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COURS EL1 Courscomplet
COURS EL1 Courscomplet
Nous allons nous intéresser dans ce chapitre à des systèmes électroniques où la relation entre le
signal d’entrée et le signal de sortie est linéaire. La notion de système linéaire dépasse largement le
cadre de l’électronique. Nous verrons dans le courant de l’année d’autres exemples de systèmes linéaires.
L’importance de la linéarité en physique est liée au fait que
• on sait en général « résoudre » les systèmes linéaires : si les relations entre les grandeurs caractérisant
un système sont linéaires, on saura décrire ce système analytiquement ;
• la plupart des systèmes peuvent, si l’excitation est « faible », être modélisés par un système linéaire,
pour la même raison qu’une courbe peut être assimilée à sa tangente au voisinage d’un point.
3
4 Chapitre EL1 — Systèmes linéaires continus invariants
I Généralités
I.1 définition d’un système LCI
On se limite à l’étude de systèmes particuliers, dits linéaires, continus et invariants. La définition qui
suit s’applique à tout domaine de la physique.
Déf. Système linéaire continu invariant
Soit un système (circuit électrique, machine, etc.) donnant à une entrée e(t) une réponse s(t) en
sortie. Ce système est dit
linéaire si, pour deux excitations e1 (t) et e2 (t) induisant des réponses s1 (t) et s2 (t), l’excitation
λ e1 (t) + µ e2 (t) induit la réponse λ s1 (t) + µ s2 (t). Ceci se note symboliquement
S S S
e1 (t) → s1 (t) et e2 (t) → s2 (t) implique λ e1 (t) + µ e2 (t) → λ s1 (t) + µ s2 (t)
continu si les grandeurs sont définies à tout instant.
invariant (ou permanent) si, quand on retarde l’entrée de ∆t, la sortie est également retardée
de ∆t ; c’est-à-dire que son comportement est le même à tout instant :
S S
e(t) −→ s(t) implique eret (t) = e(t − ∆t) −→ sret (t) = s(t − ∆t)
Exemple : circuit RC (sortie sur le condensateur). On obtient une EDL1 CC. Linéarité et continuité ne
posent pas de souci. Pour l’invariance, exprimons l’ED pour fonction sret définie par sret (t) = s(t − ∆t) :
dsret ds
RC (t) + sret (t) = R C + s (t − ∆t) = e(t − ∆t) = eret (t)
dt dt
La réponse d’un système LCI à une excitation harmonique e(t) = e0 cos(ω0 t + ϕ) est harmonique,
de même pulsation ω0 , déphasée, et d’amplitude différente :
s(t) = s0 cos(ω0 t + ϕ0 )
On dit que les signaux harmoniques sont des signaux isomorphes pour les systèmes LCI. Nous
admettrons la réciproque : tout système qui, à une excitation harmonique, associe une réponse
harmonique de même pulsation est linéaire.
Compte-tenu de ce qui précède, il est naturel d’associer à tout signal sinusoïdal, une grandeur complexe
1. pour des raisons de stabilité qu’on précisera dans ce chapitre.
À tout signal x(t) = x0 cos(ω t + ϕ), on associe la grandeur complexe x(t) définie par
x(t) = x0 e j ω t où x0 = x0 e j ϕ
On a alors x(t) = Re {x(t)}
x0 est l’amplitude complexe, x0 est l’amplitude (réelle) et ϕ est le déphasage. Un signal
sinusoïdal de pulsation fixée est entièrement déterminé par son amplitude réelle et son déphasage.
s(t) s
On a alors = 0 = A(ω) e j ϕ(ω) = H(j ω)
e(t) e0
Ainsi, la linéarité se traduit par une proportionnalité des grandeurs s(t) et e(t), ainsi que des grandeurs s0
et e0 . Il faut cependant bien noter que la relation entre s(t) et e(t), si e(t) est harmonique, n’est pas une
simple relation de proportionnalité car s(t) est déphasé par rapport à e(t). A fortiori, si e(t) n’est pas
harmonique, la relation entre s(t) et e(t) n’est pas du tout une relation de proportionnalité.
Déf. Fonction de transfert H(jω)
Coefficient de proportionnalité entre les signaux complexes H(p), défini par (p = jω)
H(p) = H(jω) = A(ω) e jϕ(ω)
Son module, A(ω), représente le rapport entre les amplitudes des signaux d’entrée et de sortie.
Sa phase, ϕ(ω), s’identifie au déphasage entre le signal de sortie et le signal d’entrée.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Remarque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les résultats précédents se généralisent à une excitation du type
e(t) = e0 exp(λ t) cos(ω t + ϕ0 ) = Re {e0 exp(p t)} avec p = λ + jω
s(t) s
d’où s(t) = s0 exp(λ t) cos(ω t + ϕ1 ) = Re{s0 exp(p t)} et = 0 = H(p)
e(t) e0
La variable p est appelée variable de Laplace. Les seuls signaux isomorphes des systèmes linéaires sont
les signaux de ce type. En pratique, nous nous limiterons aux valeurs imaginaires pures de p.
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Les systèmes physiques réels sont tels que n > m (au moins n > m). En effet, aucun système ne
peut répondre à une excitation infiniment rapide, donc |H(p)| −−−−−→ 0 (au moins borné).
ω→++∞
P définition d’un filtre Un filtre est un quadripôle qui permet d’agir sur un signal.
Déf. Quadripôle ou quadrupôle
Portion de circuit comportant quatre bornes : deux d’entre elles permettent de lui appliquer une
tension ue et un courant ie d’entrée, les deux autres délivrent une tension us et un courant is de
sortie. Lorsque les relations qui lient ie , is , ue et us sont toutes linéaires, le quadripôle est linéaire.
Déf. Filtre
Quadripôle linéaire dont la fonction de transfert complexe H dépend explicitement de la pulsation ω.
Exo. 1
Proposer un circuit simple qui soit un quadripôle linéaire, sans être un filtre (H indépendant de ω).
Ces définitions sont à ajuster pour le coupe-bande (on parle d’ailleurs de bande coupée).
d
Avec la notation de Laplace, p ≡ jω ⇐⇒
dt
Connaissant l’équation différentielle d’un système (domaine temporel), on peut en déduire sa fonction
de transfert (domaine fréquentiel), et réciproquement 2 . Ainsi, l’ED et la FT d’un système sont deux
représentations différentes de la même réalité physique.
Si l’on travaille avec des fonctions du type e p t , avec p complexe, la fonction de transfert s’écrit
X m
ai p i
dk s X di e
n m
H(p) = n i=0
X
⇐⇒ bk k = ai i
X
k=0
dt i=0
dt
bk p k
k=0
+ Remarque : On peut « lire » cette équation différentielle sous la forme très générale où la « réponse, sortie »
est obtenue en fonction du « forçage, entrée ».
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Transposer la fonction de transfert opérationnelle dans les domaines fréquentiel (fonction de transfert
harmonique) ou temporel (équation différentielle).
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+ Remarque : Notons que l’on n’a pas tenu compte de la solution de l’équation sans second membre, car elle
est nécessairement amortie, le plus souvent « rapidement ». On y reviendra dans la partie V.
2. En toute rigueur, la réciproque n’est pas totalement universelle. Pour ce qui nous concerne, on l’admettra.
Attention
Les exemples sont donnés avec un gain statique H0 = 1. Être vigilant en pratique car ce gain statique
peut être de norme différente de 1 (translation des courbes de gain) ou négatif (modification de ϕ).
Exo. 2
Donner un exemple simple d’un filtre ayant une telle fonction de transfert.
• Si x 1, H ∼ 1, GdB ∼ 0 et ϕ ∼ 0.
• Si x = 1, H = 1/(1 + j),
GdB = −10 log 2 ' −3 dB et ϕ = −π/4.
Exo. 3
Tracer le diagramme de Bode correspondant à la FT suivante :
H0
H(jω) = avec H0 = −10 et τ = 1 ms
1 + jωτ
+ Corrigé : ω0 = 1 000 rad · s−1 ; gain translaté de 20 dB vers le haut ; la phase varie de π à π/2.
b) passe-haut
Exo. 4
Donner un exemple simple d’un filtre ayant une telle fonction de transfert.
Exo. 5
Établir une combinaison linéaire permettant d’écrit H = α H1 + β H2 .
a0 + a1 p + a2 p 2
Elle s’écrit H(p) =
b0 + b1 p + b2 p 2
En fonction du choix des coefficients 3 ai et bj , on obtient différents types de comportements : des
comportements passe-bas et passe-haut, mais également des comportements que l’on ne peut pas obtenir
avec des filtres d’ordre 1 (passe-bande et coupe-bande).
3. Toutes les combinaisons de valeurs ne sont pas possibles pour un filtre ; en particulier, b0 6= 0, voir la partie V.
La mise sous forme canonique conduit à introduire, outre la pulsation réduite (c’est-à-dire en pratique
faire apparaître une pulsation « centrale » ω0 ), à introduire un paramètre sans dimension : le facteur de
qualité Q (ou un équivalent, dit facteur d’amortissement λ tel que 2Qλ = 1).
b) passe-bande
La fonction de transfert d’un filtre passe-bande (d’ordre 2) se met sous les formes équivalentes :
H0 jx/Q
H(j x) = = H0
1 + j Q (x − 1/x) 1 + jx/Q − x2
Son diagramme de Bode asymptotique est constitué de deux droites :
• l’asymptote basse fréquence a une pente de 20 dB/dec ;
• l’asymptote haute fréquence a une pente de −20 dB/dec.
Les asymptotes se coupent en x = 1. Le diagramme réel est au-dessus de ses asymptotes
si Q > 1, il est en dessous sinon. On a toujours H(x = 1) = H0 .
Exo. 6
Établir la fonction de transfert d’un RLC série, avec la sortie prise sur R.
R L
r
1 1
+ Corrigé : H(j ω) = ; forme canonique avec ω0 = √ et Q = .
R + j L ω + 1/j C ω LC R C
Comportement asymptotique :
jx
• x1:H∼ soit
Q
GdB ∼ −20 log Q + 20 log x, ϕ ∼ π/2.
• H(1) = 1, ainsi GdB = 0 et ϕ = 0.
j
• x1:H∼− soit
Qx
GdB ∼ −20 log Q − 20 log x, ϕ ∼ −π/2.
• Les asymptotes se coupent en x = 1. La
courbe est au-dessus des asymptotes pour
Q > 1 et en dessous pour Q < 1.
ω0 1
Elle a pour expression ∆ω = ou ∆x =
Q Q
Plus Q est élevé, plus le filtre est sélectif, c’est-à-dire plus sa bande passante est étroite.
Attention
Pour Q quelconque, la bande passante N’est PAS centrée sur ω0 (faire le calcul !). En revanche, elle
l’est avec une bonne approximation si Q > 4 environ.
c) passe-bas
Exo. 7
Déterminer la fonction de transfert d’un circuit RLC série, la sortie étant le condensateur.
1/j C ω
+ Corrigé : H2 (j ω) = .
R + j L ω + 1/j C ω
Comportement asymptotique :
• Si x 1, H2 ∼ 1 soit GdB ∼ 0 et ϕ ∼ 0 ;
• Si x = 1, H2 = −j Q, ainsi
GdB = 20 log Q et ϕ = −π/2 ;
• Si x 1, H2 → 0 et plus précisément
H2 ∼ −(ω0 /ω)2 soit GdB ∼ −40 log x,
ϕ ∼ −π.
d) passe-haut e) coupe-bande
P approche formelle Si on dispose d’un outil de calcul, on peut écrire la solution exacte. En effet, si
+∞
n=1
+∞
n=1
Une fréquence qui existe dans le spectre du signal de sortie existe nécessairement dans le signal
d’entrée. En revanche, du fait de l’atténuation possible, une fréquence à l’entrée peut ne pas exister
dans le signal de sortie. Un système LCI ne peut pas générer de fréquences.
Exo. 8
Soit un filtre passe-bande très sélectif de fréquence centrale f0 = 225 Hz. Quelle est la nature du
signal de sortie si l’entrée est un créneau d’amplitude 10 V de fréquence variable f ?
+ Corrigé : Le signal est significativement non nul pour des valeurs précises de f . Le signal de sortie est
toujours sinusoïdal. Pour f = f0 (10 V), f = f0 /3 (3,3 V), f0 /5 (2 V), etc.
Un système LCI est au repos si e(t) ≡ 0 pour t < 0 ET si on suppose que l’on a attendu assez
longtemps pour avoir s et ses dérivées qui sont tous nuls pour t < 0.
On laisse évoluer le système LCI à partir d’un état initial donné (c’est-à-dire e(t) ≡ 0).
Un échelon ne peut pas représenter un signal physique puisqu’aucun système ne peut présenter une
telle discontinuité. Il s’agit d’une modélisation qui rend (très) bien compte des cas où le temps de montée
de la grandeur excitatrice est très faible devant le temps caractéristique du système.
Déf. Réponse indicielle
Réponse à un échelon d’un système LCI à partir d’un état de repos.
En pratique, régime libre et réponse indicielle sont équivalents. En effet, on peut passer de la recherche
de la réponse indicielle à un régime libre en faisant un simple changement de variable inconnue avec un
décalage par une constante. Dans la suite, on se limite donc au régime libre.
Exo. 9
On s’intéresse à la tension aux bornes du condensateur dans un circuit RLC série. Établir l’équation
correspondant au régime libre d’une part et à la réponse indicielle lorsque le dipôle RLC est soumis à
un échelon d’amplitude E0 de tension d’autre part. Comparer et conclure.
Selon la valeur du facteur de qualité, on a deux régimes possibles (et un cas limite) :
• Si Q 6 0,5, le discriminant de l’équation caractéristique est positif. Si Q < 0,5, les solutions
sont de la forme r
1 ω 1
s(t) = A e −t/τ+ +B e −t/τ− avec
0
= ± ω0 −1
τ± 2Q 4Q2
On parle de régime apériodique. Si Q = 0,5, on a le régime apériodique critique. Il s’agit
toujours d’un cas limite qui n’est pas atteint en pratique.
• Si Q > 0,5, Le discriminant de l’équation caractéristique est négatif donc les solutions sont de
la forme r
1
s(t) = e −ω0 t/2Q
(A cos ωt + B sin ωt) avec ω = ω0 1 −
4Q2
On a un régime pseudo-périodique de pseudo-période ω < ω0 . On retient cependant que
Si Q > 4 − 5, alors ω ' ω0 .
De façon plus générale, un système stable ne doit diverger en aucune circonstance (il ne doit
notamment pas diverger pour un jeu particulier de conditions initiales), en particulier ω −
→ 0 et
ω−→ +∞. Pour la fonction de transfert, cela implique :
• le degré du numérateur est inférieur ou égal à celui du dénominateur ;
• le dénominateur ne tend pas vers 0 quand ω − → 0.
Un système linéaire est stable si les pôles de sa fonction de transfert sont de partie réelle négative.
+ Remarque : On peut être intéressé par des systèmes instables (pour former des oscillateurs par ex) mais
on n’utilise pas les mêmes outils. En particulier, on n’étudie pas le diagramme de Bode !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Étudier la stabilité d’un système d’ordre 1 ou 2 à partir des signes des coefficients de l’équation différentielle
ou de la fonction de transfert.
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