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Professeur Guy Pascal NGOMA PHANZU

DROIT COMMERCIAL
GÉNÉRAL
Manuel d’Enseignement

1ère édition

2023
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 2
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DROIT COMMERCIAL GENERAL


MANUEL D'ENSEIGNEMENT

Professeur Guy Pascal NGOMA PHANZU

1ère édition

2023
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AVANT-PROPOS

Pourquoi s'interroge-t-on aujourd'hui sur l'enseignement du droit ? Telle


est la question que nous croyons d'emblée devoir poser car elle n'est pas anodine.

Une réflexion particulièrement nourrie avait, chacun le sait, été initiée à la


fin des années 1970 en France sur ce sujet jusque-là traditionnel, par le
mouvement « critique du droit » débouchant sur une série de thèses et de
propositions destinées à modifier le système d'enseignement du droit, à
l'améliorer, à le sortir de la fonction de conservation, de reproduction qui lui était
imputé. C'était un modèle que ce courant de pensée d'inspiration marxiste, dont
Jean - Jacques Greiezal, Antoine Jeammaud et Michel Maille furent parmi les plus
prestigieux représentant en France, entendait soumettre à l'analyse critique.1

Bien que les enseignements ou cours dispensés au sein des facultés de droit
se caractérisent dans leur objet comme au regard de la méthode suivie par leur
diversité, il est permis, nous semble-t-il, de dégager une représentation, qui opère
comme modèle de référence et comme modèle dominant. Il s'agit de ce qu'on peut
appeler le système dual, en ce qu'il se caractérise par la combinaison entre cours
magistral et travaux dirigés.2

Le droit est appelé à jouer un rôle capital dans le fonctionnement et le


développement de toute société humaine, régissant ainsi divers domaines de la vie
active, notamment l'organisation et le fonctionnement de la puissance publique et
tous ses démembrements, ainsi que ses rapports avec les particuliers (droit
public) ; les rapports entre particuliers, que ce soit personnes physiques ou
morales (droit privé) ; les rapports entre les personnes et les biens (droit de
propriété).3

Parmi les domaines que le droit régit figure l'économie, qui regroupe
plusieurs activités telles que la production, la distribution, l'échange et la

1
J-J; GREIZAL, la formation des juristes dans l'Etat Français, Procès, 1979, p.50
2
C. ATLAS, Devenir juriste. Le sens du droit, Coll. Carré droit, Paris, Lexis Nexis, 2011, n°53, p.33
3
Il s'agit ici de l'une des summa divisio du droit. Pour plus de détails sur ce sujet, voir D. Truchet, Le Droit Public,
3éme éd., coll. « Que sais-je ? », PUF, Paris, 2014, 128 p. et E. Zoller, Introduction au Droit Public, 2eme éd., coll.
« Précis », Dalloz, Paris, 2013, 252 p.
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consommation de biens et services. Parmi les activités économiques d'un pays, le
commerce occupe une place importante, compte tenu de sa capacité à enrichir
ceux qui l'exercent ainsi qu'à répondre aux besoins de la société en fournissant des
biens et services qui lui sont nécessaires.

C'est ainsi que chaque pays, notamment la République Démocratique du


Congo (RDC), a édicté des règles spéciales pour régir cette activité, donnant ainsi
naissance au droit commercial. Ces règles contemporaines, dont la plupart en
RDC sont des vestiges de la colonisation belge, n'ont pas connu de réforme
majeure jusqu'à 2012, année à laquelle la RDC a déposé ses instruments de
ratification du traité OHADA ouvrant par conséquent son adhésion à
l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, OHADA
en sigle.5 Cette adhésion à l'OHADA a entraîné des changements importants dans
le paysage juridique du pays, notamment en réformant une grande partie de son
droit des affaires et particulièrement, son droit commercial.6

C'est dans ce contexte qu'est organisé ce cours de droit commercial général,


qui vise non seulement à doter les étudiants de connaissances suffisantes sur les
différentes matières couvertes par ce « nouveau » droit applicable en RDC depuis
bientôt neuf ans, mais aussi à favoriser une intégration plus rapide et plus efficace
des règles qui la composent au reste du tissu juridique congolais, composé
notamment des anciennes règles et dispositions qui n'ont pas été abrogées par les
dispositions du droit OHADA. C'est dans cette mesure que ce cours se veut être
un cours très interactif, au cours duquel les étudiants seront appelés à contribuer
aux débats et discussions en classe, dans le but d'éveiller leur curiosité scientifique
et de les amener à participer de manière beaucoup plus active à leur apprentissage,
ce qui les aidera à mieux assimiler les différentes matières couvertes durant le
cours.

4
Karl Marx, Introduction à la Critique de l'Économie Politique, 1859, traduit de l'allemand par Maurice Husson et
Gilbert Badia, Editions Sociales, 1972. Voir aussi A. P. Santos et J. Y. Toé, Ohada, Droit Commercial Général,
Bruylant, Bruxelles, 2002, p. 14.
5
L'adhésion de la RDC à l'OHADA a été formellement initiée par la Loi n°,10/002 du 11 février 2010 autorisant
l'adhésion de la République Démocratique du Congo au Traité du 17 octobre 1993 relatif à l'harmonisation du droit
des affaires en Afrique (tel que modifié en 2008); et finalisée par le dépôt des instruments d'adhésion à l'État
dépositaire du Traité OHADA, en l'occurrence le Sénégal, le 13 Juillet 2012.
6
Jonathan BASHI RUDAHINDWA, Notes de cours de droit commercial général, UPC, G3 Droit, 2020-2021
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INTRODUCTION

Ce sont des considérations historiques qui expliquent en bonne partie


l'existence d'un droit commercial distinct du droit civil.

Les commerçants ont toujours été régis par un droit spécifique, car ils
avaient recours au crédit beaucoup plus systématiquement que les simples
particuliers. En effet, l'acte de commerce le plus habituel est l'achat pour revendre,
ce qui implique presque toujours que le commerçant acheteur initial paye son
vendeur non pas au comptant, mais avec les sommes qu'il a lui-même retirées des
reventes à sa clientèle.

Les premières traces d'un droit commercial remontent à la très haute


antiquité, avec notamment le Code d'Hammourabi (près de deux mille ans av. J.-
C.). Toutefois, cet apport se limite au droit maritime et au droit bancaire. Il faut
attendre la fin du Moyen Âge pour voir apparaître un droit commercial complet et
autonome dans les villes d'Italie (Gênes, Pise, Florence, Venise), de Flandres
(Bruges, Amsterdam, Gand, Anvers) et de Champagne (Provins, Troyes, Bar-sur-
Aube). Notamment à l'occasion des foires, les communautés de marchands
mettent sur pied à la fois des mécanismes simplifiés de paiement, par l'utilisation
des lettres de change, et des procédures d'exécution à l'égard des défaillants
(faillites).

Les Temps modernes voient la création des tribunaux de commerce par un


édit de Michel de L'Hospital (1563). Ceux-ci appliquèrent un droit de plus en plus
autonome, distinct du droit romain, du droit canonique et des coutumes d'origine
germanique. À la fin du XVIIe siècle, Colbert et Savary codifièrent ce nouveau
droit. Mais, si l'ordonnance sur la marine de 1681 est un texte d'une qualité
technique remarquable, l'ordonnance sur le commerce de terre de 1673 se présente
essentiellement comme un recueil de recettes pragmatiques.7

À la fin de l'Ancien Régime, le droit commercial manque de logique et


d'idées générales. Contrairement au droit civil, il n'a pas bénéficié des réflexions

7
Yves GUYON, Histoire du droit Commercial, WWW. Google.com consulté le 13 Janvier 2022 à 14h 35
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fondamentales de juristes qualifiés comme Domat ou Pothier. Ce caractère
réglementaire est encore accentué par l'influence des corporations, hostiles à la
liberté d'établissement et à l'abrogation d'une réglementation tatillonne, qui
décourage les innovations.

La Révolution réalise un double progrès en proclamant le principe, toujours


en vigueur, de la liberté du commerce et de l'industrie et en supprimant
définitivement les corporations. Ce renouveau allait être sans lendemain, car
Napoléon négligea la rédaction du Code de commerce qui, promulgué à la hâte en
1807, est d'une qualité très inférieure à celle de l'admirable Code civil de 1804.
En effet, ses rédacteurs se sont bornés à reproduire l'ordonnance de 1673, sans se
rendre compte que celle-ci reposait sur le système des corporations, qui avait été
abrogé. Toujours en vigueur, le code de 1807 est à l'origine des contradictions et
des inexactitudes qui ont grevé et qui minent encore le droit commercial, écartelé
entre une application limitée aux seuls commercants et un domaine qui s'étendrait
aux actes de commerce, même accomplis par de simples particuliers.

Le libéralisme triomphant du xixe siècle fut spécialement favorable à l'essor


des moyens juridiques qui ont permis le développement du capitalisme moderne :
sociétés par actions, chèques, droit de la banque et de la Bourse, ventes
commerciales internes et internationales, reconnaissance du fonds de commerce,
etc. C'est à cette époque que se mirent en place les principales techniques qui
constituent encore aujourd'hui les bases du droit commercial.

À partir de 1914, celui-ci a subi les conséquences de l'interventionnisme de


l'Etat. Il est devenu plus réglementaire et plus impératif. Il a fait une place plus
large aux sanctions pénales et a dû admettre, tant bien que mal, à côté des
commerçants privés, les activités commerciales des personnes morales de droit
public, notamment des sociétés nationales et des sociétés d'économie mixte.8

Le traité de Rome, en 1957, a ouvert une nouvelle étape. Le droit


commercial a pris en compte le développement de la concurrence provoqué par la
création d'un marché européen unique. Il s'est également engagé, mais de manière
plus timide, dans la voie de la déréglementation. Dans un souci de cohérence et
en vue de faciliter la compréhension des différentes notions qui composent le
cours, il s'avère important, dans cette partie introductive, d'en circonscrire les

8 Yves GUYON, op.cit.


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contours et généralités (section 1), avant d'en donner les sources et les différentes
matières qui le composent (section 2).

Section 1 : Aspects notionnels sur le droit commercial général

Cette partie, qui s'accentuera sur la notion même de droit commercial


général ainsi que sur les différentes théories qui le sous-tendent et l'ont inspiré,
permettra de déterminer le champ d'application du cours ainsi que les différentes
matières qui le composent.

1.1. Notions et définition du droit commercial général

Dans une première approche, le droit commercial se définit comme le droit


applicable aux opérations commerciales effectuées par les commerçants. Il
apparaît donc comme un droit professionnel et comme un droit d'exception ; il se
subdivise en plusieurs matières, par exemple le droit de sociétés, le droit des baux
commerciaux, le droit de la sauvegarde des entreprises, le droit des instruments
de paiement, le droit des entreprises en difficultés ... malgré son particularisme, il
est dépendant du droit civil. Pour comprendre la plupart des règles commerciales,
il est nécessaire de se référer aux principes généraux civils, notamment à ceux
issus du droit des obligations que ce soit le droit des contrats ou celui de la
responsabilité civile.9

D'entrée de jeu, il convient de noter que ni l'Acte Uniforme portant sur le


Droit Commercial Général - qui constitue la base légale principale du droit
commercial général en RDC - ni le Décret du 02 Août 1913 sur les commerçants
et la preuve des engagements commerciaux - qui constituait notre Code de
Commerce - n'ont clairement défini ce qu'il faut entendre par droit commercial
général, même si le texte congolais y fait référence. 10 Cependant, pour une
meilleure compréhension du cours, il sera question ici de démembrer son intitulé
et de procéder à la définition de chacun des termes qui le composent, avant d'en
donner la définition complète.

9
Stephan PIEDELIEVRE, Droit commercial, Actes de commerce, commerçants, fonds de commerce, concurrence,
consommation, 9ème édition, Dalloz,2013, p1;
10
A son article 3 alinéa 1, le Décret du 02 Août 1923 stipule notamment que « sont commerciales et soumises aux
règles du droit commercial, toutes les sociétés à but lucratif, quel que soit leur objet, qui sont constituées dans les
formes du code de commerce ».
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L'on commencera par rappeler la définition du droit, avant de s'intéresser à


la notion de commerce, qui constitue la notion clé sur laquelle porte les règles
étudiées tout au long du cours, avant de s'attarder enfin sur l'adjectif général.

- Droit : à titre de rappel, le droit est défini de manière générale


comme étant « l'ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme
en société, les rapports sociaux ».11 De manière plus circonscrite, le droit
positif - composé du droit subjectif et du droit objectif - consiste en «
l'ensemble des règles édictées par l'autorité publique en vue de garantir
l'ordre dans la société ». 12 Le Dictionnaire Juridique va plus loin en le
définissant comme étant « l'ensemble des dispositions impératives ou
directives qui, à un moment et dans un État déterminé, règlent le statut des
personnes et des biens, ainsi que les rapports que les personnes publiques
ou privées entretiennent ». 13 Ces règles peuvent être accompagnées de
sanctions, afin d'en contraindre l'application.14

- Commercial : le droit commercial découle du commerce, du latin


commercium qui, en droit romain, se référait aux rapports juridiques que les
hommes pouvaient établir entre eux dans l'utilisation des biens. 15 Le
commerce peut aussi s'entendre de « l'activité consistant dans l'achat, la
vente, l'échange de marchandises, de denrées, de valeurs, dans la vente de
services; métier de celui qui achète des objets pour les revendre ».16 Tel
qu'évoqué plus haut, il participe donc ainsi à la circulation et au partage des
richesses. 17 De manière plus extensive, le droit commercial serait alors
défini comme étant l'ensemble des règles impératives ou directives édictées
par l'autorité publique en vue de régir le commerce ou les activités
commerciales,18 ou encore « l'ensemble des règles juridiques qui régissent
les rapports que le commerce fait naître ».19

11
E. Littré, Dictionnaire de la langue française, Hachette, Paris, 1863.
12
L. Chiribagula, Précis de Droit Commercial Général - Du Code de Commerce au Droit OHADA, CEDI,
Kinshasa, 2015, p.2.
13
Dictionnaire Juridique en ligne, https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/droit.php (visité le 19 Janvier
2019).
14
F. Terre, Introduction Générale au Droit, 10ème éd, « coll. Précis », Dalloz, Paris, 2015, p.8
15
A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 14.
16
Dictionnaire Larousse en ligne, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/commerce/17486 (visité le 19
Janvier 2019).
17
R. Okani, Droit Commercial Général (OHADA), Les P.U.Y, Yaoundé, 2017, p.8.
18
L. Chiribagula, op cit, p.2.
19
G. Sakata, Droit Commercial Congolais, PUK, Kinshasa, 2012, p.6.
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- Général : le droit commercial est dit général dans la mesure où il


concerne les règles ou normes applicables à toutes les personnes qui
exercent le commerce - les commerçants - ainsi qu'aux actes que ceux-ci
posent - les actes de commerce - de manière générale, quelle que soit leur
activité spécifique.20 C'est ainsi que des règles telles que celles ayant trait
aux obligations professionnelles ou comptables s'appliqueront de manière
globale aux sociétés minières, sociétés d'assurance, de transport, de
télécommunication, etc. de manière générale, quelle que soit la particularité
de leurs activités qui, elles, sont alors régies par des législations
commerciales spéciales.21

Cependant, le droit commercial général n'est pas à confondre avec le droit


des affaires, qui lui peut être défini comme étant la branche du droit comprenant
les règles relatives au droit des sociétés et au statut juridique du commerçant, au
recouvrement des créances, aux sûretés et aux voies d'exécution, au droit de
l'arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et des
transports, etc.22 Selon cet entendement, le droit commercial ferait donc partie
intégrante du droit des affaires.

Le droit commercial n'est pas non plus à confondre avec le droit


économique, qui lui sous-entend « le droit de l'organisation de l'économie par les
pouvoirs publics ou par les pouvoirs privés ou par le concert des deux ». 23 Suivant
cet entendement, le droit économique peut donc revêtir un aspect soit public (droit
de l'intervention publique en matière économique), 24 soit privé (droit de
l'organisation et du développement économique se basant sur la notion
d'entreprise).25

20
Idem, p.7.
21
A ce sujet, voir Lukombe N., Droit Commercial Général en Application en R.D.C., Publications des Faculté de
Droit des Université du Congo, Kinshasa, 2018, p.8.
22
Cette définition ressort de l'article 2 du Traité OHADA, qui dispose « entrent dans le domaine du droit des
affaires l'ensemble des règles relatives au droit des sociétés et au statut juridique du commerçant, au recouvrement
des créances, aux sûretés et aux voies d'exécution, au droit de l'arbitrage, au droit du travail, au droit comptables,
au droit de la vente et des transports, et tout autre matière que le Conseil des Ministres déciderait, à l'unanimité,
d'y inclure ». Ceci revient à dire que cette définition donnée par le législateur OHADA est appelé à évoluer selon
le besoin, des matières telles que le droit de la concurrence, le droit bancaire, le droit de la propriété intellectuelle,
etc. sont en examen et pourraient être ajoutées aux matières régies par l'OHADA.
23
Voir à ce sujet C. Champaud, « Contribution à la définition du droit économique », Dalloz, Paris, 1967, Chron,
XXIV, p.215 et G. Farjat, Droit Économique, 2° éd., PUF, Paris, 1982, p.701 et
24
A. de Laubadère et P. Devolvé, Droit Public Économique, Dalloz, Paris, 1983.
25
C. Champaud, op cit., p.215.
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1.2. Objet du droit commercial : théorie générale de la commercialité

Au vu de la définition que nous avons donnée du droit commercial, nous


pouvons relever que celui-ci porte sur une activité bien spécifique qu'est le
commerce. Ledit commerce s'exerce dans le cadre d'une entreprise, par des
personnes bien déterminées généralement appelées commerçants. Cette définition
découle de deux conceptions relativement opposées du droit commercial, à savoir
la conception subjective, qui s'intéresse aux règles attachées aux personnes
exerçant le commerce (commerçants) et subsidiairement aux actes que ceux-ci
accomplissent ; et la conception objective qui, elle, se concentre sur la
réglementation des activités commerciales ou des actes de commerce, avant de
s'intéresser à ceux qui les exercent.26

1.2.1. Conception subjective du droit commercial

Cette conception tire sa logique du fait qu'à l'origine, le droit commercial


était principalement un droit professionnel, dont la plupart des règles émanaient
des corporations de marchands.27 La personne des marchands ou commerçants
était donc l'élément fondamental à prendre en compte pour déterminer
l'application du droit commercial. Il s'agit donc du droit des commerçants.

Cette conception semble avoir été choisie par le législateur du Code de


Commerce congolais, dont l'intitulé lui-même - des commerçants et de la preuve
des engagements commerciaux - pouvait laisser croire que l'objet principal du
texte était la personne du commerçant avant d'être son activité. L'article 1 er du
Code précité renforçait cette présomption, dans la mesure où, d'entrée de jeu, il
s'attelait à définir le sujet du droit commercial en disposant « sont commerçants,
ceux qui font profession des actes qualifiés commerciaux par la loi ».28

L'accent est donc mis ici sur le statut légal de la personne qui exerce le
commerce à titre de profession, ce statut étant le seul élément justifiant le recours

26 Voir. G. Sakata, op. cit, p.6.


27
Voir G. Ripert et R. Roblot, Traité de Droit Commercial, 1998, mis à jour par M. Germain et l.
Vogel, L.G.D.J., Paris, 2010, t.1, N°6. Voir aussi A.P. Santos et J.Y Toé, op cit, p. 16 et L. Chiribagula, op cit, p.3.
28
Cette disposition consistait en une greffe juridique émanent de l’article 1er du Code de Commerce français du
10 Septembre 1807, en passant par l’article 1er du Code de Commerce belge du 15 Décembre 1872.
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au droit commercial, et ce quelle que soit la nature de l'acte accompli. Suivant
cette logique, le droit commercial portera notamment sur les droits qui sont
reconnus au commerçant ainsi que les obligations qui lui sont imposées. Cet
aspect de la conception subjective peut se vérifier notamment à l'article 60 alinéa
1er de l'AUDCG, qui stipule que « toute personne physique assujettie à
l'immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier qui n'a pas
demandé celle-ci dans les délais prévus, ne peut se prévaloir, jusqu'à son
immatriculation, de la qualité de commerçant lorsque son immatriculation est
requise en cette qualité ».

Au-delà des droits et obligations des commerçants, le droit commercial est


aussi appelé à régir les rapports qui découlent de l'activité des commerçants.29
C'est ainsi que, selon cette conception, l'acte de commerce ne peut être compris
que comme une réalité juridique qui découle de la personne même du
commerçant, et qui ne peut, à lui seul, requérir l'application du droit commercial.
Il faudrait donc que l'acte concerné soit accompli par un commerçant pour que le
droit commercial, essentiellement un droit professionnel, puisse s'appliquer. En
d'autres termes, c'est la nature de la personne (commerçant) et non celle de l'acte
(commerce) qui serait prise en considération.30 Par ailleurs, la distinction entre un
acte de commerce et un acte civil résulterait de la qualité de son auteur et non pas
de la nature de l'acte accompli.

Cependant, cette conception a le défaut à la fois de restreindre fortement le


champ d'application du droit commercial - dans la mesure où il ne s'appliquerait
pas aux actes de commerce accomplis par des non-commerçants - et d'étendre son
champ à des actes qui seraient civils par nature mais accomplis par des
commerçants (cas d'un commerçant qui achèterait des sacs de riz pour sa propre
consommation domestique, la vente par le même commerçant d'un véhicule qu'il
avait acquis pour son utilisation personnelle, etc.).

1.2.2. Conception objective du droit commercial

A côté de la conception subjective, qui se concentre sur les droits,


obligations et rapports découlant de la personne du commerçant, celle objective

29
Voir A. Buka E.N., Droit Commercial - Cours dactylographié, Faculté de Droit., UNIKIN, 1987-1988, p.1.
Voir aussi A. Wahl, Précis Théorique et Pratique de Droit Commercial, Société du
Recueil Sirey, Paris, 1922, 1254p.
30
L. Chiribagula, op cit, p.4.
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porte plutôt sur une catégorie bien déterminée d'actes juridiques, à savoir les actes
de commerce, dont l'existence suffirait pour requérir l'application du droit
commercial. 31 Utilisant des arguments similaires à ceux des défenseurs de la
conception subjective, ceux de la conception objective estiment que le droit
commercial s'appliquerait à toute opération commerciale ou tout acte juridique de
nature commerciale, quel que soit le statut légal de la personne qui l'accomplirait
(i.e. qu'etle soit commerçante ou pas).32

Les protagonistes de cette conception estiment notamment que la qualité de


commerçant ne saurait se définir en dehors des actes de commerce, étant donné
qu'elle en découle. Ceci se vérifie notamment dans la plupart des textes légaux sur
la matière, notamment l'article 1er Code de Commerce congolais du 02 Août 1913
(inspiré de l'article 1er du Code de Commerce belge du 15 Décembre 1872, qui
lui-même était inspiré de l'article 1er du Code de Commerce français du 10
Septembre 1807), qui définissait le commerçant comme étant toute personne qui
« à titre de profession, exerce des actes de commerce ». Il va de soi qu'avant de
pouvoir définir un commerçant, il conviendrait donc de circonscrire la notion
d'acte de commerce, qui est donc à la base même du droit commercial. Le statut
légal du commerçant n'existerait ainsi qu'en fonction des actes de commerce que
celui-ci accomplirait à titre de profession, les actes de commerce octroyant donc
à ladite profession sa nature commerciale.33

Cette conception permet donc ainsi de combler une des lacunes de la


conception subjective, en ne limitant pas l'application du droit commercial aux
seuls commerçants, mais en étendant son champ d'application à des entités non
commerciales de nature, mais qui poseraient des actes de commerce ou seraient
concernées par les effets juridiques d'un acte de commerce.

La conception objective comporte tout de même une faille, dans la mesure


où l'objet d'un acte à lui seul ne permet pas toujours de déterminer sa nature
commerciale. Des actes tels que la vente, le mandat, le louage, etc. sont des

31
Voir A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 17.
32
C'est l'avis partagé par des auteurs tels que Louis Frédéric cité par A. Buka, op cit, p.1, qui considère que « le
droit commercial est un droit qui régit essentiellement l'acte de commerce, quel que soit celui qui l'accomplit,
commerçant ou non ». Voir aussi E. Thaller, Traité Élémentaire de Droit Commercial, 1898, cité par Y. Reinhard
et autres, Droit Commercial, LexisNexis, geme éd., Paris, 2012, p.3.
33
L. Chiribagula, op cit, p.4.
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contrats qui existent aussi en droit civil et qui pourraient prêter à confusion quant
aux règles qui leurs sont applicables.34

Au-delà de la controverse nourrie par ces ceux conceptions, il convient de


noter que celles-ci sont complémentaires et constituent les deux facettes ou les
deux aspects du droit commercial.35 Le statut de commerçant et le concept acte de
commerce sont des notions interdépendantes. Ceci revient à dire que l'activité
commerciale met en jeu à la fois ses auteurs (les commerçants), l'objet même de
l'activité concernée (actes de commerce) ainsi que les rapports ou relations qui en
découlent. La définition du droit commercial qui permettrait d'illustrer cette réalité
serait donc que celui-ci constitue « la partie du droit privé relative aux opérations
juridiques faites par les commerçants, soit entre eux, soit avec leurs clients ». 36
Ces opérations juridiques sont des actes de commerce qui peuvent être parfois
accomplis par des non-commerçants, ce qui requerra l'application des règles du
droit commercial.

1.3. Champ d’application du droit commercial général

Par champ ou domaine d'application l'on entend les différents concepts ou


les différentes matières régies par le droit commercial ou sur lesquels il porte. En
se référant aux dispositions de l'Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial
Général, nous pouvons retenir les matières suivantes, qui seront analysées tout au
long du cours : l'examen des actes de commerce, le statut du commerçant,
personne physique ou personne morale (définition, conditions d'accès,
restrictions, obligations, etc.), le statut de l'entreprenant, les notions sur le fonds
de commerce (nature juridique, composition, modalités d'exploitation), sur le bail
à usage professionnel (formation et conclusion, obligations des parties, droit au
renouvellement, etc.) et sur la vente commerciale.

Toutes ces matières permettent de relever le particularisme du droit


commercial par rapport aux autres branches du droit positif, bien qu'il emprunte
plusieurs de ses règles à celles-ci.

34
Voir A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 17.
35
Voir G. Sakata, op cit, p.9.
36
Voir G. Ripert et R. Roblot, op cit, N°1.
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Il s'agit, notamment, du droit civil qui, comme le droit commercial, fait


partie du droit privé et est appelé à régir les rapports entre particuliers. Le droit
civil est considéré comme droit commun au sein du droit privé, ce qui fait dire à
certains auteurs que le droit commercial ne saurait être autonome, vu qu'il
emprunte une grande partie de ses règles au droit civil et pourrait donc être
confondu à celui-ci. Cependant, étant donné que le droit commercial a été conçu
avec comme but principal de tenir compte du caractère ainsi que des exigences
propres au monde du commerce, celui-ci peut être considéré comme droit
dérogatoire ou particulier, constitué de règles spécialement édictées pour faciliter
l'exercice des activités commerciales.37

Le droit commercial est aussi influencé par le droit public, dans la mesure
où certaines des branches de celui-ci, notamment le droit fiscal (imposition des
activités commerciales), le droit pénal (répression des infractions pouvant
survenir dans l'exercice du commerce, notamment abus de confiance, vol,
infractions en matière de chèque, etc.), peuvent interférer, dans une certaine
mesure, avec les activités commerciales. Le droit public fournit aussi certains
principes de base du commerce, à savoir celui de la liberté du commerce, celui de
la police du commerce, etc.38

Toutefois, le droit commercial demeure un droit spécial, dont le


particularisme se justifie par trois raisons particulières, à savoir :

- La célérité des transactions commerciales : ces transactions sont abondantes


et exigent des règles assez souples et flexibles, différentes de celles du droit
civil par exemple, qui peuvent s'avérer être compliquées et onéreuses, donc
inappropriées pour le monde du commerce qui se veut dynamique. Le droit
commercial aura donc la particularité de fournir des règles qui sont
simplifiées (conventions verbales, liberté de la preuve, actes sous seing
privé, etc.) dans le but de faciliter les activités commerciales ;39

- La nécessité du crédit : ceci s'explique par le fait que le commerçant a un


besoin permanent de crédit pour financer ses activités commerciales et, de
ce fait, a besoin de règles spécifiques capables de faciliter ce crédit et

37
Voir G. Ripert et R. Roblot, op cit, N°66 ; L. Chiribagula, op cit, p.7 ; et G. Sakata, op cit, p. 11.
38
Voir A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 19.
39
Voir R. Okani, op cit, p. 14
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 17
Page |
accommoder sa situation particulière (notamment par des délais, des
mécanismes ainsi que des instruments de crédit adaptés) sans pour autant
que son commerce ne soit affecté ;40

- Le besoin de publicité : la publicité ici se réfère à la réalité selon laquelle


l'activité commerciale est une activité à hauts risques, qui nécessite que
certaines informations concernant le statut personnel du commercant
(régime matrimonial, constitution de sûretés, etc.) soient rendues publiques
en vue non seulement de protéger les tiers avec lesquels le commerçant peut
interagir, mais aussi de faciliter les différentes vérifications nécessaires au
cas où un commerçant nécessitait un crédit.

Section 2 : Sources du droit commercial général

Par sources du droit commercial général l'on entend l'ensemble des


instruments légaux et réglementaires contenant les règles du droit commercial, qui
régissent des matières spécifiques faisant partie de celui-ci. Celles-ci peuvent être
regroupées en deux catégories, à savoir les sources nationales et les sources
internationales du droit commercial général.

2.1. Sources nationales du droit commercial

Les sources nationales sont subdivisées en sources législatives et sources


réglementaires.

2.1.1. La Constitution

La Constitution du 18 Février 2006 (telle que modifiée à ce jour par la loi


du 20 Janvier 2011 portant révision de certains articles), étant la loi fondamentale
du pays, constitue la première source nationale du droit commercial. Elle fournit
les principes généraux qui sous-tendent les règles du droit commercial. La
Constitution est donc le texte de base qui, entre autres, confère à la loi et autres
textes la compétence de fixer les règles commerciales, notamment celles relatives
au commerce et aux obligations commerciales (article 122 point 8), au Code de
Commerce (article 202, point 36, litera a), à la création des entreprises (article 123
point 2), etc.
40
Voir A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 23.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 18
Page |

La Constitution fournit aussi des règles particulières s'appliquant


directement aux commerçants et aux activités commerciales. Il s'agit, notamment,
du Titre II, qui porte sur les droits humains ( notamment les droits économiques),
les libertés fondamentales et les devoirs du citoyen et de l’État. Nous avons le
principe de la non-discrimination (article 13 ) et celui du droit à l'initiative privée
(article 35), qui se rapportent directement au principe de la liberté du commerce
et de l'industrie qui est au centre du droit commercial. L'alinéa 2 de l'article 35 de
la Constitution constitue aussi une règle pure du droit commercial, dans la mesure
où il prévoit que « l’État encourage l’exercice du petit commerce par les congolais
».

2.1.2. La loi

L’ensemble des lois constitue la deuxième source de nature législative. lci


nous nous référons donc à toutes les lois en vigueur en matière commerciale,
notamment les lois commerciales proprement dites et les lois qui peuvent
s'appliquer indirectement aux activités commerciales - notamment le Code Civil
Livre III découlant du Décret du 30 Juillet 1888 relatif aux contrats ou obligations
conventionnelles dont certaines dispositions s'appliquent en matière commerciale
à défaut de stipulations propres aux lois commerciales. Ceci est aussi le cas pour
le Code de la Famille (Loi du 1er 1987, telle que modifiée et complétée par la Loi
No. 16/008 du 15 Juillet 2016), qui fournit notamment les règles sur la capacité
juridique des personnes.

La loi commerciale proprement dite est constituée par le Décret du 02 Août


1913 sur les commerçants et la preuve des engagements commerciaux. Il convient
cependant de noter que la plupart des dispositions de ce texte, ainsi que celles
d'autres textes portant sur des matières similaires, ont été abrogées lors de l'entrée
en vigueur du droit OHADA en RDC.

A côté de la loi commerciale, le législateur congolais a aussi édicté plusieurs


lois commerciales censées régir des domaines spécifiques du droit commercial. Il
s'agit, notamment, des textes suivants :

- Le Décret 31 Juillet 1912 sur les livres de commerce ;


- Le Décret du 19 Janvier 1920 sur les commissionnaires et transporteurs ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 19
Page |
- Le Décret du 24 Avril 1922 sur les conventions matrimoniales des
commerçants ;
- Décret du 28 Juillet 1934 relatif à la lettre de change, au billet à ordre et aux
protêts ;
- Le Décret du 06 Mars 1951 portant institution du Registre du Commerce,
tel que modifié par l'Ordonnance-loi N°79-025 du 07 Février 1979 relative
à l'ouverture d'un Nouveau Registre du Commerce ;
- Le Décret du 20 Mars 1961 relatif au prix ;
- L'Ordonnance-Loi N° 66-260 du 21 Avril 1966 subordonnant à des
garanties financières l'immatriculation au registre du commerce des
étrangers, des sociétés étrangères et de certaines sociétés congolaises (telle
que complétée par l'Ordonnance- loi N°67-404 du 23 Septembre 1967) ;
- La loi N° 73/009 du 05 Janvier 1973 particulière sur le commerce ;
- L'Ordonnance-loi N°73-236 du 13 août 1973 portant création d'un numéro
d'identification national ;
- L'Ordonnance-loi N° 90-046 du 08 août 1990 portant réglementation du
petit commerce (dont certaines dispositions ont été modifiées et complétées
par l'Ordonnance-loi N°002/2012 du 21 Septembre 2012 et l'Ordonnance-
loi N° 13/009 du 23 Février 2013) ;
- La Loi N°002/2001 du 03 juillet 2001 portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux de commerce ;
- La Loi Organique N°18-020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix
et à la concurrence
- Loi N°20-017 du 25 Novembre 2020 relative aux telécommunications et
aux technologies de l'information et de la communication.41

41
Jonathan BASHI, Op.Cit.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 20
Page |

2.1.3. Les sources réglementaires

Celles-ci consistent dans les différents règlements (ordonnances, décrets,


arrêtés, etc.) pris par les membres du pouvoir exécutif, en application des
différentes lois précitées. Il s'agit, notamment, de :

- Ordonnance N° 69-016 du 21 Janvier 1969 portant mesures d'exécution de


l'Ordonnance-loi N° 66-260 du 21 Avril 1966 subordonnant à des garanties
financières l'immatriculation au registre du commerce des étrangers, des
sociétés étrangères et de certaines sociétés congolaises ;
- Ordonnance N° 73-292 du 26 Septembre 1973 fixant le montant du
cautionnement prévu par la Loi N° 73/009 du 05 Janvier 1973
particulière sur le commerce ;
- Ordonnance N° 83-178 du 28 Septembre 1983 portant création de la
commission de la police du commerce ;
- Ordonnance N° 90-161 du 08 aout 1990 portant mesures d'exécution de
l'Ordonnance-loi N° 90-046 du 08 aout 1990 portant réglementation du petit
commerce ;
- Arrêté départemental N° 015/CAB/004/73 du 07 Septembre 1973 portant
mesures d'exécution de la Loi particulière sur le commerce ;
- Arrêté interdépartemental CAB/EN/048/73 du 20 Décembre 1973
relatif au numéro d'identification ;
- Décret N°011/37 du 11/10/2011 portant mesures conservatoires en matière
d'exercice du petit commerce et du commerce de détail ;
- Décret N°12/045 du 1er Novembre 2021 portant création, organisation et
fonctionnement du guichet unique de création d'entreprise, tel que modifié
par le Décret N°14/014 du 08 Mai 2014 ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 21
Page |

2.1.4. Les sources jurisprudentielles et doctrinales

Comme désormais pour l'ensemble des matières du droit privé, la


jurisprudence en droit commercial, présente une grande importance dans la
formation du droit. Elle répond à la nécessité d'une intervention rapide des
juridictions dans la vie commerciale. Son pouvoir créateur s'est notamment
manifesté par les constructions de la théorie du compte-courant et celle de la
concurrence déloyale. Elle permet également l'adaptation de certaines institutions
aux évolutions économiques. Sa spécificité tient au particularisme de la
composition des tribunaux de commerce. On admet que les juges consulaires
peuvent se servir d'un usage dont ils ont une connaissance personnelle,
contrairement à la solution existant pour les juges civiles.42 En droit OHADA,
l'essentiel de la jurisprudence connue émane de la Cour Commune de justice et
d'arbitrage. La jurisprudence commerciale, qui est constituée des décisions et
arrêts des cours et tribunaux, est censée soit créer le droit, soit suppléer aux
insuffisances de la loi, ou encore consacrer des usages reconnus par une
profession. C'est ainsi qu'à travers la jurisprudence, les cours et tribunaux sont
censés participer activement à la transformation du droit au vu de l'évolution des
faits et de la pratique. Cependant, pour être valide, la jurisprudence doit être stable
et constante.43

En plus de l'application des différents Actes Uniformes OHADA en RDC,


l'adhésion de la RDC à l'OHADA nous a aussi donné accès à un grand nombre de
décisions de justice émanant des seize autres États-parties, ce qui permet de s'en
inspirer pour mieux comprendre les différentes nuances de ce droit relativement
nouveau, afin de combler certaines de nos lacunes et, par ricochet, d'enrichir notre
droit.

La doctrine commerciale, quant à elle, consiste dans les avis et critiques des
auteurs (doctrinaires) sur les règles de droit commercial et, similaire à la
jurisprudence, elle est censée contribuer à la fois à une bonne application de la loi
(en cas de problème d'interprétation) et à la transformation et l'évolution de celle-
ci.

42
Stéphane PIEDELIEVRE, Op.cit, p15.
43
L. Chiribagula, op cit, p13.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 22
Page |

2.1.5. Les usages et coutumes commerciaux

Les usages revêtent, en droit commercial, du moins dans l'opinion


commune, une importance supérieure à celle existant en droit civil. En Droit
Français, lors de la promulgation du code de commerce de 1807, il n'y a pas eu
abrogation des anciens usages du commerce, contrairement à ce qui s'était passé
1804. Malgré tout, leur rôle est en diminution, compte tenu de l'inflation
législative que connaît le droit commercial. Des usages, il faut rapprocher
certaines règlementations professionnelles et notamment les contrats types44 ainsi
que les principes généraux du droit, par exemple l'adage fraus omnia corrumpit.
Ces règles naissent des besoins de la pratique qui finit par les répéter et ainsi leur
donner une valeur juridique. Les usages existent parfois par renvoi de la loi
(Secundum legem) ou ils tirent leur force de la volonté des parties (praeter legem).
On considère que les usages se répartissent en deux grandes catégories, avec d'une
part les usages conventionnels et d'autre part les usages de droit. La difficulté est
alors de répartir les usages dans chacune de ces catégories. Les premiers résultent
de la volonté des parties à un contrat qui en, cas de silence de ce dernier, sont
réputées avoir accepté l'usage. Ils n'auraient pas une véritable force obligatoire, en
ce sens que la convention des parties peut toujours y déroger. L'usage de droit tire
sa force du fait que les professionnels sont convaincus de sa force obligatoire.

Le juge doit vérifier l'existence de ces usages. A partir du moment où l'on


considère qu'ils sont une règle de droit, on devrait en déduire que le juge est réputé
les connaître, ce qui serait le cas des seuls usages de droit. Lorsque leur preuve est
exigée par un plaideur, elle s'effectue souvent au moyen de parères, c'est-à-dire
d'attestations délivrées principalement par les chambres de commerce. Le juge
doit aussi s'assurer que les deux parties au litige connaissaient l'existence de
l'usage et son contenu. Certains usages ont une portée générale, comme celui
suivant lequel les prix sont indiqués hors taxes45 ; d'autres ont une portée limitée.
En tout état de cause, le juge n'est pas nécessairement tenu par l'usage invoqué par
l'une des parties. Le droit bancaire en fournit plusieurs illustrations. Les intérêts
se calculent par référence à un pourcentage annuel. Le taux annuel de l'intérêt se

44
Cités par PIEDELIEVRE, op.cit, p. 16, Escarra, « valeur de l'usage en droit commercial »
Annales de droit commercial 1910. 97, Kassis, Théorie générale des usages du commerce, 1984;

45
Com. 9 Janv. 2001, D. 2001. 550; note Lienhard.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 23
Page |
détermine par référence à l'année civile qui comporte 365 ou 366 jours et non par
rapport à l'année bancaire qui en comporte seulement 360 jours, en vertu de l'usage
lombard invoqué depuis longtemps par les banquiers. Bien avant la colonisation
et la codification du droit de notre nation, les activités commerciales de nos
peuples se déroulaient selon des usages ou pratiques reconnus par tous (caractère
coutumier de notre droit traditionnel). Certains de ces usages ont été codifiés et
intégrés dans certaines lois commerciales, ce qui fait dire au Professeur
Chiribagula que nos us et nos coutumes ont inspiré le droit positif.46

De surcroit, vu l'immensité de notre pays et étant donné que la loi n'atteint


pas toujours toutes les contrées de la RDC, surtout les plus reculées, la plupart
d'entre elles continuant à être régies par les us et coutumes, qui constituent leurs
sources principales du droit. Nous partageons l'avis du Professeur Chiribagula qui
estime qu'un projet de recherche portant sur l'identification et le recensement de
ces us et coutumes serait instructif.47

Nous pouvons distinguer les usages conventionnels (dits de fait) et les


coutumes (dites de droit). Les usages conventionnels ne s'imposent qu'aux parties
qui se sont mises d'accord de les observer. lls ne valent donc qu'entre parties (erga
partes). Les coutumes, par contre, constituent des règles qui ont été spontanément
adoptées par un groupe de personnes et se prévalent d'un usage constant et durable.
Au fil des années elles deviennent impératives et s'imposent à tous (erga omnes).
Leur existence est reconnue par le juge au même titre que la loi.

2.2. Sources internationales du droit commercial

Celles-ci sont constituées des traités et conventions internationaux conclus


entre États dans le domaine du commerce et rendus nécessaires par les relations
entre États souverains. 48 Ces relations, qui se sont intensifiées au cours des
dernières décennies, avec l'accroissement des échanges commerciaux entre
particuliers d'États différents. C'est ainsi qu'est apparu le besoin de régir ces liens
juridiques créés qui sortaient du champ d'application du droit national. La RDC a

46
Ibidem
47
Un projet similaire a été initié par Olga Ballal, qui a inclus ses principaux résultats dans son ouvrage Les Usages
et Le Droit OHADA, Marseille : Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 2014.
48
Il y a lieu de rappeler ici l'article 215 de la Constitution de la RDC, qui stipule que « les traités et accords
internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve
pour chaque traité ou accord, de son application par l'autre partie. »
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 24
Page |
conclu plusieurs traités et accords avant trait au commerce, notamment les accords
ayant créé l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), négociés et signés à
Marrakech en Avril 1994.

A côté de cette catégorie de sources, il existe des traités régionaux ou sous-


régionaux portant création d'organisations économiques - qui constituent les
sources dites communautaires. Il s'agit, par exemple, du Traité du 05 Novembre
1993 (ratifié le 08 Décembre 1994) instituant le Marché Commun de l'Afrique
Orientale et Australe (COMESA) ou celui du 20 Septembre 1976 instituant la
Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL).

Le Traité de Port-Louis du 17 Octobre 1993 (tel que modifié à Québec le


17 Octobre 2008), qui a institué l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique
du Droit des Affaires - OHADA en sigle - occupe une place particulière parmi ces
sources communautaires, au vu de la transformation majeure que celui-ci a opéré
sur notre droit des affaires. En effet, l'adhésion de la RDC à l'OHADA le 13 Juillet
2012 a permis l'entrée en vigueur du droit OHADA49 dans notre pays depuis le 12
Septembre 2012, 50 toutes les règles - notamment celles contenues dans les
différents Actes Uniformes- devenant directement et obligatoirement applicables
sur toute l'étendue du territoire, abrogeant ainsi toutes dispositions nationales
portant sur la même matière qui leur sont contraires. 51 Cependant, toutes les
dispositions du droit national qui ne sont pas contraires au droit OHADA
continuent à s'appliquer, ce qui fait dire à certains auteurs que le droit national
devient dans ce cas un droit supplétif, étant donné qu'il peut suppléer aux carences
du droit OHADA.52

Par ailleurs, tous les Actes Uniformes adoptés après notre adhésion à
POHADA (c'est le cas de la révision de l'AUSCGIE et celle de l'AUPCAP, de
l'AUDCIF et de l'Acte Uniforme relatif à la Médiation) entrent en vigueur quatre-
vingt-dix (90) jours après leur publication au Journal Officiel de l'OHADA.53

49
Composé du Traité, des Actes Uniformes - qui constituent les lois uniformes de l'OHADA - et des différents
Règlements.
50
Selon les prescrits des articles 52 et 53 du Traité OHADA, l'entrée en vigueur des clauses du Traité et celles des
Actes Uniformes intervient 60 jours après la date du dépôt de l'instrument d'adhésion.
51
Ceci découle des prescrits de l'article 10 du Traité OHADA qui stipule que « les actes uniformes sont directement
applicables et obligatoires dans les États Parties nonobstant toute disposition contraire de droit interne, antérieure
ou postérieure »; et de l'avis N°1/2001/EP du 30 Avril 2001 de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, en
interprétation de l'article 10 du Traité.
52
C'est notamment l'avis du Professeur Chiribagula dans L. Chiribagula, op cit, p. 18.
53
Voir article 9 du Traité OHADA. Les modalités d'entrée en vigueur peuvent aussi être prévues dans l'Acte
Uniforme concerné. Ceci revient à dire que l'opposabilité des Actes Uniformes est déterminée par leur publication
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 25
Page |

Parmi ces Actes Uniformes, ceux qui nous intéressent particulièrement sont
les suivants :

- L'Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant sur le Droit Commercial


Général, tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- L'Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant Organisation des Sûreté (AUS),
tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- L'Acte Uniforme du 10 Avril 1998 portant Organisation des Procédures
Collectives d'Apurement du Passif (AUPCAP) tel que modifié le 10
Septembre 2015 ;
- L'Acte Uniforme du 17 Avril 1997 relatif au Droit des Sociétés
Commerciales et du Groupement d'Intérêt Économique (AUSCGIE), tel
que révisé le 30 Janvier 2014 ;
- L'Acte Uniforme du 15 Décembre 2010 relatif au Droit des Sociétés
Coopératives (AUSC) ;
- L'Acte Uniforme du 26 Janvier 2017. relatif au Droit Comptable et à
l'Information Financière (AUDCIF) ;
- L'Acte Uniforme du 11 Mars 1999 relatif au Droit de l'Arbitrage
(AUA), tel que révisé le 23 Novembre 2017
- L’Acte Uniforme du 23 Novembre 2017 relatif à la Médiation (AUM)

Bien qu'émanant du droit communautaire, les Actes Uniformes ont la


particularité d'intégrer l'espace juridique national de chaque État-partie et d'en
constituer les lois uniformes nationales concernant les matières sur lesquelles ils
portent. C'est ainsi que l'Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial Général,
ou AUDCG, constitue aujourd'hui notre loi commerciale et donc la source
juridique principale du cours.

au Journal Officiel de l'OHADA, leur publication dans les Journaux Officiels des États membres ne revêtant dans
ce cas qu'un caractère informatif.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 26
Page |

Section 3. Plan sommaire du cours

S'inspirant du champ d'application du droit commercial général OHADA,


le cours sera subdivisé en trois parties principales, dont la première portera sur les
actes et les acteurs du commerce, la deuxième portera sur le fonds de commerce,
le bail à usage professionnel et la vente commerciale et la troisième sera consacrée
aux contrats de distribution.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 27
Page |

PREMIERE PARTIE :
LES ACTES ET LES ACTEURS DU COMMERCE

CHAPITRE 1 : LES ACTES DE COMMERCE

Bases légales :

- Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant sur le Droit Commercial Général


(AUDCG), tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- Décret du 28 Juillet 1934 relatif à la lettre de change, au billet à ordre et aux
protêts ;
- Décret du 20 Mars 1923 sur les warrants ;
- Décret du 02 Août 1913 - Des commerçants et de la preuve des
engagements commerciaux.

Objectifs :

- Comprendre ce que constituent les actes de commerce selon la loi, la


jurisprudence et la doctrine ;
- Comprendre les différentes classifications des actes de commerce, celles
selon la loi et celles issues de la jurisprudence et de la doctrine ;
- Comprendre et différencier les actes de commerce par nature et les actes de
commerce par la forme et leurs implications juridiques

L'article 2 de l'AUDCG définit le commerçant comme étant « celui qui fait


de l'accomplissement des actes de commerce par nature sa profession »54. Cet
article est une illustration claire de la relation ou de l'interdépendance qui existe
entre les deux notions de commerçant et d'acte de commerce. Cela revient à dire

54
L'article 2 de l' AUDCG vient davantage confirmer la prédominance de la conception objective sur la conception
subjective. L'Acte de commerce devient le critère au cœur de la définition du commerçant.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 28
Page |
que pour bien circonscrire le concept de commerçant ainsi que les contours de son
statut particulier, il faudrait tout d'abord comprendre la notion d'actes de
commerce, qui en constitue la base.

Tel qu'évoqué plus haut dans l'analyse de la conception objective du droit


commercial, étant donné que le statut du commerçant dérive de l'existence même
des actes de commerce, qu'il accomplit à titre de profession, l'obligation nous est
faite d'analyser cette notion en profondeur avant de nous lancer dans l'étude du
statut du commerçant.

Section 1 : Définition des actes de commerce

1.1. Définition du dictionnaire des actes de commerce

L'acte est défini dans le dictionnaire comme étant la « manifestation


concrète de l'activité volontaire de quelqu'un, considérée en tant que fait objectif
et accompli ». S'agissant d'un acte juridique, nous pouvons ajouter qu'il s'agit ici
de l'opération visant à produire un effet de droit.55En combinant cette définition
d'acte avec celle mentionnée plus haut du terme commerce,56 un acte de commerce
peut être compris comme étant une opération d'achat, de vente, d'échange de
marchandises ou de services.

1.2. Définition légale des actes de commerce

Concernant la définition légale, il convient de noter que l'AUDCG distingue


deux types d'actes de commerce, à savoir les actes de commerce par nature et les
actes de commerce par la forme.

Il définit l'acte de commerce par nature comme étant « celui par lequel une
personne s'entremet dans la circulation des biens qu'elle produit ou achète ou par
lequel elle fournit des prestations de service avec l'intention d'en tirer un profit
pécuniaire ». 57 Il en donne quelques exemples concrets en ajoutant « ont,
notamment, le caractère d'actes de commerce par nature :

55
Dictionnaire Larousse, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/acte/878 (visité le 19
Janvier 2019)
56
Nous avions défini le commerce comme étant une activité qui consiste en l'achat, la vente, l'échange de
marchandise, de denrées, de valeurs, ou en la vente de services.
57
Article 3 de l’AUDCG
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 29
Page |

- L'achat de biens meubles ou immeubles, en vue de leur revente ;


- Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d'assurance et
de transit ;
- Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ;
- L'exploitation industrielle des mines, carrières et de tout gisement de
ressources naturelles ;
- Les opérations de location de meubles ;
- Les opérations de manufacture, de transport et de
télécommunication ;
- Les opérations des intermédiaires de commerce, telles que la commission,
le courtage, l'agence, ainsi que les opérations d'intermédiaire pour l'achat,
la souscription, la venter ou la location d'immeubles, de fonds de
commerce, d'actions ou de parts de société commerciale ou immobilière ;
- Les actes effectués par les sociétés commerciales ».58

Par contre, il considère qu'« ont notamment le caractère d'acte de


commerce, par leur forme, la lettre de change, le billet à ordre et le warrant ».59

En analysant ces dispositions légales, nous remarquons d'ores et déjà que le


législateur OHADA s'est limité à donner quelques éléments de définition pour les
actes de commerce par nature (vente des biens produits ou achetés, fourniture de
services, profit pécuniaire), tout en omettant de faire la même chose pour les actes
de commerce par la forme.

Ces dispositions constituent cependant une évolution dans notre droit


commercial, étant donné notre Code de commerce (Décret du 02 août 1913) se
bornait à énumérer, à son article 2, les actes réputés commerciaux par la loi, à
savoir :

58
Ididem
59
Article 4 de l’AUDG
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 30
Page |

- Tout achat de denrées et marchandises pour les revendre soit en nature, soit
après les avoir travaillés et mises en œuvre, ou même en louer simplement
l'usage ;
- Toute vente ou location qui est la suite d'un tel achat ;
- Toute location de meubles pour sous-louer ;
- Et toute sous-location qui en est la suite ;
- Toute entreprise de manufactures ou d'usines, de travaux publics ou privés,
de commission, de transport ;
- Toute entreprise de fournitures, d'agences, bureaux d'affaires,
établissements de vente à l'encan, de spectacles publics et d'assurances à
primes ;
- Toute opération de banque, de change ou courtage ;
- Les lettres de change, mandats, billets ou effets à ordre ou au porteur ;
- Toutes obligations des commerçants, même relatives à un immeuble, à
moins qu'il ne soit prouvé qu'elles aient une cause étrangère au commerce ;
- Toute entreprise de construction et tous achats, ventes et reventes
volontaires de bâtiments pour la navigation intérieure et extérieure ;
- Toutes expéditions maritimes ;
- Tout achat ou vente d'agrès, apparaux et avitaillements ;
- Tout affrètement ou nolisement, emprunt ou prêt à la grosse ;
- Toutes assurances et autres contrats concernant le commerce de mer ;
- Tous accords et conventions pour salaires et loyers d'équipage; tous
engagements de gens de mer, pour le service de bâtiments de commerce »60

L'article 3 du même texte ajoutait qu'étaient « commerciales, et soumises


aux règles du droit commercial, toutes les sociétés à but lucratif, quel que soit leur
objet, qui [étaient] constituées dans les formes du code de commerce. La qualité
de commerçant [s'étendait] aux associés à responsabilité illimitée ».

60
Jonathan BASHI, Op.cit
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 31
Page |

Ceci revenait à dire que ne pouvaient être considérées comme actes de


commerce que les opérations qui étaient nommément citées par ce texte qui, par
souci de compréhension, avaient été étiquetées par la doctrine comme actes de
commerce par nature (article 2) et actes de commerce par la forme (article 3).

Les dispositions de l'AUDCG actuellement en vigueur (2010) marquent


aussi une évolution par rapport à sa version précédente (de 1997) qui, à l'instar du
Code de commerce congolais, se limitait à énumérer des opérations susceptibles
d'être considérées comme des actes de commerce.

L'article 3 de ce texte disposait : « ont le caractère d'actes de commerce,


notamment :

- L'achat de biens meubles ou immeubles, en vue de leur revente ;


- Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d'assurance et
de transit ;
- Les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ;
- L'exploitation industrielle des mines, carrieres et de tout gisement de
ressources naturelles ;
- Les opérations de location de meubles ;
- Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
- Les opérations des intermédiaires de commerce, telles que commission,
courtage, agences, ainsi que les opérations d'intermédiaires pour l'achat, la
souscription, la vente ou la location d'immeubles, de fonds de commerce,
d'actions ou de parts de société commerciale ou immobiliere ;
- Les actes effectués par les sociétés commerciales. »

A l'opposé du Code de commerce de 1913, l'AUDCG 1997 apportait une


nuance de taille en disposant, à son article 3, « ont le caractère d'actes de
commerce, notamment... ».
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 32
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L'article 4, quant à lui; ajoutait : « ont également le caractère d'actes de


commerce, et ce, par leur forme, la lettre de change et le billet à ordre, et le warrant
».

Par ces dispositions l’AUDCG 1997 ne fournissait pas une définition


proprement dite des actes de commerce, mais avait le merite, notamment par
l'utilisation des adverbes notamment et également, indiquer que la liste des
exemples d'actes de commerce donnée par l'Acte Uniforme n'était qu'énonciative
et non pas exhaustive.

Nous retiendrons donc que, quoiqu'elles fournissent les mêmes categories


d'actes de commerce que celles des textes précédents, à savoir les actes de
commerce par nature et les actes de commerce par la forme, les dispositions de
l'AUDCG 2010 en proposent différents contenus et fournissent une définition
pour les actes de commerce par nature.

1.3. Intérêt de la définition et de la distinction des actes de commerce

- L'intérêt principal de déterminer ce qui constitue un acte de commerce est


le fait que, tel qu'évoqué plus haut, la réalisation ou l'accomplissement d'actes de
commerce (acte de commerce par nature en particulier ), et ce à titre professionnel,
est la seule pouvant octroyer le statut de commerçant à une personne. L'une des
conséquences de ce statut particulier est qu'il requiert que ce dernier soit
justiciable d'une juridiction spécialisée appelée Tribunal de Commerce, qui fera
application des règles du droit commercial.61

- La loi prévoit aussi des règles particulières quant au régime juridique


applicable en matière de preuve. En effet, à l'opposé du droit civil, qui prévoit des
conditions spéciales d'administration des preuves reconnues par le législateur,62
en prévoyant notamment une réglementation et une hiérarchisation de celles-ci, le

61
Ceci est prévu dans l'article 17 de la Loi N°002-2001 du 03 Juillet 2001 portant création, organisation et
fonctionnement des Tribunaux de Commerce en République Démocratique du Congo qui stipule que les
contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants sont de la compétence du TriCom. En
ce qui concerne la compétence des juridictions, l'article 13 du Traité OHADA attribue au Tribunal de première
instance, en l'occurrence ici le TriCom, et aux Cours d'appel l'application des actes uniformes. Voir R. Adido, «
Le domaine d'application de la commercialité par accessoire dans les systèmes O.H.A.D.A. et français »,
R.D.I.D.C., 2006/1, p. 14.
62
Voir articles 197 à 245 du Code Civil Livre III. Les moyens de preuves concernés sont la preuve littérale, la
preuve, testimoniale, les présomptions, les aveux et le serment.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 33
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droit commercial prévoit que les actes de commerce peuvent se prouver par tous
les moyens, même par voie électronique à l'égard des commerçants.63 Le droit
commercial institue donc ainsi le principe de la liberté de la preuve. 64 La
jurisprudence va même plus loin en relevant que même en cas d'existence d'un
écrit, la preuve pourra être faite contre les mentions de cet écrit par tous moyens
de droit. Il n'est pas non plus exigé qu'il y ait un commencement de preuve par
écrit, ni que ledit écrit ait une date certaine.65

- Concernant les délais de prescription, le droit commercial prévoit des


délais plus courts que ceux du droit commun (droit civil), ceci s'expliquant par le
particularisme du droit commercial tel qu'évoqué plus haut. En effet, là où l'article
647 du Code Civil Livre III prévoit un délai de prescription trentenaire (sauf
dérogation), l'article 16 de l'AUDCG prévoit que « les obligations nées à
l'occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et non-
commerçants, se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas soumises à des
prescriptions plus courtes ». Le délai de prescription du droit commercial - un
maximum de cinq ans - est donc plus court que celui du droit civil de trente ans.
Ceci s'explique par le souci de rapidité dans les transactions commerciales.66

Le droit commercial accepte aussi la validité des clauses compromissoires,


c'est-a-dire des clauses prevues dans un contrat, par lesquelles les parties au
contrat s'engagent à recourir à l'arbitrage pour régler les différends qui pourraient
survenir entre elles par rapport au contrat.67

Section 2: Classification des actes de commerce

A côté des actes de commerce par nature et actes de commerce par la forme
tels que décrits aux articles 3 et 4 de l'AUDCG, la doctrine et la jurisprudence ont

63
Ceci découle des prescrits de l'article 5 alinéa 1 de l'AUDCG.
64
Voir A.P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p.25, voir aussi L. Chiribagula, op cit, p.30, et J. Issa-Sayegh, «Présentation
des dispositions sur le droit commercial général », (www.ohada.comOHADATA D-06-06), p.2.
65
Voir Arrêt N° 053/2005 du 15 Décembre 2015 de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage
(CCJA), Affaire : Société COTE D'IVOIRE CEREALES c/ Société SHANNY CONSULTING, (www.ohada.com,
OHADATA J-06-35).
66
Voir A.P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p.26 et L. Chiribagula, op cit, p.31. Voir aussi Arrêt N° 038 du 19 Juin
2009 de la Cour d'appel de Ouagadougou, Chambre commerciale (Burkina Faso), Société des Grands Travaux du
Faso (SGTF) SARL c/ Société Générale des Banques au Burkina (SGBB), (www.ohada.com, OHADATA J-10-
216) ; aussi l'article 16 de l'AUDCG.
67
Voir Jugement N° 074/2008 du 09 Avril 2008 du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou
(Burkina Faso), Affaire : Sobitraf c/ Banque Of Africa (BOA), (www.ohada.com, OHADATA J-09-
394). Voir aussi A.P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p.26
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 34
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développé une autre classification des actes de commerce qui permet une
meilleure compréhension des différents types d'acte de commerce ainsi que leurs
nuances. Ces différentes classifications feront l'objet des différents points
suivants.

2.1. Classification légale des actes de commerce

2..1.1. Les actes de commerce par nature

Tel qu'on l'a déjà évoqué plus haut, aux termes de l'article 3 de l'AUDCG,
« l'acte de commerce par nature est celui par lequel une personne s'entremet dans
la circulation des biens qu'elle produit ou achète, ou par lequel elle fournit des
prestations de service avec l'intention d'en tirer un profit pécuniaire ». Ce sont
notamment ces actes qui permettent de définir le commerçant à l'article 2 de
l'AUDCG. L'on pourrait donc relever ici que l'acte de commerce par nature peut
découler de la circulation (vente, achat, fourniture) des biens (matériels ou
immatériels) et de services, que le commerçant peut produire lui-même ou fournir
sur base d'une activité industrielle.68

L'article 3 permet de relever les deux éléments ou critères composant les


actes de commerce par nature, en l'occurrence l'objet de l'acte et son intention (but
poursuivi par son auteur).69

2.1.1.1. L'objet de l'acte de commerce par nature

- L'objet de l'acte de commerce par nature consiste dans l'entremise de son


auteur dans la circulation des biens ou de la fourniture des prestations de services.
S'entremettre dans la circulation des biens signifie prendre part à la chaîne de
transmission, ou « s'interpose[r] dans la circulation des richesses entre ceux
accomplis par le producteur et le consommateur.», ou bien « être un maillon dans
la chaîne de transmission des biens allant du producteur au vendeur. »70

68
Voir R. Okani, op cit, p.25.
69
Voir L. Chiribagula, op cit, p.32.
70
Voir J. Issa-Sayegh, op cit, p.1 et L. Chiribagula, op cit, p.32.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 35
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Biens qu’elle produit.

Cette interposition dans la circulation des richesses peut être l'œuvre du


producteur lui-même, qui transfère la propriété des biens qu'il a produit à une
tierce personne, qui peut être soit le consommateur final soit un revendeur. Le
législateur OHADA fait ici référence à l'activité industrielle, étant donné que les
activités agricoles, par exemple, ne sont pas commerciales si elles ne recourent
pas à des moyens de production mécanisés.71

Biens qu’elle achète

L'entremise peut aussi être l'œuvre d'un revendeur, c'est-à-dire une personne
dont l'activité principale est d'acheter auprès d'un groupe de personnes
(producteurs, grossistes, autres revendeurs) dans le but de revendre à d'autres
(consommateurs finaux ou autres commerçants). Tel qu'évoqué dans
l'introduction, cette entremise concernerait les principaux domaines de l'économie
d'un pays, à savoir la production, la circulation/distribution, l'échange et la
consommation, et l'acte de commerce par nature consisterait donc pour son auteur,
agissant en son nom et pour son propre compte, en un acte effectué dans ce
contexte dans le but de faire avancer les biens d'un domaine à l'autre.72

L'article 3 de lAUDCG prévoit aussi la fourniture des prestations de service


comme étant l'objet des actes de commerce par nature. L'AUDC n'en fournit pas
la définition, mais se contente d'en donner quelques exemples, à savoir les
opérations de banque, les opérations de transport, etc. Cependant, tel que relevé
par le Professeur Chiribagula, un texte national, en l'occurrence l'Ordonnance-Loi
N°10/001 du 20 Août 2010 portant institution de la TVA (telle que modifiée à ce
jour), nous donne des éléments sur les prestations de services qu'elle entend
comme étant « toutes les activités qui relèvent du louage d'industrie ou du contrat
d'entreprise, par lequel une personne s'oblige à exécuter un travail quelconque
moyennant contrepartie ». Similaire au cas de l'entremise dans la circulation des
biens, l'auteur de la fourniture de prestations de services doit le faire en son nom
et pour son propre compte, en d'autres termes de manière indépendante (excluant

71
E. Thaller et J. Percerou, Traité élémentaire de droit commercial, T.1, A. Rousseau, Paris, 1931,n°6.
72
Voir à ce sujet A. Buka E. N., op cit, p.24.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 36
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ainsi les cas des salariés ou employés qui effectuent des actes de commerce pour
leurs employeurs).73

2.1.1.2. L'intention de l'acte de commerce par nature

L'intention est le deuxième critère retenu par l'article 3 de l'AUDCG lorsque


celui-ci indique clairement que l'acte doit avoir été effectué « avec l'intention d'en
tirer un profit pécuniaire ». Il faudrait donc que l'auteur de l'acte ait eu comme
motivation première de faire du lucre ou réaliser un bénéfice en contrepartie de
l'acte de commerce qu'il pose, ce qui exclue tous les actes qui seraient effectués à
titre gratuit. 74 Tel qu'évoqué plus haut, il faudrait qu'il ait eu l'intention de
spéculer, même si son opération se soldait par une perte. L'élément central ici c'est
l'intention originelle, et non la réalisation effective du bénéfice.75

II faudrait relever ici que les deux éléments caractérisant des actes de
commerce par nature (élément objectif et élément intentionnel) sont à prendre de
manière cumulative.

L'article 3 de l'AUDCG fournit une liste non-exhaustive de quelques


exemples d'actes de commerce par nature, que nous allons analyser dans le point
suivant.

2.1.1.3 Analvse de quelques exemples d’actes de commerce par nature

Les quelques exemples d'actes de commerce par nature donnés part


l’AUDCG peuvent être classés en 1) activités de négoce (achat dans le but de
revendre) ; 2) les activités de fourniture de services ; 3) les contrats passés entre
commerçants pour le besoin de leur commerce ; 4) les activités de production ; 5)
les actes effectués par les sociétés commerciales.

A. Les activités de négoce ou de distribution

Les activités de négoce consistent principalement l'entremise dans la


circulation des biens achetés. Autrement dit, le négoce consiste en l'opération
73
L. Chiribagula, op cit, p. 34.
74
Lukombe N., op cit, pp.23-24. Voir aussi J. Hamel, G. Lagarde et A. Jauffret, Droit commercial, Dalloz, Paris,
1890, n°146.
75
Ibidem. Voir aussi A. Buka E.N., op cit, p.27.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 37
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d'achat d'un bien - acquisition de la propriété dudit bien - dans l'intention de le
revendre - transférer la propriété du bien à une tierce personne. Ceci nous permet
de retenir quelques critères ou éléments des activités de négoce :

- Le-négoce peut porter soit sur un bien meuble, 76 soit -sur un bien
immeuble. Concernant les immeubles, il convient de noter qu'il s'agit ici des
spéculations immobilières ou real estate en anglais, qui concernent l'achat des
immeubles dans le but de les revendre en faisant un profit.

- Parler d'achat revient à dire que l'auteur de l'acte a acquis le bien à titre
onéreux ou bien moyennant une contrepartie. Ne sont donc pas concernés par cette
opération tous les biens qui seraient acquis à titre de donation entre vifs ou de legs.
Ce qui constituerait un acte civil.

- L'objet principal de ces activités consiste dans l'achat en vue de la revente.


Ceci exclut donc tout bien qui aurait été acheté pour sa propre consommation,
même par un commerçant. L'élément intentionnel à identifier ici est celui de la
revente du bien ou de la marchandise concernée.

- Tel que nous l'avons déjà évoqué en parlant des actes de commerce par
nature, c'est l'intention de l'auteur de l'acte qui est ici visée, et ce même s'il s'avérait
que la vente ne s'effectue jamais ou qu'elle se réalise à perte. Cette intention, qui
peut être présumée un peu plus facilement dans le cas d'un commerçant qui pose
des actes dans le cadre de son activité habituelle d'achat et de revente, est difficile
à déceler dans d'autres cas. Il appartiendra tout de même au professionnel
commerçant de prouver que l'achat qu'il a effectué ne l'a pas été fait dans
l'intention de revendre le bien concerné.

- Il convient de préciser aussi que la vente d'un bien qui, au départ, avait été
acquis pour une tout autre destination, ne cadre pas avec l'entendement que nous
avons des activités de négoce. Cet acte sera considéré comme un acte civil.

76
L'entendement de « biens meubles » est assez large et inclut notamment les médicaments. C'est ainsi
qu'un pharmacien est considéré comme un commerçant - voir Arrêt N° 008 du 21 Janvier 2016 de la
Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, 2eme Ch.; Pourvoi N°042/2013/PC du 12 Avril 2013 ; BIAO-
Côte d'Ivoire c/TRAORE Matenin, Épouse COULIBALI, (www.ohada.com OHADATA J-16-217).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 38
Page |

B. Les activités de services :

Tel que définies plus haut, les activités de services sont celles qui relèvent
du louage d'industrie ou du contrat d'entreprise, par lequel une personne s'oblige
à exécuter un travail quelconque - manuel ou intellectuel de nature - moyennant
contrepartie.77 Ceci peut donc inclure la confection de vêtements, la réparation
d'un véhicule, la gestion d'une station essence, l'usage temporaire d'un bien
meuble, etc.

Il convient cependant de noter que les professions libérales (avocats,


médecins, etc.), bien que se spécialisant dans la fourniture de services à caractère
intellectuel, ne sont pas concernées ici, étant donné qu'elles sont régies par des
textes spécifiques qui réglementent leurs activités et les excluent du champ
d'application du droit commercial. Les actes posés dans le cadre de ces professions
consisteront donc à des actes civils.78

Les exemples d'activités de services cités à l'article 3 de l'AUDCG sont :


• Les opérations de banque : qui désignent les opérations dont
l'exercice relève du monopole bancaire, peuvent être définies comme étant
la réception et la collecte des fonds du public, les opérations de crédit ainsi
que les opérations de paiement et la gestion des moyens de paiement.79 L'on
pourrait aussi y insérer les opérations sur les valeurs mobilières (placement,
achat, vente, garde), le conseil et l'assistance en matière de gestion du
patrimoine, de gestion financière ou d'ingénierie financière, la location de
biens mobiliers ou immobiliers (coffres forts), etc.80

• Les opérations de bourse : la bourse s'entend d'un marché


réglementé, où s'effectuent des transactions sur les valeurs mobilières ou
titres financiers. 81 Elle met en jeu plusieurs types d'acteurs, à savoir les
négociants, les courtiers en bourse, les opérateurs des sociétés de bourse,
etc. qui négocient et vendent/achètent des valeurs mobilieres.

77
Article 8 de l'Ordonnance-Loi N°10/001 du 20 Août 2010 portant institution de la TVA (telle que modifiée à ce
jour).
78
Voir L. Chiribagula, op cit, p.53.
79
Article 1er de la Loi N°003/2002 du 02 Février 2002 relative à l'activité et au contrôle des établissements de
crédit, dite loi bancaire.
80
Ces opérations sont énumérées à l'article 9 de la loi dite bancaire.
81
Dictionnaire Larousse en ligne https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/Bourse/10699, (visité le 19
Janvier 2019 )
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 39
Page |

• Les opérations de change : le change peut être défini comme


étant une opération qui consiste à convertir une monnaie (nationale) en une
autre (étrangère). De manière plus concrète, il s'agit des transactions en
monnaies étrangères à l'intérieur du pays et celles entre un pays et le reste
du monde. 82 Les opérations de change peuvent être manuelles (change
manuel) ou s'effectuer à travers l'émission d'un titre de paiement (change
tiré).

• Les opérations d'assurance : l'assurance consiste en une


opération par laquelle une personne - l'assureur - s'engage
(contractuellement) à réaliser une prestation au profit d'une autre personne
- l'assuré, lors de la survenance d’un événement incertain ou risque,
l'assureur s'oblige à verser une somme d'argent soit à l'assuré lui-même, soit
à un tiers, en contrepartie de la prime versée par l'assuré, qui est censée
représenter le coût dü risque ainsi que des frais de fonctionnement de
l'assureur.83

• Les opérations de transit : Le transit proprement dit consiste


au passage ou au séjour temporaire sur le territoire d'un pays tiers des
personnes ou des marchandises destinés à un autre pays. Les opérations qui
nous intéressent ici sont les opérations par lesquelles leur auteur organise,
en faveur de et moyennant mandat du propriétaire de biens ou marchandises
censées subir plusieurs transports successifs, la continuité du transport
(liaison entre les différents transporteurs) ainsi que les opérations
administratives connexes s'y rapportant (réglementation douanière, gestion
administrative et financière, représentation fiscale, etc.) jusqu'à leur
destination.

• Les opérations de location de meubles : la location est l'acte


par lequel le propriétaire d'un bien en offre l'usage temporaire (c'est-à-dire
sans en transférer la propriété) à son client moyennant contrepartie. L'on
pourra citer ici l'exemple des entreprises de location de véhicules (Loxea-
Avis), celles de location d'instruments de musique, etc., qui achètent les

82
Définition tirée de l'article 1° du Règlement du 28 Mars 2014 portant Réglementation du
Change de la RDC, tel que modifié à ce jour.
83
Voir article 4 de Loi n°15/005 du 17 Mars 2015 portant Code des Assurances.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 40
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biens concernés dans le but de les mettre en location et d'en tirer un profit
pécuniaire. Une certaine doctrine 84 estime qu'il faudrait aussi ajouter les
baux d'immeubles (notamment ceux conclus par une société commerciale
ou par un commerçant pour l'exercice de son commerce, etc.), considérant
cette location comme étant un acte de commerce par accessoire.

• Les opérations de transport : celles-ci consistent, pour leur


auteurs -le transporteur - à s'engager, moyennant un prix convenu et suivant
un mode déterminé (terrestre, lacustre, fluvial, maritime, aérien,
ferroviaire), à déplacer des marchandises lui confiées, pour les remettre,
dans un autre lieu, à un destinataire. Ces opérations peuvent aussi porter sur
des personnes et, dans ce cas, le transporteur s'engage à faire parcourir aux
personnes concernées un itinéraire donné.85Tel qu'évoqué plus bas dans le
cadre des actes de commerce par entreprise, ces opérations sont considérées
des actes de commerce que dans la mesure où elles sont effectuées de
manière répétitive.

• Les opérations de télécommunication : consistent en la «


transmission ou l'acheminement des signaux ou une combinaison de ces
fonctions sur des réseaux des télécommunications et des technologies de
l'information et de la communication, y compris les services de
transmission sur les réseaux utilisés pour la radiodiffusion, mais qui exclut
les services destinés à fournir des contenus à l'aide de réseaux et de services
des télécommunications et des technologies de l'information et de la
communication ou à exercer une responsabilité éditoriale sur ces contenus
».86

B. Les contrats passés entre commerçants pour les besoins de leur commerce

Il s'agit ici de tous les contrats passés par un commerçant dans l'intérêt de
son commerce. C'est le cas notamment de l'achat de matériel ou d'outillages, la
souscription d'un contrat d'assurance, un emprunt pour financer l'activité du
commerçant, etc. Toutes ces opérations sont en principe considérées comme des
actes de commerce. C'est aussi le cas d'une convention de regroupement qui serait

84
Voir Y. Reinhard et autres, op cit, p.217.
85
Définition du Dictionnaire Larousse en ligne, https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/transport/79212,
(visité le 19 Janvier 2019).
86
Voir article 4 point 83 de la Loi N°20/017 du 25 Novembre 2020 relative aux télécommunications et aux
technologies de l'information et de la communication.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 41
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conclue entre plusieurs sociétés entre elles, en vue de soumissionner à un marché
publique relatif à des travaux d'aménagement des voiries et de drainage.87

C. Les activités de production

Tel que souligné plus haut, les actes de commerce par nature concernent les
biens qu'une personne peut acheter dans le but de les revendre, ou que celle-ci
peut produire. Les activités de production citées comme exemples dans l'AUDCG
sont l'exploitation industrielle des mines, carrières et de tout gisement de
ressources naturelles, ainsi que les opérations de manufacture. Cette exploitation
est mécanisée et est censée procéder à la transformation des matières premières
extraites de la terre ou d'un cours d'eau. Ceci revient à dire que l'exploitation
artisanale des matières premières, qui ne recourt pas à l'industrie, n'est pas
concernée.

Par mine l'on entend un gisement exploité de matériaux ou minerais (par


exemple l'or, le diamant, le zinc, le cobalt, etc.). Un minerai est une roche
contenant des minéraux ou substances minérales utiles en proportion
suffisamment intéressante pour en justifier l'exploitation et la transformation pour
être commercialisées ou utilisées en industrie. Une mine peut être à ciel ouvert ou
souterraine.

Une carrière s'entend du lieu d'exploitation de pierres, de sables et de


minerais non métalliques, ni carbonifères. Elle est généralement à ciel ouvert,
quoiqu'il puisse aussi exister des carrières souterraines de marbre par exemple.

Un gisement, dans le domaine de l'industrie minière et pétrolière, désigne


une concentration d'une ressource naturelle dans le sol ou le sous-sol, que l'on peut
exploiter en construisant des mines ou des puits de forage. En se référant à tout
gisement de ressources naturelles, l'AUDCG voudrait ici inclure tout autre
gisement qui n'a pas été nommément cité, notamment les gisements de pétrole, à
gaz, etc.

87
Voir Arrêt N°004 du 04 Février 2010 de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, 1ère Ch,
COLAS MALI SA c./ GME SA., Le Juris-Ohada, n°2/2010, Avril-Juin, p.9 (www.ohada.com, OHADATA J-11-
48 et J-12-53).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 42
Page |

Opérations de manufacture : une manufacture désigne un établissement de


grande taille, qui regroupe dans un même atelier différentes machines,
manœuvrées chacune par une personne, et qui effectue différentes opérations dans
le cadre d'une même production.

De manière générale, une manufacture est utilisée pour la transformation de


matières premières en produits finis. Les produits concernés peuvent être soit
alimentaires ou à usage domestique (lait, yaourt, beurre, chocolat, sucre, savon,
dentifrice, etc.), soit des biens durables (tels que les voitures, les ordinateurs, les
réfrigérateurs, etc.). Ce processus, qui s'effectuait à l'origine à la main (d'où
manufacture, du latin manus – main - et facere - faire ; donc faire à la main), est
passé, avec l'avènement des révolutions industrielles et le progrès technologique,
à l'utilisation de machines et procédés industriels et à l'adoption du terme usine en
lieu et place de manufacture.

D. Les opérations des intermédiaires de commerce

Il s'agit ici des opérations des personnes dont le rôle principal est de faciliter
le contact entre les différentes personnes intervenant dans le commerce,
notamment les commerçants entre eux et les commerçants avec leurs potentiels
clients. Cette notion sera analysée avec plus de détails dans le chapitre suivant.

2.1.2. Actes de commerce par la forme

A côté des actes de commerce par nature, le législateur OHADA a prévu


les actes de commerce par la forme. L'article 4 de l'AUDCG dispose « ont
notamment le caractère d'actes de commerce, par leur forme, la lettre de change,
le billet à ordre et le warrant ». Ces actes de commerce par la forme ne sont pas
utilisés par le législateur OHADA pour définir le commercant, ce qui revient à
dire que leur accomplissement n'octroie pas à leur auteur la qualité ou le statut de
commerçant.88

88
Ceci ressort des prescrits de l'article 2 de l'AUDCG qui définit le commerçant comme étant celui qui effectue
des actes de commerce par nature à titre de profession.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 43
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Il convient de noter que ces actes de commerce par la forme énumérée par
le législateur OHADA à l'article 4 de l'AUDCG semblent constituer une évolution
par rapport à notre ancien droit commercial. En effet, l'article 3 du Décret du 02
Août 1913 (Code de Commerce) ne retenait que les sociétés commerciales comme
constituant des actes de commerce par la forme. En ne lisant que l'article 4,
d'aucuns pourraient facilement tomber dans le piège de penser que le législateur
OHADA ne reprend pas les sociétés commerciales comme des actes de commerce
par la forme, et ne limite qu'à lister plutôt les actes effectués par les sociétés
commerciales comme des actes de commerce par nature.

Cependant, l'Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et


du Groupement d'Intérêt Économique (AUSCGIE), en son article 6 alinéa 2,
reprend une disposition similaire à celle du Code de Commerce congolais, en
disposant que « sont commerciales par leur forme et quel que soit leur objet, les
sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à
responsabilité limitée, les sociétés anonymes et les sociétés par actions simplifiées
». Ceci revient à dire que toute société qui adopte l'une des formes prévues par le
droit OHADA des sociétés est considérée comme commerciale, quel que soit son
objet. Ce type de société n'est pas à confondre avec la société civile (régie par le
Décret du 04 Mai 1912 sur les sociétés civiles), dont l'objet peut être soit civil,
soit commercial.89

Cependant, à l'opposé de la méthode adoptée pour les actes de commerce


par nature, le législateur OHADA se contente de donner une liste non-exhaustive
d'actes de commerce par la forme sans en donner une définition légale. L'on peut
cependant déceler un point commun ou une caractéristique s'appliquant aux trois
exemples cités par le législateur OHADA, à savoir le fait que tous trois constituent
des effets de commerce. Un effet de commerce peut être défini comme étant un
titre de commerce négociable (c'est-à-dire cessible), qui permet à son bénéficiaire
de percevoir, à la date indiquée sur le titre, la somme qui y est portée.90 Bien que
ne permettant pas à leur auteur - généralement appelé tireur ou souscripteur -
d'acquérir la qualité de commerçant, ceux-ci requerront tout de même l'application
des règles du droit commercial vu leur forme commerciale.91

89
Voir R. Masamba, Note d'Orientation N°CN0/09/2014, 2014, p. 1.
90
Dictionnaire Juridique en ligne, https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/effets-de:
commerce. php, (visité le 19 Janvier 2019).
91 Voir L. Chiribagula, op cit, p.38.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 44
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2.1.2.1. La lettre de change :

* Base légale : Décret du 28 Juillet 1934 relatif à la lettre de change, au


billet à ordre et aux protêts.

* Notion : Celle-ci consiste en un titre de paiement et de crédit par lequel


une personne - le tireur - donne mandat à son débiteur - le tiré - de payer à une
certaine date une somme d'argent à une tierce personne - le bénéficiaire.92 C'est
un titre de crédit qui permet au tireur dont la créance sur son débiteur (le tiré) n'est
pas encore échue, d'obtenir un prêt du bénéficiaire, qui sera garanti par ladite
créance. En droit Français, la lettre de change ou traite, est un titre remis par le
tireur au porteur et conférant à ce dernier le droit de se faire payer une certaine
somme d'argent par le tiré ou de le transmettre à son tour.93

L'application des règles de droit commercial s'impose donc à son auteur (le
tireur), ce qui entraine que tout litige relatif à celle-ci sera porté devant le Tribunal
de Commerce, que les parties concernées soient commerçantes ou pas.

* Conditions de validité : Ces conditions peuvent être de fond et de forme.

Concernant le fond, la lettre de change représentant un engagement ou un


contrat entre parties, elle se doit d'observer les conditions traditionnelles de
formation d'un contrat. Ces règles, vues dans le cours d'obligations de deuxième
année de graduat, incluent le consentement des parties qui doit être libre et exempt
de vices (erreur, dol, violence), l'objet et la cause licites, ainsi que la capacité des
parties.94

Concernant la forme,95 la lettre de change doit consister en un écrit avec les


mentions obligatoires suivantes, à défaut desquelles une lettre de change sera
frappée de nullité.96

92 Définition du Dictionnaire Juridique en ligne, https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/lettre-de-


change.php, (visité le 19 Janvier 2019).
93
HOUTCIEFF (D), Droit commercial, 4-me édition, SIREY, 2016, p. 679
94 La capacité des parties est évoquée à l'article 7 du Décret du 28 Juillet 1934. Voir aussi L. Chiribagula, op cit,

p.84.
95 Voir article 1 du Décret précité.
96 Idem, article 2.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 45
Page |

- La dénomination de la lettre de change, qui doit être insérée dans le titre du


document ;
- Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée - en d'autres
termes l'ordre non équivoque et sans condition (suspensive ou résolutoire)
de payer au bénéficiaire le montant en argent y indiqué ;
- Le nom de celui qui doit payer - le tiré ;
- L'indication de l'échéance, c'est-à-dire de la date ultime de paiement ;
- L'indication du lieu où le paiement doit s'effectuer. A défaut de mention
spéciale dans le contrat, l'on considérera comme lieu de paiement, le lieu
indiqué à côté du nom du tiré qui est censé être le lieu de son domicile ;
- L'indication du nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit
être fait - c'est-à-dire le nom du bénéficiaire ou preneur de la traite. Ceci
revient à dire que la lettre de change ne peut pas être « au porteur » ;
- L'indication de la date et du lieu où la lettre est créée, c'est-à-dire le lieu et
la date d'émission. A défaut de cette mention, le lieu indiqué à côté du nom
du tireur sera considéré comme celui d'émission ou de création ;
- La signature de celui qui émet la lettre - donc celle du tireur. Ceci revient à
dire que la lettre de change est valide même sans la signature du tiré et celle
du bénéficiaire, étant donné que c'est le tireur qui est censé donner son
consentement pour la cession de sa créance au bénéficiaire.

En sus de ces mentions obligatoires, les parties sont libres d'ajouter d'autres
mentions de clarification, telle que la monnaie de paiement, des intérêts à payer,
etc.

Le tireur est censé garantir, au bénéficiaire de la lettre de change, le


paiement de la somme d'argent qui y est indiquée.97Autrement dit, si le tireur ne
peut garantir l'acceptation du paiement par le tiré, il ne pourra pas échapper à son
obligation de garantir le paiement de ladite somme d'argent par d'autres moyens,
étant lui-même le débiteur du bénéficiaire de la lettre de change.

Endossement : l'endossement s'entend de l'acte par lequel la lettre de


change est transmise à une tierce personne (autre que le bénéficiaire nommé) avec

97
Voir l’article 9 du Décret précité.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 46
Page |
tous les droits qui y sont rattachés. Par l'endossement, le bénéficiaire donne donc
à son tour ordre au tiré de payer la somme due à une tierce personne. Le nouveau
bénéficiaire sera ici appelé l'endossataire. Cependant, l'endossement n'est pas
possible dans le cas où le tireur avait inclus la mention « non à ordre » dans la
lettre de change. Suivant la même logique que celle dans le cas du tireur,
l'endosseur (bénéficiaire originel) demeure le garant du paiement de la somme
d'argent concernée vis-à-vis de l'endossataire.

Modalité de paiement : le tiré est tenu de payer au bénéficiaire ou au


porteur (endossataire), le montant porté par la lettre de change dès sa présentation.
Selon les prescrits de l'article 38 du Décret du 28 Juillet 1934, cette présentation
doit être faite au jour de la date d'échéance ou dans les deux jours ouvrables
suivant celle-ci. Au cas où le bénéficiaire ou porteur ne présente pas la lettre de
change, le tiré est considéré comme libéré de son obligation s'il remet le montant
dû, en dépôt, à l'autorité compétente (greffe du Tribunal de Commerce), et ce, aux
frais, risques et périls du bénéficiaire.98

Défaut de paiement : en cas de défaut de paiement ou de refus


d'acceptation de la lettre de change avant l'échéance, ou encore en cas de faillite
du tiré avant l'échéance et de faillite du tireur dont la lettre de change n'a pas été
acceptée, le bénéficiaire ou porteur est fondé à exercer ses recours contre toutes
les personnes obligées par la lettre de change, dont le tireur et l'endosseur.99 Le
refus d'acceptation ou le refus de paiement est constaté par un acte authentique
dressé par un huissier de justice appelé « protêt ».

Prescription : Les actions en recours du porteur contre les endosseurs, le


tireur et les autres obligés se prescrivent par six mois à partir de l'expiration du
délai de présentation.

2.1.2.2. Le billet à ordre :

* Base légale : Décret du 28 Juillet 1934 relatif à la lettre de change, au


billet à ordre et aux protêts.

* Notion : Différent de la lette de change, qui met en cause trois personnes


(tireur, tiré, bénéficiaire) et deux engagements (tiré au tireur et tireur au
98
Article 42 du Décret précité.
99
Idem, article 43.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 47
Page |
bénéficiaire), le billet à ordre désigne l'engagement entre deux personnes - le
souscripteur et le bénéficiaire - par lequel le souscripteur (débiteur) s'engage à
payer au bénéficiaire (créancier) ou à son ordre (en cas d'endossement) la somme
d'argent indiquée sur le document, à une date bien déterminée. Dans ce cas, le
souscripteur (débiteur) est à la fois le tireur et le tiré, dans la mesure où il se donne
à lui-même l'ordre de payer le bénéficiaire (créancier) à une échéance déterminée.

* Réglementation : vu les similitudes entre les deux effets de commerce,


les règles analysées dans le cadre de la lettre de change sont applicables au billet
à ordre. Cependant, les dispositions des articles 94 à 97 du Décret du 28 Juillet
1934 fournissent les modalités d'émission et de paiement d'un billet à ordre et il
convient de retenir que l'absence d'un tiré dans le billet à ordre exclut toutes les
règles y relatives dans le contexte d'un billet à ordre.

2.1.2.3. Le warrant :

* Base légale : Décret du 20 Mars 1923 sur les warrants.

* Notion : Presque similaire au billet à ordre, le warrant est un titre par


lequel un souscripteur s'engage à payer au bénéficiaire une somme d'argent
donnée à une échéance bien déterminée ; mais, à la différence du billet à ordre, le
souscripteur garanti son engagement par un lot de marchandises qu'il place dans
un entrepôt public dit « magasin général »100 Il s'agit donc ici de la combinaison
des notions du contrat de prêt avec celle du gage.

* Conditions de validité :101

- Le warrant doit porter en tête la mention « warrant », et la cédule, la mention


« cédule » ;
- Les deux documents doivent indiquer les noms, qualité et domicile de celui
à qui ils sont délivrés ;
- Ils doivent énoncer l'espèce de la marchandise, sa quantité, son poids, la
nature de l'emballage, les marques et numéros des colis et, s'il y a lieu, la
quantité et le poids des échantillons qui auraient été délivrés ;

100
Définition du Dictionnaire Juridique en ligne, https://www.dictionnaire juridique.com/definition/warrant.php,
(visité le 19 Janvier 2019).
101
Article 5 du Décret du 20 Mars 1923.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 48
Page |

- Ils doivent désigner le magasin où la marchandise est déposée et, s'il y a


lieu, par qui elle est assurée ;
- Ils déterminent la date à partir de laquelle les droits de magasins et les frais
courants sont dus ;
- Ils sont datés et signés par celui qui les émets ;
- La cédule mentionne en outre que, entre les mains d'un tiers porteur, elle ne
donne droit à la délivrance de la marchandise que : 1) si la cédule a été
régulièrement endossée ; 2) si la cédule est accompagnée du warrant ; 3) et,
pour le cas où la cédule porte inscription d'une somme restante due, si le
warrant est revêtu de l'ordre de délivrance signé par l'auteur de cette
inscription.

* Réglementation : Les dispositions des articles 2 à 4 du Décret du 20 Mars


1923 disposent que le dépositaire (entrepôt public) qui reçoit la marchandise mise
en gage, remet au commerçant (ou à un tiers par lui désigné) deux titres portant le
même numéro d'ordre, à savoir le warrant et la cédule (ou récépissé), qui sont tirés
d'un registre officiel à souche visé par le magistrat compétent. Le warrant et la
cédule sont des documents commerciaux endossables.

Le commerçant ou souscripteur remet à son prêteur le warrant qui consacre


la possession des marchandises grevées du gage et garde avec lui la cédule ou le
récépissé qui constate son droit de propriété (abusus) sur la même marchandise
mise en gage. En cas de paiement du créancier, détenteur du warrant, par le
commerçant lui-même, ce dernier récupère le warrant et recouvre la possession de
ses marchandises. Il peut toutefois vendre celles-ci à un client en cédant la cédule
- par endossement. Le client sera alors tenu de désintéresser le créancier, détenteur
du warrant, afin de récupérer le lot de marchandises entre les mains du dépositaire
ou magasin général.

Le dépositaire ne peut remettre la marchandise qu'à la personne qui lui


présente les deux titres (warrant et cédule) à la fois.

A l'échéance, à défaut de paiement de la créance gagée, le porteur du


warrant (prêteur ou endossataire) peut réaliser son gage en obtenant une
autorisation du juge compétent (Tribunal de commerce), après mise en demeure
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 49
Page |
du débiteur. Il réalise son gage en vendant la marchandise soit publiquement soit
de gré à gré et sera payé sur le prix de la vente de manière prioritaire.102

2.2. Autre classification des actes de commerce

En sus de la classification résultant des dispositions explicites de l'AUDCG,


il en existe d'autres qui ont été forgées par la doctrine ou par la jurisprudence. 103
C'est ainsi que l'on distingue les actes de commerce dits « isolés » à côté de ceux
dits « par entreprise ». L'on distingue aussi les actes de commerce « mixtes » et
ceux dits « par accessoire ».

2.2.1. Actes de commerce isolés et actes de commerce par entreprise

Les actes de commerce isolés sont ceux qui sont accomplis par une
personne qui, normalement, échappe au champ d'application des règles
commerciales. En d'autres termes, la profession habituelle de cette personne n'est
pas de faire le commerce. En outre, la commercialité des dits actes ne dépend pas
du nombre de fois où ils sont accomplis, d'où l'adjectif isolés. L'accomplissement
de ce type d'acte, même une seule fois, impose l'application des règles
commerciales à leur auteur.104

Nous pouvons citer ici comme exemples les actes de commerce par la
forme, ainsi que des actes de commerce par leur objet, tels que les opérations de
banque, de change, de courtage; l'achat de biens meubles ou immeubles en vue de
les revendre, etc., opérations qui seraient effectuées par un non-commerçant.

Les actes de commerce par entreprise ou actes de commerce réitérés sont


ceux qui ne peuvent être commerciaux que s'ils sont répétés. Ils doivent être
réalisés plusieurs fois, pendant une durée de temps plus ou moins longue, à défaut
de quoi ils seront considérés comme des actes civils. La condition de leur
commercialité est donc leur réalisation de manière répétitive. Entrent dans cette
catégorie les opérations des intermédiaires de commerce, les opérations de
manufacture, celles de transport, celle de télécommunication, etc.

102
Idem, article 19.
103
B. Bia, « La qualité de commerçant en droit congolais et en droit issu de l'OHADA », (www.ohada.com,
OHADATA D-11-70), p. 8.
104
G. Ripert et R. Roblot, op cit, n°329.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 50
Page |

2.2.2. Actes mixtes

Acte mixte se dit d'un acte conclu entre un commerçant et un particulier et


qui est considéré comme commercial dans le chef du commerçant et civil dans le
chef de l'autre partie.

Les actes mixtes sont les actes qui comportent une certaine dualité dans leur
nature, constituant des actes de commerce pour l'une des parties intervenantes, et
un acte civil pour l'autre. Nous pouvons citer ici l'exemple d'une maman
maraichère (Mme Aziza), cultivatrice de son état, qui vend sa récolte de tomates
à une marchande de légumes (Mme Odette) qui, à son tour, les destine à la revente
au marché Zigida. Si pour Mme Odette cette opération consiste en un achat de
denrées pour les revendre en l'état, pour Mme Aziza cet acte demeure civil, étant
donné que son activité est non marchande. L'on pourrait ajouter ici l'achat des
dites tomates par un client auprès de Mme Odette pour sa consommation
domestique. Cet acte sera commercial pour Mme Odette, mais civil pour son
client.

Dans le cas des actes mixtes, la question se pose par rapport à la juridiction
qui sera compétente pour connaître d'un litige découlant de telles opération (soit
le tribunal de commerce, soit le tribunal de grande stance); le mode (libre ou
hiérarchisé) et les moyens de preuve à utiliser, etc.

Certains auteurs proposent l'utilisation d'un régime dualiste en pareil cas,


régime dans lequel l'une des parties (celle pour laquelle il s'agit d'un acte de
commerce) serait régie par le droit commercial, et l'autre partie (celle pour laquelle
l'acte posé est de nature civile) seraient soumises aux règles de droit civil.105 C’est
un peu la solution adoptée par la jurisprudence OHADA, qui détermine que les
règles de preuve seront déterminées en fonction de la qualité du demandeur. La
preuve sera libre si l'action est dirigée contre le commerçant par un non
commercant et soumise aux regles du droit civil si elle est dirigée par un
commerçant contre un non-commerçant.106

105
Voir A. Buka E.N., op cit, p. 18.
106
Voir Arrêt N° 257 du 30 Novembre 2005 de la Cour d'Appel de Daloa, Affaire : M. DRAMERA
BAKARY c/ BERTHE BAKARY, (www.ohada.com, OHADATA J-09-212) ; Jugement N°320 du 11 Septembre
2002 du Tribunal de Grande Instance de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), Monsieur
0.T. c/ Monsieur A.B, (www.ohada.com, OHADATA J-07-211).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 51
Page |
C'est aussi l'approche prise par le législateur congolais dans la loi relative
aux Tribunaux de Commerce, dans la mesure où, en son article 17 fixant la
compétence desdits tribunaux, il est prévu que ceux-ci sont compétents pour juger
« des actes mixtes si le défendeur est commerçant ». Ceci revient à dire que si le
défendeur n'est pas commerçant, la compétence devrait revenir au juge de droit
commun.

2.2.3. Actes de commerce par accessoire

Ces actes de commerce, aussi appelés actes de commerce par relation, sont
des actes qui, au départ et par leur nature propre, sont civils mais qui deviennent
commerciaux par relation, soit avec la profession commerciale de leur auteur, soit
avec un acte de commerce. Il s'agit notamment des actes civils par nature qui
acquièrent un caractère commercial du fait qu'ils ont été accomplis par un
commerçant dans l'intérêt de son commerce.107 Tel est le cas par exemple des actes
accomplis par une société commerciale (actes de commerce par accessoire
subjectif ou par relation subjective), ou alors de ceux qui sont réalisés comme
accessoires aux actes de commerce (par accessoire objectif ou par relation
objective).108

107
Bi Oula Kassia, « Peut-on renouveler la théorie des actes de commerce ? Études offertes professeur Joseph
ISSA-SAYEGH », A. I. D.D., 2006, p. 191.
108
Voir A. Buka E.N., op cit, p.15
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 52
Page |

CHAPITRE II : LES ACTEURS DU COMMERCE

Bases légales :

- Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant sur le Droit Commercial Général


(AUDCG), tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- Acte Uniforme du 15 Février 2017 relatif au Droit Comptable et à
l'Information Financière et Système Comptable OHADA
(SYSCOHADA) ;
- Loi N°87-010 du 1er Aout 1987 portant Code de la Famille, telle que
modifiée et complétée par la Loi N°16/008 du 15 Juillet 2016 ;
- Ordonnance-Loi N°13/002 du 23 Février 2013 fixant la nomenclature des
droits, taxes et redevances du pouvoir central ;
- Ordonnance-Loi N°13/001 du 23 Février 2013 fixant nomenclature des
impôts, taxes et redevances des provinces et entités territoriales
décentralisées ainsi que leurs modalités de répartition ;
- Décret du 02 Août 1913 - Des commerçants et de la preuve des
engagements commerciaux

Objectifs :

- Comprendre et maitriser la notion de commerçant et d'entreprise


commerciale et la distinction qui existe entre le commerçant et
l'entreprenant ;
- Comprendre ce que l'on entend par intermédiaires du commerce ainsi que
la différence entre les trois types d'intermédiaires du commerce cités par
l'AUDCG ;
- Comprendre et maitriser le rôle clé que joue le RCCM dans le commerce.

Après la longue analyse sur les actes de commerce dans le chapitre


précédent - qui se concentrait sur l'aspect objectif de la théorie de la commercialité
- dans ce chapitre nous nous attarderons sur les sujets ou acteurs du commerce,
sur les personnes qui sont appelées à effectuer lesdits actes de commerce. En
d'autres termes, il sera ici question ici d'appréhender le critère subjectif de la
commercialité et de se concentrer sur les notions de commerçant, entreprenant, et
des intermédiaires du commerce, afin de mieux cerner le rôle que chacun de ces
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 53
Page |
acteurs joue dans le commerce. Il sera aussi question d'analyser l'organisation et
le fonctionnement du Registre du Commerce et du Crédit Mobilier - qui constitue
une plaque tournante dans le commerce et joue un rôle clé dans l'octroi et
l'administration du statut de commerçant ou d'entreprenant notamment.

Section 1 : Le commerçant et l’entreprise commerciale

Il sera question dans cette section de circonscrire la notion du commerçant


et de celle d'entreprise commerciale en les définissant, les conditions d'acquisition
de la qualité du commerçant, ainsi que les différents mécanismes prévus en faveur
du commerçant en difficulté.

- Définition du commerçant

L'article 2 de l'AUDCG définit le commerçant comme étant « celui qui fait


de l'accomplissement d'actes de commerce par nature sa profession ».109 De cette
définition nous pouvons déceler certains critères de définition permettant
d'identifier un commerçant :

- Le statut personnel du commerçant : le choix du mot « celui » permet


de cerner le choix du législateur OHADA qui a voulu que toute personne le
désirant - et observant les conditions spécifiques d'accès à la profession de
commerçant - ait la possibilité ou le droit d'exercer le commerce, ceci sans
distinction tenant à la personne ou au sujet de droit. Ceci s'entend d'une personne
physique ou morale et, s'agissant des personnes physiques, d'un homme ou d'une
femme. Ceci découle de deux principes constitutionnels moderne, à savoir le
principe de l'égalité civile (égalité de tous devant la loi), ainsi que celui de la
liberté du commerce.110

- L'accomplissement d'actes de commerce : la nature commerciale de


l'activité exercée par une personne constitue le critère essentiel permettant
d'acquérir la qualité de commerçant. En effet, il ne s'agit pas ici de n'importe quel
acte qui peut être exercé par une personne pour qu'elle soit considérée comme
commerçante, mais seulement des actes de commerce par nature. Ce qui revient à

109
L'article 1 du Code de Commerce définissait les commerçants comme étant "ceux qui font profession des acres
qualifiés commerciaux par la loi ». L'article 2 de l'AUDCG 1997, quant a lui, stipulait « sont commerçants ceux
qui accomplissent des actes de commerce, et en font leur profession habituelle
110
Voir les articles 11 à 14 et 35 de la Constitution de la RDC.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 54
Page |
dire que seuls les actes de commerce par nature peuvent conférer à leurs auteurs
la qualité de commerçant, les actes de commerce par la forme étant dépourvu de
cette capacité. La doctrine française a souligné à cet effet que bien que la répétition
d'actes de commerce par la forme soit possible, ceux-ci ne sauraient constituer une
activité et donc ne pourraient octroyer à leurs auteurs la qualité de commerçants. 111

- En faire sa profession : en sus du fait qu'il faudrait qu'il s'agisse d'acte de


commerce par nature, il faudrait que ceux-ci soient exercés par leurs auteurs à titre
de profession. Le mot « profession » peut être entendu ici comme étant une «
activité rémunérée pour gagner sa vie » ou « une activité déterminée, régulière et
rétribuée, exercée pour gagner sa vie ».112 Il s'agit donc ici d'une succession d'actes
étalés sur le temps, qui permettent d'observer une certaine régularité. Ces actes
doivent être effectués de manière à être rémunéré (ne doivent pas être gratuits).
Sont exclus de ce contexte les actes de commerce par nature qui seraient posés de
manière conjoncturelle ou temporaire, c'est-à-dire sans que leurs auteurs n'aient
pour but d'en faire leur profession - en d'autres termes, les actes de commerce
isolés ne sont pas concernés.

- En son nom et pour son propre compte : ceci concerne le caractère


personnel de l'activité commerciale et signifie que l'auteur de l'activité
commerciale doit agir en son nom propre et pour son propre compte, à ses risques
et périls, pour pouvoir acquérir la qualité de commerçant. Sont donc exclus de cet
entendement les des personnes telles que le mandataire du commerçant - à moins
qu'il s'agisse d'un agent commercial - le dirigeant d'une société (gérant) ; tout celui
qui est dans un lien de subordination à l'égard de son employeur (ce dernier étant
un commerçant). Toutes ces personnes ne peuvent pas être considérées comme
commerçantes, étant donné que les actes qu'elles posent ne sont pas posés en leur
nom et pour leur compte personnel.

1.2. Notions sur l'entreprise commerciale

Il convient de noter que très souvent un acte de commerce est accompli dans
le cadre d'une entreprise, c'est-à-dire qu'il aura un caractère répétitif et reposera

111
Voir L. Chiribagula, op cit, p.97
112
Définitions du Dictionnaire Microsoft Encarta, 2009 et du Dictionnaire Larousse en ligne -
tes://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/profession/64156, visité le 19 Janvier 2019.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 55
Page |
113
sur une organisation préétablie. Il convient donc de cerner la notion d'entreprise
commerciale en la définissant et en analysant les différentes formes que celle-ci
peut prendre.

Définition : l'entreprise commerciale s'entend, en économie, comme étant


une entité économique et juridique dotée d'une autonomie de décision, qui produit
des biens et ou des services marchands à partir de facteurs de production.114 Elle
peut aussi être définie comme étant « une organisation autonome qui coordonne
un ensemble de facteurs (agents naturels, capital, travail), en vue de produire pour
le marché certains biens ou services ».115

Types d'entreprises commerciales : l'entreprise commerciale peut être


soit une entreprise individuelle, soit une entreprise personne morale. L'entreprise
individuelle est celle dont la personnalité se confond avec celle d'un commerçant
personne physique ou entrepreneur et existe donc sous la personnalité juridique
de celui-ci. Il s'agit donc de l'entité économique découlant de l'activité
commerciale du commerçant - en d'autres termes il s'agit de son commerce, qu'il
exerce de manière individuelle et qui dépend de son entière responsabilité. Ceci
implique que les effets juridiques de cette entreprise individuelle - infractions en
matière commerciale, faillite, etc. - peuvent toucher à l'ensemble du patrimoine
du commerçant (sur base du principe de l'unité du patrimoine) ainsi qu'à sa propre
personne.

L'entreprise personne morale s'entend d'une entreprise qui prend la forme


d'une structure sociétale, à savoir les sociétés commerciales, les entreprises
publiques et les groupements d'intérêt économique.

Sociétés commerciales : selon les prescrits de l'article 4 de l'Acte Uniforme


OHADA relatifs au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d'Intérêt
Économique,116 une société commerciale est une entité « créée par deux (2) ou
plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à une activité des
biens en numéraire ou en nature, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter

113
Voir J. Escarra et C. Rault, Principes de droit commercial, T.1, Sirey, Paris, 1934, n°2. Toutefois, ceci n'est pas
absolu, étant donné que, comme on l'a vu plus haut, il existe d'une part des actes de commerce isolés et, comme
nous allons le voir plus loin, il existe certains types d'entreprises qui ne réalisent pas d'opérations commerciales.
114
Voir H. M. de Boislandelle, Dictionnaire de Gestion, Ed. Economica, Paris, 1998.. Voir aussi L Vogel, Traite
du Droit des Affaires - Du Droit Commercial au Droit Economique, 19eme édition, LGDJ, Paris, 2010, p. 109.
115
L. Vogel, op cit, p.109, cité par L. Chiribagula, op cit, p.118.
116
Acte Uniforme du 30 Janvier 2014 relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt
économique (AUSCGIE).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 56
Page |
de l'économie qui pourra en résulter. » Il peut arriver aussi qu'une société
commerciale soit créée par une seule personne, qui sera appelée associé unique.117
La différence entre la société commerciale à associé unique - aussi appelée société
unipersonnelle - et l'entreprise individuelle, réside dans le fait que la société
unipersonnelle est dotée d'une personnalité juridique propre, distincte de celle de
l'associé unique.

Tel que nous l'avons vu plus haut, l'AUSCGIE consacre cinq formes de
sociétés commerciales, à savoir: la société en nom collectif (SNC), la société en
commandite simple (SCS), la société à responsabilité limitée (SARL), la société
anonyme (SA) et la société par actions simplifiées (SAS). Seules les SARL, SA
et SAS peuvent disposer d'un seul associé ou actionnaire.118

Les sociétés coopératives : à côté des sociétés commerciales régies par


l'AUSCGIE, les sociétés coopératives à caractère commercial peuvent aussi être
classées dans la catégorie des entreprises personnes morales. Ceci découle des
prescrits de l'article 21 de l'Acte Uniforme relatif au droit des sociétés
coopératives119 (AUSC). Une société coopérative est un « groupement autonome
de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins
économiques, sociaux et culturels communs, au moyen d'une entreprise dont la
propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé
démocratiquement et selon les principes coopératifs ».120

Le groupement d'intérêt économique (GIE) : Le GIE est « une entité


constituée entre deux ou plusieurs personnes physiques ou morales, dans le but
exclusif de mettre en œuvre, pour une durée déterminée, tous les moyens propres
à faciliter ou à développer l'activité économique de ses membres, à améliorer ou
à accroître les résultats de cette activité. Le GIE constitue une personne morale
distincte de celle de ses membres et est capable de poser des actes
indépendamment de ceux-ci ».121

Les entreprises publiques : une entreprise publique est tout établissement


qui est créé à l'initiative des pouvoirs publics entre eux, des personnes morales de
droit public entre elles, ou des pouvoirs publics en association avec des personnes

117
Voir l’article 5 de l’AUSCGIE
118
Voir articles 309, 385 et 853-1 de l'AUSCGIE.
119
Acte Uniforme du 15 Décembre 2010 relatif aux Sociétés Coopératives.
120
Article 4 de l'AUSC.
121
Voir articles 869, 871 et 872 de l'AUSCGIE.
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morales de droit public, pour l'exploitation en commun d'une activité donnée, en
l'occurrence ici une activité commerciale,122 Cependant, depuis la promulgation
de la Loi N°08/007 du 07 Juillet 2008 portant dispositions générales relatives à la
transformation des entreprises publiques, ces dernières ont été transformées en
sociétés commerciales unipersonnelles, dont l'État congolais constitue l'associé
unique.

Ressources des entreprises commerciales : pour pouvoir fonctionner et


exercer son activité commerciale, toute entreprise a recours à des ressources
humaines et matérielles. C'est ainsi que même un commerçant personne physique
peut recourir à un personnel ou des salariés pour pouvoir exercer son activité
commerciale. Concernant les ressources matérielles, il s'agit ici à la fois des
capitaux apportés par le commerçant dans le but de financer son activité
commerciale et des biens meúbles et immeubles constituant le patrimoine de
l'entreprise.123

1.3. Conditions d'acquisition de la qualité de commerçant

A côté de la liberté de commerce que nous avons identifiée dans le choix


du mot « celui » utilisé par le législateur OHADA dans l'article 2 de l'AUDCG, il
faudrait aussi relever certaines restrictions imposées à certaines catégories de
personnes par rapport à l'accès à la profession de commerçant. Il s'agit ici des
conditions découlant des articles 6 à 12 de l’AUDCG qui portent essentiellement
sur les incapacités, les incompatibilités ainsi que les interdictions ou déchéances
qui empêcheraient certaines personnes d'exercer le commerce.

1.3.1. La capacité juridique requise pour être commerçant

Selon les prescrits de l'article 6 de l'AUDCG, « nul ne peut accomplir des


actes de commerce à titre de profession habituelle, s'il n'est juridiquement capable
d'exercer le commerce ». L'entendement de « capacité juridique » n'ayant pas été
défini dans l'Acte Uniforme, nous aurons recours aux dispositions internes (droit
civil) qui définissent clairement les contours de la capacité en matière

122
Voir l'article 2 de la Loi N°78-002 du 06 Janvier 1978 portant dispositions générales applicables aux entreprises
publiques, telle que modifiée et complétée à ce jour.
123
Voir L. Chiribagula, op cit, p. 126.
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contractuelle, c'est-à-dire l'aptitude reconnue à une personne de pouvoir conclure
seule un contrat et d'en supporter les conséquences juridiques.

A. L'incapacité juridique due à la minorité du candidat commerçant

De prime abord, il convient de définir ce que l'on entend par un « mineur ».


L'article 219 du Code de la famille124 dispose « le mineur est l'individu de l'un ou
l'autre sexe qui n'a pas encore l'âge de dix-huit ans accomplis ».

Les règles sur l'incapacité des mineurs à exercer le commerce sont prévues
premièrement à l'article 7 de l'AUDCG qui dispose « le mineur, sauf s'il est
émancipé, ne peut avoir la qualité de commerçant ni effectuer des actes de
commerce », ce qui revient à dire que le seul cas où le mineur pourrait acquérir la
qualité de commerçant est celui de l'émancipation.

L'article 289 du Code de la Famille dispose que « le mineur ayant atteint


lage de quinze ans accomplis peut, dans son intérêt supérieur, être émancipé par
le Tribunal pour enfants, sur requête présentée par ses père et mère ou à leur
défaut, par le tuteur. » Cette émancipation, qui est irrévocable, a comme
conséquence d'octroyer au mineur la pleine capacité de poser des actes juridiques,
en l'occurrence des actes de commerce par nature lui permettant ainsi d'acquérir
la qualité de commercant.125

B. Autres restrictions par rapport à la capacité juridique

A côté de l'incapacité juridique du mineur, l'article 215 du Code de la


Famille institue d'autres causes d'incapacité, celles-ci concernant certaines
catégories de majeurs, à savoir les majeurs aliénés interdits et les majeurs faibles
d'esprit, prodigues, affaiblis par l'âge ou infirmes placés sous curatelle. Il s'agit ici
du cas des personnes majeures qui ont subi une dégradation de leurs facultés
mentales ou corporelles, ce qui entrave la manifestation de leur libre volonté. Des
dispositions (tutelle et curatelle) sont donc prises dans le but de protéger les
personnes concernées, en les assistant notamment dans l'accomplissement et la

124
Loi N°87-010 du 1er Aout 1987, telle que modifiée et complétée par la Loi N°16/008 du 15
Juillet 2016.
125
Il convient tout de même de noter que l'article 292 du Code de la Famille prévoit que l'émancipation accordée
au mineur puisse comporter certaines limitations à sa capacité, ce qui pourrait constituer un obstacle à son accès à
la profession de commerçant.
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réalisation de certains actes juridiques. Au-delà de la protection des personnes
concernées, ces dispositions s'expliquent aussi dans le cadre du commerce dans le
but de protéger l'intérêt général.

A côté de l'incapacité des majeurs évoquée ci-haut, le droit commercial


congolais, notamment à l'article 4 du Code de Commerce, retenait l'incapacité de
la femme mariée d'exercer le commerce sans le consentement de son mari.126 Cette
question n'est pas traitée par l’AUDCG qui se limite, à l'alinéa 2 de l'article 7, à
stipuler que « le conjoint du commerçant n'a la qualité de commerçant que s'il
accomplit les actes visés aux articles 3 et 4 ci-dessus, à titre de profession et
séparément de ceux de l'autre conjoint ». Cette disposition porte sur le fait que la
qualité de commerçant ne se transmet pas du commerçant à son conjoint.

La Commission Nationale OHADA a donné son avis sur la question et


estimé qu'elle est réglée par l'article 7 de l'AUDCG qui ne prône pas l'incapacité
de la femme mariée en matière commerciale. En effet, la CNO estime que l'alinéa
2 de l'article 7 de l'AUDCG instaure le principe de l'égalité entre conjoints et que
l'article 4 du Code de Commerce serait donc abrogé, car étant contraire à la
législation OHADA.127Certains auteurs estiment par ailleurs que cette question a
été réglée lors de la révision du Code de la Famille intervenue en 2016 qui, à la
place de l'autorisation maritale, a introduit l'accord entre époux pour tous les actes
juridiques dans lesquels ils s'obligent à une prestation qu'ils doivent effectuer.128

Cependant, à regarder de plus près, l'on constate que l'AUDCG n'a en aucun
cas directement évoqué la question de l'incapacité de la femme mariée, qui
demeure alors régie par le Code de Commerce de 1913. Cette question, qui
concerne le droit commercial qui est un droit spécial et particulier, ne saurait non
plus suivre la réforme du Code de la Famille (droit civil). Il revient donc au
législateur national de clarifier cette question à travers un texte légal abrogeant les
dispositions pertinentes du Code de Commerce.129

126
L'article 4 du Décret du 02 Août 1913 dispose « La femme mariée et non séparée de corps ne peut être
commerçante sans le consentement de son mari.
127
Voir Ministère de la Justice et des Droits Humains, Commission Nationale OHADA (2012), Harmonisation du
droit congolais avec les actes uniformes de l'OHADA, Vol.1, COPIREP, p.207
128
Voir L. Chiribagula, op cit, p.115.
129
Position partagée par quelques doctrinaires, notamment le Professeur Kumbi ki Ngimbi dans J-M. Kumbu,
Législation en Matière Économique: Notes de Cours Destinées aux Étudiants de Deuxième Année de Graduat en
Droit, 3** éd., Gallimage, Kinshasa, 2013, p.22
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1.3.2. Absence d’incompatibilité dans le chef du candidat commerçant

La notion d'incompatibilité est prévue à l'article 8 de l'AUDCG, qui dispose


que « nul ne peut exercer une activité commerciale lorsqu'il est soumis à un statut
particulier établissant une incompatibilité ». Cette disposition empêche donc toute
personne régie par un statut particulier lui interdisant d'exercer le commerce de
poser des actes de commerce par nature à titre de profession. Nous pouvons citer
comme exemples :130

- Les fonctionnaires et personnels des collectivités publiques et des


entreprises à participation publique ;
- Les officiers ministériels et auxiliaires de justice : avocats, huissiers,
commissaires priseur, agents de change, notaire, greffier, administrateur et
liquidateur judiciaire ;
- Les experts comptables agréés et comptables agréés, les commissaires aux
comptes et aux apports ; les conseillers juridiques, les courtiers maritimes,
etc.

Cette incompatibilité doit être prouvée par la personne qui


l'invoque.131Dans le but de protéger les personnes contractant avec les personnes
frappées d'incompatibilité, l'alinéa 4 de l'article 8 de l'AUDCG dispose que « les
actes accomplis par une personne en situation d'incompatibilité n'en restent pas
moins valables à l'égard des tiers de bonne foi ».

1.3.3. Absence d'interdiction (déchéance) dans le chef du candidat


commerçant

L'article 10 de l'AUDCG dispose que « nul ne peut exercer une activité


commerciale, directement ou par personne interposée, s'il a fait l'objet :

• D'une interdiction générale, définitive ou temporaire,


prononcée par une juridiction de l'un des États-Parties, que cette interdiction
ait été prononcée comme peine principale ou comme peine
complémentaire ;

130
Ces exemples sont repris à l’article 9 de l’AUDCG
131
Article 8, alinéa 3 de l’AUDCG
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• D'une interdiction prononcée par une juridiction


professionnelle; dans ce cas l'interdiction ne s'applique qu'à l'activité
commerciale considérée ;

• D'une interdiction par l'effet d'une condamnation définitive à


une peine privative de liberté pour un crime de droit commun, ou à une
peine d'au moins trois mois d'emprisonnement non assortie de sursis pour
un délit contre les biens, ou une infraction en matière économique ou
financière.

En prévoyant les interdictions ou déchéances, le législateur OHADA a


estimé que, dans l'intérêt du commerce, il serait préférable que les auteurs des
crimes et délits ci-haut évoqués soient écartés des professions commerciales. 132
Cette interdiction ou déchéance a pour effet d'empêcher la personne condamnée à
se faire immatriculer au RCCM et à exercer le commerce, à moins qu'elle ait
bénéficié d'une réhabilitation préalable ou qu'il y ait eu écoulement du délai de
l'interdiction. Similaire au cas des incompatibilités, l'article 12 de l'AUDCG
dispose que « les actes accomplis par un interdit sont inopposables aux tiers de
bonne foi [...] mais ils sont opposables à l'interdit ».

Après l'étude des différentes restrictions légales par rapport à l'accès à la


profession commerciale, il convient maintenant d'analyser les différentes
obligations qui s'imposent à toute personne admise à la profession.

1.4. Les obligations du commerçant


1.4.1. Les obligations professionnelles du commerçant
1.4.1.1. Obligation d'immatriculation

L'immatriculation au RCCM (anciennement appelé Registre du


Commerce 133 et Nouveau Registre du Commerce 134 ) apparaît comme une
obligation traditionnellement imposée au commerçant. Elle consiste en une
132
Voir S. Kuate Tameghe., «Sortie de la cour du roi Pétaud: à propos de l’interdiction d’exercer la profession
commerciale dans l'Acte uniforme OHADA relatif au droit commercial général », R.D.I.D.C., 2006/2, p. 121.
133
Décret du 06 Mars 1951 portant institution du Registre du Commerce
134
Ordonnance N°79-025 du 07 Février 1979 relative à l'ouverture du commerce
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formalité essentielle dont chaque commerçant doit s'acquitter, ce qui permettra à
l'État de consacrer son statut de commerçant. En outre, l'immatriculation rend
l'existence de l'entreprise commerciale publique, permettant ainsi aux actes posés
par le commerçant dans l'exercice de sa profession de produire tous les effets
juridiques escomptés.

Selon les prescrits de l'article 35 de l'AUDCG, « le Registre du Commerce


et du Crédit Mobilier a pour objet de recevoir les demandes d'immatriculation,
notamment :

- Des personnes physiques ayant la qualité de commerçant au sens du présent


Actes Uniforme ;
- Des sociétés commerciales ;
- Des sociétés civiles par leur forme et commerciales par leur objet ;
- Des groupements d'intérêt économique ;
- Des succursales au sens de l'AUSCGIE ;
- De tous les groupements dotés de la personnalité juridique que la loi soumet
à l'immatriculation audit registre ;
- De toute personne physique exerçant une activité professionnelle que la loi
soumet à l'immatriculation audit registre ;
- Des établissements publics ayant une activité économique et bénéficiant de
l'autonomie juridique et financière. »

L'immatriculation d'un commercant au RCCM lui donne droit à l'attribution


d'un numéro d'immatriculation qui est unique pour chaque personne immatriculée.
Celle-ci lui octroie également la présomption de la qualité de commerçant. 135
Toute personne physique exerçant le commerce - c'est-à-dire effectuant des actes
de commerce à titre de profession - est tenue de s'immatriculer au RCCM, à défaut
de quoi elle sera tout de même considérée comme un commerçant de fait et ses
actes seront soumis aux règles de droit commercial. Le défaut d'immatriculation
des entreprises commerciales, personnes morales, aura quant à lui pour effet
d'empêcher l'obtention de la personnalité juridique.

135
Article 59 alinéa 1 de l'AUDCG « toute personne immatriculée au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
est présumée, sauf preuve contraire, avoir la qualité de commerçant au sens du présent Acte Uniforme.
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Toute personne ayant l'obligation de s'immatriculer au RCCM endéans un
certain délai, qui omet de le faire, peut se voir être contrainte de le faire par la
juridiction compétente, en l'occurrence le Tribunal de Commerce.136

Toute personne qui s'abstient de s'immatriculer ou qui omet de se soumettre


aux injonctions du Tribunal de Commerce, peut se voir imposer des sanctions
pénales prévues par la loi nationale.137 Ces sanctions peuvent aller d'une amende
de 1,000 à 10,000 Francs, à la fermeture de l'établissement du contrevenant.138

1.4.1.2. Obligation d’obtention de numéro d’identification nationale et


numéro impôt

En sus de l'obtention d'un numéro d'immatriculation au RCCM, toute


personne physique ou morale exerçant une activité commerciale est tenue de se
faire attribuer un numéro d'identification nationale (Id. Nat.) par le Ministère de
l'Économie Nationale.139 A côté de l'Id. Nat., le commerçant doit aussi se faire
identifier auprès de l'administration fiscale (Direction Générale des Impôts - DGI)
au moyen d'un Numéro Impôt ou « Nouvel Identifiant Fiscal (NIF) ».140

1.4.2. Les obligations comptables du commerçant

Selon les prescrit des articles 13 à 15 de l'AUDCG, tout commerçant


(personne physique, société commerciale, société coopérative, entreprise
publique, groupement d'intérêt économique, etc.) est tenu de tenir une
comptabilité conformément aux dispositions du Système Comptable OHADA
prévu dans l'Acte Uniforme relatif au Droit Comptable et à l’information
Financière et Système Comptable OHADA (SYSCOHADA).- AUDCIF.141Tout
commerçant est donc soumis au systeme normal de trésorerie prévu par
l'AUDCIF, qui l'oblige notamment à tenir des livres de commerce, à savoir :

136
Voir article 68, alinéa 1 de l'AUDCG.
137
Voir article 69 de l'AUDCG.
138
Voir articles 30 à 33 du Décret du 06 Mars 1951 portant institution du Registre du Commerce.
139
Ceci découle des prescrits des articles 1 et 2 de l'Ordonnance N°73-236 du 13 Août 1973 portant création d'un
Numéro d'Identification Nationale.
140
Ceci découle des prescrits de l'article 1 de la Loi N°004/2003 du 13 Mars 2003 portant réforme des procédures
fiscales, telle que modifiée à ce jour.
141
Article 19 de l'Acte Uniforme du 15 Février 2017 relatif au Droit Comptable et à l'Information
Financière et Système Comptable OHADA (SYSCOHADA) - AUDCIF.
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- Le livre-journal, dans lequel sont inscrits les mouvements de l'exercice ;

- Le grand-livre, constitué de l'ensemble des comptes de l'entité, où sont


reportés ou inscrits simultanément au journal, compte par compte, les
différents mouvements de l'exercice ;

- La balance générale des comptes, état récapitulatif faisant apparaître, à la


clôture de l'exercice, pour chaque compte : le solde débiteur, le cumul
depuis l'ouverture de l'exercice des mouvements débiteurs et le cumul des
mouvements créditeurs, le solde débiteur et le solde créditeur, à la date
considérée ;

- Le livre d'inventaire, sur lequel sont transcrits le Bilan, le Compte de


résultat et le Tableau des flux de trésorerie de chaque exercice, ainsi que le
résumé de l'opération d'inventaire.142

Par ailleurs, les différents documents comptables tenus par le commerçant


constituent des moyens de preuve que celui-ci peut invoquer en cas de nécessité.143
Cependant, l'article 68 de l'AUDCIF prévoit que si la comptabilité a été
irrégulièrement tenue, elle ne peut être invoquée par son auteur à son profit.144 Il
peut notamment invoquer ses livres de commerce contre un autre commerçant
pour prouver l'existence d'une transaction.145 Dans ce cas, la partie contre laquelle
des livres de commerce sont opposés pourra les combattre en leur opposant ses
propres livres. Le juge reste toutefois libre d'apprécier la valeur de la preuve tirée
de ces livres.146

1.4.3. Les obligations fiscales du commerçant

A côté de l'obligation de tenir une comptabilité conforme aux prescrits de


l'AUDCIF, tout commerçant congolais a aussi l'obligation de payer des impôts et
taxes dus à l'État congolais dans le cadre de l'exercice de ses activités. Cette
obligation, qui ne fait pas l'objet d'un Acte Uniforme particulier, relève de la

142
Article 19 de l'AUDCIF.
143
Article 68 de l'AUDCIF.
144
Article 68 al. 2 de l'AUDCIF
145
Voir Jugement N° 076/2008 du 09 avril 2008 du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (Burkina Faso),
Affaire : Société Korgo & Compagnie (SOKOCOM) c/ Société industrielle de
Transformation d'Acier au Burkina Faso (SITAB), (www.ohada.com, OHADATA J-09-376).
146
Voir A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 89.
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souveraineté nationale de chaque État-partie et est donc régie par la
réglementation fiscale congolaise. Celle-ci prévoit différents types d'impôts à la
charge des entreprises commerciales ou commerçants, à savoir :

- L'impôt réel (impôt foncier, impôt sur le bénéfice professionnel, taxe sur
les concessions minières, impôt sur les véhicules, etc.) ;
- Les impôts cédulaires sur les revenus (impôt sur les revenus locatifs, impôt
sur les revenus mobiliers, impôts sur les revenus professionnels) ;
- Les impôts sur la consommation (Taxe sur la Valeur Ajoutée, droits
d'accise) ;
- Droits de douane (droits à l'importation)147

La liste complète des impôts et taxes auxquels sont assujettis les


commerçants est fournie par les Ordonnance-Loi N°13/002 du 23 Février 2013
fixant la nomenclature des droits, taxes et redevances du pouvoir central et
N°13/001 du 23 Février 2013 fixant nomenclature des impôts, taxes et redevances
des provinces et entités territoriales décentralisées ainsi que leurs modalités de
répartition.

1.4.4. Autres obligations du commerçant

Dans l'exercice de son activité, le commerçant est aussi soumis à deux


autres obligations - à savoir l'obligation de concurrence loyale et celle du respect
de la réglementation des prix - qui visent à assurer l'exercice paisible de son
commerce.

• L'Ordonnance Législative N°41-63 du 24 Février 1950 portant


répression de la concurrence déloyale prévoit notamment que le
commerçant doit exercer son commerce en respectant les règles édictées
pour une concurrence libre et saine, sous peine de se voir imposer des
148
sanctions pénales. En outre, l'Arrêté Ministériel
N°DENI/CAB/06/0130/87 du 26 Mai 1987 a institué une Commission de
la Concurrence au sein du Ministère de l'Économie dans le but de veiller au

147
Voir L. Chiribagula, op cit, p. 145.
148
Voir articles 1 et 3 de l'Ordonnance Législative susmentionnée.
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respect par les commerçants des règles de libre concurrence et de rechercher
les violations aux dites règles.149

• Le Décret-Loi du 20 Mars 1961 relatif aux prix et


l'Ordonnance-Loi N°83-026 du 12 Septembre 1983 portant modification de
ce dernier constituent les bases légales relatives à l'obligation de respecter
la réglementation des prix qui s'impose à tout commerçant. Ces textes
renseignent notamment sur les modalités de fixation des prix, sur la
structure des prix et les marges bénéficiaires acceptées, ainsi que sur les
éléments constitutifs de la pratique de prix illicites et les sanctions pénales
qui lui sont assorties.

Section 2 : Notions sur l'entreprenant

2.1. Définition de l'entreprenant

A côté du commerçant, l'AUDCG 2010 a introduit la notion de


l'entreprenant en son article 30 alinéa 1er, qui le définit comme étant « un
entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple déclaration prévue
dans l'Acte Uniforme, exerce une activité professionnelle civile, commerciale,
artisanale, ou agricole ». A cela s'ajoute l'élément à l'alinéa 2 du même article 30,
qui prévoit que « l'entreprenant conserve son statut si le chiffre d'affaires annuel
généré par son activité pendant deux exercices successifs n'excède pas les seuils
fixés par l'Acte Uniforme portant organisation et harmonisation de comptabilités
des entreprises au titre du système minimal de trésorerie ».

Nous pouvons distinguer quatre éléments clés dans cette définition, à savoir
le fait qu'il s'agit d'une personne physique, que celle-ci n'est soumise qu'à une
simple déclaration au RCCM, qu'elle exerce des activités civiles, commerciales,
artisanales ou agricoles et celui ayant trait à la taille de l'activité commerciale
exercée.

o Le statut personnel de l'entreprenant : Aux termes de


l'article 30 alinéa 1er, seules les personnes physiques peuvent avoir le statut

149
Voir article 7 de l'Arrêté Ministériel N°DENI/CAB/06/0130/87 du 26 Mai 1987 portant création et
fonctionnement de la Commission de la Concurrence.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 67
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d'entreprenant, ce qui le distingue du commerçant qui lui peut être soit une
personne physique (entreprise individuelle), soit une personne morale.

o La taille de l'entreprise de l'entreprenant : pour trouver ce


deuxième critère, il faudrait recourir ici aux prescrits de l'article 13 de
l'AUDCIF qui stipule que « les petites entités sont assujetties, sauf option,
au Système Minimal de Trésorerie, en sigle SMT. Sont éligibles au Système
minimal de trésorerie, les entités dont le chiffre d'affaires hors taxes annuel
est inférieur aux seuils suivants :

- Soiante (60) milions de FCFA ou l'équivalent dans l'unité monétaire ayant


cours légal dans l'État partie, pour les entités de négoce ;
- Quarante (40) millions de FCFA où l’équivalent dans l’unité monétaire
ayant cours légal dans l'État partie, pour les entités artisanales et assimilées ;
- Trente (30) millions de F CFA ou l’équivalent dans l'unité monétaire avant
cours légal dans l’État partie, pour les entités de services. »

2.2. Conséquences de la reconnaissance du statut d’entreprenant

La reconnaissance du statut d'entreprenant permet d'alléger les obligations


qui auraient été celles de cet entrepreneur individuel s'il était reconnu comme
commerçant, bien que lui permettant de jouir de la plupart des droits reconnus à
ce dernier. Ceci concerne, bien évidemment, les obligations comptables, fiscales
et d'immatriculation du commerçant.

2.3. Critères de distinction entre l'entreprenant et le commerçant

• Absence de l'obligation de s'immatriculer au RCCM : selon


les prescrits de l'article 30 alinéa 6 de l'AUDCG, l'entreprenant est dispensé
de l'immatriculation au RCCM et procède plutôt à une déclaration de son
activité auprès du RCCM (articles 34), à l'issue de laquelle il reçoit un
numéro de déclaration d'activité.

• Assujettissement au système minimal de trésorerie 150


(obligation comptable) : Ce système minimal de trésorerie (système
dérogatoire), se limite à l'enregistrement, d'une manière chronologique,
150
Le système Minimal de Trésorerie ou comptabilité de trésorerie est un système particulier de comptabilisation
qui s'adresse exclusivement aux Micros et Petites Entreprises;
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l'origine et le montant de ses recettes ainsi que la destination et le montant
de ses dépenses.

• Etabissement d'un régime fiscal dérogatoire du droit


commun : l'article 30 alinéa 6 prévoit que « chaque État Partie fixe les
mesures incitatives pour l'activité de l'entreprenant notamment en matière
d'imposition fiscale et d'assujettissement aux charges sociales ».

A cet effet, le droit fiscal congolais (notamment l'Ordonnance-Loi No.


13/006 du 23 Février 2013 portant régime discale applicable aux entreprises de
petite taille en matière d'impôt sur les bénéfices et profits) prévoit un régime fiscal
particulier pour les entreprises de petite taille. Sont considérées comme entreprises
de petite taille les microentreprises — dont le chiffre d'affaire annuel ne dépasse
pas 10 millions de Francs congolais, et les petites entreprises, dont le chiffre
d'affaire annuel est supérieur à 10 millions mais inférieur à 200 millions de Franc
congolais.151

Les mesures incitatives sont prévues aux articles 6 et 11 de cette


Ordonnance-Loi, qui prévoient que le taux d'impôt sur les bénéfices et profits à
charge des Petites Entreprises est de 1% pour les activités de vente et 2% pour les
activités de prestation de services ; alors que les micro entreprises sont assujetties
à un impôt forfaitaire annuel de 50,000 Francs congolais sur les bénéfices et
profits.152

2.4. Quid du petit commerçant ?

Selon les prescrits de l'article 3 de l'Ordonnance-Loi No. 90-46 du 08 aout


1990 portant réglementation du petit commerce, telle que modifiée à ce jour, «
l'on entend par petit commerce le commerce effectué par la vente des
marchandises en petites quantités et dont la valeur globale mensuelle n'excède pas
quatre cent mille zaires ». Cette notion était complétée par l'ancienne législation
fiscale qui plafonnait à 10.000 dollars américains le seuil d'éligibilité à la patente.
Par ailleurs, l'article 4 de l'Ordonnance-loi précitée prévoyait que seuls les

151
Le seuil de 80 millions de Francs congolais, prévu dans l'Ordonnance-Loi N°13/006 du 23 Février 2013 a été
revu à la hausse par la Loi de finances N°15/021 du 31 Décembre 2015 pour l'exercice 2016.
152
Concernant les Petites Entreprises, la loi ajoute « lorsqu'un contribuable exerce à la fois les activités de vente
et de service, les chiffres d'affaires respectifs sont cumulés et imposés suivant l'activité principale.
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congolais (anciennement appelés zaïrois) avaient le droit d’exercer le petit
commerce.

L'arrivée du statut de l'entreprenant dont la notion est à plusieurs points


similaire à celle du petit commerçant congolais dans l'arsenal juridique congolais,
crée une certaine confusion et suscite plusieurs questions notamment sur le statut
qui prime par rapport à l'autre, l'accès des étrangers à ce statut, les seuils à retenir,
etc. - requérant que le législateur congolais puisse mettre de la lumière sur cette
question très importante pour l'économie du pays.

Section 3 : Le commerçant en difficulté

Le terme « entreprises en difficulté » désigne à la fois celle qui présente


quelques indices de défaillance et celle qui est complétement en faillite. Elle
concerne non seulement les entreprises qui sont en état de cessation des paiements
mais aussi celles qui connaissent les procédures de prévention153Les entreprises
commerciales rencontrent de multiples situations difficiles qui, si elles ne sont pas
surmontées, peuvent conduire à la fin de leur existence c'est-à-dire à leur
dissolution. S'il arrivait que, pour diverses raisons, une entreprise commerciale se
retrouvait dans une situation irréversible dans laquelle elle n'arrivait plus à honorer
ses engagements vis-à-vis de ses créanciers et perdait ainsi la confiance des
personnes avec lesquelles elle est censée interagir dans l'exercice de son
commerce, elle serait obligée de recourir à toutes les solutions disponibles afin
d'éviter que ses créanciers ou l'État lui-même la force à mettre la clé à la porte
(enclenche la procédure pour sa dissolution).

Avant l'adhésion à l'OHADA, cette matière était régie par le Décret du 12


Décembre 1925 relatif au concordat préventif à la faillite et le Décret du 27 Juillet
1934 relatif aux faillites. Aujourd'hui elle est régie par les dispositions de l'Acte
Uniforme du 10 Avril 1998 portant organisation des procédures collectives
d'apurement du passif (AUPCAP), tel que modifié le 15 Septembre 2015. Cet Acte
Uniforme organise une procédure plus ou moins similaire à celle des textes
précédents, à savoir la conciliation, le règlement préventif (la conciliation et le
règlement préventif étant des procédures tendant à éviter la cessation de
paiements), le redressement judiciaire (procédure curative tendant à remettre

153
EBONZO MPUTU( Y ), Analyse des procédures préventives en droit des entreprises en difficulté issues de
l'OHADA, Mémoire de DES, UNIKIN, 2015-2017,p. 3
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 70
Page |
l'entreprise à flot) et la liquidation de l'entreprise (procédure punitive visant la
réalisation des actifs de l'entreprise en vue de l'apurement de son passif). Cette
section se limitera qu'à donner un aperçu global des règles édictées par le
législateur OHADA pour la conduite des quatre étapes que sont la conciliation, le
règlement préventif, le redressement judiciaire et la liquidation de l'entreprise.

3.1. La conciliation

Cette première solution consiste en un mode préventif des difficultés, qui a


été introduit par la révision de l'AUPCAP intervenue en Septembre 2015.
C'est une procédure visant à éviter la cessation de paiements de l'entreprise
débitrice en effectuant notamment sa restructuration financière ou opérationnelle
dans le but de la sauvegarder.154

C'est une procédure essentiellement consensuelle et confidentielle (absence


de publicité, prononcé de décision à huis clos, obligation de confidentialité
imposée aux différentes parties prenantes, etc.), rapide, visant à régler le problème
de l'entreprise commerciale par le biais des services d'un conciliateur.155

II sied de relever que les entreprises en difficulté sont souvent contraintes à


négocier avec leurs créanciers, soit sur les délais de paiements, soit sur la
réduction des créances. Leur accord privé ou négocié, qualifié de concordat
amiable est souvent difficile à obtenir, l'entreprise ayant perdu son crédit ou sa
crédibilité auprès de ses partenaires.156

La conciliation est ouverte aux entreprises débitrices qui connaissent des


difficultés avérées ou prévisibles mais qui ne sont pas encore en état de cessation
de paiements. L'entreprise concernée doit saisir le président de la juridiction
compétente, en l'occurrence le Tribunal de Commerce, par une requête coniointe
avec un ou plusieurs de ses créanciers.157 L’alinéa 2 de l'article 5 de l'AUCAP
prévoit la liste des documents qui doivent être introduits en même temps que la
requête.

154
Article 2 de l'AUPCAP.
155
Article 5-1 de l'AUPCAP.
156
EBONZO MPUTU( Y), Op.Cit, p. 53.
157
Article 5-2 de l'AUPCAP. .
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 71
Page |

La procédure de concliation est ouverte par le président du Tribunal de


Commerce, qui désigne un conciliateur. Le rôle principal du conciliateur est celui
de contribuer à la conclusion d'un accord amiable entre l'entreprise débitrice et ses
créanciers, ce qui constitue le but principal poursuivi par cette procédure.158 Il
rend compte de l'état d'avancement de la procédure au président du Tribunal de
Commerce.

A l'issue de la procédure, le conciliateur fait rapport au président du


Tribunal de Commerce, qui peut constater soit la conclusion d'un accord, soit
l'impossibilité d'y parvenir. Le président du Tribunal de Commerce prend alors
une décision (soit mettant fin à la conciliation et à la mission du conciliateur, soit
homologuant l'accord des parties) qui sera communiquée à toutes les parties
concernées sans faire l'objet d'une quelconque publicité.159

3.2. Le règlement préventif

A côté de la procédure de conciliation, une autre conception 160 de la


défaillance des entreprises s'est développée avec pour objectif de sauvegarder les
entreprises en difficulté qui pouvaient l'être et de limiter au maximum la perte de
richesse résultant de leurs difficultés et éventuellement de leur disparition. Cette
deuxième étape vise aussi à régler le problème de l'entreprise concernée de
manière préventive, au moyen d'un concordat, avant que celui-ci n'advienne. Deux
conditions spécifiques sont à remplir pour cette procédure :

• L'absence de cessation de paiements : c'est-à-dire que


l'entreprise ne doit pas être dans une situation telle qu'elle n'arrive plus à
apurer ses dettes grâce à son actif disponible.

• L'article 6 de l'AUPCAP prévoit, pour l'entreprise en difficulté


remédiable (difficultés financières ou économiques sérieuses), une
procédure de dépôt d'une proposition de concordat préventif. Il s'agit ici
d'un accord des volontés des parties - le commerçant débiteur et ses

158
Voir article 5-5 de l'AUPCAP.
159
Articles 5-8 à 5-10 de l'AUPCAP.
160
PAILLUSEAU (J), " du Droit des faillites au droit des enterprises en difficulté, études offertes à R. HOUIN
(R), Dalloz, 1985, pp 109-150.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 72
Page |
créanciers - par lequel les créanciers accordent au commerçant débiteur une
remise de dette ou un délai de paiement pour lui permettre de poursuivre
l'exploitation de son entreprise. La requête d'un règlement préventif doit
être introduite en même temps qu'une proposition de concordat comportant
les solutions suggérées par le commerçant débiteur pour résoudre sa
situation.161

• S’il ne l'a pas fait en même temps que le dépôt de la requête de


reglement préventif, le dépôt de la proposition de concordat préventif doit
être fait au plus tard dans les trente (30) jours sous peine d'irrecevabilité.

L'offre de concordat préventif doit préciser « les mesures envisagées (par le


débiteur) pour le redressement de l'entreprise » entre autres les modalités de
continuation de l'entreprise (délais de paiement, remises de dettes, cession d'actif,
location-gérance, etc.), les noms des personnes tenues d'exécuter le concordat, la
réduction du personnel par voie de licenciement pour motif économique, le
remplacement des dirigeants,etc.162

La demande d'un règlement préventif fait l'objet d'une requête formulée par
le commerçant débiteur et adressée au Président du Tribunal de Commerce
compétent, lui exposant « sa situation économique et financière et présentant les
perspectives de redressement de l'entreprise et d'apurement du passif.163 Il joint à
cette requête les documents énumérés à l'article 6 de l'AUPCAP, qui seront utiles
au juge dans l'appréciation de sa situation. Il s'agit des documents comptables et
financiers du commerçant-débiteur, ainsi que ceux déterminant ses créances et
dettes, leurs titulaires et les sûretés personnelles ou réelles dont elles sont assorties.

Selon les prescrits de l'article 8 AUPCAP, le Président du Tribunal de


Commerce saisi rend une décision de nomination d'un expert au règlement
préventif. Cette décision a pour effet de suspendre les poursuites individuelles de
chaque créancier. Par cette décision, le juge demande aux créanciers du
commerçant débiteur de ne plus entamer des actions en ordre dispersé contre ce
dernier. Malgré le fait qu'elle suspende le cours des délais de prescription ou de
résolution dont seraient assorties certaines dettes (article 9 AUPCAP), elle ne

161
Article 7 de l'AUPCAP.
162
Article 7 de l’AUCAP
163
Article 5 de l’AUPCAP
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 73
Page |
suspend pas le cours des intérêts légaux ou conventionnels, des intérêts moratoires
et majoratoires, bien que ceux-ci ne seront plus exigibles immédiatement.164

A l'issue de sa mission, l'expert soumet un rapport au président du Tribunal


de Commerce, qui prend une décision soit de constat d'absence d'accord sur un
concordat préventif - en quel cas les créanciers recouvrent l'exercice de tous leurs
droits, soit d'homologation du concordat - qui met fin à la mission de l'expert et
nomme les personnes chargées de contrôler l'exécution du concordat préventif
homologué.165

Il convient de noter qu'il existe aussi une procédure de règlement préventif


simplifié prévue à l'article 24 de l'AUPCAP pour les petites entreprises, à savoir
toute entreprise individuelle, société ou autre personne morale de droit privé dont
le nombre de travailleur est inférieur à vingt (20), et dont le chiffre d'affaires
n'excède pas cinquante millions de FCA, hors taxe, au cours des douze mois
précédant la saisine de la juridiction compétente [...] ».166

3.3. Le redressement judiciaire et la liquidation des biens

En cas de cessation de paiement, d'absence de concordat préventif ou même


d'échec de concordat, cette procédure vise à sauver le commerçant, en assurant sa
survie, et d'apurer ses dettes.167

Le recours à cette procédure implique impérativement la survenance d'une


cessation de paiement, 168 c'est-à-dire la constatation de l'impossibilité pour le
commerçant de faire face à son passif exigible au moyen de son actif disponible.
L'entreprise débitrice doit procéder à une déclaration aux fins d'obtenir l'ouverture
de la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, et ce quelle
que soit la nature de ses dettes. Cette déclaration doit être faite dans les trente (30)
jours suivant la cessation de paiements et doit être déposée au greffe du Tribunal
de Commerce169Cette déclaration doit préciser si le débiteur concerné demande
l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire ou plutôt celle de
liquidation des biens.

164
Article 10 de l’AUPCAP
165
Articles 15 à 17 de l’AUPCAP
166
Voir article 1-3 de l’AUPCAP
167
Cette procédure est prévue à partir de l’article 25 de l’AUPCAP
168
Article 25 de l’AUPCAP
169
Idibem.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 74
Page |

L'article 26 de l'AUPCAP fournit la liste des documents qui doivent être


déposés en même temps que la déclaration du débiteur, à savoir une attestation
d'immatriculation, d'inscription ou de déclaration à un registre ou à un ordre
professionnel ou, à défaut, tout autre document de nature à prouver la régularité
de l'activité exercée par le débiteur ; des documents comptables (notamment le
bilan, et le compte de résuitat) ; un état de trésorerie, etc.

Le débiteur est tenu de déposer, en même temps que sa déclaration ou


endéans soixante (60) jours, un projet de concordat démontrant les perspectives
de redressement de l'entreprise débitrice.170

1. Les articles 28 et 29 de l'AUPCAP prévoient que la procédure


de redressement judiciaire peut être ouverte de trois manières : soit sur
demande d'un créancier, soit par saisine d'office par la juridiction
compétente, à savoir le Tribunal de Commerce, soit saisine du Ministère
Public. Le débiteur concerné est alors convoqué par le président du Tribunal
de Commerce qui l'informe des faits de nature à motiver la saisine et
recueille ses observations.

2. En fonction des éléments lui soumis, le Tribunal de Commerce


prendra une décision soit d'ouverture d'une procédure de redressement
judiciaire, soit celle de liquidation des biens. Le Tribunal de Commerce
désigne à cet effet un juge-commissaire parmi les juges du siège, à
l'exclusion de son président, ainsi qu'un ou des syndics, qui sont censés
représenter les intérêts des créanciers.171

3. La décision d'ouverture de la procédure de redressement ou de


liquidation des biens du débiteur a pour effet d'imposer au débiteur une
assistance du syndic pour tous les actes concernant l'administration et la
disposition de ses biens, sous peine d'inopposabilité de ces actes.172

Le juge-commissaire veille, sous l'autorité du Tribunal de


4.
Commerce, au déroulement régulier et rapide de la procédure de

170
Article 27 de l'AUPCAP.
171
Article 35 de l'AUPCAP.
172
Article 53 de l'AUPCAP.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 75
Page |
redressement judiciaire ou de liquidation des biens, à la protection des
intérêts en présence et à l'atteinte des objectifs poursuivis 173 Le syndic,
quant à lui, exerce ses fonctions sous l'autorité du juge-commissaire. Il
reçoit notamment les réclamations des parties concernées (débiteur et
créanciers) qui tendent à la révocation du syndic et son remplacement le cas
échéant.174

5. L'issue de la procédure de redressement judiciaire se solde par


la saisine du président du Tribunal de Commerce par le juge-commissaire,
et celui-ci à son tour convoque les créanciers dont les créances ont été
admises à titre chirographaire, définitivement ou par provision - qui
composent l'assemblée concordataire. 175 Le syndic fait son rapport à
l'assemblée concordataire, rapport qui est reçu par le Tribunal de Commerce
après observations du juge-commissaire et d'éventuelles conclusions orales
ou écrites du ministère public.176 Le Tribunal peut alors procéder au vote
sur le projet de concordat de redressement judiciaire, dont la décision
constate soit le concordat de redressement judiciaire (cette décision vaut
alors homologation), soit le rejet du concordat. En cas de concordat, qui
peut aussi comporter une cession totale ou partielle d'actif, le Tribunal peut
maintenir en fonction les contrôleurs qui avaient été désignés au cours de
la procédure, afin que ceux-ci veillent à l'exécution du concordat de
redressement judiciaire.177

• Comme pour le cas du règlement préventif simplifié, l'article


145 de l'AUPCAP prévoit une procédure de redressement judiciaire
simplifié pour les petites entreprises.

• En cas de décision de liquidation des biens, il est procédé à la


réalisation de l'actif, qui s'entend de la réalisation des biens constituant
l'actif de l'entreprise en vue de l'apurement des dettes enregistrées à son
passif, dans les conditions prévues aux articles 147 à 169 de l'AUPCAP.

173
Article 39 de l'AUPCAP.
174
Article 42 de l'AUPCAP.
175
Article 123 de l'AUPCAP.
176
Article 124 de l'AUPCAP.
177
Articles 127, 128, et 131 de l'AUPCAP.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 76
Page |

Section 4 : Les intermédiaires du commerce

Les intermédiaires de commerce sont des personnes qui s'entremettent dans


la circulation des biens et des services. C'est le cas de ceux qui sont retenus par le
législateur de l'OHADA à travers l'AUDCG de 2010, à savoir le commissionnaire,
le courtier, l'agent commercial. En tant que tels, ils n'avaient pas de statut commun
avant l'AUDCG ; le code de commerce français de 1807 rendu applicable dans la
plupart des Etats parties, n'avait réglementé que la profession de commissionnaire
et de courtier. En droit congolais, seule la profession de commissionnaire était
réglementée à travers le Décret du 19 Janvier 1920 sur les commissionnaires et
les transporteurs. Peu d'Etats possédaient une législation moderne et complête sur
les intermédiaires de commerce. Au contraire la prolifération des métiers dans les
nombreux domaines était de nature à compromettre la détermination de leur statut.
L'AUDCG est venu offrir à cet effet un statut cohérent à ces intermédiaires.178

L'exercice du commerce inclut l'intervention d'un type particulier d'acteurs


à savoir les intermédiaires du commerce, dont le rôle principal consiste à assurer
des liens entre les différentes personnes intervenant dans le domaine du
commerce, notamment les commerçants avec leurs clients et les commerçants
entre eux. Ceux-ci facilitent les contacts entre ces différentes personnes, en vue
de la conclusion des opérations entre elles. L'AUDCG couvre cette notion en
prévoyant des règles spécifiques traitant du commissionnaire, du courtier, de
l'agent, et des intermédiaires pour l'achat, la souscription, la vente ou la location »
(voir livre VII de l'AUDCG).

L'intermédiaire peut être défini comme étant « une personne physique ou


morale qui a le pouvoir d'agir, ou entend agir, habituellement et
professionnellement pour le compte d'une autre personne, commerçante ou non,
afin de conclure avec un tiers un acte juridique à caractère commercial »179

II convient de retenir ici que l'intermédiaire est lui-même un commerçant,180


qui agit habituellement et professionnellement (ce qui sous-entend une répétition
des actes, comme nous l'avons évoqué plus haut). Dire que l'intermédiaire est

178
LUKOMBE NGHENDA, Droit commercial OHADA en application en RDC, Publications des facultés des
Universités du Congo, 2018, p. 569.
179
Article 170 de l’AUDCG
180
Article 184 de l’AUDCG
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 77
Page |
commerçant sous-entend aussi que celui-ci remplit sa mission en échange d'une
rémunération (à titre onéreux).

4.1. Mission de l’intermédiaire de commerce

La mission de l'intermédiaire de commerce ainsi que ses pouvoirs (ce qu'il


peut ou ne pas accomplir au nom de la partie qu'il représente) sont déterminés par
un contrat verbal ou écrit le liant à la personne qu'il représente (son commettant).
A ce contrat s'ajoutent les usages et pratiques qui régissent les rapports de
représentation de même type.

4.2. Effets juridiques des actes posés par l’intermédiaire

Les actes accomplis par l'intermédiaire dans le respect des limites des
pouvoirs lui confiés par le mandat engagent son commettant. Ces actes lient aussi
les tiers cocontractants qui sont au courant de la qualité d'intermédiaire du
mandataire. Cependant, le commissionnaire déroge un peu à cette règle dans la
mesure où il est censé agir en son propre nom.

Lorsque l'intermédiaire agit au-delà de ses pouvoirs ou sans avoir qualité,


les actes qu'il pose ne sont pas censés lier le commettant, à moins d'être ratifiés
par ce dernier.181Néanmoins, cette règle ne saurait affecter le tiers de bonne foi
qui ne pouvait pas raisonnablement douter des pouvoirs de l'intermédiaire avec
lequel il contractait. Dans le cas où il serait avéré que l'intermédiaire a outrepassé
ses pouvoirs, celui-ci serait obligé d'indemniser le tiers de bonne foi.

4.3. Cessation du mandat de l'intermédiaire

Le mandat de l'intermédiaire peut cesser pour les motifs suivants : l'accord


des parties (commettant et intermédiaire), l'inexécution de sa mission, la
révocation du mandat par le représenté, la renonciation au mandat par
l'intermédiaire, ainsi que l'incapacité, le décès ou la faillite du représenté ou de
l'intermédiaire. En cas de révocation ou de renonciation, la partie affectée pourrait
réclamer une indemnisation.182(articles 188 et 189 de l'AUDCG).

181
Article 184 de l’AUDCG.
182
Articles 188 et 189 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 78
Page |

4.4. Exemples d'intermédiaires de commerce cités par l'AUDCG

4.4.1. Le commissionnaire

Le commissionnaire est « un professionnel qui, moyennant versement d'une


commission, se charge de conclure tout acte juridique en son propre nom mais
pour le compte du commettant qui lui en donne mandat ».183 Celui-ci est rémunéré
par des commissions calculées souvent en pourcentage par rapport au prix de
vente et dont la hauteur varie avec le volume des opérations. Il peut aussi avoir
droit au remboursement de certains frais et débours. Il convient de noter que le
commissionnaire n'est pas responsable de l'exécution des obligations des
personnes avec lesquelles il a contracté envers le commettant. Au cas où le
commissionnaire aurait donné des garanties dans ce sens, il aura drott à une
commission supplémentaire dénommée « ducroire ».184

Certaines catégories de commissionnaires sont soumises à des règles


particulières, notamment les commissionnaires de transports et leurs rapports avec
les transporteurs, qui sont soumis aux prescrits du Décret du 19 Janvier 1920
relatif aux commissionnaires et transporteurs.

4.4.2. Le courtier

Le courtier est un professionnel qui met en rapport des personnes en vue de


faciliter ou faire aboutir la conclusion des conventions entre ces personnes. 185
Celui-ci se limite à mettre en rapport des personnes en vue de faciliter ou faire
aboutir la conclusion de conventions entre ces personnes. Il doit donc demeurer
indépendant des parties et limiter ses activités à la mise en relation des personnes
désirant contracter. 186 A cet effet, il est considéré comme étant le véritable
intermédiaire de commerce parce qu'il est le seul parmi les 3 intermédiaires
organisés par l'Acte Uniforme à ne pas intervenir dans l'opération, se limitant juste
à mettre deux commerçants en relation d'affaires. Exemple de courtier : le courtier
d'assurance. Le courtier est rémunéré par une commission calculée en pourcentage
du montant de l'affaire, à charge du donneur d'ordre. Celle-ci doit lui être payée

183
Article 192 de l’AUDCG.
184
Article 202 de l’AUDCG.
185
Article 208 de l’AUDCG.
186
Article 209 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 79
Page |
187
dès la conclusion du contrat. Il a aussi droit au remboursement de ses dépenses,
tout ceci à condition qu'il ait respecté les prescrits de sa mission telle qu'assignée
par le donneur d'ordre.

4.4.3. L'agent commercial :

L'agent commercial est un mandataire professionnel chargé de façon


permanente de négocier et, éventuellement, de conclure des contrats de vente,
d'achat, de location ou de prestation de services au nom et pour le compte de
producteurs, d'industriels, de commerçants ou d'autres agents commerciaux, sans
être lié envers eux par un contrat de travail.188 Il demeure indépendant des parties
entre lesquelles il assume la mission de négociateurs. L'agent commercial a aussi
droit à une rémunération, généralement sous la forme d'une commission, qui tient
compte des éléments de l'opération (nombre et valeur des affaires). Il n'a en
principe pas droit au remboursement des frais et débours résultant de l'exercice
normal de son activité, sauf convention contraire.189

Section 5 : Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM)

L'idée de l'institution d'un Registre du Commerce découle du désir d'avoir


un répertoire de renseignements ou d'informations sur les opérateurs
économiques, dans le but d'assurer la sécurité des personnes qui traitent avec les
dits opérateurs économiques, notamment en raison des implications de
l'immatriculation des commerçants ou du défaut de celle-ci.190

Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) est défini par


l'article 34 de l'AUDCG comme étant une institution établie « aux fins de
permettre aux assujettis à la formalité d'immatriculation de faire leur demande
d'immatriculation ; de permettre aux entreprenants de faire leur déclaration
d'activité ; de permettre l'accès des assujettis et des tiers aux informations
conservées par le RCCM ; permettre de satisfaire aux exigences de sécurité, de
célérité, de transparence et de loyauté nécessaires au développement des activités
économiques ; de recevoir les inscriptions relatives au contrat de crédit-bail et,

187
Article 202 à 214 de l’AUDCG.
188
Article 216 de l’AUDCG.
189
Articles 220 à 226 de l’AUDCG.
190
A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 111.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 80
Page |
aux sûretés prévues par l'Acte Uniforme portant Organisation des Sûretés ou par
toute autres disposition légale ».

C'est ainsi qu'il est primordial d'analyser l'organisation et le fonctionnement


de cette institution qui constitue l'une des plaques tournantes des activités
économiques d'un pays.

5.1. Organisation du RCCM

Selon les prescrits de l'article 36 alinéa 1 de l'AUDCG, le RCCM local est


tenu par le greffe de la juridiction compétente ou l'organe compétent dans l'État-
partie, en l'occurrence le Tribunal de Commerce (TriCom) en RDC, sous la
surveillance du Président de ladite juridiction ou du juge délégué à cet effet ou de
l'autorité compétente dans l'État-partie.191

Comme son nom l'indique, l'OHADA a étendu le champ d'application du


Registre du Commerce au-delà de la simple immatriculation des personnes
(physiques ou morales) assujetties, pour inclure aussi l'inscription des différentes
sûretés émises par les opérateurs économiques pour garantir leurs engagements.
Il s'agit, notamment, du crédit-bail, des sûretés personnelles - cautionnement,
garantie, etc.; des sûretés mobilières - nantissement, gage, droit de rétention, etc.

• Le Fichier National : celui-ci consiste en un Registre National


visant à centraliser toutes les informations recueillies par les différents
RCCM du pays, au moyen de copies sous forme papier ou numérique, ainsi
qu'à assurer la sécurité des personnes traitant avec les personnes
enregistrées au RCCM, sous la surveillance du Ministère de la Justice.192
Ceci permet, notamment, d'éviter de voir un commerçant s' immatriculer
dans une ville du pays, alors qu'il est sous le coup d'une interdiction dans
une autre ville.193

191
En RDC, ce greffe du Tribunal de Commerce faisant office de RCCM fait partie intégrante du Guichet Unique
de Création d'Entreprise - GUCE, qui a été créé par le Décret N°12/045 du 1er Novembre 2012 portant création,
organisation et fonctionnement du Guichet Unique de Création d'Entreprise, tel que modifié et complété à ce jour
par le Décret N°14/04 du 08 Mai 2014. En attendant l'installation de Guichets Uniques et Tribunaux de Commerce
sur toute l'étendue de la République, les greffes des Tribunaux de Grande Instance jouent aussi le rôle de RCCM
dans les provinces et contrées sans Guichet Unique ou Tribunal de Commerce.
192
Les dispositions sur le Fichier National sont prévues aux articles 73 à 75 de l'AUDCG.
193
A.P. Santos et J.Y. Toé, op cit, p.116.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 81
Page |

• Le Fichier Régional : celui-ci est tenu par la Cour Commune


de Justice et d'Arbitrage et rassemble les renseignements et informations
tenues par les différents Fichiers Nationaux et pourrait se révéler très utiles
pour des investisseurs ou opérateurs économiques de différents États-
parties de l’OHADA ou même en dehors de l'espace OHADA, qui seraient
à la recherche de renseignements sur des partenaires potentiels dans un de
États-parties de l'OHADA.

• L'informatisation du RCCM, du Fichier National et du


Fichier Régional, l'utlisation du support informatisé ou numérique, en plus
du support papier, pour stocker les informations reçues par le RCCM a été
prévue dans le but de faciliter l'échange de données entre les différents
niveau du Registre (local, national et régional). C'est dans cette logique que
l'article 82 de l'AUDCG prévoit que les documents sous forme électronique
peuvent se substituer aux documents sur support papier et sont reconnus
comme équivalents lorsqu'ils sont établis et maintenus selon un procédé
technique fiable.

5.2. Les inscriptions prévues au RCCM

5.2.1. Demandes d'immatriculation et déclaration d'activité

• Tout commerçant en début d'activité dispose d'un mois à dater


du début de son activité pour solliciter son immatriculation auprès du greffe
du tribunal compétent (Tribunal de Commerce).194

• La demande d'immatriculation des personnes physiques est


faite par le remplissage par le requérant d'un formulaire ad hoc mis à sa
disposition par le greffe du tribunal dans le ressort duquel il veut exercer
son activité. Il doit donner les renseignements ci-après195:

- Ses noms, prénoms et domicile personnel ;


- Ses date et lieu de naissance ;
- Sa nationalité ;

194
Articles 44 et 46 de l’AUDCG.
195
Article 44 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 82
Page |

- Le cas échéant, le nom sous lequel il exerce son activité, ainsi que
l'enseigne utilisée ;
- La ou les activités exercées ;
- Le cas échéant, la date et le lieu de mariage, le régime matrimonial
adopté, les clauses opposables aux tiers restrictives de la libre
disposition des biens des époux ou l'absence de telles clauses, les
demandes en séparation de biens ;
- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile et nationalité
des personnes ayant le pouvoir général d'engager par leur signature
la responsabilité de l'assujetti ;
- L'adresse du principal établissement et, le cas échéant, celle de
chacune des succursales et de chacun des établissements exploités
sur le territoire de l'État-partie ;
- Le cas échéant, la nature et l'adresse des derniers établissements qu'il
a exploités précédemment avec l'indication de leur numéro
d'immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier ;
- La date du commencement, par l'assujetti, de son activité et le cas
échéant de celle des autres succursales et établissements ;
- Toute autre indication prévue par des textes particuliers.

Les pièces justificatives à déposer en même temps que la demande


d'immatriculation pour personne physique196:

- Un extrait de son acte de naissance ou de tout document administratif


justifiant de son identité ;
- Un extrait de son acte de mariage en tant que de besoin ;
- Une déclaration sur l'honneur signée du demandeur et attestant qu'il
n'est frappé d'aucune des interdictions prévues par l'article 10 ci-
dessus. Cette déclaration sur l'honneur est complétée dans un délai
de soixante-quinze (75) jours à compter de l'immatriculation par un
extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document qui en tient
lieu ;
- Un certificat de résidence ;

196
Article 45 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 83
Page |

- Une copie du titre de propriété ou du bail ou du titre d'occupation du


principal établissement et le cas échéant de celui des autres
établissements et succursales ;
- En cas d'acquisition d'un fonds ou de location-gérance, une copie de
l'acte d'acquisition ou de l'acte de location-gérance ;
- Le cas échéant, une autorisation préalable d'exercer le commerce ;
- Le cas échéant, les pièces prévues par des textes particuliers ;

La demande d'immatriculation des personnes morales est faite par le


remplissage par le requérant d'un formulaire ad hoc mis à sa disposition par le
greffe du tribunal de son ressort, avec les renseignements suivants 197 ;

- La raison sociale ou la dénomination sociale ou l'appellation


suivant le cas ;
- Le cas échéant, le sigle ou l'enseigne ;
- La ou les activités exercées ;
- La forme de la personne morale ;
- Le cas échéant, le montant du capital social avec l'indication du
montant des apports en numéraire et l'évaluation des apports en
nature ;
- L'adresse du siège social, et le cas échéant, celle du principal
établissement et de chacun des autres établissements ;
- La durée de la société ou de la personne morale telle que fixée par
ses statuts ou le texte fondateur ;
- Les noms, prénoms et domicile personnel des associés tenus
indéfiniment et personnellement responsables des dettes sociales
avec mention de leur date et lieu de naissance, de leur nationalité, le
cas échéant, de la date et du lieu de leur mariage, du régime
matrimonial adopté et des clauses opposables aux tiers restrictives de
la libre disposition des biens des époux ou l'absence de telles clauses
ainsi que les demandes en séparation de biens ;
- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, et domicile des gérants,
dirigeants, administrateurs ou associés avant le pouvoir général
d'engager la personne morale ou le groupement ;

197
Article 46 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 84
Page |
- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance, domicile des
commissaires aux comptes, lorsque leur désignation est prévue par
l'Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et des
groupements d'intérêt économique ;
- Ou toute autre indication prévue par une disposition légale
particulière.

Les pièces justificatives à déposer en même temps que la demande


d'immatriculation pour personne morale198:

- Une copie certifiée conforme des statuts ou de l'acte fondateur ;


- La déclaration de régularité et de conformité ou de la déclaration
notariée de souscription et de versement ;
- La liste certifiée conforme des gérants, administrateurs, dirigeants ou
associés tenus indéfiniment et personnellement responsables ou
ayant le pouvoir d'engager la société ou la personne morale ;
- Une déclaration sur l'honneur signée du demandeur et attestant qu'il
n'est frappé d'aucune des interdictions prévues par l'article 10 ci-
dessus. Cette déclaration sur l'honneur est complétée dans un délai
de soixante-quinze (75) jours à compter de l'immatriculation par un
extrait de casier judiciaire ou à défaut par le document qui en tient
lieu ;
- Le cas échéant, une autorisation préalable d'exercer l'activité du
demandeur ;

Tout commerçant déjà menu d'un numéro d'immatriculation, est obligé de


faire une demande d'immatriculation auprès du greffe du Tribunal dans le ressort
duquel il aimerait installer une succursale ou établissement. La succursale peut
être définie comme étant « un établissement commercial ou industriel ou de
prestations de services, appartenant à une société ou à une personne physique et
doté d'une certaine autonomie de gestion ».199

La demande d'immatriculation d'une succursale doit être faite dans le mois


de la création de la succursale et doit comporter les renseignements ci-après:

198
Article 47 de l’AUDCG.
199
Article 116 de l’AUSCGIE
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 85
Page |
- Le cas échéant, son nom commercial, son sigle ou son enseigne ;
- La dénomination sociale ou le nom de la succursale ou de l'établissement ;
- La ou les activités exercées ;
- La dénomination sociale de la société étrangère propriétaire de cette
succursale ou de cet établissement ; son nom commercial ; son sigle ou son
enseigne; la ou les activités exercées; la forme de la société ou de la
personne morale ; sa nationalité ; l'adresse de son siège social ; le cas
échéant, les noms, prénoms et domicile personnel des associés indéfiniment
et personnellement responsables des dettes sociales ;
- Les noms, prénoms, date et lieu de naissance de la personne physique
domiciliée sur le territoire de l'État-partie, ayant le pouvoir de
représentation et de direction de la succursale.

Concernant l'entreprenant, la déclaration d'activité à laquelle il est assujetti


doit être faite avant le début de son activité.200

5.2.2. Radiations

La radiation d'un commerçant (personne physique ou personne morale) peut


aussi intervenir, soit à la requête du commerçant lui-même, soit sur décision du
juge compétent à la demande du greffe (au cas où le concerné n'aurait pas fait de
demande de radiation dans le délai prescrit par la loi), soit à la demande des tiers
(ayants droit d'un commerçant décédé ou liquidateur en cas de dissolution d'une
société).201 Le commerçant peut aussi demander sa radiation du RCCM en cas de
déménagement ou du transfert du lieu de l'exercice de son activité202 Dans ce cas,
il introduira une nouvelle demande d'immatriculation au RCCM de la juridiction
dans le ressort de laquelle il a transféré son activité.203 La radiation a pour effet de
faire perdre au concerné tous les droits rattachés à l'immatriculation.204

4.2.3. Inscription des mentions modificatives, complémentaires et


secondaires :

Tout commerçant dont la situation personnelle connaît des modifications


ultérieures à son immatriculation est tenu de faire une demande de rectification
200
Article 62 alinéa 3 de l’AUDCG.
201
Article 51 de l’AUDCG.
202
Article 51 de l’AUDCG.
203
Ibidem
204
Article 57 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 86
Page |
auprès du RCCM dans les trente jours de cette modification.205 Pour les personnes
physiques cette modification peut porter sur l'état civil, le régime matrimonial, la
capacité, et l'activité des personnes concernées; pour les personnes morales, il
s'agit de toute modification quelle qu'elle soit dans leurs statuts, l'AUSCGIE
prescrivant aussi l'inscription de certains actes tels que la désignation, la
démission ou la révocation des dirigeants de la société.206

4.2.4. Inscription des sûretés mobilières :

Les sûretés mobilières devant être inscrites au RCCM sont de plusieurs


nature mais peuvent être réparties en trois catégories : les nantissements, les
privilèges ainsi que les autres sûretés réelles mobilières. 207 L'inscription des
sûretés mobilières est faite à la requête du créancier, de l'agent de sûreté ou du
consultant à qui cette mission est confiée, tandis que celle des privilèges généraux
du Trésor Public, de l'administration des douanes et des institutions de Sécurité
Sociale est effectuée à la diligence du comptable public de l'administration
créancière.208

Concernant les nantissements, ceux-ci peuvent porter sur des créances ; sur
les droits d'associés et des valeurs mobilieres d'une société commerciale ou d'une
personne morale assujettie à l'immatriculation; et sur le fonds de commerce.

• Les privilèges concernent les droits que donne la loi à un


créancier de se faire payer sur le prix de vente d'un ou plusieurs biens du
débiteur par référence à d'autres créanciers.

• Les autres sûretés mobilières concernées ici sont la clause de


réserve de propriété et le crédit-bail. La réserve de propriété est une
opération par laquelle le vendeur d'un bien s'en réserve la propriété jusqu'au
paiement total du prix.209Le crédit-bail est une opération de financement par
laquelle un établissement de crédit nommé le crédit bailleur, donne en
location à un crédit-preneur des biens d'équipement, de droits ou de biens
immobiliers, avec option pour le crédit-preneur, à un moment quelconque

205
Article 52 de l’AUDCG.
206
Article 124 de l’AUSCGIE.
207
Voir Article 52 de l’AUS.
208
Article 51 de l’AUS.
209
Définitions tirées du Dictionnaire Juridique en ligne - https://www. dictionnaire:
juridique.com/definition/credit-bail.php (visité le 19 Janvier 2019) et de A.P. Santos et Y.Y. Toé, op cit, p.152
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 87
Page |
du contrat, souvent à l'échéance, de devenir propriétaire des biens ou droit
concernés.

5.3. Le contentieux relatif au RCCM

Le greffier ou le responsable de l'organe compétent en charge du RCCM


veillent à ce que toutes les inscriptions faites au RCCM par les personnes
assujetties veillent à ce que celles-ci soient complètes, régulières et conformes à
la procédure établie par la loi. Ils ont un délai de trois mois pour analyser toutes
les demandes d'inscription et déclarations.

En cas de constat d'inexactitudes, ils peuvent convoquer le demandeur ou


le déclarant en vue d'obtenir des explications ou des pièces complémentaires.210
Cette décision doit être motivée et notifiée à la partie concernée, qui dispose d'un
droit de recours contre la décision dans un délai de 15 jours à compter de sa
notification. Ce recours est fait devant la juridiction compétente ou l'autorité
compétente dans l'État-partie concerné (en l'occurrence le Tribunal de
Commerce). La décision de la juridiction est elle aussi susceptible de recours
endéans 15 jours à compter de la date de son prononcé.211

210
Article 66 alinéa 3 de l'AUDCG.
211
Article 66 alinéa 5 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 88
Page |

DEUXIEME PARTIE : LE FONDS DE COMMERCE, LE BAIL A


USAGE PROFESSIONNEL ET LA VENTE COMMERCIALE

Bases légales :

- Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant sur le Droit Commercial Général


(AUDCG), tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- Acte Uniforme du 17 Avril 1997 portant Organisation des Sûretés (AUS),
tel que révisé le 15 Décembre 2010 ;
- Acte Uniforme portant du 10 Avril 1998 portant Organisation des
Procédures Simplifiées de Recouvrement et Voles d'Exécution
(AUPSRVE).

Objectifs :

- Comprendre et maitriser les notions de fonds de commerce, de bail à usage


professionnel et de la vente commerciale ;
- Comprendre les différentes opérations qui peuvent porter sur ces trois
notions, ainsi que leurs effets juridiques ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 89
Page |

CHAPITRE I : LE FONDS DE COMMERCE

L'exercice de l'activité économique peut prendre plusieurs formes.


l'exploitation du fonds de commerce en est une autre. Dépourvu à ce jour de
définition légale 212 , la doctrine s'accorde, néanmoins à définir le fonds de
commerce comme un ensemble de biens réunis pour attirer la clientèle213.

Section 1 : Notions sur le fonds de commerce et sa nature

Le fonds de commerce peut être défini comme étant un « ensemble de


moyens qui permettent au commerçant d'attirer et de conserver une clientèle ».214
En d'autres termes, il s'agit de « l'ensemble des biens meubles qu'un commerçant
organise et assemble pour conquérir une clientèle ».215 De manière plus explicite,
le fonds de commerce se définit comme un meuble incorporel composé d'un
ensemble de biens meubles corporels matériels, outillage, marchandises) et
incorporels ( clientèles, droit au bail, signes distinctifs, propriété industrielle),
constitué en vue d'exploiter une clientèle commerciale216. Dimitri HOUTCIEFF
estime que le fonds de commerce est un agrégat d'éléments disparates que l'on
considère sous l'angle d'une unité, en tant qu'ils sont tous et chacun au service de
l'activité commerciale.217

Fort de l'étonnante alchimie autour de sa composition qui fait de lui une


universalité218, le fonds de commerce est une fiction juridique219. A ce titre, il peut
faire l'objet de plusieurs opérations dont la location-gérerance, le nantissement et
la cession. La régularité des opérations dont fait l’objet le fond de commerce
traduit une dynamique qui peut attester de l’attractivité des opérateurs

212
D. Legeais, Droit commercial et des affaires, 23-me éd. Paris, Sirey, 2017, p.67 cité par A.
LOBO KWETE « la sécurité des mutations du fonds de commerce » in colloque sur Padhésion de la RDC à
l'OHADA : d Dix ans après : Bilan et perspectives, p.49
213
F.-X. Lucas et D. Poracchia, Manuel de droit commercial, 2°me édition, Paris, PUF, 2021, p.180;
214
Article 135 de l'AUDCG.
215
Y. Reinhard, Y et autres, op cit, p. 363, cité par L. Chiribagula, op cit, p. 172.
216
A. Bennini, A. Dadoun et al., Droit des affaires, Paris, éd. Enrick, 2022, p. 78
217
HOUTCIEFF ( D), Op.cit, p. 245 ;
218
F-X Lucas et Porachia, Op .Cit , p. 180 cité par A. LOBO KWETE, Op.Cit , p. 49
219
A. Bennini, A. Dadoun et al., et al. , op.cit, p. 78.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 90
Page |
économiques vers une sphère géographique donnée et par conséquent, devenir un
paramètre d'appréciation du niveau de l'activité économique d'un pays, d'une ville
ou d'un quartier. Facteur de circulation des richesses, le circuit d'exploitation du
fonds de commerce fait intervenir activement ou passivement plusieurs
intervenants non sans enjeux juridiques et économiques, aussi bien à l'égard de
ces intervenants qu'à l'égard de l'écosystème économique dans lequel il est
exploité. Ainsi par exemple, une enquête menée au niveau du Guichet Unique de
création d'entreprise (GUCE) , organe étatique qui a en charge la tenue du Registre
du commerce et du crédit mobilier (RCCM) en République Démocratique du
Congo, révèle qu'entre 2013 et 2022, cette institution a enregistré 900 inscriptions
de nantissement de fonds de commerce dont 885 en cours et 15 radiées ; 100
inscriptions de location-gérance de fonds de commerce dont 90 en cours et 10
radiées ; et 800 inscriptions de cession de fonds de commerce dont 795 en cours
et 5 radiées ; soit au total, 1800 inscriptions dont 1.770 en cours et 30 radiées220.
ces chiffres témoignent tant soit peu de l'effectivité de la mobilité du fonds de
commerce en République Démocratique du Congo qui est le 17ème et dernier pays
à ce jours à avoir adhéré à l'OHADA.

Les sociétés commerciales (personnes morales) et les commerçants


personnes physiques disposent tous les deux, en principe, d'un fonds de
commerce. Son importance et son contenu varient considérablement selon que l'on
est en présence d'une société, d'un commerçant personne physique, d'une industrie
ou d'un commerce de détail.

Etant donné son importance pour le commerçant, le fonds de commerce fait


l’objet d'une réglementation particulière en droit OHADA aux artides 135 et
suivants de l'AUDCG. La protection du fonds de commerce se justifie compte
tenu d'une part, des investissements intellectuels et fnanciers qu'a réalisés le
commerçant lors de la création de son entreprise et, d'autre part, dans la mesure
où il faudrait protéger les créanciers du commerçant débiteur contre la dissipation
du fonds de commerce en cas de cession de ce dernier.221

Le fonds de commerce a la particularité de se présenter sous deux aspects à


première vue contradictoires. D'un côté, il présente un aspect disparate, en ce qu'il
s'agit d'une propriété incorporelle rassemblant différents éléments unis entre eux

220
Données recueillies au Service NTIC du GUCE, fin Août 2022 tel que relevé par André LOBO KWETE
221
A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 197.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 91
Page |
dans un but commun qui est d'attirer et de maintenir la clientèle.222 D'un autre côté,
il présente également un aspect unitaire dès lors qu'il ne se confond pas avec les
différents éléments qui le composent.

Compte tenu de cette particularité du fonds de commerce, sa nature fait


l'objet de plusieurs controverses en doctrine. Certains le considèrent, en effet,
comme un patrimoine d'affectation doté d'un actif et d'un passif propre.223 D'autres
estiment, au contraire, que le fonds de commerce constitue une universalité de
fait, définie comme un assemblage de biens réunis par une personne pour servir
une destination commune, et exclusive de toute idée de passif propre.224 Enfin une
dernière catégorie d'auteurs propose de voir le fonds de commerce comme un droit
de clientèle.225

Toutefois, quelle que soit la nature juridique du fonds de commerce, celui-


ci se caractérise par trois éléments ou critères :

Premièrement, le fonds de commerce est un bien unitaire distinct des


éléments qui le composent. Il peut dès lors être vendu, apporté en société, donné
en location, nanti, etc.

Deuxièmement, le fonds de commerce est un bien incorporel, quand bien


même il comprend des éléments corporels.

Troisièmement, le fonds de commerce doit être considéré comme un bien


meuble. Toutefois, compte tenu du fait que le fonds de commerce est, en général,
attaché à l'immeuble où il est exploité, le privilège du vendeur et le nantissement
du fonds de commerce sont soumis à une publicité analogue à la publicité
immobilière.

Section 2 : Éléments constitutifs du fonds de commerce

Les éléments essentiels ou obligatoires du fonds de commerce sont donnés


à l'article 136 de l'AUDCG, qui dispose que « le fonds de commerce comprend

222
G. Ripert et R. Roblot, op cit, n°522.
223
P. Le Floch, Le fonds de commerce, Essai sur le caractère artificiel de la notion et ses limites,
Paris, L.G.D.F., 1986, n °35.
224
C'est le cas de J. Escarra et J. Rault, op cit, n°472.
225
Notamment A. P. Santos et J. Y. Toé, op cit, p. 199.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 92
Page |
nécessairement la clientèle et l'enseigne ou la clientèle et le nom commercial, sans
préjudice du cumul de la clientèle avec l'enseigne et le nom commercial ».226A
côté des éléments essentiels du fonds de commerce, l'article 137 de l'AUDCG
ajoute des éléments qui sont secondaires, à savoir : les installations, les
aménagement et agencements, le matériel, le mobilier, les marchandises en stock,
le droit au bail, les licences d'exploitation, les brevets d'inventions, marques de
fabrique et de commerce, dessins et modèles, et tout autre droit de propriété
intellectuelle nécessaires à l'exploitation. 227 Le droit au bail, qui constitue un
élément complémentaire mais très important du fonds de commerce, sera analysé
dans le prochain chapitre.

II convient de noter ici que tant la jurisprudence que la doctrine admettent


de manière unanime que les immeubles d'une part et les valeurs liquides, les
obligations du commerçant et les documents comptables, d'autre part, ne font pas
partie du fonds de commerce, bien qu'ils soient indispensables à l'exploitation du
fonds.228

2.1. La clientèle

La clientèle constitue l'élément essentiel du fonds de commerce, sans lequel


il ne saurait exister. Il n'y a donc pas de fonds de commerce lorsqu'il n'y a pas ou
plus de clientèle. Celle-ci peut être définie comme étant l'ensemble des «
personnes qui s'approvisionnent habituellement auprès d'un fonds de commerce,
en raison de la compétence ou du savoir-faire du commerçant ». 229 Elle s'entend
aussi de « l'ensemble des personnes attirées par la personnalité propre du
commerçant, par exemple ses qualités d'accueil et de compétence professionnelle
».
La clientèle n'est pas à confondre avec l'achalandage, qui lui désigne
l'ensemble des personnes attirées par la situation géographique ou la proximité
d'un commerce.230 La clientèle d'un commerçant peut être identifiée en utilisant
différents moyens, notamment le volume de vente par rapport à des personnes

226
S. Kuate Tameghe, « Hypothèses sur le dol de la cession du fonds de commerce : réflexions à partir du droit
issu du Traité OHADA », site d'information www.ohada.com, p. 1.
227
B. Y. Meuke, « Réussir la reprise du fonds de commerce dans l'espace OHADA », Jurifis Info, n° Décembre
2010, p. 22.
228
A. Pedro S. et J. Y. Toé, op cit, p. 199.
229
Y. Reinhard et autres, op cit, p.371. Voir aussi M. de Montaigne et M.F. de Raimond, Le Lamy de Droit
commercial, Fonds de commerce, Wolters Kluwer, 2015, p. 75.
230
Pour plus de détails sur la différence entre la clientèle et l'achalandage, voir M. de Montaigne et M.F. de
Raimond, op cit, p.75.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 93
Page |
déterminées, l'attachement à la marque du commerçant, sa renommée, etc. Il
faudrait cependant que cette clientèle soit personnelle au commerçant, c'est-à-dire
qu'elle doit lui être fidélisée.231 La clientèle doit, en outre, être actuelle et réelle,
c'est-à-dire résulter d'une exploitation en cours ou, au moins, d'un commencement
d'exploitation.

2.2. Le nom commercial et l'enseigne

Le nom commercial est l'appellation ou la dénomination sous laquelle un


commerçant exerce le commerce ou exploite un établissement - il peut consister
dans le nom de famille du commerçant, dans un pseudonyme, un nom de fantaisie,
etc. 232 ll peut aussi comporter un emblème (objet, animal, signe, symbole), et
celui-ci doit revêtir une forme et avoir des attributs particuliers permettant de le
distinguer

L'enseigne est une image, un symbole permettant d'individualiser un


commerce ou d'en indiquer la présence à l'attention de la clientèle dans le but
général de la fidéliser. Elle permet généralement d'identifier le lieu d'exoloitation
du commerce, ou d'attirer le regard des passants.

Section 3 : Modalités d'exploitation du fonds de commerce

3.1. L'exploitation directe

Il y a exploitation directe du fonds de commerce lorsque le propriétaire du


fonds accomplit lui-même toutes les opérations matérielles et juridiques de
gestion. Dans ce cas, le propriétaire a la qualité de commerçant. L'exploitation
directe peut également être exercée dans le cadre d'une société commerciale. Ce
sont alors les organes de la société (gérant, conseil d'administration,
administrateur général, etc...) qui exploitent effectivement le fonds. L'exploitation
est également considérée comme directe lorsque le propriétaire la confie à un tiers
qui est lié à lui par un contrat de travail (gérant salarié) ou lorsqu'elle est confiée
à un administrateur provisoire par décision de justice.233

231
Voir L. Chiribagula, op cit, p. 177.
232
Voir A.P. Santos et J.Y Toé, op cit, p. 205.
233
Voir A.P. Santos et J.Y Toé, op cit; p. 214.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 94
Page |

3.2. La location-gérance du fonds de commerce

Outre l'exploitation directe du fonds de commerce, il peut arriver qu'un


commerçant décide de confier la gestion de son fonds de commerce à un tiers
dénommé « locataire-gérant ».234 La location-gérance est définie comme étant «
une convention par laquelle le propriétaire du fonds de commerce personne
physique ou morale, en concède la location, en totalité de bailleur, à une personne
physique ou morale, locataire-gérant, qui l'exploite à ses risques et périls ».235

Le locataire-gérant ne devient donc pas propriétaire du fonds de commerce,


mais se limite à l'utilisation et à la jouissance de celui-ci.236 Cependant, il exploite
le fonds de commerce à ses propres risques et périls, toutes les pertes découlant
de son exploitation lui incombant directement. Par ailleurs, étant donné
l'importance que revêt la personnalité du gérant-locataire dans un tel contrat, celui-
ci doit être considéré comme conclu intuitu personae, et par conséquent, il ne peut
pas être cédé.

A. Conditions de conclusion de la location-gérance

Concernant la forme, à l'instar du bail à usage professionnel, aucun


formalisme n'est requis, la convention de location-gérance pouvant donc être
écrite ou verbale (l'AUDCG n'impose pas une forme particulière).

Concernant le fond, pour qu'une convention de location-gérance soit valide,


il faudrait que le propriétaire bailleur du fonds de commerce l'ait exploité, pendant
deux ans au moins en qualité de commerçant, le fonds concerné.237 Ce délai peut
être réduit à un an par le juge compétent au cas où le bailleur concerné peut
prouver qu'il est dans l'impossibilité d'exploiter personnellement son fonds ou par
l'intermédiaire de ses préposés.238

234
L. Chiribagula, op cit, p. 182. Voir P. Fieni, « Droit commercial général dans l'espace OHADA: étude
comparative de l'ancien et du nouvel Acte uniforme », Actualités Juridiques, Edition économique n° 3 / 2012, p.
22.
235
Article 138 de l'AUDCG.
236
Voir l'Arrêt N° 101/08 du 27 Mars 2008 de la Cour Suprême de Côte d'Ivoire, Affaire : Société Total Côte
d'Ivoire c/ SOUMAHORO YAYA, Actualités juridiques, n ° 62, p. 67.
237
Article 141 de l'AUDCG.
238
Article 142 de l'AUDCG
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 95
Page |

Par ailleurs, tout contrat de location-gérance devra être publié, par la partie
la plus diligente mais aux frais du locataire-gérant, dans la quinzaine de sa date,
sous forme d'extrait, au Journal Officiel.239A défaut de publication, le propriétaire
du fonds (ou bailleur) demeure solidairement responsable des dettes du locatare-
gérant nées de l’exploitation du fonds donné en location-gérance. La même règle
s’applique aussi à l'expiration de la convention de location-gérance.

B. Conséquences de la location-gérance :

Concernant le bailleur, celui-ci est censé cesser de poser des actes de


commerce liés à ce fonds pendant toute la durée de la location-gérance. En outre,
il est tenu de faire modifier son inscription au RCCM en ajoutant une mention de
mise en location-gérance de son fonds.

Concernant le locataire-gérant, il devra exploiter lui-même le fonds loué et


devra payer le loyer convenu au bailleur.240 Ce loyer sera composé de deux parties,
à savoir l'une représentant la redevance due pour la jouissance des locaux dans
lesquels l'activité commerciale est exercée, et l'autre partie pour la jouissance des
éléments corporels et incorporels du fonds de commerce. En outre, le locataire-
gérant est tenu d'indiquer sur tous les documents afférents à son commerce, sa
qualité de locataire gérant du fonds.

3.3. La cession du fonds de commerce :

Selon les prescrits de l'article 147 de l'AUDCG, le fonds de commerce peut


aussi faire l'objet d'une cession qui obéit aux règles générales de la vente. Cette
cession l'emporte nécessairement sur tous les éléments essentiels du fonds, à
savoir la clientèle et le nom commercial (ou l'enseigne).241 Ceci revient à dire que
la vente d'un des éléments cités à l'article 137 de lAUDCG n'équivaut pas à une
cession de fonds de commerce.Le propriétaire a cependant la possibilité d'inclure

239
Article 139 de l'AUDCG.
240
Article 138 de l'AUDCG. Voir Arrêt N° 512 du 23 Avril 2004 de la Cour d'Appel d'Abidjan,
Société TEXACO-CI Conseil SCPA F.D.K.A c/ KOUASSI YAO Samuel, (www.ohada.com, OHADATA J-05-
318).
241
Voir Jugement N° 984 du 12 Décembre 2001 du Tribunal de Grande Instance de
Ouagadougou, OK-RAIDS c/ LATIL, (www/ohada.com, OHADATA J-04-03); Article 148 de
l'AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 96
Page |
dans la vente, au-delà des éléments essentiels, d'autres éléments corporels ou
incorporels.242

La cession du fonds de commerce est constatée par écrit et peut être réalisée
soit par un acte sous seing privé, soit par un acte authentique. 243 Cet acte doit
impérativement contenir les mentions énumérées à l'article 150 de l'AUDCG, sous
peine de nullité relative de la cession.244 Il s'agit, notamment, pour les personnes
physiques, l'état civil complet du vendeur et de l'acheteur ; leurs numéros
d'immatriculation au RCCM ; l'état des privilèges, nantissements et inscriptions
grevant le fonds, etc. Seul l'acquéreur peut donc demander la nullité de la
cession.245 En outre, il doit démontrer que cette omission ou cette inexactitude a
substantiellement affecté la consistance du fonds cédé et qu'il en subit un
préjudice.246

L'acte constatant la cession doit être déposé en copie certifiée conforme par
le vendeur ou l'acquéreur au RCCM.247 Il doit aussi être publié au Journal Officiel,
sous forme d'avis, dans un délai de quinze jours à compter de sa date, à la diligence
de l'acquéreur. Cette publication doit se faire dans le lieu où le vendeur est inscrit
au RCCM.

Le vendeur est tenu de livrer le bien vendu (en l'occurrence le fonds de


commerce) à l'acquéreur à la date convenue et il doit s'abstenir de tout
comportement qui serait de nature à gêner l'acquéreur dans l'exploitation du
fonds.248 L'acquéreur est tenu de payer le prix convenu.

Dans le cas contraire, le vendeur aura le droit de rétention sur le fonds de


commerce ou peut faire une demande de résolution de la vente.249

242
Fieni, op cit, p. 22.
243
Article 149 de l'AUDCG.
c/Société S, (www.ohada.com, OHADATA J-07-209).
244
Voir S. Kuate Tameghe, « Hypothèses sur le dol de la cession du fonds de commerce Réflexions à partir du
droit issu du Traité OHADA », (www.ohada.com, OHADATA D-10-42) p. 3 et suiv. Voir aussi Arrêt N° 68 du
14 Mai 2003 de la Cour d'Appel de Bobo-Dioulasso, Société E.
245
Voir Arrêt N° 820 du 22 Juillet 2005 de la Cour d'Appel d'Abidjan, Affaire : M. WAFO
DZUMGNG RAOUL c/ Mme SYLLA AWA, (www.ohada.com, OHADATA J-09-209).
246
s. Kuate Tameghe, op cit, p. 3.
247
Article 152 de l'AUDCG.
248
Article 155 de l'AUDCG.
249
Article 167 et 168 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 97
Page |

3.4. L’apport en société du fonds de commerce

L'apport en société d'un fonds de commerce consiste, pour le commercant


propriétaire, à transférer la propriété de ce dernier à une société en contrepartie de
sa participation au capital social de celle-ci en contrepartie duquel il reçoit des
actions ou parts sociales (apport en nature, voir le cours de droit des sociétés de
première licence). Cet apport suivra donc les règles étudiées dans le cas d'une
cession de fonds de commerce.

3.5. Le nantissement du fonds de commerce

Le fonds de commerce constitue un élément important du patrimoine du


commerce. Par conséquent, le commerçant qui désire obtenir un crédit peut
décider de mettre son fonds de commerce en garantie par le biais de la constitution
d'une sûreté. Cette sûreté, appelée le nantissement du fonds de commerce, est
réglementée par des dispositions de l'AUDCG et par celles de l'Acte Uniforme du
17 Avril 1997 portant Organisation des Sûretés (AUS), tel que révisé le 15
Décembre 2010, spécialement en ses articles 162 à 165 et 170.

Le nantissement peut être défini comme étant l'affectation d'un bien meuble
incorporel ou d'un ensemble de biens meubles incorporels, présents ou futurs, en
garantie d'une ou plusieurs créances, présentes ou futures, à conditions que celles-
ci soient déterminées ou déterminables. 250 L'article 162 précise que le
nantissement du fonds de commerce est une garantie constituée sur les éléments
incorporels dudit fonds (clientèle, nom commercial et/ou enseigne et,
subsidiairement, droit au bail, droits de la propriété intellectuelle/industrielle). Ce
nantissement peut être conventionnel, dans la mesure où il découle d'une
convention entre les parties, ou judiciaire, dans la mesure où un juge peut autoriser
un créancier à prendre une inscription de nantissement sur le fonds de commerce
de son débiteur en tant que mesure conservatoire ayant pour effet de rendre ce
fonds indisponible notamment pour tout nantissement postérieur.251

Le nantissement doit être constaté par écrit (sous peine de nullité) et


reprendre les mentions prévues à l'article 163 de l'AUS, notamment la désignation
du créancier, du débiteur et du constituant du nantissement si celui-ci n'est pas le
250
Article 125 al.1 de l’Acte Uniforme du 15 Décembre 2010 portant Organisation des Sûretés ( AUS)
251
Article 164 de l’AUS. Voir A. P. Santos et J.Y. Toé, op cit, p.231
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 98
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débiteur; les éléments du fonds nanti, etc. Par ailleurs, le nantissement, qu'il soit
conventionnel ou judiciaire, n'est opposable aux tiers que s'il est inscrit au RCCM.
Dès qu'il est confirmé, le nantissement confère donc au créancier un droit de
préférence parmi les créanciers du commerçant-débiteur, mais aussi un droit de
poursuite du fonds en quelques mains qu'il se trouve et un droit de réalisation (le
droit de requérir sa vente dans le but d'être désintéressé de sa créance).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 99
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DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 100
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CHAPITRE II : LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL

Dans son état avant l'entrée en vigueur du Droit OHADA, le droit congolais
n'a pas réglé le domaine du bail à usage professionnel. Étaient applicables dans
tous les cas, les dispositions du Décret du 30 juillet 1888 sur les contrats ou
obligations conventionnelles (les articles 373 à 416).

Ces dispositions étaient de portée générale, raison pour laquelle, elles


renvoyaient souvent aux usages du milieu. C'est dans ce cadre qu'ont été pris, pour
la Ville de Kinshasa, l'Arrêté du 12 octobre 1999 portant règlementation des beaux
à loyer. Ajoutons à ce texte l'A.M. n° 004/CAB/MIN.URB-HAB/LSIL/2007 du
29 juin 2007 portant instauration d'un contrat de location type en RDC.

Il convient de souligner que ces dispositions n'instaurent pas un régime


particulier de bail applicable au bail à usage professionnel.

Il a fallu attendre l'entrée en vigueur du droit uniforme OHADA en RDC


pour voir l'avènement d'un droit type applicable spécifiquement aux baux à usage
professionnel.

Il s'agit des dispositions contenues aux articles 101 à 134 du Livre VI de


l'AUDCG. Dans cette même perspective, il sied de relever que le législateur
OHADA n'a rien dit autour de la valeur inhérente à la garantie locative et au délai
du préavis laissant par conséquent la place au législateur national qui
malheureusement n'a rien prévu qui puisse cadrer avec le bail à usage
professionnel.252 En laissant la volonté aux parties de convenir sur la garantie
locative et le délai de préavis, ouvre une porte aux clauses abusives pouvant faire
naître de préjudices dans le chef du preneur qui est généralement la partie la plus
faible.253

252
En laissant la volonté aux parties de convenir sur la garantie locative et le délai de préavis
253
NGOMA PHANZU (G-P) , « la stabilité du bail à usage professionnel en droit OHADA », in Colloque
sur l'adhésion de la RDC à l'OHADA, Dix ans : Bilan et perspectives, Kinshasa, 2022, p.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 101
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De l’analyse du droit congolais, la solution semble être trouvée non pas
dans un texte de loi plutôt dans la combinaison des textes réglementaires précités
et combinés de l'arrêté n° SC/0118/BGV/ Min. AFUH/PLS/2013 du 27 mai 2013
portant réglementation des baux à lovers dans la ville de Kinshasa qui fixe à 6
mois la garantie locative pour un bail commercial et à 12 mois pour un bail
industriel254 etc...

Dans la même perspective, on peut reprocher à l'arrêté du Ministre de


l'Urbanisme et de l'Habitat de 2021 abrogeant celui de 2018 de n'avoir pas résolu
la question de la fixation de la garantie locative et du délai de préavis pour le bail
à usage professionnel parce qu'il parle au fait du bail commercial ; ce texte
pourtant pris après la révision de l'Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial
Général, ayant abandonné cette appellation, aurait pu combler le déficit
réglementaire lié aux questions sus évoquées en se conformant au droit OHADA,
mais hélas. L'arrêté a donc cru résoudre un problème qui malheureusement
n'existe plus et le silence persiste.255

Cet état de choses constitue une insécurité juridique pour les opérateurs
économiques qui ne savent pas identifier un texte de loi réglementant ces deux
questions ; il est souhaitable que le législateur congolais pallie cette difficulté par
une loi.

Section I. Définition du bail à usage professionnel.

Au vu de l'article 103 de l'AUDCG, le bail à usage professionnel est


toute convention écrite ou verbale passée entre le propriétaire d'un immeuble avec
une personne physique ou morale et permettant à cette dernière d'exploiter dans
les lieux loués une activité commerciale, industrielle, artisanale ou
professionnelle.

Ainsi défini, les dispositions sur le bail à usage professionnel s'appliquent :

- Aux locaux ou immeubles à usage commercial, industriel, artisanal ou


professionnel ;

254
Article 8 de l’arrêté susmentionné
255
NGOMA PHANZU ( G-P), Op cit, p.15
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 102
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- Aux locaux accessoires d'un local ou d'un immeuble destinés au même


usage ;

- Aux terrains nus sur lesquelles sont érigés avant ou après la signature du
bail des constructions à usage commercial, industriel, artisanal ou
professionnel.

Section 2. Caractère des dispositions régissant le bail à usage professionnel.

Les dispositions de l'AUSCG sur le bail à usage professionnel sont d'une


manière générale protectrices pour le preneur assurant ainsi à celui-ci,
commerçant ou professionnel, la protection et la continuité de son activité. Ce
caractère protecteur est assuré par la présence d'un certain nombre des dispositions
d'ordre public mais aussi par l'institution du droit au renouvellement du bail.

D'une manière spécifique, le bail à usage professionnel fait l'objet d'une


réglementation minutieuse laissant très peu de place aux aléas juridiques entre
parties.

En effet, dans la mise en œuvre de ce nouveau droit en RDC, il s'avère plus


que nécessaire ce, dans le cadre d'une veille juridique constante d'en dégager les
principales dispositions qui s'appliquent désormais aux contrats de bail et celles
de l'ancienne législation qui lui sont contraires et qui doivent de ce fait être
harmonisées.

Cette veille est d'autant plus nécessaire car, un contrat de bail mal rédigé est
souvent source d'insécurité juridique et économique tant pour le preneur que pour
le bailleur.

Section 3. Les dispositions spécifiques du contrat de bail à usage


professionnel OHADA.

A. Conclusion du bail.

Le législateur OHADA a institué une liberté de forme ; il en découle que le


contrat de bail peut être soit écrit ou tout simplement verbal ; aucune solennité
n'est donc exigée pour sa validité (Art. 103 ord.Pub)
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 103
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Il en découle que les articles 2 et 3 de L'Arrêté du 12 octobre 1999 et 2 de


l'AM du 29 juin 2007 ne sont plus d'application au bail à usage professionnel en
ce qu'ils imposaient un écrit et le contreseing du service d'habitat pour la validité
d'un contrat de bail.

Il en est de même de l'article 3 du même AM qui prévoyait une pénalité


équivalente à un mois de loyer en cas de non établissement d'un écrit et ou de sa
légalisation.256

B. Durée du bail.

Le droit uniforme laisse une pleine liberté aux parties de fixer la durée du
bail qui peut être déterminée ou indéterminée (Art. 104).

Cette disposition est conforme à celles des articles 4 de l'arrêté de 1999 et


7 de l'AM 29 juin 2007. Toutefois, les alinéas 2 de ces dispositions ne peuvent
plus être d'application étant entendu qu'ils sont contraire à l'article 133 de
l'AUDCG qui n'institue aucun moratoire à la résiliation du bail lié à la date de la
conclusion de celui-ci (Moratoire de deux et trois ans avant la résiliation).

1. Les obligations des parties.

a. les obligations du Bailleur

Outre les obligations classiques du bailleur consacrées également par


l'ancienne législation congolaise ( l'obligation de la stabilité de jouissance, la
jouissance paisible.), il convient d'épingler l'innovation introduite par le droit
uniforme à savoir, les modalités qui entourent l'exécution des grosses réparations
.
° Les grosses réparations.

Sont qualifiées de grosses réparations notamment, celles des gros murs, des
voutes, des poutres, des toitures, des murs de soutènement, des murs de clôture,
des fosses septiques.

256
La conclusion du bail à usage professionnel s'est démarquée du bail à usage résidentiel en ce qu'il bénéficie d'un
régime de liberté contractuelle.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 104
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La législation OHADA présente l'avantage d'avoir donné à titre indicatif ce


qu'il faut entendre par grosses réparations contrairement au CCCLIlI, dans son
article 377 qui énonce juste le principe sur la responsabilité du bailleur de procéder
aux réparations. C'est l'interprétation jurisprudentielle qui a comblé cette lacune.

En effet, le bailleur est tenu de faire procéder à ses frais à ces travaux
devenus nécessaires dans les lieux loués.

Si le bailleur refuse d'assumer ces réparations, le preneur peut se faire


autoriser par décision de justice à les exécuter conformément aux règles de l'art
pour le compte du bailleur. Dans ce cas, le juge fixe le montant des réparations et
leur modalité de remboursement.257

NB: Sur ce point, il s'agit d'une innovation du droit OHADA, la législation


ancienne étant muette à ce propos.

Que les travaux soient effectués par le bailleur ou par le preneur, celui-ci
bénéficiera de la réduction du loyer en proportion des jours pendant lesquels il a
été privé de la jouissance des lieux.

Le contrat peut aussi être purement et simplement suspendu lorsque les


travaux rendent impossible la jouissance des lieux. Cette suspension peut être
ordonnée par le juge en cas du désaccord des parties.

NB : Ces détails sont une innovation OHADA car l'article 381 du CCCLIII
ne prévoyait la possibilité de réduction du loyer que dans le cas où la durée des
travaux excédait 40 jours. Cette disposition devient donc inapplicable car,
contraire au droit uniforme.

Le législateur va jusqu'à prévoir la résiliation du contrat au profit du


preneur.

257
Sur ce point, il s'agit d'une innovation du droit OHADA, la législation ancienne étant muette à ce propos. Lire
l'article 107 de l'AUDCG qui est aussi d'ordre public
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 105
Page |

b. Les obligations du preneur.

Nous examinerons principalement l'obligation de payer le loyer convenu et


de libérer les lieux loués à l'expiration du bail

* La fixation du loyer.

La fixation du loyer mensuel est laissée à la liberté des parties sous réserve
des dispositions légales et règlementaires de chaque Etat partie (Art. 116 al. 1).

Il en découle que les prescrits de l'article 8 de l'AM du 29 juin 2007 qui


prévoient la fixation du loyer en monnaie nationale ou en référence à une devise
étrangère restent d'application.

Par contre, l'alinéa 2 de l'article 9 du même AM ne peut plus s'appliquer car,


l'alinéa 2 de l'article 116 de l'AUDCG pose le principe selon lequel le loyer est
révisable c'est-à-dire, augmenté ou diminué dans les conditions convenues
librement par les parties. Il n'est plus question uniquement de l'augmentation ce,
en cas exclusivement de la dépréciation monétaire ou en cas de plus-value du bien
loué.

En cas d'absence de fixation de la périodicité de révision du loyer au contrat,


l'AUDCG dit que celui-ci est révisable tous les trois ans.

A défaut d'un accord entre parties sur le nouveau taux du loyer, le juge peut
être saisi en vue de procéder à la fixation.

A cet effet, le juge tiendra compte de la situation des locaux, de leur


superficie, de l'état de vétusté et des prix des loyers similaires pratiqués dans le
voisinage pour y procéder (Art. 117 ord. Pub).

Ce mécanisme de fixation de loyer par voie judiciaire constitue une


innovation ohadienne mais aussi l'élargissement des éléments d'appréciation dans
cette fixation, ce qui justifie l'inapplicabilité de l'alinéa 2 de l'article 9 de l'AM du
29 juin 2007.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 106
Page |

* La libération des lieux à l'expiration du bail.

Le preneur a l'obligation de libérer les lieux loués à l'expiration du bail, sauf


à justifier qu'il attend le versement de l'indemnité d'éviction prévue à l'article 126.

Faute pour lui de satisfaire à cette obligation, le preneur s'expose à verser


au bailleur l'indemnité d'occupation égale au taux du loyer augmentée
éventuellement des dommages intérêts.258 ( article 115).

De ce fait, l'article 414 du CCCLIII n'est plus d'application car ayant le


même objet avec l'acte uniforme.

* La cession du bail.

En matière commerciale, le bail constitue un élément du fonds de


commerce ; ainsi, le preneur peut céder son contrat à une autre personne, à
condition de notifier la cession au bailleur (Article 118).

Pour ce faire, l'AU distingue deux situations :

o Lorsque le preneur cède le bail et la totalité des éléments


servant à l'exploitation de son activité, la cession s'impose au bailleur et ce
dernier dispose d'un délai d'un mois dès la notification pour manifester son
opposition (l'opposition peut se faire par voie judiciaire).

o Lorsque le preneur cède le bail et avec une partie seulement


des éléments servant à l'exploitation de son activité, la cession requiert
l'accord du bailleur et ce dernier dispose d'un délai d'un mois dès la
notification au preneur son refus ou son accord.

L'article 375 du CCCLIII devient inapplicable en ce sens que l'interdiction


d'office de cession d'un bail à usage professionnel n'est plus de mise ;

258
Lire l’article 115 de l’Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial Général.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 107
Page |

* Le droit au renouvellement du bail.

En plus de toute la panoplie de droits évoqués ci-dessus au profit du


preneur, il s'ajoute un autre de nature spécifique appelé droit au renouvellement.

Le renouvellement est un droit qui confère au preneur une illusion de


propriété ; raison pour laquelle Yves GUYON le qualifie de « propriété
commerciale ».

Le renouvellement du bail permet au preneur qui justifie avoir exploité son


activité pendant au moins deux ans d'obtenir de son bailleur le renouvellement de
son bail arrivé à expiration. Ici, le renouvellement ne dépend pas du bon vouloir
du bailleur (Art. 123 ord. Pub).259

Il en découle que l'article 393 de CCCLIII n'est plus d'application en ce qu'il


prévoit la fin de plein droit d'un bail à durée déterminée et soumet le
renouvellement à la seule volonté du bailleur.

NB : Le droit au renouvellement est une véritable innovation de l'OHADA


pour la RDC.

a. Procédure à suivre pour obtenir le renouvellement.

° Pour le bail à durée déterminée.

Le preneur qui veut user de son droit au renouvellement doit le demander


au bailleur par notification d’huissier ou par lettre avec accusé de réception au
moins trois mois avant l'expiration du bail à peine de déchéance.

Le bailleur est tenu de faire connaitre sa position dans le mois suivant la


réception de la demande faute de quoi, il est réputé l'avoir accepté.

° Pour le bail à durée indéterminée.

259
Le droit au renouvellement est une véritable innovation de l’OHADA ne RDC.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 108
Page |

Dans le cas d'un bail à durée indéterminée, le preneur qui reçoit un congé
de préavis a le droit de s'y opposer et demander le renouvellement du contrat. Ce
droit être exercé au plus tard le jour où commence ledit préavis sous peine de
forclusion (Art. 125 ord. Pub).

b. Le refus du bailleur.

o Refus non justifié.

Le bailleur qui s'oppose au droit au renouvellement du preneur sans motif


valable doit à celui-ci une indemnité d'éviction qui, à défaut d'accord entre parties
sera fixée par le juge en tenant compte de :

• Du chiffre d'affaire du preneur ;


• Des investissements réalisés par celui-ci ;
• De la situation géographique des lieux ;
• Des frais occasionnés par le déménagement.

o Refus justifié.

Le bailleur peut légitimement refuser le renouvellement au preneur sans


avoir à lui payer l'indemnité d'éviction dans les cas ci-après

- S’il justifie d'un motif grave et légitime à l'encontre du preneur (violation


d'une obligation substantielle du contrat).

Ex: le non-paiement du loyer, la cessation de l'exploitation, etc.

Pareil motif ne peut être retenu que si les faits évoqués se sont poursuivis
pendant plus de deux mois après une mise en demeure notifiée au preneur pour le
faire cesser (disposition d'ordre public).

- S’il envisage de démolir l'immeuble en vue d'en reconstruire un autre ; dans


ce cas, le preneur bénéficie d'un droit à la priorité de se voir attribuer un
bail dans le nouveau immeuble ou, à défaut, de se voir allouer l'indemnité
d'éviction (Art. 127 ord. Pub).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 109
Page |

- Lorsqu’il s'agit des locaux d'habitation accessoires aux locaux principaux,


dans l'hypothèse où il envisage les habiter lui-même ou ses proches ; sauf
pour le preneur de prouver que cette reprise porte préjudice à la jouissance
des locaux principaux.

c. Le sort des constructions et aménagements effectués.

Lorsque ceux-ci l'ont été avec l'autorisation du bailleur, le preneur qui a


perdu le droit au renouvellement quel que soit le motif a droit au remboursement
des impenses.

d. La fin du bail à usage professionnel.

1. Les faits ne pouvant pas donner lieu à la résiliation.


a. Le bail ne prend pas fin par la cessation des droits du bailleur.

Il s'agit du cas de vente ou de mutation.

Le nouvel acquéreur est substitué de plein de droit à l'ancien bailleur et doit


poursuivre le bail (Art. 110 ord. pub).

L'article 399 du CCCLIII devient ainsi inapplicable en ce sens qu'il


préconise la continuité du bail en cas de vente de la chose louée que lorsque le
bail est authentique ou à durée déterminée. Il en est de même des articles 400 à
407 du même code.

b. Le décès de l'une des parties.

o En cas du décès du preneur, le bail se poursuit par son conjoint,


ses ascendants ou descendants en ligne directe qui doivent pour se faire
formuler la demande dans un délai de trois mois à compter du décès faute
de quoi, le bail est réputé résilié de plein droit.

o Lorsque les héritiers ne se mettent pas d'accord et qu'il y a


pluralité des demandes, le bailleur peut se faire designer un par le juge.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 110
Page |

o Lorsque le preneur est une personne morale, sa dissolution


n'entraine pas automatiquement la résiliation du bail. Ses obligations se
poursuivent par le liquidateur.

Toutefois, la résiliation est de plein droit après une mise en demeure de 60


jours lui adressée par le bailleur pour se prononcer et resté sans suite (Art. 110
ord. pub).

Ces détails constituent une avancée remarquable apportée par le droit


OHADA car l'article 398 de notre CCCLIII qui traite ce point n'en apporte aucune
modalité d'application, il devient donc inapplicable pour identité des matières.

2. La résiliation judiciaire du bail.

Sauf le cas où les parties ont convenu autrement, les contestations découlant
de l'application ou l'interprétation des dispositions sur le bail commercial sont
tranchés par le tribunal de la situation de l'immeuble donné en bail. Il sied de
relever que la question de la compétence du Tribunal a soulevé beaucoup de
débats compte tenu de différences dans l'organisation judiciaire des Etats Parties.
S'agit-il du juge des référés ou du juge statuant au fond ? Le législateur tranche en
faveur de la juridiction territorialement compétente statuant à bref délai. La
solution a le mérite d'être claire mais la question renvoie en réalité à la notion de
juridiction compétente statuant à bref délai. Cette juridiction n'est pas une
juridiction d'urgence ou de référé ; il s'agit d'une juridiction qui juge au fond mais
statue à bref délai.260 Telle est également la position de la CCJA dans son arrêt
067/14 du 25 Avril 2014 où elle affirme que le juge de référé n'a aucune
compétence pour prononcer la résiliation judiciaire d'un bail à usage professionnel
et a fortiori pour prononcer l'expulsion du preneur dudit bail.

a. Mise en demeure.

La partie qui décide d'aller en justice doit préalablement adresser une mise
en demeure d'un mois à l'autre en vue du respect des clauses contractuelles violées.

260
Combinaisons des dispositions pertinentes des articles 106, 107, 111, 117, 120, 122 et suivant l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 111
Page |

o À peine de nullité, cette mise en demeure doit indiquer au


destinataire les clauses du contrat violées et l'informer qu'à défaut de
s'exécuter dans le délai d'un mois, le juge statuant à bref délai sera saisi en
vue de prononcer la résiliation et éventuellement son expulsion.

o Lorsque le contrat de bail prévoit une clause résolutoire de


plein droit, le juge saisi se limitera à constater la résiliation et prononcera
l'expulsion du preneur éventuellement (Art. 133 ord. pub).

b. Notification de l'exploit aux créanciers.

Si un fonds de commerce est exploité dans les lieux loués, le bailleur qui
entend poursuivre la procédure d'expulsion doit notifier son exploit introductif
d'instance aux créanciers de ce fonds. Il s'agit des créanciers inscrits.

c. Le jugement à intervenir.

Il est fait obligation au juge de sursoir à se prononcer pendant une période


d'un mois à compter de la date de la notification de l'exploit aux créanciers
(dispositions d'ordre public).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 112
Page |

CHAPITRE 5. LA VENTE COMMERCIALE

La vente commerciale fait partie des contrats spécifiques beaucoup usités


dans le monde des affaires.261

Le régime de la vente commerciale est celui de l'Acte Uniforme portant sur


le droit commercial général, à l'exception de quelques tempéraments introduits
par la jurisprudence et les usages. Plus généralement il existe un droit de la vente
entre professionnels qui s'oppose au droit de la vente entre professionnels et
consommateurs.

Section 1. Formation du contrat de vente

S'appliquent les règles de droit commun de formation des contrats. Mais ici,
la lésion, en tant que disproportion entre le prix et la valeur de la chose, n'est pas
une cause de nullité.

La vente commerciale est parfaite lorsque l'offre parvient au destinataire,


c'est l'hypothèse de la remise effective de la marchandise262 ; Par ailleurs dans la
vente civile, s'applique la règle du consensualisme puisque la vente est conclue
dès qu'il y a accord entre les parties sur le prix et sur la chose. Les deux parties
étant d'accord sur les principaux éléments du contrat, la promesse vaut alors vente.

Le caractère de la vente peut lui conférer des particularités :

• Dans les ventes commerciales, les conditions générales de


vente et d'achat ont une importance particulière puisqu'il s'agit de clauses
ou de formulaires types imposés par la partie au contrat en position de force.

• Le silence du destinataire de l'offre vaut souvent acceptation


de cette dernière.

261
LUTUMBA wa LUTUMBA (P-O), « l'intégrité de la vente commercial », in Colloque sur l'adhésion de la RDC
à l'OHADA, Dix ans après : Bilan et perspectives;
262
Lire l'article 242 de l'AUDCG;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 113
Page |

Certaines formes de vente sont plus fréquentes en matière commerciale


qu'en matière civile : vente à l'essai (essai avant achat), ventes en disponible
(produit pas présenté le jour de l'achat, l'acheteur peut donc agréer ou refuser la
marchandise) et vente de dégustation.263

Dès la conclusion du contrat, le prix doit être déterminé ou déterminable ou


en mesure de l'être. Le prix peut être déterminé par une clause ou par indexation.

L'objet doit répondre aux critères de droit commun :


- Il doit être possible ;
- Il doit être licite, c'est-à-dire sur des choses étant dans le commerce.

Il doit être déterminé ou du moins déterminable à l'époque fixée pour la


livraison. La vente peut porter sur des corps certains (ex : une machine) ou sur des
choses de genre (ex : du riz). La vente peut porter sur des choses déjà existantes
entre les mains du vendeur ou sur des choses que le vendeur ne possède pas encore
mais qu'il s'engage à se procurer ou à fabriquer.

S'agissant des choses de genre, l'individualisation de la chose s'opère lors


de l'exécution du contrat. C'est l'individualisation qui marque la date du transfert
de propriété des risques.

Enfin, la vente commerciale n'est soumise en principe à aucune condition


de forme et peut être prouvée par tous moyens, y compris par témoignage et
présomption.

Section 2. Transfert de la propriété

Il présente plusieurs intérêts :

C'est à partir de cette date que la chose passe aux risques de l'acheteur :
si la chose vient à périr sans faute du vendeur, l'acheteur devra quand même en
payer le prix au vendeur, il ne pourra plus demander la résolution du contrat, ni
de dommages-intérêts.

263
L’essai et la gustation sont considérés par KATCHUNGA KANEFU Lucien comme des avants contrats.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 114
Page |

Une clause du contrat peut prévoir que le prix sera fixé d'après le cours du
jour de la date du transfert de propriété.

Une fois la propriété transférée, si le vendeur subit une procédure collective,


l'acheteur pourra quand même exiger la remise du bien resté entre les mains du
vendeur. Si c'est l'acheteur qui subit la procédure, et alors qu'il n'a pas payé le prix,
le vendeur perd le droit de réclamer la chose déjà livrée, alors même qu'il en aurait
conservé la propriété.

La date de transfert de la propriété connaît des exceptions légales. Le


transfert est retardé pour les ventes de choses de genre jusqu'à leur
individualisation, il en est de même pour les choses futures. Le transfert est le plus
souvent retardé jusqu'au complet paiement du prix (clause de réserve de
propriété). Ceci présente un grand intérêt pour le vendeur en cas de procédure
collective engagée à l'encontre de l'acheteur, puisqu'il va pouvoir réclamer son
bien. La clause n'est valable que si elle a été convenue entre les parties dans un
écrit établi au plus tard au moment de la livraison. Par principe, la chose ne peut
être revendiquée que si elle existe en nature au moment de l'ouverture de la
procédure collective.

Section 3. Les obligations du vendeur

§1. Obligation d'information et de conseil

Cette obligation a été mise à la charge des professionnels par la


jurisprudence. Le vendeur doit indiquer les modalités et les risques d'utilisation de
la chose. II doit fournir des conseils d'achat et d'utilisation. La jurisprudence a
précisé les contours de cette obligation qui concerne tant la formation que
l'exécution du contrat.

L'intensité de l'obligation varie selon les besoins du consommateur profane.


L'obligation existe principalement pour les choses dangereuses ou complexes.
L'acheteur doit collaborer afin que le vendeur lui apporte les informations dont il
a réellement besoin.

Il s'agit d'une obligation de moyens, l'acheteur devra donc prouver la faute


du vendeur. Toutefois, l'existence d'un dommage fait présumer cette faute.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 115
Page |

Le non-respect de cette obligation est une cause de nullité de la vente, il


peut aussi donner lieu au versement de dommages-intérêts.

§2. Obligation de délivrance

Conformément à l'article 250 de l'AUDCG,le vendeur est obligé de délivrer


la chose à l'acheteur, c'est-à-dire procéder matériellement à la remise de la chose
au lieu, date et conditions prévus par le contrat ou les usages. La délivrance peut
être la remise d'un titre valant délivrance de la chose. Elle peut être aussi
symbolique : marquage de bois vendus. La livraison permet d'opposer le transfert
de propriété aux tiers, elle fait perdre au vendeur son droit de résolution et de
revendication en cas de faillite de l'acheteur.

Les marchandises livrées doivent être conformes en qualité et en quantité


aux stipulations du contrat. Le vendeur n'est pas tenu de livrer la meilleure mais
ne peut obliger l'acheteur à recevoir le pire. La livraison doit porter sur la quantité
prévue au contrat. Le contrat ou les usages réservent un bref délai à l'acheteur pour
vérifier la qualité et la quantité de la marchandise lors de la livraison.

Lieu de la livraison : à défaut de précision dans le contrat ou d'usage, il


s'agit du magasin du vendeur. Le plus souvent il est déterminé par une clause du
contrat. La livraison peut se faire chez un mandataire du vendeur ou de l'acheteur.

La date de la délivrance est le plus souvent fixée par les parties, à défaut,
les usages prévoient :

- Qu’elle est immédiate dans les ventes en disponible ;


- Qu'elle correspond à la date d'acquisition de la chose par le vendeur pour
les ventes à livrer ;

Les sanctions en cas de défaut de livraison, de livraison partielle, de


livraison de marchandises non conformes ou de retard de livraison, sont celles du
droit commun :

- L'acheteur peut refuser de payer le prix tant que la livraison n'est pas
conforme ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 116
Page |

- L'acheteur peut demander au juge de contraindre le vendeur à livrer, au


besoin sous astreinte ;
- En cas d'inexécution grave, l'acheteur peut demander au juge de prononcer
la résolution du contrat de vente ;
- L'acheteur peut en plus des sanctions précédentes, demander au juge de
prononcer de dommages-intérêts en cas de faute du vendeur. Si la faute est
un retard, il faut que l'acheteur ait mis au préalable, le vendeur en demeure
de livrer, sauf clause de délai de rigueur.

Les usages commerciaux fixent deux autres sanctions :

- Demande de réfaction en cas de quantité ou de qualité non conforme au


contrat lors de la livraison ;
- Faculté de se remplacer si la chose n'est pas livrée à la date fixée.

§3. Obligation de garantie

Il s'agit ici de voir quelles sont les actions dont dispose l'acheteur déçu. Ce
dernier dispose de plusieurs actions contre le vendeur. La jurisprudence lui laisse
le choix de l'action. Les chevauchements peuvent dons être nombreux.

Lors de la formation du contrat, l'acheteur peut agir en nullité pour erreur


ou pour dol.

Si la chose livrée ne correspond pas à celle de la commande, il y a non-


conformité.

Si la chose est conforme, mais est entachée d'un défaut qui la rend inapte à
l'usage envisagé, il y a vice caché.

Après avoir longtemps assimilé ces deux actions, la jurisprudence les


distingue aujourd'hui clairement.

L'acheteur va aussi pouvoir se prévaloir de la garantie d'éviction et la


garantie contre les vices cachés du vendeur ( la jurisprudence renforce cette
obligation en exigeant du vendeur la délivrance d'une chose conforme à l'usage
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 117
Page |
auquel elle était destinée. C'est alors le manquement à l'obligation de délivrance
conforme qui est sanctionné ).

Enfin, la jurisprudence met de plus en plus à la charge du vendeur une


obligation de sécurité.

La garantie d'éviction consiste dans l'obligation pour le vendeur, de ne pas


troubler lui-même l'acheteur dans la possession des choses vendues, et de le
défendre contre les tiers qui se prétendraient propriétaires de la chose.

La garantie des vices cachés est énoncée à l'art 256 de l'AUDCG.


Toutefois, la jurisprudence a joué un rôle important dans la précision de ce texte,
et de la garantie elle-même.

La garantie ne peut être mise en œuvre que si l'acheteur rapporte la preuve


d'un vice de la chose, c'est-à-dire d'un défaut rendant la chose impropre à sa
destination normale.

Le vice doit exister lors du transfert des risques à l'acheteur, c'est-à-dire


pour les ventes commerciales au moment de la livraison de la chose. Le vice doit
être caché et non apparent. L'appréciation est faite en tenant compte des
connaissances de l'acheteur. En effet, les juges seront plus exigeants à l'égard de
l'acheteur professionnel qu'à l'égard de l'acheteur consommateur. L'acheteur doit
exercer l'action dans un bref délai. Cette condition explique pourquoi beaucoup
d'acheteurs invoquent la nullité pour erreur, dont le délai pour agir est de cinq ans,
ou la non-conformité dont le délai d'action est de trente ans. Mais aujourd'hui, le
choix de l'action par l'acheteur n'est plus libre.

S’il le peut, l'acheteur a intérêt à exercer l'action en garantie des vices


cachés, car dans ce cas, il dispose d'une option.

Il peut conserver la chose en se faisant restituer une partie du prix payé, c'est
l'action estimatoire.

Il peut aussi choisir de rendre la chose, c'est l'action rédhibitoire, forme


d'action en résolution de la vente. L'acheteur peut également obtenir des
dommages-intérêts lorsque le vendeur est de mauvaise foi, sachant que pour la
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 118
Page |
jurisprudence, le vendeur professionnel est toujours considéré comme étant de
mauvaise foi.

Les clauses extensives de propriété sont toujours valables. L'obligation de


sécurité a été posée pour la première fois par la jurisprudence. Depuis l'arrêt de la
Cour de cassation Française du 17 janvier 1995, le vendeur professionnel est tenu
de livrer des produits exempts de tout vice ou de défaut de fabrication de nature à
créer un danger pour les personnes et les biens.

L'obligation peut être invoquée par un utilisateur non contractant. Celui qui
agit n'a pas l'obligation d'agir dans un bref délai ;il n'a droit qu'à des dommages-
intérêts.

En droit Français, le contenu de cette obligation tend à être défini par la loi.
L'article L.212-1 du Code de la consommation énonce ainsi « que dès la première
mise sur le marché les produits doivent répondre aux prescriptions en vigueur
relatives à la santé et à la sécurité des personnes, à la loyauté des transactions et à
la protection des consommateurs.

La loi du 19 mai 1998 relative à la responsabilité du fait des produits


défectueux précise le régime de cette obligation de sécurité en France.

Section 3. Obligations de l'acheteur

§1. Paiement du prix264

C'est la principale obligation de l'acheteur. Il doit verser au vendeur, non


seulement le prix principal, mais aussi les frais accessoires selon les dispositions
prévues au contrat (ex : les frais de transport).

Le droit confère ici, des garanties au vendeur :

- Il peut refuser de livrer la chose et exercer sur elle un droit de rétention tant
qu'il n'est pas payé, à moins qu'il ait consenti des délais de paiement.

264
Article 263 de l’AUDCG.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 119
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- Si la chose est déjà livrée, il peut dans un bref délai, exercer un droit de
revendication sur la chose pour en reprendre possession et exercer son droit
de rétention. Il peut aussi demander la résolution de la vente, invoquer la
clause résolutoire prévue, ou encore faire prévaloir son privilège sur le prix
de la chose.

En droit commercial, si l'acheteur tombe en faillite après qu'il ait reçu


livraison de la chose, le vendeur perd toutes ses garanties et ne peut plus que
produire dans la faillite, pour le prix qui lui reste dû, comme un créancier
ordinaire, à moins qu'il n'ait introduit l'action en résolution avant le jugement
ouvrant la procédure.

§2. Obligation de retirement

Lorsque la marchandise est livrable à un endroit autre qu'au domicile de


l'acheteur, celui-ci doit la retirer dans les délais fixés par le contrat ou à défaut,
par les usages. Ces délais sont, en principe, de rigueur et entraîne de plein droit la
résolution.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 120
Page |

TROISIEME PARTIE : LES CONTRATS DE DISTRIBUTION

Les contrats de distribution que nous allons analyser, ne sont pas


réglementés en droit congolais et pourtant ils existent dans la pratique des affaires,
ce qui constitue un vide législatif que le législateur est appelé à combler en vue de
sécuriser les parties prenantes. En vue de mieux les cerner, nous recourons au droit
français.

La distribution est l'étape économique située entre la production et la


consommation. C'est l'ensemble des opérations par lesquelles un bien, après le
stade de sa production, ou une prestation de service après le stade de sa
conception, est vendu ou fourni à l'acquéreur ou à l'utilisateur final.

Le droit a dû tenir compte de la profonde évolution des modes de


distribution liée à l'apparition des grandes surfaces et à celle des réseaux de
distribution ; un corps de règles a ainsi progressivement acquis son autonomie : le
droit de la distribution. Ce droit est consacré à l'étude d'une variété de contrats de
situation, ceux qui permettent d'assurer la distribution des produits. Ces contrats
sont souvent déséquilibrés, ce qui justifie leur qualification de contrat de
dépendance. En recourant au devoir de bonne foi et de loyauté et de loyauté
contractuelle, en sanctionnant certains abus, la jurisprudence tend cependant à
rétablir l'équilibre entre les parties. La mise en œuvre de clause de résiliation de
plein droit reste une source de difficultés considérables.

Les circuits de distribution sont variés. Dans certains cas il est fait appel à
des professionnels de la distribution, dans d'autres cas, c'est un véritable réseau de
distribution qui est mis en place.

La commission et le courtage se sont rapidement révélés insuffisants pour


permettre une bonne distribution de produits d'un commerçant. Ce phénomène
s'est accentué ces dernières années avec la parution des commerçants de la grande
distribution qui exploitent des supermarchés et des hypermarchés. Aussi la
pratique a imaginé de nouvelles formes de distribution. L'une des caractéristiques
de ces nouvelles formes de distribution tient à ce que les distributeurs n'ont pas
tous le même statut. Certains sont salariés, d'autres mandataires ou encore
commerçants.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 121
Page |

S'agissant de la distribution par un salarié, les commerçants peuvent


recourir pour placer leurs produits à des voyageurs, représentants et placiers. Leur
fonction consiste à prospecter et à recueillir des commandes pour une entreprise.
En droit français, pour bénéficier de ce statut, il va falloir remplir 3 conditions :

o travailler pour une ou plusieurs personnes ;


o être subordonné à son employeur ;
o demander l'autorisation de son employeur pour prendre une
nouvelle représentation.

Il est tenu par l'obligation de loyauté dans l'exercice de ses missions. Il doit
également rendre compte de sa mission.

En ce qui concerne la distribution par un mandataire, ce dernier n'a pas la


qualité de commerçant. Il n'est pas non plus dans un lien de travail. Il lui est tout
simplement reconnu le pouvoir d'agir pour le compte de la société qui fabrique. Il
s'apparente à l'agence commerciale sinon à l'agent commercial.

Pour assurer la distribution de ses produits, un commerçant a la possibilité


de mettre en place une structure organisée composée d'autres commerçants qui
vont acheter ses produits et les revendre. Vont alors être créés des réseaux de
commerçants intégrés. En théorie, ces structures profitent aux 2 parties qui vont
collaborer pour développer une clientèle dont chacune d'elles bénéficiera. Mais en
pratique, il existe une inégalité contractuelle.265 contre laquelle le législateur tente
parfois de lutter. Le commerçant à l'initiative du réseau impose des contraintes
parfois importantes aux revendeurs qui aliènent une partie de leur liberté. Les 2
principales catégories de réseaux sont la concession exclusive et la franchise
auxquelles on peut également ajouter la distribution sélective.

265
Clauses abusives : pose un problème économique
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 122
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CHAPITRE 1. LA CONCESSION COMMERCIALE OU CONCESSION


EXCLUSIVE

Ce contrat n'est pas réglementé en droit congolais et moins encore en droit


OHADA. Il fait partie de contrats que certains appellent « contrats innomés ».
Étant donné qu'il est présent dans la pratique des affaires en RDC, son étude revêt
un intérêt.

La « concession » est le contrat commercial conclu « intuitu personae » par


lequel un commerçant indépendant dit « concessionnaire » se procure auprès d'un
autre commerçant, fabricant ou grossiste, dit le « concédant » des marchandises
qu'il s'engage à commercialiser sous la marque du concédant, lequel lui confère
une exclusivité pour un temps et dans une ère géographique délimitée. Il s'agit en
général d'une exclusivité de vente, mais des exclusivités se rencontrent également
dans les contrats de fournitures et les contrats de prestations de services.

La qualification du contrat de distribution en contrat de concession


commerciale exclusive nécessite dans un premier temps, d'étudier la mise en place
des rapports entre les parties au contrat, puis, dans un deuxième temps d'analyser
sa validité au regard du droit de la concurrence.

Section I: Les parties au contrat

La conclusion du contrat de concession exclusive est préalablement


soumise à toute une série d'opérations qui sont nécessaires à sa validité. En effet,
la conclusion des contrats de distribution est en pratique précédée d'une phase de
négociation propre au monde des affaires, ou tout d'abord, les parties doivent faire
l'objet d'une identification, puis, le contrat lui-même doit répondre à un certain
nombre de conditions quant à sa validité, et, enfin, l'objet du contrat doit être
déterminé.

La concession exclusive fait naître une relation contractuelle particulière où


se rencontrent deux protagonistes. le concédant qui es Le fournisseur (paragraphe
1), ainsi que, le concessionnaire qui est le distributeur (paragraphe 2).
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 123
Page |

Paragraphe1. La personne du concédant

L'étude du rôle du concédant au sein du contrat nous conduira à envisager


dans un premier temps la notion (A), puis dans un deuxième temps, sa liberté
quant au choix de son concessionnaire exclusif (B).

A. La notion de concédant.

Comme nous avons pu le constater précédemment lors de la définition de


la concession exclusive, généralement le concédant est un commercant, fabricant
ou un grossiste. Dans tous les cas, son rôle essentiel sera de fournir exclusivement
à son concessionnaire au sein d'un territoire qu'il aura pris soin de déterminer
préalablement à la conclusion du contrat.

Le contrat étant conclu « intuitu personae », il est tenu de l'exécuter


personnellement et loyalement. Le concédant devra assister son distributeur tout
au long du contrat, néanmoins, il devra lui garantir une certaine. indépendance,
notamment dans le cadre de son activité, sous peine de voir sa responsabilité
engagée.266

B. Le libre choix du concessionnaire.

Le choix de son concessionnaire par le concédant est important dans la


mesure où il sera le seul à commercialiser ses produits sur le territoire. De plus,
dans la majorité des cas, les produits destinés à la vente sont attachés une marque
prestigieuse, c'est pourquoi le concessionnaire choisi doute être à la hauteur. En
effet, ce dernier aura la responsabilité de préserver l’image de marque des
produits, c'est la l'essence de la concession exclusive.

Dès lors, le concédant recherchera un concessionnaire « ayant dans le


ressort, de l’expérience sans routine, le sens de l'initiative mais sachant accepter
une certaine discipline, de l'ambition mais tempérée par le respect de la parole
donnée, de la persévérance sans entêtement, le goût du risque raisonné, du bon
sens, permettant de discerner entre le vrai et le faux, l'excessif et le mesuré, les

266
Didier Ferrier, le concédant engage sa responsabilité en s'immisçant dans l'activité du distributeur, RECUEIL
DALLOZ, 1995, p. 79
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 124
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rêves et la réalité ...; en un mot le bon distributeur est un homme de caractère »267
Cela est d'autant plus vrai en ce qui concerne la distribution des produits de luxe
où la clientèle qui pénètre dans le magasin s'attend à un certain standing.

Cependant, il est important de préciser que si le concédant exclusif est libre


de traiter avec la personne de son choix, il est tenu de respecter les critères
qualitatifs qui justifient la distribution exclusive. Dès lors, le libre choix du
concessionnaire par le concédant est soumis à une condition : ce choix ne doit pas
être fait de manière discriminatoire.268

En effet, dans un arrêt en date du 25 janvier 2000 la chambre commerciale


de la cour de cassation Française est revenue sur sa jurisprudence antérieure qui
admettait le principe de liberté de choix en matière de distribution exclusive.269

L'arrêt déféré, qui avait décidé que le refus d'agrément en vue de devenir
concessionnaire opposé à une société, a été censuré pour manque de base légale,
dès lors que les motifs de l'arrêt ne permettaient pas de vérifier si les
concessionnaires étaient choisis selon les mêmes critères objectifs opposables à
tous les candidats. Il s'agit là d'une référence au principe d'égalité.

Il convient désormais de s'attacher à l'étude du concessionnaire.

Paragraphe2. La personne du concessionnaire

Afin de mieux cerner la place du concessionnaire au sein du contrat, nous


nous intéresserons d'abord à la notion (A), puis, à son rôle B).

A. La notion de concessionnaire.

Le concessionnaire est celui qui bénéficie de l'exclusivité conférée par le


concédant. Il s'agit d'un commerçant juridiquement indépendant, propriétaire de
son fonds de commerce qui achète les produits de son concédant pour les revendre
à ses propres clients. Dès lors, le concédant est un vendeur et le concessionnaire

267
Philippe TOURNEAU, la concession commerciale exclusive, ECONOMICA, 1994, p.15
268
Didier Ferrier, le concédant est libre de traiter avec la personne de son choix dès lors qu'il respecte des critères
qualificatifs justifiant la distribution exclusive, RECUEIL DALLOZ, 1997, sommaires commentés p.53 ; voir
aussi CA Paris 11 décembre 1990, Bulletin d'information de la cour de cassation du 15 Avril 1991 n°323.
269
Cass. Com 25 Janvier 2000 pourvoi n° 97-15-292.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 125
Page |
270
est un revendeur. Il peut être une personne physique, mais rien ne s'oppose au
fait qu'il soit une société, cela est très fréquent en pratique. En effet, ces sociétés
ont généralement comme seul objet social, l'exploitation de la concession
commerciale.

Le contrat doit également être fourni à la Direction Générale de la


Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes en France.

B. Le rôle du concessionnaire.

A travers le contrat, le concessionnaire s'engage de façon exclusive à


acheter les produits du concédant. De la même façon que le concédant il est tenu
d'une obligation de loyauté.

L'intérêt pour le concessionnaire est l'assurance d'un chiffre d'affaire dans


la mesure où il est le seul sur le territoire à pouvoir commercialiser un type de
produit, à l'exception de la parfumerie qui est également vendue par un réseau des
distributeurs agréés (distribution sélective).

En droit Français, la loi prévoit trois conditions quant à l'application du


texte :

* La mise à disposition de signes distinctifs, ce n'est pas un droit mais un


prêt à usage, ce qui exclut la cession de marque. En l'espèce, nous nous trouvons
bien dans ce cadre puisque le concédant octroi l'usage de la marque au
concessionnaire tout en restant propriétaire des droits de propriété intellectuelle
sur la marque.

* Un engagement d'exclusivité ou de quasi exclusivité, ce qui sous-entend


la présence d'une clause d'exclusivité dans le contrat. Un intérêt commun entre les
parties, c'est une condition marginale car elle est souvent ignorée par la
jurisprudence. Là où elle trouve son importance c'est lors de l'appréciation de la
condition d'exclusivité, en ce sens qu'elle permet de l'apprécier d'une meilleure
manière.

270
Claude CHAMPEAUD, la Concession commerciale, revue trimestrielle de droit commercial, Paris, 1963 p.
451.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 126
Page |

Les documents visés par cette obligation.

Le contenu du document a été précisé en droit français par un décret du 4


avril 1991. Il doit notamment contenir l'adresse du siège de l'entreprise, la nature
de ses activités, le numéro d'immatriculation au registre du commerce et des
sociétés, les domiciliations bancaires de l'entreprise, la date de création de
l'entreprise ... en résumé le fournisseur doit donner toutes les informations sincères
permettant au distributeur de s'engager en toute connaissance de cause.

Le concédant doit également fournir des informations relatives aux


perspectives de développement de l'activité (ce qui est différent du prévisionnel
d'activité). Ce sont des informations stratégiques, ce qui pose parfois des
problèmes, c'est pourquoi ces informations sont souvent assorties d'une clause de
confidentialité avec clause pénale.

Ces renseignements doivent être fournis vingt jours minimum avant la


signature du contrat, sauf si l'on peut établir que le rapport contractuel existait
avant la signature du contrat.271

Les conséquences de l'obligation légale.

Au pénal, l'inexécution de l'obligation d'information est sanctionnée par une


contravention de la cinquième classe, néanmoins, il peut être également être
appliqué les sanctions de la tromperie 272 , de la publicité trompeuse 273 et de
l'escroquerie274

Au civil, en cas de manquement le contrat ne sera frappé de nullité que si


un vice du consentement est constaté : un dol ou une erreur275. Concrètement, la
jurisprudence utilise une solution médiane : si la loi est violée on présumera que
le consentement du distributeur a été vicié sauf si le fournisseur arrive à prouver

271
Cass. Com 17 juillet 2001, Eric Chevalier, loi Doubin, : le délai s'apprécie par rapport à la signature du contrat,
RECUEIL DALLOZ 2001, Actualité jurisprudentielle p. 2674 ; Hugues Kenfack, la lettre et l'esprit de l'article
L.330-3 du Code de Commerce, RECUEIL DALLOZ 2002, .chronique p.627.
272
Article L.213-1 du Code Français de la consommation.
273
Cass.Crim 10 mai 1978, Bulletin criminel de la Cour de Cassation Française, n°148;
274
Cass. Crim 3 juillet 1975, bulletin criminel n°179.
275
Cass.Com 10 Février 1998, DALLOZ 1998, sommaire 334, observation Didier Ferrier.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 127
Page |
que le défaut d'information établit par le distributeur n'a pas pu affecter son
consentement. Il s'agit de savoir si l'information manquante était essentielle,276

La jurisprudence tient compte de la qualité du distributeur, de son


expérience277 aujourd'hui elle est moins soucieuse de protéger la partie faible au
contrat.

Il s'agit désormais d'analyser la forme du contrat de concession.

Nous envisagerons tout d'abord l'exigence de l'écrit imposé par la loi (A),
puis, la finalité protectrice de celui-ci (B).

Paragraphe 2. La forme du contrat


A) L'exigence d'un écrit.

Le contrat de concession est un contrat-cadre qui organise la conclusion


éventuelle de contrats ultérieurs dont il arrête d'ores et déjà les modalités de
conclusion et la teneur, un contrat sur des futurs contrats en somme.

Le contrat-cadre est un contenant, une enveloppe, dont le contenu est


composé d'autres contrats, dits d'application, cela sera souvent des ventes, comme
dans notre cas d'espèce (le concessionnaire achète les produits au concédant, et
toutes ces ventes seront régis par une multitude de contrat d'application), mais cela
peut être autre chose.278

A l'origine ce contrat commercial n'était soumis à aucune règle de forme en


particulier. Cependant, il a fallu se rendre à l'évidence, son objet étant de régir des
relations d'affaires plus ou moins longues, dont on sait que le monde est souvent
cruel, la nécessité d'établir un écrit s'est fait rapidement ressentir. Dès lors, la
rédaction d'un écrit est devenue la règle, notamment pour répondre aux exigences
du droit de la concurrence.

En effet l'article L.441-6 alinéa 5 du code de commerce français dispose


que « les conditions dans lesquelles un distributeur ou un prestataire de services
276
Cass.Com 4 février 2004.
277
Cass.Com 7 Juillet 2004.
278
Paul Henri Antonmattei et Jacques Raynard, Droit civil des contrats spéciaux, LITEC,
3eme édition.2017, p. 23
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 128
Page |
se fait rémunérer par ses fournisseurs, en contrepartie de services spécifiques,
doivent faire l'objet d'un contrat écrit en double exemplaire détenu par chacune
des deux parties ».

Le contrat doit également être fourni à la Direction Générale de


Concurrence en droit français, de Consommation et de la Répression des Fraudes.
Le manquement à cette obligation est sanctionné par une amende de 15 000 Euros.

B) La finalité protectrice de l'écrit.

Depuis une trentaine d'années le droit de contrat développe une philosophie


du formalisme consumériste, aujourd'hui ces préoccupations protectrices
s'immiscent dans les relations d'affaire entre professionnels.279

Effectivement, le législateur souhaite que les conditions imposées par le


fournisseur soient couchées sur le papier, ici l'objectif est de protéger le
distributeur qui est la partie faible au contrat, il s'agit de lutter contre la toute-
puissance du fournisseur qui pourrait se livrer à des pratiques discriminatoires
(sous couvert de coopération commerciale) ou faire supporter à son distributeur
des charges beaucoup trop lourdes.280

Il convient maintenant de nous attacher à l'analyse de la durée du contrat de


concession exclusive.

Paragraphe 3. La durée du contrat

En principe, la durée du contrat de concession exclusive peut être librement


fixée par les parties (A), cependant, elle ne peut pas aller au-delà d'une période de
dix ans (B).

A) Une durée librement fixée par les parties.

Lors de la négociation du contrat, les parties peuvent convenir que ce


dernier sera conclu pour une durée indéterminée (1) ou une durée déterminée (2).

279
Idem, p24.
280
Didier, la réforme de pratiques commeciales, RECUEIL DALLOZ, 1997.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 129
Page |
1) un contrat à durée indéterminée.

Le contrat de concession commerciale peut être conclu sans prévision d'un


terme, cela signifie que le concédant ou le concessionnaire peuvent y mettre fin à
n'importe quel moment sans que cela puisse emporter le droit à une quelconque
indemnité pour ce dernier, dans la mesure ou le préavis prévu contractuellement
a été respecté.281

Cette aptitude de résiliation unilatérale offerte aux parties les places dans
une certaine aisance en ce sens que, d'une part, le concessionnaire insatisfait de sa
collaboration commerciale avec l'entreprise du concédant peut retrouver sa liberté
assez facilement, d'autre part, cette faculté met à la disposition du concédant une
arme redoutable contre le concessionnaire qui exécute mal ses obligations.

Cependant, il est important de préciser que le recours à des contrats à durée


indéterminée est très rare dans la pratique.

Malgré tout la jurisprudence reste hésitante quant à la sanction de la


violation de cette obligation. Parfois les juges ne prononcent pas la nullité du
contrat, mais réduisent la clause à la durée légalement imposée 282 , parfois ils
imposent la nullité de tout le contrat.283

Il n'existe pas de durée idéale, néanmoins on peut considérer qu'il est


nécessaire de trouver un équilibre entre ce qui parait trop long ou trop court.

En effet, si l'on se place du côté du concessionnaire, il est important que


celui-ci puisse avoir le temps d'amortir ses investissements et de tirer un profit
minimum de sa collaboration commerciale avec le concédant.

Au contraire, le concédant, lui, doit pouvoir garder sa position de « puissant


» au sein de la relation contractuelle, en conservant la possibilité de mettre un
terme au contrat.

281
P-H. Antonmattei et J. Raynard, Op. Cit. p.25
282
Cass. Com. 10 février 1998, bulletin civil, IV, n°71
283
Cass. Com. 7 avril 1992, précité.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 130
Page |

Cependant on constate aisément que cette pression continue de peser sur la


tête du concessionnaire en ce sens que, à la fin du contrat le concédant ne sera pas
obligé de le renouveler284, à condition qu'il prévienne le concessionnaire dans le
délai contractuel.285

Bien que la fixation du terme du contrat est laissée à la libre appréciation


des parties, le législateur français par exemple a limité l'engagement d'exclusivité
à travers l'article L.330-1 du code de commerce (1), et a sanctionné son
dépassement (2).

B) Les conditions d’application de l’article L-330-1.

En droit français, L'article 1er de la loi du 14 octobre 1943 dispose que « est
limitée à dix ans la durée de validité de toute clause d'exclusivité par laquelle
l'acheteur, cessionnaire ou locataire de biens meubles s'engage vis-à-vis de son
vendeur, cédant ou bailleur, à ne pas faire usage d'objets semblables ou
complémentaires en provenance d'un autre fournisseur. »

La finalité de ce texte est de limiter la dépendance du distributeur qui est la


plupart du temps aggravée par son engagement d'exclusivité.286

De plus, l'article L.330-2 du code de commerce prévoit que si le contrat


munit d'une telle clause « est suivi ultérieurement, entre les mêmes parties,
d'autres engagements analogues portant sur le même genre de biens, les clauses
d'exclusivité contenues dans ces nouvelles conventions prennent fin à la même
date que celle figurant au premier contrat. ». L'objectif de cette disposition est
d'éviter que le fournisseur prolonge de manière forcée l'exécution du contrat, et
pas au cours de sa formation. Nous allons désormais nous intéresser à l'étude de
l'objet du contrat.

Ici l'intérêt économique de la concession est en rapport avec la réputation


du réseau, à son image de marque. De plus, dans cette recherche de réussite, ce

284
Cass.Com 9 décembre 1986, DALLOZ1988, sommaire 19, observation Didier Ferrier.
285
Cass.Com 9 Avril 2002, Contrats Concurrence Consommation 2003,n°9, observation Malaurie-Vignal.
286
Didier Ferrier, droit de distribution, LITEC, 3ème ed, 2006, p. 14
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 131
Page |
dernier sera « manager » par le concédant durant toute la durée de l'exclusivité :
politiques commerciales, formation du personnel, aménagement des locaux...

Il s'agit désormais d'analyser les conditions de validité du contrat.

Section II : Les conditions de validité du contrat

Afin que le contrat de concession ne subisse aucun risque de nullité,


quelques opérations doivent être révélées. Dans un premier temps, le concédant
se doit de fournir certaines informations précontractuelles au concessionnaire
(paragraphe l), dans un deuxième temps le contrat doit faire l'objet d'un certain
formalisme (paragraphe 2), ;et enfin, la durée d'exclusivité doit être respectée
(paragraphe 3).287

Paragraphe I. Les informations précontractuelles en droit Français

L'article premier, alinéa premier, de la loi Doubin du 31 décembre 19288,


codifié à l'article L.330-3 288 du Code de Commerce impose au concédant une
obligation précontractuelle d'information en faveur du candidat concessionnaire.

Section III : L'objet du contrat.

L'objet de notre contrat est la commercialisation exclusive des produits par


le concessionnaire (paragraphe 1), ce qui présente de nombreux avantages pour
l'entreprise concédant (paragraphe 2).

Paragraphe I : La commercialisation exclusive des produits.

En l'espèce le concédant, confère au concessionnaire une exclusivité pour


la vente sur un territoire de ses produits.

Dans cette commercialisation exclusive, on y voit une sorte de vente à


monopole c'est-à-dire une vente effectuée à un revendeur et comportant pour le

287
Claude Champeaud, op.cit, p 452
288
« toute personne qui met à disposition d'une autre personne un nom commercial, une marque ou une enseigne,
en exigeant d'elle un engagement d'exclusivité ou de quasi-exclusivité pour l'exercice de son activité , est tenue
préalablement à la signature de tout contrat conclu dans l'intérêt commun des deux parties de fournir à l'autre partie
un document donnant des informations sincères, qui lui permette de s’engager en connaissance de cause. »
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 132
Page |
vendeur l'obligation, de ne pas effectuer de vente de produits semblables à
quiconque dans un secteur territorial déterminé.289

C'est dans cette relation juridique que vont se conjuguer les différents rôles
du concédant et du concessionnaire, mêlant principe d'indépendance et
subordination.

Tout au long de l'exécution de son contrat, le concessionnaire sera seul


maître de sa réussite commerciale, ce sera à lui de réaliser les investissements
financiers et personnels afin que son entreprise fonctionne. Le concédant doit
maintenir un équilibre délicat entre l'indépendance du concessionnaire et le
contrôle qu'il doit exercer sur lui pour maintenir la cohérence et la qualité du
réseau, sa bonne image de marque. C'est une frontière assez floue qui exige
beaucoup de prudence de la part du concédant.290

Quel est l'intérêt de recourir à la concession commerciale exclusive pour la


vente des produits?

Paragraphe II : L'interêt de la concession exclusive pour la


commercialisation des produits.

Ici trois protagonistes trouvent avantage à l'utilisation de la concession


exclusive quant à la vente des produits, le concédant (A), le concessionnaire (B)
et le client (C).

a) Les avantages retirés par le concédant.

En général, les entreprises qui décident de recourir à la concession sont


détentrices d'une marque notable et sont désireuses de préserver le prestige qui y
est rattaché.

C'est pourquoi il est nécessaire qu'elles puissent limiter le nombre de


distributeurs, que ces derniers aient la capacité de vendre ses produits, que le
personnel et les locaux soient dignes de la marque et que le distributeur soit en

289
C. Champaud, op.cit, p.452
290
Ph. Le fourneau, Op.Cit, p.34.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 133
Page |
mesure d'assurer un service après-vente pour offrir une totale satisfaction à la
clientèle.

De plus, le choix de la concession est plus avantageux pour lui par rapport
à une autre forme de distribution en ce sens que la précarité de la situation du
concessionnaire (absence du droit à indemnité et du droit au renouvellement de
son contrat), assure au concédant que de dernier fera de son mieux dans la
rentabilité, dans la productivité de l'activité.

b) Les avantages retirés par le concessionnaire.

Le premier avantage que pourra obtenir le concessionnaire exclusif est


directement lié à la renommée de la marque.

En effet, étant le seul à commercialiser ces produits de luxe dont la


réputation n'est plus à faire, il pourra en retirer un bénéfice certain sur son chiffre
d'affaire.

Lorsque l'entreprise décide d'utiliser la concession exclusive c'est qu'elle


possède déjà une clientèle, qu'elle fournira à son concessionnaire. Il bénéficie
donc déjà d'un portefeuille de clients attachés à son enseigne grâce à toute la
politique commerciale faite par le concédant ; « autrement dit, la concession limite
les risques du distributeur ».

Le second avantage au profit du concessionnaire est qu'il ne sera pas seul


dans son activité, il bénéficiera des conseils commerciaux (souvent des directives)
et de l'expérience de son concédant afin que son exploitation obtienne de bons
résultats : travaux d'aménagements et de décoration, politique de vente adaptée
aux produits, campagne promotionnelle et publicitaire, fourniture des emballages.

c) Les avantages retirés par la clientèle

Dans la mesure où le concessionnaire est soigneusement sélectionné puis


formé par le concédant, le client est sûr de trouver auprès de lui des conseils de
qualité ainsi qu'un service après-vente en cas de problèmes liés au produit. La
concession est donc un facteur de sécurité pour la clientèle.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 134
Page |

Le privilège pour la clientèle tient également du fait que lorsqu'elle


rencontre un souci avec son produit, elle peut s'adresser à n'importe quel
concessionnaire faisant partie du réseau, peu importe l'endroit où elle a effectué
son achat.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 135
Page |

CHAPITRE 2. LA DISTRIBUTION SELECTIVE

Ce contrat n'est pas également réglementé en droit congolais bien que


présent dans la pratique des affaires en RDC. Le souhait est de voir le legislateur
congolais l'encadrer afin de limiter les clauses abusives.

Section I. Définition et économie de la distribution sélective

Par définition, le contrat de distribution sélective tel que défini par le


règlement européen relatif aux restrictions verticales de concurrence, est « un
système de distribution dans lequel le fournisseur s'engage à vendre les biens ou
les services contractuels directement ou indirectement , uniquement à des
distributeurs sélectionnés sur la base des critères définis et dans lequel ces
distributeurs s'engagent à ne pas vendre ces biens ou ces services à des
distributeurs non agréés ».291

La distribution sélective peut être qualitative ou quantitative. Dans le


premier cas, les revendeurs sont agréés sur la seule base de critères objectifs requis
par la nature du produit. Dans le second cas, d'autres critères s'ajoutent et limitent
le nombre de revendeurs agréés sans qu'il soit nécessaire que le système de
distribution sélective repose sur des critères qui sont objectivement justifiés et
appliqués de façon uniforme et non différenciées à l'égard de tous candidats à
l'agrément. Ce type de contrat concerne principalement les produits de luxe : les
qualités spécifiques des produits concernés expliquent qu'ils ne puissent être
distribués par n'importe quel commerçant292, Le fournisseur tente par le biais de
la distribution sélective de s'assurer que ses produits sont distribués par un
personnel compétent dans un environnement commercial approprié. Ces formules
sont utilisées par des marques telles que Chanel, Dior, Guerlain...

En cas de distribution sélective, le distributeur choisi ses revendeurs en


fonction de critères objectifs. 293 Le fabricant souhaite que ses produits soient
offerts au public dans des conditions de présentation luxueuse ou qu'ils soient, en
raison de leur technicité, distribués par les revendeurs présentant un certain degré
de compétences. On s'est interrogé sur la validité de cette technique qui revient à

291
Règle. N°2790/1999/CE, art.1
292
C. Lebel, la distribution des produits de Luxe, LGDJ, 1998
293
CJCE 28 Janvier 1986, RTD eur. 1986.298, note Boutarde-labarde ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 136
Page |
refuser la vente de produits à toutes les personnes qui sont extérieurs au réseau.
Elle forme une variété d'entente. La validité de cette variété nécessite la réunion
de 2 conditions. Il est nécessaire d'une part que le choix des revendeurs soit
effectué en fonction des critères objectifs, comme la compétence ou l'installation
des locaux et que ces critères soient appliqués à tous les candidats revendeurs.
D'autre part ces réseaux doivent contribuer à l'amélioration de la distribution.

Il arrive parfois qu'un tiers au réseau de distribution sélective vende des


produits sans autorisation. La revente hors réseau n'est pas en elle-même un acte
de concurrence déloyale. Mais le revendeur hors réseau doit démontrer qu'il s'est
régulièrement approvisionné. Tel est le cas du revendeur qui refuse d'indiquer
auprès de qui il s'approvisionne ou qui crée une société dont le seul objectif est
d'acheter des produits auprès des revendeurs agréés.

Il sied de noter que le commerçant moderne ne traite pas toujours


directement avec tous ses fournisseurs ou ses clients. Il recourt à des
intermédiaires professionnels dont le rôle consiste à faciliter la conclusion des
opérations commerciales. Le commerçant moderne recourt à des réseaux de
distribution qui peuvent être exclusifs comme non exclusifs.

Dans ce type de contrat, le fournisseur est tenu d'une obligation


d'approvisionnement du distributeur sélectionné.

Le distributeur est tenu de vendre les produits dans le lieu contractuellement


convenu. 294 Il est assez rare que les fournisses autorisent la vente par un site
internet sans que le cocontractant dispose d’un point de vente réel295 : en l'absence
d'un véritable point de vente, la qualité du service ne peut en effet se manifester.
Le distributeur est généralement tenu de ne pas vendre le produit contractuel à des
distributeurs non-agréés. L'exécution de ces obligations donne lieu à un contrôle
du fournisseur.

Section II. Protection du réseau et fin du contrat

En matière de distribution sélective plus encore qu'ailleurs, la protection du


réseau est consubstantielle à son existence. Elle est aujourd'hui remise en cause

294
HOUTCIEFF (D), Op.cit, p. 545
295
En France, les galeries LAFAYETTE et MARIONNAUD distribuent néanmoins des parfums de luxe en ligne
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 137
Page |
par le développement d'internet, qui permet la commercialisation en ligne de
produits protégés par des personnes étrangères au réseau. 296 Les fournisseurs
peuvent stipuler des clauses interdisant aux distributeurs du réseau de revendre les
produits contractuels à des distributeurs hors réseau. Pour autant, une interdiction
générale et absolue de vendre des produits distribués dans le cadre d'un réseau de
distribution sélective va au-delà de ce qui est nécessaire pour le distribuer de
manière appropriée au regard de leurs qualités matérielles, de leur aura et de leur
image, et a pour objet de restreindre la concurrence.297

La protection du réseau de distribution sélective demeure néanmoins


fragile. La Cour régulatrice a ainsi admis que le simple fait de vendre des produits
sélectifs ne constitue pas en soi une faute. Encore faut-il néanmoins que le tiers
non agréés établisse l'origine régulière des produits commercialisés298; s'il refuse,
la provenance est présumée irrégulière. En revanche, le tiers peut agir en
concurrence déloyale contre les distributeurs sélectif qui profitant des avantages
du réseau, ne remplissent pas en contrepartie leurs obligations contractuelles.

Le titulaire du réseau peut agir en contrefaçon en cas d'atteinte à sa marque.


La théorie de l'épuisement des droits limite cependant le recours à une telle action
: le titulaire ne peut agir en contrefaçon si le produit a été mis dans le commerce
avec son consentement. Le distributeur non agréé peut être condamné si la preuve
est rapportée d'une distribution des produits dans des conditions anormales. Par
ailleurs, à l'intérieur même du réseau, un distributeur peut agir contre un autre sur
le fondement de la responsabilité délictuelle en cas de faute de ce dernier lui ayant
causé un préjudice.

Le revendeur peut engager sa responsabilité pénale pour publicité


trompeuse, s'il distribue des produits portant une mention suivant laquelle ils ne
peuvent être vendus que par des distributeurs agréés sans signaler qu'il ne dispose
pas de cette qualité.

296
HOUTCIEFF (D), Op.Cit, p. 545
297
G. . Canivet et L. Vogel, "La distribution selective des produits de marque dans la jurisprudence judiciaire", D.
1991. Chron. 283
298
Com. 26 Janv. 1999, n° 97-10.172, Bull civ. IV, n° 27. Il ne lui appartient pas en revanche d'établir l'aqcuisition
régulière du vendeur auprès duquel il s'est adressé : com. 19 Oct.
1999, n° 97 -16.506, Bull. civ. IV, n° 168, RTD com. 2000. 434, obs. B. Bouloc.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 138
Page |

La fin du contrat répond aux conditions habituellement applicables en


matière de contrats de distribution. Il conviendra de prendre garde à informer au
distributeur de la fin du contrat sans que cette obligation aille jusqu'à s'assurer de
ce que le distributeur a bien reçu la lettre qui lui a été adressée à la bonne
adresse.299

299
Com. 29 janvier 2008, n° 06-13. 462 : le franchisé ne peut invoquer la non réception des deux
courriers de notification, retournés au franchiseur avec la mention « non réclamé, retour à l'envoyeur «
dès lors que n'est rapportée, ni même alléguée, la preuve d'un erreur d'adresse des destinataires.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 139
Page |

CHAPITRE 3. LA FRANCHISE

Par le contrat de la franchise300, une personne appelée franchiseur s'engage


à transmettre à une autre personne dite franchisée un savoir faire à lui faire profiter
de sa marque et parfois à lui fournir en marchandises 301 , En contrepartie, le
franchisé s'engage à payer une redevance, à utiliser le savoir-faire et la marque, et
parfois à s'approvisionner chez le franchiseur.

Section I. Qualification

Le contrat de franchise est défini comme un contrat par lequel le franchiseur


met à la disposition du franchisé son savoir-faire et ses signes distinctifs
moyennant une rémunération et contre l'engagement du franchisé de les utiliser
selon une technique commerciale uniforme, avec l'assistance du franchiseur et
sous son contrôle.302 L'ancêtre de la franchise actuelle a vu le jour au début du
XXe siècle. La franchise va se développer d'abord aux USA. Le secteur de
l'automobile, vente de voitures mais aussi distribution d'essence, est le premier à
se développer par ce type de partenariat.

La cour de justice des communautés européennes a distingué


3 types de franchise :

o Les contrats de franchise de services en vertu desquels le


franchisé offre un service sous l'enseigne, le nom commercial voire la
marque du franchiseur et en se conformant aux directives de ce dernier ;

o Les contrats de franchise de production en vertu desquels le


franchisé fabrique lui-même selon les indications du franchiseur des
produits qu'il vend sous la marque de celui-ci ;

300
Franchise = contrat de concession sans clause d'exclusivité
301
Guyenot, « le contrat de franchise », RTD com. 1973.161; le Toureau, « le franchisage », JCP CI 1980.II 13362
; Ferrier « la franchise internationale », JDI 1989.625 ;
302
Article 2.5 des lignes directives sur les restrictions verticales complétant le règlement européen n° 2790/1999 ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 140
Page |
o Les contrats de franchises de distribution en vertu desquels le
franchisé se borne à vendre certains produits dans un magasin qui porte
l'enseigne du franchiseur.

Ce contrat en droit congolais est dit innomé 303 . Ce qui constitue une
faiblesse et plus encore une insécurité juridique. Et pourtant réglementer ce type
de contrat serait un pis-aller 304 pour l'attraction des investissements dans ce
secteur. Ce contrat comporte 2 éléments essentiels qui le distinguent du contrat de
concession exclusive même si parfois cette dissociation est délicate à mettre en
œuvre. Le franchiseur s'engage à transmettre un savoir-faire. Ce qui implique une
collaboration entre les 2 parties. Le franchisé est tenu de payer une redevance qui
comprend un droit d'entrée et des sommes proportionnelles au chiffre d'affaire
réalisé. Pour l'essentiel, le contrat suscite des difficultés voisines de celles posées
par le contrat de concession exclusive, que ce soit pour l'obligation
précontractuelle d'information du franchiseur, la détermination du prix ou la fin
du contrat. Il pose également certaines interrogations vis-à-vis du droit à la
concurrence. En droit français, elle ne doit pas avoir pour conséquence de fausser
le jeu normal de la concurrence.

Il sied de noter que le recours à cette pratique contractuelle commence à


retentir en RDC dans les secteurs hôtelier (Grand hôtel-pullman , Fleuve Congo
hôtel- Blazon) de vente des hydrocarbures ( Total)...

Les éléments essentiels du contrat de franchise sont la mise à disposition


des signes de ralliement de la clientèle, la transmission du savoir-faire 305 et
l'assistance technique constante du franchiseur306

Section II. Formation

La formation du contrat ne requiert pas de forme particulière. Le code de


déontologie européen de la franchise prévoit cependant que « le franchiseur établit

303
N'a pas de régime juridique, il n'y pas de texte de loi
304
Une Solution
305
Le savoir-faire peut être défini comme un ensemble d'informations pratiques non brevetées, résultant de
l'expérience du franchiseur et testées par celui-ci : il est secret, substantiel et identifié. Pour être secret, il n'est pas
pour autant nécessaire que le savoir-faire soit absolument inaccessible. En revanche, il doit être substantiel, utile
au franchisé afin d'améliorer sa position concurrentielle.
306
Com. 29 avr. 1997, n° 95-10. 362, D. 1998. Somm. 338, note D. Ferrier.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 141
Page |
le contrat écrit qui énonce de façon complète et précise les droits, les obligations
et responsabilités des parties307. ».

De manière générale s'agissant de conditions essentielles du contrat de


franchise, elles fédèrent son objet et sa contrepartie. C’est donc en vérifiant la
mise à disposition de signes distinctifs tels qu’une marque, une enseigne, un nom
commercial, la communication d'un savoir-faire et la fourniture d'une assistance
technique et commerciale que l'on vérifiera que le contrat comporte un objet et un
contenu licite.

S'agissant de variétés des franchises, les parties sont libres de fixer le


contenu ainsi que la durée du contrat, sous réserve de la réglementation des clauses
d'exclusivité et de non-concurrence qui sont éventuellement stipulées dans le
contrat.308

A cet égard, trois types d'exclusivité peuvent ici prendre pied. En premier
lieu une exclusivité de fournitures, selon laquelle le franchisé est le seul à être
approvisionné par le franchiseur dans le territoire délimité. En deuxième lieu,
l'exclusivité peut porter sur l'enseigne : le franchisé s'interdit d'implanter un autre
magasin dans la zone concédée. Enfin et en troisième lieu, l'exclusivité peut porter
sur la marque : le franchisé est alors assuré d'être le seul à pouvoir utiliser les
signes distinctifs du franchiseur sur le territoire considéré.

Section III. Obligations de parties et fin du contrat

§1.Obligations du franchiseur

Il est tenu de trois obligations essentielles. Il doit d'abord mettre à la


disposition du franchisé des signes de ralliement de la clientèle, en particulier sa
marque et les droits de propriété industrielle permettant d'établir son appartenance
au réseau. II doit ensuite transmettre son savoir -faire, entendu comme un
ensemble secret, substantiel et identifié d'informations pratiques et non brevetées
résultant de son expérience. Il est tenu enfin d'un devoir d'assistance technique et
de collaboration qui commence avec la formation du contrat et se poursuit durant
son exécution. Cette obligation d'assistance est considérée par la jurisprudence

307
Article 5 du code de déontologie européen
308
HOUTCIEFF ( D ), Op.Cit., p.541.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 142
Page |
comme essentielle, ce qui signifie qu'elle pourra déboucher sur la résolution du
contrat en cas d'inexécution.

§2. Obligations du franchisé

Le franchisé doit collaborer avec le franchiseur et plus généralement,


participer au développement du réseau en même temps qu'au maintien de son
identité et de sa réputation. Il a l'obligation de respecter la « bible », c'est-à-dire le
cahier des charges du franchisé ; il est tenu de ne pas divulguer le savoir-faire qui
lui est communiqué et d'utiliser les signes distinctifs dont la franchise le fait
bénéficier. Il lui appartient de rendre les produits dans les conditions fixées par le
franchiseur, à ceci près que ce dernier ne peut lui imposer des prix de revente. Il
peut également être tenu par des clauses de non concurrence et d'exclusivité
territoriale. Il verse en principe au franchiseur une redevance calculée en fonction
de son chiffre d'affaires. A cette somme peut s'ajouter ce qu'un auteur a appelé une
« redevance initiale forfaitaire »309 c'est-à-dire un droit d'entrée versé au seuil du
contrat. Il sied de noter que le respect de ses obligations donne lieu à un contrôle
exercé par le franchiseur

§3. Fin du contrat

La fin du contrat répond aux conditions habituellement applicables en


matière de contrats de distribution. Il conviendra de prendre garde à informer le
franchisé de la fin du contrat sans que cette obligation aille jusqu'à s'assurer de ce
que le franchisé a bien reçu la lettre qui lui a été adressée à la bonne adresse.310

309
Ph. Tourneau, « le franchisage », JCP CI 1980.II. 13362.
310
Com. 29 janv. 2008, n° 06-13 . 462 : le franchisé ne peut invoquer la non-réception des deux courriers de
notification, retournés au franchiseur avec la mention « non réclamé, retour à l'envoyeur » dès lors que n'est
rapportée , ni même alléguée, la preuve d'une erreur d'adresse des destinataires.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 143
Page |

CHAPITRE 4. LA COMMISSION-AFFILIATION

La commission affiliation est un modèle de développement en réseau qui


s'appuie sur un contrat commercial spécifique. Les cocontractants sont des
entreprises juridiquement indépendantes. l'une (le fournisseur ou commettant) met
en dépôt vente ses produits chez l'autre (le dépositaire ou l'affle). Le stock
appartient au fournisseur. L'affilié est rémunéré sur la base d'un pourcentage sur
les ventes.

Classiquement l'affiliation renvoie aux conventions passées par les


commerçants avec les centrales d'achats et leur permettant ainsi d'être
approvisionnés par ces dernières. La convention de commission-affiliation a
cependant semblé prendre ces dernières années son autonomie au point de passer
pour une figure contractuelle concurrente à la franchise.311

La commission affiliation est un modèle de développement en réseau qui


s'apparente très fortement à la formule du dépôt-vente. Principalement utilisée
dans le secteur du prêt-à-porter, la commission affiliation a connu dans les années
1990 son apogée.

Section 1. Le principe du modèle de la commission affiliation

La commission affiliation fait partie de la vaste famille du commerce


organisé qui comprend également la franchise, la licence de marque, la
coopérative et le partenariat. Le développement se fait en réseau de distribution.
Le principe de fonctionnement de la commission affiliation s'appuie sur la notion
bien connue du dépôt-vente.

Le contrat de commission affiliation formalise le fait qu'une entreprise (le


commettant) place chez une autre entreprise (l'affilié) des marchandises en dépôt
à toutes fins de les vendre contre commission.

311
M- J. Loyer, « quel avenir pour le contrat de commission -affiliation ? « , JCP E 2011, D. Maingy et J.-L
Respaud, « A propos du contrat de commission-affiliation », in Mélanges P. le Tourneau, Dalloz, 2008.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 144
Page |

La particularité de la commission affiliation tient dans le fait que le stock


reste la propriété de l'entreprise commettante. Ceci est important car en effet,
l'affilié n'a pas à faire l'avance financiere de l'achat du stock. Les invendus restent
également la propriété de l'entreprise commettante. Le montant de la commission
versée à l'affilié est calculé sur les ventes effectuées sous la forme d'un
pourcentage avoisinant classiquement les 30 %. En théorie, l'entreprise affiliée n'a
aucune obligation de travailler sous l'enseigne du distributeur.

En pratique, plus la marque est connue et plus l'affilié a intérêt à travailler


sous son enseigne. En théorie également, aucune exclusivité spécifique n'est
demandée à l'affilié en terme de distribution. Ce dernier peut ainsi parfaitement
contracter plusieurs contrats de commission affiliation avec différentes enseignes
complémentaires et non concurrentes si cela est exigé par le contrat, mais aussi
directement concurrentes si le contrat le permet.

Le modèle de la commission affiliation est assez proche de la formule de


la franchise en ce sens qu'il inclut l'approvisionnement, la logistique et la
livraison des marchandises. De même, dans de très nombreux cas, le contrat de
commission-affiliation inclut la mise en place d'une assistance dans les méthodes
de vente, d'une enseigne commune et d'une politique commerciale. L'entrée dans
le réseau se fait suite à une sélection réalisée par l'entreprise commettante.

Section 2. La commission affiliation : pour qui ?

L'affilié et l'affilieur sont nécessairement des entrepreneurs indépendants.


L'affilié peut être une personne physique (un commerçant par exemple) ou une
personne morale (une entreprise). Le profil type d'un affilié est avant tout celui
d'un commerçant. L'entreprise commettante quant à elle, est le plus souvent un
fabricant ou un importateur exclusif.

Section 3. Les avantages de la commission offlation par rapport à la franchise

Les principaux avantage de la commission affilation pour l’affilié sont:

* De pouvoir bénéficier de la notoriété d'une enseigne et de produits


connus ;
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 145
Page |

* De pouvoir commercialiser des produits sans prendre aucun risque


financier sur les marchandises : le stock appartient à l'entreprise commettante.
Les invendus sont repris et ne restent pas à la charge de l’affiliée ;

Les principaux avantages de la commission affiliation pour le réseau


d’affiliation sont :

* De pouvoir multiplier les points de vente sans avoir à financer la création


de boutiques avec ses fonds propres ;

* De pouvoir contrôler au mieux ses flux de marchandises : quasiment


aucune liberté ou presque n'est laissée à l'affilié quant au choix des produits à
vendre et leur ressort.

Section 4. Les inconvénients de la commission affiliation

Les principaux inconvénients de la commission affiliation pour l'affilié


sont :
* De n'avoir aucune prise sur l'approvisionnement des stocks :
l'entreprise commettante est le seul maître à bord. L'affilié doit se plier aux
rythmes de livraison imposés par le commettant et ne peut choisir les produits qu'il
va mettre dans ses rayons ;

* D’être très souvent lié à une clause d'exclusivité totale ou partielle :


l'entreprise commettante peut exiger par contrat que le distributeur ne distribue
que sa marque. Sachant que l'affilié n'a pas le choix des produits à vendre, il se
retrouve pieds et mains liés au bon vouloir de son fournisseur.

Les principaux inconvénients de la commission affiliation pour le réseau


d'affiliation sont :

* De financer l'intégralité des stocks mis à la disposition des affiliés et


supporter la charge des invendus ;

* De dépendre de la motivation et du talent commercial de ses affiliés pour


vendre ses produits.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 146
Page |
Ce qu'il faut retenir :

o La commission affiliation est un modèle de développement en


réseau.

o La commission affiliation repose sur le principe du dépôt-


vente. Une entreprise indépendante (le commettant) confie la vente de ses
produits à des entreprises juridiquement indépendantes (les affiliés) ;

o La rémunération de l'affilié est basée sur un pourcentage du


chiffre d'affaires ;

o L'affilié n'achète pas les stocks. Il ne maîtrise pas


l'approvisionnement de la marchandise ni son réassort.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 147
Page |

CHAPITRE 5. LE CONTRAT DE LICENCE DE MARQUE

La licence d'une marque, c'est la location d'une marque, c'est à dire l'usage
de celle-ci, autorisé au terme d'un contrat par son propriétaire. La licence d'une
marque suppose donc que le concédant de la marque l'ait préalablement
enregistrée. Celle-ci doit être protégée de manière régulière pour le territoire et les
services et produits contractuels.

C'est un contrat plus ou moins élaboré en pratique pour assurer la protection


de l'image de cette marque par l'encadrement de son usage. La licence de marque
est différente de la franchise. Le contrat de franchise, quand à lui, comporte
nécessairement la mise à disposition de signes distinctifs. Il comporte par
conséquent très souvent une licence de marque. Mais en plus de la mise à
disposition de signes distinctifs par le franchiseur au profit du franchisé, le contrat
de franchise va comporter deux éléments. L'élément central est la mise à
disposition d'un savoir-faire par le franchiseur au profit du franchisé. Ce savoir
doit répondre à certaines qualités : il doit être identifié, doit être secret, doit être
substantiel et doit avoir été éprouvé par l'enseigne.

Le contrat de franchise comporte également de manière impérative une


assistance permanente qui sera délivrée par le franchiseur au profit du franchisé.
C’est une assistance commerciale ou une assistance technique dont les modalités
peuvent être variables comme par exemple des vistes d'animation le mise à
dispostion de logiciels, de partenaiple commerciaux, etc. Cette assistance vise à
permettre au franchise de correctement mettre en œuvre le savoir-faire mis à sa
disposition. Le tout pour lui permettre de réitérer le succès qu'a éprouvé le
franchiseur. C’est ainsi un contrat plus complet que la licence de marque en ce
sens qui comporte une promesse de réitération de succès. Dans ces conditions,
quel usage, quels critères de choix ?

L'usage, entre le contrat de licence de marque et le contrat de franchise


est finalement identique. Il peut être utilisé par un industriel, par un distributeur
de produits ou par un prestataire de services pour développer sa marque en réseau.
De ce point de vue il existe peu de différences. En revanche, quels critères de
choix?
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Il y a divers critères mais à titre principal, le niveau de responsabilité


qu'accepte d'assumer le promoteur du réseau de distribution, l'enseigne est
déterminant dans ce choix. Il est certain que le niveau de risque assumé est plus
significatif s'agissant d'un contrat de franchise que s'agissant d'un contrat de
licence de marque puisque au titre de la licence de marque, le concédant sera
essentiellement tenu de garantir l'existence de la marque et la validité de sa
protection au licencié. S'il peut accentuer le niveau de ses obligations en
garantissant sa propre éviction et le fait de tiers, le franchiseur sera quant à lui tenu
en sus de toutes les obligations liées aux qualités du savoir-faire, à sa mise à
disposition ainsi que dans le cadre de l'exécution du contrat, d'assurer une
assistance permanente conforme à ses engagements contractuels.

On peut constater qu'il y a un choix guidé en particulier par des


préoccupations de gestion du risque juridique.

Ce choix doit être opéré au cas par cas et l'une des caractéristiques du
cabinet Gouache Avocats dans son conseil aux enseignes, et de les aider à choisir
la formule de distribution qui semble la plus adaptée à leur projet entrepreneurial
de développement de réseau, à leur organisation et à leurs moyens.

Le contrat de licence est un contrat par lequel le titulaire d'un droit en


autorise l'exploitation par un tiers moyennant le paiement d'une redevance. II
permet en général de rentabiliser un investissement technologique sans céder ses
droits sur le bien concerné. Le tiers, dit le licencié, accède ainsi à un produit sans
avoir eu à supporter les coûts de recherche développement, et sur lequel il peut, le
cas échéant, revendiquer une exclusivité d'exploitation.

Les modèles proposés ici couvrent les principaux domaines dans lesquels
l'on a recours à cet outil juridique. Ainsi, l'attribution d'une licence d'exploitation
d'un brevet d'invention ou d'une marque déposée peut être organisée au moyen des
présents modèles de contrat de licence rédigés, selon le cas, en faveur du
propriétaire du droit (concédant), ou en faveur du licencié.

Ce type de contrat se rencontre également dans le domaine de


l'informatique, et tout particulièrement en matière de logiciels. Il est en effet
courant que, l'auteur ou l'éditeur d'un logiciel accorder un droit d'utilisation à un
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tiers qui peut être, par exemple, un professionnel qui recherche un ensemble de
programmes formant un produit clé en main (progiciel) ou bien l'utilisateur final
qui télécharge directement le produit sur internet.

D'où l'intérêt des présents modèles de licence d'exploitation et d'utilisation


de logiciels qui permettent de déterminer l'étendue précise des droits concédés.

Le contrat de licence se rencontre aussi dans le domaine de la création


musicale. Le producteur d'une bande-mère peut ainsi concéder, à un éditeur, pour
une durée limitée, un droit d'exploitation des enregistrements dont il demeure le
propriétaire. C'est pourquoi nous proposons divers modèles de contrats de licence
portant sur des enregistrements musicaux etc...
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DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 151
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CONCLUSION

Le droit commercial est une branche du droit des affaires encadrant la


profession de commerçant, tant les règles des actes de commerce ; ce manuel se
veut être un guide théorique qui propose l'analyse de l'Acte Uniforme portant sur
le droit commercial général en arborant les actes de commerce, le statut du
commerçant, le statut de l'entreprenant, le fonds de commerce, les intermediaires,
les contrats commerciaux tant ceux prévus dans l'AUDCG ( la vente commerciale,
le bail à usage professionnel...) que ceux non réglementés en droit congolais mais
qui sont très présents dans la pratique des affaires tels que la franchise, la
concession commercial, la licence de marque, le contrat de distribution sélective,
le contrat de commission-affiliation.

Le droit commercial a toujours été un droit différencié du droit civil et ce,


même à l'époque romaine où l'on faisait déjà la différence entre le jus civile ( droit
civil) et jus gentium qui s'apparente au droit commercial ) ; ceci est dû au fait que
les commerçants avaient souvent recours au crédit et en faisant de nombreux
échanges passaient de nombreux contrats ; il fallait donc des règles qui assuraient
la rapidité et la sécurité des transactions. A cette époque on voit déjà apparaître
des tribunaux de commerce : consules mercatorum, avec la particularité de sa
composition, des commerçants qui sont appelés à juger leurs pairs,
caractéristiques que l'on rencontre encore aujourd'hui avec la présence dans la
composition de juges consulaires qui ne sont pas de magistrats de carrière.

Le droit de l'antiquité se focalisait surtout sur le droit maritime et le droit


bancaire. Des usages propres à ces domaines ont été créés. On peut donc là encore
constater que le droit commercial était créé par les usages, ces habitudes de faire
des commerçants qui étaient caractéristique suivant les régions ou les professions.
Et au fur et à mesure le droit commercial a pris corps en migrant de la conception
subjective avec COLBERT(en 1673) vers la conception objective mettant au cœur
du droit commercial les actes de commerce.
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Cette croisade épistolaire s'est proposée les méthodes exégétiques en vue
d'autopsier les textes de lois régissant l'activité commerciale, de commentaire de
décision judiciaires en vue de voir l'état de l'application des règles du commercial,
et la technique documentaire nous ayant permis d'approcher les différents points
de vue des auteurs sur diverses questions intéressant le droit commercial.
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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

I. TEXTES JURIDIQUES REGIONAUX

1. Traité de Port-Louis relatif à l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires,


adopté le 17 Octobre 1993 à Port-Louis (lle Maurice) et modifié par le Traité de
Québec du 17 Octobre 2008.

2. Acte Uniforme portant sur le Droit Commercial Général, adopté le 17 Avril


1997 et modifié le 15 Décembre 2010.

3. Actes Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement


d'Intérêt Économique, adopte le 17 Avril 1997, modifié le 30 Janvier 2014.

4. Acte Uniforme portant Organisation des Suretés, adopte le 17 Avril


1997 et modifié le 15 Décembre 2010.

5. Acte Uniforme portant Organisation des Procédures Collectives d'Apurement


du Passif (AUPCAP), adopté le 10 Avril 1998 et modifié le 10 Septembre 2015.

6. Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Coopératives, adopté le 15


Décembre 2010.

7. Acte Uniforme relatif au Droit Comptable et à l'Information


Financière, adopté le 26 Janvier 2017.
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II. TEXTES JURIDIQUES NATIONAUX

1. Constitution de la République Démocratique du Congo du 18Février 2006,


telle que modifiée par la Loi N° 11/002 du 20 Janvier 2011, Journal Officiel,
Numéro Spécial du 05 Février 2011.

2. Décret du 02 Août 1913 sur les Commerçants et la Preuve des Engagements


Commerciaux

.
3. Décret du 19 Janvier 1920 sur les Commissionnaires et Transporteurs.

4. Décret du 06 Mars 1951 portant institution du Registre du Commerce, tel


que modifié par l'Ordonnance-Loi N°79-025 du 07 Février 1979 relative à
l'ouverture d'un Nouveau Registre du Commerce.

5. Loi N°73/009 du 05 Janvier 1973 particulière sur le commerce.

6. Ordonnance-Loi N° 73-236 du 13 Août 1973 portant création d'un


Numéro d'Identification National.

7. Ordonnance-Loi N° 90-046 du 08 Août 1990 portant Réglementation du


Petit Commerce (modifié et complété par l'Ordonnance-Loi N°002/2012 du
21 Septembre 2012 et l'Ordonnance-Loi N°13/009 du 23 Février 2013).

III. DOCTRINE

1. BUKA EKA NGOY (A.), Droit Commercial - Cours dactylographie,


Faculté de Droit., UNIKIN, 1987-1988.

2. CHIRIBAGULA (L.), Précis de Droit Commercial Général - Du Code de


Commerce au Droit OHADA, CEDI, Kinshasa, 2015.
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3. ESCARRA (J.) et RAULTt (C.), Principes de droit commercial, T.1, Sirey,
Paris, 1934.

4. FIENI (P.), « Droit commercial général dans l'espace OHADA : Etude


Comparative de l'Ancien et du Nouvel Acte Uniforme », Actualités
Juridiques, Edition économique N° 3 / 2012.

5. HAME (J.), LAFARDE (G.) et JAUFFRET (A.) Droit commercial, Dalloz,


Paris, 1890.

6. ISSA -SAYEGH (J.), « Présentation des dispositions sur le droit


commercial général », (www.ohada.com, OHADATA D-06-06)

7. KUMBU (J-M.), Législation en Matière Économique: Notes de Cours


Destinées aux Étudiants de Deuxième Année de Graduat en Droit, 3eme
éd., Gallimage, Kinshasa, 2013.

8. LUKOMBE NGHENDA, Droit Commercial Général en Application en


R.D.C., Publications des Faculté de Droit des Université du Congo,
Kinshasa, 2018, p.8.

9. OKANI (R.), Droit Commercial Général (OHADA), Les P.U.Y, Yaoundé,


2017.

10. REINHARD (Y.) et autres, Droit Commercial, gime éd., LexisNexis, Paris,
2012.
DROIT COMMERCIAL GÉNÉRAL 156
Page |

11. RIPERT (R.) et ROBLOT (R.), Traité de Droit Commercial, 1998, mis a
jour par M. Germain et L. Vogel, L.G.D.., Paris, 2010, t.1.

12. SAKATA (G.), Droit Commercial Congolais, PUK, Kinshasa, 2012.

13. SANTOS (A.P.) et Toé (i.Y.), Ohada, Droit Commercial Général, Bruylant,
Bruxelles, 2002.

14. THALLER (E.) et PERCEROU (J.), Traité élémentaire de droit


commercial, T.1, A. Rousseau, Paris, 1931.

15. VOGEL(L.), Traité du Droit des Affaires - Du Droit Commercial au Droit


Économique, 19ème édition, LGDJ, Paris, 2010.

16. WAHL (A.), Précis Théorique et Pratique de Droit Commercial, Société du


Recueil Sirey, Paris, 1922.
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Table des matières

AVANT-PROPOS………………………………………………….…………..4

INTRODUCTION….…………………………………………………………..7

Section 1 : Aspects notionnels sur le droit commercial général…………………9


1.1. Notions et définition du droit commercial général…………………………..9
1.2. Objet du droit commercial : théorie générale de la commercialité…………15
13. Champ d'application du droit commercial général. …………………………17

Section 2: Sources du droit commercial général..……………………………..17


2.1. Sources nationales du droit commercial ……………………………………23
2.2. Sources internationales du droit commercial……………………………….27

CHAPITRE 1 : LES ACTES DE COMMERCE .. ………………………….28

Section 1: Définition des actes de commerce….………………………………28


1.1. Définition du dictionnaire des actes de commerce….………………………33
1.2. Définition légale des actes de commerce….……………………………….34
1.3. Intérêt de la définition et de la distinction des actes de commerce. ….…….49

Section 2: Classification des actes de commerce.… ….……………………….52


2.1. Classification légale des actes de commerce….……………………………53
2.2. Autre classification des actes de commerce….……………………………..53

CHAPITRE II : LES ACTEURS DU COMMERCE….……………………54

Section 1 : Le commerçant et l'entreprise commerciale….……………………57


1.1. Définition du commercant….………………………………………………61
1.2. Notions sur l'entreprise commerciale….……………………………………66
1.3. Conditions d'acquisition de la qualité de commerçant….………………….66
1.4. Les obligations du commercant….…………………………………………67
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Section 2 : Notions sur l'entreprenant….……………………………………..67


2.1. Définition de l'entreprenant….……………………………………………..68
2.2. Conséquences de la reconnaissance du statut d'entreprenant…….…………69
2.3. Critères de distinction entre l'entreprenant et le commerçant….……………70
2.4. Quid du petit commerçant ? ….…………………………………………….71

Section 3 : Le commerçant en difficulté….……………………………………73


3.1. La conciliation.….………………………………………………………….76
3.2. Le règlement préventif….…………………………………………………..77
3.3. Le redressement judiciaire et la liquidation des biens….…………………..77

Section 4 : Les intermédiaires du commerce .......….………………………….77


4.1. Mission de l'intermédiaire de commerce. ….………………………………78
4.2. Effets juridiques des actes posés par l'intermédiaire….……………………80
4.3. Cessation du mandat de l'intermédiaire.... ….………………………………81
4.4. Exemples d'intermédiaires de commerce cités par l'AUDCG.….….………87

Section 5 : Le Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM)….…….88


5.1. Organisation du RCCM….…………………………………………………89
5.2. Les inscriptions prévues au RCCM….……………………………………..91
5.3. Le contentieux relatif au RCCM….………………………………………..93

CHAPITRE I : LE FONDS DE COMMERCE….…………………………..100


Section 1 : Notions sur le fonds de commerce et sa nature. ….…………………98
Section 2 : Éléments constitutifs du fonds de commerce….…………………..101
Section 3 : Modalités d'exploitation du fonds de commerce….……………….103

CHAPITRE II : LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL.... ….………….144

Section 3. Les avantages de la commission affiliation par rapport à la franchise


….………………………………………………………….... ….…………….153

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ….………………………………………..157

TABLES DE MATIÈRES ….…………………………Erreur ! Signet non défini.

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