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Par
&
&
Kaoutar EL MENZHI
k.elmenzhi@um5s.net.ma
Résumé :
Abstract:
2
http://revues.imist.ma/?journal=FFI ISSN: 2489-1290
Finance & Finance Internationale Volume 1, N°23 janvier 2022
INTRODUCTION
Les prix de transfert sont les prix auxquels les services, les biens corporels et les biens
incorporels sont échangés entre parties ayant un lien de dépendance dans le cadre d’opérations
transfrontalières. Ces prix ont une incidence directe sur les bénéfices déclarés par chacune de
ces parties dans leur pays respectif.
La problématique des prix de transfert est née et s’est développée aux Etats-Unis.
Ensuite, elle s’est exportée, dans l’ordre chronologique, en Asie, au Canada, en Europe et
enfin, en Amérique latine. Les Etats-Unis jouent, en matière de prix de transfert, un rôle
précurseur.
Il en résulte que le Maroc ne peut rester insensible aux problèmes posés par les prix de
transfert. Outre la présence de nombreuses filiales de groupes américains, européens voire
même arabes, l’ouverture de l’économie qu’induira la multiplication des accords de libre-
échange ne peut que faire de la problématique des prix de transfert, un souci majeur, pour
l’administration fiscale marocaine3.
En vertu de ces dispositions, la Direction Générale des Impôts est en droit de procéder
à l’appréciation directe des prix pratiqués lors des transactions intra-groupes, sur la base des
informations dont elle dispose. Dans la pratique, elle utilise les indicateurs de profit net ci-
dessous :
- La marge d’exploitation ;
- Le résultat d’exploitation / Le chiffre d’affaires ;
- Le résultat d’exploitation / Les charges d’exploitation ;
- L’excédent Brut d’Exploitation
- La valeur Ajoutée ;
- La valeur Ajoutée / Le chiffre d’affaires.
Ainsi, afin de déterminer si un transfert indirect de bénéfice est opéré, la DGI compare
l’un de ces indicateurs réalisé par la filiale en vérification avec celui d’une autre entreprise
similaire.
1
Organisme de coopération et de développement économiques
2
PELLEFIGUE J. (2012), Théorie économique de la réglementation des prix de transfert, p.10, CHICHE M., du contrôle des
services fonctionnels à l’usage de la facturation interne, p.11, AMAR J. (2010), Mission de documentation des prix de
transfert en PME, p.9.
3
M. CHRAIBI, La problématique des prix de transfert (Mémoire pour l’obtention du diplôme national d’expert comptable,
ISCAE 2005)
3
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Le présent article sera scindé en quatre parties. Nous allons, tout d'abord, étudier le
dispositif marocain et sa logique en matière de rectification des bénéfices indirectement
transférés vers l'étranger. Ensuite, il sera question de comparer ce dispositif avec la pratique
OCDE. Certaines limites de ce dispositif seront, par conséquent, relevées. Finalement, une
présentation des résultats de l'étude sera effectuée.
1. Méthodologie du travail
Pour bien mener ce travail nous avons suivi les étapes énoncées ci-dessous :
- Définition des contours du sujet : les prix de transfert constituent un sujet vaste,
d’actualité. Nous avons choisi de traiter en premier lieu l’aspect fiscal de la thématique,
cet aspect revêt une haute importance tant pour les administrations fiscales que pour le
contribuable.
- Préparation de la bibliographie : Cette étape consiste à effectuer une recherche
documentaire. Cette recherche repose essentiellement sur les articles scientifiques, les
publications de l’OCDE et les textes législatifs marocains en la matière.
- Travail sur le terrain : Pour éviter que l’étude ne soit confinée au niveau de la revue de
littérature théorique, nous avons effectué un travail sur terrain en collaboration avec un
cabinet de conseil fiscal « KPMG Maroc » qui fait partie des big four4, afin de
confronter la théorie avec la pratique. Dans ce sens, nous avons effectué des entretiens
avec des professionnels pour asseoir la justification du sujet.Ces professionnels ont
répondu généreusement à nos questions, et nous ont permis de pratiquer l’aspect fiscal
des prix de transfert à travers l’élaboration des projets de réponses pour le compte des
sociétés ayant fait l’objet d’un contrôle fiscal et dont la problématique des prix de
transfert a été relevée.
Finalement, le présent article ne peut prétendre l’exhaustivité, il n’a pas pour objectifs
de présenter la démarche du contrôle fiscal au Maroc, ni de présenter une démarche d’audit en
matière des prix de transfert.
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Les quatre plus grands groupes d’audit et de conseil au niveau mondial.
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Ainsi que, une transaction entre deux entreprises associées implantées dans deux pays
différents A et B donnera lieu a une opération de charge admise en déduction fiscale sur A et
un produit imposable en B. Cette situation, et avec les différences de taxation existantes entre
les pays peut pousser les entreprises associées à utiliser les prix de transfert comme canal de
transfert indirect de bénéfice vers les Etats à faible taux de taxation.
En conséquence, Gubert et Mutti (1991) ainsi que Hines et Rice (1991) constatent une
corrélation négative entre les bénéfices déclarés par les IDE américains et les taux de taxation.
Ces résultats ont été confirmés par Huizinga et Laeven (2005) pour les entreprises
européennes. De même Clausing (2001-2006) utilisait les données sur les prix de transfert des
entreprises américaines et leurs filiales pour montrer que les transactions intra-groupe
réagissent aux différences de taxation contrairement aux prix des opérations sur le marché
libre.
De plus, l’étude réalisée par Overesch (2006) sur les données des entreprises
allemandes, montre la sensibilité des prix de transfert aux différences de taxation, et leur
utilisation comme canal de transfert de bénéfice.
De son tour, Senjaya Lall (1973) affirme dans son article que si les taux d’imposition
entre les Etats sont égaux, il n’y a aucune raison d’utiliser délibérément les prix de transfert
pour transférer des bénéfices d’un pays à l’autre.
Néanmoins, le Maroc ne peut rester insensible aux problèmes posés par les prix de
transfert. Outre la présence de nombreuses filiales de groupes américains, européens voire
même arabes, l’ouverture de l’économie qu’induira la multiplication des accords de libre-
échange ne peut que faire de la problématique des prix de transfert, un souci majeur, pour
l’administration fiscale marocaine.
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Principes de l’OCDE applicables en matière des prix de transfert à l’intention des entreprises multinationales et des
administrations fiscales.
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Norme internationale qui, comme l’ont convenu les pays membres de l’OCDE, doit être utilisée pour la détermination des
prix de transfert à des fins fiscales.
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Les méthodes traditionnelles fondées sur les transactions sont utilisées pour appliquer le
principe de pleine concurrence. Il s’agit de la méthode du prix comparable sur le marché libre,
de la méthode du prix de revente et de la méthode du coût majoré.
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automatique.
Il est en général conseillé de n’avoir recours à ces méthodes que lorsque les méthodes
précédentes, fondées sur les transactions et les marges de profit brutes, ne peuvent être
appliquées de manière suffisamment fiable. Ces méthodes sont plus souples quant au critère
de comparabilité.
De ce qui précède, les lignes directrices de l’OCDE en matière des prix de transfert
décrivent le processus8 type d’une analyse de comparabilité qui se compose de neuf étapes.
Ce processus est considéré comme une bonne pratique, mais n’est pas obligatoire, et tout
autre processus de recherche permettant d’identifier des comparables fiables peut être
acceptable car ce qui importe le plus, c’est la fiabilité des résultats plutôt que la procédure
suivie. De plus, suivre le processus proposé par le référentiel OCDE ne garantit pas que le
résultat soit conforme au principe de pleine concurrence, et ne pas le suivre ne signifie pas
que le résultat ne sera pas conforme à ce principe. Toujours à ce niveau-là, dans la pratique,
ce processus n’est pas linéaire. Certaines étapes doivent parfois être mises en œuvre à
plusieurs reprises jusqu’à parvenir à une conclusion satisfaisante, c'est-à-dire jusqu’à ce que la
méthode la plus appropriée soit sélectionnée.
3.4. Documentation
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Rapport OCDE, version 2017
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Chapitre III des principes OCDE applicables en matière de prix de transfert
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Afin de réaliser les objectifs décrits ci-dessus, les pays devraient adopter une approche
normalisée de la documentation des prix de transfert. L’action 13 propose une structure à trois
niveaux qui consiste en un fichier principal contenant:
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BEPS action 13 sur la documentation des prix de transfert
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En vue de cette rectification, les bénéfices indirectement transférés comme indiqué ci-dessus,
sont déterminés par comparaison avec ceux des entreprises similaires ou par voie
d’appréciation directe sur la base d’informations dont dispose l’administration. »
Il y a lieu de préciser que le champ d’application de cet article concerne, outre les
opérations transfrontalières, les opérations Morocco-marocaines, sous la réunion des deux
conditions suivantes :
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Code Général des Impôts version 2020
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Note circulaire 717, Tome III
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Ainsi, cette justification n’est valablement admise que lorsque le transfert des
bénéfices s’opère :
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possibilité aux entreprises de conclure au préalable un accord sur les prix de transfert. Cette
mesure permettra au Maroc de gagner quelques points vis-à-vis des investisseurs étrangers.
Également, la loi de finance 2020 apporte une nouveauté concernant l’approbation de l’accord
multilatéral portant sur l’obligation des sociétés qui entrent dans le champ de l’application de
ladite loi de préparer un document dit « déclaration pays par pays ».
4.3. Documentation lors du contrôle :
Selon le nouveau paragraphe inséré dans l’article 210 du CGI : « Les entreprises ayant
des liens de dépendance directe ou indirecte avec des entreprises situées hors du Maroc,
doivent mettre à la disposition de l’administration fiscale la documentation permettant de
justifier leur politique de prix de transfert, visée à l’article 214-III ci-dessous, à la date de
début de l’opération de vérification de la comptabilité12 »
En effet, l’alinéa 4 de l’article 210 du CGI permet à la Direction Générale des Impôts
de renforcer son droit de communication en matière des prix de transfert, et ce par le biais de
l’obligation du contribuable à produire une documentation complète décrivant la politique et
les méthodes utilisées lors des transactions intra-groupe.
Les documents visés s’entendent de tout justificatif permettant d’évaluer la méthode
utilisée pour fixer les prix de transfert entre les filiales d’un groupe auquel appartient la
structure faisant l’objet du contrôle fiscal. La documentation en question est censée permettre
au fisc d’avoir une idée sur la répartition des bénéfices et un panorama des activités du groupe
à l’échelle internationale. Cette procédure vise également à évaluer les transactions entre les
filiales d’un même groupe.
4.4. Accord Préalable sur les Prix de transfert :
Avant de rappeler du contenu des articles régissant l’APP, il est légitime de présenter
une définition de ce terme. Les lignes directrices de l’OCDE en matière des prix de transfert
définissent l’APP en tant qu’un accord qui fixe préalablement à des transactions entre
entreprises associées, un ensemble approprié de critères tels que la méthode de calcul, les
éléments de comparaison ainsi que les correctifs à y apporter et les hypothèses de base
concernant l’évolution future.
En effet, les éléments susvisés permettent la détermination des prix de transfert
appliqués à ces transactions au cours d’une période déterminée. Un accord de fixation
préalable de prix de transfert peut être unilatéral lorsqu’il ne fait intervenir qu’une seule
administration fiscale et un contribuable ou multilatéral lorsqu’il fait intervenir l’accord de
deux ou plusieurs administrations fiscales.
Cette mesure est appliquée à partir du 1 janvier 2019, elle a pour objectif d’assurer une
sécurité juridique et une stabilité de l’environnement fiscal. Elle consiste à instituer au niveau
du titre premier du livre II concernant les procédures fiscales du CGI, un chapitre V dédié à la
procédure d’accord préalable en matière des prix de transfert. Ce chapitre est subdivisé en
deux articles 234 bis et 234 ter.
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Code Général des Impôts, version 2020
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Selon le nouveau article, 234 bis du CGI : « Les entreprises ayant directement ou
indirectement des liens de dépendance avec des entreprises situées hors du Maroc, peuvent
demander à l’administration fiscale de conclure un accord préalable sur la méthode de
détermination des prix des opérations mentionnées à l’article 214-III ci-dessus pour une durée
ne dépassant pas quatre (4) exercices. Les modalités de conclusion dudit accord sont fixées
par voie réglementaire ».
Par ailleurs, en application des dispositions de l’article 234 bis, l’entreprise ayant
directement ou indirectement des liens de dépendance avec des entreprises situées hors du
Maroc et qui désire conclure un accord préalable sur les prix de transfert sur la méthode de
détermination de ces prix pour des opérations effectuées avec lesdites entreprises ainsi que les
éléments qui la justifient, doit déposer au siège de l’administration fiscale une demande et ce,
au moins six mois avant l’ouverture de l’exercice concerné par l’accord.
Préalablement, au dépôt de sa demande, il est recommandé à l’entreprise de se
rapprocher des services compétents de l’administration fiscale pour examiner les conditions
dans lesquels l’accord pourra être conclu, notamment le type et la nature des informations
nécessaires à l’analyse de la politique des prix de transfert, le calendrier prévisionnel des
réunions, ainsi que les questions relatives aux modalités de conclusion de l’accord.
De plus, l’article 234 ter stipule : « L’administration fiscale ne peut remettre en cause
la méthode de détermination des prix des opérations mentionnées à l’article 214-III ci-dessus
ayant fait l’objet d’un accord préalable avec une entreprise, conformément aux dispositions de
l’article 234 bis ci-dessus. Toutefois, l’accord est considéré comme nul et de nul effet depuis
sa date d’entrée en vigueur dans les cas suivants :
- La présentation erronée des faits, la dissimulation d’informations, les erreurs ou
omissions imputables à l’entreprise ;
- Le non-respect de la méthode convenue et des obligations contenues dans l’accord par
l’entreprise ou l’usage de manœuvres frauduleuses ».
Néanmoins, l’article 234 ter souligne les garanties octroyées aux entreprises en
précisant que l’administration fiscale peut remettre en cause l’accord conclu avec les
entreprises sur la méthode convenue, dans le cas où l’entreprise présente des données
erronées, dissimule des informations, ou ne respecte pas la méthode stipulée et les obligations
contenues dans l’accord.
Le fait de signer un accord préalable sur les prix de transfert pour une période de
quatre ans ne met pas à l’abri de la vigilance de l’administration fiscale. Toutefois,
l’entreprise ayant conclu un APP doit déposer annuellement à l’entité chargée des APP au
siège de la Direction Générale des Impôts un rapport de suivi. De plus, le défaut de
production du rapport annuel et documents y annexés stipulés dans l’accord, peut entraîner
son annulation à compter de l’exercice au titre duquel les éléments exigés n’ont pas été
présentés à l’administration fiscale.
4.5. Déclaration pays par pays
Selon le premier paragraphe de l’article 154 ter du CGI : « Toute entreprise soumise à
l’impôt sur les sociétés au Maroc et remplissant les conditions du deuxième alinéa ci-après,
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est tenu tenue de déposer auprès de l’administration fiscale, dans les douze (12) mois suivant
la clôture de l’exercice comptable, par procédé électronique selon un modèle établi par
l’administration, une déclaration dite « déclaration pays par pays », comportant la répartition
pays par pays des données fiscales et comptables et des informations sur l’identité, le lieu de
l’exercice et la nature des activités relatives au groupe d’entreprises multinationales auquel
elle appartient… »
Suite à l’adhésion du Maroc au cadre inclusif pour la mise en œuvre du projet sur
l’érosion de la base imposable et le transfert de bénéfice, le Maroc est engagé à mettre en
œuvre la norme minimale de l’action 13 relative à la déclaration pays par pays. Voilà
pourquoi la loi de finance a complété les dispositions de l’article 154 ter afin d’instituer
l’obligation pour les groupes d’entreprises multinationales de déposer cette déclaration
conformément aux dispositions dudit article. Cette nouvelle déclaration a pour objet
d’informer la Direction Générale des Impôts sur les données fiscales, comptables, l’identité et
la nature des activités relatives au groupe d’entreprises multinationales auquel appartient
l’entreprise marocaine.
5. Comparaison avec la pratique internationale :
Dans cette partie, nous sommes sur le point de traiter les points de divergence et de
convergence entre l’arsenal marocain en matière des prix de transfert et la pratique OCDE,
plus précisément au niveau du contrôle et la vérification des prix de transfert.
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6. Résultat de l’étude
Dans le cadre de ce travail de recherche nous avons, en collaboration avec le cabinet
KPMG-Maroc, effectué une étude pratique sur le contrôle fiscal des prix de transfert. Étalée
sur trois mois, l’étude a été concrétisée par des entretiens réguliers avec les consultants
fiscaux du cabinet et par la consultation et l’étude des dossiers d’une dizaine de sociétés ayant
fait l’objet d’un contrôle fiscal en matière des prix de transfert. Plus du tiers de ces sociétés
opèrent dans le secteur commercial.
Par ailleurs, la Direction Générale des Impôts procède aux redressements en matière
des prix de transfert à travers la comparaison directe avec des entreprises qu’elle considère
comme similaires. Or être comparable signifie qu’aucune des différences éventuelles entre les
situations comparées ne pourrait influer de manière significative sur l’élément examiné de
point de vue méthodologique. Ainsi en cas d’existence de ces différences le service
vérificateur doit effectuer des ajustements et des correctifs visant à fiabiliser l’approche
comparative de l’Inspecteur Vérificateur. Or nous avons constaté l’insuffisance, voire
l’absence de l’utilisation de ces ajustements malgré les différences entre les éléments
comparés. Ainsi, le service vérificateur de l’administration fiscale marocaine procède à
l’utilisation de comparables non nationaux en absence de données lui permettant de procéder
en toute connaissance de cause à une comparaison fiable. Les caractéristiques qui doivent être
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Autres redressements
8%
Redressement
relatif aux
des prix de transfert
92%
Il y a lieu de signaler que, face aux contraintes dictées par la durée limitée de
collaboration avec le cabinet et par les délais nécessaires à l’aboutissement de la procédure du
traitement du dossier par la CNRF13, nous n’avons pas pu suivre ces dossiers en assistant à
leurs examens par les membres de cette instance pour être fixés sur le sort du litige soumis à
son appréciation. Cependant, la curiosité et le désir du savoir nous ont poussés d’aller
recueillir des informations dans les dossiers similaires sur lesquels la CNRF a déjà statué.
Ainsi, les investigations effectuées ont permis de constater que pour la plupart des
dossiers vérifiés des grandes entreprises, notamment les multinationales, le règlement du litige
les opposant à l’administration fiscale se fait dans le cadre d’un arrangement à l’amiable
négocié entre les deux parties tant que la CNRF ne statue pas sur le litige. En effet, l’option
pour ce genre d’accord tient compte des considérations suivantes :
13
Commission Nationale du Recours Fiscale
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- Pour le contribuable, il lui permet d’économiser le temps et les coûts inhérents aux
délais des recours devant les différentes instances compétentes (CNRF, tribunal…),
comme il lui offre une opportunité d’établir des bonnes relations avec l’administration.
- Pour l’administration fiscale, en premier lieu elle lui permet d’atténuer l’impact négatif
des délais des traitements de dossiers devant les instances sur les recettes fiscales, ainsi
elle préfère encaisser aujourd’hui un montant négocié qu’attendre des années pour un
encaissement incertain. En second lieu, elle permet d’offrir au contribuable la
possibilité d’activer le règlement du litige l’opposant à l’administration pour se
consacrer à l’exercice de ses activités et d’encourager l’attractivité des investisseurs
étrangers au Royaume.
Enfin, nous avons également relevé qu’en matière du contrôle fiscal des
multinationales, deux principaux redressements ont un caractère répétitif à savoir : les
redressements en matière des prix de transfert des biens importés et la limitation des charges
(frais de siège).
Conclusion
A la lumière des dossiers étudiés, nous avons constaté que l’approche adoptée par
l’administration fiscale marocaine dans le cadre du contrôle fiscal présente des limites et des
insuffisances et ce pour le manque d’objectivité, et le non-respect des règles et des préalables
de comparabilité édictées par l’OCDE. Ceci est de nature à compromettre le principe de
comparabilité qui est le seul outil permettant d’apprécier les politiques des prix de transfert
par la Direction Générale des Impôts. Par ailleurs, le régime fiscal marocain en la matière ne
dispose pas d’un processus type à appliquer afin de mettre en œuvre l’analyse de
comparabilité. Nous avons constaté la négligence de l’ensemble des circonstances du
contribuable (mauvaise conjoncture du marché, dégradation du pouvoir d’achat…) qui
consiste à analyser le secteur d’activité, la concurrence, les facteurs économiques et
réglementaires qui permettent au service vérificateur de mieux comprendre le contribuable et
son environnement.
En définitive les relations entre les sociétés d’un même groupe doivent respecter ce
que Jérôme Turot14 appelle la règle de « l’égoïsme sacré ». Ainsi et afin d’atténuer l’effet des
limites précitées, l’administration fiscale marocaine devrait augmenter les diligences vis-à-vis
des contribuables opérant dans des secteurs tels que l’industrie, tout en veillant à maintenir le
niveau d’attractivité du Maroc vis-à-vis des capitaux étrangers. Cette attractivité est étayée par
le biais de l’alignement avec les pratiques internationales visant à lutter contre la fraude et
l’évasion fiscale.
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Avocat français et membre du Cercle des fiscalistes
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Références Bibliographiques :
Ouvrages:
Daluzeaux X., Gelin S., Gibert B., Le boulanger A., (2016), Prix de transfert : détermination,
justification et gestion des différends, France : Francis Lefebvre.
Articles scientifiques :
Hirshleifer J., On the Economics of Transfer Pricing, The journal of Business, (Jul., 1956),
Vol. 29 N°3, P.172-184.
Hines J. R., Lessons from Behavioral Responses to International Taxation, National Tax
Journal, June 1999, Vol 52, N°2, P.305-322.
Overesch M., Transfer Pricing of Intrafirm Sales as a profit shifting Channel- Evidence from
Germanfirm data, Centre for european Economic research, Dec 2006.
Hines J. R., Rice E. M., Fiscal Paradise : Foreign Tax Havens and American Business, The
Quarterly Journal of Economics, Feb 1994, Vol 109, P.149-182.
Grubert H., Mutti J., Taxes, Tariffs and Transfer Pricing in Multinational Corporate Decision
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Lall S., Transfer Pricing by multinational manufacturing firms, Oxford Bulletin of Economics
and Statistics, Aug. 1973, Vol. 35 N°3, P. 173-195.
Rapports gouvernementaux :
OCDE. (2015), Projet G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices,
Rapports finaux.
OCDE. (2015), Projet G20 sur l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices,
Exposé des actions.
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Mémoires et thèses :
Magali Guimaraes De F. (2010), les prix de transfert pratiqués par entreprises transnationales
françaises et brésiliennes de 1994 à 2010 « cas des droits de la propriété incorporelle », thèse
pour l’obtention du grade docteur, Université Paris-Est.
Articles de presse :
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