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BOUGHT FROM THE

BEQUEST OF

CHARLES STUART BOWEN

CLASS OF 1871

OF CAMBRIDGE

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A N N A L E s ^ º
PAT R I O T I Q U Es ET LIT T É R AIR E s ·
-

D E L A F R A N C E, |
ET A F FAIR E S POL, I T I Q U E S D E L' E U R OP E;
J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R cr E R.

Lorsqu'il plaisoit au roi de Franee de créer des charges, il plaisoit à Dieu


de créer des fous pour les achoter.
MIRoMEsNIL, ancien intendant de Champagne.

N°. C C X I. Du Samedi 1er Mai 179o.


AS S E M B L É E NAT I O N A L E. offrir ce que vous n'avez pas , et vous êtes
françois malgré vous ». Cette expression exci--
Séance du 29 Avril au soir. tant quelques murmures : « Je m'explique, mes
P,nvi les adresses qui ont été présentées, il · l évêquea repris
sieurs, M. de Lavie , par un exemple :
de Spire, possesseur de biens consi
est dù la mention la plus honorable à celle d, r bles,se prétend indépendant de la France ;
des gardes nationales d'Alais, qui, en dévoilant certainement par rapport aux terres enclavées
les complots du fanatisme , jurent de les sur dans ce royaume, il est françois, et je crois
veiller sans relâche, et mourir pour la consti
tution. L'Assemblée a ordonné § de que c'est bien malgré lui ».
· « L'Assemblée a décrété que l'offre du cha
cette adresse patriotique (1). pitre de Strasbourg seroit rejettée ».
On a entendu avec édification, dans l'adresse Le président de la chambre des vacations de
de la ville de Saint-Omer, rappeller les prin Bordeaux est venu subir, à la barre , la pro
cipes de l'église, qui assurent les m eurs du nonciation du décret improbatif
ministre des autels ; et sur la motion de M. Rapport sur la ville de Dièppe, où se fait sentir
Robertspierre, le président est chargé de té la famine par les irruptions de quelques cen
moigner à la commune de cette ville la satis taines de brigands, qui mettent à contribution
faction de l'Assemblée. .
les habitans de la campagne.
Une offrande , d'un nouveau genre , est · L'Assemblée regardant comme attentatoires
venue exciter l'étonnement de l'Assemblée na à la libre circulation des grains les délibérations
tionale : c'est l'insigne chapitre de Strasbourg, prises par certaines municipalités du pays de
ui , se çroyant toujours propriétaire, propose Caux, do ne point laisser exporter les grains d'un
à la nation la moitié de ses revenus. endroit à l'autre, décrète que le roi sera supplié
, º, La question sur les biens du clergé est d'employer l'autorité qui † est confiée pour
†, ont dit à l'envi MM. Alexandre de. . faire réprimer les désordres qui ont lieu dans
ameth , Garat l'aîné et de Lavie : vos biens* ce pays de Caux, et invite les tribunaux et mu
sont à la nation, a ajouté ce dernier en s'adres nicipalités à maintenir, qhacun en droit soi,
ºnt à M. l'abbé d'Eymar ; vous ne pouvez l'exécution des loix.
M. de Biron, dont les principes irréprocha
( ) La confédération énoncée dans cette adresse, bles se sont manifestés au milieu de I'Assem
º raPPortée en substance dans le supplément de la
( 2 )
citoyen. L'isle entière de Corse le réclame pour gabelle , c'étoit la condamnation d'un grand
commandant, et supplie l'Assemblée nationale nombre de malheureux , que le besoin avoit
de ne point le retenir par lè décret qui défend jettés dans la contrebande , et que la bursalité
aux membres qui la composent d'accepter au envoyoit par troupes aux galères. On y voyoit
cune place ministérielle : il a été observé avec des enfans dévou s , pour leur vie entière , à
justesse qu'un commandement conféré par le l infamie et à tous les forfaits dont elle donne
roi sur la demande de tout un peuple ne pou l apprentissage. L'Assemblée nationale en sup
voit être entaché de la suspicion de faveur de † la cause , a anéanti l'effet ; et M. de
cour, ct l'Assemblée a consenti à se priver d'un a Luzerne mºnde qu'il sº trouve en ce moment
de ses m mbres les plus purs qui ira au-delà trois cent so xante galériens, à qui le décret
des mers planter et affermir les maximes de la mational annonce leur liberté ; mais qu il est
constitution françoise. peut-être dangereux de déchainer tous à la fois
au milieu de la société comme des bêtes fé
Séance du 3o avril. roces. L'Assemblée a chargé son président de
répondre au ministre de la marine . qu'elle s'en
Une adresse de la ville de Clermont-Ferrand, rapporte à la prudence du pouvoir exécutif sur
réséntée par M. Gautier de Biouzat, a in les mesures à prendre pour assurer, au moindre
† l'Assemblée nationale « que les gardes détriment possible, la sortie graduclle de ces
nationales de cette ville ont parcouru, à leurs infortunés. -

dépens, les campagnes, où ils ont rétabli l'or M. de Canteleu propose la forme des assignats
dre et le calme : que leur contribution patrio sous le mot de domaines nationaux, agréée,
| tique monte déja à 243,ooo livres , et que les ainsi que la nomination de quatre commissaires
citoyens aisés de Clermont se sont imposés une du comité des finances, pour surveiller l'expé
cotisation de 56 mille livres , destinée à entre dition en forme de ces assignats.
tenir des atteliers pour les ouvriers indigens ». Il y avoit eu des plaintes portées sur l'exacti
- Les gardes nationales des différentes villes tude du service des postes à Eturmpes, et M.
et communautés du royaume demandant une d'Ogny, dans une lettre humble et doucereuse,
constitution , l'Assemblée nationale décrète comme celle qu'il écrivit aux districts de Paris
que , jusqu'après leur prochaine organisation , le 16 juillet dernier, promet de prendre toutes
èlles resteront sous le régime qu'effes avoient les précautions possibles pour surveiller le ser
embrassé, lorsque les municipalités , dans l'ar vice. C'est très-bien ; mais qui surveillera M.
rondissement desquelles elles étoient, ont été d'Ogny ? et comment cet agent du défunt es
régulièrement constituées : décrète en outre que pionnage (qui n'est pas si défunt) est-il encore
les modifications que les circonstances pour en place ? -

roient rendre nécessaires , ne seront faites que Le premier ministre des finances a ordonné
de concert entre les gardes mationales et les aux payeurs des rentes de me point retenir les
mouvelles municipalités. -
trois pour cent d'intérêt sur les assignats aux
Il s'est élevé dans différentes villes du royau rentiers , auxquels il sera payé des arrérages
me , notamment dans les villes frontières et échus depuis 1-88. M. de Folleville, qui a rendu
maritimes, plusieurs difficultés concernant les compte § ce fait, en louant le motif de l'ordre
étrangers qui maintenant habitent la France ; donné, a demandé si ce ne seroit point à l'As
l'Assemblée a décrété « que tous ceux qui, nés semblée nationale , plutôt qu'au ministre, à
hors du royaume sont établis en France, sont prononcer sur cette matière. La question a été
réputés françois , et pourront être admis, après envoyée au comité des finances. -

la prestation du serment civique, à l'exercice Sur la motion de M. Camus, on a renvoyé


des droits de citoyens actifs, pourvu qu'ils aient au comité de constitution la rédaction du décret
cinq ans de domicile ou acquis des immeubles , intervenu lundi , relativement à la formule du
épousé une françoise , ou formé un état de serment que doit prêter un président de l'As
commerce, ou bien enfin reçu dans quelques semblée en prenant possession du fauteuil.
villes des lettres de bourgeoisie , nonobstant Quoique le travail de la journée fût con
tout usage ou réglement à ce contraire, sans sacré aux finances , l'Assemblée a voulu prendre
u'on puisse induire du présent décret qu'au un parti définitif sur la grande question des
né élection faite doive être recommencée ». jurés, déja plusieurs fois ramenée et abon
Un des grands crimes que commettoit ou damment discutée.
que nécessitoit journellement le monstre de la M. la Poule a parlé le premier; il admet les

V A^e
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•° º . "
,

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2-,---------

( 5 )
jurés au criminel ; mais au civil il les rejette. fois dans les cœurs ce germe d'amour frater
M. Duport a repris son systême connu , et nel et national , qui n'avoit jamais pu exis
y a déployé de nouvelles forces de raisonne ter sous l'ancien régime et sous l'ancienne
mens et de patriotisme. dénomination des provinces. Ce magnifique
La discussion a été terminée par M. Garat spectacle n'a pas été vu sans admiration et sans
l'aîné et M. Freteau. Ce dernier m'a pas cru émotion par les Piémontois leurs voisins ; et on
les jurés admissibles , même en matière cri a lieu d'espérer que cette leçon-pratiqué de
minelle. philosophie mationale, en faisant connoître aux
Enfin, la question a été mise aux voix , et Piémontois le glorieux avantage de la liberté,
il est décrété , « que l'établissement des jurés les mettra bientôt en mesure contre le machia
aura lieu en matière criminelle seulement, et velisme de leur roi, malgré l'attention de la
non pas en matière civile ». cour de Turin à cacher ce qui se passe en
Plusieurs voeux se sont manifestés pour un France , et malgré le soin du ministre de
amendement qui auroit consacré le principe France dans cette cour, à faire réimprimer
et la possibilité d'amener un jour les jurés dans les Annales patriotiques , et à les dénaturer
la matière civile, en me les y admettant pas avant de les faire paroître. Inutiles efforts !
quant à présent. Mais cet amendement n'a pas les fédérations de nos frontières apprendront
obtenu la majorité des suffrages. assez aux peuples voisins que nous sommes
Le public des tribunes a reçu avec transport libres. Nous invitons donc toutes les milices
le décret qui donne des jurés au criminel ; leur mationales françoises qui bordent les Alpes ,
inadmission en matière civile a excité moins les Pyrénées et le Rhin, de se confédérer au
d'approbations. - - plutôt, pour que le brillant spectacle de leurs
Éour adapter le plutôt possible l'établissement évolutions patriotiques et leur union , serve de
des jurés, il faut , a observé M. le Chapelier, azette aux Espagnols , aux Italiens et aux
une loi criminelle qui leur soit propre, et llemands. C....
jusques-là, il faut bien laisser subsister l'an
cienne jurisprudence. Il en a été décrété Patriotisme du chapitre de Noyon.
ainsi ; M M. Duport, Chabrond , Tronchet ,
sont nommés entre autres pour composer le | Tandis que conduits par l'amour du luxe et
comité de rédaction. des honneurs, par la passion de dominer, par
On a entendu ensuite le rapport le plus lu l'habitude de tromper, nos ex-seigneurs mitrés,
mineux sur les assignats-monnoie. M. de Mon crossés, herminés, et leurs créatures en froc ;
tesquiou, qui en est l'auteur, y a joint une en soutane, en surplis, en masque de péni
adresse à toutes les municipalités, faite pour ac tent, imaginent, sous le prétexte de la reli
créditer la confiance due à ces papiers natio gion, d'instituer des jubilés, des pélerinages,
naux, qui le disputent en solidité aux métaux des processions , des meuvaines, des quaran
mêmes. Il y a tout lieu d'attendre le plus grand taines, pour échauffer le peuple et empêcher
effet des démonstrations établies dans cette la régénération , les vertueux chanoines de
adresse. Il a été décrété qu'elle seroit impri Noyon viennent de décider et d'arrêter, le 23
mée, envoyée, distribuée dans tout l'empire, de ce mois, à la majorité des suffrages, que, le
et lue aux prônes des paroisses. Tous les bons premier mai prochain , il seroit chanté un
citoyens y virent le renversement des cabales, T'e deum, en action de graces du décret du
le dernier coup porté à l'avarice anti-patrio 14 avril 179o, qui les a dégagés de tous soins
#, le contrepoison des protestations , le et intérêts temporels, et leur a rendu un temps
salut des finances et du crédit public, et c'est précieux qu'ils vont employer à louer Dieu et à
dans cette consolante perspective que la séance prier pour l'auguste Assemblée nationale, et
d'aujourd'hui a été terminée. pour la prospérité de l'empire. Plusieurs de
ces dignes chanoines , pénétrés d'un patrio
tisme vraiment religieux, publient hautement
Cozzfédérations nationales. que jamais l'église n'eût une plus belle occa
-
- -- - - sion de prouver ses vertus et sa piété, qu'en
Le 2o avril , toutes les milices mationales offrant ses biens pour le soulagement de l'état ;
du département des hautes Alpes se sont réu et que cette offre est moins un don qu'une
nies sous les murs d'Embrun pour faire le | restitution faite à tous ceux aui. iusqu'à pré
( 4)
Comparons maintenant, mes chers freres, la ils n'en trouveront point en France, à moins
conduite des chanoines de Noyon à celle de qu'ils n'en cherchent dans les régimens alle
ces évêques, abbés et grands-vicaires, qui vont mands commandés par l'autrichien Esterhazy.
remuant ciel et terre, pour renverser l'espoir Dans plusieurs régimens françois, les officieis
de cette belle nation , et continuer à se gorger ont une correspondance secrète entr'eux ; ils
de la graisse de cette même terre, que le fa vexent continuellement les soldats et les bas
matisme de la religion a si souvent arrosée du officiers; ils arrêtent les lettres qui leur sont
sang des peuples, et qu'ils croient pouvoir adressées ; ils écrivent contre eux au ministre,
arroser encore aujourd'hui du sang de la gé qui ne demande pas mieux que de soutenir les
mération présente, pour doubler leurs revenus. officiers, et de faire punir à tort et à travers les
Non ! prêtres sacrilèges, non, vous me réussi soldats, parce que la plupart de ces officiers
rez point. Un trait de lumière a parcouru toutes sont du parti de l'ancien régime, et que les sol
les contrées de cet empire; il a dessillé les yeux dats sont du parti de la nation et de l'Assemblée
de tous les habitans des villes et des campagnes : nationale. Au Hâvre, oa donnoit des cartou
ils ont vu que les chefs d'une religion sainte, ches jaunes aux braves soldats de Béarn qui
n'étoient, en général aujourd'hui, que les en montroient l'exercice aux gardes mationales de
nemis des moeurs, des vertus et de la vraie reli cette ville : j'ai dévoilé cettr manœuvre, et main- .
gon; ils ont vu que vous ne parliez souvent, tenant on leur en donne de blanches, mais sur
au nom du ciel, que pour subjuguer la terre lesquelles est écrit que le N.... a servi pendant
et asservir les nations. Dieu lui-même leur a ou tant d années dans le régiment ( sans dire com
vert les yeux sur votre conduite scandaleuse ment il en est sorti). A Montmédy, l'infortuné
et sur vos lamentations hypocrites. Vous êtes Muscar est victime de toutes les vengeances
comme ces crocodiles qui savent si bien imi d'un pouvoir arbitraire : il est plongé dans un
ter le cri des enfans pour exciter la pitié des cacllot très-humide, où l'on espère # faire pé
voyageurs et les attirer sur le bord du fleuve, rir bientôt, pour cacher d' ités. On
afin de les dévorer; mais c'en est fait, la Pro ne lui permet pas même de recevoir des lettres ;
vidence a parlé et le monstre de la supersti car je † ai écrit pour le consoler, et ma lettre
tion s'est pl§ dans l'abyme. CARRA. .. .
º *i
m'a été renvoyée. Serrons-nous donc en batail
lon quarré contre toutes ces espèces d'aristo
Manœuvres combinées de l'aristocratie. craties, et sur-tout contre ces insolens ministres
qui en sont les ohefs ; organisons au plutôt le
L'aristocratie parlementaire intrigue de toutes nouvel ordre judiciaire et la nouvelle constitu
§ ses forces et son espoir dans
arts , et
tion de l'armée. Soldats françois ! citoyens fran
§ de Paris ; l'aristocratie sacerdotale
çois ! patience , persévérance et courage , et
invente des neuvaines et des processions, et nous triompherons. L'Orateur des Etats-géné
refuse l'absolution aux pénitens qui lisent les
décrets de l'Assemblée nationale et vont aux re · raux a toujours été bon prophête. CARRA.
résentations de Charles IX; l'aristocratie mi
† cherche à se défaire au plus vîte des sol
dats et bas-officiers dont la bonne éducation et Un curé des environs de Paris s'est avisé
le patriotisme se font appercevoir, afin de n'a de prêcher contre l'Assemblée mationale. M. le
voir dans l'armée que des chenapans prêts à curé, s'est écrié un des paysans, vous n'étes pas
· verser aveuglément le sang de leurs frères, Mais dans l'ordre du jour, prêchez-nous l'évangile,
Fautes à corriger dans le N°. C C v,
Page 3, article Ratisbonne , lisez Bavière.
N° CCX, Page 4, article Berlin, Nachad, lisez Nachod. - - -- * • - . .

On s'abonna à Paris, chez BUIssoN , Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
pe l'abonnement et la lettre d'avis, et tou1es les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
| Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue'Saint-Honoré; madame DELAPLANGHE, rue du Roule ,
u°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. .
Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroît tous les jours un Numéro, est de 56 liv. porcr
un an , 18 liº, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour le tout
royaume Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne coinmonoe que du premier d'un mo .
- . •---- »l--- * 4- -- - -1 - AL -L- • • •A A-h-º--- –- l

S U P PL É M E N T °A U No. C C X I.
Suite des confédérations nationales. les gardes mationales de l'Angoumois, repré
sentant soixante mille hommes, mais les dé
Jamais le soleil n'éclaira, dans aucune contrée putés de toutes les municipalités de cette contrée,
de ce globe , un spectacle plus grand , plus formèrent à Angoulême un double pacte fédé
imposant et plus digne de la majesté des na Exemple
ratif, celui du civil et celui du militaire.
tions, que celui de ces millions d lioinmes armés admirable , et qui fait inſiniment d'honneur aux
accourant aujourd hui de toutes les parties de patriotes de l'Angoumois. On ne peut se figurer
l'empire françois , pour s'unir , s'embrasscr et tout ce qu'une pareille cérémonie eut d'im
jurer, sur l'autel de la patrie , de défendre jus posant et de majestueux : elle eut lieu dans une
qu'au derniºr soupir leurs droits et leur liberté, isle que forme le cours de la Charente sous
et de purger ieur sol des tyrans et des traîtres. les rcmparts de la ville ; et cette isle sera doré
Le 21 mars dernier , près de soixante - dix navant appellée l'Isle de l'Union. Oui, mes
légions s'assemblèrent sur les rives du Gardon, ainis , unissons la puissance de la raison et de
au camp de Boncoirans, en Languedoc , et la loi à celle du glaive. Que la plume des écri
furent jointes, le jour même, par les légions vains patriotes ne ſasse qu'un faiscean avcc la
de Nimes, d'Uzès, d'Anduze , de Sommiére et bayonnette des soidats patriotes, et nous serons
de Sauve. Le sentiment du patriotisme élevoit invincibles, ot nous serons libres et heureux à
toutes les ames, et la joie éclatoit sur tous jamais. - D'un autre côté , plusieurs autres
les visages. On y voyoit des hommes accou villes, qui avoient adhéré entr'elles, dès le mois
tumés # manier la bêche et à conduire la de février dernier, au projet d'une confédé
charue, porter les armes avec cette adresse ration avec les gardes nationales du Vivarais ,
menaçante qui en impose à l'ennemi le plus vont bientôt réaliser ce projet ; et mous aurons
audacieux. Des prieurs, · des curés , des vi le plaisir sublime de voir, avant la fin de cette
caires venoient se mêler en foule au milieu des -belle saison, tous les liabitans du vaste empire
légions, pour encourager les soldats par leurs françois me former qu'un co ur et qu'une
discours et pénétrer leur coeur du feu sacré ame , et ce coeur et cette ame répandront sur
de la liberté. Siècles barbares ! siècles du fama le reste du globe les principes éternels et sacrés
tisme ! siècles de l'esclavage ! que vous pa du bonheur de l homme et de la liberté des
roissez affreux , quand on vous compare à nos :nations. CARRA.
beaux jours ! — Le 5 de ce mois, les plus zélés
de la garde nationale de Strasbourg se réunirent L'armée fédérée des milices nationales du
sur la place d'armes de cette ville : ils partirent district d'Alais s'est assemblée le 18 avril, pour
ensuite , au son de la musique guerrière et
mêlés avec une foule immense § consommer son union fraternelle , et faire le
serment civique , dont la formule mérite singu
et de soldats de la garnison, pour se rendre à
lièremcnt d'ètre citée et remarquée. « Nous ju
la plaine voisine, où ils prononcèrent le ser rons, en présence de l'Etre suprême, au non
ment suivant : « Nous, etc. avons formé le pacte · de la religion, de la patrie et de l'honneur,
e nous unir, par tous les sentimens de patrio d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi ;
tisme et de courage, à nos chers frères d'armes de maintenir de tout notre pouvoir la constitu
d'Alsace , de Lorraine , des Evêcliés , de la tion de l'état, décrétée par l'Assemblée natio
urgogne et de la Franche-Comté, dans la male et acceptée par le monarque ; d'obéir aux
saule vue de former avec cux une immense ſa
mille de frères armés pour se protéger mutuel magistrats; de respecter et protéger les pro-,
priétés : d'acquitter et faire acquitter exacte
lement, et pour maintenir de tous leurs efforts ment les impôts légalement établis, et de regar
le bonlreur que nous prépare la constitution », der comme ennemi de la patrie et de l'huma
On ne peut exprimer livresse de joie que pro nité , quiconque voudroit se servir de la diffé
duisit ce spectacle , et au milieu des soldats, et rence des opinions religieuses pour allumer la
au milieu de pltºs de vingt mille spectateurs. | baine et la discorde parmi les concitoyens ».
L'acte fédératif fût bientôt couvert de signa Ces dignes patriotes ont fait en même temps ume
( 2 )
à nous qui sommes assez difficiles, un chef seigner la manière de les chérir, et de parta
d'oeuvre de sagesse, de patriotisme, d'éloquence · ger entr'eux son amour et ses soins ». — Cette
et de précision ; nous nous contenterons donc même réponse nous apprend « que depuis 1774,
d'en citer le paragraphe suivant : « Que de tra indépendamm nt des revenus ordinaires de
vaux entreprºs et terminés dans moins d'une J'état , que l'abbé Terray évaluoit alors à
année ! que de germes de prospéri tés ou sennés 3 6.879,746 liv. , il a été consonmmé d'emprunts
ou développés ! Les droits de l'liomme recon 1,66o,o 12,580 liv., et de fonds extraordinair s
nus et publiés ; la féodalité détruite : l'agricul plus de 5 : 5,ooo,ooo , c'est à-dire, en moins de
ture soulagée ; le commerce débarrassé de ses seize ens, DEUX MIL 1 Rn cent soixante-quinze
entraves : la dette publique consolidée ; tous les millions au-delà des revenus ordinaires; par
abus découverts et poursuivis ; l'arbitraire, ce | année, environ cent trente-cinq millions au
fléau destructeur, entièremcnt chassé du corps dessus des revenus ordinaires !» Et nous n'avons
bolitique ; un nouvel ordre administratif uni cu qu'une guerre de deux , ns !....
l§t établi dans l'empire ; tous les pou Ecoutons à présent M. de Montmorin. Ce
voirs définis et séparés; la soumission éclairée ministre pense que les observations qu'il a faites,
mise à la place de l'obéissance aveugle : tous en conversant avec les membres du comité des
ces biens, et tant d'autres encore prêts à éclore, pensions, suffisent pour justifier complètement
voilà ce que vous doit la France; voilà ce qu'elle cent dix-sept millions de dép nses inscrites sur
n'oubliera jamais ». Citoyens d'Alais, mes amis, le livre rouge, pour affaires étrangères secrètes,
mes frères, n'oubliez pas, pour la nouvelle lé « Le comité est d'un sentiment contraire : l'As
islature, celui qui a rédigé cette adresse; je ne semblée et la nation jugeront.... » M. de Mont
# connois pas, mais à coup sûr c'est un liomme morin prétend d ailleurs nous fasciner les yeux
bien précieux. C.... par des détails qui tournent toujours autour du
point central de la vérité, sans jamais y aboutir.
Réponse du comité des pensions aux observa Il dit, en parlant des subsides payés aux prin
tions de M. Necker et de M. de Montmorin, ces étrangers , que la cour de Vienne nommé
relativement au livre rouge. A Paris, chez mnent N'A ÉTÉ DANs I E cAs d'en recevoir, mi
Baudouin. mémc d en réclamer aucun depuis la paix de
1763. Que signifient ces mots, dans le cas ?
C'est un spectacle piquant que la subtilité Parlez françois, M. le répondant. La cour de
luttant contre la vertu et le courage, je veux dire, Vienne a-t-elle reçu ? a-t-elle demandé ? Parlez
deux ministres aux prises avec le comité des net, et point d'escobarderie.
pensions. Quand celui-ci vient de nous ouvrir Je reviens à vous, seigneur Génevois. Vous
† livre de la vérité, ceux-là s'efforcent de fer dites donc que l'usage des ordonnances de
mer ce livre redoutable, et de mous dérober comptant donnoit beaucoup de simplicité et
cette même vérité, que la mation a tant d'intérêt de rapidité à la comptabilité, et cet avantage
à connoître. devoit naturellement le faire souvent adopter
Quel est-il cet homme qui ose dire à des re de préférence. Eh bien ! ces états comptans
présentans de la nation françoise, qu'ils ne et l'usage qu'on en a fait, ont paru au con
sont encore qu'à l'apprentissage des vertus pu traire au comité d'odieux moyens d'abus et
bliques ? - - des monumens authentiques de déprédations,
« Ceux qui servent leur patrie, (répondent Nous savons que vous êtes fort pour la simpli
les membres du comité des pensions) ceux qui cité et la rapidité d'une com § qui laisse .
se dévouent pour leurs concitoyens, des fran le moins de traces possibles. † votre talent ,
çois, n'ont point à faire d'apprentissage, soit c'est votre opinion ; ce sont-là les élémens des
de patriotisme, soit de vertus publiques. Et vertus pº† dans lesquelles vous êtes con»
sommé. A la bonne heure : c'est maintenant
certes, puisqu'il faut le dire, alors même qu'une
mère, forcée par des circonstances impérieuses, à la nation à voir si de tels talens , une telle
a confié ses enfans à une nourrice étrangère, O
† , de telles vertus publiques conviennent
ce n'est pas à cette nourrice à vouloir lui en p us long-temps à ses intérêts. CARRA, -
A N N A L E S |

| PAT R 1oT1QUE s ET LITT E R AIR E s \ \ '


| |

D E L A F R A N C E, -

ET A F F A I R E S PO L I T I Q U E S D E L'E URoP E,
J O U R N A L L I B R E,
/
/ •- - - - - -

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. M E R c I E R.


· Il
Il n'y a point de société sans devoirs réciproques entre les membres qui la » , !
-
composent; point de devoirs sans loix qui les imposent
1x q | point de loix
;; P
sans législateurs qui les établissent; point de législateurs sans la vo
lonté mationale, parce que personne de soi-même n'a droit de com
»mander à son semblable.

N°. C C X I I. Du Dimanche 2 M'ai 179o.


As sE M B L É E NAT I O N A L E. situés, elle n'a pas entendu que les créanciers
Séance du 1er Mai.
* | des rentes constituées à prix d'argent, perpé
tuelles ou viagères, généralement ou spéciale
| ment hypothdquées, fussent imposés à raison
L• 4 mai sera un jour éternellement célèbre ' de ces rentes dans le lieu où lesdits biens se
dans les annales de la nation françoise : M. " trouvent situés, s'ils n'y sont pas domiciliés :
Voidcl, dès l'ouverture de la séance , a. fait la · en conséquence elle ordonne que les imposi
motion que l'anniversaire en fût soleminisé : tions qui n'auroient pas eu d'autres motifs dans
mardi prochain par un T'e Deum, qui seroit : les rôſes des six derniers mois de 1789 et de
chanté en présence de l'Assemblée mationale : l'année 179o en soient distraites , et que, pour
dans l'église des Capucins. -
· en opérer le remboursement et la restitution
-

Ce sera donc une purification , s'est écrié à ceux qui les ont acquittés, il soit fait pour
M. Bouche. -

1791 un rôle de supplément ou réimposition


Il reste encore une pierre de l'odieux édifice , du montant desdites contributions, et que la
de la féodalité, c'est le droit d'aubaine. Un somme à provenir dudit rôle de supplément
honorable membre s'est levé pour en demander soit remise à ceux qui auront été induement
la suppression dans tout le royaume ; et cette imposés en justifiant par eux du paiement qu'ils
motion , dictée par la raison et I'humanité , a en auroient fait aux oollecteurs des six derniers
été envoyée au comité des domaines, qui en mois de 1789 et de l'année 179o ». | . .
fera son rapport. \ Second décret. « L'Assemblée nationale, surle
M. Vergnier, au mom du comité des finan rapport de son comité des finances , vu la déli
ces, a lu trois projets de décrets qui ont été bération de la municipalité et du conseil général
agréés, ainsi qu'il suit :
er. décret.#
-

Assemblée nationale, oui le rap


- -

de la ville de Bourges, du 31 mars dernier,


conſirmative de celles prises par l'ancienne mu
port de son comité des finances, déclare que, par nicipalité et le bureau de charité de ladite ville,
son décret du 29novembre dernier, qui veut que autorise les officiers municipaux à faire un rôle
les ci-devant privilégiés soient imposés à raison de contribution de la somme de 6o,ooo livres ,"
de leurs biens-fonds pour les six derniers mois sur tous les citoyens capités à 3 liv. et au-dessus,'
1789 et 179o, dans le lieu où lesdits biens sont proportionnellement à leurs revenus et facul
"( -2 :)

tés; déclare qu'il sera précompté à ceux qui ont écrits, et démontrant les maux attachés à l'ina
déja fait des contributions volontaires, le mon-' movibilité des juges, il a conclu à l'établisse
tant desdites contributions, à charge par lesdits ment de juges d'assises, tant pour la remière
officiers municipaux de rendre compte des instance, que pour les causes §!
sommes à percevoir en vertu du nouveau rôle ». Ce systême n'est pas celui de M. de Landine,
Troisième décret, sur Saint-Paul-trois-Châ qui a parlé après M. Chabrond. Il me voit
teaux, en Dauphiné, département de la Drôme. plus d'inconvéniens dans la pcrmanence des
« L' Assemblée nationale, sur le rapport à elle juges après la vénalité abolie , les tribunaux
fait par son comité des finances, a décrété ce d assises lui paroissent insuffisans, et presque
quiisuit : · -
ridicules.
" I°. Elle autorise la communauté de Saint On alloit passer aux voix, et la permanence
Paul-trois-Châteaux à imposer, cette présente , étoit décrétée , si M. de Toulongeon n'eût
année, la somme de 1 oo6 livrés 15 sous en prin- ' demandé la parole, et ne s'en fût servi pour
cipal , pour être employée à l'acquittcment reclamer une distinction qu'il a su rendre très
des deux premiers artieles de dépenses énon sensible. « l peut y avoir, a-t-il dit, quelques
cées en la délibération du conseil général de sa avantages dans la permanence du premier juge,
municipalité , du 23 mars dernier , ensemble mais j'en vois de plus grands à rendre ambu
· les quatre deniérs pour livre du montamt de lans les tribunaux d appel, il y aura moins de
cette somme, pour les frais de collecte. procès, et ils seront mieux jugés ». Idée qui
2°. Les 544 liv. 1 sous 6 dem. destinées au a été ensuite attoptée et développée par M. de
Bousmard. -

remplacement du déficit qui s'est trouvé sur la


vente des grains de la première provision faite A moins que l'on n'établisse quatre-vingt
en 1789, ainsi que les frais de collecte, seront trois cours souveraines, a repris M. de Beau
imposés au marc la livre de la capitation sur metz, il me semble desirable que les grands
tous les habitans de la communauté sans ex juges soient , moitié ſixes , moitié composès en
çeption , dont la cote de capitation excède assises ». Il a insisté ensuite pour un tribunal
quarante sols; et quant aux 462 livres-treize de r, vision ou cassation , dont les membres .
sous six demiers, destinées au remboursement semblables aux missi dominici,',iroient dans
des dépenses faites à l'ocasion des alarmes don toute l étendue du royaume inspecter les juges.
nées en Dauphiné, les 29 juillet et premier Que les causes d'appel soient portées de
août derniers, ainsi que les droits de collecte, vant des juges d'assises, a dit M, Roberts
l'imposition en sera faite au marc la livre de la pierre , je le croirois juste et nécessaire; mais .
taille sur tous les possédans biens sans excep est-il juste et nécessaire qu'il y ait des causes
tion,.. de ladite 2 communauté dont les cotes d'appel ? · · · - -

détaillées ,excèdent pareillement 4o sous. · M. Garat l'aîné a combattu le système des


rt3°: Ibsera pourvu par l'Assemblée nationale, assises par de nouveaux moyens ; et enfin la
sur la demande en permission d'imposer le question a été décrétée sur la rédaction, très
montant du déficit, s'il s'en trouve-aucun sur
applaudie, de M. Tronchet. « Le juges de pre
les grains approvisionnés en septembre et oc mière instance seront sédentaires, l'Assemblée
tobre derniers, lorsque la somme de ce déficit : nationale se réservant de statuer ultérieurement
sera constatée, et d'après l'avis du directoire * Sl l'appel sera admis, et si les juges d'âppel ou
de'département » , i , · · · · ·· · · de révision séront sédentaires ou non x : 1f
, - •l i: 1.. - • "» - ' -
#'ordre
du † du jour qui embrassoit l'organisation
avec impa | A rès ce décret rendu , la question élevée
tiénce ;ºon y est enfin arrivé. par M. Robertspierre a reparu , soutenue par
M. de la Rochefoucault, qui ne veut point
# Les juges seront-ils sédentaires, ou non ?»
fèile | est la première question qui s'est pré · d'appel au civil, mais combattue par M. Bar
· naVe , ui a fait sentir que l'Assemblée n'ayant
sentée, , 1• '; | · , , i4r. - - i #
pas établi les jurés pour être jugt s, du fait, il
· M.,Chabrond, oèt'orateur précieux aux bons devenoit impossible de ne pas donner deux
citoyens par sa fameuse opinion, et par sa haine degrés de jurisdiction. ' ... , . : *,

pour l'esprit de corps, qu'il dénomme si exac · Un moyen terme étoit proposé par MvPéthion
tement l antipode de l'esprit , public, a dé · de Villeneuve; c'étoit que les premiers juges ne
ployé à la tribune les principes qu'il avoit servissenti qu'à l'instruction, et querlesejuges
IEEE --

( 3 )
supérieurs prononçassent définitivement ; ce dont on se promet ici les plus grands avantages.
qui n'auroit toujours fait qu'un seul degré. En effet, les deux cours se sont non-seulement
L'avis de M. Pison du Galand a formé le promis des secours particuliers et déterminés .
décret : selon certaines circonstances , elles se sont
« L'Assemblée national : décrète qu'il y même engagées à se secourir de toutes leurs
aura deux degrés de jurisdiction en matière forces, si le § l'exigeoit. Nous voyons avec
civile , sauf les exceptions particulières qui une joie extrême la maison de Brandebourg,
pourront être décrétées par l'Assemblée, et sans vassale, il y a cent vingt ans, de la Pologne,
entendre rien préjuger en matière criminelle ». devenir aujourd'hui son plus puissant appui.
Tous les vrais patriotes applaudissent à cette
union, qui nous garantit des desseins perfides
Toulon , 16 avril. des cours de Pétersbourg et de Vienne. C'çst
pourquoi tous les travaux sont dirigés vers §
Plusieurs soldats de deux régimens qui sont
ici en garaison, se sont écharpés sur les rem besoins de notre armée, qui sous peu sera cos2
parts. Ils se battoient dix contre dix. Les plète, et divisée en trois camps, dont le prin
citoyens leur ayant demandé pourquoi ils se cipal occupera les environs de Cracovie. Un
battoient ainsi, ils ont répondu qu'ils n'en sa peloton de soldats russes s'est jetté dans quel
voient pas tropbien oux-mêmes la raison. On leur ques campagnes de nos frontières et sur la pe
a, représenté qu'il n'étoit pas convenable de se tite ville de Jaorlick, dont ils ont pillé la douane,
brûlé quelques maisons ; mais les sentimens de
battre sans savoir pourquoi , et l'on est venu
à bout de les séparer et de les faire boire en la cour de Russie ne nous étoient pas inconnus :
semble. sa protection même ne nous a †que trop
coùté ; et le dernier rejeton de la maison de
Lorraine portera jusque dans le tombeau la
La nouvelle municipalité de la paroisse de lonte d'avoir démembré le royaume où le nom
Champ-Deuille en Brie, près Melun, ayant fait de Sobieski fut la terreur des Turcs et le salut
une députation à messire Jean-Jacques Serarde de l'Autriche.
lcnr curé, pour le prior de cliantcr uu Z'c deum,
en action de graces, le jour qne tous les citoyens D E V I E N N E, le 16 avril.
dudit lieu prêterent le serment civique, le curé
a refusé. Sur la plainte faite à l'auguste Assem Léopold, peu satisfait du succès de sa décla
blée mationale par les habitans , M. de Cham ration, envoyée de Florence aux provinces Bel
peaux, président du comité des recherches, iques , avoit résolu d'employer la force, et de
écrivit audit sieur curé une lettre d'invitation aire passer 24,ooo hommes dans le duché de
pour l'engager à chanter le 7'e Deum. Nou
vcau refus : ce qui a donné lieu à une motion Luxembourg , omme ce projet demandoit quel
de-M:àle Cointre l'aîné, citoyen de Paris, et ques préparatifs, on le croyoit oublié ; mais au
ropriétaire de biens-fonds dans ladite paroisse, jourd hui il est décidé que ce plan subsiste tou
jours : ce qui prouve que lLéopold n'est pas
aquelle a été adoptée dans une assemblée gé
nérale. Cette motion consiste à supplier l'As
moins entêté que son frère a§ régner sur
semblée nationale de décréter, que dorénavant les peuples malgré eux.
tous les çurés seront tcnus de se faire recevoir
DE L o N D R E s, le 22 avril.
par leurs paroissiens, sans toucher aux droits
des seigneurs et évêques : cette motion, et le Les nombreuses pétitions qui ont été pré
discours qui l'a , précédée , seront imprimés sentées au sujet de la perception des droits
d'après le voeu de l'Assemblée générale de la sur le tabac, ont enfin déterminé M. Rose à
paroisse. présenter un bill pour la régler d'une manière
&
moins préjudiciable à la § constitution
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES.
nelle , et le gouvernement sera obligé d'y avoir
· D E VA R s o v 1 E, le 1o avril. égard , sans aucun délai, ou c'en est fait de
.2
notre liberté. En effet , si l'augmentation des
· Notre traité d'alliance, fait avec la cour de
· impôts suppose toujours une très grande liberté,
Prusse, est enſin ratifié. En vertu de l'article 7 sans laquelle aucune nation ne peut les sup
de ce traité , on va s occuper du traité de com porter , d'un autre côté, cette augmentation
merce, qui mettra le sceau à cette alliance, devenue excessive, touche au terme où la
( 4 )
nation retombe dans la servitude, et n'a plus, Van-Eupen pour la défense de M. Van der
par conséquent, de propriété que celle du fisc. Mersch , il est évident qu'elles ne sont pas
Ainsi, malgré notre dévouement pour la patrie, sincères. Cet ardent secrétaire est parvenu,
et la résignation avec laquelle nous payons les par ses menées sourdes, à faire rétracter plu
impôts, mous ne sommes peut-être pas éloignés sieurs des officiers qui avoient signé la décla
ou d'une révolution amenée par l'accise, ou ration de Namur. L'après les suggestions aux
du terme auquel notre liberté va s'anéantir † ils se sont rendus, ils ont prétexté avoir
par l'excès de ces impôts. En général il faut té trompés, et qu'ils ne croyoient pas s'écarter
toujours une exacte proportion entre les char des vues du congrès. C'est ainsi qu'ils ont
ges du peuple et la berté de son existence ; trahi la cause du p triotisme et leur conscience.
sans quoi il n'est plus de citoyens, parce qu'il Ma s si Van - Eupen a, d'un côté, trouvé des
n'est plus de patrie pour les individus. ames foibles ou vénales , et livrées à Van-der
D E F R A N c F o R T , le 16 avril. Noot pour l'argent qu'il a fait répandre, il
paroît, d'un autre, qn'il se tirera difficilement
Les changemens violens que Joseph II avoit de l'embarras où vont le jetter les pétitions des
faits, le sabre à la main , dans ses états , ont comités de Flandres , adressées aux états de
enfin donné lieu à de trop justes réclamations cette province, concernant le transport du gé
de la part des sujets sur le mode de la nouvelle néral dans sa patrie , où ces comités veulent
imposition territoriale, Léopold , craignant qu'il soit promptement remis. Le ton ferme ,
avéc raison les suites de ces réclamations gé et l'on peut même dire menaçant, de ces pé
nérales , vient d' établir une commission minis titions , semble ne laisser d'autre alternative .
térielle pour faire droit , au moins en appa u'une scission , ou le transport du général en
rence , aux différentes provinces , et corriger Flandres. Voici la fin de la seconde pétition :
les abus et les vexations des agens du fisc. Il « L'affaire du général devient inquiétante :
accorde donc, comme par une faveur spéciale, prévenez-en, messeigneurs , les dangers ; nous
aux dépntés des provinces d'intervenir, comne vous en conjurons ! soutenez hautement, et
arties intéressées , aux discussions qui seront avec force, sa translation dans cette province.
aites dans les séances de cette commission. Qu'on articule promptement les griefs dont il
Mais persuadé, comme tous les princes lor est accusé ; qu'on lui donne des juges com
rains désignés jadis par les noms de vendeurs
de bétail et de marée, que c'est au peuple à
pétens : donnez au public ses moyens de justi
fication , comme vous avez fait publier les
payer les impôts , non à les établir , il ne leur relations à sa charge. Accordez votre confiance
accorde aucun droit de représentation. Ce au public, et vous mériterez, à plus d'un titre ,
sont des serviteurs qu'il invite à venir subir la celle d'un peuple soumis, mais brave , mais
loi du maître, qui veut bien les entendre Ce jaloux de ses droits ; mais prêt à tout sacrifier
premier pas devient unmoment bien précieux pour les conserver ».
pour les peuples soumis à ces despotes s'ils C'est ainsi que parlent des Belges qui, disent
savent en profiter : mais malheureusement ils ils, ont bravé vingt mille bayonnettes, et se
m'ont pas encore d'opinion. plaignent en outre du comité secret formé dans
P A Y s - B A s, 25 avril. le sein des représentans de la mation. En effet,
pourquoi ce comité secret , si tout le monde
Quelques dispositions favorables que montre est animé du même patriotisme ? -

On s'abonne à Paris, chez BUIssoN , Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le Prix
pe l'abonnement et la lettre d'avis, et touies les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques,
Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHE, rue du Roule,
u°, 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
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un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liu. pour trois mois , franc de port, par la poste , p9ur le rortt
royaume Le premier Numéro a paru le 3 Qctobre 1789, L'abonnement ne commence que du premier d'ure mrtast.

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"------------
A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E S
:D E L A F R A N C E,
E T A F FAI R E S POL, I T I Q U E S D E L'E U R O P E;
J O U R N A L L l B R E,
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Par une Société d'Écrivains Patriotes , et dirigé par M. M E R c I E R.


Le heureux,
meilleur des gouvernemens n'est pas celui qui fait les hommes les plus
mais celui qui fait le plus grand nombre d'heureux. L)UcLos.

N°. C C X I I I. Du Lundi 3 Mai 179o.


A S S E M B L É E N AT I O N A L E. bons citoyens doivent regarder et traiter comme
traîtres à la patrie , tous ceux qui auront signé
Séance du 1er Mai au soir. ou signeront des protestations Contraires aux
sages décrets de l'Assemblée. A ces mots un des
D, ss l'exposé de la séance de ce matin , il côtés de la salle, lmeureusement peu nombreux,
n avoit pas ét, parlé d'une lettre écrite à l'As s'est agité avec violence : on eût dit que cetto
semblée par MM. de Vrigny et Chailloué, qui, déclaration si simple n'étoit qu'outrage et que
envoy és par la noblesse du bailliage d'Alençon, personnalité ! Les applaudissemens du reste de
dans le temps qu'il y avoit des bailliages et de l'Assemblée ont enfin couvert ce tumulte, et
la noblesse , annoncent qu'ils regardent lcur les députés, après leur discours , ont été intro
mission comme finie , attendu , disent-ils , la duits, dans l'intérieur de la salle, sur les ban
lettre de leur mandat, qui porte expressément quettes qui leur étoient destinées. On a passé
que leurs pouvoirs et iyustructions ne pourront au projet de décret sur le desséchement des
avoir leur p/ein et entiere//et que pour un an ; IIla I'dlS.
à dater du 1er mai 1789, et demandent qu'il Nous voudrions pouvoir rendre littéralement
soit indiqué au bailliage d'Alençon un moyen le discours patriotique de M. l'abbé Grégoire,
de remplacer ses deux députés nobles. qui le premier a parlé sur cette matière. « La
L'Assennbi'e a laissé à ces honorables mem Providence , a-t-il dit, est toute entière pour
bres la faculté de suivre les mouvemcns de leurs la révolution. Nous avons des milliers de bras
conscience# timorées ; et la seconde partie de qui ne demandent que de l'ouvrage , et nous
leur demande étant inadmissible, parce qu'elle pouvons les occuper à dessé cher quinze cent
est impraticable, on a passé à l'ordre du jour. mille † de terre, lacs et marais. Avec une
Voilà ce que nous croyons devoir rétablir pour somme de 12oo mille liv., nous nous préparons
la parfaite cxactitude des faits, et pour que des bénédictions, et la terre nous rendra bien ce
l'opinion publique exerce ses pouvoirs sur le que nous aurons versé dans son sein. Me dira-t-on
fonds de la question. que cette somme est considérable dans la po
Ce soir, à l'ouverture des adresses, on a été sition où nous nous trouvons ? Je réponds que,
frappé de celle de la ville de Sézanne, apportée fût-elle plus forte encore, nous ne devons point
par une députation extraordinaire. Après l'ex balancer à la faire employer à un si noble usage.
pression du plus profond respect pour les dé Quoi ! on payera chèrement des ambassa
§rets de l' Assemblée nationale, la ville de Sé deurs inutiles, des consuls trop nombreux ; on
( 4 )
duira le double de valeur, non compris l'éco
nomie des places inutiles ou plutôt onéreuses. que les comptes de cette
Sans examen : et 3o.
guerre ont été arrêtés
que tous les traités de fi
Votre fameux Bezenval est ici depuis quel nances, depuis quinze ans, ont été faits sous la
ºlº !emps; et, se proposant d'y faire un séjour, condition de n'être jamais recherchés ; condi
il a loué lâ jolie maison de cainpagne de MM. tion nulle , Pºrce qu'on traitoit avec un roi qui
labotières, à un quart de lieue de la ville. Une
foule de ces fugitifs de la noblesse et du haut est toujours mineur, et des ministres qui étoient
clergé se rassemblent ici, et nos hôtels garnis tous des déprédateurs. Tous ces voiles étant dé
chirés, on fera rendre gorge aux vampires de
ºn regorgent : mais ne craignez rien d'eux , toutes les espèces qui ont su§é le sang du peuple,
"?ºs les verrons faire, et nous les rangerons ; et qui osoient encore en cxiger des §!
ºllez , fiez-vous à nous. tions. C....
Voulez-vous bien, écrivains patriotes , aver
tir ces messieurs, dans vos Annales , que les Mémoire sur la dotation des curés en fonds
Bordelois sont bonnes gens , mais intraitablcs
sur l'intérêt de la patrie. Point de complots, territoriaux , par M. l'abbé Grégoire, dé
point d intrigues, sinon mor...... - Puté de Lorraine, lu à la séance du 1 1 avril
Signé F.... négociant et soldat citoyen. 179o. Paris , Baudouin.
- --'
Grenoble , 25 avril. Si jamais l'utilité , la politique et la piété
d'une telle dotation en fonds territoriaux pour
Les curés de l'archiprétré de Saint-Martin les curés, furent bien connus et démontrés,
de Miséré, près Grenoble, dont M. Roulet , c'est dans le mémoire que nous citons. La pra
curé de Montbonnot, est arcliiprêtre , Se SOnt tique des vertus religieuses, en rapprochant
assemblés le 2o de ce mois ; et ont délibéré le pasteur de ses ouailles, le rapproche en
que dans l'heureuse révolution qui s'opere , ils même-temps de la vie agricole qui est la plus
ne peuvent faire un meilleur usage de leurs douce et la plus convenable pour les ministres
connoissances , que de bien se pénétrer des du culte. Lechamp hospitalier d'un curé sourit
décrets de l'Assemblée nationale, acceptés ou également aux yeux de ses voisins comme aux
sanctionnés par /e 1?oz ; qu eu conséquence »
siens propres : on aime à voir le blé qu'il
dans leurs conférences ecclésiastiques, apres 1noissônne, et que souvent il partage avec les
avoir traité une question de morale ou de re Pauvres : il s'attache aux plantes qu'il cultive,
Aigion , chacun #.(21/2: expliqueroit et dévelop comme aux liommes qu'il instruit : ses jouis
peroit à son tour les principes de la nouvelle sºnces sont doublées, et la vue de ses gre
constitution , en commençant par les droits niers le satisfait davantage que celle du coÈfret
de l'homme et du citoyen. 1 dans lequel il renferme la monnoie de SOrt
salaire ; de ce salaire trop fugitif, qui n'a d'at
Tous les voiles seront déchirés. trait que pour ceux qui ne savent pas en faire
un bon usage, Telle est en peu de mots l'ana
*On fera bientôt connoître à ce peuple si bon, lyse des principes et des idées que contient le
si généreux, et malheureusement si crédule 8 ll - mémoire de l'abbé Grégoire, et qui doivent
trefois et si louangeur, 1°. que la guerre d A#4
- - M.

déterminer l'Assemblée nationale à doter les


rique a coûté près de 7oo millions, par les dé curés, au moins pour une portion , en fonds
prédations et les friponneries du ministère ; 2°. territoriaux. C,... 2 -

- - - - • - • |• - -

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- 4 - - - -

royaume Le premier Naméro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnemont ne conmonce 7ue du premier d'un mois.
º.º • *• , ; " .

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A N N A L E S
PAT R I o T I Q U Es ET LIT T É R A I R E s
# : D E L A F R A N C E,
ET AFFAIR E S POL IT I Q U E S DE L' E U R OPE;
J O U R N A L L 1 B R E,

Par une Société d'Ecrivains Patriotes , et dirigé par M. ME R c r E R. ,


- - ſ!
| Quel gouvernement est le plus parfait ? celui où l'injure faite à un ,
particulier intéresse tous les citoyens. SoLoN. !
. .

N°. . C C X I V. Du Mardi 4 Mai 179o.


As s E- Mit'i 'B L É E N AT IO N A L E. que l'adresse aux François m'étoit signée mi
par lui , ni par le président du comité des
Séance du 3 Mai. linances , \

« L'Assemblée nationale a décrété , qu'après


L'usace des anciennes municipalités étoit , que M. le président aura signé l'adresse aux
que les officiers qui les composoient allassent jºdºramçois sur l'émission des assignats , il se
individuellement prêter serment, et se faire retirera pardevers le roi , et la suppliera de la
recevoir dans leurs offices au pied des cours fuire parvenir dans les départemens et muni
souveraines dans le cessort desquelles étoit cipalités par les moyens qui sont en sa puis
situé chaque hôtel-de-ville. Depuis la régéné SaI1Ce ». ' . »

ration, il paroît que, soit par un reste de pré : On a repris l'ordre du jour. M. Goupil de
tention des cours agonisantes, soit par une Préfeln a fait connoître , que pour l'intérêt
suite de la vieille routine qui fait encore loi privé et pour l'intérêt public, le plan de M.
† tant de gens, il a été rmis en question , si Thouret, qui admet six juges , dont trois sé
es nouveaux officiers municipaux ne seroient dentaircs et trois ambulatoires , devoit avoir
pas tenus de venir acquitter le tribut de sou la préférence sur tous les autres, parce qu'iI
mission à l'antique hiérarchie : formalité pure étoit moins coûteux au peuple, et que l'ad
;ment inutile , qui consommoit les officiers en ministration de la justice seroit plus prompte
perte de temps et en frais de déplacement. et plus sûre. - .»
Pour trancher cette question, qui n'auroit pas M. Miilsent s'est déclaré contre le systême
dû naître, le comité de constitution, par l'or de l'ambulance. « Que pouvez-vous craindre
gane de M. le Chapelicr, a proposé et fait désormais des juges sédentaires nommés par
adoptQr le décret qui suit : les peuples ? étrangers à la puissance législa
« L'Assemblée nationale décrète que les tive , renfermés dans le seul ministère de juges,
officiers municipaux qui ont l'exercice de la ils n'auront rien de commun avec l'ancienne
police , n'ont d'autre serment à prêter que magistrature ; économisez le temps qu'ils con
celui qu'ils ont † lors de leur installation , SO mlInGrOlent en # économisez celui que
d'être fidels à la nation , à la loi et au roi , le public perdroit à les attendre, et, si j'èse
et de faire exécuter scrupuleusement les décrets le dire , économisez le vôtre, en décidant la
de l'Assemblée nationale, acceptés ou sanc question. - -

tionnés par le roi ». On a crié : il rassure contre ces juges séden


Sur l'observation faite par M. le président,
( 2 )
ple, et qui n'auront aucun rapport avec les l'a gêné quelquefois, mais elle lui a rendu de
anciens parlemens , puisqu'ils seront simples grands services, et s'il peut la voir reparoître ,
jugeurs , et ne participeront en rien à la lé il ne désespérera de sa propre réhabilitation ».
gislation : il représente fortement , en termi Une nouvclle idée est proposée par M. Fau
mant , qu'on a passé six jours pour savo r s il con ; des juges révocables de six en six ans,
y auroit des jurés , et qu'il faut abréger les pourvu que # quatre cinquièmes demandent
discussions sur le sujet traité, en déclarant po cette ré vocation. -

sitivement que les juges d'appel seront séden Enfin la parole est venue à M. de Roederer;
talTeS.
et nous observerons avec admiration que ce
Aussi tôt après on a crié aux voix , et la sont trois magistrats qui ont porté les coups
lestion a été J os'e : les juges d'appel seront les plus vigoureux aux vices de la judicature ;
ils sédentaires ? Tous, a dit M. Reubell, par Lurort f d'André ! de Roederer ! entendez les
forme d'amonde ment ; l amendement a - été .
accepté , et le décret a été rendu , « tous les
§ de l estime publique.
juges d'appel seront sédentair, s ». M. de Roederer a établi trois rapports; les
Le roi, en sanctionnant le d cret relatif à juges, la justice, la politique. Pour sauver les
la ville de Lieppe, a donné des ordres pour bonnes mœurs du juge, pour assurer la simpli
qu'on fît distribuer dans le pays de Caux six cité de l'administration , pour aller au-devant
mille sacs de blé , qui y raméneront l'abon e ces fausses loix qu'on appelloit des regle
dance , en attendant que l en puisse jouir de mens, sur-tout pour déconcerter la tyrannie ,
la récolte, il y a des troupes pour empêcher il a demandé que les juges fussent élus tous les
les désordres : c est ce qu'on a appris par trois ans; il a démontré que les officiers de judi
une lettre du ministre des finances, qui a ras cature ne devoient pas politiquement être trai
suré l'Assemblée sur ce point. 1
tés différemment des hommes d'administration.
| Nouvelle question : les juges seront-ils élus Et le décret s'est lancé presqu'unanimement :
pour un temps , où seront-ils à vie ? « Que les juges ne seront établis que pour un
· « Vous voulez tout ſaire pour la liberté, a - temps déterminé ».
dit M. Brocheton , premier parlant ; mais ne On a demandé si le juge pourroit être reclus
† pas de vue † justice. Sera-t-elle par sans intervalle entre sa première et deuxièrne
) aitement administrée par des juges tempora
més ? Le moviciat, l'instruction , la gravité de
leur état, tout cela s'accordera-t-il avec une
élection.
Après une courte discussion, il a été décrétés
« Que sans intervalle les juges pourront être
existence incertaine et passagère » ? conservés dans leurs fonctions par nouvelle
« N'en doutez pas , a repris M. d'André, le ! élection ». - - -

vrai moyen d'avoir des juges ignorans et pa


resseux , c'est de faire de la judicature une
† : il n'est que trop démontré par P A R I S, le 1er mai. -

'expérience, l'esprit do corps est né et renaî


tra de l § voulez-vous inculquer
L'assemblée générale du district des Mathu
aux juges le goût du travail ? rendez-les amo rins vient d'arrêter , sous la présidence de
vibles. Voulez-vous assurer la liberté publique ? M. de Villebrune, qu'al seroit envoyé à tous
déclarez les juges amovibles. les départemens du royaume, et au nom des
. On alloit passer aux voix, mais il s'en est soixante sections , formant la oommune de
) élevé quelques-unes pour demander la conti Paris , une lettre pour les prier d'envoyer dans
nuation de la discussion. la capitale un député chargé de se réunir à
M. Buzot a parlé avec beaucoup de sagesse tous les autres , aſin de se jurer, aux noms de
contre l'inamovibilité : « le juge inamovible se leurs commettans , une amitié fraternelle,
croit bientôt à l'abri de toutes recherches, former, en présence de l'Assemblée mationale»
ientôt sûr de l'impunité, et il ne se trompe un pwcxe fedérméifgénéral, et célébrer ensuite
ſpas. : ! Delà, ooalition de tous les juges entre l anniversaire de la révolution. Cette délibérar
,x ; delà , coalition entre les juges et les tion, vraiment patriotique, doit être commur
ministres ; et puis , tous les piges de la oor niquée le 3 aux soixante sections , qui, sans
ruption mis en jeu ; et puis la constitution doute y adhéreront avec zèle , et l on mom
ébranlée : l'inamovibilité judiciaire est une des mera unanimement des commissaires pour rér
plus profondes ressources du despotisme; elle diger là lettre d'invitation.
)

(5)
Circoustances particulières de la conſédéra - La fête s'est terminée par une illumination
- tiön du 6 avril à Rochefovt. g'nérale. par des danses pour la jeunesse, par
des festins qui n'ont été suivis d'aucune espèce
Les troupes d'infanterie en garnison dans de tumulte , enfin par la liberté donnée à ions
cette ville , et les deux divisions du corps royal les soldats qui étoient dans les prisons pour
de la marine, avoient montré le desir de jon toutes fautes autres que celles qui touchent à
dre leur serment à celui des troupes matio l homneur.
nales; mais les soldats avoient été consignés, Avertissement patriotique.
dès la veille, dans leurs casernes. Ces bons et
fidèles concitoyens , des grilles de leurs fenê Il est bon de prévenir le public que le Mercure
tres- et du haut des murailles qui les tenoient de France a fait passer, sous son enveloppe, dans
renfermés, témoignoieut à la milice nationale les pros incºs. attant d'exemplaires des Observa
leurs vœux et leurs regrets : il n'en falloit pas lions de M. Necker sur le livre rouge qu'il a
davantage. Un corps noinbreux de nos officiers. lui - mème de souscripteurs, c'est-à-dire, dix
ayant à sa tête un vénérable chevalier de Saint mille trois cents exemplaires de ces Ohserva
Louis, à cheveux blancs, se transporta che2 le éious. On deumande pourquoi le comité des pen
comte de Vaudreuil, commandant de la dna sions n'exigeroit pas du proprié taire du Mercure.
rine. « Nous vous demandons , monsieur, au et de l'administration des postes, le même service
nom de la patrie , de donner des, ordres pour pour transporter un égal nombre d'exemplaires
que toutes les troupes soient mises en liberté, de la vépouse de ce comité aux observations du
et puissent se joindre aux braves gens qui les Genevois. Au défaut de ce moyen, nous invi
attendent sous les armes ». Qu lqiies citoyens tons les municipalités à faire réimprimer par-tout
moins modérés pardoient de forcer les consi la réponse du comité des pensions, pour contre
mes, et de venger sur les chefs la violence balancer et détruire les soins officieux du Mer
† aux soldats, M. de Vaudreuil chargea un cnre en fayeur des ministres. C....
sieur de Pré , major de la marine, le plus or
gueilleux cmnemi de la révolution , d'aller lui AFFAIRES POLITIQUES ETRANGEREs.
" - - . * " 1 _ -
- - : - -

même dans les Gasernes faire accélérer le départ


des troupes. Elles ne se firent pas prier; pres • : ; : DTE L o N D R E s, le 23 avril.
que tous les soldats avoient les guêtres aux jam « A la fin , le change reprend ; il a été au
bes depuis cinq heures du matin, dans l'espoir jourd'hui à 26 1 quart 2 1 1 : c'est une suite né
· de voir arriver le contre-ordre de leur con cessaire de l'excellcnte opération de votre co
signe. il est impossible de vous exprimer les té mité des finances, relativement aux assignats
moignages de cordialité qui se donnèrent ºnu sur les biens du clergé et les domaines. - Ce
tuellemcnt, lorsque les troupes de ligne, pour n'est pas à votre ministre des finances que vous
se rendre à la droite de l'armée , déſilèrent dèvez de la reconnoissance , toutes ses mesures
devant les soldats citoyens : ce ne fut qu'un paroissent misérablement foibles ; mais à l'As
cri général , vivent les soldats d'Agénois ! vi semblée nationale, où vous avez des têtes qui
vent les soldats de la marine ! vivent les troupes font honneur à la nation : elle a maintenant la
nationales ! Un peuple immense admiroit, les . plus belle perspective qu'on puisse imaginer »..
larmes aux yeux, cette réunion touchante de Signé, Portier de la Cour.
tous les corps militaires, qui bras dessus , bras
dessous , ne formoient plus qui une seule fu D E F L o R E N c F , le 18 avril.
mille ; et ce qui achevoit de rendre la chose Le départ de la famille royale pour Vienne
piquante, c'étoit une poignée d'officiers , la est ainsi réglé : l.e 4 mai, les fils ainés et les
pâleur au front, la rage dans lame , oblig s archiduchesses doivent se mettre en marche ;
de crier : vive la nation ! périsse l aristooratie ! les plus jeunes partiront le 1o, et la reine le 16:
Le digne M. de Pré a, ma fois levé son chapeau Par ce moyen : elle saura les succès du voyage
en l'air, et chanté comme les autres., -

de sa famille. Un corps de bourgeois de Vienne


La pluie qui survint ne dérangea rien à la prend un uniforme rouge, au nombre de 5oo
marche. Le commandant , malgré son grand hommes , pour aller la recevoir sous le nom dé
âge et sa tâte chauve , ne †ut pas ' même : ' garde bourgeoise. Le marquisiManfredini est
prendre un m umteau. « La mort peut vènir , dºja parti pour aller prendre la reine à Florence
disoit-il, je n'aurai jamais une joie plus vive - Un officier de la noble † hongroise doit
( 4 )
»endre en diligence à Madrid , chargé des dé réunir à Juliers, pour se concerter sur les
pêches les plus importantes ; et l'on ne doute moyens les plus prompts de soumettre les Lié
pas ici que ce ne soit pour amener à une geois à leur prince légitime, et de le faire ainsi
prompte conclusion le traité que Léopold 1I rentrer dans ses états. Mais il paroît que les
a, dit-on, proposé à l'Espagne. D'un côté, on Liégeois sont décidés à faire cause commune
parle beaucoup de paix ici. avec les Brabançons, auxquels ils ont envoyé
D E F R A N c r o R T, le 2o avril. une députation pour cet effet. En attendant,
ils prennent tous les armes, établissent des
L'inauguration du nouvel archiduc d'Au postes en avant pour observer l'ennemi , et
triche s'est faite avec le plus brillant appareil ; donner le signal de l alarme dès qu'on en apper
le peuple , ivre de plaisir et de vin, a cassé cevra les premiers corps. S. M. Prussienne,
nombre de vitres ; il a Inême jetté un homme requise par les Liégeois , voudra-t-elle encore
dans une tonne de vin, où il a pensé périr. interposer sa médiation, ou se concerter avec
Tout respire la joie depuis cet instant à Vienne. eux pour les garantir d'invasion ? Un roi presque
Léopold s'occupe du soulagement de ses sujets; despote donnera-t-il en Allemagne l'exemple
mais on apprend avec surprise que plusieurs de soutenir des sujets qui ont expulsé leur
couvens ont obtenu la permission de recevoir prince, et prétendent disposer de leur état en
des novices ; conduite peu philosophique, ou faveur de qui il leur plait ? Ne seroit-ce pas y
qui indique combien Léopold craint ce redou établir les préliminaires de la liberté que les
table corps du clergé, sur-tout dans un pays François viennent de conquérir ?
où le fanatisine est encore aussi grand qu'en C'est toujours pour nous une leçon qui nous
Espagne, et en France, dans la ville de Tou apprend à ne pas quitter les armes, et à être
louse. toujours en garde contre les trames des prin
- - MAN H E I M , 22 avril. ces , dont le métier, selon Joseph II, est de
Les alternatives des conférences de Jassy, le tenir sans ccsse les peuples asservis. .
retard d'une réponse décisive de la part du PA Y s - B A s, 26 april.
roi de Prusse à la cour de Vienne , une lon
ue audience que l'envoyé extraordinaire et Malgré les menées de Van-Eupen, etl'argent
'ambassadeur du même souverain ont eu avec qu'a fait répandre Van-der-Noot, les esprits
Léopold Iſ, font concevoir des espérancos plus ne se réunissent pas au centre où ils vouloient
pacification. Cependant toutes
robables de les amener, Les réquisitoires des comités de
† armées se rassemblent en ſorce , chacune Flandres, faits avec le ton de la plus grande
fermeté , sont suivis de menaces très-vives , et
sur les frontières des puissances respectives. les flamands veulent, à quelque prix que ce
On compte même en Gallicie 45 mille liommes : soit , avoir M. Van-der-Merscli. Le congrès, .
chaque corps est accompagné d'un parc con flottant entre la crainte et un foible espoir de
sidérable d'artillerie : celui de Bohême, et parvenir à ses vues en trahissant la cause com
campé près de Praguè, est † de 4oo ; mune, a cru que la calomnie étoit le plus sûr
pièces de canon de différens ca ibres. Le \N

moyen de réussir.Ainsi le général est chargé


prince de Hohenlohe parcourt toutes les places
frontières de la Bohême, pour établir les postcs des inculpations les plus fausses dans des libelles
nécessaires, et faire mettre tous les magasins qu'on répand à son sujet. le procureur-géné
· en bon état. ral du congrès vient de faire lui-même une
recherche très-soigneuse des écrits qu'on pu
D E W E T z L A R, le 21 avril. . blioit pour répondre à ces calomnies atroces,
L'évêque et prince de Liége vient de faire our ôter à l'accusé tous les moyens de justi
résenter un mandat auxiliatoire à la chambre fication. La camaille a même pillé la boutique
impériale, par l'avocat fiscal et le docteur d'un libraire, où se trouvoient les lettres du
Zwierlein , requérant qu'il soit enjoint aux général au congrès, et a tué un horloger qui
cercles du Haut-Rhin , de Francomie et de refusa de boire à la santé de Van-der-Noot,
Souabe, de faire maroher des troupes, et de se Voilà comment se conduit l'aristocratio,
On s'abonne à Paris, chez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
pe l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNÉ et PETIT , au Palais-Royal ; BAILLY, ruo Saint-Honoré ; madame LELAPLANcHE, rue du Roule ,
n°. 17; et 5hez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etrangºr.
: s

| A N N A L E s
· PAT R 1 oT I QUE s ET L ITT E R A I R E s
· · D E L A F R A N C E, • .

ET AFFA I R E S POL IT I Q U E S DE L'EUROPE;


- J O U R N A L, L I B R E,
/ - - -
-

- -

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME n cr E n.


s * Dans tous les gouvernemens possibles, même les moins imparfaits, les
gens de bien et citoyens sensés font plus de la moitié de l'onvrage
pour le repos général.

· N°. C C X V. Du Mercredi 5 Mai 179o.


As s EMB L É E N AT I O N A L E. car jusqu'ici, dit l'orateur, on a créé des ofſi
#. • . ' • ! } ". , - - -
ciers municipaux et non des municipalités ;
Séance du 3 Mai au soir. enfin il se réserve pour discuter ultérieurement
sa-se- , : #r e-. .. . - : •" - -- " ":, , ,- • le reste du plan. - - -

C#r# séance extraordinaire étoit spéciale- ! · M. Robertspierre, qui lui a succédé, s'est
ment indiquée pour travailler à l'orgarnisation particulièrement ſixé sur la question de la per
de la municipalité de Paris, et toutes les soirées manence des districts. Il les envisage comme
sans excception vont y être consacrées, jusqu'à 'une des pierres angulaires du grand édifice de
lentier achèvement de cette machine immense, la révolution; et soit reconnoissance des ser
dont le jeu a tant d'action sur le reste du viges qu'ils ont rendus, soit espérance des ser
Ed UlIIl6º. .. . - " i
vices qu'ils peuvent, rendre, il pense, qu$
ºg #meunier commençoit la lecture d'un |
titre de conseils, ils peuvent et doivent même
p† , lorsque M. de Crillons a
1
être conservés jusqu'à la ſin des travaux de
ait part d'une lettre de M. # lequel, au
-

- l'Assemblée.
- nom des membres composant ſa députation *.
Un orateur que le public se plaignoit de
collective séante à l'archevêché, connue sous m'avoir pas entendu depuis # long-temps,º
lé nom de : Bureau de communication , ou de M. de Mirabeau l'ainé, a paru à la tribune pour
Büreau central, prie l'Assemblée de vouloir | combattre l'avis des deux † Il a sur-»
d
bien,prendre en considération le plan préparé tout relevé une idée de l'abbé Maury, qui ten
cette s # les districts. .. .. , -
i doit à faire reporter la police de la capitalse
Assemblée a décidé qu'elle passeroit avant dans les mains du pouvoir exécutif; idée dbnts
tout à la discussion du plan du comité. ! le seul apperçu avoit excité l'indignation des
_Les dix premiers articles du titre premier . # l'Assemblée, et que le murmure universel avoit
ont été vivement attaqués par M. l'abbé Maury. . : fait expirer sur les lèvres de son auteur.
« Le comité veut faire passer pour loi que Paris |; M. de Mirabeau a combattu avec un é
· sera çonstamment sous les yeux de l'Assemblée . , succès la permanence des districts, protégées
nationale : est-ce qu'un décret peut fixer ·le par M. Robertspierre ; il a démontré que c'és'I
siége de l'Assemblée » ?M. l'abbé insiste sur les . | toit un empire dans l'empire; que l'autoritév
comptes à rendre par tous les administrateurs; ; (générale de la municipalité, contrariée par I'au-rt
'il demande qu'on circonscrive l'enceinte de torité partielle. des soixante sections, tomboit ,
( 2 )
d'officiers municipaux, dignes de la confiance tièmes, pour ladite somme être employée au
de leurs concitoyens ; mais qui , ayant une fois paiemcnt des pauvres ouvriers, tant en leur
obtenu la plénitude de cette confiance : ne procurant du travail qu'autrement, à charge
peuvent plus en être dépouillés au # de leurs - d'en rcndre compte.
commettans eux-mêmes , suivant le PrinciPe A l égard de l'autorisation demandée , pour -
la vente de certaines maisons en ruine et de
essentiel, qu'appartenans à la généralité : ils, terrein appartenans à la commune , 1 Assem--
ne sont plus dans la dépendance des divisions
particulières. - -
blée renvoie cet objet à l'examen des assem- * .
Un petit différent , survenu à la tribune blées de districts et de départemens ». . -4
même, entre M. de Mirabeau et son frère ca La question, qui attiroit toute l'attention --*
det, a distrait un instant l'Assemblée, et s'est de l'Assemblée , étoit celle-ci : # sera le : º
rerminé par la déférence du plus jeune des terme de la réélection des juges déclarés amo- *
deux frères. vibles ? - - - "

Enfin le premier article du titre premier a | « En rendant les juges éligibles pour un temps,
- êté ainsi décrété : a dit M. Milsent, vous avez établi le moyen de
« L'ancienne municipalité de la ville de Paris, tenir dans une activité soutenue, les talens ,
et tous les offices qui en dépendoient, la mumi l'étude, et même les vertus ; mais il est une
cipalité provisoire, subsistante à l'hôtel-de- -|
mesure que la l† ne doit ni dépasser ,
#, ou dans les sections de la capitale, con ni restreindre : la perpétuité des places auroit .
nues aujouru'nui sous lejnom de districts, sont donné aux possesseurs une sécurité dange- *
supprimés et abolis ; et néanmoins la municipa reuse ; la fréquente mutation des places pour
lité provisoire, et les autres personnes en exer roit ôter le courage ; il faut donc assurer aux
cice, continueront leurs fonctions jusqu'à leur fonctions du juge une durée telle que le juge
remplacement ». élu se sente porté à contracter l'habitude des
travaux et des vertus de son nouvel état : je
Séance du 4 Mai. · vous propose de fixer à l'espace de dix ans
le terme de la réélection », - ,,. - r .* ** -- -

La matière des assignats sera désormais con=":M. Muguet n'a pas vu les mêmes inconvé4 *
nue sous la dénomination de domaines natio-!! niens que le préopinant dans une courte du |
naux ; ainsi l'a prononcé le roi en donnante rée du ministère, quatre ans lui paroissant
sa sanction au décret qui les a sréés. S. M. a un terme suffisant pour que le juge soit con
également sanctionné le décret concernant la firmé, ou destitué. -

ville de Dieppe, et assure l'exécution de celui M. de Clermont-Tonnerre est rentré dans


du 29 avril, qui est relatif à M. de Biron,:: le sentiment de M. Milsent, mais il a resserré .
nommé commandant général de Corse. . ! la durée des fonctions dans l'espace de huit"
A la suite de deux rapports du comité des , flI1S. - , !
finances ont été rendus § décrets : Constant dans son austérité, M. d'André ne
« L'Assemblée mationale , que les notaires donne que trois ans au juge , pour se renou- . |

et huissiers aux greniers à sel me sont point veller dans la confiance publique ; quelques -
A,ompris dans les dispositions de l'article 2 du. personnes alors ont demandé d'aller aux voix; .
décret du 23 avril dernier ; en conséquence,. d'autres, en plus grand nombne, ont fait con
elle décrète que ces officiers continueront, tinuer la discussion. #

comme par le passé, les fonctions qu'ils exer* M. Mongins de Rocquefort a émis son voeu |

9oient en concurrence avec les autres notaires our quatre ans, par les mêmes motifs et dans :
et huissiers, et ce jusqu'à ce qu'il y ait été · le même mode que M. Muguet.
autrement pourvu ». - . L'Assemblée n'a pas vu sans quelque mou
.

« L'Assemblée nationale , sur le rapport de vement de surprise M. Garat l'afné, qui assu
son comisé des finances, vu les délibérations rément n'a jamais laissé élever aucun nuage '
prises à l'assemblée du conseil général de la sur son opinion , apporter, dans une question '
ville de Saint-Omer, les 9 et 23 avril dernier, aussi sérieuse, le ton du badinage, qui y ètoit :
l'adresse jointe , le décret concernant ladite absolument étranger. « Messieurs, a-t-il dit,
ville, en date du 29 avril, autorise les officiers vous avez voulu † juges ambulans. vous me
municipaux de ladite ville à lever un impôt les avez pas eu ; eh bien , substituons-y des
de 12 ooo liv. sur les propriétés de ladite ville juges volans : j'opine pour deux ans ».
et fauxbourgs, proportionnément aux ving eaucoup plus sérieusement, MM. Voidel et
| --- * ---- - - T"

( 3 )
Xiabrond ont proposé, le premier , six ans, le . milices nationales des départemens de la Meur
econd , quatre ans, pour limites de chaque the, de la Meuse, de la Moselle et des Vosges,
lection. # Prieur a présenté un moyen terme représentans de près de 7o,ooo hommes, se
lont il est aisé de sentir la justesse : quatre ans sont rendus à Nanci ; et le 19, la cérémonie du
»our la première éleçtion, six ans pour toutes serment civique et de la coalition fraternelle
es autres. M. Buzot a voulu que les réélections de tous ces bons patriotes, s'est faite sur la
ussent réglementaires , et non pas constitu montagne de sainte-Geneviève, en présence de
ionnelles. La discussion a été fermée par M. la municipalité. Quatre circonstances très
Freteau, qui, reprenant l'avis de M. Milsent, remarquables ont précédé ou accompagné cette
l demandé un espace de dix ans pour affermir · cérémonie.La première, et celle qui montre le
a consistance des nouveaux juges. La question plus l'avantage inappréciable de ces fédérations.
mise aux voix : « Les réélections se feront-elles | est l'attention que plusieurs de ces milices ont
ous les quatre ans »? il est décidé que non : eue damener avec elles des voitures de grains
« Tous les six ans ». Une, double épreuve se pour la ville de Nanci, qui étoit dans la di
trouve insuffisante, et nécessite l'appel nomi sette. La seconde, est la représentation d'une
nal; mais auparavant, le terme de dix ans est comédie analogue aux circonstances, intitulée
rejetté, et l'alternative établie entre six et le Serment Civique, ou les Patriotes Lorrains,
huit. Nouvelle incertitude sur l'une et sur dont M. de la Vallée (1), ancien capitaine au
l'autre position : enfin, par l'appel nominal, à régiment de Bretagne, est auteur. La troisième,
la majorité de 517 voix contre 274, , il est qui fait beaucoup d'honneur à nos camarades
décrété « que la réélection des juges aura lieu de Thionville, est d'avoir détruit sur leur route
tous les six ans ».. les poteaux de limites et les barrières, qui
-•-• . n'avoient servi jusqu'à présent qu'à diviser les
habitans de l'empire, en séparant leurs can
De Compiègne, le 2o avril. tons. Et la quatrième , est un compliment
Il vient d'arriver dans notre ville une aven d'une compagnie de dames patriotes de Nanci,
ture qui mérite d'être connue. adressé aux gardes nationales des différens .
« Les enfans ici se rassemblent tous les soirs, † convoqués. Ce compliment , tout
pour fairel'exercice avec des bâtons; ils placent, , brûlant de patriotisme , exprime la joie de ces
relèvent des sentinelles, et font feu sur les aris versueuses citoyennes, en devenant les com- .
tocrates. Ne se sont-ils pas avisés d'appeller pagnes d'hommes libres , et en leur renou
Maury un soldat de leur bataillon, qui n'a-. † à ce titre l'hommage de leurs cœurs. .
voit d'autre crime que d'être enfant de choeur Salut au beau sexe patriote de Nanci, et aux
à Saint-Jacques. L'enfant se meurt de ce sobri bons citoyens de cette ville, de celles de Metz,
quet; et plus il s'en désespère, plus le surnomde Bar, de Thionville et autres, qui ont con
lui reste. Enfin sur ce nom seul, la persécu · sommé la fédération que nous attendions de
tion est telle contre cet enfant de choeur, leur part ! C..... -

bien innocent assurément des motions du sieur


Maury, que sa mère, craignant qu'on ne Progrès du civisme et des unions ſraternelles. .
mette son fils à la lanterne, appelle à son se Depuis trois ans, la meilleure intelligence ré
-

cours la municipalité. Les municipaux sont noit entre les habitans de Châteaudun et les
obligés de mander les chefs de cette petite ragons de Colonel-général. Des ennemis du
insurrection, avec leurs parens, et de les in bien public ont fait naître une querelle : déja
timider par des menaces. L'enfant de chœur on se menaçoit, lorsque le brave commandant
a été interrogé, et il a fait cette réponse naïve : des dragons, d'accord avec le vertueux maire, ,
oui, MM. a-t-il dit, ils ne cessent de m'ap M. Guérineau, a tout appaisé, tout concilié. Un
peller l'abbé Maury; j'aimerois mieux qu'ils de ses dragons, inspiré † la sagesse de son
m'appellassent Cartouche. (Extrait du Jour chef, a paru au milieu de la place publique, avec
nal atriotique de Grenoble, qui est la sen une branche de lilas dans la main, en signe d'u
tinelle vigilante des Alpes, et dont nous re :
commandons la lecture. On souscrit chez Fal- |
con, libraire à Grenoble. ) (1) Ouvrages du même auteur : Le Nègre comme il
a peu de Blancs, 3 vol. in-i2, 5 liv. 15 sous, brochè,
Suite des confédérations nationales. ranc de port : Cécile, fille d'Achmet III, 2 vol. in-12,
- ( 4 )
nion et de concorde : il a prononcé, au nom de | duite; ses élèves ont pris l'uniforme national, et
ses camarades , un discours plein des expres- | font l'exercice militaire après avoir étudié la
sions les plus nobles et les plus toucliantes. Lé | constitution, C.... 1 " » " .

peuple l'a applaudi avec transport , on l'a suivi


aux casernes , chaque citoyen s'est paré d'un |
lilas en guise d'olivier; et bientôt tous les 1nili Les braves patriotes et leurs actions ne sau
taires, dragons et nationaux, s'étant réunis, ont roient être trop connus. M. le comte de Cha
jttré la paix et renouvollé lé serment civique. , sot , commandant du bataillon de chasseurs
Livresse de la joie s'est emparée de tous ces ad'Auvergne , aussi généreux que bon patriote,
donné dans le temps les trois drapeaux de
o3eurs patriotes , les habits d'uniforme ont été
echangés; le vin a coulé de toutes parts ; on s'est la garde mationale de Clermond-Ferrand, qui
promené sur la place publique; en s'embrassant et · ghiique jour se félicite davantage d'avoir oe
en se tenant sous les bras. D'lonnêtes ecclésias digne militaire pour leur colonel.
tiques se sont mèlés dans la foule, et ont part gé | Discours sur la 7'raite des #º, M.
franchement le plaisirde leurs concitoyens Quel Péthion de Villerzeu ve , membree l'As- |
triomphe
por pour pour la raison et qui
ces malheureux la liberté ! quel déses-
sont mordus de la
sernblée nationale, avec des Ohservations de
M. C.2 rra. A Parris , chez Desenne, libraire,
uyene aristocratique ! — À Hesdin, nos braves au Palais-Royal, et Bailly, libraire, à la
frères ot antis, les patriotes du régiment Royal- | # #e d§ $ e s.
Champagne, cavalerie, ont juré, le 27 avril der- &>

nier, un pacte fédératif avec les citoyens com- Ce discours devoit être prononcé à l'Assem
posant la garde nationale de cette ville. lls se blée nationale , si la discussion sur la Traite
sont formºs, à cet effet, en bataillon quarré sur | des Noirs eût été ouvert°. Au défaut de cette
la place, un cavalier entre deux citoycns ; et là , i circonstance, M. Péthion l'a livré à l'impression,
l'auguste serment a été, aux quatre faces, la et | pour faire connoître ses principes et son opinion
ensuite prononcé individuellement Bientôt un à cet égard. Après avoir considéré l'état de
T'e Deum les a tous réunis aux pieds des autels, | l'Afriquè , le caractère et les mœurs de ses
- et bientôt tous les citoyens et les militaires se | habitans, l'auteur suit la destinée des Fsclaves
sont embrassés, en jurant de se prêter un mutuel | noirs depuis le moment où ils sont arrachés dui
secours et en faisant retentir l'église et les rues | sein de † patrie et des bras de leur famille,!
des cris redoublés de vive la nation ! Braves régi- | jusqu'à celui où ils terminent leur carrière
mens de Poitou et de Champagne, que de lar- | infortunée dans les isles d'Amérique. Parcourant
- mes délicieuses vous faites répºndré aux bons | ensuite, avec le flambeau de l'évidence à la
} citoyens ! — A Lunéville, le régiment des Ci - | main , et avcc une logique pure et concise,
rabiniers et leur commandant, ont fait l'accueil |
les intérêts politiques et commerciaux de la
le plus fraternel, le plus digne d'être cºté , aux France et de ses colonies, il démontre à †
|
détachemens de milices nationales qui ont passé |
pas les erreurs dans lesquelles on est to é
par cette yille pour aller à la tédération de Nanci sur ce point, et les moyens d'y remédier
|
Pendant ce temps-là, l'abbé Bouillet, professeur |
Son ouvrage mérite d'autant plus d'être lu et
à Charolles, fait apprendre par cœur à ses élèves médité, que la grande question qu'il y traite
|
la déclaration des droits de l'homme, et a subs- |
n'a point cessé d'être du ressort des amis de la
titué, dans les études, les principes de Rous- justice et de l'humanité , et que cette questiºn
|
seau et ceux de Mably, à l'usage d'expliquer les |
ne peut trop se développer et s'analyser cheaº
/ ouvres de Boileau, ce vil flatteur des tyrans. Au | un peuple qui tend à perfectionner sa moraleº
collége de Craon, le principal suit la même con- l et sa politique. ' ' ' ' * • . ,

' '; . , 1 ., , , , . - -

· · Fautes à corriger dans le Nº. C C x I V. - | |


. Page 1 , seconde colonne, supprimez les deux dernières lignes. :4
| -- Page,2,ºpremière colonne, supprimez les neuf premières lignes. Tout ce paragraphe est un double emploi !
pris à contre-sens. Idem , scconde colonne, ligne 27, reclus, lisez réélu, · - à

ii • • rr: , , : ! ' , ' • i : ' '. , i ;i , ' •4 ', - - - - - - - " -

•Qn s'abonna à Paris,. chez BUIssoN, Libraires rue Hauteſeuille , à qui l'on adressera, franc de port, le prix" *

de l'abpnnement et la lertrº d'avis, et toutes lesſlettres † les Auteurs des Annales Patriotiques. - -

Chez DENN# et PRTIT, au Palais-Boyal3 BAIIiLy,lrue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHs, rue du Roule,
u°, 17; et chez tous les Libraires et Directeurs.des Postes du Royaume et de l'Étranger. , , , . #.
X-X, -T

A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E S
D E L A F R A N C E,
ET A F FAI R E S PO L I T I Q U E S D E L' E U R O P E;
J O U R N A L L l B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes , et dirigé par M. ME n c I E R.

Le règne de la loi est l'effet d'un beau gouvernement ; mais ce n'est pas
là encore une forme de gouvernement, car la loi ne peut régner par
clle-même.

N°. C C X V I. Du Jeudi 6 MZai 17go.


As sE MB L É E NAT I O N A L E. chent la contre-révolution, et la résistance aux
décrets de l'Asscmblée nationale, que les plus
Séance du 4 Mai au soir. insensés osent appeller l'ante-christ. La salle de
l académie des jcux Iloraux a aussi servi trois
LA composition de l'empire françois commence fois au ralliement de l'aristocratie ; et de ces
à s'asseoir ; les départemens se forment , et conventicules sortoicnt des protestations, des
bientôt ils vont successivement apporter à l'As imprécations, des conjurations contre la liberté
semblée nationale, comme au centre de l'unité, publique. La municipalité nouvelle a eu l'habi
l'hommage de cette vie nouvelle qui promet la leté d'évcnter tous ces complots souterrains, et
liberté et le boiiheur à cent et cent généra le courage de les réprimer par une proclamation
tions. Le département des Ardennes donne le ferme et mesurée. Elle a soumis sa conduite à
premier exemple ; ses députés ont présenté une l'Assemblée nationale , qui l'a couverte de ses
adresse conçue dans l'esprit de celle de Sézanne, applaudissemens.
qui dévoue à l'exécration publique, et déclare M. de Pannetier, noble député du Couse
traétres à la patrie tous ceux de ses enfans rans, alloit parler, lorsque , sur la motion de
† seroient assez dénaturés pour attaquer, par M. de Fermond, l'arclievêque de Toulouse a
es protestations, les décrets de l'auguste diète. été interpellé d'expliquer la conduite de ses
Il a été ordonné que cette adresse auroit les grands - vicaires. Le prélat s'est borné à dire
honneurs de l'insertion dans le procès-verbal. « que, n'ayant pas été témoin de ce qui s'est
ll a été fait ensuite, par M. de Goncourt, passé à Toulouse, il ne pouvoit en rien dire :
un rapport concernant
en ce moment la ville
†troubles qui agitent
et mêIne le †
mais qu'il ne voyoit dans le rapport ni délits, mi
de aceusateurs, ni accusés, et qu'il lui sembloit,
Doulouse. Des écrits anonymes y sont répandus en conséquence, qu'il n'y avoit lieu à délibérer»..
lVCC llI1e profusion coupa ble ; et parmi ces ou , « Tous les troubles, a dit alors M. de Panne-,
mages incendiaires, il en est un que l'abbé de tier, n'ont d'autre cause que le renvoi que l'on
Bar -
rand-vicaire, n'a pas craint d'ap a fait d'un avocat de Toulouse, nommé com-.
t'O LIVer §, en en autorisant l'af-, missaire du roi pour la formation du départe
§ la publication , la lecture aux prônes. ment»; et, détournant ainsi l'attention de l'As
Dans l'église de S. Sermin, dans la chapelle do, semblée des faits qui avoient été denoncés, il a
N. D. de Rocqueville, se tiennent des assem ſini par soutenir que l'approbation de l'Assem
hl4es où triomnhe
( 2)
Un député de Toulouse, M. Roussillon, a · Séance du 5 Mai.
réfuté le préopinant ; il a fait voir que sans la
prudence et la fermeté des officiers municipaux M. de Salm-Salm , évêque de Tournay,
et des légions , Toulouse seroit dans ce moment alarmé des inculpations qui se sont multipliées
à feut et à san contre lui , et que les papiers publics ont ré
Mais M. de Pannetier n'a point été aban étées , écrit à l'Asscmblée nationale - pour
donné par M. de Cazalès : malheureusement §. de la pureté de ses principes, et pour
renouveller son adl1ésion aux décrets. Il est
pour les deux gentilshommcs il n'en est nulle
ment question dans les procès-verbaux dressés ordonné que cette lettre sera insérée au procès
par la municipalité, qui constatent les faits et verbal.
ne parlent point de ce commissaire ; et l'As Au département de la source d'Yonne, qu'on
seniblée n'a pas estimé devoir attacher sa foi appcile aussi département de la Nièvre , la
à un incident qui tomboit dans la classe des ville de l)écize s est permis d'arrêter un trans
allégations. - ort de blés destinés pour celle de Nevers.
M. de Cazalès s'est replié sur lui-même pour L'Assemblée , sur les plaintes portées , en
dire qu'il n'improuvoit point la conduite des chargeant son comité des recherches de lui
officiérs municipaux ; mais il proposé pour rendre compte des faits, a ordonné l'exécution
amendement , « que l'Assemblée prononçât de ses décrets sur la libre circulation des grains,
qu'elle autorisoit la réunion des citoyens bien et a renvoyé au pouvoir exécutif pour les faire
intentionnés ». Expressions vagues, mais qui observer. ,

ont paru trop insidieuses pour être adoptées. On a reçu la démission de M. de Tessé, ci
La discussion a été continuéc, ct le parti devant député par l'ordre éteint de la noblesse
protecteur de l'émotion Toulousaine sembloit des sénéchaussées du Maine.
vouloir borner ses efforts à faire ajourner la La nomination et institution des juges devant
question ; mais la majorité de l'Assemblée a occuper les momens de l'Assemblée, M. d'André
voulu prononcer, et le côté droit s'est écoulé a commencé par demander que, pour procéder
en entendant prononcer ce décret : avec méthode et clarté, la question fût di
« L'Assemblée mationale , douloureusement visée :
affectée des événemens qui ont compromis la 1°. « La nomination des juges appartiendra
tranquillité de la ville de Toulouse, invite tous t-elle au peuple ? »
ses citoyens à la paix et à l'union, que la religion L'affirmative est prononcée à l'unanimité.
et l'amour de la patrie prescrivent à tout bon 2°. « Les juges, élus par le peuple, seront
François. ils institués par le roi ? »
Elle déclare, après avoir entendu son comité C'est la matière d'une grande discussion.
des rapports, qu'elle approuve la conduite sage, M. Mongins de Rocquefort opine qu'au peuple
prudente et patriotique de la municipalité, et qui a élu appartient le droit d'instituer, parce
des légions patriotiques, relativement aux as que si l'institution pouvoit être refusée, l'élec
semblées provoquées par des écrits anonymes, tion seroit anéantie.
« et qui ont eu lieu en ladite ville de Toulouse « Qu'est-ce qu'un juge ? a dit M. de Cler
dans les églises, en la salle des grands Augus mont-Tonnerre; c'est un homme qui, par ses
tins et en celle de l'académie des sciences, fonctions publiques, est appellé à dire, le fait
les 18, 19 et 2o du mois d'avril dernier; or est tel, et la loi ordonne telle chose. Faculté de
donne que les défenses provisoires faites au ononcer sur le fait, il la tient du peupke ;
nom de la même municipalité, par la procla aculté d'appliquer la loi, il doit la tenir du
mation du 21 dudit rnois d'avril, seront suivies roi : nommé par l'un, institué par l'autre ».
et exécutées selon leur forme et teneur, jus Ce sentiment, combattu par M. de Leypaud ,
qu'aux prochaines assemblées des districts et soutenu par M. Bazoche, a trouvé, dans M.
départemens ; à l'effet de quoi le présent dé Barnave, le plus redoutable adversaire, nous
cret sera affiché et publié par-tout où besoin allons tâcher de rapporter un extrait de son
discours, •.
sera, même lu au prône des paroisses ; et en ce
# concerne les manoeuvres , troubles et voies « Quelle que soit, a dit cet orateur, la pré--
de fait qui ont précédé , accompagné, suivi , vention qui ait existé en faveur des juges mom
et poarroient suivre lesdits événemens, l'Assem més par le roi, je crois qu'après avoir ren-.
blée nationale a renvoyé le tout à son comité versé le colosse de cette puissance féodale,
des recherches, pour lui en être rendu compte ». . · qui comptoit pour la plus belle de ses prére-º
------------------

|( 3 )
atives celle de rendre la justice , vous ne si le peuple n'est pas assuré d'avoir les juges
† pas balancer à détruire un pouvoir plus qu'il aura nommés. : . .
redoutable que tous les droits féodaux , puis M. l'abbé Maury, pour défendre ce qu'il lui
qu'il les dominoit tous, le pouvoir d'influer a plu nommer les droits du pouvoir e cécutif
sur les biens et la vie de tous les citoyens de supréme, n'a pas épargné les trésors de sa fa
l'empire. Ou l'institution des juges sera libre, conde. « ll voit avec douleur ce pouvoir res
ou elle sera forcée : dans le premier cas, le treint dans des bornes trop étroites. Il compare
ouvoir du monarque, donnant ou refusant la constitution à un édifice dont les pierres 9

f§, est au-dessus de celui du peuple bien taillées, ne peuvent tenir si elles n'ont pas
qui aura élu; et cepcndant ce n'est plus une de ciment ; at ce ciment, c'est la puissance
question qu'au peuple appartient le droit de royale. Digression sur les gouvernemens mo
conférer tous les pouvoirs. Si l'institution est narchiques et républicains : ce dernier est eelui
forcée, en ce cas elle est illusoire et contraire dont les pouvoirs exéctttifs sont divisés : le pre
à la majesté royale. Qu'est-ce que donner au mier est celui où ils ne doivent pas l être. M.
roi le droit d'instituer des juges ? C'est pré l'abbé conclut delà que l'ordre judiciaire doit
senter une pierre d'attente dont on ne man être une émanation immédiate du pouvoir exé
queroit pas de se servir, en son nom, pour citif suprême, et que dès-lors le roi a seul le
terrasser la liberté. • - droit de choisir entre les concurrens, qui sont
» Vainement diroit-on que le pouvoir judi bien nommés par le peuple, rnais qui peuvenz
ciaire est une partie du pouvoir exécutif : c'est être admis ou rejettés par la volonté du roi ».
se faire illusion à soi-même ; autre chose est Lo côté où s'assied le prieur de Lions l'ac
appliquer la loi, autre chose est employer les cueilloit au sortir de la tribune , de ses béné
forces de la puissance civile pour faire exécuter dictions ordinaires, lorsqu'on y a vu montee
la loi. Donner l'institution au roi , ce seroit un homme devant qui l'étoile du prédigateur
mettre tous les juges du royaume dans ses est accoutumée à pâlir. Les murmures de la
mains ; ce seroit lui donner la plus redoutable terreur, les clameurs de Ha haine se sont faia
· influence surtoutes les familles, je dirois pres entendre ; mais, méprisant l'inlpuissante cabale,
que sur tous les individus. « On cherche toujours , a dit M. de Mira
» En Angletcrre, toutes les formules diffèrent beau, à confondre les pouvoirs , et à donner
de l'esprit de la constitution : et comme les An des idées ingénieuses pour des principes sages.
glois n'ont point retouché à leur constitution, | — Le pouvoir exécutif suprême commence là
toutes les formes de leur gouvernement sont : où finit le pouvoir judiciaire.
arbitraires, et le monarque anglois est comme Un citoyen est en procès avec un citoyen,
un maître absolu qui écoute des doléances. tous deux s'adressent au juge, et le juge ap
» Notre gouvernement, qui étoit ci-devant plique la loi Jusques-là le roi doit être étranger
arbitraire, ayant changé, il paroît juste que le à l'instruction et au jugement : mais le juge
peuple, qui délègue tous les pouvoirs, nomme ment une fois rendu , alors commencent ſes
et institue ses juges ». fonctions du pouvoir exécutif suprême, parce
M. Garat l'aîné a parlé ensuite ; il a combattu | que le respect et l'obéissance sont dus à la loi ,
l'avis du préopinañt, mais il ne l'a pas détruit. : à celui qui en est le dépositaire, et à ceux qui
: Quoique membre du comité de constitution, la font éxécuter ».
M. le Chapellier a voté pour que le peuple | Une définition si simple ne laisoit plus rien
non-seulement nommât, mais encore instituât à desirer. On alloit clore la question : M. de
ses juges, et que dès-lors le roi n'eût pas le droit Cazalès a demandé l ajournement. M. Démeu
de choisir ceux qui lui plairoient sur le nombre nier , interpellé de donner le dernier avis du
présenté. comité de constitution , a dit que le plan du
Dire que M. de Cazalès est monté à la tri · cornité ayant été dérangé , il ne pouvoit plus
bune, c'est dire que M. de Cazalès a rappellé donner un résultat positif. Il a voté pour que
le pouvoir exécutif, et a représenté les juges le peuple norumât tous ses juges, moyennant
comme une émanation absolue de ce pouvoir. l' investiture par le roi. -

M. Goupil a voulu des juges élus par le peu « C'est une nouvelle d'stinction , reprend
ple, avec une certaine subordination au pou M. de Mirabeau , qu'il ſaut faire de f'insti
voir exécutif suprême, dont il a promis de tution et de l'investiture. Si l'investiture n'est
définir le mode.
autre chose qu'une patente ou provision du
( 4 )
crois pas que personne s'y oppose : mais † pagne le prince de Lucci. Le roi devoit aller
donner au roi le droit de rejetter ou d ad monter ce vaisseau le lendemain , pour l'ame
mettre, à son gré , les élections faites par le ner dans le port de Naples. Plusieurs autres
peuple, la question est assez importante pour bâtimens ont été victimes de cet incendie. La
être ajournée, et j'en fais la motion expresse ». cour n'ignore pas que cet événement vient du
L'ajournoment a été prononcé sur le tout, et a mécontentement général du peuple , mais elle
terminé la séance à quatre heures du soir. feint de croire , et fait répandre le bruit que
c'est un effet de la vengeance des Barbares
ues. Son ambassadeur à Paris a été chargé de
District des Filles Saint-T'/tomtas. onner cette tournure diplomatique à l'événe
ment, et d'ajouter que le peuple napolitain
Un des effets les plus remarquables de la étoit idolâtre du gouvernement et de son roi.
révolution, est d'avoir soulevé l'ignorance et la Mais cet ambassadeur ne mous dit pas que les
bassesse contre les hommes éclair s et les gens paysans de la Sicile inenacent-très-sérieusement
de bien. Je n'en citerai qu'un exemple qui est les barons de cette province, et que ces barons
sous mes yeux , et qui servira de règle pour ont offert un million au roi pour construire un
connoître les ennemis de la chose publique autre vaisseau , pourvu que S. M. protège leurs
et s'en garantir.. Un particulier du district des priviléges contre les Siciliens. il est trop tard ;
Filles Saint-Thomas , qui n'est connu de pcr † cri de la raison et la promulgation des droits
sonne, qui sait à § et écrire , n'a jamais de l'homme ont retenti jusqu'au pied de l'Etna,
paru dans les assemblées de ce di trict que pour ! et la commotion électrique du feu sacré de la
y semer la discorde et en écarter les bois oi liberté produira bientôt une explosion plus ter
toyens. Il a commencé par y dénoncer les écri rible pour les tyrans de la Sicile, que les laves
vains patriotes qui avoient entrepris,de défendre et les Ilammes d'un volcan. C.... - -

la cause des Noirs , comme si l assemblée du


distriGt , des Filles Saint -'l'lioinas ( toit une
asse1nblée de juges : ensuite il a pris le parti Ouvrages de M. Carra. -

e la caisse d'escompte , ensuite le parti du


châtelet, ensuite le parti des ministres contre Nouveaux Principes de Physique : 4 vol. in-8°.
tous ceux qui avoicnt des opinions contraires. aveo des planches. Prix , 1o liv. brochés ,
Les citoyens éclairés ont bien vu que cet homme pour Paris, et 1 2 liv. pour la province , franc
n'étoit qu'un vil instrument des Iuinistres , mais de port par la poste. Chez Buisson, libraire,.
la plupart des autres bourgeois de ce district, · rue Hautefeuille, il ne reste que 26 exem
qui n ont pas le temps de lire , ni d'examiner plaires de cet ouvrage. -

toutes les questions importantes du moment , Cons#alérations , Re'e/1erches et Observations


ont été séduits par cet intrigant , de sorte que sur les Etats-Genérau.c, brochure in-8°. ;
le district le mieux composé de Paris, cst aban
donné aujourd'hui par ses meilleurs citoyens. L'Orateur des Etats-Généraux, deux parties,
Mais pour savoir tout , il faut savoir que le Chez Garner ) , libraire, rue Serpento. ,
Genevois y denieure. C. .... Les Considérations ont paru au mois de dé
JVouvclles de Nitples. •,
cembre 1788 : la première partie de l'Orateur
dés Etats Généraux en avril 1789, et la seconde
La fermentation qui règue parmi le peuple au mois zl'août de la même année.
de cette capitale, commence à pro iuire des
effets très-sensibles. On a mis le fºu à un vais Le Petit M fot de Réponse à M. de Calonne,.
seau de ligne de 74, construit dans iºs chantiers et le Calonne tout entier, sont du même.
de Castellamare , et destiné à conduire en Es all le lll'. - · · · -- -

- - : - - : 3 - - - - - i
chez BuissoN , Libraire, ruc Hautefeuille, à qui Ton adressera, franc de port, le prix
, On s'abonne à Paris
e l'abonnement et la ie§ d'avis, et tounes les letties pour les --'ut hrs des. Anne les Patriotiques.
Chez I 'ENNÉ et PET : r , au Palais-Royal ; BaiLLv, rue Saint-Honoré ;' madiame l E * pLANcHE, rue du Roule ,
u°. 17 , et choz tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaune et de l'Etrunsº
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pour ce Journal , dont il paroitr» tous
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ººº . /sºi ue co»imenoe que du premter d'un mois.# , - -
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A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L IT T É R A I R Es
D E L A F R A N C E,
ET A F FA [ R E S - PO L, I T I Q U E S DE L' E U R O P E ;
J O U R N A L L l B R E,
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Par une Société d'Ecrivains Patriotes , et dirigé par M. M E R c I E R.


L'histoire, par le fonds admirable de leçons et d'exemples que l'hommc
y peut puiser, rassemble tous les avantages propres à éclairer la po
litique.

| N°. C C X V I I. Du Vendredi 7 Mai 179o.


As sEMBL É E · NAT I O N A L E. ront liquidécs et remboursées ; savoir, des de
niers communs de la ville, s'il est justifié que
Séance du 5 Mai au soir. ces finances aient été versées dans sa caisse ,
· · ·• · •
et par le trésor public, s'il est justifié qu'elles
LAsseva ** a reçu avec indulgence une aient été payées au roi.
députation de jeunes , lèves qui, apportant un II. La commune ou la municipalitº de Pa
lon patriotique formé de leur § et du ris sera renfermée dans l'enceinte des nou
acrilice † plaisirs , sont venus prêter veaux murs ; mais les boulevards que l'on cons
erment à la patrie. — « Vous ne devez pas truit en dehors de ces murs, feront partie de
gnorer, leur a dit M. le pr'sident, que l'As son administration,
iemblée nationale travaille moins pour clle que IV. La ville de Paris observera , en cc qui
pour la postérité ». C'étoit dire, d'une manière peut la concerner, les règles établies par les
iimable, à ces jeunes citoyens formant le pre articles 2, 3 , 4 , 5 , 7 , 8, 9 , 1o , I 1 , 12 , 13,
mier anneau de la postérité , qu'ils sont plus 14, 15, 16 , 18 , 19 , 26 , 31 , 34 , 37 , 39 ,
#troitement tenus à la soumission et à la re 4 r, 42, 43 , 44 , 45 , 47 , 48 , 53 , 54 56, #
:onnoissance, puisqu'ils recueilleront la pléni 58, 59, 6o, 61 et 62 de décret du 14 décembre
ude du bienfait que leurs pères sont
l'acheter.
§ sur l'organisation de toutes les municipalités
du royaume, sauf les exceptions qui seroat ex
: Il a été également applaudi à la réponse que pliquées plus bas.
M. le président a faite à la commune d'Ivry. V. La municipalité sera composée d'un
t Nous vous apportons avec timidité, disoient maire , de seize | administrateurs , dont les
:eux-ci, un don patriotique de 439 livres ». fonctions seront déterminées au titre second,
- « Le tribut du nécessaire est d'un bien autre de trente-deux membres du conseil, de quatrc
mrix que celui du supcrilu ». vingt seize notables, d'un procureur de la com
: M. l'abbé Gouttes a pris cette pensée dans mune , de deux substituts, qui seront ses ad
'évangile (1), qu'il sait ct qu'il pratique. - joints et exerceront ses fonctions à son défaut.
, On a repris la discussion des articles du plan Les législatures pourront changer le nombre
le municipalité pour la ville de Paris, et ils et la proportion des membres du corps mu- .
ont été décrétés jusqu'au nombre de 19. nicipai, ainsi que le nombre et la proportion
. II. Les finances dcs offices supprimés se
—:>- 1- - -
des notable . - -

V. La v,lle de Paris sera divisée , par rap


( 2 )
ties, sous le nom de scction , qu'on tâchera cureur de la commune se fera au scrutin,
d'égaliser,
8 autant q
qu'il sera p
possible, relative dans la forme qui sera déterminé au titre sui
ment au nombre des citoyens actifs. _vant. . . -

VII. Ces quarante-huit sections me pourront XV, Pour l'élection du maire et du procu
être regardées que comme des sections de la reur de la commune, chacune de 48 sections
COIIlII1Ul Il G. -

de l'assemblée g'nérale de citoyens actifs, fera


VIII. Elles formeront autant d'assemblées parvenir à l'hôtel-de-ville le recensement de
primaires, lorsqu'il s'agira de choisir les élec son scrutin particulier , contenant la mention
teurs qui devront concourir à la nomination du nombre † suffrages que chaque candidat
des membres de l'administration du départe aura réuni on sa faveur, et le résultat de tous
ment de Paris , ou à celle des députés que ce ces recensemens sera formé à l'hôtel-de-ville.
département doit envoyer à l'Assemblée ma X.Vſ. Les scrutins de diverses sections seront
tionale. -
recensés à l' hôt, l-de-ville le plus promptement
IX. Les citoyens actifs ne pourront se ras qu il sera possible , ensorte que les scrutins
sembler par nétiers , profession ou corpora ultérieurs, s'ils se trouvent nécessaires, puissent
tion , ni se faire représenter : ils se réuniront commencer dès le lendemain. - -

sans aucune distinction, de quelqu'état et condi XVII. Chacune des 48 sections enverra à
tions qu'ils soient, et ne pourront donner leurs l'liôtel-de-ville un commissaire, pour assister |
voix que dans la section dont ils feront partie au recensement des divers scrutins. |
à l'époque des élections. XVIII. La nomination des 48 membres du
X. Si une section offre plus de ooo citoyens corps municipal , et des 96 notables, se fera
actifs présens , elle se formera en deux assem toujours au scrutin : mais la population de
blées, qui nommeront chacune leurs offiçiers ; Paris, exigeant une forme de scrutin particu
mais qui, après avoir dépouillé séparémdnt le lière, cette forme sera déterminée dans le titre
scrutin de l'une et de l'autre division , se réu suivant.
niront par commissaires, pour m'envoyer qu'un Le XIXe article a été mul. -

résultat à l'hôtel-de-ville. | XX. devenu le XIX. Après les élections , les


XI. L'assemblée des quarante-huit seçtions citoyens actifs ne pourront ni resterassemblés,
sera indiquée pour le même jour et à la même ' ni s'assembler de nouveau en corps de commune,
heure : on ne s'y occupera d'aucune autre sans une convocation expresse, ordonnée par le
affa're que des élections et des prestations de conseil général de la commune, lequel me
serment civique. Elles se continueront , aussi pourra la refuser dans les cas indiqués aux
à la même heure , les jours suivans, sans in articles I et II du titre iV.
terruption ; mais un scrutin commencé se ter Séance du 6 Mai.
ininera sans désemparer.
XI!, Les quarante-huit sections se confor M. de la Queuille, ci-devant député par la^
meront aux articles du décret sur les assemblées noblesse d'Auvergne, a annoncé sa démission,
administratives, concernant les qualités néces et a demandé qu'il lui fût permis de faire as*
saires pour exercer les droits de citoyens actifs, sembler ses nobles commettans pour leur ren
et pour être éligibles. - · , dre compte de sa mission. Il est aisé de com
· XIII. Les parens et alliés au degré de père cevoir que cette motion a été rejettée par
et de fils, de beau-père et de gendre, de frère l'Assemblée presque entière, quoiqu'elle fût
et de beau - frère , d'onele et de neveu , ne appuyée par M. de Montlausier. ' .
pourront en même - temps être membres du La question qui étoit à l'ordre du jour avoit
corps municipal : s'ils ont été nommés dans le été posée dès hier : « Les juges seront-ils ins
même scrutin , celui qui aura le plus grand titués par le roi » ? '
nombre de voix , demeurera élu ; et en cas Deux rédactions nouvelles ont été propo
d'égalité de voix, on préfèrera le plus âgé : s'il sées : l'une par M. le Chapelier. « 1°. Le.
- † été élus dans le même scrutin , l'élec peuple nommera-t-il un ou plusieurs sujets pour
tion duL1 dernier ne sera point comptée ; et si remplir les fonctions de juges? 2°. S'il n'y a
celui-ci a été nommé, au troisième tour de qu'un sujet élu, le roi sera-t-il forcé d'accéder
scrutin , il sera remplacé par le citoyen qui, à la nomination : on, s'il y en a deux ou trois,'
dans ce même tour, avoit † plus de voix après le roi aura-t-il droit de choisir.3°. Cliaque juge
lui. , . *, recevra-t-il des patentes ou provisions de
main du roi ? »
XIV. L'élection des deux substituts du pro -

- v
( 3 )
: L'autre rédaction, présentée par M. dc Bcau V.urietés aristocratiques,
metz, étoit celle-ci :
« 1°. Le roi aura-t-il le pouvoir de refuser son On nous écrit de Tarbes que les Ossunoîs
consentement à l'admissien d'un juge choisi ont quitté la soleinnité de la fête de Pâques
our courir au-devant du ci-devant duc de la
par le peuple ?
» 2°. Les électeurs présenteront-ils au roi *orce, qui venoit de Montauban , dans sa
métairie app liée ci-devant château. On ajoute
plusieurs sujets pour qu'il choisisse celui qu'il que la municipalité, qui ignore sans doute les
voudra pour juge ? principes de sa nouvelle formation , fut visi
3°. Le juge, choisi par le peuple, recevra ter le ci-devant duc en corps, avec les notables,
t-il des patentes du roi ? » comme pour faire autoriser leur élection. Si ces
· En offrant cette série de qucstions, M. de fait , sont exacts, nous ne pouvons que g nrir d :
Beaumetz a développé sa pensée par un dis l ignorance des Ossunois , et nous les inviio : s
cours plein de clarté, et qui a réuni tous les à apprendre par cœur la déglaration des droit ,
suffrages. Il a fait sentir qu il falloit écartcr ces de l'homme, le contrat social et les dº crets de
mots vagues d'institution et d'investiture, jadis l'Assemblée nationale : car il est temps quo tous
si meurtriers, parce qu'on ne les a jamais bien les françois se déſassent de ces habitudes ser
définis. Après † débats très-échauffés, la po viles et complimcuteuses, auxquclles ils avoient
sition établie par M. de Beaumetz a obtenu été pliés sous l'ancien régime. - On nous écrit
la priorité. d'Anaonay , que madame de la Verpilière tom
. de Cazalès et de Folleville avoient bera sérieusement malade, si on ma se dépêche
réuni leurs efforts pour faire passer cette à faire une contre-révolution. L)e Saint-Claude,
question : « Les juges seront-ils institués par le que l abbé Colin a tellement bredouillé dans la
peuple ? » -
chaire l'adresse de l'Assemblée nationale aux
L'épreuve n'étoit certainement pas équi françois, que personne n'a pu l'entendre ; et
voque , mais ce parti , qui est bien résolu de qu'interpellé par la municipalité pour la relire,
résister à l'évidence, a soutenu qu il y avoit il a répondu qu'il ne la reliroit point, à moins
.. douto, et réclamoit l'appel nominal. Une se | que l'Assemblée nationale ou le roi ne lui en
conde épreuve a démontré une majorité si ab onnât l'ordre. De Montluçon , que le sieur
solue que les dissidens ont eu honte d'eux de Bartillat faisoit, dans son château de Bar
mêmes, et la priorité est demeurée à la ré t:llat, une collection de 5o à 35 pièces de ca
daction de M. de Bcaumetz.
non, apparemment comme un minéralogiste
M. Malouet élevoit cette question : « L'élec fait une collection de minéraux. D'Autun ,
tion du peuple suffit-elle pour l'institution desqu'il n'y a †de milice mationale dans cette
juges » ? | ville : que la municipalité a refusé de laisser
ais M. Barnave, se surpassant lui-même aller les citoyens à la fédération L)ijonoise, et
dans un discours plein de sagesse et d'énergie, ue l'aristocratie fait journellement des siennes
a emporté le trophée d'une admiration uni § cette ville. D'Abbeville, qu'on n'y a prêté
§ et le préopinant n'a pas insisté. le serment civique que sur l'ordre du ministre.
Dans le cours de la discussion, M. de Mi De Langres, qu'on y fait circuler des pam
rabeau minor a hasardé quelques plaisanteries phlets , composés par des cuistres, pour prou
que nous ne rapporterons pas : nous nous bor ver que le seul moyen d'alimenter les pauvres,
merons à dire qu'elles étoient encore plus c'est de l isser au clergé tous les biens qu'il
froides que déplacées. possédoit ; comme si ce n'étoit pas , au con
M. Reubell , au contraire , a fait une traire, les richesses immenses du clergé qui
grande impression avec ce seul mot : « Que ne faisoient tant de pauvres dans les autres classes
posé-t-on ainsi la question : la nation rembour de citoyens. L)u Puy en Velay , que le clergè
sera-t-elle un milliard d offices de judicature lève la crête, tandis que la municipalité ne dit
. - † que les ministres nomment ensuite à toutes mot; et que ce clergº prie sans cesse pour le
clergé et pour le pouvoir exécutif, avec le
s places de judicature ? »
4Quelques personnes vouloient que la ques # il étoit toujours d'accord pour aveugler
tion fût décidée sans désemparer, mais l'henre et opprimer le peuple, mais jamais pour la
nation , ni pour ses représentans. Enfin de
àvancée l'a fait ajourner à demain, pour y être Valognes, que les ci-devant nobles de cette
être statué définitivement.
| ─
( 4 )
n'ont pas donné un sol de contribution pa M. le baron de Stein lui a écrite de la part
trotique , excepté deux d'entre eux, qui ont du roi de Prusse, pour l'engager à réHéchir
12 à 1 5oo liv. de rentes. Voilà un échantillon mûrement sur les avis de sa majesté. Réussra
des gentillesses aristocratiques qui se passent t-!.contre le patriotisine d'un peuple justement
par-ci par-là dans les provinces, et que nous indigné ?
nous ferons toujours un plaisir de publier. C... P A Y s - B A s, 27 avril.
Quoique certaine partie du peuple com
AFFAIRES POLITIQUES É FRANGERES. ººnc à s appercevoir des menées iriiques de
Van-der-Noot et de Van-Eupen , les écrits in
- D E M A Y E N C E, le 24 avril. cendiaires que. les ari tosrates font répandre
Notre garnison a reçu ordre de tenir prêts soulèvent presque tous les Brabançons contre
à marcher , au prenier instant , un bataiilon les Flamands, (iui ne sont pas gens à ccder :
de grenadiers , deux de fusiliers , et un déta car , dans le casde scission , ils s roient assu
clucinent de hussards , sous le coinmandement ment les plus forts. Mais les gens prudens ai
du général comt · de Hatzfeld. On croit qu'ils mºnt encore mieux temporiser une de
publique. Néanmo ns qué perdre
la chose partie du
doivcnt se rendre dans l pays de Liége. L'é
vêque de Wurtzbourg y fait aussi passer 2.2oo peuple flam nd a pris une cocarde patriotique
Ui ! donne de l'oinbr ge ; et, malgré la dévo-'
fantassins et 4oo dragon5. le nouveau prince
évêque de Frésingue et de Ratisbonne est tion habituelle , on reproche ouvertement aux
1ioniiné, par les vicaires de l' Empire, commis-,
saire principal à la di, t .. En même-temps sa
† dans un papier public, « de se con
dnire avec le prétexte de la religion, comme
sainteté l'a élevé au cºrºn lat, et lui a conféré une ſºmme qui parle sans cesse de ménage,
l : t.tre de Protccteur de Bavière. d'économie, et qui met en g'ge toutes les cie
mis s de son mari ». - - -
D g W r s E I,, 26 avril. " On attend, dit on, sous peu à Luxembourg
Nous attendons ici , vers le 15 mai , toute tine division dº hussards de Wurmser et d'E#
l'artillerie nécess ire aux différens corps qup terhºy , sous les ordres du major hongrois
sa uiaj sté russienne aura , C(°t t(> campagne, Szentkeresty : elle est composée de 465tom s.
sur le bas-Rhin , et qui 1nonteront à 2 ,ooo La province de Limbourg va peùt-être devenir
liommes. Les troupes palatines, combinées avec la prºie des aristocrates , comme le Brabant,
celles de l'évêque de Aluneter, se sont portées avec lequel elle ne s'accorde qu'en ce que le
jusqu'à Maseyck , au nombre de deux Inille peuple y est sacrifié à ſ'intrigue et à l'avarice
1iommes. Les Li'geois ont couru aussi - tôt de ses chèfs : car le manifeste que cette pro
aux armes , ont envoyé demander aux chefs vince vient de publier, n'y parle pas plns de
de ces troupes la raison de leur approche. l'intérêt direct et des droits du peuple, que s'iI
sur la réponse ambiguë qu'on lºur ſit, ils ont n'existoit pas. Il est donc vrai que par-tout le
donné le signal d'une alarme générale, et déjà peuple n'a été et n'est considéré que comme um'
l'armée patriote 1honte à près de 4o.ooo hom vil instruinent dans les mains de ses chefs : il
mes, tous décidés à vaincre ou mourir, plutôt est temps que cette erreur d sparoisse. #

que de recevoir lºur son vera n , · doº;t ils ont


confisqué les biens. Les niaisons religionses ont Le sieur Buisson prévient MM. les abonnés
iºmontré la mêrne ardeur que tous les autres à la Bibliothèque de l'homme public , qu'à
citoyens , et chacun s'est empressé de loger le commencer du tome 4 de cét ouvrage , # y
mieux possible les habitans de l ! catnpagne qui º une augmentation de 48 pages : ainsi
sont venus prendre les armes. Le priace do Liége chaque volnne sera formé désorm s de 256
n'a eu aucun égard à la dcrniero lettre que Pages , et quclquefois pius. |

On s'abonne à Paris, chez BUIssoN , Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
pe l'abounement et la lettre d'avis, et tourés les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. -

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premier six moisa paru
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le 39 Octobre
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trois mois ,» Jfranc
1789 - 1 ' :-
- de Pport, par la ppostc pour le ronc
- - - -
. L'abonncinertt ne connence que du premier d'un mois,
-

- • *
- -
- -
-
-
-25

· A N N A L E S
PAT R I O T I QU E S E T L I T T E R A I R E S
D E L A F R A N C E,
ET AFFAIRE s PoLITIQU Es DE L'E URoP E,
J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R cr E R.
Quand la constitution est sagement établie, il n'y a plus de jours
perdus pour le monarque.

N°. C C X V I I I. Du Samedi 8 Mai 179o.


AssE M B L É E N AT I O N A L E. dans les ruisseanx, jusqu'à lui remplir la bouche
d'immondices, et il a expiré sous les pierres et
- Séance du 6 Mai au soir. les bâtons.
« L'Assemblée nationale a décrété , qu'in
Avasr de s'occuper du plan de la municipa formée de l'exécrable assassinat commis sur la
personne du sieur Fitzjames de Sainte-Colombe,
lité de Paris, qui étoit l'objet essentiel de cette
- séance, l'Assemblée a entendu deux rapports ; elR chargeoit son président de se retirer par
l'un surl'affaire de M. Corbel, tanneur de Rouen, · devers le roi, pour être par sa majesté ordonné
' qui se prétend lésé par la régie générale. les poursuites les plus rigoureuses contre les
· « L'Assembléé a déclaré que, par son décret coupables ».
du 22 mars dernier, par lequel elle a supprimé Ensuite on a repris l'ordre du jour , et les
tous les droits sur les cuirs, et éteint tous les articles suivans ont été décrétés :
rocès, elle n'a pas entendu ôter à ceux qui se Art. XX. Les quatre-vingt-seize notables
prétendroient lésés par le ſisc, et qui étoient formeront, avec le maire et les quarante-huit
en instance pour obtenir réparation, domma membres du corps municipal, le conseil général
ges, le droit de poursuivre cette instance de de la commune, lequel sera appellé pour les
vant les tribunaux qui en sont saisis, à charge affaires importantes , conformément à l'art. 54
par eux de payer les frais postérieurs aux dé du décret du 14 décembre ; et de plus, dans les
crets, s'ils y succombent ». cas que fixeront les articles suivans.
· L'autre rapport étoit composé de faits qui XXI. La municipalité de Paris aura un secré
ont jetté l'horreur au milieu de l'Assemblée. taire-greffier et deux secrétaires-greffiers ad- .
Un M. de Sainte-Colombe de Viltaux , ci-de joints , un garde des archives, un bibliothécaire
vant seigneur de † , avoit depuis long et un trésorier, qui prºteront serment de remplir
temps encouru, la haine des habitans ; au mo fidèlement leurs fonctions. Le conseil généraI .
ment de la révolution, il avoit eu la prudence de la commune les nommcra dans la forme qui
de se soustraire aux poursuites de leur ven , sera déterminée au titre II , et chacun d'eux,
geance aveugle et acharnée ; mais malheureu après avoir été entendu , pourra être changé,
· sement il a risqué de reparoître, et la haine . lorsque le conseil général, convoqué à cet effet,
|
n'étoit pas éteinte.Accusé d'avoir accaparé des. l'aura jugé convenable, à la majorité des voix.
ains, accusé de faits plus vagues et encore | XXII. Le corps municipal sera divisé en
| moins prouvés, on a commis sur sa personne conseil et en bureau : le titre suivant déter
___*** : 1 - ---- 1 -- 1 •r T_ -
( 2 ) --

qui pourra varier lorsque les circonstances l'exi leroit des notables, selon l'ordre de leur èlec
tion. ·
geront. -

XXIII. Le maire et les seize administrateurs |. XXXII. Les convocations-du conseil géné
composeront le bureau. ral de la commune seront faites au nom du
XXIV. Les trente-deux autres membres com maire et du corps municipal. -

poseront le conseil municipal. XXXIII. Les membres du conseil général de


XXV. Le conseil général de la commune la commune, réunis au nombre de 48, pour
élira, à la pluralité absolue des voix et au scrutin ront requérir la convocation de ce conseil,
individuel, les sºize administrateurs parmi les lorsqu'ils la croiront nécessaire , et le corps
qnarante - huit membres du corps municipal, municipal, ni le maire, ne pourront s'y re
non compris le maire ; l'élection se terminera fuser.
au troisièrne tour de scrutin en cette occasion, XXXlV. Lors du renouvellement annuel,
ainsi que dans toutes les autres. les officiers municipaux et les notables sortiront
XXVI. L'Assemblée, pour les élections des au nombre de 72, déduction faite dc cclui des
seize administrateurs, se tiendra le sur-lende morts, de manière qu'on ait à remplacer la
main de la proclamation du maire et des qua moitié des administrateurs, la moitié des mem
rante-huit autres membres du corps municipal • bres du conseil, et la moitié des notables;
et cette élection se fera dans l'ordre qui sera mais si les législatures autorisent une forme
prescrit au titre III. de scrutin différente de celle qui est fixée au
titre suivant, elles pourront changer le nombre
XXVII. Le conseil municipal s'assemblera
au moins une fois tous les quinze jours, et et cette proportion.
commencera par vérifier Ies comptes des divers XXXV. Les substituts du procureur de la
départemens du bureau, lorsqu'il y aura lieu. commune resteront en place deux ans, etpour
Les membres du bureau auront voix délibérative ront être réélus pour deux autres années ; ils
avec ceux du conseil, excepté lorsqu'il s'agira ne pourront l'être dans les élections suivantes ,
de leurs comptes respectifs. -
† les mêmes places, qu'après l'expiration
e deux années.
XXVIII. Le corps municipal s'assemblera - - -

extraordinairement lorsque les circonstances XXXVI. Le procureur de la commune et


l'exigeront , et que la convocation sera de ses substituts sortiront de place altermative
ment, le procureur une année, et les substi
mandée, soit par le maire seul, soit par la ma
tuts ume autre année. ,!
jorité des administrateurs, soit par la moitié
des membres du conseil; et, dans tous les cas, XXXVII. L'année de la sortie du procureur
la convocation sera faite par le maire. -/ de la commune ne sera pas la même que cellº
' XXiX. Outre le droit de convoquer le corps de la sortie du maire ; à cet effet, si le pro°
municipal, le maire aura encore celui de con cureur de la commune nommé à la première
voquer le conseil général de la commuñe, élection n'est pas réélu, il n'exercera quº
lorsqu'il le jugera nécessaire. , pendant un an , mon † le temps qui
XXX. Le corps municipal nommera, parmi s'écoulera avant celui de l'époque fixe des
élections ordinaires.
les membrcs du conseil , un vice - président,
qui n'aura d'autres fonctions que de tenir les XXXVIII. Les membres du corps municipal
assemblées en l'absence du maire ; et en cas ceux du conseil général , le procureur de le
d'absence du maire et du vice-président, le commune et ses substituts, ne pourront être
doyen d'âge des membres présens du conseil révoqués ; mais ils pourront être destitués.
présidera les assemblées. - XXXIX. Les places de maire , de procureur
- XXXI. La présence des deux tiers au moins de la commune et de ses substituns , de mem°
des membres du conseil sera nécessaire pour bres du corps municipal ou du conseil général,
recevoir les comptes de la gestion du maire de secrétaire-greffier, de trésorier, de bliblio- -

et des administrateurs, du maniement des de thécaire et de garde des archives, seront mº


miers du trésorier; et la présence au moins de compatibles ; en † ceux qui étant
la moitié, plus un, des membres du corps mu pourvus d'une de ces places , seront élus à un
nicipal. sera nécessaire pour prendre ſes au autre, seront tenus d'opter. , .
tres délibérations. Mais si, dans un cas urgent, XL Les membres du corps municipal, du
on ne pouvoit rassembler la moitié, plus un, rant leur exercice, ne pourront être membres
des msºbres dm corps munioipal, on y appel de l'administration du département de Paris ;
', - - ( 3 )
: et s'ils sont êfus membres de cette administra mans à la commune , ou entretenus de ses
tion., ils seront tenus d'opter. . deniers. . ·
-

L'article 43, qui devient le 41° , est ajourné. 5°. D'ordonner tout ce qui a rapport à là
. XLII. Si la place de procureur de la com VO] Gr1e, - -

mune vient à vaquer à une époque éloignée de 6°. De faire jouir les habitans des avanta
moins de six mois de l'élection ordinaire, le ges d'une bonne police , notamment de la pro
remier des substituts en fera les fonctions ; si preté , de la salubrité , de la sûreté et de la
' elle vaque à une époque éloignée de plus de tranquillité dans les rues, lieux et édiſices pu
six mois de l'élection ordinaire, on procédera blics.
à une nouvelle élection, ainsi que dans l'arti LI. Pârmi les fonctions propres à l'adminis
cle ci-dessus. tration générale , la municipalité de la capi
XLIII. Si la place de l'un des substituts vient tale pourra avoir, par délégation et sous l'au
à vaquer, on ne la remplira qu'à l'époque des torité de l'administration du département de
élections. -
Paris :

XLIV. Si les places des deux substituts vien-, 1°. La direction de tous les travaux publics
nent à vaquer, on ne les remplira que dans le dans le ressort de la municipalité qui ne sont
cas où l'époque des élections seroit éloignée de pas à la charge de la ville. - -

plus de deux mois. Ce cas excepté, le conseil 2°. La direction des établissemens publics
général pourra commettre une ou deux per qui n'appartiennent pas à la commune, ou qui
sonnes, chargées d'en exercer provisoirement ne sont pas entretenus de ses demiers.
les fonctions. - 3°. La surveillance et l'agence nécessaires à
/ XLV. En cas d'absence ou de maladie de l'un la conservation des propriétés nationales.
· des administrateurs, ses fonctions seront rem 4°. L'inspection directe des travaux de ré
plies par un de ses collègues attaché au même parations ou reconstructions des églises, pres
département. byteres et autres objets relatifs au service du
culte. -

' XLVI. Les places de notables qui viendront LII. Les fonctions propres au pouvoir mu
à vaquer, ne seront remplies qu'à l'époque de nicipal, et celles que la municipalité exercera
l'élection annuelle pour les renouvellemens or par délégation , seront divisées en plusieurs dé
dinaires---
#vm. Les notables prêteront, après leur . partemens, qu'indiquera provisoirement le ti
tre III. - -

nomination, le serment ordonné par l'ârticle LIII. Il y aura toujours une force militaire
48 du décret du quatorze décembre. en activité, sous le nom de garde nationale
, XLVIII. La municipalité ne pourra , sous -

eine de nullité de ses actes , s'approprier les parisienne. La municipalité, pour l'exercice
† attribuées, par la constitution , ou de ses fonctions propres ou déléguées, pourra
non-seulement employer cette force , confor
par les décrets de l'assemblée nationale, à l'ad mément au décret qui interviendra sur l'or
ministration du département de Paris. ganisation des gardes nationales du royaume,
XLIX. Elle aura deux espèces de fonctions mais requérir le secours des autres forces pu
à remplir : les unes, propres au pouvoir munici bliques , ainsi que le règlera la constitution.
pal; les autres, propres à l'administration gé LIV. L'exercice du contentieux de la poli
nérale de l'état, qui les délègue aux munici ce, des subsistances, approvisionnemcns et au
palités. . tres objets de la municipalité, sera réglé par
· L. Les fonctions propres au pouvoir muni la suite. - -

cipal, qu'elle exercera sous la surveillance et LV. Les délibérations et arrêtés sur les ob
l'inspection de l'administration du département jets mentionnés en l'article 54 du décret du
de Paris, seront : 14 octobre , qui n'émaneront pas du conseil
, 1°. De régir les biens et revenus communs général assemblé , seront nulles , et me pour
de la ville. " . " -
ront étre exécutées.
: a°. De régler et d'acquitter les dépenses LVI. Elle sera entièrement subordonnée à
locales qui doivent être payées des deniers Fadministration du département de Paris, pour
COIl1IIlU1I1S. tOut CC qui concerne les fonctions qu'elle aura
, 3º. De diriger et faire exécuter les travaux à exercer par délégation de l'administration
publics qui sont à la charge de la ville. générale. -

4°. D'administrer les établissemens apparte La suite des décrets à demain.


( 4 )
Séance du 7 Mai. écoute ». Puis il a repris : ce n'est donc rien
-

enlever au roi , que de lui demander l'inves


Au commencement de la séance , M. de la
titure nécessaire des juges élus : il nommoit
Rochefoucault a demandé la permission de faire d'après les insinuations de ses courtisans , il
imprimer le rapport du comité de la vente des investira d'après le choix de ses peuples : l un
biens ecclésiastiques : il l'a obtenue sans peine. vaut bien l'autre.
Ce rapport annonce qu'il y a déja pour 35o « Si pourtant il arrivoit que, dans le choix du
millions de soumissions sur les 4oo millions peuple, il se glissât quelque chose de vicieux ,
d'assignats décrétés. on pourroit donner au gouvernement quelques
, M. de Roederer a le premier parlé sur la moyens d'y porter remède... » Cette dernière
question de savoir si le roi pourroit refuser son partie du discours a fait perdre à l'auteur une
consentement à l'élection des juges par le peu portion de son succès.
ple. « La main de justice , a-t-il dit , étoit une M. de Cazalès a tâché de soutenir une cause
main de fer, lorsque le peuple n'avoit d'autres évidemment perdue ; trois fois il a répété qu'on
loix que des décisions ambulatoires; lorsque des, avoit aboli le clergé, la noblesse et les parle
l.
commissions, composées au gré du ministre et mens ; trois fois les patriotes et les galeries po
du courtisan, prononçoient sur la vie , l'hon pulaires ont § M. de la Vie, prenant en
neur, la liberté, la fortune du citoyen , des commisération l'orateur embarrassé dans ses ré
ârrêts dictés d'avance. A ces maux il n'est
pétitions, a dit : « MM., laissez l'orateur pro
d'autre remède qu'une élection faite par le noncer son oraison funèbre ». Les applaudisse
peuple ; mais une élection libre, qui ne puisse mens ont redoublé , pendant que M. l'abbé
être ni détournée par les partisans de la cor Maury, marchant vers la tribune à pas préci
ruption avant qu'elle soit faite, ni éludée par pités, disoit d'une voix sourde et irritée, (nous
les caprices du pouvoir après qu'elle aura tté l'avons entendu ) « c'est bien plutôt l'oraison
déclarée ». -

funèbre de la monarchie ». Enfin, la question


On a comparé le discours de M. de Rœderer a été mise aux voix, et à la pluralité de 5o3
à celui de M. Barnave, et c'étoit le plus bel contre 45o, il en est émané ce décret mémora
éloge qu'on en pût faire. ble : « le Roi ne peut refuser son consentement
M. Goupil de Préfeln n'étoit pas incapable à l'élection des juges par le peuple, et le Roi
de figurer après de tels orateurs. § a fait sentir ne pourra choisir que le sujet qui lui sera pré
qne cette affectation que met le parti anti-na SeIl tC. • • - " -

tional à faire sonner bien haut ce qu'il voudroit On a vu les partisans de l'opinion servile, qui
appellerles prérogatives royales,n'est autre chose peut-être avoient espéré une sorte de parité ,
que le langage de la servitude ministérielle. Et s'enfuir en baissant leurs fronts humiliés, et
cn effet , dans toutes ces nominations qu'on ajouter par-là même au triomphe de la cause
étoit parvenu à accaparer au nom du trône , populaire. Certes la journée du 7 mai 179o tièm
étoit-ce la volonté personnelle du prince'qui dra une grande place dans les annales de la ma
pouvoit se manifester ? Il connoissoit à peine tion françoise. -

le nom des sujets qui étoient investis de cliaque


place ! Créatures de chaque ordonnateur, por Marseille, le 28 avril. . .
tées par l'intrigue, † la assesse, par l'argent,
-

quelquefois par les mauvaises mœurs, les Le fort Saint-Jean, peuplé d'une garnison
moins mallionnêtes étoient encore ceux qui ar de 574o hommes, se remplissoit de munitions
rivoient recommandés par le préjugé de la nais dº, guerre, et l'alarme se répandoit dans la
sance. L)ans un crédit versatile et momentané, ville La garde nationale a sommé le sieur de
les munistres, vivant au jour la journée, sans Calvet, conmandant, d'évacuer la place; il «
principes, sans direction, sans ensemble, res répondu par une décharg° de douze pièces de
sembloient tous au passager de l hôtel garni, canon chargées à mitraiile, qui a massacré 22
ui , apprenant l'incendie de la maison , dit citoyens Ils ont formé le siége avec une ardeur
froidement : « Que m'importe, je pars demain ». plus qu'humaine, la place a été prise d'assaut;
Les applaudissemens accueilloient l'orateur Calvet a été pendu sur la brèche, et sa tête pro- .
d'un côté, et les murmures de l'autre, lorsque, menée dans les rues. Ou porte à 417 le nombre
s : toiirnant vers les anteurs du tumulte, † des morts Nous donnerons demain des détails
a porté ce mot d'un ancien : « Frappe , mais plus étendus.
TA -

· A N N A L E s
PAT R I OT I QUE s E T L I T T E R A I R E s
D E L A F R A N C E, -

ET A F FA I R E S POL IT I Q U E S DE L'E U R O P E;
, . J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R or E R.

Il faut regarder les contradictions faites à loi comme des commen


cemens d'une réforme heureuse. Abbé Mably.
v

N°. C C X I X. Du Dimanche 9 Mai 179o.


ASSEMBL É E · NAT IO N A L E. décrets, si le trouble n'eût été porté un instank
au milieu de l'auguste Assemblée , par un
Suite des décrets de la Séance du 6 mai lhomme
- au soir. ..
à qui la démence, ou, à ce qu'on croit,
l'ivresse, a fait vomir, sans motif et sans im
57. Quºr à l'exercice des fonctions pro pulsion , des blasphêmes et des imprécations
revêtues de ces mots plus quo grossiers, que le
pres au poûvoir municipal, toutes les défibé
rations pour lesquelles la convocation du con dernier des humains prononce en rougissant
seil général de la commune est nécessaire, ne Croira-t-on que cet homme...... c'est M. l'abbé
ourront être exécutées qu'avec l'approbation Maury ? Croira-t-on que, levant le pied avec
e l'administration , ou du directoire du dé un geste impie, et, d'une voix cassée par le
| partement de Paris. vin apostrophant et l'Assemblée et son prési
dent, il a dit à l'une, « que le peuple oule
58. Tous les comptes de la régie du maire roit aux pieds ses décrets »; il a dit à l'autre v
et des administrateurs , après avoir été reçus
par le conseil municipal, et vérifiés tous les six « qu'il le feroit passer sous sa jambe »? Croira
, mois par le conseil général, seront définitive t-on que, remis à l'ordre par l'indignation uni
ment-arrêtés par l'administration, ou le direc
verselle , il s'est avancé # la table des secré
toire du département de Paris. taires pour requérir, pour presser la flétrissure
59. Les citoyens actifs ont le droit de se de son inscription au procès-verbal. et qu'il
réunir paisiblement, et sans armes, en assem l'a, en quelque sorte, dictée lui-même, avec
blées particulières, pour rédiger des adresses ce rire qui est quelquefois une comvulsion de
et # soit au corps municipal, soit à la folie à son dernier période ? -

l'administration du département de Paris, soit Dans cette séance on a décrété tout ce qui
au corps législatif, soit au roi, sous la con , suit, c'est-àdire T
tout le titre second.
1 T R E II.
-

dition de donner aux officiers municipaux con Art. 1. L'assemblée de chacune des quarante
moissance du temps et du lieu da ces assem
blées, et de me pouvoir députer que vingt ci huit sections commencera par l'appel nominal
-
des citoyens actifs, d'après les titres qu'ils au
# actifs, pour apporter et présenter les , ront présentés, en entrant. . . "
ises et pétitions. -

2. S'il s'éleve des difficultés sur l'admission


- Séance du 7 mai au soir, d'un citoyen, sa section en jugera : le citoyen
( 2 )
tres pour les élections suivantes, par l'adminis 12. En cas d'égalité de suffrages au second
tration du département, à qui la connoissanoe et au troisième scrutins, entre plusieurs ci
définitive en demeure attribuée. toyens ayant le nombre de voix exigé, la préfé
3. Les citoyens actifs désigneront les per rence sera accordé à l'âge. - -

sonnes dans leur bulletin , de manière à éviter 13. Les nominations étant faites dans les
touté équivoque; et un bulletin sera rejetté si, quarante-huit sections , il sera envoyé par cha
faute de désignation suffisante entre le père et cune d'elles, à l'hôtel-de-ville, un extrait du
le fils, entre les frères et autres personnes de procès-verbal, contenant les noms de trois ci
même nom, l'Assemblée juge qu'il y a incerti toyens.
tude sur les personnes désignées. 14 Il sèra dressé une liste des cent quà
. 4 Le recensement général à l'hôtel-de-ville rante-quatre citoyens ainsi nommés ; elle sera
| des scrutins des quarante-huit sections, sera imprimée, affichée, envoyée dans les quarante
fait par huit citoyens tirés au sort, dont quatre huit sections. - -

seront pris parmi les membres du corps muni 15. Les sections seront tenues de s'assembler
cipal, et quatre parmi les commissaires des le lendemain de cet envoi, ct elles procéderont
diverses sections. à la lecture de la liste imprimée, à l'effet d'ac
5. Après l'élection du maire et du procu cepter la nomination des citoyens qui y seront
reur de la commune, , dont la forme est déter compris, ou de s'y refuser. On délibérera sur les
minée au titre premier, les deux substituts ad exclusions. On recueillera les veix par assis et
joints seront élus par les quarante-huit sections levé, et sans aucune discussion.
au scrutin de liste simple, mais ensemble et à 16. Les résultats de la présentation de la
la pluralité relative, laquelle sera au moins du liste, dans chaque section , seront envoyés à
quart des votans. l'hôtel-de-ville , et les citoyens qui ne seront
, 6, Si le premier scrutin ne donne à per pas acceptés par la moitié des sections , plus
somme la pluralité du quart des suffrages, on une, seront retranchés
information. . |
de la liste, sams'autre
- * « - ". , - •
procédera à un second dans lequel chacun
écrira. encore deux noms sur son bulletin. 17. Les sections respectives procéderont ,
, 7.. Si : aucun citoyen n'obtient la pluralité dès le lendemain de l'avis qui leur en aura été
' du quart des suffrages , on procédera à un donné par le corps municipal,'au remplace
· troisième et dernier scrutin : dans ce dernier ment des membres rayés de la première liste.
scrutin, on ne pourra cloisir que parmi les ' .18. Les noms des citoyens, ainsi éhus en
quatre personnes qui auront eu le plus de remplacement, seront envoyés dans les sec
voix au scrutin , précédent , on écrira deux tions, pour y être acceptés ou refusés dans le
noms sur les bulletins, et les deux citoyens jour, de la même manière que les premièrs "
qui obtiendront le plus. de suffrages , seront | 19. La liste des cent quarante-quatre élus
nommés substituts du procureur de la commune, étant défitivement arrêtée , les quarante-huit
- 8. Si au premier scrutin un des citoyens sections procéderont, de la manière suivante ,
a obtenu la pluralité dui quart des suffrages et à l'élection des quarante-huit membres du corps
accepté, on n'éçrira plus qu'un nom au second municipal. - * º

scrutin , et,. au troisième, Qn choisira entre les · 2o. Le scrutin se fera, en chaque section,
deux citoyens qui auront eu le plus de voix. par bulletin de liste de dix moms choisis parmi
, 9. Lors de la première formation de la mu ceux dé la liste imprimée. . ' : .
nicipalité, chacune des quarante-huit sections 21. Les bulletins qui contiendront plus ou
élira parmi les citoyens éligibles, de sa section | moins de dix noms, ou des noms qui né se
seulement, trois membres destinés à faire par roient pas compris dans la liste imprimée , se
tie du corps municipal, ou du conseil général ront rejettés ; mais ceux qui en contiendront
de la commune. . -
moins seront admis. - - ,
- to. L'élection se fera au scrutin individuel 22. Le résultat du scrutin de chaque sec:
qt à la pluralité absolue des suffrages. tion sera envoyé à l'hôtel-de-ville ; et ceux qui,
, I I. Si au premier scrutin la § absolue après le recensement général, se trouveron
n'est pas acquise, il sera procédé à un second ; | avoir la pluralité du quart des suffrages, seron *

si le second scrutin ne fournit pas non plus la . membres du corps municipal. - -

pluralité absolue : il sera procédé à un troi 23, Pour compléter le nombre des quarante
sième entre les deux citoyens seulement qui | huit membres. du çorps municipal , comme
aurQat ou le plus de voix au second. l aussi dans le cas où aucun citoyen n'auroit eu
( 5 )
nne pluralité relative du quârt des süffrages, il les citoyens éligibles de Paris ; leur éléction se
sera procédé, dans les quarante-huit sections, fera au scrutin individuel, et à la pluralité
à un second scrutin... , , , .. · . . -
absolue des suffrages; mais sur chaque †
| 24. Ce scrutin sera fait, ainsi que le précé on écrira deux noms. ·
dent, par bulletin de liste de dix noms choi 34 Les deux secrétaires - greffiers adjoints
sis parmi les moms de la liste imprimée, moins seront élus de la même manière, et l'un après
, ceuk qui se trouveront élus par le précédent l'autre. - -

scrutin. . - : -

35. On suivra, pour ces divers scrutins, les


| 25. Tous ceux qui par l'événement de ce règles établies aux articles 1 1 et 12 ci-dessus.
second scrutin réuniront une pluralité relative 6. Le maire, président de l'assembIée, aura
du quart des suffrages, seront membres du droit de suffrage pour les élections.
corps municipal. • • . -
7. Les premières élections seront faites
26. Si le nombre des quarante-huit mem aussi-tôt après que les opérations préliminaires
bres n'est pas renpli, ou si le second scrutin seront achevées. - -

n'a donné à personne la pluralité du quart des 38.Les assemblées des quarante-huit sections
· suffrages, il sera procédé dans les quarante seront convoquées à cet effet au nom du
† sections à un dernier scrutin. maire en exercice, et de la municipalité pro
27. Ce dernier scrutin , sera fait † V1SOIre. - -

par liste de dix noms choisis parmi les noms 39. Toutes les opérations attribuées au corps
e la liste imprimée, moins ceux qui auront municipal, relativement aux élections, appar
été élus. . -
tiendront , pour cette première fois , au maire
* 28. La simple pluralité des suffrages sera et aux soixante administrateurs actuels. .
suffisante à ce dornier scrutin , et ceux qui 4o. L'assemblée de chacune des quarante-huit
par le recensement général l'auront obtenue , · sections sera ouverte par un de ces adminis
seront membres du corps municipal jusqu'à trateurs, qui exposera l'objet de la convocation,
concurrence des quarante-huît membres dont et dont les fonctions cesseront après l'élection
il doit être formé. - -

| d'un président et d'un secrétaire.


...29.- En cas de refus d'un ou de plusieurs 41. Les comptables actuels , soit de ges
'citoyens élus aux deux premiers scrutins , il tion,: soit de finance , rendront leurs comptes
en sera usé comme s'ils n'avoient pas eu la définitifs au mouveau corps municipal ; ces
pluralité requise pour l'élection, et leurs noms général. seront revus et vérifiés par le conseil
comptes - r - · .
ne concourront pas : dans les scrutins suivans.
, 3o. Si un ou plusieurs citoyens élus au | 42. lls seront de plus imprimés, et tout citoyen
dernier scrutin ne veulent point accepter : ils actif pourra cn prendre communication, ainsi
seront remplacés par ceux qui suivront dans que des pièces justificatives, au greffe de la
l'ordre des yoix ou de l'âge. : · · . . ville, sans déplacer et sans frais.
: 31.Les citoyens compris sur la liste impri 43. Le premier renouvellement des membres
mée , qui n'auront pas été élus membres du du corps municipal , des notables, ou autres
corps municipal , ou qui auront refusé, res7 § à la municipalité, se fera
rSOn IleS

teront membres du conseil général, en qualité |§ d'après la saint Martin 1791 , et le


de notables. : : - sort décidera. ·· · . | | |
, 32. Dans les : scrutins pour l'élection des • Pour l'exécution de ce, les sections nom
seize administrateurs dont il est parlé en l'art. meront alternativement. '
-

27 du titre premier, on commencera par nom - - Séance du 8 Mai.


mer les administrateurs au département des
subsistances ; on passera ensuite à l'élection - L'assemblée générale des électeurs du dépar
des administrateurs au département de la pº - tement des Ardennes ayant déterminé que la
lice , et ainsi successivement jusqu'à l'élection ville de Mézières demeureroit chef-lieu de ce
des administrateurs au département destravaux département, celle dè Sèdan a porté une ré
publics, conformément à la division qui sera · clamation
cru devoir
à l'Assemblée nationale , qui n'a pas
l'accueillir. , - ' ' . .-
indiquée au titre 3. . _ . . , 1 # ,.
-

33 Le secrétaire-greffier et ses adjoints lè d'AlbyUn décret local a autorisé la , commune


trésorier et le garde des archives , le bibliothé à emprumter 1oo,ooo liv. -
(4)
sur le rapport de M. Dupont, l'un des quatre 1 officiers chargés du ministère public , serone
commissaires à l'inspection de la caisse d'es- | nommés par le roi ».
compte, a été rendu le décret suivant : Premier amendement proposé par M. d'An
« L'Assemblée nationale autorise la caisse | dré, « que les membres de #§ natio
d'escompte à échanger pour douze millions de | nale actuelle, ne pourrout être choisis par le
zoo et de 5oo liv. , contre pareille somme de | roi, pour remplir les fonctions du ministère |
billets de 1ooo liv., à la charge de brûler public qn'au bout de quatre ans , et que les
lesdits billets de 1ooo liv. jusqu à la concur- | membres des législatures suivantes ne pourront
rence des douze millions, en présence des com- | être nommés qu'après deux ans ». -

missaires, qui en dresseront procès-verbal et le Second amendement par M. Muguet : « Ces


représenteront
D'un compte».rendu par M. de la Roche- | officiers publicsque
être destitués seront
pour àforfaiture
vie, et ne». pourront s

foucault, il résulte que la caisse d'cscompte a Troisième amendement par M. d'Aude :


maintenant des § en circulation pour | « Qu'ils ne pourront être membres des assem
169, 164 ooo l., et qu'il lui est dû 34o, ooo,ooo , | blées administratives de districts, de départe
dont 17o millions payables en annuités, et pa- | mens et de municipalités » ; ces trois amende
reille somme en assignats. mens sont adoptés.
L'Assemblée nationale a vôté une somme
- • Y aura-t-il un tribunal de révision ?On est
de 6oo,ooo liv. , pour l'achévement du º | d'acc§à sur la cr§ de ce tribunal , mais
du Charolois payable de mois en mois, à dater | si§r
du premer,juin prochain. -
§ §a§a sédentaire, on
les membres qui le composeront seront de
L'ordre
tion du jour
: Le roi s'est établi
donnera-t-il desavec cette ques
patentes aux grands juges d'assise, et la question est ajour
- p née.
Juges !
# il est décrété unanimement : « Que le juge
nommé par le peuple recevra des patentes du Génes, le 15 avril.
roi, sans frais , d'après la formule qui sera dé- -

terminée par l'Assemblée ». - Nous avons ici, depuis quelques jours., un


Le ministère public sera-t-il à la nomination | député de vos aristocrates, c'est l'abbé sabat
du peuple ou du roi ? tier, conseiller au parlement; il vient de Tu
-

. Milsent réclamoit la nomination du peu- | rin ; sa mission se réduit, à ce qu'il paroît, à


ple; mais rien n'a résisté aux principes posés | prouver et à persuader la banqueroute; il met
par M. de Chabrond. « Si les juges, a-t-il dit, | à cette doctrine une chaleur et un acharnement
eussent été nommés par le roi, c'étoit le tom-
beau de la liberté ; mais le ministère public, à
|
|
sans exemple : aussi gagne-t-elle dans la classe
des gens peu instruits; mais les hommes éclai
«

la nomination du roi, en sera la sauve-garde. | rés, comme les marquis Duvazzo, Cambioso,
Après avoir sauvé le peuple du despotisme, il | Sevra, etc. bien loin de l'écouter, lui ont fait
faut le sauver de lui-même. Le roi existe en fa- | fermer leur porte, et détruisent chaque jour,
veur de tous; et, délivré de la crainte de l'a- 1 par leur sagesse et leurs lumières, les impres
voir pour juge , je demande qu'il soit mon | sions fatales au crédit de la France, que cet
protecteur ». apôtre travaille à donnen; et il est à croire que
Ce discours sage a produit l'unanimité, qui a | tous ses efforts ne feront que l'avilir davantage
produit le décret suivant : - aux yeux de tous les honnêtes gens de ce pays.'
« L'Assemblée nationale décrète que les l (Extrait du bullatin de Bordeaux. ) -

Faute à corrgier dans le N°. CCXV III.


Page 4, colonne première, ligne 21 , les partisans , lisez les intrigues.
On s'abonne à Paris, chez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le pris
pe l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHE, rue du Roules
u°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour ce Journal , dont il paroît tous les jours un Numéro, est de 36 liv. ponr
un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour le tous
•oyaume. Le premier Numére a paru le 3 octobre 1789 L'abonnement ne commence que du premier d'un voit
ſ- - - a

A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E s
, . D E L A F R A N C E,
ET A F FA I R E S POL I T I Q U E S DE L' E U R O P E;
J O U R N A L L 1 B R E,

Par une Société d'Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. Me R c r E R.


Il est insensé que l'homme prétende prêter main-forte à la religion.
Abbé Mably.

N° C C X X. Du Lundi to Mai 179o.


AS S E M B L E E N AT I O N A L E. plié d'écrire à S. M. Britannique, et de la prier
d'engager le parlement d'Angleterre à concou
Séance du 8 Mai au soir. rir avec l Assemblee nationale à la ſixation de
l'unité naturelle de mesures et de poids , qu'en
C. que la voix de la raison et de l'intérêt conséquence, sous les auspices des deux na
public réclamoit en vain depuis plusieurs siècles, tions , des commissaires de l'académie des
ce que le gouvernement avoit tenté plus d'une sciences de Paris pourront se réunir en nombre
· fois sans succès , l'uniformité des poids et égal avec des membres c'!oisis de la société de
mesures dans toute l'étendue de l'empire, vient Londres , dans le lieu qui sera jugé respecti
d'être établie par l'Assemblée nationale, la seule vement le plus convenable , pour déterminer
puissance qui possède réellement tous les genres à la latitude de 45 degrés, ou toute autre lati
de forces , parce qu'elle rassemble toutes les tude qui pourroit être préférée, la longueur
volontés. du pendule , et en déduire un modèle invaria
Un rapport lumineux de M. de Bonnay , ble pour toutes les mesures et pour les poids ;
ancien president , a préparé la délibération , qu'après cette opération faite avec toute la
qui s'est manifestée par le décret suivant : solemnité nécessaire , S. M. sera suppliée de
« L'Assemblée nationale desirant faire jouir charger l'académie des sciences de fixer , avec
à jamais la France entière de l'avantage qui - † municipalité du royaume,
doit résulter de l'uniformité des poids et me es rapports de leurs anciens poids et mesures
snres, et voulant que le rapport des anciennes avec le nouveau modèle, et de composer ensuite
mesures avec les nouvelles soit clairement dé - pour l usage de ces municipalités , des livres
terminé et facilement saisi, décrète que S. M. usuels et élémentaires, où seront indiquées avec
sera suppliée de donner des ordres aux admi clarté toutes ces propositions.
nistrations des divers départemens du royaume, Décrète en outre que ces livres élémentaires
afin qu'elle se procure et qu'elle se fasse re seront adressés à la fois dans toutes les muni
mettre par chacune des municipalités comprises cipalités, pour y être répandus et distribués ;
dans chaque département, et qu'elles envoient qu'en même temps il sera renvoyé à chaque '
à Paris, pour être remis, au secrétaire de l'aca municipalité un certain nombre de nouveaux
poids et mesures , lesquels seront délivrés gra-"
( 2 )
les anciennes mesures seront abolies, et seront jours avant sa tenue, et ouverte par le maire
remplacées par les nouvelles ». de la ville d'Hennebon, que l'Assemblée na
M. Bureau de Pusy a fait des observations tionale commet à cet effet, l'autorisant à régler
intéressantes sur ce décret, et a proposé en le montant de la contribution exigée pour
suite cet autre projet de décret, qui a été être citoyen actif, d'après les informations qu'il
adopté : prendra sur les lieux , sur le prix usité de la
« L'Assemblée nationale décrète que l'aca journée de travail ; et sera sa majesté suppliée
démie , après avoir consulté les officiers des de revêtir de sa sanction le présent décret, et
monnoies, proposera son opinion sur la ques de donner des ordres nécessaires pour sa plus
tion de savoir s'il convient de fixer invaria prompte exécution ». -

blement le titre des métaux r»onnoyés , de 282 voix portoient M. de Cazalès à la prési
manière que les espèces ne puissent jamais demce, et M. Thouret y est monté avec une
éprouver d'altération que dans le poids, et s'il luralité de 439. Les nouveaux secrétaires sont
n'est pas utile que la différence tolérée dans M. Chabrond, Fermond, et de la Salcette.
les monnoies , sous le nom de remède, soit
toujours en dehors ; c'est-à-dire, qu'une pièce Séance du 9 Mai.
puisse bien excéder le poids prescrit par la loi,
mais que jamais elle ne puisse lui être infé Combien de citoyens aveugles ont pris et
TlG ll rG. prennent encore la liberté pour la licence !
Enfin , que l'académie indiquera l'échelle de Combien d'hommes, plus coupables encore,
division qu'elle croira la plus convenable , tant ont cru pouvoir mettre à profit le moment
pour les poids que pour les autres mesures et d'une recomposition première , pour faire
pour les monnoies ». triompher leurs intérêts, leurs passions, leurs
, Le reste de la séance a été consommé par haines, leur jalousie, leur ambition , et lêurs
un † sur les troubles arrivés dans la pe cabales ! Au département de la Nièvre, ou
tite ville d'Auray, au département du Mor source d Yonne, un curé du petit village de
bihan. Un sieur le Corne , ancien sénéchaljº Saint-Sulpice, furieux de n'avoir pas été élu
avoit, de longue main, encouru la disgrace de maire par la commune de sa paroisse, a as
la commune , et la nouvelle municipalité, con semblé clandestinement quelques enfans , par
servant les anciennes préventions , lui avoit lesquels il a fait annuller les élections de la
contesté les droits de citoyem. Un procès s'étoit municipalité, et les a fait porter sur des créa
ensuivi, avec toute l'aigreur de la haine res tures à sa dispotition, en s'adjugeant la pre
pective, et avec les injustices et les violences mière place. D'après l'exposé de cette affaire,
que la haine enfante. L'Assemblée nationale, appuyé de pièces authentiques, l'Assemblée ma
qui ne veut voir que la loi, a improuvé la com † a confirmé dans ses fonctions la mumi
duite des municipaux .. et après une longue cipalité première élue, et a remis le curé à
discussion, a rendu le décret qui suit : l'ordre, c'est-à-dire à sa place de simple ci
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu toyen. ";

son comité des rapports , déclare que le sieur Sur un rapport fait par M. Régnier, au mom
le Corne n'étant accusé d'aucun crime, doit du comité féodal , « l'Assemblée a décrété, que .
jouir paisiblement de sa liberté et de son état les hauts justiciers qui jouissoient en Lorrains
sous la sauve-garde et la protection de la loi : du droit de pâturages à part, ou de tiers pour
déclare, en outre, qu'il ne peut être opposé à leurs troupeaux, continueront, eux ou leurs
son éligibilité aux places municipales, des motifs fermiers, à jouir de ce droit jusqu'au mois de
d'exclusion qui ne résultent pas des décrets novembre prochain, à condition qu'ils paieront,
constitutionels, et lui réserve l'exercice de tous en forme d'indemnité, le prix de ces fermages
ses droitsetcontre les auteurs de son emprison aux communautés ».
mqment de sa détention. • .

Rupport par M. Dubois de Crancé sur les in


# ssemblée nationale déclare nulle l'élection valides. L'Assemblée nationale prenant en une
juste considération les services des braves vé
des officiers municipaux faite à Auray les 26
et 27 janvier dernier : décrète, en conséquence, térans qui, après avoir employé leur jeunesse
#† océdé à une nouvelle élection, dans à des fonctions pénibles, se rendent encore
une assemblée des citoyens actifs d'Auray, la utiles à la patrie, a décrété : -

# conformément à l'article 8 du décret « Qu'à dater du premier de ce mois, les in


du 13 décembre 1789, sera convoquée huit · valides détachés jouiront de l'augmentation de
( 3 )
a paye accordée à l'armée; on leur passera elle-même de repousser ces attaques de la ma
j sous pour le pain, et 7 sous pour le prêt ». ; mière la plus authentique. En conséquenae ,
On a ordonné l'impression d'un rapport sur fidelle au serment civique qu'elle a prêté so
a vente des biens ecclésiastiques , et sur la ma lemnellemeut, et qu'elle scelleroit même de
1ière dont les municipalités pourront et de son sang, elle déclare que son opinion est qu'on
ront acquérir. doit regarder comme infâme et traître à la
: Rapport du comité des domaines, fait par patrie tout citoyen ou toute assemblée de ci
M. de Vieuzac. toyens qui refuse d'obeir aux décrets de l'Assem
Le premier article porte que les domaines blée mationale, ou qui se permet des protes
le la couronne sont aliénables par la nation tations contre un seul de ses décrets.
eule, ou par un décret de ses représentans. Arrêté en outre que la présente proclama
M. de Montlosier, qui n'est pas encore bien tion sera imprimée , affichée et envoyée anx
ort sur les principes de droit public, croit que cinquante-neuf autres districts.
:es domaines sont une propriété royale; comme } DANTON , président.
i le roi, c'est-à-dire le chef d'une nation ,
»ouvoit avoir une propriété ! comme si le pé JRéſlexions sur la lettre écrite par le roi
:ule d'un roi n'étoit pas une sorte d'hérésie, aux colons de Saint-Domingue.
bu au moins une immoralité !
Louis XII , a dit M. Rœderer, après la mort « Mes bons et amés sujets, dit le roi, — il
d'Anne de Bretagne, avoit cru pouvoir disposer est de toute justice que vous partieipiez aux
du duché qu'elle lui avoit apporté en mariage, avantages de la constitution dont mes sujets
et le parlement de Paris déclara nulles ces dis d'Europe vont jouir. — C'est par une pareille
ositions. -

union que je verrai mes sujets de l'un et de


Philippe-le-Long. et Henri IV, a ajouté M. I'autre hémisphère me former qu'une même
Fréteau, ayant voulu 'également aliéner quel
famille, ctc. » Qu'on dise donc maintenant que
ques portions de biens de la couronme, finirent les Ininistres et leurs commis ne sont pas in
par reconnoître la loi qui ne permct pas à l'usu corrigibles, et qu'ils ne nous regardent pas tou
ruitier de disposer du fonds de son usufruit. jours cornme des esclaves. Nous ne cessons de
L'article premier a passé sans difficulté, ainsi leur répéter que les François ne sont aujour
pue le deuxième qui porte « que les acquisi d'hui et n'ont jamais dù, être que des citoyens
ions faites du vivant du roi sont à sa dispo libres, sujets de la loi qu'ils ont faite , et non
ition, et sont réunies à la couronne à so les sujets d'un autre hQmme ; que le pouvoir
lécès ». - 1

exécutif est lui-même le sujet de la loi et de


M. Camus a requis et a obtenu l'ajournement la nation : que la nation étant la souveraine
le plusieurs autres articles, sur les isles, islots, absolue, les individus de cette nation ne peu
rands chemins, rivages, etc. vent être les sujets de leur sujet ; enfin, que
La séance s'est terminée par un décret con ce mot de sujets du roi , que les ministres
ernant la forme des assignats. veulent opiniâtrement consacrer sous toutes les
« L'Assemblée nationale décrète qu'il y aura formes, ne peut qu'indigner des hommes libres,
ingt personnes auxquelles seront attribuées et augmenter leur horreur pour l'ancien ré
es fonctions dé signer les'assignats, et que le gime , dont ce mot étoit la base. Si les ministres
#etfera
».
proclamer les personnes choisies à cet
• * -
veulent être absolument des sujets du roi leur
MAîTRE, ils voudront bien ne plus confondre
avec eux des hommes qui ne sont sujets que
P A R 1 s, de la loi. Le langage des esclaves ne nous con
vient plus : et quoique M. de Montmorin dise,
Les amis de la véritable llberté liront , sans dans sa réponse à l'ambassadeur d'Epagne (1),
Dnte avee plaisir, cette proclamation que vient , qu'on s'accoutume tellement au ton qni règne
e publier le district des Cordeliers , d'après dans certains écrits ( les écrits patriotiques )
rédaction. de M. de Chénier, auteur de la que leur effet devient presque nué ( pour des
agédie de Charles IX. ministres mal organisés sans doute ) nous pen
- --- -- • -• - --- -- • -

( 4 )
purger notre langue des expressions anti-na tôt ou tard renverser des despotes qui n'ont
tionales, comme pour purger le gouvernement d'autre loi que leur volonté. Le Danemarck
des hommes ineptes et insolens , car c'est une a déja plusieurs fois connu la vérité de ce prin
véritable insolence que d'oser désigner des cipe. - -

hommes libres sous le nom de sujets d un autre Un de nos correspondans françois, zélé pa
homme. CARRA. triote , nous instruit que le châtelet de Paris
informe contre ceux qui ont assiégé les portes
Clermont - Lodéve, premier mai. du château de Versailles ; mais nous voudrions
savoir pourquoi ce châtelet ne commence †
Attestation des dix compagnies de la légion par informer , en bon politique, contre les
mationale de cette ville.
convives présens à l'orgie de Versailles ; orgie
« Nous avons lu, dans les différentes feuilles dans laquelle on déchira, insulta la cocarde
publiques, qu'un député d'Arles adhère COI1S
patriotique ; orgie dans laquelle on se répandit
tamment aux motions anti-patriotiques , et en imprécations contre l'Assemblée nationale ;
familières à certains membres de l'Assemblée orgie dans laquelle tous ces convives, ivres ou
mationale : nous attestons que nous sommes furieux , se passèrent de main en main, à la
tous pcrsuadés dans notre ville , que la famille ronde, l'héritier présomptif de la couronne :
de nos anciens comtes est depuis long-temps c'est au moins ce que nous marquoit , à cette
éteinte : que nous ne connbissons point la per époque, un de mos correspondans qui assuroit
sonne de M. Clermont - Lodève , et sur-tout en avoir été témoin. Nous apprendrions avec
que nous nous gloriſions d'avoir des opinions plaisir que le châtelet procédât ainsi : car c'est
bien différentes des siennes ». cet événement qui a amené l'autre ; et jamais
Signés, Masluemflottes, conmandant ; Rigal, le peuple me devient terrible sans raison.
lieutenant-colonel ; le Chºº de Guerelles,
major. - -
D U B L 1 N , , 17 avril. |

- AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. Depuis la dissolution du parlemant, les es


prits sont dans une grande fermentation. Le
D E H A M B o U R G , le 26 avril. club des patriotes, indigné de la conduite per
ſide des agens du despotisme , et des moyens
· Le prince-royal de Danemarck est depuis plu de corruption dont se servent les ministres
sieurs jours dans le duché de Sleswig, accompa pour asservir un peuple libre , vient d'arrêter
gné de quelques seigneurs § à sa per de mettre tout en usage pour garantir la libertd
sonne. Certaines liaisons secrètes què la cour a des citoyens de l'oppression de leurs tyrans
eu lieu de soupçonner, des mécontentemens qu'en outre il sera nommé un comité pour ou
vrir et entretenir une correspondance StllV16
sur lesquels on me garde plus le silence en plu
sieurs endroits, ont occasionné ce voyage, à ce avec tous les clubs patriotes établis ou à éta
que l'on croit. Tel est le sort des états despo blir en Irlande, afin de propager les vrais prin
tiques : le souverain ne tenant à personne, et cipes, arrêter les efforts des hommes pervers à
voulant plutôt des esclaves que des amis, per ui le gouvernement multiplie les pensions pou
sonme ne tient mon plus à lui qu'autant qu'on établir ses principes inconstitutionels, en sur
ne peut en secouer † Cºtte terrible loi chargeant le peuple au profit de ces ame
du roi, qui a confirmé le despotisme absolu du viles , dont les cours des souverains sont rem
Danemarck dans la dernière révolutiôn , doit plies dans toute l'Europe. . :

On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, le pri
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour lcs Auteurs des Annales Patriotiques.
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n°. 17; et chez tous les Libraires et Lirecteurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. - - -

- - * , ,
- - " . - - *• ! - - -

Le prix de l'abonnement pour ce Journal , dont il paroit tous les jours un Numéro, est de 36 liv, pou
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout l
f{oyaume. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne commence que du premior d'un mei,
, 1 #» . -

· ··· · , , ... l ' .


- - --

vr

S U P PL É M E N T A U No. C C X X.
P A R I S , le 6 mzai. Alarne vraie ou fausse à Saint-Sulpice.
Anccdote patriotique. Pendant que les provinces du midi sont tra
· Dans un dîner de zélés patriotes , qui a cu vaillées par la ſièvre anti-civique , Paris en
lieu hier, pour l'anniversaire de l'ouverture ressent aussi quelques atteintes , mais beauco1: p
des états généraux, et où se trouvoit un des lIlOlllS VIV GS.
chefs du parti populaire belgique, il a été bu Depuis trôis jours, les bons citoyens s2 trou
§
les tosts suivantes : 1°. à la du peuple voient inquiétés par une affiche très-inultipliée
françois; 2°. à la liberté du Brabant ; 3° à dans l'étcndue de la paroisse saint Sulpice, et
l'égalité parmi les hommes ; 4°. à l'établisse conçue en ces termes :
Yment des jurés au civil; 5°. au droit de paix « Messe solemnelle dans l'église de saint Sul
et de guerre à la nation : 6°. à la responsa pice, vendredi 7 du courant, à onze leures
bilité effective des ministres; 7°. à la répara très-précises, pour offrir à Dieu les remerc#
tion du décret sur le marc d'argent; 8°. à la nens des pauvres, à raison des grands secours
liberté indéſinie de la presse ; 9°. à la perpé que la charité des riches a répºndus sur eux
tuité des gardes nationales; 1o°. à la liberté depuis le mois de novembre dernier. — Ser
indéfinie du commerce ; 1 1°. à la juste con mon par M. l'abbé Boulogne, prédicateiir or
fiance due aux assignats; 12°. à la perpétuité dimaire du roi , et vicaire-général de Châlons
de la société des ainis de la constitution; 13°. sur-Marne. — Pauper et dïces obo'ararunt
malheur à qui proposeroit l'établissement d'une sibi. Proverb. .. chap. 22 , v. 2 ».
chambre des pairs en France ; 14°. à la des Des avis prudens donnés à M. le curé, ou
truction de toutes les aristocraties dans tous qu'il a pris, ont fait placarder cette afiiche
les pnys du monde. Les convives se sont ajour- . singulière par celle que voici :
A

nés au 14 juillet. Nous recommandons a fOl1S : c, Messe soleºnnelle dans l'église le saint Sul
les bons patriotes de l'empire, de porter sou pice, vendredi prochain 7 m ti 179o , 1 1 lieures
vent ces mêmes tosts dans leurs diners de so très-précises ,
ciété; c'est un moyen de plus de graver dans Pour remercier Dieu des secours que tous
les cœurs les bons principes d'une constitution les citoyens ont versés dans les mains de M.
vraiment nationale. le curé, et dans les caisses des districts pour
Baptéme civique. soulager leurs frères dans le besoin. M. le curé,
en invitant ses paroissiens à cette c'rémonie ,
Le curé de Saint-Marcel a reçu hier le saisit avec empressement cette occasion pour
serment civique d'un nouveau-né, prononcé leur témoigner toute sa reconneiszance ».
par ses parrain et marraine , sur lcs fonds bap Vendredi matin, 7 mai, à dix henres, une mul
- tismaux. Heureux enfant ! te voilà purifié en titude de 4ooo ames au moins s'étoit portée à
naissant du péché de servitude, ce péché l'église de saint Sulpice pour entendre la messe,
-originel dont la nation étoit si fort entaclée et sur-tout le prédicateur. Mais on est venu
sous le despotisme de ses rois, et dont l'au dire qu'une troisième affiche étoit collée, à
guste et sainte Assemblée mationale vient de l instant même , snr les deux précédentes, et
nous rachcter. Peres de ſamille ! jeunes époux la voici :
qui formez de tendres liens sons la brillante « Avis aux paroissiens de saint Sulpice.
constellation de la liberté ! n'onbliez pas cet M. le curé prévient les paroissiens que des
exemple. Que les parrains et marraines de vos raisons particulières le déterminent à suspendre
enfans prononcent pour eux le serment ci la cérémonie de la messe solemnelle d'action
viqu · sur les fonds de baptême, que la religion de graces, annoncée pour aujourd'hui vendredi
consacre par-tout le patriotisme et soit insé 7 du mois. Son intention étant d'y faire une
Parable de lui. Cette idée sublime du serment quête en faveur des pauvres , il espère qu'ils
civique des nouveaux-més, annonce à la terre en seront dédommagés , et que les citoyeris
que le temps est enfin arrivé où les tyrans aisés ne lui enverront pas moins les secours
et les sardanapales disparoitront de sa sur qu'il attend de leur charité ».
face , et où la véritable morale des nations
( 2
de lctir autorité sont allées dire à M. le curé chez M. de Maillebois ; qu'il s'étoit servi d°
qu'on exigeoit la messe. Un jeune prêtre, le . ses ciievaux ; qu'il avoit été présenté au comte
sieur Frcnier, vicaire de clio ur , a paru en d'Artois, lors de ses voyages à Turin. Je vous
ciiaire, le visage pâle, la voix tremblante : Mes instruirai des découvertes postérieures que
fri res, M. le curé , averti par des ordres su nous ferons sur cet aristocrate. Je pense que
périeurs, ..... avoit cru ... .. devoir différer ; nous le détiendrons jusqu'à ce que l'Assemblée
.. . .. mais . .... vous serez satisfaits.. ... nationale en ait décidé. Plusieurs /et tres adres
Un instant après, M. le curé s'est montré sées à diverses personnes confirment la méme
lui-même : il a fait l'apologie de sa conduite, nouvelle. ( l',xtrait du journal patriotique de
inculpée d'après un sermon par lui prêché di Grenoble ). Une lettre de Chambºri , du 3 de
manche dernier, et qui avoit , disoit-on , une ce mois, nous donne les mêmes détails.
odeur plus que suspecte. « Il avoit offert de Les dix commendemens patriotiyi es, com2nosés
le conzmuniquer c/ ez lui , à des commissaires
de l' Assembfée mationale. Il l'imprimera, s'il par M/. Aubry Bassault, ponr ées #.zbitans
est besoin , pour en justifier la puveté. }l n'a de son village et des villages voisins qui
l'ont choisi pour leur chef. N,
eu d'autre intention que de réunir des riches
our faire une quête abondante, et de capter I. Aime ton Dieu par-dessus toutes choses
† charité par des éloges. Des personnes mal et ta patrie comme toi-même. 2. Sºcoure tes
semblables comune s'ils me formoient tous avec
intentionnées ont attaqué son caractère ; mais
il ne veut que le bien, et sur-tout le bien des toi qu'une même famille. 3. Sois fidèle à la loi
pauvres. Au rcste, il va faire chanter la messe et au roi, et défends la constitution au péril
demandée , et il y ſera la quête avec son de ta vie. 4 Combats nos ennemis par ton
vicaire ». courage et par tes vertus, et tu triompheras de
Ce discours a paru calmer l'assemblée. aupa leurs éfforts. 5. Sois bien circonspect en t le vant
ravant très tumultueuse ; la messe a été chan aux emplois ceux à qui la révolution a été pré
tée : un sermon sur le jugement dernier a pris judiciable. G. Méfie - toi des perſides caresses
la place de celui qu'on attendoit de l'abbé de de ce qu'on appelloit autrcfois les grands, et
Boulogne. Ainsi s'est évanouie l'alarme pu des sourdes menées des aristocrates 7. Surveille
blique : si elle étoit fondée, le parti anti-civique les ennemis de la liberté, et me crains pas de
est cruellennent déjoiié : s'il n'y avoit pas ma dénoncer leurs conspirations : ton silence te
tière à s'inquiéter, il est toujours bon que la rendroit aussi coupable qu eux. S. Ne juge ja
cabale se tienne pour avertie qu'on la suit à la mais de leur conversion par leurs sacrific s, et
piste, et qu'aucun de ses nouvemens n'échap redoute la trahison sous † masque dn patrio
pera à l'œil de la patrie. tisme et de la bienfaisance. 9 Sois fier avec eux
sans hauteur : plains mos osnnemis sans les crain
Pont de Beauvoisin, le 1°". mai. dre, pardonne-leur sans foiblesse, et combats
les sans frayeur. 1o. Homme-citoyen, souviens
La milice citoyenne de cette ville a arrêté
hier, à dix heures et demie du so r, un cons, toi que tu as brisé tes fers, que les despotes de
pirateur contre l état, ou du moins dénoncé la France étoient sans humanité, parce que le
pour tel par les cent bouches patriotiques de peuple étoit sans courage : bénis l'Étre suprême
nos braves journalistes. C'est le chevalier Lai de t avoir fait recouvrer ta liberté , et so s con
sin, dont le vrai nom est Bonnc-Savardºn , vaincn que si tu n'observe ces commandemens,
· originaire des Echelles , partie de Savoie. Vous tu rentreras sous le joug pour n'en sortir jamais.
savez qu'il est accusé d avoir ( tº un des zélés
conjurés de la conspiration Maillebois. On lui Projet de prière universelle pour le 4 mai 179o.
a saisi tous ses papiers , et on est en ce moment Gran l !>ieu ! c'est ta divine protection qui
à procéder à l'inventaire d'iceux. On a déja a sauvé l'empire François, en éclairant le peuple
trouvé sur son livre de raison des notes qui sur tous ses dro'ts , « t en donnant au chef de là
prouvent qn'il a donné 16o6 livres à madame nation le noble courage de s'unir avec elle : con
la comtesse de Bissy , ou Bussy ; on y a tinue de veiller snr cet empire, en dissipant l'a
neconnu qu'il avoit ſait plusieurs voyages veugle fanatisns de tes prêtres égarés. -1men.
,,
: A N N A L E S
# PATRIOT I QU E s ET LITT ERAIR Es
· D E L A F R A N C E,
· ET AFFA I R E S PoL IT I Q U ES DE L'E UR oP E,
- J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. Me R cr E r.
^, •.

p, Le bon plaisir de toute une nation ne vaut-il pas le bon plaisir d'un soul
, homme ? qu'en dites-vous ? VoLTAIRE, Micromégas.
t1 -

lé, N°. C C X X I. Du Mardi !t Mai 179o.


& ASSEMBLÉE NAT I O N A L E. -

a été prononcé sur la cause de leurs frères


,ºi . Séance du 1o Mai. d'Alsace. lls ont envoyé une députation quî
ti -
réclame la justice, les lumières, l'humanité de
lt U, #gº, qu'on pourroit appeller académi- | l'Assemblée nationale. -

On s'est livré à la discussion sur la vente et


" 7º, s'étoit introduit dans l'Assemblée natio aliénation des domaines nationaux, ci-devant
ºº,lnt
' pºside
l'
e présid ent sortant du fauteuil, et le
qui lui succédoit , étoient comme appellés biens domaniaux et ecclésiastiques.
† de faire assaut de complimens dans un e premier article a été déorété en ces
/ t6rn188 :
• double discours; et quoiqu'il y ait eu jusqu'à -

. présent de grands talens qui ont fait entendre « Les municipalités qui voudront acquérir,
des pensées neuves et fortes , dans un style seront tenues d'adresser leurs demandes au
comité établi par l'Assemblée nationale, pour
- † † et arron di, cependant on pouvoit
cérém dégén
l'aliénation des biens domaniaux et ecclésias
ºe que la onie me érât dans tiques. Ces demandes seront faites en vertu
ti#
6, M,
Vulgai
l'abbé Goutt de l'élog
res es, qui en'est la mode
et de pas s
de la d'une délibération du conseil général de la
COnnITJU1I1e.
en desc § lmutateurs, a trouvé aujourd'hui »
II. Les particuliers qui voudront acquérir
moyen # ºnt de la suprématie nationale, le directement des biens mationaux, pourront
apostoliº signaler sa sortie par un discours faire leurs soumissions devant le comité chargé
ºque, où conciliant tous les principes par l'Assemblée nationale de les recevoir.
#tisme avec ceux de la religion, il a Le comité fera passer ces soumissions aux
oi † et confondu la mauvaise municipalités ou corps administratifs dans le
9,é, par d º ºection soi-disant religieuse, qui a ressort desquels sont situés lesdits biens, qui
# d # protestations incendiaires, altérer leur seront vendus suivant les règles prescrites
§ Assemblée nationale. Le vénérable ar le réglement que l'Assemblée mationale
et, par
d † conqu
ºtdisti is l'admiration universelle ; § incessamment à cet effet.
nction qui commence à lui, il L'Assemblée nationale entend excepter les
et eny † que son discours seroit imprimé forêt s sur lesquelles elle se propose de faire
oyé dans tous les départemcns.
un réglement particulier.
-
§ † Paris un assez
§.† l'état civil
grand nombre III."Le prix capital des objets portés dans
est demeuré incer
' Pº l'effet de l'ajournement indéfini qui
les demandes, sera fixé † le revenu net,
effectif, ou arbitré ; mais à des deniers dif
-
24 l

>x
2 -
-

( 2 ) -1

férens , selon l'espèce de bien actuellement en VI. Les obligations des municipalités porte
vente, qui, à cet effet, seront rangés en quatre ront intérêt à 5 pour 1oo , sans retenue, et
classses. cet intérêt sera versé, ainsi que les capitaux,
Première classe. Les biens ruraux, consistans dans la caisse de l'extraordinaire.
en terres labourables, prés, vignes , pâtis, et ( La suite à demain, )
Tes bois attachés aux fermes ou métairies , et
A /^ I S.
servant à leur exploitation avec les bâtimens et
autres objets relatifs à leur exploitation. MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
Deuxième classe. Les rentes et prestations mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement
en mature de toute espèce, et les droits casuels finit au 31 du courant , et priés de renouveller avant
rachetables en même-temps. qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
Troisième classe. Les rentes et prestations en MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
argent, et les droits casuels sur les biens par d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
lesquels ces rentes et prestatiops sont dues. tel mois, afin d'éviter les doubles emplois.
Toutes les autres espèces de biens formeront
la quatrième classe. L'Assemblée nationale en
tend excepter les forêts, sur lesquelles elle se Affaire de Marseille.
propose de faire un réglement particulier, à Si la chose publique, si la liberté sainte, ont
l'exception des bois et forêts aménagés. été et doivent toujours être l'objet de notre
IV. L'estimation du revenu des trois pre culte et de nos travaux, ce n'est qu'avec les
mières classes de biens sera fixée , d'après les armes de la vérité que nous entendons les
baux à ferme existans, passés ou reconnus par servir. Nous nous empressons donc à rectifier
devant notaires, et soutenus par la déclaration
assez mentée pardevant le directoire du dis quelques erreurs de fait, qui se sont glissées
trict, ou d'après un rapport d'experts , à dans le récit abrégé que nous avons fait (1)
défaut de bail de cette nature, sous l'inspection du dernier événement de Marseille. Voici les
qui nous sont garantis par une main sûre.
faits
ègalement du directoire du district, et déduc la garde mationale de Marseille, inquiète
tion faite de toutes impositions réelles dues par des mouvemens qu'elle voyoit pratiquer dans
le titulaire ou possesseur. les forts de N. D. de la Garde, de S. Nicolas,
Les municipalités seront obligées d'offrir, et de S. Jean , inquiète de l'accroissement suc
pour prix capital des biens des trois premières cessif de la garnison de ces forts, inquiète du
classes, dont elles voudront faire l'acquisition, renouvellement des munitions de guerre et
un certain nombre de fois le revenu net ,
d'après les † suivantes : de bouche qui s'y rendoient depuis quelques
semaines, est parvenue à se mettre en pos
Pour les biens de la première classe, vingt session des forts de la Garde et de S. Nicolas,
deux fois le revenu net ; et à y faire le service avec la troupe réglée.
Pour la deuxième classe, vingt fois le revenu | Restoit le fort S. Jean, commandé par M. de
net ;
Et pour la troisième classe, quinze fois le Calvet, officier âgé, bon citoyen. On a sommé
M. de Calvet de livrer le fort : il n'étoit point
I'62VCIlUl Ilet. - . |.

disposé à faire résistance ; mais un sieur de


Le prix des biens de la quatrième classe sera
fixé d'après une estimation. Beausset, aide-major , s'est emparé de l'esprit
du commandant, ou plutôt s'est emparé du
V. Au moment de la vente aux municipa commandement
lités, elles déposeront dans la caisse de l'ex vingt-quatre heures même ; et mettant à profit les
qui avoient été accordées,
traordinaire , à concurrence des trois quarts il a fait charger les canons à mitraille , et a
du prix capital fixé et convenu , quinze obli exhorté sess oldats à vaincre ou à faire sauter
gations payables d'année en année. . le fort. Au moment où le carnage alloit com
Amendemens mis à la suite. Elles pourront mencer, les troupes de ligne ont mis bas les
rapprocher le terme desdits paiemens , mais armes : on a été obligé d abandonner l'impru
clles seront tenues d'acquitter une obligation dent Beausset à la fureur populaire, qui a pour
chaque année ; et les fermiers des biens vendus
à la municipalité, seront tenus de verser dans suivi sur lui les crimes qu'il avoit projettés,
la caisse des districts, sur le prix de leur fer commandés, exécutés même autant qu il étoiº
"

mage, jusqu'à concurrence de l'intérêt , des ( ) N°. CCXVIII, feuille du 8 mai.


obligations souscrites par ladite municipalité.
·( 3 )

en lui. On assure que ce M. de Beausset, ( et au Palais-Royal, dont la boutique est devenue


nôn M. de Calvet, comme on avoit dit ) est la le receptacle des poisons anti-civiques
seule victime de la vengeance ublique, que Cette protestation , qui attaque le décret du
le calme est rétabli, et que † soldats du 13 avril , est revêtue de 3o4 signatures , dont
régiment de Vexin, qui ont généreusement la qnatrième est celle de M. de Virieu, lequel
refusé de verser le sang de la patrie , sont voudra bien donner l'explication du serment
maintenant mêlés avec les citoyens de Mar négatif qu'il a fait à la tête de l'Assemblée ,
seille, et fêtés par la ville entière. lors de sa pésidence de trois minutes. Nous
voulons croire , pour l'acquit de sa conscience ,
Vitry-le-François, 7 mai. que c'est le renords d'tin parjure, ou tout an
mo'ns l · honte d' une cavillation , qui l'a fait
descendre de l auguste fauteuil.
« Le 4 de ce mois, à huit heures et demie La publicité de cet écrit anti-patriotique va
du soir , nos citoyens ont arrêté deux cou cependant être pour les bons citoyens un grand
riers soupçonnés depuis long-temps de porter soulagement. 1°. } lle met au jour le nom de
à la cour de Vienne des missives du cabinet tous les dissidens ; elle les classe , elle les mar
politique anti-national de France. Ces deux que du sceau de la rebellion , et elle reporte
couriers avoient de six en six lieues d'excellens
chevaux de course sur la route de Paris à Stras ainsi, sur la partie saine de l'Assemblº e, l'in
tégrité de la confiance publique. 2°. Elle nous
bourg, et trouvoient le moyen de faire 144 apprend qu'il y a à peine un quart de l'Assem
lieues en 24 heures ; ils avoient fait le chemin blée qui se soit écarté des vrais principes ,
de Châlons à Vitry en une heures deux mi lequel quart se compose de 165 membres de
mutes. La municipalité les a interrogés : ils ont la feue corporation du clergé ; de 1 12 du ci
dit se nommer, l'un Goujon, et l'autre Jakson ; devant ordre de la noblesse , et que la nation
ce dernier servant en qualité de piqueur chez entière , le tout, ( comme l'appelle le grand
le cardinal de Rohan. Le seul M. Goujon étoit logicien M. l'abbé Syeyes ) n'a fourni à la liste
porteur d'un passeport pour aller en Allema rebelle que vingt-six coupables.
#, signé du roi et de M. de Montmorin. A la suite de cet écrit, se trouve une lettre
ls ont dit qu'ils ne voyageoient si vîte que pour de M. de Montlozier, qni se plaint au libraire
aller prendre des billets de la loterie de France
de n'avoir pas lu son nom dans la liste impri
à O r avant que la nouvelle du tirage mée , et lui demande de réparer à l'instant
y arrivât; c'est-à-dire, qu'ils déclaroient être l'injure énorme de cette omission. Voici une
des fripons, pour cacher le vrai motif de leur phrase de cette lettre : « La destruction de la
† qui est certainement plus coupa
le encore ». Voilà comme le comité autricliien
religion catholique, que ses ennemis trouvent
déja si dispendieuse, et à laquelle ils ont formé
des Tuileries conduit ses négociations secrètes
avec le cabinet de Vienne ; voilà comme on
le projet de substituer la † protestante ,
nous trahit continuellement ; voilà comme les
juive, ou peut-être 1nême la mégation de toute
religion , ne pourra certainement avoir lieu
complots se forment sans qu'on s'en apperçoive, sans des guerres terribles....... C'est pourquoi
et sans que les Parisiens s'en doutent. Nous
invitons donc toutes les villes de la France, et tout bon citoyen a dit s'élever contre un décret,
ui...... tend...... à mettre le feu et le désordre
sur-tout les villes frontières , de veiller sur ces § tout le royaume...... »
couriers si hâtifs qui servent d'instrumens aux Oh ! combien de telles expressions seroient
ennemis de la nation, et qui portent au roi attroces, si ( heureusement ! ) elles n'étoient pas
de Hongrie les billets doux du comité autri absurdes ! -

cliien des Tuileries. Il y a long-temps que nous Au reste, nous voyons, avec édification, dans
avons donné l'éveil sur cette correspondance le milieu de la liste ennemie , le désaveu d'un
perfide : on ne veut pas nous croire, on en juste, de M. Demandre, curé de S int-Pierre
verra l'effet. C....
de Besançon, qui, reconnoissant la surprise
faite à sa piété , est venu, deux jours après,
Le dernier effort des anti-patriotes. redemander sa signature. Nous espérons que
cet exemple sera suivi par plusieurs hommes de
Elle est maintenant publique la protestation bien, sur qui la patrie est aujourd'hui réduite
clandestinement minutée au conventicule des - à pleurer. O M..... ! ô S.....! comment pouvez
capucins ; elle se trouvé chez Gattey, libraire vous laisser vos noms dans la fange !
"

( 4 )
©omparaison à ſaire d'un curé et d'un arche les décrets de l'auguste sénat, en vous disant
que la religion est détruite s'il n'y a point de
véque. religieux, si le clergé perd ses biens, si tous les
cultes sont tolérés. L'état religieux est sans
On nous écrit d'Armagnac que l'archevêque doute respectable ; mais la religion en est aussi
d'Auch a envoyé des lettres circulaires aux pas indépcndante que des immenses richesses et
teurs de son diocèse, pour leur faire défense
de lire au prône les décrets dc lAssemblée na Pºssessions temporelles du clergé, dont le fonds
tionale sur la vente des biens ecclésiastiques et n'a jamais pu et jamais dû appartenir qu'à la
sur l'émission des vo ux monastiques. il donne
nation, etc. ». Salut, gloire et respect aux di
our raison l'incertitude des décrets, et prend gnes pasteurs qui, é# par la religion et
† sur sa calotte toutes les suites du dirigés par l'amour brûlant de la patrie, sau
refus. Le plus grand nombre des curés a ré ront, ainsi que notre digne M. le Blanc, con
sacrer dans la chaire de vérité les grands prin
pondu que , malgré le respect qu ils avoient cipes de la constitution et les élémens sacrés de
pour monseigneur , ils n en obéiroient pas
la morale et de la piété ! C....
moins à la loi : ce qui a tellement irrité la bile
aristocratique de monseigneur , que depuis CG
Avis aux municipalités du royaume.
temps monseignenr ne peut plus digérer que ".

la moitié de ses revenus. On demandoit hier, dans une compagnie res


Pour nous consoler, le bon curé de S. Jean pectable, ce que sont devenus lesbiens immenses
de Nevers, M. le Blanc , vient de nous envoyer des jésuites , comment les parlemens les ont
un discours qu'il a prononcé à ses paroissiens administrés ou employés au profit de la nation,
après la lecture de l Adresse aux François , et ou même s'ils l'ont été ainsi ? Cet objet impor
dont nous ne pouvons nous dispenser de citer tant , sur lequel toutes les municipalit's doivent
quelques passages. « D'après cette lecture, je s'instruire dans les circonstances actuelles, est
vous exhorte , mes frères , à aimer et chérir de la plus grande importance; elles ont autant
cette liberté que vous venez de conquérir, à la d'intérêt à connoître en quelles mains ont passé
défendre contre les efforts des perfides qui les biens dont la commission ecclésiastique a
voudroient vous charger de nouvelles chaînes, disposé, sous prétexte de différentes réformes.
plus pesantes encore que les anciennes. — Je - De J illebrune,
vous exhorte à vous pénétrer de respect ct de président du district des Mathurins. .
reconnoissance pour l'auguste Assem lée natio
nale, à qui vous devez ſes plus grands avan
tages, et qui, par ses sollicitudes vraiment pa Le journal patriotique de Grenoble, qui est
ternelles , vous prépare de nouveaux bienfaits. une des sentinelles les plus vigilantes de l'em
C'est elle qui a rendu à l'homme sa première pire, donne avis que les aristocrates fugitifs
dignité, qui l'a affranchi de la servitude, qui viennent de temps en temps dans les villages
a vaincu la force par la justice, les préjugés par frontières de France, du côté de la Savoie,.
la raison, l'imposture par la vérité; qui a étouffé se faire délivrer, par les municipalités de ces
le cri des passions par la voix de la nature, sub villages , ou par des notaires, des certificats
jugué les principes par les loix : c'est elle qui a de vie pour exiger les pensions ou traitemens
brisé le sceptre des tyrans et dém squé l'atroce qu'ils ont sur l'état. I e journal tonne avec
fourberie dcs despotes; qui a vivifié toutes les raison contre la complaisance des officiers cer
parties de l'administration, en mettant l ordre tifians, et contre leur adulation envers ces
par-tout où régnoientle désordre et la confu fugitifs qu'ils qualilient encore de nobles, de
sion. — En vain veut-on vous soulever contre hauts et puissaus seigneurs.
On s'abonne à Paris , chez BuissoN, Libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. -

Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré : madame DELAPLANcHs, rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnemcnt pour ce Journal , dont il paroît tous les jours un Numéro, est de 36 liv, pour
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc de port, par la poste , pour tont le
l{oyaume. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 l'abonnement ne commcnce que du premier d'un mois,
·A ·N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET LITT ERAIRES
DE LA F R A N C E,
ET A F FA I R E S PO L I T I Q U E S DE L'E U R O P E;
| J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R cr E R. .

Gens ennemis de toutes innovations, ne niez pas les succès avant d'avoir
fait des tentatives. Abbé Grégoire.

N°. C C X X I I. Du Mercredi 12 Mai 179o.


ASSE M B L É E N AT I O N A L E. ment lui paroissent contraires au bien général,
il pourra en suspendre l'effet ; mais il sera tenu
Séance du 1o mai au soir. de le déclarer aussi-tôt, et de porter l'affaire,
selon sa nature, au bureau, au corps municipal
LAssruntés s'est occupée de la discussion du ou au conseil général de la commune.
- titre III du projet présenté par le comité de V. En cas d'égalité de suffrages dans une
| constitution , concernant la municipalité de de libération du bureau , il aura la voix prépon
Paris. -
dérante ; mais ceux qui seront d'un avis con
· L'article Ier étoit ainsi conçu : traire au sien , pourront porter l'affaire au corps
Le maire sera le chef de la municipalité , municipal.
président du bureau et du corps municipal , ' VI. Toutes les délibérations du bureau, du
ainsi que du conseil général de la commune, corps municipal, ainsi que du conseil général
et il aura voix délibérative dans toutes les assem de † commune, seront munies de sa signature
blées, excepté en celles du conseil, lorsqu'on ou de son visa ; si les ordres d'un administra
' y examinera ses comptes. teur ou d'un département sont destinés à deve
' Ces dernières expressions ont été supprimées nir publics, il y apposera également son visa
sur la motion de MM. de Lameth aîné et ou sa signature. -

Duport, qui ont fait vivement sentir l'incon VlI. Il apposera aussi son visa à tout man
vénient de donner au maire de Paris des bu dat sur la caisse , donné par les administrateurs.
reaux et une comptabilité. VIII. Le maire aura le droit, toutes les fois
Les articles subséquens ont été discutés et qu'il le jugera convenable pour les intérêts de'
décrétés ainsi qu'il suit : la commune, de porter au conseil général les,
Ii. Il aura la surveillance et l'inspection de délibérations du corps municipal. ,
toutes les parties de l'administration confiées IX. Il sera établi sous sa direction un bureau
aux seize administrateurs. -

de renvoi , dont la formation lui appartiendra.º


III. Indépendamment des assemblées que le X. Les requêtes ou mémoires adressés à la
bureau tiendra trois fois par semaine , ainsi municipalité, seront enregistrés au bureau 1de.
qu'il sera.dit à l'art. 22, le maire pourra con renvoi : chaque citoyen aura droit d'exiger quet
voquer les administrateurs toutes les fois qu'il l'enregistrement soit fait en sa présence, étſde
le jugera convenable.
| ,se XI.
faire délivrer le numéro de l'enregistrémont9
IV. Si les délibérations du bureau, ou les Le précis des réponses, décisions ou délir,
( 2 )
mêmoires ci-dessus, sera noté à côté ou à la suite XXIV. Les administrateurs se partageront les
de l'enregistrement. - - détails de leur département respectif, mais au
XI. Ciiaque délibération sera intitulée, selon cun d'eux ne pourra donner un mandat sur la
sa nature , du nom du maire et du corps mu caisse, sans le faire signer par un second admi
nicipal, ou du conseil gén ral de la commune. nistrateur ; précaution indépendante du visa
XII. Les convocations ordonnées par le corps du maire, dont on a parlé à l article 7.
municipal et par le conseil général, seront faites XXV. Tous ces mandats seront de plus enre
au nom du maire et en celui du corps ou con gistrés au département du domaine, qui enre
seil qui les aura ordonnées. gistrera également toutes les dépenses arrê
# Les brevets ou commissions donnés par tées par le corps municipal, ou par le conseil
le conseil général , ou par le corps municipal, général de la commune. -

seront signés par le maire : il ne pourra refu L'article XXVI étoit ainsi conçu :
er son visa sur les nominations qui ne lui Le premier des ad,ninistrateurs du départe
seront pas spécialement réservées. ment de la police sera chef en cette partie ;
XV. La légalisation des actes, dans l'enceinte il aura seul la signature et la décision des af
de la municipalité , pourra être faite indiffé ſaires instantes : il sera chargé de donner les
remmént par le maire, ou par les juges civils ; ordres nécessaires dans tous les cas qui de
mais il la fera sans frais. manderoient celerite, et qui intéresseroient la
XVI. Il aura en sa garde les sceaux de la sûreté individuelle ou publique.
ville , et les fera apposer à tous les actes où Si on n'avoit pas la certitude la mieux ac
ils seront nécessaires quise sur la pureté des principes qui animent
XVII. La première place , dans les cérémo M. Démeunier , auteur du rapport, on auroit
mies publiques de la ville, lui appartiendra ; il peut-être craint que la g'néralité de ces der
sera à la tête de toutes les députations , et il mieres dispositions n'ouvrit bientôt l'occasion
aura là présentation aux emplois qui ne dé de ramener l'empire effrayant de l'arbitraire
rendront d'aucun département particulier. sous lequel a si long-temps g mi cette capitale.
XVIII. Le conseil général de la commune Aussi l'honorable rapporteur me s'est-il point
pourra créer les emplois et commissions qu'il tenu pour offensé, en voyant M. Duport atta
jugera nécessaires, et les assujétir à des cau quer vigoureusement sa rédaction; il sait que
t1OnneImlCIlS. -

la liberté publique subsiste par la défiance et


XIX. Le travail du bureau sera divisé en cin
départemens; 1°. celui des subsistances; 2°. ce
§ † Barnave a fait ajourner l'ar
ticle , ainsi que ceux qui traitent de la sûreté
lui de la police ; 3°. celui du domaine et des des citoyens, jusqu'à l'époque où l'Assemblée
finances ; 4°. celui des établissemens publics ; s'occupera d'un code de police générale, dans
et enfin : celui des travaux publics. Le corps lequel seront admises les modifications dont la
municipal fixera les attributions et le nombre police de Paris deviendra susceptible.
des administrateurs de chacun de ces dépar Cependant M. Démeunier a cru devoir
teIl]6IlS. insister sur la nécessité d'établir un lieu de
XX. La distribution des fonctions de la mu détention , et de donner à un commissaire de
nicipalité dans les cinq départemens, et leurs police le droit d'y faire conduire le coupable
divisions entre les divers administrateurs, pour sous la signature d'un officier municipal.
ront être changées par la suite, selon que l'ex Cet avis étoit appuyé par M. Fréteau ; ainsi
érience le fera juger convenable. il avoit toute la faveur que donnent la raison
· XXI. Le bureau concertera directement avec et la vertu réunies ; mais la matière étoit trop
les ministres du roi, les moyens de pourvoir importante pour me pas être soumise à l'ajour
aux subsistances et approvisionnemens néces mement qui a été prononcé.
saires à la capitale. Nous me devons pas oublier que M. d'Epré
: XXII. Il s'assemblera trois fois par semaine, mesnil , montant à la tribune , a plaidé la cause
et on y † toutes les affaires, de ma publique avec une chaleur et une logique
mière que le maire et cliacun des administra comparables à celles de M. Barnave, C'est pour
teurs puissent connoître et éclairer les diffé mous une satisfaction de payer à M. d'Epré
rempes parties de l'administration. mesnil ce tribut d'éloges : que ne nous four
: XXIII. Les décisions du bureau se pren mit-il plus souvent l'occasion de le louer ainsi !
dront à la pluralité des voix, et le greffier en Séance du 11 Mai.
tiendra registre. -
Dans cette séance paisible, et conséquem
:: .) 2 · · · · ·
( 5 ) -

ment très-eccupée , l'Assemblée nationale a ccclésiastiques ne pourra , excéder 4oo mil


décrété huit articles importans , concernant la lons ; l Assemblée nationale se réservant de
vente des biens domaniaux et ecclésiastiques, donner plus d'extension aux aliénations do
et dans l'ordre qui suit : -
maniales et ecclésiastiques, quand les circons
Art. VIl. Les biens vendus seront francs de tances en auront déterminé la nécessité ». .
toutes rentes, redevances ou prestations ſon La séance alloit finir, quand M. Dupont,
cieres, comme aussi de tout droit de mutation , au nom du comité des finances , a demandé
tels que quint et requint, lods et ventes, re à l'Assemblée qu'elle décrétât les 2o millions
liefs, et généralement de tous les droits sei qui restent à décréter pour le service d'avril
gneuriaux ou fonciers, soit ſixes , so t casuels, et mai , et que M. Necker attend , dans le jour,
ui ont été déclarés rachetables par les décrets pour faire † service du trésor public.
du 4 août 1789 et 15 m rs I "9o. La nation « Ou l ' ministre des finances , ou le comité,
demeurant chargée du rachat desdits droits a dit M1. Bouche , ont manqué à leur devoir
qu'elle effectuera des premiers denicrs prove en me fournissant pas, dans la huitaine , l'état
nants des ventes , suivant les règles prescrites, qui devoit justifier l'emploi de cette somme ,
et dans les cas d terminés par le décret du 3 et pour vérifier de quel côté provient l'inexac
de ce mois. titude , je demande que la question soit
VIII. Seront pareillement lesdits biens affran ajournée ».
chis de toutes dettes, rentes constituées et luy L'Assemblée , en rendant justice au zèle
pothèque, conformément aux décrets du 1o , austère de l'opinant, a cru que la prudence
14 et 15 avril 179o , et toutes les oppositions ordonnoit dc pourvoir au besoin qui étoit an
ui pourroient être faites aux ventes , seront noncé comune le plus instant, et elle a décrété
§ nulles sans qu'il soit besoin de ju les 2o mill ons demandés , pour être joints
gement. aux 2o millions précédemment accordés en
IX. Les bâux à ferme ou à loyers desdits billets de caisse.
biens qui auront été légitimement faits, et qui A V I S.
auront une date certaine et authentique ,
antérieure au 2 novembre 1789 , seront exé MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
mars pour 5 mois, sont avertis que leur Abonnement
cutés selon leur forme et reneur , sans que les finit au 31 du courant , et priés de renouveller avant
-acquéreurs puissent même, sous l'offre des in qu'il finisse pour plus de célérité dans le servicc.
demnités de droit et d'usage, expulser les fer JM }/. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et
miers. d') ajoutcr ccs mots : à commencer par le premier de
X. Les municipalités revendront à des par tel mois, aſin d'éviter les doubles emplois. -

ticuliers, et compteront de clerc à maître avec


la nation du produit de ces reventes. Esprit de fanatisme et de servitude des
XI. Les municipalités seront chargées de tous catholiques de Ntmes.
les frais relatifs aux estimations, ventes , su
brogations et reventes ; et il leur sera fait raison Les sieurs de la Pierre, président , Michel,
à mesure et à proportion des sommes versées Vigne, Faulacher, Robin , Froment , Velut,
dans la caisse # l'extraordinaire d'un seizième Ribens, François Faure, Melquion et Fernel.
de la revente aux particuliers. commissaires de l'assemblée des catholiques de
XII. Si pour compléter le payement des Nîmes, ont fait , le 2o avril dernier, une dé
obligations aux époques convenues, quelques libération dont on a inondé les provinces , et
municipalités étoient dans le cas de faire des dans laquelle ils prétendent qu'on ne peut
emprunts, elles ne pourront y procéder qu'après boire, manger, dormir, marcher sur ses deux
y avoir été autorisées par l'Assemblée natio picds, et respirer l'air de la liberté, sans rendre
nale actuelle, ou les autres lºgislatures, qui en vîte vite au pouvoir exécutif toute son ancienne
détermineront les conditions. activité et son mordant maturel, et sans laisser
XIII. Les payemens à faire par les munici au clergé toute son influence et toutes ses ri
palités, ou par les acquéreurs à leur décharge, chesses : tel est l'esprit de cette délibération.
me seront reçus à la caisse de l'extraordinaire Et pour que leur § soit complet aux yeux
qu'en espèce ou en assignats. . - de leurs contemporains et de la postérisé, ils
M. Barnave a proposé un article supplémen y ont ajouté une adresse au roi, dans laquelle
taire, qui a été agréé. Il est ainsi conçu : ils se disent les sujets du pouvoir exécutif ;
« La somme totale de la vente des biens sujets ſidèles, dont le genre merveux est effrayé
( 4 )
de l'impiété du siècle contre l'autel et le
trône, et des principes d'indépendance qui sont leur côté pour se faire la guerre. On demande
répandus dans la nation et dans l Assemblée si la France ira au secours de l'Espagne. Un
nationale. Ces pauvres gens sont si convaincus anonymae a fait imprimer, dans le Moniteuruni
que les peuples sont faits pour les rois et les versel du 1o de ce mois, que M. Pitt s'effor
prêtres ; ils sont si pressés qu'on remette le çoit de nous inspirer une grande défiance
joug aux François, qu'ils s'écrient : Rendez à contre les Espagnols, mais que nous aurions
Dieu ce qui est à Dieu , et à César ce qui tort de nous en défier, parce que le caractère
appartient à César. Mais qu'ils nous disent des Espagnols étoit franc et loyal, et que nous
donc, ces fanatiques , ce qu ils entendent par n'avions rien à craindre d'eux. Nous répon
cette maxime équivoque et insignifiante ? Lcs drons à cela que nous ne nous défions nulle
nations n'ont rien volé à Dieu ; elles ne recon ment de la nºtion espagnole , et que nous l'es
moissent d autre César que celui qu'elles ont timons beaucoup.; mais que nous ne pensons
fait César de leur pleine puissance et autorité ; pas de même du ministère espagnol, car nous
elles ne lui doivent rien, que ce qu'elles veu distinguons toujours les nations de la cour de
lent bien lui accorder. Les dissidens nîmois leurs tyrans, et toujours nous devons nous dé
n'ont donc pas vu que le temps des miracles fier des cours. Or il ne sagit point de nous
étoit passé; que celui d'une raison universelle tranquilliser sur le caractère des Espagnols en
étoit venu ; que notre liberté étoit le produit général, ni sur la crainte de les voir en France
de cette raison universelle; qu'une telle liberté pour opérer une contre-révolution, il s'agit de
améneroit infailliblemeut la régénération des nous prouver que nous devions prendre le parti
mœurs ; que les mœurs étant régénérées , on de la cour de Madrid contre celle de Londres,
n'auroit plus un si grand besoin des frayeurs en cas de rupture entre ces deux cours, car
da l'enfer, ni des exécutions du pouvoir exé c'est là où l'anonyme voudroit amener la na
cutif; que ce pouvoir n'est que le troisième tion françoise ; il voudroit que notre nation
dans l ordre des pouvoirs d'une constitution fût assez imbécille pour s'engager en faveur de
vraiment sage et vraiment mationale ; qu'il ne l'Espagne dans une guerre avec l'Angleterre,
doit, dans aucun cas, agir avant les doux au sous prétexte du pacte de famille. is nous
tres, mais toujours après : qu'il ne peut point voyons le piége : 1°. cette guerre troubleroit
être rétabli dans sa plénitude, avant que les les travaux de l'Assemblée nationale; 2°. elle
deux autres ne soient parfaitement organisés et remettroit nos finances et l'armée entre les
co-ordonnés avec lui , pour le balancer et le mains du pouvoir exécutif; 3°. elle feroit renou
tenir sévèrement dans ses limites. Que les cha veller le funeste traité de 1756 avec la maison
grins vrais ou supposés du pouvoir exécutif, et d'Autriche : et 4°. elle empêcheroit la liberté
ſe dépit de ses ministres , ne sont pas des des provinces belgiques de se consolider, et
motifs assez attendrissans pour nous faire ou le roi de Prusse d'humilier Vienne et Péters
blier la bastille , la conspiration du 14 juillet, bourg, et voilà précisément tout ce que nos,
les horreurs du despotisme depuis douze cents ennemis demandent. Mais quant à nous, nous
ans, l'alliance de 1756 avec la famille de ne connoissons et ne devons plus connoître que
Joseph II, le désordre inoui de nos finances, des pactes de familles mationales ; nous ne de
le livre rouge, etc. etc. etc. etc. etc......... Si vons point nons mêler de la uerre qui doit
les dissidens nîmois avoient réfléchi sur ces survenir entre la cour de Madrid et celle de
principes et ces faits , ils auroient eu la vue Londres , c'est aux peuples anglois et espagnols à
plus nette, le cerveau moins obtus, et ils ne décider entr'eux s ils ont des motifs bien réels et"
seroient pas devenus la honte et la fable de bien pressans pour aller s'entr'égorger : et s'ils
leurs contemporains et de la postérité. Les dis n'ont d'autres motifs que les vertiges de leurs .
sidens nîmois n'ont donc d'autre parti à pren - ministres, qu'ils aient le bon esprit de mettre leurs .
dre, que de désavouer hautement leur délibé ministres à la raison et de vivre en paix. Do
ration et leur adresse ; et s'ils sont coupables, rénavant une mation insultée doit demander
d'en demander pardon à la nation et à l'As vengeance du gouvernement qui l'a insultée,
semblée mationale. CARRA. et non de la mation conduite par ce gouverne
Observations sur les nouvelles politiques d'An ment. Un peu de patience et ces mouveaux
gleterre et d'Espagne. -
principes de politique seront mis en œuvre.
L'Angleterre et l'Espagne arment chacune de
CARRA..
-
,E- a 4 | -
TA ſa TI V N "ri -vr

· PAT R I o T I QUE s E T L ITT E R A I R E s


D E L A F R A N C E,
ET AFFAIRE s PoLITIQUES DE L'EURoP E,
, ' J O U R N A L L I B R E,
- / - e • • -

r Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME n cr E R.


Le peupIe a pu gagner à l'abaissement des seigneurs , ceux-ci ont encoro ,
. plus perdu , mais il est plus avantageux à l'état qu'ils aient tout perdu,
que s'ils avoient tout conservé. DUcLos. * -
. . ! .

# - T

(i - e -

# N°. C C X X I I I. Du Jeudi 13 Mai 179o. * \

:ü:

à A S S EMB L E E N AT I O N A L E. C'est ce qu'a démontré M. Barnave en ap


puyant fortement la motion de M. de Lamcth,
|!
Séance du 11 mai au soir. et en ajoutant que les pièces remises au comité
des rapports présentoicnt le maire de Nîmes ,
*Larrnoureursr des famatiques de Nîmes , mon pas seulement comme ayant négligé les
"t leurmanifeste . qu'ils ont osé publier, ont été moyens d'arrêter l'insurrection finatique, mais
"éférés aujourd'iiui à l'Assemblée nationale » comme l'ayant sourdement favorisée.
#ni n'a pu voir sans indignation que M. de M. Martineau a annoncé que , comme pré
"ſſarguerittes, membre de l' Assemblée et maire sident du comité ecclésiastique , il avoit reçu
*le la ville de Nîmes , où il se trouvoit au mo des pièces qu'il avoit cru devoir renvoyer au
"hent du désordre, ait, au moins par son silence comité des rapports, et qui portoient la preuve
"t son inaction,. autorisé la conduite de ces que dans les départemens éloignés , on cherche
ºasensés. On s'est souvenu que les principes de à armer les peuples contre les décrets de l'As
"e député n'avoient été rien moins que con · semblée nationale, et qu'on ose la calomnier,
ºrmes à ceux qui ont animé l'Assemblée : et en répandant que son intention est d'anéantir
ſ. de Lameth (Charles) a élevé la voix pour
la religion catliolique, apostolique et romaine.
# M. de Marguerittes, en qualité de maire M. Martineau a conclu à ce que les auteurs
b Nîmes, fût mandé à la barre, pour y subir de ces lorribles insinuations fussent rccherchés
|† de l'improbation nationale. -
et punis avec toute la rigueur des loix. -

ºet avis a paru excessivement rigoureux à · M. de Noailles , jeuné , le, député de Ne


: de Clermont-Tonnerre , qui a cru que le mours, s'est joint au préopinant ; et malgré les
ctère de député dont M. de Marguerittes clameurs d'un parti qui perd chaque jour des
encore l1onoré, méritoit des é ards parti partisans et des forces, l'Assemblée nationale
ers de la part de ses collègues. M. de Ton a décrété : « Que le maire de Nîmes seroit
° , consommé dans la politesse des cours, mandé à la barre, et y comparoîtroit dans le
lui, jusqu'à je vous hais, disent tout tendrement, délai de quinze jours après la signification du
† # discerné le double personnage du présent déçret , † rendre compte de sa
conduite et de celle des officiers municipaux
ºn de Marguerittes, et n'a peut-être pas de cette ville. . | - .
-

# considé1 é que la dignité de re,2résentant


º nation ren cl la négligence du inaire mille -» l Ile a décrétè, en outre , que le roi seroit
( 2 )
C'est la société des amis de la constitution tête, et tous à la même heure, adresseront
de la ville de Châlons-sur-Saône, qui a donné ! , ciel le plus beau cantique qui ait jamais retent
à l'Assemblée nationale le premier avis des #, sur la terre. · · .
confédérations sanguinaires que proposent les Un député du Mont-Jura, M. Royer, curé
fanatiques de Nîmes ou les soudoyés des mi d'Orgelet, a lu une adhésion de tous les curéi
nistres, à toutes lès villes du royaume. M. le , de son district aux décrets de l'Assemblée na
président s'est chargé de témoigner aux pa tionale, notamment à celui qui rend au clergé
triotes Châlonnois la satisfaction de §. , de France toute son antique pureté, en le dé
Une lettre mon moins, patriotique des gre livrant des inutilités du luxe et de la tentatior
nadiers du régiment d'Aquitaine, en garnison des Inauvaises m eurs.
à Longwi , à tous les grenadiers des divers | : Enfin on a ajourné à vendredi un rapport d
régimens du royaume, a été lue par M. dé M. l'abbé de Longpré, sur l'inégalité des répar
Menou. « Les fédérations de dix , de vingt, titions de l'imposition publique, dans le cour
et même de cent mille hommes et plus, cdu ' de l'année 179o.
vriroient d'opprobre nos drapeaux si nous dif · Séance du 12 Mai.
férions de prouver que nous sommes aussi les
enfans et les soutiens de la patriè. Montrons La première opération de cette séance es
nous donc à la face de l'univers , et qu'un un décret qui a ordonné « que le sequestr
serment solemnel nous unisse tous pour le d'une sornme de 315 ooo livres , destinée à l'en
bonheur de la patrie ct la sûreté de nos gé tretien de l'église de Sainte-Croix d'Orléans
méreux défenseurs. » -* - -
et qui est formée de l'accroissement d'un
L'Assemblée, à qui les grenadiers d'Aquitaine son#ne annuelle de 16,ooo liv. données à ct
ont demandé la permission de faire parvenir. cffct par l'état, scroit tenu de la remettre à!
leur lettre à tous les régimens , a encouragé , municipalité d'Orléans, qui donnera pours
cette démarche, et elie a chargé som président reté ses contrats sur la nation, jusqu'au rêu
d'écrire à ces braves grenidiers combien ellé bonrsement. - - , ··

applaudissoit à leur zèle. Ce décret a été rendu pour venir au secon


1Dans l'histoire de l'Assemblée nationale , il de la ville d Orléans, qui , précédemment a
n'est pas une séance qui 'ait réuni des té torisée à faire pour ses atteliers de charité a
moignages aussi nombreux et aussi imposans emprunt de 24o,ooo livres, ne pouvoit se pr
de l assentiment universel , et si l'on net à curer cette somme que sous l'intérêt le pli
part le petit nuage élevé sur la faute de M. onéreux. -

de Marguerittes, il est peu de séance où le vœu M. le président a instruit l'Assemblée #


de tous les membres se soit montré avec au le roi a donné sa sanction à plusieurs décré
tant d'ensemble et de fraternité. notamment à celui qui concerne les droits !
La ville d'Arras , où l'on craignoit que les , devant féodaux rachetables, et les écrits ince
maximes ultramontaines n'eussent de profon diaires répandus par les ennemis de la constit
des racines, a envoyé une adresse remplie de tion dans la ville de Toulouse. -

patriotisme , et accompagnée d'une contribu On a fait lecture d'une proclamation du rc


tion de 6oo, ooo livres, levée sur moins de qui porte que sa majesté étant informée q
vingt mille citoyens. s'est répandu une opinion aussi contraire |
, '

# Les artésiens proposent « de faire une con bon § qu'aux principes de la †


fédération générale de toutes les gardes na dans les assemblées primaires, d'où l'on a vol
tionales du royaume , † des dé : exclure lusieurs ecclésiastiques et ci-devi
putés à Paris , et de faire prêter le serment § , sous prétexte qu'ils n'étoient po
civique, à la méme heure, à toutes les gardes · citoyens actifs ou admissibles dans lesdites !
citoyennés, et même aux troupes de ligne ». semblées, sa majesté fait savoir que l'entrée
- sentiment de joie : le droit de voter dans les assemblées primai
† difficile d'exprimer le
et d'attendrissement qui a semblé électriser ' appartient à tous les citoyens, sans distincti
toute l'Assemblée. Sur la demande de M. de pourvu qu'ils aient rempli les conditions e
Beaumetz, lé comité de constitution èst chargé
de préparer un projet de décrèt èn conformité, #éesq par lesle décrets
l1 OIl Il
de l'Assemblée nationa
peut les en exclure par voie
# t que sera
C'est vraisemblablement au fait ou par des menaces, à peine de punit
fixée cette † ans laquelle 25 exemplaire envers les auteurs , fauteurs
millions de François, le roi des Françóis à leur : adhérens.
'.
( 3 )
Invite sa majesté tous les bons citoyens à melle des frais relatifs à la première acquisition,
concourir avec elle à l'exécution des loix et lesquels, en cas de difficulté, seront réglés par
au maintien du bon ordre. l'Assemblée mationale, ou par des commissaires
L'Assemblée a chargé son président de re qu'elle aura nommés.
mercier le roi des soins paternels qu'il prend · VII. Il sera donné , par le receveur de l'ex
pour entretcnir la paix dans le royaume. traordinaire, à la municipalité cédante , à im
On a commencé la discussion des articles puter par portions égales, sur chacune de ces
du titre II sur l'aliénation des biens ecclésias obligations , décharges du montant de celles
tiques qui ont été ainsi décrétés : de la municipalité subrogée.
Art. Ier. Toute municipalité pourra se faire VIiI. Les municipalités admises à la subro
subroger, pour les biens situés dans son terri gation , seront tenues de remplir les conditions
toire , à la municipalité qui les auroit acquis ; énoncées par l'article 6 dans le délai de deux
mais cette faculté m'arrêtera pas l'activité des mois , pour celles qui ne sont pas à plus de
reventes à des acquéreurs particuliers, dans cinquante lieues de la municipalité cédante ;
les délais et les formes prescrites ci-après. Les De deux mois et demie pour celles qui sont
municipalités subrogées jouiront cependant du distantes depuis cinquante jusqu'à cent lieues ;
bénéfice de cette subrogation , lorsqu'elle se 1Et de trois mois pour les autres.
trouvera consommée avant l'adjudication déſi Le tout à coinpter du jour de la notiſication
nitive. - · † par l'article 4 ; et passé lesdits dé
dis, elles seront déchues du bénéfice de la
: II. Toutes les terres et dépendances d'un
corps de ferme seront censées appartenir au subrogation.
territoire dans lequel sera situé le principal La discussions le cette matière importante a
bâtiment servant à son exploitation. ('té interrompue par l'affaire de Marseille, dont
Une pièce de terre non dépendante d'un l' Assemblée s'est occupée après la lecture d'une
corps de ferme , et qui s'étendra sur le terri lettre de M. de Saint-Priest. Ce 1ninistre in
toire de plusieurs municipalités, sera censée ap culpe amèrement la ville de Marseille, pour
partenir à celui qui en comprendra la plus avoir substitué la garde nationale aux troupes
grande partie. - de ligne qui occupoient les forts de N. D. de
| III. Pour éviter toute ventilation entre les la Garde, de Saint-Nicolas, et de Saint-Jean ;
municipalités, la subrogation devra compren · et il annonce avoir donné , au nom du roi , des
dre la totalité des objets qui auront été réunis ordres positifs pour que la troupe réglée en
dans une seule et même estimation. soit remise en possession. Cette espèce de dé
IV. Les municipalités qui auront acquis hors nonciation , a été reçue diversement par les
de leurs territoires, seront tenues de le notifier divers membres de l'Assemblée, On a éprouvé
aux municipalités dans le territoire desquclles quelque surprise en voyant M. d'André s élever
les biens sont situés, et de retirer de chacune contre la municipalité de Marseille, et conclure
un certificat de cette notiſication, qui sera en à ce qu'elle fût mandée à la barre et sévère
voyé au comité. ment improuvée. - « ll y a au moins de la
Les municipalités ainsi avcrties, auront un précipitation, a dit M. Castelanet, dans la mo
mois, à dater du jour de la motification, pour tion du préopinant : les motifs des municipaux
former leur demande en subrogation , et le de Marseille ne sont pas encore officiellement
mois expiré. elles n'y seront plus admises. . · conmus, et il seroit très-possible qu'au lieu d'im
, V. La demande en subrogation , faite par probation, ce fussent des éloges qui leur se
délibération du conseil général de la cominune roient dus ».
requérante , contenant la désignation des ob ( Et en effet Marseille, dominé par les trois
jets, sera adressée au comité , et notifiée à la ſorts , alarmé par les approvisionnem ns hos
municipalité qui auroit précédemment acquis. tiles, et sur-tout par l'incivisme bien connu
, VI. Lorsque la demande en subrogation aura des commandans et des officiers , devoit-il at
été admise par l'Assemblée mationale, la muni , tendre qu'une flotte espagnole , qui est sur le
cipalité subrogée déposera dans la caisse de point d infester la Méditèrranée , arrivât dans
l'extraordinaire , 1°. des obligations pour les son port protégée par des traîtres ? )
trois quarts du prix de l estim tion des biens M. de la Rochefoucault présentoit un pro
qui lui sont cédés : 2°. la soumission de rem jet de décret qui avoit pour but de remercier
bourser à la municipalité , sur laquelle elle le roi des mesures qu'il a prises, et de mander
exercera la subrogation , la part proportion à la barre deux municipaux de Marseille.
( 4 )
A Pr I S.
« Il n'y a plus, ajoutoit M. de la Fayette ,
rien à redouter des ennemis de la constitution, MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
mais il faut maintenant préserver le peuple de mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement
ses propres excès »; et il concluoit à la punition ſinit au 31 du courant; et priés de renouveller avant
des coupables, qui ne sont pas encore connus. qu'il finisse pour plus de célérité dans le service.
Je vois , a dit alors M. de Mirabeau l aîné , MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et
deux faits à distinguer ; le meurtre de M. de d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
tel mois, aſia d'éviter les doubles emplois.
Beausse t, dont il faut rechercher et punir les
auteurs ; l'insurrection du peuple de Marseille, AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
dont il est nécessaire d'approfondir les causes. D E S T o c K H o L M , le 2o a vril.
Manderez-vous à la barre des citoyens qui peut
être ont bien mérité de la patrie ? Si vous bé Le duc de Sudermanie est parti depuis quel
nissez la journée du 14 juillet, qui a sauvé Paris ques jours pour Carlscronne, où il prendra
et la France, comment proscririez-vous la jour le commandement de la flotte , et mettra
née du 3o avril, qui peut-être a sauvé Mar aussi-tôt à la voile , pour aller à la rencontre
seille » ? de la flotte russe, dont on a déja vu quelques
Et M. de Lameth ( Charles) reprend : il n'est vaisseaux. Ainsi on s'attend à un combat des
pas † de vous le dissimuler, messieurs, plus opiniâtres, si les glaces permettent gé
néralement de sortir.
les plus grands ennemis de la révolution, ce
sont les ministres : oui , votons des remerci Hier ont été prononcés les jugemens des
mºns pour le roi ; mais dites-lui bien , M. le chefs et des officiers arrêtés à Frédérichof ,
§ que c'est pour lui seul. . .. .. En avec leurs complices. Ce jugement, qui peut
s'exprimant ainsi, le citoyen orateur est de servir d'exomple pour les traîtres, mérite d être
1neuré un instant, les bras ſortement tendus ; rapporté.Voici donc à quoi ont été condamnés
et par ce geste , il a clairement expliqué le les 79 officiers qui ont manqué à leur devoir
reste de sa conception. Il a conclu à ce que dans la campagne de 1788.
la chose fut renvoyée au comité des rapports. Le général-major et commandeur baron de .
Armfelt , les colonels baron d'Otter et de,
M. de Menou a observé qu'il seroit digne Hoestesko , et le lieutenant - colonel baron
de la loyauté du roi de caliner les inquiétudes
de la patrie , en révoquent les cominandans Klingspor auront la tête tranchée, leurs biens
que l'on sait être acliarnés contre la révo conlisqués, et ils sont notés d'infamie.
lution. Les lieutenans-colonels baron de Kothcn et
Une belle pensée est éclose de la bouche de d Encliielm seront décapités. Le capitaine de
M. de Mirabeau minor; c'étoit d'adresser au Toerne sera cassé, et condamné à 14 jours de
cliâtelot l'affaire de Marseille ! prison, au pain et à l'eau. Les autres seront
en partie décapités. Le chef de brigade, baron
Enfin le projet de M. de la Rochefoucault, de Hastfehr a été jugé en particulier, et con
avec l'amendement de M. de Lameth , a com damné à perdre la tête , l'honneur, et ses
posé le décret rendu en ces termes : biens confisqués, de même que le sergent
« L'Assemblée nationale , profondément affli Segerstorin. -

gée des troubles qui ont eu lieu en plusieurs Après la lecture des sentences , le conseil
endroits du royaume , et notamment en la de guerre a fixé un temps à ces criminels pour
ville de Marseille, charge son président de se présenter une supplique au roi , et lui de
retirer pardevers le roi, pour remercier S. M. mander leur pardon, et de notifier s'ils avoient
des mesures qu'elle a prises, tant pour la re quelques objections à faire contre la procé
cherche des coupables, que pour la réparation dure. Cette lecture a duré trois heures , et
des excès; renvoie au surplus l'affaire et toutes leur a été faite devant une foule de peuple
ses dépendances au comité des rapports , qui qui a été présente, car on avoit ouvert tou
en rendra compte à l'Assemblée ». - tes les portes. -

Faute à corriger dans le No. C C X X I.


Page 4, colonne première, ligne 24, assez mentée, lisez assermentèe.
: A N N A L E S
i, PAT R I O T I Q U E S E T L I T T É R A I R E S
• D E L A F R A N C E,
, ET AF FAI R E S POL I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
ſl

f1 J O U R N A L L 1 B R E,

ti Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c I E R.

La liberté consiste dans la puissance de choisir. BURLAMAQUI.

1: - N°. C C X X I V. Du / endredi 14 Mai 17go.


º AssEMBLE E NATIoN A L E. esprits ; on a prétendu que le sieur Noguez,
ardent patriote , et qui depuis a été nommé
Séance du 12 Mai au soir. capitaine de la garde nationale, avoit tiré le
sabre sur un hoinne du parlement , dont la
LE village de Saint-Aubin * en Anjou, a fait tête auroit été en danger s'il n'eût échappé
l une soumission de 2oo,ooo liv. pour l'acquisi sans la moindre blessure. Sur cet assassinat
B tion de biens domaniaux, jadis ecclésiastiques, prétendu, le parlement de Pau a quitté brus
qui se trouvent à sa convenance. quement ses fonctions , répandant que la vie
La soirée entière a été consommée par la des 1nagistrats n'étoit pas en sûreté , et com
# discussion de l'affaire de Pau. promettant, par son 1naction, et sur-tout par -
: Au mois d'août 1789, la milice nationale de ses clameurs, la sûreté de la ville entière.
: cette ville s'étoit constituée sous le nom de Le rapport de cette affaire a été présenté à
Gurdes du berceau d'Henri IV , et par un l'Assemblée dans le plus grand détail Le parle
réglement provisoire, elle avoit posé les fonde ment de Pau a trouvé quelques zélºs défenseurs ;
mens de sa discipline intérieure. Mlais, par un mais les pièces jointes l'accusoient plus rigou
"malheur coinmun à beaucoup d'autres villes, il reusement encore. Après un mûr examen, voici
n'avoit pas été possible de s'assurer des principes le décret qui a été rendu :
de chacun des soldats et officiers qui s'y faisoient « L'Assemblée nationale, après avoir entendn
inscrire : plus d'un citoyen équivoque ou mal son comité des rapports, a décrété et décrète :
intentionné s'est introduit dans la troupe natio 1°. Que son § écrira aux officiers mu
nale, et leur nombre a neutralisé en quelque nicipaux de la ville de Pau, pour leur témoi
sorte le patriotisme des enfans de la liberté. gner, au nom de l'Assemblée , sa satisfaction
On cite particulièrement deux officiers tirés de la conduite sage et modérée qu'ils ont tenue
de la corporation parlementaire, qui ont affecté à l'occasion des troubles suscités par la mino
de violer le réglement, et de porter au milieu rité de la garde nationale, et de la prudence
de la milice citoyenne les prétentions et la avec laquelle ils ont constamment agi dans cette
morgue de leur état. On a été obligé de sévir ClI'COnStaIlCC :

ºntre , eux : ils ont été cassés ; et par une dé » 2°. Qu'il sera également écrit par son pré
raison à peine croyable, il se sont pourvus au sident à la garde nationale nouvellement com
†eºt , qui n'a pas hésité à s'interposer dans posée , pour approuver son zèle, son dévoue
( 2 )
·par le sieur Sansot et le sieur Chevalier, d'exé nant la vente de ces biens, et après une dis-.
cuter les ordres des officiers municipaux , et cussion épineuse, il a été décrèté, ainsi qu'il
autorise ceux-ci à mander lesdits sieurs Sansot Slll t :
et Chevalier de Blair en l'liôtel-de-ville, pour Art. IX. Toutes les municipalités qui, dans le
leur donner connoissance du présent décret, délai d'un mois, à dater de la publication du
notamment ce qui les concerne.
» Déclare nuls et comme non - avenus les
# décret. se seront fait subroger pour les
onds situés dans leur territoire aux munici
arrêtés pris, par le prétendu comité militaire, palités qui auroient fait des soumissions anté
les 7 , 14, 17 et 2o avril dernier, ainsi que l'ar rieures, jouiront de la totalité des bénéfices
rêté formé lo 21 du même mois par une partie portés par l'article XI du titre premier.
des citoyens de la ville de Pau, comine étant X. Les municipalités qui se seront fait subro
lesdits arrêtés contraires aux décrets de l'As ger après le délai ci-dessus, jouiront pareille- .
semblée nationale, des 1o août et 23 février ment dudit bénéfice : Inais il en sera distrait un
derniers, et comme attentatoires au respect et quart au profit de la municipalité, qui, après
à l'obéissance que l'on doit aux officiers mu première, se trouvera
avoir fait sa soumission la |
micipaux. estimée par la subrogation, pourvu qu'elle ait
» Approuve le mouveau régime provisoire consommé l'acquisition dans le mois qui suivra
donné à la garde mationale de Pau le 18 avril Cette SOuImllSS : OIl.
dernier, de concert avec les officiers muni X1. L'acquisition sera censé'e consommée,
cipaux ; et déclare qu'aucun membre de l'an lorsqu'après l'estimation des biens , faite dans
cienne garde mationale ne pourra en exercer la forme prescrite par l'article IV du titre
les fonctions, s'il ne s'est fait incorporer dans premier, ces offres auront été acceptées par
les nouvelles compagnies. le corps législatif.
» Ordonne que son président se retirera par On avoit renvoyé hier au comité la de
devers le roi, pour le supplier de donner des mande en tiercement ; l'Assemblée l'a rejettée,
ordres pour faire apporter les informations et et a rendu le décret suivant :
procédures requises par le procureur général « Les enchères seront reçues publiquement :
du parlement de Pau, contre les habitans d'An il y aura quinze jours d'intervalle entre la pre
tiguelonne, de Benejac, et les sieurs Bernardot mière et la seconde ; et un mois après la se
et Noguez , et pour qu'en attendant il soit conde, l'adjudication définitive aura lieu en
sursi à l'exécution de tous jugemens et décrets faveur du plus offrant et dermier enchéris
qui auroient été ou pourroient être rendus à seur, sans qu'il puisse y avoir lieu au tierce
leur égard ». ment ni demi-tiercement : les jours seront in
diqués par des affiches où le montant des
Séance du 1 3 Mai. dernières enchères sera relaté ».
On est venu sur la question s'il seroit expé
Il est dans Paris quelques sociétés d'artisans dient d'accepter les cautionnemens offerts pour
qui, réunis volontairement par la piété et p r les municipalités qui se chargent d'acquérir des
l'amour du travail, présentent l'image pure de biens domaniaux , et les personnes éclairées
cette vie cénobitique, que depuis long-temps ont cru appercevoir dans ces cautionnemens
on cherche en vain au fond des cloîtres. Parmi un principe d'agiotage qui finiroit par opérer
ces établissemens on distingue celui des frères un détriment dans la v§ des biens aliénés.
cordonniers de la rue de la grande Truanderie. M. de Menou , dont le nom est celui de la
Ces honnêtes et laborieux citoyens ont , du loyauté, a excité toute l'attention de l'Assem
produit de leurs travaux communs, formé l'éco blée, en déclarant qu'il lui avoit été offert des
nomie d'un capital de 1 15,65o livres, dont le sommes d'argent pour l'engager à garder le si
lacement entretient chez eux l'aisance et le lence sur ce point. « La corruption se met en
onds des aumônes, sans favoriser le luxe mi jeu, donc il y a des intentions † donc
autoriser l oisiveté ; ils offrent à l'Assemblée na il y a du danger pour la chose publique ».
tionale le sacrifice de leur petit trésor, en de il a été décrété unanimement, « qu'aucune
mandant seulement une pension pour les vieil municipalité, pas même celle de Paris, me sera
lards et les infirmes. Cette proposition a été tenue de fourmir caution ».
renvoyée au comité de l'aliénation des domaines On se rappelle que la commune de Paris ,
InatIOnallX. par l'organe de M. le maire , avoit annoncé
On a passé à l'article IX du décret concer un cautionnement de 7o millions , et qu'
( 3 )
avoit pas été pris, à cet égard, de détermi écrits , et de faire connoître aux auteurs l'in
1tion négative. dignation qu'ils méritent. Qu'à cet effet, extrait
Une lettre de M. de la Luzerne , informe des susdites lettre, délibération et adresse au
Assemblée d'un fait arrivé à Toulon le 3 de roi , collationné par le secrétaire de cette ville,
3 IIlOJS. sera adressé à M. le président de l'Assemblée
« ll y a eu dans cette ville une agitation po nationale ». Cette délibération du conseil gé
ilaire, occasionnée par la détention de trois néral de Dieu-le-Fit ayant été connue des ci
nonniers. Le peuple s'est porté chez M. de toyens de cette ville , tous l'ont signée avec les
andèves, commandant du port , pour de officiers municipaux, en faisant retentir l'air
ander leur liberté ; on a conduit M. de Glan de cris d'indignation contre les fanatiques nî
ves à l'hôtel-de-ville, on parloit de s'emparer mois. Bientôt cet exemple sera suivi de toutes
s agrès, apparaux, etc. La sagesse des offi les municipalités (1) auxquelles ces fanatiques
•rs municipaux a tout calmé. Un seul offi mimois ont eu l'impudence d'envoyer leur dé
ºr de marine, M. de Cholet, a été blessé d'un libération et adresse au roi ; et il ne restera
up de bayonnette. Le roi , sensiblement à ces nîmois que la honte de leur ignorance,
lrmé de ces mouvemens, a donné des ordres de leur fanatisme et de leur esprit de servitude.
ſur la recherche des coupables ». L'histoire les marquera du sceau de réproba
Des nouvelles plus fraîches, une lettre écrite tion , eux et leur postérité , à moins qu'ils ne
4 mai par les officiers municipaux de Toulon, désavouent promptement cet acte de démence,
présentée à l'Assemblée par M. Férand, et qu'ils n'en demandent pardon à Dieu, à la
"puté de cette ville, a fait cesser toute incer nation et à l'Assemblée nationale. C....
lude sur le sort de M. de Glandèves, lequel
été reconduit dans son hôtel , au son des ins Sens , 28 avril.
llIIl6I1S.

L'Assemblée a décrété le renvoi de l'affaire M. le cardinal de Loménie, archevêque de


u comité des rapports, et a chargé son pré Sens, s'est présenté à la municipalité de cette
dent de se retirer vers le roi, pour calmer ville, pour y prêter le serment civique ; il a
s inquiétudes paternelles de sa majesté , en prononcé ensuite un discours, dans lequel on
i faisant voir la lettre tranquillisante des offi trouve ces paroles remarquables : « Jaloux de
rs municipaux. mériter et d'obtenir votre confiance, j'ai cru
A V I S.
devoir ajouter cette courte explication au ser
ment que , je viens de prononcer. Un jour
MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3 d'autres détails honoreront ma mémoire , un
rs pour 3 mois, sont avertis que leur Abonncment jour on connoîtra ce que j'ai voulu, et ce que
it au 51 du courant, et priés de renouveller avant je n'ai pu faire , mes projets et mes intentions ;
il ſinisse pour plus de célérité dans le service. mais je crois devoir encore garder le silence ».
M. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
ajouter ces mots : à commencer par le premier de Ainsi nous ne connoîtrons qu'après la mort de
mois, afin d'éviter les doubles emplois. M. de Brienne les projets qu'il n'a pu exé
cuter, et ceux qui l'ont empêchés de les exé
»rie de sagesse et de patriotisme de la ville cuter. C'est aussi le langage de Calonne : ce
de Dieu-le-Fit, en Dauphiné. sera de même que le Genevois nous parlera
lorsqu'il sera dans sa baronnie de Copet. Tous
les officiers municipaux de cette ville ayant les trois nous diront ce grand secret quand
u une lettre timbrée de Nîmes à eux adressée, ils scront morts, et qu'ils n'auront à redouter
tenant une délibération et adresse au roi, aucune vcngeance. Mais Calonne et Brienne
date des 2o et 29 avril , ont asssmblé sur n'ont rien à redouter en ce moment; et ce
;hamp le conseil général de la commune ; secret, qu'ils gardent, nous éclaireroit aujour
ecture ayant été faite de cette lettre et des d'hui , non seulement sur la cause du déficit et
:es y insérées : « Le conseil général, juste sur les invcnteurs de la conspiration du 14
lt iudigné des principes inconstitutionels
ces écrits renferment, a unanimement dé
ré de les démoncer à l'Assemblée nationale, · (1) Dans le moment où nous imprimons ceci, nous
recevons de M. de Payan, maire de Saint-Paul-Trois
me séditieux et capables d'exciter les trou Chàteaux , la délibération de la Inunicipalité de cette
qu'ils présagent dans l'adresse au roi ; et dernière ville , qui exprime toute son indignation sur
a supplier de réprimer la licence de pareils la conduite des nîmois ; nous allons y revenir.
( 4 )
juillet, mais sur les projets actuels et futurs signe qui pût le faire soupçonner. Il dura en
du génie malſaisant dont ils nous cachent les viron 15 secondes, et ſit crouler plusieurs édi
intrigues et le nom. Mais pourquoi ne veulent fices dans les endroits où il se fit sentir; savoir,
ils pas nous dire ce grand secret en ce moinent? en Valachie, en Transylvan e, dans le Ban
Par trois raisons : 1º. parce qu'ils ont été com nat : il se dirigea du midi au nord ; et selon
plices du génie malfaisant; 2°. parce qu'ils les rapports , la secousse fut des plus vives
veulent conserver les dépouilles du peuple dans la Thrace. La garnison effrayée, ne vou
qu'ils ont partagées avec lui : et 3º parce qu'ils lant pas être exposée à l'explosion qu'elle crut
espèrent encore revenir au ministère. Leur avoir lieu de craindre , se décida donc à se
silence est par conséquent aussi lâche que leur rendre, malgré les munitions qui lui restoient.
conduite, et leur mémoire ne méritera aucun S t bravoure est louée de tous nos officiers ;
honneur s'ils n'osent rompre ce silence avant on lui a accordé trois pièces de canon à sa
leur mort. CARRA. retraite , et tous ses bagages.
P A Y s - B A s , 3 mai.
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES.
Sa majesté prussienne , calomniée dans uR
D E F R A N c F o R T , le 4 mai. libelle émané de Cologne, se trouvant obligée
Les émissaires que les anti-patriotes braban de justifier les démarches que ses officiers ont
de Liége, vient de publier un
faites dans le pays
çons avoient envoyés à Vienne pour y con mémoire d après lequel il ne reste aucun doute
certer un arrangement avec Léopold 1I, n' sur la pureté de ses intentions. Il y est prouvé
ont pas été reçus aussi favorablement qu'ils que le roi, voulant même remplir les ordres de
l'cspéroient. Ce prince aime mieux devoir à · la chambre impériale de Wetzlar, bien loin d'a
ses propositions , faites au § du peuple , le voir des vues contraires, fit les plus pressantes
retour de ses provinces héréditaires, qu'aux
propositions de deux ambitieux qni se sont sollicitations à l'évêque fugitif, qui se refuse
rendus trop méprisables pour être auprès de
à toutes les voies de§ mais que .
d'un autre côté, le roi n'ayant pas assez de
lui les interprètes de sentimens qu'ils n'ont pas. troupes pour contraindre les Liégeois, en qua
Ainsi le prêtre Van-Eupen et Van-der-Noot
sont aussi méprisés à Vienne que dans le Bra lité de directeur du cercle de Westphalie, s'est
bant, où leur autorité n'a de base que la ca vu forcé de les faire retirer, parce que la paie
loinnie et des atrocités. En effet, peut-on croire en devenoit ruineuse pour la ville de Liège :
ue c'est par amour pour Léopold II qu'ils ont qu il est donc vrai que sa majesté avoit eu pour
fait cette démarche , lorsqu'on sait que ces premier objet le maintien de la constitution de
deux traitres faisoient en même temps , et font l' Empire , ect.
encore aux Liégeois des propositions pour les T Y R o L, 25 avril.
engager à se concerter avec eux contre la mai
son le Lorraine. Ainsi ces deux tyrans d'un Il se répand généralement un bruit assez sin
peuple aveugle sont doublement coupables. On gulier; on va, nous dit-on, ordonner des prières
publiques peur obtenir du ciel le retour des jé
espère que le tribunal inique qu'ils viennent de suites dans nos contrées. Nous savons que cette
choisir pour juger le général Van-der-Mersch , secte, loin de s'anéantir, se trouve encore très
ouvrira enſin les yeux. nombreuse en Allemagne , où nombre de ses
D E MA N H E I M , 2 mai. membres se sont réunis à d'autres sectes, telles
que celle des illuminés, etc. Elle subsiste même
La brave garnison d'Orsowa, intimidée par oncore presque dans son entier cn France, sous
une secousse de tremblement de terre qu'elle le nom de frères ignorantins , dont l'extérieur
prit pour l'effet d'une mine que les ennemis est tout le modèle des jésuites pénitens. Ces
avoient essayé de faire jouer , et craignant frères y ont déja des colléges et autres belles
ainsi d'être absorbés sous les roches de ses forts, maisons d'instruction. On assure même que
s'est enfin rendue, et la capitulation a été si certain nombre viennent de se réunir en Flan
gnée le 16 avril. Ce tremblement de terre ar dres, d'où ils ont envoyé un des leurs à Mo
riva le 6, pendant le temps le plus serein , liilow , pour y demander des pouvoirs à leur
sans la moindre agitation de l'air, ni aucun général.

* --
A N N A L E S
PAT R IoT I QUE s ET L ITT E R AIR E s
D E L A F R A N C E,
ET AF FA I R E S PO L I T I Q U E S D E L'E U R O P E;
- J O U R N A L L I B R E,
• 4, e - • s -

Par une Société d'Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. Me Rcz E R.


Une bonne législation est comme la bonne physique, elle doit ètre .
expérimentale. DU PATY.

N°. C C X X V. Du Samedi 13 Mai 179o.


AS S É M B L É E N AT I O N A L E. satisfaction à la municipalité de Toulon, ainsi
qu'à la garde citoyenne.
Séance du 14 Mai. - M. Dupont, de Nemours, a exposé les plain
tes adressées par les négocians de différentes
Av milieu de l'indignation universelle qu'a villes , relativement à l'entrée du sel étranger :
excitée le manifeste séditienx des soi-disans il a proposé un projet de décret qui a été adop
catholiques de Nîmes, la petite ville de Loriol, té. Ce décret porte : « Que l'entrée du sel étran
en Dauphiné, s'est distinguée par un désaveu er, déja prohibé par l'ordonnance de 168o,
positif, et par une lettre que M. de Chabrond # sera provisoirement, sous les peines #
a communiquée à l'Assemblée. La motion a été par l'ordonnance, autres toutefois que les pei
faite « que cette lettre patriotique fût imprimée nes afflictives ».
et publiée ». Devoit-on s'attendre qu'il s'éleve « Des négocians de Bordeaux, a repris le
roit la moindre objection ? il s'en est pourtant même orateur, de Libourne, d'Angoulême, et
produit une ; mais par qui ? faut-il le mulcter de toutes les autres villes dont le commerce
de son nom ? M. Dufraisse-Duchey a eu l'in habituel étoit l'approvisionnement de sel dans
trépidité de dire « qu'on ne pouvoit autoriser les provinces des pays de dîmes , réclament la
une municipalité à en improuver une autre » ; restitution des droits qu'ils ont payés, et j'ai
-comme si le droit de détester publiquement un l'honneur de proposer un projet de décret qui
attentat, contre la patrie n'appartenoit pas à leur accorde cette faveur ». -

tous les bons citoyens isolés ou réunis ! — L'im Ce projet étoit appuyé par MM. Regnault,
pression de la lettre de messieurs de Loriol a été Joubise, Loys et la Chaise ; mais M. Garat,
ordonnée. M. Freteau, ont observé que la perte alléguée
Le conseil général de la ville d'Amiens de n'étoit point vérifiée , et que, dans cette in
mande une autorisation pour faire un emprunt certitude, l'Assemblée décréteroit des indem
de 6oooo liv. — Accordé jusqu'à concurrence
de 15,ooo liv. seulement.
mités qu'elle ne pouvoit † "†
Le décret avoit pour objet la répétition des
Deux lettres de M. de la Luzerne et de droits payés d'une part, à la simple décharge
M. de Glandèves, confirment les nouvelles de l'autre.
satisfaisantes données hier par M. Férand, sur
lè mouvement de Toulon. M. le président est
On a demandé la division ; elle a été †
On a demandé ensuite la question préalable
( 2 )
Le décret se trouvoit réduit à accorder ou et Monsieur infanterie , composant la garnison
de Besançon, ont envoyé à l'Assemblée natio
à refuser la dé charge des droits. · nale une adresse qui respire le patriotisme le
Un amendement proposé par M. Mercier,
et adopté par l'Assemblée , a formé une sub plus pur, et où brille cette franchise qui a
toujours caractérisé le militaire françois. C'est
division nouvelle, qui a été décrétée ainsi : une mission bien flatteuse et bien honorable
« Les sels chargés avant le premier avr.l, et
expédiés depuis, jouiront de l'exemption des pour nous, que d'avoir tous les jours de pareils
droits ci-devant perçus à l'extraction ».
exemples à citer; et nous ne concevons pas
comment les aristocrates, et ces insolens et
Pour obvier à un nouveau monopole du nu
méraire, et pour empêcher les détenteurs de ineptes ministres, ne s'enfoncent pas à cent
l'argent payé par les contribuables de le con pieds sous terre, en voyant ce progrès rapide
vertir en assignats, M. Anson a proposé un et universel de l'esprit publie. — D'un autre
côté, nous avertissons nos frères et camarades
décret en trois articles.
1°. « Les contribuables admis à acquitter leurs des autres régimens françois , que MM. les
contributions en assignats comme en argent ;
soldats de la garnison de Besançon ont adressé,
au comité militaire de l'Assemblée nationale,
2°. La faculté interdite aux percepteurs de des réclamations sur le remboursement des .
convertir cet argent en assignats ; rengagemens : et que cette démarche à laquelle
3°. Les régisseurs , fermiers et receveurs leurs frères d'armes doivent participer, ne tend
assujettis à exprimer dans leurs journaux et # fixer plus particulièrement l'ordonnance,
registres les différentes matures de payemens, et
les époques auxquelles ils auroient été faits ». e manière à écarter les abus qui pourroient
Plusieurs opinans demandent la discussion résulter d'une interprétation erronée. C...
du projet, M. d'Ambly requérant, par amen Ferté-Macé, en basse-Normandie.
dement, qu'il fût pris l'avis des départemens ; .
le tout a été ajourné sur la motion de M. Charles Cette petite ville, qui a montré son patrio
de Lameth. tisme d'une manière distinguée dès le moment
Une lettre, adressée à l'instant par M. de de la révolution , avoit rassemblé dernièrement
Montmorin , annonce que « d'après les arme tous ses habitans des deux sexes, dans une
mens qui viennent d'avoir lieu chez un peuple église , † prêter le serment civique. Au
voisin et les motifs qu'on y donne , sa majesté milieu de cette auguste cérémonie un sieur
a pensé que son premier devoir étoit de veiller Dupont de Saint-Georges s'est récrié contre
à la sûreté de l'état : qu'il étoit à desirer que la le serment, et a semé le trouble et la confu
nation se mît en mesure d'avoir 14 vaisseaux sion dans l'assemblée. L'indignation a été uni
de ligne armés : que le roi a prescrit aux com verselle parmi les bons citoyens, et l'on a chassé
mandans des ports une grande surveillance : du lieu saint le sieur Dupont : mais cette puni
que sa majesté a desiré que l'Assemblée natio tion n'étant pas suffisante, MM. les officiers
nale fût instruite : que ce n'étoit là que des municipaux ont consigné le fait et le nom des
précautions de sûreté : que les assurances de coupables dans les annales de la ville, et en
acification de la part de la cour de Londres ont rendu compte à l'Assemblée mationale. On
† faisoient espérer que la paix ne seroit en ne sauroit trop faire connoître les auteurs de
rien altérée ». pareilles extravagances, soit pour les †
· Un message de cette importance a paru cxi s'ils en sont susceptibles, soit pour garantir les
er que l'Assemblée y portât toute la maturité bons patriotes de leur haleine infecte et anº
de ses conceptions : et, pour que chacun eùt civique.
le loisir de préparer son voeu , il sembloit mé
cessaire que la question fût ajournée à demain. Les ſanatiques ntmois doivent rougir de honº
· C'étoit l'avis de MM. de Mirabeau, de Lameth, Les municipalités de l'empire s'empressent de
de la Fayette, avec lesquels M. de Cuzalès s'est toutes parts à vouer à l'exécration publique les
trouvé d'accord : et c'est devenu l'avis et le fanatiques mimois. La ville de Saint-Paul-Trois
, décret de l'Assemblée. Châteaux , en Dauphiné , dans une délibéra
tion du 5 de ce mois, délibération pleine de sº .
JBesançon , 5 mai. gesse, d'énergie et d un patriotisme vraiment
MM. les soldats des régimens de Piémont philosophique, analyse la délibération des #
ºnfanterie, Metz artillerie, Dauphin cavalerie, mois, ainsi que leur adresse au roi, et en º"
( 3 )
montre les erreurs, l'inconsidération et la dé blessèrent un enfant sur la place Saint Leger.
mence, d'une manière frappante. « Par toutes Cet enfant se plaint, ils ont la cruauté de le
:es considérations, le conseil général de la com maltraiter encore. A ses cris la mère survient,
nune de Saint-Paul-Trois-Châteaux déclare veut le dérober à leurs coups ; ils entrent en
1nanimement que, loin d'adhérer à la délibéra fureur et ont l'imprudence de tirer leuts sabres,
ion de l'assemblée illégale de Nîmes, il im I)es bourgeois accourrus au bruit les désarment.
brouve formellement ladite délibération comme Humiliés de ce désarmement, ils courent aux
éditieuse , tendante à renverser la constitu casernes instruire et animer leurs camarades.
ion, à rap eller le pouvoir arbitraire , à soule Aussi-tôt un grand nombre de dragons se r'
rer le peuple, à semer le trouble et le désordre pand dans la ville, le sabre nud à la main : ils
lans le royaume , comme attentatoire aux pou jurent , menacent , frappent. Les liabitans in
roirs législatif et exécutif, comme insultant aux dignés s'attroupent , s'arment de pierres, de
rertus, et sur-tout à la droiture de notre au bâtons , de fusils. On ente1 d cri r de toutes
guste monarque. Il a de plus unanimement ar parts à la lanterne, à la lanterne. On court
rêté qu'extraits de la présente seront dans le aux églises pour sonner le tocsin , elles se trou
jour envoyés à l'Assemblée mationale, à M. de vent fermées. Le tumulte devient bientôt géné
la Fayette, avec prière de la présenter au roi , ral. Le commandant, alarmé de cette insurrec
à M. le maire de Paris, et à la municipalité de tion , renvoie les soldats aux casernes et les y
la ville de Nimes , et qu'elle sera imprimée, consigne ; il cherche à calmer le peuple par la
pour en être adressé sans délai des exemplaires promesse d'une prompte satisfaction.. La nuit
aux principales municipalités de l'empire ». vient, mais elle n'arrête point la fermentation.
- A V I S.
i)es placards au coin des rues invitcnt à la li
berté : notre jeunesse paroît vouloir arborer la
MM. les Abonnés , dont la jouissance datc dit 3 cocarde ; on assure qu'un mé contentement gé
TnarS pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement n ral dans le duché est prêt à éclater. Les émis
finit au 31 du courant, et priés. de renouveller avant saires du gouvernement n'ont que miel sur la
qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service. bouclie : il n'est pas de caresses qu ils ne pro
MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, C'! diguent, pas de promesses qu ils ne fassent. Les
d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de aristocrates françois qui sont ici réfugiés, tr(ºIll
tel mois, afin d'éviter les doubles emplois. blent d être les premières victimes de la fureur
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES. populaire : ils sont méprisés par nous, comme
ils peuvent l'être de tous vos bons patriotes.
DE S T o c x H o L M, le 28 avril. Adieu, je vous donnerai le détail des faits qui
surviendront. ( l xtrait du journal patriotique
Le roi s'est rendu maître des déſilés de Kjar de Grenoble ). Nous avons reçu directement
nakoski et de Suiomeniana dans la Savolax les mêmes nouvelles , et on y ajoute que le
russe. Le butin qu'on y a fait en farines , régiment de Saluce a pris le parti du peuple
pain, munitions de guerre, et en liabits, sans contre les dragons d'Aoste. -

compter 14,ooo roubles , est considérable ; D E L o N D R E s, le 7 mai.


9o soldats russes ont été faits prisonniers avec
deux pièçes de canon, et le major qui com Enfin ce procès intenté à M. Hastings, et
mandoit ce poste. Les Suédois n'ont perdu qui a coûté des sommes si considérables à l'état,
que dix fusilliers. Ce coup hardi a été exécute commence à s'éclaircir. L)es , lettres reçues
sous les yeux de sa majesté, par M. le baron de l Inde de la part de M. le major Scott, ten
d'Armfeld. On nomme aussi º§ officiers dent absolument à la justification de l'illustre
supérieurs qui se sont très-distingués dans accusé. M. Burke se tirera difficilement de
cette action. C'est ainsi que le roi, au lieu de cette affaire , qui doit au moins le couvrir de
perdre le temps à des conférences et des pro honte, s'il ne peut produire rien de bien positif
jets de pacification , tâche de regagner l'avan contre le dire de M. Patterson même , dont
tage † des traîtres lui ont fait perdre. Nous il avoit invoqué le témoignage , comme une
attendons d'un jour à l'autre des détails beau preuve attérante contre M. Hastings. Justement
coup plus intéressans. c'est M, Patterson qui vient à sa décharge. Il
DE CH A M B É R Y , 5 mai. est donc temps que ce procès ruineux soit
jugé ; l'honneur de la nation se trouvant même
Hier, au sortir du spectacle, trois dragons compromis avec celui de M. Hastings.
/ ( 4 )
Le différent survenu éntre la cour de Ma des vues dangereuses. Quoique les Anglois nous
drid et la nôtre, me paroît pas absolument estiment, et que la nation soit intéressée à vivre
inconciliable. Les termes dont le roi se sert en paix avec nous, n'oublions pas que rien ne
dans son message , ne présentent pas des vues ressemble moins à un patriote qu'un ministre,
décidément hostiles. En demandant aux fidelles et qu'ainsi M. Pitt et un Anglois sont deux
communes de le mettre en état de prendre choses bien différentes.
les mesures requises , et de porter ses forces
où cela peut éventuellement devenir néces DE L IE G E , le 5 mai.
saire , il manifeste le desir « que cette affaire
puisse se terminer, de manière que l'harmo Le directoire que le prince - évêque a fait
nie et l'amitié qui subsistoient entre les deux adresser aux officiers des paroisses le 29 avril,
cours continuent comme par le passé, et soit par M. le baron de Sluse de Boeurs, son chan
de nouveau confirmé ». celier, n'a produit d'autre effet que d'irriter
La cause de ce mouvement de part et d'autre, davantage les esprits. Les bourguemestres, et
est la prise de trois ou quatre vaisseaux anglois, autres citoyens distingués par leur place et par
faite par les Espagnols dans le Nootka-Sund, leur patriotisme , se sont assemblés ; et le 2 du
sur la côte occidentale de l'Amérique, où les courant on a déclaré M. de Sluse criminel dé
Espagnols, établis depuis quelque temps, pré lèze-nation ; en outre , que tous ses biens et
tendent avoir le droit exclusif de naviguer. les revenus qu'il peut posséder dans la capitalé
L'Angleterre redemande les vaisseaux, et une ou dans la banlieue , seroient provisoirement
réparation digne de la majesté du peuple confisqués pendant la vie du propriétaire, et
anglois. que le produit en seroit versé dans la caisse de
La crainte d'une guerre prochaine a fait la cité de Liége.
baisser, ces jours derniers, les fonds de 5 pour Le conseil privé du prince a été suspendu
1oo. On continue toujours à presser des ma de ses fonctions, et l'on y a suppléé par un
telots, et l'on ouvre en phusieurs endroits des conseil de régence. On attend l'avis de la no
maisons de rendez-vous pour eux. On vient blesse et du clergé sur ce changement. Ce
de mettré en commission 14 vaisseaux de ligne, pendant plusieurs abbayes et monastères du
dont 2 de 1oo pièces dé canon , et les autres pays de Liége, s'empressent de seconder les
de 98, 8o et 74 , en outre , 13 frégates de 38 voeux des patriotes. Deux chapitres de cha
à 24, et 2 brûlots. noines ont offert , avec le même zèle , l'un
2o,ooo florins, l'autre 12,ooo, en espèces, rem
Deux mobs aux provinces maritimes. boursables par la caisse publique en billets por
tant 5 pour 1 oo d'intérêt. Nous avons de vrais
Là presse dont on vient de faire usage en citoyens, malgré l'erreur où se sont laissé en
Angleterre pour équipper la flotte , qui va traîner quelques ecclésiastiques par les sug
§ en mer, a fait refluer sur nos côtes cer † dont ils n'ont pas d'abord † 8
tain nombre de matelots qui donnent de l'om ut : ainsi nous ne désespérons pas de la chose
brage. On prie les patriotes d'observer soigneu publique , malgré les ennemis que le prince
sement de ces fugitifs, et de tâcher de découvrir nous attire, en prenant le ton mielleux des
s'ils ne seroient pas relâchés chez nous dans cours qui se sentent les plus foibles.
On s'abonne à Paris, chez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à'qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lêttres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. -

Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame DELAPLANcHE , rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il parott tous les jours un Numéro, est de 36 liv, poiir
ºn an » 18 liº pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc de port, par la poste , pour tout le
, ººyººmº. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnemènt nv commence gue du premier d'un mvi .
- - : Y

A N N A L E s
PAT R I O T I Q U E s ET L I T T É R A I R E s
- D E L A F R A N C E, -

ET AFFAIRE S Pol IT I Q U E s DE L' E U R oP E;


- J O U R N A L L 1 B R E,

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R o rna..


Des patrouilles et des journaux , des journatix et des patrouilles, voilà ce - -

qui a déjà mené et ce qui menera encore à bien notre constitution.

N°. C C X X V I. Du Dimanche 16 Mai 179o. · 2

" ASS É M B LE E N AT I O N A L E. parties de la municipalité attribuées k chaceu


- N
de ces départemens, seront dressés par le con
· Séance du 14 mai au soir. seil général de la commune.
XXIX. En l'absence du maire, chacun des
PENnANT que l'imposture et l'avidité sacer , administrateurs présidera alternativement les
dotales remuent nos provinces du midi, et tâ âssemblées du bureau. ·
chent d'opposer une foible digue au torrent | XXX. Les administrateurs n'auront aucun
de la révolution, la Bretagne citoyenne appelle maniement de deaiers en recette et en dépense.,
à grands cris la liberté et la lumière. La ville
de Saint-Brieuc a reçu quelques exemplaires , cerLes officiers municipaux ne pourront s'immis
dans aucune fourniture, directement ni
de cette timide brochure que les dyscoles de indirectement Les dépenses séront acquittées
FAssemblée nationale ont intitulée# par le trésorier. , ,, , , • · · · • · •:

et à la suite de laquelle se traîne la déclaration


coupable de ces chanoines de Paris, et d'au XXXI. Les dépenses courantes de chaque
tres lieux, qui, ayant la naïveté de se croire département seront ordonnées pax les adminis
ét de se dire membres essentiels de l'église de trateurs respectifs ; celles de la police, des sub
l'état, voudroient, malgré les décrets de lAs sistances, des établissemens et des travaux pu
semblée , garder les immeubles essentiels à leur blics, seront contrôlées par le département du
† citovens de Saint-Brieuc s'arment , domaine ; celles du départenaent du domaine,
de protestations § contre ces manOeu | seront contrôlées par le, maire , et inscrites
vres
à leurinciviques
nullité. qu'ils auroient pu abandonner
, -- T
dans un registre qui restela à la mairie : les unes
! -

et les autres seront acquittées par le trésorier.,


: L'Assemblée s'est occupée du plan de muni Les dépenses plus considérables ou extraordi-.
cipalité de Paris, et a décrété la suite des arti maires seront ordonnées par le. corps munici-,
cles du titre III. - -
† , ou par le conseil général dans les cas qui
ui devront être soumis : les mandats en seront
Art. XXVII. Le corps municipal statuera sur
les difficultés qui pourront s'élever entre les dé : délivrés conformément aux délibérations , par,
les administrateurs dont elles rdgarderont le
artemens divers, sur leurs fonctions et attri*
tions respectives. - , x . " département ; . elles seront abssi enregistrées
, XXVIII. Les réglemens particuliers, néces dans la huitaine au département du domainel.j
• • •• * \
et acquittées par le tresorier. , : º ſ" ſ, , l . . »
( 2 )
ront au conseil municipal, tous les deux mois, sa contribution patriotique , seroit incapable
l'exposé sommaire de leur administration. -•
+-d'exercer aucune fonction ublique ».
XXXIII. Chacun, des administrateurs rendra On s'est l:âté de passer à la grande question
aussi son compte définitif tous les ans, confor qu'avoit préparée le message venu hier de la
mément à l'article LX du titre premier. , part de M. de Montmorin, au nom du roi. |

XXXIV. Les administrateurs seront astreints · Les avis ont été si divers, et se sont succédé |

en tout temps à donner connoisance de leurs si serrement , que nous croyons satisfaire à !
opérations au maire, au corps municipal ou au l'impatience du lecteur en les rapportant sous
conseil général de la commune , lorsqu'ils en la forme rapide du dialogue , tels que nous les
seront réquis. Ils donneront aussi ou feront aVOIlS SalSIS. |

donner au procureur de la commune, ou à ses M. de Biron. « L'Espagne et l'Angleterre


substituts, toutes les instruction qu'ils aura de arment d'une manière également formidable ;
mandées. notre monarque citoyen prend des Inesures
XXXV. Le procureur de la commune aura our la tranquillité de l'état, et en fait part à
toujours le droit de requérir du secrétaire-gref l'Assemblée nationale : je pense qu'elle n'a rien
fier, de ses adjoints ou du garde des archives, de mieux à faire que de voter des remercimens
les instructions, renseignemens ou copies de au roi , et de demander à S. M. l'état des
pièces qu'il pourra desirer. Les substituts, exer dépenses que pourra occasionner l'armement
çant ses fonctions, jouiront du même droit. extraordinaire ».
XXXVI. Le conseil général de la commune M. de Virieu, La qucstion n'est pas posée ;
déterminera le traitement du maire et les in je demande qu'elle le soit avec clarté et exac
demnités à accorder aux administrateurs , au titude. - -

pročureur de la commune et à ses deuxsubsti


M. Duquesnoi. « }l s'en faut de beaucoup
, tuts ; il déterminera aussi le traitement du se que l'affaire, telle qu'on vous la présente, soit
crétaire-greffier et de ses deux adjoints , du purement pécuniaire. Je crois voir un piége
arde des archives et du bibliothécaire.
" XXXVII. Le nombre et les appointemens
ministériel dans la nécessité où l'on veut #
des comnuis ou employés dans les diverses par duire la France à prendre part à une guerre
qui lui doit être étrangère. Il ne sera pas de
ties de l'administration municipale , au secréta la sagesse de l'Assemblée de voter des subsides
riat, aux archives et à la bibliothèque , seront avant d'en connoître les causes ».
déterminés et fixés par des délibérations parti M. Alexandre de Lameth, Sans doute ,
, culières du corps municipal, d'après les rensei messieurs, vous remercierez le roi des soins |
gnemens qui seront fournis par le maire , les qu'il a pris pour assurer la tranquillité du.
administrateurs,
adjoints. le secrétaire - greffier ou ses
• . -

royaume : mais en même temps vous ne serez


( La suite à demain. ) pas un instant sans vous occuper du principe
par qui sera exercé le droit de faire la paix
-

Séance du 15 Mai.
et la † Songez à quels ministres vous
avez affaire ! considérez quel est l'homme que
Il s'est tenu à Perpignan des assemblées anti la France a maintenant pour ambassadeur en
Espagne ! celui-là même qui occupoit le mi
patriotiques : il s'y répand journellement des nistère au moment où Paris et l'Assemblée
écrits incendiaires. Des moines, des chanoines, étoient entourés de bayonnettes. Songez Sur
des gens de loi y soufflent le feu de la sédition ;
mais la garde nationale les surveille : mais il tout que la question † vous occupe est la
reste encore assez de bons citoyens pour les cause des rois contre les peuples.
arrêter. Ce sont ces fidèles patriotes qui ont M. Dupont. Messieurs, il y a ici deux objets;
dénoncé ces faits à l'Assemblée mationale par laquestion provisoire, très-instante , statuez-y
une lettre lue ce matin à l'ouverture de la sur le champ : la question du fond, très-im- ,
séance ; et l'affaire a été renvoyée au comité portante ; ajournez-là à trois semaines. ( Cctte
des recherches ' ' ' ' ' ' ,, , r -

opinion a trouvé un accueil froid dans l'As


· Quelques électeurs de laville de Douai n'ayant semblée ). . - -

as fait leur déclaration patriotique, l'Assem M. Barnave. Quand on m'aura démontré que
lée a décrété:: '1 , ... : "; - -
les effets doivent précéder les causes, et les
« Qu'aucun votant ayant plus de 4oo liv. de résultats les motifs , je serai de l'avis du préo
xeate,, qui n'auroit pas fait sa déclaration pour pinant ; mais avant tout, allons au grand prin
\ .
(3 )
ipe constitutionel : Ze roi exercera-t-il seul Un rapport sur les impositions des privilégiés,
2 droit de faire la paix et la guerre ? - a produit le décret suivant :
M. Goupil. Non , ce droit n'appartient pas « Les municipalités qui n'ont pas encore pro
u roi seul ; mais le roi est le stipulateur des cédé à la confection de leurs rôles des imposi
roits nationaux, le surveillant des propriétés tions ordinaires de 179o, seront tenues de les
es citoyens : et dans cette hypothèse , vous terminer dans le délai de quinze jours, à comp
e pouvez qu'applaudir à la conduite qu'il a ter de la publication du présent décret : faute
2I1l1e.
de quoi lesdits officiers municipaux demeure
M. de Broglie. La nation ayant tous les pou ront garans et responsables du retard des impo
>irs, il s'agit, avant tout, de savoir si elle sitions de toute la communauté.
irdera ou si elle déléguera le droit de la paix Aussi - tôt après la formation des assemblées
t de la guerre. de départemens et de districts, il sera nommé
M. Robertspierre. Une nation noble et trop pour chaque territoire des commissaires chargés
ère de sa liberté pour se dégrader par l'esprit de vérifier les surtaxes , et d'en faire le rap
e conquête, doit dire à l'univers qu'elle ne port au directoire du district et du département,
ºut ni insulter, ni souffrir qu'on l'insulte. pour que ledit directoire assigne les indem
M. de Custine.Je n'ai rien apperçu de suspect nités aux commùnautés plaignantes ; G Il COIl -
ans la conduite des ministres. Pour être sûr séquence, le surplus du décret reste ajourné ».
e la paix, il faut se tenir prêt à la guerre. A V I S.
M. de Mirabeau. En ce moment la discus
on du fonds est absolument impolitique, dé MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
lisonnable et inconséquente , vous ne pouvez mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnemerrr
luder le message du roi ; et s'il est de prin ſtnit au 31 du courant , et priés de renouveller avant
ipe que le provisoire s'exécute tant que le dé qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
nitif n'est pas prononcé, il est évident que MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et
2 roi n'a rien fait que de constitutionel. La d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
uestion se borne donc à savoir si la nation tel mois, aſin d'éviter les doubles emplois.
»urnira les fonds demandés. . -

M. Reubell. Ne voyez-vous pas que le mi PA R I S , le 15 maz.


stère s'est permis de préjuger la question. La
lerre qu on vous annonce est une manoeuvre L'impudence des ministres , leurs manœu
#s cours; décrétez le principe constitutionel, vres impertubables avec des cours étrangères,
il n'y aura plus de guerre. et l'étrange déclaration du roi qui veut armer
M. de Menou. En accordant le provisoire, et nous engager dans une guerre contre l'An
li nous répond que dans quinze jours nous . gleterre en faveur des Espagnols : toutes ces
aurons pas la guerre ? Que faut il donc faire ? circonstances ont pénétré d'indignation les bons
ssurer qui a tort dans la querelle naissante. citoyens de la capitale, et ont soulevé tous les
t-ce l'Espagne ?l'abandonner. Est-ce l'Angle esprits. La societé des amis de la constitution
re ?l'attaquer jusques dans ses foyers. s'est réunie hier, extraordinairement, aux Ja
M. d'Aiguillon. Les mauvais citoyens n'ont cobins , après la séance du soir à l Assemblée
ls de mal à faire dans le royaume. Dépar nationale , et l'on a démontré , que le droit de
mens , districts, municipalités, gardes matio la paix et de la guerre, et celai des alliances
les, tout les déconcerte. Il leur restoit à sus étrangères, appartiennent entièrement à la na
er une guerre étrangère, et la voilà. tion ; et que l'Assemblée mationale, ayant l'ini
Après tous ces débats, l'Assemblée a adopté tiative de toute espèce de déclaration, comme
décret proposé par M. de Mirabeau. de toute espèce de loi , c'étoit à elle seule à
| L'Assemblée nationale décrète que son pré décider le parti que nous avions à prendre dans
ent se retirera dans le jour pardèvers le roi, cette occurence. On a démontré , en même
Ir remercier sa majesté des mesures qu'elle temps, que la manœuvre des ministres, pour
rises pour le maintien de la paix. faire maître une guerre, n'avoit d'autre but
Décrète en outre que demain 16 mai il sera que de troubler les opérations de l'Assemblée
, à l'ordre du jour cette question constitu mationale, discréditer les assignats, soutirer le
nelle : La nation doit-elle déléguer au roi dernier morceau de pain qui nous reste , ruiner
les villes maritimes et de commerce, occasion
( 4 )
enfin réduire ce bon peuple aux extrémités du rables, on peut les abandonner à leur dé n
désespoir, et lui remettre le joug et le bâillon. vation, ils ne tarderont pas à mourir du sp
On a démontré que cette manoeuvre étoit l'ou aristocratique. Signé, D. G.
vrage du comité autrichien des Tuileries, de ce
coinité qui s'acharne à la perte de la France , Besançon , le 1o mai.
et qui veut absolument immoler à sa rage et à
« J'invoque votre plume, monsieur, e
ses vengeances quelques millions de François. votre patriotisme pour vous dénoncer un abus
Commerçans des villes, gardes nationales con Apprenez que les aristocrates de notre ville
fédérées , braves soldats des troupes de ligne , après s'être promis de n'entrer dans aucun
digmes officiers municipaux, et vous citoyens, dès assemblées primaires , ont trouvé encor
qui avez formé des sociétés patriotiques, réu
missons-nous tous ! Élevons une voix terrible le secret d'empêcher l'impression et l'affiche
conformément à l'article 8 du décret du 2
contre ce perſide projet des ministres , contre mars dernier, du tableau de la contributi
les ministres eux-mêmes ! Chassons - les de la
patriotique. Ils avoient raison ; ils auroie
résence d'un roi qu'ils infectent sans cesse de rougi, peut-être, ou de n'avoir point fait !
ur venin aristocratique, et qu'ils rendent mal déclºration, ou d'en avoir fait d'infinime4
heureux, en lui suggérant continuellement des minutieuses avec des fortunes très-considé
projets contre notre repos et le sien ! Qu'at rables (1). Tonnez , monsieur , tonnez contº
tendons-nous pour chasser ces ineptes et inso ces hommes qui ne peuvent se familiariser avº
lens personnages ? N'ont-ils pas comblé la me l'exercice de la liberté , ni élever leurs ames !
sure, en voulant nous engager dans une guerre l égalité et aux sacrifices qu'une loi sage appº
étrangère ? Qu'attendons nous enfin pour dé aux malheurs publics. Voilà mon mot; c'est
clarer que nous voulons être les amis de toutes vous, monsieur, à le saisir et l'appuyer devº
les mations , les ennemis de tous les tyrans , et talens et de votre patriotisme. Tous les citoye,
e nous ne reconnoissons d'autre pacte de seront contens, si vous faites connoître
mille, que les pactes de familles nationales.
méchans. D...... un de vos abonnés »
CARRA, de la société des amis de la consti Nous observons, avec douleur, que la cº
tr tion.
duite des hommes opulens , dans cette
nération de l'Empire, est à peu près la mèm
Lyon , le 6 mai.
par-tout, tandis que les citoyens les moinsſº
| Turin et Chambéry ne cessent de nous inonder tunés, en s'armant pour la défense de la paº
du virus anti-populaire, qu'y distillent les ex lui font encore , pour la plupart, le sacrift
patriés de la § Le dernier courier nous de leur nécessaire absolu. Lâches Crésus !"i
sangsues de l'état ! fripons du livre rouge ! c'e
a apporté un ballot, composé de la troisième
et de la quatrième lettre à la soi-disante 2/s le pauvre peuple que vous avez tant opprimº
semblée nationale. C'est l'intitulé d'un libelle tant épuisé, qui paie encore généreuseº
ui voudroit réfuter et tourner en ridicule l'ex les frais de votre sûreté , et qui empêchº
cellente Adresse aux François. Ces libelles sont bouleversement de vos fortunes : et loia
vous hâter de contribuer à ses efforts, vº
adressés à beaucoup de ces gens qu'on appelloit
la haute - robe , à des évêques, à" des grands inéditez, au contraire, les moyens de le p
vicaires, à quelques commandans de places, à et de le faire entr'égorger. Malheureux ! !
quelques liommes titrés, etc. etc. Au demeu deviendriez-vous, si au ſieu d'être gènéreus
rant , je puis vous assurer que ces fenilletons n'étoit que juste ? C..... ,

ne sout pas dangereux , il n'y a ni bonne foi, ni
raisonnement, ni style , cela ne pervertira per (1) Un ex-robin jouit de 35 à 4o,ooo livres de ren
sonne parmi les ames saines : et quant aux ma et n'a pas rougi de déclarer 5oo liv. pour son quº
lades qui s'en nourrissént, comme ils sont incu C'est M. M... ci-devant parlementaire.
On s'abonne à Paris , chez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le p
de
·
† ét la lettre d'avis, et toures les lettres pour les Auteurs des Anneales Patriotiques.
Chez f)ENNk ll
t Prrrr, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madane DELAPLANcms, rue du R°
4º. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaumo et de l'Etranger.
* Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroft tous les jours un Numéro, est de 56 liv. P.
fin an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port, par la poste , pour tºº
réya une lie promior Nuutéro a parw le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne commence que du premier d'us *
-- l-a- a 1

v-E * 2-A.

- S U PPL É M E N T A U N°. C C X X v I.
Génie et activité du patriotisme. tout par le verbiage et le non sense de leurs dé
clarations. Ils disent , entr'autres choses , que
Ce génie et cette activité du patriotisme jamais aucune religion n a procuré tant de bien
offrent en ce moment un tableau si grand, si à l'état ( ils † vraisemblablentent, par
chaud, si varié, que je ne puis m'empêcher l état, les évéques et gros bénéficiers ) que la re
d'en tracer une esquisse. Ici l'on voit des muni ligion catholique, apostolique et romaine. Le
cipalités qui repoussent avec énergie ct indigna chapitre de l'église métropolitaine de Rouen
tion les tentatives perfides des ministres et les cite les états-généraux de 15-6, comme si dans
efiorts dn fanatisme ; là des gartte , n ttionales , ce temps-là on étoit assez éclairé pour bien juger
qui s'empressent de se conſédérer entr'elles, des religions et des gouvernemens. Il cite aussi
pour se confedérer ensuite avec l'universalité l' Esprit des Loix de Montesquieu , comme s'il
de leurs compatriotes ; là des ré gimens françois y avoit un meilleur esprit des loix que celui de
qui font des pactes fédératifs entr'eux ct avec I'Assemblée mationale. Enfin ce chapitre nor
es gardes nationales, et qui jurent sur leur mand nous déclare , comme les autres chapitres
sabre de maintenir la constitution et de punir protestams , qu'il veut absolument regarder la
les traîtres; ailleurs ( et nous citerons entr'autres religion catholique , apostolique ct romaine ,
et spécialement le café national de Bordeaux ) non-seulement comme la seule vraie et mzeri
des sociétés qui s occupent, avec une sollicitude toire du salut éter7vel, mais comme la seule
vraiment admirable , du soulagement des pau nationale, et qu'il soutiendra cette croyance
vres et des ouvriers, et qui font réimprimer et jusqu'à son dernier sonpir. Nous observons à
distribuer à très-bon 1narcl1é tous les écrits ce chapitre qu'il est bien le maître de faire son
patriotiques qui paroissent ; ailleurs, et princi salut éternel et de mourir dans sa croyance ;
palement en Bretagne , en Dauphiné et en mais nous pensons que l'Assemblée nationale
Guyenne, une foule d'orateurs et d'écrivains a très-sagement fait de l'empêcher , ainsi que
† qui développent, dans un style brû ses confrères , de vivre si grassement aux dé
laut et harinomieux, les vrais élºmens de la pens des pauvres et de la nation : car pour faire
sagesse, de la raison et de la liberté. Oh ! qu'il son salut éternel et mourir en bon catholique ,
est heureux celui qui naquit avec une ame il ne faut pas de si gros revenus : et certaine
forte et sensible, celui qui n'a respiré que pour ment le chapitre métropolitain de Rouen n'a
le bonheur du genre humain, celui qui des sa pas entendu, par le salut éternel et par la ca
naissance abhorra les tyrans et les esclaves; qu il tholicité de sa religion, les biens temporels que
estheureux s'il vit aujourd'hui, et s'il contemple le clergé a possédé jusqu'à présent. C....
dans toute son étendue les points de vue et les Affuire du régiment de Vivarais.
mouvemens d'un spectacle aussi sublime ! Gloire
et salut à mes frères du cafe national de Bor Pour juger sainement et expliquer la con
deaux; aux auteurs de la superbe adresse du duite du ministre de la guerre et des officiers
-29 avril, de la arde mationale de Rennes à . de ce régiment dans cette affaire, il faut d'abord
:toutes les gardes mationales de l'empire ; à M. se figurer la rage et le dépit de la oour, lorsque
JFrachon, à M. Dumolard, avocat à Grenoble, , cette Cour a vu au commencement de la révo
et à tous les bons citoyens du civil et du mili-' lution l'esprit de patriotisme qui régnoit en
taire qui marchent de front avec nous pour général parmi les soldats et bas-officiers de
renverser tous les obstacles, et opérer sur ce l'armée , et le refus formel que les gardes-fran
·globe la régénération des peuples et l'irrévo çoises , ainsi que plusieuns autres régimens,
cable anéantissement du despotisme ! CARRA. avoient fait de plonger leur fer dans le sein de
Vertiges de la gent canonicale et prébendière. . leurs frères. Dès lors le despotisme étoit anéanti;
dès-lors le trône des tyrans étoit renversé; dès
Il paroît que presque tous les chapitres de lors les ministres des tyrans n'étaient plus que
France s'étoient donné le mot pour regimber. de vains fantômes; dès-lors un nouvel ordre
tous, le même jour et à la même heure, contreº de choses , alloit, succéder à l'ancien , régime.
les déerets de l'Assemblée nationale, et accéder ldentifions-nous dohc en oe moment avec des
aux protestations des noirs. Ceux de Paris, de ministres pervers, ineptes et incorrigibles, qui
Chartres et de Rouen, se sont distingués sur tiennent encore sous leur main ces mêmes sol
226 bis,
( 2 > -

dats, qui ont trompé leurs perfides et cruelles pas une connoissance profonde de -toutes les
espérances. Que feront-ils ? ils chercheront à ruses ministérielles et aristocratiques, et. si
se venger ; ils feront maître l'occasion de se notre patriotisme , bien connu de la France
venger. D'accord avec l'aristocratie militaire , entière, n étoit pas à l'épreuve de tous les
ils c lculeront les moyens d irriter les soldats chocs, nous serions bientôt décourag s par
patriotcs par des traitemnens plus durs encore des injures aussi grossières et aussi peu mé
que ceux dont ces infortunés dtoient victime s rit es, sur-tout lorsqu'elles nous viennent de
avant la révolution ; ils feront un crime à ces nos frères les soldats et bas-officiers d un ré
soldats des mouvemens de leur patriotisme et gimºnt françois. On fait dire, dans cette récla
de l'espoir d'une meilleur organisation dans malion aux soldats du régiment d Enghien,
l'armée : et ils appelleront ces mouvemens de qu'ils n'ont besoin ni de nos soins, ni de nos
l'insubordination , et sous ce prétexte d'insu instructions, ni de nos rétexlons.Nous savons
bordination , les officiers quitteront leurs sol- . depuis long-temps que les aristocrates frémissent
dats , et alors on traitera cet abandon des offi de nos r I1exions , mais si les écr vains pa
ciers comme une insurrection de la part des triotes ne suivoient pas d'un oeil viglant la
soldats : et ces soldats seront arrêtés, dégradés, marche de la révolution , s'ils ne veilloient
dispersés, renvoyés sans cartouche et abandon pas continuellement sur les droits du peuple
més à la douleur, à la misère, aux maréchaus et sur les vertiges et les manoeuvres de ses
sées. 'l'els sont le calcul et la marche des ven- . ennemis , sans doute ces ennemis aurorent
geances que les ministres ont méditées et exer beau jeu pour nous remettre tous sous le jong
cées contre 4oo soldats du régiment de Viva de l'ancien despotisme. il faut bien peu réité
rais, non-seulement pour se venger dc l'esprit chir pour croire que ceux qui profitoient des
patriotique de ces soldats, mais pour inspirer abus, et qui avoient toutes les graces et toutes les
de la terreur aux autres régimens qui oseroient prérogatives, se sont tous corrigés en 24 heu
orter leurs voeux vers la patrie, et soutenir res : non , mes amis, il faut de longues an
a mouvelle constitution. Il falloit en outre em nées pour accoutumer des hoinmes vains et
pêcher l'Assemblée nationale et les citoyens corrompus à l égalité des droits et à la sagesse
éclairés de démêler les fils de cette odieuse de la nouvelle constitution. Votre conscience
trame : c'est pour cela qu'on a plongé dans un vous dit-elle que toutes les ca touches jaunes
cachot l'infortuné Muscar et tant d'autres sol données à quelques-uns de vos camarades,
dats de ce régiment qui ont été poursuivis dans ont été données dans ces derniers temps avec
les provinces par les maréchaussées , et dont raison ? Tant mieux pour vos officiers Vous
on ignore le sort. Par-tout on les a persécutés, dit-elle que quelques-unes de ces cartouches
parce que par-tout on vouloit s'en venger et ont été données à tort? En ce cas nous avons
cacher d'affreuses vérités.Mais ces 4oo victimes bien fait de les dénoncer; car il vaut mieux .
ont fondé de p# deux de leurs cama risquer une injustice envers un officier qu'on
rades pour dévoiler toutes ces vérités ; ils les ne nomme pas, que de risquer la perte de
dévoileront, ou plutôt ils les ont déja dévoilées, tous les braves soldats patriotes de l'armée
et ma plume de fer, ennemie jurée de la per françoise. Vous voyez que les idées se dé
fidie et de l'injustice, ne cessera de prendre leur brouillent par la réllexion. Au reste, pour
défense jusqu'à ce que la nation et l'Assemblée . mettre vos officiers à l abri d une inculpation
nationale aient fait droit à leurs plaintes. CARRA. . 1
injuste, et vos camarades hors des attentés

{ Le régim ent. d'Enghien. -


des officiers aristocrates, faites, comme tant
d'autres régimens, un pacte fedératif avec les
· Dans une réclamation des soldats et bas gardes mationales et les municipal tés des villes
·officiers du régiment d'Enghien , insérée dans où vous êtes en garnison. Les grdes natio
• le n°. 3 du Spectateur national, et dictée par nales et les ofliciers municipaux sont aussi
quelque renºrd de l'aristocratie, on nous re des françois et des défenseurs de la patrie ;
-proche d'avoir dénoncé les cartouches jaunes ils veilleront de plus près sur les injust ces
• données dans Ia ville de Gap, à des soldats qu'on pourroit vous faire et à vous et à vos
· regardés par les officiers :municipaux comrhe officiers : et c'est alors que nous serons aussi
. de bons patridtes, et l'one conclut subitò de arfaitement convaincus des lumières et de
» cette dénonciation , que d'officier municipal et
il nous ,! sommes des : calomniateurs, des libel
· † sincérité du patriotisme du régiment d'En
· ghien que la France entiére est convaincue ,
- listes, des incendiaires. Certes, si nous m'avions - du nôtre. CARRA. • |N # •
-

t : - :
A N N A L E S
i . PAT R I O T I QU E S ET LITT E RA IR ES
D E L A F R A N C E,
ET A FFA I R E S PO L I T I Q U E S DE L'E U R O P E,
| J O U R N A L L I B R E,
- º, - e - - 0

Par une Société d"Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c I E R.

De minoribus principes , de majoribus omnes. LoI SALIQLE.

N° C C X X V I I. Du Lundi 17 Mai 179o.


ASSE M B L É E N AT I O N A L E. municipal ou du conseil g'néral. Nul rapport
ne sera fait au corps municipal ou au coiiseil
Suite de la séunce du 14 mai au soir. général , qu'après que l'af aire aura été coin
muniquée au procureur de la commune , ou,
à son défaut, à l'un de ses substituts ; et nulle
Art. XXXVIII. S, les administrateurs ou les
délibération ne sera prise sur les rapports, sans
personnes ayant un traitement annuel, font des avoir entendu celui d'entr'eux à qui l'affaire
yoyages pour les affaires particulières de la ville, aura été communiquée. Le procureur de la
leurs dépenses de voyage seulement, leur se commune ou ses substituts , seront tenus de
ront remboursées.
donner leur avis, dans le délai qui aura été
XXXlX. En cas de voyage des notables pour déterminé par le corps municipal.
commissions particulières de la ville , leurs XLII. Avant de rapporter une affaire au
dépenses de voyage leur seront également conseil général, on la communiquera sommai
remboursées. On leur accordera , en outre ,
rement au maire; s'il ne se présente point pour
une indemnité raisonnable qui sera fixée par la discuter , on procédera à la délibération,
le corps municipal, et conſirmée par le conseil malgré son abscnce. -

général. XLIII. Le secrétaire-greffier et ses adjoints


XL. Le maire , le procureur de la com tiendront la plume dans les assemblées du bu
mune , ses substituts , le secrétaire - greffier reau, du corps municipal, et du conseil g'néral :
et ses adjoints, les administrateurs, les con ils rédigeront les procès-verbaux et délibéra
seillers et les notables, et touLes autres per tions , et ils en signeront les extraits ou expé
sonnes attachées au corps municipal ou au ditions ; ils veilleront aux impressions, affiches
conseil général de la commune , ne pourront et envois ; ils délivreront et contresigneront,
établir aucun droit de réception, ni recevoir sans frais, les brevets donnés par le conseil
de qui que ce soit, directement ou indirec général, par le corps municipal § le maire,
tement, ni étrennes, ni vin de ville , ni pré et ils feront d'ailleurs toutes les fonctions du
sens , et ils ne pourront être intéressés di secrétariat et du greffe. -

rectement ni indirectement dans aucun mar LIV. Le trésorier fournira un cautionnc -


ché ni fourniture. ment dont la somme sera réglée par le conseil
XLI. Le procnreur de la commune et ses général.
---------------=-=-=-=-----

( 2 )
XLVI. Le corps municipal fera , tous les Cette anmbassade a pris beaucoup de momens
mois , et plus souvent, si † corps municipal àticle
l'Assemblée, qui n'a pu
et décréter qu'un
le demande, un bref état de la situation de du titre quatrième dernier du plan ar
de
sa caisse. Il fournira aussi au corps munici la municipalité de Paris : c'est l'article premier
pal , à l'expiration de chaque année, un bor « L'assemblée des quarante - huit sections
dereau général de ses recettes et dépenses; il devra être convoquée par le corpsrésultant
municipalde,
présentera de plus au corps municipal, dans lorsque le vœu de huit sections
les trois premiers mois de l'année suivante , la majorité de chacune des sections, composée
ses comptes appuyés de pièces justificatives , de cent citoyens, se sera réuni pour former
lesquels devront être arrêtés avant la fin de la convocation.
cette même année, » Le commissaire de chaque section sera
XLVII. Outre la publicité et l'impression des tenu de convoquer l'Assemblée toutes les fois
recettes et dépenses ordonnées par l'article 58, que cinquante citoyens le requerront ».
et l'article 59 du décret du 14 décembre , le
conseil général pourra vérifier l état de la caisse, Séance du 16 Mai. -

et les comptes du trésorier , tant que celui-ci


n'aura pas obtenu sa décharge définitive. Quelqu'empressement qu'il y eût aujourd'hui
XLVIII. L'arrêté de l'administration , ou du dans l'Assemblée, d'arriver à la discussion de
directoire du département de Paris, opérera l'une des plus imposantes questions qui ayent
seul la décharge délinitive des comptables. jamais appellé lattention de la terre , il a fallu
se débarrasser de ces détals qui assiégent tou
Séance du 15 mai au soir. jours les commencemens de chaque séance, et
qui souvent en absorbent l s précieux momens.
Deux députations se sont présentées ; l'une On a renvoyé au comité des impositions.un
étoit formée de la Bazoche du palais, et M. mémoire adressé par le contrôleur général, S\tT
d'Aiguillon a bien voulu l'annoncer, « comme la répartion de l impôt ordinaire et la con
faisant , a-t-il dit agréablement, partie du par fection des rôles.
lement de Paris ». #
On a entendu un brief rapport de M. Sallé,
J'imaginois , s'est écrié M. de Mirabeau qui a pour objet de mettre en activité les as
deuxième, qu'un ancien pair I'rance con semblées administratives d'Alsace.
noissoit assez la composition du arlement pour Il a appris à l'Assemblée que l'évêque de
n'y pas compter les clercs de la Bazoche. « Je Spire , et d'autres plus §. que ce po
sais , répond M. d'Aiguillon , que la Bazoche tentat étranger, avoient osé formcr opposition
étoit la troupe auxiliaire du parlement , et aux décrets nationaux , et semer des écrits
qu'elle n'a pas été inutile à la patrie ». Cette incendiaires : des hommes de loi ont fait de
dernière considération n'a pas peu servi à faire ſausses déclarations , d'autres ont accumulé et
admettre la jeune députation. mandié des signatures de protestations contre
L'autre députation m'étoit rien de moins l'oeuvre de l'Assemblée nationale , et tons ces
qu'une division du châtelet de Paris, com crimes sont dénoncés par les commissaires au
posée des sieurs Talon , Brunville, Boucher département du Bas-Rhin , qui ont reçu là
d'Argis, et trois autres. Ils ont fait valoir leur désaveu de nombre de signatures extorquées
zèle , lours peines , l'honorable ministère qui ou surprises. -

leur est confié , « et qui me leur permet pas, M. l'abbé d'Eymar a pris la parole pour
disent-ils, de rien mégliger de ce qui peut mettre dire, qu'il dénonçoit d'avance les commissaires.
en évidence les événemens du 6 octobre , leurs comme coupables d'avoir outre-passé leurs
causes et leurs suites, et ils viennent supplier pouvoirs.
l'Assemblée d'ordonner à son comité des re La discussion s'engageoit : il a fallu l'ajourner
cherches, et à celui de la municipalité, de leur à demain soir, pour passer à la question consti
remettre toutes les pièces relatives à cette fa tutionelle. - - !

meuse journée ». Le décret a été rendu. On a commencé par l'asseoir, pour établir
Assurément, pour des hommes de robe, c'est la série des orateurs sur trois colonnes d'opi
me pas manquer d'intrépidité. Il en faut sans mions, le oui, le non , et le mezzo termine.
doute , et beaucoup , pour tenir tête à l'opi « La nation doit-elle déléguer au roi l'exercice
xiion publique, qui s'est déclarée si mettement du droit de la paix et de la guerre » ? *
SUlI lJIlC § affaire. M. de Levis a parlé le premier, et distinguant

•.fr
-!
-
( 3 )
la † offensive, que nul n'a droit de faire, au-dedans, me l'étendit pas au-dehors, mal
de la guerre défensive, qui descend du droit ma gré la prospérité de ses armes, et produisit,
turel, il a demandé l'examen préliminaire de au contraire, des événemens honteux (I).
plusieurs questions. - Après ce trait, et cent autres pareils, qu'on
« L'Assemblée mationale déclarera - t - elle , pourroit citer, (qu'on lise Essais sur les grands
comme article constitutionel , que jamais la événemens par les petites causes, 1 vol. in-12),
nation françoise n'entreprendra rien contre au qu'on délègue donc au roi le pouvoir de faire
cun peuple » ? *. et la guerre et la paix !
- Le roi aura-t-il, ou non, le droit de signer M. Jallet, curé de Chérigné en Poitou, a
aucun traité définitif sans le voeu de la mation ? rappellé les principes du droit des gens ;
— A qui appartiendra le droit de faire la paix coinbien l'aggression est odieuse , et la dé
et la guerre ? 1 - fense légitime. L'emploi des forces publiques,
A qui la nation déléguera-t-elle ce droit ? a-t-il dit, est remis dans la main du roi, mais
M. de Sérent a mis en parallèle les dangers il fant que ces forces soient dirigées par la
attachés à l'intrigue des cours et à la corrup nation, il faut quo la nation soit arbitre de
tion ministérielle, et ceux qu'entraînent dans tous les traités où son intérêt peut être eu
les assemblées nombreuses la mésintelligence, gagé, et je demande que ces principes soient
l'esprit de parti et l'impossibilité du secret développés par le comité de constitution. -

† ll a paru attacher un grand prix , Cette opinion, contredite par M. de Custine,


l'importance que le cabinet de Versailles a été adoptée par M. Charles de Lameth.
avoit, disoit-on, dans la balance de l'Europe, « Qu'est-ce que le droit de faire la guerre ?
de l'aveu même de Frédéric lI. « ll seroit à L'expression générale d'une mation qui dit :
craindre, ajoutoit l'orateur, que . la France Je veux combattre une autre nation. -

me fût désormais ni recherchée comme amie, « C'est un grand abus, a dit Montesquieu ,
ni redoutée comme ennemie » ; et il en con de laisser aux rois le droit de faire la guerre ».
cluoit que l'intérêt de la mation étoit de dé En voulez-vous un exemple effrayant ? De tous
légucr au monarque la puissance de la paix nos rois le meilleur, le plus populaire, alloit,
et de la guerre.
conduit par une passion insensée, entreprendre
« Tous †
pouvoirs, a repris M. d'Aiguillon, une guerre désastreuse au moment où il fut
résident dans la mation , c'est à présent une enlevé à la France idolâtre. Si le principe in
vérité triviale et incontestée. Eh ! qu'importe violable, si l'autorité d'un homme de génie, si
au bonlieur d'une immense nation cette in
l'exemple que je vous apporte ne suffisoient pas,
fluence prétendue que la vicille politique fai je dirois encore, « que la nation se garde bien ,
soit sonner si haut ? Préjugé semblable à celui en ce moment, de déléguer le droit de faire la
# jadis rendoit les individus si orgueilleux guerre ; elle a une constitution à achever, a
e leurs priviléges ! Ce n'est-là mi le bonheur, affermir ; les ennemis de cette constitution
ni la raison, ni la sûreté.
vous tendent un piége ; c'est leur dernier
M. d'Aiguillon a cité ensuite l'anecdote de effort : s'il peut réussir, vous n'avez rien fait
Louvois sur la cause étrange de la guerre de pour la chose publique ; s'il échoue, comme
-1688. — Louvois eut la tête fortement lavée
tous les autres, la constitution n'a plus rien à
par Louis XIV, au sujet d'une croisée du Craindre ». - - -
4 -

château de Trianon, à laquelle le roi trouvoit


des défauts, et que le ministre soutenoit , au M. de Virien ayant pris la parole, il est inu
contraire ,. être §
selon toutes les règles. tile de dire que son avis étoit diamétralement
Furieux de cette sortie, Louvois court chez contraire à celui du préopinant. M. de Virieu
lui, où il trouve plusieurs de ses affidés : ne conçoit pas « qu'on puisse ne pas laisser au
«.C'en est fait , leur dit-il, je suis perdu , roi un droit dont il a toujours joui ». M. de
auprès du roi, de la façon dont il vient de Virieu cite le pacte de famille comme un traité
me traiter pour une fenêtre. Je n'ai de res de sûreté; M. de Virieu prétend « que la Hol
sources qu'en une guerre qui le détournera lände et la Suède se sont mal trouvées de n'a
de ses bâtimens, et qui me rende nécessaire ; .. voir pas délégué à un sEUL le droit de faire
et parbleu il l'aura ». là paix et la guerre ». C'est sur cette puissante
En effet, quelques mois après, il tint pa- .
-

( 4 )
argumentation que la séance a été levée, et la se manifester avec chaleur, et l'on ne parle
discussion remise à demain. que de liberté dans tous les quartiers de Dublin.
A V I S. -

Le nom du ministre Pitt y est odieux, même


MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3 jusqu'aux enfans. On le regarde comme l'op
mars poºr 3 wtois, sont avcrtis que leur Abonnement § de trois royaumes. l es comit 's de
finit au 3º du courant, et priés de renouvcllcr avant Angleterre n'attendent que la retraite du par
u'il ſinisse pour plus de célérité dans le service. lement pour réunir leurs vºeux, et faire une
TM sont aussi prévenus de répéter lcur adresse , et Pétition des plus ferines pour que le peuple
d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de soit représenté d'une manière conforme à l'es
tel mois, aſix d'éviter les doubles emplois.
prit de la constitution , dont le ministre Pitt
AFFAIRES POLITIQUEs ETRANGERES. emble vouloir anéantir tous les principes, à
l faveur du parti considérable qu'il s'est formé.
D E S T o c k H o L M, le 27 avril. -

On est persuadé qu il succombera, ou une ré


· Le général de Stedingk s'est posté avec son Volution très-prochaine est inévitable. Il est
corps de troupes au-dessus et près Nyflot : le étonnant que plus les François marchent avec
général comte de Mloyerfclt cst avec le corps succès vçrs le point de la liberté, ce ministre
principal près de Louisa et d'Abboriort , tan fasse tous ses efforts pour ramener ses com
dis que le roi, avec un troisième corps , pé Patriotes sous la verge du despotisme.
nètre dans le centre de la Finlande russe , où
il fait vraiment une campagne d'hiver; car il / alencienne, 5 mai.
règne un très-grand froid où est sa majesté
suédoise : on est même obligé de faire passer Il court en Flandres un bruit peu favorable
les canons sur les glaces. L'ennemi est ainsi anx vrais patriotes ; mais nous le croyons sans
fondement. On assure que deux de ces pro
Contraint de se diviser en trois corps dans ses
places, frontières. Tout le terrein est coupé vinces ont écrit à Vienne , qu'elles étoient
par nombre de lacs et de rivières , et l'on me prêtes à rentrer sous l'obéissance de la maison
peut agir que par détachemens, l-e pays est de Lorraine , dès qu'on leur auroit envoyé des
si peu habité, qu'on ne peut y cantonner de troupes pour faire entendre plus distinctement
gros corps d'armée : mais rien n'arrête l'acti les articles qu'a proposés Léopold. L'activité
vité du roi, qui est toujours le premier cn des préparatifs , le courag: que reprennent les
marche. amis de la liberté à la vue d'une pacification
qu'on leur fait envisager comme prochaine,
,A .
, · · D E FL o R E N c E, le 2 mai.
- - - -
ne permet pas d'espérer de grands succès
Quoique Léopold II ne puisse pas garder la contre des citoyens dont les suppôts du des
Toscane en montant sur le trône de Hongrie, il potisme ont fait couler le sang d'une manière
Sl atrOCC. - -

paroît qu'il ne veut pas encore l'abandonner à


son second fils Josepl-Ferdinand , qui approche M. Van-der-Mersch, enferné dans la cita
de 21 ans, âge de sa majorité. Cepondant le delle d'Anvers, est observé de si près qu'il
grand duché serai gouverné selon ses loix par peut à peine dire deux mots en particulier à
ticulières , sans avoir rien de commun avec le lui que ce soit. Son épouse est même actuel
gouvernement des autres états dont l, éepold lement regardée comme prisonnière d'état,
prend possession, . !, quoiqu'elle me se soit enfermée avec lui que
· · Dieppe, 7 mai. • * ! dans lu crainte que le prêtre Van-Eupen ne
le fît empoisonner. Le poison n'est qu'un jea
Le ressentiment des Irlandois commence à dans les mains des ambitieux ou des despotes.
- 4

On s'abonne à Paris , chez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, framc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et tou1és les lettres pour les Autcars des dnnales Patriatiques.
*

·Chez DENNÉ et Pérrr , au Palais-Royal; BAIIiy, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANGHE, rue du, Roule .
u°ſ 17; et chez tous
- -
les Librairés et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.,
! ! ! ... • - - -
- -_ - • • *
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! . 1" ! .

Le prix de l'ahonnemen pour ce Journal, dont il paroft rons les jours un Nunéro, est de 56 liv.'ponr
nn an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour cout le
royaumre Le premier Vumréro a paru le 5 Octobre 1789- L'abonnemant ne commence que du premier d'un moir
- º!
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- -

A N N A L E S
PAT R I O T I QU E S ET L I TT E R A I R E S
: D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E S PO L I T I Q U E S D E L'E U R O P E ,
J O U R N A L L I B R E,
/ - - - - -

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c 1 E R.

· Ce n'est point toi qui me gouvernes, puis-je dire aujourd'hui à tout liomme,
c'est la loi ; qu'elle parle, et je m'humilie : si tu te mets à sa place, je
te désobéis.

· N°. C C X X V I I I. Du Mardi 18 Mai 179o.


ASSE M B L É E N AT I O N A L E. » Déclare, conformément à l'article 34 du ti
tre second dudit décret, que toute demande en
Séance du 17 Mai. retrait féodal ou censuel qui n'a pas été adju
gée, et avant la publication des lettres-patentes
I. ne faut pas faire à la ville de Nîmes l'in du 5 novembre 17S9 , par un jugement en der
jure de croire qne cette ligue fanatique, qui :ier ressort , cst et doit denieurer sans effet,
a osé protester contre les décrets de la nation, sauf à faire droit sur les dépens des procédures
forme l'universal.té ni même la pluralité des antérieures à cette époque : et scront déclarés
liubitans de cette ville. ll cst , il GºSt (ºn COITG
nuls tous jugemens qui auroient été ou se
nombre de bons citoyens qui désavouent hau roient ci-après rendus au contraire ».
tement et l'adresse séditieuse des ſaux dévots, « Autre décret † défend à tous particuliers
et la délibération 'quivoque du maire et de de chasser dans les forêts royales de Rambouillet
ses adhérans. Plusieurs négocians de Nîmes, et autres circonvoisines , et enjoint aux muni
' réunis à Clermont-Ferrand par des affaires de cipalités de tenir la main à l'exécution des dé
commerce, et craignant de partager la honte crets de l'Assemblée mationale, notamment de
dont se couvrent de coupables concitoyens , celui sur la chasse ».
se hâtent d adresser à l'Assemblée nationale Parlant le premier sur l'importante question
l'hommage de leurs protestations contre la dn droit de la paix et de la guerre, M. de
déclaration des soi - disans catholiques , et Sillery , après avoir distingué l'état passif d'un
l'assurance de leur proſond respect pour tous pcuple esclave que le despote envoyoit à la
les décrets nationaux. On a lu aussi une adresse guerre offensive , comme à la bouclierie , et
patriotique de la ville de Romans. selon son bon plaisir, de la défense juste, mais
L'Assemblée a rendu un décret sur le retrait terrible, d'un peuple libre et généreux, a voté
féodal, conçu en ces tornes : pour que le premier de tous les droits, le droit
. « L'Assemblée mationale considérant qu'il de la paix et de la guerre ne fût pas indéfi
importe à la tranquilité des citoyens d'arrêter minent accordé au monarque, mais qu'il fût
les poursuites en retrait féodal ou censuel, qui mommé un comité de douze membres , chargé
epuis, et nonobstant la publication ct san , de conférer avec le ministre des affaires étran
tion du décret du 15 mars dernier, continuent gères sur la situation politique de ce momcnt.
de s'exercer dans plusieurs tribunaux, sous M. Malouet, qui n'a pas encore pu se dé
prétexte qu'elles avoient été commencées avant faire des maximes ni du langage d'un pré
sette époque ; · posé de l'ancienne administra# , pcnse « que
( 2 )

le corps législatif ne peut exercer le droit de reux systême, et la discussion a été renvoyée à
paix et de guerrº, mais qu'il faut s'en rap demain, pour y être statué définitivement.
porter aveuglément aux connoissances pro . L'Assemblée a entendu un rapport sur les
fondes du cabinet ministériel, ct déléguer au troubles qui agitent la ville de Montauban, où
monarque la plénitude du pouvoir en cette les fanatiques exercent hautement leurs brigan
partie ». - dages. ils ont déja fait massacrer quelques pro
« Il n'est ni juste ni maturel, a repris M. Pé testans : les officiers municipaux, tous dévoués
thion de Villeneuve , de donner à un seul à l aristocratie , ont autorisé le peuple à se dé
homme le droit de disposer de la vie et de pouilier de la cocarde nationale, à en substi
la liberté de 24 millions d'individus. Puis dé tuer une autre : ils ont fait promener pieds
montrairt en peu de mots à quel point la for nuds , dans cette ville, des dragons patriotes
tune, l'honne ir, l'existence même du royaune, M. Charles de Lameth a remis des pièces pro
ont été hazardés depuis 12o ans p r le d spo batives de compiois, de machinations sédi
tisme orgneilleux ct par la toll ss in ouciait , ticusºs et il a promis de tout d moncer. Quel
l'orateur a proposé un i oj l de décr t en ºl - · qu'un poa tant a t ntr pris de ju tºfier les offi
sieurs articles ; « 1°. qu l · poº o r exécut tt rte ciers ntnnic p.iux , c'étoic Mi. de Cazalès : mais
pourra déclºrer, e:i! ! prºnºre, ni sºvre la le vénérable . : r Gouites , dénonçant les in
gucrre que du cºnsent nºt espr s du coc;s dignes i vites qui cliercii nt à aveug! r les peu
1 gislatif , 2°. qu'en cas d invasion le pouvo.r j,les dil Lºng : doc p : r des j blés des prières
ex cutif f ra m rch ºr ! … troupes q te la nat cri pubiiques et des mai dernens , • t M. Hebrard,
entière lui a co.ſ s pour sûreté de la ciºoº laisaiit lecture de la cot,pel,le circulaire des mu
publiiue; ,uais q ii $ ra t eu d'en faire part n claux de Nimes, ont réc,ut le défenseur au
Si l : 11 C :*.
aussi-tôt au cor s legi lºi f, s'il est assºnblé ,
et de le coiivoquº r. s l ils 1 est pas, pour aviser l' niin l'Asscmblée a rendu le décret suivant :
aux moyens à prendre dans les circonstances. « i, Asseiiil lée nai naie, ou son comité des
3°. que le pouvoir exécutif pourra proposer ra, ports, n , pouvant douter des troiiibles qui
des traités , des conditions , mais qu il appar ºgitent ie vitie de Miont , ban , et me croyant
tiendra au corps législatif de les rejetter, mo | a , d voir attendre de plus grands & clt'rcisse
difier ou recevoir ; qu'ils ne deviendront enfin . luens ultérieurs po r eii , êcher le sang du peu
obligatoires qu'après cette , condition remplie. ple de coul r, dé, ri te que son président se
4°. Que toute déclaration de paix et de guerre retirera vers le roi, ponr ie supplier de prcndre.
se fera au noin de la nation et du roi. 5°. Enſin, les mesur s les plus convenablºs pour réprimer
u'il soit envoyé à toutes les cours un mani les désorires qui règnent dans la ville de Mlon
feste, qui contiendra les principes de la nation tauban : -

françoise , lesquels sont en substance , qu'elle L' Assemblée nationale met les non-catholi
renonce à toiit esprit de conquéte, qu elle ques sous la sauve-garde de la loi : enjoint à,
sera la protectrice de toiites les nations et de
tous les individus opprimés , et que si elle » de prendre la
tous les citoyens de cette villqu'elle
cocarde mationale , et déclare enploiera,
s'éloigne de toute aggression, elle ne souffrira tous les moyens possibles pour découvrir et
jamais qu'on l'attaque impuni ment ». faire punir les auteurs , fiûteurs et complices
M. de Montlozier , en se déclarant , comme des troubles qui désolent cette ville ». -

on peut croire, pour le pouvoir ministériel, A1 JV I S. 1

s'est oublié dans une sortie ſort injurieuse


contre M. de Lameth. · MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement
Un décret formel a rappellé à l'ordre le ſinit au 51 du courant , et priés de renouveller avant
fougueux interlocuteur , qui est descendu de qu'il ſinisse pour plus de cé'lérité dans le service.
la tribune pour cacher sa honte. MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et
· Après lui, M. de Sinéti a parlé dans le même d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
tel mois, aſin d'éviter les doubles emplois.
esprit et d'après les mêmes principes ; mais
sans divagation, sans violence, sans injures.
M. de Beauharmois , le jeune, qu'il fant bien PA R IS, le 17 mai.
distinguer de son frère , a fortement appuyé
lè projet de décret de M. Pétllion. -

Pendant que notre auguste assemblée s'oc


M. Goupil cst venu encore fortiſier ce géné , cupe de la grande question concernant le droit
- -

-
• -- - -- ** •

( 5 )

de déclarer la guerre ou de faire la paix , que dix mille carton1clics . et qu'ils se défendront
les rois de France ont usurpé sur la mation, il avec vigneur : cn ne sort pius de chez soi qu'a--
est bon de prouvcr que ce droit n'a jamais été vec deux pistol ts et une épée. Le peuple de
dans son principe que celui du peuple assem mande que le roi fasse sortir l s soldats pié
blé.Ainsi, dit feu M. de Peyssonnel, que nous montois de Chambéri ; il a sornmé les cinquante
venons de perdre, les états assemblés sous le représentans du conseil d'en ſormcr la do
roi Jean, le 17 octobre 1355, denmandèrent la Il inde, à pºiiie poer cit, c un d eux de périr
liberté du roi de Navarre, décidèreºt la guerre, entre le ciel et la terre. Le commandant a asscm
et accordèrent un aide pour l entretien de blé le congrès ; on ne connoît pas encore la dé
larmée ct la délivrance du roi. cision. Chambéri commence à éprouver ce que
| Sous Charles V, le 9 mai 1369, ils décidèrent les souverains appellent le mal françois, le désir
la guerre contre les Anglois. de la liberté : si les habitans se soutiennent dars
| Sous Charles VII, en 1441 , ils avisèrent de le premier élan de ce sentiment , ils seront
la paix. bientôt nos imitateurs.
Sous François II et Charles IX , en 1 56o ,
ils agtèrcnt dans leur assentislée , à Orléans, les Ciaº dépi, tés de 73or / anx vovés à l'#ºſ intie
"† pro,res à conso} e'cr la paix. par le pouvoir e cécit /5/ 'a/c /'opin.'on piºblique.
us Louis XI. cn 14'5 -, ils statuèrent que
le duc de Bretagne sºroil so::) 1:2 é (i e ra11 ire att Le 1o da cº n1ois, l'assemblée des patriotes
roi les villes qu il détenoit par son intellig 1c . du ca i fé n-: onai d I'orieat , ayant ;ºris leo
avec l'Angleterre. tu e de la protcs lºtion des lieirs, ct ºvant vu au
Mais la nation assemblée connoisso't tºus°i , nombre dºs signat ,ir s de cºtie pi otesta:ion,
et décidoit des alliamces poltiq les ou de con cinq députés de c tte ville , l s sieurs /e i}cr
sangu'nité avec les puissancºs étr.iagères, comme /,' on , pr, inter prés.d nt; d ° , ert/amica , de
le prouve le même écriva'n. S. gar, le ciré /'#yºn , et i'albé d' Ho3 ral ;
| | Sous Louis XII, les états-gºnéraux tenus à coºi lérant qite c 5 cinq députés se sciº t rein
: Tours en 15o6, « ntr r nt ::a1is le d 'ta | ci , dus indignes dº la ni son ionorable dºnt ils
, inconvéniens du Intrtg · d · ui8 laine Cl , ttde étºicnt ºi'arg,ºs , a , rrêt qu'il seroit f it d s
, de France avec un princº étr º g r. etc. un 111 qui ºs : - r * 21:4cmt i cliigie de c, 3 ci1: q
, $ous Louis XIII enfin , ils appro vèr, nt dé, utés ; }csdits in,i11nequins ayaut un écriteau
l'alliance avec
-
l'Espagne lrar l>
-
- A 1 p
mariagº
-
citi ºoº dCv tii et deriièrº , i ,oriant le nom de chacun,
ºec la fille de jº, l ppe II : ils prº es, r , L et c º n ts tra#/ es à la pa /ric; que lesdits
des traités avec l'! spagne et #Ang rre pºur mai, i t ns seroi n t iºndus à cinq lanternes
la sûreté des n vir s ſram çois. (te la ru, ln cl peau rouge , et ensuite livrés
#'ourqnoi donc le ministère s'est-il aujour aux l' i, in s. C qtti a éLé ex cuté à sept
d'hui réservé un droit si sacré, si inhérent à leurºs (iu ,oi", le :, jour 1o de mai, de la
ºx de notre mation ? et s: on ne peut le lui s coi.i : an ! de la lbºrté , en présence ct
† Pourquoi nt décideroit-elle
º la paix et de la guerre ?
pas seule aux api " " ci :
tud
nens un vers.ls d'ane mi,!ti
citoy ns , ct a ( t é sur le
;!; , ºii r., ole de
cha,nº 1 er pinal du v , bal signé per j,lus de
*ait d'une lettre du Pont-de-Beauvoisin douze c, , , , perso nes. — l' l st, l eu le frºn 7

du 8 mai 179o. çois. . , x mple quº l s bravº s Bord,.le.s vous


donn t ; cx niplc Iiécessi.ire pour ſ.ire iiiou
| † drºgons. auteurs de l' émeute arrivée à
(n - - «
rir cie l.ont vos + r n, Inis , et envelopper l 1:r
V.-liit ;
§ § ri dont il est question au numéro du 1mémoire dans le linceul de l opprebre. Telle
- - - -

§ 15 de CC lno s, ſurent sur le C...amp empri · est aujºurd : ui , j : tiples de la t rrº , l iniluence
4: - - -

§ † ºppaiser le peuple : mais le lºnde de l opmion pubiq -- ºt i : la raison. i n va n


l 1 |• |- "s 1 - - * -

de « § ºnt élargis : il n'y en eut qu'un seul la n ture a la s é parini les j ' : ér : oiis pré -
§ º° qui a occasioiiné des propos. Le
sang § il Ill nacé de mettre la ville à feu et à sent s d s t è s organ s'es en fatisse équerre ;
cn vain la soil de l or o: l · fan ^ : isnie a cxalté
e§t n en falloit pas tant pour soulever des ces tét s : en v,ºin le des; ot#,ni , a l' étri le cºeur
lºs endoctrinés 3,sri r e , , *-Y - -- I .
des tyr,ins , t dºs esclaves qui r ºicnt afiidés
º Les Chau§ par nos eerits et notre exem
- "ºrinois ont été armés, en moins a: x tyraus : ºn vain l'ignc ,: mºe ou l liy poºri
"ºn
| -d heure
quart-d' | - -

Ct:
: UIltS. On
, au nombre de plus
ilSS I1rn P# de six
---.- * -1 - - - - 1 - l - sie fait agir tous les res orts de l'.iristocratie :
( 4 )
nemis ne sont plus que des mannequins ex hongroise vient d'arriver de Berlin, et a été
posés à vos risées et à vos coups de ſouets. C... suivi d'un autre courier du corps des chasseurs
prussiens pour le comte de Podwils. Cet en
Anecdotes patrioliques. voyé a eu sur le champ une conférence avec
le prince de KatInitz. Le roi de Prusse notifie
· Le 9 de ce mois , la garde nationale de à la cour de Vienne qu'il dem unde un armis
Phalsbourg, réunie à un détachement de celle tice de six semaines pour établir définitivement
de Strasbourg, venoit de renouveller le sermont les articles de la paix avec la Porte : mais comme
civique ; les braves soldats du régiment de la on attend vers le 12 mai un courier de Péters
Fère, qui s'étoient joints à ces gardes natio bourg , d'après les dépêches duquel la guerre
nales , leur adressèrent un compliment : et au ou la paix sera décidée avec la Prusse et la
1moment où le lecteur terminoit son discours Pologne, notre ministère n'a pas encore ré
par ces mots : « Notre voeu le plus cher est de pondu à cette proposition. Au reste le signal
mériter d'être au nomhre de vos frères et de de la guerre sera le départ du maréchal Laudon
vos amis, » l'assemblée , d'une voix unanime , † la Moravie, si l ènflure de ses jambes le
s'écria : « Vous y étcs ». — A Cherbourg , lIIl u1 perm t.
conmandant militaire entra dans un corps de Les difïérens survenus entre les nobles hon
arde, sous prétexte de converser avec les sol grois et les paysans affranchis qu'ils veulent
dats. « Eh bien, mes amis, cette augmentation ramener au serrage, auront de la peine à s'ar
de paie, la voilà encore retardée...... Ina foi, ranger, l éepold : l ne voulant pas trop se mêler
je crains bien..... Oh ! /..... interrompit un gre de ces affaires , dont les suites peuvent devenir
nadier , nous avons bien vécu sans elle , nous sérieuses. *.

nous en passerons bien encore, et notre opinion Les paysans de la Carinthie , de la Stirie,
ne changera pas pour cela ». — Dans une autre de la haute et basse Autriche , se présentent
ville , des chasseurs conduisoicnt le convoi à la cour pour d en inder | abol tion de la taxe
ſunèbre d'un de leurs camarades , avec un territorial : ( tablie par feu Joseph ll. Ils ajou
tambour et huit liou,mes l'arme sous le bras ; tent qu'ils veulent être ai franchis des corvées,
un officier commandant les rencontre et montre et du joug pesant sous lequel les tiennent les
beaucoup d'humeur. « Quoi , dit - il , si l'on noLl, s p opriétaires. Cette demande si con
donne un tambour à un simple soldat , que traire aux droits de la noblesse embarrasse |
feroit-on donc pour moi si je mouros ?..... Si beaucoup notre m bnarque , qui voudroit con |
vous mouriez, vous mon oſicier, reprend un tenter les deux parties , m is qui sera peut
chasseur, oh ! vraiment toute la musique en être obligé d'engager la mobl sse à faire des
seroit ». sacrifices pour éviter une revolte générale, Oll
des événemens que la ſorce ne pourra plus |

AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. maîtriser. C'est pourquoi il a ordonné de trai


ter les pays ins avec tonte la modération possi
D E V 1 E N N E , le 29 avril. ble , en atten lant qu',! ait pu trouver les moyens.
d'arranger ces diférens, trop redoutables danº
Le lieutenant Bersewitzky, de la noblc garde le mon1ent présent.
Faute à corriger dans le N°. C C X X V I I.
Page 4, seconde colonne, ligne 5, comités, lisez comtés.
On s'abonne à Paris , chez BuissoN, Libraire, rue Hauteſeuille, à qni l'on adressera, franc de port, le pris
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les ../uteurs des --(nnales Fatriotiques. |
Chez L)E : NÉ et I'ET1T, au Palais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame lºi LAeLANcHE, rue du Roule ,
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un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout !
royaume Le prenier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnemont ne commence que du premier d'un moº
A N N A L E S
PAT R I O T I QU E S E T LITT E R A I RES
D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E S PO L I T I Q U E S DE L'E U R O P E;
J O U R N A L L I B R E,
- 4 . . - - º A,

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R cr E R.


On doit à un soldat des hommages ou du mépris ; car il est un
sauveur ou un assassin.

N°. C C X X I X. Du Mercredi 19 Mai 179o.


: AssE M B L É E N AT I O N A L E. qui avouent et préconisent le zèle de M. de
Gony.
Séance du 17 Mai au soir. Et le décret suivant est intervenu :
« L'Assemblée nationale, d'après l'avis una
# L, départ de M. de Thébaudière, d'puté de nime du comité de v rification , a décrété que
• la province du nord de S int-Louuingue, et sa M. de Gony doit rester membre de l'Assemblée,
: démission venue à la suite, ont donné lieu à comme député par la province de l'ouest de
| une contestation entre M. de Villeblanchc , Saint-Domingue , et que M. de Villebranche
, su pléant de la partie du nord , et M. Courre doit être reçu au lieu et place de M. de Thé
Joles, suppléant de la partie de l'ouest, pour baudière , député par celle du nord , qui a
#avoir qui prendroit la place vacante à l' Assem donné sa dºmission ».
blée nationale. lll , seinbloit appartenir de On attendoit , avec une sorte d'impaticnce ,
droit à M. de Viºl bl nche ; M. Co irrejoles s'y le rapport de l'affaire d Alsace, ajourné à ce
, ºst opposé, et a demandé en outre que M. de soir. Il a été fait par M. Sallé. La preuve est
| Gouy . député de l ouest, mais qui avoit aussi acquise que tous les mouvemens séditieux sont
, réuni l s suffrages du nord, prit la place de - le † des intrigues de l'évêque de Spire et de
M. de Thébaulière. ou quittât l'Assemblée. ses agens ; et puisqu'il fut le dire, M. l'abbé
ur ce moiivºment , Ml. ( loiirrºjoles , quoique d Eyinar, prévôt de Neuvillers , n'est pas de
suppléant de l'ouest, s roit venu dsputé du montré innocent du crime de ces complots. Un
nord , et auroit rempli une mission pour la sieur Dietrich , notable de Strasbourg. agent
quelle il n'avoit pas reça de pouvoirs. · de l'évêque de Spire , a commencé par notifier
Acette raison négative se joignent les droits aux conimissaires au département du Bas-Rhin,
ºcquis à M. de Go y par sa présence à l'As une opposition de son prince évêque à l'établis
.semblée dans les temps les plus difficiles , et , sement des assemblées administratives ; ce qui
• plus que tout cela , le v eu général et spontané n'a point arrêté l'activité de l'organisation nou
de deux provinces dout il a réuni la confiance. velle. Mais on a répandu dans l Alsace la pro
Le rapporteur a concln à ce que M de Gouy testation de l'étranger, escortée d'une §
, restât m: mbrº de l'Assemblée , et à ce que la d ('crits incendiairement dévots. où l'Assemblée
1 pétition d- M. d : Courrejoles fût éconduite. nationale est outragée sans pudeur. Une nui'e
Nombre de voix ont ap,ouyé l'avis du coinité. de moines s'est emparé des chaires, pour y
M. de Reynaud a dit qn'il étoit porteur de vomir des imprº'cations.
plus de cinquante lettres de Saint-Lomingue , Uu sieur Besnard, bailli de Bouxveiller, et
229
| (2 )
agent du landgrave d'Armstadt, a assemblé le rapport, a dit M. de Iameth le jeune, sans
17 avril toutes l§ communautés de son ressort, doute il sera impossible que le maire de Nîmes
pour leur faire lecture d'une protestation con assiste à la d§ : mais , en attcndant,
tre les décrets nationaux en général, mais en on ne peut empêcher M. de Marguerittes de
particulier contre ceux qui ordonnent la vente reprendre sa place dans l'Assemblée. Si tout
des biens du clergé, et sur-tout contre la vente accusé est de droit présumé innocent , à plus
des biens du chapitre de Neuvillers. Après avoir forte raison un député dont le caractère sacré
fait signer cett : protestation par les maires pré commande les plus grands égards ».
sens, le sieur Besnard minuta et fit signer par Le décrct est rendu :
quelques citoyens de Bouxv ciiler, et mèine « L'A s mblée nationale a entendu ce qu'a
par quelques municipaux , une déclaration allégué le maire de Nîmes pour sa défense et
ayant pour objet d abolir les nouvelles 1nuni celle de la municipalité de cente ville , elle lui
cipalités, de rétablir les ancicns administrateurs fera connoitre ses intentions.
nommés par les seigneurs, et de ne point coo suspendre l'exer
pérer à la formation des départemens et des cice droitque
, » D,ducrète pour
qu'a ne pasreprésentant
chaque de la
districts. mation d'en stipuler les intérêts dans l'Assem
Bientôt les sept officiers municipaux ont pro blée nationale, Ml. de Marguerittes y reprendra
testé contre la déclaration faussement attribuée sa place, sauf au moment où l Assemblée na
à la municipalité : le maire et trois d'entr'eux tionale , sur le " rapport de son comité des
ont motifié ce nouvel acte au secrétaire de la recherches, s'occupera de l'affaire de Nîmes, à
municipalité de Strasbourg : bientôt treize mai se représenter de nouveau à la barre, à l'effet de
res, qui avoient signé la protestation, sont allés répondre aux demandes qui pourroient lui être
§ rétracter leurs signatures. faites au mon de l'Assemblée nationale ».
Un fait infiniment affligeant, le meurtré de
Après ce récit, suivi de quelques réflexions
pleines de sagesse et de modération, M. Sallé M. de Voisins, commandant de la ville de Va
a proposé de décréter : lence et de l école de l'artillerie , a été dénoncé
& Que le président se retireroit devers le par la municipalité à l'Assemblée , laquelle à
roi , à l'effet de le supplier de faire donner à rendu le décret qui suit :
ses commis aires, pour l'exécution des décrets » L'Assemblée nationale, après avoir entendu
de l'Assemblée , de déclarer MM. Dietrich et lecture des pièces adresséesdeà Valence
son président
Besnard , inculpés et suspendus de toutes fonc par les ofliciers municipaux et le
tions publiques ; enfin de charger le comité des régiment d'artillerie qui y est en garnison ;
recherches de faire des informations sur les « Décrète que son président se retirera
troubles de l'Alsace ». devers le roi, pour le supplier de faire pour
M. l'abbé d'Eymar alloit parler, et se justi suivre , par les voies légales , le meurtre com
fier personnclleiuent des inductions résultantes mis en la personne du sieur de Voisins, et que
de la conduite de son chapitre, lorsque M. de les pièces mentionnées au procès-ve1 bal de la
Marguerittes , maire de Nimes , présent à la municipalité , seront envoyées en original au
séance, s'est levé pour être entendu. « A la comité des recherches ; que le scellé qui a ètè
barre , à la barre ». — Messieurs, je n'ai point apposé sur ses effets, ne pourra être levé qu'en
rcçu de connoissances oflicielles du décret du
présence des officiers municipaux ct du major
1 1 mai, j'en demande la lecture pour m'y com du régiment de M. de Voisins; et qu'il sera it
· former. La lecture a été faite, et M. de Mar verbaſ et description des papiers reiatifs aux
gucrittes est passé à la barre. Nous nous abs affaires actuelles du royaume qui pourroient sy
tiendrons de parler de sa défense ; il a promis trouver, pour être légalement envoyés au co
de la donner par écrit, et de l'appuyer de pièces mité des recherches. -*.

justificatives, même de faire connoître les vrais » Charge son président d'écrire à la munici
auteurs du désordrc. Attendons la publicité de palité et à la garde mationale de Valence, pour
cette défense, et le rapport du comité qui doit leur témoigner l'approbation de l'Assemblée na
, en examiner les faits. tionale sur leur conduite et les efforts qu'elle
Une nouvelle contention s'est élevée, « M. de ont faits pour prévenir le malheur arrivé le Y!
Marguerittes , maire de Nîmes, inculpé et cité, de ce mois ». :
reprendra-t-il la place de représentant de la Séance du 18 Mai.
nation » ? - -

« Lorsque le comité des recherches fera son Après la lecture rapide du procès-verbat
-

· ( 3 )
et celle de l'adresse de deux villes, dont l'une même ce droit terrible , puisqu'il faut absolu
adhère pleinement aux décrets de la nation , ment qu'elle le dépose dans quelque main, me
dont l'autre désavoue avec détestation la con vaut-il pas mieux le conſier au momarque, sous
duite des dyscoles, l'Assemblée a porté toute la clause de la responsabilité , que de le com
son attention sur l'imposante matière qui l' oc fier à un plus grand nombre d'hommes qu'au
cupe depuis trois jours. - cune responsabilité ne retiendra ?
Les divers oratèurs ont tâché d'élever leur Quatre autres membres, MM. Reubell , de
talent à la hauteur de leur sujet : plusieurs y Crillon, l'abbé Maury et de Volney , ont pré
sont parvenus ; et l'on peut dire que cette senté des motifs pour et contre. .
séance a été l'une des plus brillantes où l élo Comment, a repris M. Reubell , comment
quence
exercée. de la chose publique se soit encore
•r
la nation, qui n'a pas voulu confier ses intérêts
à des ministres , auroit-elle entendu leur con
MM. de Praslin et du Châtelet ont ouvert fier la vie ct la tranquillité de tous les indi
la carrière ; le premier , cn posant qu'il étoit vidns de l société? Donner au pouvoir exécutif
imprudent que le peuple pût déléguer à ses le droit de faire la guerre , c'est renoncer à
représentans le droit de faire la guerre , en ce toute espèce de constitution ; la responsabilité
que ceux-ci ne peuvent être responsables. n'est qu'une chimère que les ininistres bravcnt
Le second , en estimant, comme M. de Se déja sous vos yeux, à l'instant même où vous
rent, quc le droit de déclarer la guerre et celui l'avez décrétée ; peut-être les représentans de
de conclure la paix appartiennent , dans un la nation pourront - ils mal faire, comme les
gouvernement monarcliique , au pouvoir exé ministres, m is certcs ils ne pourront pas faire
cutif. 1S.

« Lorsqu'un pouvoir est dangereux , a dit M. de Crillon a examiné la question sous


M. Robertspierre, répondant aux préopinans, ce rapport : A qui, pour l intérét de la nation ,
il faut confier ce pouvoir à celui qui a le moins importe-t-il de déléguer le droit de faire la
d'intérêt d'en abuser. C est donc au corps lé guerre ?
† que la nation semble devoir confier le Il a combattu les objections de tous les par
roit redoutable : ccrtes il abusera moins que , tisans de la prérogative royale, qui prétendent
le pouvoir exécutif; et dans un moment de écarter tous les dangers d'investir le pouvoir
troubles, il aura la plénitude de la puissance : exécutif du droit de faire la guerre , en disant
et M. Robertspierre a proposé à l'Assemblée qu'on ne peut la faire sans impôts , qu'aucune
de fixer ses idées sur le plan de M. Pétliion guerre ne peut être soutenue sans argent ;.
de Villeneuve, ct sur-tout de s'occuper sérieu que la responsabilité des ministres est un sûr
sement des circonstances, en se gardant bien girant des précautions qu'on prendra, il sou
de laisser au pouvoir exécutif une ouverture tenoit que les hostilités communes, l'honneur
à prendre des mesures qui puissent l engager . national, ne permettront pas de refuser les
dans une guerre funeste. impôts nécessaires pour continuer la guerre.
L'opinion de M. d'Arambure est que la ma Il demandoit , en second lieu , si les hommes
délègue au roi le droit de faire la guerre ;
tion étoient jamais responsables de leurs erreurs :
mais que l'Assemblée nationale nomme cinq il a proposé que le comité de constitution fût
de ses membres à la fin de la législature pour chargé de présenter un travail dans lequel il
rester à Paris ,. et pour servir de conseils au consacreroit les principes : celui sur-tout, que
roi dans le cas où il s'agirot de conclure un le droit de déclarer la guerre appartient au
traité. l'Ol.

· M. de Clermont-Tonnerre a déſini le droit M. l'abbé Maury, qui l'a suivi à la tribune.


de guerre, le droit de repousser par la force a discuté cette Inotion avec une éloquence
toute atteinte portée par une puissance étraa digne de sa réputation. Certains passages de
gère à la propriété et à la liberté nationale. . son discours ont été applaudis avec transport,
,La loi, a-t-il dit , doit embrasser les liommes non-seulem nt par tous les membres, mais par
et les circonstances, les lieux et les temps. tous les auditeurs. ll a Gommencé par regrètter
On a demandé s'il étoit juste qu'un homme qu'une question aussi compliquée et aussi im
seul, trompé par ses ministres, eût le droit de portante m'eût pas été préparée par un travail
disposer, par la paix et la guerre, de la des - particulier de la part du comité de constitution ;
,tinée de tant de millions d Iiommes. Eh bien, et, s'attachant au droit de déclarer la guerre,
puisque la nation ne peut l'exercer par elle « est-ce au roi, a-t-il dit, est-ce aux représen
( 4 )
1Ans de la mation qu'il appartient ? C tte ques mandant le régiment d'artillerie en garnison
tion n'a lamais eté trait è par un peu; le libre ». à Valence , craignant que la citadelle de cette
L'oraleur a établi ensuite deux proiºositions : ville n'éprouvât le sort de celles de Marseille
« La nation françoise a-t elle le dro t d'òter ºu et de Montpellier , avoit placé dans ce poste
roi la pr'rogative dont il a toujours joui ' La une garde # cinquante homtnes, fait distri
nation , st-sile véritablement intéressée à ôter buer des cartouches , et charg r deux pièces
au roi cette prérogative » ' « Sur la première pro de canon à mitraille. Un des officiers de poste
position, l'Assemblée a reconnu que la France demande à un canonnier s'il refuseroit de faire
étoit une monarchie : or le reſus d'accorder ſu feu sur les bourgeois, suppos q 'il lui en don
roi cette prérogative , est l'anéantisseulent ab nât l'ordre " ! a r ponse négative du soldat lui
solu du pouvoir exécutif, du pouvoir , xécutif valut la prison. Ses camarades, qui le connois
qui n'est autre chose que la ſorc, pºlbl que ap soient pour un excellent sijºt, et bon patriote,
pliquée à la loi ; à la loi dans l intérieur du forcent l ' prison, le d livrent, parcourent la
royaume, aux traités d ns les reiations exté ville , et instru's nt les bourg ois des motifs de
rieures ; et cette force , depuis la naissa : ce de Cette action et de la conduit du commandunt.
la monarcliie , n a jama s étº , je ne dirai pas Le peuple s'est porté en fo!: le chez Ml. de Voi
enlevée, mais disputée à la roy luté ». sins , pour le conduire dans l église de Saint
Sur la seconde proposition , quelle que soit Jean, où i · régiment s'étoit rassemblé en armes
la permanence des assembl es , il y aura des Mais, en chemin faisant , M. de Voisins a été
niom ns où les législateurs ne veilleront pas ; tué par un coup de ſusil. On a trouvé dans ses
or je demande # peut y avoir un seul jour poches un libelle incendiaire adressé aux sol
où la sentinelle du bien public ne doive pas dats contre l' Assembl e mation.lº, et une lettre
veiller ? C'est le roi qui est cette sentinell : non signée , qui lui faisoit part des mesures
toujours en activité. i'h ! que peut craindre prises poitr une contre-révolution, en comptant
la nation avec la ſacilité de refuser l impôt sur lui comme siir nn bon partisan des princes
et le frein de la responsabilité des ministres ? fugitifs et de l'ancien régime. ( es deux pièces
C est sous l t garantie de ces deux clausºs ex ont été l:ies hier 1t5 mai à la société des amis
† que je demande qu on réserve au roi de la constitution.
e droit de faire la guerre.... »
La dernière parole est restée à M. Volney, --{vis au c créanciers des ci-devant jésuites..
qui , maîtrisant sa matière avec les armes de
La demande qui a été faite, dans ce journal,
la philosophie, a ravi tous les suffrages. sur l emploi des biens de ces docteurs , aussi
« Vous ne soufïrirez plus, s'est-il , crié, que dangereux qu'inutiles . nous a procuré un
des millions d'hommes soient la victime des
mémoire important , écrit par M. de Senne,
caprices d'un ministre ambitieux ou d'un roi citoycn de la Martinique , « t présenté à l'As
conquérant , vous allez ſaire votre entrée dans semblée nationale Oi y verra avec quelle in
le monde politique : jusqu'à ce moment vous signe mauvaise foi la direction établie pour la
avez délibéré dans la Frauce et pour l,t l'rance,
aujourd'hui vous allez délibérer pour l'uni r gie de ces biens et l'acquittement des dettes
de la société , s'est occupée de son devoir. l
vers ». — l a présenté un projet de décret con est temps que ces biens sortent des mains des
Iorme aux vues d'humanité que r spire son avides gens de loi , pour qui il n y a rien
discours ; — il y regarde l'uuiv,ºrsalité du gºmre juste, ni d'honnête. De V.........
humain comme une même sociét . — Nul peu
A J^ I S.
ple n'y a le droit d'envaliir la propriété d'au !

trui. — La nation s'interdit dès se moment MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
toute conquête. -
mars pour 3 mois, sont a certis que leur Abonnement
finit au 31 du courant ; et priés de renouveller avant
qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
De Valence , 18 mai. M M. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
M. de Voisins , maréchal de camp , com d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
tel mois, afiu d'éviter les doubles emplois. |

On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement ct la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. - ,

Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré : madame !)r1.ArLANcHº , rue du Roule,
*". 17; et chºz tous les Libraires et l)irecteurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
- T.

A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E S
D E L A F R A N C E,
ET A F FA I R E S P O L. I T I Q U E S DE L' E U R O P E;
J O U R N A L L 1 B R E,
p

Par une Société dº Ecrivains Patriotes , et dirigé


ge ppar M. ME R c r E R.

Il n'est point de pacte qui puisse tenir contre les droits inaliénables
do la 11uture ou contre ceux de la natioil.

. N°. c C xx X. Du Jeudi 20 Mai 17ço.


| AS S E M B L É E N AT I O N A L E. de la procédure du châtelet, comme arbitraire
et transgressive des droits du citoyen et des
Séance du 18 Mai au soir. formes le la loi.
l'leure trop avancée a fait prononcer un
Cºrn séance a été fort courte. On y a repris ajournement.
diiaire d'Alsace ; les sieurs Besnard et Dietrick
9nt trouvé d ns M. l'abbé d'Eymar un défen Séance du 19 Mai.
$ºur, quelques-uns disent un complice intéressé
º sºuver la cause commune. Voici le décret Ia discussion a été reprise par M. de Saint
qui a été rendu : Fargeau, qui , analysant les trois pouvoirs dis
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu tincts de l' Angleterre et leur mutuel contre
ºn comité des rapports sur l s obstacles qu'ont oids , a démontré que si le roi de la Grande
ºProuvés les conun1issaires du roi pour la forma Bretagne avoit seul le droit de déclarer la
ºon des assemblées primaires (le districts et
de départem, mis d2 la lasse Al-ace , décrète
guerre , il ne pouvoit p s en être de même en
4 rance , parce qu'en raison des forces nom
qºe son président se retirera pardevers le roi, breuses que le roi des françois auroit en sa
Pºur supplier sa majesté de donner les ordres hissance , il pourroit aisément opprimer la
#cessaires pour l'exécution des décrets de : b rté : d'où il a conclu à ce que le corps
semblée à c,: relatifs ; improuve la conduite législatif eût seul le droit de faire la paix et la
ºs sieurs B snard et Dietrick ; renvoie le fonds guerre , cn attribuant au roi, comme chef su
e l'affaire à son comité des recherches , et prême de la force publique, de conduire cette
º châtelet s'il y a lieu, d'après le rapport force , de snspendre les liostilités ,d'envoyer
udit comité ». des ambassadeurs, de faire des paotes et traités,
'l'out Paris a vu avec surprise , au mois de le tout sons la responsabilité des ministres.
mars dernier, un décret de prise de corps lancé Les principes de M. de Saint-Fargeau, com
lºopinément par le tribunal du châtelet contre battus par M. de Bousmard, ont été fortement
I. Danton, ancien président du district des soutenus par Ml. Chabrond.
Cordeliers, pour avoir fait, à la tête du dis M. Dupont n'a paru à la tribune que pour
trict, lors de la perquisition du sieur Mardt, donner un projet de déqret, qui tend à faire
une réponse qui a déplu aux juges inférieurs. maintenir les traités ( on sait que le dernier
Le rapport de cette ºffaire a été présenté ce fait avec l'Angleterre est son ouvrage).
toir, et les conclusions étoient à la cassation M. l'abbé de Montesquiou 23os'est proposé de
( 2 )
concilier tous les droits et tous les intérêts, en » Décrète que son président leur fera par--
donnant au roi seul le droit de déclarer la venir l'expédition du décret rendu le 17 de ce
guerre, et à l'Assemblée nationale, conjoin mois , concernant la ville de Montauban , que
tement avec le roi, le droit de paix, de trai le roi sera supplié d'employer les forces qu'il
tés et d'alliances. -
jugera convenables , et la garde nationale de
La discussion, qui alloit passer à M. de Me Bordeaux , qui est à Moyssac, s'il le juge à
nou, a été interrompue par deux lettres venues ropos , pour rétablir la paix dans la ville de
de Bordeaux par un courier extraordinaire. La Iontauban ». - :

garde nationale de cette ville, sur la nouvelle A V I S.


que nos frères d'armes do la ville de Montau
ban étoient opprimés par le fanatisme, avoit MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
sollicité les officiers municipaux de la laisser mars pour 5 mois , sont avertis que leur Abonnement .
† pour aller porter du seconrs aux mal ſinit au 31 du courant, et priés de renouveller avant
qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
eureux patriotes. La municipalité de Bor MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
deaux a autorisé 15oo hommes de cette brave
d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
† nationale à partir, mais à ne point p.sser
oyssac, qui est à quatre lieues § Montau
tel Inois, afin d'éviter les doubles emplois. -

ban, avant d'avoir reçu les ordres de l'Assem


blée nationale et du roi, sur la conduite qu'ils Dècouverte importante.
auroient à tenir. Un applaudissement univer
sel a couronné la lecture de ces deux lettres ; Il est nécessaire de rendre publique , par
on eût dit qu'il n'y avoit plus qu'un seul es toutes les voies possibles, la lettre trouvée sur
prit, l'esprit du pur patriotisme, qui animât la personne du sieur de Voisins, commandant
toute l'assistance , l'Assemblée et les tribunes. de l'artillerie , et dont l'original a été remis à la
Quelqu'un a avancé que la municipalité de municipalité de Valence. Que tous les bons c -
Toulouse faisoit marcher six canons et des toyens la lisent, qu'ils fr'missent à la vue d s
hommes en sens contraire : mais le dénoncia dangers qni entourent la chose publique, et
teur, mis au défi par M. Roussillon, citoyen qu'ils redoublent de vigilance et de vigueu".
de Toulouse, n'a pu rapporter la preuve de Que les méchans la lisent , et qu'ils reconnois
son inculpation. sent leur turpitude démasquée. Que les ames
Une lettre de Castres , lue par M. Rousse tièdes, les prete ndus impartiaux la lisent, et
lot, annonce les mêmes mouvemens dans tout qu'ils révoquent encore en doute le fait des
le Languedoc. conspirations, et qu'ils regrettent, s'ils l'osent,
M. de Cazalès a voulu lire le procès-verbal un artisan de la guerre civile , exterminé avant
des officiers municipaux de Montauban ; mais l'horrible succès de ses mesures.
l'affaire est au comité des recherches. -

« Depuis mon passage à Valence, mon cher


L'Assemblée enfin a rendu le décret suivant , vicomte , j'ai fait peu de chemin ; je suis resté
sur les dépêches rendues en 48 heures de six semaines à Avignon , où j'ai laissé mon com
Bordeaux. pagnon de voyage : de-là je suis parti pour l lta
« L'Assemblée nationale , instruite par des lie, J'ai vu ( , ônes et Mlilan ; me voici fixè ici
lettres particulières de Bordeaux , du départ jusqu'à ce qu'il plaisse à la providence de rame
d'un détachement de 15oo hommes de la garde ner un autre ordre de chôses dans notre mal
nationale, sous l'autorisation des officiers mu heureuse France. J'avois grande impatience de
nicipaux de cette ville , à l'effet d'aller con joindre nos princes : ils sont bien intéressans ,
tribuer au rétablissement de l'ordre et du et par leur conduite , et par les dangers qu'ils
calme dans la ville de Montauban , approuve ont courus. Ils recoivent ici des témoignages de
la conduite franche, généreuse et patriotique loyauté de ceux qui sont encore restés bons
de la garde mationale de Bordeaux , et son françois. Je leur ai parlé de vous dans les sem
attachement aux décrets de l'Assemblée na timens que vous méritez , et comme vous ne
tionale ; décrète que son président écrira au leur étiez pas inconnu , j'ai vu que vous leur
maire , aux officiers municipaux , à la garde aviez fait plaisir. Il ſaut, mon cher vicomte ,
que vous
sousm'adressiez
leurs yeux un
: 1°. petit détail
est qne
nationale en général , et au détachement qui , je
vient de se rendre à Moyssac, pour leur té mettrai « Quelle la dis
moigner la satisfaction qu'elle a de leur patrio position du moment des esprits du pays que
1isme : -
vous habitez et de ses environs , et ce qu on
( 3 )
· pourroit en espérer; la disposition des troupes des citoyens soldats, parce qu'on destinoit les
que vous commandez, et de celles qui sont à premiers à égorger les seconds , pour la plus
quelques lieues de vous; les noms des différens grande gloire du pouvoir exécutif Divisez pour
régimens, et quel est l'esprit qui les anime dans régner, telle est la devise des aristocrates. Unis
ce pays ? vous sentez qu'il pourroit arriver nissons-nous tous pour la patrie et la Ziberté,
telle chose qui rendroit ces détails intéressans, telle est la devise des vrais citoyens et sol
et qu'il nous les faut exacts. Pour ce qui re dats françois. Il s'agit donc de savoir laquelle
garde votre personne, je vous ai rendu la justice de ces deux devises l'emportera aujourd hui ;
que vous méritez, en assurant que votre façon et la question dépendra nécessairement de la
de penser étoit telle qu'on pouvoit la desirer, quantité de sabres et de bayonnettes qui seront
et que j'osois la garantir. Si par la suite il étoit pour la devise de l'union contre celle de la di
nécessaire que nous conférions ensemble, je vision. Je m'en rapporte, pour la décision, à
me rapprocherois de vous. La distance qui nos frères les soldats et bas-officiers des régi
nous sépare n'est pas immense ; mais auparavant mens françois confédérés de coeur et d'ame
donnez-moi les détaiis que je vous demande ; avec les gardes nationales françoises. C....
donnez-les moi promptemcnt et circonstanciés.
N avez-vous pas des mag sins d'armes et d'au AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
tres fournitures ? à quoi les estimez-vous ? De
quoi sont-ils composés ? Sur-tout l'opinion des D E R o M F, le 14 avril.
différens ordres en particulier et des disposi
tions de la noblesse ». Nombre de François, qui se disoient ici fu
« Adieu. mon cher vicomte, donnez-moi de gitifs , et enveloppés dans les malheurs de la
vos nouvelles, et satisfaites à ce que je vous révolution de leur patrie , viennent de partir
demande d'une manière ostensible, pour que je pour se retirer dans d'autres villes de l'italie ;
puisse le communiquer aux princes : adieu , mais leur départ nous donne autant d'inquié
† n'ai pas besoin de vous recommander de tude que leur présence. La . correspondance
a discrétion ; vous en sentez la conséquence. de Cagliostro, dont on a commencé le procès,
Adieu, soyez assuré de toute mon amitié ». a fait arrêter un évêque étranger , qu'on a
pas avoir besoin de signer ;
. « Je ne crois conduit au château Saint-Ange. Plusieurs per
l magine que vous n'avez pas oublié la rue sonnes de marque se sont aussi-tôt retirées. l a
Poissonnière ». partie # de notre ville paroît mé
diter quelque tentative ; c est pourquoi on la
Progrès de la rage et des trahisons minis surveille soigneusement.
térielles.
D E V I E N N E , le 2 mai.
A peine les braves soldats patriotes du régi Le dernier courier de Berlin n'a pas rap
ment Royal Champagne, cavalerie, en garnison
# Hesdin , avoient-ils consommé leur pacte fé porté de dépêches satisfaisantes. Il a transpiré
dératif avec la garde nationale de cette ville , · un des articles des conditions de la paix. Sa
† le ministre a dépêché un courier extraor l'égard voir , que « la cour de Vienne remettra , à
des Turcs, les choses selon la teneur du
maire, avec ordre de faire partir sur le champ traité de Passarowitz, du 21 juillet 1718, rendra
ce régiment, et de le disperser par petits déta la Gallicie à la Pologne , à l'exception d'un
ºhemens dans la Normandie. Ce trait signalé petit district ». Nous ne savons rien de ce qui
de rage et de perfidie, de la part du ministère, peut concerner la Russie et les Pays-Bas ; m is
ºût qui met dans tout son jour les détestables tout sera décidé au retour des couriers de
ºtentions de la cour, a frappé de consterna Madrid et de Londres. Il paroît, en général, que
tion le régiment et la garde nationale d'Hesdin.
Les deux corps respectifs se sont assemblés, et le roi de Prusse parle d'un ton fort absolu. Au
ºº! arrêté d'envoyer tout de suite une dépu premier signe de guerre on dit qu'il entre avec
tation d'un membre de chaque corps , pour † Polonois, an nombre de 15o,ooo liommes,
ºre sous lºs yeux de l'Assemblée nationale dans l'intérieur des états de la Russie.
º plaintes à ce sujet. D'un autre côté, le D E L o N D R E s, le 11 mai.
ºndant du régiment et sept officiers sont
\§º à Paris , pour soutenir que des soldats Il est incroyable avec quelle ardeur se pous
^ºyºns ne doivent point faire de pacte avec sent les préparatifs de la guerre , et la presse
( 4 )
des matelots. Cependant certain nombre d'entre chaeun propose, dispose, compose, décom
eux s'étant réunis, ils ont fait face aux re Pose , mais sans pouvoir encore s'arrêter à au
cruteurs , et les ont mis en fuite , le bâton à cun principe civil ou politique. Au-milieu de
la main. On dit que la république de Venise eette fluctuation des idées, il semble cependant
a pris des arrangemens avec l Espagne pour que le plan des principes admis par les repré
lui fournir des secours maritimes dans le cas sentans de la nation françoise, concernant les
de rupture avec l'Angleterre : on ajoute même droits de l'homme, servira pareillement de base
que la Russie s'est intéressée à faire cause à notre législation, si des intérêts personnels ne
COnlIIll1ne. dérangent pas les opérations.
Cette alliance , dit-on , est l'effet des menées On vient même de réimprimer à Gand la dé
secrettes que la Russie a entretenues depuis claration des droits de l'homme , ct l on y a
un an avec l'Espagne contre notre gouverne joint un discours rempli d'éloges pour les opé
ment, malgré les protestations d'amitié qu'elle rations de l'Assemblée de Paris. Nos députés
nous a données. Si le cabinet de France, qu'on sont toujours au congrès de Bruxelles ; mais
presse d'accéder à ces arrangemens, se déci nous voyons , comme Ypres et Menin, avec
doit à armer contre nous , l'Angleterre scroit peine que la ville de Gand se ralentisse sur le
fort embarrassée. Mais l'Assemblée nationale sort de M. Van der-Mersch, que nous n'aban
sera sans doute assez sage pour ne pas courir donnerons pas. Son avocat vient de protester,
les risques d'une guerre qui arrêteroit toutes on son nom , contre tout conseil de guerre, et
ses opérations. réclame avec force sa liberté. Les gens désœu

DE L 1 r G E, le 8 mai. vrés sont occupés à démolir les ouvrages avan


cés de la citadelle d'Anvers. -

La noblesse et le clergé ont adhéré à la pro De P alenciennes , le 1 1 mai.


position du peuple concernant la conſiscation Tout est dans le plus grand trouble à Bru
des revenus du prince-'vêque , et l établisse peuple, livré à lui même par les me
xelles. Le
ment d'un conseil de régence. Le grand pé nées de Van - der - Noot , s'y porte aux plus
nitencier Van-Eupen a eu une longue conſé grands excès, et viole tous les droits des ci
rence avec nos magistrats. On croit qu il s'agit toyens. Ces forcenés y ont promené son buste
d'un traité d'alliance des proviuces belgiques en plâtre dans toutes les rues, précédé et suivi
avec nous. Tont est assez paisible dans la ville, de volontaires à pied et à cheval, et l'ont dé,
•t l on paroît plein de sécurité. Quelques moi
nes avoient formé une oonspiration contre la posé dans une des tavernes les plus fréquentées
de la ville. Les ennemis de la liberté vont cons
ville bass.2 de Thiun , mais de justes menaces
templer, sur la clieminée, la figure de cet intri
ont rétabli l'ordre, troublé par les domestiques gant, pendant qu'il ſait forger au peuple ses
de ces maisons religieuses, auxquels s étoient propres chaines , et arrêter , rechercher tous
joints quelques brigands. Ainsi les abbayes les écrits qui démasqueroient sa perfidie,
d'Asne et de Lobbes ont manqué leur coup. De sa propre autorité , Van-der-Noot a pu
Heureusement le fanatisme ne peut pas être blié un ordre dans lequel il veut qu'on lui ap
mis en œuvre chez nous : car le chapitre même
a confirmé l'adhésion de la noblesse à la de porte tous les journaux et papiers publics qui
ont le sens commun ( ce sont ses termes ) etc,
mande du peuple; et il est persuadé que la cet ordre est si absurde, si dégoûtant , que
religion n'a rien de commun avec les affaires nous n'en rapporterons rien de plus. On ne
actuelles.
sait comment Vau-Eºpen ne rougit pas d avoir
De Courtrai, le I I mai, un tel consort. Les Gantois viennent d'élire
leurs représentans ; mais ils se sont laissés aveu
La Flandre est actuellement dans un état gl r par les prêtres , en qui ils ont marqué trop
assez paisible, malgré l'agitation des esprits, oc de confiance : heureusement ils se sont réservé
cupés du plan d'une nouvelle constitution : le droit d'éclairer leur conduite.

On s'abonne à Paris, chez BUissoN , Libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le pris
de l'abonnement et la lettre d'avis , et toutes les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques. -

Chez DENNÉ et PET1 r, au Palais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame DELAPLANcHE , rue du Roule,
u°. 17 ; ct chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. -

Le pnix de l'abonnement pour ce Journal, dout il paroft tous les jours un Numéro, est de 36 liv. pour
un ari , 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout
royaume Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne commence que du premier d'un moit
C O D E U N I V E R S E L
E T M É T H o D I Q U E
D E S N O U V E L L E S

L O I X F R A N Ç A I S E S,
O U"

R E C U E I L C O M P L E T
De tous les Décrets de l'Assemblée Nationale, divisés par ordre de
Matières , avec notes et explications pour en faciliter l'intelligence
et l'exécution.

Publié par M. G. D. M.

I,. n'existe point encore de Recueil complet des Décrets de l'Asserriblée


Nationale, et l l plupart des citoyens ne les connaissent que par les Jour
naux ; mais outre qu'ils y sont noyés au milien de discussions qui ont
perdu tout leur inté êt, les divers articles du même Décret n'ayant pas
été rendus le mêne jour, il faut souvent, pour tenter de les rassembler ,
† inutilement cinquante feuilles. Rapportés d'ailleurs , par les
ournalistes, dans l'instant qu'ils sont prononcés , et d'après les simples
·notes qu'iis en p ennent au crayon , leur énonciation est presque toujours
tronquée et , diffé ente du vrai texte : souvent encore il arrive qu'à la
lecture du procès verbal de la sé ince précédente, l'Assemblée Nationale
ordonne des changemens à la première rédaction , et l'on ne peut dès
lors s'en rapporter au Décret, tel que les Journaux l'ont publié. Le procès
verbal de l'Assemblée Nationale donne le vrai texte des Décrets, mais
suivant l'ordre dans lequel ils ont été rendus ; et le même Décret se trou
vant ainsi divisé en p'usieurs séances, on est obligé de lire péniblement
un volume entier , pour trouver la loi dont on a besoin.
Ce sont ces inconvéniens , que nous avons mille fois éprouvés nous
mêm es , qui nous ont fait prendre la résolution de former un Recueil .
complet des Décrets de l'Assemblée Nationale, divisé en plusieurs sections,
suivant l'ordre des matières. -
- *

Ce Recueil que l'on iinprime actuellement , sera divisé en dix sections


ou codes dont on pourra former séparément autant de volumes, sous les
titres suivans. -

1°. Constitution. - 6°. Finances et impositions.


2°. Municipalités et Assemblées 7°. Commerce et agriculture;
administratives. 8°. Police générale.
3°. Tribunaux et ordre judiciaire. 9°. Droit Civil.
4°. Armée et Gardes nationales. 1 o°. Affaires particulières.
5°. Clergé et culte religieux.

« Prix de la souscription 12 liv. pour 24 cahiers de deux feuilles


» chacun , qui formeront 384 pages d'impression , format in-4°. , carac
» tère Cicéro D1 DoT. Il en paraît deux cahiers par semaine , à compter
» du premier Mai présent mois.
» On souscrit à Paris , PLAcE DAUPHIN'E , Nº. 1 1 , et en pro
» vince , chez tous les Directeurs des Postes aux lettres , et chez les
» principaux Libraires. »
» Toutes les lettres et demandes doivent être adressées, port franc, A M.
» CLÉMENT , susdite place , n°. 1 1. »

Lorsque la livraison des 24 cahiers , qui sont l'objet du présent abonnement, sera terminée,
il sera ouvert une nouvelle souscription , sur le même pied et aux mêmes conditions ; et ces
livraisons se succédant ainsi pendant toute la durée de † présente législature et des suivantes,
ceux qui continueront leurs abonnemens auront en tout temps une collection complette et
métÎrodique de toutes les loix qui seules régiront désormais cet empire. -

Chaque division sera terminée par une table alphabétique des Décrets qu'elle comprendra.

[ Nota. Pour qu'on n'ait aucun reproche à nous faire , nous prévenons qu'un Compilateur
vient de proposer après nous, et à moindre prix, un Recueil complet des Décrets : mais c'est
un simple Rccueil qu'il annonce pour une époque indéterminée ; et c'est un Ouvrage que nous
donnons dès ce moment. Il fournira une § matérielle ; et c'est un véritable Code ue
nous offrons à nos concitoyens. Diviser tous les Décrets par ordre de matières , séparer es
articles d'un même Décret , lorsqu'ils se rapportent à des titres différens, distinguer ce qui
est Constitutionne/, de ce qui n'est que Reglementaire , expliquer enſin par des notes , tout
ce qu'il est nécessaire d'éclaircir ; § les conditions que nous remplirons, et que nul autre
ne propose. Si notre mauuscrit ne devait coûter que les ſrais d'une simple transcription , nous
le donnerions aussi à moindre prix. ]
- x-

Nous nous attendons, et nous avons dû nous attendre à plusieurs contre


façons de cet Ouvrage. Mais les personnes qui attacheront du prix à
l'exactitude du texte, à la ſidélité des dates , c§ si essentielle dans un
Ouvrage de ce genre)
jours la bonne Éditionet, àà la beauté dedes
l'originalité l'impression, reconnaîtront
caractères de l'Iunprimerietou
de
MoN s I E U R , où elle sera faite , et aux armes de ce Prince qui orneront
le Frontispice de chaque division,
| A N N A Les -

PAT R I O T I Q U Es ET LIT T É R AIR E s


| D E L A F R A N C E,
1

AFFAIR E s PO L, I T I Q U E S D E L' E U R O P E;
J O U R N A L L 1 B R E,

Par une Société d'Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. ME n c r E R. s .}

Ceux qui rappellent à un peuple ses droits sont ses meilleurs citoyens.

N°. C C X X X I. Du Vendredi 21 Mai 179o.


AssE M B L É E NAT IO N A L E. chargés d'aider et de surveiller le commissaire
de police. -

Séance du 19 Mai au soir.


V I. lls correspondront directement avec le
maire et les administrateurs , avec le corps
- A discussion du plan de la municipalité de municipal et avec le conseil général ; ils seront
aris a été précédée de la lecture de plusieurs tenus de veiller à l'exécution des ordonnances,
lresses patriotiques, dans lesquelles il faut arrêtés ou délibºrations, sans y apporter aucun
stinguer des soumissions ſaites pour une valeur obstacle ni retard : le coinuniss ire de police
2 34 millions de domaines nationaux. aura séance et voix consultative à leurs assem
L'Assemblée nationale a encore décrété « que blées.
s pensions qui n'excéderont pas 6oo livres, et V II. Ils donneront aux administrateurs, au
ui sont affectées sur les économats en faveur
corps municipal et au conseil gén'r l , ainsi
ºs nouveaux catholiques, continueront à être qu'au maire, au procureur de la commune et
lyées ». à ses substituts, tous les éclaircissemens , ins
1Ensuite treize articles du titre IV et dernier
tructions et avis qui leur seront demandés.
nt été décrétés dans l'ordre que voici : ViII. Ils nommeront entr'eux un présidcnt,
Art. II. La signature de cent citoyens actifs et se réuniront tous les huit jours ; et en outre
ra nécessaire pour exprimer le vœu d'une toutes les fois que des circonstances extraordi
ction touchant la convocation dont on vient
: parler. -
naires l'exigeront.
liſ. Il y aura, dans chacune des quarante IX. L'un d'eux restera à tour de rôle vingt
lit sections, un commissaire de police tou quatre heures dans sa maison, aſin que le
urs en activité, ct dont les fonctions relatives commissaire de police, et les citoyens de la
la municipalité seront déterminées par les section puissent recourir à lui en cas de besoin ;
ticles suivans. le commissaire de service sera de plus chargé
IV. Chacune des quarante-huit sections aura de répondre aux demandes et représentations
l outre provisoirement seize commissaires, qui pourront être faites. - -

us le nom de commissaires de section , qui X. Les jeunes citoyens de la section , parve


tcrccront dans leur arrondissement, sous l'au nus à l'âge de vingt-un ans, après s être *fait
rité du corps municipal et du conseil général inscrire chez le commissaire de police , porte
• la commiine. les fonctions suivantes :
( 2 )
et leur indiquera l'époque de la prestation de Eh! n'y a-t-il rien à craindre de la séduction
leur serment. du corps législatif, a dit un opinant , qui dans
XI. Les commissoires de section pourront être une longue oraison n'a rien produit de remar
chargés, par l'admininistration du département quable ? - - - |

de Paris, de la répartition des impôts dans leurs Un membre du parti opposé à celui du préo
sections respcctives. pinant, a parlé long-temps pour ne rien dire :
XII. Les commissaires de police seront élus il a craint la séduction pour le corps législatif
pour deux ans , et pourront être continués « Après avoir entendu les plus grands publi
toute leur vie : le premîcr remplacement, s'il y cistes , a dit modestement M. Freteau, §
a lieu, ne pourra se ſaire qu'à la Sa mt-Martin paroître étonnant qu'un magistrat entreprenne
1792 ; le conseil général de la commune fixera de donner son opinion sur le droit de la paix et
la somme de leur traitement. de la guerre : cependant qu'il me soit permis,
XIII. Chaque commisaire de police aura, sous sur une question aussi grave, d'interroger l'his
ses ordres, un secrétaire-gr ffier de police , et toire , et de vous faire voir Cliarlemagne |
l'un ou l'autre seront prêts à toute heure du prenant le consentement de la nation †
jour et de la nuit à remplir leurs fonctions. porter la guerre au fond du mord de l'Enrope;
XlV. Les personnes arrêtées dans l'arron la nation se rassemblant, en 1356 , pour répa
dissement de † section , seront conduites chez rer le désastre des journées de Crecy et de
le commissaire de police : celui-ci pourra or Poitiers ; en 1527, pour anmuller le honteux
donner la détention, si la personne arrêtée traité de Madrid : voyez au contraire cette
n'est pas domic liée ; pour ordonner la déten même mation ruinée et presque déshonorée
tion d'une personne domiciliée, il aura besoin par des guerres injustement
d'unouministre
treprises par la fantaisie légèrementen
, par la
de la signature de l'un des officiers municipaux
du département de la police ; et dans l'ua et corruption d'une femme de cour »; et l'orateur
a conclu que l'unique moyen de sauver la
l'autre cas , il sera tenn d'en avertir le con
missaire de section qui se trouvera de service. liberté, étôit de réserver au corps législatifle
pouvoir de déclarer la guerre et la paix ,
Séance du 2o Mai. - On attendoit avec une sorte d'avidité l'opi
nion de M. de Mirabeau ; il l'a émise dans un
· Deux décrets particuliers ont précédé l'im discours long, mais éloquent, où, passant º
· portante discussion. revue les avantages et les inconvéniens de lun
Par le premier, pour venir au secours de et de l'autre parti : et posant la question d'uº
la ville de Lagny, affamée p r les monopoleurs manière neuve, il s'est résumé dans un projº
, qui interceptent les grains, soit au marché, soit de décret ainsi conçu :
sur les routes, l'Assemblée a décrété que le roi « Le droit de la paix et de la guerre appº
' seroit supplié de donner des ordres pour la tient à la nation. ·
· libre c§ des grains. L'Assembl, e mationale décrète que l'exerciº
Par le second décret, la ville de Joigny a été de ces droits sera d légué concurremment º
autorisée à une coupe de bois anticipée, pour pouvoir législatif et au pouvoir exécutif de lº
subvenir au besoin de ses pauvres. 1nit Illere SlllV a ntC :
M. de la Gallissonnière , † parlant, a 1°. Que le soin de veiller à la sûreté extéº
demandé, pour le roi, le droit de paix et de rieure du royaume, de maintenir ses droits !
- guerre, et son opinion étoit connne d'avance ; . ses possessions appartient au roi ; qu ainsi !
, mais comme il n'a rien ajouté à tout ce qui avoit seul peut entretenir des relations, conduire des
: été dit dans ce systême, mous nous dispenserons négociations politiques au dehors, en chºº
: d'analyser soncontraire
discours.a été reprise par M. les agens, faire des préparatifs de guerre !º
L'opinion Re ortionnés à ceux des états voisins distribº
, gnault, qui s'est résumé en adoptant le plan de es forces de terre et de mer, et en régler !
M. Péthion de Villeneuve. cas de guerre, la direction, ainsi qu'il le jugera
Applaudissant au généreux manifeste, M. de convenable.
| Menou a démontré que le roi, comme chef du 2°. Que dans le cas d'hostilité imminenº#
, pouvoir exécutif suprême, devoit avoir la puis commencée, d'un allié à soutenir d'un droit
, sance de diriger les armées, mais que le droit conserver
tenu d'en par la force
donner des armsans
motification, s leauºº
roi †

, de la guerº et de la paix ne pouvoit apparte
nir qu'au corps législatif : lai, au corps législatif, d'en faire connoiº"
( 3 )
causes et les motifs, et de demander les fonds - La parole arrivoit à M. de Cazalès ; mais
qu'il croira nécessaires ; et si le corps législa l'Assemblée, attendu l'heure tardive , a remis
-#5-st-en vacance , ii se rassêmblera sur le à demain l'avantage de l'entendre.
cliaInp. A JV I S. -
· 3°. Que sur cette notification, si le corps lé
gislatif juge que les hostilités commencées sont MM. les Abonnés , dont la jouissance datc du 3
mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement
une agression , ou partent de la part des mi ſinit au 31 du courant, et priés de renouveller avan t
nistres, ou de quelques autres agens du pou qu'il finisse pour plus de célérité dans le service.
voir exécutif; l'auteur de cette agression sera MM. sont aussi prévenus de répéter lcur adresse, 6t
poursuivi comme criminel de lèze-nation ; dé
d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
clarant à cet effet que la nation françoise re tel mois, afin d'éviter les doubles emplois.
nonce à toute espèce de conquête , et †
1berté
m'emploiera jamais sa force contre la
- d'aucun peuple. Formule mouvelle d'une prière publique.
4°. Que sur la même notification, si le corps
législatif refuse les fonds nécessaires et témoigne Un prêtre également vertueux et éclairé ,
son improbation de la guerre, le pouvoir exé M. Gay de Vernon , curé de Compreignac en
cutif sera tenu de prendre sur le champ des Limousin, et maire de sa commune, a imaginé
mesures pour faire cesser ou prévenir toute un moyen d'une simplicité sublime, pour ac
hostilité , les ministres demeureront respon · coutumer l'esprit de ses paroissiens à cette série
sables des délais. de puissances, la nation , la loi, le roi , qui
5°. Que dans le cas d'une guerre immi forme la substance du serment civique, et qui
· nente, le corps législatif prolongera la cession doit être éternellement dans le cœur et dans
dans ses vacances accoutumées, et pourra être la bouche de tout bon françois. Dans le verset
sans vacance pendant la guerre. du pseaume Exaudiat, qui se chantoit par trois
6°. Que toute déclaration de guerre sera fois à toutes les messes paroissiales, il a fait une
faite en ces termes : de la part du roi , au légère variante, en cette forme :
" nom de la nation.
Domine , salvam fac gentem , ... .
, 7°. Que pendant tout le cours de la guerre . . Domine , salvam ſac legem , ... .
le corps législatif pourra requérir le pouvoir Domine , salvum ſac regeul , ... .
exécutif de négocier la paix, et dans le cas
où le roi fera la guerre en personne, le corps Ainsi le culte se trouve journellement lié à la
législatif aura le droit de réunir telle portion de constitution , ainsi par l'action vivace des causes
· garde nationale, et dans les endroits qu'il le lég res, mais répétées , il se peut que le bon
jugera convenable. curé rende un important service à la chose pu
8°. Qu'à l'instant où la guerre cessera , le blique.
· corps législatif fixera le délai dans † les La formule de Compreignac a déja été adop
troupes extraordinaires séront congédi es ct tée par la garde nationale du département de
l'armée réduite à son état permanent ; que la la haute V1enne et des départemens voisins ,
formant une fédération de 15o mille hommes,
, solde desdites troupes ne sera continuée que
jusqu'à la même époque , après laquelle, si les assemblée par députation à Limoges, place de
Tourny, le 9 mai présent mois.
• troupes extraordinaires restent assemblées, le
ministre sera responsable et poursuivi comme On propose cette formule à tous les vrais pa
criminel de lèze - nation ; qu'à cet effet , le triotcs, à tous les curés citoyens, et on ne peut
comité de constitution sera tenu de donner guères douter que les plus purs d'entr'eux ne
incessamment son travail sur le mode de la veuillent se faire reconnoitre par leur empres
responsabilité des ministres. sement à l'adopter.
, 9°. Qu'il appartiendra au roi d'arrêter et de La ville de Lyon.
' signer avec les puissances étrangères , toutes
es conventions qu'il jugera nécessaires au bien Graces aux progrès de l'esprit public et anx
de l'état, et que les traités de paix et d'al vertueux efforts des officiers municipaux et des
liance et de commerce ne seront exécutés officiers de la garde nationale de Lyon, cette
seconde ville † l'empire françois est enfin
( 4 )
patriotisme, Déja sa milice citoyenne , confé briançonnoises. Déja ce colonel alloit arriver.
dérée avec les braves Dauphinois sous les murs dans: ..lal.- - ville de Briançon avec sa famille et
J. - J.-J.
iiIl ir ès-habi# r::: iui-r ; et la France étoit .
-

de Grenoble, avoit montré qu'eiie étoit digné V. 44 • •

de son antique gloire , ct que bientôt , noble menacée de voir une des clefs de l'empire
émule de Marseille et de Bordeaux, elle riva entre les mains d'un ci-devant noble et pri
liseroit encore la capital .. Un de ses députés vilégié, ennemi par état de la révolution, etc.
1nilitaires, M. Frachon , avoit développé l'é lorsque les habitans des montagnes, indignés
nergie et la sagacité des vrais principes d'une d'une telle man euvre, ont enyoyé des députés
constitution nationale, en distinguant dans la dans la communauté du Villard S. Pancrace,
formule du serment civique les droits sacrés pour faire nommer M. de la Fayette comman
du peuple et les prérogatives du pouvoir exé dant général de toutes les gardes nationales
cutif, et en rejettant de cette formule tout ce briançonnoises, et déjouer ainsi le parti de M,
qui rappelloit l idée de servitude monarchique de Tonnerre. Ce qui a été exécuté à la grande
el tendoit à des interprétations désastreuses. satisfaction de toutes les communautés du
Aujourd'hui cette cité c lèbre appelle dans son briançonnois. — Rapprochons maintenant le
sein les gardes nationales des contrées voisines, projet d'élºvation de M. de Tonnerre au com
pour renouveller leur serment. Citoyens Fran mandement général des gardes mationales
çois , disent les Lyonnois à leurs voisins, dans briançonnoises, du projet de Maillebois et des
une adresse imprimée, nous vous invitons, pour démarches de Savardin. Rapprochons ces deux
le 3o de ce mois , à une confédération nou projets de ceux des fanatiques Nîmois et Mon
velle sous les murs de notre cité. Nul d'entre talbanois, et des menées d'une certaine calotte
mous n'ignore les clauses ordinaires des fédé rouge en Alsace, en Lorraine, et au-delà du
rations qui se forment depuis les Alpes jus Rhin ; rapprochons tous ces complots des pré
u'aux Pyrénées ; jurer sur l'autel de la patrie paratifs de guerre qu'on avoit faits dans la
# répandre jusqu'à la dernière goute de notre citadelle de Marseille et de la rage insensée
sang , pour maintenir la constitution nouvelle du ministre autrichien Saint-Priest, qui va
et ſes droits sacrés qu'elle nous assure , c'est toujours , en avant, et qui veut absolument
jurer de mourir ſidèles à la nation qui en est voir couler le sang françois, dût-il y mêler
l'objet, à la loi qui en est la base , et au mo le sien , et par ces rapprochemens nous verrons
marque qui est le délégué de la mation et l exé que par-tout nos ennemis ne cessent de com
cuteur de la loi. Cette adresse est signée par biner des pl ns désastreux, tout en cherchant
M}M. Dercrin , commandant général , Saint à nous persuader que nous pouvons dormir
Pierre , /^ermom , Bollioud de Chanzieu ; le tranquille ; car ils tirent parti même des échecs
chevalier de Froissac, major général, et M. de qu'ils éprouvent sans eesse, pour nous prouver
Frachon , aide - major général , toºls citoyens u'ils n'ont aucune mauvaise intention ; mais
distingués par leur zèle, leurs lumières et leur s'ils pouvoient avoir un commencement de
patriotisme. C...... succès , nous verrions alors avec quelle fureur
Sagesse et fermeté des communautés ils feroient verser le sang des bons citoyens ;
Briançonnoises. avec quel délice Saint-Priest et ses pareils en
verroient des listes de proscriptions par-tout.
Une f.ction aristocratique étoit parvenue à Peuples françois ! demandez tous à grands cris
faire mommer le ci-devant marquis de Ton le renvoi de ce sinistre Saint-Priest; je suis de
nerre, colonel de la garde nationale de Brian près sa conduite, et depuis long-temps je le
çon; la même faction se promettoit de le faire regarde, moi, dans ce moment, comme le plus
reconnoître pour commandant général des grand ennemi du roi, de la France et des
gardes nationales de toutes les communautés françois. CARRA. - - -

On s'abonne à Paris, chez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré;,madane DELAPLANcHE , rue du Roule,
• n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
· Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroft tous les jours un Numéro, est de 36 liv. pour
• un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour toutile
2 royaume Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonneuvent ne conmence que du premier d'un mois.
4

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PAT R I O T I Q U Es ET LIT T É R AIR Es


| D E L A F R A N C E,
ET AFFAIR E S PoL IT I Q U E s DE L E U R oPE,
- J O U R N A L L l B R E,
Par une Société d'Ecrivains Patriotes , et dirigé par M. ME n crE R,

Il est bon quelquefois qu'une loi se corrige elle-même. MoNTEsQUIEU.

N°. C C X X X I I. Du Samedi 22 Mai 179o.


· AssE MB L É E NAT IO N A L E. Un rapport de M. l'abbé Grégoire a fait
connoître que l'ancienne administration étoit
- | Séance du 1o Mai au soir. - .
dans I'usage de prêter les galères des ports de
France aux puissances voisines , pour la coër
L'onnne du jour, qui étoit consacré au plan de cition de leurs sujets bien ou mal condamnés ;
la municipalité de Paris, a été interverti par notamment que , lors de la dernière insurrec
un grand nombre d'adresses , de députations, tion du peuple au canton de Fribourg , l'aristo
d'affaires instantes qui ont absorbé les momens cratie, qui a eu le dessus , avoit condamné aux
de la séance. Parmi les députations on a très galères huit citoyens, dont six ne sont déja
favorablement accueilli celle de la municipalité lus, et dont les deux derniers languissent au
de Vierzon, lorsqu'elle a déclaré qu'elle regar agne de Brest, Le sage et humain rapporteur
doit comme traîtres à la patrie ceux qui avoient a présenté un décret qu'aucune objection n'a
signé une d'claration # émanée de arrêté.
quclques membres de l'Assemblée nationale, « 1°. L'Assemblée nationale décrète, qu'à
contraire au décret qui confie l'administration l'avenir il ne sera reçu dans les galères de
des biens du clergé aux municipalités. France aucune personne en vertu de jugemens
· Au milieu des applaudissemens qui sembloient étrangers :
universels. le public n'a pas été peu surpris de » 2°. Que son président se retirera pardevers :
voir un curé paroître à la tribune, pour dire le roi, pour le supplier de donner des ordres
u'ayant signé la déclaration protestante, il
§ que f§ prononçât et le jugeât pour que les nés suddan et huguenots fribour
eois, actuellement détenus sur les galères de
indigne de siéger. L'Assemblée a dédaigné d'en §. soient mis en liberté dans la huitaine
tendre cette étrange réclamation, et faisant du jour de la sanction du présent décret :
grace au coupable malgré lui , d'après cette
vieille sentence, qui dit qu'on n'écoute pas » 3°. Que sa majesté sera également suppliée
l'insensé demandant la mort , l'Assemblée a de faire connoître les dispositions du présent
porté son attention sur d'autres objets, et décret , aux puissances dont les sujets sont
articulièrement sur le serment d'obéissance actuellement détenus sur les galères de France,
fait par le district de Saint-Gervais , sur le et qui seront élargis dans trois mois, s'ils ne
compte rendu par la garde nationale d'Or sont pas réclamés par les états dont ils sont
|. »

( 2 )
Séance du 21 Mai. - Barnave, ramenant la pensée publique sur la
DÉCLARATIoN DEs DRoITs. Entre les adversaires
Le parlement de Pau, déterminé à ne se qu'il avoit à combattre, il a choisi M. de Mira
pas faire regretter , interpose son autorité beau, dont ila poursuivi l'opinion pied à pied. Il
moribonde au milieu des opérations munici a prouvé que † article de son projet
pales, suscite des ennemis à la municipalité, étoit un pléonasme inutile, puisque, dans la cons
et se permet d'accueillir et d'autoriser des titution même, il est établi que tous les pouvoirs
prises à partie contre les officiers; ceux-ci ont émanent de la nation. « La concurrence que
dénoncé ces menées à l'Assemblée nationale. l'art. II attribue aux deux pouvoirs pour la dé
D'un autre côté , les bons citoyens sont claration de la guerre et de la paix, est un germe
consolés par la fédération patriotique de vingt de confusion et d'anarchie ». Il a distingué la
sept communautés du Cambresis. volonté générale qui ordonne , du pouvoir qui
A l'ordre du jour, on a vu monter à la tri fait exécuter. Il a dit que les hostJºtés ne
bune M. l'archevêque d'Aix. il a revêtu de constituoient pas la guerre , mais préparoient
formes élégantes toutes les idées qui avoient les décisions de la nation , qui devoit et pou
déja paru en ſaveur du pouvoir exècutif; mais voit seule prononcer sur la réparation §.
il n'en a pas ajouté une nouvelle : redeman jure ou sur le sacrifice. Il a cité l'exemple de
der pour l'ancien gouvernement toute la force l'Angleterre et de l'Espagne, qui, dans ce mo
dont il jouisso : , faire valoir le pacte de fa ment, me sont point encore en guerre. « Si
mille fait avec l'Espagne, trouver la liberté l'Espagne, a-t-il dit, avoit une législature
nationale suffisamment garantie par la res comme nous , que feroit-elle dans cette oc
ponsabilité des ministres, ne donner au pou currence ? elle examineroit , discuteroit , et
voir législatif d'autre droit que celui d'ap ordonneroit au pouvoir exécutif de com
ouver la décision du pouvoir exécutif sur mencer la guerre , ou de proposer des arran
a paix ou la guerre.. .. En vérité, ce n'étoit gemens , suivant que le cas seroit plus ou
pas la peine d'occuper l'attention publique de moins grave. lEn France , nous avons une as
semblables redites. semblée nationale, que doit-elle faire si nous
M. Garat a établi avec clarté la distinction du sommes menaeés ou attaqués ? décider que le
droit et du ſait. « Déclarer la guerre, est l'é pouvoir exécutif fera la guerre d'après le voeu
mission de la volonté générale, qui ne peut être des représentans de la nation ; ou qu'il se
exprimée que par les représentans de la nation ; tiendra prêt à la faire, si la chose publique est
faire la guerre, est l'action du pouvoir exécu en danger ».
tif En cas d'attaque ou de menace d invasion, « Eh, que sert de chercher des comparaisons
le roi vole à la défense de la nation ; il détermine vicieuses dans les administrations étrangères ?
les évolutions, les mouvemens , les accroisse Mettra-t-on en parallèle avec la constitution
mens de forces que peut exiger la circonstance françoise, ou les quatre chambres de Suède
politique , mais à l'instant il vient en référer au déchirées par des dissensions interminables, ou'
pouvoir législatif, et le roi a l'initiative dans les le gouvernement hollandois m intenant écrasé
négociations et traités : il faut que, sans le con par le despotisme d'un stathouder, ou l'absurde
sentement du corps législatif, il ne puisse rien aristocratie polonoise où le reto d'un magnat
arrêter d'obligatoire ». paralyse la volonté générale ? :

En peu de mots M. de Biouzat a exprimé On vous a parlé du secret des négociations !


beaucoup de choses , en , peignant les mi · Eh ! qu'est-ce qu'un secret dans le grand inté
nistres intéressés à cacher leurs déprédations , rêt des mations ? N'est-il pas temps de revenir
dans le trouble d'une guerre , indifférens sur de cette charlatanerie des importans de cour?
Feffusion du sang des peuples, et la fortune de · Eh bien, s'il vous faut un secret, que les mi
la nation à la merci d'un seul homme.... nistres négocient, qu'ils épuisent dans le mys
M. de Cazalès, oubliant les premiers élémens < tère tout le génie de leur politique; mais que
de la constitution, a placé dans les mains du : le résultat en soit toujours soumis au corps légis
roi le pouvoir l gislatif suprême, pour lequel, · latif, et que toutes les opérations soient publi
toujours conséquent, il a réclamé la plénitude | ques pour le salut de l'empire, et pour le déses
du droit de vie et de mort : « car telle est, selon i poir de ses ennemis ». -

lui, l'essence de l'état monarchique ». | | A la fin d'un discours de cinq quarts-d'heure,


Mais il est difficile de se faire une idée du | M. Barnave a proposé le projet suivant : r !

triomphe qu'a remporté l'éloquent et vertueux Au roi appartient le dreit d'assurer la.dé
4.

( 3 )
fense des frontières, de faire les préparatifs étoit le sécrétairc. M. le m rijuis , l1 dsidt nt,
et les démarches nécessaires pour couvrir les qui a comniunié cs natin, aſin d'opérer plus
possessions nationales, conduire les opérations dignemcnt au nom du Seigneur, s'est rendu
de
au la guerre
bien , proposer ce qu'il juge convenir
général. V.
aux dominicains à l'heure indiquée : il a trouvé
i'assemblée nombreuse, mais mon pas compo
Mais le corps législatif aura le droit de séc comme il s'y attendoit : il a remarqué que
décider la guerre, conclure la paix, arrêter la plupart des menbres m'étoient pas de ces
les articles des traités. -

citoyens élus, et éprouvés par la nºuvaine et


Dans le cas d'une guerrc, le roi en donnera l'amcnde honorable ; il a fait lc signe de la
communication au corps législatif s'il cst as croix, persuadé qu'à ce signe les réprouvés
semblé, et s'il me l'est point , il le convoqucra s'éclipseroicnt comme des esprits malins : mais
sur le champ. le signe de la croix n'a ſait disparoître per
On vouloit allcr aux voix. M. de Mirabeau sonne. Un jeune liomme s'est approché de M.
a demandé la réplique pour demain. 1l a été ie marquis , et lui a demar, dé fort l.onnêta
décrété que demain on jugeroit la question ment le sujet de sa venue. Je suis le président
sans désemparer. -
d l assemblée ; je viens pour faire prononcer
Au sortir de l'Assemblée, M. Barnave a été l'illégalité de l'AsseInblée nationale et de ses
orté en triomphe jusqu'à sa voiture, au mi décrets, et proposer de la faire excommunier
ieu des applaudissemens d'un peuple immense. par les curés des quatre paroisses. — Quoi,
monsieur , vous oseriez parler en public contre
A P" I S. l'Assemblée nationale, et ses décr, ts ! Permet
MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5 tez-moi de vous dire quc........ N importe , je
mars pour 3 mois, sont avertis que leur Abonnement suis prêt à mourir martyr. .. L)éja un nmurmure
ſfait au 31 du courant , et priés de renouveller avant conl tis annonçoit quelque eſſervescence. Les
qu'il finisse pour plus de célérité dans le service. saints enfans de Lieu et de l'église se sont alors
MiM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et retirés modestement , on baissant la tête devant
d'y ajouter ces mots : à cominencer par le premier de les dénuons du patriotisme, auxquels ils ont cédé
tel mois, afin d'éviter les doubles emplois. la place. -

Extrait d'une lettre de Perpignan , 2 mai. L'Ami du Peuple , dans son numéro 156,
s'est trompé grossièrement en parlant du dis- .
Les communautés ecelésiastiques de Perpi trict des Filles - Saint-Thomas. Ce district n'a
gnan, notamment le chapitre de Saint-Jean point voulu donner sa démission ; les grenadiers
de cette ville, à la suite d'une protestation ot les chasseurs n'ont point Inenacº les soldats
contre les décrets de l'Assemblée nationale , nationaux et leurs officiers de leur arracher
avoient arrêté un conciliabule aristocratique l'uniforme de la patrie ; aucnn d'eux n'est ca
et fanatique, qui devoit se tenir aujourd'liui, pable d'en avoir eu niême la pcrsée. Ce qu'il
dans le couvent de Saint-Dominique. Tous a de vrai seulement, c'est que deux ou trois
les privilégiés, nobles , magistrats , avocats , l § qui veulent avancer leurs affaires
procureurs, et autres semblables, reconnus bons particulières ct profiter de la juste considéra
catholiques , et déja préparés par une neu tion que ce district s'est acquise, pour faire
vaine à la sainte Vierge, et une amende ho ce qu on appelle leur chemin , ont occasionné
norable à J. C. outragé, y avoient été appel quelques dissensions qui n'ont pas eu de suites
lés. L'objet de cette assemblée étoit connu , on Les citoyens qu'on avoit induits en erreur sont
devoit y traiter de la religion, dont la ruine revc nus d'eux-mêmes , et non par les menaces
est certaine , si la vente § biens du clergé des grenadiers et chasseurs, aux termes d'une
\ lieu. Le marquis de Montferré, ſrère du concorde vraiment fraternelle. Nous ne pou
:hevalier de ce nom, député de la noblesse vons donc nous dispenser de blâmer l'Ami du
l l'Assemblée nationale, étoit nommé président Peuple d'avoir inculpé aussi légèrement et les
( 4 )
coucitoyens de district, et nion témoignage serm encore la liberté publique, et réunissent leurs
d'autant moins suspect , que j'ai toujours été efforts, d'un bout du royaume à l'autre, pour
pour eux un censeur très-sévère , parce que s'opposer à l'exécution de vos décrets, §
j'ai toujours eu grandement à coeur de les voir le peuple , et méconnoitre l'autorité légitime ,
surpasser tous les autres habitans de la capitale, d'où dérive tont esprit d'ordre et de justice ?
en zèle, en lumières et en patriotisme. CARRA. - Qu'ils cessent donc, ces ennemis du bonheur
public, de former des complots aussi-tôt dé
Nouvclles divcrses. joués que conçus, et dont le succès, s'il étoit
possible , ne les feroit régner que sur des soli
Tandis quc les ſanatiques de Montauban tudes ct des tombeaux ». Courage, braves ha
égorgent leurs frères au non du crucifix atta bitans d'Uzès et de Cahors ! réunissez-vous aux
clié à leurs chapeaux ; tandis qu'une partie dc patriotes éclairés, qui sont en grand nombre
la jeunesse de Caen, en Norinandte, arbore la dans cet empire : soyez toujours des sentinelles
cocarde noire , cette cocarde autrichienne , vigilantes dans le midi de la France ; nous
signe de tous nos malheurs et de la dépré'dation triompiterons , soyez-en sûrs : la Providence
de nos finances , nos dignes frères ' s habitans dès long-temps l'a décidé. C.... |

d'Uzès et de Cahors, nous donnent de grands


motifs de consolation, et des preuves signalées DE M 1 L A N, le 9 mai.
de sagesse ct de patriotisme. Les premiers, crai
gnant l'effet des manœuvres impies du fana Il paroît qu'il se rassemble un corps consi
tisme et de l'aristocratie, se sont empressés de dérable de Turcs du côté de la Cro tie, et
rassembler leurs concitoyens, le 1 1 de ce mois, que les Bosniaques méditent quelques tenta
our jurer entre eux tous une amitié éternelle. tives contre la ville de Dubitz, près de laquelle
† colonel de la garde nationale d'Uzès, le3 ils sont cn force. La Croatie et les provinces
officiers municipaux, M. Dampmartin, lieute adjacentes vont peut-être essuyer les plus grands .
nant de roi de la ville, l'état major de la légion, ravages : en conséquence de l'armement for
le comm undant et les oſticiers du régiment de midable de la Prusse , qui oblige ainsi léo |

Bourgogne, tous ces houumcs de bien ont été a rappeller presque toutes ses forces en Alle
-

Ies 5 eureux instrumens d'une paix et d'une mégne. Le comte Mitt oyvski vient d'arriver à
concorde qui honoreront à jamais les habitans Gradiska pour commandcr les troupes qui
d'Uzès. Une fête générale et des feux de joie pourra rassembler.
dans tous les quartiers de la ville, ont suivi cet
événement. Les soldats ct bas-officiers du régi
ment de Bourgogne étoient aussi de la fête ; Nous avons été induits en erreur , lorsque
et quclle est la fête patriotique où ces bons nous avons imprimé ces paroles au N° 210 de
soldats de nos troupes de ligne me se trouvent nos Annales : A Pont-à-Mousson , les chaº
pas ! A C hors, les officiers municipaux et les seurs du IVainaut veulent faire rendre complº
ardes nationales ont suivi la même conduite àde leur majcr, qui , Nous
disent-ils, leur fait ºoº
et les mêmes principes. Par une délibération 8oo liv. par mois. nous empressons de
du 2 de ce mois , le conseil général de la com révoquer cet article, parce qu'il nous a été
mune de cette ville repousse toute infraction démontré que c'étoit une calomnie. Le major
et atteinte aux décrets de l'Assemblée natio du régiment d'Hainant a reçu de son corps un
nale , et renouvelle son adhésion à ces mêmes acte qui détruit l'inculpation, et nous nous em°
décrets. Le même jour, le conseil de guerre de pressons de notre côté 1°. de témoigner tous
la garde mationale , extraordinairement assem nos regrets sur la surprise qui nous a été faitei
blé , arrête une adresse à l'Assemblée mationale, 2°. de consigner ici publiquement notre désº
dans laquelle on trouve ces paroles remarqua veu ; 3". de rendre une justice éclatante au
bles : « Ne faut-il pas que notre zèle se ranime, major dudit régiment, qui jouit, à juste titre,
de l'estime univcrselle. - MERCIER.
Iorsque les ennemis de la révolution menacent
· On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNÉ et PrTrr, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHe, rue du Roulº
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes d u Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnemcnt pour ce Journal , dont il paroit tous les jours un Numéro, est de 36 liv, pºº
# an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc de port , par la poste, pour tout !º
yanine. Le prenier Numéro a paru le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne commence que du premior d'un moº
-E - - |.
I

· A N N A L E S
PAT R I o T I QU E s E T L ITT E R A I R E s
· D E L A F R A N C E,
ET AFFA I R E s PoL ITI QU ES DE L'E URoP E,
' J O U R N A L L I B R E,

Par une Société d' Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c r E R.


- - - - 1 - - - -

La liberté naîtra du sein de l'oppression; elle passera par les écrits publics
dans les ames éclairées, et par la tyrannie dans l'ame du peuple.
RAYNAL.

N°. C c x X X I I I. Du Dimanche 23 Mai 179o.


. A S S E MB L É E N AT I O N A L E. arrêter et conduire à Paris les trois principaux
malfaiteurs. -- · · ,
Séance du 21 Mai au soir. M. le vicomte de Noailles a dit que le comité
a cru devoir faire des observations au ministre
L, patrie voyoit avec consolation les soldats sur un plan qui supprimoit plus de trois mille
de ses troupes réglées s'unir de cœur et de officiers et douze mille bas-officiers, sans amé
lerment avec les inilices nationales, et con liorer le sort des autres : le comité a écrit
lommer, par cette heureuse intelligence , llIle
plusicurs fois au ministre; il attend une réponse,
:évolution que tous les siècles envieront au et incessamment après il rendra compte de
1ôtre. On pouvoit compter à peu près pour son opinion à l'Assemblée.
'ien l'incivisme de quelques officiers, qui , · Un député de la Martinique est venu à la
pervertis par le préjugé de leur naissance, et barre porter les protestations de respect et
par l'incorrigible habitude de se faire et de d'attachement à l'Assemblée nationale, aveç
'avouer esclaves du despotisme pour en deve † pétitions, et particulièrement celle
lir les instrumens, mais méprisables par leur e supplier le roi de rappeller M. Foulon ,
lombre même , formoient une tache imper intendant de cette colonie , qui s'est rendu
»eptible dans notre composition militaire. Ce odieux dans cette isle. 1, l , -1

»endant il paroît qu'il reste encore, parmi L'Assemblée a renvoyé l'examen des péti
es soldats et bas-officiers, une petite portion tions au comité colonial, après que M. le pré
tteinte de la lepre anti-populaire. Le régiment sident a eu exprimé au député de la Marti
le Lorraine, dragon, en garnison à Tarascon, nique sa satisfaction sur les sentimens patrio
l tenté d'élever une sédition dans cette ville.
tiques de cette colonie.
Drois soldats étoient à la tête de la faction , La suite du titre IV de la municipalité de
† a été arrêtée sur le champ par la sagesse Paris a été ainsi décrétée : , · ·· :
es officiers municipaux, etl'activité des gardes Art. XIV. (1) Les personnes domiciliées,
aationales. Tels sont les détails exposés ce soir arrêtées en flagrant délit dans l'arrondissement
par M. Bouche, à l'Assemblée nationale , la d'une section, seront conduites chez le com
quelle a déterminé « qu'il seroit fait des remer missaire de police. Celui-ci pourra, avec la
#imens à la municipalité et à la milice nationale
les soins qu'elles se sont donnés pour prévenir
( 2 )
signature de l'un des commissaires de section , XXIII. L'élection du commissaire de police
envoyer dans une maison d'arrêt les personnes se fera au scrutin et à la pluralité absolue des
ainsi arrêtées, lesquelles seront entendues dans suffrages, mais par bulletin de deux noms% si
les 24 heures , conformément à ce qui sera le premier ou le second tour de scrutin ne
réglé par la suite. - -- - -

donne pas cette pluralité absolue, on procé


XV. Les personnes non-dom'ciliées , arrêtées
dans l'arrondissement d'une section , seront
dera à un troisième et dernier , dans †
on m'écrira qu'un nom ; les voix ne pourront
conduites chez le commissaire de police : si porter que sur l'un des deux citoyens qui en
elles sont prévenues d'un désordre giave ou auront obtenu le plus grand nombre au second
d'un délit , celui-ci pourra les envoyer dans scrutin.
une maison d'arrêt, où elles seront interro XXIV. Le commissaire de police et le secré-. .
gées dans les 24 heures , et remises en liberté , taire-greffier ne pourront être choisis que
ou, selon la gravité des circonstances, livrées parmi les citoyens eligibles de la section, et
à la justice ordinaire , ou condamnées par le ils seront tenus d'y r sider. -

tribunal de police qui pourra être établi. XXV. L'élection du secrétaire-greffier se


XVI Le commissaire de police , en cas de fera au scrutin , par bulletin de deux noms
vols ou d'autres crimes, gardera pardevers lui et à la pluralité # , laquelle sera au moins
les effets volés et les pièces de conviction , du quart des suffrages.
pour les remettre aux juges. Dans tous les cas, XXVI Les seize commissaires de section
il dressera procès-verbal des pièces et des faits ; seront choisis parmi les citoyens éligibles de la
il inscrira les faits sur son registre, et il tiendra section, au scrutim par le bulletin de liste de
registre du tout ; il'en înstruira de plus le dé six moms. -

partement de police et le commissaire de sec XXVII. Ceux qui, par le dépouillement du


tion qui se trouvera de service.
- #v§ Hors le cas de flagrant délit, la muni scrutin, se trouveront réunir la pluralité rela
cipalité ne pourra ordonner l'arrestation de qui tive du tiers au moins des suffrages, seront dé
clarés commissaires. - -

que ce soit, que dans les cas et de la manière *

† seront déterminés dans le réglement de


olice. -
XXVIII. Pour le nombre des commissain
restans à nommer, comme aussi dans le cas où
xVIII. Le commissaire de police, rendra aucun citoyen n'auroit eu la pluralité du tiers
compte au maire, ainsi que l'ordonnera ce des voix, il sera procédé à un second scrutin
lui-ci. par bulletin de liste de six noms, et ceux qui,
XIX. Le commissaire de police , ou le secré † le dépouillement de ce scrutin, réuniront
taire-greffier, rendra, tous les soirs, au com a pluralité relative du tiers au moins des voix,
missaire de section qui sera de service , un seront déclarés commissaires.
compte sommaire et par écrit des événemens XXIX. Si le nombre des seize commissaires
de la journée, n'est pas encore rempli, ou si aucun citoyen nº
XX. Le secrétaire-greffier tiendra la plume se trouve élu, il sera procédé à un dernier scru
aux assemblées du comité; il dressera les procès tin par bulletin de liste de six noms, et à la
verbaux lorsqu'il en sera requis par les com simple pluralité relative des suffrages : ceux qui
missaires; il sera chargé de faire les expéditions, l'obtiendront, seront déclarés élus jusqu'à con
les extraits et les envois à qui il appartiendra ; currence des seize commissaires à nommer.
il sora aussi chargé de la tenue de tous les re XXX. Si un citoyen nommé commissaire au
gistres nécessaires aux fonctions du comité et troisième tour, refuse, il sera remplacé par le
du commissaire de police. concurrent qui, dans ce même tour de scrutini
XXI. Les appointemens du secrétaire greffier aura eu le plus de voix après lui : si un citoyen,
seront réglés par le conseil général de la com nommé commaissaire dans les deux premiers
mune ; ils seront acquittés des deniers com scrutins, refuse après la dissolution de l'assem*
muns de la ville. . ) " . -

blée, il sera remplacé par celui qui, dans lº


XXII. ll sera procédé à l'élection des seize divers scrutins, aura eu le plus † voix. Ces
commissaires de section , du commissaire de commissaires des sections , en cas de mort ou
olice, et du secrétaire-greffier, par les assem de démission dans le courant de l'amnée, sº"
§ de chaque section , immédiatement après
ront remplacés jusqu'à l'époque ordinaire dº
les élections des membres du corps municipal élections, par ceux des citoyens qui aurontº
et du conseil général de la commune. la pluralité des voix après eux; et pour exécº
A* - - - ( 5 )
ter lesdites disposisions, on conservera les ré la patrie : d'accord , sur le fonds , de ne
sultats des scrutins ». -
point laisser au pouvoir exécutif le droit de
XXXI. L'exercice des fonctions de commis paix et de guerre , il a offert son projet, re
saires de police sera incompatible avec celles touché d'après les observations judicieuses de
de la garde nationale. M. le Chapelier. En donnant au roi l'initia
( La suite demain. ) tive sur la question de la guerre , il transporte
au curps législatif le veto que le roi a pour
Séance du 22 Mai. les autres loix du royaume.
Enfin la discussion ayant été déclarée fermée,
Il est des opinans qu'il suffit de nommer, on a fait lecture des divers projets, et celui de
pour qu'on sache quel est leur voeu dans la M. de Mirabeau, combiné avec le principe de
question qui se décide aujourd'hui. Par exem M. Barnave , et enrichi des amendemens de
| ple, que serviroit de dire que M. d'Estourmel, tant d'illustres citoyens, dont le nom va être
| député de la feue noblesse du Cambrésis, a immortel comme la constitution françoise, des
| demandé pour le pouvoir exécutif la plénitude Menou, des Chapelier, des Freteau, des Saint
| du droit de paix et de guerre ? M. d'Estour Fargeau, des Péthion, etc. etc. ect. a formé ce
| mel pouvoit-il parler autrement ? décret mémorable, que toute la France va re
L'avis mitoyen de M. de Mirabeau a reparu cevoir avec l'ivresse de l'admiration et de la re
appuyé du suffrage de M. du Quesnoy. connoissance :
« Vous avez vu, a dit M. Goupil de Préfeln, « L'Assemblée mationale a décrété, comme
dans la nomination des officiers de judicature, article constitutionel, que le droit de faire la
un moyen dangereux dont il seroit trop facile paix ou la guerre appartient exclusivemené
aux ministres d'abuser pour sapper la consti à la nation , que la guerre ne pourra avoir
tution nouvelle ; est-il donc moins effrayant, lieu que sur un décret de l'Assemblée natio
le droit de la guerre ? Laquelle des deux est male , rendu sur une proposition formelle né
plus à craindre, de la violence ou de la cor cessaire du roi, et sanctionnée par lui ». -

ruption ? Je n'y vois d'autre différence, sinon Le soin de veiller à la sûreté, à la propriété ,
# que l'une auroit miné insensiblement, de faire des préparatifs, de distribuer les for
ſ'autre le renversera en un jour. Soyons con ces, etc. sera du ressort seul du pouvoir exé
séquens, adjugeons au corps législatif ce qui cntif.
est de décision, et tout ce qui est d'exécution Il y a dix articles de détail qui n'ont pas en
au roi ». L'orateur a terminé son discours, en , core reçu le dernier travail de la rédaction :
demandant la nomination d'un comité chargé nous les donnerons demain.
de rédiger un code politique. -

A V I S.
Après avoir analysé, avec froideur et impar
tialité, toutes les opinions précédentes, M. le MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
Chapelier a démontré en peu de mots, que, mars pour 3 mois , sont avertis que lcur Abonnement
« donner au corps législatif, seul, le droit de ſºnit au 31 du courant , et priés de renouveller avant
1a guerre et de la paix , c'étoit établir une qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et
constitution républicaine; que conférer au pou
voir exécutif, seul, ce droit redoutable, c'étoit d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
tel mois, afin d'éviter les doubles emplois. ---

exposer l'empire au retour du despotisme, et


se soumettre à la loi du sort, qui produit si
rarement le miracle d'un bon roi ; » et M. le
Magnanimité patriotique d'un maire de
Chapelier a fini par adopter le projet de décret village.
dé † de Mirabeau, avec deux amendemens
sur le cas d improbation de la part du corps Les habitans de Haute-Vigne, près Gontaud,
législatif, et sur le mouvement des gardes dans le district de Tonneins, manquoient de
nationales pendant la guerre. bleds ; et cependant le fermier du seigneur de
« Que sur la proposition du roi , le corps cette paroisse en avoit une grande quantité ,
législatif ait le droit de décider la guerre, » qu'il ne vouloit point vendre à ses concitoyens,.
a dit M. Duport , avec une précision peu parce que ses concitoyens pauvres lui deman
COIIlIIlllIle.
doient crédit ; et il se disposoit à faire partir
( 4 )
mine se ſait entendre , ( ce cri est terrible ) on roient sous leurs mains. Léopold II, qui jus
s'assemble auprès de la maison du fermier , et u'isi a refusé de se rendre aux sollicitation
l'on alloit en forcer les portes, lorsqu'un vieil # la noblesse, et lui disant de s'arranger, cal
lard vénérable, un père de ſamille, un illustre mera probablement les esprits lors de son cou
laboureur, le maire de Haute-Vigne se pré ronnement, pour lequel ont fait les plus grand
sente : « qu'allez-vous faire , mes amis ? vous préparatifs La reine son épouse y sera avec lui
déshonorer ? donner prise sur vous aux ennemis On l'attend au plutôt à Vienne. Léopold ira au
de notre sainte constitution ? calmez-vous » : et devant d'elle jusqu'à deux postes.
s'adressant au fermier qui commençoit à pâlir :
« combien vaut tout le bled que vous avez dans vos DE L o N D R E s, le 14 mai.
greniers ?vous me connoissez ; voilà des lettres
de-change payables dans le courant d'août pro Notre consul à Livourne confirme, dit-on
chain. Si mes concitoyens ne peuvent m'en par une lettre, l'alliance de l'Espagne avec Pc
remettre le prix avant ce temps-là je vendrai tersbourg, Naples, Turin et Venisè. D'un autr
mon bien : et lorsque je n'en aurai plus je don côté, M. Fox soutient que ce sont les ministre
nerai ma vie, oui , ma vie pour le salut de mes de France qui soufflent le feu de la guerre, t
frères, et pour la gloire de la nouvelle consti qtte cette ligue s'étoit concertée avec les anti
tution ». A ces derniers mots , des larmes cou patriotes de ce royaume, pour attaquer la na
lent de tous les yeux ; le fermier lui - même tion au dedans et au dehors. D'autres souti
rougit de honte en ouvrant ses greniers : et des nent que tous nos préparatifs de guerre me s
cris répétés vive la constitution ! vive notre qu'un voile dont le † Pitt veut cou
maire ! vive notre père ! se font èntcndre dans le faux emploi du million et demi sterling qu
tout le village. Pcuples francois , vous qui avez vient d'escroquer à la nation. En ce cas là ,
tant flagormé le charlatan Necker , riche au seroit aussi bon patriote que les ministres de
jourd'hui à 5o millions au moins , voyez com notre voisin, qui, nés sans fortune, parvien
bien ce genevois est petit auprès du laboureur nent à se procurer 12 à 15 millions de bi
maire de Haute-Vigne. CARRA. dans l'espace de quatre à cinq ans. Des parti
sans de Pitt publient que les Espagnols, en con
AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. séquence de cet aveu de l'évangilë, je suis venu
apporter la guerre, etc. ont commis à Not! !
D E R A T I s B o N N E, le 7 mai. les plus horribles cruautés, dont il faut avo1
vengeance ; mais nous n'en croyons rien, quoi
Les troubles deviennent très-sérieux en Hon qu'un peuple , qui est encore à la merci d
grie. La noblesse, toujours conduite par son moines, puisse facilement en suivre les conse
esprit oppressif, prétend faire rentrer dans la sanguinaires , et renouveller les scènes de
condition humiliante de serfs des hommes libres sarre et de Cortez. Pitt refuse absolument
par la nature, et confirmés dans ce droit par donner aucune explication sur les motifs de
plusieurs titres authentiques. les paysans se guerre où il veut nous plonger ; et M. F
sont déja assemblés en divers cantons , et ont malgré ses instances , a été vaincu par u
juré d'exterminer tous les nobles qui tombe grande majorité, que le ministre s'étoit assu
Faute à corriger dans le N°. C C XXX I I.
Page première, lignes 2o et 21, les nés Suddan et Huguenots Fribourgcois ; lisez, les nommés
Suddam et Huguenot , Fribourgeois.
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un au , 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tont !
rºyaume le premier Numéro a peru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne cenunence que du grenier d'un *
"--

S UP PL ÉM ENT A U Nº. C C xx x I I I.
#
#ettre 'ët délibération des habitans de Blé Ces paroles ont arraché des larmes à tont le
§, rancourt, près Chaulny , adressées au pré
-1*. i
monde : M. le maire, la main sur le feu , a
1: sident de l'Assemblée nationale. répété le seraient avec les autres officiers mu
ll...- -
nicipaux. Il a ensuite félicité M. de Saint-Just,
M o N s EI G N E U R, en lui disant : « Jeune homme, j'ai connu votre
père et votre grand-père, vous êtes digne d'eux ;
i « Voici ce qui se passe dans les campagnes, poursuivez comme vous avcz commencé , et
nous vous verrons à l'Assemblée mationale » :
nndis que vous travaillez à la liberté; puissent et ont signé, Honoré , maire ; Monnoveux ,
, # rougir à la lecture de co qui suit, les tyrans
aºui cherchent à nous séduire, et qui nous re Tliuillier l'aîné, Carbonnier , Dutailly, Quen
un tésentent lareligion comme la fortune , une telor , J. B. Capperon ct Thuillicr le jeune,
m-ourse à la main, elle qui est si pure et si mo secrétaire-greſſier.
#rérée. « Heureux le peuple que la liberté rend ver
, Extrait du registrc des délibérations de la tucux, ct qui n'est fanatique que de la vérité
r ;iunicipalité du bourg de Blérancourt. et de la vertu ! Voilà l'esprit qui nous anime .
s- « Cejourd'hui quinze mai mil sept cent quatre monseigneur : et ce qu'il y a de plus consolant
lingt-dix, la municipalité de Bl rancourt étant pour vous, c'est que toute la France éprouve
#traordinairement convoquée , les mêmes sentimens. Excusez des paysans qui
+ François Monneveux, procureur de la com savent mal exprimer la tendresse, la reconnois
§aune, a porté la parole , et nous a dit : sance, mais qui conservent à l'Assemblée na
· « Que le onze du présent mois, il a été tionale, dans l'occasion, des cœurs, du sang
cidressé à M. de S. Just, électeur au départe et des bayonnettes ».
§nent de lAisne, et demeurant audit Bléran Nous avons l'honneur d'être , monseigneur,
,,court, un paquet contenant trente exemplaires vos très-humbles, etc. les liabitans de la
d'une feuille ayant pour titre : Décleuration municipalité de Blérancourt.
# une partie de l'-4ssemblée nationale, sur Cette adresse a été lue à la séance du mardi
• vt décret rendu lc 15 avril 179o, concernant soir 18 mai ; plusieurs membres ont demandé
, z religion ». -
qu'elle fût imprimée et distribuée à tous les
· Qu'à cet envoi étoit jointe une lettre rem députés. Ce voeu a été adopté avec un applau
§ lie , de maximes odieuses, qui l'engageoit à dissement à peu près unanime.
† le crédit qu'il a dans ce pays en fa Réponse des maire et oſſiciers municipaux de
|ſeur de la religion, sappée par les décrets de
† nationale, et à promulguer l'écrit ,
§ontenu dans l'envoi.
la ville de Gravelines, au départemcnt du
nord, aux lettre et dólibération qui leur ont
# Ici l'assemblée a demandé, d'un seul cri,
, a lettrè à M. de S. Just ; ce dernier a été prié ' cté adressées par MM. les président ee
| le se rendre à l'assemblée , et a fait lecture de commissaires de l'assemblée des catholiques
"a lettre qu'il avoit dénoncée lui-même au pro de la ville de Ntmes, le 29 avril.
#ureur de la commune.
Toute l'âssemblée , instamment révoltée des Messieurs, nous avons reçu, avec toute l'in
incipes abominables que les ennemis de la . dignation que doit inspirer à tous les bons
révolution cherchent à faire circuler dans l'es citoyens, à tous les François dignes de cet hono
prit du peuple, rable nom, la conduite de l'assenublée des ca
, A arrêté que la déclaration seroit lacérée et tholiques de la ville de Nîmes, la lettre ct la
brûlée sur le champ, ce qui a été fait à l'heure délibération que vous nous avez adressées.
me , et M. de Saint-Just, la main sur la Loin d'adhérer à ces actes tout-à-la-fois
amme du libelle , a prononcé le sermcmt de inconstitutionels et fanatiques, nous gémissons
mourir pour la patrie, pour l'Assemblée natio de l'erreur et de l'aveuglement où sont plongés
male , et de périr plutôt par le feu, comme leurs autcurs. Et c'est à la fin du dix-huitième
l'écrit qu'il a reçu, que d'oublier ce serment. siècle, c'est au milieu de l'un des peuples les
233 bis,
- , --

plus éclairés de l'univers, que l'on s'efforce Bibliothèque de l'Homme public, ou Analya
de renouveller, sous le voiie spécieux de la raisonnée des principaux ouvrages françoi
religion et sous les dehors d un faux zele pour et étrangers sur la politique en général, l,
la gloire et le bonheur du monarque , des
scènes d'horreur qui font la honte de l'humu législation , etc. Par MM. de Condorcet
nité et qui sont vouées à l'exécration de toutes de Peyssonnel, le Chapelier, et autres gen
les générations ! de leètres, comes III et IV. A Paris, che
on, messieurs, mous ne nous déshonorerons
point, nous ne souillerons point notre vie, nous Buisson , rue Hautefeuille.
ne flétrirons pas l'opinion que nos généreux Le travaii de cette grande entreprise répon
concitoyens ont conçu de nous , enfin , nous au non de ses illustres auteurs, et le succt
ne nous rendrons pas indignes de la conſiance m'en pouvoit être incertain.
dont ils nous ont honorés , en secondant , par Le troisièine volume contient plusieurs an
- -

une criminelle adhésion, vos coupables et vains et conseils de GUICHARDIN , l'élève de Ferdi
efforts pour armer le frère contre le frère, le nand, le confident de Charles V. DUHAILLAN
fils contre le pere , en un mot , pour faire de l'état et succès des affaires de France
égorger des François par des Fran,ois. Puis traité estimable, du moins par l'exactitude di
sions - mous périr à l instant , plutôt que de faits. Dans des recherches sur la populatio
faire jamais vers r une se le go tte du sang de en général, et sur celle de la France en pa
nos frères, en allumant l'l,oi rible flambeau du
'ticulier, on a réuni tout ce que Strabon, Dic
fanatisme ! Que tous les citoyens des contrées dore de Sicile, Vossius, Montesquieu, Necket
méridionales de cet empire , ne pensent-ils Wallace, etc. ont pensé de plus piquant su
comme ceux des contrées du nord..... !
cette matière. Le volume est terminé par un
Telle est, messieurs, notre proſession de foi : analyse de ce fameux ouvrage de M. Smith
il est bon que vous la connoissiez, ainsi que Recherches sur la nature et les causes de l
tous ceux qui seroient tcntés d'ébranler nos richesse des nations, le plus beau présent qu
principes : c'est ce qui nous a eng'gés à vous la philosophie ait fait à la société ; ouvrag
faire parvenir cette réponse d une manière sur-tout nécessaire en ce moment, où une le
plus autlientique, en nous servant de la voie gislation nouvelle vient s'établir sur les prin
§ Annales patriotiques. Nous espérons qu'en cipes immuables de la raison, et nous rendi
donnant à nos sentimens toute la publicité que les bonnes moeurs, qui en sont l'émanation nº
semblent exiger les circonstances , nous nous turelle.
nnettons à l' bri de recevoir désormais - des
Après les profondes spéculations de Smith(!
écrits aussi repr hensibles que ceux que vous le lecteur reposera sa pensée sur la Républi
nous avez adressés , et nous épar nerons à
leurs auteurs l'humiliation de n'obtenir que des de Platon, analysée par M. l'abbé Barthele
puis sur l'Utopie de T'h. Morus, qui ne sen
répons s d'une juste improbation. " . ,
pas toujours le réve d un homme de bien, !
Signé, les Muire et O ſiciers municipaux que l'accroissement des lumières semble renº
de la ville de Gravelines. praticable , au moins en quelques parties. Vien
ensuite le Traité de la Politique de Franº
Courier de Lyon , 14 mai 179o. par M. le marquis de C,.... , lequel est suivi de
Salut et honneur, au nom de la patrie , aux Ma civies politiques de Bacon, que l'on a*?
religieux du tiers-ordre de Saint-ſ rançois de pell es 1.E BR ÉviAtRE DEs RoIs. •
la Guillotière , ( près l yon ) qui ont reçu avec Cette distribution d'auteurs et de matièrº
| indignation le paquet contettant les protesta fa t homneur au goût des éditeurs de la Biºlº
: tions contre le décret du 13 avril dernier, et ritÈQUE DE L'HoMME PUBLIC. La variété répº
- l'ont envoyé à l'Assemblée nationale , en lui sur cet ouvrage toute la grace dont l'austé#
exprimant, dans une vigoureuse adresse, que les
du sujet puisse le faire paroître susceptible; la
- enncmis de la r'volution se so1s bien mépris , tention du lecteur esl soutenue sans monº
nie ; et le livre deviendra toujours plus utile
quand ils ont osé les soupçonner traitres à la
nation , et capables de boire à la coupe empoi par cela même qu il se montrera plus agréabl —

sonnée. - Les religºux du tiers-ordre seront


ils les seuls que nous ayons à citer ? (1) Quatrième volume. ,
A N N A L E
PAT R I O T I Q U E S ET L I TT E R A I R E S

D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E S PO L I T I Q U E S DE L' E U R O P E;
l ,J O U R N A L L I B R E,
/ - - - -

Par une Socis'té d' Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. ME n c r E R.

Il ne faut ni art ni science pour exercer la tyrannie. LA BRUrYÈRE.

N°. C C X X X I V. Du Lundi 24 Mai 179o.


• Ass E M B L É E N AT I O N A L E. la division de la capitale en quarante - liuit
sections. -

. Suite de la séance du 21 mai au soir. Ensuite il a proposé un proj2t de décret


h pour marquer la ligne de démarcation des
fonctions d'entre les inunicipalités et les assem
Art. XXXII. Lrs commissaires de scction. le blées de départe aent.
| commissaire de police et son secrétaire-greſſier M. J)upont a demandé le renvoi de cet arti
prêteront sºrment entre les mains du président cle,qui a trait à tout le royaume, à une séance
de l'assemblée de la section , de bien et fidèle du soir : ce qui a été adopté.
ment remplir leurs devoirs. Sur le projet de décret tendant à renvoyer la
: XXXIII La moitié des commissaires de sec division des qu urante-huit sections de la ville de
tion sortira chaque année. La première sortie Paris, M. de Lam tl1 a demandé le renvoi de
fera par la voie du sort , elle n'aura lieu qu'à cette opération à l'examen des districts de Pa
époque des élections ordinaires en 1791 , et ris , avec d aatant plus d'instance . que toutes
pour la première fois le tenips qui s'écoulera les v'll 's du royaume avoient envoyé des dépu
tés qui avoit ut été elitendus. M. I3émeunier a
ºntre l'époque de leur élection et l'époque fixe dit que les commissaircs des soixante districts
s élections ordinaires ne sera point compté.
Sur le dernier article du projet, M. Reuball seront certainement cntendus, mais que l'opé
proposé de retrançher cet article , portant ration ne sera pas faite pour les siècles ; qu'êlle
ne le secr'taire-greilier pourra être changé ourra être rcctiſi'e après la première assem
ur la dem Inde du commissaire de police. lée de la commune, si elle le juge à propos.'
,
L'Assemblée a décrété que le dernier article M. Duport a dit que les c.toyens de Paris
verroient avec plaisir que les commissaires des
#Ensuite
supprimé.
l'Assemblée a décrété que le secré
districts soient consultés sur la division.
ºr§ier sera réélu tons les §.
ans , en
M. le rapporterºr a adopté l observation, en
p Servant seulement que SOIl -changement IlC
suite le decret a été rendu comme il suit :
XXXIV. l'Assemblée nationale, en cxécu
urra pas tomber la même année que celle tion de l'art.Vl du titre premier du réglement
u commissaire de police. , pour la municipalité de la capitale, autºrise les
M. lDémeunier a proposé de charger les qua commissaires adjoints au comité de constitution
º commissaires adjoints au comit de consti à traccr la division de la ville de Paris en qua
rantc-huit sections . anrès avoir en t•»d,, 12
( 2 ) -

cônmissaires de la municipalité provisoire, et On a passé au sixième, qui a été décrété sans


les commissaires des soixante districts actuels, | réclamation. -

VI. Toute déclaration de guerre


et les charge de rendre compte à l'Assemblée en ces termes : de la part du roi, ausera faite
nom de
des difficultés qui pourront survenir.
Les commissaires adjoints signeront deux la nation.
exemplaires du plan de la ville de Paris, divi Le septième a éprouvé peu de discussions ;
sée en quarante-huit sections , et du procès on a demandé que les mots , sera tenu de
vcrbal de division ; l'un des exemplaires sera déférer, fussent changés en ceux-ci qu'on a
déposé aux archives de l'Assemblée nationale, insérés dans l'article :
VIl. Pendant tout le cours de la guerre, le
l'autre sera envoyé au greffe de l'hôtel-de-ville.
M. Duport a présemté quatre articles addi corps législatif pourra requérir le pouvoir
tionnels qui ont été ajournés. exécutif de négocier la paix, ct ce pouvoir exé
cutif sera tenu de déférer à cette réquisition.
Sutte de la séance du 22 mai. Le huitième a été adopté avec le seul chan
gement du mot, troupes extraordinaires, en
Nous avons donné le premier article décrété, ceux-ci qu'avoit proposés M. d'Estourmel, et
et le second en substance seulement; nous al mises sur un pied au-dessus du pied de paic.
lons le donncr ainsi qu'il a été décrété. Voici comme il est conçu :
Art. II. Que le soin de veiller à la sûreté ex- . ViIl. A l'instant où la guerre cessera , le
térieure du royaume, de maintenir ses droits et corps législatif fixera le délai dans lequel les
ses possessious, est délégué au roi par la cons troupes mises sur pied au-dessus du pied de
titution ; qu'ainsi lui seul peut entretenir des paix , seront congédiées, et l'armée réduite à
relations politiques au dehors, conduire les né son état permanent ; la solde desdites troupes
ocirtions, en choisir les agens fa'ºe des prc m > era continuée que jusqu'à la même époque,
paratifs de guerre proportionnés a ceux des après laquelle, si les troupes extraordinaires
états voisins, dist, ouer les forces 'lc terre et restent rassemblées , le ministère sera respon
de mer, ainsi qu'il le jugera coiiv nable, et en s ble, et poursuivi comme criminel de lèze
régler la direction en vas de guerre. -
lld llOIl. , -

III. Dans le cas des liosi lités imninentes ou On n'a changé qu'un mot au meuvième ar
commencées, d'un allié à sout ºnir , d'un droit ticle , appartien ira en celui appartient , et
à conserver par la force des armes , le roi fera l article a été conçu ainsi :
, donner, sans aucun délai , la notification au IX. Il appartient au roi d'arrêter et de signer
avec les puissances
qu il jugeraétrangères toutes
corps législatif, d'en faire connoître les causes
ct les motifs : et si le corps législatif est en va
ventions néeessaires au les
biencon
de
cance, il se rassemblera sur le champ. l'état ; et les traités de paix , d'alliance et de
- TV. Sur cette notification, si le corps législatif commerce ne seront exécutés qu'autant qu'ils
jage que les hostilités commencées sont une auront été ratiiiés par le corps législatif " ,
, agression coupable de la part des ininistres, ou La séance a « té levée à sept heures, et in
de quelqu'autre agent du pouvoir exécutif , quée à lundi prochain: - -

l'auteur de cette agression sera poursuivi comine A V I S.


criminel de lèze-nation.
L'Assemblée nationale déclarant à cet effet
que la mation françoise remonce à toute espèce
MM. les Abonnés , dont la jouissance date
mars pour 3 mois , sont avertis que leur Abonne
# -

de conquête, et qu'elle n'emploiera jamais ses finit au 51 du couraut , et priés te renouveller avan
forces contre la liberté d'aucun peuple. qu'il ſinisse pour plis de celérité dans le service
Mº/. sont aussi prévenus de répéter leur adresse #
V. Sur la même motification, si le corps lé d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier
gislatif décide que la guerre ne doit pas être tel mois, aſin d'éviter les doubles emplois.
faite, le pouvoir exécutif sera tenu de prendre
sur le champ des mesures pour faire cesser ou
prévenir toute hostilité , les ministres demeu
P A R I s, le 22 mai.
rant responsables des détails. Hier au soir les patriotes du Palais-Roya
Le cinquième du projet devenu le sixième
après § discussions , a été ajourné et ont fait un auto-da-fé d'une édition des Acte
renvoyé au comité de oonstitution. | des Apôtros, et de plusieurs autres pam
anti-civiques saisis chez le libraire Gattov. dont dans les assemblées administratives et de
la boutique est le rendez-vous continuel des judicature......
aristocrates. Ils ont en même temps chassé du Continuez , mosscigneurs , vos glorieux tT{l
café de Valois une autre tourbe d'aristocrates vaux, nous vous en con)urons par ce que vous
qui tenoient leurs séances dans ce caſé, et en avcz de plus clier , le bien de l'empire ; ne
suite ils ont purifié le lieu avec des fumigations désemparez pas , nous vous en supplions, jus
de genièvre. Le même jour on a brûlé , en qn à ce que vous ayez achevé la constitution .
ramde cérémonie, sur le parvis Notre-Dame, cet édiſice superbe et majestueux qui ſera la
a protestation du chapitre de cette cathédrale, gloire ct le bonheur des François.
et un grand nombre de libelles impies . dirigés Nous sommes , avec un profond respect ,
par les ſanatiques et les fous contre l'Assemblée Nosseigneurs ,
nationale. Toutes ces opérations se sont faites Vos très-liumbles et très-obéissans serviteurs
dans le plus bel ordre , et sans qu'on se soit les officiers municipaux.
permis seulement de coudoyer un aristocrate. Sigizés , Eustache , maire ; Normand de Mar
1.e pcuple est prévenu que ses ennemis ne de tignan , Murent , curé de Viorzon , Gode
manderoient pas mieux que de se voir frappés 1nttsse, Pallienne, Grillon d'Anvault, Brunet
pour avoir 'occasion de crier au peuple tigre ! Dumont ; Godin, procureur de la commune ;
au peuple antropophage ! conséquemment il se Guillot , secréraire. • .

contient d'une manière admirable , et se con Nous applaudissons , avec la France , et


tente de les honnir. de les conspuer et de les nous applaudirons toujours de toutes nos forces,
vilipender, ce qui est bien la moindre chose les municipalités, quand elles manifesteront ,
pour tout le mal que ces stupides et enragés Comune celle de Vierzon , avec autant de zèle
aristocrates cherchent à lui faire. C.... que d'énergie, leur patriotisane.
Extrait de l'adresse de la municipalité de Le numéro 217 de nos Annales avoit annoncé,
Vierzon à l'Assemblée nationale, du 16 mai. sur une lettre signée et datée du 26 avril der
Noss E I G N E U R s , nier, que M. de Bartillat ſaisoit une collection
de canons dans son châtcau de Bartillat, près
Les offic,ers municipaux de la ville de Vierzon, Miontluçon , en Bourbonnois. Le mêma jour,
20 avril. l ! municipalite d'Huriel ſit une perr
énétrés d'un saint respect pour les décrets de
'Assemblée mationale , n'ont pu voir qu'avec la quisition dans ce château, et le 14 de ce mois
plus vive douleur des protestations ſaites contre celle de Montluçon s'y cst transportée pour le
celui qu'elle a rendu le 13 avril dernier. même objet., M. Boutliellier, député à l Assem
Leurs concitoyens, aniinés du 11.ême zèle et bl e nationale, nous apprend, dans une lettre
remplis du plus pur patriotisnie , en dénonçant du 2 o de ce mois, que ces deux n1unicipalités
les protestations à leur municipalité , ont re n'ont point trouvé de canons chez Mi. de Bar
marqué, avec le plus grand étonnement. qu'elles tilat : ce qui riotts ſait d'autant plus de plaisir,
sont signées de presque tous les députés du quc M. de Jartiilat, maréchal de camp , quoi
º# du Cher (1)...... que pcut-être un peu attaché à l'ancien r, gme,
à toujours passé dans son pays pour un homine
a gºrde nationale et tous les citoyens de
Vierzon joints à la municipalit , déclarent honnête , bien faisant et charital,le ; mais , dans
hautenent trattres à la nation , ceux qui ont les circonstances où nous sommes , nous ne
souscrit on souscriront ces protestations. ainsi devons rien négliger. — On nous mande égn
lºmcnt de Saint-Claude que l'abbé Cohn , dé
que ceux qui v ont donné ou y donneront l ur
adhésion ; et les déclarent, comme tels inca noncé dans notre nºm ro 2 17, pour avoir
Pables à jamais de posséder aucunes places br douillé en chaire le décret de l'Assemblée
nationale sur la vente des bi ns du cl rgé, avoit
offert depuis de lire vingt fois ce déer t. et de
(1) Les députés du département qui ont signé ces bi, n martcler les mots. C bon abbé, excellent
protest itions sont :
patriote au ſond de l'ame, avoit cédé au pre
L'archevêque de Bourges ; de Villebanois, curé
de Saint-Jean-le-Vieux, à Bourges ; Yvernault, ch - mier moment à l'impulsion , aux ordres de
noine de Saint - Ursin ; le comte de la Châtre ; le quelques - uns de ses supérieurs ; mais, rendu
m " iis de Bouthillier ; de JBengy de Puivallée ; à lui même, il a reconnu son tort, et a mérité
Thoret, médecin ; et Sallé de Chou, avooat du roi par-là l'cstime et l'attachement de Lous les amis
à Bourges. de la patrie et des gens de bien. C.....
( 4 )
Unicé , célér ité et génie du pouvoir exécutif la guerre civile auroit été commencée dans
des gardes nationales. vingt endroits , avant que ces ordres fussent
digérés et arrivés. Ainsi le problême est résolu
Le zèle patriotique de nos frères de BordeaNx en laveur des gardes nstionales, et ce sont les
n'est pas seulement remarquable par l'unité de bordelois qui ont résolu ce problêne. CARRA.
leurs principes et la célérité qu'ils ont mise à
marcher vers Montaub n, mºis par l ordre ad AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
niirable et vraiment ingénieux de lºurs dispo
sitions , de leur d, part et dº leur m urche. L) R V I E N N r , le 8 mai.
A peine les nouveliºs du massacrº con1m s à
Montauban furent-elles arrivées à Bordeaux , Le ton avec lequel les paysans , députés des
que la société du c ſé n tional arrêta , 1". que diversºs provinci s, ont parlé , a fait sent r à
le signe distinctif des p triotes qui pourroient notre monarque qu il avoit été mal informé de
marcher vers Montauban , s. ro. t tt a mouc o.r la part des iiatteurs qui avoient d'abord ex
au bras gauche ; 2°. que toutes les personn s posé les griefs auxquels il étoit nécessaire de
de bonne volonté iroient se faire inscr. re chez répondre. En conséquence , il a laissé aux mu
leur colonel ou major ; 3°. que les chefs de nicipalités la liberte de taxer les propriétés fon
corps seroient priés de remºttre avant dºux cières , et les fidèles sujets , loin de frustrer son ,
heures au major g néral l ét t des volontaires attente , oni même imposé des fonds qui jus
inscrits ; 4°. que chaque chef de corps au qu'ici avoient joui du droit de ſranchise : tant il
roit soin de se munir d'autant de cllarrettes est vrai que le peuple n'est jamais injuste ni
on charriots garnis de paille , qu il y auroit de violent que quand on viole ses droits et sa li
Go hommes inscrits, pour, lesdites voitur s, por berté !
ter alternativement des sectio:1s de v ngt l1oni La vile de Kovi , que les Turs convoitent
mes ; 5°. que toutes personn s ayant chev ux depuis long-temps, a presque été surprise par
et charriots seroient invités à les tenir prêts à trois cents l'iurcs qui étoient passés à notre ser
marcher , dimanche 16 , à quatre hcures du vice, et s entendoient avec le pacha de T'aunik.
In tin , et messieurs les patriotes priés de Nous sommes très-inquiets ici des forces que
prendre note des personnes qui s'y refuse les Turcs rassemblent vers les frontières de la
roient , etc. ; 6 '. qn à c nq lieures d : soir Croatie : ils ont d ja fait de grands ravages dans
tous les patr'otes qui auroient pris le mou les pays adjacens. la s clieresse n'a pas encore
choir.se rendrolant en détachement au jar permis au prince de Cobourg de quitter ses
din public avec arines, giberne garnie de douze C{l lllOIlIlt* In GI1S.
cartouchcs, et sac au dos, etc. etc. Ces dispo
sitions ont été exécutées à la lettre, et plus de Dc Montmeillant en Savoie, le 6 mai.
14,ooo mouchoirs au bras gauche se sont pré
scnlés ct se sont disputés pour avoir la pré Le peuple veut absolument chasser les aris
ſée nce du départ. On nous écrit d'ailleurs que tocrates françois qui se sont réfugiés ici. Le
3o.ooo bordelois sont toujours prêts à voler gouvernºment s y oppose, et envoie des forces
avcc cet ordre et cette célérité au secours des imilitaires pour les prot ger. Les dragons qui
patriotes, dans quelque coin de la France que ont paru , ont eu la témérité de tirer; mais on
ce soit. Qu'on nons vante donc m intenant est venu à bout de les dés rmer. Toute la ville
l'unité et la célérité du pouvoir exécutif d'un est dépavée : le tocsin a rassemblé plus de 6ooo
seul ! Non, il n'y a rien de tel que le pouvoir paysans qui attendent de pied ferme les troupes
exécutif des citoyens r unis et animés par l'a qu'on veut envoyer contr'eux. On soupire pour
mour de la patrie et le génie de la liberté. la liberté françoise , et il y a grande apparence
S'il avoit fallu attendre dºs ordres dictés par § toute la Savoie va faire éclater # même
dcs mâchoires ministérielles à 2oo lieues de là, CSll'.

On s'abonne à Paris, cnez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Autours des Annales Patriotiques. . .
Chez I)ENNÉ et Pr:TIT , au Palais-Royal ; I3A1LLY , rue Saint-Honoré; madame l}F1.APLANcHE , rue du Roule ,
u°. 17 ; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'E.tranger.
| - -
- -

Le prix de l'abonnement pour ce Journal,'dont il paroit tons les jours un Numéro, est de 56 lic. pour
nn an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pöur trbis mois , franc de port , par la poste , pour rout le
royaume. Le premier Numéro a parit le 3 Octobre 1789 L'abonncment ne commence que du prcmior d'un mois,

-e•mm•
· A N N A L E S :
PAT R I O T I QU E S E T L I T T E R A I R E s .
: D E L A F R A N C E,
E T A F FA I R E S PO L I T I Q U E S D E L'E U R O P E;
J O U R N A L L I B R E,

Par une Société d'Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. Me R cr E R.


Les élémens "† peuvent constituer le bonheur généraI, sont les mêmes
dont notre onheur particulier se compose. Marquis de S.......

N°. C C X X X V.- --

Du Mardi 24 Mai 179o.


ASSE M B L É E N AT I O N A L E. Deux lettres de la municipalité de Montau
ban : l'une, du 16 mai, annonce que tous
Séance du 24 Mai. troubles ont cessé, et que pour éviter le pre
texte de la disette , il a été établi une manu
L1 lecture du procès-verbal, qui n'est ordi facture de draps en faveur des ouvriers indi
nairement qu'une simple formalité, à laquelle g •s. L'autre lettre , du 19, expose quelques
on vaque pendant que les bancs de l'Asemblée alarmes des officiers municipaux , au sujet du
se garnissent graduellement, étoit aujourd'hui mouvcment de la garde nationale de Bordeaux.
une opération de première importance, puis Les deux lettres sont envoyées au comité des
u'elle décidoit de la rédaction irrévoc ible †º qui fera connoître les vrais cou
† décret auquel tenoit peut-être la desti pables.
Au nom du comité des finances, M. de la
née de l'empire. Sur cette lecture, il a été fait
quelques changemens. -
Blache a denxanelé une prorogation pour l'usage
| Art. VI. « Toute déclaration de guerre sera des billets de la caisse d'éscompte , les assignats
faite en ces termes : De la part du roi des ne pouvant être créés et signés d'ici au 15 juin.
François, au nom de la nation Françoise ». « L'Assemblée nationale a décrété que la
IX. « Il appartiendra au roi d'arrêter et de circulation des billets de caisse portant pro
ligner, avec les puissances étrangères, tous les messes d'assignats seroit prorogée jusqu'au 15
ruités de paix , d'alliance , de commerce, et d'août prochain , et que l'intérêt de trois pour
,onventions qu'il jugera nécessaire au bien de cent, qui devoit cesser au 15 juin, continue
'état; mais.lesdits traités et conventions n'au roit à avoir lieu jusqu'au 15 août ».
ont d'effet qu'autant qu'ils auront été ratiſiés M. Gouttes a demandé que vendredi pro
ar le corps législatif». -
chain le comité ecclésiastique donnât son tra
M. de Mirabeau a très-judicieusement ob vail sur la fixation du sort du clergé. M. Mar
ºrvé que, parmi les traités consommés par tineau a dit qu'il étoit tout prêt ; et l'Assem
ansien ministère, il pouvoit s'en trouver qui blée a décrété que vendredi cette question
le fussent pas dignes d'être ratifiés par la seroit entnrinée. · · · · ,; . 1!"

lation ; il a provoqué la création d'un comité - L'Assemblée a reporté sés travaùx sur là
onr examiner tous les traités subsistans, et en grande matière de l'ordre judiciaire. Il s'agi$
lire le rapport au corps législatif }.'Assem soit , † † lieu, de
e réfrrrrna » i »s»
définir quel seroit
( 2 )
onze juges ; chaque juge siégera dans la ville
que la revision no s'appliquoit guères qu'aux où répondra cette section. — Les procès seront
inatières criminelles, et que la cassation em jugés par écrit sur simple requête. — Aucune
brassoit toutes les matières criminelles et ci
cassation n'aura lieu qu'avec les deux tiers de
viles.
« L'Assemblée nationale a décrété unani voix. La loi y sera relatée toute entière, afin
mementnt que les jugemens en dernier ressort que l'on voie mieux comment et par où elle
pourro être attaqués par la voie de la cas a été violée. — Les juges de section recevront
les plaintes d'abus d administration de justice.
SatlOIl ». - Toutes ces sections seront réunies à Paris
Deuxième question. Les officiers qui com depuis le premier décembre jusqu'au premi(r
poseront le tribunal des cassations , seront
février : elles rapporteront en masse les juge
ils ambulans ou sédentaires ? mens qu'elles auront rendus sur les contra
La qnestion a été envisagée par M. Merlin, ventions. La cour de cassation joi»1 lra ses re
pr mier discutant, sous trois aspects. Avan
marques sur l'application des loix dans telle
tage de la justice avantage des juges , avan et telle localité : elle motivera ses observations,
tage des éjustici il s. es qui seront souinises au corps législatif pour y
4.'unit de princip est le premier bienfait
de la justice. Quell s q 1 : pu'ss nt être la clarté avoir tºl ( gard que de raison
L'Assembl('e uée
».
s est distrib dans ses bureaux
et la simpl cité dºs lo x, l est impossibl : qu'elles
me soient pas diversement appliquées en divers pour procéder à l élection d'un président.
li ux, parc quc les faci ' s morales de l'homme Il n'y aura pas de séance ce soir.
sont aussi d,s,parat 's qu · les individus, et de là A J^ I S.
vient cette b ga, rure de jug m ºnt qui fait la MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
houte de notre ancienne jurisprudenc .. Il mars pour 3 mois , sont avertis que leur Abonnement
faut donc . pour ces causes rares ct m Jeures , finit au 31 du courant , et priés de rcnouveller avant
un tribunal unique et sédentaºre. qu'il ſînisse pour plus c'e célérité dans le service.
La corruption approchera plus aisément des 11/1/. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
juges ambulans que d' un tribunal fixe. d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier d
nfin l'interêt du bien public est de tarir la tel mois, aſiu d'éviter les doubles ernplois. " !. |

source des procès. Si vous établissez un tri


bunal ambulant , les demandes en cassation se
multiplieront par la facilité de les intenter, et Suite des triomphes de la raison et de la liberté . |
bientôt vos juges de dernier ressort , devien La France marche à grands pas vers ses haº
dront des juges à quibus Diminuez la tenta tes destinées ; de toutes parts # amis de lali
tion par les difficultés de l éloignement , et berté triomphent, par-tout la nation a vaincº
vous aurez rendu un grand service au plaideur ses ennemis : c'en est fait, les tyrans, les sarº
même.
· M. Goupil de Préfeln reprenant pas à pas -
danapales, les femmes perdues et ſes charlatanº
le systême du préopinant , l'a combattu par
ne disposeront plus ni de notre sang. ni dº
nos trésors, mi de nos opinions. Une fédérº |
des raisons non moins pressantes : il a fait tion générale des gardes nationales de l'empire
entrevoir qu'en rendant sédentaire la cour de
dans cette capitale, vient d être concertée pº
révision, un jour pourroit venir où les agens la municipalité, pour le 14 juillet prochainºº
du po»voir exécutif chercheroient à opposer accueillie avec transport par los soixante disº
ce tribunal à l'assemblée nationale, et à en
recomposer cette cour plénière, dont le nom tricts. Les bas-officiers, caporaux, grenadiº
est aujourd'hui aussi d' crédité que celui de et fusiliers
des régimens de Norman fie'et dº
Beauce, en garnison à Brest, à l'instar des grº
ses inventeurs, M. Goupil trouve, dans la gra nadiers d'Aquitaine et des régimens de †
tuité de la justice, et dans la simplification et de Royal- Champa gne, àonttous
faitles
unrégimen
pacte fºs
des formes, le remède aux maux que semble ratif qu ils ont envoyé é
redouter M. Merlin ; et il propose un projet France, en dépit de la rage anti-civique 65
de décret dont voici la substance : - « La rs
officie aristocrates et de ces lâches ministresº
cour, de cassation sera composée de quatre château des Tuileries. · Nous juron †
vingt-trois juges , dont un de chaque dé braves soldats, de plutôt mourir que de ceº
artement, et domicilié dans l'étendue de son un instant d'être libres. Mais nous protestº
département. — Cette cour sera divisée en huit l n'entendre d'autre liberté que celle
sections, dont cinq de dix juges , et trois de confº"
( 5 )
à la loi et à la subordination qui en émane. - ct du bon gouverncment. Un roi patriote est
Nous jurons enfin d'empêcher, au prix même de le plus puissant de tous les réforinateurs ; car
notre sang, qu'aucun de nous devienne la vic il est lui - même une espèce de miracle si rare
time de la manifestation de ses sentimens patrio ment ou si peu connu , que son apparition
tiques ; ( entends-tu, ministre de la guerre , produira nécessairement l'admiration etl'amour
toi le bourreau et le comp'ice des calomniateurs dans le cœur de tous les honnêtes gens, jcttera
du brave Muscar, ) mais nous regardons comme la confusion et la terreur dans toutes les cons
infâme et indigne d'être soldat citoyen , qui cienccs coupables, il inspirera à tous la sou
conque d'entre nous scroit assez lâche pour mission et le respect. Un nouveau peuple sem
craindre de donner ouvertement des preuves blera naître avec un nouveau roi, et tandis
| de patriotisme ». — D'un autre côté , on vicnt qne les hommes seront persuadés qu'ils sont
| d'imprimer le livre rouge de la municipalité de les mêmes individus, la différence qui sur
| Lyon. ( Bon exemple à suivre par-tout ). D'un viendra dans leur manière de penser, les per
| autre côté , les baptêmes c viques se propagent suadera, presque malgré cux, qu'ils sont devenus
et se multiplient dans tout es les paroisses , et des êtr•, qui n'ont plus rien de leur existence
, l'on ne peut plus devenir clirétien aujourd'hui , ant'rieure. Telle sera la révolution qui s'opé
sans devenir libre en même temps. L'éducation rera nécessairemcnt sous le rºgne d'un roi
, mationale a commencé dans la plupart des col qui nº cherche de patrie que dans le cœur des
| léges et des écoles : on y a substitué les décrets liommes dont il fera l'admiration ».
de l'Assemblé nationale , et l s ouvrages de J. C'est ainsi qu'un judicieux anglois prévoyoit,
J. Rousseau et de Mably, aux v les productions en 175o , les avantages dont va jouir la France
des flatteurs et des historiens des rois. La n LLre sous le règne de Louis XVI , restaurateur d e la
même, (voyez là comme cilº est brillante cette an liberté «. De Villebrunc.
née !)se complaît à nous prodiguer ses faveurs ;
ellesourit à la révolution : et le soleil, regardant AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
, avec dedain les prétendus maîtres de la terre , DE L o N D R E s, le 18 mai.
| semble leur dire : non , je n'éclairerai plus ce
| globe pour votre bon plaisir, mais pour le bon On pense à Londres, comme à Paris, que la
† des humains, et pour dévoiler les turpi qu°rellº suscitée à l'Angleterre par l Espagne,
tudes et l'imbécillité de leurs tyrans. CARRA. est l effet d'une basse intrigue , ourdie dans le
--
silence et l obscurité par les ministres de France
et d'Espagne , pour placer les aristocrates à la
Réflexions d'un anglois sur les avantages d'un tête des a1 nié es, pour les peupler de nobles
# roi patriote. attachés a l'ancien systême et de mécontens,
pour rendre au roi le pouvoir arbitraire, et
« Aussi tôt que la corruption cesse d'être un aux ministres leur insolent despotisme. Voici
des expédiens du gouvcrnement. or elle ces ce qu'en a dit M. Fox d ns la chambre des
, sera de l'être dès qu'un roi patriote sera sur le communes : « Il est impossible de supposer que
trône, I'esprit de la constitution sera établi : et l'Espagne ait osé provoquer une guerre dans
à mesure qu'il s'animora, les ordres et les formºs laquelle , seule , elle auroit à combattre une
de la constitution s'établiront aussi dans lºur m Fine formidable , si elle n'avoit pas été cer
, entier, et deviendront des barrières contre le taine d'être soutenue par quelqu'autre puis
. pouvoir arbitraire , loin d'être le masquº sous sance. Nous devons donc nous attendre qu'il
equel la tyrannie peut se cacher. La dépra y a au fond de cette dispute quelqu'cnnemi
' vation des mœurs de la cour avoit corrompu caché, qni fera cause commune avec clle. Peut
| le cœur du peuple, et exposé la constitution être la '§. ou plutôt la cour de France ,
à sa ruine ; la réforme l'assurera sur une baºe excite-t-elle l Espagne à la guerre, aſin que le
solide. Un roi patriote garantºra ses sujets, sinon mºnistère françois trouve un prétexte pour
: ' du crime pour l'instant , du moins de ses con entrer dans cette même guerre , en apparence
séquences. Sous lui les hommes cesseront bien pour empêcher la ruine d'un allié fidèle ; mais
tôt de faire le mal ; ils apprendront même à au vrai pour se défaire de l'Assemblée matio
, faire le bien : car en faisant de la vertu pu nale, et rétablir le roi , la noblesse et le clergé,
bliquº et du mérite réel les seuls moyens dans leurs anciens pouvoirs et prérogatives -
d'acquérir 'dans l'état un pouvoir utile , il Aujourd'liui les rois et les grands séparent plus
1ournera les passions du côté de la liberté, que jamais leurs intérêts personnels de ceux
^
(4 )
des peuples, et les ministres des deux chefs Elles font un effet prodigieux. On travaille sans
de la maison de Bourbon ont les plus grandes relâche aux petits mortiers de campagne qui
raisons de chercher, dans une guerre, les uns doivent être employés au lieu de canons. Il
à 1 ecouvrer une autorité qu'ils ont perdue , et part sans cesse des trains de grosse artillerie
les autres à affermir celle qu'ils craignent de pour l'armée , la chambre d'Halberstadt a eu
erdre. Cette guerre donc, qui seroit une ca ordre de tenir ses comptes et ses caisses en
§ pour les trois nations , pourroit être etat pour le 8 mai, avant le départ de sa ma
avantageuse au clergé , à la noblesse , aux mi jesté ll y a deux grands magasins établis à
nistres de France , ainsi qu à ceux d' Espagne. Landsberg sur la Warta.
Si nous devons avoir à coinbatre les deux ma Les dernières dépêches de Vienne n'ont pas
rines de la maison de Dourbon , et peut - être été bien reçues. | paroît que Léopold veut
cºlles de la Russie et du Dancmarck , la pers garder la plupart des conquêtes faites sur les
pective est vraiment effrayante , et notre po '1'urcs. On espère qu'il s'humaniseFa un peu. La
sition est une des plus critiques dans lesquelles duchesse de Courlande est arrivée le 26 avril
mous nous soyons jamais trouvés ». à Kœnigsberg. Le roi a nommé le prince de
Sack son député pour porter sa voix à la no
D E V I E N N E, le 9 mai. mination de l'empereur futur. Ce prince part
avec une grande suite , et se rend immédiate
On apprend de Hongrie que le mécontente ment à Francfort.
ment y augmente sans cesse. Les Hongrois
prétendent que le royaume est devenu élec D F M A N II E I M , 1o rvzaz.
tif par le refus de Joseph II à s'en faire cou Les esclaves du despotisme ne pouvant con
ronner roi. On veut bien cependant élire Léo cevoir comment on peut vivre sans ramper sous
pold, mais à condition que les états seront l'autorité de ministres insolens et oppressifs,
convoqués tous les trois ans; qu'il n'y aura croient à peine à Vienne la réalité de la révo
dans ce pays que des troupes nationales : que lntion de la I'rance. il n'est pas de sarcasmes,
les loix ne pourront être faites que du con de propos méprisans qu'on ne se permette à la
sentement des états et de la nation , et que les cour de Léopold contre § mationale
anciennes coutuines seront établies. — On
de Paris. Le baron de Kaunitz , dont la France
ajoute que plusieurs écrits sur la révolution de a tant de raisons de détester la perfidié , se
JFrance , traduits en latin ou en italien, cir
culent dans ce royaume , et que les esprits , prête volontiers à ces propos, qu'on excuseroit
en s'échauffant, commencent à s'éclairer sé à peine dans des pages sans pudeur. On dit que ;
ricusement. M. de Noailles, qui sait le cas qu'il doit faire
du vieux esclave Kaunitz, lui en a dit sa façon
D E B E R L I N , le 2 mai. de penser, avec le ton convenable au ministre
d'un peuple libre, et ne le voit que lorsqu#
L'armée combinée avec la division do celle ne peut s'en dispenser : on assure même qu
des Polonois, doit agir de manière à seconder SG §à repasser en France. -

les opérations du roi de Suède dans le nord. Il s'est manifesté au village de Petersdorf,
Nos troupes n'attendent que le moment de près de Vienne, une maladie qu'on soupçonnº
voler à l'ennemi, et de montrer qu'elles sont être la peste, apportée par des Hongrois, et quº .
dignes de soutenir le nom du grand Fréderic. enlève beaucoup de monde tous les jours. C'est
Le major de Tempelhof vient d'imaginer de de ce village que la peste se porta,à Viennº
petites bombes pour suppléer à la mitraille. en 17o9. - - -

- - #

On s'abonne à Paris , cnez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
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· Le prix da l'abonnement pour ce Journal, dont il paroit tons les jours un Numéro, est de 36 lio. pºº!.
un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout º
rqyaume.Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789. L'abonneinont ne commence que du premier d'un moi*
- - | - "Y
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| PATR : oT IQU E s E T L IT T E R A I R È s
|
' D E L A F R A N C E,
| ET AFFAIRES PoLITIQUES DE L'E tRoP E, - -{ # ** -
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•X • • :
f

" : Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. MER cz E R.


-

*, : ( ; .: . !" , .
,'. ; ', J · e ------- -rr+-rr-rrrr--r-rr- | T - T, |. + + =
-, · · ·· ···1 : L§n amour tºndre pour l'intérêt général qui prºraºt sus -

|. | --,s
• • • , - j :• .. · a : , ! intérèt particulier; il fait
-- - s - -- 4 = - º - : -, qutrepasser
i - * " , .. ·
:: · au
*:- , citoyeu
• xJ : ses devoirs ordinaires. . , : ,
•. '. - 7 - - - - .
: ------ - º > i -- '' , - 2'2 . ' . · -
N°. C C XX X V I. Du Mercredi 26 Mai 179o. -

• :•. \ *

1 * AssE M B L É E N AT I O N A L E. . | ambulans et par sections ; M. Robertspierre un


: §# . · - , tribunal sédentaire,, mais choisi † sein de
| "# • #f1 . ! séance du 25 Mai. . | | || || || l'Assemblée
1 s nationalé
qui, rapportant
. * • , c'est-à-dire,
à #Assemblée
• un comité
les demandes en
#
Dk'ieºrk départeméns qui forment aujour
'hui
|.
u] | oassation , la niºt àſ portée de prononcèr'elle--
ls qui rº
istribution de l'empire françois , il | même sur l'interprétation de ses loix. º -- *
'!
i # en est péut être pas un seul qui se soit'monté M. Tronchet rejettè fà dénomination de tri
i ## s promptement au ton du patriotisme, ét liuual de castgéion ou de xeºisian , et propose
J
ui en ait plus constamment conservé la cha , celle de cour supréme. Il attribue à cette cour
' ſeûr, que le département de Loire , dont le , les prises à partie, les lettres de grace, les
| chºf-lieu est Angers. C'est avec transport que | reyisions en matière criminelle, les contrariétés
| iºits rendons cette justice à de si dignes con7 d'arrêts ; il s'àttachè essentiellement à rendre
, citoyens, et nous devons ajouter que , fidèles l facile l'accès de la justiee , et à rendre nulles
' à leur vertur, les électeurs'de ce département les sollicitations. § § les pièces
| viennent"d'#p orter à l'Assemblée mationàle de la procédure produites pour l'instruction, il
| üne adresse remplie de cessentimens de respect me soit plus reçu de requêtés ou autres pièces
- pour là loi , qu'il faut encore aujourd'hui pro † Enfin, il divise cette
† , en e#empla, mais qui bientôt seront :our suprême en deux classes ; la première ,
· le sèntimênt commun, et comme l'ame uni sédentaire, sous le nom de chambre générale
verselle de ce corps îmmènse qu'il nous est de jugement : la # sous le nom de
maintenant permis d'appeller la paèrie. . ! &hàmbre d'instauction , r ºpartie dans les dif
eºUne demande avoit été.ci-devant portée par férentes villés du royaume , forg eroit comme
lds éleuteurs du département de la Seine, pour âtitant de rameaux, toujours en § aveG
que les jdurnées employées à former l'adminis# la chambre générale. -
tration de leur département fussent évaluées | Le vœu de M. Barrère de Vieuzac est à-peu
à 4 liv. d'honoraires.Une nouvelle députation i près conforme à cehui de M. Tronchet; il veut
est avenue retirer cette demande dont on a des tribunaux de cassation, moitié sédentaires,
int que les oonséquences ne devinssent trop ntdlti ambulan# Il admet des sections, et des
onéreuses ! aux peaples,. et trop dangereuses fs lieux pou#ce#sections, qorrespondantes
pour la libèrté mêmel . 'ſ : 5 ºoº ºiº º ! | äti poiut centràl qui sergit le tribunal gºº
- " . ." " . - º , 1 - général
" 1 .
.º7 ! -- • - l.» * - (
( 2 )
V

AF. ele Clermont -Tonnerre a reclamé les chet a proposé ensuite de s'adresser au comité
avantagcs d'un tribunal sédentaire. ecclésiastique, pour qu'il soit fait une défense
On ne s'attendoit pas à voir proposer la expresse d'exiger à l avenir des billets de con
conservation de ce tribunal de l'ancien régime, fession pour le viatiqne, le mariage et les char
ges. M. l'abbé Bertliolio a cité à l'appui de
qu'on appelle aujourd'hui le conseil ; et qui , , cette motion un édit de 1Cº, qui établitles
composé de conseillers d' état ct de maîtres des
requêtes à la dévotion du ministère , a tou prit de tolérance avec lequel on doit se com
jours été la pépiniere des intendans, des com porter à la Salpétrière, comme dans toutes les
1missions , ct la manufacture de ces d cisions maisons de force.
arnbnl !toires , qui tous les jours , sans respect La motion de M. l'abbé Fauchet nous a paru
lhumain , prononçoient en causes identiquement d'autant plus juste , que , dans ce moment,
semblables, le † et le noir. ' nous connoissons un jeune acteur, chéri du pu
· Il s'est pourtant élevé une voix pour demander ,blic dans cette capitale , recommandable d'ail
que ce corps continuât de subsister à la nomi leurs par ses mœurs, son éducation et sonriron°
mation du roi. C'étoit la voix de M. l'abbè mêteté, qui me peut se marier, parce que le
Royer, conseiller d'état , parlant comme feu curé de sa paroisse exige mon - seulement un
M. Josse pour les orfèvres. Le mauvais accueil billet de confession, mais encore une renon
qu'il a reçu a déconcerté l'orateur, qui recon ciation en forme, et pour la vie, au théâtre
moissant trop tard la foiblesse de sa cause , — Que faut-il donc qu'il fasse ? me lui reste-t-il
a quitté la tribune sans achever le plaidoyer. plus qu'un parti à suivre, le libertinage. ( Spec
La parole passoit à M. Garat le jeune : mais tateur national ). . "

comme le scrutin d'hier n'avoit pas produit ſa


nomination d un président, l'Assemblée s'est Le 23, à midi, plusieurs voitures, plei
distribuée de mouveau, pour y procéder, dâns de magistrats, sont rrivées dans les cours'dº
ses bureaux. Les suffrages , dit-on , sont pºr palais : un instant après on a vu paroître ce
tagés entre M. Emmeri et M. Barnave. Quel que, du procureur-général, et emſin celle de M.
soit l'événement du scrutin nouveau , † garde des sceaux , toutes par des portes di •!
fauteuil ne peut être occupé que par un bbn rentes, Ces MM. sont entrés au i - #!
citoyen. . -

A V I S.
- | . aussitôt toutes les issues en ont été'fe
avec le plus grand soin. Que veut dire ce m
MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3 tère ? Pourquoi une assemblée du parlen
mars pour 3 mois , sont avertis que lenr Abonnement pendant qu'il est en vacances? Pourquoi, -

finit au 31 du corsrant , et priés de renouveller avant tout un jour de Pentecôte, et le lendem


qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service. du décret important que l Assemblée nation
MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse , et vient de porter ? Pourquoi M. le garde.dº
d'y ajouter ces mots : à commencer par le premier de
tol mois, afin d'éviter les doubles emplois. -
scéaux au parlement ? · · - s
: " | La bazoche, chargée de la garde du
P A R I S.
ne consultant que son †
" -1 • pressée de dénoncer cette assemblée n
· La commune de Paris s'est occupée ces jours rieuse aux principaux chefs de l'administra
derniers de l'examen des hôpitaux et maisons | (Extrait de la feuille de M. de Beaulieitº
de force. C'est sans doute une artie qui exige . . . — , , , .
*bien des réformes Plusieurs pliint s ont été Un fait qui ne doit échapper à
rendues contre telle ou telle administration ; , religieux, c'est la proposition faite à l'
- mais aucune m'a paru plns sérieuse ni plus im- . nationale par le haut cleugé, de rnir à la
portante dans le moment présent que celle nation 4oo millions, pourvu qu'on lui assurº
aite sur la Salp, trière. il a été dénoncé que la possession des biens dont il a joui jusquà
dans cette maison on exigeoit des billets de présent, et qu il eût la liberté de vendre poº
confession, et que les personnes qui n'en pré 4oo millions des biens ecolésiastiques. Or, q
sentoient pas étoient privées de mille avanta · auroient été les biens mis en vente ? ceux,
tages que l'on prodiguoit au contraire à celles qui religieux , C'est ainsi qu en se conservant dº
. se soumettoient à cette inquisition. On a d'a | son opulence ordinaire, le, hant clergé aurº
bord nommé des commissaires pour s'assurer saçrifié les monastères Et aujourd'hui qu'ilº
de l'exactitude de ce rapport. M. l'abbé · Rau pu se sauver sur,leurs débris, il vient à *
A
( 3 )
pour implorer leur résistance ! il conseille aux
religieux d'être des rebelles ! il leur met les Aſfaire du ci-devant prince Lambeso.
armes du fanatisme dans les mains, pour con Le ci-devant prince de Lambesc, voyant que
server à messeigneurs les prélats, et leurs pa les auteurs et fauteurs de la conspiration du 14
lais, et leurs voitures , et leurs richesses t il juillet dernier ont tant de facilité à se justifier,
veut qu'ils désobéissent aux décrets des légis lorsqu'ils sont accusés au châtelet et protégés
lateurs que la nation s'est choisis, et qu'ils con par le comité autrichien des Tuileries, vient de
seillent et prêchent cette désobéissance ! faire paroître un précis historique et justifica
tif, dans lequel il invoque l'opinion publique,
Observations essentielles. appuyé sur le témoignage d'une conscience pure
et sans reproche. Il n'a rien fait, dit-il, que par
- La révolution est faite dans les choses , mais les ordres de M. de Bezenval, qui étoit présent
elle n'est point faite encore dans tous les esprits, à l'attaque des Tuileries, du 12 juillet, et qui
et cèrtes, on ne dévoit pas s'attendre que les lüi ordonna de charger tout de suite un grouppe
hypocrites, les fourbes, les charlatans, les caf nombreux de peuple qui s'étoit accumulé verr
fards et les hommes corrompus par l'ancien ré le pont tournant, d'où il ne cessoit d'insulter
gime, prendroient tout de suite le génie et le les troupes et de leur jetter des pierres (1). Mais
grand caractère des hommcs libres. C étoit donc ce Lambesc ne sait donc pas que charger le
un malbeur prévu que de voir s'introduire dans peuple, c'est attaquer le véritable souverain ,
les muſnicipalités. comme il s'introduira dans c'est se rendre coupable, par cela seul, du
les assemblées de département, si l'on m'y prend crime de lèze - majesté nationale et de haute
· garde, quelques hommes de cette espèce , chez trahison au premier chef ? Sur quel ordre a-t-il
donc osé ainsi affronter son souverain ? Sur
ui le calus est formé, et qui ont eu méan
fins l'adresse, pour arriver aux honneurs, l'ordre de Bezénval, dit-il : mais, dans ce cas
ître dévoués à la patrie et aux grands là, il accuse formellement Bczenval, et le châ
,es de la liberté, quoique dans le fond telet doit recommencer le procès de ce Bezen
| -- †
dévoués qu'au royalisme et au
pagoasnie. Nous apprenons de Lyon , que sans
val. Lambesc ajoute que, voyant qu'on alloit
fermer le pont tournant, il se porta diligem
#les deux tiers environ des notables de cette ment vers ce pont, et que dans ce Inomzen.t il se
ville , la municipalité ( à l'exception de deux vit obligé de frappér de son sabre un de ceux
ou trois de ses membres ) auroit déjà aban , qui s'efforçoient # le fermer. Eh bien ! la na
donné les Lyonnois au despotisme des militai tion, pour être juste et pour punir les vils sa
rés:et des prêtres, et peut - être à l'horreur tellites du despotisme, se voit obligée aussi de
d'une guerrre civile, et aux fers de l'antique faire suivre # emment le procès du sieur de
†iteLesde circonstance
d s très-détaillées de
cette municipalité sont parve
Lambesc, et de le faire condamner sur les
la »reuves multipliées de son crime. Croit - iI
es à la connoissance de fAssemblée matio † ce ci - devant prince, que ce n'est pas
; et les bons citoyens ont lieu sur - tout dans tous les temps un crime réel de massacrer
re indignés de ce que cette municipalité un citoyen ? croit-il qu'ou peut en éluder la
insiste pour ne point accorder la publicité aux punition quand on a dit qu'on est prince et
séances du conseil général de la commune. On u'on a une conscience sans reproche ?Il faut
vôit que plusieurs membres de ce conseil gé ur apprendre enſin. à ces êtres orgueilleux ,
néral craignent qu'ºn n'apperçoiv
e chez eux qui se croient d'une nature supérieure aux au
# bout d'oreille t mais aujourd'hui il n'y
#plus moyen de se cacher long-temps. Les ci
tres, que la loi est égale pour tous : et puisque
celui-ci a osé attaquer son souverain avec des
† ont acquis en général, depuis la révo troupes armées, et blesser de son sabre un ci
perspicacité
on, une finesse de tact, une toyen désarmé, il doit être puni d'une manière
d'esprit et un coup-d'oeil qui ne permettront exemplaire. CARRA. - -

pas au plus rusè cagot, au plus subtil hypo "Ce qu'a produit le pouvoir législatif entre
trite de rester caché plus de trois ou quatre · · · les mains de nos rois. |
mois au plus. Ainsi, avant la fin de 179o , tous
les faux patriotes, tous les demi-patriotes. tous - - - -
puissance législative
- Nos rois ont exercé la puissai
- #!
les hommes médiocres, tous ceux enfin orga qu'ils avoient envahie. Quelles loix leur volonté
nisés et élevés en esclaves, seront connus et
- 1 -— - . 1- -
I
--
( 4 )
a-t-elle donné à la France ? Des loix qui favo trop familiarisés avec les vices pour ne pas
risoient, non le corps de la nation, mais une craindre la vertu et la voix de la justice , seront
partie de ses membres. Delà les priviléges du trompés dans leur espoir : et nous n'attendons
clergé, de la noblesse , de certains corps , de que le courier qui doit arriver de Madrid SOUlS
certains particuliers, des familles issues du sang peu de jours, pour voir toutes ces perfides mas
noeuvres céder à la dro.te raison.
royal. Avant l'époque brillante de l'Assemblée
mationale, nos rois, pendant la révolution de
tant de siècles ont-ils fait une bonne constitu
Les Prétres devenus citoyens , ou Abolition
tion pour le royaume ? Oui, si l'on peut ap du célibat religieux. — A l'Assemblée natio
peller ainsi des privil'ges exclusifs, qui n'é nale. — A Paris, chez Garnery, libraire , rue
toient favorables aux uns que parce qu'ils Serpente , n°. 17, l'an premier de la liberté.
étoient contraires. aux autres. Ont-ils créé des
Brochure de 73 pages. º - -

loix fondamentales de la monarchie ? Oui, si Un auteur de ce siècle dit, dans son style
on peut appeller ainsi des loix qui établissent énergique, que nos prétres ont fait vœu publi
He pouvoir absolu et indépendant du monarque, quement de ne prendre que la femme d'autrui..
des édits qui n'accordent à la mation que le L'auroit-on cru du temps de Socrate , qu'il
droit d'obéir, des arrêts , des réglemens que faudroit un jour faire un livre pour prouver
les rois et leur conseil altéroient, changeoient, que le vœu qu'un liomme fait de renoncer à
annulloient à leur gré, et au gré de l'homme, son sexe, est de toutes les superstitions la plus
puissant en crédit, pour obtenir ce qui étoit ridicule et la plus dangereuse , que ce vcen
à son avantage. La France avoit-elle des loix anti-social ne sauroit appartenir à une religion.
qui missent en sûreté la personne du citoyen ? épurée , que ce fantôme de perfection muit,
Oui , si l'on peut appeller ainsi les lettres de , essentiellement à la vertu. Le célibat religieux,
eachet , ces armes du despotisme et de la ven contraire à toute morale et à tonte politique,
geance privée, si redoutables entre les mains a enfanté des désordres et des manx multipliés
des ministres , des hommes et des femmes de à- l'inſini ; il méconnoît le charme des vertûst
la cour.
domestiques; il appelle à leur place les vicest
AFFAIRES POLITIQUES ETRAN GERES. de l hypocrisie ou les tourmens de la contraimte;
il dessèche enfin la société. Nos villes regorgent
DE L o N D R E s, le 18 mai. -
de filles non mariées , et voici que six cent
mille hommes, qui ont reçu de la patrie une
Malgré les griefs dont les partisans du mi éducation distinguée et un rang honorable, se
nistre Pitt chargent les Espagnols dans nos pa refusent au devoir d'être époux et pères : ils
piers publics, les bruits de guerre et la presse vont porter la séduction dans six cent mille
semblcnt diminuer depuis † jours. Les ménages. C'est l'avarice pontificale qui,a créé
ce célibat scandaleux : elle a voulu des tra
fonds publics ont repris favcur; la confiance se
ranimc : et l'on a de la peine à se persuader que vailleurs subaltermes, des desservans aux moins
I'Espagne ait eu des vues sur les isles Sandwich, dres frais possibles ; conséquemment elle a tué
dans l'intention de préjudicier aux intérêts de leur postérité , afin d'épargner tout-à-la-fois
nos navigateurs : ce ne seroit probablement qu'à sur le serviGe des autels, et de grossir les reº
la honte des ministres de France que Pitt céde venus de l'épiscopat. Sommes-nous encore ré
roit aux instances de la cliambre haute et à celle duits à prouver ces vérités évidentes, qui,intés
, des communes, qui lui demandent les motifs de ressent la société entière,ºet;même l honneur
nos armemens. † souverains du continent , et la pureté de la religion ? . --: t 4 ci !
. .^ I « l « il ; i
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° *. à° •
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, On s'abonne à Paris , cnez BUissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et touies les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques,: : º 11°t
Chez 1)ENNÉ c t PETIT , au Pdlais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame l.ELAPLANcHE, rue du Roules
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.' - -

Numèro, est de 56 llb. poiº


Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroît tous les jours un
un au, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois, franc de port , par la poste ;ºp quºnous ºs
royaume Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnementine commtcncé qne du premierd'un moisi
· · · · · 1 pe : 11 : 1,.. : 2-3 tºl
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PAT R I o T I QUE s E T L ITT E R AIR E s


D E L A F R A N C E,
ET AFFAIRE s PO L I T I Q U E S DE L'E cr R O P E;
J O U R N A L L I B R E,
- - / - • - - -

Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. MER cr E R.


La science du gouvernement est à la tête de nos connoissances par sa
haute utilité.

N°. C C X X X V I I. Du Jeudi 27 Mai 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. M. Bailly, montant à la tribune , a exposé
les désordres qui depuis trois jours inquiètent
Séance du 26 Mai. la capitale. Une foule de vagabonds étrangers
inonde les barrières : le peuple se porte à des
L, protestation incendiaire des soi-disant ca exécutions atroces ; lundi , deux hommes ac
tholiques de Nîmes, et la déclaration des dé ousés de vol ont été pendus sans forme de pro
-fectionnaires de l'Assemblée nationale , s'en cès ; hier, un autre accusé étoit déjà serré du
foncent de plus en plus dans l'abîme du mépris funeste cordeau , lorsque M. de la Fayette est
universel. Cependant voilà que la ville de Lons arrivé et lui a sauvé la vie : et comme l'un
le-Saulnier semble imputer encore quelque de ces forcenés qui échauffent la multitude
valeur à ces deux écrits, en déclarant trattres crioit qu'il falloit rependre le malheureux , on
à la patrie les hommes qui ont osé les signer. a vu l'illustre commandant se saisir lui-même
Clermont - Ferrand avoit souscrit, jusqu'à de la personne du perturbateur et le conduire
concurrence de cinq millions , pour l'acquisi aux prisons du châtelet : nouveau genre de
tion des domaines nationaux ; une adresse lue courage ! hommage sublime rendu à la loi !
ce matin annonce que cette ville offre de dou M. le maire a lu une procl mation qui a été
bler la valeur de sa précédente soumission. approuvée par l'Assemblée nationale.
Il est venu quelques plaintes de M. de la MM. Villace et Gouttes ont assuré être
Tour-du-Pin ;T 1°. contre la municipalité de instruits que nombre de scélérats échappés des
Haguenau , qui retient dans les prisons un prisons, nombre de brigands descendus des
huissier , pour la liberté duquel ce ministre montagnes de la Savoie, étoient soudoyés pour
avoit, dit-il , donné des ordres. Affaire ren mendier, pour jetter du désordre, pour ten
voyée au comité des rapports, ter une contre-révolution.
2°. Contre la municipalité de Lyon , qui lui Le lieutenant - civil du châtelet a paru à la
a écrit : « qu'elle trouvoit, en ce moment , barre pour justiſier son siége. « Les prisons re
quelque danger à mettre en mouvement les gorgent de malfaiteurs ; au lieu de deux cents
troupes de ligne », et qui en conséquence re · qu'elles peuvent contenir dans les temps ordi
fuse de laisser partir le détachement de Royal naires , il y a plus de huit cents prisonniers ;
Guienne , que l'intention du ministre de la · on a été obligé d'en reverser à l'hôtel de la
guerre.étoit de faire remplacer par un déta - Force ; les maladies s'y introduisent , et on
chemient de dragons Penthièvre. L'Assemblée, | craint même une sorte de peste. L'esprit d'hu
— -— --
- 1 - - * - _l " -- 1 l _ - l . " - - 1Y _ 1 -
( 2 )
A V I S.
lenteur qui en dirige les formes, ont, dans ce
premier instant , arrêté l'expédition des affaires • MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5
criminelles , et comme entassé les accusés. ..... » mars pour 3 mois, sont avertis que lcur Abonnement
L'Assemblée a ordonné l'impression de ce ſinit au 31 du courant, et priés de renouveller avant
discours, et a chargé ses comités des recher qu'il ſinisse pour plus de célérité dans le service.
MM. sont aussi prévenus de répéter leur adresse, et
ches, des rapports et de mendicité, de proposer d'y ajouter ces mois : à commencer par le premier de
pour samedi un projet de décret capable d'ar tel mois, afin d'éviter les doubles emplois.
vêter le vagabondage, et de faire échouer les
projets des ennemis de la révolution.
M. Garat l'aîné , rouvrant la discussion sur . P A R I S , le 26 mzai.
I'ordre judiciaire , a voté pour que les juges
de cassation fussent sédentaires. Il est arrivé, le 24, une de ces scènes impré
vues qu'un patriote racontera toujours avec
M. de Chabroust a proposé des sections qui douleur. , Trois jeunes gens , accusés d'avoir
embrasseront six, sept ou huit départemens. emporté des couverts d'argent chez un traiteur
Fnfin , « l'Assemblée nationale a décrété que où ils avoient dîné, ont été poursuivis par le
les juges qui connoîtront de la cassation seront peuple rassemblé à cause de la fête. On les a
tous sédentaires ». trouvés munis des pièces de conviction. On
Ces juges sédentaires seront-ils distribués en vouloit les conduire au châtelet.. L'un d'eux,
plusieurs sections ? — C'est le vœu de M. de dit-on, a eu l iinprudence de s'écrier que sous
Beaumetz, lequel a si vivement insisté sur l'im huit jours ils sortiroient qe prison. Ces mots
portance de cette question , qu'elle a été ren ont mis le peuple en fureur il les a pendus
voyée au comité de constitution pour y être sur le champ, sans qu'il ait été possible à la
pondérée, et pour former la matière d'un rap garde mationale , avertie ou rassemblée trop
port. -
tard , de pouvoir arracher ces malheureux pour
M. Faydel, député de Montauban, est monté, les livrer à la justice r'giilière. Ce fait prouve
tout hors d llaleine , à la tribune, pour annon combien il importe aux éjiiges, non seulement
cer qu'il venoit de recevoir, par un courier d'être justes, m is de donïier une bonne opi
extraordinaire , des procès-verbaux et une fet nion de lenr justice. :

tre des officiers municipaux de la ville d • Mon Autre exécution populaire d'un voleur au
tauban. agités par la terreur de savoir aux jourd'hui. "i
portes de leur ville le détachement patriotique
des gardes mationales de Bordeaux. De Catteau-Cambrésis , le 2o mai.
« Plusieurs villes voisines , ajoutoit l'orateur ,
ont offert du secours pour reponsser les troupes « La milice nationale de Mauroi , petit vil
bordeloises ». Interpellé de nommer , il a laissé lage distant d'une lieue d'ici, a arrêté hièr un
en balbutiant , échapper non pas une articu courier posté chez eux depuis une dixaine de
lation, mais un soupçon sur la ville de Tou jours. Cet homme avoit trois chcvaux anglois,
louse..... | de relais : on le voyoit de temps en temps partir
« Je crois bien, a repris fortement M. Rous avec une rapidité étonnante, revenir peu après
sillon, excellent citoyen de cette dernière ville, prendre un cheval frais et repartir encore :
je crois bien que mes compatriotes , loin de cela a paru suspect aux habitans de Mauroii
chercher à repousser par la force des armes les ils ont interrogé cet homine, et lui ont dº
gardes nationales bordeloises se joindront à mandé son passeport : il n en avoit point, ni de
· elles comme des amis de la paix, pour défendre certificat : ils ont pris le parti de farrêter, º
Nous leur avons de suitº
les patriotes opprimés ; mais il ne faut pas que · mous l'ont mandé.
escorte de seize hommes, qui l'oº!
' envoyé une
les pieux assassins de Montauban comptent sur ramené ici, Notre munici palité l'a interiogº
la protection des Toulousains ». -
penda nt près de deux heures : il a répondu, avº
On a renvoyé au comité des rapports les pièces beaucoup de présence d'esprit, qu'l sortoit du
de la municipalité de Montauban. service du comte d'Artois, et que depuis quinº
L'Assemblée n'a pas encore choisi de prési jours il étoit entré à celui de M. le duc : qu'!
dent : un troisième tour de scrutin semble pro · ignoroit ce que son maître lui faisoit portº
mettre l'élection de M. de Beaumetz. Enfin , après bien des questions, nous avo*
( 3 )
découvert que cct homme alloit de Mauroi à 1756 ? Le droit de verser notre sang n'appar
Mons, et qu'il avoit encore un relais à Lonve tient qu'à nous; l'Enrope n'en peut plus douter
gny, petit village près de Douai : qn'il a un de aujourd'hui : et certes, aucun bon françois m'en
ses camarades auprès de Saint-Quentin , avec versera jamais une goutte pour soutenir l'or
un autre relais : que celui-là en a sûrement un gueil et le despotisme des tyrans d'Autriche et
autre à Ham ou Noyon, ainsi du reste jusqu'à d Espagme. C....
la capitale ; de sorte que les nouvelles de Paris
se savoient à Mons en dix heures de temps ;
que depuis Mons jusqu'à Vienne, il y a sûre De Valenciennes , le 16 mai. -

ment de pareils couriers de postes. Ainsi vous


pouvez juger s'ils étoient longtemps à recevoir Les bouchers que les évêques d'Allemagne
des nouvelles de France, puisque de l'aveu de ont rassemblés contre les Liégeois , seront bien
: cet homme, qui se donne le nom de Fullot , tôt en ſorce , et se promettent d'égorger jns
il alloit et revenoit de Mauroi à Saint-Quentin qu'aux femmes et aux en fans dans le pays de
en deux heures et un quart , trajet de douze Liége. JEn attendant, ils se tiennent dans leurs
fortes lieues : on l'a fouillé par-tout , mais on 1 et raucliemens, aiguisant leur ſer, pour ne pas
ne lui a trouvé aucun papier. Si son camarade Inanqttt r les victimes † ces évêques vont oſ
arrive aujourd'hui de Saint-Quentin , on l'ar fi it au Dieu de paix : plns cruels cm cela que les
rêtcra et on nous l'amenera : on lui trouvera prêtres du Mexique, qui, dans les ténèbres de
sûrement quelques dépêches qui mous éclair l ignorance, ſaisoient déclarer la guerre lors
C1 I'OIlf .
qu'ils n'avoient plus de victimes humaines à
Ces messieurs nous sont d'autant plus sus manger. Mais les pontifes de nos jours ne veu
pects, qu'ils ne passent jamais par les villes. lent que l'argent, ct ne comptent les liommes
A Saint-Quentin , ils logent au fauxbourg : ils qu'autant qu'ils leur en fournissent, L'armée
évitent aussi Bavay pour se rendre à Mons ; ils liégeoise est aussi dans la plus grande activité
suivent la cluaussee Bruneliant. -
pour faire face à ces barbares, que l ºs despotes
Nos municipaux ont envoyé à M. le pré appellent leurs sutellites. Son quartier général
est à Hatzfcld. -

sident de l Assemblée ndt.onale , le procès


verbal qu'ils ont dressé , et les inter rogations AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
faites à cet homme. Nous avons aussi envoyé
chercher à Lonvegny son clieval de relais, et D E M U N I C II , le 1o mai.
nous le garderons avec les autres et leur maître,
jusqu'à nouvel ordre. Nous sommes d'aatant Léopold commence à éprouver d'assez gran
plus sur nos gardes, qu on nous prêche d 'puis des inquiétudes de la part des Hongrois, peu
quelques jours que de pareils couriers sont ple ſranc et loyal autant qn'eclairé, et qui
répandus sur toutes les routes, et 11ou avons n'ignore pas ses droits, ni l'occasion qui se
de fortes raisons de croire que celui - ci ne prés nte pour les recouvrer. Ils font même
voyage pas aussi lestement pour son plaisir, etc.». sentir actuellement au monarque que , s'il
P. S. « On vient de s iisir une lettre que cet dev:, n leur roi , ce ne sera que par leur choix
homme écrit au sieur Boutri, pourvoyeur de et leur amitié. On leur a communiqué plusieurs
Monsieur ; il lui marque qu'il a été arrêté , des brochures d, ns lesqucll s les François ont
etc. Mais que dans son.interrogatoire, il n'a appris à leur cour à respºcter les droits du peu
pas voulu § qu'il étoit porteur de numéros † et que les rois ne tenoient que dc lui
de billets de loterie , parce qu'on n'auroit pas seul l'autorité dont on les accuse d'avoir si
voulu le croire, etc. ». souvent abusé. L opold sent qu'il a déja trop
Observ. On voit que l'argent me coûte rien déſéré aux demandes de la noblesse et du
au comité autrichien des Tuileries , pour faire clergé. La fermentation devient presq e gé
parvenir psomptement, et à gros frais, les pro nérale dans les provinces où il l'auroit le mons
jets d 'sastreux de ce comité au roi de Hongrie ; soupçonné. et il n'est pas sans crainte sur
on voit par conséquent , que les man , uvres les dragons qu'il a ordonnés de fa re marcler
de ce comité et du cabinet de Vienne con contre ceux que de petits tyrans appellent des
tinuent toujours. Jusqu'à quand serons-nous rebelles. La circonstance de l'élection d'un
donc cn , roi • aux § et à l'in{luence empereur , et ces troub' - , l'obligeront sans
de cette m ison d * utriche ? Quand déchirerons doute de se relâcher su, l s , onditions de
nous donc a belles dents le funeste traité de paix, d'autant plus que la Russie m'a plus d'ar
( 4 )
ent pour continner la guerre, et que le roi habitans. La noblesse du Hainaut vient de faire
e Suède en a trouvé en Hollande. notifier au clergé que la souveraineté ne rési
dant que dans le peuple, nul homme ne peut
D E V I E N N E , le 15 mai. on représenter les droits que provisoirement ,
ou avec des conditions qui aient ces mêmes
« L'argent est tellement rare dans le trésor droits pour base. Elle signifie donc au clergé
de l'état, que ceux qui ont traité pour les ap d'adhérer, sous huitaine, à cette déclaration ;
provisionnemens des armées de la Hongrie et autrement il sera passé outre , et les nobles
de la Valachie ayant demandé leur paiement, sanctionneront ces droits inaliénables du peuple
en conformité des conventions qui ont été éta sans le clergé. N'est-il pas honteux à des prêtres
blies par les traités, viennent d'être renvoyés de se croire encore au siècle où Bernard, ce
à un temps plus pécunieux. Triste situation grand apôtre des croisades, disoit à un comte
pour 'des hommes qui , après avoir fait des de Montmorenci qu'il lui feroit obtenir dans le
pertes considérables, après avoir vu dans le ciel autant d'arpens que le bon gentilhomme
cours de l'été dernier enlever un grand nombre en donneroit de terres aux moines ignorans
de leurs chevaux par les maladies épizootiques dont nos calendriers sont remplis.
qui régnoient dans la Hongrie, espéroient ré
tablir leurs affaires par le secours des rentrées D'Av I o T H, le 16 mai.
sur lesquelles ils avoient droit de compter. Le
paysan, qui dans un temps de détresse et de Le 1o il est sorti de Luxembourg près de 5oo
calamité avoit cru, à l'aide d'un fils ou d'un ser soldats , que le gouverneur a envoyés vers Liben
viteur et d'une paire de chevaux, recueilir quel et vers Marche en Famine, parce qu'il les soup
ques deniers, se trouve aujourd'hui plus m l çonnoit de favoriser les § , et de vou
heureux que jamais. Les officiers de l'armée loir leur livrer la citadelle. — Le lendemain,
de Hongrie n'ont pas touché leurs appointe une estafette de Vienne a apporté 6o ooo dou
mens depuis six mois ». bles souverains ( le souverain vaut 56 livres de
France) à Luxembourg - Dans presque toute
D E B R U x E I, L F s , le 15 mai. la province le peuple refuse de payer l'impôt
aux Autrichiens, et avec d autant plus de rai
Le sort de M. Van-der-Morsch devient de son, que cet impôt a été augmenté de 8o mille
plus en plus affligeant. Il est traité sans aucun florins depuis l avénement de Léopold au trône
égard, insulté ; on ne respecte même plus son de liongrie.
épouse. Le peuple de Bruxelles se livre aux der JLes Brabançons ayant vu que les Autrichiens
mères folies, ct porte avec plus de pompe la doubloient leurs potes, ont aussi doublé les
ſigure de ce perfide que celle d'un souverain leurs. Les patrouilles sont toujours en mouve
à qui la patrie devroit son salut. Il a enſin dé ment. les Autrichiens ne veulent plus faire de
claré ouvertement son projet en faisant, dans prisonniers; ils tuent tous ceux qu'ils prennent
un imprimé, le plus grand éloge de la maison — Les nouvelles fortifications de Luxembourg
d'Autriche ; et ce peuple qui étoit accablé par s'étendent à plus de trois quarts de lieue de la"
cette maison oppressive , adore l'idole qu'elle ville ; elles coûtent déja trois m,llions de flo*
entretient pour rentrer dans ses pays hérédi rins. - le 1 1 de ce mois, le prenier bataillon
taires. de Castella, suisse , qui étoit à Verdun , est
P A Y s - B A s, 14 mai. venu rojoindre le second qui étoit à Mont
médy. A quoi servent tous ces déplacemens
Le coup est porté ; il faudra que les despotes de troupes, si ce n'est à augmenter les dé
plieut, ou que l'Europe engloutisse bientôt ses penses ? 1

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de l'abonnement et la lettre d'avis, et toules les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques. - -

Chez l)ENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DRLAPLANcHE, rue du Roule,
la°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
La prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroît toits les jours un Numéro, est de 36 liv, pour
un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout le
royaume Le premier Numèro a paru le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne conmence que dn gremier d'un mºº
|
- X

| A N N A L E s
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E s
' D E L A F R A N C E,
ET A F FA I R E S PO L, I T I Q U E S DE L'E U R O P E;
J O U R N A L L I B R E,
/

Par une Société d'Ecrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c r E R.


Heureux les peuples dont les philosophes sont les rois, ou dont les rois sont
philosophes. PLAToN.

N°. C C X X X V I I I. Du Vendredi 28 Mai 179o.


AS S E M B L É E NAT I O N A L.E. « L'Assemblée nationale a décrété : 1°. qu'il
seroit sursis à toute saisie , exécution , ventd)
Séance du 27 Mai. de fruits et meubles , et à toutes autres pour
suites quelconques, contre les corps et com
L, masse de domaines nationaux que l'au munautés séculiers et réguliers, jusqu'à ce qu'il
guste Assemblée a mise en vente, est mainte en ait été autrement ordonné ; et que tous les
mant plus que complétée par l'affluence des meubles et autres objets mobiliaires qui pour
acquéreurs : voilà que la ville de Tours est ve roient avoir été saisis, seront laissés à la gardé
nue faire ce matin une soumission de quatre de ces corps et communautés, qui en rendront
millions. compte, ainsi qu'il appartiendra :
Dans les adresses et les contributions patrie » 2°. Que tous ceux qui se croient créanciers
tiques, il est dû une mention honorable à la d'aucuns desdits corps et communautés , seront
communauté de Passy-lès-Paris, qui a fait une tenus de remettre aux assemblées administra*
offrande de 48,5oo livres. -

tives leurs titres pour y être examinés :


« L'Assemblée nationale déclare qu'elle ap
prouve le nouveau régime provisoire de la » 3°. Que pendant quatre mois, à dater du
garde nationale de Meaux , et qu'aucun mem jour de la formation des assemblées adminis
re de l'ancienne garde nationale ne pourra en tratives, il sera pareillement sursis à tout juge
remplir les fonctions, s'il n'est incorporé dans ment, cause d'instance et procès mus et à mou
la nouvelle ». voir, concernant les fonds et droits qui ont été
déclarés être à la disposition de la nation ».
On a renvoyé au comité militaire et au co
mité des recherches réunis, un projet de dé Les négocians françois établis à Cadix, dans
cret proposé par M. d Harambure , et tendant une adresse où respire le plus pur amour de la
à désapprouver la conduite de quelques cham patrie, font un don civique de 83,65o livres,
brées du régiment de Lorraine , dragon , en indépendamment de leur contribution patrio
garnison à § qui ont délibéré de ne tique.
plus reconnoître pour leurs supérieurs certains La question qui devoit occuper aujourd'hui
officiers qui, à ce qu'a avancé M. Bouche, ont l'Assemblée , sur l'ordre judiciaire, étoit celle
exercé sur les soldats des actes de rigueur. | ci : Y aura-t-il des tribunaux d'exception ?
Un autre décret a été demandé et obtenu M. de Nérac a réclamé la conservation des
( 2 )
adjoints dans les matières consulaires : la discus PARIS, le 27 mai.
sion s'est soutenue à l'alternative.
Nouvelles très-intéressantes. -

M. Le Clerc, ancien juge-consul de Paris ,


votant pour les juges-consuls ; — M. Goupil de On a découvert un nouveau livre rouge que
Préfeln se déclarant pour le systême de l'unité : l'Assemblée nationale fera sortir, comme † al1
Qu'il me soit permis, a dit M. Garat, d'em tres, de l'antre du lion. Ce livre est celui des
ployer une expression commune pour mieux arréts du conseil non ostensibles, c'est-à-dire
vous rendre ma pensée : Je crois , messieurs , de ces arrêts qui se faisoient sous la cheminée
ue vous y regarderez à plus d'une fois avant d'un ministre ou dans le boudoir d'une catin
# VOl1S § à détruire l'ouvrage du favorite, pour perdre celui-ci et enrichir celui
chancelier de l'Hôpital. là, sous le bon plaisir du despote, qui souvent
Ce grand homme, en assurant aux peuples, n'en savoit rien , et toujours s'en inquiétoit
dans les tribunaux consulaires, une justice plus fort peu. — On a su également qu'avant le dé
prompte et moins coûteuse , s'est montré le cret mémorable sur le droit de la paix et de la
seul homme de génie qu'ait eu notre législation. guerre, le bureau des vivres et celui des mou
M. Bajot, et après lui M. Démeunier, ont vemens des troupes, avoient des ordres pour
demandé que les mêmes juges me pussent pas faire établir promptement des magasins, et faire
juger, par les mêmes formes , les affaires ordi mouvoir les troupes de toutes parts. Necker, le
naires , de police, d'administration, d'imposi bon Necker, qui se tient coi aujourd'hui, et
tions et de commerce. qui n'envoie plus à la halle le bulletin de sa
Les représentans du commerce demandent santé, se prêtoit de tout son cœur à ces arran
instamment la conservation des tribunaux con
gemens belliqueux, en trouvant des fonds là
où il les avoit mis en réserve pour une si belle
sulaires; enfin l'Assemblée nationale a décrété
« qu'il y auroit des tribunaux particuliers pour opération. — Le sieur Bonne de Savardin,
arrêté au Pont-dc-Beauvoisin , et conduit en
le jugement des matières de commerce ». suite à Lyon, est arrivé à Paris depuis troisjours
On a reçu la lettre et le procès - verbal des
officiers municipaux de Perpignan , qui ont Son portefeuille va nous apprendre de grands
appaisé le trouble susvenu à l'occasion des secrets sur lesquels les conspirateurs, pour cette
TallI1S. fois, ne pourront pas s'en dédire, car on les
tient. C....
L'Assemblée a déterminé de donner, par la
main de son président , aux officiers munici
paux, aux gardes nationales, au régiment de Le district des Filles Saint-Thomas, qui a
Touraine et à la maréchaussée, des témoigna
ges de sa satisfaction. pris soin, dès le moment de la révolution , des
jeunes élèves de la musique des anciens gardes
Elle a décrété aussi, que le président se re françoises, au nombre de près de quarante, *
tireroit vers le roi, pour le supplier de faire profité du moment de la première communion
poursuivre et punir les auteurs et fauteurs de des plus jeunes de ces élèves, faite en grande
ces troubles.
cérémonie dans l'église de saint Eustache, pour
La séance s'est terminée par un décret leur faire renouveller, sur l'autel, le serment
rendu sur la proposition du comité des re civique. Ainsi voilà trois époques établies pour
cherches ;
consacrer ce serment : 1°. l'époque du baptême
« L'Assemblée nationale persistant dans ses où par
ce serment estetprononcé
décrets sur la libre circulation des grains, dé né ses parrain marraine pour le nouveau
; 2°. l'époque de
clare qu'elle improuve les attroupemens qui la première communion , dont l'exemple est
ont eu lieu le 1 o, et jours suivans , à Mont dû à Paris aux commissaires du district des
brison en Forès , Montaigu et Donjon en Filles Saint-Thomas ; et 5°. l'époque de l'âge
Bourbonnois, pour obtenir que le prix du grain du citoyen actif, fixée à vingt-un ans par un
fût taxé par les municipalités au taux au-dessous décret de l'Assemblée nationale. Nous espérons
du prix courant, et qu'il est défendu à toutes que la seconde
personnes d'exiger que le grain soit au-des les colléges et lesépoque sera
écoles de imitée Quant
l'empire. dans toº
à la
sous du prix courant, à peine par les contre première époque, celle du baptême, elle a déiº
venans d'être poursuivis extraordinairement ; été imitée de toutes parts, et nous citerons
et sera sa majesté suppliée de donner des ordres cette occasion Coucy-le-Château , diocèse de
pour l'exécution du présent décret ». Laon, où le baptême civique d'un enfant º

-- -----a-º1' -
-

( 3 )
M. Tribalet a été constaté par plus de quarante nommer ses juges, on ne contrarieroit point
signatures. C...... l'esprit de ses décrets en procédant à l'élec
tion d'un curé ». La voix publique a désigné
un prêtre qui jouil, dans le canton, d'une
MM. les officiers inférieurs du régiment réputation distinguée , et il a été élu. La mu
d'Agénois et du Corps-Royal de la Marine, en nicipalité a envoyé à l'Assemblée mationale le
garnison à Rochefort, nous ont fait l'honneur procès-verbal de cette élection , avec prière
de nous écrire, pour nous informer que les de prononcer sur sa validité.
soldats citoyens de ces deux régimens n'ont
point été consignés dans leurs quartiers dès la
veille de la fédération des gardes nationales Valence en Dauphiné, 12 mai.
de cette ville, 6 avril, comme nous l'avons
annoncé dans notre n°. 214 Ces messieurs se Le lendemain de la fin tragique du sieur de
louent, d'ailleurs, de la manière honnête avec Voisins , commandant de Valence, il est arrivé
laquelle leurs chefs les ont toujours conduits, à son adresse, timbrée de Piémont, un pa
ce que nous annonçons avec d'autant plus de quet considérable que la municipalité a ré
plaisir que nous ne demandons qu'à rendre clamé à la poste.
justice à MM. les officiers des troupes de ligne
qui se montreront patriotes , et qui auront
pour messieurs les soldats les égards qu'ils doi Extrait du discours de MM. les députés de
vent à des hommes, leurs égaux en droits, et Saint-Flour, haute Auvergne, prononcé à
Clermont le 16 mai.
leurs compagnons d'armes. C...
— Des montagnes nous séparent, mais de
Comité des recherches.
tout temps le même nom, le même sang et
les mêmes intérêts nous unissent : ces liens
sont éternels et sacrés ; la nouvelle division
Les journalistes dévoués à l'aristocratie ont du royaume ne sauroit les altérer : ils vont se
fait circuler sur ce comité différentes histo
riettes qu'il importe de démentir. Ils ont avancé resserrer de plus en plus, et recevoir une
que ce comité avoit fait une députation à la ſorce nouvelle par le serment réciproque de
reine pour apprendre d'elle-même les noms des la fédération, pour durer aussi long-temps que
coupables de la journée du 6 octobre. Ils ont les Puy-de-Dôme et le Cartal (1).
ajouté que cette princesse avoit répondu qu'elle
avoit tout oublié, qu'elle ne vouloit point étre Civray, département de Vienne, 16 mai.
la délatrice dé ses sujets. Jamais ni le comité ,
ni députation autorisée par lui. n'a fait une pa Nos assemblées primaires ont été ſinies le jour
reille demande à la reine, ni reçu d'elle la ré de l'Ascension. Les municipalités de campagne,
ponse qu'on lui prête. pour témoigner leur reconnoissance à la milice
Ces journalistes ont encore prêté à M. Garran nationale , ſirent préparer un grand repas dans
de Coulon, président du comité, une visite à sa l'église des ci-devant capucins de notre ville. Le
majesté, pour l'instruire des détails de la cons curé de Saint-Gaudens, sachant qu'il y avoit
piration Maillebois. La vérité est qu'il n'y a quelques procès entre des membres de cette mi
point de présidant dans ce comité, et que lice, proposa de signaler un aussi beau jour en
M. Garran de Coulon n'a point eu cette con terminant tous ces procès à l'amiable. Les juges
rersation. Cet excellent patriote sait trop bien de paix se retirèrent sur-le-champ dans le ré
qu'il n'est aucun rang qui puisse le dispenser du fectoire, où chaque partie plaida sa cause, et
je cret sur la mission délicate dont le comité est où le jugement fut bientôt rendu. Les plaideurs
: I1argé. s'embrassèrent ensuite avec franchise et cor
dialité, et retournèrent à table, où chacun se
Variété. livra aux mouvemens de la joie la plus pure et
· la plus vive. On vit alors ce que peut et doit
Le curéd'une paroisse aux environs d'Auxerre
étant mort, les citoyens se sont assemblés à
l'l1ôtel-de-ville, et l'un d'eux portant la pa (1) Montagnes d'Auvergne , la première à deux
role, a dit : « que les décrets de l'A. semblée lieues de Clermont, et la seconde près Saint-Flour,
nationale ayant attribué au peuple le droit de haute Auvergne.
( 4 )
† une constitution sage, qui réunit les | soutenu de même la révolution mémorable de
ommes par le principe de la raison et les senti 1789. C..... -

mens réciproques du cœur. Les curés, les ca AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES.


pucins, les officiers municipaux, les juges, les
dames, les filles, les cultivateurs, le pauvre et : D E L o N D R E s, le 2o mai,
le riche, tous les citoyens dansèrent pêle-mêle, La fluctuation des idées est toujours la même
et se réjouirent ensemble , sans aucun égard au sujet de la guerre avec l'Espagne. Nous sa
pour les anciennes distinctions , et se donnant vons ici qu'elle arme sans relâche ; mais sans
mutuellement des marques d'amitié et de fra doute à notre proſit, si nous n'avons pas à
termité. Vivent le bon curé de Saint-Gaudens combattre la marine de France réunie à celle
et tous les curés qui lui ressemblent ! de Madrid. Néanmoins les vrais citoyens de
sirent la paix , et croient que, malgré les dé
tails que publie M. Mears, les choses peuvent
Progrès et coalition des sociétés patriotiques. encore s arranger.
Le roi fait toujours beaucoup d'aecueil à
La société des amis de la constitution , qui l'ambassadeur d'Espagne, et se persuade à peine
s'est formée dans la ville d'Artonne , dépar que la cour de Madrid veuille être maîtresse de
tement du Puy-de-Dôme , a été affiliée à celle toutes les côtes occidentales de l'Amérique,
des Jacobins de Paris, ainsi que la société du jusqu'au 6o°. degré de latitude nord.Au reste,
même genre qui s'étoit formée à Montpellier. nos trois Hottes seront bientôt en état de mettre
On a fait observer que dans cette dernière on à la voile , en cas de rupture : ce qui ne tar
comptoit près de cinq cents citoyens , tous dera pas à être décidé.
animés du même esprit de patriotisme, et tous Des lettres d'Allemagne nous assurent que
également éclairés sur les vrais principes d'une l'impératrice de Russie veut pousser seule ses
constitution libre. Cette remarque mous en conquêtes, en cas que Léopold II s'arrange
† à rappeller la conduite de la ville de avec le roi de Prusse et les Turcs.
Montpellier dès le commencement de la révo PA Y s - B A s, 17 mai.
lution, et à lui rendre toute la justice qui lui
est due pour le zèle que sa garde mationale, Nos insurgens, persuadés que les troupes des
ainsi que sa municipa ité , ont constamment cercles viennent autant contre eux que contre
montré jusqu'à présent. Si nous avons soup les Liégeois, ont envoyé à ceux-ci plusieurs
çonné quelques-uns de ses citoyens d'aristo corps qui, réunis à l'armée patriote de Liége,
cratie , nous n'ayons pas considéré que c'étoit la mettra en état de résister aux coups de la
le plus petit nombre ; et qu'en général, le vé maison tyrannique d'Autriche, et l'on attend
ritable courage, l'activité du bien , l'liumanité l'ennemi de pied ferme.
des principes, et les lumières d'une saine rai Les trois états de Liége viennent de publier
son, régnoient dans cette ville d'une manière un manifeste pour prouver la justice de leur
distinguée. Leur contribution patriotique a été cause , et que la chambre de Vetzlar, de con
au-delà de 1,2oo,ooo livres ; leurs greniers ont cert avec la cour d'Autriche, et les évêques
toujours été pleins pour les pauvrés ; le venin des cercles, violent dans ce moment toutes les
u fanatisme , qui a circulé si facilement chcz loix les plus sacrées de la çonstitution germar
les Nîmois leurs voisins, loin de pénétrer chez nique. En conséquence ils sont prêts à s'ense
† n'y a excité au contraire que leur in velir plutôt sous les ruines de leur patrie, que de
ignation. Enfin ; situé au milieu d'une pro ne pas apprendre aux souverains à être justes ;
vince sur laquelle les ennemis de la liberté la candeur avec laquelle ils exposent les mo°
comptoient beaucoup, pour une contre révo tifs de leur conduite, prévient nécessairement
lution Montpellier a resté ferme et inébran en leur faveur. Non, ne croyons pas que tous les
lable Cette ville a mérité par-là d'être citée souverains de l'Europe soient éclairés; plusieurs
dans l'histoire † l'émule de Bordeaux , sont aussi barbares qne quand leurs ancêtres
de Marseille, de Rennes, d'Angers, de Gre ont anéanti la tyrannie romaine pour en éta
noble , et dc quelques autres villes qui ont blir nombres d'autres. Ils sont trop avilis poux
-commencé glorieusement avec la capitale, et vouloir gouverner des hommes libres, -

Faute, à corriger dans le N°, C C xxx IV.


Page 2, ligne 49 de la première colonne , détails , lisez délais. - - ·
A N N
L E S A
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E S
D E L A F R A N C E,
i E T A F FA I R E S PO L I T I Q U E S DE L' E U R O P E;
#
|. J O U R N A L L 1 B R E,
: Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME R c r E R.
l,' -

#
l.
Une autre France , une France nouvelle est en fleurs ; mais c'est à la
sagesse du peuple à en faire sortir les fruits.

f.

#. N°. C C X X X I X. Du Samedi 29 Mai 179o.


ASS E M B L É E NAT I O N A L E. de 3oo liv. de rente, à répartir sur les familles
des premiers martyrs de la liberté , qui se sont
Séance du 27 Mai au soir. sacrifiés à la prise de la Bastille. M. Rabaud
-
de Saint-Etienne a fait le rapport des troubles
· Crrr une magnifique harmonie , que celle qui agitent la ville de Saint-Jean-d'Angély, a
. cle toutes les communes de l'Empire , apportant raison de deux élections d'un maire , toutes
, a ux pieds de l'Assemblée législative le tribut deux illégalement faites.
, de l'admiration et de l'obéissance : mais toutes L'Assemblée a décrété, « qu'il seroit procédé
# les oreilles ne sont pas encore modifiées à cette à une nouvelle nomination , en présence des
ni usique nouvelle , et au milieu de l'Assemblée commissaires déja nommés pour connoître des
: même, il est encore des organes endurcis et différens de cette double municipalité. » ( Cc
, qui se refusent au sentiment de la volupté sont des officiers municipaux de la Rochelle. )
: † Aujourd'hui on a reçu les dépu La citadelle de Montpellier, dont la garde
t tations des municipalités de Sens , de Douai , nationale s'étoit mise en possession, a été rendue
: d'Arras, du district de Saint-Eustache de Paris, au commandant des troupes réglées, sur une
, de Ia garde nationale de Narbonne , etc. et proclamation du roi. Tout reste en état jus
# comz me ces lionorables citoyens sembloient se qu'à cc qu'on ait déterminé I'organisation et
, le disputer dans l'expression de leur patrio les fonctions respectives des § nationales
| tism e, M. Malouet a pris la parole pour de et des troupes de ligne.
man der que l'Assemblée décrétât qu'à l'avenir
, on s T'abstiendroit de la lecture des adresses. Séance du 28 Mai.
, Ura décret est intervenu, qui a statué tout
le co ntraire. Un des plus prompts effets de la liberté, c'est
, . Il a été décrété que le nouveau président d'agrandir les ames et de les disposer à la
. ( M. de Beaumetz ) écriroit aux officiers muni bienfaisance, à la sainte affection de l'huma
, cipaux , à la # nationale, et aux régimens nité. Jadis le François , avec son caractère
en garnison à Douai, une lettre remplie de aimable et ses mœurs éternellement douccs,
témoignages de satisfaction .. ainsi qu'à la ville se plaisoit à faire du bien ; mais gêné par un
d'Arras. Des applaudissemens multipliés ont gouvernement inquiet, jaloux et mesquin, il
accueilli le discours très - énergique du major me faisoit le bien qu'en petit ; c'étoient des
( 2 )
rrrendes administrations , qui s'évertuent à que ceux que vous aurez choisis en votre ame
;c ' , des établissemens publics, des atteliers et conscience, sans y avoir été incité par au
- · · · · · , · - • t la corrstitution sera ſaite, cuns dons, menaces, promesses ou sollicita
- « | 1 its se poi t r vers l uti tions ; le citoyen répondra, je le jure.
: - » , Ius v err. z d'imm nses tºrreins 3°. Aucun citoyen, de quelque état et pro
s'« i , : , la c lt.vation et les rivières obéir fession qu'il soit , ne pourra être exclu des as
au « onmerce navigateur , et le fléau de la semblées primaires et électorales. Il me pourra
mendicité disparoître sans le secours de ces y être admis que des citoyens actifs : ils ne
mesures inhumaines qui etoicnt la recette du pourront y avoir ni armes ni bâtons ; aucune
despo1isme , et la grande famille réunie dans garde de sûreté ne pourra y être introduite,
les l§ d une fraternité univcrselle...... si ce n'est pour cas de violence. Le prêsident
Ce matin plusieurs villes des divers départe ne pourra lever l'assemblée que quand elle
mens ont demandé et ont obtenu l'autorisation l'ordonnera, à moins qu'il n'y eût des mouve
de l'Assemblée nationale pour faire des em mens de violence dangereux, auquel cas il la
runts. à l'effet de secourir et de ſaire travailler levroit de sa propre autorité.
† muititude indigente, qui, dans ce moment, 4°. Les assemblées électorales ne s'occuperont
n'est par-tout que trop nombreuse. que des élections, et des objets qui leur seront
Les villes de Châlons et de Mâcon sont en renvoyés comme décrets, etc.
concurrence pour devenir chef-lieu du dépar Aucune élection faite me pourra être recom
tement de Saône et Loire. L'Assemblée natio mencée, sous prétexte que ces formalités n'au
nale a décrété que la première assemblée de roient pas été remplies. -
département se tiendroit à Mâcon, et que lors La formule du serment ci-dessus prêté, sera
de la réunion des électeurs, qui aura lieu dans la même lors des élections ».
deux ans, pour changer la moitié des adminis · M. le président a instruit l'Assemblée que le
trateurs , ils décideront en uelle ville doit ! roi avoit accepté le décret constitntionel sur
définitivement être fixé le chef-lieu du dépar le droit de la paix et de la guerre.
tement ; injonction à ces électeurs et à tous Le 18 de ce mois, le peuple de Marseille s'est
autres de se conformer exactement à l'esprit et porté en foule dans le fort Saint-Nicolas, que
à la lettre des decrets concernant les assemblées depuis long-temps il regardoit comme un épou
administratives. vantail élevé par le despotisme : et, sans attendre
On a fait lecture de l'instruction aux muni l'aveu même de leur municipalité, ils se sont
cipalités sur l'acquisition des domaines natio mis à le démolir. Les officiers municipaux ont
maux , ainsi que du projet de la soumission. tâché d'interposer leur autorité pour arrêter
L'impression en a été ordonné e. les travaux destructeurs, au moins jusqu'à ce
Le comité de constitution , par l'organe de qu'on eût pris l'attache du gouvernement; ils |
M. le Chapelier, a proposé quelques articles n'ont rien obtenu , et se sont vu obligés de
nécessaires à la formation des assemblées pri donner une sorte de consentement pour pallier
maires ; l'Assemblée mationale a décrété : la désobéissance. C'est l'objet de plaintes por
1°. « Que les assemblées électorales pourront tées ce matin par M. de Saint-Priest.
accélérer leurs opérations, en arrêtant à la « L'Assemblée nationale, sur le compte qui
luralité des voix de se partager en plusieurs lui a été rendu de la démolition de la †
ureaux, composés au moins de cent élec de Saint-Nicolas de Marseille, décrète que les
teurs, pris proportionnellement dans les dif dites démolitions seront arrêtées sur-le-champ,
férens districts, qui procéderont également aux et que M. le président se retirera dans le jour
élections, et qui députeront chacun deux com pardevers le roi , pour le supplier de donner
missaires chargés de ſaire ensemble le recen tous les ordres et de prendre toutes les mesures
sement des scrutins. tendant à faire exécuter ce présent décret.
2°. Que tout bulletin qui aura été accusé » L'Assemblée nationale ordonne que les dé
dans üne assemblée , et qui m'aura pas été écrit putés extraordinaires de la municipalité de Mar
par le citoyen, ou §
scrutateur si le ci seille seront appellés et entendus à la barre
toyen ne sait pas écrire, sera rejetté comme demain samedi à midi ».
mul. A
Une lettre de M. de la Luzerne a annoncé
Après le serment civique prêté par les mem § les premiers frais pour l'armement extraor
bres assemblés , le président prononcera ces inaire coûteroient 2 millions 36,ooo liv. par
IIlOlS,
mots; vous jurez et promettez de me nommer -
( 5 )
Sur la motion de M. de Vaudreuil , il est Amour de la patrie, union et liberté ; non
décrété « que provisoirement la levee des ma cette liberté que nos ennemis appellent licence
telots se fera comme par le passé , conformé et anarchie , mais celle qui émane de la loi.
ment aux ordonnances, jusqu'à ce qu'on ait Donnons à l'univers étonné le spectacle impo
arrêté la constitution maritime ». -

sant d'un peuple de frères libres et égaux. Por


Enfin, dans un excès de courage qui est au tons sur l'autel de la patrie le serment de vivre
dessus de tout éloge, nos augustes législateurs et de mourir pour elle. Que toutes les fédéra
ont arrêté, « qu'attendu l'affluence et l'impor tions n'en fassent plus qu'une. Choisissons pour
tance des travaux, il y auroit séance tous les ce pacte authentique le 14 jnillet. époque à ja
soirs ». ' mais mémorable § nos annales, et qui doit
Cette multiplicité d'incidens n'a pas permis être pour tous les François l'ere de la liberté.
d'aborder l'ordre du jour, qui étoit la discus Les avantages † présente cette association,
sion de la grande affaire du clergé. sont in ppréciables ; elle achève de terrasser
le despotisme ; elle ôte à nos ennemis les moyens
de nous désunir ; elle prévient les divisions
Adresse des oſſiciers inférieurs (1) et militaires particulières , et étouffe les rivalités. Ces puis
citoyens des compagnies de grenadiers et sans motifs ont formé , depuis long - temps,
chasseurs de l'Isle de France et Lorrain e, entre nos frères de Rennes et nous , les liens
des régimens d'Artois , in/anterie , et Or d'estime et d'amitié que le temps a resserrés
léans, dragons , à leurs frères de la garde davantage.
mationale de Rennes. : Nous renouvellons , sous les ausrices de la
municipalité, le pacte d'union que nous avons
Un nouveau jour luit pour tous les François, contracté dans les momens les plus orageux ;
nous le devons à nos angustes représentans ; et bientôt rassemblés dans la capitale de l'Em
leur fermeté, leur sagesse et leur activité infa pire, nos députés iront déposer entre les mains
tigable ont enfin déconcerté les projets sinistres de nos sages législateurs le voeu unanime des
des ennemis de la chose publique. L'homme de corps dont ils seront les représentans.
venu libre, va rentrer dans ses droits; les préju Fait à Rennes le 19 mai 179o,
gés barbares dont il étoit la victime, sont anéan Les officiers des différens corps de la gar
tis; les talens et les vertus pourront seuls lºré mison ont adhéré au pacte fédératif nniversel ,
tendre aux distinctions soeiales, trop long-temps ct ont présenté leur adresse le lendemain au
usurpées par la naissance : il n'y aura d'exclu conseil d'administration de la ga, de nationale.
sion que pour le vice. Beauvais, 22 mai.
Telles sont les bases de la constitution qui
va régénérer l'empire. Comment est-il possible Le département de l'Ono a été organisé ſort
e des principes aussi sacrés trouvent encore tranquillement. Les électeurs ont nommé trente
† détracteurs ? Il en est copendant , dont membres, parmi lesquels il n'y a qu'un seul ec
le génie malfaisant, guidé par un vil égoïsme, clé s'astique , et point de gens nobles ni de prati
ne peut se résoudre à sacrifier l'intérêt person ciens. Tous les membres de ce département ont
nel à la félicité commune. Trop foiblcs pour été pris dans la classe des propriétaires et des
nous opposer une résistance coupable, ils s'ef laboureurs, parce que les électeurs ont pensé
forcent de nous diviser ; mais trop forts pour ue les propriétaires et les laboureurs étant
les combattre, réduisons-les , par un accord § intéressés au maintien de la fé
parfait, à l'impuissance de nuire. Unissons donc licité publique, sans mélange d'aucune consi
nos forces , en formant une fédération univer dération étrangère à ce grand objet, leur choix
selle. Gardes nationales et soldats citoyens, ne ponvoit qu'être infiniment applaudi par les
jurons de maintenir, au péril de notre vie, les vrais patriotes.
grands et utiles travaux de l'Assemblée matio
nale. Jurons de nous aimer, de nous défendre Nouvelles diverses.
et de veiller à la conservation des jours précieux
d'un roi citoyen. Prenons tous pour devise : Il nous faudroit imprimer chaque jour un
gros volume , pour raconter les progrès de l'es
prit public et les merveilles du patriotisme et
(1) Cette dénomination a été substituée dans cette de la liberté qui viennent continuellement à
(4 )
tières, telles que la ſº# la Bretagne , d'Ali......., ibid. de Pont....., le chevalier de la
l'Anjou , la Provence, le Dauphiné , etc. ne Fa.... : ce dernier, appartenant à une famille
cessent de nous fournir des matériaux en ce respectable de Languedoc, ne rougit point
genre. La légion patriotique de Libourne, réu d'être ici le courier commissionnaire du duc
mie aux députés des gardes nationales des villes de Lu.... et de sa clique maudite. Ces messieurs
voisines, vient de faire son serment civique avec se flattent entr'eux que l Espagne, armant con
toute la pompe, la dignité et le sentiment des tre l'Angleterre , détachera une division de sa
plus zélés patriotes. Le brave régiment de Royal flotte pour jetter des secours sur les côtes
i'ologne , cavalerie, dont M. d'Aiguillon est co de France, afin d'aider les anti-patriotes à opé
lonel, ct les troupes de la marine qui sont à rer une contre-révolution. Ils ont, dans presque
Libourne, ont assisté à cette fête auguste : une toutes les villes voisines des frontières de la
partie même de la ci-devant noblesse et des ec France, un très-grand nombre de gens prêts à
clésiastiques du pays, s'y est trouvée , et s'en est · prendre les armes au premier signal , pour en
réjouie. A Valognes, les ci-devant privilégiés, trer en France : et dût-il en coûter la tête aux
qui hésitoient à donner leur § pa chefs du conseil autrichien des Tuileries, ils
triotique, viennent de la faire de la meilleure sont déterminés à tenter encore une fois la for
grace du monde, et cette contribution monte tume. Je sais que le chev. de la F.... vient de
déja à 15o, ooo livres. Déja on se prépare, dans faire une tournée en Flandres, et qu'il arrive
la même ville , à la prestation du serment ci en ce moment de la province de Zélande, où
vique pour le 5o de ce mois. Dans cette même il n'a sûrement pas été pour rien. Je sais que
ville, comme dans presque toutes les v lles et ces messieurs tâchent de tirer de l'argent d'un
villages de l'empire , la municipalité a repoussé riche président ( l'un des confédérés ) qui en a
avec iudignation l'extravagante délibération beaucoup ici : mais, quoiqu'il desire infiniment
des fanatiques nîmois. Au Saint-JEsprit , sur que l'ancien régime reprenne sa force en
les bords du Rhône, la municipalité et la garde l'rance , il aime encore mieux ses écus que le
mationale ont arrêté de dénoncer à toutes les succès de la cause de ses frères ; ainsi il se
municipalités et à toutes les gardes nationales contente de prier pour la réussite. Il est aussi
de la fédération , la délibération et adresse au question que le duc ci-dessus doit envoyer ses
roi des fanatiques de Nimes, comme injurieuses deux fils au roi d'Espagne , à condition qu'il
à l'Assemblée nationale, attentatoires à ses dé leur donnera un rang élevé dans ses armées ».
crets, etc.; comme aussi de dénoncer à la garde Observ. Depuis long-temps nous avons pré
nationale de Nimes les membres de leur corps venu les habitans des côtes maritimes de la
qui ont signé lesdites délibération et adresse, etc. Gulenne , de la Provence et du Languedoc, que
Ont arrêté en outre d'assurer leurs amis et com
les esçadres préparées par l'Espagne avoient pour
pagnons d'armes, que les citoyens du Saint but principal de soutenir les contre-révolutio
Esprit tiennent plus que jamais aux engage naires — Tout prouve aujourd'hui que c'étoit
mens sacrés qu'ils ont pris avec eux , d'être bien là une des spéculations du cabinet de Ma
fidèles à la nation , à la loi et au roi, et qu'ils drid, et du comité autrichien desTuileries. Mais
seront toujours prêts à voler à leur secours, et ce que nous n'avions pas prévu, c'est la conni
à leur donner dans toutes les occasions des vence de Pitt avec les ministres des deux au
preuves de leurs sentimens fraternels. C..... tres cours ; car il est bien démontré mainte
nant que les rois de l'rance, d'Espagne et d'An
D E L o N D R E s, le 21 mai. gleterre , dirigés par leurs ministres favoris ,
vouloient se faire, de bonne amitié, une guerre
« Les aristocrates françois, qui sont très sanglante pour troubler l' Europe entière, et dé
nombreux dans cette ville , tiennent très-fré tourner les peuples de la perspective de leurs
quemment des comités composés d'un très droits. Pitt croyoit être le premier personnage
grand nombre de noblesse d'épée et de robe, de l'univers, et il ne pardonnera jamais à
chez le duc de Lux...g. Du nombre de ces l'Assemblée nationale de France d'avoir prouvé
nobles sont le marquis de Bel.... deux MM. de la qu'il seroit à peine digne d'être l'émule de J. F.
B...... le présid, du Rou..... le premier présid. Maury, CARRA, -

- - - - ',! - - - • -- -

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A N N A L E S
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R E S
D E L A F R A N C E,

ET A F FA I R E SJ OPO

L, I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
U R N A L L 1 B R E,

Par une Société d'Ecrivains Patriotes , et dirigé par M. ME R c r E R.


Je mourrai désormais content ;
Plus libre encor que l'Angleterro ,
- C'est la France dorénavant
Qui fera la paix et la guerre.
Par M. DE LA PLAcE, doyen des gens de lettres.

N°. C C X L. Du Dimanche 3o l1'ai 179o.


ASSEMB L É E N AT I O N A L E. sous, cst monté à 5 liv. Le peuple s'est irrité,
deux liommes ont été tués, et 22 bl,ssés.
La municipalité a été obligée de faire arbo
Séance du 29 Mai. :
rer le drapeau rouge, et de publier la loi Inar
LA liberté françoise est si jeune , elle est tiale. Enfin le con ours de la garde nationale .
c11core entourée d'ennemis si nombreux et si
des maréchaussées et de quelques troupes de
ligne, a rétabli le calme pour quelques mo
acharnés, qu'il semble qu'on doive, sinon per IIl (*I1S.
mettre, au moins excuser la déſiance peut-être L'Assemblée nationale a autorisé la ville de
excessive de quelques bons citoyens qui, sem Saint-Pierre-le-Mjoutier à faire un emprunt de
blables à cet aini lidèle que l'homme a conquis 12oo livres pour l'établissement d'un attelier
parmi les animaux, s'éveillent et s'écrient au de charité, et a voté des remercimens pour les
plus léger mouvement qui leur devient suspcct , soldats citoyens qui ont arrêté la sé'dition.
et portent quelqueſois la diligence et les pré M. Faucon a annoncé le don patriotique
cautions au-delà des bornes, non encore bien d'un vaisseau de ligne, dont il fonde la cons
connues , du droit individuel de l'homme. truction sur le sacrifice d'un tiers des hono
Voilà ce qui vient d'arriver à quelques habi raires de chacun des membres de l'auguste
tans de Doullens, lesquels suspcctant une caisse Assemblée : cette générosité n'a pas étè ac
de piastres qui passoit par leur ville, se sont cueillie.
ermis de l'arrêter provisoirement, quoiqu'il M. d'Allarde a proposé quc l'Assemblée ma
eur fût assuré § étoit destinée pour la tionale autorisât le premier ministre des finan
caisse d'escompte de Paris. Sur le rapport de ce ces, à faire compter les administrateurs de la
fait, l'Assemblée a décrété « que le commerce caisse d'escompte de clerc à maître, depuis le
de l'argent étant libre comme celui des grains , remier de janvier de cette année , et à les
son président écriroit à la municipalité de cette § des millions qu'ils demandent pour
ville , pour qu'elle n'opposât aucun obstacle à avoir converti les billets de la caisse contre de
la destination de ces piastres ». l'argent comptant. L'Assemblée, d'après l'avis
Le monopole , qui apparemment n'est pas de M. de Biouzat, a ordonné l'impression du
un fléau particulier au despotisme, exerce en projet de décret.
ce 1noment ses brigandages dans les provinces,
r
Enſin on est arrivé à l'ordre du jour, à la cons
- - - - - - --— - -- M. C -:- s -

( 2 )
premier, une voix, partie de l angle où se tien des mouvemens de cette ville, ont fortement
nent les évêques, a récusé l'Assemblée natio inculpé M. de Saint-Priest. Les préventions
nale, à titre d'incompétence. On alloit rappeller sont portées au point que les municipalités ne
à l'ordre le récusant intéressé, lorsque M. Nec veulent plus communiquer avec ce ministre,
ker a été introduit dans l'Assemblée : il a lu , et se réunissent pour supplier le roi de lui
fait lire en partie , et repris la lecture de son retirer sa confiance. L'affaire a été renvoyée
travail sur les finances. Il a exposé un état de au comité des rapports.
situation consolant par l'apperçu des reeettes Les députés ont été admis à la séance, †
et des dépenses qu'il avoit déja remis au comité l'opposition d'un côté de l'Assemblée, qu'il a
des finances, et qu'il lui remettra chaque se fallu vaincre par un décret formel.
maine. « Mais j'ai desiré, a-t-il ajouté, l'appor M. l'archevêque d'Aix a rouvert la discussion
ter aujourd'hui moi-même à l'Assemblée; il est par un discours brillant de l'érudition théolo
précieux pour moi de conférer de temps à au gique, qui n'avoit d autre tort que de paroître
tre avec les législateurs , pour me rappeller à un peu déplacée ; il a prouvé que l'autorité
leur intérêt et à leurs bontés ». des anciens pères de l'église s'opposoit à la
M. Necker a fait le tableau des dépenses pour nouvelle division des évêchés de l'empire fran
cette année : il a fait espérer qu'il seroit payé çois ; et, pour la seconde fois, il a vivement
deux sémestres de rentes sur l'hôtel-de-ville, insisté sur la convocation d'un concile mational
d'ici au 31 d, cembre ; que les 17o millions de
la caisse d'escompte seroient acquittés, les an
ticipations éteintes, excepté 33 millions qui PA R I S, le 29 mai.
seront acquittés au commencement de 1791 ,
et qui seront les derniers. ll n'a annoncé qu'une Depuis quelque temps les ennemis de la
dépense de 12 millions pour les armemens de France et de la liberté répandoient, dans le
précaution. « l a contribution patriotique pour public, et faisoient imprimer dans des libelles
Paris montoit à 4o millions Goo ooo livres : les que le parti le plus populaire de l'Assemblée
deux ticrs de cette somme sont destinés à étein nationale étoit intéressé à entretenir les trou
dre les anticipations restantes pour 1791. Les bles dans Paris , pour s'élever , à la faveur
assignats-monnoie prennent la plus grande fa de l'anarchie et des terreurs du peuple, aux
veur en province et chez quelques étrangers. premières places ; c'est-à-dire, que ces enne
Le caissier extraordinaire ne peut suffire aux mis de la révolution prêtoient aux vrais patriotes
demandes qui lui en sont faites de toutes parts». leurs vues, leurs sentimens et leur §
Enfin, passant en revue les diverses branches On disoit que M. Duport aspiroit à la mairie,
de recettes et dépenses , et rendant l'hommage et M. Charles de Lameth au commandement
le plus complet à la sagesse de l Assemblée natio de la garde nationale. Ce dernier, pour
nale et à la § de ses immenses travaux, il général
faire tomber tous ces bruits, a cru devoir écrire
a annoncé le salut des finances de l'empire, et, la lettre suivante à M. de laFayette. « J'ap
pour la fin de l année, un excédant de 11 mil prends .. monsieur, que sur la diff rence qui
lions et demi de la recette sur la dépense, si s'est manifestée depuis quelque temps dans nos
les impositions sont exactement † opinions à l'Assemblée nationale, et particuliè:
Dans une réponse pleine de bonté, M. le rement dans la délibération relative au droit
président a loué le zèle du ministre des finan de paix et de guerre, on répand avec profusion
ces, et l'a assuré que l'Assemblée mationale ne dans Paris que j'aspire à vous remplacer dans le
perdroit pas de vue, un seul instant, tout ce commandement de la garde nationale. Quelque
qui , pouvoit affermir la constitution et le
éloigné que je sois de croire qu'on puisse jetteº
bonheur des citoyens. les yeux sur moi, et quelque prix que je mette à
On a introduit les députés extraordinaires
toutes les distinctions qu'on peut devoir au sutº
de Marseille, qui, dans le compte rendu (1) frage de ses concitoyens, je me dois de déclarer
que je n'en ai jamais conçu la pensée : et quº
(1) Voici une phrase du discours des députés de si cet honneur m'étoit offert, je ne l aecºpte
Marseille : • , rois pas. C est sans aucune ambition, c est aveº
« Louis XlV avoit fait inscrire sur une pierre la ferme résolution de n'accepter jamais aucuº
angulaire de la citadelle : Cette tour a été construite, lace, que je me suis dévoué à la défense dº
e peur qu'il me prît envie à Marseille fidelle de tenter † liberté, et que je ne cesserai jamais de º
d'être libre ».
vailler pour elle, jusqu'à ce que la constitutiº*
( 3 )
qui nous l'assure ait été achevée dans les prin De Bordeaux , le 22 mai.
cipes suivant lesquels elle a été commencée.Je
rougirois, si rien dans ma conduite pouvoitjamais . · Des lettres de Madrid assurent que le diffé
autoriser à croire que j'eusse été guidé par quel rent qui s'étoit élevé entre les cours de Madrid
que motif d'intérêt personnel ». — J'ai l'hon et de Londres, est arrangé à la satisfaction des
meur d'être, Charles de Lameth. parties, et que les ministres chargés d'accom
P S. Vous trouverez simple , monsieur, que moder l'affaire ont été comblés de présens à
dans un moment où je vois mes intentions atta Madrid.
quées par des menées obscures et des propos De Pontoise, le 23 mai.
calomnieux, je mette à les repousser toute la
publicité qui convient â mon caractère. Il faut apprendre aux hommes que les prêtreà
ne sont plus des dieux , depuis que les hommes
Ex trait des registres de l'administration du ne sont plus des bêtes. La délibération fana
district de Nantes, du 2o mai 179o, séance tique des soi-disant catholiques d'Uzès , et tout
du soir.
Ce qui est sorti de leur capucinière, a été reçu
avec mépris dans toutes les villes du royaume,
mais notamment à Pontoise. La société des
M. Lefebvre de la Chauvriere , procureur
amis de la constitution, qui compte parmi ses
ndic, ayant représenté que la publicité des membres des patriotes distingués, a repous
élibérations des corps administratifs, étant un sé l'ouvrage de la capucinière d'Uzès , et a
moyen de confiance et d'instruction pour les † , par les réflexions les plus sages, com
citoyens, d'encouragement et de reconnois
ien cette délibération fanatique qu'on lui avoit
sance des administrateurs pour le public , a adressée , étoit insensée et criminelle.
requis que la salle du château destinée aux
séances de l'administration, fût ouverte à toutes AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
les séances pour tous les citoyens de l'un et
l'autre sexe. |
D E V I E N N E , le 15 mzaz.
Sur quoi l'assemblée de MM. les adminis
trateurs délibérant, a arrêté à l'unanimité que Les quatre fils de notre monarque sont ar
ses séances seront publiques, et que son pré rivés ici le 13 à 9 heures du soir. Léopold les
sent arrêté seroit imprimé et affiché dans toutes a présentés au prince de Kaunitz. L'archiduc
les municipalités de son arrondissement, François est parti avec le comte de Colloredo,
Signés, Coiquaud, président, Guinche, se pour Clagemfurt, où il doit attendre la reine
crétaire. -

sa mère. fºlle y arrivera sous peu de jours, et


Observ. Voilà un exempl # la ville de en partira sur-le-champ pour se rendre à
Lyon et les autres chefs-lieux de départemens Vienne, Ie roi va au-devant d'elle jusqu'à
doivent s'empresser à suivre, sous peine pour Neustadt. Le roi d'Espagne a permis à son dé
les membres de l'administration de ces dépar puté à Florence d'accompagner sa majesté
temens de passer pour des ignorans ou des jusques dans sa capitale. -

aristocrates. Le courier qu'on attendoit de Berlin le 13


De Marseille, le 18 mai. du courant. est arrivé : mais n'a pas apporté
de nouvelles décisives. Le départ du maréchal
Le courier extraordinaire qui a apporté ici Laudon fait, pour ainsi dire , évanouir toute
l'ordre du roi de remettre la garde des forts au espérance de pacification, quoique selon le
bruit le plus accrédité il ne soit parti le 9 que
pouvoir des troupes réglées, et l'ordre au pro
cureur du roi de la s méchaussée de poursuivre pour exiiminer les différentes divisions des
les auteurs et complices de la mort de M. de, ; troupes de la Moravie , de la Silésie et de la
Beausset, a causé une nouvelle ferinentation. Bohême. Les Russes s'avancent sur trois co
Le conseil général de la commune a dit sur ce · lonnes vers les frontières de la Pologne. On
message, n'y avoir lieu à délibérer : mais le , croit ici que le siége de Widdin est commencé,
peuple a conçu une telle inquiétude , qu'il s est · · · D E B E R L 1N , le 1o mai. ^ ^
mis sur le champ à démolir la partie des forts
( 4 )
rein , avcc lequel il est revenu chez le roi. les Autrichiens, trop fiers de leurs succès Sept
Cette lettre, apportée par un courier de la noble des nôtres ont été tiiés, et trente blessés. L'en
garde hongroise, a , dit-on, présenté quelques memi a perdu environ 2oo hommes, qui sont
éclaircissemens favorables à la paix , mais sa restés sur le champ de bataille, et s'est retiré
majesté m'a rien voulu répondre qu'après l'a avec un grand nombre de blessés. C'est une
voir communiquée à ses alliés. lettre du général Schoenfeld qui nous certifie
Tout est tranquille de part et d'autre sur cet événement.
les frontières de la Silésie et de la Boliême.
On assure 1nême qu'il a été convenu entre la D E B R U x E L L E s , le 21 mai.
cour de Vienne et la nôtre, qu'il ne sera fa't
aucun pillage dans les places, ni même dans : Quoique l'Angleterre se tienne toujours sur
des villages qrti tomberont au pouvoir de l'en la réserve à notre égard , et n'ait pas reconnu
nemi. Le cominèrce jouit de toute sa liberté notre indépendance : que même , suivant quel
sur les frontières. ques nouvelles d'Allemagne, elle ait notifié à la
cour de Vienne qu'elle ne prendroit aucune
: D E. S i o c K II o L M , le 7 mai. part à notre position , M. Gardener, colonel au
Le comte Hamilton arriva ici liier, pour no service de l'Angleterre , vient de remettre au
congrès une lettre du duc de Leeds, ministre
tifier dè la part du roi, que sa majesté a atta d'Angleterre au département des affaires étran
qué les russes commadnés par le général De gères. On dit à bas bruit qu'il s'agit de proposi
nisow , qui s'étoit posté à W alkiala « ntre l're tions que fait le ministère anglois, relatives aux
dericlisham et i)aristadt. Les Suédois formoient
un corps de huit bataillons d'inlanterie , un arrangemens que la cour de Berlin veut faire
a v cc celle de Vienne.
bataillon de chasseurs, et les dragons de Ny
land. Les russes ont fait une ſorte résistance ,
mais ils ont été enſoncés par l infanterie sué
doise, et obligés de se débander vers les 1o Messieurs les Abonnés des Révolrttions de France
heures du soir. La nuit a ſavorisé leur retraite ; et de Brabant , par CAMI1 LE IDEsviou1 INs, sont pré
les magasins, équipages, et autres effets, sont venus que le traité passé entre l'auteur et le sieur
tombés dans nos mains. Le roi est blessé au Garnéry , libraire, relativement à ce Journal, expirant
le 26 mai présent , l'abonnement cessera d'avoir lieu
bras droit, montrant l'exemple aux soldats qu'il chez le sieur Garnéry. On prie en conséquence les
commandoit en personne. Nous avons perdu personnes qni voudront continuer leur souscription,
un officier, vingt autres sont blessés ; nous de s'adresser au seul Bureau établi, Hôtel Dauphin,
avons pris un major , un lieutenant et qua N°. 1 15, rue de Sei1 e , Fauxbourg Saiùt-Germain.
rante soldats, Le général Denisow est tué. On Ceux dont l'abonnement ne seroit pas expiré, ou
attend des détails plus particuliers de cette qui auroient renouvellé chez le sieur Garnéry, sont
action, -
également priés d'en donner avis au plutôt , afin quele
cours des livraisous ne souffre aucune interruption. 0n
D E N A M U R, le 24 mai. répétera , en leur nom, envers le libraire, le prix
d'un abonnement dont il n'étoit que le receveur
Un léger échec que nous avons essuyé prés conditionnel.
de Marche, nous a fait perdre, dans les jour l 'abonnement continuera d'être de 7 liv. 1o sols pour
maux, plus de 12oo hommes qui sont encore t!ois mois pour la prevince , et de 6 liv. 15 sols pour
bien vivans ; mais, quelque précieux que nous l'aris , franc de port par la poste. On est prié d'af
soit le sang de nos frères , mous n'avons pas frant hir le port de l'urgent et des lettres.
IV. B. On ne peut souscrire que du premier nu:
pendu cent hommes. Notre revanche n'a pas méro d'un trimestre ; chaque trimestre est compos
tardé ; car nous venons de battre complétement de 13 nuinéros. -

On s'abonne à Paris, cnez BUIssoN , Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le pris
de l'abonnement et la lettre d'avis, et tou1es les letti es pour les Auteurs des , tnnales Patriotiques.
Chez DENNé et PETIT, au Palais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame l)ELAPLANcHE, rue du Roule ,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour ce Journal , dont il paroft tous lcs jours itn N'uméro, est de 36 liv, pour
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc de port , par la poste, pour tout le
Royanne. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre ! 789. L'abonnement ne conmcncc que du premier d'un mois.
PAT R I O T I Q U E S ET L I T T É R A I R ES
D E L A F R A N C E,
ET A F FAI R E S POL I T I Q U E S DE L'E U R OPE ;
J O U R N A L L I B R E, -

F - • - -

Par une Société d"Ecrivains Patriotes , et dirigé par M. MER crE R.


A

Le gouvernement le plus parfait est celui qui va à son but à moins de frais.
MoNTEsQUIEU.

IN°. C C X L I. Du Lundi 31 Mai 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. Le curé de S. Germain-l'Auxerrois invite les
députés à l'Assemblée nationale à assister , le
Séance du 29 Mai au soir. jour de la fête Dieu, à la procession de sa
paroissº.
l . manquoit un crime à la municipalité de Sur la motion de M. Royer, curé citoyen ,
Montauban, c'étoit de chercher un renfort à il cst arrêté que l'Assemblée se rendra en corps
ses atrocités; elle a osé solliciter la municipalité à cette procession.
d'Agen de lui envoyer du secours, pour oppo Le peuple, que le besoin empêche d'être
ser, disoit-elle , la force à la force. Les citoyens juste , s'est soulevé à Tours contre la cherté
d'Agen ont rejetté avec horreur cette demande des grains , qu'il vouloit obtenir à un tiers
sanguinaire, et l'Assemblée nationale a chargé au - dessous de la taxe ordinaire ; il a fallu
son président d'écrire aux officiers municipaux arborer le drapeau rouge. La sagesse des offi
combicn ce sage refus leur donnoit de droits ciers municipaux a rétabli le c line sans efifu
à la reconnoissance publique. - sion de sang ; et sur la proposition de M. de
Il n'est pas dû moins d'éloges à la garde Menou , l'Assemblée nationale leur a voté des
...nationale de Bordeaux, pour les mesures qu'elle remercîmens.
a gardées en se transportant vers Montauban , Il existe sur la paroisse S. Rocli une fonda
ct en envoyant, par le seul bruit de son ap tion de Gooo livres, que donne un citoyen ver
proche, les terreurs et le remords dans l'ame tueux pour marier six ſilles de famille indigente.
- cies bourreaux de cette dernière ville. Les six jeunes mariées sont venués avec leurs
On a fait lecture à l'Assemblée nationale de époux offrir à la patrie le vingtième de leur dot.
la fédération des troupes d'Artois infanterie , On se rappelle le décret dernièrement rendu
des dragons d'Orléans, de la maréchaussée et ponr donner la liberté à deux citoyens de Fri
des gardes nationales de Rennes pour le main bourg, détenus sur les galères de France; M. de
tien de la constitution. Montmorin a eu l'assurance de réclamer contre
La conduite coupable des déclarans de Nîmes ce décret, ou du moins il a tâché de l'éluder.
- est dénoncée par les gardes nationales de Ber L'Assemblée nationale insiste pour en ordonner
nay , et la coupable adhésion des habitans l'exécution.
d'Uzès par la municipalité de Pontoise. Décret rendu sur le rapport de l'affaire de
· Soumission de la ville de Crépy pour 2oo,ooo M. Martinet , citoyen de...... -

livres , de domaines. mationaux , situés sur son « L'Assemblée nationale, après avoir entendu
( 2 )

la lettre du 4 mai dernier, le sieur Martinet n'a des secours à nos freres de Montauban, et
oint exprimé d'opinion contraire à la révo de se réunir à Moissac au détachement de
ution ; - -
Bordeanx. -

Considérant que la municipalité n'avoit point IV. Arrêté de faire partir sur le champ deux
le droit de le priver de sa lib ºrté , officiers pour prévenir le détachement de Bor
Déclarc § n'y a lieu à aucune inculpation deaux, et prendre communication des ordres
contre ledit sieur Martinet, ct sur le su plus, qui doivent êtrc envoyés par l'Assemblée na
déclare qu'il n'y a lieu à délibérer ». tionale.
Le dernier coup est porté à tous les complots V. Arrêté d' écrire deux lettres au comman
aristocratiques, par la proclamation que le roi, dant du détachement de Bordeaux, pour
dans sa souveraine loyauté, vient de communi concerter avec lui les mesures qui seront ju
quer à l'Assemblée, ct qui demain parcourra gées convenables.
tout l'empire. l lle est ainsi conçue : VI. Arrêté que le détachement, avant de
« Le roi se déclare une seconde fois le chef partir, prêtera le serment civique , et n'agira
et l'ami de la constitution, et il blâme la con que par les ordres de la municipalité.
duite de ceux qui, sous prétexte de religion, L'Assemblée nationale a décrété que cette
cherchent à armer le peuple contre le peuple ». délibération patriotique seroit imprimée et in
A cette proclamation sera jointe l'injonction sérée dans son procès-verbal.
à tous citoyens et soldats de ne porter d'autre La ville de Vertus, en Champagne, demande
signe que la cocarde mationale. l'acquisition de domaines nationaux pour une
Il est aisé de se figurer l'allégresse universelle somme de 225, ooo livres ; celle de Sedan pour
que cette lecture a excitée. A 1 1 heures du 4 millions; Riom pour 4 millions, et pour 5 mil
soir, un peuple immense est venu sous les fe lions Chàlons-sur-Saône.
mêtres du roi, ſaire cntendre des acclamations Sous l'ancien régime, il y avoit au fond des
qui m étoient pas suspcctcs. provinces des espèces de milices qui , sous le
nom de compagnies d'arquebuse, d'arbaléte,
Séance du 5o Mai. de chevaliers de l'arc, et autres enfantillages,
se disputoient l'ancienneté des priviléges , le
La proclamation du roi avoit fernué la séance titre de compagnies royales, l'honneur d'êue
d'hier au milieu des transports de la joie patrio patentées , ou commandées par un prince, ou
tique , le même sentiment s'est manisfesté avec de se voir composées de gens · qualifiés , de
une explosion nouvelle , au moment où la gentilshommes, d'annoblis, # bourgeois vivant
lecture du procès-verbal a remis sous les yeux noblement , etc. etc. etc. Eh ! qui pourroit
de l'Assemblée l'image de la franchise royale. nombrer toutes les nuances que la prétention
Les augustes représentans de la nation ont arrêté de l'orgueil avoit introduites dans ces futiles
qu'il seroit envoyé à sa majesté une députation corporations? Aujourd'hui, il semble que l'im
de vingt-quatre membres, pour lui témoigner mense établissement de la garde mationale ait
leur respect ct leur amour. absorbé toutes ces petitesses. Il est pourtant
Quelle qu'ait été dans la ville de Toulouse encore quelques lieux où l'ancienne morgue
l'influence de l'aristocratie parlementaire , ce m'est pas éteinte, et va se débattant contre l'es
pendant l'esprit public est parvenu à y prendre prit public , à Sedan, par exemple, le corps des
racine, et il y a fait des progrès sensibles. On arquebusiers a refusé de s'incorporer dans la
m'en sauroit douter en lisant la délibération milice nationale , et prétemd faire un service à
suivante, prise par le conseil général de la coin part ,, qui croise celui des gardes citoyennes.
mune et par la municipalité de cette ville , C'est la matière d'un rapport fait ce matin par
et présentée ce matin à l'Assemblée nationale M. Target, et qui s'est terminé par un décret
par M. Roussillon. par lequel l'Assemblée nationale statue, « qu'en
Art. Ier. Arrêté de donner sûreté et protec attendant l'organisation des milices nationales,
tion à tous les † de Miontauban qui sc l'ancienne milice de Sedan ne pourra faire au
retircroient à Toulouse. cun servi e , si elle n est incorporée dans les
II. Arrêté de défendre de porter d'autrc nouvelles compagnes ».
cocarde que celle aux trois couleurs de la La capitale est remplie et comme engorgée
nation. de mendians « t de vagabon,is de tous pays,
III. Arrêté de requérir le commandant gé sur-iout de vagabonds étrangers qºi dévorent
néral de choisir un détachement pour porter les secours dus à l'indigent national , et qui,
( 3 )
par leur nombre et leur caractère, compro L'ordre du jour n'a pu obtenir qu'un petit
mettent la tranquillité publique et inquiètent nombre de momens. Ils ont été pleinement
l'administration municipale. Par une lettre très oceupés par M. Treilhard , dont on connot
circonstanciée, M. Bailly expose ses alarmes l'esprit juste et méthodique. Sans attaquer en
à l'Assemblée nationale , et lui demande se détail le discours de M. l archevêque d'Aix , il
cours et remède. L'un et l'autre vont se trouver a établi sa pensée sur deux questions : « Y a-t-il
dans le décret suivant, rendu sur la motion, des réformes à faire dans le † L'Assemblée
de M. de Liancourt : nationale a-t-elle le droit et le pouvoir de ré
« ART. Ier. Indépendamment des atteliers former des abus démontrés » ? On sent com
déja établis dans la ville de Paris, il en sera bien la discussion de telles questions est sim
ouvert de nouveaiix aux environs , soit en tra ple et féconde. L'orateur a convaincu tout ce
vaux de terre pour les hommes , soit en fila qu'il y avoit d'hommes de bonne foi dans
ture pour les femmes et les enfans. l'Assemblée ; les autres sont peut-être convain
II. Tous les mendians, gens sans aveu, étran cus aussi, mais bien déterminés à n'en pas
gers et nom-domiciliés depuis un an , seront COnvenir.
tenus de se munir de passeports où sera in
diquée la route qu'ils doivent tenir pour retour Réponse de M. de la Fayette à M. Charles
ner dans leur patrie. de Lameth. Paris, ce 26 mai 179o.
IIl. Tout mendiant né François , mais non
domicilié, qui ne voudra point travailler, sera Je ne vois pas, monsieur, ce que le com
tenu de demander un passeport pour retourner mandement de la garde nationale , ni aucun
dans son pays. bruit de votre nomination à cette place , pour
IV. Huit joars après la publication du présent roient avoir de commun avec quelque diffé
décret, tous les mendians valides seront con rence d'avis sur deux rédactions de décrets,
duits dans des maisons établies à quelque dis sur-tout depuis que vous avez adopté celui que
tance de la capitale , pour delà être renvoyés je préférois : mais j'espère que les amis de la
hors du royaume s'ils sont étrangers, et dans liberté s'accorderont toujours sur les vrais prin
leurs municipalités s'ils sont François. cipes , et je desire qu'ils s'entendent également
V. Il sera accordé à chaque département , sur les meilleurs moyens d'affermir la consti
lorsqu'il sera formé, une somme de 5o,ooo liv. tution. J'ai l'llonneur d'être, etc.
pour les atteliers de charité.
VI. La déclaration à laquelle seront tenus Situation politique de la France , et ses rap
les mendians, sera faite au maire, assisté de ports actuels avec toutes les puissances de
deux notahles. /'Europe , ouvrage dont l'objet est de de
VII. Il sera accordé à chaque mendiant une montrer, par les ſuits historiques et les prin
somme de 3 sous par lieue. cipes de la saine politique , tous les maux
VIII. Tout homme qui , muni d'un passe qu'a causés à /a France son alliance avec
ort, se sera écarté de la route indiquée sur la maison d'Autriche , et toutes les ſautes
# IX.
passeport, sera arrêté.
Les municipalités voisines des ſrontières
que le ministère françois , etc. , par M. de
Peyssonnel, etc. Seconde édition, augmentée
prendront les mesures les plus sûres pour ren d'un chapitre sur Malte , d'un autre sur Ge
voyer les étrangers dans leurs pays. mève , et de plusieurs autres additions : 2
X. Les mendians malades seront reçus dans vol. in-8°, chez Buisson. libraire, rue Hat. -
les hôpitaux pour y étre traités , et ensuite tefeuille, nº. 2o , 179o , 6 liv. brochés , et 7
renvoyés dans leurs municipalités. liv. ſranc de port par la poste.
#*
XI. Les mendians infirmes, femmes et en
fans, seront reçus dans différentes maisons L'accueil que l'Assemblée nationale et le
our y être traités avec tous les soins dus à public ont fait à la première édition de cet
'humanité. ouvrage , lc succès complet qu'il a eu nous
XII. Le passeport fera mention du présent permettent de dire que nommer M. de Peys
décret, et portera le signalement de la per sonnel, c'est rendre justice a son rare mérite,
SOIlIlC. et à sa mémoire , qui sera toujours précieuse à
XIII. Le roi sera supplié de donner les or tous les bons citoyens : car nous venons de
dres nécessaires pour l'exécution des présentes perdre ce profond politique , épuisé de veilles
dispositions ». et de travaux, et qui, jusqu'à son dernier mo
( 4 )
- - A -

· ment, m'a respiré que l'amour de la patrie. La - mense, agrandissement de cette maison, dont
cour avoit bien senti le coup qu'il ayoit porté l'ambition ne connoît plus de bornes, ses ma
au systême de la basse politique, et de l'astuce riages avec des souverains et des princes, dont
de la maison d'Autriche , lorsqu'elle lui ſit en nous ne devions jamais nous séparer, ses grandes
trevoir les grands avantagcs qu'il pouvoit es possessions en ltalie, son alliance avec la Russie,
· pérer , s'il se rétractoit. Mais l'auteur, qui ne ne nous donnent que trop de sujets de craintes
sentoit que trop les maux , dont la maison , si nous n'abandonnons le systême impolitique
. d'Autriche accable la France depuis 1756. parce qui nous a, pour ainsi dire, fait oublier tous
qu'il en avoit bien approfondi les causes , n'a les fidèles alliés qui nous ont méconnu à leur
rien voulu sacriſier à la justice , ni à l'int, rêt tour. Les décisions d'un si profond politique
de la patrie ; et il est mort dans ses principes. sont autant d'oracles qui nous prédisent notre
Jl avoit posé la base du décrct qui assnre à la ruine totale , si nous ne renonçons à cette
mation le droit de la paix et de la guerre, et aliancè monstrueuse , ou plutôt si nous ne
la rend , à cet égard , indépendante des in regardons pas comme nuls les traités que notre
trigues d'un ministère qui ne connoit que l'art cour a faits avec l'Autriche , puisqu'elle n'a
de tromper les hommes, et non de les rendre rien stipulé pour nous, lorsque nos ministres
heureux. ignorans se sont laissé séduire. Mais il faut
Après avoir exposé les dangers d'un mauvais lire l'auteur.
systême politique , et la nécessité où est la ll considère ensuite les rapports politiques
France d'abandonner celui qn'elle suit depuis que nous pouvons avoir avec toutes les autres
trente ans, l'auteur considère l'état de l Eu cours, et les différens petits souverains de
rope depuis la paix d'Aix-la-Chapelle jusqu'au l'Europe, leurs forces, leurs intérêts particu
monstrueux traité de 1756 , les † que liers.
, A ces considérations suit un excellent morº
la France s'est imposée par ce même traité , les
pertes qu'elle en a ressenties tant en hommes ceau sur l'ordre de Malte, que la Francºº
qu'en argent pendant la guerre de sept ans, tant d'intérêt
lument neuf; de
et ménager.
l'auteur y Cet articlecombien
montre est absºil
sans avoir reçu aucum avantage d'une maison
insidieuse qui l'a toujours trompée , et s'est seroit # de ne pas protéger cet ordre,
dont l'isle est convoitée par l'Angleterre , la
applaudi de ses ruses, auxquelles elle a souvent
joint le mépris. L'analyse que l'auteur fait du Russie, qui ont déja projetté de T'envahir.
traité de 1756, et de ceux qui l'ont suivi, porte réfute pleinement une mauvaise diatribe dº
jusqu'à l'évidence même la perſidie autri laquelle un écrivain ignorant avoit résenté
chienne, l'ignorance de nos ministres , et les l'ordre de Malte sous l'aspect le plus désavº
causes des maux qui nous ont accablés , en l jette un coup-d'œil rapide ..sur . Genèº et
rendant offensif un traité qui m'étoit réellement º†
ue défensif « Mais, dit l'auteur , dès que les révolutions de cette petite république, †
l'Autriche eut fait ſaire à la France , par la Vergemmes avoit renversé tout le systême (º
· signature du traité de Versailles , le premier chapitres sur Malte et sur Génève ne se trº
pas vers son déclin, elle l'entraîna peu à peu vent point à la première édition ). . 1*

dans cette longuc suite de fautes qui ont ainené Le pacte de famille ne mérite pas moins dº
raduellement sa décadence ». Elle nous a tention de sa part. Il en examine tous les ºº .
† abandonner la Prusse, la Hollande , les tages, et montro combien il pourroit devº
Turcs, nos trois alliés naturels, et les seuls ca lucratif
miné parà des
notre commerce.
réflexions L'ouvrage
sur le estetºles.
commerce
ables de soutenir notre prépondérance en manufactures , réſlexions puisées dans unº lon
#§ si nous n'avions pas sacrifié lâchement gue expérience , et que l'auteur pouvoº S6l
leurs intérêts à ceux de l'Autriche , qui me
cherche qu'à s'élever sur nos ruines. L'im nous Conlmuniquer,
On s'abonne à Paris , cnez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port , le prix
- deChez
l'abonnement
DENNÉ etetPETIT
la lettre
, aud'avis, et toutes
Palais-Royal les lettres
; BAILLY, rue pour les Autcurs
Saint-Honoré; des Annales
madame Patriotiques.
l)ELAPLANcHE, le ,
rue u Roule !
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
· Le prix de l'abonnemcnt pour ce Journal , dont il paroft tous les jours un Numéro, est de 56 liv, #
, un ran , 18 liv» pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , frane de port , par la poste , poºſ tOIl iº
, #oramme,Le premier IVuméro a paru le 3 Octobre 17S9, L'abonncinent ne commence que du prenier un Iº0
s U P P L É M E N T A U Nº. c C x L I.

CAUSE CÉLÈ BR E
D U B A IL L I A G E D U PAL A IS A PA R IS.

Mai 179o.
LE lundi trois de ce mois , le sieur Tessier La femme du géolier, mère de six enfans, a
Jolisiere, chirurgien de Monsieur, à Beaumont été deux fois décrétée et emprisonnée : lors de
le-Vicomte, province du Maine, et onze co son dernier emprisonnement elle étoit grosse,
accusés, ont été déchargés des accusations por et est accouchée dans sa prison.
tées, tant dans la plainte du procureur du roi Pendant sa captivité, ses meubles ont étéjctés
de Beaumont, que dans celle de celui du bail dehors et exposés à toutes les injures du temps.
liage de Belesme, où la cour avoit renvoyé l'ins Elle est enfin réduite , avec son mari et scs
truction de cette incroyable affaire, qui a fait enfans, à la mendicité.
gémir dans les fers pendant près de trois ans La soeur du sieur I'essier, principale accusée ,
d'innocentes victimes de la trame la plus inouie, est morte victime des rigueurs exercées contre
accusés par de vils dénonciateurs, d'avoir été elle par ses juges pendant sa captivité.
tout-à-la-fois auteurs, fauteurs, complices et Un honnête gentilhomme de Beaumont, qui
adhérans de libelles affreux, accompagnés de a eu connoissance de toutes les menées sourdes
prétendus crimes d'empoisonnement, d incen et de tous les complots de la cabale, n'ayant pu
die et d'assassinat. s'empêcher de rendre publiquement liommage
Sept mille huit cents rôles ont été employés , à la vérité, cn faveur de l'innocence opprimée,
par des juges prévenus et très-suspects, à noir a été entrepris à l'instigation des premiers jug s,
cir la réputation de ces honnêtes citoyens, mal et attend dans ce 1noment, avec la plus grande
gré plusieurs arrêts de la cour qui avoient pré confiance dans le parlement, un arrêt aussi ſa
jugé leur innocence et ordonné deux fois leur vorable que le jugement émané du bailliag° du
élargissement provisoire. palais qui, en attendant la prise à partie qui doit
Le procureur du roi de Beaumont a porté être ordonnée par une cour supérieure, déchar
l'impudence jusqu'à s'opposer à l'exécution du ge tous les accusés des plaintes portées contre
premier arrêt d'élargisscment, -
eux, et ordonne que la sentence sera imprimée,
L huissier, porteur de l'arrêt, a non-seule lue ct afficliée par-tout où les parties jugeront
ment encouru la disgrace de ce siége, mais en à propos de faire triompher leur innocence.
coi, été forcé de s'expatrier pour se soustraire Si le lecteur paroît surpris de la lenteur d'une
à a rigueur des poursu'tes de ces juges. si étrange et barbare instruction , on lui répon
Les honnêtes-gens qui ont pris le parti de ces dra , qu à Belesme comme à Beaumont, les accu
innocentes vict,mes , ont tous été menacés, sés avoient pour juges des agens de l'ancien
poursuivis ou décrétés. -
despotisme ; c'est-à-dire des subdélégués des
241 bis.
intcndanccs de T'ours et d'Alcnçon , qui ont nature ce digne magistrat, nous nous dispen
cxercé contre ces n:,!heureuses victim« s la serons de le signaler ; nous ne pouvons cepen
plénitude de leurs pouvoirs inquisitoriaux . dant taire qtte ce grand juge ayant appris
comme subdélégués, et ce mme jugºs, ont en ot e que les paroissiens de l'abbé Tessier, doyen rural
commenté les articles les plus tyranniques de de la l erté-Bernar.l. maire et curé de la pa
l'ancien code criminel de 167o ; aussi l'on ne roisse de Saint-Jean des Échelles, frère et intré
doit pas être surpris si le nouveau code national pide défenseur de l'accusé , avec lequcl il se
a bouleversé les cervelles aréopagiques de Beles rendoit mod stem ºnt dans sa paroisse, avoient
rne, au point de refuser au sieur Tessier l'ins été au-d vant de lºur pasteur , avec toute la
truction d'un alibi triomphant qu'il a invoqué pompe et l'apparºil de leur milice nationale,
dès son premier interrogatoire , ct de s'être re pour féliciter les deux frères de la justice qu'ils
ſusé, sur sommation, à lui délivrer copie de sa venoient d'obtenir , on attendant la nouvelle
procédure ; ce qui a tellement fatigué la patience organisation de l'ordre judiciaire, avoit paru
du parlement, qu'il m'a vu d'autre ressource pour tellement pénétré du jugement du 3 mai, qu'il
le triomphe des accusés, que de substituer le n'avoit pu s'empêcher d'élever les yeux au ciel
bailliage du palais aux bailliages de Delesme et ct d · dire avec le saint roi prophète : Si iniqui
Bcaunºont. \ tatcs ol serraveris, Domine, Domiae, qui sus
D'après la dénonciation faite à l' Assemblée tinebiº. Le peuple a donc bien raison de bénir
nationale par le bailliage de Belesme , des griefs une révolutiºn qui lui donnera des juges d'au
du lieutenant-général de ce siége , et la motion tant moins susceptibles de corruptien , qu'ils
de M. du Bailleul, député de la province et avo seront de son clioºx , et enti, rement dépouillés
cat audit siége , qui caractérise et pe,nt d'alºri s des vices de l' incien r g me.

La suite après la vi ouvelle organisation des tri'lºunaux,


A N N A L E s
PAT R I O T I QU E S ET L ITT E R A I R E s
D E L A F R A N C E,
" ET A F FA I R E S PoL I T I Q U E S DE L'E U R O P E;
- J O U R N A L L I B R E,
Par une Société d'Écrivains Patriotes, et dirigé par M. ME Rc1 E n.

Le ciel s'est déclaré pour la plus juste cause. SPARTAcUs.

N°. C C X L I I. Du Mardi 1er Juin 179o.


AS S E M B L É E NAT I O N A L E. détruits ; il ne reste plus d'asyle à la piété
fervente. Beaucoup d'églises cathédrales et
Séance du 31 Mai. collégiales sont proscrites dans le plan qui vous
a été présenté par le comité ecclésiastique, et
L E jour que M. de Voisins a succombé sous dans un royaume où l'on fait profession de la
les vengeances illégales du peuple de Valence, re'i ion catholique, on n'a pas encore pensé à
trois autres officiers ont été mis en prison, et détruire les lieux publics de prostitution et de
auvés par là de la furie populaire. Le comité débauche...... »
les rapports a proposé ce matin d'ordonner Constant dans son systême de protestation,
eur élargissement ; mais c'est une matière qui l'orateur a argué l'Assemblée nationale d'in
ppa rtient au pouvoir exécutif, auquel l'As compétence pour prononcer sur l'organisation
eml»lée nationale l'a renvoyée. · du ministère ecclésiastique, qu'elle doit, dit-il,
Un autre décret a ordonné la libre circu se borner à †: ce qu'il a démontré in
uion des grains pour la ville de Châtelleraut, vinciblement par les autorités de Bossuet, de
omme dans teut le royaume, à raison de Domat, de Charlemagne, et sur-tout de Louis
uelques mouvemens qui s'étoient élevés contre le Débonnaire.
n négociant en grains. Un ecclésiastique non protestant, M. l'abbé
Dans le régiment Royal-Marine, en garnison de la Salcette , a remplacé M. le curé de la
Aix, plusieurs soldats ont manqué à la subor Cambe. Il a suivi le systême de M. l'archevêque
ination militaire. Ils ont été condamnés à avoir d'Aix, et a demandé un concile national : mais
s cheveux coupés , et ils ont été renvoyés le zèle de sa cause l'a emporté dans des expres
vec une cartouche infamante. L'exécution sions qui sembloient révoquer en doute les
e la peine a été ensanglantée par un caporal, principes religieux dont l'Assemblée est animée :
ui a coupé une oreille à l'un des condamnés. et M. Goupil de Préfeln , avec cette vigueur
ctte affaire , diversement racontée par M. qui lui est propre , a réclamé l'oRDRE.
onche et par M. d'André, a été envoyée au Le parti noir n'a pas vu, sans un pressenti
omité des rapports. ment d'effroi, s'avancer vers la tribune un
La discussion sur l'organisation nouvelle du homme dont l'opinion étoit connue, M. Ro
lergé a été reprise par M. Leclerc, curé de bertspierre. « Ce n'est pas sous les rapports spiri
t Cambe , député d'Alençon , et l'un des tuels que vous avez à considérer le ministère
buscripteurs de la protestation du 19 avril. ecclésiastique, c'est sous l'aspect de l'utilité ci
L)éja , a-t-il dit, les ordres réguliers sont vile. Parmi les dignités qui appartenoient à ce
2
./

( 2 )
ministère, en est-fl d'inutiles ? en est-il de pré r ce peloton d'incurables, pour qui il n'y a plus
judiciables à l'ordre social ? Vous pouvez re de vérité. - -

trancher les unes, vous devez anéantir les au La discussion sur la question générale de
tres ». Puis embrassant le voeu du comité , et l'organisation ecclésiastique, a été fermée.
y donnant une grande extension , M. R. a L)emain l'Assemblée se livrera à la discus
établi que les cardinaux étoient nuisibles , les siou particulière des articles du plan offert par
archevêques plus qu'inutiles, et qne la hiérar le comité. - -

chie ecclésiastique devoit se borner aux évé La municipalité de Pantin a instruit l'As
ques et aux curés. semblée, que le ballon qu'on a vu s'élever hier
Il a revendiqué pour le peuple le droit anti dans Par.s , est allé tomber dans les plaines de
que de mommer ses pasteurs. }l a démontré que Pantin : que le peuple , qui s'y est porté en
pour le traitement des ministres de l'autel, la foule , a commis de grauds dégâts dans la
nation devo't prendre les conse ls de la justice, plaine. La municipalité de Pantin observe qu'elle
mais mon ceux de la munificence, et il a tcrm né a cru devoir faire arrêter l'auteur de l'expé
son discours, en proposant de rendre à la société rience, qu'elle a dû regarder comme cause et
des milliers de citoyens, en rendant aux prê garant du dommage.
tres la faculté qu'ils ont eue dans les premiers Cette affaire a dté renvoyée au pouvoir exé
siècles de l'église, de vivre sous les § du cutif.
mariage, plus sûrs pour les bonnes ma curs que Une proclamation de la municipalité de Mon
les vœux du c libat, Cette dernière partie de tauban , conçue en termes mal mesurés, d
l'opinion de M. Robertspierre, n'a pas été, à clare qu'elle ne laissera entrer dans la ville au
beaucoup près , accueiliie d'une sasisſaction cune troupe, à moins qu'elle ne justifie dºs
universelle. De tous les points de l'Assemblée, ordres du roi , et cependant ces mêmes'ofi
il s'est élevé des voix pour le rappeller à l'or ciers municipaux écrivent à l'Assemblée natio
dre ; et si un côté tout entier accn oit la motion nale une lettre, pour la supplier d'attendre,
d'être sacrilége , plusieurs membres de l'autre sans prévention , leur justification.
bord la trouvoient au moins prématurée.
Avec unc simplicité qui n'est pas moins ora
toire que les grands mouveinens , et qui par P A R I S , le 3o mai.
fois mêmc est plus agissante sur une assemblée
de sages , M. Camus a posé que la division Aujourd'hui le roi a passé en revue une
territoriale m'étoit entrée pour rien dans la partie de la garde nationale , dont les détacle
mission dont Jesus-Christ avoit chargé ses apô mens, pris dans chaque compagnie, formoiº
tres ; et qu'ainsi l'Assemblée , en faisant une environ six mille hommes. Sa majesté a parº
voir avecdebeaucoup de dont
satisfaction,
nouvelle distribution de terrein entre les mi troupe patriotes, tous lesdéfiler
cœursceº
lui
mistres de la religion n'excédoit nullement ses
pouvoirs. Il a puisé dans l'histoire de la primi sont voués sans réserve. Un peuple innombrº
tive église, des exemples frappans du droit que amonarque
joui, à cette
qu'il occasion,
chérit ; et de
toutla s'est
présence !
pts é dans
les fidèles ont eu d'élire les évêques et les prê
tres mêmes. le plus grand ordre.
Enſin il a soutenu qu'il étoit conforme aux Proclamation du roi.
maximes des canons † ne plns admettre à
l'avenir les appels à la cour de Rome, et qu'on « Jamais des circonstances plus impérieusº
pouvoit ôter cette jurisdiction au souverain n'ont invité tous les François à se réunir daº
pontife, sans attenter à la suprématie que lui un même esprit, à se rallier avec courage autº
donne sa qualité de successeur de S. Pierre. de la loi , et à favoriser de tout leur pouvº"
Un homme qui n'est pas suspect de mé l'établissement de la constitution. Nous n'avoº
connoître les principes † la hiérarchie , le rien négligé pour inspirer ces sentimens à tºº
respectable §, M. Gouttes , a éta les citoyens : nous leur avons nous-mêmº
bli la distinction, jusqu'à présent négligée, de donné l'exemple de la confiance la mºº
ces deux grands objets , église et discipline : équivoque dans ies représentans de la natiº
son discours, que nous voudrions pouvoir rap et de nos dispositions constantes pour tout º
porter, a excité des applaudissemens pressés , qui peut concourir au bonheur de nos sujºº
on pourroit dire universels , car il faut compter et à la prospérité de la France.
·pour rien le silence, ou même l'opposition de Seroit-il donc possible que des ennemis dº
( 3 )
bien public cherchassent encore à troubler les Aux Montalbanois
travaux importans dont l'Assemblée mationale | O Moutalbanois ! caclrez vos fronts crininels
est occupée , de concert , avec nous, pour dans la cendre et la poussière : vous avez versé
assurer les droits du peuple et préparer son le sang de vos concitoyens au nom de la croix :
bonheur ; que l'on essayât d émouvoir les es quelle est donc la funeste magie de ce signe
prits, soit par de vaines terreurs, et de fausses de salut et de paix ? Quel sont les traitres qui
interprétations des décrets de l'Assemblée na vous ont poussé à ces fureurs insensées ? Un
tonale, acceptés ou sanctionnés par nous, soit duc de la Force, un évêque. Ah ! malheureux,
en entreprenant d'inspirer sur nos intentions vous étiez les instrumens de vos plus cruels
des doutes aussi mal fondés qu'injurieux, et ennemis. Mais.. .. , vos ofliciers municipaux ?
en voilent des intérêts ou des passions privées, Quoi ! ils avoient médité , concerté cet horri
du nom sacré de la religion ? ble massacre, et vous souffrez plus long-temps
Une opposition si coupable nous afiligeroit leur présence ? Regardez ces ni lheureux dra
sensiblement, en même temp; qu'elle exciteroit gons, ces vcrtueux pères de ſani lle , dont le
toute notre aniInadversion. i 'objet continuel
de nos soins est de prévenir et de réplianer tout sang a jailli sur vous et sur votre postérité ;
voyez ces veuves désolé es et ces enfans orphe
ce qui en porteroit le caractère. Nous avons lins qui demandent vengeance à la nation et
même jugé digne de notre sollicitude pater à l'Assemblée nationale. Voyez ce généreux du
melle d'interdire jusqu'aux signes qui seroient Puy-Montbrun , dont vous avez proscrit la tête
propres à manifester des divisions et des partis. au moment même où il se rendoit à l'liôtel-de
| Mus par ces considérations , ct instruits ville, pour signer un pacte d union ct de fra
qu'en divers lieux du royaume, des particuliers ternite. Il vous abandonne pour jamais à votre
se seroicnt perinis de porter des cocardes mall:cureuse destinée. Rappellez-vous , s'il est
différentes de la cocarde mationale que nous possible, et l'excè s de votre lamatisme, et l'excès
portons nous-mêmes, et considérant les incon de votre rage, et l'excès de votre d, inence, et
véniens qui peuvent résulter de cette diversité, tournez, si vous l'osez, vos regards vers le ciel,
nous avons cru devoir l'interdire.
En conséquence, faisons défenses à tous nos vers ce ciel vengeur qui punit les crimes commis
en son nom, comme un double attentat envers
ſidèles sujets, et dans toute l'étendue de notre Dieu ct envers les liommes. O. Mlontalbanois !
royaume, de faire usage d'aucune autre cocarde vous avez déshonoré la terre qui vous porte ,
que la cocarde natioiiale. et l'air que vous respircz. Non , vous n'étiez
Exhortons tous les bons citoyens à s'abstenir pas faits pour vivre au milieu de la France libre
dans leurs discours, comine dans leurs écrits , et au dix-liuitième siècle ! Fuyez , all z cn Es
de tous reproches ou qualiiications capables pagne oti à Goa , porter vos croix « t vos poi
d'aigrir les esprits, de ſomenter la division , et gnards , luycz avcc la 1nalé diction de tous les
de servir même de prétexte à de coupables bons patriotes , et laissºz-nous en paix termi
excès,
mer l l eureuse constitution de cºt cInpire, et
Donné à Paris le 28 mai 179o. Signé, Louis ; marcher vers les liautes destinécs qui nous
ct plus bas , de Saint-Priest. attendent. C....
Clermont-Ferrand , 17 mai.
Observations sur les journaux ct sur les libelles
Je suis chargé, monsieur, de vous prévenir du jour.
que nous apprenons, avec la plus vive inquié
· tude, le départ précipité de plusieurs maisons On s'apperçoit depuis quelque temps que
· nobles de cette province. La garde nationale certains journaux qui s'elevoicnt assez à la
de notre ville, dont j'ai l'honneur d'êlre offi hauteur des vrais principt s, et qui ne crai
cier, vient d'arrêter Al. le Roi de Seinier. qui gnoient † d'analyser ou de critiquer la con
passoit sans certificat pour se rendre, disoit-il, d lite publique , et les o nions des grands per
à Iyon. Nous en avons ſºit part à vos officiers sonn g s de la scène actu, lle, ont baissé le ton
municipaux. Il paroît que cette ville est le et passé sous la toise du commun des martyrs.
point de réunion des mal-intentionnés , et que Nous savons bien que le ministre Saint-Priest
le 5o de ce mois, époque de la fédération, a proposé tout récemment au petit papa Nec
sera le momcnt où l'aristocratie déploiera ses ker d'employer une somme de 4oo,ooo livres
derniers efforts. Avertissez nos frères patrio pour soudoyer des libellistes et appaiser l'hu
tes de Lyon. (Extrait du courier de Lyon.) meur de certains journalistes anti-aristocrates,
(4) -

et trop surveillans : nous savons bien que de loix, et celles qui seront faites par leur nation
puis long-temps plusieurs gazettes, tant uni représentée dans les états assemblés tous les trois
verselles que particulières, sont frappées de ans. Ils ont décidé de n'admettre chez eux que
pensions ininistérielles et de gratifications pé des troupcs nationales, ni aucun allemand dans
riodiques ; mais nous sommes très-convaincus les emplois de leur royaume. Léopold II sous
que malgré les 4oo,ooo livres et les †
distribuées à une foule d'écrivains, de libel
crira-t-il à ces conditions d'un peuple brave ,
et dont les droits ont été si indignement violés
listes, d'espions et de traîtres, les grandes vé par la maison d'Autriche ? mais pourquoi ne pas
rités n'en perceront pas nioins de toutes parts, toujours rappeller à tous les souverains qu'on cou
et que les turpitudes des ennemis secrets ou ronne ces paroles mémorables des Arragonois ?
publics de la constitution n'en seront pas Nous qui valons autqnt que toi, et mieux que
moins dévoilées, Voyez l'admirable effet de la toi, nous te faisons roi pour gouverner suivant
lumière : un seul de ses rayons dissipe l'obscu nos loi c, sinon, non.
rité dans un espace immense. II en est de Le roi de Danemarck fait équiper huit vais
même de la vérité ; un seul de ses traits brise seaux de ligne et plusieürs frégates. On attend
la trame d'un million d'impostures. Par exem une escadre angloise dans la Baltique.
ple, dans un libelle anonyme qu'on répand à DE MAN HE IM, le 2o mai.
profusion, et qui a pour titre la cabale d'Or
léans ressuscitée et dévoilée , on accuse , entre L'esprit du despotisme, qui est par-tout le
autres calomnies, MM. Lameth, Biron et Bar même, vient de mettre en usage à Vienne les
nave , d'avoir fait pendre plusieurs voleurs , moyens qu'il a employés dernièrement en
sans preuve , sans procès , pour anéantir le France pour fasciner les yeux du peuple sur
châtelet et perdre M. de la Fayette. Que ré ses véritables intérêts. Le cardinal Migazzi, ar
pond la vérité à des accusations aussi absurdes chevêque de Vienne, a ordonné des proces
et aussi calomnieuses ? Elle gémit; et tendant sions dans toute la ville : elles ont été des plus
la main à ces vrais amis de la patrie, elle leur pompeuses. On y a porté des échantillons de
dit : montons ensemble au capitole, les autres toutes les reliques des catacombes de Rome ,
y viendront quand ils pourront. — Dans le et l'on a demandé à Dieu de la pluie lorsqu'il
inêine libelle, on dit aux citoyens : ouvrez les alloit pleuvoir, après la grande sécheresse qu'on
yeux : jurez d'exterminer Charles Lamcth. venoit d'essuyer. Le peuple a crié miracle. On
Que dit la vérité à cette infâme et horrible lui a fortement recommandé la défense de l'é
exclamation ? Elle appelle la justice à son se glise, et de rendre graces au ciel de ce que
cours, et dit : citoyens françois !jurez au con Léopold rendoit à plusieurs couvens de moines
traire d'exterminer les ennemis de vos vérita les biens que Joseph II avoit sensément seques
bles défenseurs. Périsse de mille morts le trés au profit de l'état. Ces processions ont été
monstre qui oseroit porter sa main sacrilège nommées le triomphe de la religion. Cepen
sur Lameth et sur les vrais amis de la li dant on n'a pas osé condamner la mémoire du
· berté. CARRA. bienheureux Joseph. %

AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. DE L I E G E, le 22 mai.

D E H A M B o U R G, le 18 mai. Le général d'Arberg vient d'être enlevé dans


le château de la Rochette par 5o dragons belges
Le duc de Courlande, arrivé dernièremnent et 25o fantassins. On l'a conduit à la citadelle
à Berlin, est passé en Silésie, tandis que l d'Anvers. Ainsi les généraux des deux partis
duchesse s'arrêtera dans cette capitale. Les prus opposés se trouvent arrêtés dans la même pri
siens ont fait dans la haute Silésie quelques son. On se demande ici, si son enlèvement a
mouvemens qui ont sans doute déterminé le été fait de concert avec nos chefs et le congrès
départ du maréchal Laudon. Les hongrois ne belgique. Autrement ce seroit une violation de
veulent plus rcconnoître que leurs anciennes IlOtl'e terrltQlre. - -

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J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
el dirigé par A/. MERcz E R.

Nos maux présens ne viennent pas de l'indocilité des


sujets, mais de l'abus énorme que l'ancien gouverne
ment a ſait de leur obéissance.

N°. C C X L I I I. Du Mercredi 2 Juin 179o.


As S E M B L É E N AT l O N A L E. Que c'est M. de la Salcette qui , lorqu'un
prélat , pour éviter le terrible prononcé de la
Séance du 31 Mai au soir. propriété nationale, offroit au nom du clergé
Dans le récit de la séance de ce matin , une
l'aliénation, pour 4oo millions de biens ecclé
slastiques, réduisit l'orateur au silence, et
erreur de nom nous a fait commettre une grande l offre au néant , par ces paroles : « Qui vous
injustice, dont nous devons faire, et dont nous a autorisé à composer ainsi avec la nation ,
·faisons ici, de grand coeur, la réparation la † le clergº n est pas assemblé , et quand
plus authentique. il n'est plus même un corps » ?
Nous avions dit « que M. l'abbé de la Salcette . Nous ajouterions qu'avec le même courage
avoit embrassé le systême de M. l'archevêque M. de la Salcette a cru devoir repousser l'a1
· d'Aix, pour demander un concile national , et
légition des évêques de Nanci et de Clermont,
ue des expressions peu rélléchies l'avoient le jour qu'1ls prétendirent que mul membre
ait remettre à l'ordre sur la motion de M. de de cl rg ne prendroit part à la déiibération
Préfeln ». qui devoit statuer sur les domaines nationaux.
L'exacte vérité, à laquelle nous , avons con Nous ajouterions que M. de la Salcette n'a
sacré cette feuille, nous oblige de dire.que pas hésité à se faire inscrire des premiers par
M. de la Salcette , loin d avoir besoin d'être mi les acquéreurs de ces domaines.....
mis à l'ordre, s'étoit au contraire joint à M. Mais sa vertu et l'opinion publique satisfe
de Préfeln, et l'avoit même , prévenu pour y ront mieux à son caractère irréprochable, que
faire rappeller M. le Clerc , préopinºnt , qu'un me pourroit faire le tribut de nos excuses et
zèle extrême avoit emporté au Point de dé de nos hommages.
truire lui-même l'effet de son Pieux discours L'honorable membre qui, ces jours derniers,
par l'amertume des termes , et par l'oubli des demandoit qu'on lui épargnât la lecture dcs
II16SUl TCS. adresses patriotiques , a dù beaucoup souffrir
S'il étoit nécessaire de nous étendre davan pendant tout le temps qu'ont occupé dans cette
tage pour détromper le public sur l'erreur qui soirée les adresses multipliées , portant toutes,
nous est échappée, et sur l'injure bien inº à l'envi et en termes différens, la plus entière
lontaire que nous avons faite à un vertueux adhésion aux décrets de l'Assemblée nationale.
et solide patriote , nous rappellerions ici que A cette lecture a succédé celle des sou
M. de la salcette est un des premiers qui ont missions faites par les municipalités de Nemours
contribué à ramener au sein de la mation la de Vendôme, d'Auxerre. de Tulle et d'or .
majorité tardive du clergé , qui sè croyoit en thès, d'une valeur de 12,3oo,ooo livres pour
core le premier des ordres ; acquisition de domaines nationaux : l'enga
Que c'est M. de la Salcette qui, le 18janvier, gement pris par la ville de Rochefort d'ac
lorsque M. l'abbé Maury proposoit d'anéantir quérir tous les biens ecclésiastiques qui se
l'impôt sur les comestibles , éluda cctte insi trouvent dans son arrondissement , et l'offre
| dieuse motion , en offrant , à la place , le · faite par la ville de Lizieux , d une contri
sune flu des bénéficiers riches de plus de bution patriotique de 1oo ooo livres, avec sou
§ | mission de prendre pour plusieurs millions de
243
( 2 ): »

domaines, et protestation très énergique contre la Bretagne, un grand nombre de bons citoyens
la déclaration des fanatiques de Nimes. desirent de payer les impôts, et les paieroient
L'assemblée primaire du canton de Ville effectivement, si l'administration actuelle rnet
neuve se considérant comme partie intégrante toit assez d'activité dans la perception. Nous
de la nation , et par cons quent du souverain, verra-t-on long-temps encore dépenser tous les
fait une déclaration solemnelle pour investir mois le produit des domaines nationaux , au
ses députés de la plénitude de ses pouvoirs , lieu du produit des impôts ? et dans un moment
et regarde les décrets de l'Assemblée nationale où les fermiers paient la taille, les propriétaires
comme émanés de la volonté générale. Les le vingtième , et les ci-devant § les
membrcs de l' Assemblée qui ont signé la fa sommes auxquelles ils ont été taxés, poure[uoi
meuse protestation du 19 avril , sont dénoncés l'administration semble-t-elle ne rec vo r que
comme parjures et indignes de coopérer à la 9 millions par mois, quand elle devroit en tou
COIlStlllltlOll. cher 4o » ?
Une accusation ſort étrange, et par la nature Malgré ces réflexions , dont la sagesse n'a
de la cause, et par la personne de † échappé à personne , « l'Assemblée nationale
est venue provoquer § de l'Assemblée considérant que le délai indispensable pour la
nationale ; c'est le procureur du roi au siége de fabrication des assignats et la nécessité de réunir
Tulle, qui défère à l'Assemblée nationale un toutes les précautions nécessaires pour éviter la
jugement rendu par les officiers de ce tribunal •
contrefaçon, et considérant que le remploi en
aù mépris, à ce qu il dit, des loi c et de l'huma argent dans le trésor public , pour le mois de
mité, un jugement qui prononce des peines ca juin , est urgent ,
pitales sur de simples soupçons. A décrété et décrète, que la caisse d'escompte
L'Asscmblée n'a rien prononcé aujourd'hui fournira 2o millions au trésor royal, en billets,
sur cette dénonciation. On sait que le redres assignats, pour completter le service du mois
sement des torts d'un premier juge appartient, de juin , et que ces billets seront remplacés en
dans l anciemme hiérarchie, qui n est pas anéan billets-assignats, aussi-tôt après leur fabrication».
tie , à une cour supérieure quelconque ; mais Après cette décision , il a été décrété, sur
si les droits de l'humanité sont offensés, il est la motion de M. Renous, « que les receveurs
bon que les législateurs en soient avertis, et généraux des finances, et ceux des impositions
qu'on le sache. Cette publicité peut suffire pour de la ville de Paris , seront tenus de fournir
rappeller tous les juges à leur devoir , si l'on chaque mois à l'Assemblée nationale un état
pouvoit les supposer capables de s'en écarter des recettes , qui insérât avec indication les
volontairement ou par négligence. noms des receveurs particuliers qui lui auront
fait parvenir chacune des sommes dont leur re
Séance du premier juin. cette sera composée. Il a été ordonné en outre,
que ces états seroient imprimés, et qu'il eIl S6 -
L'Assemblée s'est livrée à quelques objets de roit distribué des exemplaires à chacun des
détail dont nous ne nous dispensons pas de membres de l'Assemblée nationale ».
rendre compte , et après lesquels M. de Mon M. l'abbé Gouttes a fait aussi la motion, que
tesquiou a fait un rapport au nom des commis les receveurs particuliers des provinces soient
saires chargés de surveiller la fabrication des tenus eux-mêmes d'envoyer chaque mois à l'As
assignats. † entré dans le détail des mesures semblée nationale un double du bordereau des
prises pour assurer l'impossibilité de contrefaire sommes qu'ils feront passer à Paris, soit en pa
ces papiers mationaux, et il a présenté un projet
de décret relatif à la division et circulation,
pier, soit en argent monnoyé, et d'y j§
une mote de celles qui sont encore dues ». Cette
lequel a été adopté. proposition a été adoptée par un décret confor
# a été proposé ensuite un autre projet ten me. Parvenue enfin à l'ordre du jour, quoique
dant à autoriser la caisse d'escompte à fournir l'Assemblée eût déclaré hier la discussion fer
2o millions en billets-assignats, nécessaires en mée, on a vu M. l'évêque de Clermont la rou
ce moment au trésor-royal, pour compléter le vrir en protestant (méthode qui lui est familiere)
service du mois de juin. de l' incompétence de l'Assemblée nationale.
MM. Reubell, Péthion de Villeneuve et Fre M. l'archevêque d'Arles a demandé le renvoi
teau se sont opposés à l'admission de ce projet de l'affaire à un comité provincial, et M. l'é
de décret. « I)ans la plupart des provinces du vêque de Lydda , qu'on m'accusera pas, dans la
royaume, a dit ce dernier, et notamment dans matière d'une nouvelle division des procès, de
( 3 )
plaider sa cause personnelle, a prétendu que le depuis84 ans, n'a pas été plutôt instruite du dé
concile de Trente prononçoit l'incompétence cret de l'Assemblée nationale, qu'elle est allée
de l'Assemblée mationale en cette partie, puis demeurer chez un de ses neveux qui la respecte
que ce concile a dit que la puissance tempo et la traite conu1ne si elle étoit sa mere. — Nous
relle ne pourroit disposer des jurisdictions sans concevons que les monseigneurs crossés et mi
le concours de la puissance ecclésiastique. trés , ne crieront pas autant contre la sortie des
Les argumens de l'évêque in partibus ont religieuses de cent ans , que contre celle de ces
été vigoureusement débattus par M. Camus, à jeunes vierges , dont le salut intéresse tant la
qui personne ne conteste une grande supé piété des vieux monseigneurs et de leurs vieux
riorité dans ces matières. Cependant au mi grands vicaires. C. ..
lieu des mouvemens que ce conflit a occa
sionnés , M. Freteau a proposé , par forme
d'amendement, de détruire , dès-à-présent , Anecdote véritable.
l'autorité métropolitaine des archevêques.Cette
proposition , vivement appuyée d un côté , Lc ci-devant baron de Villemenant , lieu
fortement combattue de l'autre , a entrainé tenant des cent-suisses de la garde, se trouvoit
une discussion toute nouvelle. M. Chapellier dans sa torre de Franleux, près Saint-Valery
a proposé de prononcer dès aujourd'hui sur sur-Somme , lors de l'organisation des dépar
l'amendement , et de renvover à demain la temens ; il avoit été élu maire de Franleux ,
, question relative au nombre d'évêchés qu'il mais il auroit bien voulu encore être membre
doit y avoir en France : mais l'Assemblée con du département Pour arriver à ce but, il
sultée, a décrété que l'amendement lui-même croyoit m'avoir besoin que de faire quelques
étoit ajourné à demain. cajoleries au procureur de la commune. « M. le
procureur de la commune, faites-moi l'honneur
de venir manger ma soupe ». — « Volontiers,
Progrès des heureux effets de la révolution. M. le baron ». — « A propos, M. le procureur
de la commune, voilà une é charpe que je vous
La ville de Nevers et celle de Saint-Pierre-le prie d'accepter ». — « Je l'accepte avec plaisir ,
Moutier avoient été jusqu'à présent divisées M. le baron ; mais écoutez : Cette éc marpc ,
ar d'anciennes haines et d'anciens préjugés que c'est pour avoir ma voix ; eh bien , je la por
e despotisme a toujours soin d'entretenir, sui terai, et vous n'aurez pas ma voix. Ce bon diner,
: vant sa maxime jésuitique, diviser pour régner. c'est encore pour avoir ma voix : eh bien , je
Le retour des gardes nationales nivernoises du mange de bon appétit , et vous n'aurez pas ma
camp d'Orléans, a fourni l'heureuse occasion à voix ». Dans ce moment, le ci-devant baron
leurs frères de Saint-Pierre-le-Moutier de les † un verre de liqueur au procureur de

recevoir dans leur cité. On ne peut rendre l'ac a commune : « Ce verre de liqueur, c'est cn
cueil que ces derniers ont fait aux premiers : et core pour avoir ma voix ; eh bicn , je le bois
la joie des uns et des autres a été d'autant plus à votre santé, M. le baron , et vous n'aurcz
vive , que c'est le premier acte d'alliance entre pas ma voix ». Et le ci-devant baron n'a point
ces deux villes. Un bal a succédé à un grand re eu la voix du procureur de la commune, ou
pas, dans lequel on a porté un grand nombre du moins il n'a pas été élu.
de tosts patriotiques. On a même dansé en rond Obserc. Il seroit bien plus simple de ne
dans la rue, les officiers municipaux étant au point aller manger chez les personnes qui
milieu du rond, et les frères de Nevers et de croyent que leur dîner est un moyen , sinon
Saint-Pierre se tenant pêle-mêle par la main. de séduire, du moins d'opérer dans leurs con
Courage, mes amis, aimez-vous bien , aimez vives des mouvemens de condescendance : et,
vous toujours ! voilà comme on mérite la qualité dans le cas contraire, il faut avoir la fermeté
d'être pensant ! voilà comme on maintient ses du procureur de la commune de Saint-Valery.
droits et sa liberté ! voilà comme on ſait tourner Un grand reproche que je n'ai cessé de faire
la pauvre cervelle de ces imbécilles aristocrates, à plusieurs députés de l'Assemblée nationale ,
qui deviendront fous à lier, je vous assure , c'est d'avoir été manger cliez les ministres ; et
avant la ſin des moissons. — On nous mande de j'ai observé que malgré la fermeté de ces dé
Saint-Pierre-le-Moutier, qu'une religieuse du putés, les dîners ministériels avoient altéré leur
couvent des ursulines de Moulins cn Gilbert ,
(4)
on est législateur, de manger des féves chez soi, efforts pour engager le divan à la paix : mais
que d'accepter le diner de gens dont le carac inutilement. Craignant alors le sort des suppôts
du despotisme , # se donna la mort. La pre
tère est suspect, et dont la table splendide mière division de l'escadre , qui doit croiser
présente un contraste si scandaleux avec la
misère du peuple, et rappellant l'idée de leurs dans la mer Noire, doit partir au premier vºnt
favorable pour Varna et Bougara , sur les côtes
ſripponeries et de leur agiotage. Je parle des de l'Europe. ll s'y joindra une flotte d'Alger.
ministres : mais le caractère françois n'est pas
cncore assez formé, pour sentir toute l impor D E L o N D R E s, le 25 mai.
tance et la dignité de cette doctrine. C..... Nos politiques croient ici voir . dans la con
duite du roi de Prusse , un ciiangemºnt total
Toulouse, 23 mai. de systême. L'insurrection des Pays-Bas, sºr
« Nous sommes dix-huit cents patriotes volon laquelle Léopold lui
taires prêts à partir pour Montauban. Chaque fortes représentati ons,a ,l'ont
dit-on, fait les
déterminº à se pldés
matin mous faisons l'exercice ; et le couricr ex tacher des int rêts de ces provinces , pourvu
traordinaire , expédié par la ville de Bordeaux, que la cour de Vienne cède la Gallicie à la Po
n'aura pas
pas p
plutôt apporté le décret de l'Assem- . logne, rende au Turc la plus grande partie des
pp
Tblée nationale, qui casse la municipalité de Mon conquêtes qu'elle a faites sur lui, et que la Po
tauban ( car nous nous attendons ici à un juge logne abandonne les deux villes de Tſiorn et de
ment aussi intègre, de la part de nos augustes bantzick à la Prusse. Alors Frédéric-Guillaume
représentans ) que nous volons au secours des tournera ses armes contre les Pays-Bas, pour
† cents Bordelois , pour faire exécuter ce se joindre aux troupes autrichiennes que Léo
pold y enverra. D'autres croient même pouvoir
écret. On peut compter hardiment sur nos bras
et sur notre patriotisme ». soupçonner des vues hostiles contre la France,
non contre la cour, dans ces armées combinées.
De Corse, le 19 mai. Tels sont les arrangemens que font nos politi
ques pour la paix de l'Allemagne, d'où ils es
Les assemblées primaires ont été fort tumul pèrent ensuite avoir facilement des soldats pour
tueuses à Calvi. Un de ces hommes vils , faits guerroyer contre l Espagne. Mais ces arrange
pour plaire au ministère, a mis tout en œuvre mens ne sont pas le secret des cabinets.
pour soulever le peuple , en déclamant même D E B E R L 1 N, le 18 mai.
ouvertement contre les décrets de l'Assemblée
nationale, voyant que les moyens secrets de Les couriers vont et viennent sans cesse de
corruption qu'il employoit pour répondre aux Vienne à Berlin, de Berlin à Varsovie, à
vues des ministres de France , ne réussissoient Pétersbourg , et à Stockhom. ll ne mous reste
pas à son gré. Mais W. Mandet, commandant plus que de foibles espérances de pacification.
de la place, a soutenu les efforts des patriotes, Tous les trains d'artillerie sont repartis et ar
par quatre coups de canon à boulets qu'il a rivés à leurs différentes destinations; la cava
fait tirer sur la maison de l'anti-patriote, et tout lerie a tous ses chevaux ; les magasins, les bou
s'est ensuite passé avec calme , et à la satis langeries, les hôpitaux militaires sont établis
· faction des Corses , qui remercient sans cesse dans le plus grand ordre. La campagne va
la France de leur avoir assuré une liberté pour sans doute s'cittamer au retour du courier de
· laquelle ils ont si long temps eombattu. Vicnme. Le traité de commerce avec la Po

AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. logne aura de la † s'arranger ; mais sans


nuire an traité relatif à la défense réciproque
D E C o N sT A N T 1 N o P LE , le 8 avril. des puissances alliées contre les deux cours
de Vienne et de Pétersbourg Si la Pologne |
Le grand visir, qui s'est donné la mort, laisse refuse les villes de Thorn et de Dantzik, §
une succession des plus considérables, qui ne s'occupera plus que du militaire, pour re
| revient au trésor public. Découragé par les prendre les arrangemens de commerce dans
mauvais succès des Turcs, il avoit fait tous ses des circonstances plus favorables.
On s'abonne à Paris , cnez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
• de l'abonnement et la lettre d'avis, et touies les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques.
.Chez L)ENNÉ et PETIT , au Palais-Royal ; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHs, rue du Roule ,
, n". 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
R•=-=-------

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES


D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
GZ dirigé par M. MERcI ER.

Il faut du mouvement dans le corps politiquc, ou ce n'est qu'un


cadav1 e. MABLY.

N°. C C X L I V. Du Jezzali 3 Juin 17go.


As S E M B L É E NAT I O N A L E. maîtrise , ont profité du privilége universel de
la liberté pour vendre de la viande. La com
TRois décrets rendus mardi matin , ont or munauté des bouchers compte apparemment
sur un privilége exclusif.
donné,
Le premier , que par des membres cloisis Séance du 2 juin.
dans † comités de l'Assemblée nationale, il
seroit rédigé des instructions pour les assemblées Les provinces du centre de l'empire , ce
de districts et de départemens. qu'on appelloit n'aguères le Nivernois , le
Un second décret, rendu nécessaire par les Bourbonnois , le Berry , et les confins du
entreprises du parlement de Pau, a renouvellé Limousin , sont infestés par des troupes de
les défenses faites à tous corps judiciaires de brigands, lesquels, armés # ſaux décrets qu'ils
s'immiscer dans les matières administratives. ont l'audace de publ,er sous le nom de 1'As
Le troisième déclare nulle toute assemblée semblée nationale, cul imposent aux peuples,
primaire où n'auront pas été littéralement exé 1axent arbitrairement le prix des denrées, font
cutés les décrets constitutionnels sur la contri violence aux propriétaires , et proscrivent
bution patriotique et le serment civique.Cette comme rebelle à la volonté nationale quicon
mullité encourue par l'assemblée primaire de ue ose leur résister. La vigilance des muni
Colmar, a fait ordonner qu'il en seroit con cipalités, les forces réunies de la garde natio
voqué une seconde. nale, des maréchaussées et de quelques troup s
de ligne, ne suffisent pas contre ces hordes
Séance du 1er Juin au soir. de scélérats, qui se dispersent et se réunissent
en un clin-d'oeil. Il est indubitable qu'une main
Cette séance a été l'une des moins impor cachée les fait mouvoir et les soudoie. A Saint
tantes, et par la brièveté de sa durée , et par Pierre-le-Moutier , où la loi martiale a été
la nature des matières qui l'ont occupée. mise en vigueur , quatre hommes ayant été
Le détachement de la garde nationale de tués, ving-cinq grièvement blessés , on en a
Bordeaux, de séjour à Moissac, en s'estimant entendu quelques-uns loucr Dieu de les avoir
heureux de l'approbation de l'Asscmblée na préservés de commettre vingt meurtres qu'ils
tionale, écrit que les officiers municipaux de avoient été conseillés de fairc.
Montauban sont en fuite, et revendique contre Ce récit, présenté par M. Target, au nom1
eux la vengeance des loix. des deux comités de constitution et dcs re
Le district de Saint Nicolas-du-Chardonnet cherches , a déterminé l'Assemblée nationale .
a rendre le décret suivant :
vient faire hommage à l'Assemblée nationale
de la rétractation que M. Gros, curé et député, L'Assemblée mationale considérant , etc. a
a faite de sa signature apposée au bas de la décrété et décrète ce qui suit :
protestation du 9 avril. - -
« ART. i°r. Tous ceux qui excitent le peuple
On a renvoyé à la municipalité de Paris une des villes et des campagnes à des voies de fait
plainte élevée par les maîtres bouchers de cette et violence contre les propriétés , possessions ,
ville , contre des particuliers qui , sans payer et contre les lhéritages, la vie et la sûreté des
244
( 2 )
citoyens, la perception des impôts, la liberté primaire ou électorale, se portera à quelque
de vente et de circulation des denrées et sub violence, fera quelque menace, engagera à
sistances, sont déclarés ennemis de la const, quelque acte de révolte, excluera ou propo
tution , des travaux de l'Asscmblée nationale , sera d'exclure de l'assemblée quelque citoyen
de la nation et du roi : il est enjoint à tous les reconnu pour citoyen actif, sous prétexte de
honnêtes gens d'en faire la dénonciation aux son état et de sa profession, ou sous tout
municipalités, aux administrations de départe autre prétexte , sera jugé à l'instant par l'As
ment et à l'Assemblée nationale. semblée même, condamné à se retirer, et
II. Tous ceux qui excitent le peuple à entre privé de son droit de suffrage. Les lionnêtes
prendre sur le pouvoir des représentans de la gens et amis de la constitution sont spéciale
mation, en proposant des réglemen, quelcon ment chargés de veiller à l exécution du pré
ques sur le † des denrées , la pol, ce cilain sent article.
pêtre , l'évaluation des dornmag s , le prix et VII. Les officiers municipaux, tant du cbef- .
la durée des baux, les dro ts sacr s de pro lieu que des paroisses dont les habitans compo- .
priété et autres matières , sont également dé seront les assemblées primaires , se concerte
clarés ennemis de la constitution et des travaux ront ensemble pour avoir une force suffisante
de l'Assemblée nationale , et il est en,ont de les à l effet de maintenir la tranquillité publique >

dénoncer. Tous jugemens scinblables sout dé l'exécution des articles ci-dessus , dans le lieu
clarés nuls et de mul cl'iet. des assemblées , sans néanmoins , qu'aucun
lII. Tous ceux qui se prévaudront d'aucuns homme armé puisse entrer dans les assem
prétendus décrets de l Assemblée nationale, bl es, si ce n'est dans les cas prévus par les
non revêtus des forines prescrites par la cons décrets du 28 mai dernier.
titution, et non publiés par les oiiiciers qui VIII. Tous les citoyens, quel que soit leur
sont chargés de cette fonction , sont déclarés état et profession , les laboureurs, fermiers et
ennemis de la constitution , de la nation et du métayers , les commerçans , marchands de
roi ; il est enjoint de les dénoncer, et ils seront grains et subsistances, toute proprieté et toute
punis comme perturbateurs du repos publie, aux possession actuelle, sont placés sous la sauve
termes de l'article premicr du décret du 28 garde et protection de la loi, de la constitu
février dernier. tion , du roi et de l'Assemblée nationale, sans
IV. Les curés , vicaires et desservans qui se prejudice , soit des actions que chacun pourra :
refuseront à faire au prône, à haute et intelli porter devant les tribunaux , soit des précau
gible voix , la publication des décrets de l'As tions que les corps municipaux ou adminis
semblée nationale, acceptés ou sanctionnés par tratifs prendront pour assurer d'une manière
le roi , sont déclarés incapables de remplir au paisible la subsistance des peuples. Tous ceux
cune fonction de citoyen actif; à l'effet de qui contreviendront au présent article, seront
quoi il sera dressé procès-verbal, à la diligence recomnus et d montrés par les honnêtes gens
du procureur de la commune, de la réquisition comune ennemis de la constitution , des tra
faite aux curés et vicaires desservans et de leur vaux de l'Assemblée nationale, de la nation
refus. et du roi. :
V. Il est défendu à tous citoyens actifs de IX. Ceux qui manqueront de subordination
porter aucune espèce d'armes, bâtons dams les et de respect à l'égard des officiers munici
assemblées primaires ou électorales. ll est en paux, les administrateurs de département et
joint aux maires et officiers municipaux d'y de district , et les juges, seront rayés du ta
veiller, tant en empêchant les citoyens de par bleau civique , déclarés incapables et privés de
tir armés pour le chef-lieu du canton, qu'en tout exercice des droits de citoyen actif, en
obligeant à l arrivée dans le chef-lieu les ci punition d'avoir violé ses devoirs. - :

toyens actifs des différentes paroisses, de dé X. Quant à ceux qui auront commis ou com
poser les armes qu'ils pourroient avoir avant mettront des voies de fait et des violences, soit
º
d'entrer dans les assemblées. Il est expressé contre les propriétés ou possessions actuelles,
ment défendu de porter aucune espèce d'armes soit contre les personnes, et particulièrement
dans les églises, dans les foires, marchés et quant aux chefs des émeutes, et sur-tout aux
autres lieux de rassemblement, sans néanmoins auteurs et instigateurs de pareils attentats, ils
comprendre dans cette proscription les gardes seront arrêtés, constitués prisonniers, et punis
ºyfº du maintien de la police. selon toute la rigueur des † sans préjudice
Tout citoyen qui, dans une assemblée
, v ••
de l'exécution de la loi martiale, dans le cas où
( 3 )
elle doit avoir lieu , suivant le décret du 21 qu'il seroit étendu à tout le royaume, et qu'on
bCtobre dernier. -

distrairoit seulement du décret général les deux


XI. Tous les citoyens de chaque commune derniers articles , qui ne concernent que les
Iui auront pu empêcher les dommages causés quatre départemens dans l'étendue dèsquels
>ar les violences, en demeureront responsa Ces attentats ont été commis.
»les, aux termes de l'article 5 du décret du 26 ( La suite demain. )
février dernier.
X!J. Les gardes nationales, qui ne sont que Ponthurné, 16 mai.
es citoyens actifs eux-mêmes, et leurs enfans,
rimés pour la défense de la loi, les troupes ré « Je dénonce à votre patriotisme, monsieuE,
lettre adressée à toutes les municipalités
jlées, les maréchaussées, déféreront sans délai une des † du département de la Vienne ,
1 toutes les réquisitions qui seront faites par les et vraisemblablemcnt à toutes celles de l'Em
#orps municipaux ou administratifs , pour le
maintien de la constitution el du respect pour · pire , par les députés à l'Assemblée nationale ,
es décrets de l'Assemblée nationale. 4Elles veil soi - disant impartiaux. Ils ont cru qu'en se
eront particulièrement sur le bon ordre dans cachant sous le inasque perſide de la bonhomie,
es assemblées qu'il est d us ge de ſormer en ils en imposeroient facilement à des hommes
simples et cr'dules , ( car ils se sont bien gardé
livers lieux pour célébrer la fèie de cliaque pa d'en faire parvenir aux municipalités des villes)
·oisse, ou pour louer les domestiques de cam
D3 CII1G. et qu'ils feroicnt passer dans leurs cœurs timides
· XIII. Le président de l'Assemblée se retirera une partie du trouble qui déchire les leurs,
flétris par tous les vices anti-sociaux. J'espère
dans le jour pardevant le roi. pour le supplier qu'ils
le fuire passer dans les départemens du Cl1ºr, lºront m'y réussiront pas , et qu'ils ne recueil
d'autres fruits de leurs sourdes et cou
le la Nièvre, de l'Allier et de la Corrile , des
#orces suffisantes pour assurer le repos public pables menées, que la haine et le mépris. On
et l'exécution des décrets. les laissera vivre, les malheureux, pour expier
XlV. La connoissance et le jugem nt , en leurs forfaits multipliés ; car il n'est point de
Hernier ressort, des crimes et attentats c onmºs # pareil à celui de vivre , couvert d'op
lans les émeutes et attroupemens qui ont eu probre, au milieu d'une société qu'on a voulu
bouleverser. Il en est de ceux-là , dit-on , qui
»u qui auront lieu dans ces quatre départe
nens , seront attribués respectivement aux comptent pour rien l'estime de leurs conci
iéges présidiaux, bailliages et sénéchaussées de toyens ; mais heureusement cette espèce de
Bourges, Saint-Pierre-le-Moutier, Moulin , et monstr s est rare , et, pour en garantir les
Tulle; il leur est enjoint de rechercher princi générations suivantes, il faut en présenter l'hor
ralement et de punir , suivant toutes les ri rible exemple à nos enfans , comme les Lacé
ueurs de la loi , les cheſs des émotions popu démoniens présentoient sous les yeux des leurs
des Ilotes ivres , pour inspirer aux premiers
aires, les auteurs , fauteurs, instigateurs des l'horreur de l'ivrognerie et la vertu de la tem
roubles , et de faire, sans retardation de juge pérance ».
1ent, parvenir à l'Assemblée nationale tous les
enseignemens et instructions de preuves qu'ils Camp national bordelois. Agen, 23 mai.
uront pu se procurer par la voie de la pro
édure. Notre détachement est arrivé ici ce matin à
Le présent décret sera porté sur-le-champ à 1 o heures. Nous avons été accueillis avec tout
acceptation et à la sanction du roi , qui sera le patriotisme possible. La municipalité et ſa
applié de prendre les mesures lus plus promptes garde mationale nous ont reçus, et nous som
our le faire parvenir, publier et exécuter dans mes entrés en ville, précedés de la musiqre
»us les tribunaux et toutes les municipalités militaire. Nous avons trouvé les citoyens rangés
u royaume, et spécialement aux présidiaux , cn haie , avec une ſoul · innombrable de peu
ailliages et sénéchaussées, ainsi qu'aux viiles ple, qui crioit : Vivent les bordelois! vivent
e Bourges et communautés des quatre dt par les amis de la patrie ! Nous sommes parfaite
2mcns mentionnés au présent décret. ment bien logés et nourris. Lorsque notre cava
Comme les dispositions du décret que nous lerie a paru, quatre-vingt cavaliers du régiment
enons de rapporter ont paru extrêmement Royal-Pologne, en garnison ici , se sont avan
( 4 )
soin par ticulier; ne vous mettez en peine de fait mettre sa petite armée sur pied, et elle
rien , et soyez assurés de notre zèle Nous avons attend l'armée † pour se joidre à elle.
cédé à leurs instances. Ils ont conduit nos che
( L. Soldat citoyen du camp national
vaux dans les écuries qui leur étoient desti de Bordeaux.)
nées, où ils leur prodiguent tous les soins
convenables. Demain, jour de notre départ pour AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
Valence d'Agenois , ces braves cavaliers doi D A M s T E R DAM, 25 mai. -

vent nous accompagner à une lieue. Tout cela


se fait de lcur propre mouvement ; nous n a Le prince de Galles et le duc d'Yorck, né-(
vons pas eu l'lionneur de voir aucun de leurs gocient ici pour leur compte, et solidairement |
ofliciers; à la vérité, ces inessieurs n'empêchent entre eux, un emprunt de trois millions d
florins. Comme il n'est en Europe aucun éta
point les cavaliers de faire ce qu'ils jugent à où les suffrages se vendent plus souvent qu'
propos pour les troupes patriotiques.
Voici ce que nous savons de Montauban. Angleterre, aux dépens de la liberté.de ce
On avoit fait prévenir motre petite armée que qui se font ainsi payer par les postulans, cet
les prisonniers, au nombre de 55, seroient mis emprunt donne lieu à des conjectures qu'on
Croit assez fondées. Pitt n'auroit-il pas sous
en liberté le 22 ;, que la municipalité l'avoit trait des fonds suffisans pour s'assurer des voix
décidé, et qu'on les enverroit vers nous ; mais dont il croit avoir besoin à la prochaine élec
un courier, arrivé ce matin, expédié par la
municipalité de Montauban , a apporté l'af tion des représentans ? Qu seroit-ce pour con
fligºante nouvelle que, malgré le desir ( vrai tinuer à répandre le trouble en France, comme
ou feint ) des officiers municipaux, le peuple il l'a fait jusqu'ici ? ',
s'étoit opposé à leur élargissement , et les avoit DE LA H A Y E, le 2o mai. -

forcés à † garder en prison, jusqu'à ce que Le prince héréditaire d'Orange et de Nassau


l'Assemblée nationale et le roi eussent décidé a prêté serment en sa qualité de gouverneur de
de leur sort.
la ville de Breda , à la place du comte de Ma\
Ce soir, à l'ordre , M. de Courpon, notre lebois, à qui l'on avoit fait sentir qu'il devoit
commn indant, a rcçu un courier extraordinaire demander sa démission : ce qu'il a sensérnent
de de 7'oulouse. Ses dépêches apportent l'offre fait, vu le mépris où il étoit tombé depuis le
de la garde nationale de cette ville de SC> complot qu'il aveit formé contre sa patrie. Un
joindre à nous , avec l'approbation ct l ordre homme déshonoré par une si lâche conduite,
de leur municipalilé , qui, en eliet, a rendu ne peut plus se trouver avec des gens honnêtes..
une ordonnance, et les troupes qui doivent DE B R U x E L L F s, le 24 mai. d
se joindre à notre armée, sont prêtes et mu
mies de tout ce qu'il leur faut, avec quatre Tout est ici dans la plus grande consterna
pièces de canon. - -
tiou. On apprend que le général Schoenfeld a
Les aristocrates de Moir tauban avoient arrêté essuyé une seconde défaite, plus considérable
dans leur conseil tenu à l'hôtel-de-ville, d'en que la première ; que 5ooo hommes de ses
voyer à Moissae requérir assistance et main troupes ont été totalement dispersés ; qu'il a
ſorte contre l'armée bordeloise. Le commis perdu drapeaux , canons , caisse militaire. Il
saire des classes de Montacuban s'étoit chargé demande sa démission. I.es troupes ne ve
de cette honnête négociation (1). ll demandoit combattre que sous Van-der-Mersch. Le c
quatre pièces de canon et 2oo matelots. Lcs Van-Eupen tremble. - -

citoyens de Moissac ont reçu l'envoyé commo On assure à Paris, en ce moment,


il le méritoit. Après son départ, la garde natio Van-der-Mersch est en liberté, et qu'il #
male de Moissac, pour se prémunir contre reprendre le commandement des troupes, bras
toute surprise, a fait charger à mitraille six bançonnes. Il falloit donc un événement tel
pièces de canon de six livres de balle , elle a que celui de la défaite de Schoenfeld , po
ouvrir les yeux aux habitans de Bruxelles. Ai
-
tout est pour le mieux , "et par-tout la Ver

(i) On demande lo nom de cet honnête négociateur. triomphera et l'hypocrisie sera déconcertée.
On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, Ie pris
-

de l'abonnement ct la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame L)RLAPLANcHs, rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Direcueurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.. - *s
S U P P L É M E N T A U N°. C C X L I V.
Aix, le 22 mai. masque de la vertu et du patriotisme : c'est la
l - municipalité elle-même qui la trame : nous en
| Les officiers et bas-officiers du régiment avons la preuve dans une délibération de cette
loyal-la-Marine se sont rendus coupables, en municipalité du 13 de ce mois , dont copie, y
ers plusieurs soldats, d'un acte d'inliumanité joint une lettre d'envoi signée Vidal procureur,
ue les loix ne peuvent laisser impuni. Après a été envoyée à la municipalité de Beaucaire.
voir fait emprisonner douze † qui Le crime joint à l'hypocrisie s'y 1nanifeste à
étoient montré populaires, ils les ont succes travers un long ºci § de mots, par les
ivement retiré des cachots, pour les conduire, quels ils veulent se couvrir du masque de pa
qu milieu de la nuit, dans des lieux écartés ; là, triote. Il ne s'agit de rien moins que de faire
† qu'aucun conseil de guerre les eût con le procès à ces braves gens qui , au péril de
mnés, ils se sont permis de leur couper les leur vie , osèrent arraclier ces cocardes blan
#heveux, de les accabler d'injures et de coups, ches, que M. de Marguerittes, le maire, pro
t de mutiler plusieurs d'entr'eux , en leur cou tégeoit ouvertement, et d'une manière si indé
ant les oreilles. Un de ces malhenreux, qu'ils cente qu'il s'oublia au point de donner à dé
voient jetté dans un ruisseau , où ils ache jeûner à ceux qui la portoient. — Quelles sont
ſoient de l'assommer , n'a dû son salut qu'à donc les vues criminolles de ces municipaux
'arrivée d'une lavandière. La crainte d'être Nîmois ? Le régiment de Guyenne se distingue
lécouverts, a fait fuir ces lâches bourrcaux : et par son patriotisme ; il a ramené la paix , il a
ie soldat est actuellement à l'hôpital, où la mu empêché les ennemis de la patrie d'arborer une .
1icipalité d'Aix le fait soigner. Deux de ces gre cocarde , signal de rebellion ; il n'a pu être
hadiers sont disparus ; et l'on a tout lieu de séduit par ces infâmes brochures dont on inom
craindre qu'un sort cruel ne soit réservé à ceux doit les casernes ; il jouit de l'estime des pt -
[u'on tient encore en prisom. triotes , et par cela même ces municipaux ſor
cenés font l impossible pour le ſaire partir. Pour .
4vis important aux religieux et religieuses. réussir dans ce dessein pervers, ils calomnient
Extrait d'une lettre de Lyon. ce brave régiment : ils osent porter plainte de
vant le sénéchal, dans le temps même où ils
M. le cardinal de la Rochefoucaud a reçu savent qu'ils sont accusés eux-mêmes pardevant
une bulle du saint père, qui autorise les religieux l Assemblée mationale, etc. etc. Signé, MADIER.
streligieuses qui voudront quitter leurs monas Observ. Repoussés avec horreur par toutes
:ères, à rentrer dans le monde. Il est enjoint les municipalités de l'empire , et voués à une
l'en donner communication à tous les évêques, éternelle infamie pour leur infâme délibération
ºt à ceux-ci d'en faire délivrer copie gratis , et leur imbécille adresse au roi , on ne conçoit
rux individus qui la réclameront pour la tran pas comment les fanatiques Nimois et leurs stu
ruillité de leur conscience. Loin d'obéir au pides municipaux osent encore lever la têt .
Leur démence et leur cécité sont incurables
laint père, nos dignitaires ecclésiastiqucs vont
chaque jour dans les communautés pour inviter sans doute , puisqu'ils ont aujourd'hui l'audace
r la permanence ; mais la démarelle de Pie V1, de calomnier le régiment de Guyenne, et de
fondée sur la raison et appuyée des décrets de Faccuser de son patriotisme et de sa fermeté
'Assemblée nationale, fera tomber le masque comme d'un crime. Le crime, le véritable crime
lu faux zèle, et rendra à la société bien des est dans cette seconde démarche des 1nunici
fictimes, que des motifs d'intérêt et des pré paux de Nîmes , comme dans la première.
extes de religion lui avoient enlevés. Quelle impudence ! ils ont osé favoriser le sa
crilége des couleurs nationales , de ce signc di
Nouvelle conspiration qui se traine à IVºmes. , vin de la rédemption des François,.. et bientôt
ExtraitduJournal de Beaucaire, du 18 mai. après ils osent, malgré la malédiction univer
selle qui pose sur eux , traduire dans les tri
Cette conspiration est beaucoup plus dan bunaux les intrépides défenseurs de ce signe
reuse que toutes celles qui ont eu lieu en sacré. ! ! ! Qu'ils viennent à Paris ces lâches es
cette ville jusqu'à présent , elle se voile sous le claves des prêtres et des rois ; qu'ils aillent à
2.44 bis.
( 2 )
Bordeaux, à Marseille, à Montpellier, avec des signés, Derester, le vicomte Dulau , de à
cocardes blanches ou noires, et d'un coup-d'œil Mothe : approuvé par nous , BoUILLÉ ». Ci
nous les ferons rentrer dans le méant, d'où ja toyens françois ! amis de la justice et de l'hon
mais ils n'auroient dû sortir. Mais , hélas ! ils neur ! observez bien que cette cartouche con
sont mordus de la hyène aristocratique : leur tient une calomnie et deux faux. La calomnie
cervelle délire et se décompose, il faut rétablir est le titre de très-mauvais sujet , en ce qu'un
les bains de Nimes au plutôt : et s'ils ne gué pareil titre , exprimé ainsi , est une accusation
rissent pas , à la place des bains on fera cons vague et bannale dans toutes les cartouch
truire des petites maisons. C.... jaunes ou vertes, et qui signifie sans doute au
Manœuvre des cartouches jaunes ou vertes jourd'hui, pour les lâches satellites du despo
dévoilee. tisune, un patriote, un soldat dévoué à la eo
titution. La phrase dénoncé par ses camarad
Nous avons souvent parlé des cartouches | est un faux; car vous verrez, dans le certificat
jaunes données à des soldats de différens régi suivant de la municipalité de Metz, que ses ca
1nens, pour avoir montré leur humanité , leur marades au contraire, et plusieurs citoyens, ont
patriotisme et leur bon jugement; nous allons attesté son civisme : ce qui est, je crois, la plus
maintenant donner des preuves authentiques grande preuve d'honneur et de conduite qu'un
et des détails sur cette exécrable manoeuvre. Les vrai soldat françois puisse donner. La date est
gardes nationales confédérées à Metz le 6 mai également un faux : car la cartouche n'a été
dernier y arrivèrent le 4 , et en repartirent le delivrée que le - mai, et on l'a andidatée, ainsi
7 , dans cet intervalle, presque tous les soldats que toutes les autres cartouches de ce † , pour
c'es rég meas françois de cette garnison se mê faire croire que les plaintes contre M. Masselt
lèrent dans les cabarets avec † frères les avoient eu lieu avant la fédération des gardes
gardes mationales, malgré l'argent que le renard nationales à Metz, et que ce n'étoit point le
courtisan , le sicur de Bouillé , leur avoit fait venin aristocratique des commandans quiavoit
distribuer pour boire entr'eux. les marques d'a formé l'encre de cette cartouche. Mais vous
mitié et de fraternité que les soldats citoyens et allez toucher au doigt la calomnie et les deux
les citoyens soldats se donnèrent pendant cette FAux, par le certificat suivant : « Nous, maire
fête civique , et l'enthousiasme atteiitlrissant et ofliciers municipaux de la ville de Metz, cer
qui se répandit dans l'ame des bons citoyens , tifions qu'il n'y règne aucune maladie conta
faisoient bouillir de rage les commamdans et gieuse, ( excepté celle de la rage anti-civique de
officiers aristocrates ; cette rage a son écume, quelques conman dans militaires) prions et re
cette écume a son poison : ce poison, pour ne quérons ceux qu'il appartiendra , de laisser
pas le ravaler, il falloit le verser quelque part ; passer librement, et de donner secours et assii
on l'a donc versé sur près de huit cents car tance à Joseph Masselat, etc. fusilier de la com
touches vertes données, le 7, le 8 et le 9 du pagnie de Marguerit, au régiment d'infanterie
même mois , et après le départ des gardes na de Saintonge, etc. âgé de 19 ans, etc. Décla
tion les, aux soldats qui avoient montré le plus rons en outre qu'il a donné en cette ville des
d'ardeur et d'empressement auprès de leurs PREUvEs HoNoRABLEs DE CIvIsME , ainsi . qu'il
frères, et qui avoient crié le plus souvent vive nous a été attesté par des citoyens DIGNEs de
la nation ! vive l'Assemblée mationale ! Le mo FoI. Donné à l'hôtel-de-ville de Metz, sous le
dèle suivant d'ume de ces cartouches vertes, va scel de la ville et le seing du secrétaire-greffier,
mous dévoiler le poison, l'infamie et la turpi le 7 mai 179o. Signé, Fenouil, secrétaire-gref
tude de la rage aristocratique militaire. « Nous . fier ». Qu'on dise après cela qu'il ne faut se
soussignés, certifions à tous ceux qu'il appar presser de purger l'armée de ces officiers aris
tiendra, avoir renvoyé le nommé Joseph Mas tocrates, dont la bravoure et les talems ne figu
selat, etc. de la compagnie de.... au régiment reroient tout au plus que dans des hordes de
de Saintonge, et # de 19 ans, etc., lequel a Goths et de Wisigoths , destinés à asservir les
nations , à verser † sang de leurs concitoyens,
été jugé indigne de servir dans les troupes de
S. M., étant un très-mauvais sujet, dénoncé et à partager leurs dépouilles avec l'idole qu'il
parses camarades, Fait à Metz, le 23 avril 179o, appelloient le roi, leur MAîTRE. CARRA.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
s4 . . -» • -

JO U R NA L L I B R E , ar une Société d'Lcrivains Patriotes ,


C'Z dirigé par ZÎZ. MAERcI E R.

Un peuple n'ost actif qu'à raison de son énergie , et il n'a d 'énergie


qu'à raison de sa iiberté. Cousin Ja« ques.

N°. C C X L V. Du Vendredi 4 Juin 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. de passer outre, en prononçant les trois décrets
SlllVaIlS :

Suite de la séance du 2 juin. Art. I°r. « Chaque département formera un


seul diocèse ; et claque diocèse aura la même
L'ornRE du jour, retardé par une matière étendue, les mêmes limites que le département.
aussi instante , est enfin arrivé.
II. Il est défendu à toute église ou paroisse
Au nom du comité ecclésiastique, M. Lan de France , à tout citoyen françois de re
juimais a porté la proposition nouvelle et com connoître en aucun cas , et sous quelque
binée depuis hier de conserver l'autorité des prétexte que ce soit , l'autorité d'un évêque
métropolitains , mais de la conférer , suivant ou métropolitain , dont le siége seroit établi
l antique usage des égiis s d'Afrique, au pliis | sous la domination d'une pnissance étrangère,
ancien des évêques de chaque province ecclé ni à celle de ses délégués résidans en France,
s1astique. sans préjudice de l'unité de foi et de la com
On croit bien que cette motion a trouvé des munion qui sera établie entre les cliefs visibles
contradicteurs, et en très-grand nombre. « Ne de l'église , ainsi qu'il sera dit ci-après.
seroit-il pas plus expédit ſ, a observé Mi. du IIl. Il sera conservé tel nombre de môtro
Quesnoy, d' carter, pour l'instant, l'amende poles qu'il sera jugé convenable, et les lieux
ment de M. IFretean , et de commencer par de leur établissement seront déterminés. Lors
statuer sur le nombre d évêchés qui do.vent que l'évêque diocésain aura prononcé dans
subsister ? | son synodº sur les m tières de sa compétence,
— « Que vous décidiez cette question ou celle il y attra lieu au recours au métropolitain :
dcs mºtropoles. si vous vous permettez de pro lequel prononcera dans son synode métropo
noncer sans le concours de la puissance ecclé litain ».
siastiqne , vous vous con tºtu z dans le schis La séance a été terminée par la lecture d'une
me » : ainsi parloit M. d #pºémesnl. lettre de la municipalité de Montauban , qui
Un opinant, avec qui peut-être M. d'Lprº - annonce la tranquillitº absolnºuent rétablie dans
mesnil n'a pas la prétention de lutter sur la cette ville, ot d'une lºttre de M. de Saint-Priest,
mutière ecclésiastique, M. I'reilhard a r pondu : qui s'eſſorce de se justifier sur les graves
« Dans les deux premiers siècles de l', glise nul inculpations portées contre lui par les deputés
L::traordinaires de Marseille.
&vêque n'avoit jurisdiction sur un évêquº , et
saint Pierre lui-même n'avoit , entr* les apòtres,
que la primauté, qui n'étoit pas une supréma Séance du 2 Juin au soir.
t1tº ».
Cette assertion a été accusée d' hérésie , de Dans la séance du lundi soir 51 mai , ſorte
schisme, par quelques évêques , parmi lesqurls rnent émue par la dénonciation que M. Brival,
M. de Virieu a cru devoir ſaire entendre sa procureur du roi au siége prévôtal de Tulle,
voix. De quelque autorité que fût (ºIl Théo · portée lui-même contre les juges de ce tri
logie , comme en materº historique, le sºnt -
bunal , l' Assemblée avoit envoyè cette affaire
• _1
( 2 )
et M. Malès successivemcnt, ont présenté une Le corps de l'assignat contiendra un billet à
dénonciation nouvelle contre la prévôté deTulle, ordre sur la caisse de l'extrraordinaire , signé
qu'ils ont accusée spécialement d être ennemie au bas dudit billet, par le tireur, et au revers
de la constitution. Opiniâtrément attachés aux par l'endosseur, lesquels tireurs et endosseurs
vices de l'ancienne procédure criminelle que les auront été nommés par le roi.
décrets nationaux ont proscrite, rebelles à la IV. Au dessus du billet à ordre, sera im
forme nouvelle, j loux de reprendre le pouvoir rimée l'effigie du roi , et au dessous dudit
· que l' Assemblée nationale avoit restreint, les † un timbre aux armes de France , avec
juges de la prévôté de l'ulle ont osé prononcer ces mots : La loi et le roi.
la peine de mort sur le motif de véhémeus
soupçons , sans conviction de l'accusé, sans V. Trois coupons d'une année d'intérêt cha
conclusions du ministère public ; et leur juge cum, seront placés au bas de chaque assignat ,
ment a jetté la terreur la plus profonde dans et au revers des lignes qui les sépareront , se
ront imprimés les mots daInaines nationaux
l'ame de tous les citoyens. Nous donnerons et caisse de l'exctraordinaire. Ces mots seront
demain de plus amples détails sur cctte affaire,
qui a absorbé la séance entière. disposés de manière qu'on ne puisse séparer les
li coupons de l'assignat sans en couper une ligue
entière dans sa longueur.
Un timbre sec , aux armes de France , sera
Décret concernant les assignats , rendu le frappé sur le revers desdits coupons.
1er juin sur la proposition portée par M. de VI. Le revers de l'assignat sera divisé en plu
Montesquiou , an nom du comité des ſi sieurs cases, dont la première recevra la signa
72 (Z7ZC6S.
ture de l'endosseur nommé par le roi ; les autres.
cases serviront aux autres endosseurs, s'il y
» L'Assemblée nationale, après avoir entendu a lieu.
le rapport des commissaires du comité des VII. Il pourra être établi dans chaque ville,
finances, chargés de surveiller la fabrication des chef-lieu de département, et dans toutes les
assignats, a décrété et décrète ce qui suit : autres villes principales du royaume, sur leur
Art. I°r. Les 4oo millions d'assignats créés demande, un bureau de vérification, sous la
par les décrets des 19 et 21 décembre 1789, surveillance , soit des assemblées de départe
16 et 17 avril 179o , seront divisés en 12oo
mille billets , savoir : 15o mille billets de 1ooo ment, soit des municipalités, et d'après le ré
glement que le roi sera supplié de rendre..
livres, 4oo mille de 3oo livres , 65o mille de
zoo livres. D'après les demandes qui seront faites par
Les billets de 1ooo livres seront divisés en lesdites assemblées de département ou des mu
six séries de 24 ooo billets chacun, numérotés nicipalités, il leur sera adressé les instructions
nécessaires pour la personne commise à la véri
depuis 1 jusqu'à 25 ooo. fication.
Les billets de 3oo liv. seront divisés en huit Un double de cette instruction sera déposé
séries de 5o mille billets chacun , numérotés au greffe du tribunal du département.
depuis 1 jusqu'à 5o,ooo. VIII. Les vérificateurs seront tenus, toutes
Les billets de 2oo liv. seront divisés en treize
les fois qu'ils en seront requis, de precéder
séries de 5o ooo billets chacun , numérotés sans frais à la vérification des assignats qui leur
depuis 1 jusqu'à 5o, ooo. seront prèsentés, et de les certifier.
II. Les billets de 1ooo et de zoo livres soront
IX. Lorsque les assignats seront envoyés par
imprimés sur du papier blanc, et ceux de la poste, ils pourront être passés à l'ordre de
3oo liv. sur du papier rose. celui à qui ils seront adressés, et dès-lors ils
Les billets de 1ooo livres seront imprimés en n'auront plus de cours que par sa signature.
lettres rouges ; ceux de 3oo hv. et de 2oo liv. X. Les formes qui auront été employées pour
en lettres noires. la fabrication du papier, ainsi que les lettres
III. Chaque assignat aura pour titre : Do majuscules, les planches gravées, et les diffé
muines nationaux hypothéqués au rembour rens timbres qui auront été employés à leur
composition, seront déposés aux archives de
sement des assignats décrétés par l'Assemblée
nationale, les 19 et 21 décembre 1789, 16 et l'Assemblée mationale, et ne pourront être dé
17 avril 179o , sanctionnés par le roi, placés que par un décret spécial »

---------- -
( 3 )
p-msg-ºms
§ manqué une opération des plus essez -
tlCl16S.
Le déprédateur Calonne.
D E V I E N N E , le 18 mai.
On vouloit nous persuader que le dépréda
teur Calonne, en dissipant le sang des peu La reine est arrivée avant-hier, avec les
ples pour la cour et les courtisans , n'avoit deux archiduchesses, accompagnées de l'ar
jamais songé à lui. Je souriois de la niaiserie chiduc François : ils ont descendu vers midi
de ceux qui faisoient ces contes, et de ceux à Laxembourg. Le roi s'est trouvé à leur
qui les croyoient.Aujourd'hui la providence, voiture, et les a reçus dans ses bras. Une troupe
i dévoile tout, a permis qu'un commis de de cavalerie bourgeoise avoit été au-devant jus
la banque d'Angleterre dise le secret de Ca qu à Trashirch, et accompagna la voiture jus
lonne : ce secret consiste en cinquante-deux qu'à Luxembourg. La famille royale eut le plai
mille livres sterling de rente, ( 1,2oo.ooo liv. ) sir d'être surprise vers cinq heures, par le
dont le frivole et insouciant Calonne a placé prince de Kaunitz. Le roi s'enferma avec lui
les fonds, ( 25 millions tournois ) dans cette
dans un cabinet, pour prendre lecture des
banque. Le cominis indiscret a perdu sa place, dépêches que le prince venoit de recevoir. On
mais il en méritoit une autre que ses amis lui présume qu'elles étoient de la plus grande im
ont procuré. Ainsi nous voilà au fait de la portance, en ce que le prince se rendit aussi
manière dont nos ministres des finances font tôt à la ville. Les dernières nouvelles de Ber
écouler leurs brigandages dans la très-secrette lin, et les avis que le maréchal Laudon a ſait
banque d'Angleterrc.J'espère que la providence, passer ici, font regarder la guerre comme dé
qui nous a dévoilé le secret de Calonne, nous cidée. On croit qu'elle va être déclarée ces
en dévoilera bien d'autres; et c'est alors que jours-ci.
nos badauts ouvriront de grand yeux et de
grandes oreilles. C.... DE MAN H E 1 M, le 22 mai.

AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. · Léopold s'occupe particulièrement de la ré


forme des loix criminelles dans ses nouveaux
DE VA R s o v 1 E, le 8 mai. états, où il a l'intention d'introduire celles qu'il
a établies en Toscane , et qui ont été si juste
Les détails du livre rouge de la cour de ment admirées de toute l'Europe. Il veut que
France, ont donné lieu ici à de sérieuses ré les prisons soient propres, saines, parce qu'il
flexions sur la distraction des biens de la cou est contre l'humanité de faire pourrir tout vifs
ronne. En conséquence il vient d'être arrêté des hommes qui me sont coupables aux yeux
dans les deux dernières assemblées de la diète, du législateur que lorsqu'ils sont condamnés.
que tous les biens de la couronne qui ont Il abolit donc les peines que Joseph II avoit éta
passé dans les mains de particuliers quelcon blies pour suppléer à ce dernier supplice , et
ues, soit à titre de présent , soit par échange, qui faisoient mourir mille fois les coupables.
oivent revenir au fisc. Cette décision va ren Toute sentence de mort doit être présentée au
verser la fortune de plusieurs grandes maisons. souverain avant son exécution, afin qu'il exa
Le comte Potocki, sur-tout, sera réduit à un mine si la loi a été appliquée avec justice, et
bien médiocre état, étant † de rendre sa les cas où il pourra commuer la peine. L)ans
starostie de Belstyn, que la négligence du gou les cas de dernier supplice , le criminel sera
vernement lui avoit laissé prendre pour un exécuté publiquement, condamné à une prison
| médiocre héritage qu'il avoit cédé. perpétuelle , etc. , etc.
Le général Braniki perd, par cette réclama
| aion, 6ooo ducats, et l'évêque de Wilna plus DE H A M D o U R G, le 21 mai.
de moitié de ses revenus. Le prince Radziwill
| remet généreusement à la couronne 4oo, ooo On parle ici avec assurance de deux avan
| florins qui lui avoient été accordés sur la sta tages considérables remportés par les Suédois,
rostie de Berisow. On a entamé hier un projet l'un sur terre , l'autre sur mer. Le prince
de réforme dans toutes les parties de l'admi d'Anhalt-Bernbourg a été tué dans le combat
sur terre, et les Russes ont presque tous été
- -=-=-7- =========

( 4 )
v, l, nce axercé sur le physique ou le matériel nos frères les gardes nationales de Valenciennes
d s a1 ;ºtocratcs ſranco-belges, c'est simplement n'y auront aucun égard , et que leur pacte fé
une stupeur totale dans le peu d'ane qui com dératif, bien et duement assermenté, aura lieu
pose la métaphysique de ces aristocrates, occa bientôt , avec toutes les gardes nationales de
sionnée par le pacte fédératiſ des gardes natio l'empire. CARRA.
nales de Douay et des régimens de Vintim:lle,
de canonniers et de dragons qui sont en garni Exemple sublime d'un nouveau principe
son dans cette ville. L'auguste et solemnelle cé d'union et de patriotisme.
rémonie de ce pacte , formé le 18 mai dernier,
élevoit et attendrissoit les coeurs des patriot s, Tandis que les sermens civiques se renou
tandis qu'elle déprimoit et aſiiigeoit c lui des vellent de toutes pirrts; que les pactes fédératifs
aristocrates ; et certes , la circonstance ( toit partiels des citoyens - soldats et des soldats
bien propre à produire ces deux eſlets con citoyens se ſorin nt dans toutes les villes de
traires ; car d'un côté on entendot les braves gnrnison, potir se préparer au pacte fédératif
soldats citoyens qui faisoient retentir les airs militaire universel dans la capitale, le 14 juillet
des cris vive la nation ! vive la garde natio prochain , deux cents députés de diverses
nale ! )ºivent nos braves camarades ! et de l au municipalités de Provence , sur l'invitation de
tre , les citoyens soldats qui s'écrioient avc C en celle de Marseille , se sont réunis à Brignoles
tiousiasme , vice la garnison ! vivent nos f, èy es pour opér r entre ces municipalités une co
des dragons, lcs canonnier s, et / | in4iiniii'c ' et alition civile , qui , devenant bientôt univer
puis coinine ces canonniers faisoient ronfler le selle dans l'empire, présentera le tableau sublime
canon pour la patrie , il falloit les entendre ; de l'inviolable unité des loix, des principes,
c'étoient des coups de canon, ceux-là ! c'étoit des opinions et des volontés , dans une masse
l ultima ratio nationum liberorNm. Et puis de plus de 26 millions d'hommes; et qui joignant
cent musiciens patriotes qui jouoient de leurs à cette puissance morale l'immense faisceau
instrumens avec un c ur, avec un esprit qu'ou des bayonnettes patriotiques , offrira, pour la
ne peut exprimer , et qui ſaisoient verser des première fois , dans l'univers l'exemple, d'une
larmes de plaisir à tous les spectateurs. Ah ! famille innombrable d'hommes animés du même
comme j'en aurois versé moi-même , si j y avois esprit, et marchant tous ensemble et du même
«'té, puisqu'à pº,ne puis-je les retenir en citant pas vers le grand but de l'espèce humaine , la
ces anecdotes très-véritables | Mlais un senti vertu et le bonhcur. O fille du ciel ! ô divine
ment douloureux se mêle à ma joie : j'apprends philosophie : tu réalises enfin les bienfaits que
que quelques-ums des clefs de la garde natio tu nous a promis : ces bienfaits, qui découlent
nale de Valencienes soufllent parmi leurs con maturellement de la perfectibilité de notre
citoyens le froid poison de l aristocratie ; qu'ils intelligence et du développement de nos droits
ont résolu de ne point adhérer à la conféd - et de nos devoirs : ces bienfaits , auxquels les
ration des gardes mationales de la Flandre et de avortons et les tyrans de l'espèce humaine
l'Artois, et qu'ils cliercheut à empêcher toutes n'ont jamais † croire, parce qu'ils n'étoient
les villes du Hainaut et des environs à y adhé pas nés pour les concevoir, ni pour cñ jouir.
rcr : et c la , dit-on, parce qu'ils sont fâchés Braves Provençaux , illustres Marseillois , re
qu'on ne rºnde pas vîte, vite au pouvoir exécu cevez , notre hommage pour l'exemple des
tif la ſa culté de faire des ex cut,ons tant qu'il confédérations civiles de vos municipalités : et
voudra, et qu'on ne laisse pas aux évêques, aux vous , tristes députés de Salon , de Lorrens,
chanoines et aux gros bénéficiers , les moyens de 'I'arascon et de Castelanne , qui avez refusé
de faire, comme autrefois, leur salut avec de de vous unir à vos frères dans un acte aussi
beaux palais , de beaux carrosses , une tabie noble et aussi mémorable, rougissez de votre
splendide et de jol'es nynpiies. Comme ces impéritie , et rentrez dans l lieureux cercle
1notifs ne peuvent émaner que de cerveaux qu'une union si belle et si constitutionnelle
étroits et mal ly inpanisés , nous espérons que vous a tracé. CARRA,

On s'abonne à Paris, chez BuissoN, libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnenent et la lottre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
Chez l,ENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame l)RLAPLANcHs, rue du Roule,
m°. 17 ; at chez tous les libraires et l)ireéteurs des Pºstes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnemcnt pour ce Journal , dont il paroit tous les jours un Numéro, est de 36 liv, pour
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc e port , par la poste , pour tout le
Ru) auine. Le premier A'untéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne connance que du preumier d'un rnoit.
--

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES


DE LA F R ANC E, • • •
' t1,

E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E s D E L E U R o p E ; ..
º 4 . . .
J O U R N A L L I B R E , ar une Société d"Ecrivains Patriotes ,
et dirigé par M. MEncrER.

----
Tout ce qui est utile à la patrie est bien. AGÉsILAs.
- - -

N°. C C X L V I I. Du Dimanche 6 Juin 179o.


| AssEMBLÉE NAT 1oN A L E. Vaudreuil a proposé à l'Assemblée de décréter
Séance du 5 juin. que la paie des matelots, qui étoit de 14 à 21
livres, seroit désormais de 16 à 24, et que celle
UsE lettre de M. le garde des sceaux annonce des officiers, qui étoit de 3o à 7o liv., seroit de
32 à 8o liv. , cn observant les proportions au
que le roi vient de sanctionner seize décrets. grade et à l'ancienneté du service. *.

, On a renvoyé au comité ecclésiastique une Quoique ce projet présentât, suivant la sage


lettre de l'ambassadeur d'Angleterre, commu observation de M. Lailly, une augmentation
niquée par M. de Montmorin ; sa majesté Bri notable de la dépense §. cependant il a
tannique demande qu'il soit permis au collége été adopté sur les représentations de MiM. Fré
des Ecossois, fondé à Paris en 1525 , de dis teau et Barnave , qui ont fait sentir que, dans
poser de ses biens à titre de propriété. le moinent où nous avons un nouvel (l TlIl0lIlº Il t

Au département de l'Allier les désordres se à faire , la prudence et la générosité nationales


multiplient; nombre d'habitans des campagnes } ajoutoient un nouveau poids aux conseils de la
méconnoissent le respect dû aux propriétés , .justice. - - ,I;" 2 "
environnent de pieux les moissons sur lesquelles Plusieurs voix se sont élevées pour proposer.
Ils n'ont aucun droit. Il en est qui portent , de décréter qu'à l'avenir aucun comité ne pour
l'extravagance au point de prétendre établir roit présenter à l'Assemblée aucun plan tendant
une loi agraire, et procéder à une répartition à une augmentation de dépense , sans aupara
nouvelle des terres. L'Assemblée a attribué la , vant s'être concerté avec le comité des finances;
connoissance exclusive de ces attentats au siége mais l'Assemblée a estimé devoir passer à l ordre
de Bourbon-Lancy, qu'elle a autorisé à en du jour. -

poursuivre les auteurs avec toute la rigueur C'étoit la réduction des dépenses fixes de
des loix. l'état. -

Pour subvenir aux besoins de la multitude Une acclamation unanime a consacré le pre
indigente, et pour acquitter les dettes précé mier des projets de décrets présentés par le
Inent contractées, plusieurs villes ont été comité des finances , tendant à ce que « sa
autorisées par un décret formel à faire des em ' majesté fût de nouvcau suppliée de déclarer
prunts : savoir, Grénoble , de 13o, ooo livres ; , quelle somme étoit nécessaire pour sa dépense
Saint-Bricuc, de 25oo liv. ; 'ssoudun, de 24,ooo personnelle, celle de son auguste famille, et
liv, ; Brioude, de 6ooo liv. ; Belzunce, de 8oo sur-tout de faire une appréciation qui réponde
liv. : et les communautés réunies d',ngrande, à l'éclat de son trône, ainsi qu'à l'amour et à
de Saint-Michel, de Saint-Patrice et des Essarts,
: la fidélité de ses sujets ».
un emprunt de 5ooo liv. pour faire terminer, Un second projet de dècret fixoit les dépenses
un procès concernant leur propriété commu , de la maison de Monsieur et de Madame à
male injustement contestée. -

, deux millions ; celle de M. et madame d'Artois


D'après l'augmentation décrétée de la paie à la même somme. et enfin la dépense de Mrs
des troupes de terre , il a paru juste au comité les ducs d'Angoulême et de B. rri à sept cent
de la marine de réclamer en faveur des gens | mille livres.
( a )
détermination seroit pondérée avec plus de cet amendement , combattu par MM. de
maturité, au moment où l'Assemblée nationale Crillon et Démeunier, est tombé dans l'abîme
† sur la question des apanages , et de la question préalable , ainsi qu'un autre
e projet de décret a été ajourné à cette amendement qui proposoit de réduire à 75,ooo
époque. liv. le traitement des ministres qui ne seront
Par un troisième projet de décret, adopté pas personnels au roi, mais qui seront encore
presque sans discussion, la dépense du dépar reconnus par la constitution.
tement des affaires étrangères est fixée provi Enfin , l'Assemblée revenant sur la pensée
soirement , et pour cette année, à 6 millions de M. Barnave , a décrété que « provisoire
7oo mille livres, et au 1er janvier 1791 elle ment, et que jusqu'à ce qu'elle ait ultérieu
sera réduite à 6 millions 5oo mille livres. rement statué sur ces objets ,
L'attention de l'Assemblée nationale s'est Le traitement du chef de la justice sera de
porté'e sur l'école et l administration des ponts 1oo, ooo livres ,
et chaussées : « c'est un établssement inutile, Celui du contrôleur général de 1oo,ooo livres,
rétend M, de Toulongeon. les architectes ne Ceux des administrateurs de la guerre et de
orment point un corps, et l'architecture est la marine, également de 1oo ooo livres,
florissante ». M. Gautier de Biouzat est du Le ministre des affaires étrangères aura
même avis ; mais MM. Fermont et d'André 18o ooo livres,
pensent qu'il est impossible de se passer d'une Les ministres d'état , sans départemens , .
administration g nérale et unique des ponts 8o,ooo livres ,
et cilaussées; « car, a dit ce dernier, si cha Et que la même somme de 8o.ooo liv. seroit
que département en formoit une particulière payée aux personnes que le roi jugera à propos
et arbitraire, il pourroit arriver que les che d'appeller collectivement en son conseil ».
mms ne se rencontreroient pas ».
ll est décrété que la question sera reportée
à la fin du travail que prépare le comité des
finances sur la détermination des dépenses Portes, près Alais, 29 mai.
fixes. 1

Vient ensuite le traitemont réservé aux mem Parmi les cent mille abus que l'ancien régime
bres qui composeront le ministère et le conseil avoit consacrés, et que l'Assemblée mationale
du roi. va détruis nt , il en est un qui , non encore
« C'est une question, a dit M. Barnave, que dénoncé, continue de ruiner plusieurs centaines
de familles. e

de savoir si, dans le nouvel ordre de choses, il


y aura un chancelier et un garde des sceaux ; C'est celui des arrêts du conseil obtenus par
s'il doit y avoir un ministre de la maison du roi ; des soi-disans concessionnaires, c'est-à-dire,
parce qu'en effet il semble que le traitement par des gens que la faveur ou l'argent, ou le .
d'un tel ministre doit être compris dans la liste vice ont portés, et qui armés du despotique
civile. C'est une question encore de savoir si parchemin , s'arrogent le droit d'envahir à
les hommes que lé roi appellera auprès de lui force ouverte les mines de charbon de terre,
pour s'environner de leurs lumières, doivent richesse de notre pays, et d'en expulser les pro
nécessairement être des magistrats. Comme priétaires. Un sieur Tub***, concessionnaire
toutes ces questions sont constitutionelles, je des ministres, est venu avec des invalides me
demande qu'avant de prononcer sur le projet cliasser non-seulement de ma mine de sharbon,
du comité des finances, on en renvoie l'examen mais de la maison même que j'habitois, en
au comité de constitution ». faisant jouer le pétard par-dessous, pour pra
Le projet du comité élevoit à 1 oo,ooo liv. tiquer une galerie d'écoulement des eaux.
le traitement de chacun des ministres : M. le Attaqué par moi devant l intendant , et con
Chapelier proposoit qu'il fût décrété provisoi damné à m'indemniser, il se mocque du juge
rement un arrêté tot l de la dépense des mi ment , et continue ses vexations à la faveur
nistres , et son calcul rentroit dans celui du d'un appel ºu conseil, de qui il est maintenant
comité. MM. de Lameth et de Noailles ont impossible d'obtenir justice. J'en appelle à mon .
trouvé la somme exorbitante ; ils ont proposé tour à l'auguste Assemblée , à l'opinion publi
5o,ooo liv. seulement pour chaque ministre, à que.MM. donnez-moi place dans votre feuille ;
l'exception de celui des affaires étrangères , je ne suis pas un calomniateur , ear je me
senu d une plus ample représentation ; mais signe. Benezet.
\ •
( 3 )
Discours du curé de Montgeront, près Ville aux peuples si long-temps trompés, opprim's
neuve-Saint-Georges, à l'occasion du ser et méprisés par les aristocrates, que la religion
ment civique prété par la garde nationale n'a à se plaindre de personne autant que d'eux
dudit lieu. mêmes : que leur orgueil, leur luxe, leur inso
lence , leur conduite anti-évangélique, sont la
Quelle gloire pour la France ! Quel spectacle principale et peut-être l'unique cause de leurs
ravissant, et digne de l'admiration du ciel et de clameurs ; que rien n'est plus sage et plus avan
la terre, de voir dans toutes les provinces, dans tageux à la religion, que le décret qui tirera les
toutes les villes et les paroisses de ce puissant pasteurs de la campagne de l'injuste et indé
empire, les jeunes enfans comme les vieillards , cente pauvreté à laquelle les a condamnés si
les riches et les pauvres, les savans, les subli long-temps l'aristocratie du haut-clergé : qui
mes génies et les infatigables cultivateurs des forcera les évêques à rester dans leurs diocèses,
campagnes, se réunir tous ensemble comme les à les gouvermer eux - mêmes , à édifier leurs
enfans d'une seule et même famille, et voler
ouailles : qui retranchera ces bénéficiers , dont
dans le sanctuaire pour jurer aux pieds des l'inutilité étoit le moindre inconvénient dc leur
antels d être, jusqu'au dernier soupir, les zélés existence.
défenseurs d'une constitution que la souveraine
De Bayonne, 26 mai.
sagesse semble avoir dicté elle-même : d'être
fidèles à la nation qui mous est mille fois plus La banque de Saint-Charles de Madrid , a
chère que la vie même, à la loi, source féconde cessé de payer les dividendes aux débiteurs,
de toute prospérité, et au roi, l'exécuteur su alléguant pour raison qu'il lui est dû 22 mil
prême des volontés nationales. Et vous , géné lions de la part du gouvernement. A plus forte
reux guerriers, gardes mationales, puissiez-vous, raison ne peut-elle fournir aucune somme pour
à l'exemple de l'invincible Machabée et du re les armemens actuels de l'Fspagne. Il est
doutable Mathatias, confondre et terrasser les arti de Cadix une flotte de six vaisseaux de
perturbateurs d'Israël. les ennemis de la paix ,
et allumer dans tous les cºeurs ce zèle, ce cou
#§ et quelques frégates,
troupes, pour l'Amérique.
avec beaucoup de
On fait aussi de
rage héroïque dont vous êtes animés pour le grands armemens maritimes en Portugal.
bonheur et le salut de notre commune patrie.
Extrait d'une lettre de M. Thevenet, curé de On écrit de Charelles qu'un curé des environs
Salagnon, en Dauphiné, du 18 mai. a publié en chaire un décret supposé, qui fixoit
le prix du grain à 6 liv. le bichet pesant qua
Comme il est de l'intérêt de la patrie que le tre-vingt-quatre livres, et qui autorisoit à forcer
vrai motif des protestations du chapitre de les marchands à le donner à ce prix. L'imposture
Saint-Pierre et Saint-Chef de Vienne, contre de ce curé, et la conduite de quelques aristo
le décret de l'Assemblée nationale , soit connu crates de Marigny et de Digoin , ont occasionné
de tous les citoyens ; comme il importe à la des insnrrections dans le pays les 18 et 19 du
chose publique que tout le monde sache que mois dernier; ce qui nous engage à inviter nos
l'intérêt du ciel est le moindre des soucis de bons amis de Charolles , sur-tout ceux de la
ces chanoines , que celui de la terre est le société des amis de la constitution , à nous
seul qui les anime et qui a dicté leur protes envoyer le nom de ce curé imposteur et des
tation, je desire que vous en domniez pour aristocrates ses complices, pour les traduire
preuve , dans votre journal , le dénuement devant l'opinion publique avec les couleurs
scandaleux et impie dans lequel ils laissent les qu'ils méritent, et que nous broyerons avec
sacristies et les autels, qu'ils sont obligés , vigueur. Nous invitons encore nos frères de
comme décimateurs, d'entretenir et de décorer: Charolles de nous faire connoître ceux d'entre .
le
de refus qu'ils
Fournir font aux
les objets curés deaula service
nécessaires campagne
di
eux qui tiendroient encore par quelques fils à
l'ancien régime, afin que nous ne portions pas
vin . à l'administration des sacremens dont ils trop loin les éloges que nous aurions occasion de
sont débiteurs : la nécessité où ils les mettent leur donner dans certaines circonstances. C.
de leur faire des procès pour obtenir ces objets,
qu'on n'obtient en effet qu'avec des arrêts , et AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES.
très-rarement, parce que peu de curés ont les
DE MA D R A s, 1 o janvier.
( 4 )
la contrée de Travamorc, nos troupes réparties y prend avec force, et y guérira peut-être une
vers le sud eurent ordre aussi-tôt de se réunir maladie plus affligeante, celle de l'aristocratie.
et de camper dans la plaine de Trinchinopoli. A Gaster, Usnac , dont les habitans sont sujets
Le vingt-septième bataillon se porta en dili des cantons, on a présenté de grands griefs
gence vers Wallagatud, et fut suivi de cinq contre le pouvoir des aristocrates, et en par
régimens, du premier bataillon d'artillerie, du ticulier contre les Salis. Les paysans de Hillau
dix-neuvième régiment de dragons, de la ca ont pris les armes : Berne, malgré son insolente
valerie du pays, et de cinq bataillons de si fierté, a été obligée de parler bas, et de rece
payes. L'action fut des plus vives. Mais Tipoo voir la loi des nouveaux bourgeois. Le conseil
y perdit environ 5ooo hommes. Il eut même est partagé à Basle, les uns voulant faire cause
son cheval tué sous lui. Néanmoins il a pu se commune avec les aristocrates allemands, les
retirer , et n'attend que sa grosse artillerie autres voulant qu on s'arrange selon la décision
pour revenir nous attaquer. de la diète helvétique. La Suisse françoise n'est
pas plus contente de l'aristocratie , et l'on y
DE KINGsToN, (Indes occidentales ) 1o mars. parle très-haut.
Une frégate espagnole s'est rendue dernière Atlas mational, méthodique et raisonné de la
ment à Saint-André-Corn-Island, et à la côte France , contenant sa nouvelle division en
de Musquitos, pour signifier aux familles an
gloises de se retirer avant le 25 avril , sous quatre-vingt-trois départemens , suivant les
peine d'emprisonnement et de confiscation de dècrets de l'Assemblée nationale, ensemble
leurs biens. l'analyse des procès-verbaux relatifs à leur
formation : le tout pour servir de développe
D E R A T I s P o N N E , le 18 mai.
ment à la nouvelle géographie du royaume ;
L'électeur de Trèves a fait présenter ici , ouvrage dédié et présenté à l'Assemblée na
par son député, un mémoire de six fenilles, tionale, au roi et à Mgr. le Dauphin.
aux autres députés. Il leur représente forte
ment l'inviolabilité des biens ecclésiastiqucs Pans le moment où l'on a détruit jusqu'aux
de Trèves et des autres églises de son évêché, nons des provinces de l'empire, afin que les
garantie par des traités de paix, et demande citoyens ne fussent plus que François et que la
en conséquence que le corps diplomat'qtte fratermité succède à des rivalités misérables et
lui assure ses possessions, revenus , franchises, désastreuses , on doit s'empresser d'acquérir la
droits et prérogatives, contre les décrets de carte générale du royaume, divisée en ses neuf
l' Assemblée nationale de Paris , puisque le roi régions composées § de ses neuf dépar
de France n'a acquis le droit do souveraineté ternens avec indication des chefs-lieux de dis
sur les biens situés en Lorraine et sur la Meuse, tTlClS. -

appartenans à cet évêché, que par un traité C'est un nouveau coup-d'oeil. qui réjouit la
ſºit avec l'empire, dont aucun motif ne peut vue, et qui indique que § § a été
amnuller les clauses et conditions, sans violer oonstamment respecté par nos sages législateurs:
les droits du corps germauique. ce mode d'organisation ne sauroit trop désor
§ s'imprimer dans les cerveaux.
L) E L A U s A N N E, le 24 mai. Les cartes générales de régions , départe
mens et cantons . se distribuent et se vendent
L'agitation des esprits se fait sentir en Suisse chez les auteurs de l'Atlas mational, rue Ser
4lVGC § d'inquiétudes. Le mal françois pente, n°. 15.
On s'abonne à Paris, chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port, le prix |
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques.
C§ DºNNÉ et PETrr, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint Honoré : madame DELAPLANcHs, rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour ce Journal , dont il paroît tous les j ours ten Numéro , est de 36 liv, porrr
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois rnois , franc e port , par la poste , pour tout le•
ltoyanine. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne commanoe que du premier d'un mois.

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ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L / B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
é'Z dirigé par J/. /}/ERc1 ER.

Louis XVI on inmolant lui-mºme, dans notre révolution, le despotisme


héréditaire de son trône à la liberté oiiginelle de son peuple , s'est mou
tré le plus géiiéreux ami des 1 rançois et le plus gland de ses rois.

N°. C C XL V I I I. Du Lundi 7 Juin 179o.


ASSEMBLÉ E N AT I O N A L E. au commerce, il occupera des bras destinés au
travail , ct fera cessor † mendicité actuelle.
Séance du 5 juin au soir. M. le Chapeler, qui présidoit la séance , a
témoigné combien l' Assemblºc ſ'toit sensible au
D,ss cette foule d'adresses. qui toutes por † que la ville de Paris a montré dans
tent adhésion et soumission aux augustes dé a proposition du pacte fédératif de la Francc
entière.
crets, nous ne pouvons reſuser une mention
distinguée à l'adresse présentée de la part des « Avant d'accepter la fédération , il seroit né
citoyennes de la petite communauté de Saint cessaire , a dit M. de Murinais (º) (1), que
Martin-lès-Vienne, cn Dauphiné : « elles jurent toutes les gardes nationales ſussºnt organis'e ;
amour et obéissance à la constitntion ; clles je propose de renvoyer la matière au comité
jurent de la faire aimer de lenrs enfans, de la militaire ».
leur enseigner dès le berceau : elles nº con Eh quoi ! s'est écr'é M....... quand la B stille
çoivent qu il se rencontre un sºnl citoyen qui a été détruite, quanl la liberté a été conquisc,
y soit reb lle, et traitent de calomnie le bruit les g rdes nationales étoicnt-elles organisées ?
qui a couru qu'il y avoit des protestans dans le pourquoi ont-elies besoin de l'être lorsqu'il ne
scin de l' Assemblée nationale ». s'agit que de se jurer une amitié ſraternelle ? Il
O bonnes et simpl s dauphinoises !.... faut donc accepter la proposition de la ville de
La ville de Carcassonne conjure l' Assemblée Paris. Si on la refusoit, ce seroit détruire les
dc ne se point séparer sans avoir cntièrement fédérations du L)aupliiné et de l'Orléanois.
achev, lº gr.,nd oeuvre de la constitution. Sur l amendemont de M. de la liochcfoucault,
De la part de la ville d'Annonay, offre indé
finie d'acquérir des domaines nationaux.
intervient le décret « qui approuve la fédé
ration , ordonne l'impression du discours du
Celle de l'ourges fait sa soumission pour une m ire d• Paris et de l adresse ; renvoie l'adrcsse
somme de 5 millions. Cinâlons-sur-Marne pour au com'té des rapports , pour en faire le
5 inillions, Grenoble pour 8, M tz pour 15. rapport mardi au plus tard : renvoie le projet
A la tête d'une députation de la commune
du canal aux comités d'agriculture et de com
dc I'aris , M. Bailly a fait lecture d' un mémoire IIl (2 I"CC >).
ui annonce la proclamation du pact fédératif Les curé ct fabriciens de Saint - Germain
† toute la France au milieu de la capitale , l'Auxerrois sont venus en députation, annoncer
pour le 14 juillet prochain. -
à l'Assemblée l'heureuse impression qu'a faite
L'Assemblée nationale est suppliée de venir sur les peuples sa présence à la cérémonie reli
consacr r, par sa présence , ce grand contrat gieuse de jeudi dernier : c'est une profession
que le roi des François †º lui-même avec
25 millions d'hommes libres.
de ſoi qui impose silence aux calomniateurs ,
Un membre de la députation a fait lecture
de l', dresse d'invitation aux villes de la France. (1) P. PRoTEsTANT. Ceux qui ont souscrit la protes
Autre lecture d'un projet concernant l'éta tarion du 19 avril seront marqués de ce signe jus
1 blissement d'un canal, à partir de Meanx jusqu'à qu'au dédit. Cela peut servir à écluirer sur leurs
( 2 )

et qui a porté la paix et la consolation dans de la vente des bois des communautés, pour
les ames timorées. être par elles employé à leurs besoins, sous la
Le curé a présenté les actions de graces de surveillance du directoire de district ».
sa paroisse , pour les secours versés dans le On a adopté sans discussion un autre projet
sein des fam il s indig ntes , dont les chefs apporté par le comité militaire, et qui a pour
étoi ·nt détenus prisonni rs pour mois de mour bise la nécessité d'établir, le plutôt possible,
Tl U {*.
l' ugmentation de paie accordée aux troupes
Il a été décrétº que le discours du curé sero't par le décret du 2S février ; il est ainsi conçu :
inmprimé, que la liste des familles soulagées , « Les 32 deniers d'augmentation seront em
ainsi que de celles à soulag r dans la paroisse ployés : savoir 1 sou 4 § pour le prêt, 6
de saint Germain, seroit donné à l'Assemblée. deniers dans la poche , et 1o pour les chaus
Le scrutin pour la nomination d'un président sures. La distribution sera faite tous les cinq
n'a point donné de pl : ralité absolue : Ml. de jours ».
Saint Farg au a en 2Go voix, M. l abbé Syeyes le com'té des fin nces présentoit un troi
195 , M. de Bonnay , 1 . - -
sième projet en trois articles, pour régler les
Le comité des rap,orts en a fait un con droits d'entrée qui doivent être perçus sur le
Cernant la municipalité de Saint-Jean-de-Luz, territoire que renferme l'enceinte de la ville de
où nombre de personnes prétendent se donner Paris. Il a passé sans difficulté.Demain nous le
donnerons en mature.
le titre et les droits de citoyens actifs , à raison
des impositions que paient lès biens communaux Les ci-devant privilégiés font maintenant la
plus âpre défense , sinon pour enfreindre, du
indivis entre les liabitans. ( ette aſfaire , ré
clamée par l : comité de constitution, qui en moins pour éluder le décret qui les assujettit à
avoit déja pris connoissance , a été ajournée à l impôt Plusieurs se prévalant de la clause de
mardi. leurs baux qui astreint les fºrmiers au paiement
des impôts prévus et imprévus , soutiennent que
Séance du 6 juin. leurs fºrmiers doivent les indemniser de la
taille personnelle.
La ville de Nîmes n'est pas tellement sub L'Assemblée nationale a renvoyé à l'examen
juguée par les ennemis de la constitution, qu'il du comité des finances la question et le projet
me s'y trouve encore nombre de bons citoyens de décret qui doit tarir la source de ces con
# pour le salut
font des v , ux et des efforts testations , et donner aux juges un principe
de l'empire. Une adresse de cette ville nous sûr pour y prononcer.
ºpprend que les dons patriotiques y montent Un décret rendu sur la demande du comité
à 46o et quelques mill, livres. des linances, statue « 1 °. que les rôles qui au
Soumission, par la petite ville de Murat en ront été faits par les officiers municipaux du
Auvergne , d'acquérir pour 6oo,ooo liv. de département de l'Eure , seront provisoirement
biens nationaux. exécutés.
L'Assemblée avoit ajourné à mardi soir le 2°. Que les contribuables qui se croyent
rapport de l'adresse de la ville de Paris , à ſomdés à obtenir des réductions sur leur cote
l'occasion de la fédération des milices de d'imposition , se pourvoiroient devant l'assem
l'empire. M. de Noailles, le jeune, a observé blée de département.
« que cette fête avoit quelque chose de consti 3°. Enfin , que les jugemens prononcés sur
tutionnel, par son univers lité, par son époque ces matières par les assemblées de département,
éternellement mémorable , par le choix mêine seront rendus sans frais ».
des citoyens qui doivent y concourir , et pour D'un projet de décret présenté par le comité
la première année , et pour les années sans de mendicité , et composé de huit articles ,
nombre qui composeront la vie de la consti deux seulement ont été décrétés.
tution françoise. » Ces considérations ont dé Art. I°". « La déclaration faite par le men
terminé l' Assemblée à ajourner la question à diant arrêté, en vertu de l'article 6 du décret
mercredi matin. du 5o mai, sera déposé entre les mains des
| Sur la récl, mation de la municipalité de ofiiciers municipaux , et copie de la déclara
Chanteloup. ct la proposition du comité des tion sera remise aux agens chargés de diriger
finances , il a , te décrété « que les receveurs les maisons où les § seront détenus.
des domaines et bois seront tenus de verser II. Les municipalités du lieu de la déten
dans la caisse de département le prix provenant tion du mendiant enverront le double de la
( 3 )
déclaration du mendiant aux officiers muni
l'on voudroit que lNiumanité et le patriotisme
cipaux du lieu de son domicile , pour obtenir gardassent aujourd'hui le siience sur cette abo
d'eux, ou des personnes désignées dans ladite minable et lâche consp r tion ! L'incroyabilité
déclaration , des renseignemens sur celui qui d un tel forfait n'est pas la prenve de sa non
aura ( té arrêté ».
existence. Le coup qu'on vouloit porter à la
e troisième article, concernant la nourri
ture du mendiant , et ernbrassant un détail
capitale de l'empire, assassinoit la France cn
tière, et elle ne seroit pas vengée !
qui tient à des usages , à des localités parti
culières, a été , sur la motion de M. Buzot , Incivisme de quelques lévites parisiens.
renvoyé aux départemens, et par provision
aux municipalités. Cette capitale, qui a conquis la liberté pour
L'Assemblée a suspendu sa décision sur le tout l'empire, se § avec raison de conte
reste du projet , jusques au temps où elle mir dans son sein un nombre de vrais potriotes
s'occnpera d'un décret g'néral sur la mcn proportionnellement plus considérable que n'en
dicité. renf rment les 82 autres départemcns : mais,
Une lettre de la municipalité de Mareille, au milieu de ce vaste ct superbe champ du père
apportée cette nuit par un courier extraor de famille, il reste encore bien de l'ivraie, et
dinaire, annonce : « que le décret de l'Assem si elle ne domine pas le bon grain, elle l'altère
blée nationale , qui a défendu la démolition et l'empêche de croître.
de la citadelle dº Saint - Nicolas, et du fort Nous savons qu'un prêtre de Saint-Sulpicc,
l'abbé Du P... , " frère d'un président de Gre
Saint-Jean , a été proclamé immédiatement
noble , tourmc nte sans pitié l'une de ses péni
après sa réception , que tous les habitans de lentes, mademoiselle J)....., àgée de 16 ans , lui
la ville de Marseille ont montré pour la vo
lonté de l'Assemblée nationale , la déférence montre l'enfer ouvert sous ses pas, ct lui rel'usc
la plus respectueuse, et que jamais décret plus depuis long-lemps l'approche des sacremens. I t
contraire aux vœux des citoyens d une grande quel est le crime de cette jeune personne ? Elle
ville n'a été exécuté avec plus de soumission et a un père , gé, infirme, bon citoyen, à qui tous
de promptitude ». Tel est l'enipire de la loi, les jours elle lit les papiers publics et les d, crcts
de l'Assemblée nationale. Voilà ce que le con
bien autrement active que la force ; celle-ci
ne dispose que des actes extérieurs , la loi fesseur traite d'abomination ; et voilà une inno
maîtrise les volontés même,. conte qui se trouve froissée entre la fausse
« A compter du premier janvier 1791, les dé terreur d'un péché imaginaire et le devoir sacré
enses de police et autres dépenses propres à de soulager son vieux père et de lui obéir.
§ de Paris. ne seront plus à la charge du Hier 9 juin , dans l'église Saint-Nicolas-du
trésor public, mais à la charge de la municipa Cliai lonnet , s'étoient rassemblés de diverses
lité de cette villc , qui obtiendra en conséquence paro sses de f'aris nombre de licièl, s de tout àge,
une diminution de contribution publique, pro notamment plusieurs enfans de l'l ôpital de la
ortionnée à l'accroissement de ses charges ». Pitié , pour recevoir la conſirmation des mains
† le décret qui a terminé la séance. de Ml. l'év êque de Babylone : j , ntre , je dis
•---
tingue un prêtre vénérable par sa chevelure ,
M. l'abbé I3onnet; je vais à lui. — Monsieur,
C H A T E L E r D E P A R I s. dans cette c ré monie auguste, ne seroit-il pas
On a entendu les dépositions des dix-sept té à propos de faire cesser ou renouveller, par
moins récollés dans l'affaire du sabrcur de Lam tous ces chrétiens. le serment civique ? — Non,
besc. Quatre témoins oculaires de ce qui s est monsieur , interrompit l'abbé avec une phy
passé dans le jardin des Tuileries le 12 juillet sionomie démontée par l'effroi; non, monsieur,
dernier, ont considérablement chargé ce colo garº z-vous biºn de parler de cela ! .....
nel assassin, D'après son propre exposé. il n'a J ai promis l en parler au public, et je tiens
gissoit que sur les ordres de l}czenval Sans parole. L). l'.
doute que ce dernier les tenoit du mai échal de
Broglie; mais de qui de Broglie les tenoit-il ? AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES.
voilà ce qu'il importe de savoir. Il est donc no D E V I E N N E , le 18 mai.
toire qu'on avoit médité un massacre, près du
uel celui de la Saint-Barthelemi n'eût figuré On assure ici que le plan des opérations de
ans l'histoire quc comme une espiéglerie : et cette campagne est changé, et que le prince
( 4 )
Potemkin doit détacher une partie de ses trou D r L I E G E , le 28 mai.
pes pour les joindre aux Autrichiens du côté
de la Gallicie, et faire face ainsi aux armées Le général Van-der-Mersch n'est pas libre
combinées de la Prusse et de la Pologne. Nous comme on l'avoit dit d'abord : il a seulement
ne sommes pas ici sans les plus vives inquiétudes été, dit-on, transféré d'Anvers à Louvain,
à la vue des marchcs et contre-marcl1es de tant lorsque Van-Eupen a su qu'il se formoit un
de troupes. Si l'on assiége Widdin , qu'on di parti ſlamand pour l'enlever. Le peuple de
soit déja bloqué , ce sera, dit-on , le général Bruxeiles est toujours en démence, et a sub
Clairfait qui fera ce siége. On avoit mal à-pro titué l in ge de Van-der-Noot à celle de la
pos répandu le bruit d une défaite totale d une Vierge : ce qui prouve assez l'abâtardissement
arinée turque près de cette villº. H paroit que d un peuple fait pour être l'esclave de ses an
motre cour est dans la meilleure ini li'gence c1ens tyrans.
avec cell. de Madrid. La ville de S. Trou, et sur-tout l'abbaye,
ID E. l, o N I) R r s , / ° °- 7mai. étant devenus suspectes , on s'en est emparé
à force ouverte. On y a trouvé beaucoup d'ar
:, NY r
Une grosse mºison dº com'nerc » , à W'atter 1nes, de canons, une provision de bled con
ford , qui trans orioit en Espagne beaucoup de sidérable. Quatre gredins de moines ont été
ni r i.ind s,ºs des manufº ct ures i1 l : nloises , a amenés dans nos prisons Ainsi les traîtres qui
re u a , is dº sºs correspondans à Séville , en portoient déja les couleurs du prince-évèque
date du 2 1 avr.l. de ne plns rien envoyer , vu ont manqué leur coup.
les grands arm niens maritimes qu'on fait dans
les ports dc leur royanm°. C pendant , selon Doºai, 29 mai.
des § de Madrid , aux qu lles nous n'avons
pas grande confiance ; les arnuemens du roi Quelque illusion que Van-Eupen et Van
d'i'spagne n'ont pour but qne de se tenir prêt der-Noot tâchent de faire aux insensés bra
en cas d''vénement résultant à Fr, ncfort , au bançons, la déroute de leur armée a répandu
sujet de l'élection de l'emporeur. Nos lettres la constermation , et ces deux chefs aveuglº
ont été interceptées et décachettés en i spagne, paroissent n'avoir plus de ressource qu'à comº
à plusieurs ordinaires, mais rendues à leurs des poser avec la maison d' Autriciie ! u'ils ont
tinations. Les forces navales de ce royaume trahie. Nous attendons d un jour à l'autreº
sont , dit-on , actuellement de 1 4 v issea:ix do nouvcll s les plns importantes du pays de Liégº
ligne, dont 55 doivent former la flotte qui va où l'on se conduit imliniment mieux q"º
sortir do Cadix. M. Fox a oncore demandé en Bruxelles. -

vain les dates des notes relatives à l'affaire de Les troupes des cercles se sont repliées sº
Notka. Maseyck. On a employé à Liége le drapeau
de Saint-Lambert , signe sacré"de la liberº
D E 1, A H A Y r , le 25 mai. pour laquelle il faut vaincre ou mourir. Une
L'ambassadeur d'Angleterre ayant requis, au partie des troupes Liégeoises tient bloqués
besoin, les secours stipulés av c nosseigneurs plusieurs détachemens des cercles qui seront
les états par le traité d'alliance , on lui a rº forcés de se rendre ou de se faire # |
pondu qu ils seroient prêts. Déja le prince , (> n Cependant on a envoyé une députation . Té: -

sa qualité de chef des forces maritimes, a ſait lecteur


la revue de l'escadre qui est au Texel sous tice de sapalatin. pour
conduite , et lui représenter
l'engager à faire l'injº
retiref
les ordres du vice-amiral Kingsb ºrgen , et qui ses troupes. Si le roi de Prusse veut, COmm3
mettra à la voile au premier vent favorable. on l'assure depuis peu, que la liberté des †
l.lle est destimée a protéger nos bâtimens dans Bas soit une des conditions de la paix de
la Baltique , et sera jointe par une escadre an lemagne, celle des Liégeois en sera la c0n3

gloise. quence nécessaire. -

On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Jibraire , rue Hautefeuille , à qui l'on adressera, franc de port , le pris |
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un an , 18Leliv.
Royanine. pour Numéro
premier six moisa ,paru
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liv, pour1789.
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rnois , francne• commance
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premier #
d'un
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E ,
E T A F FA I R E S P O L I T I Q U E S D E L E U R O P F ;
J O U R N A L L I B R E , par mne , Société d'Écrivains Patriotes,
GZ dirigé par M. MEncr En .
Si nous n'avons pas des hommes tous nouveaux, pour en faire à notre
gré des citoyens, comment parviendrons-nous à changer leu1 s idées ?

N°. C C X L I X. Du Mardi 8 Juin 179o.


Ass E M B L É E N AT I O N A L E. état des m'tropoles, et des évêchés qui seront
attachés à chaque métropole.
Séance du 7 juin. Sur la motion de M. l'abbé Grégoire et les
observations de M. Martineau , on a renvoyé
Arai, la conduite tenue par les officiers de au comité ecclésiastique la question s'il seroit
la municipalité de Nîmes; après la connivence érigé dans chaque département autant d'archi
u'ils ont gardée avec le conventicule des soi prêtrés qu'il y a de districts.
§ catlioliques , auteurs de cette déclara Art. VII. Il s ra procédé incessamment et sur
tion rendue fameuse par l'exécration générale ; l'avis de l'évêqne et de l'administration des dis
•près la négligence inexcusable avec laquelle tricts de chaque département , à une nouvelle
ls ont laissé propager les principes séditieux formation et circonscription d · toutes les pa
et anti-constitutionels , il cst fort étrange que roisses du royaume : et le nombre et l'étendue
:es municipaux se flattent d'avoir encore quel en seront déterminés d'après les regles qui
seront établies.
[ues droits à l'estime publique. Les voilà qui,
ºn adressant à l'Assemblée nationale la décla L'article VIII , d'abord combattu par M. Ca
ation des biens ecclésiastiques de leur ressort, mus, a passé ensuite avec quelques amende
e plaignent amèrement des imputations calom mens en cette ſorme :
ieuses, disent-ils, que plusieurs journaux ont « L'église cathédrale de chaque diocèse sera
épandues contr'eux , en accusant leur ville ramen ºe à son état prinitif, d'être en même
'être un foyer d'aristocratie. Ils ajoutent que temps l'église paroissiale, par la suppression des
ette dépression universelle rend leur admi paroisses et le démembrement des habitations
istration infiniment désagréable et difficile ; qu'il sera jugé convenable d'y réunir ».
s semblent annoncer qu'il leur deviendra Sur l'art. 9. il y a eu quelques débats, après
npossible de rester en place et d'y faire le lesqu ls une première partie a été décrétée en
l6ºIl. ces termes : « La paroisse cathédrale n'aura pas
Eh ! qu'ils en sortent, les mallicureux ! de d'autre pasteur immédiat que son évêque ».
uelle assurance peuvent-ils y dcmeurer, en Une seconde partie, relative à l'établissement
urés des huées de tout l'empire ? Qu'ils cn d'un synode dans chaque département , a été
rtent , et que leur opprobre serve éternel ajournée.
ment de leçon à tous les lâches qui ont osé L'établissement du conseil de l'évêque, ainsi
1 qui oseront les imiter ! que tout ce qui est relatif à cet objet, a pareille
M. le garde des sceaux a fait passer à l'As
ment été ajourné à demain.
L'article X, relatiſ à la conservation ou éta
mblée plusieurs décrets sanctionnés par le blissement d'un seul séminaire dans chaque
i.
diocèse , a éprouvé des débats assez longs.
La discussion s'est ouverte sur le titre pre M. Goupil de Préfeln pensoit qu'il falloit lais
ier du plan du comité ecclésiastique, concer ser aux départemens la faculté d'indiquer s'il
unt la constitution civile du clergé, et il en a étoit n'cessaire d'en conserver plusieurs. M.
-( 2 )
de la ville de Paris, de pouvoir conserver plu étoit question , c'étoit en conséquence d'un
sieurs séminaires. billet que lui avoit écrit ce matin M. Ebrard,
Enfin il a été rendu le décret suivant : membre du comité de vérification, par lequel
Art. X. « Il ne sera conservé dans chaque ce député lui avoit marqué « que, ne pouvant
diocèse qu'un seul séminaire, pour la prépara venir à l'Assemblée pour cause d'indisposition,
tion aux ordres, sans entendre rien préjuger ilTe prioit de donner son certificat, que les
quant à présent sur les autres maisons d ins pouvoirs des deux suppléans de Bazas étoiens
tTllCtiOn ». en règle ».
Un incident fort étrange est venu interrom Cette explication a paru pleinement satisfaire
pre la discussion. Au commencement de la l'Assemblée. M. le Chapelier a déclaré se ré
séance, deux suppléans de la ville de Bazas , tracter de son opinion, et le décret suivant est
MM. César ct Augustin Faucher , avoient été lIllCrVOIlll :

reçus, après avoir prêté le serment civique , « L'Assemblée mationale a décrété et décrète
pour remplacer deux députés de cette ville qui que les pouvoirs dont il s agit sont renvoyés
ont donné leur dé mission. au comité de vérification : ordonne que men
Un député de la sénéchaussée de Bazas a tion sera faite, dans le procès verbal, du jour
paru à la tribune , pour attaquer cette ré de la satisfaisante réponse de M. le curé de
ception, en articulant « que † deux sup Soupes.
pléans admis, et qui avoient déja pris place . M. l évêque d'Autun, membre du comité
dans l'Assemblée, usurpoient uné mission qui de constitution, a fait un rapport relatifà
ne leur étoit pas conférée; que lors de l'élec la fédération générale de la France pour le 14
tion prinordiale, la sénéchaussée de Bazas juillet prochain. Il a proposé un projet de
n'avoit point nommé de suppléans, et que, décret en trois articles, concernant la,fixation
depuis cette époque, n'y ayant point eu d'as du nombre des citoyens que les villes de pro
semblée , il ne pouvoit avoir été fait aucune vince et l'armée enverront à cette intéressante
IlOm1nat1on ». - cérémonie. - º -

Alors M. le président a produit une note M. de la Fayette en a proposé un quatrième,


de M. Thibault, curé de Soupes, président conmme article constitutionel , « pour que le
du comilº de vérification, portant que les commandement des gardes nationales, dans
PºuYoirs de ces suppléans étoient duement plusieurs départemens à la fois, ne puisse être
vérifiés. déféré à un seul homme , dont l'excessive in
Là-dessus s'est élevée une discussion très-sé fluence pourroit avoir quelque danger , ou
ieuse. Tlusieurs voix ont crié : « que les deux donner au moins ouverture à quelque dé
suppléans se retirent » ; et ils sont sortis de l As fiance ».
semblée. · Rien n'a été décrété sur ces divers projets,
On a entendu, non sans surprise, M. le Cha dont la discussion commencée a été remise à
elier avancer, « que l'Assemblée ayant porté demain.
, le décret d'admission , n'étoit plus en pouvoir Af P^ I S.
de le rétracter ». MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5
ourquoi, s'est-on écrié de toutes parts, l'As janvier pour 6 mois , et du 1 avril pour 5 mois, sont
semblée ne reviendroit-elle pas sur un décret qui avertis que leur Abonnement ſinit au 3o du couranti
qui n'est point constitutionel. et que tout an et priés de renouveller avant le 25, pourplus de célériii
monce avoir été surpris à s 1 religion, puisqu'au dans le service. M.M. sont aussi prévenus de répéter
cun membre du comté de verification ne se leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
présente pour attester à l'Assemblée nationale par le premier de tel mois, afin d'éviter les doubles
emplois.
que les pouvoirs attaqués sont en règle ? -

Si ces pouvoirs n existent pas comme on l'a


annoncé, a dit M. Garet l'ain , la signature (»t P A R I S, le 7 juin.
la note de M, le curé de Soupes sont fausses. Ce Société des amis de la constitution.
seroit un crime de leze-nution de la part d un
membre de l Assemblée nat'onale envers l'As Sur la motion de M. de Noailles, †
sembl e nationale elle-même. par MM. de Lameth et la Borde - Merville, les
A l'instant M. le curé de Soupes est arrivé. Il citoyens formant la société des amis de la cons
est monté à la tribune, et s'est pleinement jus titution, établie à Paris, ont résolu et arrêté,
tiſié, en disant que s'il avoit donné là note dont qu'ils n'useront dès-à-présent que des marchan
( 3 )
dises manufacturées dans les pays qui ſont partie ciennes, est venu reclamer cet homme auprès
de l'empire françois : que le même engag ment de la municipalité de Cateau - Cambresis , qui
-sera désormais une des conditions de l admis n'a pas cru, avec raison , devoir céder à une
sion des personnes qui voudront être agrégées pareille demande. D'un autre côté , pour dé
, à la société, et qu'il sera envoyé des expé li cider prornptcment cette municipalité, un sieur
tions de la prés^nte délibération à toutes les le Duc , marchand de chevaux, attaché à l'am
sociétés qui correspondent avec celle des ºmnis bassadeur de Sardaigne, a envoyé à Fallot un
de la constitution. -

extrait des registres du comité des rapports, si


Un certain journal de Versailles annonce, gné de la Cour d'Ambesieux, président, par
dans son n°. 6, que le club de 1789 acquiert lequel extrait ce comité mande à la munici
chaque jour une consistance plus impo ante, palité , qu'on a pris toutes les informations mé
ct que celui des Jacobins perd plusieurs de cessaircs sur la conduite et les voyages de Fallot,
ses rn.embres. Nous ignorons en qnoi et com et qu'on peut lui rendre la liberté sans incon
ment le club de 1789 acquiert une consistance véniens. La municipaiité , surprise de voir que
plus imposante que celui des Jacobins , et sous les pièces adressées à Fallot étoient toutes écri
# rapports il prépare mieux les résolutions : tes de l l même main, sous la même date du 26
e l'Assemblée nationale : mais nous pouvons : mai, et que le double de ces pièces ne lui avoit
certifier que celui des Jacobins, loin de perdre point ét adressé à elle-même , n'a vu dans ces
ses membres, fait tous les jours d'excellentcs pièces qu'un faux décidé, occasionné par l'in
acquisitions, et que loin de déroger aux vrais quiétude mortelle des expéditionnaires en chef,
rincipes , il les conserve comme le feu sacré. qui tremblent de voir le grand secret des cour
† fut d'ailleurs le premier dépositaire de ce ses précipitées de Paris à Vienne enfin d vo lé
feu sacré; et l'on peut assurer que jamais il ne aux yeux de l'Europe entière. En cons'quence,
sera influencé par les ministres patelins , ni par la municipal té a fait part à M. le prés,dent de
les partisans patelins des ministres. Il sera tou l'Asssemblée nationale de toutes ces circons
† le point de ralliement des francs patriotes, titnces , et a retenu Fallot c11 pri-on. jusqu'au
le fléau des ennemis de la constitution , et parfait ( claircissemement de cette affaire. —
même des impartiaux. CARR A. Combinons maintenant les ruses du comité au
De Metz, 2 juin. triclien des Tuileries , son incorrigibilité, les
courses rapides. Continuclles et prodigieusement
Léopold avoit fait avancer vingt-quatre mille coüteuses de ses voltigeurs de Paris à Vienne, et
liommes, sous prétexte des troubles des Pays bas, de V ie:mne à Paris, avec les moy ns què ses ex
bientôt suivis de vingt-quatre mille autres, les pédit ornait es s cret viennent d'employer à Ca
quels devoient se confédérer avec le fougueux teau-( anibr sis i'our r,ºndre la liberté au nommé
commandant de Metz ; mais le roi de Prusse a l al'ot , et nous vol rons, 1°. qu',l se trame réelle
bien vite signifié à Léopold qu'il eût à retirer ses mt 11t quelq,e grand complot « ntre différens des
troupes ; c est d'après la résolution du monar potes l.u1 opc ns , C OIl l l'e° ll O i re repos et notre
'que Prussien, que le sieur Bouillé a jugé à pro constitution : 2°. qu il est de la plus grande im
portence de découvrir ce complot; et 5°. que le
#oslhameaux
de quitter le commandement et d'errer dans
voisins de l.uxembourg, Nous con salut du Peuple , qui est la supiême loi de la na
noît1ons bientôt le but de ces courigrs si dilis ture , permet dans ce cas-là l s arrestations et les
gens que nous avons déja dénoncés. recl1 rcines l, s j,lus sévèr, s. Accoutumé depuis
long temps à tenir 1 ou;ours un oeil ouvert sur
Suite de l'arrestation du nommé Fallot, l un
des couriers voltigeurs du comité autrichien l s Inouve uºs 11s et la pol, t qne des puissances
des T'uileries. qui liols el.v | onn nt. tandis que l'autre veille
sdns cesse str r nn.t chère patrie , je crois avoir
Le numéro 257 de nos Annales rapporte une avoir acquis un tact qui ne me ti ompe guère; et
lettre qui nous a cté écrite de Cateau-Caml re si je n ose pºs | redire tout ce que je prévois,
sis , sur les motifs d arrestation d un noinmé je suis all Ino ms très-autorisé dans ma cons
Fallot , courier-voltigeur du comité autricuien cicnce à recommander à Ines frères et conci
des Tuileries. A peine cette arrestation a-t-elle toyens la plus gram de surveillance au dedans et
été connue des expéd.tionnaires de ce courier au del.ol s , sur-tout en ce moment : j'en dirai
qu'ils ont cherclié tous les mºyens de le fuire les raisons , si le roi de Prusse et celui de Hon
-- 1 -- -- r T -- --: ... • • • • • - 1 l : • .. • l. -- : ---- --A.-. -- ...
( 4 )
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES. position des troupes ennemies. Les glaces ne
permettant pas encore une libre navigation, il
D E H A M B o U R C , le 22 mai. est probable qu'il me se passera rien d'impor
tant d'ici à un mois. Les glaces de la Neva ne
Le roi de Suède ayant fait publier une pro se sont rompues à P§ que du 1 au 2
du courant.
clamation par laquelle l'argent , à bord d,s vais
scaux neutres , est regardé comme contrebande,
les Suédois ont pris deux vaisseanx partis de A v I G N o N, le 12 mai.
Lubeck, ayant des espèces destin es pour la
IRussie. Les Hollandois ont sur le chanmp écrit La maison d'Autriche , d'accord avec la cour
cn Suède , pour demander au moins que les de Mladrid, fait sentir ici son influence pesti
vaisseaux partis avant cºtte proclamation fus lentielle, car nous sommes instruits qu'au moyen
sent exceptés, puisqu'ils m'ont pu la connoitre. de son ministre résidant à Rome, elle engage
la Russie va se trouver extrêmcn nt embar le pape à ne pas entrer en composition avec
rassée par les suites de cette proclamation. nous. Alais plus de pape à Avignon ou la consti
tution françoise , et la révocation du Bref dont
L) r F R A N C r o R r , le 25 mai. M. Célestini est le portenr. François autrefois,
nous le redeviendrons encore , en nous réunis
Les nouvelles de Hongrie varient singulière sant au corps de ces amis de la liberté , sans
mºnt sur les circonstances actuelles. Les uns nous inquiéter des coassemens du sacré collége
assurent que le Divan eut à peine été informé et des pétards du Vatican.
du traité d'alliance entre la Prusse et la Po D E L I E G E , le 29 mai.
logne, qu'il donna ordre d'interrompre toute
conférence à Jassv, relativement à la paix : les M. le chevalier Dorscel , commandant des
autres, que le prince Potemkin attend encore troupes mationales et patriotiques, posté dans
une réponse favorable aux propositions qu'il a Hasselt, vient de dissiper et mettre en fuite
faites au grand-visir , et qu'aussi-tôt M. de Bul
un parti ennemi qui s'avançoit dans le pays. H
gahow, qui est cncore à Jassy , se rendra sur le a montré dans cette rencontre autant de pru
champ à Pétersbourg , et delà à Varsovie. Les dence que de valeur. L'ennemi a été obligé
avsans se refusent toujours à s'arranger avec d'abandonner plusieurs caissons chargés de mu
|§ hongroise. Plus de 3ooo pºysans nitions de guerre et autres objets importans, em
doivent s'être rendus de Bohême à Vienne , portant un grand mombre de blessés. Nous n'a
pour y présenter leurs griefs. VOnS qu'un brave laomme de tué et † bles
sés. L'ennemi continue sa retraite à la hâte. D'au
D E B R E M E , le 2o mai. tres succès encouragent tous les habitans du
Les mouvclles du Nord sont ici des plus
pays, Un casque de § ennemi, un boulet,
une bombe ratée, suspendus à l hôtel-de-ville,
vagues. On parle d'avantages remportés par les ont été pour le peuple un nouveau sujet d'en
Su dois dans des endroits ou à peine peuvent thousiasme, On a béni un drapeaù neuf de S.
ils s'être rendus. L)'autres les font battre par Lambert , l'ancicn étant trop usé. :

i§s Russes. On annonce une flotte de deux On apbrénd dans le moment que les Liégeois
· cents galères, commandée par le prince de sont tombés sur les impériaux près de Maseyck,
Nassau-Siégen, le vico-amiral Hastianinof, et le où ils en ont tué un grand nombre et pris plu
contre-amiral Litta , chevalier de Malte. Mais sieurs pièces de canon. Nous attendons con
nous ne savons rien de positif sur l'état et la firmation.

On s'abonne à Paris , cnez BUissoN, Libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toules les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques.
Chez DENNk et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame DELAPLANcHs, rue du Roule ,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour çe Journal, dont il paroit tous les jours un Numéro, est de 36 liv. po »

un an , 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mnois , franc de port , par la poste , pour tout #
royaume Lc prenier Numéro a paru le 3 Octobre 1789. L'akonneinent ne commence que du premier d'un mois.
mmM N, m•-----

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES


DE LA F R ANC E, -

, ET A FFA I R E s P o L I T I Q U E s D E L E U R o p E ,
J 0 º R NA L L1 B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
- et dirigé par M. MERcrER.
Soyons unis, et nous serons tous heureux. CHARLEMAGNE.

N°. C C L. Du Mercredi 9 Juin 179o.


A S S E M B L É E NAT I O N A L E. hommes sur cent, pour se réunir dans la ville
du chef-lieu du district. Cette réunion de dé
Séance du 8 juin, putés choisis en présence du directoire ou du
corps municipal dans la totalité de la garde
Dervis trois jours la présidence de l'Assem mationale de chaque district , un homme sur
blée nationale restoit indéterminée, mais les 2oo, qu'elle chargera de se transporter à Paris,
bons citoyens étoient sans inquiétude sur l'évé † assister à la fédération générale qui aura
nement du scrutin, partagé entre M. de Saint ieu le 14 juillet., Les districts éloignés de la
Fargeau, M. de Bonnay et M. l'abbé Syeyes. capitale de plus de cent lieues, auron a li
Aujourd'hui la pluralité s'est portée sur ce berté de n'envoyer qu'un député par quatre
dernier, qui, en prenant possession de l'au CCIlt.

uste place, a annoncé que sa mauvaise santé II. Lca dircctoires ou les corps municipaux
et la foiblesse de savoix ne lui permettroient pas " fèront, de la manière la plus † , la
de la remplir, et a prié l'Assemblée de recevoir dépense à allouer pour le voyage des éputés
sa démission : elle n'a point été acceptée ; et leur retour , et cette dépense sera supportée
l'Assemblée ayant saisi avec joie l'observation par chaque district. , .
fuite par M. le Chapelier « que les ex-présidens Après une longue discussion , on a renvoyé
se feroient un plaisir d'alléger, pour le nouveau aux comités militaire et de marine réunis la
président, le poids de ses honorables fonctions ». rédaction nouvelle du troisième article, relatif
Le comité ecclésiastique a proposé d'auto aux députations des troupes de ligne.
riser la municipalité § à remplir provi Le quatrième article proposé hier par M. le
soiremcnt, et jusqu'à ce que les assemblées marquis de la Fayette, et qui atteste si bien
administratives du département de Paris soient la pureté de ses principes, a été consacré par
en activité , toutes les fonctions du directoire, l'unanimité.
par rapport à l'administration des biens ci IV. L'Assemblée nationale décrète, comme
devant ecclésiastiques qui y sont situés. Cette principe constitutionel, que personne ne pourra
motion a été décrétée sauf la rédaction. avoir plus d'un commandement de garde ma
· Les deux premiers articles du projet de tionale dans chaque département, et se réserve
décret relatif à la fédération générale , pré de délibérer si ce commandement ne doit pas
sentés hier par M. l'évêque d'Autun , ont été même être borné à l'étendue de chaque district.
décrétés sans discussions. A l'ordre du jour, on est revenu sur le sys
« Art. Ier. Les directoires de chaque district tême de division des départemens cn archiprê
du royaume, et dans le cas où le directoire ne trés, qui avoit été présenté hier par M. l'abbé
seroit pas encore en activité , le corps muni Grégoire : il a été fortement combattu par M.
cipal du chef-lieu de chaque district est com Martineau, et l'Assemblée a fini par prononcer
mis par l'Assemblée nationale, à l'effet de re qu'il n'y avoit lieu à délibérer. |
quérir le commandant des gardes nationales de T Voici en entier l article IX, dont hier la pre
chaque district, d'assembler lesdites gardes na mière moitié seulement avoit été décrétée :
L.
- v-

( 2 )
qui y seront établis seront ses vicaires, et en en même temps les paroisses. villages, hameaux
rempliront les fonctions. - et habitations qu'il conviendra de réunir en
Art. X. Il y aura seize vicaires de l'église ca chaque chèf-lieu. -

ihédrale dans les villes qui comprendront plus XXI. La réunion d'une paroisse à une autre
de dix mille ames, et dans celles ou la popu †, emportera toujours la réunion des
lation sera au-dessous, il y en aura douze. iens de la fabrique de l'église supprimée à la .
Art. XI, à la séance d'hier. fabrique de l'église à laquelle se fera la réunion.
Les dix articles suivans ont été décrétés en L'article XXII a été ajourné. -

'CCS t(ºrln6ºS : -
Art. XXIII. L'évêque et les assemblées admi
Art. XiI. Le séminaire sera ('tabli autant † nistratives pourront, même après avoir arrêté
faire se pourra, près de l'églisecatliédrale, entr'eux la suppression et réunion d'une pa
et même dans l'enceinte des bâtimens destinés roisse , convenir que dans les lieux écartés, ou
à l'habitation de l'évêque. qui pendant une partie de l'amnée ne commu
XIII. L'évêque aura sous lui pour la con miqueroient que difficilement avec l'église pa
duite et l'instruction des jeunes prêtres reçusroissiale, il sera établi ou conservé une cha
dans le séminaire, un vicaire supérienr , et , pelle, où le curé enverra les jours de fête et de
trois vicaires directeurs, subordomnés à l'é dimanche un vicaire pour y dire la messe, et
vêque. . , faire au peuple les instructions nécessaires.
XIV. Les vicaires supérieurs et vicaires di Les articles 24, 25, 26, 27, 28, 29 et 5o
recteurs du séminaire, seront tonus d'assister, ont été ajournés. . -

avec leurs élèves, à tous les offices de la pa Art. XXXI. Tous titres et offices, autres que
roisse cathédrale, et d'y faire toutes les fonc ceux mentionnés à la présente constitution, les
tions dont l'évêque, ou son premier vicaire ju dignités , canonicats , prébendes, demi-pré
gera à propos de les charger. bendes, chapelles, chapellenies, tant des églises
XV. Les vicaires de l'église cathédrale , et cathédrales que des églises collégiales, les ab
les vicaires supérieurs et vicaires directeurs bayes ou prieurés en règle ou en commende
du séminaire , formeront ensemble le conseil de l'un et l autre sexe , et tous autres bénéfices
lhabituel et permanent de l'évêque, qui ne ou prestimonies généralement quelconques, de
pourra faire aucun acte de jurisdiction qu'a quelque nature et sous quelque dénomination
près en avoir délibéré avec eux ce qui con que ce soit , sont, à compter du jour de la
cernera le gouvernement du séminaire et du publication du présent décret, éteints et sup :
diocèse, et néanmoins pourra l'évêque rendre primés, sans qu'il puisse jamais en être établi
provisoirement, pendant le cours de ses vi de semblables , sans néanmoins ricn préjuger,
sites, les ordonnances qu'il croira être utiles quant à présent, sur les bénéfices à patronagº
et convenables. et collation laïque. -

XVI. Dans toutes les villes et bourgs qui ne Une addition a été faite sur la motion de
comprendront pas plus de 6ooo ames, il n'y M. Martineau. -

fllll'a qu'une seule paroisse ; les autres paroisses « L'Assemblée nationale se réservant de sta
seront supprimées, et réunies à l'église prin tuer incessamment sur le sort de toutes les
cipale. personnes dont elle vient de supprimer les
XVII. Dans les villes dont la population est offices ». -

de plus de 6ooo ames, chaque paroisse pourra Après avoir ainsi retranché les branches gour
comprendre un plus grand nombre de parois mandes du grand arbre de la religion, l'As
siens, et il en sera conservé autant que le be semblée nationale s'est fait un devoir de
soin du peuple et les localités le demanderont. manifester de nouveau son attachement invio
Les articles XViII et XIX ont été ajournés. lable pour le culte, en décrétant que jeu -

Art. XX , décrété sauf rédaction. l,es assem prochain elle assistera en corps à la procession
blées administratives, de concert avec l'évêque de la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois. Une
diocésain , désigneront au corps législatifles pa lettre du curé lui en portoit l'invitation. Ce
roisses qui devront être conservées et former jour, la séance ne commencera qu'à quatre
le point de rèunion , et pour faire cette dési heures du soir. -

gnation, ils choisiront les paroisses les plus peu Rouen, 4 juin.
plées, les plus commodément situées, et qui
offriront des églises plus propres à recevoir un L'aristocratie parlementaire s'est évertuée
grand nombre de paroissiens ; ils marqueront dernièrement dans cette ville, en menaçant

N= - -------- * s . -
( 3 )
l'un réquisitoire M. Remoud, greffier du par Tous les complots, les conjurations, qu'on
erment, si ce brave patriote s'inscrivoit pour dit se tramer en Suisse, se bornent à ce que
ller au pacte fédératif qui doit avoir lieu à je viens de vous en apprendre, et lcur sphère
Bhartres le 9 de ce mois. Ce réquisitoire de d'activité ne s'étend pas au-delà des limites du
roit être composé et lancé p ir le terrible bailliage de Nyon. C'est donc à tort qu on
M. Gressent, qui a déja fait nombre de fre accuse les baillis Bernois de favoriser les contre
laines en ce genre , et qui croit que le seul révolutionnaires, puisque celui de Nyon est le
moyen de conserv r les parlemens est de por seul ( au moins à Ina connoissance ) qui soit
ter toujours des cheveux longs. On dénonce dans leur intimité, qui les soutiennc hautement .
aussi à Rouen une infinité de petits bureaux qui les aide de tout son pouvoir et de tous les
anti-patriotiques; mais les bons citoyens les 1noyens que lui donne sa fortune, assez considé
veillcnt de si près, qu'on ne sera pas em rable, puisqu'il est le seul qui ait assisté et assiste
barrassé de détruire quand on voudra , et en réguliérement à leurs conciliabules , escorté
un instant, toutes les toiles de ces araignées d'un certain mathématicien nommé T***, qui
aristocrates. est bien le premier brouillon et le pius violent
Extrait d'une lettre de Nyon , près Gcnève, ſauteur du pouvoir arbitraire qui ait jamais
le 1er juin. existé. On doit mêtnc penser que le sénat de
Berme ignore , en grande partie , ce qui se
Quoiqu'étranger j'aime la France, messieurs ; passe dans ce bailliage, le plus éloigné de la
je m'intéresse à son bonheur, à sa constitution, c pital " ; parce que , d'après ses principes con
qui en sera le garant ; et je vcux vous donner ntis , il ne seroit pas probable , toute politique
une connoissance exacte de ce qui s est passé extérieure à part , qn'il tolérât dans son pays
et de ce qui se passe dans le pays de V ait d, un si grand nombre d'étrangers dangereux, ct
relativement à la France , prévenir les ſausses odieux à toute la France.
idées qu'on pouvoit prendre ici des dispositions En publiant ceci, vous désabuserez les Fran
des Bernois, d'après ce qu'on se plaît à dé çois de l'opinion défavorable qu'ils pourroient
biter d'eux en général. — Les bords du lac de avoir conçue des Suisses en général : vous
Genève, du côté de la France, ont, il est vrai, éclairerez le gouverné ment bernois sur les im
été de bonne heure le refuge de quelques fugitifs prudentes menées d'un de ses représent ans ,
françois; mais ils y étoient dispersés , sans être en Inême - temps que vous apprendrcz très
plus immédiatement sous la protection du gou positivement à tout le monde d'où partent
vernement que tous autres étrangers. Ce ne toutes ces manoeuvres aristocratiques, qui trou
fut qu'il y a environ six mois , aux invitations blent et r.llentissent les bicnfaisans travaux de
attrayantes de M. de Bonstetin, bailli de Nyon, l'Assemblée mationale , etc.
qu'ils se réunirent dans son petit départemºnt, Nouvelles triomphantes et certaines pour les
qu'ils y formerent des établissemens , qu'ils y aznis de la liberté.
appellèrent de toutes parts ceux qui avoient
des intentions semblables aux leurs , ct enfin , On écrit de Bruxelles, du promier de ce mois
qu'ils y fondèrent cette ligue enneinie , corres dc juin, que dans les conditions prescrites par
pondante de celles de Turin et de lkome , et le roi de Pruss, à Léopold pour la paix , celle
non moins fatale aux progrès de la régéné que toute hostilité contre les états-unis Dcl
ration françoise. On voyoit, et l'on voit encore giques doit cesser, s'y trouve cxpressément com
à la cour de ce petit bailli , les premiers esclaves 5rise. Cette nouvclle est annoncée ministériel
du despotisme , tous titrés et cllamarés de ses § au congrès par leu1 s députés à Berlin P

liveées; cordons bleux, rouges, plaques, croix qui ajoutcnt † si cette condition m'est pas
de tous les ordres. Jainais l intique châtcau de r mplie avant la fin du mois, la guerre est dé -
Nyon n'avoit servi d'asyle à tant de chevaliers, claré . — D'un autre côté , on apprend de Gi
à tant de personnages nouveaux ; et il est main vet, du premier juin , que les p triotes belges,
tenant le rendez-vous des aristocrates françois après avoir éprouvé un trois ème échec à Beau
ct des oppresseurs opitlens de l l liberté g ne ruing, ont en lin remporté une victoire décisive
voise. Tous ayant le même intérêt a une contre sur les sateliites de L opold. Déja cºs derniers
révolution , tous la desirant, et tous faisant se vantoient de reconquérir les Pays-Bas avec
"impossible pour l'opérer. Le sieur Le Noir , autant de rapidité qu'ils les ont perdus : mais ils
ce vil suppôt, en a fixé l'époque au 15 juillet ont été § de toutes parts dans le comté de
prochain. Namur, et leur défaite a été si coml'lète, qu ils
(4 )
ont eu 24oo hommes de tués et 6oo prisonniers. forces maritimes de l'Espagne, nous croyons
— Quant à l'armée liégeoise, elle a par-tout pouvoir bientôt lui opposer le double des vais
l'avantage sur les hordes palatines et munsté seaux qu'elle mettra en mer. Il y a ici des ga
riennes : ces hordes ont été battues et mises en geures considérables pour la guerre avec la Fran
fuite à Hasselt, le 31 mai dernicr , et l'on a tout ce d ici à cinq ou six mois, ce qui est plutôt
lieu de croire que leurs généraux ne pourront un eſfet de la crainte que le résultat de justes
jamais les rassembler, pour les conduire de combinaisons. On parle ici d'un traité d'alliance
nouveau contre un peuple tout bouillant du avec les Ltats-Unis de l'Amérique. Le but est
courage de la liberté, et protégé visiblement de demander, pour eux et pour nous, à l'Espa
par la main de Dieu. Quel motif d'ailleurs peut gne la liberté de la navigation sur le Mississipi. Le
exciter ces pauvres soldats palatins et munsté rand avantage qu'ils en tireroient, et la faci
riens à se battre contre leurs semblables et leurs ité que nous aurions à communiquer avec nos
frères ? La gloire de cinq ou six tyrans ! Quelle états du nord, voisins des leurs, triplant les in
folie ! Mais les I.iégeois ont des imprimeries, térêts du commerce des états, on est presque
qu'ils fassent traduire en allemand la déclara persuadé qu ils entreront dans ces vues et se
tion des droits de l'homme et d'autres ouvrages réuniront à nous contre l'Espague, d'autant
patriotiques , et qu'ils ſassent répandre ces ou plus que ces possessions américaines n'atten
vrages parmi les Palatins et les Munstériens : dent que , l'occasion pour secouer le joug des
C'est un moyen secondaire très-efficace. C.... prêtres. Nous ne croyons pas que le Portugal
arIllC COIllI'C IlOuS.

A( V I S. Il est sorti de Cadix une flotte de 12 vais


seaux et plusieurs frégates : vingt autres voiles
1 I M. / r Abonnés , dont la jouissance date du 5 ont dû les suivre peu de temps après. Il y a
janvier pour 6 mois , ct du 1 avril pour 3 mois, sont sur ces vaisseaux beaucoup de troupes. On fait
avertis que leur Abonnemcnt finit au 5o du courant ; ici l'armement le plus actif pour une expédi
et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité tion secrète sur les possessions espagnoles, si
dans le service, MM. sont aussi prévenus de répéter les dernières dépêches de l'Espagne ne sont pas
leur adresse , et cl ) ajoutcr ces mots : à commencer favorables à la paix. Six régimens d'infanterie
par le premier de tel mois , afin d'éviter les doubles
emplois. et deux compagnies d'artilleurs sont sur le point
de s'embarquer. L'amiral Barrington est allé
AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. prendre le commandement de la flotte de Ports
mouth , de vingt vaisseaux de ligne, et mettra
D E P É T E R s B o U R G, le 12 mai. aussi-tôt à la voile. Neuf autres vaisseaux de
ligne vont partir pour la Baltique. Il y a main
tenant douze vaisseaux de ligne à Spithéad, 4
L'impératrice de Russie ne voulant point que
les nouvelles de France concernant l'Assemblée frégates et 4 cutters. Il s'y joindra un vaisseau
nationale parviennent dans ses états, a en con de 1oo canons, un de 8o, un de 74, cinq
séquence défendu l'entrée de tous les papiers vaisseaux de ligne de Plimouth, trois autres de
nouvelles, brochures, éventails, estampes , et l'ouest, et trois de 44 canons, outre trois fré
gates.
généralement tout ce qui peut donner connois
sance de ce qui se passe cn France, et notam Le roi a fait publier une amnistie pour les
ment toutes les carricatures ou plaisanteries troupes de terre. Les déserteurs doivent se
en estampes. rendre avant le 14 juillet.
Les demandes que fait M. Pitt à la cour
DE L o N D R E s, le 2 juin. d'Espagne sont :
1". Un établissement exclusif accordé aux
L'('tat de nos affaires est on ne peut plus Anglois à Notka-Sund.
avantageux dans le Bengale, et le commerce 2°. Le remboursement total des frais que
de l'Inde est presque tout dans nos mains. L'or vient de faire l'Angleterre pour ses grands ar
dre et la bonne-ſoi de nos premiers officiers y lllCllleIlS, - 4

ont rétabli la conſiance parmi les lndiens. Les 3°. Le paiement total de la rançon stipulée
armemens se poussent toujours avec la plus gran pour Manille dans la guerre de 176o, le tout
de activité dans nos ports, Quelles que soient les remboursable en trois ans,
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E,
ET A F FA I R E S P O L I T I QU E s D E L E U R o P E ;
F
|. J 0 UT R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes,
| et dirigé par M. MERcz En.
La nation a rassemblé ses forces, elle va les mesurer.

N°. C. C L I. Du Jeudi 1o Juin 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. à des élections, déclare nulles et inconstitutio
nelles toutes les élections déja faites , ou qui
Séance du 8 Juin au soir. pourroient l'être contre la teneur de ses décrets
depuis le premier janvier dernier; décrète que,
Des anciennes provinces de l'empire françois, conformément à leurs dispositions, et particu
celle qu'on appelloit la Bretagne est regardée lièrement en exécution de celui du 18 avril 4

comme la plus ſidelle à la nouvelle constitution ; dernier, les anciens officiers municipaux con
et s'il s'y rencontre encore quelques mauvais · voqueront l'assemblée des citoyens actifs pour la
citoyens, ce n'est plus que § les débris de , nomination de la nouvelle † après
ces corps privilégiés qui vivoient de tous les que les commissaires du départemcntt des basses
abus que la nation a réformés. L'évêque de Dol Pyrenées, dans laquelle se trouve comprise la
et son chapitre, ne s'estimant pas suffisamment ville de Saint-Jean-de-Luz, auront forumé la
avertis par l'exemple terrible que l'opinion listè desdits citoyens actifs de Saint-Jean-de
ublique a fait des coupables pr6testations de Lux, d'après les rôles des impositions directes,.
§ et d' Uzès, viennent de s'aviser de faire de la capitation et des vingtièmes de ladite
une protestation du même genre contre les dé ville, après avoir préalablement vérifié si la
Crets de l'Assemblée nationale. Cette misérable totalité ou partie des revenus publics et com
† est à peine connue , qu'elle est munaux de Saint-Jean-de-Luz, est appliquée
énoncée par la municipalité et par les gardes au paiement desdites impositions; et dans le
nationales. cas où la totalité, ou une partie de ces re
La ville de Vannes promet d'acquérir des do venus seroit employée à payer lesdites impo- .
maines nationaux pour 2,5oo,ooo liv. et celle sitions directes de la capitation et des vingtiè
le Sens, qui s'étoit obligée d'en prendre pour mes, cette totalité ou cette partie des revenus
kooe,ooo. en demande pour 12,ooo,ooo de publics sera réglée entre les contribuables aux
plus. dites impositions, pour les aider à atteindre le
Nous avons déja parlé de l'affaire de la ville tribut exigé pour être citoyen actif; que la
le Saint-Jean-de-Luz, ajournée à ce soir : le journée de travail demeurera fixée dans cette
lécret qui suit a été rendu : - ville au taux qui avoit été déterminé par les
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu officiers municipaux.
on comité des rapports, instruite que, malgré « Déclare qu'aux termes de ses précédens
es dispositions formelles de son décret , du décrets, et notamment celui du 7 janvier der
8 avril dernier, rendu pour la ville de Saint nier, et de l'article 4 de celui du 23 février
ean-de-Luz en particulier, de nouvelles diffi suivant, les anciens officiers municipaux de
ultés, de mouveaux obstacles , de nouveaux Saint-Jean-de-Luz, sont autorisés à requérir
roubles , suspendent encore dans cette ville le secours de la municipalité de Bayonne, ou
exécution des décrets constitutionels pour la de toute autre municipalité voisine ainsi que
ormation des municipalités : que même en con des gardes nationales et des troupes de ligne
ravention à ces décrets , et malgré les oppo qui se trouvent dans leur territoire, pour se
( 2 )
opérer en conséqurnce, dans la ville de Saint restcnt autorisés à maintenir la police de la
Jean-le-L iz , le rétablissement de l'ordre, du . ville et des assemblées, jusqu'à la nomination
calme et de la subordination ». et installation des officiers municipaux ; qu'ils
« i>écrète que les armes enlevées à l'liôtel sont autorisés à requérir l'assistance des gardes
de-ville, y seront inccssamment restituées, nationales et troupes de ligne, s'il en est besoin ;
pour être remises d'après les ordres, et sous que les fonctions de maire, de procureur de
la surveillance des ofiiciers municipaux , aux la commune , et officiers municipaux , sont in
citoyens enrôlés dans l'ancienne milice du pays compatibles avec cciles de syndic, du magistrat,
d : Labour, les quels, jusqu'à la nouvelle org ini ct du secrétaire - grefficr de la municipalité ;
sat'on des gardes nationales, formeront celle que l'emprisonnement des sieurs Anbuster et
de Saint-Jean-de-Luz avec les autres citoyens Furet est illégal , nul et vexatoire ; qu'ils
dorniciliés de la même ville qui pourront y être seront élargis, mis sous la sauve - garde de la
admis ». loi , leur réservant tous leurs droits contre et
« Arrête que son président se retirera sans ainsi qu'il appartiendra en raison de leur dé
délai pardevers le roi, pour lui demander la tention ; et que les maire et officiers muni
sanction dn présent décret, et le supplier en cipaux, excepté les sieurs Felch et Mainbourg,
même-temps de donner les ordres nécessaires, seront mandés à la barre de l'Assemblée, pour
soit à ses commissaires , soit au chef de ses y rendre compte de leur conduite ».
troupes , ou à tous autres, pour assurer aux
amciens officiers municipaux de Saint-Jean - Séance du 9 juin.
de-Luz, tous les secours qu'ils pourront être
forcés de requérir dans l'exercice des fonc Dans la rédaction du procès-verbal de h
tions qui leur sont confiées ». séance d'hier, il est échappé quelques indxac
Les sommes d'argent arrêtées à Nantua le titudes qui ont déterminé l'Assemblée à en
8 mai dernier, consistoient en 11,871 piastres ordonner une rédaction mouvelle, dont la
d'Espagne , 72,ooo liv. argent de France, et lecture est renvoyée à la séance de demain.
6oo lottis en or. La plus forte partie de cet On a adopté , après une courte discussion, le
argent étoit, dit om, destinée à payer des rentes troisième article du décret présenté par le
aux Suisses et Grisons qui ont des capitaux comité militaire , concernant les députés de
dans les fonds publics de France. l'armée qui doivent se rendre à la fédération
Sur le rapport fait par M. Voidel, au nom du du 14 juillet; mais le projet que le comité de
com'té des recherclics : « L'Assemblée nationale la marine a donné, relatif aux députés des
décrèt :, quc les piastres et les sommes d'or et troupes de mer, a éprouvé plus de difficultés,.
d'argent arrêtées à Châtillon, le 3 mai der et n'a été décrété que sauf rédaction.. Ces
mier, sur la r'quisition de la municipalité de deux décrets ont ensemble trop de connexité
Nantua , seront remises au sieur Pomaret fils pour que nous les donnions séparément.
et compagnie, et autres maisons de commerce A Montpellier, le †
s'est porté à quel
de lyon et de Paris, qui les avoient expédiées ques écarts : il a voulu démolir la citadelle de
pour Genève D), -

cette ville. Sur le rapport de M. de Memou,


Sur le compte rendu des troubles arrivés l'Assemblée a rendu un décret, par lequel.
dans la ville de Sché lestat, dont les officiers « en chargeant son comité militaire de lui
municipaux sont lccusés d'avoir enfreint les dé donner incessamment un état des villes, for
crets de l'Assemblée nationale, d'avoir exercé tifications et places du royaume qu'il paroît
diverses vexations contre des citoyens, et de utile de conserver, elle déclare qu'elle regar
s être rendus coupables de plusieurs crimes de dera comme coupable quiconque, à Mont
faux dans les actes de leur élection. -

pellier, oseroit se porter encore à des excès,


« L'Assemblée nationale a décrété que l'élec et tenter la démolition de la citadelle de cette
tion de la municipalité de Schélestat, faite le ville. Le même décret en confie la garde aux
27 movembre dernier, est nulle ; que dans la milices mationales de la ville, sous le comman
huitaine de la publication du présent décret, dement des officiers qui y sont établis par
des commissaires nommés par l'assemblée du le roi ». . . , • -

département du Bas-Rhin se transporteront à Il s'est élevé à Brest, entre les grenadiers et


Schélestat pour y convoquer l'assemblée géné les fusiliers des régimens de Normandie et de
rale des citoyens actifs, à l'effet d'y former une Beauce , qui y sont en garnison , quelque
mouvello municipalité , que ces commissaires mésintelligence, par rapport au service du
(3)
spectacle, que les grenadier sont prétendu leur vous proposons d'accomplir aujourd'hui, Dix
appartenir cxclusivement. L'Assemblée, d'après mois sont à peine écoulés depuis l'époque mé
l'avis du comité militaire , a décrété « qu'en morable, où , des murs de la § conquise,
attendant qu'elle s'occupe des réformes qu'il s'éleva un cri soudain : François, nous sonimes
sera nºcessaire d'établir à cet égard , les gre libres | Qu'au même jour un cri plus touchant
nadiers seront provisoirement maintenus dans se fasse entcndre : François , nous sommcs
la possession du privilége qu'ils réclament ». frères !
Dans la petite ville de Montoire, au départe Oui , nous sommes frères , nous sommes
ment de Loir et Cher, une faction incendiaire libres, nous avons une patrie ; trop long-temps
a élu une seconde municipalité , qui prétend courbés sous le joug , nous reprenons enfin
s'emparer des fonctions l galement attribuées à l'attitude ſière d'un peuple qui reconnoît sa
la première. Le décret proposé par M. Gossin, dignité.
au nom du comité de constitution, et adopté L'édifice de la constitution s'élève , et contre
par l'Assemblée nationale , a déclaré nulle et lui viendront se briser les disscntions civiles ,
inconstitutionelle la municipalité formée le 27 les orages politiques, les efforts de l'intérêt, de
mai dernier, ct ordonné.que la première seroit l'envie et du temps.
reconnue comme seule légale. - Nous ne sommes Bretons ni Angevins, ont
Pour procurer aux députés des milices natio dit nos frères de l'Anjou et. de la Bretagne ,
nales et de l'armée, qui doivent se rendre à la comme eux nous vous disons : Nous ne sommes
fédération patriotique, la satisfaction d'assister plus Parisiens, nous sommes Lous François.
aux séances de l'Assemblée, il est décrété que Vos exemples et ces dernières paroles du 1 oi
du 1o au 2o juillet toutes les tribunes de la salle nous ont inspiré une grande pensée ; vous
leur seront exclusivement destinées. l'adopterez ; elle est digne de vous.
Et, dans le desir de donner à toute la milice C'est le 14 juillet que nous avons conquis
7
françoise un grand # de son attache notre liberté, et c'est le 14 juillet que nous
ment et de son intérêt , l'Assemblée a décrété vous proposons de vous rendre dans nos nmurs ,
# que, pendant les dix jours qu'elle aura pour pour jurer avec nous de la conserver ! Que le
E. spectateurs les citoyens soldats , elle s'occupera même jour, à la même heure , un cri unanirue
articulièrement du plan de l'organisation de se fasse entendre dans toutes les parties de la
'armée. France :
#
La discussion qui appartenoit à l'ordre du Vivent la nation la loi et le roi ».
jour, devoit embrasser l'election des ministres
du culte ; deux premicrs articles ont été ainsi · Un paysan de Montrouge, près Paris , nvec
décrétés : lequel IlOl1S étions, ayant vu cette an1:ée 1i : !
Art. 1er. « A compter du jour de la publica hiver doux, un printemps favorable , dcs mo -
tion du présent décret, on ne connoîtra qu'une · sons abondantes et prochaines, toutes les appa
seule manière de pourvoir aux évêcliés et aux rences enfin d'une superbe récolte , on tout
cures; c'est à savoir l · forme des élections. genre, s'est écrié en nous serrant la main au
II. Toutes les élections se feront par la voie
du scrutin, et à la pluralité absolue des suſ milieu d'une plaine féconde et jadis ravagée
par le gibier : Ah ! l'on voit bien , mon cher
frages ». monsieur, que le bon Dieu n'est point un aris
( La suite demain ). . tocrate !

Adresse des François du département de Paris, Bourg Saint-Pierre, Isle Martinique, 1G avril.
aux François de tous les départemens du
royau 77262, « Nous avons reçu hier le décret de l'Asscrn
blée nationale pour les Colonies, « t par rico
« Chers frères et braves amis , jamais des chet, car c'est un navire anglo-américain qui
circonstances plus impérieuses n'ont invité tous mous l'a porté au nombre de 4 exemplaires,
les François à se réunir dans un même esprit , que lui avoit donné un navire de Bordeaux ,
à se rallier avec courage autour de la loi , et à allant à Saint-L)omingue , lequel l'ayant ap
favoriser, de tout leur pouvoir, l'établissement perçu, avoit mis en pamne pour l'attendre, et lui
de la constitution. donner avis de ce décret. Il nous a fait le plus
C'est ce vœu que nous avons tous formé ; grand plaisir ; car nous étions depuis huit jours
c'est le voeu du plus chéri des rois , que nous dans des troubles si grands, qu'ils avoient né
( 4 )
sessité ſe secours des volontaires patriotes de la rade de Revel, consistant en huit gros vais
Guadeloupe, que nous avons ici au nombre de seaux de ligne, cinq frégates, trois galliottes,
2ooo hommes bien armés. Nous allions marcher et protégée par de fortes batteries établies sur
vers le Fort-Royal, pour nous venger des aris le rivage. Malgré cela les vaisseaux russes ont
tocrates qui ont armé tous les gens de couleur été si maltraités qu'ils ne peuvent plus tenir
contre nous ; mais heureusement le décret, à la mer qu'après de grosses réparations; et,
jamais mémorable, est arrivé fort à propos. Il va sans un violent coup de vent, qui a mis le dé
porter le coup de grace au despotisme qui sordre dans notre flotte, celle de l'ennemi
règne ici ; car les aristocrates de la campagne étoit totalement anéantie. Notre vaisseau le
disoient que c'étoit la canaille du bourg Saint Prince Charles , de 6o canons , a été démâté,
Pierre qui avoit fabriqué le Discours du roi, et et poussé par la tempête dans les mains de
que ce Discours étoit faux. Ils ont empoisonné l'ennemi. Le vaisseau les Etats, de 6o canons,
notre nouveau général avec une prise de tabac a été jetté sur la côte où il a échoué ; le
ui lni a fait perdre la tête. On lui a fait signer prince en a fait retirer l'essentiel , et on l'a
† choses horribles le pistolet sur la gorge. ensuite brûlé. Le vais eau la Hardiesse avoit
Jugez des aristocrates qui règnent ici. Ducas échoué, mais on l'a remis à ſlot en jettant la
Sou , Jlevelu ». grosse artillerie à la mer. Les russes ne doi-.
vent leur salut qu'au gros temps qui a rendu
Port-Louis, isle de France, 12 février. nos dernières batteries inutiles, en nous obli
geant de fermer les sabords. -

Les Créoles, habitans et citoyens assemblés


en la maison de M. d'Auterive , chevalier de D E H A M B o U R G, le 31 mai.
Saint-Louis, l'un d'eux, et d'après l'agrément
de MM. les administrateurs de la colonie, con La flottille nombreuse de la Russie vient
sidérant que la nation seule, légalement assem d'être totalement défaite à Fredericsham, par
blée dans ses représentans, a le † de changer les galères suédoises que le roi commandoit
l'ordre †, et d'en créer un nouveau , en personne. 45 bâtimens russes ont été pris;
ont déclaré nulle l'assemblée tenue ici le 4 de le reste s'est sauvé très-maltraité, et la flotte
ce mois-ci dans l'église paroissiale de cette ville, de transport a été brûlée dans le port.
et qu'il ne seroit rien changé dans l'ordre qui
a été suivi par toute l'isle, tant pour l'adminis D E B R U x E L L Es, le 31 mai.
tration générale que particulière , jusqu'à ce Le peuple de la ville et de la campagne est,
ue la nouvelle constitution y soit parvenue
nement sanctionnée, et par des voies légales. ici furieux contre les royalistes ou voukistet..
On en a tué un grand nombre à Alost. Le duc,
A /2^ I S. d'Ursel et le prince de Lobkowitz viennent
MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3 d'y être arrêtés. Le secrétaire de M. Valkiers
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont a été pris près de Malines, et amené à Bruxel-.
«vertis que leur Abonnement finit au 3o du courant ; les. La Flandre commence à suivre les mouve-,
et priés de renouveller avant le 25, pour plus de célérité mens insensés des brabançons. On a supposé
dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter les propos les plus sacrilèges aux autrichiens
leur adres re, et d'y ajouter ces mots : à commencer pour animer le peuple à la défense. Qn de-l
par le premier de tel mois, aſin d'éviter les doubles mande, à force, des volontaires pour s'oppo:
omºplois. -
ser en divers endroits aux autrichiens qui
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES. pourroient tenter de passer la Meuse où elle est.
guéable. Quelques horribles que soient les scènes
D E S r o c x H o L M , le 18 mai. qui se passent ici et en d'autres lieux du Brº
bant, nous avons tout à craindre des suites de
On vient de recevoir avis par un yacht, ces , fureurs aveugles, lorsqu'il nous faudroit
que le duc de Sudermanie , commandant de do la sagese et de la modération dans la moin
notre flotte, a attaqué celle de la Russie à la dre démarche. -

Fautes à corriger dans le N°. CCXLVIII.


Pahe 4, seconde colonne , ligne 1 1 , la ville de S. Trou, lisez la ville de Trond. Idem...ligne 4, , on
a employé, lisez on a déployé, -
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
DE LA F R A N C E,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
et dirigé par M. MERcz ER.
Le mal de cbanger est-il aussi grand que le mal de souffrir ?

N°. C C L I I. Du Vendredi 11 Juin 179o.


A S S E M B L É E N AT I O N A L E. la loi prononcée, l'Assemblée, jalouse d'éco
º9miser ses momens , a dispensé l'orateur d'en
Suite de la Séance du 9 juin. dired'avantage, et a continué son travail.
l# L'article III avoit pour objet de nommer les
LE public a certainement lieu d'être édifié de personnes à qui doit appartenir l'élection des
la résignation patriotique avec laquelle cette évêques. La discussion en a été longue et mul
portion du ministère ecclésiastique qui est au tipliée. Parmi les orateurs s'est distingué M.
#li
milieu de l'Assemblée nationale , reconnoît l'abbé Jacquemart, qui, dans un discours ploin
aujourd'hui la nécessité d'accéder aux grandes d'intérêt, a conclu à ce que les évêques fussent
réformes que le temps avoit rendu si néces choisis par le clergé de chaque département,
saires, et qui vont régénérer, pour plusieurs et par les membres des assemblées administra
siècles, la religion et les mœurs. La nouvelle tives , lesquels formant, a-t-il dit, l'élite de la
forme des élections épiscopales , la refonte #ation , connoitroient mieux les sujets éligi- .
† va entraîner dans la distribution des bies, et seroient plus capables de faire de bons
choix.
ſépartemens, le rappel de l'épiscopat aux fonc
tions paroissiales, tout a été décrété , tout a Cette motion prenoit faveur, appuyée par
passé sinon sans objection, du moins sans le MM. Grégoire, Garat l'aîné, Goupil de Pré
scandale de ces clameurs qui, ci-devant, ont feln; déja l'Assemblée en avoit voté l'impres
plus d'une fois arrêté le travail de la consti sion, lorsque MM. Robertspierre, Barnave , et
: tution. Un seul homme a, non pas émis, mais sur-tout M. le Chapelier, l'ont attaquée avec
annoncé quelqu'opposition subsistante ; c'est vigueur. « La constitution, a dit ce dernier,
•d'ailleurs une ame pure, un personnage ho est sur-tout fondée sur la division des pouvoirs ;.
+moré Le clergé a senti que si quelque récla si vous conférez aux corps administratifs la
=mution pouvoit lui être permise , il falloit au double faculté d'élire et d'administrer, bientôt
→moins qu'elle passât par 'organe de la vertu ; vous n'aurez plus de liberté, plus de constitu
- car si par hasard un prêtre publiquement im tion. L'élection des évêques est un droit pure
moral , ou publiquement athée ( et malheureu ment politique, qui, n'ayant rien d'analogue
sern nt il s'en rencontre beaucoup qui sont au culte, n'exige aucunes connoissances théo
l'un ou l'autre, et quelques-uns qui sont l un logiques. Ce n'est pas le clergé qui connoît le
et l'autre); si un tel homme eût pris en main clergé, le peuple le connoît bien mieux ».
la cause du ministère, on sent quel discrédit . Ces dernières paroles ont été couvertes d'un
eût jetté sur le sujet la personne même du applaudissement universel, et ont rendu la prio
déi : nst-ur. - A -
rité au projet du comité ecclésiastique. ð.
M. l'évêque de Clermont est arrivº à la tri ques amendemens se sont encore montrés, dont
bune, pour i.re « que sa conscºcº l'obligeoit le plus remarquable tendoit à faire exclure les .
d r'p, lºr vº quº avoit d ja dit sur la puis- ! citoyens non catholiques de l'assemblée élec
san " i ! .sss ºublée d ns les matières de dis · tive d un « vêque ; mdis la question préalable a
ci l,n. ec.!, , i.tsr.qui » Commº Ce que le prélit .
-
-
-
emporté toutes ces variantes : et, réunissant
a déja i a,: • iu : mdrº ( tº unº pu otestation , ct , l'article III à l'article VI, l'Assemblée a décrété
co mute il n 5 àà l' eiiit de p, e*estation contre l ainsi : -R -
( 2 )
Art. III. « L'élection des évèques se fera dans sur la ville de Versailles, montant à meuf cent
la forme prescrite, et par le corps électoral in mille livres, lequel entrera désormais dans le
diqué dans le décret du 22 décembre 1789 , revenu public, avec la diminution relative à
pour la nomination des membres de l'assemblée mon séjour le plus liabituel à Paris.
de département. L'élection d' un évêque ne Je crois que 25 millions, en y ajoutant le re
ponrra se faire ou être commencée qu'un jour venu des parcs, domaines et forêts, des mai
de dimanche, dans l'église principale du dis sons de plaisance que je conserverai, pourront,
trict, à laquelle seront tenus d'assister tous les au moyen de retranchemens considérables ,
électeurs ». suffire convenablement à ces différentes dé
Après la prononciation de ce décret , M. le penses.
président a lu une lettre infiniment touchante, Quoique je comprenne ma maison militaire
quo le roi lui a écrite, concernant la dé termi dans les objets dont je viens de faire l'énumé
nation de sa liste Civile. ration , je ne me suis pas encore occupé de son
Nous nous faisons un devoir, et nous Croy ons organisation. Je desire , à cet égard, comme à
faire au lecteur un grand plaisir de la rapporter tout autré , de concilier mes vues avec le nou
en enLier. vel ordre de choses. Je n'hésite pas à penser
que le nombre de troupes destinées à la garde
Lettre, écrite de la main du roi, à M. le du roi, doit être déterminé par un réglement
président. Paris, le 9 juin 179o, constitutionei ; ct comme il importe à ces trou
pes de partager l'honneur et les dangers atta
Monsieur, combattu entre les principes d'une chés a la défense de la patrie , elles doivent
sévère économie, et la considération des dé être soumises aux règles générales de l'armée.
enscs qu'exige l'éclat du trône françois, et D'après c,s considérations , j'ai retardé l'é
† représentation du chef d'une grande mation, poque à laquelle mes gardes-du-corps doivent
j'aurois préféré de m'en rapporter à l'Assemblée reprendre leur service, et le délai de l'orga-.
mationale, pour qu'elle fixât elle-même l état nisation de ma maison militaire, a d'autant .
de ma maison ; mais je cède à ses nouvelles moins d inconvéniens, que depuis que la garde
instances , et je vous adresse la réponse quc je nationale fait le si rvice auprès de moi , je
vous prie de lui communiquer. trouve en ello tout le zèle et l'attachement que
je puis souhaiter, et je desire qu'elle me soit
Réponse du roi à l'Assemblée nationale, sur sa
. " liste civile et le douaire de la reine. jamais étrangère à la garde de ma personne. .
(Les applaudissemens ont interrompu la lecture.).
- J'aurois desiré m'en rapportcr entièrement à Il me seroit impossible d acquitter sur uu ;
l'Assemblée nationale , pour la détermination fonds annuel limit , la dette arriérée de ma
de la somme applicable aux dépenses de ma maison , dont l'Assemblée a connoissance ; je !
maison civile et militaire ; mais ses nouvelles desire qu'elle comprenne cet objet dans les
instances et les expressions qui accompagnent plans généraux de liquidation. -

son voeu, m'engagent à changer de résolution. Je pense que le remboursement des charges .
Je vais donc m'expliquer simplement avec elle, de ma maison et de celle de mes frères doit
• Les dépenses contenues sous le nom de mai être ordonné, et se joindre à l'article précédent,
son du roi comprennent : la constitution ayant proscrit la vénalité des
1o. Les dépenses relatives à ma personne, à charges Cette disposition doit entrer naturel
la reine , à l'éducation de mes enfans, aux mai- . lément dans les vues de l'Assemblée : elle sera
sons de mes tantes : et je devrai y ajouter en d'autant plus juste, que ceux qui se sont soumis
core incessamment, l'établissement de la mai à des sacrifices d'argent consid'rables, pour"
son que ma soeur a droit d attendre de moi. acheter les charges , avoient lieu de compter
:2° Les Lâtimens,
rOnne. ' · le garde-meuble de la cou sur des graces que le nouvel ordre de choses*
• 1 • -

me leur permet plus d'espérer. -

· 3o. . Enfin, ma maison militaire, qui, dans Je finis par l'objet qui me tiens le plus à
les plans communiqués à son comité militaire, coeur. - - · · .
me fait point partie des dépenses de l armée. . J'ai promis, par mon contrat de mariage avec
- L'enserhble de ces divers objets , mnlgré les la reine , que dans le cas où je cesserois de "
réductions qui ont eu lieu depuis mon avéne vivrè avant elle , une maison convenable lui
ment : au trône, s'élèyoit encore à trente - un seroit conservée ; elle vient de faire le sacrifice
millions, indépendamment d'un droit d'aide : de celle qui, de tout temps, a été attribuée
( 3 )
aux reines de France, et qui, réunie au comp La maréchaussée sera représentée par les
tant, s'élevoit au-delà de 4,ooo,ooo liv. quatre plus anciens officiers, les quatre plus
C'est un motif de plus pour moi de desirer ancicns bas officiers, et les douze plus an
que l'ongngement indéterminé que j'ai pris avec ciens cavalicrs.
elle et son auguste mère, soit rendu précis par La compagnie de la connétablie sera repré
la fixation de son douaire ; il me sera doux sentée par le plus ancien de chaque grade.
dc deyoir aux représentans de la nation ma Par égard pour les anciens militaires qui
tranquillité sur un point qui intéresse aussi essen ont servi leur patrie avec honneur, ils scront
tiellcment mon bonheur. représentés par les six plus anciens officiers,
Après avoir répondu au vœu de l'Assemblée les quatre § anciens bas officiers , et douze
mationale avec la confiance qui doit régner soldats pris dans l'hôtel des invalides. . .. :
entr'elle et moi , j'ajouterai que jamais je ne Les commissaires ordonnateurs des guerres
serai en opposition avec elle pour aucune dis députeront aussi deux des plus anciens d'entre
position relative à ma personne. Mes vrais in 6 LlX . -

térêts propres seront toujours ceux du royaume, Le corps des lieutenans dcs maréchaux de
et pourvu que la liberté et l ordre public, ces France sera représcnté par le plus ancien.
deux sources de la prospérité de l'état , soient Quant aux inaisons militaires du roi, de
assurés, ce qui me manqueroit en jouissances Monsieur, de M. le comte d'Artois, elles se
personnelles, je le retrouverai, et bien au-delà, ront représentées chacune par ie plus ancien
dans la satisfaction attachée au spectacle jour de chaque grade.
nalier de la félicité publique. L'Assemblée nationale dé'clare qu'elle n'en
| - Sigºzé, LOUIS. tend rien p1éjuger sur le rang ct la préexis
.Après la lecture de la lettre de sa majesté, tance des corps ci-dessus nommés, et de ceux
| deux fois les applaudissemens les plus vifs se qui me le sont pas. -

' sont fait entendre, avec des cris rcdoublés de Assisteront à cette ſête civique, le plus an
| vive le roi. On s'est levé , ct l' Assemblée a voté cien des maréchaux de France, le plus an
par acclamation les demandes contenues dans cien des lieutenans-généraux , le plus ancien
| cette lettre. des maréchaux de camp , le plus ancien des
.Après ce premier enthousiasme, on a déli brigadiers, et le plus amcien des chefs d'es
béré en la forme ordinaire sur la liste civile, cadre, tant officiers g'néraux de terre que
de mer.
ou dotation royale, et l'Assemblée a confirmé
légalement et à l'unanimité , le voeu énoncé Quant au corps de la marine , il députera
d'abord par acclamation. les plus anciens officiers de chaque grade dans
ch, cun des départemens de Brest, Toulon et
Rochelort.
Décret du 9 juin, concernant la députation
des troupes réglées de terre et de muer à la Chacune des divisions du corps des canon
Jedération patriotique du 14 juillet. miers, députera un des plus anciens oſficiers
et quatre des plus anciens matelots.
" Lesrégimens du roi et des gardes suisses, Les volontaires de la marine députeront les
en raison de leur nombre qui est double, au deux plus anciens de chaque corps ; et pour la
ront une double représentation. marine marc1.ande , un officier pris dans cha
Les bataillons des chasseurs à pied députe cun des ports de mer du royaume ».
ront un officier, un bas officier et quatre sol
dhts, comme dans les autres régimens d'in Calcul des horreurs du fanatisme.
fanterie. -

Le corps d'ouvriers d'artillerie et des mi Dans un temps où l'on cherche à égarer


meurs, députeront un officier, un bas officier l'esprit des r§ par le fumatisme religieux ,
et deux simples soldats. nous croyons devoir les inviter de lire l'histoire
Les mêmes règles sºront suiviés pour les de la So bonne , 2 col. in-8°. ouvrage qui vient
dragons, chasseurs et les hussards. de paroitre, et qui donne en grand le détail
Le seul régiment des carabiniers, étant dou que mous donnons ici en raccourci des meur
ble des autres , enverra une députation double. tres commis dans les guerres de religion. En
, Le corps royal du génie députera le plus réunissant les querelles de l'arianisnie , des
ancien de chaque grade, et en cas d'égalité iconoclastes, du Inanichéisme , des croisades,
de service, le plus ancien d'âge. ! des albigeois, des hussites, du calvinisme, les
(4)
massacres de la Saint-Barthelemi , d'Irlande , sur la plaine du Cerisier, en Cambresis, of- .
des Vaudois, des Cevennes, d'Amérique, du froient au ciel le même vœu , et à la terre '
Japon dans la guerre excitée par les jésuites, le même spectacle. Le brave M. Mortier, co-,
le calcul , réduit avec économie, monte à 9 lonel de la garde nationale de Cateau-Cam-,
millions 468,8oo personnes torturées ou égor bresis, et tous les colonels et officiers mu
gées, ou noyées, brûlées, rouées ou pendues nicipaux des villes et villages voisins, faisoient.
pour l'amour de Dieu. Nous ne parlerons briller dans cette fête leur zèle patriotique,.
point ici des † ridicules du jansénisme, et les nobles sentimens dont ils sont animés
qui, depuis la fin du règne de Louis XIV pour le maintien de la liberté et des droits
jusqu'à l'archevêque de Paris, M. de Beau souverains de la nation. Trois mille hommes .
mont, ont fait donner plus de cent mille lettres ont juré potir eux , pour leurs frères et pour
de cachet, et qui ont conduit à la mort tous leurs enfans, d'êtrc unis à jamais, de se se- .
ceux qui n'ont pu supporter une longue et courir mutuellement en tout temps.et en tout
dure captivité. Citoyens , aimons Dieu ; mais lieu, et de défendre jusqu'au dernier soupir
me croyons pas que pour mieux l'honorer, il la constitution, les décrets sacrés de l'auguste ,
faille inonder de sang tout un royaume, et Assemblée nationale , et l'autorité légitime du .
immoler des victimes humaines. François ! me roi. Le pacte fédératif de ces braves citoyens
faites pas calomnier la révolution par des fureurs a été couvert d'un très-grand nombre de si- .
qui font frémir Fhumanité. Nos ennemis sont gnatures. C... , ,
bien coupables, mais ce n'est pas quand on a
de son côté la force et la raison qu'il faut se Anecdotes patriotiques. -

livrer à des excès qui déshonoreroient des can


mºbales, et qui n'auroient jamais dû souiller MM. de la garde nationale de Cliarollei,
l'histoire du plus doux de tous les peuples. allant à la fédération dijonoise, ont passé prrº
Beaune, où ils ont reçu l'accueil le §.
Suite des confédérations nationales. et le plus fraternel. A. leur entrée dans cettes
ville , le maire, accompagné de la milice beau
· Bar-le-Duc vient de réunir dans ses murs les noise, et à la tête des officiers municipanx, estº
gardes nationales du département de Meuse , allé au-devant d'eux, et leura dit : « Msssieurs,
et plusieurs détachemens considérables des dé rappellez-vous que Louis XIV passant ici , et
partemens de Mleurthe . Mozelle , haute Marne faisant l'éloge des vins que nous lui offrhnes,'
et basse Marne. Ces braves citoyens, tous ani nous lui répondîmes que nous en avions bien
rnés du même esprit et du même courage , de meilleur ». — « Vous le gardez sans doutes
tous pénétrés du doux sentimcnt de l'é # pour une meilleure occasion , répliqua le der-.
et de la fraternité, ont formé leur pacte fé pote orgweilleux. Le despote avoit raison ; cette*
dératif et prêté 'leur serment † ' Sur
meilleuro occasion n'étoit pas pour lui, elle est
l'antel de la patrie. Cet autel, dressé sur la non pour nos frères et nos égaux, pour les armis et les
tagne de Frumières , présentoit en ce moment défenseurs de la liberté, pour vous, messieurs
le spectacle imposant de 63 drapeaux flottans Aussi-tôt les dames versèrent aux jeunes guer-,
autour de lui, et de quatre mille hommes #ers le nectar délicieux, et l'on fit de joyeuses
armés pour leur liberté , au milieu desquels . libations au Dieu de la patrie. . , -- -

on voyoit les officiers municipaux , et sur-tout Qn a par-tout effacé à Dijon le nom de Çondé ,
le vertueux M. l'Allemand, rayonnant de joie et Ton a gravé au coin de la rue qsii portoit
et respirant l'enthousiasme du patriotisme. son mom , rue dè la fº.li : on : et s§r le #lais
Dix mille spectateurs ont porté jusqu'aux cieux des états, maison de la natio#, la matin de #'
les cris répétés , vive la nation !" vive l'As-. fédération on init une cocaïdº à Louis XIV i.
semblée nationale ! vive le roi ! vivent nos mais il là portoit si mal , que le soir on vouloit
frères ! Dans le même temps , les ardes na fondre l'inutile statue et là meture en pièces de
tionales du Hainaut et du Cambresis, réunies monnoiés. C...' - - -

#r . ! . :) , ° ° #º
On s'abonne à Paris, chez Buisson, Libraire,irue Hautefeuillèr,i à quel'ouladnassers, fºatro dopere, le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour lésiº(utenrsidvsixáni»sirs Parrioriques .. | | #
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,Le prix de l'abonnement,hour ce Jours l, dont il, paro# . •s ics joiirs º,4 lº#º,rºit del36, lia : pourt,
1

un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 # pöur :: ois niois , fr.ºc dè pºrt , ptº la pºste , pour tout le
royaume. Le prenier Witinéro a parit (e 3 C'cioére 1739 L'- bonneuient ne coursuerce qjte dit premier d'un mois,
ANNALES PATRI orºouEs ET LITTERAIREs
A T D E DA F R A N C E ,
E T A F FA I R E s P o L I T I Q U E s D E L E U R o P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
et dirigé par M. MERcz ER.
En remontant aux causes des rands événemens, on voit que chaque siècle
porte, en quelque nuanière, #ans son sein le siècle qui va le suivre.
L'abbé Barthelemy.

N°. C C L I I I. Dzz Samedi 22 Juin 179o.


A s s E M B L É E NAT I O N A L E. membre de l'Assemblée , présente un projet de
décret tendant à autoriser la municipalité de
Séance du 1o juin. Paris à faire évacuer le couvent des Récolets du
fauxbourg Saint-Laurent, et colui des Jacobins
LE décret concernant la liste civile a été du fauxbourg Saint-Jacques, pour établir dans
présenté, par M. de Bonnay, au roi qui s'est l'un et l autre un dépôt pour les mendians in
montré infiniment touché du sentiment una firmes, et des atteliers de charité pour ceux qui
nime qui l'avoit dicté ; la reine , à qui il a été seront valides.Ce projet a été décrété sans au
' fait l'hommage du même décret, a conſié à cune objection.
M. de Bonnay le soin d'en témoigner à l'As L'insubordination et les désordres qui rè
semblée toute sa sensibilité. gneat en ce moment dans l'armée, ont égale
ment excité le zèle d'un membre du comité ni
Quoique l'Assemblée nationale soit accoutu
mée à trouver dans les adresses, et à entendre litaire ; il proposoit un projet de décret pour y
remédier; mais , après une discussion assez viyé;
de la part des députations le plus pur langage l'Assemblée a ordonné qu'on passerolt a'Tordre
du patriotisme, cependant elle n'a pu refuser du jour. 1 *

un applaudissement particulier à la députation Cependant on a encore auparavant admis à


des électeurs du dèpartement de Seine et Marne, la barre M. de Puységur, commandant du ré
qui, dans un discours, pénétrés de respect giment de Strasbourg , lequel a dit « que le
pour les décrets nationaux, et d'indignation sieur Mangin , caporal de son régiment, s'étant
contre les infidèles protestans et les ingrats dernièrement trouvé dans un marché , avoit
détractours , expriment les transports de I'ad rencontré un homme qui, après avoir balbntié
miration publique pour le décret qui embrasse devant lui quelques mots allemands qu'il n'en
l'organisation nouvelle du clergé, et qui a été, tendoit pas, avoit laissé tomber aux pieds du
disent-ils, inspiré à l'Assemblée par le législa caporal une bourse dans laquelle étoit une
teur de l'évangile. somme de 245 livres, et avoit disparu sur le
Il devient de plus en plus instant d'assurer champ. Le caporal, dédaignant de s'approprier
et d'accélérer l'exécution du décret concer
nant la mendicité. Tous les malfaiteurs et les
une solnme qui ne pouvoit lui avoir été offerte
que par une main ennemiê , étoit accouru aussi
gens sans aveu que les états voisins ont , en tôt la déposer dans les mains du maire de Stras
quelque sorte, refoulé sur la France , ou que bourg ». M. de Puysegur a prié l'Assemblée de
les méchans y ont appcllés, ou que l'espoir du . lui permettre de déposer sur l'autel de la patrie
désordre y a fait accourir , mfestent plus que cette même somme de 245 livres, qui, selon
jamais Paris et les campagnes. toutes les apparences, avoit eu une §
, *

Un honorable membre a annoncé qu'il en si différente. L'Assemblée a décrété l'impres


avoit reçu des avis non moins certains que mul- . sion et l' nvoi dans tous les régimens du dis
tipliés. cours de M. de ºuységur, ainsi que la réponse
A cet éveil s'est joint une lettre de M. Bailly, que lui a faite M. le président ; mais rien n'a
qui, en qualité de maire-de Paris, donne con ëté statué sur l'acc ptation de la somme offerté.
moissance des mêmes faits, et, en qualré de ! • On est enſin arrivé à la rIt •ss
de l'élection
( 2 ) " :•
4
-

des évèques, et les décrets suivans sont inter le patriotisme de nos frères du nord , l'inci
V(2IIl1S : - -
vismc dedequelques
tiédeur plusieurscommunes
autres. du midi, et la

Art. IV. « Sur la première nouvelle que le


procureur-général-syndic du département re Un député méridional a trouvé dans cette
cevra de la vacance du siége épiscopal par mort , comparaison quelque chose d'injurieux pour
dé mission ou autrement, il en donnera avis aux ses conmettins ; il en a demandé la rétracta
procureurs-syndics des districts, à l'effet par tion au préopinant : mais l Assemblée a conti
eux de convoquer les électeurs qui auront pro mué son travail , sans donner aucune suite à
cédé à la dernière nomination des membres de CC ttG COIltS'I1t l Oll. -

l'assemblée administrative , et en même temps Il a été représenté que, par oubli, les vice
il indiquera le jour ou devra se faire l' lection amiraux n'étoi nt point compris dans le décret
de l'évêque. -
concernant la l'édération générale du 14 juillet,
V. Si †
vacance du siége épiscopal arrivoit et l' Assemblée a d cr, té « que les vice-amiraux
dans l'année où doit se lai1 e l'élection des seroient compris dans le decret pour la dépu
menmbres de l'administration de départem ent, tation à la féd ration , et qu'ils députeront le
l'élection de l'évêque s roit différée et ren l'lus ancien d'entr'eux ) cette cérémonie ».
voy éc à la prochaine assenbiée des électeurs. Le comté de vérilication a présenté l'affaire
Vl. Pour être éligible à un évêché, il sera de Ml M. César et Constantin Faucher., sup
nécessaire d'avoir rempli les fonctioiis esclé pléans de Pazas , et M. le curé de Soupes a dit
siastiques dans le diocèse, au moins pendant dix que l insufnsance des titres de ces messieurs,
ans, en qualité de curé, ou pendant quinze ans résultoit de ce que leur nomination avoit été
en qualité de vicaire d une paroisse , ou de ſaite dep,ºis le réglem nt qui défend de nom
vicaire supérieur ou directeur du séminaire ». nier des suppl ans. \ ette explication a satisfait
l'Assemblée , et il a été d cr té que c'étoit par
· Séance du 11 Juin. une erreur de fut que MM. Faucher avoient
été reçus comme dé put s. -

On m'a point oublié que l'article XX du pre M. le Chapſ lier, au nom du comité de cons
mier titre des projets du comité ecclésiastique titution, a exposé que les commissaires du roi,
avoit été décrété sauf rédaction ( Voyez lq nommés pour la formation du département de
n°. 25o , fcuillo du 9 juin, page 2. ). M. Mar la Correze , y mettoient une lenteur affectée,
tineau a présenté cette rédaction nouvelle , de manière que ce département seroit à peine
dans laquelle il a été ajouté, 1°. que la dési organisé dans le mois de juillet.
gnation des paroisses à conserver porteroit L'Assemblée s'est détcrminée à porter, à
mon-seulement sur les paroisses proprement cette occasion, un décret général conçu en ces
dites , mais encore sur les annexes et succur tCl'IneS :
sales.
« L'Assemblée mationale décrète que son pré
2°. Par un autre amendement il est décrété pour le prier
sident se retirera pardevers le roi,
qu'il sera établi de nouvelles paroisses dans de donner des ordres pour que les commissaires
tous les lieux où l'on en auroit besoin , et sans à la formation des départemens, et notamuuent
faire, à cet égard, aucune différence des villes les commissaires au département de la Corrèze,
avec les campagnes. s'occupent le plus promptement possible des
3°. Il est ordonné que le comité ecclésias fonctions qui leur sont commises, en se con
tique s'occupera incessamment du sort des per formant aux décrets de l'Assemblée mationale,
sonnes qui vont être privées des places qu'elles qu'ils instruiront de la suite de leurs opéra
occupoient par l effet de la constitution mou tlOnS ». -

·velle du clergé ». - On a renvoyé au comité des pensions une


Quatre départemens de la partie septentrio motion de M. l'abbé Gouttes , tendante à ce
nale de l'cmpire ont fait une fédération patrio qu'il fût rendu compte à l'Assemblée des pertes
t que qui vient d'être célébrée à Lille , et à et malheurs éprouvés par quelques citoyens à
laquelle ont assisté plus de quatre-vingt millel'occasion de la révolution , pour ensuite être
citoyens. , 1 décrété les indemnités convenables, et une pro
-

Cetto nouvelle satisfaisante a été annondée" position semblable de M. le Chapelier. qui de


par un honorable membre, qui, emporté par · mandoit qu on s'occupât dès à présent de ce
son zèle et par l'éloquence du moment, n'a ui #garde les citoyens qui ont conquis la
pu se retenir de mettre.en comparaison avec astille. -

C . :
A"

( 3 )
.. D'après un rapport de M. le Couteulx de projat de décrct « pour , qu'à compter du jour
Canteleu, les dons patriotiques montent en ce de l'organisation du mouvel impôt , il ne fût
moment à 79 millions. L'Assemblée a décrété plus accordé de décharges et modérations. Ce
qu'à l'avenir, et tous les quinze jours , le ta projet de décret regardoit les pays d états, tels
bleau des dons patriotiques seroit mis dans un que le Languedoc, la Provence , la Bretagne ,
cadre, qui seroit placé dans la salle de l Assºm ctc. qui, imposés à telle somme pour leur coti
blée. Le même rapporteur a fait lecture d'un sat on , payoient cependant une moindre som
mémoire du sieur Augnste , orſèvre à Paris . me ». M. le Cliapelier , en expliquant d'une
relatif à la fonte des cloches qui vont devenir Iitanière satisfaisante cette espèce d'énigme, a
inutiles par la suppression des maisons reli fait sentir que la nouvelle assiette des dépar
gieuses. Le mémoire annonce que cet objet temens rendoit inutile une détermination qui ne
présente une valeur de 4o millions. L'affaire pouvoit embrasser que l'ancienne compo ition
est ajournée à deux mois. de l empire. Cette observation a fait prononcer
M. de Mirabeau l'ainé est, en ce momcnt, un ajournement indéfini.
monté à la tribune : « l'ranklin est mort, a-t-il Ensuite, sur la matière g'nérale des ſinances,
dit, cet homme qui aſfranclit l'Amérique , ce est intervenu le décret ci-après :
sage que deux mondes r, cl., m( lut, ctc. 1 cs ca « L'Assemblée nationale décrète, qu'à compter
binets politiques ont assez long-temps notifié la de l'organisation dcs départemens , les imposi
mort de ceux qui ne furent gr tds que l ar leur tions directes , réelles et personnelles , seront
oraison funèbre....... Les n.tions ne doiv nt versées dans le trésor public, sans déduction
porter le deuil que de leurs bienfaiteurs......
Le de frais de perception, même de ceux du trans
congrès a ordonné, dans l étendue des quatorze port des espèces ».
états confédérés, deux mois de deuil , et l'Amé Relative1nent à la ferme générale, quatre
rique acquitte en ce moment l'hommage qu'elle articles ont été décrétés, après une assez longue
doit au père de sa constitution...... Ne seroit- l discussion , en ces termes :
pas digne de vous, messieurs , de concot'r , à géné
Art. , °*. Les traitemens des fermiers
ces actes religieux ?..... L antiquité eût éle v é raux demeurent fixés, pour la présente année,
des autels à cet homme qui , embrassant l liu à ſ6o, ooo livres.
manité dans sa bienveillance , sut dompter la Les remises qui leur seront faites sur les
foudre et les tyrans..... Il a donné un témoi droits régis, ne pourront excéder 5oo,ooo liv.
gnage de regrets au plus grand homme qui II. Les appointemens des bureaux de l'hôtel
jamais ait servi la liberté et la philosophie, je des fermes seront réduits à 5oo,ooo liv.
demande quel'Asscmblée décrète qu'elle porteri L'augmentation du traitement des employés
pendant trois jours le deuil de Franklin..... » desdits bureaux à 1oo,ooo liv.
Ce discours , dont nous ne rapportons que Les gratiſications ordinaires à 4o,ooo liv.
la substance , a excité de grands applaudis Lxtraordinaires . à 4o ooo liv.
semens. La proposition qu'il contient a été L'augmentation du traitement des brigades
décrétée, malgré les récl mations peu Inosu rées pour les objets régis, à 1oo, ooo liv.
de M. de Foucaut el d'un de ses adhérans ; l es gratifications de fin de bail sont sup
l'impression du discours a été ordonnée : ct il priméºs.
est décrété, en outre , que M. le président SCIT&l Les honoraires du conseil sont réduits à
chargé de marquer a n congrès américain f O Ulte 2o ooo lºv.
la part que l'Assemblée ii , t.onale de France Le traitement de l'architecte des fermes,
prend à la perte d'un bienfaiteur des deux 1 ooo liv.
mondes. Le traitemcut accordé aux principaux cm
M. le garde des sceaux écrit que le roi a ploy és pour tenir leu d'une place supplé
sanctionné quinze décrets : et une autre lettre int ntaire de fermier général , est supprimée.
de M. Nccker annonce que sa majeste a sanc Le traitem"nt d s Coinmis préposés à la des
tionné le décret sur la mendicité. l.es obsºlva cente des sels est supprimée. -

tions de ce ministre sur quelques détails relatifs La gratification au contrôleur des Sables
à l'ex cution du décret , sont envoyées aux d'Oionne, est supprimée.
comité, de mcndicité, d'agriculture et de com L'augmentatiou de deux sols par minot de
merce réunis. sel des salines d Hières, ne sera plus à la charge
A l'ordre du jour, qui appartenoit aux finan du trésor public, et est supprimée.
ces , le rapporteur du comité proposoit un Les frais de compte de la ferme générale et
(4 )
des parties en régie, les épices aux différentes n'étoit pas arrivé ici depuis dix ans, époque
de la mort de Marie-Thérèse. Le maréchal
chambres des comptes du royaume, sont éga
lement supprimés. Laudon a pris provisoirement son quartier
1Il. Les directeurs et contrôleurs n'aurout général sur les frontières de la Silésie, au camp
plus de remises sur le produit des saisies , que nos troupes occupent entre Taskau et
inais seulement sur l'excédant des produits. Braunsberg. Les prussiens ne sont pas éloignés
IV. Décrète en outre l'Assemblée nationale des nôtres : leur nombre augmente d'un jour
qu'elle prendra en considération le traitement à l'autre, Les conférences rélatives à la paix
à faire aux personnes dont, par les articles pré se ralentissent, par le différent survenu entre
cédens, les emplois se trouvent supprimés. les cours de Londres et de Madrid. Cepen
M. de Folleville a représenté que l'impôt du dant on a demandé une réponse cathégorique
tabac s'anéantissoit sensiblement par l'effet de à la cour de Berlin , qui paroît me chercher
la contrebande qui s'en fait à découvert au qu'à gagner du temps. On l'attend sous hui
anilieu de la capitale ; et sur sa motion , l'As taine au plus tard.
semblée a décrété, que demain elle enten D E R o M E , le 18 mai.
droit M. de Roedercr, rapporteur du comité
d'imposition. A peine sa sainteté étoit-elle de retour des
Lc1 PT I S. marais pontins, qu'il est descendu un courier
MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3 de Naples chez le cardinal Spinelli, Depuis ce
janºicr pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont moment-là, on assure que notre différent avec
a pertis que leur Abonnement finit au 5o du courant ; la cour de Naples est arrangé. On est actuel
et priés de renouveller avant le 25, pourplus de célérité
lement assez tranquille ici. |
dans lc service. MM. sont aussi prévenus de répéter -
#
/eur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer DE L o N D R E s, le 5 juin.
par le premier de tel mois, aſin d'éviter les doubles :
emplois. Le navire l'Aurore, capitaine Clarke, arrivé
C H A T E L E T D E P A R 1 s, 8 juin. ces jours derniers à Bristol, a rencontré deux
vaisseaux espagnols armés, qui s'étoient séparés
On a fait ce matin, en la chambre du conseil d'une flotte de cinq autres vaisseaux et trois .
du châtelet, le rapport du procès de l'évêque frégates. Il a appris de ces deux vaisseaux , que
de Tréguier ( qui avoit ſait et publié un mam la flotte espagnole avoit pour objet de former
dement incendiaire ); ct par jugement de la des établissemens à l'isle des Patagons, et en
compagnie, il a été décrété d'assigné pour d'autres endroits des terres de l'Amérique es
étre oui. - pagnole; qu'ensuite cette fiotte devoit aller
Les sieurs Séguier fils et Rolland, auteurs chasser les anglois de l'isle Falkland, et détruire
d'un ouvrage incendiaire, intitulé Sottises de
leur pêcherie. -

/a semaine , ont été décrétés d'ajourne1nent La flotte avec laquelle l'amiral Barington
personnel. part dans ce moment, donne lieu à plusieurs
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES. conjectures. La plus probable est de s'opposer
aux projets de la Russie, qui semble vouloir
cnvahir la suprême autorité sur la mer, en
D E V I E N N E , le 1°" juin. se liguant avec plusieurs puissances maritimes
Il y a eu le 23 grand appartement à la cour; contre nous. La réponse déſinitive de l'Es,
l'assemblée étoit des plus brillantes , ce qui pagne n'est pas encore arrivée. - -

Fautes à corriger dans le N°. CCL. -

Page 1 , seconde colonne , ligne 3, choisis, liscz choisira. Iden. ligne i5, ſeront, lisez fixeront. : *
On s'abonne à Paris, cnez BuissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port , le pris
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Chez I)ENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHE, rue du Roula,
•°. 17 : et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. ·
Le prix de l'abonnement pour ce Journal , dont il paroit tous les j ours un Numéro, est de 36 liv, pour
un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc e port , par la poste , pour tout k
ttoyanine. Le premier Numéro a parit le 3 Octobre 1789. L'abonnement ne commcnce que du premier d'un mois,
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIREs
D E L A F R A N C E ,
B T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;

J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes,


eÉ dirigé par M. MERcIER.

/ Si vous ne soutenez l'opinion, la constitution ne tiendra point.


-
- -- - --- - ------ - -

N°. C C L I V. Du Dimanche 13 Juin 179o.


AS S E M B L É E NAT I O N A L E. mander à ce ministre de faire publier le plutôt
possible ce même décret, dont l'exécutien de
Séance du 12 juin. meuroit suspendue.
M. Target a fait, au nom du comité de cons
L'A»winATios universelle avoit accueilli le titution, un rapport concernant la milice na
décret qui, pour l'éligibilité aux honneurs de tionale de Caen , et le décret a été rendu qui
l'épiscopat, exige un noviciat de dix ans dans ordonne « que jusqu'à l'organisation déſinitive
les foactions curiales ; le comité ecclésiastique a des milices § , le réglement provisoire
semblé vouloir aujourd'hui renchérir sur la sa sera exécuté; ordonne la réunion de l'ancienne
esse de cette disposition, en proposant d'établir milice bourgeoise de cette ville à la garde na
a condition d'avoir rempli quinze ans de minis tionale qui y est établie ; et cette dernière dis
éére : quelques objections se sont èlevées contre position, qui statue la réunion des anciennes
la motion, que l'on regardoit comme une inno corporations avec les nouvelles, a été étendue
vation au décret rendu : mais M. Martineau . à tout le royaume ».
déployant la pensée du comité, a proposé de On a ordonné l'impression d'un rapport fait
décréter « que nul me pourroit être curé sans par M. Malouet, au nom des comit s des fi
avoir exercé pendant cinq ans les fonctions de nances et de la marine réunis, sur les dépenses
vicaire ». Cette explication a paru si satisfai considérables dans lesquelles va constituer l'ar
sante, que le principe en a été consacré sur mement que nous avons à faire. Comme elles
le champ; ce qui remplit parfaitement l'inter sont exorbitantes, l'Assemblée arrête en outre
valle demandé pour la promotion à l'épis que le rapporteur lui présentera demain ua
copat, et la rédaction nouvelle du décret a projet de décret sur les dépenses provisoires
été unanimement adoptée. dcs deux premiers mois de l'armement.
Depuis la proclamation du décret de l'Assem Un autre projet de décret a été adopté sans
blée dans la ville de Marseille, quelques mou discussion. Il y est dit « que dans l'isle de Corse
vemens d'insurrection ont encore inquiété les les impôts seront † comme ci-devant, jus
bons citoyens ; il s'est trouvé des gens mal in qu'à ce que l'Assemblée ait définitivement statué
tentionnés, ou perfidement conseillés, qui ont sur l'imposition générale de ce département ».
encore voulu démolir le fort Saint-Jean : mais Le premier article qui venoit à l'ordre du
la vigilance de la municipalité et le courage de jour , embrassoit le traitement des régisseurs
la garde mationale ont arrêté le désordre, sans généraux ; la discussion , qui en a été longue
qu'il en contât du sang à la patrie. et épineuse, s'est terminée par l'émanation de
Les comités de mendicité, des recherches et ce décret :
des rapports, ont répondu aux objections du 1°. « Les dépenses qui seront allouées aux
premier ministre des finances, sur l'article III régisseurs généraux , ne pourront excéder
du projet de décret relatif à la mendicité.Après 7oo,ooo liv.
avoir exposé les motifs qui portent ces comités 2°. ll sera fait une réduction de 5o,ooo liv.
à persister dans l'article dont M. Necker provisoirement, et sauf l'augmentation, s'il y
sembloit s'alarmer, M. de Liancourt a conclu a a lieu , sur les bureaux et principaux des
ce que M. le président fût chargé de recom employés. 254
/

(8 )
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES. rage des prêtres qui ont conduit, et conduisent
encore seuls nos affaires ? Bruxelles n'aura
DE MAN H E 1 M, le 6 juin. bientôt plus qu'une vile canaille dans ses murs :
tous les gens sensés se retirent, soit en Flandres,
On répand dans le public des conditions de soit même sur les terres de France. L'ennemi
paix entre les puissances bclligérantes. Nous rossit d'un jour à l'autre en arrivant par pe
croyons ne, pas devoir les regarder , comme †. et même déguisé. Que fera contre lui
certaines : c'est sans doute le desir qu'on en a un corps sans tête ?
qui les a fait imaginer. La diète de Hongrie se
tiendra le 1 o juin à Bude , où l'on ſait les plus T U R IN, le 3 juin.
grands préparatifs pour le couronnement de
Léopold. Sa majesté vient de rendre 3lUlX † Il y a une loi à Turin, qui défend de porter
de Mongaz la seigneurie de Sciionborn en rion des cannes à bayonnette. Un des gens de ma
grie : tous les logemens sont arrêtés A Francfort dame de Polastron , ignorant cette loi, a été
pour recevoir les électeurs qui doivent s'y † pris ºt condamne aux galères : tout le monde
dre pour l'élection du roi des †: et le a sollicité sa grace en faveur de son ignorance,
couronnement d'un empereur- Cette Ce ré mOn 1e entr'autres M. d'Henin. Le roi a été inflexible,
§ fera vers le commencement de juillet. l pa et le malheureux a subi sa condamnation. Peu
se reunissent en faveur †
roît que les suffrages de jours après , à l'arrivée de la nouvelle de
la proclamation du roi, M. d'Henin conseilla
Léopold. Aix-la-C lapclle cède les honnours de
cette fête à Francfort , à condition qu on y au comte d'Artois de revenir en France, de
ortera de la terre prise à Aix , sur laquelle prêter son serment , et de suivre l'exemple du
#§ s'agenoui lera au moment qu'on lui roi son frère : le comte d'Artois se rendit à
posera la couronne sur la tête. ses raisons , mais observa qu'il devoit consulter
le roi de Sardaigne, le prince de Condé et\e
D E B RU x E I. LE s, le 4 juin duc de Bourbon. A l'issue d'un conseil intime
tenu à ce snjct, et dont on ignore les détails,
Le congrès, aussi attentif à nous cacher le le roi a ordonné à M. d'Hènin de sortir en
véritable état de nos affaires qu à nous abusºr douze heures de ses états. Le prince de Condé
par des avantages qu'il nous suppose avoir ete ne veut rentrer en France qu'à la tête d'une
remportés sur nos ennemis ; ne , connoît, plus armée.
que les voies de la plus horrible violence. Tous
-

les vrais patriotes à qui nous devons la liberté Les procès-verbaux des municipalités d'Huriel,
sont actuellement les objets de ses fureurs. ll de Montluçon et Saint-Martignan en Bour
m'épargne ni condition ni rang, ni àge mi # •
bonnois, justifient pleinement M. de Bartillat
et le désespoir sera peut-être bientôt pour les des imputations portées par le n°. 217 de ces
Brabançons le seul avantage résultant des fêtºs Annales. Nous avions déja annoncé cette justi
et des processions meurtrieres qui ont rappellé lication dans le n°. 234.
chez nous l'image des fureurs de la ligue des
A V I S.
Guise en France. Par-tout le congres ne voit
que des traîtres, et ne s'apperçoit pasqº ils sont On Préºient que toutes lettres relatives à ces
tous dans son sein. Les prisons, les cachots sont Annales, restent à lu poste sans étre ouvertes,
pleins de victimes entassées les unes sur les au si elles ne sont pas affranchies : s'il en étoit
ires. Que pouvoit-on attendre de mieux de la au trement , le libraire n'y pourroit tenir.

On s'abonne à Paris, cnez BUIsson , Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix
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un an , 18 liv. pour six mois , et de $ liv, pour trois mois , franc e port , par la poste , pour torat ls
*7 - -

Aoyamme, La premier Numéro a paru le 5 Octobre 1789 L'abonnement ne eommence que du premier d'un Rasots.
S U P P L É M E N T A U Nº. C C L I v.
Petites mamoºn ºres aristocratiques de la ont affligé l'hnmanit*. depuis qu'un nºort«l dit
ſoir jl/e Saint-Priest. M. d» V : ilc briane dans sºs notes sir les : ot; res
dn coint e de Cºrli. ºnt a sez a 11:|, c elix ponr
Tandis qne !udas Guignard, décoré du dire que i ieu lui avoit : rlé : 1nais ce n ast pas
sob1 iquet de comte de Sa nt-j'riest, se débat au le pl. n de notre autour. U n'qu, ment occupé
comité autricliiºn de Sa,nt-Cloud , pour i.ous des malhenrs dans !, sq'iels les théologi ns, et
su-citer des troubles au dedans et des guerres cn particulier les docteurs de Sörboiine, ont
au del.ors, la vieille Saint-Priest de Montpe! plongé la !'rance , il se borne à nous tracer en
lier , jans miste aristocrat sée jusqi'anx dents , gran,l maître les vues impolitiques de cette mai
#ussi rusée quº dévote, aussi dévoie qu'orgueil son, que son fanatisme a sotv nt rendue si re
euse , tient chez elle , r:1e des Jésuit, s , de
fréquent s assemblé es : et là , après avoir fait
† à l état, en faisant plonger le coutean
dans le c ºnr de nos rois, et cn bouleversant
ses doléances sur la révo!:,tion , ell : ordonne tout le rovaume.
des neuvaines en l glise Notre - l)aine des Son ouvrage, dit-il, étoit prêt il y a quinze
Tables . pour suppler le ciel de voulo r bien ans ; des fripons le lui avoient soustrait. Enfer
faire 1riompl1 r J udas G uig1:ard , et du pc : ple mé lui-même à la Bastille , que la prºmière
françois , et des gardes mationi les , ct de l As lueur de la raison a renversée , il ignoroit que
semblée mationale, et du club des Jacobins, et son ouvrage subsistât encore dans les greffes de
de la citadell de A'o : tj l,er. Mais le ciel, qui la nol.c.e. N otre lieu rºuse révolution vient do
abhorre les ſou1 bes et l s cagots , et qui se
) le lui rendre : et c'est un service signalé qu'il
réjouit singulièrement des révolutions natio- . reul à la patriº , cn nous découvrant la princi
1iales, n'exaucera point la vieiile Saint-Priest, pale soiºrce de no3 calamités : car il est facile de
ni sa triste sequelle : et cette vieille hypocrite guérir uue maladie lorsqu'on en connoît bien
mourra dans sa douleur et dans son péché. C.... la caus°.
L'.. :: teur narcourt d', bord rapidement ces
Les corps trouvés dans un des cachots de la âges ténébreux qui ont donné naissance à la
Bastille, ont été, le premier de ce mois, déposés ti,éo!ºgie sc!;olastique , qu'on peut appcller le
dans le cimctière S. Paul ; la cérémonie funèbre cha we/ e de la reisou. N ce da l'art de disputer.
a été accompagnée de toute la pompe possible. jntroduit en Grèce par Fuclide, ct mis en vogue
Le ccrcueil étoit porté par douze ouvriers, cn1 Par l.iibalidès, elle ſit pbis de mal à l'humanité
ployés à la démolition de cett , forteresse ; ceux que les ravages des B : 1 bares : an l eu de suivre
qui avoient déterré les cadavres . tonoient le cette marcl e simple et facile de « quelques
oële , armés de leurs outils , anxquels étoit » pºnvr s Hébreux qui annoncèrent à divers
attaché un billºt portant ces mots : 'l'remblez, » p, uI I s la morale utile et l'histoire de Jesns
ennemis du bien public. Sur le cercueil étoient » Nazareth , avec qui ils avoient demandé l au
une chaine et un boulet trouvés près d une » mône dans les bourgades de la Judée ». Filc
des victiºn-s. Le président, le corps des citoyens trouva stir-tont une abondante pâture dans les
dn district de l · Culture, et le bataillon du iºj tres de S. Paul, qui, tantôt juif, tantôt cliré
mêm° district ont assisté à ces lunéra lles. tiºu , tºntot déclamant la circoncision un abus,
nt crime même, tantôt la pratiquant lui-même ,
JHistoire de la Soréonne. da»s laquelle on voit ,vant en gentil avec les gentils, et reproc#ant
l influence de la théologie sur l'ordre socia l, à Pierre d'agir de même , se fit tout avec tous
2 vol. in-8°. par M. l abbé J. Luvernet. A/ pour gagnºr des disciples, et fournit ainsi inR
Paris, chez é§. libraire, /i3rel de Coëz tière aux disputes interminables que cinq à six
losquet, rue Hauze/euille, 179o. Prix , 7 l. cent milie commentaires de scs ouvrages n'é
4 s. brochés, et 8 l. 4 s. francs de port par clairciront jamais.
la poste. -
Enſin il arriye au règne de Louis IX, épcq'ie
de la fondation de la Sorbonne, et la snºt .
Ecrire l'Histoire de la t'.éologie et de l'in d. ns le preinicr volume , jusqu'au momen1 ch
( 6 )
3o. L'abonnement fait avec le fermier gé 2°. Que le décret concernant la fixation du
néral des postes sera résilié , à partir du jour traitemcnt des régisseurs généraux, sera ap
de la publication du présent dé ret. porté à l'Assemblée.
4°. Le premier ministre des°finances s'occu 3°. Enfin , que le traitement des vingt-huit
pera de mettre sous les yeux de l'Assemblée administrateurs du domaine sera, à partir du
toutes les économies que permet de faire la 1°! janvier dc rnier , réduit à 45o mille livres ;
suppression des différens droits. laquelle sommne scra 1 épartie entre eux par por
H'ar une suite naturelle de ce décret , M. le tions égales et inlividuell s ».
#Brun , rapporteur du comité des finances, pi é
sºnt : u i attrº projet. qui ſixoit à -oo.ooo |!y. Nice, le 2 i mai.
le trºit inent des adm uºstrateurs généraux des
don,tin s. Ricn ne prouve tant , nncssieurs, le succès de
Mais M. Frétean , cxposant avec une clarté la r'volution qui essure le bonheur de la France,
singulière l 's dé ta ls de cºti · adinin.stration , que les ſo.ll. s moyens que l'aristocratie oppose
a attaqué l é mornité des profits qui résultoient aux amis de la lib rté. Depuis quelques jours
du trait m nt | ropo é , et a demandé qu'il les raha-milito-robinocratcs réfugiés ici s'at
ſût réduit à 4 o,ooo liv. « J'oppose à M. Fré troupoient en plus grand nombre , lºurs co
tcau l'.tutor,té 1nème dc l' Assemblée, a dit alors cardes noir s étoient plus grandes, leur dé
le rapporteur; e ll vient d'accoi der 7oo.ooo liv. marche plus fière, M. de t afarre avoit disparu,
à la régie générale , qui n'est chargée ni des les dames même ne rioient plus des légifaiseurs,.
mêmes frais, ni des mêmes travaux que l ad petit joli non qu'elles donnent aux membres,
ministration des donnaines : comment cette de l'Assemblée nationale ; des demi-confidences,
dernière pourroit-elle être réduite à 45o,ooo un air de mystère, annonçoient une entreprise
livres » º Ce raisonnement n'a pas pºru péremp hardie , lorsqu'une assez mauvaise troupe de
toire. Une grande partie de l'Assemblée a Comédiens François annonça une représen
conclu qu'elle n'avo't pas été sufiis imment tation de Richard Cœur de I.3 on. La romance
éclairée sur la première question , et a de O Richard ! ó mon roi ! et celle que le pri
mandé le rapport du décret concernant la sonnier chante sur le balcon, quoique très-mal.
régie générale. rendues, furent applaudies jusqu'à la démence.
M. Camus se joignant à M. Freteau, a dé Ce fut presque la répétition de l'orgie de Ver
noncé à l'Assemblée ces brigandages, connus sailles. M. de Fabri, feu conseiller au parleinent
sous le nom de croupes, lesquelles consistent d'Aix, sc montre indécemment hors de la loge.
à assurer à d s gens de cour, à des intrigans, qui donne sur le théatre , et là , en présence
a de pr'tendus protecteurs, une part dans les d'une cohue forcenée, il augmente le tumulte
intérêts attachés à une place de finance , abus par des cris de joie et les battemens de mains.
énorme , abus proscrit par plusieurs ordon les plus bruyans. Les clanieurs de M. de Bressic
mances , mais toujours renaissant ; abus dont Cºt d, M. Faucon , d'Arles, jointes aux déton
les ſinanciers eux-mêmes souftrent et se plai mations des acteurs, ne représentoient pas mal
gnent, et dont l'abolition rendra l'aisance aux les bacchanales des anciens. Madame la du
5laces financières , même en les soumettant à chesse de Brissac , pompeusement placée à la
† réduction proposée. loge du commandant , agitoit ses petits bras,
Malgré l'observation de M. Martineau , qui faisoit retentir sa petite voix, et son petit corps
demandoit grace pour les croupes fondées sur mobile prenoit mille petites attitudes diffé
des conventions de familles ; rentes. Cependant on crut appereevoir au
Malgré l'opposition de M. de Folleville, qui ſonds du parterre un homme assez silencieux,
prétendoit que les croupiers avoient un juste qui n'avoit applaudi qu'une fois, ct dont la.
droit résultant de l'avance de leurs fonds ; contenance sembloit improuver le long tumulte
Malgré la crainte de M. le Brun , qui pense des applaudissemens. Un chevalier de S. Louis
que l'état ne pourra trouver des personnes qui dénonce à la hâte le personnage paisible, qui,
veuillent, au prix de la réduction, se charger aujourd'hui, est détenu, gardé à vue, et au-.
des soins de la régie générale et de l'adininis quel, pendant vingt-quatre heures, on a refusé .
tration des domaines, l'Assemblée a déerété :, tout aliment. Observez , messieurs, que cet .
1°. « Que toutes les croupes existantes sur homme silencieux, ce L)émocrate si redoutable, .
les emplois et affaires de ſinance , sont suppri s'est trouvé un jeune Allemand, aussi peu versé
mées à partir du 1°" janvier dernier. -

dans la connoissance de motse langue que dans°


( 7 )
celle des affaires de France. L'abbé Papon ,
d'un péril commun , pour combattre , vivre
ex-oratorien, la T****, provençal, qui s'est - libre
fait marquis, annoncent une contre-révolution ou mourir ». †
me soit permis de
pour le mois de juin. En conséquence, M. de rema rque r dans cette fédé ration les députés de
Lafarre , aussi Provençal, se rendit naguère Pontdeveyle en Bresse, et de rendre hommage
par mer devant Cagnes, village de France ; il à leur zèle et à leur patriotisme distingués. Je
fit venir un notaire , qui lui passa un acte, maquis dans cette petite cité ; j'avois droit d'at
dans un bâteau , par lequel il protestoit contre tcndre que ses habitans ne démentiroient pas
tous les décrets de l'Assemblée mationale. Je mes principes ; et certes, il ne ont jamais
les
démentis. Gloire et salut à mes chers compa
suis, etc. Signé, B. Porcheron. triotes Bressans. C..... -

Dijon , le 2 juin. Deuil.


Notre municipalité , malgré l'obstination et
la résistance de quelques-uns de ses membres, Les patriotes de cet empire prendront, à
vient de faire des soumissions pour huit millions l'imitation de l'auguste Assemblée nationale,
de biens nationaux. Cette opération nous paroît le deuil pendant trois jours , à l'occ.sion de,
si avantageuse, quo nous ne concevons pas pour de l'illustre Benj
la mortliber amin Franklin, père,
de la té des deux mondes.
quoi elle a été si tardive.— MM. les prieur et
religieux de l'abbaye de Cîteaux, sur leur réqui Effet merveilleux du mot Patriote.
sition , ont été admis, le 16 du mois dernier, à
prêter le serment civique entre los 1nains de Après la défaite des hordes palatines et muns
M. Durand, maire de Nuits, l'un des députés tériennes, près d'Hasselt, par les patriotes lié
de la municipalité de cette ville pour faire geois, les tristes débris de ces hordés s'enfuirent
l'inventaire de cette abbaye. Cette cérémonie dans le plus grand désordrc du côté d'un village
s'est faite avec toute la majesté que comportoit nommé Schonhoven. A peine arrivés en cet
la sainteté du serment qu'ils ont prononcé. C.,.. endroit pour y passer la nuit, ils entendirent
des coups de fuſil que les paysans leur tiroient
Copie de la lettre de M. le comte de Saint derrière les haies et dans les jardins ; aussi-tôt
Priest à M. Cherin, généalogiste des ordres l'alarme se répand, et ces pauvres satellites alle
' ' du roi Paris, ce 4 juin 179o. mands continuent à fuir en criant patriotes,
Le roi me charge , monsieur, de vous préve patriotes, sauve qui peut. Om conçoit parfaite
nir que sa majesté ne veut plus que vous rece ment les causes d'une pareille terreur; 1°. qucT
viez les titres généalogiqucs qu'on étoit dans peut être le courage d'un soldat qui reçoit cinqr
l'nsage de vous remettre pour avoir l'honneur sous par jour pour se faire tuer, et aller égorger
de lui être présenté. Vous voudrez bien vous un de ses frères qui ne lui a fait aucun mal, en
conformer à cet ordre de sa majesté. l'honneur et gloire d'un despote qui sc nourrit
bien et se divertit bien aux dépens des tueurs et
Suite des fédérations, nationales. des tués ?2°. Quclle doit être, au contraire , la'
Le 18 mai dernier, les gardes nationales bravoure d'un homme qui combat pour sa li
berté, ses droits, ses propriétés, sa famille et
Fumé grande partie de la Bourgogne ct de la
sa patrie ? Et 5°. m'est-il pas visible que la Pro
Bresse se sont fédérées à Dijon , sous les aus
fices de l'Étre Supréme, auteur de la liberté vidence, bicn décidée à prendre dorénavant le
les nations, et le véritable restaurateur de la parti de toutes les nations qui voudront secouer
ôtre. Le serment civique de ces braves pa les chaînes de l'eslavage, a pris celui des Lié
:iotes est conçu dans † meilleurs principes gcois, et que par-là ils sont aussi sûrs de réussir
t présente les expressions les plus dignes que les François et les Belges ? C....
'hommes libres et vraîment éclairés. « Nous A V I S.
rons, disent-ils au dernier article du serment,
. MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5
= poursuivre avec cont
le fer les téméraires qui janºier pour,6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont
eroient tenter une re-révolution : et mous aºertis que leur Abonnement ſinit au 3o du courant,.
posant, avec sécurité, sur la protection de et priés de renouveller avant le 25, pourplus de célérit4
uteur de toute chose, nous nous engageons dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter
utuellement par l'honneur , le sang et nos leur adresse , et d'y ajouter ces inots : à commencer
rtunes , de nous rassembler au premier signal Par le premier de tel mois, aſin d'éviter les doubles
emplois.
- ----

( 1o )
glaives des assassins qu'elle avoit fait armer. Le victimes de son tribunal. Quelques rois vou
2°. volume présente ses fureurs jusqu'au célèbre lurent montrer de l'énergie ; mais aussi-tôt la
Buffon. Le tableat que l'auteur nous fait des cri Sorbonne entroit en fureur, ou l'Université
mes de cetre r. doatable école, pent être regardé faisoit fermer ses coilºges. Comme tout lomms
cotnrne unique.Jamais une mation de cann.bal s inscrit sur le registre du recteur étoit centé
n - formé ni exécuté de projets aussi atroces. La écolier, il se répandoit alors des armées dafii
doctrine du régicide , avancée par Tiomas , Paris, et bientôt la secousse se pertoit aux ex
le docteur angélique, fut bientôt la théorie fa trémités du royaume, qui d'un autre côté étoit
vorite des sorbonistes, qui, tantôt papistes, en proio aux ſureurs des anglois. Telle fut la
tantôt anti-papistes, ont néanmoins toujours Framce sous le régime des théologiens; car
cherché à élever le prince de l'église de Rome on peut appeller régime l'autorité sans borne
au-dessus de tous les rois de la terre. Ingrats qu'ils s'arrogèrent, sur-tout à l'époque où la Sor
envers les rois leurs bienfaiteurs , ils se sont bonne forma la ligue et la sainte union, pour
toujours reportés à ces siècles barbares dans exterminer, disoit-elle, la race des Bourbons.
le°quels un Nicetius, évêque de Trèves, ex Parmi ces horreurs , se présente le tableau de
communioit nos rois Thierri et Clotaire , et un la victorieuse et infortunée Jeanne d'Arc, pu
Grégoire le Grand memaçoit de dépouiller tous celle d'Orléans, dont la Sorbonne demandale
les rois de leurs couronnes, s'ils s'opposoient supplice avec tant d'instance, parce qu'elle
au décret qu'il venoit de rendre, comme il l'é - avoit sauvé la patrie. Ce tableau est on ne pe
crivoit à la reine Brunehaut, en faveur d'un plus touchant : l'auteur y écr.t les conquèt :
monastère d'Autun qu'il vouloit fonder. de cette héroïne , avec autant de rapid#
Si ce Grégoire, qui reprochoit à tous nos évê qu'elle les fit. Les jésuites, compagnons º
ques d'être simoni ques et la plupart sodomites, diable, disoit Pasquier, viennent intéressetº
avoit vu nos docteurs se battre , se damnner ré scène; mais pour abreuver le sol de la Franº !
ciproquement au sujet de la pluralité des bé du san des habitans, et de ses rois, Guidº
néfices, qu'auroit-il dit d'un de ses successeurs, ar S. Chrysostôme, qui dit dans son Traité du
Adrien , qui fit étrangler Arnaud de Bresse cerdoce, que le mensonge est toujours pétmis |
qui s'y opposoit ? Quelle farce ne joua pas Guil quand il est utile, ils m'agrent jamais qu'en rº
laume II , évêque de Paris, dans ces circons nards, et Dieu
sent après veuille que
les preuves quejainais ils ne
l'auteur reparolº
produit de
tances ? L'université, souvent plus coupable que
la Sorbonne, ayant le droit d'en excommunier leurs attentats. Le nom de Richer, cet l1ommº
les, docteurs ; # moines, de Saint-Dominique qui soutint la cause des rois avec tant de force,
sur-tout, cet infâme ct premier satellite de est un autre opprobre pour la Sorbonnè qui
l'inquisition en l rance, devenus tout-puissans, l'abandonn , pour plaire à Richelieu et † v4

fqrmoient autant de tyrans isolés qui s'entrer alléguant qu'elle devoit, en con équence e son
heurtoient sans cesse : les nobles trop ignorans, statut, jurer sur les décrets de Rome. Deuxº
mais d'une ambition sans mesure, loin de songer sassins se présentent à Richer, ct, le poignº
à raffermir le trône chancelant pendant ces sur la gorge, l'obligent de confesser que ,
siècles barbares, ne songeoient qu'à envahir, pape est au-dessus de la puissance tempºt
et souvent faisoient la guerre à leurs princes. des rois , et peut disposer de leur couronnº
Les peuples égarés par les docteurs , tantôt Enfin la Sorbonne, après tant de forfaits cºº
livrés à une faction , tantôt au fanatisme, ne mis contre la nation, et contre nos rois,
se remuoient que pour devenir plus malheu son dernier poison contre Raynal,. Bufº .
reux. On ne voyoit que victimes égorgées , per Rousseau, ces pr'cieux amis de l'humaniiºi
dues, brûlées ( sſins parler de cent mulle Albi ces grands écrivains qui nous ont fait recou#
geois massacrés ) Peridant que les docteurs fai nos droits,- comme Pithou et autres §ns de
§qient prêcher la révolte par les maîtres, les lettres avoient préparé les esprits à recevº
disciples alloient volgr, assassiner sur les grands Henri IV sur le trône des Frºnçois, ce qº !
.phemins, et les magistrats # les faisoient pu reconnut lui-même. Après la lecture de ºt
nir étoient aussi-tôt étranglés , ou jettés pour ouvrage si important dans les circonstadº
la vie dans un noir cagliQt, Un official avoit actuelles , tout homme sensé concluera qtiei
chez lui tous les instrumens des supplices; et Sorbonne et l'Université doivent être-anédatiº
àes prévôts de Paris ont plusieurs fois été les ) Des écoles isolées sont tout ce qu'il nqus fagk
· · · · a
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
- D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U7 R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes »
| et dirigé par M. MEncre R.
l Le souris du peuple vaut mieux que la faveur des rois.

: N° C C L V. Du Lundi 14 Juin 179o.


: AS S E M B L É E NAT I O N A L E. déclare M. Girard, officier municipal et auteur
de la liste, déchu de son droit de suffrage ; et
» Séance du 12 juin au soir. ensuite , d'après une information, un jugement
définitif, lequel , en conſirmant le prémier ,
: Au miracle de la révolution est dû le tribut déclare M. Girard privé de son droit de citoyen
* de toutes les conditions et de tous les âges : actif pendant tout le cours de cette assemLlée.
* l'Assemblée nationale qui, au mois de mars Il paroît que M. Girard , péchant au moins
# dernier, a reçu le serment civique des soldats dans la forme , s'est déſendu en disant « qu'il
# de soixante ans et au-dessus, a admis aujour avoit cru infiniment esscntiel de veiller Je
• d'hui une députation de soldats de douze ans concert à ce que l'assemblée primaire ne
# et au-dessous, qui, au nombre de vingt-no , nommât pour électeurs que des lionumes purs
# ( parmi lesquels on nous a nommé MM. Viache, et véritablement citoyens ».
# Lescot, de Tiutot, Desherbiers, Suber, Sal - Le rapporteur deniaudoit que le jugement
# Jier, etc. etc. enfans pris dans toutes les classes), füt annullé, parce que la constitution, disoit-il,
* sont veuus apporter un petit don patriotique , n'avoit point attribué aux assemblées primaires
, ct consacrer les longues années que la nature le droit de connoître des délits commis hors de
* semble leur promettre, au maintien de cette ces assemblées. MIM. de R ederer et Loys ont
, constitution dont ils recuilleront le bienfait soutenu la compétence de l'assemblée primaire,
: tout entier, et sans avoir l'honneur de l'acheter sur une affaire qui concernoit sa police inté
i par dcs artiſices. rieure. L'Assemblée a ajourné cette question,
· L'apparition de cette troupe intéressante a qui peut avoir la plus haute importance , et le
| produit dans l'Assemblée un mouvement uni comité de constitution a été chargé d'en faire
versel d'attendrissement ; on en a reconnu de nouveau l'examen et le rapport.
l'impression dans la voix de M. le président , La municipalité de Jurançon avoit fait un
| lorsqu'il leur a dit : « Vous, sur-tout , qui réglement pour obliger tous les citoyens de 18
| devèz jouir dé nos trovaux, croissez pour être ans à 6o, de prendre les armes, sous peine
heureux, et préparez-vous à soutenir la cons d'une amnendo de 2o sous contre tout réfrac
titLution de toutes vos forces ». taire. Un enfant de la robe , M. Montaulan
. Parmi les victimes sur lesquelles la coupable fils, ayant osé refuser le service , l'amende a
municipalité de Montauban a porté sa hâine , été prononcée ; et persistant dans le double
il y avoit cinquante-cinq gardes nationales , refus de servir et de payer, il a été condamné
ui aujourd'liui, dans une adresse à l'Assemblée, à la prison par M. Langa , officier minicipal.
ont l'hommage de leur martyre et de leur Mis en liberté au bout de deux heures, il a fait
constance patriotique. - - intimer en la cour de Navarre M. Langa , qui
L'assemblée primaire de la section de Saint n'a pas cru devoir se défendre devant ce tri
Pierre d'Evreux, instruite que pour l'élection bunal incompétent. Le 2o mai, arrêt par dé
prochaine il avoit été dressé et distribué une faut, qui déclare nul l'emprisonnement , fait
liste écrite à la main, portant les noms de défenses à M. Langa d'en décerner de sem
viragi-six personnes , a rendu, le 27 mai der: blables à l'avenir, sous peine d en être informé,.
nier, un premier jugement provisoire , qui et le condamne aux dépcns. -

| -
- 255
( 12 )
Dans cette affaire, rendue avec une grande bientôt de numéraire, et seroit obligée d'a
clarté par M. Vi illard, l'Assemblée a reconnu cheter à grands frais celui dont elle auroitbe
SOlIl,
le germe de toutes ces prétentions inquietes,
avec lesquelles tant de corps de l'ancienne ju Renvoyé au comité des finances.
dicature ne cessent de harceler les municipa Dans l'étendue du district de Paimbœuf,
lités naissantes, et d ms sa sagesse elle a rendu département de la basse Loire. Plusieurs ci
le décret qui suit : toyens induits en erreur, ont commis des dévas
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu tations sur des héritages empéagés; ils sontence
son comité des rapports , déclare que le parle moment soumis à toute la rigueur des pour
nient de Navarre n'a pu rendre lès arrêts des suites judiciaires ; mais reconnoissant leur
17 avril et 2o mai derniers , contre le sieur faute , ils consentent de payer le dommage
Langa, officier municipal à Jurançon, lesquels qu'ils ont pu occasionner, et desirent seule
en conséquence seront consid rés comme non ment que l Assemblée nationale ordonne, par
avenns, ainsi que tout ce qui s'en est suivi : un décret, la cassation de ces poursuites. Leur
« Charge son président de se retirer par cause a été rendue touchante par M. le Cha
devers le roi, pour le supplier de donner des pelier, qui la rapportoit au nom du comité
ordres pour qu'il soit fait défenses à toutes de constitution , et le décret est intervenu.
Cours et tribunaux judiciaires de s'immiscer dans « L'Assemblée nationale instruite, par la péti
la connoissance des délits d'administration qui tion d'un très-grand nombre de citoyens, des
seroient imputés aux officiers municipaux, si la dévastations commises dans le district de Paim
dénonciation de ces délits n'a été préalablement boeuf, sur plusieurs terrains empéagés, ainsique
soumise aux départemens eu à leurs directoires, des poursuitcs judiciaires auxquelles elles ont
et si le renvoi n'en a été fait aux tribunaux donné lieu,
par les départemens sur l'avis des districts ou « Décrète que son président se retirera par
de leurs directoires ». devers le roi, pour le supplier d'ordonner que
Séance du 13 juin. les poursuites commencées seront suspendues
autorise la municipalité de Paimbœufà fairear
Ecrasés sous le poids de l'indignation univer précier par des experts, les dommages occ*
selle, qui les convre comme une montagne im sionnés parpar
cesles
dévastations, lesquelles seront
mensc , les déclarans de Nîmes, qui le croi supportées habitans desdits biens. Re
roit ! s'agitent encore , et vomissent quelques commande aux citoyens trompés le respect dû
ſlammes impures. Il se répand une adresse im aux propriétés, sauf à eux à se pourvoir devant
primée en leur nom , et remplie de nouveaux les tribunaux pour les réclamations qu'ilscroient
blasphêmes. Ce n'est plus contre l'Assemblée, être fondés à faire. » -

ce n'est plus contrc la constitution, c'est contre Un second décret ordonne que les dispº
la garde nationale toute entiere , c'est contre la tions du décret pré cédent seront générales et
§ du 14 juillet prochain qu'ils exhalent étendues à tout le royaume.
tous leurs poisons. Ils osent comparer cette Plusieurs plaintes se sont élevées contre uº
convention sublime , à la ligue coupable et ri infidélité des ministres, qui, dans la promº
dicule qui d shonora la ſin du seizieme siecle. ation des décrets nationaux, se sont quelquº
M. Regnault dénonce aujourd'hui ce libelle à ois permis de faire des changemens au teº
l'Assemblée qui en ordonne le renvoi au comité de la loi. ' -

des recherches. M. Bouche a remarqué particulièrementquº


On a ajourné à mardi soir la demande des † le décret qui prononce l'abolissement !
juifs d'Alsace qui, dans une humble adresse, ettre de cachet, l'audace a été portée jusqº
supplient l'Assemblée de prononcer le plutôt supprimer en entier les considérations qº
possible sur leur sert. precèdent la disposition législative, et qui º
Une lettre adressée par M. Necker au co sont comme le prélude. L'Assemblée a º*
mité des finances , représente la n'cessité d'a
dopter, le plutôt possible, le projet de décret
donné, « que les décrets sanctionnés #
roient à l'avenir déposés dans les archives de
dont l'objet est d'empêcher les collecteurs et l'Assemblée que lorsque les commissaires p
receveurs généraux des impôts, de convertir en posés à leur examen les auroient collationnº
assignats le numéraire effectif qu'ils recevront. avec les procès-verbaux, et reconnu que lº
Si ces mesures n'étoient prises promptement expressions de chacun d'eux auront été-cº
et efficacoment, l'administration manqueroit servées dans leur intégrité »,
( 13 )
Un dêcret, relatif aux dépenses provisoires et au-dessous. Que l'Assemblée les autorise à
du nouvel armement, a été rendu sur le rap payer principalement les rentes des nécessi
port fait par M. Malouet, au nom des comités teux, des curés de campagne , des foibles d'es
de la marine et des ſinances. -

prit ».
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu La séance s'est terminée par un rapport que
le rapport fait, au nom du comité des ſinances fait M. de Noailles le jeune , au nom du co
et de marine réunis, sur la demande faite d'un mité militaire. Le régiment de Royal-Marine,
fonds extraordinaire pour subvenir aux dé a-t-il dit, avoit pensé qu'en déterminant lui
penses de 14 vaisseaux , 14 frégates et 14 même aon organisation, il ne ſeroit qu'user de
moindres bâtimens , la liberté accordée par l'Assemblée nationale à
» A décrété que ledit rapport, présenté par le tous les François. ll a oublié que toute loi qui
inistre de la marine, sera imprimé et présenté n'est pas abrogée doit être exécutée. Mais les
de nouveau ; et cependant décrète qu'il sera soldats qui le composent paroisent tellement
provisoirement assuré un fonds extraordinaire avoir agi avec bonne ſoi , qu'en renvoyant
de 3 millions, à compte des dépenses dudit leurs officiers, ils en avoient fait l'éloge, leur ont
armement, laquelle somme sera mise à la dis accordé vingt-quatre heures pour se retirer, et
position du ministre de la marine , pour en les ont même recommandé à la générosité des
être ensuite rendu compte à l'Assemblée ». représentans de la nation... » Conformément alt
La vénération qui est acquise aux vertus de projet, il a est décrété que le comité militaire
D. Gerle nous empêchera d'entrer dans le sera chargé d'écrire au régiment de Royal
détail des impressions qu'à produit un discours Marine, à l'effet de le rappeler à ses devoirs »
ar lui fait sur les prédictions de Suzanne la et que les députés de ce régiment ne seront
§ , qui , depuis onze ans, dit-il, lui avoit point admis à la fédération patriotique du 14
annoncé la réforme du clergé , la destruction juillet prochain, s'il n'est pas à cette époque
des ordres, la suppression des voeux monasti composé suivant les règles de l'armée.
ques, la régénération des moeurs; en un mot, A P^ 1 S.
tous les effets de la révolution , ... . MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
Le comité établi pour la vente des biens na .janvier pour 6 mois , ct dtt 1 avril pour 3 mois, sont
· tionaux a proposé , par l'organe de M. Mer a vertis que leur Abonnement finit au 3o du courant ,
lin, le décret suivant, qui ayant pour objet de ct priés de renouveller avant le 25, pourplus de célérité
lever tous obstacles à la vente de ces domai dans lc service. MM. sont aussi prévenus de répéter
mes, a été adopté sans discussion. leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
« L'Assemblée mationale décrète que le retrait par le premier de tel mois, afin d'éviter les doubles
d'habitation, le retrait de clèche, le retrait de emplois. g- º

communier, de convenance ou bienséance , P A R I S, le 15 juin.


ctc. sont abolis. Les procès concernant les re C'est par erreur, messieurs, sans doute, que
traits qui ne seront pas jugés en dernier res l'on a dit lhier dans l'Assemblée nationale , et
sort, à l'époque de la publication du pr ésent que j'ai lu dans plusieurs papiers publics qu'il
clécret, seront déclarés conme non-avenus, et existoit encore des troubles à Marseille ; je puis
iI ne pourra être fait droit sur les dépens qu'ils vous assurer qu'il m'en est rien, et que notre
a llrOnt occasionné »,. ville jouit de la plus profonde tranquilité,
Au nom du même comité , M. de la Roche graces aux soins continus des officiers muni
Coucault a fait un rapport sur l'aliénation de cipaux et au zèle infatigable de la garde natio
c=es biens mationaux : decret divisé en 16 ar male. Marseille attend , dans une inquiétude
ticles, dont la discussion a été ajournée. respectueuse , la décision de l Assemblée ; et
M. Anson, membre du comité des dons pa l'on a voulu dire , sans doute , que de cette
triotiques, annonce qu'on pourra payer , nºn décision dépendoit la stabilité de l'ordre et de
seulement les rentes de 1oo livres, 1nais même la paix qui y règnent. Je vous prie d'insérer la
celles de 3oo livres à toutes lettres; et sur sa présente dans votre journal , et d'assurer au
§otion , il est décrété « que les deniers des public que depuis le décret du 28 mai on me
travaille à aucune démolition des forts.
contributions patriotiques continueront à être
versés aux payeurs de rentes de l hôtel-de-ville / J'ai l'honneur d'être, etc.
qui pourront payer les rentes de 3oo livres à A. Bremond Julien, substitut et députê
toute lettre , en continuant pourtant Par eux extraordinaire du conseil général de la
d'exiger la représentation des capitations de 6 l. COIIllllUlIlC,
l+ )

Fédération de I.yon. | A peine le commandant a-t-il prononcé la


formule du serment civique, que l'air retentit
Le 5o mai dernier , 269 détachemens de de toutes parts de ce son terrible pour les
milices mationales, parmi lesquels se trouvoient tyrans, et si doux pour les coeurs patriotes,
des députations de Bretagne , d'Anjou , de je le jure ! Aussi-tôt on voit s'élever majestueu
Lorraine et de Marseille , formant au - delà sement, en inclinant vers l'aurore, un aéros
de 5o,ooo hommes effectifs, représentans de tat diapré des couleurs nationales, et portant
plus de 5oo,ooo, se sont réunis sous les murs au-dessous de son équateur cette inscription :
de Lyon pour faire leur pacte et serment fédé « je naquis dans le despotisme, et je m'èlève
ratifs. Plusieurs belles feinmes, dans le costuune et liberté (2) ». ll sembloit, dans son ascension
de leur sexe, ct avec la simplicité des habitans †º , porter vers l'astre qui nous éclaire
des campagnes . le sabre à la main , la démarche e signe de notre rédemption politique, et le |
ferme et non hautaine (comme ces laidrons dé voeu solemnel et sacré des milices fédérées
ſanchés de la cour des T'uileries). présentoient qui dans ce moment témoignoient, par leurs
dans différens détachemens un spectacle jusqu'a acclamations, leurs danses, l'ivresse de leur
lors inconmu , dans d'autres on voyoit l'intéres patriotisme et de leur joie, combien les hom
sant mêlange des différens âges de la vie : des mes libres sont dignes de toutes les jouissances
vieillards portant sur leur front respectable l'au et de tous les bonheurs. - -

uste empreinte des ans et de la vertu , et à Après avoir juré de maintenir la constitution,
† côtés des adolescens brûlant de courage et et d'être ſi lèles à la nation, à la loi et au roi,
dorieux d'être admis avec leurs pères au service de regarder comme ennemis irréconciliables
de la patrie. Une salve d'artillerie ouvrit cette de Dieu , de la nature et des hommes, tous
journée mémorable à quatre heures du matin ; ceux qui tenteroient de porter atteinte à nos
toutes les fédérations se mirent en marche, cha droits et à notre liberté, les miliccs nationales
cun précédé de sa musique , et tenant avec or confédérées ont adopté une adresse à l'Assem !
dre ses rangs sous ses drapeaux, Arrivées au blée nationale, adresse digne d'ètre consignée
camp, elles formèrent , sur trois lignes, un bu dans les fastes de l'histoire, mais dont nous ne
taillon quarré : et 418 drapeaux flottans dans les citerons que l'apostrophe aux sages représen
airs, déployèrent les couleurs de la nation et tans de la nation, et celle à la liberté qui termine
les emblêmes sacrés de la liberté. Au centre du cette même adresse. -

eamp s'élevoit un grouppe de rochers que des « Parcourez la glorieuse carrière où vous êtes
cascades paroissoienl sillonner : il étoit cliargé entrés, et continuez de tracer d'une main ferme
de plantes et d'arbustes , qui sembloient y avoir et hardie , les droits des peuples et les devoirs
pris naissance. Sur les quatre côtés de sa base, des Rois ! ..
de 8o pieds chacun, des gradins conduisoient Liberté ! ton sanctuaire cst au milieu de nos
à quatre portiques d'ordre dorique qui don représentans : mais nous t'honorons par-tout où
noient entrée dans l intérieur du rocher : c'étoit tu existes, et les salves de notre artiiferie, après
le temple de la concorde. Sur le haut du ro avoir fait retentir nos acclamations et manifestº
cher, à une élévation de · 2 pieds , étoit la notre respect pour la mation, pour vous mº
statue de la liberté. Simple , mais imposante , sieurs lessages interprêtes de sa volonté suprémº,
touchante et noble, elle tenoit d'une inain la et pour notre roi, ont encore témoigné celuiquº
pique surmonléo du chapeau , de l'autre elle nous portons à la Inajesté du peuple britami |
résentoit la couronne civique aux milices fé que, à ces braves Anglois, autrefois nos rivauxi
érées. Sur l'un des frontons des portiques" aujourd'hui nos amis; aux Etats-Unis d'Amº:
étoit peint Diogène brisant sa lanterne et disant rique , à tous les peuples libres, à † |

ces inots : Je ne cherchois qu'un homcme , j en des rent l'être, et à cette société de la révolu°
ai trouvé des millions (l). tion de Londres , qui la première a plaudis : |
sant à votre courage, a prouvé que # liberté
(1) Cet autel est l'ouv age des plus célébres artistes
est le bien éternel qui § unir les peuples
cle Lyon (entr'autres MiMl.Cochet ct J)u nony), qui ont comme les particuliers », C,. , -

donné d ns cette occasion non-seulement des preuves -

bien marquées de leur patriotisme et de leurs talems , -

nmais aussi de leur désintéresseinent , car il n'ont (º) Lo citoyen patriote qui a fait et lancé cet aºº
voulu recevoir pour leur travail aucune récompense tat est M. Personnaz , professeur de mathématique .
l von.
que celle de la gloire qu'ils méritont si bien.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ; .
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes P

- et dirigé par M. MERcz En.


l Les loix, les loix , pour sauvor une nation de sa perte, et la liberté des
écrits pour sauver les loix. Raynal.

- N°. C C L V I. Du Mardi 13 Juin 179o.


· A S S-E M B L É E N AT I O N A L E. VIII. Pourront aussi être élus les curés ac- .
tuels qui auroient dix années d'exercice dans
Séance du 14 Juin. les fonctions curiales d'une paroisse du diocèse,
encore qu'ils n'eussent pas vicarié. -

| A L'oUvERTURE de la séance, il a été porté IX. A l'égard des curés dont les paroisses"
à l'Assemblée nationale une demande inspirée auront été supprimées en vertu du présent dé
| par l'enthousiasme de la reconnoissance. cret , il leur sera compté comme temps de
i M. Auguste, sculpteur, admirant, avec tous service celui qui se sera écoulé depuis la sup
" les bons citoyens, la noble loyauté et le civisine pression de leur cure. -

# magnanime du roi régénérateur de la liberté X. Pourront aussi être éligibles les mission
' françoise, demande que la matière de quelques naires, les ecclésiastiques desservant les hôpi
| unes des cloches de ces communautés qui vont taux ou chargés de l'éducation publique, lors
' eesser d'être, soit employée à former un buste qu'ils auront rempli leurs fonctions pendant
| de Louis XVI , ui, placé le 14 juillet sur quinze ans, à compter du jour de leur pro
motion au sacerdoce. --
| l'autel de la patrie, et delà transféré dans la
| salle de l'Assemblée nationale, atteste au siècle XI. Seront pareillement éligibles tous digni
| présent et aux siècles à venir les vertus du taires, chanoines, bénéficiers et titulaires qui
prince et l'ameur de la nation. étoient obligés à résidence , et dont les béné-'
Mais la reconnoissance publique ne s'ex fices ont été supprimés par le présent décret,
prime pas par les mêmes moyens que l'admi · lorsqu'ils auront quinze années d'exercice .
ration particulière, et l'effervescence de l'en comptés, ainsi qu'il est dit dans l'article IX.
thousiasme se concilie difficilement avec la XlI, Les curés qui, au moyen du nouvel ar-.
majesté d'une nation assemblée. M. de Vau rondissement des évêchés, se trouveront trans--
dreuil (P.) s'est opposé à ce que le monument férés dans un autre.diocèse, seront censés avoir
mational fût érigé à un prince vivant. Un autre servi dans le nouveau diocèse , et en consé-,
a observé que le corps législatif devoit laisser quence éligibles. l

aux esclaves des conrs le langage et les actes Nota. Cet article n'a été décrété que sauf
de l'adulation , et l'ordre du jour est venu la rédaction. -

s'établir impérieusement sur les débris de la XIII. La proclamation de l'élu se fera tou
motion abandonnée. jQurs en § où l'élection aura été faite, en .
L'ordre du jôur embrassoit la série des ar présence du peuple et de tout le clergé, et
ticles sur la constitution civile du clergé ; les avant de commencer la messe solemnclle qui .
décrets suivans ont été rendus. sera célébrée à cet effet. - -

, Art. VII. Les évêques dont les siéges doivent XIV. Le procès-verbal de l'élection de la
personne S(^Til † roi par le président"
être supprimés en exécution du présent décret,
pourront être élus aux évêchés actuellement de'l'assemblée des électeurs, pour donner avis :
vacans, ainsi † ceux qui vaqueront par la à sa majesté du choix qui aura été fait. " -
sùite , ou qui oivent êtrè érigés en quelques
-

XV. Celui qui aura été élu se prétentera en


départemems, encore qu'ils m'cussent pas quinzc personne à l'évêque métropolitain ; et s'il étoit
années d'exercice, · · , · absent, au pltis •ien éve##e l'arrondis-*
2
-
-

( 18 )
son monce, a vu cela de mauvais œil : mais il a autre ; l'armée du roi de Prusse est toute en
fallu souscrire, en convenant que les souverains marche; (lairfait s'est avancé jusqu'à Brahova ;
avoient droit de rappeller les évèques à la pau Léopold fait passer des convois d'armes, de mu
vreté évangélique. il a seulen1ent demandé que nitions, d'habits, de vivres, par la Hongrie ;
les revenus des évêchés fussent en bicns londs : les Auglois et les Hollandois réunis, vont venir
ce qu'on pourra lui accorder, quoique ce soit dans la Baltique au premier instant, pour em
une faute des plus graves si on la ſait. I. évdn pêcher une flotte russe de se combiner avec
gile ne reprendra sa force qu'en rºpprºchant celle qui les attend à Cadix ; le Portugal a une
ses ministros de ces temps heureux , ou il étoit flotte en mer , le Danois en équipe une; de gros
même défendu aux apôtres d'avoir un denier pelotons de soldats passent † les Pays-B s ;
dans leur ceinture. † Pologne fait les plus grandes diligences pour (
|

compléter son armée ; et cependant la paix va


D E MA N H E I M , le 6 ju.ºr. se faire : tant mieux pour les esclaves que les
tyrans trainent à leur suite , ou font égorger
On voit avec surprise se répandre des bruits pendant qu'ils donnent des fêtes à leur cour. :
généraux de suspcnsion d'armes , et même de
#acification entre les puissances belligérantes , D r L 1 E G E, le 6 juin.
tandis que de toutes parts on fait les plus grands
préparatifs pour continucr les ravages de la La sage conduite de nos braves combettans
guerre , et inême en augmenter les !: OTl'eurS. en impose enſin à nos ennemis : ils ont fui
(Quand le c eur des despotes sera-t-il donc as devant nous. Nous les épargnons le plus qu'il
souvi de sang humain ! Le roi de Prusse, qu'on nous est possible. Le droit dë la guerre ne per
peut appeller dans ce moment ci le sauveur de met pas d'égorger un ennemi qui se rend, Les
Z Europe, s il est assez puissant pour se faire évêques conjurés avec le nôtre ne †
entendre avec succes, pousse sºs armemens dans les mêmes dispositions ; car notre victoire
avec vigueur; et d'un autre côté, il vient, dit-on, nous a fait connoître que leurs troupes combi-.
de recevoir deux chevaux hongrois superbes # nées ont amené avec elles des cordes , des
envoie, et vient
Léopold lui de qui ont passé par Zit potences , des barres , et tous les instrumens
tau. 1 e roi Pologne d envoyer l'ordre des supplices , pour sacrifier à leur dieu de :
de l'Aigle blanc à M. de Bulukoſ f, ministre de paix tous les vertneux citoyens qui combattent,
Russie Un courier est arrivé depuis peu à pour notre liberté. Nous voyons en tête de
Stockholm , apportant d'Espagne des proposi la liste de ces cannibales chrétiens, les noms
tions très-avantageuses de paix de la part de respectables de Fabry , Chestrech, etc. Voilà
la Russie et de la cour de Vienne. Un courier comment l'église fait sa paix ! Les bagages que
anglois , ajoute-t-on , a fait la même chose à nous leur avons pris IlOllS OIlt prouvé CeS s-!
Berlin , de la part de l'Angleterre. Laudon a positions si charitabies du despotisme. Stupides .
fait prendre une position avantageuse à son ar Allemands ! gémirez-vous encore long-temps
mée, puis est décidément revenu à Vienne avec sous la verge de vos tyrans ? Notre exemple,
M. Colloredo. -
celui de la France ne vous dictera-t-il pas°
· D'un autre côté, le roi de Suède pousse ses qu'on ne doit verser son sang que pour la
conquêtes, dissipe un corps considérable de la patrie , et nom † de lâches voluptue
garde impériale ; la Russie met 31 vaisseaux de qui n'ont de foi, de loi, de dieu que les plaisirs
et la débauche !
ſigne en mer d'une part, et 11 vaisseaux d'une ' ' , , : . : A
Faute à corriger dans quelques exemplaires du N°. CCLV.
Page première, première colenne, ligne 16, artiſices , lisez sacrifîoes. " -

On, s'abonne à Paris , cnez BUIssoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix,
de l'abonnement et la lettre d'avis, et teu1es les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. _ | *
Chez DENNÉ é t PErIT , au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHE, rue du Roule',7
n°. 17.;. et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger. • " I .

• - • ! , _ . - -

Le prix de labonnement pour ce Journal , dont il paroft tous les jours un Numéro, est de 36 liv, pour
'» -» »» • • • | ..
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un an , 18 liv. pour six mois , et de 9 liv, pour trois mois , franc e vort , par la poste , pour tout le
lloyaumv, Le premier Numéro à paru le 5 Octobre 1789. L'abonnement ne commence que du premierd'un mois !
M -
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES ,
D E L A F R A N C E ,

E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R o P E ;
J O U R NA L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
et dirigé par M. MEncz E R.
C'est au peuple qu'il importe de conserver la constitution, l'intérêt
des grands est de l'envahir.

N°. C C L V I I. JOzz Mercredi 16 Juin 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. ordinaires , jusqu'à ce qu'il en ait été décrété
de nouvelles ».
Séance du 15 Juin.
Après un décret particulier qui fixe le chef.
lieu du district de Mancigny, au département
LissEssº, dft un proverbe espagnol, est de la Sarte ( ci-devant Anjou et Maine ) ,
celui à qui l'expérience d'autrui ne profite On a passé à la constitution civile du clergé,
pas. Après l'exemple que l'opinion publique et à l'article 23 du titre 2 du plan rédigé par
a fait du chapitre de N. D. de Paris, et de sa le comité ecclésiastique, lequel, ainsi que les
protestation , on n'auroit pas cru que dans articles subs quens, a été décrété à la très-forte
cette classe oiseuse des serviteurs de l'autel, Ina,orité.
il s'en trouvât qui tentassent de faire jamais Art. XXIlI. Les vicaires supérieurs et vicaires
reparoître la ridicule prétention de se compter directeurs du sém naire seront nommés par
pour quelque cliose, et qui eussent la cou l'évêque et son conseil , et ils ne pourront être
pable audace d'insnlter ſe pouvoir légisiatif. dºs**ués que de la même manièré que les
Cependant les chanoines de l'insigne égl se vic 1.res de l église cathédr. le.
métropolitaine de Besançon viennent de pren X XiV. L'élection des curés se fera dans la
·dre un arrêté dans lequel, protest nt contre forme prescrite , et par les électeurs indiqués
les augustes décrcts, ils osent él ver des doutes dans le décret du 22 décembre 1789 , pour
sur les principes religieux de l'Assemblée natio la nomination des membres de l'assemblée ad
nale. Cet arrêté est dénoncé aujourd'hui par ministrative du district.
les officiers municipaux de Besançon, qui dès XX V. L'assemblée des électeurs pour la
le premier moment qu'ils en ont eu connois nominat on aux cures se formera tous les ans
sance, ont arrêté les progrès du mal par une , à l époque † pour la formation des
proclamation civique. assemblées de districts et de départemens,
L'Assemblée nationale a adopté un décret quan | Inême il n'y auroit qu'une cure vacante
† par le comité des finances, et tendant dans le district : à l'effet de quoi les munici
palit s seront tenues de donner avis au pro
proroger l'exercice ou la perception des di
vers droits attachés à l'hôpital général de curºur-syndic du district de toutes les vacances
Rouen, jusqu'à ce que l'Assemblee , d'après de cures qui arriveront dans leur arrondisse
es renseigncmens qu elle recevra du départe ment par Inort , démission ou autrement.
ment de la Seine inférieure, pourvoie définiti XXV I. En convoquant l'assemblée des élec
vement à la dotation ou aux besoins de cet teurs, le procureur-syndic enverra à Chaque
hôpital. municipalité la liste de toutes les cures aux
Les habitans du Hainaut donnant une fausse quell s il faudra noinmer. -

interprétation à l'article XII du d 'cret du 15 , - XXVI .. L' lection des curés se fera par
mars, ont cru pouvoir discontinuer le paiement scrutins s parés pour che ſuc c.re vacante.
des impositions : l'Assemblée, sur le rapport de XXV i II. C. , que électeur , avant de In ttre
M. Merlin, du comité de féodalité, a ordonné son scrutin dans le vase , sera tenu de faire
« Texécution de son décret du 28 janvier , et " 18 # 1) t qu'il a nouniné en son aine et cons

a continuation du paiement des impositions ciéiice le sujet qu il a cru le plus digne, et


-"
- "- 257
. ( 2e )
'il n'a été déterminé à ce choix par aucun registre particulier , sur lequel le greffier
on, promesse ni menace. Le serment aura secrétaire de la municipalité du lieu écrira ,
lieu pour l' lection des curés comme pour sans frais, le procès-verbal de la prestation de
celle des évêques. serment de l'évêque ou du curé, et il n'y aura
XXiX. L'élection des curès ne pourra se pas d'autre acte de prise de possession que ce
faire ou être commencée qu'un jour de dl rocès-verb J.
manche , dans la principale église du chef-lieu XXXIX. Les évêchés et les cures seront ré
du district, à l issue de la messe paroissiale , putés vacans jusqu'à ce que les élus aient prêté
à laquelle tous les électeurs seront tenus d as le serment ci-dessus mentonné.
sister. XL. Pendant la vacance du siége épiscopal,
XXX. La proclamation des élus sera faite le † et à son défaut le second vicaire
par le président du qui
corps électoral , enavant
l' glise de l'église cathédrale, remplacera l évêque, tant
principale , au jour sera indiqué, la pour les fonctions curiales que pour tous les
messe sol mnelle qui sera célébrée à cet effet, actes de jurisdictions qui n exigeront pas le
et en présence du peuple et du clergé. caractère épiscopal, mais en tout il sera tenu
, XXXI. Pour être élig ble à une cure , il sera de se conduire d'après les avis du conseil.
nécessaire d'avoir rempli les fonctions de vi XLI. Pendant la vacance d une cure, l'ad
caire dans une paroisse , ou desservant dans ministration de la paroisse sera confiée au pre
les hôpitaux ou maisons de charité , au moins mier vicaire, sauf à y établir un vicaire de plus
pendant l espace de cinq anné( s. si la municipalité le requiert, et dans le cas où
XXX I. Les curés dont les p, roisses auront il n'y auroit pas de vicaire, il sera établi un
été supprimées , en exécution du présent dé desservant par l'évêque. -

cret, pourront être élus, encore qu'ils n'eussent XLII. Chaque curé aura le droit de choisir
pas cinq ann es d'exercice dans le diocèse. ses vicaires, mais il ne pourra faire porter son
XXXIII. Seront pareillemºnt éligibles a llX choix que sur des prêtres ordonnés pour le
cures tous ceux qui ont été déclarés ci-dessus diocèse , ou admis dans le diocèse.
éligibles aux évêchés. XLIII. Un curé ne pourra révoquer ses vi
XXXIV. Celui qui aura été proclamé élu à caires que pour des causes légitimes , et qui
une cure, se présentera en personne à l évèché, seront jugées telles par le conseil de l évêque ».
avec le procès-vcrbal de son élect on en pro Un ecclésiastique a deinandé qu'il fût défendu
clamation, à l'effet d'obtenir de lui l'institution aux vicaires de quitter leurs curés pendant le
canonique, et l'évêque y sera supplié de lui temps pascal. Cette proposition n'a pas été ac
accorder l'institution canon1que. cueillie. Enſin l'Assemblée a renvoyé à l'examen
XXXV. L'évêque aura la f culté d'examiner du comité ecclésiastique la demande qui étoit
l'élu, en présence de son conseil, sur ses moeurs faite d'un décret, par lequel les curés qui au
et sur sa doctrine : s'il le trouve capable, il lui roient éprouvé des désagrémens dans leurs pa
donnera l'institution canonique : s'il croit de roisses , seroient autorisés à permuter leurs
voir la lui refuser , il donnera ses raisons par CllIT8S.

écrit, signées de l évêque et de son conseil 9


L4 Z^ I S.
sauf à la partie intéressée les recours à la puis MM. les Abonnés , dont la jouissance clare du 3 1

sance civile. ainsi qu'il sera dit ci-après. janvier pour 6 mois , et du 1 avril pour 3 mois, sont
XXXVI. En examinant l'élu qui lui deman avertis que leur Abonnement ſinit au 5o du courant;
dera l'institution canonique, l évêque ne pourra et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célériti
exiger de lui d'autre serment, sinon qu il fait dans le service. M M. sont aussi prévenus de répéter
rofession de la religion catholique, aposto leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
† et romaine. par le premier de tel mois, afin d'éviter les doubles
emplois.
XXXVII. Les curés éhus et institués prête
ront le même serment que les évêques, dans
leur église, un jour de dimanche, avant la messe P A R I S, le 15 juin.
paroissiala, en présence des officiers munici
aux du lieu , du peuple et du clergé. Jusque ll circule ici depuis deux jours plusieurs let
à, ils ne pourront faire aucune fonction cu tres vraiment écrites de I ondres, par lesquell
·riale. on apprend que la chambre des communes,
XXXVIII. Il y aura, tmt dans l'église cathé d'accord avec le prince de Galles et M. Fox,
drale que dans chaque église paroissiale , un autorisés par les comtés réunis de l'Angleterre,
------ :---------+

( 2I )
vient d'anéantir la chambre haute ou des no · Lettre de M. Merlin , député de Douai à
bles, et siége sur le plan de notre Assemblée
l'Assemblee nationale, à MM. les officiers
nationale, après avoir signifié au roi qu'il ne municipaux de Cambrai. -

devoit plus faire la guerre sans le consentement


de la mation , qui dans ce moment-ci refusoit Je vois, messieurs, par quelques journaux
tout subside, pour laquelle on faisoit tant de assez peu patriotiques, que la calomnie veut
préparatifs. Pitt a, dit-on. péri dans cette ré aussi s'en prendre à moi, et qu'en lançant sur
volution, qu'il n'a que trop provoquée par son mon très-obscur individu quelques traits puisés
despotisme ministériel. Nous attendons avec chez vous, elle me destine une place à côté de
impatience la confirmation de cette importante ceux de mes confrères qu'elle a le plus honorés,
nouvelle, ou la preuve de sa fausseté. en voulant les couvrir de son écume ; elle pu
L)'une autre part, on a reçu des lettres de blie que parmi les différentes lettres que j'ai
Madrid qui assurent que le grand inquisiteur écrites au patriote M. le Clercque, depuis cinq
est pendu, le roi sauvé sur les côtes, de sorte à six mois, et que vous avez enveloppées SOllS
que le dernier courier anglois n'a trouvé per les scellés apposés sur les papiers de ce citoyen,
sonne à la cour pour remettre ses dépêches. vous en avez trouvé quelques-unes par les
-
quelles je lui donnois des conseils incendiaires.
Sans doute qu'après avoir, dans toutes les oc
Hier 14 les amis de la liberté, habitués au . casions , manifesté un patriotisme aussi pur ,
café Procope, y rendirent, au nom de toute la aussi loyal, aussi probe que celui dont je suis
France , les hommages dus à la mémoire du animé, je ne dois pas m abaisser à répondre à
célèbre Benjamin Franklin. La salle étoit toute cette absurde imputation ; mais, né dans votre
tendue en grand deuil , sans excepter les ta province, député de votre département, et par
bourets. Au fond étoit placé le buste de ce ce double rapport , doublement votre conci
vengeur de la liberté , posé sur un piédestal, toyen, je crois devoir vous prévenir que c'est
et ceint d'une couronne civique forlnée par vous qu'on charge de l'avoir fait circuler ; je
une branche de chêne. Deux cyprès élevoient suis désespéré qu'ofi vous ait en cela calomnié
au-dessus leurs lugubres rameaux. A côté étoit vous-mêmes ; mais vous avez un moyen très
la couronne de § formée par un simple de vous disculper, c'est de faire impri
serpent qui so mordoit la queue. Un orateur mer toute ma correspondance avec M. le
lut un hymne , où l on rappelloit les bien Clercque. Le public y voyant régner constam
#§ de cet ami des hommes , avec. une élo ment les mêmes principes que j'ai toujours pro
§ simple , mais pathétique : il finit en fessés à la tribune et dans mes écrits , depuis
emandant au génie de ce grand homme de l'ouverture de l'Assemblée nationale, concevra
veiller, comme un ange tutélaire, sur son ou bientôt qu'il n'est pas possible , qu'éclairé s et
vrage, et d'en étendre les effets sur toute la vertueux comme vous l êtes, vous ayez annon
terre.
cé comme criminelles des lettres que j'aurois
Grand exemple pour M. de Mirabeau l'aîné, voulu , en les écrivant, pouvoir adresser à tous
qui a réveillé l enthousiasme de la liberté dans les amis de la constitution, de la loi et du bon
notre capitale, et ne flétrira sans doute jamais ordre.
ses lauriers , en démentant son patriotisme. Je ne vous parlerai pas de l'affaire de M. le
Clercque ; tout ce que je puis en dire dans ce
Exemple unique de patriotisme. moment, c'est que je l'abandonne, si un zèle
Les ouvriers occupés à démolir la Bastille aveugle pour le succès de la bonne cause l'a
ayant montré au public les corps des malheu rendu coupable ; mais que je le d fendrai jus
reuses victimes du despotisme, dont nous avons qu à la mort, et avec le plus grand éclat, s'il
parlé, laissant à chaque citoyen la libre effusion est innocent.
de sa générosité , ont amassé une somme de J'ai l'honneur d'être , messieurs, votre, etc.
9oo livres , qu'ils ont sur-le-champ consacrée signé, MERLIN.
à délivrer le plus grand nombre possible des Avis intéressant.
pères de famille indigens, et emprisonnés pour
. dettes de mois de nourrices. Que le despo Il entre en France une quantité considéra
tisme vienne à présent nous dire que le peuple ble de déserteurs étrangers , un grand nombre
est une béte féroce, †º qui me con , de soldats piémontois, napolitains, génois
allemands, sont sortis et sortent encore jour
>

vient qu'à ses coupables agens.


( 22 )
nellement de la Savoie. Cette désertion ex prions MM. les journalistes d'insérer dans les
traoruinaire et dont nous n'avons jamais vu papiers publics, les deux articles ci-dessus. que
d'exemple, seroit-elle l'effet d'une trame odieuse nous assurons vrais et exacts. (Journal patrio
préparee de loin par les ennemis du bien pu tique de Grenob.'e. ) -

blic qui, voulant se procurer du secours pour


le succes des entreprises qu ils méditent contre AFFAiRES POLITIQUES ÉTRANGERES.
la liberté de la nation , corrompent d s mal - D E I. A JA M A ï Q U E, le 1°r avril.
heureux qu'aucun intérêt n'attache à leur pa
srie, et qui font un vil métier du service ini L'assemblée générale de l'isle vient de voter º

litaire. On nous écrit de Bonrgoin qu on 11e une statue à l amiral Rodney. Elle lui sera éle
voit passer dans cette ville que des déserteurs vée dans la ville de Saint-Jacques de la Vega
iemontois et allemands , qiii v,ennent du l,'enmplacement sera déterminé de manière à
Poiti-ge-Beauvoisin ou qui traverseul ,t ;lleurs donner lieu à augmenter les édifices pttblics.
les gués pour entrer en France ; (a ºua 4aus On a décrété pour cet efiet une somme de
sée a verſié que le nombre des deser eurs qui 5ooo liv. storling.
y ont passe d' rns / jt &cº; , a : le ele yuia ce jours,
D E G A N D , le 8 juin.
sc porte à cin,/uan te. On nous assure qu'on
en a ariêté pliisieurs dans di1férentes villes du Le complot qui s étoit formé a été la cause
royaume . le qu ls ont déposé qite leur Intem de l'échec que i'armée patriote a essayé. Le
tion étoit de mettre le feu aux g rbes dès que nombre des traitr s y étoit trop considérable
la moisson seroit fante. On ne peut p s doulcr, pour que le gén r l Sch enfeld eàt des succès.
d'après ce que nous avons dit , à l'article de fºir,sieurs mºmbres des états de Brabant , et
l' Assembiée nntional , séance du 20 , nº. 46, to is les repr, sºnt ans du tiers-état devoient être
que Paris ne fourmille d'une grande quantité m s acrés. Le dinanche de la Trinité étoit le
de ces in,sérables qui viennent d'en-delà des jour arrêté pour ce massacre. Heureusenent
Alpes. Presque tous sont muns de passº-ports on a dé couvert un grand nombre de complices.
signés de M. Choiseul, ambassadeur de France Plus de soixante sont arrêtés à Bruxelles. On a
à 1'urin, et datés du premier mars. Sentinelles trouvé arines , munitions , art ll, rie dans leurs
du peuple, toujours fidèles à sa cause, et à rnaisons.
cells de la liberté, de l'lium inité ( t de la vé les chefs de la conspiration étoient à Cour
1ité, il est de notre devoir de dénoncer cette trai avec nn baron ct Aag , qui avoit quitté
mouv lle manoeuvre des aristocrates. l,n consé l armée, emportant Go,ooo livres, et d autres
quence nous invitons toutes les municipal t s désertcurs nommés de Crait , Van-LQc , etc .
de la frontière et toutes les gardes nationales, Ceux de la contrée de Lille et de Tournay
de veiller sur ces déserteurs, de les empêcher sont lignés avec les préci dens. lls avoicnt
même de pén trer en France. Nous inv,tons d ssein de surprendre Gand : mais les états dé
aussi les municipalités du royaume de les faire 1 landres sont pr venus, et ont ét, bli des bat
arrêter lorsqu'ils n'auront aucune prolession ; teries sur les routes. 'l y a eu aussi des mouve
u'ils ne feront que le métier de v, gaboul ; mens à Oudenarde. Les volontaires ont obligé
e les faire conduire par les gardes nationales les mécontens à se cachº r, ou à renoncer à
de municipalité en municipalité jusque sur les leurs mauvais desseins. A Oslonde une partie
frontières. Nous nous contenterons de faire de la garnison s'étoit révoit e : on y a envoyé
la comparaison de cette dernière manoeuvre
le ſise il avec l s ordres les plus rigides.
aussi singulière qu'exacte , avec les relations bnſin , la conspiration sembloit être générale.
qu'ont eu M. Maillebois, le chevalier Bertranel 'Telie fut la cause de nos échecs : mºis On
Bonne, et peut-être encore d'autres , avec le arrête actuellement tout le monde sirr le
ministre de France à Turin; relations dont les moindre soupçon. Moyens violens sans doute,
documens remis au comité des recherches, ct cependant indispensables , lorsqu'on est tou
les papiers saisis dans la cassette du dernier, jonrs sur le point d'être snrpris par les agens
ne permettent point de douter. secrets de la tyrannie , autriciiienne sur-rout.
Nous dénonçons encore à la nation, et à ' On nous assure que les ennenuis ont perdu
l'Assemblée nationale, les aristocrates qui se beaucoup de monde dars une nouvelle tenta
servent de la franchise dcs ordres mendians tive qu'ils ont faite l'otir passvr la Mieuse. L'avo
pour faire passer dans les provinces tons les · cat Sºndelin , défenseur de Van-der-Mersch ,
écrits incendiaires contre la révolution. Nous a t té obligé de fuir. -
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
JO U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
eZ dirigé par M. MEncz ER.

Couvrons-nous des rayons de cette pure flamme


Qu'allume la raison , qu'étoint le préjugé ! VoLTAIRE.

N°. C c L VI I I. Du Jeudi 17 Juin 179o.


AS S E M B L É E NAT I O N A L E.
qu'il falloit exciter les catholiques à chercher
des querelles aux protestans ; qu'un particulier
Séance du 15 juin au soir. avoit fabriqué des fourches par les ordres du
Dervis long-temps le public attendoit avec sieur Froment ; que quelques personnes avoient
dit qu'elles nc quitteroicnt la cocarde blanche ,
impatience le rapport qui devoit être fait par que quand elie seroit rougie du sang des Fran
le comité des recherches, de la déclaration des
çois...... Le nominé Fleury , assommé à coups
soi-disant catholiques de Nimes et d'Uzès : de crosse de fusil par les gens à cocard s
l'ordre du jour a enfin amené ce rapport à la blanches....... ; autres personnes frappées en
présente séance ; et M. de Marguerittes, maire présence du maire et officiers municipaux ,
de Nimes, a , pendant toute la discussion , s uns aucune opposition de leur part...... ; deux
quitté le rang de député pour occuper, à la cents particuliers cnfermés pendant-une nuft
barre, la place d'accusé. entiëté dans le domicile du procureur de la
Cette discussion est devenue tumultueuse. COlllIllllIlC ...... »
Le parti des ennemis de la révolution , dont , Ce n'est qu'après deux heures de tumulte ,
depuis quelques jours, on auroit pu , à leur que le rapporteur est parvenu à obtenir la fa
s.lence et † modération , croire les uns
culté de ſaire cette lecture : « C'est ainsi, crioit
terrassés , et les autres convertis , a repris
toute sa furie ct sa déraison à la lecture du M. d'Eprémesnil, qu'on donnera aux délateurs
· rapport fait sur la déclaration du 2o avril , et les moyens de se faire entendre comme té
sur une seconde délibération du 1 er juin , qui moins , c'est ainsi qu'on feroit adopter par l'As
ratifie la précédente avec adhésion aux protes semblée nationale les formes de l'inquisition,
tations des dissidens. les ressources inventées par les tyrans et par les
Mais le désordre a été à son comble lorsque fripons ». La réponse étoit facile , et M. de
Mirabeau l'a faite. « Le comité n'est point dé
" M. de Macaye , à la suite du rapport , a pré noncialeur, il ne fait qu'exposer des faits sur
senté une feuille qui étoit jointe à la lettre lesquels il demande à être instruit ».
d'envoi des amis de la constitution demeu
rant à Nimes, et dont voici l'extrait presque A la ſin de son rapport, M. de Macaye a de
littéraI. mandé que tous les signataires des délibérations
| « Complots pour chasser les protestans des de Nimes et d'Uzès fussent mandés à la barre ,
municipalités...... : assemblées nocturnes dans et que le roi fût supplié de commettre au pré
l'église des pénitens blanes...... ; distribution de sidial de Nîmes la preuve des faits allégués.
liste et de pamphlets incendiaires...;.. ; prêtres L'affaire est ajournée à la prochaine séance.
et autres citoyens qui détournent de faire des Le trouble que cette discussion a occasionné,
sournissions pour la contribution patriotique , le scanlale qui en est la suite nécessaire, la
disant que c'otoit à des sots à faire des dé perte du temps public que consomme les dis
2Zara cions , qu'elles étoient inutiles , et que putes et les haines , toutes ces considérations
'a barzqueroute étoit inévitable....... Il a été ont déterminé l'Assembiée mationale a ordon
répandu qu'une contre-révolution étoit néces ner la rédaction d'un réglement sur la police
aire , ct qu'il falloit du sang pour l'effectuer ; intérieure de ses séances; le #º des régle
2O )
( 24 )
mens est chargé expressément d'en apporter , mandée, s'est permis de prétexter qu'iI falloit,
dimanche prochain, le travail définitif. pour remédier à ces maux, un accord unanime
§ a reçu avec sensibilité l'hom entre tous les ministres, et n'a pas craint de
mage qui lui a été fait d'un portrait de Ben faire valeter d'antichambre en antichambre les
jamin Franklin, par M. Petit du Couperet, députés de l'Assemblée nationale.
peintre distingué; un applaudissement univer Sur ce récit , M. Bouche a demandé que
sel a exprimé les sentimens dus au grand M. le garde des sceaux fût mandé de venir sur
homme dont on n'a plus que l'image , et il le champ à la barre rendre compte de sa con
duite.
en a rejailli quelque chose sur l'artiste qui l'a M. Merlin a représenté que le comité des
retracée.

Séance du 16 juin. dîmes devant présenter demain un décret sur


le remplacement de cet impôt , il paroissoit
Ce concert si parfait, si touchant, qui règne convenable d'ajourner au même terme l'accu
entre l'Assemblée nationale et le monarque sation portée par M. de Noailles. L'ajournement
des françois, n'a pas encore pu gagner les a été ordonné.
agens du † exécutif, ni vaincre l'obsti Les villes de Guise et de Vervins se disputent
nation malveillante avec laquelle ils retardent, réciproquement l'avantage d'être le chef-lieu
autant qu'il est en eux , les progrès de la de district. Une délibération prise le 7 juin
constitution. Parmi ces ministres il en est , et par l assemblée électorale, mais dont le procès- .
ce sont les moins viciés, qui s'endorment dans verbal n'est pas signé du président , ni des
une inertie au moins suspecte , et qui, au secrétaires, avoit nommé Vervins pour chef
moment où le peuple a besoin d'être dirigé lieu. Des électeurs assemblés de nouveau ont,
dans les sentiers de la législation nouvelle, ne par une délibération subséquente, choisi pour
veulent rien faire pour l'éçlairer, et l'aban chef-lieu la ville de Guise. L'Assemblée matio
donnent misérablement à cet esprit d'erreur nale déclare la première délibération seule
et d'imprudence, qui est une maladie attachée valable.
à l'enfance de toutes les constitutions. On a passé à l'ordre du jour, qui avoit auiour
L'Assemblée nationale en a eu , ce matin , d'hui pour objet le traitement pécuniaire des
sous les yeux, un affligeant exemple , dans un ministres du culte.
rapport fait par M. de Noailles. Voici les articles qui ont été décrétés.
Le décret rendu sur les dîmes inféodées , les Art. I°r. Les ministres de la religion exerçant
droits de champart, etc. , a été mal interprêté les premières et les plus importantes fonctions
dans plusieurs provinces; et il se trouve nombre de la société, et obligés de résider continuelle
de citoyens qui croient fermement m'être plus ment dans le lieu du service auquel la con
obligés de payer ces droits. Le comité féodal, fiance des peuples les a appellés, seront en
instruit de cette erreur du peuple qui pourroit tièrement défrayés par la nation.
avoir des suites si funestes , n'avoit cependant II. Il sera fourni à chaque évêque , à chas
pas cru devoir prendre sur lui d'interprêter le que curé et à chaque desservant des annexes
décret. Mais un décret constitutionel ayant dé ou succursales, un logement convenable, sans
cidé que le roi feroit des proclamations pour entendre rien innover . † à présent, à l'é
rappeller aux citoyens l'observance de la loi gard des paroisses où le logement du curé ou
quand elle seroit méconnue, le comité a cru desservant a été jusqu'ici fourni en argent,
devoir instruire le pouvoir exécutif. Une dé sauf aux départemens à prendre connoissance
† du comité a été envoyée auprès de M. des demandès qui seront formées sur cet objet
ar les paroisses et par les cRrés, et encore
e garde des sceaux, pour l'engager à publier,
le plutôt possible, ume proclamation explicative ; † charge par eux § demeurer responsables .
ce ministre n'a fait aucun usage de l'avis du des réparations locatives. -

comité; et le retardement qui a perpétué l'igno III. Le traitement des évêques sera, savoir,
rance des peuples, a été cause des malheurs qui our l'évêque de Paris de 5o,ooo livres ; pour
sont arrivés. Des huissiers chargés de la pour l§ évêques des villes dont la population est de
suite des droits injustement contestés, ont été cinquante mille ames et au-dessus, de 2o,ooo
l'un pendu, l'autre assommé par les redevables. livres ; et pour tous les autres évêques, de
-, M. le garde des sceaux , que le comité est 12,ooo livres.
allé hier instruire de ces événemens funestes, Cet article III n'a pas passé sans difficulté.
au lieu de montrer l'activité qui lui étoit de M. de Cazalès s'est fortement élevé pour trou
( 25 )
ver Ja dotation des évêques insuffisante : « Peut que cet anniversaire de la liberté, o ù toute
on, a-t-il dit, verser trop de richesses sur des la France à Paris, croyant avoir fait un nou
hommes qui depuis si long-temps édifient l'uni veau choix, criera jusqu'au ciel : Vive Louis,
vers par la pureté de leurs moeurs et l'étendue premier roi des François ! Pourquoi faut-il
de leurs aumônes ? Comment comparer le trai que tous les rois ne méritent pas encore d'as
tement honorable et sagement gradué des curés, sister à cette fête, où ils jureront enfin, où ils
qui ne sont que de simples prêtres, avec le trai signeront ensemble le bonheur des hommes ?
tement resserré des évêques, successeurs immé Je ne doute point, messieurs, que tous ces
diats des apôtres » ? M. de Cazalès demandoit soldats, et ceux de la mation et ceux du roi,
2o,ooo liv. pour la dotation des évêchés de villes qui accourent de toutes les provinces, pour se
du troisième ordre en population ; 4o,ooo liv. mêler, se conſondre sous les drapeaux de la
pour les évêchés de Toulouse, Bordeaux, Nan patrie , ne reçoivent, dans toutes nos villas
tcs. ſº ou n, Mlarseille, etc. ( t 15o,ooo liv. pour lospitalières, les marques d'estime quc se doi
l'é v êché de Paris. ( ette motion a été combattue vent les défenseurs de la constitution. Mais
par une motion bien contraire , qui réduisoit à C'est sur-tout aux conquérans de la Bastille à
1 o,ooo liv. la dotation de tous les siéges épisco faire les honneurs de la France. Il faut qu'une
aux indistinctemcnt : c'étoit le vocu de M. Ro armée , qui ne sera qu'une famille, trouve nos
† II1alSOIlS OLlVGºTtOS COIn InG IlOS CCellrS.

IV. I.e traitement des vicaires des églises Voulez-vous bien prévenir ceux de mes con
cathédrales sera , savoir à Paris , pour le pre citoyens qui seront jaloux de loger de nos
mier vicaire , de 6ooo livres ; pour le second , frères, que j'inscrirai avec plaisir leur mom,
leur demeure et leurs offres.
de 3 ooo livres ; pour tous les autres vicaires ,
de 3ooo liv. MA: U EL, administ.
Dans les villes dont la population est de plus
de cinquante mille ames , pour le premier M. Albert de Rioms récompensé.
vicaire, de 4ooo livres , pour le second , de
3ooo livres, pour tous les autres, de 2 loo liv, Un des grefficrs en chef du pouvoir exécutif,
Dans les villes dont la population est de M. de la Luzerne , a écrit à M. Albert de
moins de cinquante mille ames , pour le prc Rioms que le roi le nommoit chef d'escadre
mier vicaire , de 3ooo livres, pour le second , pour la ,otte qu'on alloit mettre en mer. Cette
de 24oo livres, pour tous les autres de 2ooo nomination cst d'autant plus agréable aux cour
livres. tisans, qu'ils se rappellent toujours avec plaisir
A W I S. que Mi. A l' est de Rioms portoit n'aguère la
cocarde no're , et que dans les circonstances
MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
il pourra se montrer bravement. Si d'ailleurs
janvier pour 6 mois , et du 1 avril pour 3 mois, sont ses vaisseaux n'ont point d'ennemis à combattre,
avertis que leur Abonnement finit au 5o du courant :
et priés de renouvcller avant le 25, pour plus de célérité et que l'Assemblée nationale me croie pas de
dans le service. MM. sone aussi prévenus de répéter voir soutenir le pacte de famille des loups
leur adresse , et dy ajouter ces mots : à commencer contre les familles de brebis, l'armcment de
par le premier de tel mois, aſin d'éviter les doubies l'escadre servira toujours à soutirer à cc bon
cmplois. peuple françois quelques millions, dont les mi
nistres , leurs commis, etc. etc. etc. mettront
Hôtel de la Mairie, ce 14 juin. une bonne partie en poche ; car puisqu'il n'y
MEs s I E U R s,
a rien à faire aujourd'hui contre les principes
de la constitution , il faut bicn que ccs mes
Lo grand jour approche, qui doit effacer sieurs profitent de l'adresse des ministres char
tous les plus beaux jours de la Grèce et de latans , pour se garnir les mains de l'argent
tome. Est-il une nation dans l'histoire, dans national, et dépouiller les généreux constitu
la fable même, qui, pendant le court espace tionnaires d'un métal auquel des législateurs
d'un an, corrigeant tout-à-la-ſois ses princes, philosophes mettent, en général, fort peu de
ses prêtres et ses juges, ait changé de loix et prix. La cour n'a d'ailleurs aucun intérêt à
de mœurs ! Oui, de moeurs : car il y a bien ménager la bourse des peuples, sur-tout depuis
loin de ce peuple qui portoit le deuil de Crom que les peuples veulent faire ménage à part.
wel, à celui qui porte le deuil de franklin. Ainsi les ministres inventent mille ruses de
Quel spectacle, messieurs, pour l'univers, guerre et de politique pour dépouiller la patrie,

( 26 )
et la patrie est d'une docilité charmante sur salut publlc , et le zèle et la conduite du sieur
oe point. CARRA. Bourdon , méritent la reconnoissance des amis
de la patrie , et doivent faire le désespoir des
Résultat des nouvelles de Charolles , du 3 aristocrates.
juin 179o.
Démence d' un prétre aristocrate.
Les ennemis de la révolution ont échoué dans
les tentatives que leurs brigands ont faitcs dans Il est des hommes tellement endurcis dans le
ce district. péché d ar stocratie, qu'on peut regarder chez
Les porteurs de fºux décrets, ceux qui voti eux ce péché comme un véritable dºrangemcnt
loient ſaucher les prés et moissonnºr les p,rans, pliysique du cerveau. Le sieur Dheyrºï, cha
repoussés des provinces du N ver1:^ t du moine d'Aigueperse , département du Puy de
Bourbonnois, avoient passé la ri, , re d, Lo.re Dôn , en lournit le triste cxemple. Ce pauvre
et celle d'Aroux, ils avoi.ni forin , tirs d trou insensé, après s'être battu les § en vain
pemens à Perrecy et à l' iiinge en Ciiaroiois. pour empêcher la formation de la garde natio
La garde nationale de Cliarolles , c les des nale d'Aigueperse , s'est avisé non-seulement
villes de P , rav et Toulon , ct d s bourgs de d'exciter quelques citoyens contre cette même
iºigoin , Saint-Bonnet de !oux , la Guicne et garde nationale, naais de l'insulter jusqu'à trai
Martigny, au 11ombre de 4 bo l1 ,mmes , à cux tºr de pol ssons et de brigunds ceux qui la com
joint deux brigades de maréciiaussée, le tout po oi nt. Ml indé à la municipalité pour rendre
sous le commandement du sieur Bourdon , lieu compte de s t conduite, il n'a fait qu'aggraver,
tenant d,: la In réchaussée et commandant de d ;ns ses réponses, les insultes dont il étoit cou
la milice mationale de Char° les , ont marché p ible. On la. a demandé s'il entendoit faire son
contre les séditieux , qui ont pris à l instant la serinent civique ct sa d claration pour le don
fuite. Leur nombre étoit considérat lº , et à la patriotique : il a répondu qu'il juroit tous les
jours , que cela ne lui coûtoit rien, et il a jurè
faveur dcs bois et des bleds dans lºsquels ils se
sont cachés, on n'a pu en arrêter quº neuf. le serment † : quant au don patriotique,
On ne pºut trop louer le zèle de la maré il a déclaré qu'il avot plus de d ttes que de re
venus. I'raduit au bailliage, ce fou furieux a
clau,sée et des milicºs national s de ces divers renouvellé ses insultes contre nn officier de la
lieux. Quoique le rend z-vous l'ùt très-éloigné, garde nationale : de sorte que le tribunal a
on a marché jour et nu't , et on s'y est trouvé rendu contre lni une sentence qui lui cnjoint
de toute part à l'heure indiquée : on s'est porté de porter honneur et respect aux membres de
ensuite dans presque toute l'étendue du district, la garde nationale, et lui défend de les injurier,
pour rassurer les propriétaires el fr y és sur le sous peine d'êlre poursuivi comme perturbateur
sort de leurs récoltes. La troupe des patrioles ne du repos public , et le condamne aux dépens,
s'est séparée qu'après avoir jurº de sont enºr les dommages et intérêts. Voilà pourtant de quelle
décrets de l'Assemblée nationale, maintenir la
espèce d hommes sº compose la cohorte aristo
tranquillité publique, et se rassembler au pr - cratiq'ue ! d'iinbécilles , d'ignorans, de fous,
mier signal par-tout où il sera nécessaire. l 'eſl roi
de petits maîtres , de g ºns obérés de dettes,
est parmi les brigands, et la joie a généralement m urtris de débauclles et défigurés d'opprobre;
succédé aux vives inquiétudes des propriétaires. enfin , d'insolens personn ges qui savent à peine
Cette douce harmonie de la maréchaussée lire et écrire, et qui veulent avoir tous les hon
avec les milices citoyennes, l'oubli des rivalités neurs , toutes les richesses et tous les grands
entre Charolles et Paray lorsqu'il s'est agi du emplois de l'administration. C....
On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port , le prix
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les - tuteurs des Annales Patriotiques.
Chez l)ENNÉ et PrTIT, au Palais-Royal; BAILLY, rue Saint-Honoré ; madame l)ELAPLANcHE, rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
Le prix de l'abonnement pour ce Journal, dont il paroît tous les jours un Numéro, est de 56 liv. pour
un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout le
royaume. Le premier IVuméro a paru le 3 Octobre 1789. L'aéonnement ne commence qyue du premier d'un mois.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
º -
DE L A F R A N C E,
E T A F FA I R E s P o L I T I QU E S D E L E U R o p E ; :
· J O U R N A L * 1 # une Société d'Écrivains Patriotes ,
el dirig par Z)/. MERcI En . -

Croyez-moi , effacez jusqu'à la dernière trace du despotisme, car l'esprit


d'oppression renaît de la cendre même de l'oppression SHÉRIDAN.

N°. C C L I X.
Du Vendredi 18 Juin 179o.
A S S E M B L É E N AT I O N A L E. dit , un curé avec 12oo livres, dans un siècle
où l'argent est tout, et où la vertu n'est rien ?
Séance du 17 Juin. Quel curé osera aller dans la chaumière du
pauvre, s'il est dans l'impossibilité de joindre
LA journée du 17 juin sera pour l'empire aux consolations tirées de la religion et de la
, françois une époque éternellement mémorable. morale , les consolations plus réelles encore de
· C'est en ce jour que la majorité des représen la charité et de la bienfaisance ? Qu'on cesse
, tans de la nation , pénétrée du sentiment de de nous dire que les prêtres étant les ministres
, ses forces, et reconnoissant le peu d'utilité de d un Dieu humble, doivent les premiers donner
, quelques membres paresseux, rejetta loin d'elle l'exemple du mépris des richesses. Messieurs,
, les langes du préjugé , et se couronna de ses a ajouté l'orateur, ne nous laissons point sé
, propres mains L'AssEMBLÉE NATIoNALE coNSTI duire par des idées chimériques de perfection.
| TUANTE. O courage ! ô bonheur ..;... Graces Un curé devroit être sans doute un ange pur "
: imInortelles vous soient rendues , législateurs sa pureté, mais il est homme par sa nature ;
· augustes ! que le siècle vivant, que tous les et c'est pour cela qu'il porte sans cesse, en son
: siècles à venir prononcent, dans l'ivresse de la ame, le desir du bonheur, d où je conclus que
, gratitude, le nom des Bailly , des la Fayette, vous ne pouvez lui refuser les faveurs de la
: des Chapelier , des Camus, des Barmave, de fortune , sans mettre sa vertu en danger ».
: tous les suscitateurs de la liberté ! Ces paroles ont été désavouées par un cer
Aujourd'hui une multitude de citoyens de la tain nombre d'ecclésiastiques, parini lesquels
capitale ont fait parvenir à l'Assemblée natio on distinguoit un prêtre vraiment apostolique,
M. l'abbé Gouttes. IEn lin M. Jacquemare a
· nale une adresse, où ils rappcllent avec respect
et admiration l'anniversaire de la naissance du conclu à ce que le moindre traitement des curés
fùt de 15oo liv.
· corps législatif. Plusieurs autres amendemens ayant été
La section de Saint-Louis en l'Isle , dans une pro
assemblée du 14 de ce mois, a arrêté de sti posés et éconduits , l'article du comité a été
muler le zèle des citoyens, qui consentent à adopté à une très-grande majorité,
procurer des logemens aux députés de la fédé Art. V. Le traitement des curés sera, savoir,
à Paris, de 6ooo livres ; dans les villes dont la
· ration patriotique , en les invitant à faire
inscrire leurs noms au bureau de son comité , population est de 5o, ooo ames et au-dessus, de
et elle fait hommage de cette démarche à 4ooo livres ; dans celles dont la population est
l'Assemblée nationale. de moins de 5o,ooo ames, et de plus de 1o,ooo
On a repris la discussion sur la constitution ames, de 3ooo livres.
civile du clergé, et d'abord l'article relatif au Dans les villes et bourgs dont la population
traitement des curés. M. l'abbé Jacquemare a n'est que de Io,ooo ames, et au-dessous de
trouvé excessivement parcimoniaux les hono 3ooo ames, de 24oo livres ; dans toutes les
autres villes et bourgs dont la population est
raires des curés proposés par le comité ecclé au-dessous de 3ooo ames, de 2ooo livres. .
siastique, et particuliérement le traitement de
12oo liv. annoncé aux pasteurs des petites pa- . · Dans les campagnes, pour les paroisses où
roisses de campagne. « Que peut faire , a-t-il · il y aura plus de 2ooo ames, de 18oo livres,
259
- ( 28 )
pôur les paroisses où il y aura moins de 2OOO articles IX et X, tendant à laisser aux curés le
nmes et plus de 1ooo ames, de 15oo livres ; et quart de leur traitement en possessions territo
pour les paroisses où il n'y aura que 1ooo ames riales. Nombre de voix ont invoqué la question
ou moins, de 12oo livres ». préalable ; mais une double épreuve n'ayant pu
Ce décret émnis, un mCmbre du comité des asseoir l'assurance de la majorité, et les formes
dºmes a annoncé que plusieurs municipalités de l'appel nominal entraînant la dépense d'un
du royaume avoient reclamé , au nom de leurs temps considérable , l'Assemblée, qu'une se
communes, l'avantage de payer cette année conde séance attend ce soir, a renvoyé à de
la dime en argent ; # a ajouté # beaucoup main l'épreuve définitive.
d'autres s'y opposoient, et que le comité n'a Af V I S.
voit pas cru d, voir prendre sur lui de décider
cette question. Après quelques discussions, l'As MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3
semblée a rendu le décret sº1ivant : janvicr pour 6 mois , et du 1 avril pour 5 mois, sont
avertis que leur Abonnement finit au 5o du courant
« L'Assemblée nationale décrète que les et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité
dimes, pour cette présente année seulement, dans le servicc. M.M. sont aussi prévenus de répéler
seront payécs cn la ma nière accoutumée. leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
2°. Que les champ rts et autres droits de par le premier de tel mois , afin d'éviter les doublºt
cette nature , seront pcrçus comme par le cmplois.
passé jusqu'au raclat ».
Sur l'article VI du plan relatiſ au traitement P A R I S, le 16 juin.
des viceires, cemme plusieurs opinans préten
doient que ceux-ci , comme les curés, m'étoient Les papiers publics qui annoncent un trié
as traités assez favorabl, m nt, on a vu monter
de paix entre le roi de Prusse et Léopold, sont
à la tribune un ecclésiastique dont la santé très-mal informés. Ce qu'il y a de vrai, c'est que
brillante sembloit d'avance annoncer l'opin on : la maison d'Autriche voudroit bien faire º
« Messieurs , a-t-il dit. quand les vicaires ap traité , sans abandonner ses prétentions enTur
p† le traitem nt que propose de leur quie , en Pologne, et dans les provinces !
aire le comité ecclésiastique , et que vous all z giques, mais lº cabinet de Berlin lui tientº
sans doute adopter, ils seront pénétrés de joie
et de reconnoissance. Pour m , part j'ai été pen dragée haute sur tous ces points; et pour #
dant dix ans vicaire à 3 o liv., et vous voy ez
qu'on ait la visière nette sur cet objet, on dot
que je n'en suis pas plus maigre ». Cette plai voir que la Prusse m'en rabattra rien, sur tº
relativement à l'indépendance du Brabant
santerie, peut-être un peu ronde, n'a pourtant D'un autre côté, ce qu'il y a de vrai encore
pas déplu. c'est que le comité autrichien des Tuileriesºl
L'article du comité a été enfin mis aux voix
et décreté en ces termes :
de Saint - Cloud, fait des efforts incroyº
afin d'acquérir dans l'Assemblée nationale Ilnê
Art. Vl. « Le traitement des vicaires sera , sa
voir, à Paris , pour le premier vicaire , de 2 ioo majorité pour la guerre en faveur de l Espºº
liv. ; pour le second de 15oo liv., et pour tous et de Léopold. Un agent autrichien, nº
les autres, de 1 ooo liv. Grée , envoyé par Van-Eupen, et payé p"
la cour de Vienne, est en ce noment à Paris,
Dans les villes dont la population est de 5o,ooo
ames ot au-dessus, pour le premier vicaire, de où il a déja conféré avec quelques persº
distinguées par lenrs emplois civiques Merg
12oo liv. ; pour le second, de 1ooo liv., et pour ambassadeur de Léopold , a fait offrir aux #
tous les autres de 8oo liv.
Dans toutes les autres villes et bourgs , de fugiés brabançons qui sont à Givet, trois †
8oo liv. pour les deux premiers vicaires, et de
lions, ( que le comité de Saint-Cloud paierº
7oo liv. pour tous les autres. sans doute) s'ils veulent s'incorporer dans lº
mée autrichienne du Luxembourg. Mais n0º
Dans toutes les paroisses de campagne, de espérons , avec l aide de la providence et de m0º
7oo liv. pour chaque vicaire ».
L'Assemblée a ajourné l'article VII , relatif à lunettes d'approche, déjouer les manºº
du sieur Grée , celles de Mercy , et celles
la fixation des dépenses nécessaires des sémi comité autrichmen de Saint Cloud. C.
naires , et a rejetté l'article VIll, qui proposoit
d'ordonner que le traitement des ministres de De Mâcon.
l'église pourroit être augmenté tous les 2o ans.
De grandes discussions se sont élevées sur les Nos soldats citoyens, au retour de la fº
-- - ( 29 )
ration de Lyon, ont été reçus ici au milieu des au secours de leurs ſrères; on déblaye les dé
acclamations. Les jeunes filles, conduites par combres, et on en retire ces infortunés, qui
les mères, leur ont présenté des fleurs ; et ces se trouvoient pour comble de maux presque
dernières ont juré sur un autel préparé exprès, étouffés dans la poussière. Les tendres soins
d'élever leurs enfans dans les principes de la qu'on a pris d'eux, et l'empressement des chi
nouvclle constitution ; elles ont invité la muni rurgiens à panser leurs plaies, font espérer qu'1l
cipalité à faire une adresse à l'Assemblée natio n'en mourra aucun. M. de Castelnau , commis
nale , par laquelle elle seroit priée de faire un saire de l'assemblée, connu , malgré sa qualité
article additionel à la constitution , poit nt : de ci-devant noble, pour un brave et loyal pa
« que sur les fonds baptismaux sera placé un triote, a eu la jambe cassée ; il a supporté cc
drapeau aux trois couleurs de la nation, et malheur avec un courage vraiment admirablc.
qu'après la cérémonie du baptême , les parrain Ce triste événement n'empêchera pas néan
et marraine jureront, pour le nouveau né, qu'il moins la milice nationale de Mugron de so,
sera fidèle à la constitution , et s'engageront former ; et quoiqu'un certain annobli de noué .
personnellement à ne rien négliger pour lui en velle date par le capitoulat, ait pr'tendu qu'il
inspirer les principes. ne falloit pas y recevoir, ce qu'il a eu l impu- .
dence, en parlant du peuple , d'appeller la po
pu lace, cette milice sera composée de tous les
On nous écrit de Besançon, que depuis le citoyens qui ont le droit naturel de s'armcr
départ du ci-devant comte de Narbonne, nommé pour la défense de la patrie commune.
on ne sait pourquoi commandant général de la
garde nationale de cette ville, l'esprit patio Continuation de bonnes nouvelles.
tique a pris tout son essor chcz les braves
francs-comtois. Le conseil d'administration s'est Les soldats et officiers subalternes du régi
assemblé, il a dénoncé la protest tion du cha ment du Roi infanterie , en garnison à Nanci,
pitre métropolitain , et l'arrêté qui s'en est viennent d'envoyer à l'Assemblée nationale une
suivi a électrisé les municipaux et toute la ville. adresse dans laquelle ils se félicitent du décret
Les milices nationales qu'on avoit empêché , sur le droit de la paix et de la guerre, qui fera
ar des ruses et des lenteurs , d envoyer des des soldats françois, non les assassins de leurs
§ à la fédération de Lyon , viennent
d'en nommer pour Strasbourg et Paris. Ces
frères et des mations voisines , mais de nobles
défenseurs de la patrie et des loix constitutio
milices sont très-disposées à soutenir jusqu'au nelles de cet empire. « Vous réservez, disent
dernier soupir la constitution et la liberté. On ils, l'armée françoise à l'honneur de défendre
assure que si le cuisinier du ci-devant comte ses ſrères sans coûter des larmes aux nations.
de Narbonne eût resté à Besançon , les bons Les soldats du régiment d'infanterie du roi sont
citoyens n'auroient pas pu triompher si facile assez grands pour sentir ce bienfuit , assez hu
ment. Défions-nous des cuisiniers , mes aunis , niains pour s'en réjouir, et assez pliilosophes
et sur-tout des cuisiniers de nainistres. C. pour vous en remercier » etc.
Verdum. Les hussards de Lauzun et les sol
De Mugron, petite ville sur l'Adour, dats du régiment de Vivarais, en garnison dans
5 juin 179o. cette ville, avoient été deux fois sur le point de
s'entr'égorger, soit par des mal-entendus, soit
La commune de ceste ville étoit assembléº par les menées de quelques mauvais génies. En
dans une des salles de son hôtel-de-ville , pour lin le 6 de ce mois , les ofliciers de ces deux
former sa milice nationale : deux on trois aris corps, réunis à ceux de la garde nationale et
tocrates se débattoient pour que cette milice aux dignes municipaux de cette ville , ont ſait
fut formée assembler les deux régimens dans la cour du
de àlaleur
plancher gré , quand tout-à-coºp le
safle s'entr ouvre , s'écroule Gt quartier , et là , après quelques explications
engloutit tous les assistans. A ce désastre se données de part et d'antre , et après un dis
joint celui de la chute des cloisons latérales de coIIrs touchant de M. le maire, tous ces braves
cette salle, militaires se sont embrassés , en pleurant de
citoycns déjaquifroissés
en tombant
par leursurpropre
les malheureux
chûte, les joie et en criant vive /u paix ! vive / union !
blessent encore. et presque tous grièvement. vive la garnison ! a'ive J erdun ! Tous ensemble
Les municipaux, instruits de cet accident, vo et pêle mêlº , ils sont ensuite allés remercier
lent sur le cnamp, avec tout le reste de la ville, l'Etre suprême d'une réconciliation qui soula
| • --
_'_ --- * .

( 3o )
geoit leurs cºeurs patriotes : car tous les Fran lettres-patentes ou actes publics du pouvoir
çois ont une inclination particulière à s'aimer et exécutif , de perdre l'habitude indécente et
à s'unir ; il ne s'agit pour eux que de s'enten très - anti - nationale de ces expressions outra
dre ; et quand une fois les 25 millions qui com geantes, mzes sujcts, // O.W sujets, mon royaume,

osent la population de cet empire s'entendront en parlant du souverain et au souverain lui


† et sur leurs droits et sur leurs devoirs, les même , qui est la nation, et qui paie de ses
spéculations des ministres et des courtisans sur sueurs tous ces insolens grossiers, et ces insolens
l avenir, deviendront absolumcnt nulles. rédacteurs des actes du pouvoir exécutif.3°. De
Perpignan. Les volontaires citoycns de cette renvoyer enfin Guignard Saint-Priest, ce qu'on
ville viennent de se confédérer avec les régi
- 5
-
ne cesse de demander par-tout, dont les ma
mens de Vermandois et de Touraine. Cette fé noeuvres à Vienn > et dans l'Assemblée natio

dération est due en grande partie à un excel nale, ainsi que dans les assemblées de dépar
lent citoyen, M. Sérane, qui s'est hâté d'en tement, sont infiniment dangereuses, et sur
faire connoître l'importance par un écrit plein lesquelles je ne cesse d'avertir, à grands cris,
de chaleur et de philosophie patriotique, inti tous mes compatriot es, comme le lézard avertit
tulé : Projet de fédération avec les régimens de la présence du s rpent. 4°. De rompre ce
de / crmandois et de Touraine , aux volou funeste et monstrueuR traité de 1756 avec la
taires citoyens de Perpignan. C.... maison d'Autriche ; et 5°. de faire une bonne
alliance avec le roi de Prusse, la nation angloise,
Bons conseils au pouvoir cxécutif la Hollande et les états - unis de la Belgique;
alors nous commencerons à croire que la cour
Le pouvoir exécutif a fait défendre, par son veut se corriger sérieusement. CARRA.
greffier Saint-Priest, au généalogiste Cherin ,
de ne plus recevoir les papcrasses féodales qu'on
étoit dans l'usage de remettre pour être présenté Une lettre du procureur de la commune de
à la cour. Il a fait écrire, par son autre greffier Franleux nous assure , 1°. que l'anecdote in
la Tour-du-Pin , aux commandans des troupes sérée dans notre n°. 2.45, relative à M. de
de ne plus donner de cartouches jaunes aux Villemenant, s'est passée bien long-temps avant
soldats patriotes. On seroit tenté de croire , l'organisation des départemens, et d'une ma
d'après ces démarches , que les greffiers du pou nière bien différente ; et 2°. qu'il n'a jamais
voir exécutif ont quelque velléité d'obéir aux été question de la part de M. de Villemenant,
décrets de l'auguste Assemblée nationale, ou dans le dîner dont il s'agit, ni de personne du
plutôt on voit qu'ils craignent sérieusement le département, de marchander les voix. Nous
retentum du peuple ci-devant roturier, et du Il O UlS † de publier cette explication,
soldat ci-devant mannequin. Mais le pouvoir tirée de la lettre même de M. le procureur de
exécutif a encore d'autres opérations à faire la commune ; nous y ajouterons seulement, et
pour nous persuader, ou de la bonne volonté avec plaisir, que la commune de Franleux a saisi
de ses greffiers, ou de la réalité de leurs craintes. cette occasion de rendre, par une délibération
il reste encore , 1°. à ordonncr aux rédacteurs du 7 de ce mois, justice au patriotisme, aux
de la gazette de France d'insérer dans cette lumières et à la probité du maire ( M. de
gazette glaciale les décrets des représentans du Villemenant ) qu'elle a choisi, et qu'elle desire
véritable souverain, au lieu des tristes nouvelles conserver le plus long-temps possible. Ce qui
de la santé de Catherine ou de Léopold, ct de nous détermine à croire que M. de Villemenant
leurs royales fredaines. 2°. A enjoindre , une est en effet un bon patriote, et qu'il ne tient
bonne fois pour toutes, aux rédacteurs des pas du tout à l'ancien régime. CARRA.
A 1 rs A JZ ]Z. L E s A I o N N É s.
/ - -
lA N Annales -
dès leur naissance,
-
Les Ecrivains patriotcs qui ont travaillé à ces
- - » r - -

et qui continueront seuls d y cooperer , signeront désormais leurs articles res


pectifs de la première lettre de leur nom. -

: C'est à l'adresse seule du sieur BUIssoN que l'on doit faire parvenir, franc de
A

port, toutes les lettres, avis, nouvelles que l'on desire faire insérer dans cº
Journal.
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
DE L A F R ANC E ,
E T A F F A I R E s P o L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes,
et dirigé par M. MERcz ER.
O constitution françoise ! quelle source de prospérités tu nous prépares !
tn n'es encore qu'à ton berceau, et tu fais des miracles !
-

N°. C C L X. Du Samedi 19 Juin 179o.


AssEMBLÉE NAT 1oN A LE. tiennent des principes dangereux et propres à
exciter des troubles et des dissensions dans le
royaume , a décrété et décrète que les sieurs
Séance du 17 juin au soir. Lapierre, Michel , Vigne, Folacher, Robin ,
D,ss les annales de l'Assemblée il se trouvera Froment, Velut, François Fauvre, Malquion
Peu de séances qui aient été aussi pleines que aîné et Fernel, qui ont signé, en qualité de
celle-ci. L'affaire de Nîmes sur laquelle l'As commissaires, la première de ces délibérations ;
les sieurs de Gayedon, de la Reiclainglade et
semblée s'est promis de porter une décision Gaussardat, qui ont signé la seconde, comme
dans cette soirée sans désemparer , avoit attiré résident et commissaires ; enfin , les sieurs
la presque universalitè des membres ; et les
deux partis bien notoirement opposés vouloient,
§ de Fontarachos , d'Antraigues , de Cha
bannes, Laisne, Borie et Pujet, qui, en qua
chacun de son côté, assurer la pluralité à leur l':é de président ét commissaires, ont signé celle
opinion. Aussi la discussion a-t-elle été très
croyons pas devoir rendre des particuliers se disant citoyens catholiques
orageuse. Nous ne ités d'Uzès, en date du 2 mai, seront mandés à la
compte des personal , qui, dans la chaleur
de cette contention , ont dépassé les limites
barre de l'Assemblée, pour y rendre compte de
connues de la forme oratoire. Nous nous bor leur conduite ; et qu'en attendant qu'ils aient
obéi au présent décret, ils demeureront privés
nerons à rapporter sommairement, 1°. la dé des droits attachés à la qualité de citoyen actif.
fense de M. de Marguerittes, qui a soutenu , 2°. Sur les observations faites par le comité
« que les membres du club dénonciateur avoient des recherches, qu'il lui a été remis un très
été les instigat eurs des trou bles : que le fait
grand nombre de pièces concernant les troubles
étoit constaté par des pièces déposées au comité arrivés à Nimes, et qu'il est indispensable d'ac
des recherches, et par la signature de plus de quérir la preuve des faits qui y sont dénoncés,
cent témoins ». circonstances et dépendances, l'Assemblée na
, 2°. L'opinion de M. Garat l'aîné , qui a tionale décrète que son président se retirera
démontré qu'on ne pouvoit préjuger coupables sans délai pardevers le roi , pour supplier sa
les accusés sans les avoir entendus, et qu'ainsi majesté d'ordonner qu'il sera informé desdits
tout jugement qui pourroit intervenir seroit faits pardevant le présidial de Nîmes ».
prématuré ; 3°. le décret rendu conformément 1)es lettres écrites d'Avignon le 12 juin à M.
à la proposition du comité. Camus et à M. Bouche , et arrivées ce soir par
QC#§ mationale , sur le rapport un courier extraordinaire, ont attiré l'attention
qui lui a été fait par son comité des recher de l'Assemblée. Voici celle qu'a reçue le député
ches, de deux délibérations de quelques par
d'Aix.
ticuliers se disant les citoyens catholiques de
Ntmes, des 2o avril dernier et 1°* de ce mois , M oNs I E U R,
ainsi que d'une autre délibération de quelques
particuliers se disant catholiques d'Uzès , en Nous connoissons votre façon de penser sur
adhésion aux deux premières , et en date du la réunion de la ville d'Avignon à la France ;
elle vient d'être délibérée unanimement par tous
2 mai dernier; les citoyens. Voici quelques #. Jeudi, 1o
« Considérant que lesdites délibérations con 2UO
( 32 )
du courant, notre ville a été le théâtre du plus que nous avons l'honneur d'être, etc. Signé,'
grand désordre. Les aristocrates , déployant Raphel, Peyrhier, Coulet, Blanco, officiers
toutes leurs forces , ont fait feu de toutes parts ; municipaux ».
maîtres du poste de l hôtel-de-ville et de quatre M. de Mirabeau minor, qui, d quel
pièces de canons , ils crioient vive l aristo ques semaines, est absent de l'Assemblée , est
cratie ! Plus de trente personnes, honnêtes ci allé porter le trouble à Perpignan , où son ré
toyens, bons patriotes, ont été les victimes de † de Touraine est en garnison. Une lettre
leur zèle et de leur patriotisme. I e peuple a e la municipalité, apprend que ce colonel ,
marché contre eux avec intrépidité , et les réfugié, depuis quelque temps, chez M. d'Aguil
cruels assassins dispersés, ont cherché leur salut lar, maire de # ville , a emporté clandesti
dans la fuite. Quatre de ces scélérats ont été nement les cravates des drapeaux de son ré
arrêtés et sacrifiés par un peuple justement in giment ; et que les soldats indignés se sont
digné et horriblement assassiné. Deux de leurs emparés de la personne du maire, et ont fait
chefs ont été de ce nombre. La municipalité a poursuivre M. de Mirabeau, qui est arrêté,
fait vainement ses efforts pour l'en empêcher. dit-on, à Castelnaudary.
Vingt-deux ont été arrêtés, et sans les gardes L'Assemblée n'ayant point une connoissance
nationales d'Orange , Courthéson, Jonquières, officielle de la détention de ce député, s'est
Bagnols, le Pont Saint-Esprit, Châteaurenard, bornée à rendre le décret qui suit :
et autres lieux , accourus à notre secours , ils
auroient été infailliblement sacrifiés. Leurs ef « L'Assemblée nationale, après avoir entendu
forts généreux et la conſiance que le peuple la lecture de la lettre de la municipalité de
avignonnois a dans les François ses alliés, a arrêté Perpignan , du 13 de ce mois , décrète que
sa vengeance. Messieurs d'Orange ont consenti son président se retirera devers le roi , pour
à se charger de la garde des prisonniers pour le supplier de donner des ordres pour que le
leur propre sûreté, et ils seront traduits aujour maire de la ville de Perpignan soit mis en
liberté ».
d'hui dans leur ville. Le calme est à peu près La séance n'a été levée qu'à une heure du
rétabli; mais pour la rassurcr cntièrement les Im a tlIl.
gardes mationales de France ont bien voulu con Séance du 18 juin.
sentir à laisser, pour quelques jours, une partie
de leurs détacliemens. Hier 1 l , les districts
s'assemblèrent pour délibérer sur leur position, M. de Mirabeau le jeune , dans une lettre
La réunion à la France a été délibérée unani qu'il écrit à l'Assemblée nationale, se disculpe
mement. Les armes de IFrance ont été substi entièrement des accusations portées contre lui;
tuées avec pompe à cclles du Saint-Siége. Un T'e il rejette tous les torts sur les soldats de son régi
Deum doit être chanté aujourd'hui à cette oc † « qui se sont, dit-il, refusés à prêter
casion. Depuis lors la joie vive a succédé au e serment militaire décrété par l'Assemblée ».
désespoir , et nos rues ne cessent de retentir Une nouvelle missive de la municipalité de
des cris de vive la nation, la loi et le roi. représente aussi comme inno
Montauban , le
Nous prévenons M. le président de l'As cent d'une intrigue de contre-révolution, et
semblée de cet événement. Lc même courier, détruit les allégations qui s'étoient multipliées.
dépêché en diligence , doit vous remettre la Après la lecture de ces deux lettres et des
présente. Quatre députés ont été nommés pour pièces jointes, M. l'abbé Maury a fait sentir la
se rendre sur-le-champ à Paris , auprès de nécessité d'éclairer l'opinion publique sur tous
l'Assemblée , pour obtenir son acceptation. ces faits, d'assurer même la vie de M. de Mira
beau , qu'il a hautement nommé son ami, et il
Nous vous prions d'appuyer nos vœux de tout
votre crédit, vous rendrez à notre patrie le a demandé que l'Assemblée nationale, par son
service le plus signalé : sans cette réunion , décret, attestât deux choses; l'une, que M. de
notre ville seroit perdue sans ressource. Les Mirabeau n'a pas fait tirer sur le peuple de la
François sont trop généreux pour refuser un ville de Perpignan; l'autre, qu'il n'y a eu au
peuple † a fait anciennement partie de la cun combat entre lui et la garde nationale de
Perpignan.
nation françoise , et qui a toujours resté uni
par ses vœux et ses sentimens. Cette position est M. Dandré a proposé de mettre M. de Mira
certainement bien faite pour intéresser votre beau sous la sauve-garde de l'Assemblée natio
générosité. C'est avec la confiance que nous nale , et d'ordonner l'impression de la lettre de
inspire vos dispositions connues à notre égard, la municipalité de Perpignan. Enfin la motion
( 33 )
- de M. Muguet a réuni les suffrages, et l'Assem applaudi, et la discussion en est remise à de
blée nationale décrète : main.
· « 1°. Que les pièces relatives à M. de Mira A V I S.
| beau le jeune, colonel au régiment de Tou MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 5
· raine, seront remises aux comités des rapports
et militaire réunis. -
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont
avertis que leur Abonnement finit au 3o du courant ;
2°. Que la lettre de la municipalité de Per et priés de renouveller avant le 25, pour plus de célérité
pignan, en date du 13 de ce mois, sera im dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter
primée. leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
3°. Enfin, que son président se retirera dans Par le premier de tel mois, afin d'éviter les doubles
le jour pardevers le roi , pour le prier de emplois.
donner les ordres nécessaires pour veiller à la
sûreté de M. de Mirabeau ».
PA R I S, le 18 juin.
A l'ordre du jour, la discussion des articles
qui tendoient à laisser aux curés des possesions Les bruits qui s'étoient répandus ici au sujet
territoriales, a été reprise. d'une révolution nouvelle en Angleterre, n'ont
La question préalable s'est présentée pour été que l'expression du desir qu'en a le peuple
la troisième fois, et a fini par les engloutir. de ce royaume. Il est cependant vrai qu'il y
Le cornité des dîmes a apporté un projet de a une fermentation secrète qui pourroit bien ne
décret en neuf articles, qui ont été adoptés , pas tarder à éclater contre le ministre Pitt,
mais que nous nous réservons de rapporter qui ne sait plus trop comment l'arrêter.
demain , afin de procurer la véritable lettre de
la loi. -

Discours prononcé à la municipalité de Nantes,


Dans un mémoire à l'Assemblée nationale , le 1o juin 179o, par Hercule Coustard de
M. Necker sollicite le versement au trésor pu Massi, commandant la compagnie desjeunes
blic d'un nouveau secours en billets de caisse patriotes Nantois. -

d'escompte, qui peuvent seuls remplacer les


billets assignats mon encore fabriqués, en ob : Messieurs , daignez admettre au serment
servant que ce dernier recours à la caisse d'es civique des enfans qui s'instruiront par votre
compte n'est point un nouvel emprunt , que exemple. Ils présentent à la patrie la seule of
s'il est vrai que les 4oo millions d'assignats frande qui soit en leur pouvoir, les voeux les
soient nécessaires pour subvenir aux dépenses plus ardens pour le maintien de la constitution.
de cette année, il en résulte † faut, en Vous travaillez pour nous, messieurs. Ce sont
attendant leur émission, y suppléer par d'au vos enfans qui recueilleront tout le prix de
tres billets qui en soient les promesses ». vos travaux. Nous seront libres, ô nos res
M. l'abbé Maury s'est levé, non pour s'oppo pectables pères; et c'est à vos lumières, c'est
ser à ce qu'on versât dans le trésor public des à votre courage que nous devrons le plus pré
billets de la caisse d'escompte , qu'il est conve cieux des biens. Si les ennemis publics nou
nu être représentatifs des assignats i mais pour voient renverser vos poajets, §il
tremblent .
rappeller a l'Assemblée la nécessité d † du Une nouvelle génération de patriotes s'élève
premier ministre des finances, des éclaircis dans le silence. Le ciel vous prépare des ven
semens sur l'ensemble de cette importante § Nous sommes jeunes , mais chez les
artie de l'administration : « il est temps , a retons, la haine contre les aristocrates n'at
t-il dit, qu'après qu'atorze mois d'Assemblée tend pas le nombre des années.
nationale , la France connoisse enfin la situa
tion de ses affaires. Pour se dispenser de Extrait d'une lettre de Levroux, en Berry,
descendre à ces détails, le premier ministre du 11 juin 179o.
objecte ses occupations , mais il a bien le
temps de faire des brochures contre les par Les écrits anti-patriotiques, adressés à plu
ticuliers, par exemple contre moi. Je demande sieurs ecclésiastiques de notre contrée, ont
donc que le premier ministre soit *enu de excité l'indignation publique, et diminué de
nous présenter, dans le plus court délai , trois beaucoup l'estime et le respect envers ceux
cahiers ou états certifiés de lui, dont l'un qui ont eu l'air de les approuver, ou même
contiendra les revenus, l'autre les dépenses , d'y mettre du mystère. A 1ssoudun, ceux qui
et le troisième la dette. Ce discours a été très sont parvenus à la municipalité, y ont été brû
-------------- -

( 34 )
lés par le bourreau; et bientôt cette ville cn tion, commis par les ministres et les ennemis
verra à cette occasion une adresse à l'Assem de la révolution ; crimes dont Bezenval, Bro
blée nationale. Vierzon a fait mieux ; il a dé glie, Lambesc, ont donné les premiers l'exem
claré indignes de la qualité de citoyen actif, ple, sans en éprouver aucune suite fâcheuse,
et traîtres à la patrie , tous ceux qui ont pro et que Bouillé, Albert de Rioms, Miran, d'Am.
testé contre les décrets de l'Assemblée natio bert, Saint-Priest, le garde des sceaux, et tant
male. A Bourges, on vouloit brûler en effigie d'autres, ont suivi sous des formes différentes,
ceux de cette ville qui ont signé la protestation toujours dans la certitude d'échapper à la loi
impie et absurde † noirs. et à la justice du peuple. Oh ! que cette justice
du peuple est par fois nécessaire ! elle est né
Démence atroce de Mira beau , surnommé , cessaire, non seulement au commencement
*l' o N N E A U. :
d'une révolution , mais pendant tout le temps
que dure la crise de cette révolution, sur-tout
Ce furieux inviolable , étant arrivé à Perpi lorsqu'aucun tribunal n'est au ton de la révo
gnan avec les plus noirs projets, a commencé lution. Je me rappelle souvent la scène du 22
ar v faire circuler de faux décrets attribués juillet 1789, lorsqu'on portoit la tête de Foulon
à l'Assemblée nationale , et à s'exaler, au mi sur le bout d'une pique dans les rues de Paris.
lieu des vapeurs du vin qui forment son atmos Un vieillard alloit devant le porteur de tête, en
phère habituelle , en menaces et en injures cri,unt d'une voix grave et sonore : « laissez
contre les braves citoyens de cette ville , et passcr la justice du peuple , laissez passer la
contre les propres soldats de son régiment de justice du peuple ». Hélas ! sans cette justice,
Touraine infanterie. Croyant ensuite pouvoir que seroient devenus des milliers d'hommes
diriger à son gré ces soldats, il les a fait assem † vivent encore ? Salus populi suprema ler
Y -

bler, sous prétexte d'une revue, mais en effet


our les forcer à tirer sur le peuple. Ayant
§ reconnu que les dispositions des soidats D E L E 1 P s 1 c k, le 9 juin.
de Touraine étoient bien éloignées des siennes,
il a maltraitê les grenadiers , leur a présenté le Les troupes de notre électorat sont
au nombre de 3o.ooo hommes, sur les fron

istolet, et de rage et de dépit il est parti le
ndemain à cinq heures du matin , avec les tières de la Moravie et de la Lusace. Les nou |

|
cravates des drapeaux de son régiment , et velles de la Pologne narquent la plus grande
une partie de la caisse militaire , qui avoient confiance dans les arrangemens qu'elle vient de
été déposés dans la maison du maire, où l'in concerter avec la cour de Berlin. Les troupes
violable insensé avoit reçu l'hospitalité. Le maire polonoises montent actuellement à 65 mille !
avoit répondu du dépot; et le régiment , ins hommes; mais les Polonois ont conçu de Tom
truit de la fuite de Mirabeau , après avoir de brage du transport des Zaporows, peuple fé
mandé raison au maire de l'enlèvement des roce que le prince Potemkin fait repasser entre
cravates des drapeaux, et du déficit do la caisse, le Dog et le Dniester, probablement pour fon
l'a renfermé dans la citadelle comme otage. dre, avec leur fureur ordinaire, dans les pro
Les officiers municipaux, pour calmer le régi
ment de Touraine, ont envoyé à la poursuite
vinces de la république. Les troubles
présent très-sérieux en Hongrie : la nobles
#
du colonel, en requérant le secours de toutes s'est armée ; elle prétend que ïes troupes matio
les gardes nationales voisines. Le voleur invio males ne soient plns aux ordres de la cour
lable a été arrêté et emprisonné à Castelnau Vienne, mais absolument soumises au Palati
dari, et l'on a trouvé dans sa malle les cra de Hongrie. Si la noblesse vouloit ménager l?
yates des drapeaux de son régiment. Tel est peuple dans ces circonstances, Léopold pour
le précis le plus exact et le plus vrai de cette roit bien me pas être couronné roi, à moins di
aventure, qui n'a eu lieu que par l'impunité souscrire sans réserve aux loix qu'on veut lt
continuelle des crimes continuels de lèze-na imposer. ,

| On s'abonne à Paris , chez BUIssoN, Libraire , rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prit
de l'abonnement et la lettre d'avis, et toutes les lettres pour les Auteurs des Annales Patriotiques. .
* Chez DENNÉ et PETIT, au Palais-Royal; BAILLY , rue Saint-Honoré; madame DELAPLANcHn, rue du Roule,
n°. 17; et chez tous les Libraires et Directeurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
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un an, 18 liv, pour six mois , et de 9 liv. pour trois mois , franc de port , par la poste , pour tout le
royaume. Le prémier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne commence que du premier d'un moii
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E,
ET A F FA I R E s P o L I T I QU E s D E L E U R o P E ;
i
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes A

- - - et dirigé par M. MERc1ER.


- Corrige ons les valets et respectons le maître. VoLTAIRE.

N°. - C C L X I. Du Dimanche 2o Juin 179o.

AS S E M B L É E N AT I O N A L E. près vos principes, un de vos membres ne peut


étre livré à aucun tribunal que vous ne l'ayez

Séance du 19 Juin. jugé ou d claré jugeable.;. ». Après quelques


autres réflexions, M. de Mirabeau a proposé
Lorsqu'Avast mºn , sur les premières incul- . le décret suivant : " -

pations portées contre M. de Mirabeau le jeune, « L'Assemblée nationale rappelle aux muni
on a vu M. de Cazalès réclamer l'indulgence cipalités le décret qu'elle a prononcé sur l'in
de l'Assemblée, et se porter caution pour la violabilité de ses membres ; elle ordonne que
conduite future de l'accusé, on a applaudi à M. de Mirabeau viendra immédiatement rendre
-

cette parole d'humanité : hier , on a trouvé que compte de sa conduite ».


ce n'étoit pas un moindre acte de courage de Ce décret a été adopté sur-le-champ , et
la part de M. l'abbé Maury, d'appeller haute · avec cette unanimité à laquelle il n'est ni parti,
ament son ami l homme que sembloit pour ni kaines personnelles qui puissent se refuser,
suivre une opinion très-répandue , et on lui quand la justice et le sentiment viennent con
a accordé cette sorte de faveur qui est atta fondre leur langage mutuel.
chée à la défense même d'un coupable ; au · La république de Genève , sans être décou
jourd'hui s'est élevé , pour le colonel du régi ragée par la délibération de l'Assemblée, qui
ment de Touraine, le systême d'une défense avoit rejetté l'offre de ses dons, a fait par
toute nouvelle, tout autrement imposante ; et, venir un secours de grains au Pays de Gex ,
ce qui y ajoutoit du piquant et de I'intérêt, ce qui étoit menacé d en manquer. C'est ce
systême étoit présenté par un homme qu'on † apprend par une lettre du ministre des
ne soupçonne pas d'être mû par l'esprit du Il8lI1C6S. -

parti protestant ; c'est M. de Mirabeau l'aîné ,


M. Houdon, sculpteur célèbre, a fait liom
qui est monté à la tribune, pour dire avec la
voix calme de la raison : -
et de à
mage Frankl in.mblée des bustes de Washington
l'Asse - •.

« Je demande la permission d'établir que, : On a repris la discussion sur la demande de


par la tradition de l'Assemblée, et d'après l'un millions, faite hier par le premier ministre
de ses plus célèbres décrets, celui qui statue 3o
des finances , et cette discussion a entraîné
l'inviolabilité de ses membres, ſ'arrêté par le
quel elle a déclaré hier mettre mon frère sous de longs et véhémens débats. M. de Canteleu
a protection de la loi, est insuffisant. Il n'est #ºuten oit # que les cahiers demandés hier par
pas possible que l'Asse mblée ait oublié qu'in dé M. l'abbé Maury étoient parfaitement inutiles ;
pendamment de la protection de la loi, égale que M. Necke r avoit répandu assez de lumières
rnent due à tous les citoyens, chaque repré · sur les matières de finances, ,pour guider à
ientant de la mation doit trouver encore une lavenir les pas de ceux qui parcourent cette.
auve-garde dans la sainteté du caractère dont carrière; et qu'enf in il suffisoit, dans l'état actuel
| est revêtu. Je réclame donc le redressement des choses , de savoir faire une addition ponr
s i décret rendu dans la séance d'hier, décret conn6ître ensuite la situation des affaires de la,
Sntraire à la justice et à la dignité de l'As anCe ».
»smblée. Souvenez-vous 1 messieurs , que d'a · M. l'abbé Maury ne s'est p#nu pour dé
20 I
----------:

( 36 ) - - • 1

fait ; il a au contraire déployé une vigueur nou accordée aux principaux employés, celle ac*
velle pour prouver la nécessité des trois états cordée au sieur Racles, pour le domaine des
sur lesqu ls il insiste depuis si long-temps. « Sans eaux et ſorêts ; le traitement de 3ooo liv. pour
le cahier des recettes , a-t-il dit, il n'est pas la législation des hypothèques, cesseront à partir
possible de régler les impositions ; celui de dé du jour de la publication du présent décret, et |
||
penses n'est pas moins nécessaire à la ſixation
des économies : emſin, le tableau de la dette
† honoraires du conseil seront réduits à 1o.ooo
lVI"eS. -* "
|
|

pourra seul indiqucr avec précision que les sa Permes des postes. 1°. Les gages attribués |
crifices sont nécessaires pour parvenir à la libé aux maitres des couriers seront supprimés. de
ration de l'état. M. Nccker , toujours obscur l'état de la dépense publique. -

dans sa marche, cst bien éloigné d'avoir prº 2°. Les frais de comptabilité , le traitement
senté à l'Assemblée nationale les trois ſlambeaux
qui pouvoicnt senls, en matière de finance, la de i'intendant, la dépense du travail secret, la
place et les appointemens de l'inspecteur gé
diriger et la Conduire ». néral seront supprimés, à compter de la pu- |
L'orateur a passé en revue tous les discours
blication du présent décret ». |
de M. Necker, dans lesquels il n'a trouvé que Le décret relatif au traitement des régisseurs
des moyens exagérés, illusoires et tyranniques ; généraux a été rapporté aujourd'hui à l'Assem
il a même été jusqu à dire « que le ministre, en blée. Un second décret les réduit. comme les |
présentant comme dépense extraordinaire des administrateurs généraux, à 46o mille liv.,
charges qui sont réellement des dépenses ordi
maires, puisque le paiement doit s'en faire jus Les dét, ils de l'insurrection d'Avignon, qu'on.
a vus hic r dans la lettre écrite à M. Bouché,
qº en 1859, avoit fait une réticence de 6oo mil
lions ». : nſin M. l'abbé Maury a articulé « que sont cor firmés dans une lettre lue aujourd'hui
les opérations de finance étoient cachées d ns à l Assemblée , malgré les oppositions de M. da
un océan qui les rendoit impºn trables à tous Cazalès. « , a première attaque avoit été
les yeux , et que, dans l'état actuel des choses, par un parti aristocratique composé de demx
un hable agioteur pourroit gtgner 1oo millions mille coupables, à qui heureusement les moyens
sur la dette de létat, sans qu'il fût possible de ont manqué. Le peuple , devenu le plus ſºr#.
le convaincre de friponnerie ». en auroit tiré une vengeance terrible s'il n'eût
Ce discours a produit une grande sensation ; été contenu par la sagesse de quelques bont
l'impression en avoit été demandée, et même citoyens. Après la victoire, les Avignonnois ont
unanimement délibéré ne s'unir à la nation
décrétée , mais comme l opinant avoit, pour la françoise ; ils ont sur-le-champ substitué les |
plus grande partie ; parlé d'abondance, il a dé armes de France à celles du pape , et fait la
claré ne pouvoir déposer son manuscrit sur le serment solemnel d'être fidèles à la nation fran
bureau, et le décret a t té rapporté. çoise, et enfin de verser jusqu'à la dernière
Cette discussion s'est terminée par l'émission goutte de leur sang pour maintenir les décreta
d'un décret proposé par M. Camus, et dont rendus par ses représentans ». - -

l'Assemblée a adopté ce premier article :


« L'Assemblée mationale décrète que la caisse A V I S. · i
d'escompte remettra sans délai , au premier m MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5
ºnistre des finances, la somme de 3o millions en
ses billets ». I
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sons
avertis que leur Abonnement ſinit au 3o du courant,
Cinq autres articles du même projet sont ). et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célériti
| ajournés à lundi. dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter
leur adresse , et d'y ajouter ces mors s à commencer
A la série des articles sur les dépenses fixes de par le premier de tel mois , afin d'éviter les doublei
l'état, sont intervenus les décrets qui suivent : emplois.
| Art. II. « L'abonnement fait avec la ferme des
postes, pour le port des lettres et paquets, de Observation très-importante. |

meurera résilié à compter du jour de la publi |

cation du présent decret. Si la révolution s'est faite dans les choses,elle


III. Les frais de comptabilité seront suppri ne s'est point faite malheureusement encore,
és à compter du premier janvier dernier. sous différens rapports très-importans, dans les
, IV.La gratification des trente-quatre milleliv. esprits, ni dans le langage.Comment concas
( 37 )
voir, par exemp le, que le corps législa tif, qui tables, la Superstition et le Despotisme. La
représente le seul et véritable souverain , la Raison n'osa entrer en Espag ; elle
ne eut peur
nation , se serve sans cesse du mot suppli er en d'aigri r la féroci té de ces deux monstr es; mais
parlant.du pouvoir exécutif, qui n'est que le je la vis gravir les Pyréné es, et plante r sur le
troisi ème dans l'ordre des pouvoi rs délégu és, plus haut de ses monts un jalon , au bout du
ainsi que dans l'expression du serment civique, quel elle arbora la cocard e de la liberté .
pour l'engager à faire son devoir; devoir que la Murci Je vis en même temps de braves Catalans, des
ens , des Navarrois, des Andalousiens ,
nation paie vingt-cinq millions par an ? des Cantabres, des Castillans, regarder cette
· Comment concevoir également, d'un autre cocarde avec admiration , et se dire entr'eux :
côté, que le pouvoir exécutif, en parlant du Ma foi, elle est fort belle ! Puisqu'elle est si
souverain , et au souverain , duqucl il tient son
belle , s'écrie un fier Catalan, que ne la pre
autorité et ses vingt-cinq millions par am, l'ap nons - nous ? - Et tous les autres à l'envi s'é
pelle toujours nos sujets , mes sujets ? Ce lan crièrent en chorus : que ne la prenons-nous ?
gage des deux parts n'offre-t-il pas un contre
sens bien étrange et bien palpable ? N'est-ce Après ce premier élan d'une ame qui com
pas là un de ces contre -chocs de mots et de mence à penser et à rougir de son esclavage, je
principes, qui feroit croire qu'en reconnoissant les vis jetter loin d'eux l'ignominieux b§illorz
nos droits pour le fond , nous les rendons et que depnisnttrois siècles d'infâmes inquisiteurs
bouche.
les abandonnons, pour la forme, au pouvoir leur tienne à la
"

exéutif; mais souvent la forme, sur-tout dans Ce que je crains pour les Espagnols , c'est
· une question de cette mature, finit par em qu'en quittant leur baillon, ils ne prennent le
orter le fond ; et c'est ainsi , et c'est par les mords aux dents. M.
mots et lés politesses, et les illusions du langage,
ue le despotisme s'est peu à peu réintégré
par-tout et dans tous les temps , et qu'ºl a sans Explication et suite de notre article démence
cesse rongé les droits des peuples. Ce n'est pas de Mirabeau, inséré dans la feuille d'hier,
sans douté par politesse que l'Assemblée natio n°. 26o.
nale use de la formule de supplier; car des
législateurs qui sentent toute la dignité et la Lorsque nous avons dit : oh ! que la justice
majesté de leur mission ne peuvent et ne doi du peuple est par fois nécessaire ; c'est que
vent point parler comme des courtisans. Il me dans des temps de malheur ce genre de jus
semble donc que l'auguste et majestueux sénat, tice, , quoiqu'illégal et condamné par l'huma
au lieu du mot supplier, devroit se servir de . nité, avoit été malheureusement inévitable ,
· ceux-ci : prévenir le roi, requérir le pouvoir et n'avoit pas peu contribué à sauver la patrie.
exécutif , et le roi, au lieu d'affecter le mot Mais nous n'avons jamais entendu qu'il fût
sujet, en parlant de son souverain et à son necessaire , ni qu'on dût en faire usage en
souverain, dire : les citoyens de tel endroit , - aucun cas et sous aucun rapport , dans les
les François dont je suis le chef, les habitans circonstances où la loi est connue, et où elle
de l'empire. Nous avons déja fait ces observa } , peut agir de ses propres forces. Ainsi nous
tions, et nous ne cesserons de les faire jusqu'à désavouons d'avance et désapprouvons haute
ce qu'elles aient été senties et mises en prati ment toute autre interprétation qui pourroit
que, parce que nous comprenons tout le danger être donnée à cet article. C.... -

et l'inconstitution des contre - sems que nous


venons d'analyser. CARRA. -

- - - - - Aubenas.
* Le serment prêté par la fédération de Viviers,
sur l'Espagne. , , , · vient d être'désavoué par la garde nationale
-
, - , ement d'Ardêche. On y
--

Patience , le tour des Espagnols viendra ; la , d'Aub


avoit
enas,
-

juré # au épart
† à la nation, au r#
Raison, qui voyage en poste de la France dans
tous les coins de Europe, partit le mois passé . " et à la^loi, comm e si le roi pouvoit être mis
pour se rendre en Espagne, Arrivèe sur les fron ºcuteur, èt d'élrê söumis le gardie
" avant la loi, dont il n'est que n et l'exé
" écrets de l'As
tières , elle s'arrêta tout-à-coup, un peu ef
frayée des hurlemens que, dans la crainte d'être semblée ; comme si l'on ne devoit pas égale
étouffés, poussoient deux monstres épouvan ment jurer de les défendre, et de maintenir

--
(.38 ) •,

la constitution jusqu'à la dernière goutte de son veau projet pour arranger les äutres articles de
sang. Ce désaveu et les termes énergiques dans paix, conformément au traité de Passarowftz.
lesquels il est exprimé, méritent les éloges et la
reconnoissance de tous les bons citoyens. Nous DE S C H A FF o U s E, le 11 juin.
aimons à voir les gardes nationales veiller ainsi
à la défense des bons principes, et soutenir la Tous nos environs sont dans le plus grand
révolution par leurs écrits comme par leurs ar trouble. Le peuple des campagnes-devient fu
mes. Sans doute tous les fédérés de Viviers rieux , au seul nom d'aristocrate : et sans la
s'empresseront de faire le même désaveu d'un promptitude avec laqueliè notre ville s'est for
serment évidemment dicté par quelques parti mée, armée, et fortifiéſ en plaçant des çanons
sans du livre rouge et de l'amcien despotisine en batterie sur ſes remparts, nos magistrats, et
des rois. ( L'Observateur marseillois. ) peut-être toute la ville, devenoient autant de
victimes. Berne n'est pas plus rassurée; Lucerne
AFFAIRES POLlTIQUES ETRANGERES. est dans la plus grande inquiétude : Fribour ,
dans une extrême fermentation. Le mot #
DE H A M n o U R G , le 1o juin. peuple est Liberté : plus d'aristocrates : drois
égaux pour tous les hommes. Vos ministros de.
| Pendant que le roi de Suède fait chanter un France, sur-tout Saint-Priest , sont des objets
Te deum pour les victoires réelles qu'il a rem de mépris, je dirai plus, d'horreur . · :à;
portées sur les Russes, et se fait un honneur •• •
de recevoir l'ordre de l'épée que lui décerne D E C o U n T R A 1 , le 14 juin. - : i
son armée, Catherine récompense amplement
les officieus battus pour les engager à couvrir On pense ici avoir de fortes raisons pour
leur déshonneur ; elle a même donné 14,ooo croire que Van-Eupen agit de concert,à Paris,
esclaves paysans à l'amiral Tschitgakoff, qui a avec le ministre de Vienne , pour faire rentrer
laissé écraser sa flotte à Revel. Un esclave ne les pays belgiques sous la domination de,
pouvoit recevoir de plus beau présent que des l'Autriche , tandis qu'il fait faire des ropo- |
esclaves. On assure que la paix n'est pas éloi sitions à l' Angleterre par le moyen du duc de,
gnée entre le roi de Prusse et Léopold , alar Leeds , à qui il a cnvoyé une adresse de la
mé par l'air imposant que prend la Hongrie. part du congrès de Bruxelles, pour être remise
Frédéric G. me veut pas se départir de ses pro au gouvernement anglois , présentant l'alter-.
positions, et met ses armées en état de 4es native ou de l'alliamce instante avec l'Angleterre
soutenir avec avantage. Léopold ne sait pas et des secours qu'il faut envoyer en Bra5ant, ou,
s'il enverra Laudon ou à Delgrade ou en Mo une union indissoluble avec le France , en,
ravie. Catherine consent à la paix si Frédéric adoptant sa constitution. Telle est la fourberie
G. lui garantit la Crimée, Okzakow et la Bes de ce secrétaire du congrès : mais dont les
sarabie , ce que sans doute il est bien éloigné menées mal dirigées ne nous le font plus re
de faire. L'élection d'un empereur pourroit garder qne comme le plus grand ennemi de
bien la laisser seule contre ses ennemis, d'au agent que la,
notre liberté, et le plus méprisable
tant plus qu'il passe pour certain que si Léo cour de Vienne puisse employer pour ses vues
old 'fait sa paix particulière, le roi de Prusse D'un autre côté, nous avons lieu de présumer,
et l'électeur de Hanovre lui assurent leur voix que le roi de Prusse ne perdra pas de vue notre
à la diète, et en outre 1o,ooo hommes de cause ; et ce me sera ni aux § Van-der
troupes auxiliaires de la part de Frédéric, qui Noot , Schºenfeldt, ni au perfide Van-Eupen s
aura Thorn et Dantzig On parle d'un nou , que nous devrons notre salut.
| On s'abonne & Paris , cnez BUissoN, Libraire, rue Hautefeuille, à qui l'on adressera, franc de port, le prix -
de l'abonnement et la # d'avis, et touies les lettres pour les Autcurs des Annales Patriotiques.
Chez IDENNÉ et PETIT u Palais-Royal ;• * BAILLY,
- " * " -: rue Saint-Honoré; adame DELAPLANcHE, rue du Roule,
n°. 17; et chez• : V.tºus
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les Éibrair§ 5irecteurs des Postes du Royaume et de l'Etranger.
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un an .. 18 liv.. pour six mois , et de 9 lio, pour trois mois , franc de port , par la poste,' pour tout le "
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- s U P P L É M E N T AU Nº. C C L x I.
PARI s, le 14 juin. Jl a envoyé d'ailleurs une lettre au niinistre des
affaires étrangères, adiessée au I : 'sident de
: Hier le bataillon de Henri IV, et les préi lAssemblée nationale ;.unais ce!j,: lettre n'a poirit,
dent, secrétaires et commissaires du district ,
se sont : rcndus sur les deux heures en très
été remise, ce q.ii fait # qii'ºn eſſet.
M. de la Vauguyon lourroit bien ri être pas si
bon ordre au grand salon de Vaugirard. Les coupable , et que le motif de son rapp l seroit.
volontaires y ônt donné à diner à la compa plutôt fondé sur l'animosité dcs Iniiiis! r, s a,
nie du centre. Au milieu d'un repas , dans tuels contre lui, en 1nême temps que sur son .
èqnel avoit régné la Joie la plus douce, cette peu de volonté à exciter le cabinel de À4adrid
g néreuse m, lice a fait cntrer dans le jardin à une guerre. Gn conçoit qu'un hctnine d'es
tous les pauvres de tout sºxe et de tout âge prit tel que M. de la Vauguyon , ou tei que lc :
qu'elle a pu trouver , elle les a ſait placer à chevalier Dourgoin, qui doit le remplacrºr. se 2
table au nombre de plus de 2oo ; ils ont en gardera bien d'attirer sur lui tout l'odieux d une :
suite été rémplacés successivement. Ces pau · querelle qui troubleroit les opérations de l'As
vres On t ( té servis par la garde nationale ; cHe sembléc nationale ct l'achèvement de la cons-,
s'applaudissoit de les appeller du nom de frères. ' titution. Miais cette politique ne convient point .
Pendant ce repas, doit l,t bienfiusance faiso t au comité autrichien de Saint-" loud, ni à l anº
lès frais, on a fiit dans le salon une quête, mosité du charlatan Genevois contre M. le ia ?
dont le produit a été sur-le-chainp distribué. , Vauguyon ; c'est pour c la qu'ou a eu soin de
Au milieu des acclamations de la joie la plus | profiter des préventions contre cct º mbassadeur
ure et de la recoiinoissqnca la plus vive , au . | pour le rappeller; et remarquons bien que ce :
bruit des instrum ns de la musique lii lilaire, rY
· rappel a eu lieu plus de qu iize jours avant le -
on. rép, toit d un bout à l'autre de la salle les V
| décret sur le droit de la paix et de la guerre. .
cris dé Vive la natioa, vive /a loi, vive le roi. | Il est donc évident que le cornité autricltien , ,
On ne peut se formèr l'idé,: d'un spect cie , en comptant sur un décret plus favorable à scs,
plus attendrissant que celui dont le bataillon : projets, ne coinptoit pas beaucoup sur le dé-.
de Henri IV présentoit hiar le tableau. j'armi : vouement de M. de la Vailguyon. 4 n effet M. .
lés différens sentimºns d humanité que chacun : de la Vauguyon pouvoit il sºrvir d'instrument .
développoit à l'envi , on a remarqué une | aveugle à ses plus crucls cnncmis, N cker. St
expression touchante d'un soldat citoyen : au. | Priest et Montmorin, qui anro.ent jetté sur lui
moment où l'on venoit avertir la garde matio | toute la mran ºuvre d'uiïe guerre survi nue entre
nale, qui se pressoit autour des pauvres .. que : l'Espagne et l'Angleterrc. Quand on connoit le
lé dessert étoit servi dans le salon, et où on . ' coeur Humain, quand on est accoutumné à scru
l'invitoit à remonter, un yolontaire répartit sur · ter celui des ministres et des chark ttans, quand
le-champ, en montrant la table où les pauvres , on sait faire des rapprochemens, on a bientôt !
étoient assis, vailà le plus bèau desserº. le mot de l énigme dans toutes les affaires. M.
Zéritables causes du rappel de M. de la . | de la Vauguyon demande à se.juttifier, rl faut .
l'entendre; il a envoyé une lettre au ministre ,
- · .. Vauguyon. -"

| des affaires étrangères pour. le président de !


· Il faut être juste envers tout le monde , et se, l'Assemblée mationale , il faut que cette lettre :
arder de compromettre jamais son jugement soit remise à son adresse. Tant pis pour les ,
par des préventions qui ne permettent § de . ' fourbes et les traîtres , tout doit être mis au ,
regarder en arr.èce.M de la Vauguyon, devenu , grand jour. CARRA.
s1aspect à la nation pour avoir accepté la place , : Extrait de la lettre d'un articulier de Gre
de M. de Montmorin dans la révolution de | noble, de retour de Chambéri. Grenoble,
jaillet 1789, et regardé ensuite comme un des
iastrumens actifs de la mésintelligence survenue j ' le 11 juin 179o. º - v . -

eratre l'Espagne et l'Angleterre, demande à . Votre archevêque de Paris vient encore dei
rouver le contraire, et que sa, correspondance, se mettre en spectacle le jour de la Fête-Dieu,
asvec M. de Montmorin soit rendue publique, ou , à Chambéri, où il a porté le saint sacrement.
là moins communiqRée à l'Assemblée nationaler lavegigrande dévotion, ll # *
danse #ºnt
20 I C7/S. -
( 4o ) -

les chartreuses des montagnes de Savoie ; qu'il isolés d'une société, de vouloir toujours, du
visite successivement. L'abbé de Vermond, ce moins idéalement , former un corps hétéro
maquignon de la cour de Vienne, ce fameux gène, en paroissant réprouverl'unité des prin
traître à sa patrie depuis long-temps , dit la cipes, l'égalité naturelle, qui\servent de base
messe, qu'il ne sait pas dire. L'évêque de Saint à sa constitution ? que peuvent-ils encore ? et
Flour est arrivé depuis peu ( à Chambéri) avec qu'oseroient - ils tenter » ? L'auteur démontre
une pluie d'Auvergnats, de chanoines, grands ensuite, sous tous les rapports, que les nobles,
vicaires et autres. Le teint des aristocrates qui loiñ de souffrir aucun tort réel de cette abo
sont dans cette ville, est devenu couleur de lition , ne pourront qu'y gagner. Il propose,
bigarades, depuis le décret sur le droit de la entr'autres articles de décret sur cet objet, non
paix et de la guerre. Ils ont fait un moment seulement de ne plus conférer à l'avenir aucun
du bon sang, parce qu'ils ont lu sur une mi titre de noblesse héréditaire , sous quelque
sérable gazette de Berne que les brabançons cause et pré texte que ce soit ; mais que la no
avoient été battus par les autrichiens, et que blesse héréditaire, actucllement existante dans
la paix alloit se faire avec la Porte et la Prusse. tout l'empire françois, demeure éteinte et pour
Ils inferent de là que ces puissances fondront toujours.
sur le Brabant , et de là en France, et qu'en
l'infestant de brigands, comme ils ont déja fait, Le Guide des Voyageurs en Suisse, précédé
ils diviseront le peuple, qui aura à se défendre d'un discours sur l état politique d'.
pays,
de deux côtés à la fois. Deux fugitifs sont dans L1 Paris, chez Buisson, libraire, rue Haute
cette même ville , d'Ambert et Miran : le d'Am feuille, n°. 2o; vol. in-12 de 45o pages. Prix
bert est d'une insolence qui n'a pas de nom. broché, 2 livres 1o sous, et 3 liv. franc de
Le Barentin est parti pour l'Italie. Rosière , port par la poste. -

auteur de la bagarre de Mont-Mélian, est aussi


parti. Le roi de Sardaigne a écrit une lettre Les lacs, les rivières, les montagnes, les
très-pateline aux habitans de Mont-Mélian , vallées, les rochers, les glaciers, les cascades
pour leur pardonner. Le peuple des campa et les chutes des rivières, † variété et la beauté
gnes de la Savoie est dans la plus grande fer des vues, appellent les voyageurs en Suisse , les
mentation ; il ne veut payer ni dimes mi redº- . m eurs , les gouvernemens , les loix des répu
bliques suisses, font méditer l'observateur; les
VtlIlC62S seigneuriales. Imbues des principes de
liberté de la France , les têtes se montent sin productions du sol, la mature des pierres ,
guliérement ; ç est un globe électrique dont il pureté de l'air, sa température, qui varie !
sort des étincelles, en le touchant du doigt. chaque instant; les jeux et les miracles contº
nuels de la mature, étonnent et instruisent
Abolition de la noblesse héréditaire en France,
proposée à l'Assemblée nationale, par un physicien et le naturaliste ; la hardiesse
Philantrope. Chez les libraires du Palais onts, des chemins, et l'adresse?.la légèret 1

Roj al, 179o.


† bonté hospitalière des Suisses qui vivent lº
des villes, tout cela ne ressemble en rien !
Cette brochure mérite d'être distinguée par . autres pays. Plusieurs voyageurs en ont parºi
la sagacité des vues et la pureté des principes les uns ont vu une partie, les autres une aut#
qu'elle renferme : et pour en donner ºne idée, leurs ouvrages sont très-incomplets; ils n'ont#
nous ne pouvons mieux faire que d'en citer que le mérite de peindre. L'Auteur du Gº
elques traits. « Toutes ces idées de distinc ' que nous annonçons, né en Suisse, décrit la
tron héréditaire , d'ordre, de balance, d'équi Suisse : il n'échauffera aucune imaginatiºº!
libre , toutes empruntées d'une méchanique Ymais il indiquera les routes, les villes, et touº
grossière, sont aussi fausses en politique que , les curiosités de la Suisse ; il rappellera à cº
ces comparaisons si rebattues du pouvoir mo , qui l'ont parcourue, ce qu'ils ont vu oºº
marchique à la puissance paternelle. Dans des qu'ils ont dû voir, et il apprendra à ceux !
temps malheureux, dºns des siècles d'ignorance, : veulent y aller, ce qu'ils doivent voiri il
ane doctrine aussi absurde pouvoit trouver des nera des regrets à ceux qui ne peuvent #
séctateurs , mais aujourd'hui que tout est soumis mais il les instruira beaucoup sur les diflº
au calcul , que l'empire de la raison et de gouvernemens des cantons , ††
l opinion publique est devenu une puissance des villes, sur les droits que plusieurs villes
irrésistible , qui à la longue subjuguera tout . usurpé sur d'autres : il les instruira sur lesº
ce qu'on pourra lui opposer, est-il de la pru ciens et les mouveaux usages, sur le commeº
dence, de l'intérêt même de quelques membres sur les milices, etc. etc. D. .
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
D E L A F R A N C E,
ET A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes 2

et dirigé par M. MEncarn.


Tous les rois s'appellent frères ; mais à plus forte raison les nations
SO0t S9X2 ul'S.

N°. C C L X I I. Du Lundi 21 Juin 179o.


As sE M B L É E N AT I O N A L E. der aux vainqueurs de la Bastîlle, a donné
les éloges justement méritées à ces généreux
Séance du 19 juin au soir. oitoyens éfenscurs de la liberté ; et sur sa
proposition l'Assemblée a décrité qu'il sera
L. progression de la lumière, dans l'ordre fourni à chacun des vainqueurs de la Bastille
moral comme dans l'ordre physique, est, on en état de porter les armes , un habit et un
peut le dire , incommensurable. Naguères les armement complet, aux dépens du trésor pu
ténèbres palpables de l'esclavage et du préjugé blic ; que leur nom sera gravé sur leurs armes ;
couvroient presque taat l'univers ; la llamme qu'ils porteront sur leur habit une couronne
de la liberté vient de descendre sur la France , imurale ; que dans tous les actes ils pourront
et déja l'éclat en a lui sur quelques habitans prendre le nom de vainqueurs de la Bastille ;
de chaque point des deux mondes. † formeront une · compagnie particulière
VJne députation nombreuse, composée des ans toutes les gardes mationales ; qu'il sera
lhommes de toutes les nations qui se rencontrent délivré un certificat aux veuves de ceux qui
à Paris , Anglois , Hollandois, Russes , Prus ont été au siége ; qu'il leur sera accordé une
siens, Polonois , Allemands, Suédois, Italiens, place éminente à la fête du 14 juillet, aſin
iEspagnols , Brabançons, Siciliens , Avignonois, ue ceux qui ont les premiers pris les armes
Suisses, Indiens, Grecs, Arabes, etc. etc. est | pour la libérté, soient exposés aux regards de
venue féliciter l'Assemblee nationale sur ses · tous les représentans françois.
immenses et glorieux travaux , et annoncer Quelle honorable lutte s'est ouverte , lors
la prochaine révolution de la terre. La réponse que M. Alexandre de Lameth , portant les
-faite par le président ( c'étoit M. de Menou ) premiers coups au préju é , a dit : « nous
étoit remplie du saint enthousiasme de l'huma sommes au moment de la réunion de tous les
· mité.Le discours des députés et la réponse du confédérés du peuple françois , # ne sera
président seront imprimés en vertu d'un décret. plus qu'une famille de fréres. Il faut qu'au
Formel. moment de leur arrivée , les francs Comtois
Pour ce jour, sans doute , étoient réservés ne trouvent plus la statue qui représente leur
le triomphe de la sagesse , le couronnement province enchaînée aux pieds de la statue de
- des droits de l'homme , l'extermination des Louis XIV cc.
futilités qu'avoient inventées , de siècle en Et lorsque M. de Lambel, enchérissant sur
siècle, la sottise et l'orgveil. Mais ce qui est le préopinant, s'est écrié : « Je propose ç ue l'on
vraiment touchant et digne d'admiration, c'est supprime la noblesse et les dignités hérédi
que ces sacrifices ont été, non demandés par taires, les titres et les qualités ».
,les hommes que l'antique inégalité auroit pu Il n'est pas dans la nature des choses hu
faire soupçonner d'un principe de jalousie, maines qu'un grand acte de vertu parte du
mais offerts par les hommes qu'une possession mouvement simultané de tontes les volontés ;
immémoriale de ces distinctions sembleroit jus il faut même des oppositions pour y donner
stifier d'en avoir conservé l'attachement. · plus d'énergie, pour en perfectionner la dépu
lfM. Camns, au nom du comité des pensions, · ration. C'est un service que M. de F§
a fait un rapport sur les récompenses à accor · rendu à la motion proposée , § s'écriant de
202
( 42 )
toutes ses forces : « Mes cahiers m'imposent le voulez-vous connoître le génie d'un peuple ?
devoir de m'opposer de toutes mes forces à Jugez-le par les premières questions qu'il fait
cette proposition. Comment anéantir un des sur un homme. En Espagne on demande, est-il
puissans moyens de récompense que l'état puisse grand de la première classes ? En Hollande,
réserver à la vertu ? comment remplacer ce combien a-t-il de tonnes d'or? En Allemagne,
moyen ? Et qui de nous n'a pas présent à la est-il assez noble pour entrer dans les cha
mémoire l'exemple de ce citoyen qui fut fait pitres ? En France, comment est-il à la cour?
comte pour avoir sauvé l état un tel jour ? En Angleterre, guel homme est-ce ? M. Maury,
— Eh bien, répond M. de la Fayette, la charte a conclu qu'il falloit ajourner cette question,
portera qu'un tel a sauvé l état un tel jour. qui étant, à son avis, constitutionnelle, ne
Alors un projet de décret a été lu par M. Gou pouvoit être décidée dans une séance du soir.
pil, dans lequel il réservoit le titre de monsei M. de la Fayette : « On ne vous propose
gneur aux seuls princes du sang royal. — « lls pas de décréter des articles constitutionnels,
ne sont, a repris le commandant des gardes ma mais seulement les conséquences nécessaires
tionales , que des citoyens actifs comme tous de la constitution établie ».
les autres françois , lorsqu'ils ont rempli les Un premier décret a été rendu , sauf la ré
conditions prescrites par les loix ». daction.
Dit-on le marquis de Franklin ? le comte de Les monumens injurieux à la liberté des peu
Wasington ? le duc de Pitt º le prince de Fox ? ples seront détruits ; on substituera les emblê
a iuterrompu M. de Noailles le jeune ? Les mes des arts aux quatre statues de la place des
grands hommes n'ont pas besoin de ces dignités Victoires. » .
équivoques qui décorent souvent la nullité . Sans que le prétexte de ce décret et de ceu
Je demande en outre que l'usage de la livrée à intervenir, aucun citoyen puisse se permettre
soit entièrement supprimé. d attenter aux monumens placés dans les tem
Je demande que chacun ne porte que le vrai ples, ni à la décoration d'aucuns lieux publics
nom de sa famille, et je signe ma motion, Louis ou privés, et sans que l'exécution des disposi
Miche/ Le Pelletier ». (C'est celui qui , le mo tions relatives aux livrées et aux armes plicées
ment d'auparavant , portoit le surnom Honoré sur les voitures, puisse être exigés par qui que
de Saint-Fargeau ). ce soit avant le 14 juillet , pour les citoyens
« Que ceux qui ont escroqué le nom des an demeurant à Paris , en av nt trois mois , pour
ciennes familles , soient tenus de reprendre ceux qui habitent les provinces. Cette dernière
leurs noms primitifs », disoit M. de Crécy. addition est un amendement présenté par MM.
M. de Montmorenci. — Je demande la sup Freteau et de Virieu. ' .
pression des armoiries, « afin que personne , Le reste du décret n'étoit pas facile à déter
dit-il, n'en ait d'autres † celles de la liberté , miner. Les protestations , les démissions , les
qui doivent se confondre avec celles de la amendemens , les applaudissemens même, ve
l'rance ». nant à la traverse, et troublant l'harmonie de
Un opinant, qu'on n'accusera pas cette fois l'Assemblée, pendant qu'un côté de la salle
d'avoir plaidé sa propre cause, a contrarié Feu;
crioit, AUx voIx , l'autre côté crioit au
fortement toutes les propositions antécédentes. enfin, sur la rédaction de M. le Chapelier,
« le monument de la place des Victoires doit intervient le décret. · .
demeurer, dit-il, comme un trait historique, » L'Assemblée nationale décrete, que la no
pour instruire la postérité de la manière dont blesse héréditaire est pour toujours abolie; qu'en
º les courtisans flagornoient les monarques. La conséquence les titres de prince, duc, comte,
moblesse, comme faisant partie intégrante de la marquis, vicomte , vidame , baron, chevalier,
· monarchie ; les armoiries et la livrée , comme messire , écuyer, noble, et tous autres titres
: co-existantes dans leurs institutions. Il y a bien semblables , ne seront pris par qui que ce soit,
· quelques inconvéniens dans la multitude de mi donnés à personne «. · •
moms qui distinguent les enfans d'un même père. » Que tous les citoyens ne pourront prendre
· Un moraliste célèbre se plaignoit, il y a cent ans, que le vrai nom de leur § • * •

· de ce qu'on ne connoissoi plus les hommes » Que personne ne pourra porter, ni faire
à leurs noms, ni les femmes à leurs visages. porrer de livrée, ni avoir d'armoiries «. •- .
· Pour ce qui est des décorations et les titres , » Que l'encens ne sera brûlé dans les temples
· il est nécessaire de consulter l'usage et la na que pour honorer la divinité, et me sera offert
, ture du gouvernement. « Un auteur disoit : à qui que ce soit». - - " .
-
( 45 )
» Que les titres de monseignenr et de messei placera auprès du président, du bureau, ou au
gneurs, ne seront donnés ni à aucun individu, milieu de la salle, et les places de trésoriers ne
ni à aucun corps, ainsi ques les titres d'excel seront jantas remplies § par eux : il en sura
lence, altesse, grandeur, éminence, et même de même de la barre, dans l i quelle personne
celui d'abbé. ne pourra être introduit que par la permission
de l'Assemblée.
Séance du 2o juin. III. La tribune ne sera occupée que par l'opi
mant : ceux qui seront autour de 1a tribune me
La lecture de la dernière séance et des mé pourront s'entretenir avec lui.
morables décrets qui y ont été rendus, a ins lV. Le président est expressément chargé de
piré ce matin à l'Assemblée nationale de nou veiller à ce que personne ne parle sans avoir
velles pensées de générosité, dont elle a sur le obtenu de lui la parole, et à ce que jamais plu
champ fait des loix. -
sieurs membres ne la prennent à la fois.
Par un premier décret, rendu sur la motion V. Lorsque plusieurs membres demanderout
de M. Bouche, « les communautés qui avoient la parole, on l'accordera à celui qui l'aura de
été forcées de prendre le nom de leurs ci-devant mandée le premier. Le président ſera faire une
seigneurs, sont autorisée à prendre leur ancien , liste des autres par le secrétaire : ils seront ap
mom, ou celui qui leur conviendra ». pèllés suivant l'ordre de leur inscription ; et lo
Un second décret ordonne, « qu'il sera liste ne pourra servir que pendant une séance.
fait une nouvelle liste des noms de MM. les VI. Si une réclamation s'élève sur la décision
députés, dans laquelle on ne mettra que les du président , relativement à l'ordre de la pa
, noms de baptême et de famille ». role, l'Assemblée prononcera ».
M. d'Arambure est monté à la tribune. « En Un article aditionnel étoit proposé par MM.
mon particulier, a-t-il dit, je me soumets, sans de Clermont-Tonnerre et Malouet , savoir ;
balancer, au décret qui supprime la noblesse « que l'Assemblée ne pourroit, à l'avenir , sta
héréditaire. Mais j'observerai que, peut-être une tuer sur une question, sans auparavant avoir
délibération de cette impostance n'auroit dû entendu deux opinans pour, et deux contre ».
être prise que sur l'avis d'un ou de plusieurs ll n'a pas été adopté.
comités. J'ai fait serment à mes commettans de Le décret rendu hier, sauf rédaction , a subi
maintenir de tout mon ;)ouvoir leur état civil de mouveaux amendemens. Par le prcmier , il
dans son intégrité : lors du décret du 4 août, est dit que « lºt suppression des monumens qui
ui a supprimé le régime féodal , j'ai cru portent avec eux des emblêmes de servitude ,
evoir protester; ct aujourd'hui, quoique l'As ne pourra être effectuée qu'à la diligence , et
semblée ne paroisse plus disposée à recevoir de sur l ' réquisition des officiers municipaux ».
protestations, je me présente encore....». Un Un second amendement excepte de la disposi
décret rendu sur le champ a appellé l'ordre tion relative aux livrées et armoiries, les étran
du jour. gers qui voyageront en France.
Il s'est élevé des plaintes sur l'inexactitude A /2^ I S.
du tableau des contributions patriotiques , qui
demeure exposé dans la salle de l'Assemblée, MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3
La contribution de la ville de Lille, qui s'élève janvier pour 6 mois , et du 1 avril pour 3 mois, sont
a 9oo,ooo livres et plus, ne paroît y être portée avertis que leur Abonnement finit au 3o du courant ;
u'à 237, ooo livres. et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité
L'objet ajourné à cette séance, étoit le ré dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter
glement sur la police que l'Assemblée mationale leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer
par le premier de tel mois , aſin d'épiter les doubles
a droit d'exercer sur chacun des membres qui emplois. -

la composent.
Il a été présenté un projet de décret, com
posé de dix-neuf articles. Les six premiers · Avis très-important et très-pressé sur un
seulement ont été consacrés. . nouveau piège que la cour nous prépare.
Art. Ier. « Le président usera, avec autant de
fermeté que de sagesse, de toute l'étendue du Le roi d'Espagne, bien décidé à faire la guerre,
pouvoir qui lui est confié par le réglement et moins pour se venger de l'Angleterre, que pour
ar les articles qui s'ensuivent. -
faire valoir le pacte des familles royales contre
II. Aucun des membres de l'Assemblée ne se celui des familles nationales, (c'est-à-dire des
( 44 )
loups contre les brebis) va incessainment ſoire | comme dans les cités maudites de Nîmes, de
demander à l'Assemblée nationale, par son cou- | Montauban et d'Uzès : à Bergerac, c'est la mème |
sin le pouvoir exécutif de France, le oui ou le | chose ; quinze cents lionumes, composant leur
non sur les secours qu'il prétend lui ètre dus | garde nationale, se sont réunis pour prêter le
par les françois, toutes les fois qu'il aura un | serment civique. Le vénérable père Matthieu,
vertige guerrier. L'Assemblée ne verra-t-elle pas | gardien des récolets, et le respectable ministre
dans cette demande toute la profondeur du | M. Duprat, qui avoient été choisis pour au
# qu'on lui tendra? n'y verra-t-elle pas pour | mônier lors de la formation de cette gards
| le oui une guerre universelle en Europe entre | nationale; assistoient à l'auguste cérémonie. lli
l Espagne, Naples, Turin, Venise , le roi de Hon- | éloient placés vis-à-vis l'un de l'autre , chacun
grie, Catherine II et une partie de l'Allemagne, | aux deux bouts de l'autel. Déja les drapeaus
contre l'Angleterre , la blollande. la Prusse, la | tricolores s'inclinoient respectueusement ven
Suède , les provinces Belgiques et l'autre partie | cet autel, élevé au Dieu de la patrie, le vni
de l'Allemagne ? ne verra-t-elle pas dans cette | restaurateur de la liberté : déja les parola
guerre universelle, le bouleversement total des | sacrées du serment national et la promesse so
opérations de l'Assemblée nationale, la chute | lemnelle de répandre son sang jusqu'à la der
de notre empire, la destruction de notre consti- | mière goutte pour notre subl.me constitution,
tution, le malheur de tous les pauvres européens | retentissoient dans tous les cxºurs avant de
et la perte sans retour de notre liberté? quel | s'exprimer par toutes les bouches; déjà la dou
est celui de vos députés, ô François ! qui osera | ceur et l'onction d'un sentiment profond de
voter pour cette guerre effroyable et pour | concorde et de fraternité rayonnoient sur la
cette monstrueuse alliance ? fixez-les bien dans | physionomie vén rable des deux aumôniers;
dans ce moment, vos augustes représentans : | déja leurs yeux, mouillés de cette rosée pré
non , aucun d'eux n'est capable d'un tel..... ! | cieuse des ames pures et sensibles, se fixoient
Mais jurons tous de ne jamais marcher ni pour | d'un air tendre et compatissant, tandis que
les vertiges des rois , ni pour les guerres étran- | leurs mains s'élevoient vors le ciel : Je lejun !
gères ! - Le Genevois me veut rendre ses | A ce mot, les deux amis s'élancent soudainet
comptes que le 15 juillet prochain le concilia- | du même mouvement dans les bras l'un dt
bule des aristocrates de Nyon près Copet en | l'autre ; le coeur du bon Duprat serre affes
Suisse, regarde le 15 juillet prochain comme le | tueusement celui du bon Mathieu, qui leregº
jour d'une contre-révolution infaillible. Par | de même sur son sein, leurs larmes couler
uel miracle me direz-vous ? les scélérats n'en | en abondance ; et biontôt tous les assistas
† point; non , mais le Dieu de la patrie m'a doublement attendris, et par ce spectacle º
inspiré, et j'ai un bon avis a donner à la capi- | par celui de l'auguste fête, mêlent aussileun
tale le 12 juillet prochain : je n'y manquerai | larmes et leurs embrassemens à ceux des dent
pas mais je dois garder le tacct jusqu à ce aumôniers. On marche ensuite à l'église, où
temps-là. CARRA. l'on chante l'ode sacrée 7'e Deum et le nowd
Eſſet merveileux de l'attraction patriotique. hymme n«*.onal composé des trois strophes
constitutionnelles : 1°. Salvam fac genº,
Qu'elle est heureuse la contrée où l'esprit | 2°. salºam fac legent , et 5°. saloum fac rºgºw.
de tolérance et de paix s'unit au saint amour | Les bons récolets s'y trouvoient, avec leur
de la liberté ! La ville de Bergerac, en Périgord, † gardien : mais les autres communau
renferme dans ses murs presqu'autant de non- | religieuses et le clergé séculier de Bergeracº
catlioliques que de catholiques ; mais les uns | étoiont pas. Que je los plains, les malheureux !
et les autres ne forment point deux familles, CARBA 1

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· Royanne. Le premier Numéro a paru le 3 Octobre 1789 L'abonnement ne commouce que du premier d'us

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ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES
D E L A F R A N C E , , -

E T A F FA I R E s P o L I T I Q U E s D E L E U R o P E ;
J O U R N A L L I B R E , par une Société d' Écrivains Patriotes »
et dirigé par M. MERcIER.
La loi en général est la raison humaine. MoNTEsQUIEU.

N°. C C L XI I I. Du Mardi 22 Juin 179o.


A s s E M B L É E N AT I O N A L E. nemens constatés par titres, ou volontairement
faits, conformément aux décrets sur les droits
Suite de la séance du 18 juin. féodaux des 15 mars et 3 mai derniers,
III. Nul ne pourra, sous prétexte de litige .
M. CHAssEr, au nom du comité des dîmes, refuser le paiement de la dîme accoutumée
a proposé un projet de décret qui a été adopté; d'être payée, ou des champarts, terrages, agriers,
en voici les termes : complans, ou d'autres redevances de cette es
« L'Assemblée nationale, sur le rapport qui pèce, aussi accoutumées d'être payées et énon
lui a été fait par son comité des dîmes , de cées dans l'article 2 dudit décret du 15 mars
plusieurs pétitions tendantes à ce que les rede dernier, sauf à ceux qui se trouveront en con
vables etissent la faculté de les payer en argent, testations à les faire juger; ce qu'ils ne pourront
la présente année, au lieu de les acquitter en faire quant aux dînes et champarts nationaux.
nature : instruite pareillement que, dans quel † avec le procureur-syn
ques endroits, un petit nombre de redevu ic du district; et en cas qu'il soit décidé que
† sans doute égarés par des gens mal in ·ces droits par eux payés n'étoient pas dus, ils
leurs sèront restitués.
tentionnés, se disposoient à refuser de , les
ayer, même à s'opposer à la perception ; ins IV. Ceux qui n'auroient pas payé la dîme ou
# encore que quelques bénéficiers, corps
u communautés ne se disposoient point à les
les champarts l'année dernière, pourront être
actionnés lors même qu'ïºh'y auroit pas eu de
rcevoir, et ne donnoient pas les soins né demande formée dans l'année,
cessaires aux biens qu'ils sont provisoirement V. Défenses sont faites à toutes personnes
chargés de régir, a décrété et décrète ce qui quelconques de porter aucun trouble à la per
suit : ception de la dîme et des champarts, soit par
Art. Ier. Tous les redevables de la dîme , des écrits, soit par des discours, des menaces,
ant ecclésiastique qu'inféodée, seront tenus , . voies de fait ou autrement, à peine d'être pour
conformément à l'article 3 du décret des 14 et : suivis comme perturbateurs du repos public.
to avril dernier, de la payer, la présente an- . En cas d'attrouppement pour empêcher ladite
née seulement, à qui de droit, en la manière perception, il y aura lieu de mettre à exécution
tccoutumée ; c'est-à-dire , en mature, et à la les articles 3, 4 et 5 du décret du 25 février
Iuotité d'usage, sauf I'exécution des abonne dernier concernant la sûreté des personnes,
nens en argent, constatés par titres, ou volon- i celle des propriétés et la perception des impôts :
airement faits. et les municipalités seront tenues de remplir les
II. Les redevables des champarts , terrages, obligations qui leur sont imposées par §
rrages, agriers, complans, et de toutes ºutres ·articles, sous les peines y portées.
VI. Les municipalités seront tenues de surl
·edevances payables en nature, qui n ont
ité supprimés sans indemnité, seront égale veiller, soit la perception des dimes, soit l'ad,
ment tenus de les payer ! la présente année et Idinistration des biens nationaux, chacune dans
és suivantes, jusqu'au rachat , en la'manière leur territoire. En conséquence, dans le cas où
lccoutumée, c'est-à-dire en nature ,,ºt à la les bénéficiers, corps on communautés ne pour
puotité d'usage, saufaussi ſ'exécution des abon
• - • c • • ,
roient exploiter les dîmes et#º biens qui
1
( 46 )
ne sont pas affermés, ou négligeroient de le IV. Il sera remis toutes les semain#, à
faire , elles seront tenues de les régir ou de les comité des finances, un bordereau de dé
domner à bail pour la présente année, et de pense et de recettes. -

rendre compte des produits au directoire du V. Le comité des finances sera tenu de faire
district; elles ne pourront cependant empêcher imprimer l'état de la situation du trésor royal
l'exécution d'un bail à ferme , sous prétexte
qu'il ne doit commencer à courir que de la Séance du 21 Juin.
présente année.
, VII. En cas de dégradation et d'enlèvement Des remercîmens sont votés par acclamatiu
d'eſfets mobiliers , † et denrées , les à M. Syeyes, qui remet la place de président
municipalités en dresseront procès-verbal , et à M. le Pelletier , son successeur. . :
· en feront leur rapport au directoire du district, L'Assemblée nationale a reconnu la néces
pour être fait telles poursuites q 'il appar sité de faire aujourd'hui pour Dijon, ce qu'elle
tiendra. -

a fait pour Rennes avec tant de succès c'es


V1: ſ.Aucuns bénéficiers, corps, communautés, à-dire d'établir une cour provisoire pour lad
fabriques, hôpitaux , maisons de cliarité ou au ministration de la justice. La shambre desvt
tres é tablissemens publics, ne pourront refuser cations étoit paralysée ; l'absence des président
de faire la déclaration de leurs biens, prescrite ct des anciens conseillers laissoit le siége à lº
par le décret du 13 novembre dernier, ni s'op bandon à une jeunesse légère, inexperte, in
oser à l exécution de l'art. 1 2 du décret des 14 et souciante, au milieu dc laquelle il ne se trouvot
2oavril suivans, qui ordonne l'inventaire de leurs pas un homme qui fût § d'âge à exer
mobiliers, sous quelque prétexte que ce soit ; · cer les fonctions de la présidence. # décret
et dans le cas où les districts ne seroient pas ordonne « que la justice sera rendue promiº
formés , les municipalités sont autorisées à y soirement par un tribunal composé de mag
proc'der jusqu'à ce qu'ils le soient. L ordre trats et de jurisconsultes pris dans les présidiaux
de Malte demeure se l excepté de la dispo du ressort ». .
sition concernant l inventaire : mais chacun des Le comité des dîmes a présenté et fait ado,
membres qui le composent sera tenu de donner ter deux articles additionels au décret prècº
s t déclaration des biens dont il jouit en France, demment rendu. Le premier ordonne « quelº
conformément audit décret du 13 novembre bénéficiers, corps et communautés étrangº
dernier. - -
ainsi que les propriétaires laïcs des dîmes inféo
, IX. Sera le présent décret présenté sans dées continueront comme par le passé,êt pº
délai à la sanction ' a roi, et sa majesté sera la présente année seulement, de jouir de cei
suppliée de donner les ordres convenables pour différens droits qu'ils possèdent en France*
sa plus prompte exécution. Le rapport du co Le second article autorise les corps, comº
1nité sera imprimé , et les membres de l'As nautés ou individus françois qui perçoiventº
sºmblée sont invités de l'envoyer avec le pré dîmes , ou possèdent des biens dans le pºyº
sent décret à leurs commettans, sans délai ». étranger, à continuer d'en percevoir lesº
Le décret rendu avant-hier pour le service nus, à la charge par eux d'en rendre compº
de 3o millions à fournir au ministère des aux directoires dans leurs districts respecº ,
finances - par la caisse d'escompte , attendoit Décret « qui permet aux habitans de la m) :
nne suite de cinq articles, que M, Camus a d'Aran, province espagnole, de s'a provisiº0°
C
apporté ce matin, et qui sont décrétés. ner, comme ci-devant, sans celle dº #
Art. I°r. L'Assemblée mationale décrète que minges, des grains nécessaires à leur subsistanº
le premier ministre des finances remettra, le L'administration de départemènt est charg
15 du mois prochain , au plus tard , un compte spécialement de veiller à ce qu'il neº U$
général des dépenses et recettes depuis le exporté de la province de Cominges º#
premier mai 17S9, jusqu'au premier mai 179o. rande quantité de grains que celle né†
| II. Il sera remis dans la huitaine un état des # subsistance des habitans de la vallée d'Ara eſl
dépenses qui ont nécessité la dernière de La ville de Bourges est autorisée à #
mande de 3o millions, et dans le mois pro faveur de son hôpital, un emprunt de #
chain un état de l'emploi de cette somme, On a repris la série des articles sur la con"
, lII. Il en sera usé de même de mois en mois, tution civile du clergé. · des minº
jusqu'à ce que l'Assemblée ait établi l'ordre : · Art. XI. Le traitement en argen,avancº
qu'elle se propose dans le trésor royal. tres de la religion leur sera'payé d
• - ( 47 ) -

frois mois en trois mois par le trésorier du dis et avec la permission du directoire du départe
·trict, à peine par lui 'y être contraint par ment dans lequel son siége sera établi.
corps sur une simple sommation : et dans le cas III. Ne pourront pareiffement , les curºs et
| où l'évêque. curé ou vicaire viendroit à mourir les vicaires. s'absenter du lieu de leurs fonc
| on à donner sa démission avant la ſin du quar tions, au-delà du terme qui vient d'être ſixé,
|
tier , il ne pourra être exercé contre lui ni que pour des raisons graves, et avec la per
'contre ses héritiers aucune répétition. mission , tant de leur évêque que du direc
§ XII. Pendant la vacance des évêchés, cures, toire de leur district. -

et de tous offices ecclésiastiques payés par la IV. Si un évêque ou un curé s'écartoit de


| nation, les frais du traitement qui y est attaché la loi de la résidence , la municipalité du lieu
seront versés dans la caisse du département pour en donneroit avis au pocureur général syndic
subvenir aux dépenses dont il va être parlé. du département, qui l'avertiroit , par une lettre
XI I. Les curés qui , à canse de leur grand . missive, de rentrer dans son devoir : et après
Age ou de leurs inti runités , ne pourroient plus la seconde monition , le poursuivroit pour le
vaquer à leurs fonctions , e11 donneront avis au faire déclarer déchu de son traitement pour
directoire du département qui , sur l instruction tout le temps de son absence. , .
de la municipalité du lieu et de l administration V, décrété sauf rédaction. Les évêquos,
du district, laissera à leur choix , s'il y a lieu , les curés et les vicaires no pourront accepter
de prendre un vicaire de plus, ou de se retirer , de charge,
$ d'emploi
| ou de commission qui les
.'avec une pension égale au traitement qui auroit obligeroſent de s'élo'gner de leur devoir ou de
·été fourni au vicaire. - leur paroisse, et ceux qui en seroient actuel
· XIV. Les vicaires et desservans d'hôpitaux lement pourvus , seront tenus de faire leur
qui ne pourront plus vaquer à l urs fonctions, option dans le délai de trois mois, à compter
pourront aussi, en faisant COIlStatCI" leur Ctat , de la notification qui leur sera faite du présent
se retirer avec une pension ( gale au traitement par un procureur-général-syndic de leur dé
dont ils jouissent, pourvu qu elle n excède pas partement; sinon et après l'expiration de ce
la somme de Soo liv. . · · · -
délai , leur office sera réputé vacant et il leur
· : · XN. La fixation qui vient d'être faite du tral sera donné un successeur en la forme ci
tement des m nistres de la religion , aura lieu ſl dessus prescrite. Ne sont comprises dans la
compter du jour de la publication du présent présente disposition les fonctions publiques,
décret, mais seulement pour ceux qui seront auxquelles ils auroient pu être appellés jusqu'à
pourvus par suite d'offices ecclésiastiques, ainsi présent par le voeu de leurs concitoyens, telles
que pour tous les curés ci - devant à portion que celles des membres du conseil des mu
congrue , et pour tous ceux q! l'accepte nicipalités, des administrations de districts et
roie t volontairement. A l égard des titulaires de départemens, ou de membres des légis
latures suivantes ».
actuels, soit ceux dont les ofiices ou emplois
sont supprimés , soit ceux dont les titres sont " Sur un amendement de M. d'André, il a été
conserv s, leur traitement sera réglé par un dé décrété que les fonctions de maire, d'officiers
cret particulier. •- . municipaux , de membres de directoires, de
XVI. Au moyen du traitement qui leur est districts et de départemens, sont incompatibles
assuré par la présente constitution , les évê avec les fonctions épiscopales et curiales.
ques , les curés et leurs vicaires, exeTCerOnt Il arrive de Nîmes les nouvelles les plus affli
gratuitement les fonctions épiscopales et cu geantes. Les fanatiques, qui ont substitué la
riales. - Cocarde rouge à la cocarde blanche , ont , le
On a passé ensuite au titre 4 du plan du co 4 de ce mois , livré aux patriotes un combat
mité relatif à la loi de la 1ésidence; cinq articles où il a péri quatre-vingt personnes. Les lâches
· ont été décrétés : - - officiers Inunicipaux n'ont arboré le drapeau
Art. 1er. « La loi de la résidence sera reli rouge , que lorsque le mal étoit extrême et sans
- gieusement observée ; et tous ceux qui SerOIlt remède. -

revêtus d'un office ou emploi ecclésiastique , y Croiroit on que M. de Marguerite, l'évêque


seront soumis sans aucune exception ni dis de Nîmes, et d'autres encore, ont tenté d'abord
tinction. . - -
de mier les faits, ensuite de justifier les officiers,
II.Aucun évêque ne pourra s'absenter chaque et enfin de demander grace pour eux ? « Vous
année pendant plus d'un mois hors de son dio l'entendez, a dit M. de Menou, on réclame en
cèse, que dans le cas d'une véritable nécessité, faveur de la municipalité de Nîmes, votre jus
( 48 ) s . · .

tice , votre humanité, votre patriotisme. Il ne les plus vigoureux et les plas courageux, a ed
tient qu'aux honorables membres qui viennent lieu à Pellèautier, avec un appareil simple , mais
de parler ainsi de noùs prouver qu eux-mêmes imposant. — La société des amis de la constitu
sont patriotes ; qu'ils retirent cette protestation tion, à Alais, vient de faire une adresse aux pa .
indiscrète , qu'ils ont signée , et qui est ( ils triotes de France, qui est un chef-d'œuvre d'é
ne peuvent pas douter ) § cause des maux qui loquence, de philosophie et de patriotisme, et
affligent en ce moment la ville de Nîmes ; ce dont nous citerons le premier paragraphe, en
retour à la vérité les couvrira de gloire ». regrettant infiniment de ne pouvoir la citer en
M. de Montlosier s'est aussi-tôt écrié : « Il entier dans notre feuille. § françois !
faut, avant tbut, déclarer nationale la religion graces à la révolution, qui change d'une ma
catholique, apostolique et romaine ». nière aussi merveilleuse la face de l'empire, le
ur une motion de M. Barnave il est dé patriotisme est devenu notre passion domi
crété « que le roi sera prié de prolonger l'em nante. La constitution , ce chef-d'œuvre admi
ploi de ses commissaires à Nîmes, que ces rable de la sagesse et des lumières de nos au
commissaires auront en leur disposition les gustes représentans, n'a pour improbateurs que
ſorces militaires de la ville de Nîmes, qu'eux seuls uelques êtres avilis par la superstition ou par
pourront aussi requérir la garde nationale de l'égoïsme. L'étendard sacré de la liberté flotte
cette ville , quand il s'agira de rétablir la tran dans toutes les provinces ; toutes les villes sont
quillité et le bon ordre , et qne la municipalité armées; toutes les eontrées se confédèrent, et
de Nîmes demeurera provisoirement privée de leurs habitans ne formeront bientôt plus qu'une
cette partie de ces fonctions ». G. D. seule famille, aussi intéressante par sa félicité
qu'imposante par sa puissance ». Je dirai à rnon
A /^ I S.
tour : Citoyens françois ! n'oubliez pas de choi
MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 5 sir, pour la nouvelle législature, les hommes
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont qui ont le talent de rédiger de pareilles adresses,
avertis que leur Abonnement finit au 3o du courant, et qui, à ce talent, joignent des mœurs vérita
et priés de renouveller avant le 25, pour plus de célérité blement nationales et une probité, connuel
dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter Point de cagots , point de gens mielleux, point
leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer de ces ames molles et tièdes qui n'ont pas ptit
par le premier de tel mois, aſin d'éviter les doubles leur parti , sur les circonstances, en braves ci
emplois. toyens, et qui ne sont pas dégagés de tous pré
jugés contraires à la constitution. C.... -

,Nouvelles diverses de l'intérieur de l'empire.


Suite des progrès du patriobisme.
Messieurs les grenadiers du régiment de la
La commune de Gap, dont le patriotisme Reine, en garnison à Cherbourg , nous ayant
s'est rnontré sous tous les rapports du zèle et du fait l'honneur de mous écrire pour justifier leur
énie, sans jamais varier un seul instant, a fait commandant M. la Pelouze, d'une apostrophe
§ne délibération énergique et pleine d'une lo- . insérée indirectement çontre lui dans n
gique simple , mais lumineuse, pour improuver N°. 228, et pour rendre justice au patriotisme
le sot fanatisme et l'aveuglement pitoyable des de ce commandant, nous nous empressons
croisés de Nîmes et d'Uzès. - La garde matio réparer l'erreur de notre correspondant ;
male d'Embrun et de plusieurs autres commu nous n'avons d'autre bonheur que celui dev«
·nautés voisines, se trouvant sans armes, a forcé, s'accroître le nombre des vrais patriotes et d'être
par les argumens de la raison et de la nécessité, détrompé sur le compte de ceux qu'on nous
|

' ie commandant du fort Mont-Dauphin à lui en ! dénonce comme contraires aux principes de
F )urnir; et maintenant ces braves patriotes ont constitution. Nous prions messieurs les grena
des fusils, des balles et de la oudre suffisam- . · diers de la Reine et M. la Pelouze de †
ment pour recevoir M. Condé é, ses aristo cuser si nous n'avons pas inséré oet !
crates, quand la fantaisie leur prendrº de venir plutôt; mais l'immensité de notre correspon
en corps d'armée. - Une fédération de gardes dance et la multiplicité de † que nous
n ttionales des cantons de la Roche, départe avons
sont, àC.,
faire
. nous
" . en ..ont
' empêché jusqu'à
•- . · | pré
. '
ment des hautes Alpes, oomposée des hommes - º - .
-- , :
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES
DE LA F R A N C E,
E T A F FA I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P D ;
JO U R NA L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes ,
et dirigé par M. MERcz En. -

L'avantage d'un état libre est que les revenus y sont mieux administrés.
MoNTEs QUIEU.

N° C C L X I V. Du Mercredi 23 Juin 179o.


AS S E M B L É E N AT I O N A L E. recevront pas l'honoreire qui sera ci-après
fixé : leurs gages gages leur en tiendra lieu , et
Suite de la séance du 21 juin. il sera pris d'autant moins de jurés consultés
LE décret rendu hier pour l'établissement , dans les présidiaux.
» Ses séances tous les jours, même pendant
d'une cour provisoire à Dijon, est trop impor ceux des fêtes de palais, et sans aucnnes va
tant dans ses détails pour que nous puissions C{UI1CGS.
nous borner à le donner par extrait. En voici » Elle recevra les licenciés en droit au ser
la totalité littérale : -
ment d'avocat.
- « L'Assemblée mationale, instruite de la ces » Les gens du roi rempliront les fonctions
sation de la justice souveraine dans le ressort | ordinaires du ministère public , tant à l'au
du parlement de Dijon , a décrété et décrète dience qu'à la chambre du conseil ; cn cas
ce qui suit : d'absence ou d'empêchement , lesdites fonc
» Il sera incessamment et sans délai composé tions seront remplies par les substituts du pro
un tribunal provisoire à Dijon , pour remplacer cureur-général du roi.
la chambre des vacations du parlement de cette » Les greffiers , huissiers , et tous autres
ville, auquel effet il sera pris deux juges de officiers ministériels attachés au parlement de
chacun des présidiaux du ressort, deux de la Bourgogne , continueront leurs fonctions au
sénéchaussée de Trévoux , deux jurisconsultes près † cour supérieure provisoire.
parmi ceux du bureau de Dijon, un juriscon » Les ci-devant juges composant le parle
sulte de chaque ville où les présidiaux sont ment de Bourgogne , remettront au greffe ,
établis, et un jurisconsulté de la ville de Tré dans trois jours après l'entrée en exercice de
voux. Lesdits membres se réuniront et se met ladite cour, les procès et pièces qu'ils peuvent
tront en 1 activité le plutôt possible , et com avoir ; et faute par eux de le faire , ils seront
menceront sans délai l'exercice de leurs fonc poursuivis, à cet effet , à la requête du procu
tions ; en cas de refus ou d'absence de partie reur-général du roi, et condamnés aux dom
d'entr'eux , ils appelleront provisoirement , et mages et intérêts des parties. . - 1

à leur choix, des avocats pour assesseurs ; ils » Les honoraires des juges appellés à com
se diviseront en deux chambres , dont l'une oser la cour supérieure provisoire, seront de 12
connoîtra de toutes les matières civiles, même iv. par jour, à compter, pour ceux des villes du
de celles d'eaux et forêts , à quelques sommes ressort autre que Dijon, du jour de leur départ;
qu'elles puissent monter; l'autre , des matières et pour ceux de Dijon , du jour de leur entrée
criminelles : les deux chambres seront présidées en fonctions : autorise les receveurs des dépar
† le plus anciennement admis au serment temens du rersort à payer chaque miois lesdits
'avocat, et le même ordre d'ancienneté ré honorairos sur un mandat du président, signé
glera la préséance entr'eux. du procureur-général, ou de † de ses subs
» Si parmi les officiers du parlement il s'en tituts ; en conséquence, lesdits juges ne, porr
trouve qui desirent conserver leurs fonctions , cevront aucuns droits ni épices, sous quel
ils seront tenus de le déclarer avant la compo ue dénomination que ce soit. Les substituts,
sition du tribunal provisoiro, auquel cas ils ne greffiers et autres §• , n'étant
2
( 5o !
amais compris dans la fixation des honoraires, députés cesseront de recevoir leur traitement
continue1 ont de recevoir les émolumens qui pendant tout le temps de leur absence ».
leur sont attribués par le titre de leurs offices L'assemblée représentative du comtat Ve
ou par les † naissin a fait parvenir à l'Assemblée nationale
» L'Assemblée mationale charge son prési une adresse dans laquelle faisant un grand éloge
dent de porter le présent décret, dans le jour, de la constitution françoise, elle demande
à la sanction du roi ». . faveur d'être admise à vivre sous les mêmes
loix. L'Assemblée, en renvoyant cette adresse
Séance du 22 juin. aux comités des domaines et de constitution
réunis, a arrêté en outre qu'il en sera donné
Une loi économique doit sans doute embras communication au roi.
ser d'avance tous les cas où la cupidité pourroit Le rapport de M. l'abbé d'Expilly, qui étoit à
l' éluder ; et si , dans le commerce social et l'ordre du jour, concernoit le traitement qu'il
privé, il est immoral de présumer la fraude, il convient de faire au clergé actuel.
est juste et sage, dans l'ordre général et légis Le clergé a trouvé un assez grand nombre de
latif, de la prévoir et de la prévenir. défenseurs et de panégyristes. L'un a fait valoir
· L'article XlV du titre III du plan du comité les vertus particulières de quelques ministres
ecclésiastique, a accordé aux vicaires âgés ou de l'autel, comme MM. les évêques de Paris
infirmes, qui ne pourront plus vaquer à leurs et de Namci qui, pendant le rigoureux hiver
fonctions , une pension qui n'excédera pas de 1788 , ont emprunté des sommes immenses
8oo liv. « Pour profiter du bénéfice de ce dé pour subvenir aux besoins de leurs pauvres.
cret, a dit M. Bouche , beaucoup de vicaires Les autres, tels que MM. Rœderer et Beau
feindront d'être malades ; des médecins com metz, ont fait valoir les austérités de l'état ec
plaisans leur donneront des certificats, et dans clésiastique pour établir, comme une sorte de
dix ans l'état aura douze ou quinze mille vi contre-poids, les jouissances qui lui sont dues.º
caires bien portans à pensionner. Ne seroit-il , « Respectez , a dit M. de Boufflers, abbé
pas de votre sagesse de rendre un décret qui militaire, ou militaire - abbé , respectez leurs
fixât, de la manière la plus positive , le tems jouissances, respectez leurs inquiétudes, res
après lequel ces pensions pourront être accor pectez leur luxe , respectez même aussi leur
dées » ? Cette motion, appuyée par M. Freteau, orgueil..... » •
a été combattue par M. Martineau, qui est par Le plan économique du comité a eu , dans
venu à faire prévaloir l'ordre du jour. MM. Robertspierre et Treilhard, deux vigou
Par deux décrets particuliers, le chef-lieu de reux soutiens.
l'administration du département de Mayenne M. Thouret arrive à la tribune, et l'on at
et Loire a été fixé définitivement à Angers, et tendoit son opinion avec cette impatiente cu
à Chaumont celui du département de haute riosité qui, si l'on peut parler ainsi, s'attache
Marne, aux lèvres do la raison éloquente. « J'ai joint,
M. Charriot, célèbre artiste , supplie l'As a-t-il dit, mes efforts aux vôtres, lorsqu'il s'est
semblée d'accepter l'hommage du buste de Jean agi du retrait des biens ecclésiastiques, de
Jacques Rousseau, au pied duquel est déposé l'expropriation du clergé et de ses prétendues
le Contrat Social. prérogatives civiles et politiques. Nous avons .
· A l'occasion d'une demande formée par un pu être inexorables, quand nous avons eu à
député afin de permission de s'absenter , la frapper sur des êtres abstraits et fanatiques ; à
question s'est élevée sur le traitement des ab résent que nous allons prononcer sur le sort
sensi'« J'ai quatre-vingts ans, a dit M. Gérard, d'êtres sensibles, existans et réels, nous devons
ce vénérable cultivateur breton, qui le premier nous montrer humains et indulgens ». -

osa braver l'usage servile du costume : j'ai qua M. Thouret a proposé un § progressif
tre-vingts ans; si je quittois l'Assemblée, je ne de décroissement des revenus, où il prend
voudrois pas être payé : et les provinces n'en pour base les déclarations que les ecclésias
tendent pas qu'on s'aille promener », — « Je ré tiques eux-mêmes ont faites du montant de
clame du moins, a dit agréablement M. Bouche, leurs jouissances, afin de se procurer un moyen
une exception en faveur d'un membre dont de punition , s'il est vrai que dans ces décla
, l'absence est si utile , en faveur de M. Ber rations quelques-uns d'entr'eux ayent memti à
gasse XX , la nation et à leur conscience.
' Le décret intervient, qui ordonne « que les La discussion continuée à demain. G. D.
( 51 )
2A V 1 S. je déclare que, m'inſormant par-tout de la com
MM. les Abonnés, dont la jouissance date du 3 position des municipalités, et connoissant de
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont puis long-temps presque tous les membres de la
avertis que leur Abonnement ſinit au 3o du courant ; députation de Bar à l'Assemblée nationale, c'est
et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité d'eux seuls que j'ai appris les éloges que je de
dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter vois au patriotisme et à la modestie de M. Alle
leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commenrcer
mamd : et c'est précisément parce qu'on m'a
par le premier de tel mois , afin d'éviter les doubles
parlé de la modestie de cet officier municipal,
emplois. que je l'ai nommé, sans prétendre diminuer en
Dénonciation. , rien la justice que je dois à ses collègues et à
tous nos bons frères de Bar-le-Duc, que j'aime
Nous dénonçons à la nation , à la loi et à et que j'estimè assurément beaucoup, et que
l'Assemblée nationale, un acte arbitraire, un j'invite à me pardonner cette distinction, en
arrêt du propre mouvement du pouvoir cxé embrassant de tout leur coeur M. Allemand.
cutif, du 7 de ce mois, signé Louis, et plus — D'un autre côté, je déclare que c'est d'a
bas par le roi : de Saint-Priest; insinué à Pa † une lettre bien signée que j'ai cité M. M, il
ris le 17 juin 179o, Caquet. Cet acte arbitraire ard de Valenciennes, dans l'affaire du nommé
est un arrêt de surséance , accordé en viola Fallot, courier voltigeur du comité autrichien
tion des loix anciennes et des nouvelles, au des Tuileries (voyez notre nº, 237 ). M. Mail
sieur C. et à son épouse , et signifié le 18 de lard m'écrit « qu'il ne connoît d'autre régime
ce mois, par exploit de Me. de Lemoncourt, que celui d'obéir au roi, par-tout où le roi vou
huissier en la chambre des comptes , au sieur dra l'employer », M. Maillard devroit savoir que
Lorin , imprimeur en taille douce, demeurant le régime actuel est d'obéir, 1°. à la nation ,
à Paris rue Saint-Jacques. La pièce est entre 2°. à la loi , et 3°. au roi. Si des ordres parti
nos mains, et certifiée véritable dans les faits culiers lui ont été donnés pour empêcher les
et circonstances par le sieur Lorin lui-même, recherches que la municipalité de Cateau-Cam
qui a requis la voie de notre journal pour bresis devoit faire sur le courier voltigeur ,
§s de cette nouvelle fredaine des c'étoit vouloir nous cacher des mystères de la
greffiers du pouvoir exécutif. Nous ne ferons plus llaute importance pour l'intérêt de la
sur cet acte d'autres observations que celle que France entière. Mais M. Maillard m'ajoute que
nous avons faites, et que nous ne cessons de je n'oserois pas tenir cette conduite dans les
faire depuis long-temps ; c'est-à-dire que les provinces où il a jurisdiction. Je crois recon
greffiers du pouvoir exécutif se jouent par noître dans cctte phrase l'esprit de Bournissac,
dessous jambes des nouvelles loix et de la nou et j'en suis fàché pour les provinces de la juris
velle constitution, parce qu'ils comptent ap diction de M. Maillard. CARRA. J

paremment sur leurs cuisiniers d'une part, et


de l'autre sur un grand événement le 15 juillet Est-il vrai qu'il y a eu quelques officiers de la
prochain. Mais notre voix criera-t-elle sans rde nationale , à Saint-Cloud, qui ont porté
cesse dans le désert ? Ne retentira-t-elle pas † de la femme du roi, lorsqu'elle passoit
: profondément dans les ames indignées ? La de son appartement pour entrer dans la cha
nation est rentrée aujourd'hui dans son empire : pelle ? Nous ne pouvons le croire , parce que
# jusqu'à quand les insolens ministres du pouvoir dans aucun cas, il mous semble que des hommes
exécutif oseront-ils donc insulter cette nation libres ne doivent pas s'abaisser à ce point. C'est
et rire au nez du véritable souverain ? C.... l'affaire des petits icoglans ( pages du sérail )
de porter les queues de robes. C.....
Déclaration.
AFFAIRES POLITIQUES ÉTRANGERES.
Sans doute il est juste et licite , en ce mo - D F V 1 F N N E , le 5 juin. -

ment, et plus que jamais, de rendre justice aux


vrais patriotes par † éloges, comme de , Le prince de Cobourg est ma"ade à Bukarest,
blâmer ceux dont la conduite marque l'esprit d'une fièvre tierce qui arrêtera probablèment
et l'habitude de l'ancien régime. La jalousie ses opérations militaires. On croit que le comte
cherche à envenimer la mention honorable que de Hertzberg va passer à Jassy, pour conférer
j'ai faite de M. Allemand, en parlant de la fédé , avec le prince Potemkin, et déterminer avec
ration de Bar-le-Duc, dans notre numéro 252 ; ' ! lui les arrangemens que doit prendre la cour de
( 52 )
Pétersbourg pour arriver à une † pacifi de Mémel, est revenu en force attaquer la
cation. Cependant on pense qu il acco:mpagnera flotte russe, qui sortoit de Revel en assez mau
plutôt le roi de Prusse en Silésie, où l'on at vais état, l'a dispersée, s'est emparé de 9 vais
tend ce monarque vers le 15 du courant. Notre seaux de ligne, et a sommé la ville de se ren
souverain entretient une correspondance con dre , menaçant de la bombarder : la ville s'est
tinuelle avec la cour de Berlin, et l'on se flatte rendue. Aussi-tôt il est allé bloquer l'autre
ici que ce ne sera pas sans succès. Le jour de flotte russe dans le port de Cronstadt, qui sera
l'élection d'un empereur paroit différé. Des forcée de se rendre. Il y a là 2o vaisseaux de
lettrcs surprises en Gallicie , man, festent un ligne russes. L'escadre suédoise est, selon cette
complot contre l'Autriche. L'auteur, homme lettre de Mémel, forte de 44 vaisseaux. V.
d'un rang distingué , s'est aussi-tôt sauv é en
Pologne. La diète de Hongrie doit s'ouvrir vers D E C L È v E s, le 15 juin.
le 1o de ce mois : mais le Couronnement du roi Les arrangemens qui se concertent entre
ne se fera au plutôt que vers le mois d'août, vu Frédéric-G. et Léopold , pourroient bien, dit
les articles importans qu'il y a à régler aupara on, déplaire à la France , s'il est vrai que la
vant, et qui présenteront les plus grandes difli Pologne , les Pays-Bas et le Pays de Liége,
cultés. V. doivent souffrir quelque partage, en échange
D E L o N D R E s , le 1S juin.
de divers territoires. D'un autre côté, on †
d'un mariage entre une archiduchesse et un
Le parlement a été dissous le 12 , avec ordre des fils de M. d'Artois : et leur apanage sera,
d'en former un nouveau. Tous les partis sont dit-on, les Pays-Bas. V.
actuellement en fermentation pour faire nom
mer leurs candidats L'amºral Barrington est La gaité patriotique, ou choix de bons mots,
sorti de Spithéad avec sa flottº , et doit être fuits singuliers et de facéties ingénieuses,
joint sans retard par plusieurs autres vaisseaux occasionnées par la révolution de France;
de la première force. Le roi d'Espagne a mis ouvrage e.ctrait des papiers publics les plus
dans ses ports un embargo sur tous lºs vaisseaux estimés , et de quelques autres écrits qui
anglois qui s'y trouvent, défendant même de ont paru depuis cette époque, avec des notes
délivrer de passeport à aucun Anglois pour sor philosophiques et critiques. Chez les mar
tir de l'Espagne. L'escadre hollandoise doit se chands de nouveautés. 179o.
joindre à la nôtre , et aller dem nder en Espa
gne la réponse définitive que nous avons atten Le françois en riant vient de briser ses fersl
due inutilement jusqu'ici. D'autres assurent On verra qu'il n'a point perdu son caractère
·que le bnt de son expédition est un secret con au milieu de cette révolution si rapide et i
mu des ministres seuls et de celui qui doit exé peu violente : ouvrez l'histoire; toutes les rº
cuter les ordres de notre cour. Lºs François volutions ont coûté des Ileuves de sang,
qui sont ici en prennent de l'ombrage pour les nôtre s'est ressentie de nos mœurs douces et
isles de leur patrie : mais des lâcnºs qui aban de notre philosophie humaine. Magnanimº
donnent leur empire ont-ils une patrie ? V. et miséricordieux envers ceux qui avoient
D E M A N H E I M, le 14 juin. médité les plus horribles complots contre mº
jours et contre notre liberté , nous avons pº
Des lettres de Berlin , de Hambourg , de donné, comme les dieux , avec plein pouvº
Vienne, nous apprennent une nouvelle bien de punir : nous avons humilié nos ennemis pº
importante , et qui pourroit hâter la † des bons mots et par des sarcasmes plaisans
cation des puissances belligérantes , si elle est ainsi que nous les humilierons cn tout tempº
confirmée. Le duc de Sudermanie , écrit-on par l'épée. M.
A V I S.
Le sieur Buisson, libraire, prévient le public que l'édition complette du Tableau de Parit,
par M. Mercier, en 12 vol. in-8°., étant épuisée, on se propose de réimprimer cet ouvrage eº
petit format in-12, caractère de petit romain interligné. L'auteur fera les additions et correº
tions nécessaires à cette nouvelle édition, qui sera ornée de son portrait, et qui formº
12 vol. petit in-12, impression soignée. Le prix des 12 volumes brochés, sera de 24 livres º
de 27 livres franc de port, par la poste, pour la province. On ne donnera point †
l'avance , mais une simple soumission de prendre l ouvrage quand il paroîtra. Les soumissiº
doivent être envoyées, franches de port, à l'adresse du sieur Buisson, avant le 3o juillet prochain

r.- -- "
._ - ._. :

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES


D E L A F R A N C E,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
, J O U R N A L L I B R E , par une Société d'Écrivains Patriotes, -

et dirigé par M. MERcz ER.


Eh bien! despotes altiers, ministres oppresseurs, le peuple est-il une
puissance ?

N°. C C L x V. Du Jeudi 24 Juin 179o.


A S s E M B L É E N AT I O N A L E. mel; elle s'est contentée d'ordonner l'exécu2
tion du décret rendu le 2 de ce mois pour
Séance du 22 juin au soir. tout l'empire.
Un rapport succinct, fait par M. Gossin , sére
| L, constitution françoise, qui est aujourd'hui la formation de la municipalité de Paris , d
l'objet de l'admiration de toutes les nations opéré l'émission d'un décret confirmatif de
européennes, et qui un jour servira de mo la division de cette commune immeuse ere
º dèle pour la législation de l'univers, a reçu un quarante-huit sections.
i nouvel hommage des habitans du pays de Liége, Un autre décret ordonne que la partie dd
1 de ces infoptunés qui achètent avec du sang Montmartre, située dans l'étendue des nouveaux
i l'espérance de § « Heureux empire ! murs de Paris cessera, à partir de ce jour -
: s'écrient-ils, riche de vertus, de lumières, de d'avoir une municipalité particulière : qu'au
' forces ! Heureux moment où le ciel, dans son moyen de sa - réunion à la commune de la
, amour , t'a encore donné un prince homme capitale, cette partie de Montmartre prendrt
de bien » ! part aux électioas Prochaines de la munici
, , Deux autres députations sont venues apporter palité de Paris.
| à l'Assemblée mationale le tribut du respect et Il a été annoncé un rapport sur l'affaire de
1 de l'obéissance, c'étoient celles du département l'Indè, mais l'importance et l'étendue de lat
, de l'Aisne, maintenant organisé, et celle de matière ont déterminé à l'ajourner à une séarice
i la ville de Saint-Quentin , qui annonce que extraordinaire qui aura lieu mercredi soir.
: sa contribution patriotique s'élève à présent Par un décret réglementaire, il est ordonné
# à 265,ooo livres. que les affiches judicatives des matières à trai
| , Les chapelains et clercs de la Sainte-Cha ter paroîtront désormais la veiHle du jour où
1 pelle de Paris , supplient la nation de con elles devront être mises en délibération,
: server oe monument de la piété de Saint
1Louis. -
Séance du 23 Juin. -

.. Une demande mon moins intéressante, est Le décret qui prononce la suspension du .
| calle de deux communautés de Tulles, des traitement des députés absens, a reparu au
récollets et des carmes, lesquels , au nom de jourd'hui, et a fait élever quelques questions
ce droit sacré et personnel à tout ce qui est ultérieures. - -

en possession de la vie, réclament des alimens « Les absens qui ont touché leurs honoraires
que ne peut plus leur fournir la mendicité seront-ils tenus de les restituer » ? -

abrogée. -
L'affirmative sembloit s'établir, lorsque M.
Dans la petite ville d'Evaux, département Moreau a fait évanouir la question, en ob»
de-l'Allier, plusieurs jeunes gens se sont sé servant que le décret prononcé pouvoit s'as
parés de la garde nationale, avec la prétenº similer à une loi pénale , et qu'il est contraire
tion de former un corps particulier et indé à la justice qu'aucune loi pénale ait un effet
rétroactif. · •
pendant. V

§ L'Assemblée mationale a daigné ne pas pu « Un député qui s'absentera, sera-t-il au


nir cet éçart de jeunesse par un décret for mioins indemnisé des frais de #ºs°»? - - -

265
" * -------

( 54 )
1 a question a paru peu digne de la majesté . civiles et apostoliques, sous la protection des
de l'assemblée législative , qui a fait procéder à quelles les eccl siastiques jouissoicnt de leurs
l'ordre du jour. -
biens : M. Péthion a invoqué les loix canoni
Auparavant encore , l'Assemblée , sur un ques, si contraires à la cumulation des béné
rapport fait par M. Chabroud , au nom du co fices : cumulation , a-t-il dit , qui faisoit que
mité des finances et des rapports , a d' crété parmi les ministres du culte, les uns regor
« qu'elle autorisoit les administrateurs ou le geoient de superfluité , tandis que les autres
directoire du district de Nogent-le-Rotrou, à m'avoicnt pas même le nécessaire.
rendre exécutoire le 1ôle des impositions ; elle » Malgré le de cret qui a exproprié le clergé,
a déclaré qu'elle étoit satisfaite de la conduite a dit Ml. de Cazalès, les jouissances individuelles
de la municipalité, et qu'elle improuvoit des des titulaires n'en sont pas moins des propriétés
expressions injurieuses, insérées dans une sen véritables ».
tence des juges de Nogent-le-Rotrou, relative La cause du clergé, combattue fortement par
aux officiers municipaux ». M. Chassé, a été relevée par M. le Chapelier,
C'étoit une importante question à decider, qui a même soutenu la pluralité des bénéfices,
que celle de la quotité du traitement à faire qui, à la v rité, condamnée par les canons et
à cette portion nombreuse de citoyens qui com par les conciles, étoit depuis longtemps consº
posent le ministère ecclésiastique, aujourd'hui crée, ou au moins tolérée en France par la lol
subsistant, qui ont été plus ou moins long de l'état, par l édit de 1595.
temps en droit de se croire possesseurs à'vie La discussion ayant été fermée, le côté droit
des revenus de leurs bénéfices, et parmi les demandoit la priorité pour le plan de M. Thou
quels il en est † nombre qui ont con ret. amendé par.M. le Chapelier, lequel por
tracté l'habitude de l'opulence , quelques-uns toit le maximum des évêques à 75.ooo liv. Une
l'habitude d'une vaste bienfaisance , le plus redoutable opposition a réclamé la priorité pour
doux de tous les besoins , quelques autres le plan du comité. . - - - - -

l'obligation d'une dette considérable. L'Assem Après une longue oscillation, dont les détails
blée étoit balancée entre l'austérité des prin ont produit quelques apostrophes peu mesu
cipes économiques qui ont dirigé son comité, rées , la priorité est demeurée au plan du
et les mouvemens d'une générosité qui se comité. - - , • -

nuançoit des couleurs de la justice. Lorsqu'il ne s'agissoit plus que d'aller aux
M. Delay-d'Agier, premier opinant, a établi voix sur le fonds , le président a proposé de
'on devoit faire une distinction entre les lever la séance. De nouveaux murmures ont
prélats qui se sont bornés aux revenus de leurs exprimé le mécontentement de plusieurs mem
évêchés, et ceux qui y ont joint des abbayes ; bres de l'Assemblée. La proposition mise aux
il a en conséqucnce proposé de fixer le maxi voix , il a été ordonné que la délibération seroit
mum des premiers à 4o,ooo livres, et celui des continuée ; et après quelques amendemens ;
autres à 25 ooo liv. - -

rejettés presqu'aussitôt que présentés , les ar.


« Les réductions auxquelles votre comité sou ticles du comité ont été décrétés comme il
met les évêques , a dit M. de Clermont-Ton SUll t : -

nerre , tendent à rcndre plusieurs évêques évi « L'Assemblée nationale, après avoir pris en
damrnent insolvables. Suffit-il de les soustraire considération le projet du rapport fait au nom
à la mendicité ? est-il juste , est-il humain de du comité ecclésiastique sur le traitement du
les condamner, en quelque sorte, à l'infamie ? clergé actuel, a décrété, 1°. qu'à compter du
n'y auroit-il † j'ose dire, de l'impudence à 1°" janvier 179o, le traitement des archevêques
soutenir que le créancier d'un évêque n'est pas et évêques, en fonctions, est fixé ainsi qu'il
en ce moment fondé à produire un titre que la Suit , savoir ; -

mort seule de son débiteur peut anéantir ? Ce Les archevêques et évêques, dont tous les
Créancier avoit à craindre , il est vrai , le décès revenus ecclésiastiques n'excédent pas 15oo liv.
· de son débiteur; mais en courant un risque de n'éprouveront aucune réduction ; - -

cette mature, il n'avoit pas entendu subor Ceux dont les revenus excèdent cette somme,
-- donner le paiement de ce qui lui est dû aux auront 15,ooo livres; plus, la moitié de l'excé
effets de la mouvelle chance, qui enlève aux dant, sans que le tout puisse aller au-delà de
ministres du culte des propriétés qu'ils avoient 3o, ooo livres; et par exception, l'archevêque
cru de bonne-foi leur appartenir..... » de Paris aura 75,ooo livres; lesdits archevêques
M. de Clermont-Tonnerre avoit cité les loix et évêques continueront à jouir des bâtimens
------ -
, " - --

-
( 55 )
et des jardins à leur usage, situés dans la ville res, attendus avec un empressement si vif à Ha
épiscopale. mémor.ble fédération du 14 juill-t prochain ,
2°. Les archevêques et évêques qui, par la et tous nos autres frères et amis que cette
suppression effective de leurs siéges, resteront auguste cérémonie amenera que §
sans fonctions, auront pour pension de retraite de deux clubs de jeux du Pala.s-Royal se sont
les deux tiers du traitement ci-dessus : il en sera déja co alisés pour d7 pouiller ceux d'entr eu c
de même de ceux qui , sans être supprimés, qui auroient la foiblesse de se livrer à la pas
jugeroient à propos de se dém°ttre. sion honteuse et funeste des cartes et des dez.
°. A , ompter du premier janvier 179 , le Les vrais patriotes de la capitale rougissent d'a
traitement de tous les curés du royatt n ° sºra vance d'un pareil g 1et-à-pens : le ciel en seroit
conforme à celui fixé par le décret dc l Assem indigné et la municipalité tres-coup ble, si elle
blée nationale sur la nouvelle organisation du ne dè,ndoi tous les jeux de c tte espèce dans
clergé , en faveur de ceux qui seront pourvus l'intervalle de la fédération , c'est-à-dire du 5
à l'avenir. A l'égard de ceux dont le revenu au 2o juillet prochain Les bons citoyens veu
ecclésiastique actuel est plus considérable , ils lent jouir d'ailleurs du plaisir de converser dans
jouiront encore de la moitié de l'excéd int dudit promenades avec leurs chers
les districts et aux
revenu, sans néanmoins que le tout puisse aller fédérés. Nous invitons donc les Bretons, les
au-delà de 6ooo livres. Angevins, les L)auphinois , les Bordelois , les
4°. Pendant le cours de la présente année Marseillois, les Lyonnois , les Lillois , et tous
179o , les curés continueront à percevoir leur les conf dérés enlin qui doivent arriver ici de
casuel , et ils jouiront encore , savoir : ceux se promettre entre eux de n'aller à aucun jeu
dont le revenu excède 12oo livres , de ladite de biribi, de ph raon, de qninze, de rouge et
somme, et de la moitié de l'excédant , pourvu de noire, etc. mais de s'occuper entièrement du
ue le tout n'aille pas au-delà de 6ooo livres; et plaisir que nous aurons de conserver avec eux
à l'égard de ceux dont le revenu est inférieur à sur les merveilles de notre révolution et sur les
12oo livres, ladite somme leur sera payée, ainsi moyens de l'affermir de plus en plus. CARRA.
qu'il sera expliqué ci-après. Extrait d'une lettre écrite de Castelnaudary,
- : 5º. Les vicaires continueront aussi de jouir # : . 4e 14 juin 179o.
de leur casuel jusqu'au 1er janvier 1-91 : et à
compter de cette époque, ils jouiront du trai Ce matin, vers les 4 heures, est arrivé en
tement fixé par le décret sur la nouvelle orga poste un officier qui a voulu s'arrêter un mo
· nisatio n. ment à l'auberge de Notre-Dame. Dans le
Le nombre actuel des vicaires ne pourra être 1noment est venu un courier, portant une lettre
augmenté que dans les lieux, et à mesure que à la municipalité. Cette lettre reçue, MM. les
cette nouvelle organisation s'établira. municipaux se sont assemblés; la garde natio
| 6o. En conséquence des articles précédens, nale a été appellée. , Défense au maître de
oste de donner des chevaux. On s'est rendu à
tout casuel pour les archevêques, évêques, cu
rés et vicaires, demeure supprimé, à compter 'auberge.L'officier et ceux de sa suite arrêtés,
du premier janvier 1791. Les droits affectés la voiture et les malles ont été saisies. Comme
aux fabriques continueront à être perçus, même on alloit commencer le procès-verbal, un se
après ladite époque, suivant les tarifs et ré- | cond courier est arrivé pour avertir de bien
glemens. garder l'officier arrêté, et peu de temps après
( La suite demain ). sont venus quatre autres députés en poste.
• A V I S. Tous ces couriers venoient de Perpignan.
L)ans le temps qu'on termiuoit le procès
, MM. les Abonnés , dont la jouissance date du 3 verbal est venu un sixième courier, allant à
janvier pour 6 mois, et du 1 avril pour 3 mois, sont toute bride Paris ; on l'a arrêté un moment
avertis que leur Abonnement ſinit au 3o du courant; pour lai remettre le verbal. Ce dernier courier
et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité .
dans le service. MM. sont aussi prévenus de répéter a rapporté qu'il régnoit dans ce moment à
leur adresse , et d'y ajouter ces mots : à commencer Perpignan le plus grand désordre, que le com
par le premier de tel mois , afin d'éviter les doubles . mandant a été tué. Quand tout a été fini à
emplois. l'auberge, on a conduit M. Mirabeau prisonnier
à l'hôtel-de-ville , escorté par la garde matio
Avis important. Paris, 23 juin. male, ét suivi d'un peuple immense, à cause du
-a

.. Nous prévenons nos chers camarades et frè marché. Je l'ai vu passer. Au premier abord
56 )
des officiers municipaux , il a témoigné beau moitié de l'Europe, contre nos alliés naturels,
coup de courage et de fermeté. ll a dicté iui en faveur de l'insatiable maison d'Autriche, en
même le verbal. On lui a trouvé beaucoup faveur de l'ambitieuse Catherine II, en faveur
d'esprit. Il a été déconcerté quand il a vu tant de la cour de T'urin, qui nous lâchera M. Condé ..
de couriers se succéder et si promptement. et ses arisrocrates dans ses armées auxiliaires,
On lui a trouvé les drapeaux de son régiment et en faveur de la cour de Naples, moitié Espa
dans une malle. Un des couriers vouloit les gnole et moitié Autrichienne; de sorte que nous
prendre pour les porter à Perpignan ; mais il aurons autant et peut-être plus de maux à crain
a été décidé qu'un piquet de 22 hommes de la dre de la part de ces alliés perfides que de celle
garde mationale se chargeroit de cette com des ennemis que mous irons combattre. Mais si
mission. Ce piquet est parti ce matin pour Car l'Assemblée nationale dit non , ce non , pro
cassonne. Vers les dix heures, on a dépêché un noncé d'un ton fier et décisif, tel qu'il convieni
courier ponr porter à Perpignan la nouvelle de de le † à vingt-cinq millions de Fran
la détention du vicomte. Trois ou quatre per çois libres, intrépides et § , abattra sus
sonnes de sa suite sont pareillement détenues. le champ le vertige guerrier de Charles IV, dé
Parmi ces quatre sont deux officiers de son concertera le comité autrichien de Saint-Cloud,
régiment qui alloient rejoindre, qu'il a trouvé ct opérera la paix ; l'Espagne , abandonnée à
dans sa route, et qu'il a fait rétrograder en leur elle-même, ne se voyant point soutenue , ne
disant que le régiment s'étoit révolté. se trouvant pas en ſorce, paiera l'indemnité de-*
Un des couriers a dit que cinq cents hommes mandée par l'Angletcrre , et les Espagnols épar- .
de la garde de Narbonne devoient arriver ce gneront leur sang et leur argent. Ainsi je
soir à Castelnaudary, ainsi qu'un détachement démontre mathématiquement que l'Assemblée '
des deux régimens qui sont en garnison à Per nationale de France est en ce moment la véri
pignan. l'Europe , et ia
table médiatrice des nations de

La constitution françoise et le repos de l'Eu maîtresse de la paix ou de la guerre , et que |


c'est à elle seule à qui les peuples de TEurope
rope entière joués à perd on non. s'en prendroient § sang § versé, et si
C'est le 24 de ce mois que le ministre Mont notre constitution, le modèle de çelles qu ils
morin doit exposer à l'Assemblée nationale la doivent avoir un jour, étoit détruite. On aous
demande du roi d'Espagne. ll s'agit de savoir si parle du commerce d'Espagne ; qu'on nOus
les François, occupés entièrement aujourd'hui parle donc aussi de celui de Turquie , que ..
de leur constitution et de leur régénération, cour de Versailles a saerifié à ses complaisances
voudront bien abandonner ces opérations su pour la cour de Vienne. Mais le commerce
blimes et leurs plus douces espérances , pour d'Espagne n'est plus à notre avantage aujours
aller verser leur sang et le reste de leur numé
raire dans le fond de la mer, en faveur d'un
d'hui, cela est prouvé ; et quand il #
notre avantage, faudroit-il sacrifier notre ſi
pacte de famille royale et d'un pays sauvage à berté, notre constitution, nos fortunes et notre -

quatre mille lieues d'ici, que le pape a donné vie pour un commerce que la force des clioses
gratis à la cour d'Espagne, sans consulter les et des besoins rétablira d elle-même ! Les Espa
habitans, Il s'agit de savoir si, pour favoriser gnols nous donnent-ils du pain, du vin et d
lopiniâtreté de la cour de Madrid à refuser une habits ? Non. Eh bien , que nous #.
indemnité de trois ou quatre millions, bien légi plus, si ce n'est la liberté et des loix nationales
timement due aux Anglois pour l'insulte qu'on Mais le charlatan Genevois viendra vous di
leur a faite, les Espagnols et les François iront qu'il a de l'argent pour faire la guerre ; et quand .
dépenser ensemble deux ou trois cents millions, Cette § sera commencée , et que vous :
égorger trente ou quarante mille Anglois, leurs aurez donné dans le piége, alors il sera toujours !
freres, et se faire égorger eux-mêmes au nombre à votre porte pour vous demander de nouvelles .
de soixante ou † mille, Emfin, il sommes. Mes amis ! mes frères! réunissons-nous
s'agit de savoir si les François, en donnant dans tous pour faire retentir, d'une voix terrible,
le piége que le roi d'Espagne et ses alliés secrets ces grandes vérités de politique ' nationale :
leur tendent en ce moment, iront ocoasionner PoiNT DE GUERRE PoUR LA QURRELLE oEs TYRANs !
une guerre universelle en liurope ; car, en at LA l' AIx I OU'R ACHEVER NOT'RR lºo rr § |.
taquant les Anglois, le roi dc Prusse et ses alliés PRoMP I E RUPTU RR AvEC LA MrAisoN D'AUTRIcHE !
seront obligés naturellement de les defendre, et ALLIANCE AvEc LA PRUssE , DA- kIoLLANDE RT
alors nous nous trouverons en guerre contre la L'ANGLETERRE ! CARRA. a. " * -* º *
-

-----

ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIRES.


D E L A F R A N C E ,
E T A F F A I R E S P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ;
/ -

JO U R NA L L I B R E, ar une Société d'Ecrivains Patriotes ,


eZ dirig par M. MeRcIER.
Ne vous divisez pas sur la liberté, ou du moins ralliez-vous toujours pour
elle ; car ce sont vos divisions qui sont les dernières consolations et les
dernières espérances de vos ennemis. LA HARPE.

N°. C C L X V I. Du Vendredi 25 Juin 179o.


A S S E M B L É E N AT I O N A L E. s'appelle FoRcE dans la nature , a de la ten
dance à s'aggrandir.
Séance du 24 juin.
L'assemblée administrative du département
Os a remarqué dans tous les temps que de d'Eure et Loire vient de prendre un arrêté,
tous les vices attachés à l'ancien régime, le dans lequel elle s'est emparée des formes qui
plus tenace étoit l'esprit de corps. C'est une appartiennent au corps législatif exclusivement.
sorte de fascination qui couvre les yeux les Cet arrêté s'exprime ainsi : « L'Assemblée a dé
plus clairvoyans, qui pervertit les cœurs les crété et décrète que telles personnes et telles
plus honnêtes. Les traces de ce mal sont encore propriétés sont sous la sauve-garde de la loi ».
sensibles sous la constitution nouvelle. A Saint Il est trop essentiel d'arrêter dans sa nais
Jean-d'Angely l'ancienne milice bourgeoise , , sance cet esprit d'invasion que l'exemple pour- .
composée d'ailleurs de bons citoyens, s'est roit propager, et qui des mots passeroit bientôt
aveuglée au point de vouloir n'être pas com aux choses. L'Assemblée rend un déoret formel
prise au décret qui ordonne la réunion de pour rappeller le département d'Eure et Loire
tous les corps à la milice nationale , et elle dans les bornes que la loi prescrit, et dans les
affiche la prétention d'envoyer à la fédération termes qui sont propres à la nature de son
univers elle une députation particulière. pouvoir ; l'Assemblée a arrété........ ou bien
Sur un rapport de M. le Chapellier, l'Assem- . l'Assemblée a délibéré........
blée a décrété « que, par son décret du 12 juin L'ordre du jour a fait rapporter l'article II
présent mois, elle a entendu que non-seule du titre du plan du comité. C'est par méprise
ment les anciens corps, mais les volontaires et que, dans la rédaction de la séance d'hier, il a,
autres compagnies, sous quelque dénomination été inséré six articles de ce titre, tandis que le
que ce puisse être, sont tenus de se réunir à la premier seul avoit été décrété définitivement
milice nationale, et qu'à la fédération du 14 €n CeS termeS :
juillet, il ne sera reçu aucune députation par « A compter du premier janvier 179o, le
'ticulière. Décrète en outre que le roi sera traitement des archevêques et évêques en fonc
supplié d'assurer l'exécution du décret du 12 tions, est fixé ainsi qu'il suit; savoir :
juin et du présent décret ». Les archevêques et évêques dont tous les re
Déja un autre vice commence à se glisser venus ecclésiastiques n'excèdent pas 12,oooliv.,
dans les nouvelles administrations, c'est cette n'éprouveront aucune réduction.
Pa sion de commander, qui est dans le cœur Ceux dont les revenus excèdent cette somme,
de tous les hommes, parce que tout ce qui auront 12,ooo livres ; plus, la moitié de l'excé
266
•r ( 58 )

dant , sans quc le tout puisse aller au-delà de de 32 deniers pour tous les soldats françois, est
3o,ooo liv. , et par exception , l'archevêque de mal interprêté dans plusieurs corps militaires;
Paris aura 75 ooo livres , lesdits archevêques et plusieurs régimens qui, sous l'ancien régime,
évêques continueront à jouir des bâtimens et avoient 1o et 12 deniers d'augmentation de
jardins à leur usage, situés dans la ville épis paie , prétendent profiter du bénéfice du dé
copale ». cret de l'Assemblée, et conserver en outrel'aug
L'article II concernoit le traitement des mentation dont ils jouissoient. Le comité pro
évêques dont les siéges vont être soumis à la pose à l'Assemblée nationale, par un projet de
suppression, ct des 'vêques qui donneront une décret divisé en dix articles, de déclarer « qu'en
dé mission volontaire. De grandes contestations
ordonnant une augmentation de paie pour tous
se sont élevé es sur cette s cond , parti , du dé les soldats franço s, elle n'a pas entendu ajoutet
cret. M. Dellay vcut que l s pi élats qui se d' aux avantagºs des corps privilégiés, mais au
mettront sans être supprim. s , ne reçoivent q'ue contraire rendre meilleure la condition de tou,
3ooo liv. Un autre opinant d in ndoit que le en leur accordant un traitement uniforme »…
sort des retrait s fût élevé jusqu'à 12,ooo liv. Le projet est adopté sans débats. Deux autres
Par quelle préſérence , s'est écrié M. Bou incidens se sont élevés.
che , traiteroit-on si nobl m nt des démission
« Une députation du comtat Venaissin, a dit
maires qui , p,ir ces retra tes conibinées, cher M. le président, sollicite la faveur d'être admiit
cleroient à é l v ( r le trouble dans le royaume ; à la barre dans la séance de samedi soir ». Mil
que l'évêque dont le siége s'anéantit , obtienne gré quelques oppositions assez vives, survennº
les dcux tiers dut trait ment, c'est justice et
vers le côté droit , il a été décrété que la *
humanité , mais l ouvrier qui se retire pendant putation seroit admise.
la chaleur du jour, n'a rien gigºté, et ne mé On apprend , par un courier extraordinaire
rite rien. de Touiouse, que la municipalité de cette ville
M. le Chapelier 'tablit la distinction de ceux s'est crue obligée de faire arrêter M. de lautree
quc des raisons évidemment lég times déter membre de l'Assemblée nationale , accusé de
mineront à se d' mettre , il pu opose de leur faire des recrutonnens pour une contre-révolu
accorder l'excédant de la somme attribuee aux tion. L'énormºié de l'inculpation , la gravité des
évêques et curés qui les r, mplaceront. mesures prises par l s municipaux de Toulouse
C'est avec ces ſaveurs ( xc ssives , a observ é le caractère de l'a cusé , tout a concouru peut
M. Martincau , que vous verrez les démissions faire renvoyer l'affaire au comité des recher
se multiplier sans aucune b,ens'ance ! ches.
Sur une réflexion nom moiºs sege de M. En rcprenant le travail du jour , M. Expillº
Camus, l'article a été div sé ; la première partie rºpporteur du comité ecclésiastique, a prés
décrétée en ces termes :
un article additionnel dont l'objet étoit dº
Art. II. « Les évêques q'ui, p r l suppression cord r anx évèques in partibus, 12, ooo livrei
effective de leurs siéges , resteront sans fonc de pension.
tions, auront pour pension de retraite les deux L'intraitable M. Camus , qui n'a jamais cédi
tiers du traitement ci-dessus . qu'aux raisons d'utilité, a exposé « que le
La seconde partie a été ajournée. évêques in partibus, exception faite du ser
La discussion est interrompue par un rapport vice et des vertus de quelques-uns, étoien
fait au nom du comité militaire. une superſluité au milieu de l'église »; et pº
Le décret du 28 février, par lequel l'Assem ces mots il a fait tomber le : projet d'articl
blée avoit ordonné unc augmentation de paie additionel dans un ajournement indéfini

#-sa-•**
( 59 )
L'article III, concernant les curés , a été les plus amicales, à retirer sa signature et à se
et décrété après quelques discussions. rétracter. Si M. le curé Breurvart persiste dans
Art III. « Tous les curés actuels auront la le péché anti-national , il faut que le calus soit
entièrcmcnt fermé chez lui, et que son cœur
»erté d'opter la traitement qui est fixé par le n'ait plus ce ressort qui caractérise l'homme
: cret général sur l'organisation du clergé : sensible et vertueux : mais nous espérons qu'il
se rendra , comme S. Paul , au trait de lu
: s'ils ne vouloient pas s'en contenter, il lcur
ra fourni un traitement , #ºgº ses concitoyens ont lancé autour de
Ll l . • - - • -

1°. LOe 12oo livres.


2o. IDe la moitié de l'excédant de leurs reve Suite des progrès du patriotisme et des fédé
us ecclésiastiques actuels , pourvu que le tout rations nationales.
e s é lève pas à rlus de 6ooo liv. »
En ſin A'bbeville s'est désoncroïtee de son
L' Ass ::: bi 's a renvoyé au comité ecclésias ar.st ocr , t', ; lº no dépntation de sa garde natio
que le soin de préparer une déterminaiion male est a:lée la G de cº nnois à la belle fédéra
ur l'époque à l quelle doit commenccr le tion dº : ile. \ leur retour , ces braves Abbevil

ouvel ordre de choses , et attendu que les lois, sanctifiés l'ar le serment civique, ont été
accueillis cn grande cérémoniº par leurs cama
rticles 4 , 5 et G du projet sont subordonné s rtides, lcs autres gardes nationales et les soldats
t ceLte détcrmination , ils ont été ajournés. citoyens du rég ni d'Orl ºns , cavalorie , et
L'article 7 est décrété en ces termes : du r giment d Bervick. i)ès ce momºnt tous
VII. Les abbés, priº urs-commendataires, digni ces militaires n ont formé qu'un sºul corps et
une seule famille. Les ofiiciers rc sp ctifs de la
aires , chanoines , prº ben lés, semi-prébºndés, garde nationale et des deux régimens se sont
2ha pºl ins. et tous autres bénéficiers généra embrassés bien cordialement. Une fête bril
em nt quelconques , dont les revenus ecclésias - lante , dans laquelle Ml. de Ligne , colonel
tiques n'excèdent pas 1ooo liv. , n'éprouveront du régimcnt d' Orleans, s'est montré avec toute
les belles qualités de vrai patriote , a suivi le
aucnne ré'duction. retour des dépités Al bºvillois ; et tous les ci
Ceux dont les revenus excèdent l dite somme toyens ( sauf lºs aristocrates incorrigibles et
auront r°. 1ooo liv. : 2°. la moitié du surplus , d n °sprit lºorné ) sont très-contens aujour
sans que le tout puisse allºr au-delà de la somme d itii. -- , / \ evers , une harmonie bien tou
cliante règne entre l s citoyens de cette ville
de Cooo liv. G. et ie régiment de Royal-Piémont , cavalerie.
A JV I S. C'est à la vigilance et au zèle infatigable de ce
régiment, et de leur digne m jor , M. ! ºgon
MM. lcs Abonnés , dont la jouis sance date du 5 zac , proclamé à N evers le brave chevalier, que
janvier pour 6 mois , et du 1 avril pour 3 mois, sont cette ville doit sa sûreté et la défaite des †
avertis que leur Abonnement finit au 5o du courant ; gands qui ont inf sté le département de la
et priés de renouveller avant le 25 pour plus de célérité Nièvre. Ah ! les bons amis ! les bons soldats !
dans le service. MM. sont aussi prévenus de répétcr
leur adresse , ct d') ajouter ces mots : à commnencer ils sont toujours prêts à marcher avec leurs
par le premier de tel mois , afin d'éviter les doubles frères de la garde nationale ; et quand ils re
emplois. viennent de leurs expéditions , on cntend de
tous côtés , vive Piºmon f ' vive la natoin !
vivent nos camarades de Nevers ! Ces accla
Douai, 15 juin. mations , sans doute , sont déchirantes pour des
Les citoyens de Douai, au nombre de plus oreilles anti-nationales : mais comme elles sont
de cent soixante, se sont assemble s, et, en pré douces et dilatantes pour les coeurs sensibles et
sence de quatre notaires, ils ont écrit à M. Breur patriotes ! - Au Haere , c'est la même joie et
vart , curé de Saint-Pierre à L)ouai, député à le mème concert. Nos braves et bons amis de
l'Assemblée nationale, pour le semoncer lrater Béarn ont fait, avec les citoyens de cette ville,
nellement sur son adhésion à la protestation le pacte fédératif après lequel ils soupiroient
frén tique des noirs : ils l'engagent, par les ar tant. ll falloit voir aussi , † comrne tout le
gumens les plus décisifs et par les sollicitations : monde s'embrassoit et se félicitoit; on n'enten
( 6o )
doit que ces mots : mes chers amis ! mes bons vingt ans le systême des potentats de l'Eu
concitoyens ! mes braves camarades ! Et puis est d'en anéantir les républiques. C'est po
le lieutenant de roi et le colonel de Bearn effectuer, en partie, ce projet que Turin
étoient au milieu des grenadiers, chantant de contre des hommes qui n'ont commis d'auta
bon cœur avec eux une chanson civique, sur faute que d'être libres.
l'air : vive Henri. Et puis les spectateurs et les Peuples , ralliez-vous avec sagesse contrel
acteurs essuyoient de temps en temps les larmes tyrans qui, à l'exemple de Joseph II, aimeL
qui filtroient doucement du coeur vers leurs pau toujours mieux régner sur des esclaves entouré
pières. Eh ! qui n'en verseroit pas de ces larmes de décombres teints de sang, que sur de
si précieuses, quand on voit un pareil specta hommes jouissant de leurs droits naturel !
cle, et quand on sait que ce spectacle se renou l'abri de bonnes loix. Il seroit incroyable qu
velle à la ſois dans tous les cantons de cet em Venise et Rome n'apperçussent pas les piég
pire ? Si quelqu'un bien né et bien organisé eût que la maison d'Autriche leur tend en ce mº
voulu faire un voyage céleste, il n'avoit qu à ment. Ses domaines engloberont bientôt Ro
parcourir toutes les fédérations de la France , qui deviendra î'apanage d'un archiduc, siV
en évitant toutefois Nîmes et Montauban ; et nise est inattentive dans les circonstances at
je suis sûr qu'après cela il n'auroit pas regretté tuelles : et Turin s'aggrandira aux dépens de l
la vie. Mais avant de quitter le Havre, remer Ligurie. Les individus de la maison d'Autriche,
cions les membres d'un des clubs patriotiques déja trop disséminés en Europe, ne tendai
de cette ville , de la réponse imprimée qu'ils qu'à y faire des esclaves , ou y présenter n
viennent de faire à la lettre de M. Bergasse, théâtre d'horreurs. On peut en appeller à la
sur les assignats. Ils ont daigné réfuter les pa périence. V.
radoxes magnétiques de cet écrivain mystique,
ar des argumens sans réplique : ce † étoit
D E B R U x E L L E s, le 18 juin.
† facile, assurément, mais ce qui devenoit
iinportant de la part d'une société † négocians Pendant que le congrès nous fait entrerº
instruits, qui ont puisé leurs connoissances sur quelques avantages remportés en trois ou quatn
les rapports sociaux et sur la situation actuelle rencontres sur nos ennemis , qui même on
des finances , ailleurs que dans un baquet. perdu , dit-on , six ou huit pièces de canoni
« Comment avez - vous pu ( disent-ils à Ber et ont été victorieusement repoussés au-deli
gasse ) vous persuader que la vérité , chassée, de la Meuse, il fait circuler un manifeste
méconnue des têtes françoises , s'étoit réfugiée adressé à toutes les puissances de l'Europe,
dans la vôtre, qu'elle dictoit ses arrêts par vos contre la perſidie sanguinaire de la maisu
écrits, et que vous seul aviez raison contre d'Autriche. |
tous ?Quels sont les miracles qui prouvent votre Il y dévoile les horribles trames de cetu
mission ? quels chef-d'œuvres avez-vous publiés ? cour, dont le but est de nous faire verser da
à quels signes a-t-on pu reconnoître en vous un ſlots desang, en nous égorgeant les uns la
de ces génies privilégiés, créés pour éclairer la autres, afin de lui applanir les voies qu -

terre ? Hélas ! ces titres nous les cherchons en


ne peut espérer autrement. Il s'adresse parti
vain ». C....
culièrement à l'Angleterre, la Prusse, la Francº
la Hollande, et demande enfin au ciel ven
AFFAIRES POLITIQUES ETRANGERES. geance de tous les meurtres que Léopold, arº
sa cruelle politique, fait commettre dans nº
D E L 1v o u R N E , le 12 juin. provinces. Mais le nombre incrovable des hº
§ ui viennent de prendre les armes t
L'Italie ne sera probablement pas long-temps nos foibles succès nous raniment : malgré le
à l'abri des calamités de la guerre. La tyrannie, craintes qu'on veut nous donner des Prussien
qui trouve à Turin, comme ailleurs , tous les qui s'avancent sur nos frontières, nous espéron
prétextes nécessaires à ses vues ambitieuses et au moins qu'ils ne serviront pas la hain
sanguinaires, vient de réveiller, dans cette ca d'une odieuse famille, qui a violé # notre égar
pitale du royaume des marmotes, de vieilles les droits les plus sacrés, et m'a jamais respect
rétentions, pour chercher querelle à la répu
§ de Gênes. On n'ignore pas que depuis §uel'Europe.
celui du plus fort avec toutes les puissancº
V.

- –**"
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTÉRAIREs .
D E L A F R A N C E, ' .
E T A F F A I R E S P o L I T I Q U E S D E L' E U R o P E ;
J O U R N A L L I B R E, par une Société d'Écrivains
eZ dirigé par M. MZERcz E R.
raioe .
Le despote n'est défendu que par des satellites, les états libres le sont
par des soldats.

N°. C C L X V I I. Du Samedi 26 Juin 179o.


AS S EMBL ÉE N AT I O N A L E. biens nationnalºx , et ce , jusqu'au moment où
la nouvelle municipalté aura été élue ; se ré
Séance du 25 juin. servant, l' Assembl'e nationale , de statuer in
cessamment sur l s formes de rc ventos de ces
LE premier décret rendu aujourd'hui par biens, faites par la muu cipalité provisoire de
Assemblée nationale, a sur le rapport du co la ville de Paris ».
nité des finances , autorisé la ville de Lyon à Le premier article du projet présenté par le
aire , soit en France , soit cliez l étranger, un comité est ainsi conçu :
mprunt de deux m llions , remboursable en « Tous les domaines nationaux dont la jouis
l,x ans par port ons égales. Cet emprunt a sance n aura pas été 1 éscrv ée au roi , ou la
,our objet de rembourser une créance pres conservdtion ordonnée par l Asscmblée natio
lu ausi considt raLle et contractée à titre très nale, pourront être aliénés en vertu du présent
,néreux. La ville de Lyon a fait d'ailleurs une décret. et conformément à sa disposition ,
oumission d'acquérir pour 2o millions de do- . .l' Assemblée nationale réservant aux assignats
naines nationaux. monnoie l hypothèque spéciale qu'elle leur a
NI. d'Aubusson la Feuillade , descendant de assurée »,
:elui qui erigea le monument adulateur de la M. Martineau a trouvé que cette rédaction
»lace des Victoires , revendique la propriété ne déterminoit pas avec assez de précision le?
les statues et emblêmes que le décret du 19 biens qui devoient être vendus , et il a conclu
uin va faire disparoître. Sa lettre est renvoyée à ce que l'article fût ajourné.
lu comité des domaines. M. Reubell s'est opposé à l'ajournement :
Plusieurs villes de commerce ont demandé « Il ne s'agit, a-t-il dit, que d une vente bornée
† jusqu'à l'organisation définitive de tout à la valeur de 4oo millions, et non d'une vente
ordre judiciaire , les jurisdictions consulaires générale ». — « Avant d'ºli'ner partie de ces
demeurent en activité suivant l'édit de leur domaines , reprend M. de Folleville, il est
création ; et l'Assemblée nationale l'a décrété nécessaire de connoître l'évaluation totale ».
ainsi, à la relation du comité de constitution. Plusieurs personnes demandoient l ajourne
C'est au comité de l'aliénation des domaines ment de la question : un plus grand nombre
nationaux qu'il appartenoit d'occuper de ses votoit pour qu'elle fût d crétée , ct qu'il fût
travaux la séance actuelle. M. de la Rochefou satisfait incessamment à la masse prodigieuse
cault a d'abord proposé ce projet de décret, des offres publiques, lorsque M. Maury, s em
qui a été adopté sans débats : parant de la tribune, a fait paroître un nou
« L'Assemblée nationale, après avoir entendu veau systême.
le compte qui lui a été rendu par son comité « Que faut-il, a dit cet or teur, pour que les
chargé de l aliénation des biens mationaux , des agioteurs s'enrichissent et prospèrent ? Il faut
adresses de la municipalité provisoire de la ville que les effets publics haussent ou qu'ils baissent.
de Paris, et des commissaires des soixante sec Quand le papier est au pair, les negocians sont
tions de cette ville, autorise son comité à con dans le plus grand état de détresse; aussi, depuis
tinuer de traiter avec lesdits commissaires mu un mois que les effets n'ont pas éprouvé de va
mis des pouvoirs nécessaires pour la vente des riations remarquables , voyons - nous les agos
267
( 62 )
teurs presque réduits à l'aumône. Le projet de semblée et le public sur Teffrayante assertion:
M. l évêque d'Autun offre un calcul atroce d'a M. Anson n'a pas présenté des résultats cer
giotage; il ne doit être loué que par la rue Vi tains sur la dette constituée ; mais il a assuré
vienne : et quoique je n'aie pas l'honneur d être que celle qui est exigible ne s'élève pas à plus
admis à sa confidence, je vais néanmoins vous de deux milliards.
dévoiler ses sccrets ». Enfin , après que M. Malouet eut proposé
M. de la Rochefoucault se présentoit à la tri pour amendement au premier article , d'or
une pour défcndre M. l'évêque d'Autun, mais donner que dans la vente des biens nationaux
M. Maury, le repoussant d'un geste où il y les porteurs de créances exigibles, ainsi que
avoit plus que de la violence, un cri d'indigna les porteurs d'assignats , seront préférés §
tion s'est fait entendre de tous les points de la porteurs de créances constituées, et que cet
salle contre l'ourageux prédicat ur. « Qu'il soit amendement a été ajourné , l'article 1°r du
mis à l'ordre..... Qu'il descende..... Qu'il soit projet du comité a été adopté, ainsi qne nous
chassé de i'Assemblée.... Lui. cependant, d'un l'avons rapporté ci-dessus.
oeil fixe et d'un front uni, contemploit l'orage, Au nom du comité des recherches, M. Voy.
et demeuroit en plac,.. Quand la rumeur a sem del a rapporté l'affaire de M. de Lautres. Il
blé baissée, il a repris la p role pour renou paroît constant que l'accusation la plus grave
veller … :: • motion par lui précéd, minent faite, est portée contre lui, par le témoignage uni
aſin de liquidation de la dette publique , « la forme de deux soldats du régiment de dragons
quelle, a-t-il dit, s élève , d après les apperç ns dont il a été colonel, lesquels, dans une infor
du comité de liquidation, à plus de sept nil mation juridique, déclarent que M. de Lautrec
liards ». leur a annoncé avoir déja 6oo hommes tous
Nouveaux cris élevés , les uns par la surprise, prêts à former un parti pour empêcher la fédé
l s autres par l indignation, Un décret ordonne ration universelle, et leur a offert de l'or pour
que le comité de liquid tion sera entendu : les faire entrer dans ce complot détestable. Le
M. Gouttes, pr'sident de ce comité, se pré rapporteur observe que cette déposition parot
sente et dit : « J'ai tont lieu , mcssieurs , d être suspecte, et l'avis du comité est de laisser à h
surpris de l assºrtion qui vient de vous être procédure son libre cours, afin que la munici
faite; depuis que j'ai l'iionneur d'être membre palité de Toulouse ct le châtelet de Paris pren
de ce comité et c lui de le présider , nous n'a nent soin de venger M. de Lautrec, si l'accu
vons pu terminer encore c t ouvrage , auqnel t1on est jugée calomnieuse.
nous somnl s occup 's constd minent et sans Ml, d'Ambly, prenant la défense de l'accusé,
perdre de temps : il n'a été encore possible de a exhalé toute la chaleur de l'amitié. Il a fait
dépouiller que le rôle de la marine , un rôle de valoir les vieux services, le caractère loyal de
la guerre, et quelques autres cahiers de détail. son ami : « Lautrec , a-t-il dit enfin, a besoin
Comment M. Maury a-t-il pu être aussi ins d aller aux eaux ; qu'on le relâche , et je me
truit , lorsque nous-mêmes n en connoissons pas constitue prisonnier en sa place ».
encore les résult, ts ? M. Garat l'ainé a été plus loin : il a porté
Jne dénégation si formelle auroit pu donner contre la municipalité et le procureur du roi
qneique † à un t,onme inons intt, pide de la sénéchaussée de Toulouse. des articu
qne | pr opin nt ; il a su y opposer les in lations de mensonge et d'imposture.
jures et les menaces , tant du geste que de la « J'invoque, à dit M. Robertspierre, en fa
voix, C'est en vain que le président l'a remis veur de M. de l.autrec, le décret qui a pro
à l'ordre ; c'est en vain que cent voix l ont , noncé l'inviolabilité des membres de r§ |

une seconde fois , condamné : une seconde nationale Quoique les tribunaux me puissent
fois il est parvenu à vaincre les cent voix, attaquer le corps législatif en masse, son exis
avec sa poitrine de fer, et à lasser l indignation tance se trouveroit n'anmoins bientôt com
universelle avec son visage de marbre. Dès promise , si les tribunaux pouvoient laneer des
qu'il a pu se faire entendre , il a crié : « qu il , décrets contre chacun des membres qui le com
n'avoit pas parlé au nom du comité de liqui posent. Je conclus donc à ce que M. de Lau
dation ; mais que M. de Batz . membre de ce trec ne puisse être traduit devant aucun tri
, comité, l', voit assuré que, d'après les apperçus, bunal, jusqu'à ce que le corps législatif l'ait
on pouvoit évaluer la dette publique à 7 déclaré jugeable ».
milliards. M. Pétliion, entrant dans les mêmes prin
MM. de la Borde et Anson ont rassuré l'As cipes , a prouvé que, si la procédure com
( 85 )
encée contre M. de Lautrec étoit déclarée
mains de quatre cavaliers inconnus le sieur
gale , l'inviolabilité des représentans de la Muscar, pour le conduire on ne sait où : il
à tion seroit, dès ce moment, illusoire , et que 6I0 6ºS t # disent à Longwy, où il y a un régi
•s tribunaux, avant d'agir contre un député ment Allemand ( Bouillon ). Ce même jour le
l'Assemblée nationale , § attendre que commandant a fait ôter les planches qui ôtoient
e corps législatif eût, par une décision for la lumière à sa prison. Remarquez que les gre
nelle , dépouillé celui qui se trouve accusé de nadiers de Casi -lla ont été deux fois sur le
inviolabilité qui étoit inhérente à son carac point d ôter ces planches : on estimoit beaucoup
ère.
l a discussion est continuée à demain, et les
ce régiment. l e commandant de cette vilie,
omité s de constitution et des recherchcs réu
qui les avoit ſait mettre, craignant le régiment
de Vivarois, est parti. C....
is , doivent apporter un projet de decret qui P. S. Que signifie encore ce nouveau mou
,onsacre les principes sur cette matière. vement extraordinaire dans les troupes ?
U ne députation des vainqueurs de la Bastille Adresse à l'Assemblée mationale, des électeurs
, paru à la barre, conduite par M. le maire.
Dans un arrêté pris par eux ce m : tin, au noin du district de Saint - Claude, au dépar
tement du Jura.
»re cle 863, ces g n reux citoyens déclarent
« que pour entretenir la paix et la concorde avec « Messieurs , un concert de bénédictions
eurs frères d'armes, ils renoncent aux distinc vous parvient chaque jour de tous les côtés de
ions dontl'Assemblée national° avoit daign les ce vaste empire ; mais vous daignerez distin
honorer ». Cette délibération a été récomp, n ée guer la voix des habitans du district de Saint
par de nombreux applaudissemens; et comme il Claude, au département du Jura. Echappés, par
est naturel qu'une pensée vertueuse en enfante vos bienfaits, aux chaînes de la plus flétrissante
une autre , M. de Menou , homine décore , féodalité, remontés enfin à la dignité de l'hom
formoit la motion « que le roi fût suppl é d a me, ils ont organisé leur corps administratif
néantir les ordres et les décorations » : voici le
avec la paix et la décence qui doivent présider
décret qui est intervenu : les assemblées d'un peuple libre et digne de
« L'Assemblée matonale , touchée du noble l'être. Ni les intrigues de † cupidité, ni † cla
atriotisme des braves citoyens qui ont pris la meurs impuissantes d'un fanatisme qui désho
§ , accepte leur renonciation aux distinc ' nore tant de François, n'ont approché de nous :
tions qui leur avoient été accordées par les dé nos prêtres prient et vous bénissent, messieurs,
crets de l'Assemblée , décrète de plus qu il sera | à l'exemple du chef de l'église du Jura, qui
fait une mention honorable , dans le procès s'est empressé le premier peut-être d'adhérer à
verbal, de leur généreux sacrifice ». G. vos sages décrets. Ils viennent de repousser,
avec l'énergie de l'indignation, les protestations
scandaleuses parties du sein même de l'As
De Montmédy, le 12 juin. semblée nationale. L'acte le plus religieux sans
doute , puisqu'il est patriotique , l'acte d'une
D'environ 15oo hommes de recrues qu'on soumission parfaite à ce que vous inspire la
avoit envoyés de Luxembourg à l armée autri vertu pour le bonheur des François , vient de
chienne qui guerroye contre les brabançons , nous être adressé par les vénérables pasteurs
il en est bien déserté 1ooo : ils passent par ici, de nos montagnes , la nature les ſit pour être
Sedan et Charleville, par bandes de 2o et 3o ; l asyle et les remparts de la liberté ; le fana
enfin, la désertion est considérable dans cette tisme , qui forgea les fers de nos pères, y est
armée.
mort pour jamais ; et quand le reste du monde
Le régiment de Royal-Allemand est parti de reprendroit les chaines que vous avez brisées,
Stenay pour Sarrelouis, et celui de la lteine est l'étendard de Tell, plus brillant sous vos géné
venu le remplacer. - ---
reux auspices, restera sur leurs cîmes, inacces
-

Le régiment de Castella suisse est parti d'ici sibles aux efforts des tyrans. Nous sommes, etc.
jeudi 1o pour Verdun, et celui de Vivarois Signés L)ALoz, président ; BoUGUIoT, secré
viendra le remplacer. On dit que les habitans ta Ire ».
de Verdun veulent le retenir, et ne veulent
point u Allemunds. Réclamation mal fondée des habitans de
Pendant fn nuit du 8 au 9, entre onze heures Briançon.
et minuit, le commandant a remis entre les C'est toujours faute de s'entendre que les
( 64 )
-
hommes ne s'accordent ni sur leurs droits, ni approche où tous les peuples françois vont se"
sur l,ºnr véritable intérêt : et c'est ſaute d'ana confédérer dans la capitale ; c'est le moment de
lyser les vrais motifs de ceux qui les conduisent, terminer toutes les querelles et les dissensions.
qu'ils sont souvent dupes, ét de leur pro:ºre - CARRA.
loyauté, et de la lov auté factice dies a ntres. ^ ous
avons annoncº , dans notre numéro 25 , qu'une Ncuvelle tentative pour égarer le patriotisms
faction aristocratique étoit parvenue à fairc des soldats.
nommer le ci - devant marquis de 'l'onnerre
colonel de la garde nationale de Briançon , et Nous venons de recevoir de Iille un im
que la même laction se promºttoit de le faire primé anonyme intitulé : -Aux soldats par un
reconnoitre pour commandant général des soldat, et adressé anonymement le 15 de ce
ardes nation, les de toutes les coinni li nautés 1no1s, sous le timbre de Paris , au quartier
† sur c tte annonce , messieurs m 1tre du rég ment de Dillon. On y dit aux
les maire , oi'nciers mºn cipaux , ol'iiciers, bas soldats que le p triotisme ne consiste point à
officiers et fusiliers de la garde nationale et con porter d'inutiles cocardes, et à imprimer d'Inu
munauté de Briançon, se sont crus tous incul t les adresscs , mais à faire un camp pour y re
pés, et en conséquence, ils se sont assemblés cevoir les princes fugitifs, et à délivrer le roi de
pour réclam r contre cette inculpation pr t n sa prison. On leur parle de S ixe, de Vendôme,
due. A 1.ieu ne plaise qu'en parlant d une lºc de Luxembourg, de Turenne, ' comme si ces
tion aristocratique, nous ayons entendu parler noms-là pouvoi nt effacer ceux de frères, qui
de tous les habitans de Briançon ; nous n'avons vie mment de la nature et du coeur, et ceux de
voulu désigner que ceux qui dans leur con pactes fédératifs faits avec leurs concitoyens,.
science ne sont pas véritablement les amis du qui viennent de la volonté d'une providences
peuple ; que ceux qui tiennent encore aux prº «livine. On cherche à les exalter sur M. Dubois
jugés de la ci-devant noblesse : que ceux enfin de Crancé , comme si l Assemblée nationale, -

ui auroient eus en efiet quelque velléité pour M. de Ciancé lui-même, me s'étoieat pas
# nonimer Ml. de I'on nerre commanda11t pliqué sur l expression que le venin aristocrai
général des g rdes nationales de toi ttes les con tiqne avoit voulu empoisonner. Enſin, on in-;
munautés du Briançonnois, comme ils l'ont sulte les soldats au point de croire qu'ils seron ,
nomin * colonel-général propriétaire des m, dupes de quelques mots et de quelques exclu-º
lices de la ville de Briançon. Que signifie ce mations chevaleresques, qui n'étoient bonnes
mot propriétaire ? Est-ce que les braves défen que du temps des Goths et des Visigoths. On
seurs de l'empire, du côté des Alpes ; est-ce suppose que ces vrais patriotes ( car en effet je
que nos frères de Briançon , qui sont des pense , comme l'anonyme, et je l ai dit cent |
hommes libres, et qui ont montre un si beau foºs, personne n'a ( té d'un patriotisme plus
zèle pour la const'tution, appartiennent en pi r « t plus désintéressé que les soldats) me sont
propriété à un autre homme ! Rºyez, ray z j atriotes que par séduction et non par senti
ce not, et soyez sûrs que je n a ural jamais bonne In nt et jugement. L'indignation que ce pam
opinion de M. de Tonnerre , pour avoir souffers plileta déja causée à ceux qui l ont reçu, prouve
qu'on lui donnat ce titre. ( ominent voulez-vous le contraire : et nous avons d'autres preuves
que, d'après ce mot servile , les bons citoy, 11s sans nombre , que les soldats ont beaucoup
de Briançon n'aient p s fait leurs efforts pour meux jugé de la révolution que leurs ofiiciers
empêcher d'une
prietaire M. de des
l onnerre de devenir
principales clefs ledepro
la
en général, et que beaucoup d'autres particu
liºrs qui paroissent très-lettrés et très-instruits |
H'rance ? Non , mes , n1:s , volts ne vOus Cnlen 1ls ont même un tact, ainsi que je l'ai vu dana
diez pas; vos réclamations sont mal lon !ées : plus de quatre-vingts lettres que j'ai reçues de
elles vous inculperoient même , si nous me cºn différems régimens, qui leur f it distinguer sur
noissions pas vo; re zèle patriotique et votre le champ le petit bout d'oreille d ñne, et la
bonne foi. Renoncez donc à vos plaintes : r n petite langtte de serpent des aristocristes. C'est
dez justice à vos concitoyens persé cutés : réu donc en vain qu'on cherche à les égarer : ils
nissez-vous par de sincères embrassen1ens : i vivront « t naourront libres avec nous : § leur
mez-vons tous comme de bons frères Le jour devise et la nôtre pour la fin des siècles. CARRA.
4
1 * v : 1 ,
ANNALES PATRIOTIQUES ET LITTERAIRES.
· · D E L A F R A N C E ,
E T A F FA I R E s P O L I T I Q U E S D E L' E U R O P E ; .
JO U R NAL LI BR E, ar une Société d'Écrivains Patriotes ſ>

eZ dirigé par M. MERcr E R.


•--

Le François n'avoit qu'un pays ; mais aujourd'hui il a une patrie.

N°. C C L X V I I I. Du Dimanche 27 Juin 179o. -

AS S EMBLÉE NAT I O N A L E. tion ; mais ils sont provisoirement conservés


dans ce qui tient au contentieux ». ·
- Séance du 26 Juin. Deux villes du département de l'Yonne,
Saint-Florentin et Villeneuve - le - Roi , se
S, quelque chose peut servir à prouver la disputent le titre de chef-lieu du district. Un
»uissance des mots, et la nécessité de les bien décret adjuge l'avantage à la première de ces
mir dans les commencemens d'une consti deux villes, à cause de sa situation topogra
ſution , c'est l'erreur commise par le départe phique.. -

ment d'Eure et Loire, dans la dénomination Sur une prétention semblable entre le Havre
le- ses arrétés , qu'il avoit si improprement et Montivillier, l'Assemblée décide qu'il n'y a
révêtus du nom de DÉcRETs. Mais en réformant lieu à délibérer. :

:ette erreur , et en l'empêchant de se propa Le comité de constitution, par l'organe de


ger, l' Assemblée § n'a pas voulu im M. Demeunier , a exposé une demande des
ºrimer une mote décourageante pour un corps profesteurs et maîtres des colléges de Paris.
administratif, qui n'avoit péclié que par incon N'ayant été jusqu'à présent imposés à aucune
;idération ; elle a chargé son comité de cons contribution directe, même de décimes, ni de
:itution de rédiger une loi générale qui établira {
capitation , ils éprouvent, dans les différentes
es principes de la matière , sans rappeller la sections, le refus d'être admis comme citoyens
méprise particulière qui a rendu cette loi actifs. Un décret est proposé et adopté unani
1écessaire. IlleIIleIlt : - · !

Dans la composition de l'assemblée électorale « L'Assemblée nationale décrète que , pour


du département du nord , il s'est glissé un les élections de cette année , la quittance de la
:ertain nombre de membres qui sont plus que contribution patriotique doit tenir lieu d'impo
ſuspects d'attachement à l'ancien régime , et sition directe aux maîtres et professeurs des
Iui même osent manifester ce sentiment en colléges de Paris , lesquels , en 1a produisant,
unnonçant des protestations. Sur le compte qui seront regardés comme citoyens actifs ».
ºn est rendu par M. Merlin , « l'Assemblée Le même rapporteur a présenté le projet de
lationale déclare que les commissaires du roi décret relatif à l'affaire de M. de Lautrec :
nommés pour la formation des assemblées ad « L'Assemblée nationale se réservant de
ninistratives, sont chargés expressément de statuer en détail sur les moyens constitutionels
enir la main lors des assemblées électorales, d'assurer l'indépendance et la liberté des mem
| l'exécution des différens décrets concernant bres du corps législatif, -

es assemblées administratives , et notamment Décrète que jusqu'à l'établissement de la loi


l celui du 28 mai dernier ». sur les jurés en matière criminelle, les députés
Par un autre décret l'Assemblée conſirmant à l'Assemblée nationale ne peuvent être dér
>elui qu'elle a précédemment rendu , ordonne crétés par aucuns juges , sans qu'auparavant
a suppression des intendans à partir du jour le corps législatif, sur le vu de l'information et
>ù les corps administratifs seront formés. A des procédures, ait jugé s'il y a lieu à accep
'égard des tribunaux d' élection , le même dé tation. En conséquence , regardant comme
ret leur ôte aussi toute part à l'administra mon - avenu le décret lancé #'
de ce mQis
2
--

( 66 ) |

contre M. de Lautrec, l'un de ses membres , l'âge de 18 ans, ou pendant 16 ans, sera ci
lui enjoint de venir rendre compte de sa con toyen actif sans payer de contribution. |
duite devant l'Assemblée, qui, après avoir en » Que chaque année, le 14 juillet, il #
tendu, jugera s'il y a lieu , ou non , à l'accu prêté dans les grands ports, par toutes les per
sation ; et dans ce cas , l'Assemblée nationale sonnes attachées à la marine .. en présence des
désignera le tribunal qui en devra connoitre. ofliciers municipaux et des citoyens rassem
M. le président est autorisé à faire connoître blés, le serment de fidélité à la nation, à la
à la municipalité de Toulouse que son zèle loi , au roi et à la constitution décrétée par
patriotique a obtenu l'approbation de l As l'Assemblée mationale, et acceptée par le roi.
semblée ». (A cet article est joint la formule du
Le décret a été adopté avec deux amende mCnt. ) -

mens proposés par M. FreNeau , lesquels sont : » Qu'à chaque armement le commandant
1°. que les poursuites judiciaires s'exerceront de chaque vaisseau fera le serment, et le fera
contre un membre du corps législatif comme répéter par l état major de l'équipage dans les
contre tout autre citoyen, quand il aura été termes employés ci-dessus.
pris en flagrant-délit. » Que le ministre du département de la,ma
2°. Les tribunaux sont autorisés à faire les rine, et tous les autres agens civils et mili
informations contre tout membre du corps lé taires , seront soumis aux loix de la respon
gislatif qui se trouvera inculpé , à la réserve sabilité dans les cas et de la manière qui seront
seulement des cas mentionnés dans le décret déterminés par la constitution. · · · ·
du 23 juin. » Qu'aucum officier militaire ne pourra ètre
Sur un rapport fait au nom du comité de ma destitué qu'en vertu d'un jugement du conseil
rine, il a été décrété : de guerre , ni aucun officier civil sans l'avis
« Que le roi est le chef suprême de l'armée du conseil d'administration.
mavale. » Qu'aucun réglement ou ordonnance sur li
« Que l'armée navale est essentiellement des marine ne peuvent être désormais promu
tinée à défendre la patrie contre les ennemis que d'après un décret du corps l gislatif sanc
extérieurs, et particulièrement à protéger le tionné par le roi. -

commerce maritime ct les possessions natio » Qu à chaque législature appartient le po


males dans différentes parties du globe. voir de statuer , - - - -

« Qu'il ne peut être appellé dans les ports 1°. Sur les sommes à allouer pour l'entretien
françois aucune force navale étrangère, sans un de l'armée navale.
acte du corps législatif, sanctionne par le roi. 2°. Sur le nombre des vaisseaux dont l'ar
· « Qu'il ne peut être employé, sur les vais mée navale sera composée.
seaux du royaume, aucun corps étranger, si ces 5°. Sur le nombre des officiers de chaque
troupes n'ont été incorporées dans les troupes grade. -

de France par acte du corps législatif. 4°. Sur la formation de l'équipage.


» Que les frais des armées navales, des ports, 5°. Sur la solde de chaque grade.
arsenaux et autres dépenses civiles et militaires 6°. Enfin , sur les loix relatives aux délits
du département de la marine, seront fixées par militaires. * .

les législatures. Ce décret rendu , M. de la Rochefoucault


| » Que tous les citoyens sont également admis a présenté la suite du projet qui avoit occa
sibles aux emplois civils et militaires de la sionné hier tant de débats de la part de pet
marime. sonnes trop intéressi'es à retarder la vente de
º» Qu'il n'y aura d'autre diſférence entre les ces domaines mationaux, qu'elles conservent
officiers civils et militaires de l'armée nationale, le secret espoir de reconquérir : c'est ce
que celle des grades, et que tous seront suscep qui s'appelle espérer jusqu'à la mort et au
tibles d'avancement, suivant les règles déter delà. Aujourd'hui les oppositions se sont mon
minées. -
trées avec plus de mesures et moins d'opi
: » Que toute personne attachée à la marine, niâtreté , et les articles suivans sont parvenus
conserve son domicile monobstant les absences à être décrétés. ' "
nécessitéès par son service , et qu'clle peut Art. II. « Toutes les personnes qui voudront
même exercer toutes les fonctions de citoyen † des domaines nationaux , pourront
actif, si elle a d'ailleurs les conditions requises. s'adresser, soit au comité de l'Assemblée natio
· · » Qùe tout militaire qui aura servi depuis nale , chargé de leur aliénation, soit à l'admi
| !

--
( 67 )
listration ou au directoire du département, seront tenus de se conformer, pour les baux
oit même à l'administration ou au directoire actuels de ces biens , aux † de l'ar
lu district dans lesquels ces biens sont situés , ticle 9 du titre I** du decret du 14 mai, et aux
'Assemblée nationale réservant au département conditions de jouissances prescrites par l'ins
oute surveillance et toute correspondance di truction du 31 du même mois, au maintien
recte avec son comité. desquelles les administrations de départemens
III. Les municipalités qui enverroient des et de districts, ou leurs directoires, tiendront
oumissions pour quelques objets déja demandés exactement la maim.
»ar des particuliers, n'auront point droit à être X. Les acquéreurs jouiront des franchises
»référées ; le comité enregistrera toutes les accordées par les articles 7 et 8 du titre Ier du
lemandes des municipalités suivant l'ordre de décret du 14 mai, et aussi de celles accordées
late de leurs délibérations authentiques , et par l'article 1 1 du titre III; mais pour ces der
celles des particuliers suivant la date de leur nières, pendant l'espace de douze années seu
:éception , et il enverra des expéditions , cer lement. à compter du jour de la publication
ifiées par un de ses secrétaires , à l'adminis du présent décret.
ration ou au directoire du département dans X I. Les administrations de département ou
lequel ces objets sont situés. leurs directoires, adresseront le 15 dechaque
IV. Les administrations de département for mois, au comité chargé de l'aliénation des
meront un état de tous les domaines nationaux domaines nationaux pendant la présente ses
iitués dans leur territoire , et procéderont in- . sion de l'Assemblée mationale, et, par la suite,
cessamment à leur estimation dans les formes aux commissaires qui leur seront désignés par
rescrites par les articles 3, 4 , 7 et 8 du titre les législatnres, un état des estimations qu'elles
# du décret du 14 mai ci-dessus mentionné. auront fait faire, et un état des ventes qui au
Les administrations ou directoires de départe ront été cominencées ou consommées dans le
ment chargeront des experts des estimations mois préc dent, pour le tout être rendu pu
pour lesquelles il sera nécessaire d'èn employer, blic par la voie de l'impression.
et elles commettront, pour surveiller ce travail, X. I. Les acquéreurs feront leurs paiemens
les administrateurs ou directoires de districts. aux termes convenas, soit dans la caisse de
, V. Elles commenceront ces estimations par l extraordinaire . soit dans celles de district ,
les lieux où sont situés les biens sur lesquels le qui seront ohargées d'en compter au receveur
comité leur aura renvoyé des soumissions , soit de l'extraordinaire.
de municipalités, soit de particuliers , ou sur XlIl. Les municipalités qui voudroient ac
lesquels elles en auroient reçu directement, quérir quelques parties de domaines nationaux,
et continueront ensuite à : faire estimer ceux pour des objets § publique, seront tenus
haêmes de ces biens pour lesquels il n auroit été de se pourvoir dans les formes prescrites par le
fait aucune soumission. -
décret du 14 décembre 1789, pour obtenir l'au
- VI Elles auront soin , dans les estimations, torisation nécessaire, et seront ensuite considé
de, diyiser les objets autant que leur nature le réés commre acquéreurs particuliers.
permettra , afin de faciliter, autant qu'il sera XIV.Les articles ci-annexés du décret du 14
possible, les petites soumissions et l'accroisse mai et de l instruction du 31 du même mois
ment du nombre des propriétaires. sur lit vente de 4oo millions de domaines na
VII. Les prix d'estimation seront déterminés tionaux, avec le changement des seules expres
d'après les dispositions des articles 3,4, 7 et 8 sions nécessaires pour les adopter aux dispo
du titre Ier du décret du 14 mai, et serviront , sitions ci-dessus , seront censées faire partie du
de base aux soumissions et aux enchères. présent décret:
VIII. Les soumissions devront être au moins Il est resté assez de temps encore pour s'oc
égales au prix de l'estimation, et les enchères cuper du traitement à faire au clergé actuel ;

Ine S6º rOIlt OllVeTt6S lorsqu'il y aura de telles et les articles suivans ont été décrétés :
soumissions; mais alors elles le seront nécessai « IV. Le traitement des vicaires actuels sera
rement, et l'on y procédera dans les délais,. le même que celui fixé par le décret général
dans les formes et aux conditions prescrites " sur l'organisation du clergé.
par les articles 1 , 2, 3, 4, 5, 6, 8 et 9 du titre V. Air moyen du traitement fixé par les pré
III du décret du 14 mai, et par l'instruction . · cédens articles, tant en faveur des évê es que
du 31 du même mois.. des curés et vicaires, la suppression du casuel
IX. Les acquéreurs des domaines mationaux aura lieu à partir du premier janvier 1791 ; jus
( 86 ) -

qu'à cette époque il continuera d'être perçu ». fut repoussée axes vigueur; ils perdirent un
Les droits attribués aux fabriques continue liomme, et # quelques blessés. §
ront d être payés, même après ladite époque, | se passa près du bureau de la poste; ils furent
suivant les tarifs et réglemens. - enfin repoussés et dispersés. Une troupe de
VI. Les traitemens qui viennent d'être dé deux cens attaqua le poste de l'hôtel-de-vik.
terminés pour les curés et pour les vicaires au La compagnie de service ſit bonne contenance
ront lieu à partir du premier janvier 1791. essuya le premier feu, sans perdre un seul
VII. En ce qui concerne la présente année , lhomme. Ils ripostèrent et en laissèrent cinq
les curés dont les revenus excèdent 12oo livres la place et plusieurs blessés, qui furent ensui
aurOnt , massacrés à coups de bayonnettes. On pours
1 °. La somme de 12oo liv. vit le reste, qui se débanda. Autre attaque
2°. La moitié de l'excédant, pourvu que le le cours contre la patrouille militaire, renfor.
tout a'excède pas 6ooo liv. cée des légionaires. L'affaire fut vive, les u.
A l'égard dcs curés à portion congrue , qui saillañs y perdirent du monde et furent disper
ont un revenu moindre de 12oo liv., ils auront, sés. Depuis six heures que l'affaire commen#
outre leur casuel, 7oo liv., et en outre la somme jusqu'à huit, ou n'entendit dans toutes l
de 5oo liv. rues. qu'un bruit continuel de mousqueteriº
Quant à ceux qui, sans être à portion con On publia alors la loi martiale, ce qui n'en
grue, n'ont cependant pas 12oo liv. de revenu, cha pas qu'un jeune homme nommé Boudou,
ils contimueront de toucher ce qu'ils avoient fils unique d'un riche négociant, me fût fall
coutume de percevoir, et le surplus leur sera et dépouillé de tout ce qu'il avoit sur lui, aini
compté dans les premiers jours de 1-91 . qu'un vieillard septuagénaire. La nuit a été
VIlI. Les vicaires de villes auront , outre le tranquille. Ce matin la majeure partie des ligº
casuel, leurs revenus ordinaires ; ct ccux des maires, au nombre de 26 compagnies (1 , s'est
campagnes auront aussi , outre leur casuel, la rendue sur l'esplanade. Un des citoyens §
somme de 7oo liv. , qui leur seront payées de ardens du parti contraire, est allé les affronter
la manière ci-dessus ». ll a été arrêté et sur le champ pendu à unrever
Il est encore, au fond des campagnes, nombre bère : la vengeance a suivi de près; le fils unique
de personnes mal instruites, qui ne savent pas de M. Chas , ex-second consul, a été #
ue la liberté sainte est le rempart le plus sûr sa porte, ainsi qu'un perruquier. Ahuit heure
# propriétés, et qui se sont persuadées que la nous avons reçu des renforts de tous côtés, soit
constitution alloit leur donner le pouvoir de du Lavomage, presque tous protestans, mº
contester et d'enlever aux propriétaires des bons citoyens, soit du S.-Esprit et de Beaucairº
rés, ou à leurs fermiers, le droit de récolter Ces troupes forment environ ro,ooo hommº,
# regains. M. d'Ambly a rendu compte de ces qui ont resté en bataille sur l'esplanade. La#
abus naissans, et, pour y porter le plus prompt gion nîmoise s'est répandue alors dans la
remède , l'Assemblée a décrété « que les pro avec le régiment de Guienne, et la tranqui#
priétaires ou fermiers étoient autorisés à re
cueillir , dans les prairies et héritages à eux
est revenue. Il y a des pourparlers du
municipalité. La première réponse a été qu'u
#
appartenans, à titre de propriété , location ou livrât les chefs de cette ligue. Nous attendº
autrement, les seconde , troisième , et même ce soir toutes les Cevènes , qui formerontº
quatrième herbes ». G. corps d'armée de 1o,ooo hommes. Nous prº
Ntmes, le 14 juin. mons que.Montpellier ne manquera pas !
de nous envoyer des secours. Les catholiqº
« Le feu qui, depuis quelque temps, couvoit signataires se sont retranchés avec du canoº
ici sous la cendre, a fait hier son explosion. - -*

A six heures du soir ( suivant une relation im


primée, dont cet article est extrait ) , les ci (1) La légion a quarante-trois compagnies, dontis
toyens catholiques, auteurs et signataires des sept ( dit la relation ) pour l'aristocratie, soudºº
ar les fonds envoyés do Paris aux chefs de cettºº
deux fameuses délibérations, attaquèrent le § Ce parti est catholique, et a perverti ces paruº
poste de l'évêché, composé d'une partie de sous le † de religion. Les viitgt-six compº lºl

dragons de la légion Nîmoise. Cette troupe, sont mêlées de protestans et de catholiques attadº
composée de travailleurs de terre et porte-faix, la constitution. -
º
| -- II
:-sE #- A

S U P P L É M E N T A U N°. C C L XV I I I.
P A R I S. duellement. M. d'Astros, directeur de la mon
noie, refusa de le recevoir, disant qu'il ne le
Les représentans de la commune proposent connoissoit pas, et ne vouloit pas le connoître.
de proclamer Louis XVI premier roi des D'autres officiers renvoyèrent les billets et fircnt
JFrançois, le 14 juillet prochain. lls invitent la même réponse.
toutes les municipalités du royaume à rassem Le 1o, un adjudant de Touraine fût visiter le
bler, le même jour et à midi, qui sera l'heure colonel, qui le traita de f...... gueux, et voulût
de la cérémonie confédérative à Paris, leurs lui faire quitter l'épaulette , quoiqu'il eût 25
communes respectives conjointement avec les ans de service. Cet adjudant sortit ; et ayant
troupes de ligne qui se trouveront dans leurs rencontré des grenadiers de son régiment ,
arrondissemens, afin que le serment d'union leur raconta le † Riquetti avoit mené avec
soit prononcé de concert et au même instant lui deux ou trois officiers que le régiment me
par tous les ltabitans et dans toutes les parties vouloit pas, et qu'il vouloit forcer le régiment
de cet empire. de reprendre. Une députation de grenadiers
vint le prier de ne pas les obliger à recevoir "
Relation exacte et circonstanciée de l'affaire ces officiers indignes ; Riquetti insista ; les gre
de Perpignan, extraite de différentes lettres. nadiers tinrent ferme ; Riquetti arma ses pis
tolets , les porta sur le front d'un grenadier.
Cette relation donnera la mesure de la dis La députation sortit de sa chambre , mais les
position des esprits dans tout l empire, et de autres grenadiers , qui étoient restés dans la
CG qu1 ſlI'I'lV6I'Olt presque par-tout , Sl par-tout
cour , crièrent qu'ils ne vouloient pas les ofli
un Mirabeau cadet tentoit d'occasionner une ciers. Riquetti so mit à la femêtre , et leur or
guerre civile. : •

, donna, au nom du roi, de la loi et de la nation,


Riquetti cadet, dit Mi1 abeau, arriva le lundi . d'obéir, et de se retirer au quartier. Les grena
7.juin à Perpignan ; ce jour là les musiciens de diers restant, Riquetti sortit l'épée à là main
son régiment, à le tête du corps des officiers, avec son aide-de-camp, et blessa deux hommes.
lui donnèrent une brillante sérénade. Le mar Les grenadiers me tirèrent point le sabre ; ils
| di 8, on assembla secrètement les officiers des se replièrent les uns sur les autres , et cou
; troupes nationales. Sur 13o il n'y en eut que 42 rurent au quartier avertir le régiment de ce
i de priés à l'assemblée. Les aristocrates mirent qui se passoit. Riquetti se refugia chez le maire,
$ en délibération d'aller rendre visite à Riquetti, M. d'Aguilar, aristocrate connu. Tous les ofſi
# au nom de toute la garde mationale, et de lui ciers aristocrates de Touraine et de Verman
5 faire une sérénade au flambeau. Vingt-deux dois arrivèrent pour lui servir d'escorte ; il ne
# .furent de cet avis, les 2o autres s'y opposèrent, resta au régiment que les officicrs de fortune,
et malgré cela la visite et la sérénade eurent et trois ou quatre ci-devant nobles. Touraine
lieu. † grand nombre de ci-devant nobles, prit les armes ; chaque soldat se munit de 2o
· hommes et femmes, d'officiers de troupes ré cartouches , et une à la bouche ; il plaça des
glées et de prêtres assistèrent à cette sérénade , sentinelles à la citadelle , et s'empara de tous
en criant vive Mirabeau, tandis que le peuple les canons et munitions. On battit la charge,
siffloit de toutes ses forces, ce qui est précisé et on fut droit à la maison de M. d'Aguilar, en
ment tout le contraire de ce qui arriva à son criant vive la nation ! vivent les bons bour
-".
frère en Provence en 1789. Dès ce soir, les geois ' Riquetti appella à son secours la muni
esprits commencèrent à s'échauffer , et on cipalité, la garde nationale, et le régiment de
pº · faillit en venir aux mains : cependant il n'y eut | Vermandois.
à

† des propos. Le même jour, le chapitre de Les compagnies bourgeoises de Maillac, de la
aint-Jean , excepté l'abbé Matthieu , avoit Monnoie et de Rennes, et une autre , firent
f#
#
fait une nombreuse députation pour visiter le dire au colonel Tonneau qu'elles étoient en
colonelTonneau ; la noblesse y fut individuel
º lement. armes et gibernes garnies , et qu'elles pren
droient le parti de Touraine envers et contre
Le 9, Riquetti fut rendre les visites à cha tous. La compagnie d'Aguilar soutenoit au con- .
cun des officiers de la garde nationale indivi traire le parti aristocratique. Cependant on par
268 bis.
:
( 7o ) ' . ' «

lementà, et le régiment de Touraine voulut qui sont à Barcelone, et notamment avec un


bien désarmer, après avoi1 pris sa caisse et ôté barou d Ortafa, qui devoeiut venir se joindre
à Riquetti ses drapeaux, qu'il remit au maire , à lui avec nombre d' Fspagnols, de l'argent et
sous la promesse que ſit celui - ci de ne lºs des munitions pour cominenccr la contre-révo
livrer qu'au régiment. - Après midi •. le parti lution à Perpignan. -

aristocratique , croyant être sûr du régiment de Il est juste de remarquer ici que le lieute-,
Vermandois, et pouvoir enſin commencer une mant-colonel de Touraine n'a trempé en rien
guerre civile, mit un gros piquet de ce régi ·lans tous les complots des aristocrates, et qu'il
ment pour garder les drapeaux de Touraine, s'est tenu dans une réserve qui lui fait beaucô up ,
chez le maire. Les grenadiers do Touraine , d'honneur. Il faut aussi distinguer parmi les
instruits de cette circonstance , dcsccndirent bons citcyens qui se sont montrés d§ Cette
comme des furieux, battant la charge , et en occasion , M. Lucia dc Truillas , M. Tastu,
arrivant ajustèrent le piquet de Vermandois, l'abbé Matthieu et les membres du club patrio
qui, au grand étonncment dcc crictocrat^s, inic tique de cette ville. Vivent les patriotes ſ vivent
bas les armes sur le chainp, en disant à leur3 nos bons amis de Perpignan ! nous les atten- .
capitaines qu'ils ne se battroient jamais contre dons au 14 juillet prochain. C....
leurs frères de Touraine. ( } oilà c'cs komi,ºcs
Sénéchaussée de Marseille.
et des vrais patriotec ! ) Il falloit voir alors les
unines alongées et couleur de bigarratie du co L'impudent d'Ambert, colonel du régiment
lonel, du maire et de toute la gent aristocra Royal-la-Marine, vient enfin d'être décrété de
tique. Le 11 , Touraine demanda que son colo prise de corps sur la commuation du décret
nel se rendît au quartier ; il répondit qu'il ne d'ajournement décerné contre lui par la séné
s'y rendroit que pour y perdre la vie , ou se chaussée. Que n'est-il en France ! Nous con
faire obéir par le régiment. M. de Cholet, com moissons les Marseillois ; ils iroient le ohercher
mandant de la place, lui ordonna les arrêts. aux extrémités du royaume. Il est assez éton
Vers midi, les grenadiers et soldats de l'ouraine nant qu'un homme qui s'est mcntré si ouver
arrêtèrent et mirent au cachot dix d'entr'eux
tement l'cnnemi de la révolution, soit encore
qui devoient les trahir , et déclarèrent avoir protégé par le ministère. Nons sonimes instruits
reçu, pour cet effet, de l'argent de M. Despe qu'on a fait des tentatives pour le faire rap
rant, capitaine de grenadiers. On vouloit pen peller par son régiment, que son imprudence
dre ce M. Desperant, mais ses amis le firent a si souvent compromis; mais les soldats m ont
évader.
pas même voulu entendre la lecture de la lettre
Le 12 les sous-officiers, grenadiers et soldats du ministre, et le fidèle Bcrnardote auroit
du régiment de Vermandois, députèrent vers , seul opiné pour le rappel de M. d'Ambert, si |
ceux de Touraine , pour leur dire qu'on leur les soldats ne n'avoient chassé du régiment
avoit offert de l'argent en grande quantité , à avec Roffinot, son digne camarade. Ainsi, ce
condition qu'ils marcheroient contre le régi colonel peut rester à Chambéri, et se livrer
ment de Touraine et la compagnie bourgeoise de encore à ses intrigues amoureuses et politiques.
Maillac; mais qu'ils avoient rejetté ces offres, Peut-être un jour l'esprit de liberté se poapa- .
et qu'ils leur seroient toujours fidèles ainsi gera jusques dans cette ville , et les Savoyards
qu'aux bourgeois. Ils demandèrent de former sentiront qu'il est honteux de donner asyle à
aussi-tôt une fédération avec Touraine , ce qui l'ennemi d'une grande mation , accusé par plus
fut exécuté dans l'instant; de sorte que les aris de cent mille citoyens. Le roi de Sar aigne,
tocrates perdirent tout-à-fait contenance. par ses traités particuliers avec mous , doit
Le 13 de bon matin, Riquetti partit avec les nous renvoyer les criminels de lèze-majesté et
cravates des drapeaux de son régiment. La les concussionnaires ; et depuis une année,
suite de ce vol et de cette fuite est connue ; ses états sont remplis de transfuges concus
mais ce qui ne l'est pas, c'est que Riquetti étoit sionnaires ou de criminels de lèze - mation.
en correspondance avec nombre de François ( L'observateur Marseillois. )
- ~- - - --- «… = ~~~~~ ſå *ſ* → → → → → →
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