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COMPORTEMENTS ÉLASTIQUE ET VISCOÉLASTIQUE DES COMPOSITES ___________________________________________________________________________
Dans cet article, nous utiliserons la terminologie isotropie transverse, mais nous mention-
nerons que certains auteurs préfèrent la notation orthotropie de révolution.
Les terminologies résine époxy, résine époxyde ou résine époxydique s’utilisent
indifféremment.
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__________________________________________________________________________ COMPORTEMENTS ÉLASTIQUE ET VISCOÉLASTIQUE DES COMPOSITES
Dans le domaine des composites, la structure des matériaux est souvent notée sous forme
abrégée :
notation abrégée notation complète
carbone/carbone
......................................................... fibre de carbone/matrice de carbone
ou C/C
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COMPORTEMENTS ÉLASTIQUE ET VISCOÉLASTIQUE DES COMPOSITES ___________________________________________________________________________
1. Comportement élastique les matrices carrées de rang six {C } = (C ij ) et {S } = (Sij ) étant définies
à partir des tenseurs d’ordre quatre des relations (1) et (3) par les
linéaire. Loi de Hooke égalités suivantes :
— pour la matrice des rigidités {C } :
1.1 Tenseurs des rigidités et des souplesses C 11 = c 1111 C 12 = c 1122 C 13 = c 1133 C 14 = c 1123 C 15 = c 1113 C 16 = c 1112
La loi de comportement mécanique la plus simple est celle qui
traduit la proportionnalité du tenseur des contraintes = ( σ ij ) et C 21 = c 2211 C 22 = c 2222 C 23 = c 2233 C 24 = c 2223 C 25 = c 2213 C 26 = c 2212
du tenseur des petites déformations :
ε = ( ij ) avec i, j = 1, 2, 3 C 31 = c 3311 C 32 = c 3322 C 33 = c 3333 C 34 = c 3323 C 35 = c 3313 C 36 = c 3312
Elle est connue sous le nom de loi de Hooke et elle se traduit par
l’écriture tensorielle : C 41 = c 2311 C 42 = c 2322 C 43 = c 2333 C 44 = c 2323 C 45 = c 2313 C 46 = c 2312
La convention de l’indice muet, qui consiste à sommer les C 61 = c 1211 C 62 = c 1222 C 63 = c 1233 C 64 = c 1223 C 65 = c 1213 C 66 = c 1212
monômes comportant deux indices identiques, sera utilisée tout
au long de cet article. — pour la matrice des souplesses {S } :
S 11 = s 1111 S 12 = s 1122 S 13 = s 1133 S 14 = s 1123 S 15 = 2s 1113 S 16 = 2s 1112
Les petites déformations ij sont définies, rappelons-le, à partir
des déplacements U = (Ui ) par les relations :
S 21 = s 2211 S 22 = s 2222 S 23 = s 2233 S 24 = s 2223 S 25 = 2s 2213 S 26 = 2s 2212
∂ Uj
1 ∂U
ij = ----- ----------i- + ----------- avec i , j = 1, 2, 3 (2)
2 ∂ xj ∂ xi
S 31 = s 3311 S 32 = s 3322 S 33 = s 3333 S 34 = 2s 3323 S 35 = 2s 3313 S 36 = 2s 3312
le vecteur x = (x i ), i = 1, 2, 3 repérant la position spatiale du point.
En inversant la relation (1), il vient : S 41 = 2s 2311 S 42 = 2s 2322 S 43 = 2s 2333 S 44 = 4s 2323 S 45 = 4s 2313 S 46 = 4s 2312
ij = s ijkl σ kl avec i, j = 1, 2, 3 (3)
S 51 = 2s 1311 S 52 = 2 s 1322 S 53 = 2s 1333 S 54 = 4s 1323 S 55 = 4s 1313 S 56 = 4s 1312
Le tenseur d’ordre quatre, c = (c ijkl ), est appelé le tenseur des
rigidités et son inverse s = (s ijk l ) le tenseur des souplesses (il est
également du 4e ordre). Ils sont liés par la relation : S 61 = 2s 1211 S 62 = 2s 1222 S 63 = 2s 1233 S 64 = 4s 1223 S 65 = 4s 1213 S 66 = 4s 1212
Ces tenseurs (ou ces matrices) étant symétriques, ils sont définis et les quadrants II et III des matrices des rigidités ou des souplesses
par six scalaires indépendants et il est plus commode, dans les pro- induisent des couplages :
blèmes de calcul de structures, de les écrire sous forme de vecteurs — les tractions-compressions engendrent des glissements (pour
colonne (ou ligne) de rang six. Nous utilisons alors la notation les rigidités) et réciproquement ;
suivante : — les dilatations engendrent des cisaillements (pour les sou-
{ σ } = ( σ 11 , σ 22 , σ 33 , σ 23 , σ 13 , σ 12 ) plesses) et réciproquement.
(5) Ces phénomènes de couplage sont absents dans les milieux iso-
{ } = ( 11 , 22 , 33 , 2 23 , 2 13 , 2 12 )
tropes. Enfin, les matrices {S } et {C } sont inverses l’une de l’autre,
Les lois de comportement mécanique (1) et (3) s’écrivent donc c’est-à-dire :
matriciellement : {S } = {C } –1 ou {C } = {S } –1 (8)
{σ } = {C } {} (6) Le tenseur des rigidités c comporte 3 4 = 81 composantes c ijkl (il
en est de même pour le tenseur des souplesses s ), mais il peut être
ou {} = {S } {σ } (7)
représenté par un nombre moindre de composantes indépendantes
lorsque l’on tient compte des symétries.
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On distingue deux types de symétries : Pour fixer les idées, considérons un essai de traction simple dans
— les symétries générales, qui résultent des concepts généraux la direction 1. L’état des contraintes étant supposé uniaxial :
de la mécanique, telles que la symétrie du tenseur des contraintes { σ } = (σ, 0, 0, 0, 0, 0)
(σij = σji ) et celle du tenseur des déformations ( ij = ji ) et l’existence
d’un potentiel élastique défini par la densité volumique d’énergie la loi de comportement (7) ainsi que l’analogie avec les corps iso-
de déformation w : tropes montrent que, en divisant respectivement les lignes de {S }
par E 1 , E 2 , E 3 , G 23 , G13 , G12 , la déformation { } vaut :
1 1 1
w = ------ c ij kl ij kl = ------ s ijkl σ ij σ kl = ----- σ ij ij (9) = S σ = ------- σ
-
2 2 2 11 11 E1
— les symétries matérielles, qui sont inhérentes au matériau et ν 21
proviennent de la répartition des inclusions du composite, nous 22 = S 21 σ = – ---------- σ
E2
détaillerons ces symétries dans le paragraphe 1.3.
ν 31
33 = S 31 σ = – ---------
E
- σ
La notion de potentiel élastique traduit le fait que l’énergie 3
η 1,23
mise en jeu, lorsque le système évolue d’un état initial A à un 2 = S σ = -------------
état déformé B, est indépendante du trajet suivi, mais dépend 23 41 - σ
G 23
uniquement des états A et B.
η 1,13
2 = S σ = ------------- - σ
13 51 G 13
Les symétries générales montrent donc que :
η 1,12
c ijkl = c jikl = c ijlk 2 12 = S 61 σ = -------------- σ
(10) G 12
s ijkl = s jikl = s ijlk
Les modules d’élasticité introduits sont les suivants :
c ijkl = c klij • E i module d’Young dans la direction i = 1, 2, 3 ;
et (11)
s ijkl = s klij • νij coefficient de Poisson i, j = 1, 2, 3 avec i ≠ j ;
• Gij module de Coulomb ou de rigidité au cisaillement dans le
pour i, j, k, l = 1, 2, 3 et que, par conséquent, un matériau élastique plan (i, j ) i, j = 1, 2, 3 avec i ≠ j ;
anisotrope est défini par 21 modules d’élasticité indépendants. • η1, ij coefficient de Lekhnitskii ou d’influence mutuelle (peu
Si les relations (10) sont prises en compte dans l’écriture usité dans le domaine des composites).
matricielle (6) ou (7), les relations (11) montrent que les matrices {C } Le rapport du rétrécissement relatif 22 à l’allongement relatif 11
ou {S } sont symétriques, c’est-à-dire : vaut, compte tenu de la symétrie de la matrice des souplesses
énoncée dans la relation (11) :
C ij = C ji et Sij = Sji
22 ν 21 ν 12 ν 21
La relation (9) s’écrit aussi matriciellement :
1
– --------- = ---------- E 1 = ν 12
11 E2 car S 12 = – ---------- = S 21 = – ----------
E1 E2
w ( ) = ------ { } t { C } { }
2 1 ν12 et ν13 traduisent donc respectivement les rapports des rétrécis-
- { σ }t { }
⇔ w = ----- (12) sements relatifs dans les directions 2 et 3 à l’allongement relatif dans
1 2
w σ ( σ ) = ------ { σ } t {S } { σ } la direction 1.
2
Les modules de Coulomb apparaissent dans un essai de cisaille-
ment simple. Dans le plan (1, 2), nous prenons, par exemple, l’état
Remarque : { } t est le vecteur transposé de { } ou vecteur de contrainte suivant :
ligne, { } étant alors un vecteur colonne.
{ σ } = {0, 0, 0, 0, 0, τ }
D’après la relation (7), le tenseur des déformations vaut alors, en
Les systèmes élastiques sont des systèmes stables et la densité
divisant respectivement les lignes de {S } par E 1 , E 2 , E 3 , G 23 , G 13 ,
volumique d’énergie de déformation w est positive, si bien que les
G12 :
matrices {C } et {S } sont positives (12). Leurs valeurs propres sont
positives, ce qui permet de montrer, par exemple, que les coefficients η 12,1
= S τ = -------------
11 16 -
de Poisson peuvent excéder 0,5 dans les milieux anisotropes. D’une E1
manière générale, la positivité des valeurs propres des matrices
η 12,2
d’élasticité fournit des inégalités satisfaites par les modules = S τ = --------------
d’élasticité (§ 1.7). 22 26 E2
η 12,3
33 = S 36 τ = --------------
E3
1.2 Constantes d’élasticité.
µ 12,23
Changement de repère 2 23 = S 46 τ = -----------------
G 23
1.2.1 Modules d’élasticité techniques µ 12,13
2 = S τ = ----------------
13 56 G 13
Il s’agit ici de constantes d’élasticité utilisées dans l’industrie. Elles
sont liées aux essais de caractérisation les plus connus en mécanique τ
2 12 = S 66 τ = -----------
des milieux isotropes : l’essai de traction et l’essai de torsion sur les G 12
tiges ou sur les poutres.
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avec G12 module de Coulomb ou de rigidité au cisaillement D’une manière générale, désignons par [P ] = (Pij ) la matrice de
dans le plan (1, 2), passage entre les repères (x, y, z ) et (x ′, y ′, z ′ ) :
µ12,ij coefficient de Chentsov ou d’influence mutuelle (peu x′ y′ z′
usité dans le domaine des composites).
P 11 P 12 P 13
D’une manière générale, la matrice des souplesses techniques
est définie par les modules d’élasticité suivants : [P ] = P 21 P 22 P 23
— modules d’Young E i : P 31 P 32 P 33
1
S ii = ------- avec i = 1, 2, 3 (13) les trois colonnes de la matrice [P ] étant respectivement les coor-
Ei
données des vecteurs x ′, y ′ et z ′ dans le repère (x, y, z ). Pour une
— coefficients de Poisson νij : rotation d’angle α autour de z par exemple, la matrice [P ] possède
la forme indiquée dans la figure 2.
ν ij ν ji
S ij = – -------- = S ji = – -------- avec i, j = 1, 2, 3 et i ≠j (14)
Ei Ej
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La matrice [P ] est orthogonale, c’est-à-dire que les vecteurs Les relations de changement de base (17) permettent de lier les
colonne (ou ligne) sont orthonormés et donc : matrices de rang six {Mσ } et { M } et leur inverse par les égalités
suivantes :
[P ] –1 = [P ] t (P –1)ij = Pji (16)
[ D1 ]t 2 [ B ]t [ D1 ]t [ B ]t
{ Mσ } –1 = { M } t = { M } –1 = { M σ } t = (21)
Remarque : [P ]t est la matrice transposée de [P ] et correspond [ A ]t [ D 2 ]t 2 [ A ]t [ D2 ]t
à l’échange des lignes et des colonnes.
Il faut bien noter que les matrices {Mσ } et { M } sont différentes,
La loi de changement de base des matrices carrées se traduit sur la cause étant la présence du facteur 2 dans les termes de glissement
du vecteur colonne { } [relation (5)].
les composantes σ ij′ et ij′ des tenseurs des contraintes et des
déformations dans le repère (x ′, y ′, z ′ ) par les relations : En écrivant matriciellement les relations de changement de
base (17) :
{ σ ′ } = { Mσ } { σ } { σ } = { M } t { σ ′ }
σ ij′ = P ki P lj σ kl ⇔ σ ij = P ik P jl σ kl′
(17) { ′ } = { M } { } { } = { Mσ } t { ′ }
′
ij′ = P ki P lj kl ⇔ ij = P ik P jl kl
et en tenant compte des relations matricielles de comportement
mécanique (6) et (7) écrites dans les repères (x, y, z ) et (x ′, y ′, z ′ ),
En exprimant la loi de comportement (1) dans les repères (x , y, z ) il vient :
ou (x ′, y ′, z ′ ) ainsi que [σ ] et [ ] en fonction de [σ ′ ] et [ ′ ] , on
aboutit pour le tenseur des rigidités c à la loi de changement de { C ′ } = { Mσ } { C } { Mσ } t ou { C } = { M } t { C ′ } { M }
repère suivante : (22)
{ S ′ } = { M } {S } { M } t ou {S } = { M σ } t { S ′ } { M σ }
′ = c pqrs P pi P qj P rk P sl
c ijkl ′
c ijkl = c pqrs P ip P jq P kr P ls (18)
Les relations (22) traduisent les lois de changement de repère pour
qui est caractéristique des tenseurs d’ordre quatre. Le tenseur des les matrices des rigidités et des souplesses d’un matériau élastique.
souplesses s défini par la relation (3) suit une loi de changement de Ces égalités matricielles sont une forme exploitable des relations
repère analogue à (18). Les relations tensorielles (18) sont lourdes tensorielles (18) qui sont à l’origine de toute écriture matricielle de
et peu commodes et il est d’usage de les traduire sur les vecteurs changement de base des tenseurs d’ordre quatre [6].
des contraintes et des déformations, et sur les matrices des rigidités
et des souplesses définis par les égalités (6) et (7). Les premières Exemple de la rotation autour de l’axe z : la matrice de passage [P ]
séries d’égalités (17) s’écrivent aussi matriciellement : est définie sur la figure 2, si bien que les sous-matrices figurant dans
les matrices de passage {Mσ } et { M } ont pour expression :
{ σ ′ } = { Mσ } { σ }
(19) 0 0 sin α cos α
{ ′ } = { M } { } [A] = 0 0 – sin α cos α
relations dans lesquelles les matrices de passage {Mσ } et { M } sont 0 0 0
des matrices de rang six ayant la structure suivante :
0 0 0
[ D1 ] 2 [ A ] [ D1 ] [ A ] [B] = 0 0 0
{ Mσ } = ; { M } = (20)
[ B ] [ D2 ] 2 [ B ] [ D2 ] – sin α cos α sin α cos α 0
Dans les égalités (20), les sous-matrices carrées de rang trois, cos 2 α sin 2 α 0
[ A ], [B ], [D 1 ] et [D 2 ] ont pour expression : [ D1 ] = sin 2 α cos 2 α 0
0 0 1
P 21 P 31 P 11 P 31 P 11 P 21
[ A ] = P 22 P 32 P 12 P 32 P 12 P 22 cos α – sin α 0
P 23 P 33 P 13 P 33 P 13 P 23 [ D2 ] = sin α cos α 0
0 0 cos 2 α
P 12 P 13 P 22 P 23 P 32 P 33
[ B ] = P 11 P 13 P 21 P 23 P 31 P 33
P 11 P 12 P 21 P 22 P 31 P 32
1.3 Divers degrés de symétrie matérielle
des matériaux composites
2 2 2
P 11 P 21 P 31
Compte tenu de leur texture ou de la position des renforts, les
[ D1 ] = P 2 P 2 P 2 matériaux composites possèdent divers degrés de symétrie
12 22 32
2 2 2
matérielle que l’on peut ranger en cinq catégories.
P 13 P 23 P 33
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1 0 0
[P ] = 0 1 0
0 0 –1
si bien que les matrices {Mσ } et { M } qui sont définies par les
relations (20) sont diagonales et identiques, chaque terme diagonal
étant égal à 1, sauf le 4e et le 5 e terme qui valent – 1. La postmulti-
plication de la matrice des rigidités par {M σ }t change les signes
des 4e et 5e colonnes de cette dernière, tandis que la prémulti-
plication par {M σ } change le signe des 4e et 5e lignes. Il résulte alors
des relations (22) que :
C 11 C 12 C 13 – C 14 – C 15 C 16
C 22 C 23 – C 24 – C 25 C 26
C 33 – C 34 – C 35 C 36
{C ′ } =
C 44 C 45 – C 46
sym. C 55 – C 56
C 66
C 11 C 12 C 13 0 0 C 16
C 22 C 23 0 0 C 26 L’aubier étant plus tendre que le cœur, il s’agit de valeurs
moyennes. Les modules d’élasticité techniques de ce pin de Douglas,
C 33 0 0 C 36 obtenus par inversion de la matrice des rigidités {C } et identification
{C } = (23)
C 44 C 45 0 par les égalités (13), (14) et (15), sont les suivants : (0)
sym. C 55 0
E 1 = 13 300 MPa E 2 = 1 550 MPa E 3 = 2 280 MPa
C 66
ν12 = 1,23 ν13 = 0,052 ν 23 = 0,314
On reconnaît dans la relation (23) la structure d’un matériau mono- ν21 = 0,145 ν31 = 0,009 ν 32 = 0,456
clinique. Une deuxième symétrie par rapport au plan (2, 3) ou (y, z ),
par exemple, montre, par un raisonnement analogue, que la matrice G 23 = 250 MPa G 13 = 1 100 MPa G12 = 1 550 MPa
des rigidités d’un matériau orthotrope est de la forme suivante :
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Les matériaux isotropes transverses les plus courants sont les Un matériau quasi isotrope est caractérisé par trois modules
composites à fibres unidirectionnelles régulièrement réparties et d’élasticité indépendants.
pour lesquels l’axe d’isotropie est l’axe des fibres.
Un composite 3D (trois directions orthogonales de renforts par
exemple) à fibres de carbone et matrice de carbone est un matériau
quasi isotrope.
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1 ν ν soit :
---- – ---- – ---- 0 0 0 Ei
E E E 2
ν ij < ------- avec i, j = 1, 2, 3 (32)
1 ν Ej
---- – ---- 0 0 0
E E
— en utilisant, d’autre part, les conditions nécessaires et suffi-
1
---- 0 0 0 santes de positivité des matrices, c’est-à-dire la positivité de leurs
{S } = E valeurs propres ; les déterminants ∆C (tableau 2) et ∆S (tableau 3)
2(1 + ν ) 1 sont respectivement les produits des valeurs propres des rigidités
--------------------- = ----- 0 0
E G ou des souplesses, ils sont donc positifs ; en appliquant ce résultat
2(1 + ν ) 1 à la matrice des souplesses définie par les constantes techniques,
sym. --------------------- = ----- 0 il vient :
E G
2(1 + ν ) 1 – ν12 ν21 – ν23 ν32 – ν31 ν13 – 2 ν21 ν32 ν13 > 0
1
--------------------- = -----
E G Cette relation peut aussi s’écrire :
1.3.6 Récapitulatif Dans le cas des matériaux isotropes transverses, l’équation aux
valeurs propres s’exprime comme le produit de quatre binômes du
premier degré par un trinôme du second degré. Si le plan de quasi-
Le tableau 1 récapitule les symétries matérielles rencontrées dans isotropie, par exemple, est le plan (1, 2), les valeurs propres de la
les matériaux composites usuels. (0) matrice des rigidités {C } sont positives si et seulement si :
C 11 > C 12
1.4 Relations entre rigidité et souplesse C 44 = C 55 > 0
d’un matériau orthotrope C 11 + C 12 + C 33 > 0 (34)
2
2C 13
La matrice des souplesses {S } étant l’inverse de la matrice des C 11 + C 12 > ---------------
rigidités {C }, la relation (8) se traduit par le tableau 2 pour un corps C 33
orthotrope.
Ce tableau permet également d’obtenir les constantes techniques On obtient des relations analogues à la relation (34) pour les
en fonction des rigidités. La permutation des symboles S et C dans souplesses en substituant le symbole S à C. Les deux dernières iné-
le tableau permet d’exprimer la matrice des rigidités en fonction de galités de la relation (34) se traduisent sur les modules techniques
la matrice des souplesses et, par voie de conséquence, en fonction par les relations suivantes :
des constantes techniques, comme le montre le tableau 3 (p. 12).
E1
ν 12 < 1 + --------
E3
(35)
1 – ν 12
ν 13 ν 31 < -------------------
2
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Tableau 1 – Récapitulatif des symétries matérielles rencontrées dans les matériaux composites usuels
Matériaux Matrice des rigidités Modules d’élasticité techniques Nombre de modules indépendants
C 11 C 12 C 13 0 0 0
E1 , E2 , E3
C 22 C 23 0 0 0
C 33 0 0 0 ν12 , ν13 , ν23
Orthotrope 9
C 44 0 0 G 23 = C 44 , G13 = C 55
sym. C 55 0 G12 = C 66
C 66
C 11 C 12 C 13 0 0 0
E1 = E 2 , E 3
C 11 C 13 0 0 0
Quasi isotrope C 33 0 0 0 ν12 = ν21 , ν13 = ν23
transverse 6
(axes 1 et 2 équivalents) C 44 0 0 G 23 = G 13 = C 44
sym. C 44 0 G12 = C 66
C 66
C 11 C 12 C 13 0 0 0
C 11 C 13 0 0 0 E1 = E 2 , E 3
C 33 0 0 0 ν12 = ν21 , ν13 = ν23
Isotrope transverse 5
(axe d’isotropie : 3) C 44 0 0
G 23 = G13 = C 44
sym. C 44 0
G12 = C 66 = E 1 / 2 (1 + ν12 )
C 11 – C 12
--------------------------
2
C 11 C 12 C 12 0 0 0
C 11 C 12 0 0 0 E1 = E2 = E3 = E
C 11 0 0 0
Quasi isotrope ν12 = ν13 = ν23 = ν 3
C 44 0 0
G 23 = G13 = G12 = G
sym. C 44 0
C 44
λ + 2µ λ λ 0 0 0 E
λ + 2µ λ 0 0 0
λ + 2µ 0 0 0 ν
Isotrope 2
sym. µ 0 0
µ 0 E
G = µ = -----------------------
µ 2(1 + ν)
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Les relations (34) et (35) sont évidemment satisfaites pour les 1.6 Formules de changement de repère
matériaux isotropes transverses, quasi isotropes et isotropes.
pour un matériau orthotrope
Dans le cas des matériaux quasi isotropes et isotropes, la
seconde relation (35) montre que ν < 0,5. Effectuons une rotation d’angle α autour de l’axe 3 (ou axe z ).
Cette suite d’inégalités est très utile lors d’une campagne d’essais Pour un matériau orthotrope, les relations (22) se traduisent par les
de caractérisation de matériaux composites, car elle guide l’expéri- tableaux 4 et 5.
mentateur ; la relation (31), par exemple, permet de borner un coef-
ficient de Poisson en fonction de l’autre. Enfin, lorsque la matrice
des rigidités (ou des souplesses) est entièrement déterminée, il est Remarque : on notera que les égalités figurant dans le
absolument indispensable de s’assurer qu’elle possède des valeurs tableau 5 (matrice des souplesses) sont identiques aux égalités
propres positives. (0) du tableau 4 à condition de poser dans le tableau 5 :
S ij = C ij i, j = 1, 2, 3
Tableau 2 – Matrice des souplesses S pp = 4C pp p = 4, 5, 6
en fonction de la matrice des rigidités
S ij′ = C ij′ i, j = 1, 2, 3
pour les corps orthotropes (1) (36)
′
S pp ′
= 4C pp p = 4, 5, 6
2 C 23 C 13 – C 33 C 12 ν 12
C 22 C 33 – C 23 1 S 12 - = – ----------
= ---------------------------------------------- 45
S ′ ′
= 4C 45
S 11 = -------------------------------------
- = -------- ∆C E1
∆C E1
i′6
S = 2C i′ 6 i = 1, 2, 3
C 33 C 11 –
2
C 13 C 12 C 23 – C 22 C 13 ν 13
1 S 13 - = – ----------
= ---------------------------------------------- Cette remarque est très utile en programmation car elle
S 22 = -------------------------------------
- = -------- ∆C E1
∆C E2 permet de traiter la rotation (autour de l’axe z par exemple) par
un seul sous-programme. Le tableau 5 permet, grâce aux défini-
C 11 C 22 – C 12
2 C 13 C 12 – C 11 C 23 ν 23 tions (13), (14) et (15), d’évaluer l’incidence d’un changement de
1 - = – ----------
S 23 = ---------------------------------------------- base sur les modules d’élasticité techniques ; nous obtenons
S 33 = -------------------------------------
- = -------- ∆C E2
∆C E3 alors le tableau 6.
1 1 1 1 1 1
S 44 = ----------- = ----------- S 55 = ----------- = ----------- S 66 = ----------- = ----------- (0)
C 44 G 23 C 55 G 13 C 66 G 12
Tableau 4 – Incidence d’une rotation d’angle
2 2 2
avec ∆C = C 11 C 22 C 33 + 2C 12 C 23 C 31 – C 12 C 33 – C 23 C 11 – C 22 C 13 autour de l’axe z sur la matrice
des rigidités d’un matériau orthotrope
(1) Pour obtenir la matrice des rigidités en fonction de la matrice des
souplesses, il suffit d’intervertir les symboles S et C. Matrice des rigidités
{ C ′ } = { Mσ } { C } { Mσ } t
(0)
′ = C 11 cos 4 α + 2 ( C 12 + 2C 66 ) sin 2 α cos 2 α + C 22 sin 4 α
C 11
′ = ( C 11 + C 22 – 4 C 66 – 2C 12 ) sin 2 α cos 2 α + C 12
C 12
Tableau 3 – Matrice des rigidités
en fonction des constantes techniques ′ = C 13 cos 2 α + C 23 sin 2 α
C 13
pour les corps orthotropes ′ = C 15
C 14 ′ = 0
1 – ν 23 ν 32 ν 21 + ν 23 ν 31 ′ = C 22 sin 2 α – C 11 cos 2 α
C 16
C 11 = ----------------------------
- C 12 = ----------------------------------
-
E 2 E 3 ∆S E 2 E 3 ∆S + (C 12 + 2 C 66 ) ( cos 2 α – sin 2 α ) sin α cos α
1 – ν 31 ν 13 ν 13 + ν 12 ν 23
C 22 = ----------------------------
- C 13 = ----------------------------------
- ′ = C 11 sin 4 α + 2 (C 12 + 2C 66 ) sin 2 α cos 2 α + C 22 cos 4 α
C 22
E 3 E 1 ∆S E 1 E 2 ∆S
′ = C 13 sin 2 α + C 23 cos 2 α
C 23
1 – ν 12 ν 21 ν 32 + ν 31 ν 12
C 33 = ----------------------------- C 23 = ----------------------------------
- ′ =
C 24 ′ = 0
C 25
E 1 E 2 ∆S E 3 E 1 ∆S
C ′26 = C 22 cos 2 α – C 11 sin 2 α
1 1 1
C 44 = ----------- = G 23
S 44
C 55 = ----------- = G 31
S 55
C 66 = ----------- = G 12
S 66 – ( C 12 + 2C 66 ) ( cos 2 α – sin 2 α ) sin α cos α
1 – ν 12 ν 21 – ν 23 ν 32 – ν 31 ν 13 – 2 ν 21 ν 32 ν 13 ′ = C 33
C 33
avec ∆S = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- C ′34 = C 35
′ = 0
E1 E 2 E 3
ν12 ν 23 ν 31 = ν21 ν32 ν13 ′ = sin α cos α ( C 23 – C 13 )
C 36
′ = C 44 cos 2 α + C 55 sin 2 α
C 44
′ = sin α cos α ( C 44 – C 55 )
C 45
′ = 0
C 46
′ = C 44 sin 2 α + C 55 cos 2 α
C 55
′ = 0
C 56
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Tableau 5 – Incidence d’une rotation d’angle Tableau 6 – Incidence d’une rotation d’angle
autour de l’axe z sur la matrice des souplesses autour de l’axe z sur les modules d’élasticité techniques
d’un matériau orthotrope d’un matériau orthotrope
′ = S 13 cos 2 α + S 23 sin 2 α
S 13 1 sin 4 α cos 4 α sin 2 α cos 2 α
----------- = S ′22 = ----------------- + ------------------ + -----------------------------------
′ = S 15
S 14 ′ = 0 E 2′ E1 E2 G 12
2 ν 12
′ = 2 S 22 sin 2 α – S 11 cos 2 α
S 16
– -------------- sin 2α cos 2 α
E1
S 66
- ( cos 2 α – sin 2 α ) sin α cos α
+ S 12 + ---------- E 3′ = E 3
2
2 ν 12
- – ----------- + -------------- sin α cos α – ----------
ν 12
′ = S 11 sin 4 α + ( S 66 + 2S 12 ) sin 2 α cos 2 α + S 22 cos 4 α
S 22 – ν 12
′ = E 1′
-------E1 - + -------
1 E
1
2 G
1
12 E 1
2 2
E 1
S ′23 = S 13 sin 2 α + S 23 cos 2 α
E 1′
′ = S ′25 = 0
S 24 ν 13
′ = ---------- ( ν 31 cos 2 α + ν 32 sin 2 α )
E3
′ = 2 S 22 cos 2 α – S 11 sin 2 α
S 26 E 2′
ν ′23 = ---------- ( ν 31 sin 2 α + ν 32 cos 2 α )
S 66 E3
2
- ( cos 2 α – sin 2 α ) sin α cos α
– S 12 + ----------
cos 2 α sin 2 α –1
-----------------
1
G′23 = ------------- = - + -----------------
S 44 ′ G 23 G 13
′ = S 33
S 33
sin 2 α cos 2 α –1
′ = S ′35 = 0
S 34 ′
G 13
1
= ------------- =
S ′55
----------------- + ------------------
G 23 G 13
′ = 2 sin α cos α ( S 23 – S 13 )
S 36
2 ν 12
′ = S 44 cos 2 α + S 55 sin 2 α
S 44
G 12
1
S ′66
1
′ = -------------- = -----
4
1 1
-------- + -------- + -------------
E1 E 2 E1
- sin α cos α
2 2
′ = sin α cos α ( S 44 – S 55 )
S 45 1
+ ----------- ( 1 – sin 2 α cos 2 α )
G 12
–1
′ = 0
S 46
On prendra bien garde de ne pas confondre les modules de rigi- La notion d’invariant d’un tenseur d’ordre deux est bien connue ;
dité au glissement C 44 ′ (tableau 4) avec les modules de
′ et C 55 il s’agit de scalaires obtenus par combinaisons des éléments de la
′ et G 13
rigidité au cisaillement G 23 ′ (tableau 6) : matrice (ou du tenseur) et qui restent constants par changement de
repère. Les trois invariants du tenseur des contraintes ou les coef-
′
C 44 ≠ G 23
′ C ′55 ≠ G 13
′ (0) ficients de l’équation caractéristique :
Comme le montre la figure 5, les modules d’Young et les coeffi- det ([ σ ] – λ [I ]) = 0
cients de Poisson de matériaux fortement anisotropes sont plus sont les suivants :
sensibles à l’orientation des axes que les modules de rigidité au
cisaillement. σ 11 + σ 22 + σ 33
I 1 ( σ ) = ----------------------------------------
- : traction ou compression uniformes
Dans le cas des rotations, une représentation polaire (figure 6) 3
permet de visualiser rapidement les directions de faiblesse et de (trace de la matrice) ;
force du matériau. Cette représentation est définie de la manière 1
I 2 ( σ ) = ------ ( σ ii σ jj – σ ij σ ij )
suivante : 2
— rayon vecteur ρ (θ ) = E 1 (θ ) (ou autre module d’élasticité) ; 2 2 2
= σ 11 σ 22 + σ 11 σ 33 + σ 22 σ 33 – σ 13 – σ 12 – σ 23 ;
— angle polaire θ (angle de rotation),
I3 (σ ) = det [σ ] : déterminant.
les matériaux isotropes étant alors représentés par des cercles.
Dans le cas des contraintes planes, par exemple, les deux inva-
Pour un tissu équilibré verre/époxy, nous avons les diagrammes de
riants du tenseur des contraintes (ou des déformations) sont
la figure 6.
représentés graphiquement par le cercle de Mohr. On pourra trouver
une information plus abondante sur la notion d’invariant dans les
publications [10] [11] [12] [13].
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Figure 6 – Représentation polaire des modules d’élasticité techniques d’un tissu équilibré verre/époxy (d’après [9])
(0)
Tableau 7 – Quelques invariants des rigidités et des souplesses d’un matériau orthotrope
lors d’une rotation autour de l’axe z
Matrice des rigidités Matrice des souplesses
Invariants linéaires
I 1 ( C ) = C 11
′ + C ′22 + 2C 12
′ = 2 ( U1 + U4 ) I 1 ( S ) = S 11
′ + S 22
′ + 2S 12
′
S 66 ′
I 2 ( C ) = C 11
′ + C ′22 + 2C ′66 = 2 ( U 1 + U 5 ) I 2 ( S ) = S 11
′ + S 22
′ + -------------
-
2
S 66 ′ – 4S 12 ′
I 3 ( C ) = C 66
′ – C 12
′ I 3 ( S ) = -----------------------------------
-
4
I 4 ( C ) = C 13
′ + C ′23 = 2V 1 I 4 ( S ) = S 13
′ + S 23
′
I 5 ( C ) = C 44
′ + C 55
′ = 2W 1 I 5 ( S ) = S 44
′ + S 55
′
Invariants quadratiques
2 ( C 11 ′ – C 22 ′ ) 2 + 4 ( C 16 ′ + C ′26 ) 2 2 2
II 1 ( C ) = ---------------------------------------------------------------------------------------
- = U2 II 1 ( S ) = ( S 11
′ – S 22
′ ) 2 + ( S 16
′ – S 26
′ )2
4
II 2 ( C ) = ( C 11 ′ ) 2 /16 = 4U 3 II 2 ( S ) = ( S 11 ′ ) 2 /16
2 2 2
′ + C 22
′ – 2C ′12 – 4C ′66 ) 2 + 16 ( C ′26 – C 16 ′ + S ′22 – 2S 12
′ – S ′66 ) 2 + 4 ( S ′26 – S 16
Invariants cubiques
III1 (C ) = det {C } III1 (S ) = det {S }
Les invariants quadratiques II1 et II2 peuvent s’interpréter graphi- en résistance ou en rigidité) possède une épaisseur de l’ordre de 0,5
quement respectivement comme deux cercles de rayon U 2 et 2U 3 à 1 cm (voire 4 cm pour les composites sandwichs) pour des
décrits par des points P1 et P 2 d’angle polaire – 2 α et 4 α [13]. longueurs et des largeurs de l’ordre de 1 à 3 m ; on peut citer, par
exemple, les ailerons de l’empennage vertical de l’Airbus A 310, les
réflecteurs d’antenne de satellites, certaines suspensions d’auto-
mobile, le garnissage, les pare-chocs et le capot des moteurs d’auto-
1.8 Élasticité plane mobile, etc.
dans un matériau orthotrope Dans ces structures planes, l’état des contraintes est assez bien
représenté par un tenseur des contraintes planes, c’est-à-dire :
Bon nombre de structures composites, pour des raisons de fabrica-
tion ou d’utilisation, se présentent sous forme de plaques ou de
coques, c’est-à-dire de structures dont l’une des dimensions, que σ 11 σ 12 0
[σ ] = σ ou encore { σ } = { σ 11 , σ 22 , 0, 0, 0, σ 12 } (38)
nous appellerons épaisseur (et dirigée suivant l’axe 3), est très 12 σ 22 0
inférieure aux deux autres. La pièce composite structurale ou semi-
0 0 0
structurale type (c’est-à-dire une pièce dimensionnée pour travailler
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Un tenseur des contraintes planes (38) traduit le fait que le vecteur On remarquera que, en contraintes planes, une structure
contrainte (ou effort par unité de surface) s’exerçant sur une facette composite est caractérisée élastiquement par quatre modules indé-
quelconque de la plaque sont situés dans le plan (1, 2) de la plaque. pendants Q ij (40) qui sont inférieurs aux modules tridimensionnels :
Pour un matériau orthotrope, la loi de comportement (7) s’écrit alors
dans le repère d’orthotropie : Q ij C ij
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Tableau 8 – Modules d’élasticité techniques de quelques composites utilisés dans l’industrie (1)
E1 E2 E3 G 23 G 13 G 12
Composites 12 13 23
(MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
Verre/époxy 58 700 21 300 21 300 0,120 0,120 0,442 5 750 7 250 7 250
à renfort unidirectionnel
62 % de fibres
1 : axe des fibres 48 000 15 100 15 100 0,234 0,254 0,307 5 800 5 400 5 400
Carbone/époxy 100 300 5 750 5 750 0,554 0,554 0,554 2 050 3 300 3 300
à renfort unidirectionnel
57 % de fibres HM (2)
1 : axe des fibres 94 900 7 550 7 550 0,318 0,318 0,318 2 500 3 750 3 750
± 45o 16 700 16 700 11 000 0,690 0,178 0,178 3 300 3 300 2 450
Carbone/époxy (4)
à structure stratifiée HR (2)
3 : axe normal 0o
au plan des plis (4) 51 800 51 800 10 600 0,051 0,420 0,420 3 300 3 300 3 750
90 o
Carbone/époxy
à renfort tissé 55 100 55 100 7 100 0,305 0,666 0,666 3 450 3 450 4 000
(1, 2) : plan de tissage
Kevlar /époxy (5) non séché 71 000 4 700 4 700 0,204 0,204 0,460 1 600 1 800 1 800
à renfort unidirectionnel
60 % de fibres
1 : axe des fibres séché 96 000 13 000 13 000 0,200 0,200 0,555 3 500 5 000 5 000
Bore/époxy
60 % de fibres 241 600 29 600 29 600 0,284 0,284 0,407 10 500 7 500 7 500
1 : axe des fibres
Bois (pin de Douglas)
1 : axe du tronc 13 300 1 600 2 300 1,23 0,052 0,314 250 1 100 1 350
2 : axe tangentiel
3 : axe radial
(1) Ces données sont obtenues par les techniques de vibrations ultrasonores et basses fréquences.
(2) HR : haute résistance ; HM : haut module.
(3) Valeurs déterminées à partir d’essais sur le composite.
(4) 0-90° séquences d’empilement.
(5) Fibre PRD49 (polyamide aromatique fabriqué par Du Pont de Nemours).
La déformation des milieux continus, en général, et des matériaux 2.1.1 Énoncé des deux principes
composites, en particulier, n’est pas un pur phénomène mécanique,
mais s’accompagne normalement d’effets thermiques. Ces deux Rappelons que la thermodynamique est l’étude générale des
effets sont liés par le concept général de thermodynamique que nous transformations prenant place dans un milieu en mouvement (le
allons développer brièvement dans l’optique des milieux continus terme thermostatique étant réservé à l’étude des états d’équilibre).
déformables. Ces notions permettront de décrire systématiquement L’énergie d’une structure Ω est alors définie comme la somme
quelques lois de comportement mécanique et de diffusion thermique de l’énergie interne et de l’énergie cinétique représentées respec-
(équation de la chaleur) dans les matériaux composites. tivement par une densité volumique ρ u et ρ v i , ρ étant la masse
volumique du matériau et v = (v i ) le vecteur vitesse au point x à
l’instant t ; u est appelée énergie interne massique.
2.1 Notions de thermodynamique Il est admis que la structure Ω ne peut recevoir de la chaleur qu’à
des milieux continus travers sa frontière et que la quantité de chaleur reçue par unité de
temps, dQ /dt , est représentée par le vecteur q nommé vecteur cou-
rant de chaleur. Le vecteur q dépend de x et du temps t et le produit
La thermodynamique est décrite par deux principes qui ont un
scalaire q · n est la densité surfacique de chaleur passant au travers
caractère universel :
d’une surface de normale n au point x. Rappelons que l’évolution
— le premier principe ou principe de la conservation de l’énergie est adiabatique si dQ /dt = 0 ou, de manière équivalente, si q = 0.
qui introduit la notion d’énergie interne et de chaleur reçue ;
— le second principe auquel est attachée la notion de rendement
et qui introduit les notions de température thermodynamique et
d’entropie.
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∂T ∂T ∂T
■ Énoncé du 1er principe : à chaque instant, la dérivée de l’énergie avec grad T vecteur ayant pour composantes ----------- , ----------- et ----------- ,
d’un système Ω par rapport au temps est la somme de la puissance Pe tel que : ∂x 1 ∂x 2 ∂x 3
des efforts exercés sur le système et du taux de chaleur dQ /dt reçu
par le système Ω : grad T = ---------
∂T
∂x i
-
d dQ
---------- = Pe + ---------- (42)
dt dt L’inégalité (45) se traduit alors par :
Le principe des puissances virtuelles (ou loi fondamentale de la
df d ij d T q ⋅ grad T
dynamique) permet d’éliminer dans la relation (42) la puissance des ρ -------- σ ij ----------- – s --------- – ----------------------------- (47)
efforts extérieurs et la puissance des efforts d’inertie (énergie ciné- dt dt dt T
tique) pour ne conserver que la puissance des efforts intérieurs de qui est connue sous le nom d’inégalité de Clausius-Duhem.
densité volumique σ ij d ij /d t [13] [14]. Le premier principe de la
thermodynamique se traduit alors localement par l’égalité suivante :
d ij
2.1.2 Variables d’état internes
du
ρ --------- = σ ij ----------- – div. q (43)
dt dt Aux inconnues classiques de la mécanique, champ des déplace-
dans laquelle l’opérateur divergence est défini par : ments U, tenseur des contraintes , la thermodynamique ajoute
l’énergie interne massique u, le vecteur courant de chaleur q,
∂q ∂q ∂q ∂q l’entropie massique s et la température thermodynamique T.
div. q = ---------i- = ----------1- + ----------2- + ----------3-
∂x i ∂x 1 ∂x 2 ∂x 3 Il est évident que, pour déterminer toutes les inconnues, il faut
connaître les lois de comportement thermomécanique reliant
Le second principe se traduit par une inégalité dans laquelle certaines d’entre elles et décrivant le comportement thermo-
interviennent deux notions nouvelles : mécanique du milieu. On dira alors qu’un système de lois de
— la température thermodynamique T (x, t ) qui ne peut jamais comportement constitue un processus thermodynamiquement
être négative ; admissible si, dans tout mouvement du système (ou quel que soit
— l’entropie S (x, t ) de densité volumique ρ s (x, t ) (on ne le champ des déplacements U ), l’inégalité (47) est satisfaite. L’objet
confondra pas l’entropie massique s avec le tenseur des de la thermodynamique des milieux continus est alors la recherche
souplesses s ). de lois de comportement ou d’énergie libre massique f conduisant
à des processus thermodynamiquement admissibles. Pour chaque
L’entropie est une notion plus abstraite mais, à la différence de
type de milieu, il faut donc d’abord choisir quelles seront les variables
la température, c’est une fonction additive d’ensemble et s (x, t ) est
permettant de décrire les lois de comportement. Une méthode pos-
appelée entropie massique de la particule. Ces deux notions peuvent
sible consiste à admettre que, si l’état d’équilibre (thermostatique)
être introduites a priori ou justifiées à partir du premier principe
est décrit par un certain nombre de variables χ 0 , χ 1 , ..., χn , l’état
concernant la conservation de l’énergie d’un processus adiabatique
thermodynamique est décrit par les mêmes variables et les mêmes
(q = 0) réversible en thermostatique [4] [15] [16].
expressions [14]. Une des manières de décrire complètement le
■ Énoncé du 2e principe : à chaque instant et pour tout système Ω, comportement thermostatique d’un système est de faire appel à la
l’inégalité suivante est satisfaite : notion de potentiel, on dit alors que u, s, T, etc., sont des fonctions
d’état et que les variables χ 0 , χ 1 , ..., χn forment un ensemble de
dS
---------- –
dt
Γ
q⋅n
-------------- d Γ
T
(44)
variables d’état internes.
Cette hypothèse est évidemment mise en défaut si l’évolution
globale du système en mouvement est trop rapide, mais, dans les
avec Γ frontière de la structure Ω, cas courants, elle est en accord avec l’expérience puisque la carac-
n vecteur normal unitaire extérieur à Γ. térisation des propriétés thermodynamiques d’un milieu se fait géné-
ralement à l’équilibre. Les fonctions s, T, etc., peuvent également
être prises comme variables d’état :
Remarque : si T est uniforme à l’instant t (indépendant de x )
et si le taux d’entropie est fixé, le deuxième principe stipule que χ 0 = T, χ 1 = 12 , χ 2 = 22 , χ 3 = 33 , χ 4 = 23 , χ 5 = 13 , χ 6 = 12
le système Ω ne peut recevoir une quantité de chaleur par unité
forment, par exemple, un ensemble de variables d’état pour u et f.
dS
de temps supérieure à T ---------- . Si seulement T varie de dT, en thermostatique la structure reçoit,
dt
par unité de volume, la quantité de chaleur :
En appliquant le théorème de la divergence au second membre dQ = ρ c dt
de l’inégalité (44), le deuxième principe de la thermodynamique se
traduit par la loi locale suivante : avec c capacité thermique massique à déformation constante.
Le travail des efforts extérieurs étant nul, d’après le premier prin-
-----T- 0
ds q
ρ --------- + div. (45) cipe de la thermodynamique :
dt
dQ = ρ du (48)
Il est commode (§ 2.3) de faire intervenir le premier principe de
la thermodynamique dans la relation (45) et d’introduire l’énergie D’après le théorème de Carnot, issu du deuxième principe [14] :
libre massique f définie par : dQ = ρT ds (49)
f =u–Ts (46) La relation (48) permet d’exprimer la capacité thermique massique
On utilise la relation : à déformation constante c en fonction de l’énergie interne
massique par l’égalité :
q 1 q ⋅ grad T
T
div. ----- = ----- div. q – -----------------------------
T T2
∂u
c = --------- ( T , ε ) (50)
∂T
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tandis que les relations (46), (48) et (49) montrent que : écart est positif, c’est-à-dire que la puissance récupérable est infé-
rieure à la puissance des efforts intérieurs, l’égalité ayant lieu pour
df = – s d T
les milieux élastiques (φ1 = 0). Cette interprétation justifie la termi-
si bien que l’entropie massique a pour valeur : nologie puissance massique réversible reçue. L’identité (53) s’écrit
aussi en fonction de la puissance intrinsèque volumique φ1 :
∂f
s = – --------- ( T , ε ) (51) d ij
∂T df dT
ρ -------- = – ρ s --------- + σ ij ----------- – φ 1 (56)
dt dt dt
La définition de l’énergie libre massique (46) permet également
de relier cette dernière à la capacité thermique massique à défor- En éliminant dans l’égalité (56) σij d ij /dt à l’aide du premier prin-
mation constante :
cipe de la thermodynamique, il vient :
∂ 2f
c = – T -----------2- ( T , ε ) (52)
∂T
df dT du
– ρ -------- – s --------- – ---------
dt dt dt = – div. q + φ 1
en effet, nous avons :
ou encore, compte tenu de (46) :
∂u ∂f ∂s ∂ 2f
--------- = --------- + s + T --------- = – T -----------2-
∂T ∂T ∂T ∂T ds
ρ T --------- = – div. q + φ 1 (57)
dt
Le comportement rhéologique du milieu, en particulier celui du
Remarque : T et = (σ ij ) ne forment pas un ensemble de
matériau composite, sera déterminé par la donnée de l’énergie libre
variables d’état internes ; en effet, en ne faisant varier que T, les massique f et de la dissipation intrinsèque du milieu φ. L’identité (56)
contraintes σ ij étant fixées, rien ne s’oppose à ce que les permettra de mettre en évidence les lois de comportement thermo-
déformations ij puissent varier et c’est ce que montre l’expé- mécanique du matériau ainsi que la dissipation intrinsèque volu-
rience. Le travail des forces extérieures n’est pas nul et, d’après mique φ1 qui doit être positive tandis que l’égalité (57), qui est une
le principe de conservation de l’énergie, la variation de u n’est pas variante du principe de la conservation de l’énergie, conduira à
uniquement due à la variation de la température. l’équation de la chaleur.
Dans la pratique, les dissipations intrinsèque φ1 et thermique φ 2
sont découplées et le potentiel f est fréquemment déterminé par la
2.1.3 Dissipation et loi de Fourier connaissance de φ1 ; cette démarche présente l’avantage de mettre
en évidence et d’interpréter le mécanisme dissipatif qui est spéci-
fique du matériau.
Dans la pratique, on exprime généralement l’énergie libre mas-
sique f et l’énergie interne massique u en fonction de la température Un mécanisme dissipatif fréquemment utilisé est celui qui
thermodynamique T (T = χ0 ) et d’autres variables d’état internes suppose que la dissipation φ est une expression quadratique des
χ1 , χ2 , ..., χn (les six déformations indépendantes par exemple). Il variables Y j , j = 1, 2, ..., m qui dépendent des variables d’état
apparaît donc, d’après la relation (51) : internes T, χ1 , ..., χn , éventuellement par l’intermédiaire des fonc-
tions inconnues du problème :
df dT
--------- = – s --------- + P r (53) m m
dt dt
φ = ∑ ∑ Lij Yi Yj 0
∂f ∂ χ p
n
avec P r = ∑ ----------- ----------- i=1j=1
∂ χp ∂ t
p=1 La matrice carrée [L ] = (L ij ), de dimension m, est supposée symé-
Cette décomposition est due au rôle particulier joué par la tem- trique et inversible :
pérature en thermodynamique et Pr est appelée puissance massique L ij = L ji
réversible reçue. En effet, si nous écrivons l’inégalité de Clausius- Ce résultat, qui est le premier historiquement à avoir été dégagé,
Duhem, d’après la relation (47) et en tenant compte de ces notations, est connu sous le nom de loi complémentaire de la thermo-
nous obtenons : dynamique. La propriété de symétrie de [L ] porte le nom de principe
d’Onsager [16] [17]. Dans le cas de la dissipation thermique volu-
d ij q ⋅ grad T
σ ij ----------- – ρ Pr – ----------------------------- 0 (54) mique φ 2 par exemple :
dt T
Y1 = q 1 Y2 = q 2 Y3 = q 3
En posant :
et donc :
d ij 3 3 3
φ 1 = σ ij ----------- – ρ Pr dissipation intrinsèque volumique ∂T
dt φ 2 = – ∑ q i ---------- = ∑ ∑ Mij qi qj
∂ xi
i=1 i=1j=1
q ⋅ grad T
φ 2 = – ----------------------------- dissipation thermique volumique par identification il vient :
T
φ = φ1 + φ 2 dissipation volumique ∂T
3
---------- = – ∑ M ij q j , i = 1, 2, 3
∂x i
il vient : j=1
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Le tenseur d’ordre 2 associé à la matrice [ λ ] de rang 3 inverse — dans la configuration de référence, les contraintes sont nulles,
de [M ] est appelé tenseur de conductivité thermique du matériau, la température est uniforme et vaut T0 ; on dit alors que la configura-
il est symétrique d’après le principe d’Onsager et, habituellement, tion de référence est un état naturel du milieu. (0)
on se contente de supposer qu’il ne dépend que de la température
thermodynamique T. Ces lois de Fourier, qui donnent une description
satisfaisante des phénomènes de conduction thermique pour une Tableau 10 – Caractéristiques thermiques
gamme très large de milieux, sont également usitées dans le (à température ambiante 15o C)
domaine des composites.
de quelques matériaux composites (1)
Le composite étant anisotrope lorsque l’on passe d’une base
orthonormée (x, y, z ) à une base orthonormée (x ′, y ′, z ′ ), la relation Tenseur de conductivité Capacité
de changement de base pour le tenseur de conductivité thermique thermique [W/(m · K )] thermique
est analogue à la relation (19) si l’on utilise la notation vectorielle (5) : Matériau
massique
{ λ′ } = { Mσ } { λ } (59) 1 2 3 [J/(kg · K)]
la matrice de rang 6 {Mσ } étant définie par la relation (20) et : Fibre de carbone
1 : axe des fibres 10 ............ ............ 750
{ λ } = { λ11 , λ 22 , λ 33 , λ 23 , λ 13 , λ12 }
Verre/époxy à structure
Si l’on tient compte des divers degrés de symétries matérielles stratifiée 0-90o (2) 0,5 0,5 ............ ....................
des matériaux composites (§ 1.3), le tenseur (ou le vecteur { λ }) (1, 2) : plan du stratifié
prend les formes simples indiquées dans le tableau 9 (le processus Acier 62 62 62 490
de simplification est identique à celui développé dans le
paragraphe 1.3). Dans le cas d’un milieu isotrope, ce tableau montre Aluminium 210 210 210 920
que la loi de Fourier traduit le fait que la dissipation thermique est (1) L’acier et l’aluminium sont mentionnés à titre de comparaison :
proportionnelle au carré du module du vecteur courant de chaleur q. 1 J/(kg · K) ≈ 0,239 × 10 –3 cal/(g · K)
On peut noter que les données numériques relatives aux caracté-
ristiques thermiques des matériaux sont peu abondantes. Trois (2) 0-90o séquences d’empilement.
causes peuvent expliquer cette rareté :
— la relative jeunesse des matériaux composites industriels
(25 ans environ) et le peu d’intérêt porté jusqu’à présent à l’aspect Notons que la dernière assertion n’est pas obligatoire. Le compor-
thermique ; le tableau 10 montre pourtant la nette supériorité de tement du composite étant supposé linéaire, on choisit l’énergie libre
certains composites par rapport aux métaux dans les problèmes massique f sous forme d’une expression quadratique des variables
d’isolation thermique (rapport des conductivités thermiques) ; thermodynamiques T et ij avec i, j = 1, 2, 3. La masse volumique
— la confidentialité qui règne dans l’étude de ces matériaux du matériau étant ρ, nous posons donc :
nouveaux ; 1 1
— la difficulté de mesure essentiellement due à l’anisotropie du ρ f ( T, ε ) = ----- c ijkl ij kl – ( T – T0 ) a ij ij + ----- ( T – T0 ) 2 γ (60)
2 2
matériau. (0)
Remarquons que l’expression (60) est obtenue en négligeant les
infiniment petits du 3e ordre dans le développement de Taylor de
Tableau 9 – Diverses formes du tenseur f (T, ε ) au voisinage de (T0 , 0). Nous avons donc :
de conductivité thermique suivant les degrés
de symétrie du matériau composite ∂ 2 f ( T0 , 0 )
c ijkl ( T0 ) = ρ ------------------------------ avec c ijkl = c jikl = c klij = c ijlk
∂ ij ∂ kl
Nombres
de modules Conductivité ∂ 2f ( T , 0 )
0
Symétrie du matériau a ij ( T0 ) = – ρ ------------------------------ avec a ij = a ji (61)
d’élasticité thermique (1) ∂ T ∂ ij
indépendants
∂ 2f ( T 0 ) ρ c ( T0 )
orthotrope 9 { λ } = (λ 1 , λ 2 , λ 3 , 0, 0, 0) γ ( T0 ) = ρ ---------------------- = – -----------------------
∂T 2 T0
quasi isotrope trans- { λ } = (λ 1 , λ1 , λ 3 , 0, 0, 0)
6
verse dans le plan (1, 2) Les propriétés de symétrie de la relation (61) résultent de la
isotrope transverse, { λ } = (λ 1 , λ1 , λ 3 , 0, 0, 0) symétrie du tenseur des petites déformations et c est la capacité
isotropie dans le plan 5 thermique massique à déformation constante. Dans le cas de l’élas-
(1, 2) ticité, l’identité (56), qui se traduit par :
quasi isotrope 3 { λ } = (λ, λ, λ, 0, 0, 0) d ij
∂ f d ij
isotrope 2 { λ } = (λ, λ, λ, 0, 0, 0) ∂f d T
ρ --------- --------- + ---------- -----------
∂T d t ∂ ij d t = – ρ s --------
dT
dt
-+σ ij -----------
dt
(62)
(1) { λ } = { λ 11 , λ 22 , λ 33 , λ 23 , λ 13 , λ 12 } dans le repère d’orthotropie.
quels que soient ε = ( ij ) et T, fournit par identification la densité
massique d’entropie :
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Le tenseur des rigidités du matériau c (T0 ) = (c ijkl (T0 )) est plus avec α = α1 + α 2 + α 3 coefficient de dilatation cubique du
exactement le tenseur des rigidités du matériau en évolution iso- matériau,
therme (T = T0 = Cte ). Le tenseur du second ordre symétrique α1 , α 2 et α 3 coefficients de dilatation linéique.
a = ( a ij ) est appelé tenseur de compressibilité thermique (il
s’exprime en mégapascals par kelvin ou MPa /K). La relation (64) est Ces derniers peuvent être négatifs, ce qui exprime qu’une
connue sous le nom de loi de Duhamel-Neumann, elle généralise élévation de température produit une contraction, c’est le cas, par
la loi de Hooke lorsque l’on prend en considération les contraintes exemple, de matériaux fabriqués à très haute température (2 000 oC)
d’origine thermique. comme les fibres de carbone (tableau 11). (0)
En inversant la relation (64) à l’aide du tenseur des souplesses
s = s ijkl (T0 ) comme dans la relation (8), il vient : Tableau 11 – Coefficients de dilatation linéique
de quelques matériaux à la température ambiante (1)
ij = s ijkl ( T0 ) σ kl + α ij ( T 0 ) ∆T (65)
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∂ 2 f ( T0 , ε )
- = c pqrs ( T0 )
----------------------------
∂ pq ∂ rs
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2.3.2 Processus adiabatique Pour un composite à fibre de carbone, par exemple, les coefficients
ηij non nuls ont pour valeur :
C’est le cas limite où le tenseur de conductivité thermique est η11 ≈ 0,1 η 22 = η 33 ≈ 0,35
nul (milieu non conducteur), ce qui implique la nullité du vecteur
courant de chaleur q = 0 d’après la relation de Fourier (58). Si l’axe 1 est l’axe de la fibre :
L’égalité (63) montre que l’entropie massique s est constante au
cours du mouvement. Nous prendrons s = 0 sans restreindre la géné- a 11 = 0,132MPa/K; a 22 = a 33 = 0,48MPa/K; c = 1,35 J/ ( m 3 · K )
ralité puisque s est un potentiel défini à une constante près.
La suppression du terme de couplage :
D’après la relation (63) :
T 0 η ij ( d ij /dt ) / ( ∂T / ∂t )
a ij ij
∆T = ( T – T0 ) = -------------- est alors licite pourvu que la vitesse de déformation d ij /dt soit de
γ
l’ordre de grandeur de la vitesse de variation relative de température
si bien que la loi de comportement mécanique s’écrit : (∂T / ∂ t )/ T0 .
a kl a ij Cela exclut les évolutions brutales de la structure dans le temps
σ ij = c ijkl ( T0 ) – ---------------- kl et le problème de thermoélasticité est alors gouverné par le système
γ différentiel suivant auquel il faut adjoindre des conditions aux limites
sur la frontière de la structure ainsi qu’un ensemble de conditions
L’expression (61) donnant γ permet d’exprimer la loi de compor- initiales :
tement mécanique sous la forme : — relation de comportement mécanique (64) :
T0 a ij ( T0 ) a kl ( T0 ) σ ij = c ijkl ( T0 ) kl – a ij ( T0 ) ∆T (73)
σ ij = c ijkl ( T0 ) + ------------------------------------------------
- kl (71)
ρ c ( T0 )
avec ∆T = T – T0
La loi de comportement mécanique est analogue à celle que l’on — équation du mouvement (69) :
doit considérer avec des évolutions isothermes, les modules de rigi-
dité étant (en règle générale) supérieurs. Remarquons que, dans le ∂ σ ij ∂ 2 Ui
cas d’un matériau orthotrope (a ij = 0 si i ≠ j ), seules les rigidités de ----------- + f i = ρ -------------
- (74)
∂x j ∂t 2
dilatation augmentent, les modules de rigidité au glissement restent
inchangés. On peut également noter que [15] [16] : avec fi force à distance par unité de volume ;
— équation de la chaleur (68) :
1
----- σ ij ij = ρ u (s 0 , ε )
2 ∂2T ∂T
λ ij ( T0 ) -------------------- = ρ c ( T0 ) --------- (75)
∂ xi ∂ x j ∂t
ce qui permet d’introduire une densité volumique wa d’énergie de
déformation des processus adiabatiques définie par : Le processus précédent est découplé, en effet, il faut d’abord
résoudre l’équation de la chaleur (75) pour trouver la distribution
1 [ a ij ( T 0 ) ij ]2 de température dans la structure et traiter ensuite le problème de
wa ( ) = ρ u ( s 0 , ε ) = ----- c ijkl ( T0 ) ij kl + T0 ------------------------------------
2 2 ρ c ( T0 ) mécanique (73) et (74).
Le coefficient ηij est le produit de la rigidité massique c ijkl /ρ par
Nous constatons donc que l’énergie libre massique f régit les
le rapport du coefficient de dilatation linéique à la capacité thermique
processus isothermes tandis que l’énergie interne massique u régit
les processus adiabatiques. massique α ij /c . Si ce dernier rapport peut être, dans les matériaux
Enfin, dans un processus adiabatique (q = 0), la loi de Fourier (58) composites, du même ordre de grandeur que dans les matériaux
montre que l’équation de diffusion de la chaleur dans un milieu classiques, il n’en est pas de même de la rigidité massique qui peut
composite se ramène à : être dans les composites trois à cinq fois supérieure. Il faut donc
être prudent quant au découplage des phénomènes thermiques et
∂T d ij des phénomènes mécaniques et s’assurer de la validité des
ρ c ( T0 ) --------- + T0 a ij ( T0 ) ----------- = 0 égalités (73), (74) et (75).
∂t dt
----------- Si le schéma de l’élasticité linéaire représente assez bien le
∂ 2T ∂T dt
λ ij ------------------- = ρ c --------- 1 + T0 η ij ------------- (72) comportement mécanique des fibres en petites déformations, il n’en
∂ xi ∂ xj ∂t ∂T est pas de même de la matrice qui assure la liaison entre les renforts.
---------
∂t Si cette dernière est organique et généralement constituée de
à condition de poser : grosses molécules, elle présente un caractère visqueux. On entend
par visqueux un milieu dans lequel la dissipation volumique
a ij c ijkl α kl intrinsèque φ1 (55) n’est fonction que des vitesses des divers para-
η ij = ---------- = ----------- --------- mètres caractérisant le milieu (vitesses de déformation par exemple).
ρc ρ c La matrice étant visqueuse, elle va donc conférer au matériau
composite un caractère de viscosité. La viscosité du composite peut
également avoir pour origine l’hétérogénéité du matériau. En effet,
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si la liaison fibre-matrice est médiocre, des microfrottements entre que l’on peut résoudre aisément par l’intermédiaire de la trans-
les différents constituants provoquent une perte d’énergie que l’on formée de Laplace.
peut traduire globalement par de la viscosité. En effet, si ψ (t ) est une fonction à support positif [ψ (t ) = 0 pour
Un mélange de graphite et de cuivre, composé de phases t < 0], la transformée de Laplace de f (t ) est définie par :
essentiellement élastiques, présente, par exemple, un caractère vis-
ψ
∞
queux assez prononcé (figure 11).
(ψ ) = ψ*(p) = ( t ) exp ( – pt ) dt
0
Cette dissipation d’énergie, qui dépend des vitesses, peut avoir
un effet positif et recherché dans les comportements vibratoire et avec p nombre complexe.
acoustique des structures.
Les paramètres ξ *
K
( p ), K = 1, ..., N s’expriment linéairement en
fonction des transformées de Laplace des déformations *
ij
( p ) et de
t t
aborder le problème par un nombre fini de paramètres cachés 1 ∂ ij ( τ ) ∂ kl ( η )
ξ = ( ξ 1 , ξ 2 , ..., ξ n ) et à éliminer ces paramètres à l’aide de f ( T, ε ) = ----- G ijkl ( t – τ ,t – η ) -------------------- ---------------------
2 0 0 ∂τ ∂η
l’identité (56) [14]. Pour rester dans le domaine linéaire, nous choi-
sissons donc une énergie libre massique de la forme : ∂ ij ( τ ) ∂∆ T ( η )
– 2 ϕ ij ( t – τ , t – η ) -------------------- -----------------------
∂τ ∂η
N
1
ρ f ( T, , ξ ) = ----- c ijkl ( T0 ) ij kl +
2 ∑ B ijK ( T0 ) ij ξ K ∂∆ T ( τ ) ∂∆ T ( η )
+ m ( t – τ , t – η ) ---------------------- ----------------------- dτ dη
K=1 ∂τ ∂η
N N t
1 ∂ kl ( η )
+ -----
2 ∑ ∑ AKL (T0 ) ξK ξL + Dij ( T0 ) ij ∆T (76) + 0 G ijkl ( t , t – η ) ij ( 0 ) --------------------
∂η
- (80)
K=1L=1
N
1 ∂∆T ∂ ij
+ ∑ F K ( T 0 ) ξ K ∆ T + ----- γ (T0 ) ∆ T 2
2
– ϕ ij ( t , t – η ) ij ( 0 ) ------------- ( η ) + ∆ T ( 0 ) ----------- ( η )
∂η ∂η
K=1
avec ∆ T = T – T0 ∂∆ T ( η )
+ m ( t , t – η ) ∆ T ( 0 ) ----------------------- d η
∂η
et une dissipation intrinsèque volumique définie par :
1 1
+ ----- G ijkl ( t , t ) ij ( 0 ) kl ( 0 ) – ϕ ij ( t , t ) ij ( 0 ) + ----- m ( t , t ) [ ∆T ( 0 ) ] 2
1
N N
d ξK d ξL 2 2
φ 1 = -----
2 ∑ ∑ Q KL -----------
dt dt
- ----------- (77)
K=1L=1 Dans l’expression (80), toutes les fonctions sont à support positif :
La dissipation volumique intrinsèque φ1 étant positive d’après la Gijkl (τ, η ) = ϕij (τ, η ) = m (τ, η ) = 0 si τ < 0 ou η < 0
relation (55), la matrice carrée [ Q ] = (Q ij ) d’ordre N est définie et
positive, elle est de plus symétrique en vertu du principe d’Onsager avec τ et η variables muettes :
(§ 2.1.3). L’identité (56) montre alors que : ij ( t ) = ∆T ( t ) = 0 si t < 0
N
Les déformations ij ( t ) et la variation de température ∆T (t ) sont
σ ij = c ijkl ( T0 ) kl + ∑ B ijK (T0 ) ξ K + D ij (T0 ) ∆T
supposées continues pour t > 0 ; on peut généraliser la relation (80)
K=1 à des champs de déformations et de variation de température
avec i, j = 1, 2, 3 discontinus [23]. L’énergie libre massique de la relation (80) est
N N identique à celle proposée a priori par Christensen [24], mais l’intro-
d ξL duction des paramètres cachés présente l’avantage de l’inter-
– ∑ Q KL ----------- = B ijK ( T0 ) ij + ∑ A KL ( T0 ) ξ L + F K ( T0 ) ∆ T (78)
dt prétation, outre celui de la justification : le phénomène de viscosité
L=1 L=1
est caractérisé par une dissipation volumique intrinsèque qui est une
expression quadratique des vitesses des paramètres.
avec K = 1, 2 , ..., N
N
– ρ s = γ ( T 0 ) ∆ T + D ij ( T0 ) ij + ∑ F K ( T0 ) ξ K
K=1
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Les fonctions introduites dans le potentiel f jouissent des pro- Si la dissipation φ1 fait appel à la connaissance des fonctions
priétés de symétrie suivantes : Gijkl (τ, η ), ϕ ij (τ, η ), m (τ, η ) qui sont supposées continues pour les
valeurs positives des arguments et nulles dans le cas contraire, les
G ijkl ( τ , η ) = G jikl ( τ , η ) = G ijlk ( τ , η ) (symétrie des contraintes lois de comportement nécessitent uniquement la connaissance de
et de déformations)
ces fonctions pour une valeur nulle d’un des deux arguments. Un
seul argument étant donc utilisé, on se contente généralement
G ijkl ( τ , η ) = G klij ( η , τ ) (principe d′Onsager) (81) d’admettre que ces fonctions possèdent la forme particulière
ϕ ij ( τ , η ) = ϕ ji ( τ , η ) = ϕ ij ( η , τ ) suivante [24] :
Gijkl (τ, η ) = Rijkl (τ + η )
m (τ, η) = m (η, τ)
ϕ ij (τ, η ) = aij (τ + η )
m (τ, η ) = γ (τ + η )
Remarque : les deux intégrales suivantes I et J :
Les relations de symétrie (81) deviennent alors :
t t t
I (t ) = F ( t, τ , η )d τ d η , J ( t ) = H ( t, τ ) d τ R ijkl ( τ ) = R jikl ( τ ) = R ijlk ( τ )
0 0 0
R ijkl ( τ ) = R klij ( τ ) (85)
admettent pour dérivées :
a ij ( τ ) = a ji ( τ )
t t t t
dI ∂F
-------- = -------- ( t , τ , η ) d τ d η + F ( t , t , η ) dη + F ( t , τ , t ) dτ De plus les fonctions Rijkl (τ ), a ij (τ ) et γ (τ ) sont nulles pour les
dt 0 0 ∂t 0 0
valeurs négatives de τ, continues pour les valeurs positives de τ et
t
dJ ∂H présentent une limite lorsque τ tend vers 0 par valeur positive. Une
--------- = --------- ( t , τ ) dτ + H ( t , t )
dt 0 ∂t intégration par parties des égalités (82) et (83), compte tenu de la
relation (85), permet de donner aux lois thermomécaniques à la
sous réserve de continuité et de dérivabilité des fonctions F et H température T0 la forme symétrique et interprétable suivante :
pour des arguments positifs.
t
dR ijkl
σ ij ( t ) = R ijkl ( 0 ) kl ( t ) + ---------------- ( τ ) kl ( t – τ ) d τ
En dérivant d’après la remarque précédente l’énergie libre 0 dτ
(86)
massique f par rapport au temps, l’identité (56) fournit la loi de t d a ij
comportement mécanique : – a ij ( 0 ) ∆ T ( t ) – ------------ ( τ ) ∆T ( t – τ ) dτ
0 dτ
t
∂ kl ( η )
σ ij = G ijkl ( 0,t – η ) --------------------- d η + G ijkl ( 0, t ) kl ( 0 ) ou encore :
0 ∂η
ϕ
t (82) t t
∂∆ T ( η ) ∂ ∂
– ij ( 0, t – η ) ----------------------
- d η – ϕ ij ( t ,0 ) ∆ T ( 0 ) σ ij ( t ) = ------- R ijkl ( t – τ ) kl ( τ ) d τ – ------- a ij ( t – τ ) ∆T ( τ ) d τ
0 ∂η ∂t 0 ∂t 0
l’entropie massique s :
tda ij
ρ s ( t ) = a ij ( 0 ) ij ( t ) + ------------ ( τ ) ij ( t – τ ) d τ
ϕ 0 dτ
t
∂ ij ( τ )
t (87)
ρs = ( t – τ ,0 ) ------------------- d τ + ϕ ij ( t ,0 ) ij ( 0 ) dγ
0
ij ∂τ – γ ( 0 ) ∆T ( t ) – -------- ( τ ) ∆ T ( t – τ ) dτ
0 dτ
t (83)
∂∆T (τ )
– m ( t – τ ,0 ) ---------------------- d τ – m ( t ,0 ) ∆ T ( 0 )
0 ∂τ ou encore :
∂ G ijkl
t
∂ kl ~ ( p ) = R~ ( p ) ~ ~ ~
– ----------------- ( t , t – η ) ij ( 0 ) -----------
- (η) (84) σ kl ( p ) – a ij ( p ) ∆T ( p )
0 ∂t ∂η ij ijkl
~ (88)
~
∂ ϕ ij ∂ ij ρ s ( p ) = a~ij ( p ) ~
ij ( p ) – ~γ ( p ) ∆T ( p )
∂∆ T
– ----------- ( t , t – η ) ij ( 0 ) ------------- ( η ) + ∆T ( 0 ) ----------- ( η )
∂t ∂η ∂η Ces relations sont analogues à celles de l’élasticité (64) et (63),
∂m ∂∆ T dans l’espace des transformées de Carson-Laplace.
+ ----------- ( t , t – η ) ∆T ( 0 ) ------------- ( η ) dη
∂t ∂η
1 ∂
– ----- ------- G ijkl ( t , t ) ij ( 0 ) kl ( 0 )
2 ∂t
∂ ϕ ij 1 ∂m
+ ----------- ( t , t ) ij ( 0 ) ∆ T ( 0 ) – ----- ----------- ( t , t ) [ ∆T ( 0 ) ] 2
∂t 2 ∂t
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~( p ) = p
( ψ ) = ψ ∞ ψ
0
( t ) exp ( – pt ) dt = p ( ψ )
1 d R ijkl ( 2 t ) 0 0
φ 1 = – ----- ----------------------------- ij kl (90)
2 dt
D’après le deuxième principe de la thermodynamique, la dissipa- Figure 9 – Évolution à température constante des termes diagonaux
tion φ1 est positive selon la relation (55), ce qui implique que la forme des matrices de relaxation {C (t )} et de retard à la déformation { S (t )}
quadratique symbolisée par dR ijkl /dt est définie négative et que donc en fonction du temps
nécessairement :
dR ijij
--------------- ( τ ) 0 Les propriétés de symétrie et de changement de base évoquées
dτ en élasticité (§ 1.2.2, 1.3 et 1.4) sont applicables intégralement à la
2 i , j = 1, 2, 3 ( sans sommation ) (91) matrice de relaxation {C (t )}. Comme en élasticité, la première
d R iijj
dτ
---------------
-
d R iiii d R jjjj
--------------
dτ
- ⋅ --------------
d τ
- relation (88) peut s’inverser pour donner :
~ ~ ~
ij ( p ) = J ijkl ( p ) ~
σ kl ( p ) + ~
α ij ( p ) ∆T ( p )
Les fonctions R ijij (τ ) sont des fonctions décroissantes de τ, d’après
la relation (89) ; elles représentent l’évolution des contraintes pour relation qui se traduit en régime temporel par :
un champ de déformations uniformes dans le temps et on les nomme
t dJ ijkl
fonctions de relaxation. Le tenseur de composantes R ijkl (t ) est
ij ( t ) = J ijkl ( 0 ) σ kl ( t ) + --------------- ( τ ) σ kl ( t – τ ) d τ + α ij ( 0 ) ∆ T ( t )
appelé tenseur de relaxation du matériau. Comme en élasticité, la 0 dτ
ατ
correspondance tenseur d’ordre 4 matrice de rang 6 est envisageable t d ij
(§ 1) et l’on parle alors de matrice de relaxation {C (t )}. Les inégalités + ------------ ( τ ) ∆ T ( t – τ ) d τ (92)
(91) montrent que les termes diagonaux de la matrice de relaxation 0 d
α
{C (t )} sont des fonctions décroissantes du temps et ils sont de plus t t
positifs en vertu de la relation (89). Nous pouvons résumer les pro- ∂ ∂
= ------- J ijkl ( t – τ ) σ kl ( τ ) d τ + ------- ( t – τ ) ∆T ( t – τ ) d τ
priétés de la matrice de relaxation dans le tableau 12. (0) ∂t 0 ∂t 0
ij
avec i = 1, 2, 3 ;
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— coefficients de Poisson de relaxation νij (t ) : En général, on admet que le vecteur courant de chaleur q est lié
~ au gradient de température par la loi de Fourier classique (58), mais
~ – ν ji ( p )
~ – ν ij ( p ) une intégrale de convolution peut également être envisagée [24].
S ij ( p ) = ----------------------
~ - ⇒ ν ij ( t )
- = ---------------------
~
Ei ( p ) Ej ( p ) Un certain nombre de fonctions du temps t et de la température T0
ont été mises en évidence pour décrire le comportement thermo-
avec i, j = 1, 2, 3 et i ≠ j : mécanique d’un matériau viscoélastique. Si les fonctions de rela-
— modules de Coulomb de relaxation Gij (t ) : xation ou de retard à la déformation peuvent être déterminées
relativement simplement dans le cas de matériaux isotropes (§ 3.2
~ 1 et § 3.3), en régime isotherme, on dispose de très peu de données
S kk ( p ) = ------------------
~ - pour les matériaux composites et, particulièrement, sur l’évolution
G ij ( p )
des capacités thermiques massiques (ou des conductivités ther-
avec k = 9 – (i + j ) ⇒ Gij (t ). miques) en fonction du temps. Ces deux dernières grandeurs sont
en général choisies indépendantes du temps et de la température.
Les trois modules d’Young de relaxation E 1 (t ), E 2 (t ), E 3 (t ),
Notons enfin que les propriétés des composites viscoélastiques sont
ainsi que les modules de Coulomb Gij (t ) sont des fonctions non
identiques à celles des composites élastiques à condition de se placer
croissantes du temps [15].
dans l’espace des transformées de Carson-Laplace (88). Ce résultat,
Si nous soumettons le matériau composite successivement à un qui est extrêmement commode, présente l’inconvénient de ne pas
champ de déformations nulles et à un champ de contraintes nulles, prendre en compte le vieillissement du matériau [23].
la température étant uniforme à partir de l’instant t = 0 (∆T = ∆T0 pour
t > 0, ∆T = 0 pour t < 0), il vient d’après les relations (86) et (92) d’une
part :
3.2 Modules complexes
σ ij ( t ) = – a ij ( t ) ∆ T 0 pour t > 0
0 pour t < 0 La transformée de Carson-Laplace est, comme nous l’avons vu,
un outil symbolique mais n’offre aucune interprétation physique
et d’autre part : intéressante. La transformée de Fourier [22] véhicule, en revanche,
ij ( t ) = α ij ( t ) ∆T 0 pour t > 0 un contenu physique (propriété énergétique, mise en évidence de
périodicités, etc.) et n’est autre dans bon nombre de cas [22] que
0 pour t < 0 la transformée de Laplace lorsque le nombre complexe p est imagi-
naire pur et vaut iω.
Les tenseurs d’ordre 2 (t ) = (αij (t )) et a (t ) = (a ij (t )) ont la même
signification qu’en élasticité, ils ne sont pas liés par les relations (67),
mais par des relations faisant appel aux intégrales de convolution : On appelle transformée de Fourier d’une fonction F (t ) la
quantité :
t
∂ ∞
α ij ( t ) = ------- J ijkl ( t – τ ) a kl ( τ ) d τ ^
(F ) = F (ω) = F ( t ) exp ( – i ω t ) d t
∂t 0 –∞
(94)
t
∂ où ω est la pulsation et f = ω /2π la fréquence.
a ij ( t ) = ------- R ijkl ( t – τ ) α kl ( τ ) d τ
∂t 0
La relation (87) montre que : On trouvera, dans l’ouvrage de F. Roddier [22], une définition plus
rigoureuse, plus générale et plus satisfaisante de la transformée de
∂s Fourier. Les transformées de Fourier des relations (86) et (87)
ρ --------- = – γ ( t ) s’écrivent d’après la relation (88) :
∂T
tandis que les relations (51) et (52) permettent d’écrire : ~ ~
( σ pq ) = R pqkl ( ω ) ( kl ) – a pq ( ω ) ( ∆T )
T ∂s
c = ------------- ~ ρ ~
∂T ρ ( s ) = a ij ( ω ) ( ij ) – -------- c ( ω ) ( ∆T )
T0
Il en résulte donc que la capacité thermique massique à la tempé-
rature T0 est liée à la fonction γ (t ) par l’égalité : avec :
ρc ( t )
∞
γ ( t ) = – -------------------- (95) ~
T0 R pqkl ( ω ) = i ω ( R pqkl ) = i ω R pqkl ( t ) exp ( – i ω t ) d t
–∞
ω
Une variation de température uniforme et un champ de déforma- ~
∞
tions nulles montrent, grâce à la positivité de la dissipation intrin- a pq ( ω ) = i ω ( a pq ) = i a pq (t ) exp ( – i ω t ) d t (97)
–∞
sèque φ1 , d’après la relation (84), et à l’égalité (95), que la capacité
ω
∞
thermique massique c à déformations constantes est une fonction ~
non décroissante positive du temps. Enfin, la relation (57), compte c ( ω ) = i ω ( c ) = i c ( t ) exp ( – i ω t ) d t
–∞
tenu de (87), permet d’établir l’équation de diffusion thermique au
voisinage de T0 dans un milieu viscoélastique : avec i2 = – 1.
Les identités (97) définissent respectivement :
t
∂2 — le tenseur de relaxation complexe (ou des rigidités complexes)
– div. q = ρ ----------
- c ( t – τ ) ∆ T ( τ ) dτ
∂t 2 0 ~ ~
R ( ω ) = ( R pqrs ( ω ) ) ;
t (96)
∂2
+ T0 ----------
- a ij ( t – τ ) ij ( τ ) d τ – φ 1 ~
∂t 2 0 — le tenseur de compressibilité a ( ω ) = ( ~
a pq ( ω ) ) ;
~
— les capacités thermiques massiques complexes c ( ω ) du
matériau composite.
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On définit de la même manière à partir des relations (92) et (93) : caractérisation, mesures, etc.) sont traités dans le domaine fréquen-
— le tenseur de retard à la déformation complexe (ou des sou- tiel, le passage en régime temporel se faisant simplement par uti-
~ ~ lisation de la transformée de Fourier rapide (analyseur de spectre
plesses complexes) J ( ω ) = ( J pqrs ( ω ) ) ; ou logiciel sur ordinateur).
~
— les modules d’Young complexes E k ( ω ), k = 1, 2, 3 ; Si la mesure des modules complexes d’un matériau isotrope [21]
[25] dans une large bande de fréquences (0 à 10 MHz par exemple)
~ ~ (ω)) .
— le tenseur de dilatation complexe ( ω ) = ( α ij
est une opération relativement complexe (nécessité de disposer de
plusieurs appareillages, de plusieurs éprouvettes, de logiciel de
Les modules complexes s’interprètent de la manière suivante en dépouillement des informations), l’anisotropie des matériaux
considérant, d’une part, un champ de déformations sinusoïdales : composites conjuguée à la forme des éprouvettes (plaques minces,
0
par exemple) rend ce problème très délicat. Il est donc extrêmement
pq ( t ) = pq exp i ω t utile de disposer de quelques indications sur l’évolution des modules
complexes en fonction de la pulsation ω. On peut remarquer que
et, d’autre part, une variation sinusoïdale de température que nous toute fonction F (t ), nulle pour les valeurs négatives de t, analytique
introduisons dans les relations (86) et (87) : pour t > 0, peut être décomposée de la manière suivante [26] [27] :
∆T (t ) = ∆T0 exp iωt ∞
Les tenseurs R (t ), a (t ) et la fonction c ( t ) étant nuls pour t < 0, F (t ) = ∑ Ai exp [ – ai t ]
il vient : i=0
pour t > 0
∞
(99)
∑
F ( t ) = B0 + B i [ 1 – exp ( – b i t ) ]
t
∂ 0
σ pq ( t ) = ------- kl exp i ω t R pqkl ( τ ) exp ( – i ωτ ) d τ i=1
∂t –∞
F (t ) = 0 pour t < 0
t
– ∆T0 exp i ω t a pq ( τ ) exp ( – i ωτ ) d τ
–∞ Si de plus F (t ) présente des valeurs asymptotiques non nulles
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Fonctions décroissantes ~
Re [ S nn ( ω ) ] avec n = 1, 2, ..., 6 Fonctions de retard à la déformation
avec la pulsation ω
(ou la fréquence) Re [ c ( ω ) ] Capacité thermique massique à déformation constante
~
lm [ C nn ( ω ) ] avec n = 1, 2, ..., 6 Fonctions de relaxation
Fonctions positives ~
de la pulsation ω lm [ E n ( ω ) ] avec n = 1, 2, 3 Module d’Young de relaxation
~
lm [ G pq ( ω ) ] avec p, q = 1, 2, 3 et p ≠q Module de Coulomb de relaxation
~
Fonctions négatives lm [ S nn ( ω ) ] avec n = 1, 2, ..., 6 Fonctions de retard à la déformation
de la pulsation ω ~
lm [ c ( ω ) ] Capacité thermique massique à déformation constante
(1) Comportement en fonction de la pulsation ω ou de la fréquence f = ω /2 π.
Re z : partie réelle de z ; lm z : partie imaginaire de z.
Cette représentation (101) gain-phase est utilisée pour son inter- 3.3 Remarques
prétation ; le module traduit la propriété de rigidité du matériau et
l’amortissement son aptitude à absorber les ondes et les vibrations.
Pour les composites structuraux (fibre de carbone, fibre de verre, Nous avons insisté, dans les paragraphes 3.1 et 3.2, sur la dépen-
fibre de Kevlar et matrice organique), l’amortissement est faible dance par rapport au temps des différentes fonctions caracté-
(de l’ordre de 10 –2 ) et l’on confond le module et sa partie réelle, le ristiques du matériau composite viscoélastique au voisinage d’une
module jouissant alors des mêmes propriétés de variation que température T0 , mais bien évidemment ces fonctions sont plus ou
cette dernière. moins tributaires, comme en élasticité, de la température.
Nous remarquerons que le composite verre /époxy est pratique- Dans le domaine expérimental, un dispositif ne peut explorer
ment élastique dans le sens des fibres et possède quasiment les qu’une gamme relativement étroite de fréquences (200 à 600 Hz
propriétés d’amortissement de la résine dans le sens transversal environ). Le principe de superposition fréquence-température,
(figure 10). Cela est dû à la bonne adhérence fibres-matrice. Le appelé aussi méthode WLF (Williams-Landel-Ferry) [21], permet de
composite graphite/cuivre (figure 11) est, en revanche, nettement pallier partiellement cet inconvénient. Un refroidissement cor-
plus amortissant que l’un quelconque de ses constituants (de respond à une augmentation de fréquence, un échauffement à une
l’ordre de 10 – 4 à 10 – 3 ) et cela proviendrait de la médiocre diminution [25]. Si ce principe est fréquemment utilisé dans la carac-
adhérence des différentes particules. térisation mécanique des résines organiques, il faut être extrême-
Enfin, aux pulsations extrêmes (ω = 0 et ω = ∞), les amortisse- ment prudent quant à son application aux composites ; il est mis
ments sont nuls (le matériau composite est donc élastique) et les en défaut pour les composites réfractaires, par exemple.
modules complexes sont reliés aux fonctions de relaxation et de Sur le plan du calcul, les structures des composites viscoélastiques
retard à la déformation par les égalités que l’on obtient en consi- n’apportent pas de difficultés supplémentaires par rapport aux struc-
dérant les décompositions (99) et (100) : tures viscoélastiques isotropes ou aux structures élastiques ani-
~ sotropes dans le domaine linéaire. Il suffit de remarquer que les
R pqkl ( 0 ) = R pqkl ( ∞ ) transformées de Fourier des lois de comportement thermoméca-
~ avec p, q, k, l = 1, 2, 3 (102) nique d’un composite viscoélastique (86) et (87), à une pulsation
R pqkl ( ∞ ) = R pqkl ( 0 ) donnée, ont la même structure que celles d’un composite élastique
d’après les relations (63) et (64). Dans l’espace des transformées de
Les comportements extrêmes (102) sont également satisfaits par Fourier, le calcul des composites viscoélastiques à une fréquence
les fonctions Jpqkl , a pq , αpq et c . donnée est identique à celui des composites élastiques à condition
de remplacer les modules d’élasticité et autres caractéristiques du
matériau [ a = ( a i j ), c , etc.] par les modules complexes
Les égalités (102) peuvent également être obtenues à partir de
correspondants.
la propriété suivante de la transformée de Laplace ( F ) d’une
fonction F (t ) [27] :
lim F ( t ) = lim p ( F )
lim t → 0 p→∞
lim F ( t ) = lim p ( F )
lim t → ∞ p→0
avec p = i ω.
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4. Comportement
hygroélastique linéaire
Les propriétés mécaniques d’un matériau composite dépendent
étroitement de la liaison fibres-matrice : liaison mécanique ou liaison
chimique. La pénétration de molécules d’eau dans les composites
altère ces liaisons, modifie les propriétés de la matrice (si cette
dernière est organique), la fibre restant généralement insensible à
l’humidité (cela est vrai pour les fibres de verre, de carbone, de bore,
mais faux pour les fibres aramides ou Kevlar ). Il faut donc
comprendre l’influence de la pénétration de l’eau et la cinétique de
l’absorption puisque les composites seront utilisés en milieu humide
(eau, air marin) ou très sec (espace). Dans ce dernier cas, il s’agit
d’un phénomène de désorption qui peut avoir des conséquences
importantes : déformations des surfaces de réflecteur d’antennes
placées sur satellite, déformations du bois lors du séchage.
Nous désignons par c la concentration d’eau dans le composite
et par m la fraction massique :
c=ρm (103)
avec ρ masse volumique du milieu.
La fraction massique m est le rapport de la masse d’eau contenue
dans le composite à la masse de ce dernier (ou le rapport de
l’augmentation de masse du matériau à la masse initiale) et est une
grandeur sans dimension.
Par analogie avec la diffusion de chaleur, il est admis que la struc-
ture ne peut recevoir de l’humidité qu’à travers sa frontière et la quan-
tité d’humidité reçue par unité de temps est représentée par le
vecteur appelé vecteur courant d’humidité. Le produit scalaire
⋅ n représente la densité surfacique d’humidité au point x passant
au travers d’une surface de normale unitaire n. L’équation locale de
diffusion d’humidité s’écrit alors :
∂ µ1 ∂ µ2 ∂ µ3
∂m
∂t
----------- = – div. = – ----------- + -----------
∂ x1 ∂ x 2 ∂ x3
- + ----------- (104)
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σ ij = c ijkl ( T 0 , m 0 ) kl – a ij ( T 0 , m 0 ) ∆T – b ij ( T 0 , m 0 ) ∆m (105) ∂T ∂ ij ∂m
– div. q = ρ c --------- + T0 a ij ---------- – b ij ij -----------
∂t ∂t ∂t
— la production d’entropie massique :
Pour achever la résolution du problème, il reste à préciser les lois
ρ s = a ij ( T 0 , m 0 ) ij – γ ( T 0 , m 0 ) ∆T + h ( T 0 , m 0 ) ∆m d’état complémentaires et l’on admet en général que les gradients
(de la température et de la fraction massique d’eau) sont les moteurs
— la dissipation intrinsèque volumique : de la dissipation :
∂m q = – [ λ ] grad T ( loi de Fourier )
φ 1 = h ( T 0 , m 0 ) ∆T + b ij ( T 0 , m 0 ) ij + r ( T 0 , m 0 ) ∆m ----------- (106)
∂t = – [ D ] grad m ( loi de Fick ) (108)
Rappelons que la dissipation φ1 doit être positive. Conformément avec = ( λ ij (T 0 , m 0 )) tenseur de conductivité thermique du
à la relation (52), γ est relié à la capacité thermique massique à matériau,
déformation constante :
D = (Dij (T0 , m 0 )) tenseur de diffusion hygrométrique du
ρ c ( T0 , m0 ) matériau.
γ ( T 0 , m 0 ) = – ------------------------------------
T0 Ces deux tenseurs jouissent des mêmes propriétés de symétrie
et de changement de base que les tenseurs a, b, et . L’équation
Le tenseur de compressibilité thermique, dont les propriétés ont de la chaleur prend alors la forme :
été évoquées dans le paragraphe 2.2, est a = (a ij ), il s’exprime en
pascals par kelvin. ∂2 T ∂T ∂ ij ∂m
λ ij -------------------- = ρ c --------- + T0 a ij ---------- – b ij ij ----------- (109)
Le tenseur de compressibilité hygrométrique du milieu b = (b ij ) ∂ xi ∂ xj ∂t ∂t ∂t
s’exprime en pascals et possède les mêmes propriétés que a.
tandis que l’équation de diffusion de l’humidité, résultant de la
En adoptant la même démarche que dans le paragraphe 2.2, on
relation (104), s’écrit :
peut inverser la relation de comportement (105) et écrire :
∂2 m ∂m
ij = s ijkl ( T 0 , m 0 ) σ kl + α ij ( T 0 , m 0 ) ∆T + β ij ( T 0 , m 0 ) ∆m D ij -------------------- = ρ ----------- (110)
∂ xi ∂ xj ∂t
avec = (α ij ) tenseur de dilatation thermique, Il arrive que les effets thermique et hygrométrique soient couplés,
= (β ij ) tenseur de dilatation hygrométrique (il est sans c’est-à-dire que les lois d’état complémentaires (108) admettent la
dimension). forme suivante [17] :
Le tenseur de dilatation hygrométrique est lié au tenseur de q = – [ λ ] grad T + [L] grad m (effet de Dufour)
compression hygrométrique par les relations :
= – [ D ] grad m + [ L ]t grad T ( effet de Soret )
β ij ( T 0 , m 0 ) = s ijkl ( T 0 , m 0 ) b kl ( T 0 , m 0 )
(107) La même matrice 3 × 3 [ L ] intervient dans les relations ci-avant
b ij ( T 0 , m 0 ) = c ijkl ( T 0 , m 0 ) β kl ( T 0 , m 0 ) à cause de la symétrie stipulée dans le principe d’Onsager (§ 2.1.3)
([L ]t : transposée de [L ]).
D’une manière générale, le tenseur de dilatation hygrométrique Nous avons noté que, dans certains cas, les effets hygrométriques
possède les mêmes propriétés de symétrie et de changement de étaient négligeables devant les effets thermiques ; de plus les termes
base que le tenseur de dilatation thermique, d’après les relations (68) de couplage thermomécaniques sont négligeables dans la
et (59), en particulier pour un matériau orthotrope. Il est appelé coef-
relation (109) si les vitesses de déformations thermiques d ij /dt
ficient de gonflement ou d’expansion du matériau :
sont de l’ordre de grandeur de la vitesse de variation relative de
β = ( β1 + β 2 + β3 ) température (§ 2.3.3). On aboutit alors à une théorie découplée régie
par les équations suivantes :
La dilatation hygrométrique des composites industriels est, en
général, très inférieure à la dilatation thermique. Dans le cas d’un — relation de comportement mécanique :
matériau stratifié 0-90o carbone/époxy, par exemple, les caractéris- σ ij = c ijkl ( T 0 , m 0 ) kl – a ij ( T 0 , m 0 ) ∆T – b ij ( T 0 , m 0 ) ∆m
tiques sont les suivantes :
— coefficient de gonflement : β ≈ 18 × 10 – 3 ; — équation du mouvement :
— coefficient de dilatation cubique : α ≈ 10 – 4 K –1 ;
— fraction massique maximale d’eau : m ∞ = 0,8 %. ∂ σ ij ∂ 2u i
----------- + f i = ρ ------------
-
La variation maximale de volume relatif due à l’humidité vaut : ∂x j ∂t 2
∆V H — équation de la chaleur :
- = β × 0,8 × 10 –2 = 1,44 × 10 – 4
------------
V
∂2 T ∂T
λ ij ( T 0 , m 0 ) -------------------- = ρ c ( T 0 , m 0 ) ---------
tandis que la variation de volume due à une variation de température ∂ xi ∂ xj ∂t
de 10 K est dix fois supérieure à la précédente et a pour valeur :
— équation de diffusion de l’humidité :
∆V T
- = 10 – 4 × 10 = 10 – 3
------------ ∂ 2m ∂m
V D ij ( T 0 , m 0 ) -------------------- = ρ -----------
∂ xi ∂ xj ∂t
Les termes croisé h ∆m ∆T et quadratique r (∆m )2 sont donc en
général supprimés dans le potentiel f. Ils disparaissent alors de Le modèle simple de diffusion n’est pas applicable à tous les
l’entropie massique s et de la dissipation intrinsèque volumique φ1 composites. On admet alors, d’après la relation (108), que l’eau ne
qui se réduit à : diffuse plus entièrement, mais qu’une partie s’attache à la matrice
∂m ou se coince dans le composite ; les modèles sont plus réalistes car
φ 1 = b ij ij -----------
∂t
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Figure 12 – Courbes expérimentales d’absorption d’eau par des échantillons de fibre de verre/ résine époxy (d’après [30])
ils font intervenir la notion de hasard (probabilité que l’eau reste proprement dit mais de structure composite. Cela explique égale-
attachée à la matrice, par exemple) et sont basés sur le modèle de ment la grande dispersion régnant au sein des caractéristiques élas-
Langmuir (figure 12) qui a trait à la diffusion des neutrons dans la tiques (ou autres) de ces matériaux et l’information figurant dans
matière [30] [31]. la littérature ne correspond pas forcément au matériau que l’on
La connaissance précise des tenseurs de dilatation thermique étudie. Le matériau composite n’est également pas identique en tout
et hygrométrique est indispensable dans la réalisation de point parce que, par exemple, la technique de réalisation ne le permet
structures spatiales qui, outre leur grande rigidité spécifique, exigent pas (les angles de croisement des fils bobinés varient obligatoire-
une bonne stabilité dimensionnelle (déplacements dus à la variation ment le long d’une évolution) et les différents concepts que nous
de température et à la dessiccation de l’ordre du micromètre). Les avons présentés dans cet article (modules d’élasticité, fonctions de
matériaux composites répondent à ces deux exigences puisque l’on relaxation, etc.) ont donc un caractère moyen qui ne permet que de
peut, lors de la fabrication d’un stratifié par exemple, jouer sur le déterminer l’évolution globale de la structure. À ces difficultés, qui
drapage pour obtenir des tenseurs de dilatation thermique et hygro- sont inhérentes au modèle adopté, viennent s’ajouter les difficultés
métrique voisins de zéro. Signalons enfin qu’une théorie non locale dues à l’anisotropie mécanique ; d’une manière générale, les
dans le temps (§ 3) et faisant appel à des lois de comportement inté- approximations couramment admises dans le comportement
grales peut être envisagée dans le cadre de l’humidité. Dans cette thermomécanique des milieux isotropes doivent être remises en
voie, aucune publication ne semble actuellement disponible. question dans l’étude des structures composites. La thermo-
dynamique des milieux continus se présente alors comme un outil
suffisamment souple et rigoureux pour mettre en évidence les effets
désirés ; la viscoélasticité et l’hygroélasticité sont là pour en
5. Conclusion témoigner. Enfin, si le modèle linéaire a été développé à cause de
sa simplicité, dans le domaine des composites, il faut toujours
penser :
Un matériau composite est engendré par de multiples opérations — que la plage de validité de la linéarité dépend de la direction
influant chacune sur le résultat final ; on estime à environ 300 le envisagée [3] ;
nombre de paramètres dont dépend la fabrication d’un composite — que, pour deux constituants donnés, la linéarité dépend de la
carbone /carbone, par exemple, et qu’il faut maintenir constants nature du renfort : le comportement mécanique d’un composite à
d’une pièce à l’autre. On ne peut donc parler de matériau composite renfort unidirectionnel est bien plus linéaire que celui d’un tissu.
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A 7 750 − 32 © Techniques de l’Ingénieur, traité Plastiques et Composites
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O
U
Comportements élastique R
et viscoélastique des composites
E
par Yvon CHEVALIER
N
Docteur ès Sciences
Maître de Conférences à l’Institut Supérieur des Matériaux et de la Construction Mécanique
(ISMCM)
S
Références bibliographiques A
+ historique de la question,
∗ étude théorique de la question,
∆ comporte des résultats d’essais de laboratoire,
▲ comporte des résultats pratiques ou industriels,
❍ étude technologique de la question,
❏ description d’appareillages ou d’installations.
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Doc. A 7 750
Organismes
S Association pour les Matériaux Composites (AMAC). Centre d’Études Techniques des Industries Mécaniques (CETIM).
Comité pour le Développement des Matériaux Composites (CODEMAC). Institut des Matériaux Composites.
A
Laboratoires publics
V École Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace. Faculté des Sciences de Toulouse.
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