Professional Documents
Culture Documents
Simon Pierre
Simon Pierre
« Or il arriva, comme la foule se jetait sur lui [Jésus] pour entendre la Parole de Dieu,
qu’il se tenait sur le bord du lac de Génésareth. Et il vit deux nacelles qui étaient au bord
du lac. Or les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Et montant dans l’une
des nacelles qui était à Simon, il le pria de s’éloigner un peu de terre ; et, s’étant assis, il
enseignait les foules de dessus la nacelle. Et quand il eut cessé de parler, il dit à Simon :
Mène en pleine eau, et lâchez vos filets pour la pêche. Et Simon, répondant, lui dit :
Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n’avons rien pris ; mais sur ta parole je
lâcherai le filet. Et ayant fait cela, ils enfermèrent une grande quantité de poissons, et leur
filet se rompait. Et ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l’autre nacelle de
venir les aider ; et ils vinrent et remplirent les deux nacelles, de sorte qu’elles enfonçaient.
Et Simon Pierre, ayant vu cela, se jeta aux genoux de Jésus, disant : Seigneur, retire-toi
de moi, car je suis un homme pécheur. Car la frayeur l’avait saisi, lui et tous ceux qui
étaient avec lui, à cause de la prise de poissons qu’ils venaient de faire ; de même que
Jacques et Jean aussi, fils de Zébédée, qui étaient associés de Simon. Et Jésus dit à Simon :
Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des hommes. Et ayant mené les nacelles à terre, ils
quittèrent tout et le suivirent » (Luc 5:1-11).
Le fait que le récit soit donné sous cette forme seulement dans l’évangile de Luc, mérite
qu’on commence par réfléchir un peu sur le caractère de cet évangile. Nous le ferons en
quatre points :
L’évangile de Luc nous montre le Seigneur comme un Homme véritable, venu du ciel sur
la terre pour nous apporter le grand salut de Dieu, à nous les hommes. On pourrait donner
à cet évangile le titre « D’homme à homme ». L’Homme du ciel est venu sur cette terre
pour apporter la grâce de Dieu aux hommes vivant ici-bas. Le Seigneur Jésus est « le Fils
de l’homme », c’est à dire qu’Il est né de femme, et est venu en amour et en miséricorde
vers des perdus. En cela, le salut qu’Il apporte n’est pas limité à un peuple (les Juifs),
mais si Dieu se révèle dans l’Homme Christ Jésus, Son message de salut vaut pour tous
les hommes. Luc nous décrit en beaucoup d’occasions comment des hommes ont
rencontré le Seigneur Jésus. Ces rencontres ont conduit à des transformations. Ces
rencontres ont apporté aux hommes le grand salut de Dieu.
Si on cherche des titres bibliques pour l’évangile de Luc, on peut en trouver dans les écrits
de Paul :
• Tite 2:11 : « Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les
hommes ».
• 1 Timothée 2:5-6 : « Car Dieu est un, et le médiateur entre Dieu et les hommes est
un, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous ».
Aucun évangile autre que Luc ne parle autant de la grâce et de la miséricorde de Dieu
avec nous les perdus. Le Seigneur Jésus dit de Lui-même : « car le fils de l’homme est
venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19:10).
Des scènes typiques de Luc décrivent la grâce et le salut d’hommes plongés dans une
profonde misère, comme par exemple l’histoire du bon samaritain (Luc 10), celle du fils
prodigue (Luc 15), et celle du salut du brigand sur la croix (Luc 23). Toutes les trois ne
se trouvent que dans l’évangile de Luc et montrent nettement le caractère de cet évangile.
Ce n’est pas par hasard que Dieu a justement choisi Luc pour lui faire écrire l’évangile
de la grâce de Dieu et de Son salut pour les hommes. Luc nous est connu comme
compagnon de voyage de Paul dans le livre des Actes. Dans les épîtres Paul le mentionne
trois fois. En Col. 4:14 nous apprenons qu’il était le « médecin bien-aimé ». Dans l’épître
à Philémon (v. 24), Paul l’appelle son compagnon d’œuvre. En 2 Tim. 4:11, il est le
dernier fidèle ami auprès de Paul dans sa cellule du couloir de la mort à Rome. Paul écrit :
« Luc seul est avec moi ».
• Grec de naissance, Luc est le seul non-Juif que Dieu ait choisi pour écrire une partie
de sa Parole. Après ceux de Paul, ce sont les écrits de Luc qui prennent la plus
grande place dans le Nouveau Testament, avec son évangile et le livre des Actes.
Dieu a choisi un homme des nations pour écrire sur « le Sauveur du monde » (Jean
4:42 ; 1 Jean 4:14), sur Celui qui est venu non seulement pour les Juifs, mais aussi
pour les nations. Un païen écrit sur le salut pour les païens.
• Comme médecin, Luc était un homme de haute éducation. Dieu a choisi ce médecin
pour écrire sur le grand Médecin venu du ciel, sur Celui qui apporte le salut (ou :
la guérison) aux hommes. La profession de Luc l’a amené à s’occuper des maladies
et des méthodes de guérison. Mais le salut dont il parle dans son évangile ne pouvait
être apporté que par l’Homme venu du ciel.
Une brève comparaison des deux livres de la Bible écrits par Luc montre une parenté
étroite entre eux. Les deux s’occupent du salut de Dieu :
• Son évangile décrit le salut que Dieu a apporté dans la personne du Seigneur Jésus.
« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas
leurs fautes » (2 Cor. 5:19).
• Les Actes des apôtres décrivent comment l’apôtre a fait connaître le salut parmi les
hommes : « … mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc
ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ;
nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5:19-20).
Au ch.1 v.3, Luc communique quelque chose d’important pour la bonne compréhension
de son évangile. Il écrit au destinataire de sa lettre qu’il lui a semblé bon d’écrire « toutes
choses… par ordre ». « Par ordre » peut signifier un ordre chronologique, ou un ordre
selon la connexion interne. Une comparaison par rapport à l’évangile de Marc montre
tout de suite que Luc s’écarte souvent de l’ordre chronologique, et présente certaines
scènes selon une connexion interne, de sorte qu’elles s’accordent dans leur portée
spirituelle.
Cela vaut aussi pour le ch. 5. Si nous comparons les scènes réunies dans ce chapitre avec
la description de Marc, il apparaît nettement qu’elles ne se sont pas déroulées dans l’ordre
selon lequel Luc les réunit. Cependant nous reconnaissons tout de suite pourquoi Luc,
sous la direction du Saint Esprit, les met en étroite relation.
Après que le Seigneur Jésus au ch. 4, a prêché aux foules dans la puissance de Dieu, Il
continue ensuite à le faire. Cependant au ch. 5 Il commence à s’occuper de personnes
individuelles. Il y a quatre rencontres de personnes avec Lui. Les quatre montrent les
effets glorieux de la grâce de Dieu dans le Seigneur Jésus, et comment ces effets se
traduisent dans un homme :
• la rencontre du Seigneur avec Pierre sur la mer, montre clairement que la grâce tire
un homme de son état de pécheur pour le placer à Sa suite ;
• l’homme plein de lèpre parle de l’action purificatrice de la grâce ;
• la guérison du paralytique parle de la grâce qui nous donne la puissance de vie avec
le Seigneur ;
• l’histoire du publicain Lévi complète le sujet, et nous apprenons que la grâce
s’occupe d’obtenir pour notre vie un but entièrement nouveau et un centre.
Le récit a pour but de montrer comment le Seigneur a appelé Pierre à Son service. Pierre
reçoit à la fin la promesse de devenir pêcheur d’hommes. Là-dessus il laisse tout, et suit
le Seigneur. De « pêcheur de poissons », il devient « pêcheur d’hommes ». Il est
incontestable que Pierre comme disciple et apôtre, a eu un appel particulier et une mission
particulière, que personne d’entre nous n’a sous cette forme. Cependant ce paragraphe
donne des instructions importantes pour tous ceux qui veulent suivre et servir le Seigneur.
Pierre dut être préparé pour sa grande mission et apprendre une leçon importante que
doivent apprendre tous ceux que le Seigneur veut utiliser dans Son royaume. La grande
leçon est celle-ci :
Pierre avant d’être mis en service, a dû éprouver que le Seigneur Jésus change la vie. Il a
dû apprendre premièrement qui est le Seigneur Jésus, et deuxièmement qui il était lui-
même. Dans cette circonstance, Pierre a acquis d’un côté le sentiment de la grandeur et
de la gloire du Seigneur Jésus, aux genoux duquel il s’est jeté. D’un autre côté, il a
confessé qu’il était lui-même un homme pécheur. Pierre a appris à se connaître lui-même.
Il n’avait rien fait de mal ici, mais il s’est aperçu de ce qu’il était en lui-même, un homme
pécheur qui est impropre à la présence du Seigneur. Pierre n’était pas seulement
quelqu’un qui avait péché, mais il était un pécheur.
Voilà la grande leçon pour nous. Nous n’avons pas seulement péché, mais nous sommes
pécheurs par nature. Ce n’est que quand nous l’avons réellement appris, que nous sommes
en état de suivre et servir le Seigneur.
Il est impressionnant de voir comment le Seigneur Jésus a fait passer cette leçon à Pierre.
Il n’a pas dit brutalement les choses à Pierre, ni ne l’a confronté tout de suite avec la vérité
qu’il est un homme pécheur. Non, le Seigneur Jésus agit comme Celui qui connaît les
cœurs (Actes 1:24), avec beaucoup de sagesse et de précautions. Il fait faire à Pierre
l’expérience de quelque chose de très particulier. Il lui donne une grande bénédiction. Par
cela Pierre en vient « comme de lui-même », mais quand même par l’action du Seigneur,
à la connaissance qu’il est un homme pécheur, qui est impropre à la présence du Seigneur.
Ces versets nous rapportent comment Pierre a été conduit au Seigneur, et a reçu son
nouveau nom. Dans le fait d’être amené au Seigneur, nous pouvons voir, avec la prudence
qui s’impose, la conversion de Pierre. Le fait que le Seigneur l’appelle une « pierre »,
montre clairement qu’il reçoit alors une nouvelle vie (1 Pierre 2:5). Les pierres de la
maison de Dieu sont des pierres vivantes. Il est frappant que Pierre, dans ces versets, est
entièrement passif. Il ne fait rien et ne dit rien, ce qui est le contraire de son caractère. Le
Seigneur est Celui qui agit. S’il s’agit de donner la vie nouvelle à un homme, nous les
hommes n’y pouvons rien du tout. La nouvelle naissance est d’en haut. Elle est de Dieu.
À première vue, il pourrait sembler que Luc écrit au sujet de la conversion de Pierre dans
ce passage de Luc 5. Mais la comparaison avec Jean 1 montre clairement qu’il faut être
prudent avec cette idée. Pierre avait déjà la vie nouvelle quand le Seigneur Jésus le
rencontra au bord du lac. Ce qui lui manquait était la profonde connaissance de Celui avec
qui il avait à faire, et la connaissance de son propre état de péché.
Quelques détails du récit de Luc montrent clairement que Pierre était déjà né de nouveau
et qu’il connaissait déjà le Seigneur Jésus.
• Il est déjà appelé de son nouveau nom « Pierre ». Certes le texte parle plusieurs fois
de Simon, mais au v. 8 c’est « Simon Pierre » qui se jette aux genoux de Jésus. Le
changement de nom de « Simon » en « Pierre » signifie le changement d’identité
auquel le Seigneur seul avait droit.
• Il appelle le Seigneur Jésus « Maître », et il ne voit pas simplement en lui le « fils
du charpentier », comme beaucoup de ses contemporains. Il reconnaît Son autorité
sur lui.
• Il se montre obéissant. L’ordre du Seigneur de partir en mer de jour pour aller
pêcher des poissons était contre toute logique de pêcheur. Cependant, Pierre est
obéissant et montre par-là de la foi dans ce que le Seigneur lui dit. L’obéissance est
une caractéristique essentielle de la vie nouvelle.
Pour nous, nous apprenons l’importance de ne pas connaître le Seigneur Jésus seulement
comme Celui qui nous donne la vie nouvelle. Cela commence par L’accepter comme
Sauveur, mais en même temps il faut aussi L’accepter et L’adopter comme Seigneur. Si
quelqu’un de ce monde vient à la foi étant adulte, ces deux rencontres ont souvent lieu
ensemble. Paul en est l’exemple classique. Devant les portes de Damas, il a eu une
rencontre décisive avec le Seigneur glorifié. Ses deux questions montrent clairement une
vie entièrement changée par ces deux rencontres. « Qui es-tu, Seigneur ? » (Actes 22:8)
et « Que dois-je faire, Seigneur ? » (Actes 22:10). Il L’avait reçu aussi bien comme
Sauveur que comme Seigneur.
C’est spécialement dans le cas où des enfants ont des parents croyants et qu’ils acceptent
tôt Jésus comme Sauveur, qu’ils doivent alors faire plus tard l’« expérience de Pierre »
selon Luc 5. C’est pourquoi ce récit est spécialement important pour de telles personnes.
Il ne suffit pas de savoir que je suis un pécheur et que j’ai besoin d’un Sauveur. Cette
rencontre initiale est naturellement fondamentale. Mais si ensuite nous continuons à vivre
comme avant, nous passons à côté du plan de Dieu pour notre vie. Dieu veut nous
conduire à reconnaître notre complet état de péché (« je suis un homme pécheur »), pour
devenir alors des disciples et des serviteurs utilisables par notre Seigneur.
Les pécheurs avaient débarqué pour laver leurs filets. Être pêcheur au lac de Génésareth
n’était pas un métier facile. De nuit on allait pêcher sur le lac, et le lendemain il fallait
nettoyer les filets, les laver et les sécher. C’était nécessaire pour que les filets durent
longtemps et ne se déchirent pas. Pierre était manifestement quelqu’un de travailleur :
Malgré la longue nuit de travail, le temps de repos n’était pas venu. Les pécheurs auraient-
ils pris le temps d’écouter Jésus s’Il n’était pas monté dans leur barque ? Nous ne le
savons pas.
Le Seigneur est monté dans l’un des deux bateaux comme si c’était naturel. En tant que
Dieu-créateur rien ne pouvait lui être interdit. Le texte ne dit pas que Jésus ait demandé
l’autorisation de monter dans le bateau, car ce droit lui appartenait depuis longtemps.
Mais ensuite, comme Homme abaissé, Il ne commande pas, mais Il prie le pêcheur Simon
de s’éloigner un peu du rivage pour enseigner la foule de là.
Le message s’adressait visiblement à tous ceux qui étaient venus L’écouter. Mais il y
avait plus. Le Seigneur avait avant tout en vue une certaine personne bien précise. C’était
Simon Pierre. Le Seigneur Jésus savait ce qui était dans son cœur et ce qui lui était
nécessaire. C’est pourquoi Il le sépare de la foule. Il voulait l’avoir tout pour Lui. Pierre
cesse le travail et écoute contraint et forcé, mais de bon gré, ce que Jésus enseignait.
• Dans toute prédication, la Parole de Dieu est à placer au centre. Il est dit à
Timothée : « prêche la parole » (2 Tim. 4:2). Rien n’est plus efficace et plus
vivant que la Parole de Dieu (Héb. 4:12). Elle est utile pour enseigner, pour
convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice (2 Tim. 3:16). Quand
il s’agit d’une prédication devant des non croyants, pensons que la foi provient
de la prédication de la Parole. « Ainsi la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on
entend par la Parole de Dieu » (Rom. 10:17). Ces quelques versets montrent
l’importance de la Parole de Dieu qui est prêchée jusqu’à aujourd’hui.
• Il y a des situations où le Seigneur a quelque chose de tout à fait personnel à
nous dire. Même lorsque la Parole est prêchée publiquement devant beaucoup
de gens, il peut arriver qu’une parole nous touche tout à fait personnellement.
Dans toutes les réunions pour la prédication de la Parole, le message ne
s’adresse pas seulement en bloc pour tous, mais, en même temps et toujours,
pour chacun personnellement. N’avons-nous pas souvent vu que le Seigneur
touchait par sa Parole un point particulier qui nous concernait très
personnellement ? Quelquefois c’est de l’instruction, quelquefois de
l’encouragement et quelquefois de la répréhension.
• Souvent dans la vie de tous les jours, des obstacles nous empêchent de nous
concentrer sur ce que le Seigneur Jésus a à nous dire. L’un de ces obstacles
peut être la vie professionnelle. Elle nous capte souvent jusqu’à la limite d’être
un fardeau. « À terre » nous ne trouvons aucun repos. Aussi le Seigneur
s’occupe parfois de nous « éloigner un peu de la terre » (5:3). Nous avons
besoin de ces pauses courtes, quelquefois plus longues, pour entendre tout
tranquillement ce qu’Il veut nous dire — des moments sans téléphone, sans e-
mail et sans SMS pour nous détourner de L’écouter Lui. Les « temps
tranquilles » sont des temps où nous laissons de côté tout ce qui nous occupe
au quotidien, et où nous nous concentrons entièrement sur Lui.
Un bon exemple de cela est Marie de Béthanie (Luc 10:38-41). Il y avait beaucoup à
faire à la maison. Le travail à la maison peut lui aussi nous empêcher d’avoir nos
« temps tranquilles » avec le Seigneur. C’était le cas de Marthe, mais pas de Marie.
Celle-ci n’était pas paresseuse, mais elle savait ce qu’il fallait faire au bon moment.
Quand Jésus parlait, elle était assise à Ses pieds pour écouter la Parole. Elle avait
choisi « la bonne part », elle avait établi ses priorités correctement.
Il est impressionnant de voir comment Celui qui connaît parfaitement les hommes, le
parfait Pasteur, atteint ce but. Contrairement, par exemple, à Son entretien avec
Nicodème, le Seigneur ne confronte pas Pierre directement avec les faits. Il ne dit pas
brutalement les choses. Il ne lui dit pas directement ce qu’Il pense de lui. Si Jésus avait
dit : « Écoute un peu Pierre, j’ai un message important pour toi. Je suis le Fils de Dieu et
tu es un pécheur », Pierre aurait peut-être suivi intellectuellement et serait arrivé à
comprendre cela ; mais son cœur n’aurait guère été touché. Peut-être aurait-il répondu :
« oui nous sommes tous pécheurs, mais je ne suis pas si mauvais que ça, pas plus que les
autres, et je ne recommencerai pas ». C’est pourquoi le Seigneur procède tout
différemment. Il exprime d’abord une demande, et donne ensuite un ordre.
La prière demandait de s’éloigner un peu du rivage. Après que Pierre se soit conformé à
cette demande, il obéit à l’ordre d’aller vers le large et d’y jeter les filets pour prendre des
poissons. S’il n’avait pas donné suite à la prière, il n’aurait pas reçu d’ordre du Seigneur,
et il aurait manqué un événement prodigieux.
Pierre accède à la prière du Seigneur sans aucun commentaire. Il laisse en plan le travail
commencé, de sorte que Jésus peut enseigner la foule à partir de la barque. Puis Pierre
donne également suite à l’ordre suivant, non sans toutefois faire un commentaire
révélateur :
« Maître, nous avons travaillé toute la nuit, et nous n’avons rien pris ; mais sur ta parole
je lâcherai le filet ». Pierre Le nomme « Maître ». Cette expression est typique de
l’évangile de Luc. Elle ne figure que dans cet évangile, sept fois en tout. Un maître est
quelqu’un qui a de l’autorité. C’est un chef ou commandant. Pierre était prêt à se
soumettre à l’autorité de Celui qui donnait cet ordre. Il reconnaissait Son autorité, bien
que sa parole fasse ressortir un certain doute quant à la probabilité de succès de l’ordre.
Elle devait sembler minime à Pierre.
Ce que le Seigneur attendait de Pierre était contre toute logique d’un pêcheur du lac de
Génésareth :
• En règle générale les poissons sont pris de nuit, pas de jour. Le jour, les poissons
nagent en profondeur, de sorte que l’on a du mal à les prendre.
• En règle générale les poissons sont pris plutôt vers la surface où ils viennent de nuit
pour chercher leur nourriture. En eau profonde, on ne pouvait guère les prendre
avec les méthodes de l’époque.
• Jésus était charpentier de profession, et le bon sens aurait pu dire que l’expert en
pêche de poisson Simon avait une meilleure intuition que le charpentier Jésus.
Or c’est tout à fait consciemment que le Seigneur Jésus lance ce défi à Pierre. Il veut voir
si Pierre a confiance, a foi en Lui, et s’il serait obéissant contre raison. Pierre réagit
correctement. La foi ne questionne pas selon la logique. La foi est simplement obéissante.
Pierre dit : « mais sur ta parole… ». Ce n’est rien d’autre qu’une obéissance toute simple.
Il abandonne toute la suite au Seigneur.
Voilà une leçon qu’il nous est souvent difficile d’apprendre, celle de soumettre notre
intelligence avec foi à la Parole de Dieu. Notre intelligence n’est pas sans importance.
Ceux qui croient ne doivent pas laisser leur intelligence pendue au vestiaire. Mais
l’important est de tenir compte de ce que Salomon a écrit : « Confie-toi, de tout ton cœur
à l’Éternel, et ne t’appuie sur ton intelligence » (Prov. 3:5). Le danger est de nous appuyer
sur notre intelligence, et de nous borner à peser humainement entre le « raisonnable » et
le « déraisonnable ». Si Pierre avait agi ainsi, il ne serait pas reparti en pleine eau. La foi
est courageuse, mais pas folle. La foi met Dieu à l’épreuve, mais elle ne tente pas Dieu.
« Sur ta parole » dit Pierre. Si quelqu’un agit sur la parole d’autrui, il rend l’autre
responsable de ce qui se passe. C’est justement ce que Pierre fait ici. Il remet la chose au
Donneur d’ordre, et il obéit.
La foi et l’obéissance vont étroitement ensemble. Dans l’épître aux Romains, Paul lie ces
deux vertus dans la notion d’« obéissance de la foi » (Rom. 1:5 ; 16:26). La foi est
toujours obéissante. Recevoir l’évangile est à la fois un acte de foi et un acte d’obéissance
(Actes 17:30 ; 2 Thes. 1:8 ; 2:12). L’obéissance est le premier résultat de la foi. Il ne peut
pas en être autrement. La Parole de Dieu « produit » la foi, et la foi « produit »
l’obéissance.
b) La foi et l’obéissance sont deux vertus étroitement liées l’une à l’autre. Même si
cela nous est pénible, nous devons parfois laisser derrière nous les considérations
humaines « raisonnables », et faire pleinement confiance au Seigneur. Le Seigneur
cherche l’obéissance toute simple à Sa Parole, même si, dans tel cas concret, il y a
des arguments allant en sens contraire.
• Pierre a vécu ici ce qu’Abraham a vécu. Il avait également été obéissant et n’avait
pas refusé à Dieu son fils Isaac. Dieu lui dit : « J’ai juré par moi-même, dit
l’Éternel : Parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton
unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta semence
comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer » (Gen.
22:16, 17).
• Pierre a vécu ici ce que Dieu avait promis à Son peuple Israël : « Car l’Éternel te
bénira abondamment dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage
pour le posséder, pourvu seulement que tu écoutes attentivement la voix de
l’Éternel, ton Dieu, pour prendre garde à pratiquer tout ce commandement que je
te commande aujourd’hui » (Deut. 15:4, 5).
• Pierre a vécu ici ce que Dieu avait dit à Josué : « Que ce livre de la loi ne s’éloigne
pas de ta bouche, et médite-le jour et nuit, afin que tu prennes garde à faire selon
tout ce qui est écrit ; car alors tu feras réussir tes voies, et alors tu prospéreras »
(Josué 1:8).
Mais cette bénédiction immense n’était que le moyen pour arriver au but. Le Seigneur
Jésus voulait davantage. Et Il est arrivé à Son objectif. Il voulait toucher la conscience de
Simon. Il lui donne une bénédiction surabondante, beaucoup plus que ce que Pierre
pouvait attendre. Mais Pierre n’a pas regardé la bénédiction surabondante. Il n’a pas
regardé les deux barques pleines de poissons. Il n’a pas regardé la « réussite
économique » extraordinaire, et les possibilités qui s’ouvraient à partir de là pour un
pêcheur de Galilée. Il avait entendu la Parole du Seigneur. Il avait fait l’expérience de la
bénédiction du Seigneur. Et maintenant il ne voit que la Personne de Celui qui lui a parlé
et qui l’a tant béni. Et dans son cœur il a formulé en silence la question qui fut plus tard
posée ouvertement : « Qui donc est celui-ci ? » (Luc 8:25). Il commençait lentement à
comprendre Qui était réellement Celui qui parlait avec lui. Le Psaume 8 décrit la grandeur
du Fils de l’homme. Le Psalmiste dit entre autres : « Tu l’as fait dominer sur les œuvres
de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds : Les brebis et les bœufs, tous
ensemble, et aussi les bêtes des champs, l’oiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce
qui passe par les sentiers des mers » (Ps. 8:6-8). Voilà ce que Pierre venait de vivre
directement. Il savait qu’une telle pêche, en plein jour et en pleine eau ne peut pas
s’expliquer de façon naturelle. Il fallait que quelqu’un soit à l’œuvre, et qu’il ait
commandé aux poissons d’aller dans le filet.
1. Avant de dire quoi que ce soit, il prend la bonne attitude. Il tombe aux genoux de Jésus.
Peu lui importait de se trouver dans un bateau plein de poissons. Peu lui importait d’être
vu par les autres. Il prend la seule bonne attitude. Il n’est pas dit ici qu’il soit tombé à
genoux ou qu’il se soit jeté aux pieds de Jésus, mais aux genoux de Jésus ! L’expression
est singulière. On peut se demander quelle en est la raison. On peut penser à l’explication
que le bateau était plein de poissons au point qu’on ne voyait plus les pieds du Seigneur.
En tout cas l’attitude extérieure de Pierre, montre une disposition intérieure de cœur de
soumission, de subordination et d’humilité. Il Le reconnaît comme le Seigneur devant qui
on se prosterne. En plus, cela exprime le désir d’être proche du Seigneur.
2. Pierre saisit qu’il ne peut pas tenir devant la grandeur de Celui qui est ici dans la barque.
Dieu est lumière, et personne ne peut subsister devant Lui. Il réalise subitement que lui-
même n’est pas acceptable par Jésus dans l’état où il est. Il se reconnaît comme un pécheur
qui ne peut pas subsister dans la présence du Saint Fils de Dieu. C’est justement là, dans
la présence de Celui qui est entièrement pur et sans péché, que le péché est vu dans son
vrai caractère, comme nulle part ailleurs. Même si d’un côté nous sommes complètement
indignes d’être près de Jésus, Sa proximité est quand même la place où nous
reconnaissons vraiment notre état de pécheur et de perdition.
Pierre est arrivé à discerner qu’il est un homme pécheur. Il ne s’agit pas ici du fait que
Pierre a commis des péchés, mais de ce qu’il est un pécheur. C’est une différence qu’il
faut bien comprendre. Ce que nous avons fait est une chose, ce que nous sommes en est
une autre. Quand le fils prodigue revient à son père, on trouve les deux côtés dans sa
confession. Il dit : « père j’ai péché », c’est le premier côté. Ensuite il ajoute : « Je ne suis
pas digne… », c’est le second côté. Ce qu’il avait fait était des choses mauvaises, mais ce
qu’il était en lui-même était tout à fait indigne. Dans cette confession remarquable, on
trouve en raccourci ce que l’épître aux Romains présente dans sa première partie, la partie
doctrinale. Nous sommes d’abord coupables devant Dieu à cause de toutes les choses
mauvaises que nous avons faites, et secondement nous sommes des pécheurs parce que
nous avons en nous une vieille nature pécheresse. Pour ces deux problèmes, seul le
Seigneur Jésus a une solution. Dans l’aveu de Pierre, il y a maintenant le deuxième côté :
« Je suis un homme pécheur ». Paul écrit en Rom. 7 : « Car je sais qu’en moi, c’est à dire
en ma chair, il n’habite point de bien ; car le vouloir est avec moi, mais accomplir le bien,
[cela] je ne le trouve pas » (Rom. 7:18). Il faut que nous en arrivions à reconnaître cela,
si le Seigneur veut nous utiliser dans un service. Nous ne pouvons rien par nous-mêmes,
mais tout attendre de Lui.
Pierre voyait clairement que, tel qu’il était, il n’était pas propre à la présence du Seigneur.
Il nous faut apprendre que nous sommes réellement pécheurs de fond en comble. Nous
ne sommes pas de « bonnes gens », qui occasionnellement font quelque chose de mal,
mais notre caractère, notre nature, est cet état de pécheur, et nous ne pouvons pas subsister
devant le Seigneur. « Nous ne pouvons pas recouvrir nos taches pécheresses avec un
camouflage de justice » (W. Gschwind).
3. Pierre demande au Seigneur de se retirer de lui. Les paroles et les actes de Pierre
paraissent se contredire. D’un côté, il est aux genoux du Seigneur et il exprime ainsi le
désir d’être tout près de Lui. D’un autre côté il voudrait qu’Il se retire. Les deux choses,
l’attitude et les paroles, touchent le point critique des sentiments de Pierre sur le sujet.
Moralement ce qu’il dit est correct. Quant à son cœur, sa position aux genoux du Seigneur
est correcte. D’un côté il se sent entièrement impropre pour la présence du Seigneur, et
d’un autre côté il ne veut plus vivre sans Lui. W. Kelly écrit là-dessus : « Il savait
maintenant ce qu’était le péché et il le confessait. Son attitude aux genoux de Jésus montre
cependant que son cœur sentait les choses tout autrement. Le Seigneur ne devait pas
l’abandonner, bien que sa conscience lui dise qu’Il aurait dû. Il avait une conviction de
son état de pécheur plus profonde que jamais auparavant … cette dichotomie n’avait pas
de racine dans le cœur. Elle n’était qu’à la surface de ses paroles. Car son sentiment intime
soupirait après Jésus, et trouvait sa joie en Lui. Il se cramponnait au Seigneur de toute son
âme, et pourtant avec la ferme conviction de n’y avoir strictement aucun droit » (W.
Kelly, exposé introductif à l’évangile de Luc). Cela est conforme aux paroles du Ps.
130:1-5, où le psalmiste prie : « Je t’ai invoqué des lieux profonds, ô Éternel ! Seigneur
écoute ma voix ; que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications. Ô Jah !
si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais il y a pardon auprès de
toi, afin que tu sois craint. J’ai attendu l’Éternel ; mon âme l’a attendu, et j’ai eu mon
attente en sa parole ».
4. On peut se demander comment Pierre en est venu à reconnaître tout cela par le moyen
de cette grande prise de poissons, car à première vue on ne voit pas le rapport. La réponse
est la suivante : c’est la grandeur et la majesté de la personne du Seigneur qui l’ont amené
là. C’était justement l’intention du Seigneur Jésus. Ce n’était pas une faute concrète, un
péché qui l’on conduit à comprendre cela, mais c’est la présence du Seigneur.
Nous retrouvons ce principe à plusieurs reprises dans la Bible. Des gens qui ont vu Dieu,
reconnaissent subitement qui ils sont, et qu’ils ne peuvent pas subsister devant Dieu. En
voici quelques exemples :
Ce que Pierre dit ici, est comparable à la confession du brigand sur la croix (Luc 23:39-
43). Trois choses sont frappantes :
9 - La réponse du Seigneur
La réponse du Seigneur aux paroles de Pierre et à sa demande tacite ne pouvait pas se
faire attendre. Elle comporte deux parties : d’abord Pierre entend la parole : « ne crains
pas ». Ensuite il obtient la promesse qu’un jour il prendra des hommes.
Le Seigneur Jésus a dit lui-même qu’Il était venu chercher des pécheurs et les sauver (Luc
19:10). Pierre en était un. Celui qui se reconnaît pécheur à la lumière de Dieu, et qui se
tourne par la foi vers Jésus, ne sera jamais repoussé.
Pierre entendit d’abord les paroles encourageantes : « ne crains pas ». Combien souvent
des gens ont entendu ces trois mots de la bouche de Dieu et du Seigneur Jésus, tant à titre
personnel que collectif (« ne craignez pas »). Le Seigneur a encouragé par-là à la fois des
pécheurs et des croyants. La liste des passages sur ce sujet serait trop longue. Donnons-
en simplement le premier et le dernier qu’on trouve dans la Bible :
• Abraham : « Après ces choses, la Parole de l’Éternel fut [adressée] à Abram dans
une vision, disant : Abram, ne crains point ; moi je suis ton bouclier [et] ta très
grande récompense » (Gen. 15:1).
• Le disciple Jean : « Et, lorsque je le vis, je tombai à ses pieds comme mort ; et il
mit sa droite sur moi, disant : Ne crains point ; moi, je suis le premier et le dernier,
et le vivant… » (Apoc. 1:17).
Ici c’est Pierre, bouleversé par son état de péché, qui entend ces paroles. Il s’inquiétait
que peut-être le Seigneur se retirerait réellement parce qu’il était pécheur. Mais alors il
entend cette déclaration : « ne crains pas ». « N’aie pas peur ». Aucun de ceux qui se
reconnaissent pécheur n’a pas besoin d’avoir peur. Le Seigneur Jésus n’est pas seulement
saint et juste, mais Il est aussi plein d’amour. Parce qu’Il a été notre substitut à la croix,
personne n’a besoin d’avoir crainte. « Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour
parfait chasse la crainte, mais la crainte porte avec elle du tourment ; et celui qui craint
n’est pas consommé dans l’amour » (1 Jean 4:17-18).
Aucun pécheur ne peut subsister dans la présence de Dieu. Il y a besoin d’une profonde
œuvre de Dieu chez nous pour le reconnaître, comme chez Pierre. Mais quand nous nous
tournons vers le Seigneur Jésus et apprenons à connaître la grâce, tout change. L’œuvre
de la grâce nous montre que Dieu n’est pas seulement lumière, mais aussi amour. En
Éphésiens 1:13, Paul parle d’entendre et de croire aussi bien la Parole de vérité que
l’évangile de notre salut. La Parole de vérité nous montre la vérité sur Dieu et sur nous.
Cette Parole est peu flatteuse, plutôt effrayante. C’est ce que Pierre a vécu ici. Celui qui
apprend à connaître Dieu dans Sa sainteté, et lui-même dans son état de péché, est jeté
par terre. Mais alors il entend l’évangile de notre salut. C’est la Bonne Nouvelle que le
Dieu saint a trouvé un chemin pour nous recevoir quand même, grâce à l’œuvre de la
croix. Cela enlève toute crainte. Les deux choses, la Parole de vérité et l’évangile de notre
salut, doivent être reçues par la foi.
Pierre obtient maintenant du Seigneur la promesse qu’un jour il prendra des hommes.
C’est en même temps une mission que Pierre reçoit. La rencontre avec le Seigneur Jésus
a complètement changé Pierre. De « pêcheur de poissons » qu’il était, il devient
maintenant « pêcheur d’hommes ». Quand nous lisons le livre des Actes, nous
reconnaissons clairement combien Pierre a mis cette tâche à profit pour une grande
bénédiction, et des milliers sont venus à la foi par ses prédications. Le Seigneur avait
atteint son but avec Pierre. Il se peut que le Seigneur ait une autre tâche pour nous, mais
un point est certain : Il voudrait nous utiliser tous à Son service.
Si le Seigneur veut nous utiliser dans Son service, cela ne marche que si nous avons
appris la leçon de Pierre. Celui qui est lui-même dans la paix intérieure, est seul en
mesure de transmettre à d’autres le message de la paix. Avant d’envoyer les disciples
après Sa résurrection, le Seigneur Jésus vient à eux avec un message glorieux : « paix
vous soit » (Jean 20:21). Sans une paix assurée, il n’y a pas de message de paix pour
d’autres. Seul celui qui a entendu pour lui-même la Parole du Seigneur « ne crains
pas », peut en redire quelque chose à d’autres.
Pierre avait entendu la parole du Seigneur : « ne crains pas ». La paix était entrée dans
son cœur. Au lieu de se retirer, le Sauveur l’avait reçu et l’avait appelé à Son service.
Maintenant arrive la réponse de Pierre et des autres qui avaient tout reçu avec lui : « Et
ayant mené les nacelles à terre, ils quittèrent tout et le suivirent ».
Nous ne trouvons pas ici, comme en Matthieu et Marc, l’invitation concrète à Le suivre
(Matt. 4:19 ; Marc 1:17). Cette invitation a eu lieu, bien entendu. Mais ici le désir de
suivre « allait de soi ». Celui qui a reconnu le Seigneur de gloire, et Sa manière de recevoir
ceux qui ont discerné leur état de péché, celui-là aura maintenant le désir de suivre le
Seigneur. Ce serait bien trop peu de se contenter d’avoir un Sauveur qui a résolu la
question de nos péchés. Nous avons un Seigneur que nous suivons, et que nous désirons
servir. « Quand la grâce est connue, et que la paix et la joie remplissent le cœur à l’ouïe
de la parole « ne crains pas », alors suivre le Seigneur Jésus est la seule voie sûre et juste
pour ceux qui sont nés de nouveau » (WTP Wolston, ‘Simon Pierre, sa vie et ses épitres’).
En Jean 1, Pierre avait appris qu’il appartenait désormais au Seigneur Jésus. En Luc 5 il
apprend qu’il appartient au Seigneur Jésus avec tout ce qu’il avait. C’est évidemment
davantage. Si nous ne savons pas ce que nous gagnons, il nous est difficile d’abandonner
ce qui nous entrave. Pour Paul la chose était décidée comme pour les disciples ici : « Mais
les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une
perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause
duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne
Christ, et que je sois trouvé en lui… » (Phil. 3:7-9).
Peu d’entre nous sont appelés comme les disciples à tout laisser et tout abandonner
littéralement et pratiquement. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit en premier. Si nous lisons
attentivement les épîtres du Nouveau Testament, nous ne trouvons pas cette invitation à
tout abandonner, patrie, profession, famille, propriété. Il peut y avoir des cas particuliers
où le Seigneur appelle à un service spécial, mais ce n’est pas la règle. Ce que nous
trouvons abondamment, c’est de ne plus vivre pour nous-mêmes, mais de nous dévouer
entièrement au Seigneur. Les croyants de Macédoine en sont un exemple : « et non
seulement comme nous l’avions espéré, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes
au Seigneur, et puis à nous, par la volonté de Dieu » (2 Cor. 8:5). Paul écrit aux
Corinthiens : « il [Christ] est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour
eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:15). Il
s’agit de ceci : nous ne devons plus vivre pour nous-mêmes et être centrés sur nos propres
intérêts, mais nous devons nous mettre à la disposition du Seigneur. « Laisser » est pour
nous un test de ce qui nous empêche d’être à la suite du Seigneur, derrière Lui. Cela n’est
pas nécessairement des choses mauvaises de ce monde. Cela peut être des choses bonnes
en soi, voire importantes et utiles (par exemple notre profession ou nos relations sociales).
Il s’agit finalement d’une question de priorités. La première place appartient au Seigneur
Jésus.
Il peut parfois nous arriver comme à Pierre, de vivre un grand événement « sur le
lac » avec le Seigneur Jésus. Nous avons senti qu’Il s’adressait à nous, et il est devenu
clair que quelque chose devait changer dans notre vie. Mais alors, c’est comme si
nous arrivions « à terre ». La vie de tous les jours recommence, avec son ancien
train. Rien n’a changé. L’expérience de Pierre doit nous encourager à rompre avec
les vieilles habitudes et à « défricher pour nous un terrain neuf » (Osée 10:12).
La grande question est de savoir si nous sommes prêts à abandonner ce qui nous
empêche de suivre le Seigneur ? Chacun est invité à tester ce que cela peut être dans
sa vie : des objets ? des habitudes ? un passe-temps ? des amitiés ? Plus le Seigneur
Jésus et ce qu’Il a fait pour nous, ont de l’importance pour nous, plus nous serons
prêts à « tout laisser » pour Le suivre.
2. Le travail pour le Seigneur ne reste pas sans résultat. Les versets qui viennent d’être
cités montrent clairement qu’aucune fatigue pour le Seigneur n’est vaine. D’un côté nous
pouvons penser à la récompense personnelle qui sera accordée au tribunal de Christ. Nous
pouvons aussi penser au résultat sous la forme de poissons pris. Quand nous jetons le filet
« à Sa parole », nous pouvons remettre en confiance les résultats de notre travail au
Seigneur. Et nous pouvons être sûrs qu’Il sait où sont les poissons qui doivent être pris.
Il s’occupera de les faire « entrer dans le filet ». Il est vrai que si nous travaillons de façon
indépendante du Seigneur, nous ferons l’expérience de Pierre en Jean 21 : « ils ne prirent
rien » (Jean 21:3). Notre tâche est de jeter le filet sur Son ordre. Le secret du succès de
tout travail pour le Seigneur, est qu’Il en ait la direction. Il se charge de tout le reste. Paul
écrit « Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais Dieu a donné l’accroissement » (1 Cor.
3:6). Déjà dans l’Ancien Testament il était écrit : « Jette ton pain sur la face des eaux, car
tu le trouveras après bien des jours » (Eccl. 11:1). Pierre a vécu comment les deux bateaux
furent chargés à ras bord ; « la bénédiction que Dieu est prêt à donner dépasse ce que les
vases peuvent contenir » (LM Grant – commentaire sur l’évangile de Luc).
3a) Un pêcheur de poissons comprend son métier. Il a appris et il sait comment on s’y
prend. Cela vaut à la fois pour la pêche au filet et pour la pêche à la ligne. On a besoin
d’une certaine habileté et d’un certain discernement. Le « pêcheur de poissons » doit
également avoir les sens exercés. Rien ne vient de rien. Quand on dit que l’on n’a pas de
talent, c’est souvent un discours de paresseux. On peut, au moins jusqu’à un certain degré,
apprendre par l’exercice. Il reste absolument vrai que le Seigneur agit parfois contre toute
logique humaine.
3c) Un « pêcheur de poissons » doit avoir de la patience et savoir attendre. Cela vaut
particulièrement pour la pêche à la ligne. Quelquefois il paraît qu’aucun poisson ne veut
mordre. C’est justement dans les efforts à l’égard de personnes individuelles, qu’il faut
quelquefois beaucoup de temps et de patience jusqu’à ce qu’on arrive à les gagner pour
le Seigneur. Nous ne devons pas abandonner facilement, mais au contraire tenir bon.
3d) Un « pêcheur de poissons » doit être capable de travailler en équipe. Pierre ne put pas
ramener tout seul à terre la prise de poissons. Il a eu besoin de ses associés et d’un second
bateau. Ce n’est pas un tort de demander de l’aide à d’autres. L’appel à un service et la
responsabilité qui s’y rattache sont personnels. Mais dans l’exercice du service nous
sommes souvent conduits vers d’autres qui peuvent nous aider. C’est pourquoi les épîtres
parlent à plusieurs reprises de compagnons d’œuvre. Timothée était un « compagnon
d’œuvre … dans l’évangile » (1 Thes. 3:2). Nous devrions nous réjouir de tous ceux qui
collaborent.
3e) Nous ne voulons pas oublier que Jésus est le « Maître ». Il a l’autorité. Il donne les
ordres. Pierre, comme nous l’avons vu, était prêt à se soumettre à l’autorité du Maître. Il
ne dirigeait pas les opérations, mais c’était le Seigneur. Lui sait bien mieux que nous
comment il faut faire. C’est bon et bénéfique de ramer avec les autres dans le même
bateau, mais il est décisif d’avoir le Seigneur Jésus avec nous dans le bateau du service.
C’est ainsi seulement qu’on réussit.
4. Les « pêcheurs de poissons » utilisent des filets pour prendre les poissons. Mais les
filets ne sont pas seulement « jetés » ; il faut aussi les « laver », les nettoyer. En pêchant
les filets se salissent, parce qu’ils ramassent toutes sortes de saletés. Quand on pêche des
hommes, les filets (dans l’application, c’est nous-mêmes) peuvent aussi facilement se
salir. Celui qui entre en contact avec des non-croyants pour les conduire à Jésus, entre en
contact avec toutes sortes de salissures et d’ordures. C’est inévitable. Il entend et voit
beaucoup de choses qui souillent. Il est donc indiqué de toujours recommencer une
purification par la Parole de Dieu pour que les filets puissent servir à une nouvelle prise.
Nous ne pouvons pas constamment utiliser les filets pour prendre, nous devons aussi avoir
des temps de repos pour les purifier. Chaque chose en son temps.
Le Seigneur ne se trompe pas. Si nous n’avons utilisé nos filets que pour nous-mêmes,
alors nous devons nous appliquer la question de Salomon : « Quel profit a l’homme de
tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ? » (Eccl. 1:3). Salomon donne lui-
même la réponse : c’est la poursuite du vent. Voilà ce qui en est de l’homme naturel. Il
ne connaît rien d’autre. Mais comme enfants de Dieu, nous devrions savoir autre chose.
Que reste-t-il de nos vies ? Ce n’est qu’avec le Seigneur Jésus dans la barque de nos vies,
qu’il y a un accomplissement réel ayant un sens. Sinon tout reste inutile et « poursuite du
vent ». Ce n’est qu’en remettant tout au Seigneur Jésus, nous-mêmes et tout ce que nous
avons, que notre vie, y compris comme chrétien, a réellement un sens.