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UNIVERSITE HASSAN II DE CASABLANCA

Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales de


Casablanca

Théorie générale des obligations

Mme Tak Tak

Année universitaire 2017-2018


La notion de l’obligation

Une petite histoire !


Cette année, Yacoub s’est résolu à faire un job d’été. Ses amis Ayoub, Youssef et Ghizlane
l’avaient fortement sensibilisé à l’idée de gagner de l’argent pendant les vacances. Comme
par coïncidence, une marque célèbre de restauration rapide a ouvert ses portes dans le
quartier des jeunes gens. Ils allèrent voir le patron le matin du 12 Juin. Le patron trouva un
intérêt à commencer avec des jeunes du quartier. Il leur proposa un contrat à durée
déterminée de 3 mois à compter du 20 Juin pour un salaire mensuel de 205 Dhs. Ils devaient
travailler 8h par jour ; de 8h 30 à 18h 30, avec une pause de 2 heures entre midi et 2. Dès le
premier jour du travail, le patron constata un esprit d’équipe remarquable chez ses jeunes
collaborateurs. A la fin de leur contrat, il donna une prime de 72 Dhs à chacun, à récupérer
le surlendemain.
Pourtant, Yacoub avait promis à ses cousins de Settat qu’il leur rendra visite pendant les
mêmes vacances…

Relevez dans le texte les obligations juridiques et les obligations morales.

1. Obligations juridiques :
 Les 4 amis doivent travailler 3 mois pour le restaurateur et selon les horaires fixés dans le
contrat.
 A la fin de chaque mois, le restaurateur doit payer à chacun des travailleurs le salaire de
205 Dhs.
 La donation de 72 Dhs à chacun des travailleurs.

2. Obligations morales
Yacoub a promis à ses cousins de Settat de leur rendre visite pendant les vacances.

A retenir
− L’obligation juridique ou civile est un lien de droit qui :
a. Oblige le débiteur à exécuter une prestation ou à s’en abstenir ;
b. Autorise le créancier à faire contraindre le débiteur à cette exécution.
− Le débiteur est celui qui doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner à
quelqu’un d’autre. Il a une dette envers le créancier. Dans l’exemple des contrats du
travail, le patron est débiteur du salaire à la fin de chaque mois et les jeunes gens sont
débiteurs du travail à fournir.
− Le créancier est celui à qui on doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner.
Il a un droit de créance une créance contre le débiteur. Dans l’exemple des contrats
du travail, le patron est créancier du travail et les jeunes gens sont créanciers du salaire
à la fin de chaque mois.
− Le droit de créance c’est un droit subjectif qui organise les relations juridiques
entre les particuliers (personnes physiques ou personnes morales).

1
− Une obligation morale est un devoir de conscience que la loi ne contraint pas à
exécuter. Par exemple, Yacoub ne peut pas être contraint de tenir sa promesse de
rendre visite à ses cousins de Settat.

Bibliographie sélective sur la distinction entre l’obligation juridique et l’obligation


morale :
1. RENAULT-BRAHINSKY (C.) L’essentiel du droit des obligations, Gualino, 13ème éd.
2017.
2. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino, 13ème
éd. 2013.
1. CABRILLAC (R.) Droit des obligations, Dalloz, 12ème éd. 2016 pp. 1-11.
2. TERRE (F.) Introduction générale au droit, Dalloz, 10ème éd. 2010, pp. 167 et suivants.

I. Les sources des obligations

1. Les actes juridiques


Ce sont des comportements posés volontairement en vue de créer des obligations voulues
d’avance. On les appelle des actes juridiques.

A retenir
− Quand un acte juridique est réciproque, il y a un accord de volonté entre 2 ou plus de
2 parties. C’est le contrat. L’acte est alors bilatéral. Exemple : Chacun des contrats de
travail signé par le patron du restaurant et chacun des jeunes vacanciers est un acte
bilatéral. Il y a eu une rencontre de volonté entre le patron, d’une part et chacun des
jeunes vacanciers, d’autre part.
− Quand un acte juridique est posé sans réciprocité, on l’appelle acte unilatéral. Dans
l’exemple de la relation de travail entre le restaurateur et les jeunes vacanciers, la prime
de 72 Dhs est un acte unilatéral. Les bénéficiaires n’ont pas engagé leur volonté.
− Les parties veulent à la fois l’acte et ses conséquences juridiques. Par exemple, si
deux personnes concluent un contrat de vente, le vendeur veut que la propriété de
l’objet vendu passe à l’acheteur et l’acheteur sait qu’il doit payer le prix.

2. Les faits juridiques


Ce sont des manquements à l’obligation générale de prudence, de diligence et de loyauté qui
pèse sur tous les hommes. Ces manquements causent un préjudice à autrui. Le préjudice qu’ils
causent doit être réparé.
Ils sont classés en deux catégories : Les délits civils et les quasi-délits civils.
A retenir
− Les délits civils impliquent un manquement intentionnel à cette obligation, une volonté
consciente de provoquer les suites préjudiciables de l’acte.
− Les quasi-délits civils sont des actes d’imprudence ou de négligence, leurs auteurs
n’ayant pas voulu les conséquences dommageables de leurs actes.

2
− Mais l’auteur d’un délit civil ou d’un quasi-délit civil ne cherche pas à réparer le
dommage causé à sa victime. Cette réparation est une obligation de la loi. Exemple :
Quand un passant heurte un autre et casse son téléphone, l’auteur de la casse n’avait
pas voulu réparer le téléphone qui s’est cassé.
− Ils sont illicites parce qu’ils sont répréhensibles et préjudiciables.
− Ils entraînent la responsabilité civile (l’obligation de réparer) de leurs auteurs pour les
dommages qu’ils causent à autrui.

Ce sont des comportements qui sont bénéfiques pour autrui. Cette utilité qu’en retire autrui
fait qu’on les rapproche des actes juridiques. C’est pour cela qu’on parle de quasi-contrats.
C’est notamment la gestion d’affaires, le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.
A retenir
− Ils sont licites parce qu’ils sont commandés par la morale et le droit.
− Le bénéficiaire des quasi-contrats a l’obligation d’indemniser leur(s) auteur(s).

Bibliographie sélective aux sources des obligations


1. CABRILLAC (R.), Droit des obligations, Dalloz, 12ème éd. 2016 pp. 13 et suivants et
pp. 211-219
2. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 25 et suivants et pp. 727 et suivants.
3. TERRE (F.) Introduction générale au droit, Dalloz 10ème éd. 2010, pp. 173 et suivants.

II- Classification par l’objet de l’obligation

Ce jour-là, les jumelles Wafaa et Wafia étaient très chargées. Elles se préparaient pour la
cérémonie de remise de diplômes le lendemain. Elles sont allées voir un habilleur qui leur a
vendu deux robes sur-mesure contre 17 Dhs chacune. A la sortie, elles se sont précipitées
dans un salon de coiffure. La coiffeuse leur a fait, chacune, un brushing contrer 8 Dhs par
tête. Le lendemain avant la cérémonie, leur coiffeuse s’est présentée chez elles pour les
maquiller pour un montant forfaitaire de 21 Dhs. Pour la cérémonie, leur promotion les avait
mandatées pour chercher un photographe pour 29 Dhs, toute la cérémonie. En contrepartie
de l’opportunité, le photographe a consenti qu’il n’allait pas prendre en photo les deux
jumelles avec une tierce personne, autre que leurs membres de famille ou leurs camarades de
classe.
1. Obligation de donner, de faire ou de ne pas faire
Veuillez extraire du texte toutes les obligations dont on parle. Précisez l’objet de chacune.
1. La vente des robes : Une obligation de donner pour le vendeur.
2. Payer le prix des robes : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
3. Le brushing : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
4. Payer le prix du brushing : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
5. Le maquillage : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
3
6. Payer le prix du maquillage : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
7. Chercher un photographe : Une obligation de faire pour Wafaa et Wafia.
8. Prendre des photos pendant la cérémonie : Une obligation de faire pour le
photographe.
9. Payer les services du photographe : Une obligation de donner pour la promotion.
10. Ne pas prendre en photo les deux jumelles avec des personnes étrangères à leur
famille ou à leur promotion : Obligation de ne pas faire pour le photographe.

Au total, 10 obligations sont extraites du texte. Mais on peut classer ces obligations en 3
catégories d’objet : Donner ; faire et ne pas faire.
A retenir
− L’obligation peut avoir seulement trois objets : Donner, faire ou ne pas faire.
− L’obligation de donner consiste à transférer la propriété de quelque chose à autrui.
− Si le débiteur d’une obligation de donner ne l’exécute pas, le juge peut le contraindre à
exécuter son obligation de force.
− L’obligation de faire contraint le débiteur à l’accomplissement d’une prestation.
− L’obligation de ne pas faire engage le débiteur à une abstention.
− Si le débiteur d’une obligation de faire ou de ne faire ne l’exécute pas, il sera
sanctionné par des dommages-intérêts.

2. Obligation de résultat/obligation de moyens


Veuillez préciser le contenu de chacune des 10 obligations contenues dans le texte précédent.
1. La vente des robes : Une obligation de résultat pour le vendeur.
2. Payer le prix des robes : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
3. Le brushing : Une obligation de moyens pour la coiffeuse.
4. Payer le prix du brushing : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
5. Le maquillage : Une obligation de moyens pour la coiffeuse.
6. Payer le maquillage : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
7. Chercher un photographe : Une obligation de moyens pour Wafaa et Wafia.
8. Prendre des photos pendant la cérémonie : Une obligation de résultat pour le
photographe.
9. Payer les services du photographe : Une obligation de résultat pour la promotion.
10. Ne pas prendre en photo les deux jumelles avec des personnes étrangères à leur
famille ou à leur promotion : Obligation de résultat pour le photographe.
Le contenu de ces obligations est soit de moyens, soit de résultat.

A retenir
− Dans une obligation de moyens, le débiteur ne promet pas un résultat précis. Il doit
seulement mettre en œuvre tous les moyens possibles pour atteindre le résultat.
Exemple : dans l’obligation de chercher un photographe, les jumelles n’ont pas promis
trouver le photographe à tout prix, mais uniquement de le chercher.
− Dans une obligation de résultat, le débiteur doit atteindre un objectif précis. Par
exemple, l’obligation de payer une somme d’argent est une obligation de résultat.
4
Bibliographie sur la classification des obligations :
RENAULT-BRAHINSKY (C.) – Droit des obligations, Mémento LMD, Gualino, 13ème éd.,
2013, pp. 27-30.

III- Les obligations volontaires ou contractuelles

1. La formation du contrat ou la naissance de l’obligation contractuelle


Toute obligation contractuelle obéit à un certain nombre de règles. Ces règles constituent la
théorie générale du contrat. Cette théorie s’articule autour de 5 principes fondamentaux du
droit des contrats :
1.1. La naissance et la validité des obligations contractuelles doivent observer trois
principes fondamentaux : Le principe de l’autonomie de la volonté ; le principe de la
liberté contractuelle et le principe du consensualisme. Ces principes découlent
implicitement de plusieurs textes, et notamment :
(1) Article 35, alinéa 3 de la constitution (Liberté d’entreprendre et de concurrence) :
‘L’Etat garantit la liberté d’entreprendre et la libre concurrence. …’
(2) Article 19, 1er alinéa du D.O.C (Autonomie de la volonté) : ‘La convention n’est
parfaite que par l’accord des parties sur les éléments essentiels de l’obligation, ainsi
que sur toutes les autres clauses licites que les parties considèrent comme essentielles.’
(3) Article 57 du D.O.C (Présomption de commercialité des biens, droits et services) :
‘Les choses, les faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce peuvent seuls
former objet d’obligation ; sont dans le commerce toutes les choses au sujet desquelles
la loi ne défend pas expressément de contracter.’
(4) Article 63 du D.O.C (Présomption de licéité des causes des contrats) : ‘Toute
obligation est présumée avoir une cause certaine et licite, quoiqu’elle ne soit pas
exprimée.’
(5) Article 230 du D.O.C (Contrat = Loi des parties) : ‘Les obligations contractuelles
valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être
révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi.’
1.2. Les effets de toute obligation contractuelle sont gouvernés par deux principes
fondamentaux :
(i) Le principe de la force obligation :
‘Les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faites, et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou
dans les cas prévus par la loi’ (article 230 du D.O.C).
‘Tout engagement doit être exécuté de bonne foi et oblige, non seulement à ce qui y
est exprimé, mais encore à toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à
l’obligation d’après sa nature’ (article 231 du D.O.C).
(ii) Et le principe de l’effet relatif : ‘Les obligations n’engagent que ceux qui ont été
parties à l’acte : elles ne nuisent point aux tiers et elles ne leur profitent que dans
les cas exprimés par la loi’ (article 228 du D.O.C).
Il y a plusieurs catégories de contrats mais ils obéissent tous à ces principes. Les critères de
classifications des contrats sont indifférents à ces principes.
5
Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, Super Cours Dalloz, 9ème éd.,
2016, pp. 31-48 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

IV- Classification des contrats


1.1. Classification des contrats selon leur structure
 Contrats synallagmatiques et contrats unilatéraux
Un contrat est synallagmatique lorsque les contractants s’obligent réciproquement les uns
envers les autres. Les exemples sont la vente et le louage, notamment.
Intérêt : Les obligations issues du contrat synallagmatique sont réciproques et
interdépendantes. L’exception d’inexécution (article 235, 1er alinéa) provient de cette
réciprocité ou interdépendance.
Un contrat est unilatéral lorsqu’une personne s’oblige envers une autre qui ne contracte aucun
engagement. La donation en est l’exemple parfait.

 Contrats commutatifs et contrats aléatoires


Un contrat est commutatif lorsque chaque partie connaît, dès sa formation, peut apprécier le
bénéfice ou la perte résultant pour elle de ce contrat. Exemple : Le bail est un contrat
commutatif. Chacune des parties connaît plus ou moins ce qu’il y gagne.
Au contraire, un contrat est aléatoire quand la prestation due par l’une des parties dépend d’un
événement incertain, et ne permet aucune attente précise pour les parties. Exemple : Le
contrat d’assurance présente un aléa. On ne sait à l’avance si le risque se réalisera, quand il se
réalisera ni l’étendue des dommages à indemniser.

1.2. Classification selon leur source : Contrats nommés et contrats innommés


Les contrats nommés ou encore contrats spéciaux sont ceux prévus par la loi sous une
dénomination propre. Exemple : La vente, le bail, le compte d’épargne, etc. sont des contrats
nommés car ils sont prévus dans le D.O.C et le code de commerce.
Les contrats innomés sont ceux que les parties créent de toute pièce pour leurs besoins
personnels ou professionnels mais dans le respect de la théorie générale du contrat. C’est une
multitude de contrats. Exemple : Le contrat de franchise ou le contrat de distribution sélective
ne sont pas connus dans la loi marocaine.
A retenir :
− Les contrats innomés sont la conséquence du principe de l’autonomie de la volonté.
− Souvent, la pratique donne des noms différents à certains contrats nommés par la loi. Il
faut d’abord qualifier pour savoir si le contrat existe dans la loi ou pas. Exemple : Le
contrat de louage d’ouvrage (appellation du D.O.C  articles 759 et s.) s’appelle
‘contrat clés en mains’, ‘contrat d’ingénierie’, etc. dans la pratique.

Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours Dalloz,
2016, pp. 26-31 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
6
Les conditions de naissance de l’obligation

Yacoub obtint enfin son bac. C’est alors le moment de la tournée promise par ses parents.
Lui, et ses amis Ayoub ; Youssef et Ghizlane attendaient le grand jour avec impatience. Il
appela un hôtel de la ville qu’ils avaient ciblée comme destination. Il voulait réserver les
chambres. L’hôtesse lui demanda son nom complet, le numéro de sa CIN et sa date de
naissance. Alors l’hôtesse réalisa que Yacoub avait 16 ans. Elle lui demanda l’âge du
compagnon le plus âgé. Ayoub avait à peine 17 ans. L’hôtesse lui dit qu’elle pourrait leur
réserver les quatre chambres d’hôtel s’ils sont accompagnés par une personne âgée d’au
moins 18 ans et qui prendra soin de contacter l’hôtel.
Les préparatifs étaient avancés. Les jeunes gens ne pouvaient donc pas trouver cette
personne.
La tournée devrait-elle encore attendre?
Quelle est la suite que l’hôtesse a réservée à la demande de Yacoub? L’hôtesse a refusé de
réserver les chambres que Yacoub demandait pour lui et ses amis.
Expliquez les raisons de la suite que l’hôtesse a réservée à la demande de Yacoub :
L’hôtesse voulait traiter avec une personne qui a au moins 18 ans.
Pourquoi l’hôtesse a-t-elle tenu à traiter avec une personne d’au moins 18 ans?

Le contrat est défini comme un (1) accord ou rencontre de volontés (consentement libre,
éclairé et exprimé), (2) créateur ou créatrice d’obligations, (3) entre deux ou plus de deux
parties capables de s’obliger (créancières et débitrices), (4) pour une cause licite et (5) sur
un objet certain et non expressément interdit par la loi. Cinq éléments permettent donc de
cerner la notion de contrat. Si un seul élément manque ou lorsqu’il est irrégulier, il n’y a pas
de contrat.
L’article 2 du D.O.C soumet la validité d’une obligation à l’existence de quatre éléments
nécessaires :
1. La capacité de s’obliger,
2. Un objet certain pouvant former objet d’obligation,
3. Une cause licite de s’obliger,
4. Déclaration valable de volonté.

Leçon n° 1 : La capacité

1. Le régime de la capacité
La capacité se définit comme l’aptitude d’une personne à acquérir des droits et à les exercer.
C’est l’aptitude à consentir. Il y a trois échelons dans la capacité : La capacité est pleine; la
capacité est limitée et enfin, la capacité n’existe pas du tout.
1.1. La pleine capacité
La capacité est pleine pour toute personne majeure et saine d’esprit. La personne dotée de sa
pleine capacité :

1
i. Exerce lui-même ses droits. On dit qu’il a la capacité d’exercice. La capacité d’exercer
est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses
actes valides (article 208 du code de la famille).
ii. Et jouit de ses droits personnels et patrimoniaux. On dit qu’il a la capacité de
jouissance.
La capacité de jouissance est la faculté qu’à la personne d’acquérir des droits et d’assurer des
devoirs tels que fixés par la loi. Cette capacité est attachée à la personne durant toute sa vie et
ne peut lui âtre enlevée (article 207 du code de la famille).
1.2. La limitation de capacité, l’incapacité et la représentation légale
Face aux exigences de l’hôtesse, Yacoub et ses amis réfléchissaient à une solution. Où
trouver une personne qui atteint 18 ans et prête à accompagner les jeunes? Ils jetèrent leur
dévolu sur la tante de Youssef. Elle était légèrement plus âgée. La différence était de 3 ans
seulement. A 20 ans, l’ambiance ne sera pas différente. Tante Soraya accorda le service
demandé. En plus, Tante Soraya a suffisamment de moyens. Mais cela demandait que chacun
des père ou mère des jeunes amis la désignent comme leur représentante légale. Une fois les
pouvoirs conférés par les parents des jeunes, Tante Soraya rappela l’hôtel et régla les
questions du séjour…
Questions :
− Pourquoi Tante Soraya avait besoin des pouvoirs lui conférés par les parents des
jeunes vacanciers?
− Y a-t-il des types différents de représentant légal?
Lorsque la capacité est inexistante ou limitée, l’intéressé est représenté par un représentant
légal :
- La capacité n’existe pas du tout, dans deux hypothèses (article 217 du code de la
famille) :
a. Lorsqu’on n’a pas encore atteint l’âge de discernement (12 ans grégoriens révolues);
b. Une personne qui est capable perd sa capacité à la suite de la démence qui lui a perdre
la raison.
- La capacité est limitée dans trois hypothèses (article 213 du code de la famille) :
a. Entre 12 ans moins de 18 ans grégoriens révolus (article 214 du code de la famille) ;
b. Pour le prodigue qui dilapide/gaspille ses biens (article 215 du code de la famille) ;
c. Pour le faible d’esprit, qui est atteint d'un handicap mental qui l’empêche de maîtriser
sa pensée et ses actes (article 216 du code de la famille).
A retenir :
− Les actes passés par l’incapable sont nuls et de nul effet (article 224 du code de la
famille).
− Le droit de la famille distingue trois types de représentants légaux (article 230 du code
de la famille) :
1. Le tuteur légal : Le père, la mère ou le juge ;
2. Le tuteur testamentaire : Désigné par le père ou par la mère ;
3. Le tuteur datif désigné par la justice.

2
Les personnes incapables ou à capacité limitée doivent être représentées. Si elles contractent
sans autorisant de leurs représentants, elles ne sont pas obligées par les engagements qu’ils
ont pris sauf dans trois hypothèses :
− Lorsqu’elles améliorent leur situation et sans charge aucune (articles 5 et 9 du D.O.C),
− Lorsque leurs actes sont approuvés par leurs représentants (article 4 du D.O.C),
− Lorsque la personne incapable ou à capacité limitée a été dûment autorisée par son
représentant (article 7 du D.O.C).
A retenir :
− Le régime de la capacité joue exclusivement en faveur de la personne incapable ou à
capacité limitée. C’est un régime de protection. Voir notamment l’article 225 du code de la
famille et les articles 6 et 10 du D.O.C ;
− Les personnes incapables ou à capacité limitée doivent être représentées ;
− Leurs représentants ne peuvent passer aucun acte de disposition (la vente, l’échange, la
location pour plus de trois ans, le partage, la société, la constitution du nantissement et autres
cas expressément prévus par la loi) sans l’accord du juge (article 11 du D.O.C).
2. L’émancipation
Lorsque le mineur a atteint l’âge de seize ans, lui-même ou son représentant légal peut
demander au tribunal de lui accorder l'émancipation (article 218 du code de la famille).
Le tribunal doit vérifier si le mineur à émanciper est doté de bon sens pour jouir de sa pleine
capacité. Le mineur émancipé recouvre sa pleine capacité et peut l’exercer sans
représentation.

Leçon n° 2.
Le consentement
Le consentement est l’acceptation ou l’approbation de la survenance d’une chose. Consentir à
une obligation veut dire s’engager à l’exécuter. Il est le départ de toute obligation
contractuelle.
Le consentement s’exprime ou se manifeste sous plusieurs formes. Dans tous les cas, le
consentement doit être libre et éclairé.
1. La manifestation instantanée du consentement
Le consentement est central en matière de contrat. Il est le départ et la mesure. Le lexique des
termes juridiques le définit comme étant ‘l’adhésion d’une partie à la proposition faite par
l’autre.’ L’échange des consentements entraîne l’accord des volontés qui lie les parties. Cette
définition est contenue dans les articles 19 et 230 du D.O.C. Il en ressort que la volonté d’une
personne capable suffit pour créer des obligations lorsqu’elle est conforme à la loi, aux
bonnes mœurs et à l’ordre public. C’est le principe de l’autonomie de la volonté. Ce principe
veut dire que la volonté suffit pour qu’une obligation contractuelle naisse (article 19 du
D.O.C) et pour ‘créer sa propre loi’ (article 230 du D.O.C). S’il y a l’échange des
consentements et les conditions de licéité remplies, on n’a pas besoin d’autorisation ni
d’agrément pour consentir à une obligation. On n’a besoin non plus d’aucune formalité pour
s’obliger ou contracter. C’est le principe du consensualisme.
1.1. Le principe du consensualisme
3
Ce principe est une conséquence de l’autonomie de la volonté. Le consensualisme est un
principe en vertu duquel un acte juridique n’est soumis à aucune formalité particulière pour sa
validité ; l’échange consentement ayant à lui seul le pouvoir de créer les obligations. Le
consensualisme, c’est la règle en matière de contrat. Les contrats qui se forment sans
formalités particulières s’appellent des contrats consensuels.
Si la volonté est suffisante pour consentir à sa propre loi, toute personne capable doit être libre
d’user de sa volonté. Si non, l’autonomie de la volonté et le consensualisme seraient lettres
mortes. C’est le principe de la liberté contractuelle, qui est aussi la conséquence du principe
de l’autonomie de la volonté.
Ainsi, toute personne jouissant de sa pleine capacité est libre de contracter, à la double
condition que l’objet et la cause du contrat soient conformes à la loi, aux bonnes mœurs et à
l’ordre public.
Ce sont ces trois principes (Autonomie de la volonté, Consensualisme et Liberté
contractuelle) qui sont à la base de la vivacité du droit des contrats. Ces trois principes
permettent au droit des contrats d’avoir une infinitude d’applications : Les contrats sont
innombrables. Et c’est la raison pour laquelle, tout juriste doit maîtriser le droit des
obligations (= Droit des contrats + Droit de la responsabilité civile).
1.2. Exception au consensualisme : Le formalisme
Alors que son père et les voisins discutaient en amis, ils évoquèrent la question de la vente
frauduleuse des terrains d’autrui (spoliation foncière). Et Ayoub écoutait. Ce qui l’intriguait,
c’est cette figure de notaire qui revenait à chaque fois qu’on parlait de spoliation. Alors il se
décida de poser des questions à son père, plus tard.
Questions :
C’est quoi un notaire?
Selon les articles 1er et 35 de la loi n° 32-09 relative à l’organisation de la profession de
notaire, le notariat est une profession libérale. Le notaire authentifie les actes auxquels la loi
impose le caractère d’authenticité attachée aux actes de l’autorité publique, ou auxquels les
parties veulent donner ce caractère.
Quel rôle joue-t-il dans les affaires des terrains et des immeubles?
Son rôle est important. Il assure la sécurité juridique dans les actes de disposition portant sur
les terrains et les immeubles. Il contrôle la régularité de ces actes. Exemples :
− L’article 4 de la loi n° 39-08 relative aux droits réels prévoit que ‘toute opération
relative au transfert de propriété ou l’établissement de droits réels immobiliers… doit être
faite par acte authentique.’
− L’article 274 de la même loi prévoit que ‘l’acte de donation doit être authentique.’
Parfois, la nature du contrat ou les enjeux économiques et/ou sociaux qu’il porte poussent le
législateur à exiger une forme particulière pour sa formation. C’est le formalisme.
Le formalisme est un principe juridique en vertu duquel une certaine formalité est exigée par
la loi pour la formation d’un acte juridique. Avec le formalisme, la formation d’un acte
juridique dépend de l’accomplissement de formalités particulières. Les contrats dont la
formation exige une certaine formalité s’appellent des contrats formalistes ou solennels.
L’accord de volontés doit être exprimé selon les formes exigées par la loi.
On compte plusieurs types de formalismes :
4
i. Un formalisme probatoire (permettant d’organiser la preuve d’une obligation). Ce
formalisme relève de la prudence des parties mais peut être exigé par la loi. Exemple : La
vente des biens à fabriquer ne peut être prouvée que par écrit  article 613 du D.O.C.
ii. Un formalisme en vue de l’opposabilité. Exemple : un écrit est exigé pour que la
cession des baux ou loyers d’immeubles soit opposable aux tiers  article 196 du D.O.C.
iii. Et un formalisme de validité. Exemples : un écrit ayant date certaine est exigé pour
que la vente d’immeubles, de droits immobiliers ou autres choses susceptibles d’hypothèques
soit valable  article 489 du D.O.C ; le consentement au mariage doit être constaté par deux
adouls  article 13 du code de la famille ; etc.
Aux côtés des contrats consensuels et des contrats formalistes, on trouve aussi des contrats
réels. Les contrats réels sont ceux dont la formation dépend de la remise d’une chose, objet du
contrat. Par exemple, le prêt à usage (article 830 du D.O.C) est un contrat réel.
A retenir :
− Les contrats solennels sont formalistes.
− Tous les autres contrats sont consensuels.
− Les contrats sont solennels, consensuels ou réels selon leur mode de formation.
La rencontre des volontés peut être instantanée ou suivre des étapes successives.

2. La rencontre de deux volontés ou plus


Yacoub savait que sa tournée de vacances avait déjà coûté cher à ses parents. On lui avait
donné le budget nécessaire pour lui et ses amis Ayoub ; Youssef et Ghizlane. 408 Dhs en tout,
mises à part les dépenses pour les préparatifs. Et les préparatifs s’avéraient beaucoup
budgétivores. Pourtant, il avait besoin d’un appareil-photo de grande qualité mais il s’était
résigné à ne rien demander de plus à ses parents.
Pendant que les jeunes frangins faisaient les courses, Ghizlane reçoit un sms de son Papa. Il
lui promettait les 312 Dhs nécessaires pour une personne pendant la tournée. Mais elle devait
accepter de consacrer le reste des vacances à travailler avec lui dans la librairie familiale, au
retour de la tournée. Elle s’écria : Voilà l’argent pour l’appareil-photo! Elle travaillait déjà
dans cette librairie pendant qu’elle révisait ses leçons et pendant les vacances. L’offre était
avantageuse. Les quatre amis partirent voir l’offrant et Ghizlane accepta l’offre. Mais son
père réalisa que les méventes de cette période ne lui permettaient pas de libérer une telle
somme… Les jeunes gens n’ont pas révélé au Papa de Ghizlane que l’appareil-photo qu’il
comptaient acheter coûtait 102 Dhs.
Le père de Ghizlane peut-il retirer sa promesse? Pourquoi?
Le père de Ghizlane peut-il modifier sa promesse? Pourquoi?
A la lumière de ce récit, y a-t-il des obligations entre Ghizlane et son père? Pourquoi?
1. L’offre, la proposition de contracter ou la pollicitation
L’offre de contracter est la proposition ferme et précise de conclure un contrat.
− La fermeté s’apprécie par le langage utiliser. Dans une offre ferme, l’auteur exprime
son engagement à être automatiquement lié sans autre condition, en cas d’une éventuelle
acceptation de son offre. Exemple : Je vends mon livre neuf (titre, auteur, prix, etc.)

5
− La précision s’apprécie par la suffisance des conditions et des éléments essentiels du
contrat projeté. Dans une offre précise, un éventuel acceptant doit connaître clairement
l’objet, le prix, etc.
A retenir :
− Lorsque l’offre n’est pas suffisamment ferme et précise, c’est une simple invitation de
négocier (entrer en pourparlers) ou un appel d’offres. Exemple :
1. Je vends ma voiture. L’offre n’est pas précise, car il manque au moins deux éléments
essentiels : Le prix et la description de l’objet.
2. Je pourrais vendre ma voiture si je trouve un bon acheteur. L’offre n’est pas ferme.
L’auteur de cette offre ne s’oblige pas à la vendre, car il exprime une possibilité.
− La rencontre entre l’offre ferme et précise et l’acceptation suffit pour former le contrat.
− Le principe est que l’auteur de l’offre a la maîtrise de la durée de vie de son offre, tant
que l’offre n’est pas acceptée (article 26 du D.O.C).

*Distinction entre l’offre et l’acte unilatéral


La différence se trouve dans la naissance de l’obligation projetée. L’obligation contenue dans
l’offre naît à l’acceptation. Deux volontés doivent se rencontrer. L’obligation contenue dans
l’acte unilatéral naît dès que le bénéficiaire de l’engagement en prend connaissance (article 18
du D.O.C). Une seule volonté suffit.

2. L’acceptation
L’acceptation est la manifestation de la volonté de conclure le contrat projeté dans l’offre.
Elle peut prendre la forme d’une réponse verbale ou d’un début d’exécution du contrat projeté
dans l’offre, sans réserves (articles 25 et 28 du D.O.C). Le contrat est formé dès qu’il y a
l’acceptation.
A retenir :
− Lorsque l’offre est qualifiée d’appel d’offre, toute réponse est une offre et non pas une
acceptation ;
− Lorsqu’on répond à une offre en insérant une nouvelle condition dans sa réponse, on
devient offrant (article 27 du D.O.C). Exemple :
1. A une offre d’acheter des tomates à 5 Dhs le kilo, lorsqu’on propose d’acheter le kilo à
3,5 Dhs ça n’est pas le légumier qui a fait l’offre de vendre mais l’acheteur a fait l’offre
d’acheter. La situation s’inverse.
2. Pendant l’entretien de recrutement, la négociation de salaire est une succession
d’offres réciproques de contracter entre le recruteur et le candidat. Celui dont la proposition
du montant est acceptée, c’est lui l’offrant.

3. La simulation : un consentement caché


Les parties au contrat peuvent échanger volontés alors qu’elles ne veulent pas être engagées
par leurs déclarations.
D’après le lexique juridique (Dalloz édition), la simulation est un accord entre contractants
tendant à faire croire à l’existence d’une convention (acte apparent ou simulé) ne
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correspondant à leur volonté véritable, exprimée par un autre acte, secret appelé contre-
lettre.
La simulation met en jeu deux actes : Un qui est un prétexte et apparent et un autre qui est réel
mais caché, appelé contre-lettre (article 22 du D.O.C).
Exemples : Donation déguisée en vente. Le contrat révélé est la vente, mais ça n’est pas l’acte
véritable. Le véritable acte c’est la donation.
A retenir :
− Vis-à-vis des tiers, seul l’acte apparent est valable.
− Les dispositions sur la simulation visent à protéger les tiers à la simulation.
On parle de simulation, uniquement lorsqu’on a découvert un acte secret qui contredit l’acte
qu’on connaissait.

- Lorsqu’un acte caché (contre-lettre) contredit un acte apparent que les tiers ont eu
connaissance (article 22 du D.O.C) :
1. L’acte caché n’a d’effets qu’à l’égard des parties contractantes et leurs héritiers ;
2. Seul l’acte apparent a des effets à l’égard des tiers. L’acte caché n’est pas opposable
aux tiers.

4. Les contrats par correspondance ou entre absents


Le contrat est réputé formé au moment et dans le lieu de l’acceptation (article 24, 1er alinéa du
D.O.C). Lorsque l’offre est portée par un messager, la réponse que le destinataire donne à ce
messager est valable pour l’auteur de l’offre (article 24, 2ème alinéa du D.O.C).
L’auteur peut fixer un délai de l’offre. Il est tenu de maintenir l’offre jusqu’à l’expiration
dudit délai. Lorsque l’auteur de l’offre n’a pas fixé de délai, il doit maintenir son offre dans un
délai moral raisonnable (article 30 du D.O.C)
À retenir :
− Le droit applicable à ce contrat est celui du lieu dans lequel le destinataire a accepté
l’offre. Exemple : Si l’auteur de l’offre est au Maroc et que l’acceptant est en Allemagne, le
contrat est formé en Allemagne et sera régi par le droit allemand.
− Le délai raisonnable veut dire le laps de temps pendant lequel il est raisonnable que le
destinataire a reçu l’offre. Elle s’apprécie selon les circonstances : Le temps qu’il faut pour
que l’offre arrive au destinataire et le temps de réflexion raisonnable pour accepter ou refuser
l’offre. Exemple : Deux offres envoyées par poste l’une du Maroc au Japon et l’offre de
Rabat à Salé ne demandent pas le même délai pour arriver à destination.

5. La rencontre des volontés par voie électronique

Le lendemain matin après l’échange téléphonique entre Tante Soraya et l’hôtesse, cette
dernière lui envoya trois offres de l’hôtel sur l’adresse mail que Tante Soraya avait donnée à
l’hôtesse d’hôtel.
1. La première offre proposait une chambre par personne, le restant étant à la charge du
client.
2. La seconde offre proposait une chambre par personne et la restauration.
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3. La troisième offre proposait une chambre par personne, la restauration et les services
de guide touristique pour visiter les célèbres sites touristiques de la région.
Tante Soraya accepta aussitôt la troisième offre, qui était nettement plus avantageuse. L’hôtel
lui confirma son acceptation le soir même.
En compagnie de Yacoub ; Ayoub ; Youssef et Ghizlane, Tante Soraya arriva à l’hôtel, en fin
d’après-midi.
La première matinée, les guides touristiques les acheminaient plutôt vers des magasins et
hypermarchés.
Ils sont retournés à l’hôtel, le soir. Là, ils font savoir qu’ils n’étaient pas du tout satisfaits du
service. En clair, ils demandaient à être remboursés en vue de trouver un autre hôtel.
Pendant l’échange, un passant qui avait eu la même expérience confia à Ghizlane que l’hôtel
faisait passer des commerciaux des entreprises de la place pour des guides touristiques…
Question :
A quel moment le contrat entre Tante Soraya et l’hôtel s’est-il formé?  Quand l’hôtel a
confirmé l’acceptation de Tante Soraya.
Principe n° 1. Les documents établis sur papier et les documents établis sur support
électronique ont la même valeur juridique (article 1er de la loi n° 53-05 relative à l’échange
électronique de données juridiques qui complète et modifie le D.O.C).
Principe n° 2. Il est interdit d’envoyer une offre de contrat par voie électronique si le
destinataire n’a pas expressément accepté l’usage de la voie électronique (article 65-3, alinéa
2 et 3 du D.O.C).
Principe n° 3. Selon l’alinéa 3 de l’article 2-1 de la loi n° 53-05, ne peuvent pas être conclus
par voie électronique :
i. Les actes relatifs à l’application des dispositions du code de la famille. Exemple : On
ne peut pas conclure un mariage par voie électronique.
ii. Les actes sous seing privé relatifs aux sûretés qui ne sont pas établis pour les besoins
de la profession de leurs auteurs.

1. L’offre faite par voie électronique


Pour ne pas être qualifiée de simple publicité, l’offre faite par voie électronique à titre
professionnel doit remplir les conditions suivant :
i. Mettre à disposition du public les conditions contractuelles applicables d’une manière
permettant leur conservation et leur reproduction (article 65-4, alinéa 1er). Exemple : Sur le
site de vente, on trouve des conditions générales de vente (CGV) et parfois des conditions
spéciales de vente. Ce sont des contrats auxquels le client doit adhérer pour accepter l’offre.
On y adhère en cochant une case qui mentionne : J’accepte les CGV.
ii. Préciser la durée de son offre. A défaut, l’auteur de l’offre reste engagé pendant toute
la durée où l’offre est accessible par voie électronique de son fait (article 65-4, alinéa 2 du
D.O.C).
iii. Contenir les mentions obligatoires suivantes (article 65-4, alinéa 3 du D.O.C) :
1. Les principales caractéristiques du bien, du service proposé ou du fonds de commerce
concerné ou l’un de ses éléments ;

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2. Les conditions de vente du bien ou du service ou celles de cession du fonds de
commerce ou l’un de ses éléments.
3. Les différentes étapes à suive pour conclure le contrat par voie électronique et
notamment les modalités selon lesquelles les parties se libèrent de leurs obligations
réciproques. Exemple : Sur le site (www.marketplus.ma, ancien www.epicerie.ma, le site
propose au client de choisir s’il préfère La livraison à domicile ou le retrait drive).
4. Les moyens techniques permettant au futur utilisateur, avant la conclusion du contrat,
d’identifier les erreurs commises dans la saisie des données et de les corriger ;
5. Les langues proposées pour la conclusion du contrat ;
6. Les modalités d’archivage du contrat par l’auteur de l’offre et les conditions d’accès
au contrat archivé, si la nature ou l’objet du contrat le justifie ;
7. Les moyens de consulter, par voie électronique, les règles professionnelles et
commerciales auxquelles l’auteur de l’offre entend, le cas échéant, se soumettre.
2. L’acceptation faite par voie électronique
i. L’acceptation d’une offre faite par voie électronique doit être expresse : Le
destinataire ‘confirme’ et ‘exprime’ son acceptation (article 65-5, alinéa 1er du D.O.C).
Exemple : C’est notamment lorsqu’on clique sur la mention ‘Je passe la commande.’
ii. Le contrat n’est pas conclu à l’acceptation de l’offre par le destinataire. Le contrat est
conclu lorsque l’auteur de l’offre accuse réception, sans délai injustifié, de l’acceptation
(article 65-5, alinéa 2 et 3 du D.O.C). Exemple : Après l’acceptation, les sites de vente
affichent un récapitulatif qui contient : L’objet du contrat, les modalités d’exécution
(livraison, paiement, etc.), l’adresse de livraison, etc. C’est à ce moment que le contrat est
conclu.

6. Les vices du consentement


Dans certains cas, les parties veulent s’engager mais l’une d’entre elles s’est trompée sur
l’autre, soit sur sa capacité, soit sur ses qualités personnelles et/ou professionnelles.
a. Lorsqu’on croit contracter avec une personne capable mais qui ne l’est pas, le
consentement est irrégulier.
b. Les irrégularités portant sur les qualités des parties. Exemple : On cherche un
cocontractant qui a tel niveau d’expérience mais la personne avec laquelle on a contracté n’a
pas ce niveau d’expérience.
Dans d’autres cas, le consentement exprimé ne correspond pas à ce que l’une des parties a
voulu. C’est par exemple, lorsque l’objet du contrat voulu par la partie s’avère différent de
l’objet qui lui est présenté. Exemple : Un étudiant commande un blanco, le papetier lui livre
une gomme. Ou il commande un blanco, on lui donne un blanco dont l’encre est séchée (qui
ne sort pas).
Dans tous ces cas, le consentement est vicié. C’est-à-dire qu’il manque les qualités
nécessaires pour sa naissance.
Lorsque le consentement n’est ni libre ni éclairé, il est vicié. C’est-à-dire qu’il ne remplit pas
les qualités requises pour produire les effets de droit.
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Question :
Dans le contrat conclu entre Tante Soraya et l’hôtel, le consentement est-il libre et éclairé?
Non, car en proposant un pack qui comprend des services de guide touristiques, l’hôtel a
trompé Tante Soraya. Il n’y a pas eu de visites des sites touristiques.
1. Trois types de consentement
Selon l’article 39 du D.O.C, il y a vices du consentement lorsque :
− Le consentement n’est pas libre (il est extorqué par violence) ;
− Lorsque le consentement n’est pas éclairé (il est donné par erreur ou surpris par dol).
Les vices du consentement sont donc trois : L’erreur, le dol et la violence.
1. L’erreur

L’erreur est la fausse représentation de la réalité qui a conduit une personne à conclure le
contrat. L'erreur est considérée comme l'un des vices de consentement. Il ne respecte pas la
règle selon laquelle le consentement doit être éclairé.

A retenir :
− L’erreur de droit porte sur le contenu d’une loi ou d’un règlement,
− L’erreur de fait peut porter sur la chose, l’identité, l’espèce ou la qualité,
− L’erreur-obstacle : elle empêche la rencontre des volontés. Exemple : Une partie désire
vendre l’autre pense qu’il s’agit d’une donation,
− Une simple erreur de calcul doit faire l’objet d'une rectification (article 43 du D.O.C.).

2. Le Dol
Le Dol est défini comme étant une tromperie, ou toute manœuvre employée par une partie
pour inciter l’autre à contracter.
A retenir : Le dol comprend :
− Un élément intentionnel : La volonté d’induire l’autre partie en erreur ;
− Un élément matériel : Existence des ‘manœuvres’ (mensonges ou réticence) ;
− Lorsque l’intention dolosive vise à nuire, on parle de ‘faute qualifiée’. C’est un délit
civil qui est constitutif de responsabilité civile.
Le droit romain distingue le bonus dolus (acceptable) du bonus malus susceptible d’entraîner
la nullité.

2.2. La lésion
a) Notion de lésion
Il y a lésion, lorsque le contrat est déséquilibré.
L’article 56 du D.O.C définit la lésion comme étant toute différence au-delà du tiers entre le
prix porté au contrat et la valeur effective de la chose. Exemple : Le prix d’un stylo Bic, c’est
1.5 Dhs. Il y a lésion, lorsqu’un achète paye 2 Dhs ou plus pour acheter un stylo Bic.
Il s’agit d’un défaut d’équivalence économique entre les obligations réciproques ou d’une
inégalité de valeur entre les prestations contractuelles, au moment de la conclusion du contrat.
A retenir :

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− La lésion n’est pas un vice du consentement. C’est un simple constat d’un déséquilibre
dans le contrat. Mais elle peut avoir pour origine un vice du consentement.
− La théorie de la lésion joue un rôle d’un instrument de rééquilibrage du contrat.
− Il y a deux sortes de lésion sont prévues par le D.O.C :
i. La lésion entre majeurs (article 55 du D.O.C) ;
ii. La lésion au détriment d’un mineur (article 56 du D.O.C).
b) Sanction de la lésion
1. La sanction de la lésion, c’est la rescision mais uniquement dans deux cas :
i. Lorsque la lésion est causée par le dol de l’autre partie (article 55 du D.O.C) ;
ii. Lorsque la victime de la lésion est un mineur ou un incapable (article 56 du D.O.C).
Exemple : Lorsqu’un mineur achète un stylo Bic à 2 Dhs, son représentant légal peut remettre
le stylo au vendeur et l’exiger de lui restituer les 2 Dhs.
2. Entre majeurs et sans dol, le déséquilibre doit seulement être corrigé. Exemple :
Lorsqu’une personne majeure achète un stylo Bic à 2 Dhs, le vendeur doit seulement lui
restituer les 0.5 Dhs supplémentaires.

A retenir :
− La rescision annule le contrat et ‘remet les parties au même et semblable état où elles
étaient au moment où l’obligation a été constituée et les oblige à se restituer réciproquement
tout ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre en vertu ou en conséquence de l’acte annulé’
(article 316 du D.O.C). Elle a un effet rétroactif.
− La rescision vise à protéger la victime de la lésion. La victime de la lésion peut
maintenir le contrat et l’exécuter (articles 317 et 318), en le confirmant ou en le ratifiant.

3. Violence
La violence est définie comme la contrainte exercée sans l’autorité de la loi pour obliger une
personne à contracter. Elle peut signifier la crainte d’exposer sa personne, ses proches, son
honneur ou ses biens à un préjudice notable. La violence peut être physique (souffrance
physique), morale (chantage) ou économique (menace d’une rupture d’un contrat, par
exemple).

c) Sanction des vices du consentement


Le principe est qu’un consentement vicié est annulable (article 39 du D.O.C).
L’erreur-obstacle est sanctionnée par résolution du contrat. Exemple : Erreur sur les qualités
déterminantes du cocontractant (article 42).
Lorsque l’erreur est ordinaire, la sanction sera la rescision du contrat (article 41 du D.O.C).
La sanction de la violence c’est la rescision si elle a été la cause déterminante de la formation
du contrat (article 47).
Il en est de même du dol (article 52).
A retenir :

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− La nullité sanctionne l’absence de consentement. Elle sanctionne manque d’une des
conditions substantielles de sa formation (article 306 du D.O.C). Cela est la conséquence des
articles 2 et 19 du D.O.C. L’obligation est également nulle de plein droit lorsque la loi en
édicte la nullité dans un cas déterminé (article 306 du D.O.C). De plein droit veut dire
automatiquement.
− Les parties ne peuvent ni confirmer ou ni ratifier une obligation nulle de plein droit
(article 310 du D.O.C).
− La rescision est une annulation vise la protection de la victime. Celle-ci peut confirmer
ou ratifier l’obligation rescindée.
− La rescision et la nullité effacent rétroactivement l’obligation. L’obligation est
considérée comme n’ayant jamais existé.

Leçon n°3 : L’objet et la cause

L’objet et la cause sont deux éléments très importants pour la formation de tout contrat.
L’objet c’est sur quoi porte l’obligation. La cause, c’est la raison pour laquelle les parties ont
voulu s’engager.
1. L’objet
a. Notion d’objet
Le D.O.C ne définit pas l’objet : Il se contente de le délimiter. L’article 57 du D.O.C dispose :
‘Les choses, les faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce peuvent seuls former
objet d’obligation ; sont dans le commerce toutes les choses au sujet desquelles la loi ne
défend pas expressément de contracter.’
Cet article donne trois informations fondamentales au sujet de l’objet du contrat :
i. On peut contracter sur trois types d’objet : les choses, les faits ou les droits
incorporels. Exemple :
a. Un fruit est une chose. On peut le vendre, on peut l’acheter.
b. Un conseil est un fait. On peut le fournir contre de l’argent.
c. Une créance est un droit incorporel. On peut la céder contre de l’argent.
ii. L’objet du contrat doit être dans le commerce, c’est-à-dire être admis dans les
échanges des biens et services ;
iii. Tout objet du contrat est présumé être dans le commerce. C’est-à-dire : On est libre de
contracter sur tout, sauf si la loi l’interdit expressément. C’est un aspect très important de la
liberté contractuelle.
b. Caractères de l’objet
L’objet doit présenter trois caractères, à savoir la détermination, la possibilité et la licéité.

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i. Le contrat doit avoir un objet certain. Selon l’article 58 du D.O.C, ‘La chose qui forme
l’objet de l’obligation doit être déterminé au moins quant à son espèce. La quotité de la chose
peut être incertaine, pourvu qu’elle puisse être déterminée par la suite.’ Exemple : Quoi
(espèce) : Du blé. Combien (quotité) : 15 kg.
L’objet du contrat doit exister au moment de la conclusion du contrat. Mais les choses futures
peuvent faire l’objet de contrat.
Exemple : Une maison à construire, un meuble à fabriquer, etc.
Attention : La loi interdit de contracter sur une succession future (qui n’est pas encore
ouverte).
ii. La possibilité de l’objet : ‘A l’impossible nul n’est tenu.’ En vertu de l’article 59 du
D.O.C, l’obligation ayant un objet impossible est nulle. L’impossibilité peut être matérielle ou
juridique. Exemple :
1. Impossibilité matérielle : Une marchandise qui ne se fabrique plus.
2. Impossibilité juridique : Une marchandise qu’il est interdit d’importer.
iii. La licéité : L’objet doit être dans le commerce. C’est-à-dire ce que la loi, les bonnes
mœurs et l’ordre public permettent d’échanger. Exemple : Le trafic des humains n’est pas
dans le commerce.
c. Distinction Objet de l’obligation / Objet du contrat
L’objet de l’obligation concerne une partie prise à part. Elle désigne sa prestation. Elle a déjà
été traitée dans l’introduction du cours.
Mais l’objet du contrat renvoie à l’opération juridique réalisée par les parties à l’occasion du
contrat. L’objet du contrat désigne l’opération contractuelle dans son ensemble. C’est cet
objet-là qui nous intéresse maintenant. Exemple : Vente d’un téléphone portable.

2. La cause
La cause c’est la raison pour laquelle on a contracté. C’est le motif impulsif et déterminant.
Exemple : J’achète un appartement pour y habiter ou pour la donner en bail d’habitation.
C’est ce qui me pousse à l’acheter.
1. Présomption de licéité de la cause
Les parties ne sont pas obligées de démontrer que la cause est licite. Elle est présumée licite.
Celui qui prétend que la cause est illicite doit le prouver. C’est là encore un aspect important
de la liberté contractuelle.
2. Distinction Cause du contrat / Cause de l’obligation
La cause du contrat, c’est celle qu’on vient de voir : La raison pour laquelle on contracte. On
l’appelle encore cause subjective, car elle est liée à la personne qui contracte (le sujet de
droit).
La cause de l’obligation, c’est la contrepartie qu’on reçoit du cocontractant. On l’appelle
encore cause objective, car elle est concrète (l’objet de droit).
Exemple : La cause du loyer (le montant), c’est la jouissance du bien loué. Et vice-versa.
A retenir : La cause de l’obligation permet d’évaluer l’équilibre du contrat.

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Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, Super Cours Dalloz, 9ème éd.,
2016, pp. 50-80 ; pp 150-165, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
TERRE (F.) ; SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, 11 éd. Dalloz,
2013 pp. 119 et130 et suivants ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée)
RENAULT-BRAHINSKY (C.), L’essentiel du droit des obligations, Gualino 13ème éd., 2017,
pp. 49-68 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
CABRILLAC (R.), Droit des obligations,. Dalloz, 12ème éd 2016 pp. 19-96 ; Bibliothèque
virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

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Leçon n° 3
Les modalités de l’obligation

La modalité est une technique de précision. C’est une particularité qui, affectant une
obligation dans l’un de ses éléments, modifie les effets normaux de celle-ci.
L’obligation est donc en principe pure et simple et ne comporte qu’un seul débiteur et qu’un
seul créancier. Elle doit être exécutée sans d’autres considérations particulières.
Mais l’obligation peut avoir plusieurs créanciers et/ou plusieurs débiteurs. L’obligation est
dite ‘plurale’. Là la question se pose de savoir, qui est obligé à quoi ? qui a droit à quoi ?
En outre, les parties (ou la loi, ou le juge) peuvent prévoir des modalités qui vont affecter soit
l’existence, soit l’exigibilité de l’obligation. Ce sont la condition et le terme. Dans ce cas,
l’obligation est liée à un événement futur (certain, cas du terme ou incertain, cas de la
condition). La question qui se pose ici est de savoir quand l’obligation sera-t-elle considérée
comme existante ou exigible.
Ce sont là deux types de modalités que le D.O.C prévoit : D’une part, les modalités qui font
dépendre l’obligation d’un événement futur (la condition et le terme) et d’autre part, la
pluralité des obligations.
I. Les obligations qui dépendent d’un événement futur
La condition et le terme de d’obligations sont tous les deux des événements futurs.
La condition est un événement futur mais sa réalisation est incertaine (article 107). Elle est
aléatoire : Sa réalisation est incertaine. La condition affecte l’existence même de l’obligation.
Exemple : Si je trouve un emploi à l’étranger, je te vendrai ma voiture. Ça n’est pas sûr que
je trouverai un emploi à l’étranger. Donc la vente n’est pas encore parfaite.
Le terme quant à lui est un événement futur et qui arrivera certainement. Ça peut être un délai,
une échéance (article 128 du D.O.C) ; ça peut être événement qui arrivera certainement même
si on ne sait pas quand. Le terme affecte l’exigibilité de l’obligation, c’est-à-dire l’échéance
de son exécution. Exemple : Quand je mourrai, ma maison t’appartiendra (donation). La
mort arrivera certainement mais on ne sait pas quand. Donc la donation est parfaite. Il reste le
moment où le donataire va commencer à jouir de la maison.
La condition et le terme peuvent être stipulés par les parties (articles 107 et 128, 2ème alinéa du
D.O.C).
Mais attention :
1. La condition ne peut dépendre de la pure volonté du débiteur (condition potestative).
L’obligation, qui en dépendrait, serait nulle (article 112 du D.O.C). La condition doit
être casuelle, c’est-à-dire laissée au hasard.
2. L’obligation est nulle également lorsqu’il revient au débiteur de fixer le terme (article
129 du D.O.C).
On distingue d’une part, la condition (A) et d’autre part, le terme (B).
A. La condition
1. La condition suspensive
Une obligation sous condition suspensive naît au moment où la condition se réalise (article
107 du D.O.C). Avant la réalisation de la condition suspensive, l’obligation n’existe pas.
L’existence de cette obligation dépend de la réalisation de la condition suspensive. Le
1
créancier ne peut donc prendre aucune mesure contre son débiteur. Exemple d’une
obligation sous condition suspensive : Yacoub et Ayoub ont loué un studio sous condition
suspensive d’avoir une inscription dans une université de la ville. Ici, le bail n’est pas conclu.
La cause du contrat (habiter dans le studio pendant les études) n’existe même pas encore. La
conclusion du contrat est donc suspendue à la réalisation de la condition suspensive. Et il
n’est pas certain que cette condition se réalisera. Si les deux jeunes gens n’obtiennent pas
l’inscription dans une université de la ville, il n’y aura pas de location. Dès qu’ils obtiennent
l’inscription, la location de cette maison sera conclue.
A retenir : Si la condition suspensive ne se réalise pas, l’obligation ne naîtra pas. Les parties
sont considérées comme n’ayant jamais contracté d’obligation.
2. La condition résolutoire
Ici, on est en face d’une obligation qui existe. Mais sa confirmation dépend de la non-
réalisation de la condition résolutoire.
Exemple : Yacoub vend sa maison à Ayoub sous condition résolutoire de ne pas faire faillite.
Yacoub n’a pas encore fait faillite. Donc la vente est faite (article 121 du D.O.C). S’il ne fait
pas faillite, la vente survivra. Mais la faillite est possible. S’il fait faillite, la vente sera
anéantie rétroactivement. Yacoub restituera le prix ; Ayoub restituera la maison. La vente est
résolue.  La faillite de Yacoub est une condition résolutoire de la vente.
Si la condition résolutoire se réalise, l’obligation sera effacée rétroactivement. On va
considérer que l’obligation n’a jamais existé.
A retenir :
− Si la condition résolutoire ne se réalise pas, l’obligation et tous ses effets seront
confirmés.
− Si la condition résolutoire se réalise, l’obligation sera anéantie et les parties vont se
restituer ce qu’elles ont reçu l’une de l’autre.
B. Le terme
1. Le terme suspensif
Le terme suspensif suspend l’exigibilité de l’obligation. L’exigibilité veut dire l’échéance,
c’est-à-dire le moment où l’obligation doit être exécutée. Donc l’obligation sous terme
suspensif existe avant même que le terme n’arrive (articles 135 et 136 du D.O.C). Exemple :
Yacoub et Ayoub se sont inscris à la faculté en Juin. L’inscription est valable. Le contrat
entre les futurs étudiants et la faculté existent déjà. Mais il prendra effet à la rentrée
universitaire (en Septembre). L’exigibilité du contrat a été suspendue à l’arrivée du terme.
Puisque l’obligation existe déjà :
1. Le créancier peut prendre des mesures conservatoires même avant l’arrivée du terme
(article 138 du D.O.C).
2. Le débiteur qui n’assure plus les garanties de sa solvabilité doit exécuter
immédiatement son obligation, même avant l’arrivée du terme (article 139 du D.O.C).
Mais le créancier n’a pas encore le droit de demander son exécution (article 127 et 130 du
D.O.C.).
A retenir : Le terme doit arriver. Il est certain.

2
2. Le terme extinctif
Quand le terme résolutoire ou extinctif arrive, l’obligation prend fin. Exemple : Quand un
vacancier loue une maison jusqu’à une date déterminée, le contrat de bail prend fin à cette
date.
A retenir : Quand un terme résolutoire arrive, les effets déjà produits restent valables mais
l’obligation s’éteint pour l’avenir.
II. Les obligations plurales
Lorsqu’il y a plusieurs créanciers et/ou plusieurs débiteurs dans une obligation, cette
obligation est dite plurale. En général, on parle d’obligation plurale en cas de pluralité de
parties (débiteurs et/ou créanciers) et pour un seul objet. La pluralité d’objets ne crée pas une
obligation plurale : Il y a simplement plusieurs obligations ; chacune portant sur chacun des
objets en question. Mais il y a une exception : L’obligation alternative.
Il y a cinq types d’obligations plurales : L’obligation alternative, l’obligation conjointe,
l’obligation divisible, l’obligation indivisible ou l’obligation solidaire.
A. L’obligation alternative
Il y a obligation alternative lorsque les parties ont le choix entre telle ou telle prestation à
exécuter. C’est la seule obligation plurale dont la pluralité tient dans l’objet.
Les parties ont le choix entre plusieurs prestations ou objets (article 142 du D.O.C) à exécuter.
Le choix de la prestation à exécuter doit être fait dans un délai conventionnel déterminé
(article 141 du D.O.C) ou judiciaire raisonnable (article 144 du D.O.C). L’obligation
alternative doit préciser la partie qui a le droit de choisir la prestation à exécuter. Si non,
l’obligation est nulle (article 141 du D.O.C). Exemple : Pendent la tournée de vacances,
Yacoub et ses amis ont consulté un conseiller touristique. Ce dernier a facturé ses services à
55 Dhs. Mais il a donné aux vacanciers le choix entre payer ce montant ou distribuer 100
flyers lors de leurs visites dans les sites touristiques. Les vacanciers ont immédiatement choisi
de distribuer ces flyers en guise de paiement de la prestation du conseiller touristique. Dans
cet exemple : Payer le prix de 55 Dhs ou Faire la publicité au conseiller touristique sont des
alternatives offertes à Yacoub et ses amis.

B. L’obligation conjointe
Il y a obligation conjointe, lorsque la créance ou la dette doit donc être divisée par tête.
L’obligation plurale est conjointe chaque fois :
1. Qu’elle peut être divisible, c’est-à-dire lorsque l’obligation peut être exécutée en
partie ;
2. Et que les parties ont expressément écarté leur solidarité.
L’existence de l’obligation conjointe est déduite des dispositions du 2ème alinéa de l’article
153 du D.O.C. Cet alinéa prévoit que plusieurs parties peuvent stipuler une seule prestation
conjointement et par un seul acte. Dans ce cas, les parties sont solidaires de plein droit. Elles
sont présumées solidaires. Exemple : Quand vous louez une maison à plusieurs et dans un
même contrat de bail, vous êtes censés être solidaires dans le paiement du loyer. Le bailleur
peut choisir le colocataire qu’il veut pour lui réclamer le paiement du loyer.

3
Mais les parties peuvent exprimer leur volonté de ne pas être solidaires. C’est dans ce cas que
leur obligation est conjointe. C’est-à-dire que chaque partie est liée par sa part dans
l’obligation. Exemple : A la rentrée universitaire, Yacoub et Ayoub achètent une moto à
crédit. Le prix est 210 Dhs et doit être payé le lendemain.
1. Si Yacoub et Ayoub n’ont pas écarté expressément leur solidarité, le vendeur de la
moto pourra choisir l’un des deux acheteurs pour lui réclamer le paiement.  Ils sont
solidaires.
2. Mais si Yacoub et Ayoub ont exprimé au vendeur qu’ils ne sont pas solidaires, le
vendeur réclamera à chacun la moitié du prix.  Ils sont conjoints.
Dans l’obligation conjointe :
1. Chaque créancier réclame sa part de l’obligation et non pas la totalité de la créance.
2. Chaque débiteur exécute seulement sa part et non pas la totalité de la dette.
Si un débiteur ne peut pas rembourser sa part, le créancier ne peut pas demander à un autre
débiteur de compenser l’insolvabilité du premier.
En outre, la mise en demeure adressée par un créancier à un débiteur ne produit d’effets
qu’entre ces deux personnes.
A retenir : Une obligation ne peut pas être à la fois solidaire et conjointe. C’est l’une ou
l’autre et jamais les deux en même temps.
C. L’obligation divisible
Comme le nom l’indique, i y a obligation divisible, lorsque la créance ou la dette doit donc
être divisée par tête.
L’obligation conjointe et l’obligation divisible sont similaires.
Entre un seul créancier et un seul débiteur, l’obligation doit être exécutée en entier (article
186 du D.O.C, alinéa 1er). Si non, il y aurait une mauvaise exécution (exécution partielle).
Il y a donc divisibilité de l’obligation entre débiteurs et/ou plusieurs créanciers. Exemple :
Dans l’exemple de la moto achetée par Yacoub et Ayoub : Si Yacoub et Ayoub ont écarté la
solidarité dans le paiement du prix, leur obligation est aussi divisible. Chacun des deux
acheteurs doit payer au vendeur la moitié du prix, soit 105 Dhs.
Mais attention : Leur créance (la livraison de la moto ainsi que les diverses garanties) n’est
pas divisible!
D. L’obligation solidaire
Il y a deux types de solidarité : La solidarité entre créanciers et la solidarité entre débiteurs.
Dans l’obligation solidaire :
1. Un seul créancier solidaire peut agir au nom de tous les autres créanciers solidaires
sans avoir leur autorisation. S’il touche la créance entière, il sera débiteur des autres
créanciers solidaires à hauteur de leur quote-part. Il doit rembourser à chacun sa part.
2. Un seul débiteur solidaire peut être contraint de payer pour tous les autres débiteurs
solidaires. S’il paye la dette entière, il sera créancier des autres débiteurs solidaires à
hauteur de leur quote-part. Ils doivent le rembourser ce qui a payé pour eux.

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1. Solidarité entre débiteurs ou la solidarité passive
Dans la solidarité entre débiteurs, le créancier peut choisir le débiteur le plus solvable (article
166 du D.O.C). Chacun des débiteurs peut être contraint à l’exécution de l’obligation entière.
Il ne peut pas refuser d’exécuter l’obligation entière sous prétexte qu’il n’est pas le seul
débiteur. Le débiteur qui a payé la dette entière devient créancier de ses codébiteurs (article
170 du D.O.C). Il va les contraindre à lui payer ce qu’il a payé à leur place (article 179, alinéa
2 et 3 du D.O.C).
La solidarité entre débiteurs s’appelle aussi ‘solidarité passive’. En matière civile (entre non
commerçants), la solidarité ne se présume pas. Elle doit être expressément stipulée lors de la
conclusion du contrat (article 164 du D.O.C). Entre commerçants et pour affaires de
commerce, la solidarité entre débiteurs est présumée (article 165 du D.O.C).
A retenir : Pour qu’il y ait solidarité entre codébiteurs non commerçants, ces derniers doivent
toujours exprimer leur volonté d’être solidaires. Si non, chaque débiteur exécute sa part dans
la dette.
L’extinction de l’obligation envers un seul débiteur solidaire profite aux autres. Il en est ainsi
de la novation (article 171 du D.O.C) ; de la remise de la dette (article 172 du D.O.C) et de la
transaction (article 174 du D.O.C).
Question : BMCE Bank et Attijari Wafa Bank donnent un crédit à Yacoub pour ses
études, est-ce que la dette (donner à Yacoub le montant de la dette) de BMCE Bank et Attijari
Wafa Bank est solidaire?  Oui, parce que les deux banques sont commerçantes et sont donc
présumées solidaires.

2. Solidarité entre créanciers ou la solidarité active


Dans la solidarité entre créanciers, chacun des créanciers a le pouvoir de demander
l’exécution de l’obligation entière (articles 154 et 155 du D.O.C). Il n’est pas limité à
demander l’exécution de sa part dans la dette. Le créancier qui a recouvré la créance entière
doit donner aux autres créanciers leur part respective dans la créance (article 162 du D.O.C).
La solidarité entre créanciers s’appelle aussi ‘solidarité active’. Elle ne se présume pas (article
153, 1er alinéa du D.O.C).
A retenir : Pour qu’il y ait solidarité entre créanciers, ces derniers doivent toujours exprimer
leur volonté d’être solidaires. Si non, chaque créancier toute sa part dans la créance.
Un créancier solidaire doit agir dans l’intérêt des autres. Ainsi, ses actes (articles 156 et 161
du D.O.C), sa faute ou sa négligence (article 158 du D.O.C) ne doivent pas nuire aux autres
créanciers solidaires.
Question : BMCE Bank et Attijari Wafa Bank donnent un crédit à Yacoub pour ses
études, est-ce que la créance (le remboursement du crédit et des intérêts) de BMCE Bank et
Attijari Wafa Bank est solidaire?  Non, parce que les deux banques n’ont pas exprimé leur
volonté d’être solidaires.

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E. L’obligation indivisible
A la différence de l’obligation solidaire :
1. Le débiteur d’une obligation indivisible doit payer à tous les créanciers conjointement
(article 183, 1er alinéa du D.O.C). Tous les créanciers doivent être présents pour
toucher la créance.
2. Aucun créancier ne peut agir au nom des autres créanciers sans autorisation (article
183, 1er alinéa du D.O.C), sauf pour prendre des mesures conservatoires (article 183,
2ème alinéa du D.O.C).

L’obligation est indivisible lorsqu’elle ne peut être exécutée qu’en entier. Soit les parties ont
voulu que l’obligation soit exécutée en entier soit l’obligation est indivisible par nature
(article 181 du D.O.C). Exemple : Dans l’exemple de la moto achetée par Yacoub et Ayoub,
l’obligation du vendeur est indivisible par nature. Il ne va pas livrer une pièce à Yacoub et
une autre pièce à Ayoub. Il doit livrer la moto toute entière à Yacoub et Ayoub en même
temps.
A retenir :
L’obligation solidaire et l’obligation indivisible sont proches mais différentes.
1. La proximité est que :
a. L’obligation solidaire peut être exécutée en entier si un créancier le veut.
b. L’obligation indivisible doit être exécutée en entier.
2. La différence entre l’obligation solidaire et l’obligation indivisible :
a. Dans l’obligation solidaire :
i. Un seul créancier solidaire peut agir pour tous les autres créanciers solidaires.
ii. Un seul débiteur solidaire peut être contraint d’exécuter l’obligation y compris
la part de ses codébiteurs solidaires.
b. Dans l’obligation indivisible, chaque créancier touche seulement sa part dans la
créance mais le débiteur paye toute sa dette.

Bibliographie sélective
1. PORCHY-SIMON Stéphane, Droit civil 2ème année : Les obligations,. Super Cours
Dalloz, 9ème éd, 2016 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. TERRE François; SIMLER Philippe et LEQUETTE Yves, Droit civil : Les
obligations, Dalloz, 11 éd., 2013; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte
Apogée).
3. RENAULT-BRAHINSKY Corinne, Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
13ème éd., 2013 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

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Chapitre 2. Les effets du contrat
Tout ce que nous venons de voir constitue la naissance de l’obligation contractuelle ou la
formation du contrat. Jusque-là, l’obligation contractuelle est déjà née. Dès lors, l’obligation
produit des effets juridiques entre les parties.

Mais avant d’aborder ces effets proprement dit, précisons qu’une partie à l’obligation peut
s’en débarrasser au profit d’une tierce personne. Mais l’obligation continuera à exister et
produira les mêmes effets. C’est ce que le D.O.C appelle ‘le transport des obligations’
(articles 189 à 227). On l’appelle également ‘la circulation des obligations’, qui fera l’objet de
cette leçon.

I- La circulation des obligations


Principe à retenir :

 La circulation d’une obligation est envisageable uniquement lorsque cette obligation


est certaine. C’est ce que prévoient l’article 190 du D.O.C : ‘… il [le transport des
obligations] ne peut avoir pour objet des droits éventuels’ et l’article 220 du D.O.C :
‘Des droits aléatoires ne peuvent être délégués’. Par exemple, une obligation
conditionnelle ne peut donc pas circuler, car elle est éventuelle.

 Toutes les techniques de circulation ou de transport des obligations sont bipartites. Il y


a toujours une personne qui est concernée par la technique mais reste un tiers à
l’opération.

En tant que supports de richesse, les obligations circulent comme tout bien. Cette circulation
s’opère par des techniques qui ont pour effet, le changement d’un créancier ou d’un débiteur.
Elle consiste dans le transfert du lien juridique (créance ou dette) d’une personne à une autre.
Voici quelques exemples

1. Youssef a acheté une moto. Si la moto fait l’objet d’acte de vandalisme, seul est le
responsable l’auteur des dommages. Sa moto est assurée en cas d’accident. S’il entre
en collision avec une autre moto : c’est l’assureur qui se chargera de l’indemnisation
Youssef ne va pas se faire indemniser deux fois : par l’autre propriétaire de la moto
d’une part et son assureur d’autre part. L’assureur a payé Youssef qui a pris sa place
et va se retourner contre l’assureur du propriétaire de l’autre moto à condition que ce
dernier en soit responsable.

2. Yacoub vend à crédit ses CDs à Ghizlaine qui devra lui versé leur montant avant le 20
mars. Avant l’échéance, Yacoub voulait acheter d’autres CDs mais n’avait pas
d’argent. Il demande à Yasmine de lui avancer le montant en contrepartie elle pourra
récupérer son argent auprès de Ghizlaine le 20 mars.
3. De même, lorsqu’une personne se trouve à la fois créancière d’une personne et
débitrice d’une autre personne, il peut y avoir circulation d’obligation.
Supposons que Yacoub est créancier de Youssef et Youssef est créancier de Ghizlane.
Youssef doit payer sa dette envers Yacoub et Ghizlane doit payer sa dette envers
Youssef. Quand Yacoub demande à Youssef de le payer, quelles sont les possibilités
qui s’offrent à Youssef? Youssef a deux choix : Soit il paye sa dette, soit il donne un
écrit à Yacoub dans lequel il demande à Ghizlane de payer à Yacoub ce qu’elle doit à
Youssef. Si Ghizlane accepte de payer Yacoub, elle devient débitrice de Yacoub.

Les exemples sont nombreux. Mais toutes ces situations se réduisent à trois techniques
juridiques : La cession de créance, la délégation et la subrogation.

I. La cession de créance
Le mot ‘cession’ est utilisé en matière de transfert de propriété des biens incorporels (fonds de
commerce, droits d’auteurs, créance, etc.). si la cession est à titre onéreux, ses équivalents
sont la vente, l’échange, l’apport en société, etc. Si elle est à titre gratuit, ses équivalents sont
la donation, le legs, etc. La différence est que les mots ‘vente’, ‘échange’, ‘donation’, etc.
s’appliquent aux biens corporels (voiture, maison, stylo, etc.) alors que le mot ‘cession’
s’applique aux biens incorporels. Tous ces actes produisent les mêmes effets juridiques : Le
transfert de propriété. D’ailleurs, le D.O.C utilise indifféremment le mot ‘vente’ et le mot
‘cession’ (article 202).

Ainsi, la cession de créance est définie comme étant l’opération juridique qui consiste à faire
passer une créance de son titulaire actuel (cédant) à un titulaire nouveau (cessionnaire).

Le cédant d’une créance transfère au cessionnaire de cette créance la qualité de créancier


envers le débiteur. Ce débiteur est appelé le ‘cédé’. Le débiteur reste le même mais le
créancier change. Le cédant perd la qualité de créancier au profit du cessionnaire.  La
créance a circulé du cédant (créancier initial) au cessionnaire (nouveau créancier).

Exemple : Dans l’exemple de Yacoub qui transfère sa créance à Yasmine, on est en présence
d’une cession de créance. Depuis la cession, c’est Yasmine qui est créancière de Ghizlaine.
A retenir :

 La cession de créance doit être signifiée (notifiée) au débiteur cédé ou le débiteur doit
l’accepter (article 195 du D.O.C) ;

 La cession de créance doit être autorisée par le titre constitutif de la créance elle-même
(le contrat par exemple) ou la loi. La créance doit également être saisissable (Par
exemple, on ne peut pas céder le salaire, car la loi interdit de le saisir)  article 191
du D.O.C ;

 La cession ne doit pas avoir pour but la fraude à la loi : Echapper à une juridiction
(article 193 du D.O.C) ;

 Une créance litigieuse n’est pas cessible, non plus (article 192 du D.O.C).
Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 1317 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours
Dalloz, 2016, pp. 535 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

3. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,


14ème éd. 2017 pp. 227 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

II. La délégation
La délégation de créance constitue la théorie générale du droit cambiaire (droit des effets de
commerce). Elle pose les règles générales du droit des effets de commerce.

C’est une technique de changement de débiteur. Selon le D.O.C, il y a délégation dans deux
situations :

1. L’acte par lequel un créancier (initial), appelé le délégant, transmet ses droits sur un
débiteur, appelé le délégué à un autre créancier, appelé le délégataire, et en paiement
de ce que le débiteur doit au créancier initial (articles 217 et 220 du D.O.C).
Dans l’exemple qui met en relation Yacoub ; Youssef et Ghizlane, il y a eu délégation.

2. L’acte par lequel une personne charge une autre de payer pour elle-même s’il n’y a pas
d’obligation entre les deux (article 217 du D.O.C).
A retenir :

 La délégation ne se présume pas ; elle doit être expresse (article 218 du D.O.C) ;

 On distingue deux sortes de délégations : la délégation parfaite et la délégation


imparfaite.

i. La délégation est dite parfaite lorsqu’elle libère le délégant envers le


délégataire moyennant l’engagement que prend à son égard le délégué
(article 223 du D.O.C).

ii. La délégation est dite imparfaite lorsque le délégant reste tenu envers le
délégataire à côté du délégué. Elle ajoute le délégué comme second
débiteur aux côtés du déléguant mais sans libérer celui-ci (articles 224 et
354 du D.O.C).

Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 1317 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
14ème éd. 2017 pp. 233 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
III. La subrogation
Le mot subrogation exprime une idée de remplacement. Il y a subrogation lorsque le
paiement, ayant été effectué par un tiers, la dette éteinte à l’égard du créancier originaire est
censée subsister au profit de ce tiers.

Subrogation veut dire substitution d’une personne à une autre. Le créancier originel sera
appelé subrogeant, le tiers c’est-à-dire le nouveau créancier appelé subrogé. Ce tiers sera
subrogé aux droits, actions, privilèges ou hypothèques que le créancier a contre le débiteur.

L’article 211 du D.O.C distingue la subrogation d’origine conventionnelle et la subrogation


d’origine légale.

1. La subrogation conventionnelle
La subrogation conventionnelle peut émaner du créancier ou du débiteur.

a. La subrogation émane du créancier lorsque c’est le créancier originel qui cède sa place
à un nouveau créancier. Elle est prévue par l’article 212 du D.O.C. Cette subrogation a
lieu lorsqu’un tiers paie le créancier originel à la place du débiteur. Le créancier
originel est alors désintéressé et cède la place à ce tiers qui devient créancier du même
débiteur.

b. La subrogation qui émane du débiteur est régie par l’article 213 du D.O.C. Elle a lieu
lorsqu’un tiers prête l’argent au débiteur pour payer sa dette. Le débiteur a
désintéressé le premier créancier mais s’est endetté auprès d’un autre créancier. Le
deuxième créancier prend la place du premier.

2. La subrogation légale
La subrogation d’origine légale est régie par l’article 214 du D.O.C.

a. Dans l’exemple d’un débiteur solidaire qui a payé pour tous ses codébiteurs solidaires,
il y a eu subrogation. Le débiteur solidaire qui a payé était tenu avec d’autres
débiteurs. Donc les autres débiteurs ont une dette envers lui puisqu’il a payé leur part.
Les débiteurs restent débiteurs mais envers un autre créancier (leur ancien
codébiteur).

b. Il y a subrogation légale également lorsqu’on paye pour une personne au profit de qui
on s’est engagé de payer. Exemple : Un veut emprunter une somme d’argent à la
banque. Mais il n’a pas de garanties suffisantes. La banque lui demande de trouver une
caution (personne qui s’engage de payer la banque si le commerçant ne paye pas). Si
le commerçant trouve la caution, la banque va lui prêter l’argent. Jusqu’à ce niveau, le
créancier c’est banque. Mais si le commerçant ne paye pas à l’échéance, la banque
demander à la caution de payer. La banque ne sera plus créancière et sera remplacée
par la caution.
c. Dans l’exemple de l’assurance de la moto, il y a également subrogation entre la
compagnie d’assurance qui a indemnisé la victime de l’accident et la victime de
l’accident. La compagnie d’assurance devient créancière de l’auteur de l’accident en
remplacement de la victime (qui est désintéressée/indemnisée).

Tableau comparatif des trois techniques

La cession de créance La délégation La subrogation

Cause Le créancier originel (le La dette du créancier Soit :


cédant) a besoin d’argent délégant envers le
1. Le créancier
liquide avant l’échéance de créancier délégataire
originel (le
sa créance. Il échange sa arrive à échéance avant
subrogeant) reçoit
créance contre de l’argent l’échéance de la
satisfaction
avec le cessionnaire. créance du créancier
(paiement) par un
délégant envers le
tiers qui le
débiteur délégué. Le
remplace dans sa
délégant demande alors
qualité de
au délégué de payer le
créancier (le
délégataire à sa place.
subrogé) envers
 La délégation est un
le débiteur.
moyen de paiement et
de crédit. 2. Le tiers paye à la
place du créancier
originel
(subrogeant) et
prend sa place de
créancier
(subrogé) contre
le débiteur.

Fondement Conventionnel (art. 194). Conventionnel.

Légal (art. 201, alinéa 3). Toujours conventionnel


(art. 217).
Judiciaire (art. 201, alinéa Légal (art. 214).
3).

Conditions Validité, cessibilité, Avoir la capacité La créance doit être


saisissabilité de la créance d’aliéner (art. 218) + certaine (art. 213).
(art. 191). Validité de la créance
du créancier primitif et
de la créance du
créancier délégataire
(art. 220).
Les parties Deux parties dans toutes les techniques. Mais il y a toujours un tiers qui n’est pas
partie à l’opération juridique qui matérialise la circulation de l’obligation.

Les parties : Le cédant et le Les parties : Le délégant Les parties : Le


cessionnaire. et le délégataire. subrogeant et le
subrogé.
Le tiers : Le débiteur cédé Le tiers : Le débiteur
délégué. Le tiers : Le débiteur.

Validité/Per Consentement (art. 194). Consentement des parties Le créancier subrogé


fection (art. 219). doit d’abord payer au
créancier subrogeant
ou à sa place avant de
le remplacer (art.
212).

Formalités Acceptation ou Pas de formalités. Acte ayant date


d’opposabili signification de la cession certaine (art. 213).
par le débiteur cédé (art.

195).

Effets Tous les effets des contrats translatifs de propriété.


I- L’exécution des obligations.
L’exécution des obligations obéit à deux principes : La force obligatoire et l’effet relatif des
contrats.
Section 1. La force obligatoire
Le principe est posé par l’article 230 du DOC qui prévoit que : ‘Les obligations valablement
formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et ne peuvent être révoquées que dans
leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi.’
La règle énoncée par l’article 230 contient cinq significations :
1. Une obligation contractuelle doit respecter les conditions de validité propre à tous les
contrats ainsi que l’ordre public et les bonnes mœurs (… ‘valablement formées’ …).
2. Les parties contractantes sont tenues à l’exécution de leurs conventions comme elles
sont tenues à l’observation de la loi.
3. Seules les parties sont tenues par les stipulations du contrat (en principe, mais on verra
qu’il y a des exceptions plus tard).
4. Les dispositions de la loi ne doivent pas remplacer les points qui ont été réglés
formellement par les parties dans un contrat, sauf en cas d’exceptions dictées par les
besoins de l’ordre public (la protection d’un débiteur en difficultés, par exemple).
5. Les tribunaux doivent se borner à faire exécuter les contrats dans leur teneur et dans
leur esprit (sauf pouvoir du juge pour rechercher la réelle volonté des parties).
L’ensemble aboutit à ce que le contrat doit être exécuté sans que ni le législateur, ni le juge, ni
les tiers, ni même les parties ne puissent l’empêcher de s’appliquer comme c’est le cas pour la
loi.
Les raisons de la force obligatoire sont à deux niveaux :
i. C’est parce qu’en donnant leur parole, ils s’engagent à la respecter (considérations
morales) ;
ii. C’est aussi pour permettre la prévisibilité des contrats (considérations sociales et
économiques. Le contrat doit être utile pour les parties et pour la société ; un
facteur d’épanouissement des parties et de stabilité sociale et économique.)
1. ‘Obligations valablement formées’
La validité d’une obligation a été étudiée pendant l’introduction et la phase de la formation du
contrat.
Une obligation valablement formée découle d’une déclaration valable (libre et éclairée, c’est-
dire sans lésion ; erreur ; dol ni violence) de volontés, de la rencontre des volontés sur l’objet
et la cause de l’obligation et entre des personnes capables (personnes physiques majeures et
saines d’esprit et/ou personnes morales valablement constituées selon les dispositions
juridiques y relatives.)
2. Le contrat, loi des parties
Le contrat étant la loi des parties, la ‘loi du législateur’ se limite à faire respecter la ‘loi des
parties’. Le législateur n’a aucune intervention dans le contrat.
Pour des raisons d’ordre moral ; social et économique, les parties doivent respecter leur
contrat comme elles respectent la loi. Les parties sont tenues par les obligations nées du
contrat comme elles sont tenues par la loi. Elles ne peuvent mettre fin unilatéralement au
contrat, sauf lorsque la résiliation unilatérale a été stipulée dans le contrat. Dans ce cas, la
1
partie qui veut résilier le contrat devra respecter ce qui est stipulée pour la résiliation
unilatérale.
Seules les parties ont le pouvoir de stipuler la teneur de leurs obligations, les modalités de la
résiliation du contrat, etc.
Les parties peuvent également stipuler que la teneur du contrat pourra changer en fonction des
critères et conditions contenues dans le contrat.
Ainsi, les parties peuvent stipuler que le prix pourra changer et spécifier comment le prix
changera (indexation à l’or ou au coût de la vie par exemple, échelle mobile, etc.). Elles
peuvent également qu’elles devront renégocier le contrat si son économie (équilibre des
prestations) est modifiée. C’est la clause de hardship ou clause de renégociation.
Tout ça, c’est le principe. Mais ce principe connaît beaucoup d’exceptions, tantôt légales,
tantôt d’ordre moral, tantôt judiciaires.
3. Les exceptions à la loi des parties
3.1. L’intrusion de la loi
Le code de commerce prévoit des mesures d’accompagnement pour les entreprises qui
connaissent des difficultés pour payer leurs dettes. Lorsqu’une entreprise connaît des
difficultés qui provoquent une cessation de paiement, la loi suspend la force obligatoire pour
les engagements pris par cette entreprise. La loi met provisoirement le débiteur à l’abri de ses
créanciers (articles 653 et suivants du code de commerce) pour lui permettre de se relever.
3.2. L’exigence de la bonne foi et de l’équité
Le principe est posé par l’article 231 du D.O.C. Ce texte dispose : ‘Tout engagement doit être
exécuté de bonne foi et oblige, non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les
suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation d’après sa nature.’
La bonne foi impose aux parties d’exécuter le contrat honnêtement, sans choquer son
cocontractant par un comportement déloyal (de mauvaise foi). Elle concerne le débiteur
comme le créancier. Le débiteur doit exécuter fidèlement son contrat. Le créancier doit
s’abstenir de toute manœuvre rendant l’exécution du contrat plus difficile pour son débiteur.
L’équité fait directement référence à la bonne foi car elle permet d’ajouter au contrat des
obligations que les parties n’auraient pas prévues. Le juge utilise l’article 231 du D.O.C afin
de greffer sur le contrat des obligations de renseignement et de conseil. L’équité permet aussi
de rescinder un contrat lésionnaire. Lorsque le contrat est conclu entre un professionnel et un
consommateur, le juge utilise les articles 15 et suivants de la loi n° 31-08 relative à la
protection du consommateur.
L’article 15, alinéa 1er de cette loi définit la clause abusive comme étant ‘toute clause qui a
pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur, un déséquilibre significatif
entre les droits et obligations des parties au contrat.’ Entre un professionnel et un
consommateur, les clauses abusives sont nulles et de nul effet (article 19, alinéa 1er de la loi
31-08).
3.3. L’interprétation du contrat par le juge
Parfois, le contrat requiert une interprétation par le juge, pour déterminer le sens et la portée
exacte des clauses de ce contrat. C’est le cas lorsque les termes utilisés sont flous, ambigus ou
lorsque les clauses du contrat sont contradictoires (article 462, 1er alinéa du D.O.C).
L’interprétation s’impose alors si le contrat est obscur.
2
Il y a besoin d’interprétation lorsque les termes et les clauses du contrat ne permettent pas de
connaître clairement la réelle volonté des parties. L’article 461 du DOC dispose que ‘Lorsque
les termes de l’acte sont formels, il n’y a pas lieu à rechercher qu’elle a été la volonté de
l’autre.’
Le principe de l’interprétation est que chacune des clauses doit permettre de comprendre à la
fois les autres clauses du contrat et le contrat dans son entièreté (article 464 du D.O.C).
Retenez bien ceci :
 Lorsque les clauses sont inconciliables, le juge retient la dernière clause dans l’ordre
de l’écriture (article 464 du D.O.C).
 Lorsqu’une clause est susceptible de deux sens, le juge retient le sens qui peut avoir un
effet (article 465 du D.O.C).
 Lorsque le contrat contient les renonciations à des droits, le juge retient la portée des
termes utilisés, sauf lorsque leur sens est douteux (article 467 du D.O.C).
 En cas de contradiction entre les chiffres et les lettres (en matière de somme d’argent
ou de quantité), le juge retient les sommes ou les quantités écrites en toutes lettres
(article 471 du D.O.C).
 Lorsque la somme ou la quantité est écrite plusieurs fois en toutes lettres et qu’il y a
contradiction, le juge retient la somme ou la quantité la moins forte (article 472 du
D.O.C).
 Si le doute subsiste, le juge interprète le contrat dans le sens favorable au débiteur
(article 473 du D.O.C).
 Le juge ne comble pas la lacune lorsqu’il s’agit d’un élément substantiel de
l’obligation ou d’une condition essentielle du contrat (objet, cause, etc.). Dans ce cas,
le juge prononce la sanction prévue par la loi.
 Dans tous les cas, il s’agit de rechercher l’intention des parties lorsque le contrat ne
l’exprime pas clairement.
3.4. Le rôle des usages
Dans son rôle d’interprète des contrats qui ne sont pas clairs, le juge tient compte des usages
du lieu où l’obligation a été formée (articles 463 et 466 du D.O.C). Le juge doit donc tenir
compte des circonstances de la formation de l’obligation pour lui donner un sens le plus
proche possible de la réelle volonté des parties.
Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 485 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours
Dalloz, 2016, pp. 201 à 236, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
3. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
14ème éd. 2017 pp. 107 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

Section 2. L’effet relatif des contrats


I. Le principe de la relativité des contrats
Le lexique des termes juridiques (édition Dalloz) définit l’effet relatif des contrats comme
étant un principe en vertu duquel les contrats ne peuvent produire des effets qu’entre les
3
parties. Cette définition rejoint les dispositions de l’article 228 du D.O.C. Cet article prévoit
que ‘Les obligations n’engagent que ceux qui ont été partie à l’acte : elles ne nuisent point
aux tiers et elles ne leur profitent que dans les cas exprimés par la loi.’
Ce principe veut dire que les obligations sont sans effets à l’égard des tiers. En d’autres
termes, la force obligation vaut seulement pour les parties à l’obligation. Mais qui sont les
parties à l’obligation.
II. La notion de partie à l’obligation
On a vu la notion de créancier et de débiteur. Ce sont ceux-là (le créancier et le débiteur) qui
sont les parties aux obligations. En principe, il s’agit de ceux qui figurent à l’acte, mais il peut
arriver que ces derniers ne soient que les représentants d’autres personnes qui sont les
véritables parties. Donc les parties contractantes sont :
 Soient ceux qui ont fait en personne le contrat et pour leur compte,
 Soient ceux qui ont été représentés par un mandataire ou tout autre représentant.
En somme, ce sont celles qui ont voulu s’engager. Toute autre personne qui participe soit dans
la formation, soit dans l’exécution de l’obligation mais sans avoir contracté l’engagement
n’est pas partie au contrat. C’est une tierce personne à l’obligation. Il en est ainsi des
représentants et des mandataires. Exemple : Une agence de voyage n’est pas partie au contrat
de transport. Son rôle est de vendre le billet de transport pour le compte du transporteur.
Le mandataire et le représentant ne sont donc pas des parties à l’obligation.
Le débiteur peut exécuter son obligation par l’intermédiaire d’une autre personne (articles 236
et 237 du D.O.C). Cette personne (mandataire ou représentant) reste étrangère (un tiers) à
l’obligation qu’il exécute. Il l’exécute pour le compte du débiteur et non pas pour son propre
compte. Le fait et la faute commises par le représentant d’un débiteur sont à la charge de ce
dernier (article 233 du D.O.C).
De même, l’exécution peut être faite dans les mains d’un représentant du créancier (article
238 du D.O.C). Ce représentant reste aussi un tiers à l’obligation. Le mandataire n’est pas non
plus partie aux obligations qu’il contracte ou qu’il exécute pour le compte du mandant (article
914-2 du D.O.C).
Tout ça, ce sont les conséquences du principe de la relativité des obligations ou des contrats.
Mais ce principe connaît également des exceptions.
III.Les exceptions au principe de la relativité des contrats
A. Les exceptions de l’article 229 du D.O.C
L’article 229, 1er alinéa du D.O.C pose deux exceptions en ce qui concerne les héritiers et les
ayant-cause. Cet article dispose que : ‘Les obligations ont effet, non seulement entre les
parties elles-mêmes, mais aussi entre les héritiers ou ayants cause, à moins que le contraire
ne soit exprimé ou ne résulte de la nature de l’obligation ou de la loi.’ Cet article apporte
deux exceptions : L’héritier et l’ayant-cause.
1. Les héritiers
Cette exception est dictée par le besoin d’éviter les injustices de l’application stricte du
principe de la relativité. Si les héritiers recueillent le patrimoine de leur auteur, ils doivent
aussi exécuter ses dettes et ses créances. Car le gage pour les créanciers c’est le patrimoine
des débiteurs. Cette exception pose donc un autre principe : Les héritiers sont les
continuateurs de la personne de leur auteur défunt (le decu jus). Ce principe veut dire que
4
le patrimoine successoral comprend à la fois l’actif (les biens et les droits ou les créances) et
le passif (les dettes). C’est un tout. L’héritier le recueille en tant que tel ou le refuse en tant
que tel. On ne peut pas hériter de l’actif et refuser le passif de son auteur.
Si l’héritier accepte la succession, il accepte également de payer les dettes de son auteur. S’il
ne veut pas, il refuse tout l’héritage. S’il refuse la succession (article 229, 2ème alinéa du
D.O.C), il restera étranger (un tiers) aux obligations contractées par son auteur.
2. Les ayant-cause
Un ayant-cause c’est une personne (physique ou morale) qui a acquis un patrimoine, une part
du patrimoine, un bien ou un droit de la part d’une autre personne. Cette dernière personne est
appelée auteur. L’ayant-cause acquiert également les obligations corrélatives au patrimoine, à
la part du patrimoine, au bien ou au droit acquis. L’acquéreur devient l’ayant-cause de la
personne qui lui a transféré ces droits et obligations (auteur). C’est pour cela que l’ayant-
cause est tenu d’exécuter ces obligations et qu’il a le droit de profite de ces droits. L’ayant-
cause devient partie à l’obligation en remplaçant l’auteur.
On distingue les ayant-cause universels, les ayant-cause et les ayant-cause à titre particulier.
1. Les ayant-cause universels
Ce sont ceux qui acquièrent le patrimoine entièrement de leur auteur. Un héritier unique, qui
reçoit tout le patrimoine du de cujus ; un légataire (donataire par testament) à qui on a légué
tout un patrimoine sont des ayant-cause universels.
2. Les ayant-cause à titre universel
Ce sont ceux qui acquièrent une part du patrimoine de leur auteur. C’est la situation d’un
héritier lorsqu’il y a plusieurs héritiers. Chacun récupère une part du patrimoine et est donc
débiteur des obligations qui y sont attachées.
3. Les ayant-cause à titre particulier
Ce sont ceux qui ont acquis un bien déterminé. C’est le cas d’un acheteur d’un bien. Par
exemple, l’acheteur d’une maison qui est déjà en location doit continuer le bail avec le
locataire en place (article 694 du D.O.C).
B. La stipulation pour autrui
Le principe est que ‘Nul ne peut engager autrui, ni stipuler pour lui, s’il n’a pouvoir de le
représenter en vertu d’un mandat ou de la loi’ (article 33 du D.O.C). La stipulation pour
autrui suppose trois personnes : Deux personnes (le promettant et le stipulant) sont parties au
contrat. Les deux conviennent que sous certaines conditions, le promettant verserait une
somme d’argent à une autre personne (le bénéficiaire).
La stipulation pour autrui est donc une exception au principe posé par l’article 33 du D.O.C.
Cette exception est prévue par l’article 34: ‘Néanmoins, on peut stipuler au profit d’un tiers,
même indéterminé, lorsque telle est la cause d’une convention à titre onéreux que l’on fait
soi-même ou d’une libéralité que l’on fait au promettant.’
Exemple : Une personne (stipulant) contracte une police d’assurance et stipule que,
moyennant le paiement d’une prime, une compagnie d’assurance (promettant) versera à sa
mort un montant déterminé à une personne désignée dans la police (bénéficiaire). Si le
bénéficiaire ne refuse pas la stipulation, elle va produire ses effets en sa faveur. Le
bénéficiaire n’est pas partie au contrat. Mais il dispose d’un droit d’agir directement (action

5
directe) contre le promettant pour le contraindre d’exécuter son obligation (article 34 2ème
alinéa du D.O.C).

Bibliographie sélective
1. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 541 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
2. PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours
Dalloz, 2016, pp. 267 à 264, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
3. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino,
14ème éd. 2017 pp. 117 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

II- L’inexécution des obligations.

L’inexécution, la mauvaise exécution ou le retard dans l’exécution d’une obligation doit être
prouvée. Après la preuve, les dommages-intérêts ; l’exécution forcée ; l’exception
d’inexécution et la résolution sont les moyens mis à la disposition du créancier.
1. La charge de la preuve de l’inexécution
La charge de la preuve de l’inexécution de l’obligation dépend de son contenu.
 Pour les obligations de moyens, le créancier doit apporter la preuve que son débiteur
n’a pas mis en œuvre tous les moyens pour exécuter son obligation. Exemple : Dans
un contrat médical, la responsabilité du médecin n’est pas engagée par la seule
absence de guérison du patient. Le patient doit prouver que le médecin n’a pas fait tout
son possible pour le soigner ou prouver une faute du médecin.
 Dans les obligations de résultat, le débiteur doit atteindre le résultat stipulé dans le
contrat. S’il ne l’atteint pas, il engage sa responsabilité. Pour se dégager de cette
responsabilité, le débiteur de l’obligation doit apporter la preuve d’une circonstance
extérieure à sa volonté qui a ruiné toute possibilité d’exécuter son obligation et
annihilé toute précaution visant à exécuter ladite obligation. Cette circonstance peut-
être la force majeure, le cas fortuit ou le fait du créancier (article 268 du D.O.C).
L’article 269 du D.O.C définit la force majeure comme une cause qu’il est impossible
d’éviter. La force majeure est définie par le lexique des termes juridiques (Edition
Dalloz) comme étant tout événement imprévisible et insurmontable.
2. L’exécution forcée
L’exécution forcée est prévue par l’article 259 du D.O.C. Elle est envisageable lorsque
l’exécution est encore possible. C’est par exemple lorsque la chose à donner existe encore.
Quand l’exécution forcée n’est plus possible, le créancier a d’autres choix et notamment
demander les dommages-intérêts, opposer au débiteur l’exception d’inexécution ou encore
demander la résolution du contrat.
3. Les dommages-intérêts
L’inexécution, la mauvaise exécution ou le retard d’exécution des obligations de faire et de ne
pas faire sont sanctionnées par des dommages-intérêts, en principe (articles 261, 262 et 263
du D.O.C). La logique est simple. Pour les obligations de faire, il est difficile de forcer le
6
débiteur à faire ce qu’il ne veut pas faire ou ce qu’il ne peut pas faire. Pour les obligations de
ne pas faire, l’exécution forcée n’est plus possible dès que le débiteur a commis ce qui lui
était interdit de commettre.
4. L’exception d’inexécution
Dans les contrats synallagmatiques, un contractant a le droit de refuser d’exécuter son
obligation si l’autre n’a pas exécuté la sienne. L’exception d’inexécution est le droit accordé à
chaque contractant de refuser d’exécuter son obligation tant que l’autre n’accomplit pas la
sienne. Dans le contrat de vente, l’acheteur refuse de payer tant que le vendeur ne livre pas la
chose.
5. La résolution des obligations pour inexécution
En cas d’inexécution du contrat, la partie insatisfaite a le choix d’agir en justice contre le
débiteur pour demander au juge d’effacer rétroactivement le contrat (article 259 du D.O.C).
Le contrat peut inclure une clause résolutoire ; dans ce cas l’inexécution provoque
automatiquement la résolution du contrat (article 260 du D.O.C). La résolutoire de
l’obligation est donc soit judiciaire soit conventionnelle.
L’effet principal de la résolution est de faire disparaitre le contrat. En principe, la résolution
est rétroactive mais dans les contrats à exécution successives comme le bail, elle ne produit
effet que pour l’avenir (résiliation).

7
L’extinction des obligations contractuelles.

Aux termes de l’article 319 du D.O.C, les obligations s'éteignent par : 1° Paiement ; 2°
L’impossibilité de l’exécution ; 3° La remise volontaire ; 4° La novation ; 5° La compensation
; 6° La confusion ; 7° La prescription ; 8° La résiliation volontaire. Il y a donc 8 causes de
l’extinction des obligations contractuelles.

1. Paiement (article 320 et suivants du D.O.C)


L’obligation est éteinte lorsque la prestation qui en est l’objet est faite au créancier dans les
conditions déterminées par la convention ou par la loi.
Le paiement peut consister en la remise d’une chose (somme d’argent) ou en
l’accomplissement d’un fait (prestation de service).
Le paiement a un caractère extinctif et libératoire. Celui qui paie s’appelle le solvens. Celui
qui reçoit le paiement s’appelle l’accipiens.
Le solvens doit être propriétaire de la chose donnée en paiement et capable d’aliéner. A
défaut, le paiement est nul et le remboursement s’impose. Le paiement doit être fait au
créancier ou à son représentant. Ce dernier doit être capable de recevoir le paiement
2. Novation (article 347 et suivants)
Il s’agit d’une opération par laquelle une obligation nouvelle est substituée à l’obligation
ancienne.
2.1. Conditions de la novation
La novation suppose la substitution d’une obligation à une autre, l’une et l’autre doivent être
valables
Les parties doivent avoir l’intention de nover. La novation ne se présume pas, le
consentement des parties doit être certain et non équivoque
2.2. Formes de novation
 Novation par changement de créancier :
i. Une créance nouvelle remplace l’ancienne
ii. Le débiteur ne peut opposer au nouveau créancier les exceptions qu’il pouvait opposer
à l’ancien selon le principe de l’inopposabilité des exceptions.
iii. Les garanties qui protégeaient l’ancienne créance ne profitent pas à la nouvelle
créance.
iv. Le consentement du débiteur est nécessaire
 Novation par changement de débiteur
Un nouveau débiteur se substitue à l’ancien, la dette de ce dernier étant éteinte. Le
consentement du créancier et du nouveau débiteur sont indispensables. L’opération peut se
réaliser sans l’accord du premier débiteur ;
 Novation par changement d’un élément important de l’obligation.
Les parties ne changement pas mais se mettent d’accord pour modifier soit :
i. L’objet de l’obligation
ii. Soit la cause de l’obligation
2.3. Les effets de la novation
 Extinction définitive de la dette ancienne avec tous ses accessoires et garanties ;
 Elle libère le débiteur, le nouveau prenant sa place ;
 La novation crée une nouvelle obligation qui se substitue à l’ancienne.
3. Compensation (article 357 du DOC et suivants)
Elle correspond à la situation où deux personnes deviennent respectivement créancière et
débitrice l’une de l’autre. Les créances réciproques doivent être toutes exigibles. Exemple :
Yacoub doit 10 Dhs à Youssef et Youssef doit 10 Dhs à Yacoub. Il y a compensation totale.
Et les deux obligations s’éteignent.
La compensation peut être partielle. Yacoub doit 10 Dhs à Youssef et Youssef doit 5 Dhs à
Yacoub. Dans ce cas, Yacoub a encore une dette de 5 Dhs à Youssef.
La compensation est nulle dans cinq cas :
 Créance alimentaire ;
 Contre la demande en restitution d’une chose dont le propriétaire a été injustement
dépouillé ;
 Contre la demande en restitution d’une chose déposée ou prêtée ou contre la
réclamation en dommages-intérêts en cas d’inexécution de ces contrats ;
 Renonciation du débiteur au moment de la conclusion à la compensation ou lorsque
l’acte l’a prohibée ;
 Contre les créances de l’Etat et des collectivités locales (Impôts et taxes).
4. Confusion (articles 369-370 du DOC)
La confusion est la réunion dans la même personne des qualités de créancier et débiteur d’une
obligation, ce qui entraine son extinction. Exemple : fusion d’une société avec une autre
société dont elle était créancière et débitrice.
5. La remise volontaire (article 340 et 341 du DOC)
Il y a remise volontaire lorsque le créancier renonce à sa créance et sans contrepartie.
Le créancier renonce à sa créance. Il doit le faire par écrit ou par quittance libératoire. Il s’agit
d’une libéralité.
La remise volontaire peut être tacite. Elle éteint l’obligation et libère le débiteur
La remise a effet tant qu’elle n’a pas été refusée expressément par le débiteur.
6. Prescription (article 371-389 du DOC)
La prescription est un mode d’extinction de l’obligation résultant du non exercice de son droit
par le créancier, pendant une durée déterminée par la loi.
« La prescription pendant le laps de temps fixé par la loi, éteint l’action naissant de
l’obligation ».
La prescription n’éteint pas l’action de plein droit, la partie qui s’en prévaut doit
nécessairement l’invoquer.
La prescription est de quinze ans pour toutes les actions naissant d’une obligation. D’autres
délais plus courts sont prévus (5, 2 et 1 an).

Le point de départ du délai de prescription


On l’appelle le « dies a quo ».
C'est le jour où la prescription commence à courir.
Il existe une question cruciale qui est de savoir est-ce que pour faire démarrer la prescription
on part du jour où le droit est né ou on part du jour où le titulaire de ce droit était en mesure
d'agir. En effet, il est possible que le titulaire du droit ne sache pas qu’il en était titulaire.
La suspension du délai de prescription en arrête temporairement le cours sans effacer le délai
déjà couru.
Tandis qu’en cas d’interruption, un nouveau délai recommence à courir à compter de la date
de l'acte interruptif (exemples : un procès-verbal, un acte de poursuite, un acte d'instruction
etc.).
La suspension se distingue donc de l'interruption qui fait courir un nouveau délai de même
durée que l'ancienne interruption.
La prescription est interrompue :
1. Par une mise en demeure du débiteur d’exécuter son obligation, même lorsqu’elle est
faite devant un juge incompétent ou que l’acte est déclaré nul pour vice de forme ;
2. Par la demande d’admission de la créance à la faillite du débiteur ;
3. Par un acte conservatoire ou d’exécution entrepris sur les biens du débiteur.
Lorsque la prescription est valablement interrompue, le temps écoulé jusqu’à l’acte interruptif
n’est pas compté aux effets de la prescription, et un nouveau délai de prescription commence
à partir du moment où l’acte interruptif a cessé de produire son effet.
La prescription se calcule par jours entiers et non par heures ; le jour qui sert de point de
départ à la prescription n'est point compté dans le calcul du temps requis pour prescrire.
La prescription s'accomplit lorsque le dernier jour du terme est expiré.
7. L’impossibilité d’exécution (article 335 du DOC)
L’obligation s’éteint lorsque la prestation qui en est l’objet devient impossible naturellement
ou juridiquement.
Il s’agit d’une impossibilité physique résultant d’une loi nouvelle qui empêche l’exécution de
l’obligation. L’impossibilité ne doit pas être le fait ou la faute du débiteur. Elle doit apparaitre
avant que le débiteur n’ait été mise en demeure par le créancier de s’exécuter.
8. La résiliation volontaire (article 393 du DOC)
Les parties peuvent d’un commun accord résilier le contrat qu’elles avaient conclu
auparavant.
La résiliation mutuelle peut être tacite.
La résiliation remet les parties dans la situation où elles se trouvaient au moment de la
conclusion du contrat, ce qui signifie qu’elle produit un effet rétroactif.
Dans certains contrats, l’effet rétroactif est impossible si le salaire peut facilement être
restitué. Il est difficile de restituer le travail fourni. La restitution est parfois remplacée par le
versement d’une compensation (contrat de bail).
Bibliographie sélective
Lionel ANDREU et Nicolas THOMASSIN, Cours de droit des obligations, 2ème édition
Gualino, 2017-2018 ; pp. 745 à 797, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
Les obligations légales
Section 1. Les obligations quasi-contractuelles
En matière de quasi-contrats, on agit seul et sans rencontre de volontés et cela produit des
effets similaires aux effets du contrat. Puisqu’il n’y a pas de rencontre de volonté, le quasi-
contrat n’est pas un acte juridique. Il présente seulement une similitude avec le contrat : Il fait
naître une obligation chez autrui. Mais il n’est pas un contrat au complet. C’est pour cela
qu’on dit qu’il ‘quasi’, c’est-à-dire ‘presque’. Le quasi-contrat est un fait licite,
volontairement accompli au profit d’autrui, soit par erreur ; soit dans un but de rendre service.
D’où il en découle des obligations à la charge d’un tiers qui y a retiré un avantage et parfois, à
la charge de son auteur. Cette définition se retrouve dans deux quasi-contrats, à savoir : Le
paiement de l’indu et la gestion d’affaires.
Mais il arrive qu’un tiers tire profit d’un bien ou d’un fait d’autrui sans que ce dernier ait posé
un quelconque acte ou fait en faveur du bénéficiaire. Il y a là un 3ème quasi-contrat qu’on
appelle l’enrichissement sans cause.
Dans ces 3 cas, le bénéficiaire est obligé à rééquilibrer la situation. Les quasi-contrats sont
donc des mécanismes correcteurs.
C’est pour des considérations d’équité et de justice que le droit intervient dans ce sens. Ici, le
droit vient appuyer la morale sociale et commande de rendre à chacun le sien. La notion de
quasi-contrat est donc empreinte d’un sens d’équité. La volonté n’y joue pas un rôle
déterminant ; elle est appuyée par la loi.
Sous-section 1. La répétition de l’indu
Il y a paiement de l’indu lorsqu’une personne paie ce qu’il ne doit pas. Par erreur, une
personne qui se croit débitrice paye à la personne qu’elle croyait son créancier.
Le droit oblige la personne bénéficiaire du paiement à restituer ce qu’il a reçu. En droit
restituer, c’est répéter. C’est pour cela qu’on parle de répétition de l’indu pour parler de cette
restitution. Le droit considère qu’il est né une situation analogue à un contrat mais par erreur.
La personne qui reçoit un paiement de la part de quelqu’un qui ne lui devait rien est obligée
par la loi à le restituer / le répéter.
La cause de la répétition de l’indu c’est le paiement de l’indu. Le paiement de l’indu naître
chez le bénéficiaire de répéter (restituer) ce qu’il a reçu indument.
La répétition de l’indu est régie par les articles 68 à 74 du D.O.C.
Sous-section 2. L’enrichissement sans cause
Il y a enrichissement sans cause, lorsque quelqu’un s’enrichit au détriment de quelqu’un
d’autre. L’un s’enrichit et l’autre s’appauvrit corrélativement et sans aucune cause.
Diverses situations peuvent faire qu’une personne s’enrichisse injustement aux dépens
d’autrui. Le régime de l’enrichissement sans cause est posé par les articles 66, 67, 75 et 76 du
D.O.C.
Sous-section 3. La gestion d’affaires
Tantôt, une personne agit au profit d’une autre personne et en connaissance de cause pour
sauver une situation. La personne qui profit de l’acte d’autrui ignore ce qui se passe. Elle est
absente et il y a urgence pour agir. La personne qui agit le fait pour prévenir un dommage ou
pour l’arrêter.
Cet acte produit des obligations à la charge de la personne qui agit et à la charge du
bénéficiaire.
Cette relation juridique s’appelle la gestion d’affaires.
Il y a gestion d’affaire chaque fois qu’une personne (gérant de l’affaire) accomplit un acte
dans l’intérêt et pour le compte d’un tiers (maître de l’affaire).
Prenons l’exemple de deux paysans qui sont voisins. Pendant qu’un des paysans est en
voyage, les crues d’une rivière d’à côté menacent de détruire son champs. L’autre paysan qui
n’a pas voyagé entreprend, personnellement ou à l’aide des tiers qu’il emploie à cette fin, des
travaux pour éviter que le champ de son voisin soit détruit par l’inondation.
Paragraphe 1. Conditions pour qu’il y ait gestion d’affaires
Pour qu’il y ait gestion d’affaires, trois types de conditions sont requises : les premières sont
liées à l’affaire, les deuxièmes se rapportant au gérant, et enfin, les dernières concernent le
maître.
1. L’utilité de la gestion d’affaires.
La gestion doit être utile pour le maître de l’affaire.
Cela dit que :
a. Le gérant doit agir dans le strict intérêt du maître ; c’est-à-dire dans le sens où le
maître de l’affaire aurait agi lui-même s’il était dans la possibilité de le faire.
b. Le gérant ne peut pas agir si l’affaire est déjà perdue. Au moment d’agir, il faut qu’il y
ait encore des chances de sauver l’affaire du maître. On évalue l’utilité de la gestion au
début et non pas à la fin ni pour ses résultats. Si l’affaire avait des chances d’être
sauvée au début, peu importe que le résultat est positif ou négatif.
2. L’affaire doit être urgente.
Il y a gestion d’affaire lorsqu’on peut plus attendre. Si le gérant s’est occupé d’une affaire qui
aurait pu attendre que le maître de l’affaire soit dans la possibilité de le faire lui-même, il
n’aura aucun fondement à réclamer quoi que ce soit.
3. Ignorance de l’urgence d’agir par le maître.
Si le maître de l’affaire est au courant de la nécessité d’agir, il n’y a pas de gestion d’affaire.
Dans ce cas, c’est au maître de prendre ses responsabilités. Si une autre personne le fait à sa
place, il n’a aucun fondement à lui réclamer quoi que ce soit. Il faut que le maître soit absent
ou empêché de sorte qu’il se trouve dans l’impossibilité d’accomplir l’acte en question et
d’être contacté pour donner mandat.
Il y a gestion d’affaire lorsque l’affaire est gérée à l’insu du maître ou tout simplement parce
que ce dernier est empêché.
S’il y a une volonté connue ou présumée du maître, le gérant doit s’y conformer (article 947
du D.O.C).
Paragraphe 2. Effets de la gestion d’affaires
Deux séries d’obligations naissent de cette situation :
1. Obligations du gérant de l’affaire.
Le gérant de l’affaire a l’obligation de gérer l’affaire du maître avec diligence. Le gérant de
l’affaire est tenu de continuer la gestion de l’affaire jusqu’à ce que la menace disparaisse
(article 944 du D.O.C). Il doit la gérer en bon père de famille (article 945 du D.O.C). Le
gérant d’affaire doit rendre compte de sa gestion au maître (article 946 du D.O.C).
2. Obligations du maître de l’affaire.
Le bénéficiaire de l’acte (le maître de l’affaire) a l’obligation de supporter toutes les suites
de l’acte posé par le gérant de son affaire.
Il est tenu de rembourser tout ce que son voisin a dépensé en vue de lui sauver la situation. Il
est aussi tenu de l’indemniser pour les préjudices subis. Le gérant ne doit tirer aucun profit de
la gestion. On le rembourse uniquement ce qu’il a dépensé. S’il a subi des dommages, le
maître de l’affaire l’indemnise.
Bibliographie sélective
Lionel ANDREU et Nicolas THOMASSIN, Cours de droit des obligations, 2ème édition
Gualino, 2017-2018 ; pp. 591 à 644, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
Section 2. Introduction aux obligations extracontractuelles
Dans les obligations contractuelles, la rencontre des volontés des parties est la source de
l’obligation.
Dans les obligations quasi-contractuelles, il y a une seule volonté qui provoque des
obligations chez un tiers qui n’avait pas voulu s’engager. La loi vient pour empêcher une
situation injuste envers une personne qui a agi soit par erreur, soit dans le but altruiste au
profit d’une autre personne.
Dans les obligations purement extracontractuelles, seule la loi est la source de l’obligation.
Elle sanctionne un fait dommageable envers une personne en obligeant l’auteur du fait en
question à réparer les préjudices causés.
C’est dans ce sens que l’ensemble de ces obligations sont appelées ‘Responsabilité civile’.
 ‘Responsabilité’ parce chacun doit répondre de ses actes. Le mot ‘responsable’ veut
dire ‘celui qui répond de’ ;
 ‘Civile’ pour la distingue des autres types de responsabilités et surtout de la
responsabilité pénale qui consiste en une répression, alors que la responsabilité civile
consiste à la réparation.
Cette obligation de réparer n’est pas voulue par l’auteur du dommage. Le fait juridique
qui a causé le tort à autrui peut avoir été voulu ou non par son auteur. Mais l’obligation de
réparer le dommage causé n’est pas voulue par l’auteur du fait juridique. Cette obligation de
réparer est donc purement légale. C’est la loi qui l’impose.
 Lorsqu’il le fait illicite et dommageable est posé intentionnellement par son auteur, la
responsabilité civile qui en naît est dite ‘délictuelle’. L’auteur a commis un délit civil.
Exemple : Prendre un ordinateur d’autrui et le projeter contre le mur pour l’écraser est
un délit civil. Parce que c’est fait volontairement et dans l’intention de nuire, on
l’appelle aussi ‘faute qualifiée’. Son auteur doit réparer tous les dommages qui en
découlent.
 Lorsque le fait illicite et dommageable est posé par accident (c’est-à-dire sans
intention de le poser), la responsabilité civile qui en naît est dite ‘quasi-délictuelle’.
L’auteur a commis un quasi-délit civil. ‘Quasi’ (Presque), parce qu’il n’y a pas la
volonté de le commettre. Exemple : Trébucher et écraser un ordinateur d’autrui
entraîne la responsabilité civile délictuelle de l’auteur du fait. L’auteur doit réparer
tous les dommages qui en découlent.
Pour qu’il y ait responsabilité civile, 3 conditions doivent être remplies :
1. La faute ou le fait ;
2. Le dommage effectivement subi et prouvé ;
3. Et un lien de causalité entre la faute ou le fait et le dommage (Le dommage doit être la
conséquence de la faute ou du fait, en question).
La responsabilité civile est régie par les articles 77 et suivants du D.O.C.
Il y a beaucoup de régimes de la responsabilité civile :
 Il y a la responsabilité civile du fait personnel.
 Il y a la responsabilité civile du fait d’autrui (les personnes à charge : enfants mineurs,
aliénés, préposés). Dans cette responsabilité, l’auteur est sous la garde d’une autre
personne. C’est cette personne qui est responsable.
 Il y a la responsabilité civile du fait des choses. Il y a responsabilité du fait des choses
lorsqu’une chose cause un dommage à autrui. Exemple : Un chien mord un passant,
c’est le gardien du chien (son propriétaire) qui est responsable pour réparer le
dommage causé.

Bibliographie sélective
Lionel ANDREU et Nicolas THOMASSIN, Cours de droit des obligations, 2ème édition
Gualino, 2017-2018 ; pp. 367 et s, Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

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