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RAYURES ET RATURES

Textes et illustrations par Chloé ROMENGAS


© Chloé Romengas 2018
ISBN 978-2-9568811-0-0 - Ebook

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de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux
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L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
PRÉFACE
Chères lectrices, chers lecteurs,

Il y a peu, je lisais un article sur le navigateur Sébastien


Destremeau, que le grand public a découvert lors de la dernière
édition du Vendée Globe Challenge. Cet homme de 52 ans qui
se définit avec humour « comme un grand-père égaré chez les
athlètes », sera le dernier à franchir la ligne d’arrivée aux Sables
d’Olonne, soit cinquante jours derrière le vainqueur Armel
Le Cléac’h. Après ces quatre mois de navigation en solitaire et
d’épreuves inimaginables, il fera cette formidable déclaration : « Je
n’ai pas doublé grand monde, mais je me suis dépassé ».

Je crois qu’un grand nombre de personnes « douées » peuvent


s’identifier à travers les propos de Sébastien Destremeau. En effet,
l’aspiration au dépassement de soi est viscéralement ancrée chez
le zèbre à condition qu’il assume pleinement sa singularité pour
la laisser se déployer. Et c’est justement sur la singularité de ce
fonctionnement si atypique de l’enfant et de l’adulte doué qu’il faut
sans relâche communiquer encore et toujours afin d’informer et
de sensibiliser tous ceux qui sont concernés par la question de la
douance, que ce soit les adultes doués eux-mêmes, leur entourage
familial, amical ou professionnel mais aussi les médecins, les
psychologues et tous les thérapeutes de manière générale.

Car oui, être doué c’est être différent mais être différent ne
signifie pas être moins bien ou mieux que les autres ; cela veut
seulement dire « ne pas être pareil ». La douance est donc une
autre forme de normalité avec ses caractéristiques propres, ses
ressources incroyables et ses fragilités spécifiques. Que l’enfant ou
l’adulte se découvrent doués tardivement ou pas, il n’en demeure
pas moins que leur questionnement à ce sujet reste avant tout
profondément identitaire.
A partir de son expérience de zèbre, l’auteure se propose
d’expliquer avec délicatesse et simplicité ce qu’elle a mis des années
à comprendre sur son propre fonctionnement. Ce livre, joliment
illustré, contribue à aider les adultes doués et l’entourage des
enfants doués à progresser sur le long chemin de la compréhension
de soi et de l’autre car mieux se connaître c’est aussi mieux
comprendre et appréhender les comportements d’autrui.

Je vous souhaite de découvrir cet ouvrage avec autant de plaisir


que j’ai eu à le lire.

Laurence Le Quément-Orieux
Psychologue clinicienne

Octobre 2017

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SOMMAIRE
Introduction p13

Partie 1 : Prendre conscience de sa particularité p17

1. Un mot pour exprimer sa différence p19

2. Les résultats du test de QI p23

3. Chez le psy p27

Partie 2 : Comprendre son fonctionnement p31

1. L’hypersensibilité p33

2. Le déficit d’inhibition latente p39

3. Une grande mémoire p45

4. Penser dans tous les sens p51

5. Valeurs, justice et désir de perfection p57

6. Un besoin vital de sens p61

7. Un questionnement existentiel p67

8. Extra-lucidité p73

9. Personnalité de camouflage p77

Partie 3 : Réactions et impact dans la vie quotidienne p83

1. Le rapport aux autres p85

2. Le rapport à l’autorité p89

11
3. Une peur de l’échec exacerbée p95

4. Le phénomène de l’imposteur p111

5. Le zèbre à l’école p117

6. Le zèbre au travail p125

7. Le zèbre en couple p133

Partie 4 : Transformer sa singularité en richesse p143

1. Dépasser les mythes, croyances et clichés p145

2.1 Accepter la particularité de son enfant p149

2.2 Accepter sa propre particularité p155

3. L’importance d’être identifié(e) p161

A retenir p165

Conclusion p169

Remerciements p173

Références et bibliographie p179

12
INTRODUCTION
Villeurbanne, le 27 mai 2018.

Si l’on m’avait dit il y a quelques années que j’allais écrire et


publier un livre sur ces personnes que l’on appelle tour à tour
surdouées, à haut potentiel, précoces, ou douées, je ne l’aurais
jamais cru. Car jusqu’en 2015, j’avais beaucoup de préjugés à
leur propos. Je les pensais forcément brillantes à l’école, puis dans
leur carrière, ou au contraire en échec scolaire et social, tels des
génies incompris. Comme beaucoup de gens, en fait, puisque de
nombreux mythes et croyances circulent à ce sujet.

Et puis un jour, après de multiples changements professionnels


et un questionnement sur moi-même, on m’a parlé de « zèbre ».
Ce mot m’a permis de distancer les stéréotypes pour comprendre
et accepter le concept. Il a d’ailleurs été introduit dans ce but,
par la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, qui écrit à son propos :
« Le zèbre n’est-il pas le seul animal sauvage que l’homme n’a pu
domestiquer ? Son pelage rayé n’est-il pas destiné à jouer avec
les ombres et la lumière pour mieux se dissimuler mais soudain
apparaître dans toute sa splendeur en se détachant, par ses
rayures, de tous les autres animaux de la savane ? Et n’a-t-on pas
l’habitude de parler d’un drôle de zèbre pour désigner un individu
original, peu banal ? »1.

En 2015, à 25 ans, on m’a expliqué pour la première fois


concrètement ce que signifiait « être zèbre ». Tout ce qui se cachait
derrière. On m’a expliqué que c’était une façon de penser, de
sentir, de ressentir et d’appréhender le monde. On m’a expliqué ce

1 SIAUD-FACCHIN, J. (2012), L’enfant surdoué - L’aider à grandir,


l’aider à réussir, Paris : Odile Jacob.
13
fonctionnement, mon fonctionnement, et j’ai compris.

Suite à cette prise de conscience, j’ai passé des mois à discuter


avec des gens, zèbres ou non, à écouter des conférences d’experts,
à lire des livres et des études scientifiques, et je me suis dit que
j’avais envie de partager le fruit de ces rencontres et de ces
réflexions, avec humour mais surtout bienveillance.

Alors, j’ai pris mon stylo et ma tablette graphique, et j’ai commencé


à publier des articles illustrés sur un blog, rayuresetratures.fr, pour
expliquer de manière simple, accessible et ludique ce que j’avais
mis des années à comprendre. Je voulais montrer ce que cela
voulait dire, être zèbre, être surdoué, être précoce, montrer que ce
n’est ni un cliché, ni une pression, ni une pathologie, ni un fardeau,
et que si l’on comprend, si l’on a l’envie et les bonnes clés en
mains, on peut alors en faire quelque chose. Je voulais expliquer
avec simplicité et sincérité les caractéristiques de ces personnes,
l’impact de ces caractéristiques dans leur vie de tous les jours,
mais aussi tout ce que l’on peut faire avec.

14
En deux ans, une belle communauté s’est créée autour du
blog, qui se reconnaît (ou non), commente, partage, ajoute des
informations, échange, débat, et m’encourage à aller plus loin.
Portée par les lecteurs, j’ai décidé d’oser réaliser un rêve d’enfant
en publiant ce livre. Et il était impensable pour moi de le publier
sans intégrer tous les lecteurs dans l’aventure, tous ceux qui m’ont
soutenue, encouragée, et ont fait grandir le blog. Ce livre peut
donc voir le jour grâce à un financement participatif auquel ont
contribué 647 personnes qui ont cru en ce projet. C’est énorme. Je
ne les remercierai jamais assez.

Grâce aux contributeurs, tous ensemble, nous pouvons diffuser


le message, donner de l’information (vous retrouverez sources et
bibliographie en fin de livre) et dépasser les clichés.

Ce livre s’adresse avant tout aux adultes zèbres, à leur entourage,


aux parents d’enfants zèbres, aux enseignants, accompagnants,
mais aussi à toute personne curieuse d’en savoir plus sur le sujet.

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PARTIE 1

PRENDRE CONSCIENCE DE SA
PARTICULARITÉ

17
1 - un mot pour exprimer sa différence
Nous sommes tous différents mais certains plus que d’autres,
et s’intégrer quand on se sent différent, ce n’est pas chose facile.
Surtout à l’école, où les jalousies et rivalités enfantines, qui sont
tout à fait naturelles, sont très présentes, et très blessantes pour
un enfant qui se sent en décalage avec ses camarades. Là où les
zèbres ont de la chance, c’est qu’il y a un mot pour exprimer leur
différence.

Ou des mots plutôt.

Enfin un concept.

Et même si ces mots, souvent lourds de préjugés, sont très


difficiles à entendre, à comprendre puis à accepter, c’est finalement
ce qui va leur permettre d’être reconnus dans leur spécificité, et
de petit à petit, s’ils sont bien accompagnés, réussir à transformer
leur différence en richesse.

19
D’ailleurs, quand quelqu’un lui parle pour la première fois de
« surdouement », de « douance » ou de « précocité intellectuelle »,
le premier réflexe du zèbre, quel que soit son âge, est de démontrer
par A+B qu’il est stupide pour prouver à cette personne qu’elle
a tort. Oui, parce que les zèbres aussi pensent que « précocité
intellectuelle » signifie « je suis censé(e) être intelligent(e) donc
tout savoir ». Comme beaucoup de gens en fait. Les idées reçues
ont la vie dure. Les croyances sur les personnes douées sont
largement diffusées. Et la signification réelle de ce que veut dire
« être surdoué » est rarement connue.

Heureusement pour les zèbres, la personne qui arrive à nommer


cette différence et la mentionne pour la première fois est très souvent
un psychologue. Et il a l’habitude. Il n’est pas dupe. Il va pouvoir
expliquer concrètement au zèbre ce que sa différence signifie. Et
lui prouver qu’accepter de passer les tests, qui confirmeront ou
non le nom de cette différence ressentie depuis toujours, l’aidera.
Cela n’a pas pour but de le mettre en difficulté, ce n’est pas tester
ses compétences, non. C’est l’aider.

C’est l’aider.

Et avancer.

21
2 - les résultats du test de qi
La méthode la plus répandue pour confirmer ou infirmer un
soupçon de « zébritude » est de passer un test de QI1. Ce test
peut faire peur ou sembler inintéressant car nous avons souvent
en tête le chiffre de QI comme seul résultat du test. Il est pourtant,
s’il est conduit par un professionnel compétent, beaucoup plus
complet, beaucoup plus profond que ce seul chiffre, qui ne veut
d’ailleurs pas dire grand chose si l’on ne mentionne pas l’échelle sur
laquelle il est mesuré. Lors du passage du test, on ne répond pas
simplement à des questions. Il y a une discussion, un échange, et
le psychologue qui fait passer le test, s’il est un bon professionnel,
n’analyse pas seulement le résultat mais également la façon d’y
parvenir, la façon de réagir, le comportement. Ensuite, le zèbre
rencontre le psychologue à nouveau et reçoit un compte-rendu
détaillé. C’est à ce moment-là qu’on commence à lui expliquer son
fonctionnement, et celui des autres. Souvent, c’est lors du compte-
rendu ou lors d’un rendez-vous avec un psychologue spécialisé que
le zèbre commence alors à comprendre qu’être surdoué ne veut pas
dire qu’il a une intelligence supérieure dans le sens où il doit tout
savoir et tout maîtriser d’avance, mais un fonctionnement cognitif
particulier, plus rapide, et plus émotionnel peut-être aussi, et cela,
souvent, lui parle beaucoup plus. Ce fonctionnement résonne en
lui. C’est à ce moment-là que cette particularité peut devenir une
force.

Le zèbre commence à comprendre pourquoi il fonctionne


beaucoup à l’intuition, pourquoi il ressent le chagrin, la douleur ou
la joie des autres, pourquoi ce qui est invisible au yeux de beaucoup
est très (trop) visible pour lui. Il commence à se comprendre.

Enfin au début, ce sont plutôt des montagnes russes


émotionnelles.

1 Les tests WAIS (adultes) ou WISC (enfants), selon l’échelle de Wechsler


23
Il se souvient de certains moments, se dit « ah mais oui, alors
c’est pour ça que » et en même temps, il se dit que s’il y a un test
et un mot pour ça, c’est qu’il est vraiment différent en fait. C’est
difficile à accepter, mais en même temps c’est rassurant. Il s’est
toujours senti décalé, et on lui explique aujourd’hui pourquoi. Il
n’est pas fou. Il n’est pas seul.

Quand il sait, il commence à comprendre son fonctionnement,


et là tout prend sens. Petit à petit, il réussit à se découvrir, puis à
faire confiance à ses intuitions, à son jugement, à ses compétences,
à son ressenti. Petit à petit, la colère et le sentiment d’exclusion
s’effacent. Il comprend pourquoi il n’a jamais réussi à rentrer dans
le moule, mais il comprend aussi que cela ne veut pas dire qu’il n’a
pas sa place dans ce monde.

24
Quand il sait, il comprend que lui aussi, finalement, a une place
dans la société, et il peut avancer. C’est le tout début d’un long
chemin.

25
3 - chez le psy
Depuis qu’il sait, le zèbre a donc commencé à comprendre un
certain nombre de choses. Il a compris qu’il avait un fonctionnement
particulier, mais qu’il avait quand même sa place dans la société.
Il a compris que s’il ne rentrait jamais dans le moule, c’est qu’il
y avait une raison, que ce n’est pas seulement une question de
volonté. Et surtout, il a compris que son fonctionnement cognitif si
différent des autres influence ses réactions, sa façon d’agir, de se
comporter avec les autres, de dormir même, et de penser, surtout.
C’est cela qui, souvent, lui pose problème et le fait souffrir.

Il va donc falloir travailler dur pour comprendre l’impact de ce


fonctionnement cognitif sur ses réactions et ses émotions, essayer
de comprendre le fonctionnement des autres, savoir comment
dompter ses spécificités pour ne plus se sentir en souffrance, et
faire de sa particularité une force. Seulement, pour cela, il faut
généralement un regard extérieur, neutre : celui d’un psychologue.
Et pour un zèbre, aller consulter un psychologue, c’est accepter de
se livrer, avoir le sentiment d’être jugé, de perdre le contrôle, et
c’est très difficile.

27
Le zèbre met du temps à lâcher prise : toujours perché sur sa
tour de contrôle, il veut inverser les rôles, il teste le psychologue,
le manipule, et en fonction de sa réaction, il finit éventuellement
par céder et se laisser guider.

Et là, c’est plutôt bon signe, car cela veut dire qu’il est prêt à
avancer et être aidé.

28
Mais concrètement, que se passe-t-il dans sa tête ? Pourquoi
réagit-il comme cela ? En quoi son fonctionnement est-il particulier ?
Qu’est ce qui est différent finalement ?

En quelques chapitres, et toujours en images, je vais essayer


de vous expliquer les principales caractéristiques des zèbres. Bien
entendu, chacun, zèbre ou non, peut se retrouver dans l’un ou
l’autre des chapitres qui vont suivre, ces caractéristiques restant
humaines avant tout. Les zèbres ont cette particularité qu’ils ont
tendance à cumuler ces spécificités, qui sont évidemment plus
ou moins marquées selon leur environnement, leur vécu, et leur
personnalité.

29
PARTIE 2

COMPRENDRE SON
FONCTIONNEMENT

31
1 - l’hypersensibilité
Lors de mes rencontres et de mes échanges avec des zèbres
d’âges et profils variés, tous m’ont mentionné l’hypersensibilité
comme l’une de leurs principales caractéristiques. Et tous m’ont
parlé de la même réaction de leur entourage vis-à-vis de cette
sensibilité particulière : la réaction du « trop ». Tu es « trop ».
Trop sensible, trop émotif, trop intense, trop rapide, trop extrême,
trop susceptible... Mais attention, être hypersensible ne signifie
pas simplement qu’ils peuvent être très émus devant une musique
ou devant un film. Ils sont hypersensibles des cinq sens. Leurs
sens sont plus aiguisés que la moyenne, ils ressentent tout plus
fort, qu’il s’agisse d’un bruit, d’une odeur, d’une émotion, d’une
lumière… L’intensité de leurs ressentis est exacerbée. Or ces
mêmes sens envoient des informations au cerveau, beaucoup trop
d’informations en l’occurrence, et le traitement de ces informations
engendre une réaction. Cette réaction, dans ce cas-là, est souvent
jugée excessive par l’entourage. Oui mais voilà, un zèbre entend,
voit, ressent de manière plus intense, et une chose complètement
anodine pour les autres peut déclencher un état d’euphorie ou de
malaise extrême chez lui. Et c’est souvent cela que les gens ont du
mal à comprendre.

Tout est vécu si intensément par le zèbre, ses sens sont si


aiguisés qu’inévitablement toute réaction sera également plus
intense. Trop intense pour une personne non-zèbre. On lui reproche
souvent ce comportement, jugé immature. Pourtant, ce soi-disant
manque de maturité n’est que le reflet de son hypersensibilité. Il
a bien ressenti cette émotion avec cette intensité, il ne la contrôle
pas, alors il se sent incompris, mal-aimé, et son comportement
devient encore plus explosif. C’est un cercle vicieux. Je crois que la
seule façon de faire comprendre au zèbre que son comportement
a été trop « explosif », c’est d’attendre qu’il soit plus calme, et lui
expliquer concrètement, avec des faits, pourquoi ce comportement
n’était pas adapté. Ou de lui montrer en images. L’illustration
ci-dessous est tirée d’une situation vécue. Si ma réaction me
33
paraissait complètement normale et justifiée au vu de ce que
j’avais ressenti, le fait de la dessiner et de prendre du recul me fait
comprendre qu’effectivement elle était peut-être - un touuut petit
peu - exagérée.

Mais que s’est-il passé pour que cette petite phrase


anodine mène à une réaction si excessive ?

(réponse page suivante pour garder le suspense)

34
Voilà ce qu’il s’est passé : chez le zèbre, l’affectif est tout le temps
présent, partout, dans n’importe quelle situation. Etre aimé, c’est
vital, et chaque son, chaque phrase, chaque mot, chaque regard,
chaque expression et même le moindre mouvement imperceptible
de paupière de l’interlocuteur peut leur faire dire « il ne m’aime
pas », et tout s’effondre. Jean-Charles Terrassier1, psychologue et
spécialiste des surdoués, parle même d’un effet loupe engendré par
le fonctionnement des zèbres, qui provoque une plus forte réactivité
émotionnelle aux différents stimuli auxquels nous sommes tous
confrontés. Le zèbre réagit de manière plus intense. Ses ressentis
sont hypertrophiés.

35
1 Psychologue clinicien français, spécialiste des enfants surdoués.
Mais concentrons-nous sur l’hypersensibilité émotionnelle, que
beaucoup de zèbres connaissent très bien, mais que trop peu de
gens comprennent. Nous venons de le voir, le zèbre ressent tout
plus fort en général. Mais au niveau de ses émotions, là, c’est
pire. Il ressent tout encore plus fort, plus vite, de manière plus
brutale. Il n’est jamais « un peu déçu » (même s’il le dit), mais il
est plutôt « super déçu », « super content » à en pleurer, « super
triste », « super en colère » (intérieurement ou extérieurement),
« super susceptible » aussi. Et surtout, une chose complètement
insignifiante pour quelqu’un peut le faire passer du rire aux larmes,
du haut très haut au bas très bas, ce que personne d’autre que lui
ne comprendra.

Ressentir ses propres émotions avec une telle intensité est


épuisant pour le zèbre, mais cela ne s’arrête pas là. Bien souvent,
il est aussi capable d’identifier les ressentis des autres, de
comprendre, de percevoir leurs sentiments, voire de les ressentir
lui-même. Il se met à la place de l’autre.

C’est l’hyper-empathie.

36
NB : Ceci est une histoire vraie (enfin presque, en réalité, il s’agissait
d’un cheesecake au thé vert qui tournait tout seul sur le tapis roulant
d’un restaurant japonais)

Il est vrai qu’une telle sensibilité peut être usante pour


l’entourage. Pourtant, le zèbre est sincère dans ses émotions, et
si cette émotion a une telle intensité, c’est tout simplement qu’il
a ressenti quelque chose de cette intensité. L’hypersensibilité est
difficile à vivre, à la fois pour le zèbre et l’entourage, mais c’est
aussi beau et précieux de ressentir avec cette profondeur, cette
authenticité, de s’émerveiller de petits riens, comme des enfants.

37
2 - le déficit d’inhibition latente

Je vous ai promis dans l’introduction d’expliquer simplement


les caractéristiques et traits de personnalité d’un zèbre. Eh bien
le déficit d’inhibition latente, malgré son nom un peu barbare,
est un phénomène très simple. Je ne saurais pas dire si c’est
scientifiquement démontré que ce phénomène est particulièrement
répandu chez les personnes douées, mais il correspond cependant
bien à ce que je ressens sans arrêt et à ce que beaucoup de zèbres
définissent par cette expression « j’en ai plein la tête ». Voilà ce
que j’en ai compris.

Avant d’expliquer ce qu’est le déficit d’inhibition latente, il faut


bien commencer par expliquer ce qu’est l’inhibition latente.

L’inhibition latente, c’est un tri qui est effectué automatiquement


par le cerveau, sans effort particulier, pour distinguer les stimuli
sensoriels jugés utiles de ceux qui sont jugés négligeables. Par
exemple, lorsqu’un individu marche dans la rue, si une voiture arrive
vers lui à grande vitesse, son cerveau jugera cette information
utile car dangereuse, et il s’en souviendra, tandis qu’il ne fera pas
attention au bruit du marteau-piqueur car il n’a pas d’utilité, donc
son cerveau « l’oublie ». Le cerveau a réussi à filtrer les stimulations
sensorielles pertinentes et a annulé la perception des informations
inutiles. Ce petit coup de pouce permet ainsi à l’individu d’être
plus concentré, et surtout, il protège son système sensoriel de la
surchauffe.

39
Par exemple, ce que vous voyez ci-dessous en couleur est ce
à quoi une personne sans déficit d’inhibition latente peut faire
attention. Ce qui est en noir et blanc a été « annulé » par le cerveau
car ce n’est pas un obstacle sur son chemin ou quelque chose
d’inhabituel.

L’inhibition latente est un processus qui existe chez tout le


monde !

En revanche, face à une hypersensibilité des cinq sens, les


zèbres reçoivent beaucoup plus d’informations que la moyenne. Le
cerveau est alors noyé sous les informations, il n’arrive plus à filtrer
seulement celles qui sont pertinentes, et en laisse passer beaucoup
trop. Il a plus de difficulté à les hiérarchiser. Le déficit d’inhibition
latente, c’est ça. C’est l’incapacité du cerveau à faire ce tri face
à trop de stimulations sensorielles. Toutes ces informations vont
être traitées avec la même importance, et la personne concernée
40
aura donc beaucoup de mal à se concentrer sur une seule source
d’information. D’où la confusion, l’angoisse, le fait de paraître
distrait ou rêveur, et de ne pas pouvoir parfois se concentrer
vraiment sur quelque chose de particulier et oublier le reste.

Voici, par comparaison, ce à quoi fait attention une personne


ayant un déficit d’inhibition latente. Il y a de quoi en avoir plein la
tête !

41
Attention, dans le cas que je décris et que je rapproche du
fonctionnement des zèbres, le déficit d’inhibition latente n’est pas
un désordre mental. Loin de là. Il correspond plutôt à la façon dont
un individu gère les données qui lui arrivent. C’est pourquoi je le
considère comme un trait de personnalité.

C’est justement le fait de devoir faire face à une multitude de


stimuli, tout le temps, à une surcharge de données, qui fait que
le zèbre a souvent l’impression d’en avoir « plein la tête », et de
vouloir mettre son cerveau sur « pause » voire « off ». Quel petit
zèbre n’a jamais dit à ses parents « je n’arrive pas à dormir car je
n’arrive pas à arrêter de penser » ?

42
Eh bien voilà, maintenant, vous savez pourquoi. C’est en partie
parce qu’il n’est pas toujours capable de mettre de côté toutes les
informations superflues comme le bruit de la ventilation ou le tic-
tac d’une horloge. Le zèbre prête attention à tous les détails, au
risque de saturer. Et cela l’empêche de s’endormir. Ou le réveille au
moindre bruit suspect.

Le déficit d’inhibition latente, comme l’hypersensibilité, peuvent


être fatigants, usants même. Mais en même temps, il y a un très
beau côté. Ce très beau côté, c’est la créativité. L’imagination. Le
cerveau du zèbre est submergé par des informations de toutes
sortes, les sens sont en éveil, les images, les sons, les odeurs.
Tous ces détails auxquels beaucoup de gens n’accordent plus
d’importance une fois l’enfance passée, s’associent pour former une
nouvelle image dans le cerveau du zèbre. Cette image déclenchera
peut-être une intuition, une idée géniale. Mais ça, c’est aussi grâce
à la mémoire et à la façon de penser.

43
3 - une grande mémoire
Tous les zèbres n’ont pas une mémoire photographique ou une
hypermnésie comme certaines idées reçues pourraient le laisser
penser. Pourtant, il est vrai qu’ils ont une excellente mémoire...
quand ils veulent. Leur mémoire est très efficace, mais souvent
inconstante selon eux.

Lors de mes recherches, j’ai trouvé différentes études expliquant


les spécificités cérébrales de l’enfant zèbre et le lien avec la
mémoire, le traitement des informations, l’apprentissage. Les
chercheurs ont pu mettre en évidence un fonctionnement cognitif
spécifique chez les enfants doués. J’avais commencé par écrire
un chapitre extrêmement long et très scientifique pour expliquer
ces spécificités cognitives décelées chez les personnes douées,
et puis je me suis rendu compte que je m’éloignais de mon but
initial, à savoir donner des informations simples, concrètes et
accessibles sur le fonctionnement des zèbres. Les études sont donc
mentionnées en fin de livre pour les plus intéressés, mais je ne vais
pas détailler la méthode, les biais, la phase d’étude ou les résultats
trop complexes.

En résumé, divers chercheurs1 ont pu mettre en évidence


certaines particularités du cerveau des personnes douées,
notamment au niveau de la myélinisation (substance blanche).

En fait, lorsqu’une information arrive, elle arrive dans une certaine


région cérébrale, qui exécute sa fonction précise, puis transmet le
résultat à une autre région pour la prochaine étape du traitement
de l’information. Lorsque l’on apprend quelque chose ou que l’on
mémorise une information, cette dernière doit donc faire des aller-
retours entre différentes régions du cerveau. Pour cela, elle passe
par des câbles, les axones, qui relient les neurones de différentes
régions entre eux. La mémoire et l’apprentissage reposent donc sur
le fait que certains circuits mentaux se connectent plus étroitement

1 Dont le Pr Michel HABIB, neurologue.


45
que d’autres, au bon moment. La gaine de myéline qui entoure
le câble permettrait d’ajuster la vitesse de transmission pour que
l’information arrive au bon moment au bon endroit.

A la naissance, cette gaine de myéline n’est pas présente.


La myélinisation des axones se fait progressivement lors de la
croissance et couvre de plus en plus de régions du cerveau au fur
et à mesure que l’on grandit. Elle commence à l’arrière du cerveau
et se propage vers l’avant avec l’âge. C’est à ce même moment que
les connexions entre les neurones qui ne sont pas utilisées sont
perdues. Chez les enfants doués, on constate que la myélinisation
des axones est plus intense et plus présente entre les lobes frontal
et pariétal, à l’avant du cerveau. Il y a plus de connexions entre ces
différentes zones qui traitent les informations et l’apprentissage,
le traitement des informations est donc plus rapide, et les enfants
doués ont une meilleure capacité à emmagasiner des connaissances.

46
Un autre chercheur1 a, lui, étudié plus précisément la relation
entre le sommeil et l’efficience mentale, entre le sommeil paradoxal
et la cognition. Le sommeil paradoxal serait directement impliqué
dans la mémorisation et l’apprentissage.

Lorsque nous dormons, nous avons des cycles de sommeil.


Chaque cycle est composé de cinq phases. Le sommeil paradoxal est
la dernière phase de ce cycle. Au cours d’une nuit, nous enchaînons
plusieurs cycles de sommeil, donc plusieurs phases de sommeil
paradoxal. Chez les humains, à la naissance, le sommeil paradoxal
représente 50% de la durée totale du sommeil du nouveau-né. Puis
il grandit, et le pourcentage diminue. Chez les enfants doués, le
nombre de cycles de sommeil au cours d’une nuit est plus important
que la moyenne, la durée d’un cycle plus courte, et la fréquence
des phases de sommeil paradoxal plus importante. Leur sommeil
paradoxal représente un pourcentage de leur sommeil total encore
très élevé. Les enfants doués ont conservé les caractéristiques
de sommeil des très jeunes enfants, ce qui leur permet d’avoir
une plus grande plasticité cérébrale et ainsi de recueillir et stocker
plus d’informations que la moyenne des enfants de leur âge. Il

1 Pr J-C. GRUBAR, Psychologie Expérimentale


47
serait intéressant de pouvoir voir également si ces spécificités
se confirment chez les adultes doués, mais il n’y a pas encore
d’étude à ce sujet. L’environnement, le vécu et l’expérience ayant
un tel impact sur le développement cognitif, il est sûrement difficile
d’identifier la cause d’une caractéristique cérébrale constatée chez
un adulte.

Scientifiquement, on constate donc des spécificités cérébrales


chez les zèbres, qui améliorent la cognition, facilitent le traitement
des informations, l’apprentissage, et la mémoire.

Mais dans les faits, au quotidien, comment est-ce que


cela se présente ? Comment le vit-on ?

Le cerveau, la mémoire, la plasticité sont si complexes que


cela m’a toujours fascinée. Malgré les études et explications
scientifiques, il y a quelque chose qui m’échappe. Plusieurs choses
même. J’ai l’impression d’avoir une très bonne mémoire pour
certaines choses, c’est vrai, mais parfois elle me joue des tours
qui me semblent inexplicables scientifiquement. Elle est sélective.
Emotionnelle aussi parfois. Inégale. Inconstante, surtout.

48
Les zèbres impressionnent parfois par leur capacité à se
souvenir de beaucoup de choses et plus particulièrement de détails
anodins, que personne ne remarquerait et dont personne ne se
souviendrait. Plusieurs parents d’enfants doués racontent des
anecdotes de leur enfant, ayant un souvenir extrêmement précis
d’une situation vécue lorsqu’ils étaient très jeunes, trop jeunes
pour normalement s’en souvenir. Ou alors, un zèbre va se souvenir
de chiffres, de prénoms, de bribes d’une lointaine conversation qui
semble insignifiante, de détails accessoires mais très nets.

En réalité, ce qui semble insignifiant pour la majorité ne l’est


peut-être pas pour le zèbre, et c’est pour cette raison qu’il s’en
souvient très bien. Je ne peux pas généraliser ni donner de preuves
scientifiques ou avancer que c’est une caractéristique propre aux
personnes douées, mais bien souvent, il y a un enjeu émotionnel
derrière un souvenir aussi précis. Le zèbre retiendra parfaitement
un vieux numéro de téléphone qui lui est cher, des mots anodins
qui lui ont procuré une forte émotion il y a plusieurs années, tous
les détails de l’environnement d’une situation particulièrement
éprouvante ou joyeuse... Nous avons tous une mémoire différente.
Certains retiennent plus facilement ce qu’ils voient, d’autres ce
qu’ils entendent, ou encore ce qu’ils ressentent. Je me souviens
par exemple rarement des mots employés lors d’une discussion et
j’aurais du mal à les restituer, mais je me souviens parfaitement des
émotions que j’ai ressenties lors de cette discussion. L’émotionnel
a toujours été lié à ma capacité à mémoriser.

Un zèbre, s’il ne comprend pas l’intérêt de mémoriser une


information en particulier, n’y arrivera pas. Il a souvent beaucoup
de mal à apprendre par cœur. Cela énerve les enseignants, qui ne
comprennent pas qu’il puisse retenir sans effort des détails anodins
ou un nombre impressionnant de données d’un autre cours, mais
qu’il n’arrive pas à mobiliser sa mémoire pour ce type d’exercice.
Il y a comme un blocage. Chacun retient en général surtout ce
qui l’intéresse. Pour le zèbre, c’est peut-être un peu plus intense,
encore une fois. S’il ne comprend pas le sens, le but de retenir ces
informations, il sera bloqué. Et lorsque l’on couple ça à l’importance
49
de l’affect et de la relation avec son enseignant(e), on arrive à
cela :

A l’école, la mémoire de travail très rapide du zèbre peut


lui poser problème. Grâce à sa mémoire, il peut facilement
enregistrer les connaissances sans méthode particulière. Il n’a
pas besoin de passer par une méthode d’apprentissage. Il retient
sans effort. C’est pour cette raison que certains élèves doués se
retrouvent perturbés en arrivant dans les classes supérieures, car
l’apprentissage se faisait jusque là spontanément, naturellement,
et il ne sait donc pas toujours comment procéder, il n’a pas
acquis de méthode. Heureusement, il est possible de s’adapter et
d’acquérir une méthode d’apprentissage sur le tard lorsque l’on est
bien accompagné.

50
4 - penser dans tous les sens
Chacun pense et raisonne à sa façon. Pourtant, au fil de mes
recherches et de mes lectures, je suis tombée sur de nombreux
articles identifiant deux grands modes de pensée. Le mode de
pensée linéaire, analogique, et le mode de pensée en arborescence
ou intuitif.

Encore une fois, je ne suis ni psychologue, ni experte en


neurosciences. Mais je ne pense pas que l’on ait un mode de
pensée exclusivement, je pense que chacun utilise les deux, et que
l’un domine nettement dans certains cas. Je ne pense pas non plus
que ces modes de pensée soient opposés.

J’ai mis beaucoup de temps à comprendre ce que pouvait


représenter la pensée linéaire, car j’avais l’impression que tout le
monde pensait comme moi. J’étais persuadée que mon mode de
pensée était celui de tout le monde. Le seul qui existe. Je n’ai donc
jamais cherché à le nommer. J’ai aujourd’hui encore beaucoup de
mal à concevoir et à me représenter une façon de penser différente
de la mienne. Des malentendus, quiproquos, ou incompréhensions
auraient pu me mettre la puce à l’oreille, pourtant cela ne m’a
jamais traversé l’esprit que nous ne nous comprenions pas car
nous pensions de manière différente, ou pas à la même vitesse, et
n’arrivions donc pas aux mêmes conclusions.
51
En fait, la plupart des gens semblent fonctionner avec un mode de
pensée linéaire, ou séquentiel ; c’est-à-dire que lorsqu’ils reçoivent
des informations ou données de l’extérieur, ils vont les analyser les
unes après les autres, à vitesse normale. Leurs idées s’enchaînent
selon une construction logique. Ils partent d’un problème, et étape
après étape, arrivent à la solution. Lorsqu’ils ont la solution, ils
sont capables de restituer les étapes de leur raisonnement.

52
Ils vont donc être potentiellement capable de structurer une
rédaction sans trop d’effort, d’expliquer leur raisonnement à
quelqu’un. Cela peut paraître simple, mais c’est inconcevable pour
moi de penser comme cela. De manière méthodique. Je ne sais pas
comment faire.

Il est très difficile de contrôler sa pensée et de la forcer à


fonctionner d’une certaine manière. Je doute même que cela soit
possible. D’ailleurs, vous n’imaginez pas le temps que j’ai passé à
essayer de structurer ces chapitres ! J’avais une vision globale, des
images, des idées, mais il m’a été très difficile de créer une logique
entre les thèmes, de ne pas partir dans tous les sens, de ne pas
sauter d’un sujet à l’autre au sein du même chapitre.

Quand je monte un meuble IKEA, je ne regarde pas le mode


d’emploi, je regarde l’image du meuble terminé.

53
Cela n’a peut-être rien à voir avec mon mode de pensée, mais je
n’arrive pas à suivre des étapes. Parfois, je parviens à la première
puis la deuxième étape. Et puis, soudainement, je fais autrement,
je pense à autre chose, j’ai une idée mais j’ai du mal à l’exprimer.
Ce n’est pas toujours concluant, il faut l’avouer.

Dans ma tête, ce n’est donc pas tout à fait de manière linéaire


que ça se passe. Et d’après mes échanges, j’ai l’impression que
c’est le cas pour bon nombre de zèbres. Je ne sais pas si je pense «
en arborescence » (il s’agit d’ailleurs un concept polémique), mais
je sais que je pense « dans tous les sens ».

54
A cause, ou grâce, je ne sais pas, à l’hypersensibilité et au déficit
d’inhibition latente, le cerveau du zèbre reçoit en continu un flux
considérable d’informations en provenance de l’extérieur. Rien ne
lui échappe. Et il va tout traiter. Sauf qu’il ne va rien traiter de
manière logique. Enfin, c’est l’impression que j’en ai. Il ne traite
pas les informations en même temps, diverses études scientifiques
prouvent qu’il est impossible qu’il y ait une simultanéité, mais il
les traite tellement rapidement que les zèbres s’y perdent. Disons
que chaque information traitée par le cerveau du zèbre se ramifie,
se divise en nouvelles informations, possibilités ou idées, qui
conduisent à d’autres possibilités par associations d’idées, à l’infini.
C’est sensiblement la même chose que la pensée linéaire, mais
cela se produit si rapidement qu’ils ont du mal à tout structurer,
et à restituer les stratégies qu’ils ont utilisées lorsqu’ils ont résolu
un problème de mathématiques par exemple. Ils ont comme
une intuition du résultat, parfois ils savent que c’est juste, mais
n’arrivent pas à restituer les étapes de la démonstration.

Il n’y a pas qu’un seul chemin dans le cerveau.

Il y a des millions de chemins.

Et j’ai l’impression de tous les emprunter les uns après les


autres, de trouver des raccourcis, d’aller de l’un à l’autre, sans en
privilégier, et sans me souvenir d’où je suis partie ni quels bouts de
chemins j’ai finalement empruntés pour arriver là où je suis.

Des millions d’idées sont traitées rapidement et vont se subdiviser


en nouvelles idées qui à leur tour se subdivisent en nouvelles idées
et ainsi de suite... Toutes ces idées se succédant à une vitesse folle,
elles entraînent la pensée très, très loin de l’idée initiale.

55
De nombreux zèbres racontent des expériences similaires et
vont inconsciemment faire un rapport entre des idées rencontrées
sur des chemins différents, que tout semble opposer, et les associer
à des connaissances qui n’ont rien à voir non plus, et qui étaient
rangées quelque part dans leur tête. La rencontre de ces idées
incongrues peut former une intuition géniale ou une idée créative
ou originale (ou quelque chose qui ne ressemble à rien, c’est
possible aussi !)

Ce fonctionnement de pensée « dans tous les sens » est très


propice à la créativité, et les idées originales sont peut-être
plus nombreuses que chez la majorité des gens. Cela dit, il est
malheureusement aussi parfois source de problèmes, de conflits,
ou d’incompréhensions, surtout à l’école.

56
5 - valeurs, justice et désir de perfection

Les zèbres, avec leur réceptivité, leur sensibilité, leur façon de


ressentir et de percevoir le monde ainsi que les détails de leur
environnement, ne voient pas simplement les choses comme elles
sont, mais comme elles devraient être (selon eux). Très tôt, ils
définissent ce qui est bien et ce qui est mal. Ils se forgent un idéal
avec les informations qu’ils ont, et poursuivent cet idéal.

Petits, ils remarquent des petites choses incorrectes dans leur


environnement, et demandent à ce qu’elles soient considérées puis
corrigées. En grandissant, leur champ de préoccupation s’élargit à
mesure que leur empathie se développe, et ils deviennent soucieux
du bien-être des autres être-vivants et des inégalités subies. Leur
sens de la justice est devenu très puissant.

Il est courant d’entendre des parents d’enfants doués dire que


leur enfant prend toujours parti pour les opprimés. Qu’il devient
souvent ami avec les enfants mis de côté, les nouveaux, ceux qui
sont seuls. Je l’ai fait, et je le fais encore. Et puis, la justice est
une notion abstraite. Pour pouvoir sincèrement voir et résister
à l’injustice, il faut pouvoir concevoir une notion abstraite, être
doté d’une profonde empathie, et avoir une volonté puissante. Des
caractéristiques plutôt familières du zèbre en général. Lorsqu’il fait
face à une situation injuste ou à une personne opprimée, le zèbre
réagit avec passion et ténacité pour défendre le bien.

Le bon.

Le juste.

Sa vision du juste.

57
Ces fortes valeurs morales le suivent tout au long de sa vie
et font partie intégrante de ses décisions. Il est rare qu’un zèbre
accepte de compromettre ses valeurs. Il s’en rend compte le plus
souvent lorsqu’il recherche son orientation, qu’il candidate en
entreprise, qu’il prend part à des projets collectifs. Elles ne sont
pas toujours compatibles.

Souvent, on écrit que les zèbres sont perfectionnistes car ils ont
une quête, un désir absolu de perfection. Pour moi, perfectionnisme
et désir de perfection, ce n’est pas tout à fait la même chose,
mais c’est peut-être simplement ma vision des choses. Je crois
que le zèbre est en quête de justice et de justesse. Ce qui est
58
parfait, c’est ce qui est juste. Ce qui importe, ce n’est pas d’être
le meilleur dans n’importe quel domaine, de recevoir un prix ou
d’être reconnu pour une réalisation. Le zèbre n’est pas tellement
compétitif avec les autres. Mais il est terriblement compétitif avec
lui-même. Terriblement exigeant envers lui-même. Ce qui importe,
c’est de rendre un travail juste. Alors oui, rendre un travail juste
peut être confondu avec le perfectionnisme, car après tout, le
zèbre a un idéal bien défini, des attentes très hautes, et ce qui
n’atteindra pas ses attentes ne sera probablement pas considéré
comme juste selon lui. Oui, pour qu’un travail soit juste, le zèbre
passera sûrement beaucoup plus de temps que nécessaire sur ce
travail. Comme pour le perfectionnisme, ce désir de perfection, de
justice et de justesse peut être bloquant, mais peut aussi pousser
vers l’avant. Il faut trouver le bon équilibre.

59
6 - un besoin vital de sens
Quel zèbre ne s’est jamais entendu dire « Tu prends tout au pied
de la lettre » ?

Ils ont en réalité un besoin vital de sens et de cohérence qui


se manifeste de diverses façons, mais qui passe notamment par
les mots. Par le sens des mots. Ils vont souvent interpréter une
remarque ou une consigne selon le sens littéral des mots choisis
par le professeur ou l’interlocuteur. Attention, cela ne veut pas
dire qu’ils ne comprennent pas l’humour au second degré, bien au
contraire !

On leur reproche souvent des réactions excessives face à une


petite remarque anodine de la part de celui qui l’a lancée. Si
l’hypersensibilité et l’affectif jouent un rôle très important dans
cette réaction, le choix des mots l’est tout autant. Mais pourquoi ?
Après tout, ce n’est qu’un mot, une expression, non ? Pour le zèbre,
le sens est essentiel.

61
Il a un réel besoin de précision, il ne supporte pas le flou,
l’incertitude, et a besoin de tout comprendre, tout le temps.
Ainsi, pour lui, si son interlocuteur a choisi d’employer ce mot-là
précisément, c’est que sa signification correspondait exactement à
ce qu’il voulait transmettre. C’est que c’était le meilleur mot pour
ce qu’il avait à dire. Et cela entraîne bon nombre de malentendus,
voire parfois de conflits.

A l’école comme à la maison, le zèbre décortique tout ce qui est


dit, car tout doit être très précis. Si ce n’est pas le cas, il va poser
des questions pour obtenir plus de précisions et de justifications.
Comprendre le rassure. Il ne s’arrêtera pas tant que ce n’est pas
assez clair pour lui. Et c’est souvent cela qui mène au conflit avec
les professeurs ou parents qui considèrent son attitude provocante.

Ce besoin de sens et de précision est vital pour le zèbre. Et


rassurant.

Et je pèse mes mots.


62
Comprendre et donner du sens au monde, aux autres, aux choses,
aux phénomènes, est sa principale préoccupation (préoccupation
dans le sens d’une pensée, d’un souci qui occupe entièrement et
constamment son esprit).

Tous les enfants traversent la période du « pourquoi ? ». Elle


dure plus ou moins longtemps et commence plus ou moins tôt.

63
Et surtout, elle agace les gens !

Il est plus facile de poser des questions que d’y répondre.

Chez les zèbres, cette phase commence très tôt et ne s’arrête...


jamais. Ils étaient très curieux petits, et resteront très curieux à
l’âge adulte. Tout au long de leur vie, ils veulent tout savoir, tout
comprendre, tout maîtriser. La quête de sens est au centre de leur
vie.

Une question en entraîne une autre, puis une autre, puis encore
une autre. Ils se posent des questions sur tout, sur tout ce qui les
entoure, sur eux-mêmes, sur le monde, sur la vie, sur la mort, sur
tout. Ils ont pourtant bien compris qu’ils agaçaient les gens avec
leurs questions, mais c’est plus fort qu’eux.

Il faut qu’ils sachent.

64
Ils s’intéressent à tout et n’importe quoi, à des domaines
très variés et souvent très éloignés. Et lorsque cela les intéresse
vraiment, ils vont passer leur temps à chercher. Souvent même,
ils vont approfondir un thème qui les passionne, puis subitement
changer de passion. Les zèbres sont passionnés.

M’investir à 100% dans quelque chose puis le délaisser


complètement, cela m’arrive tout le temps par exemple. Surtout
au travail. Quand il y a un nouvel outil, il m’amuse, je bidouille,
j’essaye de comprendre comment il fonctionne, je cherche. Puis
une fois que j’ai compris, que je sais l’utiliser, que je le maîtrise, il
ne m’intéresse plus du tout. C’est comme quand on crée quelque
chose. La phase de création est intéressante. Le reste beaucoup
moins. C’est le fait de chercher pour comprendre qui est captivant.

Cela se manifeste souvent d’ailleurs par un intérêt pour les


énigmes, les sudokus, les casse-têtes, ou les jeux de mots, les
jeux de stratégie, de mémorisation, l’expérimentation (en cuisine
par exemple, créer sans recette, associer de nouvelles saveurs,
essayer)...

65
7 - un questionnement existentiel

67
Les zèbres s’intéressent à beaucoup de sujets, par période, mais
s’il y en a bien un qui les intéresse (ou les perturbe) presque tout
le temps, ce sont les problèmes métaphysiques. Les questions
existentielles.

Et cela agace encore plus les gens, qui se sentent encore plus
impuissants face à de telles interrogations.

« On m’a souvent dit que j’étais


fatigante avec mes questions, on m’a
aussi souvent demandé pourquoi je
me prenais la tête avec toutes ces
questions sur l’existence, le monde,
que cela ne servait à rien car personne
ne connaît la réponse. Pourtant, il
existe une réponse. Il y a forcément
une réponse, non ? Alors j’ai arrêté
de poser ces questions aux autres,
et même si je pense que tout le
monde devrait se demander qui nous
sommes, pourquoi nous sommes là, et d’où vient le monde (c’est
quand même important non?), j’ai arrêté d’en parler. Cependant,
ces préoccupations et la sensation de vertige qui va avec ne m’ont
jamais quittée. Je cherche mes réponses toute seule, je lis des
livres ou des articles, de science, d’histoire, de philosophie, de
sociologie, je lis ce que d’autres personnes ont pensé et écrit sur
ces mêmes questions, et cela m’aide à me forger une opinion. Je
n’ai pas pour autant trouvé la réponse (on le saurait), mais lire
m’aide à apaiser ce questionnement incessant.

Depuis aussi longtemps que je me souvienne, je me suis toujours


un peu plus intéressée à ces questions autour de l’univers et de la
vie que mes camarades, mais j’ai toujours été aussi un peu plus
terrorisée qu’eux à l’idée de recevoir une météorite sur la tête.
Ils me disaient « ben c’est pas de chance, mais si une météorite
tombe sur la Terre on ne sentira rien et on sera tous morts ».
68
Hum... Cela ne me rassure pas du tout ! Personne ne se demande
ce que sera le monde après ? Quand il n’y aura plus de Terre mais
que les autres planètes seront encore là ? Et puis cela ne résout
pas mon problème de ce qu’il y a au-delà... Alors cela m’angoisse
encore plus et je me pose encore plus de questions.»

Si le zèbre est aussi intéressé par les mystères de la vie, par la


mort, par les limites de l’existence, par le langage, par les hommes,
par la création du cosmos, c’est toujours dans sa démarche de
compréhension du monde.

Comprendre pourquoi la vie existe. Quel est son intérêt. Pourquoi


il est là. Ce qu’il doit faire de sa vie. Comment sauver le monde. Ce
qu’il y a ailleurs. Ce qu’il y a au-delà.

Ces questions posées sans limite sont bien souvent laissées


sans réponse, et le zèbre se retrouve frustré, et surtout, anxieux.

69
Car si personne ne sait vraiment, si personne n’a de
certitude, comment faire ?

Pour faire un choix, le zèbre a besoin d’avoir en possession


absolument toutes les données, car évidemment, il envisage
très rapidement et en profondeur toutes les hypothèses avant de
choisir. Ne pas savoir, ne pas connaître le sens de la vie, cela peut
le plonger dans un état d’anxiété avancée dès lors qu’il faut faire
un choix, car il manque une donnée. Cela veut dire qu’il faut faire
un choix arbitraire alors, n’est ce pas ?

Et c’est inconcevable.

70
Puisque souvent, le zèbre est frustré car il n’a pas obtenu les
réponses qu’il espérait à ses questions, il va les chercher lui-même.

Le fait d’être autodidacte est encore une caractéristique assez


répandue chez les zèbres. Pour satisfaire sa soif d’apprendre, il lit
et se renseigne sur des sujets très spécifiques (merci Internet),
souvent métaphysiques d’ailleurs. A l’école, il apprend souvent
mieux ce qu’il apprend tout seul. Non seulement parce qu’il apprend
à son rythme, mais aussi et surtout parce que cela l’intéresse.

Ah, savoir pourquoi il l’apprend. Toujours ce besoin de sens et


d’intérêt !

Pour accepter une consigne, que ce soit à la maison, à l’école,


ou au travail, il faut d’abord qu’il sache et qu’il comprenne pourquoi
on lui demande de faire ceci. Et comment il doit le faire. Alors, pour
avoir ces informations, il va constamment demander des précisions
et des justifications.

Et s’il n’est pas convaincu de la raison pour laquelle on lui


demande de faire ceci ou cela, il va argumenter, négocier, demander
des explications supplémentaires, aller toujours plus loin, creuser,
et voudra souvent avoir le dernier mot pour s’assurer qu’il a bien
71
compris, que c’est juste et qu’il ne risque pas de décevoir.

Malheureusement pour lui, c’est souvent mal perçu pour


quelqu’un qui ne pense pas comme lui, car c’est souvent perçu
comme de la provocation ou de la prétention. Pourtant, le zèbre
voulait simplement être rassuré. On ne s’en rend pas forcément
compte, dit comme ça, mais cela peut créer des joutes verbales
très violentes, très intenses et très blessantes pour tout le monde.

De la même manière, lorsqu’il est confronté à une règle ou


une loi, il en discutera tous les détails. Il remettra sans cesse
en question les règles qui lui semblent souvent impertinentes,
montrera d’ailleurs du doigt toutes les impertinences, posera des
milliers de questions afin de savoir le pourquoi du comment, et
éventuellement, finira par respecter la règle s’il la comprend. Si on
lui prouve qu’il faut la respecter.

72
8 - extra-lucidité
On l’a vu dans les chapitres précédents, et leur entourage le
vit chaque jour, les enfants et adultes zébrés posent beaucoup
de questions et cherchent à comprendre tout ce qu’il se passe
autour d’eux. Ils analysent constamment le moindre détail de leur
environnement.

En plus de cela, une hypersensibilité leur permet souvent


d’absorber et de ressentir toutes les émotions qui les entourent,
aussi imperceptibles soient-elles pour le commun des mortels.

Alors quand on cumule analyse constante de son environnement


et hyper-réceptivité émotionnelle, on arrive à un niveau de lucidité
de ce qui nous entoure très élevé, et qui peut parfois se révéler
douloureux. C’est ce que j’appelle l’extra lucidité.

73
Si l’extra lucidité permet au zèbre d’être conscient de ce qu’il se
passe autour de lui et d’avoir une vision des choses peu commune,
elle peut également devenir une source de fragilité. Il s’inquiète, il
anticipe le pire, il a conscience de tous les dangers.

Note : Bon, le dessin est un peu exagéré, mais j’ai longtemps cru que
j’étais toute seule à penser ça en allant au théâtre ou au cinéma, et que
ça s’appelait « être parano ». Puis j’ai vu qu’un patient de Jeanne Siaud-
Facchin raconte quasiment la même chose dans son livre1 que je vous
encourage à aller lire, et cela m’a rassurée !

L’enfant zèbre comprend très vite et anticipe les choses, mais


n’est pas toujours assez mature ou fort pour supporter ce qu’il vient
de comprendre. De la même manière, l’adulte zèbre, s’il est assez
mature, peut être trop sensible pour y faire face sans angoisse.

1 Jeanne Siaud-Facchin, Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte


surdoué, Odile Jacob, 13 mars 2008, 320 p
En fait, depuis tout petits, les zèbres voient le monde tel qu’il
est, et non à travers des yeux d’enfant insouciant. Ils grandissent
en étant conscients des problèmes de la société, en s’inquiétant
déjà pour l’avenir et en étant très lucides sur la nature de l’être
humain. Petits, on leur dit qu’ils peuvent compter sur leurs parents,
leurs professeurs, leur faire confiance, mais s’ils les idéalisent un
peu, ils perçoivent rapidement leurs faiblesses, et comprennent
que personne n’est ni parfait ni immortel. Alors, ils s’inquiètent.
Souvent à propos de sujets qui ne devraient pas les préoccuper
aussi jeunes. « Et si mes parents mourraient ? Et s’il y avait la
guerre ? Comment va devenir le monde ? Et si je ne trouve pas de
travail plus tard ? Et si…»

Une fois adulte, c’est toujours un peu la même chose. Si la


plupart des adultes sont alors conscients des problèmes de société
et ne sont plus naïfs sur l’être humain, les zèbres vont avoir une
conscience amplifiée par leur lucidité et peuvent rester bloqués
sur des dysfonctionnements a priori négligeables. Leur lucidité ne
leur permet pas de se laisser porter par la vie, de mettre de côté
les problèmes anodins pour se concentrer sur leur but, leur vie,
et se sentir en sécurité. Alors qu’ils étaient plutôt en avance car
leur capacité d’analyse leur avait permis d’anticiper et de résoudre
plus rapidement les gros problèmes, ils vont cependant chercher
à résoudre chaque problème qu’ils rencontreront, aussi anodins
soient-ils, là où le reste du monde sera capable de les mettre de
côté pour avancer.

75
Cette extra-lucidité peut fragiliser le zèbre. Car lorsque
l’on analyse tout ce qui nous entoure et que l’on perçoit avec
discernement les faiblesses des gens et du monde en général,
comment ne pas douter de soi ? De ce que l’on est capable de
faire ? Comment ne pas se focaliser sur ses propres faiblesses ?
Sur ses limites ? Comment ne pas se sentir impuissant ?

Souvent, pour se protéger de cette fragilité, les zèbres


développent ce que j’appelle une « personnalité de camouflage ».
Ils s’obligent à ignorer ce qu’il se passe autour d’eux pour ne plus
être submergés par les émotions ou angoisses qui découlent de
ce qu’ils ont vu et compris. Ils se forcent à paraître insensibles.
Leur personnalité de camouflage peut dans certains cas avoir
l’air hautaine ou méprisante mais cherche en fait à cacher leur
vulnérabilité. C’est une méthode de défense.

76
9 - personnalité de camouflage
La personnalité de camouflage, comme je l’appelle, a en réalité
été définie par le pédiatre et psychanalyste Winnicott1 par les mots
« faux-self » et personnalité « comme si » (ce sont deux concepts
différents). Pour lui, il y a chez chacun d’entre nous un vrai-self et
un faux-self2.

Le vrai-self est ce qu’il y a d’authentique chez nous, lorsque


l’individu a confiance en lui et en son environnement. Lorsqu’il
laisse libre cours à sa spontanéité et n’est pas dans le contrôle de
lui-même.

A l’inverse, le faux-self est ce que les gens perçoivent de


l’extérieur, ce qui découle de notre éducation. C’est une personnalité
contrôlée, qui permet de s’adapter à l’environnement.

1 Donald W. Winnicott, pédiatre, psychiatre et psychanalyste britannique.


2 Self : le soi
77
Nous avons chacun un vrai-self et un faux-self, en revanche la
relation entre les deux diffère fortement selon les gens. La relation
vrai-faux-self la plus saine, c’est lorsque le faux-self permet à la
personne de s’exprimer en société en respectant les conventions,
en se contrôlant un minimum, mais qui laisse le vrai-self s’exprimer
dès lors que l’individu en exprime le besoin. En quelque sorte, le
faux-self protège le vrai-self d’un environnement potentiellement
nocif ou exigeant.

Parfois, en raison d’un environnement familial compliqué,


d’une enfance malheureuse ou d’un contexte peu favorable au
développement de l’enfant, le self n’a pas pu se construire. Il est
défaillant. C’est dans ce cas là que la personnalité « comme si »1
prend le relai. Pour lutter contre le vide laissé par l’absence de
self solide, et contre l’angoisse qui l’accompagne, une personnalité
de substitution va faire comme s’il y avait un vrai et un faux-self,
comme si tout était normal. Comme si le faux-self était là pour
protéger le vrai-self d’un environnement nocif.

Le problème, c’est que les zèbres perçoivent souvent un


environnement menaçant et se sentent en permanence obligés de

1 Précision apportée par Didier, psychologue lyonnais et lecteur du blog !


78
protéger leur vrai-self, en utilisant un faux-self. C’est pour eux un
mécanisme de défense.

Ils ne se sentent pas à leur place, ont peur de la réaction des


gens car ils pensent que l’on attend d’eux quelque chose de spécial
(ce qui est rarement le cas en fait, mais les zèbres réfléchissent
beaucoup) et pensent que leur vraie personnalité ne correspond
pas à ces attentes. Ils trouvent trop risqué de montrer cette vraie
personnalité. L’entourage, lui, s’il ne comprend pas très bien la
particularité du zèbre, va lui demander de faire des efforts pour
s’adapter à ce monde dans lequel il ne se retrouve pas. Les zèbres
vont donc chercher, en utilisant un faux-self, à devenir conformistes,
à adopter le comportement qui va plaire aux autres (selon eux), et
à satisfaire leur entourage et les gens en général.

Pourquoi ? Parce que rappelez-vous, tout ce qu’ils font, ils le font


pour satisfaire leur besoin vital d’être aimés.

Par peur d’être rejetés. Seuls. Abandonnés. Incompris.

Quitte à changer leur comportement pour être désirables aux


yeux des autres, et ainsi se sentir en sécurité.

Quitte à se concentrer sur les attentes extérieures en oubliant


79
leur propre personnalité.

Ils font comme si tout allait bien.

Comme s’ils étaient très à l’aise dans cet environnement.

Comme s’ils avaient confiance en eux.

Grâce à ce faux-self, ils s’intègrent à la norme, paraissent entrer


dans le moule. Ils s’adaptent.

80
Ce faux-self correspond à ce que la société, leurs professeurs
ou leurs parents veulent qu’ils soient. Mais pas à ce qu’ils sont
vraiment. Sont-ils alors vraiment heureux ?

Tant que leur vrai-faux-self est relativement équilibré et leur


permet de préserver leur personnalité et leur spontanéité sans
l’écraser, tout va bien.

En revanche, le danger, c’est lorsque le faux-self phagocyte


le vrai-self (ou, comme vu plus haut, qu’une personnalité de
substitution a pris la place d’un self défaillant1).

1 Précision de Didier, psychologue lyonnais et lecteur du blog !


81
Dans ce cas-là, le zèbre est tellement persuadé qu’il ne peut
pas être lui-même que son faux-self prend trop de place et étouffe
son vrai-self. Petit à petit, le camouflage devient inconscient. C’est
beaucoup plus profond. Le comportement du zèbre s’est modifié.
Son vrai-self est devenu inaccessible.

Pourtant, son faux-self peut susciter l’admiration. Il a réussi


à s’adapter, il est très entouré, très sociable, peut-être même
brillant. Le vrai-self se sentira alors de plus en plus mis à l’écart.
A trop essayer de plaire aux autres, à trop vouloir gommer la
différence, on s’interdit inconsciemment d’être soi-même. Dans ce
cas extrême mais tout de même assez fréquent, il arrive toujours
un moment où le zèbre n’arrive plus à faire face à ce contrôle
permanent de lui-même. Il paraîtra coupé de sa personnalité, de
ses sentiments réels, vide. Il est en souffrance, mais ne peut pas
l’exprimer car tout est sous contrôle. Alors, sa souffrance trouve
un autre moyen d’expression. Le déni de ses émotions peut mener
malheureusement à la somatisation, à l’angoisse, à la honte, à la
dépression, à la culpabilité, à l’hyper-réactivité, à la susceptibilité,
à l’absence, à la colère (envers soi-même souvent), à l’agressivité
même parfois, et trop souvent à la solitude.

82
PARTIE 3

REACTIONS ET IMPACT DANS LA


VIE QUOTIDIENNE

83
1 - Le rapport aux autres
Les relations sociales sont essentielles dans la vie de chaque
individu, mais encore plus dans la vie du zèbre pour qui l’approbation
de l’entourage est très importante.

Pourtant, avoir des relations sociales saines et épanouissantes


peut se révéler difficile pour certains, et notamment pour les zèbres.
Leurs caractéristiques que l’on a évoquées dans les chapitres
précédents peuvent créer un décalage et, de ce fait, des barrières
à l’intégration (mais ce n’est pas systématique, heureusement).

Cela peut se manifester de différentes manières, dont voici les


principales :

1. Le rejet

Dès l’enfance, même s’il ne sait pas l’expliquer ou mettre un


mot dessus, son décalage est réel et passe rarement inaperçu. Ses
réactions peu communes font rire, ses centres d’intérêt divergents
sont souvent sujets aux moqueries. Dans la cour d’école comme
au travail plus tard, la moindre particularité va faire dire aux gens
« il/elle est bizarre ». Face aux normes d’un groupe, le décalage
du zèbre peut conduire au rejet. Considéré comme le vilain petit
85
canard, il est au mieux isolé, au pire un bouc émissaire, et peut
subir humiliations et exclusions sans en connaître la raison. Et
lorsque l’on ne comprend pas pourquoi, quoi de plus simple que de
penser que c’est de notre faute ?

2. S’exclure soi-même

Le risque de s’exclure soi-même existe également, pour deux


raisons. Parfois, pour combler l’ennui du quotidien, on s’imagine
une autre vie. Je pense que tout le monde l’a expérimenté à un
moment donné de sa vie, en décrochant lors d’un repas ennuyeux ou
d’une réunion sans intérêt. C’est normal. Mais chez certains zèbres,
c’est très fréquent. Ils s’ennuient tellement qu’ils développent un
monde imaginaire, plus intéressant, plus drôle, avec des relations
plus justes, plus entières, plus satisfaisantes. Cela nous sauve
fréquemment, mais le risque est de le faire si souvent que l’on finit
par s’exclure soi-même inconsciemment de l’environnement dans
lequel on évolue, et des autres.

Enfin, le zèbre peut également s’isoler par manque de confiance.


Il est courant qu’il s’accorde peu de valeur, n’ose pas s’affirmer par
honte d’avoir tort, de dire quelque chose d’incorrect, d’imparfait
ou par peur du conflit. Il reste alors discret et participe peu aux
conversations, surtout au sein d’un groupe. Pourtant, il aurait
beaucoup de choses intéressantes à partager. Mais en raison d’une
faible estime de lui-même, il va préférer rester en retrait, s’exclure

86
à nouveau du groupe.

3. Le caméléon

Parfois, tout va bien. Enfin, en apparence. L’entourage, qui a lu


deux ou trois livres sur l’enfant précoce et a retenu qu’un enfant
précoce est exclu, dira « il a des amis, il ne doit pas être surdoué
finalement ». Et pourtant. Certains zèbres ont une capacité de
« caméléon » particulièrement impressionnante. C’est-à-dire que
pour être aimés (on en revient toujours là), ils vont s’adapter à
leurs interlocuteurs. Leur lucidité et leur capacité d’analyse leur
permettent de mettre en avant une facette de leur personnalité qui
correspond plus ou moins à leur interlocuteur, ou de faire semblant
(le retour du faux-self). Pourtant, malgré une vie sociale saine en
apparence et même lorsqu’il est avec d’autres, le zèbre peut se
sentir terriblement seul car il n’est pas vraiment lui-même. Il y a
un vrai décalage entre ce qu’il sait qu’il est et l’image qu’il renvoie
volontairement aux autres. Il fait semblant, et la façade qu’il
se crée pour plaire peut engendrer une très grande frustration.
Car même bien entouré, le zèbre aura souvent l’impression que
finalement, personne ne le connaît réellement, car personne ne
peut le comprendre.

87
4. Et parfois quand même, tout va vraiment bien !

Bon, tout cela n’est pas très positif. Est-ce que le zèbre est
condamné à avoir du mal à gérer ses interactions sociales ? Non !

Comme pour toutes les caractéristiques que nous avons


évoquées et tous les impacts sur la personnalité et le comportement
des zèbres, cela dépend de chacun. On peut être zèbre et avoir
des relations saines et sincères avec les gens. Surtout lorsque
l’on sait qui l’on est, quand on a compris comment on fonctionne,
de quoi on a besoin, que l’on s’accepte et que l’on s’assume.
Et éventuellement, dans le meilleur des cas, que l’on a réussi à
diriger sa vie pour être avec des gens qui nous correspondent, avec
lesquels on se sent bien et ose être soi-même. D’où l’importance
de prendre conscience de sa différence, et d’être aidé(es) par des
professionnels pour que la différence devienne une singularité.

Note : On lit souvent que le zèbre est solitaire. Je ne sais pas


si c’est le cas de la majorité, mais c’est assez vrai pour beaucoup.
En revanche, il ne faut pas confondre solitaire et solitude. On peut
avoir besoin d’être seul(e) tout en ayant de vrais amis. Et sans
souffrir de solitude.
88
2 - Le rapport à l’autorité
Quand on sait que les zèbres ont un besoin vital de sens et
qu’ils questionnent sans cesse les règles pour en comprendre le
but exact, on peut imaginer que lorsqu’il sera soumis à l’autorité,
le zèbre risque d’avoir une réaction...assez forte.

Et c’est le cas. Beaucoup estiment avoir un rapport conflictuel


avec l’autorité, que ce soit l’autorité parentale, l’autorité d’un(e)
professeur(e) à l’école, ou celle d’un(e)supérieur(e) hiérarchique
au travail. Le zèbre conteste, corrige, contourne la règle s’il la juge
injuste ou illogique. Et puisqu’il est très impliqué émotionnellement
dans absolument tout, il défendra ses convictions avec frénésie,
argumentera toujours ses choix, se rebellera peut-être ou fera preuve
d’esprit de contradiction avec une force assez impressionnante.

89
Dans tous les cas, ces réactions ne semblent pas toujours très
appropriées et provoquent de fortes tensions entre eux, leurs
parents, enseignants, supérieurs ou autres figures d’autorité.

Mais pourquoi est-ce si difficile pour un zèbre de


respecter l’autorité ?

Bon à savoir pour comprendre leur réaction :

Le zèbre est très attaché à ses valeurs morales, il est très à


cheval sur ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas, sur ce qui est
bien, et ce qui est mal. Il a tendance à constamment défendre
les minorités, les défavorisés, combattre les injustices… Aussi,
lorsqu’une figure d’autorité lui demande de faire une action qui
semble négliger ou aller à l’encontre de ses valeurs morales, qui
aura une conséquence défavorable pour le « bien », il refusera net.
Souvent, il préfèrera même perdre son travail ou rater une matière
à l’école plutôt que de compromettre ses valeurs.

90
Le zèbre ne fait pas toujours de différence entre l’opinion d’une
autorité formelle (supérieur(e) hiérarchique par exemple) et celle
des autres personnes (collègues de même niveau). Pourquoi ?
Parce que depuis tout petit, il s’est rendu compte que ce que disait
l’autorité n’était pas forcément vrai. Il a donc du mal à reconnaître
les différences de statut et aura tendance à faire confiance à celui
qu’il trouve juste et compétent plutôt qu’à celui qui dirige. Cela
paraît être une réaction normale, on va tous dans le sens de ce
que l’on trouve juste, non ? Eh bien non. En société ou à l’école, il
vaut parfois mieux écouter et faire ce que nous demande de faire
le chef, même si on ne trouve pas que ce soit une très bonne idée.
Si un bon chef trouve constructif et est prêt à écouter la remise
en question de son autorité, d’autres interprètent cela comme de
l’arrogance, de la provocation ou du doute envers ses capacités,
et cela provoque très souvent un conflit entre le zèbre et son
supérieur.

NB : Il faut savoir que ceci est également valable lorsque le zèbre


lui-même exerce une figure d’autorité. Il ne va pas forcément réussir
à occuper la position d’autorité que les gens attendent de lui quand
c’est nécessaire. Autant il va faire preuve d’une autorité naturelle
lorsqu’il s’agit d’une cause ou d’un sujet qui lui tient vraiment à

91
cœur, autant faire preuve d’autorité formelle sera difficile pour lui
et nécessitera de s’adapter aux besoins de son équipe.

En fait, le zèbre ne respecte pas l’autorité non fondée, les


décisions prises arbitrairement, pas très logiques pour lui, sans
consistance, incohérentes. Même si elles proviennent de quelqu’un
qui, par son statut, fait figure d’autorité. Il pense comme cela :
« Si tu ne m’expliques pas pourquoi, alors je ne t’écouterai pas.
Si tu as eu tort lors de la discussion précédente et que tu as
pourtant essayé d’imposer ton point de vue, convaincu que tu avais
raison, alors pourquoi est-ce que je te ferais confiance maintenant
et t’écouterais ? ». A l’école, il s’oppose souvent aux directives
suite à une mauvaise expérience de l’autorité. S’il a été forcé un
jour de rentrer dans le moule, si on ne l’a pas autorisé à faire
ce qui l’intéressait (lire plus tôt, apprendre une compétence bien
particulière qui n’était pas au programme de sa classe) et que la
conséquence a été pour lui l’ennui, alors il va perdre confiance en
cette autorité et aura beaucoup plus de mal à la respecter par la
suite.

92
Dès qu’il est confronté à un management stupide et rigide, sans
justification, le zèbre trouve le moyen de partir. Souvent, il n’arrive
pas à y faire face, rumine intérieurement puis craque. En revanche,
s’il se trouve face à un manager à l’écoute des initiatives, qui se
soucie des valeurs morales (du bien des personnes la plupart du
temps en entreprise), et qui motive son équipe pour les mener vers
le haut, à ce moment là il aura une totale confiance et foncera à la
moindre instruction ! Tout est question de gagner la confiance du
zèbre.

Souvent, le zèbre s’oppose donc aux directives données par le


supérieur, le parent, l’enseignant. Mais s’il a l’impression qu’elles
ne sont pas fondées, ce n’est pas toujours le cas. A la maison par
exemple, lorsqu’un parent lui ordonne de ranger ses chaussures
qui traînent dans l’entrée, il va estimer que ce n’est pas fondé car il
n’y a pas de but. Pourtant, il y en a bien un, et il en plus il concerne
le « bien » !

93
Attention, tout cela ne veut pas dire que le zèbre ne respecte
aucune autorité, bien au contraire. Lorsqu’il a bien compris une
règle, qu’il sait pourquoi il doit faire ceci ou cela et que c’est pour
le bien de tous, il mettra toute son énergie et son cœur à respecter
et faire respecter cette règle. Moi-même, je respecte entièrement
l’autorité d’une personne à condition que je sache pourquoi cette
personne dit telle chose, et que je sois 100% persuadée qu’elle
a raison. Et lorsque je suis convaincue que cette règle est établie
pour le bien, je fais très attention à la respecter. Mon entourage
peut témoigner, je suis convaincue des bienfaits du petit homme
vert du passage piéton.

Comment faire pour que cela se passe bien ? Finalement, il n’y


a « que » l’autorité non fondée que le zèbre remet en question.
Le problème, c’est que lorsqu’une personne se retrouve face à un
zèbre qui se rebelle (cela peut être assez violent), elle ne va pas
forcément chercher pourquoi mais va plutôt essayer de discipliner
le zèbre, de faire preuve d’encore plus d’autorité ! Et à partir de là…
la pression et l’énervement montent des deux côtés, et cela finit
plus souvent par des pleurs que par un grand sourire.

94
3 - Une peur de l’échec exacerbée
Ah, la peur de l’échec…

Vous savez, celle qui nous casse dans notre élan, nous paralyse
et nous empêche d’avancer. La peur de se tromper. D’échouer.
C’est une peur universelle, que l’on traîne souvent depuis très
très longtemps puisqu’elle nous est transmise dès les premiers
jours d’école, si ce n’est avant. L’hypersensibilité du zèbre, son
observation et sa lucidité impitoyable accroissent cette peur qui
peut alors devenir maladive et handicapante. Mais pourquoi réagit-
on ainsi face à l’échec ?

Depuis nos premiers jours d’école, le mot « erreur » est


omniprésent dans le discours des enseignants. Il ne faut surtout
pas se tromper. Se tromper sera même sanctionné. Mais pourquoi ?

Parce que dans le système actuel, à l’école, en entreprise, en


société, faire une erreur sous-entend quelque chose de négatif.
Nous n’avons pas le droit à l’erreur.

Dans notre société, on stigmatise même l’échec. Celui qui loupe


son examen, celui qui crée une entreprise qui ne fonctionne pas
95
aussi bien que ce qu’il avait imaginé, celui qui tente quelque chose
d’infructueux, on dit qu’il a échoué, et la société le considère
souvent comme un minable, un perdant, un loser. Échouer est
alors synonyme de quelque chose de terrible. D’humiliant. De
destructeur.

Une personne qui a échoué est marquée pour très longtemps, et


son ou ses échecs ont un impact considérable dans ses choix futurs.
Si l’impact pourrait et devrait être positif, ce n’est malheureusement
pas souvent le cas. La stigmatisation de l’échec handicape.

96
A l’école, faire une erreur est souvent interprété comme un
manque de travail. Si l’enfant se trompe, c’est forcément qu’il n’a
pas assez travaillé sa leçon. Ou bien qu’il n’a pas fait attention en
complétant l’exercice. Parfois même, certains interprètent l’erreur
comme un manque d’intelligence. Si l’enfant se trompe, il faut le
sanctionner, pour l’empêcher de recommencer.

Manque de travail, manque d’attention, manque d’intelligence...


Cette notion de « manque » résonne dans la tête des personnes
douées comme un synonyme d’infériorité. Si on fait une erreur,
c’est que l’on est inférieur aux autres, à ceux qui ont répondu
correctement. Si on fait une erreur, on risque la réprobation des
enseignants, des collègues, des supérieurs hiérarchiques.

Qu’y a t-il de pire pour un zèbre qui passe son temps à chercher
l’approbation et l’affection ? Alors, il en déduit qu’il est interdit de
se tromper, qu’il faut toujours avoir la bonne réponse. Et que s’il ne
l’a pas, il décevra son entourage.

Justement, lorsque le zèbre a une peur maladive de l’échec, de


quoi a-t-il peur réellement ? N’a-t-il pas plutôt peur de décevoir ?
Échouer, en soi, ce n’est pas si terrifiant. Ce qui nous fait peur
est bien plus abstrait et complexe. Pour le zèbre hypersensible
et sans cesse en quête d’amour (car l’amour, c’est la sécurité), la
peur de l’échec, c’est la peur de ne pas satisfaire. Ne pas satisfaire
ses parents, ses amis, ses professeurs. Il est persuadé que s’il
se trompe, il décevra son entourage, qui, bien évidemment, ne
l’aimera plus... (Logique de zèbre)

97
C’est la peur de ne plus être aimé.

C’est la peur de la honte. Honte de ne pas être ce que [l’on


pense que] les autres attendent de nous.

C’est aussi la peur du jugement. Celui que les gens porteront sur
notre erreur. Et celle que nous-mêmes porterons sur notre erreur.
S’il se trompe, le zèbre se trouvera lamentable.

98
Parfois, pour les zèbres adultes, c’est également la peur de
réussir. La peur de ne pas pouvoir faire face aux responsabilités ou
à la demande.

On se doute bien que toutes ces peurs ont un impact sur la


personnalité, la réaction ou les pensées du zèbre.

Quelles sont donc les conséquences de cette


stigmatisation de l’échec ?

Là, je crois que l’on peut en faire une liste, car les énumérer
dans un même paragraphe serait très indigeste.

1. L’une des principales conséquences de la peur de l’échec,


c’est la dévalorisation. La stigmatisation de l’échec a un impact
énorme sur l’estime de soi. Une mauvaise note est très mal vécue
par l’enfant doué, et une correction peut être très mal vécue par
l’adulte doué au travail. Le zèbre retient que se tromper, c’est être
idiot, et est persuadé d’être un incapable. Il doute de ses capacités.

99
2. Parfois, pour combler ce manque de confiance, les zèbres
vont à l’inverse se comporter comme s’ils étaient très sûrs d’eux.
En apparence.

100
3. L’anxiété générée par une peur maladive de l’échec chez
le zèbre peut créer un blocage intellectuel qui met l’enfant en
difficulté, et le conforte dans son ressenti d’échec.

4. Le manque d’autonomie. Les enfants (tous, pas seulement


les zèbres), n’apprennent pas souvent à travailler pour eux-mêmes
à l’école. Ils apprennent à travailler pour atteindre les objectifs
fixés par les professeurs ou les parents. En entreprise comme à
l’école, c’est une figure d’autorité qui leur dira s’ils ont « réussi ».
Ils travaillent pour validation, pour ne pas décevoir. Ce qui n’est
pas tout à fait un comportement autonome.

101
Pas étonnant donc qu’ils manquent de persévérance, s’ils
ont perdu le sens de ce qu’ils font ! Les zèbres ayant un besoin
existentiel de sens, s’ils ne savent pas pourquoi on leur demande
de faire quelque chose en particulier, il y a de grandes chances
pour qu’ils pensent que cela ne vaut pas la peine d’insister. Le
risque d’échec est trop élevé.

6. Par peur d’échouer, on procrastine. Et on n’entreprend plus.


A trop s’attarder sur ses erreurs, le zèbre renonce, pense que ça ne
vaut pas la peine d’insister. Il préfère ne plus prendre le risque de
décevoir ou d’être lui-même déçu. Adulte, il a peur d’entreprendre.
Devant la peur de l’erreur, il refuse de prendre des risques ou tenter
de nouvelles expériences. Pourtant, la satisfaction qui découlerait
de la prise de risque serait nettement plus élevée... C’est dommage.

102
7. Certains zèbres réagissent à cette peur de l’échec en
devenant perfectionnistes, de manière un peu excessive. Pour
être certain de ne pas se retrouver en situation d’échec, le zèbre
fait en sorte d’être le premier partout, tout le temps, de tout
faire parfaitement. Son niveau d’exigence envers lui-même est
considérable.

8. Trouver une excuse pour rater. Parfois, le zèbre préfère


même ne pas travailler pour ne pas risquer d’échouer. De cette
manière, il saura expliquer son échec, il aura fait exprès.

103
Lorsque notre niveau de peur est très élevé, on vise la perfection
pour se rassurer. C’est parfait, ou c’est pas la peine. Si on a peur
de l’échec, on ne veut faire que ce que l’on connaît, ce que l’on
maîtrise, car on a beaucoup moins de chances de se tromper. Mais
croyez vous vraiment que la réussite est là ?

Non. L’échec est là. L’échec, c’est ça.

C’est ne pas passer à l’action. C’est rester dans la routine. Ne


pas essayer. Ne pas créer. Craindre. Le seul moyen d’échouer, c’est
donc de le décider soi-même. Et si on changeait d’attitude, alors,
face à l’échec ? Si on arrêtait de stigmatiser nos erreurs ?

Attention, je ne parle pas de toutes les erreurs. Il faut bien


évidemment distinguer avant toute chose les erreurs à sanctionner
(un comportement irrespectueux, une atteinte à la liberté d’autrui
ou une atteinte physique par exemple), des erreurs d’apprentissage,
à corriger. Celles qui font que l’on a tenté quelque chose mais
que l’on n’a pas eu le résultat escompté pour diverses raisons. Ce
sont ces « échecs » qui méritent que l’on s’arrête dessus, que l’on
réfléchisse, et qui nous permettent de nous améliorer. Il faut bien
différencier corriger et sanctionner.

L’échec, c’est d’abord une question de point de vue. Une


question de mentalité. Si en France on stigmatise l’échec, ce n’est
heureusement pas le cas partout. Se pencher sur les autres façons
de considérer ses erreurs peut permettre au zèbre de prendre du
recul.

Dans la mentalité anglo-saxonne par exemple, échouer, c’est


apprendre. Echouer, c’est expérimenter. Bien loin d’être considéré
comme l’ennemi de la réussite, l’échec est au contraire un passage
obligé vers la réussite. Tous les grands leaders le disent aujourd’hui.
S’ils ont pu devenir leaders, c’est justement parce qu’ils ont réussi
à surmonter les obstacles, appris de leurs erreurs et persévéré.
C’est en prenant des risques, en entreprenant, en tombant puis
en se relevant qu’ils ont pu accéder au chemin de ce qui a été leur
réussite.

104
La société ne reconnaît pas seulement les brillants résultats
de leur entreprise aujourd’hui ou leur formidable innovation
technologique, elle reconnaît également leur parcours et leur
persévérance. On ne demande pas à tout le monde d’être un
grand leader, mais peut-être que si nous pensions comme cela,
nous aussi, nous serions moins bloqués par la peur de l’échec. Car
derrière nos peurs, il y a nos envies et nos rêves.

105
Un résultat se change. Un résultat évolue. Un rêve, en général,
reste, lui, bien ancré dans notre tête, tant qu’il n’est pas réalisé.
La réussite finalement, c’est se donner les moyens de faire ce
qui nous plaît. De réaliser nos envies. Pas se soumettre à un
travail qui ne nous épanouit pas totalement sous prétexte qu’il
est stable, bien rémunéré, conforme aux attentes de la société ou
de l’entourage, en adéquation avec ce que l’on a fait « avant »,
ou valorisé socialement. Si on travaille toujours dans sa zone de
confort, on ne progresse pas. On s’éteint. Réussir, c’est donner le
maximum de ses capacités, prendre du recul, analyser ce qui doit
être amélioré, persévérer. Entreprendre au risque de se tromper,
c’est une occasion unique d’apprendre. Pour le zèbre, qui a une
curiosité insatiable et soif d’apprendre, cela peut justement être un
moyen de lui faire comprendre qu’il faut oser, et faire des efforts.

Note : il est essentiel de prendre des risques, mais il faut


évidemment les mesurer !

L’échec est loin d’être le résultat d’un manque d’intelligence


ou d’un manque d’attention. Il est plutôt le signe d’un manque
d’expérience. Et un manque d’expérience se comble facilement par
la motivation, l’effort et la persévérance.

106
Tout ceci est assez théorique, j’en conviens. Changer de
mentalité, en théorie, cela résoudrait notre blocage. Mais c’est
facile à dire. En pratique, on ne change pas du jour au lendemain.
Moi-même, je me suis lancée dans plusieurs projets. Et si des amis
américains me motivent en valorisant la volonté, le courage d’oser
et en me disant que réussir, c’est ça, la mentalité française est tout
de même bien ancrée en moi et m’empêche souvent d’avancer.

Je remets constamment en question mon choix et je me bloque


toute seule.

Mais au moins, lorsque l’on en prend conscience, lorsque l’on


met le doigt sur ce qui nous bloque, cela crée une porte de sortie.
Une porte qui nous amènera peut-être, un jour, à la réussite.

Certes, si on essaye de changer de mentalité et que l’on arrive


à se convaincre que faire des erreurs, rater, c’est expérimenter et
apprendre, on a plus de chances de réussir à surmonter cette peur
de l’échec. Mais il n’y a pas que cela qui bloque le zèbre. Souvent,
l’hypersensibilité du zèbre fait qu’il a tendance a tout prendre très
fort et surtout de manière très personnelle, ce qui rend très difficile
pour lui la distinction entre l’échec d’un de ses projets ou d’un
devoir, et l’échec de sa personne. Un résultat ne définit personne.
107
Un individu qui se trompe et rate son objectif n’est pas un raté
(mantra à se répéter chaque matin au lever, je compte sur vous).

Si l’hypersensibilité peut accentuer le risque de blocage lié à


la peur de l’échec, les zèbres disposent en revanche, par leurs
caractéristiques intrinsèques, d’atouts indéniables pour réussir
dans la vie. Ils ne s’en sont pas forcément rendu compte car ce
sont ces mêmes caractéristiques qui font qu’ils peuvent échouer à
l’école.

En effet, la curiosité du zèbre peut être récompensée en classe


par un « hors-sujet » sur ses copies. Avide de savoir dans les
matières qui l’intéressent, le zèbre s’est informé davantage et
répond au sujet en incluant ce qu’il a appris par ses recherches
personnelles au lieu de se contenter de l’information dans ses
cours. Sa passion, elle, se matérialise par un intérêt très fort pour
certaines matières, et un désintérêt tout aussi fort pour d’autres.
Il travaille ce qui l’intéresse. Ce qui est rarement source de bonnes
appréciations. Enfin, le zèbre est créatif. Innovant. Mais on ne nous
demande pas de répondre avec originalité dans un devoir, on vérifie
nos connaissances.

Pourtant, curiosité, passion et créativité sont de sacrés trésors à


préserver. Car une fois arrivé à l’âge adulte, il faut être passionné
par ce que l’on fait pour en tirer satisfaction et exceller, il faut
être curieux, chercher et ne jamais se contenter de ce qu’on nous

108
demande pour avancer dans notre vie professionnelle, et on nous
répète constamment qu’il faut être créatif.

Alors il faut que les zèbres prennent bien soin de ces qualités
et qu’ils ne laissent pas le système les brider. D’où l’importance
d’essayer de changer de vision face à l’échec. Si le zèbre s’autorise
à exprimer sa passion, sa curiosité et sa créativité longtemps
bridées, il sera conforté dans ses prises de risque.

On ne pourra pas changer le monde ni le système en un chapitre


de livre, mais si on prend conscience de sa peur de l’échec, de sa
cause, de son ampleur, de ses impacts sur ses choix personnels,
de l’impact dans notre jugement des autres, et que l’on arrive
à percevoir l’échec autrement, alors c’est bénéfique. C’est en
essayant, en faisant des efforts que l’on est respecté et que l’on
peut être fier.

109
4 - Le phénomène de l’imposteur
Dans la société d’aujourd’hui, être modeste, c’est normal et
valorisé. C’est considéré comme une preuve de maturité que de
reconnaître les domaines dans lesquels on devrait s’améliorer. Mais
il ne faut pas être trop modeste. La société actuelle n’aime pas les
gens qui mettent trop en avant leurs capacités. Et elle n’aime pas
non plus ceux qui montrent trop leurs faiblesses. Il faut dissimuler
à la fois ses forces et ses faiblesses dans une certaine mesure pour
être accepté socialement.

Bien loin des clichés selon lesquels la personne surdouée vante


constamment ses mérites, en réalité de nombreux zèbres font
preuve d’une extrême modestie qui peut s’avérer problématique :
c’est ce que l’on appelle le phénomène de l’imposteur. On le trouve
régulièrement dans les ouvrages sous le nom de « syndrome
de l’imposteur1 », mais cela n’a pour moi rien de pathologique
ni de médical et je trouve donc plus approprié de le qualifier de
« phénomène ».

Encore une fois, comme pour toutes les caractéristiques ou


réactions décrites dans ce livre, chacun peut un jour avoir une
impression d’imposture, ce n’est pas exclusif aux zèbres, mais je
me concentre sur eux et sur leurs caractéristiques qui peuvent
favoriser ce phénomène.

Le phénomène de l’imposteur, c’est lorsqu’une personne rejette


le mérite lié à son propre travail et à ses propres compétences. Elle
cherche une raison extérieure pour justifier son accomplissement
personnel (la chance, souvent), et est convaincue qu’elle ne
mérite pas d’être là où elle est aujourd’hui. Elle se sent comme
un imposteur, un escroc intellectuel, et est convaincue qu’elle
sera tôt ou tard découverte, que les gens finiront par se rendre
compte qu’elle n’est qu’un imposteur. Malgré une preuve de valeur
évidente venant de l’extérieur (un compliment, une promotion, une

1 Clance, 1985
111
augmentation, une bonne appréciation, un prix, une acceptation
dans un cursus sélectif, etc), elle se sent professionnellement ou
intellectuellement incapable.

112
Le zèbre qui souffre de ce sentiment d’imposture a l’impression
de constamment tromper les gens. A l’école, il reçoit de bonnes
notes, pourtant il n’a pas tellement travaillé comparé à ses
camarades, c’était facile pour lui, alors il se dit « ce n’est pas grâce
à moi », « je ne le mérite pas ». Il ne comprend pas que ce qu’il a
réalisé si facilement soit considéré comme un succès, car pour lui
ça ne l’est pas. A l’inverse, et paradoxalement, s’il a travaillé plus
que nécessaire pour un examen et qu’il réussit, il niera le mérite
qui lui revient en considérant que s’il a travaillé autant, le succès
n’incombe qu’au travail et n’est pas lié à ses compétences. Quelle
que soit la situation, il nie le mérite qu’on lui attribue. Pour lui, c’est
une illusion, et une illusion ne peut pas durer longtemps, elle finira
forcément par se rompre, le monde finira forcément par découvrir
qu’il n’est pas si intelligent que ça, qu’il est nul même, qu’il ne
connait rien (c’est ce qu’il pense).

Les zèbres qui ont ce sentiment d’imposture acceptent souvent


les compliments mais ne les croient pas. Chaque avancée est pour
eux liée à la chance. Et ironie du sort, chaque succès supplémentaire,
au lieu de conforter le zèbre dans ses compétences, le conforte
dans son sentiment d’imposture. Car s’il a réussi, on va lui en
demander encore plus, et il sera donc encore moins capable d’y
arriver (selon lui, toujours). Le succès mènera à plus d’attentes,
plus d’exigences, et il se sent déjà incertain de maintenir son
niveau actuel de performance, alors comment fera-t-il si on lui en
demande encore plus ?

En fait, il y a une sorte de cycle d’imposture chez la personne


sujette au phénomène de l’imposteur.

Tournez la page pour le découvrir.

113
114
Chacun peut un jour expérimenter ce phénomène de l’imposteur,
mais il existe tout de même certains facteurs qui favorisent son
apparition et sa persistance, et notamment l’intelligence, le désir
de perfection et l’environnement.

L’intelligence. Aucune étude n’a été faite à ce jour sur la


corrélation entre sentiment d’imposture et QI, mais de nombreux
experts avancent l’hypothèse que l’effet de Dunning-Kruger (un
biais cognitif selon lequel - entre autres - les personnes intelligentes
auraient tendance à douter de leurs compétences et à les sous-
estimer) pourrait déclencher ce sentiment d’imposture.

Le désir de perfection. Les zèbres ont tendance à viser très


haut. Ils sont extrêmement exigeants envers eux-mêmes, et ont
des attentes parfois quasi impossibles à combler. Le problème, c’est
que ces attentes vont représenter non seulement leurs objectifs
mais aussi leur manière de s’auto-évaluer. S’il y a le moindre petit
intervalle entre leur réalisation et cet objectif quasi impossible, c’est
qu’ils ont raté. Dès lors, n’importe quelle personne qui les félicitera
sera discréditée. Ils ne comprendront pas sa réaction positive,
puisque selon eux ils ont raté. Leur désir de perfection favorise le
sentiment d’imposture en fixant des objectifs de perfection presque
impossibles à atteindre mais que le zèbre considère comme le
succès.

115
Enfin, un certain type d’environnement peut servir de couveuse
au phénomène d’imposteur. Ceux qui, par exemple, ont grandi
avec la peur de ne pas être assez « bien », d’être abandonnés
s’ils avaient de mauvais résultats ou la peur de ne pas combler les
attentes que leurs parents avaient d’eux au niveau professionnel,
seront plus sujets à ce sentiment d’imposture car leur estime de
soi est très basse. Pour eux, l’ambition est avant tout motivée par
le désir profond d’éviter tout sentiment de honte.

116
5 - le zèbre à l’école

Il y a une croyance selon laquelle les enfants zèbres sont des


enfants brillants à l’école, qui ont toujours la bonne réponse,
toujours de bonnes notes, qui savent tout. Et puis il y a une
autre croyance selon laquelle les enfants zèbres sont souvent en
échec scolaire, inadaptés au système. Certains sont effectivement
brillants. D’autres sont effectivement en échec scolaire. Mais il n’y
a pas de généralité. Je ne souhaite pas entrer dans les statistiques
des résultats scolaires des enfants zèbres, parce que je crois que
cela ne nous avance pas à grand chose. Le fonctionnement des
enfants doués fait qu’ils peuvent rencontrer certaines difficultés,
oui, car le système scolaire est rarement adapté à leur façon de
penser. Mais leur fonctionnement leur donne aussi des atouts pour
« réussir » à l’école. Il est faux de dire qu’ils sont en majorité en
échec scolaire, mais il ne faut pas non plus nier les difficultés qu’ils
peuvent rencontrer.

La première difficulté qui peut être rencontrée par le zèbre,


c’est la difficulté à exprimer ses idées. Lorsqu’il est confronté à
une question ou un problème, le zèbre arrive à une solution, à un
résultat qui paraît intuitif, qui va de soi. Mais si on lui demande
d’expliquer son raisonnement pour en arriver là, il en est bien
souvent incapable. Attention, cela ne veut pas dire que la réponse est
tombée du ciel, loin de là ! Cela veut simplement dire qu’elle résulte
de mises en relation d’idées et connaissances, mais que tout cela
est allé très vite et parfois très loin, et que l’expliquer simplement
est difficile car il n’a pas toujours suivi le cheminement. Comme si
les associations d’idées s’étaient produites inconsciemment.

C’est frustrant, et met le zèbre en colère…

117
En fait, à l’école, on attend de nous que l’on raisonne étape par
étape, progressivement, lentement. Les méthodes d’apprentissage
ne correspondent pas à la façon de penser et de faire d’un zèbre.
On nous apprend d’ailleurs à lire et à compter de manière linéaire.
C’est peut-être pour cela que souvent, les zèbres apprennent à lire
avant l’école, seuls, car ils apprennent ainsi à leur manière.

118
Dans tous les enseignements, on nous apprend une notion avant
de passer à la suivante. Lentement. Le zèbre, lui, ne fonctionne pas
comme ça. Il comprend vite, trop vite, et n’est pas toujours capable
de restituer les étapes de son raisonnement. La réponse apparaît
comme une intuition. Et évidemment, ne pas pouvoir expliquer sa
bonne réponse le pénalisera fortement. Pourtant, les autres ont
réussi à expliquer, eux. Alors, qu’est ce que cela veut dire ? Qu’il
est nul ? Bête ? Que c’est un échec ?

Si le zèbre a du mal à exprimer clairement son raisonnement et


ses idées, il a aussi du mal à comprendre ce que l’enseignant attend
de lui lorsqu’il lui pose une question. Il a du mal à comprendre les
consignes, qui comportent souvent bon nombre d’implicites. Et une
fois de plus, cela crée une incompréhension, il pourra être pénalisé
voire considéré comme provoquant.

119
*Note pour les zèbres: il fallait en fait réciter à l’oral le chiffre écrit au
tableau. Le terme « suivant » voulait dire que le chiffre à réciter était le
chiffre écrit dessous. Comme 90% de la classe avait compris, ils ont rigolé,
et la maîtresse a dit « Tu te crois drôle ? ».

Mais pourquoi ?

Il est normal et humain de considérer que l’autre pense


comme nous. Surtout quand la majorité des gens pense comme
nous. D’ailleurs, selon le groupe culturel ou social auquel nous
appartenons, nous partageons un ensemble de codes communs.
Par exemple, un français va comprendre que lorsqu’un autre
français tend la main vers lui, c’est pour le saluer, car ils partagent
les mêmes codes. Ces codes nous permettent notamment de
comprendre les mêmes implicites. Et c’est là que le zèbre va avoir
un problème, car son mode de pensée, son besoin vital de sens,
son interprétation littérale des mots, font qu’il ne comprend pas
toujours les mêmes implicites que la plupart des gens.

Je me souviens par exemple d’un exercice de français, où la


consigne disait : « Transformer le texte en le mettant au passé ».
La plupart des élèves ont compris qu’il fallait réécrire le même
texte, mais en changeant les verbes au présent par des verbes au
passé. Moi, je n’avais pas compris cela du tout. Je ne voyais pas
120
l’intérêt de réécrire le même texte, donc pour moi, il fallait que
j’invente une histoire qui avait eu lieu avant l’histoire du texte en
question, et l’écrire au passé.

Je n’avais pas répondu de façon adaptée, mais je n’avais pas


fait exprès.

Pourtant, aux yeux de mon enseignante, cela a été perçu comme


de l’inattention. Je n’avais « pas bien lu » la consigne. Ou comme
de la provocation, j’avais fait exprès de mal répondre. Comme
j’avais globalement de bonnes notes et que je comprenais vite, elle
ne pouvait pas admettre que je n’avais simplement pas compris ce
qu’il fallait faire. Elle avait l’impression que je faisais exprès, pour
l’embêter, et moi j’avais l’impression qu’elle faisait exprès de me
punir, pour m’embêter. Il s’agissait juste d’une incompréhension
des deux parties, malheureusement beaucoup trop fréquente.
Incompréhension à laquelle s’ajoute la recherche d’approbation, le
besoin d’être aimé, le côté affectif. Un zèbre recherche l’approbation
de son professeur, et cela peut complètement diriger ses
résultats scolaires. On le constate souvent, lorsqu’un élève zèbre
121
a l’impression que le professeur ne l’aime pas, il aura tendance
à moins travailler, à être bloqué, à avoir de mauvaises notes. A
l’inverse, un élève zèbre peut avoir d’excellents résultats dans
les matières enseignées par un professeur qu’il aime bien. Il peut
aussi être bon en classe pour obtenir l’approbation et l’amour de
ses parents (qu’il n’aura pas, selon lui, s’il a de mauvaises notes).
L’affectif a un énorme impact sur son parcours.

Enfin, le besoin vital de sens du zèbre, outre son impact


sur la compréhension des implicites, peut avoir un impact sur
l’apprentissage. On ne nous explique pas toujours les raisons
pour lesquelles on doit apprendre telle ou telle notion à l’école.
On appréhende les notions les unes après les autres, mais il faut
parfois attendre un moment avant de les relier entre elles et de
comprendre leur utilité. Or un zèbre, s’il ne comprend pas pourquoi
on lui apprend cette notion, s’il ne comprend pas le but, il peut
refuser ou ne pas réussir à apprendre. C’est un peu la même chose
avec le par-cœur. Certains zèbres ont du mal à apprendre par
cœur car il n’y a pas de processus de compréhension. Alors ils ne
retiennent pas (à moins que ce soit de la poésie et que la mélodie
des mots résonne dans leur tête, pour certains). La méthode
d’apprentissage n’est pas en phase avec leur fonctionnement, et
cela peut effectivement leur causer des difficultés.

Être zèbre à l’école, ce n’est pas toujours facile, au début. C’est


d’ailleurs souvent ici qu’en raison de leurs difficultés à s’adapter
au système, on découvre leur particularité. Les zèbres ont soif
d’apprendre, et attendent avec impatience l’école puisqu’on leur a
dit qu’ils y apprendraient beaucoup de choses. Ils sont vite déçus.

122
Ils s’ennuient, ils ne comprennent pas l’intérêt de ce qu’ils
apprennent à l’école, et ils font face à des remarques dont ils se
souviendront longtemps. Je crois que c’est normal, lorsque l’on ne
fonctionne pas de la même manière, qu’il y ait une période difficile
liée à l’adaptation. Certains zèbres n’ont pas réussi à dépasser
cette mauvaise adaptation, cette mauvaise cohabitation de leur
propre système de fonctionnement et du système scolaire. Pour
différentes raisons, peut-être à cause d’un environnement scolaire
trop rigide ou d’une méconnaissance de leur fonctionnement.
D’autres ont au contraire réussi cette cohabitation. Peut-être parce
qu’ils avaient plus d’informations, parce que leur environnement
scolaire a essayé d’intégrer et de comprendre un peu plus tous
ces enfants aux besoins spécifiques (pas seulement les zèbres). La
clef, je crois que c’est cela, c’est permettre à différents systèmes
d’exister en même temps.

Imposer un modèle d’apprentissage unique à tous, je crois


que nous sommes tous d’accord pour dire que cela ne fonctionne
pas. En revanche, si l’on reconnaît la singularité du petit zèbre, si
on lui explique clairement pour qu’il la comprenne bien, et qu’on
prend le temps de l’expliquer à ses professeurs et ses camarades
123
(en espérant qu’ils soient réceptifs), il y a des chances pour que
l’on avance. Plus sa différence est connue et reconnue, plus ses
interlocuteurs pourront essayer de s’adapter et prendre en compte
ses besoins spécifiques. De la même manière, il faudra expliquer
clairement au zèbre le fonctionnement du système scolaire, afin
qu’il puisse le comprendre et être moins piégé par un énoncé par
exemple. De cette façon, il pourra utiliser ses capacités pour réussir
dans ce système. Le but n’est pas que l’un des systèmes s’efface,
mais que l’enfant réussisse à utiliser son propre mode de pensée
pour répondre aux sollicitations du système scolaire.

124
6 - le zèbre au travail
A moins d’avoir une vocation depuis très jeune, il est difficile de
choisir un métier pour l’avenir, surtout dans la société actuelle où
nous avons toujours plus de choix.

Souvent, on lit d’ailleurs que les zèbres sont « instables


professionnellement ». Mais pourquoi ? N’est-ce pas le mal d’une
génération entière ?

Le zèbre est quelqu’un d’extrêmement curieux. Il aura envie


d’étudier toutes les matières qui l’intéressent, et d’essayer de
nombreux métiers. Pourtant, on nous demande très tôt dans notre
parcours de nous spécialiser, de choisir des matières, choisir des
études, en vue de choisir une profession ensuite. Choisir. Pour
le zèbre, choisir est vraiment difficile, d’autant que l’approbation
de son entourage est quelque chose de très important pour lui.
Alors, qu’il soit mauvais en classe, ou bon partout, il écoutera ses
professeurs et ses parents le guider vers une profession qui semble
lui correspondre, où il semblera être compétent. Mais est-ce pour
autant ce qu’il veut vraiment faire ? Parfois, le zèbre est très créatif
et aura une envie subite de s’orienter vers une carrière artistique,
125
dans la peinture, la musique, l’histoire de l’art... Ou alors, il
s’intéresse tellement à un sujet qu’il voudrait faire de la recherche
exclusivement dans ce domaine (archéologie, astronomie, etc).
Ces professions étant considérées comme « bouchées », il est
assez rare qu’ils soient confortés dans ce choix-là. On préfèrera
souvent leur dire de continuer leurs études en parallèle de leurs
activités artistiques ou de leurs intérêts, pour plus de sécurité et
de stabilité. Parce que la sécurité, c’est aussi quelque chose que les
zèbres recherchent, vous vous souvenez ? Trouver le bon équilibre
entre désir et stabilité, entre passion et raison, quand tout nous
intéresse, ce n’est pas chose facile. Surtout s’il faut ajouter au
désir et à la sécurité un troisième élément : la stimulation.

126
Le zèbre ne supporte pas l’ennui. L’important pour lui, dans son
travail (et dans sa vie en général), c’est qu’il ne s’ennuie pas, qu’il
soit stimulé sans arrêt, qu’il puisse être passionné par ce qu’il fait,
et surtout, qu’il n’y ait pas de tâches répétitives... Dès lors que le
zèbre a l’impression de stagner, de ne plus rien apprendre, c’est
le blocage, l’ennui total, la remise en cause de tout, la dépression
parfois même.

En général, quand un zèbre commence à travailler dans une


entreprise, ça se passe comme ça : il débute, il découvre, ça
l’intéresse. Il apprend des choses.

Puis très vite, il maîtrise, et c’est là que l’ennui se pointe et que


les tâches perdent leur intérêt.

127
Alors il veut partir, démissionner, fuir.

En se disant que ce sera peut-être mieux ailleurs. Et puis


finalement, ailleurs, ça recommence. Il découvre, il apprend, puis
il maîtrise, il se lasse, et il veut repartir. C’est un peu comme si son
cerveau s’embourbait dès qu’il ne se passe plus rien de nouveau.
Comme s’il s’endormait (mais sans endormir le flux constant de
pensées qui n’ont rien à voir, sinon ce serait trop facile !)

128
Enfin, on l’a vu dans un précédent chapitre, la relation du
zèbre avec l’autorité est compliquée, et au travail, cela peut poser
problème, d’autant qu’un certain nombre d’entreprises fonctionne
encore avec un modèle ancien, où le mérite et le talent ont moins
de place que la conformité et la politique. Pas étonnant donc que
le zèbre qui propose beaucoup de changements à peine arrivé
bouscule l’ordre établi et s’attire les foudres de sa hiérarchie. Si
l’on ajoute à cela qu’il a du mal à exprimer le cheminement de sa
pensée qui l’a mené à prendre ses décisions, qu’il pose beaucoup
de questions pour être sûr de tout comprendre, et qu’il fait passer
ses principes moraux et humanistes avant la recherche du profit,
on peut en déduire aisément qu’il se fond difficilement dans
l’organisation.

129
Alors, puisque de nombreux domaines l’attirent, qu’il ne supporte
pas l’ennui et se trouve rarement à sa place dans l’entreprise, le
zèbre songe souvent à changer de métier, regrette ce à quoi il a
renoncé en faisant les choix qu’il a faits, et a envie d’essayer autre
chose.

Lors de mes nombreux échanges avec des zèbres adultes,


beaucoup me disent qu’ils ne se sentent pas « experts » (moi
la première), qu’ils ont beaucoup changé de poste et n’ont
pas de parcours « cohérent », qu’ils ne se sont pas spécialisés
contrairement aux autres personnes qu’ils ont pu croiser dans leur
vie professionnelle. Pourtant, leur force c’est exactement cela. La
polyvalence. Guidée par la passion, la curiosité, et la bienveillance.
Certains domaines y sont réticents, mais d’autres accueillent cette
compétence à bras ouverts. Et il faut la mettre en avant.

Mais pour cela, il faut parfois oser quitter le travail qui ne les
satisfait pas. Par peur du jugement, par peur de perdre un statut
social, par peur de rater, mais aussi et surtout par peur de ne plus
être en sécurité, changer radicalement de travail est une décision
difficile à prendre. Une décision pleine d’incertitudes. Souvent,
c’est même lors d’un arrêt forcé comme un long arrêt maladie, une
période de chômage ou un congé maternité que le zèbre s’autorise
130
à faire ce qui lui plaît, et se découvre une nouvelle vocation. Parfois,
c’est un métier manuel, parfois le zèbre se met à son compte
pour se libérer de la hiérarchie (mais attention, ce n’est pas une
solution pour tout le monde, la montagne de papiers administratifs
qui attend les entrepreneurs peut s’avérer problématique pour le
zèbre), parfois c’est un métier moins satisfaisant intellectuellement
mais peu prenant et qui laisse donc toute la place aux projets
personnels que l’on peut réaliser à côté et qui sont épanouissants...

Nous sommes tous différents, mais chacun est capable de


trouver le bon équilibre entre désir, stimulation et sécurité. Et si les
expériences malheureuses passées sont considérées négativement
par la personne douée, elles lui ont pourtant beaucoup appris
sur la vie en entreprise, les relations entre les gens et ce qu’elle-
même recherche dans son travail et dans sa vie, et influenceront
positivement ses choix futurs.

131
132
7 - le zèbre en couple
Toutes les relations sociales, et a fortiori amoureuses, sont,
par définition, compliquées. Le zèbre, avec son fonctionnement
peu commun, ajoute peut-être une petite touche de complexité
supplémentaire. Chez lui, tout est multiplié. Trop intense, trop
sensible, « trop tout », le zèbre a souvent l’impression que trouver
une personne capable de suivre (et supporter) son intensité, cela
sera trop difficile. Pourtant, c’est possible !

Avant même de parler de couple, il y a la rencontre. Ce moment


où deux individus vont l’un vers l’autre, échangent, partagent,
discutent, dans un contexte social la plupart du temps. Avec d’autres
gens. Or certains zèbres peuvent se sentir plutôt mal à l’aise en
groupe. Rencontrer quelqu’un, aller vers lui, peut déjà s’avérer
complexe pour certains d’entre eux facilement intimidés, qui ont
une faible estime d’eux-mêmes, et bien souvent le sentiment d’être
un imposteur. En effet, quand dans l’enfance, le zèbre a été marqué
par des difficultés sociales (moqueries, décalage, impression de ne
pas être à sa place), il est parfois difficile de trouver la confiance
nécessaire à cette rencontre.
133
Pourtant, il a envie de plaire (d’être aimé, toujours), de partager,
de communiquer. Il cherche à être aimé, mais sait qu’en même
temps, aimer et être aimé signifie accepter la possibilité d’être
blessé. Alors il prend toujours plus de précautions avant de se
livrer à quelqu’un. Rencontrer quelqu’un peut ainsi prendre plus
de temps, mais petit à petit, le zèbre prend confiance et peut, lui
aussi, nouer des relations.

134
La personnalité, le vécu mais également la particularité des
zèbres ont forcément une influence sur les caractéristiques qu’ils
recherchent chez un partenaire et sur le type de relation qu’ils
attendent. Je ne vais pas dresser une liste de critères à cocher
avant de se mettre en couple ni la recette du bonheur, mais de la
même manière qu’un individu passionné par les grands espaces
sauvages aura tendance à rechercher quelqu’un qui apprécie le
grand air plutôt que les activités d’intérieur, les zèbres, qui partagent
un ensemble de traits communs, auront tendance à rechercher
certains critères en priorité dans la personnalité de l’autre. Tout est
question de personnalité.

Le zèbre est quelqu’un d’entier. Et d’idéaliste, souvent. Alors le


type de relation qu’il recherche avant tout est souvent une relation
de forte complicité avec son partenaire. Il se contentera rarement
d’un compromis. Il veut que sa relation soit belle, parfaite, entière,
et a souvent tendance à quitter les relations qui ne le satisfont plus
complètement. Être en couple pour ne pas être seul, si l’on n’est
plus amoureux, ce n’est pas envisageable pour lui.

135
Sa deuxième priorité, comme dans le travail, c’est de ne pas
s’ennuyer. Le zèbre a une faible tolérance à l’ennui. Alors s’il est si
curieux au quotidien et sans cesse en quête de sens, de nouveauté,
il va évidemment l’être aussi dans sa vie amoureuse. Il a besoin
d’être surpris, stimulé en permanence, enrichi. Son aversion pour
la monotonie se retrouve une fois de plus dans sa vie de couple. Il
cherchera donc quelqu’un d’assez flexible pour le suivre dans ses
changements et dans sa quête permanente d’innovation. Il mettra
peut être plus de temps à trouver la bonne personne, mais il
trouvera celle avec laquelle il ne s’ennuie jamais. Car la possibilité
même de s’ennuyer n’est pas non plus envisageable pour lui.

Ensuite, dans l’idéal, son partenaire devra être suffisamment


patient pour supporter son intensité, ses passions et ses peurs,
mais aussi créatif, curieux, indépendant, doté d’un bon sens de
l’humour, et devra partager plusieurs de ses centres d’intérêt. Dans
l’idéal… Mais encore une fois, tout dépend de la personnalité de
chacun !

136
Enfin, je pense que l’une des clefs de succès d’une relation
avec un zèbre est la compréhension. Si le zèbre a compris son
fonctionnement, qu’il sait expliquer ses réactions, et que son
partenaire l’accepte (pour peu qu’il ne soit pas zèbre), le comprend
et l’intègre, je pense que cela facilite l’entente et la complicité.

Evidemment, vous vous doutez que toutes les caractéristiques


dont nous avons parlé dans les différents chapitres et qui impactent
leur vie à l’école ou à la maison vont également impacter leur vie
de couple. On dit souvent que les zèbres sont difficiles à suivre, et
de nombreux articles sont publiés pour aider les parents dans leur
quotidien avec un enfant zèbre.

Qu’en est-il donc de la vie quotidienne avec un


partenaire zèbre ?

Le fait est qu’un certain nombre des caractéristiques du zèbres


peuvent être difficiles à gérer pour le partenaire. Le zèbre analyse
tout ce qu’il voit, tout ce qu’il ressent, chaque petit détail de son
environnement l’amène à réfléchir, et cela peut se révéler épuisant
pour le partenaire dont les actions sont sans cesse analysées.
Surtout lorsqu’à l’analyse, on ajoute… l’hypersensibilité. Le
zèbre vit par l’émotion. Il interprète chaque geste, chaque mot,
chaque expression du visage de son partenaire, et une mauvaise
interprétation peut générer une grande angoisse.

137
De la même manière, s’il ressent un changement d’humeur
que son partenaire omet de lui notifier, il se sentira mis de côté,
tandis que son partenaire peut se sentir plutôt oppressé face au
dévoilement de son changement d’humeur. Enfin, le zèbre accorde
beaucoup d’importance au jugement, mais le pire jugement est
souvent le sien. Très lucide, il veut toujours être parfait, reconnaît
ses failles, se dévalorise, et culpabilise même. Extrêmement
sensible à la critique, qu’il prend souvent personnellement, si dans
le couple le partenaire lui fait remarquer certains défauts, cela peut
se révéler très difficile à vivre. Il a constamment besoin d’être
rassuré.

Pourtant, les traits de personnalité qui définissent le zèbre et


peuvent lui poser problème dans la vie quotidienne sont aussi ce qui
ont, j’imagine, attiré le partenaire ! La sensibilité, l’intelligence, la
lucidité, la curiosité mais aussi le doute rendent le zèbre attachant
et peuvent même se révéler être une force dans la vie de couple.
Ses capacités d’analyse et son hypersensibilité lui procurent une
facilité à comprendre les besoins de l’autre, à saisir ses humeurs et
à l’aider. Le zèbre est quelqu’un de très attentionné, sa bienveillance
et son empathie font qu’il est très attentif aux besoins de son
conjoint, à son bien, et pense constamment à l’autre en premier
(au risque de s’oublier lui-même).

139
Mais alors, si nos particularités peuvent être à la fois
des forces mais aussi des faiblesses dans notre couple,
vaut-il mieux être en couple entre zèbres ou avec un non
zèbre ?

Je ne pense pas qu’il y ait de réponse. L’entente dépend plus


de la personnalité que des caractéristiques des deux personnes.
Souvent, c’est vrai, on s’attire car on se comprend. On se retrouve
même parfois entre zèbres sans le savoir. Parmi les nombreuses
publications à ce sujet, beaucoup tendent à dire qu’il est plus
facile d’être en couple entre zèbres. Pourtant, je pense que cela
peut rendre la relation d’autant plus complexe, car chacun, avec
sa personnalité et son vécu, apporte sa propre sensibilité, son
impatience, son propre niveau de réactivité émotionnelle. On peut
avoir tendance à penser que l’autre nous comprend beaucoup plus
facilement, car il « pense pareil ». Alors, nous faisons peut-être
moins d’efforts de communication. Pourtant, chacun ayant une
personnalité différente mais une tendance commune à interpréter
et ressentir le moindre changement, la moindre expression, je
pense qu’il faut au contraire redoubler d’efforts de communication.

140
Avec un non-zèbre, les malentendus sont probables car les deux
personnes ne voient pas toujours le monde de la même manière,
sous le même angle. Mais est-ce un problème ? Le risque, c’est
que le non-zèbre supporte difficilement l’intensité du zèbre pour
tout, mais aussi que le zèbre, en raison de sa quête perpétuelle
de nouveauté, de son attirance pour les nouvelles expériences et
les apprentissages, finisse par prendre une autre direction dans sa
vie. Les expériences personnelles nous font grandir, mais peuvent
par conséquent nous éloigner l’un de l’autre si nous ne grandissons
pas dans la même direction. Je pense que le couple zèbre / non-
zèbre devra faire face à de nombreux problèmes si le partenaire
ne comprend pas ou n’accepte pas la particularité du zèbre,
mais qu’il sera renforcé si la personne comprend, car elle pourra
alors contrebalancer le rythme du zèbre et apporter équilibre et
stabilité. La clef, c’est que le zèbre ait compris et expliqué son
fonctionnement.

141
PARTIE 4

TRANSFORMER SA SINGULARITÉ
EN RICHESSE

143
Transformer sa singularité en richesse, c’est possible. Quand
on a les bonnes clés en main et envie d’en faire quelque chose,
il n’y a pas de raison pour que la douance soit vécue comme un
fardeau.

144
1 -Dépasser les mythes, croyances et clichés
De fausses affirmations et images sur les personnes douées
circulent depuis si longtemps dans la société qu’elles sont bien
ancrées dans les esprits, y compris dans les esprits des zèbres.
L’image véhiculée et ses traits associés sont souvent faux, et on
ne se rend pas compte de l’impact que ces fake news peuvent
avoir sur les personnes douées. Ces croyances sur la douance ont
été transmises naturellement à un enfant très sensible qui adopte
cela comme étant une vérité. Il n’a pas eu de message alternatif.
Et il va grandir avec ces croyances. On donne de mauvaises
informations à ces personnes, qui par conséquent, lorsqu’un jour
elles se découvrent douées, nient leurs particularités car elles ne
se reconnaissent pas dans la description stéréotypée. Je crois que
c’est important de comprendre ces idées reçues et ces croyances, la
raison et leur impact, car à force d’être diffusées, elles se déguisent
en nos propres opinions et il faut vaincre cela.

145
Souvent, lorsqu’un adulte zèbre pas encore identifié entend le
mot « surdoué » ou l’un de ses associés, il pense à des enfants
brillants à l’école. Et il se dit, logiquement, « mais je suis un adulte
maintenant, je ne peux pas être surdoué ». Cette réaction est
courante, et témoigne de la force des idées reçues véhiculées par
la société. Elle est totalement compréhensible au vu de ce que
l’on nous a dit sur les zèbres. Le problème, c’est que la majeure
partie de ce que l’on nous a dit est incorrect et incomplet. On
a l’impression de savoir ce que c’est, d’être doué, mais on est
incapable de le définir. On donne des exemples. Et souvent, les
exemples donnés concernent un résultat, quelque chose produit
par une personne douée. On pense aux gens doués qui ont fait une
découverte majeure, à ceux qui ont prouvé une virtuosité dans un
domaine spécifique à un âge très jeune, aux histoires lues dans les
médias à propos d’un exploit. On parle de résultat, toujours. De
ce qu’ils ont fait. Réalisé. Produit. Pas de ce qu’ils sont. La société
est obsédée par le résultat. Par le produit final. Et en oublie leur
fonctionnement. Elle oublie le procédé, comment ces gens sont
arrivés à ce résultat. Pourtant, la douance, c’est ça. Ce n’est pas
avoir produit quelque chose d’extraordinaire. C’est cette façon de
fonctionner.

146
Outre cette obsession pour le résultat, la société occidentale
actuelle est également, je trouve, obnubilée par la différence et la
justice. Ou plutôt par le fait que les concepts d’égalité, de justice,
signifient « tous pareils », « tous au même niveau ». Dès lors, la
différence est stigmatisée et considérée comme quelque chose à
réparer. A modifier. On a beaucoup de mal à intégrer le fait que
certains ont plus, et certains ont moins. Surtout ceux qui ont plus,
d’ailleurs, car considérer que quelqu’un a plus de capacités que
quelqu’un d’autre, c’est élitiste. Arrogant. Prétentieux. Il faut que
l’on ait tous les mêmes capacités à l’origine, sinon la nature n’est
pas équitable, n’est pas juste. (Que l’on se comprenne bien, je
trouve également que les personnes qui comparent leur chiffre
de QI sont élitistes -et surtout n’ont rien compris- mais être
zèbre, ce n’est pas ça, et on devrait pouvoir en parler sans être
qualifié de prétentieux. J’espère qu’à la lecture de ce livre, les
sceptiques comprendront qu’il n’y a rien de prétentieux à décrire
un fonctionnement).

Beaucoup de zèbres, lorsqu’ils consultent pour la première fois,


le font parce qu’ils se sentent en décalage, différents, et qu’on
leur a dit qu’ils étaient trop sensibles, trop dramatiques, trop
intenses, trop tout. Ils consultent parce qu’ils pensent que c’est
un problème, et qu’il faut trouver une solution pour le corriger. Et
lorsqu’on leur parle de douance, ils refusent souvent de l’accepter
ou le taisent car on leur a dit que c’était arrogant de le reconnaître.
Ah, ce « on ». Toujours lui. Les autres, le monde. Ceux qui pensent
donner de bons conseils, mais qui ont été nourris de fausses
informations. Comme nous tous, en fait, avant que l’on se penche
plus précisément sur le sujet.

A cause de ces stéréotypes trop largement répandus, de


nombreux zèbres sont réticents à reconnaître leurs caractéristiques,
à les intégrer et surtout à investir sur eux-mêmes. Ceux qui n’ont
pas eu d’informations concrètes sur leur fonctionnement et sur ce
que veut dire être doué sont souvent blessés par les jugements de
la société. Je l’ai longtemps été, et c’est pour eux avant tout que
j’écris ce livre. Je suis persuadée que c’est grâce à l’information que
147
l’on peut dépasser ces clichés. Et les zèbres aiment se renseigner,
aiment apprendre, aiment chercher. Cela tombe bien, non ?

148
2.1 -Accepter la particularité de son enfant
C’est une question qui m’a été beaucoup posée dans les
commentaires de mon blog. Elle m’a d’ailleurs interpellée, car pour
moi, ceux qui posent la question sur un blog sur les zèbres et qui
ont donc lu les articles ont déjà fait un petit bout sur le chemin de
l’acceptation. Ils s’intéressent au sujet, essayent de comprendre le
fonctionnement de leur enfant, et accepter sa particularité, c’est un
peu ça, non, essayer de le comprendre ?

Il n’y a pas de mal à se poser la question de l’acceptation. Il


n’y a aucun mal non plus à éprouver de la peine, de la colère,
de la détresse, de l’incompréhension, de la peur, de la frustration
ou du doute lorsque l’on annonce que son enfant a été identifié
« surdoué », « précoce », « haut potentiel ». Une dimension
inconnue s’empare du quotidien de parents de nouveaux petits
zèbres, et il est tout à fait normal d’être intimidé et dépassé.

149
Qu’est ce qui est difficile à accepter, en fait ?

Parfois, certaines personnes ont du mal à accepter la particularité


de leur enfant parce qu’ils ont peur de « mettre une étiquette »,
de le stigmatiser dans sa différence. Avoir un mot (ou des mots,
plutôt) pour définir le fonctionnement particulier de l’enfant, cela
peut faire peur, certains parents refusent de l’accepter car ils ont
l’impression que reconnaître la spécificité de l’enfant va le placer
dans une case et lui porter préjudice.

Parfois encore, des parents craignent les réactions de l’entourage


ou de l’extérieur. La douance est un sujet qui suscite des réactions
passionnées, positives ou négatives, souvent contradictoires
d’ailleurs, et qui fait l’objet d’idées reçues opiniâtres. Reconnaître et
accepter la particularité de l’enfant, c’est se confronter fatalement
à ces réactions.

150
Enfin, il y a aussi parfois la peur de ne pas savoir comment gérer
le fonctionnement particulier de l’enfant, qui intimide peut-être,
de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir quoi répondre à ses
questions. Dans la vaste littérature sur les personnes douées, on
parle même souvent du « deuil de l’enfant normal » ou du « deuil
de l’enfant idéal ». Le fait est que l’enfant fonctionne d’une certaine
manière, et il fonctionnera comme cela toute sa vie. Ce n’est pas
un problème, ce n’est pas une tare, cela ne veut pas dire qu’il est
anormal. Il est normal et différent. Ces deux mots ne sont pas des
contraires. L’enfant est lui. Il est unique. Il est spécial.

Il est intense, passe du rire aux larmes, pose des questions


incessantes, pique des colères, s’entête, réagit à l’extrême, mais
il est aussi très affectueux, observateur, sensible, intelligent,
généreux… Mettre un mot sur sa spécificité puis l’accepter, ce n’est
pas le stigmatiser, c’est l’aider à comprendre, c’est lui donner des
informations sur sa personnalité.

151
Plus il sera reconnu et accepté, et plus il pourra se réaliser,
s’épanouir, développer son potentiel. S’il est identifié puis accepté
tel qu’il est, il pourra dompter ses particularités, en faire des forces
positives. A l’inverse, s’il n’est pas reconnu ou s’il est reconnu
zèbre mais pas accepté, il risque de mal vivre son décalage, de
percevoir des points positifs de sa personnalité en points négatifs,
en faiblesses, d’essayer de se conformer aux standards pour ne
plus se sentir différent, mais par conséquent de ne pas se réaliser,
et de s’ennuyer.

Comment faire alors, pour accepter?

Pas grand chose ! Je crois que l’on accepte lorsque l’on essaye de
comprendre la particularité de l’enfant. Lorsque l’on se renseigne,
s’informe, que l’on échange avec des professionnels ou d’autres
parents pour écouter leur version, leurs expériences. Il y a plein
de manières possibles pour essayer de comprendre. Accepter,
c’est aussi tenir compte du fonctionnement particulier de l’enfant,
répondre à ses sollicitations sans culpabiliser (car on entend parfois
des gens dire que les parents « gavent » ou « sur-stimulent » leurs
enfants de connaissances, non, dans ce cas précis ils répondent
simplement à ses demandes). Il faut apprendre à se familiariser
avec cette différence, ces réactions, cette sensibilité.
152
Enfin, après avoir identifié, reconnu (chez le psychologue) puis
accepté cette particularité, ce qui est important c’est d’expliquer et
de faire prendre conscience à l’enfant de son propre fonctionnement,
afin qu’il puisse à son tour s’accepter lui-même, et s’épanouir.

153
2.2 -Accepter sa propre particularité
Que l’on ait été identifié zèbre sur le tard, à l’âge adulte, ou
que l’identification ait été faite à l’école mais niée (ou du moins
pas prise en compte) par la suite, le même problème d’acceptation
se pose. Il est peut-être même plus difficile d’accepter sa
particularité lorsque cela nous concerne directement. Pourtant, la
reconnaissance puis l’acceptation permettent de quitter le mode
de survie que beaucoup de zèbres reconnaîtront puisqu’ils sont
nombreux à s’y être réfugiés.

LEVEL 1 : La reconnaissance.

La prise de conscience de sa différence, la reconnaissance (la


consultation avec un(e) psychologue, le passage du test, etc), sont
155
déjà de petits pas vers l’acceptation. Lorsque l’on n’a pas conscience
de sa singularité, ou plutôt lorsque l’on ressent un décalage sans
pour autant pouvoir l’expliquer, il est difficile de s’accepter tel que
l’on est. Et si l’on ne s’accepte pas, alors on essaye de se conformer
aux standards, de suivre un chemin balisé qui n’est a priori pas
le notre. On fait appel à notre personnalité de camouflage, et on
passe à côté de ce qui nous correspondrait probablement mieux.

En revanche, lorsque l’on nous explique notre singularité, les


ressentis, les réactions parfois extrêmes que l’on peut avoir, alors
cela donne du sens. Beaucoup d’adultes zèbres identifiés sur le tard
disent d’ailleurs qu’après la prise de conscience de leur différence
ils ont repensé à toute leur vie, trouvé des explications à diverses
situations vécues, trouvé un sens. Ils se sont réveillés.

Reconnaître sa différence, c’est déjà bien, mais pour passer à


l’étape supérieure de l’acceptation alors ?

LEVEL 2 : L’acceptation.

Après la prise de conscience et la reconnaissance viennent


assez souvent une période de déni, ou de colère, puis, petit à petit,
naturellement, vient l’acceptation. Avant leur prise de conscience,
les zèbres niaient leur différence, faisaient comme si elle n’existait
pas, persuadés que cela leur rendrait la vie plus facile. C’est peut-
156
être vrai, je ne sais pas. Peut-être que la vie est effectivement plus
facile en faisant semblant, mais ce dont je suis sûre c’est que c’est
à la fois ennuyeux et frustrant de ne pas être soi-même.

Accepter sa particularité, c’est ne plus subir. C’est accepter non


seulement la personne que l’on est, mais également celle que l’on a
toujours été. C’est ne plus lutter contre les pensées envahissantes,
contre les ressentis intenses, contre les idées débordantes, contre
toutes ces caractéristiques intrinsèques aux zèbres, c’est ne plus
risquer de trahir ses valeurs pour se conformer et s’intégrer à tout
prix. C’est comprendre, intégrer et respecter sa singularité.

157
Attention, s’accepter ne veut pas dire que les zèbres perdent
l’intensité qui les caractérise, et cela ne permet pas non plus de
résoudre tous les problèmes auxquels les zèbres, comme chaque
être humain, peuvent être confrontés dans leur vie.

C’est simplement propice au développement personnel, à la


réalisation de soi. Quand un zèbre adulte comprend qui il est et qui
il a toujours été, ce qu’il percevait comme une faiblesse peut petit
à petit devenir un atout. Il comprend ce qu’il doit mettre en valeur.
S’accepter tel qu’il est lui donne parfois l’impulsion pour utiliser
pleinement son potentiel, faire des choses, se débloquer, se lancer
dans un projet, retourner apprendre à l’université, oser.

158
Parmi les adultes avec lesquels j’ai échangé, l’un d’eux s’est
remis à l’écriture d’un livre, une autre à décidé de partir à la
rencontre de gens inspirants lors d’un tour de France1, un autre
s’est reconverti dans l’enseignement, une autre s’est remise à la
pratique d’un instrument rangé trop longtemps... Moi-même, je
me suis inscrite en école d’arts appliqués à distance (après avoir
fait une école de commerce), j’ai commencé à écrire et illustrer le
blog rayuresetratures.fr, et d’autres projets de bande dessinée.

Il n’y a pas de solution miracle pour s’accepter. Il faut du temps,


des informations, un regard neutre et extérieur, souvent, et surtout,
surtout, il faut avoir envie.

1 Et elle a depuis publié un livre ! Il s’agit d’Audrey Bouquet, auteure d’A la


rencontre de mes semblables à rayures, aux éditions Pomdam.
159
3 -L’importance d’être identifié(e)
J’ai développé juste avant les étapes nécessaires à l’acceptation,
et notamment la reconnaissance. Je sais que malgré cela, certains
doutent toujours de l’importance d’être dépisté, identifié. De passer
un test notamment. Soit ils ont peur du résultat, soit ils ne voient
pas ce que cela peut leur apporter. Alors je vais essayer d’expliquer
pourquoi je trouve important d’être enfin identifié, à tout âge.

Être zèbre, c’est une question d’identité. C’est là. Les


caractéristiques sont là. Rien ne sert de les nier. Elles sont là, on
les a, et on ne peut pas les échanger. C’est un fonctionnement qui
fait partie intégrante de l’identité. Si l’on ne reconnaît pas, que
l’on n’a pas conscience de nos particularités, on est incomplet.
Être identifié, c’est un début pour comprendre et retrouver son
identité. C’est ne plus rejeter sa personnalité dans le simple but de
se conformer, de se normaliser.

161
Lorsqu’un zèbre ne sait pas qu’il est un zèbre (il peut le croire,
s’en douter, mais ne pas le savoir), il va avoir tendance à abaisser
son niveau d’exigences pour se conformer. Il va retenir énormément
de choses, se retenir d’être lui-même, pour se conformer. Il va
diminuer son intensité, écarter et contenir ses idées originales,
pour se conformer. Pour éviter de choquer ou d’être rejeté. Il n’agit
pas librement, et n’a pas non plus de réelle liberté d’expression. Il
agit et s’exprime en essayant de répondre aux attentes des autres,
de gagner leur approbation, leur amour. Il se débat au milieu des
attentes de la société, emprisonné par le doute.

Depuis toujours, de nombreux zèbres ont appris à mettre de


côté leur personnalité pour mieux correspondre, mieux se fondre
dans la masse. Passer par l’identification auprès d’un spécialiste
et/ou passer un test, cela permet de renverser les croyances et
stéréotypes, et de donner de l’information sur son fonctionnement
(zèbre ou non d’ailleurs, je pense qu’on en apprend beaucoup dans
tous les cas). Comme je l’ai mentionné dans l’un des tout premiers
chapitres de ce livre, le test, s’il est analysé par un professionnel
compétent (il existe toujours des charlatans), ce n’est pas un
résultat. Ce n’est pas un chiffre. C’est avant tout et surtout un long
compte rendu analysant le fonctionnement et la personnalité. Le
but du test n’est pas de classer chaque personne à un rang bien
spécifique ni de mettre une étiquette. C’est un indicateur. On nous
explique notre fonctionnement. On nous donne de l’information (et
de la vraie information, pas des fake news).

162
Obtenir ces clés, comprendre leur fonctionnement, emmagasiner
de l’information sur leur identité, cela permet aux zèbres, au fur
et à mesure, de moins se sentir comme un marginal, de moins se
mettre la pression parfois, et le plus souvent de moins penser que
la sensibilité ou l’intensité sont des problèmes à régler. Quand on
voit nos traits de caractère pour ce qu’ils sont réellement (que l’on
a dépassé les croyances et eu suffisamment d’informations pour
les appréhender tels qu’ils sont), je crois que l’on a moins besoin
de se conformer, et qu’on est prêt à retrouver notre identité. C’est
la méconnaissance de la douance qui est un risque pour l’enfant ou
l’adulte zèbre. L’identification est bénéfique.

Oui, les zèbres sont différents. Et cette différence s’explique.


Identifier et accepter sa différence, cela ne veut pas simplement
dire être à l’aise avec elle. Cela permet de la redéfinir et de la
reconnaître comme un atout. Enfin.

Et puis, pour ceux qui diraient :

je veux leur dire que nos traits de caractère, nos talents, notre
identité, même niés pendant très longtemps, ne sont jamais
détruits. Et qu’il n’est jamais trop tard pour les utiliser.

163
164
à retenir
Trucs à retenir, dans le désordre.

Etre zèbre, surdoué, doué, précoce, haut potentiel, peu importe


le terme que l’on choisit, c’est une façon différente de penser, de
sentir, de ressentir, de fonctionner, de percevoir le monde. C’est
un ensemble de caractéristiques qui ne sont pas des défauts à
corriger.

Être identifié ou dépisté permet d’avoir des informations sur le


fonctionnement du zèbre, d’avoir des clés dont il pourra se servir,
s’il en a envie, pour transformer sa singularité en richesse.

On peut s’adapter sans s’oublier.

Les idées reçues sur la douance véhiculées dans la société sont


encore si présentes qu’elles empêchent souvent le zèbre de se
reconnaître ou l’entourage d’accepter. Et c’est dommage.

Un zèbre n’est pas forcément un enfant. On reste zèbre toute


sa vie. Il y a donc des zèbres de 3, 25, 42, 60 ou 94 ans.

Un enfant zèbre est d’abord un enfant.

Un enfant en difficulté scolaire peut être zèbre mais tous les


enfants zébrés ne sont pas en échec scolaire et tous les enfants
en échec scolaire ne sont pas zébrés.

165
Se comprendre soi-même, c’est la clé, et c’est valable pour tout
le monde.

Un zèbre peut aller très bien !

Il faut changer de vision sur l’échec. Pour soi et pour les autres.
Dans sa vie personnelle et dans sa vie professionnelle.

Echouer, c’est expérimenter.

Les réussites sont bâties sur des échecs.

Rater quelque chose ne veut pas dire être raté.

Curiosité, passion et créativité sont réprimées dans le système


scolaire mais indispensables dans la vie.

Les vrais imposteurs ne connaissent pas le phénomène de


l’imposteur.

Il n’y a aucune raison d’avoir peur de montrer que l’on croit en


ses compétences. Il faut avoir un regard bienveillant sur soi-même.

L’intelligence c’est sexy (si vous n’êtes pas convaincu(e),

166
regardez la dernière saison de Sherlock Holmes)

On peut trouver quelqu’un qui nous comprend, qu’il soit zèbre


ou non. Et cela peut très bien se passer, surtout lorsque l’on se
connaît soi-même, que l’on connaît ses réactions, que l’on peut
les anticiper, les expliquer. La clé, c’est de comprendre son propre
fonctionnement, et d’être compris par son partenaire.

On peut aussi vivre très bien tout seul.

L’hypersensibilité et les particularités du zèbre, si elles apportent


leur lot de complexité dans les relations humaines et sociales,
rendent aussi le zèbre particulièrement attachant (enfin, je trouve).
C’est rare et précieux de croiser quelqu’un qui s’intéresse à tout, se
soucie de tout et a le cœur sur la main. Non ?

167
CONCLUSION
Lors de mon premier jet d’écriture, j’avais simplement écrit
« voilà » en guise de conclusion. Je ne savais plus tellement quoi
dire. Car tout ce que je décris dans ce livre, ce sont des informations
à prendre, peut-être. Mais peut-être pas tout de suite. Des clés à
conserver dans son trousseau, et à garder sur soi, pour le jour où
on en aura besoin.

Audrey Bouquet, une amie zébrée rencontrée grâce à nos projets


respectifs, explique dans son livre1 l’importance de comprendre
son fonctionnement et ses caractéristiques avec une image qui m’a
parlée et que j’ai voulu illustrer : un lave-linge avec des tas de
boutons sur la façade, et le mode d’emploi d’un lave-vaisselle.

J’espère que ce livre vous aura fourni quelques images du mode


d’emploi de ce lave-linge, dans le désordre, qui mises bout à bout
vous permettront d’utiliser au mieux toutes ces fonctionnalités, vos
propres capacités.

1 A. BOUQUET (2018) A la rencontre de mes semblables à rayures. Editions


Pomdam
169
J’espère que ce livre vous aura permis d’avoir un regard plus
doux sur cette singularité, cette composante de votre personnalité
que vous vivez peut-être mal.

J’espère que ce livre vous aura permis de mieux comprendre un


proche, un collègue de bureau ou un enfant dans votre classe.

J’espère que ce livre vous aura donné l’envie d’en savoir plus sur
vous-mêmes, que vous ayez des rayures ou non, et de vous faire
confiance.

Et surtout, j’espère que ce livre vous aura fait sourire, au moins


une fois !

170
Et après ?

Rayures et Ratures est une aventure qui m’a tant apporté


humainement qu’elle n’est pas prête de se terminer.

Je vais continuer, avec le peu de temps que j’ai à disposition, à


écrire articles et témoignages illustrés sur le blog, pour montrer la
diversité des profils de zèbres, mettre en avant leur curiosité, leur
capacité d’émerveillement, leur intelligence, leur sensibilité, leur
intensité. Régulièrement, des lecteurs me demandent de traiter un
thème qui leur tient à cœur. J’adore passer des semaines entières
à me renseigner, à chercher, à lire, à synthétiser, puis à écrire et
illustrer sur ce thème, quel qu’il soit. Un lien spécial s’est créé avec
cette communauté de lecteurs qui grandit de jour en jour, un lien
que je souhaite maintenir et renforcer, alors si vous avez en tête
un sujet que je n’ai pas abordé ici, n’hésitez pas à m’en faire part
et je serais ravie d’y réfléchir.

Et, évidemment, on se retrouve si vous le souhaitez sur le blog,


www.rayuresetratures.fr, pour poursuivre nos échanges et nos
débats !

A bientôt,

Chloé

171
Remerciements

Thomas qui me motive quand j’ai envie de tout arrêter, me


pousse un peu quand j’ai besoin d’avancer et me fait découvrir
beaucoup de gens inspirés et inspirants.

Simon qui m’a réservé plusieurs heures de son précieux temps


chaque semaine pendant plusieurs mois pour m’aider sur la
campagne de financement sans laquelle ce livre n’existerait pas.

Clotilde et Caroline pour leur relecture attentive et leurs précieux


conseils linguistiques, et Constance et Carole pour leurs corrections.

Toute ma famille sans exception, qui me suit et m’encourage


qu’importent mes choix, et qui partage sans cesse mon travail.

Laurence pour la préface, et Marie pour la 4ème de couverture.

Tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ce projet par


leur soutien, leur amitié, leur confiance, leur humour, leurs bons
petits plats, leurs conseils ou leur présence : Margaux, Florian,
Shi, Stéphanie, Jean-Baptiste, Meïr, Noemi, Louise, Calok, Cédric,
Hélène, Mélanie, Lucie.

Et enfin, ce livre ne serait pas sans tous les lecteurs du blog et


sans leurs gentils messages d’encouragement que je reçois chaque
jour !

173
174
Ce livre n’aurait pas vu le jour sans eux :
aurelie-115 - Charline et Baptiste - Steve Ostyn - Fabienne Lobert - Pln Rgl - estellelryo -
coqui78 - Emmanuelle - pom_celinette - Lucie Houet - louvyniab - Caroline Cohen Ring -
laptiote09 - snow_wolf - snookyb - Maxime Lacombe - Alexis Le Quinio - sflor1234 - Kriss
Renault - Kevin Fermine - Emilie Faure Favre - Hélène Henrion - Dorian Robolin - Amandine
Le Cheviller - Anne-Lise V - ritouplume - Florence Breuneval - Julie et Quentin - petiteyuna
- Véronique Arbogast - sansandrine22 - Alexandra Jasseny - lila2009 - Anne-Laure Vioget
- Jeremy Gigout - Jerôme Hedan - che-raleuse - Carine Vagnon - Vero Gagnard Vivian
- Sylvain Dhieux - Mélanie Chrétien - charlottecrow - ellinor - aziina - Nathalie Masson -
servelem - Mélanie Chauffin - quenamar - lilifabrique - demapoche - gautierfamilly - Nora
Norita NORBERT - nmerigot - beuss46 - Aurélie Jeannin - Kevin Trieste - elocap - d_lorenzi
- zizoulotus - la_cafetiere - Famille Dubois-Toulouse - Audrey Paul-Gangneux - ru505 -
littleouistiti - julybip - ijicka - elodarm - pcyprien80 - Juliette Reunkrilerk - inextremiss -
Isabelle Pirckher - bleepmachinev - jucaem - juliettethry - Dominique Vandenberg - poltaije
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Giorgetti - fabiermbt - Laurent Bernole - rom69 - Clem Dup - motmot - clarie69003 - Violaine
Capet - aligot12 - pamichoux - Audrey Magnon - gadiels - sandralex - assoquietude - aurelie_
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achofi - Gwénaëlle Breton - Thibaut hascher - ktie91 - Darkchris67 - guimauc - lourmarine
- Maxime Vignard - coeurdenacre - paiib - Clarence Stiernet - laurence75011 - sandyz -
Laure Boks - Anne Canelle - eligorvyze - helene_bo - caro_p - Mélanie Houard - vivian73
- madamecoussins - Thomas Gayrard - Camille Roussel - Sylvain Viens - chrissie705 -
pamplemousserose - Fan Anonyme - Sandra Pineau Queffeulou - manuella79 - Prescillia
Labalette - adrienlea - Emilie-Jeanne Lefebvre - clairette_94 - Fan anonyme - flexb - Alain
Gauvrit - Laurence Mornet - Jean-Louis et Nathalie Romengas - soniaka - elisef56 - Léa Saint-
Cyr - ivanne_p - Salomé - Katarzyna Barszczewska - Pierre-Henri Prévost - Hélène Deglaire
- tat-3 - chrysbzh - ora__ - lucie4445 - arkelath - fabricedm - peanutbutter22 - angeline-m
- Patrick et Nathalie - nicampagnol - HéloLéon - Valérie Basso - silverlion306 - Cécile Juban
- gatslo - redhead-studio - Thibaut Tarbouriech - etbim56 - nath_ida - hebergui - anatoleh
- alphonse-2 - schc - Isabelle Delcroix - alba37 - Michèle Geoffroy - lunafletcher - maeliane
- pikaflow - celinehv - perelapin - Emmanuel Faucond - Wilfrid - allandevillers - alcavalie -
Dsimeray - Eric Caron - Fan anonyme - d_kopacki - mousnich - Adeline Proquin - agnes-118
- lu_oliv - Aude Saliner - cami08 - hipollene64 - rbeccatekpor - Alexandra Anes - lelevt -
akalinski - Loywyck Virginie - jahi - beneroc - jahi - Marion Minaud - Alizée Picard - Annick
Begon - Emilie Lemonnier - Christophe Vautey - orise - Pauline Douda - saritah_2 - rinderkn -
docmok - Bénédicte ROCHER - fbah29 - Soi-même-Poésie Maud Peltier - Pierre-Henri Gelot
- Shi Tang - sidooh - valou6044 - christophe_bouvier - NUAGES - Marie M et Bérénice B
- un_arbre_dans_la_tete - Alix Grisolet - Amandine Gimeno Pichon - clarisse888 - Mathilde
Minaud - Florian Dumas - gubanti06 - Feriel Goulamhoussen - gedinne - p4c-30636 - Rosa
176
Penco - Hélène et Nathan Gordon - Marie Maguelone Créations - sangokai - spettens - 107 -
Jeanne Sanchez - loysiscia - salomealix - Grégoire L-R. - Juliette de Saint Exupéry - colineutc
- Fanny Durocher - Nathanaelle Aucher - missmlm - momoba - luciepi - Coralie Giordano
- Carolyne Fonteyne - Arnaud d’Humières - kri88 - Audrey Bouquet - chloegrf - becassine35 -
georgesleyeti-2 - Laurence Le Quement - sleepy_deathblow - miluki - Marjolaine Ostapowicz -
Manon Ozanne - xuandie - Nozebrillons - Caroline Vincent - goub-goub - camillespzl - Edina
Czedula - ninouchka27 - florencejo - michmichlacommere - stefbedel - Anne Besson - Anne-
Sophie Landou - astridkaito - Nathalie Lextrait - jessicaa - Lise Durand - Michel Romengas
- Sylvie Romengas - craquotte - Jonathan Balsiger - petitpatou - damien28 - Maya Murillo
Lunden - Mathieu Mabit - tropicana - zareliachoutime - gautier31 - Florence Lepdor - Olivier
Lahellec - Florent Teyras - dodyle - Valentin Gautier - Carole Gostner - Laura Romengas -
juju3491 - Jeremie Briand - Simon Duhil - naelyastefany - Thomas Vanhelder - marinalfw
- Constance Pirckher - Nadine Arbiturer - Sandrine, Amandine et Sylvain - Florianne Fargeix-
Thalamy - Stéphanie Darras - Suzanne et Gérard Minaud - Jean-Yves et Corinne Clément
- Catherine VP - Joyce Pirolli - Nam-Thanh Nguyen Cuu - franklin - Emmanuelle Lorre
- Fan anonyme - Jérôme Trézères - Xavier ANGIBAULT - Dominique Veith - Aymeric Le
Buhan - Marie Guiraud - Fan anonyme - Sandrine Peigney - David Jullien - Pikachuninho
- Carole Quillacq - Anaïs Mérand - Hélène, Maxime, Louis et Anna-Rose - F. Carole - et
l’Ecole EDAA qui a tenu à soutenir la publication du livre avec le pack « zèbre mécène » :

177
Références et bibliographie
Livres
ADDA, A. (2008), Le livre de l’enfant doué, Paris : Solar, 336p.

ADDA, A.; CATROUX, H. (2003), L’enfant doué : L’intelligence réconciliée,


Paris : Odile Jacob, 354p.

ADDA, A.; BRUNEL, T. (2015), Adultes sensibles et doués : Trouver sa


place au travail et s’épanouir, Paris : Odile Jacob, 304p.

BOST, C. (2013), Différence et souffrance de l’adulte surdoué, Paris :


Vuibert, 236p.

BOUQUET, A (2018), A la rencontre de mes semblables à rayures, Pomdam


Editions, 293p.

CÔTE, S.; DUYME, M.; GRUBAR, J-C. (1999), La précocité intellectuelle.


De la mythologie à la génétique, Bruxelles : Editions Mardaga, 200p.

KERMADEC, M. de (2011), Apprendre à faire simple quand on est


compliqué, Paris : Albin Michel, 192p.

KERMADEC, M. de (2016), L’adulte surdoué à la conquête du bonheur -


Rompre avec la souffrance, Paris : Albin Michel, 192p.

KIRCHGESSNER, N. (2014), Des femmes surdouées, Les Editions du Net,


228p.

KIRCHGESSNER, N. (2016), Les surdoués atteints de haut potentiel.


L’intelligence malmenée, Les Editions du Net, 162p.

GAUVRIT, N. (2014), Les surdoués ordinaires, Paris : PRESSES


UNIVERSITAIRES DE FRANCE - PUF, 284p.

SIAUD-FACCHIN, J. (2008), Trop intelligent pour être heureux, Paris :


Odile Jacob, 320p.

SIAUD-FACCHIN, J. (2012), L’enfant surdoué - L’aider à grandir, l’aider à


réussir, Paris : Odile Jacob.

STREZNEWSKI, M. (1999), Gifted Grownups: The Mixed Blessings of


Extraordinary Potential, Hoboken : Wiley Edition, 292p.

TERRASSIER, J-C. (2011), Les enfants surdoués ou la précocité


embarrassante, Paris : ESF Editeur, 143p.

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TERRASSIER, J-C.; GOUILLOU, P. (1999), Guide pratique de l’enfant
surdoué, Paris : ESF Editeur, 141p.

Sites Internet

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anxieux ?”. Blog Raison et Psychologie sur le site Pour la Science.
http://www.scilogs.fr/raisonetpsychologie/les-enfants-intellectuellement-
precoces-sont-ils-particulierement-anxieux/

CONGRESVIRTUEL. Neurologie de la précocité intellectuelle,


Pr Michel HABIB [Vidéo en ligne]. Dailymotion, 2011.
https://www.dailymotion.com/video/xile2b

Articles scientifiques

CHUDERSKIi, A. (2014). “High intelligence prevents the negative impact


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GRUBAR J.-C., « Vitesse de maturation et neéotonie chez l’enfant pré-


coce ». Le Paradoxe de l’enfant précoce, Actes du Congrès de l’AFEP, 30
janvier 1998, Paris, ACP Éditions.

NORMAN, A. D., RAMSAY, S. G., MARTRAY, C. R., & ROBERTS, J. L. (1999).


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N. TETREAULT et al., The gifted brain, Gifted Research and Outreach, 17


mars 2016

Revue
FIELDS, D. (Août 2008). “A quoi sert la substance blanche ?”. Pour la
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