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Séance 4: Les Luttes de les Rêves: "Melancholia"

Intro :

Ce texte est tiré d'un grand ensemble de textes qui est un poème dont le nom est
"Melancholia", il fait partie de la troisième section du recueil des Contemplations nommée
"Les luttes et les rêves", cette partie du recueil permet à Victor Hugo de parler, non plus de
son vécu comme dans les deux livres précédents, mais de ses combats.

Ce poème compte au total 336 vers, il est composé de 9 parties dans lesquelles Victor Hugo
développe un thème principal, la misère du peuple, en dénonçant notamment la prostitution,
thème qu'il avait déjà développé dans les Misérables, ou bien la justice sociale. Dans cette
partie du poème, il s'engage contre le travail des enfants qui était très répandu au XIXè
siècle bien que la loi du 18 Mars 1841 ait limité le temps de travail des enfants. On
comprend l'engagement de Victor Hugo dans ce poème puisque de nombreuses infractions
étaient commises par les patrons concernant cette loi.
Nous allons tenter de comprendre comment Victor Hugo parvient-il à dénoncer le travail des
enfants dans ce poème.

Pour cela, nous verrons d'abord la mise en scène pathétique des enfants dans les 3
premiers vers, puis la description de leurs conditions de travail des vers 4 à 11, ensuite nous
étudierons les conséquences néfastes de ce travail dans les 5 vers suivants et enfin nous
parlerons de la prise de parole du poète du vers 17 au vers 22.

1ère Partie : La mise en scène pathétique des enfants :

Dès le début du texte, le poète cherche à impliquer le lecteur en démarrant par une triple
interrogation, le lecteur va vouloir trouver les réponses à ces questions ce qui rend déjà le
texte vivant.

La première chose que met en scène Victor Hugo, ce sont des enfants, il les décrit de
manière assez précise et essaye en quelque sorte de les rendre visibles à nos yeux, que
l'on puisse nous les imaginer, il utilise des adjectifs démonstratifs qui donnent l'impression
qu'il pointe les enfants du doigt et nous les montre.
L'auteur décrit leur état psychologique, il les décrit d'abord comme "pensifs", et insiste
ensuite sur leur fragilité en attirant l'attention sur les petites filles, je cite: "Ces filles de huit
qu'on voit cheminer seules". Il met aussi en avant le fait qu'ils sont seuls dans la rue et sans
protection à l'extérieur du foyer.

Victor Hugo met également en scène l'injustice de leur situation, avec un parallélisme entre
les 3 vers, ils sont binaires, les propositions principales caractérisent les enfants, et les
relatives soulignent l'aspect négatif de cette situation, caractérisée par la tristesse, la
maladie et la solitude. Cette injustice entraîne un sentiment d'inquiétude à l'égard de ces
enfants.

On peut dire que ces trois vers constituent une introduction dans ce poème, on voit que l'on
rentre dans un texte argumentatif qui attire notre attention sur l'injustice que subissent les
enfants grâce à des éléments persuasifs. Elle met en condition le lecteur qui peut éprouver
de la pitié et de l'indignation pour les enfants.

2ème Partie : La description des conditions de travail :

Au vers 4 le poète souligne d'abord le temps de travail des enfants qui est totalement illégal,
il utilise par la suite une hyperbole : "éternellement”, pour exagérer ce temps et dénoncer les
fréquentes infractions commises.

Ensuite, il dénonce le lieu de travail de ces enfants qui travaillent dans une position
inconfortable, "sous des meules", puis il le compare à une prison avec une métaphore à
connotation péjorative qui permet de montrer que ce travail est un enfermement.
On comprend que les enfants sont déshumanisés par ce travail, ils sont obligés de répéter
un même mouvement sans réfléchir. On relève une allitération sur le "m" : "même prison",
"même mouvement", cette figure de style met en évidence la monotonisation du geste.
Dans les vers suivants, Victor Hugo souligne le caractère effrayant de ce travail ainsi que la
laideur du lieu de travail qui est suggérée par une atmosphère sinistre avec les termes
"sombre", "ombre" et "hideux". On peut aussi relever deux antithèses entre les mots "anges"
et "enfer" et les mots "innocent" et "bagne" qui montrent une nouvelle fois l'injustice de la
situation des enfants.

Le caractère perpétuel du travail est mis en avant notamment par un parallélisme dans le
11e vers. Le mot "jamais" est mis en évidence, cela renvoie encore à la monotonie du
travail. Le fait qu'il n'y ait pas de temps de jeu pour les enfants est également contradictoire
voire perturbant.

Les conditions de travail sont décrites ici par Victor Hugo comme effroyables, terrifiantes,
elles déshumanisent les enfants, l'auteur montre que les enfants n'ont pas mérité cela, le
lecteur est partagé entre un sentiment de pitié et de révolte.

3ème Partie : Les conséquences de ce travail

Dans la troisième partie du poème, l'auteur décrit 2 principales conséquences du travail des
enfants. La première représente les conséquences physiques sur les enfants. Le poète parle
de la cendre sur leur joue ce qui révèle un manque d'hygiène, dans le même vers, on
observe une antithèse des couleurs entre les termes "pâleur" et "cendre" qui met en avant
l'aspect physique déplorable des enfants.

Le poète décrit également leur fatigue au vers 13, en effet, on comprend qu'il fait à peine
jour lorsque les enfants se rendent au travail et qu'ils sont déjà fatigués, le travail a des
répercussions sur leur sommeil.

L'autre conséquence du travail est sa répercussion psychologique sur les enfants. Victor
Hugo met cela en évidence dans le 14eme vers: "Ils ne comprennent rien à leur destin,
hélas !", il souligne ici l'incompréhension des enfants à qui on ne donne pas d'explications,
ils doivent donc subir leur sort sans comprendre ce qu'il leur arrive.
L'auteur fait ressortir le registre pathétique avec l'interjection "Hélas !" qui montre la pitié du
poète. Ce registre est ensuite développé aux vers 15 et 16 puisque le poète fait parler les
enfants, on peut souligner que les termes utilisés montrent une prière à Dieu, cette prière
exprime de la souffrance. Le discours direct donne de la force aux paroles des enfants ce
qui les détache de leur caractère innocent et angélique.

Victor Hugo met également en évidence l'opposition entre la faiblesse du statut d'enfant et la
force des hommes avec une antithèse entre "petits" et "hommes". Les enfants sont donc des
victimes des hommes et se détournent vers Dieu car ils n'ont personne d'autre.

Dans cette partie du poème, on observe les conséquences physiques et psychologiques du


travail des enfants, Victor Hugo développe le caractère pathétique du texte en décrivant les
enfants comme des victimes des hommes qui n'ont ni appui ni protection.

4ème Partie : La prise de parole du poète :

Au début de la dernière partie du poème, Victor Hugo nous fait part de sa colère par rapport
à la situation des enfants, le ton monte entre les vers 17 et 22. Le poète devient même
vulgaire avec notamment les termes "bossu" et "crétin" qui représentent Apollon et Voltaire,
on a là 2 oxymores qui servent donc à appuyer cette colère de l'auteur tout comme certains
termes hyperboliques tels que "Rachitisme" ou bien "servitude"

Dans ces derniers vers, on peut parler d'une période oratoire de Victor Hugo puisque les
vers 18 à 22 ne contiennent qu'une seule phrase. On remarque que le mot "travail'' est
l’antécédent des 3 relatives qui le suivent, on a donc un rythme ternaire ce qui accentue la
gradation dans le temps.

Conclusion:

Ainsi, par une mise en scène pathétique des enfants, et par un ton polémique, l'auteur
dénonce le Jes enfants en le comparant à de l'esclavage indigne, injuste et dangereux. Le
poète s'implique de façon personnelle dans ce poème, qui contribue à nous montrer une
façade particulière de Victor Hugo qui se montre comme un homme qui s'engage pour le
peuple de manière impliquée et virulente.

On sait que Victor Hugo s'est prononcé sur de nombreux discours à l'Assemblée nationale,
notamment sur la cause de la misère du peuple, on peut donc supposer qu'il invite en partie
le lecteur à s'engager pour ce type de causes.

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