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DCG UE4

Chapitre 17 : IS régime des plus ou moins-values

Le champ d’application du régime du « long terme » (chapitre 12) est beaucoup plus restreint
que pour les entreprises relevant de l’impôt sur le revenu : hormis les titres de participation et
les éléments liés à la propriété intellectuelle, la plupart des résultats de cessions ou de sorties
d’immobilisations sont maintenus dans le résultat fiscal taxé aux conditions de droit commun.

I- Qualification des plus-values ou moins-values

Le régime fiscal des plus-values professionnelles dans le cadre des sociétés soumises à l’IS est
beaucoup moins favorable que celui qui est applicable aux entreprises relevant des BIC (chapitre
12). Dans le cadre de l’IS :
- Seules deux natures d’immobilisations peuvent être éligibles au régime des plus-values
ou moins-values à long terme : les brevets et les titres de participation, en cas de
cession et, pour les titres, en cas de dépréciation.
- Les plus-values ou moins-values sur autres immobilisations incorporelles et corporelles
sont toujours qualifiées à court terme.
- Concernant les immobilisations financières autres que les titres de participation (titres
de placement), leur cession n’entre même pas dans le régime des plus-values ou moins-
values.

Qualification des plus-values ou moins-values dans le cadre de l’IS


Incidence des
Résultats de cession
dépréciations
Régime spécial de Résultat de droit
Immobilisations
taxation au taux de commun
incorporelles liées à
faveur de 10 % pour
la propriété
les cessions et
industrielle (brevets)
Immobilisations concessions
incorporelles et Ensemble des autres Plus-values ou moins-
corporelles immobilisations values exclusivement
incorporelles, et à court terme.
toutes les
immobilisations
corporelles
Portefeuille de titres • Régime des plus ou moins-values
Titres de
• PMVLT taxées au taux d’imposition de
participation
faveur de 0 % (sauf quote-part de 12 %)
Titres de placement Exclus du régime des plus-values ou moins-
values, maintenus dans le résultat fiscal de

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droit commun
1.1 – Immobilisations corporelles et incorporelles
a) Cas général
Toutes les plus-values ou moins-values sur les cessions d’immobilisations corporelles et
incorporelles (sauf régime particulier des concessions et cessions de brevets) sont qualifiées à
court terme.

b) Cas des cessions et concessions de brevets


Le régime spécial des brevets est présenté dans le cadre des entreprises relevant des BIC
(chapitre 12). Il ne s’agit pas à proprement parler de plus-values ou moins-values à long terme
et la détermination du résultat imposable est particulière ; mais son traitement fiscal est
comparable : le résultat net éventuellement dégagé est imposable au taux de 10 % et doit
donc être déduit (gain) ou réintégré (perte).

1.2 - Les titres de participation


Pour relever du régime des plus ou moins-values, les titres de participation détenus pas une
société soumise à l’IS doivent satisfaire aux conditions suivantes :

Définition L’administration fiscale considère que les titres suivants ont la qualification
fiscale des de titres de participation :
titres de - Parts ou actions de société ayant le caractère de titres de
participation participation sur le plan comptable (+ de 10 % du capital) ;
- Titres éligibles au régime des sociétés mères (5 % du capital au
moins) ;
- Actions acquises en exécution d’une offre publique d’achat ou
d’échange dont l’entreprise est l’initiatrice ;

Les autres sont des « titres de placement ». Dans le cadre de l’IS, et à la


différence des règles applicables pour les sociétés relevant de l’IR, le régime
des plus-values ou moins-values ne concerne que les titres de participation.
En sont exclus tous les titres de placement, qu’ils soient immobilisés ou
non.
Durée de L’évaluation des titres de participation, la détermination et la qualification
détention des plus ou moins-values résultant de leurs cessions ou dépréciations sont
identiques au régime applicable aux entreprises relevant de l’IR.

Le régime des plus ou moins-values à long terme est ouvert :


- Aux cessions de titres de participation détenus depuis plus de 2 ans
- Aux dépréciations de titres (quelle que soit leur durée de
détention).
Évaluation des Méthode PEPS ou CMP, sous certaines conditions au choix de l’entreprise
titres cédés
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Frais Les frais d’acquisition doivent être obligatoirement incorporés au prix de


d’acquisition revient des titres au plan fiscal.
des titres de Au plan comptable deux solutions sont possibles :
participation  Un amortissement dérogatoire linéaire sur 5 ans (RAF en fiscalité
mécanisme des amortissement dérogatoires);
 Une déduction immédiate des frais d’acquisition, ce qui aura pour
conséquence fiscale :
- Une réintégration extra-comptable des frais d’acquisition au bénéfice
imposable de l’exercice d’achat des titres ;
- Une déduction extra-comptable au même rythme que les
amortissement dérogatoires (non comptabilisés).
Lors de la cession les frais d’acquisition amortis sont déduits du coût
d’acquisition des titres pour le calcul de la plus ou moins-value. Le solde des
frais non encore amortis à la date de la cession ne peut pas être déduit.
Traitement La plus-value à long terme est exonérée à la condition que l’entreprise
fiscal de la réintègre au résultat imposable une quote-part de frais et charges à 12 %
plus-value à du montant brut de la plus-value. (Les moins-values à long terme ne
long terme viennent pas en diminution de l’assiette de la quote-part des frais et
charges).
Dépréciation  Dotation : moins-value à long terme à 0 % (réintégrée au résultat
sur titres de imposable ce qui a pour effet d’annuler la charge comptabilisée).
participation
 Reprise : plus-value à long terme à 0 % (déduite du résultat
imposable ce qui pour effet d’annuler le produit comptabilisé),
attention, il faut les déduire en totalité pas de QP de 12%.

Exemple : La SA Zunini détient en portefeuille des titres de participation de la société Dupois :


- 400 titres acquis en N-5 à 60 € unitaire ;
- 250 titres acquis en N-1 à 75 € unitaire.
La SA Zunini décide de se retirer de la société Dupois et vend l’intégralité de son portefeuille.
Prix de cession d’un titre Dupois = 100 €.
Le résultat comptable de l’entreprise Zunini est de 150 000 € en N.
La Sa Zunini opte pour le régime des sociétés mères et filiales.
NB : Le taux normal d’imposition à l’IS est de 25 %

 Détermination et qualification des plus-values de cessions :


Titres acquis en N-5 : (100 – 60)*400 = 16 000 € (plus-value à long terme)
Titres acquis en N-1 : (100-75)*250 = 6 250 € (plus-value à court terme).

 Imposition au titre de l’année N :


La plus-value à court terme est comprise dans le bénéfice imposable.
Bénéfice comptable : 150 000 €

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PVLT : -16 000 €


QP frais et charges : +1 920 €
Bénéfice imposable : 135 920 €

 Impôt dû :
Is taux normal : 135 920*25 % = 33 980 €.
Aucune imposition au titre de la plus-value à long terme.

1.3 - Cas des transferts de titre de compte à compte


Le transfert de titres d’un compte de titre de participation à un compte de titre de placement ou
inversement constitue au plan fiscal un fait générateur d’un résultat de transfert imposable à
l’IS. • Lorsque le titre sort du compte « titres de participation » ou d’un compte « titres relevant
du régime des plus-values à long terme », son transfert génère une plus-value ou moins-value à
long terme si les titres étaient portés à ce compte depuis plus de 2 ans.
• À l’inverse, si un titre est transféré d’un autre compte de bilan vers un compte de titres de
participation ou assimilé, il génère un profit imposable ou une perte déductible. Le résultat du
transfert est égal à la différence entre la valeur réelle des titres à la date du transfert et leur
valeur comptable. L’imposition est reportée à l’exercice au cours duquel les titres sont
effectivement cédés hors de la société.

Exemple : La société anonyme Pico a acquis 1 000 actions Varius à 120 € l’unité le 15/09/N ; ces
titres ont été inscrits en valeurs mobilières de placement.
Le 10/10/N+2, la SA Pico achète 1 200 autres actions Varius au prix unitaire de 135 € (prix
pouvant être considéré comme représentatif de la valeur des titres). Compte tenu du
pourcentage de détention atteint après l’opération, cette acquisition lui a permis de qualifier ces
titres de « titres de participation ». Les anciens titres ont donc été transférés dans ce compte à
la date du 10/10/N+2.
La SA Pico cède les titres le 15/12/N+4 pour un prix de 140 € l’unité. L’exercice comptable de
cette société coïncide avec l’année civile.

En N+2, lors du transfert des titres, la SA Pico a dégagé un profit imposable d’un montant de
(135 – 120) × 1 000 = 15 000 €. Ce profit latent n’a pas été imposé avec les résultats de N+2.

En N+4, lors de la cession effective, la SA Pico dégage les plus-values suivantes :


• Sur les titres acquis en N : (140 – 120) × 1 000 = 20 000 € qui se répartissent ainsi :
- 15 000 € imposables au taux de droit commun car ayant pour origine le transfert de
l’exercice N+2,
- 5 000 € non imposables hormis une quote-part pour frais et charges de 12 %. La plus-
value réalisée est qualifiée à long terme car elle a pour origine une cession des titres de
participation de plus de 2 ans ;
• sur les titres acquis en N+2 : (140 – 135) × 1 200 = 6 000 € non imposables (PVLT), à l’exception
de la quote-part de frais et charges de 12 %.

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II- Régime d’imposition des plus ou moins-values nettes

Les plus ou moins-values à court terme sont compensées afin de dégager une plus ou moins-
value nette à court terme.
Les PV ou MV à LT sont compensées selon leur taux d’imposition afin de dégager des plus ou
moins-values nettes à long terme ventilées selon leur taux d’imposition.
Par ailleurs, à ces éléments à long terme s’ajoutent les résultats des opérations sur éléments de
la propriété intellectuelle, lesquels sont taxés à un taux réduit.

Plus ou moins- Régime fiscale Incidence sur le passage du résultat


values nettes comptable au résultat fiscal
PV nette CT Pas de possibilité Aucune opération extra-comptable n’est à
d’étalement (sauf régime effectuer, elle est maintenue dans le
applicable aux sinistres et résultat imposables dans les conditions et
expropriations « voir plus au taux de droit commun. Elles doivent
bas ») cependant être indiquées sur l’imprimé
2059A.
MV nette CT Les moins-values nettes à court terme dégagées au cours d’un exercice
sont traitées comme une charge admise en déduction du résultat fiscal
sans aucune rectification particulière. Elles doivent cependant être
indiquées sur l’imprimé 2059 A.
PV nette à LT Éléments inclus dans le résultat comptable, doivent être déduits extra-
et gain sur comptablement afin de bénéficier d’une imposition réduite de 10% (brevets)
brevets ou d’une exonération (titre de participation – QP de 12% pour frais et
charges doit être maintenue dans le résultat fiscal).
Compte tenu de ces différences de traitement, il convient de traiter
séparément les deux catégories :
•Pour les éléments imposés à 10 % (brevets), l’imposition des résultats
négatifs est déterminée après imputation des résultats positifs
éventuellement reportables. Si le résultat fiscal de l’entreprise est
déficitaire, l’entreprise peut maintenir le gain dans le résultat ; elle
compense le déficit de l’exercice ou des exercices antérieurs.
• Pour les éléments imposés à 0 % (cessions ou reprises sur dépréciation de
titres de participation), les plus-values ne donnent lieu à aucune imposition
et les moins-values antérieures éventuelles ne sont pas imputables.
MV nette LT et Les MVNLT sur titres de participation ne sont pas déductibles du bénéfice
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pertes sur imposable au taux normal et doivent être réintégrées pour déterminer le
brevets résultat fiscal. Les pertes sur brevets sont reportables sur les gains de même
nature (avant application du ratio nexus) des exercices suivants. Elles
doivent également être réintégrées.

Exemple : La SARL RAN a réalisé les opérations suivantes en N :


• Le 26/10/N, elle a cédé 15 000 actions de la société Steven pour 1 188 000 €. Elle les avait
acquises selon les modalités suivantes :
- 06/09/N-2 : 5 000 à 50 € unitaire
- 12/05/N-1 : 10 000 à 55 € unitaire
L’entreprise utilise la méthode PEPS.

• Elle détient une participation dans une autre société. Au 31/12/N, elle a comptabilisé une
dépréciation de 1 600 € sur ces titres.
• Elle a perçu 86 000 € de redevances pour les concessions de divers brevets. Les dépenses de
gestion des concessions se sont élevées à 2 000 € en N. Ces concessions remplissent toutes les
conditions pour bénéficier du régime spécial et le résultat net correspondant s’élève à 84 000 €
avec un « ratio Nexus » de 1 (chapitre 12).
• Elle a cédé le 01/12/N pour 1 157 280 € un immeuble acquis le 01/06/N–6. Cet immeuble avait
été acquis pour 800 000 € HT. Amortissement à la date de cession : 260 000 €.

Le bénéfice comptable N de la SARL est de 2 896 000 €. Elle est soumise par hypothèse au taux
d’IS de 26,5 % sur la totalité de son résultat fiscal.

1. Détermination et qualification des plus ou moins-values nettes de l’exercice N


Cession des titres Steven :
• Prix de cession unitaire des titres : 1 188 000 ÷ 15 000 = 79,20 €
• Titres détenus depuis plus de 2 ans : 5 000 × (79,2 – 50) = 146 000 €, PVLT à 0 %
• Titres détenus depuis moins de 2 ans (mais cédés en même temps que des titres de même
nature détenus depuis au moins 2 ans) : 10 000 × (79,2 – 55) = 242 000 €, PVCT

Dépréciation des titres de participation : 1 600 €, MVLT à 0 %


Résultat net sur concession de brevet réunissant les conditions : 84 000 € × 1 = 84 000 €
taxables au taux spécial de 10 %

Cession de l’immeuble :
• Reversement de TVA = 800 000 × 20 % × 13/20 = 104 000 €
• VNC = 800 000 + 104 000 – 260 000 = 644 000 €
• Résultat de cession : 1 157 280 – 644 000 = 513 280 €, PVCT (immobilisation corporelle)

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Synthèse :
• PVNCT : 513 280 + 242 000 = 755 280 €
• Régime spécial des brevets : 84 000 €
• PVNLT : 146 000 – 1 600 = 144 400 €

2. Détermination du bénéfice imposable à l’IS au taux normal


Résultat comptable : 2 896 000 €
PVNCT maintenue dans le résultat fiscal
Résultat sur brevet 10 % : – 84 000 €
PVNLT 0 % : – 144 400 €
Quote-part pour frais et charges sur la seule PV de cession (146 000 × 12 %) : + 17 520 €
Résultat fiscal : 2 685 120 €

3. Calcul de l’impôt
IS au taux normal (au taux de 26,5 % par hypothèse) : 2 685 120 × 26,5 % = 711 557 €
Impôt sur le résultat net sur concession de brevet : 84 000 × 10 % = 8 400 €
Impôt total à payer : 719 957 €

Cas des indemnisations de sinistres ou expropriation


Les plus-values afférentes à des éléments amortissables et réalisées à la suite d’une
indemnisation pour sinistre ou pour expropriation bénéficient pour la totalité de leur montant
d’une possibilité d’étalement. Le calcul est similaire à celui du régime des entreprises relevant
des BIC (chapitre 12), mais une provision pour impôt à payer doit être constituée, non
déductible du bénéfice imposable :
- à la fin de l’exercice du sinistre, la société devra comptabiliser une provision pour impôt
différé (PVCT × taux de l’IS) et la réintégrer extra-comptablement ;
- lors des exercices suivants, une fraction de la PVCT sera réintégrée et une reprise
partielle de la provision pour impôt sera comptabilisée. Cette reprise ne sera pas
imposable et devra être déduite extra-comptablement.

Exemple : Un incendie s’est déclaré dans un entrepôt le 01/07/N. L’entrepôt, mis en service le
02/01/ N–8, avait coûté 1 200 000 €, il était amorti linéairement sur 15 ans. L’indemnité
d’assurance perçue en décembre N s’élève à 1 350 000 €. L’entreprise a le choix entre une
imposition immédiate de la plus-value ou son étalement.

Hypothèse 1 : La société n’étale pas la plus-value


• Indemnité perçue : 1 350 000 €
• Prix d’acquisition : 1 200 000 €
• Amortissements pratiqués en franchise d’impôt : 1 200 000 × 8,5/15 = 680 000 €
• Valeur comptable nette : 520 000 €
• Plus-value : 830 000 €

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Cette plus-value est qualifiée à court terme, elle est comprise dans le bénéfice imposable ;
aucune régularisation comptable n’est à effectuer.

Hypothèse 2 : La société étale la plus-value


Le calcul et la qualification de la plus-value à court terme de 830 000 € est inchangé. La durée
d’étalement de cette PVCT est la durée moyenne pondérée d’amortissement des biens détruits,
soit 8,5 années, arrondies à 9. La plus-value de 830 000 € sera étalée sur 9 années à compter de
N+1.
La société devra effectuer les opérations suivantes :
• Déduction extra-comptable en N de la plus-value, soit 830 000 €.
• Constitution en N d’une provision pour impôt (non déductible) égale à l’IS correspondant.
• Réintégration de 92 222,22 € (830 000/9) de plus-value pendant 9 ans à compter de N+1.
• Reprise comptable progressive de la provision pour impôt correspondant à la part de la plus-
value réintégrée. Cette reprise n’est pas imposable et doit être déduite extra-comptablement.

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