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one | 4\i i) AE iF \ um >t (~ - C r= ASKS JLo AI? CJ irri { KI yew &» & be « CHAPITRE 1 man C’est fou comme le temps passe vite! Je n’arrive pas 4 y croire. J’ai l’impression d’étre entrée en CE2 hier. Je me revois encore avec ma nouvelle trousse, mes nouveaux stylos, mes nou- veaux crayons, ma nouvelle gomme, mes nouveaux cahiers, mes nouveaux habits et une t&te toute neuve, bien reposée aprés les vacances d’été... bref, tout ce qu’il faut pour attaquer une nouvelle année. Et nous voila aujourd’hui a notre dernier jour d’école. Il était temps ! = Smee wom CHAPITRE | & Iln’y a plus d’encre dans mes stylos, mes crayons sont tout usés, mes cahiers tout cor- nés, je n’ai plus qu’un tout petit bout de gomme et mes habits sont déja trop petits pour moi. Quant a ma téte, elle est fatiguée, pleine a craquer. Vraiment, il était temps que ¢a se termine ! — Allons, les enfants! Finissez de ranger vos bureaux et, dans un instant, on pourra faire la féte. C’est M. Cohen, notre maitre, qui nous encourage 4 tenir encore quelques minutes. moe6a st CHAPITRE | mm En le voyant s’amuser bétement avec un petit lézard en caoutchouc, je me dis qu’il a drélement besoin de vacances, lui aussi. Non seulement il a fallu qu’il boucle toutes les corvées de fin d’année, mais, en plus, il a da régler un tas de problémes supplémen- taires... tout ca 4 cause d’une épidémie galopante de varicelle ! Presque toute la classe y est passée. Ceux qui étaient malades étaient absents, et ceux qui étaient présents étaient couverts de croiites. La situation était tellement catastrophique que j’avais accroché un pan- neau a la porte de la classe : BIENVENUE A VARICELLE-VILLE (A VOS RISQUES ET PERILS) Mais pendant tout ce temps-la, moi, Lili Graffiti, je n’ai jamais manqué. Pour la bonne raison que je suis la seule a ne pas avoir eu la varicelle. Je suis du genre solide. Je résiste A tous a7oom mm CHAPITRE | ® les virus, 4 tous les microbes, a toutes les petites bétes. Je n’attrape jamais rien... a part les mouches et encore! Je les relache toujours au bout de quelques minutes. — Allons, dépéchez-vous! nous dit M. Cohen. Je fourre tout ce que je peux dans mon sac a dos : ma pommade pour les lévres gercées (comme je ne m’en sers que |’hiver et qu’on est presque en été, elle a un peu fondu), le Schtroumpf porte-bonheur que tante Pam m’a envoyé pour que j’aie de meilleures notes 4 mes contréles de maths. (Ca m’a fait plaisir mais ¢a n’a pas servi 4 grand-chose. Les maths, pour moi, c’est du chinois. Il n’y a qu’avec Justin que j’arrivais a y com- prendre quelque chose. Justin Morris, mon meilleur ami. L’ennui, c’est qu’il a démé- nagé.) Je range aussi la grosse balle en che- wing-gum qu’on avait fabriquée ensemble, Justin et moi. Il me l’a donnée juste avant de partir et j’ai juré de la garder toute ma vie. aoe 8 a # CHAPITRE | am Jusqu’a maintenant, je préférais la laisser a Vabri ici, dans mon casier, parce que chez moi, elle aurait filé directement 4 la pou- belle si ma mére était tombée dessus. Ensuite, je sors un petit album photo. C’est « Album Papa ». Depuis que mes parents sont séparés, maman n’aime pas trop voir des photos de lui trainer dans toute la maison... Il me manque beaucoup, mon pére. Il est parti trés loin... En France. eOunm mwa CHAPITRE | Pour me consoler, j’ai rassemblé plein de photos de lui, tout seul ou avec moi. I y en a méme quelques-unes de nous trois : papa, maman et moi. Des photos d’avant leur séparation, du temps ot nous étions heureux... enfin c’est ce que je croyais. Je plonge sous mon bureau pour regarder mon pére en photo et je lui donne un petit baiser en chuchotant : — Salut, p’pa. Aujourd’hui, c’est le der- nier jour d’école. Je m’ennuie de toi, tu sais. Jai tellement hate de te voir cet été ! — Arrétez, vous deux ! M. Cohen fait sa grosse voix. Je glisse rapidement 1’Album Papa dans mon sac a dos et je me redresse pour voir ce qui se passe. Jimmy Russell et Boby Clifford se battent en duel avec leurs régles. Pour des gargons qui vont entrer en CM1 dans quelques mois, on ne peut pas dire qu’ils soient trés évolués. nun lO® w CHAPITRE | asm Ils ont encore plein de croiites sur la figure. De toute fagon, ils sont affreux ces deux-la. Deux grosses vilaines croites. Ils font toujours exprés de m’embéter, surtout @ cause de mon nom. Ils se moquent toujours de moi : — Lili Graffiti s’appelle Lili Grabouillis ! Alors ¢a m’est bien égal quand ils se font gronder par M. Cohen. J’entends Jimmy chuchoter : — Bah! Il ne peut rien nous faire... on a déja nos notes. Apparemment, M. Cohen l’a entendu aussi, parce qu’il lui jette un dréle de regard en disant : — Il n’est jamais trop tard pour changer une note, Jimmy. Le regard de M. Cohen, c’est quelque chose ! Les deux boutonneux se dépéchent d@aller jeter des trucs dans la poubelle, puis ils reviennent s’asseoir bien sagement. M. Cohen est le meilleur instituteur du monde. Enfin... le meilleur de tous ceux elleoe mem CHAPITRE | # que j’ai eus. Mais quand il se met en colére, il a vraiment une téte a faire peur. — Bon. Tout le monde est prét ? reprend- il. Dans mon casier, il ne reste plus que deux chouchous et une vieille balle en mousse. Je ramasse les chouchous. La balle, je la laisse 4 qui veut. A présent, tout le monde se tait en atten- dant que M. Cohen prenne la parole. Je regarde autour de moi. La moitié des éléves sont absents 4 cause de la varicelle, sauf Freddie Romano qui a da partir plus t6t parce que son pére ne pou- vait pas changer ses dates de vacances. M. Cohen nous fait un petit discours : il a été trés content de nous avoir cette année, il va nous regretter et, méme s’il ne nous aura pas dans sa classe l|’année prochaine, il espére bien qu’on viendra le voir de temps en temps. Ensuite, il nous distribue nos « passe- ports ». On s’en est servi toute l’année pour awe l2e »# CHAPITRE | asm faire comme si on voyageait a travers le monde. —Je voudrais que vous gardiez ces passe- ports en souvenir des pays que nous avons visités ensemble... et des autres pays que vous visiterez plus tard. Vous avez tous fait un long voyage au cours de cette année scolaire... un voyage qui vous a aidés a apprendre des choses, 4 changer et a grandir. Je regarde mon passeport. Il y a tout ce qu’il faut, comme sur un vrai. Mais M. Cohen a mis un nouveau tampon dessus : VISA POUR ENTRER EN CM1 Et il a ajouté un petit mot personnel : « Chére Lili, tu as été pour moi un rayon de soleil. J’ai apprécié ton humour, ta curio- sité, ton enthousiasme, ta volonté a te sortir de situations difficiles (comme les maths, par exemple... et le fait de t’habituer au départ de Justin). 13000 unm CHAPITRE | # Ton passeport de CE2 est bien rempli. Profite bien de ton vrai passeport cet été et n’oublie pas de m’envoyer une carte postale de Londres ou de Paris. » Je léve les yeux vers M. Cohen et je lui fais un grand sourire. C’est stir que je lui enverrai des cartes postales. Parce que moi, je vais partir en Grande-Bretagne avec ma tante Pam et ensuite nous irons 4 Paris pour retrouver mon pére. Cette fois-ci, je pars pour de vrai. Et je meurs d’envie d’y étre déja ! = CHAPITRE 2 mom Premier arrét : Londres. Lili Graffiti en Angleterre. Ca sonne plutét bien. Je me demande si je reviendrai en parlant avec l’accent anglais... Est-ce que je rencontrerai des rois et des reines en visitant des chateaux ? Est-ce qu’ils voudront bien me laisser essayer leur couronne ? Je me demande aussi comment vont se passer ces deux semaines 4 1’étranger, seule avec ma tante Pam. mam CHAPITRE 2 & A Londres, je sais qu’il y a une dréle d’horloge qu’on appelle Big Ben. Grand Ben... Est-ce qu’il existe aussi un Petit Ben et un Moyen Ben? Deuxiéme arrét : Paris. C’est 14 que je retrouverai mon pére. Pendant ce temps-la, tante Pam ira chez des amis 4 elle. Pour le moment, je ne tiens plus en place. Je suis méme super excitée. — Lili, mon chou. Ma mére entre dans ma chambre et dépose une montagne de vétements sur le lit. = CHAPITRE 2 a8 — Il serait temps de faire ta valise une bonne fois pour toutes. Je parle sérieuse- ment. Elle s’affale sur le lit, juste 4 c6té de mon sac de voyage, puis elle se cache le visage dans ma casquette de base-ball et fait sem- blant de pleurer. —Je vais m’ennuyer de toi, tu sais, mais je suis contente que tu fasses ce voyage. Seu- lement j’en ai assez de te répéter de faire ta valise. Il y a quand méme des choses plus intéressantes a faire avant ton départ ! ol7 ene mom CHAPITRE 2 & Je décide de venir 4 son secours. — Ne t’inquiéte pas, maman. Reste 1a, je vais me secouer 8a ta place. Aprés lui avoir enlevé la casquette, je vais me planter devant la glace et je prends une grosse voix d’adulte. — Lili, pour la derniére fois, boucle ta valise! Tu vas, tu viens, tu prends des affaires, tu les mets dans ton sac... tu les ressors... tu en reprends d’autres... Tu vas finir par me rendre folle! Voila trois semaines que ¢a dure ! Et ton pére qui com- plique tout en t’envoyant des vétements de France... alors tu défais ta valise... pour la refaire deux jours plus tard. Ton sac va finir par exploser, tu rajoutes toujours des choses... tes peluches, ton Monopoly, ton mouton, ton coussin-doudou, ton singe, ton koala... et ta pauvre mére qui doit passer aprés toi pour faire le tri, revérifier et tout recommencer... Faire et défaire, c’est tou- jours travailler! Maman se tord de rire. asa l8ea = CHAPITRE 2 a08 Les poings sur les hanches, je continue a me faire la legon en me regardant droit dans la glace. — Il n’y a vraiment pas de quoi rire, Lili. Regarde un peu ce bazar ! Ca suffit comme ga! Je tape du pied et je me tourne vers ma mére. — Ca ira comme ga? Je n’ai rien oublié ? —Je n’aurais pas mieux fait ! Elle me fait signe d’approcher. J’avance 4 cloche-pied, comme si je jouais a la marelle. « Faire-défaire-faire- refaire. » Elle me prend dans ses bras et on se fait un gros baiser. La sonnerie du téléphone nous dérange en plein calin. Je me précipite et je décroche le portable. C’est quelqu’un qui veut parler 4 Sarah (c’est le prénom de ma mére). — De la part de qui? je demande. — Max... Je suppose que tu es Lili? = 19 enn mem CHAPITRE 2 # Je me tourne vers maman. — C’est un type qui s’appelle Max et qui connait mon prénom. Elle sourit et sort de ma chambre en emportant le téléphone. Je l’entends dire d’une voix toute gentille : — Moi aussi j’ai hate de te voir... Et dire que j’avais peur qu’elle s’ennuie toute seule ! Tout 4 coup, je me pose une foule de questions. — Alors, c’est qui ce Max ? je demande a ma mére quand elle revient. Moi, j’aime bien avoir des réponses claires et nettes. —C’est le frére d’une amie avec qui je tra- vaille. Sourire radieux de ma maman. —II m’a proposé de sortir. — Sortir ! Je n’en reviens pas. — Tu ne vas quand méme pas sortir avec n’importe qui? Tu ne lui as pas dit que ce mon 208 = CHAPITRE 2 a0m n’était pas possible ? Que papa et toi, vous étes juste séparés ? —Ecoute, ma chérie... Elle soupire et repousse les cheveux qui me tombent sur les yeux. —J’ai accepté de sortir avec Max. Et toi, il faut que tu acceptes le fait que nous allons divorcer, ton pére et moi. Voila six mois que nous ne nous voyons plus et nous ne pourrons plus jamais revivre ensemble. I] est temps que tu te fasses a cette idée. Quant a moi, je ne peux pas rester enfermée dans ma coquille. Tu comprends ? — Non. Je me laisse tomber sur le lit et je fais la tte. — Je veux que papa revienne vivre avec nous. Je ne veux pas que tu sortes avec quelqu’un d’autre. Ce Max... tu vas l’épou- ser? M’obliger 4 vivre avec des tas de demi-fréres et de demi-sceurs ? — Voyons, Lili! C’est juste un rendez- vous ! aw 2leom mea CHAPITRE 2 # Ma mére éclate de rire. —Je regarde les séries a la télé, je sais trés bien comment ga se passe, je lui réponds. Maman me prend par la main, me force a me relever et me montre mon sac de voyage. Puis elle me tend les deux sweat- shirts que mon pére m’a envoyés. Un avec la tour Eiffel, l’autre d’Euro Disney. — C’est gentil de sa part de me les avoir offerts avant, comme ga je pourrai les mettre quand je serai 4 Londres. Je les range dans mon sac. — Il aurait pu attendre que je sois 4 Paris pour me les donner. Mais 4 ce moment-la, il aurait fallu que tu m’achétes de nouveaux habits avant de partir. Ca prouve qu’il pense a nous, tu vois. —Ecoute, ma puce, quoi qu’il ait pu se passer entre ton pére et moi, dis-toi bien qu’il t’aime et qu’il t’aimera toujours. Je sais qu’il te manque beaucoup et c’est trés important, pour toi comme pour lui, que tu ailles le voir. mom 22e a CHAPITRE 2 mam Elle s’arréte, réfléchit un instant et répéte : — Que tu ailles le voir... mais juste pour les vacances. — Et toi, tu ne t’ennuies pas de lui? je demande. Maman secoue rapidement la téte. — Non. C’est clair et net. Je comprends qu’elle ne veut plus qu’on parle de ga, alors n’en parlons plus. Une fois ma valise bouclée, ma mére sort de sa poche un petit cadenas avec des numéros et elle le fixe A la fermeture Eclair. — Eh! Mais je ne connais méme pas la combinaison ! —Justement. Comme ¢a, tu ne pourras rien mettre de plus dans ce pauvre sac. On se regarde. — Allez viens, je t’offre une glace, me dit maman en souriant. , ~— Avec des pépites de chocolat et des morceaux de cookie ? = 23 mom mum CHAPITRE 25 — Si tu veux. Elle sort de la piéce 4 cloche-pied. « Faire-défaire-faire-refaire. » Je la suis en faisant pareil. Tout en sautillant, je me dis que je vais beaucoup m’ennuyer d’elle... méme si j’ai quand méme trés envie de partir. Je me demande ce qui va se passer quand je ne serai plus avec elle. Il va falloir que j’en parle sérieusement & mon pére. S’il revenait, ils pourraient peut-étre réap- prendre a s’aimer, tous les deux ? Pourquoi pas ? = CHAPITRE 3 mam —Tu m/’as encore battue, Lilibulle. Tante Pam ramasse les dés de son Yam de voyage et regarde le score. — Vingt-deux parties contre trois. Bravo ! Lilibulle, c’est le surnom que ma tante in’a trouvé, Je lui ai fait promettre de ne pas m’appeler comme ca devant les autres, sur- tout ceux de ma classe. Nous attaquons la vingt-sixiéme partie. Je commence a étre fatiguée. Et il nous reste encore un bon moment avant le départ. Ce matin j’étais tellement excitée que je me «25 mam mwm CHAPITRE 3 # suis réveillée 4 5 h 30. Un peu tét pour un avion qui doit décoller 4 7 heures du soir. Aprés quelques courses de derniére minute, nous avons déjeuné au Mac- Donald. Un cornet de frites et un dernier milk-shake 4 la vanille avant de traverser V’océan. Nous partons pour deux semaines. Je bois mon milk-shake jusqu’a la derniére goutte et je suce mon doigt pour récupérer les grains de sel au fond du cornet. usm 262 = CHAPITRE 3 am Une fois a l’aéroport, ¢a a été tres dur de dire au revoir 4 maman. J’ai bien vu qu’elle faisait tout son possible pour ne pas pleurer. Elle était dans un tel état que j’ai oublié de lui dire de vérifier s’il n’y avait pas des puces dans mon lit, parce que je me suis fait piquer 4 deux endroits cette nuit. Ensuite, tante Pam et moi, nous sommes passées sous une grande porte et on a di montrer nos passeports. Aprés, impossible de ressortir mwa CHAPITRE 3 # pour aller voir maman. Tante Pam dit que c’est toujours comme ¢a quand on part a l’étranger. Alors on est allées s’asseoir dans la salle d’attente et on a commencé a jouer au Yam. Juste au moment ot j’allais gagner la partie, on entend une annonce dans le haut-parleur. — Les voyageurs 4 mobilité réduite sont priés d’embarquer dés maintenant, ainsi que les personnes accompagnées d’enfants en bas age. Tante Pam me fait signe de la suivre avec le chariot. Je ne vois vraiment pas pourquoi. — Dis donc, je ne suis pas un enfant en bas age, moi! — Je sais. Mais tu es quand méme assez jeune pour pouvoir monter avant les autres, alors, crois-moi, autant en profiter. Nous montons dans |’avion et nous pas- sons entre deux rangées de gros fauteuils. — On se met 1a? je demande en posant mon sac a dos. man 282 a CHAPITRE 3 a#@ — Non, mon chou, désolée, me répond tante Pam. Ici, ce sont les premiéres classes... un peu trop chic et chéres pour nous. Bon. Je reprends mon sac a dos. Pendant ce temps-la, les hétesses de I’air distribuent des journaux et des boissons aux milliardaires de premiére classe. Nous continuons a avancer et nous arri- vons dans un secteur oi il y a beaucoup plus de siéges, nettement plus serrés et nette- ment plus petits. —C’est ici! Ma tante ouvre un dréle de placard accro- ché au plafond et elle y range son bagage a main. — Tu veux t’asseoir prés du hublot ? —Oh oui! Je saute sur mon siége sans penser que ui toujours mon sac sur le dos. — Aie! Tante Pam m’aide a l’enlever et le glisse sous le siége de devant. = 29 ene mem CHAPITRE 3 Je suis trop excitée ! C’est la premiére fois que je prends I’avion. Je regarde autour de moi. Quelle cohue ! Les gens essaient de fourrer des tonnes de choses dans les compartiments au-dessus d’eux. Un gros bonhomme se frotte le crane parce qu’il vient de recevoir sur la téte une cage a oiseaux qui ne voulait absolument pas tenir dans le placard. Un autre se frotte le bras parce que quelqu’un lui a donné un grand coup de parapluie en passant dans Vallée. — Maintenant, je comprends pourquoi tu voulais qu’on monte dans |’avion avant tout le monde! je dis 4 tante Pam. — Fais-moi confiance. Je vais 4 Londres au moins une fois par an depuis quinze ans. Je commence 4 m’y connaitre en matiére de voyages. Elle me tapote la téte. Je déteste ga. —Eh! Je ne suis pas un chien ! Ma tante me jette un coup d’ceil amusé. — Excuse-moi, Lilibulle. Mais ne te plains won 308 w» CHAPITRE 3 sam pas : j’aurais pu en plus t’appeler Fido ou Bibichette. Parfois, les gens que j’aime me rendent folle! Il y a de plus en plus de monde et de moins en moins de place. L’avion est plein comme un ceuf. Je me demande ce que |’hétesse a fait de la cage 4 oiseaux. Je me demande aussi ot est passé l’oiseau qui habite normalement gam CHAPITRE 3 & dans cette cage. Peut-étre qu’il voyage de son cété et qu’il retrouvera son maitre a Londres. Est-ce que les oiseaux ont besoin d’un passeport, eux aussi ? Et cet avion ? Quand est-ce qu’il va se décider a décoller ? J’attache ma ceinture. Je suis tellement excitée que je ne tiens plus en place. La voix du pilote nous arrive par le haut- parleur. Il nous dit que l’avion est a destina- tion de Londres et que s’il y a quelqu’un a bord qui n’a pas |’intention d’aller la-bas, il ferait mieux de descendre en vitesse. Ensuite, l’un des stewards déroule un écran de cinéma et on nous passe un film pour nous expliquer les régles de sécurité et ce qu’il faut faire en cas d’urgence. Je me sens un peu nerveuse, tout d’un coup. Je me tourne vers tante Pam qui est en train de feuilleter un magazine. — Tu ferais mieux d’écouter ce qu’ils disent. Entre nous, c’est toi la responsable, non? mem 328 » CHAPITRE 3 mem Elle léve les yeux d’un air surpris. — Ne t’inquiéte pas, mon chou. Depuis le temps que je voyage, je connais les consignes par coeur. L’avion roule sur la piste pendant un cer- tain temps, puis il s’arréte derriére d’ autres avions en attendant son tour. Que c’est long ! Au moment ot je commence 4 croire qu’on ne s’envolera jamais, l’avion démarre en trombe et nous décollons. C’est génial ! Me voici dans les airs, moi, Lili Graffiti. Quelque chose me dit que je ne suis pas prés d’oublier ces deux semaines de vacances. usm CHAPITRE 4 « — Lilibulle ! Dépéche-toi de défaire tes bagages. Ensuite, on prendra une bonne douche, on se changera et on ira faire un tour. Tante Pam a beau me presser, je me sens incapable de m’activer. D’habitude je suis du genre increvable, comme dit maman. Mais pour le moment, je suis complétement 4 plat. Je me laisse tomber sur le lit en gémissant. — On ne pourrait pas faire une petite sieste mon 345 # CHAPITRE 4 oem d’abord? S’il te plait, tante Pam, je suis si fatiguée ! — Allez, debout! me répond-elle en me tirant par le bras. Nous avons cing heures de décalage. Mieux vaut prendre le rythme dés maintenant. En plus des cing heures de décalage, j’ai plusieurs raisons d’étre au bout du rouleau. Premiérement, l’avion est parti en retard. Nous avons mangé, regardé un film et essayé de dormir. Le film était bon mais pas le diner. Et le si¢ge trop dur pour dormir. Pour couronner le tout, on nous a servi le petit déjeuner 45 heures du matin. Mais ce n’est pas fini! Quand on est des- cendu de 1’avion, il a fallu marcher dans des couloirs interminables, faire la queue pen- dant des heures avant de passer la douane, attendre encore je ne sais combien de temps pour récupérer nos bagages, puis pour trou- ver un taxi et ensuite rouler un temps fou avant d’arriver 4 Londres et de pouvoir enfin nous poser. = 35 mom mam CHAPITRE 4 & Je trouve les voyages tuants et je ne réve que d’une chose : m’allonger sur le canapé pour piquer un petit roupillon. — Tu peux prendre ces deux tiroirs-la, me dit tante Pam en me montrant le bas de la commode. J’ai retiré le cadenas de ton sac. Installe-toi. En sortant mes affaires, je vois que ma mére a ajouté quelques petits paquets enve- loppés dans du papier cadeau. — Est-ce que je peux les ouvrir? — Oui, bien sir! Pendant ce temps-la, je file sous la douche. Tante Pam disparait dans la salle de bains et je déballe les paquets... Trois livres, un bocal de gelée de groseille, une bague avec une minuscule coccinelle et de l’argent anglais... pour inviter tante Pam au restaurant. La téte appuyée sur le coussin du canapé, je regarde mes cadeaux. Aprés... je ne me souviens plus de rien, sauf que tante Pam est en train de me secouer comme un prunier. non 360 ss CHAPITRE 4 mem —Aton tour, mon chou, va vite prendre ta douche! Il ne faut pas dormir maintenant sinon tu n’arriveras jamais a te régler sur Vheure d’ici. Je me traine jusqu’a la salle de bains. J’ai du mal a garder les yeux ouverts. J’arrive quand méme a prendre une douche et 4 m’habiller. Me voici préte. Enfin... 4 peu prés. — Passons d’abord un rapide coup de fil a tes parents pour leur dire que nous sommes saines et sauves, me dit tante Pam. Je leur ai promis d’appeler dés notre arrivée. J’avais oublié qu’il fallait passer deux coups de téléphone au lieu d’un. Nous appelons mon pére en premier, tou- jours 4 cause du fameux décalage horaire. — Ta mére gagnera quelques minutes de sommeil en plus, m’explique tante Pam. Elle compose le numéro de mon pére A son bureau, puisqu’il est une heure de plus en France. Jai trop hate de parler a papa. = 37 men wom CHAPITRE 4 ® Tante Pam dit quelques mots en frangais. On la fait patienter. Elle me regarde en fai- sant la grimace. —J’ai horreur d’attendre au téléphone. Le seul avantage, c’est que le message enregis- tré est en frangais. — Laisse-moi écouter. Je prends l’appareil. Je ne comprends pas un mot mais j’aime bien le son de cette langue. Je me demande si papa va me parler avec |’accent frangais. Est-ce que j’apprendrai un peu le frangais quand je serai avec lui? J’arriverai sirement a dire quelques phrases du genre : « Papa, je t’aime », « OU sont les toilettes? » et «Combien ga cotite ? » J’arriverai peut-étre 4 en savoir assez pour écrire une lettre en frangais 4 Justin. Je parie que personne n’est capable d’en faire autant dans sa nouvelle école ! Tout a coup il y a un déclic et j’entends Hello ! en américain. uaa 38 0 a CHAPITRE 4 mem — Papa! — Lili! C’est bien la voix de papa, sans l’ombre d’un accent. —J’étais en pleine réunion dans la salle de conférence, mais je leur ai dit qu’on me réclamait... quelqu’un de la plus haute importance... que ma princesse adorée m’attendait au bout du fil, de l’autre coté de la Manche. —J’ai tellement hate de te voir, papa! — Moi aussi, ma chérie. Ila lair aussi excité que moi. — Tu vas voir, on va bien s’amuser tous les deux. Je t’ai préparé un programme du tonnerre ! Je souris tellement fort que j’ai l’impres- sion que ma figure va se couper en deux. Il me demande comment s’est passé le voyage. Je lui raconte tout en détail. Derriére lui, j’entends quelqu’un dire quelque chose en francais. Mon pére lui répond en frangais, lui aussi. 239 mom mem CHAPITRE 4 # J’essaie de comprendre ce qu’il dit, mais je n’y arrive pas. C’est peut-étre : « Atten- dez une minute » ou bien : « Apportez-moi un whisky-soda » ou encore : « Allez voir 1a-bas si j’y suis. Qu’on me laisse tran- quille, je suis en train de discuter avec ma petite fille chérie. » Il s’adresse de nouveau a moi : - Ecoute, Pucette, la réunion va reprendre dans quelques minutes. Il faut que j’y aille. Mais avant cela, passe-moi ta tante, je vou- drais lui dire un mot. Je tends le combiné a tante Pam qui me le repasse ensuite en disant : aon 40 5 ® CHAPITRE 4 ae — II veut te dire au revoir. Sans lui laisser le temps de parler, je lui dis : — Papa... on fait un concours de baisers ? — Chérie, ma réunion... Il soupire, puis il éclate de rire. — D’accord, allons-y ! — A vos marques... Préts... Partez ! Et nous faisons claquer tout plein de bai- sers dans le téléphone, le plus vite et le plus fort possible. Je commence a avoir mal aux lévres. — C’est bon, tu as gagné! reconnait mon pére en s’arrétant. = 41 ome mom CHAPITRE 4 # Quand on fait un concours de baisers au téléphone, c’est toujours moi qui gagne. Papa et moi, on fait ce jeu depuis que je suis toute petite. —Ecoute, il faut vraiment que je raccroche maintenant. Nous aurons tout notre temps quand tu viendras a Paris, je te le promets. Plus de travail, je serai libre comme I’ air. J’ai pris des vacances rien que pour toi. Vivement qu’on y soit! Nous raccrochons. Je souris 4 tante Pam qui me sourit 4 son tour. — Maintenant, appelons ta maman. Ma tante reprend le téléphone et je l’en- tends dire : — Bonjour, petite sceur! C’est l’heure de se lever! Ma mérte et elle discutent pendant un moment. — Et moi alors ? Je piétine devant elle en tendant la main vers le récepteur. Elle se décide enfin 4 me le passer. ann 42e w CHAPITRE 4 sam — All6, maman ? Je pense beaucoup 8 toi, tu sais... Je lui raconte le voyage en avion, les hétesses, le film et tout. Je la remercie pour ses cadeaux et je lui décris l’appartement ot nous sommes. Tante Pam me fait signe que la note de téléphone va commencer a étre lourde. Mais maman a encore quelque chose a lui dire. Au bout d’une minute, elle répond : — Ne t’en fais pas, tout est arrangé. Aprés un dernier au revoir, tante Pam raccroche. — Et maintenant, en route la troupe ! mam CHAPITRE 5 — En route l’ascenseur! je crie en entrant dans la cabine. A Vintérieur, il y a une grande glace. Tante Pam est ravissante. Elle porte une robe d’été a fleurs et un joli petit gilet par- dessus. Elle s’est fait une natte, elle s’est maquillée et a mis un parfum qui sent trés bon. Avec ses chaussures de marche, elle a ]’air tout a fait préte 4 me faire visiter Londres. aon 44a s CHAPITRE 5 asm Je me regarde dans la glace. Moi, j’ai mis ma chemise violette. Elle est si longue qu’on voit 4 peine mon short en jean dessous. Aux pieds, j’ai des sandales. Je ne me suis pas attaché les cheveux. Trop fatiguée pour me faire des couettes ou autre chose. Je ne suis pas stire d’étre tout a fait préte 4 visiter Londres, moi. En bas de = 45 unm mm CHAPITRE 5 & l’ascenseur, j’entends quelqu’un s’écrier : —Pam ! vous voila de retour ! Contente de vous voir. Tante Pam fait un grand sourire et me dit : — Lili, je te présente Mary, la gardienne de l’immeuble. Depuis le temps, elle est devenue une amie. — Bonjour, Lili. C’est la premiére fois que tu viens a Londres ? Je fais oui de la téte en souriant. — C’est son premier jour dans la capitale, explique tante Pam. Je l’emméne a Trafal- gar Square. A bientét, Mary ! Sur ce, elle me prend par la main et nous marchons jusqu’au coin de la rue pour prendre le taxi. J’ai beau étre trop grande pour donner la main, je m’accroche ferme- ment a la sienne. — Tu te rappelles ce que je t’ai dit a propos des voitures, dans ce pays? me demande tante Pam. Je suis fatiguée mais je m’en souviens : ici, les voitures roulent du mauvais cété. mam465 w CHAPITRE 5 wee Je récite ma legon comme une bonne éléve : —TII faut toujours regarder de chaque cété avant de traverser. Ne pas oublier que les voitures roulent 4 gauche. Regarder par terre, sur le trottoir, s’il y a écrit : « Attention a droite » ou bien: « Attention 4 gauche » pour ceux qui tournent. Si je ne fais pas attention, je me ferai aplatir comme une pizza. — Trés bien! Tante Pam héle un chauffeur de taxi. — Nous allons 4 Trafalgar Square. Pou- vez-vous nous déposer a l’arrét des cars de tourisme, s’il vous plait ? En montant dans cet énorme taxi noir, je remarque que le chauffeur est assis a la place du passager, alors qu’en Amérique, c’est le contraire. Décidément, les Anglais sont des gens bizarres. Je me demande bien pourquoi ils ont mis le volant du mauvais cété. Comment font-ils pour conduire dans les autres pays ? 47 oom mm CHAPITRE 5 Jai peur de ne pas pouvoir m’empécher de crier : « Attention ! » A chaque carrefour. Tout en me grattant le bras A cause de ma piqire de puce, je réalise petit a petit que nous sommes vraiment a Londres. Le taxi s’arréte. Nous sommes arrivées. = CHAPITRE 6 ana Trafalgar Square. Moi qui imaginais un parc plein d’arbres avec des massifs de fleurs, je suis plutét dégue. En fait de square, c’est une grande place ronde avec des fontaines au milieu et des voitures tout autour. C’est comme pour Piccadilly Circus. Quand tante Pam m’en a parlé, j’ai sauté de joie, croyant qu’on allait voir des clowns et des éléphants. Mais non. En Angleterre, un circus, c’est un rond-point, tout simple- ment. 549 one mum CHAPITRE 6 # Nous montons dans le bus. Pour ¢a, au moins, pas de danger de se tromper. Ici, un bus c’est bien un bus. Mais un grand bus a deux étages, et 4 ciel décou- vert. Je grimpe tout en haut et je m’assieds a Pavant. Tante Pam me rejoint. — Ma petite chérie, mets tout de suite ta w CHAPITRE 6 mam casquette, tes lunettes de soleil et de la créme sur ton nez. Et rappelle-toi que nous avons promis 4 ta mére de faire un repor- tage photo sur tout ce que nous allons voir. Ton appareil est dans ton sac 4 dos, avec ton stylo et ton bloc-notes. mam CHAPITRE 6 Jespérais qu’elle avait oublié cette his- toire de reportage... mais non. — Demain, reprend-elle, on verra les choses de plus prés. Aujourd’hui, nous fai- sons juste un petit tour d’horizon. Je me gratte encore le bras. — Dis, tante Pam, avant de rentrer a la maison tout A I’heure, est-ce qu’on pourra s’arréter dans une pharmacie pour acheter un truc contre les démangeaisons ? Elle hoche la téte en souriant. — Jespére que tu n’es pas allergique a ta vieille tante, au moins ? Je lui réponds par un grand sourire, mais ga me gratte de plus en plus. — Tu sais, Lilibulle, je suis vraiment contente de t’avoir avec moi. On va pouvoir faire des tas de choses ensemble. Et puis je suis ravie de te faire découvrir Londres. Le bus n’a pas encore démarré. Il y a encore plein de gens qui montent. Une famille vient s’installer prés de nous. Le pére, la mére et une petite fille. mom 52 6 CHAPITRE 6 asm — Ce serait bien si maman et papa étaient 1a aussi, non ? Tante Pam enléve ses lunettes de soleil et me regarde d’un air sérieux. Trop sérieux. Je sens venir la grande tirade que je connais par coeur : mes-parents-m’ adorent-mais- eux-ne-s’aiment-plus-alors-ils-ne-peuvent- plus-vivre-ensemble-et-c *est-mieux-pour- tout-le-monde... Comme je n’ai aucune envie d’entendre ce refrain pour la centiéme fois, je change vite de sujet : — Tante Pam, tu te souviens de Justin? J’ai promis de lui rapporter un souvenir. Qu’ est-ce que je pourrais trouver? Elle cligne des yeux et réfléchit un moment. J’attends de voir si elle va me parler de mes parents ou du cadeau de Justin. Finalement, elle hausse les épaules, remet ses lunettes de soleil et me dit d’une voix joyeuse : — Il y a des boutiques de souvenirs A 053 een mem CHAPITRE 6 chaque coin de rue. Dans le tas, nous trou- verons bien quelque chose pour ton Justin. Ca y est, le bus démarre. Tante Pam m’embrasse sur le front, puis elle enléve le cache de mon appareil photo. Je prends des photos de tout : l’abbaye de Westminster, le Parlement, la Tour de Londres... Je trouve ¢a super ! Quand je pense que je suis en train de voir ga pour de vrai... toutes ces choses qu’on a étudiées en classe! Ensuite, le bus s’arréte devant le palais de Buckingham. Le guide nous explique que si le drapeau flotte, ga veut dire que la reine est chez elle. Aujourd’hui : pas de drapeau, donc la reine n’y est pas. J’ai bien envie de faire la méme chose chez moi. Je ferai flotter le fanion de base- ball que mon pére m’a offert, la fois ot on est allés voir un match ensemble. Je continue 4 prendre des photos. Il y a tant de choses A voir que je ne sais plus ot donner de la téte. usm S45 # CHAPITRE 6 sam Vivement demain, qu’on aille visiter tous ces endroits de prés ! Ily aun bonhomme qui n’arréte pas de se mettre devant moi. Quand on fera dévelop- per mes photos, je parie que j’aurai au moins dix exemplaires de son dos A coller dans mon carnet de reportage. Le bus nous raméne au terminus, a Trafalgar Square. — Allons-y, me dit tante Pam. — Ot ¢a? Faire la sieste ? je lui demande en me grattant le bras. — Pas encore. Je veux d’abord te montrer quelque chose. Elle met sa main devant mes yeux. Qu’est-ce que ¢a peut étre? J’ai hate de savoir. mom CHAPITRE 7 = Nous n’allons nulle part. Nous sommes toujours a Trafalgar Square, prés de la fontaine. Il y a méme des gens qui trempent leurs pieds dans |’eau. J’interroge tante Pam du regard. Elle me fait oui de la téte. Aussitét, j’enléve mes sandales, je m’assieds au bord du bassin et j’en fais autant. C’est super ! Pendant que tante Pam prend des photos, je balance mes pieds dans 1’eau tout en regardant autour de moi. Il y a plein d’im- meubles, un musée, une grande église. Il y a mon568 = CHAPITRE 7 am aussi des gens qui donnent a manger aux pigeons. Certains viennent méme se per- cher sur eux. Je meurs d’envie de faire la méme chose. Fini de barboter. Je remets vite mes san- dales et je cours vers ma tante qui doit en étre a la cent vingt-cinquiéme photo de moi. — Dis, s’il te plait, est-ce que je peux don- ner a manger aux oiseaux ? J’aimerais tant leur donner, s’il te plait! Je la tire par la manche. — Arréte, Lilibulle ! Je vais finir par avoir un bras plus long que I’autre si tu continues. mem CHAPITRE 7 w Du coup, je tire de l’autre cété. —S’il te plait, tante Pam ! Elle sort son porte-monnaie de son sac. —Bon... d’accord ! Ces bestioles ont beau tre pleines de microbes, je reconnais que c’est une expérience incontournable. Aprés tout, nous sommes 1a pour jouer les tou- ristes, pas vrai? Va acheter un paquet de graines et je te prendrai en photo. Je cours faire la queue prés du marchand. Mes pieds font pouich! pouich! dans mes sandales. En attendant mon tour, je regarde comment font les gens. Ils jettent d’abord quelques grains par terre, puis ils en mettent un peu au creux de leur main. Dés que j’ai mon petit sachet, je retourne prés de tante Pam et je commence la distribution. Aussit6t un pigeon vient se poser 4 mes pieds et un deuxiéme atterrit sur mon bras. En voila encore un qui arrive et qui se perche sur ma téte ! —Je n’aime pas beaucoup ¢a, me dit tante Pam d’un air dégofité. asm 58 = = CHAPITRE 7 sem — Moi, je trouve ¢a génial ! J’éclate de rire tandis que deux autres pigeons battent des ailes au-dessus de moi. Je prends encore du grain et les oiseaux viennent picorer dans ma main. Tante Pam continue a me mitrailler avec son appareil. Bientét il ne me reste plus une seule graine et les pigeons s’en vont. — S’il te plait, est-ce que tu peux me don- ner encore un peu d’argent ? — Tu es sire ? me demande tante Pam en faisant la grimace. J’ai peur que tu attrapes une maladie a cause de ces sales bétes. Je lui montre tous les gens qui donnent a manger aux pigeons autour de nous. — Regarde ! Ils ont l’air en pleine forme ! S’il te plait, c’est tellement dréle ! Elle finit par céder et je retourne faire la queue chez le marchand de graines. A quelques pas de moi, j’apercois une dame qui nettoie les cheveux de sa fille avec un mouchoir en papier. Pourvu que tante Pam ne voie pas ca! 059 mem mem CHAPITRE 7 J’espére qu’un pigeon n’aura pas la mau- vaise idée de me déposer quelque chose sur la téte. Berk! Quand je reviens prés d’elle, tante Pam me dit : — Tu ne veux pas te contenter de jeter du grain et de les regarder manger par terre ? Je parie qu’elle a vu la maman de la petite fille en train d’essuyer la crotte de pigeon qu’elle avait dans les cheveux. aon 602 Aprés une série de « s’il te plait » implo- rants, tante Pam se laisse attendrir. Me voila de nouveau entourée d’une nuée de pigeons affamés. J’en ai un sur le pied, deux sur chaque bras, un qui picore ma main droite, un autre ma main gauche. Je suis aux anges. D’un coup d’aile, un pigeon fait tomber ma casquette. Je trouve ga trés dréle. Ensuite, celui-la ou un autre, comment savoir, atterrit sur ma téte. Je trouve ¢a trés dréle aussi. Ol mee = CHAPITRE 7 am mm CHAPITRE 7 L’ennui, c’est qu’il s’accroche 4 mes che- veux. Ses pattes s’emmélent et il com- mence 4 tirer de toutes ses forces. Alors 1a, je ne trouve plus ga dréle du tout. Tante Pam se précipite sur moi pour chasser le volatile. J’ai mal au crane. Le pigeon s’envole et tous les autres aussi. Quelques-uns de mes cheveux se sont envolés avec lui. En rouvrant les yeux, je remarque que tante Pam est toute pale. — Est-ce que je peux aller acheter un autre paquet de graines, s’il te p...? — Pas question ! Elle n’a vraiment pas l’air dans son assiette. Cette fois, pas la peine d’insister. —C’est bon... Je l’embrasse sur la joue. — Merci, tante Pam. C’est un des plus beaux jours de ma vie. Elle m’embrasse a son tour, puis m’exa- mine sous toutes les coutures pour voir si les pigeons n’ont pas laissé de traces sus- pectes. men 62e # CHAPITRE 7 mam — Maintenant, a la maison! me dit-elle. Nous allons passer a la pharmacie pour acheter ton produit anti-puces, aprés quoi tu prendras une bonne douche et moi aussi. Quand elle a dit « 4 la maison », j’ai d@’abord pensé 4 maman et au New Jersey, mais j’ai vite réalisé qu’elle voulait parler de l’appartement de Londres. Je commence a m’habituer a avoir une maison dans chaque pays. unm CHAPITRE 8 « Je me regarde dans la glace en me disant : « Ces boutons-la, ma petite, soit c’est les pigeons, soit c’est la varicelle. » En tout cas, ce ne sont pas des puces qui m/ont fait ca. Je m’en doutais vaguement mais je ne voulais pas l’admettre. Je vais m’allonger sur le canapé du salon en essayant de réfléchir 4 ce qui va se passer. J’aimerais bien que ma mére soit 1a. Tante Pam dort dans la piéce d’a cété. Je ne sais pas si elle saura quoi faire. Aprés tout, elle n’a jamais eu d’enfant. uon64a ¢ CHAPITRE 8 sam Et puis une tante, ce n’est pas comme une maman. Mon pére est en France. De toute fagon, un pére ce n’est pas comme une mére. Il y a des péres qui se débrouillent trés bien quand leurs enfants sont malades... mais pas le mien. Ca le rend mal a I’aise. C’est toujours ma mére qui s’occupait de moi dans ces cas-la. Et pour l’heure, je me sens vraiment mal fichue. Ca me gratte. 065 mom mom CHAPITRE 8 » Ca me gratte terriblement. J’ai mal aux yeux. Jai mal a la téte. J’ai du mal a avaler ma salive. Je dois avoir des boutons de varicelle jus- qu’au fond de la gorge. J’ai mal partout. J’ai impression d’avoir été écrasée par une de ces voitures qui roulent du mauvais cété. Je me sens raplapla comme une pizza. Mais si ¢a se trouve, je me fais des idées pour rien. C’est peut-étre 4 cause de ce fameux décalage horaire ? Tout le monde dit que ¢a pose des problémes (mais je n’ai jamais entendu dire que ga pouvait donner des boutons sur tout le corps). Ou alors c’est 4 cause des pigeons. IIs m/’ont peut-étre refilé une horrible maladie. Est-ce que ¢a existe, la pigeonite ? Est-ce qu’on peut en mourir? En attendant, je suis 4 Londres et je suis malade. nnn 662 # CHAPITRE 8 asm Je me demande s’il y a des docteurs, en Angleterre. Est-ce que maman va venir me rejoindre d’un coup d’avion ? Est-ce que papa va traverser la Manche pour me voir? C’est peut-étre une bonne occasion de les réunir... J’ai l'impression que ga me gratte de plus en plus... Est-ce que ¢a va durer long- temps ? Est-ce que je guérirai un jour? Je souléve ma chemise. Je suis couverte de boutons. Je ferme les yeux pour essayer de me ren- dormir. Aprés tout, ce n’est peut-étre qu’un mauvais réve. Impossible de trouver le sommeil. Je rouvre les yeux. Ce n’est pas un mauvais réve. C’est un véritable cauchemar, sauf que je suis bel et bien éveillée. Jai envie de crier. D/ailleurs, c’est ce que je fais : ase CHAPITRE 9 = Cher Justin, J’ai la varicelle. Scratch, scratch, scratch. Ca me gratte partout. Je suis coincée dans ma chambre depuis une semaine. C’est mortel! Tu sais ce que le docteur Kelly m’a dit en arrivant ? (Parce qu ici, les docteurs viennent chez toi pour te soigner.) Im'a dit : 1) Tu as la varicelle. 2) La pigeonite, ¢a n’ existe pas. non 68e e CHAPITRE 9 mem 3) Passe-toi de la lotion calmante tous les jours. 4) Surtout ne te gratte pas. 5) Tu survivras. Tu sais quoi ? Je croyais que ma mere et mon pére arriveraient en courant pour me voir sur mon pauvre lit de douleur (en fait, le lit n’est pas @ plaindre... c’ est moi qui souffre !). Je croyais qu’en se revoyant, ils retomberaient amoureux. Eh bien pas du tout! Le docteur a dit qu ils n’avaient pas besoin de venir et que tante Pam pouvait trés bien s’ occuper de moi (ce qui est vrai). Conclusion, mes parents sont toujours séparés. Snif. Ca me grattouille, ¢a me chatouille et je m’ ennuie a mourir. Ecris-moi vite. Je t’ embrasse (par papier, ce n’ est pas contagieux). LHe p- pit: 669 om mem CHAPITRE 9 & Je glisse ma lettre dans une enveloppe. Tante Pam est a cété, en train de lire un livre. — On reprend notre marathon Monopoly ? —Encore ! Elle léve les yeux en soupirant. —S’il te plait, tantine !... Je lui sors le grand jeu : regard implorant, bouche amére et arguments chocs. —J’ai trop mal aux yeux pour lire, tu ne veux pas que je regarde la télé trop long- temps et j’en ai marre de compter mes bou- tons. — Bon, d’accord. Mais laisse-moi quand méme terminer ce chapitre. J approuve en souriant. En attendant qu’elle ait fini, j?examine mon bras couvert de boutons et j’essaie de deviner quel dessin ga ferait si on reliait les points. A mon avis, ca ne ressemblerait pas a grand-chose... Un gribouillis bizarre, un vieux hamburger avec des grains de sésame... ou peut-étre une photo de la Lune aon 706 = CHAPITRE 9 oem avec ses cratéres et tout. Tante Pam s’assied a la table ot nous avons installé le Mono- poly. Ca fait presque une semaine qu’il est la. Je lance les dés et j’atterris sur la case « Chance » : Allez en prison Rendez-vous directement a la prison Ne franchissez pas la case « Départ » Ne touchez pas £ 200 Tu parles d’une chance! J’ai déja l’im- pression d’étre en prison depuis une semaine. a7l oem mum CHAPITRE 9 & C’est 4 ma tante de jouer. — La barbe! s’écrie-t-elle, ca fait la deuxiéme fois que je tombe sur Mayfair. Combien je te dois ? — Deux mille livres. Ou si tu préféres, tu me donnes la gare de Liverpool et les deux cents livres que tu viens de toucher en pas- sant par la case « Départ ». — Au point ot j’en suis, ajoute ces deux mille livres 4 ma note, répond-elle en sou- pirant. Je regarde l’addition. Tante Pam me doit 123 796. En livres, pas en dollars. En Angleterre on paie avec des livres sterling et des pence, pas en dollars et en cents comme chez nous. Le plateau du Monopoly est différent aussi, mais ga ne me géne pas. J’ai acheté les meilleurs quartiers, tous a la suite : Regent, Oxford et Bond Street, Park Lane et Mayfair. J'ai sept autres propriétés éparpillées un peu partout. En fait, ce n’est pas si désagréable d’étre mon 725 ® CHAPITRE 9 mam en prison. Je n’ai rien @ craindre : je reste bien au chaud sans rien faire et j’attends tranquillement l’argent que mes propriétés me rapportent. — Flite et reflite ! Tante Pam vient encore d’atterrir chez moi. — Combien ? — Quatre cent cinquante, j’annonce. Mais pour cette fois, c’est gratuit. — Tu es vraiment trop bonne, chérie, me dit-elle en souriant. Elle a lair fatiguée. Il faut dire qu’elle est restée tout le temps enfermée avec moi. De temps en temps, il y a des amis qui passent la voir. C’est chouette, parce qu’a chaque fois ils m’apportent des cadeaux. L’ennui, c’est qu’elle s’occupe moins de moi pendant ce temps-la. — Tante Pam? Je voudrais te dire merci. — Pourquoi ? — Pour tout. «73 oom matm CHAPITRE 9 ## Elle me sourit. — Merci pour ton merci. Je l’embrasse, puis je reviens au Mono- poly. — Tu es encore chez moi mais je t’ offre une nuit gratuite dans mon hdtel. Le téléphone sonne. C’est mon pére. Il appelle tous les jours. Et comme je ne pour- rai pas aller en France, c’est lui qui va venir me voir 4 Londres. Il me raconte ce qu’il a fait aujourd’ hui. Moi, je lui raconte mes prouesses au Monopoly. Ensuite, nous faisons notre concours de baisers. Cette fois, je le laisse gagner. Aprés avoir raccroché, je me tourne vers tante Pam. —On fait la course en ascenseur ? Je commence 4 en avoir assez du Mono- poly. —D’ac! Elle en a sirement assez elle aussi... d’autant plus qu’elle perd. Nous nous usa74e = CHAPITRE 9 oem levons et nous sortons sur le palier. Je vais vers l’ascenseur qui est tout au bout du cou- loir. Tante Pam prend celui en face de notre appartement. Je crie: —A vos marques, prét... partez ! Nous appuyons sur le bouton en méme temps. C’est mon ascenseur qui arrive le premier. = 75 mom mam CHAPITRE 9 Je m’engouffre dedans et j’appuie sur « Rez-de-chaussée ». C’est moi qui vais gagner, c’est stir. Tout a coup, l’ascenseur s’arréte mais les portes ne s’ouvrent pas. Je regarde 4 quel étage on est. Entre le cinquiéme et le quatriéme. Me voila bien... J’appuie sur le bouton mais il ne se passe rien. mon 760 = CHAPITRE 9 mem C’est Vhorreur ! Je vais mourir. J’aurais mieux fait de rester dans la prison du Monopoly. Comment va-t-on me sortir de 14? Com- ment vais-je faire pour manger? Et si j’ai envie d’aller aux toilettes ? Bon. Pas de panique. Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui est mort parce qu’il était resté coincé dans un ascen- seur. Il suffit d’attendre calmement. Ils vont peut-étre envoyer une équipe de télé pour une émission du genre « Sauve- tage en direct » et je deviendrai une vedette. — Lili! C’est tante Pam qui m’appelle. —Reste calme, mon chou. Surtout ne t’in- quiéte pas. On va vite te sortir de 1a, les secours arrivent. Je suis parfaitement calme. Pour tout dire, ga fait longtemps qu’il ne m’est rien arrivé d’aussi excitant depuis ma varicelle. Justin sera vert de jalousie quand il apprendra ¢a! a 77 oom mam CHAPITRE 9 # Je ne voudrais quand méme pas que ¢a dure trop longtemps. Pourvu qu’on me délivre avant que j’aie envie de faire pipi ! Je vais peut-étre rester 14 toute la nuit... rater le diner... le petit déjeuner. Et si mon pére arrive avant que je sois sortie ? Je ne pourrais pas le voir... seule- ment entendre sa voix. Soudain, l’ascenseur se remet en marche. Cette fois, tout va bien: il va jusqu’au bout et s’arréte au rez-de-chaussée. C’est nul! Il n’y a méme pas la télé! Tante Pam se précipite pour me prendre dans ses bras. — (Ca va, ne t’en fais pas. Je vais trés bien, je lui murmure 4 l’oreille. Mary, la gardienne, se précipite 4 son tour. — Mon fils est resté coincé dans un ascen- seur, lui aussi, quand il était petit. Il n’a pas arrété de crier et de pleurer. —C’est vrai? men 785 = CHAPITRE 9 ae (Je ne voudrais pas me vanter, mais je trouve que je me suis montrée trés coura- geuse, moi.) Elle hoche la téte. —C était en plein été, il faisait une chaleur terrible. Le pauvre petit... il avait tellement chaud qu’il a enlevé tous ses vétements l’un aprés l’autre. Quand on 1’a sorti de 18, il n’avait plus que son slip! Nous éclatons tous de rire. Je me sens nettement mieux, tout a coup. Jusqu’a maintenant, j’ai visité tous les quartiers de Londres sur le Monopoly ; demain, je serai d’attaque pour le faire en vrai. ase CHAPITRE 10 » Chére Lili, Je viens de recevoir ta lettre. Alors comme ¢a, tu as la varicelle! Tu dois étre belle ! Est-ce que tu es rose a pois blancs ou blanche a pois rouges ? (T’ énerve pas, je rigole...) J aimerais bien étre avec toi. Moi je vais aller a un camp de karaté. Tu te souviens quand Bob Simmons a eu la varicelle, a la maternelle ? Il voulait toujours manger ses crottes parce qu'il croyait que c’ était des miettes aon 80e = CHAPITRE 10 mem de gdteau! Heureusement que la maitresse Va arrété a temps! Bon, en attendant, ne fais pas pareil, hein ? A bientot, Je t embrasse Fuse*in Justin... je m’ennuie vraiment de lui. Il me fait toujours rire, méme si parfois je le trouve un peu dégofitant. Son histoire de crodite 4 la maternelle, par exemple, c’est limite. Enfin... Je me demande si j’arriverai un jour a retrouver un ami aussi sympa que lui. Tante Pam entre dans le salon. — C’est I’heure de replier le canapé ! Je me léve et on fait un peu de rangement. Tout en remettant les coussins en place, elle me dit : — Alors, ma Lilibulle, est-ce que tu te sens d’attaque pour sortir, aujourd’ hui? — Oui, tout a fait d’attaque ! Et je prends mon sac a dos. =o 8leom mam CHAPITRE 10 # —En route la troupe ! Nous l’avons crié toutes les deux en méme temps. On appelle l’ascenseur. Cette fois, j’es- pére qu’il ne tombera pas en panne. Mary nous fait signe en nous voyant passer. Dehors il pleut, mais juste un peu. Tante Pam me dit que cela arrive souvent a Londres. Nous marchons jusqu’au métro. Les Anglais l’appellent « le tube », a cause de sa forme. Pour donner un peu de piment au voyage, je fais comme si nous étions des sardines en route pour la conserverie. Je suis toujours pleine d’imagination, moi. Nous descendons 4 notre arrét. Tante Pam me dit : — Direction : musée du Cinéma! Aprés cing minutes de marche, nous arri- vons a un endroit appelé « Bank du Sud ». Mais j’ai beau regarder, je ne vois aucune banque dans les parages. Ni au sud, ni au nord, ni a l’est, ni a l’ouest. man 820 = CHAPITRE 10 m%m Je n’y comprends rien. — Tu as l’intention de changer tes dollars en argent anglais, tante Pam? Elle me regarde avec de grands yeux. Alors pour mieux me faire comprendre, je lui montre la plaque « Bank du Sud ». Ca la fait rire. Je déteste quand les gens rient alors que je n’ai rien dit de drdle. — Ma chérie, tu n’y es pas du tout! C’est le nom du quartier. En anglais, bank signifie = 83 mem mam CHAPITRE 10 w «rive ». Ici, nous sommes sur la rive sud de la Tamise. En voyant mon air perplexe, elle ajoute gentiment : —Je reconnais qu’il y a de quoi s’em- brouiller avec tous ces noms. €a, c’est le moins qu’on puisse dire. Nous achetons nos billets et nous entrons enfin au Momi, le musée du Cinéma et de la Télévision. On y voit d’abord tous ces vieux appareils avec des images qui tournent 4 |’intérieur. Dans une autre salle, on nous apprend comment faire un dessin animé. On s’assied autour d’une grande table ronde avec un trou au milieu, ot quelqu’un nous explique ce qu’il faut faire. Ensuite, on nous distribue une longue bande de papier divisée en douze cases. Moi, je décide de dessiner un bonhomme en train de faire la roue : je ne suis pas trés douée en dessin. Apparemment, tante Pam non plus. Ensuite, tous ceux qui sont assis a la table mon 845 = CHAPITRE 10 mem glissent leur bande de papier dans une espéce de machine dont le nom signifie « roue de la vie » (c’est le professeur qui nous explique ¢a). On dirait une cage 4 hamster avec des petites fentes pour regarder A travers. Chacun son tour, on fait défiler notre des- sin animé. Mon bonhomme n’aura sfirement pas le premier prix de gymnastique ! Quant a la fleur de tante Pam, vue dans cette machine, elle ferait plut6t penser a la roue de la mort. Je vais regarder ce que ¢a donne pour les autres. Le dessin animé que je préfére, c’est un garcon de mon age qui I’a fait. Il a dessiné quelqu’un en train de vomir. Quand on fait tourner la manivelle dans l’autre sens, on dirait qu’il ravale tout. C’est vraiment dégofitant mais je trouve ¢a super ! Je suis sire que ¢a plairait aussi a Justin. —En route la troupe, me dit tante Pam. = 85 ane mem CHAPITRE 108 Fone di fou Mle 8 vuojgts Ca me géne quand elle dit ¢a devant tout le monde. Nous nous dirigeons vers le « Bureau du casting », 14 ol on choisit les acteurs. Un homme déguisé en vieux metteur en scéne se précipite vers moi. — Mademoiselle ! Venez par ici! Je me retourne pour voir si c’est bien a moi qu’il parle. — Oui, oui, c’est bien vous. Vous étes exactement celle que je cherche. Il me prend par le menton et me regarde attentivement. SGO666¢6 usm 865 m CHAPITRE 10 mam hx XK yp et ée uu — Absolument parfaite pour le réle ! Est-ce qu’il dirige un film d’horreur du genre L’ Invasion des boutonneux? Il choisit deux ou trois autres enfants dans la salle. C’est décidé, moi, je serai Lulubelle. Quant au garcgon qui a dessiné le bon- homme en train de vomir, il jouera le rdéle de Max, le gros dur de la ville. ly a aussi Clint, le shérif, et Mama Bou- lange, la reine des beignets aux pommes. Nous répétons pendant quelques minutes, aprés quoi un homme habillé comme un GO9ae8 = 87 oem mom CHAPITRE 10 w cameraman d’autrefois fait semblant de nous filmer. Dans la salle, tout le monde se met a applaudir. Ce n’est pas désagréable, comme sensa- tion. Je sens que j’y prendrais vite goit. — En route la troupe ! Tante Pam me tend mon sac a dos. — Nous avons encore plein de choses a voir. Il y a une salle od on a |’impression d’étre Superman en train de voler au-dessus de Londres, une autre ot on prend la place dun présentateur de télé et encore une autre ou tu te fais interviewer comme si tu étais une grande vedette. Décidément, tout ¢a me plait bien. Le cinéma, la télé, la gloire... En tout cas, dés qu’on rentrera a l’appar- tement, je m’entrainerai 4 faire une belle signature... pour le jour ow je serai célébre. Et demain, quand mon pére arrivera, je lui donnerai mon premier autographe de star ! = CHAPITRE 11 mam he Ca y est, j’ai trouvé ma nouvelle signa- ture. Maintenant il ne me reste plus qu’a devenir célébre. Tante Pam arrive dans le salon, son séche-cheveux a la main. Dans ce pays, il n’y a jamais de prise électrique dans les salles de bains. Les Anglais sont vraiment des gens bizarres. «89 mem mem CHAPITRE 11 # Enfin, je suppose qu’ils doivent aussi trouver les Américains bizarres pour cer- taines choses. C’est comme pour les noms de famille. Il y a souvent des gens qui sont étonnés quand je leur dis que je m’appelle Lili Graffiti. Pourtant, ce n’est pas plus étrange que Smith, Stevenson ou Jackson. Tout a coup, on sonne a la porte. C’est peut-étre mon pére qui est en avance. Je me précipite pour ouvrir. Mais non, ce n’est pas papa. C’est la gar- dienne. — Une lettre pour toi, Lili. — Merci, Mary. A plus tard. C’est une lettre de ma mére. Je l’ouvre immédiatement. Ma chérie, Nous nous sommes tellement parlé au téléphone depuis que tu es malade que je n'ai pas grand-chose de nouveau @ te dire. Si, quand méme : I’ autre jour, en faisant aon 908 CHAPITRE 11 mem du rangement dans ta chambre, j’ ai trouvé une grosse balle en chewing-gum. Quelle horreur ! Tu tiens vraiment a garder ca ? Je n'ai pas osé y toucher, mais j’ aimerais bien qu’ onen parle a ton retour. Ne sois pas trop triste de n’ avoir pas pu visiter Londres en long et en large comme tu le prévoyais. Aprés tout, cette varicelle vous a sans doute rendues plus proches Pune de l’ autre, tante Pam et toi. C’ est le bon cété de la chose, non? J’ espére que tu vas bien t’ amuser avec ton peére. Mais n’oublie pas que ce sont les vacances. Apres cela, il faudra revenir. Il n’ est pas question que tu ailles vivre avec lui en France, tu comprends ? Jet’ aime et j’ ai hate de te revoir. Je t’ embrasse trés, trés fort. Mam’ Je vais voir tante Pam. — Dis, pourquoi est-ce que maman me Ona mam CHAPITRE 11 parle d’aller vivre en France ? Est-ce que papa veut m’emmener avec lui? Elle pose son séche-cheveux et me demande si elle peut lire ma lettre. Je la lui tends. Elle a l’air triste. — Qu’est-ce qui se passe ? —Fcoute, Lili. Tes parents sont en train de régler les détails de leur divorce. Tl ne faut pas que tu t’inquiétes ou que tu te croies responsable de quoi que ce soit... Ton pere et ta mére t’aiment énormément et tu leur manques beaucoup quand tu n’es pas auprés d’eux. Ils ont discuté pour savoir ce mon 92 = CHAPITRE 11 sam qui était le mieux pour toi et ils ont décidé que tu continuerais 4 vivre avec ta maman. Mais comme tu es loin d’elle en ce moment, je suppose qu’elle est un peu inquiéte, voila tout. — Aah... C’est tout ce que j’arrive a dire. Tante Pam me serre dans ses bras. — Encore une chose, ma chérie. Dis-toi bien que tu as des parents formidables. Ne te fais pas trop de soucis. C’est dur, je sais, que ton pére ait été obligé de partir en France. Ce n’est pas ce qu’il voulait, mais il n’a pas pu faire autrement 4 cause de son travail. Tante Pam pousse un soupir, puis elle continue : — Ils ne savent plus trés bien ot ils en sont. Ce divorce les a bouleversés. Mais une chose est sfire : ils t’aiment plus que tout et ils feront tout pour ne pas te faire souffrir. Eh bien, c’est plutét raté. Parce que pour 993 om usm CHAPITRE 11 # souffrir, j’ai déja souffert. Je sais que ma vie ne sera jamais plus pareille maintenant... méme si j’arrivais 4 les convaincre de revivre ensemble. Quelqu’un frappe a la porte. Je reconnais tout de suite le toc-toc-toc de mon pére. Mon pére que je n’ai pas vu depuis des siécles. J’ai tellement de choses a lui dire ! = CHAPITRE 12 sae — Oh papa! Papa! Mon papa! Ca manque un peu d’inspiration mais c’est tout ce que je trouve 4 dire pour |’ ins- tant. — Ma chérie! Il me prend dans ses bras. — Tu m’as tellement manqué, mon amour. Nous restons serrés l’un contre |’ autre pendant quelques minutes, puis on s’écarte pour se regarder. — Tu as pris quelques centimétres, me dit-il. 995 oom mom CHAPITRE 12 — Et aussi quelques boutons, je réponds en souriant de toutes mes dents. —Ma pauvre puce ! Alors comme ¢a, tu as vraiment eu la varicelle ! A son tour, il me fait un grand sourire. Tante Pam arrive. — Bonjour, Phil ! — Pam ! Comment vas-tu ? Il s’approche d’elle et lui serre la main. Ca me fait tout dréle. Avant, ils s*embras- man 968 a CHAPITRE 12 sem saient. Je suppose que tante Pam et papa sont un peu en train de divorcer, eux aussi. — €a va, répond-elle en le regardant d’un dréle d’air. Oui, ta fille a vraiment eu la varicelle... Pourquoi ? Tu en doutais ? Ca alors ! Papa ne croyait pas que j’avais la varicelle. J’aurais peut-étre di lui glisser quelques croaites dans une enveloppe. Décidément, mes parents se conduisent bizarrement. Je n’aime pas ¢a. — En fait... je n’en étais pas absolument persuadé. Papa regarde tante Pam dans les yeux. — Au début, ga ne m’est pas venu a Vidée... jusqu’au jour ot quelqu’un de mon bureau m’a raconté que son ex-femme prétendait souvent que ses enfants étaient malades alors qu’ils se portaient 4 mer- veille. — Maman ne ferait jamais une chose pareille ! 097 oom mm CHAPITRE 12 » Je le pense sincérement. — Ecoute, papa, on s’est parlé tous les jours au téléphone. Pourquoi est-ce que tu ne m’en as jamais rien dit? Je t’aurais envoyé des crofites par la poste. Tante Pam et lui éclatent de rire. Ou plus exactement : papa éclate de rire et tante Pam fait : — Aaargh! Tout a coup, papa redevient sérieux. — Je ne sais plus quoi penser... Enfin! Tout est arrangé, maintenant, tout va bien. Mais moi, je sais trés bien ce que j’en pense et il faut absolument que je le lui dise. Les mains sur les hanches, je me plante en face de lui: — Ecoute papa : tante Pam ne ment pas, maman non plus et toi non plus, d’accord ? Il hoche la téte. — Tu n’as pas l’intention de m’emmener vivre en France avec toi, n’est-ce pas ? Je le regarde droit dans les yeux. — Réponds-moi ! man 98a m CHAPITRE 12 sem Ila d’abord I’air choqué, puis furieux. — Bien stir que non! — Quand je pense que tu ne voulais pas croire que j’avais la varicelle ! Je ne sais pas si je dois pleurer ou me mettre en colére. — C’est joyeux : mon pére ne croit pas ce que dit ma mére et ma mére n’a pas confiance en mon pére. — Phil..., intervient tante Pam d’une voix douce. Puis ils échangent un coup d’ceil, l’air de dire : « Pas devant les enfants. » — Ne vous regardez pas comme ¢a! Je tape du pied. — Je sais que c’est 4 cause de moi. Tout est de ma faute. Si je n’étais pas née, il n’y aurait eu aucun probléme, vous n’auriez méme pas continué 4 vous voir, maman et toi. J’ai envie de m’enfuir dans ma chambre en claquant la porte. L’ennui, c’est que je n’ai méme pas de chambre 4 moi, ici. 99 oom mem CHAPITRE 12 w Il me reste la solution du canapé-lit. Je pourrais me glisser a ]’intérieur et tout le monde s’assiérait sur moi, comme si de rien n’était. Finalement, je me laisse tout bétement tomber sur le canapé. Cette histoire me rend folle. Qu’est-ce qui leur prend, 4 mes parents ? Pourquoi est-ce qu’ils se méfient l’un de l’autre ? S’ils ne se font plus confiance, comment pourrais-je, moi, leur faire confiance de mon cété? Je suis encore petite. Qu’est-ce que je fais dans tout ga, moi? Mon pére vient s’asseoir sur le canapé. Tante Pam va pour s’asseoir prés de moi, elle aussi, mais finalement, elle préfére prendre une chaise. Mon pére me passe la main dans les che- veux. — Chérie, ne sois pas triste. Nous n’avons que quelques jours 4 passer ensemble. Apres... il faudra que je retourne au travail. —Je le déteste, ton travail! Pourquoi tu asm 1008 # CHAPITRE 12 o9m parles de repartir alors que tu viens juste d’arriver ? Et d’abord, pourquoi ils t’ont expédié si loin? —Ecoute, Lili, nous avons déja discuté de tout cela, me dit-il en soupirant. J’avais prévu de me libérer dés ton arrivée mais tu es tombée malade et ga a chamboulé tout mon emploi du temps, tu comprends ? Quant 4 mon départ, tu sais trés bien qu’on m’a envoyé en France pour une mission spéciale. — Mais est-ce que tu étais obligé d’y aller ou bien est-ce que tu voulais partir 4 cause de maman ? J’ai besoin de savoir. 2101 eon mem CHAPITRE 12 # —Il fallait que je parte. Je l’observe. Il prend le temps de réfléchir puis il ajoute : — Sur le coup, ca m’était égal... C’ était une facon de m’échapper, de ne pas avoir a affronter une situation qui empirait de jour en jour. — Et moi, dans tout ¢a? — Toi? Si tu savais comme tu me manques ! Je ne supporte pas d’étre loin de toi, de ne pas te voir grandir, de ne pas te parler, de ne pas pouvoir me promener avec toi, t?emmener au cinéma ou ailleurs... et méme de rater la féte de 1’école. — Moi aussi, ca me manque, papa. Je me mets a pleurer. — Je m’ennuie d’avant... du temps ov je n’avais pas a penser a tout ¢a. Papa me prend dans ses bras et je le serre trés fort. Au bout d’un moment, on se regarde et on se fait un sourire. — Tu sais ce que j’ai dit 4 mon patron? Quand j’aurai terminé ce travail en France, won 1020 = CHAPITRE 12 a28 je veux rentrer 4 New York, pour étre plus pres de toi. Je saute de joie. — Tu crois que ce sera possible, Phil ? demande tante Pam. Papa soupire. — Je espére... Sinon, je chercherai autre chose. Je décide de tenter le coup : — Et maman et toi, vous essaierez de revivre ensemble ? Papa secoue la téte. — Non, mon chou. Mais nous pourrons discuter et sans doute trouver une solution pour que tu n’aies plus a t’en faire. —C’est vrai? Promis ? J’espére que ca marchera. Que les choses s’arrangeront... méme si tout n’est pas par- fait. —C’est promis, déclare mon pére. J’appel- lerai ta mére dés mon retour a Paris. Pour V’instant, profitons de ces quelques jours ici. — D’accord! «103 mom mwa CHAPITRE 12 & — Bon, alors direction : Madame Tus- saud* ! dit-il en se levant. Ensuite, nous irons déjeuner au Hard Rock Cafe. — Super! Tante Pam, toujours assise, nous regarde en souriant. Je jette un coup d’ceil 4 mon pére. Il me regarde puis se tourne vers ma tante. —Ca te dirait de venir avec nous, Pam? Elle l’interroge du regard, sans répondre. — Ca me ferait vraiment plaisir, tu sais, insiste mon pére. Tante Pam se léve d’un bond en s’écriant : — Alors... en route la troupe ! Mon pére éclate de rire et fait mine de me chuchoter 4 l’oreille : — C’est toujours son expression favorite, A ce que je vois. — Eh oui! Je l’entends au moins dix fois par jour! —Il faut t’y faire, Lilibulle : il y a des * Célébre musée de cire, |’équivalent de notre musée Grévin. usa l045 = CHAPITRE 12 sam choses qu’on ne pourra jamais changer, me dit tante Pam. Dans un grand éclat de rire, papa se penche pour m’embrasser. C’est vrai, il y a des choses qui ne changeront jamais. Par- fois ¢a a du bon, parfois ga n’en a pas. — En route la troupe! Nous l’avons dit tous les trois en méme temps. Sur ce, nous sortons tous les trois de l’ap- partement. mem CHAPITRE 13 « Cher monsieur Cohen, Excusez-moi de ne pas avoir écrit plus tot, mais je n’ avais pas grand-chose a vous dire. Je suis restée coincée dans ma chambre pendant une semaine a cause de la varicelle. Je me suis beaucoup ennuyée... et beaucoup grattée. Apres, j’ ai fait tellement de choses que je yous raconterai tout ¢a en revenant. En attendant, voici un petit apergu. Je suis allée visiter Madame Tussaud. C’ est un musée ou on voit plein de manne- mon 1068 ) | CHAPITRE 13 am quins en cire qui ressemblent a des person- nages connus. Je vous envoie quelques pho- tos pour vous montrer. Ce que j’ ai préféré, c’ est la chambre des horreurs. C’ est dégoii- tant mais c’ est super ! Ensuite, le palais de Buckingham. La reléve de la garde, ¢a nest pas fait pour les petits. J’ ai passé mon temps a me faire bousculer par des touristes armés de camé- scope. BRK Maintenant : le Hard Rock Cafe. Un endroit plein de bruit, avec des tas de sou- venirs sur les chanteurs de rock. Je pense que je suis un peu trop jeune pour appré- cier. Tous les gens faisaient la queue pour acheter un T-shirt, mais pas moi. J’ ai pré- Sféré m asseoir tranquillement et j’ ai com- mandé un thé glacé... que je me suis ren- versé sur les genoux. Du coup, c’ est moi qui me Suis retrouvée glacée ! ae = 107 mem msm CHAPITRE 13 @ Nous avons aussi fait un tour en bateau sur la Tamise pour aller jusqu’ au zoo. J’ ai beaucoup aimé les grands singes (je ne parle pas de Jimmy Russell et Bobby Clifford). okoKK Vous savez quoi? Il y a des MacDonald partout, a Londres. Mais ici, ils ne parlent pas tout a@ fait comme nous: ils disent « chips » au lieu de frites. Bizarre, non ? C’est la premiére fois que j’ écris une lettre aussi longue ! Comme je commence a avoir mal a la main, je vais vous quitter at in i i # CHAPITRE 13 sem (surtout que j’ai encore deux cartes a écrire). A bientét al’ école, Votre éléve préférée, LL Gofpte P.- S.: J espére que vous aimez ma nou- velle signature. C’ est pour quand je serai vedette de cinéma. = 109 mom usm CHAPITRE 13 » Ma chére maman, Moi aussi, je m’ ennuie beaucoup de toi. J’ espere que tu t’es bien amusée, I’ autre soir, avec Max Machin. Mais attention : il ne faudrait pas que ¢a devienne trop sérieux. (J’espére que tu ne m’ en voudras pas de dire ¢a, mais je trouve que papa et toi, vous devriez prendre des legons de mariage si vous vous décidez a €pouser quelqu’un d’ autre un jour... Mais je ne dis Pas Ga que pour vous. A mon avis, ily a beaucoup de parents qui devraient suivre des cours de mariage... et aussi des cours de divorce !) Je t embrasse trés, trés fort. Ta fille qui aime ses deux parents, Lt Sofpty Cher Justin, Ne t’en fais pas, je n'ai pas grignoté mes crotites.

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