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ÉTUDE D’IMPACT DES ICPE ______________________________________________________________________________________________________________

Étude d’impact des ICPE

Effets de l’installation

l e fonctionnement d’une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) a une


influence certaine sur l’environnement. Il est nécessaire d’évaluer ces effets directs ou indirects,
temporaires et permanents, de l’installation sur l’environnement et, en particulier, sur les sites et
paysages, la faune et la flore, les milieux naturels et les équilibres biologiques, sur la commodité du
voisinage (bruit, vibrations, odeurs, émissions lumineuses) ou sur l’agriculture, l’hygiène, la salubrité ou
la sécurité publique, sur la protection des biens matériels et du patrimoine culturel. Cette analyse précise
notamment, si besoin est, l’origine, la nature et la gravité des pollutions de l’air, de l’eau et des sols, le
volume et le caractère polluant des déchets, le niveau acoustique des appareils qui seront employés ainsi
que les vibrations qu’ils peuvent provoquer, le mode et les conditions d’approvisionnement en eau et
d’utilisation de l’eau. Plus concrètement, l’étude d’impact doit permettre pour chacun des grands types
de nuisance (pollution de l’eau, pollution de l’air, bruit, déchets...) de connaître les effets bruts de
l’installation sur l’environnement pour chacune de ces nuisances.

1. Objectif de l’étude

Les impacts que peuvent engendrer les activités industrielles sont principalement de deux types :
impacts sur l’eau et impacts sur l’air. Toutefois, l’analyse des effets directs ou indirects, permanents ou
temporaires, de l’installation sur l’environnement, et sur différentes cibles, doit aussi prendre en compte
tous les autres domaines environnementaux afin de déterminer l’origine, la nature et la gravité des
pollutions possibles.

Quelques définitions
Cible : récepteur physique ou environnemental, être vivant exposé (homme, faune, flore, eau,
bâtiment...) aux effets d’un danger, direct ou indirect, ou soumis à un risque.
Pollution : introduction, directe ou indirecte, par l’activité humaine, de substances,
préparations, chaleur ou bruit dans l’environnement, susceptibles de contribuer ou de causer un
danger pour la santé de l’homme, des détériorations aux ressources biologiques, aux écosystèmes
ou aux biens matériels, une entrave à un usage légitime de l’environnement.

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2. Environnement de l’installation

On retrouve ici les différents thèmes qui ont été abordés dans l’analyse de l’état initial du site et de son
environnement [G 4 200]. Ainsi, l’analyse des effets de l’installation portera sur les points suivants :
impacts sur le paysage, la faune et la flore, les biens matériels et l’agriculture.

2.1 Impact sur le paysage

Lors de l’exploitation d’une installation classée pour la protection de l’environnement, l’impact essentiel
sur le paysage relève :
— de l’aspect des bâtiments ; — du mode d’exploitation.

Concernant l’impact des bâtiments, si l’exploitant est dans une démarche de régularisation
administrative, sans nouvelle construction, le site comprend des bâtiments qui existent en l’état, pour
certains d’entre eux depuis la date d’implantation de la société sur le site. Il n’y a donc pas d’effets sur le
paysage, ce chapitre devient sans objet. Dans le cas de construction nouvelle, on s’attachera à décrire les
nouvelles installations par rapport à l’existant. Il est souhaitable de demander à l’architecte qui s’occupe
de la construction de décrire les raisons qui ont motivé son choix, autres que les raisons industrielles, pour
donner telle forme au bâtiment, pour l’utilisation de tel ou tel matériau à l’extérieur, pour les couleurs des
bâtiments, etc. Il peut être nécessaire, si l’installation projetée se trouve dans un rayon de 500 m d’un
monument classé, de rappeler les contraintes imposées par l’architecte des Bâtiments de France pour
minimiser l’impact de l’installation sur le paysage.

Concernant l’impact pendant l’exploitation, le fonctionnement de l’entreprise sera décrit sous l’angle
des stockages à l’air libre, facilement visibles depuis l’extérieur de l’emprise du site, de matières
premières, de déchets ou de produits finis. Ainsi, pour certaines entreprises, comme les centres de
regroupement et de prétraitement des déchets tels les déchets banals, il convient de donner les hauteurs
d’empilement des produits à l’extérieur des bâtiments. Pour les installations demandant l’utilisation de
nombreuses palettes, localiser le stockage à l’air libre et indiquer les hauteurs de gerbage. Pour celles
utilisant des matières premières en vrac et nécessitant des silos de stockage, indiquer là aussi leur
emplacement, leur hauteur, leur couleur, etc. En résumé, il faut décrire tout ce qui est à l’extérieur du ou

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des bâtiments, facilement visible par les tiers et susceptibles d’engendrer une gêne visuelle pour le
voisinage.

On rappelle aussi que les lois du 8 janvier 1993 (loi « Paysages ») et du 9 février 1994 ont intégré la prise
en compte du paysage dans la procédure du permis de construire en complétant l’article L. 421-2 du
code de l’urbanisme. Ainsi, tous les dossiers joints à la demande de permis de construire et, par
conséquent, le dossier de demande d’autorisation d’exploiter, doivent comporter, en plus des pièces
habituellement demandées, une ou des vues en coupe précisant l’implantation de la construction par
rapport au terrain naturel ainsi que des documents photographiques permettant de situer le terrain dans le
paysage proche et lointain.

2.2 Impact sur la faune et la flore

De nouveau, il faut regarder la démarche en cours comme une régularisation administrative sans
construction nouvelle ou comme le projet de création d’une nouvelle installation.

Dans le premier cas, si le site est localisé en zone industrielle, dès lors qu’aucun aménagement nouveau
à court terme n’est fait, susceptible de changer la configuration du site et son occupation du sol, le
chapitre est sans objet.

Dans le cas contraire, on s’attachera à déterminer, pour le patrimoine faunistique et floristique, si le


fonctionnement de l’usine peut entraîner la perte d’habitats spécifiques ou la suppression d’habitats
spécifiques entraînant la fuite de la faune terrestre ou avienne.

Dans le cas de la construction d’un bâtiment sur une prairie, l’état initial aura permis de décrire la flore
existante et donc de déterminer l’existence d’un impact par disparition d’une espèce précise.
Autre exemple, celui du comblement de sources ou de mares, qui fera alors disparaître certaines
espèces peut-être protégées comme les titrons crêtés ou autres amphibiens.

Il ne faut surtout pas sous-estimer cette partie du dossier qui a hélas tendance à être généralement un peu
« bâclée » par les exploitants ou les cabinets spécialisés qui rédigent les études d’impact pour le compte
de l’exploitant. Il faut garder à l’esprit que la juridiction administrative est fréquemment appelée à
apprécier le caractère suffisant des études d’impact et à sanctionner les insuffisances substantielles. Les
inexactitudes, omissions ou insuffisances de l’étude d’impact sont susceptibles de vicier la procédure et,

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partant, d’entraîner l’illégalité de la décision d’autorisation, dans l’hypothèse où elles ont notamment pu
avoir pour effet de conduire l’autorité administrative à sous-estimer l’importance des conséquences du
projet sur l’environnement et la commodité du voisinage. Ainsi, dans le cadre d’un arrêté de protection de
biotope, le préfet peut prendre toute mesure de conservation. Il peut interdire, dans les mêmes conditions,
les actions pouvant porter atteinte à l’équilibre des milieux telles que brûlage, destruction des talus et des
haies, épandage de produits antiparasitaires. Ou encore, l’autorisation de défrichement d’un terrain boisé
pour construction d’une unité industrielle faisant partie d’une ZNIEFF (cf. article [G 4 200]) peut être
refusée, et par là même, remettre en cause tout le projet.
Pour conclure ce chapitre de l’impact de l’installation sur la faune et la flore, il convient de s’assurer que
les activités exercées ne sont pas de nature à attirer et favoriser la prolifération de certains rongeurs et
autres nuisibles. Si tel est le cas, par exemple pour certaines industries de l’agroalimentaire, les mesures
compensatoires devront être à la hauteur de l’impact encouru.

2.3 Impact sur les biens matériels et le patrimoine culturel

On s’attachera ici à dire si les biens matériels situés dans la proche périphérie du site et a fortiori ceux
qui en sont plus éloignés, n’ont pas à subir de dégradations résultant de l’exploitation industrielle. Cette
dégradation des biens matériels peut être due à des émissions atmosphériques, par exemple acides, qui
peuvent avoir un impact sur la pérennité des maisons. Dans le même esprit, il convient de rappeler
utilement s’il a été constaté des dépréciations du patrimoine des riverains : le fait d’implanter une nouvelle
unité industrielle peut rendre plus difficile la vente d’un bien, ou la vente peut se faire à un niveau
inférieur à celui du marché immobilier communément admis.

Concernant le patrimoine culturel, les seuls impacts possibles sont associés à une demande de permis de
construire ou à une modification externe des bâtiments existants. Les sites archéologiques et les
monuments protégés au titre des monuments historiques sont alors concernés par la demande. Il est alors
souhaitable que l’étude d’impact comporte au moins un document graphique permettant d’apprécier
l’insertion du projet dans l’environnement, son impact visuel et le traitement des accès et des abords, ainsi
qu’une notice permettant d’apprécier l’impact visuel du projet.

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2.4 Impact sur l’agriculture

De nouveau, plusieurs hypothèses de travail se présentent selon la nature du projet.


Si le site est localisé en zone industrielle, il ne peut pas porter atteinte à la vocation agricole des environs
du site, le chapitre est donc sans objet.
Dans le cas contraire, le projet est soumis aux dispositions de la nouvelle loi d’orientation agricole du 9
juillet 1999 qui a adopté certaines mesures nouvelles en matière d’urbanisme : conditions d’éloignement
pour l’implantation ou l’extension d’un bâtiment ; réalisation dans chaque département d’un document de
gestion de l’espace agricole et forestier ; classement en tant que zones agricoles protégées des zones
agricoles présentant un intérêt général en raison soit de la qualité de leur production, soit de leur situation
géographique ; dans le cadre de la procédure d’élaboration des documents d’urbanisme réduisant l’espace
agricole ou forestier, consultation obligatoire de la chambre d’agriculture, de l’institut national des
appellations d’origine (INAO), du centre régional de la propriété forestière (CRPF).

Il s’agit donc ici de déterminer comment le projet industriel s’inscrit, au niveau départemental, dans la
politique agricole commune.

3. Pollution de l’eau

L’influence sur les eaux d’une installation classée pour la protection de l’environnement représente un
des points importants à prendre en compte dans l’étude d’impact. En effet, d’une manière générale, l’eau
est le principal vecteur de nuisances et/ou de pollution.

Vecteur (de pollution) : milieu, organisme, support physique minéral ou organique, liquide, solide ou
gazeux, susceptible de transmettre un élément polluant ou infectieux vers une cible à partir d’une
source de pollution, par des processus de transport identifiés.

Les différentes études menées sur la géologie et l’hydrogéologie du site (cf. article [G 4 200]) ont permis
de prendre en compte cet élément fondamental eau et de déterminer les conséquences qui s’imposent vis-
à-vis de l’exploitation.

La difficulté ici est de bien recenser, à travers l’ensemble des activités qui sont ou seront exercées sur le
site, les interactions possibles avec les eaux, que ce soit en situation normale ou en situation dégradée.
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Sans être ici exhaustif, chaque dossier étant un dossier particulier avec ses propres spécificités
industrielles, les points suivants, que l’on retrouve en toutes circonstances, doivent être étudiés :
— conditions d’approvisionnement et d’utilisation de l’eau ;
— origine des eaux utilisées (nappe, réseau...) et débit ;
— eaux de refroidissement (débit, collecte, rejet, recyclage) ;
— eaux de procédé (lieu d’apparition, débit, qualité, concentrations et flux moyens et maximal en
polluants, impact sur le site et sur le milieu récepteur) ;
— eaux discontinues provenant de lavages, vidanges, purges, eaux d’extinction d’incendie (lieu
d’apparition, débit, qualité, concentrations et flux moyens et maximal en polluants, impact sur le site et
sur le milieu récepteur) ;
— risques de pollutions accidentelles (dépôts ou utilisation de produits nocifs, hydrocarbures, acides...) ;
— mode de collecte et de rejet des eaux pluviales, disposition en cas d’orage...

A ce stade du dossier, il importe de donner uniquement la liste, si possible quantitative, des interactions
avec le domaine eau ; il ne faut pas faire état des mesures compensatoires envisagées ou déjà existantes.
Celles-ci sont l’objet du dernier article sur l’étude d’impact [G 4 202].

3.1 Impact sur les eaux souterraines

Une pollution des eaux souterraines ne pourra se produire que si des produits toxiques atteignent un
niveau aquifère sous-jacent au droit du site, le front de propagation pouvant éventuellement atteindre des
points de captage d’alimentation en eau potable en aval hydraulique.
Une attention toute particulière doit être portée à l’impact potentiel de l’activité sur la nappe, si celle-ci
est proche de la surface, eu égard à son rôle potentiellement important de réservoir principal en eau de la
région.

Les risques de pollution des eaux souterraines sont liés à un dysfonctionnement de l’activité du site
(accident ou incident) ou à une pollution chronique : en effet, les rejets directs ou indirects provenant des
installations classées pour la protection de l’environnement, à l’exclusion de ceux dus à la réinjection dans
leur nappe d’origine d’eaux à usage géothermique, d’eaux d’exhaure des carrières et des mines ou d’eaux
pompées lors de certains travaux de génie civil, sont interdits dans les eaux souterraines pour les
substances listées dans l’arrêté du 10 juillet 1990. De plus, le rejet dans le sol d’eaux usées à l’aide de
puits perdus et de puisards absorbants est interdit (arrêté du 6 mai 1996, art. 3). Ainsi, le seul impact
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envisageable sur les eaux souterraines, non compris sur les ressources en eau potable traitées dans le
paragraphe suivant, est une pollution par transfert vertical dans les sols d’une contamination.

Ce type de pollution peut se produire lorsque les eaux de pluie percolent à travers des sols imbibés par
des produits toxiques, ou à travers des substances ou préparations toxiques disposées sur le sol, et se
chargent en éléments polluants en formant ce que l’on appelle des lixiviats. Cette accumulation de
produits toxiques dans les sols est possible en cas de fuite des différentes citernes et bassins enterrés et
contenant des déchets liquides dangereux pour l’environnement. Elle peut aussi se produire par le
déversement accidentel de matière première toxique stockées sans rétention. Enfin, elle peut être le
résultat d’une pollution diffuse chronique, où de petites quantités de produits toxiques se retrouvent dans
les sols, mais, qui accumulées sur une longue période d’exploitation, deviennent source importante de
pollution (cas des égouttures, par exemple).

Il convient donc ici de recenser tous les lieux de stockage de produits toxiques, aériens ou enterrés, pour
lesquels un incident ou un accident pourrait être à l’origine d’une pollution des sols et donc, à terme,
d’une pollution des eaux souterraines. Il convient aussi de considérer les différentes parties des process
mettant en œuvre des liquides toxiques.

Attention, on observe parfois, dans les études d’impact, des affirmations péremptoires selon lesquelles
l’activité susceptible de provoquer une pollution se faisant à l’abri des eaux pluviales et sur une dalle en
béton, la contamination des sols est impossible en l’absence de vecteur de transfert, l’eau de pluie en
général. Il est important de préciser, d’une part, que ces affirmations sont fausses pour ce qui concerne les
produits de type hydrocarbures. En effet, un béton classique n’est pas étanche aux hydrocarbures, et l’on
connaît aujourd’hui nombre de sites pollués par des organochlorés du type trichloréthylène parce que
l’exploitant pensait qu’un sol en béton était suffisant pour contenir le produit. Non seulement le béton
n’est pas imperméable, mais en plus il se dégrade sous l’action de ces produits, augmentant ainsi sa
porosité ouverte et sa perméabilité, et favorisant les transferts de polluants vers les sols. D’autre part,
lorsque le produit en jeu n’est pas un hydrocarbure, il peut y avoir transfert dans le sol par suite de
déversements acides (cas des ateliers de charge de batterie par exemple, avec pollution par le plomb), ou
encore sous l’action des eaux de lavage des sols qui vont permettre le transfert au fil du temps du produit à
travers le béton.

Autrement dit, les impacts potentiels sur les eaux souterraines susceptibles de résulter de l’exploitation
de l’installation sont plus importants que généralement envisagés. Une revue complète de ces impacts est
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nécessaire pour définir les mesures compensatoires ad hoc : résine ou peinture époxy sur les sols,
carrelages...
3.2 Impact sur les captages d’alimentation en eau potable

L’impact envisageable sur les ressources en eau et, plus particulièrement, sur les captages d’alimentation
en eau potable (AEP) peut provenir d’une consommation importante d’eau dans le processus de
fabrication pouvant entraîner :
— une pénurie d’eau pendant une période de sécheresse avec restriction d’eau : des mesures de
limitation, de suspension provisoire des usages de l’eau peuvent être prises pour faire face à une menace
ou aux conséquences d’accident, de sécheresse, d’inondations ou à un risque de pénurie quelle qu’en soit
la cause (loi
n° 92-3, 3 janv. 1992, art. 9-1°) ;
— l’impossibilité d’alimenter correctement les robinets des habitations suite à un sous-dimensionnement
du captage d’AEP.
Il convient de recenser ici tout ce qui a trait aux conditions d’approvisionnement et d’utilisation de l’eau
et ainsi préciser si le mode d’approvisionnement en eau du site se fait uniquement par sollicitation du
réseau d’eau potable et/ou par l’intermédiaire d’un ou plusieurs puits industriels.
Il faut indiquer la consommation totale en eau potable pour l’année écoulée ou une estimation, dans le
cas d’un nouveau projet. Cette consommation en eau sera répartie, en quantité, selon les différents usages
sur site : eaux vannes, eaux de refroidissement, eaux de procédé... Pour chacun des grands usages, il faut
préciser le lieu d’utilisation sur site, le débit d’utilisation et, en particulier, s’il est continu ou discontinu,
s’il existe un recyclage en interne pour limiter la consommation, si les eaux de refroidissement sont bien
en circuit fermé...
A la suite de quoi, sur la base des éléments collectés lors de l’analyse de l’état initial du site et de
l’environnement, il convient d’indiquer la part que représente la consommation d’eau. Déterminer ainsi
l’importance de la sollicitation du réseau d’adduction d’eau, en direct ou par l’intermédiaire d’un puits
captant la même eau de ressource.

3.3 Impact sur les eaux superficielles

Les impacts envisageables sont liés :


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— à un déversement accidentel de produits toxiques dans le réseau hydrographique ;


— au rejet des eaux vannes, des eaux de refroidissement ou de purge, des eaux de process avant ou après
traitement dans la station d’épuration interne ;
— au rejet des eaux de pluie ayant circulé sur les toits et sur voiries ;
— au rejet des eaux d’extinction d’un incendie.
Ces rejets peuvent engendrer une contamination du réseau superficiel.

Contamination : présence anormale d’une substance, de micro-organismes dans un milieu, un objet,


ou un être vivant. La notion de contamination est appliquée historiquement, et dans l’ordre, aux micro-
organismes, puis aux substances radioactives et aux polluants.

Dans un premier temps, il faudra mentionner l’ensemble des points de rejet vers le milieu naturel
et/ou vers une station collective de traitement des eaux, en gardant à l’esprit que les points de rejet dans
le milieu naturel doivent être en nombre aussi réduit que possible et doivent permettre une bonne diffusion
des effluents dans le milieu récepteur. Les dispositifs de rejet doivent être aménagés de manière à réduire
autant que possible la perturbation apportée au milieu récepteur, aux abords du point de rejet, en fonction
notamment de l’utilisation de l’eau à proximité immédiate et à l’aval de celui-ci.
Pour chacun de ses points de rejet, préciser le débit du rejet, son mode (continu/discontinu) et surtout, la
qualité des rejets (concentrations, flux moyens et maximal en polluants). Ces données sont fondamentales
car elles vont permettre à l’autorité administrative de fixer les valeurs limites de rejet dans l’arrêté
d’autorisation sur la base de l’emploi des meilleures technologies disponibles à un coût économique
acceptable (telles que déterminées dans l’article [G 4 202] sur les mesures compensatoires) et des
caractéristiques particulières de l’environnement (telles que spécifiées dans l’article [G 4 200] sur l’état
initial de l’environnement). Des valeurs limites doivent être fixées pour le débit des effluents, pour les
flux et pour les concentrations des polluants principaux. Par ailleurs, l’arrêté d’autorisation précisera le
milieu dans lequel le rejet est autorisé ainsi que les conditions de rejet. Les valeurs limites doivent être
compatibles avec les objectifs de qualité du milieu récepteur, les orientations du SAGE et du SDAGE (s’il
existe) et la vocation du milieu piscicole (toutes ces informations ont été collectées lors de l’étape
précédente de l’étude d’impact).

Dans ce but, l’arrêté d’autorisation fixe plusieurs niveaux de valeurs limites selon le débit du cours
d’eau, le taux d’oxygène dissous (ou tout autre paramètre significatif) et la saison pendant laquelle

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s’effectue le rejet. Il fixe également pour les eaux superficielles le débit maximal journalier, la
température des effluents rejetés, le pH et la modification de la couleur du milieu récepteur à ne pas
dépasser. Des valeurs limites sont fixées pour les matières totales en suspension, les demandes chimique
et biologique en oxygène, l’azote, le phosphore et d’autres substances énumérées à l’article 32 de l’arrêté
modifié du 2 février 1998 relatif aux prélèvements et à la consommation d’eau ainsi qu’aux émissions de
toute nature des installations classées pour la protection de l’environnement soumises à autorisation.

En d’autres termes, l’étude de l’impact des rejets sur le réseau hydrographique doit prendre en compte
les obligations à venir de l’arrêté préfectoral, arrêté qui sera construit sur la base des dispositions
réglementaires édictées dans l’arrêté ministériel du 2 février 1998.
Ces dispositions ne s’appliquent pas pour : les installations de combustion visées par l’arrêté du 20
juin 1975 et par l’arrêté du 27 juin 1990, et n’appartenant pas à une raffinerie de produits pétroliers, les
turbines à moteur, les carrières et installations de premier traitement des matériaux de carrières, les
cimenteries, les papeteries, les verreries et cristalleries, les installations de traitement (incinération,
compostage...), stockage ou transit de résidus urbains ou de déchets industriels, les établissements
d’élevage, les installations d’incinération de cadavres d’animaux de compagnie et les ateliers de
traitement de surface.

Ce qui vaut pour les rejets liés à l’activité industrielle vaut aussi pour deux autres catégories de rejets : les
eaux pluviales et les eaux d’extinction d’incendie.

Pour les eaux pluviales, sur la base d’une pluie décennale telle qu’identifiée auprès des services de
Météo France, en prenant en compte les surfaces imperméabilisées du site, calculer :

— la quantité d’eau susceptible de ruisseler sur les voiries et les parkings, et donc susceptible de se
charger en hydrocarbures et en matières en suspension ainsi qu’en produits polluants liés aux émissions
atmosphériques des activités de l’installation concernée ;
— la quantité d’eau susceptible de ruisseler sur les toitures, et donc susceptible de se charger en produits
polluants liés aux émissions atmosphériques des activités concernées.

Déterminer ces polluants et renvoyer à l’étude de l’impact des activités sur le milieu air pour déterminer
les concentrations en ces produits. Pour les eaux d’extinction d’incendie, lister aussi l’ensemble des
produits toxiques susceptibles d’être mis en solution en cas d’incendie. Pour ce faire, la lecture des fiches
de données de sécurité est particulièrement instructive : elle donne généralement les produits de la

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décomposition thermique de la substance étudiée, donc ceux susceptibles de se retrouver dans les eaux
d’extinction. Puis, renvoyer à l’étude des dangers pour le calcul de la quantité d’eau que l’on pense être
nécessaire pour éteindre un incendie.

3.4 Impact sur la santé

L’étude d’impact doit également porter sur les effets de l’installation sur la santé. Cette exigence,
figurant implicitement à l’article 3-4° du décret du 21 septembre 1977, est désormais indiquée
expressément à l’article 2 modifié de la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature.

Le ministre de l’Environnement a diffusé par circulaire (circ. DPPR/ SEI n° 00-317, 19 juin 2000 non
publiée au JO) une note de la Direction de la prévention des pollutions et des risques, visant à préciser le
cadre et les grands principes de l’étude de l’impact sur la santé publique, dans les demandes
d’autorisation.

Tout en insistant sur la nécessité de renforcer, dans les études d’impact, l’examen des aspects relatifs à la
santé, la note rappelle que la loi du 30 décembre 1996 (loi sur l’eau) – qui prévoit, dans l’étude d’impact,
une étude des effets sur la santé – n’a en rien modifié le droit dans le cas des installations classées. Sur le
plan de la présentation de l’étude d’impact, la note indique que le contrôle du juge administratif n’est pas
formaliste et qu’en particulier rien n’impose la présentation d’un « volet sanitaire ». Au contraire, selon la
note, il sera « le plus souvent souhaitable que l’étude détaille les effets sur la santé et les mesures de
prévention pour chacune des voies d’impact concernées (air, eau, déchets) sans procéder à un
regroupement artificiel qui réduirait la lisibilité du document ».

C’est pourquoi nous présenterons l’impact sur la santé des installations par voies d’impact et non selon
un regroupement artificiel.

Le cadre méthodologique que nous retiendrons est celui de la démarche d’évaluation des risques
sanitaires (ERS) à la fois parce qu’elle constitue la démarche la plus appropriée pour étudier des risques «
à venir » et la plus aboutie pour caractériser des risques « faibles ». C’est aussi la démarche retenue par le
groupe de travail de l’Institut de veille sanitaire qui a élaboré un guide de lecture des études santé à
destination des inspecteurs des installations classées. Notons que ce guide n’est pas, à proprement parler,
un guide méthodologique pour la réalisation du volet sanitaire d’une étude d’impact. Il s’agit avant tout
d’un document qui vise à formaliser ce que devrait être, d’un point de vue de santé publique, le contenu
optima du volet sanitaire.

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La structure du volet sanitaire se décomposera classiquement en deux parties : la première partie doit
être consacrée à la synthèse claire de la situation considérée et à la définition précise des objectifs de
l’étude. Ensuite, bien que tous les projets d’aménagement ou d’activité ne soulèvent pas les mêmes
préoccupations en termes d’impacts sanitaires potentiels, la deuxième partie doit être construite selon les
quatre étapes de la démarche d’évaluation des risques :
— identification des dangers ;
— définition des relations dose-réponse ; — évaluation de l’exposition humaine ; —
caractérisation des risques.
Les première et troisième étapes de l’ERS dépendent étroitement de la qualité des informations produites
dans la partie descriptive de l’étude d’impact. En outre, la démarche d’évaluation des risques sanitaires
(ERS) pourra se dérouler en l’adaptant plus ou moins au contexte du projet.

Enfin, le volet sanitaire devra comporter une conclusion résumant, commentant et mettant en évidence
les résultats escomptés.
3.4.1 Identification des dangers

L’identification des dangers et effets sanitaires indésirables se fait à partir d’études ayant permis
d’établir une relation causale entre la survenue d’un ou plusieurs effets toxiques sur un organisme vivant
et l’exposition à une substance chimique, selon le type de contact (voie, intensité, durée) considéré dans
l’évaluation.

Il est rare qu’un seul agent dangereux soit concerné par cette étape. Aussi, il faut considérer tous les
produits présents dans l’entreprise et susceptibles d’être rejetés vers le milieu extérieur par l’intermédiaire
du vecteur eau. Ainsi, dans le cas d’un mélange de substances chimiques, les dangers seront identifiés
pour chaque substance ou chaque famille de substances dont les effets sont de même nature (par exemple,
dioxines) à chaque fois que cela est possible. Cependant, dans la plupart des cas, le nombre de substances
en présence, parfois plusieurs dizaines, rend le processus d’évaluation complexe. Sous réserve d’une
justification des critères de sélection, on peut alors procéder à un choix raisonné d’un nombre limité de
polluants, éventuellement combiné à l’utilisation d’indicateurs globaux.

A cet égard, les critères suivants peuvent être utilisés :


— importance des émissions ;
— nocivité (cancérogénicité, effet immunologique, endocrinien ou neurologique) ;
— bioaccumulation dans la chaîne alimentaire ;
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— substances persistances dans l’environnement ;


— sensibilité particulière d’un groupe d’individus existant dans la population exposée ;
— synergie avec d’autres polluants.

L’analyse des fiches de données de sécurité est, à ce propos, un excellent moyen de sélectionner les
produits qui seront étudiés et de justifier des choix à venir. On peut ainsi choisir de retenir
systématiquement toutes les substances ayant un effet cancérogène et de procéder à une sélection
raisonnée pour les autres.

Le recensement des agents en présence est fait dans les différents chapitres du dossier de demande
d’autorisation d’exploiter (étude d’impact et étude des dangers notamment). Ce recensement permet de ne
garder que les produits (matières premières, produits finis, intermédiaires de fabrication) dont une action
peut être attendue sur la santé parce qu’il existe un vecteur de transfert et uniquement pour ces composés.

Au cours de cette première étape doivent donc être d’abord analysées les informations concernant les
caractéristiques chimiques, microbiologiques et physiques afférentes au projet, de même que sa capacité à
générer des accidents sur les personnes. La liste des agents chimiques, microbiologiques et physiques
susceptibles d’être émis par la future installation en sera déduite. Le potentiel dangereux de chacun de ces
agents sera ensuite identifié. Cette identification peut être réalisée à partir des données scientifiques
disponibles et accessibles, par exemple, sur des sites web (cf. Doc. [G 4 203]).

Ces produits, leur utilisation, leur voie de formation, leur danger – toxicologie (chronique ou à défaut
aiguë) ou épidémiologie –, les effets (dont population sensible quand effet reconnu), seront repris dans des
tableaux pour chaque mode de pénétration dans l’organisme.

C’est cette méthode qui a été utilisée, par exemple, pour évaluer les risques liés aux rejets
atmosphériques dus à l’incinération des déchets.

Les voies d’exposition correspondant aux dangers identifiés doivent être systématiquement relevées car
elles permettent d’orienter l’étape d’évaluation de l’exposition.

Dans le cas présent, il s’agit de reconnaître le devenir des rejets d’eau à l’extérieur de l’emprise du site.
De même, les groupes de population présentant une sensibilité particulière à l’agent seront décrits.
L’importance et le niveau de complexité de l’évaluation des risques seront conditionnés par le nombre et
la nature des agents et dangers mis en avant au cours de cette étape. Pour certains projets, cette première
étape pourra conclure à l’absence de potentiel dangereux identifié pour l’homme, si, toutefois, cette

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absence de potentiel dangereux du (ou des) agent(s) émis ne relève pas d’un manque de connaissances
scientifiques.
Pour le vecteur eau, en matière de voies de pénétration et en connaissance de l’environnement, nous
retiendrons en général les voies orales et cutanées. Le tableau 1 donne un exemple de présentation de la
liste des produits susceptibles de se retrouver dans les eaux superficielles et/ou dans les eaux souterraines.
(0)

Tableau 1 – Exemple de présentation des produits susceptibles de se retrouver dans les eaux
superficielles et/
ou souterraines
Appellation commerciale
ou nom chimique
Formulation (% produits)

Utilisation

Voie de formation (1)

Effets par voie orale et


cutanée (2)
(1) Pl : produit intermédiaire ; RI : produit de rinçage ; PF : produit fini ; MP :
matière première, etc.
(2) T : toxicologie ; E : épidémiologie ; B : bioaccumulation.

A noter que nous étudierons, dans le paragraphe relatif au transfert par l’air, les éventualités d’un impact
de polluants gazeux, particulaires ou vésiculaires sur les eaux superficielles, le sous-sol et, par voie de
conséquence, les eaux souterraines (phénomène de lixiviation par les pluies).

3.4.2 Définition des relations dose-réponse

Cette deuxième étape fait appel aux données scientifiques disponibles sur la (ou les) relation(s) entre les
niveaux d’exposition et la survenue des dangers étudiés qu’elle(s) décrit(vent) précisément.

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La relation dose-réponse, spécifique d’une voie d’exposition, établit un lien entre la dose de
substance mise en contact avec l’organisme et l’occurrence d’un effet toxique jugé critique.

Préalablement à toute étude, il faut également rappeler que les études toxicologiques concernent des
sujets appartenant à des populations variées, sans distinction systématique du point de vue sociologique,
des travailleurs ou des volontaires..., dont les sensibilités physiologiques sont différentes et dont le sexe et
le régime alimentaire sont variables... Les données humaines générales utilisées dans ce type d’étude ou
dans la détermination de doses admissibles par l’homme sont, selon la littérature :
— le poids d’un homme : 70 kg ;
— le volume moyen respiré par jour : 20 m3 ;
— la consommation d’eau par jour : 2 L ;
— la consommation de viande par jour : 125 g ; — la consommation de poisson par jour : 10 g ; — la
consommation de produits laitiers par jour : 371 g ; — la consommation de végétaux (poids frais) par
jour : 558 g.
Que ce soit pour les effets toxiques à seuil de dose ou pour ceux pour lesquels l’absence de seuil est
admise, les relations entre la dose et la réponse (l’effet lui-même pour les premiers ou la probabilité
d’effet pour les seconds) peuvent s’exprimer par des indices toxicologiques regroupés sous le terme
générique de valeur toxicologique de référence (VTR).
Ces VTR sont disponibles, par exemple, via la base de données IRIS de l’US-EPA
(www.epa.gov/ncea/iris.htm) ou le site de l’ATSDR (www.atsdr1.atsdr.cdc.gov). Elles sont régulièrement
actualisées en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques.

La base IRIS fournit les ERU (excès de risque unitaire) disponibles pour des produits cancérigènes et/ou
probablement cancérigènes. La base de l’ATSDR fournit les MRL (minimal risk levels) des produits
toxiques. Ces MRL correspondent à la valeur toxicologique de référence pour les effets toxiques à seuil.
L’OMS, le CIRC, le CSHPF ou encore l’INRS fournissent également des valeurs toxicologiques de
référence (cf. [Doc. G 4 203]) parmi lesquelles on peut trouver celles définies dans l’encadré 1.

Encadré 1 – Valeurs toxicologiques de


référence

CL50 : concentration létale 50 % ou concentration létale moyenne (ppm, ppb, ppt, mg/m 3
(air, mg/L (eau)) qui correspond à une concentration dans l’air qui, au bout d’un temps donné

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(4 ou 8 h selon protocoles), entraîne la mort de 50 % de la population d’êtres vivants testée. Il


s’agit d’absorption par voie pulmonaire uniquement et dans le cas d’intoxications aiguës.
LOAEL : lowest adverse effect level (mg/m3 ou ppm) qui correspond au plus petit niveau
d’exposition pour lequel il y a statistiquement ou biologiquement des élévations significatives
de la fréquence d’apparition d’effets nocifs entre la population d’être vivants exposée et son «
échantillon témoin ».
NOAEL : no observed effect level (mg/m3 ou ppm) qui correspond au niveau d’exposition
pour lequel il n’y a pas statistiquement ou biologiquement d’élévation de la fréquence
d’apparition d’effets nocifs entre la population d’être vivants exposée et son « échantillon
témoin ».
DL50 : dose létale 50 % ou dose létale moyenne (mg/kg de poids corporel) qui correspond à
la dose qui tue, au bout d’un temps donné, 50 % de la population d’êtres vivants à laquelle on
l’a fait absorber, uniquement par inhalation. Il s’agit de cas d’intoxications aiguës.
VLE : valeur limite d’exposition (mg/m 3 ou ppm) qui correspond à la concentration que
peut respirer une personne pendant 15 min sans que sa santé en soit altérée.
VME : valeur moyenne d’exposition (mg/m 3 ou ppm) qui correspond à la moyenne des
concentrations à laquelle est effectivement exposée une personne pendant un travail de 8 h/j à
raison de 40 h/semaine.
DJA : dose journalière admissible (mg/kg de poids corporel/j) qui correspond à la dose
journalière maximale admissible de polluant absorbée par les voies respiratoires, digestives,
cutanées sans apparition d’effets.
DJE : dose journalière d’exposition (mg/kg de poids corporel/j) qui correspond à la somme
des doses de polluant auxquelles le sujet a été exposé par les voies respiratoires, digestives,
cutanées. Il s’agit de doses arrivées aux barrières de l’organisme et pas de celles
effectivement pénétrées et des variables sont prises en compte dans les modèles (alimentation,
usage de l’eau pour l’hygiène corporelle, caractères physiologiques et sociologiques des
sujets).
TLV : threshold limit value (mg/m3 ou ppm), c’est-à-dire concentration limite moyenne
d’un polluant (pondérée en fonction du temps) dans l’air inspiré dans le milieu industriel.
PEL : permissible exposure limit (mg/m3 ou ppm), c’est-à-dire limite admissible

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d’exposition ou teneur limite moyenne (pondérée en fonction du temps) à laquelle peuvent


être exposés des travailleurs pendant une période de relève (8 h/j, 40 h/semaine).

L’absence de VTR ne permettra pas de finaliser la démarche de l’ERS. Dans ce cas, les conclusions et
recommandations du volet sanitaire prendront en compte l’existence et les caractéristiques des populations
exposées ainsi que leurs niveaux d’exposition. C’est pourquoi il est nécessaire, même en l’absence de
VTR, de continuer la démarche et d’aborder la troisième étape. Il sera possible, dans certaines situations,
de proposer des études complémentaires afin d’améliorer les connaissances sur les impacts sanitaires des
expositions à l’agent étudié.

La conclusion de cette étape pourra alors prendre la forme d’un tableau récapitulatif tel que le tableau 2.
Ce tableau doit permettre d’établir, quand les données en donnent la possibilité, le ratio de la dose
d’exposition sur la dose admissible.

3.4.3 Évaluation de l’exposition humaine

L’exposition, dont la définition générale est le contact entre un organisme vivant et une situation ou un
agent dangereux, peut aussi être considérée comme la concentration d’une substance chimique dans le ou
les milieux pollués mis au contact de l’homme.

Au cours de cette troisième étape, les informations concernant la diffusion ou la propagation des agents
dans les différents milieux de vie, en particulier ceux participant à la ou aux voies d’exposition décrites
dans l’étape d’identification des dangers, seront utilisées. Les niveaux de pollution de ces différents
milieux seront estimés en recourant à une modélisation et/ou à l’analyse d’échantillons prélevés dans le
milieu « eau » environnant des installations existantes.

Les populations en contact avec ces milieux « eau » seront recherchées, une attention particulière étant
portée aux populations sensibles décrites dans la première étape. Pour les ICPE, les informations
nécessaires à la réalisation de cette étape sont présentes dans les éléments descriptifs de l’étude d’impact
et doivent y être suffisamment détaillées.

Avant tout, il convient de rappeler la définition suivante :

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La dose est la quantité de substance présentée à l’une des barrières biologiques de l’individu exposé
(dose externe) ou l’ayant traversé (dose interne), ramenée à une unité de poids corporel et de temps
(mg/kg/j) dans le cas de pénétration orale ou cutanée ou bien de concentration admissible dans l’air (µ
g/ m3) qu’il est aussi possible d’exprimer dans l’unité précédente en utilisant le poids humain et le
volume respiré par jour.

Selon les milieux ou les sources de nuisances, les aires d’exposition retenues seront différentes.

Les raisons qui guideront le choix de ces aires d’exposition sont les suivantes :

— caractère dangereux d’un produit (étiquetage CE), études toxicologiques (animaux, homme),
épidémiologiques, cas de désordres graves dans le milieu professionnel ;
— quantité de ce produit dans les rejets ou, en l’absence d’analyse par modélisation, simple estimation
en référence aux quantités employées ceci en connaissance des performances des modes épuratifs ou des
procédés ;
— voisinage des aires d’étude : type de population et nombre, nature et éventuel débit du milieu
récepteur, captages déclarés, zone de baignade, possibles conséquences d’entraînements de pollution,
jardinage, agriculture, ERP, animaux domestiques et éventuel devenir dans la chaîne alimentaire.

L’existence de ces différents paramètres place alors le milieu dans une gamme de sensibilité (faible,
moyenne, forte). Cette plus ou moins grande vulnérabilité correspondra ensuite, de façon empirique, à des
distances pour lesquelles la population est la plus exposée.

Tableau 2 – Établissement du ratio dose d’exposition/dose admissible


Nom de Natur Voie de Distance Concentratio Moyen de Valeurs de
la e de transmissio source/cibl n à la calcul de la références «
substanc la n (2) e distance concentratio santé publique
e cible (m) (mg/L) n (3)/ratio » (mg/L)
dans le (1) Eau Alimentatio Valeurs
produit de n animale
boisso (5) s
n (4)

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(1) N : nourrisson ; A : adulte ; E : enfant ; PA : personne âgée.


(2) O : orale (ingestion d’eau ou consommation d’espèces végétales ou animales ou produits dérivés) ; C :
cutanée.
(3) ES : estimation ; M : modélisation ; A : analyse.
(4) Transposition de la directive 80/778/CE du 15 juillet 1980 en droit français par le décret n° 89-3 du 3
janvier 1989 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux minérales
naturelles.
(5) Conseil supérieur d’hygiène publique de France ou INSERM 2000.

Cette étape d’évaluation de l’exposition peut aboutir à une absence d’exposition (en raison d’absence de
population au contact des milieux eau concernés). Dans ce cas, la démarche d’ERS s’arrêtera à ce stade.

Lorsque l’évaluation de l’aire d’exposition indique le rayon de la zone affectée autour du site, et qui
concerne par exemple uniquement un éventuel aval de cours d’eau par rapport au site, les constatations
peuvent être du type de celles exposées dans le tableau 3.

(0)

Tableau 3 – Exemple d’évaluation de la nature du risque


Nature du risque sanitaire Rappel Effet présumé
du
ratio
Contact cutané de la population (laquelle et nombre ?)

Absorption d’eau ou consommation


d’espèces végétales ou animales
(laquelle et nombre ?)

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3.4.4 Caractérisation des risques

La quatrième et dernière étape repose sur l’utilisation des résultats des étapes précédentes. Elle aboutit à
l’estimation d’un excès de risque individuel et au calcul de l’impact de ce risque appliqué à la population
concernée dans le cas d’un produit cancérogène agissant sans seuil. Dans le cas d’un effet toxique à seuil,
elle permet le calcul du quotient de danger et l’estimation du pourcentage de la « population d’intérêt »
dont le niveau d’exposition est supérieur à la VTR.

En cas d’exposition conjointe à plusieurs agents dangereux, l’USEPA recommande de faire la somme
des quotients de danger (QD) des agents ayant des effets toxiques identiques (même mécanisme d’action
et même organe cible) et, pour les dangers cancérogènes, d’additionner tous les excès de risque
individuels (ERI) quels que soient le type de cancer et l’organe touché, de manière à apprécier le risque
cancérogène global qui pèse sur la population exposée. Il est à souligner que cette procédure a été reprise
dans une circulaire du MATE (ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement), datée du
10 décembre 1999, portant sur les principes de fixation des objectifs de réhabilitation des sites et sols
pollués.
3.4.5 Présentation des conclusions

Il est nécessaire que l’évaluation des risques se termine par une conclusion dans laquelle les résultats de
l’évaluation seront résumés, commentés et mis en perspective (c’est-à-dire resitués dans leur contexte
pour en tirer les conclusions qui s’imposent, notamment en termes de prévention). S’il y a lieu, des
mesures complémentaires pour supprimer les dangers ou réduire les niveaux d’exposition seront
proposées. Leurs limites et les gains qu’elles apportent sur la quantification globale des risques seront
discutés.
Des études complémentaires seront proposées dans l’article sur les mesures compensatoires [G 4 202]
les incertitudes sont jugées trop importantes (notamment en termes de nature et de niveau de polluants
émis ou préexistants, de toxicité, de connaissance des valeurs toxicologiques de référence, etc.).
Des recommandations seront faites pour garantir le maintien des risques à un niveau inférieur ou égal à
celui caractérisé par l’évaluation des risques, dans la perspective de changements potentiels dans les
caractéristiques des émissions ou de la population exposée. Une surveillance adaptée pourra être proposée,

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qui s’attachera à estimer au mieux les niveaux d’exposition de la population générale ou des populations
sensibles.
Il pourra également être recommandé de reconduire cette évaluation des risques, s’il est jugé que des
changements importants peuvent intervenir dans les niveaux d’émission des polluants ou dans la
distribution de la population autour du site.

Enfin, une évaluation de l’impact sanitaire pourra être préconisée en période de fonctionnement en
tenant compte des mesures d’exposition qui auront pu être obtenues.

4. Pollution de l’air

L’influence des rejets atmosphériques d’une installation classée pour la protection de l’environnement
sur la qualité de l’air représente le deuxième point important à prendre en compte dans l’étude d’impact.
Les différentes études menées sur la qualité de l’air du site ont permis de prendre en compte cet élément
fondamental « air », et de déterminer les conséquences qui s’imposent vis-à-vis de l’exploitation. La
difficulté ici est de bien recenser, à travers l’ensemble des activités qui sont ou seront exercées sur le site,
les émissions possibles dans l’atmosphère, que ce soit en situation normale ou en situation dégradée.
Chaque dossier est un dossier particulier avec ses propres spécificités industrielles, mais, les points
suivants, que l’on retrouve en toutes circonstances, doivent être étudiés :
— chaufferie (puissance, nature et teneur en soufre du combustible utilisé) ;
— origine et nature des produits rejetés à l’atmosphère (fumées, vapeurs, poussières, solvants...) ;
— flux horaires et concentrations en polluants de ces rejets ;
— polluants éventuels rejetés par l’air de ventilation des ateliers
(nature et flux) ;
— rejets ponctuels (purges, procédés discontinus, soupapes) ; — existence de produits odorants ; —
hauteur des émissaires...
A ce stade du dossier, il importe de donner uniquement la liste, si possible quantitative, des interactions
avec le domaine « air » ; il ne faut pas faire état des mesures compensatoires envisagées ou déjà
existantes.

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4.1 Impact sur l’air

Le recensement des interactions atmosphériques entre industrie et air n’est pas chose aisée : les polluants
de l’atmosphère sont, bien évidemment, nombreux. Les polluants principaux, c’est-à-dire ceux émis en
quantité importante sur l’ensemble du territoire ou au plan local, sont rappelés dans l’encadré 2.
Il est souhaitable, dans la mesure où un exploitant demande une autorisation d’exploiter pour une
installation déjà existante, de procéder à une analyse des rejets atmosphériques pour les caractériser à la
fois sur le plan de la concentration en polluants, mais aussi au regard des températures d’émission, des
flux d’émission, etc. De plus, ces mesures vont permettre de satisfaire les exigences légales telles
qu’énoncées (chapitre VIII, Bilan environnement) par l’arrêté du 2 février 1998 relatif à l’autosurveillance
de la qualité de l’air.
Par ailleurs, concernant les émissions des véhicules à moteur, il existe des données moyennes
statistiques qu’il peut être utile de rappeler : pour les fumées provenant notamment des camions
fonctionnant avec des moteurs Diesel, la composition moyenne des gaz d’échappement généralement
retenue est présentée dans le tableau 4.
(0)

Tableau 4 – Composition des gaz d’échappement des moteurs Diesel de camions

Composés gazeux % ou teneur


O2 1 à 20 %
N2 75 à 80 %
H2O 12 à 14 %
CO 0à1%
CO2 1 à 14 %
NOx 100 à 1 500 ppm
SO2 100 à 200 ppm
Huiles 800 mg/m3
Particules 150 à 450 mg/m3

Lors de l’étude de l’impact sur l’air du projet industriel, il convient de s’attarder sur le calcul de la
hauteur des cheminées, différence entre l’altitude du débouché à l’air libre et l’altitude moyenne du sol à

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l’endroit considéré exprimée en mètres. La méthode de calcul des hauteurs de cheminées est détaillée dans
l’arrêté du 2 février 1998

Encadré 2 – Principaux polluants de l’atmosphère

Le dioxyde et le trioxyde de soufre sont intimement liés à la combustion des combustibles


fossiles solides ou liquides (fuel lourd, fuel léger, FOD, charbon) et de carburants (gazole) ainsi
qu’à certains processus industriels (raffinage du pétrole, agglomération de minerai de fer,
sidérurgie, métallurgie du cuivre, du plomb, du zinc, industrie de l’acide sulfurique, etc.).
Le sulfure d’hydrogène et les mercaptants sont émis par certains processus industriels tels
que le raffinage du pétrole, la désulfuration du gaz naturel, l’industrie de la pâte à papier.
Le monoxyde de carbone résulte principalement du fonctionnement des moteurs à allumage
commandé, de la combustion des combustibles fossiles, de la sidérurgie... Il importe ici de
recenser tous les véhicules à moteur susceptibles d’être présents à un moment donné sur le site,
y compris les chariots élévateurs qui peuvent être à l’origine d’émissions conséquentes de
monoxyde de carbone.
Les hydrocarbures sont émis par les moteurs des véhicules, le raffinage du pétrole, le
stockage et la distribution des produits pétroliers, l’industrie du caoutchouc, des matières
plastiques, des peintures, vernis et laques, les industries métallurgiques et mécaniques. A noter
que l’utilisation de peinture hydrosoluble n’est pas un facteur limitant l’émission des
hydrocarbures. Si, de fait, la quantité de COV (composés organiques volatils) émise à
l’atmosphère diminue de façon sensible, les particules et autres vésicules de peintures sont
quant à elles à base d’hydrocarbures, et peuvent donc se retrouver rejetées à l’atmosphère.
Les oxydes d’azote sont émis principalement par les moteurs des véhicules, la combustion
des combustibles fossiles solides, liquides ou gazeux et par certains processus industriels
(fabrication de l’acide nitrique...), ainsi que par l’utilisation d’engrais et lisiers.
Le plomb provient aujourd’hui principalement de la métallurgie du plomb, mais est aussi
émis par les moteurs à allumage commandé des véhicules ne supportant pas l’utilisation de
combustibles sans plomb.
Le fluor et les fluorures sont émis par l’industrie de l’acide phosphorique et des engrais
phosphatés, l’industrie de l’aluminium, les tuileries, briqueteries, et la combustion de certains
charbons. Ils sont à recenser.

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Les chlorofluorocarbones (CFC) sont des substances utilisées comme propulseurs


(aérosols), pour la réfrigération ou comme solvants. Ils sont accusés de réduire la couche
d’ozone et de contribuer à l’effet de serre.
Les composés organiques volatifs (COV) (hydrocarbures et solvants) interviennent avec
d’autres éléments (ozone, oxyde d’azote...) pour créer une pollution photochimique.
Les particules, qui peuvent être solides (sels de plomb, brome, cadmium, amiante), semi-
liquides ou même liquides et très finement dispersées (aérosols), constituent des fumées,
poussières, buées ou brouillards qui peuvent se charger de gaz toxiques.
Les dioxines et les furannes sont des polluants émis par les installations d’incinération
d’ordures ménagères, de produits chlorés en général.

(section II, Dispositions particulières aux rejets à l’atmosphère). Cette méthode tient compte de la nature
du polluant, des débits et flux mis en jeu, de la proximité de cheminées d’installations produisant le même
polluant, d’obstacles susceptibles de gêner la dispersion des gaz, de la température de sortie des
émanations. A noter enfin que ce calcul peut ne pas être effectué pour les cheminées des activités qui ne
sont pas soumises à autorisation. Il conviendra alors d’étudier l’arrêté de prescription générale relatif à
l’activité en cause afin de déterminer les exigences légales s’y rapportant.
4.2 Odeurs

Comme le bruit, la perception des odeurs, et particulièrement des « mauvaises odeurs », est affaire
partiellement subjective. D’aucun trouveront que certaines odeurs douceâtres sont tout à fait supportables,
tandis que d’autres affirmeront que les odeurs dégagées par une industrie agroalimentaire, fabrication de
biscuits au chocolat par exemple, sont très gênantes [3].
Les odeurs sont provoquées par les polluants atmosphériques ; elles sont généralement dues à des
molécules organiques de natures diverses : hydrocarbures, soufre, mercaptans, azote, molécules
halogénées, etc. On se rend compte ici de la difficulté d’apprécier la notion d’odeur et, par conséquent, de
déterminer son impact sur l’environnement. Il convient toutefois d’essayer de lister les produits odorants.
Un moyen simple est de faire appel à une ou plusieurs personnes extérieures à l’entreprise, et qui ne sont
pas habituées aux odeurs spécifiques de l’activité exercée.

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4.3 Impact sur la santé. Exemple d’impact dû aux émissions de plomb

Tableau 5 – Produits et substances liés aux activités exercées par la société de l’exemple du
paragraphe 4.3.1
Produit Etat Quantité Source Mode de Pathologie – Source
maximal d’émission transfert Toxicologie documentaire
e sur site
Plomb Solide à 50 tonnes Rejets Pollution Toxicité aiguë Fiche INRS
• pur à température en lingots atmosphériques atmosphériqu La gravité de cette
99,99 ambiante : • cheminées e intoxication est liée
% ou (25 °C) : • rejets diffus aux effets
• Pb 92 Tf = 327,4 neurologiques qui
%, Sn °C associent une
2 %, encéphalopathie, des
Sb 6 % signes
Vapeur Gaz d’hypertension
de intracrânienne et
plomb parfois un coma
convulsif.
Toxicité chronique
L’effet principal est
une anémie (débute
pour des
plombémies de 50
mg/100 mL). Elle
traduit l’action du
plomb sur les
enzymes de la
synthèse de
l’hémoglobine.
Peuvent aussi

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apparaître des
douleurs
abdominales
d’intensité variable
(colique de plomb),
accompagnées de
nausées, de
vomissements et
d’une hypertension
artérielle. Altération
des fonctions
cognitives (dès 40
mg/100 mL). Il
existe par ailleurs
une neuropathie
sensitivo-motrice
dont la forme
classique est la
paralysie pseudo-
radiale.
Le plomb provoque
une néphropathie
tubulaire
interstitielle,
intéressant le tube
rénal proximal (dès
60 mg/100mL).
Enfin, il peut exister
une hyperuricémie
responsable de crise
de goutte. L’os est le

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principal lieu de
stockage du plomb.
On admet que des
intoxications aiguës
liées à de fortes
expositions
professionnelles
peuvent entraîner un
dysfonctionnement
ovulatoire (avec
stérilité), des
avortements, une
prématurité ainsi
qu’une
augmentation de la
mortalité et de la
morbidité
postnatales.
VME : 150 mg/m3
sur 40 h d’exposition
par semaine
Pollution des – Nocif
eaux de – Facilement
surface, du sol inflammable,
et du sous-sol contient du toluène
Liquide
Vernis Déversement et du
noir : Te = 60 litres FDS (1)
Antac accidentel xylèneL’inhalation
10 °C
importante des
vapeurs de solvant
peut avoir un effet
narcotique.

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Nocif
Il est irritant et
dépresseur du
système nerveux
central. Irritation
pulmonaire, nasale
et oculaire à partir
de 100 ppm. Une
altération des
fonctions
psychomotrices et
variable en fonction
de la durée et de
Liquide : Pollution des l’intensité de
White Te ≥ 30 °C Déversement eaux de l’exposition.
40 litres Fiche INRS
spirit LIE : 0,7 % accidentel surface, du sol Le syndrome
LES : 7 % et du sous-sol psycho-organique à
un stade réversible
ou irréversible, est
l’effet toxique
chronique majeur, il
associe des effets
neurologiques
centraux.
VME : 1 000 mg/m3
Valeurs limites
indicatives fixées
par le ministère du
travail. VLE : 1 500
mg/m3
(1) FDS : fiche de données de sécurité

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Nouveau chapitre de l’évaluation des risques sanitaires, la détermination de l’impact des émissions
atmosphériques est une
donnée fondamentale devant apparaître dans l’étude d’impact. L’étude en sera calquée sur les quatre
étapes de la démarche, telles que précédemment énoncées au paragraphe 3.4.
Les paragraphes suivants donnent un exemple réel de la détermination de l’impact sur la santé des
émissions de plomb à l’atmosphère par une entreprise de métallurgie du plomb.

4.3.1 Identification des dangers

L’identification des dangers et des effets sanitaires indésirables se fait à partir d’études ayant permis
d’établir une relation causale entre la survenue d’un ou plusieurs effets toxiques sur un organisme vivant
et l’exposition à une substance chimique, selon le type de contact (voie, intensité, durée) considéré dans
l’évaluation. Nous utiliserons donc les résultats des études consignées dans les fiches toxicologiques de
l’INRS pour les produits ou substances liés aux activités exercées sur le site de la société ... Ces résultats
sont consignées dans le tableau 5.
Le principal danger des poussières du plomb réside dans son absorption par les voies respiratoires et
digestives. Le plomb ainsi absorbé par l’organisme est distribué par le sang à différents organes : foie,
rein, rate, moelle osseuse et os puis est excrété principalement par voie urinaire. (0)

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La bioconcentration des dérivés inorganiques du plomb est très importante pour les algues, élevée pour
les mousses (la concentration en plomb des lichens est un bio-indicateur de la pollution atmosphérique des
dérivés du plomb), mais faible pour les végétaux supérieurs. Certains cas d’intoxication d’animaux
domestiques (bovins, chevaux) par ingestion de teneur importante de plomb provenant de contamination
par voie atmosphérique ou de sols pollués ont été observés. Ces intoxications ont entraîné des désordres
du système nerveux et parfois des mortalités.

4.3.2 Voies d’exposition

Les voies d’exposition sont tributaires des phénomènes suivants :


— proximité des populations :
• la plus proche habitation est la maison de Mme X en limite depropriété,
• la commune de ... est à 1 km au nord-est,• la commune de ... est à 1,5 km au sud-est, —
proximité d’ERP ; il existe :
• un groupe scolaire (125 élèves) primaire à ...,
• un groupe scolaire (50 élèves) primaire à ...,— direction des vents.

Transmission par les sols


Elle peut exister, car l’entreprise se situe :
— à proximité de champs : terrains de culture de maïs, blé ou betterave suivant les années dans un rayon
de 100 m minimum autour du site ;
— à proximité de potagers : premiers potagers sur les communes de ... à 1 km au nord-est et de ... à 1,8
km au sud-est ;
— à proximité d’élevages : présence de quelques moutons et oies sur terrain en limite de propriété du
site (ces animaux sont la propriété de Monsieur Y).

Transfert par voie alimentaire


Le transfert par voie alimentaire existe de par la présence de la nappe du Sénonien-Turonien à 5,2 m de
profondeur environ, utilisée pour l’arrosage des cultures (blé, maïs…) destinées à l’alimentation humaine
et pour abreuver les animaux (moutons et oies).

En conclusion, les voies d’exposition sont :


— par l’air : fort risque → sensibilité moyenne du milieu ; — par les sols : risque existant → forte
sensibilité du milieu ; — voies alimentaires : fort risque → forte sensibilité du milieu.
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Compte tenu des éléments évoqués précédemment, et en particulier des produits présents sur site et
susceptibles d’avoir un impact sur la santé humaine, les seules poussières de plomb sont retenues comme
facteur d’impact sur la santé. Les raisons suivantes motivent ce choix : vapeur et particules provenant des
fours chargées de particules de plomb ; culture pour l’alimentation humaine dans un rayon de 100 m
minimum ; quelques animaux (moutons, oies) destinés à l’alimentation humaine dans un rayon de 100 m ;
premières habitations des communes proches dans un rayon de 1,2 km.

4.3.3 Relations dose-réponse

La relation dose-réponse, spécifique d’une voie d’exposition, établit un lien entre la dose de substance
mise en contact avec l’organisme et l’occurrence d’un effet toxique jugé critique. Les relations dose-
réponse concernant le plomb visent principalement les enfants mais également les adultes : atteintes sur le
système nerveux périphérique, atteintes rénales, atteintes hématologiques, effets sur la reproduction. Ces
relations ont fait l’objet d’une publication de l’INSERM dans laquelle des doses journalières tolérables
ont été proposées (tableau 6).
L’administration de fortes doses de plomb induit des cancers du rein chez les petits rongeurs. En
revanche, il n’a pas été mis en évidence des surmortalités par cancer dans les populations exposées au
plomb.
(0)
Tableau 6 – Dose journalière tolérable selon l’âge
(source INSERM, 2000)
Individu Poids (kg) DJT
(µg/j)
Nourrisson 5 18
Enfant de 2 ans 14 48,5
Adulte 60 214

Le plomb présent dans l’eau des rivières et les eaux souterraines provient pour moitié des précipitations
et pour moitié de l’érosion et des pollutions industrielles. Le sol retenant la majeure partie du plomb
provenant des eaux de pluie, il n’y a pas de migration vers les eaux souterraines. De plus, la directive
80/778/CE du 15 juillet 1980 transposée en droit français par le décret n° 89-3 du 3 janvier 1989 relatif
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aux eaux destinées à la consommation humaine à l’exclusion des eaux minérales naturelles a imposé une
teneur maximale en plomb de 50 µg/L. Or, cette directive est en cours de modification amenant la teneur
en plomb dans les eaux de boisson à 10 µg/L (OMS). Aussi, dans notre étude, nous considérons ce dernier
seuil, soit une dose journalière tolérable (OMS) de 20 µg/j. Dans le cadre de l’alimentation, l’OMS et le
comité « Food A Organization » ont proposé une dose hebdomadaire tolérable de 25 µg/kg.

4.3.4 Évaluation de l’exposition humaine

L’exposition, dont la définition générale, on l’a déjà signalé, est le contact entre un organisme vivant et
une situation ou un agent dangereux, peut aussi être considérée comme la concentration d’une substance
chimique dans le ou les milieux pollués mis au contact de l’homme.
Des premières analyses ont été effectuées au niveau des différents ateliers (rejets diffus et rejets
canalisés). Ces analyses étant insuffisantes pour estimer un impact sanitaire, des prélèvements
complémentaires ont été réalisés au niveau des autres compartiments de l’écosystème et au niveau
biologique. A la suite de ces prélèvements, deux scénarios d’impact ont été retenus.

Scénario n° 1 : impact sanitaire des poussières de plomb sur le site


Le tableau 7 récapitule les mesures effectuées. Après lecture de ce tableau, nous pouvons indiquer que :
— les données biologiques sont supérieures aux valeurs analytiques de référence retenues pour cette
étude ;
— l’eau du contre-fossé situé à proximité du site est destinée soit à l’irrigation du sol, soit à
l’alimentation des animaux mais en aucun cas à l’alimentation humaine. Aussi, bien que cette valeur soit
supérieure à la valeur de référence (qui est une valeur « eau de boisson »), elle ne peut être retenue dans le
cadre de l’impact sanitaire. De plus, le test sur les daphnies s’est révélé négatif et il peut être conclu que
l’eau du contre-fossé n’est pas considérée comme « toxique ».
Résultats des calculs
Pour estimer l’impact sanitaire du plomb sur le site, deux modèles ont été utilisés :
— CIP_DOSE estimant la dose journalière admissible dans les voies respiratoires qui sera reprise dans
le modèle IEUBK ;
— IEUBK estimant la distribution du plomb chez les enfants. En effet, ce code de calcul intègre toutes
les voies d’exposition. Dans le cas des adultes, les mesures de plombémie effectuées sur le personnel et
les membres de la famille qui vivent sur site seront analysées.
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Les résultats sont récapitulés dans le tableau 8.

5. Bruit et vibrations

5.1 Bruit

Nous avons déterminé, dans l’article [G 4 200], paragraphe 5, le niveau sonore ambiant et le niveau
sonore résiduel. La détermination de l’impact sonore doit maintenant se faire en déterminant le niveau de
bruit en limite de propriété, site en activité, et les émergences sonores afin de les comparer aux
émergences admissibles.
L’analyse de l’origine, de la nature et de la gravité des inconvénients sonores susceptibles de résulter de
l’exploitation de l’installation devra prendre en compte les points suivants :
— nombre et caractéristiques des appareils et machines bruyants utilisés ;
— niveau sonore prévisible de ces machines ;
— fréquence d’utilisation (continue, x heures/jour) ;
— bruits ponctuels, accidentels ou intermittents d’intensité sonore élevées (sirène, soupapes).

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On trouvera ci-après la suite de l’exemple du traitement du bruit dans l’étude d’impact (cf. article [G 4
200], § 5) avec la détermination de l’impact sonore.

Exemple d’étude de l’impact sonore


En matière de santé publique, les niveaux de bruit en limite de propriété de l’installation ne doivent pas
être supérieurs à 70 dB A le jour et 60 dB A la nuit, sauf si le bruit résiduel est supérieur à ces chiffres.
Ces seuils, pour être respectés, doivent satisfaire aux exigences des normes d’émission sonore des
installations classées soumises à autorisation (arrêté du 23 janvier 1997) (tableau 12). (0)

Tableau 12 – Normes d’émission sonore des ICPE (selon arrêté du 23 janvier 1997)

Niveau de bruit ambiant existant Supérieur à 35 dB A et inférieur Supérieur à 45 dB A


dans les zones à émergences ou égal à
réglementées 45 dB A
(incluant le bruit de l’établissements)
Émergence admissible pour la période
allant de 7 h à 22 h, 6 dB A 5 dB A
sauf dimanches et jours fériés
Émergence admissible pour la période
allant de 22 h à 7 h, 4 dB A 3 dB A
ainsi que les dimanches et jours fériés

Des mesures précédentes ont permis de déterminer le niveau sonore des équipements installés dans les
bâtiments. Ces mesures indiquaient les niveaux sonores ambiants suivants (tableau 13).

Les indicateurs retenus suite aux différentes mesures effectuées sont ceux indiqués dans l’article [G 4
200], tableaux 4 et 5.

Conformément à l’article 3 de l’arrêté du 23 janvier 1997, les niveaux sonores à ne pas dépasser en
limite de propriétés de l’établissement sont déterminés de manière à assurer le respect des valeurs
d’émergence admissible sans toutefois excéder 70 dB A en période jour et 60 dB A en période nuit.
L’article 2 de l’arrêté stipule que l’on appelle zones à émergence réglementée :

— l’intérieur des immeubles habités ou occupés par des tiers, existant à la date de l’arrêté d’autorisation
de l’installation, et leurs parties extérieures éventuelles les plus proches (cour, jardin, terrasse) ;
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— les zones constructibles définies par des documents d’urbanisme opposables aux tiers et publiés à la
date de l’arrêté d’autorisation ;
— l’intérieur des immeubles habités ou occupés par des tiers qui ont été implantés après la date de
l’arrêté d’autorisation dans les zones constructibles définies ci-dessus et leurs parties extérieures
éventuelles les plus proches (cour, jardin, terrasse), à l’exclusion de celles des immeubles implantés dans
les zones destinées à recevoir des activités artisanales ou industrielles.

L’émergence est définie par la réglementation comme la différence entre le niveau de bruit ambiant et le
niveau de bruit résiduel (cf. article [G 4 200], § 5.1)

E = LAeq,Tpart – LAeq, Trés


La conformité de l’impact sonore engendré par la société ... en limite de propriété est donnée dans le
tableau 14.
Les mesures de bruit ambiant en limite de propriété sont satisfaisantes. Le niveau sonore ne dépasse pas
les niveaux admissibles. Par contre, on note que l’émergence au point 1 dépasse sensiblement l’émergence
limite. Ce dépassement est lié au fonctionnement des compresseurs. Il y a un impact notable de l’activité
sur le voisinage. (0)

Tableau 13 – Niveaux sonores ambiants de l’exemple du paragraphe 5

Point
de Leq (dB L1 (dB L50 (dB
L90 (dB A) Bruit Caractéristiques
mesur A) A) A)
e
Bruit des compresseurs
Point 1 69 73,2 68,7 65,9 –
Bruit de la Sté ...
Bruit de circulation route de ...
Point 2 52,5 63,1 49 43,1 Stable Engin de levage
sté ...
Point 3 55,3 67,7 47 40,3 Stable

(0)

Tableau 14 – Calcul de la conformité de l’impact sonore

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Mesure Point 1 Point 1 Point 2 Point 3


effectuée
LAeq, Tpart 69 69 52,5 47
LAeq, Trés 51,2 48,8 51,2 45,8
Émergence 17,8 20,2 1,3 1,2
calculée
Émergence 5 5 5 5
limite
Conformité Non Non Oui Oui

5.2 Impact sur la santé

Comme on l’a signalé dans l’article [G 4 200], le bruit est reconnu aujourd’hui comme un mal du siècle,
pouvant avoir des effets particulièrement néfaste sur la santé humaine. Toutefois, le bruit est une
perception très subjective. Son importance et la gêne causée ne peuvent jamais être déterminées avec une
précision rigoureuse car elles dépendent de nombreux facteurs physiques (absorption, réflexion),
physiologiques (acuité auditive), voire souvent psychologiques (répétition, durée, soudaineté, personnalité
de l’auteur du bruit, etc.). Cette nuisance est à l’origine de très nombreuses plaintes et peut avoir des
répercussions sur la santé, d’une part sur l’appareil auditif, d’autre part sur l’état général en provoquant
différents symptômes (notamment l’insomnie, le stress) [4].

Il convient d’ailleurs de noter que, au vu des résultats des recherches qui démontrent la nocivité du bruit
sur la santé et compte tenu du nombre de personnes exposées aux nuisances sonores, un avis du Conseil
supérieur d’hygiène publique de France estime que le bruit pose un problème de santé publique. Le
Conseil demande que la prévention soit sous-tendue par une approche sanitaire et que le bruit soit si
possible traité à la source. Il souhaite que les recherches soient orientées vers une évaluation des risques
sanitaires et des coût sociaux et estime indispensable une éducation du public sur ces problèmes (avis du
Conseil supérieur d’hygiène publique de France, 4 avril 1996).

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Ainsi, le schéma précédemment adopté pour l’évaluation du risque sanitaire pour le compartiment air peut
et doit être appliqué pour l’évaluation de l’impact sonore sur la santé.

5.2.1 Identification des dangers

Il vient naturellement que l’étude préalable des sources sonores et de l’impact de ces sources en limite
de l’emprise du site sur le voisinage constitue l’identification des dangers.
Un tableau tel celui présenté ci-dessous résumera cette identification. Les sources de bruit et leur
fréquence y seront reportées.
(0)

Sources de bruit Fréquence/période

5.2.2 Définition des relations dose-réponse

Les principales intensités des sources sonores communes et leurs effets sur l’homme sont résumés dans
le tableau 15.
Les principaux effets du bruit selon les personnes sont :
— la fatique auditive (surdité possible) ;
— le changement du rythme respiratoire ou cardiaque ;
— la modification de la pression artérielle ou le rétrécissement des vaisseaux ;
— la diminution des réflexes ;
— la diminution des actions psychiques ;
— l’apparition de maux de tête ;
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— la fatigue générale ; l’irritabilité ;


— la nervosité générale ;
— les troubles de la vision nocturne ;
— l’apparition de la contraction anormale des muscles de l’estomac ;
— des troubles du sommeil et des moments de détente.
La référence réglementaire en matière de niveau de bruit est l’arrêté du 23 janvier 1997 modifié qui fixe,
comme on l’a vu précédemment, les seuils suivants en limite de propriétés pour les zones à émergence
réglementée avec le site concerné :
— 70 dB A le jour ;
— 60 dB A la nuit ; ainsi que les valeurs du tableau 12 en ce qui concerne l’émergence sonore.

5.2.3 Évaluation de la population humaine

Lorsque l’évaluation de l’aire d’exposition a indiqué le rayon de la zone affectée autour du site, les
constatations doivent être faites en prenant en compte les populations, leur distance au site et leur nombre
approximatif (par exemple, comme dans le tableau ci-contre).
(0)

Les résultats des relevés sonores (prévisionnels et/ou mesurés) ont été explicités précédemment au
paragraphe « bruit ».

Nature de la population Distance Nombre


(m) approximatif
Habitat individuel ou vertical

Activités de plein air

Habitat collectif en milieu clos


(type ?)

Il est souhaitable, en fonction de la sensibilité des personnes susceptibles d’être affectées par l’impact
sonore du projet, de moduler les niveaux sonores admissibles. Ainsi, nous garderons, en matière de niveau
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sonore, les valeurs réglementaires ci-dessus diminuées de 5 dB A (soit 65 dB A) le jour et 55 dB A la nuit


afin de prendre en considération les populations sensibles (personnes âgées...).

5.2.4 Caractérisation des risques

La caractérisation des risques sera le rapport entre la valeur d’exposition et la valeur admissible donnée
précédemment (niveau sonore et émergence), cela afin de comparer les rapports ainsi obtenus dans un
tableau du type de celui donné ci-dessous : (0)

Émerg Rati Ratio Confor


ence o émerg mité
LAeq,
(dB A) nive ence
Tpart
aux
(dB A)
sono
res
Jo
ur
N
ui
t

L’étude aboutit à l’estimation d’un excès de risque individuel et/ou collectif, au calcul du quotient de
danger et à l’estimation du pourcentage de la population d’intérêt dont le niveau d’exposition est supérieur
à la valeur de référence.

5.2.5 Présentation des conclusions

L’évaluation des risques sonores se termine par une conclusion dans laquelle les résultats de l’évaluation
seront résumés, commentés et mis en perspective. S’il y a lieu, des mesures complémentaires pour
supprimer les bruits ou réduire les niveaux d’exposition seront proposées. Leurs limites et les gains
qu’elles apportent sur la quantification globale des risques seront discutés.
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De telles mesures peuvent être exposées dans ce chapitre de l’étude d’impact, ou dans le chapitre des
mesures compensatoires, si l’établissement n’est pas conforme aux prescriptions de l’arrêté du 23 janvier
1997.

6. Déchets

L’étude de l’impact des déchets doit prendre en compte deux aspects fondamentaux : la production de
déchets, d’une part, et l’élimination des déchets, d’autre part. Pour ce faire, on met en œuvre le volet 2 de
l’étude déchets, telle que présentée dans l’article [G 4 200] paragraphe 6 : étude des solutions technico-
économiques à la gestion des déchets.

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(0)

Tableau 15 – Intensité des sources sonores communes et effets sur l’homme [4]
Possibilité Sensation Intensité Bruits intérieurs Bruits Bruits des
de auditive (dB) extérieurs véhicules
conversatio
n
Seuil 0 Laboratoire
d’audibilité d’acoustique
Silence 5 Laboratoire
inhabituel d’acoustique
Studio
d’enregistrement
10
Cabine de
prise de son
Très calme
Feuilles légères
agitées par vent
A voix 15
doux dans jardin
chuchotée silencieux
20 Studio de radio Jardin
tranquille
Conversation à
25 voix basse à 1,50

Calme m
30 Appartement
dans quartier
tranquille
35 Bateau à voile

A voix normale Assez calme 40 Bureau tranquille


dans quartier

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Environnement
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calme
Bruits Transatlantique
Appartement minimaux de 1re classe
45
normal le jour dans
la rue
50 Restaurant Rue très Auto silencieuse
tranquille tranquille
Grands magasins
Bruits
Conversation
courants Rue
60 normale Bateau à moteur
résidentielle
Musique de
chambre
Assez forte
Automobile de
Appartement
65 tourisme sur
bruyant
route
Bruyant mais
Restaurant Circulation Wagons-lits
supportable 70
bruyant Musique importante modernes
Atelier dactylo
75 Métro sur pneus
Usine moyenne
Radio très Bruits de
puissante métro en
Circulation
85 Atelier de marche
intense à 1 m
tournage et Klaxons d’autos
Pénible à
Difficile d’ajustage
entendre
Avion de
Atelier de Rue à trafic transport à
95
forgeage intense hélices à faible
distance
Obligation de Très 100 Scie à ruban Marteau- Moto sans
crier pour se difficilement Presse à découper piqueur dans silencieux à 2 m

G 4 201 − 42 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité

Environnement
ÉTUDE D’IMPACT DES ICPE ______________________________________________________________________________________________________________

de moyenne rue à moins Wagon de train


puissance de 5 m
Métro (intérieur
de wagon de
faire entendre supportable 105 Raboteuse
quelques
lignes)
Atelier de Rivetage à 10 Train passant
110
chaudronnerie m dans une gare
Banc Moteurs d’avion à

Seuil de 120 d’essais de quelques mètres

douleur moteurs

Impossible 130 Marteau-pilon

Exige une Turboréacteur


protection 140 au banc
spéciale d’essais

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Environnement
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Les objectifs de l’étude technico-économique des solutions alternatives sont de :


— réduire la quantité de déchets ; — réduire la toxicité des déchets ;
— passer d’un niveau de gestion n à un niveau n – 1 ou n – 2.
L’analyse technico-économique des solutions alternatives à la gestion actuelle des déchets doit être
réalisée selon deux étapes :
— inventaire des solutions alternatives ;
— études technico-économiques des solutions alternatives.
C’est au cours de cet inventaire des solutions alternatives que l’on étudie, en fonction des techniques
actuellement disponibles et des caractéristiques des procédés générant les déchets, les solutions pour
passer du niveau de gestion n à un niveau n – 1 ou n – 2 :
— existence de nouvelles technologies propres susceptibles d’être utilisées dans l’établissement ;
— recensement de toutes les possibilités de valorisation et de recyclage des résidus tout au long des
procédés de fabrication, notamment en ce qui concerne les déchets actuellement traités ou prétraités ;
— étude de toutes les solutions de traitement et de prétraitement pour les déchets que l’on ne pourra
éviter de produire, et qui ne pourront faire l’objet d’une valorisation ou d’un recyclage.
Les solutions examinées pourront être des solutions internes à l’entreprise, par exemple, un
prétraitement et le recyclage d’un résidu, ou des solutions externes.
Cette deuxième étape est finalisée par un tableau synoptique qui sert de base pour l’étude technico-
économique des solutions alternatives.
Outre l’aspect technique étudié (base du procédé alternatif, mise en œuvre de la solution, etc.), on
analyse la faisabilité économique des solutions alternatives. Pour ce faire, on peut essayer de déterminer
des temps de retour sur investissement où, pour compenser une « perte en coût d’exploitation » liée à la
mise en œuvre de la nouvelle solution, on estime le coût qu’il faudrait payer si la solution n’était pas mise
en œuvre.

7. Transport

L’impact des activités projetées sur le transport traduit les nuisances occasionnées par le trafic des poids
lourds pour l’approvisionnement en matière première, pour l’expédition des produits finis et pour

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l’enlèvement des déchets. A ce trafic, il convient d’ajouter le trafic des véhicules du personnel de
l’entreprise.

Pour déterminer cet impact, plusieurs points doivent être considérés :


— le premier concerne le trajet suivi par les camions : il faut s’attacher à déterminer les passages dans
les agglomérations susceptibles de nuire aux populations ;
— le deuxième doit déterminer la participation du trafic engendré par l’entreprise par rapport à la
circulation globale des axes routiers voisins. Ainsi, si le trafic poids lourds généré par l’activité
industrielle ne représente que 1 % du trafic global sur une route donnée, l’impact sera moindre que s’il
participe à hauteur de 80 % de ce même trafic ;

— un autre point à mentionner concerne les mouvements de véhicules la nuit. Afin de déterminer les
conséquences des livraisons, expéditions et autres trafics routiers, il faudra préciser les heures d’ouverture
et de fermeture du site et indiquer si le site dispose d’équipes de nuit, et donc les horaires de ces équipes
de nuit.

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