentaux. La singularité des comporte- ments existe, certes, et elle est présente dens Pacte théorique du spécialiste qui la supprime en valorisaat Puniversalité, la culture en soi, toutes projections de canons particuliers On Faura perga, il n'est ici question ni de Ia validité ni de Pefficacité des thérapeutiques, mais de ta siznification des pro- jets scientifiques qui assument les thécapeutiques. Celles-ci, sou- vent, ont été portées, sans dommages d’ailleurs, par es id6o- logics les plus diverses. La médecine, & travers les ages et Pes- pace, montre bien qu'il a toujours existé des relations non nécessaires entre les scintillements des langages techniques et les pratiques réclies de guérison ou de consolation. Aussi pour ne citer qu'un cas éloquent repris 4 V'Histoire de ta folte de M, Foucault, Pextension de la paralysie générale, de la folie morale et de la monomanie au xix" siécle ae sigaifie pas seu- fement une réorganisation de Tespace nosographique ; mais, an-dessus des concepts médicaux, Ia présence et le travail d'une structure nouvelle d'expérience. "La forme institutionnelle que Pinel et Tuke ont dessinée, cette constitution autour du fou d'un volume asilaire ott il doit reconnaitre sa culpabilité et s’en , des mythes tonne en rendant ces denies inconscients des conditions de gama Sgr G. Bacelard le dal ort bien: « Le mot qui revient Jeur existence, et du pourquoi réel de eur “jeu” dans la kindoki ans tous cos exercices, dans l'étude de tous les mythes grecs ct des mkist Les sujet crolent 2 ceuxccl Gsmme'a des wens - tlus-lassiques examings ici, est le mot traduction. 1 faut, ea imatéreles, qui existeraientréolemont, alos, que la kindok! et Mme, Cb ‘raduire dans le langage de la panpsychologle moderne es nkisi n'ont d'existence que celle de 1a “vérité historique”, amee f9Ut ce qui est exprimé dans des récits towours simplifiés ®. » dite celle de vérlté consenite, produite "deas" les aeets, | | Comme @ envers de cette démarche, si Vethnologie croise la 4 ‘au cours de leur histoire “réelle” (..). “Scénario oxganisé” ou | Singularité d'un individu, c'est on descendant des. équivoques “jen de société”, a kindoki ot les nkisi se définissent donc par’ iM : Seen can enaaes oi appliquant & un cas les régles d'une rapport 4 un systéme culturel dont ils font partie intégrante, forme ronan conn Ye : rails ne s'appréhendent, ae se manifestet qu’en certains points | shel Foucault évait d'une renaissance de Vethnologie -de' ce systime, 1a ott ls dénoncent les falles en révélant les ct de Ia psychanalyse, marquant par-la méme les Hmites tes plus. ete aystime, 18 | ctlantes de ces deux disciplines : < Oa devine le prestige et ‘Lappe fait 4 M. Foucault d'abord, eslui adressé & Buakasa | importance d'une ethnologie qui, au lieu de se définir @'abord, Gate cite sles eee te ea comme elle Ia fait jusqu’ici, par I'érude des sociétés sans his” ‘que la thérapeutique, Pe toire, chercherait délibérément son objet du cété des processus Al ceaterie ls ccouei ae. eeeceied face ceroenae inconscients qui caractérisent le systéme dune cultize: donnée ; hhumains en fonction de normes absitites concues hors contextes p lle fer ip crue S'birtoristé, constirutt de Ces discours aux thises discontinues, rompues, brisées, réamé ule cihnologie en général, & Vintérieur ds ta dimension @) ss Ces discours 2 tae fee ree ost toujours déployée 2 psychanalyse. Ce faisant, elle n’assi- ‘agées régulidrement par des projets des regards neuis, aff nulerait pas les ‘mécanismes et les formes d'une 20ciGte 2 la Fh. Liimpensé du discours, « Kindoki » et ¢ Nkisi », en pays Kongo! | du Zaire, Bruxelles Kinshasa, 1973. Voir dans ce livre ? THL,3. 29. P. Dist, Le Symbolisme dans la mythologie greeque, Paris, 1966. 30. G. BAcicann, Préface, p. 8 leur cohérence et leur nécessité aux régles qui régissent ‘besoins, fondent autrement qu’en nature, ailleurs que sur d ‘pures fonctions biologiques, les normes de Ja vie. On devin (Yimportance symétique d'une psychanalyse qui, de son cété, rejoindrait la dimension d'une ethmologie, non pas par Pexpli sation sociologique de phénoménes manifostés au niveau des) individes, mais par la découverte que Vinconscient Iai aussi posséde — ou plutét qu'll est Iui-méme une certaine stracture fomelie. Par ik etiolople ct psychanalyse vienrsiet, non pag Se superposer ni méme peut-ttre se rejoindre, mais sc croiser comme deux ligues orientées différemment : Tune allant dé” - Pélision apparente du signifié dans 1a névrose, a Ia Jacune dans Je systéme signifiant par ob celle-ci vient 'a se manifester autre allant de l'analogie des signifiés multiples (Gans ies mytho- logics, par exemple) & Punité dune structure dont les transfor. ‘mations formelles délivreraiont la diversité des récits”. » Ainsi ethnologic « classique » se volatiise et Ia psychana: lyse se redéfinit : deux nouvelles disciplines, ethnologie et la. _ psychanalyse, réunies en une méme théorie, constitueraient un espace Pexplication dont le sens fondamental partirait d'un. oint ol, pour reprendre Foucault, elles se coupent a angle droit : « Car la chaine signifiante par quoi se constitue Yexpé~ Fience unique de Vindividu ost perpeadiculaire au systéme for- ‘mel A partir duquel se constirvent Jes significations d'une cal- ture : & chaque instant la structure propre de l'expérience indi fait que ce lan gage est, A quelques exceptions prés, Peuvre d'un seul penseur Freud. Ce ne serait done qu’a Vintérienr du « discours » freu- dien que les éléments de celui-ci pourraient révéler leur véric table fonction. Crest dire que ce langage est le produit d'une conscience singuliére, d'un milieu culturel donne, Parveau. i ua point de fonctionnement heurcux et de généralité relative, i permet — notamment a l'aide de métaphores fréquentes — de nommer et €°6tre interrogé sur la validité des nominations. Mais ests A ce point scientiiquement aniversel quill faille le 33. G. Bacustano, op. cit, p. 7 34 1B, Powras, Aprés Freud, Paris, 1968, © chanalytique. On peut étre tenté soit d’accentuer Ia technicité de _ Tiew dorigine ®, LOdeur du Pore Un signe, une odeur ‘considérer comme Je soul capable de rendre manifeste et trans. ‘Aur des seatiers ob Von s'emploic habituelement & ce quelle’ ent Te sens de wimporte’ quel arrangement? ‘ “Re s'engage jamais. Concrétement, il ’agiait, pour nous Attic Cotte question débouche directement sur un awe trait dugaM@e cains, dinvestir la science, en commencant par les sciences, langage psychanaly'que, relevé également par J.B. Pontalis #@™§4. humaines et sociales, et de saisr les tensions, de re-analyser pout «© Si on doit a la fois soutenir que la théorie psychanalytique d jotre compte les appuis contingents et les lieux Pénonciation, ‘Feud avun objet propre qu'elle ne saurait partager avec aucune de savoir quel nouveau sens et quelle voie proposer A nos” autre théorie (C. Stein) et que cet objet ne coincide avec aucun inftes Pour que nos discours nous justifient comme existences © secteur de notre savoir, ce statut, qui reste a définir et sur lequi Singuliétes engagées dans une histoire, elo aussi singulidse) En somme, il nous faudrait nous défaire de « Todeur > un © Pere abusif : Yodeur d'un ordre, dune région essenticlle, part euliére & une culture, mais qui se donne et se vit paredovale- ‘ment comme fondamentale & toute Phumanité. Et par rapport 4 cote culture, afin de nous accomplir, nous mettre en Gat ‘communication m t produie « dif _ descommant ajeure, prendre la parole et produire « dit: |, Jacques Lacan me donne des raisons d'espérer : « Repartir de la praxis, pour nous demander,sachent hus fa pranerae mite un champ, si est au niveau de ce champ que se trouve fess Je savant de Ia scence’ modere, gu) slest point un mmume gui en sait long en tout. Je ne reliens pas lexigen de Dhem que toute science ge rélice d'un sjshime Coane, _ Git systéme du Monde — référence toujours ea somme plus og _ Mons idEaliste, puisque référence au besoin identifcation, _ Virais méme jusqu’a dire que nous pouvons nous passer dt complément transcendant implicite dans la position Gu posit Tse, Toque sere toujours a une unit ernie de tous les re peut manquer de retentir aussi sur le statut du langage psy! celui-ci, de marquer son étroite dépendance Vendroit de 14 psychopathologic ou de la situation thérapeutique, soit, & Vine verse, de mettre en Evidence la fécondité des concepts fret: diens’ — ceci, dans leur définition méme — au-deld de le Cavaligrement, jaffirmerais que Je langage n'a en tui-mi aucune valeur. Ce n'est pas en mettant dans quelques syllo igismes des concepts psychanalytiques qu’on fait de la psychana# lyse et que 'on penserait pouvoir — ce qui est usuel — rend compte de Phistoire en termes (aspect terminologique) de nature humaine *, Le discours de Devereux, discours pris en prétexte (en sommeys if Sagit autant des discouts ethnopsychiatriques, othnologiquesy on psychanalytiques, en général) réprime dans le silence dug méme » Valtérité, au nom d'une nature humaine. L’aspect, Ie plus évident de cette répression n’est ni particulier, ni propr A ce projet : il marque tout savoir qui tend & prendre pour obj lun groupe d’hommes et qui, dés le départ, instaure explicit: meat ou implicitement un seul Tiew 3 partir duquel Vordre, Stordonne, le sens se donne, ’humain offre & penser. F. Guaiay faci affirmait récemment que seul un groupe eagagé dans une} praxis révolutionnaire peut fonetionner a tie de vacuole anas Iytique, en adjacence des processus sociaux, sans vocation bég monique, sans autre prétention que de faire Savancer la vér 35, Ta, bid, op. elt, p. 170. ; 36. Voir pat exemple ia critique marxiste : La Nouvelle Critigu juin 1949. et décembre-janvier 1964-1965 ; C.B. Cumener, P. BRuNoys L.Sive, Pour une Crlique marxiste de la théorie.prychanalstiquess Paris, 1973, 37. E, Goacrany, Porchonayre of erancverzt 38, Séminaire ai 13 Jaren 196s, Pars. 1972, p 203, 2, QUEL ORDRE DU DISCOURS AFRICAIN? Hier, nos ainés qui, en fait, sont nos péres, on littérature, en philosophie comme en politique, exigeaient un droit la vie. Aujourd’hui, nous connaissons presque pratiquement curs chemins de croix et avons appris & réciter, pat ccear, Péconomie de leurs discours. Sensibles & Vivresse de nos prises de parole et an déploiement de nos iiitves dans un champ littéraire, philosophique et politique qu'ils ont ouvert ot travaillé nous pensons — générosité naive ou naiveté de nos ambi- tions ? — pouvoir nommer, afin de te nier définitivement, de le ‘contourner ou de le dépasser, le paradoxe essentiel qu’a marqué la libération de « 1a parole nbgre ». Ce paradoxe, L. S. Senghor Pavait bien circonscrit : ceux-oi furent nos ancétres, qui nous sauvérent du désespoir en nous révélant nos proptes richesses. Nous savons donc que la négritude, cette extraordinaire pro- testation contre la réification du Négre, ressortit,& la problé- matique d'un virage particulier de Phistoire européenne, problé- matique caractérisée, entre autres traits, par le principe du relativisme culturel. Centrés sur le sujet, travaillant de préfé- rence le fait des prises de conscience subjectives, mettant en avant Je coneret par opposition & la tzadition abstraite, déve- oppant Je scepticisme et Ie relativisme, le sens, la valeur de Ja liberté et de Vexistentiel, les grands éysttmes philosophiques ‘en vogue entre 1920 et 1945, en Europe, paraissaient nier Yordre des vérités traditionnelles et doanaient Vimpression de romettre radicalement en question la prétention & I'universalité des canons absolus de Ia civilisation occidentale chrétienne, Cette atmo- sphire permettait de nouvelles perspectives : savoir notamment, ‘comme le montre L, S. Senghor dans Pierre Teilhard de Char- din et la politique africaine, Ja mise au clair des valeurs et des systtmes de cultures, queties que soient leurs origines. ‘L. S. ‘Senghor insiste fortement sur apport de Fanthropologie ; plus Quel ordre du discours africain? 37 exactement, sur Je type de regard que les anihropologues exer- gaient. Attentifs 2 la différence, les Frobénius et les Delafosse offraient alors aux jeunes Noirs auxquels 1a colonisation avait désappris ce que signifie véritablement étre Afticain des raisons de s’affirmer contre V'idéologic ambiante : < Cela allait tres loin, Nous avions, écrit L. S. Senghor, retrouvé notre orgueil. Nous appuyant sur Tes travaux des anthropologues, des préhistoriens, des ethnologues (..), nous nous proclamions, avec le potte Aimé ‘Césaire, les “Fils ainés de Ja Terre”. N’avions-nous pas dominé Je monde jusqu’au Néolithique compris, fécondé les civilisations du Nil et de PEuphrate avant qu’elles ne ftssent les victimes innocentes des Barbares blancs, nomades fondant de leurs pla- teaux eurasiatiques ? Je le confesse, notre orgaeil se transforma ‘Vite en racisme, I n’est pas jusqu’au nazisme qui ne fut accepté pour renforcer notre refus d= coopération. + La négritade, Senghor Pindique bien dans cx oavrage, autant que revendication des droits de V’Africain, est affirmation — fondée sur la Géographie et PHistoire — de Pensemble des valeurs — politiques, morales, sociales, culturelles — du Monde Noir. Elle est donc’ formation de stratégies pour une « cobé. rence de la théorie > et une « fécondité de Ia praxis >. a Le discours de L.S, Senghor présente, de maniére exem- plaire, les problémes auxquels nous butons actuellement au ‘sujet du fondement des sciences sociales et humaines en Afrique. ‘Afin de mieux marquer les exigences d'une reformulation, faimerais faire un détour : dabord prendre et analyser les, Bignes générales de la lecon inaugurale pronyncée au College de France par M. Foucault qui — on V'admettra aisément, du fait de Pimportance, de Poriginalité et de Vapport de ses tra- ‘vaux, — peut tte considéré comme un symbole insigne de la royauté de cette pensée occidentale dont nos aimerions tant nous défaire ; ensuite, noter quelques-unes des questions A Vordre du jour, afin de savoir quel ordre du discours nous powr- rions réver pour des sciences sociales et humaires plus africaines. 'M. Foucault estime que < depuis que fureat exclus les jeox et le commerce des sophistes, depuis qu’on a, avec plus ou moins de sGreté, muselé Jeurs paradoxes, i semble que la pensée occidentale ait veillé & ce que le discours ait le moins de place possible entre Ia pensée et Ia parole: i! semble qu'elle ait veillé & ce que discourir apparaisse seulement comme ua 38 LOdeur du Pere certain apport entre penser et parler; ce serait une pensée Serene dePoossignes Et rendae Vine par les mots, ou iave- sement ce seraient les structures mémes de Ja langue mises ea jou et produisant un effet de sens >. : "Ainsi done : élision remarquable et systématique de Ja réalité du discours dans la pensée philosophique occidentale depuis Jes systtmes les plus anciens. La diversité comme le nombre ‘des voies et projets, malgré la variété extréme des formes et des themes, ont érigé le discours en un jeu qui sannule lui- méme, Tout récemment encore Ta philosophic du sujet fonda- teur ; Je sujet < chargé d’animer directement de ses visées Jes formes vides de Ja langue et qui, dans son rapport au sens, dispose de signes, de marques, de traces, mais n'a pas besoin pour les manifester de passer par Vinstance singuliére du dis- fours +. La philosophie de Pexpétience originaire dont le thtme ‘© suppose qu'au ras de Vexpérience, avant méme qu'elle ait ‘se ressaisir dans la forme d'un cogito, des significations ‘préalables, déja dites en quelque sorte, parcouraient le monde, Ie disposaient tout autour de nous et Pouvraient d'entrée de jeu A une sorte de primitive recomnaissance. Si discours il y a, ‘que peut-il étre alors, en sa légitimité, sinon une discréte leo- fire ? > ; enfin, la philosophie de Puniverselle médiation, autre organisation élidant remarquablement Ja réalité du discours = ‘¢ Ceci malgré Vapparence. Car il semble, au premier regard, qw’ retrouver partout le mouvement d'un logos qui éléve les Singularités jusqu'au concept et qui permet & Ja concience i diate de déployer finalement toute la rationalité du monde, c'est bien le discours Iui-méme qu’on met au centre de Ia spécu- Tation, Mais ce logos, & dire vrai, n’est en fait qu'un discours déja tenu, ou platét ce sont les’ choses mémes et les événe~ ments qui se font insensiblement discous en déployant Je secret de leur propre essence. » ‘Comment ne pas s’étonner devant la constance et Ja régu- larité de Féision de la réalité du discours dans 1a tradition ‘occidentale ? M. Foucault hésite : au premier abord, ne peut-on ‘pas croire que Ja civilisation occidentale est, par excellence, elle qui, hier comme aujourd’hui, semble avoir le mieux respecté et honoré le discours? Ce ne serait qu’apparence. Et, jLreléve que « tout se passe comme si des interdits, des barrages, des seuils et des limites avaient été disposés de manidre que soit maftrisée, au moins on partie, Ia proliferation du discours, de ‘maniére que sa richesse soit allégée de sa part 1a plus dange- reuse et que son désordre soit organisé sclon des figures qui esquivent le plus incontestable >. Quel ordre du discours african? 39 _ Trois grands geares de procédures de controle présideraient & cette limitation qui, en dernitre analyse, ne pourrait étre que Vexpression d'une profonde logophobie dont te profil et Jes scansions, estime M. Foucault, seraient cifférents selon les sociétés : « dans toute société, 12 production du discours est Ala fois contrélée, sélectionnée, organisée et redistribuée par un certain nombre de procédures qui ont pour réle d'en conjurer les pouvoirs et Jes dangers, @’en maitriser Pévénement aléatoire, d’en esquiver la lourde, Ia redoutable matérialité. » Tl y a dabord les systmes externes exclusion dont les procédures portent sur ce qui, dans le discours, reltve du pouvoir ou du désir. Ce sont : — Ia parole interdite, qui est une limitation institutionnalisée de Voxercice de Ia parole : on ne peut pas tout dire & 2/importe qui, n’importe quand : ¢ tabou de Fobjet, rituel de la circons- tance, droit privilégié ou exclusif du sujet qui parle = on a a le jeu de trois types d’interdits qui se croisent, se renforcent ou fe compentent, formant une grile complexe qui ne ceste de se modifier > ; | — le partage de Ia folie : partage et rejet sous le mode de Yopposition entre raison et folic. « Il est curieux, remarque ™M. Foucault, de constater que pendant des sitcles 1a parole du fou ou bien m’était pas entendue, ou bien, si elle Vétait, était écoutée comme une parole de vérité. Jamais, avant la fin du Xvir sidcle, un médecin n’avait eu Vidée de savoir ce qui était dit (comment c’était dit, pourquoi c’était dit) dans cette parole gq pourtant fast i ditérene, I nest pas du tout di, malgré ‘attention actuelle des médecins & cette parole que ce ne joue plus > ; eeeeec — Ia volonté de vérité : est aussi un principe exclusion : cs Ge ate fe Mae a ais, Pe Phistoire occidentale, Yon constate que cette volonté, comme Jes autres principes ‘exclusion, < est A la fois renforoée et reconduite par toute une épaisseur de pratique comme Ia péda- pogie, le systime des livres, de Pédition, des bibliothéques, comme les sociétés savantes autrefois, les Taboratoires aujour- @hui, Mais elle est reconduite aussi’ plus profondément sans doute par la maniére dont Je savoir est mis en auvre dans une société, dont il est valorisé, distribué, réparti et en quelque sorte attribué >. Un deuxitme genre de procédures de contréle et de délimi- tation du discours est d’ordre plus interne : ces procédures 40 LOdeur du Pere ‘ont fonction « de principes de classification, d’ordonnancement, de distribution, comme s'il sagissait cette fois de maltriser une autre dimension du discours : celle de Pévénement et du hasard >. — Le commentaire : « On peut soupgonner qu'il y a trés régulitrement dans les sociétés, une sorte de dénivellation entre Jes discours : les discours qui ‘se disent” av fil des jours et Echanges, et qui passent avec l'acte méme qui les a prononcés ; ‘et les discours qui sont 4 Porigine d’un certain nombre dactes nouveaux de paroles qui les reprennent, les transforment ou parlent @eux, bref, les discours qui, indéfiniment, par-dela Ieur formulation, sont dits, restent dits, et sont encore & dire ‘co sont les textes religieux ou juridiques, ce sont aussi des textes curiewx, quand on envisage leur statut, ct qu’on appelle “lité- aires” ; dans une certaine mesure des textes scientifiques > ; — Pauteur : comme principe de raréfaction d'un discours : «Ge quil cert ct co qui a'éent pas, ce qu'l dessine, méme A ttre de brouillon provisoire, comme esquisse de Pecuvre, et ce qu'l laisse va tomber comme propos quotidiens, tout ce jeu de différences est prescrit par la fonction auteur, tel qu'il la regoit de son époque, ou telle qu’a son tour il la modifie > ; — organisation des disciplines : contrdle et délimite égale- ‘ment Ie discours : en effet, « dans une discipline, & la différence iu commentaire, co qui est supposé au dépar, ce nest pas tun sens qui doit étre tedécouvert, ni une identité qui doit étre r6pétée ; Cest ce qui est requis pour la construction de nouveaux Gmoncés. Pour qu'il y ait discipline, il faut donc qu'il y ait possibilité de formuler et de formuler indéfiniment des propo- sitions nouvelles >. Mais une proposition ne reléve dune disci- pline qu’A certaines conditions : avant d'etre vraie ou fausse dans Ie cadre d'une discipline, toute proposition doit étre, comme dizait M. Canguilhem, ¢' dans le vrai >. Un troisitme groupe de procédures participe, de menitre tout aussi explicit, 4 Yassojettsement dn discours. M. Fou- cault Gerit, au sujet de ces procédures, « quill ne s'agit point cette fois-ci de mattriser les pouvoirs qu'lls emportent, ni, de ‘conjurer Jes hasards de leur apparition; il s'apit de déterminer Ies conditions de leur mise en jeu, d'imposer aux individus qui Jes tiennent un certain nombre de régles et ainsi de ne pas permetire & tout le monde d'avoir accés a eux. Raréfaction, cette fois, des sujets parlants; aul n'entrera dans Yordre du discours s'il ne satisfait a certaines exigences ou s'il n'est, d’en- ‘re de jeu, qualifié pour le faire >. Ces procédures d’assujet- Quel ordre du discours africain? aL ‘issement qui distribuent et spécialisent les sujets parlants sont : — He rituel : qui définit « ta qualification que doivent posséder des individus qui parlent (..), les gestes, les comportements, des circonstances, et tout Pensemble de sgnes qui doivent accompagner le discours ; fl fixe enfin Vefficace supposée ou imposée des paroles, eur effet sur ceux auzquels elles Sadressent, Jes limites de leur valeur contraignante > ; — les sociéiés de discours : sil est difficile d'admettce anjourd’hni, dans la société occidentale, Pexstence de sociétés seorétes qui auraient pour mission, a Pinster des groupes de thapsodes de l'Antiquité, le conservation et a production du discours, il est cependant utile de noter que « méme dans Yordre du discours vrai, méme dans Pordre du discours publié et libre de tout rituel, s'exercent encore des formes d'appro- priation du secret et de non-interchangeabilité » ; — les normes de Ia doctrine : « La doctrine tie tes individus 4 certains types qénonciation et leur interdit par conséquent tous les autres; mais elle se sert, en retour, de certains types @énonciation pour Her des individus entre eux, et les diffé- rencier par 1A méme de tous les autres > ; — Pappropriation sociale des discours : « Yéducation a beau étre, de droit, Vinstrument grice anguel tout individu, dans une société comme la nétre, peut avoir accés a wimporte quel ‘ype de discours, on sait bien qu'elle suit dans sa tributon, dans ce qu'elle permet et dans co qu'elle empéche, les lignes aul sont marguées pa Tex distances, ls oppositions et les Iutos sociales. Tout systéme d’éducation est une maniére politique de maintenir ou de modifier Pappropriation des discours, avec les savoirs et les pouvoirs qu’ils emportent avee eux >. Ces trois genres de procédures, complémertaires et efficaces, contribuent, de manitze directe ef trés concréte, & Fassujettisse- ment du discours. C'est que, pense M. Foucault, « il ya sans doute dans notre société, ct jimagine dans toutes les autres, une sorte de crainte sourde contre (..) le surgissement de tous ces éaoncés, contre tout ce qu'il peut y avoir JA de violent, de discontinu, de batailleur, de désordre aussi et de périlleux, contre ce grand bourdonnement incessant et désordonné du discours >. M. Foucault s'est donné pour tache la discussion de cet ordre et dit s'étre résolu & trois décisions msjeures : la remise en question de la volonté de vérité actuelle. Ia restitution an scours de son caractére événement, enfin la levée de la a LOdeur du Pere souveraineté du signifiant. Ft pour ce faire, il nous dit opérer 2 la lumitre de quatre régles de méthode _— un principe de renversement : contrairement & la tradition, 4 voit la ob on reconnaissait Torigine du discours, « le jeu négatif d'une découpe et d'une raréfaction du discours > ; — un principe de discontinuité : les discours, estime-til, doivent éire traités comme des pratiques discontinues qui se froisent, se jouxtent parfois, mais aussi bien vignorent ou sexcluent ; — un principe de spécificté : « Tl faut concevoir le discours ‘comme une Violence que nous faisons aux choses (..) ; et est Gans cette pratique que les événements du discours trouvent Je principe de leur régulacité; — un principe dextériorité : indiquant, & Vencontre de Ja méthode classique tendant & faire surgir une signification du discours, qu'il faut plutOt_« partir du discours Iui-méme, de son apparition et de sa régularité, et aller vers ses conditions externes de possibilité, vers ce qui donne lieu a Ja série aléatoire de cos Evénements et qui en fixe les bornes >. Ces quatre régles metient en Evidence quatre notions : celles @événement, de série, de régularité, de condition de possibilité, qui sSopposent, respectivement, aux opérateurs classiques que sont la création, Vunité, Poriginalité et 1a signification. | ‘Pai dit que si ai choisi le projet de M. Foucault, c’était pour penser, en fonction d'une problématique africaine, le foison- ‘hemeat de discours réglementés qui nous entourent, nous com: prennent, et savoir notamment, a partir de ce miroir, de quel ordre et’ de quel champ relévent nos analyses. Je Vai aussi fffirmé ; M, Foucault est un symbole : il est une excellente actnalisation de cette pensée occidentale dont nous aimerions fous défaire. Et le poser ainsi & Fentrée de notre chemin, c’est, 3 mon seas, une manitxe brutale de poser les problémes les plus importants que nous travaillons. Ainsi par exemple : lors- Gue nous disons vouioir exercer une parole totalement libérée, faccordée 8 un regard radicalement nouveau, Yordre de nos discours ne rencontre-til pas des questions méthodologiques ‘dont bon nombre Ini préexistent et gui foactionnent selon des opérations critiques dont M. Foucault, aprés Hegel et Marx, rendrait compte, en ne quittant point d’un iota la problématique de son univers ? C'est une question. Elle me parait & peine éloi- ‘gnée d'une autre, plus coufumigre : savoir, & quelles conditions Quel ordre du discours african? a8 « débloquer » une pensée africaine authentique qui, d'une part rendrait compte fidélement de Vordre et des rormes du iscours africains, et d'autre part justiferait la générosité d’un F. Fanon qui affirmait : < la densité de histoire ne dftermine aucun de mes actes. Je suis mon propre fondement. Face ati modéle de M, Foucault, il y a dabord la tentation @instaurer les régles d'une application qui fecait surgir de 'ex- pétience afticaine des principes de concordance : la définition et la circonscription des niveaux de langage, des cadres d’ana- lyse, Jes références dusage comme le traitement des notions tendraieat, & partir du modéle, 4 marquer les écarts et tes res semblances entre fes pratiques occidentale et africaine. Léablssement des operations est facil. Posées face & Ta culture afticaine, les procédures ‘elles Vinterdit, le partage de Ia folie, la volonté de vérité, les rituels de la parole, tes sociétés de discours, les groupes doctrinaux et Jes appropriations socia- Jes du langage, feraient surgir des formulations explicites et des pratiques concrétes d'assujetissement du discours. Celles-ci sembleraient, dés lors, valider Panalyse de M. Foucault en prou- vant Puniversalité du mod2le. Par contre, Papplication des principes du commentaire, de Vauteur et de la discipline scientifique comme procédures pos- sibles exclusion et de controle du discours dans les cultures africaines pourrait conduire au constat de diflérences notables : telle culture ferait Pusage de 'un ou autre, ou méme de deux fou des trois principes;; telle autre Jes ignoretait tous. Le fait de ces differences paraitrait, entre autres questions — je prends Ja voie la plus facile — petmetire des hypotatses du genre : & partir de « Pévidence de la linéarité », on affirmerait soit que Pexercice de ces principes est fonction de phases déterminées dans Ie développement historique d’un peugle, ct voila qu’on verrait & Phorizon la vieille thése : les ¢ sauvages, ancétres contemporains de POccident »; soit que Valtérité des expé- Tiences historiques expliquerait ‘que un ov plusieurs de ces principes se stabilisent dans une culture comme opérateurs de controle ; et cette fois, le probléme de Puniversalité se poscrait A partir de ta différence des principes actual sés. ‘On a, souvent trés violemment, reproché & certains de nos ainés, singuligrement les spécialistes des religions et philoso- Dhies’africaines, tels Kagamé, Lufulwabo, Malago, et dans une ‘moindre mesure Mbiti, davoir succombé & ce geare de tenta- tion, Ws auraient, nous dit-on, pris simplement et fidelement ccatégories, concepts, schémes et systémes occidentaux pour y couler des « entités > africaines. La méthocologie comme ses 44 LOdeur du Pere présuppositions serait similaire a celle de 'ethnologie ow de Fanthropologie du début du sicle. Si, contre les projets de Vanthropologie et de Pethnologie éyolutionniste et primitiviste gui, sous prétexte de déctire organisation et univers des sau- vvages, établissaient des higrarchies entre les sociétés humaines, ces travaux tendent explicitement & valoriser les cultures et socié- 1t€s africaines, cst, nous dit-on encore, pour obtenir, de l'Occi- dent, des lettres de noblesse pour des sociétés décriées, mépri- sées et établies injustement et définitivement en une infériorité absolue. Soit. L.S. Senghor nous a montré dans quel sens et ‘Pour quelles raisons, pareille option paraissait justifiée. Quoi qu'il en soit, tes critiques adressées & ces initiateurs de nos sciences sociales et humaines africaines sont généralement ou mal émises ou non fondées : elles élident par trop facilement lune question majeure, celle da sens de Pécart & prondre a Pégard de POccident et ce qu'il en cofite vraiment d’assumer cet écart Crest une fois de plus M, Foucault qui, se situant Iui-méme ar rapport & Phéritage hégélien, a des phrases qui s'appliquent admirablement & mon propos et dans lesquelles je mettrai Occi- dent ot il désigne Hegel : échapper réellement a P’Occident suppose d’apprécier exactement ce qu’il en cotite de se détacher de iui; cela suppose de savoir jusqu’ot POccident, insidieuse- ‘ment peut-ttre, s'est approché de nous ; cela suppose de savoir, dans ce qui nous permet de penser contre POccident ce qui est encore occidental ; et de mesurer en quoi notre recours contre Tui est encore peut-étre une ruse quill nous oppose ct au terme de laquelle il nous attend, immobile et ailleurs. Tustement, les tendances syncrétistes des initiateurs africains de nos sciences sociales et humaines comme Jes arrangements réducteurs de Vethnologie raciste, la générosité fraternelle de Vethnophilosophie de Tempels et de ses disciples comme les systémes méthodologiques de Panthropologie contemporaine, la Figueur des applications du _néo-marxisme autour du mode de production archaique et féodal comme les exigences vio- fentes de « ta nouvelle science africaine » qu’incarnent notam- ment C. Anta Diop, Th. Obenga, Ki-Zerbo et bien d'autres, me semblent aussi marqués par une constants : Pesthétisation de la culture afticaine & partir et en fonction du « regard criti- que », singulier et propre a POccident depuis le xvii" sitcle : Yordre du discours occidental, espace parfaitement délimité, fonction d'une structure socio-économique et d’une archéologie ccalturelle, ne rend et ne pourrait rendre compte dautres cultures ou d'autres systémes que par référence a Iu-méme et point, me Quel ordre du discours africatn ? 45 semble-til, dans la spécifcité dune expérience qui lui serait iméductibie, Dans un livre récent, Le Miroir de la production , Jean Bau- dcillard a, & propos du matérialisme et de Pethnocentrisme, des notes qui vont bien dans ce sens. Ains : « La culture occi- deatale fut Ja premiére a se réfléchir comme critique (@ partir du xvmi'sitcle), mais Velfet de cette crise fut qu’elle se réfiéchit aussi comme culture dans Vuniversel, et est alors qu’elle fit ‘entrer dans son musée toutes Jes autres cultures sous forme de vestiges & son image. Eile tes a toutes “esthstisées”, zéinter- prétées selon son propre modéle, et ains: éonjuré T'interroga- tion radicale qu’impliquaient pour elle ces zultures “différentes”. On voit Jes Timites de cette culture “critique” : sa réflexion sur elle-méme ne la méne qu’a universaliser ses propres principes. » Les discours des scicaces sociales en Afrique Noite, méme substitués & Ja parole ethnologique, c'est sans prévention, pour Présenter un autre ordre et d'autres régles de structuration et Phistoricité de nos sociétés, qu’ils esthétisent le plus remarqua blement. Ainsi, ea matitre d'art, les savants européens et afi cains de notre génération, c'est en essayant, comme T'indique Baudrillard, de « restituer > des « ceuvres > & leur « contexte » ‘magique et religieux qu’ils ont le plus gectiment, mais le plus adiealement du monde, muséifié, en leur inoculant a catégorie esthétique, ces objets qui m’étaient pas Yart du tout, et dont précisément le caractére non esthétique aurait, s'il avait été envisagé sérieusement, pu étre le point de départ d'une mise en perspective, radicale ‘cette fois (et non d'une critique interne gui ne méne qu’a la reproduction élargie), ce la culture occiden- tale, Crest que situés dans Pespace critigue d'un champ épisté- mologique, méme apparemment érigés en centre-discours — que. Yon pense’a ce beau désespoir qu’est Le Manifeste de "homme Primitif de Diawara — ils sont sous le signe d'une totalité, ‘Wun ordre du discours qu’ils reflétent et débordent & la fois. Nrestil pas significatif que toute classitication des sciences Feavoie, c'est une évidence, au champ archéologique de leur gentse et de leur promotion ': POceident ? Que penser du fait que « Pafticanisation » des sciences ne se Ponse que sous les modalités de application? Les sciences de Péducation comme tes sciences psychologigtes tentent seulement de revoir paramétres et hypothéses analyse afin de mieux cemer performances et compétences. La pratique de la science 1. Casterman, 1973, 46 LOdeur. du Pere économique semble n'étre qu'une reproduction des thimes des rapports inégalitaires de dépendance entre Jes métropoles inter- rationales et les pays afticains, lorsqu’elle ne s’enelue pas dans Ja problématique de la nécessité et de la liberté. La fonction des sciences juridiques comme des sciences morales, dans nos socié- és, répond-elle véritablement aux exigences des croisoments de nos formations sociales Phier, du contexte actuel de la modemnité et des effets de cette atticulation complexe dans 1e comportement des individus? La sociologie face a anthropo- logic, c'est aujourd’hui, comme il y a plus d'un sitcle, pour reprende les définitions de J. Poirier, Popposition, plus iééo- Jogique que scientifique, entre une ‘science des collectivités cenirées sur des motivations rationalistes et une science des collectivités centrées sur des motivations traditionnelles : ambi- ‘guités majeures qui assument une ambiguité fondamentale : Je ‘sens de Péclipse de la sociologic de Saint-Simon et A. Comte & Yépoque de Durkheim est, peut-étre, dans sa violence, si similaire, par ses tendances réductrices, a celle des pratiques sociologiques et anthropologiques coloniales, Certes, et c'est fort heureux, des chercheurs afticains, voulant refaire du tout au tout Vhistoire de l'Afrique, montrent, de maniére tr2s concréte, comment reconcevoir Vorganisation des disciplines héritées de’ POccident, par quolles techniques habiles et subtiles destructurer le contrdle des docizines et des appro- priations sociales du discours scientifique. Et ils essaient méme de reconcevoir une volonté de vérité. Pour accompli: Fanon qui écrivait : « Nous serions tres heureux de savoir qu’il exista tune correspondance entre tel philosophe négre et Platon, Mais nous ne voyons absolument pas ce que ce fait pourrait changer dans la situation des petits gamins de huit ans qui travaillent dans les champs de canne en Martinique ou en Guadeloupe >. Is ‘opirent une nouvelle pratique susceptible de promouvoir, par Jes canaux d'un nouveau mode du savoir, de nouvelles normes une volonté africaine de vérité qui, révisant ordre du dis- cours, ferait éclater les systtmes d’exclusion et de controle dans Tesquels le jeune Guadeloupéen, a Vinstar de tous les colonisés, est enfermé, Certes, ces nouvelles pratiques sont, comme exigences criti- ques et généralités, inscrites dans des voies qui, méthodologique- ment, tomberaient sous le coup de analyse d’un M. Foucault, donneraient raison ou tort & son projet de libération du discours. Et pour prendre une image, les perspectives d'un regard histo- Fique nouvean, comme celles de C. Anta Diop ou de Th. Obenga, peuvent aussi prendre sens a partir de cette déclaration de Quel ordre du discours african? ar C. Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques : « La connaissance ne repose pas sur une renonciation ou sur un troc, mais consiste dans une sélection des aspects vrais, c'esi-2-dire ceux qui coincident avec les propriétés de ma pensée. Noa point comme e prétendaient les néo-Kantiens, mais bien platét parce que ma ‘pensée est elle-méme un objet. tant “de ce monde”, elle parti- Cipe de la méme nature que Mais quelle serait la vérité “de ce sons, nlétait la plage du discours of malgré leurs tempéraments, leurs particularités et la différence de leurs projets, C. Anta Diop donne la main & C. Lévi-Strauss ? ‘A partir de cette image, i est possible, on le voit aisé- ment, d°étudier les exigences du miétissage intellectuel & la tomigre, notamment, des issues remarquablement parcourues par L. 8. Senghor. ‘Mais en entrepronant, en plus, une révolution linguistique radi- cale, le remplacement des langues européennes par des langues africaines, on opérerait peut-Stre une révision totale des normes et des régies de travail. Un ordre de discours différent et original apparaitraitel ? En tout cas, un univers nouveau, métissé, riche, verrait le jour. Et dans cette perspective, pour Pétabliss mint des sciences sociales et humaines véritabiement afticaines, Cest-a-dire des pratiques et connaissances qui seraient en harmo- nie aussi bien avec les gradients de nos cultures qu’avec les, postulations de notre modernité comme Pindiquent déja nos Savants, je m’interrogerais, & Ia suite de M. Foucault, sur les Points suivants : quel est le statut du discouss et quel est son ordre ? Quelle est la souveraineté qui le gouverne et dans quel sens Voriente-t-elle? Avoir des réponses & ces deux questions serait déja, tres imparfaitement certes, mais tes concrétement, une maniére imaginer un avenir possible. Il est certain que de méme que les promoteurs de la pensée ‘gtecque, transplantant dans leur langue, techniques, méthodes et ‘usages de 1a connaissance recue de PEgypte ancienne, décien- cchirent une réorganisation du savoir et de la vie dont ordre essentiel est toujours actuel et encore en cours; un ordre qui, per le canal de VOccident, marque & présent l'Afrique; de méme, un changement de Vinstrument linguistique de connais- sance et de production scientifique provoquerait assurément une rupture épistémologique et ouvrirait la voie & ne aventure nouvelle pour PAfrique. Et, sans doute, seraitil utile, dés a présem;, & tite de réve, de sarréter, on fonction de ce vecteur quest le langage et ses

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