You are on page 1of 62

Récit historique exact et

sincère, par mer et par


terre, de quatre voyages
faits... par Victor-
Athanase Gendrin,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Gendrin, Victor-Athanase. Récit historique exact et sincère, par mer et par terre, de quatre voyages faits... par Victor-Athanase Gendrin,.... 1856.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la
BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :
*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.
*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits
élaborés ou de fourniture de service.

Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans
l'autorisation préalable du titulaire des droits.
*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur
de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non
respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.


RECITS
HISTORIQUE, EXACTS ET SINCÈRES

DES

SEPT VOYAGES
PAR MER & PAR TERRE

Faits au Brésil, au Cap-Horn, au Chili,

aux Cordillères des Andes,


à Mendoza, dans le Désert et à Buénos-Ayres

PAR

VICTOR-ATHANASE GENDRIN
Ancien commerçant dans les mers du Sud , né à Paris , le 2 mai 1793,
parti de France en 1816,
et revenu dans sa patrie le 25 décembre 1823.

La critique est aisée et l'art est difficile.


BOILEAU.

EXTRAIT DE LA PUBLICATION DE 1836

SE TROUVE
CHEZ M. GENDRIN, PROPRIÉTAIRE, AUTEUR-ÉDITEUR
BOULEVARD DE LA REINE, 99, A VERSAILLES

1860
Cet ouvrage, destiné à un acte de bienfaisance, sera un remer-
ciment à Dieu de m'avoir préservé des périls dans les positions dif-
ficiles de mes voyages ; désireux de rappeler les services que m'ont
rendus mes amis et mes bienfaiteurs, sans oublier les deux hospi-
talières qui, dans le désert où j'ai été perdu seize heures, se sont
montrées si généreuses pour moi. Honneur et bonheur à toutes
ces personnes, et que l'âme de celles qui n'existent plus, repose
en paix!

Cette production, qui n'est pas un roman, est ornée d'un bon nombre
de vues lithographiées.
INTRODUCTION

C'est avec franchise que Victor-Athanase Gen-


drin vient dire à son pays, à ses compatriotes, ce
qu'il a osé entreprendre, ce qu'il a supporté, pen-
dant des années, le passage subit de plus de 40
degrés des chaleurs du Tropique aux glaces qui
bordent le Pôle Arctique; qu'il a vu sans pâlir
les phénomènes et les catastrophes de la nature,
le terrible tremblement de terre qui eut lieu au
Chili en 1822, et dont, de mémoire d'homme du
pays, on n'en avait pas ressenti un pareil; il vous
append qu'il a gravi les monts sauvages des Cor-
dillères des Andes, hautes de près de 7,000 mè-
tres, et, au milieu des neiges éternelles, il a été
invité, par un jeune et vaillant guerrier péruvien,
de l'accompagner à chanter l'hymne immortel
de la Marseillaise; il nous fait aussi la description
de ces gigantesques montagnes qu'il a dû traver-
ser, et qui n'ont pas moins de 400 kilomètres de
descente, en partie dans ses profondeurs, et qu'il
a passé sous des voûtes infernales bordées de
précipices. Il nous donne le détail des plaines
des Incas, couvertes d'Indiens et de sauvages, et
de sa traversée dans le désert, dont le tableau est
des plus émouvants. Il vous dit enfin ce que peu
d'historiens ont jamais mis à votre connaissance :
ce qui se passe presque au bout du globe.
CONSEILSDE MES AMIS

Ces voyages seraient restés dans l'oubli si quelques


personnes, aussi honorables qu'obligeantes, à qui j'en ai
lu plusieurs passages ne m'eussent conseillé d'en écrire
le récit complet. A les entendre, il était curieux d'y voir
un jeune homme se tirer par lui-même de positions fâ-
cheuses et difficiles, et raconter ensuite son histoire aussi
intéressante qu'instructive. Si le style n'y est pas élevé,
le fond est de la plus exacte vérité.
Il n'a pas plus voulu parer sa personne que son lan-

gage ; il n'a point voulu se poser en personnage impor-


tant; c'eût été cesser d'être sincère, puisqu'il est parti
sans fortune.
En écrivant autrement, on peut composer de beaux

voyages pleins de mensonges, que le lecteur accepte comme


autant de réalités ; mais on trompe, et moi je veux être
franc, dire les choses comme elles se sont passées, le bien
comme le mal, le mal comme le bien, mes erreurs et mes

fautes, et cela, depuis le commencement jusqu'à la fin de


mon récit.
Je puis aussi rappeler que bien des gens dont les débuts
CONSEILS DE MES AMIS 5

ont été aussi modestes que les miens, qui ont couché à la
taverne des matelots et ensuite à l'entrepont, ont aujour-
d'hui une magnifique position, comme MM. A. V***, ban-

quiers à Paris, ayant équipage ; comme les frères B***,


riches marchands de soieries dans la capitale, M. G***, le

doyen des expéditionnaires des mers du Sud, qui a hôtel


et donne cinquante mille francs de dot à chacun de sesen-
fants, sans compter beaucoup d'autres personnes, comme
mon patron, devenu un bon bourgeois de Paris. Tous
ces industrielsont, comme moi, couché à l'auberge du
Havre, avant d'arriver dans les notabilités financières, ce
qui me permet de dire que bien des gens qui sont en
haut, sont partis d'en bas, et que probablement, s'ils
étaient à ma place, ils n'imiteraient point ma franchise.
Rester dans le vrai, voilà donc mon principe ; je ne
cherche point à briller en le sacrifiant ; car, une fois qu'on
en est sorti, on n'écrit plus une histoire, mais un roman ;

je reste sur mon terrain et ne m'élève pas au-dessus de


ma position réelle ; je raconte une histoire qui n'est pas
celle d'un autre, mais bien la mienne, et j'y mets tous les
événements qui me sont arrivés, toutes les choses que j'ai
vues, toutes les conversations auxquelles j'ai pris part, et je
suis aussi fier du commencement que de la fin de ma vie.
Le récit que j'entreprends de faire, renferme un ensei-

gnement moral.
J'y dis, en effet, aux jeunes gens : entreprenez ce qui
vous paraît utile ; luttez avec courage contre les difficul-
tés qui vous arrêtent, contre les obstacles que vous ren-
6 CONSEILS DE MES AMIS

contrerez, et vous finirez par triompher ; mon exemple en


est la preuve.
Ce livre montre encore qu'un homme peut apprendre à
se suffire à lui-même ; qu'il ne doit nullement céder à
cette honteuse frayeur qu'inspirent les voyages longs au-
delà des mers.

Ainsi,pour ce qui me concerne, j'eus, avant de faire


les miens, à résister aux représentations de mes parents,

qui me faisaient envisager les hasards de mon entreprise ;


qui se montraient profondément affligés de mon départ,
et qui ajoutaient à leurs touchantes prières cette triste dé-
claration : « Qu'ils
ne pouvaient en rien me venir en
aide. » Je n'en fus pas moins innébranlable dans ma ré-

solution; je partis, bénissant ma famille, demandant à


mon père, que je ne devais plus revoir, de penser quel-

quefois à moi, adressant la même prière à manière, et je


remis tout mon avenir à mon patron, qui tint les promes-
ses qu'il nous avait faites avec une scrupuleuse loyauté.
Enfin, en me lisant, on apprendra à se rendre maître,
quand il le faut, des sentiments les plus chers au coeur de
l'homme, afin de pouvoir mener à bien ses entreprises;

puis, à se montrer confiant, comme je le fus; bien que

parfois j'ai été trompé dans mon commerce, j'ai reconnu


qu'il y a de bons et braves gens parmi nos compatriotes
et parmi les étrangers.

GENDRIN.
AVANT-PROPOSDE L'AUTEUR

Nous réclamons des personnes qui liront ces récits,

l'indulgence dont a besoin leur auteur ; elles y trouveront


des locutions ordinaires, des réflexions simples, mais
sensées, que son peu d'érudition ne lui a pas permis d'é-
viter ; il sait qu'il n'a aucune des qualités de l'homme de
lettres, et il n'a pas prétendu écrire une histoire de ses
voyages, dans l'acception ordinaire de ce mot.
Il n'a voulu qu'une seule chose, se retracer, mainte-
nant qu'il vit dans la retraite, le tableau des événements

auxquels il a pris part, des malheurs qu'il a partagés,


des scènes de la nature dont il a été témoin ; il a voulu
surtout se remettre
sous les yeux les services qu'il a re-
çus de ses compagnons de voyage, de ses amis, de ses
bienfaiteurs.
On verra dansée livre quelle a d'abord été sa modeste

position, quelles imprudences et quelles fautes lui ont


fait perdre ses plus belles années, à lui, qui pourtant a

toujours eu le désir du bien ; ses lecteurs le suivront au


milieu de ses traverses ; ils le verront lutter contre l'ad-
versité, vivre dans une continuelle alternative de succès
8 AVANT PROPOS DE L'AUTEUR

et de revers, supporter, sans se plaindre, les privations,


les souffrances et parfois les humiliations causées par le
nouveau genre de commerce qu'il fut obligé d'entrepren-
dre momentanément pour éviter sa ruine; ils le verront
aussi, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune,
toujours confiant en la Providence.
Il n'a jamais cessé non plus d'avoir pour sa famille,

pour ses amis et pour sa patrie, un profond attachement.


Il espère que Dieu le récompensera de la résignation qu'il
a montrée dans la souffrance, non pas en lui donnant la

richesse, mais seulement les moyens de vivre honorable-


ment dans une douce obscurité, où il lui soit permis de
n'exciter ni l'envie ni la pitié de personne ; il n'a aucun
désir de célébrité.
Il a mis néanmoins tous ses soins à composer cet ou-

vrage; il a recueilli, pour les rendre exacts, tous ses sou-


venirs ; il a fait de son mieux pour donner à son travail le
mérite qu'il devait avoir, celui de la sincérité et de la
bonne foi ; pour y arriver, il s'est imposé beaucoup de
recherches fatigantes; il a pris, en un mot, des peines in-
finies, et cela, au risque d'affaiblir ses facultés par une
trop grande contention d'esprit ; plus d'une fois, il s'est
senti découragé ; plus d'une fois, il a abandonné son oeu-
vre pour rétablir sa santé, que ses travaux et ses veilles
avaient altérée ; puis, il l'a reprise avec une nouvelle ar-
deur, et enfin il est parvenu à la terminer.
AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR 9

AVIS AU LECTEUR.

C'est toujours un spectacle qui impressionne vivement


un homme de bon coeur, que celui d'un autre homme
aux prises avec l'adversité ; il nous oblige à faire un re-
tour sur nous-mêmes et à nous dire : « Placés dans les
circonstances où il s'est trouvé, aurions-nous su éviter les
fautes qui ont entraîné ses malheurs? Malheureux comme
il le fut, aurions-nous été plus que lui résignés et pa-
tients ? A demi-ruinés comme lui, aurions-nous été plus
habiles à réparer nos désastres ? »
En même temps que des récits de voyages nous rendent
modestes, en nous montrant le peu que nous sommes,

quand, réduits à nous-mêmes et loin de nos parents, de


nos amis, de nos compatriotes, lorsque nous sommes dans
un nouveau monde, ils nous apprennent ce qu'il y a de
douceur dans les liens qui nous unissent à une famille et
à une patrie; ils nous font sentir combien est vrai le vers
suivant :
« Plus je vis l'étranger, plus j'aimai ma patrie. »

A ce propos, nous dirons que la partie de l'histoire de


M. Gendrin, qui nous a le plus frappé, est celle qui con-
cerne ses amitiés ; peu de personnes, peu de voyageurs

surtout, ont été, sous ce rapport,, plus heureux que lui ;


il a trouvé dans tous les pays et dans toutes les situations,
des hommes qui lui ont montré de l'affection et donné les
10 AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR

témoignages les plus touchants et les plus nombreux :

soins, confiance, argent, dévouement; il a tout trouvé


chez ses compagnons de voyages, rien ne l'a plus recom-
mandé à nos yeux ; là est son premier titre à la sympathie
de ses lecteurs.
Il en trouvera aussi, nous l'espérons, parmiles gens

qui, étant simples de coeur, aiment ce qui est vrai et na-


turel.
L'auteur qu'on vient de lire et des
de l'avant-propos
récits qui suivent, nous a demandé de les recopier et d'en

épurer le style que son peu d'habitude d'écrire aurait pu


laisser incorrect.
Nous y avons consenti.
Ce travail achevé, nous lui avons proposé de nous en
confier un autre, qui nous paraissait le complément na-
turel du premier, et qui eût consisté à élaguer du livre ce

qu'il nous paraissait avoir d'inutile, pour n'en conserver


que les parties neuves et intéressantes; nous aurions
voulu également que les parties conservées fussent mises
dans un meilleur ordre, afin de donner à la narration plus
de suite, plus de mouvement, et par conséquent plus
d'intérêt.
Nos propositions n'ont point été accueillies; voici

pourquoi : « Je n'ai pas voulu, nous a répondu M. Gen-


drin, vous fournir les matériaux d'un livre nouveau,
mais vous donner seulement le mien à traduire; au mi-
lieu des innovations que vous me faites entrevoir, je ne
me reconnaîtrais plus, je me trouverais dépaysé, perdu
AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR 11

comme dans un désert ; or, ce que je veux, c'est me


remettre en présence de mes vieilles connaissances, de
converser de nouveau avec elles, dans leur langage et
dans le mien ; de revivre de ma vie passée, de retrouver
mes jeunes années, mes émotions d'autrefois, mes amis
qui sont absents, mes amis qui sont dans la tombe; c'est
.là une consolation que j'ai voulu réserver à ma vieillesse,
et que votre livre, à vous, ne me donnerait pas. »
J'ai dû me conformer aux intentions de M. Gendrin, et
lui laisser, en dégageant la mienne, l'entière responsabi-
lité de son oeuvre. Je me suis donc borné à remplir la
modeste tâche de traducteur et de copiste, qu'il a bien
voulu me donner.
Que si on me demande quel est mon jugement sur ces
récits de voyage, je n'éprouverai, à l'exprimer, aucun
embarras.

Si, au point de vue littéraire, ils ne sont pas sans re-

proches, ils ont cependant un mérite précieux, ils sont


vrais ; il y règne un ton de franchise et de bonne foi qui
a un grand charme ; on y trouve une naïveté d'idées et de

langage bien naturelle, et qui aussi repose doucement

l'esprit; les caractères, les événements, les personnages y


sont ordinaires ; mais, n'y a-t-il d'intéressant que ce qui
est élevé ?
Cette histoire a un autre avantage : elle est variée ;
ainsi, on y passe sans cesse d'une scène à une autre,
d'une aventure de ville à un accident de voyage, de l'in-
térieur d'une boutique à une fête de campagne, du spec-
12 AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR

tacle des plaines de l'Océan au tableau des Cordillères


des Andes, de la peinture d'un dîner d'amis à celle d'un
tremblement de terre.
Elle a aussi son côté instructif pour le naturaliste, le
commerçant, le voyageur, et même pour le moraliste;

car, le Brésil, le Chili et Buénos-Ayres sont des pays pour


eux presque encore inconnus, et dont par conséquent la
description est propre à piquer leur curiosité.
M. Gendrin, éloigné à 17 ou 18,000 kilomètres de la
France, isolé au milieu de populations étrangères, sans
appui, souvent sans ressources et réussissant néanmoins
à se tirer du péril et des difficultés, nous intéresse comme
Robinson Crusoé dans son île.
Quant à la partie morale de celte oeuvre, il est inutile
de dire que nous n'avons ni à l'accuser, ni à la défendre,
ni même à la juger ; nous en laissons l'honneur ou la res-

ponsabilité à son auteur, et sous ce rapport surtout, nous


avons scrupuleusement respecté sa pensée.

ANOT DE MAIZIÈRES.
CONCLUSION

UNE VISITE AU HAVRE


sut les Nouages au Passe-Temps

Par M. GENDRIN

1855

RECIT DESCRIPTIF ET HISTORIQUE EN PROSE RIMEE

Depuis plus de trente ans que date mon retour


Dans ma chère patrie, objet de mon amour,
D'où longtemps éloigné, je la rêvais sans cesse,
Comme cût fait un amant de sa belle maîtresse.
J'eus l'étrange désir d'aller revoir le port
Où devait autrefois se décider mon sort...
Je pars très-enchanté de ce petit voyage,
N'emportant avec moi qu'un bien léger bagage;
Et ce gentil projet, qui n'avait d'autre but,
Devait me rassurer contre un mauvais début.
Il n'en fut pas ainsi, comme je vais le dire,
Et personne, je crois, n'aurait pu le prédire?...
J'arrivai donc au Havre à neuf heures du soir;
La lune à son déclin rendait le temps moins noir...
14 CONCLUSION

Je suis, sans y penser, juste sur la jetée,


Que je croyais plus loin par l'ombre projetée,
Et de ce lieu j'entends la mer battre et mugir ;
Ce bruit, que je connais, me fait encor frémir.
Je ne remarque pas que près de moi se trouve,
Un petit escalier qui tout-à-coup me prouve
Que j'aurais dû mieux voir avant d'en approcher.
Et faire attention pour n'y pas trébucher.
Celle chute pourtant pouvait m'être funeste;
C'est un fait qui toujours m'a paru manifeste.
La jetée est étroite, et tombant près du bord,
Je me croyais perdu dès le premier abord ;
Mais je sus opposer assez de résistance
Pour sortir du péril, grâce à la Providence
Qui vint à mon secours, tellement à propos,
Que sans elle, bien sûr, je tombais dans les (lois...
Je ne sentis jamais un moment plus critique,
Même dans mes dangers courus en Amérique.
Assurément ceux-là furent bien grands aussi ;
Mais venir de si loin et pour finir ainsi !...
Quelle fatalité me poursuivrait au Havre?
Et me faudrait-t-il donc y laisser mon cadavre ?
En dix-huit cent vingt-trois, à bord d'un bâtiment,
J'ai cru perdre la vie à mon débarquement,
Par l'obstination d'un maladroit pilote,

Qui, disait-il, était notre compatriote;


Et tout en bavardant, il gouvernait si mal,
Qu'il nous mit en travers au milieu du chenal :
Un navire étranger nommé le Juttervôtre,
Faillit nous engloutir en transperçant le nôtre...
C'est dans la même ville, où, sans me fourvoyer,
Je me blesse en tombant et risque me noyer :
UNE VISITE AU HAVRE 15

A moins de cent vingt pas peut-être de distance,


Ici, deux fois, je manque à perdre l'existence !...
Mais à quoi bon, mon Dieu, tant songer au passé,
Quand pour moi le présent s'est si bien annoncé ?
Arrière une idée alors qu'elle me navre,
Disposons-nous demain à visiter le Havre.
Je rentre, maintenant, ne pouvant plus marcher;
Pour me remettre un peu je vais m'aller coucher.. . .

Le lendemain malin, dès l'aube, je me lève,


Le coeur tout réjoui d'un assez joli rêve;
Pourtant je souffre encor de ma chute d'hier,
Et cela se conçoit, je ne suis pas de fer.
Je sors pour commencer ma première tournée ;
Déjà le ciel m'annonce une belle journée ;
Je visite la ville, elle me paraît bien,
J'y vivrais volontiers si j'avais le moyen ;
Mais ici tout est cher, et pour ce fait on glose,
Quoique pourtant ailleurs ce soit la même chose.
En parlant ainsi seul, je me mets au courant,
Des deux ou trois quartiers, tout en les parcourant.

La ville est avec soin des mieux entretenues;


Dans différents endroits, je vois de larges rues,
Et de jolis hôtels, dont la construction
D'un genre gracieux fixe l'attention.
J'examine de près plusieurs beaux édifices,
Pour lesquels on a fait de très-grands sacrifices.
Ma visite finit par quelques ateliers,
Y compris l'arsenal et même les chantiers...
C'est assez pour l'instant, je gagne ma demeure,
46 CONCLUSION

Afin, du déjeûner, de ne pas manquer l'heure.


Je me promets ce soir un tout autre plaisir,
Des plus récréatifs et qui sait me ravir.
Je veux dès aujourd'hui me payer le spectacle,
Où du moins, en province, on entre sans obstacle.
La salle est depuis peu décorée avec goût ;
Elle est remise à neuf de l'un à l'autre bout :
Et les loges toujours, dont les dames s'emparent,
Font très-bien ressortir les grâces qui les parent.
On vante, en maint endroit, la beauté du rideau,

Remarquable travail d'un habile pinceau.


Un point essentiel, comme au Havre on le prouve,
C'est tout l'orchestre aussi, qu'il faut que l'on approuve.
La troupe est au complet et fort bonne, dit-on;
L'opéra compte en outre un nouveau baryton :
Une prima-dona, deux célèbres actrices
Feront, des amateurs, sans doute les délices.
Hier, je me souviens, on nous parlait encor,
D'un artiste en renom, d'un excellent ténor...
Oui, très-certainement, j'irai juger moi-même
Du talent de chacun, au théâtre que j'aime,
Ce qui me plaît m'amuse, et je suis satisfait.
Puis, d'ailleurs., entre soi, que voit-on de parfait?
El pourtant l'indulgence est bien rare en ce monde :
J'entends pour le prochain, car pour nous elle abonde.
Combien est-il de gens n'ayant rien oublié,
Qui critiquent toujours sans aucune pitié ?
El le nombre en est grand. Aussi l'on en voit d'autres
Qui cachant leur orgueil ont l'air de bons apôtres ;
Ceux-là sont des phénix : du moins à ce qu'on dit,
Mais ils tranchent
sur tout, faute d'assez d'esprit...
A rire et commenter, mon Dieu, qu'on est habile.
UNE, VISITE AU HAVRE 17

Mais créer un volume : ah ! c'est plus difficile !


Et si, de celte histoire, on glose ou l'on médit,
Alors que ce censeur écrive un manuscrit,
Afin de décider ou de son savoir-faire,
Ou s'il a le dessein de nous être contraire...
Et puis, que prouverait trop de sévérité,
Quand je viens avouer avec sincérité,
N'avoir, jamais suivi, plus que d'agriculture,
Des cours de rhétorique et de littérature?
Qui pourrait m'accuser de ne pas être franc
Et vouloir d'un auteur m'élever jusqu'au rang,
Lorsqu'ici, sans détour, suivant mes habitudes,
Je redis volontiers : j'ai fait très peu d'études?
Et tout au plus assez pour tracer mes récits,
Que j'aurais voulu, certe, avoir bien mieux écrits?
Mais qui sont destinés à faire une bonne oeuvre,
Que je préfère encore au plus joli chef-d'oeuvre.
Qu'on regarde, au surplus, dans son avant-propos,
Ce qu'Anot de Maizière a dit fort à propos
Du style de mon livre : écoutez son langage,
Sur le compte qu'il rend, des faits de mon ouvrage,
Qu'on ne taxera pas d'exagération.
Je ne veux rien de plus que sa décision;
J'assure avec plaisir qu'elle m'est suffisante,
Et plus j'y réfléchis, et plus je m'en contente..
D'ailleurs, le vrai mérite est toujours indulgent,
Le présomptueux seul n'est que désobligeant.
Si souvent nous pê hons : car, disons le mot propre,
C'est entre autres défauts, par excès d'amour-propre.
Je ne suis pas ami de la causticité,
Pourtant faut-il encor dire la vérité :

grand savoir, je n'ai point de jactance,


Privé d'un
18 CONCLUSION

Et ne parle jamais ni d'art ni de science,


A nul, je ne voudrais faire ici de leçon,
Pour moi, j'en ai besoin, je le dis sans façon ;
Puis à quoi bon aussi s'ajouter à la liste
De phraseurs ennuyeux pour être moraliste ?...

Allons ! allons ! j'y suis !... J'entends mon estomac,


Me dire qu'il n'a bu qu'un seul doigt de cognac
El qu'il se meurt de faim...Oui, le drôle est mon maître,
Il prétend qu'à l'instant, je le mène repaître...
Comme vraiment par goût, il n'aime pas jeûner,
Pour lui faire plaisir, je m'en vais déjeûner...

Je me dirige après, sans crainte de bagarre,


Vers un tout autre endroit, où se trouve le phare;
Et monté jusqu'en haut, j'ai présent sous les yeux,
Un immense horizon, où la mer et les cieux
Sembleraient se confondre et borner notre monde ;
Menacé, dirait-on, incessamment par l'onde.
Ce tableau grandiose est pour moi ravissant,
J'admire avec respect, l'oeuvre du Tout-Puissant !...
Soudain, des souvenirs me reviennent en foule,
En voyant à mes pieds se soulever la houle,
Aujourd'hui plus tranquille et peut-être demain
Sera-t-elle plus loin la terreur du marin ?
El sous peu le tombeau de plus d'une victime !...
Enfin, je me retrouve en ce port maritime.
L'orgueil national, et qui fut tour-à-tour,
Témoin de mon départ, témoin de mon retour.
Je regarde d'ici les beaux vaisseaux de guerre,
UNE VISITE AU HAVRE 19

La force du pays, si redoutés naguère,'


Et l'indice certain de nos temps glorieux,
Où partout les Français étaient victorieux,

Je m'imagine voir, parcourant les empires,


Ces riches bâtiments, ces superbes navires,
Sur l'un desquels jadis, je traversai les mers
Pour tenter la fortune au bout de l'univers.
Tout en réfléchissant, j'écoutais comme un sage,
Le bruit de quelques flots se briser sur la plage,
Et remarquant la passe et plus loin l'Océan,
Ce grand lit où l'on couche aidé par l'ouragan.
Ce grand lit où j'ai craint que les draps trop humides
Me servent de linceuls sans voir les Néréides.
Et mettant chapeau bas, je rends grâces au ciel
De sa protection pour un faible mortel,
En ayant bien voulu me rendre favorable
Le dieu des mers du Sud, si souvent redoutable.,.
Toi qui résistes, Éole, aux chaleurs, au grésil,
Veux-tu, pour m'obliger, t'en aller au Brésil?
Puis ensuite au Chili? rangeant le pôle Arctique
D'où lu sais m'avoir vu voguer vers l'Amérique,
Assez près du Cap-Horn, où, dérivant beaucoup,
Le vaisseau pouvait être englouti tout-à-coup ?
Nous étions assaillis par de fortes rafales,
Et n'avions pour repos que de courts intervalles.
La neige à gros flocons tombant abondamment,
Envahissait le pont de notre bâtiment.
Ce temps abominable entravait la manoeuvre,
La rendait dangereuse, et l'équipage à l'oeuvre
Se disait fatigué. Le froid et le roulis
Augmentaient l'embarras où nous étions réduits.
20 CONCLUSION

J'apercevais au loin des montagnes de glace


Que bientôt, me dit-on, nous allions voir en face :
Mais pour arriver là, fallait-il commencer
Par te braver d'abord en lâchant d'avancer.
Sans doute ce parti, quoi des moins faciles
Avec des matelots devenus indociles,
Devait être tenté pour sortir d'un péril,
Que je ne courus pas en allant au Brésil.
Éole, pourquoi donc, dans ces tristes parages,
Te montrer furieux proche de leurs rivages?
Avec réflexion modère ton courroux.
Sous un semblable ciel deviens juste et plus doux.
Rends la mer moins mauvaise, et que son nom s'applique
Avec plus: de raison à la mer Pacifique.
Près ta terre de Feu, sur le Grand Océan.
Non loin des Palagons, au détroit Magellan,
Pays déshérités de toute la nature,
El que tu veux encore accabler sans mesure,
Pourquoi plus maltraiter ces malheureux climats
Que bien d'autres, ailleurs, que tu n'affliges pas?...
A quoi bon, s'il te plaît, ce surnom de Borée
Qu'on te donne sans cesse en une autre contrée?
N'importe d'où tu viens, du nord ou du levant,
Partout on te connaît pour le seul dieu du vent.
Eole, accoutumé de régner sur le globe,
Il n'est rien ici-bas que ton souffle n'englobe.
Ce souffle assez bénin, n'est qu'un joli semblant,
Qui change et puis finit par être violent
Au point de nous causer de terribles bourrasques,
Que chacun attribue à tes esprits fantasques.
Quand tu grondes avec impétuosité,
Je voudrais de ce bruit savoir l'utilité?
UNE VISITE AU HAVRE 21

El si je ne craignais alors de te déplaire,


Je te demanderais ce qu'ici tu viens faire?...
Mais pardonne, et dis-moi si lu veux, aujourd'hui,
Passer en Amérique, où déjà tu m'as nui ?
Si je suis sans rancune, au moins fais-moi la grâce
De ne pas hésiter à traverser l'espace.
Tu ne dois obéir qu'à la Divinité,
Qui t'a donné la force et la rapitdié.
Je ne t'ordonne rien, seulement, je te prie,
De partir sans délai pour la rive chérie,
Où j'ai quitté jadis de dignes habitants,
Que je te recommande en ces heureux instants.
Voici le complément de ton itinéraire;
De même que plus haut, la fin doit être claire :
Sous la zone Torride, arrête-loi d'abord,
Pu isqu'ainsi lu le veux : mais en passant au nord
Tourbillonne au Cap-Horn et refoule ses glaces,
Jusqu'à Valparaiso n'en laisse aucunes traces...
Sois bon pour Santiago, le Désert, Mendoza,
Où notre caravane un jour se reposa.
Tâche d'anéantir les Hautes Cordillères,
Pour unir le chemin qui mène à Buénos-Ayres.
Que l'on ne parle plus de ces monts sourcilleux,
Dont la cime hardie étonne encor les cieux.
Ces superbes géants, les plus grands de la terre,
Méprisant la tempête et bravant le tonnerre,
Renfermant dans leur sein, comme des ouragans,
Une lave brûlante et vingt-quatre volcans...
Éole, abaisse au moins, si tu ne peux mieux faire,
Celte masse effrayante, inutile barrière,
La terreur de celui qui doit la traverser,
Et qui n'est pas certain de la pouvoir passer,
22 CONCLUSION

En regardant de près ces énormes montagnes,


Qui jamais ne se quittent, étant soeurs et compagnes,
Dont les sentiers étroits, bordés d'un gouffre affreux,
Montrent au voyageur un parcours périlleux,
Car si sa mule bronche et que lui-même tombe,
Il ne rencontrera qu'une profonde tombe...

Repose-loi, pour voir dans ces pays lointains,


Les bons hospitaliers, mes chers Américains.
Dis-leur bien qu'une intime et vieille connaissance
Aura toujours pour eux de la reconnaissance,
Et qu'elle n'oubliera ni leur urbanité,
Ni de leurs sentiments toute la loyauté,
Qu'elle en conservera l'éternelle mémoire,
Qu'ils peuvent s'en convaincre en lisant son histoire;
Et qu'elle l'a prié de ton essor
prendre
Pour leur dire en ce jour, que Gendrin vit encor!...

DORLIN PÈRE.

Août l856.
TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS L'OUVRAGE

DONNANT LA RELATION DES VOYAGES

Faits au Brésil, au Cap-Hora, an Chili, aux Cordillères des Andes,

à Hcndoza, au désert, et à Buénos-Ayres.

Pages.
A LA VILLE DE VERSAILLES,par un de ses habitants v
CONSEILS DE MES AMIS vij
INTRODUCTION xj
AVANT-PROPOSDE L'AUTEUR xiij

PREMIÈRE PARTIE.

CHAPITRE Ier. — Propositions de voyages 4


— II. — Les quinze premiers jours de traversée... 14
— III. — Rencontre d'un corsaire 24
— IV. — Voyage en mer pour le Brésil 39
— V. — Suite de l'histoire de Bourdin 52
— VI. — Partie de chasse chez Gabriel 72
— VII.—Fuite de la négresse 90
— VIII. — Un nègre m'achète une montre 409
— IX.— Propositions d'un planteur 131
— X. — Mon passage au Chili 447

DEUXIÈMEPARTIE.

CHAPITRE Ier. — Départ du Brésil pour le Chili 164


— II. — Doublerons-nous le cap 481
24 TABLE

Pages.
CHAPITRE III. — Je cause avec les douaniers 200
— IV. — Je vais trouver le gardien de la douane 216
— V. — La température de la boutique 234
— VI. — Tentative de vol la nuit dans ma boutique. 247
— VII. — Réflexions sur le passé 260
— renaît en moi 282
VIII.—L'espérance
— IX. — Pinchon revient les poches pleines d'or... 300
— X. — Confidences de Laperle 317
— XL — Situation commerciale 331
— XII. — Je devais attendre 350
m'y

TROISIÈMEPARTIE.

CHAPITRE Ier. — Nous gravissons les Cordillères des Andes. 373


— II. — Nous approchons de Mendoza 393
— III. — Traversée du désert 413
— IV. — Rencontre d'une patrouille 431
— V. — Le petit garçon 449
— VI. — Le général me fait accueil 463
— VIL — Invitation à la fête 484
— VIII. —
Voyage en mer pour la France 500
— IX. — Remerciements à mes hôtes 517
— X. — Fin de la connaissance de Laperle 527
— Rencontre de Richaud à Paris Ibid.
CONCLUSIONet remerciements à tous mes amis et bienfaiteurs,
y compris les hospitalières du désert ... 7541
Une visite au Havre en 1855 557

VERSAILLES. — RUE DU 59.


IMPRIMERIE CERF, PLESSIS,
MES LECTEURS.

Athanase GENDRIN
A LA VILLE DE VERSAILLES, par un de ses habitants
CONSEILS DE MES AMIS
INTRODUCTION
AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR
PREMIERE PARTIE.
CHAPITRE Ier. - Propositions de voyages
CHAPITRE II. - Les quinze premiers jours de traversée
CHAPITRE III. - Rencontre d'un corsaire
CHAPITRE IV. - Voyage en mer pour le Brésil
CHAPITRE V. - Suite de l'histoire de Bourdin
CHAPITRE VI. - Partie de chasse chez Gabriel
CHAPITRE VII. - Fuite de la négresse
CHAPITRE VIII. - Un nègre m'achète une montre
CHAPITRE IX. - Propositions d'un planteur
CHAPITRE X. - Mon passage au Chili
DEUXIEME PARTIE.
CHAPITRE Ier. - Départ du Brésil pour le Chili
CHAPITRE II. - Doublerons-nous le cap
CHAPITRE III. - Je cause avec les douaniers
CHAPITRE IV. - Je vais trouver le gardien de la douane
CHAPITRE V. - La température de la boutique
CHAPITRE VI. - Tentative de vol la nuit dans ma boutique.
CHAPITRE VII. - Réflexions sur le passé
CHAPITRE VIII. - L'espérance renaît en moi
CHAPITRE IX. - Pinchon revient les poches pleines d'or
CHAPITRE X. - Confidences de Laperle
CHAPITRE XI. - Situation commerciale
CHAPITRE XII. - Je devais m'y attendre
TROISIEME PARTIE.
CHAPITRE Ier. - Nous gravissons les Cordillères des Andes.
CHAPITRE II. - Nous approchons de Mendoza
CHAPITRE III. - Traversée du désert
CHAPITRE IV. - Rencontre d'une patrouille
CHAPITRE V. - Le petit garçon
CHAPITRE VI. - Le général me fait accueil
CHAPITRE VII. - Invitation à la fête
CHAPITRE VIII. - Voyage en mer pour la France
CHAPITRE IX. - Remerciements à mes hôtes
CHAPITRE X. - Fin de la connaissance de Laperle
CHAPITRE X. - Rencontre de Richaud à Paris
CONCLUSION et remerciements à tous mes amis et bienfaiteurs, y compris les hospitalières du désert
Une visite au Hâvre en 1855

You might also like