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SEANCE 6

THEME : La preuve des droits subjectifs

SOUS-THEME : La charge de la preuve et l’admissibilité des preuves

Travail à faire : Etude de cas pratiques

Exercice : Résoudre les cas pratiques suivants

Le régime juridique de la preuve des droits subjectifs pose trois types d’interrogations : que
faut-il prouver ? C’est la question de l’objet de la preuve ; qui doit prouver ? Elle renvoie à la
charge de la preuve ; par quels modes prouve-t-on les droits dont on est titulaire ?
La preuve c’est la démonstration de la réalité d’un fait, d’un état, d’une circonstance ou d’une
obligation. Le procès civil étant un procès accusatoire : c.-à-d. l’affaire des parties
contrairement au procès pénal qui est de nature inquisitoire (l’Etat y prend une place
prépondérante et organise la recherche des preuves). C’est aux parties d’apporter les preuves
malgré la participation du juge.

Cas n°1 :

Adja Awa a prêté à sa copine Ouléye successivement 5 millions de FCFA et 2 millions de F


CFA. Les deux (2) créances ont été constatées par deux (2) actes sous-seing privé. Adja Awa,
quelques jours avant l’échéance de ses créances, est affectée au Niger. Avant de partir, elle
remet les actes constatant ses créances à sa débitrice et lui demande de verser les sommes dans
son compte bancaire. Revenue au pays, elle constate le non-paiement et attaque Ouléye qui
pour se défendre, affirme s’être libérée bien avant l’affectation de sa créancière.

Sur qui pèse la charge de la preuve ?

FG/ La charge de la preuve

QJ/ Les faits soumis à notre réflexion sont relatifs à la charge de la preuve des actes juridiques.

QD/ La question de droit qui se pose est celle de savoir sur qui incombe la charge de la preuve
?

En principe, selon l’article 9 al 2 du COCC « Celui qui se prétend libérer doit prouver que
l'obligation est inexistante ou éteinte ». Autrement dit, lorsque le débiteur invoque l’absence
d’une obligation ou soutient avoir désintéressé le créancier, il doit en apporter la preuve.
Cependant, en vertu de l’article 211 du COCC « La remise volontaire du titre original sous
seings privés ou de la grosse du titre fait présumer la remise de dette ou le paiement, sans
préjudice de la preuve contraire »
En l’espèce, la créancière avait remis à sa débitrice les actes constatant l’existence de la créance.
Par conséquent, conformément à l’article 211 du COCC, la créancière doit apporter la preuve
de la créance car il y a eu remise volontaire des actes de créances. Donc la charge de la preuve
pèse sur Adja Awa qui est la créancière.

Cas n°2 :

Pour dédouaner ses marchandises, un commerçant emprunte à l’un de ses collègues du Centre
commercial 2 000 000 F payables sous huitaine.
Deux mois après, le créancier lui rappelle qu’il n’a pas jusqu’ici honoré son engagement de
payer à bref délai. Le débiteur nie lui devoir quoi que ce soit. Il ne se rappelle même pas d’avoir
discuté avec le prétendu créancier d’un problème de dédouanement.
Le tribunal de grande instance de Dakar est saisi pour se prononcer sur ce litige.
Sur qui pèse la charge de la preuve ?
Au regard du montant en cause dans cette affaire, le témoignage et les présomptions sont-ils
recevables comme de preuve ?

QF/ Les faits soumis à notre réflexion renvoient à la preuve des actes juridiques en matière
commerciale.

1- QD/ La question de droit qui se pose est celle de savoir sur qui pèse la charge de la
preuve de la créance ?

En vertu de l’article 9 al 1 du COCC « Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit
en prouver l'existence ». En effet, un commerçant prétend être créancier de son collègue mais
ce dernier nie complétement l’existence d’une telle obligation.
Par conséquent, c’est le commerçant qui doit prouver l’existence de l’obligation. Donc la charge
de la preuve incombe au commerçant qui est le créancier.

2- QD/ La question de droit qui se pose est celle de savoir si le témoignage et les
présomptions peuvent constitués des moyens de preuve ?

En principe, Il doit être passé acte devant notaire ou sous signatures privées de toute convention
dont l'objet excède 20.000 francs. Cependant, en vertu de l’art 13 al 2 « La preuve est libre en
matière commerciale pour les actes juridiques ». Autrement dit, lorsque qu’on se trouve en
matière commerciale, la preuve peut être faite par tous moyens.
En espèce, on est en matière commerciale car non seulement le créancier et le débiteur sont des
commerçants mais l’objet du contrat est commercial.
Par conséquent, qu’importe le montant de la créance, les témoignages et présomptions sont
recevables et seront soumis à l’appréciation souveraine du juge.

3- QD/ La question de droit qui se pose est celle de savoir quelle est la juridiction
compétence en matière commerciale ?

Aux termes de l’art 7 al 4 de la loi 2017 Portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de commerce et des chambres commerciales d’appel modifiée par celle de 2020, les
tribunaux de commerce connaissent des contestations entre toutes personnes relatives aux
actes de commerce au sens de l’AUDCG. Toutefois, dans les actes mixtes, la partie non
commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de droit commun.
En espèce, toutes les deux parties sont commerçantes, donc le tribunal régional n’est pas
compétent depuis l’entrée en vigueur de cette loi.
Par conséquent le tribunal compétent c’est celui commercial.

L'acte de commerce par nature défini à l'article 3 de l'AUDCG est celui par lequel une
personne s'entremet dans la circulation des biens qu'elle produit ou achète ou par lequel elle
fournit des prestations de service avec l'intention d'en tirer un profit pécuniaire.

Cas n°3 :

Aicha est invitée à passer la soirée chez Bintou et Babacar. A cette occasion, elle fait la
connaissance de Papis et d’Awa. Assise à table à coté de Papis, Aicha finit par lui raconter ses
soucis d’argent. Elle lui dit avoir dernièrement acheté un nouveau téléviseur qui était en
promotion et se retrouve dans l’impossibilité de payer son loyer. L’ambiance de la soirée aidant,
Papis lui remet 100 000 F CFA en espèces. Tous les convives applaudissent lorsque Papis dit à
Aicha « je te prête cette somme de 100 000 F CFA. Tu me le rendras samedi prochain quand tu
auras perçu ton salaire ». Sur une serviette en papier, Aicha écrit « 100 000 F CFA = 100 000
fois merci. Tu les auras samedi » et elle signe « Aicha ». Papis glisse machinalement la serviette
dans sa poche et la garde. Le jour convenu passe, Aicha ne rembourse pas. Elle refuse de payer
la dette niant catégoriquement l’existence du prêt. Papis qui a besoin de son argent pour régler
un problème urgent demande au juge de contraindre Aicha au remboursement.

Qu’en pensez-vous ?

QD/ la question de droit qui se pose est celle de savoir par quel moyen Papis pourra-t-il prouver
sa créance ?

En principe, en vertu de l’art 14 du COCC, « Il doit être passé acte devant notaire ou sous
signatures privées de toute convention dont l'objet excède 20.000 francs ». Autrement dit,
le créancier doit forcément prouver par écrit
En l’espèce papi dispose d’une serviette en papier sur laquelle Aicha avait écrit « 100 000 F
CFA = 100 000 fois merci, tu les auras samedi » et elle signe « Aicha ». Cependant cela ne
constitue pas un commencement de preuve par écrit car le papier ne rend pas vrai semblable le
fait allégué.
Par conséquent papi ne peut prouver sa créance que par serment supplétoire car il peut être
déféré en toute matière sur un fait personnel à la partie à laquelle on le défère, art 34 COCC.
Par conséquent, le créancier peut prouver que par serment afin d’établir l’existence de la créance
et non par témoignage ou présomption.

Cas n° 4 :

Pathé, un père de famille, a été victime d’une agression alors qu’il regagnait le parking où il a
garé sa voiture. Au cours de l’incident, le sac qui contenait la quittance de paiement de son
dernier mois de loyer d’un montant de 250 000 F CFA a été emporté par le malfaiteur. Son
bailleur, au courant de la situation, en profite pour l’arnaquer. Il le menace d’expulsion, arguant
n’avoir rien reçu de son locataire. Traduit devant le juge par son bailleur qui lui réclame son
paiement, Pathé se défend d’avoir déjà payé.

Qu’en pensez-vous ?

QJ/ Ces faits sont relatifs à la preuve des faits juridiques.

QD/ la question de droit qui se pose est celle de savoir, par quel moyen pathé pourra prouver le
paiement ?
En principe, les faits juridiques se prouvent par tous moyens. Est considéré comme fait juridique
un événement quelconque auquel le droit attache des effets juridiques.
En l’espèce, le locataire doit prouver le paiement qui est un fait juridique.
Par conséquent, il peut prouver par tous moyen attestant le paiement effectif du louer.

Art. 9 COCC al 1 « Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit en prouver l'existence.»
(« actori incubit probatio ») = la charge de la preuve incombe au demandeur
Art. 9 COCC al 2 « Celui qui se prétend libérer doit prouver que l'obligation est inexistante ou
éteinte. »
Art. 12 COCC « Les seuls moyens de preuve retenus par la loi sont: L'écrit ; Le témoignage ;
La présomption du fait de l'homme ; L'aveu judiciaire ; Le serment.
Art. 13 COCC al 1 « Tous ces moyens peuvent être utilisés pour la preuve des faits
juridiques. »
Art. 13 COCC al 2 « La preuve est libre en matière commerciale pour les actes juridiques. »
Art. 14 COCC « Il doit être passé acte devant notaire ou sous signatures privées de toute
convention dont l'objet excède 20.000 francs. »
Art.15 COCC « La règle ci-dessus reçoit exception toutes les fois qu'il n'a pas été possible au
créancier de se procurer ou de produire une preuve écrite de la convention. »
Art.16 COCC al 1 « Les témoignages et présomptions sont également recevables, lorsqu'il
existe un commencement de preuve par écrit. »
Art.16 COCC al 2 « On appelle commencement de preuve par écrit tout écrit qui rend
vraisemblable le fait allégué et qui émane de celui auquel on l'oppose, de son auteur ou de son
représentant. »
Art 29 COCC al 1 « La preuve par témoins ou par présomptions du fait de l'homme est
admissible chaque fois que la pré constitution de la preuve n'est pas obligatoire ».
Art. 31 COCC « Les modes de reproduction de la parole peuvent seulement être retenus
comme présomptions du fait de l'homme. »
Art. 32 COCC « L'aveu extrajudiciaire vaut comme présomption du fait de l'homme. »
Art. 33 COCC al 1 « Recevable en toute matière, l'aveu judiciaire de la partie, ou de son fondé
de pouvoir spécial, fait pleine foi contre celui dont il émane. »
Art 27 sur la loi électronique dé 2008-10 du 25 janvier 2008 : « l’écrit résulte d’une suite de
lettres, de caractères, de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d’une signification
intelligible, quels que soient leur support et leurs modalités de transmission »
Art 37 sur la loi électronique dé 2008-10 du 25 janvier 2008 : « l’écrit sous forme
électronique est admis en preuve au même titre que l’écrit sur support papier et a la même force
probante que celui-ci, sous réserve que puisse être dûment identifiée la personne dont il émane
et qu’il soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité »
Le fait juridique est un événement quelconque auquel le droit attache des effets juridiques.
Peut-être volontaire, tel que la gestion d’affaires, le paiement de l’indu ou involontaire, le fait
de la nature comme un incendie, naissance, accident.
Les actes juridiques. Ce sont des manifestations de volonté auxquels la loi attache des effets
juridiques.
La demande en justice est l’acte par lequel un plaideur saisit le juge afin que ce dernier se
prononce sur le bien-fondé d’une prétention.
La présomption légale est un fait inconnu que la loi tire d’un fait connu qui rend vraisemblable
le fait inconnu. L’article 262 du COCC présume par exemple qu’en matière de meubles, le
possesseur de bonne foi est propriétaire.
Le témoignage est celle tirée des déclarations d’une ou plusieurs personnes qui attestent de la
véracité d’un fait pour y avoir assisté ou en avoir eu directement connaissance.
Le serment est l’affirmation solennelle fait par l’un des plaideurs de la réalité d’un fait qui lui
est défavorable. Il peut être décisoire (déféré par l’une des parties) ou supplétoire (déféré par le
juge). Le serment décisoire lie le juge qui n’a aucun pouvoir d’appréciation.
L’aveu est la reconnaissance, par une partie, des faits allégués contre elle. L’aveu judiciaire est
celui fait par une partie ou son représentant devant le juge lui-même. Il est recevable en toute
matière et du fait qu’il est fait devant le juge, il fait pleine foi contre celui dont il émane

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