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EL4 Éléments d’électronique numérique

Table des matières


I Analogique ou numérique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
II Échantillonnage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
II.1 définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
II.2 principe sur un signal électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
III Analyse spectrale numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
III.1 spectre analogique du signal analogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
III.2 spectre du signal échantillonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
III.3 théorème de Nyquist-Shannon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
III.4 fréquence minimale mesurable dans un signal, résolution . . . . . . . . . . . . . . 37
IV Filtrage numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
IV.1 réalisation du filtre numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Ce chapitre est partiellement expérimental. Le but est d’introduire quelques concepts importants
touchant à l’électronique numérique. On aborde trois points complémentaires (mais indépendants) :

l’échantillonnage Cela concerne les aspects liés à la discrétisation du signal lors de son passage de
l’analogique vers le numérique.
l’analyse spectrale numérique Comment obtenir des informations sur les spectres des signaux.
le filtrage numérique On montrera sur un exemple simple qu’il est tout à fait possible de se passer de
filtres analogiques pour agir sur un signal numérique.

I Analogique ou numérique ?
Les phénomènes physiques usuels (onde sonore, tension électrique, température, etc.) sont en général
des signaux continus, c’est-à-dire que les grandeurs peuvent prendre n’importe quelle valeur et qu’il y a
une valeur à tout instant. On parle de signal analogique. On peut réaliser de nombreuses fonctions en
n’utilisant que des composants analogiques (notamment les filtres).
La numérisation consiste à coder le signal en un nombre limité de valeurs définies à l’avance.
Un signal numérique est donc par essence discret. Le codage binaire est à deux états : un état haut
associé à un bit de valeur 1 et un état bas associé à un bit de valeur 0.
Manipuler des signaux numériques présente plusieurs avantages :
• Un signal numérique est facile à enregistrer (il suffit d’avoir deux états distincts sur le support
d’enregistrement).
• Un signal numérique est très peu sensible aux bruits. En effet, si les deux états sont enregistrés
avec des valeurs bien distinctes (selon le support d’enregistrement), du bruit parasite ne sera pas en
mesure de changer un état « haut » en état « bas » ou réciproquement. On peut également facilement
prévoir d’ajouter des informations pour corriger les éventuelles erreurs de copie (code correcteur
d’erreur) : la reproduction d’un signal numérique est donc fiable et sans altération au fil des copies.

33
34 Chapitre EL4 — Éléments d’électronique numérique

• Le traitement d’un signal numérique peut se faire exclusivement par calcul avec un calculateur, sans
avoir besoin de se reposer sur des circuits analogiques dédiés (penser au filtrage), par nature moins
souples et soumis aux dérives dans le temps des composants.
Il est cependant assez rare d’avoir un signal intégralement numérique d’un bout à l’autre du processus.
Une situation courante est celle où le signal initial (celui qui doit être traité) est analogique et le signal final
est également analogique. Prenons le cas d’un concert : la voix du chanteur (analogique) est enregistrée et
restituée (après traitement comme une séparation hautes et basses fréquences pour utiliser des enceintes
adaptées) par des hauts-parleurs qui produisent une nouvelle onde sonore (analogique). Seule la chaîne
entre le microphone et les hauts-parleurs peut être numérique. Il faut donc pouvoir passer « facilement »
du monde analogique au monde numérique (c’est le rôle d’un convertisseur analogique-numérique
ou CAN) et réciproquement (convertisseur numérique-analogique ou CNA).
Un CAN réalise deux étapes : l’échantillonnage et la quantification. Dans la pratique, ces tâches sont
réalisées par les dispositifs d’acquisition. En TP, le CAN est la carte d’acquisition sur l’ordinateur ou les
premiers étages de l’oscilloscope numérique. Notons que, par ses bornes d’émission, la carte de l’ordinateur
est également un CNA (voir § IV).

II Échantillonnage
II.1 définition

Déf. Échantillonnage d’un signal analogique

Échantillonner un signal analogique consiste à prendre périodiquement une mesure du signal, à des
instants prédéfinis, tn = n Te où Te est la période d’échantillonnage et n est un entier. La fréquence
d’échantillonnage est bien sûr donnée par fe = 1/Te .

Attention
Il ne faut pas oublier que tout signal réel (qu’il soit analogique ou numérique) a nécessairement une
durée finie. On la note τ = N Te (N désigne le nombre total d’échantillons) dans la suite.

En pratique, un échantillonneur est un échantillonneur bloqueur, c’est-à-dire qu’il prend la valeur


du signal à l’instant tn et la maintient à l’identique jusqu’à l’instant tn+1 .

II.2 principe sur un signal électrique


a) introduction qualitative

On peut illustrer l’échantillonnage « manuellement » en utilisant un inter-


rupteur entre le circuit et le dispositif d’acquisition : on ferme l’interrupteur tn = n Te
périodiquement et on le laisse fermé pour une durée brève, avant de l’ouvrir
en
à nouveau jusqu’à la prochaine période. e(t)

Si l’impédance de sortie de e(t) est négligeable, on peut obtenir un échantillonneur-bloqueur en mettant


un condensateur en parallèle de en .

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III — Analyse spectrale numérique 35

b) montage
On utilise un échantillonneur précâblé sur lequel on peut ajouter un condensateur pour assurer la
partie « blocage ». Noter que les signaux d’entrée ne doivent jamais être négatifs : on ajoute un offset
pour les tensions alternatives.

+ Mettre en œuvre l’échantillonneur-bloqueur pré-câblé. Visualiser simultanément le signal du GBF et


le signal issu de l’échantillonneur (avec ou sans condensateur). Conclure.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Expliquer l’influence de la fréquence d’échantillonnage.
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III Analyse spectrale numérique


III.1 spectre analogique du signal analogique
L’analyse spectrale est un outil très important qui n’a pas attendu le développement du numérique
pour exister. On peut parfaitement analyser le spectre d’un signal analogique en n’utilisant que des
composants analogiques. On peut proposer deux approches
• Utiliser un filtre passe-bande très sélectif dont la fréquence passante f0 est réglable. Ainsi, si le
signal en sortie de ce filtre est non nul, c’est que le signal e(t) contient bien une composante à f0 .
Au contraire, si la sortie est nulle, c’est que la composante est absente du signal. En balayant une
large plage de valeurs, on obtient donc le spectre.
• Mettre en œuvre une détection synchrone (voir le chapitre EL5). Le signal à analyser est multiplié
via un multiplieur analogique par un signal de la forme a(t) = A cos(2πω0 t). Si e(t) contient une
composante de la forme e0 cos(2πω0 t), le signal de sortie comporte deux termes (un continu et
un à la fréquence 2 f0 ). Connaissant A, on déduit e0 . Cette méthode est plus discriminante que
l’utilisation de filtre car elle est en mesure d’extraire un signal faible noyé dans le bruit. La difficulté
est que le signal d’analyse a(t) doit absolument être synchrone, c’est-à-dire non seulement avoir la
bonne fréquence mais également la même phase.

Pour un signal d’entrée périodique de période T, le spectre est un spectre de raies, chacune étant à
la fréquence n/T. Pour un signal non périodique, on a un spectre continu, borné par une valeur
supérieure fmax .

III.2 spectre du signal échantillonné


Une fois le signal numérisé, il est aisé de calculer son spectre, par application de l’algorithme de
transformée de Fourier rapide (ou FFT pour Fast Fourier Transform). Cette fonction est disponible
nativement sur les oscilloscope numériques (menu Math), sur Latis Pro (menu Traitements) ou

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36 Chapitre EL4 — Éléments d’électronique numérique

dans tout langage informatique disposant de bibliothèques de calcul numérique (comme Python dans la
bibliothèque numpy.fft, fonction rfft).

La numérisation d’un signal engendre une modification du spectre. En effet, la fréquence d’échan-
tillonnage fe induit une discrétisation dans le domaine temporel qui se traduit par une périodicité fe
dans le domaine fréquentiel. L’important est de disposer pour le signal échantillonné du spectre du
signal de départ qui puisse être isolé/analysé.

+ Représenter qualitativement les spectres dans les différentes situations étudiées.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mettre en évidence le phénomène de repliement de spectre au moyen d’un oscilloscope numérique ou d’un
logiciel de calcul numérique.
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III.3 théorème de Nyquist-Shannon


On l’a vu expérimentalement : le spectre du signal échantillonné n’est pas toujours fidèle au signal
analogique. Lorsque la fréquence d’échantillonnage est trop faible, le spectre obtenu après échantillonnage
est faux, en raison du phénomène de repliement de spectre ou aliasing. Qualitativement, avoir une
fréquence d’échantillonnage trop faible revient à disposer d’un nombre d’échantillons par période trop
faible pour pouvoir « reconstruire » le signal. Voici un exemple de signal (trait plein), sous-échantillonné
(points) :
s(t)

Le théorème de Nyquist-Shannon 1 donne la valeur seuil à ne pas dépasser pour avoir un spectre
fidèle après échantillonnage.
Théorème de Nyquist-Shannon
Un signal est correctement représenté à partir de ses échantillons si la fréquence d’échantillonnage fe
est supérieure à deux fois la fréquence maximale de son spectre fmax :
fe > 2 fmax

Exo. 1
Dans la pratique, on ne maîtrise pas nécessairement fmax . Comment procéder pour garantir la bonne
représentativité du signal échantillonné par rapport au signal analogique ?

1. Claude Shannon (1916 – 2001) est un ingénieur et mathématicien américain.

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IV — Filtrage numérique 37

Le critère de Shannon implique qu’il faut au moins 2 échantillons par période pour restituer une
fréquence correctement. En pratique, on prend souvent un critère plus restrictif. Par exemple,
téléphonie fixe Le signal téléphonique est échantillonné à 8 kHz et en pratique le spectre transmis est
limité à 3,4 kHz (soit un peu moins que la limite de Shannon, 4 kHz). Cela ne pose pas de souci
pour la transmission de la voix et cela permet un encombrement assez faible d’un tel signal.
qualité musicale Pour une meilleure préservation de la qualité sonore, on souhaite conserver toutes
les fréquences inférieures à 20 kHz, c’est pourquoi l’échantillonnage est réalisé à 44,1 kHz (ce cas
correspond à la qualité « CD ») ou 48 kHz, voire davantage selon les cas. Bien sûr, le signal est alors
plus « volumineux » et on a recours à des techniques de compression (avec ou sans perte).

III.4 fréquence minimale mesurable dans un signal, résolution


Si le théorème de Shannon fixe une limite infranchissable du côté des hautes fréquences, il existe
aussi une limite inférieure. Pour la même raison qualitative qu’il est impossible de restituer une « haute »
fréquence si on ne dispose pas d’au moins deux échantillons par période, ce sera la même chose pour les
basses fréquences. Ce qui va fixer la limite, c’est la durée τ de l’acquisition. On retient
Résolution en fréquence
La résolution en fréquence que l’on peut obtenir pour un signal échantillonné est l’inverse de la
durée totale d’échantillonnage :
1 1
∆f ∼ =
τ N Te
Cela fixe également la fréquence minimale du spectre qui peut être mesurée.

Pour étudier un signal, on a donc besoin d’une fréquence d’échantillonnage élevée (ce qui permet
d’explorer un spectre étendu vers les hautes fréquences) mais aussi d’une grande durée d’acquisition (pour
obtenir les basses fréquences et une bonne résolution en fréquence). Ces deux critères sont contradictoires
puisqu’ils font exploser le nombre N d’échantillons. Il faut donc procéder à des compromis dans la pratique.

Exo. 2
On veut analyser un signal à 1 Hz près sachant que la fréquence maximale dans le spectre à analyser
est fmax = 10 kHz. Calculer les paramètres optimaux de l’acquisition (fe et τ ou N).

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Choisir les paramètres (durée, nombre d’échantillons, fréquence d’échantillonnage) d’une acquisition
numérique afin de respecter la condition de Nyquist-Shannon.
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IV Filtrage numérique
Le but de cette partie est d’illustrer, sur
Ve en H0 sn s(t)
l’exemple du passe-bas du premier ordre, que l’on CAN H= CNA
peut procéder à un filtrage sur un signal numérique 1 + jω/ωc
en utilisant un dispositif de calcul quelconque (Python, Latis Pro, un tableur, etc.).

IV.1 réalisation du filtre numérique


a) un peu de théorie
Un filtre passe-bas du premier ordre du pulsation de coupure ωc est associé à l’équation différentielle

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38 Chapitre EL4 — Éléments d’électronique numérique

1 ds
+s=e
ωc dt
Comme il est plus parlant de travailler en fréquence, on remplace ωc et on écrit l’équation sous la forme
ds
= 2πfc (e − s)
dt
C’est cette équation différentielle qu’il convient de discrétiser pour obtenir une équation aux différences, que
l’on peut implémenter dans un tableur ou un logiciel de calcul. En utilisant une approche par la méthode
ds sn+1 − sn
d’Euler, on remplace par . La durée ∆t n’est pas quelconque sur un signal numérique, c’est
dt ∆t
nécessairement la période d’échantillonnage Te , donc
sn+1 = sn + 2πfc Te (en − sn )

b) mise en œuvre expérimentale

On procède par étapes successives :


1. Acquérir un signal créneau ou triangulaire de bonne Attention
qualité (prévoir que l’harmonique 7 ou 9 au moins Sans dispositif capable de traiter le si-
soient correctement restituées). gnal en temps réel, le signal réémis en
2. Appliquer le filtre (feuille de calcul Latis Pro ou pro- bout de chaîne présente un décalage tem-
gramme Python). porel indéterminé avec le signal d’entrée :
3. Émission du signal numérique sur la sortie de la carte. la phase globale est perdue.
4. Visualisation de l’effet du filtre à l’oscilloscope.
Ù Exemple de code Latis Pro À adapter à vos choix de fréquences !
Te = 2e-4
fe = 1/Te
fc = 100
tau = 1/(2*3.14*fc)
SFiltree = Table(0)
SFiltree = SFiltree[n-1] + Te/tau*(EA1[n-1]-SFiltree[n-1])

+ Mettre en œuvre la chaîne complète. Vérifier que la condition de Shannon est impérative pour avoir
un fonctionnement correct.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Capacité exigible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mettre en œuvre une chaîne d’acquisition et de conversion.
.....................................................................................................

Capacité numérique : Calculer, à l’aide d’un langage de programmation, la transformée de Fourier


discrète d’un signal numérique.

Capacité numérique : Réaliser, à l’aide d’un langage de programmation, un filtrage numérique d’un
signal issu d’une acquisition, et mettre en évidence la limitation introduite par l’échantillonnage.

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