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Sommaire

Carrelage
Ceinture de flottaison
Chambre
Interface
Mégot
Micro Espace
Mur d’enceinte
Passage
Racine
Reste
Résurgence
Rituel
Serre

Masters Architecture et Paysage


Sous la direction de Céline Barrère et Isabelle Estienne, Année 2017/2018
Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille
Etablissement Publique de Santé Mentale de Lommelet

1
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Avant-propos

« ces “je me souviens” ne sont pas exactement des souvenirs,


et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits
morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année,
tous les gens d’un même âge ont vues, ont vécues, ont
partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées ; elles
ne valaient pas la peine d’être mémorisées, elles ne
méritaient pas de faire partie de l’Histoire, ni de figurer dans
les Mémoires des hommes d’Etat, des alpinistes et des
monstres sacrés. Il arrive pourtant qu’elles reviennent,
quelques années plus tard, intactes et minuscules, par hasard
ou parce qu’on les a cherchées, un soir, entre amis »
Georges Perec, Je me souviens, Paris, 1978

L’Exploration « Autour des Mémoires Urbaines » cherche à déconstruire en quoi et comment


l’espace est le support de stratégies de mise en mémoire des espaces urbains, les négociations
et conflits qui en découlent. Analyser les lieux de mémoires et la mémoire des lieux opère une
reconstruction spécifique des savoirs urbains, permettant de comprendre les logiques de
production, d’interprétation et de contestation des espaces sur le temps long. Elle propose un
déchiffrage de ces espaces, des schémas culturels, des normes et des valeurs en lien avec les
processus de visibilisation ou d’invisibilitation des groupes sociaux, de revendication ou
d’affirmation d’un pouvoir.
L’entrée spécifique portera sur les vecteurs de mémoires et les marqueurs patrimoniaux de
manière à décrypter les catégories instituées, à mettre au jour les récits officiels comme
souterrains, à comprendre les jeux d’acteurs, les raisons d’agir, les modalités d’engagement
ainsi que les émotions, les imaginaires et les attachements à l’œuvre. Sa finalité étant l’explicite
et l’implicite de la mise en mémoire et en patrimoine et à les mettre en rapport avec la pratique
architecturale.

Cette année 2017-2018 la question centrale « qu’est-ce qui fait mémoire, comment et pour
qui » s’est déployée autour d’un objet et d’une situation spécifiques : les anciens bâtiments
vacants et les espaces libres de l'Etablissement Public de Santé Mentale de l’agglomération
lilloise (EPSM) à Saint-André-lez-Lille. Son l'histoire s’étend sur près de 400 ans. A la fois par
sa situation physique (superficie, historicité et diversité de ses espaces bâtis et non bâtis), par
sa situation urbaine (au cœur de la métropole) et par sa situation sociale (renvoyant à des
formes de stigmatisation, de marginalité, de mise à l'écart), le site de Lommelet permet
d’investiguer les lieux de mémoires et de d’interroger la mémoire des lieux.

Le travail collectif est alimenté à partir d’unités minimales et maitrisables que sont les mots,
leurs histoires, leurs connotations, leurs dénotations et leurs sens perdus. En effet, la mémoire
n’existe qu’à travers des actes de langages et la production d’énoncés qui organisent des
couches successives de significations établies (Fourcade&Aubertin, 2013), modifiées,
négociées, contestées par les acteurs en présence. Il s’agissait d’appréhender ces mots de la
mémoire comme des consolidations et des précipités de temps et d’espaces (Roncayolo), d’en
dégager les représentations socialement partagées du passé, lesquelles construisent des
identités au présent qu’elles nourrissent pour partie en retour, afin d’établir une connaissance
par degrés et de restituer une profondeur temporelle, sensible et humaine aux territoires. Le
travail a consisté à dégager ce qui fait sens commun selon trois dimensions : tout d’abord,
pédagogique entre les deux formations architecture et paysage de l’ENSAPL ; ensuite, au sens
de banal, ordinaire, quotidien, celui d’une expérience proche ; et enfin, au sens de partagé par
tous, ce qui participe de la construction et de la transmission d’une culture au sens large.

Trois thématiques – mémoire, identité et territoire – ont structuré la réflexion collective, guidé le
choix des familles de mots et constituent la colonne vertébrale de l’abécédaire produit. Fruit

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d’un travail tant collectif – sur le support – que de réflexions individuelles – sur les entrées par
mots –, le genre narratif choisi pour la restitution en est l’abécédaire.
Ni dictionnaire, ni lexique ou encore glossaire, l’abécédaire répond à une logique particulière :
celle de permettre des associations, de tisser des liens – entre les mots choisis, comme entre
ceux choisis et ceux restés hors de l’abécédaire – et de révéler des significations non
prédictives entre les mots et les notions auxquelles ils se rattachent, mais de créer des
circulations. En un mot, mimer la logique connective de la mémoire, qu’elle soit volontaire ou
involontaire. Ainsi, l’abécédaire, reproduisant la simple logique alphabétique du langage permet
d’accomplir le trajet, dans le présent, « d’une mémoire individuelle en quête de reconnaissance
(le "je"), à une mémoire partagée par un groupe (le "nous"), jusqu’à une mémoire collective
inscrite dans l’espace public et pouvant faire histoire (le "tous") » (Ciosi & Vassort, 2008 : 21).
En effet, comme tout abécédaire, celui-ci ne vise pas l’exhaustivité des mots retenus ni à en
épuiser le sens, mais à produire une connaissance spécifique consistant à rentrer dans un
rapport de familiarité avec les mots, de s’interroger sur le langage au prisme de la thématique
de la mémoire. C’est pourquoi, tout en proposant des rubriques communes, chaque entrée
ménage des mises en récits de mémoire personnelles, engagées, parfois décalées, dont la
finalité est de comprendre ce qui donne aux espaces et aux objets une forme d’identité sur le
temps long et qui produit des signes de reconnaissance - de la sphère intime à la sphère
publique et vice-versa.

Merci à l’ensemble et à chacun des étudiant(e)s d’avoir jouer le jeu de notre petite Académie
des mots du lundi matin.

Bonne lecture.

Céline Barrère et Isabelle Estienne

Bibliographie

Laure Ciosi et Marine Vassort, Les Mémoires de l’immigration à Marseille : lieux, récits, projets,
Rapport final, Ministère de la Culture et de Communication, Direction de l’Architecture et du
Patrimoine, Programme Lieux de mémoire de l’immigration, 2008, 94p.
Marie-Blanche Fourcade et Marie-Noëlle Aubertin (dir.), Patrimoines urbains en récits, Presses
de l’Université du Québec, 2013
Georges Perec, Je me souviens, Paris, Hachette, 1978, 174p.
Marcel Roncayolo, Lectures de ville, Marseille, Parenthèse, 2002

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CARRELAGE
1. Étymologie

Le mot carrelage (masculin) est né, sous la


forme de quarrellage en 1611. Il vient de quarel (1160)
qui désigne à cette époque un « pavé plat fait de terre
cuite, de pierre, etc., dont on se sert pour paver, pour
recouvrir une paroi ». Quant à la notion de grès
cérame, elle apparait au XVIème siècle et puise son
origine dans la langue néerlandaise et grecque.

Carreaux de grès cérame. Sources : internet.

2. Histoire et définitions

L’origine de ce matériau remonte à l’époque de la dynastie Shang (X Siècle) en Chine.


Cette technique qui consiste à chauffer à très haute température une terre silico-argileuse se
repand au XIVème siècle en Occident et deviendra à la révolution industrielle un procédé très
répandu et apprécié dans la construction des intérieurs.

3. Évolution des usages du mot

Le carrelage désigne à l’origine l’action de poser des morceaux de carreaux sur


un sol ou une paroi. Par la suite, il désignera, par extension, la surface recouverte par des
carreaux. La matière de ce carreau peut être multiple. Dans notre cas, ce sont des carreaux de
grès cérame.

4. Régime de mémoire

J’ai emporté un carreau de carrelage de ma


visite à l’EPSM. Je suis pris d’une envie intense de
prendre ce morceau de carrelage, comme on emporte
un souvenir de quelque part. Un objet que l’on prend et
qui vous satisfait sur le moment et puis, une fois rangé,
que l’on oublie.
Je pense qu’en prenant ce carreau, je me suis
persuadé que je me souviendrai.
Ce n’est pas la première fois que je me plie à cette
pratique. En réfléchissant sur cet acte, je me suis
aperçu que petit, je ramenais des glands des forêts
que l’on visitait pendant nos vacances, pour les Le carreau de grès cérame de la piscine
replanter dans le jardin. Plus fort que des de l'EPSM. Sources : Photographie personnelle.
photographies numériques, c’est de la matière, un bout

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de quelque chose que l’on garde pour soi. Quand
ferais-je ? Un dessous de verre, de la mosaïque ou
tout simplement rien. Il restera là dans un coin jusqu’au
jour, ou ne me rappelant plus le souvenir auquel il est
associé je m’en débarrasserai.

C’est un carreau de grès cérame blanc. Je l’ai


ramassé lors de la deuxième visite à EPSM du 16
novembre 2017, mais je l’avais remarqué lors de la
première. C’est un carré de 10cm de côté d’un blanc La face arrière du carreau de grès
crème. Il mesure 0,5cm d’épaisseur. Il faisait partie cérame. Sources : Photographie personnelle.
d’un assemblage de plusieurs carreaux formant la
plinthe d’une contremarche. L’ensemble de ces
carreaux s’est décollé formant une sorte d’arc de
cercle au sol. Les deux faces de ce carreau sont
différentes. L’une est lisse et presque luisante à la
lumière. L’autre est rugueuse et légèrement gaufrée.
Cette dernière porte les restes des traces du ciment
colle qui, face au temps a échoué dans sa mission. Sur
la face arrière de mon carreau de carrelage, on peut y
lire les inscriptions « WINCKELMANS FRANCE », une
entreprise familiale centenaire qui s’est développée
près de Lomme et est toujours en activité.
La face visible de ce carreau porte des stigmates
d’usure. L’un des angles du carreau est abimé. Un
éclat s’est détaché.

Si l’on incline ce carreau au reflet d’une source


lumineuse, on remarque les traces laissées par les
caoutchoucs des semelles butant contre cette plinthe
carrelée. Cette margelle se situe dans « la salle de
direction », qui de pars sa forme et ses dimensions (un
rectangle de 2m par 6m) fait plus penser à un local
technique. On y trouve au fond un escalier carreler La salle de direction de la piscine
descendant vers les machineries de la piscine. A droite de l'EPSM. Sources : Photographie personnelle.
de la porte d’entrée : la margelle. Située sous un coffre
en bois vitrée qui semble être l’ancienne armoire à
pharmacie. La signification de cette margelle
m’échappe encore. Sûrement une résurgence de
l’énorme machinerie de la piscine située dans le sous-
sol. Dans tous les cas, on imaginera bien le soignant
qui, dans la précipitation de dénicher un pansement
dans cette armoire, ne manquera pas de buter ses
pieds contre la curieuse margelle.
Ce carreau de grès cérame est une sorte de page du
livre des histoires de l’EPSM. Il nous raconte une
histoire d’un lieu et ou d’un moment, celui de la
margelle située sous cette armoire à pharmacie,
accroché sur le mur de la salle de direction, dans la
piscine. Les sols sont des éponges, recevant les Le Bassin et la piscine du centre culturel.
empreintes que nous laissons. Percés, sciés, fendus, Un florilège de carreaux. Sources : Photographie
usés, aucun n’est semblable. personnelle.

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Ce carreau est froid, il est toujours froid, même
au soleil il est froid. J’ai écrit dans mes
notes : « piscine : froid.».
La piscine de l’EPSM est plutôt petite, elle respectait
les canons de la piscine traditionnelle. Au centre, un
bassin rectangulaire d’une profondeur de 2m. Sur l’un
des côtés du bassin, une longue façade vitrée donnant
sur le parc, de mon souvenir, c’est le seul mur de la
piscine transparent. De l’autre côté, sont disposés, une
allée et les vestiaires ainsi que les sanitaires et les
douches. Tout est recouvert de carrelage : des blancs,
des bleus ciels, des carrés, des rectangulaires, des
mosaïques …
Pourquoi construit-on les piscines comme cela ? Usines Winckelmans France. Sources :
La clarté, l’immaculé, la fraicheur semble définir http://www.winckelmans.fr/default.aspx
l’ambiance de cette piscine. Mais, je pense qu’au-delà
d’une ambiance véhiculée, cet assemblage éclectique
mais néanmoins unifié est un marqueur dans notre
mémoire collective. Les couleurs, les ambiances nous
parlent des usages du lieu. Si l’on y prête attention
combien de salles de bain sont recouverte d’un
carrelage similaire. Une salle dédiée au Corps (mort ou
vivant) prendra des carreaux blancs, on rajoutera des
carreaux bleus si c’est une salle d’eau. Nous nous
attachons donc à définir les lieux à partir du carrelage.
Nous pourrions prolonger l’expérience, au travers de la
tomette. Il n’est pas rare de retrouver dans une cuisine
ou une salle à manger ce carreau hexagonal ou
rectangulaire ocre rappelant la Provence et par
extension la chaleur, la famille, la consistance… Quelques échantillons de carrelages
du centre culturel. Sources : Photographie
personnelle.

A son origine, mon singulier carreau de grès cérame était identique à tous les autres. La chaine
de production de WINCKELMANS France sortant des clones parfaitement carrés et éliminant
de la commercialisation le moindre individu comportant un défaut. C’est à ce moment-là que
commence la vie de mon carré de carrelage. Il va passer entre les mains expertes d’artisans
carreleurs. Le centre culturel de l’EPSM propose d’ailleurs une palette de carreaux diversifiés.
Sur les murs ou sur le sol, avec des joints ou sans joints, collé au ciment colle ou au mortier,
respectant un calepinage ou unis… la maitrise de l’art de mettre en œuvre ce matériau est
transmise et perfectionnée depuis des générations. C’est une forme de mémoire : celle du
savoir-faire. Pour nous, néophyte, nous ne le voyons pas, pour un expert, il décélèrera à l’oreille
les imperfections d’une mauvaise pose, il dévisagera le défaut d’un calepinage.

Ainsi, même si dans l’histoire de l’EPSM, le centre culturel fait partis de son histoire
contemporaine, le sol et les carreaux de carrelage sont les empreintes de cette mémoire. Il
nous parle d’une matière, d’une histoire, d’usages ou encore d’un savoir-faire.

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5 .Citations

« Les sols nous parlent, précisément dans la mesure où ils survivent, et ils survivent
dans la mesure où on les tient pour neutres, insignifiant, sans conséquences »

George Didi-Huberman, Écorces, les éditions de minuit (p.


63-64)

6. Synonymes
Carreau Pavé Dallage

8. Corrélats

- Sol : la surface de « prédilection » de la pose du carrelage.

- Piscine : Un lieu avec une grande diversité de carreaux.

- Souvenir : émis par les matériaux mais aussi généré par la recherche autour du
carrelage.

- Empreinte : laissée par les carreaux.

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CEINTURE DE FLOTTAISON
1. Étymologie

CEINTURE vient du latin cinctura qui veut dire ceindre. FLOTTAISON vient du verbe
« flotter » et du suffixe –aison. C’est aux environs de 1100 que le mot et le verbe « flotter »
apparaissent. A cette époque, « floter » signifie être porté par un liquide. En néerlandais,
vloten se traduit littéralement par « naviguer, couler à flots ». Au XVe siècle, flotter donne
naissance à flotteur et flotte qui traduit l’action de lâcher des morceaux de bois dans une rivière
pour les transporter d’un point A à un point B. Enfin, vers 1842, le verbe « flotter » renverrait au
verbe « nager ».

2. Histoire et définitions

En 1415, le flotteur était un ouvrier qui


assemblait les trains de bois pour le flottage
(déplacement par voie fluviale du bois).
Avant tout, le flotteur est une pièce de bois ou de liège,
élément métallique creux, boule de verre, qui permet de
maintenir en surface un corps submersible. Par flotteur
est également compris tout corps léger de forme
variable capable de flotter à la surface de l’eau, en 1832.
Un flotteur est aussi un corps, un dispositif ou une pièce
spécialement conçus pour flotter à la surface d’un
liquide à des fins de mesure ou de régulation.
Ceinture de flottaison morcellée,
cette photographie nous montre les
Enfin, la ceinture de flottaison est une ceinture faite de restes d’une ceinture de flottaison
matière légère permettant à la personne qui la porte de laissé à l’abandon au bord de
se maintenir à la surface de l’eau. l’ancienne piscine de l’EPSM,
Ambroise JEANVOINE, 16/10/2017

3. De la natation à la ceinture de flottaison

Le flotteur peut être utilisé comme un élément autonome mais il peut aussi faire partie
d’un ensemble plus large qu’est la ceinture de flottaison.

Légende
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Le début de l’histoire de la ceinture commence
avec l’apprentissage de la natation. La natation existe
depuis l’Antiquité. Les premières traces de cette pratique
remontent à 4500 avant Jésus Christ en Egypte, Assyrie
ou encore en Grèce. Sous l’empire romain, un homme qui
ne savait pas nager, était considéré comme peu instruit.
C’est en 1603 que la natation est inscrite au programme
scolaire, se développe et prend réellement son essor au
XIXe siècle avec l’apparition des premières compétitions
internationales (premier championnat du monde en 1858
et en 1898 pour les premiers championnats nationaux
français).
Tout d’abord, activité en eau vive : la rivière était le
lieu de prédilection pour la natation. C’est avec la
démocratisation des programmes de piscine que cette
structure s’installe durablement dans le paysage urbain.
Si l’on se concentre un peu plus sur les
L’apprentissage de la natation, Petit
équipements, à l’origine, l’élève ne disposait d’aucune Larousse illustré
aide pour se maintenir à la surface. Puis une simple
perche permettait à l’apprenti nageur de garder la tête hors
de l’eau tout en étant guidé par le professeur. La première
trace publique d’un équipement vient avec la création du
gilet de sauvetage en 1854 par le capitaine anglais J. Ross
Ward. Son gilet de sauvetage se composait, alors, d’un
morceau de liège cousu dans une ceinture de toile. Il était
attaché au niveau de la ceinture. Cet équipement était à
usage militaire avant tout. Avec l’avancée technologique,
les aides à la nage se développent. La bouée, ceinture de
flottaison et autre brassards facilitent l’activité sportive mais
aussi récréative au XIXe siècle.

4. De l’utilisation à l’abandon…
La natation n’est pas vécue de la même manière
par tout le monde. Pour certains, c’est un plaisir qu’ils
aiment pratiquer régulièrement en club. Pour d’autres, la
natation reste le cours d’EPS du primaire au lycée que l’on
souhaite à tout prix ne jamais avoir. Ce cours est
synonyme de contraintes et de moments plutôt
désagréables. Rendez-vous à 8h dans le hall de la piscine,
Natation à l’EPSM, les patients
en plein hiver. Il pleut. C’est parti pour deux heures de
profitent du lieu sous la surveillance du
natation. Echauffement : dix aller-retour dans le grand corps médical, Fascicule Composite
bassin, puis « ateliers plongeons, crawl, relais… » En rang édité par l’EPSM.
d’oignon et au pas de course, les ateliers se succèdent et
s’enchainent dans une eau à peine chauffée. « T’as
position ! Respire tous les battements de bras ! » Ce sont
les mots qui résonnent encore dans ma tête. Les ceintures

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de flottaison qui serrent trop au niveau du ventre, nous déséquilibrant et nous maintenant en
même temps à la surface. Le plastique désagréable au contact de la peau. Ces expériences
restent gravées dans la mémoire et participent activement au fait que je ne sois pas
réellement attiré par la piscine de façon générale. J’apprécie quand même la piscine, dans un
cadre de détente, mais ponctuellement.

Le bassin vidé fait face à de nombreuses fenêtres,


ce qui ouvre la piscine sur le parc de l’EPSM. Le local
technique se situe sur la gauche du bassin, derrière les
carreaux transparents. Un premier sas donne accès à la
piscine. Vestiaires et douches sont répartis le long du
couloir ouvert sur le bassin. Au bout de ce couloir se
trouve le pédiluve ainsi qu’un mini bassin de forme
rectangulaire. Des marches (au nombre de 5) permettent
la descente dans la piscine. Des flotteurs et une perche
symbolisent les traces de son activité passée.

Cette attraction/répulsion s’est matérialisée sous Depuis le fond du grand bassin, la


perche semble posée à côté de l’échelle
la forme de ce morceau de ceinture de flottaison, laissé là, attend impassiblement. Crédit
abandonné dans la piscine inutilisée de l’EPSM. Une Ambroise JEANVOINE, 16/10/2017
fascination est née. Comme si ces flotteurs de ceinture
étaient dans l’attente d’une nouvelle utilisation. Je les ai
observés, photographiés, tournés autour, regardés depuis
le fond de la piscine. Cette approche lente signifiait-elle
que je n’avais pas le droit d’y toucher, comme si le fait
même de toucher ces flotteurs allait altérer leur mémoire.
Je les ai manipulés avec précaution, le contact avec ma
peau de ce flotteur est très dérangeant car il est presque
« doux ». Je le repose délicatement avec la même
disposition.

Aujourd’hui, piscine et natation sont de plus en plus utilisées dans le cadre de thérapie.
Une eau chauffée à 35°C permet aux patients de s’y sentir à l’aise. Ces conditions permettent
également de prendre possession de son corps par rapport à la flottaison et d’avoir une
perception sensitive différente et améliorée de son corps. L’eau apporte une certaine liberté
de mouvement un caractère ludique et permet d’oublier les équipements de natation tels que
la ceinture de flottaison. Son contact si particulier avec la peau, est synonyme de contraintes
et de pénibilité. Cette sensation « rêche » du flotteur au contact de la peau mais aussi le
plastique de la ceinture laisse à cet objet une mémoire négative alors que son but premier est
de nous aider. Peut-être que les flotteurs ont été posés là suite à une séance de natation au
cours de laquelle le patient les auraient enlevés. Enlevés, puis abandonnés, comme pour
signifier réellement que le rapport peau / ceinture de flottaison n’est pas un rapport intime,
mais plutôt un rapport de répulsion, car la ceinture est un objet qui nous ceint, qui nous
contraint, en nous attachant. Il nous emprisonne et laisse un souvenir désagréable. Le contact
de l’eau chaude avec la peau, cette eau qui enveloppe le corps, le caresse, comme une
seconde peau. Il nous permet de faire abstraction de la ceinture par son contact apaisant.
C’est également une ouverture au monde, car « on nage avec les autres », on doit aussi faire

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attention à l’espace de l’autre. Ici est le paradoxe d’un équipement de natation qui entretient
avec nous cette relation si particulière.

Bien souvent les piscines sont des espaces clos, qui n’interagissent pas avec
l’extérieur. Elles ne possèdent que très peu de fenêtres et lorsqu’elles en ont, ces fenêtres
donnent sur une terrasse ou une piscine bordée d’un carré d’herbe, sorte d’extension de la
piscine offrant un espace « paysager ». Un espace dans lequel sont plantés quelques arbres
pour l’ombre et des arbustes pour masquer les regards indiscrets des passants. Dans le cadre
de l’EPSM, la piscine offre de larges fenêtres ouvrant sur le parc. Depuis la piscine, le parc
nous est accessible, les arbres proches balancent leurs branches et feuilles juste sous les
fenêtres.
Une ouverture vers l’extérieur qui permet de compenser le fait que la piscine soit située un
demi-niveau en dessous du rez-de-chaussée. Les fenêtres et la présence du parc
contrebalancent et nous font oublier les murs aveugles le long desquels, douches et vestiaires
prennent place. Cet espace, qui pourrait être anxiogène par sa situation en sous-sol, est
partiellement oublié grâce à la nature et la végétation « toquant » aux fenêtres.

Vue panoramique de la piscine. Crédit


Ambroise JEANVOINE, 16/10/2017.

5. Synonymes

Bouée Flotte

La bouée, tout comme la ceinture de flottaison, est un équipement utilisé lorsque l’on est à la
piscine. Moins utilisée en natation, elle est synonyme de détente au soleil au grès des
mouvements d’eau de la piscine.

La flotte est une corde garnie de morceau de liège, ou d’autres corps légers que l’on adapte sur
certains filets pour les maintenir flottants. Elle peut être par extension la ligne d’eau, de
flottaison dans les bassins de piscine.

6. Proverbe

« C’est en forgeant que l’on devient forgeron, mais ce n’est pas en se noyant que l’on apprend
à nager. »

Rien ne sert de pratiquer la natation en faisant le grand saut, il est préférable d’éviter les échecs
(noyade) afin de prendre confiance et d’apprécier la natation et la piscine.

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CHAMBRE

1. Étymologie

Nom féminin; du latin camera ou camara, toit vouté; du grec kamara, voûte; picard.
cambe, cambre; provenç. cambra; espagn. camara; ital. camera; allem. Kammer.

2. Définitions

La chambre est un espace qui est limité par les murs, le sol et le plafond. Elle fait partie
d’un appartement ou d’un autre bâtiment résidentiel. On peut entrer dans la chambre par la
porte. La chambre est éclairée par la lumière du jour et ventilée par la fenêtre. Il s’agit souvent
d’un espace personnel.

Cela peut aussi être aussi une pièce d’habitation indépendante dans un immeuble ou
une pièce où séjourne un malade dans un hôpital.

3. Évolution des usages du mot

Pendant le 11e et 12e siècle, le mot „chambre“ ou ,,cambre“ signifiait une province ou
une ville directement soumise au souverain. Pendant le 13e et 14e siècle, il y avait le
mot ,,chambre“ utilisé surtout pour une description des types particulières de pièce (chambres
des dames, chambre coye ou courtoise). Depuis le 15e siècle, le mot ,,chambre“ a commencé à
être utilisé non seulement dans les sens précédants mais aussi dans le sens plutôt
philosophique (la chambre de ma pensée) et en rapport avec l’administration (la chambre des
comptes).

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4. Régime de mémoire

L'unité de base compositionnelle et


organisationnelle de l'hôpital est un lit. Dans le passé
(comme vue sur les images ci-contre), il y avait des
grandes chambres communes, alors qu’aujourd'hui
des chambres individuelles, doubles ou triples sont un
standard habituel. À l’ESPM, nous avons vu des
Dortoir lits en bois, une carte postale
chambres individuelles, donc pour ce cas particulier de Lommelet, 1900
l'unité de base organisationnelle devient une pièce.
Les chambres de l'EPSM disposent d'une salle
de bains privée, d'une porte d'entrée et d'une fenêtre
avec vue sur le parc. Certaines chambres avaient une
fenêtre protégée par une grille. La place du lit se
devine, celui ci parfois fixé au sol.
La chambre est l’espace personnel de chaque
patient, de laquelle il ne peut pas partir. Cependant, de
la fenêtre il voit où il pourrait aller, les environs de
l'hôpital, un certain endroit. Mais il ne peut pas y entrer Dortoir lits en fer, une carte postale de
et se déplacer librement dehors. Lommelet, 1918
La manière dont la personne se sent dans la
pièce peut être affectée par de nombreux aspects. L'un
d'eux étant la fenêtre.

«...nous voyons comment un simple carré de


ciel peut, dans un espace aussi circonscrit, appeler le
cosmos tout entier dans la maison...»
Une des chambres de l’EPSM non
Les positions des fenêtres et leur propriétés ont reconstruites (partie ancienne), photo
des effets différents: prise par Léa Colombain lors de notre
première visite à l’EPSM, le 9 octobre
Une chambre sans fenêtre montre l’isolation: le 2017
lieu est determiné par seulement quatre murs, le sol et
le plafond. On pourrait être partout, tout en n’ayant
aucun contact avec le monde extérieur.
Une chambre avec une fenêtre apporte une vue
et montre la pertinence au lieu: par la fenêtre on peut
voir dans quel environnement on se trouve, ce qui est
autour de nous, ce qui crée une relation avec le lieu.
Une chambre avec une fenêtre pourvue d’une
grille montre la sécurité: on sent la sécurité apparente,
personne n’a accès à nous, mais on ne peut sortir non
plus, cela renforce un sentiment d'oppression.
Une chambre avec une fenêtre de toit montre
l’intimité: on est en contact avec l'environnement
extérieur par la fenêtre, mais on ne peut voir que le ciel.
Personne ne peut nous voir, mais on ne sait pas non
plus où on se trouve: on pourrait être partout.

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La grille peut créer un sentiment de sécurité et
en même temps non-liberté. Un sentiment d'incertitude
peut être trouvé dans une pièce sans fenêtre comme
dans une pièce avec une fenêtre de toit.
À l'EPSM, il y a principalement deux types de
chambres: celles avec une fenêtre simple et celles
avec une fenêtre grillagée. Chacune d'entre elles a été
conçue pour un type particulier de patient.

Isolation

Pertinence au lieu

Sécurité

Intimité

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5 .Citations

« J'ai découvert que tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne
savoir pas demeurer au repos dans une chambre. »

Blaise Pascal

« Plus je vieillis, plus je vis comme un môme qui joue au western dans sa chambre. »

Daniel Auteuil

« Elle dénouait le beau torrent de ses cheveux, au soir, dans sa chambre solitaire. »

Maurice Barrès

6. Synonymes

Pièce, cellule, cabine.

7. Expressions

Chambre à air, chambre froide, femme de chambre, musique de chambre, pot de


chambre, robe de chambre, Chambre des représentants, en chambre, chambre forte, faire
chambre à part.

8. Corrélats

- Intimité

- Sécurité

- Pertinence au lieu

- Isolation

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INTERFACE - GRILLE
1. Étymologie

Si l’on s’intéresse à l’étymologie du mot « interface », celle-ci se décompose en deux


parties : d’une part le préfixe « inter - » et de l’autre, le mot « face ». Le préfixe « inter - »,
d’origine latine, signifie entre, parmi. C’est un préfixe qui indique la notion de réciprocité. Il est à
la fois relatif à l’intervalle spatial ou temporel entre deux corps, relatif aux relations mutuelles ou
de réciprocité et relatif à une idée de séparation ou d’obstacle. Le mot « face », quant à lui,
également d’origine latine, signifie la figure, l’aspect.

2. Histoire et définitions

Le mot, apparu en 1882, est emprunté à l’anglais « interface ». Cette notion s’applique à
plusieurs domaines. Elle est présente à la fois en informatique et en électronique mais aussi en
chimie et en géographie. Nom féminin, elle désigne un plan ou une surface de discontinuité
formant une frontière commune à deux domaines aux propriétés différentes et unis par des
rapports d’échanges et d’interactions réciproques.
Dans le milieu de l’architecture, le terme d’interface est également présent. Il correspond
à ce qu’on appelle des « espaces intermédiaires », c’est-à-dire l’espace entre le privé et le
public, l’individuel et le collectif, le dedans et le dehors ou encore l’intérieur et l’extérieur. Le
préau de la Cour d’Honneur illustre cette idée d’« espace intermédiaire » ; il constitue un
espace de transition entre la cour et l’intérieur du bâtiment sur lequel il s’appuie.

3. Évolution des usages du mot

Il existe plusieurs types d’interfaces : physiques, visuelles, graphiques … Dans ce travail,


l’interface est matérialisée par la grille. Tout comme un jeu vidéo est une interface graphique en
trois dimensions, la grille est, elle aussi, une interface. Sur le site de Lommelet, elle mesure
1,70 mètres de haut et est composée d’éléments verticaux et horizontaux, ainsi que d’éléments
porteurs et d’autres non. Les barreaux verticaux porteurs, sont carrés et mesurent 5
centimètres de côté. Entre deux de ces barreaux, on en compte 18, non porteurs et circulaires,
de 2,5 centimètres de diamètre et espacés de 10,5 centimètres les uns des autres. Ces
barreaux sont fixés sur deux barreaux horizontaux et rectangulaires d’une épaisseur de 5
centimètres. A certains endroits, elle est fixée à un mur de soubassement en brique d’origine et
recouvert d’un enduit gris. Il est haut de 60 centimètres, est large de 45 centimètres.

Depuis sa création, la grille présente différents usages, et en fonction de ces usages, la


matérialisation de la grille diffère. Le traitement du fer peut en être modifié, en étant travaillé afin
de devenir ornement monumental par exemple (Grille du Jardin de Versailles). Allant jusqu’à
être travaillée avec de l’or, la grille devient alors prestigieuse. Par ailleurs le nombre de
barreaux et les intervalles qui les séparent peuvent changer. Le rythme peut être du plus
resserré (Cellules de la Prison d’Alcatraz) — accentuant ainsi l’opacité de la grille et produisant
un effet d’enfermement —, au plus espacé — donnant ainsi l’impression d’un espace plus aéré.
Les barreaux intermédiaires peuvent même dans certains cas être amenés à disparaître au
profit de plaques de verre (Jardin du Quai Branly). La grille se rapproche alors de l’ouverture,
allant jusqu’à créer une respiration.

17
Cellules de la Prison d’Alcatraz Grille du Jardin de Versailles
Jardin du Quai Branly
La grille pour enfermer La grille pour protéger La
grille comme support de
Et comme marqueur d’une identité projection
(Photographies issue du site internet Pinterest)

4. Interface paradoxale

Sur le site, de l’EPSM, ce qui est frappant avant toute


chose, c’est la grille. Par le passé, il n’existait qu’un mur, et ce
mur faisait l’identité du site. Depuis 2010, une grille a été
installée et seuls des fragments résiduels du mur d’enceinte
subsistent entre l’ancienne entrée historique rue du Général
Leclerc et la nouvelle entrée des visiteurs rue de Lommelet.
Sur ce périmètre, des morceaux du mur sont encore visibles
et ils ont conservé leur matière, leurs dimensions d’autrefois.
Mais on peut aussi voir que ce reste, est utilisé comme
soubassement, comme support de la nouvelle grille. Les deux
limites, l’ancienne et la nouvelle, se juxtaposent et se La grille et le début du soubassement
confondent à cet endroit. Un premier paradoxe s’installe alors : vus depuis la rue de Lommelet,
photographie personnelle, novembre
l’ancienne limite devient le support de la nouvelle et qui plus 2017.
est, cette première est conservée par endroits et non pas à
d’autres. Deux questions se soulèvent alors : pourquoi vouloir
enlever ce mur si c’est pour en garder des fragments ?
L’impact de ce changement serait-il le même si tout le mur
avait disparu ?
Par ailleurs, la grille est perméable, poreuse mais la
limite, constituée de la grille et du mur est imperméable, car
a.
elle est physique. Cette interface, permet de laisser passer le
regard, d’un côté comme de l’autre de l’EPSM.
Paradoxalement, mes doigts peuvent passer à travers la grille,
mais mon corps lui, ne peut pas traverser l’interface
entièrement. Il faut détourner la limite pour la traverser et il
n’est pas possible d’y rentrer à tout moment de la journée. La
grille agit comme un filtre, elle laisse passer certaines choses b.
et en retient d’autres.
L’idée de supprimer le mur provient de la volonté de
Schémas de l’accroche entre le mur de
s’ouvrir à la ville et d’une intention de dévoilement. Ce qui soubassement en brique et la grille
coïncide en parallèle avec l’évolution du regard porté sur la métallique : a. vue de face, b. vue de
profil.

18
santé mentale. Il est choisi d’ouvrir l’hôpital vers l’extérieur,
permettant au « fou », une fois dévoilé, d’être vu comme un
patient et surtout comme un usager. La grille, même en
enfermant l’hôpital, par mesure préventive, offre une
nouvelle perspective sur le statut du patient. Mais les
habitants ne réagissent pas favorablement face à ce
changement. Certains voient d’un mauvais œil cette grille
qui affiche l’établissement aux yeux de tous. Ce qui
auparavant était caché est désormais montré au grand jour.
La grille de l’intérieur du site de
Les habitants craignent entre autres que cela leur fasse de l’Etablissement Public de Santé Mentale
la « mauvaise publicité », et ce notamment à leurs biens observée depuis la rue de Lommelet,
photographie personnelle, novembre
personnels en cas de vente. Cependant, malgré cette 2017.
intention de dévoilement, paradoxalement, on ne voit pas
plus l’établissement. D’autant plus que parfois,
temporairement, des expositions prennent la grille comme
support d’affichage. Ces panneaux d’expositions, tournés
vers la ville, occultent la vue d’un côté de la grille comme de
l’autre. A noter tout de même que si les passants, côté rue,
peuvent admirer les photographies exposées, les usagers,
depuis l’intérieur du site, ne voient que de grands panneaux
blancs. Et pourtant, comme évoqué précédemment, le
regard est une des seules choses à pouvoir traverser cette
interface. Mais cette visibilité est également mise à mal par
L’exposition « Auprès de mon arbre »
la mise en place d’espaces plantés, de voies de circulation affichée sur des panneaux blancs fixés à
piétonnes, de voies de circulation automobiles ou encore la grille de l’EPSM, photographie de
Céline BARRERE, novembre 2017.
d’espaces de stationnement, qui constituent une succession
d’éléments et qui contribuent à mettre à distance
physiquement et visuellement l’EPSM.

Coupe schématique de l’interface entre l’EPSM et les maisons de la rue de Lommelet

La coupe représentée ci-dessus retranscrit l’organisation de cet espace structuré qui


permet de créer un espace intermédiaire, un entre-deux. Ce « vide construit » met à distance
l’hôpital et les maisons des habitants de Saint-André-Lez-Lille. Pour finir, un nouveau paradoxe
se met en place : en mettant à distance, cet entre-deux devient aussi un lien entre
l’établissement de santé et le reste de la ville. Il a un double rôle : à la fois celui de passage, de
transition et celui de césure avec le tissu urbain. Cette interface marque une jonction entre deux
systèmes différents qui existent chacun de leur côté mais qui cohabitent néanmoins. La grille
conserve son rôle premier : celui de délimiter ; et ce, malgré l’appréhension des riverains
concernant son éventuelle inefficacité. Suite à la substitution du mur par la grille, il est possible

19
de considérer ce changement comme un premier pas vers la réconciliation entre les habitants
et les usagers de l’établissement.

5. Citations

« Nous vivons aujourd'hui dans le chaos des lignes droites, dans la jungle des lignes droites.
Que celui qui ne veut pas le croire se donne la peine de compter les lignes droites qui
l'entourent et il comprendra car il n'arrivera jamais au bout. (…) Cette jungle de lignes droites,
qui nous enferment comme dans une prison, nous devons la supprimer. »
Manifeste de la moisissure contre le rationalisme en architecture, Friedensreich
HUNDERTWASSER, 1958

Finalement, entre le mur ou la grille, entre la limite ou le filtre, que reste-t-il ? En


simplifiant, il reste des lignes, des successions de lignes horizontales et verticales. Si l’on suit
l’idée de F. Hundertwasser, l’interface n’est peut-être qu’une addition de lignes, qui enferment
les patients d’un côté et les séparent des habitants de l’autre. Sera-t-il possible, un jour, de
supprimer totalement cette limite ?

6. Synonymes

L’interface, suite à la double dimension énoncée dans sa définition, possède des


synonymes qu’il est possible de regrouper selon deux catégories :
Jonction, liaison, connexion, rencontre, croisement
Limite, périmètre, démarcation

7. Corrélats

- Entre-deux

- Filtre

- Mur

- Contact

- Membrane

- Passage

20
MEGOT
1. Étymologie

Se pencher sur les origines du mot mégot nous pousse à nous arrêter dans un premier
temps à la toute fin du XIXe siècle. La forme meg, variation de l'expression « mec » au sens de
« bonhomme » est , durant l'année 1876, associée au suffixe -ot. Mégot devient alors ici
synonyme de « petit mec ».

2. Histoire et définitions

Si nous remontons par la suite une petite dizaine d'années auparavant, nous pouvons
aussi affilier ce mot aux dérivés du terme Mégauder, autrement dit, « sucer le lait d'une femme
enceinte (en parlant du nourrisson) ». Le principe se situe ici dans la comparaison du fumeur,
s'évertuant à tirer quelques dernières bouffées, à celui du nourrisson tentant d'obtenir ses
dernières gouttes de lait. Dans ce cas-là, le mot tire sa source du mot Mégaud, « jus qui sort du
moule à fromage », lui même dérivé du terme Mesque, « petit lait ».

3. Évolution des usages du mot

L'évolution ne se joue pas tant ici sur les usages du mot mais plutôt sur sa réception, ou
du moins sur sa perception au sein de nos sociétés occidentales. Depuis les années 1950 à
1970, le phénomène et l'objet cigarette sont passés d'une image valorisée, symbole de
l'affirmation de soi, à un phénomène aujourd'hui particulièrement controversé. La cigarette nous
renvoie à une mode, à un geste bien particulier ainsi qu'à un moyen de s'intégrer. Elle n'occupe
non pas uniquement la sphère privée mais aussi tout l'espace public. Progressivement, la
chose s'est vue condamnée, reléguée à un véritable problème de santé publique. Fumer est
décrié, des amendes tombent pour les jets de mégots dans l'espace public. Il n'est plus alors
autorisé à fumer qu'en extérieur. Cela a un impact immédiat sur l'architecture et la sphère
publique, certains espaces se voyant greffés à nos gares, aéroports, bars : les coins-fumeurs.
Certains les appelleront fumoirs. Aujourd'hui, nous en sommes même arrivés à l'heure des
cigarettes électroniques, faisant disparaître toute présence de traces. Pourtant, bien que
parfois moins tangible, ce phénomène et la manière dont notre société l'appréhende, le réprime
après l'avoir vanté, ainsi que la manière dont il modifie notre façon d'investir un lieu ou même
de le concevoir, disent bien des choses d'une société à moment donné.

21
4. Régime de mémoire

Le déchet comme trace manipulable : rapport à la trame, mémoire de fumeurs.


Photographies prises, retouchées et montées par Clara Baquedano lors de la première visite à l'EPSM .

Ça commence comme ça. Deux mégots se trouvent au sol, écrasés, salis par le
passage, puis les travaux. A vrai dire, cela commence un peu plus tôt, avec un tout premier
mégot, isolé. Il est disposé là, sans aucun souci pour l'interdit. Il attire l'attention, surtout au
regard de tous les autres, si nombreux, qui ponctuent l'ancien bâtiment. Il est certain que la
plupart d’entre eux sont à associer aux ouvriers qui travaillent à la rénovation du bâtiment.
Seulement, le mégot est une trace, une marque spatiale parmi tant d'autres. Observer
simplement ce mégot par terre, puis tomber sur dix d'entre eux, puis trente, tout en ayant
conscience de l'interdiction émise de fumer en intérieur ou de se débarrasser de cette façon
d'un mégot, enclenche quelque chose. On se projette alors quelques temps en arrière, et on
imagine. On se souvient, sans pour autant l'avoir vu, des personnes qui ont habité ces couloirs,
et qui, impatientes, craquaient une énième cigarette, tiraient quelques bouffées, jetaient
distraitement leur mégot. Peut-être les laissaient-elles par terre, elles aussi. C'est à partir de
ces traces manipulables, qui sont par ailleurs des déchets, qu'une porte s'ouvre sur la notion
de mémoire. Celle de ces fumeurs qui sous-tendra par la suite l'approche de la mémoire du
lieu que ces derniers ont pu investir. Il y a de fortes raisons pour que cette réflexion qui
s’enclenche en moi, cette projection imaginée, fasse écho aux récits de mes parents, tout deux
éducateurs spécialisés, puis formateurs. Quoi qu'il en soit, il est indéniable que la question de
la cigarette a une place toute particulière aujourd'hui, notamment dans les secteurs du soin.
Toutes ces marques que les fumeurs ont laissées derrière eux, ces traces relevées lors des
visites à l'EPSM, incitent à réévaluer à partir d'aujourd'hui quel impact a eu cette question de la
cigarette dans l'espace et à comprendre les phénomènes sociaux qui en ont découlé. Une
intervention de l'homme qui nous guide dans les couloirs termine de stimuler cette pensée. Il
nous explique que la cigarette est un véritable enjeu, un problème à prendre en compte.
Lorsque les chambres des patients se situaient en étage dans l'ancien bâtiment, il a donc fallu
trouver des solutions. Il prend alors le temps de mentionner les fumoirs rajoutés sur la façade,
puis le fait que le nouveau corps de bâtiment a été pensé exclusivement en rez-de-chaussée.
Ainsi, un phénomène comme le fait de fumer se pense et se pousse jusque que dans la forme
et la conception de l'espace.

22
Revenons un court temps à la disposition de ces deux mégots, qui n'aura pas manqué
de m'interroger a posteriori. Notons leur agencement sur la trame bien régulière, orthonormée
du carrelage. Deux présences maladroites sur une trame stricte et prégnante. Cette image a
priori banale s'impose à moi, comme s'imposeront juste en suivant, les superpositions de
bardages en bois des fumoirs de l'ancien bâtiment.
Une architecture de trames, la ligne dans tous ses états.
Photographies prises, retouchées et montées par Clara Baquedano lors de la première visite à l'EPSM .

Se pencher sur le mégot ainsi que sur les notions qu'il véhicule amène à nous
intéresser à une échelle plus reculée. Une échelle plus palpable, nous parlerons entre nous, de
spatialité. Considérons qu'avoir la démarche de prendre en compte le besoin de fumer des
patients et des soignants prend une ou des forme(s) spécifique(s) dans l'espace. Prendre la
peine de se concentrer sur ces espaces conçus pour l'usage propre des fumeurs permet de les
faire parler. Ces anciens fumoirs et la façade sur laquelle ils s'accrochent, façade à
l'accumulation de trames fragrante - comme nous pouvons le constater sur les illustrations ci-
dessus - sont des espaces passés, désinvestis. Pourtant, ils disent beaucoup sur le débat en
place aujourd'hui, sur la façon dont notre société se situe face à lui à un moment bien précis.
Ce débat est initié par ce rapport nécessairement paradoxal qu'entretiennent les lieux de soin,
notamment psychiatriques, avec la cigarette. Aujourd'hui décrié, certains s'avancent pourtant à
dire que le fumoir, autrement nommé coin-fumeur, peut être un espace non négligeable dans un
tel service. La suppression de ces lieux peut entraîner des situations inquiétantes, et incite les
patients à se trouver eux-mêmes d'autres lieux interstitiels.
Il est instructif d'analyser ces « boîtes » greffées à la façade de l'ancien bâtiment.
Sûrement par mesure de sécurité, les fumoirs, claustras de bois brut, cloisonnent strictement et
durement l'intérieur de l'extérieur. En dedans, le rapport au paysage est très faible, et celui à
l'horizon quasiment nul. Les bardages de bois s’accumulent effectivement en trois orientations
différentes, privant tout fumeur d'une vue libre du parc pourtant étendu dont bénéficie l'EPSM.
Au long des années, avec l'affirmation de la cigarette comme problème de santé public, les
fumoirs sont tour à tour réprimés, valorisés, débattus, parfois supprimés. Ces fumoirs de
l'EPSM, très enfermants et nécessairement sombres au vu de l'accumulation de bardages de
bois sombre, parlent d'un rapport complexe à cette situation. Rajoutées sur la façade de
l'ancien bâtiment, ces greffes et leur esthétique évoquent malgré elles ce rapport paradoxal et
tendu. Les trames s'accumulent, y compris sur l'ensemble de la façade, et pourraient
rapidement évoquer un contrôle nécessaire porté sur l'ensemble de l'espace de soin. Ces lieux,
portions d'espace aujourd'hui désinvesties, permettent ainsi de tirer le fil de comportements
humains et/ou d'une position d'une société face à une réalité à un moment donné. Prendre le

23
temps d’observer ces anciens fumoirs, au regard des plus récents, inclus dans le nouveau
corps de bâtiment, serait des plus enrichissants. L'architecture et le paysage, leur forme dans
l'espace, sont d'excellents témoins. L'espace, si nous nous en donnons la peine, permet de
faire l'état d'une mémoire. Et un mégot, aussi modeste soit-il, peut nous entraîner, à saisir une
histoire, des réalités.
5 .Citations

« Je suis aujourd'hui perplexe, comme qui a réfléchi, trouvé, puis oublié.


Je suis aujourd'hui partagé entre la loyauté que je dois
au Bureau de Tabac […]
J'allume une cigarette […]
et je savoure dans la cigarette une libération de toutes les pensées.
Je suis la fumée comme un itinéraire autonome, et je goûte, en un moment sensible et
compétent,
la libération en moi de tout le spéculatif […]
et je continue à fumer.
Tant que le destin me l'accordera je continuerai à fumer. »

Fernando Pessoa, Bureau de Tabac

6. Synonymes
Bout de cigarette - Cibiche - Clope - Sèche
7. Expressions

« Mégot(t)ier »
« Tas de fainéants ! Tas de mégoteux ! »

Un mégottier a plusieurs significations selon la façon dont nous l'employons. Ainsi, de


ramasseur, vendeur de mégots, il peut aussi aller jusqu'à signifier clochard, mendiant. Enfin,
bien plus dégradant, mégottier peut également servir à désigner un individu qui lésine ou qui
fait preuve de mesquinerie. La seconde expression , elle, parle d'elle-même. Il est intéressant
de noter ici que du mot mégot, n'émerge que des expressions à portée péjorative.

8. Corrélats

Ces corrélats sont propres à l'espace physique et architecturé vers lequel le mot Mégot nous a
guidé, le coin-fumeur ou fumoir .

- Contenant
Le fumoir, est un espace bien spécifique où, dans le contexte d'un établissement de soin, nous
pouvons voir survenir des comportements remarquables. Prendre le temps de les observer,
peut permettre d'affirmer qu'il est le contenant des pulsions, affects et parfois même des
fantasmes de certains patients.

24
- Emergence

- Espace interstitiel

- Limite
Au coin-fumeur, se joue une superposition de limites. Une limite spatiale en premier lieu, entre
intérieur et extérieur. Mais aussi, une qui s'inscrit plus spécifiquement dans le cadre d'un lieu de
soin, celle du jeu et non-jeu médical. Le fumoir est un lieu de frontière, qui exprime la fragilité de
ces limites.

- Marge
Un peu comme évoqué tout juste précédemment, le fumoir est un lieu qui se place en marge.
En marge géographique tout d'abord, comme pourrait l'illustrer l'allure de greffes des claustras
en bois sur la façade de l'ancien bâtiment. Il se situe également, en marge du soin.

- Paradoxe
Discuter avec des professionnels, lire quelques articles scientifiques actuels, nous apprend
assez rapidement que la place de la cigarette fait débat dans ces milieux de soin. Le coin-
fumeur, pourtant parfois soulevé comme bénéfique, participant au soin et définit comme zone
interstitielle de mise en scène de la groupalité interne des patients, est jugé par ailleurs
d'espace à abolir. Les patients du fumoir, seraient, dans cette approche, un problème
supplémentaire à prendre en compte, transgressant la triade « propreté, ordre et beauté » que
Freud définissait comme étant celle de la civilisation en 1929.

- Soi de Groupe
Certaines observations menées sur le coin-fumeur, ont permis d'estimer qu'il pouvait parfois y
émerger un « Soi de groupe ». La vie groupale pouvant apparaître dans cet espace bien
spécifique, pourrait s'avérer thérapeutique. René Kaës, psychologue et psychanalyste français,
définit d'ailleurs ce « Soi de groupe » comme « un contenant à l'intérieur duquel une circulation
identificatoire entre les membres du groupe [ permettait ] que des alliances inconscientes se
produisent au service d'une illusion groupale qui colmate les failles narcissiques d'origine
traumatique ».

25
MICRO ESPACE
1. Étymologie

Micro- est un élément tiré du grec , il signifie «petit, court». Entrant dans la
construction de termes savants, Micro- caractérise comme petite, courte, une partie
d'un tout (d'un sujet, d'un objet) spécifiée par le 2 e élément (généralement un élément
formant savant tiré du grec)]. 1

L’espace est quant à lui, une propriété particulière d'un objet qui fait que celui-ci occupe
une certaine étendue, un certain volume au sein d'une étendue, d'un volume
nécessairement plus grand que lui et qui peut être mesurés.2

En résumé, le micro-espace est celui des petits objets, on peut en avoir une vue
complète soit immédiate, soit par déplacement de l'objet : les relations spatiales sont
soumises à un contrôle empirique, le sujet est à l'extérieur de l'espace, il peut déplacer
l'objet ou se déplacer.3
.

2. Définition

Un micro-espace de l’EPSM, le coffre à code :


- Coffre bleu et blanc.
- L*28, H*31, P*28.
- Verrouillage : code à quatre chiffres.
- Matériaux : tôle électro-zinguée.
Un coffre à code, c’est un coffre de métal blindé,
muni de dispositifs secrets de sûreté, dans lequel Coffres-forts pour hôpitaux et
centres hospitaliers.
on enferme des sommes d'argent et des objets de Source : Site internet, du
valeur pour les protéger contre le vol ou fournissseur Cimm.
l'incendie. 4 Les coffres sont utilisés depuis le
Moyen-Age, réalisés en bois et fermés par une
serrure en acier, utilisés par les seigneurs, ils
permettaient de ranger leurs richesses.
« Pour un patient, un passage à l’hôpital n’est jamais une partie de plaisir. De votre côté,
en tant qu’équipe médicale, vous faites tout pour simplifier la vie des malades et les
aider à gagner en tranquillité. Car vous savez à quel point le psychologique influe
directement sur la santé.
1
Source : CNRTL
2
Source : Larousse, 2017
3
Source : Houdement et Kuzniac 2000 p.110
4
Source : CNRTL

26 Légende
Alors pour agrémenter le séjour de vos patients dans votre hôpital, équipez vos
chambres de coffre-fort légers et discrets qui leur permettront de mettre en sécurité
tous leurs objets de valeurs. Un confort sans pareil, (…).
Un patient oublie son code ? Aucun problème. Vous avez en votre possession un
passe électromagnétique qui vous permet d’ouvrir n’importe lequel de vos coffres forts
d’hôpital en moins de dix secondes. Un atout qui vous donne le contrôle total de la
situation(…). »5

Ce coffre-fort est pensé pour les hôpitaux. Il est décrit comme un objet permettant de
faciliter et de tranquilliser les malades. Il donne la possibilité de garder, de cacher des
objets de valeur. Le fabricant de ces objets permet aux patients de conserver des objets
en sécurité et rassure l’institution, en lui assurant de toujours pouvoir prendre la main
dessus.

3. Régime de mémoire

Je me souviens de ma première visite à l’EPSM. C’est dans


le bâtiment L que je me suis arrêtée sur cet objet, sur cet
espace intérieur. Il se trouvait dans une pièce rectangulaire.
Au centre se trouvait une grande table, formée de tréteaux
de chantier et d’une planche, sur laquelle étaient posé des
nuanciers. Probablement, une table de réunions pour les
ouvriers travaillant dans ce bâtiment. Le sol était vêtu d’un
PVC rouge et les murs d’une peinture orange pâle. Mon
regard était attiré par le bleu de deux coffres forts. Ces
deux petites boîtes laissées là, accrochées au mur, sont
comme en suspension. Elles sont le seul mobilier
subsistant de l’occupation antérieure. Leurs implantations
donnent des indices. En effet, elles laissent la possibilité à
l’imaginaire de voir l’ancienne disposition des lits. Leurs
têtes étaient probablement colées contre ce même mur qui
soutient les casiers encore aujourd’hui. Ils sont les traces
du passé.

Les deux boîtes sortent du mur comme deux émergences,


perturbant les surfaces lisses du mur. Elles en sortent, c’est
un appendice qui forme une cavité. Ce sont des cachettes
visibles de tous. Les casiers à codes, témoignage
d’un usage ancien, photo prise par
Léa Colombain le 9 octobre 2017.
La taille de l’objet implique ce que l’on peut y déposer ou
non. L’étroitesse de l’habitacle oblige à sélectionner ce que
l’on y met. Cela me rappelle mon coffre d’enfant où j’y
rangeais mes jouets, « mon monde à moi », mes trésors.
Je me suis interrogée sur ce que pouvait avoir renfermé
ces boîtes. Est-ce que comme moi, quand j’étais petite cela
leur permettait de cacher, de mettre en sécurité les objets
qui leur étaient chers ?

5
Source : Site internet de Cimm : http://www.cimm93.fr/notre-gamme/coffres/coffre-fort-
hopital/

27
J’apparente ces objets, les coffres à codes, à leur chez eux,
ces petits espaces leurs sont réservés. Le chez soi renvoie
à l’espace de la constitution d’une identité et à la
conscience de soi. Ces petits espaces sont intimes,
coupant du dehors les objets déposés à l’intérieur. L’intime
évoque en effet, le retour vers soi ou vers un cercle de
proches.

Cela m’a amené à me demander si les micros-espaces au


sein de l’EPSM sont des espaces de liberté ? Le règlement
intérieur donne la possibilité d’obtenir un coffre à code
personnel mais recommande de remettre les objets de
valeur à son entourage et décline toute responsabilité en
cas de vol ou de perte. L’institution régit des règles et
organise le déroulé des journées des patients. Ces boîtes
accrochées là, renfermaient des objets de valeurs, Croquis de ces boîtes à codes,
appartenant aux occupants passés des lieux. Aujourd’hui l’extérieur visible renferme
elles sont encore fermées. J’imagine qu’elles sont vides l’intérieur. Croquis réalisé par Léa
Colombain, le 9 octobre 2017.
mais peut-être renferment-elles encore des souvenirs
passés. L’une d’entre semble avoir été forcée, elle est
déformée au niveau de l’ouverture. Est-ce que le code
avait été oublié ? Est-ce que la volonté de voir ce qu’il se
trouvait à l’intérieur était trop forte ?

Ces coffres à codes, permettaient aux patients d’enfermer,


de cacher leur intimité, une structure comme l’EPSM peut
facilement faire perdre son identité car en dehors de « sa
vraie vie ». Ces boîtes permettaient de garder une attache,
une mémoire à l’extérieur. Aujourd’hui, elles sont toujours
là, accrochées au même endroit. Elles témoignent de
l’occupation des lieux, elles sont les restes des chambres
anciennement occupées. Elles renferment le secret de ce
qu’elles ont pu contenir. Elles ont gardé les effets
personnels, les objets des différents occupants de ces
chambres. Aujourd’hui, elles n’ont plus d’usage, elles sont
en attente, sont-elles vouées à disparaître ? Si on les
enlève de ces murs, laisseront-elles une trace carrée, plus
claire ?

Des micros espaces, à l’EPSM il y en a d’autres, ils sont discrets dans leur taille mais
peuvent avoir une importance pour les utilisateurs. Ils sont parfois laissés là, dans
l’attente d’être réutilisés ou d’être affecté à de nouvelles fonctions.

28
5 .Citations

« Ainsi, le minuscule, porte étroite s’il en est, ouvre au monde. Le détail d’une
chose peut être le signe d’un monde nouveau, d’un monde qui comme tous les
monde contient les attributs de la grandeur. La miniature est un des gîtes de la
grandeur. »

La poétique de l’espace, Gaston Bachelard, 1957.

Gaston Bachelard dit que la petite chose peut avoir beaucoup d’importance. Un micro-
espace, un coffre à code peut avoir une

6. Synonymes

Espace réduit Espace d’appropriation


L’espace réduit, est un petit espace. Cet espace réduit se trouve dans un espace plus
vaste. Ce qui fait sa force et lui donne de l’importance c’est sa petite taille. Son usage
est contraint par cette micro échelle.
L’espace d’appropriation, c’est un espace qui nous appartient, qui nous est dédié. On
se l’approprie en l’utilisant comme on a envie.

7. Corrélats

- Intimité : le coffre à code pour déposer ses effets personnels.

- Intérieur : le coffre à code fermé à l’extérieur.

- A soi : le coffre à code qui permet de garder quelque chose qui nous appartient.

- Privé : le coffre à code renferme ce que je ne veux pas montrer au public.

- Cachette : le coffre à code permet de cacher et de rendre invisible les choses.

29
MUR D’ENCEINTE
1. Étymologie

Mur (substantif, masculin) du latin mūrus est apparu au Xème siècle. Il se décline en
divers sens et significations : « mur d’une ville » ; « rempart » ; « mur d’une maison » ;
« enceinte » ; « clôture » ; « paroi » ; « protection ».

2. Définitions

Le mur est un ouvrage de maçonnerie verticale, parfois oblique, d'épaisseur et de


hauteur variable, formé de pierres, de briques, de moellons superposés et liés par du mortier ou
du ciment. Il est élevé sur une certaine longueur pour constituer le côté d'un bâtiment, enclore
ou séparer des espaces, soutenir et supporter des charges.

Qu’il soit urbain ou rural, sa principale fonction est de délimiter et de structurer l’espace.
Il obstrue l’espace et devient un objet infranchissable, symbole d’enfermement. Il marque la
contrainte, mais peut aussi être utilisé à des fins de protection : les murs d’enceintes de Paris,
par exemple.

3. Évolution du « mur » dans le temps

Le mur a trois principales fonctions : délimiter, protéger et enfermer. Si les murs ont
évolué avec le temps et les cultures, ces trois notions sont restées inchangées et demeurent
encore aujourd’hui présentes dans nos villes et campagnes.

La fonction élémentaire du mur est de délimiter les espaces. Ainsi en s’élevant, il crée
deux lieux : un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur. Lorsque qu’une limite est créée, le mur
différencie et identifie des espaces, à savoir deux entités distinctes non communicantes. Il ne
permet plus les passages physiques et fonctionne comme une frontière, marquant la propriété
de quelqu’un ou d’une institution sur un territoire, en limitant ainsi les accès.

Le mur délimite des espaces, mais protège aussi. Les murs ont été édifiés pour mettre,
d’un côté, ce qui est « bon, précieux, vulnérable et, de l’autre, ce qui est inconnu, mauvais ou
dangereux".
Dans le cas du mur d’enceinte de l’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM), la question
de savoir qui devrait être protégé par qui se pose ? Les patients vis-à-vis de la ville ou vice-
versa ? La question de la protection du mur est essentielle dans l’histoire de l’EPSM.
La notion de protection, liée au mur d’enceinte, est apparue au IIIème siècle avant notre ère avec
l’apparition de la muraille de Chine. Ces murs ont été édifiés afin de protéger les populations
d’éventuelles menaces de l’extérieur. En Europe, la brique a été plébiscitée pour sa facilité de
fabrication et de mise en œuvre. Le mot « mur » est voisin des termes « muraille » ou
« rempart ». On peut citer les murailles d’Aurélien entourant Rome ou encore les remparts de

30
Paris : rempart Philippe Auguste (1200), l’enceinte de Charles V (1350), puis le mur des
Fermiers Généraux (1780), enfin l’enceinte de Thiers (1841).
Chacun de ces termes - mur, muraille, enceinte et rempart - possède le même sens et la
même fonction au cours de l’histoire : protéger.

Les murs enferment des personnes dans un espace limité. Ils enclosent une propriété,
un territoire. L’enfermement est issu de systèmes défensifs médiévaux déployés afin de
protéger les populations. Enfermer est donc délimiter, puis protéger.
Ce mur protecteur, souvent de grande hauteur, permet à ceux situés à l’intérieur d’être protégés,
mais ils payent le prix de cette sécurité au détriment d’une privation des libertés. A l’intérieur
des murs, des règles s’imposent, les comportements et les initiatives sont contrôlés.
Selon Evelyne Péré-Christin, « le mur d’enceinte est toujours d’une certaine manière un mur de
prison ».

4. Le mur dans tous ses états

Le mur d’enceinte, un repère fort de l’EPSM dans le paysage, s’observe à travers quatre
filtres correspondant à quatre états. Ces quatre filtres ont découpé le récit en séquences, allant
de la plus opaque à la plus diffuse, qui sont l’obstruction, le rehaussement, le support
d’expressions puis les traces et indices.

Obstruction

Obstruction du mur d’enceinte par des briques et parpaings - 22 novembre - FD

Marcher le long du mur de brique et se confronter à sa taille, sa force dans le paysage. Ses
trois mètres de hauteurs minimum en imposent. La grille laisse passer le regard et là rien. Je
suis avec moi-même à marcher sur le gazon parfois sous un couvert végétal protecteur. Une
ancienne porte devait se trouver là. Mais qu’est-ce qu’il y a derrière ? Aujourd’hui et avant ?
Parfois la même brique a été utilisée pour murer la porte en se cachant, se mêlant au mur
existant, cependant le joint est plus clair. Parfois, le parpaing ne cherche pas à se dissoudre
dans le paysage. Mon regard est justement attiré. La tentative de disparaitre dans la masse
n’est pas concluante. Pourquoi priver d’avantage de liberté les patients ? Au profit d’une
sécurité peut-être ? Je prends de la distance afin d’observer l’arrière du mur : des toits de tuiles
rougeâtres, de jeunes arbres... Une zone pavillonnaire s’est récemment implantée et a
provoqué l’obstruction d’anciens passages entre l’intérieur et l’extérieur.
Ce mur est à la fois répulsif et attirant. Les trois mètres de hauteurs en impose dans le paysage,
toutefois il reste attractif visuellement, car ces anciens accès questionnent le lieu. Les pleins
cintres témoignent d’anciennes portes datant de la construction du mur d’enceinte. Le brique a

31
permis de dissoudre ces passages et tente de rendre le mur à nouveau uniforme. Le parpaing,
lui, matériau plus contemporain, témoigne d’obstructions plus récentes ne s’insérant pas dans
le paysage de l’EPSM.
Deux temps sont donc observables lors de l'arpentage : un premier temps où le mur de brique
était traversable par des accès, puis, un second temps, plus récent, où l'usage de ces
nouveaux matériaux a refermé le lieu sur lui même.

Rehaussement

Rehaussement et réparation du mur d’enceinte - 22 novembre - FD

Toujours en longeant le mur, il y a une évidence : je ne vois pas l’horizon. Seulement le


ciel bleu d’un jour de beau temps. En essayant d’apercevoir ne serait-ce une ligne de toit ou la
cime d’un arbre, je m’aperçois que le mur a été rehaussé. Une brique rouge claire moins
poreuse que celle utilisée pour le mur d’enceinte a permis de rehausser aléatoirement ou
linéairement le mur. Ce sont des rehaussements ou des réparations. Elles montrent l’usure du
temps qui passe sur les matériaux. Les joints s’effritent et le mur menace de s’écrouler. Des
contreforts permettent actuellement de maintenir le mur en l’état avant d’éventuelle réparation.
Avec les rehaussements, la vue est délimitée dans l’enceinte de l’EPSM. Le regard ne porte
plus et reste dans une certaine intériorité. La sensation d’être enfermé «entre quatre murs» est
accentuée.
Etre «enfermé entre quatre murs» signifiait, au début du XVIIIe siècle, être dans une habitation
vide, sans meuble. Le sens actuel d’enfermement contient une idée d’espace réduit et de
malaise. L’expression signifie aujourd’hui que l’on est enfermé de son propre gré ou non, chez
soi ou en prison.

Support d’expressions

Le mur un support d’expressions - 22 novembre - FD

Le mur devient plus récemment un support d’expression pour les patients ou


d’affirmations pour les visiteurs et accompagnants. Le mur ne cherche plus à être dissimulé ou
oublié dans le paysage. Il devient support. Des plantes grimpantes à fleurs sur des treillages ou
encore des interventions artistiques sont accrochées sur la brique.

32
Ces nouvelles formes d’interventions concrètes cherchent à intégrer le mur dans l’enceinte de
l’EPSM et également au paysage.
On peut imaginer que le mur puisse être une manière d’exprimer une expression, une sensation,
un ressenti de la part des patients. Le mur prenant une place visuelle majeure perd ses
fonctions premières et devient une matière pour dire.
Deux temporalités se superposent: le mur d’enceinte obstruant durablement les regards, puis
une superposition récente de marqueurs d’expressions colorées qui attirent le regard et le
rendent vivant, moins enfermant.

Traces et indices

Les indices de l’histoire et d’usage sur le mur d’enceinte - 22 novembre - FD

En longeant le mur, des traces ou indices se dessinent. Des crochets, du barbelé, des
destructions d’autres murs, des jointoiements différents ponctuent la totalité du mur d’enceinte.
Ils témoignent tous d’une mémoire du lieu difficilement identifiable dans le temps.
Ce sont des indices, peut être des résurgences, qui parlent de l’histoire, d’usages liés
étroitement au mur d’enceinte. On pourrait imaginer que d’anciennes limites se terminaient
contre le mur d’enceinte, qu’elles permettaient de fermer un côté d’enclos à bétail, par exemple.
Ces traces et indices donnent à lire un récit perdu, sorte de palimpseste de l'Epsm encore à
révéler.

5. Citations

« Il se trouverait (...) à l'abri entre quatre murs »

Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 198.

« Il en faut, des asiles, je le sais bien, affirmait l'une. Mais pourquoi laisser pourrir
si longtemps nos hommes entre quatre murs. Si encore on nous les guérissait ! »

H. Bazin, Tête contre murs, 1949, p. 328


6. Corrélats

- Interface : le mur étant le lien entre l’intérieur et l’extérieur

33
- Résurgence : Le mur fait resurgir des traces du passé

- Fermeture : un mur plein, aucun passage

- Muraille : mur épais formant une enceinte. C’est un synonyme de mur d’enceinte

- Passage : Le mur étant un lieu à traverser afin d’entrer ou sortir

- Brique : matériaux issus de l’argile régulièrement utilisé pour la construction de mur

34
PASSAGE

1. Étymologie

Le mot « passage » vient du latin passus qui signifie pas et renvoie au mouvement, à
l’action de traverser un espace. Le mot est apparu vers 1080 et a été défini comme un lieu par
où l’on passe. Il s’agît plus exactement du verbe « passer » accompagné du suffixe -age,
suffixe qui exprime le résultat, l’action.

2. Histoire et définitions

En 1155, le passage devient l’action de passer.


On a par exemple l’expression « n’être que de
passage ».

Le passage est une action, c’est le fait de


passer, de circuler, de parcourir ou de traverser un lieu,
avec ou sans obstacle à franchir. C’est une voie par où
l’on passe, qui a pour fonction de raccourcir, desservir,
protéger ou faciliter la circulation du piéton de manière
privilégiée. Le passage peut également être défini
comme le fait de passer d’un lieu à un autre. C’est
aussi l’action de passer quelque part pour un temps
assez bref.

Passage dans la cour d’honneur.


Photographie de C. Bouchez, le
16/10/2017.

3. Évolution des usages du mot

On observe plusieurs déclinaisons du mot « passage » : tout d’abord, le « passage


piéton », qui est une partie de la route aménagée pour permettre aux piétons de traverser la
chaussée en sécurité. Ensuite, « le passage à niveaux », qui est un croisement à niveau d’une
voie ferrée avec une voie routière ou piétonne. Le passage peut également désigner un
fragment, un extrait de texte, de film… Il peut aussi définir le passage d’une classe à une autre,
d’un état à un autre, comme le passage en 6ème ou le passage de l’enfance à l’adolescence. Le
passage marque alors l’avancement dans le temps.

35
4. Régime de mémoire

Arrivée à l’EPSM, l’allée principale nous donne


une perspective sur le bâtiment ancien et son entrée
d’origine. En avançant sous cette allée d’arbres,
j’aperçois sur ma droite un bâtiment contemporain.
Soudain, entre ce bâtiment et l’espace de jardin, un
passage… Il est encadré d’une rangée d’arbres, d’un
muret et du bâtiment. Ce passage me fait penser à une
frontière, à une délimitation des espaces : il est comme
un fossé, un chemin de ronde. Il est clairement défini
au niveau du sol, sa longévité est assurée. Je
l’emprunte, tout en me demandant qui a pour habitude
de passer par-là, et quelles sensations ce passage leur
procure. Les passages définis au sol sont souvent
empruntés par les gens, qu’ils soient seuls ou
Passage dans les jardins d’Emile Senteurs.
accompagnés. Ces passages peuvent alors leur Photographie de C. Bouchez, le 16/10/2017.
rappeler un moment de promenade, un souvenir de
conversation avec quelqu’un…
A la fin de ce passage, j’arrive sur une route
avec sur ma droite, l’entrée du jardin d’Emile Senteurs.
Ce jardin est un lieu serein, où les patients participent
à des activités, rencontrent d’autres personnes. C’est
un espace convivial, générateur de souvenirs : en se
baladant sous les arches végétales, les personnes se
remémorent le jour où elles ont planté telles plantes, le
jour où elles ont entretenu les parterres, le jour où elles
Schéma réalisé par C. Bouchez le 4/12/17,
ont gouté la soupe du moment… C’est une promenade qui montre le chemin sinueux sous les
agréable où l’on est couvert par la végétation, à l’abri arches végétales. On ne voit pas ce qu’il y a
après si on passe sous une arche. Il y a un
de la ville et emporté par les multiples odeurs de fleurs. côté mystérieux à ce passage.
Ce passage est une découverte, tant au niveau des
diverses variétés de plantes, qu’au niveau du mystère
de ce parcours.
En reprenant la route et en passant derrière la
Chapelle, à gauche, je découvre un jardin carré
délimité par un muret. Les entrées sont marquées par
des ouvertures dans ce muret d’enceinte, mais au
niveau du sol, c’est plus compliqué à déterminer. Le
passage n’est plus clairement défini, la nature semble
avoir repris ses droits dans cet espace abandonné.
Lorsque l’on s’assoit sur le muret, tout est calme, le
temps semble s’arrêter. Les personnes qui viennent ici
se retrouvent coupées du monde l’espace d’un instant.
J’essaye d’imaginer ce qui a pu se passer dans ce
jardin… Les gens qui ont pour habitude d’emprunter ce
Passage entre le nouveau bâtiment et la
passage se rappellent ce qu’était ce lieu avant. S’ils partie ancienne de l’EPSM. Photographie de
partagent ces souvenirs avec d’autres, alors la C. Bouchez, le 16/10/2017. (voir schéma)

36
mémoire de ce lieu restera. Sinon, ce jardin aura une
autre signification dans la mémoire des gens… Dans
un petit récipient situé à proximité du bâtiment, de la
nourriture. Si on attend quelques minutes, on peut
apercevoir le chat qui semble s’être approprié ce jardin.
Quelqu’un vient régulièrement le nourrir. Ce jardin lui
fera alors toujours penser à ce chat.
En continuant sur la route, devant il y a le grand
parc arboré, et sur ma gauche, un porche. Ce passage
couvert nous donne une grande perspective sur les
lieux. Je distingue un second porche, puis entre les
deux, une cour : ces porches sont des portes qui
permettent de passer d’un espace à un autre.
J’aperçois au loin un jardin, et en franchissant ces
porches, j’aperçois la sortie de l’EPSM… Passage menant à la sortie de l’EPSM.
Photographie de C. Bouchez le 16/10/2017.

Schéma réalisé par C. Bouchez le 4/12/17 qui Schéma réalisé par C. Bouchez le 4/12/17.
montre les différentes couches qui encadrent le Il montre le côté monumental du porche et
passage. Ces parties successives renforcent donc marque ce passage.
l’idée de frontière. (voir photographie)

5. Citations Croquis

« Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces
font rêver. »

René Char, La parole en archipel, 1962.

Le passage renvoie aux traces. Par exemple, le passage d’une personne peut se voir par une
trace de pas sur le sol. Ou le passage peut être lui-même une trace sur le sol.

« Les hommes sont des oiseaux de passage. »


William Shakespeare, Timon d’Athènes (Acte III, scènes VI), 1607.

Le passage est en lien avec le temps qui passe. Cette citation exprime le fait que les hommes
ne sont que « de passage » dans la vie des autres, dans un lieu…

37
6. Synonymes

Chemin Allée Venelle

Le chemin est un passage, une piste qu’on trace et qui sert de route.

L’allée est un chemin assez large, bordé d’arbres, qui sert de lieu de promenade ou de voie
d’accès à un jardin, un parc…

La venelle est une rue de petite taille, très étroite.

7. Expressions

« Se frayer un passage »

C’est lorsque l’on se créé un passage pour accéder à un lieu, comme dans une foule.

« Passage à vide »

La définition courante de cette expression est une baisse de morale, de fatigue, à un moment
donné dans une vie.

8. Corrélats

- Rituel : le passage peut être considéré comme un rituel, une habitude lorsque les
résidents l’empruntent volontairement et régulièrement.

- Trace : la notion de passage renvoie à la notion de trace. C’est une trace sur le sol. Le
passage peut être soit clairement signalé et défini par un marquage au sol, soit il n’est
pas officiel et on remarque les indices d’un passage, comme des traces de pas…

- Ephémère : le passage peut parfois être éphémère. Il n’est que de courte durée s’il
n’existe qu’un temps très court. Il est en lien avec le temps qui passe. Il est emprunté un
certain temps, puis oublié si de nouveaux usagers ne l’empruntent pas.

- Franchissement : le passage est un franchissement pour passer d’un espace à un autre.


C’est une traversée, un cheminement.

38
RACINE
1. Histoire

L’origine du mot se retrouve dans la langue latine. Les premiers récits du mot radix (f, icis)
datent du premier siècle avant J.C. Déjà dans ce temps-là, le mot, qui se traduit en français par
racine, avait des définitions différentes. Jules César avait utilisé ce mot dans le sens le plus
connu, c’est-à-dire, pour indiquer la partie inférieure des végétaux. Au sens figuré, Cicéron
l’avait utilisé dans ses Tusculanae Disputationes dans un sens plus géologique. C’était lui aussi
qui utilisait ce mot pour indiquer l’origine, la source ou, encore, un attachement profond à un
lieu, un milieu ou un groupe dans ses discours In Marcum Antonium orationes Philippicae,
datant de 44/43 avant J.C. 6

2. Définitions

Aussi aujourd’hui le mot racine a des significations différentes selon le champ


professionnel dans lequel il est utilisé. Au sens général et littéral, le mot s’applique dans le
langage botanique pour indiquer la partie inférieure des végétaux, la partie qui est cachée sous
terre. Dans ce contexte, la souche ou le pied sont des synonymes appliqués.
Au sens littéraire, racine indique -comme dans les écrits de Cicéron -un lien solide, une attache
profonde à un lieu, un milieu ou un groupe. Dans ce contexte, l’origine est le synonyme le plus
adéquat.
Il y a aussi un troisième sens, le sens le plus figuratif. Le mot racine peut être utilisé pour
désigner le commencement de certaines choses morales ou physiques. Dans ce contexte, on
peut parler de source ou de principe.
Comme expliqué, le mot racine peut porter plusieurs significations, mais même dans les
définitions différentes on retrouve toujours un aspect général, c’est à dire: le mot essaie de
relier une partie, un objet ou même une personne à son origine, son lieu de source.

3. Régime de mémoire

Les racines nous permettent parfois de retrouver ou


de reconstituer une histoire perdue, effacée de l’existence.
Ce sont des indices de ce qui existait et dont on ne peut
parfois plus connaitre le sens. Ce sont des traces d’une
mémoire perdue. Par exemple, dans l’étymologie du nom
«Lommelet», où l’EPSM est situé, on peut retracer l’origine
du lieu. «Lommelet» voudrait dire «endroit planté
d’aulnes». Cela indique l’origine rurale de cet
environnement qui, aujourd’hui, n’est plus déterminé par
son caractère paysager. Souvent, les noms des lieux sont
aujourd’hui les seuls indices des racines, de l’histoire d’un
Fondation retrouvée à l’EPSM qui faisait
lieu. Même si le paysage est adapté, si l’espace devient soulever la question des racines, photo
cultivé, ils restent les liens qui font référence à l’usage ou prise par Margot Lootens le 16 octobre
l’importance historique. 2017

6
http://www.lexilogos.com/latin/gaffiot.php?p=1310

39
Aussi pendant nos visites à l’EPSM, j’avais remarqué
quelques traces, quelques indices qui me faisaient
m’interroger sur l’histoire du site. Par exemple, près du
terrain de foot et le bâtiment G, j’avais vu une sorte de
“fondation”, square à peu près de 5m sur 2m, envahie par
l’herbe et quelques arbres, les marches encore à peine
visibles. Ce reste de quelque chose, pour moi, inconnu n’est
même pas indiqué sur le plan de l’EPSM. Il me semble que
cette trace n’a pas d’importance actuelle pour le site, qu’il
est là presque par hasard. Néanmoins, il fait appel à ce qu’il
était auparavant, à l’histoire du site. De cette manière, un
reste comme celui est aussi porteur de la mémoire du lieu,
comme les anciens bâtiments qui sont toujours là.De plus,
je retrouve des traces similaires dans le square qui donne
sur le bâtiment G. La composition symétrique consiste en
des axes pavés et bordés par des bancs en béton et des
surfaces à l’herbe un peu élevée et plantée avec quelques
arbres. Avant était-ce peut-être un espace plus important et
plus utilisé. Aujourd’hui ce lieu rend visible des valeurs et
des pensées d’avant, qu’on ne connait plus ou qui ne sont Les traces de l’histoire du lieu dans le
paysage du site de l’EPSM, photo prise
plus valorisées. On peut s’imaginer des usages d’avant mais
par Margot Lootens le 16 octobre 2017
on ne peut pas les connaitre. Pour moi, cet espace et ces
éléments architecturaux et paysagers sont des indices des
pratiques oubliées et d’une mémoire perdue.

Les deux cas me faisaient interroger l’histoire du site


de l’EPSM. Ils sont tous les deux des preuves involontaires d’un trou de mémoire. Je les
appelle des racines parce qu’ils ont, comme les racines des arbres, une attache forte à la terre,
à un lieu spécifique sur le territoire. Ces racines qui sont encore visible aujourd’hui montrent
qu’une partie de la mémoire du lieu a disparu.

4. Citations

Même si dans les champs de l’architecture, du paysage et de l’étymologie, la definition


des racines semble assez facile à retrouver et à appliquer, cela n’est pas le cas dans le champ
de la sociologie. Aujourd’hui, dans un monde de plus en plus globalisé, le sujet des racines
dans le champ de la sociologie, questionne. Quelle est encore l’importance qu’on attache au
lieu d’origine? Qu’est-ce que ça signifie, se sentir de quelque part? Est-ce que les racines sont
toujours l’origine d’un identité?

«Parfois, lorsque j’ai fini d’expliquer, avec mille détails pour quelles
raisons précises je revendique pleinement l’ensemble de mes
appartenances, quelqu’un s’approche de moi pour murmurer, la main
sur mon épaule: «Vous avez eu raison de parler ainsi, mais au fin fond
de vous-même, qu’est-ce que vous sentez?» (…) Lorsqu’on me
demande ce que je suis «au fin fond de moi-même », cela suppose qu’il
y a, «au fin fond» de chacun, une seule appartenance qui compte, «sa
vérité profonde» en quelque sorte, son «essence», déterminée une fois
pour toutes à la naissance et qui ne changera plus; comme si le reste,
tout le reste - sa trajectoire d’homme libre, ses convictions acquises,

40
ses préférences, sa sensibilité propre, ses affinités, sa vie, en somme -,
ne comptait pour rien.» Amin Maalouf, 1998 7

Il est vrai que le lieu d’origine n’est plus autant déterminant pour la conception
d’une identité individuelle ou collective, ce qui n’implique pas que la notion
d’appartenance à un lieu n’a plus aucune importance pour la processus d’identification.
La notion d’identité se situe toujours à l’intersection du rapport social et spatial d’un
individu ou d’une groupe à son environnement. L’interaction entre l’individu et son
environment construit à la fois l’identité du lieu et celle de l’individu. En interagissant
avec l’espace, l’individu s’approprie un lieu physique, construit par des bâtiments, des
vides et d’autres éléments architecturaux et paysagers. Il lui donne un sens symbolique,
ce qui crée une lien solide entre l’espace et l’identité de l’individu.

Pour certains, leurs racines se retrouvent dans leurs pays maternel, pour d’autre,
c’est le quartier où ils ont vécu leur jeunesse et pour encore d’autres, leurs racines ne
sont même pas attachées à un lieu mais à un religion ou un système de croyance. La
question de l’identité et du rapport spatial est complexe. Toutefois la notion des racines
reste présente même dans un monde qui devient de plus en plus globalisé.

6. Corrélats

- Appartenance : les racines indiquent une attache, une appartenance à un lieu;

- Indice : ils sont les indices d’un histoire

- Trace : ils sont des traces d’une mémoire perdue.

- Résurgence : ils soulèvent des questions par rapport à le passé.

- Reste : les traces sont les choses qui restent, même si la partie au dessus du sol a
disparu.

7
Amin MAALOUF, Les Identités meurtrières, Le Livre de poche, 2001, [Grasset & Fasquelle,
1998], p. 10-11.

41
RESTE
1. Étymologie

Le mot « reste » est la forme déverbale de « rester », apparue dans la langue française
aux alentours du VIIe siècle, et qui vient lui-même du latin « restare » formé du suffixe –re et de
stare, ce qui signifie « se tenir debout, se tenir ferme ».

2. Histoire et définitions

Dans son sens premier, lié à son étymologie, le mot « rester » signifie continuer d’être à
un endroit précis, son sens s’est peu à peu élargie pour englober un certain nombre de notions
plus ou moins proches ou imagées par rapport à son sens originel. Ainsi ce mot peut désormais
signifier le principe même de continuer à exister, ou de subsister par rapport à ce qui a disparu.
Il peut aussi servir à qualifier la permanence d’un état (« rester de marbre »).

Le reste quant à lui peut désigner ce qui persiste de ce qui était initialement présent, ou de ce
qui était plus important quantitativement ou qualitativement. Il peut aussi désigner ce qui a été
abandonné, et avoir une signification proche de celle de déchet.

Enfin il existe des cas particuliers ou des expressions redonnant d’autres sens à ce mot. Il peut
ainsi désigner des choses aussi différentes les unes des autres que les restes d’un repas, le
solde d’une transaction, un cadavre ou en mathématique le résultat d’une division.

3. Évolution des usages du mot

Le sens actuel du mot « reste » continue à être très proche de son sens étymologique.
Le mot reste désigne toujours aujourd’hui le maintient d’un objet ou d’une personne en un lieu
précis. C’est un mot très courant de la langue française et l’évolution que l’on peut observer
dans on usage concerne essentiellement l’élargissement progressif de son utilisation pour
qualifier des notions plus imagées par rapport à son sens premier.

4. Régime de mémoire

C’est en allant vers le boisement se trouvant à


l’extrémité nord de l’EPSM que je l’ai découverte. J’ai
d’abord vu le socle, à demi caché par la végétation de
lierre et de houx qui s’était installée autour. Il était
installé sur le haut de la butte se situant au bout du
terrain de foot et surplombant celui-ci. Taillé dans trois
blocs de pierre bleue eux-mêmes posés sur un
soubassement de pierres calcaires martelées

42
simplement appareillées, ce socle semblait perdu et
comme oublié ici. En m’approchant davantage j’ai alors
pu lire les deux inscriptions latines dont il était gravé :
O CRUX AVE SPES UNICA sur la première face et
SIC DEUX DILEXIT MUNDUM sur la face visible
depuis le stade, ce qui signifie respectivement « Salut,
ô Croix, [notre] unique espérance» et « car Dieu a tant
aimé le monde ».

A quelques mètres de là, un débris trainait au sol, dans


l’herbe. Il était composé de deux parties : une base de
pierre de la même roche que celle du haut du socle,
sur lequel était fixée la seconde partie qui est en fer
oxydé. Le bloc de pierre était fendu en deux et une
partie était manquante ; il en était de même de l’état de
la partie métallique qui était brisée et dont ne restait Photographie d’ensemble du socle
plus que 30 cm, sur lesquels ont peut encore de la croix en direction du stade de
apercevoir les motifs qui ornementaux à six branches foot (à l’arrière), prise par Tristan
Corcel le 24 novembre 2017
(peut-être des fleurs, des flocons ou des étoiles)
incrustés entre des courbes qui s’enchevêtrent.

Quel est cet objet ? Rien ne permet de le savoir


précisément. Aucun document n’en fait mention ;
personne, semble-t-il n’a pris le temps de l’évoquer.
Les inscriptions sont un indice, c’était un monument lié
au christianisme, toutes les deux étant couramment
employées sur les monuments de cette religion. Quant
à la forme et le matériau de la partie métallique font
Photographie de la base de la croix
penser à la base d’une croix. Mais alors pourquoi fut- reposant au sol, prise par Tristan
elle placée là, sur le haut de cette butte ? Etait-elle un Corcel le 24 novembre 2017
point de repère, fait pour être visible de loin ? Le
boisement alentour ne permettait probablement pas
d’avoir une bonne visibilité sur le monument.
Commémorait-elle un événement ? Rien ne permet de
la dire avec certitude. Sa disposition et sa fonction
restent incertains. De plus, de quelle époque date-t-
elle ? Sur une axonométrie de 1926 l’endroit n’est pas
représenté, il faut attendre une photographie aérienne
des années 1960 pour la voir apparaitre pour la
première fois. C’est probablement durant ce lapse de Photographie de l’une des
temps qu’elle fut érigée. Ensuite quand et comment inscriptions du socle de la croix,
prise par Tristan Corcel le 24
fut-elle détruite ? Là encore rien ne permet de le savoir. novembre 2017
Mais une partie des décombres de la croix ont disparut,
et la base restante traine quelques mètres plus loin :
elle a été déplacée. Par qui ? Quand et pourquoi ?
Toujours pas de réponse à ces questions.

43
Si elle date de l’époque où l’établissement était encore
géré par les frères de Saint-Jean-de-Dieu, quel rapport
entretient aujourd’hui l’EPSM avec ce passé ? Quel
rapport entretient-il avec cette croix ? Et avec les
autres traces de ce passé ?

Cette croix n’est ni protégée, ni restaurée, mais elle


n’est pas non plus véritablement détruite, effacée. Elle
est là, elle reste en place abandonnée ; personne ne
semble avoir la moindre intention à son égard depuis
que ceux qui l’ont érigée ne sont plus là. Et c’est peut-
être ça qu’elle a de mieux à dire, elle est le témoignage
d’un passé religieux du lieu aujourd’hui révolu. Son
état témoigne de la sécularisation du site de Lommelet.
D’une certaine manière la restaurer reviendrait à nier
ce changement institutionnel, et l’évolution des
pratiques de ce lieu qui va avec. A l’opposé détruire et
effacer cette croix reviendrait à acter définitivement ce
changement et à renier ce passé en le supprimant.
Son abandon et sa dégradation actuelle sont d’un
autre ordre, c’est dans la relative indifférence que cette
croix nous révèle l’une des formes que la mémoire
peut prendre sur ce site. Ce n’est pas un effacement
mais un oubli, personne n’agit et pourtant elle reste là.

5 .Citations

« Choisir, c'est se priver du reste. »


André Gide, Les nourritures terrestres, 1897

« Je regarde ce que je perds - Et ne vois point ce qui me reste. »


Molière, Psyché, 1671

« Le reste est silence. »


William Shakespeare, Hamlet, Acte V, 1603

44
6. Synonymes

Reliquat Surplus Résidu

Le reliquat, tout comme le reste est ce qui subsiste d’un élément aujourd’hui disparu.

Le surplus est une autre signification que peut prendre le mot reste, c’est ce qui a été
abandonné car n’était pas utilisé.
Le résidu est lui aussi un reste d’un élément auparavant plus important quantitativement. Mais
à la différence du reste, le résidu qualifie un élément matériel, souvent dans un processus de
fabrication.

7. Expressions

« Rester planter là comme une borne »

Signifie rester immobile, ne pas réagir. S’appuie sur l’image d’une borne kilométrique qui se
maintient au même endroit et que les conducteurs voient en passant.

« Rester dans les cartons »

Signifie être oublié, ou rester à l’état de projet. Vient notamment du monde administratif et
correspond à un dossier ou une demande que plus personne ne consulte.

8. Corrélats

- Vestige : le reste est un résidu de ce qui existait précédemment.

- Marque : le reste est signe persistant aujourd’hui de ce qui a existé par la passé.

- Trace : le reste peut être vu comme une empreinte laissée de ce qui a existé.

- Indice : le reste est un moyen pour comprendre le passé.

- Ruine : le reste, notamment dans le cas de la croix, est dans un état délabré par rapport
à ce qu’il fut précédemment.

- Témoignage : le reste est un témoin du passé.

45
RESURGENCE
1. Étymologie

La résurgence est un nom féminin, venant du latin - resurgens, -entis, de resurgere,


renaître-. Ce mot est apparu au XXe siècle, emprunté au latin RESURGEN qui est le participe
présent de participe présent de RESURGERE (= « se rétablir, reprendre sa force, sa puissance
», proprement « se relever »). Il s’employait dans un contexte ecclésiastique en bas latin pour
signifier « ressusciter ». Actuellement, la résurgence caractérise la réapparition à l’air libre, sous
forme de grosse source, de l’eau absorbée par des cavités souterraines.

2. Histoire et définitions

Le terme résurgence a pris plusieurs significations au


fil du temps. Elle peut donner sens dans le domaine de la
géologie, de la géographie, de la littérature, de l’histoire etc.
Plus qu’un historique du mot à proprement parler, il est
surtout intéressant d’observer son emploi dans les différents
domaines cités plus tôt. Cette pluralité d’emploi permet
d’enrichir le mot et ses sens, lui donnant une dimension
nouvelle et multifacette. [Figure 1] crédit : C.Marque
Le travail se faisant dans un contexte d’étude de site et d’un
Résurgence de la Loue, Doubs
paysage, je m’arrêterai seulement sur une définition
historique liée à la géologie et à la géographie.

Selon une définition technique et géomorphologique, une


résurgence est une exsurgence alimentée en partie par un
cours d’eau. L’une des parties est en surface, l’autre est
infiltrée en sous-sol.
Une exsurgence (l’exutoire d’écoulements souterrains des
eaux de pluies) se distingue de la résurgence dont les
écoulements souterrains proviennent en partie d’infiltrations [Figure 2] crédit : C.Marque
des eaux de pluies, mais aussi d’un cours d’eau dont le
Résurgence du puit de
parcours s’est d’abord fait en surface puis en profondeur.
Bontemps, Limeyrat - Dordogne

Par extension, la résurgence peut aussi prendre sens dans le domaine géographique. On
entend alors par là ce qui ressort, transparaît du sol. La résurgence n’est pas une simple
perception, mais est incorporée et matérialisée dans le sol. Selon Annie MacLean, le paysage
est la mise en forme de matériaux. Il s’opère par exemple une métaphore avec l’écriture qui
semble imiter par l’empreinte, la relation entre le paysage et l’agriculture : tracer, creuser,
sillonner...

46
L’identité d’un territoire et du paysage s’incarne donc dans les
matériaux et l’Homme laisse des traces dans le sol. Il y a une
inscription des idées et des croyances, transformant espace et
temps.
La superposition des époques historiques donne lieu au paysage
comme palimpseste, c’est-à-dire que le paysage s’écrit, est
[Figure 3] crédit : C.Marque
effacé, puis se réécrit, sans jamais gommer totalement les traces
d’antan. Le palimpseste agit comme une mémoire, et cette Running Fence - Christo, 1976,
dernière passe par la résurgence. comtés de Sonoma et de Marin,
Les historiens Gérard Chouquet et François Favoris vont dans Nord de la Californie, États-Unis.
ce sens, Des formes actives autrefois, induisent le paysage Clôture en panneaux de nylon
blanc de 37 km de long et
actuel malgré leurs disparitions. La temporalité devient alors
éphémère. Ce mur révèle le
complexe car toutes les époques coexistent selon un modèle
paysage et symbolise la Nouvelle
actif/passif, reprenant le principe même du palimpseste. Frontière de la poussée vers
l’Ouest
Enfin, Freud, dans Malaise dans la civilisation, amorce
une forme alternative de la résurgence. En effet, en
prenant le modèle de la ville de Rome, il propose une
imagination de la ville sans la destruction des anciens
bâtis. Il y aurait alors une coexistence entre ancien et
nouveau. La résurgence serait ici, une représentation
inconsciente, une résurgence immatérielle, un travail de
projection de l’espace et de l’esprit.

[Figure 4] crédit : C.Marque


Archéologie aérienne du site
protohistorique de Grézac-
Charente-Maritime.
Ancienne nécropole gauloise avec
diverses structures funéraires.
Circulaires ou carrés, de toutes
tailles, ces « monuments
funéraires » abritaient des
sépultures à incinération.

[Figure 5] crédit: C.Marque


Place Navone - Rome
Traduction de l’ancien usage de la
place induite par la forme. Ovoïde,
elle abrite usages contemporains et
épaisseur historique correspondant
à l’espace d’un champs de courses
romain.
47
3. Élucider la résurgence en multipliant les récits :
Disparition et remonté de la mémoire

Arpenter un site n’est pas anodin. On parcourt, ressent, observe, s’imprègne… Nous sommes
d’autant plus bousculés lorsque nous sortons d’un périmètre rassurant. L’Établissement Public
de Santé Mentale de Lommelet fait partie de ces lieux qui nous font aller au-delà de notre zone
de confort, aux vues des images qui sont associées à ce type de lieu dans l’inconscient
collectif.
Lorsque l’on chemine, on est frappé par la lecture du site qui s’offre à nous : on peut y déchiffrer
une double orientation qui prend forme par de nombreuses résurgences.

Illustration de la double superposition : en noir l’ancien monastère, en orange le nouvel EPSM

[Figure 6] crédit : F Detève [Figure 7] crédit: C.Marque [Figure 8] crédit : F Detève


Caveau des moines de Saint Jean Résurgence de l’ancien Résurgence d’un ancien jardin.
de Dieu. verger destiné à
l’alimentation des
habitants.

Le théoricien russe Mikhaïl Bakhtine appelle chronotope la connexion intrinsèque des relations
spatiales et temporelles articulées dans un récit.8
À la suite de la visite, peut-on imaginer qu’une résurgence spatiale devienne un chronotope ?
Autrement dit, la résurgence est-elle porteuse de récits, d’indices spatiaux et temporels

48
concrets qui en fait un monde mis en abyme dans la réalité ?
De ce fait, se pose la question de l’intelligibilité du lieu, dont découle un nouveau processus de
lecture. L’architecture a territorialisé le temps en l’inscrivant dans une certaine pérennité, liant
passé et présent.
D’après Mikhaïl Bakhtine9, l’homme postnéolithique avait une vision du temps cyclique. Les
religions monothéistes ont renversé ce mode de pensées, en attribuant au temps une
dimension historique. Le christianisme configure un récit, de la Genèse au le jugement dernier :
l’Église se pose dans une dynamique d’attente anticipant le retour du Christ. Le monastère
devient en ce sens une métaphore de la transition liturgique, entre le présent et la fin du monde,
le monde et le royaume céleste. Il y a donc, en la présence d’un lieu de culte chrétien, un lien
temporel et spatial comme en témoigne le caveau des moines [Figure 6] : celui-ci se présente
comme une résurgence architecturale colonisée par une végétation postérieure et spontanée.
En cela, il illustre la superposition de deux époques à travers le végétal et la brique.

La qualité du lieu ecclésiastique de l’EPSM confère à la résurgence un sens de l’éternel, bien


qu’avec l’ère moderne, l’histoire ne sert plus le divin, mais bien l’humanité. Le verger, lui,
[Figure 7] témoigne d’une utilité pour l’homme : besoin de se nourrir, disposer de biens
marchands… De plus, le maillage d’arbres ayant disparu, la trace de ce que fût le lieu
transparaît par l’alignement unique des sujets, leurs textures et leurs ports, ainsi que les fruits
tombés au sol. Il devient indicateur du temps passé et spectateur de la transformation du lieu.

49
Pour qu’il y ait une mise en abyme et une superposition de récits, il faut bien plus qu’une simple
coexistence entre le religieux et le moderne. Alors comment dialoguent les résurgences et les
édifices modernes de l’EPSM ?
En décortiquant le site, on prend conscience de deux imagos spatiales : les résurgences figées,
ancrées dans un état de stasis et les éléments contemporains fonctionnels qui reflètent le
dynamisme de l’ère moderne.
Prenons exemple sur les escaliers [Figure 8] qui menaient autrefois à des bassins. Aujourd’hui,
ils ont disparu et semblent être figés dans le temps, flottant dans un espace « vide ». Ils n’ont
plus d’usage à proprement parler. Ils apparaissent comme une sorte de trou noir au milieu des
usages contemporains et du bâti récent, trou noir accentué par l’allée de saules et l’activité de
la ferme au second plan. Leur présence dans le lieu témoigne de la permanence d’un univers
(temporel et spatial) et devient la clef d’un récit à reconstruire.

Cette superposition des deux états permet de révéler le temps, selon une appréhension
haptique10 du lieu. Selon l’analyse d’Yves-Alain Bois 11 , le visiteur mesure par rapport à lui-
même, c’est-à-dire que la temporalité du lieu est inhérente à sa perception personnelle et son
expérience individuelle.
Ces imagos permettent de créer des récits lorsqu’elles rencontrent le surgissement des
vestiges. On y ressent une sensation de flottement, une aberration de l’efficience de l’espace :
le temps subit comme un plissement.
Les résurgences sont donc des éléments spatiaux où sont réunies deux temporalités, qui
ouvrent sur une dimension historique, donnant alors lieu à un récit.

10

50
4. Citations

« La Loue est une résurgence du Doubs. Elle prétendait que les eaux, mêmes limpides,
ne sont pas toujours amicales. Il est vrai qu'on ne sait jamais d'où elles viennent, quand
elles jaillissent ainsi de la terre ; et peut-être y a-t-il, non loin de leur résurgence, un
abîme, où des rivières souterraines alimentent de leur courant silencieux des
profondeurs liquides, que nul n'a jamais explorées »

H.Bosco,Le Mas Théotime,1945, p. 47 .V. aven ex. 2.

« Et par-là, elles retraçaient la vie du soleil qui, terminant sa carrière au solstice d'hiver,
lorsque dominaient Thyphon et les anges rebelles, semblait être mis à mort par eux;
mais qui bientôt après, renaissait, résurgeait dans la voûte des cieux où il est encore »

Volney,Ruines,1791, p. 310.

5. Synonymes & corrélats

Résurgence

Renaissance Réapparition Source

51
RITUEL-CIGARETTE
1. Étymologie

Le mot rituel puise son origine de la racine latine « ritus », ou encore « arta » en
indo-européen. Si le mot rite fait sens en tant que fondement d’un principe organisateur,
le rituel quant à lui, se définit comme une composante de l’harmonie entres les parties
de cet ensemble. Il précise l’organisation, la structure, la récurrence, et l’efficacité du
rite.

2. Histoire et définitions

Le mot rituel au sens occidental premier,


possède diverses significations qui mêlent à la fois
sphère sacrée et sphère profane. En effet, il est tout
d’abord assimilé à une pratique religieuse ou culturelle
à laquelle l’individu prend part en tant qu’étape
créatrice d’identité. Le rituel donne également une
identité au groupe humain qui se forme comme
communauté d’une pratique.
La définition s’est ensuite historiquement Regroupement de démocrates
étendue aux pratiques profanes d’un individu, pour pour une pause cigarette dans un
fumoir, Bibliothèque nationale de
désigner une action qui prend part dans une récurrence, France, ; www.Gallica.fr
un processus systématique aux effets divers, régit par
des codes sociaux ou individuels (explicites ou
implicites).
Le rituel implique un geste, un objet, un sujet, et
des émotions qui découlent de l’action réalisée. Ainsi,
le rituel tabagique s’inscrit, dans cette pratique profane
aux mécanismes riches mais parfois obscurs.

Le rituel dans la psychiatrie possède une force particulière dans la thérapie d’un
patient. Il porte en lui un principe organisateur du quotidien mais aussi un organisateur
social nécessaire à la vie quelque peu déconstruite du patient. Le rituel est un outil, une
prescription, un soin vertueux qui connecte les affects, les comportements, et le niveau
symbolique. Il peut être prescrit à l’image d’une ordonnance médicale pour permettre
un processus systématique réconfortant, mais il peut aussi être établi de façon
spontanée, dans le sens qu’il sécurise, cadre, réconforte et régule le quotidien de
Légende
l’individu malade.

52
3. Le rituel tabagique

Le tabagisme en psychiatrie, du fait de sa gestion par des codes propres à


chacun, s’inscrit alors dans un ensemble d’actions rituelles spontanées des individus,
aussi bien soignants ou soignés. Il symbolise très fortement pour le patient un acte de
plaisir et de liberté, une période d’évasion permise grâce à cet objet désuet aux effets
psychotropes multiples. Le patient effectue une action qui le retranspose dans une
normalité, le pousse théoriquement à une interaction sociale, à l’insertion aux sein
d’une communauté fumeuse. Le tabac tire le patient d’une certaine oisiveté possible en
psychiatrie.
Toutefois, sa consommation peut être assimilée à un comportement autodestructeur du
patient, qui participe à un rituel le guidant lentement vers une mort inéluctable. L’idée
que la pleine responsabilité de cette consommation revient au consommateur, ainsi que
l’idée que le tabagisme intègre le corps privé dont on ne peut se mêler, semblent alors
fortement ancrées dans les institutions psychiatriques. Cette tolérance du tabac induite
et inévitable donne alors la mise en place d’une pratique banalisée mais bancale de la
cigarette, entre prohibition et transgression. Ainsi, les nouvelles obligations législatives
anti-tabac peinant à franchir les grilles des centres médicaux, les espaces fumeurs se
trouvent être difficilement soumis à des réglementations construites. Les lieux semblent
souvent inadaptés aux conditions du fumeur et aux envies de celui-ci (mauvaise
ventilation, mauvaise signalisation, sentiment d’enfermement, absence de construction
spatiale pour une socialisation, ouverture sur le reste du service qui empêche
l’appréciation de cette pause…). Quand bien même la pause cigarette permet au
patient une appropriation d’un nouveau rapport au temps, l’espace fumeur quant à lui
ne lui permet pas systématiquement de s’extraire de l’espace médical, ou encore de
stimuler son imaginaire vers un autre monde que celui des soins. Cette absence de
considération mais aussi de réglementation stricto-sensu pourrait expliquer l’utilisation
d’espaces fumeurs de fortunes au sein de l’EPSM. En effet, nos déambulations
répétitives ont permis d’assister à l’utilisation d’espaces fumeurs secondaires, non régis
par des structures architecturales construites pour les fumeurs (une entrée de service,
un cheminement parsemés de bancs, un Abribus…), et dont la vocation première ne
semble pas être la collecte de mégots. Il est possible alors de s’imaginer que ces lieux
sans réelles fonctions établies sont utilisés grâce à la vision nouvelle qu’il propose au
patient : une ouverture sur un lointain se fait sentir, un rapport au ciel est de nouveau
perçu, l’espace s’inscrit dans une normalité de par son utilité non définie…

53
4. Régime de mémoire

Les visites successives de l’EPSM ont permis de


mettre en évidence différents types de pratiques du rituel
tabagique. Ainsi, le patient a à sa disposition de multiples
espaces dédiés à sa pratique rituelle tels que des patios,
terrasses oui encore placettes. Toujours accompagné de
cendriers, ces espaces structurés selon leur fonction sont
sources de codes et règles de sécurités. Toutefois,
l’(im)patient(e) fumeur semble également prendre
possession de certains lieux non définis pour cet usage tels
qu’une entrée de service, un Abribus, un cheminement, en Affiche publicitaire Marshall’s
vue de s’inscrire dans une liberté spatiale et donc de ventant les verus des cigarettes
anti-asthmes,1881
mouvement (à l’image des trois patients fumeurs
agglomérés devant l’entrée de l’ancien bâtiment lors de
notre visite). On peut alors parler d’une utilisation d’espaces
de « fortunes », pratiqués pour leur fonctionnalité, utilité,
leurs intérêts et les possibilités qu’ils laissent entrevoir.
Le parti pris ici est de proposer un récit sensible qui,
à travers les quatre grandes étapes de la consommation
d’une cigarette, propose de jouer sur une description de ces
espaces de « fortunes » et de l’usage qui en est fait. La
pause cigarette est-elle source d’un nouveau rapport à la
structure médicale ? D’un nouveau rapport en soit en tant
que patient/ personne consommatrice d’un produit addictif
démocratisé ? D’un rapport alternatif au soignant et aux
autres tributaires de la cigarette ?

Embrasement. La cigarette, combustible et objet du


désir, prend part à une danse nouvelle. Elle s’allume, rougit Affiche publicitaire Malboro qui
pousse à la consommation de
et fait virevolter sa fumée, nargue l’(im)patient(e), cigarette pour supporter son enfant.
cramponné(e) à son extrémité. La première bouffée,
jouissive, soulage généralement le besoin primaire qui
sévissait jusqu’alors. Le regard encore fébrile peine à se
détacher de l’espace mental. Il reste posé sur un monde
restreint : des briques ocres d’une époque révolue, Un pavé
d’un cheminement terne, ou encore l’apparition de quelques
herbes au pied d’un banc. Ces détails entrent dans la
composition complexe d’un espace englobant, qui à
l’inverse des espaces fumeurs définis, ne confine pas le
Dessin personnel lors de la visite à
patient durant son rituel, mais l’extraie d’une réalité l’EPSM : Deux patients effectuant
médicale. Le lieu est normal et non normé. Il pourrait tout leur pause cigarette au niveau de
l’entrée de l’ancien service. Chacun
d’eux ne communique pas

54
aussi bien être présent à l’extérieur de ces grilles. Il ne donne pas de règle ; il est à
disposition de qui voudra se l’approprier.

Consumation et effervescence. Une lucidité fait jour. L’objet qui s’anéantit peu
à peu permet une pause, une extraction d’un monde psychiatrique envahissant. Il y a
reprise d’un rapport au temps, à ce que les pieds foulent. L’espace se redessine peu à
peu en un lieu qui permet l’évasion temporaire d’un monde psychiatrique parfois lourd
et monotone. Le fumoir de « fortune » porte en lui une diversité et non une organisation
systématique particulière. Sa construction admet la possibilité d’une fuite : c’est un lieu
ouvert sur le champ des possibles. Ici, le patient devient avant tout consommateur.
L’individu s’extrait de la sphère médicale pour un court instant ... Les lieux tels que
l’Abribus ou le péristyle rassure par leur caractère englobant mais ne s’imposent pas
comme un espace cadré et enfermé : ce sont des lieux ouvert sur l’extérieur, qui laisse
percevoir un rapport intimiste au ciel et à la végétation ; liens indirects mais immuables
avec ce qui se déroule en dehors de l’établissement.

Extinction. La cigarette arrive à son épuisement final et dans son dernier souffle
elle emmène avec elle les restes d’un moment d’égarement et de ressourcement. Les
effets persistent, laissent une trace dans le corps qu’elle traverse. Ce moment
d’effervescence et d’échappée s’éteint peu à peu, laissant entrevoir le retour à une
routine psychiatrique. L’épiphanie spatiale se dissout et se réintègre à une monotonie
médicale.

Mégot. Trace physique d’un passage bref dans ce lieu, dernier bout
inconsommable de l’objet du réconfort ; le mégot reste, témoigne, renseigne sur la
popularité du lieu. Il se mue à l’espace quand le corps et l’esprit du patient se replace
dans la sphère médicale de l’EPSM. Le mégot se comporte comme une signature de
l’espace, il peut être disséminé à tout va en dehors du service ou bien se concentrer par
masses variables sur les lieux

5 .Citations

« Chaque réveil était devenu insupportable, juste après la minute d’inconscience. Puis
c’était devenu rituel, elle se faisait la réflexion « Tiens, je vais bien ce matin », mais aussi
il lui revenait pourquoi elle irait mal ce matin »

Virginie Despente, Bye-Bye Blondie (p. 28)

La pensée routinière matinale du personnage se veut être une systématique ancrée dans
l’esprit tourmentée de la jeune femme. On ne sait plus dès lors si c’est la pensée qui guide son
lever ou si c’est l’étape du lever qui induit sa pensée .

55
« La cigarette est la prière de notre temps »
Annie Leclerc, Philosphe

Annie Leclerc évoque la place qu’occupe l’objet cigarette dans notre société contemporaine.
Elevé au rang de religion, le mot rituel prend ici tout son sens.

6. Synonymes

Rite Routinier Habitude

La routine est à l’image du rituel, une systématique qui guide l’individu dans la construction de
sa journée. Elle peut rendre confortable le quotidien tout comme enfermé l’individu.

7. Expressions

« Rituel matinal »

Le quotidien matinal de la plupart des individus est considéré de l’ordre du rituel de par sa
régularité, ainsi que sa répétition construite et systématique au détail près.

8. Corrélats

- Mégot : le mégot est une trace de l’accomplissement de ce rituel qui perdure

- Interface : la pause cigarette en tant que rituel se poste comme une interface
temporelle qui permet de s’extraire de la sphère psychiatrique

- Micro-espace: Le rituel tabagique est un moment qui donne à voir à l’individu des
micro-espaces en fonction de la portée de son regard .

56
SERRE
1. Étymologie

Le mot « serre » tient principalement son origine du verbe serrer (XIIe siècle). Ce n’est
qu’à partir du XVIIe siècle, que la serre est définie comme l’endroit où l’on met les fruits pour les
conserver et où l’on renferme les plantes. Plus rarement, le terme serre renvoie au latin
« serra » (scie), qui désigne une ligne de crête de montagne, autrement dit, le lieu de
resserrement au sommet d’une colline.

2. Histoire et définitions

D’un point de vue historique, la serre est


apparue dès le XVIe siècle, suite aux grandes
expéditions. Elle prenait place dans les jardins
botaniques et permettait aux visiteurs de découvrir
toutes sortes de variétés de plantes venues d’ailleurs.
Elle était également présente dans les jardins de
particuliers, où elle prenait généralement la forme de
constructions de bois, aux socles maçonnés. Ces
structures étaient agrémentées de volets amovibles,
facilitant la gestion de la lumière et de l’air.

Actuellement, la serre est définie comme le lieu où l’on


conserve quelque chose. Elle prend généralement la
forme d’une construction en verre ou en plastique, fixe
Interiror view of the Crystal
ou démontable, chauffée ou non. Elle est utilisée pour Palace, tableau de Joseph Nash,
protéger les plantes de l’hiver et pour cultiver les illustrant l’ampleur du Crystal
plantes exotiques et fragiles. Elle favorise ainsi Palace, 1851, photographie issue
du site internet bridgeman
l’accélération de la production, qu’il s’agisse de fruits, images
de légumes ou de fleurs.

3. Évolution des usages du mot

Comme évoqué précédemment, le mot « serre » tient son origine du verbe « serrer »,
qui correspond à l’action de soumettre à une pression. C’est pourquoi, le terme serre
correspondait tout d’abord, à un dispositif, destiné à maintenir un contact étroit entre plusieurs
éléments. Ces définitions ont donné lieu bien plus tard (XVIIe siècle), au sens de la serre que
nous connaissons aujourd’hui, à savoir une construction qui enserre, enveloppe les plantes qui
y poussent.

57 Légende
4. Régime de mémoire

Au-delà de sa forme plastique et de sa


fonctionnalité, la serre peut être perçue comme
l’articulation entre le dehors et le dedans, ou encore
comme la membrane protectrice qui vient envelopper
le jardin, rendant ainsi floues les limites entre un
intérieur et un extérieur. Elle dispose effectivement
d’une structure légère, mais aussi de matériaux plus
ou moins transparents, permettant à ceux qui s’y
promènent, de voir à travers l’enveloppe. C’est par
exemple le cas pour la serre de l’EPSM, récemment Jeu d’ombres et de lumière (sur la
façade Est de l’une des serres de
rénovée, qui dispose aujourd’hui d’une triple paroi de l’EPSM), photo prise par Inès
polycarbonate. En effet, si l’enveloppe donne ici Druesne le 24 novembre 2017
l’impression, de pénétrer dans un monde à part, elle
permet cependant, en fonction de la lumière, de
distinguer ce qui se passe de l’autre côté de la paroi.
Auparavant, l’enveloppe de cette même serre était
constituée de verre (comme le montre la seconde
photo) et permettait de voir très distinctement,
l’extérieur depuis l’intérieur et inversement.

Par ailleurs, bien que cette serre fut rénovée l’année


dernière, elle semble pourtant se tenir là depuis
toujours. Depuis tout ce temps, elle a sans aucun
doute, contribué à la vie du lieu, ainsi qu’à la vie de
chacun de ses habitants. Il est vrai que depuis la Vue sur l’une des serres de l’EPSM
construction du château de Lommelet, les serres ont dans les années 1950, située au
toujours fait partie du paysage. L’une d’entre elles a même emplacement que la serre
actuelle, image fournie par les
d’abord été le terrain de jeu du jardinier du château, membres du centre horticole
qui disposait de son propre logement, probablement
annexé à cette même serre. Puis la production de
fruits et de légumes a pris de plus en plus d’ampleur
au XIXe siècle, avec la création de l’hôpital
psychiatrique, entrainant ainsi la construction de
nouvelles serres. La production était alors telle, qu’elle
était suffisante pour alimenter l’ensemble du complexe,
ce qui conférait à ce centre, le caractère de « ville dans
la ville ». Au fur et à mesure des années, avec
l’apparition de nouvelles normes, la distribution de la
production au sein de l’EPSM a été largement
restreinte. C’est pourquoi, les seuls légumes encore
consommés sur place, sont ceux utilisés pour la soupe La serre de l’EPSM, telle qu’elle est
quotidienne des jardiniers. Si la production destinée à aujourd’hui, un lieu qui suscite la
curiosité et l’échange, photo prise
l’alimentation n’est plus aussi développée
par Léa Colombain lors de notre
qu’auparavant, le jardinage, l’entretien des potagers et première visite à l’EPSM, le 9
la collection de plantes, restent des activités majeures octobre 2017

58
dans l’EPSM, aussi bien pour les patients que pour les
encadrants. L’entretien d’une collection de menthe par
exemple, constitue une grande partie des activités de
jardinage. De même, les potagers accueillent une
vaste variété de courges. La collection de plantes
renvoie ici à la notion de permanence, ce qui permet
d’établir un lien entre les activités passées et les
activités actuelles. Par ailleurs, les serres, tout comme
les jardins qui les bordent, semblent être des lieux
propices à la rencontre, à la discussion et à la Exemple de collection, présente
dans l’une des serres de l’EPSM,
promenade. Quant à l’intérieur même de la serre (celle photo prise par Inès Druesne le 24
rénovée l’année dernière), la petite échelle de la novembre 2017
structure, la nature de l’enveloppe, la chaleur qui se
dégage des lieux, ainsi que les odeurs multiples et
apaisantes qui s’y diffusent, contribuent au sentiment
de bien-être et de protection, à la fois pour les plantes
mais aussi pour les personnes qui s’y trouvent. Depuis
des années, les mêmes gestes s’y répètent, le même
plaisir à partager des moments de jardinage se
retrouve chez les participants et la même curiosité
pour les plantes se transmet. C’est pourquoi, la serre
et les jardins constituent des supports de mémoires
collectives et individuelles.
Autre exemple de collections
Ainsi, les jardins, potagers et serres, ont évolué avec (pensées au premier plan et
courges en arrière plan), photo
les divers usages du complexe et continuent, encore prise par Léa Colombain, lors de
aujourd’hui, de rythmer le quotidien des personnes qui notre seconde visite à l’EPSM, le 16
s’y trouvent. octobre 2017

5 .Citations

« A droite se trouvait une vaste serre, scellée au flanc même de l’hôtel, communiquant
avec le rez de chaussée par la porte fenêtre d’un salon »

Emile Zola, La Curée (p. 28)

Emile Zola décrit ici la connexion entre un extérieur, la serre (sorte d’extérieur couvert) et un
intérieur, celui de l’hôtel du parc Monceau.

« La chambre de verre »
Victor Hugo

Victor Hugo évoque la verrière qu’il décide de construire dans sa propre maison, au niveau de
l’antichambre bibliothèque, après avoir été émerveillé par le Crystal Palace. Il surnomme
d’ailleurs cette pièce « Crystal Palace ».

59
6. Synonymes

Jardin Orangerie Pépinière

Le jardin, tout comme la serre, s’apparente à un espace clos, réservé à la culture de légumes,
de fruitiers, d’arbres et d’ornements. Ils sont tous deux aménagés pour la promenade, le
parcours reposant.
L’orangerie est un local permettant de mettre à l’abri, pendant la saison froide, les agrumes
cultivés dans des caisses.
La pépinière est un terrain sur lequel sont semés et élevés des arbres fruitiers, forestiers ou
d’ornement. Ces derniers sont ensuite replantés chez des particuliers. La pépinière, bien qu’il
s’agisse d’un espace extérieur, reste un lieu où les végétaux disposent d’une attention
particulière et dans lequel ils sont protégés, en cas de grande chute des températures.

7. Expressions

« L’effet de serre »

L’effet de serre correspond à un phénomène de rétention thermique d’un local non ventilé, dû à
une transparence sélective des matériaux de l’enveloppe. C’est par exemple le cas de la serre.

8. Corrélats

- Interface : la serre comme écran entre le dehors et le dedans

- Passage : la serre comme lieu de transition entre un extérieur et un intérieur

- Résurgence : dans le cadre de l’EPSM, la nouvelle serre comme prolongation de


l’ancienne

- Collection : la serre comme lieu de collection de variétés de plantes (par exemple, la


menthe, ou encore les courges pour l’EPSM)

- Enveloppe : la serre comme membrane protectrice. Il s’agit effectivement d’un abri, d’un
refuge pour les plantes, mais également pour les personnes qui s’y trouvent.

60
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66
ABECEDAIRE

CEINTURE DE
CARRELAGE FLOTAISON CHAMBRE

INTERFACE MEGOT MICRO ESPACE

MUR D’ENCEINTE PASSAGE RACINE

RELIQUAT RESTE RESURGENCE

2017-2018
Sous la direction :
C. Barrère
I. Estienne

RITUEL SERRE

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