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La Place de L'auto-Rééducation Dans La Prise en Charge D'une Rupture de La Coiffe Des Rotateurs Opérée
La Place de L'auto-Rééducation Dans La Prise en Charge D'une Rupture de La Coiffe Des Rotateurs Opérée
REGION DE FRANCHE-COMTE
INSTITUT DE FORMATION EN
MASSO-KINESITHERAPIE
ANDERHUBER Maxime
Juin 2013
Présentation du lieu de stage
J’ai effectué mon stage mémoire du 3 septembre 2012 au 16 octobre 2012 au sein du Centre
de Rééducation Fonctionnelle (CFR) de Navenne, situé à 2 km de Vesoul.
Ce centre possède 60 lits en hospitalisation complète et 30 places en hospitalisation de jour.
La rédaction du mémoire de 3eme année, pour l’année 2012-2013, s’est faite sous la
direction de Marie-Pierre Jusot, cadre kinésithérapeute du centre hospitalier universitaire de
Besançon.
Remerciements
Je remercie tout d’abord le centre de rééducation fonctionnelle de Navenne de m’avoir
accueilli pour mon stage mémoire, et en particulier au cadre masseur-kinésithérapeute Jean-Luc
Hurtard et aux kinésithérapeutes qui m’ont aidé à réaliser ce mémoire : Andrzej Kusnierz, Aline
Vidonne, Benjamin Riondet, Charlotte Parra.
Je remercie aussi mon directeur de mémoire, Marie-Pierre Jusot, pour ses conseils qui m’ont
été très utiles pour la réalisation de mon travail écrit, et pour y avoir corrigé les erreurs.
Je voudrais également remercier l’institut de formation en masso-kinésithérapie ainsi que
tous nos professeurs et intervenants extérieurs pour nos trois années de formation, pour toutes les
connaissances qu’ils nous ont apportées, et d’avoir cru en mon redoublement.
Pour finir, un grand merci à ma famille, mes amis, mes camarades de classe, tout le monde
qui m’entoure, pour leur soutien sans qui je ne serais jamais arrivé là où j’en suis aujourd’hui.
Sommaire
Introduction .................................................................................................... 1
Cas clinique ..................................................................................................... 2
I. Recherche bibliographique préalable ................................................................... 2
A. Anatomie et physiologie ............................................................................................. 2
B. Etiologie de la rupture de la coiffe des rotateurs : ...................................................... 2
C. Prise en charge d’une rupture de la coiffe .................................................................. 3
II. Bilan kinésithérapique initial du 10/09/2012 ..................................................... 6
A. Présentation du patient ............................................................................................... 6
B. Bilan structurel ........................................................................................................... 7
C. Bilan fonctionnel ........................................................................................................ 9
D. Projet du patient.......................................................................................................... 9
E. Bilan diagnostique kinésithérapique .......................................................................... 9
F. Objectifs thérapeutiques et principes de prise en charge ......................................... 10
III. Traitement ................................................................................................................. 11
A. Sevrage de l’attelle ................................................................................................... 11
B. Travail antalgique ..................................................................................................... 11
C. Récupération des amplitudes articulaires ................................................................. 12
D. Travail actif .............................................................................................................. 14
IV. Bilan kinésithérapique final du 26/10/12 .......................................................... 16
A. Bilan structurel ......................................................................................................... 17
B. Bilan fonctionnel ...................................................................................................... 18
C. Le devenir du patient ................................................................................................ 18
V. Discussion ................................................................................................................. 18
Revue de littérature ..................................................................................... 20
I. Recherches bibliographiques................................................................................ 20
A. La balnéothérapie ..................................................................................................... 20
B. L’auto-rééducation ................................................................................................... 24
II. Discussion ................................................................................................................. 27
Conclusion ..................................................................................................... 30
Introduction
A mon arrivée au centre de rééducation fonctionnelle de Navenne, j’avais déjà une idée du
thème sur lequel j’allais réaliser mon mémoire. Je voulais le faire sur une épaule opérée. Deux
choix possibles s’offraient à moi, une prothèse d’épaule ou une rupture de coiffe des rotateurs. J’ai
fait part de mon projet pour mon travail écrit et au bout d’une semaine, un kinésithérapeute du
centre m’a proposé de m’occuper de Mme L qui présente une rupture de la coiffe des rotateurs.
Mme L est une femme dynamique qui récupère bien et elle est d’accord pour être la patiente de mon
cas clinique.
Durant un de mes stages précédents, un stagiaire d’une autre école m’a parlé d’un protocole
d’auto-rééducation qu’il avait vu pendant un stage au centre hospitalier de Hauteville-Lompnes.
Après avoir fait des recherches sur ce protocole et sur l’auto-rééducation en général, j’ai demandé à
mes tuteurs de stage si je pouvais mettre en place un programme d’auto-rééducation alors qu’il
existe déjà à Navenne un protocole pour les épaules opérées. Mes tuteurs ne voient pas de problème
à cette démarche. Malheureusement, tous les protocoles d’auto-rééducation mettent en avant
l’intérêt de la balnéothérapie et cette dernière était en travaux pendant toute la durée de mon stage.
J’ai donc dû m’adapter pour notamment traiter la douleur.
Ce mémoire est la concrétisation d’une année de travail et de réflexion. J’espère que vous
allez prendre autant de plaisir à lire ce mémoire que j’en ai pris à le rédiger.
1
Cas clinique
L’épaule comprend cinq articulations dont l’articulation gléno-humérale qui relie la tête de
l’humérus et la glène de la scapula. Cette articulation est une des articulations de l'organisme qui
autorise les amplitudes les plus importantes dans les 3 plans de l’espace. Elle est responsable de
50% de la mobilité et de l'essentiel de la stabilité de l'épaule. Cette mobilité très importante est la
conséquence d’une disposition anatomique particulière, avec notamment des surfaces articulaires
peu emboîtées. Malgré ce manque de couverture, l'épaule maintient avec précision la tête humérale
dans la glène dans la plupart des mouvements. On conçoit donc le rôle capital des autres structures
dans la stabilité de cette articulation. On distingue les éléments passifs (bourrelet, capsule et
ligaments) et les éléments actifs (tendons et muscles).
La coiffe des rotateurs est un ensemble de tendons et muscles, elle est localisée au niveau de
l’articulation de l’épaule. Elle se compose de la convergence des tendons de quatre muscles insérés
sur la scapula : le subscapulaire, le supra-épineux, l’infra-épineux et le petit rond. On lui adjoint
aussi le tendon du chef long du muscle biceps brachial.
Tous ces tendons s’attachent autour de la tête humérale, leur donnant un rôle important dans
le recentrage et la stabilisation de la tête humérale dans sa glène. D’autre part, la coiffe permet le
mouvement de l’épaule ; ainsi le muscle subscapulaire est rotateur médial du bras, le sus-épineux
est abducteur du bras, l’infra-épineux et le petit rond sont rotateurs latéraux du bras.
La rupture de la coiffe des rotateurs est la pathologie de l’épaule la plus fréquente de l’adulte
de plus de 45 ans. [5]
1. Mécanisme extrinsèque :
Les tendons de la coiffe sont sollicités en permanence dans tous les mouvements de l’épaule
et en particulier lors des gestes effectués au dessus de l’horizontale. Le tendon du supra-épineux
passe dans un tunnel osseux formé de l’acromion et de la tête humérale contre lesquels il est
susceptible de frotter. Ce frottement répété (qui correspond au conflit sous acromial) est responsable
d’une usure des tendons. Ceci se traduit d’abord par une inflammation du tendon (tendinite), qui, si
2
elle continue d’évoluer, va aboutir à une rupture du tendon [6]. Dans la majorité des cas, il s'agit
initialement d'une rupture partielle de la coiffe, habituellement du tendon du sus-épineux près de
son insertion trochitérienne. Ainsi altérée, la coiffe est déficiente et favorise l'extension des lésions
vers les tendons du sous-scapulaire et sous-épineux allant jusqu'à la rupture complète [7].
2. Mécanisme intrinsèque :
Chez la personne âgée, le traitement médical et fonctionnel sera privilégié, d’autant que
l’impotence peut régresser une fois la question de la douleur résolue. Le patient se contentera alors
d’un résultat fonctionnel moyen mais suffisant pour préserver son autonomie.
Le traitement associe le repos, sans immobilisation totale de l’épaule, aux antalgiques
simples et aux anti-inflammatoires. Les infiltrations de corticoïdes sont discutables du fait de leur
action délétère sur les tendons. Une fois la douleur maîtrisée, une kinésithérapie douce assure un
renforcement des muscles non rompus et une compensation afin d’améliorer la mobilité.
Chez le sujet « jeune », avant cinquante ans, l’intervention chirurgicale est prioritaire. Elle
consiste à nettoyer l’articulation de l’épaule de l’inflammation résiduelle, à raboter le bec acromial
qui frotte sur les tendons, et bien sûr, à réparer les tendons rompus. Elle a lieu à ciel ouvert ou sous
arthroscopie.
Après cinquante ans, en cas d’échec du traitement conservateur, une intervention
chirurgicale identique peut être envisagée en l’absence de contre-indication (un manque de
motivation, une rétraction trop importante des tendons rompus, la présence d’infiltration graisseuse
trop importante des muscles de la coiffe, une arthrose sévère de l’articulation gléno-humérale). En
cas de contre-indications, seul le nettoyage de l’articulation sera effectué et chez les personnes
âgées arthrosiques, la pose d’une prothèse inversée sera proposée.
3
3. Prise en charge post opératoire en kinésithérapie
a) Généralités
Après une chirurgie de la coiffe des rotateurs, les patients sont immobilisés dans une
orthèse, enlevée uniquement pour les séances de rééducation. Dans le cas d’une réinsertion sans
tension, le membre supérieur est immobilisé coude au corps pendant 3 à 5 semaines. Si la
réinsertion est faite sous tension, une orthèse d’abduction à 45° est portée de 5 à 6 semaines. Si la
coiffe est rétractée, une orthèse à 90° d’abduction est alors portée de 5 à 8 semaines. [10]
La rééducation de l’épaule repose sur quelques principes essentiels. Il est impératif de
respecter les délais de cicatrisation : 6 semaines avant de commencer à solliciter activement une
suture et 6 mois avant la reprise complète des activités antérieures. Il faut lutter contre la douleur
avec des moyens efficaces (glace, anti-inflammatoire, antalgique). Il est impératif de récupérer la
mobilité passive avant d’envisager un travail actif de l’épaule. Il faut laisser du temps à son épaule
pour récupérer. [11]
Une étude, réalisée en 2004 par Scarlat M, m’a orienté sur une prise en charge basée
principalement sur l’auto-rééducation. Les auteurs considèrent le patient comme étant l’acteur de sa
rééducation et l’étude ne montre aucune différence en terme de mobilité, force et douleur, entre les
patients qui font de l’auto-mobilisation et ceux ayant bénéficié d’une rééducation plus « classique »
où le masseur-kinésithérapeute réalise une mobilisation passive de chaque articulation de l’épaule et
dans un plan strict. [12]
b) L’auto-rééducation
Le centre de rééducation fonctionnelle d’Hauteville-Lompnes applique un protocole basé sur
l’auto-rééducation. Leur prise en charge fait appel à deux notions biomécaniques, l’abduction
physiologique et la zéro position.
4
La zéro-position :
« La zéro-position de l’épaule se définit comme la position obtenue lorsqu’on porte le
membre supérieur à 150° d’élévation dans le plan de la scapula » [15]. Cette position privilégiée de
l’épaule se justifie selon différentes caractéristiques anatomiques.
Sur le plan osseux, l’axe longitudinal de l’humérus vient se confondre avec celui de la glène
offrant ainsi une congruence maximale des surfaces articulaires. [13] [14] (fig. 2)
Sur le plan capsulo-ligamentaire, nous avons vu précédemment que l’élévation fonctionnelle
permet une tension équilibrée des ligaments gléno-humeral inférieur et coraco-huméral. De plus, le
déplissement de ces ligaments est maximal dans cette position, ce qui permet d’affirmer qu’il
n’existe pas de limitation d’ordre capsulo-ligamentaire. [13] [14] (fig. 3)
Sur le plan musculo-tendineux, les muscles supra-épineux et long biceps sont détendus ; le
petit rond, l’infra-épineux et le subscapulaire sont en tension équilibrée ; le deltoïde et le triceps
brachial ont une composante coaptatrice de la tête humérale. [13] (fig. 4)
Tous ces éléments permettent d’obtenir une stabilité optimale de l’articulation gléno-
humérale et éviter tout risque de conflit.
Principes de l’auto-rééducation :
Le centre hospitalier d’Hauteville-Lompnes propose une méthode de rééducation basée sur
l’auto-rééducation. Cette méthode se base principalement sur la récupération de la souplesse
articulaire tout en évitant les phénomènes douloureux qui peuvent entrainer des raideurs. En effet,
une épaule opérée est particulièrement douloureuse ; pour éviter le réveil de cette douleur, le patient
va alors se placer en fermeture thoracique, cette fixation favorise l’apparition de raideur articulaire.
Le patient entre ainsi dans un cercle vicieux (douleur-immobilisation-raideur) [16] [17]. Il existe
quelques règles élémentaires de prise en charge : [18]
Auto-mobilisation en élévation fonctionnelle du bras associée à une rotation latérale
automatique afin de respecter la physiologie du mouvement. Elle sera globale, on ne cherche pas à
séparer les différentes articulations de l’épaule.
Autonomiser au maximum le patient afin qu’il puisse reproduire seul les exercices à la
maison (mise en place d’une certaine éducation thérapeutique).
La zéro-position est le but principal à atteindre. Les derniers degrés de mobilité seront
récupérés plus tard.
L’auto-mobilisation en balnéothérapie est à commencer dès le 2ème jour postopératoire.
Réintégration de l’épaule dans un schéma moteur, celui des activités de la vie quotidienne et
de l’activité sportive.
C’est le patient qui contrôle sa douleur.
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II. Bilan kinésithérapique initial du 10/09/2012
A. Présentation du patient
1. Anamnèse
Madame L, 65 ans, retraitée, a travaillé jusqu’à la naissance de son premier fils en tant que
clerc de notaire. Elle vit avec son mari dans une maison avec étages à Echenoz-la-Méline, un petit
village à coté de Vesoul. Ils ont deux enfants de 36 et 34 ans qui vivent dans la région. Mme L est
droitière et ses loisirs sont la lecture et la marche. Elle effectue les tâches ménagères telles que la
cuisine, le rangement et le nettoyage des sols.
2. Histoire de la maladie
Mme L a un tableau douloureux de l’épaule gauche depuis 2 ans qui n’a pas été étiqueté
immédiatement, la conduisant à différentes techniques de traitement sans effet (massages,
physiothérapie, ondes de choc, infiltrations).
Un arthroscanner et une infiltration de son épaule gauche ont mis en évidence une rupture
transfixiante du tendon du supra-épineux sur une longueur de 16mm à proximité de son insertion
trochitérienne nécessitant un avis chirurgical. Elle est opérée le 6 août 2012 et arrive au CRF de
Navenne le 13 août 2012 pour la rééducation de son épaule. Elle est prise en charge en
hospitalisation de jour.
A l’âge de 10 ans, Mme L a subi une appendicectomie et à l’âge de 18 ans, une opération de
la cloison nasale.
Hypercholestérolémie
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5. Traitement médicamenteux
6. Prescription médicale
B. Bilan structurel
Une semaine après mon arrivée au centre, je fais la connaissance de Mme L qui est à son
35ème jour postopératoire (5 semaines).
Mme L porte, entre les séances de kinésithérapie, un coussin d’abduction à 45° au niveau de
son membre supérieur gauche (fig. 5). Sans attelle, elle adopte une attitude en antéposition du
moignon de l’épaule et une scapula gauche en sonnette latérale. Je note également une accentuation
des courbures dans un plan sagittal avec notamment une hyperlordose lombaire et cervicale.
2. Bilan algique
Mme L ne souffre d’aucune douleur au repos ni pendant la nuit. Lors de la mobilisation, elle
se plaint de légères douleurs au niveau de la cicatrice cotée à 3/10 sur l’échelle visuelle analogique
(EVA).
Une douleur au niveau du long biceps gauche est apparue au bout de 4 semaines de
rééducation.
La cicatrice se situe au niveau du faisceau antérieur du muscle deltoïde et mesure 5cm. Elle
est parfaitement étanche et légèrement adhérente. Elle reste sensible à la palpation et lors de la
mobilisation du membre supérieur.
L’épaule est légèrement chaude en fin de séance de rééducation en comparaison au côté
controlatéral et je note aucun œdème, amyotrophie ou signes d’algoneurodystrophie.
4. Bilan articulaire
Complexe de l’épaule :
Je mesure dans un premier temps les mouvements globaux de l’épaule qui mettent en jeu
l’ensemble des articulations de ce complexe.
Articulation gléno-humérale :
Pour mesurer les amplitudes de cette articulation, je bloque la scapula avec une prise
acromio-claviculaire et je stoppe le mouvement dès le début des compensations.
Articulation scapulo-thoracique :
Je place la patiente en latérocubitus et je réalise une comparaison subjective de la mobilité
des scapulas dans les mouvements d’élévation, d’abaissement, d’adduction, d’abduction, de
sonnettes latérale et médiale, de bascules antérieure et postérieure.
5. Bilan musculaire
Palpation :
La palpation permet de rechercher des contractures et des tensions musculaires qui peuvent
être la conséquence d’une sur-sollicitation du muscle, d’une mauvaise posture morphostatique ou
d’un réflexe antalgique après l’opération.
Mme L présente des contractures au niveau du trapèze supérieur, de l’élévateur de la
scapula, et du grand pectoral à gauche et au niveau de l’élévateur de la scapula, du trapèze supérieur
à droite.
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amplitudes actives, non douloureuses et sans blocage de l’épaule, en flexion, abduction, rotation
interne et externe de l’épaule ; la force musculaire en abduction physiologique, bras tendu, est
mesurée à l’aide d’un dynamomètre. (Fig. 6)
Ce score nécessite, de la part de la patiente, une participation active dans les mouvements de
l’épaule. Il ne peut donc être fait qu’une semaine après mon bilan initial, le 17/09/12, une fois la
phase active de la rééducation débutée. Ce score est réalisé à droite et à gauche, une fois par
semaine pour mettre en évidence les progrès de Mme L. A ce jour, Mme L réalise un score de
54/100 (annexe I).
6. Bilan sensitif
Mme L ne peut pas utiliser son membre supérieur gauche. Les activités de la vie quotidienne
(AVQ) ne peuvent donc pas être réalisées seule, notamment la toilette, l’habillage, le coiffage et
l’utilisation du couteau lors des repas. La conduite est également impossible. Nous avons utilisé un
bilan proposé par l’AFREK et comprenant 18 items sur les activités de la vie quotidienne. [20]
D. Projet du patient
Le projet de Mme L est d’être autonome dans les activités de la vie quotidienne et de
reprendre ses loisirs ainsi que la conduite.
Déficience :
Posture asymétrique
Limitation articulaire passive et active
Déficit musculaire
Douleur et chaleur de l’épaule
Contractures musculaires
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Incapacités :
AVQ seule impossibles
Déplacement du membre supérieur gauche dans l’espace difficile.
Conduite impossible
Désavantage :
Nécessité d’une tierce personne à domicile
Arrêt de ses loisirs
2. Objectifs thérapeutiques
A court terme :
Lutter contre la douleur et la chaleur de l’épaule.
Diminuer les contractures.
Réaliser un apprentissage des exercices d’auto-rééducation.
Augmenter les amplitudes articulaires passives et actives de l’épaule.
Limiter les compensations pendant l’auto-mobilisation et la mobilisation active de l’épaule.
Entretenir la force musculaire de l’ensemble des muscles non opérés de la ceinture
scapulaire.
A moyen terme :
Correction de la posture.
Renforcement progressif des muscles opérés.
Autonomisation lors des activités de la vie quotidienne.
A long terme :
Reprise de la conduite.
Reprise des loisirs.
Arrêt de l’hospitalisation en hôpital de jour.
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III. Traitement
Je vois Mme L en salle de kinésithérapie une heure le matin et 45 minutes l’après midi.
A. Sevrage de l’attelle
Durant la première semaine, Mme L garde son attelle pendant les séances de rééducation.
Au 45ème jour postopératoire, nous effectuons un sevrage progressif du coussin en fonction de la
douleur de la patiente. Dans un premier temps, avec l’ergothérapeute, nous lui confectionnons une
attelle constituée d’une écharpe avec un coussin plus petit que l’attelle précédente (fig. 7). Ce
dispositif évite l’adduction complète du membre supérieur mais ce dernier est dans le vide. La
patiente supporte mal cette attelle, au bout de quelques jours, nous la remplaçons par une écharpe
simple avec le coude au corps (fig. 8). Cette dernière sera portée pendant une semaine, puis Mme L
sera libérée de toute attelle.
B. Travail antalgique
1. Massage
Toutes les grandes civilisations semblent avoir bénéficié des bienfaits du massage. D’abord
utilisé dans un but hygiénique ou esthétique, le massage, de nos jours, fait partie intégrante de
l’arsenal thérapeutique mis à la disposition des soignants pour lutter contre la douleur entre autres
effets. [21]
J’effectue à Mme L un massage de toute la ceinture scapulaire. Les différentes techniques
utilisées sont les pressions glissées, les pressions statiques, les pétrissages, les vibrations et les
frictions. Chaque manœuvre peut être réalisée de façon superficielle ou profonde en fonction du
tissu sur lequel nous voulons agir (superficielle = peau et tissus sous-cutanés ; profonde = muscles,
tendons et ligaments).
L’action antalgique du massage est très souvent constatée par les patients même si les études
scientifiques et cliniques dans ce domaine sont rares. Cependant, un récent travail basé sur une
analyse de la littérature a formulé plusieurs hypothèses possibles pour expliquer l’effet antalgique
du massage : [21]
Sur la peau et tissu sous-cutané : le massage a une action circulatoire locale par
décongestion profonde liée à la vasodilatation superficielle et permet également de libérer les
adhérences (cicatrice).
Sur les contractures musculaires : le massage est associé à des manœuvres d’étirement
afin de relâcher le muscle par effet réflexe. Une fois la contracture disparue, il est primordial de
réaliser des manœuvres de chasse circulatoire à base de pétrissages profonds des muscles traités
(chez Mme L : les trapèzes supérieurs, les élévateurs de scapula, le grand pectoral à gauche).
Sur les tendons et ligaments : le massage transversal profond (MTP) a une action anti-
inflammatoire et antalgique sur les fibres tendineuses. (Chez Mme L : muscle long biceps gauche)
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Sur le système nerveux : selon la théorie du « gate control », le massage déclenche des
stimulations qui empruntent les fibres de gros calibre à conduction rapide et inhibent les
informations douloureuses. De plus, il stimule le système nerveux végétatif parasympathique, ce qui
va induire une relaxation globale et une antalgie de la zone douloureuse. [21]
2. Physiothérapie
a) Cryothérapie
A la fin de chaque séance de rééducation, j’applique à Mme L du froid à l’aide d’un appareil
de cryothérapie gazeuse afin de limiter le risque d’inflammation et diminuer les douleurs
engendrées par les exercices effectués durant la séance. Cet appareil est doté d’un capteur
thermique et projette du CO² à une température de -72°C. Par effet de choc thermique, la chute de la
température cutanée à 20°C se fait en moins de 30 secondes et après seulement 2 minutes de
traitement la température cutanée passe entre 2 et 4°C. Le refroidissement des tissus sous-cutanés à
une profondeur de 15 à 20 mm est équivalent à celui d'un traitement de cryothérapie de 20 minutes
à l'aide des enveloppements de froid. [22] [23]
b) Electrothérapie
A raison de 3 fois par semaine, Mme L bénéficie d’une séance d’électrothérapie au niveau
de l’épaule. Je place 4 électrodes afin d’englober l’articulation gléno-humérale et programme
l’appareil sur la position TENS avec une fréquence de 80Hz.
Ces mouvements ne permettent pas le gain d’amplitude mais ont un effet antalgique et
décontracturant au niveau de l’épaule. Ils favorisent également les glissements grâce à une
décompression articulaire. La patiente prend appui sur la table avec son membre supérieur sain, le
rachis est en flexion et le membre supérieur opéré pendant effectue des mouvements de
circumduction provoqué par le tronc. Ces mouvements seront de petites amplitudes, entièrement
passifs et entretenus par la pesanteur tel un pendule. [24]
1. Education de la patiente
Nous avons basé la prise en charge de Mme L sur l’auto-rééducation. Il est donc primordial
d’éduquer la patiente à réaliser les mouvements d’auto-mobilisation sans risque pour le montage
chirurgical et sans compensation.
Dans un premier temps, je montre le mouvement à la patiente, puis je lui fais faire de façon
passive afin qu’elle le comprenne et l’intègre correctement. Elle effectue ensuite le mouvement
seule, mon rôle étant de la motiver, de la surveiller et de corriger les éventuelles compensations
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notamment l’élévation du moignon de l’épaule opérée par le trapèze supérieur afin d’augmenter
l’élévation antérieure du membre supérieur.
Je surveille également la participation du membre supérieur opéré dans la réalisation du
mouvement en fonction de la phase dans laquelle se trouve la patiente. En effet, en phase passive, le
mouvement est réalisé entièrement par le coté sain et sans la moindre participation du coté lésé, ce
qui entrainerait des tensions au niveau du montage chirurgical. A partir de J+45, nous commençons
la phase active-aidée, les deux membres supérieurs participent de façon symétrique aux
mouvements d’auto-mobilisation. Il est intéressant d’utiliser un miroir pour ajouter un contrôle
visuel de la part de la patiente afin d’intégrer correctement les mouvements, d’éviter les
compensations et de s’auto-corriger pour rester symétrique.
Je demande à Mme L de répéter les différents exercices d’auto-mobilisation en séance de
rééducation ainsi qu’à la maison en faisant des séries de 10 mouvements tenus 5 secondes, 5 fois
par jour. Je lui demande également de ne pas trop forcer pour éviter les douleurs et de me prévenir
dès qu’elles apparaissent.
13
d) Les mains dans le dos (fig. 13)
Mme L est debout dos à la table, elle prend appui sur celle-ci avec ses deux mains. Elle
fléchit les jambes, ce qui entraine une descente du tronc. Ses mains qui restent fixes vont induire un
mouvement de rotation médiale des épaules de façon entièrement passive. Cet exercice est
également réalisé après J+45, du faite de la composante d’extension qui sollicite la suture du
faisceau antérieur du deltoïde.
e) Les « roulés »
Avec ballon de Klein : (fig. 14)
Mme L est debout en bout de table, le ballon de Klein est sur la table, ses mains sont sur le
ballon. Dans un premier temps, le membre supérieur non opéré fait rouler le ballon en avant, ce qui
entraine une élévation antérieure du membre supérieur opéré de façon passive. Dans un second
temps, la patiente se penche en avant pour majorer d’avantage cette élévation.
D. Travail actif
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A. Bilan structurel
2. Bilan algique
La patiente perçoit une légère douleur (EVA = 2) pendant l’effort au niveau du trajet du
tendon du muscle long biceps.
Les derniers degrés d’amplitude ne sont toujours pas atteints dans l’ensemble des
mouvements de la gléno-humérale, ce qui entraine une légère limitation dans le complexe de
l’épaule. Il est à noter que les amplitudes articulaires de Mme L au niveau de son épaule opérée sont
tout à fait correctes et fonctionnelles.
5. Bilan musculaire
Palpation
La contracture au niveau du muscle grand pectoral gauche de la patiente a disparu. En
revanche, les contractures musculaires au niveau des trapèzes supérieurs et des élévateurs de
scapula sont toujours présentes.
17
B. Bilan fonctionnel (annexe II)
Le membre supérieur gauche de Mme L est fonctionnel, elle réalise seule l’ensemble des
activités de la vie quotidienne. Elle est donc devenue entièrement autonome à l’exception de la
conduite qui n’a pas été testée.
C. Le devenir du patient
V. Discussion
Durant mon stage, j’ai dû faire face à plusieurs difficultés et m’adapter pour avancer dans la
prise en charge de Mme L.
Une semaine après mon bilan initial, la phase active de la rééducation ayant débuté, je
réalise un premier score de Constant qui nous permet de mettre en évidence les déficits de la
patiente. Ensuite ce score est réalisé une fois par semaine afin d’objectiver les progrès de la patiente
et de les présenter au médecin lors des réunions de synthèse. Durant les deux premières semaines, la
force musculaire en abduction d’épaule est multipliée environ par deux chaque semaine. Au cours
de la troisième, Mme L se plaint d’une douleur au niveau du tendon du muscle long biceps lors des
différents exercices de rééducation. Face à cette douleur qui freine les progrès observés, je me suis
posé la question de poursuivre le travail actif ou de stopper et privilégier les techniques antalgiques.
Cette douleur nous fait penser à une tendinopathie du muscle long biceps, le traitement
prescrit en premier lieu pour ce type de pathologie est la mise au repos du tendon auquel on associe
la prise d’antalgique, d’anti-inflammatoire et l’utilisation de la cryothérapie [26]. Cependant, le
médecin rééducateur du centre m’a donné comme consigne de poursuivre le travail actif malgré les
douleurs. En effet, d’après le chirurgien, le tendon du long biceps de Mme L est déjà gravement
détérioré et finira par se rompre à son tour et une fois rompu, il ne devrait plus être douloureux.
Certains chirurgiens, pendant la réparation des muscles de la coiffe des rotateurs, pratiquent sur ce
tendon du long biceps une ténotomie afin d’éviter l’apparition de cette douleur lors de la
rééducation [27]. J’ai donc suivi les consignes du médecin et poursuivis le travail actif mais j’ai
ajouté en fin de séance, des massages, de la cryothérapie, de l’électrothérapie ou encore des
exercices pendulaires.
Face à la persistance de cette douleur et les non progrès de la patiente au cours de cette
semaine, le médecin rééducateur réalise une infiltration de corticoïde au niveau du tendon du long
biceps. Le but de cette infiltration n’est pas de réparer le tendon mais uniquement de diminuer la
douleur. Les effets ne se font pas attendre, deux jours plus tard, Mme L ne ressent plus aucune
douleur et la rééducation peut reprendre activement. Le gain de force musculaire en abduction
18
d’épaule est tout de même moins significatif qu’au début mais la patiente progresse jusqu’à son
départ du centre.
Une autre difficulté rencontrée a été la mise en place de mon programme de rééducation. Le
centre de rééducation de Navenne possède son propre protocole de rééducation de l’épaule opérée,
il est basé sur une rééducation classique avec une phase passive puis, progressivement, une phase
active-aidée puis active. Durant mes recherches bibliographiques préalables, j’ai découvert une
prise en charge de l’épaule basée sur la balnéothérapie et l’auto-rééducation. Cette dernière est de
plus en plus utilisée dans tous les domaines de la rééducation, et elle figure dans les
recommandations de l’HAS [28]. C’est pourquoi, j’ai voulu placer la patiente comme actrice
principale de sa rééducation.
Cependant, ma prise en charge de Mme L ne débute pas à son arrivée au centre mais elle est
déjà à son 35ème jour postopératoire. Durant les 5 semaines avant mon arrivée, le masseur-
kinésithérapeute a réalisé des mouvements passifs de toutes les articulations de l’épaule selon le
protocole du centre et non de l’auto-rééducation. De plus, la balnéothérapie est l’un des principes
importants dans le protocole d’auto-rééducation, elle apporte un arsenal d’avantages par rapport aux
autres moyens de rééducation. L’eau chaude donne au patient une sensation de bien-être, de confort
et de détente. Elle permet également d’augmenter le seuil douloureux et de diminuer le tonus
musculaire, ce qui permet une mobilisation passive plus facilement réalisable. Malheureusement,
durant ma période de stage, la balnéothérapie est en travaux donc impossible d’y accéder.
Néanmoins, les patients du centre sont emmenés par les professeurs d’activités physiques adaptées
une fois par semaine à la piscine municipale. Ce qui est, évidemment, insuffisant aux deux séances
par jour préconisées dans le protocole d’Hauteville-Lompnes.
Mon étude de cas ne permet donc pas de mettre en évidence l’intérêt de l’auto-rééducation
dans la récupération des amplitudes articulaires d’une épaule opérée après rupture de la coiffe des
rotateurs. L’absence de balnéothérapie avec tous les avantages qu’elle apporte a peut-être ralenti les
progrès de Mme L ? C’est pourquoi je vais exposer dans ma revue de littérature les avantages d’une
prise en charge basée sur l’auto-rééducation associée à la balnéothérapie, comme c’est le cas dans le
protocole d’Hauteville-Lompnes. Je développerai également les limites de cette prise en charge.
19
Revue de littérature
I. Recherches bibliographiques
A. La balnéothérapie
1. Un peu d’histoire [29]
Utiliser l'eau pour apaiser et guérir est une pratique très ancienne, en effet, les archéologues
ont trouvé des restes de salles de bain dans le palais de Knossos qui datent de 1700 avant J-C, ce qui
indique que les Grecs appréciaient les effets produit par des bains prolongés. Le médecin grec
Hippocrate (460-377 avant JC) a aussi écrit abondamment sur le pouvoir de guérison de l'eau. Il
plongeait régulièrement ses patients dans l'eau de mer pour les guérir de plusieurs maux, comme les
douleurs musculaires et l'arthrite. Les égyptiens utilisaient également les bienfaits de l’eau avec
notamment Cléopâtre qui se baignait dans la mer morte. Ce sont les Romains qui développèrent son
utilisation avec la construction de bains de quartier puis de bains publics beaucoup plus grands
comme les thermes de Caracalla (construits entre 217 et 206 avant J-C) qui couvraient 27 hectares
et pouvaient accueillir 1600 personnes à la fois. Mais à la chute de l’Empire Romain, l’intérêt pour
la balnéothérapie disparait et les bains romains étaient abandonnés vers l’an 537.
Dans les années 1340, l’Europe est balayée par la peste noire et les bains ont cessé d’exister.
Les craintes de transmissions de maladies ont découragé les gens de visiter les thermes. Il faut
attendre les années 1800 pour voir la renaissance de la balnéothérapie grâce à Vincent Priessnitz, un
paysan autrichien qui utilisait l’eau froide pour soigner des blessures sur plus de 1600 patients. Il a
publié un livre, « The cold water cure », dans lequel il explique ses méthodes de traitement. Puis ses
idées furent reprises par un prêtre allemand, Sebastian Kneipp, qui a continué de faire progresser la
balnéothérapie en améliorant quelques-unes des techniques de Priessnitz et en ajoutant des huiles
essentielles à l’eau. Vincent Priessnitz et Sebastian Kneipp ont donc permis à la balnéothérapie de
renaitre.
a) La pression hydrostatique
La pression qu’exerce un liquide sur un corps immergé est égale au poids de la colonne de
liquide situé au dessus de ce corps. Cette pression est proportionnelle à la profondeur de l’eau et à la
densité du liquide. La pression hydrostatique exercée par l’eau sur un corps immergé est
perpendiculaire à la surface cutanée, égale dans toutes les directions dans un plan horizontal et
augmente avec la profondeur. [30] [32]
Cette pression hydrostatique aura plusieurs effets sur le corps humain : une stimulation des
récepteurs baresthésiques (antalgie) et extéroceptifs (perception corporelle), une stimulation de la
20
ventilation par accroissement du volume sanguin intra-thoracique, une augmentation de la
circulation de retour veineux avec accroissement de la pression ventriculaire droite et amélioration
du débit cardiaque de plus de 30%, une facilitation de l’équilibre statique et dynamique, une
facilitation en profondeur du renforcement musculaire. [30] [32]
b) Le principe d’Archimède
« Tout corps plongé totalement ou partiellement dans un liquide au repos subi de la part de
ce liquide une force verticale dirigée de bas en haut et égale au poids du volume de liquide
déplacé ». En d’autres termes, un corps immergé est soumis à deux forces opposées. La pesanteur
qui s’applique au centre de gravité du corps immergé et qui est orientée verticalement vers le bas.
La poussée d’Archimède qui s’applique au centre de poussée de la partie immergée et qui est
orientée verticalement vers le haut. Pour qu’il y ait équilibre, ces deux centres doivent être
confondus et alignés. [30] [32]
En position debout, le centre de poussée est plus haut que le centre de gravité car le tronc est
plus volumineux que les jambes, ces dernières ont alors tendance à rester au fond de l’eau et le
corps reste vertical. C’est le principe de flottabilité et il dépend de la densité du milieu, de la densité
du sujet et de sa capacité inspiratoire. [30][32]
Ces principes sont intéressants pour la reprise d’appui progressif en fonction du niveau
d’immersion mais également pour une mobilisation segmentaire qui sera facilitée par la poussée
d’Archimède. Cette dernière peut être modulée avec l’utilisation de flotteur. [31] [32]
c) La tension de surface
C’est une propriété des fluides qui s’explique par la cohésion des molécules entre elles. Il se
forme à la surface de l’eau une sorte de peau qui oppose une résistance au mouvement. Il est donc
plus facile de mobiliser un membre qui est totalement immergé. [30] [32]
d) La résistance hydrostatique
« Un corps en mouvement dans l’eau subit de la part de cette dernière une résistance qui
s’oppose à son avancement ». Cette résistance est proportionnelle à la vitesse et à la surface
d’attaque du corps. Plus le mouvement est rapide ou la surface d’attaque est grande et plus la
résistance augmente. Elle dépend également du milieu, la résistance de l’eau est 900 fois plus
élevée que celle de l’air. On utilise ce phénomène dans les techniques de renforcement musculaire.
[30] [32]
e) La température
L’eau des bains est maintenue à une température comprise en général entre 34° et 36° C. A
cette température, l’eau a un effet myorelaxant et antalgique. Elle permet une diminution du tonus
musculaire, facilitant la mobilisation. Elle permet également d’élever le seuil de la douleur, ce qui
permet de réaliser des exercices qui ne peuvent pas être effectués à sec car trop douloureux. Un
dernier effet de cette eau est une vasodilatation périphérique responsable d’une baisse de la tension
artérielle et d’une légère augmentation du travail cardiaque. [30] [32]
Selon Trudelle, la chaleur de l’eau permet d’améliorer la plasticité tissulaire et
particulièrement celle des fibres de collagène. D’un autre coté, la mobilisation améliore leur
orientation dans le sens des fibres musculaires. Ces deux phénomènes sont intéressants dans la
cicatrisation des tendons. [33]
21
3. Actions thérapeutiques [30] [31] [32] [33]
D’après les lois physiques de l’eau, nous pouvons résumer les effets de la balnéothérapie :
Une détente globale par un relâchement musculaire et une sédation de la douleur,
Un gain de mobilité articulaire par une facilitation des mouvements et une
diminution des contraintes articulaires,
Une meilleure cicatrisation du tendon et une diminution de l’inflammation,
Un drainage de l’œdème,
Une tonification musculaire,
Une meilleure perception du mouvement et donc un meilleur contrôle de son schéma
corporel,
Une amélioration du système cardio-vasculaire.
D’un point de vu psychologique, la balnéothérapie procure au patient une sensation de bien-
être, de confort, de détente, de sécurité générale. Il reprend confiance en lui du fait qu’il bouge plus,
souffre moins et se sent bien de façon générale. De plus, la balnéothérapie se déroule en groupe, le
patient peut donc partager son expérience avec celles des autres. Le groupe apporte un soutien
moral à une rééducation longue et fastidieuse. Les patient se motivent, passent un bon moment et
oublient pendant la séance leur souffrance. [30]
4. Contre-indications
6. Synthèse
La balnéothérapie est utilisée pour ses bienfaits depuis de nombreuses années et elle est
prescrite dans de nombreuses pathologies dans des domaines variés. L’étude des lois physiques de
l’eau ont permis d’expliquer scientifiquement les effets de l’eau sur le corps humain et les actions
thérapeutiques qu’engendre l’hydrothérapie. Elle provoque également chez le patient un effet positif
sur sa psychologie et son psychisme. Cela dit, il existe plusieurs contre-indications empêchant son
accès à certains patients.
Tous les professionnels de santé s’accordent à dire que la balnéothérapie a sa place dans les
différents programmes de rééducation. Cependant, nous sommes à une époque où les pouvoirs
publics réclament une validation des techniques afin de contrôler des dépenses de santé. C’est
pourquoi les professionnels de santé cherchent à apporter des éléments de preuve.
Les trois études ci-dessus nous montrent l’intérêt d’une mobilisation active précoce dans
l’eau car les muscles sont moins activés mais le renforcement musculaire est plus efficace à sec.
23
B. L’auto-rééducation
Après une opération de l’épaule, le patient est extrêmement douloureux. Afin d’éviter la
mise en place du cercle vicieux douleur-raideur, il est impératif de le mobiliser précocement [38].
Cependant, le masseur-kinésithérapeute se retrouve devant un patient anxieux ayant peur de bouger
son épaule. Cette peur entraine une impossibilité de se décontracter lors de la mobilisation passive
et provoque de nouvelle douleur. L’auto-rééducation va donc permettre au patient de contrôler sa
propre douleur en contrôlant l’angulation de son membre supérieur, la vitesse et la durée de
l’exercice. Le patient pourra prendre confiance en lui et ainsi commencer la rééducation dès les
premiers jours postopératoires.
Depuis quelques années, l’auto-rééducation est reconnue par la Haute Autorité de Santé
(HAS) [28], par la Société Française de Médecine Physique et réadaptation (SOFMER) [39] et par
la Société Française d’Arthroscopie (SFA) [40] qui conseille une auto-prise en charge précoce.
En 2011, Gleyze et al [41] réalisent chez 235 cas une étude comparative des six techniques
de rééducation principales après une raideur d’épaule avec un recul de 13 mois. Le premier groupe
de 58 cas suit une rééducation conventionnelle infra-douloureuse, le second groupe de 59 cas
effectue une auto-rééducation avec incitation supra-douloureuse, le troisième groupe de 31 cas suit
24
la même technique que le deuxième groupe mais sous l’encadrement d’un kinésithérapeute, les
quatrième, cinquième et sixième groupes bénéficient de la même méthode que le premier groupe
mais avec respectivement une arthrodistension, un bloc locorégional et une capsulotomie. Le suivi a
été journalier les six premières semaines, hebdomadaire les six suivantes puis à 6 mois où l’on note
les critères subjectifs (douleurs, gène et moral) et les critères objectifs (score de Constant et
goniométrie). Les résultats montrent que la rééducation conventionnelle est moins efficace que
l’auto-rééducation supra-douloureuse pendant les six premières semaines. En effet, les exercices de
rééducation conventionnelle ont un effet délétère sur l’évolution clinique pendant les trois à cinq
premières semaines, ce qui n’empêche pas une amélioration clinique lente mais constante. L’auto-
rééducation, quant à elle, montre une progression fonctionnelle rapide, avec une majoration de la
douleur diurne et une diminution de la douleur nocturne. L’encadrement par un kinésithérapeute
permet d’optimiser le travail d’auto-rééducation avec un résultat équivalent à six semaines mais
meilleur à trois mois.
En 2010 Tanaka et all [42] donnait déjà des résultats similaires concernant les capsulites
rétractiles. L’intervention précoce et l’auto-rééducation en milieu familial sont des facteurs plus
importants que la fréquence des séances de mobilisation par le kinésithérapeute.
Il existe également une autre méthode de rééducation : Thierry Marc (président de la société
française de rééducation de l’épaule) a développé au cours de ces quinze dernières années une
nouvelle technique de rééducation pour les pathologies de l’épaule. Il s’agit de la méthode CGE®
(Concept Global de l’Epaule). Il part du principe que les lésions de la coiffe des rotateurs sont dûes
au passage de l’Homme à la position érigée avec une modification de la biomécanique des forces
exercées sur la glène. La verticalisation a transformé les forces de compression en forces de
translation. Ces forces tendent à provoquer une ascension de la tête humérale et à comprimer la
bourse et les tendons sous la voûte acromiale. Ce dysfonctionnement entraîne une détérioration
tendineuse pouvant aboutir progressivement à une rupture du tendon. Une tendinopathie de la coiffe
des rotateurs présente toujours une limitation de la mobilité passive de l’articulation gléno-humérale
en flexion et en abduction. Pour T. Marc, cette diminution de la mobilité est secondaire à une
perturbation de la cinématique gléno-humérale dans le plan sagittal et horizontal. Ces perturbations
sont appelées décentrages gléno-huméraux. [43]
La rééducation est fondée sur deux principes fondamentaux et se déroule en trois phases. Le
premier principe est la récupération des amplitudes articulaires passives par la correction des
défauts de fonctionnement des articulations scapulo-humérale et acromio-claviculaire. Cette
correction permet de restaurer la mobilité et de diminuer les forces de frottement dans l’espace sous
acromial diminuant ainsi les douleurs. Le second principe est la restauration de la fonction
stabilisatrice de la coiffe des rotateurs.
La première phase consiste à corriger les décentrages articulaires de la gléno-humérale par
l’utilisation de technique manuelle afin de retrouver une bonne stabilité passive et une bonne
congruence articulaire. La deuxième phase consiste à renforcer les muscles rotateurs latéraux afin
de rééquilibrer dynamiquement l’articulation. La troisième phase permet de stabiliser l’équilibre et
le bon fonctionnement de l’épaule par un travail des forces de compression pour obtenir une
réponse reflexe des muscles stabilisateurs et coapteurs. [43]
T. Marc a réalisé un certain nombre d’études pour objectiver l’efficacité de sa méthode sur
la récupération des amplitudes articulaires, sur l’amélioration du score de Constant et sur la
25
récupération de la force musculaire. La première montre l’effet bénéfique de trois séances de
rééducation de l’épaule par la méthode CGE® sur les amplitudes articulaires, chez neuf patients
présentant une tendinopathie de la coiffe des rotateurs. Les résultats sont présentés sous la forme
d’un graphique qui montre l’amélioration des amplitudes articulaires en flexion et en abduction
entre le début et la fin de la séance et au cours des trois séances [44]. Une seconde étude a pour but
d’établir une relation entre le score de Constant et le C-test afin de déterminer l’intérêt de ce dernier
comme indicateur de la fonction d’épaule. Mais cette étude nous montre également l’effet de la
méthode CGE® sur l’évolution du score de Constant et du C-test entre avant et après la rééducation
(18 +/- 7 séances de rééducation). Elle est réalisée sur 39 patients présentant une tendinopathie de la
coiffe des rotateurs. Les résultats sont présentés également sous la forme d’un graphique qui met en
évidence une amélioration significative du score de Constant et du C-test après une rééducation par
la méthode CGE® [45]. Une troisième étude a pour but de vérifier si les gains d’amplitude
articulaire obtenus par la méthode CGE® s’accompagnent d’un gain de force des groupes
musculaires de l’épaule. Elle est réalisée sur 10 patients présentant un conflit sous acromial. Les
résultats montrent une amélioration du score de Constant et une augmentation significative de la
force maximale isométrique en rotation latérale et en abduction. [46]
27
synthèse va dans le même sens : « vous ne trouvez pas qu’il y a plus d’inflammation depuis que la
balnéothérapie est en travaux ? ». Cette remarque est approuvée par l’ensemble de l’équipe
rééducatrice.
La méthode de rééducation qui semble être la plus efficace à long terme est l’auto-
rééducation encadrée par un kinésithérapeute [41]. Le patient reste l’acteur principal de sa
rééducation mais le thérapeute s’assure pendant les séances en salle qu’il a bien senti et compris le
mouvement, le corrige si besoin et peut intervenir tout de suite en cas de problème. Il est également
présent pour soutenir, rassurer et motiver le patient. Ce côté psychologique est, à mon sens,
important à prendre en compte pour un patient qui se retrouve seul devant une rééducation longue et
fastidieuse. Cette méthode est celle que j’ai utilisée pour la prise en charge de Mme L. Le score de
Constant final à 12 semaines postopératoires de celle-ci est égal à la moyenne des scores de
Constant lors d’une auto-rééducation encadrée à la même date dans l’étude de Gleyze. Ce score est
de 70 alors que l’épaule saine de Mme L à un score de 80. Nous pouvons dire qu’elle a retrouvé une
bonne fonctionnalité de son épaule opérée et que la méthode utilisée a été efficace et comparable
aux différentes études de Gleyze. [41]
Toutefois, il est important de souligner qu’il existe d’autres protocoles de rééducation tels
que la méthode CGE® [43] qui présente, selon les études qui ont été faites et présentées dans la
recherche littérature précédente [44] [45] [46], un intérêt certain pour la prise en charge des épaules
28
opérées. Cette méthode met en avant la place du kinésithérapeute qui devient l’acteur principal de la
rééducation et un patient qui est passif. Cette prise en charge est encore peu connue et nécessite une
formation spécifique pour apprendre les techniques de mobilisation propres à cette méthode.
La plupart des études réalisées sur les différents protocoles de rééducation ou sur les effets
de la balnéothérapie ne tiennent compte que des paramètres mesurables ou objectivables mais il est
également intéressant de prendre en compte l’avis des patients. En février 2013, C. Pizzato publie
dans « Kinésithérapie, la revue » [51] un article sur le ressenti des patients ayant des pathologies de
l’épaule et qui ont suivi le protocole d’auto-rééducation de Hauteville-Lompnes. 93% des patients
qui ont répondu trouvent que la méthode de rééducation leur a permis de se prendre en charge de
manière confortable, 89% pensent que le travail de détente est indispensable, la gestion de la
douleur est satisfaisante pour 96%, les séances de balnéothérapie sont très confortables pour 100%
et indispensables pour 86%. Les résultats à six mois sont satisfaisants pour 83% des patients.
29
Conclusion
L’auto-rééducation est une technique de rééducation récente et encore peu connue des
professionnels de santé. Reconnue par l’HAS, certains centres comme à Hauteville-Lompnes la
pratiquent de façon régulière dans les pathologies de l’épaule mais aussi dans d’autres pathologies.
L’auto-rééducation permet de rendre le patient acteur de sa rééducation qui est longue et fastidieuse
et donne de très bons résultats dans la récupération des amplitudes articulaires dans les 2 semaines
postopératoires. Elle est généralement associée à la balnéothérapie qui est très appréciée par les
patients et qui apporte une multitude de bienfaits physiques et psychologiques, notamment la
sédation de la douleur. Il est important que cette rééducation soit encadrée par un kinésithérapeute
qui apprend les différents mouvements au patient pour que ce dernier puisse les réaliser seul à la
maison de façon correcte. Le masseur-kinésithérapeute devra également mettre en place au moment
du passage à la phase active des exercices de renforcement musculaire classiques car plus efficaces
dans le gain de force musculaire.
Mais l’auto-rééducation n’est pas accessible à tous les patients, il faut que certaines
conditions soient remplies : motivation, capacité du patient, assiduité et respect des consignes par
exemple.
Mme L n’a pas suivi le même protocole d’auto-rééducation qu’à Hauteville-Lompnes du fait
de la mobilisation passive pendant 5 semaines postopératoires et de l’absence de balnéothérapie. La
zéro-position est obtenue plus tardivement mais les résultats du score de Constant de Mme L à 6
semaines et 12 semaines postopératoires sont tout à fait raisonnables et comparables à ceux des
patients ayant suivi un protocole d’auto-rééducation lors de l’étude de Gleyze.
30
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1. Boire, manger X
2. Se laver la face/les mains X
3. Utiliser les toilettes X
4. Se lever d’une chaise X
5. Sortir d’un lit/se coucher X
6. Se déplacer dans la maison/appartement X
7. S’habiller X
8. Faire le ménage (tâches légères) X
9. Se laver tout le corps, entièrement X
10. Préparer le repas du soir X
11. Se déplacer au dehors, sur sol plat X
12. Préparer le repas de midi et du matin X
13. Faire le lit X
14. Monter/descendre les escaliers X
15. Soins des pieds et des ongles des orteils X
16. Faire ses achats X
17. Laver et repasser les vêtements X
18. Faire le ménage (tâches lourdes) X
Bilan final de Mme L
1. Boire, manger X
2. Se laver la face/les mains X
3. Utiliser les toilettes X
4. Se lever d’une chaise X
5. Sortir d’un lit/se coucher X
6. Se déplacer dans la maison/appartement X
7. S’habiller X
8. Faire le ménage (tâches légères) X
9. Se laver tout le corps, entièrement X
10. Préparer le repas du soir X
11. Se déplacer au dehors, sur sol plat X
12. Préparer le repas de midi et du matin X
13. Faire le lit X
14. Monter/descendre les escaliers X
15. Soins des pieds et des ongles des orteils X
16. Faire ses achats X
17. Laver et repasser les vêtements X
18. Faire le ménage (tâches lourdes) X
Annexe III : covalidation du sujet de mémoire
Résumé
Mme L a bénéficié d’une intervention chirurgicale à la suite d’une rupture
de la coiffe des rotateurs de l’épaule gauche. Elle est ensuite hospitalisée en
hôpital de jour au centre de rééducation fonctionnelle de Navenne. Ma prise en
charge est basée sur l’auto-rééducation, elle débute à J+35 postopératoire et se
termine à J+82 postopératoire.
Ce mémoire a pour but de mettre en évidence l’intérêt de l’auto-
rééducation et de la balnéothérapie dans la récupération des amplitudes
articulaires et de la force musculaire après une rupture de la coiffe des rotateurs
opérée. Mais ces deux techniques de rééducation comportent certaines limites et
ne peuvent pas être mises en place chez tous les patients.
Mots-clés
Auto-rééducation
Auto-mobilisation
Balnéothérapie
Coiffe des rotateurs
Epaule