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LE CINQ-SEPT

LES FAITS :

 Le 1er novembre 1970 un incendie ravage le


dancing et cause la mort de 146 personnes.
L’ORIGINE DE L’INCENDIE :
 L’hypothèse criminelle ayant été écartée, les
experts ont relevé la défectuosité du système de
chauffage ayant entraîné une surchauffe de l’air
dans les gaines et caissons de ventilation. La
présence d’une couche épaisse de mousse de
polyuréthane a dégagé un volume important de
CO et d’acide cyanhydrique (la combustion est
foudroyante au contact d’un air riche en
oxygène).

 Le feu a couvé un long moment dégageant les


gaz toxiques, puis a pris brusquement une
intensité inouïe au moment de l’ouverture des
portes, embrassant tout l’intérieur et rendant
vaine l’action des secours.
 Facteurs aggravants :

→ Matières plastiques utilisées pour la


décoration

→ Insuffisance des dégagements, de plus


obstrués par des tourniquets, portes
condamnées, défaut de signalisation.
LES RESPONSABILITES :
 Ont été poursuivis et condamnés :

→ Le gérant survivant ;

→ L’installateur du chauffage ;

→ Le directeur de la Société ayant fourni les


produits ayant servi à fabriquer la mousse de
polyuréthane

→ Le maire de St Laurent du Pont


Que lui a-t-on reproché ?

 Saisi de nombreuses doléances des administrés


(bruit), le maire a demandé le transfert du
dancing hors du centre de la localité.

 Par arrêté du 7 novembre 1969, le Préfet de


l’Isère a accordé le permis de construire avec de
nombreuses réserves, notamment relatives à la
défense incendie, le dépôt en mairie de l’avis
d’ouverture du chantier, de la déclaration
d’achèvement des travaux en vue de la
délivrance du certificat de conformité. Il était par
ailleurs indiqué que le maire (entre autres) était
chargé de l’exécution du présent arrêté
Le Maire n’a pas pris d’arrêté d’ouverture

 L’article 24 du décret de 1965 dispose que la


commission est notamment chargée
« d’autoriser l’ouverture de l’établissement »

 L’article 30 dispose que « l’autorisation


d’ouverture est donnée par le maire »

 Le juge a déduit à partir du rôle de la


commission que ce pouvoir ne pouvait
qu’appartenir au maire
Devoirs du Maire

 Il doit se renseigner sur les pouvoirs qui lui sont


confiés.

 Le décret du 13 août 1954, comme les pouvoirs


généraux de police imposaient au maire la
charge de la sécurité.

 Le maire n’a accompli aucune des prescriptions


de l’arrêté de 1969, expliquant qu’il pensait que
son rôle se limitait à le classer dans les archives
de la commune. Il a affirmé ignorer
complètement les dispositions de l’arrêté de
1954 (alors que le préfet avait adressé en 1966
une lettre à tous les maires attirant leur
attention sur ce texte).
 « Attendu que ces constations matérielles qui ne
nécessitent ni connaissances juridiques ni
compétences techniques devaient
immanquablement provoquer de la part de X en
sa qualité de maire, l’intervention de la
commission départementale de sécurité et un
arrêté municipal interdisant l’ouverture du
dancing ; qu’il avait en cas de résistances des
gérants du 5-7 le devoir de s’opposer par voie
d’autorité à toute exploitation en faisant assurer
l’exécution de son arrêté interdisant l’ouverture
tant que l’aménagement de l’établissement
n’aurait pas été conforme à la réglementation. »
 Le maire ne s’est rendu à aucun moment sur le
site, le juge admettant qu’il aurait pu charger un
membre du conseil municipal, ou le capitaine
des pompiers, ou demander le concours de la
commission départementale.

 Le maire exerce ses attributions de police sous


la surveillance et non pas sous l’autorité de
l’administration supérieure. L’aide apportée au
plan départemental ne décharge en rien le
maire, tant au titre de la police générale que des
polices spéciales (qui elles mêmes se complètent
comme la police des E.R.P et celle des permis de
construire).
 « Pour assister les maires dans une tâche dont
la technicité augmente chaque jour », le décret
de 1954 a institué la Commission
départementale de Sécurité, devenue la
C.C.D.P.C. par le décret du 2 décembre 1965.

 « Attendu que, même dans l’ignorance où se


trouvait X de ses pouvoirs, de ses devoirs et
des dangers que représentait l’aménagement du
dancing, il avait, par l’exercice de ses fonctions
de maire depuis de nombreuses années, appris
l’existence à la préfecture de l’Isère de
l’inspection départementale des services
d’incendie et de secours. Attendu qu’en
omettant d’alerter, en pareilles circonstances, ce
service spécialisé comme la plus élémentaire
prudence lui commandait de le faire X a commis
une négligence grave. »
 L’inspection départementale avait adressé aux
maires en 1969 et 1970 des lettres dont l’objet
portait sur « la conformité des ERP ».

 Il appartient donc au maire de solliciter la


Commission et le juge conclut : « qu’en tous
cas, même si ce service n’avait pas provoqué les
contrôles demandés par le maire, l’inspecteur
départemental qui est membre de la
Commission départementale de sécurité aurait
engagé sa responsabilité tandis que Perrin aurait
dégagé la sienne par sa demande de contrôle ».

 Le maire a été condamné à 10 mois de prison


avec sursis.

 T.C de Lyon, le 20 novembre 1972

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