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Ethno & UX - Afrique sur Saharienne.

Après une introduction sur le projet et les différents concepts liés à notre problématique,
nous démarrons l’entretien.

ITWer : Dans un premier temps, est-ce que tu peux te présenter, me donner tes expériences
par rapport a l’Afrique et tes actions, ton parcours professionnel humanitaire, pourquoi tu es
allé vers l’humanitaire et en Afrique ?

Salah : Attend tu poses trop de questions !

ITWer : C’est pour que ce soit assez condensé.

Salah : Ah ouai, donc t’as besoin que je condense la réponse ?

ITWer : Ouep, c’est une intro.

Salah : Alors, je m’appelle Salah, j’ai 33 ans, ça fait 7 ans maintenant que je suis dans
l’humanitaire à l’international et ça va faire 9 ans que je fais du socle de manière général.
Alors pour l’humanitaire à l’international, ça a été principalement avec Baraka City, la j’ai
réalisé, c’est un chiffre que je n’en veux pas exagérer, mais c’est un chiffre qui va pas être
précis. J’ai réalisé 30 missions dans a peut prêt 15 pays différents, et j’ai à mon actif la
réalisation de peut être 80 ou 100 projets différents. Voilà c’est des projets qui partent de
tout, d’une simple distribution alimentaire à des projets de développement, de forage,
médical, d’éducation, donc je vais un peu sur tous les fronts. Donc principalement sur la
conception à la réalisation des projets, donc j’ai également la casquette de chef de projet et
également la casquette de coordinateur de projet. Dans certain pays comme la Mauritanie,
je suis directement le président de Baraka City Mauritanie, ça veut dire que c’est moi qui
gère sur le plan administratif, finance, politique, projet, donc je gère sur tous les fronts parce
que c’est une implantation qui a été faire là-bas et donc à partir de la on doit avoir toutes les
casquettes, la multicasquette, pour gérer les équipes, pour gérer l’administration, voilà c’est
délicat, c’est assez lourd et ça demande une présence permanente là-bas, après j’ai gérer
également d’autre projet, ou j’ai uniquement coordonnées des bureaux, des équipes. Donc
voilà, ça, c’est mon parcours humanitaire sans rentrer dans les détails, sans rentrée dans
les pays, parce qu’il y en avait plein comme la Birmanie, le Mali, le centre-Afrique, le Niger,
le Tchad, le Bangladesh, la Syrie, la Palestine… je sais plus. En même temps il y a pas mal
de pays où je suis intervenu et également sur des projets de développement et des projets
d’urgence.

ITWer : intéressant et impressionnant pour le coup ! Et par rapport à l’Afrique, tu es


intervenu sur quel pays ?

Salah : Le Togo, la centre-Afrique, le Congo, la Mauritanie, le Tchad, Madagascar, et c’est


tout, je pense.
ITWer : Tu vas en avoir de l’information à me donner pour le coup !

Salah : Et ouai !

ITWer : Je sais pas de quel pays tu préfères qu’on parle ?

Salah : Si on doit cibler, la où j’ai vraiment… où je suis vraiment ancré et où j’ai une vision
large, ça va être la Mauritanie parce que maintenant j’y vis et les autres, ça va être presque
superficielle. Tu sais quand on intervient dans des pays, on intervient dans un secteur et sur
un type de projet, une fois que le projet est terminé, on quitte le pays puisque les objectifs
sont atteints et on ne va pas aller plus loin, mais je prends le cas de la Mauritanie, la c’est
différent. J’ai des programmes intégrés, c’est par exemple agir sur les forages, des forages
on va aller sur l’agriculture, de l’agriculture on va aller sur l’éducation puis sur le médical.
C’est intégré, on va travailler sur un rivage, on va être dans le développement, dans le suivi
dans l’accompagnement, donc la sur la Mauritanie j’ai vraiment une vision qui est large, sur
les autres pays non, ça va être superficiel, je vais te donner des exemples, mais qui seront
très léger. À Madagascar, j’ai aussi fait une enquête, donc si tu veux vraiment qu’on cible, on
cible la Mauritanie et un peu le Togo parce qu’on est encore un peu là-bas, on a un bureau
là-bas et on est toujours en train de tourner là bas. Donc y’a également des problématiques
qui ont été étudiées, notamment sur le point de l’éducation, sur lequel j’ai des éléments,
mais là où j’ai beaucoup plus d’éléments, ça va être la Mauritanie.

ITWer : Et sur les autres interventions que vous faites y a pas forcement de suivi, une fois
que la mission est terminée, pour justement voir si l’intervention continue à porter ses fruits
(3 mois à 1 an plus tard) ?

Salah : Tout va dépendre du secteur dans lequel on intervient en amont, si on intervient


dans de l’urgence, l’urgence est un temps qui est limité, si on veut intervenir sur du
développement, le développement forcement il va y avoir du suivi et si y’a pas de suivis, on
ne pourra pas mesurer l’impact du projet réaliser, même si l’impact est sensé est sur du
cours termes, on souhaite tout de même avec des retours, un suivi et qu’on aille jusqu’au
bout. Ça demande des coûts, ça demande un investissement personnel, c’est d’ailleurs
toutes ces choses-là qui sont à mesurer et à calculer. Si on a un projet sur 10 ans et qu’on a
les fonds sur 5 ans, malheureusement le projet s’arrêtera au bout de 5 ans après c’est à
nous de nous débrouiller pour mettre des outils sur place pour que ça puisse tourner.

ITWer : On va rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu peux me décrire la journée d’une
personne qui vie dans un de ces pays d’Afrique subsaharienne donc en Mauritanie ?

Salah : Donc quand tu veux la vie d’une personne, tu veux la vie d’un adulte ou d’un enfant ?

ITWer : Lequel sera le plus pertinent ?

Salah : En vrai ils sont tous pertinents, parce que nous ici, on est dans un monde qui a
connu une évolution exponentielle et qui est extraordinaire, ce n’est pas le cas de l’Afrique.
Et pourquoi je te demande la vie d’un adulte ou d’un enfant, on va même aller plus loin, la
vie d’une femme ou d’un homme ou la vie d’un garçon ou d’une fille, parce qu’en fait, ils ont
chacune leurs taches et leurs rôles et ils apportent ou contribuent à l’équilibre quotidien de la
famille, TOUS. Sauf les enfants qui sont pas en âgés de parler et de marcher, mais sinon ils
contribuent tous à l’équilibre quotidien de la famille. Donc si tu veux je peux commencer par
la femme, le quotidien. Et là je vais sortir du milieu urbain pour me concentrer sur le milieu
rural. C’est ça qui est le plus important, parce que quand on est dans les grandes capitales
des pays, et ben voilà, c’est un petit peu comme l’occident, en tout cas ils tendent à
ressembler à l’occident.

Donc on va rester dans les milieux ruraux et je vais prendre l’exemple de la Mauritanie qui
est majoritairement une population africaine.

la journée classique d’une femme


: D’abord, mettons le contexte, admettons que ce sont des populations agropastorales (qui
s’occupe du bétail). Le matin elle se lève et son objectif premier c’est de trouver de l’eau à
boire. De manière générale, elles n’ont pas accès à une source d’eau à proximité, elles
auront quoi qu’il en soit accès à une source d’eau, peu importe le kilomètre, ou peut importe
le temps qu’elles mettent pour ramener cette eau, mais la priorité le matin reste de pouvoir
trouver de l’eau. Donc elle fait le nombre de kilomètre et d’heure pour ramener de l’eau…

ITWer : Est-ce que tu aurais une moyenne du temps nécessaire pour cette tache ?

Salah : tout dépend des pays, mais je ne pourrais pas te donner une moyenne, c’est très
aléatoire, après dans le cas de l’Afique et notamment de la Mauritanie, de la région du
Guidimakha, la moyenne c’est 6Km pour pouvoir cherché de l’eau aller-retour et c’est à peu
près 2 h à 3 h de temps. Ça peut aller jusqu’a 6 h de temps. Après moi je suis dans des
régions où ils mettent 6 h pour aller chercher de l’eau et c’est délicat. D’abord parce qu’il fait
chaud, donc il faut y aller tôt le matin et c’est ça la contrainte, comme on est en Afrique et
qu’il fait extrêmement chaud, si on y va à partir du moment ou le soleil commence à se lever,
c’est beaucoup plus physique au retour lorsqu’on a récupéré l’eau. Parce qu’on part avec les
bidons vides, mais on rentre chargé. Donc déjà quand on arrive là-bas, on a déjà assez de
fatigue des kilomètres qu’on vient de faire. Mais le retour est beaucoup plus contraignant,
parce qu’on repart avec 20 Litres (donc 20 Kg) parfois 30 litres, après les femmes peuvent
pas prendre plus, parce que déjà le fait de faire 1 kilomètre avec 30 litres pour nous c’est
compliqué alors qu’on est en bonnes conditions physiques. C’est pour ça que généralement,
elles ne partent pas seul, mais accompagné de leurs enfants, et la justement on reviendra
sur cette problématique lorsqu’on veut installer une école, une madrasa ou un endroit où les
enfants veulent étudier, et comme tu l’as dit plus tôt, si on ne prend pas en compte le
contexte dans un premier temps, ça ne marchera pas. Les enfants voudront y aller, mais
forcément les parents auront besoin des enfants pour assurer leurs survies.
Donc les femmes, je ne pourrais pas te dire combien de kilomètres elles font, mais en tout
cas ça leur prend la matinée. Une fois qu’elles ont ramené l’eau à la maison, si elles n’ont
pas de bois, il faut qu’elles aillent chercher du bois. Ah non le bois c’est en fin de journée,
autant pour moi. À partir de là elles commencent à cuisiner.

ITWer : Il est à peut prêt quelle heure dans la journée quand elles commencent à cuisiner ?
Salah : Quand elles commencent à cuisiner il est à peut prêt 11 h.

ITWer : Et donc elles se réveillent vers quelle heure ?

Salah : Au Fajr, le matin avant le lever du soleil. Elles font en sorte que le soleil quand
partent, il fasse quasiment nuit. Parce que le soleil il se lève très vite, et une fois que le soleil
et levé, il commence à chauffer également. Donc quand elles commencent à cuisiner il est à
peut prêt 11 h, on varie qu’elles ont 2 h pour cuisiner. Et on va rentrer un peu plus dans les
détails, parfois quand elles rentrent ramener l’eau à la maison, généralement elles ont des
potagers. Nous on va faire les courses une fois dans la semaine, on stock dans le frigo, on
sort du frigo et on commence à cuisiner. Elles, elles vont au potager et elles sortent ce
qu’elles ont à sortir du potager, les légumes pour pouvoir cuisiner. Ensuite elles vont
commencer à cuisiner et finissent leurs cuisines à partir de 13 h. À ce moment toute la
famille mange. Une fois que la famille a mangé, elles nettoient. Donc à partir de 14/15h elles
ont terminé ce qui va permettre de faire vivre la famille. Elles ont cette responsabilité les
femmes. Donc à partir de la elles se reposent généralement, parce qu’à partir de 14/15h
c’est la que le soleil est à son zénith (le plus chaud), et la déjà qu’elles n’ont pas beaucoup
d’énergie, elles profitent de ce petit temps pour pouvoir se reposer.
Une fois que la température commence à baisser, elles vont chercher le bois. C’est ce qu’il
leur permet de cuisiner. S’il n’y a pas de bois, il n’y a pas de cuisine. Et pour le bois, elles
font parfois le même nombre de kilomètres que pour chercher de l’eau. Donc c’est aussi
physique pour aller chercher du bois. Et une fois qu’elles rentrent le soir, c’est pour cuisiner.
Elles cuisinent donc le soir et une fois que c’est fait, si elles ont le temps, elles s’occupent de
leurs enfants, de leurs potagers, de récupérer du lait. Parce que les populations pastorales
dépendent aussi du lait de leurs bétails. Elles vont aussi le fermenté et le transformer en
beurre. Et ont également toutes ces petites activités en parallèle quand elles sont du temps
en plus, sur ce qui leurs permets de gagner du temps pour vivre et survivre au quotidien.
Elles ne passent pas leurs temps inutilement, je vais dire une bêtise, mais devant la télé ou
un truc comme ça. Elles n’ont pas de temps à tuer parce que ces femmes-là, tous les jours
leur temps est millimétré parce qu’ils vivent au rythme du climat. Le soleil est un indicateur,
le soleil c’est ce qui fait qu’elles peuvent ou ne peuvent pas faire les choses. Parce que
là-bas en Afrique, comme je te l’ai dit, c’est le soleil, les distances, le fait que le climat soit
aride, le fait qu’elle n’est pas assez de vitamine (énergie) pour pouvoir faire les choses. Voilà
ça c’est les femmes.

Maintenant les hommes.


Les hommes le matin, ils se lèvent. Alors les hommes y a plein de contexte, et même quand
on regarde dans les villages, parfois on y voit que des femmes et des enfants, parce que les
hommes ont émigré pour pouvoir travailler et envoyer de l’argent à leurs familles. Mais c’est
encore plus compliqué pour eux, tu sais quand un villageois va dans une capitale, il a pas
forcement les diplômes qui va, il ne sait pas forcement lire et écrire, ni parler la langue
nationale du pays, il parle peut être le dialecte de son village, donc c’est déjà très compliqué
pour lui. Donc lui il doit vivre et survivre, mais aussi gagner de l’argent pour pouvoir
l’envoyer à sa famille, donc c’est pour ça que la plupart du temps quand tu vas dans des
villages, il n’y a pas beaucoup d’hommes. Quand il y a des hommes, les hommes il faut
qu’ils travaillent, et les hommes ce qu’ils font c’est ou qu’ils travaillent dans les champs, ils
font pousser du riz, du maïs ou de meil, c’est généralement les trois grosses « céréales »
qu’ils consomment, ils s’occupent donc de ces grands champs. Quand je parle des femmes
et de leurs potagers, c’est du maraîchage, c’est-à-dire qu’elles font pousser des fruits et des
légumes. Les hommes eux, c’est plus costaux, c’est ou des risots de culture, c’est un peu
plus conséquent et ça, c’est pas le travail des femmes parce que c’est plus physique.

ITWer : C’est leurs champs personnels ou c’est des champs partagés, avec le village par
exemple ou avec une communauté ?

Salah : Y a plusieurs hectares et dans tous ces hectares la c’est généralement tout le village
qui se trouve à l’intérieur, mais ces hectares la, ils ont chacune des parcelles. Admettons
qu’il y ait 10 hectares et qu’il y ait 10 familles, et bien chacun va avoir 1 hectare, collé et
chacun va travailler sur son propre hectare. Les hommes partent là-bas et quand ils ne sont
pas bergers, ils sont agriculteurs, et forcement, il y a pas d’argent pour prendre des
mains-d’œuvre ou des salariés. Qui est-ce qu’on va prendre ? On va prendre les enfants. La
première main-d’œuvre et c’est eux qui vont permettre également de faire vivre et survivre la
famille. Donc là ils passent généralement leurs journées là-bas. Parce que la bas il y a aussi
pleins de facteurs à prendre en compte, pour travailler la terre, il faut prendre soin que le
bétail ne vienne pas manger la culture. Parce qu’en Afrique, il y a toujours cette
confrontation, dans toute l’Afrique, entre les agriculteurs et les bergers. Le bétail il faut bien
qu’il mange, et comme c’est arrivé, il va manger dans des endroits ou il y a de la végétation,
donc chez les agriculteurs, donc c’est pour ça qu’ils sont obligés d’être la. Donc ça rentre
dans un cadre qui est très délicat et même entre eux c’est très conflictuelle parce que s’ils
sont pas la, le bétail il rentre et il mange. Et quand ce n’est pas le bétail, c’est les oiseaux,
quand c’est pas les oiseaux, c’est peut-être des épidémies d’insectes, donc voilà, quand ils
sont agriculteurs, ils sont obligés de passer la journée là-bas. Et ça, c’est pour les hommes
et eux sont accompagnés par leurs enfants. Ça, c’est pour les hommes qui sont agriculteurs.
Pour ceux qui sont berger, la première chose quand ils se lèvent c’est d’aller abreuvé le
bétail, et la c’est une course qui peut parfois durée plusieurs jours parce que pour abreuvé le
bétail, c’est parfois et même souvent au même endroit ou les hommes boivent. Le bétail va
boire dans la même source d’eau et souvent ils doivent aller plus loin. Donc une fois qu’ils
ont abreuvé le bétail, ils partent le matin et souvent il ne rentre pas, parce que quand ils ont
abreuvé le bétail, le bétail doit manger. C’est-à-dire que la, ils vont aller dans des pâturages
et vont marché toute la journée jusqu’a trouvé des pâturages pour que le bétail puisse se
nourrir et ça, ça prend toute la journée, et la aussi ils sont accompagné de leurs enfants,
parce que quand ils ont des troupeaux, parfois ils peuvent avoir 100, 200, 300, 400 têtes, la
ils peuvent pas gérer tout seul donc les enfants sont obligés de les accompagner, ça fait que
les enfants ont cette formation étant tout petit d’agriculteur et d’éleveur. Tu vois dans tout ce
que je te dis, on en vient aux enfants.

ITWer : Par rapport aux hommes qui vont partir travailler en ville, qu’est ce qu’ils vont
essayer de faire comme travail ou quelle est la demande en ville à laquelle ils n’arrivent pas
à répondre parce qu’ils ne sont pas assez éduqués ?
Les hommes qui vont en ville deviennent des mains-d’œuvre (manutention — charger
décharger des camion, livraison, maçon, peintre, pas de qualification donc pas de poste a
responsabilité)
Certains vont être plus malin et suivre une formation (comme plombier, électricien), d’autre
vont apprendre a conduire pour devenir taxi
pas de travail de commerçant parce qu’il faut des fonds et vont travailler avec leurs mains.

C’est dans quel secteur qui demande des compétences qu’il y a de la demande ?

Pas de réponse, mais peut demander si besoin.


Pour revenir aux éleveurs, ils partent le matin pour leurs bétails, l’après-midi ils font manger
leurs bétails et s’ils ont de la chance le soir ils rentrent à la maison, et c’est comme ça tous
les jours.

Les enfants, les filles et les garçons peuvent avoir les mêmes ou différentes taches.
Les filles se lèvent en même temps que leurs mamans et vont chercher de l’eau avec elles.
80 % des cas, les mamans ne peuvent se permettre de laisser leurs filles à la maison ou
elles ont du mal à les laisser aller étudier parce que pour elle ça n’a pas d’importance « A
quoi bon, tu vas finir comme moi », et au-delà de la question culturelle c’est surtout une
question de vie et de survie.
Quand elles rentrent, elles mangent, souvent ce qui a été laisser la veille en prévision.

Nous on avait fait une immersion comme eux, pour voir comment ça se passait, on était en
forme avec nos caméras. Dès le 2e jour, on manquait d’énergie parce qu’on mangeait
comme eux et tout ce qu’ils mangent et dénué de valeurs nutritives. Le 3e jour, on faisait les
mêmes distances qu’eux pour aller chercher de l’eau, on allait donner à boire au bétail et
aux champs avec eux, on ne filmait plus et on se trouvait des excuses pour ne rien faire.
Stop le 4e jour. C’est dire que tous les jours c’est physique, et tous les jours ils tirent sur
leurs corps, leurs résistances et repoussent leurs limites. Il faut aussi prendre en compte le
contexte avec l’eau qui n’est pas potable, le soleil et sa chaleur extrême, le manque de
nutriment, tout ça fait de leurs vies une survie au jour le jour.

Les filles le matin mangeant ce qu’il y a mangé avant d’aller récupérer de l’eau, après elles
vont s’occuper des petites taches à la maison (ménagère, etc.). L’après-midi elles suivent
leurs mamans. Les filles suivent le même circuit que leurs mamans. Les enfants sont là pour
soulager les parents. Les garçons c’est approximativement la même chose, ils ont le même
circuit que leurs papas, car quand ils sont dans les champs, ils ne peuvent pas faire tout tout
seuls et n’ont pas d’argent pour se payer de la main d’œuvre, ils sont donc obligés de
s’appuyer sur les membres de leurs familles.

ITWer : Tu m’as dit qu’il y avait aussi des filles et des garçons qui avaient le même train de
vie.

Salah : Parfois les parents comprennent la nécessité de libérer un peu de temps pour les
enfants, ça va être la possibilité d’aller à l’école 1 à 2 fois par semaine. Mais ça va palestre
tous les jours parce que pour eux l’école n’a pas une si grande utilité et ils ne comprennent
pas l’importance d’apporter une éducation scolaire à leurs enfants, car eux-mêmes n’ont
jamais eu cette éducation. Tu vois ça, c’est pour ça que quand y a des personnes qui
viennent et qui disent « on va mettre une école là » c’est pas avec ça qu’il faut commencer,
c’est avec les parents qu’il faut commencer. Tu auras beau mettre le meilleur professeur au
monde, des ordinateurs, etc., ça sers à rien parce que c’est déjà dans la famille que ça se
passe. Aussi l’enfant quand il va aller à l’école, il est sous-alimenté, il n’a pas d’eau potable
et il est soumis à des maladies bien plus graves que les nôtres. Donc l’enfant quand il va à
l’école, si tu lui en demandes beaucoup, son cerveau peut pas suivre, son attention sera
tourner vers sa faim sa soif, sa maladie ou ses conditions, et si ces paramètres ne sont pas
réglés en amont, l’éducation ne rentrera pas et compte, t’auras beau venir avec des projets
d’éducation, si tu n’as pas réglé ces problématiques en amont, ça ne sert strictement à rien
ce que tu vas faire. Et nous on l’a vécu sur le projet qu’on est en train de faire. À première vu
c’est pas un projet d’éducation, mais on le labelle comme un projet d’éducation, car on
travaille à faire que les enfants ne soient plus indispensables pour les charges quotidiennes
de la famille pour pouvoir leurs libérer plus de temps pour aller à l’école.
Je t’ai peut-être donné un autre angle d’un projet éducatif.

Quand tu lis le rapport de l’UNICEF sur l’éducation en arque subsaharienne. Il explique


dedans que les enfants ne vont pas à l’école, car ils sont sous-alimentés et malades. Il
explique que c’est à cause de l’accès à l’eau potable et à une alimentation saine.

Le premier objectif est d’apporter une source d’eau potable et en quantité. Associé à cette
source d’eau un moyen d’extraction à moindre effort, on va donc équipé le forage d’une
pompe photovoltaïque, l’énergie gratuite dans ces pays la, il n’y a pas besoin de passé par
une centrale et de payé l’électricité). Donc le principe c’est de leur fournir une source d’eau
gratuite et qui ne nécessite pas d’effort. Cette source d’eau servira à 3 axes, la
consommation humaine de cette eau qui sera saine et dénuée de toutes bactéries,
l’irrigation des potagers et abreuver le bétail. Une fois ces 3 problématiques réglées, les
parents, vu qu’ils n’ont plus besoin d’eux sur ces taches, vont pouvoir libérer plus de temps
pour que les enfants puissent aller à l’école le matin, parce que l’école se passe le matin et
pas l’après-midi.
Vu que l’après-midi il fait extrêmement chaud, c’est pas possible de donner cours (pas de
clim ou d’infrastructure adaptée).

ITWer : À quel moment les enfants qui aident leurs parents ont un moment de libre dans la
journée ?

Salah : Oui quand la maman sera à la maison et qu’elle fera des taches qui la concerne elle,
ils en ont pas beaucoup, mais oui forcement à un moment ils vont en avoir, en fin de
matinée, pour les filles pendant deux heures quand la maman cuisine, le garçon n’en a pas
le matin, il est en train d’aider au jardin ou sur le bétail. Et le soir après manger, filles et
garçons, mais il fait nuit, il n’y a pas de lumière. La seule activité à faire c’est de se reposer
et de partager du temps en famille.

ITWer : Et ils ne se servent pas du bois pour s’éclairer ?

Salah : Non le bois ne sert pas a avoir un éclairage, mais pour pouvoir se réchauffer ou
cuisiner. Le bois est limité et rare (c’est contraignant d’en chercher, c’est précieux). Et ils
n’ont pas accès à l’électricité, donc aucun moyen de s’éclairer à part parfois des torches. Et
on a fait un projet au Sénégal, où on a équipé des villages avec des lampadaires solaires et
c’est là que se développe les choses, comme un commerce par exemple, et ça devient un
point de repère dans le village, mais c’est rare.

ITWer : Est-ce qu’il y a d’autre gros problème rencontrer par la population au quotidien mis à
part ce qu’on a vu (l’alimentation, l’accès à l’eau potable, le fait de pouvoir s’habiller,
l’énergie disponible, le temps libre et l’absence d’électricité) ?

Salah : La santé, nous on a accès à tous les soins, parfois eux n’ont pas accès à un centre
de soins primaire sur un périmètre de 10Km à la ronde et l’hôpital est encore plus loin, il faut
souvent prendre l’âne pour y aller et ça peut prendre une demi-journée pour y aller. La santé
est un des gros problèmes rencontrés là-bas.

ITWer : Je vais maintenant te poser des questions sur l’aspect culturel et traditionnel de la
région. Quelle est en majorité la religion de ces populations ? Ça vient d’où ?

Salah : En majorité Christianisme et l’Islam. Si on remonte l’histoire pour le christianisme ça


vient des anciennes colonies, quand ils venaient coloniser, puisqu’ils étaient pour la plupart
payeins, les colonisateurs considéraient qu’il fallait les éduquer en leurs transmettant une
éducation chrétienne. Pour l’islam, ça doit être la même chose, je sais pas exactement, mais
ça a dû passer par le commerce et la prédication, mais c’est encore plus ancien.

ITWer : Si je te pose la question, c’est pour comprendre l’impact social et la trace qu’ont pu
laisser les anciens colonisateurs dans la culture locale, pour mieux comprendre la tradition

Salah : La tradition peut être liée ou pas à la religion. La religion en vrai n’a rien à voir avec
la tradition, la religion en va pas les encourager à ne pas étudier. Par contre la tradition va
mettre plus l’accent et soutenir les études religieuses. Mais ils n’auront pas le reflex d’étudier
les langues et les sciences parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi, ils ne voient pas
l’intérêt, puisqu’ils vont finir dans tous les cas agriculteurs ou éleveurs… c’est donc la
tradition qui va prendre le dessus quand ils n’auront pas les éléments de compréhension. Et
pour moi c’est pas forcement la culture qui est un frein à l’éducation, mais il faut apporter
plus de poids et plus d’arguments sur le fait que l’éducation est plus importante que d’aller
apprendre le coran. Je te parle du coté musulman, mais j’aurais pas assez d’éléments à te
donner pour le coté chrétien, je n’y ai pas passé assez de temps.
La culture c’est leurs hygiènes de vie et leurs codes sociaux, ils vivent pas la culture. Ils font
tout par la culture, car ils n’ont pas d’autre référentiel. On met souvent le problème de
misogynie sur le dos de l’islam, mais en réalité c’est quelque chose de culturel. Aussi ils
utilisent beaucoup de grigris, etc. et l’associent à l’islam (pour info, c’est interdit d’associé un
objet à une divinité en islam).
C’est bien plus culturel que religieux, parce que c’est partagé en tout temps de génération
en génération. Les parents qui vont éduquer leurs enfants vont leur apprendre ce que leurs
propres parents leur ont appris, donc c’est une chaîne de culture qui se partage.

ITWer : Est-ce que la culture peut avoir un impact négatif ?

46:00
Salah : Par exemple, les soninkés, moi je le suis, et il y a encore aujourd’hui cette tradition
de castes. C’est un esclavage culturel. C’est assumé par les anciennes générations, mais
plus par les nouvelles. C’est-à-dire qu’on peut avoir les mêmes chances en termes
d’éducation, mais on ne peut pas accéder au même travail ni se marier. Par exemple au
foot, on va attribuer les postes en fonction des castes. Les attaquants seront des nobles, et
les défenseurs des esclaves, et le capitaine ne sera jamais un esclave (il ne peut pas être
capitaine des nobles). C’est une entrave à la culture.
Caste de noble vs caste d’esclave. Et dans notre génération, on est beaucoup à se battre
contre ça. Et même dans l’islam, quand on regarde l’histoire d’Ibrahim, quand il a cherché a
rependre la religion, ça famille lui a répondu « nous restons sur ce que nos pères nous ont
enseigné », cette histoire de culture transmise de génération en génération est très encrée.
Et tu ne peux pas aller à l’encontre de la culture sinon tu sacrifies ton confort de vie, tu te
coupes de ta famille, de ton village, etc., parce que tu vas chercher à remettre en cause
leurs méthodes de vie. La culture est tellement prenante qu’elle peut être néfaste et
destructrice pour nous. Ils vivent vraiment par la culture.

ITWer : Et ce système de caste, est-il remis en questions également par les castes
inférieures ou est-il aussi remis en cause par les castes supérieures ?

Salah : Ça vient par le mariage, on est tous amenés à se marier ou à se mettre en couple et
à vivre ensemble. Et à partir de là c’est codé, pas de mélange de castes, sinon la famille va
les rejeter. C’est un réel problème pour les nouvelles générations, les anciennes générations
n’avaient que ça, ils n’avaient pas l’éducation. Mais aujourd’hui y a l’éducation et un
échange d’information, même si y a pas forcement internet la bas, on peut voyager, etc.,
donc on a une conscience différente de celle des parents. C’est pour ça que les jeunes de
toutes castes se battent contre ce système.

ITWer : Est-ce qu’ils ont accès à la technologie ?

Salah : Et bien l’info sort des villages via les gens comme moi qui vont y’aller. Après ils
commencent à chercher des outils/moyens pour réduire la pénibilité de leurs taches et
améliorer leurs quotidiens, comme utiliser une charrette pour transporter l’eau, mais ça va
rester sur de petites choses. Après si y a pas accès à l’électricité, donc même pour les
téléphones c’est compliqué. Après pour ce qui est des technologies plus primaires, comme
les outils pour retourner la terre dans les champs avec leurs animaux. Mais ils n’ont pas
accès aux nouvelles technologies. On n’a pas du tout le même référentiel pour la
technologie. Par exemple, y a pas longtemps en Mauritanie, il y a eu un changement de
billet, ils étaient complètement perdus parce qu’ils n’arrivaient pas a faire l’équivalence avec
les anciennes monnaies, et quand les nouveaux billets leurs parvenaient alors qu’ils sont
isolés, ils disaient qu’ils n’en voulaient pas, mais c’est comme ça et c’est trop tard. Ils n’ont
pas eu de pédagogie autour du changement de monnaie comme nous on a connu pour le
changement du franc à l’euro, même à la capital les gens avaient du mal. Même les
banquiers ne comprenaient pas et faisaient des grosses erreurs. Nous on a du user d’une
certaine forme de pédagogie pour lui faire comprendre. Après la difficulté pour les villageois,
c’est qu’ils ont leurs dialectes et si y’a pas quelqu’un qui les connaît directement, il ne va pas
arriver à communiquer avec eux. On se dit souvent « on va venir avec nos ordinateurs,
mettre ça dans le village » et crois-moi, ça va pas bouger ils vont rien faire parce qu’ils se
disent « toi tu viens avec ton truc, mais nous on a pas besoin de ça ». Tu vois si on n’a pas
étudié la population, qu’on cherche à s’inscrire dans un contexte sans l’avoir étudié, on aura
beau faire tous les projets, même donner de l’eau, ça ne fonctionnera pas. Nous pour leurs
fournir de l’eau ça nous demande une pédagogie énorme avec les populations, parce que
d’un village à l’autre, on va faire la même chose, mais on va devoir avoir une pédagogie
différente. Ils ont des interprétations différentes, des questions différentes (s’il y a un
problème est-ce que c’est à nous de le régler …). Une pédagogie à adapter au contexte, à
leurs visions, leur compréhension et leurs façons de faire. Si on arrive à appliquer ça, on
arrivera à inscrire les projets dans une continuité. Parce que tu vas faire un travail de fond et
pas seulement un travail de forme.
C’est la communication autour des solutions mises en place qui vont assurer leurs
efficacités et pas forcement la solution en elle même.

C’est des populations qui travaillent tous les jours pour leurs survies et qui n’ont pas
d’éducation, il faut donc de la pédagogie et un suivi, sans ça le projet ne peut pas réussir !

ITWer : Outils accès à des objets de récupération ?

Salah : Ils ont des conserves, et les enfants sont très créatifs et arrivent à faire des jouets
avec des conserves. Et parfois d’autres choses assez basiques, mais rien qui va améliorer
leurs quotidiens. Mais il y a un début de conscience de récupération insufflé par les enfants
(créativité).

ITWer : Est-ce que l’éducation scolaire peut suffire à elle même pour ses populations ?

Salah : Oui, c’est une logique implacable, l’éducation est une clé d’avenir pour un pays sans
rentrer dans le cas par cas. S’il n’y a pas d’avenir pour le village, il n’y en a pas pour la
commune, donc pour la capitale également et vice-versa. Et par extension ce qui ce passe,
vu que les personnes n’ont pas de qualification et qu’ils savent qu’en Europe tu peux gagner
1000 € en étant main d’œuvre, ils vont chercher à émigrer et vont faire des travaux
misérables, mais vont gagner à leurs échelles beaucoup d’argent et c’est cet argent qui va
être renvoyé au pays. Donc si y a pas d’éducation, il n’y a pas de développement personnel
ni professionnel et donc pas de développement au niveau du pays.

ITWer : Quelles sont à ton avis les problématiques liées à l’éducation scolaire ?

Salah : Le manque d’infrastructure, souvent les écoles sont trop loin des villages, les enfants
font souvent des kilomètres pour avoir accéder à l’école. Dans les zones rurales, il n’y a pas
ou trop peu de professeurs, les écoles sont surchargées, il n’y a pas de matériel, donc de
table, de cahier, de style. Des fois il n’y a même pas d’école et cils font ça quand une
maison de paille. La priorité pour ces pays dans leurs développements c’est de se nourrir et
l’éducation va être laissée de côté.
Sur le Paris Raisse (nouveau Paris-Dakar, ils ont distribué des torches solaires, ce qui a pu
aider à s’éclairer dans certaines zones. Une fois on a visité 5 villages, et dans ces 5 villages
il n’y avait qu’une école. Les enfants devaient donc tous aller dans ce village et ils mettaient
2h aller et 2h au retour.

ITWer : Est-ce que l’école est accessible tous ou il faut rentrer dans certain critère pour y
avoir accès ?
Salah : Non, il y a pas de condition, c’est accessible à tous. Là-bas les enfants n’ont pas de
pièce d’identité ou de recensement, il a juste à aller voir le professeur pour que l’enfant y
aille. Et même les professeurs, quand ils sont envoyés dans ces zones la, ils sont dans de
telles conditions qu’ils ne veulent pas rester, ne sont pas motivés, et ne se tuent pas à la
tache, parce que les enfants ne comprennent pas les cours, les enfants parlent leurs
dialectes. C’est pour ça qu’il faut un professeur issu de leurs villages, quelqu’un qui est allé
en capitale, qui a étudié et qui revient pour enseigner. Si tu ramènes quelqu’un qui est
parachuté là-bas, comme il se passe aujourd’hui, ce qui leurs permet par la suite d’accéder
à des postes en capitale, ils donnent une éducation qui vaut rien et quand les enfants
rentrent à l’école ils en ressortent avec aucune connaissance.
Les professeurs ont des salaires basiques, des conditions de vie très difficile parce qu’ils
vivent pas normalement dans ces villages-là, qui fait que pour eux aussi c’est très difficile. Et
s’ils font ça, c’est parce qu’il n’y a pas de volontaire pour aller là-bas. Il fait chaud, n’y a pas
de climatisation, pas d’eau potable.

ITWer : Qui met en place le programme scolaire ?

Salah : C’est le ministère de l’Éducation. C’est le programme du pays, il y a parfois 2


programmes, par exemple en Mauritanie, il y a le programme français et mauritanien.
D’ailleurs le ministère demande aux communes d’avoir un endroit où les enfants puissent
étudier et c’est à partir de ce moment-là qu’il envoie un professeur. Il faut un endroit avec
des tables et des chaises. Les enfants là-bas ne connaissent pas la langue nationale et les
cours sont dispensés en langues nationales. Après il faut savoir qu’il y a beaucoup de
dialecte différent, par exemple au Togo il y a 50 dialectes. Et les professeurs ne dispensent
pas forcement le cours dans le dialecte, le plus souvent les cours sont dispensés dans la
langue nationale ou dans la ligue officielle [Français pour le cas de la Mauritanie].

ITWer : Est-ce que la caste va avoir un impact sur l’accès à l’école ?

Salah : Non ça ne rentre pas en ligne de compte. L’école et l’éducation ne rentrent pas dans
la culture, donc peux eux ça change rien.

ITWer : Est-ce que les enfants veulent aller à l’école ?

Salah : Oui, ils ont envie d’apprendre, en plus quand ils vont à l’école ils vont pas travailler.
Donc ils sont contents. Ils ne feront pas aucune des deux, ils vont pas passer leurs temps à
rien faire et vont préférer aller à l’école plutôt qu’aller dans les champs.

ITWer : Est-ce que le niveau est hétérogène ?

Salah : Ah oui, y’en a qui sont très en avance, d’autre à la ramasse, et ils peuvent pas
comme ici déployé un programme spécifique pour les plus forts et leur faire passer de
classe. Pareille, les enfants qui vont avoir un handicap de vont pas avoir de traitement
spécial. Parce que les professeurs n’ont pas les moyens ou les outils et ne sont pas non
plus formés pour ce genre de cas, ils sont seulement formés sur le programme. Ils n’ont pas
non plus le recul pour voir les enfants au-dessus ou en dessous de la moyenne.
ITWer : Après un an d’école est-ce que les enfants apprennent quelque chose ?

Salah : Je peux pas de dire ça, il faut regarder les études et les statistiques associées.

ITWer : Est-ce que l’école les forme ou les aide dans la vie de tous les jours ?

Salah : Oui, par exemple les enfants qui sont allés à l’école et qui ont appris la langue, c’est
eux qu’on va envoyer pour communiquer avec des personnes du monde extérieur. Par
exemple nous les humanitaires quand on arrive dans des villages, on ne se comprend pas
parce qu’on n’a personne dans l’équipe qui parle les dialectes de ses populations, et le
village va chercher l’enfant qui a le meilleur niveau à l’école pour faire le traducteur. Les
enfants qui vont à l’école ont aussi un rôle social plus important.

ITWer : Qui sont les personnes qui s’engage à émigrer et pourquoi ?

Salah : La raison principale de l’émigration c’est l’argent, c’est d’aider la famille en envoyant
de l’argent. Donc il y a des familles qui vont se cotiser, pour développer un espoir, vont voir
quel enfant à le plus de chance de se débrouiller à la capital régional, national ou à
l’étranger. Nous on cherche à fixer les populations à leurs terroirs et à les aider à faire
développer leurs terroirs. Parce que l’émigration coûte cher et quand ils ont réussi à émigrer
c’est aussi de la survie pour eux, car dans cette survie et ne doivent pas oublier l’objectif de
leurs immigrations qui est de rapporter de l’argent. Après il y aussi ceux qui vont fuir les
guerres.

ITWer : Et ce sera plus les personnes les plus ou moins éduquées ?

Salah : Les deux, ça dépend de la débrouillardise. Il y a ceux qui étudient, mais qui ne
trouvent pas de travail, et il y a ceux qui n’étudient pas et qui veulent s’en sortir.

ITWer : Après l’immigration, est-ce qu’ils sont toujours attachés au pays ?

Salah : Dans le cas d’une immigration économique, oui, parce qu’ils sont partis avec un
objectif et ils l’ont en permanence. Par exemple mon père quand il a émigré, il avait pas de
diplôme, il a fait plein de travail ici et la, il a été éboueur pendant 35 ans et son objectif est
resté le même. Et nous mémé quand il nous a éduqués, il nous a expliqué pourquoi il a
émigré en nous expliquant d’où il venait et qu’il va falloir penser y retourner pour apporter
quelque chose au pays et l’aider à se développer.

ITWer : Est-ce que des personnes émigrent et cherchent à perdre ce rapport les liant à la
famille ?

Salah : Ça arrive, mais quand ça arrive la personne s’expose à rompre le lien avec la famille
alors que c’est la seule chose qu’ils ont, quand il y a un pépin c’est sur eux qu’ils peuvent
compter, parce que la famille n’est pas qu’au village, il y en a dans le pays ou ils ont émigré,
c’est eux l’accroche, ils ne peuvent pas se soustraire à cette règle. C’est très difficile quand il
y a une différence de génération, sinon c’est très difficile.

ITWer : Merci beaucoup !

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