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supports

et activités
pédagogiques
le livret
Édition 2017-2018

des dix mots


CORRIGÉS

Accent
Bagou
Griot
Jactance
Ohé
Placoter
Susurrer
Truculent
Voix
Volubile

dismoidixmots.culture.fr
facebook.com/dismoidixmots
supports
et activités
pédagogiques
Édition 2017-2018
CORRIGÉS

Sommaire
4 Présentation

5 Mode d’emploi

6 
C ompétences mobilisées

7 Cadre européen de référence


pour les langues

8 Bibliographie

10 Accent

16 Bagou

24 Griot

32 Jactance

40 Ohé

48 Placoter

56 Susurrer

64 Truculent

72 Voix

80 Volubile

88 Sites et logiciels

89 Présentation du Concours des dix mots


Présentation
Depuis plusieurs années,
le ministère de l’Éducation
nationale français
s'associe à l’opération
L’édition 2017-2018 « Dis-moi dix mots sur tous les tons » place la parole au annuelle dédiée
cœur de sa démarche. Après s’être intéressée aux mots venus d’ailleurs, au
numérique, l’opération met le discours à l’honneur. Parler, discuter, procla- à la langue française
mer, murmurer, échanger, communiquer… la parole est multiple et la langue « Dis-moi dix mots »
est son meilleur appui. Car il faut des mots mais aussi un ton, une humeur,
une pensée pour communiquer. organisée par
le ministère de la Culture
Pour cette nouvelle édition, l’opération « Dis-moi dix mots… sur tous les
tons » met à l’honneur les multiples usages de la parole proposant les dix (Délégation générale
mots suivants venus de toute la francophonie : à la langue française

ACCENT, BAGOU, GRIOT, JACTANCE, OHÉ, PLACOTER, SUSURRER, et aux langues de France).
TRUCULENT, VOIX, VOLUBILE.

Cette brochure s’adresse à tout public éducatif, en France et à l’étranger,


plus particulièrement aux élèves de niveau FLM/FLS et est disponible sur le
site www.reseau-canope.fr/concours-dixmots.

Ces ressources doivent permettre aux enseignants de préparer les élèves


à travailler sur les dix mots. Elles les invitent également à aller plus loin
en présentant un projet artistique ou littéraire pour candidater au Concours
des dix mots ou pour fêter la langue française à l’occasion de la Semaine de
la langue française et de la Francophonie, organisée cette année du 17 au 25
mars 2018.

Les ressources suivantes sont également disponibles en ligne et auprès


de Réseau Canopé :

– le dépliant des dix mots donne toutes les informations sur l’opération
annuelle ;

– le livret des dix mots propose des définitions, citations et textes inédits,
écrits par plusieurs auteurs francophones ;

– l’exposition, composée de douze panneaux, associe textes et illustrations


autour des dix mots.

Les modules pédagogiques disponibles sur le site


www.reseau-canope.fr/concours-dixmots comprennent des films
animés, des chroniques audio ainsi que des activités pour s’approprier
les dix mots, déclinés dans cette brochure, en usage bimédia.

Le site internet www.dismoidixmots.culture.fr propose un espace pédagogique,


les différentes ressources à télécharger, une boîte à idées où puiser de nombreux
projets originaux, le programme des manifestations et des jeux autour des dix mots.
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Mode d’emploi

Cette brochure s’utilise également avec


Les enseignants et les élèves
profit en lui associant le site du Concours
trouveront dans cette brochure des dix mots3 de Réseau Canopé où se
des ressources simples qui leur trouvent les films animés complets (avec
donneront envie d’entrer en les chroniques en voix off et une version
contact avec chacun des dix en langue des signes) à consulter ou
à télécharger ; les textes des chroniques
mots et de se les approprier.
audio (téléchargeables pour un usage
Les images-clés réunies dans en baladodiffusion) à écouter sans
les « scénarimages1 » proviennent les images du film, sans oublier les
des films réalisés à partir des fiches pédagogiques imprimables et
chroniques d’Yvan Amar2. Les textes téléchargeables. Ces dernières constituent
de ces récits radiophoniques illustrent les modules pédagogiques. Sur la page
de manière ludique et éducative du scénarimage de chaque mot se trouve
les mots et leurs contextes d’utilisation. le code QR qui conduit directement
à chaque module en ligne.
Les activités pédagogiques prêtes
à l’emploi peuvent convenir à tous Ces ressources vidéo, audio et textuelles
les niveaux d’apprentissage complémentaires peuvent être utilisées
de la langue française – langue aussi bien par l’enseignant dans
première ou seconde, langue sa classe, avec un tableau numérique
de scolarisation ou de culture interactif ou un vidéoprojecteur, que
personnelle. par l’élève en salle multimédia, dans
le centre de documentation ou chez
Cette version imprimée permet lui, en amont ou en prolongement de
de travailler de manière autonome, la classe. Elles se trouvent également sur
avec les illustrations et les textes le site officiel de l’opération annuelle
des chroniques d’une part, les activités « Dis-moi dix mots sur tous les tons4 »,
pédagogiques d’autre part. avec de nombreuses autres ressources.

Chaque fiche pédagogique est construite


autour d’un projet de communication bien
défini, conduisant de la compréhension
à l’expression personnelle, tout en
permettant à l’élève d’enrichir sa
1. Mot français équivalent du story-board en langue anglaise.
2. Y van Amar, professeur de lettres, journaliste et homme de radio, est producteur connaissance de la langue française.
et présentateur des émissions quotidiennes sur la langue française à Radio France
internationale (RFI), Les Mots de l’actualité et La Danse des mots, coproduites
par RFI et Canopé.
3. www.reseau-canope.fr/concours-dixmots.
4. www.dismoidixmots.culture.fr.

5
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Les compétences
mobilisées

Depuis le milieu des années 1990, la pédagogie L’Unesco définit le concept de culture comme « un ensemble
des langues s’inscrit dans une approche actionnelle. de traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et
Une nouvelle définition de l’apprentissage est proposée, affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social
fondée sur l’adaptation à une situation sociale plurilingue et englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie,
et pluriculturelle. L’apprenant est considéré comme les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les
un acteur social ayant à accomplir des tâches (qui ne sont traditions et les croyances. » (Déclaration universelle de
pas seulement langagières) dans des circonstances et un l’Unesco sur la diversité culturelle, 1998)
environnement donné. Ainsi, placé dans des conditions se
rapprochant d’un contexte de communication in vivo,
L’inscription des tâches actionnelles dans
il mobilise les compétences transversales nécessaires
une démarche interculturelle, visant une prise
à l’accomplissement de tâches de réception ou de
de conscience des diversités culturelles par
production, et intervenant dans la réalisation d’un projet. La
comparaisons, rapprochements-éloignements,
méthode adapte ses objectifs d’apprentissage de la langue
est un enjeu central.
en fonction, avec pour intention finale de donner un sens
concret aux activités langagières.
Cela participe non seulement aux objectifs du parcours
d’éducation artistique et culturelle de l’élève, mais aussi
Dans une perspective actionnelle visant à rendre l’apprenant
à la construction de son jugement moral et civique, à
en langue en capacité de résoudre des tâches diverses dans
l’acquisition d’un esprit critique et d’une culture
le monde réel, il est admis aujourd’hui que la compétence
de l’engagement dans le cadre du parcours citoyen.
langagière se structure autour de trois composantes
en interaction :

– la compétence linguistique : connaître le lexique, la grammaire


et l’orthographe, la phonologie ;
– la compétence socioculturelle (appelée sociolinguistique au sein
du CECRL) : faire fonctionner la langue dans sa dimension sociale, —
adapter son discours à son auditoire (règles, normes d’interactions, Plus d’informations sur les parcours éducatifs
sur http://eduscol.education.fr (Contenus et pratiques
connaissances de l’histoire culturelle...) ;
d’enseignement ; Parcours éducatifs)
– la compétence communicationnelle (pragmatique) : s’approprier
- LE PARCOURS CITOYEN
différents types de discours (composante discursive) en fonction d’une
http://eduscol.education.fr/cid107463/le-parcours-citoyen-
situation de communication donnée (composante référentielle). eleve.html

Communiquer, c’est utiliser un code linguistique -L


 E PARCOURS D’ÉDUCATION ARTISTIQUE
ET CULTURELLE
(compétence linguistique) rapporté à une action http://eduscol.education.fr/cid74945/le-parcours-
(compétence pragmatique) dans un contexte socio-culturel education-artistique-culturelle.html
et linguistique donné (compétence socio-linguistique).

6
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Le cadre européen
de référence pour
les langues (CECRL)

Le Cadre est un outil conçu pour répondre à l’objectif général Les activités permettent progressivement de :
du Conseil de l’Europe qui est de « parvenir à une plus grande – s e préparer à l’écoute de la chronique (à partir du
unité parmi ses membres » et d’atteindre ce but scénarimage ou du film animé) ;
par l’« adoption d’une démarche commune dans le domaine
– s ’exercer à la compréhension de l’oral, de l’écrit,
culturel ». L’objectif est d’abord politique : asseoir la stabilité
de l’image fixe et animée, de manière globale,
européenne en luttant contre la « xénophobie » et veiller au puis détaillée ;
bon fonctionnement de la démocratie.
–a
 border les sens du mot dans différents contextes
Les langues et les cultures peuvent y contribuer
historiques et sociolinguistiques ;
par une meilleure connaissance des autres.
– r etrouver en jouant l’origine du mot,
sa famille, ses équivalents et ses alliés ;
On passe d’une logique de maîtrise quasi totale
d’une ou plusieurs langues à une logique d’interaction –d
 écouvrir les mots de la langue française
dans sa diversité ;
entre différentes langues, quel que soit le niveau de maîtrise
de ces dernières. En ce sens, c’est un outil de promotion du – s ’exprimer en utilisant les sens, les valeurs et les
plurilinguisme. nuances du mot pour se l’approprier.

L’échelle de compétence langagière globale fait


L’enseignant peut faire travailler les élèves sur
apparaître trois niveaux généraux subdivisés en six
la double page « chronique-scénarimage » en
niveaux communs (au sens de large consensus).
masquant l’une ou l’autre, ou en travaillant sur
le texte et les images à la fois. Il peut également
– Niveau A : utilisateur élémentaire (= scolarité
faire légender les images avec des extraits de la
obligatoire), lui-même subdivisé en niveau chronique pour bien s’assurer de la compréhension
introductif ou de découverte (A1) et intermédiaire du texte.
ou usuel (A2).

– Niveau B : utilisateur indépendant (= lycée), Les trois premières parties des dix fiches s’adressent
subdivisé en niveau seuil (B1) et avancé ou au niveau A (cf. CECRL ci-contre) reposant sur
indépendant (B2). l’image et le son. Les trois dernières parties couvrent
les niveaux B et C, sachant que tout professeur peut
– Niveau C : utilisateur expérimenté, subdivisé en C1 réduire ou approfondir les tâches relativement à ses
(autonome) et C2 (maîtrise). conditions d’enseignement. Dans le même esprit, les
corrections proposées ne sont pas un carcan mais
plutôt un tremplin vers d’autres activités offertes à
la liberté pédagogique de chacun.
Ces niveaux balisent l’apprentissage des langues étrangères.

La plupart des activités, de type fermé, peuvent


être vérifiées dans le cadre d’une autoévaluation
(les corrigés des fiches sont également disponibles
Le Cadre européen commun de référence en ligne). Les activités ouvertes sur l’expression
pour les langues (CECRL) est téléchargeable sur : personnelle peuvent être envoyées à l’enseignant
http://eduscol.education.fr pour une correction individualisée.
(Rubriques Contenus et pratiques d’enseignement > Lycée
> Programmes, référentiels et ressources > Ressources
d’accompagnement au lycée > Langues vivantes)

7
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Bibliographie

Pour l’enseignement du français


langue maternelle, langue de scolarisation
– Amar Yvan, Les Mots de l’actualité, Paris, Belin, 2010.
– Grossmann Francis, Paveau Marie-Anne, Petit Gérard (coord.), Didactique du lexique : langue, cognition, discours, Grenoble, Ellug, 2005.
– Klein Catherine (dir.), Le Français comme langue de scolarisation. Accompagner, enseigner, évaluer, se former, CNDP, 2012.
– Picoche Jacqueline, Rolland Jean-Claude, Dictionnaire du français usuel, Bruxelles, De Boeck, 2002.
– Rey Alain, 200 drôles d’expression, Paris, Le Robert, 2015.
– Treps Marie, Les Mots migrateurs. Les tribulations du français en Europe, Paris, Seuil, 2009.
– Walter Henriette, « Le Français et les mots migrateurs », Synergies Italie, n° 4, 2008.

Pour la classe de français


langue maternelle, langue de scolarisation
– Barrié François, Massé, Olivier (dir.), Face aux difficultés des élèves en français, collège et LP, CNDP, 2012.
– Béguin Michelle (dir.), L’Oral a la parole. Pratiques de l’oral au collège, CNDP, 2013.
– Denizot Jean-Claude, Le Vocabulaire au quotidien. Cycle 3 (avec CD-Rom), CNDP, 2010.
– Joole Patrick, Comprendre des textes écrits. Cycle 3, collège (avec CD-Rom), Retz-CNDP, 2008.
– Luginbühl Odile, Legrand Monique (dir.), L’Art des mots. Enseigner le vocabulaire au collège et au lycée, CNDP, 2012.
– Mekhtoub Nadia (coord.), Enseigner le français à tous les élèves. Réponses aux difficultés du collège, CNDP, 2012.

Pour la classe de français langue seconde,


langue de scolarisation, langue étrangère
– Aizier Arnaud, Beaudoin Jacques, Être bon lecteur au CM et au collège. Pour une meilleure compréhension de l’écrit, CNDP, 2013.
– Birte Krüger Ann, Thamin Nathalie, Cambrone-Lasnes Stella (dir.), Diversité linguistique et culturelle à l’école. Accueil des élèves et formation
des acteurs, Paris, L’Harmattan, 2016.
– Frisa Jean-Marie, Accueillir un élève allophone à l’école élémentaire, Canopé Éditions, 2014.
– Klein Catherine (dir.), Les Premiers Apprentissages quand le français est langue seconde, Canopé Éditions, 2014.
– Lecocq Bertrand (coord.), Entrer dans la lecture. Quand le français est langue seconde, CNDP, 2012.
– Lemeunier Valérie, Gracia Mélia, Cardon Julien, En jeux. Activités orales pour favoriser l’apprentissage du français. FLE, niveau A1 (avec CD-Rom),
CNDP, 2010.
– Robbes Elisa, Outils pour le français langue seconde au lycée, 2 vol., CNDP, 2009.
– Thiéry-Chastel Nicole (dir.), Langues en action. FLE-FLS (avec DVD-Rom), CNDP, 2011.

8
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Accent
Bagou
Griot
Jactance
Ohé
Placoter
Susurrer
Truculent
Voix
Volubile

9
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Accent ∙ n. m.

1 Signe qui, placé sur une voyelle, la définit (en français).


2 E nsemble des inflexions de la voix (timbre, intensité) permettant d’exprimer
un sentiment, une émotion.
3 F açon de parler considérée comme un écart par rapport à la norme
(dans une langue donnée).

L’accent… Mais qu’est-ce que c’est Mais dans la plupart


que l’accent ? Qu’est-ce que ça peut des langues, et
bien être que l’accent ? particulièrement en
français, il existe une
Voilà un mot qui a des sens
certaine façon de parler
multiples, et qui s’applique
que l’on se représente
particulièrement à la façon dont
comme « sans accent »
on parle une langue, dont on
et qui correspond à une
prononce une langue, dont on la fait
histoire politique. Les rois
sonner. Les accents permettent de
de France, par exemple,
donner à une langue des variétés,
n’ont pas toujours régné
des apparences très nombreuses.
sans partage sur leur
C’est une façon d’appuyer sur
pays : il fallait asseoir
une consonne, de faire rouler un
leur autorité. Et pour cela,
« r », d’allonger une voyelle, de la
montrer que la langue
fermer : que l’on dise la « rôse » ou
parlée par la bonne
la rose, la fleur sent toujours aussi
société dans la région
bon, mais l’oreille perçoit deux « o »
de la capitale était une
différents. L’année vous emmène
référence : elle passait
dans le Sud-ouest, votre Pâpâ
pour la meilleure, toutes
dans le nord. Ces apparences, sont
les autres parlures avaient
comme des vêtements sonores qui
donc l’air de s’écarter de
en disent beaucoup sur ceux qui les
cet exemple central et c’est
portent. On ne parle pas le français
encore vrai aujourd’hui.
à Abidjan comme à Strasbourg,
à Montréal comme à Ajaccio.
On ne parle pas toujours de la
même façon si l’on est dentiste ou
apiculteur sans que l’accent soit un
indice très sûr pour connaître une
profession ou une origine sociale.
Mais qui a un accent ? On peut
distinguer l’accent étranger et l’accent
régional. Ceux dont le français n’est
pas la langue maternelle gardent
presque toujours une trace de leur
langue d’origine. Mais à l’intérieur
d’une même langue, on a toujours
l’impression que c’est l’autre qui parle
avec un accent alors qu’en fait, on en
a tous un.

10
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

11
ACCENT

Projet pédagogique

Composer un tableau des différences


activités
1 ∙ Pour commencer
a) Regardez la vidéo ou le scénarimage. Au début de l’animation, l’image contient trois éléments.
Pouvez-vous les identifier ?
– en haut à gauche de l’image : l’écriture phonétique du mot
– en bas à gauche de l’image : une personne
– sur la droite de l’image : une carte de France

b) Quels habitants de France sont censés parler sans accent ?


Les habitants de la capitale.

2 ∙ Comprendre de manière générale


a) Quelles personnes conservent toujours un accent ?
Les personnes dont le français n’est pas la langue maternelle.

b) Quelles personnes parlent sans accent ?


Aucune. Tout le monde parle avec un accent.

c) D’où vient l’idée que certaines personnes parleraient sans accent ?


Cette idée vient de l’histoire politique.

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


a) Dans la vidéo, identifiez et listez les costumes régionaux dans leur ordre d’apparition à l’image.
Les costumes sont corses, savoyards, basques, du Nord et alsaciens.

b) Quelles villes francophones mais étrangères à la France sont citées dans la chronique ?
Les villes étrangères francophones citées sont Abidjan et Montréal.

c) À l’époque des rois de France, pourquoi prétendre que le parler de la capitale est le meilleur ?
Le roi entend ainsi asseoir son pouvoir en présentant le parler de la capitale comme la référence. Les autres parlers semblent s’en écarter.

4 ∙ Réfléchir sur la langue


Distinguer les phrases personnelles et impersonnelles

a) Recherchez à quel mot renvoie le pronom « il » dans la chronique.


Attention, parfois il ne renvoie à aucun mot du texte. On dit que la phrase est impersonnelle.
– Il s’applique particulièrement à la façon dont on parle une langue. Le pronom « il » renvoie à ce mot.
– Il existe une certaine façon de parler que l’on se présente comme « sans accent ». Le pronom « il » ne renvoie à rien.
La tournure de phrase est impersonnelle.

– Il leur fallait asseoir leur autorité. Le pronom « il » ne renvoie à rien. La tournure de phrase est impersonnelle.

12
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) Souligner les phrases impersonnelles


– Il fallait tendre l’oreille pour comprendre le discours du maire.
– De multiples accents existent à travers le monde.
– Faudra-t-il prendre un porte-voix pour se faire entendre dans ce tintamarre ?
– Les techniques oratoires existent et s’enseignent depuis la plus haute Antiquité.

c) À quel temps et à quel mode est conjugué le verbe « falloir » dans l’exercice précédent ?
– Il fallait : –
imparfait de l’indicatif Il faudra : –
futur de l’indicatif Il faudrait : présent du conditionnel

5 ∙ Jouer avec les mots


Connaître l’origine et la formation des mots

a) « Accent » et « chanson » sont deux mots de la même origine : est-ce possible ?


Justifiez votre réponse.
Vous pouvez vous référer au Dictionnaire historique de la langue française, éd. Le Robert, 2016.
« Accent » vient du latin canere (chanter), précédé du préfixe ad (« qui tend vers »).
« Chanter » vient du latin cantare, intensif de canere. Ce verbe donne le nom « chanson ».
Les mots « accent » et « chanson » ont donc bien la même origine et leur sens s’inscrit l’un et l’autre dans le domaine des inflexions de la voix.

b) Les accents, les intonations font partie de ce qu’on appelle la « prosodie ».


L’origine de ce mot est grecque. Il se compose ainsi :
– le préfixe pro : à côté,
– la racine ôdé : le chant.
En trouvant le sens des suffixes qui se combinent à ôdé pour former les mots ci-dessous,
vous donnerez aussi le sens de ces mots.

– COMÉDIE : – MÉLODIE : – TRAGÉDIE :


homos : procession burlesque donnée lors des mélos : chant ordonné d’un homme ou d’une tragus : le bouc, animal offert
fêtes en l’honneur de Dionysos, dieu femme, par opposition au chant des comme premier prix
du théâtre. La comédie est une pièce animaux. La mélodie est un chant aux concours théâtraux
de théâtre, un spectacle comique. harmonieux. donnés en l’honneur de
Dionysos. La tragédie
– PARODIE : serait « le chant donné
para : à côté, en décalage. en l’honneur du bouc ».
La parodie est d’abord l’imitation d’un Le terme désigne
chant poétique, puis la signification du aujourd’hui un genre
mot s’est étendue à toute forme d’imita- dramatique de théâtre.
tion caricaturale.

Pour aller plus loin : en vous appuyant sur l’étymologie des mots « théâtre » et « odéon »,
différenciez la fonction de ces deux constructions architecturales.
« Théâtre » vient de la racine grecque théa : voir. Le théâtre est le lieu où les spectateurs se rassemblent précisément pour voir des acteurs.
« Odéon » de la racine grecque ôdé : le chant. L’odéon était le lieu où se déroulaient les concours musicaux.

c) Atelier vocal

Dans son Dictionnaire des langues régionales 1, Henri Gourseau retranscrit l’accent et les expressions des différents parlers français. Donnez
la transcription des phrases qui suivent en français normé, puis entraînez-vous à prononcer ces phrases en langues régionales.

C’est combien ?
– C’est comben ? (berrichon) – Dépoz amoin laeropor (créole réunionnais) Déposez-moi à l’aéroport.

Je voudrais aller en ville. – On son los taxis ? (occitan gascon béarnais) Où sont les taxis ?
– J’voudros m’in aller in ville (ch’ti)

Je voudrais manger.
– Vodrê mengiér (francoprovençal) – Vous v’lez ben v’nir avec moué ? (solognot) Voulez-vous m’accompagner ?

1
Henri Gourseau, Dictionnaire des langues régionales, éd. Henri Gourseau, 2014. 13
ACCENT

d) En classe, étudiez le parler populaire employé par Molière dans l’Acte II, scène 2 de Don Juan.
Parvenez-vous à comprendre l’ensemble des répliques de Pierrot et Charlotte ? Relevez les modifications lexicales propres à créer sur scène
en accent paysan. Procédez à une mise en voix du texte.
– Piarrot pour :
Pierrot – T’as la barlue pour : tu as la berlue

6 ∙ S’exprimer
Procéder à une amplification ou une substitution

a) Remplacez les propositions en italique par un nom.

– Ceux dont le français n’est pas la langue maternelle gardent presque toujours une trace de leur langue d’origine.
Les allophones (du point de vue français) gardent …
– Ceux qui parlent français sont moins nombreux que ceux qui parlent anglais. Les francophones sont moins nombreux que les anglophones.

– Ceux qui aiment l’allemand ne manqueront pas de visiter Berlin. Les germanophiles ne manqueront pas de visiter Berlin.

b) Remplacez les groupes nominaux en italique par une proposition introduite par « ceux qui ».

– Les hommes politiques montent quotidiennement à la tribune. Ceux qui font de la politique montent quotidiennement à la tribune.

– Les journalistes de télévision doivent aussi garantir un bon usage de la langue.


Ceux qui font du journalisme à la télévision doivent aussi garantir un bon usage de la langue.

c) Atelier vocal — Lire à voix haute


Travailler la diction des textes | Observez les incidences de l’écrit sur l’oral

Différenciez o fermé [o] (comme dans « numéro ») et o ouvert [ ᴐ] (comme dans « école »).
La grosse [ o ] cloche [ ] sonne [ ]. En somme [ ], je dirais peu de chose [ o ] : j’aime les roses [ o ] roses [ o ], les cigognes [ ],
les pommes [ ] mais je n’aime ni les chansons monotones [ o ] [ o ] [ ], ni les journées moroses [ o ] [ o ].
Respectez les liaisons symbolisées par _ (un tiret bas)
Ce mot a des sens multiples, mais_il s’applique particulièrement à la façon dont_on parle une langue, dont_on la prononce, dont_on la
fait sonner. Et les accents permettent de donner_à une seule langue des variétés, des_apparences très nombreuses. C’est_une manière
d’appuyer sur_une consonne.

7 ∙ Projet final
Mettre en voix son discours | Savoir mettre en relation image et document sonore | Éducation morale et civique :
combattre les préjugés et s’enrichir des différences

« La diversité est le trésor de l’unité humaine. »


(Edgar Morin)

Écoles, collèges, lycées sont des lieux de rencontre où des élèves d’origines diverses peuvent apprendre à se connaître et s’enrichir de leurs
différences. Tous les élèves de votre classe disent-ils « Bonjour. Comment vas-tu ? » avec le même accent ? Parlent-ils plusieurs langues ?
Menez l’enquête et réalisez un tableau panoramique collaboratif des langues et de leurs accents à travers le monde 2.

Le tableau collaboratif se construit à l’aide du logiciel Padlet, lequel permet d’associer à chaque vignette, une image, un fichier audio et/
ou un texte. Chaque participant au projet peut y « punaiser » sa production à côté de celle des autres. Tous les élèves autorisés peuvent voir
les photographies, lire le texte et écouter les enregistrements. Si le professeur l’autorise, il est aussi possible d’y associer un commentaire
personnel et d’enrichir la vignette.

2
« Tout au long de sa scolarité, l’élève fait l’expérience d’un lieu particulier, l’école puis l’établissement, où l’on apprend ensemble,
dans le respect de principes qui permettent à chacun de s’épanouir et de connaître et reconnaître les autres. L’élève trouve sa place
dans le groupe, la classe au premier chef, sans renoncer pour autant à sa singularité. Il y apporte ses connaissances, sa culture, tout en
intégrant les exigences et les objectifs communs de l’école. » Extrait de la circulaire n° 2016-092 du 20-06-2016.

14
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

15
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Bagou ∙ n. m.

1 L oquacité tendant à convaincre, à faire illusion ou à duper.


On écrit aussi bagout.

Le bagout. Il en faut pour dire Et bien sûr, on ne pense


ce que c’est ! Il en faut pour faire pas à un discours officiel,
comprendre le charme de torrent bien sage, dont tous les
de paroles ! Le bagout, c’est parler mots sont pesés.
beaucoup, et bien souvent c’est Le bagout, c’est toujours
parler fort, et presque toujours parler un peu débraillé, un peu
vite pour empêcher qu’on vous familier pour évoquer une
coupe, pour garder la main, pour langue elle aussi familière.
garder la voix. Pourquoi tout ça ? Parce que le mot bagout
Pour convaincre naturellement ! dérive de « gueule ».
Et surtout pour convaincre Est-ce qu’il dit toujours
quelqu’un qui ne l’est pas d’avance, la vérité ? Allez savoir !
et qui n’a pas forcément envie Parfois il exagère un
d’être convaincu ! Et le bagout vient peu, il se rapproche
vous chercher, vous attrape par de la faconde ou de la
la manche, ne vous lâche plus … tchatche. Parfois, il invente
Il y a un côté intrusif dans ce flot carrément et débouche
de paroles qui vous enveloppe, sur le boniment ou même
vous saoûle un peu et finit par le baratin…
vous captiver. Mais c’est une
douce violence : on se laisse faire
en souriant, moitié-sceptique,
moitié-charmé !
Alors qui a du bagout ?
Le séducteur évidemment, mais
aussi le politique, ou le camelot,
c’est-à-dire celui qui veut placer
sa marchandise, qui voudrait vous
convaincre d’acheter sa lime à
ongle électronique, sa méthode
pour n’être jamais fatigué, son
vélo pliant qui se range dans un
cartable, sa coupeuse de frites qui
se transforme en presse-citron, puis
en pot de fleurs… Plus il est difficile
de vous persuader, plus
le bagout a de mérite !

16
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

17
BAGOU

P rojet pédagogique
Jouter sur le mode oratoire
activités
1 • Pour commencer
Lire, comprendre et interpréter des images mobiles

Observez la vidéo puis cochez la bonne réponse.

a) Pourquoi le personnage qui nous fait face attire-t-il la foule ?


Il a perdu quelque chose.
X Il veut vendre quelque chose.
Il a été victime d’un vol.

b) Que lit-on sur le panneau de l’étalage ?


prix magiques
X régime miraculeux
déstockage massif

c) Quel objet permet à l’homme de mieux se faire entendre ?


X un porte-voix
des jumelles
une trompette

d) Un homme dans la foule met la main sur son menton puis les poings sur ses hanches. Ces gestes
nous montrent :
qu’il est intéressé
X qu’il est sceptique
qu’il est concentré

e) Le visage du personnage politique qui a du bagout se transforme en tête de chien :


parce qu’il prononce des paroles inaudibles
parce qu’il perd la raison
X parce que le mot « bagout » vient du mot gueule

2 • Comprendre de manière générale


Rayez la mauvaise réponse.
Recourir à des stratégies d’écoute et de lecture | Repérer des informations dans un extrait audiovisuel
en fonction d’une consigne

a) Le bagout, c’est parler :


– beaucoup – « pour empêcher qu’on vous saoûle » – pour convaincre

b) On se laisse convaincre par le bagout :


– moitié charmé – moitié furieux – moitié sceptique

c) Le bagout a le pouvoir de convaincre :


– celui qui n’écoute pas – celui qu’il est difficile de persuader – celui qui n’est pas convaincu d’avance

18
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

d) Le bagout se rapproche :
– de la faconde – de la tchatche – du discours officiel

3 • Comprendre de manière détaillée


Recourir à des stratégies de lecture et d’interprétation de l’image | Établir une relation
entre le texte et l’image illustrative

1) Cochez la ou les bonnes réponses.

a) la lime à ongle est :


sympathique
X électronique
magnétique
b) le vélo pliant :
X se range dans un cartable
se déplie en musique
ne se gonfle jamais
c) la coupeuse de frites :
se transforme en presse-citron
se métamorphose en vélo pliant
X se transforme en presse-citron puis en pot de fleurs

Pour aller plus loin : expliquez brièvement pourquoi ces objets sont extraordinaires.

2) Pour chacune des questions suivantes, les trois mots proposés en réponse sont présentés
dans l’ordre alphabétique. Replacez-les dans leur ordre d’apparition dans la chronique
et précisez le champ sémantique qu’ils recouvrent.

a) Ce flot de paroles qui vous…


(finit par vous) captiver / enveloppe / saoûle
enveloppe / saoule / captiver
Champ sémantique : force de la parole
b) Alors, qui a du bagout ?
le camelot / le politique / le séducteur
le séducteur / le politique / le camelot
Champ sémantique : personnes qui veulent convaincre leur auditoire
c) Et bien sûr, on ne pense pas à un discours…
officiel / (dont les mots sont) pesés / sage
officiel / sage / (dont les mots sont) pesés
Champ sémantique : le discours raisonnable

4•Réfléchir sur la langue


Manipuler la phrase, mettre en évidence les relations des mots entre eux | Enrichir une phrase
Comprendre la fonction d’un adverbe | Identifier l’organisation et la cohérence d’un énoncé

a) Les adverbes
Le bagout, c’est parler beaucoup et bien souvent, c’est parler fort, et presque toujours parler vite.
Quel est l’effet produit sur le sens de la phrase si les adverbes sont supprimés ?
Les adverbes modifient et précisent le sens du verbe « parler ».

19
BAGOU

Complétez les phrases par un adverbe pour nuancer le sens des verbes :
– La gourmandise, c’est manger
souvent et bien souvent, c’est manger beaucoup .
– La recherche scientifique, c’est chercher longtemps et bien souvent, c’est chercher perpétuellement,
et presque toujours chercher assidûment .
droit devant
– L’aventure, c’est partir aveuglément
et bien souvent, c’est partir seul, et presque toujours s’engager .

b) L’extension nominale
Le camelot, c’est celui qui veut placer sa marchandise, qui voudrait vous convaincre d’acheter sa lime à ongle électronique.
Complétez les phrases par un énoncé propre à définir le mot en gras.
– Le bonimenteur, c’est celui qui
attire les spectateurs sur les foires d’assister à la représentation .
, qui voudrait vous convaincre
– L’avocat du diable, c’est celui qui
défend une cause indéfendable , qui voudrait vous convaincre de ce à quoi il ne croit pas lui-même .
– Le beau parleur, c’est celui qui
vous promet la lune , qui voudrait vous convaincre
de le suivre au bout du monde .

c) Vers le commentaire

Dans les phrases de l’exercice qui précède, quels procédés sont employés pour mettre le nom en valeur ?
Le nom est placé en tête de phrase. On utilise la tournure « c’est celui qui ».
Comment nomme-t-on une phrase qui utilise un ou des procédés de mise en valeur ?
C’est une phrase emphatique.

Voir la fiche pédagogique Éduscol en ligne : « Étudier l’emphase en classe de 3e ».


https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Etude_de_la_langue/53/2/RA16_C4_FRA_Etude_langue_tableau_emphase_759532.pdf

5 • Jouer avec les mots


Connaître l’origine et la formation des mots | Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources | Connaître
les principales figures de style et repérer les effets rhétoriques et poétiques

a) Classez les mots selon leur origine culturelle.


Vous pouvez utiliser un dictionnaire papier comme Le Robert, le Dictionnaire historique de la langue française ou vous référer au Trésor de la
langue française informatisé.
http://www.atilf.fr/spip.php?rubrique77

BARATIN, BONIMENT, FACONDE, GUEULE, TCHATCHE

LATIN PROVENÇAL ESPAGNOL ARGOT FORAIN

faconde < facundia (facilité baratin < bareter (tromper). tchatche < chacharear (bavarder). boniment < bonir
d’élocution), fari (parler). (dire, raconter).
gueule < gula (la gorge, le gosier).

b) « Parfois, il exagère un peu »

Quelle figure de style traduit l’exagération ?


La figure de style qui traduit l’exagération se nomme une hyperbole.
Quelle est l’étymologie du terme « hyperbole » ? Que signifie-t-elle ?
Du latin hyper : au-dessus, et ballô / bol : je jette, je lance.
Elle signifie : lancer en avant, mettre en relief, exagérer.
Recherchez des slogans publicitaires reposant sur cette figure de style.
Une lessive qui lave « plus blanc que blanc ».

20
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

c) « Une douce violence »

Sur quelle figure de style se construit cette expression ?


Cette figure de style se nomme un oxymore.
Quelle est l’étymologie du terme « oxymore » ? Que signifie-t-elle ?
Du latin oxy : aigu, spirituel, et môros : stupide, fou.

L’oxymore est une alliance de mots à la fois spirituelle et inattendue.


Ajoutez un adjectif aux noms suivants de manière à créer un oxymore.
– un soleil noir
– une fête triste
– un vieillard jeune
– une épave flambant neuve

6 • S’exprimer
Observer les effets produits par des changements dans la ponctuation | Distinguer les registres de langue
Adapter son discours à la situation d’énonciation

a) Atelier vocal

Lire à voix haute en respectant la ponctuation et en mesurant les changements de sens. Respectez le ton donné par la ponctuation
et prononcez à haute voix :
Le bagout dérive de gueule ! Dit-il toujours la vérité ? Allez savoir !
Le bagout dérive de gueule ? Il dit toujours la vérité ! Allez savoir…
Le bagout ? Il en faut pour dire ce que c’est !
Le bagout ! Il en faut pour dire ce que c’est ?
À l’oral, la courbe mélodique insufflée à la voix par le point d’exclamation et le point d’interrogation est différente.
Il convient de marquer cette différence.
Le sens est-il modifié ?
Oui.
Exemple :
« Le bagout ! » (forme exclamative) comporte une nuance affective et d’insistance.
« Le bagout ? » (forme interrogative) introduit une interrogation sur le sens du terme dont on attend une explicitation.

b) Varier les registres de langue


On emploie parfois l’expression « registre de langue » ou « niveau de langue » pour différencier les mots et expressions employés selon le
contexte dans lequel ils sont énoncés : registre familier quand on est avec des proches, registre courant dans la vie quotidienne, registre
soutenu dans le milieu professionnel par exemple.
À quel registre de langue appartiennent ces mots de la chronique ?
BARATIN, DÉBRAILLÉ, FACONDE, GUEULE, TCHATCHE

FAMILIER COURANT SOUTENU

baratin
débraillé gueule (pour un animal) faconde
tchatche
gueule (pour un homme)

Employez ces mots dans une phrase pour en faire apparaître le sens et précisez à quel registre de langue elle appartient.
Exemple : Arrête ton baratin (registre de langue familier).

21
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

7 • Projet final
Le débat argumenté
Comprendre et s’exprimer à l’oral : participer de façon constructive à des échanges oraux | Éducation morale
et civique : participer à un débat argumenté
Participer à un débat nécessite de savoir prendre la parole en public pour se faire entendre. Pour cela, il convient de rassembler ses idées,
de les organiser et de les présenter de manière claire et convaincante. Le débat implique aussi l’écoute et le respect de la parole d’autrui,
sans lesquels des idées adverses ne peuvent se confronter de manière constructive. Mais pour l’emporter et captiver votre auditoire, il vous
faudra sans doute une certaine dose de bagout.
Un débat réussi traduit notre capacité à vivre ensemble, au-delà de nos divergences d’opinion. Cet exercice occupe une place de choix
dans le parcours citoyen 1.
Pour participer à un débat, il faut :
– présenter et justifier son opinion personnelle,
– écouter l’opinion des autres,
– évaluer, reconnaître ou contester la validité des arguments de l’autre.
Pour évaluer le débat, il faut :
– vérifier la validité des arguments,
– apprécier la formulation des arguments (clarté de l’énoncé, recherche de procédés littéraires),
– apprécier la qualité de l’expression orale (voix, gestes, posture).

Sujets proposés

Peut-on vendre un objet défectueux ?


Peut-on vendre un objet inutile ?
Choisir un objet kitsch 2 ? Comment convaincre un public de l’acquérir ?

Conseils pour la mise en œuvre du débat au sein de la classe
Voir la fiche pédagogique Éduscol en ligne : « Le débat » (Français, « S’exprimer à l’oral », cycle 3).
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/S_exprimer_a_l_oral/40/7/4-RA16_C3_FRA_1_s_exprimer_le_debat_599407.pdf

Voir la fiche pédagogique Éduscol en ligne : « Le débat (réglé ou argumenté) » (Enseignement moral et civique).
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/01/1/ress_emc_debat_464011.pdf

1
« Le parcours citoyen permet aussi à l’élève d’apprendre à accepter la diversité des opinions ainsi que les désaccords, en privilégiant
l’écoute et le débat. Il lui donne les moyens d’adopter un comportement réfléchi et responsable et de développer son esprit critique. »
Extrait de la circulaire n° 2016-092 du 20-06-2016.
2
Voir Dis-moi dix mots… que tu accueilles, édition 2014-2015.

22
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

23
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Griot ∙ n.


1 En Afrique, membre de la caste de poètes musiciens,
dépositaires de la tradition orale.

D’où vient-il, le griot ? D’une langue Que dit-il, celui qu’on


africaine, ou d’un mot portugais écoute si attentivement ?
créolisé qui se serait longuement Souvent, il fait la louange
frotté aux parlers de ce continent ? de la famille à laquelle
En fait, on n’en sait trop rien, il est attaché. Il en
mais, maintenant, c’est un mot retrace le parcours
du français d’Afrique. D’ailleurs, et la généalogie, en
ces griots ont beaucoup d’autres s’attachant à l’éloge
noms. Le plus courant est djéli, et on de chaque personnage
les trouve un peu partout en Afrique important. Mais le griot
de l’Ouest. Tout cela pourrait nous n’est pas toujours là
faire penser plutôt à une Afrique pour dire du bien de son
traditionnelle… Mais des griots, protecteur : il a une liberté
il y en a encore aujourd’hui, très de ton qui ajoute encore
actifs et très respectés. à son prestige. Mais c’est
surtout le gardien de
On traduit parfois ce terme par
cette tradition orale si
« maître de la parole », ce qui
importante en Afrique :
montre bien tout le prestige qui
en maintenant vivant
s’y attache. Et en effet, ce que dit
le souvenir des anciens,
le griot a un écho particulier :
il compose une histoire
ce ne sont pas des mots de tous les
qu’il transmettra à ses
jours. Pas des prières non plus, pas
successeurs – ses enfants
exactement des paroles sacrées,
en général, car on est griot
mais une langue qui échappe au
de père en fils !
quotidien, entre le parlé et le chanté,
entre l’incantation et la psalmodie.
Et d’ailleurs le griot est souvent
musicien, et s’accompagne à la kora
ou au ngoni, des genres de harpe
ou de luth.

24
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

25
GRIOT

P rojet pédagogique
Mettre en œuvre un art poétique et musical de l’éloge
activités
1 ∙ Pour commencer
a) Identifiez dans la première image les deux éléments qui permettent de nommer avec certitude le continent dans lequel il est
employé :
L’Afrique :
- le paysage : l’arbre, l’acacia, dans son décor de savane africaine.
- le personnage : il est vêtu selon la tradition africaine. Il porte un vêtement large, le « boubou » et sur la tête, le « kufi », chapeau blanc
porté par les hommes de l’Afrique de l’Ouest (qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs).

b) Les images suivantes viennent apporter un doute, voire une contradiction. Comment est-elle exprimée ?
Un deuxième pays apparaît : le Portugal (souligné par l’adjectif : « créolisé », d’origine portugaise).
La flèche indique que le mot aurait voyagé depuis le Portugal le long des côtes de l’Afrique.
L’accumulation des points d’interrogation ainsi que l’attitude du personnage soulignent l’incertitude qui pèse sur l’origine de ce mot.
c) Quelle caractéristique sonore cette chronique présente-t-elle ? Pouvez-vous en donner l’origine ?
Des notes sont égrenées, elles accompagnent la parole du griot ; deux instruments à cordes sont nommés : la kora et le ngoni.

2 ∙ Comprendre de manière générale


a) La chronique comporte trois paragraphes. Pouvez-vous indiquer le plan général du texte en donnant un titre à chacun d’entre eux ?

PARAGRAPHE 1 PARAGRAPHE 2 PARAGRAPHE 3


« L’origine du mot griot » « D’étranges paroles » « La fonction du griot »

b) Quelle formulation dans la chronique pourrait définir le rôle de cet accompagnement musical et caractériser la parole du griot ?
Les notes soulignent « l’écho particulier » de la parole du griot.
c) La voix humaine n’est-elle pas un instrument de musique ? Quel point commun entre la kora et la voix de l’homme
permet de l’affirmer avec certitude ?
… Les cordes (vocales) !

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


a) Dans le deuxième paragraphe, le chroniqueur essaie de définir la parole du griot. Relevez les expressions qu’il utilise en opérant un
classement.

CARACTÉRISATION GLOBALE « UN ÉCHO PARTICULIER »

Énoncés définitoires négatifs « ce ne sont pas les mots de tous les jours. »
« Pas des prières non plus »,
« Pas exactement des paroles sacrées »
« une langue qui échappe au quotidien »
Des circonlocutions
« entre le parlé et le chanté »
« Entre l’incantation et la psalmodie »

26
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) De quels noms l’expression « dire du bien » est-elle la définition ?


La louange (de la famille) – l’éloge (de chaque personnage important)
c) Relevez les mots ou expressions qui définissent le rôle « central » du griot ? À quel champ lexical appartiennent-ils ?
« Gardien de cette tradition orale » ; « maintenir vivant le souvenir des anciens » ; « histoire qu’il transmettra » ; « on est griot de père en fils ».
Ces mots appartiennent au champ lexical de la transmission.
d) Quelles compétences le griot doit-il posséder ?
Le griot doit avoir la connaissance de l’histoire de son pays et de la généalogie de son protecteur : il a donc une bonne mémoire.
Il doit maîtriser l’art oratoire et la pratique d’un instrument.
Il a le respect des êtres humains (« il maintient vivant le souvenir des anciens »).

4 ∙ Réfléchir sur la langue


Exactitude des termes | L’expression concise

a) Recherchez dans la chronique à quelles images renvoie l’expression « liberté de ton ».


Le renvoi brutal et l’expression de mécontentement sur les visages.
b) Que signifie exactement cette expression ? Est-elle synonyme de « liberté d’expression » ?
La liberté de ton comporte le droit de se moquer de tout sans craindre d’être puni. Elle peut déplaire à certains (d’où les réactions) mais elle
est également distrayante.
La liberté d’expression relève du droit des peuples à connaître la vérité, en particulier à propos de sujets qui peuvent affecter leur existence.

c) Pouvez-vous expliquer la différence entre « liberté d’expression » et « liberté d’opinion » ?


La liberté d’opinion, affirmée dès la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, fait l’objet de l’article 10. Elle signifie
que toute personne est libre de penser comme elle l’entend ou d’avoir des opinions contraires à celle de la majorité. La Déclaration de 1789
précise que cette liberté d’opinion s’étend à la liberté religieuse, chacun étant libre d’adopter le culte de son choix, ou de n’en adopter aucun.

d) Maximes et proverbes africains


La culture africaine aime parler par allusions : la maxime et le proverbe fournissent des formules métaphoriques d’une grande densité
sémantique.
Trouvez leur signification. Des interprétations différentes sont possibles !
Le méchant possède deux boubous, en mettra un, te mettra l’autre.
= On prend les défauts de ceux dont on fait sa société habituelle.

C’est dès l’aurore que l’on connaît la bonne matinée.


= On sait dès l’enfance ce que sera l’homme.

On façonne l’argile pendant qu’elle est humide.

= Il n’est plus possible de corriger l’homme fait de ses défauts, il faut le faire tant qu’il est jeune et malléable.

Celui qui t’a dit son compagnon t’a dit sa nature.


= Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es.

Si quelqu’un t’a mordu, il t’a rappelé que tu as des dents.


= L’offense appelle la vengeance.

Source : Maximes et proverbes peuls et toucouleurs, Bibliothèque nationale de France/Gallica.bnf.fr

27
GRIOT

5 ∙ Jouer avec les mots


Connaître l’origine de synonymes

a)Termes musicaux :
Rechercher le sens et trouvez des points communs entre ces deux mots grâce à la recherche étymologique menée dans la fiche
« accent » : psalmodie et aède.
L’aède est à la Grèce antique ce que le griot est à l’Afrique. Son nom vient du verbe grec aeidô/aoidô qui a donné « ode » en se contractant
(cf. fiche « accent »). L’aède est un artiste qui chante (des épopées) en s’accompagnant d’un instrument à cordes.
Dans « psalm-odie », psalm- désigne l’action de tendre puis de lâcher la corde de la lyre pour la faire vibrer, la vibration d’un même ton
et –odie désigne le chant. La psalmodie désigne donc l’action de chanter en s’accompagnant de la lyre, sur un ton monocorde.

b) Tous sont des récitants, chanteurs, musiciens.


Classez ces synonymes selon leur origine et leur époque :
aède - barde - djeli - griot - troubadour – trouvère
Vous pouvez construire une frise chronologique.
Grec antique : l’aède est un artiste qui chante des épopées en s’accompagnant d’un instrument de musique à quatre cordes inventée avec
une carapace de tortue.
Celte : le barde est un poète chanteur qui célébrait les exploits des héros en s’accompagnant d’une sorte de lyre)
Langue d’Afrique ; le djeli est le nom du griot en langue mandingue : ce nom contient l’idée de « sang », on est djeli de père à fils ou à fille.
origine incertaine : le mot griot pourrait être d’origine portugaise et créole ; en langue portugaise, il désignerait un serviteur.
Langue d’Oc : le troubadour est un poète qui, aux xiie et xiiie siècles, dans le Midi de la France, composait des poèmes, satires, ballades, etc.,
avec leur accompagnement musical, et qui allait de château en château, propageant les valeurs de la société courtoise.
Langue d’Oïl : le trouvère est un poète qui, du xiie au xive siècles, dans le nord de la France, composait des chansons de geste, romans, contes,
ballades, etc., avec leur accompagnement musical, et qui restait généralement fixé auprès d’un grand seigneur et mécène.

Rendez à chacun son instrument de musique :


Aède g g Luth L’aède et la phorminx – le barde et la harpe ou
crwth – le djeli et la kôra –le troubadour
Barde g g Kôra
et le psaltérion – le trouvère et le luth
Djeli g g Phorminx (d’autres combinaisons sont possibles.)
Troubadour g g Crwth ou harpe
Trouvère g g psaltérion

6 ∙ S’exprimer
Les effets de la voix passive | Vers le commentaire : l’ellipse lexicale

La voix passive

Un certain nombre de phrases de la chronique sont à la voix active avec un sujet indéfini « on ».
Elles correspondent à une phrase sans complément d’agent à la voix passive. Opérez la transformation.
« On traduit parfois ce terme » > ce terme est traduit
« Celui qu’on écoute » > celui qui est écouté

« La famille à laquelle il est attaché ».


La voix passive peut être élégante par sa concision quand elle laisse dans l’indétermination l’agent de l’action.
a/ Imaginez un phénomène climatique que vous décrivez en utilisant la voix passive sans agent.
Quel effet l’indétermination peut-elle provoquer ?
Les dunes étaient balayées par le vent…
Insensiblement, l’horizon était masqué par le sable et la pluie. Les nuages avaient été chassés, laissant place à une masse épaisse et lourde…
L’indétermination accentue la menace que fait peser le début de la tempête.

28
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) Mais dans la phrase suivante, quel effet produit-elle ?


« Le rideau sera fermé à vingt heures, les lumières éteintes à vingt et une heures et le couvre-feu ordonné lors de l’état de siège sera en tous
points respecté. »
La voix passive permet de donner des ordres très clairs en indiquant simplement le résultat à atteindre.
c) Dans les incipits de quel type de romans la voix passive est-elle privilégiée ? Pour quelle raison ?
Dans les romans policiers, ce sont les faits bruts qui sont présentés au lecteur, on n’en connaît pas l’auteur.
La voix passive installe un effet d’attente.

L’ellipse lexicale
Étymologiquement, l’ellipse - ἔλλειψις : ἐν : « à » λειπ : « laisser » σις : « action de » - exprime un manque, le défaut de quelque chose ; elle
désigne l’omission par opposition à ὑπερβολή « l’hyperbole ».
Stylistiquement, elle consiste à omettre certains éléments d’une phrase sans en amoindrir le sens. Elle permet souvent une expression vive
parce que plus brève ou le rapprochement de deux termes dont la confrontation s’avère frappante ou bien encore elle évite les répétitions.
Commentez les effets produits par ces énoncés elliptiques :
« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » Pascal, Pensées
La brièveté de la formule lui donne force d’aphorisme
« Je t’aimais inconstant ; qu’aurais-je fait fidèle ? » Racine, Andromaque
Cette réplique d’Hermione à Pyrrhus est une des ellipses les plus violentes de la littérature française en mettant en en valeur la violence
des sentiments d’Hermione.
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage » Du Bellay, Sonnet 31, Les Regrets
Ellipse du verbe « être » qui donne toute sa force d’expression à l’adjectif initial.
« Retour ici impossible. Tempête. » Saint-Exupéry, Vol de nuit, Gallimard, 1931.
Soudaineté de l’événement climatique exprimée par le télégramme.

c) Atelier rythmique : la parole rythmée


Travailler la diction des textes par le rythme | Notion de métrique : marquer la répartition rythmique
des éléments d’une phrase

La métrique : notion de versification qui concerne la mesure des vers. (Dans la poésie française, la métrique s’entend du nombre
de syllabes que compte le vers.)
Le plectre : dans l’Antiquité, ce mot désigne une baguette de bois, d’ivoire ou de métal, à l’extrémité parfois recourbée, qui servait à faire
vibrer les cordes de la lyre ou de la cithare. Le nom de cet instrument est composé d’un suffixe -tre qui indique « ce qui sert à » ; ce suffixe est
ajouté au radical du verbe grec plèttô qui désigne à l’origine l’action de frapper le sol avec ses pieds pour la danse ; ici le plectre sur la corde.
Ex. : battre la cadence : battre le rythme

L’aède chante les cinq premiers vers de l’Odyssée


a) Lire les deux traductions d’un même texte grec.
b) Indiquer le rythme des segments mélodiques
c) Par les battements des pieds
d) Par les frappements des mains
d) Pour aller plus loin, les hellénistes peuvent travailler sur le texte originel grec de l’invocation à la muse.

L’aède prie la muse de lui rappeler l’histoire du héros :


« O Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif :
celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra,
voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages,
souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer
pour défendre sa vie et le retour de ses marins »
Odyssée, Chant I, vers 1-5, traduction Ph. Jaccottet, Éditions La Découverte, Poche, 2017.

29
GRIOT

« C’est l’Homme aux mille tours, Muse, qu’il faut me dire,


Celui qui tant erra quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte,
Celui qui visita les cités de tant d’hommes et connut leur esprit,
Celui qui, sur les mers, passa par tant d’angoisses, en luttant pour survivre et ramener ses gens. »
Odyssée, Chant I, vers 1-5, traduction Victor Bérard, édition Ph. Brunet, © Éditions Gallimard, Folio classique, 1999.

« O Muse/, conte-moi// l’aventure de l’Inventif : « C’est l’Homme aux mille tours,// Muse, qu’il faut me dire,
celui qui/ pilla Troie,// qui pendant/des années erra, Celui qui tant erra// quand, de Troade, il eut pillé la ville sainte,
voyant beaucoup de villes,// découvrant beaucoup d’usages, Celui qui visita// les cités de tant d’hommes //et connut leur esprit,
souffrant beaucoup d’angoisses //dans son âme sur la mer Celui qui, sur les mers, //passa par tant d’angoisses, //en luttant pour
pour défendre sa vie //et le retour de ses marins » survivre //et ramener ses gens. »

Les deux traductions suivent un même rythme ternaire à trois ou six temps bien que leurs phrases ne soient pas identiques.
Le poète Senghor évoque la nuit dans son poème « Nuit de Siné », publié dans le recueil Chants d’ombre (éditions du Seuil, 1948).
Cherchez le recueil en sollicitant l’aide de votre professeur documentaliste et lisez le début du poème.
« Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques » « Femme,// pose sur mon front// tes mains balsamiques »

Une biographie du poète peut être consultée sur le site www.espacefrancais.com

7 ∙ Projet final
Parcours artistique et culturel :
Découvrir les instruments du monde et savoir mettre en relation texte
et accompagnement sonore | Poésie de l’éloge

Sujet : Traditions et expressions orales.


Création d’un dossier artistique : poésie de l’éloge
Votre école, collège ou lycée porte le nom d’un personnage que l’on a voulu honorer. Dans votre entourage, il existe peut-être aussi quelque
bienfaiteur de l’humanité dont vous pourriez faire l’éloge.
1. Vous constituerez un dossier artistique sur l’un des instruments à cordes pincées citées dans la chronique. Vous n’hésiterez pas
à interroger des maîtres, à réaliser des enregistrements.
2. Comme le chante le poète Senghor dans le recueil Hosties noires, « Éthiopie II » :
« Tandis qu’alentour sur les kôras, voix héroïques, les griots font danser leurs doigts de fougue », à la manière d’un conteur ancien,
en vous accompagnant d’un instrument de votre choix, vous rendrez hommage à ce personnage dont vous retracerez l’existence
et les mérites.
Soyez patients !

La musique africaine se transmet oralement : il faut des mois et des années d’observation au jeune musicien africain
pour parvenir à produire la musique de sa culture…

30
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

31
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Jactance ∙ n. f.

1 Bavardage.

Jactance ! Dès le mot prononcé, Et ce bavardage, il est


on voit qu’il est familier ! On l’entend aigu, nous vrille les oreilles
plutôt, à cause de sa terminaison sans intention apparente.
inhabituelle et qui évoque bien un Alors bien sûr, il y a des
certain dédain. D’abord, ce terme, pies mâles et des pies
toujours utilisé au singulier, n’a femelles. Mais quand
pas vraiment un sens pluriel, mais même, le mot est féminin,
vaguement collectif. La jactance, et l’image si ancienne
ce n’est pas un seul mot, c’est de la femme qui papote
tout un bavardage qu’on imagine sans discontinuer est
facilement comme incessant : bien présente : encore
« toute cette jactance me fatigue un signe d’une langue
la cervelle ! » C’est un flot de paroles profondément machiste,
considérées souvent comme qui nous forme et avec
erronées, abusives, qui exagèrent, laquelle il faut bien vivre.
qui dénaturent la vérité. Mais plus
encore qu’un discours faux,
la jactance fait penser à un discours
inutile : on l’a déjà entendu… Est-ce
qu’il s’agit de parler pour ne rien
dire ? C’est surtout parler trop, et de
façon un peu mécanique : ça sort
tout seul, sans frein et sans butoir.
L’origine du mot souligne bien ces
sens : la jactance, qu’est-ce que
c’est ? Le fait de jacter.
Et jacter n’est pas loin de jacasser.
Au départ, c’est la pie qui jacasse.
Le mot dérive d’une première
appellation de cet oiseau :
la jaquette. Et il est vrai que les
pies, au sommet d’arbres paisibles,
peuvent faire un raffut, un boucan,
un potin assourdissant : on voit bien
qu’on est dans le familier un peu
moqueur.

32
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

33
JACTANCE

P rojet pédagogique
Haranguer contre les préjugés
activités
1 • Pour commencer
EN REGARDANT L’ANIMATION SANS LE SON

a) Où se déroule la première scène ? Qui sont les personnages présents ?


La scène se déroule dans un amphithéâtre. On y voit un professeur et ses élèves.
b) Quel organe de notre corps est blessé par la jactance ?
La jactance blesse nos oreilles
c) Quels accessoires portent les pies pour suggérer que ce sont des pies femelles ?
Les pies femelles portent des lunettes féminines, un foulard sur la tête, un sac à main.

2 • Comprendre de manière générale


Après avoir vu l’animation et lu la chronique
Légendez les images.

La jactance est un flot paroles. Le bruit que font les pies dans les arbres La jactance sous-entend que le bavardage
La jactance, c’est parler de manière nous casse les oreilles. est celui des femmes.
mécanique.

3 • Comprendre de manière détaillée


En observant l’animation et en lisant la chronique

a) Entourez les bonnes réponses.


Jactance est :
– un singulier
– un pluriel
– un nom spécifique
– un nom collectif
b) Trouvez l’intrus.
Dans le flot de paroles, nous pouvons lire, entre autres, les mots suivants :
– bavardages
– chahut
– blabla
– charivari
– discuter

34
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

c) Complétez la phrase avec les mots suivants pour expliquer la formation du mot « jactance », en respectant l’ordre chronologique
donné dans l’explication de la chronique :
– jacasser
– jacter
– jaquette
Jactance vient de « jacter » qui vient de «
jacasser » qui vient de «
jaquette », premier nom de la pie ».

4 • Réfléchir sur la langue


Observer les nuances et glissements de sens du singulier et du pluriel

« [ Jactance… ce terme] toujours utilisé au singulier,


n’a pas vraiment un sens pluriel, mais vaguement collectif. »
a) Entourez dans la liste les mots qui ne s’emploient qu’au singulier.
– bétail
– éventail
– ouest
– pagaille
– soleil
– soupirail
b) Entourez dans la liste les mots qui ne s’emploient qu’au pluriel.
– canailles
– fiançailles
– honoraires
– horaires
– mœurs
– victuailles
c) Complétez les noms dont le sens est collectif par un complément du nom, afin d’en préciser les éléments particuliers.
– une équipe de basketteuses
– une famille d’artistes
– un ensemble de figures géométriques
– une collection de vieilles voitures
– un bouquet de roses parfumées
– un essaim d’abeilles

5 • Jouer avec les mots


a) Connaissez-vous des expressions françaises comprenant le mot « oreille » ?
– prêter l’oreille
– casser les oreilles
– faire la sourde oreille
– en avoir plein les oreilles
– tendre l’oreille
– avoir l’oreille fine…
Dans quel domaine peut-on avouer « ne pas avoir d’oreille » ?
Dans le domaine musical.

35
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Distinguer et comprendre les variations de sens d’un même mot, au singulier, et au pluriel

b) Certains mots peuvent varier de sens selon qu’ils sont employés au singulier ou au pluriel.
Expliquez le sens de la variation de chacun des mots utilisés dans les phrases ci-dessous.
– Il faut savoir surmonter un échec.
manque de réussite
– Les échecs se jouent à deux.
jeu de plateau dont le but est de prendre le roi de l’adversaire
– Connais-tu ma sœur jumelle ?
se dit de deux sœurs nées le même jour, d’un même accouchement
– En montagne, ne sors pas sans tes jumelles !
instrument d’optique
– Galilée a perfectionné la lunette astronomique.
instrument d’optique pour voir les objets éloignés
– Je ne vois rien sans mes lunettes.
paire de verres sur une monture pour corriger la vision
– Dans un coin de son atelier, Rodin a perdu son ciseau.
instrument tranchant du sculpteur
– Chaque écolier possède une paire de ciseaux.
outil tranchant composé de deux lames pivotantes l’une sur l’autre

Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources : l’énumération | Connaître les principales figures de style
et repérer les effets rhétoriques

c) « Les pies peuvent faire un raffut, un boucan, un potin assourdissant »


Complétez les phrases suivantes par une énumération en utilisant trois mots de même nature.
– À la cantine, les élèves peuvent bavarder, discuter, rigoler.
– Pendant une minute de silence, on n’a pas le droit de parler, de murmurer, (ni) de chuchoter.
– Pensez-vous qu’au théâtre les spectateurs s’autorisent à jacasser, à commenter, à téléphoner ?
– Au bord de l’eau, le promeneur se laisse bercer
par les gargouillis, les clapotis, les glouglous de la fontaine.
– Je parlerai quand la salle sera assise, se calmera, se taira.

NB : Si une phrase s’achève sur une énumération de trois mots, on parle de rythme ternaire ou de tricolum (pluriel latin : tricola).

d) Reliez chaque mot à sa définition et précisez son étymologie.


Connaître l’origine et la formation des mots

Les bruits assourdissants produisent une « cacophonie » : du grec cacos (mauvais), et phoné (la voix), « voix mauvaises ».
Ces mots sont rares. Aidez-vous d’un dictionnaire papier ou d’un dictionnaire en ligne comme le Trésor de la langue française informatisé.
http://www.atilf.fr/spip.php?rubrique77

a. cacochyme 1. expression contraire au bon usage


b. cacographie 2. personne de mauvaise humeur
c. cacologie 3. mauvaise haleine
d. cacostomie 4. mauvaise écriture, faute orthographique

a / 2 humos : l’humeur au sens de « liquide organique ». La médecine hippocratique attribue les maladies à un déséquilibre des humeurs
b / 4 graphein : écrire — c / 1 logos : la parole le discours — d / 3 stoma : la bouche

36
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Atelier vocal

Le 9 juillet 1849, Victor Hugo prononce un discours pour inciter le gouvernement à lutter contre la misère. Surlignez les énumérations,
puis entraînez-vous à lire le discours à voix haute en insistant sur ces énumérations pour donner de l’emphase à votre allocution.
Les élèves peuvent ignorer ou mal maîtriser le sens des mots emphase et allocution. Attirez l’attention sur la nécessité de comprendre parfaitement la
consigne avant de s’engager dans un exercice. Cette compétence transversale peut être travaillée en accompagnement personnalisé.

« Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ;
la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut
détruire la misère.

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis
détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière,
tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.

La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est,
la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande,
je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ?
Voulez-vous des faits ?

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère
si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent
pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures,
j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés
dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes
vivantes pour échapper au froid de l’hiver.[…] »

Victor Hugo, « Détruire la misère » (9 juillet 1849), discours présenté sur le site de l’Assemblée nationale.
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-moments-d-eloquence/victor-hugo-9-juillet-1849

6 • S’exprimer
Distinguer les termes génériques et les termes spécifiques | Utiliser un pronom de reprise

a) À l’oral, expliquez pourquoi le nom générique au singulier désigne en réalité une multitude d’éléments 1.
Exemple : La jactance désigne à la fois les bavardages, les discussions incessantes, les mots pour ne rien dire.
Rappel : un nom générique est un nom de sens général qui englobe plusieurs éléments particuliers. Par exemple : le mobilier, ce qui se déplace dans une
maison, comprend la table, les chaises, le canapé, etc.

– Le travail guérit de l’ennui.


Toutes les activités, même contraignantes, permettent de lutter contre la monotonie de la vie.
– Un ami, c’est pour la vie.
Un ami d’enfance, un ami rencontré en vacances, fille ou garçon : le lien d’amitié est indestructible.
– L’enfant est le père de l’homme.
Tous les enfants, filles et garçons, sont à l’origine de ce que seront les adultes futurs, hommes et femmes.

1
Voir le texte explicatif de la fiche « Voix ».

37
JACTANCE

– L’habit ne fait pas le moine.


Quelle que soit la tenue que l’on porte, elle ne fait pas la qualité de la personne. Il ne suffit pas au chirurgien de porter un masque
de chirurgien pour être un bon chirurgien ; il ne suffit pas de porter un costume de pilote pour être un bon pilote...

b) Un nom commun féminin peut désigner spécifiquement un homme et, inversement, un nom commun masculin peut désigner
spécifiquement une femme.
Complétez les phrases suivantes par le pronom de rappel qui convient (il / elle ou ils / elles).
– L’orateur a entendu une personne jacasser. Elle gênait l’auditoire. C’était un inconnu. Bien heureusement, il n’a pas tardé à sortir
de l’amphithéâtre.
– Au festival de Deauville, une vedette de cinéma a interpellé la foule des journalistes car  elle voulait défendre le 7e art. Cet acteur célèbre
tourne néanmoins de nombreux films mais il s’inquiète de la survie des œuvres à petit budget.
– Le principal témoin de l’enquête a susurré quelques mots à son avocat. À l’évidence,   il ne désirait pas être entendu.
Ce témoin est une femme. Malgré sa présence, elle souhaite garder l’anonymat.
c) La jactance… fait penser à un discours inutile : on l’a déjà entendu, il se répète…
Supprimez les répétitions en remplaçant les mots en italique par un pronom (il, elle, l’, elles, les, celui-ci, celle-ci). Certains pronoms
peuvent être utilisés deux fois.
Le mot jactance est un mot familier. On voit bien que le mot est familier. On entend qu’il est familier plutôt à cause de sa terminaison.
Cette terminaison est un peu inhabituelle. Cette terminaison évoque un certain dédain.
Ce terme est toujours utilisé au singulier. Ce terme n’a pas vraiment un sens pluriel. Ce terme a un sens vaguement collectif.
Un flot de paroles erronées. Ces paroles sonnent à nos oreilles de manière abusive. Ces paroles exagèrent. La vérité est dénaturée
par ces paroles. On a déjà entendu ces paroles.
Le mot jactance est un mot familier. On voit bien qu’il l’est. On l’entend plutôt à cause de sa terminaison.
Celle-ci est un peu inhabituelle. Elle évoque un certain dédain.
Ce terme est toujours utilisé au singulier. Il n’a pas vraiment un sens pluriel. Celui-ci a un sens vaguement collectif.
Un flot de paroles erronées. Elles sonnent à nos oreilles de manière abusive. Elles exagèrent. La vérité est dénaturée par ces paroles.
On les a déjà entendues. (attention à l’accord du participe passé quand le COD est placé avant l’auxiliaire avoir.)

7 • Projet final
Comprendre et s’exprimer à l’oral : s’exprimer de façon maîtrisée devant un auditoire | Éducation morale
et civique : combattre les préjugés, promouvoir l’égalité entre filles et garçons

« […] l’image si ancienne de la femme qui papote sans discontinuer est bien
présente : encore un signe d’une langue profondément machiste, qui nous forme
et avec laquelle il faut bien vivre. »

La lutte contre les discriminations comprend le combat pour l’égalité entre hommes et femmes. L’école, comme la société dans son
ensemble, souffre encore de préjugés sur les différences entre filles et garçons. Faites une liste de ces préjugés puis choisissez-en un, pour
lequel vous composez et prononcez une harangue, discours public et solennel, pour le combattre.

Pour vous aider


Voir les « Outils Égalité filles-garçons » dans le dossier numérique « Les valeurs de la République » de Réseau Canopé.
https://www.reseau-canope.fr/les-valeurs-de-la-republique/les-ressources_outils-egalite-filles-garcons.html#bandeauPtf

Le professeur peut lancer la réflexion en s’appuyant sur les préjugés portant sur les métiers :
– la sage-femme, l’assistante sociale ;
– le nom médecin qui ne possède pas de féminin propre et nécessite, pour être féminisé, l’ajout du mot « femme » (une femme médecin).

38
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

39
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Ohé ∙ interj.

1 Interjection servant à appeler.

« Ohé ohé matelot ! » Voilà le début Si l’on crie de cette


d’un refrain célèbre d’une comptine manière, c’est précisément
que tout le monde connaît : pour attirer l’attention
Il était un petit navire…, qui raconte de quelqu’un qui ne vous
l’histoire horrible d’un petit mousse a pas vu. On se signale à
que ses compagnons veulent lui, on révèle sa présence à
manger parce qu’ils sont en pleine distance. Mais il n’y a rien
mer et que les vivres viennent à d’agressif : cette clameur
manquer… Ce qui nous prouve bien est assez neutre : on est bien
que ce « ohé » est familier loin de l’interjection inverse :
des marins : Ohé matelot… ! « hé oh ! » qui cherche à
Ohé du bateau ! éviter une collision, ou qui
veut stopper l’interlocuteur
C’est une exclamation qui sert
qui va trop loin, empiète sur
à s’appeler, et à s’appeler quand
votre territoire ou se permet
on est loin : d’un bateau à l’autre,
une attitude qu’on trouve
ou bien de la rive au navire…
intrusive. « Ohé ! » a quelque
Cela ne se dit pas sur le ton de la
chose de beaucoup plus
conversation : ça se crie, ça se hèle.
amical !
Et héler est justement un verbe qui
dérive de ce genre d’interjection.
Donc, c’est un vrai mot qui
appartient au français, car on
ne s’interpelle pas forcément de
la même façon dans les autres
langues. Mais c’est un mot qui est
encore très proche du cri, de ce son
qui nous échappe, presque malgré
soi pour exprimer un sentiment :
c’est le corps qui parle, et la langue
lui propose une forme réduite
à sa plus simple expression :
deux voyelles qui se succèdent,
mais qui se modulent ; la première
syllabe est plus aiguë que l’autre,
et certaines sirènes ont été élaborées
sur ce modèle.

40
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
5
4

VOIR LE FILM

41
OHÉ

P rojet pédagogique
Explorer les champs de l’implicite culturel

activités
1 ∙ Pour commencer
Observez la deuxième image du scénarimage.

a)Que voyez-vous sur cette image ?


Cette image forme un ensemble qui comprend :
- un lieu : le pont d’un bateau (en fond d’image, la mer et le cordage) ;
- des personnages : un mousse (le béret du marin, la marinière et ses culottes courtes) et un petit singe (un ouistiti)
ainsi nommé à cause des cris qu’il émet (cf. fiche placoter) ;
- des objets : deux instruments de musique : l’accordéon pour le mousse et les cymbales pour le singe.

b)Que font les personnages ?


Le mousse ne se contente pas de jouer de son instrument, il chante (il a la bouche grande ouverte) et il danse : apparemment la chan-
son est plutôt gaie et d’ailleurs le singe sourit.

Écoutez le son de l’animation et lisez la première phrase de la chronique.

a)Vos observations étaient-elles justes ?


b)La chronique apporte-t-elle des informations supplémentaires ? Si oui, lesquelles ?
La chronique donne des précisions sur la chanson :
Son titre : Il était un petit navire…
Le passage qui est chanté : le « début du refrain célèbre »…
Son genre : il s’agit « d’une comptine que tout le monde connaît. »
c)Voici deux verbes : « informer » et « mettre en scène ».
D’après vos observations, lequel, à votre avis, correspond à l’image ? Lequel au texte ?
Informer g g Image
Mettre en scène g g Texte
Le texte « informe », l’image « met en scène ».

2 ∙ Comprendre de manière générale


a)La chronique commence par le mot « Ohé » : relevez dans le texte les trois termes qui le définissent :
Les trois termes sont : « exclamation », « interjection » et « clameur ».
b)Associez texte et image
Choisissez les images ou saynètes qui illustrent ces explications de l’exclamation « Ohé ! ».
1. « Ohé ! » est un usage « familier » des marins. 2. Le verbe « héler » dérive d’« Ohé ! »
3. « Ohé ! » est un son vocalique qui sort « malgré soi ». 4. « Ohé ! » est un cri destiné à « attirer l’attention ».
5. « Ohé ! » a quelque chose de beaucoup plus amical. 6. Une saynète est associée à l’exclamation moins amicale « Hé Ho ! »

42
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

A B C

D E F

1A — 2F—3C—4E—5D— 6B

c) Corrigez les affirmations erronées en justifiant votre réponse par le texte :


« Ohé ! » a quelque chose d’agressif.
« Ohé ! » est une exclamation universelle.
« Ohé ! » est composé de deux voyelles prononcées sur le même ton.
« Ohé ! » et « Hé Oh ! » sont synonymes.
Toutes les affirmations sont erronées.
« Ohé ! » est « beaucoup plus amical ».
Le mot « appartient au français : on ne s’interpelle pas forcément de la même façon dans les autres langues. »
« La première syllabe est plus aiguë que l’autre. »
« Ohé ! » est désignée comme étant « l’interjection inverse ».

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


a)Relevez dans la chronique les mots et expressions qui caractérisent l’interjection :
« ohé ohé » – « c’est une exclamation qui sert à s’appeler quand on est loin » – « ça se crie » – « ça se hèle » – « héler » – « très proche du cri » –
« ce son qui nous échappe, presque malgré soi, pour exprimer un sentiment » – « l’on crie » – « clameur » – « Hé Oh ! ».

b) Pouvez-vous, à partir de ces éléments, formuler votre propre définition du mot « interjection » en analysant sa formation ?
Le mot est formé de trois éléments : préfixe inter : « au milieu de » + radical ject : « jeter » + suffixe ion : « action de ». L’interjection est bien ce
« mot que l’on jette, qui s’élance, pour ainsi dire, malgré nous, et que les passions nous arrachent » (définition de Littré).

c) Relevez l’expression qui est à l’opposé du cri de l’interjection :


Le « ton de la conversation ».

d) Les noms suivants » ne sont pas exactement synonymes.


Donnez à chacun sa juste définition car les différences sont précises !
Matelot : homme d’équipage associé à un autre pour assurer alternativement un service et qui, par mesure d’économie,
utilisaient alternativement le même hamac.
Mousse : jeune garçon qui, sur le navire, fait l’apprentissage du métier de marin.
Marin : celui dont le métier est de naviguer sur la mer ; on ne précise pas sa fonction.

43
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

4 ∙ Réfléchir sur la langue


L’interjection : formes et signification

L’interjection exprime un cri suscité par une émotion :


admiration – exaspération – effroi – plaisir – horreur, dégoût – surprise, ironie – bonheur.

a) Identifiez l’émotion exprimée par chacun des énoncés :


Ah ! vous ici ? la surprise, l’ironie
Ah ! c’est atroce ! l’horreur, le dégoût
Ah ! au secours ! l’effroi
Ah ! quel talent ! l’admiration
Ah ! laissez-moi ! l’exaspération
Ah ! quel bonheur ! le bonheur
Ah ! que le printemps est agréable ! le plaisir
b) Dans la chronique deux verbes donnent le sens de l’interjection « Ohé ! » de façon explicite :
« (L’exclamation sert à) s’appeler » - « (on) s’interpelle ».
c) En l’absence d’explication, quelle question peut poser la présence d’une interjection dans un texte de théâtre ?
D’une manière générale, cela pose la question de l’interprétation des émotions contenues implicitement dans l’interjection.
Dans un texte dramatique, l’acteur doit être capable de jouer au plus juste le rôle qu’il incarne et, dans cette polysémie, trouver la bonne
interprétation.

Comment cette question peut-elle être résolue ?


Dans les passage-clés, l’auteur lui-même joint au texte une didascalie : la didascalie, écrite en lettres italiques, ayant pour fonction d’indi-
quer à l’acteur, dans ce cas précis, la façon de jouer (le mot vient du grec didaskein, « instruire, apprendre ».)
En l’absence de didascalie, il faut expliquer le sens du passage pour éclairer la signification de l’interjection grâce à son contexte.

d) Formes et significations de l’interjection


L’interjection n’a pas seulement une forme simple comme Ah !
Vous trouverez la variété de ses formes et significations en complétant le tableau :
Adjectif – nom – adverbe – phrase – verbe.
Encouragement – appel – demande de silence.

NATURE GRAMMATICALE INTERJECTIONS SENS


Forme monosyllabique Chut ! Demande de silence
Nom Minute ! Injonction
Adjectif Bon ! Résignation
Adverbe Comment ! Indignation
Verbe Allons ! Encouragement
Phrase Sauve qui peut ! Appel

5 ∙ Jouer avec les mots


Le plaisir des mots : renaissances, équivocité pour sourire
Renaissances des mots
Les mots sont riches de significations, naissent et renaissent avec des significations nouvelles.
Le champ lexical de la navigation.
La chronique évoque l’univers des marins : relevez-en les occurrences :
Noms Matelot – flot – navire – mousse – pleine mer - marin – bateau – rive – sirène
Verbes Naviguer – « dérive »

44
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) La navigation d’aujourd’hui
Pour exprimer d’autres marins, on a repris sous la forme « naute » le nom ancien qui désignait « celui qui navigue », le « nauta ».
Sur le modèle des Argonautes, nommez :
Le « navigateur des astres » : l’astronaute (1928)
Celui qui navigue dans le cosmos : le cosmonaute (1961)
Celui qui voyage dans les airs : l’aéronaute
Celui qui voyage dans l’espace : le spationaute
Le spéléologue qui plonge dans les gouffres souterrains : le spéléonaute
Celui qui voyage sur le réseau Internet : l’internaute

Équivocité
(consulter également la fiche voix, p. 72)

Dans ce contexte marin, deux mots, « dérive » et « sirène », peuvent prendre un double sens. Pouvez-vous les expliquer ?
Chacun des deux n’a pas le même sens dans le texte et dans l’image.
« Dérive » : dans le texte, le verbe a un sens grammatical et signifie « formé à partir du mot par ajout d’un suffixe. Dans l’image,
quand un navire « s’écarte de sa direction », il y a péril, comme le marin tombé à l’eau.
« Sirène » : dans le texte le nom désigne une alarme, cet appareil qui produit un signal très sonore. Dans l’image, la sirène est cet
être fabuleux qui attirait les marins par ses chants mélodieux et les retenait prisonniers.
Quel effet cela produit-il ?
Ces jeux avec les mots sont plaisants, ils font sourire.

6 ∙ S’exprimer
Situation de communication : le message implicite | Vers le commentaire : interpréter

Interpréter

a) Le mot « interpréter » est polysémique. Dans quels cas peut-il signifier…


« Prédire » ?
Dans l’Antiquité, indiquer ce que sera l’avenir en donnant un sens à l’observation des oiseaux, des songes, etc.
« Expliquer » ?
Expliquer ce qu’il y a d’obscur et d’ambigu dans un écrit, dans une loi, dans un acte, faire apparaître l’implicite qu’ils peuvent contenir pour
éviter les méprises.

« Traduire » ?
Formuler un texte écrit ou oral dans une autre langue.

« Jouer » (terme de théâtre) ?


Rendre, dans un rôle, les intentions de l’auteur.

45
OHÉ

Le message implicite
La « clameur « de l’interjection est entendue de tous. Mais dans certaines situations de communication, les demandes sont
« silencieuses », il faut savoir interpréter les énoncés.
b) Essayez de comprendre les demandes formulées par ces affirmations :
Complétez le tableau en appariant ces demandes cachées sous les affirmations littérales :
Puis-je avoir du sel ? Est-ce que nous pouvons en finir et rentrer ? Mettez du chauffage – Puis-je le goûter ? Pouvez-vous m’y emmener en
voiture ? – Puis-je m’asseoir à votre table ?

AFFIRMATION LITTÉRALE DEMANDE IMPLICITE


Brrr, il fait froid ici ! Mettez du chauffage

Diable, il se fait tard. Est-ce que nous pouvons en finir et rentrer ?

Hmm, ce millefeuille a l’air délicieux. Puis-je le goûter ?

Dites, y a-t-il du sel sur la table ? Puis-je avoir du sel ?

Hélas, je suis obligée de m’y rendre à pieds. Pouvez-vous m’y emmener en voiture ?

Ma foi, votre tablée est bien sympathique. Puis-je m’asseoir à votre table ?

L’interprétation : à mi-chemin entre l’implicite et l’explicite

La première image du scénarimage montre un singe sur le bateau en train d’accompagner le mousse avec ses cymbales.
c) Comment peut-on interpréter la présence du singe à bord de ce bateau ? Proposez deux possibilités l’une explicite, l’autre implicite.
Réponse explicite : souvent les équipages ont une sorte de mascotte pour leur tenir à la fois compagnie et bonne chance.
Le message implicite peut suggérer un tout autre sens : le singe est un animal qui « singe », c’est-à-dire qui sait « mimer, imiter,
contrefaire » ce que font les hommes. Les singeries sont des tromperies ! Puisque le singe accompagne le jeune mousse aux cymbales,
cette comptine serait-elle une singerie, une… contrefaçon ?
Atelier vocal
a) Donnez voix aux différentes significations du cri « Ah ! » proposées dans la rubrique « Réfléchir sur la langue »
b) Prononcez les phrases en ajoutant une gestuelle qui guidera l’interprétation pour montrer que vous en avez compris l’implicite.

7 ∙ Projet final
Parcours artistique et culturel : Pratiques sociales, rituels et événements

« Quand les comptines se souviennent »


Une comptine est une chanson enfantine qui, en tant que telle, présente un univers empreint d’une certaine naïveté.
Or la chanson Il était un petit navire est beaucoup moins naïve qu’elle n’y paraît. À l’origine, elle était intitulée « La Courte Paille » et faisait
allusion à des actes de cannibalisme de survie (ce que confirme l’image des marins « couteaux et fourchettes en mains »).
Derrière les paroles chantées, les comptines peuvent évoquer des faits historiques parfois oubliés.
Avec l’aide de vos professeurs d’histoire, de documentation et de lettres, recherchez, datez et racontez l’événement historique qu’elles
évoquent.
Vous effectuerez une mise en regard entre les mots de la comptine et les images qu’ils suggèrent ou évoquent en recourant à des illus-
trations de nature différente : reportage, photographies, dessins personnels ou d’archives.

Vous pourrez consulter notamment la page consacrée sur Eduscol.education.fr/chansons qui font l’histoire

46
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

47
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Placoter ∙ v. intransitif

1 Bavarder. Cancaner.

Où peut-on placoter ? Plusieurs Et hors du Québec,


possibilités s’offrent à nous, mais comment on fait alors si
c’est quand même plus fréquent on veut placoter ? Mille
à Trois-Rivières ou à Montréal, possibilités s’offrent
qu’à Ouagadougou ou à Clermont- à nous : on cause, on fait
Ferrand ! En effet, « placoter » est un la causette, on taille une
mot qui appartient au français du bavette… on papote !
Québec : la pratique est universelle, Et là encore, on le retrouve,
mais le mot fleure bon ses origines. ce mot, plein de son
et de sens, qui fait écho
De quoi s’agit-il ? De bavarder,
à placoter : papoter !
de raconter des choses sans
importance, de parler pour le
plaisir, sans but, sans plan, au fil
de la langue. En général à deux :
on placote entre amis mais aussi
entre amoureux, quand les cœurs
s’ouvrent et s’épanchent. Mais
la règle n’est pas absolue : on
peut placoter en groupe, pourvu
qu’on ne se surveille pas, qu’on
soit en confiance, qu’une phrase
entraîne l’autre, comme un mot
tire le suivant : et pia pia pia, et bla
bla bla… On voit d’ailleurs que le
mot « placoter » est expressif, que
sa sonorité évoque, en français –
car ces associations ne sont pas
universelles, elles ne valent pas pour
toutes les langues…– cela évoque un
piaillement, le babil des syllabes
qui s’enchaînent, les sonorités
qui l’emportent sur le sens ! Est-ce
que le nom « placotage » est aussi
innocent ? Pas forcément !
Le nom qui correspond au verbe est
plus grinçant, comme si l’on était
plus proche du commérage, de la
médisance, du potin ou du racontar :
il s’agit de dire du mal de quelqu’un
en son absence, juste pour le plaisir
de ternir son nom, de se réjouir, plein
d’indignation, de ses méfaits réels
ou imaginaires.

48
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
5
4

VOIR LE FILM

49
PLACOTER

P rojet pédagogique
Mettre en regard des imaginaires culturels
activités
1 ∙ Pour commencer
Exercez votre sens de l’observation !

a )Observez la deuxième image du scénarimage. Que fait le personnage ? Quels indices visuels vous permettent de l’affirmer ?
Le personnage s’interroge : il a les yeux fixes et semble se demander quelle direction suivre.

b) À quoi pense-t-il ?
Le contenu de son interrogation est exprimé par la première phrase du texte : « Où peut-on placoter ? »
c) Cette expression visuelle de l’interrogation se comprend-elle facilement ?
Oui, c’est une attitude assez habituelle – conventionnelle – dans les bandes dessinées pour exprimer l’interrogation : le personnage
a souvent les yeux fixes, et il peut se gratter l’arrière de la tête ; des points d’interrogation peuvent sembler s’échapper de son cerveau,
ou bien un point d’interrogation apparaît au-dessus de sa tête ; il peut aussi avoir un cerveau en forme de point d’interrogation.

d ) Quels noms de villes sont inscrits sur les panneaux indicateurs ?


Chacun des quatre panneaux comporte un nom de ville : Trois-Rivières – Montréal – Ouagadougou – Clermont-Ferrand.
Où se situent ces villes ? Quel est leur point commun ?
Les deux premières (Trois-Rivières et Montréal) se situent au Canada, la troisième (Ouagadougou) en Afrique, et la quatrième
(Clermont-Ferrand) dans le centre de la France. Ce sont de grandes villes de pays francophones situées sur plusieurs continents de la planète.

e) Deux symboles désignent clairement le Québec et le Canada. Les avez-vous vus ?


Le premier est le drapeau québécois, accroché comme une étiquette au verbe « PLACOTER » sur la carte de l’Amérique du Nord, et relié au
Québec par une flèche explicative rouge : il est bleu avec une croix blanche et chacun des quatre cantons délimités par la croix comporte une
fleur de lys blanche.
Le second est la feuille d’érable stylisée à onze pointes, qui apparaît à la fin de la chronique et qui figure sur le drapeau national du Canada,
appelé en anglais The Maple Leaf Flag.

2 ∙ Comprendre de manière générale


La chronique est bâtie sur un plan d’ensemble bien marqué.

a)Formulez par une expression le contenu des cinq parties qui le composent.

TEXTE CONTENU
1 Depuis le début… « ses origines » Un verbe d’origine québécoise

2 « Alors… et blablabla. » Que signifie-t-il ?

3 « On voit bien… sur le sens ! » Que suggère-t-il ?

4 « Le placotage… imaginaires. » Curiosité du nom correspondant

5 « Et hors du Québec… placote. » Comment nomme-t-on ailleurs la pratique de placoter ?

50
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) Associez chacune de ces cinq images à l’une des parties du texte.


N° N° N°
1 2 3

N° N°
4 5

c) Quel rôle joue, selon vous, une telle mise en images du texte ?
On peut attendre de l’élève qu’il indique que les images n’ont pas seulement une fonction illustrative, mais aussi, avec l’accompagnement
du professeur, un rôle explicatif qui permet non seulement d’apprendre à observer, mais aussi de comprendre mieux la richesse d’un texte
(ce qui le prépare à la lecture littéraire, c’est-à-dire interprétative).

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


Le verbe « placoter » est employé au Québec.

a) Comment appelle-t-on les mots dont l’usage est limité à une certaine région ?
Ces mots sont des « régionalismes ».

Quel est le nom particulier de celui-ci ?


Placoter est un « québécisme », un régionalisme caractéristique du français québécois, c’est-à-dire une variété de la langue française parlée
essentiellement par les francophones du Québec.

b) Retrouvez, à la fin de la chronique, l’expression synonyme de ce verbe hors du Québec.


La curieuse expression est « tailler une bavette ».

Que signifie-t-elle ?
Contrairement à l’apparence, il ne s’agit pas d’une pièce de viande (la bavette) qui serait taillée par un boucher (ce qui n’aurait pas grand
rapport). Cette expression signifie « parler à quelqu’un avec éloquence », car la parole est « taillée ou sculptée » avec art ; et la bavette
désigne le babil des enfants où le plaisir de parler passe avant la volonté d’être compris.

c) Comment est formé le nom à partir du verbe « placoter » ?


Le nom « placotage » est formé par dérivation, c’est-à-dire par ajout d’un suffixe au radical « placot » (« -er » étant la désinence de l’infinitif),
comme bavarder a donné « bavardage ». Le suffixe –age indique ici le résultat de l’action de placoter.

d) Relevez dans le texte les expressions qui caractérisent le nom « placotage » :


« innocent ? Pas forcément » - ce nom… est « plus grinçant » – « plus proche des commérages, des médisances, des potins ou des racontars »
– « dire du mal de quelqu’un […] pour le plaisir de ternir son nom » – « se réjouir de ses méfaits réels ou imaginaires ».

Quelle valeur le nom prend-il par rapport au verbe dont il est le dérivé ?
Le nom prend très nettement une valeur péjorative ou dépréciative.
e) De quels mots l’expression « dire du mal de quelqu’un en son absence » est-elle la définition ?
« Commérages, médisances, potins, racontars ».
f) Deux de ces mots sont reliés à la parole : pouvez-vous en donner le radical ?
« Médisances » : radical « dire »
«Racontars » : radical « raconter »

51
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

g) Identifiez et nommez l’élément qui donne à chacun sa valeur péjorative :


Pour le premier, le préfixe mé- et pour le second, le suffixe -ar.

4 ∙ Réfléchir sur la langue


Création de mots : la figure de l’onomatopée | L’expression de la subjectivité

L’onomatopée est, étymologiquement, la création d’un nom (ὀνοματο, le « nom »,ποιεῖν, « créer »)
à l’image d’un son qu’il désigne.

a) Relevez deux onomatopées dans le texte ; qu’évoquent-elles ?


Les onomatopées « piapiapia, blablabla » évoquent la discussion.
b) Les onomatopées sont des conventions souvent propres à une langue.Ainsi, chacun s’accorde en France pour reconnaître
par un cocorico le cri du coq gaulois !Mais vous pouvez demander à votre professeur d’anglais celui du coq anglais :
cock-a-doodle-doo
À votre professeur d’allemand, celui du coq germanique : kikeriki
À votre professeur d’espagnol : kikiriki
À votre professeur d’italien : chicchirichi, etc
c) En vertu de ces conventions, pouvez-vous reconnaître ce que désignent ces onomatopées ?
tic tac : la pendule
guiliguili : les chatouilles
patatras : la chute
glouglou : boire
clic : la souris d’ordinateur
plocploc : la pluie
miam miam : manger
toc toc : frapper à la porte
aïe, ouille : cri de douleur
froufrou : froissement
d) Les onomatopées peuvent aussi être des créations artistiques nouvelles, comme dans la chanson de Serge Gainsbourg Comicstrip (1967).
Retrouvez cette chanson sur le Web et écoutez-la : elle est ponctuée de diverses onomatopées au milieu d’un vocabulaire issu de l’univers
de la bande dessinée.
Quelle valeur ces onomatopées ajoutent-elles à la chanson ?
Ces onomatopées, dont on ne sait pas trop à quoi elles renvoient, apportent une dimension onirique, esthétique et plaisante.

5 ∙ Jouer avec les mots


Découvrir les mécanismes phonatoires : classification des consonnes selon leur articulation

Les noms des consonnes

Vous avez appris il y a fort longtemps que le mot « con–sonne » est formé de deux éléments parce qu’une consonne « sonne » « avec »
(préfixe cum) une voyelle pour former une syllabe. Mais savez-vous que ces consonnes portent des noms ?
Prenons deux mots du texte : « papoter » et « placoter ».
a) Observez l’appareil phonatoire humain présenté dans la fiche « voix ».
Prononcez « pa-po-ter ». Quelle partie de votre « appareil phonatoire » est concernée par cette prononciation ?
Les deux lèvres pour la consonne « p » et les dents, frappées par la langue, pour la consonne « t ».
Prononcez « placoter » : quelle partie est à présent mise à contribution pour prononcer la syllabe « co » ?
Si l’on pose la main sur la gorge, on entend bien que c’est à ce niveau que cela sonne.

52
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

b) Complétez le tableau :
- où placez-vous la consonne « b » ? la consonne « d » ? où placez-vous « piapiapia, blablabla, piaillement, babil ?

NOM DE LA CONSONNE PRONONCÉE AU NIVEAU DE CONSONNES MOTS DU TEXTE


Deux lèvres = bi-labiale p b, m piapiapia, et blablabla,
piaillement, babil

td papoter
Gorge (guttur en latin) = gutturale c(k) placoter

Lieux communs et créations artistiques : les comparaisons

a) Complétez ces énoncés bien connus qui font consensus :


neige – l’éclair – ses pieds – une porte de prison – Crésus – une pie
À quel adjectif a-t-on coutume d’associer ces noms pour former un lieu commun ?
l’éclair
- rapide comme une porte de prison
- aimable comme Crésus
- riche comme
- bavard comme une pie neige
- blanc comme - bête comme ses pieds.
c) Recherchez dans les textes d’auteurs que vous avez étudiés des comparaisons que vous avez aimées. Vous pouvez aussi en imaginer
de personnelles et les partager avec le reste de la classe.

6 ∙ S’exprimer
Exercice d’expression sonore | Vers le commentaire : l’expression de la subjectivité : la valeur péjorative

Usage des onomatopées


Voici un extrait du texte de Raymond Queneau intitulé « Onomatopées » dans Exercices de style ( © Éditions Gallimard, 1947) commençant par :
Sur la plate-forme, pla pla pla, d’un autobus, teuff teuff teuff, de la ligne S (pour qui sont ces serpents
qui sifflent sur), il était environ midi, ding din don, ding din don, un ridicule éphèbe, proüt, proüt, qui avait
un de ces couvre-chefs, phui, se tourna (virevolte, virevolte), soudain vers son voisin d’un air de colère, rreuh,
rreuh, et lui dit, hm, hm : « Vous faites exprès de me bousculer, monsieur. » Et toc. Là-dessus, vroutt, il se jette
sur une place libre et s’y assoit, boum.

a) Vous lirez ce premier paragraphe tel qu’il est écrit.


b) Vous relèverez toutes les onomatopées qu’il contient et vous exprimerez ce qu’elles suggèrent.
Raymond Queneau ajoute des effets comiques et enrichit la fonction de l’onomatopée !
Pla plapla - teuffteuffteuff - ding din don, ding din don - proütproüt – phui - rreuh, rreuh -hm hm-Et toc – vrout- boum.
Par analogie, il glisse avec humour une allitération en s : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur » que tout le monde
connaît) ainsi que l’expression « virevolte virevolte ».

c) Supprimez-les du texte.
Pouvez-vous en déduire le rôle des onomatopées ?
« Sur la plate-forme d’un autobus de la ligne S, il était environ midi, un ridicule éphèbe,qui avait un de ces couvre-chefs, se tourna soudain
vers son voisin d’un air de colère et lui dit ; « Vous faites exprès de me bousculer, monsieur. » Là-dessus, il se jette sur une place libre et s’y
assoit.

d) Relisez le texte en associant l’objet, la personne ou l’action au bruit indiqué par l’onomatopée.
Répartissez les rôles : une voix pour le narrateur et une voix pour chacun des bruits.
Le récit devient bien « silencieux » : l’onomatopée donne au récit une vie plus intense en lui adjoignant un plan sonore
et lui donne une tonalité humoristique (et toc).
L’expression de la subjectivité

La langue possède de multiples ressources pour donner à son vocabulaire des valeurs péjoratives. La plus brève est obtenue par les
combinaisons variées que permet le jeu des affixes (préfixes et suffixes).

53
PLACOTER

Ainsi, dans la chronique, le nom « médisances » est obtenu par l’ajout du préfixe mé- ou més- qui vient du latin minus, « moins » : il
donne une valeur péjorative au verbe « dire ». Le préfixe de-, qui indique un mouvement de haut en bas, exprime l’idée de rabaisser.
a) Trouvez des mots formés à l’aide de ces préfixes et ayant une valeur péjorative.
mépriser, dépriser –mépris, méprise – mésestime – mésalliance – mésentente – mésinterpréter – mésuser.
démériter – dénaturer – démoraliser – démodé – démonétiser – démettre.
b) Les suffixes péjoratifs sont nombreux : découvrez en quelques-uns en recherchant l’équivalent dépréciatif du mot proposé sur le
modèle : le peuple, la populace (suffixe –ace).
papier, paperasse (suffixe –asse) – écrivain, écrivaillon (suffixe –aillon) –mousse, moussaillon –riche, richard (suffixe –ard) –fuir, fuyard

c) ATELIER VOCAL
Prononciation et articulation des consonnes
Les exercices phonatoires, nommés « virelangues », ont pour but d’améliorer l’élocution : ils consistent à répéter sans trébucher
des groupes de mots difficiles à articuler. En voici quelques-uns dont la difficulté dépend du type de consonnes car personne n’a la même
morphologie : « ma mâchoire ne ressemble pas à celle de mon voisin ! »
Les bilabiales Les gutturales
Pauvre petit paquet postal perdu pas parti pour Papeete Qui crut croquer une crevette crue croqua une crevette croquante
Petit pot de beurre, quand te dépetitpodebeurreriseras-tu ? Dis-moi gros gras grand grain d’orge,
Je me dépetitpotdebeurreriserai quand te dégros gras grand grain d’orgeras-tu ?
quand tous les petits pots de beurre Je me dégros grand grain d’orgerai
se dépetitpotdebeurreriseront. quand tous les gros gras grands grains d’orge
Les dentales se dégros gras grand grain d’orgeront.
Didon dîna, dit-on, du dos dodu d’un dodu dindon.
Les sifflantes (elles produisent un sifflement)
Tonton, tu tousses tout le temps, pourquoi tu tousses tant ?
Les chaussettes de l’archiduchesse
Sont-elles sèches, ou archi-sèches ?
Seize jacinthes sèchent dans seize sachets secs.
7 ∙ Projet final
Parcours artistique et culturel : découvrir le domaine du patrimoine écologique | Connaissance des oiseaux
à travers le vocabulaire, la littérature et les arts

Sujet : « Ornithologie onomatopéique ! »


Les oiseaux représentent une partie de la faune qui a toujours trouvé sa place dans la littérature et les arts depuis la plus haute antiquité.
Dans la mythologie grecque et romaine, on ne compte plus les mythes qui leur sont associés ni leur rôle dans la destinée des hommes. Dès
les premiers temps de la littérature, un grand poète comique comme Aristophane leur a consacré une pièce intitulée Ὂρνιθες, Les Oiseaux
pour nous faire rire et réfléchir. Alfred Hitchcock en a fait en 1963 les protagonistes d’un thriller américain, The Birds, Les Oiseaux.
On mesure le rôle des représentations imaginaires… La chronique évoque la sonorité du verbe « placoter » à l’aide d’un vol de corbeaux.
Le nom de cet oiseau est onomatopéique, c’est-à-dire qu’il est bâti sur une racine qui fait référence au cri de ces corvidés qui croassent.
Voici quelques synonymes peu flatteurs pour celles et ceux qui s’adonnent à la pratique du placotage et à l’action de placoter :
cancaner – jacasser * – jaser –caqueter – piailler – pépier – cailleter.
Ils désignent tous le cri d’un oiseau.
1. Vous identifierez le nom de l’oiseau par le cri qu’il émet.
2. Vous donnerez à ces volatiles leurs lettres de noblesse en recherchant des rôles plus laudatifs, élogieux, dans les arts et la littérature
en commençant par le corbeau !
Vous pouvez réaliser des enregistrements, des montages photographiques, sonores ou plastiques pour composer une « Ornithologie
onomatopéique » en mettant en regard les évocations culturelles populaires et les occurrences littéraires et artistiques.
Identification des oiseaux :
jacasser : la « pie bavarde » est bien connue pour ses manifestations vocales abondantes et criardes : la pie « jacasse »
jaser : caqueter
le geai « jase » : la poule « caquète », avant ou après la ponte, mais le coq chante !
piailler : les moineaux piaillent, c’est-à-dire poussent des petits cris aigus et fréquents
pépier : les perruches pépient, leurs petits cris sont aigus et répétés.
cailleter : la caille « caillette », son chant trisyllabique est bien connu, il a donné lieu à plusieurs traductions plaisantes.
*Pour « jacasser » reportez-vous à la fiche « Jactance » !

54
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

55
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Susurrer ∙ V.

1 Murmurer doucement.

Que veut dire susurrer ? Facile ! Et si l’on murmure alors ?


C’est l’un de ces mots dont on On parle toujours aussi
peut donner le sens rien qu’en doucement, mais pas
en parlant d’une certaine façon. forcément pour dire des
Susurrer, c’est parler très bas. Ce secrets : on élève
n’est pas un mot rare mais il n’est à peine la voix, parfois
pas si courant que cela parce qu’il par timidité, par honte,
a deux concurrents : murmurer ou par faiblesse. À la fin du
et chuchoter. Trois verbes qui ont film, le héros qui va mourir
des sens proches, et une formation murmure l’endroit où il a
assez proche également parce caché le trésor. Ce n’est
que chacun est construit sur une pas qu’il ne veuille pas se
allitération, c’est-à-dire la répétition faire entendre, mais il est
d’une consonne qui évoque et sans force : ses derniers
accentue le sens du mot : le « s » pour mots sortent avec son
susurrer, « ch » pour chuchoter, « m » dernier souffle. Il murmure
pour murmurer. Et donc voilà trois donc, il ne chuchote pas,
cousins qui ont un air de famille, il ne susurre pas non
et une sonorité expressive ! plus. Et puis le murmure
a souvent un sens figuré :
Sont-ils vraiment synonymes ?
le murmure d’une
Bien sûr on trouve des différences :
source, du vent… ou le
susurrer a presque toujours un
grondement indistinct de
complément : on susurre quelque
ceux qui sont mécontents,
chose, un mot, une phrase, un
mais osent à peine
aveu. Chuchoter peut se construire
l’exprimer : un murmure de
de façon absolue, c’est-à-dire
désapprobation a soulevé
sans complément : dans une
la salle à la fin du discours.
église, pendant une cérémonie,
on chuchote pour ne pas se faire
remarquer, pour ne pas déranger.
On chuchote donc quand on ne veut
pas être entendu de tout le monde
mais juste de ceux qui sont tout près.

56
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

57
SUSURRER

P rojet pédagogique
Désapprouver sur tous les tons
activités
1 • Pour commencer
Complétez les phrases par les mots de la chronique.
– Susurrer, c’est parler très bas.
– Le terme « susurrer » a deux
concurrents : « murmurer » et « chuchoter ».
– Dans une église, dans une cérémonie, on chuchote pour ne pas
se faire remarquer, pour ne pas déranger .
– Quand on murmure, on élève à peine la voix, par honte , par
timidité ou
par faiblesse .
– Le pirate, ce n’est pas qu’il ne veuille pas
se faire entendre mais il est sans force et ses derniers mots sortent
avec son dernier souffle . Il murmure.

2 • Comprendre de manière générale


Vrai ou faux ? Cochez la bonne réponse.

VRAI FAUX
Susurrer, chuchoter, murmurer sont des X
antonymes. Ce sont des synonymes.

Susurrer, chuchoter, murmurer sont


X
cousins.
On susurre un aveu. X

On parle bas volontairement quand on


X
chuchote.
On parle bas volontairement quand on X
murmure.

3 • Comprendre de manière détaillée


a) Selon notre chroniqueur Yvan Amar, quel son est répété plusieurs fois
dans chacun de ces trois verbes ?
– susurrer : le « s »
– chuchoter : le « ch »
– murmurer : le « m »
b) Comment se nomme la répétition d’une même consonne ?
– une anaphore
– une accumulation
– une allitération
c) Quel verbe s’emploie dans un sens figuré ?
– susurrer
– chuchoter
– murmurer

58
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

d) Quel objet s’envole pour symboliser que le secret du pirate échappe à celui qui l’écoute ?
– une plume
– une carte
– un mouchoir

4•Réfléchir sur la langue


Identifier la construction d’un verbe et évaluer la correction d’une construction grammaticale

a) Complétez la phrase en suivant les variations de construction du verbe indiquées.


Le sujet « les passagers de l’avion » reste inchangé. Précisez lorsqu’une nouvelle construction modifie le sens du verbe.
b) Le complément d’agent
Les passagers de l’avion…

– parler Les passagers de l’avion parlent.


– parler (+ complément) Les passagers de l’avion parlent italien (le verbe « parler » signifie « maîtriser une langue »).
– parler à Les passagers de l’avion parlent à l’hôtesse de l’air.
– parler de Les passagers de l’avion parlent de leur voyage.

– chuchoter Les passagers de l’avion chuchotent.


– chuchoter (+ complément) Les passagers de l’avion chuchotent leurs commentaires sur le pilote.
– chuchoter à Les passagers de l’avion chuchotent à l’oreille de leur voisin.
– chuchoter de

– murmurer Les passagers de l’avion murmurent.


– murmurer (+ complément) Les passagers de l’avion murmurent leurs commentaires sur le pilote.
– murmurer à
– murmurer de Les passagers de l’avion murmurent à l’oreille de leur voisin.

– discuter Les passagers de l’avion discutent.


– discuter (+ complément) Les passagers de l’avion discutent l’expérience du pilote (le verbe « discuter »
– discuter à signifie « contester, remettre en question »).
– discuter de Les passagers de l’avion discutent de l’expérience du pilote
(c’est le sujet de la conversation).

Identifier la voix passive et son complément d’agent grâce aux manipulations syntaxiques
RAPPEL
La préposition « par » peut introduire un complément de cause : il est écouté par plaisir.
La préposition « par » peut introduire un complément d’agent dans une phrase à la voix passive : il est écouté par l’auditoire.
Dans ce cas, la phrase est transposable à la voix active ; le complément d’agent devient le sujet : l’auditoire l’écoute.

Entourez le complément d’agent (procédez au changement de la voix passive à la voix active pour vous assurer de la justesse
de votre réponse).
par la peur (la peur chasse la pie voleuse) .
– La pie voleuse est partie par peur des représailles / La pie voleuse est chassée
– Ce client a cédé par faiblesse au camelot / Ce client a été gagné par la faiblesse (la faiblesse a gagné ce client) et a cédé au camelot .
– Nous sommes séduits par la musique de la langue italienne (la musique de la langue italienne nous séduit) / Nous apprenons l’italien
par amour de la langue
 .
– Le professeur obtient le silence de ses étudiants par l’intérêt qu’ils portent à ses démonstrations / Le professeur n’est pas surpris
par l’intérêt que ses étudiants portent à ses démonstrations (l’intérêt que les étudiants portent à ses démonstrations ne surprend pas le
.
professeur)
– Les spectateurs chuchotent par respect pour les artistes / Les spectateurs sont tenus par le respect pour les artistes (le respect
pour
. les artistes tient les spectateurs)

59
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

5 • Jouer avec les mots


Exprimer ses sensations : l’ouïe

a) Rechercher l’étymologie des verbes « entendre » et « écouter ».


Quelle différence de sens en déduisez-vous ?
Entendre vient du latin intendere : tendre vers, diriger son attention.
Écouter vient du latin auscultare : écouter avec attention, précisément.
Expliquez la nuance de sens entre les deux phrases ci-dessous :
– J’entends de la musique : Je perçois (confusément) de la musique.
– J’écoute de la musique : Je prête attention aux sons qui me parviennent à l’oreille.

b) Placez les noms suivants dans le tableau selon l’intensité du bruit qu’ils traduisent : charivari 1,
chuintement, cliquetis, fracas, grésillement, ramdam, soupir, tumulte.

BRUITS LÉGERS BRUITS FORTS


chuintement charivari
cliquetis fracas
grésillement ramdam
soupir tumulte

Parmi ces noms, lesquels possèdent un verbe formé sur le même radical ? Employez-les dans une phrase.
Chuinter : On entendait chuinter l’eau dans les canalisations.
Grésiller : Le feu grésille dans la cheminée.
Soupirer : L’enfant qui s’ennuie soupire ostensiblement sur son livre.
Fracasser : La falaise s’est fracassée dans la mer dans un bruit assourdissant.

c) Les expressions suivantes n’emploient pas le mot approprié. Rétablissez l’expression qui
convient :
– les battements des pneus – le crissement des pneus
– le tintement de la source – le gargouillis de la source
– le cliquetis d’une robe – le froufroutement d’une robe
– le crissement de la cloche – le tintement de la cloche
– le clapotis du cœur – les battements du cœur
– le froufroutement de l’eau – le clapotis de l’eau
– le gargouillis de la chaîne – le cliquetis de la chaîne

6 • S’exprimer
Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources : la sonorité expressive | Connaître les principales figures
de style et repérer les effets rhétoriques

1
Voir Dis-moi dix mots… à la folie, édition 2013-2014.

60
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

« Il est vrai que les pies,


au sommet d’arbres paisibles
que seul le vent fait soupirer… »
Dans cet extrait de la chronique « Jactance » d’Yvan Amar, quel son est répété plusieurs fois pour
suggérer le souffle du vent ?

Le son S (sommet, seul, soupirer).


Quelle est cette figure de style ?
Il s’agit d’une allitération. Cette figure de style repose sur la répétition d’une même consonne pour mettre une signification en valeur.

Atelier vocal

Composez une phrase comprenant des sons capables d’évoquer un élément précis (un moteur, de la limonade, le tonnerre)
et créez une sonorité expressive. Prononcez-la à haute voix pour en mesurer pleinement l’effet.
Exemple : le bruit de la mer est suggéré par la répétition du son F dans la phrase « les flots fluctuent au gré des flux des marées ».

61
SUSURRER

7 • Projet final
Exprimer sa désapprobation en l’amplifiant progressivement par les mots,
par les gestes, par la voix :
– le murmure de désapprobation
– la formulation explicite de la désapprobation
– l’affirmation soutenue de la désapprobation
– la revendication de la désapprobation
– hurler sa désapprobation

L’exercice peut prendre la forme d’un sketch illustrant les qualités oratoires et gestuelles de l’élève.
L’élève peut choisir un certain niveau de désapprobation. La classe doit deviner quel palier de la désapprobation l’orateur
a choisi de mettre en voix.

62
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

63
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Truculent ∙ adj.

1 Haut en couleur, qui étonne et réjouit par ses excès.

À quoi pense-t-on d’abord quand Ça, c’est une vraie


on parle de truculence, d’un style truculence ! On le voit,
truculent, d’un récit truculent, d’une cela n’a rien à faire avec
histoire truculente ? Eh bien, en la pudeur ou la timidité :
premier lieu, on pense forcément les images sont crues,
à Rabelais ! Dans la culture pittoresques, éclatantes.
française, c’est la première référence Est-ce qu'elles choquent ?
qui vient à l’esprit : des repas de Oui, parfois, mais souvent
géants, des plaisirs de géants, des dans un grand éclat
voix de géants qui évoquent bien sûr de rire !
Pantagruel ou Gargantua.
Et même le mot de
Car la truculence s’exprime d’abord « truculence » peut faire
avec une voix forte, un rire qui fait sourire. De quoi parle-t-on
trembler les murs ! avec cette truculence ?
De tout ce dont on hésite
S’agit-il d’une langue qui dépasse
souvent à parler, de tout
la mesure ? C’est un peu ça. La
ce dont on a tant envie
truculence déferle, et même, elle
de parler : l’appétit,
déborde : on est à l’opposé de ce
la violence, le désir !
que l’on appelle l’euphémisme ou
même la litote, c’est-à-dire parler
moins pour en dire plus ! * Henri Michaux, Le Grand Combat,
Collection « Une Œuvre, un Portrait »,
Avec la truculence, on parle fort, © Éditions Gallimard, 1927
et on parle beaucoup. Les adjectifs
se multiplient, les verbes se
succèdent, et parfois les mots
s’inventent lorsque le dictionnaire
classique ne suffit plus, comme dans
ce grand combat imaginé par
le poète Henri Michaux* :
« Il l’emparouille et l’endosque
contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu’à
son drâle […]
Enfin il l’écorcobalisse.
L’autre hésite, s’espudrine, se
défaisse, se torse et se ruine.
C’en sera bientôt fini de lui… »

64
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

65
TRUCULENT

P rojet pédagogique
Improviser sur scène en se jouant des tons et des registres

activités
1 ∙ Pour commencer
a) Observez les deux premières images du scénarimage.
- Quels sont leurs points communs ?
Les deux premières images représentent la page d’un manuscrit, avec une lettre initiale, décorée : la lettrine ; les autres lettres sont
en écriture cursive. T pour Truculence et L pour Le propos ; chacune comporte un titre.

- À quelle époque sommes-nous transportés ?


Nous sommes au Moyen Âge, un temps où l’on écrit encore en latin (première image) ou en ancien français et où l’on recopie encore
les textes dans les scriptoria des monastères avant la diffusion par l’imprimerie.

- À quoi vous fait penser cette similitude ?


Elle correspond à la phrase de la chronique : « Dans la culture française, c’est la première référence qui vient à l’esprit »,
l’une, « Gargantua » est un modèle pour l’autre, « Truculence ».

b) Observez les couvre-chefs des différents personnages.


Les personnages masculins : certains portent un couvre-chef : D’autres personnages masculins sont tête nue :
- Rabelais porte une toque médiévale qui est la coiffe des clercs, la « barrette », - Les quatre personnages présents pour le
à trois ou quatre cornes (alors que les évêques portent la mitre). combat de boxe : celui qui abandonne son
- Le géant – ainsi que ceux qui s’affairent en cuisine – porte un large béret dictionnaire, celui qui commente le match
médiéval ; celui du géant est orné de deux plumes. et les deux boxeurs.
- Le moine copiste a la tête nue, mais on devine, par ce qui couvre ses épaules,
le capuchon des moines de l’époque.

Les personnages féminins :


- Les deux femmes portent un hennin tronqué (dont le cône est coupé),
coiffe traditionnelle des dames nobles du Moyen Âge.

c) Visionnez la vidéo. Les évocations de Rabelais correspondent à ses différentes fonctions. Précisez-les.
Deux fois avec sa plume d’oie, comme auteur de Gargantua et comme écrivain en train d’écrire.
Avec sa règle devant le tableau, comme maître.
Près du copiste, comme moine.
À la fin, nous faisant un clin d’œil.

2 ∙ Comprendre de manière générale


a) Qu’est-ce que la « truculence » ?
Complétez la définition en relevant dans le texte l’ensemble des mots qui la décrivent.
« La truculence s’exprime par »…

« Une voix forte et un rire à faire trembler les murs. »


« Une langue qui dépasse la mesure ? C’est un peu cela, la truculence déferle et même elle déborde… »
« On parle fort. » « On parle beaucoup ; les adjectifs se multiplient, les verbes se succèdent. »
Parfois les mots s’inventent : « Les images sont crues, pittoresques, éclatantes » ; « elles choquent, mais souvent dans un grand éclat
de rire… » Elle parle d’« appétit », de « violence », de « désir ».

66
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Le Moyen Âge est-il la seule époque évoquée ?


La chronique évoque l’époque contemporaine : le combat de boxe et l’usage du dictionnaire, le micro.
b) Rôles masculins et rôles féminins
Dans l'animation, quelles sont les différentes actions des personnages masculins ?
Rabelais écrit avec sa plume d’oie.
Le géant mange ou plutôt « engloutit », les autres s’affairent en cuisine.
Le speaker commente avec « truculence », l’arbitre a fort à faire et les boxeurs combattent avec violence.
Le moine copiste travaille en riant.
Que font les femmes ?
Les deux femmes debout ne font rien, sauf sourire aux propos du géant. La femme allongée ne fait rien non plus.

Par quel adjectif entré dans le dictionnaire Robert en 2016 pourriez-vous caractériser cette répartition des rôles ?

Il s’agit de l’adjectif « genré », formé sur le nom genre.


Comment expliquez-vous cette constatation ?

La chronique évoque une société médiévale dans laquelle la femme n’avait pas les mêmes droits que l’homme.
Mais la société contemporaine s’efforce de supprimer une telle répartition !

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


La vidéo joue avec les anachronismes.

a) Notez les éléments indiquant un mélange des époques.

Les personnages du Moyen Âge assistent au combat de boxe.


Le dessert de la « charlotte aux fraises ».
b) Relevez quatre autres noms qui « s’échappent » du manoir :

« Jambon à l’os » ; « langues de bœuf » ; « cervelas » ; « côtes levées »…


Quels sont ceux qui datent du Moyen Âge ? Pourquoi ?

Les trois premiers sont des termes de charcuterie, c’est-à-dire de « chair cuite » parce qu’à cette époque, les réfrigérateurs n’existant pas,
il fallait préparer la viande pour la conserver, notamment en la faisant cuire (ou par salaison ou par des épices).
En quoi le quatrième est-il différent ?

Le quatrième, « côtes levées », appartient au domaine de la boucherie.


Il est très connu sous un autre nom en France et aux États-Unis et fait la joie des amateurs de barbecues. Que désigne-t-il ?
Il désigne les travers de porc, aussi appelés ribs par les Américains qui en imaginent toutes sortes de recettes grillées.
Y voyez-vous un autre mélange des genres ?
La retenue des dames et ces noms qui s’échappent à profusion de l’élégant manoir.
c) Mélange des noms
Nommez les détails propres au combat de boxe.

g Le commentateur (ou speaker) qui chauffe la salle et commente g La cloche qui sonne la reprise du round.
le combat. g Le knockout (KO) de l’un des joueurs.
g Le ring et ses trois cordes.
En quoi ces éléments ajoutent-ils à la truculence du commentaire ?
Ces noms d’origine anglaise, prononcés lors du combat, ajoutent à l’exubérance du commentaire.

67
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

4 ∙ Réfléchir sur la langue


Le registre comique | Démesure et mesure

Le registre comique
Attention au vocabulaire qui pourrait choquer !
L’auteur de la chronique donne le texte de Gargantua comme modèle de la tonalité truculente.
Le chapitre 13 de cette œuvre est intitulé « Comment Grandgousier reconnut à l’invention d’un torche-cul la merveilleuse intelligence de
Gargantua ». Grandgousier est le père de Gargantua.
« Gargantua répondit qu’il s’y était pris de telle façon qu’il n’y avait pas
dans tout le pays un garçon qui fût plus propre que lui.
Comment cela ? dit Grandgousier.
- J’ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches,
un moyen de me torcher le cul. C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace
qu’on ait jamais vu. »

Relevez les différents procédés d’écriture qui caractérisent ce comique truculent.


La tonalité « burlesque » dans le titre du chapitre, c’est-à-dire le décalage entre le sujet grossier et les propos nobles pour en parler
« la merveilleuse intelligence de Gargantua » ou bien encore : « J’ai découvert, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de
me… ». Le superlatif et l’accumulation : « C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu’on ait jamais vu… »
Vous pouvez consulter le texte dans son intégralité sur Gallica.bnf.fr
b) Voici un texte de Balzac, qui montre un certain talent féminin. Quels procédés comiques y reconnaissez-vous ?

« Le jésuite le plus jésuite des jésuites est encore mille fois moins jésuite que la femme la moins
jésuite, jugez combien les femmes sont jésuites ! Elles sont si jésuites que le plus fin des jésuites lui-
même ne devinerait pas à quel point une femme est jésuite, car il y a mille manières d’être jésuite,
et la femme est si habile jésuite qu’elle a le talent d’être jésuite sans avoir l’air jésuite. »
H. de Balzac, Petites Misères de la vie conjugale, 1830-1846
La répétition : en quatre lignes, le mot » jésuite » est prononcé treize fois.
Cette accumulation devient comique par l’expression superlative et l’effet de gradation poussé au maximum.
Le superlatif : « le plus jésuite des jésuites » ; « mille fois moins jésuite que » ; « la femme la moins jésuite » ; « le plus fin des jésuites ».
La gradation : « la femme est si habile jésuite qu’elle a le talent d’être jésuite sans avoir l’air jésuite. »

5 ∙ Jouer avec les mots


L’expression de la démesure, par-delà l’hyperbole

L’adynaton est une figure méconnue, mais habituelle dans les dessins animés américains où l’on peut voir un arbre s’écraser sur un per-
sonnage qui en ressort… aplati : c’est impossible ! C’est ce que signifie le nom de cette figure. On n’est plus dans l’exagération, on est dans
l’hyperbole impossible, contre nature !
* On dit un adynaton, des adynata au pluriel, selon l’origine grecque de ce mot formé du préfixe privatif ἀ, « ne… pas » et δύνατος,
« possible ».
L’adynaton est humoristique, et n’est pas réservé au Moyen Âge : on le trouve aussi bien dans des dialogues de grands films comiques que
dans des romans contemporains.
À la fin du film La Folie des grandeurs, de Gérard Oury, Don Salluste, envoyé au bagne du Barbaresque, imagine un plan pour s’évader
et prendre le pouvoir à Madrid. Retrouvez le passage vidéo sur le Web, puis expliquez l’impossibilité d’une telle déclaration dont voici
un extrait :

68
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

« J’ai un petit plan pour tous nous évader.


Nous rentrons à Madrid, nous conspirons,
Le roi répudie la reine,
La vieille épouse le perroquet
César devient roi,
Je l’épouse et me voilà reine ! »
La Folie des grandeurs, 1971, Réalisateur Gérard Oury

Expliquez l’impossibilité.
Le plan repose sur plusieurs impossibilités, en particulier « épouser le perroquet », « épouser César devenu roi, pour devenir reine » !
Don Salluste a tellement l’habitude d’échafauder des plans qu’il perd de vue la réalité.

Frédéric Dard, dans ses romans policiers, a inventé des personnages dont le langage est truculent. Le commissaire San Antonio fait
comprendre la chaleur qu’il découvre aux Antilles :
« Ici, on te sort une glace du frigo et le temps de te la servir, c’est un grog que tu te tapes. »
Il est impossible en si peu de temps de passer de la glace à l’eau bouillante ! l’exagération ici va à l’encontre des lois de la nature
mais l’effet est remarquable.

6 ∙ S’exprimer
Atténuer l’expression | Écriture de transformation : le changement de registre | De la démesure à la mesure

Les figures d’atténuation : euphémisme et litote :

a) Relevez dans la chronique l’énoncé qui définit ces figures : « Parler moins pour en dire plus. »
b) Ces figures sont-elles exactement synonymes ?
L’une et l’autre ne doivent pas être prises à la lettre !
Si ces deux figures peuvent atténuer l’expression, les visées ne sont pas toujours les mêmes :
la litote en dit moins pour donner plus d’énergie ou de poids ; l’euphémisme adoucit un mot ou une formule qui pourrait être choquante et
que l’on préfère ne pas prononcer. Il s’agit de « parler » (φημί, phémi) « sous de bons auspices » (εὖ, eu), c’est-à-dire « bien, sans prononcer
aucune parole de mauvais augure ».
c) Exprimez ces litotes de façon explicite :
Tu es peu patient. Tu manques totalement de patience.
Il n’est guère bavard. Il ne dit jamais rien.
Pas mauvaise cette charlotte aux fraises. J’adore cette charlotte aux fraises.
d) Remplacez ces euphémismes par les mots qu’ils désignent réellement.
Il est un peu fatigué : Il est gravement malade.
Avez-vous pris vos précautions avant de partir? Êtes-vous allé aux toilettes ?
Le nombre de demandeurs d’emploi n’a pas augmenté. Le nombre de chômeurs ne baisse pas.

Changement de registre
Le texte du Grand Combat a été écrit par Henri Michaux à l’aide de mots inventés et burlesques. Vous ne les trouverez pas dans le
dictionnaire…

« Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;


Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle (…)
Enfin il l’écorcobalisse. »
Henri Michaux, Le Grand Combat, collection « une œuvre, un portrait », éditions Gallimard, 1927.

69
TRUCULENT

a) Relisez ce passage dans la chronique puis essayez, en isolant des radicaux ou des sons, d’imaginer le sens des mots suivants.
Tout n’est pas possible !
Emparouille : pourrait signifier « s’emparer de quelqu’un avec le suffixe « ouille » polysémique.
Endosque : à partir du mot « dos », on peut imaginer une prise de lutte.
Rague : À rapprocher de « drague », il le « traîne » ?
Roupète : Plusieurs interprétations possibles, sens difficile à imaginer.
Drâle : « Râle » ?
Ecorcobalisse : On peut penser au verbe « écorcher », avec une finale « lisse ».
Espudrine : À la façon de Michel Audiard « réduire en pièces façon puzzle », on peut imaginer « réduire en poudre ».
Se défaisse : « Se défait ».
Se torse : si le torse « se tord » ?
b) Changez de registre et récrivez ce texte dans une écriture plus courante.
« Il s’empare de son adversaire et le jette à terre.
Maintenant son dos à même le sol, il le traîne sur les pierres qui lui écorchent le corps jusqu’à lui arracher des cris de douleur.
Vaincu il s’épuise, perd conscience en se tordant de douleur. »
La truculence du texte a disparu !

c) Atelier d’art dramatique


Entraînement vocal à la manière antique
Au théâtre, comme dans de nombreux métiers, la voix est un outil de travail qu’il faut exercer de façon à être capable d’incarner avec jus-
tesse celle du personnage que l’on veut interpréter.
Vous avez entraîné votre corps selon les méthodes de l’atelier de virelangues (cf. fiche « placoter »). À présent, ajoutez quelques exercices
supplémentaires à la façon de Démosthène qui ne devint l’orateur par excellence qu’après un travail acharné rapporté par l’historien
Plutarque :

« Il parvint par ses efforts à se défaire de sa prononciation vicieuse et de son zézaiement, et à


articuler nettement en se mettant des cailloux dans la bouche tout en déclamant des tirades. Pour
exercer sa voix, il parlait en courant et en gravissant des pentes, et prononçait d’un seul trait, sans
reprendre haleines, des discours ou des vers. Enfin, il avait chez lui un grand miroir, en face duquel
il se plaçait pour s’exercer à la déclamation. » Plutarque, Vies, « Démosthène, XI, 1 »
Vous pouvez apprendre par cœur et réciter une partie de la « tirade du nez » dans la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, Acte I
scène 4. Elle commence ainsi :
« Ah ! non ! C’est un peu court, jeune homme…
On pouvait dire… »

7 ∙ Projet final
Parcours artistique et culturel : faire l’expérience de la scène | Charte pour l’éducation artistique et culturelle :
l’éducation artistique doit être accessible à tous : être soi-même sur scène pour apprendre son rôle de spectateur
de théâtre

« Voir le théâtre, c’est voir une scène qui vit en lumière, en son et en décors, des acteurs qui donnent de leur corps, de leur voix, de leur éner-
gie, c’est découvrir une mise en scène qui n’a jamais été prévue », écrit Pascal Caglar, in actualites.ecoledeslettres.fr

sujet : « L’Improvisation » ou le plaisir de jouer et le plaisir d’être spectateur !

L’improvisation est toujours à la fois surprenante parce que rien n’est tout à fait écrit, et émouvante parce qu’elle est un partage entre
celui qui joue et celui qui l’écoute. Elle est aussi un jeu sur scène par son caractère d’imprévisibilité.
Choisissez une scène de roman, le prologue d’une pièce antique, une situation que vous pouvez imaginer et qui servira de trame pour le
jeu théâtral.
Chacun peut proposer son jeu, sur le mode de son choix (truculent, lyrique, etc..).
On filmera les improvisations.

70
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

71
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Voix ∙ n. f.

1 Ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales.
2 Ce que l’on ressent en soi-même, qui avertit, qui inspire.

Voix ! Quel joli mot ! Comme si, Pourtant elle ne sert pas
en s’appuyant sur une consonne, qu’à parler : elle crie,
V, pour mieux s’ouvrir sur une elle chante, elle soupire…
semi-voyelle, « Oua », et fleurir sur Et évidemment elle permet
le « A » final, il voulait embrasser en d’articuler, de sculpter
une seule syllabe, l’exemple le plus ces sonorités qui vont être
convaincant de ce que nous offre le support d’une langue.
la phonétique ! Un joli mot, mais Elle prend donc sa forme
une chose bien singulière ! La plus conformément au système
concrète du monde, et en même phonétique de la langue
temps insaisissable, qui s’évanouit maternelle de chacun :
sitôt prononcée. une voix chinoise et une
voix brésilienne, c’est bien
Techniquement, la voix, c’est
différent. Mais la voix a
l’ensemble des sons émis par
ce charme supplémentaire
l’appareil phonatoire humain,
de n’être pas la même
cordes vocales qui vibrent, vibration
pour chacun d’entre nous :
qui résonne dans le larynx, dans
comme ma mâchoire ne
la bouche, la langue et les lèvres
ressemble pas à celle du
qui modulent, qui donnent forme
voisin, ma voix n’est pas la
à ces sons… Voilà la voix.
sienne. Ce qui permet de
nous différencier et de nous
reconnaître aussi bien que
les traits du visage.
Et puis selon les humeurs,
on peut encore changer tout
ça, en prenant tour à tour
une voix tendre ou sévère.
Ce qui fait que facilement,
on va l’identifier à une
signification. D’où les très
nombreux emplois figurés
que le mot va prendre :
la voix de la raison ou celle
du cœur ; la voix divine
ou la voix de son maître.
Et bien souvent, la voix
va désigner une opinion
qui s’exprime : on a voix
au chapitre quand on est
autorisé à donner son avis.

72
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

73
VOIX

P rojet pédagogique
Confronter le cœur et la raison
activités
1 • Pour commencer
a) Après avoir visionné l’animation, écrivez phonétiquement le mot « voix ».
« Voix » s’écrit phonétiquement [vwa].
b) Les voix changent selon les pays. Quelles nationalités sont citées dans la chronique ? Aidez-vous des drapeaux.

La nationalité chinoise et la nationalité brésilienne.

c) Quelle caractéristique morphologique modifie le son de la voix ?


La forme de la mâchoire change la voix.
d) Pourquoi une voix peut-elle être tendre ou sévère ?
La voix change selon les humeurs.

2 • Comprendre de manière générale


La voix est le thème de la chronique.

a) Replacez les idées développées dans la chronique selon l’ordre dans lequel elles sont présentées.
– à quoi sert la voix – décomposition phonétique
– décomposition phonétique – description de l’appareil phonatoire
– description de l’appareil phonatoire – à quoi sert la voix
– la voix, un attribut personnel – voix et langue maternelle
– les emplois figurés – la voix, un attribut personnel
– les intonations de la voix – les intonations de la voix
– voix et langue maternelle – les emplois figurés

b) Retrouvez de mémoire les cinq sens figurés du mot « voix ».


Les cinq sens figurés sont : la voix de la raison, la voix du cœur, la voix divine, la voix de son maître, la voix en tant qu’opinion.

74
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

3 • Comprendre de manière détaillée


a) Identifiez le passage où le mécanisme de la voix est décrit et nommez les parties du corps qui interviennent
dans le mécanisme de production d’un son.

« Techniquement, la voix, c’est l’ensemble des sons émis par l’appareil


phonatoire humain, cordes vocales qui vibrent, vibration qui résonne
dans le larynx, dans la bouche, la langue et les lèvres qui modulent, qui donnent
forme à ces sons. »

Les cordes vocales, le larynx, la bouche, la langue, les lèvres interviennent dans le mécanisme de production d’un son.

b) À quoi sert la voix ? Replacez les éléments de la chronique dans leur ordre d’énonciation.
La voix sert à chanter, parler, soupirer, crier.
La voix sert à parler, chanter, crier, soupirer
c) Pourquoi Jeanne d’Arc apparaît-elle dans l'animation ? Quel sens figuré illustre-t-elle ?
Jeanne d’Arc illustre l’exemple de « la voix divine ».
Elle aurait entendu des voix lui demandant de chasser les Anglais hors de France.

4 • Réfléchir sur la langue


Exprimer l’intensité : adverbes et degrés de l’adjectif

a) Déterminez et marquez l’intensité d’un adjectif par un adverbe.


Classez du plus faible au plus intense les adverbes suivants :
assez, peu, trop, très
peu, assez, très, trop
Complétez les phrases avec l’adverbe qui convient :
– La jactance, c’est parler trop.
– Le député ne parle pas assez fort pour que les autres l’entendent.
– Nous ne voterons pas pour lui : ses arguments sont peu convaincants.
– Cet autre orateur est très éloquent ; il parvient à remuer la foule.
b) Certains adverbes en « ment » permettent d’exprimer une intensité élevée.
Retrouvez les adverbes qui dérivent des adjectifs suivants :
absolu, complet, entier, extrême, total
absolument, complètement, entièrement, extrêmement, totalement

c) Certains préfixes placés devant un adjectif en renforcent l’intensité. Associez un préfixe à un adjectif et évaluer le niveau de langue.
Préfixes : archi, extra, super, hyper, ultra
Adjectifs : fort, plein, nerveux, posé, marin
extra-fort (courant), archi-plein (familier), ultra-marin (courant), hyper-nerveux (courant), superposé (courant). D’autres combinaisons
sont possibles : super-nerveux serait plutôt familier.

5 • Jouer avec les mots


Connaître l’origine et la formation des mots
« Voix » se dit :
– phoné, en grec ancien,
– vox, vocis en latin (attention, il faut prendre en compte le radical VOC / VOQ pour réaliser l’exercice).

75
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

a)Avec quels préfixes combiner phoné et vox / VOC / VOQ pour obtenir des mots connus ?
Que remarquez-vous ?

PRÉFIXES GRECS PRÉFIXES LATINS PHONÉ (GREC) VOX, VOCIS (LATIN)


sym : avec symphonie
con : avec convoquer

homo : le même
homophone équivoque
aequ / equ : égal
télé : au loin
téléphone provoquer
pro : en avant
phéro : je porte /
phoros : qui porte Phonophorèse
(thérapie par le son) vociférer
fero : je porte

Les radicaux grecs se combinent avec les préfixes grecs. Les radicaux latins se combinent avec les préfixes latins.

b) Trouvez le sens
Analyser le sens des mots : la polysémie

Les mots qui possèdent plusieurs sens sont dits « polysémiques » (poly : plusieurs ; sème : le sens)
Parmi les définitions des mots suivants, rayer l’intruse :
chapitre (nom commun)
– assemblée de moines
– partie d’un texte
– partie supérieure d’une colonne (c’est le chapiteau)
voix (nom commun)
– un ensemble de sons produits par le larynx
– expression de l’opinion
– la route, le chemin (s’écrit « voie », il s’agit d’un homonyme)
singulier (adjectif)
– simple
– bizarre
– qui concerne un seul individu
humeur (nom commun)
– tendance du caractère
– disposition à la gaieté et aux mots d’esprit (c’est l’humour)
– liquide organique contenu dans le corps
appareil
– l’action de se montrer (c’est l’apparition)
– un ensemble d’éléments
– un outil

76
SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Percevoir un effet esthétique et en analyser les sources | Repérer les effets poétiques : la rime
Écriture d’invention : s’inscrire dans un genre littéraire et respecter les normes de la poésie

c) Faire rimer les mots en « ynx »


Écoutez le poème en rimes en « ix » de Stéphane Mallarmé, Sonnet. Il n’est pas nécessaire d’en comprendre tout le sens.
À l’écoute, pensez-vous que la sonorité ix soit poétique et musicale ?
https://www.youtube.com/watch?v=oWCpolAf7k8

d) Atelier Vocal
Défiez Stéphane Mallarmé et composez un poème en « ynx » comme larynx.
Vous pouvez vous aider d’un dictionnaire de rimes en ligne, tel rimessolides.com
http://www.rimessolides.com/default.aspx

Quels mots riment avec « voix » si on associe « rime pour l’oreille » et « rime pour l’œil » ?
Rappel : la rime pour l’œil associe le son et la graphie orthographique. Par exemple, ant ne peut pas rimer pour l’œil avec ent,
même si les sons sont équivalents.
On ne dispose donc que de choix et de poix pour rimer avec voix.

6 • S’exprimer
Identifier et utiliser des liens de cohésion textuelle : les connecteurs logiques

« Pourtant [la voix] ne sert pas qu’à parler : elle crie, elle chante, elle soupire…
Et évidemment, elle permet d’articuler, de sculpter ces sonorités qui [seront]
le support d’une langue. Elle prend donc sa forme conformément au système
phonétique de la langue maternelle de chacun : une voix chinoise et une voix
brésilienne sont bien différentes. Mais la voix a ce charme supplémentaire de
n’être pas la même pour chacun d’entre nous. »
a) Utilisez les connecteurs logiques pour introduire…
– un contre argument : mais
– une concession ou la faiblesse d’un argument : pourtant
– la conclusion d’un raisonnement : donc
Vous pouvez solliciter l’aide de votre professeur.

Complétez avec les connecteurs qui conviennent :


La voix contribue à définir la personnalité de chacun mais elle varie selon l’humeur. Pourtant nous ne changeons pas radicalement de
tessiture de voix. Il faudrait donc dire que nous n’avons pas toujours exactement la même voix.
À vous de rédiger un court paragraphe sur la voix en utilisant ces trois connecteurs logiques.

Maîtriser le thème et la visée d’un texte descriptif et explicatif

LE TEXTE DESCRIPTIF
Intention de communication : le texte descriptif représente un objet de référence.
La voix. Techniquement, il s’agit de l’ensemble des sons émis par l’appareil phonatoire humain, les cordes vocales qui vibrent, la vibration
qui résonne dans le larynx et la bouche, la langue et les lèvres qui modulent et donnent forme à ces sons.
b) Rédigez une phrase descriptive pour les trois objets suivants :
– la tribune : – le haut-parleur : – le sonotone :

On évaluera la clarté et la présence d’un vocabulaire technique et précis.

77
VOIX

LE TEXTE EXPLICATIF
Intention de communication : le texte explicatif répond à la question « pourquoi ? »
À partir de la chronique d’Yvan Amar, sauriez-vous dire pourquoi chacun possède une voix particulière ?
La voix prend sa forme conformément au système phonétique de la langue maternelle de chacun.
Elle dépend de notre mâchoire.

7 • Projet final
EMC : penser et agir par soi-même et avec les autres et pouvoir argumenter ses positions et ses choix

« La voix de la raison ou celle du cœur »


Les arguments n’ont pas tous la même valeur et ne sont pas tous de même nature. On peut faire parler sa raison ou son cœur. Les deux
entrent parfois en contradiction. Dans le Cid de Corneille, la raison interdit à Chimène d’aimer Rodrigue, le meurtrier de son père, mais son
cœur lui dicte d’aimer ce même Rodrigue.
Organisez sur un sujet de votre choix le combat de la raison contre le cœur. Distinguez les arguments qui reposent sur une analyse
rationnelle des faits de ceux qui relèvent des sentiments et des émotions. Un élève peut représenter la raison, l’autre le cœur ; un même
élève peut tour à tour épouser les deux points de vue.

Pour aller plus loin


Qu’est-ce qu’un dilemme ? Un cas de conscience ?
Voir la fiche pédagogique Éduscol en ligne : « Dilemmes moraux » (Enseignement moral et civique, cycle 2).
https://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/01/5/ress_emc_dilemmes_moraux_464015.pdf

Le dilemme est un choix difficile à établir entre deux propositions. Il peut déboucher sur une situation insoluble propre à freiner,
voire bloquer, toute action.
Le cas de conscience est le conflit d’ordre moral qu’éprouve une personne lorsqu’elle doit accomplir un acte que sa morale réprouve.
Il y a conflit entre deux systèmes de valeur.

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

79
DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Volubile ∙ n. m.

1 Qui parle avec abondance, rapidité.

Une parole qui tourne sur elle- Si la volubilité se souvient


même, qui s’envole en spirale, de son origine, c’est grâce
entoure d’abord celui qui l’envoie à la légèreté qui la porte,
avant d’envelopper délicatement la fait s’envoler comme une
celui à qui elle se destine, un fumée qui monte avant de
tourbillon léger qui se dilue dans se dissoudre. Étrangement,
l’air… est-ce tout cela qui fait un le sens est assez récent :
discours volubile ? Il est sûr que jusqu’au xviiie siècle,
le terme s’apparente à la volte, être volubile tenait
à la volute : l’idée d’enroulement davantage de la girouette :
et même de spirale est primordiale on liait ce tournoiement
dans l’histoire du mot, même à la mobilité de l’opinion,
si elle n’est plus clairement sentie à l’inconstance de l’idée.
aujourd’hui. Et elle s’est effacée Et plus anciennement,
au profit de celle de la vitesse : ce qui était volubile
le débit pressé, voilà ce qu’évoque était simplement ce qui
la volubilité ! Les mots qui suivent bougeait sans effort :
sans interruption, qui se bousculent, un terme de vènerie, de cet
qui se poussent les uns les autres art d’élever des oiseaux
en un flux ininterrompu : ils vont vite, qui vous aidaient à chasser.
et par conséquent, ils sont nombreux. Rien n’était plus volubile
que la queue du faucon
La phrase est abondante et le
qui bouge incessamment !
vocabulaire exubérant. La volubilité
pour autant n’a rien d’agressif : Aujourd’hui, les
il ne s’agit pas d’empêcher l’autre associations sont passées
de parler… et pourtant, bien malin de la faune à la flore,
celui qui peut se glisser au beau et on pense au volubilis,
milieu de cette onde torrentielle. une fleur colorée qui
De toute façon, elle sert plus pousse sans effort autour
à raconter qu’à convaincre, de nos clôtures.
elle tient plus au plaisir de parler
qu’au désir de persuader.

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

1 2

Scénarimage
4 5

VOIR LE FILM

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VOLUBILE

P rojet pédagogique
Concevoir, réaliser et défendre un projet culturel collectif

activités
1 ∙ Pour commencer
Avez-vous le sens de l’observation ?

a) Vrai ou faux
Regardez deux fois l’animatique, puis cochez la bonne réponse.

PERSONNAGES AFFIRMATIONS VRAI FAUX

La première jeune femme a les cheveux courts x

Le destinataire porte un col roulé x

Le premier conducteur porte un béret x

Le couple dans la voiture roule tête nue x

L’homme-girouette porte des lunettes x

L’homme de scène porte un tee-shirt x

Le chasseur a une moustache x

b) Un mot qui ne figure pas dans la chronique et qui n’est pas prononcé, apparaît sur le fond d’une image.
L’avez-vous vu ?
C’est le mot « LOGORRHÉE ».
Connaissez-vous son sens ?
Une logorrhée désigne un flot de paroles, un besoin incontrôlable de parler.

Pouvez-vous le déduire, soit par les mots de la chronique…


« Des mots qui se suivent sans interruption… en un flux ininterrompu ».
… Soit par sa composition ?
Le mot est formé de deux radicaux : logo- « la parole » et rrhée « l’écoulement ».

2 ∙ Comprendre de manière générale


Comprendre les caractéristiques graphiques de l’animatique

a) Dans la première partie, les mots de l’animatique prennent trois formes graphiques différentes. Pourquoi ?
Dans un premier temps, ils forment des spirales, puis ils défilent et enfin ils s’entassent.
Chaque forme graphique correspond à un aspect sémantique du mot.

b) La seconde partie ne comporte plus de mots, pourquoi ?


La seconde partie comporte des images qui font comprendre les différentes facettes de ce mot.

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

3 ∙ Comprendre de manière détaillée


a) Quel groupe nominal donne la clé de la composition de la chronique ?
Le groupe nominal « histoire du mot ». Il donne la clé de la composition : après avoir présenté le champ lexical du mot
et ses caractéristiques, l’auteur remonte dans le temps pour retrouver ses origines.

b) Complétez le tableau ci-dessous :

TEXTE DONNEZ UN TITRE


Du début à « vocabulaire exubérant » Le champ sémantique du mot « volubile »

« La volubilité… avant de se dissoudre » Le plaisir de parler

« Étrangement… idée » Un sens disparu

« Et plus anciennement… fin » Les origines du mot

4 ∙ Réfléchir sur la langue


L’étymologie comme principe fédérateur | La détermination du nom

a) Relevez les verbes, noms et mot(s) invariable(s) qui indiquent l’idée de tourner.

VERBES NOMS PRÉPOSITION


tourne spirale Autour de
s’enveloppe, envelopper tourbillon
volte
entoure
volute
enroulement
girouette
tournoiement

b) Le radical vo- de l’adjectif « volubile » indique l’idée de « rouler ».


Trouvez quatre mots construits sur cette même racine dont deux sont dans le texte. À quel domaine appartiennent-ils ?
DANS LE TEXTE :
Volute : terme d’architecture qui désigne la bande roulée en spirale du chapiteau ionique.
Volte : terme d’équitation, d’escrime ou de danse, qui désigne un mouvement circulaire ou semi-circulaire, effectué vivement
et brusquement par une personne ou un animal.
HORS TEXTE :
Volte-face : Changement brusque et complet dans les opinions, les dispositions d’une personne.
Volume (volumen) : ensemble de feuilles manuscrites collées côte à côte et enroulées autour d’un bâtonnet.
Révolution : mouvement en courbe fermée autour d’un axe ou d’un point, réel ou fictif, dont le point de retour coïncide avec le point
de départ, etc.(domaine de l’astronomie, des idées).

c) Le radical spir- (du grec speira, « repli ») indique l’idée de « plier, entourer, envelopper » et sert à désigner toutes sortes d’objets,
dans des domaines variés : les replis du serpent, d’un coquillage, un terme de géométrie, une corde, etc.
Quel intérêt peut-on tirer d’un tel recours à l’étymologie ?
L’étymologie permet d’établir des liens entre des domaines – ou des disciplines d’enseignement – différentes.
Elle est un moyen de trouver de la cohérence dans l’étude des vocabulaires.

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VOLUBILE

d) Comment le chroniqueur parvient-il dans la construction de la première phrase à créer l’idée d’un ruban qui se déroule ?
La phrase est composée d’un enchaînement de propositions relatives déterminatives qui ne permettent pas d’arrêter le « flux »
car elles apportent une précision indispensable au sens :
Une parole……… qui tourne
…………qui s’envole
entoure…………….celui qui
avant d’envelopper… celui à qui
un tourbillon……….. qui…

5 ∙ Jouer avec les mots


Le jeu des noms propres et des noms communs | Utiliser une figure pour enrichir l’expression
sans alourdir la syntaxe : l’antonomase

Toponymie (la toponymie étudie les noms de lieux, « topos »)


La chronique évoque le « volubilis, cette fleur colorée ».

a)Connaissez-vous la ville antique qui porte son nom et pour quelle raison ?
Il s’agit de Volubilis (avec un V majuscule), la ville antique berbère que les Romains ont découverte en Maurétanie et qu’ils ont appelée
Volubilis au iiie siècle av. J.-C., à cause de ces fleurs particulièrement abondantes aux abords de l’oued, de la rivière, qui la bordait.

b) Depuis l’Antiquité, certaines fleurs ou plantes ont donné leur nom à des villes et sont ainsi devenues des noms propres.
Pouvez-vous citer d’autres villes qui portent aussi un nom de fleur ?
La ville de Rhodes dans l’île qui porte le même nom (la rose rhodon en grec étant la fleur d’Athéna).
La ville de Rosas (ou Roses) en Espagne, sur la Costa Brava (rosa, la rose, pour des raisons identiques avec la déesse
Vénus très honorée dans cette région.
La ville Florence en Italie parce qu’elle fut construite sur des prés fleuris.
Lirio (le lys) en Lombardie.
Les villes de Santa-Margarita en Espagne ou Santa Margherita en Italie…

Antonomase : le jeu des noms propres et noms communs


L’antonomase - ἀντι, « à la place de » etὂνομα, « nom » - est une figure qui consiste à faire passer
un nom propre dans la catégorie des noms communs et vice versa, par exemple « un tartuffe »
pour un hypocrite.

L’antonomase fait naître une pensée, une image, elle rend l’expression plus suggestive
sans alourdir la syntaxe.

a) Retrouvez le nom commun correspondant à ces antonomases.


Mentor Égérie
Mécène Sosie
Harpagon
b) Retrouvez leur histoire et des représentations imagées pour mesurer l’écho culturel qu’elles apportent à l’expression.
Mentor est un conseiller sage et expérimenté, qui apparaît dans L’Odyssée d’Homère.
Égérie était une déesse, conseillère du deuxième roi de Rome, le pieux Numa. Elle lui aurait inspiré sa législation religieuse.
À la mort de Numa, elle versa tant de larmes qu’elle fut changée en source.
Mécène, de son nom latin Mæcenas, (70- 8 av. J.-C.), était un homme politique romain proche de l’empereur Auguste.
Il consacra sa fortune à promouvoir les arts et les lettres.
Sosie : personnage de la pièce de l’auteur latin Plaute dont le dieu Mercure prend l’apparence, ce qui donne naissance à l’antonomase.
Harpagon : personnage de la pièce de théâtre L’Avare de Molière, célèbre pour son avarice !
*Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, René Martin, Nathan, 1998.

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

c) Exercice inverse : remplacez le nom commun par la marque qui le désigne :


Un réfrigérateur (un Frigidaire ) – du papier adhésif (du Scotch ) – du papier essuie-tout (du
Sopalin )
– cyclomoteur ( la Mobylette de chez Motobécane ) – un scooter (une Vespa ) – bande autoadhésive ( Velcro )
des Nike ou des Adidas
– baskets ( ).

6 ∙ S’exprimer
Rechercher la volubilité en procédant à des amplifications lexicales et syntaxiques | Utiliser une figure expansive.

Choisir une tournure équivalente développée


L’expression « empêcher l’autre de parler » est remarquable par sa concision.

a) Proposer d’en faire un énoncé de plus en plus prolixe.


b) Quel rapport logique est alors mis en évidence ?
« Faire en sorte que l’autre ne puisse pas parler »
« Faire en sorte pour que l’autre ne puisse pas placer un mot »
« Utiliser tous les moyens possibles pour que l’autre ne puisse placer un mot »
« Utiliser tous les moyens à sa disposition pour que l’autre soit dans l’impossibilité de placer un seul mot », etc.
La transformation met en évidence un rapport de conséquence.

La périphrase
La chronique contient des périphrases définitoires.
C’est une figure qui consiste à remplacer un nom par une expression qui le définit :
elle rend l’expression « abondante » selon le mot de l’auteur.

a) Relevez la périphrase de la chronique qui définit la « vénerie »


« … cet art d’élever des oiseaux qui vous aident à chasser ».
b) Sur le même modèle, définissez par une périphrase ces mots contenus dans la chronique :
-raconter : « cet art de faire un récit détaillé qui est le propre des conteurs ».
-convaincre : « cette capacité d’agir sur la pensée d’autrui qui recourt à un argumentaire d’une logique sans appel ».
-persuader : « cette faculté d’agir sur la pensée d’autrui qui utilise des stratégies pour toucher sa sensibilité et les valeurs
auxquelles il croit ».
-inconstance : « cette facilité étonnante à changer qui caractérise certains individus ».
Pour vous aider, consultez le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) atilf.atilf.fr/tlf.htm

c) ATELIER VOCAL
De la fluidité à la volubilité : échauffement
Exercice devant le miroir
Lire cinq fois un texte d’étude de votre choix :
-a : une première fois en séparant chaque syllabe pour l’articuler avec le volume le plus fort possible.
-b : puis en séparant chaque syllabe mais avec le volume le plus faible possible.
-c : puis en liant les syllabes et les mots selon l’atelier de la fiche 1 « accent ».
-d : et en donnant l’intonation voulue.
-e : enfin une dernière fois, à un rythme plus rapide possible. Lorsque vous relirez le texte, votre volubilité vous étonnera !

Vous pouvez vous mettre à l’épreuve avec le texte de Raymond Devos « À tort ou à raison » in Matière à rire, Plon,1991, p.307

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DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

7 ∙ Projet final
Parcours artistique et culturel : défendre un projet culturel | L’oralité scolaire au service de la défense
de la culture

Sujet : « Prenez la parole ! »


Votre classe a décidé de promouvoir, auprès des collectivités locales, la création d’ateliers d’art dans votre établissement.
1. Afin de « convaincre » et « persuader », vous mènerez une enquête auprès des autres classes et des professeurs pour rédiger ensemble
avec soin le meilleur argumentaire.
2. Vous savez à présent travailler votre voix à partir des différents entraînements proposés dans les fiches précédentes.
3. Vous avez donc à défendre cet argumentaire dans le cadre du Conseil de vie collégienne ou du Conseil de vie lycéenne.
Vous choisirez celui ou celle d’entre vous le/la plus armé/e pour affronter l’épreuve.
4. Il ou elle pourra prononcer ce discours devant un public de plus en plus large ! D’autres « messagers » sont possibles…
5. Vous serez des supporters à la hauteur !

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

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DIS-MOI DIX MOTS SUR TOUS LES TONS

Quelques sites et logiciels…

– Site officiel de l’opération « Dis-moi dix mots » :


www.dismoidixmots.culture.fr
– Site de Réseau Canopé, ressources pédagogiques et Concours des dix mots :
www.reseau-canope.fr/concours-dixmots
– Site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France :
www.dglflf.culture.gouv.fr
– Site de l’Institut français :
www.institutfrancais.com
– Site Edufle :
www.edufle.net/-Didactique-du-lexique-de-la-semantique-FLE
– Portail national français des professionnels de l’éducation :
http://eduscol.education.fr
– Cadre européen commun de référence pour les langues :
www.coe.int (Démocratie > Éducation et langues, Politiques linguistiques)
– Site officiel de terminologie, France Terme :
http://franceterme.culture.fr
– Dictionnaires :
www.lerobert.com
www.lexilogos.com
– Trésor de la langue française informatisé :
http://atilf.atilf.fr
– Revue L’École des lettres :
www.ecoledeslettres.fr
– Site Langue française de RFI :
www.rfi.fr/languefrancaise (cf. Les Mots de l’actualité d’Yvan Amar)
– Site Langue française de TV5 Monde :
www.tv5monde.org/languefrancaise (cf. les vidéos J’aime les mots).
– Site Langue française de Canal Académie :
www.canalacademie.com
– Lesite.tv, banque de vidéos didactisées – France 5 et Réseau Canopé :
www.lesite.tv
– Site Leplaisir d’apprendre
www.leplaisirdapprendre.com
– Dictionnaire vivant en langues des signes
elix-lsf.fr

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SUPPORTS ET ACTIVITÉS PÉDAGOGIQUES

Présentation du concours
des dix mots

Pour la douzième année consécutive, le ministère de l’Éducation nationale lance


le Concours des dix mots, en partenariat avec le ministère de la Culture, le ministère
Crédits
des Affaires étrangères de l’Europe, et le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Directeur de la publication :
Ouvert aux classes de niveau élémentaire mais aussi de collège et lycée en France Gilles Lasplacettes
et à l’étranger, il invite les élèves à réaliser collectivement une production littéraire Directrice de l’édition
reposant sur un réel travail linguistique incluant également une dimension artistique, transmédia : Béatrice Boury
à partir des dix mots choisis. Toutes les passerelles interdisciplinaires sont les bienvenues. Directrice de la pédagogie :
Véronique Billard
Les modalités de participation au concours sont disponibles sur le site Éduscol. Coordination de projet
Sur le site du concours de Réseau Canopé : reseau-canope.fr/concours-dixmots. et suivi éditorial :
Laëtitia Pourel
L’opération annuelle « Dis-moi dix mots » est présentée sur le site du ministère
Rédaction des activités
de la Culture : www.dismoidixmots.culture.fr.
pédagogiques : Monique Legrand,
IA-IPR lettres honoraire ;
Pour le niveau secondaire, les professeurs peuvent s’inscrire
Émilie Nguyen,IA-IPR lettres
jusqu’au 18 décembre 2017 sur le site du concours, en remplissant
classiques, académie de Versailles
un formulaire en ligne. Les productions des élèves sont ensuite
à envoyer jusqu’au 20 mars 2018, accompagnées d’une fiche Rédaction des chroniques :
pédagogique détaillée, à compléter dans l’espace personnel Yvan Amar
en ligne du professeur. Conception des scénarimages :
Aurélien Maury
Réalisation des films
Seules les réalisations sur supports physiques seront adressées par courrier, en joignant
d’animation :
obligatoirement la fiche pédagogique complétée en ligne et imprimée, à l’adresse
Aurélien Maury, Cyril Besse,
suivante :
Xavier Lacombe
Concours des dix mots Interprétation Langue des Signes
Réseau Canopé Française ou LSF:
Téléport 1, @ 4 Vanessa Branchereau, API Lsf
1, avenue du Futuroscope Conception de l’identité graphique
de l’événement et des affiches :
CS 80158 | 86961 Futuroscope cedex Duofluo
Conception de la maquette
La remise des prix fera l’objet d’une cérémonie à Paris, au cours de laquelle seront remis et mise en pages : Réseau Canopé
onze prix dotés par les éditions Le Robert et L’École des lettres.
Réseau Canopé, 2017

Version imprimée :
ISBN :978-2-240-04601-7
Réf. W0005821

Version numérique :
ISBN :978-2-240-04602-4
Réf. W0005823

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Logo PEFC

Impression : Corlet Imprimeur


Octobre 2017
DI S - M O I
DI X M OT S
S UR TOUS
LE S TON S

C O N TA C T S

POUR LA FRANCE
Le ministère de la Culture, Délégation générale à la langue française
et aux langues de France
dismoidixmots.dglflf@culture.gouv.fr

Les Directions générales des affaires culturelles en régions,


le ministère de l’Éducation nationale, Dgesco – Bureau des actions
éducatives, culturelles et sportives
dominique.pince-salem@education.gouv.fr

Réseau Canopé, le réseau de création et d’accompagnement pédagogiques


laetitia.pourel@reseau-canope.fr

POUR L’ÉTRANGER
Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
secretariat.dgm-dcerr-lfe@diplomatie.gouv.fr

L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE)


helene.pouyfaucon@diplomatie.gouv.fr

La Mission laïque française (MLF)


dominique.collado@mlfmonde.org
corinne.bajon@mlfmonde.org

POUR LA BELGIQUE
La fédération de Wallonie – Bruxelles
langue.francaise@cfwb.be

reseau-canope.fr/concours-dixmots
dismoidixmots.culture.fr
facebook.com/dismoidixmots

© RÉSEAU CANOPÉ, 2017


dismoidixmots.culture.fr
RÉF. : W0005823
ISBN :978-2-240-04602-4
-:HSMCOA=UY[UWY:
Partenaires institutionnels
Événement organisé par

Bénéficie du soutien de
En collaboration avec

Partenaires médias

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