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MAWIYA PEMBA Fabrice

Doctorant en Administration des Affaires


Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

La lutte contre la fraude et le blanchiment des capitaux dans la zone


OHADA.

I. Contexte

Avec la mondialisation de l’économie, les Etats du monde ont tendance à s’orienter vers
la construction de grands ensembles régionaux plus solidaires.

En effet, la recomposition de l’environnement juridique mondial sous les auspices des


lois du marché suscite des enjeux importants relativement à la croissance économique
des nations. Mais, la dynamique de construction des nouveaux paysages normatifs
semble s’orienter vers une gestion communautaire des intérêts nationaux. C’est
pourquoi, en Afrique, l’intégration régionale est élevée au rang de palier fondamental
entre le national et l’international1.

La signature à Port-Louis le 17 octobre 1993 du Traité instituant l’Organisation pour


l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) a donné corps à une vision
jusque-là méconnue de l’intégration communautaire par le droit. Par cet instrument
juridique, les États signataires ont manifesté leur volonté de contribuer en Afrique noire
francophone à l’instauration d’un espace économique unifié et apte à répondre aux
attentes exigeantes des investisseurs.

L’OHADA est donc née de la volonté de ses pères fondateurs de doter les pays africains
de la zone franc d’un droit des affaires uniforme, dans le but d’améliorer l’environnement
des affaires des pays membres. Un environnement marqué, à la création de l’OHADA,
par un déficit d’attractivité des économies de la zone franc par rapport aux
investissements. Il fallait donc, pour conjurer cette situation, mettre en place des règles
claires, simples, et adaptées à l’évolution du monde moderne.

Cependant, l’ouverture des frontières et le développement des échanges commerciaux


au niveau régional et international sont des facteurs qui ont permis au phénomène de la
délinquance économique et financière de prendre de l’ampleur ces dernières années2.

1
Abdoullah Cissé, « l'harmonisation du droit des affaires en Afrique : L'expérience de l'OHADA à l'épreuve de sa
première décennie », in De Boeck Supérieur, Revue internationale de droit économique, n°2, t. XVIII, 2004/2, Pp.
197 à 225.
2
Diakhate S., la lutte contre la délinquance économique et financière dans l’Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA) et dans l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA): état des
lieux et perspectives, Thèse de doctorat, Droit, Université Panthéon-Sorbonne Paris I, Paris, 2017, p. 18
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Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

La fraude et le blanchiment ont, depuis une vingtaine d‘année, délaissé les structures
archaïques et nationales pour adopter et utiliser des organisations flexibles tournées vers
l‘international.

Aujourd‘hui plus que jamais, les organisations criminelles sont résolument entrées dans
une logique internationale, commerciale et financière. Elles ne limitent plus leurs activités
aux formes traditionnelles de la criminalité grave, comme le trafic de stupéfiants et le
banditisme classique.

Les circuits financiers et économiques ne sont plus utilisés uniquement pour blanchir le
produit de ces activités criminelles, mais également pour les perpétrer et les faire
fructifier en les investissant dans d‘autres activités mixtes ou dans des valeurs
rémunératrices.

L‘interpénétration de l‘économie légale, illégale et criminelle qui en résulte constitue une


menace réelle pour les Etats de droit.

Les nouvelles technologies et la mondialisation de l‘économie permettent à ces


organisations ainsi qu‘aux délinquants en col blanc d‘être, à distance, actifs sur les
marchés financiers situés un peu partout dans le monde et de transférer rapidement les
bénéfices des activités illicites, en les faisant circuler rapidement via les circuits
traditionnels3.

Ainsi, pour contenir et réprimer ce fléau, les États ont doté leurs législations nationales
d’instruments juridiques spécifiques, bien ces derniers, résultant des seules initiatives
nationales, se soient révélés rapidement insuffisants.

Etant aux prises avec la libéralisation et l’expansion de leur secteur financier, la plupart
des pays africains doivent entreprendre des réformes profondes de ce secteur. Ils doivent
renforcer la supervision prudentielle et la réglementation de leurs systèmes financiers
par des mesures efficaces en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et contre
le financement du terrorisme.

Cette étude tente donc de faire un état des lieux, à travers un inventaire des mesures
mises en œuvre dans la zone OHADA, en matière de prévention et de lutte contre le
blanchiment des capitaux et contre le financement du terrorisme et, après avoir relevé les
faiblesses et les défis de la question, les pistes de solutions en guise de recommandations
seront formulées.

3
CTIF, le livre blanc de l’argent noir : 20 ans de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, CTIF,
Rapport d’activités 2009, Bruxelles, in https://dial.uclouvain.be, consulté le 04/09/2020, à 14h 26.
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II. Blanchiment des capitaux : tentative de définition

Le blanchiment de capitaux consiste à dissimuler la source des capitaux d'origine


criminelle en les réinjectant discrètement dans le circuit économique légal.

En effet, il est un élément des techniques de la criminalité financière. C'est l'action de


dissimuler la provenance d'argent acquis de manière illégale afin de le réinvestir dans
des activités légales, par exemple la construction immobilière. C'est une étape
importante, car sans le blanchiment, les criminels ne pourraient pas utiliser de façon
massive ces revenus illégaux sans être repérés.

Le blanchiment est donc une technique. En amont du blanchiment, il y a toujours une


infraction sous-jacente c’est-à-dire une activité dont le revenu est considéré comme de
l'argent sale. Ces infractions sont listées par le GAFI4 et dans le code pénal de chaque
pays.

Ainsi, le blanchiment de capitaux consiste à retraiter les produits tirés d’activités


criminelles tels que drogues, corruption, terrorisme, traite des personnes, contre bandes
et fraude fiscale pour en masquer l’origine illégale. Il permet de légitimer des gains mal
acquis. C’est un processus par lequel des actifs obtenus ou produits par une activité
illégale sont déplacés ou dissimilés pour violer leurs liens avec l’infraction.

Cette définition montre que les Etats, malgré leur appartenance à l’UEMOA5 ou à la
CEMAC6, structures fortement engagées dans la lutte contre le blanchiment de capitaux,
continus à donner d’autres définitions à ce fléau, différentes des définitions données par
les textes internationaux reproduits par les structures d’intégration sous régionale7.

4
Groupe d’Action Financière
5
Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
6
Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale
7
DIALLO I., « La difficile qualification du blanchiment des capitaux dans l’espace OHADA », in
http://droitmediasfinance.com , consulté le 07/09/2020, à 13 41’.
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III. Eléments constitutifs du blanchiment des capitaux : rapprochement entre


Etats de la zone OHADA
L’OHADA, étant à ce jour constituée de 17 Etats partis, lesquels comprennent les huit (8)
pays membres de l’UEMOA et les six (6) pays membres de la CEMAC, nous allons ici,
présenter et rapprocher les éléments constitutifs du blanchiment des capitaux retenus
dans le Règlement n°01/CEMAC/UMAC/UM portant prévention et répression de
blanchiment des capitaux et financement du terrorisme et de la prolifération en Afrique
Centrale, de la Directive n° 02/CM/UEMOA du 2 juillet 2015 relative à la lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres de
l’UEMOA, ainsi que de certains éléments des législations nationales à l’instar de celle de
la République Démocratique du Congo.

Ainsi, sont considérés comme blanchiment de capitaux, les agissements énumérés, ci-
après, commis intentionnellement :
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Tableau 1. Eléments constitutifs du blanchiment des capitaux


UEMOA8 CEMAC9 RDC10
- la conversion ou le transfert de biens, par toute - la conversion ou le transfert de biens, par toute - la conversion, le transfert ou la manipulation des
personne qui sait ou aurait dû savoir que ces biens personne qui sait que ces biens proviennent d’une biens dans le but de dissimuler ou de déguiser
proviennent d’un crime ou délit ou d’une activité criminelle ou d’une participation à une l’origine illicite desdits biens, ou d’aider toute
participation à un crime ou délit, dans le but de activité criminelle, dans le but de dissimuler ou de personne qui est impliquée dans la commission de
dissimuler ou de déguiser l’origine illicite desdits déguiser l’origine illicite desdits biens, ou d’aider l’infraction principale à échapper aux
biens, ou d’aider toute personne impliquée dans toute personne impliquée dans cette activité à conséquences de ses actes ;
cette activité à échapper aux conséquences échapper aux conséquences juridiques de ses actes ; - la dissimulation ou le déguisement de la nature, de
juridiques de ses actes ; - la dissimulation ou le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement de la disposition, du
- la dissimulation ou le déguisement de la nature, de l’origine, de l’emplacement de la disposition, du mouvement ou de la propriété réels de biens ;
l’origine, de l’emplacement de la disposition, du mouvement ou de la propriété réels de biens ou des - l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens
mouvement ou de la propriété réels de biens ou des droits y relatifs, par toute personne qui sait que ces par une personne qui sait, qui suspecte ou qui
droits y relatifs, par toute personne qui sait ou biens proviennent d’une activité criminelle ou aurait dû savoir que lesdits biens constituent un
aurait dû savoir que ces biens proviennent d’un d’une participation à une activité criminelle ; produit d’une infraction.
crime ou délit ou d’une participation à un crime ou - l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens,
délit ; dont celui qui s’y livre, sait au moment où il les
- l’acquisition, la détention ou l’utilisation de biens, réceptionne, que ces biens proviennent d’une
dont celui qui s’y livre, sait ou aurait dû savoir, au activité criminelle ou d’une participation à une
moment où il les réceptionne que ces biens activité criminelle ;
proviennent d’un crime ou délit ou d’une - la participation à l’un des actes visés aux points a),
participation à un crime ou délit ; b) et c), le fait de s’associer pour le commettre, de
- la participation à l’un des actes visés aux points a), tenter de le commettre, d’aider ou d’inciter
b) et c), le fait de s’associer pour le commettre, de quelqu’un à le commettre ou de le conseiller, à cet
tenter de le commettre, d’aider ou d’inciter effet, ou de faciliter l’exécution d’un tel acte.
quelqu’un à le commettre ou de le conseiller, à cet
effet, ou de faciliter l’exécution d’un tel acte.

8
Article 8 de la Directive n° 02/CM/UEMOA du 2 juillet 2015 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats
membres de l’UEMOA.
9
Article 8 du Règlement n°01/CEMAC/UMA/CM, du 11 Avril 2016, portant Prévention et Répression du Blanchiment des Capitaux et Financement du Terrorisme
et de la Prolifération en Afrique Centrale.
10
Article 1 de la loi n°04/016, du 19 juillet 2004, portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
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En effet, bien que la plupart des pays adhèrent à la définition adoptée par la Convention
des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et substances psychotropes en
1988 à Vienne (ou Convention de Vienne), à la lumière du tableau 1, il apparait que les
Etats, malgré leur appartenance de l’UEMOA ou CEMAC, structures fortement engagées
dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, continus à donner d’autres définitions à
ce fléau différent des définitions données par les textes internationaux reproduits dans
les structures d’intégration sous régionale.

IV. Limites de la législation sur le blanchiment des capitaux dans la zone


OHADA.

L’UEMOA et la CEMAC ont reconduit la définition de la Convention de Vienne de 1988.


Ceci parait comme une soumission de ses organisations à d’autres structures
internationales. Une soumission qui laisse attendre que l’UEMOA et la CEMAC sont
assigné d’une mission de la lutte contre le fléau.

Cependant, à la lumière des éléments présentés dans le tableau 1, les délits qui ne sont
pas liés au trafic de stupéfiants, comme la fraude fiscale, l'enlèvement et le vol, par
exemple, ne sont pas définis comme des infractions de blanchiment de capitaux selon la
Convention de Vienne.

Les années passant, la communauté internationale a estimé que les infractions principales
de blanchiment de capitaux devaient être étendues au-delà de la définition de la
Convention de Vienne pour englober d'autres infractions graves11.

V. Principales techniques de blanchiment des capitaux

La communauté internationale est aujourd’hui plus que jamais engagée dans la lutte
contre le blanchiment d’argent ou de capitaux. Les commerces comme les bijouteries et
les entreprises d'import-export sont les premières cibles pour blanchir l'argent.

11
Par exemple, à l’issue de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée en 2000
à Palerme, il a été demandé à tous les pays participants de s'efforcer d'élargir ces infractions de blanchiment
d'argent afin de couvrir << l'éventail le plus large d'infractions principales >>.
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L'établissement de plusieurs fausses factures entre des sociétés écran permet également
de faire croire que cet argent est tout à fait propre.
1. Phases de blanchiment des capitaux

Traditionnellement, le blanchiment de capitaux comprend trois stades :

- L’injection :
Le premier stade, l'injection (prélavage/placement/immersion), comprend tous les
moyens par lesquels les fonds provenant directement d'une activité criminelle sont
introduits pour la première fois, le plus souvent sous forme de grandes quantités d'argent
en espèces, dans le circuit financier. C'est à ce stade que le blanchiment d'argent est le
plus facilement décelable.

- L’empilage :

Le deuxième stade, l'empilage (lavage/dispersion), se définit comme une succession


souvent complexe de transactions financières, dont le but est d'effacer, le plus rapidement
possible, tout lien entre les capitaux "injectés" et leur origine illicite. Outre la
transformation rapide de ceux-ci en d'autres moyens de paiement (chèques, chèques de
voyage, lettres de crédit, billets à ordre), les transferts nationaux et internationaux
constituent l'une des méthodes privilégiées.

- L’intégration :

Le troisième et dernier stade, l'intégration (recyclage), inclut toutes les méthodes


permettant aux capitaux d'origine criminelle, préalablement injectés et empilés, d'être
investis dans les circuits économiques et financiers légaux, sous la forme de valeurs
honnêtes et rémunératrices, comme notamment des immeubles, des fonds de commerce,
des objets de valeur ou encore des participations dans des entreprises, etc.
2. Méthodes de blanchiment des capitaux

Il sied de noter ici qu’actuellement, avec la lutte de plus en plus importante contre le
blanchiment d'argent auprès des banques et des paradis fiscaux, ainsi que la levée du
secret bancaire sur ordre de la justice, les criminels sont obligés de se tourner vers d'autres
intermédiaires pour blanchir leur argent. C’est alors que le blanchisseur utilise d’une part
le système financier et de plus en plus les activités économiques.
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2.1. L’utilisation de système financier

Historique de la communauté internationale s’occupait plutôt au développement


économique Spéculations illégales, activités mafieuses, trafic de drogue, d'armes,
extorsion, corruption, etc. mais n’avait jamais pensée que le criminel financier pouvait
aller jusqu’à menacer l’économie mondiale. Ainsi avant le réveil de la conscience
mondiale le blanchisseur introduisait directement dans l’économie par les méthodes
suivantes.
2.1.1. Les services directs de la banque

- Schtroumpfage

Cette méthode nécessite l’implication de nombreuses personnes dont le rôle consiste à


déposer des sommes en espèces dans des comptes bancaires ou à se procurer des traites
bancaires de moins de dix mille unités de la devise du pays afin d’éviter le seuil de
déclaration.

- Complicité bancaire

Il y a complicité bancaire lorsqu’un employé de la banque s’est impliqué criminellement


afin de faciliter le processus du blanchiment d’argent. Toutefois, les criminels ont de plus
en plus de difficulté à utiliser cette méthode en raison des principes directeurs, des
pratiques et des procédés de formation préconisés par l’Association professionnelle.

- Transfert électronique de fonds

Aussi connu sous le nom de virements électronique ou télé-virement, cette méthode


permet de transférer des fonds d’une ville ou d’un pays à l’autre afin d’éviter le transport
physique de l’argent.

- Cartes de crédit

Les malfaiteurs paient en trop le solde de leurs cartes de crédit et conservent un solde
créditeur élevé pouvant être utilisé de nombreuses façons telles que l’achat de biens de
valeur ou la conversion du solde créditeur en chèque bancaire.
2.1.2. Les services indirects de la banque

A ce niveau, le blanchisseur se trouve avec l’argent liquide qu’il ne peut en jouir. Il fait
donc recours à tout autre activité pour se montre une personne honnête.
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- Entreprise de transfert de fonds et bureaux de change

Les entreprises de transfert de fonds et les bureaux de change mettent à la disposition de


leurs clients des services qui leur permettent de se procurer des devises étrangères qui
peuvent être emportées outre-frontière. On peut aussi, par l’entremise de ces bureaux,
télégraphier des fonds à des comptes ouverts dans des banques étrangères. Il est de même
possible de se procurer des mandats, des chèques bancaires ainsi que des chèques de
voyage à travers ces entreprises12.

- Auto-prêt

Pour les besoins de cette technique, le trafiquant remet à un complice une somme
d’argent illicite. Ce complice lui «prête» une somme équivalente, documents de prêt à
l’appui, pour créer l’illusion que l’argent du criminel est légitime. Le calendrier de
remboursement de l’emprunt par le criminel ajoute à l’apparence de légitimité de cette
combine, et procure encore un autre moyen de transférer des fonds13.
2.2. L’utilisation des activités économiques

Le blanchisseur rencontre de plus en plus des difficultés pour placer son argent
directement à la banque qui lui est plus facile à utiliser. Il fait donc de plus en plus recours
à d’autres moyens comme les activités commerciales et les jeux des hasards.
2.2.1. Les activités commerciales

- Achat de biens au comptant

Les blanchisseurs achètent et paient en espèces des biens de grande valeur tels que des
automobiles, des bateaux ou certains biens de luxe tels que des bijoux ou de l’équipement
électronique. Ils utiliseront ces articles, mais ils s’en distancieront en les enregistrant ou
en les achetant au nom d’un associé.

- Mandats-poste

Cette technique consiste à échanger des sommes en espèces contre des mandats-poste,
lesquels sont ensuite transmis à l’étranger pour fin de dépôt bancaire.

12
Doudou NDOYE et Mamadou L. FOFANA, le blanchiment de capitaux en Afrique de l’ouest, collection UEMOA,
EDJA, cité par DIALLO I., op. cit., in http://droitmediasfinance.com , consulté le 07/09/2020, à 13 41’.

13
Idem
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Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

- Raffinage

Cette technique consiste à échanger de petites coupures contre des grosses dans le but
d’en diminuer le volume. Pour ce faire, le blanchisseur échange des sommes d’argent
d’une banque à l’autre afin d'éviter d’éveiller les soupçons. Cela sert à diminuer les
grandes sommes d’argent14.

- Amalgamation de fonds dans des entreprises honnêtes

Les organisations criminelles ainsi que les individus qui y sont impliqués peuvent
blanchir des fonds en investissant dans des entreprises qui affichent normalement un
volume élevé de transactions au comptant afin d’incorporer des produits de la criminalité
aux activités commerciales légitimes brassées par l’entreprise. Enfin, il arrive que des
criminels achètent des commerces qui génèrent des recettes brutes par des ventes au
comptant. C’est le cas des restaurants, bars, boîtes de nuit, hôtels, bureaux de change et
compagnies de distributeurs automatiques. Ils investissent ensuite ces fonds obtenus par
des moyens frauduleux en les amalgamant à un revenu qui ne suffirait pas autrement à
soutenir une entreprise honnête.

- Altération des valeurs15

Un blanchisseur peut acheter un bien immobilier d’une personne disposée à déclarer un


prix de vente sensiblement inférieur à la valeur réelle du bien et se faire payer la
différence en argent comptant «en cachette». Le blanchisseur peut acheter, par exemple,
une maison d’une valeur de deux millions de dollars pour seulement un million et
transmettre en secret au vendeur le reste de l’argent qu’il lui doit. Après une certaine
période de rétention du bien immobilier, le blanchisseur la vend à son prix réel, soit deux
millions de dollars.

- Assurance-vie

Comme étape de placement d'argent, il est possible de souscrire des contrats d'assurance-
vie avec des primes très élevés et les faire annuler plus tard pour toucher que la moitié.

- Achat de services prépayés


L’échange de chèques ou cartes cadeaux contre de l'argent sale.

14
www.fatf-gafi.org , consulté le 22/09/2020 à 15h 42’
15
www.ctif-cfi.be , consulté le 22/09/2020 à 15 44’
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2.2.2. Les jeux de hasards

Le jeu est un contrat aléatoire par lequel les parties s’engagent réciproquement à assurer
un gain à celle qui obtiendra un résultat dépendant d’un événement qu’elles peuvent, au
moins partiellement, provoquer. Nous avons donc les casinos et les loteries.

- Casinos

Les blanchisseurs se rendent au casino, où ils se procurent des jetons en échange d’argent
comptant pour ensuite encaisser leurs jetons sous forme de chèque.

- Arnaque à la loterie

Les trafiquants sont amenés à acheter un ticket de type PMU, jeu à gratter ou bulletin de
loto gagnant au prix de la somme remportée, pour blanchir une somme moyenne
d’argent sale.
VI. Flux financiers et impact du blanchiment des capitaux sur les économies
africaines
Il est difficile d'évaluer avec précision le montant des flux financiers illicites, en raison de
leur nature secrète. Toutes les estimations montrent que l'Afrique a été un créancier net
du reste du monde, et non un débiteur, en raison des sorties massives de capitaux illicites
du continent16.

Alors qu'en 2018, l'Afrique a reçu 29,7 milliards de dollars d'aide publique au
développement (APD), elle a simultanément perdu plus de 50 milliards de dollars en flux
financiers illicites (FFI). En effet, le montant moyen des pertes annuelles de l'IFF en
Afrique se situe entre 50 et 148 milliards de dollars17.

Plusieurs autres estimations, dont celle intitulée « Financer le programme de


développement de l'Afrique au-delà de 2015 », montrent qu'entre 1970 et 2008, les flux
financiers illicites ont fait perdre à l'Afrique entre 854 et 1,8 milliard de dollars, alors que
dans la même période, le continent a reçu 1,07 trillion de dollars d'aide publique au
développement18.

Ces flux financiers illicites privent les pays en développement de ressources qui
pourraient être utilisées pour financer des services publics essentiels, qu'il s'agisse de

16
Rafael Gómez-Jordana Moya, Les flux financiers illicites en Afrique, publié le 21/08/2020, in www.atalayar.com,
consulté le 23/09.2020 à 13h à 43’.
17
Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), 2013, cité par Rafael Gómez-Jordana Moya,
Idem.
18
OCDE, 2012, cité par Rafael Gómez-Jordana Moya, Idem.
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sécurité, de justice ou de services sociaux de base tels que la santé et l'éducation, ce qui
entraîne un affaiblissement de leurs systèmes financiers et de leur potentiel économique.

VII. Institutions et mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux dans la


zone OHADA

En réalité, jusque-là, l’OHADA n’a élaboré aucune politique de lutte contre le


blanchiment des capitaux19. Les initiatives africaines existantes dans la région ont été
adoptées par tous les Etats membres de l’UEMOA et de la CEMAC qui constituent en
gros les Etas-parties de l’OHADA, à l’exception de quelques Etats-parties de l’OHADA
ne faisant pas partie ni de l’UEMOA ni du CEMAC, dont la République Fédérale
Islamique des Comores, la République Démocratique du Congo, la République de Guinée
et la Guinée-Bissau, qui, de manière individuelle, ont pris des initiatives au niveau
national.

Nous allons donc ici, nous contenter de présenter les institutions mises en place par les
structures comme la CEMAC et l’UEMOA, ainsi que les mesures adoptées en République
Démocratique du Congo pour la lutte contre le blanchiment des capitaux et le
financement du terrorisme.

En effet, de nombreuses conventions et initiatives de coopération ont été adoptées par les
Etats africains aux niveaux continental et sous régional.

L'Organisation de l'Unité Africaine (OUA, devenue plus tard Union Africaine) a adopté, en
1999, une convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme plus connue sous
le nom de « Convention d'Alger ».

Par ailleurs, un plan d'action de la réunion intergouvernementale de haut niveau de


l'Union Africaine (UA) sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en Afrique a été
adopté en 2002. Il définit des domaines précis d'action comprenant des mesures
spécifiques pour réprimer le financement du terrorisme. Il s'agit notamment20:

- de l'élaboration d'une législation nationale pour ériger en infraction pénale le


blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ;
- de la mise en place au sein des Etats membres de Cellule de Renseignement
Financier (CRF), chargée de traiter les transactions suspectes signalées ;

19
DIALLO I., op. cit.
20
ANGRA J.-Y., la lutte contre le blanchiment d'argent dans le système économique et financier en Afrique : analyse
critique des procédures existantes et propositions d'axes d'améliorations, Mémoire, Master en Finances-
comptabilité, Institut national polytechnique de Yamoussoukro, 2009, in www.memoireonline.com, consulté le
23/09/2020 à 11h 57’.
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- de la formation du personnel pour combattre et prévenir le blanchiment de


capitaux ;
- et de la coopération avec les institutions financières internationales.

1. Les institutions de lutte contre le blanchiment des capitaux dans la zone OHADA

- Au niveau des Etats de l’Afrique de l’Ouest

Au niveau des Etats ouest-africains, les actions engagées se sont traduites par la création
du Groupe Intergouvernemental d'Action contre le Blanchiment d'argent en Afrique de
l'Ouest (GIABA) le 3 novembre 2000.

Le GIABA, Organisme Régional de Type GAFI (ORTG), qui dispose du statut


d'observateur auprès du GAFI, est chargé de promouvoir les législations anti-
blanchiment et de faciliter la coordination des activités des Etats ouest-africains dans ce
domaine. La mise en place de ses organes a constitué le point de départ d’une nouvelle
impulsion pour une meilleure coordination de la lutte anti-blanchiment. Le GIABA
devrait favoriser une coopération étroite entre les Etats ouest-africains n’ayant pas les
mêmes systèmes juridiques de base, en vue d’harmoniser et de rationaliser la lutte contre
le blanchiment.

Les Etats membres du GIABA sont21 :

N.B. : sur cette liste, neuf pays sont Etats-parties de l’OHADA.

- Au niveau des Etats de l’Afrique de Central

Au niveau de l’Afrique central, les actions engagées ont permis d’aboutir à la création du
Groupe d’Action contre le blanchiment d’Argent en Afrique Centrale (GABAC). Ce
dernier est un organisme de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale (CEMAC).

21
www.ecowas.int, consulté le 23/09/2020 12h 55’.
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Le GABAC a été créé en 2000 avec le mandat de coordonner, dynamiser et évaluer les
actions entreprises au sein des Etats dans le cadre de la lutte contre le blanchiment
d’argent et le financement du terrorisme. Le GABAC organise également de l'assistance
technique pour ses États membres et facilite la coopération internationale.

Le GABAC a été reconnu comme organisation observateur auprès du GAFI en février


2012, et depuis, a travaillé avec le GAFI afin de répondre aux critères d'une Organisation
Régionale de Type GAFI (ORTG).

En octobre 2015, le GAFI a reconnu le GABAC comme ORTG et l'a admis comme membre
associé. Le GABAC, étant membre associé, a étendu la portée du réseau mondial du
GAFI en Afrique centrale22.

Les pays membre du GABAC sont :

 Cameroun
 République du Congo
 République Démocratique du Congo (RDC)
 Gabon
 Guinée équatoriale
 République centrafricaine
 Tchad.

N.B. : la liste des pays membre du GIABA et ceux du GABAC renseigne que 16 des 17 Etats-
parties de l’OHADA sont membres de ces ORTG.

De ce qui précède, étant donné que les pays membres de ces ORTG ont leurs législations
anti-blanchiment harmonisées en vue de rationaliser la lutte contre le blanchiment, nous
allons présenter les mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement
du terrorisme mise en œuvre en République Démocratique du Congo.

22
www.fatf-gafi.org, consulté le 23/09/2020 à 12h 47’.
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

2. Les mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux dans la zone OHADA :
Cas de la République Démocratique du Congo23

En République Démocratique du Congo, les mesures suivantes sont mises en place pour
prévenir et réprimer le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme :
2.1. Mesures pour la prévention et de la détection du blanchiment

- La prévention du blanchiment
En RDC, pour prévenir le blanchiment des capitaux la loi fixe que :

- Tout paiement d’une somme en francs congolais ou autre devise, globalement


égale ou supérieure à 10 000 dollars américains ne peut être acquitté en espèces ou
par titres au porteur ;
- Tout transfert vers l’étranger ou en provenance de l’étranger, de fonds, titres ou
valeurs pour une somme égale ou supérieure à 10.000 dollars américains doit être
effectué par un établissement de crédit ou par son intermédiaire.

- La transparence dans les opérations


Pour la transparence dans les opérations financières, la loi stipule que :

- Les établissements de crédit sont tenus de s’assurer de l’identité et de l’adresse de


leurs clients avant d’ouvrir un compte ou livret, de prendre en garde des titres,
valeurs ou bons, d’attribuer un coffre ou d’établir toutes autres relations
d’affaires24 . C’est à titre que la Banque Centrale du Congo oblige aux banques
commerciales de s’assurer de l’identité et de l’adresse de leurs clients ainsi, le cas
échéant, de leurs ayant droits économiques25 ;
- L’identification est requise même si le montant de l’opération est inférieur au seuil
fixé, lorsque la provenance licite des capitaux n’est pas certaine ;
- L’identification devra aussi avoir lieu en cas de répétition d’opérations distinctes,
effectuées dans des périodes rapprochées et pour des montants inférieurs, par
opération, à celui prévu à l’alinéa 1er du présent article ;

23
J.O.- RDC, loi n°04/016 du 19 juillet portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme, juillet, 2004.

24
En RDC, tout comme dans les autres états de la zone OHADA, afin de réaliser l’objectif de mieux cerner l'activité
du client et surtout ses sources de revenus, l'établissement et le remplissage des formulaires KYC sont des
préalables à toute relation d'affaires avec les banques commerciales.

25
BCC, instruction n°15 relatives aux normes relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement
du terrorisme, Kinshasa, décembre, 2006, art. 5.
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

- Lorsqu’une opération porte sur une somme en francs congolais égale ou


supérieure à 10.000 dollars américains et est effectuée dans des conditions de
complexité inhabituelles ou injustifiées, ou paraît ne pas avoir de justification
économique ou d’objet licite, l’établissement de crédit est tenu de se renseigner sur
l’origine et la destination des fonds ainsi que sur l’objet de l’opération et l’identité
des acteurs économiques de l’opération.

2.2. Responsabilité des acteurs de la lutte contre le blanchiment des capitaux

1. Les établissements de crédit

Les établissements de crédit doivent mettre en place un dispositif de prévention du


blanchiment de capitaux. Ce dispositif comprend :

a) la centralisation des informations sur l’identité des clients, donneurs d’ordre,


bénéficiaires et titulaires de procuration, mandataires, ayants droit économiques,
et sur les transactions suspectes ;
b) la désignation des responsables de l’unité de centralisation auprès du siège ou de
la direction centrale, de chaque succursale, et de chaque agence ou service local ;
c) la formation continue des fonctionnaires ou employés ;
d) un dispositif de contrôle interne de l’exécution et de l’efficacité des mesures
adoptées pour l’application de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux
et le financement du terrorisme.
N.B. : Les autorités de contrôle peuvent, en cas de besoin, préciser le contenu et les modalités
d’application de ce dispositif. Elles effectuent, le cas échéant, des investigations sur place afin de
vérifier la bonne application et l’efficacité de celui-ci.
2. Les bureaux de change

Les bureaux de change et autres personnes morales ou physiques qui font profession
habituelle d’effectuer des opérations de change manuelle sont tenus :

a) d’établir, dans une déclaration, l’origine licite des fonds nécessaires à la création
de l’établissement ; cette déclaration doit être adressée, avant tout commencement
d’activité, à la Banque Centrale du Congo aux fins d’obtenir l’autorisation
d’ouverture et de fonctionnement prévue par la loi ;
b) de s’assurer de l’identité de leurs clients, par la présentation d’un document
officiel en cours de validité et comportant une photographie, dont il est pris copie,
avant toute transaction portant sur une somme en francs congolais égale ou
supérieure à 500 dollars américains ou pour toute transaction effectuée dans les
conditions de complexité inhabituelles ou injustifiées ;
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

c) de consigner, dans l’ordre chronologique, toutes opérations, leur nature et leur


montant avec indication des nom, prénom et postnom du client, ainsi que du
numéro du document présenté, sur un registre côté et de conserver ledit registre
pendant 10 ans après la dernière opération enregistrée.

3. Les casinos et établissements de jeux

Les casinos et établissements de jeux sont tenus :

a) d’adresser, avant de commencer leur activité, une demande d’agrément au


Ministère ayant l’économie dans ses attributions avec copie à la Banque Centrale
du Congo aux fins d’obtenir l’autorisation d’ouverture et de fonctionnement
prévue par la loi en vigueur, et de justifier, dans cette demande, de l’origine licite
des fonds nécessaires à la création de l’établissement ;
b) de tenir une comptabilité régulière et d’en conserver les pièces pendant 10 ans. Les
principes comptables définis par la loi sont applicables aux casinos et cercles de
jeux ;
c) de s’assurer de l’identité, par la présentation d’un document officiel original en
cours de validité et comportant une photographie, dont il est pris copie, des
joueurs qui achètent, apportent ou échangent des jetons ou des plaques de jeu pour
une somme supérieure à l’équivalent de 2.000 dollars américains ;
d) de consigner, dans l’ordre chronologique, toutes les opérations visées au point (c),
leur nature et leur montant avec indication des noms et prénoms des joueurs, ainsi
que du numéro du document présenté, sur registre côté et de conserver ledit
registre pendant dix ans au moins après la dernière opération enregistrée ;
e) de consigner, dans l’ordre chronologique, tous transferts de fonds effectués entre
ces casinos et cercles de jeux sur un registre côté et de conserver ledit registre
pendant 10 ans après la dernière opération enregistrée.
N.B. : Dans le cas où l’établissement de jeux est tenu par une personne morale possédant plusieurs
filiales, les jetons doivent identifier la filiale par laquelle ils sont émis. En aucun cas, des jetons
émis par une filiale ne peuvent être remboursés dans une autre filiale, y compris à l’étranger.
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Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

2.3. Services de l’Etat compétents en matière de lutte contre le blanchiment des


capitaux

En RDC, outre la Banque Centrale du Congo qui exerce le contrôle et le pouvoir


disciplinaire dans sa sphère de compétence, une Cellule des Renseignements Financiers
est créée par la loi n°04/016 du 19 juillet 2004. Elle est un service public doté de la
personnalité juridique et d’une autonomie financière, ainsi que d’un pouvoir de décision
propre. Elle est placée sous la tutelle du Ministre ayant les finances dans ses attributions.

Sa mission est de recueillir et de traiter les renseignements financiers sur les circuits de
blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Elle collabore avec le Ministère de la Justice ainsi que les services étrangers chargés de
recevoir et de traiter les déclarations de soupçon, lorsque ceux-ci sont soumis à des
obligations de secret analogues et quelle que soit la nature de ces services. A cet effet, elle
peut conclure des accords de coopération avec ces services.
2.4. Répression du blanchiment des capitaux en RDC

La République Démocratique du Congo, comme beaucoup d’autres Etats-parties de


l’OHADA, a réussi à inscrire le blanchiment des capitaux parmi les crimes punis par la
loi.

Les mesures de répression de cette forme de criminalité comprennent d’une part, la saisie
et les mesures conservatoires et d’autres parts, des sanctions pénales.
1. La saisie et les mesures conservatoires

Les autorités judiciaires et les fonctionnaires compétents chargés de la détection et de la


répression du blanchiment et des infractions liées à celui-ci peuvent saisir les biens en
relation avec l’infraction objet de l’enquête, ainsi que tous éléments de nature à permettre
de les identifier.

L’autorité judiciaire compétente pour prononcer les mesures conservatoires peut, d’office
ou sur requête motivée du ministère public, de la Banque Centrale du Congo ou de la
Cellule des Renseignements Financiers, ordonner, aux frais de l’Etat, de telles mesures, y
compris le gel des capitaux et des opérations financières sur des biens susceptibles d’être
saisis ou confisqués, quelle qu’en soit la nature.
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

2. Les sanctions applicables

La loi n°04/016 du 19 juillet portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le


financement du terrorisme en RDC, prévoit, de l’article 34 à l’article 50 des sanctions
applicables en matière de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.

A titre d’exemple, sont punis de cinq à dix ans de servitude pénale et d’une amende dont
le maximum est égal à six fois le montant de la somme blanchie, ceux qui auront commis
un fait de blanchiment.

Le complice du blanchiment est puni de la même peine que l’auteur principal.

Mais également, dans le cas de condamnation pour infraction de blanchiment


consommée ou tentée, sera ordonnée la confiscation :

- des biens objets de l’infraction, y compris les revenus et autres avantages qui en
ont été tirés, à quelque personne qu’ils appartiennent, à moins que leur
propriétaire n’établisse qu’il les a acquis en versant effectivement le juste prix ou
en échange des prestations correspondant à leur valeur ou à tout autre titre licite
et qu’il en ignorait l’origine illicite ;
- des biens appartenant, directement ou indirectement, à une personne condamnée
pour fait de blanchiment.

VIII. Conclusion

Au travers de cette étude, il a été démontré que le développement et la complexification


des opérations financières, compliquent d’avantage la lutte contre le fléau mondiale
qu’est « le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ».

Cette lutte devient beaucoup plus complexe dans les Etats africains, qui, en s’ouvrant au
monde pour attirer les investissements, s’exposent d’avantage à ce fléau, menaçant par
ailleurs tout espoir de développement ainsi que la paix sociale, surtout dans certains
pays, Etats-parties de l’OHADA.

Conçue pour servir l’intégration économique et en mettant en avant la sécurité juridique


et judicaire, l’OHADA compte à jour 17 pays, Etats-parties, parmi lesquels, la majorité est
constituée des pays membres de l’UEMOA et de la CEMAC.

Cependant, jusqu’à présent, depuis sa création, n’a élaboré aucune politique de lutte
contre le blanchiment des capitaux. Les initiatives africaines existantes dans la région ont
été adoptées par tous les Etats membres de l’UEMOA et de la CEMAC, ainsi que quelques
Etats-parties de l’OHADA ne faisant pas partie ni de l’UEMOA ni du CEMAC, dont la
République Fédérale Islamique des Comores, la République Démocratique du Congo, la
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Doctorant en Administration des Affaires
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Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

République de Guinée et la Guinée-Bissau, qui, de manière individuelle, ont pris des


initiatives au niveau national, mais qui sont membres des ORTG GABAC et GIABA.

Ainsi, les mesures mise en place en matière de prévention et répression du blanchiment


des capitaux et financement du terrorisme dans les Etats-parties de l’OHADA, consacrent
l’identification de la clientèle et le cas échéant, des leurs ayant droit économique comme
préalable à toute relation d’affaires entre les institutions financières et les autres agents
économiques.

La surveillance permanente et la détection des transactions suspectes par les institutions


financières et le report de celles-ci, avec l’autorisation légale de la levée du secret
professionnel, aux instances instituées dans chaque pays avec possibilité de la
collaboration internationale, sont des piliers de la lutte contre ce fléau.

Les Etats-parties de l’OHADA, pris individuellement, à la suite des recommandations


internationales, ont réussi, à instituer le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme comme infraction punie par loi.

Ceci est une avancée majeure, mais les efforts coordonnés dans le cadre de l’organisation
sous régionale permettraient de rendre encore plus efficace la lutte contre ce fléau,

A ce titre, nous adoptons la recommandation selon laquelle, le législateur de l’OHADA


qui s’est montré plus créatif en matière de sanction des infractions contenues dans l’acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et de groupement d’intérêt
économique (AUDSCGIE), doit se montrer plus ferme en déterminant le blanchiment
comme une nouvelle infraction de son temps et aussi s’immiscer dans la prévention sur
le territoire de ses Etats-parties.
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

IX. Bibliographie

1. Articles, revues et travaux scientifique

- Abdoullah Cissé, « l'harmonisation du droit des affaires en Afrique : L'expérience


de l'OHADA à l'épreuve de sa première décennie », in De Boeck Supérieur, Revue
internationale de droit économique, n°2, t. XVIII, 2004/2, Pp. 197 à 225.

- ANGRA J.-Y., la lutte contre le blanchiment d'argent dans le système économique


et financier en Afrique : analyse critique des procédures existantes et propositions
d'axes d'améliorations, Mémoire, Master en Finances-comptabilité, Institut
national polytechnique de Yamoussoukro, 2009

- CTIF, le livre blanc de l’argent noir : 20 ans de lutte contre le blanchiment et le


financement du terrorisme, CTIF, Rapport d’activités, Bruxelles, 2009.

- Diakhate S., la lutte contre la délinquance économique et financière dans l’Union


Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et dans l’Organisation pour
l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA): état des lieux et
perspectives, Thèse de doctorat, Droit, Université Panthéon-Sorbonne Paris I,
Paris, 2017.

2. Textes légaux

- BCC, instruction n°15 relatives aux normes relatives à la lutte contre le


blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, Kinshasa, décembre,
2006.

- Directive n° 02/CM/UEMOA du 2 juillet 2015 relative à la lutte contre le


blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les Etats membres
de l’UEMOA.

- Règlement n°01/CEMAC/UMA/CM, du 11 Avril 2016, portant Prévention et


Répression du Blanchiment des Capitaux et Financement du Terrorisme et de la
Prolifération en Afrique Centrale.

- J.O.- RDC, loi n°04/016 du 19 juillet portant lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme, juillet, 2004.
MAWIYA PEMBA Fabrice
Doctorant en Administration des Affaires
Enseignant universitaire en RDC (UPN, UPC et UCKIN)
Expert au Conseil Permanent de la Comptabilité au Congo

3. Sites web

- www.atalayar.com

- www.ctif-cfi.be

- www.dial.uclouvain.be

- www.droitmediasfinance.com

- www.ecowas.int

- www.fatf-gafi.org

- www.memoireonline.com

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