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1973 -TOG .7.07/SN FRACD Durée : 4H PREMIER SUJET La littérature n’a rien @ attendre de la télévision. Une enquéte officielle de plus quantifie ce qu'il est aisé de constater tous les jours autour de soi: non seulement la jeunesse ne trouve plus du tout grisant de voler des livres, mais elle ne voit pas la nécessité de les lire. En vingt ans, la lecture chez les étudiants a baissé de 30%. Plus de deux sur trois reconnaissent ne lire “jamais ou rarement” les classiques, si bien qu’ils ne savent pas rendre sa Mare au diable 4 George Sand, ni ses Trois mousquetaires & Dumas. S'agit-il de se “détendre” ? 9% seulement choisissent un livre. 41% s‘installent devant un écran de télévision. Dans ces conditions, et sans méme tenir compte de la progression avérée de Tillettrisme, on peut trouver surprenanyqdé'Jadite télévision fasse encore cas du livre. Plus étonnant encore : le déplacement d’éag émission littéraire, on ne parle pas de son arrét, déchaine les passions. C'est Rimbaud quer ampute de autre jambe, c'est Victor Hugo qu'on assassine, c'est la littérature elle-méme qu'on égorge lorsqu’on touche a un cheveu de Rapp ou de Pivot ! ss De quelque c6té qu'on examine, cette spécialité francaise nous entraine.en pleine illogisme. Nulle part ailleurs on ne songerait & associer livre et t8lé, ni surtout imputer a la seconde des devoirs envers le premier. Pourquoi vouloir concilier boticaa tefévisuel et littérature, laquelle reléve de l'expérience intérieure et solitaire ? (...) Llexpression “émission littéraire” est d'ailleurs abusive, Elle recouvre un simple talk-show oli les autres viennent s‘entretenir des demniéres parutions et des tendances de la mode. Nouvelle incohérence. Qu’est-ce qui importe dans un livre : ce qu'on en dit ou ce que dit le livre ? Tout vrai lecteur sait par surcroit que plus la valeur littéraire d'un ouvrage est forte et moins celui-ci a besoin de la télévision puisqu’il s'inscrit dans un monde de propagation et dans une permanence qui n’ont que faire du coup de projecteur des plateaux. Nul ne regrettera que les figures et les oeuvres de Nabokov, de Lévi-Strauss, de Braudel ou de Dumézil aient touché un public élargi en paraissant a I'écran, mais enfin, ce n'est pas ce qui déterminera la postérité en sa faveur. Sill ne s'agit du livre qu’en tant que bien de consommation culturel, 'émission la plus appropriée s'appelle “un livre par jour” (France 3) ot en cing minutes, Olivier Barrot donne au consommateur de bonnes raisons d'acheter un ouvrage. Or, il se trouve que cet estimable rendez-vous ne passione pas les défenseurs du livre a la télé, Ils n’en tiennent que pour Pivot-Rapp- P.P.D.A ; quel est le meilleur ? Le plus sympathique ? Quel est celui qui lit les livres et celui qui se contente des priéres d'insérer ? Plutot que de littérature, parlons d'expiation. La télévision est née chez nous avec le complexe de I'écrit. Peu a peu, elle lui a dérobé son autorité et, si 'ose dire, son temps de parole. Par contrecoup, un sentiment de culpabilité lui a inspiré des dommagements minutés : messieurs les éditeurs, messieurs les libraires, puisque nous vous avons volé des clients, voici des émissions ou nous assurons gratuitement la promotion de vos produits. (..) Les intéressés s’accrochent 4 leur compensation sans d'ailleurs noter qu'une ‘émission littéraire”, c'est encore du temps pour la T.V., non pour la lecture. (...) L’écrit et a fortior’ fa littérature n‘ont rien a attendre de la télévision. Pierre Veilletet, (Sud-Ouest Dimanche 7 février 1993) Apres avoir résumé ou analysé ce texte ci-dessus, vous en choisirez un probleme digne diintérét, vous en préciserez les données et exposerez en les justifiant, vos propres vues sur la question. N.B. Priére diinsérer ; Breve présentation du livre figurant le plus souvent en quatriéme couverture. - Expiation : Peine infligée en compensation d'une faute. DEUXIEME SUJET “New-York” New-York ! D'abord j'ai confondu par la beauté d'or aux jambes longues. Si timide d’abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre Si timide. Et langoisse au fond des rues a gratte-ciel evant des yeux de chouette parmi léclipse du soleil Sulfureuse ta lumiére et les fats livides dont les tétes foudroient le ciel. Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau satinée de pierres. Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan - C'est au bout de la troisigme semaine que vous saisit la figvre en un bon de Jaguar. Quinze jours sans un puits ni paturage, tous les oiseaux de lair Tombant soudain et morts sous les hautes cendres de tenasses. Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans sa main fraiche. Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur Pas un mot tendre en l'absence de lévres, rien que des cceurs artificiels payés en monnaie forte ey Et pas un livre ot lire la sagesse. Larpalette du peintre fleurit des cristaux de corail. Nuits d'insomnie 6 nuits de Manhal + Si agiée dé feux folléts fengis que les Klaxons hurlent des heures vides EPREU VL. Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques-tels'des fives en crue des cadavres d’enfants / L. S. Senghor Ethiopiques, édition du seuil - 1956. Vous ferez le commentaire composé de ce texte. Vous montrerez par exemple comment le poéte, au-dela de sa vie nostalgique, présente cet univers qui le fascine et le trouble a la fois. TROISIEME SUJET En vous appuyant sur des exemples pris dans la vie courante ou puisés dans vos souvenirs de lecture, vous montrerez la véracité de cette affirmation d'un écrivain contemporain : “L’homme qui reconnait son ignorance fait le premier pas vers le savoir".

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