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Théorie Générale Des Obligations
Théorie Générale Des Obligations
1. Obligations juridiques :
Les 4 amis doivent travailler 3 mois pour le restaurateur et selon les horaires fixés dans le
contrat.
A la fin de chaque mois, le restaurateur doit payer à chacun des travailleurs le salaire de
205 Dhs.
La donation de 72 Dhs à chacun des travailleurs.
2. Obligations morales
Yacoub a promis à ses cousins de Settat de leur rendre visite pendant les vacances.
A retenir
− L’obligation juridique ou civile est un lien de droit qui :
a. Oblige le débiteur à exécuter une prestation ou à s’en abstenir ;
b. Autorise le créancier à faire contraindre le débiteur à cette exécution.
− Le débiteur est celui qui doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner à
quelqu’un d’autre. Il a une dette envers le créancier. Dans l’exemple des contrats du
travail, le patron est débiteur du salaire à la fin de chaque mois et les jeunes gens sont
débiteurs du travail à fournir.
− Le créancier est celui à qui on doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner.
Il a un droit de créance une créance contre le débiteur. Dans l’exemple des contrats
du travail, le patron est créancier du travail et les jeunes gens sont créanciers du salaire
à la fin de chaque mois.
− Le droit de créance c’est un droit subjectif qui organise les relations juridiques
entre les particuliers (personnes physiques ou personnes morales).
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− Une obligation morale est un devoir de conscience que la loi ne contraint pas à
exécuter. Par exemple, Yacoub ne peut pas être contraint de tenir sa promesse de
rendre visite à ses cousins de Settat.
A retenir
− Quand un acte juridique est réciproque, il y a un accord de volonté entre 2 ou plus de
2 parties. C’est le contrat. L’acte est alors bilatéral. Exemple : Chacun des contrats de
travail signé par le patron du restaurant et chacun des jeunes vacanciers est un acte
bilatéral. Il y a eu une rencontre de volonté entre le patron, d’une part et chacun des
jeunes vacanciers, d’autre part.
− Quand un acte juridique est posé sans réciprocité, on l’appelle acte unilatéral. Dans
l’exemple de la relation de travail entre le restaurateur et les jeunes vacanciers, la prime
de 72 Dhs est un acte unilatéral. Les bénéficiaires n’ont pas engagé leur volonté.
− Les parties veulent à la fois l’acte et ses conséquences juridiques. Par exemple, si
deux personnes concluent un contrat de vente, le vendeur veut que la propriété de
l’objet vendu passe à l’acheteur et l’acheteur sait qu’il doit payer le prix.
2
− Mais l’auteur d’un délit civil ou d’un quasi-délit civil ne cherche pas à réparer le
dommage causé à sa victime. Cette réparation est une obligation de la loi. Exemple :
Quand un passant heurte un autre et casse son téléphone, l’auteur de la casse n’avait
pas voulu réparer le téléphone qui s’est cassé.
− Ils sont illicites parce qu’ils sont répréhensibles et préjudiciables.
− Ils entraînent la responsabilité civile (l’obligation de réparer) de leurs auteurs pour les
dommages qu’ils causent à autrui.
Ce sont des comportements qui sont bénéfiques pour autrui. Cette utilité qu’en retire autrui
fait qu’on les rapproche des actes juridiques. C’est pour cela qu’on parle de quasi-contrats.
C’est notamment la gestion d’affaires, le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.
A retenir
− Ils sont licites parce qu’ils sont commandés par la morale et le droit.
− Le bénéficiaire des quasi-contrats a l’obligation d’indemniser leur(s) auteur(s).
Ce jour-là, les jumelles Wafaa et Wafia étaient très chargées. Elles se préparaient pour la
cérémonie de remise de diplômes le lendemain. Elles sont allées voir un habilleur qui leur a
vendu deux robes sur-mesure contre 17 Dhs chacune. A la sortie, elles se sont précipitées
dans un salon de coiffure. La coiffeuse leur a fait, chacune, un brushing contrer 8 Dhs par
tête. Le lendemain avant la cérémonie, leur coiffeuse s’est présentée chez elles pour les
maquiller pour un montant forfaitaire de 21 Dhs. Pour la cérémonie, leur promotion les avait
mandatées pour chercher un photographe pour 29 Dhs, toute la cérémonie. En contrepartie
de l’opportunité, le photographe a consenti qu’il n’allait pas prendre en photo les deux
jumelles avec une tierce personne, autre que leurs membres de famille ou leurs camarades de
classe.
1. Obligation de donner, de faire ou de ne pas faire
Veuillez extraire du texte toutes les obligations dont on parle. Précisez l’objet de chacune.
1. La vente des robes : Une obligation de donner pour le vendeur.
2. Payer le prix des robes : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
3. Le brushing : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
4. Payer le prix du brushing : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
5. Le maquillage : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
3
6. Payer le prix du maquillage : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
7. Chercher un photographe : Une obligation de faire pour Wafaa et Wafia.
8. Prendre des photos pendant la cérémonie : Une obligation de faire pour le
photographe.
9. Payer les services du photographe : Une obligation de donner pour la promotion.
10. Ne pas prendre en photo les deux jumelles avec des personnes étrangères à leur
famille ou à leur promotion : Obligation de ne pas faire pour le photographe.
Au total, 10 obligations sont extraites du texte. Mais on peut classer ces obligations en 3
catégories d’objet : Donner ; faire et ne pas faire.
A retenir
− L’obligation peut avoir seulement trois objets : Donner, faire ou ne pas faire.
− L’obligation de donner consiste à transférer la propriété de quelque chose à autrui.
− Si le débiteur d’une obligation de donner ne l’exécute pas, le juge peut le contraindre à
exécuter son obligation de force.
− L’obligation de faire contraint le débiteur à l’accomplissement d’une prestation.
− L’obligation de ne pas faire engage le débiteur à une abstention.
− Si le débiteur d’une obligation de faire ou de ne faire ne l’exécute pas, il sera
sanctionné par des dommages-intérêts.
A retenir
− Dans une obligation de moyens, le débiteur ne promet pas un résultat précis. Il doit
seulement mettre en œuvre tous les moyens possibles pour atteindre le résultat.
Exemple : dans l’obligation de chercher un photographe, les jumelles n’ont pas promis
trouver le photographe à tout prix, mais uniquement de le chercher.
− Dans une obligation de résultat, le débiteur doit atteindre un objectif précis. Par
exemple, l’obligation de payer une somme d’argent est une obligation de résultat.
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Bibliographie sur la classification des obligations :
RENAULT-BRAHINSKY (C.) – Droit des obligations, Mémento LMD, Gualino, 13ème éd.,
2013, pp. 27-30.
Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours Dalloz,
2016, pp. 26-31 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
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Les conditions de naissance de l’obligation
Yacoub obtint enfin son bac. C’est alors le moment de la tournée promise par ses parents.
Lui, et ses amis Ayoub ; Youssef et Ghizlane attendaient le grand jour avec impatience. Il
appela un hôtel de la ville qu’ils avaient ciblée comme destination. Il voulait réserver les
chambres. L’hôtesse lui demanda son nom complet, le numéro de sa CIN et sa date de
naissance. Alors l’hôtesse réalisa que Yacoub avait 16 ans. Elle lui demanda l’âge du
compagnon le plus âgé. Ayoub avait à peine 17 ans. L’hôtesse lui dit qu’elle pourrait leur
réserver les quatre chambres d’hôtel s’ils sont accompagnés par une personne âgée d’au
moins 18 ans et qui prendra soin de contacter l’hôtel.
Les préparatifs étaient avancés. Les jeunes gens ne pouvaient donc pas trouver cette
personne.
La tournée devrait-elle encore attendre?
Quelle est la suite que l’hôtesse a réservée à la demande de Yacoub? L’hôtesse a refusé de
réserver les chambres que Yacoub demandait pour lui et ses amis.
Expliquez les raisons de la suite que l’hôtesse a réservée à la demande de Yacoub :
L’hôtesse voulait traiter avec une personne qui a au moins 18 ans.
Pourquoi l’hôtesse a-t-elle tenu à traiter avec une personne d’au moins 18 ans?
Le contrat est défini comme un (1) accord ou rencontre de volontés (consentement libre,
éclairé et exprimé), (2) créateur ou créatrice d’obligations, (3) entre deux ou plus de deux
parties capables de s’obliger (créancières et débitrices), (4) pour une cause licite et (5) sur
un objet certain et non expressément interdit par la loi. Cinq éléments permettent donc de
cerner la notion de contrat. Si un seul élément manque ou lorsqu’il est irrégulier, il n’y a pas
de contrat.
L’article 2 du D.O.C soumet la validité d’une obligation à l’existence de quatre éléments
nécessaires :
1. La capacité de s’obliger,
2. Un objet certain pouvant former objet d’obligation,
3. Une cause licite de s’obliger,
4. Déclaration valable de volonté.
Leçon n° 1 : La capacité
1. Le régime de la capacité
La capacité se définit comme l’aptitude d’une personne à acquérir des droits et à les exercer.
C’est l’aptitude à consentir. Il y a trois échelons dans la capacité : La capacité est pleine; la
capacité est limitée et enfin, la capacité n’existe pas du tout.
1.1. La pleine capacité
La capacité est pleine pour toute personne majeure et saine d’esprit. La personne dotée de sa
pleine capacité :
1
i. Exerce lui-même ses droits. On dit qu’il a la capacité d’exercice. La capacité d’exercer
est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses
actes valides (article 208 du code de la famille).
ii. Et jouit de ses droits personnels et patrimoniaux. On dit qu’il a la capacité de
jouissance.
La capacité de jouissance est la faculté qu’à la personne d’acquérir des droits et d’assurer des
devoirs tels que fixés par la loi. Cette capacité est attachée à la personne durant toute sa vie et
ne peut lui âtre enlevée (article 207 du code de la famille).
1.2. La limitation de capacité, l’incapacité et la représentation légale
Face aux exigences de l’hôtesse, Yacoub et ses amis réfléchissaient à une solution. Où
trouver une personne qui atteint 18 ans et prête à accompagner les jeunes? Ils jetèrent leur
dévolu sur la tante de Youssef. Elle était légèrement plus âgée. La différence était de 3 ans
seulement. A 20 ans, l’ambiance ne sera pas différente. Tante Soraya accorda le service
demandé. En plus, Tante Soraya a suffisamment de moyens. Mais cela demandait que chacun
des père ou mère des jeunes amis la désignent comme leur représentante légale. Une fois les
pouvoirs conférés par les parents des jeunes, Tante Soraya rappela l’hôtel et régla les
questions du séjour…
Questions :
− Pourquoi Tante Soraya avait besoin des pouvoirs lui conférés par les parents des
jeunes vacanciers?
− Y a-t-il des types différents de représentant légal?
Lorsque la capacité est inexistante ou limitée, l’intéressé est représenté par un représentant
légal :
- La capacité n’existe pas du tout, dans deux hypothèses (article 217 du code de la
famille) :
a. Lorsqu’on n’a pas encore atteint l’âge de discernement (12 ans grégoriens révolues);
b. Une personne qui est capable perd sa capacité à la suite de la démence qui lui a perdre
la raison.
- La capacité est limitée dans trois hypothèses (article 213 du code de la famille) :
a. Entre 12 ans moins de 18 ans grégoriens révolus (article 214 du code de la famille) ;
b. Pour le prodigue qui dilapide/gaspille ses biens (article 215 du code de la famille) ;
c. Pour le faible d’esprit, qui est atteint d'un handicap mental qui l’empêche de maîtriser
sa pensée et ses actes (article 216 du code de la famille).
A retenir :
− Les actes passés par l’incapable sont nuls et de nul effet (article 224 du code de la
famille).
− Le droit de la famille distingue trois types de représentants légaux (article 230 du code
de la famille) :
1. Le tuteur légal : Le père, la mère ou le juge ;
2. Le tuteur testamentaire : Désigné par le père ou par la mère ;
3. Le tuteur datif désigné par la justice.
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Les personnes incapables ou à capacité limitée doivent être représentées. Si elles contractent
sans autorisant de leurs représentants, elles ne sont pas obligées par les engagements qu’ils
ont pris sauf dans trois hypothèses :
− Lorsqu’elles améliorent leur situation et sans charge aucune (articles 5 et 9 du D.O.C),
− Lorsque leurs actes sont approuvés par leurs représentants (article 4 du D.O.C),
− Lorsque la personne incapable ou à capacité limitée a été dûment autorisée par son
représentant (article 7 du D.O.C).
A retenir :
− Le régime de la capacité joue exclusivement en faveur de la personne incapable ou à
capacité limitée. C’est un régime de protection. Voir notamment l’article 225 du code de la
famille et les articles 6 et 10 du D.O.C ;
− Les personnes incapables ou à capacité limitée doivent être représentées ;
− Leurs représentants ne peuvent passer aucun acte de disposition (la vente, l’échange, la
location pour plus de trois ans, le partage, la société, la constitution du nantissement et autres
cas expressément prévus par la loi) sans l’accord du juge (article 11 du D.O.C).
2. L’émancipation
Lorsque le mineur a atteint l’âge de seize ans, lui-même ou son représentant légal peut
demander au tribunal de lui accorder l'émancipation (article 218 du code de la famille).
Le tribunal doit vérifier si le mineur à émanciper est doté de bon sens pour jouir de sa pleine
capacité. Le mineur émancipé recouvre sa pleine capacité et peut l’exercer sans
représentation.
Leçon n° 2.
Le consentement
Le consentement est l’acceptation ou l’approbation de la survenance d’une chose. Consentir à
une obligation veut dire s’engager à l’exécuter. Il est le départ de toute obligation
contractuelle.
Le consentement s’exprime ou se manifeste sous plusieurs formes. Dans tous les cas, le
consentement doit être libre et éclairé.
1. La manifestation instantanée du consentement
Le consentement est central en matière de contrat. Il est le départ et la mesure. Le lexique des
termes juridiques le définit comme étant ‘l’adhésion d’une partie à la proposition faite par
l’autre.’ L’échange des consentements entraîne l’accord des volontés qui lie les parties. Cette
définition est contenue dans les articles 19 et 230 du D.O.C. Il en ressort que la volonté d’une
personne capable suffit pour créer des obligations lorsqu’elle est conforme à la loi, aux
bonnes mœurs et à l’ordre public. C’est le principe de l’autonomie de la volonté. Ce principe
veut dire que la volonté suffit pour qu’une obligation contractuelle naisse (article 19 du
D.O.C) et pour ‘créer sa propre loi’ (article 230 du D.O.C). S’il y a l’échange des
consentements et les conditions de licéité remplies, on n’a pas besoin d’autorisation ni
d’agrément pour consentir à une obligation. On n’a besoin non plus d’aucune formalité pour
s’obliger ou contracter. C’est le principe du consensualisme.
1.1. Le principe du consensualisme
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Ce principe est une conséquence de l’autonomie de la volonté. Le consensualisme est un
principe en vertu duquel un acte juridique n’est soumis à aucune formalité particulière pour sa
validité ; l’échange consentement ayant à lui seul le pouvoir de créer les obligations. Le
consensualisme, c’est la règle en matière de contrat. Les contrats qui se forment sans
formalités particulières s’appellent des contrats consensuels.
Si la volonté est suffisante pour consentir à sa propre loi, toute personne capable doit être libre
d’user de sa volonté. Si non, l’autonomie de la volonté et le consensualisme seraient lettres
mortes. C’est le principe de la liberté contractuelle, qui est aussi la conséquence du principe
de l’autonomie de la volonté.
Ainsi, toute personne jouissant de sa pleine capacité est libre de contracter, à la double
condition que l’objet et la cause du contrat soient conformes à la loi, aux bonnes mœurs et à
l’ordre public.
Ce sont ces trois principes (Autonomie de la volonté, Consensualisme et Liberté
contractuelle) qui sont à la base de la vivacité du droit des contrats. Ces trois principes
permettent au droit des contrats d’avoir une infinitude d’applications : Les contrats sont
innombrables. Et c’est la raison pour laquelle, tout juriste doit maîtriser le droit des
obligations (= Droit des contrats + Droit de la responsabilité civile).
1.2. Exception au consensualisme : Le formalisme
Alors que son père et les voisins discutaient en amis, ils évoquèrent la question de la vente
frauduleuse des terrains d’autrui (spoliation foncière). Et Ayoub écoutait. Ce qui l’intriguait,
c’est cette figure de notaire qui revenait à chaque fois qu’on parlait de spoliation. Alors il se
décida de poser des questions à son père, plus tard.
Questions :
C’est quoi un notaire?
Selon les articles 1er et 35 de la loi n° 32-09 relative à l’organisation de la profession de
notaire, le notariat est une profession libérale. Le notaire authentifie les actes auxquels la loi
impose le caractère d’authenticité attachée aux actes de l’autorité publique, ou auxquels les
parties veulent donner ce caractère.
Quel rôle joue-t-il dans les affaires des terrains et des immeubles?
Son rôle est important. Il assure la sécurité juridique dans les actes de disposition portant sur
les terrains et les immeubles. Il contrôle la régularité de ces actes. Exemples :
− L’article 4 de la loi n° 39-08 relative aux droits réels prévoit que ‘toute opération
relative au transfert de propriété ou l’établissement de droits réels immobiliers… doit être
faite par acte authentique.’
− L’article 274 de la même loi prévoit que ‘l’acte de donation doit être authentique.’
Parfois, la nature du contrat ou les enjeux économiques et/ou sociaux qu’il porte poussent le
législateur à exiger une forme particulière pour sa formation. C’est le formalisme.
Le formalisme est un principe juridique en vertu duquel une certaine formalité est exigée par
la loi pour la formation d’un acte juridique. Avec le formalisme, la formation d’un acte
juridique dépend de l’accomplissement de formalités particulières. Les contrats dont la
formation exige une certaine formalité s’appellent des contrats formalistes ou solennels.
L’accord de volontés doit être exprimé selon les formes exigées par la loi.
On compte plusieurs types de formalismes :
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i. Un formalisme probatoire (permettant d’organiser la preuve d’une obligation). Ce
formalisme relève de la prudence des parties mais peut être exigé par la loi. Exemple : La
vente des biens à fabriquer ne peut être prouvée que par écrit article 613 du D.O.C.
ii. Un formalisme en vue de l’opposabilité. Exemple : un écrit est exigé pour que la
cession des baux ou loyers d’immeubles soit opposable aux tiers article 196 du D.O.C.
iii. Et un formalisme de validité. Exemples : un écrit ayant date certaine est exigé pour
que la vente d’immeubles, de droits immobiliers ou autres choses susceptibles d’hypothèques
soit valable article 489 du D.O.C ; le consentement au mariage doit être constaté par deux
adouls article 13 du code de la famille ; etc.
Aux côtés des contrats consensuels et des contrats formalistes, on trouve aussi des contrats
réels. Les contrats réels sont ceux dont la formation dépend de la remise d’une chose, objet du
contrat. Par exemple, le prêt à usage (article 830 du D.O.C) est un contrat réel.
A retenir :
− Les contrats solennels sont formalistes.
− Tous les autres contrats sont consensuels.
− Les contrats sont solennels, consensuels ou réels selon leur mode de formation.
La rencontre des volontés peut être instantanée ou suivre des étapes successives.
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− La précision s’apprécie par la suffisance des conditions et des éléments essentiels du
contrat projeté. Dans une offre précise, un éventuel acceptant doit connaître clairement
l’objet, le prix, etc.
A retenir :
− Lorsque l’offre n’est pas suffisamment ferme et précise, c’est une simple invitation de
négocier (entrer en pourparlers) ou un appel d’offres. Exemple :
1. Je vends ma voiture. L’offre n’est pas précise, car il manque au moins deux éléments
essentiels : Le prix et la description de l’objet.
2. Je pourrais vendre ma voiture si je trouve un bon acheteur. L’offre n’est pas ferme.
L’auteur de cette offre ne s’oblige pas à la vendre, car il exprime une possibilité.
− La rencontre entre l’offre ferme et précise et l’acceptation suffit pour former le contrat.
− Le principe est que l’auteur de l’offre a la maîtrise de la durée de vie de son offre, tant
que l’offre n’est pas acceptée (article 26 du D.O.C).
2. L’acceptation
L’acceptation est la manifestation de la volonté de conclure le contrat projeté dans l’offre.
Elle peut prendre la forme d’une réponse verbale ou d’un début d’exécution du contrat projeté
dans l’offre, sans réserves (articles 25 et 28 du D.O.C). Le contrat est formé dès qu’il y a
l’acceptation.
A retenir :
− Lorsque l’offre est qualifiée d’appel d’offre, toute réponse est une offre et non pas une
acceptation ;
− Lorsqu’on répond à une offre en insérant une nouvelle condition dans sa réponse, on
devient offrant (article 27 du D.O.C). Exemple :
1. A une offre d’acheter des tomates à 5 Dhs le kilo, lorsqu’on propose d’acheter le kilo à
3,5 Dhs ça n’est pas le légumier qui a fait l’offre de vendre mais l’acheteur a fait l’offre
d’acheter. La situation s’inverse.
2. Pendant l’entretien de recrutement, la négociation de salaire est une succession
d’offres réciproques de contracter entre le recruteur et le candidat. Celui dont la proposition
du montant est acceptée, c’est lui l’offrant.
- Lorsqu’un acte caché (contre-lettre) contredit un acte apparent que les tiers ont eu
connaissance (article 22 du D.O.C) :
1. L’acte caché n’a d’effets qu’à l’égard des parties contractantes et leurs héritiers ;
2. Seul l’acte apparent a des effets à l’égard des tiers. L’acte caché n’est pas opposable
aux tiers.
Le lendemain matin après l’échange téléphonique entre Tante Soraya et l’hôtesse, cette
dernière lui envoya trois offres de l’hôtel sur l’adresse mail que Tante Soraya avait donnée à
l’hôtesse d’hôtel.
1. La première offre proposait une chambre par personne, le restant étant à la charge du
client.
2. La seconde offre proposait une chambre par personne et la restauration.
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3. La troisième offre proposait une chambre par personne, la restauration et les services
de guide touristique pour visiter les célèbres sites touristiques de la région.
Tante Soraya accepta aussitôt la troisième offre, qui était nettement plus avantageuse. L’hôtel
lui confirma son acceptation le soir même.
En compagnie de Yacoub ; Ayoub ; Youssef et Ghizlane, Tante Soraya arriva à l’hôtel, en fin
d’après-midi.
La première matinée, les guides touristiques les acheminaient plutôt vers des magasins et
hypermarchés.
Ils sont retournés à l’hôtel, le soir. Là, ils font savoir qu’ils n’étaient pas du tout satisfaits du
service. En clair, ils demandaient à être remboursés en vue de trouver un autre hôtel.
Pendant l’échange, un passant qui avait eu la même expérience confia à Ghizlane que l’hôtel
faisait passer des commerciaux des entreprises de la place pour des guides touristiques…
Question :
A quel moment le contrat entre Tante Soraya et l’hôtel s’est-il formé? Quand l’hôtel a
confirmé l’acceptation de Tante Soraya.
Principe n° 1. Les documents établis sur papier et les documents établis sur support
électronique ont la même valeur juridique (article 1er de la loi n° 53-05 relative à l’échange
électronique de données juridiques qui complète et modifie le D.O.C).
Principe n° 2. Il est interdit d’envoyer une offre de contrat par voie électronique si le
destinataire n’a pas expressément accepté l’usage de la voie électronique (article 65-3, alinéa
2 et 3 du D.O.C).
Principe n° 3. Selon l’alinéa 3 de l’article 2-1 de la loi n° 53-05, ne peuvent pas être conclus
par voie électronique :
i. Les actes relatifs à l’application des dispositions du code de la famille. Exemple : On
ne peut pas conclure un mariage par voie électronique.
ii. Les actes sous seing privé relatifs aux sûretés qui ne sont pas établis pour les besoins
de la profession de leurs auteurs.
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2. Les conditions de vente du bien ou du service ou celles de cession du fonds de
commerce ou l’un de ses éléments.
3. Les différentes étapes à suive pour conclure le contrat par voie électronique et
notamment les modalités selon lesquelles les parties se libèrent de leurs obligations
réciproques. Exemple : Sur le site (www.marketplus.ma, ancien www.epicerie.ma, le site
propose au client de choisir s’il préfère La livraison à domicile ou le retrait drive).
4. Les moyens techniques permettant au futur utilisateur, avant la conclusion du contrat,
d’identifier les erreurs commises dans la saisie des données et de les corriger ;
5. Les langues proposées pour la conclusion du contrat ;
6. Les modalités d’archivage du contrat par l’auteur de l’offre et les conditions d’accès
au contrat archivé, si la nature ou l’objet du contrat le justifie ;
7. Les moyens de consulter, par voie électronique, les règles professionnelles et
commerciales auxquelles l’auteur de l’offre entend, le cas échéant, se soumettre.
2. L’acceptation faite par voie électronique
i. L’acceptation d’une offre faite par voie électronique doit être expresse : Le
destinataire ‘confirme’ et ‘exprime’ son acceptation (article 65-5, alinéa 1er du D.O.C).
Exemple : C’est notamment lorsqu’on clique sur la mention ‘Je passe la commande.’
ii. Le contrat n’est pas conclu à l’acceptation de l’offre par le destinataire. Le contrat est
conclu lorsque l’auteur de l’offre accuse réception, sans délai injustifié, de l’acceptation
(article 65-5, alinéa 2 et 3 du D.O.C). Exemple : Après l’acceptation, les sites de vente
affichent un récapitulatif qui contient : L’objet du contrat, les modalités d’exécution
(livraison, paiement, etc.), l’adresse de livraison, etc. C’est à ce moment que le contrat est
conclu.
L’erreur est la fausse représentation de la réalité qui a conduit une personne à conclure le
contrat. L'erreur est considérée comme l'un des vices de consentement. Il ne respecte pas la
règle selon laquelle le consentement doit être éclairé.
A retenir :
− L’erreur de droit porte sur le contenu d’une loi ou d’un règlement,
− L’erreur de fait peut porter sur la chose, l’identité, l’espèce ou la qualité,
− L’erreur-obstacle : elle empêche la rencontre des volontés. Exemple : Une partie désire
vendre l’autre pense qu’il s’agit d’une donation,
− Une simple erreur de calcul doit faire l’objet d'une rectification (article 43 du D.O.C.).
2. Le Dol
Le Dol est défini comme étant une tromperie, ou toute manœuvre employée par une partie
pour inciter l’autre à contracter.
A retenir : Le dol comprend :
− Un élément intentionnel : La volonté d’induire l’autre partie en erreur ;
− Un élément matériel : Existence des ‘manœuvres’ (mensonges ou réticence) ;
− Lorsque l’intention dolosive vise à nuire, on parle de ‘faute qualifiée’. C’est un délit
civil qui est constitutif de responsabilité civile.
Le droit romain distingue le bonus dolus (acceptable) du bonus malus susceptible d’entraîner
la nullité.
2.2. La lésion
a) Notion de lésion
Il y a lésion, lorsque le contrat est déséquilibré.
L’article 56 du D.O.C définit la lésion comme étant toute différence au-delà du tiers entre le
prix porté au contrat et la valeur effective de la chose. Exemple : Le prix d’un stylo Bic, c’est
1.5 Dhs. Il y a lésion, lorsqu’un achète paye 2 Dhs ou plus pour acheter un stylo Bic.
Il s’agit d’un défaut d’équivalence économique entre les obligations réciproques ou d’une
inégalité de valeur entre les prestations contractuelles, au moment de la conclusion du contrat.
A retenir :
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− La lésion n’est pas un vice du consentement. C’est un simple constat d’un déséquilibre
dans le contrat. Mais elle peut avoir pour origine un vice du consentement.
− La théorie de la lésion joue un rôle d’un instrument de rééquilibrage du contrat.
− Il y a deux sortes de lésion sont prévues par le D.O.C :
i. La lésion entre majeurs (article 55 du D.O.C) ;
ii. La lésion au détriment d’un mineur (article 56 du D.O.C).
b) Sanction de la lésion
1. La sanction de la lésion, c’est la rescision mais uniquement dans deux cas :
i. Lorsque la lésion est causée par le dol de l’autre partie (article 55 du D.O.C) ;
ii. Lorsque la victime de la lésion est un mineur ou un incapable (article 56 du D.O.C).
Exemple : Lorsqu’un mineur achète un stylo Bic à 2 Dhs, son représentant légal peut remettre
le stylo au vendeur et l’exiger de lui restituer les 2 Dhs.
2. Entre majeurs et sans dol, le déséquilibre doit seulement être corrigé. Exemple :
Lorsqu’une personne majeure achète un stylo Bic à 2 Dhs, le vendeur doit seulement lui
restituer les 0.5 Dhs supplémentaires.
A retenir :
− La rescision annule le contrat et ‘remet les parties au même et semblable état où elles
étaient au moment où l’obligation a été constituée et les oblige à se restituer réciproquement
tout ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre en vertu ou en conséquence de l’acte annulé’
(article 316 du D.O.C). Elle a un effet rétroactif.
− La rescision vise à protéger la victime de la lésion. La victime de la lésion peut
maintenir le contrat et l’exécuter (articles 317 et 318), en le confirmant ou en le ratifiant.
3. Violence
La violence est définie comme la contrainte exercée sans l’autorité de la loi pour obliger une
personne à contracter. Elle peut signifier la crainte d’exposer sa personne, ses proches, son
honneur ou ses biens à un préjudice notable. La violence peut être physique (souffrance
physique), morale (chantage) ou économique (menace d’une rupture d’un contrat, par
exemple).
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− La nullité sanctionne l’absence de consentement. Elle sanctionne manque d’une des
conditions substantielles de sa formation (article 306 du D.O.C). Cela est la conséquence des
articles 2 et 19 du D.O.C. L’obligation est également nulle de plein droit lorsque la loi en
édicte la nullité dans un cas déterminé (article 306 du D.O.C). De plein droit veut dire
automatiquement.
− Les parties ne peuvent ni confirmer ou ni ratifier une obligation nulle de plein droit
(article 310 du D.O.C).
− La rescision est une annulation vise la protection de la victime. Celle-ci peut confirmer
ou ratifier l’obligation rescindée.
− La rescision et la nullité effacent rétroactivement l’obligation. L’obligation est
considérée comme n’ayant jamais existé.
L’objet et la cause sont deux éléments très importants pour la formation de tout contrat.
L’objet c’est sur quoi porte l’obligation. La cause, c’est la raison pour laquelle les parties ont
voulu s’engager.
1. L’objet
a. Notion d’objet
Le D.O.C ne définit pas l’objet : Il se contente de le délimiter. L’article 57 du D.O.C dispose :
‘Les choses, les faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce peuvent seuls former
objet d’obligation ; sont dans le commerce toutes les choses au sujet desquelles la loi ne
défend pas expressément de contracter.’
Cet article donne trois informations fondamentales au sujet de l’objet du contrat :
i. On peut contracter sur trois types d’objet : les choses, les faits ou les droits
incorporels. Exemple :
a. Un fruit est une chose. On peut le vendre, on peut l’acheter.
b. Un conseil est un fait. On peut le fournir contre de l’argent.
c. Une créance est un droit incorporel. On peut la céder contre de l’argent.
ii. L’objet du contrat doit être dans le commerce, c’est-à-dire être admis dans les
échanges des biens et services ;
iii. Tout objet du contrat est présumé être dans le commerce. C’est-à-dire : On est libre de
contracter sur tout, sauf si la loi l’interdit expressément. C’est un aspect très important de la
liberté contractuelle.
b. Caractères de l’objet
L’objet doit présenter trois caractères, à savoir la détermination, la possibilité et la licéité.
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i. Le contrat doit avoir un objet certain. Selon l’article 58 du D.O.C, ‘La chose qui forme
l’objet de l’obligation doit être déterminé au moins quant à son espèce. La quotité de la chose
peut être incertaine, pourvu qu’elle puisse être déterminée par la suite.’ Exemple : Quoi
(espèce) : Du blé. Combien (quotité) : 15 kg.
L’objet du contrat doit exister au moment de la conclusion du contrat. Mais les choses futures
peuvent faire l’objet de contrat.
Exemple : Une maison à construire, un meuble à fabriquer, etc.
Attention : La loi interdit de contracter sur une succession future (qui n’est pas encore
ouverte).
ii. La possibilité de l’objet : ‘A l’impossible nul n’est tenu.’ En vertu de l’article 59 du
D.O.C, l’obligation ayant un objet impossible est nulle. L’impossibilité peut être matérielle ou
juridique. Exemple :
1. Impossibilité matérielle : Une marchandise qui ne se fabrique plus.
2. Impossibilité juridique : Une marchandise qu’il est interdit d’importer.
iii. La licéité : L’objet doit être dans le commerce. C’est-à-dire ce que la loi, les bonnes
mœurs et l’ordre public permettent d’échanger. Exemple : Le trafic des humains n’est pas
dans le commerce.
c. Distinction Objet de l’obligation / Objet du contrat
L’objet de l’obligation concerne une partie prise à part. Elle désigne sa prestation. Elle a déjà
été traitée dans l’introduction du cours.
Mais l’objet du contrat renvoie à l’opération juridique réalisée par les parties à l’occasion du
contrat. L’objet du contrat désigne l’opération contractuelle dans son ensemble. C’est cet
objet-là qui nous intéresse maintenant. Exemple : Vente d’un téléphone portable.
2. La cause
La cause c’est la raison pour laquelle on a contracté. C’est le motif impulsif et déterminant.
Exemple : J’achète un appartement pour y habiter ou pour la donner en bail d’habitation.
C’est ce qui me pousse à l’acheter.
1. Présomption de licéité de la cause
Les parties ne sont pas obligées de démontrer que la cause est licite. Elle est présumée licite.
Celui qui prétend que la cause est illicite doit le prouver. C’est là encore un aspect important
de la liberté contractuelle.
2. Distinction Cause du contrat / Cause de l’obligation
La cause du contrat, c’est celle qu’on vient de voir : La raison pour laquelle on contracte. On
l’appelle encore cause subjective, car elle est liée à la personne qui contracte (le sujet de
droit).
La cause de l’obligation, c’est la contrepartie qu’on reçoit du cocontractant. On l’appelle
encore cause objective, car elle est concrète (l’objet de droit).
Exemple : La cause du loyer (le montant), c’est la jouissance du bien loué. Et vice-versa.
A retenir : La cause de l’obligation permet d’évaluer l’équilibre du contrat.
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Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, Super Cours Dalloz, 9ème éd.,
2016, pp. 50-80 ; pp 150-165, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
TERRE (F.) ; SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, 11 éd. Dalloz,
2013 pp. 119 et130 et suivants ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée)
RENAULT-BRAHINSKY (C.), L’essentiel du droit des obligations, Gualino 13ème éd., 2017,
pp. 49-68 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
CABRILLAC (R.), Droit des obligations,. Dalloz, 12ème éd 2016 pp. 19-96 ; Bibliothèque
virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
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Leçon n° 3
Les modalités de l’obligation
La modalité est une technique de précision. C’est une particularité qui, affectant une
obligation dans l’un de ses éléments, modifie les effets normaux de celle-ci.
L’obligation est donc en principe pure et simple et ne comporte qu’un seul débiteur et qu’un
seul créancier. Elle doit être exécutée sans d’autres considérations particulières.
Mais l’obligation peut avoir plusieurs créanciers et/ou plusieurs débiteurs. L’obligation est
dite ‘plurale’. Là la question se pose de savoir, qui est obligé à quoi ? qui a droit à quoi ?
En outre, les parties (ou la loi, ou le juge) peuvent prévoir des modalités qui vont affecter soit
l’existence, soit l’exigibilité de l’obligation. Ce sont la condition et le terme. Dans ce cas,
l’obligation est liée à un événement futur (certain, cas du terme ou incertain, cas de la
condition). La question qui se pose ici est de savoir quand l’obligation sera-t-elle considérée
comme existante ou exigible.
Ce sont là deux types de modalités que le D.O.C prévoit : D’une part, les modalités qui font
dépendre l’obligation d’un événement futur (la condition et le terme) et d’autre part, la
pluralité des obligations.
I. Les obligations qui dépendent d’un événement futur
La condition et le terme de d’obligations sont tous les deux des événements futurs.
La condition est un événement futur mais sa réalisation est incertaine (article 107). Elle est
aléatoire : Sa réalisation est incertaine. La condition affecte l’existence même de l’obligation.
Exemple : Si je trouve un emploi à l’étranger, je te vendrai ma voiture. Ça n’est pas sûr que
je trouverai un emploi à l’étranger. Donc la vente n’est pas encore parfaite.
Le terme quant à lui est un événement futur et qui arrivera certainement. Ça peut être un délai,
une échéance (article 128 du D.O.C) ; ça peut être événement qui arrivera certainement même
si on ne sait pas quand. Le terme affecte l’exigibilité de l’obligation, c’est-à-dire l’échéance
de son exécution. Exemple : Quand je mourrai, ma maison t’appartiendra (donation). La
mort arrivera certainement mais on ne sait pas quand. Donc la donation est parfaite. Il reste le
moment où le donataire va commencer à jouir de la maison.
La condition et le terme peuvent être stipulés par les parties (articles 107 et 128, 2ème alinéa du
D.O.C).
Mais attention :
1. La condition ne peut dépendre de la pure volonté du débiteur (condition potestative).
L’obligation, qui en dépendrait, serait nulle (article 112 du D.O.C). La condition doit
être casuelle, c’est-à-dire laissée au hasard.
2. L’obligation est nulle également lorsqu’il revient au débiteur de fixer le terme (article
129 du D.O.C).
On distingue d’une part, la condition (A) et d’autre part, le terme (B).
A. La condition
1. La condition suspensive
Une obligation sous condition suspensive naît au moment où la condition se réalise (article
107 du D.O.C). Avant la réalisation de la condition suspensive, l’obligation n’existe pas.
L’existence de cette obligation dépend de la réalisation de la condition suspensive. Le
1
créancier ne peut donc prendre aucune mesure contre son débiteur. Exemple d’une
obligation sous condition suspensive : Yacoub et Ayoub ont loué un studio sous condition
suspensive d’avoir une inscription dans une université de la ville. Ici, le bail n’est pas conclu.
La cause du contrat (habiter dans le studio pendant les études) n’existe même pas encore. La
conclusion du contrat est donc suspendue à la réalisation de la condition suspensive. Et il
n’est pas certain que cette condition se réalisera. Si les deux jeunes gens n’obtiennent pas
l’inscription dans une université de la ville, il n’y aura pas de location. Dès qu’ils obtiennent
l’inscription, la location de cette maison sera conclue.
A retenir : Si la condition suspensive ne se réalise pas, l’obligation ne naîtra pas. Les parties
sont considérées comme n’ayant jamais contracté d’obligation.
2. La condition résolutoire
Ici, on est en face d’une obligation qui existe. Mais sa confirmation dépend de la non-
réalisation de la condition résolutoire.
Exemple : Yacoub vend sa maison à Ayoub sous condition résolutoire de ne pas faire faillite.
Yacoub n’a pas encore fait faillite. Donc la vente est faite (article 121 du D.O.C). S’il ne fait
pas faillite, la vente survivra. Mais la faillite est possible. S’il fait faillite, la vente sera
anéantie rétroactivement. Yacoub restituera le prix ; Ayoub restituera la maison. La vente est
résolue. La faillite de Yacoub est une condition résolutoire de la vente.
Si la condition résolutoire se réalise, l’obligation sera effacée rétroactivement. On va
considérer que l’obligation n’a jamais existé.
A retenir :
− Si la condition résolutoire ne se réalise pas, l’obligation et tous ses effets seront
confirmés.
− Si la condition résolutoire se réalise, l’obligation sera anéantie et les parties vont se
restituer ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre.
B. Le terme
1. Le terme suspensif
Le terme suspensif suspend l’exigibilité de l’obligation. L’exigibilité veut dire l’échéance,
c’est-à-dire le moment où l’obligation doit être exécutée. Donc l’obligation sous terme
suspensif existe avant même que le terme n’arrive (articles 135 et 136 du D.O.C). Exemple :
Yacoub et Ayoub se sont inscris à la faculté en Juin. L’inscription est valable. Le contrat
entre les futurs étudiants et la faculté existent déjà. Mais il prendra effet à la rentrée
universitaire (en Septembre). L’exigibilité du contrat a été suspendue à l’arrivée du terme.
Puisque l’obligation existe déjà :
1. Le créancier peut prendre des mesures conservatoires même avant l’arrivée du terme
(article 138 du D.O.C).
2. Le débiteur qui n’assure plus les garanties de sa solvabilité doit exécuter
immédiatement son obligation, même avant l’arrivée du terme (article 139 du D.O.C).
Mais le créancier n’a pas encore le droit de demander son exécution (article 127 et 130 du
D.O.C.).
A retenir : Le terme doit arriver. Il est certain.
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2. Le terme extinctif
Quand le terme résolutoire ou extinctif arrive, l’obligation prend fin. Exemple : Quand un
vacancier loue une maison jusqu’à une date déterminée, le contrat de bail prend fin à cette
date.
A retenir : Quand un terme résolutoire arrive, les effets déjà produits restent valables mais
l’obligation s’éteint pour l’avenir.
II. Les obligations plurales
Lorsqu’il y a plusieurs créanciers et/ou plusieurs débiteurs dans une obligation, cette
obligation est dite plurale. En général, on parle d’obligation plurale en cas de pluralité de
parties (débiteurs et/ou créanciers) et pour un seul objet. La pluralité d’objets ne crée pas une
obligation plurale : Il y a simplement plusieurs obligations ; chacune portant sur chacun des
objets en question. Mais il y a une exception : L’obligation alternative.
Il y a cinq types d’obligations plurales : L’obligation alternative, l’obligation conjointe,
l’obligation divisible, l’obligation indivisible ou l’obligation solidaire.
A. L’obligation alternative
Il y a obligation alternative lorsque les parties ont le choix entre telle ou telle prestation à
exécuter. C’est la seule obligation plurale dont la pluralité tient dans l’objet.
Les parties ont le choix entre plusieurs prestations ou objets (article 142 du D.O.C) à exécuter.
Le choix de la prestation à exécuter doit être fait dans un délai conventionnel déterminé
(article 141 du D.O.C) ou judiciaire raisonnable (article 144 du D.O.C). L’obligation
alternative doit préciser la partie qui a le droit de choisir la prestation à exécuter. Si non,
l’obligation est nulle (article 141 du D.O.C). Exemple : Pendent la tournée de vacances,
Yacoub et ses amis ont consulté un conseiller touristique. Ce dernier a facturé ses services à
55 Dhs. Mais il a donné aux vacanciers le choix entre payer ce montant ou distribuer 100
flyers lors de leurs visites dans les sites touristiques. Les vacanciers ont immédiatement choisi
de distribuer ces flyers en guise de paiement de la prestation du conseiller touristique. Dans
cet exemple : Payer le prix de 55 Dhs ou Faire la publicité au conseiller touristique sont des
alternatives offertes à Yacoub et ses amis.
B. L’obligation conjointe
Il y a obligation conjointe, lorsque la créance ou la dette doit donc être divisée par tête.
L’obligation plurale est conjointe chaque fois :
1. Qu’elle peut être divisible, c’est-à-dire lorsque l’obligation peut être exécutée en
partie ;
2. Et que les parties ont expressément écarté leur solidarité.
L’existence de l’obligation conjointe est déduite des dispositions du 2ème alinéa de l’article
153 du D.O.C. Cet alinéa prévoit que plusieurs parties peuvent stipuler une seule prestation
conjointement et par un seul acte. Dans ce cas, les parties sont solidaires de plein droit. Elles
sont présumées solidaires. Exemple : Quand vous louez une maison à plusieurs et dans un
même contrat de bail, vous êtes censés être solidaires dans le paiement du loyer. Le bailleur
peut choisir le colocataire qu’il veut pour lui réclamer le paiement du loyer.
3
Mais les parties peuvent exprimer leur volonté de ne pas être solidaires. C’est dans ce cas que
leur obligation est conjointe. C’est-à-dire que chaque partie est liée par sa part dans
l’obligation. Exemple : A la rentrée universitaire, Yacoub et Ayoub achètent une moto à
crédit. Le prix est 210 Dhs et doit être payé le lendemain.
1. Si Yacoub et Ayoub n’ont pas écarté expressément leur solidarité, le vendeur de la
moto pourra choisir l’un des deux acheteurs pour lui réclamer le paiement. Ils sont
solidaires.
2. Mais si Yacoub et Ayoub ont exprimé au vendeur qu’ils ne sont pas solidaires, le
vendeur réclamera à chacun la moitié du prix. Ils sont conjoints.
Dans l’obligation conjointe :
1. Chaque créancier réclame sa part de l’obligation et non pas la totalité de la créance.
2. Chaque débiteur exécute seulement sa part et non pas la totalité de la dette.
Si un débiteur ne peut pas rembourser sa part, le créancier ne peut pas demander à un autre
débiteur de compenser l’insolvabilité du premier.
En outre, la mise en demeure adressée par un créancier à un débiteur ne produit d’effets
qu’entre ces deux personnes.
A retenir : Une obligation ne peut pas être à la fois solidaire et conjointe. C’est l’une ou
l’autre et jamais les deux en même temps.
C. L’obligation divisible
Comme le nom l’indique, i y a obligation divisible, lorsque la créance ou la dette doit donc
être divisée par tête.
L’obligation conjointe et l’obligation divisible sont similaires.
Entre un seul créancier et un seul débiteur, l’obligation doit être exécutée en entier (article
186 du D.O.C, alinéa 1er). Si non, il y aurait une mauvaise exécution (exécution partielle).
Il y a donc divisibilité de l’obligation entre débiteurs et/ou plusieurs créanciers. Exemple :
Dans l’exemple de la moto achetée par Yacoub et Ayoub : Si Yacoub et Ayoub ont écarté la
solidarité dans le paiement du prix, leur obligation est aussi divisible. Chacun des deux
acheteurs doit payer au vendeur la moitié du prix, soit 105 Dhs.
Mais attention : Leur créance (la livraison de la moto ainsi que les diverses garanties) n’est
pas divisible!
D. L’obligation solidaire
Il y a deux types de solidarité : La solidarité entre créanciers et la solidarité entre débiteurs.
Dans l’obligation solidaire :
1. Un seul créancier solidaire peut agir au nom de tous les autres créanciers solidaires
sans avoir leur autorisation. S’il touche la créance entière, il sera débiteur des autres
créanciers solidaires à hauteur de leur quote-part. Il doit rembourser à chacun sa part.
2. Un seul débiteur solidaire peut être contraint de payer pour tous les autres débiteurs
solidaires. S’il paye la dette entière, il sera créancier des autres débiteurs solidaires à
hauteur de leur quote-part. Ils doivent le rembourser ce qui a payé pour eux.
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1. Solidarité entre débiteurs ou la solidarité passive
Dans la solidarité entre débiteurs, le créancier peut choisir le débiteur le plus solvable (article
166 du D.O.C). Chacun des débiteurs peut être contraint à l’exécution de l’obligation entière.
Il ne peut pas refuser d’exécuter l’obligation entière sous prétexte qu’il n’est pas le seul
débiteur. Le débiteur qui a payé la dette entière devient créancier de ses codébiteurs (article
170 du D.O.C). Il va les contraindre à lui payer ce qu’il a payé à leur place (article 179, alinéa
2 et 3 du D.O.C).
La solidarité entre débiteurs s’appelle aussi ‘solidarité passive’. En matière civile (entre non
commerçants), la solidarité ne se présume pas. Elle doit être expressément stipulée lors de la
conclusion du contrat (article 164 du D.O.C). Entre commerçants et pour affaires de
commerce, la solidarité entre débiteurs est présumée (article 165 du D.O.C).
A retenir : Pour qu’il y ait solidarité entre codébiteurs non commerçants, ces derniers doivent
toujours exprimer leur volonté d’être solidaires. Si non, chaque débiteur exécute sa part dans
la dette.
L’extinction de l’obligation envers un seul débiteur solidaire profite aux autres. Il en est ainsi
de la novation (article 171 du D.O.C) ; de la remise de la dette (article 172 du D.O.C) et de la
transaction (article 174 du D.O.C).
Question : BMCE Bank et Attijari Wafa Bank donnent un crédit à Yacoub pour ses
études, est-ce que la dette (donner à Yacoub le montant de la dette) de BMCE Bank et Attijari
Wafa Bank est solidaire? Oui, parce que les deux banques sont commerçantes et sont donc
présumées solidaires.
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E. L’obligation indivisible
A la différence de l’obligation solidaire :
1. Le débiteur d’une obligation indivisible doit payer à tous les créanciers conjointement
(article 183, 1er alinéa du D.O.C). Tous les créanciers doivent être présents pour
toucher la créance.
2. Aucun créancier ne peut agir au nom des autres créanciers sans autorisation (article
183, 1er alinéa du D.O.C), sauf pour prendre des mesures conservatoires (article 183,
2ème alinéa du D.O.C).
L’obligation est indivisible lorsqu’elle ne peut être exécutée qu’en entier. Soit les parties ont
voulu que l’obligation soit exécutée en entier soit l’obligation est indivisible par nature
(article 181 du D.O.C). Exemple : Dans l’exemple de la moto achetée par Yacoub et Ayoub,
l’obligation du vendeur est indivisible par nature. Il ne va pas livrer une pièce à Yacoub et
une autre pièce à Ayoub. Il doit livrer la moto toute entière à Yacoub et Ayoub en même
temps.
A retenir :
L’obligation solidaire et l’obligation indivisible sont proches mais différentes.
1. La proximité est que :
a. L’obligation solidaire peut être exécutée en entier si un créancier le veut.
b. L’obligation indivisible doit être exécutée en entier.
2. La différence entre l’obligation solidaire et l’obligation indivisible :
a. Dans l’obligation solidaire :
i. Un seul créancier solidaire peut agir pour tous les autres créanciers solidaires.
ii. Un seul débiteur solidaire peut être contraint d’exécuter l’obligation y compris
la part de ses codébiteurs solidaires.
b. Dans l’obligation indivisible, chaque créancier touche seulement sa part dans la
créance mais le débiteur paye toute sa dette.
Bibliographie sélective
1. PORCHY-SIMON Stéphane, Droit civil 2ème année : Les obligations,. Super Cours
Dalloz, 9ème éd, 2016 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. TERRE François; SIMLER Philippe et LEQUETTE Yves, Droit civil : Les
obligations, Dalloz, 11 éd., 2013; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte
Apogée).
3. RENAULT-BRAHINSKY Corinne, Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
13ème éd., 2013 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
6
Chapitre 2. Les effets du contrat
Tout ce que nous venons de voir constitue la naissance de l’obligation contractuelle ou la
formation du contrat. Jusque-là, l’obligation contractuelle est déjà née. Dès lors, l’obligation
produit des effets juridiques entre les parties.
Mais avant d’aborder ces effets proprement dit, précisons qu’une partie à l’obligation peut
s’en débarrasser au profit d’une tierce personne. Mais l’obligation continuera à exister et
produira les mêmes effets. C’est ce que le D.O.C appelle ‘le transport des obligations’
(articles 189 à 227). On l’appelle également ‘la circulation des obligations’, qui fera l’objet de
cette leçon.
En tant que supports de richesse, les obligations circulent comme tout bien. Cette circulation
s’opère par des techniques qui ont pour effet, le changement d’un créancier ou d’un débiteur.
Elle consiste dans le transfert du lien juridique (créance ou dette) d’une personne à une autre.
Voici quelques exemples
1. Youssef a acheté une moto. Si la moto fait l’objet d’acte de vandalisme, seul est le
responsable l’auteur des dommages. Sa moto est assurée en cas d’accident. S’il entre
en collision avec une autre moto : c’est l’assureur qui se chargera de l’indemnisation
Youssef ne va pas se faire indemniser deux fois : par l’autre propriétaire de la moto
d’une part et son assureur d’autre part. L’assureur a payé Youssef qui a pris sa place
et va se retourner contre l’assureur du propriétaire de l’autre moto à condition que ce
dernier en soit responsable.
2. Yacoub vend à crédit ses CDs à Ghizlaine qui devra lui versé leur montant avant le 20
mars. Avant l’échéance, Yacoub voulait acheter d’autres CDs mais n’avait pas
d’argent. Il demande à Yasmine de lui avancer le montant en contrepartie elle pourra
récupérer son argent auprès de Ghizlaine le 20 mars.
3. De même, lorsqu’une personne se trouve à la fois créancière d’une personne et
débitrice d’une autre personne, il peut y avoir circulation d’obligation.
Supposons que Yacoub est créancier de Youssef et Youssef est créancier de Ghizlane.
Youssef doit payer sa dette envers Yacoub et Ghizlane doit payer sa dette envers
Youssef. Quand Yacoub demande à Youssef de le payer, quelles sont les possibilités
qui s’offrent à Youssef? Youssef a deux choix : Soit il paye sa dette, soit il donne un
écrit à Yacoub dans lequel il demande à Ghizlane de payer à Yacoub ce qu’elle doit à
Youssef. Si Ghizlane accepte de payer Yacoub, elle devient débitrice de Yacoub.
Les exemples sont nombreux. Mais toutes ces situations se réduisent à trois techniques
juridiques : La cession de créance, la délégation et la subrogation.
I. La cession de créance
Le mot ‘cession’ est utilisé en matière de transfert de propriété des biens incorporels (fonds de
commerce, droits d’auteurs, créance, etc.). si la cession est à titre onéreux, ses équivalents
sont la vente, l’échange, l’apport en société, etc. Si elle est à titre gratuit, ses équivalents sont
la donation, le legs, etc. La différence est que les mots ‘vente’, ‘échange’, ‘donation’, etc.
s’appliquent aux biens corporels (voiture, maison, stylo, etc.) alors que le mot ‘cession’
s’applique aux biens incorporels. Tous ces actes produisent les mêmes effets juridiques : Le
transfert de propriété. D’ailleurs, le D.O.C utilise indifféremment le mot ‘vente’ et le mot
‘cession’ (article 202).
Ainsi, la cession de créance est définie comme étant l’opération juridique qui consiste à faire
passer une créance de son titulaire actuel (cédant) à un titulaire nouveau (cessionnaire).
Exemple : Dans l’exemple de Yacoub qui transfère sa créance à Yasmine, on est en présence
d’une cession de créance. Depuis la cession, c’est Yasmine qui est créancière de Ghizlaine.
A retenir :
La cession de créance doit être signifiée (notifiée) au débiteur cédé ou le débiteur doit
l’accepter (article 195 du D.O.C) ;
La cession de créance doit être autorisée par le titre constitutif de la créance elle-même
(le contrat par exemple) ou la loi. La créance doit également être saisissable (Par
exemple, on ne peut pas céder le salaire, car la loi interdit de le saisir) article 191
du D.O.C ;
La cession ne doit pas avoir pour but la fraude à la loi : Echapper à une juridiction
(article 193 du D.O.C) ;
Une créance litigieuse n’est pas cessible, non plus (article 192 du D.O.C).
Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 1317 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours
Dalloz, 2016, pp. 535 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
II. La délégation
La délégation de créance constitue la théorie générale du droit cambiaire (droit des effets de
commerce). Elle pose les règles générales du droit des effets de commerce.
C’est une technique de changement de débiteur. Selon le D.O.C, il y a délégation dans deux
situations :
1. L’acte par lequel un créancier (initial), appelé le délégant, transmet ses droits sur un
débiteur, appelé le délégué à un autre créancier, appelé le délégataire, et en paiement
de ce que le débiteur doit au créancier initial (articles 217 et 220 du D.O.C).
Dans l’exemple qui met en relation Yacoub ; Youssef et Ghizlane, il y a eu délégation.
2. L’acte par lequel une personne charge une autre de payer pour elle-même s’il n’y a pas
d’obligation entre les deux (article 217 du D.O.C).
A retenir :
La délégation ne se présume pas ; elle doit être expresse (article 218 du D.O.C) ;
ii. La délégation est dite imparfaite lorsque le délégant reste tenu envers le
délégataire à côté du délégué. Elle ajoute le délégué comme second
débiteur aux côtés du déléguant mais sans libérer celui-ci (articles 224 et
354 du D.O.C).
Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 1317 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
14ème éd. 2017 pp. 233 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
III. La subrogation
Le mot subrogation exprime une idée de remplacement. Il y a subrogation lorsque le
paiement, ayant été effectué par un tiers, la dette éteinte à l’égard du créancier originaire est
censée subsister au profit de ce tiers.
Subrogation veut dire substitution d’une personne à une autre. Le créancier originel sera
appelé subrogeant, le tiers c’est-à-dire le nouveau créancier appelé subrogé. Ce tiers sera
subrogé aux droits, actions, privilèges ou hypothèques que le créancier a contre le débiteur.
1. La subrogation conventionnelle
La subrogation conventionnelle peut émaner du créancier ou du débiteur.
a. La subrogation émane du créancier lorsque c’est le créancier originel qui cède sa place
à un nouveau créancier. Elle est prévue par l’article 212 du D.O.C. Cette subrogation a
lieu lorsqu’un tiers paie le créancier originel à la place du débiteur. Le créancier
originel est alors désintéressé et cède la place à ce tiers qui devient créancier du même
débiteur.
b. La subrogation qui émane du débiteur est régie par l’article 213 du D.O.C. Elle a lieu
lorsqu’un tiers prête l’argent au débiteur pour payer sa dette. Le débiteur a
désintéressé le premier créancier mais s’est endetté auprès d’un autre créancier. Le
deuxième créancier prend la place du premier.
2. La subrogation légale
La subrogation d’origine légale est régie par l’article 214 du D.O.C.
a. Dans l’exemple d’un débiteur solidaire qui a payé pour tous ses codébiteurs solidaires,
il y a eu subrogation. Le débiteur solidaire qui a payé était tenu avec d’autres
débiteurs. Donc les autres débiteurs ont une dette envers lui puisqu’il a payé leur part.
Les débiteurs restent débiteurs mais envers un autre créancier (leur ancien
codébiteur).
b. Il y a subrogation légale également lorsqu’on paye pour une personne au profit de qui
on s’est engagé de payer. Exemple : Un veut emprunter une somme d’argent à la
banque. Mais il n’a pas de garanties suffisantes. La banque lui demande de trouver une
caution (personne qui s’engage de payer la banque si le commerçant ne paye pas). Si
le commerçant trouve la caution, la banque va lui prêter l’argent. Jusqu’à ce niveau, le
créancier c’est banque. Mais si le commerçant ne paye pas à l’échéance, la banque
demander à la caution de payer. La banque ne sera plus créancière et sera remplacée
par la caution.
c. Dans l’exemple de l’assurance de la moto, il y a également subrogation entre la
compagnie d’assurance qui a indemnisé la victime de l’accident et la victime de
l’accident. La compagnie d’assurance devient créancière de l’auteur de l’accident en
remplacement de la victime (qui est désintéressée/indemnisée).
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directe) contre le promettant pour le contraindre d’exécuter son obligation (article 34 2ème
alinéa du D.O.C).
Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 541 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours
Dalloz, 2016, pp. 267 à 264, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
3. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
14ème éd. 2017 pp. 117 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
L’inexécution, la mauvaise exécution ou le retard dans l’exécution d’une obligation doit être
prouvée. Après la preuve, les dommages-intérêts ; l’exécution forcée ; l’exception
d’inexécution et la résolution sont les moyens mis à la disposition du créancier.
1. La charge de la preuve de l’inexécution
La charge de la preuve de l’inexécution de l’obligation dépend de son contenu.
Pour les obligations de moyens, le créancier doit apporter la preuve que son débiteur
n’a pas mis en œuvre tous les moyens pour exécuter son obligation. Exemple : Dans
un contrat médical, la responsabilité du médecin n’est pas engagée par la seule
absence de guérison du patient. Le patient doit prouver que le médecin n’a pas fait tout
son possible pour le soigner ou prouver une faute du médecin.
Dans les obligations de résultat, le débiteur doit atteindre le résultat stipulé dans le
contrat. S’il ne l’atteint pas, il engage sa responsabilité. Pour se dégager de cette
responsabilité, le débiteur de l’obligation doit apporter la preuve d’une circonstance
extérieure à sa volonté qui a ruiné toute possibilité d’exécuter son obligation et
annihilé toute précaution visant à exécuter ladite obligation. Cette circonstance peut-
être la force majeure, le cas fortuit ou le fait du créancier (article 268 du D.O.C).
L’article 269 du D.O.C définit la force majeure comme une cause qu’il est impossible
d’éviter. La force majeure est définie par le lexique des termes juridiques (Edition
Dalloz) comme étant tout événement imprévisible et insurmontable.
2. L’exécution forcée
L’exécution forcée est prévue par l’article 259 du D.O.C. Elle est envisageable lorsque
l’exécution est encore possible. C’est par exemple lorsque la chose à donner existe encore.
Quand l’exécution forcée n’est plus possible, le créancier a d’autres choix et notamment
demander les dommages-intérêts, opposer au débiteur l’exception d’inexécution ou encore
demander la résolution du contrat.
3. Les dommages-intérêts
L’inexécution, la mauvaise exécution ou le retard d’exécution des obligations de faire et de ne
pas faire sont sanctionnées par des dommages-intérêts, en principe (articles 261, 262 et 263
du D.O.C). La logique est simple. Pour les obligations de faire, il est difficile de forcer le
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débiteur à faire ce qu’il ne veut pas faire ou ce qu’il ne peut pas faire. Pour les obligations de
ne pas faire, l’exécution forcée n’est plus possible dès que le débiteur a commis ce qui lui
était interdit de commettre.
4. L’exception d’inexécution
Dans les contrats synallagmatiques, un contractant a le droit de refuser d’exécuter son
obligation si l’autre n’a pas exécuté la sienne. L’exception d’inexécution est le droit accordé à
chaque contractant de refuser d’exécuter son obligation tant que l’autre n’accomplit pas la
sienne. Dans le contrat de vente, l’acheteur refuse de payer tant que le vendeur ne livre pas la
chose.
5. La résolution des obligations pour inexécution
En cas d’inexécution du contrat, la partie insatisfaite a le choix d’agir en justice contre le
débiteur pour demander au juge d’effacer rétroactivement le contrat (article 259 du D.O.C).
Le contrat peut inclure une clause résolutoire ; dans ce cas l’inexécution provoque
automatiquement la résolution du contrat (article 260 du D.O.C). La résolutoire de
l’obligation est donc soit judiciaire soit conventionnelle.
L’effet principal de la résolution est de faire disparaitre le contrat. En principe, la résolution
est rétroactive mais dans les contrats à exécution successives comme le bail, elle ne produit
effet que pour l’avenir (résiliation).
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L’extinction des obligations contractuelles.
Aux termes de l’article 319 du D.O.C, les obligations s'éteignent par : 1° Paiement ; 2°
L’impossibilité de l’exécution ; 3° La remise volontaire ; 4° La novation ; 5° La compensation
; 6° La confusion ; 7° La prescription ; 8° La résiliation volontaire. Il y a donc 8 causes de
l’extinction des obligations contractuelles.
Bibliographie sélective
Lionel ANDREU et Nicolas THOMASSIN, Cours de droit des obligations, 2ème édition
Gualino, 2017-2018 ; pp. 367 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).