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L’Université Catholique de Madagascar emboîte le pas vers le numérique en maintenant

ses valeurs : Foi, Excellence, Responsabilité. Dans ce cadre, le bureau des étudiants
Volmahitsy, présidé par Mario Beandrasoa, élabore des recueils des leçons, de sujets
d’examens, des exposé etc., qui, évidémment sans subsituer les cours, aideront
grandement les étudiants. La Commission Education, dirigé par Christiano
Randrianarimanana, assure la distrubution des versions numériques. Il est également
possible de consulter les membres de bureau. Nous formulons le souhait que tout un
chacun sâche utiliser ces supports à bon escient pour maintenir le statut phare de notre
chère institution.
DROIT

CONSTITUTIONNEL
INTRODUCTION :
Le terme « droit » a plusieurs sens possibles. De manière simple, on peut lui donner trois sens :

On dit souvent que les hommes ont des droits : le droit dont on parle alors est une faculté d’accomplir
certaines actions. Ainsi, lorsqu’on dit qu’un citoyen a le droit de vote, on exprime l’idée qu’il peut
participer aux choix des gouvernants et qu’il est interdit de l’en empêcher ;
Dans l’expression « le droit civil » ou « le droit constitutionnel », on désigne par le mot « droit » un
ensemble de normes, un ensemble de règles juridiques présentant un caractère obligatoire pour ceux
auxquels ils s’appliquent. Ces règles sont assorties de sanctions dont le but est de donner une effectivité,
une réalité à ce caractère obligatoire. L’existence de ces sanctions conduit à distinguer le droit d’autres
règles qui s’appliquent dans une société (ex : les règles morales ou les simples règles de convenance) ;
Le mot « droit » se rapporte à la science qui étudie ces normes. On parle alors de science juridique. On
retrouve ce sens dans les expressions « la faculté de droit » ou « l’étudiant en droit ».

Le droit constitutionnel peut être conçu d’une part comme un ensemble de normes, une partie du droit en
général et d’autre part comme une discipline qui étudie cet ensemble. Le droit en tant que discipline scientifique
et une science très vaste. Il comporte plusieurs ramifications ou branches. Avec le progrès technique, la diversité
de la science juridique s’accentue (droit économique, droit du développement, droit des investissements, droit
des affaires …). Le droit est traditionnellement divisé en droit public et droit privé : c’est la<<summa divisio>>ou
distinction fondamentale.

Distinction du droit public et du droit privé :

La distinction du droit public et du droit privé que connait le droit malgache a été reprise du droit français
appliqué à M/car sous la colonisation. Le droit français a hérité cette distinction du droit romain. La distinction
traditionnelle entre le droit public et le droit privé a été établi par le jurisconsulte (théoricien du droit) romain
Ulpien (170-228 av. JC) de la manière suivante :

« Dans l’étude du droit, il y a deux aspects : le public et le privé. Le droit public concerne l’état de la république,
le droit privé, l’utilité des particuliers. »

Cette division fondamentale selon laquelle le droit public concerne la République romaine et le droit privé pour
les particuliers a traversé les siècles.

Chez les auteurs politiques du XVIIIème siècle, le terme « droit public » correspond à ce que l’on appelle
aujourd’hui le droit international. Le terme « droit politique » employé par JJ Rousseau correspond à peu près à
notre conception actuelle du droit public en général. Il en est de même de Montesquieu dont l’opposition entre
droit politique et droit civil correspond à la distinction faite par Ulpien entre le droit public et le droit privé. Dans
son ouvrage intitulé Esprit des lois, Montesquieu écrit :

« Considéré comme vivant dans une société qui doit être maintenu, entre les hommes ont des lois dans le
rapport de ceux qui gouvernent et c’est le droit politique, ils en ont encore dans les rapports que tous les
citoyens ont entre eux et c’est le droit civil. »

La pérennisation de la distinction droit public /droit privé résulte aussi de l’enseignement dispensé dans les
facultés de droit où la distinction a pris une importance institutionnelle. Les programmes officiels et les
professeurs continuent aujourd’hui à véhiculer et à transmettre cette distinction.

CHAPITRE I : LES CRITERES DE LA


DISTINCTION

En théorie, le droit public et le droit privé peuvent être distingués sur la base des critères suivants :

1. Le critère organique :
Le droit public est le droit applicable à une relation juridique au sein de laquelle une personne publique est
présente.
Les personnes publiques sont d’une part l’Etat, d’autre part des personnes morales qui sont le plus souvent
créées par l’Etat, affectées par lui à la fonction d’intérêt général et dont il surveille étroitement le
fonctionnement (ex : les provinces, les régions, les communes, les hôpitaux publics, les universités publiques…).
Le droit public règlemente le statut de ces personnes c’est-à-dire la manière dont elles sont créées, la manière
dont elles sont organisées et fonctionnes. Le droit public régit encore les relations des personnes publiques entre
elles. Il s’applique notamment aux relations entre Etats. C’est ce que l’on appelle droit international public. Il
concerne encore les relations de l’Etat avec les autres personnes publiques créées dans son cadre (ex : relations
Etat/région, Etat/commune …).

Le droit privé est la partie du droit qui régit les rapports entre les particuliers qu’il s’agisse de personnes
physiques ou de personnes morales de droit privé. Les personnes privées sont d’une part les individus que l’on
appelle personnes physiques et d’autre part les groupements d’individus dotés de personnalité juridique c’est-à-
dire capables comme une personne physique d’avoir des droits et des obligations que l’on appelle personnes
morales (ex : les sociétés commerciales, les associations …). Le droit privé réglemente le statut de ses personnes.
Ainsi pour les personnes physiques, il règle les questions de filiation, les questions matrimoniales et
successorales. Pour les personnes morales, il règle les questions de formation (ex : constitution de société) ou de
fonctionnement. Le droit privé règle encore les relations qui s’établissent entre les personnes privées (ex : il pose
les règles applicables au contrat conclu entre ces personnes).

2. Le critère téléologique (par rapport à la finalité) :

La règle de droit public aurait pour but de promouvoir l’intérêt général, l’utilité publique… le droit public doit
être accompli dans l’intérêt public.
La règle de droit privé serait au contraire destiné à protéger des intérêts particuliers, des intérêts privés.
D’une manière générale, les actes de droit public doivent être accomplis dans l’intérêt public et
non dans l’intérêt de leurs auteurs. Au contraire, l’acte juridique du droit privé est passé dans l’intérêt de
son auteur ou dans un autre intérêt privé.

3. Le critère formel :
Le droit public est caractérisé par des techniques différentes de celles du droit privé, notamment en ce qui
concerne la forme des règles. La règle de droit public est généralement impérative. Elle se présente sous la forme
d’un ordre ou d’une interdiction. L’acte unilatérale autoritaire par lequel une personne peut en obliger
juridiquement un autre est une technique très souvent utilisé en droit public parce qu’elle rend compte de la
relation politique de subordination de l’individu à l’égard des autorités étatiques.
La règle de droit privé est parfois impérative mais souvent elle se limite à autoriser une certaine activité donc
c’est une règle permissive ou encore à interpréter une attitude des sujets de droit connu traduisant une certaine
intention donc dans ce cas, il s’agit d’une règle interprétative.

CHAPITRE II : DEFINITIONS ET CARACTERES


FONDAMENTAUX DU DROIT PUBLIC

Le droit public est constitué par l’ensemble des règles régissant les rapports de droit dans lesquels
interviennent des personnes publiques (Etat, collectivité locale, …), dans le but d’intérêt général et
généralement avec des prérogatives liés avec la puissance publique et celle qui régissent les relations entre ces
personnes publiques et les citoyens.

Par essence, le droit public se rattache à la notion d’Etat. Cela explique les traits caractéristiques des règles de
droit public. Ce sont des règles générales par vocation, destinées à s’appliquer aux fonctionnaires. En ce sens, le
droit public est un procédé de gouvernement.

Ce sont des règles posées principalement au moyen d’une technique unilatérale et autoritaire c’est-à-dire qui ont
une force contraignant et impérative à l’égard des citoyens sans que leur consentement soit à chaque fois
sollicité. On est en présence d’un droit inégalitaire. Les autorités publiques disposent de privilèges exorbitants
dont ne peuvent se prévaloir les particuliers et elles sont réputées en user ( ?) pour le bien commun. Le droit
public consacre la supériorité de l’Etat vis-à-vis des autres personnes publiques et la supériorité des personnes
publiques vis-à-vis des personnes privées. Ce caractère se reflète dans le fait que le procédé juridique type du
droit public et l’ordre donné par la personne d’autre par le biais de la loi ou du règlement ou encore que la règle
de droit peut normalement faire l’objet d’une exécution forcée.
CAPITRE III : LES BRANCHES DU DROIT
PUBLIC

1. Distinction du droit public interne et du droit public international :

Le droit public interne est celui qui, pour chaque Etat, fixe le statut des personnes publiques, fixe leurs
relations avec les personnes privées (=droit national).
Le droit international public est l’ensemble ordonné de règles qui concernent les relations entre les Etats, et
celles qu’ils entretiennent avec les autres entités internationales, c.-à-d. les organismes internationales (ONU,
SADC, …) et d’une manière générale avec la communauté internationale. (= droit communautaire).

2. distinction à l’intérieur du droit public interne :

Le droit public interne a pour but de fixer quelles sont, à l’intérieur d’un Etat, les règles relatives de la constitution
de la puissance publique et à ses rapports avec les sujets ou les gouvernés. Le droit public interne comprend 3
branches principales :
Le droit constitutionnel /droit des institutions politiques ou droit politique : il concerne le pouvoir de l’Etat,
i.e. sa structure, son mode d’acquisition, son fonctionnement. Il concerne l’organisation de la puissance
publique dans ses éléments les plus élevés comme le parlement, le gouvernement ou encore le pouvoir
judiciaire.
Le droit administratif, qui peut être considéré comme le droit qui règlemente la structure de l’administration,
ses agents et les rapports avec les particuliers (=administrés). Il peut donc être défini comme l’ensemble de
normes relatives à l’ordre public et à la mise en œuvre des activités publiques destinés à satisfaire au besoin
du public.
Les droits de finance public qui désigne l’étude des règlements des opérations relatives aux données
publiques, comme la loi de finance au budget, les impôts, les dettes publiques… selon le critère organique, les
finances publiques peuvent aussi être présentées comme l’ensemble des règles gouvernant les finances de
l’Etat, celles de collectivités locales, des fonds des établissement publiques…
N.B :l’étude de différentes taxes est dite: droit fiscale.

LE DROIT CONSTITUTIONEL :
Par certains aspects, le droit constitutionnel se trouve être le fondement de tout droit interne, qu’il s’agisse du
droit publique ou de droit privé car la constitution est toujours la loi fondamentale de chaque pays.
Constitution
Loi
Décrets
Arrêtés
Principes du droit
La jurisprudence
Coutumes

Hiérarchie des normes : pyramide de KELSEN

Le droit constitutionnel est aussi traditionnellement et principalement une branche essentielle du droit publique,
mais il exerce une influence considérable sur les autres branches du droit public, i.e. le droit administratif et les
finances publiques ; ainsi que sur celles du droit privé comme le droit civil ou le droit du travail. Le droit positif,
i.e. le droit en vigueur dans un pays donné dans un ensemble, y compris le droit constitutionnel implique la
présence d’un Etat, ou du moins, d’un pouvoir institutionnalisé susceptible de la dicter ou de la sanctionner. C’est
par là que le droit constitutionnel conditionne tout le reste du droit. Ce sont des normes constitutionnelles qui
vont définir la manière dont seront créées les autres règles juridiques i.e. les lois et les règlements… la discussion
de justice, les contrats, les traités internationaux… mais aussi dans certaines mesures, leur contenu. C’est
d’ailleurs ce qui permet de qualifier les règles infra-constitutionnelles d’intérieur.

CHAPITRE I : LA NOTION DE DROIT


CONSTITUTIONNEL
Dans sa description la plus classique, le droit constitutionnel est l’étude de l’ensemble des règles juridiques
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics ou plus précisément du pouvoir politique de l’Etat ;
tel qu’il est mis en place par un document particulièrement solennel :
La constitution. Comme l’a dit Charles Cadou : « il peut se définir comme la branche du droit qui détermine les
règles juridiques relatives à la structure de l’Etat et à l’exercice du pouvoir politique »

D’après cette définition, l’objet d’étude du droit constitutionnel comprend 2 éléments :


1. la structure de l’Etat :
Il s’agit de l’organisation interne de l’Etat, l’Etat qui est la forme actuelle de toute société humaine organisée. Vu
de cet angle, le droit constitutionnel, c’est « le droit de l’Etat ».

2. le pouvoir politique :
C’est le pouvoir de commandement qui appartient à certains individus appelés les « gouvernants », à l’égard de
leurs citoyens dits « gouvernés ». L’épithète constitutionnelle vient du fait que les règles essentielles de ce droit
figurent généralement dans un document que l’on appelle la constitution.

Le droit constitutionnel est défini par HUGUE PORTELLI comme étant l’ensemble des règles juridiques qui
encadrent l’exercice d’un pouvoir politique, et la compétition pour sa conquête dans l’Etat. C’est le droit de
l’autorité po--litique. Il est indissociable de « politique », la politique peut se définir comme la lutte pour la
conquête et l’exercice du pouvoir dans la société, selon la formule d’ANDRE HAURIOU, le droit constitutionnel
est la branche du droit qui assure l’encadrement juridique des phénomènes politiques.

CHAPITRE II : L’EVOLUTION DU DROIT


CONSTITUTIONNEL
Jusqu’au XXème siècle, l’enseignement du droit constitutionnel se limitait à l’étude de la constitution, statut
juridique de l’Etat qui fixe l’organisation des pouvoirs publics, de la hiérarchie des normes et de fondements
des citoyens.
La tâche essentielle de la science du droit constitutionnel était de décrire les normes juridiques en vigueur, i.e. les
règles du droit positif et d’en éclairer les fondements à l’aide des grandes doctrines i.e. de la théorie
constitutionnelle. Les constitutionnalistes se sont progressivement aperçus que la simplicité du texte juridique
fondamental était insuffisante pour résoudre et rendre compte du droit constitutionnel. La description des règles
constitutionnelles s’ajoutait que de peu d’éléments nouveaux à la simple lecture des textes constitutionnels.
On a remarqué également qu’il y aurait un décalage entre les règles contenues dans la constitution et la pratique
nulle au sein des Etats. Il y a un écart entre le droit et les faits réels. (Ex : de 1975-1991, Madagascar portait le
titre officiel de République Démocratique, mais le régime politique en vigueur n’était de loin démocratique).
Enfin, il existe des phénomènes politiques dont la constitution parle très peu mais qui jouent un rôle très
important dans la vie constitutionnelle, c’est le cas des partis politiques qui occupent une place importante dans
l’exercice de la démocratie et le fonctionnement des régimes politiques contemporains. La constitution
malgache ne consacre qu’un seul article (art11) au parti politique sur les 168 articles que comprend le texte
fondamental. Or, la vie politique a montré que les multiples crises qu’a connues Madagascar étaient liées aux
phénomènes des partis politiques.

La 1ère évolution du droit constitutionnel moderne est donc l’influence de la science politique en dépassant la
simple description des règles juridiques par la description au fonctionnement réel du système politique. C’est
ainsi que les programmes des études de droit ont été modifiés pour faire figurer dans le titre de cours à côté de
l’expression « droit constitutionnel » celle de « science politique » ou « institution politique ». En ce temps,
l’évolution du droit constitutionnel résultent des transformations qui affectent le fond de cette matière juridique,
il s’agit principalement du prodigieux développement de la justice constitutionnelle et du droit de la constitution
sanctionné par un juge. Dans de nombreux pays, des cours constitutionnelles ont été créées, c’est le cas à
Madagascar avec la H.C.C. Ces cours constitutionnelles ont interprété les règles constitutionnelles, l’ensemble de
ces interprétations forme ce que l’on appelle « jurisprudence constitutionnelle », cette jurisprudence est d’une
grande partie d’une grande complexité. Ces cours constitutionnelles vont amener à examiner si les lois sont
conformes aux écrits contenus dans la constitution. Elles contribuent à déterminer les bases des différentes
branches du droit comme le droit civil, le droit pénal, le droit commercial qui se trouvent dans la constitution. La
science du droit constitutionnelle retrouve alors son rôle essentiel, à savoir décrire et commenter cette
jurisprudence des cours constitutionnelles.
Le droit constitutionnel est bouleversé par cette évolution puisque l’existence d’un juge de la constitution
« juridicise » considérablement un droit qui auparavant était davantage régi par des accords conventionnels entre
les différents pouvoirs publiques. Le droit constitutionnel apparait aujourd’hui avec sa pleine normativité.
Aujourd’hui, le droit constitutionnel représente un vaste ensemble qui comprend plusieurs sous-branches. C’est
d’abord un droit clé d’Etat ou plus précisément le droit des activités internes de l’Etat. Il est élargi à des droits
dérivés comme le droit parlementaire qui régit la vie et les activités des assemblées parlementaires, comme le
droit électoral, qui fixe les règles de jeu pour la désignation des représentants. Ainsi le droit constitutionnel se
prolonge par un droit politique qui règlemente l’activité des partis politiques, qui règlemente le financement de la
vie politique, qui règlemente le statut des élus et des candidats aux élections.

CHAPITRE III : LES OBJETS DU DROIT


CONSTITUTIONNEL
On fait aujourd’hui la distinction entre le droit constitutionnel institutionnel, le droit constitutionnel des libertés
et le droit constitutionnel normatif. Mais le droit constitutionnel moderne est en train de prendre en
considération de nouveaux objets.

1. Le droit constitutionnel institutionnel

Le droit constitutionnel régit les relations entre les pouvoirs publics essentiellement entre les pouvoirs institués
c’est-à-dire le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Il s’intéresse aussi à certains aspects du pouvoir judiciaire.
Le droit constitutionnel ne se limite pas de nos jours aux seules institutions politiques, son objet s’étend
également aux institutions administratives comme les collectivités locales ou aux institutions juridictionnelles
comme la Haute Cour Constitutionnelle

2. Le droit constitutionnel des libertés :

Le droit constitutionnel régit les rapports entre gouvernants et gouvernés, entre la puissance publique et les
individus en conférant à ces derniers un certain nombre de droits et libertés fondamentaux. Il s’agit du droit
constitutionnel substantiel. Ces droits et libertés peuvent être individuelles comme le droit au respect de la vie
privée ou collectives comme la participation des travailleurs à la détermination des conditions de travail. Le droit
constitutionnel a pour objet d’énoncer un certain nombre de droit dont les individus peuvent se prévaloir
devant les gouvernants (ex : les articles 7 à 39 de la Constitution malgache actuelle).

En ce sens, le droit constitutionnel est une technique de liberté. Le droit constitutionnel n’est pas établi dans le
seul intérêt des gouvernants mais surtout dans celui des gouvernés. Il a pour objectif de concilier la liberté des
citoyens et la nécessaire autorité des gouvernants. C’est à travers les règles de droit constitutionnel que l’on va
essayer de tempérer le pouvoir des gouvernants avec le besoin de liberté des citoyens. Cette conception du droit
constitutionnel est née d’un mouvement idéologique puissant du XVIIIème siècle appelé « constitutionnalisme ».
Pour cette doctrine, il n’existe de véritable constitution que libérale, consacrant les principes supra-positifs les
droits de l’Homme et la séparation des pouvoirs destinés à fixer des bornes au pouvoir. Le droit constitutionnel a
aussi un rôle important à jouer en matière d’études des sociétés démocratiques avec le processus de
démocratisation engagé à Madagascar, en Afrique et en Europe centrale et de l’est à partir des années 90. Le
droit constitutionnel est un outil utile pour comprendre les mécanismes de la démocratie.

3. Le droit constitutionnel normatif :

La création et le régime juridique des normes juridiques, c’est-à-dire des règles de droit constituent le troisième
objet du droit constitutionnel. La Constitution est une norme de production des normes. Cela signifie que la
possibilité d’étiqueté des règles de droit vont puiser leur source dans la Constitution, la Constitution qui va
consacrer leur existence.

Ces trois objets du droit constitutionnel sont interdépendants les uns des autres (ex : l’élaboration d’une loi,
création d’une norme juridique peuvent soulever un conflit politique donc droit constitutionnel institutionnel est
porté sur une question de liberté).

4. Les autres objets du droit constitutionnel :

L’environnement est un nouvel objet du droit constitutionnel. Ainsi la protection de l’environnement introduite
dans la Constitution allemande en 1994 est une nouvelle finalité assignée à l’Etat. Il en est de même en France
avec la loi constitutionnelle relative à la Charte de l’environnement adoptée le 24 Juin 2004.

La décentralisation est aujourd’hui considérée comme un objet renouvelé du droit constitutionnel. La


Constitution malgache de la IV République consacre le titre 5, c’est-à-dire les articles 139 à 160 à l’organisation
territoriale de l’Etat et donc à la décentralisation.

CHAPITRE IV : L’IMPORTANCE ET L’INTERET


DU DROIT CONSTITUTIONNEL
La difficulté d’enseigner le droit constitutionnel vient des missions assignées à cet enseignement, la première de
ces missions est de former l’étudiant c’est-à-dire de l’initier au droit constitutionnel. Cette matière constitue
une véritable introduction au droit. La formation de l’étudiant passe par l’acquisition d’un vocabulaire aussi précis
que possible et par la maîtrise de concept et de mécanisme juridique.

La deuxième mission du droit constitutionnel est d’informer ou plus exactement de créer chez l’étudiant le réflexe
de s’informer. Les problèmes de droit constitutionnel ont des liens étroits avec l’actualité interne et
internationale. La formation du gouvernement d’Union nationale à Madagascar relève de l’actualité
constitutionnelle. Il en est de même de la désignation du nouveau Premier Ministre grec le 10 Novembre 2011.
Pour compléter sa formation et le cours magistral, l’étudiant devra s’informer et s’intéresser aux problèmes
politiques de son pays et aux problèmes internationaux.
La troisième mission concerne la mission traditionnelle de l’université qui a été et sera toujours un lieu de
réflexion sur la société comme l’écrit Claude Leclercq1 : « le cours de droit constitutionnel se présente non
seulement comme un enseignement d’introduction au droit mais aussi comme une matière devant inciter les
étudiants à la réflexion politique pour leur permettre de s’intégrer comme citoyen donc être pensant au monde
contemporain. »

Le droit constitutionnel doit favoriser la réflexion personnelle de l’étudiant afin qu’il soit capable de juger
l’évolution du monde contemporain au-delà des informations fournies par les médias. Le plan général de ce cours
est basé sur le schéma classique suivant :

Première partie : la théorie générale des institutions politiques

Deuxième partie : les régimes politiques contemporains

ère
1 PARTIE : THEORIE GENERALE
DES INSTITUTIONS POLITIQUES
Cette théorie consiste à poser le cadre théorique qui peut servir de modèle de référence dans l’étude pratique
des régimes politiques contemporains. Elle permet de présenter et d’expliquer les principales règles et les
mécanismes constitutionnels essentiels, d’étudier les institutions politiques2 imaginées par les hommes pour leur
gouvernement sous l’angle des rapports institutionnels et du fonctionnement interne de chaque institution.

Cette première partie est donc consacrée aux principaux problèmes théoriques qui concernent les institutions
politiques dans le monde contemporain. Toute étude portant sur les institutions politiques part d’un constat :
toute société humaine se caractérise aujourd’hui par la manifestation d’un phénomène d’autorité ou de pouvoir.
Le point de départ de cette étude sera la cadre d’exercice de ce pouvoir à savoir l’Etat.

L’ETAT :
CHAPITRE I : LA NOTION D’ETAT
La question qui se pose est la suivante : qu’est-ce que l’Etat ? La réponse à cette question conduit d’abord à
définir les conditions d’existence de l’Etat.

A. Les éléments constitutifs de l’Etat :

André Hauriou3 a donné de l’Etat la définition suivante : « un Etat est un groupement humain fixé sur un
territoire déterminé et dans lequel un ordre social, politique et juridique est établie et maintenue par une

3
autorité, munie de pouvoir de contraintes. » De cette définition, on peut conclure qu’en droit, trois éléments
sont nécessaires et suffisants pour que l’Etat existe :

Le territoire
La population
Le pouvoir politique

1. Le territoire :

L’Etat a été défini par Maurice Hauriou4 comme un phénomène essentiellement spatial, le territoire situe l’Etat
dans l’espace par rapport à ses voisins et délimite la sphère d’exercice de ses compétences.

Il ne peut pas y avoir d’Etat sans territoire peu importe que le territoire soit exigu comme le cas d’un micro-Etat
comme Maurice ou très vaste comme celui du Canada ou de la Russie. En droit, le territoire est l’ensemble
spatial délimité par des frontières sur lequel s’exercent les prérogatives de l’Etat. Le territoire fournit le cadre de
l’exercice des compétences étatiques. Il est l’étendue géographique sur laquelle va s’exercer l’autorité
souveraine et exclusive de l’Etat.

Le territoire de l’Etat comprend différents éléments à savoir le territoire terrestre, le territoire maritime et le
territoire aérien. Le territoire peut présenter certaines particularités. Le territoire terrestre peut être fractionné.
C’est le cas des Etats-Unis avec l’Alaska et les iles Hawaii, de l’Indonésie dont le territoire comprend 13677 îles et
des Seychelles dont le territoire est constitué de 115 îles et îlots. Certains Etats sont enclavés c’est-à-dire cernés
de toute part par un territoire étranger (ex : le Lesotho est enclavé en Afrique du Sud, d’autres Etats sont enclavés
par plusieurs Etats. C’est le cas du Tchad ou du Niger).

Le territoire est délimité par des frontières qui seront naturelles ou au contraire artificielles. Les frontières sont
des lignes qui déterminent où commencent et où finit le territoire relevant respectivement de deux Etats voisins.
Dans certains cas, le territoire tend à perdre de son importance avec les tentatives de certains Etats de se
regrouper entre eux. C’est le cas de l’Union européenne qui regroupe 27 Etats de l’Europe en signant le traité de
Maastricht le 7 février 1993. Les pays membres de l’Union européenne se sont engagés à réaliser une union
politique, économique et monétaire. Une telle union se traduit par un certain effacement des territoires
nationaux.

Les zones de libre-échange qui vont s’instaurer au sein de la Commission de l’Océan indien, au sein du COMESA
ou de la SADEC ont aussi pour effet de supprimer certains aspects des frontières nationales. Malgré ces tentatives
de regroupement, le territoire garde de son importance, des conflits armés continuent de naître en cas de
désaccord frontalier. C’est le cas du conflit armé de Janvier 2011 entre la Thaïlande et le Cambodge.

En Europe, l’acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe signée en 1975 à Helsinki
stipule de droit de tout Etat à vivre dans des frontières sûres et reconnues. Il affirme l’intangibilité des frontières
et déclare que toute modification ne peut se faire que par des moyens pacifiques. Une telle démarche pacifique
a pu être maintenue pour la réunification de l’Allemagne, pour le tracé de la frontière entre l’Allemagne et la
Pologne. Dans le cas de l’ex-Yougoslavie par contre, des conflits armés ont eu lieu pour délimiter le tracé des
frontières des nouveaux Etats.

En Afrique, la Charte de l’organisation de l’Unité africaine a posé dans son préambule et de ses articles 2 et 3 le
principe de l’intangibilité des frontières hérité de la colonisation c’est-à-dire que les nouveaux Etats africains au

4
Maurice Hauriou (Ladiville, Charente 1856 - Toulouse 1929) fut juriste et doyen de la faculté de droit de Toulouse de 1906 à
1926.
moment de l’indépendance devait garder les frontières artificielles tracées par les puissances coloniales lors de la
Conférence de Berlin de 1885.

Lorsque le territoire vient à faire défaut, la souveraineté ne trouve plus à s’exercer et on peut considérer que
l’Etat disparait. C’est le cas lorsque le territoire d’un Etat a été entièrement conquis ou annexé par une puissance
étrangère. C’est le cas de la colonisation de Madagascar au XIXème siècle. Les gouvernements en exil ne peuvent
pas être considérés comme des Etats à part entière. Ils redeviennent des Etats à partir du moment où leur
autorité s’exerce de nouveau sur le territoire.

2- La population :

Selon Burdeau, Hamon et Troper, « on ne peut parler d’Etat que lorsqu’un ensemble limité d’hommes est
soumis à un ordre juridique déterminé à l’exclusion de tout autre. » C’est un ensemble délimité par le territoire
qu’il occupe de manière suffisamment stable.

La population constitue le groupement humain à la base de l’Etat. Un territoire sans habitant comme
l’Antarctique n’est pas un Etat. La population est formée par l’ensemble des individus vivant de manière
permanente sur le territoire d’un Etat. La population est composée de nationaux c’est-à-dire d’individus liés à
l’Etat par le lien juridique de la nationalité commune.

Elle comprend aussi les étrangers qui résident sur son territoire. Ces derniers possèdent la nationalité d’un autre
Etat. A Madagascar, il y a des Français, des Chinois, des Indiens, etc… La population d’un Etat peut être homogène
ou hétérogène c’est-à-dire qu’elle peut être composée d’une nation unique ou d’un groupe de nationalités. Il y a
donc un rapport entre l’Etat et la nation.

a. Définition de la nation :

Il y a deux conceptions de la nation :

- La conception objective de la nation, qui est la conception allemande, met l’accent sur des éléments
objectifs pour identifier le groupe national. La nation est unie par la langue, la religion, la culture, la
géographie, la race. Cette conception a été développée par des auteurs allemands comme Fichte ;
- La conception subjective de la nation, qui est la conception française, met l’accent sur des liens spirituels.
La nation est d’abord un vouloir-vivre collectif. La nation est basée sur la volonté de vouloir vivre en
commun. Cette conception a été défendue par les auteurs français Ernest Renan ou Michelet.

Le territoire est une condition matériellement et psychologiquement nécessaire à l’existence de la nation. Un Etat
se trouve confronter à de graves difficultés lorsque le sentiment national a disparu (ex : dépolitisation,
désobéissance civile, nomadisme et migration massive, etc…)

b. Liens entre l’Etat et la nation :

La population de l’Etat peut être constituée d’une nation unique lorsque le territoire est habité par une
population homogène. On parle d’Etat-nation. Dans ce cas, il y a coïncidence entre l’Etat et la nation. La France et
l’Allemagne sont des Etats-nations.

L’Etat et la nation ne coïncident pas toujours. Il arrive qu’une nation soit divisée en deux ou plusieurs Etats. La
nation coréenne est divisée en deux Etats : la Corée du Nord et la Corée du Sud. Il existe des nations sans Etat
comme la nation kurde ou la nation palestinienne.
A l’inverse, un même Etat peut regrouper plusieurs nations à l’intérieur de ses frontières. L’Etat multinationale est
celui dans lequel la population est très différenciée par la langue, l’origine ethnique, les modes de vie, etc… L’Etat
multinational peut être un territoire de migration comme les Etats-Unis ou le Brésil.

Il existe des Etats sans nation comme certains Etats africains créés artificiellement à partir des anciennes
frontières coloniales. L’exemple de l’ancienne Union soviétique et de l’ancienne Yougoslavie montre que l’Etat
multinational peut éclater en plusieurs Etats nationaux. Après l’effondrement du communisme dans ces deux
pays, chaque nation principale s’est proclamée Etat souverain.

Cette démarche est juridiquement fondée sur le principe des nationalités d’une part et sur le droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes d’autre part. Ce droit a été réaffirmé par la résolution n° 1514 de l’Assemblée générale
des Nations Unies du 14 Décembre 1960. Selon ce principe et ce droit, toute nation a le droit de former un Etat.

Cependant le droit international ne reconnait pas de droit à la sécession des minorités au sein d’un Etat
indépendant. La Cour international de Justice a précisé le contenu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
dans un avis consultatif de 1975 sur le Sahara occidental. Elle y indiquait notamment que : « une certaine
population ne constitue pas un peuple pouvant prétendre disposer de lui-même ». C’est sur la base de cette
interprétation qu’aucun Etat n’a reconnu l’indépendance de l’île d’Anjouan aux Comores. Il faut souligner que ce
n’est pas l’existence d’une nation mais seulement celle d’une population qui est une condition d’existence de
l’Etat.

2. Le pouvoir politique :

L’Etat est une institution, c’est une organisation sociale dotée d’une personnalité juridique autonome et
souveraine. En tant que tel, l’Etat est doté d’une autorité politique qui doit assurer l’unité de la population et du
territoire. En tant que pouvoir, l’Etat est institutionnalisé, c’est-à-dire qu’il est fondé en droit et qu’il est une
construction juridique.

La puissance de l’Etat s’exerce selon des règles juridiques : on parle de pouvoir de droit. Le pouvoir des
gouvernants est établi dans une constitution ou une loi fondamentale. Pour exister, l’Etat ne peut pas se passer
du droit. Ce lien entre pouvoir et droit est clair sur le plan de la durée. Pour que le pouvoir subsiste et se
transmette, il faut qu’il soit impersonnel. Le pouvoir est distinct des individus qui en assurent momentanément la
charge (ex : distinction entre le Président de la République et la personne qui assume cette charge). Un individu
peut perdre le pouvoir (ex : en perdant les élections, ce pouvoir ne cessera pas d’exister en lui-même). Le
troisième élément constitutif de l’Etat est donc l’existence d’un pouvoir politique, qui est une organisation
politique et juridique que l’on appelle aussi appareil d’Etat. Il n’y a pas d’Etat sans un appareil d’Etat c’est-à-dire
sans des institutions ou organes spécifiques ayant un pouvoir juridique exclusif et effectif.

a. Le pouvoir exerce une autorité exclusive :

Exclusivité ne signifie pas inexistence d’autres autorités au sein de la société. Il y a par exemple l’autorité familiale
comme l’autorité parentale, comme les autorités professionnelles, les autorités religieuses, les autorités
traditionnelles, etc…

Exclusivité veut dire qu’il n’y a qu’un seul pouvoir politique qui s’exerce sur l’ensemble du territoire et sur
l’ensemble de la population. Il ne doit pas y avoir deux autorités politiques concurrentes comme les deux
gouvernements à Madagascar pendant les crises politiques de 1991 et 2002. Si l’organisation politique et
juridique que l’on appelle pouvoir n’exerce pas ses compétences exclusives, il n’y aurait ni indépendance, ni
souveraineté de l’Etat.
C’est le principe de la plénitude de compétence de chaque Etat sur son territoire. Ainsi, les compétences du
gouvernement malgache, du Parlement malgache et de la Justice malgache s’exercent sur l’ensemble du territoire
de Madagascar c’est-à-dire à l’intérieur des frontières de Madagascar.

La plénitude des compétences de l’Etat peut faire l’objet de certaines limitations. C’est le cas d’une concession
de base militaire à une puissance étrangère. Les bases militaires étrangères échappent à la compétence de l’Etat
d’accueil. Sous la Première République à Madagascar, les bases d’Ivato et de Diego Suarez relevaient de la
compétence de l’Etat français. Il faut souligner cependant que cet abandon temporaire de compétence est
volontaire de la part de l’Etat d’accueil. D’autre part, il y a un loyer à payer. Pour leur base militaire à Djibouti, les
Etats-Unis payent un loyer de 30 millions de dollars par an et le Japon, 40 millions de dollars par an.

b. Le pouvoir exerce une autorité effective :

Cela signifie qu’il doit être capable d’assurer réellement et effectivement l’ordre public, d’assurer les fonctions
étatiques et administratives sur son territoire. Le pouvoir politique doit être véritablement en mesure d’être obéi
sur tout son territoire.

Pour exercer effectivement son autorité, le pouvoir étatique a le monopole du recours à la contrainte matérielle.
Il est le seul à pouvoir utiliser la force armée et les forces de police pour se faire obéir. Le monopole de la
contrainte matérielle se traduit par le monopole de l’édiction des règles de droits et de l’emploi de la force
publique.

Ainsi, au Liban, la restauration de l’autorité de l’Etat en 1991 après plusieurs années de guerre civile a commencé
par la dissolution des milices et le renforcement de l’autorité de l’armée libanaise c’est-à-dire de l’armée de l’Etat.

Les institutions ou organes qui constituent l’Etat sont appelés à Madagascar au niveau le plus élevé institutions
politiques (ex : le Président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat ou le gouvernement) et au niveau
inférieur institutions administratives (ex : le chef de région, le chef de district ou le maire). L’existence de l’Etat
dépend donc de trois facteurs : un facteur humain, la population ; un facteur géographique, le territoire ; un
facteur politique, le pouvoir d’Etat.

Ces trois conditions d’existence de l’Etat sont cumulatives : dès que l’une d’elles manque, il n’y a pas d’Etat. C’est
le cas de la Somalie depuis 1991, les institutions étatiques ne contrôlent que la capitale.

B. La spécificité de l’Etat :

Sur le plan juridique, quels sont les critères de l’Etat ? L’Etat est une institution, une personne morale souveraine,
la première condition se rapporte donc à la personnalité juridique de l’Etat et la seconde condition à la
souveraineté de l’Etat.

1. La personnalité juridique de l’Etat :

Au sens juridique du terme, les personnes sont les êtres capables de jouir de droits. Les personnes sont
également des sujets de droit. L’Etat est une création humaine.

C’est une entité, en terme juridique, c’est une institution, une personne morale distincte de la personne physique
des gouvernants (ex : lorsque le Premier Ministre X signe un accord avec la banque mondiale, ce n’est pas lui qui
est personnellement engagé, c’est l’Etat malgache). Les gouvernants reçoivent leurs compétences de l’Etat et
l’exercent en son nom.

Le pouvoir est attaché à leur fonction et non à leur être. Symbole de la communauté nationale et titulaire du
pouvoir politique, l’Etat est érigé en personne morale de droit public. Cette personnalité juridique permet
d’assurer la continuité de l’Etat et d’en faire un centre de décision.
2. La souveraineté de l’Etat :

La souveraineté de l’Etat peut s’envisager sur le plan du droit interne et sur le plan du droit international. Elle a
aussi évolué avec le temps en passant de la notion politique à la notion juridique.

a. La notion politique de souveraineté de l’Etat :

Cette notion politique dégagée par Bodin en 1576 établit une équivalence entre souveraineté et indépendance
absolue. Elle consiste à affirmer que l’Etat est affranchi de toute espèce de subordination vis-à-vis de n’importe
quel autre pouvoir. Cette conception de la souveraineté indépendance est concernée par le droit international.
Elle est à la base de la doctrine de l’indépendance fondamentale des Etats dans les relations internationales et
justifie le principe de non-intervention et de non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Etat.

b. La conception juridique de la souveraineté de l’Etat :

Cette conception consiste à admettre que la souveraineté est la propriété des pouvoirs de gouvernement. Le
gouvernement d‘un Etat met en œuvre un certain nombre de pouvoirs ou de droits. Droits de législation et de
réglementation, droit de police, droit de justice, droit de battre monnaie5, droit de légation6, droit d’entretenir
une armée, etc… L’Etat a la disposition de ses pouvoirs de gouvernement appelé aussi droit régalien7 essentiel

c. La doctrine de la souveraineté :

Elle part de la constatation que l’Etat détermine lui-même ses compétences et ses propres règles fondamentales
inscrites dans la Constitution. L’Etat fonde et délimite l’ordre juridique national c’est-à-dire l’ensemble des règles
qu’il se donne et des règles qui en procèdent. C’est ce que les auteurs allemands comme Jelinek traduisent en
disant que seul l’Etat a la compétence des compétences. C’est ce que l’on appelle la souveraineté de l’Etat. En
droit, la notion de souveraineté est relative et divisible. A l’intérieur de chaque Etat, les compétences sont
partagées soit entre le pouvoir central et les collectivités locales soit entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés. Cela
dépend de la forme de l’Etat.

CHAPITRE II : LES DIFFERENTES FORMES


D’ETAT
La forme de l’Etat ou la structure de l’Etat ou plus précisément la forme d’organisation de l’Etat est un problème
très important. Au moment de l’élaboration d’une Constitution, la forme à donner à l’Etat fait toujours partie des
principaux sujets de discussions. Ce fut le cas lors de la création des Etats-Unis d’Amérique ou lors de la
Conférence nationale de 2010 à Madagascar au moment de la discussion sur la Constitution de la IVème
République. Parler de la forme de l’Etat conduit à envisager l’organisation des relations entre l’Etat et les
collectivités qui le composent.

5
Créer de l’argent
6
Droit de se faire représenter à l’étranger
7
Vient du terme roi : le roi détient tous les pouvoirs
Tout Etat est totalement libre de choisir la forme qu’il veut ou d’en changer à un moment donné. Le Cameroun
est ainsi passé en 1972 de la forme fédérale à la forme unitaire. S’il existe aujourd’hui 193 Etats, il y a deux
formes essentielles de l’Etat : l’Etat unitaire et l’Etat fédéral. Des Etats peuvent également se regrouper pour
former une confédération.

A. L’Etat unitaire :

Selon Pierre Pactet, « l’Etat unitaire est celui qui, sur son territoire et pour la population qui y vit, ne comporte
qu’une seule organisation politique et juridique dotée à elle seule de la plénitude de sa souveraineté ». Comme
le précise Delpérée, il s’agit d’un Etat où : « la loi est la même pour tous, la volonté politique s’y exprime d’une
seule et même voix. Elle s’impose à tous individus ou groupes de collectivités publiques ».

L’Etat unitaire se caractérise par le fait que les collectivités composantes ne disposent pas de la compétence
constitutionnelle ni même de la compétence législative.

Suivant le cas, elles peuvent disposer de certaines compétences réglementaires ou administratives limitées dans
l’espace mais ces compétences sont toujours exercées sous réserve du respect des décisions étatiques. Le maire
peut prendre des arrêtés (municipaux, communaux) en matière d’hygiène ou de circulation dans les limites
géographiques de sa commune.

La très grande majorité des Etats existants sont constitués par des Etats unitaires. La France, la Grande-Bretagne
ou Madagascar sont des Etats unitaires. L’Etat unitaire peut être organisé suivant des modalités diverses. Il pourra
être centralisé ou décentralisé.

1. L’Etat unitaire centralisé :

L’Etat unitaire centralisé, c’est l’Etat dans lequel toutes les décisions non seulement dans le domaine politique
mais aussi en matière administrative relèvent des administrations centrales des administrations de l’Etat.

L’Etat est dit centralisé lorsque le gouvernement central dispose de façon exclusive de l’autorité politique au
détriment des autorités locales. Le pouvoir est monopolisé par le centre. Selon George Burdeau, « partout où
s’exerce la puissance publique, c’est au nom de l’Etat et sous son autorité » il n’y a qu’un seul centre de
pouvoir : les autorités nationales ou centrales.

L’Etat unitaire centralisé connait lui-même deux formes d’organisation administrative : la concentration et la
déconcentration. L’Etat unitaire concentré c’est celui dans lequel tout pouvoir de décision émane de l’Etat et de la
capitale. Lorsqu’une question se pose dans une collectivité, l’Etat envoie des agents spécialisés afin de la
résoudre. Dans la réalité, la centralisation totale des décisions est difficile à mettre en œuvre.

A partir d’une certaine dimension, les Etats centralisés sont obligés d’admettre que les décisions d’intérêt locales
doivent être arrêtées au niveau local pour éviter la paralysie de l’Etat. Les décisions d’intérêt nationales sont
prises par le pouvoir centrale tandis que les décisions qui intéressent directement les administrés des collectivités
locales sont prises par les autorités locales.

L’Etat unitaire a toujours deux caractéristiques : d’une part, l’unité des institutions politiques c’est-à-dire qu’il n’y
a qu’un seul gouvernement, un seul Parlement et un seul appareil judiciaire pour l’ensemble du pays. D’autre
part, l’absence d’unité absolue c’est-à-dire qu’il y a toujours des mécanismes qui permettent d’atténuer la
centralisation.
Les Etats unitaires modernes peuvent adopter la formule de la déconcentration. L’Etat unitaire déconcentré c’est
celui dans lequel un pouvoir de décision est reconnu à des agents locaux de l’Etat nommé par le pouvoir central
repartie dans les circonscriptions administratives. Ces agents ne sont pas indépendants mais soumis à l’autorité
hiérarchique de l’administration centrale. Ils doivent obéissance à leurs supérieurs hiérarchiques c’est-à-dire à
leur ministre respectif. La déconcentration ne remet pas en cause le caractère centralisé de l’Etat.

2. L’Etat unitaire décentralisé :

La décentralisation territoriale consiste dans le transfert de compétences d’ordre administratif du pouvoir


central à des collectivités territoriales qui s’administreront elles-mêmes dans le cadre de lois qu’elles sont
chargées d’appliquer.

Les instances dirigeantes des collectivités territoriales sont élues. L’élection est un élément fondamental de la
décentralisation. Dans le cadre de la décentralisation, la gestion des affaires locales est confiée à des
représentants élus par les populations locales (ex : le maire et les conseillers municipaux ou communaux pour les
communes à Madagascar).

L’élection implique que les collectivités territoriales se voient reconnaitre la personnalité juridique. La collectivité
territoriale est érigée en personnes juridiques distinctes de la personne de l’Etat. Elle a ses services administratifs
distincts de ceux du pouvoir central.

Les collectivités territoriales assurent la gestion des affaires locales. Elle ne possède qu’un simple pouvoir
administratif. Elles peuvent prendre des décisions et édicter des normes locales sous réserve du contrôle de
tutelle du pouvoir central.

La tutelle est un contrôle exercé par le pouvoir central afin d’empêcher que les décisions des autorités locales ne
portent atteinte à l’intérêt général ou ne viole la loi de l’Etat. Il s’agit d’un contrôle de légalité qui garantit la
conformité des décisions des collectivités locales aux lois de l’Etat.

B. L’Etat régional :

L’Etat régional ou la régionalisation qui s’est développé au XXème siècle apparait comme une forme accentuée de
la décentralisation. Elle va consister pour l’Etat à conserver la compétence de principes et à déléguer des
compétences d’attribution aux régions. L’Italie et l’Espagne sont les deux Etats dont les Constitutions illustrent la
situation de la régionalisation. L’Etat régional est celui dans lequel les collectivités supérieures comme les régions
en Italie ou les communautés autonomes en Espagne disposent du pouvoir d’adopter certaines lois dans une série
de matières énumérées par la Constitution. Le régionalisme politique ou décentralisation politique est la forme la
plus poussée de la décentralisation.

L’Etat reste unitaire mais il a transféré une partie de ses compétences législatives aux régions autonomes par le
biais de la Constitution. L’Etat régional que l’on appelle aussi Etat autonomique se rapproche beaucoup plus de
l’Etat fédéral que de l’Etat unitaire du fait que les compétences attribuées aux régions sont très importantes.
Théoriquement, de 1998 à 2007, Madagascar était un Etat régional avec le système des provinces autonomes.

1. Définition de la région :

C’est à partir de la Constitution italienne du 27 Décembre 1947 que l’Etat régional a pu être conceptualisé. Son
article 5 dispose que : « la République I est indivisible, reconnait et favorise les autonomies locales, réalise dans
les services qui dépendent de l’Etat la plus ample décentralisation administrative, adapte les principes et les
méthodes de sa législation aux nécessités de l’autonomie et de la décentralisation ». Dans certaines matières
énumérées par la Constitution et dans les limites des principes fondamentaux fixés par les lois de l’Etat, les
régions établissent des règles législatives à condition que ces mêmes règles ne soient pas en opposition avec
l’intérêt national et avec celui d’autres régions.

2. La notion d’autonomie :

Dans le cadre du régionalisme politique, l’autonomie n’est pas celle au sens du droit administratif et qui n’est
qu’une simple catégorie de la décentralisation. Il s’agit ici de l’autonomie au sens du droit constitutionnel c’est-
à-dire de l’autonomie politique.

L’autonomie politique présente un double aspect : il y a d’une part un aspect positif avec le droit pour la
collectivité autonome, à la fois d’adopter des lois et de participer à la propre définition de son statut c’est-à-dire
un pouvoir d’auto-organisation. A Madagascar, les provinces autonomes avaient le pouvoir d’adopter des lois
dans certains domaines déterminés et définissaient leur propre statut avec des lois statutaires.

Il y a d’autre part un aspect négatif à savoir que la collectivité autonome n’est pas indépendante mais se trouve
au contraire dans un état de dépendance par rapport à un ensemble plus vaste : l’Etat central, avec lequel elle
partage les deux droits qui viennent d’être définis. L’autonomie politique implique l’idée de droit propre de
nature politique et l’idée de limite.

3. Les attributions de l’autonomie des régions autonomes :

C’est la Constitution qui attribue aux régions leur autonomie politique, administrative et financière. L’art. 115 de
la Constitution italienne qui organise une régionalisation approfondie précise que : « les régions sont constituées
en organismes autonomes ayant des pouvoirs particuliers et des fonctions qui leur sont propres selon les
principes établies par la Constitution ».

En Italie, l’art. 117 de la Constitution confère aux régions le pouvoir d’adopter des lois spécifiques dans plusieurs
domaines comme la pêche dans les eaux intérieures, comme l’agriculture et forêt, comme l’artisanat,
l’urbanisme, le tourisme et les industries hôtelières, etc… Les 15 régions à statut ordinaire et les 5 cinq régions à
statut spécial sont dotés de pouvoir législatif et administratif ainsi que de moyens financiers.

La Constitution espagnole du 27 Décembre 1978 a reconnu un droit à l’autonomie des nationalités et des régions.
Les communautés autonomes espagnoles sont dotées de l’autonomie législative.

C. L’ETAT FEDERAL :

L’Etat fédéral ou le fédéralisme est une structure à base d’association d’Etats. Cette association de Deux ou
plusieurs Etats conduit à la formation d’un super Etat. Le fédéralisme est un mode d’organisation politique
relativement répandu. Une vingtaine de nations a adopté le système fédéral.

Parmi les Etats fédéraux figure la première puissance mondiale : les USA. En Europe, l’Allemagne, l’Autriche ou la
Suisse sont des Etats fédéraux. En Amérique, le Canada, le Mexique, le Venezuela et l’Argentine sont organisés
suivant le modèle fédéral. En Asie, l’Inde, le Pakistan et la Malaisie sont des Etats fédéraux. En Afrique, la formule
fédérale est appliquée au Nigeria et en Ethiopie.

1. Définition juridique :

L’Etat fédéral est une association d’Etats qui se soumettent en partie à un pouvoir central unique et qui en
partie conserve une large autonomie constitutionnelle, législative et juridictionnelle. L’Etat fédéral se présente
comme une union de droits constitutionnels entre des Etats comportant d’une part un Etat fédéral central à
l’étage supérieure et d’autre part une pluralité d’Etats fédérés à l’étage inférieure. L’Etat fédéral a sa nationalité,
son territoire propre et une organisation constitutionnelle distincte.
L’Etat fédéral est unique du point de vue international car il est le seul doté de la personnalité juridique
internationale. Vis-à-vis de l’extérieur, cela signifie que les Etats fédérés ne sont pas des sujets de droit
international. Le droit international ne connait que l’Etat fédéral et ignore les Etats fédérés. C’est le centre donc
l’Etat fédéral et lui seul qui définit la politique étrangère, conclut et ratifie les traités internationaux et engage
la responsabilité internationale de l’Etat. L’Etat fédéral est un Etat complet au sens propre du mot comme l’Etat
unitaire. Les Etats fédérés constituent des entités étatiques et sont donc différentes des collectivités
décentralisées d’un Etat unitaire. Chaque Etat a droit à une organisation constitutionnelle autonome.

Les principes directeurs du fédéralisme : le fédéralisme n’est pas une structure d’Etat unique dont on pourrait
dégager un certain nombre d’éléments constitutifs. Le fédéralisme canadien n’est pas le fédéralisme allemand et
ce dernier est différent du fédéralisme indien, australien ou argentin. Il y a en fait autant de fédéralismes qu’il y
a d’Etats fédéraux. Chaque Etat fédéral présente des particularités propres dont il est impossible de faire
abstraction. Mais il existe pourtant un fond commun, un ensemble de traits généraux qui forment ce que l’on
peut appeler les principes directeurs du fédéralisme. Ils sont au nombre de trois. Ils se cumulent et se limitent
mutuellement. Ce sont le principe de l’autonomie, le principe de la superposition et le principe de la
participation.

a. Le principe d’autonomie :

Ce principe veut dire que les Etats fédérés donc la périphérie comme les Etats américains, comme les Länder
allemands ou les cantons suisses sont considérés comme des quasi-Etats. Dans le domaine de leur compétence,
ils jouissent d’une véritable autonomie, d’une indépendance relative à l’égard de l’Etat fédéral. Cette autonomie
se traduit par le droit pour chaque Etat fédéré de se donner librement à une constitution et des institutions
politiques propres. Les 50 Etats fédérés américains ont chacun leur propre constitution, de même les 26 cantons
que comptent la Suisse, disposent tous d’une constitution, d’un Parlement, d’un gouvernement et de tribunaux
indépendants. Ils soulignent leur autonomie en se donnant le titre de République et cantons.

L’autonomie est institutionnelle et organisationnelle. Chaque Etat fédéré est libre d’aménager l’organisation
entre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. L’autonomie est financière car les Etats
fédérés perçoivent des impôts et décident librement de leur affectation. Les Etats fédérés sont des Etats à part
entière avec un territoire, une population, un pouvoir politique et une politique propre. En Suisse, les
gouvernements cantonaux s’appellent Conseil d’Etat.
, c’est-à-dire qu’elle ne peut se déployer que dans le cadre tracé par l’Etat fédéral. C’est ici
qu’intervient le deuxième principe directeur

b. Le principe de superposition :

Il limite le principe d’autonomie. Il signifie que l’ensemble des attributions des Etats fédérés et la manière dont
ils en font usage sont soumis aux exigences d’un ordre juridique supérieure, celui du centre, celui de l’Etat
fédéral comme l’Union aux Etats-Unis, le Bund en Allemagne ou la Confédération en Suisse.

Donc, les Etats fédérés . Ils ont des attributions


propres mais celles-ci leur sont reconnues ou déléguées par la Constitution ou par la législation fédérale. Dans
l’exercice de leurs compétences, ils doivent respecter scrupuleusement l’ensemble du droit fédéral supérieur.

Le fédéralisme implique la
soumission de la périphérie au centre, implique la subordination de l’ordre juridique étatique à l’ordre juridique
fédéral. A l’intérieur de l’Etat fédéral, la supériorité du droit fédéral doit entrainer l’annulation ou la nullité de
toute règle ou décision étatique qui n’est pas conforme à ce droit.

c. Le principe de participation :
Il limite celui de superposition et complète celui d’autonomie. Il permet aux Etats fédérés de participer à
l’exercice du pouvoir fédéral, à l’exercice du pouvoir législatif et constituant. La participation des Etats fédérés à la
direction de la politique fédérale s’opère par le biais de leur représentation au sein des instances fédérales
chargées d’élaborer cette politique. Elle traduit l’idée d’égalité entre les Etats membres de la fédération.

Cette participation se fait au moyen de toute sorte d’institutions et de règles qui permettent aux Etats fédérés
de concourir à la formation et à l’expression de la volonté fédérale. Dans les Etats fédéraux, il existe en principe
à côté d’une assemblée parlementaire qui représente l’ensemble de la population de la fédération une seconde
assemblée chargée de représenter les Etats fédérés.

Donc il existe une seconde assemblée chargée de représenter les Etats fédérés. En Suisse, l’Assemblée fédérale
est constituée par le Conseil national qui représente le peuple et le Conseil des Etats qui représentent les cantons.

En général, il y a une représentation égalitaire des Etats fédérés au sein de cette 2nde assemblée. Aux Etats-Unis,
en Suisse, au Mexique ou en Argentine, chaque Etat fédéré a droit à 2 sièges, au Brésil, à trois sièges, en Australie
à 10 sièges. Les Assemblées qui représentent les Etats fédérés ont en général les mêmes prérogatives législatives
que celles qui représentent le peuple. Donc, elle participe à l’élaboration des lois fédérales. Les Etats fédérés
participent au processus de révision de la Constitution fédérale qui ne peut être modifiée sans l’accord des 2/3
ou 3 /4 des Etats fédérés selon les systèmes.

2. La répartition des compétences :

Le fédéralisme implique nécessairement une répartition des pouvoirs et des responsabilités entre l’Etat fédéral
et les Etats fédérés.

Cette répartition ne peut être opérée que par la Constitution fédérale qui se voit ainsi attribuer une fonction
spécifique à savoir séparer et coordonner les activités respectives des deux entités étatiques concernées.

a. Les clés de répartition des compétences :

Il existe deux clés de répartition des compétences : d’une part, la Constitution énumère le plus souvent les
compétences attribuées à l’Etat fédéral. Toutes les autres matières sont laissées aux Etats fédérés. C’est le cas
des USA.

Ainsi, on trouve dans les Constitutions de type fédéraliste une liste plus au moins longue d’attributions diverses
qui sont réservées à l’Etat fédéral comme la Défense national, les relations extérieures, comme la politique
économique, l’émission de billets de banque, la sécurité sociale, la protection de l’environnement, etc…
Négativement, ces mêmes Constitutions indiquent aux Etats fédérés ce qui leur reste comme attributions comme
la police, comme l’assistance publique, les logements sociaux, les cultes, l’éducation, etc… Et toute nouvelle
activité qui ne se trouve pas mentionner ni envisager par la Constitution fédérale.

D’autre part, la Constitution donne la liste des attributions confiées aux Etats fédérés. Seul l’Etat fédéral peut
intervenir dans les autres domaines. C’est le cas du Canada. Afin de garantir à l’Etat fédéral et aux Etats fédérés
le respect de leurs compétences respectives, les Etats fédéraux créent généralement un organisme juridictionnel
qui a vocation à arbitrer les conflits d’attribution éventuels entre la fédération et les Etats fédérés.

La Cour suprême des USA ou le tribunal constitutionnel en Allemagne sont chargés d’exercer cette police des
compétences. En matière de répartition des compétences, le fédéralisme allemand se distingue des autres. La
Constitution allemande organise entre les compétences appartenant à l’Etat fédéral et celle appartenant aux
Etats fédérés un 3ème secteur baptisé « compétence, concurrence ». Il s’agit des matières dans lesquelles la
fédération et les Länder vont collaborer. On parle à ce propos

b. Les tendances dominantes de la répartition des compétences :


A travers la diversité des systèmes, quelques dominantes se dégagent. L’Etat fédéral a l’armée sous son autorité
et il dispose des monopoles des relations internationales. Les Etats fédérés ont un pouvoir de lever des impôts
et disposent généralement de compétences plus ou moins étendues dans le domaine du droit privé comme le
statut familial, comme le commerce, comme les banques ou les assurances. Souvent l’enseignement relève des
Etats fédérés.

Il ne suffit pas de répartir une fois pour toute les compétences, les circonstances changent, les besoins évoluent,
les priorités se modifient, l’activité étatique s’étend ou se rétrécit et tous ces changements peuvent rendre
nécessaire une modification de la répartition des pouvoirs. Pour opérer cette modification, les Etats fédéraux
utilisent des méthodes et des techniques différentes.

Aux USA, c’est la loi fédérale qui peut étendre la répartition initiale des compétences prévu par la Constitution
fédérale sous réserve du contrôle de constitutionnalité qu’effectue la Cour Suprême fédérale. En Suisse, chaque
extension des compétences fédérales nécessite une révision de la Constitution selon une procédure
démocratique qui exige la majorité des votes des citoyens et la majorité des votes de cantons. L’évolution des
systèmes fédéraux va dans le sens d’un renforcement de l’Etat fédéral au détriment des Etats fédérés.

CHAPITRE III : LA COOPERATION INTER-


ETATIQUE
A. La confédération d’Etat :

C’est une association d’Etats qui respectent en principe la souveraineté internationale de ses membres et qui
poursuit des objectifs communs. Plusieurs Etats se groupent par le biais et constituent une
communauté organisée appelée « ». Contrairement à la fédération dont le fondement est
une constitution, le statut juridique de la confédération résulte d’un traité international entre les Etats membres.

Au regard du droit international, la confédération ne constitue pas un Etat. Chaque Etat membre conserve sa
personnalité juridique sur le plan international. Il demeure un Etat indépendant reconnu par la Communauté
internationale. La souveraineté n’appartient pas à la Confédération mais à chaque Etat membre. Le traité
constitutif de la confédération peut instituer un organe central compétent pour exercer un certain nombre de
fonctions énumérés par le traité lui-même.

Généralement, il s’agit de fonction de coordination de la politique des Etats membres dans un certain nombre
de domaine. Dans le cadre de la confédération, les décisions les plus importantes sont prises à l’unanimité des
représentants des Etats membres. Certaines décisions peuvent être prises à la majorité si elles ne portent pas sur
des questions jugées essentielles. L’histoire montre plusieurs exemples de confédérations comme la
Confédération américaine, la Confédération helvétique ou la Confédération de l’Allemagne du Nord.

Les Etats membres de ces confédérations ont surtout exercé en commun des compétences diplomatiques et
militaires. Les confédérations n’ont qu’une existence provisoire. Soit elles se sont dissoutes, soit les liens entre
les Etats membres se sont renforcés et la Confédération s’est transformée en un Etat fédéral comme les Etats-
Unis ou la Suisse. Une confédération peut aussi se transformer en un Etat unitaire comme les Pays-Bas.

En Afrique, la dernière Confédération existante a été la Sénégambie formée par la République du Sénégal et la
République de Gambie. Créé par le pacte confédéral du 17 Septembre 1981, la Confédération de Sénégambie a
été dissoute en 1989. La Confédération a connu un regain d’intérêt. La communauté des Etats Indépendants (CEI)
qui rassemblent 11 anciens Etats fédérés de l’ex-Union soviétique est une confédération.

C. L’Union européenne :

L’UE constitue une catégorie spécifique d’un regroupement d’Etats. C’est une institution à mi-chemin entre la
Confédération d’Etats et l’Etat fédéral.

Par certains côtés, l’UE dispose des caractéristiques d’un Etat fédéral à savoir des pouvoirs très larges dans des
domaines d’une importance capitale, existence d’organes supranationaux comme la Commission européenne,
existence d’un Parlement européen élu au suffrage universel direct, application directe des normes
communautaires appelées directives sur le territoire des Etats, jurisprudence de la Cour de Justice des
Communautés européennes, existence d’un droit européen. L’Union européenne dispose d’une personnalité
juridique internationale propre.

Cependant, l’UE n’est pas un Etat fédéral car l’ensemble des 27 pays membres ne constituent pas un super-Etat.
Le fondement des pouvoirs de l’Union n’est pas une constitution mais des traités internationaux comme le traité
de Rome, le traité d’Amsterdam, le traité de Maastricht et le traité de Lisbonne. L’UE n’est pas souveraine. Elle
ne peut pas édicter d’elle-même ses propres compétences. Ces dernières lui sont attribuées par les Etats
membres. Les Etats membres de l’UE restent souverains. Ainsi, seuls 17 Etats sur 27 ont adoptés l’euro comme
monnaie unique.

Par d’autre côté, l’UE ressemble à une confédération. Elle est fondée sur des traités internationaux et les Etats
membres sont souverains du point de vue du droit international. Mais le développement des pouvoirs
communautaires s’est traduit par une réduction du domaine de souveraineté de chaque Etat. Juridiquement, l’UE
reste une organisation internationale même si ses pouvoirs vont bien au-delà de ceux d’une organisation
internationale classique.

L’Etat contemporain est une institution c’est-à-dire une personne morale détentrice du pouvoir politique.
Comme les autres personnes morales, l’Etat ne peut pas exister sans un statut. Le statut de l’Etat c’est sa
Constitution. Tous les Etats du monde ont une Constitution à l’exception de la Libye.

La Constitution a une valeur symbolique. Elle apparait souvent comme l’acte fondateur d’un Etat, consacrant la
naissance et l’entrée d’un nouveau membre dans la société internationale. La Constitution peut être aussi le
symbole d’un changement de régime politique. Elle est l’acte fondateur d’un régime.

Dans certaines circonstances, les peuples aspirent à l’élaboration d’une nouvelle Constitution qui organise le
pouvoir, fixe les règles de son fonctionnement, apporte la sécurité sur le plan interne et la respectabilité sur la
scène mondiale.

La Constitution a une portée philosophique sur le plan de la philosophie politique, se donner une Constitution
c’est admettre que le pouvoir n’est pas illimité. Ces détenteurs, peuple et gouvernant acceptent de lui fixer des
bords. L’idée de limitation du pouvoir est à l’origine de l’élaboration des constitutions. On passe d’un pouvoir
arbitraire auxquels tout est permis à ce qu’on appelle un Etat de droit c’est-à-dire un Etat qui accepte d’être
limité par le droit et le respecter. L’organisation du pouvoir ou plutôt des organes à qui il est attribué,
l’organisation des modalités de son attribution et de la manière dont il l’exerce se réalise à travers la
Constitution.
LA CONSTITUTION :
CHAPITRE I : LA NOTION DE CONSTITUTION

Le terme « constitution » vient du latin « constitutio » qui veut dire institution, disposition, organisation. D’après
la définition générale

. La Constitution
n’est pas qu’un instrument juridique. Elle est toujours l’expression d’un projet politique globale et traduit un
rapport de force politique. Elle détermine la règle du jeu politique que les gouvernés et les gouvernants doivent
théoriquement respecter. La doctrine reconnait deux sens au terme « constitution » :

- Au sens matériel, au point de vue de son contenu, la Constitution réunit l’ensemble des règles relatives à
l’organisation du pouvoir, à savoir, structures, titulaires, organes, relatives à son fonctionnement,
dévolution, rapports entre les organes, rapports avec les citoyens et au-delà, à la Constitution elle-même.
Elle comprend un certain nombre de matières qui présentent par nature un caractère constitutionnel
comme les règles relatives à l’organisation du pouvoir, à la forme de l’Etat, à la création des règles de
droit, aux droits et libertés fondamentaux. Les principes idéologiques et politiques qui ont inspiré les
rédacteurs de la loi fondamentale peuvent figurer dans cette Constitution matérielle. La Constitution de
la République populaire de Chine du 10 Janvier 1975 par exemple énumère dans son préambule une
succession d’impératifs qui se terminent par un objectif ultime : « faire de la Chine un puissant Etat
socialiste, de dictature du prolétariat et apporter une plus grande contribution à l’humanité » ;
- Au sens formel, le mot « constitution » désigne : « l’ensemble des règles quel que soit leur objet qui sont
énoncés dans la forme constitutionnelle ». Généralement contenu dans un document spécial et doté
d’une valeur supérieure à celle des lois ordinaires, ces règles ne peuvent être révisées que suivant une
procédure particulière différente de celles utilisées pour la loi. L’élément décisif de cette définition
formelle, c’est l’idée que les règles formellement constitutionnelles ont une valeur juridique supérieure
à celle de toutes les autres règles de droit positif. La notion de constitution matérielle et de constitution
formelle ne coïncide pas. A Madagascar, la Constitution formelle c’est-à-dire le document écrit que l’on
appelle Constitution est complété par des lois organiques qui traitent indiscutablement de questions
matériellement constitutionnelles mais qui n’ont pas la valeur de la Constitution. En revanche, certains
Etats comme la Grande-Bretagne n’ont pas de constitution formelle mais seulement une Constitution
matérielle. Aujourd’hui, on ne s’attache plus qu’à la définition formelle de la Constitution.
- Une Constitution est donc un document écrit qui nécessite pour son adoption et sa révision une
procédure plus solennelle que celle applicable aux autres actes juridiques.

CHAPITRE II : LA FORME DES


CONSTIUTIONS
En droit constitutionnel, la distinction est traditionnellement faite entre deux types de Constitutions : les
constitutions non-écrites et les constitutions écrites.

A. Les constitutions non-écrites :

Il arrive que des Etats n’aient pas de Constitutions écrites pour différentes raisons : soit ils ont une constitution à
dominante coutumière, soit ils sont en attente d’une Constitution écrite.

1. Les constitutions coutumières :

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, l’organisation de la société, le statut des institutions étaient fixés par la coutume.
La Constitution pouvait être coutumière, c’est-à-dire ne pas être enfermée dans un texte écrit. Une constitution
coutumière est une constitution dont le contenu réside dans un ensemble de traditions ou d’usage non-écrit. Au
cours du temps, on a pris l’habitude de se comporter d’une certaine façon en certaines circonstances. Des règles
naissent un peu au hasard, s’accumulent et régissent les institutions. Une constitution coutumière se met peu à
peu en place. C’était le cas des Etats monarchiques. La forme coutumière a progressivement disparu en même
temps que la monarchie absolue.

Actuellement, les constitutions coutumières n’existent pratiquement plus. Le seul pays disposant d’une
Constitution coutumière est la Grande-Bretagne. Le Royaume-Uni a été le premier pays à se doter d’une véritable
Constitution appelée « Magna Carta » ou la Grande Charte de 1215 où le Roi renonce à certains pouvoirs au
profit des barons et des communes et se déclare lié par la loi et notamment par certaines procédures légales
comme l’interdiction d’emprisonnement arbitraire appelé aussi Habeas Corpus. Il faut cependant souligner que la
Constitution britannique a toujours été et elle est toujours une Constitution partiellement coutumière c’est-à-dire
qu’à côté des règles coutumières existent des documents écrits ayant valeur constitutionnelle. Elle réunit un
ensemble composite de règles, de lois, de coutumes et de conventions dont certaines remontent à la Grande
Charte de 1215. Malgré ces textes écrits, les règles essentielles relatives au système politique britannique, comme
le droit de dissolution de la Chambres de communes ou l’obligation pour le monarque de désigner comme
Premier Ministre le chef du Parti politique qui a gagné les élections législatives, sont de nature coutumière avec
force obligatoire.

2. L’absence de constitution écrite en Israël :

Depuis sa création, le 14 Mai 1948, Israël n’a toujours pas de Constitution écrite. Pourtant, la déclaration
d’indépendance stipule expressément que : « une Constitution devra être élaborée par une Assemblée
constituante d’ici le 1er Octobre 1948 » Depuis 1948, Israël attend sa Constitution écrite. Les divergences entre
partis laïques et religieux empêchent jusqu’ici la rédaction d’un texte constitutionnel. Une partie des Juifs
religieux rejetaient l’idée d’un document qui aurait pour l’Etat une autorité supérieure aux textes religieux. Les
partis religieux ne veulent pas d’une Constitution dont certaines dispositions pourraient être contradictoires avec
les principes bibliques ou talmudiques (un des livres sacrés du judaïsme) notamment pour tout ce qui concerne
les droits de l’Homme, pour tout ce qui concerne le statut des non-Juifs vivants en Israël ou la forme de l’Etat.
Par exemple, les partis religieux n’acceptent pas le caractère républicain de l’Etat. Ils sont convaincus que la
Monarchie sera rétablie avec l’arrivée du Messie, descendant en ligne directe du Roi David. Le 13 Juin 1950, la
Première Knesset trouva un compromis avec la résolution Harari : « plutôt que de rédiger immédiatement une
Constitution complète, elle chargea son comité de la Constitution des lois et de la Justice, d’adopter le
document chapitre par chapitre. Chacun entrerait en vigueur avec le caractère de loi fondamentale et ils
seraient assemblés en une Constitution après l’adoption du dernier chapitre. » De 1958 à 1988, neuf lois
fondamentales furent adoptées qui disposaient de l’organisation des institutions politiques. En 1992, la Knesset
adopta les deux premières lois fondamentales relatives aux droits fondamentaux ce qui permit par la suite à la
Cour suprême d’Israël de se déclarer compétente en matière de contrôle de constitutionnalité.

B. Les Constitutions écrites :

Actuellement, presque tous les Etats ont une Constitution écrite. La première de toutes les constitutions écrites a
été celle de la Virginie en 1776, suivi par celles des Etats-Unis d’Amérique en 1787 et celle de la France en 1791.
Cette Constitution de 1791 qui est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, a eu un impact universel.
A cause de cette influence, la pratique des Constitutions écrites s’est généralisée et s’est étendue pratiquement
au monde entier. La première Constitution écrite de Madagascar date de 1959. Le constitutionnalisme, un
courant d’idées, apparut au XVIIIème siècle en Europe et en Amérique du Nord, préconise l’adoption de
constitutions écrites dans le but de faire obstacle à l’arbitraire du pouvoir. Selon ce puissant mouvement
idéologique, la Constitution est le moyen de limiter le pouvoir politique. Elle a pour objectif d’éviter l’arbitraire en
définissant clairement les règles du jeu politique et en empêchant toutes les interprétations que permettent les
Constitutions totalement coutumières.

CHAPITRE III : LE CONTENU DES


CONSTITUTIONS

Une Constitution peut être très courte comme la Constitution américaine qui à l’origine ne comportait que sept
articles. A l’inverse, une Constitution peut être longue comme celle de l’Inde avec ses 352 articles.

Le contenu d’une Constitution varie selon la longueur, selon qu’elle se limite aux principes généraux ou entre
dans les détails. Une Constitution contient en général les principes directeurs de l’ordre juridique étatique c’est-
à-dire qu’elle définit quelles sont les buts, les finalités qui doivent guider les opérateurs du droit, les règles de
base concernant l’aménagement et la transmission du pouvoir d’Etat et enfin, elle contient l’énoncé des libertés
fondamentales protégées par l’Etat.

A. Les règles constitutionnelles :

Il s’agit des règles d’organisation et des procédures de fonctionnement des institutions qui forment en quelque
sorte le noyau dur de la Constitution. Elles indiquent à qui appartient l’exercice du pouvoir politique, elles
indiquent la procédure selon laquelle sont désignés les gouvernants, elles indiquent l’énoncé et la répartition de
leurs fonctions, ainsi que les procédures à suivre pour les accomplir. Ces dispositions concernent par exemple la
désignation du chef de l’Etat, l’élection des députés, la création d’une Cour chargée de veiller au respect de la
Constitution, elle concerne la révision de la Constitution, etc… La caractéristique importante de ses règles est
qu’elles sont en principe obligatoires pour les pouvoirs publics. C’est le domaine de la Constitution-loi. Les
gouvernants sont liés par ces dispositions et ne pas les respecter équivaut à violer la Constitution. Les règles
constitutionnelles comprennent en général les règles relatives à la structure gouvernementale, les règles
étrangères à la structure gouvernementale et les dispositions transitoires.

1. Les règles relatives à la structure gouvernementale :

Le premier objectif des Constitutions est d’organiser l’exercice du pouvoir. Les règles constitutionnelles vont
déterminer qui aura la qualité pour vouloir et pour agir au nom de l’Etat et qui l’engagera valablement. La
Constitution régit le statut des titulaires des fonctions législatives, exécutives et judiciaires, c’est-à-dire noms et
compositions des organes, mode de désignation de leurs membres, durée de leur pouvoir, garanti de leur
indépendance.

La Constitution règle également les rapports entre les différents organes qu’elle établit, exemple, rapports entre
le gouvernement et le Parlement. La Constitution institue des organes d’Etats qu’on appelle pouvoir constituer et
organise les mécanismes pacifiques visant à assurer leur renouvellement. Ces règles relatives à la structure
gouvernementale conditionnent la légitimité des gouvernants. C’est parce qu’ils dirigent l’Etat sur la base des
règles constitutionnelles et dans les limites fixées par la Constitution que le pouvoir des gouvernants est légitime
c’est-à-dire conforme aux aspirations des gouvernés. La légitimité réside dans le titre qui justifie l’exercice du
pouvoir par les gouvernants. En général, on fait une distinction entre la légitimité démocratique qui situe l’origine
du pouvoir dans le peuple et la légitimité théocratique qui fait d’un dieu ou d’une quelconque divinité la source
de tout pouvoir. Dans le premier cas, la légitimité des gouvernants provient de leur victoire au cours d’élection
démocratique. Dans le second cas, la légitimité du monarque provient du fait qu’il est le représentant de Dieu sur
Terre. Le régime politique malgache se réclame de la théorie de la légitimité démocratique. L’article 1 er alinéa 3
de la Constitution de la IVème République dispose que : « la démocratie est le principe de l’Etat de droit
constitue le fondement de la République ».

2. Les dispositions diverses :

Ce sont des règles inscrites dans la Constitution mais sans rapport avec l’organisation et le rôle de l’Etat. Ces
règles sont qualifiées de formellement constitutionnelles. Elles sont constitutionnelles par leur forme et leur
valeur juridique mais leur contenu matériel devrait relever des lois ordinaires. On peut y trouver le nom de l’Etat
(ex : la République de Chine pour Taïwan qui s’oppose à la République populaire de Chine pour Pékin.) On peut y
trouver le drapeau avec ses couleurs, sigles de la nation. On peut y trouver la devise nationale. On peut y
trouver la capitale de l’Etat, ainsi que l’hymne nationale et enfin, la langue et la religion officielle.

3. Les dispositions transitoires :

Par définition, elles n’ont qu’un caractère temporaire. Ces dispositions transitoires sont nécessaires car il faut
plusieurs mois entre l’adoption d’une Constitution et la mise en place des institutions qu’elle prévoit. Les
dispositions transitoires se trouvent généralement à la fin de la Constitution. Les articles 164 à 168 constituent les
dispositions transitoires de la Constitution malgache de la IVème République. Une fois toutes les institutions
prévues par une nouvelle Constitution mise en place, les dispositions transitoires ne s’appliquent plus.

B. Les déclarations des droits :

L’Etat de droit est souvent associé à la garanti des droits et libertés, associé à l’idée moderne de démocratie.
L’Etat de droit constitutionnel suppose que ces droits et leur garanti soient énoncés dans la Constitution. Cette
énonciation peut prendre deux formes :

- D’une part, elle peut prendre la forme d’une Déclaration des droits, séparée de la Constitution. Une
déclaration des droits se présente comme un document empreint de solennité précédant généralement
la Constitution qui vient énoncer les droits et libertés des individus face à l’Etat. C’est le cas de la France
avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;
- L’énonciation peut être intégrée à la Constitution elle-même. C’est le cas de la Constitution allemande, de
la Constitution espagnole ou de la Constitution malgache. La plupart des Constitutions africaines
proclament leurs attachements aux libertés et aux droits fondamentaux reconnus dans un Etat de droit.
Ces constitutions se réfèrent à des grands textes universels. La constitution malgache actuelle fait
référence à la Charte internationale des Droits de l’Homme, aux conventions relatives aux droits de la
femme et de l’enfant, à la protection de l’environnement, aux droits sociaux, économiques, politiques,
civiles et culturels.

Sur le plan théorique, les constitutionnalistes font la distinction entre déclaration des droits et garanti des droits.
Les déclarations des droits se trouvent dans le préambule des Constitutions. Le préambule, ce sont les
dispositions regroupés dans un texte placé en tête de certaines Constitutions. Les garantis des droits sont des
textes inclus dans le corps de la Constitution c’est-à-dire qu’elles sont rédigées sous forme d’articles de la loi
fondamentale. Les auteurs ont deux conceptions de la valeur juridique des déclarations des droits de l’Homme.
Pour les uns, les déclarations des droits n’ont jamais de force juridique. Les déclarations des droits qui figurent
dans le préambule des Constitutions n’ont que la valeur d’un exposé philosophique, dépourvu de sanctions
juridiques. Pour les autres, une déclaration des droits doit avoir au moins une certaine force juridique. Seules les
garanties constitutionnelles des droits qui figurent dans le corps même des Constitutions ont une réelle valeur
juridique. A Madagascar, le problème de la valeur juridique du préambule de la Constitution a été réglé par
l’ordonnance numéro 62-041 du 19 Septembre 1962, relative aux dispositions de droit interne et de droit
international privé. L’article 13 de ce texte dispose : « les principes généraux contenus dans le préambule de la
Constitution de la République malgache s’impose aux juges qui doivent dans tous les cas en faire assurer le
respect et l’observation dans e cadre de la législation en vigueur » Cet article signifie que les principes contenus
dans le préambule n’ont pas la valeur de règles constitutionnelles mais valeur de lois ordinaires. Souvent, la
déclaration des droits ou le préambule est renforcée par un chapitre spécial à l’intérieur même de la Constitution
et que les constitutionnalistes qualifient de garanti des droits. Ces dernières sont rédigées en article de la loi
fondamentale (ex : art. 7 à 39 de la Constitution malgache).

CHAPITRE IV : Les sources du droit


Constitutionnel

Elles sont multiples, les catégories de règles constitutionnelles sont hiérarchisés, au sommet de hiérarchie des
normes constitutionnelles se trouve la Constitution formelle, le doc. Ecrit appelé Constitution ou loi
fondamentale. Mais Les règles à caractère constitutionnelle ne se limitent pas à la Constitution, elles peuvent
prendre la forme de lois organiques, de règlement intérieur des assemblées, de lois ordinaires ou de décisions de
justice.

A. La constitution écrite :

Le document écrit donne des facilités de preuve, des garanties de certitude, de protection contre l’arbitraire, des
garanties de sécurité. Le caractère écrit donne aussi d’autres garanties qui tiennent à ce qu’est déterminé
l’organe compétent pour la modifier et définit la procédure qui devra être suivie. Les citoyens sont assurés d’une
certaine stabilité des règles constitutionnelles et surtout, les gouvernants ne pourront pas les modifier à leur gré
selon leurs propres.

B. Les lois organiques :

L’expression « loi organique » peut désigner deux types de textes qui ont une place différente dans la hiérarchie
des normes. Les lois organiques peuvent être d’abord des lois ordinaires dont le contenu est matériellement
constitutionnel car elles concernent l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics. Pris dans ce sens,
l’expression loi organique n’est qu’une commodité de langage sans conséquence juridique. La loi organique a la
valeur juridique d’une loi ordinaire.

Les lois organiques peuvent aussi être des lois qui se situent à un échelon intermédiaire entre la Constitution et la
loi ordinaire. C’est dans ce sens que le terme est employé à Madagascar. Dans ce sens, elles présentent trois
caractéristiques :

- Elles sont matériellement constitutionnelles ;


- La Constitution prévoit ces lois organiques pour compléter et préciser le texte fondamental car elle ne
peut pas elle-même énoncé des règles aussi détaillées qu’il serait nécessaire. La Constitution malgache
prévoit une loi organique pour les règles relatives à l’élection du Président de la République, à l’élection
des députés ou des sénateurs pour le code électoral pour le statut des magistrats, etc… ;
- Elles sont adoptées ou modifiées selon une procédure particulière, procédure plus contraignante que la
procédure législative ordinaire. A Madagascar, le trait le plus marquant de cette procédure est l’examen
par la Haute Cour constitutionnelle de la conformité à la Constitution de tout projet ou proposition de loi
organique. Il s’agit d’empêcher que la loi organique sous prétexte de compléter la Constitution n’en
remette en cause les principes.

C. Les règlements des assemblées :

Les règlements des assemblées parlementaires complètent la Constitution pour tout ce qui concerne
l’organisation interne des assemblées et le travail parlementaire. Le règlement intérieur d’une assemblée
organise en détail la procédure législative, organise le rôle des commissions parlementaires et celui du bureau
permanent de l’Assemblée parlementaire. A Madagascar, l’Assemblée nationale et le Sénat sont dotés chacun
d’un règlement intérieur.

Le règlement intérieur peut être adopté de différentes manières selon le degré d’autonomie des Assemblées
parlementaires. Le système de la plus grande autonomie consiste à donner entière compétence aux Assemblées
parlementaires pour l’adoption de leur règlement intérieur. Le second système est celui dans lequel le règlement
intérieur du ou des assemblées parlementaires est adopté par le pouvoir exécutif. Un système intermédiaire
consiste à laisser les Assemblées parlementaires à adopter leur règlement intérieur mais sous le contrôle du Juge
pour qu’elle ne viole pas la Constitution. C’est ce système qui est appliqué à Madagascar.

D. Les lois ordinaires :

Il s’agit de lois qui sont relatives à l’organisation et au fonctionnement des pouvoirs publics (par exemple en
France, le mode de scrutin pour les différentes élections fait l’objet d’une loi ordinaire). L’avantage de la loi
ordinaire est que la modification de la loi électorale ne nécessite pas une modification de la Constitution. Le
désavantage est que les majorités parlementaires successives peuvent être tentées de modifier les règles du jeu
pour accroître leur chance de se maintenir au pouvoir. Au Canada, les principales sources du droit constitutionnel
sont les règles législatives. Elles comprennent les lois constitutionnelles de 1867 à 1882.

E. La coutume constitutionnelle :

Le Constitution coutumière appartient au passé. Le vrai problème qui se pose est la place de la coutume dans les
Etats qui disposent d’une Constitution écrite. La coutume constitutionnelle est différente de la Constitution
coutumière car il s’agit d’une règle coutumière qui complète une Constitution écrite.

1. Définition de la coutume constitutionnelle :

La coutume constitutionnelle est l’ensemble des usages nés de la pratique d’une Constitution écrite et considéré
comme ayant force obligatoire. Même élaboré avec le plus grand soin, une Constitution écrite n’est jamais
parfaite. Les rédacteurs d’une Constitution ne peuvent pas tout prévoir et tout régler. Il y a toujours des lacunes
que les règles coutumières peuvent combler. Comme dans les autres branches du droit, la coutume
constitutionnelle doit répondre à deux conditions essentielles :

- D’une part, l’existence d’une pratique répétée durant une assez longue durée ;
- Et d’autre part, la conviction généralisée que cette pratique est obligatoire et que l’on appelle
« opiniojuris ».

Les juristes, l’opinion publique et les pouvoirs publics eux-mêmes reconnaissent cette pratique comme étant le
droit. La coutume dure tant que subsiste ce sentiment de contrainte. Une pratique en sens contraire met en
doute la coutume et si cette pratique se répète, il se crée une nouvelle coutume. L’exemple le plus célèbre
concerne le droit constitutionnel américain. Le mandat du Président y est de quatre ans. Dans sa rédaction de
1787, la Constitution des Etats-Unis ne limitait pas le nombre de mandats qu’un même homme pouvait exercer.
Cependant, le Premier Président George Washington, après avoir accompli deux mandats, avait renoncé à en
brigué un troisième et il fut imité en cela par tous ses successeurs. On était donc en présence d’une coutume
constitutionnelle. Cela n’empêcha pas le Président Franklin Roosevelt d’en brigué avec succès un troisième et
même un quatrième. Pour revenir à la coutume initiale, il a fallu voter un amendement à la Constitution
interdisant à un Président de se présenter pour un troisième mandat.

2. le rôle de la coutume constitutionnelle :

Différentes coutumes constitutionnelles peuvent être distinguées. La coutume interprétative ou « secundum


constitutionem »vient préciser le sens à donner à des dispositions constitutionnelles équivoques. Elle est destinée
à interpréter la loi constitutionnelle écrite en cas d’incertitude. Elle le clarifie. La coutume supplétive ou « praeter
constitutionem » constitutionnel apparait dans le silence de la constitution. Elle est destinée à compléter les
lacunes de la Constitution écrite. La coutume interprétative et la coutume supplétive sont admises par tous les
juristes contemporains. Elle joue un rôle important lorsque la Constitution est courte c’est-à-dire comprend peu
d’articles et n’édicte que des règles générales. Elles permettent également aux régimes d’évoluer en douceur sans
avoir à recourir à des révisions constitutionnelles fréquentes. La coutume abrogative ou « contra
constitutionem » contredit la règle constitutionnelle écrite. Ce type de coutume n’est pas admis. La coutume ne
peut jamais modifier ou abroger une disposition constitutionnelle écrite. La règle écrite prime toujours sur la
règle coutumière.

F. La jurisprudence constitutionnelle :

Le mot jurisprudence a plusieurs sens. Dans un sens, il désigne l’habitude de juger dans un certain sens, résultat
de cette habitude. Dans ce sens, on peut considérer la jurisprudence comme une source de droits. Dans un autre
sens, elle désigne la tendance habituelle d’une juridiction déterminée ou d’une catégorie de juridiction à juger
dans un sens déterminé. Dans ce cas, on parle de la jurisprudence de la Haute Cour constitutionnelle, de la
jurisprudence du Conseil d’Etat…

La jurisprudence constitutionnelle est essentiellement constituée par l’ensemble des décisions prises par la
juridiction constitutionnelle dans le cadre du contrôle de constitutionnalité des normes.

Il arrive que les juridictions judiciaires et administratives participent également à l’élaboration de la


jurisprudence constitutionnelle notamment en matière de question relative à la répartition des compétences et à
l’organisation des pouvoirs.
CHAPITRE V : LE FONCTIONNEMENT DE LA
CONSTITUTION

L’examen du fonctionnement de la Constitution va permettre de préciser certains éléments. Son fonctionnement


c’est-à-dire son existence concrète qui commence avec sa naissance, s’achève par sa disparition que ponctue
dans l’intervalle les innombrables transformations que peuvent produire la pratique ou l’intervention du
constituant. Dans la vie constitutionnelle, l’établissement et la révision de la Constitution sont des évènements
importants pour un Etat. Les constitutions formelles écrites sont adoptées et modifiées par un pouvoir spécial
appelé le pouvoir constituant. On appelle pouvoir constituant le pouvoir d’élaborer ou de modifier la
Constitution.

A. L’établissement des Constitutions :

1. Le moment :

La naissance de la constitution résulte d’une décision politique du constituant. L’établissement d’une constitution
a lieu lorsque l’ordre juridique antérieur a disparu ou lorsqu’il est devenu caduque. Une constitution est élaborée
lorsqu’il y a un vide juridique qui peut résulter de diverses circonstances :

L’élaboration d’une constitution peut avoir lieu au moment de la naissance de l’Etat. Il y a Etat
nouveau lorsque sur un territoire déterminé il n’y avait pas d’état et qu’il s’en crée un. La formation
d’un Etat nouveau peut résulter de la décolonisation. Dans les années 1960, la décolonisation a été
un facteur essentiel pour l’apparition de nouveaux Etats issus des nouvelles colonies anglaises et
françaises en Afrique. La sécession conduit à la formation d’un nouvel Etat. La sécession consiste dans
la séparation d’une partie du patrimoine d’un Etat préexistant et qui laisse subsister celui-ci. Le
Bangladesh a été fondé à la suite de la partition du Pakistan en 1971. La région semi-autonome du
Sud-Soudan est devenue totalement indépendante du Nord. Le nouvel Etat est né officiellement le 9
Juillet 2011. Il y a création d’un nouvel Etat à la suite de la dissolution d’un Etat préexistant. Il y a
dissolution d’Etat lorsqu’un Etat préexistant éclate en plusieurs Etats nouveaux. La dissolution touche
généralement des Etats fédéraux. Ce fut le cas de l’ex-URSS et de l’ex-Yougoslavie dans les années
1990. La création d’un Etat nouveau peut résulter de la fusion d’Etat qui désigne la formation d’un
Etat unique à partir de plusieurs entités distinctes qui disparaissent et qui laissent place à une seule
personnalité internationale. Le Tanganyika et Zanzibar se sont regroupés en 1964 pour former la
Tanzanie. La République arabe du Yémen et la République démocratique et populaire du Yémen se
sont regroupés dans la République yéménite. Il y a également formation d’un Etat nouveau lorsque
plusieurs Etats jusque-là indépendants s’associent pour créer un Etat fédéral. La première
constitution fédérale helvétique (Constitution Suisse) de 1848 a été établie de cette manière. Il y
enfin formation d’un Etat nouveau, lorsqu’un Etat fédéral impose la… se fut le cas de l’ex Union
Soviétique et de l’ex Yougoslavie dans les années 90.
L’élaboration d’une Constitution peut avoir lieu à la suite d’un changement de régime dans un Etat
existant. Un changement de régime signifie que le régime politique en place et sa Constitution sont
rejetés car ils ne correspondent plus aux aspirations du peuple ou de la majorité du peuple. A
Madagascar, le régime de l’Ière République a été contesté en 1972, celui de l’IIème République en
1991 et celui de l’IIIème République en 2009. Le changement de régime se traduit par un changement
de République.
L’élaboration d’une nouvelle constitution peut résulter de la prise de conscience par les gouvernants
de la nécessité de changer de régime politique. C’est le cas du Maroc en 2011 qui après les
manifestations du Printemps arabe a décidé d’élaborer une nouvelle constitution qui devrait faire
passer ce pays d’un régime de monarchie absolue vers une monarchie plus proche d’une monarchie
constitutionnelle ou parlementaire.

L’élaboration d’une nouvelle constitution exigeant du temps, le passage d’un régime politique à un
autre est entre coupé par la mise en place d’un régime de transition. A Madagascar, un régime de
transition a été instauré de 1972 à 1975, de 1991 à 1992 et depuis 2009.
Le changement de régime est différent du changement de gouvernement. Le changement de
gouvernement est un procédé normal qui se déroule dans le cadre de la Constitution et selon les
procédures prévues par la Constitution. Il se traduit par un changement au niveau de membres de
l’équipe gouvernemental tandis que le changement de régime se traduit par l’adoption d’une
nouvelle constitution.

2. l’organe compétent :

L’organe compétent pour établir la constitution est celui qui détient le pouvoir constituant originaire qui est
le pouvoir d’établir les règlements fondamentaux, relatives à la dévolution et à l’exercice du pouvoir
politique. C’est celui qui a adopté le texte initial de la Constitution. Dans le cas des constitutions écrites, la
décision d’adopter une nouvelle constitution est précédée par une préparation, une mise au point, ce qu’on
appelle l’écriture du texte constitutionnel.

Le pouvoir constituant originaire peut appartenir à des organes différents selon le caractère plus ou moins
démocratique de la procédure adoptée. Selon un premier mode d’établissement le pouvoir constituant
originaire appartient à un individu. Cette hypothèse s’est rencontrée dans certains régimes monarchiques
dans lesquelles la constitution appelée « charte » est octroyée donc concédée par le Roi à ses sujets. Selon
cette première modalité, toute intervention du peuple est exclue. Ce procédé autocratique appartient au
passé.

Aujourd’hui, l’idéologie démocratique est dominante. Selon la théorie démocratique, c’est le peuple qui a le
pouvoir constituant originaire. La volonté du peuple est la source du pouvoir en conséquence, le pouvoir
constituant originaire appartient au peuple. La participation du peuple à l’établissement d’une Constitution
peut se faire de différentes manières :

a. Le procédé de l’Assemblée constituante :

Une assemblée constituante est une institution collégiale avec pour tâche la rédaction ou l’adoption d’une
constitution c’est-à-dire le texte fondamental d’organisation des pouvoirs publics d’un pays. Les membres de
l’assemblée sont en général élus par le peuple. L’assemblée souveraine et temporaire est élue uniquement pour
élaborer et voter la constitution.

Dès que la Constitution est rédigée et votée, l’Assemblée constituante est appelée à disparaitre. L’assemblée
constituante tunisienne composée de 217 membres a été élue le 23 Octobre 2011. Elle a pour but de rédiger la
nouvelle constitution de la Tunisie. Elle a eu également pour tâche de désigner un gouvernement transitoire. Ce
procédé de l’assemblée constituante est démocratique car le peuple, titulaire du pouvoir constituant originaire,
délègue ses pouvoirs à ses représentants par l’intermédiaire de l’élection. Le procédé est également
démocratique car il permet une large discussion des dispositions constitutionnelles au sein de l’assemblée
constituante.
b. Le procédé des conférences nationales souveraines :

C’est un procédé qui a été utilisé au début des années 90 par les pays africains francophones en voie de
démocratisation. Contrairement aux assemblées constituantes, les participants à ces conférences nationales ne
sont pas élus par le peuple mais désignés selon des critères censés assurer la représentativité des différentes
catégories de la population.

Chargé de débattre des problèmes nationaux et de l’avenir du pays, certaines conférences nationales comme
celles du Mali ou du Congo se sont autoproclamées souveraines pour élaborer et adopter une nouvelle
constitution.

Le forum national comme celui qui a eu lieu à Madagascar en 1992 et la conférence nationale de 2010 n’avait pas
de caractère souverain. S’ils ont débattu de projets constitutionnels, l’adoption définitive de la nouvelle loi
fondamentale est passée par l’organisation d’un référendum.

c. Le procédé de l’assemblée traditionnelle :

C’est un procédé utilisé pour l’élaboration de la nouvelle constitution de l’Afghanistan. La « Loya Girga » ou Grand
Conseil est un organe traditionnel qui s’est réuni en Décembre 2003 et en Janvier 2004 pour élaborer et adopter
la nouvelle constitution afghane.

d. Le procédé du référendum constituant :

Le peuple dispose du pouvoir constituant. Il l’utilise en confiant par son approbation par référendum à un
simple projet la valeur et la force d’une Constitution. Dans ce cas, le peuple est appelé à se prononcer par voie
de référendum en répondant par oui ou par non sur un projet de constitution. Un référendum constituant a eu
lieu au Maroc le 1er Juillet 2011.

Il a permis aux électeurs marocains de s’exprimer sur une réforme constitutionnelle visant à démocratiser les
institutions du pays et à déboucher sur l’adoption d’une nouvelle constitution.

Un référendum porte toujours sur un seul texte juridique mais non sur deux ou plusieurs textes. En matière de
référendum constituant, trois situations sont possibles :

Le référendum porte sur un projet de constitution élaboré par le gouvernement ou par un comité
technique quelconque. Au Burkina-Faso, un nouveau projet de constitution a été élaboré par une
commission constitutionnelle puis adopté lors d’un référendum populaire en 1991.
Le référendum porte sur un projet de constitution discuté par un forum national ou par une conférence
nationale. Ce fut le cas à Madagascar pour l’adoption de la Constitution de IIIème République a été
discuté au cours du forum national en 1992 corrigé sur le plan technique par un comité d’expert puis
soumis à un referendum populaire le 19 aout 1992.
Le référendum porte sur une constitution préparée et votée par une assemblée constituante. Dans ce cas,
le peuple élit d’abord une assemblée constituante et il est ensuite consulté par référendum sur le texte
élaboré par l’assemblée. Ce procédé a été utilisé pour la nouvelle constitution égyptienne. Ce dernier
procédé est le mode le plus démocratique d’élaboration de la constitution car le peuple intervient une
première fois pour désigner ses représentants à l’assemblée constituante et une seconde fois pour
entériner ou rejeter le projet de constitution. La consultation de la population peut être plus poussée. Au
Bénin, une commission constitutionnelle de 15 membres pour la plupart des juristes a élaboré un avant-
projet de constitution qui a été ensuite soumis pour discussion à la population notamment à travers les
autorités locales. La mise en forme définitive du texte constitutionnel a eu lieu après cette discussion et
les Béninois se sont prononcés par référendum sur ce texte final.
B. La révision de la constitution :
Réviser une constitution c’est la modifier en supprimant certains articles ou en rédigeant de nouvelles
dispositions. On parle de révision constitutionnelle soit de réforme constitutionnelle soit d’amendement
constitutionnelle.

1. Le problème de la révision constitutionnelle :

D’une part, une constitution est élaborée pour durer et si possible pour l’éternité. Cependant, l’immuabilité
absolue des constitutions entraine un blocage de la vie politique. Il a un risque de déphasage entre la constitution
et les réalités politiques, économiques et sociales c’est-à-dire entre la constitution et l’évolution de la société. A
défaut de révision, les changements nécessaires se feront par des manifestations de rues, par la Révolution.
Comme le dit Joseph Owona « une constitution qui n’évolue pas est une constitution morte et facile à
enterrer » D’autre part, la reconnaissance du droit de révision « à tout vent » c’est-à-dire à n’importe quel
moment est dangereuse car elle entrainerait une instabilité de l’Etat. Le droit constitutionnel moderne admet le
droit de révision des constitutions pour au moins deux raisons :

- D’une part, ce n’est qu’à l’expérience qu’on sait si une constitution est bonne ou non. En conséquence, le
constituant laisse une porte ouverte à une éventuelle révision de son œuvre et prévoit dans le corps
même de la loi fondamentale la manière dont elle pourra être modifiée.
- D’autre part, on estime qu’en adaptant la constitution à l’évolution de la situation politique par des
révisions suffisamment espacées, on accroit considérablement ses chances de durer. C’est le cas de la
constitution des USA. Si le principe de la révision constitutionnelle est admis, la suprématie de la
constitution sur tous les autres textes juridiques implique une règlementation stricte du droit de révision.

Les constitutions modernes instituent un pouvoir de révision au pouvoir constituant originaire succède un
pouvoir constituant dérivé ou institué. Le pouvoir constituant dérivé c’est le pouvoir de réviser la constitution.
C’est l’autorité qui est habilité spécialement à modifier la constitution déjà existante. La révision peut aller de la
modification mineure d’une disposition à la transformation du régime. Il y a d’abord les révisions destinées à
corriger les lacunes et les imperfections techniques que peut révéler le fonctionnement des institutions. Il y a
ensuite les révisions qui marquent un tournent ou tout au moins un changement important dans l’orientation
politique du pays. C’était le cas de la révision de la Constitution malgache du 17 Septembre 1995. Si la révision
porte sur un très grand nombre de disposition, et à fortiori si elle est totale, on peut pratiquement aboutir à
l’élaboration d’une nouvelle constitution. C’est une formule très contestable que Liet-Vaux a qualifié de « fraude
à la constitution » et qui a été utilisé à Madagascar pour les révisions constitutionnelles de 1998 et de 2007.

a. Délimitation entre constitution souple et constitution rigide :

La distinction est fondée sur la plus ou moins grande facilité avec laquelle la constitution peut être révisée. La
constitution est dite souple lorsqu’elle peut être modifiée selon les mêmes règles et les mêmes formes que la loi
ordinaire, selon la procédure législative ordinaire. Ceci implique qu’il n’y a pas de suprématie de la constitution
sur la loi. Les constitutions coutumières sont par définition souples car elles sont toujours adaptables par la
pratique. D’autre part, la constitution peut être changée par le Parlement en votant une simple loi.
Exceptionnellement, une constitution écrite peut être souple. C’est le cas lorsque la constitution écrite ne prévoit
pas de procédure spéciale de révision. C’est le cas de la Nouvelle-Zélande qui a décidé en 1947 de ramener sa
constitution au rang des lois ordinaires. La constitution chinoise de 1978 laisse l’assemblée nationale populaire
libre d’amender la constitution. La constitution est dite rigide lorsqu’une procédure spéciale est prévue pour la
révision, procédure plus difficile que celle suivit pour la modification de la loi ordinaire. C’est la constitution elle-
même qui organise cette procédure spéciale de la révision qui sera longue et complexe pour éviter que la
constitution ne soit révisée trop facilement. La formulation « constitution rigide » a été proposée par les juristes
anglais Ducey et Bryce au début du XXème siècle. La procédure spéciale a pour objet de protéger la constitution
et de garantir les droits de la minorité. Presque toutes les constitutions écrites sont rigides. Les constitutions
malgaches ont toujours été rigides. Les Constitutions malgaches ont toujours été rigides.
b. Le moment de la révision :

Le choix du moment de la révision appartient aux gouvernants. Les constitutions prévoient ou ne prévoient pas
des conditions de délai selon deux cas de figure. Dans un premier cas, aucune condition de délai n’est prévue.
Donc la constitution peut être révisée aussi souvent qu’on le désire avec le risque de désacraliser la loi
fondamentale. Dans un second cas, la Constitution impose un délai entre les révisions. L’article 284 de la
Constitution portugaise exige que cinq ans se soient écoulés depuis la date de la précédente révision.

c. Les raisons de la révision :

Le choix de la révision dépend soit d’un souci d’amélioration technique, soit d’une volonté de changement
politique. La révision de la constitution française du 28 Juin 1999 permettant aux législateurs de prendre des
mesures propres à favoriser l’égalité des femmes et des hommes avaient un caractère technique. Par contre, à
Madagascar, les révisions constitutionnelles ont toujours eu une connotation politique. Ce fut le cas de la révision
de la constitution malgache de l’IIIème République en Septembre 1995. Pour résoudre un conflit entre le
Président de la République Albert Zafy et le Premier ministre Francisque Ravony. La révision constitutionnelle de
Mars 1998 a mis en place un Etat régional et a renforcé les pouvoirs du Président de la République donc une
révision politique. La révision du 4 Avril 2007 a supprimé les provinces autonomes tout en accentuant le
déséquilibre entre l’exécutif et le législatif donc une révision politique. L’art. 161 de la Constitution de la IVème
République dispose que : « aucune révision de la constitution ne peut être initiée sauf en cas de nécessité jugée
impérieuse ». La notion de nécessité jugée impérieuse est vague et donc susceptible de plusieurs interprétations.
L’instance chargée d’apprécier cette nécessité impérieuse n’est pas non plus précisée.

3. La mise en œuvre de la révision de la constitution :

Les techniques de la révision d’une constitution écrite concerne 3 questions essentiels, à savoir l’initiative de la
révision, les procédures de révisions et les limites possibles aux pr….

a. L’initiative de la révision :

Dans les régimes où l’exécutif est fort ou dans les régimes autoritaires comme les monarchies absolues ou les
dictatures, l’initiative de la révision est exclusivement gouvernementale. Ce monopole est … et souhaiter par le
peuple et ses élus. A l’inverse, l’initiative peut être exclusivement législative, c'est-à-dire que seul le parlement
dispose du droit d’initiative. Dans la pratique actuelle, le partage de l’initiative entre deux organes institués et la
forme d’équilibre est la formule vraiment dominante, l’initiative de la révision est partagé de façon concurrente
par l’exécutif, c'est-à-dire le chef de l’Etat ou le chef du gouvernement et par le législatif c'est-à-dire le
parlement. L’initiative de la révision peut être populaire, les citoyens peuvent prendre eux même l’initiative de
demander une révision de la constitution. En Suisse, la procédure s’ouvre par une pétition portant plus de 100
milles signatures prévus par le parlement. Elle oblige l’assemblée parlementaire…

b. Les procédures de révision :

Il existe trois procédures de révision :

- Par le parlement : Elle consiste à faire voté le parlement avec une formation et une procédure spéciale
lorsqu’il y a deux assemblées parlementaires on les fait siéger ensemble selon une procédure plus
solennelle que pour une loi ordinaire et on exige un mode vote positif… A Madagascar les projets de
révisions d’origine gouvernementale ou les propositions de révision d’origine parlementaire doivent être
adoptés à la majorité des trois quart des membres de l’assemblée nationale et du Senat.
- La révision par une assemblée spéciale : La constitution peut être révisée par une assemblée
spécialement élu à cet effet. C’est la convention qui a le pouvoir de discussion et de décision concernant
la révision. Une fois la révision adoptée, la convention est dissoute.
- L’intervention directe du peuple : Le peuple peut intervenir dans le processus de révision par la voie du
referendum, le peuple ratifie la révision par referendum selon deux hypothèse, soit le referendum suffi à
lui seul pour la ratification, soit le referendum est un complément du vote du parlement. Pour les Etats
fédéraux il existe une procédure supplémentaire car les Etats fédérés doivent participer à la constitution.
Aux USA le vote positif du parlement doit être suivi par la ratification des ¾ des Etas fédérés.
c. LA limitation du pouvoir de révision

La constitution peut interdire la révision de certains de ses principes fondamentaux. Ce sont ces dispositions de
fond véritablement immuable que l’on qualifie de règles supra constitutionnelles. Les règles supra
constitutionnelles sont celles que le pouvoir constituant dérivé ne peut modifier. La constitution américaine
interdit de porter atteinte à l’égale représentation des états fédérés au Sénat. La loi fondamentale allemande
interdit de porter atteinte à la structure fédérale de l’Etat. A Madagascar, l’art. 152 alinéas 2 dispose qu’aucun
projet de constitution ne peut porter atteinte à l’intégrité de la frontière nationale.

CHAPITRE VI CONTROLE DE CONSTITUTIONNALITE :

C’est une conséquence de la suprématie de la constitution v

1 1. Le modèle nord-américain :

Le modèle nord-américain qui est le plus ancien est tourné vers la protection du citoyen. Il ne figure dans la
Constitution de 1787. C’est une construction jurisprudentielle de la Cour Suprême des Etats-Unis à partir de
l’arrêt Mallory vs. Madison. La Cour suprême est ainsi le Juge suprême de la Constitutionalité des lois. Dans ce
modèle, la juridiction de contrôle peut être un tribunal quelconque, inséré dans la hiérarchie juridictionnelle
ordinaire et statuant sur toutes les sortes d’autres affaires. Ce contrôle appelé aux USA « judicial review »
s’effectue à tous les niveaux de l’ordre judiciaire c’est-à-dire par les juges ordinaires des juridictions des Etats
fédérés et de l’Etat fédéral. On dit qu’il s’agit d’un contrôle diffus ou décentralisé parce qu’il se diffuse dans
l’ensemble de l’organisation judiciaire. Il est exercé par n’importe quel tribunal sous l’autorité régulatrice de la
Cour suprême des USA. Il s’agit d’un contrôle concret car il s’exerce à l’occasion d’une affaire précise.

2. Le modèle européen :

Le modèle européen est celui dans lequel une juridiction est créée pour connaitre spécialement et exclusivement
du contentieux constitutionnel. Une juridiction située hors de l‘appareil juridictionnel ordinaire et indépendant de
celui-ci et des pouvoirs publics. Il est souvent appelé modèle kelsénien car c’est le grand juriste autrichien Hans
Kelsen qui est à l’origine de ce système. Il a été mis en œuvre pour la première fois avec la Haute Cour
constitutionnelle d’Autriche en 1920. Dans ce cas, il s’agit d’un contrôle concentré ou restreint car le contrôle de
constitutionalité est exercé par un organe spécial. Les tribunaux ordinaires ne peuvent pas statuer sur la
constitutionalité d’une loi. Les décisions rendues par la Cour constitutionnelle ont l’autorité absolue de la chose
jugée. Lorsqu’une loi est déclarée inconstitutionnelle, elle est annulée et disparait de l’ordre juridique. La décision
de la Cour n’est susceptible d’aucun recours, la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar a adopté le modèle
européen.

Ces Cours ou tribunaux constitutionnels peuvent avoir un caractère politique ou être un organe mixte juridico-
politique d’une part, l’organe de contrôle se présente comme une juridiction, d’autre part, le recrutement de ses
membres obéit à des considérations politiques. Le caractère politique du recrutement est manifeste en France où
les neufs membres du Conseil constitutionnel sont désignés par les autorités politiques comme le Président de la
République, le Président de l’Assemblée nationale et le Président du Sénat. Un tel mode de recrutement
n’empêche pas le Conseil constitutionnel d’être indépendant vis-à-vis du pouvoir politique. En Allemagne, le
Tribunal constitutionnel est composé de 16 Juges élus pour moitié par chacune des deux Assemblées
parlementaires. Le recrutement peut être théoriquement moins politique lorsque, comme à Madagascar, une
partie des membres de l’organe de contrôle est désigné par le Conseil supérieur de la Magistrature. Pour assurer
l’indépendance de ce genre d’organe de contrôle, la Constitution exige parfois que les membres des Cours
constitutionnelles soient nommés pour un temps plus ou moins long, exige qu’ils ne puissent pas être révoqués
avant l’expiration de leur mandat et que leur mandat ne soit pas renouvelable. C’est le cas à Madagascar sous la
IVème République avec un mandat de sept ans non-renouvelables. Toujours dans un souci d’atténuer de
caractère politique de ces organes de contrôle, la Constitution exige de ses membres un minimum de qualification
en matière juridique. En Italie, les juges de la Cour constitutionnelle doivent être désignés parmi les professeurs
de droit, les magistrats ou les avocats ayant 20 ans d’exercice dans la profession.

C. La procédure de contrôle :

L’organisation générale du contrôle dépend à la fois des personnes qui peuvent en prendre l’initiative, des
procédures qui permettent de la déclencher et du moment auquel il intervient..

1. L’initiative :

L’initiative de contrôle de constitutionalité peut être ouverte, en particulier aux simples citoyens ou réservé aux
seules autorités politiques.

a. L’initiative ouverte :

La solution la plus démocratique consiste à ouvrir au maximum cette compétence à tous les citoyens, aux
personnes morales, aux tribunaux mais aussi aux autorités politiques. L’initiative peut appartenir à tout citoyen,
du moment qu’il a un intérêt personnel à voir déclarer l’inconstitutionnalité d’une norme juridique. C’est le cas
aux USA. Le contrôle ouvert aux citoyens est d’une importance capitale lorsque l’inconstitutionnalité contient des
dispositions relatives aux droits et libertés ou encore lorsqu’elle renvoie à des déclarations ou préambules. Il leur
permet de faire constater l’éventuelle violation de leur liberté constitutionnelle par la loi et de tenir cette
dernière en échec. Ce modèle de justice constitutionnelle a le mérité de donner la possibilité à tout intéressé de
mettre en cause la conformité de la loi à la Constitution.

b. L’initiative réservée aux acteurs politiques :

La saisine de l’organe de contrôle peut être fermée ou semi-ouverte c’est-à-dire que la Cour ne pourra être saisie
que par des acteurs expressément désignés comme le Chef de l’Etat, le Chef du gouvernement, le Président de
l’Assemblée parlementaire élu au suffrage universel, etc…. Lorsque le droit d’initiative est aussi restrictif, il y a un
risque qu’il soit de fait réservé au courant majoritaire qui contrôle ces différents organes. Pour éviter la mise en
application d’une loi inconstitutionnelle, il faut trouver une formule permettant à l’opposition, à la minorité
parlementaire de saisir l’organisation de contrôle. A Madagascar sous la IV ème République, le cas des membres
composant l’Assemblée Nationale ou le Sénat peuvent saisir la HCC.

2. Les techniques de contrôle :

Le contrôle de constitutionnalité effectué par un Juge peut intervenir selon deux procédures très différentes : le
contrôle par voie d’action et le contrôle par voie d’exception.

a. Le contrôle par voir d’action :

C’est une action directement intenté contre la loi pour obtenir son annulation devant une juridiction spécialisé
dans le contrôle de constitutionnalité. C’est une technique de contrôle direct. Si la loi est contraire à la
constitution, la Cours ou le tribunal constitutionnel prononce une décision qui fait disparaître la loi de l’ordre
juridique. Si le Juge prononce l’inconstitutionnalité, la loi est annulée erga omnes c’est-à-dire que la loi est
annulée ou bien déclarée valable pour tous et définitivement. Ce système présente l’avantage de la simplicité. Il
lève aussi toute ambigüité sur le devenir de la loi. Ou bien celle-ci est constitutionnelle ou inconstitutionnelle et
cela vaut pour tout le monde.

L’effet du contrôle par voie d’action est extrêmement dangereux car il aboutit à l’annulation de la loi. Il est donc
dangereux de laisser n’importe quel citoyen soulever une action en inconstitutionnalité car cela aboutirait à
l’insécurité juridique. De manière générale, le contrôle par voie d’action est réservé à quelques autorités
politiques. A Madagascar, ce sont le président de la république, le premier ministre, le président de l’AN, le
président du Sénat, les quart des députés ou sénateurs, les organes de collectivités territoriales décentralisées, le
haut conseil de la défense de la démocratie et l’Etat de droit. Le contrôle par voie d’action est soit a posteriori soit
a priori. Dans le premier cas, le Tribunal constitutionnel pourra contrôler une loi déjà promulguée. C’est le cas en
Allemagne ou en Italie. Dans le second cas, le contrôle intervient après le vote de la loi et avant sa promulgation.
C’est le cas en France et à Madagascar. Le contrôle a priori a un inconvénient et un avantage : il n’est pas
systématique si la soumission des lois organiques, des ordonnances et des règlements intérieurs des Assemblées
parlementaires est obligatoire, celle des lois ordinaires peut être facultative. Certaines lois n’ayant pas fait l’objet
d’un recours ne seront jamais contrôlées. L’avantage est qu’il crée un sentiment de sécurité juridique car avant
même de produire des effets, ces lois sont suspendues une fois promulguées, elles ne seront plus remises en
cause.

b. Le contrôle par voie d’exception ou contentieux subjectif :

Soulever une exception en justice, c’est demander au Juge de trancher une question de droit avant d’aller plus
loin au cours d’un procès engagé. Le CPVE (Contrôle par voie d’exception) est un contrôle exercé par un Juge
ordinaire, un Juge non spécialisé à l’occasion d’une quelconque action en justice. Le mécanisme est le suivant : un
procès oppose deux personnes. L’une d’elles invoque à son profit une loi favorable à sa cause. La partie
adversaire invoquera le non-respect de la Constitution par la loi impliquée à son cas. En terme technique, on dit
que ce second plaideur soulève l’exception d’une inconstitutionnalité. Il y a alors deux possibilités :

1) L’exception constitue pour le Juge saisi du litige une question préjudicielle c’est-à-dire une question qui
oblige le Tribunal à surseoir à statuer jusqu’à ce qu’elle a été soumise à une juridiction. Dans cette
hypothèse, le Juge du procès ne peut pas régler lui-même le problème de l’inconstitutionnalité de la loi
incriminée car la Constitution a prévu un organisme spécial à cette fin. Cette juridiction spéciale devra
donc statuer sur la constitutionnalité de la loi avant que le procès ne reprenne devant le Juge du litige et
avant qu’il ne prononce son jugement. Si le texte est déclaré inconstitutionnel, il est écarté du procès. S’il
est déclaré constitutionnel, il s’applique normalement pour régler le litige ;
2) L’exception d’inconstitutionnalité constitue pour le Juge saisi du litige une question préalable c’est-à-
dire une question que le Juge doit examiner lui-même avant de résoudre le problème concret sur lequel
porte le fond du litige. C’est le juge du procès et non pas une juridiction spéciale qui va juger si la loi
incriminée est constitutionnelle ou non. Dans le cadre du CPVE, à l’occasion de son procès, le requérant
ne conteste pas directement la validité de la loi con conforme à la Constitution. Il demande tout
simplement qu’on lui fasse exception, c’est-à-dire que cette loi, en raison de son inconstitutionnalité, ne
lui soit pas appliquée pour son procès. Si le Juge prononce l’inconstitutionnalité d’une loi, à la suite d’une
exception, ce texte n’est pas annulé. La loi inconstitutionnelle est seulement écartée du procès en
question. L’effet du CPVE est donc limité, au parti à un procès déterminé. La loi déclarée
inconstitutionnelle reste valable et applicable à tout le reste de la population. La décision prononçant
l’inconstitutionnalité ne jouit que d’une autorité relative de la chose jugée. Le CPVE est toujours un
contrôle a posteriori c’est-à-dire qu’il intervient après que la loi ait été promulguée et donc entrée en
vigueur. Cela a un avantage, potentiellement toutes les voies sont susceptibles d’être contrôlées. Cela a
un inconvénient : l’insécurité juridique car toute loi peut être déclarée à un moment ou à un autre
inconstitutionnel.

En conclusion, comme le souligne Robert Badinter, ancien Président du Conseil constitutionnel français, le
contrôle de constitutionnalité n’est pas le gouvernement des Juges, d’une part, la Constitution votée par le
peuple souverain a une valeur supérieure aux lois ordinaires. Il faut donc s’assurer que les lois votées ne
méconnaissent pas la Constitution ni les libertés fondamentales d’où le besoin d’un organe indépendant qui
veille au respect de la Constitution par la majorité parlementaire. C’est un facteur d’équilibre de la
démocratie. D’autre part, quand une loi est déclarée inconstitutionnelle, l’alternative est toujours ouverte :
soit voté une nouvelle loi, conforme à la Constitution, soit modifié les dispositions constitutionnelles elles-
mêmes.

LA DEMOCRATIE

Des relations entre le peuple et le pouvoir sont liées à l’idée de démocratie *…+ « demos » qui signifie peuple et
« kratos » qui signifie puissance, souveraineté, est le gouvernement de tous, le gouvernement de l’ensemble du
peuple. Selon l’expression de Périclès repris par Abraham Lincoln, la démocratie est le gouvernement du peuple
par le peuple et pour le peuple. La démocratie suppose la réunion de trois conditions :

- La démocratie suppose l’égalité entre les citoyens sans distinction d’origine, de race, de genre ou de
religion. Tous le citoyens sont égaux en droit ;
- La démocratie suppose que les rapports entre les citoyens soient régis par des règles de droit qui,
adoptées par tous, s’appliquent à tous ;
- La démocratie suppose une certaine liberté politique c’est-à-dire une participation aux affaires publiques.
CHAPITRE I : LA PARTICIPATION DES
GOUVERNES
En démocratie, le peuple participe à l’exercice du pouvoir. Cette participation peut prendre plusieurs formes qui
posent un problème de souveraineté démocratique.

A. La souveraineté démocratique :

Deux conceptions de la souveraineté démocratique sont apparues dans la philosophie des lumières à savoir la
souveraineté populaire et la souveraineté nationale.

1. La souveraineté populaire :

La souveraineté populaire est la possibilité de décision du peuple en dernier ressort. La théorie de la


souveraineté populaire a été développée par Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social. La souveraineté
appartient au peuple, totalité des citoyens qui détient chacun une fraction de souveraineté. Chaque individu est
détenteur d’une parcelle de souveraineté. Ainsi, dans une société composée de 10.000 citoyens, un citoyen
détient 1/10000 de souveraineté. La volonté générale ne peut être dégagée qu’après la consultation de chaque
citoyen. La souveraineté populaire est la somme des volontés de chaque individu ce qui signifie que la volonté
générale sera celle du plus grand nombre, celle de la majorité. La souveraineté repose sur un ensemble réel,
l’ensemble des citoyens actuels d’un pays. L’adoption de la souveraineté populaire a deux conséquences :

- D’une part, l’électorat devient un droit. Chaque citoyen doit exercer sa part de souveraineté puisque
chaque individu en détient une portion. Le suffrage politique c’est-à-dire le vote est un droit pour chaque
citoyen et il doit être reconnu aussi largement que possible. Tout individu a le droit de suffrage (comme le
droit de vote) et il doit l’exercer personnellement sans intermédiaire. La conséquence de la souveraineté
populaire est l’instauration du suffrage universel direct ;
- D’autre part, la souveraineté populaire implique un régime républicain. Le peuple peut choisir ses
dirigeants et en contrepartie, il peut les révoquer ou les déposer.

2. La souveraineté nationale :

Dans la doctrine de la souveraineté nationale développée par Sieyès cette souveraineté se ramène à deux
affirmations :

- La souveraineté conçue comme le droit de commander a pour titulaire la nation ;


- La nation est une personne morale distincte des individus qui la composent. La nation est une entité
collective, abstraite, unique, indivisible, distincte des individus qui la composent et supérieure à leur
somme. C’est une personne morale qui est dotée d’une volonté propre qui s’exprime par-delà les
volontés individuelles qui la composent. La nation, entité abstraite, ne peut pas gouverner directement. Il
convient qu’elle soit représentée par des mandataires, les élus de la nation. La souveraineté nationale
implique un gouvernement représentatif c’est-à-dire un gouvernement dans lequel ce sont les
représentants, personnes physiques, qui sont chargés d’exprimer la volonté de la nation, personne
morale.

La souveraineté nationale implique que l’électorat n’est pas un droit mais une simple fonction publique qui doit
être réservée aux citoyens les plus capables, c’est-à-dire, les citoyens actifs, qui votent et qui siègent au sein des
Assemblées. La souveraineté nationale détermine la nature du mandat exercé par le représentant. C’est le
mandat représentatif.
3. La combinaison de la souveraineté nationale et de la souveraineté populaire :

Le droit malgache combine souveraineté nationale et souveraineté populaire. Selon l’article 5 de la Constitution
de la IVème République : « la souveraineté appartient au peuple qu’il exerce par ses représentants élus au
suffrage universel direct ou indirect ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, aucun individu
ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté ». Cet article est un compromis entre la souveraineté nationale
et la souveraineté populaire. Si le peuple est assimilé à l’ensemble des électeurs, la formule veut dire que le corps
électoral détient le pouvoir de décision suprême dans l’Etat. C’est l’affirmation que le dernier mot appartient au
suffrage universel. La souveraineté démocratique peut être exercée de deux manières : la démocratie directe et la
démocratie représentative.

B. Démocratie directe et démocratie représentative :

1. La démocratie directe :

Dans une démocratie directe, tous les citoyens sans l’intermédiaire de représentants élus ou désignés peuvent
participer à la prise de décisions publiques. Le peuple souverain exerce lui-même les fonctions étatiques.
Première démocratie du monde, la cité grecque d’Athènes sous l’Antiquité pratiquait la démocratie directe avec
une Assemblée qui pouvait totalisée jusqu’à 6.000 personnes. Les citoyens venaient à l’Assemblée qui se
réunissait fréquemment et se prononçait sur la paix, la guerre, la législation, etc… Un tel système ne peut
recevoir une application pratique à l’échelle d’un Etat aussi petit soit-il. A Madagascar, les Assemblées générales
des « fokotany » sont une forme de démocratie directe.

2. la démocratie représentative :

Aujourd’hui la forme la plus connue de la démocratie est la démocratie représentative. C’est le système dans
lequel les citoyens choisissent ceux d’entre eux qui exerceront les fonctions étatiques. Les citoyens élisent des
représentants chargés de prendre des décisions politiques, d’élaborer des lois et d’administrer des programmes
pour le bien commun. Au nom du peuple ou au nom de la nation, ces personnalités peuvent délibérer sur des
questions complexes de caractère public de façon systématique et réfléchi. La théorie de la représentation
nationale suppose que les élus représentent la nation. Il exerce un mandat représentatif (≠ mandat impératif) qui
présente cinq caractéristiques :

1) C’est un mandat global : le mandat est confié par la nation à l’ensemble des représentants ;
2) C’est un mandat général : le mandataire représente la nation et non la circonscription qui l’a élu (ex : les
députés de Madagascar) ;
3) C’est un mandat libre : le mandataire exerce son mandat en toute indépendance et ne reçoit aucun ordre
de ses mandants, donc de ses électeurs ;
4) C’est un mandat irrévocable : le mandataire ou l’élu ne saurait être déni de ses fonctions ;
5) C’est un mandat exercé conformément à la volonté de la nation : la volonté des représentants ne
nécessite aucune ratification de la part du peuple.

La notion de représentation est en partie issue du droit privé. Les décisions du représentant sont supposées
exprimer la volonté du représenté et donc avoir le même sens que cette dernière mais aussi la même valeur et les
mêmes effets juridiques. Le représentant a pour mission de vouloir pour la nation. C’est la nation souveraine qui
est censée s’exprimer par sa bouche et selon Esmein, « elle lui abandonne pour un temps le libre pouvoir de
légiférer pour elle et en son nom ». Cette théorie produit un certain nombre de conséquences juridiques
capitales.
D’abord, la loi votée par le Parlement représentant est l’expression de la volonté générale exactement comme si
elle avait été adoptée directement par le peuple représenté. Ensuite, le système du mandat représentatif a pour
but d’assurer la liberté de l’élu afin de lui permettre de se consacrer au bien du pays.
Il existe deux modalités principales de démocratie représentative : les citoyens élisent au suffrage universel les
seuls parlementaires c’est-à-dire les membres des assemblées législatives. Ce sont les parlementaires qui
désigneront à leur tour directement ou indirectement les organes exécutifs qu’ils contrôlent c’est-à-dire le
Président de la République ou le Premier Ministre. C’est le cas en Italie. Les citoyens élisent au suffrage universel
non seulement les parlementaires mais aussi le Chef de l’Etat. C’est le cas à Madagascar. Certains auteurs
trouvent que cette forme de participation des gouvernés est insuffisante et propose d’autres formules comme la
démocratie semi-directe.

C. La démocratie semi-directe :

La démocratie semi-directe est une forme de démocratie qui combine à la fois des éléments de la démocratie
directe et de la démocratie représentative. Comme dans une démocratie représentative, les citoyens élisent leur
représentant qu’ils chargent d’établir des lois mais ils peuvent aussi être amenés lors de référendum d’approuver
ou refuser des lois ou des constitutions. C’est le cas à Madagascar où selon l’art. 5 de la Constitution, la
souveraineté appartient au peuple qu’il exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou
indirect ou par la voie du référendum. Cette forme intermédiaire peut correspondre aux besoins de conserver
certaines traditions de la démocratie directe au sein d’un système obligé d’évoluer vers le système représentatif
mais aussi d’une prise de conscience des défauts de la démocratie représentative dans un contexte marqué par
l’accession des masses à la vie politique. Elle résulte de la volonté d’intégrer dans un système représentatif
classique certains éléments de démocratie directe afin de lui conférer un surcroit de légitimité. La démocratie
semi-directe comprend plusieurs procédés comme le veto populaire, comme l’initiative populaire, comme le
référendum ou comme le rappel.

1. Le veto populaire :

Le veto populaire permet au peuple de s’opposer à la promulgation d’une loi régulièrement votée par le
Parlement. Il consiste dans le dépôt d’une pétition revêtu du nombre de signatures requis par la Constitution et
demandant qu’une loi soit soumise au peuple. Si la pétition est signée du nombre exigé de citoyens, la loi est
soumise au référendum. Si la majorité des électeurs inscrits se prononcent en faveur du veto, donc du rejet, la loi
est retirée et considérée comme n’ayant jamais existé. En Italie, la pétition doit être signée par 500.000 électeurs
ou par 5 Conseils régionaux. Si le nombre de signatures est atteint, un référendum est organisé pour décider de
l’abrogation totale ou partielle d’une loi ou d’un acte ayant force de loi. En Suisse, au niveau fédéral, la demande
d’organisation d’un référendum doit être présentée par 50.000 citoyens ou par 5 cantons.

2. L’initiative populaire :

L’initiative populaire est une procédure qui permet au peuple de proposer l’adoption d’une disposition
constitutionnelle ou législative. Elle existe notamment en Suisse, dans certains Etats des Etats-Unis (ex : la
Californie), dans certains Länder allemands, en Autriche, comme en Italie. Les constitutionnalistes Jean-Luc Parodi
et Olivier Duhamel parlent également d’initiative minoritaire. Elle comprend trois étapes :

- Il faut d’abord le dépôt d’une pétition présentée par le nombre requis de citoyens qui peut demander
l’organisation d’un vote au Parlement ou un référendum sur un projet de loi, une révision
constitutionnelle, une demande d’abrogation ou de création d’une loi. En Suisse, pour la révision de la
Constitution, il faut 100.000 signatures certifiées, réunies dans un délai de 18 mois.
- L’initiative est ensuite soumise au Parlement qui peut la retenir ou la rejeter.
- En cas de rejet de l’initiative populaire par le Parlement, elle est soumise à référendum à l’ensemble des
électeurs. Ainsi, le peuple peut arriver à adopter seul des décisions en dehors des Assemblées
représentatives.
3. Le référendum :

La troisième et principale technique demeure le référendum c’est-à-dire la consultation des électeurs sur une
question ou sur un texte qui ne devient définitif qu’en cas de réponse positive. Lors d’un référendum, il est
demandé au peuple de répondre par oui ou par non à la question posée.

a. Les différents objets du référendum :

Le référendum pourra porter sur des objets variables. Il peut être de consultation. Il s’agit de connaitre avec
certitude l’opinion du peuple qui est seulement appelé à donner son avis. Le référendum peut être de
proposition. Il s’agit de connaitre la décision du peuple au sujet d’une initiative directe à introduire dans
l’ordonnancement juridique. C’est le référendum d’initiative populaire. Le référendum peut être d’abrogation. Il
s’agit de la seconde étape du veto populaire. Le référendum permet d’abroger totalement ou partiellement le
texte d’une loi déjà adoptée par le Parlement. Le référendum peut être de ratification ou d’adoption. Le
référendum de ratification intervient après l’adoption d’un texte qui doit être ratifié par le peuple. Le référendum
d’adoption intervient directement sans adoption préalable d’un texte. Le peuple statue sur un projet qui lui est
demandé d’adopter. C’est le cas du référendum du 5 Juin 2005 pour l’adhésion de la Suisse aux Accords de
Schengen instaurant l’Europe sans frontières. Si le référendum porte sur un projet de Constitution, on parle de
référendum constituant. Si le référendum porte sur un projet de texte, révisant la Constitution, on parle de
référendum constitutionnel. Le référendum malgache du 17 Novembre 2010 et le référendum marocain du 1 er
Juillet 2011 étaient un référendum constituant. Les référendums malgaches du 17 Septembre 1995, du 15 Mars
1998 et du 4 Avril 2007 étaient des référendums constitutionnels sous la IIIème République. Le référendum peut
porter sur un projet de texte de loi ordinaire. On parle alors de référendum législatif. Dans un autre domaine, le
référendum peut porter sur l’auto-détermination d’un territoire. On parle alors de référendum d’auto-
détermination. C’est le cas du référendum organisé au Sud Soudan en Janvier 2011. Le référendum peut encore
être utilisé dans d’autres circonstances. C’est le cas pour l’adhésion de la Suisse à l’ONU en Mars 2002.

b. Référendum obligatoire et référendum facultatif :

Le référendum obligatoire c’est celui dont la Constitution requiert l’organisation pour rendre régulière une
décision de portée juridique. La Constitution malgache de la IVème République prévoit que le référendum est
obligatoire pour la révision de la loi fondamentale. Le référendum est facultatif lorsque c’est l’Assemblée
législative ou l’exécutif qui décide s’il y a lieu ou non à consultation populaire.

c. Référendum et plébiscite :

Sur le plan théorique, la distinction est simple : le référendum porte sur un texte (ex : un projet de constitution,
un projet de texte modifiant la constitution ou un projet de texte législatif ordinaire). Le plébiscite se présente
comme un vote de confiance du peuple envers un homme qui a pris le pouvoir ou un vote approuvant un acte de
cet homme. Dans la pratique, la distinction est plus difficile à faire car il y a souvent confusion entre le texte et
l’auteur du texte. D’autre part, l’exigence d’une réponse unique pour plusieurs questions est également un
facteur de confusion (ex : le référendum du 21 Décembre 1975 à Madagascar avec trois questions dont deux
portant sur des textes à savoir la Charte de la Révolution socialiste et la constitution de la IIème République et
une troisième question portant sur un homme, Didier Ratsiraka).
d. Référendum et option :

Dans le cadre de la procédure du référendum, les représentants c’est-à-dire, le Parlement ou le gouvernement


prépare un texte sur lequel tous les citoyens sont appelés à se prononcer au suffrage universel. Il y a option si l’on
propose aux citoyens non pas un seul texte à approuver ou à rejeter mais plusieurs textes entre lesquels ils
doivent choisir.

e. Référendum et démocratie :

Sous des régimes dictatoriaux, la technique du référendum est utilisée par les gouvernants pour se maintenir au
pouvoir. L’initiative de la consultation du peuple doit être laissée comme en Suisse et aux Etats-Unis aux seuls
citoyens.

L’autre problème est le manque de compétence du corps électoral lorsqu’il donne son opinion. Comme l’a
souligné Jacques Georgel, dans son livre intitulé Référendum et plébiscite : « on peut accepter ou refuser un Roi,
être favorable à la monarchie ou à la République, pour ou contre le suffrage féminin, mais un référendum qui
porte sur un projet de constitution ou sur un projet de loi minutieux long de plusieurs articles n’a pas de sens.
Ce n’est pas abuser du peuple que le demandait s’il veut élire directement un Chef de l’Etat mais on se moque
de lui en proposant 106 articles de constitution comme en 1946 ou 567 articles traitant de la régionalisation
comme en 1969 ». Dans les Etats démocratiques, la démocratie semi-directe n’apparait plus comme impossible et
dangereux. Démocratie semi-directe et démocratie représentative sont devenues complémentaires. Dans les
deux cas, l’expression de la souveraineté par le citoyen se traduit par le droit de suffrage.

CHAPITRE 2 : LE DROIT DE SUFFRAGE


Le droit de suffrage ou droit de vote permet à tout citoyen d’exprimer librement sa volonté par le biais d’un
scrutin et ainsi d’élire ses représentants et ses gouvernants ou de répondre à une question posée par un
plébiscite ou un référendum. C’est un des droits civiques de base de la démocratie.

A. Les modalités du droit de suffrage :

Le droit de suffrage est théoriquement reconnu par tous les Etats. Il a été admis progressivement depuis le
XVIIIème siècle. Ce droit de vote est susceptible de modalités diverses.

1. L’étendue du droit de suffrage :

Dans la plupart des Constitutions, le droit de suffrage est reconnu mais il s’agit de savoir qui peut réellement
voter. Sur ce plan, deux modalités sont possibles : le suffrage restreint et le suffrage universel.

a. Le suffrage restreint :

Le suffrage est restreint lorsque les électeurs sont sélectionnés en fonction de critères divers préétablis par les
lois. Le suffrage restreint peut prendre plusieurs formes mais les plus connues sont le suffrage censitaire et le
suffrage capacitaire. Le système censitaire consiste à ne donner le droit de vote qu’au seul personne qui paye un
impôt d’un montant précis appelé « cens ». Ici le critère de sélection est la fortune ou plus précisément le revenu.
Le système censitaire a été pratiqué en Grande-Bretagne et en France de 1814 à 1848. Dans le cas du suffrage
capacitaire, le droit de vote est réservé au citoyen ayant fait la preuve de leur capacité intellectuelle. Cela peut se
traduire par l’exigence d’un diplôme ou d’une décoration ou l’exercice d’une fonction. Lors de l’élection de la
première constituante française du 21 Octobre 1945, seuls les Malgaches ayant un certain niveau d’instruction
avaient le droit de vote.

b. Le suffrage universel :

Le suffrage universel est le système dans lequel le droit de vote est reconnu à tous les citoyens sans condition de
fortune, de capacité intellectuelle, d’appartenance politique, religieuse ou autre différence. Il est basé sur le
principe : un homme, une voix. Il est incontournable en démocratie. Le suffrage est universel lorsqu’il appartient à
tous les citoyens sous certaines conditions minimales qui tiennent à la nationalité, à l’âge, à la jouissance des
droits civiles et civiques, etc…

Condition de nationalité :

Normalement, le droit de vote est réservé aux nationaux de l’Etat. A Madagascar, il est réservé aux Malgaches,
aux Etats-Unis aux Américains, etc… Les étrangers sont exclus du droit de vote. En Allemagne, la Cour
constitutionnelle a estimé que la participation des étrangers aux scrutins municipaux était inconstitutionnelle.
Selon la Cour : « le pouvoir étatique de la République fédérale est l’émanation des ressortissants allemands en
vertu de la loi fondamentale. Seuls les Allemands peuvent donc participer aux élections même au niveau
communal ». Pourtant, dans certains pays, le droit de vote a été élargi aux étrangers. Cet élargissement concerne
souvent les élections locales. Aux Pays-Bas, depuis une loi votée en 1985, un étranger qui y réside d’une façon
continue depuis 5 ans peut participer aux élections municipales en tant qu’électeurs ou en tant que candidats. En
France, depuis l’adoption du traité de Maastricht en 1992, le droit de vote aux élections locales est acquis pour
tous les habitants de l’Union européenne. Il arrive plus rarement que des étrangers aient le droit de vote pour des
élections nationales. En Côte d’Ivoire, de 1990 à 1995, les étrangers d’origine africaine ont eu un droit de vote
pour les élections présidentielles, législatives ou locales.

Condition d’âge :

Le droit de vote est lié à la notion de majorité électorale ou politique. Cette majorité coïncide généralement avec
la majorité civile qui est de 21 ans. Elle est abaissée à 18 ans comme aux Etats-Unis, au Canada, en Grande –
Bretagne ou à Madagascar (en 1972). En Iran, cette majorité est de 15 ans.

Condition de dignité :

Des citoyens considérés comme indignes sont exclus du droit de vote. Il s’agit de personnes condamnées par des
tribunaux pour des délits graves. Il s’agit des interdits et des aliénés.il s’agit des commerçants en faillite non
réhabilités. On dit que ces individus sont déchus de leur droit civique.

Le droit de vote des femmes :

Pendant longtemps, le suffrage universel est exclusivement masculin. La Nouvelle-Zélande fut la première
démocratie à donner le droit de vote aux femmes en 1893 suivie par l’Australie en 1902, par la Finlande en 1906
et par la Norvège en 1913. En Grande-Bretagne, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1918 et aux Etats-
Unis en 1919. Les Indiennes et les Turques étaient devenues elles aussi des citoyennes à part entière en 1921 et
1934. En France, il a fallu attendre l’ordonnance du 21 Avril 1944 pour que les femmes soient électrices et
éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. Au niveau fédéral, la Suisse n’a accordé le droit de vote
aux femmes qu’en 1971 et au niveau des cantons, la reconnaissance de l’égalité des sexes n’a été adoptée par
référendum qu’en 1980. Des Etats minoritaires comme certaines monarchies du Golfe arabo-persique refusent
systématiquement le droit de vote aux femmes. Au Koweït, les femmes étaient autorisées à voter et à se
présenter aux élections pour la première fois lors des élections législatives du 29 Juin 2006.

2. L’exercice du suffrage universel :


En démocratie, il faut relever quatre traits caractéristiques du droit de vote :

- Le vote est égal : chaque citoyen dispose d’une voix et d’une seule. On fait la distinction entre suffrage
égal et suffrage plural. Dans ce dernier cas, certains électeurs ont droit à plusieurs voix en raison d’une
qualité qui leur est propre. Par exemple, il peut s’agir de diplôme universitaire comme en Grande-
Bretagne au XIXème siècle ou du vote familial où le chef de famille a autant de voix qu’il a d’enfants. Le
suffrage plural appartient au passé.
- Le vote est secret : la meilleure façon de garantir la liberté démocratique c’est de maintenir le secret du
vote. Un vote à bulletin secret ou scrutin secret désigne toute méthode de vote où chaque électeur
donne son suffrage sur la proposition sans que les autres votants puissent prendre connaissance de son
choix ni au moment de l’expression, ni en analysant les bulletins après le vote. Concrètement, cela se
traduit par l’usage d’un isoloir au bureau de vote. Le secret garantit que l’électeur effectuera son choix
en toute liberté sans être soumis à des pressions, intimidations ou menaces de ceux qui l’entoure ou des
autorités publiques. Le secret du vote garantit l’indépendance de choix de l’électeur. Le vote secret est
devenu la règle générale pour les élections politiques comme les législatives ou la présidentielle ainsi que
pour les élections locales.
- Le vote est direct ou indirect : le vote est direct lorsque les citoyens élisent eux-mêmes sans
intermédiaire leur représentant. C’est le cas de l’élection du Président de la République et des députés à
Madagascar. Le vote est indirect lorsqu’il comporte deux ou plusieurs degrés d’élections. Les citoyens
élisant certains d’entre eux qui éliront ensuite leur représentant. Le suffrage indirect comporte plusieurs
phases.
Les électeurs désignent d’abord des délégués appelés grands électeurs qui doivent à leur tour élire les
gouvernants ou les représentants. Les intermédiaires ou grands électeurs forment le collège électoral. Ce
collège électoral peut être spécialement élu en vue d’une élection bien déterminée. Aux Etats-Unis, les
électeurs élisent des grands électeurs qui vont ensuite élire le Président des Etats-Unis. Les intermédiaires
peuvent aussi être des élus procédant d’une élection antérieure. A Madagascar, sous l’IIIème République,
le Collège sénatorial était composé des membres des conseils régionaux et des maires.
- Le vote est facultatif ou obligatoire : l’exercice du suffrage universel se traduit par l’exercice du droit de
vote. Il arrive que des citoyens n’exercent pas ce droit soit par inconscience c'est-à-dire une
méconnaissance des enjeux d’une élection, soit par paresse soit par empêchement soit par dépolitisation.
Cet acte par lequel un citoyen renonce à participer à une élection est qualifié d’abstention.
L’abstentionnisme électoral pose un problème sérieux au moment où il devient important. La légitimité
des élus peut être mise en cause lorsque 40% ou plus des électeurs n’ont pas participé aux votes.
Lorsqu’elle atteint 60%, comme lors des législatifs malgaches de 2007, un problème de légitimité se pose.
En Russie, l’élection présidentielle n’est pas validée si 50% des électeurs n’ont pas participé aux votes.
Pour empêcher l’abstention, certains pays ont instauré le suffrage obligatoire qui sanctionne l’abstention
par le payement d’une amende. On rencontre ce genre de législation en Belgique, au Luxembourg, en
Grèce et en Australie. Au Luxembourg, les sanctions en cas d’abstention sont de 100 à 250€ pour une
première abstention non justifiée et de 500 à 1.000€ en cas de récidive dans les 5 ans suivants la
première faute. Le vote obligatoire est cependant critiquable car le droit de vote est une liberté
fondamentale. Il faut laisser le citoyen libre de voter ou de s’abstenir. Voter est un acte civique et la
qualité de citoyens implique l’idée de participation à un vote. Presque partout, le suffrage est facultatif.

B. L’organisation des élections :

L’organisation des élections est une technique qui exige des opérations minutieuses sur le plan matériel et
juridique. L’ensemble de ces opérations est appelé droit électoral. Elire signifie choisir pour que les résultats du
choix des électeurs soient parfaits ou au moins acceptables. Trois conditions sont nécessaires.
1. Il faut respecter l’égalité des chances des candidats :

a. La campagne électorale :

La campagne électorale est la période officielle prévue par le code électoral pendant laquelle les candidats sont
autorisés à faire leur propagande électorale et à utiliser pour cela tous les moyens utilisés par la loi de façon à
informer les électeurs sur leur candidature et leur programme. La campagne électorale est donc essentiellement
une période précédant les scrutins. La campagne électorale pose d’abord le principe de la neutralité de
l’administration. Les autorités chargées d’organisées les opérations doivent faire preuve d’impartialité et de
neutralité. Il est interdit à un agent public d’user de sa qualité et de son autorité en faveur d’un candidat. C’est
à cause de l’insuffisance sinon de l’absence de neutralité de l’administration que dans certains pays africains,
l’organisation des élections n’est plus confiée au Ministère de l’Intérieur mais à un Conseil ou Comité National
Electoral Indépendant. Tel est le cas de la Commission Electorale Nationale Indépendante pour la transition, la
CENI à Madagascar. La campagne électorale pose ensuite le principe de la loyauté des procédés. Les candidats
ne doivent pas employés des moyens déloyaux susceptibles d’altérer la sincérité du scrutin. Ils ne peuvent bien
entendu pas recourir à l’injure, à la diffamation ou à la violence.

La campagne électorale pose enfin le principe de l’égalité des candidatures. Il faut l’égalité dans l’affichage de la
propagande électorale. Les candidats doivent disposer des mêmes tableaux officiels, de la même surface aux
mêmes endroits. A Madagascar, ce sont les panneaux en bois de même dimensions utilisés pour les affichages
officiels et ceux de candidats pendant les campagnes électorales. Il faut ensuite assurer l’égalité de la répartition
du temps de parole des candidats ou des formations politiques sur les moyens audiovisuels publics. Il faut le
même temps de parole aux candidats, au bon moment d’écoute. A Madagascar, la CENIT est chargée de répartir
les temps d’antenne à la radio et à la télévision nationales entre les groupements autorisés à faire campagne.
Enfin, l’Etat doit fournir aux candidats les mêmes avantages en prenant en charge une partie des frais d’élections.
L’Etat assure généralement l’acheminement des bulletins de vote jusqu’aux différents bureaux de vote.
L’impression des bulletins de vote peut être prise en charge par l’Etat ou être à la charge des candidats.

A Madagascar l’impression des bulletins uniques est à la charge de l’Etat. En France, l’Etat rembourse les frais de
campagnes électorales des candidats ayant obtenu au moins 5% des voix au premier tour de l’élection
présidentielle. L’égalité des candidatures pose essentiellement la question des moyens de financement des
campagnes électorales. Le financement de la campagne électorale peut être réglementé comme en Allemagne ou
en France. Ce n’est pas encore le cas à Madagascar.

b. Le problème des inéligibilités et des incompatibilités :

Les conditions relatives à l’éligibilité :

L’éligibilité désigne la réunion par une personne des conditions requises pour être éligible, pour être candidat à
une élection. Eligible désigne la possibilité d’accéder à un mandat électif. L’éligibilité est constituée par les
conditions d’aptitude exigées pour être élu et en ce sens, il s’agit de limitation posée à la liberté de choix de
l’électeur. La première de ces conditions est que ne peuvent être éligibles que les électeurs c’est-à-dire les
membres du corps électorale. L’électeur qui vient du latin « elector » c’est-à-dire celui qui choisit est la personne
qui dispose de la faculté d’exprimer un choix en faveur de l’attribution à un ou plusieurs candidats d’un mandat
ou d’une fonction. Les droits de vote et d’éligibilité sont indissociables. Cependant, cette condition nécessaire
n’est pas à elle seule suffisante et la loi électorale apporte un certain nombre de conditions supplémentaires qui
restreignent encore au sein des électeurs le nombre de ceux qui sont susceptibles d’être éligible.

A Madagascar, sous la IVème République, les candidats à la présidence de la République doivent avoir la
nationalité malgache, être âgé de 35 ans révolu le jour du dépôt de candidature, jouir de leurs droits civils et
politiques, c’est-à-dire n’avoir jamais été condamné pour crime ou délit, résider à Madagascar depuis au moins 6
mois avant la date de clôture du dépôt de candidature.

Les cas d’incompatibilité :

L’incompatibilité désigne l’interdiction de cumuler un mandat électif avec une autre fonction présumée nuisible
à celui-ci. A la différence de l’inéligibilité, l’incompatibilité ne fait pas obstacle à la candidature mais elle impose
ensuite au candidat élu de choisir entre le mandat électif et une autre fonction incompatible avec celui-ci. Il y a
donc un choix qui devra s’effectuer après l’élection. Par exemple, la fonction de Président de la République à
Madagascar est incompatible avec toute fonction publique élective, avec toute autre activité professionnelle, et
toute activité au sein d’un parti politique ou d’un groupement de partis politiques ou d’une association et de
l’exercice de responsabilité au sein d’une institution religieuse (ex : Ravalomanana).

2. Il faut assurer la sincérité du vote des citoyens :

a. le recensement de tous les citoyens admis à voter :

L’inscription des électeurs consiste à recenser les citoyens en droit de voter afin de dresser les listes électorales
qui seront utilisé le jour du scrutin. Chaque année, une commission électorale remet à jour la liste électorale, qui
est la liste des citoyens admis à voter. On dit qu’on procède à la révision périodique de la liste électorale.

A Madagascar, la Commission Nationale Electorale Indépendante et ses démembrements procèdent à la révision


annuelle de la liste électorale. Comme le précise le Code électoral, du 1er Décembre au 31 Janvier de l’année
suivante, la liste électorale est révisée annuellement. L’opération de révision consiste à ajouter les noms de ceux
qui auraient été précédemment omis, le nom de tous ceux qui ont nouvellement acquis les qualités exigées par
la loi pour être électeurs. Elle consiste aussi à retrancher les noms des individus décédés, de ceux qui ont perdu
les qualités requises par la loi, de ceux dont la radiation a été ordonnée par l’autorité compétente, de ceux
reconnus avoir été indument inscrits, même si leur inscription n’a pas été contestée.

La liste électorale doit être arrêtée définitivement le 15 Avril de chaque année. En cas d’élection, il peut être
procédé à une révision spéciale de la liste électorale. Selon l’art. 34 du Code électoral malgache « avant toute
consultation électorale, une mise à jour de la liste électorale débute 48h après la date de publication de l’acte
portant convocation des électeurs. La liste électorale est définitivement arrêtée 15 jours avant la date du
scrutin ». Chaque citoyen a le droit de voir la liste électorale et il peut contester la liste électorale. Cependant,
malgré toutes ces précautions, il faut reconnaitre qu’il y a toujours une marge d’erreur inévitable, la marge
d’erreur habituellement acceptable est de l’ordre de 2%.

b. L’information objective des citoyens :

Il faut que les électeurs soient informés au maximum du programme de chaque candidat ou de chaque formation
politique. La campagne électorale a justement été instituée pour permettre l’information des citoyens. Les
moyens de propagandes sont multiples (affichages, tracts, meetings, porte-à-porte, pancarte, spot publicitaires
dans les journaux, spots publicitaires à la radio et à la télévision…) La propagande se limite à l’information des
citoyens. Les pressions et menaces ne relèvent plus de la propagande ainsi que les achats de voix. A Madagascar,
l’utilisation des pratiques coutumières pour contraindre un électeur à voter pour un candidat est interdite.

c. Le caractère personnel du vote :

En principe, le vote de l’électeur est personnel. Il ne peut en principe voter qu’en plaçant lui-même
personnellement son bulletin de vote dans l’urne. Le vote personnel pose la question du vote de l’électeur
empêché. Les électeurs qui pour une raison justifiée sont absents peuvent voter par procuration c’est-à-dire
choisir un autre électeur qui votera à la place de l’électeur empêché. Le porteur de la procuration doit être inscrit
sur la liste électorale de la même circonscription que l’électeur empêché. Ce système brise le secret du vote car
l’électeur empêché doit indiquer au porteur de la procuration dans quel sens ou en faveur de qui il doit voter. Il
existe égalent la possibilité du vote par mandat. L’électeur remplit lui-même son bulletin de vote mais il confie à
un autre électeur le soin de le déposer dans l’urne. Il y a enfin le vote par correspondance. Dans ce cas, l’électeur
remet son bulletin de vote sous double enveloppe à une autorité désignée par lui ou directement au bureau de
vote. Dans certains pays, ce système qui utilise les services de la poste se trouve réservés à une certaine catégorie
de citoyens comme les voyageurs de commerce, comme les marins ou les militaires basés à l’étranger.

3. Il faut assurer le respect des résultats :

Lorsque le scrutin est clos, il faut procéder au dépouillement du vote.

a. Le dépouillement des résultats :

Le dépouillement c’est l’opération qui consiste à dénombrer le nombre de bulletins de vote et à donner le
résultat des élections dans chaque bureau de vote. Le dépouillement des résultats doit être public pour éviter les
fraudes. Les représentants des différents candidats sont autorisés à assister au dépouillement. Tout citoyen qui
constate des irrégularités dans les opérations de dénombrement doit les signaler au procès-verbal de
dépouillement. Le résultat du scrutin peut faire l’objet de contestation et conduire à un contentieux électoral.

b. Le contentieux électoral :

La régularité des élections constitue l’une des conditions de légitimité du pouvoir. La fraude et des erreurs
donnent naissance à ce qu’on appelle le contentieux électoral. La contestation peut porter sur l’éligibilité du
candidat, ou sur le résultat du scrutin. Ce qui conteste la régularité d’une élection peuvent demander son
annulation à un juge électoral.

En droit constitutionnel comparé, les systèmes concevables sont nombreux. Le contentieux peut être soumis à
des juridictions différentes ou à une juridiction unique. Au moment de l’indépendance, le législateur malgache a
confié le droit du contentieux électoral à deux instances juridictionnelles : le juge administratif pour le
contentieux communal, et le conseil supérieur des institutions pour les élections législatives et présidentielles.
L’IIème République a simplifié la question en réalisant l’unité de compétence pour le règlement des contentieux.

La HCC avait une compétence générale de droit commun pour connaître de tous les contentieux relatifs aux
élections présidentielles, législatives et territoriales, c’est-à-dire relatives aux collectivités décentralisées. La
troisième et la quatrième république pose le système de la double juridiction. Le contentieux relatif au
référendum, à l’élection présidentiel, aux élections de députés de sénateurs relèvent de la compétence de la HCC.
Le contentieux relatif aux élections provincial, régional et communal, relève de la compétence des tribunaux et du
conseil d’Etat.

Dans l’exercice de ces attributions, le juge électoral peut être amené à prononcer l’annulation soit des résultats
soit les élections elle-même. L’annulation des résultats s’impose quand le juge de l’élection constate l’existence
d’irrégularité qui n’est pas assez graves mais qui doivent être sanctionnés. Le juge peut décider l’annulation
partielle du scrutin. Dans la jurisprudence électorale malgache, les votes multiples, les votes des mineurs, les
votes d’électeurs omis ou radiés de la liste électorale, l’émargement de la liste électorale par une tierce personne,
ou par un membre du bureau de vote et non par l’électeur lui-même. Les votes d’électeur dans un bureau de
vote autre que celui indiqué sur la carte électorale sont considérés comme des causes d’annulation partielle du
scrutin.

Le juge électoral peut désigner l’annulation totale des opérations électorales d’un bureau de vote. C’est le cas de
la fermeture de l’urne par une seule serrure, la clôture du scrutin avant l’heure légale et avant épuisement total
de la liste électorale, de la fonction de scrutateurs assurés par des électeurs ne sachant ni lire ni écrire, du défaut
de signature des feuilles de dépouillement et de pointage de scrutateurs...
L’annulation des élections est la mesure la plus grave que peut prendre le juge électoral. L’annulation des
élections n’intervient qu’à de très strictes conditions. L’examen de la jurisprudence de la HCC permet de
constater que les vices ayant affectés la validité même des élections ont pour cause première la carence de
l’appareil administratif. La défaillance de l’administration est telle qu’aucune confirmation des élections n’est
concevable. C’est le cas lorsque l’administration n’a pas acheminé les bulletins de vote de certains candidats dans
tous les bureaux de vote d’une circonscription électorale.

TITREIII : L’ORGANISATION DU POUVOIR


Etudier l’organisation du pouvoir c’est se pencher sur les problèmes de la structure gouvernementale. C’est la
description des institutions gouvernantes que sont l’organe exécutif et l’organe législatif ainsi que leurs relations.
Pour se faire trois séries de problème doivent être examinés, à savoir : la désignation des gouvernants, les
différentes formes d’institutions gouvernantes, les principaux mécanismes de gouvernants.

A. la désignation des gouvernants :

Il y a trois grands procédés de désignation des gouvernants :

1) Le procédé de l’hérédité ;
2) Le procédé de la cooptation ;
3) Le procédé de l’élection.

1. le procédé de l’hérédité :

C’est le procédé par lequel la transmission du pouvoir politique se fait automatiquement en vertu de la loi du
sang. Le successeur du gouvernant est prédéterminé et les gouvernés n’ont pas à choisir de gouvernants. Le
procédé de l’hérédité a été le plus répandu dans l’histoire de toutes les civilisations humaines. Ce procédé est
aujourd’hui en déclin car c’est un procédé monarchique.

La légitimité de ce procédé a été liée à une conception de l’ordre politique et de l’ordre social, ainsi qu’à
beaucoup de croyances religieuses. Il y avait d’une part la conception patrimoniale du pouvoir politique. Ce
dernier est considéré comme étant une propriété personnelle du souverain et qui peut être transmis à ses
héritiers. Il y avait d’autre part la théorie de la monarchie de droit divin selon laquelle le Monarque représente
Dieu ou une quelconque divinité sur Terre.

Dans la monarchie de droit divin, le pouvoir est légitimé par un lien spirituel qu’entretiendrait le tenant du
pouvoir avec la ou les divinités. La monarchie est un système politique où l’unité du pouvoir est symbolisée par
une seule personne appelée « Monarque ». Selon la définition de Montesquieu, une monarchie se définit par le
gouvernement absolu d’un seul mais ce pouvoir est limité par des lois. Le monarque héréditaire peut être Roi ou
Reine comme dans la plupart des monarchies européennes mais aussi grands Ducs ou grandes Duchesses comme
au Luxembourg, Princes comme à Monaco, Emirs comme au Koweït ou Empereur comme au Japon. Le procédé
de l’hérédité est en déclin mais il n’a pas totalement disparu. Il est encore appliqué directement dans les régimes
monarchiques contemporains qui se divisent en deux catégories : les monarchies absolues et les monarchies
constitutionnelles :

- Selon Henri Morel, l’absolutisme ou monarchie absolue est un type de régime politique où « le détenteur
d’une puissance attachée à sa personne concentrant en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans
aucun contrôle ». Le monarque absolu ne rend pas compte de ses actes politiques au public parce que
celui-ci n’existe pas. L’Arabie Saoudite ou le Royaume du Swaziland en Afrique austral sont des
monarchies absolues ;
- Une monarchie constitutionnelle est un type de régime politique qui reconnait un monarque comme
chef de L’Etat mais où une constitution limite les pouvoirs du monarque. Les monarchies
constitutionnelles modernes sont le plus souvent des monarchies parlementaires avec un système de
séparation du pouvoir où le monarque est le chef symbolique du pouvoir exécutif. Ce pouvoir est en
pratique dévolu à un Premier Ministre qu’il a nommé, devant avoir le soutien du Parlement et envers
lequel son gouvernement est seul responsable. Ainsi, le monarque parlementaire règne mais ne gouverne
pas ou pour le reprendre la formule exacte d’Adolph Thiers « le Roi n’administre pas, ne gouverne pas, il
règne ».

2. Le procédé de La cooptation :

La cooptation est un mode de recrutement consistant pour une Assemblée à désigner elle-même ses membres.
En droit constitutionnel, la cooptation est un procédé de désignation par lequel les gouvernants en fonction
choisissent eux-mêmes leur successeur. La cooptation n’est pas un procédé démocratique mais autocratique. Elle
entre dans la logique interne des dictatures où à cause de la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul
homme la désignation du chef de l’Etat appartiennent au seul dictateur. Le procédé de cooptation a été utilisé en
Espagne par le général Franco pour désigner le Roi d’Espagne Juan Carlos comme son successeur à la tête de
l’Etat en 1975. La cooptation institutionnelle est aussi pratiquée au cours d’une période transitoire.
La loi constitutionnelle provisoire malgache du 7 Novembre 1972 avait prévu un procédé de cooptation pour la
succession du chef du gouvernement. La passation de pouvoir entre le Général Gabriel Ramanantsoa et le Colonel
Richard Ratsimandrava le 6 Février 1975 s’est faite par cooptation.
3. Le procédé de l’élection :

L’élection est la désignation par le vote d’électeurs de personnes destinées à occuper une fonction politique.
L’élection est un procédé démocratique car les gouvernants sont choisis par les gouvernés au suffrage universel.
C’est le point de départ nécessaire pour arriver à un régime démocratique. Dans une élection, les citoyens votent
pour désigner des individus à une certaine fonction (Président de la République, député, sénateur, etc…). Les
élections sont à la base des gouvernements représentatifs démocratiques car dans une démocratie, l’autorité des
gouvernants vient du consentement des gouvernés. Le principal mécanisme qui traduit ce consentement en
autorité gouvernementale est la tenue d’élections libres et honnêtes. Le procédé de l’élection peut être combiné
avec d’autres procédés. En Grande Bretagne, deux institutions sont fondées sur le principe de l’hérédité : le
monarque et la Chambre des Lords qui est la seconde Assemblée du Parlement britannique. Une institution est
fondée sur le principe de l’élection, la Chambre des Communes qui est l’Assemblée des députés.

B. Le problème de la répartition du pouvoir :

La forme d’un régime politique dépend de la façon dont les fonctions sont réparties entre les diverses autorités
politiques. Dans le cadre du système représentatif qui est la caractéristique des Etats modernes, la manière dont
sont distribuées les taches donne naissance à des formes de gouvernements très variés d’où l’intérêt de l’étude
des rapports entre les deux principales institutions gouvernantes : le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

Le problème de la répartition des pouvoirs est lié à la théorie de la séparation des pouvoirs qui a son origine dans
la philosophie politique du siècle des Lumières c’est-à-dire au XVIIIème siècle. En 1690, le philosophe anglais John
Locke a été le premier théoricien de la séparation des pouvoirs dans son œuvre capital intitulé Two treaties of
Government (Essai sur le Gouvernement Civil). Dans son ouvrage intitulé L’esprit des lois publié en 1748, le
philosophe et juriste français Montesquieu prônait une séparation et un équilibre entre les pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire, moyen idéal selon lui de garantir la liberté de l’individu. L’objectif de la séparation des
pouvoirs est de s’assurer que la puissance politique ne soit pas concentrée dans une seule des trois branches de
l’Etat. James Madison le principal responsable de la rédaction de la Constitution américaine écrivait
« l’accumulation de tous les pouvoirs législatif, exécutif et judicaire entre les mêmes mains peut être justement
considéré comme étant la définition même de la tyrannie ». La théorie de la séparation des pouvoirs est basée
sur la distinction de trois fonctions dans l’Etat : la fonction législative, qui est la fonction d’édictions des règles
générales appelées « lois » ; la fonction exécutive, qui est la fonction d’exécution des mêmes règles ; la fonction
juridictionnelle, qui est la fonction de règlement des litiges. A cette distinction des fonctions correspond une
séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif exerce la fonction législative, le pouvoir exécutif exerce la fonction
exécutive et le pouvoir judiciaire exerce la fonction juridictionnelle.

A la séparation des pouvoirs correspond une séparation organique des pouvoirs. Chaque pouvoir est confié à des
organes différents. Le pouvoir législatif est confié aux Assemblées représentatives ou Parlements, le pouvoir
exécutif est confié au gouvernement à la tête duquel se trouve un chef de l’Etat ou d’un gouvernement. Le
pouvoir judiciaire est confié aux tribunaux. L’objet de la théorie est de limiter le pouvoir en divisant. Montesquieu
a clairement défini cet objectif de la manière suivante « pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que,
par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».

C. Les différentes formes d’institutions gouvernantes :

Dans l’Etat, il y a deux formes d’institutions gouvernantes :

- L’organe exécutif ou gouvernement ;


- L’organe législatif ou Parlement.

1. La fonction exécutive :

a. Le concept de fonction exécutive :

Au début, la fonction exécutive avait un sens très strict. Elle était conçue comme une fonction d’exécution stricte
des lois. La tâche des autorités exécutives consistait seulement à faire des actes matériels et à donner des ordres
nécessaires pour que la loi soit exécutée. La fonction comprenait donc la Direction de l’Administration, mais
aucun pouvoir règlementaire.

Plus tard, la fonction exécutive a pris un sens large. Elle comprend l’exécution matérielle et la direction de
l’administration. Elle comprend la conduite des relations internationales, le pouvoir règlementaire et l’initiative
des lois. A ces compétences que les gouvernements tiennent de la Constitution s’ajoute un rôle politique. Dans
cette conception, la fonction exécutive reste subordonnée. Le gouvernement peut faire des règlements mais
seulement pour appliquer les lois. Il peut élaborer une politique qui se traduira par le dépôt de projet de loi mais
il faudra que les lois soient votées par le Parlement. Dès le début du XIXème siècle, le gouvernement dispose d’un
ensemble de moyens pour faire adopter ses projets de lois. Certains sont juridiques et découlent de la
Constitution, comme le droit d’entrée et de parole au Parlement, comme la pression sur les députés par la
question de confiance, comme la menace de dissolution du Parlement, comme certaines interventions dans la
procédure législative. D’autres moyens ne sont pas prévus par la Constitution. C’est le cas de la direction de la
majorité parlementaire. Lorsqu’on parle de fonction exécutive, il ne s’agit plus de la simple exécution des lois
mais de l’ensemble des activités exercées par l’organe chargé par la Constitution de la fonction exécutive.
Comme l’organe chargé de la fonction exécutive est souvent appelé gouvernement, on désigne également cette
fonction comme la fonction gouvernementale.

b. La structure de l’organe exécutif :


L’organe exécutif peut être moniste, collégial ou dualiste.

L’exécutif moniste :

On appelle moniste un exécutif comportant un organe unique. L’exécutif est de type moniste ou monocratique
en régime de monarchie absolue, de dictature et en régime présidentiel. L’exécutif moniste peut se retrouver
dans un régime autoritaire. Il peut aussi fonctionner dans un régime démocratique comme le régime politique
américain où le Président est l’exécutif mais où ses pouvoirs ne sont pas illimités. Les pouvoirs du Président sont
limités par les pouvoirs aussi importants du Parlement. Ce type d’exécutif concentre la fonction gouvernementale
en la personne d’un seul organe. Il met en place un seul décideur au gouvernement, une seule tête. On parle
aussi d’exécutif monocéphale.

L’exécutif collégial :

Un exécutif collégial c’est un exécutif formé de plusieurs individus qui exercent ensemble les pouvoirs de
décisions. Les deux traits de l’exécutif collégial sont les suivants :

- Il y a une stricte égalité entre tous les membres de l’organe collégial. Aucun membre n’a de voies
prépondérantes sur les autres ;
- Le pouvoir est exercé collégialement et collectivement. Toute décision est prise théoriquement à
l’unanimité mais en pratique, on utilise la règle de la majorité.

Le seul exécutif collégial réel est l’exécutif suisse composé de 7 membres placés sur un pied de stricte égalité.

L’exécutif dualiste :

On appelle dualiste un pouvoir exécutif comportant deux organes : un chef d’Etat et des ministres qui vont se
répartir le pouvoir de décision.

L’exécutif dualiste classique :

Il fait apparaitre deux éléments : le chef de l’Etat d’une part, le cabinet ou gouvernement dirigée par un Premier
Ministre d’autre part. Dans ce cas, le dualisme permet, grâce à la permanence du chef de l’Etat, d’assurer malgré
les changements de ministères de gouvernement la continuité au moins symbolique du pouvoir. D’autre part, il
conduit à la répartition des tâches. Le chef de l’Etat assure une fonction de représentation mais n’a pas de
pouvoir réel. On dit qu’il est politiquement irresponsable. Le gouvernement dirigé par le Premier Ministre exerce
la réalité du pouvoir c’est-à-dire qu’il est le véritable pouvoir de décision. Il est politiquement responsable. Il est
contrôlé par le Parlement (ex : la Reine et le Premier Ministre en Grande Bretagne, le Président de la République
et le Chancelier en Allemagne). L’exécutif dualiste classique connait deux sortes d’altération : l’exécutif dualiste
orléaniste et l’exécutif dualiste monocéphale.

L’exécutif de type orléaniste :

Dans ce système, le chef de l’Etat est politiquement irresponsable mais il détient des pouvoirs réels. Le chef de
l’Etat détermine les grandes orientations pour laisser au gouvernement la gestion quotidienne. Il y a alors
véritablement deux têtes pour l’exécutif car il y a partage du pouvoir entre le chef de l’Etat et le Premier Ministre.
On parle alors d’exécutif bicéphale. L’exécutif malgache est dualiste de type orléaniste. Avec le bicéphalisme, il y a
un risque de friction entre le chef de l’Etat et le Parlement qui veut chacun imposer une politique différente au
gouvernement. Ce dernier se trouve souvent dans une situation difficile car il est à la fois responsable devant le
chef de l’Etat et le Parlement. D’autre part, il y a des risques de frictions entre le chef de l’Etat et le Premier
Ministre qui peuvent ne pas être d’accord sur les politiques à suivre. Le cas se présente lorsque le chef de l’Etat et
le Premier Ministre viennent de courant politique différent sinon opposé dans un schéma de cohabitation comme
en France de 1986 à 1988, de 1993 à 1995 et de 1997 à 2002.
L’exécutif dualiste monocéphale :

Dans ce cas de figure, le chef de l’Etat est en même temps Premier Ministre c’est-à-dire chef du gouvernement.
Le chef de l’exécutif va avoir des attributions étendues car il exerce deux fonctions à la fois : celle de chef de l’Etat
et celle de chef du gouvernement. Sous la Ière République à Madagascar, le Président de la République était en
même temps chef du gouvernement.

2. La fonction législative :

a. Le concept de fonction législative :

La fonction législative consiste dans la confection des lois. Selon la définition formelle, on appellera « loi » toute
norme juridique qui a été posée d’une certaine forme c’est-à-dire par un certain organe, le Parlement au terme
d’une procédure particulière. La définition formelle est aussi quelques fois appelée organique. En droit positif
malgache, la conception de la loi est formelle. La loi est définie comme l’acte votée par le Parlement. Cependant,
la fonction législative n’est pas le monopole des Parlements. Il existe un système de législation délégué qui
permet à l’exécutif d’édicter des règles de valeur législative avec les ordonnances. De même, il arrive très souvent
que l’initiative des lois soit partagée entre le Parlement et l’exécutif. La fonction législative s’exprime
essentiellement à travers la procédure législative. C’est-à-dire un ensemble d’opérations intellectuelles et de
formalités nécessaires à l’adoption de la loi.

b. La structure de l’organe législatif :

La composition du Parlement :

Une Assemblée parlementaire est une assemblée composée de députés élus. Le Parlement est par définition, le
représentant de la volonté du peuple. Il se compose d’un certain nombre d’individus qui doivent être
représentatifs. Ces individus sont normalement élus et parfois nommés. Dans la Constitution malgache de l’IVème
République, les 2/3 des sénateurs sont élus et le 1/3 restant est nommé par le Président de la République. Dans
certains pays, il arrive qu’un quota de siège au Parlement soit réservé aux minorités ethniques. En Inde,
l’Assemblée nationale compte 545 sièges, deux parlementaires représentant la communauté anglo-indienne sont
nommés par le Président de la République. Parmi les 543 sièges élus, 79 sont réservés aux « dalits » et 41 aux
« adicasi » les habitants originels de l’Inde.

En principe, ce sont les élus de la nation qui siègent au Parlement. Leur nombre varie et dépend de la
démographie du pays c’est-à-dire du nombre total d’habitants. Pour fixer le nombre des parlementaires, deux
méthodes sont possibles :

- On peut déterminer le nombre de parlementaires en proportion de la population (ex : un député pour


30.000, 50.000 ou 100.000 habitants) ;
- On peut fixer dans la Constitution ou dans la loi un nombre fixe ou un minimum et un maximum. Sous
l’IIIème République, le nombre de députés à Madagascar était fixé par la loi A-127.

Le nombre de Chambres :
Les parlementaires sont regroupés en une ou deux Assemblées ou Chambres pour une durée déterminée que l’on
appelle législature. Le nombre de Chambres au Parlement varie selon les pays.

Le monocamérisme ou le monocaméralisme :

Le Parlement monocamérale est un parlement composé d’une seule chambre, composé d’une seule Assemblée
parlementaire. Théoriquement, c’est le système le plus logique pour un Etat unitaire. L’Assemblée représente la
volonté du peuple qui est une et indivisible. Des critiques sont cependant formulées contre le monocamérisme.
On fait valoir que le Parlement a une seule chambre aboutie à l’abus de pouvoir de cette chambre. Le
monocamérisme risque également d’entrainer un mauvais travail législatif, un travail trop hâtif et techniquement
insuffisant. Dans la pratique, ces reproches sont injustifiés.

Le monocamérisme est un système répandu dans le monde et il fonctionne bien comme dans les pays
scandinaves comme le Danemark, la Finlande, la Norvège ou la Suède. En Afrique, le monocamérisme est
également répandu. Le Parlement malgache était monocaméral sous la IIème République avec l’Assemblée
nationale populaire. L’adoption du monocamérisme par les pays en développement est justifiée par des motifs
d’efficacité et d’économie. En fait, le principal souci des dirigeants de ces pays est d’avoir une assemblée docile,
coopérant avec l’exécutif. De telles pratiques transforment les parlements en simples chambres
d’enregistrements.

Le bicamérisme ou le bicaméralisme :

C’est un système dans lequel le Parlement est composé de deux Chambres, de deux Assemblées. L’une des
chambres au moins est élue au suffrage universel direct. L’origine du bicamérisme est historique. Il est apparu
avant le monocamérisme car il est né avec l’institution parlementaire en Grande Bretagne. Au départ, le
bicamérisme avait un caractère aristocratique avant d’avoir d’autres justifications.

-Le bicamérisme aristocratique :

Au XVIIème et au XVIIIème siècle, la seconde Chambre du Parlement était de conception aristocratique. On


estimait nécessaire qu’à côté de la Chambre représentant le peuple, il y ait une Chambre représentant
l’aristocratie. Cette Chambre aristocratique était considérée comme plus éclairée et devait corriger les abus et les
excès de la première Chambre qualifiée de Chambre basse. Dans une monarchie constitutionnelle, les membres
de la Chambre aristocratique sont héréditaires ou nommés par le Roi. C’est le cas de la Chambre des Lords en
Grande-Bretagne.

-Le bicamérisme fédéral :

Le bicamérisme est nécessaire dans un véritable Etat fédéral, la Première Chambre représente la volonté du
peuple, la deuxième Chambre représente la volonté des Etats fédérés. Elle permet aux Etats fédérés de participer
à l’exercice du pouvoir fédéral car elle reflète en principe l’égalité des Etats membres.

-Le bicamérisme dans un Etat unitaire :

Dans un Etat unitaire, le bicamérisme est généralement présenté comme une formule de sagesse politique. La
seconde Chambre complète la première. Elle est censée influer en les améliorant, les décisions de la première
Chambre. Dans ce cas, le bicamérisme ne se justifie que si les deux chambres ne sont pas composées de la même
manière. On s’efforcera de donner à la seconde Chambre une base sociologique différente de celle de la
première. Ce rôle modérateur de la seconde Chambre est possible grâce à son mode de recrutement différent de
celui de la Première Chambre. Cela peut se faire par des aménagements techniques, les circonscriptions
électorales ne seront pas les mêmes. Le mode de scrutin sera différent. Il est aussi possible de prévoir que la
durée du mandat des deux chambres sera différente. Elle sera généralement plus longue pour la seconde. Les
conditions d’éligibilité peuvent être différentes. Généralement pour la seconde Chambre, la candidature sera
réservée à des citoyens plus âgés. Cela peut se faire également par le recours à un corps électoral différent. Il
consiste à faire désigner la seconde Chambre par les groupes sociaux et économiques qui pourront ainsi exprimer
les préoccupations et défendre leurs intérêts. Dans certains pays, la seconde Chambre représente les groupes
économiques et sociaux les syndicats de travailleurs et de chefs d’entreprise, des organismes professionnels, les
syndicats agricoles, etc… Le Parlement malgache de l’IVème République est bicaméral. L’Assemblée nationale
représente le peuple, le Sénat est à la fois le représentant des collectivités territoriales décentralisées et celui des
forces économiques et sociales. Dans le système bicaméral, la deuxième Chambre participe au travail législatif.
Elle peut corriger le travail de la Ière Chambre grâce à la procédure de la navette c’est-à-dire, la discussion et
l’examen des textes législatifs successivement par chaque chambre en vue d’une mise au point sur le fond et sur
le forme. Le projet de texte fait un va-et-vient entre les deux Chambres jusqu’à ce qu’elle se mette d’accord sur la
rédaction finale de la loi. La navette peut être limitée dans le temps ou dans l’espace.

CHAPITRE IV : LES PRINCIPAUX


MECANISMES DU GOUVERNEMENT
En principe, l’exécutif et le législatif fonctionnent sur une base indépendante mais cette indépendance ne signifie
pas séparation totale car il y a nécessairement des contacts entre les deux organes institutionnels. Etudier les
mécanismes gouvernementaux, s’intéresser au moyen d’action réciproque entre le gouvernement et le
Parlement.

A. les moyens d’actions possibles du gouvernement sur le parlement :

1. L’intervention de l’exécutif dans la désignation des membres du parlement :

C’est un procédé anti-démocratique qui peut prendre essentiellement deux formes :

- L’exécutif nomme tous les parlementaires, c’est une technique qui relève de la dictature ;
- Le gouvernement peut nommer un certain nombre de parlementaire, avec un objectif précis. Soit
l’exécutif veut donner à une chambre un degré de représentativité des forces économiques et sociales.
C’est le cas du Sénat de la IVème République à Madagascar soit l’exécutif veut garantir la représentation
des minorités ethniques, religieuses ou sociales.
-
2. L’intervention de l’exécutif dans l’organisation interne du Parlement :

Dans tous les pays du monde, le chef de l’Etat ou le chef du gouvernement convoque le Parlement en session
ordinaire ou extraordinaire. La constitution peut prévoir que le gouvernement fixe l’ordre du jour des assemblées
ou qu’il est la priorité. A Madagascar, l’ordre du jour comporte en priorité les projets de lois déposés par le
Premier Ministre. Cette intervention du gouvernement dans l’organisation interne du Parlement est acceptable à
condition qu’il n’abuse pas de ce droit.

3. L’intervention de l’exécutif dans l’activité des Assemblées :

a. L’initiative des lois :

L’initiative de la loi est le fait de déclencher le mécanisme législatif par le dépôt sur le bureau de l’Assemblée
d’un projet de loi ou d’une proposition de loi. Le projet de loi est le texte de loi en discussion dont l’origine est
gouvernementale. L’initiative du projet de loi vient du gouvernement. La proposition de loi est le texte discussion
dont l’origine est parlementaire. L’initiative de la proposition de loi vient du Parlement. Généralement, l’initiative
de la loi est partagée entre le gouvernement et le Parlement. A Madagascar, l’art. 86 de la Constitution dispose
que l’initiative des lois appartient concurremment au Premier Ministre, aux députés et au Sénateur. S’il y a un
partage de l’initiative des lois entre l’exécutif et le législatif, en fait la majorité des lois sont d’origine
gouvernementale.

b. La participation aux débats :

Le droit d’accès et de parole aux Assemblées peut être reconnu aux membres du gouvernement qui viennent
défendre leur projet de lois et s’expliquer devant les parlementaires.

c. Le droit de message du chef de l’Etat :

Il peut s’agir d’un message écrit transmis aux Assemblées ou d’un message lu par le Président lui-même. A
Madagascar, l’art. 94 de la Constitution prévoit que le Président de la République communique avec le Parlement
par un message qui ne donne lieu à aucun débat. Donc les députés et les sénateurs se contentent d’écouter le
message du Président.

4. L’intervention de l’exécutif au stade de l’adoption de la loi :

Le Chef de l’Etat dispose du pouvoir de promulgation des lois (voir art. 59 de la Constitution malgache). La
promulgation c’est l’acte par lequel le Chef de l’Etat constate officiellement l’existence de la loi et la rend
exécutoire. Cette authentification de la loi se fait par l’apposition de la signature du Chef de l’Etat au bas du texte.
Cette signature donne à la loi sa force juridique. Il restera à la publier au Journal officiel pour la rendre opposable
à tous. La Constitution doit prévoir un délai de promulgation. Il est de trois semaines à Madagascar à compter de
la transmission de la loi définitivement adoptée par l’Assemblée nationale. Pendant le délai de promulgation, le
Chef de l’Etat a le droit de renvoyer la loi au Parlement pour une nouvelle délibération. Il peut demander à
l’Assemblée de revoir l’ensemble du texte ou certains de ses articles. Cependant, le Parlement est souverain c’est-
à-dire qu’il peut adopter le même texte sans le moindre changement. Le pouvoir du Chef de l’Etat est cependant
limité car passer le délai de promulgation, il doit signer la loi votée par le Parlement. Le refus de signer est un cas
de haute trahison qui engage la responsabilité pénale du Chef de l’Etat. Certaines constitutions donnent au Chef
de l’Etat un droit de veto suspensif. Le Chef de l’Etat peut retarder ou empêcher l’adoption de la loi en utilisant
son droit de veto. Le Parlement peut lever le veto à condition de revoter la loi à une majorité qualifiée (ex : le
Président des USA a un droit de veto suspensif. Le congrès peut surmonter ce veto en revotant la loi à la majorité
des 2/3).

La Constitution peut prévoir une substitution de l’exécutif au Parlement. Dans ce cas, l’exécutif prend des actes
de valeur législative qui devrait normalement être pris par le Parlement. Cette substitution de l’exécutif au
Parlement fait l’objet d’une autorisation à l’Assemblée par une loi dite loi d’habilitation législative qui détermine
les conditions de fonds et de durée de cette délégation de pouvoir. Cette technique des ordonnances est reprise
par la Constitution malgache. L’art. 104 prévoit une délégation du pouvoir de légiférer au Président de la
République en Conseil des Ministres. La loi d’habilitation législative doit être votée à la majorité absolue par
l’Assemblée nationale et le Sénat. D’autre part, la délégation de pouvoir n’est possible que pendant un temps
limité et pour un objet déterminé. La technique de l’ordonnance est applicable aussi à l’adoption du budget. L’art.
92 alinéas 7 de la Constitution malgache précise que si le budget n’est pas voté par le Parlement avant la clôture
de la seconde session ordinaire annuelle, le projet de loi de finance peut être mis en vigueur par voie
d’ordonnance. Donc en cas de blocage au niveau du Parlement, l’exécutif se substitue au législatif pour l’adoption
du budget par voie d’ordonnance.

5. L’intervention de l’exécutif sur l’existence du Parlement :

C’est le droit de dissolution du Parlement par l’exécutif. Le droit de dissolution est l’acte par lequel le Chef de
l’Etat ou le gouvernement met fin par anticipation au mandat de l’ensemble des membres d’une Assemblée
parlementaire. Cela consiste à mettre fin à l’existence d’une Assemblée parlementaire avant la fin normale de la
législature et à provoquer de nouvelles élections législatives. On parle alors d’élections législatives anticipées.
Traditionnellement, la dissolution sert à équilibrer les pouvoirs mais aussi à résoudre les conflits pouvant survenir
entre eux. En permettant à l’exécutif de mettre fin au mandat des députés, la dissolution garantit son
indépendance. Ce moyen d’action de l’exécutif permet d’équilibrer le moyen d’action du Parlement c’est-à-dire le
renversement du gouvernement. Dans le régime parlementaire, le gouvernement exerce le pouvoir en accord
avec le Parlement. Quand un désaccord apparait entre les deux organes, soit le cabinet en prend acte et
démissionne, soit il estime qu’il a raison et il peut user de la dissolution pour faire trancher le litige qui l’oppose à
l’Assemblée par le peuple.

B. les moyens d’actions possibles du parlement sur l’exécutif :

1. L’intervention du Parlement dans la désignation des membres de l’exécutif :

Dans certains régimes où le Parlement est théoriquement puissant, c’est lui qui choisit le gouvernement. En
Suisse, les sept membres du gouvernement sont élus par le Parlement. On dit qu’on a à faire à un régime
d’assemblée. Dans le cas de l’exécutif dualiste, si le Président de la République n’est pas élu au suffrage universel
direct, il est élu par le Parlement. C’est le cas en Allemagne ou en Italie. En régime parlementaire, le Chef du
gouvernement est investi par le Parlement. La Constitution exige un vote pour l’investiture du Chef de
gouvernement. L’investiture c’est le vote par lequel l’Assemblée accorde sa confiance au Chef du gouvernement
et l’autorise à former le gouvernement.

2. L’intervention du Parlement dans l’activité de l’exécutif :

Le Parlement peut toujours émettre des avis ou des vœux par exemple sous la forme d’une proposition de
résolution. Contrairement à la proposition de loi, la proposition de résolution n’est qu’une mesure d’ordre
intérieure prise par une Assemblée dans le cadre de son règlement intérieur. Elle permet au parlementaire de
formuler un souhait et d’attirer l’attention de l’exécutif sur des problèmes politiques. Le Parlement peut
contrôler l’exécutif grâce aux commissions d’enquêtes et de contrôle. L’intervention du Parlement peut
également se faire par l’intermédiaire des questions et des interpellations.

a. Les questions :

Elles se divisent en deux catégories :

La question écrite :

Elle est posée par un parlementaire à un membre du gouvernement. Chaque député a la faculté de poser par
écrit autant de questions qu’ils souhaitent aux membres du gouvernement. Il n’existe aucune autre condition à
l’exercice de ce droit que la brièveté raisonnable du texte de la question et l’interdiction de toutes mises en
causes personnelles. La réponse écrite du ministre intéressé doit être donnée en principe dans un délai déterminé
qui peut être de un à deux mois. Toutes les questions ainsi que les réponses sont publiées au Journal officielle.
C’est une prérogative personnelle du parlementaire. Son groupe politique n’exerce pas de contrôle sur le contenu
de la question ou sur son opportunité. Tous les sujets techniques ou généraux, locaux ou nationaux peuvent être
abordés. En France, les députés font un large usage de cette possibilité puisque plus de 15.000 questions sont
posées chaque année. A Madagascar, la question écrite est très peu utilisée ;

La question orale :

Les questions orales sont de deux sortes : les questions avec débat et les questions sans débat.

La question orale avec débat :


Elle est posée à ministre par un parlementaire à l’occasion d’une séance au Parlement. D’autres parlementaires
peuvent se faire inscrire pour prendre la parole sur le même sujet. Le ministre répond à la question initiale. Le
parlementaire et ses autres collègues disposent de quelques minutes (ex : 30 min) pour répliquer. Le ministre
donne des précisions et répond aux interrogations des parlementaires. Aucun vote n’intervient à la fin des débats.
Les questions restent du domaine de la simple critique.

La question orale sans débat :

Elle est posée par le parlementaire à un ministre à l’occasion d’une séance au Parlement. Le ministre ou son
représentant y répond. Le parlementaire dispose de quelques minutes (ex : 5min) pour demander des précisions
et le ministre interrogé réplique. Une question orale sans débat n’est suivie d’aucune discussion. Les questions
orales sont extrêmement utilisées en Grande-Bretagne où 60 à 100 questions par jour sont posées aux Ministres.
En France, les questions au gouvernement font l’objet de 2 séances hebdomadaires d’une heure. Elles sont
retransmises en direct à la télévision. Les questions au gouvernement ont été créées en 1974. Il s’agissait alors de
pallier les insuffisances de la procédure des questions orales. Chaque semaine, une brève séance permet aux
députés de la majorité et de l’opposition d’interroger à « brûle-pourpoint» les membres du gouvernement sur
des sujets d’actualité. Les ministres répondent sur-le-champ souvent sans avoir pu préparer leur réponse.

b. L’interpellation :

L’interpellation est une question orale avec débat suivi d’un vote par lequel l’Assemblée fait connaitre sa position
sur le problème abordé. Si le vote est favorable, le gouvernement a la confiance du Parlement et reste en place. Si
au contraire, le vote est défavorable, on en déduit que le gouvernement n’a plus la confiance du Parlement et on
estime qu’il doit démissionner. L’interpellation est un procédé dangereux car une simple question orale posée par
un parlementaire peut conduire à la chute du gouvernement.

3. L’intervention du Parlement sur l’existence de l’exécutif :

Cette intervention se fait à travers la mise en cause de la responsabilité des membres de l’exécutif à deux titres
différents : la responsabilité pénale et la responsabilité politique.

a. La responsabilité pénale :

Il s’agit d’une responsabilité individuelle du Chef de l’Etat, du Chef du gouvernement et des Ministres. S’ils ont
commis un crime ou un délit dans l’exercice de leur fonction, les membres de l’exécutif peuvent être poursuivis
en justice. Mais ils bénéficient d’un privilège de juridiction c’est-à-dire qu’ils seront traduits devant un tribunal
spécial qui peut être une Haute Cour composée de parlementaires comme en France, qui peut être une Haute
Cour de Justice composée de parlementaires et de magistrats comme à Madagascar ou une Chambre du
Parlement comme en Grande-Bretagne.

b. La responsabilité politique :

C’est une responsabilité collective du cabinet et également du Chef de l’Etat si l’exécutif est monocéphale. La
responsabilité politique est propre au régime parlementaire. Les mécanismes de la responsabilité politique
conduisent à tester la confiance du législatif envers l’exécutif. Ils ont pour nom « vote de confiance »,
« interpellation » ou « motion de censure ». L’usage de tous ces mécanismes du gouvernement vari selon le type
de régime politique.

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